ES ue DC ; Fe : L# CUP RE" JAP, ANR EE L' En US CD LAINE PDO CNRS à 1 1P% #7, "1h AN L Wu rh t" VLf J CY-41 ii M > ae] ES ER | 4 Pt” D + 1 LAN EPL pre CHR , 1) À LUS Ve NA TO ES 7 à SA eV CA DE EP RNS< ET Ca Ù #. LE. NSP yp Rs NUE De ; Ve CH : 4 | K & 1 CR NO ; A CAT CRE 7, MT Ste. F EH FC « AS | die > GOT à wT "57 Det 23 AE “A L k \ . SE 0 À d 1 * * Cr 7. 4 A1 7 | 4 T4 ( À Ad a ‘ Re, SN 2 ANT “ 4 1 A, CEA Te L 1 à h, 1 À A Se Ne D» Ci « à 2 ! _ 4 l 4 + " SLT. AL THON 4 # er: KE Q:. À d Ier EST A (hs a " d eg ah | % N N “A, 2 - JR. Dr % ? x À 5 NE 0 y (0 Ÿ 77 Q 2 LAB) © £ \ Ps : œ C4 L 57,20 D 27 >} LA ., à Là pi » rèx VRE { #. à r ( : A A1 fe DE dé 4 È Ps À EC Ë "| 4 à CT 2 Ÿ< > Se à 20 OPA PAITONES ST ADS PA ES TOM Ne SZ NA A = ( (EX s Le CR à LT) r, Te Be TA NT ®) , , - Va: 1 : ] 4 e Y Y 11 de OT = : LC Ve | à EN 2 2 # je "y & NS Den } - Ç CS 4 E + a # (0 : : « 9 > 2 ", Q — /P 2e Er CPR L (Mi (C1 ) el …. W\AB AA ° &s: a. À = VE V2 À » 14 Ra” : | ” % | A > x , à , : AL K AS : Ce & — 4€ _ IR — “& e ae Kies LA C1 o x O AACNENÉe ANS Ÿ FAQ KES Ê 4 h, À " : > Digitized by the Internet Archive in 2008 .org/details/traitdesvariatO0ledouoft a ' ñ * « pa "1 { ? + L TA) 1 RE EE a "7 : Ê He TRAITÉE VARIATIONS DE LA COLONNE VERTÉBRALE DE L'HOMME OEUVRES ANATOMIQUES DU MÊME AUTEUR De l'épididymile blennorrhagique dans les cas de hernie inguinale, de varicocèle ou d'anomalies de l'appareil génital (ouvrage couronné par l'Académie des sciences: prix Godard! 1.000 francs, et par la Faculté de médecine de Paris : prix Cha- tauvillard, 2.000 francs). — Gr. in-8 de 252 pages avec 12 dessins dans le texte. Paris, 1878. Traité des variations du système musculaire de l'homme el de leur signification au point de vue de l'anthropologie zoologique. — Avec une préface du professeur Marey, membre de l’Académie des sciences et de l'Académie de médecine (ouvrage couronné par l'Académie des sciences : prix Montyon, 1.500 francs, et mention honorable ; par la Faculté de médecine de Paris: prix Chatauvil- lard, 400 francs ; la Société anatomique de Paris : prix Godard, 200 francs, et la Société d'anthropologie de Paris: prix Broca (1.500 francs avec médaille d'or), 2 vol. gr. in-8, cartonnés à l’anglaise, de 864 pages. Paris, 1897. Trailé des variations des os du crâne de l'homme el de leur significalion au point de vue de l'anthropologie zoologique. — Avec une préface de M. Ed. Perrier, membre de l’Académie des sciences et de l’Académie de médecine, Directeur du Muséum national d'Histoire naturelle (ouvrage couronné par la Société d'anthropologie de Paris : rappel du prix Broca, avec médaille de bronze, et par la Société de Biologie de Paris: prix Godard, 500 francs). Gr. in-8 de 400 pages avec 118 dessins dans le texte, par M. L. Danty-Collas. Paris, 1903. Traité des variations des os de la face de l'homme et de leur signification au point de vue de l'anthropologie zoologique. Gr. in-8 de 471 pages avec 163 dessins et schémas dans le texte, par M. L. Danty-Collas. Paris, 1906. Rabelais analomiste et physiologiste. — Avec une préface de M. Duval, profes- seur à la Faculté de médecine de Paris, membre de l'Académie de médecine (ouvrage couronné par la ville de Tours: prix, 1.000 francs; par la Faculté de médecine de Paris: prix Chatauvillard, 500 francs ; honoré d'une souscrip- tion du Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts et inscrit au programme de l'agrégation des lettres). Gr. in-8 de 440 pages avec 174 illus- trations, par M. L. Danty-Collas, et 32 fac-simile dont 6 hors texte en hélio- gravure. Paris, 1899. Les Velus (Contribution aux variations par excès du système pileux de l’homme el de leur signification au point de vue de l'anthropologie zoologique). En collabora- tion avec M. le docteur François Houssay, de Pont-Levoy. Gr. in-8 de 517 pages avec 300 illustrations dans le texte et hors texte dont 115 par M. L. Danty-Collas. Paris, 1912. Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales de DECHAMBRE et LEREBOULLET. Articles : Articles : Deltoïde. Sus-scapulaire. Grand dentelé. Sous-scapulaire. Petit dentelé postérieur et supérieur. Sous-scapulaire accessoire. Petit dentelé postérieur et inférieur. Sous-épineux. Demi-membraneux. Sous-hyoïdien. Demi-tendineux. Sus-hyoïdien. Intercostaux. Sternal. Omo-trachélien. Sterno-cléido-mastoïdien el cléido-occi- Orbiculaire des lèvres. pital. Orbiculaire des paupières. Sterno-cléido-hyoïdien. Sourcilier. Sterno-chondro-thyroïdien. Sous-clavier. Sur-costaux. Sur-costal antérieur. POUR PARAÎTRE PROCHAINEMENT : Bossuel analomiste el physiologiste. TRAITE ATOM DEL DE L'HOMME Et de leur signification au point de vue de l’Anthropologie zoologique PAR M. le Prof. A.-F, LE DOUBLE, de Tours ASSOCIÉ NATIONAL DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE LAURÉAT DE L'INSTITUT (Académie des Sciences ANCIEN VICE-PRÉSIDENT DE L'ASSOCIATION DES ANATOMISTES DE FRANCE ET DES PAY3 DE LANGUE FRANCAISE MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ÉCOLE D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS « 120 dessins et schémas dans le texte I TERTERRA dont 26 par le Professeur L.-H. FARABEUF, membre de l'Académie de Médecine, et 94 par M. Louis DANTY-COLLAS. « — + PARIS VIGOMERERES.;- EDITEURS ' 23, PLACE DE L ÉCOLE-DE-MÉDECINE, 23 1912 PE : - Ha $ t ré Au Maitre à , “. Qui honore si grandement l'Ecole de Médecine È L . v de Tours dont il est sortir, $ î L à ; | Au Docreur J. RENAUT PROFESSEUR D'HISTOLOGIE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE LYON 4 MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES ". ASSOCIÉ NATIONAL DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE D ANCIEN PRÉSIDENT DE L'ASSOCIATION DES ANATOMISTES DE FRANCE : é ET DES PAYS DE LANGUE FRANÇAISE 4 e < *, : Ed Son obligé, dévoué et reconnaissant, A.-F. LE DOUBLE. F : “ f Tours, le 20 février 1912. e ‘ } L \ we. | L à A L ù D A hs es sé PES TROT US INTRODUCTION Ce volume constitue le troisième volume du Trailé des varia- tions du système osseux de l’homme et de leur signification au point de vue de l'Anthropologie zoologique, et qui fait suite lui- même au 7'railé des variations du système musculaire de l'homme et de leur signification au point de vue de l’Anthropologie :00- logique (2 volumes) imprimé en 1897. Sous la signature d'un de mes anciens élèves, M. le docteur F. Houssay, de Pont-Levoy, et la mienne, a paru, cette année également, un ouvrage intitulé : Les Velus ou Contribution aux varialions par excès du système pileux de l'homme et de leur signification au point de vue de l'Anthropologie zoulogique. En 1878, j'ai publié un livre ayant pour titre : De l'Épididy- mile blennorragique dans les cas de hernie inguinale, de vari- cocèle ou d'anomalies de l'appareil yénital, et dans lequel j'ai étudié les variations de l'appareil génital de l'homme et formulé une loi de pathologie générale à laquelle on a daigné — hon- neur inattendu que je n’ai pu empêcher — attacher mon nom. Au total, j'ai donc fait paraître jusqu'ici sepr volumes sur les variations anatomiques humaines, dont un en collaboration. Ouvrier de la première heure, il m'a été donné, en effet, de- puis 1873, époque où, interne des hôpitaux de Paris, mon alten- tion fut, à l’amphithéâtre des hôpitaux de Paris, à Clamart, en préparant le cours d'anatomie du prosecteur Terrillon, enlevé si II INTRODUCTION malheureusement et si prématurément à la science — attirée, sur la fréquence d'apparition, chez l'homme, des irrégularités des muscles, de rassembler assez de matériaux, pour entreprendre de construire, seul, quelques parties de l’édifice que mes chers amis, les professeurs Henle, W. Gruber, Wood, Struthers, etc., morts, hélas ! depuis plus ou moins longtemps, avaient rêvé d'élever avec moi. Il faut croire que mes Traités sur les variations anatomiques humaines, mis en vente jusqu'ici, répondaient à un réel besoin, car chacun d’eux est rapidement devenu classique dans tous les pays. Puisse-t-il en être de même du Traité des varialions des os de la colonne vertébrale de l'homme et de leur signification au point de vue de l’Anthropologie zoologique ! Comme les autres, il n’a pas encore son semblable ni en France ni à l'étranger, et l’idée qui y domine et qui, comme dans les autres, lui donne une forte unité, c'est que s’il existe chez tous les êtres organisés sans en excepter l'homme, des variations anatomiques encore inexplicables en raison de l'insuffisance de nos connaissances actuelles en anatomie comparée, en embryologie, en physiolo- gie, en lératogénie expérimentale, etc., et des variations anato- miques sans signification morphologique, d'origine patholo- gique, mécanique, embryologique, ete., on rencontre aussi chez eux des variations anatomiques ayant une signification morpho- logique précise des variations anatomiques réversives ou d'hé- rilage et des variations anatomiques progressives ou par adapta- tion, qui viennent à l'appui des doctrines qui s’abritent aujour- d'hui sous le pavillon des deux protagonistes de l’évolution, Lamarck et Darwin. Rompant avec les vieilles traditions qui faisaient de l’anato- mie de l’homme une science inféconde et condamnée, par suite, désormais à une éternelle immobilité, j'y soutiens donc égale- ment que l’homme n'est pas isolé dans la nature, qu'il est rat- taché par des liens étroits et multiples aux autres êtres organi- sés et plus spécialement à ceux des ordres élevés et que pour bien connaître un être organisé quelconque, il est indispensable de se rendre compte des connexions qu’il a avec les autres, du INTRODUCTION III milieu dans lequel il vit, des efforts qu'il s'impose pour y sub- sister et des modifications lentes el progressives qui en résul- tent forcément dans sa constitution et dans celle de ses descen- dants. De purement descriptive, l'anatomie de l’homme y est de même que dans mes autres ouvrages, mes articles du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, et mon enseignement, devenu, en un mot, explicative, scientifique et vraiment logique, contribuant ainsi non seulement aux progrès de la médecine et de la chirurgie, mais encore de toutes les sciences biologiques. Aujourd’hui que ces idées qui me sont si chères et dont je ne me suis jamais écartées, ont fini par s'imposer, je me demande vainement pour quel motif il m'a fallu lutier, pendant tant d'an- nées, pour arriver à faire comprendre que l'anatomie comprend deux parties dont la seconde est le corollaire, indispensable et inséparable, de la première : la morphologie ou l'étude des formes, et la morphogénie ou l'étude du mode de genèse des formes (1). Que les médecins et les chirurgiens, adonnés exclusivement à la pratique de leur art et n’aspirant qu'à devenir de bons ouvriers de leur métier, aient cru, avant que j'aie péremp- toirement démontré le contraire, que les irrégularités anato- miques humaines sont des lusi naturæ rarissimes, inexplicables, se présentant, pour ainsi dire, toujours sous un aspect différent, qu'il leur suffisait, par conséquent, de connaître la situation, la configuration, les rapports habituels, etc., de chacun des organes du corps humain et tels, par conséquent, qu’ils sont décrits depuis plusieurs siècles dans les livres d'anatomie, cela semble déjà bien surprenant puisque parmi ces soi-disant lusi naturæ il y en a beaucoup qui rendent difficiles, sinon 1m- possible, un diagnostic précis, obligent sous peine d’insuccès d'apporter des changements à un traitement ou à un procédé opératoire classiques. Mais que, parmi les savants dont (1) Grâce à mor regretté maître, le professeur Marey, le précurseur de l'École d'embryogénie morphodynamique si florissante en Allemagne, la morphogénie expérimentale, née en France, y compte maintenant de nombreux et brillants adeptes, IV INTRODUCTION l'esprit en éveil s’ingénie sans cesse à chercher « le comment et le pourquoi des choses », il ne s’en soit pas, au cours de plu- sieurs siècles, rencontré un qui n'ait pas été sous ce rapport plus curieux que les médecins et les chirurgiens, cela dépasse l'imagination. D'autant plus que longtemps avant la naissance de l'anatomie humaine et de l’anatomie comparée on a eu cure des anomalies anatomiques ; que, parmi les savants de la Renaissance, experts en loule clergie, il y en a eu certainement qui n'ignorèrent pas que, dans la Rome impériale, des prêtres souvent confondus avec les Augures, des Aruspices, étaient chargés exclusivement et pour en tirer des présages, de l'examen des viscères des victimes tant au point de vue des anomalies de couleur qu’au point de vue des anomalies de situation, de rapports, de configuration, etc., qu'ils pouvaient présenter. Alors que le rôle des Augures consistait à interpréter la volonté des Dieux et à prédire l'avenir en se basant sur l’observation du chant et de la manière de manger des Oiseaux, celui des Arus- pices était différent. Originaires de l'Étrurie et pratiquant la médecine depuis les temps les plus reculés, comme les Augures, les Aruspices appartenaient à une autre corporation de prêtres d’un rang plus inférieur et étaient divisés en deux classes : les Aruspices proprement dits (de Ara, autel, et inspicere, voir) et les Extispices (de Exla, entrailles, et inspicere, examiner). Les Aruspices proprement dits considéraient attentivement les mouvements de la victime et en déduisaient les événements qui se produiraient plus tard. S'approchait-elle tranquillement, s'arrêlait-elle sans résistance devant l'autel, tombait-elle au pre- mier coup porté, le sang coulait-il librement, ces divers signes étaient favorablement interprétés. Mourait-elle subitement et sur le point de recevoir le coup mortel, les conséquences de ce fait étaient redoutables ! Une fois abattue elle était écorchée et dépecée et alors commencçaient les fonctions des £xdlispices. Ceux-ci se préoccupaient de la place dévolue aux viscères, de leur coloration, de leurs rapports, de leur configuration, voire même des lésions qu'ils pouvaient offrir. INTRODUCTION V Un foie sans lobe était considéré comme un fächeux présage, et un foie à deux lobes comme un heureux présage (Cicérox, De divinatione, lib. IT, cap. XIIT). Il en était de même de la dupli- cité de la vésicule biliaire (Pine, Hist. nat., lib. XI, cap. LX VI. Devant un poumon fendu, toute entreprise était interdite, etc. Quand un organe manquait, les plus grands malheurs étaient à prévoir. On rapporte que le jour où Jules Cæsar fut assassiné, on ne trouva pas de cœur dans les deux victimes qui furent immolées. L'histoire ne nous apprend pas de quelle façon le sacrificateur s'y était pris pour les escamoter. Quoi qu'il en soit, Shakespeare a fait, dans son Julius Cæsar, mention en ces termes de ce tour de passe-passe : ACTE II, SCÈNE Il. CÆSAR : Whal say the Augurers ? SERVANT : They would not have you Lo stir forth to-day, Plucking the entrails of an offering forth Thy could not fuid a heart within the beast, CÆSAR : The Gods do this in shame of cowardice Cæsar should be a beast without a heart. Qu’on me pardonne cette digression, je reviens sans plus tar- der à mon sujet. Pour ma part, je le proclame ouvertement et bien haut, c’est à une observation attentive, minutieuse, répétée et raisonnée des faits que je dois d’avoir pu, sans compter les nombreuses conformations musculaires, osseuses, vasculaires et pileuses humaines, normales ou anormales, que j'ai signalées le premier : 1° corroborer l'exactitude des doctrines de Lamarck par l'existence dans l'espèce humaine et les espèces animales et végétales de variations anatomiques progressives ou par adap- tation et par la découverte de la LOI DU DÉVELOPPEMENT SIMUL- TANÉ, CORRÉLATIF ET EN SENS INVERSE DU CRANE ET DE LA FACE, par suite de la diminution graduelle du nombre et du volume des dents des Mammifères inférieurs aux Primales etl'augmentation parallèle de la masse du cerveau dont la pression excentrique repousse en dehors son enveloppe osseuse, le crâne, qui naît après elle ; 2° forlifier les doctrines de Darwin, en prouvant que des variations anatomiques réversives ou d’hérilage peuvent VI INTRODUCTION apparaître dans l'espèce humaine et les espèces animales et végétales, et qu'aux causes de la sélection naturelle indiquées par l’illustre naturaliste anglais, il faut ajouter les maladies et les dégénérescences auxquels les organes normaux sont moins pré- disposés que les organes anormaux, les organes monstrueux etles organes dont la sénescence phylogénétique est attestée par l'anatomie comparée et l’embryologie (LOr DES PRÉDISPOSITIONS MORBIDES) (1). Louangé avec excès par les uns, dénigré sans mesure par les autres, je ne me reconnais qu'un mérite, c’est d’avoir eu toujours présente à l'esprit en rédigeant chacun de mes Traités des varia- lions anatomiques humaines et de leur signification au point de vue de l'Anthropologie zoologique, la pensée que si l'anatomie est la base de toute médecine et de toute chirurgie, elle est aussi celle de toute philosophie. À l’anatomie humaine philosophique qui s’efforçait d'établir surtout des homologies entre les élé- ments cranio-faciaux et les vertèbres et les os du corps de l’homme j'ai donc substitué l'anatomie humaine philosophique reposant sur l'étude des variations de chacun des organes du corps de l'homme. À l'anatomie humaine descriptive et topographique, outil et instrument de travail indispensable aux praticiens, à l'anatomie humaine professionnelle, j'ai adjoint une science nou- velle dont ils ne doivent pas lout ignorer, s'ils ne veulent pas, je me plais à le répéter, exposer leurs malades et s’exposer eux- mêmes à de graves mécomptes, à de sérieux ennuis. Mais je m'en voudrais d’allonger davantage cet avant-propos et je termine, sans transition, en remerciant tous ceux qui, de- puis des années, m'ont prodigué leurs encouragements, défendu et soutenu de leur cordiale et inaltérable affection : MM. les pro- fesseurs Macalister, de Cambridge ; Leboucq, de Gand ; Romiti, de Pise, Valenti, de Bologne ; R. Blanchard, F. Franck, Lan- nelongue, Manouvrier, E. Perrier, S. Pozzi, A. Robin, de Paris; (1) A ces deux lois d’un caractère général, j'en ai ajouté une troisième, LA LOI DE CONTEMPORANÉITÉ DES VARIATIONS ANATOMIQUES, que j'ai formulée en ces termes : quand il existe plusieurs variations analomiques sur un individu, ces variations portent de préférence sur les organes qui ont la même origine embryo- logique, et dont le développement est synchrone. INTRODUCTION VII J. Renaut, de Lyon ; M. le docteur Helme, Pérudit et lettré journa- liste médical parisien qui ne s'est jamais servi de sa plume que pour défendre des causes justes et honnêtes; M. le profes- seur D. Barnsby, directeur honoraire de l'École de médecine de Tours; MM. les docteurs F. Houssay, de Pont-Levoy, et L. Dubreuil-Chambardel, de Tours, mes anciens élèves. devenus mes collaborateurs ; M. L. Danty-Collas, mon dessinateur, qui, depuis 1891, me seconde de son beau talent. Tous les dessins contenus dans ce volume sont encore de lui, sauf 26 qui sont du professeur Farabeuf. Quelques mois avant de mourir, le savant maître qui, pendant quarante ans, daigna m'honorer de sa fidèle amitié, m'avait promis de mettre ces dessins à ma disposition quand j'en aurais besoin. Mme veuve Farabeuf et M. le docteur Paul Farabeuf ont eu à cœur de tenir l'engagement pris par leur si estimé et si regretté mari et père, je leur en suis sincèrement et profondément reconnaissant. ; A.-F. Le Douze. Tours, le 17 mars 1912. | TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE VERTÈBRES ‘ CERVICALES EN GÉNÉRAL VAKIATIONS DE NOMBRE. — Elles comportent des variations de nombre par défaut et des variations de nombre par excès qui sont, le plus souvent, compensées, les premières, par un accroissement de la hauteur des vertèbres (2) cervicales présentes et le redressement de la courbure de la colonne résultant de leur superposition; les secondes, par une réduction de la hauteur des vertèbres cervicales présentes et une inflexion plus marquée de la courbure de la tige formée par leur juxtaposition et, parfois aussi, les premières, par une augmentation numérique et volumétrique en hauteur, les secondes, par une dimi- nulion numérique et volumétrique en hauteur des vertèbres de la région voisine ou des régions éloignées ayant entraîné une modification de leur courbure (3). Elles peuvent toutes les deux coïncider avec une soudure plus ou moins complète des vertèbres cervicales entre elles, la présence d'une ou de plusieurs côtes cervicales rudimentaires ou entièrement développées, etc. A. Variations par défaut. — On hit dans le Trailé d'anatomie des- criplive de Cruveilhier (t. 1, 2° édit., p. 58, Paris, 1843) : « Le nombre de vertèbres est soumis à des variations peu communes ; il peut arri- ver qu'il n’y ait que 6 vertèbres cervicales, et Morgagni qui, le premier, a remarqué celte anomalie, la considère comme une cause prédispo- (1) « Du mot latin verlo, tourner, à cause du mouvement continuel dont elles sont mues en tout sens et manière dont le corps peut être fléchi » (DIEMER- BROECK). Syn.: Spondyles, Rouelles, Backbones, etc. (2) Cf. Tu. Dwicar, Journ. of anat. a. phys., 1887, vol. XXI. (3) Ce n'est pas seulement la hauteur des vertèbres qui fait une compensation à la segmentation anormale du rachis ; l'étude des courbures montre que, d'une façon générale, la courbure augmente avec le nombre des vertèbres. (CF. pour détails supplémentaires: TENCHINI, Arch. p. l'antrop., Paris, 1894, p. 167, et G. PAPILLAULT, Bullet. de la Soc. d'anthrop. de Paris, Paris, 1898, p. 199. VERTÉBRALE, | 2 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE sante de l'apoplexie, attendu qu'elle détermine plus de brièvelé dans la région du cou el par suite un rapprochement trop considérable du cou et du cerveau, » En plus, de Morgagni et de Cruveilhier, la réduc- tion de nombre des parties dures du rachis cervical a été constatée par R. Columbus (1), Cullen (2), Struthers (3), Staderini (4), Vara- glia (5), Villet et Walsham (6), Th. Dwight (7), etc. Dans les cas observés par Morgagni, Cruveilhier, R. Columbus et Cullen, 1l n’exis- tait que 6 vertèbres cervicales et la composition du reste de la colonne vertébrale a été passée sous silence. Dans les cas décrits par Stru- thers et Th. Dwight, il n'existait également que 6 vertèbres cervicales, mais il y avait une vertèbre de plus dans la région lombaire. Dans celui signalé par Staderini, la colonne spinale était constituée par 6 vertèbres cervicales, 12 dorsales, 5 lombaires, 5 sacrées et 4 coccy- giennes. C’est sur un nain, mort en 1882, à l’âge de 21 ans et dissé- qué à l'Institut anatomique de l’Université de Turin, que Varaglia a découvert le cas dont il a fait mention. Le squelette de ce nain, dont toutes les pièces sont très pelites, présente 5 vertèbres cervicales, 12 dorsales, 5 lombaires, 5 sacrées et 5 coccygiennes. Enfin, dans le cas mentionné par Villet et Walsham, il s’agit d’une femme décédée à l’âge de 32 ans dont le rachis était constitué seulement par les 6° et 7° vertèbres cervicales, la 1°, la 2°, la moitié gauche de la %, les 4e, 7°, 10°, 11°, 12° vertèbres dorsales et les 3 premières lombaires et chez laquelle manquaient également les côtes et les muscles correspondant aux vertèbres absentes. Il y a lieu de croire que cette dernière mal- formation élait héréditaire; la colonne vertébrale ayant les mêmes inflexions chez cette femme que chez sa mère vivante. Variations par excès. — Sümmering (8) a fait mention en ces termes de cette malformation : Oclo el vice versa sex vertebræ colli observalæ narrantur et renvoyé à un ouvrage d’Eustachius (Ossium examen, p. 210). Eustachius (9) a parlé, en effet, d'un sujet qui avait 8 vertèbres cervicales. Après lui, Leveling (10) a donné de cette ano- (1) R. Cozumeus, De re anatomicä. (2) CuzEN, Pralice of phys., p. 1107. (3) STRUTHERS, Journ. of anal. and phys., 1874, p. 72. (4) STADERINI, Monit. zool. ital., 1894, pp. 56-95. (5) VARAGLIA, Giorn. d. R. Accad. d. Torino, 1885. . (6) Viczer et WaLsHAM, Med.-chirurg. Transact., vol. LXIII, p. 257. (7) Tu. Dwicur, Mem. of Ihe Boston Soc. of nalur. history. Boston, 1901, p. 276. Dans ce cas, l’atlas et l’axis étaient complètement fusionnés. Il a été observé sur un des rachis conservés au Waren Museum de l'École de médecine deHar- vard, en raison de leurs anomalies. (8) SÜMMERING, De corpor. human. fabricâ, 1794, I, p. 244. (9) Eusracaius, Opusculio. Delfis, 1736, obs. CX. (10) LEVELING, Observat. anal. rariores. Norimbg, 1787. VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 2 D] malie qu'il a observée également une fois une description que W. Gruber (1) a résumée en ces quelques lignes : « Der supernume- râre Wirbel war ein achter Halswirbel, oder ein intermediärer zwis- chen Hals-und Brustwirbeln (Meckel). Dieser supernumeräre Wirbel trug ein Rippenrudiment (beiderseits?) » (p. 2, note 4). Il convient tou- tefois de remarquer que, sur le dessin qui accompagne le texte de Leveling, la vertèbre surnuméraire ressemble plutôt à une vertèbre dorsale qu'à une vertèbre cervicale. Regalia (2) a appelé l'attention sur un squelette artificiel figurant dans le Musée pathologique de l’« Arcispedale » de Florence et dont le rachis cervical possède 8 ver- tèbres, mais en prévenant que deux de ces vertèbres, la 4° et la &, n'appartiennent probablement pas à ce squelette. Tenchini (3) a dis- séqué, en 1888, le cadavre d’un homme mort à l’âge de 76 ans et dont la colonne spinale était constituée par 8 vertèbres cervicales, 12 dor- sales, 5 lombaires, 5 sacrées et 5 coccygiénnes. Sur ce sujet, la ver- tèbre en excès, la 8° cervicale, offrait deux petites côtes mobiles, aslernales. W. Arbuthnot Lane (4) a considéré comme une 8° vertèbre cervicale une vertèbre portant une côte complète à droite, incom- plète à gauche et s’est appuyé pour défendre cette opinion sur la forme des premières côtes et leurs connexions sternales. Dans un mémoire de Wallmann (5) ilest question d’un rachis, conservé à la collection d'anatomie pathologique de Vienne et dont la 6° cervicale est double. Les deux vertèbres sont fusionnées par leur corps, mais suivant une ligne oblique ou spiroïde, de sorte qu'il y a quatre apo- physes transverses et deux arcs postérieurs terminés chacun par une apophyse épineuse distincte. La 7° cervicale (Wallmann a dénommé les deux vertèbres sus-Jacentes 6° a, et 6° b) présente deux apophyses transverses dont chacune porte une facette articulaire, mais dont le foramen percé à la base de celle de droite est ouvert en avant. Il y a donc eu des côtes cervicales, mais celles-ci sont tombées et ont été égarées. Parmi les douze rachis munis de côtes cervicales que le professeur Leboucq (6) a eu la bonne fortune de rencontrer, il en est deux qui ont retenu plus spécialement son allention : 1° Celui d'un homme adulte, composé de 8 vertèbres cervicales, de 12 dorsales, de 5 lombaires, de 5 sacrées et 4 coccygiennes et dont la (1) W. GRUBER, Mém. de l'Acad. des sc. de Saint-Pétersbourg, 1869, vol. XIII, n° 2. (2) REGALIA, Arch. p. l'antrop. e l'elnol., 1880, (3) TeNcuini, Sulle varielà numeriche vertebro-costali nell uomo. Parma, 1889, p.7. (4) A. LANE, Journ. of anal. and phys., 1885, p.266. (5) H. WaALLMANN, Verhandl. d. phys:-med. Ges. Wurzburg, 1857, p. 159. (6) LeBouco, Mém. couronnés el mém. des savants étrangers publiés par l'Acad. roy. des sc., des leltres el des beaux-arts de Belgique 18%. 4 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE dernière cervicale est pourvue, à gauche, d'une côte complète et indépendante et, à droite, d'une côte mesurant 7 cm. 5 de longueur et dont le sommet élargi est uni par un ligament à un tubercule du bord interne de la première côte dorsale ; 2° Celui d'une femme adulte, formé par 8 vertèbres cervicales, 12 dorsales, 5 lombaires, 5 sacrées et 5 coccygiennes et dont la der- nière cervicale porte, de chaque côté, une côte rudimentaire. La der- nière dorsale (20°) possède aussi, à droite et à gauche, un appendice costal long de 6 centimètres. Dans l'un et l’autre de ces deux derniers cas, il existe, en outre, comme dans un cas qui m'est personnel el dont je parlerai sous peu, une fusion de l’axis et de la 3° cervicale qui, avec la duplicité de la 6° cervicale trouvée par Wallmann, dénote que l'augmentation de nombre des pièces osseuses de la région cervicale de la colonne spi- nale peut être aussi bien la conséquence de l'intercalation d’une ver- tèbre surnuméraire dans un point de l'étendue de cette région que l’effel de l'apparition d’une vertèbre supplémentaire à l'extrémité de cette région. La colonne vertébrale de l’homme adulte et celle de la femme adulte qui ont été l’objet d’une attention toute particulière de Leboucq sont conservées au Musée anatomique de l'Université de Gand. Sur l’une et l’autre les 2° et 3° vertèbres cervicales sont soudées entre elles, mais d’une façon différente. Sur celle de l'homme adulte, les corps des deux vertèbres cervicales susdites, unis directement au milieu, le sont, de chaque côté, par l'intermédiaire d'une masse osseuse inso- lite. En haut, à droite et à gauche de l’apophyse odontoïde, en dedans de chacune des apophyses articulaires supérieure de l’axis, on re- marque un large trou vasculaire qui fait défaut sur l'os normal. En arrière, le corps de Fl'axis et celui de la 3° vertèbre cervicale sont sépa- rés l’un de l’autre par une suture peu profonde qui aboutit, en dehors, et de chaque côté, à un foramen vasculaire aussi grand que le fora- men vasculaire supérieur correspondant et à partir duquel elle se divise en deux branches entre lesquelles est logée la masse osseuse latérale Insolite. Ces masses osseuses latérales, placées ventralement par rapport aux trous de conjugaison doivent être par conséquent considérées comme des pseudozygapophyses inférieures de l’axis (1) 1) Les quatre apophyses articulaires de l’atlas et les deux apophyses articu- laires supérieures de l’axis de l’homme, tout en étant les analogues des apo- physes articulaires inférieures de l’axis et des apophyses articulaires supérieures et inférieures des autres vertèbres de l'homme, n'en sont pas les homologues : elles sont placées ventralement par rapport aux trous de conjugaison, tandis que les apophyses articulaires inférieures de l’axis et les apophyses articulaires supérieures et inférieures des autres vertèbres de l'homme, sont dorsales. C’est VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 5 el ne s'expliquent, selon la juste remarque de Leboucq, que « par une assimilation de la 3° vertèbre avec l’axis. Cette 3° vertèbre possédant le rudiment des apophyses caractéristiques de l’axis est donc partiel- lement une vertèbre de répétition de Ja 2° ». Partiellement, je répète ; en effet, l'assimilation n'est pas complète : les deux zygapophyses nor- males supérieures (dorsales par rapport aux trous de conjugaison) existent peu développées, il est vrai, et soudées avec les zygapophyses normales inférieures de la 2°. Les autres caractères généraux de la 3° vertèbre se rapportent plutôt aussi à la 2° ; les apophyses transverses sont pelites ; les lames larges et terminées par une apophyse épineuse volumineuse et bifide. Les autres pièces osseuses du rachis cervical situées plus bas ont leur conformation habituelle sauf la 7° qui, abs- traction faite de son apophyse épineuse unituberculée, — apophyse épineuse unituberculeuse, qu'offre d’ailleurs, assez souvent la 6° — ressemble à une 6° normale. La 8° vertèbre appartient donc bien à la région du cou; elle porte deux côtes, c'est certain, mais ces deux côtes doivent être en raison de leur forme et de leurs connexions avec le sternum être regardées comme des côtes cervicales. Sur la colonne vertébrale de la femme adulte, la fusion des 2° el 3 vertèbres cervicales entre elles est encore plus complète que dans les cas dont il vient d’être question. En avant des trous de conjugai- son la soudure porte à la fois sur les corps vertébraux et sur les apo- physes articulaires inférieures de l’axis et les apophyses articulaires supérieures de la 3° cervicale qui n'existent plus guère, les unes et les autres, qu'à l’état de vestiges ; rien n'indique qu'il y a eu primiti- vement deux corps vertébraux et on ne distingue pas de pseudozy- gapophyses. En arrière des trous de conjugaison, les arcs sont inti- mement unis entre eux et leur autonomie primitive est décélée senle- ment, en dehors, par une crête qui se termine en arrière, du côté droit, en haut et du côté gauche, en bas, sur la lamelle correspon- dante de l’apophyse épineuse unique, robuste et bituberculée, comme l'est généralement celle de l’axis. Les apophyses transverses sont dis- tinctes sur les deux vertèbres ; elles ont toutes les quatre l'aspect des apophyses transverses ordinaires de l’axis. Au-dessous de l'élément osseux du rachis cervical qui répète et d'une façon plus exacte encore que dans le cas précédent, les caractères de l'axis, les autres éléments osseux du rachis cervical sont conformés comme s'il n’y avait pas un élément osseux de plus. La 7° vertèbre est une 6° normale par tous ses caractères, excepté aussi son apophyse donc à tort qu'on les désigne habituellement, les unes et les autres, sous le terme générique de zygapophyses. En s'en référant à l'anatomie comparée, il faut appeler les premières pseudo-zygapophyses et les secondes, vraies 2yga- pophyses. 6 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE épineuse unituberculée. Quant à la 8°, c’est si bien une vertèbre cer- vicale qu'en dépit de ses deux côtes elle a conservé un foramen trans- versaire droit limité en avant par une lamelle osseuse très grêle. Les masses latérales de l’atlas, dont le trou transversaire droit est ouvert en avant, sont asymétriques. Celte asymétrie des masses laté- ales de l'atlas en rapport avec celle de la pièce osseuse résultant de l'union inlime de la 2° et de la 3° vertèbre cervicale, est si pronon- cée que la distance qui sépare le bord interne de la facette articulaire supérieure de l'axis du sommet de l'apophyse odontoïde égale 25 mil- limètres à gauche et 18 millimètres seulement à droite. Le 20 avril 1911, le professeur Pires de Lima, m'a écrit pour m'in- former qu'il existe dans le musée d'anatomie de la Faculté de méde- cine de Porto un squelette de nain, préparé par son prédécesseur Bernardo Pinto et qui possède 8 vertèbres cervicales dont la première l’atlas, est fortement soudée au pourtour du trou occipital, 12 vertè- bres thoraciques, 5 vertèbres lombaires, 5 vertèbres sacrées, 4 ver- tèbres coccygiennes et 13 paires de côtes (1). Au mois de janvier 1896, un de mes garçons d’amphithéâtre, E. Perrochon m'a remis un rachis constitué par 8 vertèbres cervicales, 12 dorsales, 5 lombaires, 5 sacrées, 5 coccygiennes et dont deux des vertèbres cervicales, la 2° et la 3° ne forment qu'une seule pièce osseuse qui ressemble exactement à celle de la portion cervicale du rachis féminin du professeur Leboucq, dont j'ai fait mention, sauf qu'elle est un peu moins asymétrique. Sur ce rachis qui est celui d'une fille de 24 ans phtisique, morte à l'Hôpital de Tours, le 20 août 1899, le bord interne de la facette articulaire supérieure de l’axis est distant du sommet de l’apophyse odontoïde de 23 millimètres à gauche et de 20 millimètres à droit. L’atlas également, par suite, moins asymé- trique, est pourvu de ses deux trous transversaires et tous les éléments du squelette osseux du cou situés au-dessous des deux vertèbres synos- tosées sont normaux. La 4° vertèbre cervicale est conformée comme une 3°, la 5° comme une 4°, la 6° comme une 5°, la 7° comme une 6° dont l'apophyse épineuse est bifurquée et la 8° comme une 7° qui a deux trous transversaires. En prélendant que dans tous les Verlébrés, sans en excepter (1) De ces 13 paires de côtes, la dernière est en rapport avec la 1° vertèbre lombaire et la 6° côte gauche qui n’est pas articulée avec la 6° vertèbre thora- cique, est articulée au moyen d'une apophyse émanant de son bord inférieur avec une apophyse provenant du bord supérieur de la 7° côte gauche. Le fron- al du crâne de ce squelette n'offre pas de trace de la suture mélopique, mais le Sphénoïde n'est pas soudé à l’apophyse basilaire de l'occipital et chaque mâchoire est garnie de 10 dents (4 incisives, 2 canines et 4 molaires) bien déve- loppées. On trouve, en outre, une dent molaire enfoncée dans l'alvéole située à chacune des extrémités postérieures de la mâchoire supérieure. VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 7 l'homme, l'accroissement numérique inaccoutumé des éléments osseux était dans l’une ou l’autre des régions rachidiennes, le ré- sultat du développement dans cette région d'une pièce osseuse de plus, Jhering (1), Albrecht (2), Wallmann, Leboucq, etc., ne se sont donc pas loujours mépris. En prenant, d’ailleurs, pour points de repères fixes certaines vertèbres caudales qui, chez des espèces de Lézards voisines, présentent des caractères différentiels bien tranchés, Baur (3) est parvenu à déterminer exactement quelles sont, en pareille occurrence, les vertèbres intercalées. De ce que dans trois des quatre cas de vertèbres intercalaires rencontrées dans la région cervicale humaine par Wallmann, Leboucq et moi, la vertèbre intercalaire était la 3°, a-t-on le droit d'induire qu'il y a là plus qu'une coïncidence ? Certainement. Surtout quand on sait qu'au-dessous de l’axis 1l y a une modification importante qui se passe dans les éléments durs de la colonne spinale, du moins en ce qui concerne leur structure générale. C'est entre la 2° et la 3° vertèbres cervicales que se trouve le point faible du squelette du cou. Et telle est la raison pourquoi, à mon avis, les variations de la 3° verlèbre cervicale sont comparables comme nombre et comme fréquence à celles de l’atlas et de la 7° cervicale. Il appert des recherches de Murie (4) que si la lamentin n'a que 6 ver- tèbres cervicales c’est parce que la 3° cervicale a subi une régression presque complète. Toutefois, le cas de duplicilé de la 6° cervicale signalé par Walmann dans l'espèce humaine, témoigne que dans cette espèce, pour ne parler que d'elle, la vertèbre cervicale supplémen- taire n'est pas constamment la 3°. « Spigelius rapporte, a écrit Diemerbroeck (5), qu'en plus de ces 7 verlèbres (du cou)il yen a encore quelquefois, quoique rarement, une 8° en ceux qui ont le cou long et qu’alors il y a une vertèbre de moins dans le thorax qui, par conséquent, est plus court qu'à l'ordinaire ». Ceile assertion et celle de Morgagni relatée plus haut ne sont pas tout à fait exactes puisque généralement : 1° La courbure d'une région quelconque de la colonne spinale s’ac- centue ou s'atténue lorsque le nombre des éléments osseux de celle région augmente ou diminue ; 2 Dans une région quelconque du rachis l'absence d'une ou de plusieurs pièces osseuses ou l'existence d’une ou de plusieurs pièces surnuméraires est compensée, parfois même complètement, par un (1) JhERING, Der peripherische nervensyslem der Wirbelthiere. Leipzig, 1878, (2) AcLBRECHT, Bullet. du musée roy. d'his!. nalur. Bruxelles, 1883, IL. (3) BauRr, Jour. of morphol., 1891, IV, n° 3. (4) MüRIE, Transact.zool. Soc. London, 1874. (5) DIEMERBROECK, l’Anal. du corps hum., trad. franç. de Prost, t. If, p. 658. Lyon, 1727. 8 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE accroissement ou une réduction volumétrique en hauteur des pièces osseuses limitrophes ou éloignées (1), Les variations numériques des vertèbres cervicales. aussi bien les vartations par défaut que les varialions par excès, sont rarissimes. Elles ont été recherchées, en même lemps que celles des autres ver- tèbres des régions sous-jacentes du rachis, du sacrum et du coccyx, par Rosenberg (2), Hagen (3), Petersen (4), Bardeen (5), Bardeen et Lewis (6) sur 46 embryons arrivés à la période de chondrification, c'est- à-dire âgés de 2 à 3 mois; par Steinbach (7) et Paterson (8) sur 55 em- bryonsparvenus à la phase d’'ossification, alias âgés de 3 à 9 mois; par Topinard (9), Ancel et Sencert (10), Bardeen, Steinbach, Staderini, Bianchi(11}, Paterson, Tenchini, C. Dwight et moi sur 1.319 cadavres ou squelettes d'adultes ou de vieillards (par Topinard, sur 350; par Ancel el Sencert, sur 42; par Bardeen, sur 70; par Steinbach, sur 133; par Standerini, sur 100, par Bianchi, sur 130; par Paterson, sur 132; par Tenchini, sur 117; par Th. Dwight (12), sur 45 ; par moi sur 200 [13)), soit, au Lotal, sur 1.420 colonnes vertébrales d’embryons, de nouveau- nés, d'enfants, d'adultes ou de vieillards de l’un ou l’autre sexe et de diverses races. Or, sur ces 1.420 colonnes vertébrales, cartilagineuses ou osseuses, 2 seulement (0,14 p. 100), étudiées, l’une par Staderini, l'autre, par T. Dwight, avaient 6 vertèbres cervicales. ANATOMIE COMPARÉE. — De toutes les régions du rachis, la région cer- vicale est celle dont le nombre des vertèbres est le plus fixe chez les animaux appartenant à la classe des Mammifères. À part quelques exceplions présentées par certains Édentés et certains Strénides, elle comprend toujours 7 vertèbres, qu'il s'agisse de l’ornithocénhale, de la gtrafe où du chameau, dont le cou est si long. ou de la baleine, de l’élé- phant où du porc, dont le cou est si court, — ce qui explique déjà son peu de variabilité dans l'espèce humaine. (1) Cf. Tu. DwiGnT, TENCHINI, loc. cit. suprà. (2) ROSENBERG, Silz. d. Naturforsch.gesellsch.zu Dorpat, 1882, et Morph.Jahrb.,1899. (3) HAGEN, Arch. f. anat. u. phys., 1900. (4) PETERSEN, Arch. f. anal. u. phy., 1903. (5) BARDEEN, Anal. anz., 1904. (6) BARDEEN et Lrwis, American Journ. of anat., 1901. (7) STEINBACH, Die Zahl den Caudalwirbel beim menschen. Diss. Berlin, 1889. (8) Soc. London, 1892. (9) TopiNARD, Rev. d'anthrop. Paris, 1877, p. 577. (10) ANCEL et SENCERT, C. rend. assoc. des analom. Lyon, 1901. Bibliog. anat., 1902, et Journ. d. l’anal. et d. la phys., 1903. (11) Brancui, Afti d. R. Accad. d. Fisiocrilici in Siena, 1894-1895. (12) BARDEEN, STEINBACH, STADERINI, PATERSON, TENCRINI, Tu. DwiGur, loc. cil. prà. 13) Don100 de Tourangeaux et autant de Tourangelles. VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 9 Parmi les Édentés, en effet, ceux dont les vertèbres du cou sont libres, ont un nombre de vertèbres cervicales inférieur, égal ou supérieur à 7. Ainsi chez l'Unau d'Hoffmann (Cholæpus Hoffmanii), 1 n'y a que 6 vertèbres cervicales, tandis qu'on en compte 7 chez l'Unau didactyle (Cholæpus didactylus), 8 chez le Bradypus torqualus et chez Bra- dypus tridactylus où Aï. C'est Wiedemann (1) qui a affirmé catégori- quement le premier que l’Aï possède 9 vertèbres cervicales, mais avant lui ce mode de conformation du squelette du cou de cel Édenté avait été représenté par Piso (2). L'assertion de Wiedemann à ce propos a été confirmée depuis par Rousseau et Cuvier, Hermann (3), Baer (4), etc. Sur 10 Aïs ordinaires, J.-F. Meckel (5)a trouvé 10 fois 9 vertèbres cervicales. Et Jhering (6) est arrivé, croit-il, à établir par une disseclion altentive du plexus brachial de cet animal que, chez celui-ci, les 8° et 4° vertèbres du cou sont bien des vertèbres cervicales et non des vertèbres dorsales modifiées. Il est intéressant de noter ici, puisque l’occasion s'en présente, que ce sont vraisemblablement, chez les Mammifères, les os rachi- diens de l'Unau didactyle qui, bien que régulièrement au nombre de7 dans la région du cou, varient le plus de nombre sinon de corrélations dans les autres régions. Parmi les Sirénides, dans les Lamentins (Manalus) les vertèbres cervicales, non soudées entre elles contrairement à ce qui existe dans beaucoup de vrais Célacés, sont au nombre de 6 seulement. Il en est ainsi sur trois squelettes de Lamentins du Cabinet de Munich dont J.-F. Meckel a fait mention. La même disposition a été constatée sur le Lamentin du Nord par Steller (7) et Daubenton (8), sur le Lamentin du Midi par Cuvier (9), etc. J'ai noté précédemment que si, dans le genre Manalus il n'existe que 6 vertèbres cervicales, c'est, comme la démontré Murrie, parce que la 3° cervicale a subi une régression presque complète. « On ne sail pas, a écrit J.-F. Meckel ‘10), com- ment le Dugong se comporte à cet égard. Suivant Raffles et Home (11), il aurait 7 vertèbres’ cervicales; cependant la figure qu'ils en don- 1) WIEDEMANN, Arch. f. Zool., p. 134, 1800. (2) Prso, De Indiæ utriusque re naturali, etc., p. 322. (3) Rousseau et CuviEr, HERMANN, Ann. du Muséum, t. V, p. 201, 1504. (4) BaERr, Meckel's Arch., bd. VIII, s. 371. \ (5) J.-F. MEckEL, Trail. génér. d'anal. comp., trad. franç. de Riester et San- son, t. III, p. 396. Paris, 1829. (6) JHERrING, loc. cit. suprà. (7) STELLER, De besliis marinis in N. comment. Petrop., t. IT, p. 319. (8) DaAuBENTON in BuFFOoN, Hist. nal., t. XIII, p. 430. (9). Cuvrer, Ann. du Muséum, t. XIII, p. 291. (10) J.-F. MECcKkeL. loc. cil. suprà, t. LI, p. 396. (11) RarFrLes et Home, Philosoph. Transact., p. 179, 1820. 10 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE uent ne semble en indiquer que 6 et Hoîme en attribue également 7 au Lamentin du Sud, tandis que la figure n’en présente que 6 qui est aussi son nombre normal. » Les cinq squelettes de Halicores que j'ai vus possèdent, chacun, 7 vertèbres cervicales. Les Célacés en possèdent le même nombre, nonobstant la petitesse el la soudure de ces pièces osseuses. Major (1), en déclarant qu'ils n'ont pas de vertèbres ou qu'ils n’en ont qu'une,et Tyson (2) qu'ils n'en ont que trois, l'atlas et deux autres, se sont trompés. Hunter (3) en comptant 5 vertèbres cervicales au Dauphin ordinaire et à la Baleine à bec et Rudolphi (4) en n'accordant non plus que 5 vertèbres cervicales à cette dernière,se sont également mépris. Il est vrai que Hunter et Rudolphi ont indiqué eux-mêmes, sans s’en douter, une vertèbre de plus. En effet, Hunter a compté une vertèbre commune au cou el au thorax et Rudolphi noté que la première côte se partage, comme cela a lieu chez d’autres Célacés, en deux branches, l’une pour la première vertèbre dorsale, l’autre pour la seconde. Mais la vertèbre commune de Hunter et la première dorsale de Rudolphi sont évidem- ment une seule et même chose, la dernière cervicale, contre laquelle s'applique la tête de la première côte conformément autype des Céla- cés. En avant de celte dernière vertèbre cervicale j'en ai toujours rencontré 6 aussi bien dans les Delphinoïdes que dans les Balænides. Le professeur Longo, de Turin, qui a recherché les variations numé- riques des vertèbres cervicales sur 3.000 rachis d'animaux appartenant à la classe des Mammifères, les Édentés et les Sirénides susnommés exceptés, n'en a pas observé une. Il importe toutefois de noter que J.-F. Meckel, après avoir déclaré qu’il a « trouvé positivement 6 ver- tèbres cervicales, outre la dernière, non seulement dans les squelettes du Dauphin vulgaire, mais même dans les squelettes des Baleines ci- dessus cités du Cabinet de Paris », a ajouté : « Cependant je ne prétends pas que cette diminution du nombre ne puisse avoir lieu quelquefois. » | Zoccoli (6) a écrit, à deux reprises et à plusieurs années de distance, que « parmi nos Animaux domestiques, le cheval (Equus caballus) a quelquefois 19 paires de côtes avec 19 vertèbres dorsales ou 8 ver- tèbres cervicales ». Personnellement je n'ai jamais vu une seule colonne vertébrale (1) MAJOR, Eph. nat. cur. dec. I. a. 3, p. 33. (2) Tyson, Phocæna, p. 45. (3) HunrER, Phil. Trans., vol. LXXVII, p. 383. (4) RupoLpui, Berliner Abhandl., p.32. Berlin, 1820-21 (Mém. de l'Acad. de Berlin). 5) LonGo, /l medico velerinario, 1875. 3 (6) Zoccocr, Anal. d. an. domest., pp. 121-123. Paris, 1871 et Compend. d. anat. desc. velerin. e comp., pp. 109-110. Napoli, 1875. VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 11 d'Équidés dont le nombre des pièces osseuses cervicales excédait le chiffre 7 et maints anatomistes-vélérinaires m'ont assuré que sous ce rapport ils n’ont pas été plus favorisés que moi. Mais dans mon musée particulier, figure le rachis, bien conformé par ailleurs, d'une chèvre commune, qui a 6 cervicales, 14 thoraciques avec 14 paires de côtes et 6 lombaires. Et un gorille femelle âgé (n°19) du Musée anatomique de l’Université d'Aberdeen possède 8 cervicales, 13 dorsales et 5 lom- baires (1). Nombre d'os dans les colonnes vertébrales de quarante Anthropoides. RÉES TOTAL complet 1 total 40 Authropoides NOMBRE NOMBRE PRÉ-SA( A 11 Gorilles. + CO OS À CO CO CO C0 tr Ce Co Co Co DOI mt me 135 Chimpanzés D > à He He pe RO re RO EE | de de pe n> + à ho RO re 1 — Ne — RS SE ESS ESS © ©C Qt OE Qr— 13 Orangs . > pe pe |O 1O CO AE 3 Gibbons . SES SES EE ES ES DES 7 ES ES ES ES ES ES ER EC ES CE EE RC mul | ww we | lus | roro cc] co | ro | Riowx | | > © Or Or — 1) SrRUTuERS, Journ. of Anal. and Phys., 1892. 12 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE C’est là une exception rarissime ainsi qu'en fait foi le tableau ci-des- sus (p. 11), emprunté à A. M. Paterson indiquant les variations numé- riques que présentait le rachis de chacun des 40 Anthropoiïdes exami- nés par lui à ce point de vue. Dans les Oiseaux le rachis cervical, remarquable par sa longueur et sa mobilité, agit comme brasde levier sur le centre de gravité qu'elle déplace en avant lorsqu'elle s’allonge pendant le vol ou la course ; au repos, elle se replie en arrière et se raccourcit en formant deux cour- bures en S. Cette mobilité de la colonne cervicale est assurée par le nombre de ses éléments osseux plus élevé que dans les Mammifères et qui peut être de 10 à 12 (certains Palmipèdes, les Oiseaux de prote), voire même de 20 à 23 (Cygne à bec noir). En outre, la mobilité en tous sens esl favorisée par la forme exceptionnelle des surfaces arti- culaires du centrum qui sont convexes dans un centre et concave dans l'autre. La région cervicale rachidienne des Chéloniens comprend 8 ver- tèbres. Chez les Serpents dont l'épine peut posséder plusieurs centaines de pièces osseuses, il n'y a probablement pas deux individus de la même espèce qui, dans une région quelconque du tronc, en ait le même nombre. L'illustre J. Geoffroy Saint-Hilaire ne s’est donc pas trompé quand il a posé en principe : « que les anomalies numériques sont d'autant plus fréquentes, que les organes envisagés sont en nombre d'autant plus considérable et réciproquement (1) ». Non seulement les anomalies des vertèbres des Repliles, mais encore celles des dents des Vertébrés les plus élevés, des mamelles des chiennes, des truties, etc., le démor- trent complètement. On sait combien les métamères des Annélides sont sujeltes à varier de nombre. Les irrégularités numériques des sépales, des pétales, des étamines, qui se répètent en série, ne sont ignorées d'aucun botaniste. N'est-il pas évident, en effet, qu’un organe a d’autant moins d'im- portance dans un être vivant qu'il s’y répète un plus grand nombre de fois, les congénères pouvant se suppléer réciproquement ? VARIATIONS DE DIMENSIONS ET DE POIDS. — Pour ne pas faire double emploi avec les ouvrages d’anthropométrie et les mémoires (2) où les (1) Cette loi de G. Sainr-Hilaire a été confirmée en ce qui concerne les dents, par MAGITOT ; J.-G. SAINT-HILAIRE, Des anomalies de l'organisation,t. 1, p. 460. Bruxelles, 1837. — MaAGiroT, Journ. d. l'anat., 1875. (2) Cf. SouLARUE, Bullet. d. la Sociélé d'anthrop. de Paris, 1899-1900 ; PapiL- LAULT, Bullet. d. la Soc. d'anthrop de Paris, 1898-1902; CuarPy, Journ. de l'anat., VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 13 variations de dimensions et de poids des vertèbres du cou, du dos et des lombes, sont étudiées plus ou moins longuement el surtout au point de vue de la genèse des courbures antéro-poslérieures de la colonne vertébrale dans les différentes races, Je me bornerai à signaler plus loin celles de l’atlas et de l’axis qui ont une importance capitale pour le déterminisme de la sexualité de cette colonne dans toutes les races. Une remarque de suite,cependant. Comme parmi les Animaux pla- centaliens, ce sont ceux qui ont la tête large et plutôt courte, les Baleines, les Rongeurs, etc., qui ont des vertèbres cervicales le plus aplati, alors que ce sont ceux qui ont la tète longue et plutôt étroite, le cheval, la girafe, elc., qui ont le corps des vertèbres cervicales le plus haut, il serait intéressant de rechercher, ce que je n'ai pas encore eu le temps de faire, si, dansles Primates, principalement chez l'homme et les Singes anthropomorphes, 1l n'y a pas, toutes choses égales d’ailleurs, une corrélatiomentre les variations de dimensions et de poids des vertèbres cervicaleset la brachycéphalie et la dolicocéphalie. VARIATIONS DE STRUCTURE ET DE CONNEXIONS. — (Géode pré-pédiculatre. Avec les progrès de l’âge le tissu osseux dont est composé le corps de chaque vertèbre, subit, à droite et à gauche, en avant de la base d'implantation du pédicule, une raréfaction de plus en plus marquée, de sorte que, dans l'extrême vieillesse, apparaît, en ce point, une véri- table géode. Ailleurs la raréfaction du tissu osseux spongieux n'est pas, paribus cœteris, aussi sensible ; elle n'en est pas moins, avec la géode pré-pédiculaire, l'élargissement, avec les progrès de l'âge des canaux veineux interosseux du centrum une des causes de l’abaisse- ment de la taille et de l’incurvation en avant du tronc chez les vieil- lards. À ces causes de l’abaissement de la taille el de l'incurvation en avant du tronc chez les vieillards s'en ajoute encore une autre: la transformation des 22 disques fibro-cartilagineux inlervertébraux en üssu osseux d’où résulle une diminution sensible de leur épaisseur. Soudure des vertèbres entre elles. — Klle peut débuter pendant la vie fœtale et avoir acquis son entier développement dans les pre- mières années qui suivent la naissance (synoslose rachidienne congé- nilale des auteurs) (1), ou n'apparaître que plus ou moins longtemps 1885 et Arch. méd. de Toulouse, 1907 ; TurNER, Journ. of Anal. a. phys., vol. XX, 1886 ; CUNNINGHAM, À. Irish acad., 1889; R. HavELoCKk, Sc. mem. by med. officers of the army of India (sans date), p. 63; RavENEL, Zeilsch. f. anal., 1879: AEBY, Arch. f. anat., 1879; Tu. Dwicur, Med. Record, 18£4 ; W. KRAUSE, Trail. d'anal. hum., trad. franc., p. 76, etc. (1) On peut lui conserver ce ném, mais en n'oubliant pas que si elle com- 14 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE après les premières années qui suivent la naissance, porter sur un petit nombre ou un grand nombre de vertèbres d'une région quelcon- que, voire même sur la totalité des vertèbres, transformant ainsi le rachis, ramené à l'unité, en une tige rigide, Elle a été observée dans toutes les races, et dans chaque race, sur des sujets de l’un et l’autre sexe. Quelle que soit son étendue en hauteur, elle ne touche pas constamment ni au même degré, ni de la même facon, chacune des vertèbres. Le rhumalisme, la spondylose rhizomélique, le mal de Pott, la cyphose hérédo-traumatique décrite par Bechterew sous le nom de rigidité vertébrale, dite, parfois aussi, maladie de Kümmel (1), le rachitisme, etc., peuvent modifier plus ou moins la configuration, la contexture des éléments osseux de la colonne vertébrale, nuire à leur mobilité. Le rhumatisme vertébral a été étudié cliniquement, surtout aux vertèbres cervicales où on le différencie d'avec le mal de Pott sous-occipilal (torticolis osseux décrit par-Dally). Leyden lui a con- sacré un chapitre dans son Traité clinique des Maladies de la moelle épinière. Un des meilleurs spécimens des altérations pathologiques qu'il est susceptible de provoquer est le squelette du nommé Séra- phin, déposé au Musée Dupuytren à Paris et sur lequel non seule- ment toutes les vertèbres, mais encore toutes les articulations costo- vertébrales, sacro-iliaques et fémoro-coxales sont complètement ankylosées, de sorte que le tronc ne forme plus qu'une seule pièce. Pour être habituellement localisée la spondylose rhizomélique ne s'étend pas moins quelquefois à tout le rachis. A Liège, le 25 sep- tembre 1905, Leri a, dans une séance du Congrès de médecine, à laquelle j'assistais, montré un squelette rhizomélique dont loutes les arliculations depuis les genoux jusqu'à l’occipital étaient synos- tosées. | Je signale pour mémoire les lésions rachidiennes provoquées par le mal de Pott, la cyphose hérédo-traumatique, le rachitisme, etc., et J'arrive, sans transition, à celles qu'entraîne la sénilité. Nulle partie du squelette ne présente plus communément des alté- rations séniles que la colonne vertébrale. Sur 423 colonnes vertébrales dont 11 d'hommes et 212 de femmes, âgés de plus de soixante ans que j'ai examinés, je n’en ai trouvé que 6 dont les pièces osseuses fussent demeurées indépendantes. A partir de soixante ans, et sou- vent même avant, nombre de configuration inaccoutumée de la tige rachidienne doivent être attribuées à la soudure, totale ou partielle, mence pendant la vie embryonnaire, elle n’est parachevée qu'après, l'ossifica- tion des vertèbres ne se terminant qu'après. (1) Cf. MaRIE, Presse médicale, 1897. PR VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 16 ou à la réunion par des bandes osseuses des corps vertébraux, des apophyses épineuses ou des apophyses articulaires, etc., telles les articulations supplémentaires au voisinage des articulations normales ou entre les apophyses épineuses, etc. De toutes les ankyloses rachidiennes, la sénile est de beaucoup la plus commune (1); celle débutant avant la naissance, la plus rare. Celles que provoquent, après la naissance, le rhumatisme, la spondy- lose rhizomélique, le mal de Pott, ont une préférence singulière pour les régions dorsale et lombaire. Celle qui est causée par la sénilité débute par le coccyx. Le coccyx se soude d’abord au sacrum, puis celui-ci à la 5° vertèbre lombaire; enfin, très tardivement, d’autres vertèbres des régions lombaires et dorsales se soudent ensemble. Étant de beaucoup la plus commune, l’ankylose rachidienne sénile devait être et est, en effet, celle qui est connue depuis le plus long- temps. Elle est, en effet, signalée en ces termes par Diemerbroeck : « Ce soutien de tout le corps (la colonne vertébrale) n’a pas dû n'être composé que d’un seul os, mais de plusieurs, afin que le corps pût être flexi de toutes parts commodément. Il arrive néanmoins quel- quefois dans les vieillards que l'humidité des carüllage s'étant dessé- chée et les ligaments qui sont entre eux s'étant endurcis, plusieurs vertèbres se réunissent en une seule ; de quoi j'ai chés moi un très bel exemple dans le squelette d'un certain bossu où 7 vertèbres sont réunies et ne font qu’un seul os. Pavius et plusieurs autres anato- mistes ont observé de pareilles réunions. » Quant à la synostose vertébrale se manifestant au cours de la vie intra-utérine, son siège de prédilection est le cou et, en procédant par ordre de fréquence : l'aruculation de l'axis et de la 3° verièbre cervicale, celle de la 3° cervicale et de la 4°, celle de l'atlas et de l’occipital, etc. Il n'est pas rare qu'elle porte à la fois sur l'arlicula- tion de l’atlas et de l'occipital et sur celle de l'axis et de la 3° vertèbre cervicale et sur celle de la 3° vertèbre cervicale et de la 4°. La ten- dance qu'a, pendant la vie intra-utérine, la 3° vertèbre cervicale à se fusionner plus souvent que les autres avec ses voisines, est une nou- velle confirmation de la proposition que j'ai formulée en traitant des variations de nombre des vertèbres, à savoir : que c'est au niveau de la 3° cervicale que se trouve le point faible de résistance du sque- lette du cou. Puisque je suis obligé de revenir sur la question des variations numériques des vertèbres, j'ajouterai qu'il faut y regarder à deux fois et de près pour ne pas prendre, aussi bien dans la région lom- baire que dans la région thoracique ou dans la région cervicale, pour D D (1) DIEMERBROECK, loc. cit. supra, t. IT, p. 654, A 16 TRAITÉ DES VARIATIONS pES 0S DE LA COLONNE VERTÉBRALE une diminution de nombre de ces 05; quelques Cas de fusion symé- trique de deux de ces os que ne décèle manifestement aucune trace de séparation des corps ni des apophyses articulaires et dont les James confondues 5 terminent par une seule apophyse épineuse bifurquée. ANATOMIE COMPARÉE. — Toutes les variétés d'ankylose signalées dans l'espèce humaine se retrouvent dans les espèces animales et s'y développent SOUS l'influence des mêmes causes. Le chat fil de fer, barre de fer, n'est rien autre chose qu'un chat dont les mouvements de flexion et d'extension de la tête et ceux qui 5e produisent dans les articulations intrinsèques el extrinsèques de la colonne vertébrale sont peu à peu abolis par une synostose progressive de toutes les pièces osseuses qui la composent, de sorte que l'animal, incapable de se nettoyer, finit par être rongé par la vermine, et peut, à la fin de la maladie, être, saisi par Ja tête, tenu ainsi que le serait une uige métallique rigide. Sur le squelette d'un chat de ce genre que possède le Musée anatomique de l'École vétérinaire d’Alfort, les genoux et les coudes sont également immobilisés, ce qui permet d'affirmer, contrai- rement à l'hypothèse de Marie, qu'il ne s'agit pas ici de spondylose rhizomélique, mais de rhumatisme déformant. B. Sutton (1) à constaté que le rachitisme s'attaquait très fréquem- ment à la colonne vertébrale des Carnassiers pubères: 3... Meckelet Cuvier disent, San$ rien plus, qu'ils ont renconlré quelquefois la sou- dure de toutes Îles vertèbres cervicales, Île premier, dans la Gerboïse du Cap (Dipus cafer), Le second, dans l Hyène. H n’est pas rare de voir chez les Chevaur, principalement chez les Chevaux de selle, déjà âgés; Je rachis ramené à l'unité par la soudure de tous $e5 éJéments consli- tuants. Il ya, enfin, des Vertébrés à squelelte osseux ou cartilagineux qui pat uo-.uilement un plus ou moins grand nombre de vertèbres SYnO$- Lo=:es. Jess pièces osseuses de la portion cervicale du rachis des Baleines franches (Balæna mystlicelus, etc.) sonL unies intimement entre elles par les corps et la partie supérieure des ares ; mais il existe communément entre ces points d'union, un intervalle d'une étendue variable, étroit mais haut. Lorsque cet intervalle manque, il est indiqué par un peut enfoncement et constamment subsiste, pour le moins, une petite ouverture qui donne passage aux perfs cervicaux-. Pour ce qui est des Cétodontes, dans le genre Physeter chez le Cachalot (Physeler macrocephalus). Par exemple, l'atlas est libre, mais les Six vertèbres suivantes sont soudées, entre elles et avec la 1) B. SUTTON; Soc. pathol. d. Londres, 1* avril 1854. VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 17 première dorsale chez le mâle ; chez la femelle la première dorsale esl libre. Toutes les verlèbres cervicales de l'Æyperoodon rostr. ne forment qu'une seule pièce. Dans les genres Delphinus (L.), Tursiops (Gervais), Clymenia (Gray), Steno (Gray), Sotalia (Gray), l’atlas et l'axis ne font qu'un et les autres os du squelette du cou sont libres alors que dans le genre Phocæna qui fait partie également de la famille des Delphinides, chez le Marsouin (Phocæna communis) les six premiers os du squelette du cou sont fusionnés. Chez l’'Epiodon aus- trale, ce sont seulement les trois premiers. Sur un dessin de /?orqual dû à Lapécède (1), on remarque que les 6 vertèbres cervicales les plus postérieures sont synostosées. Les vertèbres cervicales, plus ou moins nombreuses, des Tatous (2) sont indépendantes ou offrent des soudures en rapport avec la présence du dermato-squelette. Parmi les Ædentés fossiles, le Glyptodon pré- sente un agencement particulier des pièces osseuses de la portion cervicale du rachis. L’atlas est libre. Mais l’axis, les 2°, 3°, 4°, 5° et 6° vertèbres cervicales sont soudées en un seul os (os mésocervical). D'autre part, la 7° cervicale, et les deux ou trois premières dorsales, suivant les espèces, ne forment également qu’un seul os appelé os mélacervical. L'os mésocervical se meut sur l'os métacervical qui jouit lui-même d'un mouvement très étendu sur la vertèbre dorsale suivante fusionnée avec les autres vertèbres dorsales pour porter la carapace. Les vertèbres dorsales et lombo-sacrées des Oiseaux sont courtes et ont une grande tendance à s'unir entre elies afin de transmettre efficacement l'action locomotrice des membres postérieurs. Celte union a lieu le plus souvent par les apophyses épineuses qui consti- tuent alors une crête rigide presque continue. Cette union peut se faire d’ailleurs encore par les apophyses transverses, voire par les apo- physes inférieures quand celles-ci sont présentes. Les premières vertèbres dorsales des Chéloniens se soudent de bonne heure aux plaques osseuses de la carapace. L'atlas et l’axis des Plérodactyles, des Plésiosaures, parmi les Reptiles fossiles, ne forment qu'un seul os. Dans les Poissons le mode d'union du crâne à la colonne vertébrale consiste, tantôt dans une articulation au moyen d'un condyle, tantôt dans la soudure directe avec les premières vertèbres. Parfois aussi, (1) LACÉPÈDE, Histoire des Célacés, p.8. (2) « Les apophyses transverses, les corps et les arcs des vertèbres, des Talous, a écrit J.-F. Meckel, sont soudés, à compter de la seconde jusqu'à la sixième, quelquefois même jusqu'à la septième vertèbre, comme je puis en faire la remarque sur plusieurs individus présents sous mes yeux. L'atlas reste, au contraire, loujours séparé. » J.-F, MECKEL, loc. cil. suprà, L. VIT, p 406, VERTÉBRALE, » _ 15 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE quelques-unes de ces vertèbres peuvent se fusionner entre elles. Chez la Fistulaire les quatre premières vertèbres cervicales sont ankylosées et chez la Raïe blanche (Raja balis), la Raie bouclée (R. clavata), la Raie bordée (R. rostellala), la Rate lentillat (R. oxyrinchus), etc., les Chimères, les Esturgeons, les Torprlles, etc., un plus grand nombre, La tendance des vertèbres de la partie antérieure du rachis à se con- fondre en une seule, très générale parmi les Poissons carlilagineux, est moins accusée parmi les Poissons osseux. Dans les Verlébrés à squelette osseux où carlilagineux sus-indiqués où la fusion de la totalité ou d'un plus ou moins grand nombre des éléments durs rachidiens sus-sacrés pendant la vie est la règle, le résultat d'un processus physiologique constant, ces éléments ne sont pas, non seulement dans chaque ordre, mais encore dans tous les animaux du même ordre, fusionnés entre eux ni aussi intimement ni d’une façon identique, mais leur axe saggital médian est constam- ment contenu dans le même plan que celui du crâne qu'il continue. De plus, les porlions présentes de ces éléments, situées à droite et à gauche de cet axe sagittal médian, ont une configuration, des dimen- sions, une structure, une position et des rapports semblables. De ce que la totalité ou une partie des vertèbres sus-sacrées sont normalement, pendant la vie, synostosées entre elles dans la série animale, beaucoup d'anthropologistes n'ont pas craint d'affirmer que la synostose vertébrale commençant durant la vie fœtale conslitue, quels que soient son degré, son siège el son étendue, une variation réversive. Tel n’est pas mon avis. Pour moi, l'ankylose vertébrale humaine, quels que soient son degré, son siège et son élendue, qu'elle existe dans les premières années de la naissance ou se produise plus ou moins longtemps après, est toujours d'ordre pathologique. EL si j'en fais mention dans ce volume, c’est parce qu'on soutient encore le contraire. Après deux où trois ans elle est engendrée par l’une ou l'autre de ces maladies classées sous la rubrique : maladies par accroissement de la nutrition ou par la diminution des échanges nutritifs qui, dans la vieillesse, amène dans un organe des altérations (gérontoxon, cataracte, morbus coxæ senilis, etc.) plus marquées que dans un autre el sans qu'on se soit beaucoup inquiété jusqu'ici de Savoir pourquoi. ar variation atavique humaine on doit entendre, enfin, Je le rap- pelle, le maintien chez l'homme adulte d'une disposition normale pendant sa vie fœtale et chez beaucoup d'animaux occupant une place très rapprochée de lui dans l'échelle zoologique. L’ankylose vertébrale humaine sus-sacrée débutant avant la naissance, ne remplissant aucune de ces deux cendilions n’est donc pas une variation réver- sive, VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 19 Sans doute il vient de suite à l’idée qu'elle correspond peut-être au mode de conformation du rachis quand se produit la segmentation protovertébrale, mais celle idée tombe d'elle-même quand on ré- fléchit : 1° Que c’est une segmentation secondaire qui donne naissance au rachis cartilagineux ; 2° Que cette segmentation secondaire ne s'effectue pas au même endroit que dans le rachis membraneux ; 3° Que chaque vertèbre cartilagineuse est formée aux dépens ou plutôt prend la place de la moitié inférieure de la protovertèbre située au-dessus et de la moitié supérieure de celle qui est située au- dessous. L'ankylose vertébrale humaine sus-sacrée dont on peut faire remonter l'origine à la période embryonnaire, est parfois, d'autre part, unilatérale et, quand elle est bilatérale, généralement asymé- trique, autrement dit ne porte pas, à droite et à gauche, sur les mêmes parties de chaque vertèbre, et lorsqu'elle y porte ne les touche pas Loutes au même degré, ce qui n'existe pas, je le rappelle, chez les animaux qui ont une partie ou la totalité de leurs vertèbres sus- sacrées fusionnées entre elles au moment de la naissance. Contraire- ment aussi à ce qui existe chez ces animaux, il n’est pas rare qu'elle laisse, entre deux groupes de vertèbres soudées, une ou plusieurs vertèbres libres et qu’elle soit accompagnée de divers vices de déve- loppement des parties molles péri-rachidiennes. Comme à l'époque où commence à se manifester les effets de la cause d’où résulte au début de la vie la synostose d'un plus ou moins grand nombre des éléments résistants du rachis humain entre eux, les tissus sont loin d’avoir la composition qu'ils ont à la fin de leur évo- lution embryologique, il n’est pas permis de dire que cette synostose est la conséquence d'une ostéite, d’une arthrite, etc, Mais on a le droit d'affirmer, sans spécifier davantage, qu'elle est due, ainsi que les autres vices de conformation qui peuvent l'accompagner, à un trouble de développement de nature pathologique encore mal déter- miné (1). SEGMENTATION DE L'OS. — J'ai noté à la page 79 et à la page 81 de mon Trailé des variations des os du crâne de l'homme el de leur significa- lion au point de vue de l'anthropologie zoologique, que Cruveilhier a fait mention d’un basioccipilal qui était entièrement fendu d'arrière en avant sur la ligne médiane, en même temps que le corps des ver- (1) Pour détails complémentaires, voy. plus loin : Assimilalion ou allache anor- male de l'allas à la base du crâne. 20 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE tèbres cervicales. Humphry a yu, à Berlin, un cas de spina bifida où plusieurs des vertèbres cervicales étaient conslituées chacune par deux moitiés écartées(1) l’une de l’autre, d’une neurapophyse et d’une moitié de centrum et le canal vertébral communiquait avec l’espace hypo-vertébral (2). La face caudale du corps d'une vertèbre cervicale (3) — la 5° au dire de P. Bartels, la 6° au dire de Waldeyer, — figurant parmi les débris osseux humains trouvés par Ameghino dans le loess pampéen sur la rive gauche de l’arroyo de Frias (République Argentine), présente un sillon antéro-postérieur qui la divise en deux parties. Colomiatti (4) a constaté sur le rachis d'une jeune fille de 15 ans, la fusion de plu- sieurs corps vertébraux cervicaux entre eux, la division de l’arc anté- rieur de l’atlas, du corps de la 4° et du corps de la 5° vertèbres cervi- cales en deux moitiés et leur réunion par des trousseaux fibreux, l'absence d’une partie du corps de la 3° vertèbre cervicale, etc. En s'appuyant sur l'examen à l’aide des rayons X d’un certain nombre de sujets, porteurs d’une côte thoracique, Drehmann (5) pré- tend que celle-ci est accompagnée souvent non seulement d'une déviation de la taille, mais encore de plusieurs autres malformations des os de la colonne vertébrale et de la cage thoracique. Parmi les observations invoquées par lui à l'appui de cette asser- tion, je me bornerai à indiquer les deux ci-jointes qu'il considère comme les plus valables : I. — Garçon de 18 ans. La radiographie indique une segmentation verticale de la dernière vertèbre du cou entre laquelle et la 1° ver- tèbre du dos est intercalée une hémi-verlèbre, en forme de coin, de laquelle émane une côte qui se soude en avant à la 1"° côte thoracique. Les deux premières vertèbres thoraciques semblent synostosées entre elles et la 1° côte thoracique, rudimentaire. IT. — Enfant de 18 mois. Du côté de la scoliose vertébrale dont il est atteint existe, dans le cou, une vertèbre surnuméraire dont le corps est partagé en deux portions : une externe, plus volumineuse, cunéi- forme, qui donne naissance à une côte complète et une interne, plus petite. La 1"° vertèbre du dos est pourvue de deux côtes. Du côté de (1) Je ne dis pas symétriques et il ne faut jamais, en pareil cas, user de ce terme, comme le font la plupart des auteurs puisqu'il appert des recherches de Bouvier que les vertèbres sont asymétriques. F (2) Cf. Verlèbres thoraciques en général. Apophyse épineuse. Ouverture de l'arc postérieur. 3) R. LEHMANN-NITSCHE, Rivista del museo de la Plata, t. XIV, pp. 143-482. Buenos-Aires, 1907. (4) CocouraTri, Sopra alcuni vizy conformalione del cranio e della colonna ver- lebrale. Torino, 1876. (5) DREHMANN, Cong. de l’Assoc. allem. d'orthop., 1906. VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 21 la concavité de la scoliose, la 12° vertèbre dorsale en possède éga- lement deux. Chacune des moitiés du corps d'une vertèbre, quelle qu'elle soit, segmenté au niveau du plan sagittal médian, peut être indépendante ou plus où moins intimement unie à l’un ou l’autre ou à chacun des corps des vertèbres entre lesquels elle est encastrée. Sur un fœtus féminin à terme, appartenant à la race blanche, que j'ai disséqué en 1873, alors que j'étais interne à la Maternité de Paris dans le service du docteur Hervieux, le centrum de la 4° pièce osseuse cervicale du rachis, bien conformé par ailleurs, était divisé, au niveau du plan sagiltal médian, en deux fragments, d'égales dimensions, dont celui de droite était libre et celui de gauche fusionné avec les pièces osseuses sus et sous-jacentes. Quand le corps d’une vertèbre, quelle qu’elle soit, est partagé en deux morceaux suivant un plan dirigé obliquement, ce qui advient par suite de l'excès ou de l’avance de l’ossification de l’un des deux points d'ossification aux dépens desquels naît parfois le corps des vertèbres humaines, sur l’ossification de l’autre, les deux morceaux s’articulent entre eux suivant une ligne oblique. Cette malformation a été consta- tée par Aeby (1) et Hyrtl (2), dans la région sacrée, et par Schwe- gel (3), dans les régions sacrée, thoracique et cervicale. ANATOMIE COMPARÉE. — En principe, il est admis que la généralilé des vertèbres se développe, tant chez l’homme que chez les autres Mammifères, aux dépens de trois centres principaux ou primitifs d'ossification : un médian pour le corps et deux latéraux, un droit et un gauche, pour chaque lame et des centres secondaires, complémen- taires ou épiphysaires pour les faces articulaires du corps et les diverses apophyses. A dire vrai, les noyaux épiphysaires des faces arti- culaires du corps ou centrum sont les seuls dont le siège et le nombre ne prêtent plus guère matière à discussion. Quoi qu'il en soit, le corps de chaque vertèbre humaine, abstraction faite de ses centres d'ossi- fication épiphysaires naîl : D'un centre d'ossification pour Kerckring, S‘mmering, P. Lachi (4), Senff, Albinus, Valentin, Kôülliker, S. Thomas, Luschka, Balfour, Ch. Robin, Jamain, Cruveilhier, Sappey, Poirier, Varaglia, Testlut, W. Krause, Hertwig, Leidy, Leboucq, Flower, Thomson (5), Quain, (1) Azgy, Kanslalls Jahresb., IV, 16, 1859. (2) HyrTL, passim. (3) SCHWEGEL, Henle’s u. Pfeuffer's Zeilsch. Pour de plus amples détails voy. plus loin Vertèbres dorsales en général. Hiémi-verlèbres. (4) P. Lacuir, Ossificaz. d. ossa um., etc. Siena, 1883. (5) Taomsox, Journ. of Anal. and Phys., p. 617. London, 1890. 22 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Romili (1), Chiarugi (2), Henle, Blandin (3), Gorgone, Bardeen, etc. ; D'un centre d'ossification et quelquefois de deux pour Schwegel (4), Rambaud et Renault, Legge (5), A. Bouchard, etc. ; De deux centres d’ossification pour Serres, I. Geoffroy Saint- Hilaire, J.-F. Meckel, Béclard, Macalister (6), Albrecht, Rosenberg, Humphry, Von Baer, Rathke (7), Froriep (8), Gegenbaur, etc. Si les anthropotomistes qui soutiennent que sur tous les fœtus humains qu'ils ont examinés ils n'ont, abstraction faite des noyaux d’ossification épiphysaires, jamais rencontré qu'un noyau d’ossificalion pour chaque corps ou centrum vertébral, alors que ce noyau se rédui- sait à la plus extrême petitesse, sont les plus nombreux, ceux qui pré- tendent qu'ils ont toujours vu, à l’origine, pour chaque corps verté- bral, en plus des noyaux d'ossification secondaires, deux noyaux d'ossification sur tous les fœtus humains qu'ils ont disséqués, forment . une minorité imposante et dont les dires à ce propos méritent d'être rapportés. Selon Serres, toutes les vertèbres ont un développement binaire constant et dont il a exprimé la régularité dans la formule ci-contre connue sous le nom de loi de la dualité ou de symétrie (9) : « Tout os situé sur la ligne médiane a été primitivement double ; les deux parlies séparées en marchant à la rencontre l’une de l’autre ont fini par se souder. » Pour prouver le bien-fondé de cette loi, Serres s'est basé sur des recherches qu'il a faites sur des fœtus de divers Mammifères, notamment sur des fœtus humains et des fœtus de lapin et les cas de bifidité antérieure ou ventrale de la colonne vertébrale qu'on trouve parfois sur des monstres. Il a reconnu « constamment — je cite ses propres expressions — à certaines époques de la vie embryonnaire, deux noyaux distincts dans chaque corps de vertèbre ayant chacun leur ouverture artérielle propre ». D'après Béciard, la duplicité du centre d'ossification pourrait remonter à l'époque de la chondrification de la vertèbre primitive, qui s'’opérerait au moyen de (1) Rourri, Tratf. d. anal. d. uomo. vol. I, p.210, Milano. (2) CararuGr, Anat. d. uomo, vol. I, p. 216. Milano, 1904. (3) BLANDIN, Nouv. élém. d'anat. Paris, 1838. (4) ScaweGeLz, Die Entwicklungs geschichte d. Knoch. d. Stammes und d. Extremitäten, Wiener Silz., 1858. (5) LEGGE, Communic. alla soc. Eustlachiana d. Camerino, p. 5. Camerino, 1885. Pour les noms des autres anatomistes dont il est question ci-dessus, ils ont élé déjà cités dans ce volumes ou dans les volumes que j'ai publiés avant lui sur les variations des os de l'homme. (6) Selon le professeur Macalister, ce centre est surtout facile à voir sur les vertèbres lombaires (Proceed. of the anal. Soc. of Great Britain and Ireland, mai 1590). (7) RaTHKE, Cf. C. Rogin, Journ. de l'anat. et phys., p. 265. Paris, 1864, (8) FrortEP, Arch. f. Anal. u Phys. anal. Abth., pp. 125-127, 18S6. 9) Cf. SERRES, les Lois de l'ostéogénie. VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 28 deux centres bien distincts. E. Rosenberg a vu, dans le rachis mem- braneux, prétend-il, la chondrification des dernières vertèbres coccy- giennes de l’homme se faire par deux points symétriques el pense qu'il y a d'autant plus lieu de présumer qu’il doit en êlre de même des vertèbres antérieures que les vertèbres, depuis la 32° jusqu’à la 50e, présentent des traces indubitables de bilatéralilé. Malheureusement pour Serres, Béclard et Rosenberg, V. Külliker n’a jamais constaté rien de semblable sur les rachis en voie de développement du poulet et du /apin. Et c’est seulement parmi plusieurs centaines de colonnes verté- brales de lapin que Blaud Sutton ei le professeur Howes en ont trouvé une sur laquelle la moitié gauche d'une vertèbre lombaire faisait défaut (1). C’est sous une forme dubitative que J.-F. Meckel a émis l'opinion que chez tous les Mammifères, y compris l'homme, le corps de chaque pièce osseuse de la colonne vertébrale, a pour origine deux noyaux d’essification principaux. Quant à Albreclt, pour défendre la même opinion, il a invoqué, entre autres arguments, l'aspect bilobé initial du point d’ossification unique signalé par la plupart des anthropo-z00l0- gistes, l’'ébauche osseuse bilatérale de l’apophyse odontoïde de l'axis, l'absence accidentelle de la moitié d’une ou de plusieurs vertèbres dans l'espèce humaine et parmi les Ophidiens, dans le Python Sebæ (2), etc. Legge, tout en admeltant que le corps de chaque vertèbre de l'homme est, sans compter les centres d'ossification complémen- taires, précédé par un centre d’ossification, croit que, par exceplion, il peut ètre précédé par deux parce qu'il en est ainsi chez quelques monstres et plus particulièrement chez les hémicéphales et qu'on a publié des observations de sujets normaux qui présentaient une bifi- dité antérieure ou ventrale de la tige rachidienne. « Il est très rare, a-t-il écrit, qu'on rencontre deux points d’ossifica- lion ; J'ai cependant noté cette disposition sur la colonne vertébrale d'un nouveau-né parfaitement normal, En plus de ce cas, j'en ai trouvé deux autres : un sur un monstre acéphale el un sur un individu affecté d'un bec de lièvre. » En ce qui concerne les animaux, le corps ou centrum de chaque pièce osseuse rachidienne, abstraction faite des centres d'ossification complémentaires ou épiphysaires, provient d'un centre d'ossification médian principal où primitif chez le cheval, le moulon, la chèvre, le porc, le chien, le chat, le lapin, le dromadaire pour Chauveau, (1) BLaup Surron et Howes, Journ. of Anal. and Phys., p. 15, 1890. (2) Cf. plus loin Vertèbres thoraciques. Hémi-vertèbre. 24 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Arloing (1), Lesbre (2), elc. ; le chien et le moulon pour S. Thomas (3); le gorille el le gibbon pour Deniker (4). Mais Müller (5) assure avoir constaté la présence de deux points d’ossification sur le centrum de chaque élément osseux du sacrum des Oiseaux, et Cope (6) nous apprend que chaque centrum du rachis des Ganocéphales (Trimero- rhachis, Archegosaurus, Actinodon, Richotomus, Eriops) se compose de deux pièces lalérales (pleurocentres), une droite et une gauche. Il est souvent possible de dédoubler en deux moiliés latérales le cycléal ou corps vertébral des Porssons. Les anthropotomisies et les zootomistes ne s'entendent pas davan- tage sur l'époque où apparaissent dans l'espèce humaine et les espèces animales, le noyau ou les noyaux principaux ou primitifs d'ossification dont procède le corps de chaque vertèbre. Pour ma part, je suis intimement convaincu : 1° Que, chez l'homme, le processus ossifique du corps ou centrum de chaque vertèbre, abstraction faite des centres épiphysaires, com- mence entre le second et le troisième mois de la vie intra-utérine par un centre impair et médian ; 2° Que ce n’est qu'anormalement et très rarement que ce centre est double. Sur 120 fœtus, masculins et féminins, plus ou moins âgés, étudiés à ce point de vue par mon regretté maître S. Thomas et moi, il ne nous a été donné d'observer nettement, en effet, la duplicité du noyau d'ossification primitif du corps vertébral que sur les 3° et 4° vertèbres cervicales d'un fœtus masculin, âgé de 5 mois, atteint d’une gueule de loup. Les cas de segmentation insolite du corps des vertèbres humaines en deux moitiés juxtaposées symétriques plaident-ils en faveur d'un retour alavistique vers les Oiseaux, les Reptiles et les Poissons ? La loi de symétrie qui nous enseigne que ceux de nos organes qui occu- pentle plan médian sont d’abord formés de deux moitiés identiques et indépendantes est-elle vraie à la fois au point de vue phylogénique et au point de vue ontogénique ? D'’aucuns l’affirment sans hésiler. Sans doute, van Beneden et Julin ont établi que dans la Corella parallelogramma, il est possible dès les (1) CHAUVEAU et ARLOING, Trait. des anim. domest., p. 28. Paris, 1890. (2) LESBRE, Contribul. à l'étude de l'ossifical. du squel. des anim. domest., p. 11. Lyon, 1897. (3) S. THomas, Elém. d'ostéol. descripl. el comp. de l’homme el des anim. dom. p- 30. Tours, 1865. (4) DENIKER, Th. doct. ès sc. nat., pp. 78-94, Paris, 1886. (5) SJ. MüLLER, Handb. d. phys. des menschen, &. 11, p. 133. Coblenz, 1845. (6) D. Cope, Americ. philosoph. soc. May, 1880. VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 25 premières phases du développement, de reconnaitre sur la larve le plan médian et les faces dorsale el ventrale de l'animal futur, et les observations de W. Roux et de Rauber tendent à établir que les axes du corps se discernent, dès le début de la segmentation, chez la gre- noutlle. Van Beneden (1) a évidemment trouvé dans l’Ascaris megalo- cephala, à un certain stade de l'évolution de l'œuf, que les stries radiaires qu'on remarque dans le vilellus semblent converger, vers un axe central. Il n'en demeure pas moins acquis qu'à partir des Sauropsidés, chaque centrum vertébral dérive, chez tous les Mam- mifères, sans compter les noyaux d'ossificalion complémentaires, d'un seul noyau d’ossiticalion ; que la segmentalion, complète ou incomplète, en deux moitiés identiques, d’un ou de plusieurs corps de vertèbres, se rencontre dans l'espèce humaine surtout parmi les monstres ; qu'il est bien Ltéméraire, comme je l'ai prouvé dans mon Trailé des varialions du syslème musculaire de l'homme el de leur stgnificalion au point de vue de l'anthropologie zoologique (L. IX, p. 452), de descendre jusqu'aux Vertlébrés les plus dégradés pour expliquer un mode de conformalion inaccoutumé chez l'homme. Et c'est pourquoi j'incline à croire que la malformation humaine dont il s'agit, est, comme la précédente, la conséquence d'un trouble de développement dans lequel l’atavisme n’a rien à voir. Dans son Ornitozalria (p. 415) le professeur Rivolta a parlé d'une poule gibbeuse dont. toutes les vertèbres cervicales étaient divise per melàä. J'ai constaté la division en deux du corps de la 7° vertèbre dor- sale d'un Cheval barbe, et celle de celui de la 3° lombaire d’un jeune veau. VARIATIONS DE FORME. — Elles dépendent de celles de chacune des parlies qui entrent dans la constitution de chacune des vertèbres cer- vicales. Je vais donc étudier séparément et une à une les variations de forme de chacune de ces parties. CORPS OÙ CENTRUM FACE SUPÉRIEURE. — ÉMINENCES LATÉRALES (crochets latéraux du corps des vertèbres cervicales, de Cruverlhier ; Apophyses semi- lunaires de Sappey ; Eminentiæ coslariæ, de Luschka (2), elc.), Varia- lions de dimensions. — C'est à la saillie verticale qui prolonge en haut, (1) VAN BENEDEN, Roux et Raugser, Arch. de biolog., t. IV, fasc. I, DEF. (2) LuscnkA, Die anal. d. Menschen, 1 Hals, p. 30. Tübingen, 1862. 26 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE à droite et à gauche, le corps de chaque vertèbre cervicale et dont la longueur et l'épaisseur sont très variables, que celui-ci doit de présen- ter sur sa face supérieure une excavation assez profonde, connue en anthropologie sous le nom de crochet, Ce crochet se retrouve chez les Anthropoiïdes ; déjà faible chez les gibbons, il est presque nul chez les Semnopithèques, et tout à fait nul chez les singes moins éievés. Dans cette série décroissante, les Anthropoïdes sont donc, sous ce rapport, plus rapprochés de l'homme que des autres singes. J'ai noté l'absence du crochet sur les 3° et 4° vertèbres cervicales d'une Européenne adulte, et sur les 5° et 6° vertèbres cervicales d’un Tonkinois déjà avancé en âge. Les deux rachis, normaux par ailleurs, offrant celte malformation, ont été mis à ma disposition, l’une par le naturaliste Tramond, l’autre par mon ancien prosecteur, le docteur Bougrier, médecin commissionné à bord des paquebots des Compa- gnies maritimes. Luschka (1) a appelé eminentiæ costariæ les petites apophyses qui surmontent latéralement la face supérieure du corps de chacune des pièces osseuses de la colonne cervicale, parce qu'il les a considérées comme répondant aux têtes des côtes soudées avec ces pièces osseuses. Cette hypothèse doit être rejetée à cause de la coexistence possible de ces tubercules avec des côtes cervicales articulées (voy. 7° vertèbre cervicale, côte cervicale). EMPREINTE DE L’ARTÈRE VERTÉBRALE. — La partie moyenne de la face externe rugueuse de chacune des apophyses de la face supérieure du corps des vertèbres cervicales en rapport avec l'artère vertébrale est souvent excavée en goultière. FACE INFÉRIEURE. — VARIATIONS DE DIMENSIONS DES ÉCHANCRURES LATÉRALES. — Elles sont en rapport avec celles des éminences laté- rales de la face supérieure du corps de chacun des éléments osseux du rachis cervical. Quand les éminences latérales manquent, il en est de même des encoches ou enfoncements qui les reçoivent. TURERCULE MUSCULAIRE. — Hasse et Schwarck (1) ont appelé l’atten- tion des anatomisles sur un tubercule ou apophyse musculaire qu'on rencontre assez fréquemment sur le bord postéro-inférieur du corps des 5 dernières vertèbres cervicales, des 2 premières dorsales et des dernières lombaires. CIRCONFERENCE. — Au centre de la partie postérieure ou intra- rachidienne, on voit une série de petits orifices agglomérés qui repré- (1) HassEe et Scuwarck, Iasse’s anal. studien, 1. Heft., 1870. VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 27 sentent les embouchures des canaux veineux creusés dans le corps de la vertèbre, orifices d'autant plus nombreux et plus larges que la ver- tèbre est plus volumineuse. Tantôt ovalaires, tantôt circulaires, ces ouvertures sont assez souvent percées au sein d'une fossette qui peut être elle-même divisée en deux par une crèle, continue ou disconli- nue, mousse ou tranchante, PÉDICULE Les échancrures inférieures ont, en général, dans toutes les régions, une profondeur plus considérable que les supérieures, mais le con- traire advient quelquefois. MASSE APOPHYSAIRE A, APOPHYSES TRANSVERSES, LATÉRALES ou DIAPA- PHYSES. — Trou TRANSVERSAIRE. (Trou vasculaire des vertèbres cer- vicales ; trou trachélien ; trou intertransversaire ; trou vertébral, ele.) Absence. — Struthers (6) a vu, à gauche, sur la 6° vertèbre cervi- cale, ce foramen remplacé par une lamelle osseuse. De ce côté le tubereule antérieur de l'apophyse transverse avait des dimensions plus considérables que d'ordinaire alors que c'était l'inverse pour l'apophyse transverse perforée du côté opposé. En 1892, un de mes aides d'anatomie, R. Petit, a disséqué le cadavre d’un lypémaniaque, mort à l’âge de 81 ans, à l'Asile des aliénés de Tours, chez lequel les apophyses latérales droites des 5°, 6° et 7° vertèbres cervicales étaient imperforées. De ce côté, l'artère vertébrale pénétrait dans le canal transversaire par le trou de l’apophyse latérale de la 4° vertèbre cervi- cale et, du côté opposé, par le trou de l’apophyse transverse de la 7° cervicale. Le foramen transversaire de la 7° vertèbre cervicale, bien que manquant très rarement, manque cependant plus souvent que celui des autres vertèbres cervicales. Variations de dimensions. — De tous les trous trans versaires, le plus petit est celui de la 7° vertèbre cervicale. Sur une vertèbre cer- vicale quelconque le foramen transversaire gauche est quelquefois plus large que le droit et vice versa, selon que le volume de l'artère vertébrale du côté gauche, l'emporte sur celui de l'artère correspon- (1) STRUTHERS, loc. cil. suprà, p. 26. 28 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE dante du côté droit ou lui est inférieur. Dans un cas où les deux artères vertébrales étaient atrophiées et le tronc basilaire constitué par une artère naissant, à droite el à gauche, de la carotide interne, au-dessous du canal carotidien et entrait dans le crâne par le trou condylien antérieur, Batuzeff (1) a noté, de chaque côté, une réduc- tion des diamètres des foramina de la base de chacune des apophyses transverses. Sur un cadavre dont il n’a pas indiqué le sexe et sur lequel l'artère vertébrale droite ne fut malheureusement pas dissé- quée, Struthers a constalé que l'artère vertébrale gauche s’enfonçait dans le trou transversaire (2) gauche de la 5° vertèbre cervicale qui élait très ample ainsi que celui du côté opposé, tandis que les deux trous transversaires de la 6° cervicale élaient moitié moins larges que d'habitude. Sur un autre cadavre dont il a également négligé de signaler le sexe, le regretté professeur de l'Université d'Édimbourg a observé qu’à droite où l'artère vertébrale s'introduisait dans le 4e fo- ramen transversaire celui-ci était plus grand que les 5° et 6° foramina transversaria sous-jacents alors qu'à gauche où l'artère vertébrale s’insinuail dans le 6° trou transversaire, la racine antérieure de l'apo- physe latérale de la 5° cervicale et celle de lapophyse latérale de la 6e manquaient et étaient remplacées par un ligament. Le 7° trou transversaire du côlé droit et celui du côté gauche étaient ovalaires et le premier, plus petit que le second. Si à ces faits j'ajoute ceux du même genre que J'ai rencontrés depuis trente-deux ans que je professe l'anatomie à l'École de méde- cine de Tours, je crois avoir le droit de conclure que presque tou- jours, pour ne pas dire toujours, quand l'artère vertébrale pénètre dans le canal vertébral par le 5°, le 4°, ou le 3° trou transversaire au lieu d'y pénétrer par la 6°, voire même sort de ce canal pour y rentrer ensuite, les Lrous transversaires dans lesquels elle devait régulière- ment passer, manquent ou sont rétrécis. Beaunis et Bouchard (3) ont parlé, en effet, d’une artère vertébrale — (le côté n’est pas indiqué) — que l’on a vue sortir de son canal entre la 2° et la 3% pièce osseuse du rachis, se porter en arrière en décrivant une courbe à convexité postérieure et rentrer dars son canal (1) BaTuzErFrF, Ani. anz., 1889. (2) Les dénominations de frou verlébral, de canal verlébral sont mauvaises parce que certains auteurs s'en servent pour désigner le frou rachidien et le canal rachidien; les expressions /rou transversaire, trou inlertransversaire, canal transversaire, canal intertransversaire manquent de précision; il faudrait leur substituer celles de /rou trachélien, de canal trachélien, et l'artère vertébrale devrait être appelée arlère trachélo-encéphalique. C'est donc à contre-cœur et pour ne rien innover que je me sers ici des termes employés couramment. (3) Beauxis et BoucuaARrD, Anal. desc., 3° édit., p. 457. VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 29 par le trou de l’apophyse latérale de l'atlas. HpnPgpe (1, a fait men- tion d'un cas analogue. Sur une femme de 42 ans, tuberculeuse, morte à l'Hôpital général de Tours, disséquée me un de mes anciens prosecteurs, le docteur Maurice, de Richelieu (Indre-et-Loire) et pré- sentée à mon cours le 10 mars 1890, l'artère vertébrale droite était normale, alors que l'artère vertébrale gauche, provenant de la sous- clavière par un tronc commun avec la branche thyro-bicervico-scapu- laire, entrait dans son canal par le 7° foramen transversaire en sortait par le 5° et y rentrait par le 2°. Entre le 5° et le 2 trous transversaires, l'artère vertébrale gauche reposait sur la racine antérieure du 4° trou transversaire et celle du 3°, si étroits, l'un et l’autre, qu'une épingle y glissait à frottement dur. ANATOMIE COMPARÉE. — Dans les Dauphins, il n'y a que l'atlas qui présente une ouverture pour le passage des vaisseaux, mais celle ouverture n’exisle pas chez tous les Dauphins : le Dauphin ordinaire ne la possède pas. Dans les Baleines et, parmi les Ruminants, dans la girafe, le foramen transversaire est absent sur toutes les vertèbres du cou. On note, au contraire, sa présence (2) sur toutes les pièces 7: vertèbre cervicale avec un trou transversaire. Chez l'homme. Chez le Porc-épie commun (Hystrix Crislalta). a, foramen transversaire droit; — b, foramen transversaire gauche. osseuses de la colonne cervicale de l'Aï et de divers Rongeurs, du Porc-épic (3), entre autres. La 7° vertèbre cervicale des Éléphants, (1) RomaGLiA in POIRIER, Trail. d'anat. hum., t. I, p. 713. Paris, 1896. (2) Même sur la 9°. | (3) LESBRE, Contrib. à l'élude du Porc-épic commun, p. 15. Lyon, 1906. 30 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE des T'apirs, des Rhinocéros, des Solipèdes, de la plupart des Rumi- nanls, des Carnassiers, des Rongeurs, des Singes inférieurs, de tous les /nsectivores, de tous les Lémuriens, etc., en est dépourvue. « Chez le Fourmilier tamanotr, le trou transversaire manque, selon J.-F. Meckel (1), aux 2°, 3° et 7° vertèbres, tandis qu'il est distinct dans les autres. Chez le Pongo il manque aux deux dernières vertèbres. » Les six premiers os du rachis d’un Fourmilier tamanotr, figurant dans le Muséum d'histoire naturelle de Paris, le possèdent pourtant. A la vérité, le 7° trou transversaire est, dans les espèces animales, aussi bien que dans l'espèce humaine, celui des trous transversaires qui avec le 6° s’écarte le plus fréquemment de son type normal. Contrairement à l'opinion de Owen (2), il est plus souvent présent qu'absent dans le gorille ; sa présence a élé du reste constatée de chaque côté, sur un gorille par cet anatomiste lui-même, sur deux gortlles et de chaque côte également, par Struthers (3), sur un jeune gorille, un chimpanzé (Troglodytes niger), mais seulement, sur l'un et l’autre, à gauche par moi. Il existe, à droite, sur le squelette d’un cheval (Equus caballus) que détient le Musée anatomique de l’Université d’Aberdeen, bien qu'il fasse narmalement défaut dans les Équidés. Sur la 7° pièce osseuse du rachis cervical d’un mouton, Slruthers, a vu : +) à droite, le foramen trachélien, rond, moitié moins large que celui de 6° pièce osseuse du rachis cervical, placé devant lui, et bordé, en avant, par la racine antérieure de l’apophyse latérale entièrement ankylosée ; 6) à gauche, le foramen trachélien, ovalaire, assez large et fermé, en avant, par un ligament fibro-cartilagineux. Les apophyses latérales de la 7e vertèbre du cou qui sont, d'ordinaire, imperforées chez les Éléphants, sont perforés sur un Éléphant indien adulte dont le squelette est conservé dans le Dr Barclays Museum du Collège des Chirur- giens d'Édimbourg, Quoique dans les Camélidés la 7e vertèbre cervi- vicale soit habituellement la seule vertèbre cervicale qui soit privée de foramina {ransversaria, le Muséum précité et le Musée anatomique de l'Université d’'Iéna renferment, chacun, un squelette de Chameau à une seule bosse (Camelus Arabicus seu dromedarius) dont la 7° ver- tèbre cervicale a un « foramen transversarium » du côté droit seu- lement. ; Varialions de forme. — Au lieu d'être circulaire, le trou trachélien peut affecter la forme d'un ovale à grand axe transversal, celle d’un coin dont la base est tournée en dehors ou en dedans, celle d’une virgule dont la queue dirigée en dedans ou en dehors, décrit une (1) J.-F. MECKEL, loc. cil. suprà, t. III, p. 413. ) OwEN, Trans. zool. Soc., 1-5, 1835-1862. 3) STRUTHERS, Journ. of Anal. a. Phys., 1892. Il (2 dec” HR SP, | VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 31 courbe à concavité supérieure ou inférieure, celle d’un sablier ou d'un & de chiffre dont la partie antérieure est habituellement plus forte que la postérieure, etc. Cette dernière configuration est due à la subdivision du foramen (ransversaire par deux aiguilles osseuses, émanant, l'une de son bord externe, l’autre de son bord interne et dont les extrémités libres, séparées l’une de l’autre par un intervalle plus ou moins grand, se font face. Sur quelques sujets une de ces deux aiguilles, l’interne ou l’exlerne, fait défaut. Variations de contenu. — Dans le canal, en partie osseux, en partie fibro-museulaire qu'elle parcourt, l'artère vertébrale est accompagnée d'une des grosses veines verlébrales et d'un nerf (nerf de François Franck). Tel est l’état normal, mais la grosse veine vertébrale qui l'accompagne est fréquemment dédoublée par place. Il n'est pas extrêmement rare, suivant la remarque fort ancienne d'Eustachi, de voir la grosse veine susdite se diviser au moment de se terminer en deux branches : l’une qui sort avec l'artère par le 6° trou transversaire, l’autre par le 7°. Cruveilhier a observé une fois cette disposition, mais avec celte variante toutefois que les deux branches de bifurcalion de la grosse veine vertébrale sortaient l’une par le 5° foramen transver- saire, l’autre par le 6e. Dans un cas signalé par Sandifort (1), la grosse veine vertébrale était double (2). Duplicilé et triplicité. — La duplicité du foramen percé dans la base de l’apophyse latérale des vertèbres cervicales, a été signalée pour la première fois par J. Meckel (3), puis par Struthers, Zoja (4), Varaglia, Turner (5), etc. Elle consiste dans la division par une fine languette osseuse dirigée lransversalement du trou transversaire en deux : un antérieur et un postérieur (poslerior laleral foramen de Struthers) qui est toujours, pour ne pas dire toujours, ovalaire ou circulaire et un tiers ou moitié plus petit que l’antérieur. Les dimen- sions du posterior lateral foramen qui égalent en moyenne, en effet, celles du trou sphéro-épineux, ne livre même, dans cerlains cas, que difficilement passage à une épingle. Le trou transversaire en forme de sablier ou de = de chiffre n’est cerlainement qu'un trou transver- saire double en voie de formation, un trou transversaire double incomplètement divisé par suile du défaut de réunion et de soudure (1) SAxnirorT, Observ. anal. pathol., lib. IV, cap. VILT, p. 17. (2) Pour détails complémentaires sur les variations des veines vertébrales, voy. Wazrer, Th. doct., p. 60. Paris, 1885, et pour les variations de l'artère ver- tébrale, WaLpeyer, Bullet. de l'Associal. des analomisles, VII Congrès. Bor- deaux, 1906, (3) J.-F. MEckEL, Man. d'anal. gén. desc. et pathol. (trad. ital.), t. II, p. 37 Napoli, 1827. (4) Zosa, Il Gabinetlo d. anat. norm. de Pavia, Osteol., 1895. (5) TURNER, Journ. of Anal. and. Phys. London, 1883. 39 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE entre elles des extrémités libres des deux aiguilles osseuses émanant, l'une de son bord externe, l’autre de son bord interne. Cela me paraît d'autant plus indéniable que ces deux aiguilles correspondent comme situation, comme direction à la languette osseuse qui partage acci- dentellement l'ouverture qui existe à la base de chacune des apo- physes latérales des six premières vertèbres cervicales, en deux com- parüiments d'inégale grandeur et qu’en 1906, sur une femme morte d’une pleurésie tuberculeuse, à l'âge de 48 ans, à l'Hôpital général de Tours et dont les deux artères vertébrables avaient été préparées pour mon cours par Lebas, mon prosecteur, j'ai vu, dans le 6° foramen transversaire gauche, l'artère et la veine vertébrales, isolées l’une de l'autre par deux aiguilles osseuses, situées dans un plan transversal, provenant de ses bords et dont les extrémités libres étaient articulées entre elles au moyen de minuscules dentelures. Tous les autres lrous transversaires étaient normaux, aussi bien à gauche qu'à droite. Le foramen transversaire double, ainsi que le foramen transversaire en forme de sa- blier ou de = de chiffre qui en est le premier stade, peut, chez le même individu, se rencontrer sur un ou plusieurs des éléments osseux du ra- chis cervical et sur chacun d'eux, d’un seul côté ou des deux côtés,etc. Le trou trans- versaire en forme de sablier ou de de chiffre coexiste parfois sur une vertèbre cer- vicale quelconque avec un trou transversaire double. Un de mes anciens élèves, M. le docteur Dubreuil-Chambar- del a donné le nom de canal veineux lransversaire à la division sur une série de vertèbres conti- guës el provenant d’un même sujet, du trou transversaire en deux par une lamelle osseuse (1). Sur 18 Européens, Struthers a constaté la division complète par £ Canal veineux transversaire. IV°:, Ve, VIe, vertèbres cervicales. 1) DusreuiL-CnaMBaRDEL, Bullet. de la Soc. d'anthropologie de Paris, 1907, et LAMBRON, Gaz. méd. du Centre, p. 150, 1907. VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 33 une languette osseuse ou la division incomplète par deux aiguilles osseuses de l'ouverture, percée à la base des apophyses lalérales des vertèbres cervicales, sur 16 (des deux côtés sur 8, à droite sur 3 à gauche sur 5) parmi les 6° vertèbres cervicalés; sur 10 (des deux côtés sur 2, à droite sur 4, à gauche sur 4) parmi les 7%; sur 8 (des deux côtés sur 6, à droite sur 2) parmi les 5%; sur 6 {des deux côtés sur 3, à gauche sur 3) parmi les 4°, sur 1 (à droite) parmi les 3%. Les atlas et les axis étaient normaux sous ce rapport, mais 9 atlas offraient en arrière de la racine postérieure des apophyses transverses (6 des deux côtés, r à droite et 2 à gauche) un foramen surnuméraire. Sur 50 squelettes, Varaglia a noté que le trou transversaire était constitué par deux orifices juxtaposés et indépendants l’un de l’autre : 14 fois des deux côtés, 2 fois à droite et 2 fois à gauche sur les 6°° vertebres cervicales 2 — SUR PS Les 1. — — 2 —— —_. 1 —" — et 2 fois à gauche sur les 55 — — 1 — — À — à gauchesurles . . . . , 4% — = et avail la forme d’un sablier, autrement dit avait de la {endenza a diventar doppo : 2 fois des deux côtés, 4 fois à droite et 1 fois à gauche sur les 6° vertèbres cervicales 1 — — À — — «1 — TS — _ 4 — er SUP OS RE A el en mA Et D eq D — — Sur 200 colonnes vertébrales de Tourangeaux j'ai observé un trou transversaire double : 60 fois des deux côtés, 5 fois à droite et 6 fois à gauche sur les 6° vertèbres cervicales æ — PR © pb = me = DR PUR ER _ ges — = NES PEN EEE = RUES = AL 2e fi À SR = el un trou transversaire en forme de & de chiffre : A1 fois des deux côtés, 2 fois à droite et 4 lois à gauche sur les 6°* vertèbres cervicales 4 — AU 0 tt — 170 — = 3 _ NU Net 1 — D — 2 — D et _ ges — - 2 — |. À fois à gauche sur les. !.. . . . . 3° _ — Poirier (1) a écrit : « Cette anomalie nous à paru plus fréquente Sur la 7° cervicale. » Cette assertion est infirmée par les statistiques ci-dessus. A l’état de complet développement ou en voie de dévelop- (1) P. PoiRiER, Loc. eit suprà, t. 1, p. 326. VERTÉBRALE, ÿ 34 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE pement, le trou transversaire double se rencontre plus souvent sur la 6° verlèbre cervicale que sur la 7° et sur celle-ci que sur les autres et, dans toutes les vertèbres cervicales, des deux côtés que d’un seul côté. Il se montre dans toutes les races, car parmi les rachis étudiés à ce point de vue par Varaglia, il y en avait d'Européens et de non-Euro- péens, mais il est encore impossible de dire s’il apparaît plus commu- nément dans une race que dans une autre et, dans une race quel- conque, plutôt dans le sexe masculin que dans le sexe féminin. Tout en réservant pour plus tard la description des variations de l’atlas et de l’axis, je dois dire de suite, — pour que les propositions que je viens d'émettre s'imposent sans restriction, — que la duplicité et la forme en sablier des trous transversaires de chacun de ces deux os n'ont pas encore été signalées, que je sache, chez un individu ap- partenant à une race quelconque. Macalister (1) a avancé que le fora- men que bordent les deux branches de chacune-des apophyses laté- rales de la seconde vertèbre cervicale is never double or divised. On peut en dire autant de celui de la première vertèbre cervicale. Sur 190 atlas et autant d’axis examinés par Macalister, 268 par Struthers, Triplicité, à droite, du trou transversaire et duplicité, à gauche du trou transversaire de Ia 6° vertèbre cervicale. Trou transversaire droit : a, compartiment antérieur; — b, compartiment postéro-externe — c, compartiment postéro-interne. Trou transversaire gauche : a’, compartiment antérieur ; — b', compartiment postérieur. Varaglia et moi, 500 par Poirier et Friteau (2), soit sur 918 atlas et autant d’axis provenant de sujets, masculins et féminins, appartenant à diverses races, les trous transversaires avaient leur conformation habituelle. (1) MaACALISTER, Journ. of Anal. and Phys., p. 266. London, 1894. (2) PorRIER, loc. cil. suprà, p. 327 (en note). VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 35 Audat, un de mes anciens élèves, a fait don, en 1897, à mon Musée d'anthropologie particulier, de la 6° vértèbre cervicale d'une idiote, morte à l'Hôpital de Blois, à l’âge de 42 ans et dont le lrou transver- saire gauche est partagé en deux compartiments, un antérieur, plus grand et un postérieur, plus petit, et le trou transversaire droit en trois, un antérieur et deux postérieurs de dimensions à peu près égales, mais moins larges, l’un et l’autre, que l'antérieur. Je ne con- nais encore aucun autre exemple de cette malformation. ANATOMIE COMPARÉE. — Le vice de conformation dont il s'agit, trouve, selon Varaglia, « son explication dans la persistance d'un des trous vasculaires multiples de l'état fœtal (1) ». Je ne cite cette expli- cation que pour mémoire : Varaglia n’a apporté aucun argument pour la défendre, n'a pas indiqué de quel trou vasculaire du rachis fœtal il a voulu parler. De ce que, parmi 8 embryons humains, de 15 à 28 millimètres de long, sur lesquels il a pratiqué, après durcissement dans le sublimé et l'alcool et coloration par divers réactifs, des coupes microscopiques transversales sériées de la colonne cervicale, il en a vu deux, l'un de 22 millimètres de long, l’autre de 28 millimètres de long, dont un des trous transversaires, encore ouvert en dehors, était partiellement divisé par une expansion du centrum, terminée par une extrémité libre renflée et un des trous transversaires, hermétiquement clos était imparfaitement segmenté par une languette en forme de trapèze, émanant du processus coslarius de Hasse et Schwarck, G. Valenti ( tend à croire que la lamelle osseuse qui partage parfois le trou trans- versaire est une « émanation directe du Lissu vertébral ». Mon savant collègue de l'Université de Bologne que je suis heureux de remercier publiquement de lPamabilité et de lempressement qu'il a mis de m'adresser, el souvent à titre gracieux, les ouvrages ilaliens d'anato- mie humaine et comparée dont j'ai eu besoin Jusqu'ici, me pardonnera de ne pas être d'accord d’une façon absolue avec lui à ce propos et cela pour les raisons suivantes : La conformation des apophyses transverses cervicales à une époque déterminée de la vie fœtale, signalée par le professeur G. Valenti n’exjste pas sur les embryons humains que nous avons examinés, le professeur Leboucq et moi (3); elle n'existe que sur 2 des 8 qu'a étu- diés à ce point de vue le professeur G. Valenti et n'est pas tout à fait identique sur chacun d'eux, ni de chaque côté, sur chacun d'eux. (1) VARAGLIA, loc. cil. suprà, p. 22. (2) G. VALENTI, Mem. d. R. Accad. d. sc. d. Ist. de Bologna, <. V, t. X, 1903. (3) Voy. 7° verlèbre cervicale, Côles cervicales, Anal. comp. 36 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Les prolongements osseux qui, après la naissance, divisent incom- plètement le foramen transversaire n'affectent pas la forme d’une massue où d'un trapèze, mais d’une aiguille. L Avant, comme après la naissance, ces prolongements osseux sont réunis entre eux par une membrane qui paraît se comporter vis-à-vis de la potasse, de l'acide acétique, etc., comme les membranes de nature conjonctive. C'est, je pense, à l'ossification de cette membrane qu'est due la divi- sion anormale en deux compartiments des processi laterales des pièces osseuses de l’épine du cou de l’homme fait. Comme le professeur Leboucq, de l'Université de Gand, a observé également cette cloison vraisemblablement de nature conjonctive sur des fœtus humains, j'ai tenu à savoir sl lui attribuait la même signification que moi. Voici ce qu'il m'a écrit à ce sujet, le 9 août 1906 : « Il est certain qu'il s’agit bien souvent d'une simple lamelle conjonctive (ou cartilagineuse) séparant l'artère de la veine vertébrale et s'ossifiant plus tard sans avoir aucune signification morphologique. Mais en est-il toujours ainsi ? » Presque constamment, sinon constamment à mon avis. J'ai avancé, dans mes 7railés des variations des os du crâne et de la face de l'homme, que parmi ces variations, il y en a un certain nombre qui sont dues à l’ossification d'un ligament fibreux; j'ai montré que cette ossification d'un ligament fibreux est souvent la conséquence des tractions qu'il exerce sur le périoste dont il accroît le pouvoir ostéo- sène dans le point où il se continue avec lui ; j'ai fait remarquer que ce pouvoir ostéogène du périoste dans le point où il se continue avec un ligament fibreux est d'autant plus accru que les tractions exer- cées sur lui par ce ligament fibreux sont plus fortes et plus répé- tées (1). Selon moi, en effet, si l'épine trochléaire supérieure de la face infé- rieure ou orbito-nasale du frontal est plus commune que l’épine tro- chléaire inférieure, c'est parce que le tendon de l'oblique supérieur de l'œil se replie sur le ligament fibreux dont elle occupe la place et que celui-ci, déprimé à chaque instant, tiraille par contre-coup le périoste avec lequel il se continue et dont l’irritation accroit le pou- voir ostéogène. Et si l'épine trochléaire supérieure susdite siège de préférence à droite, c'est, enfin, selon moi aussi, parce que les trac- (1) Ollier a établi (Trait. régén. des os, t. I, p. 173) qu'au point où onirrite le périoste se produit une exostose, qui peut être considérable si les irritations sont répétées. Les résections osseuses montrent que le muscle agit vis-à-vis du périoste comme un agent qui irriterait cette membrane. Est-ce que, d’un autre côté, les crêtes et les apophyses osseuses n’acquièrent pas un développement en rapport avec l'importance des tractions qu'elles subissent de la part des aponévroses, des tendons et des muscles qui s’y attachent ? VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 37 tions qu’exerce le grand oblique de l'œil sur le ligament fibreux sur lequel il se replie et par suite sur le périoste orbitaire, sont plus accen- tuées à droite qu'à gauche, les muscles du côté droit l'emportant, au point de vue dynamique comme au point de vue statique, sur ceux du côté gauche. Le foramen transversaire double et le foramen en forme de sablier des apophyses des vertèbres cervicales des Primates, Y compris l’homme, rentrent de même dans la classe des variations que j'ai défi- nies : variations par ossificalion liyamenteuse. Dans le canal, en partie osseux, en partie fibro-musculaire, qu'elle parcourt la grosse veine vertébrale, qui accompagne l'artère vertébrale etle nerf de F. Franck, est fixée au périoste et aux aponévroses voisines par des travées fibreuses qui assurent sa béance ; elle n'est séparée de l'artère et du nerf, mobiles et isolables, à laquelle elle est accolée que par une mince couche de tissu cellulaire lâche. Son calibre, qui n’atteint que 6 millimètres à sa terminaison, est bien moindre que celui de l'artère vertébrale en arrière et en dehors de laquelle elle est placée et dont elle embrasse la face externe dans la concavité de sen croissant. C’est à l’ossification, plus ou moins complète, de la mince couche de tissu cellulaire interposéentrel'artère vertébraleetlenerf de François Franck, d'une part, et la grosse veine vertébrale en question, d'autre part, qu'il faut attribuer, je crois, tant dans l'espèce humaine que dans les espèces animales, l'apparition d’un foramen double ou d'un foramen en forme de sablier, à la base des apophyses latérales d'un ou de plusieurs des os du rachis cervical. Tout le dénote : la forme ovalaire ou circulaire de chacun des compartiments, les dimensions moindres et la situation plus externe du compartiment postérieur du foramen double et du foramen en forme de sablier, la direction transversale de la languette osseuse du foramen double et celle des deux aiguilles du foramen en forme de sablier, le rapprochement plus ou moins marqué, voire même l'articulation entre elles des extrémités libres des aiguilles osseuses du foramen en forme de sablier, la gracilité et l'aplatissement fré- quent d'avant en arrière de la bandelette osseuse du foramen double et des aiguilles osseuses du foramen en forme de sablier, l'implantation sous le périoste du canal transversaire de chacun des bouts de la lan- guelte osseuse du foramen double et de la base de chacune des aiguilles du foramen en forme de sablier, la continuité du périoste qui tapisse le canal transversaire et du périoste qui enveloppe la lan- guette osseuse du foramen double et les aiguilles osseuses du fora- men en forme de sablier, etc. Ceci dit, il me reste à expliquer pourquoi, dans l'espèce humaine, l'un et l’autre de ces deux trous se montrent de préférence, d'un seul côté ou des deux côtés, d’abord sur la 6° vertèbre cervicale, ensuite 38 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE ; Ch 42 sur la 7°, puis sur la 5°, la 4° et la 3°. C'est parce que pour s’enga- ger dans son canal, l'artère vertébrale de l'homme est obligée de décrire un coude au niveau duquel le sang, circulant plus difficilement, elle comprime et déplace plus qu'ailleurs par ses battements la lame conjonctive interposée entre elle, le nerf de François Franck et leur sa- tellite, la grosse veine vertébrale et que cette lame conjonctive tiraille, par contre-coup, plus violemment qu'ailleurs, le périoste du canal avec lequel elle se continue et dont l'irritation répétée détermine la formation de productions osseuses qui augmentent peu à peu de hau- teur et dont les extrémités libres, se faisant face et marchant à la ren- contre l’une de l’autre, finissent à la longue par se rejoindre et se confondre intimement! Or, c'est le plus souvent par le 6° trou trans- versaire, ensuite par le 7°, puis par le 5°, le 4° et le 3° que l'artère ver- tébrale s'insinue, à droite et à gauche, chez l’homme, dans le canal qu'elle traverse. En procédant par ordre de fréquence, c'est donc sur la 6° vertèbre cervicale humaine, ensuite sur la 7°, puis sur la 5°, la 4° et la 3°, qu'on doit trouver et qu'on trouve effectivement, d’un seul côté ou des deux côtés, un foramen transversaire double ou un foramen transversaire en forme de sablier, etc. Qu'on ne prétende pas le contraire. Plus haut avant de pénétrer dans le crâne, l'artère vertébrale de l’homme se réfléchit, en premier lieu, sur le bord supérieur de l’apophyse transverse, en second lieu, sur la partie postérieure de la masse latérale de l’atlas et détermine de même assez souvent el pour des raisons identiques, l’ossification simultanée ou non du ligament de nature conjonctive (ligament-gléno- sus-lransversatre) qui relie la partie postérieure du bord externe de la cavilé glénoïde de la masse latérale de l’atlas au bord supérieur de la racine postérieure de l'apophyse transverse et de la bande fibreuse séparable du reste du ligament occipito-atloïdien postérieur qui se porte de l'extrémité postérieure de l’apophyse post-glénoïdienne de la masse latérale de l’atlas au bord postérieur de la gouttière dans laquelle passent le nerf sous-occipital, l'artère vertébrale et les vei- nules et les filets nerveux qui l’accompagnent (Pour détails complé- mentaires, voy. Variations de forme de l'arc postérieur de l'atlas). Dans les Espèces simiennes, je n'ai noté jusqu'ici la présence des deux côtés d’un trou transversairé double que sur la 6° vertèbre cervicale d'un Chimpanzé (Troglodytes niger) et celie, à droite, d’un trou trans- versaire double et, à gauche, d'un trou transversaire en forme de qe chiffre que sur la 6° vertèbre cervicale d'un orang (Simia satyrus). T Pour ce qui est du foramen transversaire triple de l'homme, il ne te s'expliquer que par une ossificalion de la cloison cellulo-fibreuse qui sépare l'artère vertébrale et le nerf de François Franck de la VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 39 grosse veine vertébrale, leur satellite, dédoublée localement ou double et celle d’une autre cloison cellulo-fibreuse isolant l'une de l'autre les deux branches de la grosse veine vertébrale susdite dédoublée localement ou les deux grosses veines vertébrales. f RACINE ANTÉRIEURE OU VENTRALE. — Variations de volume. — Cette racine, encore appelée apophyse costiforme, apophyse costale, parce qu'elle est, dit-on généralement, l’homologue d'une côte ou, pour êlre absolument précis, l'homologue de l'extrémité proximale (tête et col) d’une côte, la racine postérieure, constituant seule l’apophyse transverse proprement dite, est moins volumineuse que la racine pos- térieure. Je l'ai vue, cependant trois fois et chaque fois, à droite et à gauche, plus épaisse qu'elle. Il est rare que, sur le même os, cette racine soit aussi massive d’un côté que de l’autre e (1). Elle peut être réduite à l’état d’un fil ou absente, en partie ou en tait, de sorte que le trou transversaire offre le vice de conformation dont il va être question ci-après, est transformé en une échancrure dont les extré- mités interne et externe sont plus ou moins distantes l’une de l'autre. “— Ouverture du trou transversaire en avant. — Celle anomalie à été observée par Varaglia : 4 fois (2 fois deux côtés, 1 fois à droite et 1 fois à gauche sur la 2 ver- tèbre cervicale) ; 4 fois à droite sur la 3°; 1 fois des deux côtés sur la 5° ; » fois (1 fois des deux côtés, 1 fois à droite et 1 fois à gauche) sur la 6°, sur les 50 squelettes d'Européens et de non-Européens qu'il a étu- diés: EL par moi: 4 fois (2 fois des deux côtés, 1 fois à droite et 1 fois à gauche) sur la 3° vertèbre errvicale ; > — (2 — 2 — 1 — ) — 4e ee T —{(5 _ { —- 1 — ) — 5° — 19 — (8 — 1 _ 3 — ) — oo — 2 — (1 fois à droite et 1 fois à gauche) sur la 7° vertèbre cervicale (2). Sur 200 rachis tourangeaux. Quand elle est bilatérale, il est lrès rare qu'elle soit absolument identique à droite et à gauche. A l'état frais, la portion osseuse de la branche antérieure de l’apo- physe transverse qui manque est remplacée par un ligament fibro- (1) Cette remarque est applicable à la racine postérieure. (2) Pour ce qui concerne l'ouverture en avant des trous transversaires de l'atlas et de l’axis, voy. chacun des chapitres consacrés à l'étude de ces deux 08. 40 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE carlilagineux. Comme :l en est normalement de même dans le fœtus et le nouveau-né, le vice de conformation en question n’est donc rien autre chose qu'un arrêt plus ou moins complet de développement. Dans sa statistique, Varaglia n'a pas dit combien de fois il l'avait rencontré sur la 7° vertèbre cervicale, mais il n’a pas oublié de noter que : « La lame antérieure du processus latéral de cette vertèbre peut être unie à la fois en dedans et en dehors ou seulement en dedans ou en dehors, par des tractus fibreux au reste de l'os. » Bien que j'aie constaté l'ouverture en avant du foramen transver- saire du 7° élément osseux du rachis cervical sur 2 Tourangeaux sur 200, Je suis persuadé que ce pourcentage est trop faible parce que: 1° Il repose sur l’examen d’un trop petit nombre de sujets ; 2° Il ne concorde pas avec l’opinion accrédilée que toutes les varia- tions du 7° élément osseux du rachis cervical, les plus communes sont celles qui portent sur les apophyses transverses de cet élément, de sorte que même lorsqu'on parle des variations de cet élément on sous-entend celles de ses apophyses transverses. ANATOMIE COMPARÉE. — Struthers a fait mention d’un gortlle dont les deux trous transversaires de l’atlas et le trou transversaire gauche de la 7° vertèbre cervicale n'étaient pas fermés en avant et d'un mou- ton dont la racine ventrale de l’apophyse transverse gauche de la 7° cervicale était remplacée par un ligament fibro-cartilagineux. Sur un squelette de jeune Orang rufus de Bornéo, probablement de sexe mâle, mesurant 774 millimètres de taille, G. Hervé (1) a vu le canal vertébral formé par la superposition des trous des apophyses trans- verses cervicales n'exister par suite du défaut de réunion en dehors des extrémités externes des branches des processi laterales des 4°, »°, 6° et 7° vertèbres cervicales, qu'au niveau des lrois premières. L'ouverture en avant du foramen transversaire droit de la 5° cervi- cale a été constatée par moi sur un vieil orang. (Pour détails com- plémentaires, voy. 7° verlèbre cervicale. Côtes cervicales. Embryo- génie, anatomie comparée). Tubercule moyen ou scalénique. — Quand on regarde attentivement les apophyses transverses des vertèbres cervicales moyennes (3°, 4° et »°) on remarque, au dire de Juvara et de Dide (2) qu'elles offrent trois tubercules : Un antérieur, ascendant, qui donne insertion au muscle grand droit antérieur et au muscle long du cou; Un postérieur, descendant, sur lequel les muscles spinaux trans- versaux ; (1) G. Hervé, Bullet. de la Soc. d'anthrop. de Paris, p. 385, 1889. (2) Juvara et Diner, Bullet. de la Soc. anat. de Paris, p. 25, 1894. VERTÈBRES CEI:VICALES EN GÉNÉRAL 41 Un moyen, situé au-dessous du tubercule antérieur et au-devant du tubercule postérieur, dirigé en bas el sur lequel s'attachent les fai- sceaux tendineux du scalène antérieur. : En raison de ce fait, Juvara et Dide ont proposé de désigner ce tubercule, qui, lorsqu'il manque, est remplacé par une empreinte généralement très nette, sous le nom de tubercule scalénique. Ce tubercule moyen ou scalénique n'est rien autre chose que la partie inférieure du tubercule antérieur de l’apophyse latérale. Côtes cervicales (voy. plus loin Septième vertèbre cervicale). RACINE POSTÉRIEURE OU DORSALE. ARTICULATION DES APOPHYSES TRANSVERSES ENTRE ELLES. — Poirier dit que les apophyses transverses entrent parfois en contact par de petites facettes articulaires placées sur les bords correspondants de ces apophyses. Je cherche vainement depuis trois ans ce vice de conformation. SomMET, — /ndivision.— L'apophyse transverse droite de la 3 vertèbre cervicale d'un homme de 60 ans, que renferme (n° 62, année 1897) le Musée anatomique de l'Université de Sassari, est monotuberculeuse. J'ai rencontré, de chaque côté, en 1907, le même mode de conforma- ion sur une phtisique morte à l’âge de 32 ans. Foramen apical. — En 1881, à droite, sur la 4° vertèbre cervicale d'une femme de 42 ans, et, en 1883, des deux côtés, sur la 6° vertèbre cervicale d'un homme de 49 ans, j'ai vu le sommet de l'apophyse latérale, percé d’un lrou, mesurant 2 millimètres de largeur. En 1885, Varaglia (1) a observé la même anomalie et l’a attribuée à la persis- tance après la naissance « d’un des trous vasculaires qui existent pendant la vie fœtale ». Le défaut de soudure complète de l'extrémité distale de la racine antérieure de l’apophyse transverse et de celle de la racine postérieure, est cerlainement due à la présence entre ces deux extrémités distales et avant leur parfait développement d'un vaisseau sanguin, vraisemblablement d’une veine. B. APOPHYSES ARTICULAIRES, OBLIQUES ou ZYGAPO- PHYSES. — La position des surfaces articulaires des vertèbres cer- vicales varie d’une vertèbre à l’autre. A la troisième, les axes transver- saux des surfaces articulaires correspondantes de droite et de gauche (2) convergent entre eux et font partie d’un arc de cercle dont (1) POIRIER, VARAGLIA, passim. (2) Ceux des surfaces articulaires ou apophyses articulaires supérieures ou antérieures (prézygapophyses, préaxiales zygapophyses) et ceux des surfaces articulaires ou apophyses articulaires inférieures ou postérieures (pos/zygapo- physes. postaxiales zygapophyses). 42 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE le centre est placé en arrière de la vertèbre. Aux vertèbres suivantes, le rayon de cet arc de cercle devient de plus en plus grand, et, enfin, à la dernière vertèbre cervicale les axes transversaux des surfaces articulaires correspondantes de droite et de gauche se trouvent dans la même ligne transversale. Ces surfaces articulaires (1) sont plus fré- quemment concaves que planes ; parfois aussi elles sont légèrement convexes. C. APOPHYSE ÉPINEUSE, NEURALE OU NEURÉPINE. — Division sagittale médiane complète ou incomplète. Foramen sagittal médian. — Le professeur Hans Virchow, de l'Université de Berlin, m'a envoyé, le 21 avril 1911, deux photographies, l'une d’une 7° ver- tèbre cervicale dont l'apophyse épineuse est au niveau du plan sagittal médian, divisée en deux parties symétriques, depuis son origine à l'arc osseux qui entoure la moelle épinière jusqu'à sa terminaison ; l'autre, d’une 1" vertèbre thoracique dont l'apophyse épineuse offre, au niveau du plan sagittal médian, une solution de continuité linéaire qui ne se prolonge pas en avant, Jusqu'à l'origine à l'arc osseux qui pro- tège la moelle épinière, et en arrière Jusqu'à la lerminaison de cette apo- physe. J'ai observé deux fois, la première de ces malformations, d'abord au mois de mai 1889,surla/° vertèbre cervicale d'une femme veuve, décé- dée à l’âge de 42 ans, à la salle 14 de l'Hôpital général de Tours, puis, au mois de décembre 1907, surla6® vertèbre cervicale d’un marchand forain, paralytique général, mort le 4 décembre 1907, à l’âge de 63 ans, à l'Asile des aliénés de Tours. Jai vu enfin, au mois d'avril 1882, sur un colon de la colonie pénitentiaire de Mettray, âgé de 16 ans, la neuré- pine de la 5° vertèbre cervicale, percée à sa base d’un trou contenant une veinule. Il ne s'agit dans tous ces cas que d’un arrêt de dévelop- pement plus ou moins complet du processus spinosus des vertèbres, résultant d’un défaut de réunion entre elles sur la ligne médiane des deux moitiés latérales de ce processus. Ouverture de l'arc neural. (Voy. Vertèbres thoraciques en général, Apophyse épineuse, Ouverture de l'arc neural.) Division en trois ou quatre branches et indivision de l'extrémité libre de la neurépine. — Comme ce que j'aurai à dire plus loin des varia- tions de dimensions et de forme de la neurépine de l’axis s'applique à la plupart des variations de dimensions et de forme de la neurépine de chacune des vertèbres cervicales situées plus bas, j'appellerai seu- lement ici lattention sur les vices de conformation des neurépines (1) Pour plus de clarté, Regalia a proposé d'appeler preartrode la surface arti- culaire de chaque prézygapophyse et postartrode, la surface articulaire de chaque postzygapophyse (REGALIA, Arch. p. l’antrop. e l'elnol., vol. X, fasc. 3. Firenze, 1880). : np, ‘ OX "à Li DEAN b Ses SC rs * Re ut FAR a Variations de conformation des neurépines des vertèbres cervicales sous-axoïdiennes, a, branche droite de cHacune des neurépines ; b, — gauche _ _ 41 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE cervicales dont on a les fac-similés sous les yeux et dont personne n’a encore parlé, que je sache, et sur les cas de non-bifidité de ces neu- répines qui ont élé observés jusqu’aujourd’hui tant par d’autres que par moi. | Geoffroy Saint-Hilaire (1) a avancé, le premier, que les neurépines des vertèbres cervicales sont simples dans la race hottentote. Sur le squelette unique de Boschiman (Vénus hottentote) que détient le Mu- séum d'histoire naturelle de Paris, elles sont effectivement simples, et c'est vraisemblablement après les avoir vues que l’illustre professeur a formulé la proposition ci-dessus. Ultérieurement, PR. Owen (2) a noté que sur un squelelte de Boschiman et un squelette d'Australienne du Collège Royal des Chirurgiens de Londres, les 5 dernières vertèbres cervicales ont chacune leur épine neurale indivise et que sur un sque- lette d’Australien en sa possession, il en était de même de l’épine neu- rale de la 3° cervicale. En 1879, Hamy (3), dans sa description d’une femme, Aëta Nigrito, el, en 1886, Turner, dans ses Reports (on the bone of the human skelelon) of the Challenger Expedition, ont attiré l'attention des anthropologistes sur la tendance qu'ont, dans les races de couleur, chacune des neurépines des pièces osseuses rachidiennes du cou, la neurépine de l’axis exceptée, à perdre leur bifidité et cité un certain nombre d'exemples de ce fait. En 1886 également, J. Cun- ningham ‘4) a examiné 15 rachis d'Européens, 7 d’Australiens, 6 de Nègres, / d'Andamans, 3 de Tasmaniens, 1 de Boschiman et 2 d’Es- quimaux pour s'assurer du degré de fréquence d'apparition dans les diverses races de l’anomalie dont il s'agit. Dans ces dernières années, celle-ci a été encore l’objet d'intéressantes recherches de la part de Martin (5), de Ranke (6), de Matiegka (7), de Lehmann-Nitsche (8), etc. Après avoir déclaré que « chez les Européens, l’épine de la 7° ver- tèbre du cou n’est jamais fendue, et que celle de la 6° ne l'est que rarement » et qu'il n'y a pas lieu, par conséquent, dans des statis- tiques comparatives du degré de fréquence d'apparition dans les (1) GEOFROY SAINT-HILAIRE, cit. par Broca. Les Primates, Bullet. de la Soc. d'anthrop. de Paris, p. 272, 1869. (2) R. OWEN, Trans. zoot. soc. vol. IV, 1851. (3) Hamy, Nouv. Arch. du Muséum, vol. II, 1879. (4) J. CUNNINGHAM, Journ. of Anal. and Phys., vol. XX, p. 637. London, 1886. (5) R. MARTIN, Arch. f. Anthrop., p. 169, 1894. D’après R. Martin: « l'apophyse épineuse de la 5° vertèbre cervicale présente chez les Européens et les Indiens de la Terre de Feu un commencement de bifurcation qui n'existe pas chez les races inférieures. » (6) RANKE, Silz. d. mathem. physik. cl. d. k. bayer. Akad. d. Wiss. München, 1895. (7) MATIEGKA, Silz d. K. Bohm. gesellsch. d. Wiss. in Prag., 1894. (8) LEHMANN-NITSCHE, loc. cit. suprà, p. 240. VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 5 diverses races de la bifidité de l’épine cervicale, de s'occuper des deux dernières vertèbres du cou, Cunningham a indiqué, dans les deux tableaux suivants, quel était le mode de conformation de l’épine de chacune des vertèbres moyennes du cou sur les 15 Européens et les 2, non-Européens qu'il a examinés : Configuration des apophyses épineuses des verlèbres cervicales chez 15 Européens. FAIBLEMENT BIFIDE eve NON-BIFIDE Configuration des apophyses épineuses des vertèbres cervicales chez 2/ sujets appartenant à des races inférieures. BIFIDE FAIBLEMENT ANRT NON-BIFIDE 2e vertèbre cervicale... 32 4e 5e Sur 60 vertèbres cervicales d'Européens (15 X 4), les 1"°5, les 6° et les 7° exceptées, l'état unituberculeux des neurépines à donc été constalé 5 fois (2 + 2 + 1), soit sur 8,3 p. 100 par Cunningham et le plus fréquemment sur les 3° et les %es. Sur 96 vertèbres cervicales de sujets appartenant à des races infé- rieures (24 X 4) les 1”, les 6 et les 7° exceptées, la non-bifidilé des apophyses épineuses a, par contre, été notée 42 fois (1 + 19 + 15 + 11), Soit Sur 27 p. 100 par le même anatomiste et le plus souvent aussi sur les 3 et les 4°. Toutes choses égales d'ailleurs, j'ai relevé la proportion centésimale 9,1 sur 200 vertèbres cervicales de blancs et 26,2 sur autant de vertèbres cervicales de nègres, de Malais, de Fuégiens. La terminaison de l'extrémité libre de l'axis par un luber- cule indivis n'a été constaté que sur 1 axis de nègre sur les 39 axis 46 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE d'Européens et de non-Européens examinés par Cunningham, sur 1 sur 190 étudiés par Macalister, et 2 sur 400 que j'ai rassemblés. Foramen apical. — Sur un hémiplégique de 65 ans, décédé le 20 no- vembre 1888, à l’Asile des aliénés de Tours, j'ai vu l'apophyse épineuse de la 5° vertèbre cervicale, percée d’un trou, limité par les deux bran- ches de bifurcation terminales de cette apophyse unies entre elles en arrière. Le Musée anatomique de l’Université de Sassari possède (n° 68, année 1896) les 4° et 3° vertèbres cervicales d’une femme de 40 ans dont les deux branches de bifurcation de l’apophyse épineuse de cha- cune des deux vertèbres se rejoignent presque en arrière pour consti- tuer un petit ostium. ANATOMIE COMPARÉE. — Selon Huxley, Beauregard et Pouchet, Cun- ningham, J. Ranke, etc., la seconde vertèbre du cou est, chez le chim- panré, la seule dont l'extrémité postérieure de l’apophyse épineuse soit divisée en deux branches. Pour Broca : « Chez le chimpanzé les apophyses épineuses des 2° el 3° cervicales sont souvent bifur- quées ». S'il faut en croire Hartmann (2), la neurépine de chacune des vertèbres cervicales du chimpanzé se termine par « une extré- mité indivise » alors que « les vertèbres cervicales, dorsales et lombaires du gibbon ont une conformation qui ne diffère que légère- ment de celle qu'elles ont daus l'espèce humaine ». Au dire de J.-F. Meckel, enfin, les apophyses épineuses des éléments osseux du rachis du chimpanzé « sont bifurquées... Communément, elles ne le sont pas chez les singes, pas même chez le Gibbon cendre (Simia leuciscus). Ce n'est que chez la Guenon callitriche (Simia sabæa) que la large épine de l'axis offre quelquefois une bifurcation dans sa partie postérieure. » Entre ces assertions contradictoires, que doit-on croire ? Ceci : x) Les apophyses épineuses des vertèbres du cou sont indivises dans tous les singes (Anthropoïdes, Cynomorphes, etc.), le chimpanzé excepté ; B) La division en deux branches de l'extrémité libre de la neurépine de l'axis constitue, chez le chimpanzé, un état normal et celle de la neurépine du troisième élément osseux ou de la neurépine d’un autre élément osseux du rachis cervical, un état anormal ; y) Parmi les orangs et les gorilles, mais surtout parmi les gébbons, le sommet de l’apophyse épineuse de l'axis offre, par exception et excessivement rarement, une encoche, une gouttière linéaire, verti- cale, ou une série de petites dépressions superposées. (1) HuxLey, Élém. d'anat. comp. d. anim. vertéb., trad. franc. de Brunet, p. 490. Paris, 1875. (2) HARTMANN, les Singes anthropoïdes el l'homme, pp. 56-64. Paris, 1886. RANKE, BEAUREGARD et POUCHET, CUNNINGHAM, BROCA, loc. cit. suprà. VERTÈBRES CERVICALES EN GÉNÉRAL 47 Sur 24 squelettes de chimpanzés de l’un ou lPautre sexe et d'âges divers, dont 4 appartiennent au Musée Broca de la Société d’anthro- pologie de Paris, et le reste aux Muséums de Paris, de Lyon, de Mar- seille, etc., j'ai noté 18 fois la bifidité de la neurépine de l’axis, 1 fois celle de l’axis et celle de la 3° vertèbre cervicale, 1 fois celle de l'axis et celle de la 5° vertèbre cervicale, et % fois la non-bifidité des neuré- pines de toutes les vertèbres cervicales. Sur 3 des squelettes de Tro- glodyles sur 4 que possède le Musée Broca de la Société d'anthropo- logie de Paris, l'apophyse épineuse de l’axis n’est pas bifurquée. Dans mes pérégrinations à travers les mêmes Musées et Muséums, j'ai constaté sur 3 gibbons, 1 orang et 1 gorille, une tendance mani- feste de la neurépine de l'axis à se partager postérieurement en deux parties, mais je n’ai jamais rien constaté de tel sur un Singe quadru- pède quelconque. Quoi qu'on en dise, la division en deux branches des apophyses épi- neuses des vertèbres cervicales ne constitue donc pas plus que lab- sence de profondeur du second pli de passage du lobe pariétal au lobe occipital, l'autonomie du fléchisseur du pouce {Gratiolet), la structure du lobe occipital, le présternal (Halbertsma), l'absence du dorso-épi- trochléen (Topinard), etc., un caractère humain, puisque, par le chimpanzé dont l'apophyse épineuse de l’axis est normalement bifur- quée et l’homme dont les apophyses épineuses des vertèbres cervi- cales, depuis l’axis jusqu'à la sixième inclusivement, sont bifurquées, el l'orang, le gibbon, le gorille, les Cynomorphes et leurs plus proches voisins zoologiques où elles ne le sont pas, il y a une transition qui atténue l'importance de ce caractère. D'autant mieux encore qu'il n’est pas absolument rare de trouver des indices d'une bifurcation de l'extré- milé libre de la neurépine de l'axis chez le gibbon, voire même chez l'orang et le gorille et que chez le chimpanzé l'extrémité libre de la neurépine de l’axis peul être indivise. Et comme, d’un autre côté, la non-bifidité des neurépines cervicales est infiniment plus commune dans les races colorées que dans la race blanche (1), on est amené à conclure qu'elle constitue dans cette der- nière une varialion réversive. En 1906, j'ai disséqué, à Tours, un manœuvre tourangeau, dont j'ai gardé, dans mon musée particulier, la colonne cervicale, après lavoir fait photographier, puis dessiner, par un de mes élèves, Chavaillon. Seule, la neurépine de l’axis est bifurquée. C'est donc, dans l'espèce humaine, la reproduction exacte du rachis du cou du Chimpanzé. Je donne ci-après un fac-similé de cette colonne cervicale humaine. (1) Elle est même, dans les races inférieures, on le sait, la règle pour les 3° et 4° vertèbres cervicales. 48 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE En ce qui touche les autres configurations si diverses et si bizarres que peuvent présenter l'une ou l’autre ou l'une et l’autre des deux bran- EE ue di = Stat = RS | Indivision de chacune des neurépines des vertèbres cervicales sous-axoïdiennes. Chez l'homme. Chez le Chimpanzé. (Troglodytes niger). ches de l'extrémité libre de l’apophyse épineuse de chacune des ver- tèbres cervicales elles sont, — sauf le foramen apical — toutes, aussi bien dans l’espèce humaine que dans les espèces animales (1), le résultat de l’ossification plus ou moins étendue des fibres aponévro- tiques ligamenteuses ou tendineuses qui se fixent sur ces deux bran- ches et qui ont été récemment encore étudiées par R. Robinson (2). Elles rentrent donc dans la classe des malformations organiques que J'ai définies : variations par ossification ligamenteuse. (1) Dans le Troglodyles Aubryi étudié par ALrx et GRATIOLET (Cf. Nouv. Arch. du Muséum d'hist. nat. de Paris, t. I, 1866) l'apophyse épineuse de l’axis était triple, offrait deux tubercules latéraux très forts, très différents (1 cent. d’in- tervalle) et un tubercule médian surbaissé placé profondément dans l'intervalle et un peu au-dessus et en avant d'eux. Les deux tubercules étaient un peu recourbés en bas et en arrière. Des configurations analogues ont été observées sur d’autres vertèbres cervi- cales chez des grands Singes anthropomorphes (chimpanté, orang, gorille), par DuverNoY (Cf, Arch du Muséum d'hist. nat. de Paris, 1855). (2) R. Romixsow, C. Rend. de l'Acad. des sciences de Paris, 17 février 1908. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER ATLAS (1) Syx.: Aillantion (Pline); première rouelle (Estienne) ; Le Gond, La Tour- neuse (Grand Dictionnaire de Trévoux) (2); Première vertèbre pivo- tante (3) ; Première vertèbre cervicale, etc. VARIATIONS DE DIMENSIONS. — Zoja (4) a relevé, en millimètres, les moyennes suivantes sur 10 atlas d'hommes adultes et autant d’atlas de femmes adultes dont il a mesuré successivement la hauteur des masses latérales (d'amètre vertical maximum), la distance qui sépare le sommet du tubercule de l'arc antérieur de celui du tubercule de l'arc postérieur (diamètre antéro-postérieur maximum) et l'étendue de l'intervalle compris entre le sommet de l'apophyse transverse droite et celui de l’apophyse transverse gauche (diamètre transverse mazxi- mum) : MOYENNES Hommes Femmes Diamètre vertical maximum, . . . . . 29,6 18,9 on antéro-postérieur maximum . . 45,2 43,1 — transverse maximum . . . . . 19,7 12,0 En plus de ces mesures qu'il a appelées mesures externes de l'atlas, (1) De 4, renf + :1éw, porter. L'atlas porte la tête comme Atlas, fils de Jupiter et de Clymène, portait le monde. (2) Au mot Vertèbre, t. V, p. 639 (édition de 1732). (3) L'’atlas et l’axis ont été appelées par les anciens anatomistes verlèbres pi- volantes par opposition aux autres vertèbres qui ne peuvent accomplir aucun mouvement de rotation sur elles-mêmes. (4) Zosa, Rend. d. R. Istit. lomb. (cl. d. se. mat. e nat.}, vol. XIV, V d., ser. IT. Milano, 1881. VERTÉBRALE. ‘ 50 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE le même anatomiste a pris sur chacun des 20 atlas sus-indiqués deux autres mesures : celle de la distance qui sépare le centre de la facette articulaire de la face postérieure de l'arc antérieur au milieu de la face antérieure de l'arc postérieur (diamètre antéro-postérieur maxt- mum) et celle de l'étendue de l'intervalle compris entre l’origine de la face interne de la racine droite et celle de la face interne de la racine gauche de l'arc postérieur (diamètre transverse maximum). Voici encore, en millimètres, les moyennes que lui ont données ces deux mesures, dénommées par lui mesures internes de l'atlas: MOYENNES Hommes Femmes Diamètre antéro-postérieur maximum . . 31,0 28,6 — transverse maximum . . . . . 30,9 98,2 Ces moyennes reposent sur l'examen d’un nombre trop restreint d'os. Voici celles que j'ai obtenues en étudiant 15o atlas dont 75 d'Euro- péens ou de non-Européens adultes et 75 d'Européennes ou de non- Européennes adultes : Mesures externes. ____ MOYENNES A … Hommes Femmes Diamètre vertical maximum . . . . . . 23,1 19 —— antéro-postérieur maximum . . 46,2 43,4 — transverse maximum. . . . . 82,7 72 Mesures internes. MOYENNES Hommes Femmes Diamètre antéro-postérieur maximum . . SAT 29,9 — transverse Maxi 27-7 0 30,3 29,1 Dans le tableau ci-dessous sont mentionnés les chiffres les plus élevés et les plus bas que j'ai recueillis en mesurant tour à tour les trois diamètres externes maximums de chacun de mes 150 atlas, autre- ment dit leschiffres dénonçant entre quelles Hmites peut osciller chacun des trois diamètres externes de l’atlas : MESURES EXTERNES : . = . = re" = Diamètre vertical maximum. . . . . 21 mm. 145 mm. _- antéro-postérieur maximum . 50,9 40 — transverse maximum. . , . 90,1 65,2 Les chiffres les plus élevés ont été relevés par moi sur trois hommes: un Tourangeau de 29 ans, un Berrichon de 30 et un Arabe de 63 ans; les plus faibles sur trois femmes: une Tourangelle de 28 ans ; une Blé- soise de 47 ans et une négresse de la Guadeloupe de 22 ans. PT DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 51 Calori (1) a noté, d'autre part, que, chez la femme, le diamètre antéro- postérieur interne maximum de la première vertèbre cervicale égale 28 millimètres et le diamètre transverse interne maximum 26 milli- mètres, et Lehmann Nitsche (2) que chez les Américains le diamètre antéro-postérieur externe maximum mesure, en moyenne, 43 mm. 3 et le diamètre externe maximum 80 mm. 1. La discordance qui existe entre les chiffres fournis à Zoja, à Calori, à Lehmann-Nitsche et à moi par la mensuration de certains diamètres de l’atlas incita, en 1907, un de mes anciens élèves, le docteur Dubreuil- Chambardel (3), à mesurer, à son tour, 85 atlas provenant presque tous de Tourangeaux et de Tourangelles adultes et de taille moyenne (45 de Tourangeaux, 4o de Tourangelles), disséqués à l'Amphithéâtre d'anatomie de l'École de médecine de Tours. Selon lui: La largeur moyenne (longueur moyenne du diamètre transverse externe maximum) de l’atlas masculin est de 83 millimètres, celle de l'atlas féminin, 7> millimètres ; La distance antéro-postérieure moyenne (longueur moyenne du dia- mètre antéro-postérieur exlerne maximum) de latlas masculin est de 46 mm.5, celle de l’atlas féminin, 43 mm.» ; La longueur moyenne du diamètre transverse interne maximum de l’atlas est de 30 mm.2 chez l'homme et de 29 mm. 5 chez la femme ; celle du diamètre antéro-postérieur inlerne maximum de l'atlas, de 31 mm.2 chez l’homme et de 30 mm. 2 chez la femme. Les chiffres de Dubreuil-Chambardel ne diffèrent pas des miens et l'écart qui existe entre ceux-ci et plusieurs de ceux trouvés par les anatomistes étrangers ne s'expliquent que par une influence ethnique. Dans toutes les races el, aussi bien chez l’homme que chez la femme, il arrive quelquefois que l'étendue du diamètre vertical externe maximum d'un côté dépasse de 1,2 voire même 3 milhmètres celle de l'étendue du diamètre vertical externe maximum du côté opposé. Lorsqu'il en est ainsi, c'est, d'ordinaire, les dimensions du diamètre vertical externe maximum gauche qui excèdent celles du diamètre vertical externe maximum droit. Quand on connaît, enfin, la longueur des diamètres antéro-posté- rieurs et transverses externe el interne maximums d’un atlas quel- conque, il est possible d'en déduire l'indice atloïdienexlerne au moyen diam. transv. ext. maxim. x 100 diam. antér, post.ext. maxim. diam. transv. int. maxim. x 100 diam. antér. post. int. maxim. ‘ de la formule et l'indice atloïdien inlerne au moyen de la formule (1) Cazort, Mem. d. R. Accad. d. se. d. Istil. d. Bologna, p. 342, 1875. (2) LEnHMANN-Nirscue, Rivista del Museo de la Plala, p. 388, 1907. (3) DuBrEUIL-CHAMBARDEL, Bullel. de la Soc. d'anthrop. de Paris, p. 399, 1907. 52 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE La connaissance des variations de dimensions des différents dia- mètres externes etinternes del’atlas a, de même que celledes variations de dimensions des différents diamètres externes et internes de l’axis dont il sera question ultérieurement, une grande importance, si tous les chiffres mentionnés à ce propos par les anatomistes italiens et par Dubreuil-Chambardel et moi ne concordent exactement, ilen res- sort du moins, que, généralement, et toutes choses égales d’ail- leurs : I. L'atlas masculin est plus large que l'atlas féminin (atlas mas- culin, 82 mm. 7: atlas féminin, 72 millimètres ; différence très sen- sible, 10 mm. 7); II. L'atlas masculin et l’atlas féminin ont une longueur à peu près égale dans le sens antéro-postérieur (atlas masculin, 46 mm. »; atlas féminin, 43 mm. 4 : différence peu sensible, 2 mm.8); IT. L'atlas masculin est un peu plus haut que l’atlas féminin. (atlas masculin, 23 mm. 1 ; atlas féminin, 19; différence appréciable, & mm. 1); IV. Le trou vertébral atloïdien est, pour ainsi dire, aussi grand dans un sexe que dans l’autre (indice du trou vertébral de l’atlas mas- culin, 97,7 ; indice du trou vertébral de l’atlas féminin, 97,3). La dernière de ces quatre propositions trouve sa justification dans ce fait que la moelle est, paribus cœleris, plus volumineuse chez la femme que chez l'homme. Quant aux trois premières, elles s'expliquent par le développement plus prononcé de l’atlas masculin, en rapport, toutes choses égales d'ailleurs, avec la pesanteur plus grande du cer- veau, la capacité cranienne plus considérable (1) et le développement plus marqué du système osseux dans le sexe masculin que dans le sexe féminin. (1, Le cerveau de la femme est plus léger que celui de l’homme. Le premier pesant 100, le second pèserait 112, toutes choses égales d’ailleurs (Huschke). Cette différence n'est pas imputable à ce fait que la stature féminine est géné- ralement moins élevée que la stature masculine. Parchappe a établi que la sta- ture de la femme est à celle de l'homme comme 92,7 : 100 tandis que le poids de son cerveau serait comme 90,9 : 100. Le cerveau est donc réellement plus léger chez la femme. Ajoutons qu'il en est ainsi pendant toute la durée de la vie. Voici maintenant, d'après Welcker, quelle est la capacité cranienne chez l'homme et chez la femme aux différents âges de la vie : Hommes. Femmes. Nouveauene tech eme AODVCENL: (CN MERE 360 cent. c. AND EMOIS EM ET PATEAET ADM Quest LPO AREONLE HOME ASIA EEE UE A à 900 , LENS ARTE 850 — AS CANS EME drutin 24 rats 8 LOS MER NP EDR À AO'ANnS EME Rs te 6 LCD NOR RE RS 2 OR De 20460 /ans: D eue L'ADO PE CANCER DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 53 Le diamètre transverse externe maximum de la première vertèbre du cou est divisible en cinq portions : une portion moyenne ou vertébrale, correspondant ou à peu près au diamètre transverse interne maximum et, à droite et à gauche, deux portions une portion latéro-interne ou glénoïdienne, s'étendant du bord inlerne au bord externe de la cavité glénoïde et situé un peu en arrière du petit axe de cette cavité et une portion laléro-externe où apophysaire, comprise entre le bord externe de la cavité glénoïde et le sommet de l'apophyse transverse, Les men: surations de chacune de ces diverses portions du diamètre trans. verse externe maximum que J'ai prises sur chacun de mes 150 atlas m'ont fourni les moyennes suivantes: Hommes Femmes Portion vertébrale (Diam. transv. int. maxim.) 31 mm. 929 mm.9 SIC RO MINES 2 nee se leg Us à 8 mm.2 7mm.5 ADOPTE 0 US. + 0-02 11 min 6 12mm.5(4 Les processt lalerales atloïdiens de l'homme mesurent donc en moyenne » mm. 1 de plus dans le sens transversal que ceux de la femme. En procédant un peu différemment (2), Dubreuil-Chambardel a trouvé 5 millimètres et insiste, de plus, sur lamassiveté, l’aplatissement de haut en bas, la fréquence de la bituberculisation des apophyses transverses de la première pièce osseuse de la colonne cervicale masculine et la gracilité, l'aplatissement d’arrière en avant, la monotuberculisation presque constante de la première pièce osseuse de la colonne cervi- cale féminine. En somme, l’atlas dont les dimensions anléro-postérieures, dépendant surtout de la saillie plus ou moins accentuée de ses tubercules anté- rieur el postérieur, ne différent pas sensiblement dans l’un et l'autre sexe, mesure, en moyenne, 10 mm. 7 de plus de largeur dans le sexe masculin que dans le sexe féminin par suite du développement plus marqué des apophyses transverses dont chacune mesure,en moyenne, 5 mm. 1 de plus de largeur dans le sexe masculin que dans le sexe (1) D'où les deux formules : 31 mm. 1 + 8 mm. 2 X 2 + 17 mm. 6 X 2 — 82 mm. 7 (longueur moyenne du diamètre trans verse externe maximum de l’atlas de l'homme). 29 mm. 9 + 7 mm. 5 X 2 + 12 mm. 5 + 2 — 72 mm. (longueur moyenne du diamètre transverse externe maximum de l’atlas de la femme). (2) Dubreuil-Chambardel a mesuré sur chacun de ses 85 atlas la distance séparant le bord externe de la cavité glénoïde droite de celui de la cavité glé- 54 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE féminin. Et il était facile de supposer, a priori, qu'il devait en être ainsi. Chargés d'imprimer des mouvements à une masse plus lourde chez l’homme que chez la femme, les muscles petits et grands obli- ques, pets droits antérieur et droits latéraux de la tête devaient être plus puissants el avoir des attaches plus étendues et plus solides, dans le sexe masculin, que dans le sexe féminin. VARIATIONS DE POIDS. — Dans la race blanche la première vertèbre du cou pèse, en moyenne, chez l'homme adulte, 9 gr. 70, et chez la femme adulte, 6 gr. 81. Mais sur quelques adultes et quelques vieil- lards tourangeaux, j'ai vu le poids de l’atlas s'élever jusqu'à 10,11 et 12 grammes et sur plusieurs Tourangelles, âgées de 14 à 17 ans et une octogénaire berrichonne s'abaisser jusqu'à 6 et 5 grammes. Une Cafre, âgée de 29 ans, et un nègre de la Pointe-à-Pitre, âgé de 75 ans, m'ont présenté, la première, un atlas pesant 8 gr. 21, le second, un atlas pesant 12 gr. 3, mais il me semble que ce sont là aussi, dans la race noire, des chiffres minima et maxima. Sur 4o rachis de nègres africains et océaniens adultes, j'ai constaté, en effet, que l’atlas pesait, en moyenne, 9 gr. 91, et sur 6 rachis de négresses africaines adultes, 6 gr. 95. L’atlas d'une Chinoise, âgée de 19 ans, dont la colonne vertébrale m'a été donnée par un de mes anciens prosec- teurs, le docteur Bougrier, médecin sanitaire maritime, ne pèse que D gr. 22. Pourquoi, dans la race blanche du moins, la première vertèbre cer- vicale pèse-t-elle, {toutes choses égales d’ailleurs, 3 grammes de plus dans le sexe masculin que dans le sexe féminin ? Pour les mêmes raisons qu'il a des dimensions plus étendues, princi- palement en largeur chez l'homme que chez la femme. Parce que, paribus cœtertis : 1° le cerveau étant plus lourd et la capacité cranienne plus grande chez l'homme que chez la femme, l’atlas masculin par suite du poids plus considérable qu'il a à supporter doit être nécessai- rement plus massif que l’atlas féminin; 2° les pièces du squelette sont habitueliement plus développées chez l'homme que chez la femme. L’atlas et l’axis dont les vastes et fortes apophyses articulaires sont revêlues par une couche épaisse et résistante de cartilage hyalin ainsi que les facettes antérieure et postérieure de l’apophyse odontoïde (le corps de l’atlas soudé à la face supérieure du corps de l’axis dont elle protège la partie moyenne) se retrouvent plus fréquemment dans les noïde gauche et l'étendue du diamètre transverse maximum. Puis, pour obtenir la longueur de lapophyse transverse, il a soustrait du chiffre correspondant à la longueur du diamètre transverse, externe maximum, le chiffre correspondant à la longueur biglénoïdienne et divisé par 2 le chiffre donné par cette soustrac- tion. … mme ie. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 55 stations néolithiques et paléolithiques que les autres vertèbres dont le corps, formé par du tissu spongieux, constitue l'élément principal et méritent, à ce titre, d’être qualifiées : les vertèbres préhistoriques par excellence. On pourrait ies appeler également les vertèbres sexuelles par excellence. En raison de leur largeur et de leur pesanteur plus considérables dans le sexe masculin que dans le sexe féminin, ils fournissent, en effet, l’un et l’autre (1), des renseignements aussi précieux pour le déterminisme de la sexualité d’une colonne vertébrale que ceux que procure le maxillaire inférieur (qui encore mieux qu'eux se conserve dans les gisements préhistoriques), — pour le déterminisme de la sexualité d'un crâne. ANATOMIE COMPARÉE. — Par suite de la transformation à partir des Singes anthropomorphes de la station bipède en station quadrupède, le diamètre vertical externe maximum, le diamètre antéro-postérieur externe maximum et le diamètre antéro-postérieur interne maximum de l’atlas n’ont pas, chez les Mammifères inférieurs à l'horame et aux Singes anthropomorphes, la même direction que chez ceux ci : le dia- mètre vertical externe maximum a une direction antéro-poslérieure, bien qu'il mesure toujours la hauteur de la vertèbre et les diamètres antéro-postérieur externe maximum et antéro-poslérieur interne maximum une direction verticale. Pour ce qui est des différences qu'on note chez les Mammifères entre les mesures externes de l’atlas de l’un et celles correspondantes de l’atlas de l’autre, les plus importantes portent, d'abord, sur la hau- teur, puis sur la largeur, et, enfin, sur la longueur. En ne tenant compte que de la hauteur des apophyses articulaires de la première vertèbre cervicale (diamètre vertical externe maæi- mum), et en commençant par le Mammifère où celte hauteur esl représentée par le chiffre le plus élevé, les Mammifères peuvent être classés de la sorte : le bœuf (Bos taurus, 82 mm.) ; le cheval (Equus caballus, 70 mm.);le porc (Sus scrofa domeslicus, 54 mm.); le phoque (Pelagius monachus, 50 mm.); le lion (Felis leo, 4o mm,); la vigogne (Auchenia paco, 38 mm.); l'ours (Ursus arctos, 37 mm.); l'homme (22 mm.); le gorille (Gorilla gina, 21 mm.); l’orang (Simia satyrus, 19 mm.); la femme (18 mm.). En ne s’occupant que de l'étendue du diamètre transverse externe maximum de la première vertèbre cervicale, el en commençant par le Mammifère où cette élendue est la plus grande, les Mammifères doivent être classés ainsi : le bœuf (182 mm.); le cheval (150 mm.); le (1) Cf. Axis. Varialions de dimensions el de poids. 56 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE lion (138 mm.); l'ours (131 mm.); le phoque (124 mm.); le porc (110 mm.); le gorille (87 mm.) ; l’homme (79 mm.): la femme (72 mm.) ; l’orang (52 mm.). En se basant exclusivement sur la longueur du diamètre antéro- postérieur externe maximum de la première vertèbre cervicale, et en commençant par le Mammifère où cette longueur acquiert ses plus amples dimensions, on a le droit de classer de cette manière les Mamraifères : le bœuf (115 mm.); le cheval (70 mm.); le Zion (60 mm.); le porc (57 mm.); l'ours (50 mm.); la vigogne (50 mm.); le phoque (50 mm.); le gorille (45 mm.): l’homme (45 mm.); la femme (43 mm.); l'orang (37 mm.). En se référant seulement au poids de la première vertèbre cervi- cale qui est toujours en rapport avec sa grosseur et sa solidité, el, en commencant par le Mammifère où ce poids est le plus considérable, on est aulorisé à classer de cette façon les Mammifères : le bœuf (400 gr.); le pore (90 gr.); le cheval (65 gr.); le lion (58 gr.); le phoque (55 gr.); l'ours (48 gr.); la vigogne (42 gr.); le gorille (17 gr.); l’homme (9 gr.); la femme (6 gr.); l’orang (5 gr.). Cette gracilité de l’atlas de l’orang est singulière ; elle me paraît pourtant constituer la règle. Elle existait sur 37 atlas d'orangs que J'ai pu examiner. Comme sur la première vertèbre cervicale d'un vieil orang décrite par Zoja (1), elle était très marquée sur celle d'un vieil orang, surtout au niveau de l'arc postérieur. De plus, sur chacune de ces deux premières vertèbres cervicales, le tubercule de la face anté- rieure de l'arc antérieur et celui de la face postérieure de l'arc posté- rieur faisaient défaut et l’échancrure de la face supérieure du pédi- cule de l'arc postérieur était remplacée, à droite et à gauche, par un foramen à contours osseux, analogue à celui qu'on trouve accidentel- lement dans l'espèce humaine. Un grand et lourd atlas doit donc, d’une façon générale, être regardé comme un caractère d'infériorité. Divers atlas humains préhisto- riques, celui de Monte-Hermoso (République Argentine), entre autres, sont vastes et pesants. Et Bolck (2) a déduit de ses études que chez l’homme la première vertèbre du cou est, par suite de la transforma- ton de la station quadrupède en station bipède, en réduction phylo- génique. Comment se fait-il que l'orang vienne seul infirmer cette assertion dont l'exactitude me semble difficile à mettre en doute ? Je ne me charge pas de l'expliquer. En ce qui touche les différences de dimensions qu'on peut constater entre les diamètres antéro-postérieur et transverse internes maxi- 1) ZosA, Mem. d. R. Islit. lomb., p. 60, nota 2. Milano, 1874. 2) Bozck, Anal. anzeig., pp. 407-506, 1906. matt mnt DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 57 mums de l’atlas d’un Mammifère et celles des diamètres homologues de l’atlas d'un autre Mammifère, elles s'expliquent par les dissem- blances de configuration du trou vertébral de l’atlas dans ces Verté- brés supérieurs. Il est à peu près circulaire, en effet, chez le porc (indice atloïdien interne — 100) et la femme (indice atloïdien in- terne — 100), alors que son grand axe correspond à son diamètre antéro-postérieur — | vertical des animaux] — interne maximum chez l'homme (indice atloïdien interne — 96,7), le gorille (indice atloïdien interne — 88,2), l'orang (indice atloïdien interne — 83,3), le phoque (indice atloïdien interne — 93,3) et que son grand axe correspond à son diamètre transverse interne maximun chez l'ours (indice atloïdien interne — 108,6), le cheval (indice atloïdien interne — 116,6), le bœuf (indice atloïdien interne — 129,4) et la vigogne (indice atloïdien interne 129,0). En terminant, et après avoir renvoyé aux Traités de craniométrie pour l'étude des rapports du poids de l’atlas à celui du squelette cé- phalique, de Ia longueur des diamètres antéro-postérieur et transverse externes maximums de l’atlas à ceile des diamètres homologues du crâne, de la longueur des diamètres antéro-postérieur et transverse internes maximums de l’atlas à celle des diamètres correspondants du trou occipital, etc., j'ajouterai que même chez un Mammifère quel- conque, voire chez l'homme, le trou vertébral du premier élément de la tige osseuse cervicale et le trou occipital sont bien loin d’avoir constamment une étendue en surface et une forme identiques. VARIATIONS DE CONNEXIONS. — Soudure de l'atlas à la base du crâne (Assimilalion of the atlas and occiput, de T. Dwight, de Swjetschni- kow, elc.; Atlanto-occipital fusion, de Macalister; Sacralisirung d'AI- brecht (1); Sacralisation, occipitalisalion de l'atlas ; ankylose occipilto- alloïdienne, etc.) I. Chez le fœtus. — La continuité de l'atlas cartilagineux et de l'oc- cipital cartilagineux sur le fœtus humain a été observée par Sol- ger (2). Ce vice de conformation existe sur un fœtus humain, atteint de méningocèle, conservé au Muséum de l'Université de Cambridge (Angleterre). IT. Chez l’homme fait. — Le professeur Macalister (3) en a distingué quatre variétés, en indiquant les autres malformations que peut offrir dans deux de ces cinq variétés, chacun des deux os inséparablement unis : 4) Une dans laquelle l’une ou l’autre ou l’une el l’autre des apo- (1) AzBrECcuT, Corresp. bl. d. deutsch. anthrop. Gesellsch., 1884. (2) Soccer, Centralb. f. allg. path. u. path. anat., 1, p. 154, 1890. 3) A. MACALISTER, Journ. of Anal. and Phys., p. 519. London, 1893. 58 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE physes transverses de l’atlas sont libres en partie ou en totalité, et celui-ci tout entier ou sa moitié droite ou sa moitié gauche seule- ment, synostosés à l'occipital ; 8) Une variété dans laquelle les deux masses latérales et l'arc pos- térieur ainsi que la totalité ou une partie des deux apophyses trans- verses ou de l’une ou de l’autre des deux apophyses transverses de l’atlas sont fusionnés avec l’occipital, mais dans laquelle il existe entre le « centre » de l'arc antérieur de l’atlas et l'os de la nuque un certain intervalle; y) Une variété dans laquelle les condyles de l’occipital et les masses latérales de l’atlas sont confondus, mais dans laquelle les deux arcs et les deux apophyses transverses de ce dernier sont indépendants; à) Une variété dans laquelle l’atlas est fixé à l’occipital par l’inter- médiaire d’une de ses apophyses transversessoudée à un processus pa- racondyleus. Dans cette variété le processus paracondyleus qui fixe l’apophyse transverse de la première vertèbre du cou à l’occipital est constitué : 1° soit par un prolongement descendant de l’occipital, ou pour être absolument précis, de l’exoccipital et un prolongement ascendant de l’apophyse transverse ankylosés au niveau de leur point de jonction ; 2° soil par un prolongement descendant de l’exoccipital soudé à l’apophyse transverse ; 3° soit par un prolongement ascendant de l’apophyse transverse fusionné avec l’exoccipital. De ce que le prolongement descendant de l’exoccipital peut être articulé avec le prolongement ascendant de l’apophyse transverse, le prolongement descendant de l’exoccipital, avec l’apophyse transverse et le prolon- gement ascendant de l'apophyse transverse, avec l’exoccipital, Maca- lister a induit que le processus paracondyleus est dû à l’ossification des tractus fibreux, se continuant avec le ligament gléno-sus-trans- versaire, qui relient, à droite et à gauche, l'exoccipital à l'apophyse transverse de l’atlas. Dans la plupart des cas, non. Et ce qui le dé- montre bien, c’est que l'Institut anthropologique de Brunswick pos- sède le crâne d’un enfant de neuf mois qui a été étudié par Uhde (1) et qui a une apophvse paroccipitale et que mon ancien maître et collègue le professeur Courbon gardait la tête d’un fœtus masculin de huit mois et demi qui offrait à droite cette apophyse. Dans l'espèce humaine où elle peut apparaître pendant la vie fœtale et reproduit, après, une disposition normale de maints animaux, elle doit donc être presque toujours, pour ne pas dire toujours, considérée, ainsi que je l'ai établi il y a plusieurs années déjà (2), comme une variation (1) Une, Arch. f. klin. Chir., 1866. (2) Cf.mon Trailé des variations des os du crâne, p. 73, et mon Trailé des varia- lions des os de la face, p. 416. a DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 59 de nature réversive et non comme le résultat de l'ossification de l'appareil ligamenteux qui relie l’exoccipilal à chacune des apophyses transverses de la première vertèbre cervicale ou de l'ossificalion d'un des droits latéraux de la tête (Amadeï et Lachi). L'attache à l'occipital de l’atlas au moyen d'un processus paramas- toïde qui l’immobilise plus ou moins complètement, a été signalée, en plus de Macalister (5 cas), de Uhde, par Allen, Sandifort (1), Meckel (2), Tesmer (3), Knape (4), Leveling (5), Th. Dwight (6), etc. Pour Macalister, la troisième de ces quatre variétés d’ankylose atloïdo-occipitale est la plus commune et engendrée par une «osteitic or arthrilic inflammation » dont les traces persistent et la seconde, compliquée, sur certains sujets, d’un défaut de fermeture de l'arc antérieur de l’atlas, d'une hypertrophie de la partie moyenne de cet arc avec atrophie de chacune de ses racines, d'une absence d’une partie ou de la totalité de l’une ou l’autre des deux moitiés de l'arc postérieur ou de l’ossification des ligaments occipito-odontoïdiens latéraux. L'ankylose atloïdo-occipitale peut s'accompagner, en effet, non seulement de défectuosités dans la constitution de l’une ou l'autre des divers éléments de l’atlas et surtout dans la constitution de son arc postérieur, mais encore d’un ou de plusieurs vices de développe- ment des os du crâne et des muscles, plus particulièrement de l'occi- pital, des os de la face et des dents, des autres vertèbres cervicales, des vaisseaux, des nerfs, des ligaments de la nuque ; d'un état sclé- reux ou pneumalique des apophyses mastoïdes, d'un élargissement d’une des fosses cérébelleuses, d'une augmentation de nombre des trous condyliens antérieurs, d’une absence du trou condylien posté- rieur, d'un bourrelet occipital transverse, d’une procidence exagérée de l'inion, de modifications dans les dimensions de la goutlière de chaque sinus latéral et des trous jugulaires, d'une fossette cérébel- leuse moyenne, d’un condyle basilaire médian, d’une apophyse para- mastoïde, d'un os odontoïdien soudé à la face postérieure de l'arc antérieur de l’atlas, de la fusion plus ou moins complète des apo- physes transverses el des corps des 3° et 4° vertèbres cervicales entre eux, d'une absence ou d’un état rudimentaire des muscles grands (1) SANDIFORT, Mus. anat., II, XIV, 31, et Éxercilal. academ., 1, p. 10. (2) Meckec, Arch. f. Phys., 1, p. 644, pl. VI, fig. 35 et Anal. phys. beobacht u. unlersuch., p. 178. (3) TesMer, Rudolphi, observ. osteolog. Berlin, 1812. (4) KnaPe, ScaurtE, De luxal. spontan. allantis el epistrophei. Berol., 1SL6. (5) LEVELING, Observ. analom. rar., p. 134, pl. V, fig. 1. Norimber, 1787. (6) Tu. Dwicur, Boston med. and surg. Journ., 1903. Journ. of med. research., p. 17. Boston, 1904 et T'he anal. record, n° 6, 1909. 60 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE droits postérieurs, grands obliques, petits droits postérieurs, petits obliques, droits latéraux, petits droits antérieurs de la tête, de l’ossi- fication du ligament occipito-odontoïdien médian ou de celle des liga- ments occipito-odontoïdiens latéraux, etc. En 1870, Sangalli (1) a publié deux observations dans lesquelles il a avancé que le torticolis congénital est parfois la conséquence de la soudure, plus ou moins complète, de la première vertèbre cervicale au crâne. En 1881, Zoja, plus explicite encore, a affirmé que c'est dans un arrêt de développement en hauteur de l'un ou l’autre des condyles de l’occipital ou de l’une ou l’autre des masses latérales de l'atlas ou à la fois de l’un ou l’autre des condyles de l’occipital et de l'une ou l’autre des masses latérales de l’atlas adjacents, arrêt de développement en hauteur pouvant atteindre, en ce qui concerne l’un ou l’autre des condyles de l’occipital, o em. o1, qu'il faut chercher la cause du torticolis qui peut accompagner la synostose occipito- atloïdienne constatée au moment de la naissance. En 1900, F. Re- gnault, d’abord, et Appert, ensuite, ont noté que dans chacun des cinq cas de cette malformation qu'ils ont rencontrés et dans un des deux cas qui en ont été rencontrés par Mouchotte, la première ver- tèbre cervicale avait : a) Subi un tassement du côté où l’ankylose était le plus prononcée ; b) Exécuté un mouvement de rotation autour de son axe vertical, de sorte que le sommet de l’apophyse transverse du côté où l'anky- lose était le plus accusée, était contenue dans un plan vertical situé en arrière de celui dans lequel était contenu le sommet de l’apophyse transverse du côté où l’ankylose était le moins accusée; c) Son arc postérieur ouvert et les portions existantes de cet arc totalement ou partiellement absorbées par l’occipital, atrophiées et déformées. En 1903 et en 1904, après un examen attentif de diverses pièces anatomiques sèches du Warren Museum de l'Université de Harvard, le professeur Th. Dwight a insisté sur le terrible danger auquel est ex- posé sans trève un individu atteint d'une ankylose occipito-atloïdienne, congénilale ou non, avec distorsion de la tête, en même temps qu'il a appelé l'attention des anthropologistes sur la tendance qu'ont, chez cet individu, les dents et les os de la face, déviée et inclinée à droite ou à gauche à s'adapter aux nouvelles conditions biologiques qui leur sont imposées. Une pièce anatomique sèche (n° 7970) du Warren Muséum est principalement démonstrative à cet égard. C’est le sque- (1) SANGALLI, Rend. d. Istit. lomb. Milano, 1870. 2) F. REGNAULT, Bullet. de la soc. anal. de Paris, pp. 601, 1049. Paris, 1900. (3) APPERT, leod. loc., p. 58. Paris, 1900. 4) MouCHOTTE, leod. loc., p. 873. Paris, 1899 et p. 735. Paris, 1900. MT DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIFR 6] lette céphalique et les deux premières vertèbres cervicales d'une femme adulte. L’arc antérieur de l’atlas est libre, mais chacune des moiliés de son arc postérieur, ouvert en arrière, est partiellement fusionnée avec l’occipital ainsi que la totalité des masses latérales de cette vertèbre. L'axis à subi autour de son axe vertical un mouve- ment de rotation de gauche à droite, tel que la partie inférieure de son corps et l’apophyse odontoïde qui le surmonte sont intimement unies, la première, à la facette articulaire inférieure de la masse laté- rale gauche ; la seconde, à la face interne de la masse latérale droite de l’atlas dont le sommet de l’apophyse transverse du même côté est situé un peu en arrière de celui de l’apophyse transverse du côté opposé. Le calibre du canal rachidien n'est pas assez rétréci à ce niveau pour que le bulbe ait pu être comprimé à ce niveau, mais il ne s'en faut guère. La face est tournée à droite, mais, par un fait curieux d'adaptation, les dents et la suture internasale se sont inclinées à gauche. Ainsi que l’a remarqué mon savant collègue et ami le pro- fesseur Th. Dwight, « the vital effort Lo correct a deformily is a fea- ture wich apparently has been neglected in studies of the face ». L'état des surfaces articu]aires inférieures de la première vertèbre atteste que dans ce cas la difformité est ancienne, mais n’a pas pré- cédé la naissance. Dans le numéro du Progrès médical du 19 juillet 1910, F. Regnault dit qu'il possède actuellement les observations de 15 crânes présen- tant chacun un atlas soudé au crâne. Et sur chacun d'eux il a remarqué : 1° que l’atlas dans sa portion unie à l’occipital n'offrait aucune trace d’inflammation; + qu'il n'était point complètement ossifié (sur 9 d’entre eux les deux branches de l'arc postérieur étaient séparées par un large intervalle et sur 1, les deux branches anté- rieures ne faisaient que se toucher); 3° qu'il était atrophié dans le sens vertical (la masse latérale qui s’élait éloignée de l’apophyse mastoïde correspondante était amincie, et les deux branches de l'arc postérieur, apointies); 4° qu'il était déplacé latéralement, autrement dit son lubercule antérieur en dehors de la ligne sagittale médiane : 9° que le crâne élait le siège de plusieurs déformations du côté où l’atlas s'était éloigné de l’apophyse mastoïde, qu'on y remarquait : 4) Une augmentation de densité, de longueur et d’effilement de cette apophyse; 6) une dépression de l'occipital produite par la masse laté- rale de l’atlas; y) une diminution de hauteur et un accroissement de largeur de la boîte cranienne; à) un élargissement de la fosse céré- belleuse, etc. J'arrive à Varaglia; ses dissections, à l'Institut anatomique de Turin, de sujets dont le jeu de l'articulation occipilo-atloïdienne était supprimé ou gêné par une ankylose, datant de loin, confirment ce 62 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE que j'ai dit plus haut des modifications que subissent non seulement les deux os qui entrent dans la constitution de cette articulation, mais encore souvent les os sous-jacents et les parties molles voisines. Si. parmi les 49% sujets, masculins et féminins, Européens ou non et d’âges divers étudiés à ce point de vue par Varaglia il y en avail trois (1) où les désordres étaient limités à l’atlas et à l’occipital, il y en avait aussi, par contre : Un dont l'arc antérieur et les masses latérales de l’atlas adhéraient solidement dans toute leur étendue, le premier, au bord postérieur de l’exoccipital, les secondes, aux condyles de l’exoccipital et dont chaque apophyse latérale, mesurant un demi-centimètre de longueur, était percée de trois trous (le canal transversaire et deux foraminula), le canal condylien antérieur gauche, très étroit et les muscles petits droits postérieurs, petits obliques, droits latéraux et petits droits, absents ; Un dont la moitié gauche de l’atlas, dépourvu de son demi-are pos- térieur, était intimement unie au crâne, les muscles grand droit pos- térieur et grand oblique gauches de la tête, rudimentaires et un peu graisseux et les muscles petits droits postérieurs de la têle man- quants ; Un dont la moitié gauche de la première vertèbre cervicale, dont la moitié droite avait été malheureusement égarée, était complètement fusionné avec l’occipital. Cette moitié gauche était terminée, en arrière, par une pointe très effilée et, en avant, par une facelte arti- culée avec une facette de même forme et de mêmes dimensions occu- pant l'extrémité gauche d’un osselet mesurant o cm. o1 de longueur. L'extrémité droite de cet osselet offrait également une facette articu- laire. Aucun des deux condyles de l’occipital ne faisait défaut. De sorle que l’atlas était vraisemblablement formé par trois pièces osseuses: deux latérales qui n'arrivaient au contact, en arrière, et une antérieure, médiane, articulée avec elle. Le foramen de l’apophyse transverse gauche de celte vertèbre n'élait pas fermé en avant. (1) Trois sur chacun desquels l'arc antérieur, les apophyses articulaires et la moitié gauche de l’arc postérieur de la première vertèbre cervicale étaient soudés à l'os de la nuque. Sur l’un de ces trois sujets, le quart postérieur du demi-arc postérieur gauche de l'atlas manquait; sur un autre, les deux demi- arcs postérieurs de l'atlas se rejoignaient sans se confondre ; sur le dernier, la moitié droite de l'arc postérieur de l'atlas faisait défaut, la racine antérieure et la racine postérieure de l'apophyse transverse gauche de cette vertèbre étaient reliées l'une à l’autre par un tractus fibreux et la racine antérieure de l’'apophyse transverse droite, entièrement indépendante, de la racine posté- rieure, articulée avec un processus paramastoideus. EM DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 63 Cas personnels. I. J. M., jardinier, célibataire, mort d'une affection cardiaque, à l'âge de 52 ans, le 20 avril 1889, à la salle 12 de l'Hôpital général de Tours, où il était entré la veille au soir. Des renseignements que m'a fournis un parent de J. M., il appert que ce dernier a eu, à onze ans d'intervalle, en 1876 et 1887, deux attaques de rhumatisme articulaire aigu, violent, généralisé, qui ont duré, chacune, un peu plus de trois semaines et dont la dernière fut l’origine d'une maladie de cœur el d’une certaine gêne dans les mouvements de la tête. A l’autopsie qui fut faite par mon prosecteur Hahusseau qui était en même temps l'interne du service hospitalier où J. M. avait été placé, on constata un rétrécissement considérable de l'orifice mitral, compensé par une hypertrophie excentrique du muscle cardiaque. Un liquide citrin remplissait la cavité abdominale ; le scrotum, les deux membres inférieurs dans toute leur longueur étaient très œdématiés et la base de chacun des deux poumons, infiltrée de sang, mais les autres viscères n'offraient rien de particulier. Les articulations des bras, des jambes, du tronc et de la colonne vertébrale jusqu'à l’atlas, semblaient n'avoir jamais été enflammées ; seule, la synoviale qui se réfléchit dans le cul-de-sac supérieur des jointures du genou, était, à droite, un peu injectée et légèrement épaissie. La diarthrose occipito-atloïdienne était, par contre, le siège d'alté- rations bien marquées : dans son tiers antérieur chacun des condyles de l’occipital était étroitement uni à la partie sous-jacente de la masse latérale de l’atlas correspondant alors que, dans ses deux tiers posté- rieurs, chacun des condyles de l’occipital était séparé de la partie sous-jacente de la masse latérale de l'atlas correspondante par une synoviale fongueuse, reposant sur une mince couche de cartilage ulcéré et délaché par place du tissu osseux déformé, plus dense, sec et comme éburné. La circonférence de chacun des condyles de locci- pital et de celle de chacune des masses latérales de latlas étaient, de plus, dans leur tiers antérieur, recouvertes, de-ei de-là, de stalagmiles osseuses d'autant plus volumineuses qu'elles étaient situées plus bas, comme si on eût versé de haut en bas à la surface de la portion synos- tosée de l'articulation une solution sirupeuse, Les ligaments occipito- _atloïdiens avaient en majorité disparu et ceux qui persistaient élaient presque tous épaissis, rigides, incrustés de sels calcaires. Les deux arcs de la première vertèbre cervicale élaient hbres de toule adhérence, ses facelles articulaires inférieures normales ainsi que sa facelte articulaire odontoïdieune et ses apophyses lransverses, mais ses trous de conjugaison étaient un peu rétrécis. Son axe antéro- 64 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE postérieur médian était contenu dans le plan sagittal médian du ba- sioccipital. L'articulation occipito-atloïdienne qui mesurait à droite età gauche, 16 millimètres de hauteur en arrière de la soudure mesurait 2 milli- mètres de moins au niveau de cette soudure. Sa longueur égalait, de chaque côté, 21 millimètres et sa largeur, 8 millimètres. L'os de la nuque avait un inion très saillant et trois trous condyliens antérieurs à gauche. La tête n’était ni déviée ni inclinée à droite ou à gauche. IL. Il s'agit dans ce second cas d’un homme adulte dont le crâne provenant du cimetière d’une commune des environs de Tours, m'a été donné, au commencement de l’année 1900, par le docteur Chartier, ancien interne des hôpitaux de Paris, et à la description duquel mon ex-prosecteur le docteur Bourdier, également ancien interne des hô- pitaux de Paris, a consacré les lignes suivantes: « Description générale. — Crâne volumineux présentant un déve- loppement considérable des bosses pariétales, de la tubérosité du maxillaire supérieur et une dépression sagittale prélambdatique et, à gauche, deux trous pariétaux. « Description spéciale. — Les masses latérales de l’atlas sont com- plètement fusionnées avec les condyles occipitaux et la moitié gauche de l'arc postérieur, avec le rebord correspondant du trou occipital. L'arc antérieur est libre. La synostese partielle de la première ver- tèbre cervicale avec l’os de la nuque a pour effet : «1° De diminuer l'étendue du trou occipital devenu occipito-rachi- dien (le diamètre transverse de ce trou mesure 26 millimètres ; son dia- mètre antéro-postérieur basio-opisthiaque (1), 34 millimètres : son dia- mètre antéro-postérieur odontoïdo-opisthiaque (2), 32 millimètres) ; «2° De déterminer, à droite et à gauche, entre l'apophyse lrans- verse el la partie antérieure de l’arc postérieur de l’atlas, d’une part, et l’apophyse jugulaire, d'autre part, un cavum assez considérable ; « 3° De masquer, à droite et à gauche, la fossette condylienne anté- rieure. « À signaler encore, du côté de l’occipital, l'absence du trou condy- lien postérieur et du côté de la première vertèbre cervicale : « 4) Le volume de l'arc antérieur dont le tubercule médian est très rugueux et très saillant ; « 6) L'état rudimentaire et asymétrique de l'arc postérieur qui a un tubercule médian bifide ; « (1) De la partie inférieure de l'axe sagittal médian de l’apophyse basilaire de l’occipital au milieu de la face antérieure de l'arc postérieur de l’atlas. « (2) Du milieu de la face postérieure de l’apophyse odontoïde au milieu de la face antérieure de l'arc postérieur de l’atlas. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 65 « y) L’affaissement de celte vertèbre à gauche où la synostose est plus étendue, porte à la fois sur la masse latérale, la moitié du bord supérieur de l'arc postérieur, le foramen occipital qui les avoi- sine ; « à) Le mouvement de rotation de droite à gauche accompli par celte vertèbre et, par suite, l’en- trecroisement de son axe sagit- tal médian avec l'arc sagiltal médian du crâne ; la situation de l'extrémité libre de chacune de ses apophyses transverses dans un plan vertical différent (l'extrémité libre de l'apophyse transverse gauche est siluée en arrière de celle de l'apophyse transverse droite). » III. Le crâne et la colonne vertébrale dont il est question dans ce cas sont ceux d'un idiot adulte, décédé pendant le mois de décembre 1902, à l’Asile des aliénés de Tours. Ils m'ont été remis en même temps que les notes ci-jointes ‘par le docteur Max Bernardeau. « L’allas est intimement uni à l'occipital par ses masses lalé- rales. Chacune de ces masses forme avec le condyle de l'oc- cipital sus-jacent un cylindre osseux homogène légèrement aplati transversalement et dont l'axe vertical mesure, à droite, 15 millimètres, à gauche, 16 mil- limètres et l’axe antéro-posté- rieur, 22 millimètres à droite « La partie moyenne de l'arc condyle occipital et la portion du C Soudure de l’atlas et de l'occipital chez l'homme. ab, plan cranio-facial sagilttal médian ; cd, plan cranio-facial oblique indiquant Île mouvement de rotalion de droite à gauche qu'a subi, au cours de la vie fœtale, l'atlas avant son ankylose; — ace, amplitude de l'angle ouvert en avant résullant du mou- vement de rotalion de droite à gauche qu'a subi, au cours de la vie fœtale, l'atlas avant son ankylose. et 19 millimètres à gauche. antérieur de l’atlas est libre, mais chacune des extrémités de cet arc est soudée au bord antérieur du trou occipital. Une rainure, large et profonde, séparant chacune des racines de cet arc de l'os de la nuque dénote seule qu'elles étaient VERTÉBRALE, b 66 TRAITÉ DES VARIATIONS DES 05 DE LA COLONNE VERTÉBRALE primilivement, l'une et l'autre, indépendantes. L'arc postérieur de la même vertèbre est ouvert en arrière, déformé et ce qui en reste ne fait qu'un avec l'occipital. Sa moitié droite est représentée par une Soudure de l'atlas et de loccipital chez l'homme. ab, plan cranio-facial sagiltal médian; — cd, plan cranio-facial oblique indiquant le mouvement de rotation de gauche à droite qu'a subi l’atlas pendant la vie fœtale avant son ankylose; — ace, amplitude de l'angle ouvert en avant ré- sullant du mouvement de rotation de gauche à droite qu'a subi pendant la vie fœtale l’atlas avant son ankylose. lamelle osseuse verticale, tran- chante inférieurement et que termine, à 1 centimèlre en dehors de l’opisthion, un pe- til renflement ovalaire; sa moitié gauche est constituée par une plaquette osseuse ho rizontale qui s’effile progres- sivement pour finir, à 2 cen- timètres et demi en dehors de l’opisthion, par une pointe qui n’a aucune connexion avec l’occipital. «. L'apophyse transverse gauche de l’atlas n'offre rien de particulier alors que l'apo- physe transverse droite, au contraire, est confondue, sauf au niveau de ses deux racines, avec un processus parocCipi- tal. L'atlas a subi un mouve- ment de rotation de gauche à droite, d'où résulle que le sommet de l’'apophyse trans- verse droite est contenu dans un plan vertical situé en ar- rière de celui dans lequel est contenu le sommet de l'apo- physe transverse gauche. Le tubercule de l'arc antérieur de la première vertèbre cer- vicale est placé à 7 millimètres à droite du plan sagittal mé- dian du basioccipital. Les di- mensions du trou occipital sont normales, mais il existe un bourrelet occipital très saillant. A l'exception de chacun des sus-maxillaires dont la cavité sinusienne a presque entièrement disparu par suite de l’'enfoncement de sa paroi antérieure qui s’est, du côté du nez, accolée à la paroi interne, les autres os de la face n’offrent aucune particularité méritant d’être signalée. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 67 « Il a été impossible de recueillir des renseignements sur l’habitus extérieur, les antécédents et la cause de la mort de l'individu porteur de cette ankylose occipito-atloïdienne. » C'est R. Columbus (1) qui a fait le premier mention de la soudure de l’atlas à l'occipital. Après lui, Morgagni (2) a écrit que ces deux os pouvaient être assez fusionnés : Ul{ unum idemque os essent tum ea vertebra, lum occipitium. Ultérieurement, en dehors de R. Columbus, de Morgagni et des autres anatomistes précités, la synostose atloïdo- occipitale a été rencontrée sous l’une ou l'autre de ses diverses formes et sur des sujets, masculins ou féminins, plus ou moins âgés et appartenant à diverses races (3), par W. Gruber (4), Boxham- mer (5), Luschka (6), Sommer!7), Gräwitz (8), Langerhans (9), Schiff- ner (10), Struthers, Lombroso (11), Legge (12), Romiti (13), Gurlt (14), Tabarrani (15), de Paoli (16), Fusari (17), Titone (18), Mingazzini (19), Fr. Russel (20), W. Allen (21), Morsell (22), Kuss (23), Casprzig (2/4), E (1) R. Coczumeus, De re anat., lib. XV. Parisiis, 1752. (2) MorGAGNI, De sedib. ef caus. morbor. Epist. LXXIX, 8. (3) L'existence d'une synostose atloïdo-occipitale a même été constatée par Th. Dwight sur une momie égyptienne datant de plus de 4.000 ans et sur un Indien exhumé d'un des tombeaux de pierre préhistoriques du Tennessee. (4) W. GRUBER, Beobacht. a. d. menschl. u. vergleich. anal., p. 17. Berlin, 1879. (5) BOxHAMMER, Zei!schr. f. ralion. medic., IT, Reiïhe, bd. XV. (6) LuscaKka, cit. par MACALISTER. (7) SOMMER, Virchow’s Arch., XCIV, p. 1. (8) GRAWITZ, Virchow’s Arch., LXXX, p. 463. (9) Ce cas a été observé par LANGERHANS (Virchow’s Arch., CXXI, p. 373, 1590). La synchondrose était entièrement cartilagineuse, sauf au niveau de la moitié gauche de l'arc postérieur de l’atlas. (10) SCHIFFNER, Virchow’s Arch., bd. LXXIV, 1878. (11) STRUTHERS, LOMBROSO, passim. (12) LEGGE, Arch. d. psich., p. 384, 1883. (13) RomiTi, Varielà ossee, p.10. Napoli, 1880. (14) GurLT, cité par MACALISTER. (15) TABARRANI, Ali d. accad. d. se. d. Siena, 1867. (16) DE Paozr, cité par MACALISTER. (17) Fusari, D. princip. varielà presentale d. ossa d. tronco e d. testa esislenti nelmus. anal. d. Universilà d. Messina, pp. 9-16. Palermo, 1889. (18) TITONE, Anom. anat., p. 6. Palermo, 1893. (19) MiNGAZzziNT, Osserv. anal. soprà 75 crani d'alienali, p. 18 et Contribulo alla craniologia d. alieneli, pp. 36-39. Torino, 1893. (20) F. RUSSEL, American naluralist, p. 742, 1900. (21) W. ALLEN, Journ. of Anal and Phys., p. 18, 1879. (22) Morsezzt, Riv. sperim. d. fren. e d. med. leqg., 1888. (23) Kuss cilé par Moucuorre. (24) CasprziG, /naug. dissert., Greifswald, 1874. 68 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Virchow (1), Taruffi (2), Civinini (3), Henle (4), Schwegel (5), Sol- berg (6), Bogstra et Boogaard (7), Tenchini(8), Vram (9), Serger (10), Lambl, Phœbus, Calori, Hyrtl (11), M. Pitzorno (12), Bernardo Pinto (13), L.Bolck(14), Guiffrida-Ruggeri (15), Swjetschnikow (16), Schumacher (17), Smith (18), etc. Bien que beaucoup d’anatomistes en ait parlé, que quelques-uns l’aient même observée plusieurs fois (Th. Dwight, 16 fois ; Macalister, 8 fois ; Zoja, 7 fois (19); Varaglia, 6 fois; Fusari, 5 fois ; F. Regnault, 19 fois ; l’auteur, 3 fois, etc.), la malformation dont il s'agit n'en est pas moins très rare. Elle n'a été trouvée effectivement que : > fois sur 780 Italiens par Legge. 1 — 400 (20) — M. Pitzorno. 6 — 49% — Varaglia. 3 — 400 Tourangeaux par l’auteur. Soit 45 — 1.714 sujets masculins et féminins de divers pays. Soit sur 0,84 p. 100. Frank Russel qui l’a recherchée sur les crânes américains anciens et modernes que renferme le Peabody Museum de l'Université de (1) VircHowW, Beit. z. phys. anthrop. d. Deutschen. Berlin, Akad., p. 340, 1876. (2) Tarurr1, Mem. d. Accad. d. Bologna, 1880. (3) Crvinini, /ndice d. arlicoli d. Mus. d. anal. fisiol. d. R. Universilà d. Pisa, p. 71. Luccæ, 1842. (4) HENLE, cit. par STRUTHERS. (5) SCHWEGEL, Zeilsch. f. ral. medic., XI, p. 290. (6) SOLBERG, Allgm. Zeilsch. f. psych., p. 1, 1867. (7) Bo“srra et BooGaarD, Nederlandsch Tijdschrift voor Geneeskunde, Amst 1865. (8) TENCHINI, passim. (9) VRAM, Bollet. d. Soc. zool. ilal. Roma, 1903. (10) SERGER, [naug. disserl. Halle, 1888. (1) LamBz, PnoEgus, CaLoRI, HYRTL, cité par VRaM. (12) M. PrrzorNo, S. alc. nuove particolarità dell'atlante. Sassari, 1898. (13) Cf. Verlèbres cervicales, Variations de nombre par excès. (14) BOLCK, Anal. anzeig., pp. 497-506, 1906. (15) Cf. Arc postérieur, /rou rétro-articulaire inférieur. (16 SWJETSCHNIKOW, Arch. f. Anat.u. Phys., pp. 269-285, 1906. (17) SCHUMACHER, Anal. anz., pp. 145-159, 1907. (18) ELL10T-SMiTH, Brit. med. Journ., pp. 594-596, 1908. 19) Eu plus des 7 cas de fusion de la l"° cervicale et &@e l'os de la nuque qu'il a vus, Zoja a fait mention d'un autre cas dont il est question dans le catalogue du Musée anatomique (p. 19, n° 236, Vilna, 1842) de l’Académie médico-chirurgi- cale de Vilna. (20) Dont 50 d'atlas d'hommes et autant d'atlas de femmes. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 69 Harvard, l’a rencontrée dans les proportions indiquées dans le tableau ci-joint. ar A Nombre Proportion Nationalités. ; déeeTs centésimale, cranes examines- Esquimaux. . . LRU TOR 48. Nouvelle- Arte PRIE TRS 20 PT ue RD ONE PR AS Ut chu), e SE en NOR CORNE OP RE MMM DENNESSeCS. eu. 2 0, 908.1 .: nm... D. : 0,8 Nouveau-Mexique . . . . . . Fi, CEE Se ed de TA | AUOT EUS cn RC CP ESC ORE À RIRE ER | LITE ES CARRIERE EURE TETE DAV TR AN A ENR AO Mexique. . . SOUMET ARRET CENT TS (0 Amérique du Nord. PO PT UE 6 ss, 15106 Pérou PENTIER CES EPS PPS PRIOR ER LE DO RENTAL 210 jé 5 A Le professeur Macalister a relevé le pourcentage 0,14 sur les crânes figurant parmi les collections anatomiques du Musée de l'Uni- versité de Cambridge (Angleterre). De ce que Lombroso a noté sur 4 des 51 criminels ; de Paoli, sur 2 des 4 criminels et Morselli sur 3 des 43 aliénés qu'ils ont examinés, la présence d'une ankylose atloïdo-occipitale, plus ou moins complète, a-t-on le droit d'affirmer qu'elle est plus fréquente chez eux que chez les gens honnêtes el sains d’esprits ? Je ne le pense pas ; des statisti- ques basées sur l'étude comparative d’un nombre aussi insuffisant de délinquants et de fous ne signifient rien. Est-elle plus commune chez les épileptiques que chez les non-épileptiques ? On l'a prétendu égale- ment. Des neuro-pathologistes ayant. à l'autopsie de divers épilep- liques, rencontré un rétrécissement de la partie supérieure du canal rachidien, ont conelu que ce rétrécissement est une des causes, sinon la principale dés causes, des crises convulsives. De là à induire que la soudure, partielle ou totale, de la première vertèbre cervicale et de l'os de la nuque, qui peut être accompagnée d'un rétrécissement de la partie supérieure du canal rachidien, est plus commune chez les épilepliques que chez les non-épileptiques, il n'y avait qu'un pas. Ce pas des neuro-pathologistes, en Italie surtout, l'ont franchi. Ont-ils tort ? Ont-ils raison ? Je ne puis encore me prononcer à cet égard. Ce que je sais, c'est que bien qu'on n’attribue plus maintenant les crises convulsives du mal sacré à des troubles circulatoires du bulbe rachi- dien engendrés par sa compression, une émotion vive, elc., une obser- valion de division en deux parties de chacun des arcs de la première vertèbre cervicale, due à Kusmaul et que je résumerai plus loin (voy. Arc postérieur) témoigne péremploirement que cette manière de voir n'est pas toujours exacle. 70 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE ANATOMIE COMPARÉE. — Nombre d'anthropologistes prétendent que la synostose atloïdo-occipitale qui commence à se produire pendant la pé- riode, embryonnaire, mais qui n’est parachevée que dans les premières années qui suivent la naissance, la synostose alloïdo-occipitale con- génilale (1) comme ils l'appellent est, quels que soient son degré et son étendue, toujours d'origine atavique et a, de plus, une importance con- sidérable au point de vue de l'anatomie philosophique. Faisant appel à la théorie vertébrale du crâne, ils assurent que cette malformation tient à ce que, pendant la vie fœtale et sous l'influence de l’alavisme, un seg- ment vertébral de plus s’est ajouté à ceux qui entrent, comme Pont dit Albrecht, Froriep, etc., dans la constitution de la portion de l'occipi- tal qui est précédé par du tissu cartilagineux. Le basi-occipital s’est fusionné avec la vertèbre sous-jacente comme il s’est fusionné avec la vertèbre sus-jacente. Et cette internrétation est d'autant plus admis- sible, concluent-ils, que la soudure de l’apophyse odontoïde (corps de l’atlas) et du basion n'est pas rare et que celle du corps de l’axis et du corps de la troisième verlèbre cervicale s'observe plus souvent que celle des corps des autres vertèbres cervicales entre eux. J'ai fait connaître dans mon 7railé des variations des os du crâne de l’homme les faits qui plaident en faveur de la théorie vertébrale du crâne et les faits qui lui sont défavorables et si j'ai rejeté l’explica- ion qu'a donnée Albrecht de la segmentation du basi-occipital en deux fragments superposés, celle qu'a fournie Froriep de l’augmenta- tion de nombre des trous condyliens antérieurs, ete., j'ai convenu sans hésiter que la crêle occipitale externe, la communication du trou grand rond et de la fente sphénoïdale, celle du trou ovale et du trou déchiré antérieur, les facettes basiaque et opisthiaque, la rainure basiaque et péribasiaque, l'extension en hauteur des ares de latlas et de l'apophyse odontoïde, etc., plaident en faveur de cette théorie ou pour être très précis de cette théorie modifiée, par les découvertes récentes el non de cette théorie telle qu'elle a été exposée par Gœthe, Oken, Goodsir, E. Geoffroy Saint-Hilaire, Carus, Bojanus, de Blain- ville, Strauss-Durckheim, Lavocat, Owen, etc. La voûte tout entière et la partie antérieure du crâne sont consti- tués comme des os dermiques dont on ne peut saisir l’origine qu'en étudiant les animaux pourvus d'un exo-squelette (2). La théorie verté- 1) On peut lui garder ce nom, mais en se souvenant que si elle est due à un trouble de développement pendant la vie intra-utérine, elle n'arrive au terme de son évolution qu'après. L'atlas, pour ne parler aue de lui, n’est complète- ment ossifié qu'assez tardivement. L’ossification de l'arc antérieur ne commence que dans le 6° mois et l’occlusion du foramen transversaire ne s'opère généra- lement que dans le courant de la 6° année, qui suivent la naissance, etc. (2) Les Tortues et les Talous, pourvus d'une carapace, les Crocodiles, de plaques cutanées, etc. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 71 brale du crâne telle qu'elle a été exposée par Gæthe el les autres na- turalistes dont je viens de citer les noms, ne peut donc être conservée que pour la base du crâne où l’on constale une tendance à des forma- tions métamériques dans la coulée cartilagineuse qui va jusqu'à la selle turcique sans délimitation de vertèbres proprement dites. En admettant même que Solger dise vrai, que l'ankylose congéni- tale, plus ou moins complète, de l’atlas et de l'occipital de l'homme, lient à ce que ces deux os naissent dans un seul et même anneau car- tilagineux péricordal, je n’en ai pas moins l’inlime conviction qu'elle n’a rien de commun avec les variations réversives ou ataviques de l'homme, qu'elle est d’origine pathologique. Et si j'en parle ici, c’est parce que mon opinion sur sa uature, de même que mon opinion sur la nature des synostoses vertébrales humaines infantiles sous-atloï- diennes totales ou partielles, ne concorde pas avec les idées cou- rantes. : Ces idées courantes sur la soudure, bien ou mal marquée, de la première verlèbre cervicale el de l'os de la nuque dans l’espèce hu- maine, dans les premiers temps de l'existence me semblent infirmées, en effet, par l'anatomie comparée, l’embryologie et l'anatomie patho- logique. Les Célacés, les Tatous et parmi les Édentés fossiles, les Glypto- dons, dont un plus ou moins grand nombre de vertèbres cervicales ou toutes les vertèbres cervicales sont fusionnées entre elles, ont un atlas indépendant de l’occipital où de l’occipital et de la colonne os- seuse sous-jacente. D'après Camper (1), Rudolphi (2), ete., les Baler- nes se distingueraient des Dauphins et des Cachalots par « l'isolement de la première cervicale et même de toutes ». « J'ai observé, a écrit Meckel (3), cette disposition sur deux jeunes baleines du Muséum de Paris, mais non chez les autres quoique, dans l’une de ces dernières, les 4°, 5°, 6° et 7° vertèbres fussent tout à fait séparées. Chez un fœlus presque à terme, toutes les vertèbres étaient plongées dans une .masse de cartilage commune, tellement qu'on ne pouvait rien déterminer. Chez une autre baleine, je trouvai l’atlas et l’axis soudés par leurs arcs ; les autres vertèbres étaient entièrement séparées. » L’atlas, porte chez beaucoup d'Urodèles, une sorte d'apophyse odon- Loïde articulée avec la région basilaire du crâne et deux surfaces arli- culaires pour recevoir les condyles des occipitaux latéraux. L'exis- tence de celle sorte d’apophyse odontoïde a conduit cerlains zooto- mistes à homologuer ici la première vertèbre cervicale à l’axis des (1) CAMPER, Célacés, p. 73. (2) Rupozpui, Berliner abhandl., p. 32, 1820-21 (Mém. de l'Acad. de Berlin). (3) J.-F. MECKEL, Trail. gén. d'anal. comp., trad. franç, de Riester et Sanson t. III, p. 394. Paris, 1829. 72 TRAITÉ DES VARIATIONS DES O$ DE LA COLONNE VERTÉBRALE autres Vertébrés. L'étude du développement montre que cette assimi- lation ne saurait être admise, En effet, l'apophyse en question se développe aux dépens de la région occipitale entourant la corde dor- sale et ne s'unit que plus tard à la première vertèbre cervicale (1). Chez le Siren lacerlina et chez les Amphibiens anoures, cette apo- physe odontoïde est très réduite ; x il n’en existe aucune trace chez les Cécilres. Il faut donc descendre jusqu'aux Poissons pour constater la fusion de la première vertèbre cervicale avec l’occipital. Au-dessus des Pors- sons, elle n'a, à ma connaissance du moins, été observée encore que par U. Vram (2) sur un Cynocé- phale. Or, dans ce cas, «le sque- letle facial était dévié (3); les con- dyles occipilaux et les masses laté- rales de l’atlas étaient inséparables, les facettes articulaires inférieures de ces masses latérales, asymétri- ques el le bord interne de la facette articulaire inférieure de la masse latérale gauche, en rapport avec le condyle occipital du même côté ; la \i facette odontoïdienne de la face postérieure de l’arc antérieur de la première vertèbre du cou man- quait, et la moitié gauche de l'arc postérieur de cette vertèbre était déformée et plus haut que d'ordi- Cine Soudure de l’atlas et de l’occipital chez le Cynocéphale. Mème légende que pour la pl. de la p.65. naire ». Et c’est pourquoi, il me semble que l’ankylose occipilo-atloïdienne de l’homme, qu'elle existe peu après ou apparaisse longtemps après la naissance, est toujours, quels que soient son degré et son étendue, comme l’ankylose des vertèbres sous-atloïdiennes humaines entre elles, d’origine pathologique. Dans ma première observation de soudure partielle de l'os de la nuque et- de l'atlas chez l'homme, il s’agit, à coup sûr, d'une altéra- 1) Sror, cité par WiEDERSHEIM, Lerhb. d. vergl. anal. der Wirbelth., vol. I, 1882. (2) U. VrAM, Bollel. d. Soc. zool. ilal. Roma, 1908. 3) « Lo scheleltro facciale devia verso il lalo destro. » PS RE ER RE DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER FE lion pathologique survenue, au cours de la vie, sous l'influence du rhumatisme. Les renseignements recueillis pos! mortem, l'infiltration œdémateuse des membres inférieurs, le rétrécissement de lorifice auriculo-ventriculaire gauche et l'hypertrophie du cœur, le dévelop- pement intégral de chacune des pièces de l’occipital et de la première vertèbre du cou, la situation dans le même plan et la continuité de l'axe sagittal médian de chacun de ces deux os, les lésions patholo- giques de ces deux os, ce qui reste des ligaments qui les unissaient, des cartilages qui les recouvraient, de la synoviale qui facilitait leurs mouvements, etc. : tout le démontre surabondamment. La contexture el par suite la configuration et la mobilité de l'articulation occipito- atloïdienne peuvent être, en eflet, comme celles de l’une ou l’autre des articulations vertébrales, modifiées après son complet développe- ment, aussi bien dans l'espèce humaine que dans les espèces ani- males, non seulement par le rhumatisme, mais encore par la spon- dylose rhizomélique, le mal de Pott, la cyphose hérédo-traumatique, le rachitisme, la sénilité, etc. C’est, par contre, à un trouble survenu, pendant la vie fœtale, dans le développement de la région de la nuque et plus particulièrement de son squelette, trouble de développement qui a persisté quelque temps après la naissance, qu'il faut attribuer, je pense, la fusion incomplète de la première vertèbre du cou et de l'occipital, dont il est question dans les deux observations rédigées par mes anciens élèves, Bourdier et Bernardeau. L'ouverture de l'arc postérieur de l’atlas, l’atrophie avec déformation de chacune des deux moitiés de cel arc, la diminution de hauteur du pilastre condylo-atloïdien du côté où la synostose est le plus accentuée, le mouvement de rotation de latlas autour de son axe vertical d'où résulte que l'extrémité libre de l'apophyse transverse du côté où la synostose est le plus accentuée est contenu dans un plan vertical situé en arrière de celui qui renferme l'extrémité libre de l’'apophyse transverse du côté opposé, les vices de conformation con- comitants de l’occipital en témoignent clairement. Et les derniers doutes qu’on puisse avoir à cet égard, s'’évanouissent de suite quand on songe qu'en dehors des malformations de l’atlas et de l’occipital, mentionnées dans les deux dernières observations d’occipitalisation de l’atlas que je dois à mes anciens élèves, Bourdier et Bernardeau, maintes aulres malformations, encore plus complexes des parties dures et des parties molles de la nuque, ont été signalées par divers analomisles dans les observalions d'occipitalisation de l'atlas qu'ils ont publiées. Qu'on invoque la théorie vertébrale du crâne, adaplée aux données de la science actuelle, pour expliquer la continuilé du crâne et de la colonne vertébrale chez divers genres de Poissons, cela n'est pas 74 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE défenda, bien que ce ne soit pas, à mon sens du moins, résoudre la question, mais la déplacer. L’invoquer pour justifier la fusion, com- plète ou incomplète, peu de temps après la naissance, de la première vertèbre cervicale et de l'os de la nuque chez l'homme me semble aussi inadmissible que de prétendre que la synostose totale ou par- tielle, d’un plus ou moins grand nombre de vertèbres humaines sus- sacrées dans les premières années de la vie, constitue une variation réversive provoquée par l'atavisme, parce que tous les éléments osseux ou carlilagineux rachidiens ou une partie de ces éléments, compris entre la première vertèbre cervicale et le sacrum, sont con- fondus pendant la vie, non seulement dans divers genres de Porssons, mais encore de Aeptiles, d'Oiseaux, voire même de Mammifères. Ainsi que j'ai déjà eu l’occasion de l'écrire (voy. Soudure des verle- bres entre elles, analomie comparée), lankylose vertébrale humaine sus-sacrée, commençant pendant la période embryonnaire, ne consli- tue pas un stade normal de l’évolution de l'embryon humain. Elle est parfois, d'autre part, unilatérale et quand elle est bilatérale, géné- ralement asymétrique, autrement dit ne porte pas, à droite et à gauche, sur les mêmes parties de chaque vertèbre et lorsqu'elle y porte ne les touche pas toutes au même degré, ce qui n'existe pas chez les animaux qui ont une partie ou la totalité de leurs vertèbres sus-sacrées fusionnées entre elles au moment de la naissance ou un peu après. À ces arguments qu'on peut opposer également aux parti- sans de l’origine atavistique de l’ankylose atloïdo-occipitale humaine débutant pendant la vie fœtale, il faut encore en ajouter un autre, savoir: que le torticolis, dû à l’affaissement unilatéral et au mouve- ment de rotation de l’atlas autour de son axe vertical, qui l'accom- pagne dans les cas observés par Sangalli, Zoja, F. Regnault, Appert, Thomas Dwight el moi et dans le cas observé par U. Vram chez le Cynocéphale dont l’atlas est, comme celui de l’homme, normalement libre au moment de la naissance, fait défaut chez les Poissons dont l'atlas est régulièrement, plus ou moins intimement uni, à l'oceipital. EL comme, enfin, à l'époque où commence à se manifester les effels de la cause d'où résulte dans les premières années de la vie la synos- tose atloïdo-occipitale humaine, complète ou incomplète, avec atro- phie et déplacement de l'atlas, jes tissus sont loin d’avoir, je suis aussi forcé de le répéter, la composition qu'ils ont à la fin de leur évo- lution embryologique, il n'est pas permis de dire que la synostose en question est la conséquence d'une ostéite, d'une arthrite, etc. Mais on a le droit d'affirmer, sans spécifier davantage, qu’elle est due, ainsi que les autres vices de conformation qui peuvent l’accompagner, à un trouble de développement de nature pathologique, encore mal déter- miné. Il serail intéressant, maintenant que la besogne est rendue plus DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER ) facile par la découverte des rayons X, de l’étudier au point de vue cli- nique. VARIATIONS PROPRES A CHACUNE DES DIFFÉRENTES PARTIES DE L'ATLAS ARC ANTÉRIEUR ABsExcE. — Elle peut être {otale ou partielle. L'absence lolale n'a élé observée jusqu'ici, à ma connaissance du moins, que par Th. Dwight (1), sur un homme de 20 ans, appartenant à la race blanche. Dans ce cas, chacun des bords de l’apophyse odontoïde était reliée par des tractus fibreux à la face interne de la masse latérale cor- respondante, et le sommet de cette apophyse, pourvu d'une facette encroûtée de cartilage articulé avec un condyle basiaque. La moitié gauche de l’arc postérieur, incomplètement développé, était rattachée, en avant et en arrière, par un ligament de nature conjonctive au reste de l'os dont chacune des moitiés pouvait, par suile, se mouvoir indé- pendamment de l'autre. La présence d’une solution de continuité au milieu de l'arc anté- rieur de la première vertèbre cervicale a été constatée, par contre, sur des sujets aduiles par Sômmering (2), Colomialti 3), Humphry (4), Hyrtl, Martini, elc.; un adolescent par Macalister (5), une adolescente par Varaglia (6), et une Tourangelle de 22 ans par moi. Sur l'atlas de celte Tourangelle l'intervalle qui sépare, au niveau du plan sag- gital médian, les extrémités, libres, effilées, des portions exis- lantes des branches droite el gauche de l'arc antérieur n'excède pas 15 millimètres. Quand la perte de substance de la partie moyenne de l'arc antérieur se réduit ainsi à une simple fente de quelques mlli- mètres de largeur, elle est généralement qualifiée: division verticale médiane de l'arc antérieur, segmentation de l'arc antérieur, etc. Sur le cadavre d’une nonagénaire qu'il a disséquée, Struthers (7) a vu (1) Tu. DwiGuar, Journ. of Anal. and Phys., vol. XXI. (2) SGMMERING, De corporis hum. fabr. cil., &. T, p. 218. (3) CozomarTri, loc. cit. suprä, p. 9. (4) Humpury, loc. cit. suprà, pl. VIN, fig. V. (5) MACALISTER, loc. cil. suprà, p. 528. (6) VARAGLIA, loc. cit. suprà, p. 11. (7) STRUTHERS, loc. cil. suprà, p. 19. 76 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE l'arc antérieur de l’atlas représenté par un ligament fibro-cartilagi- neux dans la moitié droite duquel était incluse une écaille osseuse mesurant3/8 de pouce de longueur et 1/6 de pouce de hauteur. a, absence de l’arc antérieur de l’atlas. ee Chez l'homme. Chez le Phascolome. A l'élat frais et quelles que soient sa forme et son étendue, l'ouver- ture anormale de l'arc antérieur de la première vertèbre cervicale est comblée par une lame fibro-cartilagineuse, reliquat du moule fibro- carlilagineux embryonnaire. 4 j DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 77 SYNGHONDROSES PRÉ-GLÉNO-ATLOÏDIENNES. — Le Musée Orfila de la Faculté de médecine de Paris contient un atlas d’adulte, vraisembla- blement celui d’un homme adulte. dont l'extrémité droile et l'extré- mité gauche de larc antérieur sont séparées de chacune des masses latérales correspondantes par une mince couche de tissu fibro-carti- lagineux. Cette anomalie doitêtre excessivement rare, car Je l'ai cher- chée en vain, avec le naturaliste Tramond et un de mes garçons d'amphithéâtre, E. Perrochon, sur plus de 500 atlas d'adultes. ANATOMIE COMPARÉE. — Les vertèbres du tronc du Lépidostrène n'ont pas de corps. Chezles Poissons homocerques,les centrums des éléments durs de l'extrémité distale du rachis sont, par suite d’un raccourcis- sement centripète et d’une confluence osseuse, moins nombreux que les arcs neuraux et hæmalaux existants. Enfin, ces centrums peuvent disparaitre complètement et les restes des arcs inférieurs subsistent seuls soit indépendants (Physostomes), soit fusionnés en une apophyse en forme de style (Acanthoplères), Le centrum semble aussi avoir disparu dans l’atlas des Mammifères, mais la généralité des anato- mistes actuels assurent (Voy. plus loin : Axis, os odonloïdien) que chez presque tous, il se soude au corps de l’axis dont il devient l'apophyse odontoide. L'arc antérieur de la première vertèbre cervicale ne mérite donc pas, selon eux, le nom de corps que lui ont donné les anciens anatomistes; c'est une partie nouvelle, enclavée entre les masses laté- rales de celle vertèbre pour servir d'appui à l'apophyse odontoïde et qui fait plus ou moius défaut chez quelques Drdelphes. Dans quelques Marsupiaux appartenant au genre Koala où Phasco- larctos l'arc antérieur de la première vertèbre cervicale est, en effet, entièrement cartilagineux (1) : dans les Poloroos el les Kanguroos, il est formé par deux pièces émanant, l’une de la masse latérale droite, l’autre de la masse latérale gauche et qui restent pendant un temps assez long (2), voire même pendant toute la vie (3), séparées l’une de l'autre par une fissure médiane, plus ou moins large ; dans les Péra- mèles el la Sarigque Caypolin, il est conslitué par une pièce centrale qui ne s’unit Jamais ou que très tard aux masses latérales. « Les deux moiliés du corps (l'arc antérieur) de la première vertèbre cervicale de la plupart des Marsupiaux, ne sont unies, a noté Meckel, que par une subs!ance cartilagineuse qui est étroite chez les Kangu- rous, très large dans les Phascolomes. puisque dans une vertèbre large de deux pouces, la lacune est remplie par un cartilage qui est long (1) Owen, Art. Marsupialia. (2) Paxoer et DaLron, in MINE Enwarps, Leç. s. la phys. el l'ana!. de l’homme el des unim.,t. X, pp. 281-282. Paris, 1874. (3) J.-F. MECKEL, loc. cit. suprà, t. I, p. 418. 78 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE d'un demi-pouce et haut de deux lignes. Le Phalanger renard (Pha- langisla vulpina) ressemble, sous ce rapport, au Kangurou ; le Phal. de Cook, le Phal. maculata et le Phal. rufa, au contraire, ressem- blent aux Phascolomes... Chez ceux-là même de ces animaux chez lesquels les deux moitiés latérales sont presque en contact, elles sont longtemps très distantes l’une de l’autre. Je trouve ainsi, chez un kangurou d'environ deux pieds de longueur, que l'intervalle en ques- tion occupe presque tout le tiers moyen de l'atlas. Comme j'ai observé celte disposilion remarquable sur tous les squelettes que j'ai examinés, c'est-à-dire sur au moins douze squelettes de Xangurous, sansancune exceplion, on peut la considérer comme constante. » Dans les Chéloniens et les Lacertiliens, l'atlas est, comme celui de l'homme pendant les premières anhées de la vie, constitué par trois pièces osseuses : une inférieure (antérieure dans l'espèce humaine) el ceux supéro-latérales. Toutes les anomalies humaines mentionnées dans les deux para- graphes précédents correspondent donc à des conformalions nor- males dans la série animale. Constituent-elles des dispositions propres à certains stades de l'évolutionde l’atlas de l'homme ? Les anatomistles ne s'entendent pas encore à cel égard. Cet os naît en effet: De,trois centres d'ossification principaux ou primitifs pour Ker- ckring, Cuvier, Rathke, Calori, A. Kôlliker (1), S. Thomas, C. Hasse (2), elc.: deux latéraux pour les lames etles masses latérales elun médian pour l'arc antérieur; De trois el quelquefois de quatre, — celui de l'arc antérieur pouvant être double, — pour Fallope, Sappey, Poirier, Rambaud et Renault, Cruveilhier, Zoja, Romiti, Leidy, etc. ; De quatre pour P. Lachi et A. Macalister, deux pour l'arc antérieur et deux pour les lames et les masses latérales; De trois, quelquefois de quatre et très rarement decinq, pour J. Clo- quet, deux pour les lames et les masses latérales et un pour l'arc anté- rieur, quelquefois deux pour les lames et les masses latérales et deux pour l'arc antérieur et très rarement deux pour les lames, deux pour les masses latérales et un pour l'arc antérieur ; De cinq pour Bichat, deux pour les lames, deux pour les masses latérales et un pour l'arc antérieur ; De cinq également pour Boyer, deux pour les masses latérales, un pour l'arc antérieur el deux pour l'arc postérieur ; De trois, quelquefois de quatre et très rarement de six pour (1) A. KôLzLiKER, Trail. d'embryol. trad. franc. de Schneider, p. 491, Paris, 1880. 2) C. HAssE, Analom. slud. Leipzig, 1872. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 79 Ch. Robin, deux pour les lames et les masses latérales el un pour l'arc antérieur, quelquefois deux pour les lames et les masses latérales et deux pour l'arc antérieur, ettrès exceptionnellement deux pour les lames et les masses latérales et quatre pour l'arc antérieur; De six pour Jamain, deux pour chaque arc etun pour chaque masse latérale. S'il faut en croire Meckel, l'arc antérieur de l’atlas humain procède d’un ou de plusieurs (?) noyaux principaux ou primitifs d'ossificalion qui s'unissent entre eux avant de rejoindre ceux desquels naissent les masses latérales et les lames dont les extrémités internes {le tubercule postérieur) ont pour origine un noyau d’ossification particulier. Cette manière de voir est partagé par Humphry qui ajoute, toutefois, que l'arc antérieur peut, à défaut d'un noyau d’ossification propre, être formé par une expansion en avant de chacune des masses latérales. Gray dit à peu près la même chose. Mes recherches sur l’ostéogénie de l’atlas humain qui ont porté sur 4o embryons de 4 semaines à 9 mois et 6o nouveau-nés et enfants de 1 jour à 10 ans concordent, je dois le dire, avec celles des professeurs P.Lachi et Macalister; je vais en exposer aussi succinctement que pos- sible les résultats. Vers la fin de la cinquième semaine ou au commencement de la sixième semaine de la vie intra-utérine, l'anneau cartilagineux qui constitue l'atlas primilif est, sauf en avant, complètement formé el, au niveau du point où l'arc postérieur s'unit aux masses latérales on dis- tingue déjà, à droite et à gauche, un noyau d’'ossification qui s'étend progressivement d’abord, en arrière, dans les lames, puis, en avant, dans les masses latérales et, enfin,en dehors, dans l'apophyse transverse et plus rapidement dans les premières que dans les secondes et dans celles-ci que dans la dernière. Dès le milieu du cinquième mois de la vie fœtale, l'apophyse odontoïde apparaît sous la forme d’un petit agglomé- rat de cellules carlilagineuses isolées, en avant et en arrière, du tissu fibreux ambiant par une fente étroite; le Lissu fibreux situé en arrière de la fente postérieure demeure tel quel et constitue le ligament transverse alors que le tissu fibreux, placé en avant de la fente antérieure el dans lequel se déposent d’abord des cellules cartilagineuses puis des sels calcaires devient l'arc antérieur. L'ossification de cet arc com- mence dans le sixième mois qui suit la naissance par deux centres d'ossification disposés symétriquement de chaque côté, près du plan sagittal médian, mais qui se confondent assez vite tout en conservant parfois, pendant quelque temps, un aspect bilobé. Du milieu de lare antérieur l’ossificalion se propage vers ses extrémités dont chacune se soude intimement dans le courant de la cinquième année à la masse latérale du même côté. Les deux moitiés, entièrement ossifiées de 80 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE l'arc postérieur, ne se rejoignent guère avant quatre ans et demi ; ainsi que le professeur Macalister, je n'ai jamais trouvé le point d’ossifica- tion médian de l'arc postérieur, décrit et représenté par J.-F. Meckel. Quant à l’occlusion osseuse du foramen transversaire, elle s'opère à une date très variable, généralement pendant la sixième année. La constitution fibro-cartilagineuse de l’atlas humain est un fait qui vient à l'appui des données de l'anatomie comparée qui veulent que l'arc antérieur de l’atlas ne soit qu'un élément osseux surajouté à cet os et ayant une signification morphologique particulière. Parmi les malformations de l'arc antérieur de la 1'e vertèbre cer- vicale de l'homme dues à un trouble de développement, ilen est deux qui méritent autant, sinon plus, que celles dont il est question précé- demment, de retenir l'attention. L'une dont il existe un spécimen au Musée anatomique de Vilna {1}, a été observée par Zoja (2) sur un garçonnetl de 7 ans et, par moi, sur une fillette de 8 ans; l'autre a été rencontrée par Zoja, sur un enfant de 8 ans et, par moi, sur un enfant de 9 ans et demi. J'en fournis les dessins, car elles me donnent droit d'étendre aux os du tronc et des membres humains, en la modifiant, dans une juste mesure, la loi concernant les variations de configura- tion et d’étendue des os-de la face et du crâne humains que j'ai été antérieurement appelé plusieurs fois à formuler, savoir : sur l’enve- loppe membrano-cartilagineuse de la masse cérébrale et des organes sensoriels cranio-faciaux de l'homme, toute place demeurée libre par suite d’un retard ou d'une insuffisance de l'ossification d'un os est comblée ordinairement par l'extension de l’ossification d’un ou de plusieurs des os voisins ou par l'apparition d'un ou de plusieurs os supplémentaires (os wormiens). En me basant sur les deux vices de conformation sus-mentionnés et dont un coup d'œil jeté sur les dessins ci-contre permettra de se rendre immédiatement compte, je dirai donc : Sur l'ébauche membrano-cartilagineuse d’un os du rachis de l'homme, toute place demeurée libre par suite d’un retard ou d’une insuffisance de l’ossification d’un des noyaux d’ossification, est com- blée ordinairement par l’extension de l'ossification d’un ou de plu- sieurs des noyaux d'ossificalion voisins ou par l'apparition d’un ou de plusieurs noyaux complémentaires (noyaux épiphysaires). Sur le premier des deux dessins des malformalions en question on remarque en effet, que par suite d’un retard ou de l'insuffisance de l'ossification de chacun des noyaux d'ossification de l'arc antérieur, chacune des extrémités de cet arc est constituée par une expansion 1) Mus. anal. cæsareæ acad. med. chir. Vilnensis, n° 225, p. 18. Vilnæ, 1842. 2) Zoya, loc. cit, suprà, p. 293. ar DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 81 en avant de la masse latérale du même côté, pendant que sur le second de ces deux dessins, on constate que, par suite d’un retard ou de Atlas d’une fillette de 8 ans. L'arc antérieur de l'atlas est encore ouvert en avant. a, b, Participalion de chacune des masses latérales de l'allas à la formation de chacune des extrémités externes de l'arc antérieur. l'insuffisance de l’ossification du noyau d'ossification de chacune des masses latérales, l'extrémité antérieure de chacune de ces masses Atlas d'un garçonnet de 9 ans et demi. Participation de l'are antérieur de l'atlas à la formation de l'extrémité antérieures de chacuné des masses latérales, latérales est formée par une expansion en arrière de l'extrémité de Farc antérieur du même côté. Quoi qu'on en dise, Humphry ne s'est donc pas trompé lorsqu'il a déclaré que les extrémités de l'are antérieur sont parfois des prolongements des masses latérales. Pour terminer, j'observerai que l'ouverture de l'arc antérieur de l'atlas peut se retrouver également dans les singes des ordres élevés. Sur le Troglodyles Aubryi disséqué par Alix et Gratiolet (1), «la partie moyenne de l'arc antérieur de l’atlas n’était pas ossifiée.., mais liga- menteuse dans l'espace de 5 millimètres ». (1) Aix et GRATIOLET, Nouv. arch. du Muséum, L. I, 1866. VERTÉBRALE. ô TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE O0 [ VARIATIONS DE DIMENSIONS. — La longueur (espace interglénoïdien antérieur) de l'arc antérieur de l’atlas oscille entre 10 et28 milli- mètres. Cette réduction ou celle exagération de dimensions dépend du degré de développement des surfaces articulaires qui, chez cer- tains sujets, s'étendent jusqu'au voisinage de la ligne sagiltale médiane. La hauteur de l'arc antérieur, prise au niveau de la ligne sagiltale médiane, en arrière du tubercule antérieur, mesure, en moyenne, comme j'ai déjà eu l’occasion de le dire, 10 à 12 milli- mètres. | VARIATIONS DE FORME. — Elles sont la conséquence des variations de nature diverse indiquées ci-après : l. Variations du lubercule antérieur. — 1] peut faire défaut ou, au contraire, être très saillant et, à son niveau, l'épaisseur de l'arc anté- rieur ne pas dépasser par suite, 5 millimètres ou atteindre 18 milli- mètres. Il peut être lisse ou rugueux, représenté par une crête verti- cale où une pyramide pointue ou un cône dont l'extrémité libre, la plus petite, est divisée en trois segments dont les deux latéraux don- nent insertion à des fibres musculaires et, le médian, à des fibres con- Joncüves. Il peut être dirigé de haut en bas et se prolonger plus ou moins loin en bas au-devant de l’axis en raison de l’ossificalion dans une plus ou moins grande longueur du ligament vertébral commun antérieur au niveau du point où il s'attache à l’atlas ou, dirigé de bas en haut, et se prolonger, plus ou moins loin en haut, en raison de l'ossification, dans une plus ou moins grande étendue du faisceau moyen du ligament occipito-atloïdien. Le tubercule de l’arc antérieur de l’atlas de « l'Homo primigenius de Krapina » est épais inférieure- ment et surmonté d'une pointe (1). « Il existe très généralement au milieu de la face inférieure du corps (2; de l'atlas, a écrit J.-F. Meckel, une saillie qui est ordinaire- ment plus développée chez les animaux que chez l’homme et qui se dirige un peu en arrière de manière à recouvrir d'en basune partie de l'axis sur lequel il existe aussi souvent une semblable saillie. » La saillie atloïdienne signalée par Meckel acquiert, en effet, un volume assez marqué chez le lapin, se présente, dans diverses espèces de Célacés, sous la forme d'une petile apophyse coïncidant avec une apo- physe épineuse postéro-supérieure, mais manque presque complète- ment, ainsi que celle de l'arc postérieur, chez l’orang dont lapremière vertèbre cervicale est, d'ordinaire du reste, plus gracile que celle de 1) GORJANOVIC-KRAMBERGER, Der diluviale mensch von Krapina ur Kroaltien Ein beilr. z. Palaoanthropologie, p. 20. Wiesbaden, 1906. (2) L'arc antérieur de l'atlas pour J.-F. MEcKkeL (loc. cit. suprà, t. IV, p. 414) mie © Vs tn Le. Ge TPE Ÿ DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 83 l'homme. Sur quelques gorilles, j'ai vu le tubercule de l'arc antérieur de l'atlas, très volumineux et surmonté d'uneépine dirigée obliquement de haut en bas (1). L'absence ou l’état rudimentaire de ce tubercule peut être, chez l'homme, l'effet d’une insuffisance de développement en dedans des deux noyaux d'ossification desquels provient l'arc antérieur de la pre- mière pièce osseuse du rachis cervical, de même que l'hypertrophie de ce tubercule peut être la conséquence d'un excès de développe- ment des deux noyaux d'ossification susdits. En ce qui concerne les augmentations de volume de ce tubercule, je pense cependant, en raison de sa bifidité et de sa trifidité fréquentes, qu’elles reconnaissent généralement pour cause, je le répète, une ossification ligamenteuse. Il. Variations de la facetle odontoïdienne. — Elle peut être plus ou moins vaste, plus ou moins profonde, affecter la forme d'un cercle ou d'un ovale à grand axe vertical. III. Soudure de l'os odontoïdien à la facelte odonloïdienne. (voy. Axis. Os odontoïdien). IV. Arthiculation du bord supérieur avec le bord antérieur du trou occipital, — Sur le crâne d’une sexagénaire hémiplégique, décédée au mois d'août 1906 à l'Hôpital général de Tours, toute la portion du bord antérieur du foramenoccipital, comprise entre les deux condyles est creusée d'une gouttière recouverte d’une couche de cartilage qui fait suite à celle qui revêt chacun des condyles, et articulée avec le bord supérieur de l'arc antérieur de l’atlas, accru de hauteur, et masqué également par uue lame cartilagineuse qui se continue, en arrière, avec celle qui protège chacune des cavités glénoïdes. Il n'existe aucune trace bien appréciable de synoviale entre les surfaces articulaires ni de ligaments à leur périphérie. Dans mon Trailé des varialions des os du crâne de l'homme el de leur signification au point de vue de l'Anthropologie zoologique, j'ai noté (p. 92) que le Musée anatomique de l’Université de Pise possède une têle osseuse de vieillard qui offre la même anomalie. V. Facelle articulaire pour le condyle bastaque. — Cette facette de configuration, de grandeur et de profondeur très variables, encroûtée ou non de cartilage, est située au milieu du bord supérieur de l'arc antérieur. Quelquefois, cependant, en raison de l'inclinaison à droite ou à gauche, du troisième condyle de l'occipital, très long, elle est placée, d'un côté ou de l’autre, à quelques millimètres du plan sa- gitlal médian. VI. Processus arlicularis allantis d'Halbertsma. — Halbertsma a (1) Schnell prétend qu'il en est de même chez l'orang. I n'en était pas ainsi sur 9 orangs, sur 12 que j'ai examinés à ce point de vue. 84 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE trouvé sur le cadavre d'une vieille femme une production osseuse qui s'étendait de l'extrémité supérieure de la facette odontloïdienne de l’atlas en côtoyant la partie supérieure de la face antérieure de l'apo- physe odontoïde jusqu’au sommet de celte apophyse avec lequel elle s’articuiait, après s'être recourbée en crochet, Ce prolongementosseux, en forme de capuchon, auquel l'anatomiste allemand sus-nommé a donné le nom de processus articularis atlantis, n’est pas abso- lument rare surtout chez les vieillards. Il en exisle trois spécimens (n° 58, 85 et 86) au Musée de l’Institut anatomique de l'Université de Cambridge; je l'ai observé sur un homme de 80 ans, une femme de 75 et un homme de 42 et 1l faut, à coup sûr, en rapprocher la malformalion dont P. Poirier (1) a fait mention en ces termes: « Sur un grand nombre d'atlas, nous avons constaté une série de rugosilés irrégulières surmontant le bord supé- rieur de la facelte articulaire odontoïdienne, et provenant, à n'en pas douler, de l’ossification du ligament occipito-odontoïdien. Dans un cas, ces productions osseuses arrivaient jusqu'au bord antérieur des cavilés glénoïdes : à ce niveau, elles étaient devenues cartilagi- neuses. Sur celte même pièce, la facette articulaire odontoïdienne élait éburnée et remplacée par une surface osseuse criblée de trous vasculaires. » Il faut bien se garder de confondre le processus arlicularis atlantis d'Halberisma avec le processus papillaris du même auteur. Ils ren- trent évidemment tous deux dans le cadre des variations anatomiques que j'ai appelées vartalions par ossificalion liyamenteuse, mais l’un est le résultat de l’ossification des ligaments occipito-atloïdo-axoï- diens à leur partie inférieure, l’autre, de l'ossificalion des mêmes ligaments à leur partie supérieure, l’un est rachidien, a pour origine le bord supérieur de l'arc antérieur de la première vertèbre cervicale, l'autre est cranien, émane du bord postérieur ou du voisinage du bord postérieur du basi-occipital. Le processus papillaris d'Hal- bertsma est, en effet, « constitué par un ou deux pelits reliefs osseux, généralement asymétriques, situés sur le bord antérieur ou tout près du bord antérieur du trou occipital et qui sont rattachés aux condyles voisins par une crêle plus ou moins marquée. » C'est donc une de ces végélations osseuses décrites par Kalenscher sous le nom d'émi- nences accessoires el dont je me suis occupé précédemment (2). (1) P. Poirier, loc. cil. suprà, p. 327. (s) CF. mon Traité des varialions des os du crâne de l'homme, pp. 92, 95 et 98, DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 85 ARC POSTERIEUR Agsence. — Elle peut, comme celle de l'arc antérieur, être folale ou partielle et, dans ce dernier cas, consister dans l'ouverture, plus ou moins étendue, de l'arc postérieur au niveau de sa parlie moyenne, ou dans la rudimentation, plus ou moins accusés, de l’une ou l'autre des deux moitiés de cet arc. De ces divers vices de conformation de l'atlas le plus commun est l'ouverture de l'arc postérieur au niveau de sa partie moyenne, le plus exceptionnel, le défaut de présence complet de cet arc, De même que l'absence de l’arc antérieur celle de l'arc postérieur est fréquemment, quelle que soit la forme sous laquelle elle se présente, accompagnée d'une soudure, complète ou incomplète, de la première vertèbre cervicale à l’occipital (1) ou d'un processus post-glénoïdien. La déhiscence congénitale de l'arc postérieur, au niveau de sa par- tie moyenne, a été signalée par Sangalli (2), Zoja, Gräwitz, Macalis- ter, Th. Dwight, Romili (3), Lachi (4), Humphry, etc. Dans ce genre de malformation, l'intervalle qui sépare la pertion existante de la moitié droile de l'arc postérieur de celle de la moitié gauche, peut ne pas dépasser 2 millimètres ou atteindre plusieurs cenlimèlres et l'une ou l’autre de ces deux portions différer de sa congénère comme forme, comme dimensions et comme direction. Quand elles sont très rapprochées, le tubercule postérieur est divisé en deux par une fente, verticale ou oblique; lorsqu'elles sont assez distantes, l'extrémité libre de chacune d'elles est habituellement effi- lée et pointue. La présence d'une solution de continuité d'origine congénitale de l'arc postérieur de latlas, au niveau de sa partie moyenne a été notée: Sur ÿ atlas sur 72 par Zoja. e- 2 — 494 — Varaglia. — 4 — 100 — M. Pitzorno (5). — 8 — 500 — Poirier. — À — 60 — Fusari. — 3 — 400 — l'auteur (6). Soit sur 26 — 1.626 Soit sur 1,5 p. 100. (1) Voy. plus haut: Varialions de connexions. Assimilalion ou allache anormale de l’allas à la base du crâne. (2) SANGALLI, Giorn. d. anal. e fisiol., vol. I et If, p. 279. Pavia, 1865. (3) Rourri, Giorn. inlernaz. d. sc. med., p.678. Napoli, 1880. (4) Lacur, Calal. ragionat. d. R. Univers. d. Siena, 1880. (5) M. PrrzorNo, Il museo anal. d, R. Univers. d. Sassari, 1898. (6) Fusari, Sicilia medica, 1889, SG TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Je ne connais qu'une observalion d'absence lotale de développe- ment de l’arc postérieur ; elle est due à Allen. Luschka, Allen et Macalister ont fait mention, chacun, d’un cas dans lequel la moitié droite de l’arc postérieur existait seule et por- lait le tubercule postérieur qui dépassait le pian sagiltal médian et Strulhers d'un cas où la moitié gauche de l'arc postérieur, seul pré- sent, se terminait un peu à gauche du plan sagiltal médian. Varaglia a disséqué, je le rappelle, deux cadavres dont le quart postérieur du demi-are postérieur droit de l'un et le demi-arc postérieur gauche de l'atlas de l’autre, faisaient défaut. Je possède la première vertèbre cervicale d'un Chinois dont l'extrémité libre de la moitié droite de l'are postérieur de l'atlas, ayant sa longueur normale, est renflée et la moitié gauche du même arc constituée par une toute petite excrois- sance osseuse. La division verlicale médiane simultanée de l’are antérieur et de l'arc postérieur a été observée sur un homme âgé d'environ 40 ans par Theile (1), sur un homme de 70 ans par Keen (2), sur un habitant de Pérouse, âgé de 39 ans et dont l’apophyse transverse gauche de l'atlas élait en outre articulée avec une apophyse paramastoïde; par P. Lachi (3), sur une femme guayaqui; par Guiffridra-Ruggeri, ete. Il en existe un spécimen au Musée anatomique de l'Université de Cambridge et un specimen à l'infirmerie de Frankenthal. L'un est la première vertèbre cervicale d’un dément : le diamètre antéro-posté- rieur maximum du foramen vertébral mesure 28 millimètres, l’ouver- ture médiane de l'arc antérieur et celle de l'are postérieur sont très petites et presque symétriques ; le tubercule postérieur manque et il reste peu de chose de la facette odontoïdienne. L'autre est la première verlèbre cervicale d'un jeune homme dont la tête, pendant les violentes crises épileptiques auxquelles il était fréquemment sujet, subissait un mouvement de rotation forcé; des deux fragments de chacun des deux arcs, segmenté dans son milieu, ceux de l'arc de derrière sont moins longs que ceux de l'arc de devant (4). Lorsque l'arc postérieur de l'atlas fait entièrement ou partiellement défaut, cet arc ou sa portion, médiane ou unilatérale, manquante est remplacée, à l’état frais, par du tissu cartilagineux. De ce qu'il a vu sur un atlas dont l’arc postérieur était béant dans (1) Taeire, Deutsche klinik., 25, 1853. (2) KEEN, American Journ. medic. se., p. 412, 1874, (3) P. Lacurs, Un caso rarissimo di processo paracondyloideo. Perugia, 1888. LUSCHKA, ALLEN, elc., passim. (4) MozescHoTT, Unlersuch. z. nalurl. d, Menschen u.d. Thiere, 1857, III, p. 122, in Luscuka, Die anal. de mensch., cit. s. 37. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 87 son milieu, le tubercuie de l'arc antérieur et la racine antérieure de chacune des apophyses transverses silués en droile ligne, Allen a induit que la béance de cet arc dans son milieu est due à l'extension forcée de la tète qui, dans les présentations de la face, en repoussant, en dehors et en avant, les extrémités postérieures des cavités glé- noïdes des masses latérales, tend à les écarter l'une de l’autre, Cette hypothèse est inadmissible pour deux raisons: 1° Parce que cette béance n'existe pas toujours quand l'axe longitu- dinal de la racine antérieure de l’apophyse transverse droite s’entre- croise avec celui de la racine antérieure de l’apophyse transverse du côté opposé en formant un angle ouvert en avant ; 2 parce que l'ex- tension forcée de la têle ne provoque aucun écarlement des deux moitiés de l'arc postérieur dont le tubercule a été préalablement sec- Lionné au niveau du plan sagittal vertical médian. Les anomalies dont il est question dans ce paragraphe ne sont done, les unes, que les effets d'un arrêt de développement en arrière, plus ou moins complet, de chacun ou de l’un ou l’autre des noyaux d'ossi- fication dont naît l'arc postérieur, les masses latérales et les branches postérieures des racines transverses de la première pièce osseuse du rachis cervical, les autres, d'un arrêt de développement incomplet en avant et en arrière et simultané des noyaux d'ossification dont pro- vient chaque moitié de la première pièce osseuse de la colonne ver- tébrale. Ces arrêts de développements sont vraisemblablement provo- qués par l'atavisme puisque: 1° l'ouverture de l'arc postérieur de l’atlas constitue un mode de conformation normal au bas de l'échelle des Mammifères, chez les Monotrémes ; 2 les arcs vertébraux sont représentés dans la /amproie (1), parmi les Poissons cartilagineux, par deux pièces cartilagineuses qui, dans le Lepidosiren paradoæa (2) sont unies entre elles sur la ligne médiane comme chez l'embryon hu- main de trois mois. VARIATIONS DE DIMENSIONS, — La longueur (espace inlerglénoïdien postérieur) de l'arc postérieur de l’atlas oscille entre 30 et 51 milli- mètres. Elle dépend de celle de l'apophyse post-glénoïdienne qui est très variable. Moins haut que l'arc antérieur, l'arc postérieur est, en général, plus épais que lui. Varialions de forme. — Elles sont la conséquence des malforma- tions indiquées ci-après. [. Varialions du lubercule poslérieur. — 1 est parfois remplacé par (1) MINE Epwanps, Lec. s. l'anal. et la phys. de l'homme, cit. (2) Biscnorr, Trait. d. dévelop. de l'homme el des Mammiferes, trad. ilal., Napoli, 1882. 88 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE une surface plane ou rugueuse; par une dépression plus ou moins profonde dans laquelle on trouve, par exception, un foramen minus- cule qui est l’origine d’un canalicule qui s'ouvre en avant dans la cavité rachidienne ; une crête ou un bourrelet, continus ou disconti- nus, hérissés ou non d'aspérités et d'un seul côté ou des deux côtés desquels peut exister une pelite goultière verticale; un renflement cylindrique ou conique dont l'extrémité fibre, mousse ou pointue, regarde en haut ou un renflement sphérique ou ovalaire que prolonge, aussi bien du côté convexe que du côté concave de l'arc postérieur, une aiguille, etc. On a fait mention de son articulation au moyen d'une facette avec une facette de même forme et de mêmes dimen- sions, située sur le bord supérieur de l’apophyse épineuse de l’axis. (Voy. Apophyse épineuse de l'axis.) Il. Apophyse épineuse atloïdienne. — Allen, Zoja et Macalister ont rencontré quelques atlas pourvus d’une apophyse épineuse mesurant de 8 à 10 millimètres de longueur, creusée inférieurement ou non d’une gouttière longitudinale et terminée par un tubercule indivis ou par deux branches. Je possède dans mon Musée particulier la première vertèbre cervi- cale d’une femme, morte d'une congestion pulmonaire, à l’âge de 63 ans, en 1907, à l'Hôpital général de Tours et dont la neurépine ressemble trait pour trait à celle de laxis. Si c'est à un arrêt de croissance, plus ou moins complet, des extré- mités postérieures des lames neurales après leur accolement total ou partiel qu'il faut attribuer l'absence du tubercule de l’arc postérieur voire même son remplacement par une excavation au fond de laquelle s'ouvre où non un Ccanalicule partant de la cavité rachidienne, c’est dans un excès de croissance des extrémités postérieures des James neurales après leur jonction qu'il faut chercher la raison d'être de l'hypertrophie du tubercule de l'arc postérieur de l’atlas ou de lexis- tence d’une apophyse épineuse atloïdienne, indivise ou bifide. Le tubercule de l'arc postérieur de l’atlas qui correspond à la neurépine des autres vertèbres cervicales et qui est peu développé dans l'espèce humaine est, du reste, très volumineux dans les Chéloniens et princi- palement dans les Crocodiliens où il se présente comme un os ex se. Dans diverses espèces de Célacés, il est constitué, je le rappelle, par une apophyse épineuse distincte, très inclinée en arrière. II. Articulalion du bord supérieur avec le bord postérieur du trou occipilal. — Toute la portion du bord postérieur du trou occipilal, comprise entre les deux condyles, peut être articulée avec le bord supérieur de l’arc postérieur exhaussé de l’atlas (Macalister). Sur un Angevin de 40 ans et une Tourangelle de 27, j'ai vu le bord supérieur épaissi de la première pièce osseuse du rachis du cou affecter la DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 89 forme d'un dos d'âne dont le sommet touchait presque l'opisthion chez le premier, et élait articulée au moyen d’une facelle avec une facetle opisthiaque, chez la seconde. L’articulation du milieu du bord supérieur de l'arc postérieur de l'atlas affectant la forme d'une courbe ou d'un angle à concavité inférieure a été observée avant moi par Gruber (1), Allen, Macalister el d'autres. Dans le cas décrit par le pro- fesseur À. Macalister, il existait une petite synoviale entre les sur- faces articulaires. Pour Allen, l'exhaussement de la partie moyenne du bord supérieur de l'arc postérieur de la première vertèbre cervi- cale, avec ou sans articulation avec l'opisthion, est dû à la présence du noyau d'ossification aux dépens duquel naît, au dire de Meckel, celle partie moyenne et dont l'existence est niée par la généralité des anatomistes. À cela, on peut opposer : 1° que pour arriver au contact de l'opisthion et s’articuler ou non avec lui, ce noyau est obligé d'ac- quérir un développement considérable en hauteur que rien ne justi- fie et dont la cause nous échappe ; 2° que la présence de ce noyau d'ossification n'explique pas pourquoi tout le bord supérieur surélevé de l'arc postérieur peut, de même que tout le bord supérieur surélevé de l'arc antérieur du premier élément osseux de la tige vertébrale, atteindre l'occipital, s'articuler même avec lui. Et voilà pourquoi j'ai dû, faute de mieux, écrire dans mon 7railé des variations des os du crâne de l'homme (2) : « Chez les Poissons, le basioccipital, le corps de la première vertèbre cranienne dans la théorie vertébrale du crâne, situé dans le même plan horizontal que les autres corps vertébraux, pénétré comme eux par la notocorde et creusé en arrière d'une dé- pression conique remplie de substance gélatiniforme, s'articule direc- tement avec le corps de la première vertèbre rachidienne (articulation amphicælique). Il en est ainsi chez tous les Poissons, sauf chez le Lépidostée et le Trichiure, dont le basilaire a, de même que celui des Reptiles et des Oiseaux, un condyle saillant et l'£Échenéis, dont le même os a, comme celui des Batraciens et des Mammifères, deux condyles. » En invoquant la théorie vertébrale du crâne, les facettes basiaque et opisthiaque, la rainure basiaque et péri-basiaque, l'extension en hauteur des arcs de l’atlas et de l’apophyse odontoïde deviennent explicables. Ce sont des conformations dénotant la tendance qu'ont même chez l’homme, la première verlèbre cervicale à s’articuler, ainsi que dans les Verlébrés inférieurs avec la vertèbre occipitale. Il ne faut pas oublier, en effet, que l'apophyse odontoïde est considérée par la généralité des anatomistes comme le corps de l’atlas, ni que 1) W. GRUBER, Neue anomalien, p. 14. (2) P.: 93. 90 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE dans les Reptiles et divers Monodelphiens, Vos odontoïdeum reste in- dépendant. Pour terminer, j'ajouterai que chez le cheval, le bœuf, le hérts- son, ete., l'arc postérieur de l’atlas, si rudimentaire chez l’homme, est haut et massif comme dans les autres Verlébrés. IV. Variations de courbure des lames. — La courbe à concavité antérieure que décrit l'arc postérieur de l’atlas varie davantage que celle à concavilé postérieure que décrit l'arc antérieur ; elle est même quelquefois remplacée par un angle, plus ou moins ouverten avant. —> V. Varialions de dimensions de la goultière de la face supérieure du pédicule. — Cette goutlière qui contient l’artère vertébrale, des veinules et le premier nerf cervical (nerf sous-occipital), est loin d’avoir constamment la même profondeur et surtout la même lar- geur. Les différences de largeur assez sensibles qu'elle offre commu- nément tiennent, ainsi qu'il est facile de s’en assurer en les injectant, à l'augmentation ou à la diminution du calibre des veinules formant un plexus en rapport avec l'artère vertébrale et le 1°" nerf cervical. Le bord postérieur de celte gouttière est constitué parfois par un relief osseux qui, d’après M. Cleland (1), est « morphologically identi- cal in position » avec le « processus oblique superior » (apophyse articulaire supérieure) des autres vertèbres. - VI, Trou rélro-articulaire supérieur | Trou atloïdien de Strauss- Durckheim (2); Foro tra l'apofisi articolare superiore e l'arco posle- riore de Zoja; Foro sopra atloideo de Varaglia ; Occasional postertor bridge of bone on the atlas over the groove for the sub-occipital nerve and verlebral artery de Struthers; Posterior oblique bridge of the atlas de Macalister ; Trou oblique de W. Ellenberger et H. Baum (3); Trou antérieur et interne de Chauveau et Arloing ; Trou de conjugar- son de Lesbre (4), Trou atlanloïde postérieur de Bolck, etc.] Ce trou dont il est fait depuis très longlemps mention dans la plu- part des traités d'anatomie humaine, est limité, en bas, par la face supérieure du pédicule de larc postérieur, en avant, par la portion du bord postérieur de la masse latérale de l’atlas, située au-dessus de celte face et, en haut et en arrière, par une lamelle osseuse qui pro- longe l'apophyse post-glénoïdienne jusqu'au point où se termine en arrière le pédicule, La lamelle osseuse qui convertit ainsi en foramen (1) Mc. CLELAND, Proceed. of the roy. phys. Soc. of Edinburgh, vol. IE, p. 221, 1860, et Natur. History Rewew, p.151. London, 1861. 2) Srrauss-DuRCKHEIM, Anal. dese. el comparée du chat, t. 1, p. 470. Paris, 1840. (3) W. ELLEN8ERGER et H. BAuM, Anal. desc. el topogr. du chien, trad. franç de Deniker. Paris, 1892. 4) Lespre, Contrib. à l'anal. du Porc-épic commun, cit. p. 14, Zora, VARAGLIA, etc., passim. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 91 la gouttière qui contient le premier nerf cervical, l'artère vertébrale, les veinules et les ramuscules du grand sympathique qui les accom- pagnent, est généralement assez gracile, percée parfois d'une ouver- ture, d'ordinaire circulaire, qui donne passage à une veinule, et pré- sente à considérer, en raison de sa direction oblique de haut en bas et d'avant en arrière, une face supérieure et postérieure, convexe, rugueuse; une face inférieure el antérieure, concave, lisse et deux bords latéraux, rectilignes ou sinueux. L’orifice dont elle constitue le contour postéro-supérieur peut être circulaire, mais affecte habituel- lement la forme d'un ovale dont le grand axe antéro-postérieur mesure en moyenne » à 7 millimètres et le pelit axe 5 à 6 millimètres. Macalister dit que l'anomalie dont il s’agit existe sur 7,5 p. 100 des atlas que possède le Musée anatomique de l'Université de Cambridge, sur 3,4 p. 100 des deux côtés, sur 2,4 p. 100 du côté droit seulement et sur 1,7 p. 100 du côté gauche seulement. Sur 500 atlas, Poirier l'a observée 88 fois, soit sur 17,6 p. 100 ; 40 fois des deux côtés, soit sur 8 p. 100 et 48 fois d'un seul côté, soit sur 9,6 p. 100. Sur 342 atlas de sujets appartenant à la race blanche, mon ancien élève, le docteur L. Dubreuil-Chambardel l'a rencontré 67 fois, soit sur 19,5 p. 100: 49 fois des deux côtés, soit sur 14,3 p. 100 et 18 d’un seul côté, soit sur 9,2 p. 100. Sa présence a été également notée: 14 fois (6 fois des deux côtés, 5 fois à droite, 3 fois à gauche) sur 172 atlas par Varaglia- 28 — (9 — 9 — 10 — )— 12 — ZLoja. 1— (1 -- 2 — 4 — )— 60 — Fusari. 18 — (5 _- L — 6 ) — 100 — M. Pit. ZOrnO. 39 — (18 —— 1% — T — ) — 500 — l'auteur. Soit406 — (39 _ NE Ce ) — 944 Soit Sur 11,7 p. 100; sur 4,3 p. 100 des deux côtés, sur 4,1 p. 100 du côté droit seulement et sur 3,3 p. 100 du côté gauche seulement. Il est donc plus souvent unilatéral que bilatéral et, quand il est uni- latéral, plus commun à droite qu’à gauche. Comme les atlas dont il est question dans les statistiques de Macalister et de Poirier et dans la dernière statistique ci-dessus proviennent de sujels masculins el féminins, européens et exotiques, il est certain qu'il apparaît dans toutes les races et, dans chaque race, aussi bien chez l'homme que chez la femme (1). Dans quelle proportion dans chaque race et, dans chaque race, chez l'homme et chez la femme ? On l'ignore encore. (1) Sur 42 atlas de nègres, le trou rétro-articulaire supérieur a été découvert aussi 12 fois par L. DUBREUIL-CHAMBARDEL, ((. rend. du XVI° Congrès inlernalio- nal de médecine, p. 206. Budapest, 1910). 92 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE La dénomination /rou sus-alloïdien manquant de précision et celle trou atloïdien pouvant être attribuée à toutes les ouvertures normales b b, trou rétro-articulaire supérieur de l'atlas chez l'homme. L'atlas est vu du côté de sa face latérale droite, et le trajet des vaisseaux et des nerfs transversaires dans le trou transversaire, l'échancrure sus-transversaire et le trou rétro- arliculaire supérieur, est indiqué par un fil. b, trou rétro-articulaire supérieur de l’atlas chez le chien (Canis familiaris). L'atlas est vu du côté de sa face Sur le schéma ci-dessus de l'atlas du postérieure. chien le trajet des vaisseaux et des nerfs transversaires dans le trou trans- versaire, l'échancrure sus-transversaire- et le trou rétro-articulaire supérieur, est indiqué par un fil. Sur le dessin de l'atlas de l'homme et sur celui de l’atlas du chien sont représentées la pre mière partie (a) (trou transversaire) et la troisième partie (b) (trou rétro-articulaire supérieur) du canal transversaire (canal artériel, canal trigéminal, etc.) (1). ou anormales de la première vertèbre cervicale, je propose d'appeler (1) Sur le schéma de l’atlas du chien, vu aussi du côté de sa face postérieure, la lettre a correspond au trou transversaire, la lettre b à l'échancrure sus- transversaire, et la lettre € au trou rétro-articulaire supérieur. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 03 trou rétro-arliculaire supérieur et trou rétro-arliculaire inférieur les deux orifices qu'on rencontre parfois immédiatement en arrière de l'une ou l'autre des masses latérales de la première vertèbre cervi- cale, l’un au-dessus, l’autre au-dessous de son pédicule. En plus du {rou rétro-articulaire supérieur complet, le seul dont j'ai parlé jusqu'ici, il existe un frou rétro-articulaire supérieur incomplet qui est moins rare que lui et constitué par deux lamelles osseuses, _ une antéro-supérieure et une postéro-inférieure dont les extrémités libres sont séparées l'une de l’autre par un intervalle plus ou moins grand, comblé ou non par un ligament fibreux. Des deux côtés, sur un vieillard de 75 ans et à droite seulement, sur une femme de /%2 ans, j'ai vu cependant les extrémités libres, finement dentelées des deux lamelles se rejoindre et former une petite articulation suturale. Dans la plupart des cas, la lamelle antéro-supérieure est beaucoup plus longue que la lamelle postéro-inférieure qui est même représentée par- fois par un relief osseux peu accusé, de sorte que c’est presque toujours en arrière que siège la solution de continuité que peut offrir l’oslium anormal que traverse le premier nerf cervical, l'artère vertébrale, les veinules et les filets du grand sympathique qui leur sont accolés. ANATOMIE COMPARÉE. — « La première vertèbre cervicale de l'homme se distingue, a écrit J.-F. Meckel(1), de celle de presque tous les animaux dont il faut excepter quelques singes, entre autres le chimpanzé : 1° par sa petitesse proportionnelle ; »° par l'existence d’une échancrure, située en arrière des apophyses articulaires et des- tinée au passage du premier nerf cervical, échancrure qui chez les animaux est un trou. » A la vérité ce trou que ne possède pas le gibbon, se rencontre com- munément, à droite et à gauche, dans le chimpanzé, l'orang, l'Houl- manou Entelle (Semnopithecus entellus), les Cercopithèques (Cercopi- thecus sabœus, C. latibarbalus, etc.), le Macaco (Macacus cynomol- gus), le Saï (Cebus capucinus), le Mococo (Lemur catta) V'Indri à queue courte (Indris brevicaudatus), etc. Existe-t-il chez le gorille? Selon M. Schnell (2) le foramen transversaire de l'atlas du gorille communique, comme celui du cercopilhèque, « par un large canal avec un trou d'égale grandeur qui perce de part en part, transversa- lement de dedans en dehors l'arc postérieur, juste derrière les masses latérales. » « L'atlas du gorille, a écrit Hartmann (3), est caractérisé par un (1) J.-F. MECKEL, loc. cit. suprà, t. LI, p. 421. (2) M. ScunEz, Dissert. inaug., p. 11, München 18 ?? (avant 1896 (3) HARTMANN, Der Gorilla, p. 126. Leipzig, 1889. 94 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE demi-canal qui commence juste au-dessous du condyle supérieur, dans le contour postéro-supérieur du trou transversaire et s'étend ho- rizontalement en avant; ce canal, après un trajet de 8 à 10 millimè- tres de longueur, se jette dans un trou cylindrique de 2 à 3 milli- mètres qui perfore la base de l'arc postérieur... quelquefois ce canal se termine simplement en arrière et en haut dans une inci- sure. » Pour J.-F. Meckel, Schnell, Hartmann, la présence d’un foramen rétro-arliculaire supérieur chez le gorille constituerait donc la règle. Ce n’est pas l'avis de tous les zootomistes. En ce qui me concerne, je n’ai rencontré l'ostium en question que sur 8 (1) gorilles adultes ou vieux sur 12 comprenant autant de mâles que de femelles. Il correspond à la troisième portion du canal artériel de Cuvier (Voy. plus loin: Trou sus-lransversaire postérieur). En dehors des singes, je l'ai égulement trouvé à droite et à gauche, chez: Les Vespertilions, le Murin (V. murinus), la Noctule (V. noctula), la Pipistrelle (V. pipistrellus), la Sérotine (V. serolinus) parmi les Chér- ropltères ; Le Pulois (Pulorius vulyaris), la Loutre commune (Lutra vulgaris), la Loutre de mer (Enhydris), le Blaireau (Meles taxus), l'Ours brun (Ursus arclos), l'Ours noir (U. americanus), Ours blanc (U. mariti- mus), le Chat (Felis catus), le Lion (F. leo), le Tigre (F. kgris), le Léopard (F. pardus), le Chien (Ganis familiaris), le Renard (C. vulpes), le Chacal (C. aureus) parmi les Carnassiers fissipèdes et le Phoque commun (Phoca vilulina), parmi les Carnassiers pinni- pèdes ; La Marmolle (Arclomys marmotta), le Porc-Épic, \'Hystrix cris- lala), VApéria ou Cochon d'Inde (Cavia cobaya), le Ral ordi- naire (Mus ratltus), la Souris (M. musculus), le Surmulot (M. de- cumanus), le Lapin ordinaire (Lepus cuniculus), le Lièvre ordi- naire (L. linidus), le Lièvre variable (L. vartabilis) parmi les Æon- geurs ; Les Porcins, le Porc domestique (Sus scrofa domesticus) el le San- glier (Sus scrofa parmi les Arliodaclyles ; L'Antilope (Antilope cervicapra),le Bouquelin (Capra ibeæ), le Mou- lon domestique (Ovis aries), l'Argali (O. Argali), la Girafe d'Afrique (Camelopardalis giraffa) parmi les Anoplothérides ; Les Dauphins, le Dauphin Monodon (Delphinus monodon) et le Marsouin (Phocæna communis) parmi les Cétodontes ; L'Armadille velue (Talusia villosa) parmi les Édentés. 1) Sur 5 gorilles mâles et 3 gorilles femelles. | | | DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 95 Zoja (1) a constaté sa présence, mais à gauche seulement sur l'Elephas glacialis, et à droite seulement, sur le Maslodon arvernen- sis. Deniker (2), après avoir noté que dans « le fœtus de gorille une bandelette fibreuse s'étendant entre l'apophyse articulaire supérieure et l'extrémilé de la lame de l'atlas transforme en un orifice l'échan- crure siluée en arrière de cetle apophyse », a ajouté que « chez les singes et assez fréquemment chez l'homme, cette échancrure est trans- formée en un trou par un pont osseux jelé à l'endroit où se trouve la bandelette mentionnée ». C’est, en effet, à l'ossification, complète ou incomplète, de ce ligament fibreux qu'il faut attribuer l'apparition dans l'espèce humaine d’un ostium osseux fermé ou plus ou moins ouvert en arrière et en haut. En raison de la courbe à convexilé postérieure que décrit en arrière de la masse latérale de l'atlas l'artère vertébrale, sa circulation à ce niveau s'effectue aussi péniblement qu'au niveau du point où elle pénètre dans le canal transversaire (voy. Duplicité et triplicilé du [o- ramen transversaire) el au niveau du point où elle se réfléchit au-dessus du bord supérieur de la racine postérieure de l'apophyse latérale en décrivant une courbe à concavité inférieure (voy. plus loin Conversion en trou par une lamelle osseuse de la goullière du bord supérieur de la racine postérieure de l'apophyse transverse). À chacun de ses balte- ments, elle repousse en arrière l'arcade de nature con onctive (3) qui la recouvre immédiatement et dont chacune des extrémilés Uraille le périoste de l’os avec lequel elle se continue, l'irrite et accroît, par suite, son pouvoir ostéogène. Ce qui dénote bien que les choses se passent ainsi, c’est que c’est Loujours par l’une ou l’autre de ses deux extrémités ou par chacune de ses deux extrémités que l’arcade sus- dite commence à s'ossifier et que, dans deux cas de trous sus-atloï- diens que j'ai observés, elle était remplacée par deux lamelles osseuses, l’une antéro-supérieure, l’autre postéro-inférieure, articulées entre (1) ZosA, loc. cit. suprà, p. 296. (2) DENIKER, loc. cit. suprà, p. 79. (3) Les ligaments intrinsèques de l’atlas ont été étudiés d'après mes indica tions et sous ma direction à l’'amphithéâtre d'anatomie de l'École de médecine de Tours par un de mes anciens élèves, le docteur L. Dubreuil-Chambardel (1904-1909) sur 41 hommes et 22 femmes. Aucun de ces ligaments n'est cons- tant. Ils sont indépendants, d'une part, de la capsule articulaire gléno-occipi- tale avec laquelle cependant ils ont quelquefois des rapports de continuité ; et, d'autre part, des ligaments occipito-atloïdiens postérieurs et latéraux. La for- mation ligamenteuse, étendue de l’apophyse postglénoïdienne à l'arc postérieur de l’allas, au-dessus de l'artère vertébrale et appelée par Dubreuil-Chambar- del ligament postglénoïdien, manquait sur 19 des 41 hommes et 10 des 22 fe m - mes disséqués par lui. 96 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE elles au moyen d'une sulure. Comme le canal trochléaire, le fora- men sus-orbitaire, etc., le trou rétro-articulaire supérieur doit donc être rangé dans la catégorie des variations par ossificalion ligamen- teuse qui reproduisent ou tendent à reproduire dans l'espèce hu- maine, une conformalion habituelle dans plusieurs espèces ani- males. C'est d'ordinaire, par son bout supérieur que la corde ligamenteuse, mesurant en moyenne 6 millimètres de longueur, 3 millimètres de largeur et 1 millimètre d'épaisseur, dirigé de haut en bas et de dehors en dedans, s'étendant de l'apophyse postglénoïdienne a une saillie du bord externe de l'arc postérieur de l’atlas (1) et jeté à la manière d’un pont au-dessus de la face supérieure du pédicule de l'arc postérieur de l’atlas, commence à s'ossifier et cette ossification progresse plus vite que celle du bout inférieur ; de là, la différence de longueur cons- tatée habituellement entre les deux lamelles osseuses qui entrent en haut dans la conslitulion du foramen rétro-articulaire supérieur in- complet, différence de longueur qui rend plus sensible encore la con üinuilé sans aucune ligne de démarcalion, généralement appréciable, du bout supérieur ossifié et de l'apophyse postglénoïdienne. La con- naissance de ces faits a une certaine importance : 1ls plaident peu, en effet, en faveur des dires de Mc. Cleland qui, en se basant sur ce que les deux premiers nerfs cervicaux émergent du rachis en arrière des apophyses articulaires de l’atlas et de l’axis au lieu d'émerger du rachis en avant des apophyses articulaires comme les autres nerfs rachidiens, assure que les apophyses articulaires supérieures et infé- rieures de la première vertèbre cervicale et les apophyses articulaires supérieures de la seconde vertèbre cervicale doivent être recherchées sur ces os en arrière du point où sort du rachis chacun des deux pre- miers nerfs cervicaux. que les articulations entre l'atlas et l'occipital et celles entre l’atlas et l’axis sont « serially homologue » des « hals- werbel-halbgelenke » de Luschka (1). Il est présumable que si le foramen rétro-arliculaire supérieur, complet ou incomplet, se rencontre plus souvent à droite qu'à gauche, c'est parce que le système artériel, de même que le système locomo- teur, est pius développé à droite qu'à gauche et que, par suite, les battements de l'artère vertébrale étant plus forts à droite qu'à gauche, l'arcade fibreuse qui la recouvre est soumise à des mouvements de recul plus étendus à droite qu'à gauche et desquels résulte un tirail lement et une irriltation plus accentués du périoste. Pourquoi enfin, cette arcade fibreuse s'ossifie-t-elle chez un indi- vidu alors que, loutes choses égales d'ailleurs, elle ne s’ossifie pas J, Cf l'ouvrage de Lusckna sur « Halbgelenke », p. 71. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 97 chez un autre ? Sans doute sous l'influence de cette force appelée atavisme et qui fait, pour ne parler que d'elle, que la paroi externe distale ou superficielle de la gaine dure-mérienne qui protège le gan- glion de Gasser ne s'incruste pas de sels calcaires chez certaines gens et s'incruste, paribus cœleris de sels calcaires chez certaines autres pour reproduire le canal trigéminal des Canides. VIL. Trou rétro-arliculaire inférieur (forame sottotrasversario de Giuffrida-Ruggeri (1). J'ai vu, à droite et à gauche, sur une paralytique générale, L. F. décédée à l'âge de 48 ans, le 9 août 1900, à l’Asile des Aliénées de Tours, les extrémités de la courbe à concavité postéro- inférieure que forment, par leur réunion, la face inférieure du pédi- cule de l'arc postérieur de l’atlas et la portion du bord postérieur de la masse latérale comprise entre cette face inférieure du pédicule et l'apophyse articulaire inférieure, reliées par une mince et étroite languette osseuse. De là l'existence, au-dessus de chacun des deux pédicules de l'arc postérieur, d’un orifice qui était traversé par une veinule. J'ai montré cet orifice aux élèves de mon cours. En 1906, Giuffrida-Ruggeri a observé le trou rétro-articulaire inférieur qu'il a dénommé forame soltotrasversario sur l’atlas d’une femme guayaqui appartenant au Musée préhistorique et ethnologique de Rome et qui est divisé en deux moitiés dont l'une, la gauche, se confond avec l’occiput. Le foramen dont il s’agit peut être complet ou incomplet, Varaglia a trouvé une fois des deux côtés, et une fois du côté gauche seulement, un orifice dont le contour antérieur élait cons- titué par la racine de l’arc postérieur et l’apophyse articulaire infé- rieure et le contour postérieur, par deux lamelles osseuses dont la plus élevée se détachait de la racine de l'arc postérieur et la plus basse de l’apophyse articulaire inférieure et dont les extrémités libres, se faisant face, étaient séparées l’une de l'autre par une petite fissure. Fermé ou ouvert, l'anneau osseux qui siège au-dessous du pédicule de l'arc postérieur de la première vertèbre du cou est le produit, de même que celui qui siège au-dessus, d'une ossification ligamen- teuse. VILL. Échancrure ou incisure rétro-lransversaire. — La portion de l’arc postérieur qui se prolonge en dehors pour s'unir à la racine postérieure de l’apophyse transverse présente exceplionnellement sur son bord externe une échancrure ou incisure dont la conca- vité regarde en dehors. Cette échancrure, creusée aux dépens du bord externe du pédicule de l'arc postérieur, immédiatement en arrière de la racine postérieure de l'apophyse transverse, est ter- minée fréquemment en arrière par une aiguille osseuse plus ou moins (1) GiurFRIDA-RUGGERI, Ati d. f. Soc. rom. d. Anthrop., p. 5, 1906. nn | VERTÉBRALE, 98 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÈBRALE pointue (ænfra-laminar spar, de Macalister). Ses dimensions sont très variables. Elle a été trouvée : 32 fois sur 100 atlas par M. Pitzorno. 28 — 63 — par Dubreuil- Chambardel. 495 — 500 — et le plus souvent des deux côtés par Poirier. 42 — 172 — (16 f. des 2 côtés, 43 f. à droite et 12 f. à gauche) par Varaglia. 482 — 500 — (41 — 87 — 54 — par l’auteur. Soit4T9 — 1335 Soit sur 35,8 p. 100. IX. Trou rélro-transversaire (Foro relrotrasversario et foro tras- versario accessorio o sopranumerario de Zoja ; Posterior lateral fora- men de Macalister, etc.). Comme la plupart des trous atloïdiens supplémentaires, ce trou est aussi le résultat d’une ossification liga- menteuse, le résultat de l'ossification de la bandelette fibreuse qui Atlas sur lequel existe, à droite, une échancrure rétro-transversaire (a), et, à gauche, un trou rétro-transversaire (b). clôt d'ordinaire, en dehors, à l’état frais ({gament postérieur de l’at- las, de Dübreuil-Chambardel) l'échancrure décrite dans le paragraphe précédent (1). Il affecte habituellement la forme d’un ovale ou d'une ellipse dont le grand axe, dirigé de dehors en dedans et d’arrière en avant, me- sure, au maximum, » millimètres et le petit diamètre, perpendicu- laire au précédent, 3 millimètres. D'après Macalister, il existe chez 10 p. 100 des sujets: chez 2,5 1) M. PrrzoRNo, Su alc. nuove parlicolarità d. atlante, etc., p, 6. Sassari, 1898, DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 99 p. 100 des deux côtés, chez 4,2 p. 100 du côté gauche et chez 3,3 p. 100 du côté droit. Il à été rencontré: T0 fois sur 500 atlas par Poirier. 99 — 63 — par Dubreuil-Chambardel. 10 — 12 — (3 fois des 2 côtés, 4 fois à droite, 3 fois à gauche) par Zoja. 1% — 60 — (3 — 3 — 8 — )par Fusari. 30 — 100 — (8 _ T —— D — )par M.Pitzorno. 49 — 472 — (5 — D — 9 — }par Varaglia. 60 — 500 — (14 —— 24 — 22 — }par l’auteur. Soit 2145 — 1.467 Soit sur 14,6 p. 100 et plus souvent d’un seul côté que des deux côtés. Quand il est très pelit, 1l ne contient qu'une veinule ; lorsqu'il est assez large, il donne passage à une artériole et à une ou deux vei- nuies. Dans deux cas observés, l'un par Schwegel (1), l'autre par Ma- calister (2), il était traversé par le nerf occipitalis major alias par la branche postérieure du deuxième nerf cervical. De l'échancrure ou du foramen rétro-transversaire part quelquefois un sillon vasculaire qui peut être converti, en partie ou en totalité, en canalicule par une lamelle osseuse et qui se perd, après un trajet plus ou moins long, sur la face postérieure de l'arc postérieur. Ce trou, ainsi que l’échan- crure précilée existent sur un des atlas exhumés du loess de Monte- Hermoso (République Argentine) et étudiés par Lehmann-Nitsche. Le trou est appelé {rou transversatre poslérieur accessoire par le conser- vateur du Musée de la Plata et l'échancrure sillon transveraire posté- rieur. Le premier est situé à gauche, la seconde à droite (3). L'orifice rétro-transversaire est représenté quelquefois par deux, voire même par trois orifices, de forme et de dimensions très variables, séparés l’un de l’autre ou les uns des autres par des lamelles osseuses, plus ou moins ténues. L'orifice rélro-transversaire double ou triple s'explique par l’ossification de la cloison celluleuse ou des cloisons celluleuses isolant l'un de l’autre ou les uns des autres les vaisseaux sanguins, au nombre de deux ou de trois que contient, par exception, l'orifice rélro-transversaire unique. MASSES LATÉRALES Face SUPÉRIEURE (Apophyse articulaire supérieure, cavité glénoïde, fossa, fovea articularis superior, elc.). Varialions de forme. — La (1) ScHweGEL, Zeilschr. f. ral. med., 3 Reïhe, v. 311. (2) MACALISTER, loc. cit. suprà, p. 532. (3) Sur cet atlas, on note en outre, à droite, la présence d'un {rou sus-lrans- versaire postérieur. 100 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE cavité articulaire supérieure de l’atlas offre souvent, à la jonction de ses deux Liers antérieurs avec son tiers postérieur, un rétrécissement qui lui donne la forme d'une empreinte de pas à talon postérieur. Misch (1) appelle ce rétrécissement espace complémentaire médial et remarque, en outre, qu'un espace complémentaire latéral n'est pas constant. La fosse articulaire en question présente un second rétrécissement en avant de celui dont il vient d’être question ou ne présente aucun rétrécissement, mais empièle sur l'arc antérieur, se prolonge même jusque près du tubercule antérieur (voy. Arc ante- rieur : variations de dimensions). Sur 5,7 p. 100 des sujets (sur 3 p. 100 [ee a,b, extension très loin en avant des surfaces articulaires supérieurs sur un atlas masculin dont l'arc postérieur n'est pas entièrement fermé. des deux côtés et sur 2,7 p. 100 d'un seul côté), au dire du professeur A. Macalister, sur 10 p. 100, d’après Poirier; sur 6,1 p. 100 (sur 3, p. 100 des deux côtés et sur 2,6 p. 100 d’un seul côté) selon moi, elle est divisée en deux par un sillon transversal ayant pour point de départ une encoche du bord interne. Ces chiffres ne s'appliquent qu'au sillon qui s'étend du bord interne jusqu’au bord externe, celui qui n’atteint pas le bord externe étant infiniment plus commun. La division en deux de l’apophyse articulaire supérieure de l'atlas se rencontre dans les Zovidés et divers autres Ruminants, mais elle fait défaut chez les Singes. Si ce mode de conformation a, dans l’es- pèce humaine, un caractère réversif, ce n’est pas, à coup sûr, un caractère pithécoïde. Le sillon transversal qui divise, complètement ou incomplètement en deux, la cavité glénoïde de la première pièce osseuse du rachis correspond exactement comme direction et comme situation, à l’arête de l’angle saillant en bas que forme anormalement la face inférieure articulaire du condyle de l’occipital (voy. Traité des variations des os du crâne de l'homme; Condyle de l'occipital). (1) M. Miscu, Med. diseert. Berlin, 1901. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 101 Varialions de direction. — Le grand axe de la cavité glénoïde d'un côlé, prolongé en avant, s’entre-croise avec celui de la cavité glénoïde du côté opposé en formant avec lui un angle, ouvert en arrière, dont la grandeur oscille entre 30° et 70°. Ce sont les atlas d'adultes dont l'arc postérieur seul ou l'arc postérieur et l'arc antérieur ne sont pas fermés, qui ont les angles les plus ouverts. Chez les Américains, l'amplitude d'’oscillation varie entre 46 et 75°, moyenne 63°,6. Elle égale 40° sur l’atlas préhistorique américain de Monte-Hermoso (Leh- man-Nitsche), sur l’atlas de l’orang 35°, sur celui du gorille 50° (Snell. Ces différences s'expliquent par le développement plus ou moins con- sidérable de l'arc antérieur de l'os. Varialions de dimensions. — En raison de la possibilité de l'exten- sion en avant de chacune des cavités glénoïdes sur l'arc antérieur, de la division en deux de chacune d'elles, de lapparition assez fréquente d'une apophyse post-glénoïdienne, etc., on comprend que les dimen- sions de ces cavités doivent beaucoup varier aussi bien dans le sens de la longueur que dans le sens de la largeur. Leur grand diamètre mesure, en moyenne, 21 mm. 6 et leur petit diamètre 9 mm. 5. Quant à leur profondeur, elle varie entre 4 et 5 millimètres. Sur quel- ques sujets cependant où elles regardent directement en haut ou, à la fois, en haut et un peu en dehors, elles sont planes ou presque planes. Elles sont habituellement sinon un peu plus profondes, du moins un peu plus longues et un peu plus larges chez l’homme que chez la femme. Pour déterminer la profondeur de la fovea arlicularis superior, il suffit d'appliquer sur ses pôles antérieur et postérieur la règle plate dont on s’est servi pour mesurer sa longueur et sa largeur, et de mesurer ensuite la distance verticale qui sépare cette règle du point le plus profond de la surface recouverte de cartilage. Chez les Européens, les bords antérieur et postérieur de la facette articulaire supérieure de la première vertèbre du cou sont situés à peu près à la même hauteur quand cette vertébre repose sur un plan hori- zontal. Chez les Américains, le bord postérieur s'élève comme le dossier d’un siège landis que le bord antérieur est affaissé (Lehmann-Nitsche). Parmi les Anthropoïdes, la forme en dossier de siège de la cavité articulaire supérieure de l'atlas est bien manifeste chez l'orang. Existe-t-elle chez le gorille? J. Ranke (1) dit oui et Lehmann-Nitsche, non. Sur 22 gorilles adulles ou âgés, dont 13 mâles et 9 femelles que j'ai étudiés à ce point de vue, il y en avait 2 (1 mâle el 1 femelle) où (1) J. RANKE, Silz. d. malhem. phys. CI. d. k. bayerich. Akad. d. Wiss., pp. 3-25, 1895. 102 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE il n'y avait aucune différence sensible entre la hauteur du bord anté- rieur de la cavité articulaire supérieure de l'atlas et celle du bord postérieur, 16 (10 mâles et 6 femelles) ou cette cavité ressemblait à un dossier de siège, 4 (2 mâles et 2 femelles) où cette cavité élait remplacée par une surface plane ou presque plane, ainsi que cette cavité s'est présentée quelquefois aussi à moi sur quelques Touran- geaux. Quant à la forme en dossier de siège, je l'ai observée sur un vieux Parisien, un nègre de Mozambique et une Chinoise adultes. Apophyse postglénoïdienne. — Le professeur A. Macalister a donné le nom de pos{glenoid process a une expansion en arrière de la par- lie postérieure du bord supérieur de la cavité glénoïde. Cette apo- physe qu'on trouve, plus ou moins développée, sur 21 p. 100 des atlas, naît assez souvent par un point d'ossification particulier. Sur son sommet s'attache l'extrémité antérieure du ligament qui recouvre la gouttière de la face supérieure du pédicule de l'arc postérieur. C’est d’elle, sans doute, que Poirier a entendu parler dans cette phrase : « Une fois sur trois, on voit la partie postérieure des cavités glénoïdes se prolonger au-dessus de la gouttière de l'artère vertébrale. » FACE INFÉRIEURE (Apophyse articulaire inférieure ; fossa, fovea ar- ticularis inferior). — Elle forme avec un plan horizontal un angle qui mesure 29° en moyenne. La soudure, totale ou partielle à l’apophyse articulaire supérieure de l’axis, a été signalée par divers auteurs (1); il en existe un spécimen très curieux au Musée Dupuytren de l'École pratique de la Faculté de médecine de Paris (2). Ordinairement ova- Jaire et plane elle peut être circulaire et concave ; dans le gorille et dans l'orang, sa profondeur atteint jusqu'à 2 millimètres alors que dans l'espèce humaine, sa profondeur ne dépasse jamais 1 millimètre à 1 mm. ». Chez l’homme, le bord interne de la facette articulaire su- périeure est silué en dehors du bord interne de la facette articulaire inférieure. Chez l’orang et le gorille, le bord interne de la facette arti- culaire supérieure est à peine retirée vers l'extérieur, sans pourtant se maintenir dans la perpendiculaire relativement à celui de la facette inférieure. Ce dernier mode de conformation existe sur l’atlas préhis- torique américain de Monte-Hermoso. Je l'ai trouvé sur un vieux mulâtre de la Jamaïque. CIRCONFÉRENCE. — (outtière exo-glénoïdienne. — Sur 18 p. 100 des sujets environ le bord externe de la cavité glénoïde est creusé d’une gouttière dans laquelle s’insère le ligament capsulaire. (1) Notamment par SANGALLI, La sc. e la pratica dellanat. palol., oss. S5, tav. XIV, fig. 4°, p.139. Pavia, 1875. (2) Cf. HoueL, Catal. d. pièces du Musée Dupuytren, t. IN, p. 72. Paris, 1878. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 103 Variations du tubercule d'insertion du ligament transverse de l'arti- culation atloïdo-odontoïdienne. — Ce tubercule dont le volume n'a rien de fixe, est situé sur la face interne de la masse latérale, tantôt près du point où elle se continue avec l'arc antérieur, tantôt en arrière de ce point ; ordinairement, il occupe toute la hauteur de la face in- terne. Fosselle interne. — Sur 9 atlas sur 10 on trouve en arrière du tubercule d'insertion du ligament transverse de l'articulation atloïdo- odontoïdienne, une fossette, quelquefois assez profonde, comblée, à l'état frais, par un de ces prolongements en forme de villosités rami- fiées décrites sous le nom de glandes de Cloplon Havers, et dont le centre est percé de petits orifices qui donnent passage à des veines diploïques. Cette fossette, généralement Limitée en arrière par un relief osseux plus ou moins accentué, est appelée fosselle endo-glé- noïdienne en Angleterre. C’est à son niveau et, en dehors, au niveau du foramen transversaire, que les vaisseaux nourriciers pénètrent dans l'os et en sortent. APOPHYSES TRANSVERSES VARIATIONS DE FORME ET DE DIMENSIONS. — Ces apophyses sont, toutes choses égales d'ailleurs, plus fortes et plus volumineuses que les apophyses transverses des autres vertèbres cervicales. Leur longueur (du bord externe de la cavité glénoïde au sommet non creusé en gout- üière) oscille entre 10 et 20 millimètres, leur largeur (de l'origine du bord antérieur de la branche antérieure à celle du bord postérieur de la branche postérieure), entre ,11 et 19 millimètres et leur épaisseur (en dehors du trou transversaire), entre 4 et 9 millimètres ; celle de droite est très souvent plus longue, plus large et plus épaisse que celle de gauche. Elles sont en outre, moins développées, d'ordinaire, chez la femme que chez l’homme (1). TROU TRANSVERSAIRE. — Variations de dimensions et de forme. Le foramen transversaire de la première vertèbre cervicale a la forme d'un cercle dont le diamètre mesure 7 millimètres en moyenne et, par exception, celle d'une ellipse ou d’un ovoïde dont l'extrémité renflée regarde en dedans ou en dehors. Sur le même atlas, l’ostium trans- versaire droit et l’ostium transversaire gauche sont loin, en outre, d’avoir une configuration et une grandeur identiques. Sur une femme, (1) Pour détails complémentaires, Cf. Varialions de dimensions de l'allas en général. 104 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE de 47 ans, hémiplégique, j'ai vu celui du côté gauche affecter la forme d’un cercle dont le diamètre ne dépassait pas 4 mm. 5 et celui de droite, celle d’un ovoïde, renflé en dehors, dont l’axe transversal égalait 12 millimètres et l’axe antéro-postérieur, 5 millimètres. RACINE ANTÉRIEURE. — Variations de volume. — Aïnsi que celle des autres vertèbres cervicales, la racine antérieure de l'apophyse trans- verse de l’atlas est d'habitude plus grêle que la racine postérieure. Il est très rare également qu'elle ne soit pas, ainsi que la racine posté- rieure, plus massive d’un côté que de l’autre sur le même individu. — Ouverture du trou transversaire en avant. — De même que celle des autres vertèbres cervicales, la racine antérieure de l'apophyse transverse de l’atlas peut enfin être réduite à l’état d’un fil excessive- ment ténu, voire même manquer en lotalité ou en partie. La béance antérieure, plus ou moins accentuée, du foramen transversaire atloiï- dien a été constatée : 1? fois sur 100 atlas par M. Pitzorno. 25 — (8 fois des 2 côtés, 9 fois à droite et 8 fois à gauche) sur 172 — Varaglia. 10 — (45 — A5 — 10 — )— 500 — l'auteur. Soit 107 fois sur 712 atlas. Soit sur 14,1 p. 100 et plus souvent, semble-t-il, des deux côtés que d'un seul. Ce vice de conformation, rarement symétrique quand il est bilaté- ral, n'existe pourtant, au dire de Macalister, des deux côtés que sur 2 p. 100 et d’un seul côté que sur 1,6 p. 100 des pièces ostéologiques du Musée anatomique de l'Université de Cambridge. Serait-il plus commun en Jtalie et en France qu’en Angleterre ?.… ANATOMIE COMPARÉE. — L'ouverture en avant du trou transversaire alloïdien pendant toute la vie est, chez l'homme, la conséquence d'un arrèl de développement {ce trou se ferme normalement dans le seplième mois qui suit la naissance (1)]. Mais cet arrêt de développe- ment, accidentel dans l'espèce humaine, constitue la règle dans di- verses espèces animales. Chez l'Ornithorynque, le lamenlin, le dau- phin, le cachalot, le bœuf, etc., l'artère vertébrale est logée dans la courbure de la branche supérieure de l’apophyse latérale de l'atlas, seule existante. Sur un squelelte de gorille, décrit par Maggi (2), chacun des deux (1) Dans l'espèce humaine, chez le fœtus et après la naissance jusqu’à la fin de la vie, la portion absente de la racine antérieure de l’apophyse transverse est remplacée par un ligament fibro-cartilagineux (Voy. 7° vertèbre cervicale, Côtes cervicales, Analomie comparée.) (2) MAGGi, /l Patriotta di Pavia, 1879, n° 144. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 105 trous transversaires atloïdiens était ouvert en avant. Il en élait de même, je le rappelle, chez un gorille étudié par Struthers (voy. Ver- lèbres cervicales en général. Ouverture du trou transversaire en avant). Disons vite que c’est là un mode de conformation insolite chez les Anthropoïdes, les apophyses transverses des vertèbres cervi- cales de ces singes, naissant et se développant en effet, de la même manière que celles de l’homme et ne différant de celles de l’homme que par leur volume et leur inclinaison inférieure plus prononcés, notamment dans le gorille. RACINE POSTÉRIEURE. — Absence. — Luschka et Poirier assurent que l’une ou l’autre des deux racines de l’apophyse transverse de l'atlas peut faire complètement ou partiellement défaut. Je n'ai, pour ma part, jamais constaté dans la région cervicale — l’axis excepté, — que le défaut de présence, total ou partiel, de la branche antérieure. Trou sus-transversaire postérieur (Foro sopratrasversarto poste- riore et foro sopratrasversario anteriore de Zoja ; Foro sopratrasver- sario de Varaglia ; Occasional lateral bridge of bone on the atlas over the groove for the sub-occipital nerve and vertebral artery de Slru- thers ; Gléno-transverse bony arch de Macalister ; Trou antérieur el externe de Chauveau et Arloing ; Trou atlantoïde latéral de Bolck, etc.). Sur certains atlas, la partie externe du bord supérieur du bras pos- térieur de l'apophyse latérale est, comme l’a remarqué un des pre- miers, sinon le premier Cruveilhier, relié à la moitié postérieure ou au milieu du bord externe de la cavilé glénoïde par une lamelle osseuse, dirigée de haut en bas et dedans en dehors et mesurant en moyenne 1 centimètre de longueur, 7 mm. 5 de largeur et 3 millimè- tres d'épaisseur. Cette lamelle qui convertit la gouttière du bord su- périeur de la racine postérieure de l’apophyse transverse, contenant l'artère vertébrale et la branche antérieure du premier nerf cervical, en un orifice, présente une face supérieure, lisse ou rugueuse, légè- rement convexe ; une face inférieure lisse, concave ; un bord posté- rieur, recliligne ou concave, en rapport avec le plexus veineux sous- occipital ; un bord antérieur, concave, entre lequel et l'apophyse cos- forme chemine la branche antérieure du premier nerf cervical. Le foramen sus-transversaire postérieur peut être circulaire mais a habituellement la forme d’une ellipse dont le diamètre transversal mesure, en moyenne, 4 millimètres et le diamètre vertical, 6 milli- mètres. Zoja, qui lui a donné le nom de trou sus-transversaire postérieur (foro sopratrasversario bosleriore), a donné le nom de /rou sus-trans- versaire antérieur (foro sopralrasversario anteriore) à l'ouverture limitée, en bas et en avant, par le bord supérieur de la racine anté- € d, Trou sus-transversaire postérieur chez l'homme. L’atlas est vu du côté de sa face supérieure et le trajet des vaisseaux et des nerfs dans le trou transversaire (a) transformé en échancrure par suite de l’absence de sa lame anté- rieure, dans le trou sus-transversaire postérieur (d) et dans le trou rélro-articulaire supé- rieur (c), est indiqué par un fil. Je crois que cette pièce anatomique est unique. Elle reproduit chez l'homme, non seulement la conformation du canal artériel ou canal trigé- minal des Bovidés, mais encore la division en deux (d’) de chacune des facettes articulaires supérieures de leur atlas. = Trou sus-transversaire postérieur chez le bœuf (Bos taurus). L'atlas du bœuf est vu du côté de sa face antérieure ; on aperçoit (a) le trou sus-transversaire de chacune des deux ailes (apophyses transverses) qui n'offre pas de trou transversaire. Le trou rétro-articulaire supé- rieur n’est pas visible Sur le schéma ci-dessus, le trajet des vaisseaux et des nerfs trans- versaires dans le trou sus-trans- versaire postérieur et le trou rétro-articulaire supérieur est indiqué par un fil (a). Sur chacun de ces atlas existent la seconde partie trou sus-transversaire postérieur, et la troisième partie, trou rétro-arliculaire supérieur, du canal transversaire (canal artériel, canal trigéminal, etc.). DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 10% rieure de l'apophyse transverse ; en haut et en arrière, par le bord antérieur du nouveau pont osseux, alias par le bord antérieur du trou sus-transversaire postérieur ; en dedans, par la masse latérale ; en dehors, par la partie externe de l'extrémité libre de lapophyse transverse. Cette ouverture a communément la forme d'un ovoïde, renflé en dehors, dont la longueur de l’axe transversal égale en moyenne, 8 millimètres et celle de l'axe vertical, 5 mm. 5. Le regretté anatomiste italien a, enfin appelé trou atloïdo sus-transversarre (foro alloideo-sopratraversario) l'espace circonscrit par le contour externe du trou rétro-articulaire supérieur et le contour postérieur du trou sus-transversaire postérieur et qui est comblé presque entièrement par la branche postérieure du premier nerf cervical. Le foramen sus-transversaire postérieur a été rencontré : 2 fois sur 500 atlas par P Poirier. 3 —- — 4100 — M.Pitzorno. 16 — — 441 — Dubreuil- Chambardel (1). 3 — (1 fois des 2 côtés, 1 fois à droite et À fois à gauche) sur 172 — Varaglia. 8 —(3 — 3 -— 2 — — 500 — l'auteur. Soit 32 fois sur 4.719 atlas. Soit sur 1,8 p. 100. Il ne s’agit ici que du foramen sus-transversaire postérieur complet, mais le /oramen sus-transversaire postérieur incomplet est infiniment plus fréquent. L'un et l’autre ont élé observés dans toutes les races et, dans chaque race, chez l'homme et chez la femme. Sur le même sujet, et quels que soient la race et le sexe, l'anneau osseux en ques- tion est, parfois complet d’un côté et incomplet de l’autre et lorsqu'il est complet ou incomplet de chaque côté, le plus souvent asymé- trique. La solution de continuité, plus ou moins étendue, qu'offre le trou transversaire postérieur incomplet siège toujours à sa partie supé- rieure. Et on s'explique qu'il doit nécessairement en être ainsi quand on sait que la conversion en trou de la gouttière du bord supérieur du bras postérieur de l'apophyse latérale de l’atlas, contenant l'artère vertébrale et la branche antérieure du premier nerf cervical, est due à l’ossification d'un ligament de nature conjonctive qui réunit la moi- tié postérieure ou le milieu du bord externe de la cavité glénoïde à la partie externe de l’apophyse latérale de l’atlas etauquel on peut, en rai- son de ses insertions et de sa direction, donner le nom de ligament (1) 2 fois sur 41 hommes et 1 fois sur 22 femmes disséqués à l’amphithéâtre d'anatomie de l'École de médecine de Tours, 10 fois sur 342 atlas secs d'Euro- péens et d'Européenues et 3 fois sur 42 atlas secs de nègres. Canal fransversaire, artériel ou trigéminal, complet. Chez l'homme. L'atlas est vu du côté de sa face antérieure. ere. ée en arrit lin leure Inc L'atlas est vu du côté de sa face postér vals- seaux et des nerfs transversaires dan; le Chez le lama (Lama peruviana). canal transversaire est indiqué par un fil EE i-contre, le trajet des ss} s = £ - | 5) | n © © S 2 = SJ Fe | — | 0] Sur chacun de ces atlas existent par conséquent la première partie (a), trou transversaire, la seconde partie (b) trou sus-transversaire postérieure, etla troisième partie (c, d), trou rétro--articulaire supérieur, du canal transversaire. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 109 gleno-sus-lransversaire oblique(1). À chacun de ses battements l'arlère vertébrale, au niveau du point où elle se réfléchit sur la racine posté- rieure de l’apophysetransverse de la première vertèbre cervicale, tend, en le refoulant en haut celigament et détermine à chacunede ses extré- milés l’apparition d'ostéophytes. Ces ostéophyles ont non seulement un mode de genèse analogue mais encore un mode d'accroissement analogue à ceux qu'on trouve parfois à l'origine ou à la terminaison du canal transversaire et auxquels il faut attribuer la division totale ou partielle des 6°, 7°, 5°, etc., trous transversaires et la transforma- tion en un anneau osseux, complet ou incomplet, de la goullière de la face supérieure du pédicule atloïdien. Et c'est évidemment pour- quoi la paroi supérieure du foramen sus-transversaire postérieur comme celle du foramen rétro-articulaire supérieur, est lantôt for- mée par une lamelle osseuse indivise dans toute sa longueur ou par deux langueltes osseuses, articulées ou non entre elles au moyen d'une suture, tantôt par deux aiguilles situées en face l’une de l’autre et dont les pointes sont, à l'état frais, reliées l’une à l’autre par un troussean de fibres conjonctives. Le trou sus-transversaire postérieur peut, quelle que soit sa confi- guration, coexisler des deux côtés ou d'un seul, sur le même sujet, avec un ou plusieurs des trous atloïdiens anormaux que j'ai décrits précédemment. C’est ainsi que, dans mon Musée particulier, figure l'atlas d'un maniaque, décédé en 1882, à l’âge de 60 ans, à l'Asile des aliénés de Tours, et sur lequel on trouveen plus du trou vertébral, mais à droite seulement : 1° Le {rou transversaire dans lequel passe l'artère et la veine verté- brales et le nerf de François Franck ; 2° Le {rou sus-lransversaire antérieur duquel émerge la branche antérieur du premier nerf cervical ; i » »° Le /rou sus-lransversaire postérieur contenant l'artère el la veine vertébrales et la branche antérieure du premier nerf cervical ; 4° Le {rou atloïdo-sus-transversaire duquel sort la branche posté- rieur du premier nerf cervical ; o° Le /rou rélro-arliculaire supérieur que traverse l'artère verté- brale, le premier nerf cervical, les veinules et les ramuscules du grand sympathique qui les accompagnent ; 6° et 7° Le /rou rélro-articulaire inférieur et le trou rétro-transver- satire qui renferment chacun une veinule. ANATOMIE COMPARÉE. — Après avoir noté que la première verlèbre (1) Il est appelé ligament gléno-transversaire, par Dubreuil-Chambardel qui à constaté son absence sur 46 des 63 sujets disséqués par lui. 110 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE cervicale de l'homme et celle de quelques singes, le chimpanzé entre autres, se distingue de celle de presque tous les animaux : 1° par sa petitesse relative ; 2° par l'absence, en arrière de chacune desapophyses articulaires supérieures, d'un anneau osseux, J.-F. Meckel à ajouté: « Il existe, en outre, chez quelques singes, par exemple le Saïmiri (Simia sciurea), le Sajou (S. apella), le Maure (S. Maura), le Maga- bey sans collier (S. fuliginosa), le Coaita (S. Ateles), chez les Makis, les Slenops et le tamanotr, une seconde ouverture pour la partie su- périeure de l’artère vertébrale ; cette ouverture manque à l’homme et aux autres Mammifères. » Cette seconde ouverture pour la partie su- périeure de l'artère vertébrale, se rencontre sur nombre d'autres ani- maux que ceux signalés par J.-F. Meckel. [1 y a, pour ma part, plus de vingt-cinq ans que mon regretté ami Struthers, alors professeur à l'Université d'Aberdeen, m'a montré l’atlas d’un Choak-Kama (Cyno- cephalus porcarius), de Cuvier, Guenon à face allongée de Buffon, Singe noir de Vaillant, etc.), qui avait à droite et à gauche : un érou transversaire, un {rou sus-transversaire poslérieur el un trou rétro- articulaire supérieur (1). Ce simien possède donc régulièrement ou irrégulièrement, — il m'est encore impossible de me prononcer d’une façon plus catégorique à cet égard — chacune des trois portions du canal dit canal arlériel de Cuvier (2) que, dans son parcours torlueux, traverse, chez les Mam- mifères, l'artère vertébrale avant de pénétrer dans le crâne et dont la première portion est constituée par le trou transversaire, la seconde par le trou sus-transversaire postérieur, la troisième par le trou rétro- articulaire supérieur, Mais s’il est des Mammifères où chacune destrois portions de cecanal est présente, il en est aussi où chacune des trois portions de ce canal fait défaut, et par suite ce canal tout entier; d'autres où deux des trois portions de ce canal manquent; d’autres enfin, où une des trois portions de ce canal est seule absente. Les trois portions se trouvent dans les Chétroplères, divers Carnas- siers (ours, hyènes, etc.), les /nsectivores, les Équidés (chevaux, ânes, bardots), etc. Aucune d’entre elles n'existe chez l'ornithorynque, le lamentin, le dauphin, le cachalot, etc. Le kangourou, la baleine, le rhinocéros, etc., ne possèdent que la troisième et l'homme, le gorille, le gibbon, elc., que la première. Dans l'Échidné, \ hippopotame et dans, — les chameaux exceptés, — les Ruminants (bœufs, moutons, chèvres), etc., on ne rencontre que la seconde et la troisième et dans les souris et les rats, les chiens et les 1) EL conséquemment aussi un /rou ailoïdo-sus-transversaire. 2) CuviER, Lec. d'anal. comp., t. II, p. 77. Bruxelles, 1836. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 111 chats et plusieurs autres petits Carnassiers fisstpèdes el les phoques, parmi les Carnassiers pinnipèdes, le porc-épic commun, elc., que la première et la troisième. « Les ailes (1) de la première vertèbre cervicale du chameau à deux bosses (Camelus dromedarius) ne sont pas très larges, a écrit Lesbre (2), mais elles sont fortement rabattues en avant ; on y voil : 1° à la partie inférieure un trou qui les traverse de part en part et s’ouvre dans une dépression à leur face antérieure ; c’est le trou tra- chélien ou transversaire ; + à la partie supéro-interne, un autre ori- fice, plus grand, s'ouvrant, d'une part au fond de la dépression susdite, d’autre part dans le canal vertébral : c’est le trou de conjugaison (3); 1l est prolongé en haut et en dehors par une pelite scissure qui est elle- même susceptible de se convertir en trou. Enfin un dernier pertuis qui sert de dégagement aux sinus veineux atloïdiens traverse la lame vertébrale et débouche dans la même excavation que les deux autres. » Au dire de Lesbre, cette conformation constitue également la règle chez le Chameau à une bosse (Camelus arabicus seu dromaderius) et le lama domestique où guanaco. Pour les animaux du genre lama ou auchenta dénommé à si juste litre chameau du Nouveau Monde, mes recherches ne concordent pas sous ce rapport avec celles de Lesbre. Au Jardin botanique de la ville de Tours sont morts depuis quarante ans dix {amas domestiques, plus ou moins âgés (7 mâles et 3 femelles), dont j'ai pu examiner les sque- lettes. Sur l’atlas de chacun de ces squelettes j'ai constaté qu'il exis- tait, en effet, à droite et à gauche, trois foramina : un foramen trans- versaire, un foramen sus-transversaire postérieur et un foramen rétro-articulaire supérieur. Maintenant je suis peut-être tombé sur une série exceptionnelle d’atlas de /amas, dont la scissure qui pro- longe en dehors, chez les chameaux, le trou de conjugaison et qui est susceptible de se convertir en trou, selon la remarque de mon excel- lent ami le professeur d'anatomie de l’École vétérinaire de Lyon, s'était converti en trou par suite d'une ossification ligamenteuse. Trou sous-transversaire postérieur. — Ce trou a été trouvé pour la première fois, en 1906, par Giuffrida-Ruggeri (4) sur la moitié gauche, seule existante et complètement soudée à l'occipital, de la première vertèbre cervicale d'un indigène argentin. Dans ce cas, le bras anté- rieur de l’apophyse latérale gauche était représenté par une expan- (1) Les apophyses transverses rudimentaires chez l’homme ont la forme de grandes ailes dans les Solipèdes, les Ruminants, etc. (2) LESBRE, Rech. anal. sur les Camélidés, cit. pp. 32, 143 et 169. (3) D'après la plupart des anatomistes vétérinaires, ce foramen peut être double. (4) GiurFRinA-RUGGERI, Monit. z0ol. ilal., p. 88. Firenze, 1906. 112 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE sion en forme d’épine de l'os de la nuque dont l'extrémité externe ne se confondait pas avec celle du bras postérieur, de sorte que le fora- men transversaire était constitué par un anneau irrégulier, ouvert en dehors et trop étroit pour pouvoir donner passage à l'artère verté- brale. De la partie interne du bord inférieur de la racine postérieure de l’apophyse transverse se détachait, enfin, une languette osseuse qui allait s’unir à la masse latérale du semi-atlas en se portant en bas el en avant. En arrière de la masse latérale que termine l’apophyse articulaire inférieure et au-dessous du trou occipital se trouvait donc un oslium à peu près circulaire de 5 millimètres de diamètre que devait nécessairement traverser l'artère vertébrale pour pénétrer dans le crâne. Zoja (1) a décrit en Llermes assez obscurs une malformation qui se rapproche de celle en question que je n’ai jamais vue et sur le mode de genèse de laquelle il m'est encore impossible de me pro- noncer catégoriquement, mais qui pourrait bien être aussi la consé- quence d'une ossificalion ligamenteuse. Sommer.— Biluberculisalion. — Les apophyses transverses de Ia pre- mière vertèbre cervicale sont, je le rappelle (2), plus souvent bituber- culeuses chez l'homme que chez la femme. Celte anomalie est inté- ressante à connaître, car elle vient à l'encontre de l'opinion d’Allen et de M. Cleland qui prétendent que la racine antérieure de lapophyse latérale de l’atlas et celle de lapophyse latérale de l’axis ne corres- pondent pas, chacune, à un arc ventral, mais au pont unissant en dehors la racine antérieure et la racine postérieure de chacune des apophyses transverses des ver- tèbres cervicales sous-axoïdien- nes, la dernière exceptée. Bifidilé de l'extrémité dislale de la racine postérieure. — Ce mode de conformationexiste sur deux atlas (n° 77 et 79 du Musée analomique de l'Université de Cambridge). Allen en a fourni un bon dessin. Je l'ai observé, mais à droile seulemeni, sur un homme Bifidité de l'extrémité distale de la ra- NE : : , cine postérieure (a) de l’apophyse âgé de 62 ans, paralytique géné- transverse droite de l’atlas. ral, mort au mois de novembre 1887, à l'Asile des aliénés de Tours. Ainsi qu'on peut en juger de visu, la branche postérieure de (1) ZoyA, loc. cit. suprà. (2) Cf. Varialions de dimensions de l'allas en général. DE QUELQUES VERTÈBRES CERVICALES EN PARTICULIER 113 l’apophyse transverse droite de la première vertèbre du cou dépasse d'un centimètre en dehors, où elle se recourbe en arrière, la branche antérieure et donne naissance, au niveau du point où elle se fusionne avec cette branche, x ane expansion poslérieure mesurant 1 cm.5 de longueur. La bifidité de l'extrémité distale de la racine postérieure de l’apophyse transverse de la première vertèbre cervicale est due, selon moi, à l'ossification des fibres conjonctives aponévrotiques et tendi- neuses qui se fixent sur l'extrémité distale de cette racine posté- rieure. Arliculalion avec l'occipital. — Varaglia a décrit, avec un dessin à l'appui, un atlas dont la partie postérieure de l'apophyse transverse gauche énormément développée était articulée, en arrière et en dehors du condyle de l'occipital, avec la face inférieure de cet os. Il s'agit là d'une hypertrophie osseuse dont la genèse nous échappe encore et qu'il faut ranger, en attendant mieux, parmi les variations, monstruo- sités où lératologiques. Il n’en va pas de même de ces prolongements osseux, bien limités, droits ou courbes, lisses ou rugueux, peu volumineux, du sommet de l'apophyse transverse vers la surface jugulaire de l'occipital avec laquelle ils peuvent être articulées et dont divers anatomistes ont fait mention. On a sous les yeux une malformation de ce genre que j'ai ä& . Atlas dont le sommet de l’apophyse transverse gauche était articulé au moyen d'un prolongement (a) ascendant (processus sus-transversaire) avec la sur- face jugulaire gauche de l'occipital. trouvée, mais à gauche seulement, sur l’atlas d’un homme de 27 ans, mort phtisique, au mois de juillet 1907, à l'Hôpital général de Tours. Sur ce sujet l'extrémité libre du prolongement ascendant ou apophyse sus-transversatre formait avec la surface jugulaire gauche de l’occipi- al une petite articulation arthrodiale. Dans les Addenda de mon Trailé des variations des os de la face de VERTÉBRALE. 8 114 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE l'homme et de leur signification au point de vue de l'anthropologie z00- logique, j'ai écrit (p. 419) : « Le professeur Macalister (1) dit qu’il a rencontré trois variélés d'apophyses paramastoïdes : 1° une variété où cette production osseuse insolite était formée par un prolongement descendant de l'exoccipital et un prolongement ascendant de l'apophyse transverse de l’atlas; une variété où elle était constituée par un prolongement descen- dant de l'exoccipital, articulé ou fusionné avec l'apophyse transverse de l’atlas : 3° une variété où elle était représentée par un prolonge- ment aseendant de l’apophyse transverse de l’atlas, articulé ou fusionné avec l’exoccipital. Il en a conclu que le processus paracondyleus n’est rien antre chose qu'une ossification, plus ou moins étendue, de l'appa- reil ligamenteux compris entre {he {ransverse process and the jugular process. Mon excellent ami le professeur Macalister ne m'en voudra pas, je l'espère, de persister à croire que l'opinion que j'ai émise dans mor Traité des variations des os du crâne de l'homme de la significa- tion du processus paracondyleus humain, est, généralement, plus plausible. On a noté évidemment la présence d’une ossification inin- terrompue entre l'exoccipital et l'apophyse transverse de la première vertèbre cervicale, mais, dans un cas de ce genre observé par Leve- ling (2), sur une vieille femme qui ne pouvait tourner la tête, il fut constaté de chaque côté, après la mort, que l'extrémité inférieure de l'éminence paramastoïdienne avait été primilivement libre. L'Institut anthropologique de Brunswick possède, d'autre part, le crâne d’un enfant de neuf mois, qui a été étudié par Uhde (3) et qui a une apo- physe paraoccipitale, ce qui prouve péremptoirement que cette apo- physe peut être congénitale. Mon ancien maitre et collègue, le pro- fesseur Courbon, de Tours, gardait la tête d’un fœtus masculin de huit mois et demi, qui offrait à droite une saillie bien nelte de la nature de celle dont je traite. Que le ligament qui réunit l'occipital et l’'apophyse transverse de l’atlas puisse s'ossifier complètement ou incomplètement, il serait mal à moi qui ai expliqué, le premier, nombre de variations osseuses, en invoquant une incrustation par des sels calcaires de la totalité ou d'une partie d’un lien fibreux, de pré- tendre le contraire. Mais je ne saurais admettre davantage que le processus paracondyleus ait constamment pour origine une ossifica- ‘tion anormale de la totalité ou d'une partie du pont fibreux sus- indiqué. » Ma manière de voir à cet égard n’a pas changé depuis 1903. (1) MACALISTER, Journ. of Anat. and Phys., 1894. (2) LeveziNG, Observal. anal. rariores, fasc. I. Norimber, 1787, (3) Une, Arch, f. Klin. chir., 1866, ñ s Pie e AXIS (1) Syx. : Dent (Hippocrate); Deuxième rouelle (Estienne) ; Deuxième ver- tèbre pivotante ; Vertèbre denliforme (Rabelais) (2); Axe (Diemerbroeck) ; Vertèbre dentale; Epistropheus; Production dentale ; Deuxième vertèbre cervicale, etc. Variations de dimensions. — En usant de la méthode dont Zoja s'est servi pour arriver à déterminer les dimensions de l'atlas, c'est-à- dire en mesurant successivement sur 10 axis d'hommes adultes et autant d'axis de femmes adultes, la hauteur du corps et celle de l’'apophyse odontoïde (diamètre vertical maximum), la distance qui sépare la face antérieure du corps du sommet de l’apophyse épineuse (diamètre antéro-postérieur maximum) et la longueur de la ligne qui réunit le sommet de l'apophyse transverse droite à celui de l'apophyse transverse gauche (diamètre transverse maximum), M. Pitzorno (3) a nolé, en millimètres, les moyennes ci-contre : MOYENNES _ _ Hommes Femmes Diamètre vertical maximum . . . . 317,1 39,0 — antéro-postérieur maximum. 48,2 45,1 — transverse maximum . . . 54,6 48,1 En plus de ces mesures qu'il a dénommées mesures externes de l'axis, le même analomiste à pris sur chacun des 20 axis sus-indiqués ’ I deux autres mesures : celle de l'étendue de l'intervalle compris entre la face poslérieure du corps et le milieu de la face antérieure de l'arc qui porte l’apophyse épineuse (diamètre antéro-postérieur maximum) (1) Du grec &uw, essieu, pivot. Je dois observer à ce propos que ce n'est pas à la seconde, mais à la troisième vertèbre cervicale que les Grecs donnaient improprement le nom d'Æuwv, axe. (2) Cf. mon Rabelais analomiste el physiologisle, p. 42. Paris, 1899, (3) M. PrrzorNo, Arch. p. l'antrop. e l'etnolog., 1898, 116 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE et celle de l'espace limité par la face interne du pédicule droit, à sa naissance, et celle du pédicule gauche, à sa naissance (diamètre transverse maximum). Ces deux mesures, appelées par Pitzorno mesures internes de l'axis, lui ont fourni, en millimètres aussi, les moyennes suivantes : MOYENNES Re. Hommes Femmes Diamètre antéro-postérieur maximum. 20,4 18,9 == transverse maximum . . . 25,9 25,8 En raison de l'examen du trop petit nombre d'os sur lequel elles sont basées, ces moyennes ne s'imposent cerlainement pas, mais, comme elles ne diffèrent pas sensiblement — sauf en ce qui concerne le diamètre vertical maximum de l'axis féminin (voy. Variations de dimensions de l'apophyse odontoïde), — de celles que j'ai recueillies sur les axis de 150 rachis dont 75 d'Européens et de non-Européens adultes et 75 d'Européennes et de non-Européennes adultes, je me bornerai donc à signaler les chiffres extrêmes que m'ont fournis les mesures externes et internes que j'ai prises, en procédant de la même facon que M. Pitzorno, sur chacun des axis de ces 150 rachis, c'est-à- dire dans quelles limites ces mesures peuvent varier. Voici ces chiffres extrèmes : MESURES EXTERNES a Hommes Femmes Diamètre vertical maximum . . . . 44,9 29,8 — antéro-postérieur maximum. 56,2 42,7 _ transverse maximum . . . 6%,6 42,6 MESURES INTERNES Diamètre antéro-postérieur maximum. 27,9 19:28 — transverse maximum . . . 41,3 18,1 Comme pour l’atlas, les chiffres les plus forts ont été relevés par moi sur des hommes et les plus faibles sur des femmes de diverses races et ayant dépassé, depuis plus ou moins longtemps, l’adoles- cence. Les dimensions des diamètres antéro-postérieurs et transverses externe et interne maximums d’un axis, quel qu'il soit, déterminées, on en déduit aisément l'indice axoïdien externe à l’aide de la formule diamètre transverse externe maximum >< 100 diamètre antéro-postérieur externe maximum terne à l’aide de la formule et l'indice axoïdien in- diamètre transverse interne maximum >» 100, diamètre antéro-postérieur interne maximum AXIS 117 Conclusions : I. — L'axis a dans le sens antéro-postlérieur des dimensions à peu près égales chez l'homme et chez la femme (48 mm. 2 chez l'homme, 45 mm. 1 chez la femme ; différence : 3 mm. 1). II. L'axis masculin mesure dans le sens transversal 6 mm. 5 de plus que l'axis féminin. Des mensurations multiples que j'ai prises de chacune des diverses portions du diamètre transverse externe de la seconde vertèbre cervicale, il ressort pour moi que l'étendue plus con- sidérable de ce diamètre chez l'homme que chez la femme, ne peut être altribuée, comme pour le diamètre transverse externe maximum de la première vertèébre cervicale de l’homme, à celle de chacune des porlions apophysaires correspondant à un développement plus pro- noncé de chacune des apophyses transverses. On comprend, du reste, facilement, pourquoi il y a une différence plus grande entre les dimensions antéro-postérieures de l’axis féminin et celles de l'axis masculin qu'entre celles de l'atlas féminia et celles de l’atlas masculin et, au contraire, une différence moindre entre les dimensions trans- versales de l’axis féminin et celles de l'axis masculin qu'entre celles de l’atlas féminin et celles de l’atlas masculin. L'apophyse épineuse est pour la seconde vertèbre cervicale, mais dans des proportions beaucoup plus grandes, ce que chaque apophyse transverse est pour la première, parce que l'une et l’autre sont destinées à donner inser- Lion aux muscles puissants qui meuvent la tête sur la colonne verté- brale. III. — Le trou vertébral axoïdien est, comme le trou vertébral alloïdien, aussi large dans un sexe que dans l’autre. VARIATIONS DE POIDS. — Ainsi que l'a noté M. Pilzorno, la seconde vertèbre cervicale pèse, en moyenne, dans la race blanche, et loutes choses égales d'ailleurs : « 10-11 grammes shez l'homme et 7-9 gr. chez la femme, soit presque 3 grammes, ou, pour être absolument précis, 2 gr. 9 de plus chez l'homme que chez la femme.» Pour expli- quer la diflérence de poids qui existe, paribus cœleris, dans la race blanche et vraisemblablement dans loutes les autres races (1), entre l’axis masculin et l’axis féminin, il faut invoquer les mêmes raisons que l'on invoque pour expliquer celle qu'on constate, partbus cœlerts, dans la race blanche, et vraisemblablement aussi dans loutes les autres races, entre l’atlas masculin et l’atlas féminin. Je rappelle l'importance qu'a au point de vue du déterminisme de la sexualité (1) Sur 40 colonnes vertébrales de nègres africains el océaniens adultes, j'ai trouvé, comme poids moyen, en effet, 10 gr. 62 et sur 5 colonnes vertébrales de négresses africaines adultes, 7 gr. 78. 118 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE d’un rachis la connaissance de l'inégalité de largeur et de poids qu'offrent, chez l'homme et chez la femme, la première et la seconde vertèbre du cou (1). Qu'on sache bien pourtant que, abstraction faite de la race et de la sexualité, le poids de l’axis oscille, de même que celui de l’atlas, dans des limites assez étendues. C’est ainsi que je l’ai vu atteindre 18 grammes sur un Tourangeau de 62 ans el 12 grammes sur un nègre de Libéria de 42 ans et descendre à 8 grammes sur une négresse d’Angola de 28 ans, 6 grammes sur une Poitevine de 62 ans et 5 gr. 50 sur la Chinoise de 19 ans dont l’atlas ne pesait que 5 gr. 22. ANATOMIE COMPARÉE. — Dans les espèces animales, de même que dans l'espèce humaine, les mesures du second élément osseux rachi- dien les plus utiles à connaître sont celles des trois diamètres externes et des deux diamètres internes maximums dont il vient d’être question et qui tous, sauf les diamètres lransverses externe et interne maxi- mums, n'ont pas, à partir des Singes anthropoïdes, par suite de la transformation de la station bipède en station quadrupède, la même direction, on le sait (voy. Allas, variations de dimensions), chez les autres Mammifères que chez les Anthropoïdes et chez l'homme. En ne prenant pour base que la hauteur de l’axis (corps + apophyse odontoïde) et, en commençant par le Mammifère où cette hauteur est la plus grande, les Mammifères peuvent être classés de la sorte : cheval (Equus caballus), 190 mm.; le bœuf (Bos laurus), 110 mm.; le mouflon (Ovis musimon), 6o mm.; le bouc (Hircus capra), 55 mm.; le chien (Canis familiaris), 44 mm.; le phoque (Pelagius monachus), 44 mm.; le gorille (Gorilla gina), 41 mm.; l'homme, 37 mm.; la femme, 34 mm.; l'orang (Simia satyrus), 33 mm.; le renard (Canis vulpes), 28 mm.:le chat (Felis catus), 24 mm.; le lièvre(Lepus Hmidus), 17 mm. ; le lapin (Lepus cuniculus), 17 mm. En n'ayant cure que de la longueur du diamètre transverse externe maximum de l’axis, et en commençant par le Mammifère où elle est le plus considérable, les Mammifères peuvent être classés de la sorte : le cheval (92 mm.), le bœuf (91 muwm,), le gorille (61 mm.), l'homme (54 mm. 6), le phoque (51 mm.), la femme (48 mm.1),l'orang (44 mm.), le mouflon (4o mm.), le bouc (37 mm.), le chien (34 mm.), le renard (17 mm.), le chat (16 mm.), le lapin (10 mm.), le lièvre (9 mm.). En ne se souciant que des dimensions du diamètre antéro-posté- rieur externe maximum de l’axis, et en commencant par le Mammifère où elles sont les plus éténdues, les Mammifères peuvent être classés de la sorte : le cheval (101 mm.),le phoque (95 mm.),le bœuf (84 mm.),le (1) Cf. Atlas. Varialions de dimensions el de poids. ‘date AXIS 119 gorille (72 mm.), l'homme (48 mm. 2), l'orang (42 mm.), la femme (45 mm. 1), le bouc (39 mm.), le mouflon (34 mm.), le chien (35 mm.) le chat (20 mm.), le renard (20 mm.), le lièvre (1% mm.), le lapin (13 mm.). En ne tenant compte que du poids de l'axis qui est constamment en rapport avec son volume et sa robustesse, et en commençant par le Mammifère où il est le plus fort, les Mammifères peuvent être classés de la sorte : le cheval (222 gr.), le bœuf (115 gr.), le phoque (22 gr.), le gorille (19 gr.80), le bouc (18 gr.), le chien (15 gr.), l'homme (10 à 11 gr.), l’orang (8 gr. 15), la femme (7 à 9 gr.), le mouflon (6 gr.), le renard (1 gr. 85), le chat (1 gr. 50), le lièvre (o gr. 75), le lapin (o gr. 50). La gracilité de la seconde pièce osseuse du rachis me semble, comme celle de la première, constituer la règle chez les orangs. Elle étail appréciable sur la seconde pièce osseuse de chacun des 37 rachis d’orangs, mâles et femelles, plus ou moins âgés, qu'il m'a été donné d'étudier, el principalement sur celle d’un orang femelle dont le sque- lelte avait acquis son complet développement et où elle coexistait avec une neurépine, assez longue et non bifurquée. Si on ne considère que la configuration et l'étendue de l'aire du trou vertébral de l’axis qui sont décelées par l'indice atloïdo-axoïd:en interne, déduit par le calcul, des dimensions des diamètres antéro- postérieur et transverse internes maximums, il est permis, en partant du Mammifère où cet indice est représenté par le nombre le plus élevé, de ranger les Mammifères dans l'ordre suivant : l'homme (126,9), la femme (125,9), le renard (122,2), le cheval (121,2), le bœuf (115,6), le chien (115,3), le chat (111,1), le lapin (100), le mouflon (100), le gorille (98), l'orang (95), le phoque (91,13), le bouc (87,5), le lièvre (85,7). SEGMENTATION DE L'OS (Voy. Segmenlalion de l'apophyse odontoïde). CORPS FACE SUPÉRIEURE. SILLON PÉRIODONTOÏDIEN LATÉRAL. — Le sillon qui sépare, de chaque côté, l'apophyse odontoïde de l'apophyse arti- culaire supérieure, est plus ou moins marqué et présente chez 60 p.100 environ des sujets un pelit foramen vasculaire. ANATOMIE COMPARÉE. — Le sillon périodontoïdien latéral, qui offre les mêmes variations de longueur et de largeur dans les Æspèces 120 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE simiennes que dans l'espèce humaine, existe à l'état rudimentaire dans les chauves-souris, dans les lapins, les phoques et manque complète- ment dans le hérisson, le chien, le renard, le chat dans lesquels la facette articulaire ventrale de l’apophyse odontoïde et les deux facettes craniales du corps de l’axis se continuent l’une avec l’autre, ne forment qu'une seule facette articulaire. Il en est de même dans les chevaux, sauf que la portion de la facette articulaire craniale droite du corps de l’axis, saillant du côté ventral, est séparée de la portion correspondante de la facelte articulaire craniale gauche par une inci- sure médiane. Il en est de même également dans les bœufs et les mou- ons, sauf que les facettes articulaires craniales du corps de l'axis, fusionnées aussi du côté de sa face ventrale, forment une espèce de gouttière autour du processus dentalus. De sorte que, dans la série des Mammifères, des trois facettes articulaires axoïdiennes cranio- ventrales distantes et indépendantes des Primates on passe aux trois facettes articulaires axoïdiennes cranio-ventrales, rapprochées et dis- tinctes, des Chétroplères, des Rongeurs et des Carnassters pinnipèdes, de celles-ci à la facette articulaire axoïdienne cranio-ventrale unique des /nseclivores et des Carnassiers fissipèdes, de celle-ci à celle avec incisure ventrale médiane des Périssodactyles, de cette dernière, enfin, à celle avec gouttière périodontoïdienne des Artiodactyles. ei encore Natura non fecit saltus. On comprend pourquoi les apophyses articu- laires du corps de la seconde vertèbre cervicale, — supérieures chez l'homme, antérieures chez les Quadrupèdes, — sont aussi voisines de la dent ; c'est évidemment afin de permettre à l’atlas de rouler autour du pivot odontoïdien, ce qui serait devenu impossible si ces surfaces articulaires eussent été placées loin de ce pivot, sur les lames de l'arc. Quoi qu'il en soit, le rapprochement des facettes articulaires supé- rieures du corps de l’axis humain de la facette antérieure de l’émi- nence qui le surmonte, ne peut être considérée que comme une varia- tion réversive. APOPHYSE ODONTOÏDE (1) (quille de Henle; apophyse dentiforme ; Dent.; Processus dentatus, etc): Varialions de dimensions. — Selon M. Pitzorno, le corps de la pre- mière vertèbre cervicale mesure, en moyenne, 20 millimètres de hau- teur dans le sexe masculin et 19 millimètres dans le sexe féminin, et l'apophyse odontoïde, 18 millimètres dans le sexe masculin et 17 mil- limètres dans le sexe féminin. De sorte que, chez l’homme, la hauteur de l’apophyse odontoïde est, en moyenne, à celle du corps, au dire de cel anatomiste :: 1 : 1,11 et, chez la femme, :: 1,17. Ces chiffres, de (1) Du grec 030v<, oâovtos, dent, et et0c, forme. Dés mtt û Éd AXIS 121 même que ceux de M. Pilzorno, dont j'ai fait précédemment mention, ne s'appuient que sur l'examen de 10 axis d'hommes et autant d'axis de femmes. En ce qui concerne le corps, ils concordent avec ceux qu'a fournis à A. Macalister l'élude successive de tous les axis que renferme le musée anatomique de l'Université de Cambridge et à moi celle de mes 75 axis masculins et de mes 75 axis féminins, mais ils en diffèrent en ce qui touche l’apophyse odontoïde. Si la hauteur de la seconde vertèbre cervicale égale bien, en moyenne, en effet, 20 milli- mètres chez l’homme et 19 millimètres chez la femme, celle de l'apo- physe odonloïde n’égale, en moyenne, que 17 millimètres chez le premier et 15 millimètres chez la seconde. Quand le sommet du processus dentalus dépasse d’une façon bien appréciable le bord supérieur de l'arc antérieur de l’atlas, il est, en général, arliculé avec un condyle ou une facelte basiaque ou soudé au milieu du bord antérieur du trou occipital (voy. plus loin : Varta- lions de connexions). I peut se faire que le sommet de la dent axoï- dienne se prolonge plus où moins loin en haut sous la forme d'une lamelle osseuse émanant de sa partie antérieure. Romili (1) a mème vu une fois celle lamelle osseuse articulée avec le milieu du bord antérieur du trou occipilal et A. Macalister, avec deux reliefs osseux, silués sur le bord antérieur du trou occipital, l’un à droite, l'autre à gauche du plan sagittal médian. Le savant professeur d'anatomie de l'Université de Cambridge a constaté aussi en avant de cette lamelle osseuse qu'il a appelée occipital process of the top of the dens, l'exis- tence, sur un sujet dont l'allas était soudé à l’occipital, d’une seconde expansion osseuse. Il n'est pas douteux pour moi que celle dernière malformation, de même que l’'apophyse occipilale du sommet de la dent de Macalister, ne rentre dans la classe des variations anatomiques que j'ai dénommées varialions par ossificalion ligamenteuse. L'apophyse occipilale du sommet de la dent est due à l’ossification dans une plus ou moins grande étendue et, en commençant par en bas, du ligament suspenseur de la dent ({gament occipilo-odontoïdien médian des anatomistes français; ligamenltum suspensorium dentis posterior, de Luschka) et l'expansion osseuse située en avant d'elle, à celle du petit faisceau fibreux situé en avant du ligament occipilo- odontoïdien médian, près du bord supérieur de la facette articulaire de l’apophyse odontoïde et se Lerminant soit sur l'occipital, soit sur le ligament occipito-alloïdien antérieur, faisceau fibreux décrit par Luschka sous le nom de ligamenlum suspensorium dentis antertor, par Barkow sous celui de ligamentum dentis anlicum el qui ne me parait guère être autre chose que la partie supérieure de la capsule atloïdo- (1) Romrri, Trall. d. anal. d. uomo, cit.; MACALIST: 5, FUSARI, passim. 122 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE odontoïdienne. L'apophyse occipitale du sommet de la dent a été ren- contrée 7 fois sur 240 axis, soit sur 2,9 p. 100 par M. Pitzorno et par moi (3 fois sur 90 par M. Pitzorno et 4 fois sur 150 par moi). De même que les variations de cette classe, elle se trouve beaucoup plus sou- vent chez les vieillards. Le raccourcissement de l’'éminence qui surmonte le corps du second élément osseux du rachis cervical semble être accompagné fréquem- ment de la synosiose de cet élément osseux à celui qui est placé immédiatement au-dessous de lui. Il en était ainsi dans 3 cas sur 5 observés par Fusari et dans 6 sur 16 qu'il m'a été donné de rencontrer. Dans > des 3 cas observés par mon collègue de l'Université de Turin où l’axis n’était pas soudé à la troisième vertèbre cervicale, l'apophyse odontoïde, mesurant 5 millimètres de hauteur, était, dans l’un, seule- ment articulée avec le bord inférieur de l'arc antérieur de la première vertèbre cervicale et, dans l’autre, réduite à l’état d’un tubercule mesurant à peine 3 millimètres de hauteur. Je n'ai jamais vu, pour ma part, la hauteur de cette apophyse s’élever au-dessus de 21 milli- mètres et descendre au-dessous de 11. Quant aux variations d'épaisseur du processus dentalus, elles sont subordonnées à celles qui peuvent se produire dans sa forme et qui sont étudiées plus loin. ANATOMIE COMPARÉE. — Chez l’Amphioæus el chez tous les Poissons, les vertèbres ne différent pas les unes des autres, mais à partir des Amphibiens, quelques Gymnophiona exceptés, il est facile de distin- guer dans le squelette rachidien plusieurs portions dans chacune desquelles les éléments solides ont une configuralion semblable. Au cou, et en raison, d'une part, des mouvements de la tête qui sont d'autant plus étendus que les Vertébrés occupent un rang plus élevé dans l'échelle zoologique et, d'autre part, des relations qu’elles ont avec le crâne, la première et la seconde pièces osseuses de la colonne vertébrale présentent des caractères spéciaux qui les ont fait séparer des vertèbres subséquentes et dénommer atlas et axis. Comparées l'une à l’autre, les deux premières pièces osseuses du rachis cervi- cales offrent elles-mêmes des caractères diamétralement opposés : l'atlas a pour attribut distinctif l’atrophie de ses parties médianes et l'hypertrophie de ses parties latérales et l’axis, l'hypertrophie de ses parties médianes et l’atrophie de ses parties latérales. Sauf dans les Célacés (1) où l'apophyse dentiforme manque, est mal isolée, ou saille peu, elle est généralement bien prononcée dans tous les autres Mammifères et plus grande que dans les Oiseaux. (1) MECKEL (J.-F.), HuxLEy, FLOWER, elc., passim. A Se oo Etes CN LE Pond Bi 1 AXIS 123 « C'est chez l'homme, a écrit avec raison J.-F. Meckel, qu'elle me paraît le plus longue en proportion ». Si on mesure séparément sur chacun des Mammifères dont j'ai nolé antérieurement les dimensions des trois diamètres externes et des deux diamètres internes maxi- mums de la seconde vertèbre cervicale, la hauteur du corps de cet os et celle de son processus, on obtient, en effet, les chiffres suivants : Corps Rede Citol C R P PE ne 38 mm. PR NE EN se ee ed OU — 20 — MONO ET LA, LU ie. ci net 4e — 12 — DUC METES Le LR PE UE" == 7 [1 — CHLORE RE CE LADA OR ENPRSSTRE AA BAROQUE En EE EP on 3D ES 1% — GORE EN EN RNEEDON IE NOT I = HOMME LR EN RERECL 1290: = die Rémmentns it NAS Re 0e 45 — RPPOTEN 2. NS RME Es CAR l — DFE PAPA EIQE AI ARE SRE. :. TRE 15 — ATP ARR CRT A ROMAN SE DER l:ERRSS De — JÉAN RONMEMENEEE L TE RER RE ETES fu ÉCOUTER RE A ER AR OS — D — De sorte que la hauteur de l’apophyse odontoïde est à celle du corps comme : 4 est à 1,1 chez l'homme 4 — 1,2 — la femme Dec 141 — 1,9 — l'orang ; 4 — 19 — Je gorille 4 — 92,1 — le phoque er Carnassiers AT 0 le chat EURE 4 — 3,0 .— Ile renard ni Paule lièvre Rongeurs 1 — 3,2 — Jle lapin L 1 — 4,0 — le bouc | 1 — 4,0 — le bœuf Ruminants 4 .— 4,0 — le mouflon } 4 — 4,0 — le cheval Pachyderme C'est-à-dire que la différence qui existe entre la hauteur de l'apo- physe odontoïde et celle du corps augmente à mesure que le Mammi- fère est plus dégradé. Or, comme la diminution de hauteur de l'apo- physe odontoïde par rapport à la hauteur du corps a, chez lous, pour conséquence d'augmenter celte différence et l'accroissement de hau- 121 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE teur de cette apophyse par rapport à la hauteur du corps, de diminuer cette différence, la réduction de hauteur de l’apophyse odontoïde chez l'homme doit donc être considérée comme un caractère d'infériorité, une variation réversive et l'accroissement de hauteur de cette apo- physe comme un caractère de perfectionnement, une variation pro- gressive. Dans mon 7raité des variations des os du crâne de l'homme, j'ai avancé que la saillie très prononcée, que peuvent former, au-dessus du nez et des yeux, les arcades sourcilières, réunies entre elles au niveau de la glabelle « acquiert actuellement son maximum de proci- dence chez les Australiens ». L'exactitude de cette proposition a élé confirmée depuis par un éminent anthropologiste de Berlin, P. Bar- tels (1). Il me semble également que dans les races inférieures, c'est parmi les Australiens qu'on rencontre le plus communément ce rac- courcissement en hauteur de la dent atloïdienne. Sur les 16 cas de cette malformation que j'ai pu observer, 8 l'ont élé sur des Austra- liens. 2 sur des Australiennes, 1 sur un Papou, 1 sur un nègre afri- cain, 1 sur une Canaque et 3 sur des Tourangeaux. Elle a été trouvée également par Macalister sur 6 axis d'Australiens que possède le Musée anatomique de l'Université de Cambridge. Variations de forme et de direction. — L'apophyse odontoïde peut être cylindrique, conique, aplatie latéralement au lieu d’être aplatie a, apophyse odontoïde cylindrique. Chez l'homme. Chez le chien (Canis familiaris). d'avant en arrière, bifide, etc. Zoja a consacré quelques lignes à Ia description d’un axis figurant dans le Musée anatomique de l'Univer- sité de Pavie et « dont la dent, très courte, affectant la forme d’une (1) Cf. mon Trailé des varialions de la face de l'homme, p. 425. a, apophyse odontoïde conique chez l'homme. e chez le gorille (Gorilla gina). a, apophyse odontoide coniqu La) Bifidité du sommet de l'apophyse odontoide. Chez l'homme. Chez le bœuf (Bos laurus)- a, apophyseodontoïde ; b — son sommet bifide. 126 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE pyramide triangulaire à sommet mousse, est inclinée en arrière ». J'ai noté cette inclinaison en arrière du processus dentatus, bien con- formé, sur une Tourangelle, tuberculeuse, décédée le 20 mai 1889 à la salle 14 de l'Hôpital général de Tours. De toutes les parties de la dent axoïdienne, celle qui est le plus sujet à varier de configuration est certainement la facette au moyen de laquelle elle s'articule avec la parlie médiane de la face postérieure de l’arc antérieur de l’atlas. Elle est tantôt ovalaire à grand axe ver- tical, tantôt circulaire et, dans l’un et l’autre cas, plus ou moins large et convexe. ANATOMIE COMPARÉE. — La dent axoïdienne, qui est aplatie d'avant en arrière dans l'espèce humaine, est aplatie de dehors en dedans dans maints animaux. Son sommet est divisé en deux branches latérales chez les Phascolomes, les Asiniens, les Bovides, etc. Dans les Phoques, les Suidés, les Équidés, elle a la forme d’un cône vertical, légèrement incliné en arrière ; dans divers Arliodactyles ruminants(les Ovidés, les Caméliens, etc.), elle est verticale, hémi-cylindrique, tellement con- cave à sa face supérieure que celle-ci est changée en une véritable gouttière ; dans les Léporidés, les Canidés et les Félins, elle est cylin- droïde et un peu recourbée en arrière, de sorte qu'elle forme avec le corps de l’axis un angle ouvert en haut; dans les Jystricidés, elle est à peu près conique, mais infléchie aussi en arrière ; dans les Chéirop- lères, elle ressemble à une petite pointe qui, à sa partie antérieure, est convexe d'un côté et concave de l'autre ; dans les Lémuriens et les Singes quadrupèdes, elle est conique ou ovoïdale ; dans les Singes anthropomorphes, elle est ovoïdale, sauf chez le gorille, le plus dégradé d’entre eux, où elle est généralement conique. (Pour détails complé- mentaires, voyez plus loin : Segmentation de l'os.) Varialions de structure. — L'apophyse odontoïde est, au moment de la naissance, séparée du corps de l’axis par un disque de nature carlilagineuse qui, d'après Rambaud et Renault, disparaît au bout de quelque temps; suivant Henle, Cruveilhier, Quain, etc., dans le cou- rant de la 3° année ; selon Leidy, pendant la 5° ou la 6°; d’après Ch. Robin, Sappey, Poirier, etc., durant la 6e ou la 7°; et, au dire de Cunningham (1), de Macalister, etc., dans la vieillesse. Pour Hum- phry (2), ce disque s'ossifie à l'époque de la puberté, mais « il subsiste dans son milieu un espace analogue aux espaces intervertébraux qu’on aperçoit quand on pratique une coupe du sacrum ». À. d'Ajutolo (3) est, enfin, d'avis que le centre de ce disque peut (1) CUNNINGHAM, Journ. of anal. and phys., p. 238. London, 1886. (2) HumPary, The hum. skeleton, cit. (3) A. D’AJuTOLO, Mem. d. R. Accad. d. sc. d. Istit. d. Bologna, 1886. AXIS 127 persister jusqu'à l’âge dela décrépitude et qu'ainsi s'explique l'existence des enchondromes de l'apophyse odontoïde décrits par Virchow (1. Au vrai, l’ossification de ce disque cartilagineux commence vers la 3° année, par le dépôt dans sa partie antérieure et dans sa partie pos- térieure de granulations calcaires qui, en se réunissant, finissent par constituer deux arcs osseux n'ayant aucun rapport de contiguité l’un avec l’autre et dont la concavité de l'un regarde en arrière et celle de l’autre, en avant. Au début de la 6e année, l’'apophyse odontoïde, qui n’est encore qu'incomplètement soudée en arrière au corps de la seconde vertèbre cervicale, l’est complètement en avant. À 7 ans et quelquefois plus tard, elle est intimement unie au centrum de l'os qui la supporte par un anneau osseux ininterrompu dans lequel est enchâssée une lentille cartilagineuse. Cette lentille cartilagineuse diminue visiblement äe hauteur et de largeur avec les progrès de l’âge et on n’en retrouve plus, d'ordinaire, aucune trace après 70 ou 72 ans. Elle existait à l’état rudimentaire sur l’axis d'un Anglais de 85 ans et sur celui d'un Tourangeau de 89 ans que le professeur A. Macalister et moi avons pu examiner, el faisait totalement défaut sur l’axis d’un Anglais de 65 ans, sur celui d’un Tourangeau de 63 ans et sur celui d’une Tourangelle de 59 ans étudiés par J. Cunningham et moi. Si on pralique des coupes excessivement minces d'une lentille car- tilagineuse de ce genre, extrait de la seconde pièce osseuse de la colonne vertébrale d'un sexagénaire, et qu’on les porte tour à tour sous le champ du microscope, on constate que cette lentille cartilagi- neuse est constiluée en entier par du cartilage hyalin dont les cellules ont la configuration, les dimensions, la structure de celles dont on note normalement la présence dans les franges des synoviales des diarthroses et dont la prolifération a pour conséquence l'apparition, dans ces articulations, de corps étrangers, libres ou pédiculés, est conslituée, en entier, dis-je, par du cartilage hyalin identique à celui qui compose les autres disques intervertébraux au premier slade de leur développement, alias avant que n'apparaissent dans leur intérieur des fibres conjonctives. C’est une nouvelle confirmation de l'opinion défendue, après Henle (2) et Luschka (3), par J. Cunningham (4), qu'il y à, dans chaque disque intervertébral comme dans toute Joimture complète, deux « structures : synovial tissue and fibrous capsule ». La connaissance de ces faits a une grande importance au point de vue de l’anatomie philosophique. Ils témoignent, en effet : (1) Vircuow, Monatsb. d. Akad. d. Wissensch. in Berlin, 1875. (2) HENLE, Bünderlehre, p. 10. (3) Luscuxka, Die Halbegelenke at in Quains anal. (7° édit.). (4) J CUNNINGHAM, Journ. of anal. a. phys., p. 372. London, 1890. 128 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE 1° Que, chez l'homme même, au sommet de l'échelle des Mammi- fères, où elle semble à première vue s'opérer de bonne heure, la fusion complète de l'apophyse odonioïde et du corps de l’axis ne s'opère, de même que dans les Marsupiaux du genre Thylacine, au bas de l'échelle des Mammifères, qu'à cette époque avancée de la vie où les vaisseaux, les ligaments, les tendons, les aponévroses, les carti- lages, ete., s'imprègnent physiologiquement de sels calcaires ; 2° Que la lentille cartilagineuse qui, dans l'espèce humaine, sépare jusqu'à 70 ans et parfois plus tard le centre de l'apophyse odontoïde du corps de l’axis a la même structure que les autres disques inter- vertébraux. Segmentalion de l'os. — Il existe au Musée anatomique du Trinity College de Dublin un axis que le professeur Bennett (1) a décrit minutieusement et dont le corps et l’éminence qui le surmonte sont, l'un et l’autre, partagés, au niveau du plan sagittal médian, en deux segments égaux. Cruveilhier à fait mention, Je le rappelle, d'un basi- occipital qui était entièrement fendu, d’arrière en avant, sur la ligne médiane, ainsi que le corps des autres vertèbres cervicales. Luschka (2) a parlé d’une seconde vertèbre cervicale dont l’extré- milé supérieure de la dent était constituée par un ossicule « isolé et Persistance après la naissance de l'indépendance de l'osselet (a), aux dépens duquel se développe l'extrémité supérieure de l'apophyse odontoïde de l'axis. détaché » du reste de l'os. Sur une paralytique générale, décédée à l’âge de 52 ans, à l’Asile des aliénées de Tours, j'ai trouvé un petit os du même genre (voy.le dessin ci-dessus), mais qui était articulé au (1) BENNETT, Trans. path. Soc. Dublin, vol. VII, p- 117. (2) Luscaka, cit. par Romiri, ral. d. anal. um. 7 AXIS 129 moyen d’une suture, finement dentelée, — affectant la forme d'une courbe à concavité supérieure, — avec la partie sous-jacente de l’a- pophyse odontoïde. Pour pouvoir juger de la signification morphologique de ces ano- malies, il est indispensable de connaître les diverses opinions qui ont été émises sur le mode de développement de l'apophyse dentiforme. Je vais donc les indiquer, en même temps que j'exposerai les recher- ches sur l’ostéogénie de cetle apophyse que j'ai faites sur les 40 em- bryons humains de 4 semaines à 4 mois et les 6o nouveau-nés de 1 jour à 10 ans dont il a été déjà question. L'apophyse dentiforme naît dans l'espèce humaine aux dépens : D'un noyau d'ossification, simple ou bilobé, pour Serres, Blandin, Ch. Robin (1); De deux noyaux d'ossification latéraux pour Cruveilhier, Jamain, etc.; De deux noyaux d'ossification superposés : un principal ou pri milif (2) (os odontoideum de Bergmann) et un complémentaire ou épi- physaire supérieur (ossiculum terminale de Bergmann) pour Berg- mann (3), Bouchard, etc. ; De trois noyaux d'ossification : deux latéraux principaux ou pri- mitifs et un complémentaire ou épiphysaire supérieur pour Owen (4), Rambaud et Renault, Langenbeck (5), Luschka (6), d'Ajutolo, Quain, M. Pitzorno, Sappey, Poirier, Leidy, Lachi, etc. ; De trois noyaux d'ossificalion : deux latéraux principaux et primi- üfs et un complémentaire ou épiphysaire inférieur pour J.-F. Mec- kel (+), Nesbitt, elc.; De quatre noyaux d’'ossification : deux latéraux principaux ou pri- milifs et deux complémentaires ou épiphysaires, un supérieur et un inférieur pour S. Thomas. De ces six opinions, la quatrième me semble seule exacte. Chez l'homme, les deux centres d'ossification latéraux principaux ou pri- mitifs sont parfaitement visibles, de même que le centre d'ossification principal ou primitif unique des corps vertébraux, entre le second et le troisième mois de la vie intra-utérine. Situés l’un à côté de l'autre (1) Cu. Romin, Journ. de l'anat., 1864, et Mém. sur la notocorde, p. 95. Paris, 1868, (2) Qui, pour Bouchard, est souvent double (art. Rachis du Dict. ency. des sc. méd.). (3) BERGMANN, Eïinige beobacht. u. reflexionen üb. d. skelelsysteme der Wirbel- thiere. Güttingen, 1846. (4) OwEx, Principes d'osléol. comp. Londres, 1838 ; Paris, 1855. (5) LANGENBECK, Knôcher, Bänder u. Knorpellehre, p. 372, 1842. (6) Luscuka, Die anal. d. Menschen. Tübingen, 1862. (7) J.-F. MECKkEL, Man. d'anal. gen. desc. el palh., cit. SERRES, BLANDIN, etc., passim. VERTÉBRALE, { 130 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE et de volume et de configuration généralement dissemblables, ils ne se confondent que vers le sixième mois de la vie intra-utérine et, d'abord, par leur partie antérieure et inférieure, de sorte qu'au moment de la naissance, et même quelque temps après, ces deux centres d'ossification, séparés l’un de l’autre, en arrière par un sillon vertical médian et, à leur partie supérieure, par une gouttière, donnent à l'apophyse odontoïde une apparence bifide. Dans la partie anté- rieure et supérieure du cartilage qui persiste, en haut, entre ces deux centres d'ossification s'ajoute, deux ans après la naissance, un centre d'ossification complémentaire ou épiphysaire dit ossiculum de Berg- mann, du nom de l’anatomiste qui en a fait, le premier, mention en 1840, et dont on ne retrouve plus de trace chez les enfants âgés de 12 ou 13 ans. Ce centre d’ossification complémentaire ou épiphy- saire supérieur dont Bergmann a fixé, à Lort, la date d'apparition dans la 4° ou la 5° année qui suit la naissance, et dont l'apparition serait plus précoce chez les sujets robustes et plus tardive chez les sujets débiles, au dire de d’Ajutolo, est considéré comme anormal par Humpbhry (1) et plusieurs autres analtomistes anglais, notamment par A. Macalister, qui y voit l'homologue de l'épiphyse apicale de la dent de la Balænoptera rostrata (2). Pour moi, comme pour mon maitre, Saturnin Thomas, sa présence, dans l’espèce humaine, con- stiltue, au contraire, la règle, et son absence l’exception. Quant au disque cartilagineux qui sépare le corps de la seconde vertèbre cervicale de son processus ascendant, on sait qu'il ne dispa- raît complètement que dans l’extrème vieillesse et que son ossifica- tion commence par la formation à sa périphérie d'un anneau osseux. Après cela, on comprend de suite que la division du eorps de l'axis et de l’apophyse odontoïde en deux moitiés latérales symétriques et l'autonomie de l’extrémité supérieure de cette apophyse sont dues : 2) L'une, à un manque de réunion entre eux, d’une part, des deux noyaux d'ossification latéraux principaux aux dépens desquels se développe accidentellement le corps de l’axis et, d'autre part, des deux noyaux d'ossification latéraux principaux de l’apophyse odontoïde ; 8) L'autre, ou défaut de fusion entre eux des noyaux d'ossification latéraux principaux et du noyau d'ossification complémentaire ou épiphysaire supérieur de l’apophyse odontoïde. Quant aux variations de forme les plus communes de la dent axoïdienne, la forme fourchue, la forme conique et la forme cylindrique, la première n'est que la persistance d’un des stades de l’évolution ossifique de cette dent, la seconde doit être attribuée à un rapprochement plus marqué des (1) Humpury, Human Skeleton, cit. pl. VIT, fig. 4. (2) MACALISTER, Philos. Trans., pl. VI, fig. 2, 1868. D Lo id Tant AXIS 131 extrémités supérieures des deux centres d'ossification latéraux par suite d'un excès d'ossification de ces extrémités ou d'un retard ou d'une insuffisance de l’ossification du centre d'’ossification supérieur intercalaire ; la seconde, à un écartement plus prononcé des extré- mités supérieures des deux centres latéraux par suite d’un retard ou d'une insuffisance de l’ossification de ces extrémités ou d'un excès d'ossification du centre d'ossification supérieur ou intercalaire. C’est une nouvelle justification de la loi que j'ai formulée pour expliquer les variations d'étendue et de configuration de l’arc antérieur et des apophyses articulaires supérieures de l’atlas. savoir : sur l’ébauche d'un os du tronc ou des membres de l'homme, toute place demeurée libre par suite d’un retard ou de l'insuffisance de l’ossification d'un des noyaux d’ossification est comblée ordinairement par l'extension de l’ossification d’un ou de plusieurs des noyaux d’ossification voisins ou par l'apparition d'un ou de plusieurs noyaux complémentaires (noyaux épiphysaires). Et, comme d’un autre côté, l'apophyse odon- toïde bifide, conique ou cylindrique, constitue un mode de conforma- tion habituel chez divers animaux, on est conduit à admettre que le trouble de développement qui fait qu'on le rencontre chez l'homme adulte, doit être provoqué par cette force encore inconnue qui agit sur le germe, et qu’on nomme l'atavisme. Variations de connexions. — J'ai noté dans mon Traité des varia- lions des os du crâne de l'homme (p.92) que sur 0,74 p. 100 des sujets, l'extrémité libre, encroûtée de cartilage de l’apophyse odontoïde, accrue de hauteur, est articulée avec une facette, ovalaire ou circu- laire, garnie également de cartilage, située au niveau du basion, autrement dit au milieu du bord postérieur du trou occipital. Parfois même le sommet de la dent axoïdienne est soudé au basion et ilya ankylose de l'articulation occipito-odontoïdienne. Cette ankylose peut-elle exister au moment de la naissance ? On le dit, mais je n’en ; ai pas trouvé le moindre indice sur 200 nouveau-nés de l'un et l’autre sexe que j'ai disséqués. D'un autre côté, Arbunoth Lane et Blaud Sutton (1) assurent qu'elle est due à des pressions exercées sur le vertex. Ils étayent cette opinion sur la constatation qu'ils ont faite de la synostose odontoïdo-occipitale sur des bœufs harnachés par la tête. J'ai pratiqué l'autopsie de 5 femmes basques habituées à porter des fardeaux en équilibre sur le vertex et celle de 3 scieurs de long qui avaient, tous, l'os de l'occiput et les premières vertèbres cervi- cales bien conformées. J'ai vu, par contre, sur 11 bœufs auvergnats harnachés par la tête sur 15 que j'ai examinés, l'articulation occipito- odontoïdienne ankylosée. (1) ARBuUNOTH LANE et BLAUD SUTTON, Journ. of anal. and phys. London, 1890. 132 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Lorsque j'ai étudié dans mon 7'railé des Variations des os du crâne de l'homme le condyle médian de l’occipital, j'ai indiqué aussi qu'il peut s’articuler ou non avec l'extrémité libre du processus qui sur- monte le corps de l'axis. Pour ce qui est de la fusion, avant la naissance de la facette atloï- dienne du processus dentalus et de la facette odontoïdienne de l'arc antérieur du premier élément osseux du rachis entre elles signalée par divers anatomistes, je ne l'ai jamais rencontrée bien que je l'ai cherchée sur les 200 nouveau-nés de l’un ou l’autre sexe dont j'ai parlé plus haut. Elle n’est pas niable cependant, puisqu'on peut voir dans les musées anatomiques des Universités de Harvard et de Sienne des axis dont il sera question ultérieurement et qui ont chacun leur apophyse montante, autonome (os odontoïdien), intimement unie à l'arc antérieur de la première vertèbre cervicale. Pour expliquer l'ankylose odontoïdo-atloïdienne humaine congénitale, on a invoqué lhomologie qu'il y aurait, d’une part, entre l'arc antérieur de l’atlas de l’homme et les hypapophyses ou apophyses inférieures médianes des vertèbres cervicales de divers Sauropsides (1) et, d'autre part, entre l’apophyse odontoïde des Primates, y compris l'homme, et l'os odontoïdien de certains Verlébrés plus dégradés, et qui ne serait rien autre chose que le corps de l’atlas. Au cours de la vie intra-utérine, les extrémités ventrales des hypapophyses humaines se rejoindraient pour constituer le tubercule de l'arc antérieur, tandis que les extré- mités dorsales ou pédoncules s’uniraient à la dent de l’axis alias le corps de l’atlas, de même que les extrémités dorsales des ares neuraux se soudent ensemble pendant que les extrémités ventrales ou pédon- cules se fusionnent avec le corps vertébral. Os odontoïdien {osselet odontoïdien, ossicule odontoïdien, odontoïde). — C'est Bevan (2) qui a signalé le premier, je crois, l'existence de l'autonomie complète dans l'espèce humaine, et très longtemps après la naissance, de l’apophyse odontoïde de l’axis. En 1863, en pratiquant l’autopsie d’une femme de 40 ans, morte de dysenterie, il a constaté, en effet, que cette apophyse, dont le sommet était soudé au milieu du bord postérieur du foramen occipital en forme de cœur, n’était reliée au corps de l’axis que par un cordon fibreux, mesurant trois quarts de pouce de longueur et ne faisant qu’un, en arrière, avec le ligament transverse ou demi-annulaire. Le 8 janvier 1886, Giacomini (3) a présenté à l’Académie de méde- cine de Turiu, la seccnde vertèbre cervicale d’une idiote (4), dont la (1) Pour détails complémentaires, cf. Coccyx, Variations de forme, Arc hæmal. (2) BEvAN, Medic. Press. Dublin, 1863. (3) Gracomini, Giorn. d. R. Accad. d. medic. di Torino, 1886. (4) Giacomini n'a pas indiqué l’âge de cette idiote. AXIS 133 partie supérieure de la face antérieure du processus dentalus, affectant la forme d’un cube dont la longueur de chaque arête égalait un cen- timètre et demi, élait articulée avec le basion et la face inférieure avec le corps de la seconde vertèbre cervicale auquel il était normale- ment uni. Le ligament transverse, situé à la partie postérieure de l'articulation éonstiluée par le corps de l'axis et sa dent, se prolon- geait sous la forme d'un mince disque fibro-cartilagineux dans l'inté- rieur de cetle articulation. Sitôt qu'il a eu connaissance de celle présentation, Romili (1) a rappelé que, dans le Catalogue du Musée analomique de Sienne qu'il a publié, en 1883, en collaboralion avec Ph. Lachi, il a fait mention (p. 164, n° 1%) de l’axis d’un vieillard dont l’apophyse odontoïde, délachée et isolée du corps de l'axis, constilue un os dislüinet. Le musée analomique de Sienne renferme encore cet os qui ressemble à une pelite pyramide triangulaire dont la face antérieure adhère soli- dement au milieu de la face postérieure de l'arc antérieur de l’atlas et la base inférieure, tournée en arrière, est articulée au moyen d'une facelte avec une facette de même configuration et de mêmes dimen- sions, située au niveau de la partie moyenne de la face supérieure, ovalaire, à grand axe antéro-postérieur du second élément osseux du rachis, Le 9 février 1884, en sectionnant au niveau du plan sagittal médian, la base du crâne et les trois premières vertèbres cervicales d'un tuber- culeux décédé à l’âge de 33 ans, d’Ajutolo (2) a reconnu que la face supérieure du corps de la seconde vertèbre cervicale, plus volumineux à sa partie supérieure qu’à sa partie inférieure, était articulée, dans son tiers antérieur, avec le bord inférieur de l'arc antérieur, accru de hauteur, de l’atlas et séparé, dans ses deux tiers postérieurs, par un fibro-cartilage en forme de coin dont la base postérieure se continuait avec le ligament transverse, de l’apophyse odontoïde ayant la forme d’un cube irrégulier, assez fort, et dont le sommet était articulé avec la face inférieure d’une languette osseuse, dirigée obliquement de haut en bas et d'avant en arrière, provenant du basion. Un élève du professeur Turner, Parcival Locke, a disséqué une femme, morte à l’âge de 55 ans environ, dont la face supérieure con- vexe du corps de l’axis était séparée par un distinct inlerverlebral dise de la face inférieure concave de la dent dont la facelte, sur laquelle glisse le ligament transverse, faisait défaut. En décrivant, en 1890, cette anomalie dans le Journal of anatomy and phystology (p. 358), le professeur Turner a fait observer que chez celle qui la 1) Romiri, Bollel, d. Soc. tra à cullori d. se. med. in Siena, p. 99, 1886, 2) D’AsurToLo, Mem. d. R. Accad. d. se. d. Istil. d. Bologna, 1886. ( ( 134 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE présentait, la fixité de l'articulation axoïdo-odontoïdienne, comparable à celle de deux corps vertébraux, était assurée, en arrière par un prolongement en forme d’arc-boutant qui se détachait de la partie postérieure de la face inférieure du processus dentalus libre et se ter- minait sur la partie supérieure de la face postérieure du corps de la seconde vertèbre cervicale ; en avant, par une lamelle osseuse, mesu- rant 8 millimètres de longueur et 9 millimètres de largeur, émanant du bord inférieur de l’arc antérieur de l’atlas, immédiatement au- dessous de la facette odontoïdienne et qui recouvrait la partie infé- rieure de la face antérieure du processus dentatus libre et la partie supérieure de la face antérieure du corps de la seconde vertèbre cer- vicale. Mais il a négligé d'indiquer les rapports qu'avait, dans ce cas, le ligament transverse avec le disque interaxoïdo-odontoïdien de nalure carlilagineuse. Ces rapports sont également passés sous silence dans l'observation d'autonomie complète, non pathologique, de l’apo- physe odontoïde pendant toute la durée d'une assez longue vie, publiée par Shæœw dans les Transactions pathological Society (London, IX, p. 346). Le Waren Museum de l'Université de Harvard possède un axis (n° 200) qui y a été déposé, en 1898, par le professeur Jeffries Wyman, el dont la face supérieure lisse, comme si elle eût été primitivement recouverte d'un cartilage, supporte l'apophyse odontoïde ne présen- tant aucun signe d’une fracture ou d'une maladie anciennes. À quelque distance de cette pièce anatomique on remarque, dans le même Muséum, le moulage en plâtre (n° 1662), acheté à Paris, d’un atlas dont l'arc postérieur est ouvert en arrière sur la ligne médiane el l'arc antérieur soudé à un os odontoïde dont la face inférieure est unie. Thomas Dwight (1) a donné, enfin, il y a quelques années, au même Muséum, où il figure sous le n° 9966, le squelette de la nuque d'un vieillard appartenant à la race blanche, et qui offre les malfor- malions dont la description suit. L'arc postérieur de la première ver- tèbre cervicale qui a subi un léger mouvement de rotation de droite à gauche, est libre, mais ses masses latérales dont celle de droite est un peu plus haute que celle de gauche, sont fusionnées avec l'occi- pital, ainsi que l'arc postérieur à la face postérieure duquel adhère solidement un os odontoïdien dont la face inférieure est, de même que la portion de la face supérieure de la seconde vertèbre cervicale avec laquelle elle est en contact, polie comme si un disque cartilagi- neux eût été interposé autrefois entre ces deux parties. En arrière de chacune des articulations atloïdo-axoïdiennes proprement dites existe une articulation atloïdo-axoïdienne anormale, située plus bas, de sorte (1) Ta. Dwicur, loc. cil. suprà, p. 30. st fie AE AXIS 135 que la tête est non seulement déviée, mais dans une extension extrême. Le 23 décembre 1878, en faisant placer sur le côté droit, par un de mes garçons d’amphithéâtre, le cadavre d’un paralytique général, Louis F..., décédé à l'âge de 44 ans, la semaine précédente, à l’Asile des aliénés de Tours, et dont le rachis cervical et le crâne avaient été largement ouverts en arrière pour laisser voir les origines médullaires et bulbaires du nerf'spinal dont je traitais, un osselet s’'échappa, pen- dant mon cours, du fond de la préparation. Désireux de savoir quel était cet osselet, je fis, immédiatement après le cours, disséquer les parties molles et macérer, ensuite, pendant quinze jours les parties dures de la nuque de ce sujet et constatai alors que son occipital, son atlas el son axis avaient, chacun, un mode de conformation insolite. L'apophyse odontoïde était représentée par l'osselet sus-indiqué ayant la forme d’un cône oblong dont la base inférieure, convexe, était séparée de la face supérieure, concave, du corps de la seconde ver- tèbre cervicale, réduit de hauteur, par un ménisque de nature carti- lagineuse, fusionné, en arrière, avec le ligament transverse et qui se terminait, à droite et à gauche, en s'amincissant progressivement, un peu en dehors et au-dessus de l’origine de la racine antérieure de l’'apophyse transverse ; le sommet, encroûté de cartilage, était articulé avec le basion, également revêtu de cartilage ; le pourtour était. rugueux, sauf en avant, où existait une petite facette correspondant à la facette odontoïdienne de l’arc antérieur de l’atlas et, en bas et latéralement, où saillait, de chaque côté, une petite expansion, irré- gulièrement circulaire, qui n'était qu'une petite portion de la partie supéro-interne de l’apophyse articulaire supérieure. Le bas de la face antérieure de l'apophyse odontoïde, qui mesurait 3 centimè- tres dans le sens vertical et 2 cm. 5 dans le sens antéro-pos- térieur et dans le sens transversal, était masqué par une lamelle osseuse partant du milieu du bord supérieur de la face antérieure du corps de la seconde vertèbre, cervicale dont l'apophyse transverse droite était dépourvue de racine postérieure. Les ligaments occipito- odontoïdiens latéraux ou aliformes (/‘gamenta alaria dentis), ainsi que les empreintes de la dent et de la face interne de chacun des condyles de la première verlèbre cervicale sur lesquelles ils se fixent, faisaient dé- faut. Les extrémités libres de l'arc postérieur de l’atlas étaient, de plus, réunies par un cartilage de 2 centimètres de longueur, et la gouttière de la face supérieure du pédicule gauche de cet arc, convertie en un trou à contour osseux, que traversait le premier nerf cervical, l'ar- tère vertébrale, les veinules et les filets du grand sympathique qui leur sont accolés (trou rétro-arliculaire supérieur). L'occipital possé- dait, enfin, non seulement une facette basiaque articulaire, garnie de cartilage, mais encore une fossetle cérébelleuse moyenne assez vaste. 136 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Signification morphologique. — Elle prête encore matière à discus- sion. L'’anomalie dont je viens de parler n'est rien autre chose, en effet : 1° Qu'une fracture de l'apophyse odontoïde, pour Bevan et Streu- bel (1) ; > Qu'une hypertrophie de l'ossiculum terminale de Bergmann, coïncidant avec une atrophie du reste de l’'apophyse odontoïde, pour d'Ajutolo; 3° Que la persistance au delà de l'enfance de l'autonomie complète du corps de l’atlas (l’apophyse odontoïde)et conséquemment la repro- duction, dans l'espèce humaine, de l'os odontoïdien de divers ani- maux, pour Giacomini, Romiti, Turner et Pitzorno. Que le ligament transverse ou demi-annulaire qui forme la partie fibreuse de l'anneau qui enserre le processus dentalus ait une force de résistance considérable, puisse même subsister après une fracture de ce processus, et que, par suite, le bulbe n’élant pas comprimé, une fracture de ce processus, consolidée ou non, n'entraîne pas fataiement, à brève ou longue échéance, la mort, les expériences de Stephen Smith (2) et maintes nécropsies ne permettent pas d’en douter. Phil- lips (3) et Rokitanski (4) ont parlé d'individus qui ont survécu à une fracture non consolidée de l'éminence qui surmonte le corps de la seconde vertèbre cervicale. Au dire de Gurlt (5), le Musée anatomique de l'Université de Wurzbourg contient plusieurs axis qui ont chacun leur apophyse ascendante réunie à leur corps par un cal osseux. Une observation de rupture de l'apophyse odontoïde, terminée par un affrontement bout à bout des deux fragments au moyen d’un cal osseux, a été publiée par Otto (6). Reisser a fait mention d’une fracture de la dent axoïdienne dont les surfaces correspondantes des deux fragments, immédiatement en rapport l’une avec l’autre, étaient recouvertes d’une sorte de cartilage d’encroûtement, et maintenues par des liens fibreux qui les entouraient et qui résultaient d'une trans- formation des parties molles. Mais une solulion de continuité d'origine traumatique de la dent axoïdienne ne s'accompagne pas de l'apparition d’un disque cartilagi- neux entre les surfaces correspondantes des deux fragments ni de la présence d'un ou de plusieurs de ces vices de conformation des os de la nuque qui décèlent nettement un trouble de développement congé- (1) STREUBEL, Schmidls Jahrb. Leipzig, 1863. (2) STEPHEN SMmiru, American Journal, IV, N.S., p. 338. (3) PaicziPps in Frorier's, Noliz., n° 20, VII, B. 1838. (4) RokiTANskt, Lehrb. d. path. anal., p.173. Wien, 1856. (5) GURLT, Vergleich. path. anal. d. Kelenkkrankeiten, p. 158. Berlin, 1853. (6) Orro, Catalog., nov., p. 231, n. 183. AXIS 137 nital (apophyse odontoïde en forme de pyramide ou de cube, ankylose de l'apophyse odontoïde et du basion, de l'apophyse odontoïde et de l'arc antérieur de l’atlas et du bord antérieur du trou occipital et du bord supérieur de l’arc antérieur de l’atlas, articulation du bord infé- rieur de l'arc antérieur de l'atlas et du bord antérieur de la face supé- rieure du corps de l’axis agrandi dans le sens antéro-postérieur, ouverlure de l'arc postérieur de l’atlas, trou rétro-articulaire supérieur de J’atlas, processi atloïdiens et axoïdiens anormaux, articulations atloïdo-axoïdiennes supplémentaires, rotation de latlas autour de son axe vertical, ouverture en arrière d’une des apophyses transverses de l’axis, foramen occipital cordiforme, fosselte cérébelleuse moyenne, absence des ligaments aliformes ou occipilo-odontoïdiens laté- raux, etc.). Ajoutons que, même dans le cas d'indépendance lotale du processus denlatus signalé par Bevan et considéré par lui, et après lui, par Streubel, comme un cas de fracture de ce processus, la longueur du ligament fibreux reliant les deux segments de ce proces- sus atteignait trois quarts de pouce, longueur que n'acquièrent pas les tractus conjonctifs réunissant les morceaux de ce processus brisé, Avant moi la manière de voir à ce propos de Bevan et de Streubel a été déjà, du reste, combattue par d'Ajutolo et Sangalli (1). Comme dans le cas d'autonomie absolue de l’apophyse odontoïde qu'il a trouvé chez un adulte, cette apophyse était divisée en deux au niveau de son col, au lieu d’être séparée au-dessous de sa base du corps de la seconde vertèbre cervicale, G. d'’Ajutolo en a conclu que l'autonomie absolue de l’apophyse odontoïde humain pendant loule la durée d’une longue ou assez longue existence, est bien d'origine con- génitale, mais due à une augmentation considérable de volume du noyau d'ossification supérieur épiphysaire ou complémentaire (osstcu- lum terminale de Bergmann), coïncidant avec une atrophie des noyaux principaux ou primilifs d'ossificalion de cetle apophyse, situés au-dessous de lui. Cette interprétation semble d'accord avec la loi que j'ai formulée : sur l’ébauche membrano-cartilage du crâne, de même que sur l’'ébauche membrano-cartilagineuse d'un os du rachis de l'homme, toute place demeurée libre par suite d'un retard ou d'une insuffisance de l'un des noyaux d'ossificalion , est comblée ordinaire- ment par l'extension de l'ossification d'un ou de plusieurs des noyaux d'ossificalion voisins ou par l'apparition d'un ou de plusieurs noyaux d'ossification complémentaire (os worruiens — os épiphysaires)., Sans doute, mais il n'est pas moins vrai que’je n'ai jamais vu et qu'on n'a pas encore vu, que je sache, un centre d'ossificalion complémentaire ou secondaire cranien, facial ou rachidien envahir la presque totalité de 1) SANGALLI, Giorn. d. anal. e fisiol, patol., publié par l'auteur, p,275. Pavia, 1865. 138 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE l'espace que doit occuper un ou plusieurs centres d'ossification princi- paux ou primitifs, l'os bregmatique se substituer presque entièrement à l'os frontal ou aux os pariétaux; l'os épactal, à l’os interpariétal ou aux os pariélaux; l'os ptérique, à l’écaille de l’os temporal ou aux os pariélaux ou à l'os frontal ou à la grande aile du splénoïde; les os mentonniers, au corps du maxillaire inférieur. Parmi les Mammifères où les épiphyses de chaque vertèbre — les homologues des cônes ter- minaux de chaque vertèbre des Poissons, d'après Owen — restent fort longtemps distincte, dans les Cétacés, par exemple, elles n’atteignent Jamais, tant s'en faut, les dimensions exagérées que pourraient acqué- rir, dans l’espèce humaine, au dire de d’Ajutolo, l'ossiculum terminale de Bergmann. D'un autre côté, dans tous les cas d'autonomie com- plète de l’apophyse odontoïde bien au delà de l'enfance mentionnés précédemment, sauf dans deux peut-être (?), cette apophyse était, comme dans les articulations de deux corps vertébraux entre eux, iso- lée du corps de la vertèbre sous-jacente (le corps de l’axis) par un disque fibro-cartilagineux étroitement uni en arrière au ligament transverse, tandis que dans le cas d'autonomie complète de l’ossiculum terminale de Bergmann que j'ai rencontré sur une femme de 52 ans (voy. Segmen- lation de l'os), cet osselet était articulé, avec le reste de l’apophyse odontoïde au moyen d'une suture, finement dentelée, située au-dessus du ligament transverse. Aucun des anatomistes précités, sauf d’Ajutolo, n’a spécifié, enfin, que dans le cas d'indépendance absolue du proces- sus dentatus qu'il a observé chez l’'homime fait la solution de continuité de l’axis siégeât exactement au niveau du col de ce processus; dans le mien elle siégeait plus bas et empiétait de chaque côté, sur l’apophyse articulaire supérieure et, dans les espèces animales qui ont un os odontoïdien, celui-ci est loin d’avoir, on le verra bientôt la même con- figuration et les mêmes dimensions. Faut-il donc croire avec Giacomini, Romili, Turner et Pilzorno : 1° Que l'apophyse odontoïde de l'homme n’est rien autre chose que le corps de l’atlas ; 2° Que la persistance de l'autonomie complète de cette apophyse, passé l'enfance, reproduit, chez l'homme, l'os odontoïdien de certains animaux. C’est ce que je vais examiner. Alors que les anciens anatomistes et zootomistes, J.-F. Meckel notamment, soutenaient que le corps de la première vertébre cervicale élait constitué par son arc antérieur, Cuvier a avancé, le premier, je crois, que ce corps élail représenté par l’apophyse odontoïde de l’axis. La vieille théorie a été reprise dans ces dernières années, par Lodov Loewe (1) qui déclare que l'atlas possède chacune des parties qui (1) Lopov LoEwE, Beitr. z. Anal. u. z. Entwickelung, 1884. PORT 1 AXIS 139 entrent dans la composition des autres vertèbres, que la dent n'estrien autre chose que l'épiphyse agrandie du corps de l’axis, que l'ossiculum terminale de Bergmann n'existe pas, que le corps de l'axis n'est pas séparé de sa dent par un disque fibro-cartilagineux qui se dédouble et s'ossifie pour denner naissance à deux épiphyses. Ce n'est pas ce que maints embryologistes ont vu et ce que j'ai vu moi-même. En 1845 Bergmann a affirmé que le processus dentatus ne forme que la partie centrale du corps de l’atlas dont les parties périphériques sont constituées par l’arc antérieur de cet os jusqu'au niveau des points où il se continue avec les masses latérales el, peut-être aussi, par le ligament iransverse. Dans le mémoire sur le développement de l'atlas et de laxis qu'il a publié vingt-huit ans plus tard, Hasse (1) a écrit de même : «que l'os odontoïdien est le vrai corps vertébral ou cordal, différencié du s/ralum squelettogène duquel provient également l'arc antérieur, et le ligament transverse et que ces trois parties réu- nies correspondent à un corps verlébral de l'anatomie systématique ». Cette thèse me semble aussi peu admissible que la théorie ressusci- tée sans grand succès d’ailleurs, par Lodov Loewe, Sans m'arrêter à l’opinon de Owen, de Retzius, de Rathke (2), de Ch. Robin, de Froriep (3), ete., qui veut que l'arc antérieur de l’atlas soit une hypa- pophyse n'ayant que des rapports de contiguïté avec le corps de cette vertèbre, l’apophyse odontoïde, el qui existe sur l'axis de quelques Oiseaux el sur l’axis et les autres vertèbres cervicales des Ophidiens et des Amphibiens, opinion dont il est bien difficile d'établir positive- ment l'exactilude (voy. le paragraphe précédent), je rfappellerai qu’en traitant de l'ouverture de l'arc antérieur de l’atlas, j'ai écrit : « Dès le cinquième mois de la vie fœtale, l’'apophyse odontoïde apparait sous la forme d'une petite agglomération de cellules cartilagineuses isolées, en avant et en arrière, du tissu fibreux ambiant par une fente étroile; le tissu fibreux situé en arrière de la fente postérieure demeure tel quel et constitue le ligament tranverse alors que le tissu fibreux placé en avant de la fente antérieure et dans lequel se déposent, d'abord, des cellules cartilagineuses, puis des sels calcaires, devient l'arc anté- rieur... « La racine antérieure de l'apophyse transverse avant de s'incruster de sels calcaires est formée par un cordonnet fibreux englobant des cellules cartilagineuses, tandis que la racine postérieure dont l'extré- milé externe se réfléchit sur elle-même pour border en dehors le fora- (1) C. Hasse, Analom. sludien. Lipsiæ, 1873. (2) RatTuke, Enlwickelung d. Nailer. Künigsberg, 1839. (3) FRORIEP, Arch. f. anal. u. phys. anal. Leipzig, 1886. BERGMANN, OWEN, elc., passim. 140 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE men transversaire est entièrement cartilagineuse. Ce fait et la consti- tution fibro-cartilagineuse de l'arc antérieur infantile concordent avec les données de l'anatomie comparée qui veulent que la branche anté- rieure de l’apophyse transverse des vertèbres cervicales humaines de l'arc antérieur de l’atlas humain soient des éléments osseux surajoutés à ces os el ayant une signification morphologique particulière ». Sur des embryons humains mesurant 35 à 4o millimètres de longueur. Gegenbaur, Romiti, Leboucq (1) ont constaté que l'arc antérieur de l’atlas et le ligament transverse se développent indépendamment du processus dentalus. Le ligament transverse ou demi-annulaire n'entre pas plus dans la composition de l'apophyse odontoïde que l'arc antérieur de l’atlas. Il correspond au ligament qui a élé décrit, en 1834, par Mayer (2), de Bonn, sous le nom de ligamentum costarum conjugale et étudié suc- cessivement depuis lui par J. Cleland (3), J.-B. Sutton (4), Giaco- mini (5) et Trolard (6). Si, après avoir ouvert, par sa partie posté- rieure, la portion thoracique de la colonne vertébrale d’un fœtus humain de 7 mois, on enlève la moelle et ses enveloppes pour décou- vrir le ligament vertébral commun postérieur on s'aperçoit, en dissé- quant celui-ci, qu'il existe, au-dessous de lui, au niveau de chacune des articulations des corps vertébraux entre eux, une bandelette fibreuse nacrée qui relie entre elles la tête de la côte d’un côté à la tête de la côte correspondante du côté opposé : c'est le ligamentum costarum conjugale de Mayer. Dans le sixième mois qui suit la nais- sance, la partie moyenne du ligamentum costarum conjugale se con- fond, en avant, avec la face postérieure du ménisque intervertébral à laquelle elle est accolée, en même temps qu'elle s’unit intimement, en arrière, avec la portion de la face antérieure du ligament vertébral commun postérieur qui la recouvre, de sorte que, bientôt, le liga- mentum costarum conjugale n’est plus appréciable qu'à ses extrémités dont chacune s’insère, en dehors, à toute la longueur de la crête sail- lante que présente la tête de chaque côte. La lame fibreuse, divisant en deux compartiments, pourvus, l’un et l’autre, d’une synoviale, chaque articulation costo-vertébrale et qui est dénommée, en France, liyament interosseux, n'est rien autre chose qu’une des deux extré- mités, droite ou gauche, du l‘gamenlum coslarum conjugale. Quand (1) Lepouco, Arch. de biologie. Gand, 1888. (2) MAYER in BON, Muller's arch., p. 273, 1834. 3) J. CLELAND, Edinburgh new philosoph. Journ., 1859. — Natur. Hist. New., 1861. — Journ. of anal. and phys., p. 27, vol. XIV. 4) J.-B. SuTTON, Journ. of anal. and phys., vol, XVIII. 5) GIACOMINI, loc. cit. suprà, p. 11. (6) TROLARD in PorriEr, Trailé d'anal. hum., cit., 2e édit., L. I, p. 761. AXIS 141 le ligament inlerosseux fait défaut, en partie ou en totalité, ce qui arrive assez souvent, surtout dans les articulations costo-vertébrales les plus élevées et les plus basses, il n'y a qu'une cavité articulaire et, par suite, qu'une synoviale. Et ainsi s'expliquent les opinions dif- férentes des anatomistes sur l'unité ou la dualité de la synoviale costo-vertébrale. Parmi les animaux, il y en a, les Ovidés, les Ursidés, etc., chez lesquels le ligamentum costarum conjugale conserve pendant loute la vie le mode de conformation qu'il a chez l'homme, avant la naissance. Dans les Ursidés, où il acquiert un grand développement, il est même entouré d'une synoviale qui l'isole des parties voisines et qui fait communiquer l'articulation costo-vertébrale d'un côté avec l’articu- lation costo-verlébrale correspondante du côté opposé. Ceci dit, il me faut indiquer les arguments qu’on peut invoquer en faveur de la théorie qui voit dans l’apophyse odontoïde de l’homme un centrum vertébral, le corps de la première vertèbre du cou. Ceux dont l'énumération suit sont les plus probants : 1° L'apophyse odontoïde humaine est, comme le corps des autres vertèbres, traversée par la corde dorsale et résulte, comme eux, de l’ossification de cette corde ; 2° Le ligament suspenseur de cette apophyse (ligament occipito- odontoïdien médian, ligamentum suspensorium dentis postlerior de Luschka) contient un prolongement de la corde dorsale qu'il n'est pas rare de voir persister sous la forme d'une colonne cartilagineuse axile, homologue de Ia partie centrale (noyau gélatineux des anato- mistes français) d'un disque de nature cartilagineuse, isolant l'atlas du basio-occipital ; 3° La persistance jusque dans l'extrême vieillesse, entre le corps de l’axis humain et sa dent, d’une lentille constituée par du tissu carti- lagineux hyalin, c'est-à-dire ayant la même structure que les disques intervertébraux avant que n'apparaissent dans leur intérieur des fibres conjonctives ; 4° L'homologie du ligamentum costarum conjugale de Mayer et du ligament transverse ou demi-annulaire et l’accolement et l’adhérence intime de ce dernier à la face postérieure du ménisque fibro-cartila- gineux qui sépare le centrum de la seconde pièce osseuse du rachis humain de son processus ascendant quand celui-ci conserve son aulo- nomie complète après l'enfance. Les arguments, basés sur la correspondance de nombre et de siège des noyaux d'ossification aux dépens desquels naissent l'apophyse odontoïde et chaque corps vertébral, tant dans l'espèce humaine que dans les espèces animales, bien que seuls invoqués, d'ordinaire, pour défendre la théorie de l'identification de l’apophyse odontoïde à un 142 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE corps vertébral, au corps de l’atlas, prêtent plus matière à discussion que ceux que je viens de signaler. Pour la majorité des anatomistes el pour moi, la dent de l’axis de l’homme naît, en effet, on le sait (voy. Segmentalion de l'os) de deux centres d'’ossification latéraux principaux ou primitifs et d'un centre d'ossification complémentaire ou épiphysaire supérieur (osselel de Bergmann), alors que le corps de chaque vertèbre de l'homme a pour origine un point d'ossification médian principal ou primitif et deux points d’ossification complémen- taires ou épiphysaires : un supérieur et un inférieur (voy. Vertèbres cervicales, Segmentalion de l'os). Le professeur Macalister assure, il est vrai, avoir vu sur trois adolescents, âgés de 16 à 17 ans, quelques granules osseux sur la face supérieure et sur la face inférieure du disque cartilagineux qui sépare le processus dentalus du corps de la seconde vertèbre cervicale. Pour ce qui est des Animaux, j'ai noté précédemment aussi (voy. Vertèbres cervicales, Segmentation de l'os) que, pour les zootomistes, si, abstraction faite des noyaux d'ossification complémentaires ou épiphysaires, le corps ou centrum de chaque pièce osseuse de la colonne vertébrale provient d'un noyau d'ossification médian prin- cipal ou primitif, chez les Mammifères placentaliens inférieurs à l'homme, il naît de deux noyaux d’ossification latéraux principaux ou primitifs chez les Oiseaux, les (anocéphales et les Poissons. Quant au processus dentalus des animaux, 1l a pour origine : Un centre d’ossification chez tous les Mammifères, y compris l’homme, pour Serres, Ch. Robin, etc.; Un centre d'ossification chez le gorille et le gtbbon pour Deniker; Un centre d’ossificalion chez le cheval, pour Rigot, et deux pour Chauveau ; Deux centres d'ossification chez le lapin, pour Hovwes ; Pour Lesbre (1), le corps de l’axis et l’apophyse odontoïde des ani- maux appartenant à la classe des Mammifères sont précédés, chacun, par un noyau d’ossification médian principal ou primilif. « En prin- cipe, on devrait trouver chez eux, en plus de ce noyau médian, a-t-il écrit, quatre noyaux d'ossification complémentaires ou épiphysaires : deux pour l’odontoïde, deux pour le corps de l’axis ; mais, en fait, 1l n'y a que ces derniers qui se développent. — Voici ce que l’on cons- late dans le cheval, le bœuf, le dromadaire et, d'une manière géné- rale, dans tous les Grands Mammifères : « Indépendamment de l'épiphyse de la cavité cotyloïde, on voit, jusqu'à un âge assez avancé, un autre noyau secondaire enclavé (4) Lesere, Contribult. à l'ossific. du squelette des Mammifères domestiques, p. 19. Lyon, 1897. dé sd AXIS 143 comme une cheville entre la base de l’odontoïde et le corps de l'axis. » Dans ses Principes d'ostéologie comparée, il a expliqué de la sorte l'existence de ce noyau : « L'apophyse odontoïde est la partie centrale de l’atlas. Cela ne peut pas être l’épiphyse articulaire anté- rieure de la deuxième vertèbre, puisque cette dernière est représentée par un centre distinct d'ossification entre l'apophyse odontoïde et le corps de cette vertèbre, comme on le voit bien chez le jeune poulain et les fœtus des grands Mammifères. » On prétend que ce noyau d'ossification dont la présence a été signalée aussi dans le poulain par Müller (1) et dans les grands Mammifères par Bergmann, fait défaut dans les Cantdés et les Ovides. Il n’en est rien. Le corps de l'axis et l'odontoïde du chien (Canis familiaris) se forment, chacun, par un seul point d’ossification. Au moment de la naissance, ces deux pièces ont acquis un développement assez prononcé. Le sommet de l’odon- toïde est encore à l’état de cartilage, mais un noyau d'ossification ne tarde pas à apparaître dans le cartilage lorsqu'il n'en existe pas un. Au troisième mois de la vie, quand les épiphyses des corps verté- braux sont ossifiées, on en distingue un autre entre l’odontoïde et le corps de l’axis. Le mode d'ossification du reste de la seconde vertèbre du cou n'offre rien de particulier. Chez le moulon (Ovis artes), le second élément osseux du rachis cervical provient du même nombre de centres d'ossification que chez le chien. Entre le corps de ce second élément osseux et l’odontoïde, on trouve un centre d’ossification qui apparaît en même temps que les centres d’ossification complémen- taires ou épiphysaires de chacun des autres corps vertébraux. Quelle est la signification morphologique de ce noyau d’ossification sous-odontoïdien ? Les lignes suivantes que j'emprunte encore à Lesbre et qui reflètent l'opinion de la généralité des zootomistes pour qui, comme pour moi, l'existence de ce noyau d’ossification sous- odontoïdien dans les Animaux domestiques des ordres supérieurs, ne fait pas l'ombre d’un doute, sont très instructives à cet égard : « On pourrait se demander si le noyau en question appartient en propre au corps de l’axis ou s’il ne résulle pas de la coalescence des épiphyses adjacentes de l’odontoïde et de l’axis ? Mais si l’on considère qu'il ne présente jamais la moindre trace de division, qu'il est complètement enclavé entre les masses latérales de la deuxième vertèbre, et que, au début, le cartilage qui le sépare de l’odontoïde est plus épais que celui qui le réunit à l’axis, on est vite convaincu de l’absence d'épi- physe inférieure à l’odontoïde et de la justesse de l'opinion de R. Owen. Toutefois, la preuve serait plus complète si l'on pouvait démontrer la présence du renflement notocordien entre l'odontoïde et (1) Müzcer, Abhandl. d. Kgl. Akad. d. Wissensch. zu Berlin, s. 103, 1836. 144 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE le noyau qui nous occupe et non pas au centre de ce noyau, démons- tration qui reste à faire. » De toutes ces objections, une seule, la der- nière, est la moins indiscutable. Bergmann a constaté, en effet, sur le porc,et Albrecht (1), sur une jeune Æyène tigrée que le point d’ossi- fication sous-odontoïdien est d’abord double. Albrecht l’a même, pour cette raison, considéré comme le produit de l'union de l’épiphyse caudale de l’os odontoïdien et de l’apophyse craniale du centrum de la seconde vertèbre du cou et appelé synepiphystum. À. Macalister a reconnu également deux lamelles épiphysaires dans le disque carti- lagineux qui, chez la Balænoplera rostrata, isole le corps de l’axis de son processus ascendant, fourni même un bon dessin de ces deux lamelles. £t de hoc salis. Ne ressort-il pas assez amplement de tous ces faits que si, comme je l'ai déjà écrit, 1l y a lieu de croire que la dent de la seconde vertèbre cervicale n’est rien autre chose qu'un corps vertébral, le corps de l’atlas, cela n’est pas encore positivement établi ? J'arrive à la question de savoir si, oui ou non, la persistance de l'autonomie absolue de l’apophyse odontoïde longtemps après l’en- fance, reproduit, dans l'espèce humaine, l'os odontoïdien des ani- maux. Pour prouver que non et que la persistance de cette autonomie complète chez l’homme fait est le résultat d'une hypertrophie de l'osselet de Bergmann accompagnée d'une réduction de volume des centres d’ossification placés au-dessous de lui, d’Ajutolo a, parmi divers autres arguments, invoqué, surtout, les deux suivants : z) Au corps de l’atlas des Mammifères appartient, ainsi que l’a démontré Froriep, non seulement l’apophyse odontoïde, mais encore toute la partie de l’axis qui supporte les surfaces articulaires cra- niales ; 8) Dans la malformation humaine dont il s’agit, ce n’est pas au- dessous de la base, mais au niveau du col de l’apophyse odontoïde que l'axis est divisé. À la vérité, on oublie facilement que dans les traités d’anatomie humaine on décrit à l’axis un sommet, un col et une base qui entre dans la composition de la portion supérieure du corps et de la portion supéro-interne de chacune des apophyses articulaires supérieures, mais 1l n’est pas moins certain, je le rappelle, qu'aucun anatomiste, d'Ajutolo excepté, n’a noté que dans le cas d'indépendance totale du processus dentalus qu’il a observé sur un sujet ayant dépassé, depuis plus ou moins longtemps, l’âge de l'enfance, la solution de continuité de l’axis siégeât exactement au niveau du col du processus dentalus ; 1) ALBRECHT, Ausdruck aus der Comptes rendus der achten. Siz. d. internat. med. Kongress Kopenhagen, 1884. AXIS 145 dans le mien, elle siégeait plus bas et empiétait, de chaque côté, sur l’apophyse articulaire supérieure. De plus, si ce dernier mode de conformation de l’odontoïde de l'homme correspond à celui de l'odon- toiïde de divers Repliles, des Crocodiliens, par exemple, où cet os est constitué à la fois par l'apophyse odontoïde, les facettes articulaires antérieures et les facettes destinées à l'insertion des apophyses trans- verses, les animaux où cet os a moins de complexité que dans les Crocodiliens, sont très nombreux, Dans la série animale, — et c'est une nouvelle confirmation de la loi que j'ai déjà formulée maintes fois, — les différences de configura- ion et de dimensions de la partie de l'os odontoïdien qui est en rapport avec le corps et les apophyses articulaires supérieures de la seconde vertèbre cervicale dépendent de l'extension des noyaux d'ossification de cette partie de l'os odontoïdien relativement à ceux du corps et des apophyses articulaires supérieures de la seconde vertèbre cervi- cale et vice versa. Si l'ossification du corps et celle des apophyses articulaires supérieures de l'axis sont insuffisantes ou en relard sur celle de l'odontoïde, celui-ci entre pour une plus grande part dans la formation du corps et celle des apophyses articulaires de l'axis, si c'est l'inverse, une plus ou moins grande portion voire la totalité de la base de l’odontoïde fait défaut. Dans l'espèce humaine même {voy. Atlas, Arc antérieur, Anatomie comparée), est-ce que chacune des extrémités de l'arc antérieur de l’atlas n'est pas constituée, par suite d’un retard ou d'une insuffisance de l'ossification de chacun des noyaux d'ossification de cet arc, par une expansion en avant de la masse laté- rale de même côté, alors que, par suite d'un retard ou de l'insuffisance de l’ossification du noyau de chacune des masses latérales, l'extrémité antérieure de chacune de ces masses latérales est formée par une expansion en arrière de l'extrémité de l’arc antérieur du même côté ? Observons, enfin, que dans tous les êtres animés, le processus ossi- fique embryonnaire et post-embryonnaire de l'os odontoïdien d'où résultent les différences de configuration et de dimensions qu'il offre chez eux, est commandé par l'adaptation. Ceci étant, on pressent que c'est à l'odontoïde des animaux les plus rapprochés de l'homme et qui possèdent normalement! cet os que doit ressembler le plus souvent l'odontoïde qu'on rencontre accidentellement chez l'homme. Et c’est effectivement avec celui des Mammifères aplacenlaliens qui reste longtemps, sinon durant loute la vie, détaché du corps de la seconde vertèbre cervicale, et principalement avec celui des Marsu- piaux du genre T'hylacine et des Monotrèmes (Ornithodelphes) qu'it a le plus d'analogie. Parmi les Sauropsidés où l'os odontoïdien demeure depuis la naissance jusqu'à la mort, entièrement distinct du corps de l’axis, il a, dans les Chéloniens, notamment dans les Tortues de lerre VERTÉBRALEA 10 146 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE du genre Testudo et les Tortues de rivière el de marais du genre Emys (Testudo græca, Emys orbicularis, eic.\, la même simplicité qu'il pré- sente généralement dans l’espèce humaine. FACE INFÉRIEURE. — Elle est très obliquement coupée de haut en bas et d’arrière en avant, légèrement concave : d'où l’emboîte- ment réciproque des deuxième et troisième vertèbres cervicales. Ce double emboîtement qui est plus ou moins prononcé, suivant les indi- vidus, ne se remarque pas sur les vertèbres suivantes. ANATOMIE COMPARÉE. — La face caudale du second élément osseux du rachis, contenue comme celle de l'homme dans un plan ventral déclive, est à peu près plate chez les Suidés ; légèrement excavée chez les chiens, les Félins, les lapins; el très creuse chez les Bovidés, les Équides, etc. CIRCONFÉRENCE. -— VARIATIONS DE LA CRÊTE MÉDIANE ANTÉRIEURE, — Elle peut faire défaut, êlre peu marquée ou acquérir un grand développement. Le tubercule qui la termine intérieurement de chaque côté et sur lequel se fixe un ligament épais, étoilé dont Luschka a donné un dessin, offre surtout des différences de volume très appré- ciables d’un sujet à un autre. ANATOMIE COMPARÉE. — Dans les espèces animales, de même que dans l'espèce humaine, le degré de proéminence de la crête ventrale de l'axis est subordonné au nombre des fibres musculaires et tendineuses qui s’y insèrent el aux tractions que ces fibres exercent sur elles. Assez forte dans toute sa longueur chez le chien, le chat, le cobaye, le lapin, ete., elle diminue progressivement de hauteur d'avant en arrière chez la chèvre. Dans les Edentés, elle est remplacée par une gouttière dans laquelle est logé l’æœsophage. VARIATIONS DES FOSSETTES ANTÉRO-LATÉRALES. — La profondeur de chacun des enfoncements, destinés à des attaches musculaires, que sépare la crête triangulaire à base inférieure dont il est question dans le paragraphe précédent, dépend à droite et à gauche, de la projection en avant de la racine antérieure de l'apophyse transverse et du volume de l’apophyse articulaire contiguës. SILLON TRANSVERSE ANTÉRIEUR ET SILLON TRANSVERSE POSTÉRIEUR. — Il n'est pas très rare de trouver chez les adolescents de l’un ou de l'autre sexe, et, d'ordinaire, à un demi-centimètre au-dessus de la ligne qui réunit l'origine de la racine antérieure de l'apophyse trans- AXIS 147 verse droite à celle de la racine antérieure de l’apophyse transverse gauche, soit à l'union du tiers supérieur et des deux inférieurs de l'axis (corps et processus dentalus compris), en avant ou en arrière, parfois même en avant et en arrière de l'os, un sillon peu profond, horizontal el qui se termine, de chaque côté, plus ou moins près de l’apophyse a, sillon transverse antérieur de l'axis b, sillon transverse postérieur de l'axis déterminé par le manque de soudure résultant d'un défaut de fusion com- totale en avant du corps de l'axis et plète en arrière du corps de l'axis et de l'apophyse odontoïde. de l’apophyse odontoïde. articulaire supérieure correspondante. C’est J.-F, Meckel qui a fait le premier mention du sillon transverse antérieur de l’axis et d'Ajutolo(1), du sillon transverse postérieur. Chez les adultes le sillon transverse antérieur de laxis est habituellement remplacé par un petit relief osseux et le sillon transverse postérieur, par une série de petits fora- minula dont chacun livre passage à un des vaisseaux nourriciers de l'os. Chez les enfants une fissure peut tenir lieu de l’un ou l’autre de ces sillons. Ces anomalies, quelles qu’elles soient, sont certainement le résultat d'un trouble survenu dans le processus ossifique du disque de nature cartilagineuse intercalé entre l’apophyse odontoïde et le corps de la seconde vertèbre cervicale. PÉDICULE J'ai vu, contrairement à la règle, sur un Tourangeau de 45 ans et une Tourangelle de 62 ans, le bord supérieur du pédicule de l'axis pourvu d’une échancrure alors que le bord inférieur en était privé; l'échan- (1) D'AsuroLo, loc. cit. suprà ; J.-F. MECkEL, Man. d'anal. génér, descripl. el pathol. cit, 148 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE crure du bord supérieur du pédicule de la troisième vertèbre cervicale constiluant à elle seule le trou de conjugaison correspondant. MASSE APOPHYSAIRE A. APOPHYSES TRANSVERSES. — Leur longueur oscille entre 7 et 19 millimètres. L'angle, ouvert en bas, que forme chacune d'elles avec la face latérale du corps sur laquelle elle est fixée, égale, en moyenne, 50° et celui, ouvert en dehors, qui résulte de la jonction du bord postérieur de chacune d’elles avec la face antérieure de l'apophyse articulaire inférieure, 90°, mais chez 4 p.100 des sujets n’excède pas 40», en raison du déplacement en arrière du sommet de l’apophyse trans- verse. La ligne qui réunit le sommet du processus latéral droit à celui du processus latéral gauche passe en arrière des surfaces articulaires supérieures chez 1 p.100 des sujets; côtoie le bord postérieur de cha- cune d'elles, chez 3 p. 100; coupe la partie postérieure de chacune d'elles, chez 6o°; et la dent et la partie moyenne ou la partie antérieure de chacune d'elles, chez 36 p. 100. TROU TRANSVERSAIRE. — Variations de forme. — Si on regarde d'en haut l’axis posé sur un plan horizontal, on constate que les trous transversaires de celte vertèbre sont complètement invisibles sur 93 p. 100 des sujets; entièrement visibles sur 2 p. 100, et invisibles en parlie, d’un seul côté ou des deux côlés, sur 5 p. 100. Pour comprendre ces différences, il suffil de se rappeler qu’à chacun de ces trous aboutit un canal, situé au-dessous de l'apophyse articu- laire supérieure. protégeant l'artère vertébrale et composé de deux portions : une inférieure, verticale et une supérieure, oblique de bas en haut et de dedans en dehors. Plus celte dernière portion s’allongera ou plus l’apophyse articulaire supérieure diminuera de largeur, plus le trou en question deviendra visible. Chez 80 p. 100 des sujets le foramen transversaire axoïdien a la forme d’un cercle plus ou moins régulier, et chez 20 p. 100 celle d’un ovoïde dont la grosse extrémité est tournée en dehors. Le trajet de l'artère vertébrale est quelquefois indiqué par une demi-gouttière, creusée dans toute la hauteur de la face externe du corps de l'os ou une encoche taillée dans le bord inférieur de cette face. Variations de dimensions. — La longueur du diamètre maximum du trou transversaire de la seconde pièce osseuse de la colonne vertébrale oscille entre { et 4 millimètres. Dans la moitié des cas elle est plus grande d'un côté que de l’autre et généralement du côté gauche. Variations de contenu. — J'ai fait mention précédemment (voy. Vertèbres cervicales en général, Trou transversaire, Variations de PPT ON SR UN D ERP POP PR RE REPARER EE" AXIS 149 contenu) de deux cas dans lesquels l'artère vertébrale, sortie du canal transversaire au-dessous de la seconde vertèbre du cou, y rentrait par le trou trachélien de l'atlas. En parlant des varialions de ce dernier os, j'ai noté aussi que la duplicité et la triplicité du foramen transversaire avaient élé vainement cherchées sur 918 atlas et autant d'axis par divers analomistes et par moi. RACINE ANTÉRIEURE. — Tandis que la racine antérieure du processus latéral des autres éléments osseux du rachis cervical est plus gracile que la racine postérieure, la racine antérieure du processus latéral de l'axis est aussi robuste et parfois plus robuste que la racine postérieure. Comme pour les autres vertèbres cervicales chacune des deux branches de l’apophyse transverse de l'axis est loin également d’avoir sur le mème individu, et toutes choses égales d’ailleurs, constamment le même volume que la branche correspondante de l'apophyse transverse du côté opposé. RACINE POSTÉRIEURE. — Variations de volume. — Sur 3 p. 100 des sujets environ, la racine postérieure de l'apophyse transverse de la seconde pièce dure de la colonne verté- brale est constituée par un petit cordon osseux. Variations de longueur. — J'aivu, par exception, la lame postérieure de l'apophyse transverse de l’axis s'unir à la lame anté- rieure au niveau de la partie moyenne de cette dernière. Ouverture du trou transversaire en ar- rière. — Alors que l'on n'a jamais observé sur les autres pièces osseuses du rachis du cou que le défaut de présence, lolal ou ". | partiel, de la racine antérieure de l’apo- — physe latérale, on n’a jamais rencontré jus- ,, absence complète de la qu'ici, à ma connaissance, du moins, que branche postérieuredel'apo- celui de la racine postérieure de l'apophyse PNA RE latérale de la seconde vertèbre cervicale. L'absence complète de la branche postérieure de l'apophyse latérale a été constatée : 2 fois sur 150 axis par Macalister, 4 (4) — 500 l’auteur, Soit 6 fois sur 630 axis. Soil sur 0,92 p. 100. (1) Une fois des deux côtés, 2 fois à droite et 1 fois à gauche, En mention- 150 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS BE LA COLONNE VERTÉBRALE Et l'absence incomplète de la même branche : 2 fois sur 450 axis par Macalister, 6 — (2 fois des deux côtés, 2 fois à droite, 2 fois à gauche) — 60 — :Fusari, 401 4 — 2 — 1] — —- 90 — M. Pitzorno 12 — 3 — 9 — — 500 — l'auteur, Soit 19 fois sur 800 axis. Soit sur 2,3 p. 100. Et très vraisemblablement plus souvent d'un seul côté que des deux côtés. Il est évident que la malformation dont il s’agit, quelle que soit la forme qu'elle affecte, n'étant qu'un arrêt de développement, doit se retrouver dans les espèces animales. De fait, le foramen axoïdien manque assez souvent d’un seul côté ou des deux côtés chez les bœufs, les moutons, les chèvres, etc. (Pour détails complémentaires, voy. 7° Verlèbre cervicale, Côtes cervicales, Anatomie comparée.) Gouttière sous-transversaire postérieure et gouttière rétro-transver- saire postérieure. — Il existe quelquefois sur la face inférieure de la racine postérieure de l’apophyse transverse, surtout quand cette apo- physe est plus longue que d'habitude un sillon qui contient la branche antérieure du 3° nerf cervical ou, entre la racine postérieure de l’apo- physe transverse et le bord antérieur de l’apophyse articulaire infé- rieure, un sillon dans lequel est logée la branche postérieure du 3 nerf cervical. De ces deux vices de conformation le premier est moins commun que le second avec lequel il peut pourtant coexister. J'ai même vu l’un et l’autre ou l’un ou l’autre de ces deux vices de conformation coexister avec la demi-gouttière, destinée à l'artère ver- tébrale qui se termine, après avoir parcouru toute la hauteur de la face externe du corps de l’axis, entre les deux branches de son pro- cessus latéral. Sommer, — Chez 98 p, 100 des sujets l'extrémité libre de l’apophyse transverse de l’axis est courte et unituberculeuse et chez 2 p. 100, longue, bituberculeuse et creusée supérieurement, de même que les vertèbres cervicales sous-jacentes, d’une demi-gouttière neurale. B. APOPHYSES ARTICULAIRES. — APOPHYSES ARTICULAIRES SUPÉRIEURES. — Elles peuvent être ellipsoïdales, planes ou concaves dans toute leur étendue au lieu d'être irrégulièrement circulaires, nant les 4 cas d'ouverture en arrière du trou transversaire qu'il a observés sur 150 axis, Macalister s’est borné à dire que dans 2 de ces cas, la racine posté- rieure de l'apophyse latérale manquait entièrement et dans 2 était représentée par une petite aiguille osseuse. me er vi PL Ra AXIS 151 concaves dans le sens transversal el convexes dans le sens antéro- postérieur. Il advient assez fréquemment que la facette articulaire supérieure droite soit contenue dans un plan situé plus bas que celui dans lequel est contenue la facette articulaire supérieure gauche. Le grand axe de chacune d'elles, dirigé obliquement de dehors en dedans et d'arrière en avant, s'entre-croise, à 3 ou / centimètres en avant de la face anté- rieure du corps de l’axis, avec celui du côté opposé, en formant avec lui un angle de 45°, ouvert en arrière. La ligne qui réunit le bord antérieur de l’une à celui de l’autre touche la face antérieure de la dent chez 23 p. 100 des sujets; le bord antérieur du corps chez 43 p. 100 el coupe la partie antérieure du corps chez 3/4 p. 100. APOPHYSES ARTICULAIRES INFÉRIEURES. — Généralement planes, quel- quefois concaves, elles sont plus petites que les supérieures et ne sont pas, comme elles, placées en avant du pédicule, mais, comme les apo- physes articulaires supérieures et les apophyses articulaires inférieures des vertèbres sous-jacentes, en arrière. Leur partie externe se prolonge par exceplion, plus ou moins loin horizontalement en arrière et en dehors. Chacune des apophyses articulaires inférieures de la seconde vertèbre cervicale d'un homme adulte, figurant dans le Musée anato- mique de l'Université de Sassari (n° 61, 1896) s'étend sur le bord infé- rieur de la racine postérieure du processus latéral correspondant. Je conserve dans mon musée anatomique particulier trois axis d’ori- gine indéterminée dont un présente la transformation que je viens de décrire et deux dont les apophyses articulaires inférieures empiètent, chacune, sur le bord inférieur de l'arc. Ces dernières variations mé- ritent de retenir l'attention, car elles tendent à reproduire chez l'homme une disposition qui s'accentue, de plus en plus, au-dessous de l’ordre des Primates. Dans l'espèce humaine et dans les Espèces simiennes les postzygapophyses axoïdiennes sont, en effet, situées tout près du corps vertébral, à l'origine des zygapophyses ; dans le porc elles sont déjà situées un peu plus en arrière et séparées du corps vertébral par une large incisure; dans le chien, on les trouve au milieu de l'intervalle qui sépare l’apophyse transverse du sommet de la crête dorsale et dans le bœuf, dans la moitié postérieure de cet intervalle; dans le cheval, enfin, chacune se confond avec la branche de bifurcation de l'extré- mité caudale de la crête dorsale, de sorte qu'il est bien difficile de dire si les parties osseuses qui constituent chez lui l'arc neural, sont des lames ou des pédicules. Dans l'espèce humaine l'extension en arrière ou en dehors des apophyses articulaires inférieures de la seconde pièce osseuse de la colonne cervicale doit donc être considé- rée comme une anomalie réversive. 152 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE J'ai signalé antérieurement (voy. Vertèbres cervicales en général, Soudure des vertèbres entre elles), la prédisposilion singulière qu'a l'axis à se fusionner avec la 3° vertèbre cervicale et celle-ct avec la 4° et essayé de fournir une explication satisfaisante de cette prédispo- sition. C. APOPHYSE ÉPINEUSE. — I. Racines ou Lames. — Destinées, comme les apophyses transverses de l’atlas, à donner insertion aux muscles puissants qui meuvent la tête sur la colonne vertébrale les lames de l’axis et l'apopliyse épineuse qui les continue en arrière, sont plus épaisses, plus longues et plus élevées dans l'espèce humaine que les lames et l’apophyse épineuse des autres vertèbres cervicales. Si on pratique une coupe verticale de ces lames,swon s'aperçoit en eftet qu'elles ont la forme d’une pyramide triangulaire dont une des faces regarde en dehors, une en dedans et une en bas, et dont les bords supérieur et interne sont minces et tranchants et le bord externe, épais et rugueux. Quelquefois, cependant, la face inférieure fait défaut et les lames axoïdiennes ne possèdent plus, ainsi que celles des autres vertèbres cervicales, que deux faces et deux bords dont l'inférieur est toujours plus fort et plus irrégulier que le bord corres- pondant des autres vertèbres cervicales. Au-dessus de l’apophyse articulaire supérieure, il existe souvent sur la face externe de chacune ou de l’une ou l’autre des deux lames, une petite excavaltion au sein de laquelle s'ouvre un canalicule vascu- laire et qui peut êlre remplacée par un tubercule osseux qui, bien qu'il ne soit pas articulé avec l’atlas, acquiert, dans certains cas, un développement assez important pour donner à croire, à première vue, qu'on a affaire à une apophyse articulaire supérieure anormale rudi- mentaire. Dans cette dépression ou sur ce tubercule s'attache le bord antérieur plus dense du ligament atlaïdo-axoïdien et j'attribue à la non-ossificalion ou à l’ossification de l'extrémité inférieure du bord antérieur de ce ligament les différences de conformation de la partie osseuse à laquelle elle adhère intimement. II. APOPHYSE ÉPINEUSE PROPREMENT DITE. — Variations de longueur. — La distance qui sépare le point où se confondent les bords supé- rieurs des lames du sommet de la plus saillante des deux branches terminales ou dorsales de la neurépine, oscille entre 14 et 24 milli- mètres. Les apophyses odontoïde et épineuse de l’axis sont, de même que les apophyses transverses de l’atlas, très grandes chez les Car- nassters. Variations de forme. — L'’arête anguleuse qui divise en deux moi- tiés latérales, généralement symétriques, la face supérieure de l’apo- AXIS 153 physe épineuse, manque chez 2 p.100 des sujets. Cette arête à laquelle cette face supérieure est redevable de sa forme en dos d'âne, est par- fois surmontée d'une crèle, continue ou discontinue, plus ou moins haute, résullant de l’ossification plus ou moins étendue des tractus Apophyse épineuse axoïdienne dont la face supérieure pré- sente une facette (a) articulée avec une facette de même forme et de même dimension située sur le tubercule pos- térieur de l’atlas. a;apophyseépineuseaxoïdienne d'une longueur démesurée. fibreux qui se fixent sur elle. On peut trouver sur le milieu de celte arête, voire même plus près de son origine ou, à droite ou à gauche d'elle, mais loujours dans son voisinage, une facelte en rapport avec une facelte analogue qu'offre le tubercule postérieur de l’atlas, plus développé que de coutume. Il s'agit là évidemment d’une anomalie d'ordre mécanique. La hauteur des reliefs et la profondeur des enfoncements que pré- sente chacune des moitiés lalérales de la face supérieure de la neuré- pine dépendent de la puissance des muscles grand droit postérieur de la tête, grand oblique ou oblique inférieur de la tête, compliqué de l'épine et du faisceau du muscle transversaire épineux du cou, aux- quels ils donnent insertion. Quand le sillon qui divise en deux moitiés latérales d'ordinaire symétriques, la face inférieure de l'apophyse épineuse de la seconde vertèbre cervicale, est très profond et très étroit, cette apophyse semble être, depuis son origine jusqu’à sa terminaison, constituée par deux lamelles distinctes. Les deux branches terminales de l’apophyse susdite peuvent, ainsi que celles des autres éléments osseux du rachis du cou, ne pas être contenues dans le même plun, ne pas avoir la même configuration, 154 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE les mêmes dimensions, limiter un angle, ouvert en arrière, ayant la même étendue. Sur un axis de ma collection anatomique particulière, chacune de ces deux branches est tournée en dehors ; sur un second, la branche droite regarde en dehors et la branche gauche, en bas; sur un troisième, la branche droite est plate et pointue et la branche gauche, arrondie et mousse; sur un quatrième, la branche gauche très courte ne dépasse guère, conformément à la règle, le bord infé- rieur de la lame du même côté alors que la branche droite mesure 19 millimètres de longueur. L'angle, ouvert en arrière, limité par les deux branches en question, peut atteindre 4o° à 45° comme il peut n'être représenté que par une étroite fissure. C’est ainsi que j'ai vu la Apophyse épineuse axoïdienne Apophyse épineuse axoïdienne dont les dontla branche terminale droite deux branchesterminales (a, b) sont sé- (a) est plus longue que la bran- parées l’une de l’autre par un intervalle che terminale gauche (b). beaucoup plus grand que d’habitude. longueur de la ligne réunissant les extrémités libres de ces branches s'élever à 29 millimètres sur un Arabe de 42 ans, et ne pas dépasser 4 millimètres sur une Limousine de 57 ans. De même que les autres neurépines cervicales, la neurépine axoï- dienne peut, enfin, au lieu d’être bifide, être trifide, quadrifide ou monotuberculeuse. Le musée anatomique de l'Université de Sassari contient (n° 60, 1894) la seconde vertèbre du cou d'un homme de 40 ans, dont l'extrémité dorsale de la neurépine est divisée en quatre branches : deux internes, dirigées verticalement, et deux externes, dirigées horizontalement. La terminaison par un renflement unique de l'extrémité dorsale de l’apophyse épineuse a été, je le rappelle (voy. Verlèbres cervicales en général ; Apophyse épineuse) constatée sur {4 axis de nègres, sur 589 axis d'Européens et de non-Européens, examinés par Cunningham, Macalister et moi. Serait-ce à dire que ce vice de conformation n'apparaisse jamais dans la race blanche ? Nul- ox Qt AXIS 1: lement : il y a été signalé par Henle (1), Struthers, Luschka (2), Lachi, etc., et je l'ai observé moi-même, au mois de janvier 1907, sur un chauffeur parisien, tué dans une course d'automobiles. Étant moins commun, d'une part, dans la race blanche que dans les races de couleur etconstituant, d'autre part, unedisposition normale dans tous les Singés, le chimpanzé excepté, où il ne se montre qu'exceptionnellement, de même que dans l'espèce humaine, son apparition dans celle-ci doit être considérée comme une variation réversive. M. Pitzorno n'ose être aussi affirmatif parce que l’apophyse épineuse monotuberculeuse de l’axis d'un gorille dont le squelette est conservé dans le musée d'anatomie comparée de l'Université de Pavie, est aplatie de haut en bas, tandis que l’apophyse épineuse monotuberculeuse anormale de l’axis humain est, comme celle des Suidés, aplatie transversalement. Je suis obligé de convenir que sur 12 gorilles dont j'ai étudié les axis et sur les 6 T'ro- glodytes pourvus chacun d’une neu- répine axoïdienne monotuberculeuse que j'ai observés, cette neurépine res- semblait à la neurépine axoïdienne monotuberculeuse que j'ai trouvée sur deux nègres et un blanc, était, au- trement dit, aplalie transversalement comme chez les Suidés, les Carnas- siers où elle est parfois bifide, etc. J'ajouterai que sur une femme para- plégique, décédée le 24 mars 1884 à Apophyse épineuse axoïdienne in- l'Hôpital général de Tours l'apophyse ae aetantie forme dun épineuse de la seconde vertèbre cer- est dirigé en arrière. vicale dont je donne le fac-similé, était aplatie de haut en bas et affectait la forme d'un triangle isocèle dont le sommet pointu était tourné en arrière, A. Macalister a ren- contré également une fois cette dernière malformation. Ce qui caractérise l’apophyse épineuse axoïdienne de l’homme et des autres Mammifères, ce n’est pas tant sa configuration que sa constance et ses grandes dimensions que justifie le rôle que, par suite des muscles puissants auxquels elle donne insertion, elle joue dans l'équilibration et les mouvements de la tête. Même dans les T'aupes, les Musaraignes, dont aucune des vertèbres du cou n’a de neurépine, la seconde en à une; dans les Solipèdes et les Ruminants, la seconde (1) HENLE, Handb. d. syslem. anal. d. Menschen, 1871. (2) LuscukA, Die Halsrippen u. d. ossa supraslernalia. Wien, 1859, — STRUTHERS, LuscuKkA, passim, 156 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE et la septième vertèbres cervicales ont seules une neurépine bien pro- noncée. Os sus-épineux. — Luschka, Macalister et un de mes anciens élèves, le docteur Alain, ont vu chacune des deux branches de bifurcation de l'apophyse épineuse de la seconde vertèbre du cou constituée par un osselet articulé au moyen d’une suture avec le corps de cette apophyse. Macalister a trouvé sur un axis d’origine indéterminée et J'ai trouvé, moi-même, sur l’axis d'un Annamite que m'a donné mon ancien pro- secteur, le docteur Bougrier, chacune des deux branches libres de la neurépine de ces os munie d’une petite facetle terminale qui était vraisemblablement en rapport avec un petit os pourvu d'une facette analogue. Doit-on attribuer ces vices de conformation à l'apparition d'un noyau d’ossification complémentaire pour chacune des branches de bifurcation de l'apophyse épineuse ? C’est possible, mais j'en doute fort. Dans les Poissons, l'eslurgeon, le lepidosiren, etc., les vertèbres cervicales ont, il est vrai, une épiphyse spinale, alias une neurépine qui est une production indépendante au lieu d’être, tout le donne à croire, le résultat, comme dans l'espèce humaine, de la réunion en arrière des arcs vertébraux, mais cette neurépine reste indivise. Il est certain que, dans l’espèce humaine, le sommet, normalement indivis et renflé de la 7° vertèbre cervicale et celui, très souvent indivis et renflé, de la 6°, naissent, chacun, aux dépens d’un point d’ossification supplémentaire, mais ces deux vertèbres cervicales se rapprochent beaucoup des vertèbres dorsales qui possèdent d'ordinaire ce point d'ossification supplémentaire. C'est pourquoi j'incline à croire que, presque toujours, sinon toujours, les os épineux axoïdiens ne sont, comme l’apophyse axoïdienne trifide et quadrifide, que les produits de l’ossification, dans une plus ou moins grande étendue, des fibres aponévrotiques, ligamenteuses ou tendineuses qui se fixent sur l’extré- mité terminale de l’apophyse épineuse axoïdienne. Il est, au surplus, deux faits qui plaident éloquemment en faveur de cette thèse, les suivants : 1° Mon regrellé ami Poirier m'a montré, en 1888, à Paris, un axis de nègre dont la branche gauche de la neurépine était constituée par un nodule osseux rattaché par des tractus fibreux au corps de la neurépine, au niveau de l’origine de la branche droite déviée horizon- talement en dehors ; 2 Struthers a fait mention, en 1874, dans le Journal of anatomy and physiology (p. 23) de deux os épispinaux cervicaux (epispinous bones), ovalaires, aplatis, qui élaient fixés, celui de droite à la branche droite, celui de gauche à la branche gauche de lapophyse épineuse de la 3 vertèbre cervicale, par un ligament fibreux, court et épais, et reliés, l’un à l’autre, par de minces filaments de nature conjonctive. ? b L: 4 - 29 Dai Soie € Ait nc se don Ès dot nimntt ot nte à abbé es à à té) SIXIÈME VERTÈBRE CERVICALE En traitant des variations de dimensions, de poids, de connexions et de structure des vertèbres cervicales en général, j'ai signalé celles que peut présenter la 6° vertèbre cervicale et noté incidemment de plus : 1° Qu'elle a plus souvent que les autres un trou transversaire double et un trou transversaire en = chiffre et pourquoi il en est ainsi; 2° Que je possède dans mon Musée anatomique particulier la 6° ver- tèbre cervicale d’une idiote, morte à l’âge de 42 ans, dont le trou transversaire droit est divisé en deux compartiments et le trou trans- versaire gauche, en trois; 3 Que les trous transversaires de la 6° vertèbre cervicale sont plus souvent ouvertes en avant que ceux des autres vertèbres cervicales; 4° Que de toutes les vertèbres cervicales, la 6° est, après la 7°, celle dont l’apophyse épineuse est le plus fréquemment indivise. La racine antérieure (apophyse costiforme) de l'apophyse transverse de la 6° vertèbre cervicale offre, d'ordinaire, une saillie qui peut être rudimentaire, mais qui est généralement appréciable à travers les téguments el acquiert même, parfois, des dimensions assez fortes. Cette saillie sur l'importance de laquelle Chassaignac a insisté le pre- mier est connue sous le nom de {ubercule carotidien ou de Chassaignac et sert de point de repère quand on pratique la ligature de la carotide primitive. Elle répond à peu près au point d'entre-croisement des artères carotides primitive, vertébrale et thyroïdienne inférieure. Elle existe chez les autres Mammifères, el chez nombre d'entre eux (les Canidés, les Hystricidés, les Camélidées, etc.) affecte la forme d'une lame verticaie puissante. La 6° vertèbre cervicale des Équidés (cheval, âne, mulel, bardot, etc.) se distingue principalement par la présence d’un troisième prolongement à chacune de ses apophyses transverses, prolongement très robuste, et incliné en bas, qui fait donner à cette vertèbre lenom de {ricuspide. Le lubercule carotidien de Chassaignac 158 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE est très développé chez le Hérisson ordinaire (Érinaceus europœus), les Strénides du genre Lamentin (1), etc. Sur une femme, morte à l’âge de 50 ans et dont la colonne vertébrale était formée par 7 vertèbres cervicales, 12 thoraciques, 4 lombaires et 6 sacrées, Bianchi (2) a vu le foramen transversaire gauche de l’atlas ouvert en avant, la racine antérieure de l’apophyse transverse gauche de la 6° cervicale, quadrilatère, large, épaisse, constituée entièrement par du tissu osseux compact, rappelant en un mot la configuration et la structure qu’elle a chez divers autres Mammifères et plus particu- lièrement chez ceux où elle recouvre la racine antérieure de l’apophyse transverse de la 7° vertèbre cervicale, située en arrière d’elle, donner naissance à une apophyse dont le sommet était pourvu d'une facette triangulaire, concave, articulée avec une facette triangulaire, convexe que présentait la racine antérieure de l’apophyse transverse gauche, correspondante de la 7° cervicale. Pour Bianchi cette apophyse d'union entre la racine antérieure de l’apophyse transverse gauche de la 6° vertèbre cervicale et celle de l'apophyse transverse gauche de la 7° serait, dans l'espèce humaine, l’'homologue du prolongement styloïde, dirigé en arrière, qu'offre chez l’'autruche, les Gallinacés, certains Palmipèdes, etc., l'apophyse trans- verse de chacune des pièces osseuses du rachis du cou. Quand j'aurai ajouté que la 6° vertèbre cervicale humaine est, après la 7°, celle qui est le plus souvent pourvue d'un seul côté ou des deux côtés d’une côte ou d’un rudiment de côte, et que j'ai vu sur une démente, la nommée F. R., décédée, le 9 mars 1887, à l’âge de 57 ans, à l'asile des aliénées de Tours, le noyau d'ossification épiphysaire aux dépens duquel se développe parfois le sommet de la neurépine de la 6° vertèbre cervicale, former avec le reste de cette neurépine une arti- culation suturale, j'aurai énuméré toutes les variations de cette ver- tèbre que je connais. (1) BronN, Xlassen u. Ordnung des Thier-Reichs Sechster Band Säugethiere, pp. 236 et suiv. Leipzig, 1877. (2) BraNcui, Arch. p. l'antrop. e la elnol., 1889, cts RER EL LÉ Éd ete SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE Syn. : Proéminente (1); Vertèbre pseudo-cervicale; Verlebra thoracalis ; Vertèbre apostale de La colone vertébrale des Mammifères (Albrecht), (2), etc. Toutes les variations de cet os ont été étudiées en même temps que celles des autres os de la colonne rachidienne cervicale, à l'excep- tion de celles dont il va être question ci après. FAGETTE LATÉRALE. — La 7° vertèbre cervicale est assez souvent creusée, d'un seul côté ou des deux côtés, au-dessous de l’origine de la racine antérieure de l’apophyse transverse d’une demi-facette ou d’un quart de facette pour l'articulation de la première côte. C’est un nou- veau caractère à ajouter à ceux qui rapprochent comme configuration comme structure et comme développement la dernière pièce osseuse de la région cervicale du rachis de la première pièce osseuse de (1) Parce qu’elle possède une neurépine très longue dont le sommet saille d'autant plus sous la peau qu'il répond à l’ellipse aponévrotique du trapèze (m. cucullus). I est principalement très apparent quand la tête est inclinée en bas ; c'est ainsi qu'il est si facilement appréciable sur le cadavre représenté la tête en bas, au premier plan du tableau de Géricault, le Naufrage de la Méduse, qui orne une des salles du Musée du Louvre. (2) C’est pour ne pas trop changer la manière actuelle de compter les ver- tèbres thoraciques que Albrecht, qui considère comme la 1re vertèbre thora- cique la 7° vertèbre cervicale, l'a dénommée : verlèbre pseudo-cervicale, vertebra thoracalis, verlèbre apostale de la colonne vertébrale des Mammifères. « Il n'y a, écrit cet anatomiste, qu'une seule vertèbre apostate chez les Mam- mifères, — [la 6° chez ceux qui ont 6 vertèbres cervicales, la 7€ chez ceux qui en ont 7, la 8 ou la 9% chez ceux qui en ont 8 ou 9], — tandis que chez les Sau- ropsidés, il y en a beaucoup plus. C'est par l’apostasie de ces vertèbres que la quantité des vertèbres cervicales des Sauropsidés, surtout des Oiseaux, est si considérablement augmentée. » P. AzBrecur, Sur les éléments morphologiques du manubrium du slernum chez les Mammifères, p.6. Bruxelles, 1884. 160 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS,DE LA COLONNE VERTÉBRALE la région dorsale. Cette variation se retrouve accidentellement, du reste, chez les animaux les plus voisins de l’homme et me paraît même constituer une conformation normale chez le Murin (Vespertilio murt- nus) où la 7° vertèbre cervicale mérite moins que la 1" dorsale le nom de proéminente. EXTENSION EN DEHORS DE LA RACINE ANTÉRIEURE DE L'APOPHYSE TRANS- vERSE. — Il est très rare de rencontrer une 5° vertèbre cervicale dont la branche antérieure de l’apophyse latérale dépasse en dehors la branche postérieure. TROU PRÉTRANSVERSAIRE. — Dans le mémoire qu'il a publié en 1869, sous le titre Ueber die halsrippen des menschen, W. Gruber a fait mention en ces Lermes (p. 38, en note) d'une anomalie de l'apophyse latérale du dernier os du rachis du cou qu'il a rencontrée sur un gar- çon de 15 ans : « Le rudiment costal (c'est-à-dire la racine antérieure) se bifurque à son extrémité interne; la branche postérieure est unie par soudure osseuse avec le corps de la vertèbre; l’antérieure unie par du cartilage avec un tubercule du corps. De sorte qu'il ÿ avait, du même côté, deux foramina transversaria ». Le même vice de conformation a été trouvé par le professeur Leboucq, de Gand, sur deux sujets adultes et un fœtus de 7 mois et toujours d'un seul côté. Il a été trouvé par moi des deux côtés, sur un Septième vertèbre cervicale avec un trou pré-transversaire à droite. a, a’, trous transversaires droit et gauche ; — b, trou prétransversaire droit. Tourangeau de 37 ans et, du côté droit, sur une Tourangelle de 72 ans. Dans l’un et l’autre de ces cas, la branche antérieure de bifurcation de la lame antérieure du processus lateralis de la 7° vertèbre cervicale 2 SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 161 était très grêle et complètement osseuse. Comme j'ai noté deux fois, au même endroit, la présence d’une veinule recouverte par un cordon fibreux, j'incline volontiers à croire que fréquemment, sinon toujours, la variation en question, rentre dans la catégorie des variations par ossification ligamenteuse. D'autant plus encore que j'ai trouvé cinq fois aussi au même endroit, un sillon étroit et peu profond. Il est cer- tain que le trou prétransversaire s'observe généralement sur les 7° ver- tèbres cervicales dont les trous transversaires sont arrondis, mais je ne l'ai pas rencontré, tant s'en faut, comme Leboucq, sur la moitié des 7° vertèbres cervicales ayant des trous transversaires arrondis. (Pour détails complémentaires, voy. Côles cervicales, Anatomie com- parée.) CÔTES CERVICALES. — Historique, — Considérées autrefois comme de simples curiosités, des trouvailles accidentelles de dissection ou d'au- topsie, puis éludiées au point de vue anatomique pure, les côtes cer- vicales ont aujourd’hui une histoire clinique bien établie. Dans ces dernières années on est même arrivé, grâce aux rayons X, à diagnosli- quer sûrement leur présence, ainsi que celle des côtes lombaires, l'ossification complète, unilatérale ou bilatérale, de la chaîne hyoï- dienne, etc., sur le vivant. Et déjà bon nombre d’entre elles ont été enlevées chirurgicalement et le plus souvent sans accidents immédiats ou consécutifs. C’est CI. Galien (1) qui a signalé le premier, je crois, et en termes assez vagues, la possibilité de leur apparition : « Brevi igitur sermone complexus, totum nominant thoracem, quod comprehenditur a coslis :; suntautem he omnibus, quæcumque prius percurri, ad duodecim sane numero extensæ; rarissime enim cermitur lriadecima costa, et hoc eliam rarius undecima + omnibus hæc igilur adeo rara sunt, ul in nulle vix uni tali occurrat » et« quod thoracis spondyli sunt duodecim antea diximus præterquam, quod aliquando, lamesti raro, aliquibus unus vel deest, vel superest, sed superesse rarius quam deesse inveni- mus ». Hunauld (2) présenta, en 1742, à l'Académie des Sciences, un rachis cervical dont la 7° pièce osseuse possédait, à droite et à gauche, une côle articulée avec le sternum. Treize ans plus tard, Sue (3) adressa à l'Académie des Sciences un mémoire sur le même sujet. Hodgson (4), en 1819, et A: Cooper (5) en 1821, décrivirent minutieusement, chacun, une excroissance osseuse de la face supérieure de la 1°° côte thoracique (1) C. GALIEN, Libri analomici, lib. VIIL, p. 95 ; Lib. de ossibus, p. 24. (2) Hunauzp, Mém. d. l'Acad. roy. d. sc., p. 377, 1742. (3) SUE, eod. loc., p. 584, 1755. (4) HopGsox, Diseases of arleries and veins, p. 262, 1815, (5) A. Cooper, Surg. Essays, p. 173, 1821. VERTÉBRALE. 11 162 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE et qui n'était vraisemblablement que le bout antérieur d'une 7° côte cer- vicale, soudé à la face supérieure de la 1"° côte thoracique et qui com- primait à un tel point l'artère sous-clavière que celle-ci était oblitérée par une thrombose, le pouls radial supprimé et le bras sphacélé en divers endroits. Quelques années après, Rognetta (1) fit mention d'un œædème du bras provoqué par une cause analogue. Dans les Bulletins de la Sociélé anatomique de Paris de 1836-1837, Boinet, Moret et Chassaignac publièrent successivement quatre observations de 7° côte cervicale. Vers la même époque Pascal (2) autopsia un soldat tubercu- leux dont la dernière vertèbre du cou était munie d'un appendice costiforme dont l'extrémité antérieure était reliée par un ligament fibreux au premier arc osseux de la cage cardio-pulmonaire sous-jacent. En 1843, Knox relata dans la Gazette médicale de Londres (vol. XXXII) qu'il avait trouvé plusieurs fois des côtes cervicales dont une, émanant du 7° élément osseux de la colonne cervicale, élait en avant unie, au moyen d’un cartilage indépendant, à l'angle supérieur correspondant du sternum. Dès 18/49 parut une monographie assez étendue sur la malformation dont il s’agit : elle était due à W. Gruber (3). C’est Verneuil (4) qui, en 1899, pratiqua, je crois, la première extirpation d'une côte cervicale. « Il s'agissait d'une exostose de la première côte droite, dans l’espace sus-claviculaire où elle comprimait et rejetait en avant et en dedans le plexus brachial. L'artère sous-clavière était prise entre le scalène anté- rieur et l’exostose ; elle n'était nullement altérée. » Les douleurs résul- tant de la compression des nerfs du plexus brachial disparurent peu de temps après la cicatrisation de la plaie. Et Cruveilhier, torsque la pièce anatomique enlevée lui fut présentée, se rangea à l'avis de Verneuil concluant qu'il avait eu affaire au tronçon antérieur d’une côte cervi- cale fusionnée avec une première vertèbre dorsale. Halbertsma (5), en 1897, s'occupa de déterminer les rapports qu'affecte la 7° côte cervi- cale avec l'artère sous-clavière et Luschka (6), en 1859, ceux qu'elle a avec le dôme pleural. En 1860, Willshire (7), en 1867, Huntemäüller (8), puis Gillette (9) reconnurent, chacun, une 7e côte cervicale sur le vivant, et, en 1861, ) ROGNETTA, Gaz. méd., p.708. Paris, 1835. (2) PascaL, Rec. de mém. d. méd. et d. chir. milit. (2° série), t. IV, p. 175. 3) W. GRUBER, Neue anom. als Beit. z. phys. chir. Berlin, 1849. ] (5) HALBERTSMA, Virchow's Arch., 1857. (6) LuscakA, Deutsch. d. R. Acad. zu Wien., p. 8, t. XVI, 1859. (7) WILLSHIRE, Lancel, t. II, p. 633, 1860. (8) HuNTEMüLLER, Henle’s zeilschr. f. rat. med., 1867, Bd. XXIX. (9) GILLETTE cit. p. JEANNEL, Rev. internat. de chir., t. V, p. 775. SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 163 Holmes Coote (1) enleva sur une jeune fille une production osseuse qu'il appela « exostose de l’apophyse transverse gauche de la 7° ver- tèbre cervicale », mais qui n'était, en réalité, qu'une côte cervi- cale ayant des rapports intimes avec les vaisseaux et les nerfs du bras. Dans une seconde monographie, imprimée en 1869, W. Gruber (2) analysa et classa méthodiquement 76 cas de l’anomalie en cause. A ces 76 cas, Struthers (3) en ajouta, en 1875, 13 autres dont 3 découverts sur le vivant et parmi lesquels 1 où l'artère sous-clavière, repoussée en dehors, imprimait à la peau du creux sus-claviculaire des soulève- ments et des retraits alternatifs qui pouvaient en imposer pour une tumeur anévrysmale à son début. Paget (4), en 1869, et Wagner (5), en 1879, se basant, l’un et l’autre, sur un fait personnel, notèrent éga- lement la possibilité d’une telle erreur de diagnostic. En 1884, dans sa thèse inaugurale intitulée Des exosloses du creux sus-claviculaire, Mesnard rassembla 7 observations d’exostoses du creux sus-clavicu- laire dont 6 n'étaient certainement que des côtes cervicales rudimen- taires. En 1892, en décrivant 5 côtes cervicales, Aron (6) insista sur les troubles que peut susciter l’apparition d'une expansion osseuse de cette nature dans l’innervation d’un des membres supérieurs et l’en- trave qu’elle peut apporter à l’auscultation et à la percussion de la poitrine. En dehors des auteurs précités, la présence dans l'espèce humaine d'une ou plusieurs côtes cervicales a encore été mentionnée avec plus ou moins de détails par Bertin, Foucher (7), Poland (8), Fischer (9), Shepherd (10), Albrecht (11), Leboucq (12), Calori (13), R. Blanchard (14), Humphry (15), Süeda (16), Pintor, Pasella, (1) Hozmes CooTE, Med. Times and Gaz., L. I, p. 108, 1861. (2) W. GruBER, Mém. de l'Acad. d. sc. d. Sainlt-Pélersbourg, 1869, et ultérieure- ment Virchow's Arch., p. 314, 1876, et p. 82, 1880. (3) SrrurHERrs, Journ. of anal. and phys., t. IX, p. 32. London, 1875. (4) PAGET, Journ. of anat. and phys., p. 130. London, 1869. (5) WaGnER, Centralbl. f. Chir., p.45, 1875. (6) AroN, Berlin. Klin. Wochensch., p.826, 1892 (5 cas). (7) FoucnEer, Bullet, d. la Soc. anul. de Paris, 1836. (8) Pozanpn, Med. chir. Trans., t. LIT, p. 278. (9) Fiscuer, Deutsch. chir., p. 24, 1880; Deutsch. Zeilsch. f. Chir., p.52, 1892. (10) SuHEPHERD, Americ. Journ. med. sc., p. 112, 1883. (11) ALBRECHT, Livraison jubilaire d. la Soc. de méd. de Gand, 1884. (12) LeBouco, Ann. d. la Soc. d. méd. de Gand, 1885 ; Mém. couronnés et Mém. d. savants étrangers, publiés par l'Acad. roy. de Belgique, t. LV, 1896 (16 cas). (13) Cazorr, Mem. d. R. Accad. d. sc. d. Istiluto di Bologna, tav. I, fig. 1, ï. k 1887, (14) R. BLancuaARD, Rev. scientif., t. I, p. 724, 1888. (15) Humpury, À Trealise of the hum. skeleton. Cambridge, 1858, p. 126. (16) SriepA, Virchow's Arch., Bd. XXXVI, p. 425, 1866. 164 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Hasse et Schwarck (1), Taruffi (2), Romiti (3), Topinard (4), Varaglia (5), Bianchi (6), Tenchini (7), Delorenzi, Turner (8), Th.Dwight(9), Lloyd, Spisharni (10), Hrdlicka(11), Bolck(12), Arbunoth Lane (13), Morestin (14), David Wallace (15), Walther (16), Ch. Per- rier (17), Jeannel (18), S. Duplay (19), Paulet (20), Tilmann (21), Müller (22), Gordon (23), Patrick (24). de Ranzi (25), Keen (26), Theile (27), Lilienthal (28), Czerny (29), Stifler (30), Marburg (31), (1) Hasse et Scawarck, Hasse’s anat. sludien, Heft I, 1870. (2) Tarurri, Macrosomia, 1879. Il s’agit, dans ce cas, d'un sirénomèle qui avait 14 paires de côtes : une paire de côtes implantée sur la 7° vertèbre cer- vicale et 13 paires de côtes thoraciques. (3) RomiTi, Giorn. internaz. d. sc. med., 1880. (4) TopiNaRD, les Anomalies de nombre de la colonne vertébrale chez l'homme, cit. p. 24 (7 cas). (5) VARAGLIA, passim (7 Cas) dont un dans lequel il y avait 13 paires de côtes thoraciques et une côte fixée sur la 7e vertèbre cervicale. (6) Brancui, Lo sperimentale, 1889. (7) TENCHINI, S. variela numeriche vertebro-costali nell'uomo. Parma, 1889. (8) TurNER, Journ. of anal. and. phys., p. 255, 1883 (7 cas dont 5 trouvés sur des pièces anatomiques conservées dans les musées des Universités anglaises, 1 sur le cadavre et 1 diagnostiqué sur un sujet vivant). (9) Ta. Dwicxr,Journ. of anal. and. phys.,vol.XXI, pp.539-550, pl. 12, et Mem. of the Boston Soc. of nal. history, 1901 (12 cas), dont un prête matière à discussion. (10) LLOYD, SPISHARNI, Cit. par SCHÔNBECK; BERTIN, CIVININI, PINTOR, PASELLA, DELORENZI, Cit. par VARAGLIA. (11) HrozickA, Proceed. of the Associat. of amer. anatom. Baltimore, 1900. (12) Bozck, Morph. Jahrb., vol. XXIX, pp. 78-93, 1 fig., pl. 4. (13) A. LANE, Guy's hospil., Rep. vol. XLII (N. S. 27), pp. 190-133, et Journ. of anal. and phys., vol. XIX, pp. 266-273. (14) MorEsTIN, Bullet. d. la Soc. anal. de Paris, p. 140, 1899. (15) Davin WALLACE, Edinburgh. med. Journ., p. 706, 1892. (16) WALTHER, in 7'rail. de chir. de l'upcay et RECLUS. (17) Cu. PERRIER, Bullet. d. l'Acad. de méd. de Paris, p.236, 1890. (18) JEANNEL, loc. cit. suprà. (19) S. DupLay, Bullet. méd., 1897. (20) PAuLET, art. Côtes du Dict. enc. d. sc. méd. (21) TILMANN, Deuls. Zeilsch. f. Chir., p. 330, 1895; Berl. Klin. Wochensch., p. 620, n° 28, et Spezielle chir., Bd. 1. (22) MüLLER, Deuls. Zeitsch. f. Niederrhein Gesellsch. Chir. Nat. u. Heilk.,t. V, 1894, et Neur. Centralbl., p. 625, 1894. (23) GorDoN, Brit. med. Journ., p. 1395, 1901. (24) PATRICK, Med. Rev., p. 37, 1905. (25) DE Ranzr, Wiener Klin. Wochensch., p. 274, 1903. (26) KEEN, Amer. Journ. med. sc., p. 173, 1907. (27) THEILE, passim. (28) LILIENTHAL, Ann. of Surg., p. 404, 1905. (29) CzERNY, cité par VGLCKER, Beit. z. Klin. Chir., p. 201, 1898. (30) STIFLER, Münch. med. Wochensch., p. 544, 1896. 31) MarBuRG, Wiener klin. Rundschau, n° 13, 1906. . ( SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 165 Meckel(1), Sandifort(2), Reid (3), Poirier(4), Fischel(5), Oppenheim (6), Drehmann (5), Murphy (8), Borchardt (9), Rutkowski (10), Schnitz- ler (11), Garré (12), Kammerer (13), Beck (14), de Quervain (15), Brewer(16), Williams Howard (17), Starr (18), Hauswisth(19), Talon (20), Thorburn (21), Riesman (22), Lévi (23), Ballantyne (24), Russel (25), [s- raël (26), Rafin (27), Wallmann (28), Flesch (29), Mock(30), Eckstein (31), M. Bôühm (32), Adams(33), Mayo (34), Babcock (35), Barkee (36), Barker- (1) MECKEL, Arch. f. d. Phys., Bd. I, 1815. Taf. VI, fig. 36. (2) SANDIFORT, Mus. anat., tab. XLIX, fig. 1et2: «costa prima dextra hominis, quæ duo plane distincta capita habet ». Halbertsma, qui a pu examiner la côte bicipitale décrite en ces termes par Sandifort, a reconnu qu'il s'agissait bien d'une 7° côte cervicale dont le bout distal était soudé à la 1° côte thoracique. (3) Rio, Journ. of anal. a. phys., 1889. (4) PorRIER, loc. cit. suprà, t. I, p. 345. (5) FiscueL, Untersuch. über d. Wirbels u. d. Brustkorb d. Menschen anat. Hefîte, 1906, Bd 31. (6) OPPENHEIM, Berl. Klin. Woch., p. 1189, 1905. (7) DREHMANN, Cong. d. l'Assoc. allem. d'Orthop., 1906. (8) Murpuy, Annals surg., p. 404, 1905, et Surg. gynec. a. obstel., p.519,1906. (9) BorcHARDT, Berl. Klin. Woch., p. 1265, 1901. (10) Rurkowskit, Zeitsch. Klin. Med., Bd. IX, Heft 3 u 4, p. 267. (11) ScaniTzzer, Centralbl. f. Chir., p. 857, 1895. (12) GARRÉ, Zeitsch. f. Orthop. chir., p. 49, 1903. (13) KAMMERER, Ann. of Surg., p.639, 1901. (14) BECK, Ann. of Surg., 1905. (15) DE QuERvaAIN, Centralbl. f. Chir., p.1065, 1895. BREWER, Ann. of Surg., 1901. WiLLiaMs HowaRp, Ann. of Surg., p. 509, 1898. STARR, Med. Rec., p. 775, 1906. ) HauswisrTa, Americ. Journ. Surg., 1905. 20 TALON, Arch. Es d. Lis, p- 204, Nos 1904. Se Antenatal FAT a nine, p.461. 1 ie Med. Rec., p. 253, 1907. ISRAEL, Berliner Klin. Wochensch., p. 1189, 1901. Er Arch. Le de chir., p. 448, 1900. WALLMANN, Verhandl. d. Dh -med. Ges. Würzburg, p. 159, 1857. FLESCH, nas de p'iys.-med. Ges. és ours, 1869. EGKerEIN, Zeacho fe Orthop. chir. Pranté 1908. M. Büum, Die numerische varialion des menschlichen rumpfskelelts. Stuttgart 33) Apams, Med. chir. Transact., p.288, 1869, et Dublin Journ. med. se., p.494, 1836. (34) Mayo, Med. a. phys. Journ., p. 40, 1831. (35) Bagcock, Proceed. phil. county. med. Soc., p. 280, 1905, (36) BARKEE, Journ. experim. med., 1896. 166 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Levellys (1), Scheller (2), Bernhardt (3), Stanley-Boyd (4), Alderson (5), Broabdent (6), Unger (7), Weiss (8), Brodier (9), Baum (10), Con- ner (11), Kernig {12), Déjerine et Armand (13), Ehrich (14), Helbing(15), Eisendrath (16), Fraenkel (15), Hyrtl (18), Gould(19), Danlos et A. Mar- chand (20), Rosenberg, Gegenbaur (21), Rodati (22), Sargeat et Buz- zard (23), Brüsicke (24), Grisson (25), Gardner (26), Schmauss (27), Bardeleben (28), Grounauer (29), Hirsch (30), Kônig (31), Kider- len (32), Kiliani (33), Laplace (34), Nasse (35), Pancoast (36), Pep- per (37), Riddle (38), Schede (39), Spiller et Gittings (40), Thomas et BaARKER-LEVELLYS, Deutsch. Zeitschr. f. Nervenheilkunde. 8 Bd., p. 348. SCHELLER, Deutsch. militär. Zeitschr., 1896. BERNHARDT. Berl. Klin. Woch., 1904-1905, et Lehrb. d. spez.path. u.T herap. ) ) ) ) ) ALDERSON, Brit. med. Journ., 1897. ) BROABDENT, Brit. med. Journ., p.1033, 1906. ) UNGER, Verhandl. d. Berlin. med. Gesellsch., p. 112, 1902. ) Weiss, Centralbl. f. Grenzeb. d. Mediz. u. Chir., 1900. ) 10) BauM, Deuisch. chir., Bd. XXXIV, p. 25. 11) CoNNEr, Med. Rec., p. 775, 1906. 12) ) KERNIG, Pelersburg. med. Zeilschr., p. 112. Saint-Pétersbourg, 1874. , (13) DÉJERINE et ARMAND, Rev. de neurolog., 1903. (14) Exricx, Beit. z. Klin. chir., p. 199, 1895. (15) HELBING, Zeitsch. f. Orthop. chir. von Horra, Bd. XII, Heft. 1 et 2, p. 216. (16) EISENDRATH, Amer. med., p. 322, 1904. ( ( ( ( (e ( ( ( ( (8 ( ( ( ( 17) FRAENKEL, Vorhand.d. deutsch. Gesells.f.orthop.chir.Franfterkung, avril1906. 18) HyrTz, Handb. d. topog. Anat., Bd. 1. (19) GouL», Trans. clin. Soc., p. 95, 1884. (20) Daxcos et MARCHAND, Soc. méd. des hôp. de Paris, 1897. (21) GEGENBAUR, Ana. d. Menschen. — ROSENBERG, Cit. par GEGENBAUR. (22) Cf. Verièbres thoraciques, Variations de nombre. (23) SARGENT et BuzzaARp, cit. par KEEN. (24) BrôsICKE, Lehrb. d. norm. anat. d. Mensch. (25) GrissoN, Forisch. Geb. Rontq., p. 3, 1899. (26) GARDNER, Gaz. d. hôpit., pp. 699-735, 1907. (27) Scamauss, Grundr. d. pathol. unalomie. 28 BARDELEBEN, Cit. par MORESTIN. (29) GROUNAUER, Rev. méd. d. la Suisse romande, p. 19, 1898. (30) Hirscx, Wien. klin. Woc'ensch., 1896. (31) KôNiG, Spez. Chir., Bd. 4. (32) KiDpERLIN, Centralbl. f. Chir., p. 1211, 1899. (33) KiLrAN1, Ann. of Surg., p. 767, 1905. (34) LAPLACE, cit. par KEEN. (35) NassE, Centralbl. f. chir., p. 587, 1898. (36) PancoasT, Univ. Pennsylu. med. Bullet., p. 394, 1901. (37) PEPPER, Amer. Journ. med. sc., p. 121, 1867. (38) Rinpze, Lancel, p. 1051, 1902. (39) SCHEDE, Cit. par GARDNER. (40) SPILLER et GITTINGS, New York med. Journ., p. 683, 1906. SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 167 Cushing (1), Warren (2), Weissenstein (3), Cruveilhier (4), Beck (5), Karg (6), Sommering, Vrolik, Srb (7), Pollosson (8), Ancel el Sen- cert (9), Low (10), etc. Le vice de conformation dont je traite a fourni à Pilling (11), à Krausse (12), à V. Küster (13), à Planet (14), à Servas (15), à Bon- narme (16), à Schôünebeck (17), à K. Herber (18) et à Sédillot (19) le sujet de leur thèse inaugurale. Le nombre des anatomistes, des médecins et des chirurgiens qui ont eu cure des côtes cervicales est donc déjà grand. En raison des altérations organiques et des troubles fonctionnels, maintenant mieux connus, qu'elles occasionnent; de l’aide qu'apporte aux autres moyens d'investigalion clinique, la radioscopie et la radiographie, pour la détermination de leur nombre, de leur siège, de leurs dimensions el de leurs rapports avec les os voisins ; de leur ablalion totale ou de leur résection partielle, généralement heureuses par suite des progrès de la technique opératoire, il n'est même pas douteux que le nombre des savants et des praticiens qui s'y intéressent ira de plus en plus rapidement en augmentant. Et la meilleure preuve, la seule que je veuille fournir de cette assertion, est la suivante : 9 seulement des 139 cas de côles cervicales dont il est question dans la thèse inau- gurale de Pilling, datant de 1894, ont été diagnostiquées sur le vivant, tandis que dans le mémoire de Keen, paru, au mois de fé- vrier 1907 dans l'American Journal of medical sciences, sont réunies 43 observations, d'opérations chirurgicales praliquées sur ces ap- pendices osseux insolites. EL à ces 43 observalions, il faut encore (1) THomas et CusuiNG, Johns Hopk. hosp. Bullet., p. 315, 1903. (2) WaArREN, Bost. med. a surg. Journ., p.258, 1896. 3) WEISSENSTEIN, Wien. klin. Rundschau, pp. 373-394, 1903. (4) CRUVEILHIER, Anal. d. se., 2° édit.,t. [, p. 209. Paris, 1848. (5) BECK, Ann. of Surg., 1905. (6) KaRG, cit. par GARDNER. {7) SÜMMERING, VROLIK, SRB, Cit. par GRUBER. (8) PoLLOSSON, cit. par SERVAS. (9) ANCEL et SENCERT, C. rend. de l'Assoc. analom.; Cong. de Lyon, p. 158. Nancy, 1901. (10) Low, Journ. of anal. and phys., 1901. (11) PrLLING, In. dissert. Rostock, 1894. (12) KRAUSSE, In. dissert. Leipzig, 1902. (13) V. Küsrer, In. dissert. Berlin, 1905. (14) PLANET, Th. Paris, 1890. (15) SERvVAS, Th. Lyon, 1890. (16) BONNARME, Th. Paris, 1897. (17) SCHÔNEBECK, Th. Strasbourg, 1905. 18) K. HERBER, Inaug. Dissert. Bonn, 1903. (19) SépiLLor, Th, Paris, 1908, 168 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE en ajouter plusieurs autres: 4 de Russel, 2 de Bonnarme, 2 de Talon, etc. Siège. — Halbertsma a parlé d'une 3° vertèbre cervicale qui possé- dait une côte, et Czerny, d'une 5° vertèbre cervicale dont une côte, C a, b, Ge et7ecôtes diapophysaires cervicales, c’est-à-dire articulées, chacune, seulement avec le sommet de chacune des apophyses transverses; chez une fenime. c, d, dernières vertèbres cervicales. a, b,6*et 7° côtes diapophysaires cervicales, c'est-à-dire articulées, chacune, seulement avec le sommet de chacune des apophyses transverses : chez le Bradype (Bradypus torquatus) c, d, dernières vertèbres cervicales. peu développée, servait de pédicule à un lipome partiellement ossifié, pesant un kilogramme. Szawlowski (1) a fait mention de vertèbres (1) SzawLowski, Anal, Anzeig., p. 305, 1901. En - SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 169 placées au-dessus de la 6° et de la 7° vertèbres cervicales et qui avaient des côtes, et Bertin d'une côte cervicale qui était divisée en trois branches en arrière. Sur un enfant âgé de % aus ‘qu'il a disséqué, Struthers a constaté, à droite et à gauche, la présence de côtes rudi- mentaires sur les 6° et 7° pièces osseuses du rachis cervical. En pra- tiquant l’extirpation d’un appendice costiforme émanant, à droite, de la 7° vertèbre cervicale, Beck en a rencontré un autre, moins long et plus gracile, au-dessus, provenant de la 6°. Un mode de conformation analogue a été observé sur un homme de 60 ans qui n'en avait jamais souffert, sur le cadavre d'une fille, morte à l’âge de 21 ans. J'ai, en 1888, trouvé, avec un de mes anciens prosecteurs, Danseux, une variation anatomique analogue, mais beaucoup plus curieuse et plus rare, car elle rappelle une configuration normale des derniers éléments osseux de la colonne cervicale de divers Bradypes. Les deux côtes cervicales supplémentaires incomplètes de cette jeune Tourangelle étaient, en effet, articulées, l’une avec le tubercule de la lame posté- rieure (diapophyse) de l’apophyse transverse gauche de la 6° vertèbre du cou, dont la lame antérieure était représentée par une petite excroissance osseuse ; l’autre, avec celui de la lame postérieure de l’apophyse transverse gauche de la 7° vertèbre du cou. dont la lame antérieure était également atrophiée. Voici, d’ailleurs, les quelques notes que j'ai prises alors à ce propos : OBSERVATION |. L. N..., tuberculeuse, femme de chambre, née à Tours et décédée le 29 mars 1888, à l'Hôpital général (salle 15) de cette ville. L'autopsie décèle les lésions ordinaires de la phtisie à la dernière période et la présence, à gauche, d’une 6° et d’une 7° côtes cervicales rudimentaires. Une dissection attentive du cou indique que toutes ses parties molles et dures sont normales, sauf les deux derniers os de la colonne cervi- cale dont les apophyses transverses sont sur l’une et l'autre, mais à gauche seulement, constituées, en avant, par une petite saillie rugueuse el, en arrière, par une lame osseuse ayant l'aspect et les dimensions de la lame osseuse qui limite en arrière le foramen trans- versaire bien conformé et dont l'extrémité libre, renflée, encroûtée de cartilage, est unie au moyen de quelques trousseaux fibreux avec un appendice costiforme dont l'extrémité interne est aussi revèêlue de cartilage. L'appendice costiforme en rapport avec le tubercule de la racine postérieure de l'apophyse transverse gauche de la 6° vertèbre cervicale, arrondi, finissant à vive arête, mesure 25 millimètres de ongueur alors que celui, aplati de haut en bas, effilé, situé au-dessous 170 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE de lui, atteint 49 millimètres de longueur, dépasse un peu le quart postérieur de l’espace compris entre le rachis et l'angle supérieur et externe du manubrium sternt. À gauche, l'artère vertébrale, ses vais- seaux et ses nerfs satellites, reposent sur la face antérieure de la branche postérieure de chacune des apophyses transverses des 6° et 7° vertèbres cervicales, ouvertes largement en dehors, alors qu'à droite, l'artère susdite, les vaisseaux et les nerfs qui l'accompagnent pénètrent dans le canal {ransversaire par un foramen insolite qu'offre l'apophyse transverse de la 7° vertèbre cervicale. IT n'existe aucun vestige de synoviale ni dans l’une ni dans l’autre des deux articula- tions diarthrodiales cosla-transversaires cervicales inaccoutumées. Tout le thorax, les vaisseaux et les nerfs sous-clavier et axillaires droits et gauches ne présentent rien de particulier. Formule vertébrale : 7 c., 12 th., 5 1., 5 s., 4 cocc. Karg a vu l'artère sous-clavière et le plexus brachial passer, à droite, entre deux côtes dépendant, l’une de la 6° vertèbre cervicale, l’autre de la 7° et si rapprochées l’une de l’autre qu'une inspiration un peu forte suffisait pour faire disparaître le pouls radial. Stifler assure qu’il a observé une 6° côte cervicale sur le vivant, mais comme celle-e1 n’a pas élé radiographiée ni enlevée, le doute est permis. Quant aux deux cas de la même malformalion signalés par Hauswisth et Williams Howard, ils doivent être formellement rejetés. Au 8° Congrès de l'Analomische Gesellschaft qui s'est tenu, en 1894, à Strasbourg, Leboucq a présenté la 8° vertèbre du cou d’un.homme adulte qui avait à gauche une côte articulée au moyen d'un cartilage avec l'angle cor- respondant de la poignée du sternum, et, à droite, une côte, longue de 7 em. 5 et dont le sommet épaissi était rattaché par un ligament fibreux à un renflement du bord interne de la 1"° côte thoracique et la 8 vertèbre du cou d'une femme adulte qui avait, à droite et à gauche, une côte flottante dont l’une, celle de droite, mesurait 49 millimètres de longueur, et l’autre, celle de gauche, 31 millimètres. En dehors de ces cas, tous les autres cas de côtes cervicales que j'ai rencontrées ou dont j'ai eu connaissance par mes recherches bibliographiques, concernent celles qui se détachent du dernier élé- ment de la tige osseuse flexible du cou. Les 7° côtes cervicales sont, en effet, relativement beaucoup plus communes que les autres et quand on parle de côtes cervicales, c'est à elles d'ordinaire qu'on entend implicitement faire allusion. Et c’est pourquoi, dans les deux paragraphes qui vont suivre, il ne sera question que d'elles. Morphologie. — De même que les côtes situées au-dessus d'elles, les 7° côtes cervicales présentent, chacune, des caractères particu- liers, mais aussi des caractères généraux qui ont donné l'idée de rap- SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 171 procher celles qui se ressemblent le plus. C'est ainsi que Luschka en distingue trois variétés : A. — Elles sont constituées par la branche antérieure de l'apophyse transverse, restée indépendante et munie d'une tête et d'une tubéro- sité articulées, l’une avec le corps vertébral, l’autre avec le tubercule de la branche postérieure de l’apophyse transverse qu'elle ne dépasse pas ; B. — Elles ont, en arrière, le même mode de conformation que les précédentes, mais dépassent, en avant, le sommet renflé de la racine postérieure de l'apophyse transverse, sans se prolonger toutefois jus- qu'au sternum et se terminent : Soit par une extrémité libre, Soit en s'unissant directement ou par l'intermédiaire d'un ligament fibreux à la première côte thoracique ou en s'articulant avec elle, C. — Elles rejoignent le sternum. W. Gruber en admet, par contre, quatre variétés : [. — La première correspond trait pour trait à celle de Luschka. II. — Dans la seconde, les côtes cervicales, atteignant 1 em.5 à 4 centimètres de longueur, dépassant plus ou moins, par conséquent, la partie externe hypertrophiée de la lame postérieure du processus transversaire, conservent leur autonomie jusqu'à leur terminaison ou se soudent en avant à la portion osseuse de la première côte pecto- rale. IT. — Dans la troisième, elles s'étendent jusqu'au cartilage de la première côte pectorale et se terminent en s'unissant par l'intermé- diaire d’un ligament fibreux au bout antérieur de la portion osseuse de la première côte pectorale ou en se fusionnant avec le bout anté- rieur de la porlion osseuse ou le bout postérieur de la portion cartila- gineuse de cette côte. Dans quelques cas de cette variété, il existe une articulation entre l'arc osseux du cou et la première côte pecto- rale, non loin de leur origine. IV. — Dans la quatrième, chacune des côtes cervicales possède une portion osseuse et une portion cartilagineuse qui peut demeurer indépendante jusqu'au sternum, mais qui se confond, le plus souvent, avec celle de la première côte pectorale, qu'elle accompagne jusqu'au sternum. Il est impossible de faire rentrer aujourd'hui dans l’une ou l’autre de ces deux classifications, qui ne diffèrent guère d’ailleurs, toutes les formes générales connues que peut revêtir le vice de conformation en question. Et c'est évidemment pourquoi mon savant collè£ue el ami, le professeur R. Blanchard, a proposé de les remplacer par la suivante dans laquelle les 7* côtes cervicales sont divisées en quatre groupes : 172 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Premier groupe. — C'est le type parfait, peut-on dire, de la 7° côte cervicale, une côte osseuse et cartilagineuse indépendante de la cla- vicule et de la 1° côte thoracique, allant de la 7° vertèbre cervicale au sternum (cas de Sümmering, de Vrolik, de Srb. de Albrecht (1), de Knox, de Topinard, etc. — Un cas personnel). Septième côte cervicale gauche complète ostéo-cartilagineuse, a, portion osseuse de cette côte; — b, portion cartilagineuse; — €, 1r° côte thoracique gauche; — d, sternum; — e, septième fertèbre cervicale, OBSERVATION II. Ch. L..., manouvrier, décédé le 28 mai 1869 à la salle 12 de l'Hôpi- tal général de Tours, d’une pleurésie purulente gauche, ponctionnée trois fois. À l’autopsie pratiquée par moi (2), en présence du profes- seur Charcellay, des externes et des stagiaires du service de clinique médicale, on relève les altérations anatomo-pathologiques classiques de la pleurésie purulente, mais quand on veut détacher le dôme pleu- ral contre lequel le poumon est refoulé en haut et en arrière, on s’aper- çoil qu'il adhère intimement à la côte sus-jacente qui, bien qu'ayant (1) Au dire de Albrecht, un cas de 7° côte cervicale complète existerait aussi au musée de Christiania. (2) J'étais alors interne au service de clinique médicale de l'École de méde- cine de Tours. SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 173 beaucoup d'analogie avec la 1° côte de la poitrine, n’est cependant rien autre chose qu'une 7° côte cervicale. La dernière vertèbre du cou est, en effet, normale, sauf à gauche, où son corps et le bout libre de son apophyse transverse offrent, chacun, une facette en rapport avec un arc osseux uni, en avant, au manubrium du sternum au moyen d'un cartilage séparé par un intervalle d’un millimètre du cartilage de la première pièce ostéo-cartilagineuse cintrée de la paroi latérale de la cage thoracique. Aplatie de haut en bas et pourvue, au niveau de sa tubérosité très saillante, ainsi qu'au niveau de sa tête, d’une facelte, cetle 7° côte cervicale présente à considérer : Une face supérieure, lisse, un peu inclinée en dehors, sur laquelle on remarque une petite saillie, côtoyée en avant par un sillon peu profond dans lequel est logée la veine sous-clavière et sur laquelle se fixe le scalène antérieur à travers les fibres dissociées duquel passent l'artère sous-clavière et les nerfs du plexus brachial ; Une face inférieure, également lisse, regardant légèrement en dedans, en contact avec le dôme pleural ; Un bord interne concave el mousse, un bord externe convexe, tran- chant et deux extrémités relativement peu volumineuses. Elle s'articule avec le rachis et le sternum de la même manière que les vraies côtes dorsales et les muscles, les vaisseaux et les nerfs inclus dans l’espace intercostal limité en haut par son bord inférieur ne diffèrent pas de ceux de l’espace intercostal que bordent la pre- mière et la seconde côtes dorsales. Le scalène moyen et le scalène postérieur ont leurs attaches infé- rieures habituelles. Formule vertébrale : 7 c., 12 th., 5 s., 5 cocc. A part une fosselte cérébelleuse moyenne, el une pelile apophyse sus-épitrochléenne droite, le reste du squelette est, d'ailleurs, bien conformé. Deuxième groupe. — 11 comprend toutes les 7° côtes cervicales qui s'étendent encore jusqu’au manubrium slerni, mais après avoir fusionné leur cartilage avec celui de la 1° côte pectorale (6 des 77 cas de 7° côles cervicales rassemblés par W. Gruber, cas de Hunauld, de Perier et Planet, de Servas et Pollosson, de Holmes Coote, de She- pherd, etc.). Troisième groupe. — Il faut y faire rentrer toutes les 7° côtes cer- vicales dont la partie moyenne est constituée par une plus ou moins grande étendue par une bande fibreuse (cas de Turner, de Leboucq, de Bruni (1), etc., un cas personnel). (1) C. Bruni, Arch. p. le sc. med., Torino, 1908. 174 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE OBsErvaTION III, Squelette monté d'un Tourangeau de 4o ans environ, ayant figuré dans la collection anthropo-zoologique du professeur Saturnin Thomas. Ce squelette, qui mesure 1 m.74 de hauteur, est normal, à l'exception Septième côte cervicale gauche complète ostéo-fibro-cartilagineuse. a, portion osseuse postérieure de cette côte; — b, portion cartilagineuse antérieure; — c, portion fibreuse moyenne; — d, première côte thoracique gauche ; — e, seconde côte thoracique gauche; —f, sternum. de l'occipital, du frontal, de l'&umérus droit et de la dernière pièce osseuse du cou. Le premier a, en effet, un inion procident, le second une épine trochléaire antéro-supérieure pointue, le troisième, la cavité olécranienne perforée, et la quatrième pourvue, à gauche, de deux facettes garnies de cartilage situées l’une à la partie inférieure du corps, l'autre au sommet de l'apophyse transverse et en rapport, la proximale, avec la tête, la distale, avec la tubérosilé, munies égale- ment, chacune, d’une facette recouverte de cartilage, d’une côte cervi- cale, aplatie dans le sens vertical et formée de deux fragments reliés l'un à l’autre par une bandelette fibreuse de 3 em. 5 de longueur. Le fragment postérieur, entièrement osseux, effilé en avant et qui se prolonge un peu en deçà du milieu de l’espace compris entre la colonne vertébrale et le manubrium sterni, présente sur sa face supé- rieure un tubercule (tubercule d'insertion inférieure du scalène anté: rieur), en arrière duquel existe une gouttière transversale peu pro- SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 175 fonde (gouttière de l'artère sous-clavière). Le fragment antérieur comprend une portion antérieure cartilagineuse, la plus importante, et une portion osseuse affectant la forme d'un triangle isocèle dont la pointe regarde en arrière ; l’une et l’autre de ces deux portions esl indépendante de la côte thoracique sous-jacente. Formule vertébrale : 7 c., 12 th., 5 L., 5 s., 5 cocc. Quatrième groupe. — Dans ce groupe, de même que dans le groupe précédent, les 7° côtes cervicales sont seulement représentées par leurs extrémités terminales, mais celles-ci ne sont plus rattachées l’une à l’autre par des trousseaux de fibres conjonctives. L’extrémité proximale du tronçon antérieur plus ou moins long, entièrement osseux ou entièrement cartilagineux ou ostéo-cartilagi- neux, est libre et sa portion distale, fixée sur le sternum ou la pre- mière côte thoracique. Quant au tronçon postérieur son extrémité distale peut être libre, soudée à la première côte thoracique. unie à elle par un ligament fibreux ou articulée avec elle et son extrémité proximale, soudée com- plètement avec la 7° vertèbre cervicale ou articulée avec elle seule ou avec elle et le ménisque fibreux qui sépare son corps de celui de la première vertèbre du dos. C’est à une malformation de ce genre qu’on doit rapporter certaine- ment la plupart des cas d’exostose de la première côte pectorale signalés par les auteurs. Cinquième groupe. — Le tronçon postérieur existe seule et affecte l’une ou l’autre des conformations de celui des 7* côtes cervicales divisées en deux segments indépendants, plus ou moins distants l’un de l’autre (cas de Sandifort, de Meckel, de Luschka, de Huntemüller, de Chassaignac, de Gillette, de Stieda, de Wagner, etc.). J'en ai vu cinq exemples. OBSERVATION IV. Base du crâne, colonne vertébrale, bassin et thorax d'une femme adulte, provenant de l'ancien cimetière des Acacias, à Tours. Formule rachidienne normale. Paire de côtes, aplaties de haut en bas, sur la 7° vertèbre cervicale. L'une et l'autre finissent par une extrémité pointue, mais celle de droite, un peu plus grêle mesure 6 centimètres de longueur et celle de gauche 5 cm. 5. Chacune d’elles ne diffère pas sensiblement de la portion postérieure de l’arc osseux thoracique au-dessus de laquelle elle est placée et dont elle est entièrement indépendante et la dernière vertèbre cervicale ressemble à la première vertèbre dorsale. L'atlas possède un trou rétro-atloïdien supérieur, l’axis, un foramen 176 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE transversaire ouvert en arrière; la 5° et 6° vertèbres cervicales, une apophyse épineuse monotuberculeuse. L'angle sacro-vertébral est très saillant. OBSERVATION V. Squelette d'un homme de 45 ans, préparé avec son appareil liga- menteux par M. le docteur Herpin, de Véretz (don de mon collègue M. le professeur O. Herpin). Formule vertébrale : 7 c., 12 th., 5 1., 5 s., 5 cocc. La 7° vertèbre cervicale possède, à gauche, un trou transversaire clos en avant par une lame osseuse autonome, affectant la forme du segment vertébral d’une côte, autrement dit possédant une extrémité interne renflée ou tête et une extrémité externe, bossuée en dehors, ou tubérosité séparées l’une de l’autre par une partie rétrécie ou col. Ce segment vertébral de côte qui ne dépasse pas le tubercule de lapo- physe transverse forme avec lui une articulation costo-transversaire et, avec le corps du dernier élément osseux du cou, une articulation costo-vertébrale, analogues aux articulations costo-transversaires et costo-vertébrales de la poitrine. A droite la 7° vertèbre cervicale est également pourvue d’une côte dont la configuration est, jusqu'au sommet de l’apophyse transverse, identique à celle de la côte du côté opposé, mais qui mesure 6 centimètres de longueur et se termine par un moignon osseux dont la face inférieure, garnie de cartilage, est fixée par des trousseaux fibreux contre une facette revêtue aussi de cartilage que présente la face supérieure de la première côte thoracique. L'inion est très procident, les trous transversaires des 5°-et 6° ver- tèbres cervicales sont ouverts en avant et il existe un os trigone en arrière de l'articulation tibio-tarsienne gauche, un os épisternal, de chaque côté et une division transversale du manubrium sterni au-dessus des deuxièmes articulations synchondro-sternales droite et gauche. OBSERVATION VI. Squelette d’une paralytique générale décédée le 20 mai 1895, à l'âge de 63 ans, à l’Asile des aliénées de Tours, Formule vertébrale : 7 c., 12 th., 5 1., 5 s., 4 cocc. La 7° vertèbre du cou est normale à gauche, mais articulée à droite, de la même façon que la 1°° vertèbre du dos à une côte, longue de 7 Cm. », munie d’une tête, d'un col, d’une tubérosité et d’un corps entièrement osseux, aplati de haut en bas et dont la face supérieure présente un renflement longé en arrière par une gouttière étroile et peu profonde. Cette côte cervicale anormale se termine par une SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 177 pointe de laquelle émane un cordon fibreux qui va se fixer sur la face supérieure de la portion osseuse du premier arc ostéo-cartilagineux de la cage thoracique. Le maxillaire supérieur droit possède un canal sous-orbitaire externe surnuméraire bifide en avant,, le maxillaire inférieur deux trous mentonniers de chaque côté et le poignet droit un osselet en excès (os central du carpe). OBSERVATION VII. Rachis cervical et cage thoracique d'une femme adulte exhumés du vieux cimetière de l'Ouest, à Tours. Toutes les côtes sont bien conformées, ainsi que toutes les vertèbres sauf la 7° cervicale dont la partie inférieure du corps et l'extrémité libre de l'apophyse transverse du côté droit, pourvues, chacune, d'une facette garnie de cartilage, sont articulées avec la tête et la tubérosité — également munies, l’une et l'autre, d'une facelte garnie de carti- lage — d’une côte dont la longueur n'excède pas 5 cm. 5 el qui se confond insensiblement en avant avec la 1° côte pectorale. Le col de cet appendice costiforme complètement osseux est renflé vers sa par- lie moyenne; sa tête, très allongée dans le sens antéro-postérieur et sa tüubérosité, très forte et très saïllante en arrière et en dehors. Le slernum est un peu excavé, son appendice xyphoïde bifide, son corps, séparé de sa poignée surélevée et légèrement déformée en haut et à droite. OBsERvATION VII. Squelette d’une Tourangelle de 29 ans dont la colonne vertébrale offre une scoliose latérale dont le maximum de la convexité, tournée du côté gauche, correspond au disque fibro-cartilagineux qui sépare la dernière vertèbre du cou (Musée de l’Institut anatomique de l'École de médecine de Tours). La face supérieure de la portion osseuse de la première côte thora- cique gauche est, à l'union de son tiers postérieur avec ses deux tiers antérieurs, articulée, au moyen d'une facette revêtue de cartilage, avec une facelte de même forme et de même grandeur, recouverte égale- ment de cartilage, qui existe sur l'extrémité inférieure renflée, d’une côte de 5 cm. 8 de longueur, émanant de la 7° vertèbre cervicale. Celte côte contenue dans la région sus-claviculaire gauche, possède un corps arrondi, mais une tête, un col el une tubérosité semblables à ceux de Ja 1° côte de la poitrine sous-jacente; elle est unie de la même façon à la 7° vertèbre cervicale que la 1° côle gauche de la poi- trine l’est à la 1°° vertèbre dorsale. Formule vertébrale : 7 c., 12 th., 5 1,5 s., 4 cocc. VERTÉBRALE. 12 178 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE La 6° vertèbre cervicale est privée de trous transversaires tandis que la 2° vertèbre lombaire a deux apophyses styloïdes bien accu- sées. On note de plus sur le sphénoïde la présence d’un foramen Septième côte cervicale gauche articulée en avant avec la 1° côte thoracique. a, articulation de cette côte avec la 1" côte thoracique : — b, sternum; — €, septième ver- tèbre cervicale; — d, 1e vertèbre thoracique ; — e, 2° vertèbre thoracique ptérygo-épineux: sur le maxillaire inférieur, d’un canal médian sus-génien du menton; sur le fémur droit, d’un troisième trochanter rudimentaire. De ces diverses classifications il ressort en somme qu'il y a deux espèces de 7 côtes cervicales : Des 7 côles cervicales complètes, c'est-à-dire s'étendant de la 7° ver- tèbre cervicale jusqu’au manubrium stlernt el qui peuvent être constituées en partie par du tissu osseux et en partie par du tissu cartilagineux ou en partie par du tissu osseux, en partie par du tissu cartilagineux eten partie par du tissu fibreux et où 1l existe un espace intercostal entièrement clos par une double couche de muscles inter- costaux ou seulement par des muscles intercostaux externes, irrigués el innervés par des vaisseaux et des nerfs disposés comme ceux des espaces intercostaux situés plus bas. LP O0) ARTE TT Le sé LÉ KR PRE à 1 « : SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 179 Des 7° côles cervicales incomplètes alias réduites à un tronçon anté- rieur el à un tronçon postérieur indépendants et plus ou moins dis- tants l’un de l’autre ou à un tronçon postérieur et où il existe un espace intercostal disloqué, irrégulièrement formé et rempli. Ce qui est passé sous silence ou n'est pas indiqué d'une façon expli- cite dansles classifications précédentes, c'est que les 7" côtes cervicales : 1° Peuvent, quelles que soient leur étendue et leur structure, avoir à la fois un trou costo-transversaire et un trou transversaire complet ou incomplet au lieu de n'avoir qu'un trou costo-transversaire comme les arcs ostéo-cartilagineux des parois latérales de la poitrine; 2° Peuvent n'être représentées que par un tronçon antérieur et le plus souvent par de simples noyaux ostéo-cartilagineux correspon- dants à la portion supéro-externe de la poignée du sternum ou par un tronçon postérieur arliculé en arrière seulement avec le sommet de l'apophyse transverse de la 7° vertèbre cervicale. La coexistence, d'un seul côté ou des deux côtés, d’une côte com- plète ou incomplète, émanant du dernier élément osseux du rachis cervical et d’un foramen (ransversaire et d'un foramen costo- transversaire séparés, ou communiquant l’un avec l’autre a été consta- tés, en effet, par Wallmann, Humphry, Stieda, Hasse et Schwarck, Flesch, Remiti, Albrecht, Leboucq (2 cas), Varaglia, W. Gruber (2 cas), W. Turner. Topi- nard,elc.,1caspersonnel). OBsERVATION IX. Squelette d’une Touran- gelle L. M..., décédée, à l’âge de 29 ans, d’une fièvre typhoïde à forme ataxo- adynamique, le 15 décem- bre 1891, à la salle 15 de l'hôpital général de Tours. Ce squelette a été préparé par un de mes anciens gar- cons d’amphithéâtre, E. Perrochon. Septième côte cervicale droite, libre, incomplète, Formule vertébrale: 7c., coïncidant avec un trou transversaire et un à tr :0sto-transv ir 12 th. 5 lé 5 s., , CoCC. m4 ke PR TT EN , B 2 a, cette côte ; — b, trou transversaire; — c. trou Du côté droit la 7° ver- costo-transversaire ; — d, 7° vertèbre cervicale, tèbre cervicale est nor- male, sauf l’apophyse transverse qui est percée d'un trou; du côté gauche elle possède une côte flottante, plate, Lerminée en pointe, me- 180 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE surant5 cm. 8 de longueur articulée avec le corps et le sommet de l'apophyse transverse, également perforée à sa base et munis, l’un et l’autre, d’une facette enduite de cartilage. De sorte, que, contraire- ment à ce qu'on observe à la région thoracique, on note la présence simultanée en arrière de l'arc osseux cervical insolite de deux foramina : un foramen coslo-transversaire et un foramen transversaire. L'arc postérieur de l'atlas est incomplètement fermé; l’apophyse odontoïde, presque conique et la ligne âpre de chacun des os de la cuisse, peu prononcée. L'articulation, d'un seul côté ou des deux côtés, de l'extrémité interne encroûtée de cartilage, d’une côte avec l’extrémité externe renflée, revêtue également de cartilage de l’apophyse transverse de la 7° vertèbre du cou bien conformé, est une anomalie excessivement rare. Je n’en connais que deux cas, en dehors de celui que j'ai rencon- tré et dont j'ai donné une description succincte (voy. Observation I) : celui de Moret « où il existait une côte surnuméraire de chaque côté, laquelle s'articulait avec les tubercules des apophyses transverses et avec la première côte (sic) » et celui de Foucher où « 1l existait au-dessus de la première côte, du côté gauche, une côte surnuméraire longue de 6 à 7 centimètres, articulée très complètement avec l’apo- physe transverse de la 7° vertèbre cervicale ». Quelques anatomistes se basant sur ce que l'extrémité sternale et l'extrémité vertébrale de la 7° côte cervicale ont une origine différente, se retrouvent toujours à l’état de vestige, l'une dans le manubrium slerni, l'autre, dans la 7° vertèbre cervicale et se développent indé- pendamment et loin l'une de l’autre, ont émis l'opinion que la première pouvait aussi bien exister, après la naissance, sans la seconde, que la seconde sans la première. Mes recherches bibliographiques ne m'ont fourni cependant aucun document à l'appui de cette opinion très plausible. Jusqu'à plus ample informé, j'incline donc à croire que l'observation ci-jointe de 7° côte cervicale réduite à sa portion anté- rieure Cartilagineuse sans rien autre, et que je dois à l’obligeance du docteur Sainton, médecin en chef de la Crèche de la Maternité de l'Hôpital général de Tours, est encore unique. OBSERVATION X. Pièce anatomique incomplète : 7 vertèbres cervicales et cage tho- racique d’une enfant F. R..., rachitique, décédée à l’âge de 3 ans, le 8 juillet 1892, à la Crèche de la Maternité de l'hôpital général de Tours. La 7° vertèbre cervicale a les caractères d’une vertèbre thoracique. SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 181 Le sternum dont l'ossification est inachevée donne insertion, à gauche, à sept cartilages costaux et à droite, à huit. Le cartilage costal droit a, réduction de la septième côte cervicale droite à son tronçon antérieur cartilagineux chez une enfant de 3 ans; b, 1re côte thoracique; — c, sternum. a, préparasternal cartilagineux droit ou côle sternale cartilagineuse de la 7° côte cervicale droite (envisagé par Parker comme l'épicoracoïde droit), chez le Campagnol (Arvicola agrestis). b, première côte thoracique ; — c, sternum. en excès, le premier, correspond au point où se fixe, sur la poignée du sternum, l'extrémité antérieure d’une 7° côte cervicale complète; il est lisse, épais d'un centimètre, long de 2 cm. 6 et affecte la forme d'un trapèze allongé dont le bord le plus étroit, situé en haut el en arrière, offre quelques dentelures plus profondes et plus irrégulières. Les omoplates sont boursouflées; les clavicules plus incurvées que d'ordinaire et élargies à leur extrémité acromiale; les côtes thora- ciques, convexes en dedans et concaves en dehors, de sorte que le 182 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE thorax, creusé de deux gouitières latérales à sa partie antéro-supé- rieure, repoussée en avant, rappelle assez bien le thorax des Oiseaux. Fait curieux, les portions cervicale et thoracique du rachis seules pré- sentes n'ont pas été touchées par la maladie. Pour les raisons multiples que je viens d’énumérer et en attendant mieux, je propose donc de substituer aux classifications qui précèdent des 7° côtes cervicales la classification esquissée à grands traits dans le tableau ci-joint : Septièmes côtes cervicales. autonomes jusqu'au ster- 1. ComPLÈTEs (ostéo-cartilagineuses ou os- num. téo-fibro-cartilagineuses avec un trou } n'atteignantlesternum qu'a- transversaire ou un trou transversaire près la soudure de leur et un trou costo-transversaire), cartilage à celui de la 4e côte thoracique. réduites à leur tronçon antérieur libre en arrière. | articulé seulement en arrière avec le ! sommet de l’apophyse transverse et libre en avant. articulé en ar- | | réduites à leur tronçon pos- térieur II. INCOMPLÈTES ( rière avec le sommet et la base de l’apo- physe trans- verse(avecun trou trans- versaire ou un trou trans- versaire et un trou cos- libre en avant. fusionné en avant avec la 1" côte thoracique. articulé en avant avec la 1° côte thoracique. relié par des trous- seaux fibreux à la 4re côte tho- Lo -iransver - saire). racique. Quand sa tête est bien développée la 7° côte cervicale ressemble beaucoup à la 1°° côte thoracique; aplatie de haut en bas, elle a, sur son bord externe, une tubérosité bien prononcée et sur sa face supé- rieure une large goutlière transversale, parfois assez profonde, limitée en avant par un tubercule sur lequel s’insère une partie ou la totalité des fibres du scalène antérieur et dans laquelle passe l'artère sous- clavière. Sur elle se fixent également l'extrémité externe du muscle sous-clavier, les deux muscles intercostaux inlerne et externe et le ligament costo-claviculaire. Quant au muscle scalène antérieur et au muscle scalène moyen, ce n’est que très exceptionnellement que leurs fibres s’attachent sur elle. à & - = SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 183 Si, pour atteindre le sternum, elle fusionne son cartilage avec celui de la 1° côte de la poitrine il résulte de la réunion de ces deux certi- lages tantôt un > tantôt un , c'est-à-dire un é grec horizontal dont les deux branches divergentes limitent un angle aigu tourné tantôt en arrière, tantôt en avant, el dont le pied, correspondant à la réunion de ces deux cartilages, est naturellement très large. Lorsque le dernier élément osseux du rachis du cou porte deux côtes, l'une d’entre elles est toujours plus forte, plus longue et con- tenu dans un plan horizontal plus élevé que l’autre. Décelée parfois par des phénomènes douloureux de compression nécessitant une intervention chirurgicale dans la région sus-clavicu- laire contenant de nombreux et gros vaisseaux, un large plexus ner- veux, le sommet du poumon et l'appareil suspenseur de la plèvre qui le recouvre, la 7° côte cervicale a des rapports importants avec ces divers organes et sur lesquels il est indispensable d’être bien rensel- gné. Sans doute elle ne révèle parfois aussi sa présence par aucune gêne fonctionnelle, aucun syndrome pathologique, mais même lors- qu'il en est ainsi, elle ne doit pas être considérée comme une quan- tité négligeable. Pourquoi ? Parce que si l'on est appelé à pratiquer la ligature de l'artère sous-clavière ou d’une de ses branches ou tout autre opération dans la région sus-claviculaire sur un individu porteur d'une production osseuse du genre de celle dont il s’agit, on peut la prendre pour le tubercule de la 1° côte pectorale hypertrophiée, et aller chercher profondément l'artère qui se trouve en avant d'elle, el dont les battements facilement perceptibles, dans ce cas, doivent sur- tout servir de guides. La 7° côte cervicale, a; en effet, suivant sa longueur, des rapports différents avec l'artère sous-clavière et le plexus brachial. Quand elle n'a pas plus de 5 centimètres de longueur, l'artère sous-clavière et le plexus brachial gardent, au dire d'Halbertsma, leur position habituelle, passent, par conséquent, en avant d'elle el non au-dessus, alors qu'ils passent au-dessus d’elle lorsqu'elle acquiert une longueur plus consi- dérable. Cette proposition souffre de nombreuses exceptions. On sait que Karg a vu l'artère sous-clavière et le plexus brachial passer entre une 6° et-une 7° côtes cervicales. Une artère sous-clavière dont le tra- jet est normal s'élève habituellement dans le cou un peu au-dessus de la clavicule. Quand la dernière vertèbre du cou possède un appendice cosliforme qui s'étend assez loin en avant, l’arière sous-clavière obli- gée de le contourner pour pouvoir sortir de la poitrine de décrire une courbe à concavité inférieure plus fermée, remplacée même quelque- fois par un angle aigu, ouvert en bas, déborde dans le cou, de 3 à » cen- timètres, la clavicule. Et bien que Sue ait remarqué que si la cage tho- racique est plus développée en hauteur que de coutume, les vais- 184 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE seaux brachio-cervicaux doivent subir un accroissement de longueur proportionnelle, il n'est pas moins certain que l'artère sous-clavière qui se réfléchit sur une 7° côte cervicale est assez souvent rétrécie au niveau ou en amont ou dilatée plus ou moins en aval d'elle (Ehrich, Murphy, Keen, Adams, etc.). Mais située dans un plan plus élevé et plus superficiel, elle est plus facile à comprimer — (Boyd a fait mention d'un cas où une telle conformation favorisa grande- ment la guérison d'un anévrisme) — et plus facile à mettre à nu si on veut la lier. Il faut se rappeler pourtant que l'artère en question peut être placée à 3 ou 4 centimètres au-dessus de la clavicule chez un sujet dont toutes les pièces de la tige osseuse flexible du cou sont nor- males. Il est excessivement rare qu'elle traverse seule ou accompagnée des nerfs du plexus brachial, les fibres du scalène antérieur inséré en bas sur une 7° côte cervicale ou que les racines inférieures du plexus brachial soient comprimées ou aplaties par la face supérieure de cette côte qui les repousse en haut. Je n'ai jamais vu, du côté droit, le nerf récurrent comprimé entre ja 7° côte cervicale et l'artère sous-clavière. Le sommet du poumon et le dôme pleural remontent généralement aussi plus haut daps le cou lorsqu'il existe à sa partie inférieure un arc costiforme et l’adhérence de la plèvre à celui-ci, est souvent si intime, qu'il est impossible de l'en séparer sans la déchirer. Cette éven- tualité ne doit jamais être perdue de vue lorsqu'on résèque une partie ou la totalité d'une 7° côte cervicale, au moment où il faut libérer sa face inférieure. Quant à la veine sous-clavière, placée habituellement loin et au-dessous de l'artère du même nom, elle n'apporte aucune entrave à l’ablation d'une 7° côte cervicale incomplète. Au total la 7° côte du cou lorsqu'elle est bien développée a les rap- ports de la 1°° côte thoracique, et lorsqu'elle est peu développée, des rapports très variables, assez irréguliers, mais moins importants à con- naître puisqu'il est exceptionnel qu’elle ne demeure pas insoupçonnée, qu'elle accuse sa présence par des troubles fonctionnels nécessitant une intervention chirurgicale sanglante (1). Complète ou incomplète, elle coïncide fréquemment avec une scoliose du rachis (22 fois sur 62 cas mentionnés dans la thèse de Schüne- beck); une scoliose antéro-postérieure, quand elle est bilatérale; une scoliose dont la convexité est tournée du côté où elle siège lors- qu'elle est unilatérale. En s'appuyant sur l'examen, à l’aide des rayons X du rachis de la (1) Jajouterai que si une vertèbre cervicale, et plus spécialement la 7°, porte une paire de côtes, les deux côtes n'ont jamais la même longueur, que la plus longue est toujours située dans un plan plus élevé que la plus courte et déter- mine, par suite, plus fréquemment que la plus courte des troubles morbides. SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 185 cage thoracique d'un certain nombre de sujets porteurs d’une côte cervicale, Drehmann soutient, je le rappelle, que celle-c1 est non seu- lement accompagnée d'une déviation de la taille mais encore fréquem- ment d'une synostose des vertèbres entre elles, d’une division des corps vertébraux, de l'apparition d’une vertèbre, hémi-vertèbre, d'une ou de plusieurs côtes thoraciques surnuméraires, etc. Parfois par l’une ou l’autre de ces variations. Quand on sait combien il est, dans certains cas, difficile d'interpréter l'épreuve radiographique la moins compliquée, il me paraît, en effet, téméraire d’oser déclarer catégoriquement qu'un sujet porteur d’une côte cervicale, examiné à l’aide des rayons X, présente des malformations multiples aussi complexes. D'autant mieux qu'il n’est pas toujours aisé de se pronon- cer sur la nature d'une anomalie costo-vertébrale, même après l'avoir soigneusement disséquée. C’est ainsi qu'après avoir radiographié, pendant la vie, et disséqué, après la mort, le rachis et le thorax d'un individu porteur, à droite, d'une tumeur osseuse cervicale comprimant le plexus brachial et ayant amené une gangrène du bras par thrombose de l'artère sous-clavière, Keen ne put se rendre compte s'il avait eu affaire à une 7° côte cervicale avec disparition de la 12° côte thora- cique ou à une 1" côte thoracique anormale. On n'apercevait que 12 côtes sur l'épreuve radiographique et, à la dissection, on constata qu'il n’y avait que cinq vertèbres entre la dernière vertèbre, munie d’une côte, et le sacrum, et que la 8° paire nerveuse cervicale émer- geait du rachis, au-dessous de la 1°° côte et la 1° paire nerveuse tho- racique, au-dessous de la 2°. Peut-être ne s’agissait-il ici que d’une fusion du corps de la 7° vertèbre cervicale, avec celui de la 1° vertèbre dorsale ayant amené une variation de sortie des nerfs des trous de conjugaison. Et cette interprétation semble d'autant plus légitime que A. Lane et Keen ont vu, à diverses reprises, le premier, la 7° côte cervicale coexister avec l'absence ou la rudimentation de la 12° côte thoracique, le second, la 1° côte thoracique mal conformée, donner lieu à des accidents analogues à ceux que cause la 7° côte cervicale lorsqu'elle se prolonge assez loin en avant. En plus de la déviation congénitale du rachis, niée à tort par cer- tains médecins orthopédistes, de la segmentation en deux d’un corps vertébral, de la fusion entre eux de deux on trois corps vertébraux, de l'augmentation du nombre des côtes dorsales, etc., on a noté, sur le même individu, la présence simultanée d'une 7° côte cervicale et de diverses maladies de la moelle, de scléroses médullaires (Bochardt Schônebeck, Oppenheim, Marburg), d'une atrophie musculaire pro- gressive à Lype cervico-facial (Lévi), voire d'un pied bot (Poland), d’une imperforalion de la membrane hymen avec hémalométrie (Bal- lantyne), etc. On a remarqué également que la 7° côte cervicale était 186 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE plutôt atteinte d’ostéomyélite que les arcs ostéo-cartilagineux de la poitrine. Il est évident qu'il est impossible d'admettre une relation quelconque entre le vice de conformation dont je traite, et un pied bot et une imperforation de la membrane hymen, mais on est obligé de convenir qu'il doit y avoir une relation de cause à effet entre une 7° côte cervi- cale et une maladie de la moelle si je ne me suis pas trompé le jour où J'ai écrit : « Nos organes opposent d'autant plus de résistance aux maladies qu'ils sont plus sains et mieux conformés; absolument, comme d’après la loi de Darwin, une plante où un animal est d'autant plus assuré de vivre et de se perpétuer que sa conformation se rap- proche davantage du type parfait, que sa force et sa vigueur l’assurent de mieux lutter contre les causes de destruction dontil est entouré. « L'anomalie réversive des viscères comme cause prédisposante de leur dégénéresecnce, de leur inflammation el méme de maladies pour les parlies voisines est, en pathologie générale, le corollaire de la grande loi proclamée par le naturaliste Darwin, la lutte pour l’exis- tence (1). » Et ces quelques lignes expliquent non seulement pourquoi une 6° côte cervicale est souvent associée à une atrophie musculaire pro- gressive, elc., mais encore pourquoi elle est atteinte plus communé- ment d'ostéo-myélite que les arcs ostéo-cartilagineux des parois de la cage thoracique. | Les os qui limitent l'ouverture supérieure de cette cage semblent enfin, influencés aussi par l'apparition d'une 7° côte cervicale, quelque soit son degré d'extension en avant (2). C’est ainsi qu'on a vu cette côte coïncider avec uñe modification de la configuration et de la texture de la partie supérieure du manubrium slerni, sa division au-dessus de l'articulation des deuxièmes côtes Lhoraciques (2 cas de Leboucq, 1 cas de Luschka, 1 cas personnel), sa synostose complète avec le corps (2 cas de Leboucq, 1 cas personnel), des osselets sus-sternaux (3 cas de Leboucq, 1 cas personnel ()), la rudimentation de la 1° côte thoracique, etc. Quand il existe une côte au bas du cou, il ya tou- Jours une lendance à la mise en liberté des segments squelettiques qui entrent dans la composition des os thoraciques voisins, il se forme (1) Le Dousee, C. rend. du Congrès de l'Assoc. franc. p. l'avancement des sciences qui s'est tenu à Paris, le 23 août 1878. (2) Ce qui est une confirmation de la loi que j'ai formulée à la page 211 de mon ZJrailé des varialions des os de la face de l'homme (Paris, 1907), savoir : « Quand on observe plusieurs anomalies sur le même individu, ces anomalies portent, d'ordinaire, sur les organes qui ont la même origine embryologique et dont le développement est synchrone. » 3) Voy. observations V et VII. et, DEL PS » ble eo COR ARS PSS 4 cr a: L SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 187 au-dessus de la 2° côte thoracique dans la partie inférieure du manubrium sterni, un centre d'ossificalion supplémentaire qui ne se soude qu'incomplètement aux os voisins; des nodules épisternaux qui persistent après la naissance apparaissent, ele. Quant à la séparation du manubrium slernt à la hauteur d’une 3° côte thoracique, qui semble constituer une conformation normale chez certains animaux, chez le gibbon, entre autres, elle a été signalée par W. Gruber (1° cas). Fréquence. — La 7° côte cervicale a été rencontrée sous des formes diverses : 6 fois (5 fois des deux côtés, 1 fois à gauche.) sur 350 sujets par Topinard : EC — 2 fois à droite, { fois à gauche) 152 —— Varaglia 40 (1 E on — 1 — ) 400 — l'auteur Soit 20 fois (7 fois des deux côtés, 5 fois à droite, 8 fois à gauche) sur 902 sujets. Soil sur 2 p. 100 et plus souvent d'un seul côté que des deux côtés et à gauche qu'à droite, quand elle n'existe que d'un seul côté. Pour Riesman, elle s'observe plus communément aussi d’un seul côté que des deux côtés et à gauche qu'à droite quand elle est unila- térale. Mais elle était bilatérale dans 34 cas sur 45 rassemblés par W. Gruber. Sur 18 cas radiographiés par Schünebeck, il s'en trou vait 14 (77,8 p. 100) où elle était bilatérale et 4 (22,2 p. 100) où elle était unilatérale. Dans chacun des quatre cas, radiographiés par Russel elle était bilatérale. Ma statistique générale, en dépit de l'exa- men du nombre déjà relativement élevé de sujets sur lequel elle repose, fournirait-elle donc des renseignements erronés ? L'avenir en décidera. Et il est d'autant plus prudent de réserver ses droits que la bifidité de la 1° côte thoracique en arrière, soit la fusion de celte côte avec l'extrémité distale de la 7° côte thoracique, réduite à son tronçon postérieur, n’a été constatée par Hrdlicka que sur deux pre- mières côtes thoraciques sur 1.000. Les variations numériques des côtes, sans être l'apanage du sexe féminin, comme l'a prétendu Mesnard, sont cependant plus fréquentes dans ce sexe que dans le sexe masculin. C'est là, d’ailleurs, un fait connu depuis fort longtemps, puisque Thomas et Cushing ont pu reproduire un passage d'un auteur qui, en 1650, s'en fit le défenseur | el provoqua une polémique fort animée au cours de laquelle fut invo- quée la thèse biblique de la création d'Eve. Sur 47 sujets portant, chacun, une ou deux côles, émanant de la dernière vertèbre du cou et ayant provoqué des accidents plus ou moins graves, auxquels Keen et Russel durent remédier par une opération sanglante, on compte 34 femmes et 13 hommes. Sur 10 sujets présentant le même vice de conformation qu’il m'a été donné de rencontrer figurent 7 femmes el | 188 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE 3 hommes. Dans l’un et l’autre sexe, la 7° côte cervicale incomplète est infiniment moins rare que la 7° côte cervicale complète. Israël et Russel ont parlé chacun d’un frère et d’une sœur qui avaient, l’un et l'autre, des côtes au bas du cou, de sorte qu’on a le droit de se demander si l'hérédité n'entre pas quelquefois en ligne de compte dans leur production. De ce que le soldat sur lequel il a trouvé une 7° côte cervicale était d'une intelligence assez bornée, Pascal en a induit qu'il y avait une corrélation entre cette anomalie et l'idiotisme. En 1889, enfin, Ten- chini qui, sur 40 cadavres provenant des prisons de Parme, a noté 6 fois des variations numériques des côtes, a avancé que ces variations numériques devaient être considérées comme des stigmates analtomi- ques de la criminalité. Ce sont là des hypothèses qui, comme maintes autres familières à l'École lombrosienne, attendent encore leur dé- monstration. Il est possible que le rachitisme, par suite du ralentissement de l'ossificatiou, favorise le développement de segments osseux indépen- dants. Toujours est-il que des 7° côtes cervicales ont été observées sur deux sujets rachitiques par Leboucq, sur un par moi (obs. X). On ne sait pas encore si, paribus cæleris, elles sont plus communes dans les races de couleur que dans la race blanche, ANATOMIE COMPARÉE. — L'ouvrage le plus complet et le plus riche en observations que possède la science sur les homologies du sque- lette des Vertébrés est celui de R. Owen (1) dans lequel la vertèbre, envisagée d’une façon générale, est définie : « Un de ces segments de l'endosquelette qui constituent l’axe du corps et contiennent les canaux protecteurs des troncs nerveux et vasculaire : un tel segment peut aussi supporter des appendices divergents. » La vertèbre-type (archétype vertébral) est donc composée d'une partie centrale, le cen- trum ou corps duquel partent deux arcs, l'un situé au-dessus ou en arrière de lui, l'arc neural; l'autre, au-dessous ou en avant de lui, l'arc hæmal où hæmatal. Dans le premier est contenu le système ner- veux, l’axe neural, et les éléments osseux qui entrent dans sa consti- tution sont appelés, pour cette raison, neurapophyses:; dans le second sont renfermés l'organe central et les gros troncs du système vascu- laire, l'axe hæmal ou hæmatal. Les neurapophyses ou lames verté- brales qui limitent l'arc neural, après s'être accolées, l'une à l’autre, sur la ligne médiane, se prolongent sous la forme d'une partie sail- lante, plus ou moins pointue, dite apophyse épineuse ou neurépine. (1) R. OwEN, Principes d'osléologie comparée ou recherches sur l'archétype et les homologies du squeletle verlébré, p. 172. Paris, 1855. SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 189 Chacune des lames vertébrales porte de haut en bas ou si, on aime mieux, d'arrière en avant, les zygapophyses, apophyses obliques, arti- culaires (prézygapophyse où apophyse articulaire supérieure où pos- lérieure el postzygapophyse où apophyse articulaire inférieure ou antérieure), la dtapophyse ou apophyse transverse supérieure où pos- térieure et la parapophyse où apophyse transverse inférieure ou anté- rieure. L'arc hæmal, plus compliqué, est constitué, à droite et à gauche, par la pleurapophyse où apophyse coslale ou côte vertébrale, située en dehors de la diapophyse et de la parapophyse et unie, par son extrémité proximale, seulement à la première ou seulement à la seconde (côte à un seul chef) ou, à la fois, à l’une et à l’autre (côte à deux chefs) et, par son extrémité distale, à l’hæmapophyse où apo- physe slernale, rattachée à celle du côté opposé par l’hæmépine, futur slernum. Le vertébré-type a toutes ses vertèbres pourvues de côtes. Les pre- miers Verlébrés apparus sur le globe terrestre sont les Poissons qui, comme ceux des espèces actuelles, dont ils différaient d’ailleurs fort peu, possédaient, du moins l'immense majorité, sinon tous, des ver- tèbres qui étaient toutes, même celles de la région caudale, munies d'une paire de côtes. Presque toules les vertèbres des Ophidiens el de certains Sauriens portent une paire de côtes. Les Oiseaux ont un rachis dont chacune des extrémités est privée de côtes, sauf les Ratites (Autruches, Casoars, etc.) qui ont des côtes cervicales qui, peu de temps après la naissance, lorsqu'elles sont fixées, ressemblent à celles des crocodiles. Dans les Cétacés il y en a, ies Balænoplera lali- ceps, Delphinus delphis, Phocæna communis, elc., qui ont très sou- vent, peut-être même normalement (?), la première côte bifurquée en arrière pour former une sorte d’= renversé, dont une des deux branches limitant l'angle d'ouverture, regardant en arrière, s'arlicule avec la 1°° vertèbre du thorax et l’autre avec la 7° vertèbre du cou. Et ce qui dénote bien que cette côte, bifide en haut, n’est rien autre chose que la 1° côte thoracique à laquelle s'est soudée l'extrémité dis- tale d'une 7° côte cervicale, incomplètement développée, c'est que mon compatriote, collègue et ami, le professeur R. Blanchard, de l'Université de Paris, el moi, avons trouvé sur deux Balænoplera lati- ceps, à droite, une 1" côte thoracique bifide supérieurement el, à gauche, une 7° côte cervicale et une 1"* côte thoracique autonomes. Il y a même des cétologues qui soutiennent, contrairement à van Beneden (1), à Pouchet et Beauregard, etc., que la présence d’un arc costal au cou des Célodontles peut être invoquée comme un argument (1) VAN BENEDEN, Bullet. de l'Acad. d. sc. de Belgique, 186$. 190 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE qui, joint à divers autres dont je n’ai pas à m'occuper ici, indique la nécessilé de la formation de coupes génériques distinctes parmi eux. 1e côte thoracique bicipitale par suite de la fusion de la 7° côte cervicale avec la 1re côte thoracique. Chez l'homme. Chez la baleine (Balænoptera laticeps). A une époque reculée de la vie embryonnaire, l'homme possède 20 paires de côles au lieu de 12 et chez lui, de même que chez les autres Mammifères, ce sont les côtes des extrémités du rachis qui disparaissent les premières (1). La 7° côte cervicale est, chez lui comme chez les autres Mammifères — sauf chez les Cétacés cités plus haut, où elle persiste peut-être après la naissance — celle qui dispa- raît la dernière avant la naissance. Sa rudimentation commence par | sa partie moyenne, au niveau conséquemment du point où les deux côtes, la côte sternale et la côte vertébrale des Sauropsidés, corres- pondant à la côte indivise des Mammifères, se continuent l’une avec l’autre. (1) His, Fo Pnisazix. SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 191 Selon Albrecht, B. Lindsay (1), Gegenbaur (2), Parker (3), Wieder- sheim (4), Leboucq, Eggeling (5;, etc., le manubrium du sternum des Mammifères, y compris celui de l’homme, renferme normalement des restes de côtes cervicales. De fait, le nodule osseux ou cartilagineux, appelé épicoracoïde, situé entre la clavicule et la 1°° côte, qu'on remarque sur les dessins de la cage thoracique du campagnol où ral d'eau (Arvicola agrestis), sur celle de la souris (Mus musculus) et sur celle de plusieurs autres Rongeurs, figurant dans le mémoire de W. Parker, sur la ceinture scapulaire el le sternum des Vertébrés, et qu'on retrouve, au dire de Gegenbaur, chez certains /nseclivores (Crocidura) el certains Chét- roptères (Plecotus aurilus), a bien l'apparence d’un tronçon antérieur ou sternal d'une 7° côte cervicale. À Honfleur (Calvados), que j'ai habité pendant plusieurs années, j'ai pu disséquer, en 1889, un très jeune marsouin (Phocæna communis) — sa longueur égalait 73 centi- mètres — sur lequel j'ai rencontré, à droite et à gauche, au niveau de l'articulation du cartilage de la 1'° côte avec la partie externe du bord supérieur du manubrium slerni, une plaque cartilagineuse, trian- gulaire, nettement distincte de cette côte et du sternum, mais unie aux deux par du tissu fibreux. Un mode de conformation identique a élé observé par le professeur Leboucq sur trois nmarsouins de différents âges et qui comme le mien — fait qui mérite de retenir l'attention — n'avaient pas de côtes au cou. Il est représenté chez ces Mammifires pisciformes dans la partie de l'ouvrage de Pander et d’Alton concer- nant le squelette des Cétacés, et il en est question (p. 22) dans l'Osléographie des Cétlacés de van Beneden et Gervais. Les belles planches de ce dernier volume montrent même, de chaque côté, chez divers Célodontes (Tursiops, pl. 35, fig. 12; Lagenorhyncus, pl. 35, fig. 22 et 32; Beluga, pl. 44, fig. 4; Monodon, pl. 44, fig. 8, etc.) des prolongements en forme de cornes, plus ou moins saillantes, sur la partie externe du bord supérieur du manubrium sterni. S'il faut en croire Gôtte (7), la rudimentation des arcs costaux par leur partie moyenne ne serait pas, au surplus, spéciale aux Mammifères. Cet anatomiste déclare avoir vu, en effet, sur le Cnemidophorus la der- nière côle cervicale se séparer de la poignée du sternum après avoir (1) LiNpsay, BEATR., Proceed. zool. Soc. London, 1885. (2) GEGENBAUR, Jenaische Zeitschr. of med. u. nat., I, p. 175, 1864. (3) ParkER, Roy. Soc. London, 1868. (4) WIEDERSHEIM, Lehrb. d. vergleich. anat. Téna, 1886. (5) EGGELING, Anal. Anz. 1906. (6) PANDER et D’ALTON, Vergleich osleol. X, Liefg: die Skelelle der Celaceen, Bonn, 1827. (7) GÔTTE, Arch. f. mikrosc. anal., p. 502, 1877. 192 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE participé à sa formation et sur l'Anguis fragilis les côtes qui ont con- tribué au développement du sternum s’en détacher ultérieurement aussi. Une opinion accréditée et dont J'ai déjà été obligé de tenir compte (voy. Vertèbres cervicales en général, Apophyses transverses, Racine antérieure) veut qu'il existe également, dans chacun des os rachi- diens des Vertébrés, sans en excepter l’homme, des vestiges de la réduction phylogénique et de la réduction ontogénique du nombre des arcs costaux et surtout des arcs costaux du cou : A) Que les racines ventrales des apophyses transverses des ver- tèbres cervicales représentent, chacune, un rudiment de côte, la capi- tule et le col d'une côte ; B) Que les côtes cervicales, complètes ou incomplètes, ne sont que ces racines ventrales devenues libres et accrues ou non de longueur. Maints traités d'anatomie humaine contiennent même des figures schématiques montrant l’analogie qu'il y a entre une côte thoracique à son origine et la racine antérieure de l’apophyse transverse de la dernière verlèbre du cou, isolée du centrum et de la racine posté- rieure. Mais on n'invoque pas qu'une analogie de configuration pour assimiler à la portion proximale d’une côte la lame antérieure du pro- cessus laleralis de chacune des pièces osseuses du rachis du cou de l'homme, on invoque aussi l'existence d'un noyau d’ossification spé- cial constant dans la lame antérieure de chacun des processi laterales de la 7° vertèbre cervicale signalé pour la première fois par Nesbitt(1), retrouvé par Hunauld, qui l’a considéré déjà comme le vestige de la portion proximale d’une côte cervicale. Ce noyau d'ossification a été, ensuite, l'objet d'une étude attentive de la part de Sue, de J.-F, Mec- kel (2), de Luschka, de Béclard (3), de Holl (4), de Leboucq, de G. Valenti (5), etc. Il siège à la partie la plus externe de la lame ven- trale susdite et apparaît, chez l’homme, vers le 6° mois de la vie intra- utérine, suivant la généralilé des auteurs, le 2° mois suivant Béclard. Holl dit qu'il l’a rencontré sur une colonne vertébrale humaine mesu- rant 20 centimètres de longueur. Leboucq a constaté, et j'ai constaté moi-même, sa présence sur des coupes horizontales microscopiques de 7 vertèbres cervicales de fœtus humains dont la longueur ne dépas- sait pas 12 centimètres (6), âgés par conséquent de 5 mois. Mais ce (1) R. NEss1TT, Human osteogeny. London, 1736. 2) J.-F. MECKEL, Deutsch. arch. d. phys., 1, 1815. 3) BÉCLARD, Nouv. Journ. de méd., t. V et VIII. (4) Hoz, Sitfz. d. Akad. d. Wiss. Wien, 1882. 5) G. VALENTI, Mem. d. R. Accad. d. se. d. Istit. d. Bologna, p. 103, 1903-1906. 6, En droite ligne du vertex au sommet du coccyx. Le commencement de l'ossification est nettement indiqué par la sériation des cellules cartilagineuses. SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 193 n’est que sur des fœtus humains dont la longueur de la colonne verté- brale excède 20 à 25 centimètres de longueur qu'il devient visible à l'œil nu ; il se soude au reste de l’os 4 à 6 ans après la naissance. Un centre d'ossification analogue se rencontre quelquefois sur la 6° ver- tèbre cervicale et excessivement rarement sur la 5° ou la 4° (Theile, Hyrtl, etc.). La théorie de l'assimilation de la racine ventrale de l’apophyse laté- rale de chacune des vertèbres du cou à un rudiment d’are costal, bien que classique, est, cependant, combattue encore par plusieurs anthro- pologistes et plusieurs zootomistes. Sans nier formellement qu'il puisse y avoir un rapport entre les extrémités distales des côtes cervicales et les nodules cartilagineux situés, dans l'espèce humaine et dans plu- sieurs espèces animales, entre le manubrium slerni, les premières côtes et les clavicules, et dont il a donné lui-même d'excellents des- sins, dans sa monographie sur. le développement de l'articulation slerno-claviculaire, Ruge (1) pense qu'ils doivent être plutôt regardés comme des vestiges de l'appareil épisternal. Ce n'est pas mon avis, Chacun des nodules correspondant au bout sternal de la 7° côte cer- vicale de l’homme est placé, à droite et à gauche, sur le sommet de l'angle de la poignée du sternum, en dehors du nodule médian, résul- tant de la jonction de deux pièces latérales (fig. 10° et 111 à 11° de Ruge) et qui appartient à l'appareil épisternal. Les coupes microsco- piques que j'ai pratiquées sur les embryons humains dont j'ai fait mention un peu plus haut, ne me laissent aucun doute à cet égard. J'ajouterai que sur quatre cas d'os épisternaux (2) observés, après la naissance, par le professeur Leboucq et moi, il y en a trois où ils étaient accompagnés d'une 7° côte cervicale. Oehl (3) et Ruge ont rencontré normalement chez l'homme des vestiges xyphoïdiens des premières fausses côtes. Pourquoi ce qui se produit à l'ouverture infé- rieure du thorax humain ne pourrait-il pas se produire à son ouverture supérieure ? Parmi les arguments opposés à la théorie de l’équivalence costale de la branche ventrale de chacune des apophyses transverses cervi- (1) RuGE, Morph. Jarb., p. 362, 1880. (2) Les os épisternaux, accidentels chez l’homme, constants dans les Sarigues, et dans lesquels Gegenbaur (Jenaische Zeilschr. f. med. u. nat., 1, 1875) a vu les, vestiges de la réapparition de la partie médiane d'une pièce squelettique de l'appareil claviculaire complet, l'épisternum et Luschka (Zeitschr. f. wissensch. Zool., VI,36,Taft. II), des os sésamoïdes ont été considérés par Breschet qui les a décrits le premier comme des rudiments de côtes cervicales (Ann. d. se. nal., 2° sér., X, 91, tabl. VII). Pour détails complémentaires, voy. Poirier, Journ. de l'anal. et de la phys., 1890. 3) OEu, Silz. d. k. Akad. d. Wiss. Wien, p. 302, 1858. VERTÉBRALE. 15 194 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE cales, il en est encore plusieurs autres que je ne dois pas passer sous silence, ceux-ci : 1° La côte n’est pas articulée avec le centrum, mais avec la diapo- physe et la parapophyse; elle n’est pas une excroissance, un prolonge- ment du rachis, elle s'ossifie et se développe indépendamment de lui, tandis que la diapophyse et la parapophyse se développent et s’ossi- fient par simple extension de la lame vertébrale; 2° Le noyau d'ossification qui dans la théorie dont il s’agit donne naissance à la branche ventrale de chacune des apophyses transverses des vertèbres du cou, ne se rencontre habituellement que sur la 7° et n'est rien autre chose qu'un noyau d'ossification analogue à celui que peut présenter chacune des apophyses articulaires des autres vertèbres el chacune des apophyses transverses des vertèbres dorsales qui sont, elles, pourvues d'une paire de côtes, complètes ou incomplètes, un noyau d’ossification épiphysaire ou complémentaire ; 3 Divers animaux ont des côtes cervicales, quoiqu'ils manquent de trous transversaires cervicaux ; 4° Le foramen transversaire et le foramen costo-transversaire peuvent coexister chez l’homme ; 9° La côle cervicale humaine est parfois constituée seulement par une lame osseuse, plus ou moins longue, dont l'extrémité interne est arliculée avec le sommet de l’une des deux apophyses transverses de la 7° vertèbre du cou. Parmi ces cinq derniers arguments en est-il un ou plusieurs dont il importe de tenir davantage compte que du précédent ? C'est ce que je vais essayer de déterminer. 1° Chez l’homme adulte, il semble, il est vrai, en raison de l’anion intime, à droite et à gauche, du centrum avec la racine du pédicule de la lame vertébrale, que la tête de chacune des côtes s’articule avec le centrum, sauf celle de la 11° et celle de la 12° qu'on voit nettement s’articuler avec la partie moyenne du pédicule de la lame vertébrale. L'embryologie et l'anatomie comparées montrent qu'il n'en est cepen- dant pas ainsi, quoiqu'en disent lous les traités classiques d'anatomie humaine. Si on examine attentivement, en effet, peu de temps après le naissance, c’est-à-dire avant leur soudure au centrum, les pédicules de l'arc neural de chacun des os rachidiens dorsaux ou cervicaux de l’homme, du chien, du mouton, etc., on reconnaît de suite que la tête de chacune des côtes dorsales ou des côtes cervicales qui peuvent exister, s'articule avec la racine du pédicule de l’arc neural adjacente. En d'autres termes, et ainsi que je l'ai déjà succinctement indiqué au commencement de ce paragraphe, la diapophyse et la parapophyse proviennent, dans l'espèce humaine et les espèces animales voisines, l’une, la première apparente, appelée par les anthropotomistes , véri- . a SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 195 table apophyse transverse, du coude formé par le pédicule et la lame vertébrale: l’autre, de la racine du pédicule. Le premier des deux dessins ci-joints représentant la 1® vertèbre thoracique d'un jeune enfant, montre comment chaque moitié de l'arc neural est prolongée Première vertèbre thoracique Vertèbre et côtes thoraciques d'un jeune enfant. d'un fœtus de brebis à terme. a, centrum ;— b, parapophyse : — c, diapophyse ; — d, chef capitulaire ou parapopb ysaire de la côte ; —e, chef tuberculaire ou diapophysaire de la côte. en avant el en dehors, par la diapophyse et la parapophyse; le second, reproduisant la 1"° vertèbre et la 1°° paire de côtes de la poitrine d'un fœtus de brebis à terme, indique le mode d'union de la pleurapophyse, de la diapophyse ei de la parapophyse scilicel la division de l'exiré- mité proximale de la pleurapophyse en deux rameaux, un dorsal (chef tuberculaire où diapophysaire) qui s’unit à la diapophyse et un ven- tral (chef capitulaire où pa: apophysaire) à la parapophyse. Chez les Amphibiens, les Repliles (1), les Oiseaux, chacune des apophyses transverses des éléments osseux rachidiens est partagée en deux branches, une supérieure el une inférieure, qui ea raison des rapports différents qu’elles ont avec l'arc costei du même côté, sont dénommées, la supérieure, processus lubercularts l'inférieure, proces- sus capilularis (1); æ S'il est exact que la côte ne s'articule pas avec le centrum, il est inexact que, chez l'homme, — et vraisemblablement aussi chez les autres Mammifères, — les noyaux d'ossification épiphy- saires des apophyses arliculaires rachidiennes et même le noyau épiphysaire des apophyses transverses des vertèbres dorsales soient (1) Chez les Reptiles, l'apophyse tuberculaire et l'apophyse capilulaire se rap- prochent l'une de l’autre à mesure qu'on s'éloigne de la tête, de sorte que bien distinctes sur les premières vertèbres, elles semblent n’en faire qu'une sur les dernières. 196 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE les homologues de celui qu’on trouve dans la partie externe de la lame ventrale fibro-cartilagineuse primordiale de chacune des apophyses transverses de la 7° vertèbre cervicale et quelquefois aussi dans celle de chacune des apophyses transverses des 6°, 5° et 4° ver- tèbres cervicales. Celui des apophyses transverses des vertèbres dorsales apparaît dans la quinzième ou la seizième année de la vie, couronne le sommet de chacune de ces apophyses et donne naissance à une facette articulaire en rapport avec la tubérosilé de la côte tandis que celui du bout externe de la racine antérieure de chacune des apophyses transverses de la 7° vertèbre cervicale est contenu dans un plan plus antérieur, visible à un stade assez peu avancé de la vie embryonnaire, se soude, entre 4 et 6 ans, au reste de l'os et affecte bientôt, transitoirement ou pour toujours, la forme du col et de la tête d’une côte. Au vrai, la théorie de l’équiva- lence costale de la lame ventrale de chacune des apophyses transverses des vertèbres du cou n’est applicable qu’à la 7°, à la 6°, à la 5° et à la 4°, mais qu'à ces trois dernières seulement lorsque la lame ventrale de chacune ou de l’une ou l’autre de leurs apophyses transverses, au lieu de s'ossifier entièrement par l'extension en dehors de l’ossification de la parapophyse s’ossifie, de même que la lame ventrale de chacune ou de l’une ou de l’autre des apophyses transverses de Ja 7°, par l'extension, en dehors de l’ossification de la parapophyse (côté verté- bral) et, en dedans, de l’ossification d’un centre d'ossification iden- tique, au dire de divers embryologistes, à celui aux dépens duquel naît le chef capitulaire ou parapophysaire de la côte. Alors, en effet, que la languette osseuse qui clot en arrière chacun des trous transversaires des sept vertèbres cervicales est entièrement diapophysaire ou racki- dienne (1) et que celle qui obture, en avant, chacun des trous trans- versaires des six premières vertèbres cervicales est entièrement para- pophysaire, ou rachidienne, celle qui ferme, en avant, chacun des trous transversaire de la 7° vertèbre cervicale est, en partie parapophy- saire ou rachidienne et en partie costale, et même entièrement costale lorsque la parapophyse est réduite à l’état d’une facette articulaire non saillante. En vertu de la loi que j'ai formulée que : « toute place demeu- rée libre sur l’ébauche primordiale d’un os par suite de l'arrêt ou de l'insuffisance de développement d’un des points d'ossification dont 1} provient, est comblé par l'extension de l'ossification d'un ou de plu- sieurs des points d’ossificalion voisins » il y a une espèce de balance- ment dans les proportions des deux éléments (élément parapophysaire ou verlébral et élément costal) qui entrent dans ia composition de la (1) Due, par conséquent, à l'extension en dehors de l'ossification de la diapo- physe. SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 197 lame ventrale de chacun des processi laterales de la dernière pièce osseuse du rachis du cou. Tantôt c'est le premier qui l'emporte sur le second, tantôt le second sur le premier. v- “uv Vie Sixième et septième vertèbres cervicales dont les parapophyses sont très développées. ft, foramen transversaire ; — p, parapophyse ; — VI, VII, vertèbres cervicales (1). Lorsqu'ils n'arrivent pas au contact l'un de l'autre, le foramen transversaire dont ils forment la paroi antérieure est ouvert en avant. Septième vertèbre cervicale dont le foramen transversaire gauche est ouvert en avant par suite du défaut d'union de la partie externe de la lame ventrale avec la parapophyse absente ou rudimentaire et le foramen transversaire droit est entièrement clos en raison de la réunion de la lame ventrale avec la parapo- physe bien développée. a, a’, lame antérieure de chacur des trous transversaires. Et c'est pourquoi sur la 7° vertèbre cervicale dont on a le fac simile (1) Dans la légende de ce dessin le premier des deux p, le p le plus élevé, a été placé trop bas et correspond à la diapophyse de la 7° vertèbre cervicale au lieu de correspondre à la parapophyse de la 6°, Il doit donc être remonté. 198 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE sous les yeux, on constate, à gauche, la béance du foramen transver- saire dont la portion costale de la lame ventrale, quoique très longue, n'a pu atteindre la parapophyse absente ou rudimentaire et à droite la fermeture en avant du foramen transversaire dont la portion costale de la lame ventrale a rejoint la parapophyse bien accusée. Leboucq pense que quand la portion costale de la lame ventrale de l’une ou l’autre des apophyses transverses de la 7° vertèbre cervicale ne s’unit pas bout à bout mais obliquement à la parapophyse, elle continue à se développer, se prolonge jusqu’au centrum ei forme la paroi antérieure du trou prétransversaire. Mes recherches personnelles dont j'ai rendu compte précédemment me permetleat d'affirmer que le trou prétrans- versaire n’a pas toujours cette origine (voy. Trou prétransversatre). Les côtes — abstraction faite de la tête et du col de chacune d'elles qui, d’ailleurs ei comme on va le voir, peuvent ne pas exister — sont, c'est certain, des formations indépendantes du rachis. L'ébauche pri- mordiale de chacune d'elles est constituée par un petit arc cartilagi- neux, situé dans le voisinage immédiat du rachis et qui s'étend insen- siblement du côté ventral de l'embryon pour rejoindre où non le noyau cartilagineux sternal latéral qui lui fait face et duquel provient son tronçon hœæœmapophysaire. N'étant les unes et les autres que des myocommes modifiés histolo- giquement et solidifiés, elles ne correspondent pas aux espaces inter- .vertébraux, mais au milieu des vertèbres successives, alias aux inter- valles des myomères qui chevauchent sur deux vertèbres successives (1). Le chef parapophysaire (col el tête) ne paraît donc être qu'une branche accessoire et supplémentaire, indépendante même au point de vue embryologique, du chef diapophysaire et destiné à fournir à la côte un nouveau point d'appui sur le rachis qui la rend plus stable et plus apte conséquemmeui à remplir les fonctions qui lui incombent dans l'acte mécanique de la respiration. Mais, objectera-t-on peut-être, il y à des côles qui sont exclusivement parapophysaires (2) ? Eh bien, même (1) Pour de plus amples détails : Cf. FALCONE, Giorn. internat. d. sc. med., 1900 : W. HAGEN, Arch. f. Anal. u. Phys., 1900 ; Hozz, Sitz. d. k. Akad. Wiss., 1882. (2) On distingue en anatomie comparée trois espèces de côtes : Des côles diapophysaires (Célacés, les côtes lombaires accidentelles des Soli- pèdes, etc.) ; des côles parapophysaires (Téléostéens, les deux dernières côtes humaines, etc.) ; des côles diapophysaires el parapophysaires (Labyrinthodontes, Urodèles, Crocodiles, Oiseaux, Mammifères, etc.). Les côles diapophysaires et les côtes parapophysaires sont encore appelées côles unicipilales et les côles diapophysaires et parapophysaires, côtes bicipitales. Ces deux dénominations prêtent matière à confusion et si l’on veut conserver l'une d'entre elles, la seconde, elle ne doit être appliquée qu'à ces côtes qui résultent de la fusion de l'extrémité distale d'une côte incomplète avec une côte complète, de celle de l'extrémité distale de la 7° côte cervicale incomplète SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 199 dans ce cas, je crois que la côte est diapophsaire dans la plus grande partie de sa longueur, bien qu'elle ait perdu contact avecla diapophyse. Il y a des animaux appartenant à l'ordre des Mammifères ou par suite du non-développement ou du développement insuffisant du pro- cessus capitularis et du chef parapophysaire de la côte ou de l’un ou: l’autre des deux, la côte conserve son caractère primitif, est entière- ment diapophysaire, ainsi qu'il advient quelquefois, dans l'espèce humaine, pour les côtes cervicales. Sur une femme que j'ai autopsiée, J'ai vu, je le rappelle, la 6° et la 7° vertèbres du cou, pourvues l’une et l’autre et du côté gauche seulement, d'une côte diapophysaire et d'une parapophyse saillante, comme cela existe sur un Bradype conservé dans le Musée de l'Institut anatomique de l'Université de Gand. Parmi les Célacés, les côtes cessent d'être diapophysaires et para- pophysaires pour devenir diapophysaires à partir de la 6° vertèbre dorsale chez l’Hyperoodon rostr., de la 7° chez le Lagenorhyncus rostr., etc. (1). Les quatre dernières côtes du narval, du globicéphale noir, elc,, sont diapophysaires. Dans le genre Phocæna où la 7° ver- tèbre dorsale est la dernière vertèbre qui possède une paire de côtes, munies chacune de deux chefs, un chef diapophysaire et un chef parapophysaire, la transition entre celles-ci et les côtes à un seul chef diapophysaire s'établit d'une façon graduelle et que l’on peut suivre. Sur un très jeune marsouin (Phocæna communis), un ligament fibro- cartilagineux se porte de la face ventrale de l'extrémité proximale, renflée, de la 7° côte, sur l'extrémité distale, à peine appréciable de la parapophyse, c’est au sein de ce ligament et en procédant de dehors en dedans, qu'apparaissent les premiers rudiments du col et ensuite ceux de la tête de la côte. Plus la côte d'un jeune marsouin que l’on examine est rapprochée de l’ouverture supérieure du thorax, plus le ligament susdit perd de sa longueur en raison du développement plus prononcé du col et de la tête. Ces faits s'ajoutent à ceux invoqués par Gôtle (23, Dollo (3), etc., pour défendre la thèse de l'indépendance de la côte diapophysaire et de la côte parapophysaire dont la réunion forme la côte à deux chefs en même temps qu'ils expliquent pourquoi et comment la 7° côle cer- vicale humaine peut être simplement diapophysaire ou diapophysaire el parapophysaire, pourvue de deux chefs. avec la 1° côte thoracique, par exemple, Une côte n’est pas bicipitale parce qu'elle possède un capitulum et un tuberculum, mais parce que son extrémité proximale est divisée en deux branches dont le bout libre de chacune est constitué par un capitulum. (1) GEesrackEer, Das skelet des Dôglings ({yperoodon roslr.). Leipsig, 1887. (2) GÔTTE, Arch. f. mikr. anat., 1878. (3) Docco, Bullel. sc. de Giard, 1892. 200 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Mais de suite se pose une question subsidiaire ? Si chacun des trous transversaires cervicaux est fermé entièrement en arrière, par la diapo- physe ossifiée et si chacun des trous transversaires des six premières vertèbres cervicales est clos entièrement en avant par la parapophyse ossifiée, de quelle façon, à défaut du centre d'ossification qui apparaît normalement dans la partie externe de la racine antérieure de chacune des apophyses transverses de la 7° verlèbre cervicale et dans lequel divers embryologistes voient l'homologue de celui aux dépens duquel naît le chef parapophysaire de la côte, de quelle façon, dis-je, chacun des trous transversaires des six premières vertèbres cervicales, est-il obturé en dehors par la pleurapophyse s'il est vrai, comme on l'assure, que chaque trou transversaire cervical soit bordé par la diapophyse, par la parapophyse et la pleurapophyse ossifiées? Tout simplement par l’extrémilé proximale ossifiée de la pleurapophyse seule développée et représentée par la lame osseuse qui unit l'extrémité distale de la dia- pophyse à celle de la parapophyse. Cette lame d'union, appelée par Hasse et Schwarck processus cos- larius, qui est réduite à sa plus simple expression et fait même peut- être défaut sur l’atlas et l’axis, affecte sur les quatre vertèbres placées au-dessous d'eux, la forme d’une demi-gouttière dont la concavité regarde en haut. Sur de jeunes fœtus humains, il est facile de s’assu- rer, au moyen de coupes microscopiques, que, comme le centre d'ossi- fication, aux dépens duquel se développe la partie externe de la racine antérieure de chacun des processi laterales du 7° élément osseux du rachis du cou, elle s'étend progressivement de la diapophyse vers la parapophyse. Chez les Monotrèmes, où on voit le mieux la signification des diverses parties qui entrent dans la composition des apophyses transverses cervicales, la portion pleurapophysaire ou costale de chacun des trous transversaires, est articulée suturalement avec le reste de l'os. Or, sur la 3° vertèbre rachidienne de l'£chidné (fig. 5, p.23) qu'on trouve dans l'Introduction à l'Ostéologie des Mammifères, de Flower (1), la pièce latérale, reliant la diapophyse à la parapophyse et représentant, sans le moindre doute, la portion pleurapophysaire de la vertèbre, corres- pond à la pièce d'occlusion latérale du foramen qui, dans l'espèce humaine, existe à la base de chacune des apophyses transverses des vertèbres du cou, la dernière exceptée. 3° La troisième objection opposée à la théorie des costoïdes cervi- caux, c'est qu’on à constaté la présence d’une ou de deux côtes sur la 7° vertèbre cervicale d'animaux où cette vertèbre n'a pas normale- ment de trous transversaires. Sans doute, dans deux cas de ce genre (1) Leipzig, 1888. SEPTIÈME VERTÈBRE CERVICALE 201 observés, l'un par W. Gruber sur un chien domestique (Canis familia- ris), l'autre, par H. N. Turner, sur un Pulois commun (Mustela pulo- rius), chacune des côtes anormales manquait de col et de capitule et la 7° vertèbre cervicale de laquelle chacune d'elles émanait était dépourvue de trous transversaires, mais Taruffi a rencontré une paire de côtes complètes avec col et capilule sur la 7° vertèbre cervicale du cheval (Equus Caballus) sur laquelle il n'existe pas de trous transver- saires, et P. J. Van Beneden sur la 7° vertèbre cervicale du marsouin dont les vertèbres n'ont pas de trous transversaires. 4° La quatrième objection formulée contre la théorie des côtes cer- vicales, plus sérieuse encore que la précédente, c'est la possibilité de la coexistence, dans l’espèce humaine, d’une 7° côte cervicale, d'un foramen costo-transversaire et d’un foramen transversaire. Deux explications peuvent être fournies de ces faits : x) ou bien la lamelle osseuse limitant en avant chacun des trous {ransversaires de la 7° vertèbre cervicale humaine n’est rien autre chose que le résultat d’une ossificalion locale accidentelle de la cloison de nature conjonc- tive qui divise en deux le canal transversaire; 6) ou bien la lamelle osseuse susdile n’est pas toujours le rudiment d’une côte {tête et col)? De ces deux explications, la seconde est seule admissible. En réalité, chacun des trous transversaires cervicaux, quel qu'il soit et de quelque facon qu'il soit bordé par la diapophyse, la parapophyse el la pleura- pophyse, n’a d'autre signification que celle d’un orifice vasculaire inter-osseux ou intra-osseux quelconque (1), de l’orifice qui existe à la base de chacune des apophyses transverses du porc (Sus scrofa domesticus), par exemple. Il n’occupe pas la même situation chez tous les animaux : il est percé, chez les Animaux domestiques, le plus sou- vent dans la crête osseuse qui joint l'apophyse transverse à l'apophyse articulaire el chez les chameaux, est même reporté à la base des tuber- cules articulaires. J'ajouterai que W. Gruber el Turner ont vu, chez l'homme, la première verlèbre thoracique pourvue d’une côte, d’un foramen transversaire et d'un foramen coslo-transversaire. 5° Pour ce qui est de prétendre, enfin, que le centre d’ossification qui apparaît constamment dans la lame ventrale de chacune des apophyses transverses de la 7° vertèbre cervicale et accidentellement dans celle de l’une ou l’autre des apophyses transverses des 6° el5°,etc., (1; En décrivant un rachis cervical humain, conservé au musée de l'Institut anatomique de l’Université de Würzbourg, et dont le dernier élément osseux, bien que préséntant un trou transversaire de chaque côté, porte une côte, Hasse et Schwarck ont noté que « dans les cas de ce genre, la branche supérieure (postérieure) de l'apophyse transverse peut quelquefois être perforée », C'est ce que je prétends, contrairement à Flesch, mais d'accord avec Cornevin et Lesbre, etc. 902 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE vertèbres cervicales de l'homme ne peut-être l'origine de l'extrémité proximale d’une côte (col et capitule) parce qu’on a trouvé, chez lui, dans la région cervicale des arcs osseux dont le bout interne était articulé avec le bout externe de l’apophyse transverse voisine, un tel argument n'a plus de valeur quand on connaît le mode de développe- ment des côtes et les diverses configurations qu'elles présentent dans la série animale. En dépit des attaques multiples dont elle a été l’objet durant ces dernières années, la théorie des costoïdes cervicaux demeure donc, pour moi, intacte, entière, debout. La 7° côte cervicale humaine est bien celle des côtes qui a persisté le plus loñgtemps dans l’évolution phylogénique ayant amené la réduction de la cage thoracique. C'est par son milieu qu'a commencé sa rudimentation, ses deux extrémités se retrouvant à l’état de vestige dans le développement ontogénique comme parties intégrantes normales de la 7° vertèbre cervicale et du manubrium sternt. Sous l'influence de cette force encore inconnue dans son essence, mais dont l’action intus et extra sur le germe est indé- niable, elle peut réapparaître dans l'espèce humaine sous l’une ou l’autre des formes qu’elle affecte chez les animaux, VERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL (1) VARIATIONS DE NOMBRE. — Les verièbres qui composent chacune des régions de la colonne ver'ébrale peuvent, aussi bien les vertèbres sus- sacrées que les vertèb:es sacrées et coccygiennes, présezler, je le dis pour la seconde et ja dernière fois, des varialions de nombre par défaut et des varialions de nombre par excès compensées le plus sou- vent, les premières, par un accroissement de la hauteur des vertèbres et un redressement de la courbure de la région anormale; les secondes, par une réduction de la hauteur des vertèbres et une exagération de la courbure de la région anormale et parfois aussi les premières, par une augmentation numérique et volumétrique en hauteur, les secondes par une diminution numérique ou volumétrique en hauteur des vertèbres d’une des deux régions ou des deux régions limitrophes, voire même d’une ou de plusieurs des régions éloignées, ayant entraîné une modification de leur courbure. Sur les 46 embryons masculins et féminins, âgés de 2 à 3 mois, dis- séqués par Rosenberg, Hagen, Petersen, Bardeen et Lewis, 1 avait 11 vertèbres thoraciques et 7, 13 vertèbres Lhoraciques. Sur les 55 embryons masculins et féminins, âgés de 3 à 9 mois, examinés par Steinbach et Palerson, 2 avaient 11 vertèbres thora- ciques. Des recherches faites dans le même but, tant en France qu'à l’étran- ger, sur des squelettes ou des cadavres de sujets masculins et fémi- (1) Il vaut mieux, à mon avis, appeler vertèbres thoraciques que vertèbres dor- sales les vertèbres sur lesquelles se fixent les côtes, attendu qu'elles ne sont pas plus dorsales par rapport au tronc que les autres. Et si je me suis serviel je me servirai encore indifféremment des adjectifs /horacique el dorsal pour désigner les 12 vertèbres situées entre le cou et les lombes, c'est à la fois pour me conformer à un vieil usage et éviter la répétition fastidieuse à la longue du même adjectif, 204 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE nins, morts plus ou moins longtemps après la naissance, ont abouti d'autre part, aux résultats suivants : À rachis sur 132 étudiés par Paterson avait 11 vert. thor. 3 — 133 — Steinbach avaient 13 vert. thor. 2 _- 42(1) — Ancel et Sencert avaient 13 vert. thor. 6 rachis sur 100 étudiés par Staderini avaient 41 vert. thor. et 2, 13 vert. thor. 4 — 30 — Topinard — 1 _- 4 — 117 — Tenchini — 2 — 5 — 430 — Bianchi — 2 — 3 — 10 — Bardeen —— 3 — 2 — 450 — Varaglia — 4 — 3 — DD — Th. Dwight (2, — {4 — . 3 — 200 -- l’auteur — 1 — Sur 1.580 rachis d'embryons de nouveau-nés, d'enfants, d'adultes, de gens âgés de l’un et l’autre sexe, européens ou non, le segment thoracique offrait donc des variations numériques sur 79, soit sur 4,7 p- 100. 34%, soit 2,1 p. 100 avaient 11 vertèbres thoraciques et 41, soit 2,6 p. 100, 13 vertèbres thoraciques. Les anomalies de nombre par défaut de pièces osseuses de la région thoracique du rachis sont donc plus rares que les anomalies de nombre par excès. En dehors des anatomistes précités, l'absence d’une vertèbre dans la colonne dorsale a élé constatée par Fallope, Struthers, K. Schræ- der (3), Berté (4), etc., et la présence d’une vertèbre en plus dans la colonne dorsale a été constatée par Fallope, d’Ajutolo (5) (sur un fœtus hydrocéphale nouveau-né et sur un fœtus hydrocéphale avec riclus lupinus, mesurant 0, 46 centimètres de longueur) Regalia (6) (6 cas), Soffiantini (7), Rabl (8), Lehmann-Nitsche (9), Taruffi (10) (7 cas, dont (1) On dit à l'étranger 43. Ancel et Sencert affirment positivement au début de leur mémoire : «que les cadavres mis à leur disposition étaientaunombre de 42». (2) Tu. Dwicur, loc. cit. supra. Sur 55 rachis recueillis et conservés, je le rap- pelle, au Waren Museum de l'École de médecine de Harvard, en raison de leurs anomalies. D'où ces chiffres si étonnants. (3) K. ScHroEDER, Derschwangere u. Keissende uterus. Beit. z. an. phys. geburst- kunde. Bonn, 1886. (4) F. Berré, L'Istil. anal. d. R. Univers. d. Catania nel trienno scolast., 1885-1887. Catania, 1888. (5) D'AyuToLo, Morgagni, 1883. 6) REGALIA, Arch. p. l’antrop. e l'elnol., 1879. 7) SOFFIANTINI, Bullel. de la Soc. d'anthrop. de Paris, p. 13, 1893. 8) Ragz cit. par WIEDERSHEIM. (9) Sur un squelette préhistorique trouvé surles bords du Samborombon, pro- vince de Buenos-Aires (République Argentine). A propos de cette anomalie, Leh- mann-Nitscheaécrit(loc.cif., p.297) « qu’extrèmement rare dans les races moder- nes, elle doit se présenter assez fréquemment chez les races primitives et constitue indubitablement un caractère constant de l’un des ancêtres de l’homme. » (10) TarurFr, Macrosomia, 1879, et Arch. p. l'antrop. e l'eln., même année. ( { ( VERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL 205 un sur un sirénomèle qui avait, en outre, deux côtes cervicales) Birmin- gham (1) (2 cas), etc.; de deux, par Calori (2) {sur un fœtus paracéphale acardiaque) et Busch (3): de trois, par Rex (4): de quatre, par Villet et Walsham (5), etc. Krao Monielko, née dans la contrée limilée par l'Annam, le Siam, la Birmanie el qui se rapprochait par maints caractères notamment par sa peau entièrement couverte de longs poils du chimpanzé et du gorille, avait 13 vertèbres dorsales, 9 et 13 paires de côtes. J. A. Serrano a parlé d'un squelette qui avait 7 cervi- cales, 13 thoraciques, 5 lombaires, 6 sacrées, 13 paires de côtes el > pièces dans le corps du sternum. Dans le chapitre 0 du livre De ossibus Fallope a écrit « qu'ila remarqué plusieurs fois que le nombre des vertèbres des lombes dépend de celui des vertèbres du dos s'il y à 11 vertèbres dorsales, il y a 6 vertèbres lombaires: s'il y a 13 verlèbres dorsales, il y a 4 vertèbres lombaires; s'il y a enfin, ce qui est l'habitude, 12 vertèbres dorsales, 1l y a 5 vertèbres lom- baires. » (€ Cela néanmoins, a déjà observé justement Diemerbroeck, n'est pas une règle constante, ainsi qu'il paraît en un squelette que M. Pelt, docteur-médecin, conserve ici à Utrecht, dans lequel il y a 12 vertèbres du dos et 6 des lombes d'une grandeur considérable. » Les variations numériques des vertèbres thoraciques peuvent être héréditaires. Dans le cas signalé par Soffiantini et observé par lui sur le cadavre congelé d'une femme, enceinte de six mois, celle-ci avait 13 vertèbres dorsales et 26 côles, ainsi que le fœtus qu'elle portait dans son sein et une petite fille, née d’elle trois ans avant sa mort. Il n’est pas douteux que les anomalies numériques non compensées des os du rachis thoracique sont infiniment plus exceptionnelles que les anomalies numériques compensées. Il n’est pas une seule des pièces osseuses de la colonne thoracique qui ne puisse faire défaut, mais il est certain que c'est le plus souvent la dernière qui manque, puis l’avant-dernière ou la première, de même que c’est le plus souvent au-dessous des deux dernières ou au-dessus de la première qu'apparaît la pièce osseuse en excès qu'on trouve accidentellement dans cette colonne. Mais qu'il s'agissse de la disparition ou de l'apparition d’une pièce osseuse au centre de cette colonne ou de la disparition ou de l'apparition d'une pièce osseuse à (1) A. BrRMINGHAM, Journ. of anal. and phys., 1891. (2) Carorr, Mem. d. Accad. d. sc. d. Istitul. d. Bologna, p. 567, 1884. (3) Buscu, Kanstalls Jahresb., n° 72, 1865. (4) Rex, Prager Zeilsch f. Heilkunde, 1885. (6) La 5°, la 6°, la 8°, la 9°, plus la moitié droite de la 3°, Pour de plus amples détails, cf. : Vertèbres cervicales en général, Variations de nombre. (6, J. A. SERRANO, T'ralado de osteologia humana, vol. I, p. 165. Lisboa, 1895. 206 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE l’une ou l’autre de ses extrémités, il convient, avant d’affirmer à laquelle de ces malformations on a affaire, d'examiner attentivement chacune des pièces osseuses présentes. Il est même indispensable de se rendre compte de la configuration exacte des vertèbres cervicales et lombaires les plus proches, du nombre des côtes, de leur mode d'arliculation en arrière et en avant. Il n’est pas, en effet, toujours facile d'astigner à chacune des vertèbres qui entrenc dans la compo- sion des chacune des portions sus-sacrées de la colonne vertébrale un numéro d'ordre, s’il est facile de s’apercevoir si le monteur en a oublié, ajouté ou déplacé quelques-unes. Étant donné une foule de vertèbres provenant de plusieurs squelettes mêlées sur une table, les seules qu'on puisse reconnaître positivement sont, abstraction faite de celles du segment sacro coccygien, l’atlas, l’axis, la proéminente, les pre- mières et les deux dernières thoraciques, les premières et la dernière lombaires. Après avoir affirmé que la vertèbre absente d’un squelette avec 11 paires de côtes qu'il présentait à la Société d'Anthropologie de Paris, « n'était, à coup sûr, ni une 11° ni une 12°, mais une 10° » Topinard fut obligé de convenir que « c'était sur le tout et non sur un point que la suppression s'élait opérée ». Tout élément osseux rachi- dien sus-sacré qui possède une paire de côles, complètes ou incom- plètes, appartient, dit-on, au segment dorsal, tout élément osseux rachidien sus-sacré qui en est privé, au segment cervical ou au segment lombaire. À l’état normal, oui; à l’élat anormal, non. Les éléments osseux extrêmes du rachis thoracique sont quelquefois dépourvus de côtes ou pourvus de côtes difficiles à reconnaître sous les changements de forme, de structure, etc., qu’elles ont subis et les derniers éléments osseux du rachis cervical et les premiers éléments osseux du rachis lombaire, sont quelquefois prolongés en avant par des côtes plus ou moins développées. Dans les cas de variations numériques compen- sécs des vertèbres dorsales il peut adverir, dans les cas de variations numériques par défaut, que les vertèbres cervicales ou les vertèbres dorsales limitrophes ressemblent, plus ou moins, aux vertèbres dor- sales absentes et, dans les cas de variations numériques par excès, que les vettebie dorsales supplémentaires présentent un plus ou moins grand nombre des caractères des vertèbres cervicales et des vertèbres lombaires dont elles oocupent la place. La colonne thoracique étant constituée par 12 vertèbres, il peut se faire aussi : +) que la première offre, du côté caudal, les caractères des vertèbres He cette colonne et du côté cranial, ceux de la dernière vertèbre cervicale ou que la douzième offre, du côté cramial, les carac- tères des vertèbres de cette colonne et, du côté caudal, ceux de la première vertèbre lombaire ; $) qu'une des vertébres” thoraciques porte deux côtes à droite et une à gauche et vice-versa; y) que LI d # Là VERTEBRES THORACIQUES EN GENERAL 207 deux verièbres thoraciques soient plus ou moins confondues, elc. Luschka. Hyrtl, Oehl ayant démontré qu'il n'est pas rare que la 8° côte s’uaisse au cartilage ensiforme sans qu'il existe une vertèbre et une côte supplémentaires, il est indispensable de ne pas confondre cette malformation avec celle dans laquelle la cage thoracique possède 13 vertèbres et 13 paires de côtes dont chacune des côtes de la & paire s'articule régulièrement en avant avec le sternum. Cas personnels. I. Squelette monté, mesurant 176 cm. 3 de hauteur, d’un homme de 27 ans, mort le 20 mars 1880, d'une périlonile aiguë consécutive à une perforation intestinale Lyphoïdique, à l'Hôpital de la Charité, à Paris (don de Tramond). Par un hasard assez singulier, cet homme, céli- bataire, sans famille connue, ancien typographe de la maison Mame, à Tours, employé, avant d'entrer à l'Hôpital de la Charité, chez mon ancien camarade Quantin, imprimeur-éditeur à Paris, était d'ori- gine tourangelle. Formule rachidienne : 7 c., 13 t., 4 1., 5 s., 4 cocc. Dans la région cervicale du rachis, l'atlas présente, à droite et à gauche, les trois foramina par lesquels passe, chez un certain nombre d'animaux, l’ärtère vertébrale avant de pénétrer dans le crâne (canal arlériel de Cuvier); la branche postérieure du processus lateralis droit de l’axis manque entièrement; la proéminente a deux trous transver- saires. La 13° vertèbre thoracique est une reproduction fidèle de la 12°. Sur chacun de ses pédicules et se prolongeant jusqu'au bord inférieur de son corps dont la face inférieure déborde un peu la face supérieure de la 1"° lombaire, existe une facette elliptique complète dont le grand axe de celle de droite, mesure 4 mm. 5 et le grand axe de celle de gauche, 4 millimètres. Ses apophyses transverses sont, comme celles de la 12°, courtes, trituberculeuses et dépourvues, l’une et l'autre, d'une facette articulaire, alors que celles de la 11° sont assez longues, monotuberculeuses et pourvues, l'une et l’autre, d’une facette articu- laire. Ses apophyses articulaires inférieures sont recouvertes par les apophyses articulaires supérieures de la 1" lombaire, ses apophyses articulaires supérieures recouvrent les apophyses articulaires infé- rieures de la 12° thoracique dont les apophyses articulaires supérieures recouvrent les apophyses articulaires inférieures de la 11° dont les apophyses articulaires supérieures sont recouvertes par les apophyses arliculaires inférieures de la 10°. Son apophyse épineuse, analogue à celle de la 12°, tend à prendre une direction horizontale et une forme quadrangulaire. Les autres vertèbres thoraciques n'offrent rien de 208 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE particulier. La 1"°et la 2° vertèbres lombaires ressemblent à la 1°° et à la 2 vertèbres lombaires d'une colonne lombaire à 5 vertèbres et sont articulées l’une et l’autre, avec les os pelviens, mais la 3° et ja 4°, ont tous les caractères d'une 4° et d’une 5°, Le sacrum et le coccyx sont normaux. Privée de col, de tubérosité et de gouttière, la 13° côte se rapproche par sa configuration générale et aussi par sa longueur de la 12°, la 12° de la 11°, la 11° de la 10°, la 10° de la 9°. La 8°, de même que les sept premières, se prolonge jusqu'au sternum. Toutes les autres parties du squelette sont régulièrement confor- mées, sauf l’écaille du temporal droit qui s'articule avec le frontal, d'où résulte un ptérion en K: l'occipital dont l'inion est très saillant’; les fosses iliaques qui sont peu excavées et les péronés qui sont can- nelés. IT et TTL. — II s'agit dans ces cas de deux pièces ostéologiques, con- servées dans le Musée anatomique de notre École de médecine, sans doute parce que des deux parties dont est composée chacune d'eiles, un thorax et une colonne vertébrale, la portion thoracique de celle-ci n'a que 11 vertèbres. La première de ces deux colonnes vertébrales dont le coccyx est perdu, est celle d’une Tourangelle, décédée, en 1867, à l'âge de 35 ans, d'un phlegmon gangréneux du bras droit, à la salle 14 de l'Hôpital général de Tours. Elle comprend 7 c., 11 t., avec 11 paires de côtes, Gi 5: À l'exception des 4° et des 5° vertèbres cervicales dont les trous transversaires sont ouverts en avant, toutes les vertèbres cervi- ales sont normales. Les apophyses articulaires inférieures de la 10° vertèbre thoracique recouvrent les apophyses articulaires supé- rieures de la 11° dont les apophyses articulaires inférieures sont recou- vertes par les apophyses articulaires supérieures de la 1° lombaire. Les apophyses transverses, monotuberculeuses, de la 10° verlèbre thoracique et celles, trituberculeuses, de la 11°, sont dépourvues de facetle costale. La facette costale qu'offre, à droite et à gauche, le corps de la 11°, est comparable comme configuration, comme situation et comme dimensions à celle qu'on trouve, à droite et à gauche, à l’état normal, sur celui de la 12°, tandis que celle que présente, de chaque côté, le corps de la 10° ressemble, sous tous les rapports, à celle qui existe, de chaque côté, à l'état normal, sur celui de la 11°. Aucune particularité des autres pièces osseuses du rachis du dos ne mérite d'être signalée. La première vertèbre des lombes possède tous les caractères anato- miques de celte vertèbre, mais les trois tubercules de chacune de ses apophyses {ransverses, assez courtes, principalement les deux tuber- cules inférieurs, le postérieur ou s{yloïde (anapophyse) et l'antérieur a VERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL 209 externe ou cosliforme, sont moins développés que d'habitude. Les trois tubercules de chacun des processi lalerales, assez longs, du second élément osseux rachidien lombaire, également bien conformé, mais surtout le tubercule mamillaire (mélapophyse), sont, par contre, plus forts que de coutume. Les dernières vertèbres lombaires sont bien des 3°, des 4’, des 5° vertèbres lombaires. Le sacrum est constitué par cinq pièces osseuses dont les trois premières (sacrum vrai ou nécessaire de Broca) élaient articulées, ainsi qu'en fait foi chacune des surfaces auriculaires latérales, avec les os iliaques et les deux der- nières, correspondant au premier segment de la queue des animaux (sacrum accessoire de Broca), n'avaient aucune connexion avec ces os. Les 10° et les 11° côtes sont des côtes flottantes et les sept pre- mières côtes s'étendent jusqu'au sternum. La seconde colonne vertébrale en question et à laquelle manquent non seulement le sacrum, mais encore le coccyx, est celle d’une Tourangelle morte, en 1863, à l’âge de 42 ans, d’une congeslion pul- monaire double, à la salle 15 de Tours. Elle est composée de 7 € 11 t., avec 11 paires de côtes et6 I. Toutes les vertèbres jusqu’à la 6° lombaire ont leur conformation habiluelle, sauf Ia 5° cervicale dont chacun des trous transversaires est divisé en deux par une languette osseuse, la 6° cervicale dont l'apophyse épineuse est monotuberculeuse, la 7° dorsale dont le corps es parcouru dans toute sa hauteur par une encoche peu profonde et très étroite. La 6° lombaire qui, dans le rachis des lombes parait être la pièce osseuse surnuméraire, se distingue : 1° par le volume assez considérable et la forme en bec de flûte très accusée de son CQTPS ; 2° par la direction oblique de haut en bas, très marquée, de ses apo- physes cosliformes, prismatiques triangulaires, terminées en pointe; la grosseur des tubercules mamillaires et l’effacément presque com- plet des tubercules styloïdes; 3° par son apophyse épineuse, très courte et dont le bord supérieur est oblique de haut en bas et d'avant en arrière, mais le bord inférieur légèrement ascendant. Les sept premières côtes sont des vraies côles, les quatre suivantes sont des fausses côtes el parmi celles-ci la dernière, autrement dit la 11°, est seule une côte flottante. IV. Colonne vertébrale, thorax et bassin d’une femme adulte, exhu- més du cimetière désaffecté, dit cimetière Saint-Jean, cimetière de l'Ouest, à Tours. sh | Formule rachidienne : 7 c., 11t., 51., 5 s., 4 cocc. Exceptés l'atlas, dont l'arc postérieur n'est pas fermé ; l’axis, dont l'extrémité bbre de l'apophyse épineuse est trifide par suite de là seg- wentalion en deux de la branche droite de cette apophyse, la proé- VERTÉBRALE. 14 210 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE minente dont le corps est pourvu, à droite et à gauche, d’une demi- facette articulaire, les autres pièces osseuses du rachis du cou sont bien conformées. Le corps de la 1" vertèbre dorsale n’a, de chaque côté, qu'une demi-facette, supérieure. Celui de la 10° et celui de la 11° ont, de chaque côté, près de leur bord supérieur, une facette complète. Les apophyses épineuses thoraciques peuvent être divisées en trois groupes : dans le premier où il faut ranger les quatre premières, elles sont longues, épaisses et forment, chacune, avec le centrum, un angle ouvert en bas, de 140° environ; dans le second qui comprend les cinq suivantes, elles sont longues, grêles, imbriquées el forment, chacune, avec le centrum un angle ouvert en bas, un angle de 100 à 115°; dans le troisième, dans lequel rentrent les deux dernières, elles sont beau- coup plus hautes, mais ont, chacune, un bord inférieur presque hori- zontal si elles ont encore, chacune, un bord supérieur oblique en bas et forment, chacune, avec le centrum, un angle ouvert en bas d’à peu près 150° L'une et l’autre des apophyses transverses, monotubercu- leuses, de la 11° vertèbre du dos n'ont pas de facette. Ses apophyses articulaires inférieures destinées à être reçues dans les apophyses arti- culaires supérieures de la 1"° lombaire sont convexes, mais ses apo- physes articulaires supérieures sont planes comme les apophyses arti- culaires supérieures et les apophyses articulaires inférieures des autres éléments osseux de la colonne thoracique. Dans la colonne lombaire, on observe également quelques irrégula- rités. Le corps de la /° vertèbre lombaire est plus volumineux que celui de la 5°. Le tubercule styloïde de chacune des apophyses trans- verses, trituberculeuses, de: la 1°° est à peine indiqué. L'apophyse transverse droite de la 5° lombaire est normale, mais l'apophyse transverse gauche est représentée par une lame osseuse, revêtant la forme d’un rectangle dont le bord interne se continue directement avec le centrum, le bord externe et le bord supérieur, irréguliers, linéaires, sont libres, et le bord inférieur, très épais, comprend deux parlies, se continuant bout à bout et sans aucune trace de démarca- tion l’une avec l’autre, une partie interne décrivant une courbe à con- cavité inférieure et qui conslitue la demi-circonférence du trou de conjugaison, et une partie externe composée de deux portions d'une égale étendue : une antérieure, rugueuse, et une postérieure, lisse, recouverte par une couche de cartilage, et constituant avec l’aileron sacré correspondant, la première, une articulation suturale harmo- nique, la seconde, une articulation diarthro-arthrodiale. Le sacrum à 4 trous et 5 pièces osseuses, dont 3 sacro-illaques. Le coccyx, mesurant 30 millimètres de longueur, résulte de la réunion de 4 vertèbres dont les 3 dernières sont intimement soudées entre oi ot nd et Éd ÉS VERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL 211 elles, et la 1° avec ses 2 appendices supérieurs (cornes), est facile- ment séparable d’elles et du sommet du sacrum. La sacralisation unilatérale de la 5° lombaire n'est pas accompagnée d’une asymétrie du bassin, mais celui-ci a conservé, comme cela a été noté dans des cas analogues par E. Tridondani (1), un certain nombre de ses caractères fœtlaux et infantiles. Les sept premiers cartilages costaux s'articulent en avant avec le sternum, la 11° côle est une côte flottante. ANATOMIE COMPARÉE. — Les vertèbres thoraciques dont le nombre ne dépasse pas 10 chez certains Mammifères peut s'élever jusqu'à 23 chez quelques-uns. Chez la plupart, elles sont au nombre de 13, Elles sont au nombre de 10 chez le Dasype noir; — — 44 — les Chéiroptères; — — 12 — l’homme, l’orang, les Semnopithèques, les Cercopithèques, les Macaques, les Magots, le lapin, le lièvre, le lama, le vigogne, le dromadaire, le chameau (2) etc.; —— — 15 — le chimparé, le gorille, l'Hylobates Syn- dactylus, VI. variegatus, YH. conco- lor (S. Müller), 1. leuciscus (Cu- vier), les Siamangs, les Cynocé- phales, les Ouistitis, les Makis, les Tarsiers, le chien, le chat, le loup, le renard, le lion, le ligre, la pan- thère, le moulon, la chèvre, le cha- mois, le chevreuil, le cerf, l'antilope, ? le bœuf, etc. ; — — 14 — Iles Sajous, les Atèles, les Alouales, les Nyclipithèques, l'ours, le morse, le dauphin, le cachalot, la qi- rafé; elc:: — — 45 — ic hérisson, leblaireau, divers phoques, l'hippopolame, la baleine, etc. ; — — 16 — Je Loris lardigrade, Y Hyène striée, le tamandua, le Lamentin, etc. ; (1) E. Tripoxpani, An. d. ostel. e ginecol., Milano anno, XXIV, n° 1. 2) La réduction du nombre des côtes est considérée d’une façon générale et à juste titre comme un caractère de supériorité. S'il existe des animaux appar- tenant à l'ordre des Mammifères qui ont 12 paires de côtes comme l'homme, aucun de ces Mammifères n'a comme l’homme et l'orang,S8 paires de vraies côtes, 5 paires de fausses côtes dont 3 fixées et 2 flottantes. Chez l'orang, chacune des côtes composant les deux dernières paires de fausses côtes flottantes, est plus longue que chez l'homme. 212 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Elles sont au nombre de 17 chez le Fourmilier tridactyle, l’Ornitho- rynque, etc.; _ _ 18 — le cheval, l'âne, le zèbre, etc. ; — —= 19 — le Rhinocéros des Indes,le Rhinocéros de Java, le Tapir des Indes, etc.; — —— 20 —- l'Éléphant des Indes et l'Éléphant d'Afrique ; == — 21 — le Daman du Cap (Cuvier) (1); — — 22 — Je Daman de Syrie (J. F. Meckel) (2); == — 23 — l’Aï ou Paresseux tridactyle. Autour de ces chiffres correspondant à des types considérés comme normaux, on observe, aussi bien dans les espèces animales que dans l'espèce humaine, des variations en plus ou en moins. Il y a même des Espèces animales, voire hybrides ou sauvages, où les irrégularités numériques des pièces osseuses de la colonne thoracique et de la colonne lombaire sont si communes que le type normal demeure encore incertain. Huxley (3), Hartmann, etc., ont parlé plus ou inoins longuement de l'existence de ces irrégularités numériques des vertèbres du dos et des lombes des Anthropoïdes. Elles s'observent surtout dans les Orangs. Sur une femelle d’orang d'environ 14 mois, rapportée à la variété dite bicolor, G. Hervé (4) a vu le rachis constitué, au-dessus du sacrum et du coccyx bien conformés, par 15 dorso-lombaires (4 lombaires et 11 dorsales, avec, 11 paires de côtes dont les 2 dernières étaient des côtes flottantes) et 7 cervicales, au lieu de 16 dorso-lombaires (4 lom- baires et 12 dorsales) et 7 cervicales, présenter, par conséquent, une anomalie de nombre par défaut non compensée de ses éléments osseux. Il m'a été donné de constater une malformation d'un ordre inverse (7 c., 13 L., avec 13 paires de côtes dont la 12° et la 13e étaient des côtes flottantes, / L. avec une région sacro-coccygienne normale) sur un orang mâle (Simia salyrus), âgé de 4 ans, vendu par Tramond à un Institut anatomique étranger. Le gorille a assez souvent 14 vertèbres dorsales soit une de plus que le nombre normal. Parmi la belle collection de squelettes de singes que possède le Musée d'anatomie comparée de l’Université de Bologne, il y en a (5) deux de Macacus inuus qui ont l’un et l’autre 7 vertèbres cervicales, (1) CuviEr, Ann. du Muséum, III, 174. (2) J.-F. MECKEL, loc. cit. suprà,t. III, p. 313. Au dire de J.-F. MECKeL, « le Rhino- céros d'Afrique à deux cornes a 20 vertèbres thoraciques et le Rhinocéros d'Asie à une corne, 19.» (3) HuxLey, Evidence as to man's place in nalura, p. 90. New-York, 1890. (4) G. HERVE, loc. cit. supra, p. 385. (5) G. CaLoRI, Mem. d. Accad. d. sc. d. Istit. d. Bologna, 1881. Lutte. ed dt RS dd PT — VERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL 213 mais dont l'an à 12 et l’autre 13 vertèbres thoraciques..., deux de Cynocephalus babuinus dont l’un a 7 c.,121.,6 1.,/4 s. el11 cocc.el l’autre 7 c.,11t.,8 1., 3 s., et 18 cocc., deux de Cebus apella dont Pac 4.0 1,5. etl'autre7c., 131, 71.,9. On ne sait pas encore positivement si l’/ndri a 12 ou 13 vertèbres thoraciques; le Galéopithèque, 13 ou 14; le Loris grêle, 1/4 ou 19; l’'hyrax, 21 ou 22, etc. Parker a insisté sur les variations de la colonne vertébrale du neclurus (1). Parmi des Mammifères appartenant au même ordre ou au même genre, on note des variations du nombre des articles de l'épine. C’est ainsi que, dans les Chétroptères, les Pipistrelles n'ont parfois que 10 vertèbres thoraciques au lieu de 11 comme les Vespertilions ; que l’'Hyène vulgaire n'en a que 15 alors que l'Ayène striée en a 16; que le Bison d'Amérique (2) et le yack, non domestiqués, ont le premier 15 paires de côtes, le second, 14 paires, ainsi que l'aurochs, dont se nourrissaient nos sauvages ancêtres de l’âge de la pierre polie, tandis que les bœufs n’en ont que 15, etc. J'ai dit que les vertèbres thoraciques n'avaient d'autre caractéris- tique que de porter les appendices ostéo-cartilagineux incurvés qui protègent les vaisseaux, les nerfs, les ganglions et les viscères de la poitrine et que cette caractéristique était sujette à caution puisque des côtes peuvent se développer au cou et aux lombes; qu'une ver- tèbre de transition thoraco-cervicale et thoraco-lombaire peut être franchement cervicale ou lombaire d'un côté et franchement thora- cique de l’autre, etc., ete. Il en est de même dans les Mammifères quadrupèdes et — j'ajouterai incidemment, — dans les Singes bipèdes. La dernière vertèbre de la colonne vertébrale d’un orang, conser- vée dans le Muséum du collège royal des chirurgiens de Londres (n° 38) et qui a pour formule, 9 c., 11-12 th., 4-5 L., 5., est thoracique du côté droit et lombaire du côté gauche, On trouve accidentellement chez les chevaux : A) Une vertèbre dont les apophyses transverses, allongées et recour- bées, sont prolongées par un cartilage libre ou réuni au cercle de l'hypochondre (Goubaux (3), Moussu et Monod (4), Cornevin el Lesbre (5); 2 cas personnels); B\ Une vertèbre dont les apophyses transverses, longues, aplaties, (1) PARKER, Anat. Anz., 1896. (2) Lesbre a vu, et j’aivu moi-même un Bison d'Amérique qui n’avait que 13 paires de côtes. Les Crocodiles ont 24 vertèbres pré-sacrées, mais un certain gavial en a 24. (BAUR, Zool. Bullel., vol. I, pp. 41-55). (3) Gousaux, Journ. de l'anal. el de la phys., 1867-1868. (4) Moussu et Mono, Recueil vélér,, 1891. (5) CorxEvin et LESBRE, Bullel. de la Soc. cent. vét. de France. 1897. L ’ 214 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE horizontales, lombaires en un mot par leur configuration et leur direc- ion, sont articulées, chacune, par leur base au lieu d'être fixes, ver- tèbre qui correspond comme rang tantôt à la 18° thoracique, tantôt à la 1e lombaire (Goubaux, Moussu et Monod, Cornevin et Lesbre; 1 Cas personnel); C) Une vertèbre correspondant comme rang à la 18° thoracique ou à la première lombaire et qui présente des apophyses transverses à caractère lombaire, et à laquelle fait suite une côte plus ou moins développée, osseuse ou ostéo-cartilagineuse, flottante (1) ou réunie au cercle hypochondral (Goubaux, Cornevin et Lesbre; 1 cas per- sonne]; D) Une vertèbre de transition thoraco-lombaire autrement dit tho- racique d’un côté, lombaire de l’autre (Moussu, Chauveau et Lesbre); E) Une vertèbre offrant, d'un côté un appendice costal fixe, de l'autre une apophyse transverse nettement lombaire (Chauveau et Lesbre) ; F) Une vertèbre, pourvue d’une côte fixe d'un côté et une apophyse lombaire, suivie d’une côte flottante de l’autre (Chauveau et Lesbre; 1 Cas personnel); G) Une vertèbre, munie d'une côte fixe d’un côté et d’une apophyse lombaire articulée de l’autre (£hauveau et Lesbre); H) Une verièbre qui possède une côte normale d'un côté et une apophyse lombaire articulée de l’autre (Chauveau et Lesbre ; 1 cas personnel). Ces vertèbres dont certaines offrent un mélange en toutes propor- tions de caractères lombaires et de caractères thoraciques et corres- pondent comme situation, soit à la 1° lombaire, soit à la dernière thoracique ont été rattachées par les anatomistes vétérinaires préci- tés tantôt à la région lombaire, tantôt à la région thoracique (2). Les variations numériques par défaut ou par excès, des éléments osseux de la portion thoracique du rachis des £Equidés caballins, sont connues depuis longtemps. Et s’il était permis, en matière purement (1) Des côtes flottantes, perdues dans le petit oblique de l'abdomen, ne sont pas rares chez les Équidés caballins. Dans mon Traité des variations du système musculaire de l'homme, j'ai fait mention, en traitant des variations des muscles des parois de l'abdomen, de la possibilité de l'existence dans l’espèce humaine de ce vice de conformation et de son importance morphologique. (2) Divers cas d'asymétrie et de variations corrélatives des éléments durs du rachis ont été signalés dans les Oiseaux par FüRBRINGER et (GADOw (Bronns klas- sen und Ordnungen des Thierreiches-sechter, Bd. IV, Abth. 18, 19, 29, T'ief., 1888) et dans de nombreuses espèces de Reptiles par HyrT£ (Silzungsb. b. d. k. Akad. d. w. math. Naluræ cl., 1864), ScuuLrze (Meckels Arch. f. phys., p. 179, 1818) et SCHMIDT, GODDARD 6 VAN DER HOEVEN (Nalworv. kerhand v. d. Holl, Mattschapp. i. j. d. Welenschappente. Harlem, 1862.) VERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL 215 zoologique, de s'appuyer sur de vieux textes, je rappellerais que les chevaux à 17 vertèbres thoraciques et à 17 paires de côtes n'étaient pas ignorés des anciens Aryas puisque dans l'Açwamèêda, l’un des hymnes du Rig-Véda, il est dit à propos d’un cheval offert en sacri- fice : « la hache tranche les 34 côtes du rapide cheval (1). » Des années se sont écoulées depuis que Youatt a écrit (2) : « qu'il n’est pas rare de rencontrer chez les chevaux, 19 vertèbres dorsales avec 19 côtes de chaque côté, la surnuméraire étant toujours la dernière postérieure ». La présence de 20 vertèbres thoraciques avec autant de paires de côles est, à coup sûr, beaucoup plus exceptionnelle chez le cheval. La possibilité de la réduction du nombre des pièces osseuses de la colonne thoracique des Asiniers a été signalée à diverses reprises. Goubaux, Lesbre, Chauveau et Arloing, Toussaint (3), etc., ont narlé, le premier, d'une ânesse qui avait 19 dorsales, 4 lombaires, 7 cervicales et » sacrées; le srcond, de deux ânes qui, avaient, l’un et l’autre, 19 dorsales et le reste de la colonne vertébrale normale; les troisièmes d’un âne qui avait 20 vertèbres doisales et toutes les autres parties du rachis bien conformées ; le dernier, d'une dnesse qui avait 20 ver- tèbres dorsales, 20 paires de côtes, 5 lombaires, 6 sacrées et 16 coccy- gliennes. Il existe au Muséum de Lyon un squelette de zèbre qui, avec une formule rachidienne normale, présente 18 côtes et 6 apophyses Jlom- baires d’un côté, 17 côtes et 7 apophyses lombaires de l’autre. En donnant le chiffre 14 comme exprimant le nombre habituel des vertèbres et des paires de côtes thoraciques du bœuf, Sanson a pris l'exception pour la règle. Ce mode de conformation ne s’observe guère que sur 1 sujet sur 20 environ. Sanson (4) n'aurait-il donc pas eu connaissance de l’appendice osseux appelé sumprippe par les Alle- mands; fausse côle, par les Suisses; côle supplémentaire par les Fran- çais, qui apparaît sur un peu plus de 4,5 p. 100 des bœufs zurichois et qui n'est que très rarement un avortement de la 13° côle thoracique, mais bien une 14° côte correspondant à une vertèbre considérée comme une 14° vertèbre thoracique quand la côle en question s'articule avec le corps vertébral et comme une 1° lombaire, lorsqu'elle s'articule seulement avec l'apophyse transverse (5). La 13° côte du moulon commun peut avorter, plus ou moins com- plètement, d'un seul côté ou des deux, de sorte que l'animal ne pos- (1) G. PIÉTREMENT, Les origines du cheval domestique, p. 118. Paris, 1870. (2) Youarr, The Velerinary, vol. V, p. 543. (3) Toussainr, Journ.de méd. vélér. Lyon, 1876. GouBaux, LESBRE, etc., passim. (4) SANSON, Journ. de l'anat. et de la phys., 1867. (5) BiELER, Journ. de méd. vét. el de zoolech., p.402, 1895. L'espèce bovine a pour formule dorsale : 7 c., 13 th.,61., 5s., 18 à 20 cocc, 216 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE sède plus que 12 os rachidiens thoraciques, le 13° étant devenu lom- baire ou du moins difficile à classer, équivoque. Quelques Ovidés, notamment les Southdowns et les Dishleys ont exceptionnellement avec 7 vertèbres cervicales, 5 ou 6 vertèbres lombaires, 14 vertèbres thoraciques de chacune desquelles émane une paire d’arcs osseux d'une étendue et d'une texture variables. La chèvre se distingue par la rareté des anomalies numériques pré-sacrées de son rachis; Lesbre a pourtant vu une chèvre qui, avec le nombre ordinaire de lombaires avait 14 dorsales dont le corps de la dernière postérieure, était articulé, à droite et à gauche, avec la tête d'une pelite côte et chacune des apophyses transverses, étirée, aplatie et libre à son extrémité distale ainsi qu'une apophyse transverse lombaire. Leyh (1) a remarqué que le chien quand il n’a que 6 lombaires a 14 thoraciques et autant de paires de côtes. C'est exact, mais il peut advenir également qu'il ait 1/ thoraciques et 7 lombaires. Dans mon musée particulier figurent deux rachis, l’un d’une Chèvre commune dont la portion pré-sacrée est constituée par 7 c., 14 th., avec 14 côtes, 6 L.; l’autre d'un Chat domes- tique tigré dont la portion pré-sacrée est formée par 6 c., 14 th. avec 1, côtes et 6 lombaires. Contrairement à l’assertion de Goubaux, ce n’est que, par exception, que le lapin a 13 vertèbres dorsales (2). La formule vertébrale du rat est 7 c., 13 th.,61.,2128s., 28 cocc. Eh bien, sur 5o colonnes vertébrales de rats, Paterson en a trouvé une qui avait 14 vertèbres thoraciques et une qui avait 12 vertèbres thora- ciques. La formule vertébrale des Caméliens est:7 c., 12 th.,71.,58., 17 cocc, mais cette formule n’est pas plus fixe que celle des autres Ver- lébrés. Sur quelques squelettes de chameaux à une ou deux bosses qu'il aexaminés, mon savant ami le professeur Lesbre, de l'École na- tionale vétérinaire de Lyon, a rencontré en effet : 1° 11 th. et 11 paires de côtes et les autres pièces osseuses du rachis normal ; 2° 7\C.:, a91th:, el 13 paires-de côtes dont chacune des côtes de Ja 13° paire était très petite, 6 L.etss.; 3° 7. c., 13 th., et 13 paires de côtes dont chacune des côtes de la 13° paire avait l'aspect d’une apophyse transverse lombaire articulaire, Tl: 051. En 1889, il m'a été donné, grâce à mon collègue, le professeur D. Barnsby, directeur du Jardin botanique de Tours, de pouvoir disséquer un lama mâle, dont la colonne rachidienne pré-sacrée pré- (1) Levn, Anal. des anim. domest. (trad. de l’allemand sur la 2° édit.), p. 121, Paris, 1871. (2) La formule vertébrale du chien est : 7 c., 13 th., 7 1., 3 s., 20 à 23 cocc.; celle de la chèvre : 7 c., 13 Uh., 6 ]., 4 ou 5 s.. 11 à 13 cocc.; celle du chal :7 c., 13 th., 7 L., 3 s., 20 à 24 cocc.; celle du lapin : 1c., 12 th.,.71.;"4*s., 16 à 18 cocc: j VERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL 271 sentait un mode de conformation identique à celui dont je viens de faire mention en dernier lieu. Sur les divers /amas, morts au Jardin botanique de Tours, je me suis assuré que la formule vertébrale des lamas ne diffère pas de celle des chameaux, qu'ils ont d'habitude 12 vertèbres thoraciques et non 10 comme l’a prétendu Brehm. Au lieu de 14 vertèbres thoraciques le Porc domestique, aussi bien que le sanglier, peuvent en avoir 13, 15, 16, voire même 17, avec 4,5, 6 ou 7 lombaires. En visitant au mois d'août 1908, lors de la dernière exposition franco-britannique, les collections du Collège royal des chirurgiens de Londres, je me suis arrêté un instant près du sque- lette d'un Sanglier de l'Inde dont la portion thoracique du rachis est composée de 13 pièces osseuses donnant naissance, chacune, à une paire de côtes, el la portion lombaire de 6. Une aie, tuée en 1901, dans les bois de Neuvy-le-Roï (Indre-et-Loire), par mon vieil ami, le sénateur Belle, avait 4 vertèbres sacrées, 22 cocc. et 29 vertèbres pré- sagrées 27 C.: :10th:, 6 I: Qu'on ouvre l'Histoire naturelle de Daubenton et de Buffon (1), l'Anatomie comparée de Siebold et Stannius, elc., on y trouvera plu- sieurs autres exemples des variations qu'offrent journellement, quant au nombre total des articles qui la constituent et à leur répartition en ses différentes régions, la colonne vertébrale des Animaux domes- liques et celle des animaux exclusivement sauvages, appartenant ou non à la même espèce el que personne n’a jamais songé à domesti- quer. VARIATIONS DE DIMENSIONS ET DE POIDS (Voy. Vertèbres cervicales en général. Variations de dimensions et de poids). VARIATIONS DE STRUCTURE ET DE CONNEXIONS. — De même que le corps de l’une ou l’autre des vertèbres cervicales ou lombaires, celui de l’une ou l'autre des vertèbres thoraciques peut. par suite de la ra- réfaction plus ou moins prononcée du tissu osseux spongieux pré- diculaire, être transformée en une cavité de dimensions variables. La fusion congénitale, sénile ou pathologique, complète ou incomplète de deux ou d’un plus grand nombre d'éléments osseux rachidiens, s’observe beaucoup moinsfréquemment au dos qu'au cou et auxlombes. À propos de la tendance qu'a, dans l'espèce humaine, le lissu aréo- laire du centrum de l’une ou l’autre des vertèbres rachidiennes à com- mencer à se raréfier en avant de chacun des deux pédicules, il n’est pas inutile de rappeler que la plupart des vertèbres des oiseaux, sur- tout dans la partie inférieure de la région cervicale et dans la région dorsale, présentent, chacune, sur leur centrum, en partie cachés par (1) T. IV, p. 351. Paris, 1753. 218 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE les apophyses transverses, des orifices pneumatiques plus où moins larges. SEGMENTATION DE L'0s.— J'ai indiqué précédemment (Voy. Vertèbres cervicales en général, Segmentalion de l'os) que la division de diverses vertèbres thoraciques en deux moitiés latérales, coïncidant avec celle d’une oude plusieurs vertèbres,des régions rachidiennes sous-jacentes ou sus-jacentes, a été signalée par Drehmann et Schwegel sur le rachis d’un Maoris qui n’était le siège d'aucune anomalie. Le profes- seur Turner (1) a vu la dixième pièce thoracique, partagée complète- ment, au niveau du plan sagittal médian, en deux fragments entière- ment indépendants l'un de l’autre et affectant, l'un et l’autre, la forme d'un coin dont le sommet regardaiten dedans. Humphry, Goodhart,etc., ont fait mention de fœlus masculins et féminins dont les corps vertébraux thoraciques étaient formés par deux éléments osseux laté- raux Juxtaposés. Hémi-verTÈBRE. — Les variations numériques des vertèbres, au lieu d’être dues à la disparition d’une ou de plusieurs vertèbres surnu- méraires peuvent être la conséquence de l’absence de la moitié d’une vertèbre({semi-mancaza,mancaza incomplela, falsa des anatomistes ita- liens) ou de plusieurs moitiés de vertèbres ou de la présence en excès de la moitié d’une vertèbre (semi duplicila, duplicila incompleta, falsa des anatomistes italiens) ou de plusieurs moitiés de vertèbres. Ce vice de conformation, mentionné pour la première fois, en 1815, par G.F. Meckel (2), a été observé depuis par Rokitansky (3), Vrôlik (4), Colomiatti (b), Reid (6), Varaglia, Villet et Walsham, d’Ajutolo (5), Legge(8), Calori (9), Gotti(10), Goodhart (11), Mouchet (4 cas) (12), Drehmann 13), Alessandrini (14), Th. Dwight (15), etc., et moi. (1) Turner, Challenger's Reports, part. XLVII, 1886. (2) G.-F. MEcKkEL, De duplicilale monstrosa commentarius, p. 28. Halæ et Bero- lini, 1815. (3) Rokyransky, Medic. Jarb., Bd. XXVIII, p. 47, 1839. (4) VrôLik, Tabulæ ad illustrandum embryogenesis hominis et mammalium tam naluralem quam abnormen, Amsterdam, 1849. (5) CozouraTri, Bollet. d. R. Accad. d. med. d. Torino, 1876. (6) Rep, Journ. of anat. and phys. London, 1876. (7) VARAGLIA, VILLET et WALSHAM, d'AJUTOLO, passim. (8) LEGGE, Bollet. d. Soc. Euslachiana d. Camerino, pp. 5-12, 1885. (9) Cazort, Mem. d. R. Accad. d. sc. d. Istit. d. Bologna, 1887. (10) Gorrr, Mem. d. R. Accad. d. sc. d. Istit. d.- Bologna, 1882. (11) GoopuaART, Journ. of. anat, and phys., p. 12, 1874. (12) Moucuer, Gaz. hebd. de méd., 1898, Bullet. de la Soc. anal. de Paris, p. 972, 1899 et Bullet. de la Soc. de chirurg. de Paris, 1909. (13) DREHMANN, loc. cit. suprà. (14) ALESSANDRINI, Mem. de Soc. ilal., p. 37. Modena, 1862 (avec 4 pl.). (15) Tu. DwiGuT, Mem. of the Boston Soc. of nat. hist., p. 299, 1901. a ES TS SI TS VERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL 219 La demi-vertèbre anormale peut être plus ou moins réduite de vo- lume et déformée. Quelquefois même elle peut être représentée seu- lement par l’une ou l’autre de ses parties constituantes ayant ou non sa configuration et ses dimensions habituelles. Quand la semi-ver- tèbre n’adhère à aucun des éléments osseux voisins, son corps est logé dans un dédoublement du ménisque fibro-cartilagineux qui sépare l’un de l’autre les corps des deux vertèbres entre lesquels il est interposé. Quand elle est soudée, en partie ou en totalité, avec l’une ou l’autre ou chacune des deux vertèbres entre lesquelles elle est intercalée, les trous de conjugaison résultant de ses connexions avec ces vertèbres demeurent toujours largement ouverts. On ne rencontre d'ordinaire qu'une hémi-vertèbre supplémentaire sur le même sujet, mais Varaglia en a rencontré deux, à gauche, une entre la 2 et la 18° vertèbres thoraciques, et une entre la 13° thoracique et la 1"° lombaire, et Rokitansky, quatre, une, à droite, entre la 5° et la 6° tho- raciques, une, à gauche, entre la 7° et la 8° thoraciques, une, à droite, entre la 1"° et la 2° lombaires, une, à gauche, entre la 5° lombaire et le sacrum, etc. Elle se montre de préférence dans les régions thora- cique et lombaire et à peu près aussi fréquemment dans l’une que dans l’autre. Toute hémi-vertèbre surnuméraire située dans la région thoracique est pourvue d'une côte de même que toute ver- tèbre surnuméraire contenue dans la même région en possède deux ; dans le cas de Rokitansky où il existait deux demi-vertèbres thoraci- ques en excès, la poitrine était formée par 26 côtes, plus une paire de côtes rudimentaires émanant de la 7° verlèbre cervicale.Quand l’éten- dueen hauteur du corps d'une hémi-vertèbre supplémentaire n'est pas compensée par une réduction proportionnelle de la hauteur du diamètre vertical du corps de la vertèbre sus-jacente ou du corps de la vertèbre sous-jacente où de chacun des corps des vertèbres sus el sous-jacentes, la colonne vertébrale offre habituellement une scoliose latérale dont la convexité est tournée généralement du côté de l'hémi- vertèbre supplémentaire. Je dis généralement, car dans le cas de Rokitansky où il y avait quatre hémi-vertèbres surnuméraires, le rachis présentait quatre courbures latérales correspondant chacune à une des hémi-vertèbres surnuméraires, mais dont la convexité de trois regardait du côté et une du côté opposé de ces hémi-vertèbres surnuméraires. En dehors d’une moitié de vertèbre, on a trouvé dans le rachis, nor- malement ou anormalement conformé : une moitié de corps vertébral dépourvu de la neurapophyse qui s’y fixe (Hémi-centrum d'AlbrechL), une moitié d'arc vertébral avec absence de la moitié du corps vertébral dontelleestune dépendance (/Æémi-neurapophysede Legge). Schwegela constaté sur une vertèbre dontle corps était bien développé, ledédouble- 226 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE ment de l'arc vertébral. Sur le fœtus paracéphale acardiaque de Calori dont il a été question précédemment il existait plusieurs semi-vertèbres Hy, hémi-vertèbre, vue de dos, entre les 1r° et 2° vertèbres thoraciques chez un fœtus humain hydrocéphale à terme. Hy, hémi-vertèbre, vue de dos, entre les 3° el 4° vertèbres thoraciques chez un jeune poulain. surnuméraires dont l'hémi-centrum dequelques-unesétaittrèsrudimen- taire bien que l’hémi-neurapophyse et la côte quien dépendaientfussent VERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL 221 bien prononcés. Sur un nouveau-né hydrocéphale affecté d’une dévia- tion latérale de la colonne vertébrale, au niveau de la partie supérieure de la région thoracique, j'ai trouvé, entre la 1° et la 2° vertèbres tho- raciques, à gauche, une demi-vertèbre, enclavée dans un dédouble- ment du ménisque fibro-cartilagineux isolant ces deux vertèbres l’une de l’autre. (Voy. le premier des deux dessins précédents.) La convexité de la courbure anormale du rachis regardait à gauche, alias du côté de la demi-vertèbre en excès et de laquelle émanaient une côte qui s’étendait jusqu'au sternum et une neurapophyse, ré- duite de longueur. Ce nouveau-né hydrocéphale dont je dois la pos- session à un médecin tourangeau, le docteur Guérault-Crozat, avait aussi six doigts à la main gauche. Le père et la mère étaient bien conformés. De toutes les observations qui précèdent il appert, que la varia- ton dont je traite est très souvent accompagnée d’autres malforma- tions. Elle a été constatée, en effet, par d’Ajutolo sur un fœlus mas- culin de 7 mois, dont le nez, terminé par une trompe, était dépourvu de cloison médiane antéro-postérieure, la bouche rudimentaire était privée de mandibule ; le rein gauche. de capsule surrénale, etc. ; par Alessandrini sur un fœtus du genre Dicephalus bispinalis (Gurlt) ; par Mouchet (1), sur un fœtus féminin exencéphale, né à terme, porteur de deux pieds bots varus équin ; par Calori, sur un fœtus féminin de deux mois, paracéphale acardiaque ; par Goodhart, sur un fœtus mas- culin hydrocéphale présentant un développement défectueux de loc- cipital et un spina bifida, etc., et par moi, sur un nouveau-né hydro- céphale et polydactyle. Elle coïncide assez souvent avec le rachitisme. D'habitude, mais non toujours, enfin, chaque semi-vertèbre surnumé- raire est accompagnée d’une côte, d’un ganglion ou d'un nerf spinal surnuméraires. | On doit considérer enfin aussi, ce me semble, comme des demi- corps vertébraux surnuméraires, trois os de la grosseur d’une noisette chacun, que j'ai, en 1901, sur une enfant phtisique, rencontrés à droite du plan sagittal médian, plus ou moins près des facettes arli- culaires costales, l'un dans le ménisque interposé entre la 2° et la 3° vertèbres thoraciques; l’autre, dans celui séparant la 4° de la 5° ; le dernier, dans celui isolant la 6° et la 7° (voy. le dessin ci-après). ANATOMIE COMPARÉE. — P. Albrecht a trouvé dans un Python sebæ (Duméril) dont le squelette figure parmi les collections du Musée (1) Mouchet a présenté, le 8 décembre 1909, à la Société de chirurgie de Paris un malade atleint de scoliose congénitale due à une atrophie droile de la 9° ver- tèbre dorsale. Cette vertèbre n'avait pas de côte droite. 222 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE royal d'histoire naturelle de Belgique (n° 87), I, G), une hémi-vertèbre surnuméraire entre la 195° vertèbre et la 196°. Elle consistait en un hémi-centrum et une hémi-neurapophyse bien développés; elle por- Cr, C'y',C'r" corps vertébraux surnuméraires rudimentaires enclavés dans les ménisques fibro-cartilagineux séparant la 2° vertèbre thoracique de la 3°, la 4° de la 5° et la 6° de la 7%. tait une côte articulée avec un tubercule cosial normal et limitait un foramen intervertébral avec la 195° vertèbre et un autre foramen avec la 196°. Ce serpent avait donc, à gauche, une hémi-vertèbre, une côte et un nerf spinal de plus qu’à droite. Un Python figurant dans le Museum du Collège royal des chirurgiens de Londres et qui a été l'objet d'une sérieuse étude de la part de Baur(1) et de Bateson (2). « À la 166 et la 185° vertèbres doubles, d’un seul côté, avec chacune deux apophyses lransverses et deux côtes alors que chacune d'elles est simple du côté opposé. » | On remarque dans le Musée de pathologie vétérinaire de l'Univer- silé de Bologne quelques squelettes de Gallinacés dans la constitu- tion de chacun desquels entre un segment de vertèbre el deux squelettes d'ânes rachitiques et gibbeux décrits longuement l’un et l'autre par Gotti et dont chacun offre un bel exemple de duplicité incomplète des vertèbres thoraciques. Sur le plus jeune de ces deux Équidés asiniens (1) G. Baur, Journ. of Morph., vol. IV, pp. 41-55 et Zool. bullet., vol. IT, pp. 41-55. 2) W. BATESON, Malerials for the study of varialion, treated with especial regard lo discontenuily in the origin of the species. London, in-80 all. CIO VERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL 293 rachitiques et gibbeux, il existe à gauche, dans un dédoublement du ménisque fibro-cartilagineux séparant le corps de la 5° vertèbre thora- cique, du corps de la 6’, un rudiment de corps vertébral affectant la forme d’un coin dont le sommet libre regarde en dedans et la base est articulée, en dehors, avec une côle surnuméraire. Cette côte surnumé- raire qui s'étend jusqu'au sternum, est confondue, à son origine, avec la côte, émanant de la 5° vertèbre thoracique, et qui est dédoublée,en deçà de la tubérosité articulaire. Les corps des /°, 5° et 6° vertèbres thoraciques sont mal développés, moins hauts que d'ordinaire, et, au niveau de l'hémi-vertèbre supplémentaire, le rachis décrit une courbe dont la convexité est tournée en dehors. Le rachis du second âne, d'un âge avancé, forme une saillie assez accentuée à droite de la partie postérieure du garrot. Dans ce point, les corps des 6° et 7° vertèbres thoraciques sont isolés l’un de l’autre par une production osseuse anormale, plate, à contours irréguliers, logé dans le ménisque fibro-cartilagineux, interposé entre les deux corps des vertèbres sus- dites et dont la configuration rappelle celle d'un (+) :- dirigé obli- quement de bas en haut et de gauche à droite. Cette production osseuse anormale qui ne sépare même pas complètement l'une de l'autre la moitié droite du centrum de la 6° vertèbre thoracique de la moilié droite du centrum de la 7°, est, en dehors, prolongée par une courte apophyse et creusée d’une excavation peu profonde en rapport avec une côte surnuméraire. Les corps des 6°, 7° et 8e pièces osseuses de la colonne dorsale sont déformés et écrasés. A droite, il existe entre la 5° et la 9° vertèbres thoraciques quatre apophyses transverses et quatre côtes et, du côté opposé, trois apophyses trans- verses et trois côtes. Les 8° et ÿ° côtes droites sont soudées entre elles à leur partie supérieure. Toussaint a relaté le cas d’une ânesse qui possédait 17 côtes à droite, 18 à gauche, 6 apophyses transverses lombaires à droite, 5 à gauche, ce qui revient à dire qu'elle avait 17 vertèbres thoracique el demie, 5 vertèbres lombaires et demie. Lesbre « a trouvé un cas sem- blable à ce dernier, à cette différence près que la première apophyse lombaire du côté qui avait une côte en moins était articulée à la base. » Un équarrisseur lourangeau m'a fait don de la colonne vertébrale d'un jeune poulain scoliotique sur laquelle la moitié gauche du corps de la 3° vertèbre thoracique est séparée de la moitié gauche du corps de la 4°, par un coin osseux contenu dans un dédoublement du disque fibro-cartilagineux isolant l'un de l’autre les corps des deux vertèbres sus-nommées. Ce coin osseux offre du côté de sa base, tournée en dehors, une fossetle el une courte et mince expansion apophysaire articulée avec une côte surnuméraire qui s'étend jusqu'au 224 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE sternum. À son niveau le rachis est dévié à gauche et salle assez fortement en haut ; en avant de lui,les corps des 2° el 3 vertèbres thoraciques et, en arrière de lui, les corps des 4° et 5° vertèbres tho- raciques ont non seulement perdu leur forme normale mais encore subi une réduction notable de hauteur. Des quatre pieds de ce pou- lain que l’équarrisseur à tenu essentiellement à conserver le pied an- térieur droit a trois doigts comme l'hipparion et le pied antérieure gauche, » doigts comme l’anchiterium, alors que chacun des pieds postérieurs n’a qu'un sabot (1). En parcourant au mois d’août 1908, les salles du Muséum du Col- lège royal des chirurgiens de Londres, j'ai vu en plus de la colonne vertébrale du python dont j'ai fait mention précédemment, celle d’un lapin (Lepus cuniculus) qui contenait, à gauche, dans la région lom- baire, une demi-vertèbre. Ce rachis a été présenté le 30 mai 1890, par Blaud Sutton, à la Société anatomique de la Grande-Bretagne et d'Irlande. J'aurai à parler plus loin (2) du squelette d’un lapin dont le rachis offrait, en plus d'une côte gauche, attachée en dedans sur la 1"° ver- tèbre lombaire, une fusion suivant une ligne oblique de la moitié droite du centrum de la & vertèbre thoracique et de la moitié gauche du centrum de la 9°. En somme, il n’est pas un animal appartenant à l’ordre des MHam- mifères qui ne puisse avoir, comme l'homme, les Oiseaux et les Rep- lles, une hémi-vertèbre, une côte et un nerf spinal de plus d'un côté que de l’autre. Suivant Albrecht, cette anomalie « s'explique par lefait qu'une prolo-vertèbre et un myocomme ont subi une segmentation d'un côté tandis que les parties correspondantes du côté opposé sont restées indivises (3) ». Quant à la présence chez un replile, un oiseau ou un Mmammifère quelconques d’un hémi-centrum seul ou d’une hémi- neurapophyse seule, j'incline volontiers à croire qu'elle est due au développement autonome et asynchronique de chacune de ces pièces (1) Qu'il me soit permis de rappeler incidemment que le cheval de Jules César, immortalisé par Suétone, Bucéphale, le fameux coursier d'Alexandre, avait les pieds fourchus. Cf. A, F. LE DougLe, Rabelais analomisle el physiologiste, p. 555, note 2. Paris, 1899. (2) CF. Vertèbres lombaires en général, côtes lombaires. (8) S'il en était régulièrement ainsi comment se fait-il que la côte suppiémen- taire s'articule généralement avec l’hémi-vertèbre à laquelle elle correspond, mais quelquefois aussi avec la vertèbre placée au-dessus ou la vertèbre placée au-dessous d'elle, ces dernières n'appartenant même pas toujours à la région vertébrale à laquelle appartient l’'hémi-vertèbre. Cette côte supplémentaire peut en outre, faire défaut, se souder aux côtes normales voisines, etc. Pour détails complémentaires, voy. Coccyx. Variations de nombre des ver- tèbres. Analomie comparée. Théorie de Taruffi. VERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL 225 osseuses, On sait que l'ossification de chacune des vertèbres des Mammifères est annoncée par l'apparition d'un nodule osseux — d’aucuns disent de deux — dans chacune des moitiés de l'arc. A ce moment, le centrum, de même que le reste de la vertèbre, est entière- ment cartilagineux, aucun noyau d'ossificalion n'y existant encore. De sorte qu'ontogéniquement l'ossification des neurapophyses s’ef- fectue avant celles du centrum. Il en est ainsi également phylogéné- tiquement, car si on considère la série entière des Animaux vertébrés on s'aperçoit que les neurapophyses sont de plus ancienne formation que le centrum. Des rachis acentraur, c'est-à-dire composés de pièces osseuses dont aucune n’a de centrum, se rencontrent chez les Pétromyzontes, les Chondroster, les Holocéphales, les Dipnoï, etc. Dans le processus ontogonique que suit l’ossification des vertèbres dans les Mammifères on a donc une récapitulation du développement phylogénique correspondant. VARIATIONS DE FORME. — Ainsi que celle des vertèbres cervicales et celles des vertèbres lombaires, elles sont la conséquence de celles que subit chacune des pièces dont est composée chacune des vertè- bres thoraciques. Voyons donc quelles sont les malformations que peut présenter chacune de ces pièces. CORPS FACE SUPÉRIEURE. — ÉMINENCES LATÉRALES. — On trouve cons- tamment, à droite et à gauche, sur la face supérieure de la 1° vertè- bre thoracique et accidentellement sur celle de la 2°, voire même de la 3°, une petite apophyse analogue à celle qui existe, de chaque côté, sur la face supérieure des vertèbres cervicales sous-axoïdiennes mais moins saillantes qu'elle et tournée en avant. FACE INFÉRIEURE. — TuBERCULE MUSCULAIRE. — Voy. Vertèbres cervicales en général, Variations de forme. CIRCONFÉRENCE. — FosseTTE LATÉRALE. — Au mois de juillet 1908, à l’hospice de la Salpêtrière, à Paris, dans le service de mon regretté ami, le professeur Raymond, est morte à l'âge de 28 ans, une femme atteinte de tumeurs méningées spinales multiples et dont la colonne vertébrale était depuis la 5° vertèbre thoracique Jusqu'au coccyx, le siège de nombreux vices de conformation. Le corps, très réduit de dimension dans le sens antéro-postérieur, de chacune des vertèbres VERTÉBRALE. 15 226 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE était, à partir de la 5° vertèbre thoracique, creusé de deux fossettes séparées l'une de l’autre par une assez mince cloison osseuse el dont la hauteur et la profondeur augmentaient à mesure qu'on se rappro- chait du sacrum. Vides, larges de 1 centimètre et hautes de 2 em. et demi dans la région thoracique elles étaient remplies par place de fibro-cartilage et si vastes dans la région lombaire que chaque cen- trum semblait réduit à l’état d’une coque osseuse. Nulle part le canal rachidien n’était ouvert en avant. Il s'agit manifestement ici d'une malformation due à un trouble de développement qu'il est encore difficile d'interpréter d’une façon satisfaisante. Ces fossettes ne cor- respondaient pas comme situation aux tumeurs ménimgées spinales ; elles étaient plus nombreuses qu'elles et symétriques, ce qui ne per- met pas de supposer qu'elles étaient l'effet d'un processus mécanique de compression. VARIATIONS DE L'EMPREINTE AORTIQUE. — C’est mon vieux maître, le professeur Saturnin Thomas qui a distingué le premier, je crois, cette empreinte de la courbure à convexité droite que décrit le rachis tho- racique. « Il est évident, a-t-il écrit (1), que les auteurs ont confondu deux choses distinctes, le sillon de l’aorte et la courbure latérale gau- che de la région thoracique de la colonne vertébrale... Cruveilhier confond le sillon artériel ou la dépression correspondante au passage de l'artère avec la concavité ou courbure latérale de la colonne vertébrale. La preuve que le sillon et la courbure sont deux choses distinctes, c’est que sur les sujets de 25, 30 et4o aus le sillon aortique existe seul et c’est après 40 ans seulement que la courbure se pro- duit.… Il est raisonnable d'admettre qu’à l'état pathologique, comme à l’état normal, la courbure latérale gauche de la région thoracique résulte de l’affaiblissement des corps vertébraux à gauche et de l’ac- tion du bras droit, » Si des recherches ultérieures (2) ont établi que les trois courbures latérales du rachis apparaissent dans la seconde enfance et vont toujours en augmentant et que la cause qui les produit n’a rien à voir avec l’affaiblissement des corps vertébraux à gauche, puisque chez les vieillards où l’incurvation latérale de la portion thoracique du rachis atteint son maximum, la raréfaction du tissu aérolaire est, d'ordinaire aussi prononcé en avant du pédicule droit que du pédi- cule gauche de l'arc de chacun des corps vertébraux, lorsqu'elle existe, les autres assertions de Saturnin Thomas, mentionnées ci-des- sus, n’en demeurent pas moins exactes. (1) S. THomas, loc. cil. suprà, p.273. (2) BEAuNIS, Revue médic. de l'Est, 1894 ; PÉRÉ, Th. inaug., Toulouse, 1909; CuarPy, Journ. de l'anat. et de la phys., p.129. Paris, 1901. VERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL 227 L'empreinte aortlique encore appelée /mpression aortique, dépression aorlique, sillon aortique, gouttière aortique, large, superficielle, com- mence sur la 4° vertèbre thoraciqueet finit sur la 3° vertèbre lombaire. Chez les sujets adultes ou âgés, très robus'es, elle est dirigée obli- quement de haut en bas, d'arrière en avant et de gauche à droite, située d'abordà gauche, puis en avant de la colonne vertébrale d'abord paraverlébrale, puis prévertébrale ; chez ceux d'une robustesse moyenne, le plus souvent par conséquent, elle est encore paraverié- brale puis prévertébrale, mais au lieu d’être placée d'abord à gauche de la colonne vertébrale, est plecée à l'union de la face antérieure avec la face latérale gauche de la colo 11e vertébrale, et, enfin, man- que chez les jeunes sujets, les nouveau-nés et les fœtus. La cause qui la produit est perman ile, mais celte cause, l'entrave qu'apporte l'aorte au développement des centrums vertébraux, prin- cipalement dans Ja région moyenne de la colonne thoracique, varie dans ses effets suivant le développement du vaisseau, la capacité du thorax, l'énergie de la circulation et probablement aussi l'énergie de la respiration, le poumon Sauche tendant d'autant plus à refouler l'aorte sur la nori'on moyenne de la colonne thoracique qu'il estdoué d'une plus grande force d'expansion. D'une façon générale et toutes choses égales d’ailleurs, elle est moins prononcée dans sa portion thoracique quand l'aorte longe la face gauche du rachis que lors- qu'elle correspond à l'union de le face gauche et de la face antérieure du rachis. Elle fait défaut chez les jeunes sujets, les nouveau-nés et les fœtus parce que chez eux l'aorte occupe, depuis son origine jus- qu’à sa terminaison, le plan médian de la colonne vertébrale, est pré- vertébrale, et séparée conséquemment de la colonne vertébrale par le ligament vertébral commun antérieur. ANATOMIE COMPARÉE. — [1 m'est impossible de dire si l'empreinte aortique constitue, à partir d'un certain âge, une disposition normale chez les Anthropoïdes. Ce que je sais, c'est que je l'ai rencontrée sur un chimpanzé mâle, adulte (Troglodyles niger) du Musée Broca de la Société d'anthropologie de Paris et sur un vieilorang môûle (Simia sa- tyrus) du Muséum d'Histoire naturelle de Pais où elle ressemblait trait pour trait à celle qui existe chez les hommes et les femmes adultes très vigoureux. Je l'ai, par contre, cherchée en vain sur maints Animaux à marche quadrupède, les grands Solipèdes notamment. Il est à croire a priori, du reste, qu'ils re peuvent pas plus avoir que le fœtus humain, et pour les mêmes raisons, non seulement une courbure latérale à con exité droite du rachis thoracique mais encore une empreinte aortique. Qu'invoque-t-on, en effet, surtout pour ex- pliquer Cans l'espèce humaine, à une époque plrs ou moins éloignée 298 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE de la naissance, l'apparition de cette incurvation latérale et de cette impression vasculaire ? L'usage habituel du bras droit, la présence de l'aorte sur le flanc gauche des vertèbres du thorax. Or, parmi les animaux à station quadrupède, les fonctions dévolues à chacun des membres étant identiques, il n’y a pas de droitiers ni de gauchers, et l'aorte repose sensiblement dans le plan sagittal médian, sur le liga- ment vertébral commun inférieur, à partir du point où elle atteint la colonne vertébrale. La déviation latérale de la crosse aortique est moins accentuée que dans les Primates supérieurs, y compris l'homme par suite de la position du cœur corrélative du mode de conformation de la poitrine. L’aorte ne doit done pas plus, chez ces animaux que chez le fœtus humain, déterminer par son contact une incurvation latérale à convexité droite du rachis thoracique qu'une gouttière sur le rachis thoracique puisque, chez eux de même que chez lui, elle est séparée des éléments osseux qui entrent dans la composition du rachis thoracique par un plan fibreux résistant, située du côté de leur face ventrale et contenue dans le plan sagittal médian. Il ne m'a jamais été donné de constater sur un seul d’entre eux la présence de ce vaisseau sur le flanc gauche des vertèbres du dos alors que, sur plu- sieurs, Je l’ai vu s'écarter d'elles dans une partie de son trajet, leur restant attaché par le médiastin et les artères intercostales. VARIATIONS DES DEMI-FACETTES ARTICULAIRES LATÉRALES. — Varialions de forme de dimensions. — Ces demi-facettes sont loin d’avoir cons- tamment une configuration et une grandeur identiques à droite et à gauche. Sur la 9° vertèbre l’une d’entre elles est parfois absente ou mécon- naissable. | Apophyse capilulaire. — G. Pitzorno (1) a noté sur un homme âgé de 45 ans, le remplacement de la demi-facette articulaire inférieure droite du corps de la 2° vertèbre thoracique, de celle du corps de la 3e, de celle du corps de la 4° par une apophyse moins volumineuse et moins longue sur la 2 vertèbre thoracique que sur la 3° et sur celle-ci que sur la 4° et affectant la forme d'une pyramide irrégulière dont le sommet tronqué tourné en dehors était légèrement excavé et encroûté de cartilage. Après s'être articulée au moyen de sa tubéro- sité avec l'apophyse transverse droite de la 3° vertèbre thoracique, la 3° côte droite se portait en formant un angle ouvert en haut, vers le sommet tronqué de l’éminence osseuse remplaçant sur la 2° ver- tèbre thoracique la demi-facette latérale inférieure droite pour s'unir à lui par diarthrose. Les 4e et 5° côtes droites s’articulaient de (1) G. PrrzoRNo, Arch. p. l'anthrop. e l’elnol., 1893. VERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL 229 même, l’une avec l'apophyse transverse droite, la 4° vertèbre thora- cique et la saillie osseuse qui occupait la place de la demi-facelle latérale inférieure droite de la %, l’autre avec l’apophyse transverse droite de la 5° vertèbre thoracique etle tubercule osseux qui existait à la place de la demi-facette latérale inférieure droite de la 4° (1). Le reste de la cage thoracique était normal. Cette malformation doit être excessivement rare, car je l'ai infruc- tueusement cherchée sur des centaines de squelettes. En 1910, cependant, un de mes anciens élèves, le docteur Max Bernardeau, médecin des troupes coloniales, mort au commencement de l'an- née 1911, ma fait don de la 2° vertèbre thoracique d'un nègre du Apophyses capitulaires thoraciques. Chez l'homme. Chez le Crocodile. Congo, que lui avait remise sans aucun détail un de ses collègues, et sur laquelle on remarque, à droite et à gauche, une excroissance osseuse à la place de la demi-facette articulaire inférieure du centrum (voy. un des deux dessins ci-dessus). (1) L’articulation résultant de l’accolement du sommet du processus capitu- laire droit de la 4° vertèbre thoracique et de la tête de la 5° côte droite était déjà partiellement ankylosée. 230 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE ANATOMIE COMPARÉE. — Si on veut se reporter à ce que j'ai dit du mode de développement de la lame dorsale (véritable apophyse trans- verse, diapophyse) et de la partie la plus interne de la lame ventrale (parapophyse) des apophyses transverses des vertèbres cervicales (voy. Seplième cervicale, Côtes cervicales, Anatomie comparée), le remplacement d’une des demi-facettes articulaires des vertèbres thoraciques par une éminence osseuse s'explique aisément. Elle n'est que la conséquence d’un excès de développement de la branche ven- trale de l'extrémité de l'arc neural qui, de chaque côté, se soude au centrum, excès de développement qui pallie à l’insuffisance de développement de la côte adjacente. Cet excès de développement de l'arc neural du côté où il se soude au corps verlébral est aussi indé- niable, à mon avis, que la cause qui le provoque, l’atavisme. Dans le cas décrit par G. Pitzorno, il était appréciable, en effet, non seulement à l'extrémité ventrale du demi-arc neural de laquelle dérivent la diapophyse et la parapophyse, mais encore à l'extrémité dorsale de laquelle dérive la neurépine : la neurépine de chacune des vertèbres thoraciques qui avait une apophyse capilulaire avait pris un tel accroissement qu'elle était unie aux neurépines voisines et formait avec elles une crète analogue à la crête épineuse des oiseaux (voy. plus loin Apophyse épineuse, Crêle épineuse). Chez les Amphibiens, au surplus, l'apophyse transverse des vertè- bres peut être simple, mais chez les Labyrinthodontes et les Urodèles elle est divisée en deux branches : une dorsale dite apophyse tubercu- laire et une ventrale dite apophyse capilulaire. Lorsque l'apophyse transverse est ainsi constituée, le bout supérieur de la côte voisine est partagée aussi en deux rameaux dénommés, l’un processus tubercularis articulé avecla branche dorsale de l'apophyse transverse, l’autre, processus capilularis articulé avec la branche ventrale. Chacune des pièces osseuses du rachis du cou des Crocodiliens, l’atlas et l’axis exceptés, est pourvue, à droite et à gauche, de deux tubercules courts, placés l’un à la limite de la suture qui unit l'arc neural au centrum, l’autre près du bord inférieur du centrum. Chaque côte cervicale s'articule au moyen de deux têtes avec ces deux tubercules qui représentent en réalité les deux racines dorsale et ventrale d'une apophyse transverse. Dans la région dorsaie, J'excrois- sance osseuse appelée {rberculaire et celle appelée capilulaire se détachent d’une facon très nette, l’une et l’autre, de l'arc neural et proéminent d'autant plus qu'elles sont plus éloignées de la tête. A la 12° vertèbre ces deux excroissances se transforment brusquement en un seul appendice osseux, très long, dont le sommet est en rapport avec le {uberculum el la base, muni d’une espèce de barre, avec le captlulum de la côte correspondante. Ce dernier mode de conforma- VERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL 231 tion se retrouve sur la grande majorité des éléments osseux du rachis du Dinosauria, du Dicynodontia, du Pterosauria, etc. Les Ratites, parmi les Oiseaux, ont des vertèbres cervicales dont l'extrémité antérieure de chacune des faces latérales porte deux petites apophyses, une dorsale et une ventrale, avec lesquelles s’arti- cule, par deux facettes, homologues d'un tuberculum et d'un capitu- lum, une côte styliforme. Le rachis du cou des très jeunes Carinates ressemble sous ce rapport à celui des Ratiles ayant acquis leur entier et parfait développement. Aussi bien, dans les uns que dans les autres, lorsque, par hasard, avec les progrès de l’âge, les côtes cervicales s'en- kylosent, il existe, à droite et à gauche de chacune des pièces osseuses de la colonne cervicale, une apophyse transverse, percée à sa base, comme dans l’espèce humaine, d'un orifice, mais qui contient, comme la gouttière ouverte en dehors, que bordent de chaque côté de la colonne cervicale des Crocodiliens, les apophyses tuberculaires et les apophyses capitulaires, l'artère, les veines vertébrales et le principal tronc du nerf sympathique. Un des caractères des vertèbres thora- ciques des Oiseaux c’est qu'elles offrent, les antérieures de même que les postérieures, à droite et à gauche, une petite apophyse à la partie inférieure de l'arc neural pour le capitulum tandis que la partie infé- rieure de l'arc neural fournit une apophyse plus allongée pour le tuberculum. PÉDICULE Tandis qu'à la région cervicale les échancrures supérieures des pédicules de l'arc neural sont, à peu de choses près, aussi profondes que les échancrures inférieures, à la région thoracique les échan- crures inférieures sont beaucoup plus profondes que les supérieures. Sur le squelette d’un vieillard que je possède les échancrures supé- rieures et inférieures des pédicules des 2° et 3° vertèbres dorsales ont toutefois la même profondeur et sur celui d’une femme adulte, ap- partenant à un de mes anciens élèves, le docteur Royer-Collard, les échancrures inférieures des pédicules de la 4° sont moins profondes que les supérieures. Chez tous les Mammifères, sans en excepter l'homme, et dans toutes les régions rachidiennes, les dimensions des trous de conjugaison ne sont nullement proportionnelles, du reste, au volume des ganglions et des nerfs qu'ils contiennent, mais bien plutôt en rapport avec les veines destinées à élablir des communications entre les veines intra et extra-vertébrales et dont le calibre, comme celui des veines des autres parties du corps, est loin, tant s'en faut, d'être immuable. 232 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE MASSE APOPHYSAIRE À. APOPHYSES TRANSVERSES. — AUTONOMIE D'UN NOYAU D'Os- SIFICATION APICAL ÉPIPHYSAIRE. — Sur le cadavre d'un indigent, dissé- qué en 1878, à l'amphithéâtre d'anatomie de l'Université d'Édim- bourg, Cunningham, a, — en plus d’un hypospadias, d’un omo- hyoïdien du ventre postérieur duquel se détachait un faisceau qui allait se fixer sur une intersection fibreuse transversale, qui divisait en deux parties, une supérieure et une inférieure, d’égale étendue, le muscle sterno-hyoïdien et de diverses malformations, de la 1° et de la 12° vertèbres dorsales et de la 1° lombaire que j'indiquerai plus loin — trouvé le sommet de l’apophyse transverse droite de la 5° vertèbre dorsale articulée avec un petit osselet. Cet ossicule convexe, rugueux,en arrière et en dehors, présentait, en avant, une facette plate, encroûtée de cartilage, sur laquelle reposait la tubérosité de la »° côte droite et, en dedans, une facette concave, en rapport avec le sommet arrondi de l’apophyse transverse, revêtus également l’une et l'autre de cartilage et rattachés l’une à l’autre par une capsule fi- breuse. Est-il possible d'expliquer d'une façon plausible cette anomalie ? Certes. L'extrémité bre et la facette articulaire de l’apophyse trans- verse de chacun des éléments osseux du rachis thoracique humain naissent, on le sait, d’un centre d'ossification complémentaire com- mun. Par suite d’un troubie de développement ce noyau d'ossification apical épiphysaire était demeuré indépendant et sous l'influence des mouvements que lui avait imprimés, à chaque acte respiratoire, la côte en contact avec lui, 1l avait, à la longue, fini par former avec la partie la plus externe du processus lateralis une articulation diarthro- diale. B. APOPHYSES ARTICULAIRES SUPÉRIEURES ET INFÉ- RIEURES. — ZYGosPHÈNE. ZYGANTRUM. — Le 10 mars 1888, à la fin de mon cours à l’École de médecine, consacré à la démonstration des rapports et de la configuration générale de la moelle, mon prosecteur Danseux, attira mon attention sur une série de petits crochets osseux qui existaient en dehors de la dure-mère, au niveau des trous de con- jugaison du rachis thoracique. Pour mieux me rendre compte de ce vice de conformation, je confiais à un de mes garçons d’amphithéâtre, E. Perrochon, pour la faire macérer, la colonne vertébrale qui ie présentait et qui était celle d’une nommée F. B..., paralytique géné- VERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL 233 rale, décédée sept jours auparavant, à l’âge de 58 ans, à l'asile des Aliénées de Tours. Et bientôt je pus m’assurer que Ia 2°, la 3°, la 4°, la 6°, la &, la 9° vertèbres thoraciques du rachis en question offraient, chacune, à droite et à gauche, et la 5° et la 7°, l’une, seulement à droite, et l’autre, seulement, à gauche, une petile apophyse plate, légèrement incurvée sur elle-même, dirigée de haut en bas et un peu d’arrière en avant, plus étroite à son sommet qu'à sa base implantée sur le bord inférieur du pédicule à 2 millimètres en avant de la face antérieure de l'apophyse articulaire inférieure et dont la face externe, convexe, rugueuse, regardait en avant et en dehors et la face interne, concave, lisse, en arrière et en dedans. Si la forme de cet appendice osseux ne différait guère sur l'un ou l'autre des éléments osseux de l’épine dorsale sur lequel on le rencontrait, il n'en est pas de même de l'amplitude de l’angle, ouvert en bas, qu'il limitait avec la face antérieure de la postzygapophyse et qui oscillait entre 29° et 36° ni de la longueur que j'indique ci-après : LONGUEUR DE L'APOPHYSE NORMALE NRA DRE NE RS Re, ms A DROITE A GAUCHE 5 (4 | Chacune des apophyses articulaires supérieures des 3°, 4°, 5°, 7°,9 et 10° vertèbres thoraciques, l’apophyse articulaire supérieure droite de la 6° et l’apophyse articulaire supérieure gauche de la 3% étaient prolongées, en avant el en haut par une excroissance osseuse en forme de coin, encastrée dans l’angle, ouvert en bas, limité par l’apo- physe osseuse anormale décrite précédemment et la face antérieure de la postzygapophyse de la vertèbre sus-jacente. De sorte que les 234 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE deux tiers des vertèbres du dos étaient articulées entre elles non seulement au moyen des ménisques fibro-cartilagineux intercalés eutre les centrums et des surfaces recouvertes de cartilage des prézy- gapophyses et des posizygapophyses mais encore au moyen d’une expansion antérieure des prézygapophyses enclavée dans une cavité a, Zygantrum. d : ! | Chez l'homme. Vertèbre thoracique Vertèbre thoracique vue du côlé de sa face inférieure. vue du côté de sa face latérale droite. | 1 D | | Chez le python. - Vertèbre vue du côté de sa face inférieure. anguleuse, ouverte inférieurement et située en avant des postzygapo- physes. | En consultant le catalogue du Musée anatomique de l'Université de | Sassari qu'a eu l'amabilité de m'adresser, il y a quelques années, le fils el l'assistant du professeur Marco Pilzorno, le docteur G. Pit- - YERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL 235 zorno. J'ai vu que ce dernier a préparé et déposé, en 1893, dans ce Musée où il doit se trouver encore, le rachis d’un homme. décédé à l’âge de 50 ans, dont les 3°, 4°, 5°, 6°, 7°, 8°et 10° pièces osseuses de la région pectorale étaient conformées comme celles dont je viens de faire mention. Il y a lieu de croire que Cruveilhier (1) a entendu parler d'une malformation du même genre quand il a écrit: « Je ferai remarquer que, dans certains cas, on trouve un engrènement des apophyses articulaires dorsales ; l'extrémité supérieure des apophyses articu- laires supérieures étant reçue dans une échancrure profonde, prali- quée au-devant et au-dessus de la facette articulaire inférieure appar- tenant à la vertèbre précédente. » ANATOMIE COMPARÉE. — À la base, de chaque côté, et sur la face crâniale ou antérieure de l’apophyse épineuse de chaque vertèbre des Ophidiens, le Python, le Boa, le Tortrix, etc., on trouve une volumi- neuse saillie, ressemblant à une queue d’aronde, appelée zygosphène, zygosphore, qui est logée dans une excavation de même forme et de mêmes dimensions, dénommée zygantrum. Dans les Crocodiliens et quelques Lacertiliens, les Iquanes notamment, l'arc neural de chaque élément osseux rachidien est également, à droite et à gauche, pro- longé, dans sa partie antérieure ou craniale, par une apophyse cunéi- forme contenue dans une fossette de même configuration et de même grandeur, taillée dans la face postérieure ou caudale de Farc neural de l'élément osseux rachidien précédent. Ce dispositif se rencontre modifié el atténué, sur d’autres Verlébrés d’un ordre plus élevé, voire même sur des Mammifères. Sa reproduc- ion dans l'espèce humaine doit être attribuée à un trouble de déve- loppement survenu au cours de la vie fœtale sous l'influence de lata- visme. La prézygapophyse et la cheville osseuse sus-indiquée qui en dépend, la postzygapophyse et l'arc neural qui bordent l’excavation qui reçoit cette cheville osseuse, ne naissent-ils pas du même noyau d’'ossification. Les conformations qu'offrent actuellement les apophyses articulaires et l'arc des vertèbres dans l'espèce humaine et dans les espèces animales ne sont-elles pas,ainsi que celles des autres organes, que des conformations provoquées par l'adaptation et fixées provisoi- rement par l'hérédité ? C. APOPHYSE ÉPINEUSE. — OUvERTURE DE L'ARC POSTÉRIEUR. — Avant la soudure des lames le canal vertébral présente, en arrière, une scissure médiane el verticale. La persistance de cet élat constitue (1) CRUVEILHIER, loc. cit, suprà, t. I, p. 67. 236 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE le vice de développement connu sous le nom de spina bifida, d'hy- drorachis, etc. Le spina bifida a été observé sur tous les points de la colonne vertébrale. Très rare au cou, moins rare à la région dorsale, son siège de prédilection est la région lombo-thoracique. Schwegel a noté sa présence sur les vertèbres thoraciques d'un rachis dont toutes les autres vertèbres étaient normales. On peut rapporter à l'une ou l'autre des trois variétés suivantes les configurations multiples qu'il peut affecter : 1° Absence d'apophyse épineuse, existence des lames qui offrent sur la ligne médiane un écartement variable ; 2° absence plus ou moins complète de l’apophyse épineuse et des lames ; 3° divi- sion de l'arc postérieur et du corps de la vertèbre. Cetle variété est la plus exceptionnelle. Le spina bifida étant longuement et minutieu- sement étudié dans tous les trailés de chirurgie, on ne me saura pas mauvais gré de m'en tenir à ce que je viens de dire de son siège et de son anatomie pathologique et de ce que je vais dire de la manière dont je pense qu'il se produit. J'ai noté que dans les cas d'hydrocéphalie le défaut de réunion entre elles des diverses parties entrant dans la constitution des os de la voûte du crâne, la non-soudure entre elles des sulures craniennes, l'apparition des os wormiens élaient dus à l'insuffisance ou à l'arrêt de l’ossification des centres d'ossificalion desquels naissent les os du crâne, insuffisance ou arrêt d’ossification déterminés par l'augmentation de la pression excentrique qu'exerce sur eux le cerveau et le liquide céphalo-rachidien. Il faut attribuer de même, à mon avis, dans le spina bifida ou hy- dro-rachis le manque de jonction entre elles des diverses parties dont se composent les vertèbres, à l'insuffisance ou à l'arrêt de développe- ment des noyaux d’ossification aux dépens desquels naissent les diver- ses parties des vertèbres, insuffisance ou arrêt d'ossification causés par l'augmentation de la pression exercée sur ces noyaux d'ossi- fication par la moelle épinière et surtout par le liquide céphalo-rachi- dien préexistant et dont la quantité est très accrue. Le liquide rachi- dien ayant, en vertu des lois de la pesanteur, de la tendance à s’accumuler dans la partie inférieure du canal rachidien, on s’expli- que pourquoi et comment le spina bifida est si rare à la région cervi- cale et si fréquent à la région lombo-thoracique (1). DÉVIATION LATÉRALE. — Il n’est pas absolument rare de voir sur le même sujet une ou plusieurs neurépines thoraciques déviées à droite ou à gauche du plan sagittal médian. (1) Le cône médullaire s'arrête au niveau de la 2° vertèbre lombaire en moyenne et l’enveloppe fibreuse dure-mérienne, le cône dural, comme on dit, descend jusqu’à la 2: sacrée. VERTÈBRES THORACIQUES EN GÉNÉRAL 237 CRÈTE ÉPINEUSE. — Sur l'homme d’un âge mûr sur lequel il a re- trouvé l’apophyse capitulaire des Urodèles, des Crocodiliens, des Oiseaux, etc., G. Pitzorno a observé en outre : 1° Que l'angle inférieur de l'extrémité libre de l’apophyse épineuse de la 4° vertèbre thoracique donnait naissance à un robuste proces- sus vertical mesurant 10 millimètres de longueur et creusé, en ar- rière, depuis son origine Jusqu'à sa terminaison, d'une étroite gout- üère. 2° Que l’angle supérieur de l'extrémité libre de l'apophyse épineuse de la 5° vertèbre thoracique, était constitué par un petit lubercule, situé immédiatement au-dessous du processus vertical descendant de l'angle inférieur de l'extrémité libre de l’apophyse épineuse de [ar 4°: 3° Que l’angle inférieur de l'extrémité libre de l’apophyse épineuse de la 5° vertèbre thoracique, était le point de départ d'un processus, assez fort, vertical, mesurant 6 millimètres de longueur, et par couru, en arrière, de haut en bas, et dans toute son étendue, par un sillon ; 4° Que l'angle supérieur de l'extrémité libre de l’apophyse épineuse de la 6° vertèbre thoracique, était formé par un renflement osseux, placé immédiatement au-dessous: du processus vertical descendant de l'angle inférieur de l'extrémité libre de l’'apophyse épineuse de Sr. Sur une femme morte à l’âge de 69 ans, au mois d'avril 1911, d’une congestion cérébrale à la salle 14 de l'Hospice général de Tours. j'ai vu le sommet de l’apophyse épineuse de la 7° pièce osseuse du rachis thoracique, celui de l'apophyse épineuse de la 8° et celui de l'apophyse épineuse de la 9° réunis entre eux par une mince lame osseuse ininler- rompue dont le bord antérieur était dentelé, tranchant et le bord pos- térieur, renflé, rugueux, partagé en deux dans toute sa longueur, par unerainure. Dans chacun de ces deux cas, il ne s’agit évidemment que d'une ossification locale des aponévroses ou des ligaments qui se fixent sur les neurépines et les relient les unes aux autres, d’une varialion par ossification ligamenteuse. La gouttière dont est creusée, dans chacun de ces deux cas, le bord postérieur de cette prodaction osseuse, inso- lite, son siège, sa configuration, etc., tout plaide en faveur de celle interprétalion. Quoi qu'il en soit, ce mode de conformation rappelle celui qui existe habituellement dans les Oiseaux. Les vertèbres dorsa- les des Oiseaux ont en effet, une grande tendance à se souder. La soudure a lieu le plus souvent, par les apophyses épineuses, très développées dans le sens sagitlal, qui s'unissent alors, au niveau de leur point de rencontre, pour former une crête rigide presque conti- 238 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE nue, Cette soudure peut se faire d’ailleurs encore par les apophyses transverses, voire par les apophyses inférieures quand celles-ci exis- tent. On trouve sur le corps des vertèbres dorsales et sur chacune des apophyses lransverses une surface articulaire pour l’attache de cha- cune des côtes. Il ne semble pas qu'il soit possible de distinguer une région lombaire, ear les dernières vertèbres qui précèdent immédiate- ment le bassin portent des côtes. DE QUELQUES VERTÈBRES THORACIQUES . EN PARTICULIER PREMIÈRE VERTÈBRE THORACIQUE Syn. oz: des auteurs grecs ; lophia des auteurs latins (1) ; Première vraie vertèbre dorsale des anthropologistes, etc. Quaud la 1r° côte fait défaut il en est nécessairement de même de la facette articulaire du centrum et de celle de l’apophyse transverse de la première vertèbre thoracique avec lesquelles elle s'articule. La facette du centrum avec laquelle s'articule la 1'° côte ressemble assez souvent à celles des vertèbres thoraciques moyennes ; la tête de la 1° côte est alors reçue dans une facette constituée en partie par la 7° cervicale, en partie par la première thoracique et en partie par le disque fibro-cartilagineux interposé entre elles (2). Gruber, Turner, etc., ont constaté et j'ai constaté moi-même, l'existence sur le même sujet d’un trou transversaire et d’un trou costo-transversaire (3). Mayer, de Bonn, a signalé la présence d’une articulation entre l’une des deux apophyses latérales de la 1° pièce osseuse du rachis du dos et l’apophyse latérale sus-jacente de la 7° pièce osseuse du rachis du cou. Sur le cadavre de l'homme disséqué en 1878, par D.J. Cunningham et dont l'extrémité libre de l'apophyse transverse droite de la 7° ver- tèbre dorsale était articulé avec un osselet, le sommet de l'apophyse épineuse de la 1 vertèbre thoracique était articulé également avec un pelit os qui n’était rien autre chose, à mor avis, que le noyau d'ossification, demeuré indépendant duquel provient le sommet de chacune des neurépines thoraciques humaines. (1) Parce qu'elle ressemble à une crête de coq, prétendaient-ils. (2-3) Pour détails complémentaires, voy. 7° verlèbre cervicale, ERA", 240 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE DIXIÈME VERTÈBRE THORACIQUE Syn.: 10° ou dernière vraie vertèbre dorsale des anthropologistes. * Au lieu de posséder, à droite et à gauche, deux demi-facettes arti- culaires, le centrum possède parfois une demi-facette articulaire supérieure et une facette articulaire inférieure. De fait la 10° vertèbre thoracique a tous les caractères d’une vertèbre thoracique moyenne franche, mais présente accidentellement des indices précurseurs d’une transformation prochaine des vertèbres thoraciques en vertèbres lom- baires. C’est ainsi que le sommet mamelonné de chacune ou de l’une ou l’autre de ses apophyses transverses peut être formé par deux tubercules et que la facette articulaire qu'il présente en avant est généralement rudimentaire, fait même quelquefois complètement défaut. ONZIÈME VERTÈÉBRE THORACIQUE Syn.: agperns (1) des auteurs grecs ; 17° fausse vertèbre dorsale des anthropologistes. Le sommet de chacune de ses apophyses transverses est souvent constitué par deux et, quelquefois, par trois éminences : une antéro- postérieure qui, pour la plupart des anatomistes, correspond à la por- tion des apophyses transverses des vertèbres lombaires appelées apo- physe latérale (Gegenbaur), apophyse cosliforme ; apophyse costale : une descendante située en arrière de la précédente et dénommée anapophyse (Owen), posterior inferior tubercle (anatomistes anglais et américains) et plus particulièrement apophyse slyloïde parce qu’elle est l’'homologue de l’apophyse styloïde des apophyses transverses des vertèbres du segment postérieur du rachis des Quadrupèdes et une interne, ascendante, généralement plus volumineuse et plus longue que les autres, adossée à l’apophyse articulaire supérieure, apophyse ou {ubercule mamillaire, tubercule apophysaire, métapophyse (Owen), poslerior superior lubercle (analtomistes anglais et américains), etc., qui contribue à transformer en mortaise ou en articulation par engrè- (1) Pour l'explication de la signification de ce mot, voyez plus loin : 12° ver- tèbre thoracique, Anatomie comparée. sien ds tt jte ons OS dd tn nn À HA PU PR DE QUELQUES VERTÈBRES THORACIQUES EN PARTICULIER 241 nement l'articulation jusque-là en arthrodie des apophyses articu- laires supérieure et inférieure contiguës. Ce n’est que très exceplion- nellement que chacune ou l’une ou l’autre des deux apophyses trans- verses de la 11° dorsale est indivise. DOUZIÈME VERTÈBRE THORACIQUE Syn. : duwons, environnante des auteurs grecs et latins; vertebra dia- frammatica de Bronn (1); vertebra anticlinica de Burmeister (2) ; seconde fausse vertèbre dorsale des anthropologistes; vertèbre dorso-lom- baire (3), etc. La facette qui, à droite et à gauche, recoit la tête d’une côte, au lieu d’être située dans le voisinage du pédicule, est assez souvent située sur le pédicule. Sur le sujet d'un âge mûr dont le sommet de l'apophyse épineuse de la 1°° vertèbre thoracique était, ainsi que celui de l’apophyse trans- verse droite de la 7°, articulé avec un osselet, D. J. Cunningham a constaté, en outre, sur la 12° vertèbre thoracique, de chaque côté et immédiatement au-dessous de la prézygapophyse, au niveau du point de jonction de la lame et du pédicule la présence d’un nodule osseux, plat, allongé, mobile, dont la face externe était recouverte de carti- lage comme la portion de la face interne de l'arc neural avec laquelle elle était en rapport, et la face interne adhérente à la capsule arti- culaire.'Il m'est encore impossible de fournir une explication plau- sible de cette anomalie dont la littérature anatomique ne m'a offert aucun autre exemple et que je n’ai jamais observée. Les apophyses transverses de la 12° pièce osseuse du rachis dorsal sont normalement trituberculeuses et anormalement bituberculeuses. Voici en quels termes P. Topinard {/) a relaté le résultat des recher- ches qu'il a entreprises pour se rendre compte du degré de fréquence relatif d'apparition de chacune des diverses configurations que peut avoir l'extrémité libre de chacune des apophyses transverses des 10°, 11° el 12° vertèbres dorsales et de la 1" vertèbre lombaire. « Sur (1) BRON, Klassen und Ordnung des Thier-Reichs Sechsler Band. Säugethiere. Leipzig, 1887. (2) BURMEISTEIR, passim. (3) Parce qu’elle présente à la fois des caractères des vertèbres dorsales et des caractères des vertèbres lombaires. (4) P. TopinaRp, loc. cil. supräà, p. 8. VERTÉBRALE,. 16 242 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE 24 cas de 10° dorsale, 21 fois le sommet de son apophyse transverse était monotuberculeux, et 3 fois il offrait déjà des dispositions à la division en deux tubercules ; sur 35 cas de 11° dorsale, 10 fois il était monotuberculeux, 20 fois bituberculeux, 2 fois trituberculeux et 3 fois il yavait doute. Sur 35 cas de 12° dorsale, 10 fois il y avait deux tubercules et 25 fois trois. Sur 56 cas, enfin, de 1" lombaire, 14 fois il était à deux tubercules ou deux divisions et 42 fois à trois. » Sur 400 rachis masculins et féminins, européens ou non, que j'ai étudiés au même point de vue j'ai constaté ce qui suit : Sur 340 le sommet de chacune des apophyses transverses de la 10° thoracique était monotuberculeux et sur 48, bituberculeux ; sur 3 le sommet de l’apophyse transverse droite était monotubercu- leux et celui de l’apophyse transverse gauche biluberculeux ; sur 2 le sommet de l’apophyse transverse droite était bituberculeux et celui de l'apophyse transverse gauche monotuberculeux ; sur 7 le sommet de l’une des apophyses était monotuberculeux, mais il était impos- sible d'affirmer positivement s'il en était de même du sommet de l'apophyse transverse du côté opposé. Sur 119 le sommet de chacune des apophyses transverses de la 11° vertèbre thoracique était monotuberculeux ; sur 235, bitubercu- leux et sur 11, trituberculeux ; sur 13 le sommet de l’apophyse trans- verse droite était monotuberculeux et celui de l’apophyse transverse gauche, bituberculeux ; sur 15 le sommet de l’apophyse transverse droite était bituberculeux et celui de l'apophyse transverse gauche, monotuberculeux ; sur 2 le sommet de l’apophyse transverse droite était bituberculeux et celui de l’apophyse transverse gauche, tritu- berculeux ; sur 1 le sommet de l’apophyse transverse droite était tri- tubereuleux et celui de l’apophyse transverse gauche bituberculeux ; sur 4 le sommet de l’une des apophyses transverses était bitubercu- leux et celui de l’apophyse transverse du côté opposé, conformé de telle sorte qu'il était impossible d'assurer formellement s’il était seg- menté ou non. Sur 110 le sommet de chacune des apophyses transverses de la 12° vertèbre thoracique était bituberculeux et sur 280 triluberculeux ; sur 1 le sommet de l’apophyse transverse droite était bitubereuleux et celui de l’apophyse transverse gauche trituberculeux; sur 1 le sommet de l’apophyse transverse droite était trituberculeux et celui de l’apo- physe transverse gauche bituberculeux ; sur 8 le sommet de l'une des apophyses transverses était trituberculeux et celui de l'apophyse transverse du côté opposé constitué de façon qu'il était malaisé de dire s’il était divisé ou indivise. Sur 108 le sommet de chacune des apophyses transverses de la 1° lombaire était formé par deux tubercules et sur 292 par trois. DE QUELQUES VERTÈBRES THORACIQUES EN PARTICULIER 243 J'ai noté précédemment que le tubercule mamillaire des apophyses transverses des vertèbres thoraciques lorsqu'il est assez développé, concourt à transformer les articulations par athrodie des apophyses articulaires de ces vertèbres en articulations en mortaise- ou par engrènement propres aux apophyses articulaires des vertèbres lom- baires. Chacune des apophyses articulaires supérieures des éléments osseux du rachis dorsal présente, en effet, une surface cartilagineuse, aplatie, qui regarde en arrière et un peu en haut et qui est recouverte par une surface carlilagineuse semblable dépendant de l’apophyse arliculaire inférieure de l'élément osseux du rachis dorsal, sus-jacent, mais dirigée en avant et un peu en bas. Dans la région lombaire, au contraire, la surface encroûtée de car- tilage de chacune des prézygapophyses est excavée et tournée en dedans pour recevoir la surface convexe revêtue de cartilage de la postzygapophyse placée au-dessus. En anthropo-zoologie on définit ainsi ces dispositions : au dos la vertèbre est recouverte et recouvre : aux lombes elle reçoit et est reçue. À la réunion des deux régions, la 12° thoracique est recouverte par la 11° et reçue dans la 1° lombaire. Mais il n'en est pas constamment ainsi. Sur 68 colonnes vertébrales, P. Topinard a noté que « 51 fois c'était la 12° thoracique qui était reçue, 12 fois la 11° et 21 fois la 1°° lombaire ». Sur les /400 rachis d'hommes et de femmes, d'origine diverse, dont J'ai fait mention plus haut, 297 fois c'était la 12° thoracique, 82 fois la 11° eto1 fois la 1°° lombaire. ANATOMIE COMPARÉE. — La 11° vertèbre a été appelée anciennement « æb$erns, non pas, à écrit Diemerbroeck (1), parce qu’elle a son épine droite, ainsi que Dulaurent l'a cru ; mais parce qu'elle demeure ferme quand toute l’épine se meut ; car, dans la flexion, les vertèbres qui sont au-dessus et au-dessous d'elle s'en éloignent ». Riolan a, de son côté, déclaré dans son /sagog. de ossibus « que l'articulation de la 11° et de la 12° vertèbres fhoraciques est diffé- rente de celle des autres ». Ce sont là des assertions qu'il n’est pas inutile de rappeler aux an- thropologistes modernes qui croient avoir découvert, les modifications de structure et la cause des modifications de structure des apophyses arliculaires el des apophyses transverses des vertèbres de l'homme dans la région qui correspond à celle où s'accomplit chez les Ouadru- pèdes la séparation du train antérieur et du train postérieur. Par suite de la station verticale le rachis offre, dans l'espèce hu- maine, trois courbures, une cervicale et une lombaire, convexes en 1) DIEMERBROECK, loc, cit. suprà, t, II, p. 659, 244 TRAITÉ DES VAKIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE avant et une dorsale, convexe en arrière, el les apophyses des vertè- bres, principalement les apophyses épineuses des vertèbres dorsales, sont dirigées obliquement de haut en bas, sont en réfroversion, les muscles qui s’'insèrent sur elles prenant leur point fixe au-dessous d'elles et surtout sur le bassin ; il n’y a qu’un train. Chez les Quadru- pèdes où la colonne vertébrale, en raison de la station horizontale n’a que deux courbures au lieu de trois comme dans l'espèce humaine, une, cervicale dont la convexité regarde du côté de la face ventrale du corps et une, dorso-lombaire, formant un arc commençant à la base du cou et se prolongeant jusqu’au sacrum et dont la convexité, plus ou moins accentuée, est tournée du côté de la face dorsale du corps, et les apophyses cervicales et la plupart des apophyses dorsales sont attirées dans la direction du membre postérieur sont en réfroversion et les apophyses lombaires et quelques apophyses dorsales sont atti- rées en sens inverse, sont en antéversion ; il y a deux trains : un train antérieur et un train postérieur. De sorte qu’au seul aspect d'une colonne vertébrale, et ainsi qu’en font foi les deux dessins ci-contre, on reconnait l'attitude habituelle d'un Mammifère quelconque. Dans la généralité des Quadrupèdes, une ou plusieurs vertèbres, munies de côtes, font partie du train postérieur. Chez les Primates, plus ou moins bipèdes, homme et Anthropoïde, iln'y a, je me plais à le répéter, qu'un train (1), mais la séparation en deux trains y existe, à l'élat de vestige, et ce vestige correspond à la réunion des vertèbres avec côtes et des vertèbres sans côtes. Dans les uns comme dans les autres, se lrouve constiluée néanmoins, au milieu de la colonne dorso- lombaire, une région mixte ou de transition dont la limite supérieure forme ce que Broca et d’autres ont appelé le nœud de la colonne ver- tébrale et la limite inférieure indique le point de séparation du dos et des lombes. D'où la division, en procédant de haut en bas chez l’homme et les Singes anthropomorphes et, d'avant en arrière chez les Quadrupèdes, de la portion sus-sacrée ou présacrée du rachis : 1° en région cerut- cale (1) ; 2° en région dorsale supérieure ou antérieure ; 3° en région dorsale inférieure ou postérieure ou de {ransilion ; ° en région lom- baire. D'où aussi la division par les anthropologistes des vertèbres dorsales humaines: +) en vraies verlèbres dorsales, au nombre de dix et qui comprennent toutes celles qui sont pourvues de côtes qui se prolongent jusqu'au sternum et 6) en fausses vertèbres dorsales, au nombre de deux et auxquelles sont annexées des côtes qui ne s’éten- dent pas jusqu’au sternum. (1) Pour de plus amples détails sur ce sujet, voy. conclusions générales. DE QUELQUES VERTÈBRES THORACIQUES EN PARTICULIER 245 VIEN.D.SC. da ét . = F5) AUD FR > GPS A, profil de la colonne dorso-lombaire de l'homme ; — 4, cinquième vertèbre lombaire : b, douzième dorsale ; — €, première dorsale. aire du Maki à front noir (Lemur nigrifrons); — 4, sixième B, profil de la colonne dorso-lomb — b, treizième et dernière dorsale; — €, antépénutième et dernière vertèbre lombaire; dorsale dont l'apophyse épineuse n'est pas déviée, — d, cinquième dorsale ; — €, Par- — de, épines du train antérieur inclinées vers le bassin ; — 4, épines tie de l'omoplate: du train postérieur en antéversion; — ii, apophyses articulaires des vertèbres du train postérieur; — 00, apophyses styloïdes descendantes des mêmes vertèbres. 246 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Si, normalement dans l’espèce humaine, les apophyses articulaires des vertèbres lombaires sont moins difficiles à différencier les unes des autres que celles des apophyses articulaires des vertèbres lom- baires des Quadrupèdes et, de même, que dans ces derniers, ne consli- tuent pas en s’unissant entre elles des articulalions, consolidées latérale- ment, chacune, par deux longues et puissantes apophyses, une ascen- dante, l’apophyse mamillaire et une descendante, l’apophyse styloïde, c'est parce que cela n’est pas nécessaire. En raison de la station ver- üicale tous les os du rachis de l’homme demeurent naturellement en contact et ceux des lombes ne sont que faiblement sollicités, pendant la marche, par les tractions musculaires. Sous l'influence de la pesan- teur les vertèbres des Quadrupèdes par suite de station horizontale, tendent, au contraire, à glisser l’une sur l’autre. De plus, dans la marche, dans la course surtout, les Quadrupèdes soulèvent alternati- vement leur train de devant et leur train de derrière et, chaque fois, s'efforcent de redresser la courbure dorso-lombaire. Mais ce mouve- ment n’est manifestement appréciable qu'au niveau du nœud de la colonne vertébrale alias entre le segment thoracique ou antérieur et le segment lombaire ou postérieur dont les éléments osseux sont maintenus énergiquement accolés dans le premier, par les côtes alta- chées au sternum et, dans le second, par les apophyses articulaires composant des articulations par emboîtement, fortifiées extérieure- ment par deux tenons massifs, très allongées. Et c'est pourquoi, je le rappelle, les apophyses épineuses et les apophyses transverses des pièces osseuses de chacun de ces deux segments, s'infléchissent, peu à peu et seules, les unes, en arrière pour former le train antérieur, les autres, en avant pour former le train postérieur. Quoi qu'il en soit, il appert de ce qui précède et de ce qui suivra que les articulalions par emboîtement des prézygapophyses et des postzygapophyses des Quadrupèdes se rencontrent normalement chez l'homme sur les vertèbres lombaires et la seconde fausse vertèbre tho- racique et, accidentellement sur la première fausse vertèbre thora- cique ; les tubercules mamillaires, à l'état rudimentaire, normalement sur les vertèbres lombaires et la seconde fausse vertèbre thoracique et accidentellement sur la première fausse vertèbre thoracique ; les apophyses styloïdes, à l’état rudimentaire, et normalement, sur la 1e vertèbre lombaire et la seconde fausse vertèbre thoraciques et ac- cidentellement sur les quatre dernières vertèbres lombaires et la pre- mière fausse vertèbre thoracique (1). Le tableau ci-dessous indique le point où se fait plus particulière- ment chez l'homme et les autres Mammifères la séparation du tronc (1) Cf. Vertèbres lombaires. Variations de forme. APOPHYSES STYLOÏDES. DE QUELQUES VERTÈBRES THORACIQUES EN PARTICULIER 247 en train antérieur et en train postérieur. La première colonne de ce tableau décèle le nombre habituel de vertèbres, pourvues de côtes et la seconde, la vertèbre qui est reçue. Nombre Nombre de Vertèbre de Vertèbre côtes reçue côtes reçue Homme. . . 42 12 Tatou (Edenté) . . 11 | Gorile(Anthropoïde) 15 45 Pécari (Pachyder- Chimpanzé. . . 13 13 (111) 0 ERA UE 7 11 CRAAGUR Eu" «2. 49 12 H'ROCETOSS À | RAT 18 CAAUOT: CE 0: 48 13 Hippopotame . . . 15 10 Semnopithèque (Pi- BJé0hant. Me" he "20 18 HEC EU... 12 10 Che AE 18 16 Eynocéphale … =: . 13 10 Cohen) 43 41 Macagues.-"2ret ir 10 Cheorenil De ELA A1" Mycèle deco LEA 40 Cenfrélaphe Nm A8 10 AMEL |, SA AE 12 Renner diitireuiattor 14 10 CUS PIE ee" CE PAS 11 Chameats Mu, 1:42 14 Maki (Lémurien). . 13 10 BRU HEIN ES rte 9 Rousselle (Chétrop- BISOIL 1 à TA 13 ere): . 44 10 Kangourou ere Castor cn) AA 11 JD I) NP RERREIT ER D 11 Fourmilier(Edenté). 17 42 Phascolome . . . 16 42 En ce qui concerne la verlèbre reçue de même qu’en ce qui concerne beaucoup d’autres caractères anatomiques, les Anlhropoïides s'écar- tent donc moins de l’homme que des autres singes. D'autant mieux que ce caractère anatomique varie à peu près dans les mêmes limites dans les Singes anthropomorphes et dans l'espèce humaine. Sur 40 An- thropoïdes (1), (12 chimpanzés, 16 gorilles, 5 orangs et 7 gibbons), étudiés à ce point de vue par P. Topinard et moi, 27 fois c'était la dernière vertèbre thoracique qui était reçue (10 chimpanzés, 12 gorulles, 2 orangs, à gtbbons); 10 fois, l'avant-dernière (2 chimpanzés, 5 gorilles, 2 orangs, 3 gibbons) ; 3 fois, la 1° lombaire (1 gorille, 1 gibbon, 1 orang). (1) Dont 18 par P. TopriNarp : 6 chimpantés, 6 gorilles, 1 orang et 5 gibbons. VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL VARIATIONS DE NOMBRE. — Sur les 46 embryons, masculins et fémi- nins, âgés de 2 à 3 mois, étudiés par Rosenberg, Hagen, Petersen, Bardeen, Bardeen et Lewis, 1 avait 6 vertèbres lombaires. Sur les 55 embryons, masculins et féminins, âgés de 3 à 9 mois, que Paterson et Steinbach ont eu à leur disposition, 1 avait 4 vertèbres lombaires et 4, 6 vertèbres lombaires. Voici maintenant ce qu'ont donné les investigations poursuivies dans la même intention, tant en France qu’à l'étranger, par différents anthropologistes, sur des rachis de sujets de l’un et de l’autre sexe, décédés à une époque plus ou moins avancée de la vie et appartenant à diverses races : 2 rachis sur 400 examinés par Staderini avaient 6 vert. lomb.. 2(1) — 18 Blumenfeld (2) — 6 rachis sur 432 examinés par Paterson avaient 4 vert. lomb.et 7, 6 vert. lomb. 3 — 133 — Steinbach — 4 — 2 _ 42 — Ancelet Sencert — 3 — 6 — 350 — Topinard — 11 — 2 — A17 — Tenchini —— 4 — 1 — 430 — Bianchi — 3 — ù — 150 — Varaglia _ 2 — 1 — 150 — Papilllault (3) — 3 -— 2 — 70 — Bardeen — 3 — 4 — 45 — Th. Dwight —- 10 — 3 —- 200 — l'auteur — 6) — Sur 1.738 rachis d’embryons, de nouveau-nés, d'enfants, d'adulles, de gens âgés de l’un et l’autre sexe, européens ou non, le segment (1) Ces rachis appartiennent à deux squelettes figurant parmi les 18 squelettes de sujets allemands que possède l’Institut anatomique de l'Université de Berlin. (2) BLUMENFELD, Th. in. Berlin, 1892, cit. par Caarpy. Arch. méd. de Toulouse, 1907: 3) G. PaPiLLAULT, Bullet. de la Soc. d'anthrop. de Paris, p. 203, 1898. VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL 249 lombaire présentait donc des variations numériques sur 106, soil sur 6 p. 100; 42, soit 2,4 p. 100, avaient 4 vertèbres lombaires et 6%, soit 3,6 p. 100 avaient 6 vertèbres lombaires. Les anomalies de nombre par défaut des pièces osseuses de la région lombaire du rachis sont donc également plus rares que les anomalies de nombre par excès. En outre, les variations numériques de la colonne lombaire sont plus communes que celles de la colonne thoracique et celles de la colonne thoracique que celles de la colonne cervicale. En plus des anatomistes précités, l'absence d'une pièce osseuse dans la région lombaire de la colonne vertébrale a encore été obser- vée par Fallope, Struthers, Calori (sur un fœtus paracéphale acar- diaque), Regalia (2 cas dont 1 sur un Papou de Fly River), Rabl, Adolphi (1), etc.; de 2, par Bianchi; de 3, par Villet et Walsham, etc... et la présence d’une pièce osseuse en plus dans la région lombaire de la colonne vertébrale a encore élé observée par Fallope, F. Dille- nius (2), Tabarrani (3), Struthers (7 cas), Incoronato (4). Regalia, d’Ajutolo (sur un fœtus hydrocéphale né à terme), Alessandrini (sur un fœtus Dicephalus bispinalis, Gurlt), Adolphi, Charpy, Bouchar- don (5), R. Anthony (6), ete., de deux vertèbres lombaires et d'une demi-vertèbre lombaire (7) par d’Ajutolo (sur un fœtus masculin né à 7 mois et dont le nez dépourvu de septum médian antéro-postérieur se terminait à la manière d’une trompe et dont la mandibule était absente, la bouche rudimentaire, chaque orbite remplie d'un tissu graisseux riche en capillaires et le rein gauche privé de capsule sur- rénale), etc. Cas personnels. I-IT-IIT. — Ces trois cas sont ceux que j'ai décrits antérieurement et également, sous les n°° I, IT et III parmi les cas compensés de varia- tions numériques des vertèbres thoraciques qu’il m'a été donné jusqu'ici de rencontrer. (Voy. Vertèbres thoraciques en général, Varia- lions de nombre.) (1) Anozpnt, Morph. Jahrb., Bd. XXXIIT, 1905. (2) F. Drccenius, Decuriæ annorum tertiæ miscell. med. phys. sive Ephem. germ. an. 1699-1700. Norimb., p. 281, obs. CLXIV. (3) TABARRANI, Lelltere d. sign. dott. prof. Tabarrani, elc., p. 37, note b. Siena, 1768. (4) INcORONATO, Arch. p. l'anthrop. e l'elnol., 1874. (5) Le squelette d'après lequel J. Ph. Bouchardon a dessiné ses six planches d'ostéologie à l'usage des artistes, avait 6 vertèbres lombaires. Cf. DuvaL, l'Ana- lomie plastique, p. 190, fig. 68. (6) R. ANTHONY, Bullet. de la Soc. d’anthrop. de Paris, p. 652, 1911. (7) Sur ce fœtus le rachis lombaire était donc formé pas 7 vertèbres el une hémi-vertèbre. Cf. Vert. {h. en général : Hémi-vertèbre. 250 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE IV. Louise C..…., couturière, célibataire, sans enfant, phtisique, décédée le 15 juillet 1878, à l’âge de 31 ans, à la salle 15 de l'Hôpital général de Tours. L'autopsie pratiquée par l’interne de service de médecine, M. Voi- sin, ne révèle, en dehors des lésions classiques de la tuberculose, rien de particulier. Le cadavre, très émacié, mais dont les formes sont bien proportionnées, mesure 1 m. 60 de hauteur. N'étant pas réclamé, il demeure la propriété de l'Iustitut anatomique de l’École de méde- cine et comme il est impossible, en raison des chaleurs estivales, de le garder jusqu'au 4 novembre suivant, date de l'ouverture du cours d'anatomie, pour être disséqué, on le place dans une cuve à macéra- ion pour conserver le squelette, et trois mois après on s'aperçoit que celui-ci renferme une vertèbre lombaire de plus et une vertèbre sacrée de moins. Sur ce cadavre, la formule rachidienne est : 7 c., 19 ne, O1. %s2bcoce. Les deux ptérions revêtent chacun l’aspect d'un Zrenversé; lextré- mité libre de l’appendice xyphoïque est bifide, et de la partie infé- rieure de la face interne de l’humérus droit naît une courte apophyse sus-épitrochléenne, pointue et aplatie de dedans en dehors. Les régions cervicale et thoracique du rachis sont normales; les pièces osseuses de la région lombaire vont en augmentant progressi- vement de volume de la 1" jusqu’à la 6° qui est certainement une pièce osseuse surnuméraire. Voici, du reste, quelques-unes des dimen- sions des vertèbres lombaires : Nes Hauteur Largeur Diamètre Diamètre transv. d'ordre du max. de antéro-post. max. du centrum (1) la vertèbre (2) de la vertèbre (3) centrum (#4) 1 . . 2'em.» 6 cm. 2 6 cm. Ÿ 3 cm. À 2 2 » 6 | 7 2 3 2 3 D. 4 TS 7 9 3 b) 4 . 21 M3 > Et | 1 3 3 9 D 2 4 8 3 7 à) n » 6 D) 4 8 b) 7 9 / il La 5° lombaire diffère à peine de la 4° et la courbe à convexité anté- rieure que décrit, d'ordinaire, le segment lombaire de la colonne ver- tébrale est continuée inférieurement par la 6° lombaire. (1) Au niveau du plan sagittal médian, du bord supérieur au bord inférieur de la face antérieure. (2) Du sommet d'une apophyse transverse à l’autre. (3) Au niveau du plan sagittal médian, du milieu du bord antérieur de la face supérieure au sommet de l'apophyse épineuse. +) Du milieu du bord droit de la face supérieure au milieu du bord gauche. VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL 251 Le sacrum dont la face antérieure mesure 8 cm. 9 de longueur, est composé de quatre éléments osseux dans les deux supérieurs sont articulés avec les os iliaques. Les trous desquels émergent les nerfs sacrés sont, de chaque côté, au nombre de trois. Le coccyx, soudé au sommet du sacrum, comprend quatre éléments osseux dont le dernier de la grosseur d’un pois, est demeuré indépendant. Rien de particulier à signaler du côté des arcs costaux, du sternum et des os iliaques. V-VI. Les deux colonnes vertébrales dont il va être question et à chacune desquelies sont encore annexés les côtes, le sternum et les deux os des hanches, régulièrement conformés, sont celles de deux vieillards, morts à l’hospice de Tours ; l'un, à l’âge de 69 ans, l’autre, de 72, 1l y a un quart de siècle environ. L'une, celle du vieillard le moins âgé, possède 7 c., 12 th., 61.,5s., 5 cocc. Sauf l'apophyse transverse droite de laxis qui est Fe en dehors et la 3° thoracique dont le corps est surmonté, de chaque côté, d'une pelite apophyse (éminence latérale), elle est normale dans son ensemble et dans ses détails. Les 11° et 12° thoraciques, la 1" et la 5° lombaires notamment ont leur configuration, leurs dimensions, leur contexture habituelles. La 11° thoracique est reçue dans la 1° lombaire. Aucune des parties constituantes de la vertèbre en excès, la 6° lombaire, ne décèle qu'elle tend à se transformer en sacrée L'autre colonne vertébrale comporte 7 c., 12 th., 61,5 s., 4 cocc. A part les 4° et 5° cervicales dont chacune des apophyses transverses est ouverte en avant et la 7° cervicale dont chacune des ‘apophyses transverses est perforée, toules les vertèbres cervicales et thoraciques sont normales ainsi que le sacrum et le coccyx. Les apophyses arti- culaires de la 12° thoracique sont embrassées par celles de la 1"° lom- baire. Celle-ci, la seconde, la troisième, l’avant-dernière et la dernière lombaires, sont des 1°, 2°, 3°, 4° el 5° lombaires. La vertèbre lombaire intercalaire se rapproche par sa constitution à la fois de la 3° et de la %°. 11 y a donc lieu de’ croire qu'elle est le produit du dédoublement Hs le sens vertical de l’une et de l’autre. VIL H. C., 25 ans, couvreur, décédé le 20 septembre 1881, à la salle 10, de l'Hôpital général de Tours, à la suite d'une fracture du crâne, de l'os iliaque droit et des deux fémurs. En ouvrant, pour s'as- surer de l’état des parties molles et dures sous-diaphragmatiques, l'abdomen de ce sujet, tombé du toit d’une maison à cinq élages, on s'aperçoit que le segment lombaire du rachis est formé de 6 vertèbres. En raison de ce fait, ce rachis avec les côtes, le sternum et les os iliaques qui en dépendent, sont mis de côté pour être préparés et ulté- rieurement, on constate qu'il a pour formule : 7 c., 12h. avec 12 paires , de côtes dont 7 s'unissent au sternum, 6 1., 5 s., 4 cocc. 252 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBBALE Excepté l’atlas qui a un foramen rétro-articulaire supérieur à droite, la 5° cervicale, deux foramina transversaires à droite et à gauche, la 10° thoracique dont le sommet de chacun des processi latérales est bituberculeux, les vertèbres cervicales et thoraciques, de même que le sacrum, le coccyx, les côtes et le sternum, ne présentent aucune irrégularité. Les quatre premières vertèbres lombaires sont aussi bien, au point de vue de la disposition de leurs apophyses transverses qu'au point de vue de la longueur et de la direction de leur apophyse épi- neuse des 1",2°, 3° et 4° lombaires. Les zygapophyses et la neurépine de la 5° lombaire offrent des caractères intermédiaires à ceux des zygapophyses et de la neurépine d’une 4° et à ceux des zygapophyses et de la neurépine d’une 5°. La 6° lombaire ressemble, sous tous les rapports, à une 5°; elle possède seule un corps cunéiforme. VIII. Colonne vertébrale d'une femme adulte ayant appartenu à mon prédécesseur immédiat dans la chaire d'anatomie de l'École de médecine de Tours, M. le professeur E. Giraudet. Elle est formée par 7c., 12th.,61.,5 s., 4 cocc. Les côtes, le sternum et les os ililaques font défaut. L'apophyse épiaeuse de l’axis, celle de la 2° vertèbre cervicale et celle de la 3° sont seules bifides; l’apophyse transverse gauche de la 6° présente trois trous transversaires dont deux sont très petits et une apophyse épineuse, moins oblique mais presque aussi longue que celle de la 7°. Les apophyses transverses de la 10° thoracique sont unitubercu- leuses; celles de la 11°, bituberculeuses et celles de la 12° qui est la vertèbre thoracique reçue, trituberculeuses. Les facettes costales des corps de la 11° et de la 15° thoracique sont à leur placeet ont leurs dimensions accoutumées. Les quatre premières vertèbres lombaires ont leurs caractères typiques. Par les dimensions du diamètre transversal de son corps et le moindre développement de ses apophyses transverses, l’avant- dernière lombaire est manifestement une 4° lombaire. Par la brièveté de son arc postérieur, ses apophyses transverses et son apophyse épi- neuse, son centrum en forme de coin, la dernière lombaire ne peut être qu'assimilée à une 5°. La vertèbre supplémentaire intercalée dans le troisième segment du rachis semble donc être le résultat d’un dou- blement de la 4° lombaire. Le sacrum est composé de cinq segments osseux dont les trois pre- miers (sacrum vrai de Broca) sont articulées avec les os des iles. La première et la seconde coccygienne de laquelle se détache à gauche une petite apophyse est libre. La 3° et la 4°, très petites, sont soudées entre elles. Pour clore ce qui a trait aux irrégularités numériques des pièces 1477 VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL 253 osseuses rachidiennes humaines, j'avoue qu'aucune des statistiques comparatives de Topinard, de Tenchini, de Bianchi, de Steinbach ne me paraît s'appuyer sur un nombre assez élevé de cas pour pouvoir conclure : que ces irrégularités numériques sont, dans l’un et l’autre des segments rachidiens, cervical, thoracique, lombaire, voire même sacro-coccygien, plus communes dans les races de couleur que dans la race blanche et, dans chaque race, dans le sexe masculin que dans le sexe féminin (1) et chez les gens honnêtes et sains d'esprit que chez les criminels, les aliénés et les idiots. Ce que j'affirme positivement, c'est que dans l'espèce humaine, elles sont, comme dans les espèces animales, plus fréquentes, à mesure qu'on se rapproche de l'extrémité caudale du rachis. ANATOMIE COMPARÉE. — Chez les Mammifères le nombre des vertè- bres lombaires oscille entre 2 et 9. Elles sont au nombre de 2 chez les Monotrèmes, le Fourmilier à deux doigts, V'Aï ; _ th? — Éléphants, les Rhinocéros, le La- mentin, les Marsupiaur ; gorille, le chimpanzé, l'orang ; — + — — l'homme, le gibbon, l'Iylobates syndactylus, V H. variegatus,VH. concolor (S. Müller), PAZ. len- ciscus (Cuvier), les Atèles, les Alouates, le Murin (Chéirop- tère); — — 6 — l’Hylobates agilis (Hartmann), l'A. lar (l'auteur), les Cynocé- phales, les Ouistitis, les Makis, les Tarsiens, la plupart des 7n- sectivores, Sinon tous, le cheval, le bœuf, la chèvre ; — — 1 _ Semnopilhèques, les Cercopithè- ques, les Macaques, les Magots, le chien, le chat, le lapin, les Chameaur ; | | SA | — — 8 — Nyctipithèques, le Loris tardi- grade, le Daman ; — — "9 — Loris grèle. (1) Sur les 8 cas d'irrégularités numériques de la colonne lombaire que j'ai trouvées sur 100 Tourangeaux et 100 Tourangelles, 4 ont trait à des Tourangeaux et 4 à des Tourangelles, La statistique de Topinard n’est pas, à vrai dire, une statistique comparative ; elle est basée sur l'examen de 350 rachis, mais parmi lesquels ne figure qu’un nombre infime de rachis non-Européens. La statistique de Steinbach ne repose 254 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COIONNE VERTÉBRALE Il y a lieu toutefois de présumer que plusieurs de ces chiffres qui ne sont basés que sur l'examen d’un nombre insuffisant de squelettes seront modifiés. D'autant mieux que dans les espèces animales, comme dans l'espèce humaine, les variations numériques, compensées ou non, des éléments osseux du rachis lombaire, sont encore plus communes que celles des éléments osseux du rachis thoracique. Dans les Animaux domestiques où on rencontre beaucoup plus souvent des anomalies numériques dans la colonne lombaire que dans la colonne thoracique, on a même étudié particulièrement les anomalies numé- riques de la colonne lombaire en vue de la détermination possible des races. Camper a vu à Londres un rachis d'orang qui avait 5 vertèbres lombaires et 12 vertèbres dorsales. G. Hervé a non seulement parlé d’une femelle d’orang qui avait 4 lombaires et 11 thoraciques, mais encore d'un orang qui avait 5 Jombaires et d’un gorille qui en avait 3. Alors que l’épine des lombes est formée de 5 pièces osseuses chez l'Hylobates syndactylus, YH. variegatus, V H. concolor (S. Müller), l'A. leuciscus (Cuvier), elle n'est composée que de 4 chez l'A. agilis (Hartmann) et l'A. lar (l'auteur). En traitant des variations de nombre des vertèbres thoraciques, j'ai fait mention également des variations de nombre des vertèbres lombaires qu'offrent également les rachis de deux cynocéphales (Cunocephalus babuinus) et de deux Cébiens (Cebus apella) conservés dans le musée d'anatomie comparée de l'Université de Bologne. Les Sajous ont-ils 5 ou 6 vertèbres lombaires ; les Zndris, 8 ou 9 ; les Galéoptthèques 6 où 7? On n'est pas encore fixé à cet égard. Dans divers genres de Singes, sinon dans tous, la constitution numériquesde la portion lombaire de la colonne vertébrale n’est donc pas plus immuable que dans le genre humain. De ce que l'orang a 12 vertèbres dorsales, il semble, à priori, plus rapproché de nous que les autres Anthropoïdes ; au vrai il en éloigne davantage puisqu'il n’a que 4 vertèbres lombaires et qu’il n’a en tout que 16 vertèbres dorso-lombaires. Ce dont il faut se préoccuper chez un Mammifère quelconque, en effet, c'est plulôt du nombre total des vertèbres dorso-lombaires que de leur répartition dans chacune des deux régions dorsale et lombaire. Or sous ce rapport, le gorille et le chimpanzé se placent à côté de l’homme puisqu'ils ont 17 vertèbres dorso-lombaires (13 dorsales et 4 lombaires) tandis que l’orang n'en a que 16 (12 dorsales et 4 lombaires) (1). N'atlachons cependant pas, à que sur l'examen de 34 rachis d'hommes normaux et de 26 rachis de femmes normales ; celle de Bianchi, sur celui de 10 rachis d’aliénés et de 20 rachis d'’alié- nées, etc. (1) Bugnion, ainsi que je l’indiquerai plus loin (voy. Sacrum, Varialions de pré VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL 255 l'exemple des anciens anthropologisies, une importante capitale à ce caractère. Quoi qu'on en ait dit l'étude des irrégularités numériques des vertèbres dorso-lombaires et principalement celle des irrégularités numériques des vertèbres dorso-lombaires compensées qu'on observe communément, décèle que, depuis le Mammifère le plus élevé, jus- qu'au Mammifère le plus dégradé, la répartition des vertèbres dorso- lombaires dans les régions dorsale et lombaire n'a qu’une valeur rela- tive. Avec 7 vertèbres cervicales on rencontre parfois sur des sque- lettes humains, soit d’un seul côté, soit des deux, 13 côtes ; on dit alors qu'il y a 13 dorsales, mais presque tous les squelettes humains qui présentent ce vice de conformation n'ayant que 4 vertèbres lombaires, il est beaucoup moindre en réalité qu'en apparence. Il se réduit à un trouble local de développement (1) au cours de vie fœtale. C’est ce qui se produit chez le gorille et chez le chimpanré. A mesure que l’on descend dans la série des Primates on voit s’ac- croître le nombre des vertèbres dorso-lombaires.Il y en a déjà 18 (12 dorsales et 6 lombaires) chez les gibbons ; 19 chez les Pithéciens ; les Cébiens possèdent ordinairement 1/4 paires de côtes et 19 vertèbres dorso-lombaires;les Nyctipithèques, 22 dorso-lombaires et le Loris tar- digrade, parmi les Lémuriens, 23. Il est évident que, sous ce rapport, il existe beaucoup moins de différence entre l'homme et les An/hro- poïdes qu'entre ceux-ci et les autres singes. Le nombre des vertèbres lombaires est anormal sur à peu près un dixième des chevaux, que ce nombre soit augmenté ou diminué. S'ils en ont rarement 9 ils en ont, par contre, assez souvent 7. L'une et l’autre de ces malformations peuvent être absolues ou compensées par une malformation en sens inverse des autres régions rachidiennes, notamment de la région rachidienne thoracique. On ne peut affirmer toutefois qu'il y a compensation qu'autant qu'elle siège en avant de la région lombaire ; existerait-11 une vertèbre de plus ou de moins au sacrum, qu'il serait impossible de dire si la vertèbre saine excédente ou déficiente a été empruntée ou cédée à la région lombaire plutôt qu'au coccyx. La première pièce du sacrum n’appartient pas réellement à cet os si elle n’est pas articulée avec l'ilium. Du moment qu'elle est située en avant des articulations sacro-iliaques et lors même qu'elle est soudée intimement au sacrum, on est obligatoirement forcée de la rattacher à la région lombaire. Et son apophyse épineuse en anté- version ou tout au plus verticale, au lieu d’être, comme celle de la pre- mière verlèbre sacrée, en postéro-version, l'indique aussi nettement. nombre des vertèbres, Anatomie comparée), attribue 6 vertèbres sacrées à l'orang de sorte que chez cet anthropoïde, le nombre total des vertebres reste le même que celui des vertèbres de l’homme, du chimpanzé et du gorille. 1) Pour détails complémentaires, voy. 5° verlébre lombaire, Côles lombaires. 256 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Tous les anatomistes vétérinaires depuis Daubenton ont rencontré des chevaux à 5 vertèbres lombaires avec un nombre régulier de ver- tèbres dans chacun des autres segments de la colonne vertébrale. Cette conformation serait même, au dire de Sanson (1) spéciale à une espèce chevaline, à l’Equus caballus africanus, au cheval barbe. Dans l’article Squelette du Dictionnaire de médecine et de Chirurgie vélérti- naïres (t. XX) écrit par Sanson, on relève, en effet les lignes suivantes : « Dans chaque genre et dans chaque espèce, le nombre des vertèbres, les coccygiennes mises à part, doit ètre considéré comme normale- ment fixe... La portion lombaire du rachis est celle qui, seule, pré- sente des variations spécifiques de nombre ; c’est aussi celle où les malformations et les irrégularités résultant de conflits d'hérédité sont les plus fréquentes... Toutes les espèces du même genre ont le même nombre de vertèbres dorsales. Les variations sont exclusivement gé- nériques. Par exemple, tandis qu'il y en à 18 chezles Équidés, on n’en compte que 14 chez les Bovidés et les Ovidés, 15 chez les cochons do- mestiques de l'Europe occidentale et méridionale. « Chez les ânes les vertèbres lombaires sont constamment au nombre de 5; chez toutes les espèces chevalines connues hormis une — (l'Equus caballus africanus) — on en compte normalement 6. » Sauf en ce qui touche la formule rachidienne thoracique des Équi- dés caballins et la formule rachidienne lombaire des Asiniens, autant de mots, autant d'erreurs. Goubaux (2), en 1867-68, H. Toussaint (3), en 18-6, et Moussu, en 1891, ont successivement combattu les idées de Sanson sur les lypes spécifiques et démontré que les variations du rachis sont fréquentes dans toutes les espèces animales et indépen- dantes de la race, que les Chevaux barbes notamment ont d'ordinaire 6 lombaires comme les autres et que le chiffre 5 peut se trouver, à titre exceptionnel, dans toutes les races. Divers médecins-vétérinaires militaires ayant résidé en Algérie assurent que la réduction du nombre des articles de l’épine lombaire à ne s'observe pas plus communément chez les Chevaux africains que chez les autres chevaux. Sur tous les Chevaux amenés pendant un an au clos d’équarrissage de Philippeville, Capron n’en a trouvé qu'un qui avait 5 vertèbres lom- baires; sur 25 chevaux qu'ils ont autopsiés en Afrique; Causse, Marly, Piétrement, Chevalier et Bonnaud (4) n’en ont trouvé également (1) Voy. aussi SANSON, Les types spécifiques en zoologie. Journ. de l'anat., 1867. (2) GouBaux, Journ. de l'anat., 1867-1868. 3) ToussainT, Journ. de l'École vétér. de Lyon, 1876. (4) CAPRON, CAUSSE, MARLY, PIÉTREMENT, CHEVALIER, BONNAUD, Journ. de méd. vélér. milit., 1867-68. D TS VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL 257 qu'un et ce n'était point un barbe, mais un syrien de provenance authentique. Sur 15 Chevaux algériens, Monod (1) a, enfin, noté cons- tamment la présence de 6 lombaires. Mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Jusqu'à la fin de sa vie, et j'en sais quelque chose par les entretiens que j'ai eus avec lui dans la salle des séances de la Société d'anthropologie de Paris ou dans la salle des Pas Perdus de l’Académie nationale de Mé- decine, rue des Saints-Pères, le professeur, Sanson, de l'Institut agro- nomique, soutint contre toute évidence : 1° que les Chevaux barbes ou africains ont 5 lombaires ; 2° que les autres chevaux sur lesquels on rencontre accidentellement 5 lombaires ont du sang africain dans les veines, seraient-ils en apparence de parfails percherons, bretons, boulonnais ou flamands. De ce que les Vaches normandes possèdent souvent 6 tétines et les chiens tsins seulement 14 à 16 molaires au lieu de 26, il faut donc con- sidérer toute béle bovine comme ayant du sang normand dans les veines et tout roquel dont le nombre des molaires est inférieur à 26 comme mélis de sin japonais ? Poser la question, c'est la résoudre. Et les chevaux qui ont 7 vertèbres lombaires ? Sanson n’en a eu cure. Ce qui est encore plus stupéfiant peut-être dans l’article du Dic- lionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires que j'ai retranscris plus haut, c’est de voir l’auteur attribuer, comme nombres fixes, 14 vertèbres thoraciques et 14 paires de côtes au bœuf, au mouton el à la chèvre; 15 thoraciques et 15 paires de côtes aux Cochons do- mesliques européens. Il n'est pourtant pas un boucher qui ignore que le nombre des côleleltes est de 13 de chaque côté, chez les bœufs et les moulons et fréquemment de 14 chez les porcs. Après de telles erreurs quel crédit peut-on accorder à toutes les as- sertions de Sanson sur le crâne et le rachis comme critérium des races et des espèces? Et quelle lecon pour les débutants sur le danger de généraliser d’après des cas particuliers et sur la nécessité de mul- tiplier les observations, de les accumuler avant de conclure! La formule rachidienne de l’äne est : ze, 1040615 L.,5rs3%l17 498 éncc: Abstraction faite du coccyx, elle diffère donc de celle du cheval (7 c.,18th.,6 L.,5 s.,17 à 20 cocc.) par une lombaire en moins (2). Mais (1) Moussu et Monod, Rec. vét., 1891. (2) Tous les Hippotomistes, Sanson compris, s'arrêtent, du reste, dans l’appré- ciation de la formule vertébrale des Équidés, à l'articulation du sacrum avec VERTÉBRALE, 17 258 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE cette formule, et j'en ai déjà fourni quelques preuves (voy. Verlèbres thoraciques en général, Variations de nombre, Anatomie comparée), r'est pas plus immuable que celle du cheval ou d’un autre Mammifère domestique. En voici de nouvelles preuves. Lesbre a disséqué un âne qui avait 6 lombaires et le reste du rachis normal. Je dois à Fachet, vélérinaire sanitaire du département d'Indre-et-Loire, d'avoir pu cons- tater une disposition identique sur un énon dont il garde le squelette. On peut voir au Muséum d'Histoire naturelle de Lyon, un âne de Syrie qui a 6 lombaires, 18 thoraciques avec 18 paires de côtes. Puis- que maître Aliboron est susceptible d'avoir la formule vertébrale du cheval, 11 est bien clair que cette formule n’a qu'une valeur secondaire pour les différencier l’un de l’autre. Lecoq gratifie le mulet de 5 lombaires ; Franck et Martin de 6 ; Chauveau et Arloing de 5 ou 6 ; Goubaux de 5 et quelquefois de 6 ; Lesbre de 6 et quelquefois de 5, etc. Un daw, dont le squelette figure parmi les collections anatomiques du Muséum d'Histoire naturelle de Lyon offre 7 c., 18 th.,71.,5s. D'après Franck, il n’est pas très exceptionnel de trouver 7 vertèbres lombaires chez le bœuf (Bos taurus) avec le nombre normal de vertè- bres thoraciques. Je n’ai jamais rencontré, pour ma part, cette ano- malie qui apparaît de préférence, on le sait, sur les Bœufs zuri- chois. Rigot et Goubaux donnent 6 lombaires aux Ovidés ; Chauveau. Ar- long, Franck, Martin, Cornevin, Lesbre, S. Thomas, etc., 6 ou 7. Ce sont ces derniers qui ont raison. Les Ovidés ont pour formule verté- brale ordinaire : 7 C., 19 th., 6 ou :1., 4s,, 16 à 24 cocc. Dans l'espèce ovine on trouve proportionnellement, aussi bien sur les sujets appartenant à la même race que sur les sujets appartenant à des races différentes, autant de sujets à 5 lombaires que de sujets à 6. Le regretté professeur Giacomini m'a montré au musée anato- mique de l'Université du Turin, le squelette d’une Brebis bergamasque dont la portion pré-sacrée de l'épine est formée de 7 cervicales, 14 tho- raciques et 5 lombaires. Trois squelettes de Moulons à grosse queue du Muséum d'Histoire naturelle de Lyon ont, chacun, 7 cervicales, 13 thoraciques el 6 lombaires. Mon musée particulier renferme, je le rappelle, deux rachis, l’un d'une chèvre commune, l'autre d’un chat domestique aui sont com- les os iliaques, le segment caudal de la colonne vertébrale des Équidés étant sujette à trop de variations atrophiques pour mériter d'entrer en ligne de compte. F "at Le VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL 259 20: posés, l’une, de 6 c., 14 th. avec 14 paires de côtes et 6 I.; l'autre, de 7 C., 14 th. avec 14 côtes et 6 1. Girard et Lesbre ont vu, le premier, un chien (Canis familiaris) qui avait 8 1. sans aucune irrégularité numérique des éléments osseux des autres régions de la colonne vertébrale ; le second, deux chiens, un épagneul et un Slougi, qui avaient 14 th. avec 14 côtes et 7 1. J'ai re- trouvé cette dernière malformation sur un levrter et un basset. Une anomalie assez fréquente chez le lapin (Lepus cuniculus) et sur laquelle Darwin a appelé, je crois, le premier l'attention, consiste dans la présence de 8 lombaires dans le rachis, normalement constitué par ailleurs, de ce rongeur. Le porc (Sus scrofa domeslicus) a : 5 vertèbres lombaires, au dire de Cuvier et Blainville ; 6 — — Buffon ; 7 =- — Girard, Rigot, Goubaux. Selon Leyh il en possède habituellement 7,assez souvent 6 et excep- tionnellement 5 ; selon Chauveau et Arloing, 6 ou 7, mais le plus souvent 6; selon Franck et Martin; 6 ou 7, parfois 8 ou 5, Sanson en a rencontré invariablement 4 dans les Porcs de l'Europe orientale et méridionale et { dans les Porcs de race chinoise, et Eyton, 4 sur un Porc chinois, 5 sur un Porc commun ou à orerlles pendantes, 6 sur un Verral chinotrs et une Trute africaine. Dans l’Ostéographie de Blainville on lit que: «le Sus larvatus a 7 c., Ed, #1: 4.8.» Le Musée du Collège des Chirurgiens de Londres contient : Un squelette de porc domestique diode Quatre squelettes de porcs domestiques à 14 d.et6 I. Un squelette de porc domestique à 14 d.et71. — — — +104 er Parmi les collections de Rohde (1), de Berlin, existent : Deux squelettes d'Yorksire à 14 d. et 6 1. Quatre — —— 15 — 6. Un _ — VAEST AR À — — de Berkshire 15 — 61. — —- Suffolk 15 — 6. — — Masqué 14 — 51. — — Papouan 14 — 51. — — Chinois(2)13 — 61. — — — 14 — GI. (1) Roupe, Schweininzucht — Vierte neue bearbalele. Auflage. Berlin, 1892. (2) L’extrémité distale de chacune des apophyses transverses de la 1r° ver- tèbre lombaire de ce Suidé présentait une côte rudimentaire. 260 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Sur 18 pourceaux, Cornevin et Lesbre ont observé les formules pré- L sacrées suivantes : PcelCceleeE ARE Me © 2 = Æ © 5 GLS = Æ o © Le T T TT = T Commune àoreil- les pendantes.| 7 Essex.. 7 6 Idem. : T re 7 5 no NT Se ï Japonaise. l 5 Napolitaine . î Indéterminée. 7 6 LAURE 7 7 6 Maugalieza. 1 7 7 Yorkshire 7 7 7 Berkshire. 7 7 7 pre 1 7 6 | J'ai noté, moi-même, la présence : - Sur 14 Porcs domestiques 6 fois de 7 c., 14 Lh., 7 1., 4 s., 21 cocc.; 5 fois de 7 c., 15 1h.,61., 4 s.,23 cocc.; 1 fois de 7 c:, 14th:,61°72s7 22 cocc.; 1 fois de 7 c., 14 th.,8 I., 4 s., 21 cocc. Sur un Porc africain de 7 c., 13 th., 61., 4 s., 23 cocc. (1); Sur un Porc ture où Mongolitz de 7 c., 14 th., 7 1., 5 s., 22 cocc.; Sur un Porc de race chinoise de 7 c., 14 th., 51., 4 s., 23 cocc.; Sur le Bène (Sus papuensis) de 7 c., 14th., 7 1.,4s., 22 cocc. Au total, si la formule rachidienne des Porcins est : 7 é.,14 ou 15th., 6ou 71., 4 s., 21 à 23 cocc., il résulte des témoignages des zootomistes les plus dignes de foi et de ce que j'ai constaté moi-même qu'elle change à chaque mstant el dans une large mesure. N'a-t-on pas rencontré des Porcins qui avaient: L ‘ Nombre é ; de vertèbres j Cervicales Thoraciques Lombaires pré-sacrées TC 45 4 26 ïl: 16 4 97 f 44 js) 26 ve 45 b) 91 7. 16 b) 28 Te 43 6 96 {= 14 6 97 (1) Un porc africain examiné par Eyton avait la même formule vertébrale. VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL 9h] Nombre de vertèbres Cervicales Thoraciques Lombaires pré-sacrées ie 45 6 28 La 16 6 29 ja 15 7 27 1È ho LA 7 28 re 15 Ti 29 7. 14 8 29 Ainsi donc le nombre des éléments osseux du segment lombaire du rachis du Porc domestique varie de 4 à 8, c’est-à-dire du simple au double. Pourquoi? Parce qu'il n'est pas d'animal appartenant à l’ordre des Mammifères plus malléable dans son squelette, comme il n'en est pas de plus plastique dans ses formes extérieures. Au lieu d'admettre celte malléabilité et cette plasticité bien connues de tous les éleveurs, Sanson a trouvé plus naturel d'affirmer qu'il y a plusieurs espèces porcines dont l’une, l’occidentale, a toujours 6 ver- tèbres lombaires et l’autre, la chinoise ou siamoise, seulement 4 (1). Un coup d’æil jeté sur les pages qui précèdent montre l'inanité de cette affirmation, puisque sur des Pourceaux à oreilles pendantes cor- respondant entièrement au type celtique de Sanson, on observe Jour- nellement des formules rachidiennes différentes ; que sur des Pour- ceaux japonais de provenance absolument authentique Rohde, Cor- nevin, Lesbre et moi nous avons découvert 5 et 6 lombaires au lieu de 4; que sur les Pourceaux anglais d' Yorkshire el d'Essex qui dérivent manifestement du croisement chinois-européen, on a rencontré», 6 et même 7 lombaires. Enfin la Truie japonaise, étudiée par le professeur Lesbre, et le goret chinois, étudié par moi, avaient, tous deux, la for- mule vertébrale (7 c., 14 th., 51.,4 s., 20 cocc.) des Sangliers d'Europe et d'Afrique, ce qui ne sera pas sans embarrasser les naturalistes qui, de par l'anatomie, contestent la parenté du sanglier et du Porc domes- tique. VARIATIONS DE DIMENSIONS ET DE POIDS. — (Voy. Vertlèbres cervicales en général. Variations de dimensions el de poids.) VARIATIONS DE STUCTURE ET DE CONNEXIONS. — À ce que J'ai écrit à ce propos en traitant des variations de structure el de connexions des vertèbres cervicales en général, je n'ai à ajouter : 1° Que c'est surtout sur les vertèbres lombaires et les dernières vertèbres thoraciques qu'on rencontre la variété d’ankylose sénile, décrite par Cruveilhier sous le nom d'ankylose par invaginalion et qui (1) SANSON, C. rend. de l'Acad. de sc., t. LXII, p. 929. 262 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE consiste dans l'union, plus ou moins complète, d'un plus ou moins grand nombre de vertèbres entre elles par une couche osseuse qui forme comme une espèce de gaine; 2° Que les canaux veineux qui parcourent chaque centrum verté- bral acquièrent généralement leur maximum de calibre et de com- plexité dans les vertèbres les plus voisines du sacrum. D'ordinaire, ils naissent, chacun, d’un tronc commun divisé horizontalement et d’arrière en avant, s'ouvrant sur la face postérieure du centrum et qui se divise bientôt en deux, trois ou quatre branches, dont les unes se terminent sur les faces latérale et antérieure du centrum et les autres dans les cellules aréolaires dont il est presque entièremeut composé. SEGMENTATION DE L'Os. — Je ne sache pas que la division complète ou incomplète de l’une ou de l’autre des vertèbres lombaires en deux moiliés latérales, ait été signalée jusqu'ici; je ne l'ai jamais rencon- trée, pour ma part. Mais la 5° lombaire est parfois partagée en deux fragments : un antérieur formé par le centrum, les deux pédicules et les deux prézygapophyses, et un postérieur, par les deux postzygapo- physes et les deux neurapophyses. J'étudierai plus loin, en m'occupant des anomalies de cet os, celte anomalie connue sous le nom de spon- dyloschyse (syroi, fente). Hémi-verrÈBres. — (Voy. Verlèbres thoraciques en général. Hémi- verlèbre.) VARIATIONS DE FORME. — De même que celles des vertèbres des segments cervical et dorsal du rachis, les variations de forme des vertèbres du segment lombaire, se résument dans celles que peut offrir chacun des éléments osseux qui entrent dans la constitution de chacune d'elles. Indiquons donc, séparément el à tour de rôle, les modificalions de configuration que subit accidentellement chacun des éléments osseux dont la réunion compose une vertèbre lombaire. CORPS FACE SUPÉRIEURE. — VARIATIONS DE NOMBRE ET DE DIMENSIONS DES OSTIA DES CELLULES DU TISSU SPONGIEUX. — Sur chacune des faces articulaires, mais principalement sur la face supérieure de chacune des vertèbres lombaires et à la périphérie de cette face, on remarque une série d’orifices plus ou moins nombreux et plus ou moins larges. Les corps vertébraux qui forment, par leur superposition, la colonne VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL 263 d'appui des parties les plus élevées de l'organisme sont essentielle- ment composées, on ne l’ignore pas, par du tissu osseux spongieux. Ils possèdent donc surtout comme moyens de résistance des lamelles et des filaments osseux extrèmement déliés. Mais ici, la quantité des itrabécules osseuses en compense la ténuilé; elles s'étendent, pour la plupart, de la face supérieure à la face inférieure, de sorte que chaque tronçon de la colonne peut ètre considéré comme une agglomération de colonnes filiformes reliées les unes aux autres par des lamelles transversales ou obliques; de l’entre-croisement des deux ordres de lamelles résultant de larges aréoles à parois incomplètes el irrégu- lières. Dans les grands Mammifères, dans la baleine par exemple, les lamelles transversales affectent une direction longitudinale; il suit d’une telle disposition que celles-ci se transforment en tubes. On voit ainsi naître de chaque face articulaire de la vertèbre une prodigieuse quantité de tubes, très pelits, parallèles, qui s'étendent jusqu’à la face opposée. Les orifices que les faces articulaires de chaque centrum vertébral offrent chez l'homme, sont la conséquence d'une disposition analogue, mais beaucoup moins régulière. C'est à cet arrangement spécial du tissu osseux spongieux plus parfait dans le corps des vertèbres lombaires que dans celui des autres vertèbres et du volume plus considérable des vertèbres lombaires que celles-ci doivent à la fois de ne pas fléchir sous le poids et de résister victorieusement aux tractions énergiques et répétées qu'elles sup- portent. La grande dureté des éléments osseux de la colonne verté- brale et principalement de ceux qui avoisinent le sacrum n’a pas, du reste, échappé à l'attention des Anciens, puisque c’est après le 18° que la plupart des écrivains hébreux ont placé l'os Lus. Une fois n’est pas coutume. On ne m'en voudra donc pas trop, je suppose, si je consacre incidemment quelques mots à cet os dont il n’est pas fait mention dans les traités modernes d'anatomie humaine, mais sur lequel j'ai déjà été appelé, en 1905, à fournir quelques ren- seignements pour répondre à une question que m'avait posée en ces termes, dans un de nos journaux para-médicaux très répandus, /a Chronique médicale, M. le docteur Michaut. « Comment au Jugement dernier Dieu réparera-t-il les dommages causés à nos corps par la chirurgie moderne ? « Je soumets celte question au professeur Le Double qui est chi- rurgien. » Voici ma réponse (1) : « Si M. le docteur Michaut veut ouvrir l'Analomie de Gasp.-Bauhin, 1) A. Le Douce, Est-il permis aux prêtres catholiques de disséquer le corps humain ? La Chronique médicale, n° 9, p. 306. Paris, 1905. 264 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE au chapitre XLVIIT, du livre [, il y trouvera la description d’un os qui, d'après plusieurs écrivains hébreux, existerait dans la colonne vertébrale humaine et auquel ils ont donné le nom de Lus. Cet os serait indestructible et ce serait autour de lui que se rassembleraient au jour du Jugement dernier toutes les parties disparues du corps humain pendant la vie el après la mort (1). « Je reproduis à l'intention, non de M. le docteur Michaut qui est un bibliophile, doublé d'un érudit et d’un lettré, mais des lecteurs de la Chronique médicale qui ne sont pas anatomistes, le texte de G. Bauhin : « Les écrivains hébreux, a-t-il noté, disent que dans le corps de l’homme, il y a, après la dix-huitième vertèbre, un certain os, lequel ne peut être corrompu ni par l’eau ni par le feu, ni par aucun autre élément, ni non plus être rompu ou brisé par aucune force exté- rieure; qu'au jour du dernier Jugement Dieu arrosera cet os d’une rosée céleste et qu'alors tous les membres s'assembleront autour de lui, et se réuniront en un corps, qui étant animé de l'esprit de Dieu ressuscitera vivant. Ils appellent cet os Lus et non Luz, qu'ils disent situé dans l’épine du dos, après la dix-huitième vertèbre, vers l'os de la cuisse. Rabbi Uschaga est l’autheur de cette fable, qui vivait l'an de J.-C., 210 environ, lequel temps il composa un livre que l'on appelle Bereschet rabba, c'est-à-dire la grande glose sur le Pentateuche. Cet os, disent-ils, ne peut jamais ni être brûlé, ni corrompu, parce que sa racine est de substance céleste, et qu'il est humecté de rosée, par laquelle, comme par un ferment Dieu ressuscitera les morts. « Ils veulent encore que la cause qui fait que cet os dure plus que les autres, est qu'il ne perçoit pas le goût des aliments des hommes comme les autres os, ce qui le rend plus durable et fait qu'il est le fondement du corps, lequel est tiré de lui. On lit encore chez eux que l'empereur Adrian avait demandé à Rabbi Jehosua, fils de Chamina : D'où c’est que Dieu tirera l’homme dans les siècles à venir ? Il répon- dit : De l'os lus qui est dans l’épine du dos. Qu'Adrian lui aiant encore demandé d'où il scavoit cela et comment il le prouverait ? Qu’alors Jehosua fit apporter cet os à la vuë de tous, et qu'étant jetté dans l’eau il ne fut point ramolli, qu’aiant été jetté dans le feu, il ne fut point brûlé, qu'étant mis sous une meule il n’en fut point brisé, qu'étant placé sur une enclume et frappé du marteau, l’enclume se rompit, et l'os n’en souffrit aucune diminution. Munsterus écrit que les Rabbins ont dit que cest os est dans le cou. Vesal écrit qu'il est appelée par les (1) Depuis que j'ai écrit ces lignes, j'ai vu que Jacques Grévin (1569) a fait jouer le mème rôle au sésamoïde interne du gros orteil : « 11 n'est aucunement, a-t-il déclaré, subject à la corruption ; il est conservé dans la terre jusqu’à ce qu'au temps de la résurreclion il s'en élève un homme comme d’une graine ». | : rer. VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL 265 Arabes ALBApARAN el qu'il répond à la figure d’un poids; et il doute s’il n'est point un petit os qui est entre les deux autres sésamoïdes que l'on voit en la première jointure du pouce du pied, lequel os est extrêmement dur. Mais Hiéron Magius rapporte que les Tahlmudistes et les autres Hébreux ont imaginé qu'il est situé auprès de la base du crâne ou dans la base même, ou dans la nuque; que selon d’autres, il est la première des douze vertèbres, à laquelle le thorax commence, et qui avance et paraît beaucoup lorsque nous penchons la tête. » Ce texte est accompagné de plusieurs notes justificatives. Cornelius Agrippa, dont Rabelais s'est si souvent et si spirituellement moqué, ne mettait pas encore en doute l'existence de l'os Lus. (Voy. sa Philos. occ., ch. XX.) FACE INFÉRIEURE. — TuBERCULE MUSCULAIRE. — (Voy. Vertèbres cervicales en général. Variations de forme.) CIRCONFÉRENCE. — FosserTe LATÉRALE. — (Voy. Vertèbres tho- raciques en général. Varialions de forme.) VARIATIONS DE L'EMPREINTE AORTIQUE. — (Voy. loc. cit. suprà.) VARIATIONS DE LA GOUTTIÈRE TRANSVERSALE. — Le corps des vertèbres, celui des vertèbres cervicales excepté, est creusé d'une gouttière horizontale beaucoup plus profonde sur chacune des faces latérales que sur la face antérieure, sur une des faces latérales que sur l’autre dans les cas de déviation de l’épine, chez les vieillards que chez les jeunes gens, etc. Économie de poids et de volume, tel est le double avantage de cette dépression circulaire essentiellement destinée, prélend-on à loger les vaisseaux intercoslaux et lombaires, mais qui me semble plutôt être un vestige de l’étranglement circulaire qu'offrent les vertèbres cervicales des Oiseaux et les vertèbres des Porssons et des Reptiles. Peut-être convient-il de voir de même dans la dépres- sion cervicale de chacune des faces articulaires du centrum des élé- ments osseux rachidiens moyens et inférieurs un rudiment de la grande cavité bicône que présente le centrum de ces éléments osseux dans les Poissons où ils acquièrent leur complet développement ! Quoi qu'il en soit, j'ai eu la bonne fortune de trouver au mois de juin 1908, sur un miséreux angevin, décédé à l’âge de 47 ans, à l'Hôpital général de Tours, la 3° vertèbre des lombes dont la dépres- sion circulaire horizontale du centrum était si prononcée que celui-ci paraissait réellement constitué par deux troncs de cône accolés par leurs surfaces arrondies les plus étroites. Deux de mes élèves, Cha- vaillon et Dubois, ont l’un photographié, l’autre pris un croquis de celte vertèbre. 266 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Quelques années auparavant, un autre de mes élèves, le docteur Guérard qui a exercé pendant un certain temps la médecine à Mada- gascar, m'avait fait parvenir la seconde vertèbre lombaire d'une femme hova adulte qui offrait, mais d’une façon moins nette, le mode de conformation dont il s’agit. PÉDICULE Ainsi qu'à la région thoracique, l’échancrure inférieure de chaque pédicule vertébral est plus profonde que l’échancrure supérieure, mais ainsi également qu'à la région thoracique, cette règle tolère des exceptions. En ce qui me concerne, j'ai disséqué à l’Institut anatomique de l'École de médecine de Tours, pendant l'hiver de 1883, un aliéné de 62 ans, dont l’échancrure inférieure de chacun des pédicules des deux premières vertèbres lombaires était moins profonde que l’échancrure supérieure et l'échancrure inférieure de chacun des pédicules des trois dernières vertèbres lombaires de la même profondeur à peu près que l’échancrure supérieure. MASSE APOPHYSAIRE À. APOPHYSES TRANSVERSES. — VARIATIONS DE LONGUEUR. — Dans le rachis lombaire, ce sont les apophyses transverses de la »° pièce osseuse qui sont les plus longues, mais il n’est pas absolu- ment rare que ce soient celles de la 3° ou de la 4°. En dehors de ces variations de longueur, il existe des variations de longueur des apo- physes transverses des vertèbres des lombes qui dépendent de leurs modifications de structure. C’est ainsi que les dimensions transversales de l’une ou l’autre d’entre elles sont plus ou moins accrues quand, au lieu d’être formée par un seul élément osseux, elle est formée par deux, un interne et un externe, articulés entre eux ou reliés l’un à l'autre par une mince couche de cartilage ou un cordon fibreux, c'est- à-dire, quand apparaît une côte lombaire diapophysaire. Sur la colonne vertébrale d’un nègre adulte conservée au Musée zoologique de l’Ins- Utut supérieur de Florence (n° 66) et qui a pour formule : 7 c., 12 th., 41.,58s., l'apophyse transverse gauche de la 1" lombaire, mesurant 3 millimètres de longueur, se termine par une facette articulaire, légèrement convexe. Topinard a vu un ou deux cas où la tige de l'apo- . Le til + VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL 267 physe costiforme de la 1° lombaire des deux côtés manquait totale- ment comme si on l'eût coupée et remplacée par une surface articu- laire, plane, elliptique, dont le grand axe mesurait de 4 à 8 millimètres. « Ce serait l'articulation d’une côte supplémentaire disparue, a remar- qué l’ancien secrétaire général de la Société d'anthropologie de Paris, mais il y a une grave objection, c’est que j'ai retrouvé la même sur- face lisse et cartilagineuse dans quelques cas sur la 12° dorsale simul- tanément, sur une 15° dorsale ayant sa côte normale, J'en conclus que c'est plutôt l'épiphyse complémentaire de l'apophyse qui ne s'était pas soudée el était restée dans les chairs. Les sujets étaient adultes dans tous les cas. » En ce qui touche la 12° dorsale, lassertion de Topinard est admissible, puisqu'il est acquis que le noyau d’ossifica- tion apical de l’apophyse transverse d’une vertèbre thoracique peut demeurer indépendant et former avec.le reste de cette apophyse une articulation diarthrodiale. Elle est inacceptable, ce me semble, en ce qui concerne la 1"° lombaire puisque, d'une part, dans le cas où les deux cas signalés par Topinard, la tige de l'apophyse costiforme de la 1° lombaire faisait complètement défaut à droite et à gauche, et, d'autre part, l'apophyse transverse gauche de la 1° lombaire du sque- lette du nègre figurant dans le Musée zoologique de l'Institut supé- rieur de Florence, avait subi une énorme réduction de longueur. Il est plus plausible de croire, à mon avis, qu’il ne s’agit ici que d’une insuffisance de développement de l’apophyse transverse de la 1° lom- baire compensée par un excès de développement en dedans de l’extré- mité interne d'une côte lombaire diapophysaire qui a été égarée, mais dont l'existence est attestée par la facette articulaire qui termine en dehors la partie présente de l'apophyse transverse, Au vrai, les variations de longueur de l’une ou l’autre des apophyses transverses lombaires dépendent le plus souvent de celles de sa por- tion externe considérée par la plupart des anatomistes comme une côte ou un rudiment de côte et dénommée, pour ce molif, apophyse latérale, costale ou costiforme. C'est aussi, d'abord, à Fhypertrophie ou à l’atrophie de l’apophyse costiforme, et ensuite à l'hypertrophie ou à l'atrophie du tubercule mamillaire ou de l’apophyse styloïde, qu’en raison de leur importance, j'étudierai séparément plus loin, qu’il convient d'attribuer les variations de volume par excès ou par défaut, que peut offrir l’une ou l’autre des apophyses transverses. VARIATIONS DE DIRECTION. — Chacune des apophyses transverses de. la 1° lombaire est franchement transversale, sauf une légère inclinai- son de son sommet dont la direction varie beaucoup, mais est le plus souvent en anléversion de mème que celle du sommet de chacune des apophyses transverses des 2°, 3° el 5° lombaires. 268 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE VARIATIONS DE STRUCTURE. — Trou transversaire. — Obligé de parler longuement bientôt des variations de structure des apophyses trans- verses des éléments osseux du rachis des lombes, je me bornerai maintenant à citer pour mémoire celles qui consistent dans le morcel- lement en deux fragments osseux articulés entre eux de l’une ou l'autre des apophyses susdites dans la constitution ostéo-cartilagineuse ou ostéo-fibreuse de l’une ou l’autre d’entre elles, par suite de l’appa- rilion d'une côte lombaire diapophysaire. A droite et à gauche, sur une 1e vertèbre lombaire; à droite et à gauche sur une 4° lombaire; à droite et à gauche sur trois 5% lombaires et à gauche seulement, sur une 5° lombaire, j'ai vu la base de l’apophyse transverse traversée par un canal, circulaire ou ovalaire, vertical ou dirigé un peu oblique- ment de dedans en dehors et d'avant en arrière, et dont l'orifice supé- rieur, plus grand, d'ordinaire, que l’inférieur avait des bords lisses tandis que l'inférieur avait des bords rugueux. Ce canal mesurait, en moyenne, 1 centimètre de longueur et 1 centimètre de largeur dans le sens transversal et dans le sens antéro-postérieur quand il était circulaire et 1 em. 5 de largeur dans le sens transversal et 1 centimètre dans le sens antéro-poslérieur, quand il était ovalaire. En dehors de moi, ce canal ou trou n'a encore été rencontré jusqu'ici, que je sache, que trois fois seulement sur la 5° lombaire : une fois par Szawlowski (1), une fois par Th. Dwight (2)et une fois par Manners-Smith (3). Manners- Smith l’a appelée foramen costo-lransversaire, parce qu'il est, dit-il, «l'homologue du foramen costo-transversaire cervical, réellement situé comme celui-ci, entre l'élément costal et l'élément transverse de l'apophyse, limité, en avant, par le premier et, en arrière, par le second ». Pour moi, c’est bien aussi l'équivalent du trou transversaire cervical et par suite d’un trou vasculaire sans signification morphologique. Les six pièces osseuses de la colonne lombaire sur lesquelles je l'ai observé provenant 3 d'Européens, 1 d'Européenne, 1 d’un Chinois et 1 d'un nègre de Zanzibar, et la majeure partie de celles sur lesquelles il a été trouvé par Manners-Smith provenant d'Égyptiens, on a le droit d'affirmer qu'il peut apparaitre dans toutes les races et, dans chaque race, chez l'homme et chez la femme. — Trou rélro-lransversaire. — Le tubercule mamillaire et l’apo- physe styloïde de l’une ou l’autre des apophyses transverses lombaires sont parfois réunis par un pont osseux, de sorte que ces éminences semblent n'en faire qu'une percée d'un trou à sa base. Ce vice de (1) SzawLowsxi, Anal. Anz., Bd. XX, p. 314. 2) TH. Dwicar, Anal. Anz., Bd. XX, p. 571, 1902. (3) MANNERS-SMITH, Journ. of anal. and phys., p. 146. London, 1909. à VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL 269 conformation, dont Henle à fait, je crois, le premier mention, a été représenté récemment par Manners-Smith qui en a observé 14 cas sur des 5° lombaires d'Égyptiens. Je l'ai trouvé 7 fois : 4 fois des deux côtés (sur 3 Tourangeaux et une Tourangelle) et 3 fois d'un seul(1 fois à droite sur une Tourangelle et 2 fois à gauche, sur une négresse de la Guadeloupe et un Arabe) et toujours sur la dernière pièce osseuse du rachis des lombes. Comme le précédent, il a donc une prédilection singulière pour cette pièce osseuse et, apparaît dans toutes les races et, dans chaque race, chez l'homme et chez la femme. Il rentre dans la catégorie des variations anatomiques que j'ai appelées variations pour ossification liyamenteuse. Ce canal, que traverse un des ramus- cules de la branche dorso-spinale des artères lombaires où de l'artère ilio-lombaire, résulte, en effet, de l’ossification du ligament fibreux qui recouvre ce ramuscule et s'étend du tubercule mamillaire à l'apo- physe styloïde. Un canal artériel du même genre se rencontre anor- malement sur la 1° vertèbre sacrée humaine et normalement sur la 1e vertèbre sacrée des Mammifères très dégradés, de l'ornithorynque nolamment. Paracostoïdes d'Albrecht. — Le 6 mai 1883, le professeur Albrecht a présenté aux membres de la Soctélé anatomo-pathologique de Bruxelles les trois dernières vertèbres lombaires d’un jeune enfant dont le corps de chacune desquelles était encore articulé par synchon- drose (synchondrose neuro-centrale) avec les neurapophyses, réunies en arrière et sur la ligne médiane entre elles, sauf celles de Ja 5°. « Du côté gauche de la 3° et du côté droit de la 5° vertèbre — je copie ici le texte d’Albrecht, — la synchondrose neuro-centrale se bifurquait latéralement et embrassait un os particulier qui se trou- vait ainsi séparé du centrum et de la neurapophyse. » Pour Al- brecht, ces osselets, dont il a fourni un dessin au trait, sont les homologues de ceux dénommés depuis Frankel (1) « côtes sacrées ». Et comme dans ces côtes sacrées les points d'ossification décrits par Meckel (2) et ceux qu'il a observés lui-même ne dépassent pas la zone des proto-vertèbres tandis que chacune des côtes thoraciques n’a que sa tête et son col situés dans la zone des protovertèbres, mais se pro- longe au moyen de son corps à travers la région des lames latérales (seilenplalten), il a proposé d'appeler costoïdes les osselets dont il s'agit et de n'attribuer le nom de côtes qu'aux côtes lhoraciques. Se basant enfin sur la distinction établie entre les apophyses transverses antérieures etles apophyses transverses postérieures, les parapophyses el les diapophyses, il a proposé également d'appeler paracostoïides les (1) FRANKEL, Jenaische Zeilsch. f[. med. u. nalurw., &. VIT, p. 391. (2) J.-F. MEecKke, Arch. f. d. phys.,t, I, p. 597. Halle-Berlin, 1815. 270 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE apophyses transverses antérieures et dacosloides, les apophyses transverses postérieures. De ce que des paracostoïdes, pour employerson expression, existent accidentellement dans l'espèce humaine et de ce que sur la 6° ver- tèbre cervicale d'un hippopotame (Hippopotamus amphibius) dont le squelette, exposé dans le musée royal de l'Université de Belgique, a un rachis composé de 7 cervicales, 12 dorsales, 3 abdominales, 5 sa- crées, 3 sacroïdales (1) et 4 caudales (2), il a vu, du côté caudal, le centrum séparé, à droite et à gauche, par une suture (sulura centro- neuralis, de Huxley) de deux éminences osseuses dont la dorsale élait percée d’un trou, et, du côté crânial, le centrum séparé, à droite et à gauche, des deux éminences susdites par une suture (sulura centro- neuralis, de Huxley) de laquelle partait une suture qui se portait en dehors et isolait l’une de l’autre les deux éminences susdites, Albrecht a induit : I° Que l’éminence osseuse ou costoïde, limitée, en arrière, par la su- ture dont l'extrémité interne s’unit à la suture neuro-centrale et qu'il a appelée sulura neuro-cosloidalis, en dedans, par la portion de la su- ture neuro-centrale située au-dessous de la suture neuro-costoïdale et qu'il a dénommée sulura centro-costoidalis, — est indépendante de la parapophyse et ne borde jamais le trou intertransversaire, rôle qui est encore réservé, dans ce cas, à la parapophyse ; II, Que la parapophyse des vertèbres du cou ne représente pas une côle cervicale ; IIIe Que dans toute articulation qui se fait entre deux corps verté- braux il n’y a aucune parlie qui ait la valeur d’une articulation costo- vertébrale ; IV° Qu'il existe deux espèces de côtes : des côtes intermyocommati- ques ou interpleuromères (2) ou véritables côtes el des costoïdes ou côtes protovertébrales; V° Que les costoïdes se divisent en paracostoïdes et en diacos- toïdes ; VIe Que les côtes ont le même rapport avec les costoïdes que les myocommala avec les protovertèbres, que les côtes sont, en un mot, homotropes (3) aux costoïdes, les myocommata aux protover- tèbres; (1) Albrecht a appelé verlèbres sacroïdales les vertèbres du sacrum qui ne sont pas articulées avec les os iliaques, alias les fausses vertèbres sacrées de Broca. (2) « Puisque les myocommata sont des pleuromères, on peut de même appe- ler les côtes intermyocommatiques des côtes intérpleuromères », a déclaré Albrecht. (3) Au dire d’Albrecht : « Il existe une certaine et indubitable homologie entre les côtes et les costoïdes, même sorte d'homologie qui se trouve entre les VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL 271 VII Que la sternalisation n'est pas un privilège des véritables côtes, soit du tronc, soit du crâne, mais s'étend aux costoïdes. J'ai démontré ce que valent les propositions correspondant aux chiffres I[° et IIL°, la plupart des autres prêtent autant, sinon plus encore matière à discussion. Elles ont, du reste, rencontré peu de crédit. Et puis les expressions de costoïdes, de paracostoïdes et de diacostoïdes semblent bizarres et ne brillent pas par leur clarté. Pour Albrecht, les lamelles antérieures des pièces du sacrum (cles sacrées de Gegenbaur:), ossifiées à part, sont des paracostoïdes et non des côtes et il va même jusqu'à admettre que la bandelette osseuse que l'on voit au cours de l’ossification former une épiphyse de l'os ilia- que (?) (pas constant) est une cupule ventrale de ces cosloïdes donc une espèce de sternum (hémi-parasternoïde) et c'est ainsi qu'il décrit un pelvi-sternum chez les Édentés ! ! VARIATIONS DE FORME ET DE VOLUME DES TUBERCULES MAMILLAIRES. — Les tubercules mamillaires ou métapophyses sont loin, toutes choses égales d'ailleurs, d'avoir constamment la même forme et le même volume aussi bien sur les vertèbres lombaires et la seconde fausse vertèbre thoracique où on les rencontre normalement, que sur la première fausse vertèbre thoracique où on les trouve exceptionnel- lement. Elles ont le plus souvent, et comme l'indique leur nom, la forme d'un petit mamelon, mais elles peuvent être représentées par quelques aspérités ou ressembler à un cône tronqué, à une aiguille pointue, elc., être plus ou moins grosse et plus ou moins longue. Elles acquièrent d'assez vastes dimensions longitudinales chez cer- tains Quadrupèdes domestiques, le lapin entre autres et chez l’amar-- dillo servent de support au bouclier osseux qui protège le corps. Elles sont fort développées chez le chimpanzé mâle et presque insignifiantes et situées latéralement par rapport aux apophyses articulaires supé- rieures chez l’orang. VARIATIONS DE FORME ET DE VOLUME DES APOPHYSES STYLOÏDES. — Si ces apophyses dans lesquelles Gegenbaur et maints autres anato- mistes veulent voir les homologues des apophyses transverses des vertèbres thoraciques et des racines postérieures des apophyses trans- verses des vertèbres cervicales, n'existent normalement que sur la 1° vertèbre lombaire et la seconde fausse vertèbre thoracique, chez la généralité des sujets leur présence est indiquée par un petit tuber- myocommata et les protovertèbres ». Et c’est du mot homotropie que le regretté professeur s'est servi pour exprimer cette homologie. Pour de plus amples détails, Cf. ALerECuT, Bullet. du Musée roy. d'Hist. nalur. de Belgique, 1882-1883, et Zool. Anz., 1879-1880. 272 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE cule ou, du moins, par une rugosité circonscrite sur la première fausse vertèbre thoracique et les quatre dernières vertèbres lombaires. Sur les deux vertèbres où elles existent normalement elles ne sont parfois aussi représentées que par une simple rugosité ou par un petit tuber- cule de 2 ou 3 millimètres de longueur. Les tubercules styliens ou anapophyses dont la longueur égale 2 ou 3 millimètres étant assez communs alors que ceux dont la longueur dépasse 4 à 5 milli- mètres sont au contraire assez rares, c'est donc ces derniers qui sont anormaux et qu'il convient de réserver le nom d’apophyses styloïdes. Topinard qui a considéré à tort, à mon avis, comme anormaux les tubercules styliens qui « forment une saillie épineuse positive d’au moins 1 millimètre », a exposé « en une seule moyenne », dans le ta- bleau ci-joint le résultat des recherches qu'il a faites sur 52 rachis lombaires pour s'assurer du degré de fréquence d'apparition de cette saillie épineuse positive d'au moins 1 millimètre sur chacun des arli- cles. La première colonne de ce tableau indique combien de fois l’ano- malie en question existait sur chacune des cinq vertèbres lombaires des 52 épines examinées et la seconde colonne la proportion centési- male qui en découlait : Nombre Proportion: de fois centesimale {revertèébre lombairé- 270 4.0". 097 71,1 JE L OI AR RAS 34,0 HOME ne OU PAM AU E 36,5 és DE LA PARU IE HUMOUATSS 35,5 5e. — — NOTES AE DNA 29,1 D'après Topinard l'apophyse styloïde existe donc sur 4 vertèbres sur » à la 5° lombaire et sur 1 sur 3 aux 2°, 3° et 4° lombaires. Je rap- pelle que cet anatomiste a noté de plus sur 42 vertèbres thora- ciques sur 56 (75 p. 100) la division des apophyses transverses en trois éminences soit, également à peu près, sur 4 douzièmes vertèbres thoraciques sur 5, la présence d’un processus styloïdeus. Dans ses relevés, Topinard avait d’abord tenu compte de la différence de vo- lume qu'il peut présenter à droite et à gauche, mais n'ayant trouvé aucune différence sensible à droite et à gauche, 1l a enregistré «en une seule rnoyenne » les résultats de ses investigations à cet égard. N'ayant considéré comme apophyses styloïdes que des éminences osseuses mesurant au moins {4 millimètres de hauteur, ma statistique doit différer et diffère, en effet, de celle de Topinard. Sur 400 rachis où je les ai cherchées, je les ai rencontrées, on le sait, sur 280 douziè- EP ENT I PI cts dt et dt ton de de VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL 273 mes dorsales, soit sur 70 p. 100. Sur ces 400 rachis, j'ai également constaté leur présence : 9268 fois 257 fois à droite et à gauche, 7 fois à dr.eL#4 fois à gauche surla1r° vertèbre lombaire. 67 p.100: 126 — 119 — 3 = 4 — 2° S 31,5 — 131 — 127 - 2 — 2 — 3° — 32,7 — 199 — 193 — 4 -- 2 — 4e == 999 — 85 — 82 — 2 — 1 — 5° — 9M.5.— Elles sont donc plus souvent bilatérales qu'unilatérales. Après Apophyses styloïdes lombaires. a, b, c, chez l'homme. a, b,c,d,e,chezle Maki äfrontnoir(Lemu nigrifrons). Topinard j'ai vu que lorsqu'elles sont bilatérales elles ont des dimen- sions à peu près identiques à droite el à gauche. Dans toutes les races on les trouve de préférence sur les sujets aux os gros et forts et aux inserltions musculaires puissantes et quand elles sont unilatérales, plus communément à droite qu’à gauche. Elles sont bien développées sur le squelette d'une Anglaise du Muséum d'His- toire naturelle de Paris, trois squelettes de nègres, un de négresse, un d’Annamite du laboratoire Broca de la Société d'anthropologie de Paris, des squelettes de Sikhs, d'Hindous, de musulmans du Medical] VERTÉBRALE. 18 274 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE College de Lahore, elc., des squelettes préhistoriques de Grenelle, de la Caverne de l'Homme-Mort (Lozère), etc. ANATOMIE COMPARÉE. — « On irouve assez souvent chez l’homme à la partie inférieure et postérieure des apophyses articulaires antérieures, a noté J.-F. Meckel (1), de légères traces d’apophyses accessoires. Ces apophyses n'existent pas chez. le pongo, le chimpanzé et le gibbon. » Broca(2),après avoir déclaré qu’elles manquent régulièrementchez le chimpanzé, V'orang, le gorille, le gtbbon de Raffles (Hylobates Rafflesi), le Gibbon brun (Hylobates agilis), a ajouté qu'il les a rencontrées, à l’état rudimentaire, sur les côtés des deux dernières vertèbres dor- sales du Gibbon sitamang (Hylobates syndactylus) et. à l’état du com- plet développement, sur la première vertèbre lombaire d’un autre gibbon dont le squelette non étiqueté se trouve dans les galeries du Muséum d'Histoire naturelle de Paris (3), sur les fausses vertèbres dorsales et les vertèbres lombaires d’un maki, d'un ouistili, d’un atèle, d’un sajou, d'un mnagot, d'un entelle, des Carnassiers, et qu'il con- vient, par suite, de les considérer comme l’un des caractères qui sont en rapport avec la marche quadrupède (4). Donc les apophyses styloïdes vertébrales ne disparaissent pas tout à coup lorsqu'on passe des Prithéciens aux Anthropoïdes. Elles n'exis- tent qu’à l’état Lout à fait rudimentaire ou sont nulles dans trois genres sur quatre et dans plusieurs espèces du quatrième, mais se retrou- vent bien développées accidentellement dans les trois premiers genres et dans les espèces du quatrième où elles manquent d'ordinaire. Pour ma part, je les ai observées des deux côtés sur la 2° lombaire d’un jeune orang mâle (Simia satyrus) et à droite seulement, sur la 3 lombaire d’un gorille mâle (Gortlla gina) âgé, du Musée Broca de la Société d'anthropologie de Paris et des deux côtés, sur la 1"° lombaire d'un gorille adulte femelle (Gortlla gina) du Muséum d'Histoire natu- relle de Bordeaux, un chimpanzé mâle, déjà âgé (Troglodyles niger) du Muséum d'Histoire naturelle de Lyon et trois g'bbons d'espèces différentes (Hylobates leuciscus, H. variegatus, H. concolor) des Mu- séums d'Histoire naturelle de Paris, de Grenoble et de Marseille. Sans doute, par son accolement à l'éminence ascendante voisine, (1) J.-F. MECKEL, loc. cit. suprà, pp. 378-379. (2) Broca, Les Primales, p. 263. (3) Vraisemblablement le Wou-wou (Hylobates leuciscus). (4) «Ce caractère se retrouve, en effet, chez presque tous les Quadrupèdes et parmi les Primales; il fait défaut chez l'homme et les Anfhropoïdes », lit-on encore sous la signature de Broca à la page 99 du Bulletin de la Société d'Anthro- pologie de Paris, de l’année 1876. 7” VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL 275 au tubercule ou apophyse mamillaire, le tubercule styloïdien ou apophyse styloïde qui descend, transforme en mortaise chacune des articulations jusque-là en arthrodie des os du rachis. Mais ce n'est là, à mon avis, qu'une des deux fonctions qui lui incombe. Pour comprendre l'importance de celle des deux fonctions qui lui sont dévolues et dont Broca n’a eu cure, il importe de se reporter aux lignes que j'ai consacrées dans mon Tratlé des variations du sys- tème musculaire de l’homme et de leur signification au point de vue de l'anthropologie zoologique (t. 1, p. 241) au muscle lombo-styiien, un des douze muscles anormaux que j'ai découverts chez l'homme. Les voici : Lombo-stylien.— Ce muscle surlequel j'ai appelé, en 1880, à Alger,au Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences, l'at- tention des anatomistes, a été signalé, d’abord, par Broca, dans la série animale et par moi, chez un homme et chez une femme où il existait à droite et à gauche. Depuis il a été retrouvé par Chudzinski sur un nègre où 1l était également bilatéral (communication écrite). Broca (1), auquel il doit son nom l’a décrit en ces termes : « Il y a chez les singes non- Anthropoïdes et chez les autres Mammifères dans la masse sacro-lom- baire, un muscle qui s'étend en arrière jusque sur la queue et qui se termine en avant par des faisceaux musculo-tendineux, sur les vertè- bres lombaires et sur les fausses dorsales, c'est-à-dire sur les vertè- bres du train postérieur, sur celles qui sont situées en arrière du nœud de la colonne vertébrale. Ces faisceaux de terminaison anté- rieure s'insèrent sur la partie postérieure et latérale de chaque ver- tèbre, entre la base de l'apophyse cosliforme et celle de l'apophyse articulaire et se fixent à une apophyse assez longue et pointue, ap- pelée apophyse styloïde, qui se dirige horizontalement en arrière et dont la direction récurrente contraste avec l’antéversion presque conslante des apophyses cosliformes et des apophyses épineuses des mêmes vertèbres. » Les tubercules styliens, très prononcés, de même que les luber- cules mamillaires consolident, certes, les articulations des vertè- bres du train postérieur des Quadrupèdes, mais là n'est pas, je le ré- pète, leur seule, je dirai plus, leur principale fonction. S'ils étaient un des caractères exclusifs de la marche quadrupède, pourquoi consti- tueraient-ils, dans l'espèce humaine, une disposition habituelle de la dernière fausse vertèbre thoracique et de la 1°e lombaire et feraient-ils défaut sur les vertèbres du train postérieur de maintes grosses béles à quatre palles : le rhinocéros, l'éléphant, l'hippopolame, la girafe, le bœuf, le cheval, etc. (1) Broca, Bullel. de la Soc. d'Anthrop. de Paris, p. 654, 1877. 276 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Mon maître le professeur Saturnin a affirmé que « leur rôle, chez l'homme et chez les animaux, est simplement de donner attache à des muscles ? » Pas simplement mais surtout. À quels muscles ? A aucun des muscles qui meuvent le lrain postérieur, mais à un des muscles qui meuvent la queue, au muscle lombo-stylien, et leur développe- ment est en rapport avec celui de la queue. Dans les Primales, dépourvus de queue, homme et les Anthro- poïdes, le muscle lombo-slylien cesse de constituer un muscle dis- üinct ; il se confond avec le muscle long dorsal et est représenté par les faisceaux terminaux internes dits transversaires de ce muscle com- plexe. L'insertion de ces faisceaux se fait exactement dans le point où aboutissent les faisceaux du muscle lombo-stylien des Quadrupèdes. Elle est encore indiquée dans nombre de sujets humains sur la 1° fausse vertèbre thoracique et les quatre dernières lombaires par une saillie rudimentaire ou, du moins, par une rugosilé circonscrite et dans lous (1) sur la seconde fausse vertèbre thoracique et la 1e lombaire, on le sait, par un véritable processus. Les tubercules styliens atteignaient 1 em. 3, 1 em. 1 et 1 centi- mètre sur l’'Européen, l'Européenne et le nègre où Chudzinski et moi avons vu le muscle lombo-stylien, presque toujours uni au grand dorsal, se présenter à l’état d'indépendance absolue. Il y a donc lieu de croire que leurs dimensions dépendent principalement de celles de ce muscle qui dépendent, elles-mêmes, de celles de la queue.Je croyais Jusqu'ici que personne avant moi n'avait eu cette pensée, mais, en ouvrant le t. III de l’Analomie comparée de J.-F. Meckel (p- 378), J y ai trouvé les lignes suivantes : « On voit généralement sur les Quadrumanes l'apophyse accessoire s'étendre de l’apophyse arti- culaire postérieure à la racine de l’apophyse transverse la plus voi- sine; elle se présente sous la forme d’une forte pointe qui aug- mente beaucoup la solidité de cette région. Cette disposition est en rapport direct avec le développement de la queue.» Sic vos non vobis… (1) M'en rapportant à Broca, j'ai écrit dans mon Trailé des variations du système musculaire de l'homme et de leur signification au point de vue de l'anthropologie zoologique (t. I. p. 242) : « que c’est seulement par anomalie que cette rugosité acquiert un développement suffisant pour constituer sur les deux dernières dorsales et sur les deux ou trois premières lombaires une véritable apophyse. » La statistique de Topinard et la mienne sur le degré de fréquence d'apparition des apophyses styloïdes sur les vertèbres humaines à partir du nœud du rachis témoignent que cette assertion est erronée, que la seconde fausse vertèbre thoracique et la première lombaire humaines possèdent normalement des apo- physes styloïdes et que ces apophyses disparaissent plus souvent sur la pre- mière lombaire que sur la seconde fausse vertèbre thoracique. | VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL 277 Très prononcées chez les Singes à queue longue el prenante, les apo- physes styloïdes sont également très grandes chez le Kangourou-rat (Kanguroo-raltus) et le Kangourou élégant (K.elegans) dont la queue est longue, triangulaire et Lrès grosse à son origine. La gerboïise dont la queue est très longue et touffue au bout, se distingue soit en gé- néral, soit en particulier, par le grand développement de ses apo- physes accessoires, divisées en antérieures et en postérieures. Elles sont fortes chez les caslors à qui leur queue, plate et large, sert de gouvernail. CÔTES LOMBAIRES. — (Voy. 1° verlèbre lombaire.) B. APOPHYSES ARTICULAIRES. — SponpyLoscise. — (Voy. D° vertèbre lombaire.) DIARTHROSE OBLIQUE ACCESSOIRE. — Sur les individus dont la colonne vertébrale possède une souplesse et une mobilité très grandes et, par conséquent, principalement sur les lutteurs, les gymnasiarques, etc., T8 LH ä & Diarthose oblique accessoire. Première vertèbre lombaire (face supérieure). Le même vertèbre (face inférieure). f, cavilé glénoïdienne. f, condyle oblique accessoire. a, corps ; — b, apophyse transverse ; — c. apophyse oblique supérieure ; d, apophyse oblique inférieure ; — e, apophyse épineuse. on trouve parfois deux articulations vertébrales supplémentaires qui ont été décrites par Mayer, de Bonn (1), sous les noms, l’une de diar- throsis obliqua accessoria, l'autre, de diarthrosis inlerspinosa. L'arti- (1) Mayer, Zeilsch. f. phys., Bd. IT. Darmstadt, 1827, t. IV, pp. 29-35 avec une table (V). 278 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE culation appelée diarlhrose oblique accessoire, toujours bilatérale et symétrique, peut se rencontrer sur chacune des vertèbres comprises entre la 12° et la 22°, mais se rencontre le plus souvent sur la 19° et la 20°, c'est-à-dire au niveau du nœud du rachis. Voici par quelles modifications de la configuration de la première lombaire est réa- lisée du côté de sa face supérieure et du côté de sa face inférieure, au moyen d'uae articulation supplémentaire, son union avec l’une et l’autre des deux vertèbres entre lesquelles elle est intercalée. Du côté de sa face supérieure, au-dessous de chacune des apophyses arlicu- laires supérieures, en dedans du bord supérieur de la racine de cha- cune des lames, existe une petite cavité ovalaire, encroûtée de carti- lage et dont le grand axe est dirigé obliquement de dedans en dehors et d’arrière en avant (cavitas arlicularis processi obliqui accessorti; cavttas glenoidea, de Mayer). Du côté de sa face inférieure, en dedans de chacune des apophyses articulaires inférieures, sur le bord infé- rieur de la racine de chacune des lames, saille un pelit condyle, ar- rondi, recouvert de cartilage regardant en dedans et en avant (con- dylus obliquus accessorius de Mayer). Une conformation analogue se retrouve sur les vertèbres thoraci-. ques moyennes et la 2°et la 3° lombaires, mais, à partir de la 10° tho- racique et à mesure qu'on s'élève, les deux cavités articulaires, de même que les deux petits condyles qu'offre chacune des vertèbres, se rapprochent, de plus en plus, l’une de l’autre, pour se confondre en une seule au niveau de la 5° thoracique. Os PARA-POSTzYGAPOPHYSAIRE.— Le professeur T. Dwight (1) a trouvé, à droite et à gauche sur la 2° vertèbre lombaire et, à droite seulement, sur la 3° et la 4°, immédiatement au-dessous de l'apophyse articulaire inférieure, un osselet, mesurant 6 à 8 millimètres de longueur et 5 à 6 millimètres de largeur et recouvrant, plus ou moins en dehors, l'apophyse articulaire supérieure correspondante de la vertèbre sous- jacente. J'ai observé, au mois de mars 1909 et des deux côtés celte malformation sur la première pièce osseuse du rachis lombaire d'une aliénée, décédée à l’âge de 52 ans, à l'asile des aliénés de Tours. À priori on serait porté à croire que ce petit os surnuméraire n’est rien autre chose qu'un noyau d’ossification épiphysaire demeuré indépen- dant après avoir acquis son entier développement. Mais un tel noyau d'ossification n'a jamais été signalé, que je sache, ni dans l'espèce humaine ni dans les espèces animales. Si le nodule osseux para-post- zygapophysaire n’est pas le produit d’une ossification ligamenteuse, (1) TH. Dwicur, Mem. of the Bost. Soc. of nat. hist. cit. et Journ. of anal. and. phys., p. 539. London, 1887. VERTÈBRES LOMBAIRES EN GÉNÉRAL 279 il ne peut donc être qu'un de ces points d’ossification accidentels des- tinés à pallier à l'insuffisance du pouvoir ossifique des points d’ossi- fication normaux. C. APOPHYSES ÉPINEUSES. — OuvERTURE DE L'ARC POSTÉRIEUR. — (Voy. Vertèbres cervicales, ouverture de l'arc postérieur.) DÉVIATION LATÉRALE. — Elle est beaucoup plus rare qu’à la région thoracique. CRÈTE ÉPINEUSE ET DIARTHROSE INTERÉPINEUSE. — Sœ@mmering à signalé, le premier, que les sommets des apophyses peuvent s'accoler sans se souder entre eux, se rejoindre en se soudant ou en s’articu- ss Z \ \ 7 4, à KA (ie LT | A (2e —7 | FX AN _ SE + CL | AIS J c / = | > A CEù à Æ; 5 La Ce: 3 - > — ENST ENS Had ve dé à “> Qt 1 EE. 3 Ë 4 \ É Le ee 3 ; a — \ 1 re D Va 7 à NC ( ] Ce : { | N V7 \ [| | f \ { |! } } | (4! \ \ / V \ | is 4 % Re w = # + é a p2 Diarthrose interépineuse. Quatrième vertèbre lombaire Troisième vertèbre lombaire (face supérieure). (face inférieure). e, fossette glénoïdienne. e- condyle articulaire. a, corps ; — b, apophyse transverse; — c, apophyse oblique supérieure ; d, apophyse épineuse. lant entre eux. La soudure ou la réunion par des bandes osseuses des apophyses épineuses entre elles se rencontrent beaucoup plus sou- vent dans la région lombaire que dans la région thoracique. Depuis Sæœmmering, le vice de conformation qui consiste dans l'articula- Lion des sommets des neurépines lombaires entre eux, a été décrite, on ne l’ignore pas (voy. diarthrose oblique accessoire), par Mayer, de Bonn, sous le nom de diarthrosis inlerspinosa. Elle est caractérisée par la présence sur le bord inférieur de l’extrémité libre d'une neuré- pine lombaire, d’un renflement ovalaire, à grand axe antéro-posté- 280 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE rieur, plus ou moins saillant, divisé ou non au niveau du plan sagittal médian par un sillon, et revêtu de cartilage (condylus articulartis processi spinosi, de Mayer) et par la présence sur le bord supérieur de l'extrémité libre de la neurépine lombaire sous-jacente, d'une cavité encroûtée également de cartilage et ayant la même forme et les mêmes dimensions que le renflement susdit qu'elle est destinée à recevoir (fovea glenoidea processi spinosi, de Mayer). Entre le con- dylus articularis et la fovea glenoidea est interposée une synoviale dont la face externe repose sur le ligament apical et le ligament inter- épineux. C’est sur la 3° vertèbre lombaire et ensuite sur la 4° qu'ap- paraît le plus communément cette anomalie. DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER PREMIÈRE VERTÈBRE LOMBAIRE En plus de l'indépendance du noyau d'ossification du sommet de l'apophyse épineuse de la 1" vertèbre thoracique, de ceile du noyau d'ossification du sommet de l’apophyse transverse droite de la 7°, de l'os supplémentaire, situé, à droite el à gauche, en dedans de l'angle de jonction du pédicule et de la lame de la 12°, D. J. Cunningham a trouvé, de chaque côté, sur la 1° lombaire du sujet d’un certain âge, qu'il a disséqué, en 1875, à l’Institut anatomique de l'Université d'Edimbourg, un nodule osseux surnuméraire affectant la forme d'un V. A droite le nodule osseux, mesurant 5/8 de pouce de lon- gueur, présentait, en avant, une facette recouverte de cartilage, arti- culée, d'une part, avec l'extrémité postérieure de l'apophyse articu- laire inférieure de la 12° thoracique et avec une facette située sur le bord postérieur de l'apophyse articulaire supérieure de la 1r° lombaire. A gauche, le nodule osseux dont la longueur égale un demi-pouce offrait deux facettes, une supérieure et une inférieure, séparées par une dépression rugueuse dont la supérieure était articulée avec l'extré- mité postérieure de l'apophyse articulaire inférieure de la 12° thora- cique et l’inférieure avec la face interne de l’apophyse transverse de la 1° lombaire et un osselet intercalé entre l'extrémité postérieure de l'apophyse articulaire inférieure de la 12° thoracique et celle de l’apo- physe articulaire supérieure de la 1" lombaire. Le premier élément osseux de la coloune lombaire est plus fréquem- ment que les autres pourvu d'apophyses styloïdes et d'une ou deux côtes. Les premières ayant été étudiées antérieurement par moi, je n'ai donc à parler ici que des secondes. 282 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE CÔTES LOMBAIRES Sur un sujet préparé pour une de mes leçons, les deuxième, troi- sième, quatrième apophyses transverses lombaires constituaient, a écrit Cruveilhier (1), de petites côtes surnuméraires, tandis que les premières apophyses transverses lombaires présentaient la disposition accoutumée ». Rosenberg (2) a également fait mention d’un sujet dont deux vertèbres lombaires portaient, l’une et l’autre, « des apo- physes costiformes libres ». Ce sont là des modes de conformation rarissime. Ordinairement, on ne rencontre qu'une vertèbre lombaire, munie d’une côte ou d’une paire de côtes. Sur 1.904 rachis étudiés par lui et par d'autres anatomistes, mais la plupart par d’autres anatomistes, Bardeen (3) nous apprend que la 19° vertèbre, habituellement la dernière thoracique, privée de côtes, ressemblait à une vertèbre lombaire sur 30, soit sur 2,8 p. 100 et que la 20° vertèbre, communément la 1°° vertèbre lombaire, avait des apo- physes costiformes indépendantes sur 23, soit 2,2 p. 100. Sur 390 rachis l'existence d’une côte a été constatée 3 fois et chaque fois, à droite et à gauche, sur la 1" lombaire par Topinard (4) et sur 200 rachis, 3 fois, 2 fois à droite et à gauche et 1 fois à droite seule- ment, mais chaque fois aussi sur la 1° lombaire par moi. Sur 2.454 rachis examinés par Bardeen, Topinard et moi il y en avait donc 29, soit 1,18 p. 100, dont la 1° vertèbre lombaire était pourvue d'une côte ou d’une paire de côtes. Il est indubitable toutefois que ce pourcentage est trop faible. Dans les pages que j'ai consacrées aux côtes cervicales j'ai eu soin de faire remarquer : que la plupart des côtes cervicales ne donnant lieu à aucun symptôme morbide, la découverte d'une côle cervicale pendant la vie de celui qui la porte, se produit d’une façon toute for- tuile à la suite d’une contusion, d'une luxation, d’une fracture de l'épaule, d'une blessure de la région sus-claviculaire, etc. ; que la majo- rilé des cas de côtes cervicales qui ont été décrits Jusqu'ici par les auteurs, ont été trouvés inopinément aux cours d’autopsies où ils ont constilué chacun une véritable surprise; que depuis que, grâce aux rayons Rôüntgen, il est possible de diagnostiquer sur le vivant les (1) CRUVEILHIER, Anal. desc., 2e éd., t. I, p. 209, note 1. Paris, 1845. (2) ROSENBERG, Morph. Jahrb., 1, p. 83, 1876 et I, LIS, 1899. (3) BARDEEN, loc. cil. suprà. (4) Observation 6 de l’auteur et les deux cas dont j'ai fait mention précédem- ment et dans chacun desquels chacune des apophyses “transverses, réduite de longueur, présentait une facetle à son sommet, DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 283 névralgies, les paralysies, les œdèmes, les gangrènes de l’un ou * l’autre des membres supérieurs résultant de la compression de ses vaisseaux et de ses nerfs par une côte cervicale, les côtes cervicales sont devenues bien plus fréquentes. Jusqu'à présent les côtes lombaires intéressantes pour l’anatomiste et l'anthropologiste n'ont pas d'histoire chirurgicale. Très courtes, parfois flottantes, enfouies dans des masses musculaires épaisses el peu accessibles, par conséquent à la palpation, ne comprimant aucun organe et n’entravant aucune fonction, contrai- rement à beaucoup de côtes cervicales, les côtes lombaires doivent donc encore plus souvent que celles-ci être méconnues. Et c’est pour- quoi je suis intimement persuadé que les côtes lombaires apparaissent beaucoup plus communément que l'indique la statistique générale ci-dessus. En plus de Cruveilhier, de Bardeen, de Topinard et de moi, elles ont élé trouvées par Ungebauer (3 fois et chaque fois des deux côlés), Rosenmuller (2 fois et chaque fois des deux côtés) (1), Flower (2), Struthers (4 fois et chaque fois des deux côtés). Varaglia (4 fois, 3 fois des deux côtés et 1 fois d’un seul), Regaïia (1 fois et d’un seul côté) (3), Barclay (1 fois et de chaque côté) (4), Albrecht (5), P. Launay (6), (1 fois et de chaque côté), A. Morestin (7) (1 fois et de chaque côté), Bernardo Pinto (1 fois et de chaque côté), etc., etc. Elles se rencontrent dans toutes les races et, dans chaque race, dans l’un et l’autre sexe et, dans l’un et l’autre, plus souvent des deux côtés que d’un seul et sur la 1°° vertèbre lombaire que sur la 2°, sur la 2° que sur la 3°, sur la 3° que sur la 4°. Je ne sache pas qu'elles aient encore été observées sur la 5°. Elles mesurent, en moyenne, 1 centimètre de hauteur el 2 centimètres de longueur, mais peuvent atteindre 2 cen- timètres de hauteur et8 centimètres de longueur. Lorsqu'une vertèbre lombaire est pourvue d'une paire de côtes, celles-ci sont généralement asymétriques. (1) UNGEBAUER et ROSENMULLER, cit. par MECKEL, Man. d'anal. gén. desc. et pafh., trad. ital. de G. B. Caïni, t. II, p. 48. (2) « There are several specimens in the College Museum wich show the coexistence, on the first lumbar vertebra of a rudimentary (supplemental) rib, with a transverse process serially homologous with the transverse process of the lumbar vertebræ », FLOVER, An introduction lo the osteology of the Mamma- lia, 2° édit., p. 47. London, 1876. (3) Sur la colonne vertébrale d'un nègre qui avait 12 côtes, mais dont une des vertèbres thoraciques, vraisemblablement la 9°, avait été perdue. (4) Sur un Écossais dont le squelette figure encore dans la collection Barclay du Collège des chirurgiens d'Édimbourg. (5) ALBRECuHT cit. par PorRIER, Trail. d'anal. hum., 2° édit., t. 1, p. 344. (6) P. Launay, Bullet. de la Soc. anal. de Paris, p. 329, 1893. (7) H. MoresrTiN, Bullet. de la Soc. anal. de Paris, p. 401, 1879. STRUTHERS, VARAGLIA, REGALIA, BERNARDO, PINTO, passim. he. 284 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Abstraction faite des apophyses transverses lombaires dont la lon- gueur dépasse sensiblement la normale ou de celles qui ayant une longueur normale ou anormale sont terminées par un renflement plus ou moins volumineux, et qui doivent, au dire de divers auteurs, d’être ainsi conformées, à l'excès de développement de leur portion costi- tiforme, ce qui prête matière à discussion, en ne considérant comme des côtes lombaires que les productions osseuses, unies aux apophyses transverses, diminuées ou non de longueur, par une suture, un lien fibreux ou fibro-cartilagineux, une couche de cartilage ou une véri- table articulation diarthrodiale et celles articulées avec les apophyses transverses, réduites ou non de longueur, et avec les pédicules, on peut diviser les côtes lombaires en deux grandes classes : I. En côtes faisant suite aux apophyses transverses. IT. En côtes articulées à la fois avec les apophyses transverses et les pédicules. De toutes les variétés de côtes lombaires qui rentrent dans la pre- mière classe la plus rare est celle qui consiste dans l'union, au moyen d'une capsule fibreuse, de l'extrémité distale de l’apophyse transverse et de l'extrémité proximale d’une lame osseuse, recouvertes, l’une et l’autre, d'une couche de cartilage en rapport avec une synoviale (1 cas de Topinard, 1 de Regalia, etc., 1 cas personnel). Dans la seconde classe de côtes lombaires, chacune d'elles possède : :) Une tête qui offre une ou deux facettes, mais généralement deux faceltes, une supérieure, en contact avec une facette qui présente une saillie parapophysaire située à l'union du centrum et de la partie supé- rieure et antérieure du pédicule et une inférieure en contact avec une facette que présente une éminence, placée à la partie inférieure et postérieure du pédicule ; 6) Un col; y) Un corps dont la tubérosité est munie d'une facette en rapport avec une facette creusée dans la face antérieure de l'extrémité libre de l’apophyse transverse ou dont la lubérosité, dépourvue de facette, est rattachée par un ligament, plus ou moins serré (ligament transverso- costal horizontal), à la face antérieure, privée de facette, de l'extrémité libre de l'apophyse transverse (2 cas de Struthers, 1 cas de Launay, 1 cas de Morestin, etc., 1 cas personnel). De sorte que l’homme qui a normalement dix côtes thoraciques diapophysaires et parapophysaires et deux côtes parapophysaires ou flottantes, peut avoir accidentellement, non seulement des côtes cervicales, mais encore des côtes lombaires diapophysaires et parapo- physaires et des côtes lombaires parapophysaires. On comprend l’im- portance de ces constatations au point de vue de l'anatomie philo- sophique. DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 28 Cas personnels. I. Squelette d'un Tourangeau, mort à l’âge de 27 ans, d’une pleuré- sie droite de nature tuberculeuse, le 20 août 1883, à la salle 12 de l'Hôpital général de Tours. Formule vertébrale : 7 c., 12 th. avec 12 paires de côtes, 5 1,5 s., h cocc. La 1" vertèbre lombaire possède une paire de côtes dont chacune est articulée par sa tête et sa tubérosité, munies, l’une et l’autre, d'une facette, avec le pédicule et le sommet de l'apophyse transverse du même côté, pourvus également, l’une et l’autre, d’une facette. De ces deux os surnuméraires, celui de droite, arrondi, rugueux, renflé à son extrémilé antérieure, mesure un peu moins de 1 centi- mètre de hauteur et 5 cm. 2 de longueur et celui de gauche, aplati, lisse, pointu à son extrémité antérieure un peu plus de 1 centimètre de hauteur et 7; cm.4 de longueur. Les 11° et 12° côtes thoraciques ont des dimensions longitudinales inaccoutumées : celles de la 11° atteignent 15 centimètres et celles de la 12°, 16 centimètres {1}. Les apophyses articulaires inférieures de la 11° vertèbre thoracique recouvrent les apophyses articulaires supérieures de la 12°, mais les apophyses articulaires inférieures de celle-ci sont reçues dans les apo- physes articulaires supérieures de la 1"° lombaire; la 12° thoracique est donc, comme d'ordinaire, thoracique par sa moitié supérieure el lombaire par sa moitié inférieure. Les autres éléments durs de l’épine sont normaux, sauf l'axis dont l’apophyse transverse droite est ouverte en dehors, la 7° vertèbre cer- vicale qui a, de chaque côté, un foramen transversaire double et la première pièce du coceyx qui est à peu près soudée, à droite, à la por- tion correspondante du sommet du sacrum. Les sutures incisivo- maxillaires ne sont pas fermées. La cloison des fosses nasales est déviée à droite où elle présente un éperon saillant. Un os épactal forme le sommet du lambda et à la partie postérieure du premier espace inter-osseux du pied gauche existe un petit os intermélalar- sien. IT. Rachis, (horax et bassin d'un Tourangeau âgé qui m'ont été donnés par un ancien chef des travaux anatomiques de l'École de méde- cine de Tours, le docteur Révol, d'Arrou (Eure-et-Loir). (1) C'est une nouvelle confirmation de la proposition formulée en ces termes par Gegenbaur : « Cette côte (la 13°) peut exister sans que le nombre des vertèbres lombaires soit diminué. La 12° côte est alors généralement plus développée que de coutume. La 11° est aussi, dans ce cas, fréquemment plus longue. » GEGEN- BAUR, Trail. d'anal. hum. cit., trad. franc. fe Julin, p. 188. Paris, 1889, 286 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Formule vertébrale : 7 c., 12 th. avec 12 paires de côtes, 5 1.,5s., 4 cocc. Toutes les pièces osseuses du rachis sont normales, sauf l’atlas dont l’apophyse transverse droite est ouverte en avant, la 7° vertèbre cervi- cale qui a deux trous tranversaires et le sommet de l’apophyse épineuse bifurqué, la 1°* thoracique qui a une facette costale de chaque côté el la 1° lombaire dont l'extrémité distale, très ‘pointue, de l’apophyse transverse gauche, plus courte que d'ordinaire, est réunie par un liga- ment fibro-cartilagineux à l'extrémité proximale effilée d’un osselet allongé, aplati de dedans en dehors et renflé en avant, mesurant 1 cm5 de hauteur et 3 cm.2 de longueur, et l'extrémité distale ronde de lapophyse transverse droite, un peu hypertrophiée, mais ayant ses dimensions longiludinales habituelles, est rattachée par une couche de cartilage de 3 millimètres d'épaisseur d'arrière en avant, à un nodule osseux dont le grand axe horizontal égale 1 cm.2 et le petit axe vertical, 5 mm. 1. La 12° vertèbre dorsale dont chacune des apophyses transverses est trituberculeuse, est recouverte par la 11° dont chacune des apophyses transverses est également trituberculeuse et reçue dans la 1° lombaire. La 1° côle thoracique gauche est représentée dans son quart anté- rieur par un cordon fibreux que continue un petit cartilage en partie ossifié. Le xiphisternum est percé d’un trou à sa base et chacune des épines du pubis a acquis ce grand développement qui les a fait rappro- cher par le professeur Humphry (1) des os marsupiaux de divers ani- maux non placentaires. IT. Colonne vertébrale, cage thoracique et bassin d'une femme L. F., décédée à l’âge de 31 ans, le 14 avril 1887, d’une embolie pulmonaire, consécutive à une phlébite de la jambe gauche, à la salle 15 de l'Hôpi- tal général de Tours. Formule vertébrale : 7 c., 12 th. avec 12 paires de côtes, 5 L.,5s., D COCC. Les vertèbres cervicales sont bien conformées, à l'exception de la 6€ dont l’apophyse épineuse est indivise et chacun des trous transver- saires, absent. La 12° vertèbre thoracique est reçue dans la 1"* lombaire. La 5° lombaire est entièrement libre mais présente sur le bord inférieur de son apophyse transverse droite une poussée osseuse qui s'étend vers le sacrum, mais pas assez loin pour former avec lui un foramen. Les trois pièces supérieures du sacrum sont articulées, de chaque côté, avec les os coxaux. Le coccyx est presque entièrement soudée au sacrum. L'apophyse transverse gauche de la 1° lombaire est normale, mais (1) HumpHry, Human skelelon, cit., p. 459. DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 287 l’apophyse transverse droite est constituée par trois parties : une interne, osseuse, qui se termine en dehors de l’apophyse styloïde, une moyenne carlilagineuse, mesurant 2 millimètres de longueur et une externe, osseuse. Cette dernière partie, osseuse, est aplatie, lisse, haute d’un quart de centimètre, longue de 1 em. 2. Le corps et la poignée du sternum sont unis par synchondrose en formant un angle assez saillant en avant (angle de Louis). ANATOMIE COMPARÉE. — Deux opinions ont été émises sur la nature des apophyses transverses des vertèbres lombaires de l'homme : 1° Chacune d’elles correspond dans son entier à l'apophyse transverse extraordinairement développée des vertèbres cervicales et dorsales, c’est-à-dire, en ce qui concerne les vertèbres cervicales, à la lame osseuse qui clos en arrière le foramen transversaire. Celte manière de voir dont Retzius (1) s’est constitué le premier, en 1849, le défenseur, est acceptée par Wiedersheim, Lesbre, Rega- lia, etc. 2 Chacune d'elles représente l’apophyse transverse des vertèbres cervicales et dorsales et un rudiment de côte; le bord libre de chacune d'elles, alias l'apophyse latérale, costale ou costiforme, se développe par un point d’ossification autonome, qui apparaît au cours de la vie fœtale; les côtes lombaires sont toutes, en totalité ou en partie, ver- tébrales ou aulogènes. Cette thèse, soutenue pour la première fois par John Müller (2), a été, après être tombée dans le plus profond oubli, reprise et vulgarisée, en 1871, par Henle, puis par Rosenberg, Gegenbaur, etc. C’est la seule mentionnée aujourd’hui dans les traités classiques (3) d'anatomie humaine. Aux partisans de la seconde opinion, ceux de la première objectent : 1° Que, dans l'espèce humaine, l’avant-dernière et la dernière ver- tèbres thoraciques ont, l’une, anormalement, l’autre, normalement, des apophyses transverses trituberculeuses et possèdent, chacune, une paire de côtes; 2° Que parmi les animaux, il y en a, les Suidés entre autres, dont chacune des apophyses transverses des dernières vertèbres thoraciques se termine par un processus cosliforme analogue à celui qu'offre cha- (1) Rerzius, Arch. f. anat. u. phys., pp. 605-607, 1849. (2) Joux MüLrer cit. par ROSENBERG, Morph. Jahrb., Bd. 1, pp. 83-197. Leipzrg, 1876. : (3) Est-il bien nécessaire de rappeler que pour les partisans de celte thèse, c'est l'apophyse styloïde ou anapophyse à laquelle s'attache les faisceaux du muscle lombo-stylien, qui constitue la véritable apophyse transverse ? 288 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE cune des apophyses transverses de la 1° lombaire, mais articulé avec une côte; 3° Que, dans l'espèce humaine, on ne trouve jamais, avant la nais- sance, un noyau d’ossification particulier pour l'extrémité distale de chacune des apophyses transverses des vertèbres lombaires et que celui qui apparaîl après n’est rien autre chose qu’un noyau épiphysaire ou complémentaire, que les côtes lombaires sont toutes extra-verlé- brales ou exogènes. Examinons ce que valent ces objections. L'avant-dernière et la dernière vertèbre thoraciques ont l’une, nor- malement, l’autre, anormalement, des apophyses triluberculeuses et possèdent l’une et l’autre, une paire de côtes, c’est incontestable. Mais ce sont des côtes flottantes, dépourvues, chacune, de tubéro- sité, des côtes parapophysaires el il est permis de supposer que la tubérosilé la plus externe de chacune des apophyses transverses des deux dernières vertèbres thoraciques correspond à la portion diapo- physaire. Parmi les animaux il y en a, certes, les Suidés notamment, dont chacune des apophyses transverses des dernières vertèbres thoraci- ques se termine par un processus cosliforme analogue à celui qu'offre chacune des apophyses transverses de la 1° lombaire, mais articulée avec une côte. Mais il ne faut pas oublier que la question de l'homo- logie des apophyses transverses des vertèbres sont les plus obscures et les plus compliquées de la zoologie, que ce que nous savons des transformations mulliples et considérables qu'elles subissent, les unes etles autres, dans la série des Vertébrés nous commande impérieuse- ment d'être très réservé en ce qui concerne l'équivalence de chacune des parties qui, dans deux Vertébrés appartenant à des ordres très dif- férents, entre dans la composition des côtes et des apophyses trans- verses. € Many difficult exist, a remarqué justement Flower, about signification, homologies and terminology of these transverse pro- cesses. Probably, when more is known of the development of the verlebræ in a large serie of animals, some further light will be thrown on the subject ; but at present it does not appear that there is that uniformity in the »lan of construction of all vertebra wich has often been supposed and definitions of the different parts applicable in every case have not yet been arrived at and it may even be doubted wether this will ever be possible (1) ». EL c'est vraisemblablement pourquoi Gegenbaur, après avoir signalé la configuration des dernières ver- tèbres thoraciques et de la 1° lombaire des Porcins, n’en a pas moins continué à soutenir jusqu'à sa mort que la portion la plus externe (1) FLOWER, loc. cit. suprà. DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 289 de chacune des apophyses transverses de la 1" vertèbre lombaire hu- maine, représente une côte rudimentaire (1). Reste la dernière objection. C'est aux embryologistes qu'il faut s'adresser pour savoir, Si oui ou non, elle doit ètre prise en sérieuse considération. Malheureusement ici encore, hélas ! ils sont loin d’être tous d'accord. L'idée que les apophyses transverses des vertèbres lombaires ren- ferment, chacune, un rudiment de côtes, ne s’est vraiment imposée que depuis les recherches entreprises, en 1876, par Rosenberg sur les os qui entrent dans la composition des divers segments de la co- lonne vertébrale. Au dire de cet embryologiste il exislerait, en effet, chezles jeunes embryons humains du côté ventral de chacune des apophyses transverses des vertèbres lombaires en voie de formation, un noyau cartilagineux, séparé du tissu de la vertèbre, el qui, avec les progrès du développement, diminue progressivement de volume et finit par le souder à l'apophyse costale correspondante. Après Rosenberg, Holl (2) est venu, à son tour, affirmer que « le processus transverse des vertèbres lombaires résulte, embryologique- ment parlant, de deux parties, du processus transverse osseux et du processus transverse carlilagineux (ou épiphyse transverse), reliquat du tissu cartilagineux de toute la vertèbre » et, en outre, « que le pro- cessus transverse osseux a la même signification dans toutes les ver- tèbres et que l'épiphyse transverse des vertèbres lombaires et sacrées contient les éléments d'une côte ». A l'encontre toutefois de Rosen- berg il nie que le noyau coslal décrit par ce dernier soit constant. Selon Gegenbaur la preuve que chacune des apophyses transverses de la 1" lombaire contient un rudiment de côte résulle de « la présence accidentelle d’une 13° paire de côtes et parfois sans augmentation nu- mérique des vertèbres lombaires et qu'explique la persistance et le développement de l'ébauche de cette côte qui apparaît normalement au cours de l’ontogénie ». Pour ce qui est des mêmes apophyses des autres vertèbres lombaires il lui semble, que leur conformation « pro- vient de ce que la côte rudimentaire n'offre plus une ébauche distincte, mais qu'elle est, dès le début, fusionnée avec l’ébauche de la vertèbre ». « Il est généralement admis, a écrit Falcone (3), et des recherches très récentes poursuivies par W. Hagen (4), dans le laboratoire du (1) « Il est, a-t-il déclaré, quelques exemples où déjà, comme chez les porcs. les dernières vertèbres thoraciques à côtes portent des apophyses transverses serablables à celle de la première vertèbre lombaire, ce que rend impossible toute comparaison des côtes avec les apophyses transverses lombaires. » (2) M. Hozz, Silzungsb. d.k. Akad. de Wiss., p. 181, Wien, 1882. (3) FALCONE, Giorn. inlern. d. sc. med., 1900. (4) W. HAGEN, Arch. f. anat. u. phys., 1900, YERTÉBRALE. 19 290 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE professeur His, confirment ce fait que la caractéristique embryolo- gique du rudiment de côte fusionné pendant la pérode précartilagi- neuse avec le mésenchyme de l'arc vertébral primilif de Frortep, est la présence d'un noyau cartilagineux indépendant qui va progressi- vement en s'agrandissant dans le sens périphérique à mesure qu'il se différencie du tissu mésodermique des lames musculaires correspon- dantes. » D'après Bardeen (1) les apophyses neuro-costales des vertèbres lom- baires ont d’abord la même forme que celle des vertèbres thoraciques. Mais dès que débute la période de chondrification elles commencent à pouvoir être différenciées les unes des autres. Pendant que les apo- physes costales de la 12° pièce osseuse du rachis dorsal possèdent de bonne heure, chacune un centre séparé de chondrification, chacune de celles des vertèbres lombaires reste, durant un long laps de temps, à l'état de masse mésenchymateuse dense. Finalement chacune de celles des vertèbres lombaires devient cartilagineuse. Cette chondrification a pour origine un amas de cellules cartilagineuses indépendant. … En est-il toujours ainsi ? Bardeen n'oserait positivement l’affirmer. L'élément costal de la 1° vertèbre lombaire peut rester pendant fort longtemps isolé du cartilage de l’apophyse transverse, mais habituel- lement ces deux parlies se soudent bientôt entre elles. Pour Valenti (2) : 4) Le noyau cartilagineux décrit par Rosenberg constitue très vrai- semblablement une disposition anormale en rapport avec la présence possible des côtes lombaires ; 8) La portion la plus externe de l'apophyse transverse, celle dési- gnée sous le nom d'apophyse latérale ou d’apophyse costiforme, est l’homologue du tubercule antérieur ou ventral des apophyses thora- ciques, très développé sur les 11° et 12° vertèbres thoraciques ; y) Les tubercules mamillaires et les tubercules accessoires des apo- physes transverses des vertèbres lombaires représentent les apo- physes transverses des vertèbres thoraciques, moins le tubercule an- térieur ou ventral. Hasse et Schwarck ont soutenu qu'il est impossible de reconnaître une côte ou un rudiment de côtes dans les vertèbres lombaires et que c'est seulement, par anomalie, qu'il existe une côte en rapport avec la 1° vertèbre lombaire (13° côte). Cependant Wiedersheim (4) est convaincu que les côtes, quelles qu'elles soient, ne doivent pas être regardées comme des excrois- (1) BARDEEN, Americ. Journ. of anat., vol. IV, pp. 268-269. Baltimore, 1905. (2) G. VALENTI, Mem. d. R. Accad. d. se. d. Istit. di Bologna, 1903. (3) Hasse et Scawarck, Anal. Stud., Heft. 1. Leipzig, 1871. 1 2 3) 4) WIEDERSHEIM, PASSim. DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 291 sances, des prolongements de la colonne vertébrale, qu'elles se déve- loppent indépendamment d'elles dans l'intervalle des myocomes et ne s'y réunissent que secondairement. « On sait, a noté aussi Lesbre (1) que les apophyses transverses lombaires sont généralement considérées comme des côtes soudées... Nous les avons toujours vues s’ossifier par extension des lames laté- rales sans jamais former de noyau particulier, même à leur extrémité, et sans jamais offrir de continuité avec le noyau du corps vertébral, » Au vrai les embryologistes qui prétendent que les apophyses trans- verses de la 1"° vertèbre lombaire contiennent, chacune, normalement ou anormalement, une côte rudimentaire sont beaucoup plus nom- breux que ceux qui assurent le contraire. Aussi l'opinion des premiers a-t-elle prévalu, est-elle même, je le répète, devenue classique alors que celle des seconds est restée presque ignorée. Pour ma part, j'ai examiné au microscope une série de coupes de la colonne vertébrale, plongées successivement dans la gomme et l'alcool et colorées au carmin ou à l'hématoxyline et provenant de 8 embryons humains dont le plus avancé en âge mesurait du vertex à l'extrémité caudale du tronc 4, millimètres et le moins avancé en âge, 14 millimètres et je suis persuadé que le noyau cartilagineux signalé par Rosenberg sur la première lombaire n’y exisle qu'accidentellement. Je l’ai rencontré deux fois ; je ne l’ai jamais rencontré sur les 4 dernières lombaires. Mais qu'importe, au surplus, que les côtes lombaires soient aulo- gènes, des expansions en dehors des apophyses transverses lombaires, ou exogènes, se forment indépendamment de la colonne lombaire ? L'important, en anatomie philosophique, c'est moins de savoir com- ment elles naissent que de savoir que l’homme et d’autres Manumi- fères peuvent en avoir. Elles ne sont pas, en effet, spéciales à l'espèce humaine. Dans les Équidés caballins el asiniens, des productions osseuses sont quelque- fois rattachées par des ligaments à l'extrémité libre des apophyses transverses de la 1" lombaire transformées en côtes flottantes par suite de l'articulation au moyen d'une suture de leur base avec le pé- dicule. J.-F. Meckel (2) a trouvé sur un âne un os costiforme, long d'un pouce et demi, situé à plus d’un pouce des sommets des apophyses transverses des seconde et troisième vertèbres lombaires; cet os affec- tait la direction des côles et n'était pas uni immédiatement avec la dernière côte et l’apophyse transverse ; la connexion n'était opérée que par une membrane fibreuse. (1) LESBRE, De l'ossificalion du squeletle des Mammifères domestiques, cit. p. 4. (2) J.-F. MEckez, loc. cit. suprà, L. LIT, p. 441. 299 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Sur un squelette de cheval figurant dans les galeries du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, on remarque une première vertèbre lom- baire parfaitement conformée à droite, mais offrant, à gauche, au sommet de son apophyse transverse et el avec lui, un appen- dice costiforme. Non loin dece squeletteilen existe deux autres, l’un de Cheval arabe, dont le sommet de l'une des apophyses transverses de la 1° lombaire est articulé avec un appendice costiforme et la base avec le pédicule (1) ; l’autre d’un âne dont la base de l'une des apophyses transverses de la 1° lombaire est articulée avec le pédicule. Dans le musée d'anatomie vétérinaire de l'Université de Bologne sont exposés deux squelettes de cheval. Sur l’un on trouve, de chaque côlé de la colonne vertébrale, une côte rudimentaire mesurant 7 cen- timètres et demi de longueur à droite, et 6 centimètres à gauche, et dont l'extrémité interne est reliée à l'extrémité externe de l’apophyse transverse de la 2° vertèbre lombaire par une bandelette cartilagineuse. Sur l’autre on observe, mais à droite seulement, une côte du même. genre et dont l'extrémité interne est unie par une bandelette cartila- gineuse en forme d'Y à l'extrémité exlerne de l'apophyse transverse de la 1° vertèbre lombaire et à celle de l’apophyse transverse de la 2°. Dans le même musée sont conservés les restes osseux d'un renard dont le bout distal de l’une des apophyses transverses de la 1° lombaire est creusée d'une facette arliculée bordée par un petit relief osseux. Un daw du Muséum d'Histoire naturelle de Paris et un zébre du Muséum d'Histoire naturelle de Lyon, ont, l’un et l’autre, chacune des apophyses transverses de la 1° lombaire articulée par synarthrose avec le pédicule. Sur un southdown, possédant 13 vertèbres dorsales et 7 vertèbres lombaires, Lesbre a vu la 1°° lombaire se distinguer des autres par un rudiment de côte soudée à l'extrémité libre de l’une de ses apophyses transverses, et sur un dishley, pourvu de 12 vertèbres dorsales et de 7 lombaires, la 1'° lombaire posséder, d’un côté, une petile côte norma- lement articulée par une tête et une tubérosité, mais en voie d’anky- lose. On trouve dans le Musée anatomique de l'Université d'Aberdeen deux squelettes de Bovidés dont le sommet de l'apophyse transverse gauche de la 1"° vertèbre lombaire de l’un (Pos {aurus) est en rapport avec une côle mobile, mesurant / pouces de long, et chacune des apo- (1) Pour expliquer cette malformation complexe il faut supposer que le noyau d’ossification épiphysaire ou complémentaire de l'apophyse transverse de la pre- mière lombaire, demeuré indépendant après la naissance, s’est articulé, d’une part, en dedans, avec l'extrémité diapophysaire très atrophiée de l'arc neural et d'autre part, en dehors, avec une côte rudimentaire. DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 293 physes transverses de la 1° lombaire de l’autre (Yack, Bos grunniens) soutient une côte munie d'une tête, d’un col et d’une tubérosité (1). Struthers (2) gardait le squelette d’un chat dont la 14° vertèbre avait deux côtes flottantes, dont celle de droite était un tiers plus longue que celle de gauche. Le même anatomiste a disséqué une Balænop- era musculus à la 16° vertèbre de laquelle était suspendue une paire de côtes flottantes. Le musée anatomique de l'Institut supérieur de Florence renferme le squelette d’une girafe dont la 1° lombaire du rachis composé de 7 C., 13 th. et G1., (3) porte deux osselets allongés, mesurant, l’un, 45 millimètres, l’autre, 50 millimètres de longueur et comprenant, l’un et l’autre, une portion rétrécie ou col dont l'extrémité interne ne s'étend pas jusqu'au centrum et une portion renflée dont l'extrémité externe est articulée avec le sommet de l'apophyse transverse, située au-dessus d'elle. Le 23 novembre 1891 le professeur G.-B. Howes a présenté à la So- ciété anatomique de la Grande-Bretagne et d'Irlande la colonne ver- tébrale d'un lapin (Lepus cuniculus) dont la 1°° lombaire possédait à gauche une côte flottante avec une tête, un col et un corps et longue de trois quarts de pouce. En plus de ce lapin dont la moitié droite du centrum de la 8° vertèbre thoracique était fusionnée, suivant une ligne oblique, avec la moitié gauche du centrum de la 9°, Howes en a vu un autre dont la 1"° lombaire avait également une paire de côtes, mais le rachis élait déformé. Il est admis d’une facon générale, en zoologie, que la réduction numérique des côtes constitue un caractère de supériorité. Le vertébré- lype a toutes ses vertèbres pourvues de côtes, Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire en traitant des côtes cervicales (4), les premiers Vertébrés apparus sur le globe les Poissons, possédaient — du moins l'immense majorité sinon tous — de même que ceux des espèces ac- tuelles (5) dontils différaient, d’ailleurs, fort peu, des vertèbres qui (1) J'ai dit précédemment (voy. Verlèbres thoraciques en général, Variations de nombre, Anatomie comparée) que l'appendice osseux qui apparaît sur un peu plus de 4,5 p.100 des Bœufs zurichois, est considérée comme une côte lombaire lorsqu'il s'articule seulement ‘avec l'apophyse transverse de la première lom- baire. (2) STHRUTHERS, Journ. of anal. and phys. cit., 1871. (3) Selon Giebel (Die Saügelthiere, 2° Aufl., 1859), la formule vertébrale de la girafe, est : 7 c., 14 th.,4,1.5s. Sans attacher plus d'importance qu'il ne convient à l’assertion de Flower qui assure que les Arliodaclyles ont constamment 19 vertèbres dorso-lombaires, il y a lieu cependant de croire que dans ce cas Giebel s'est trompé ou s'est trouvé en présence d’un cas exceptionnel. (4) Cf. 7° verlèbre cervicale, Côles cervicales, Anatomie comparée. (5) Les côtes abdominales ou lombaires, pour ne parler que d'elles, manquent 294 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE élaient toutes, même celles de la région caudale, pourvues chacune d'une paire de côtes. Dans les Ophidiens et certains Sauriens presque toutes les vertèbres portent une paire de côtes. Les Ratiles, les Autruches, les Casoars, les Vandous, etc., ont des côtes cervicales qui, peu de temps après la naissance, lorsqu'elles sont soudées, ressemblent à celles des Crocodiles. Parmi les Cétacés, il y en a dont la 7° vertèbre du cou, la dernière, est munie, à droite et à gauche, d’une côte dont l'extrémité supérieure est indivise et d’autres (le Dauphin commun, le marsouin, la Balænoptera laticeps,etc.), dont l'extrémité supérieure de la première côte thoracique est divisée en deux branches, dont l'anté- rieure est articulée avec la 7° vertébre du cou et la 1" vertèbre du thorax, et ce qui dénote bien que cette côte, bifide en haut, n'est rien autre chose que la 1"° côte thoracique à laquelle s’est soudée la der- nière côle cervicale, incomplètement développée, c'est que le profes- seur R. Blanchard et moi avons trouvé sur deux Balænoptera lati- ceps, d'un côté, la première côte thoracique bifide en haut et du côté opposé, la 1° côte thoracique et la 7° côte cervicale bien conformées. Les grands Pachydermes, les Rhinocéros, les Éléphants ont 19 et 20 paires de côtes ; les Solipèdes, le tapir, 18 ; divers Lémuriens, 17 ; plusieurs Singes d'Amérique, 16 ; le porc, 14; les Bœufs, les Carnas- siers, le macaque, le gorille, le chimpanzé, le gibbon, 13 ; l'orang et l'homme, 12 (1). A un stade reculé de la vie embryonnaire, ai-je dit également dans le chapitre de ce livre où j'ai cherché à donner une interprétation plausible de l'apparition des côtes cervicales dans l'espèce humaine, l’homme possède 29 paires de côtes au lieu de 12, toutes les vertèbres sacrées ayant une paire de côtes rudimentaires et, chez lui, de même que chez les autres Mammifères, ce sont les côtes des extrémités du rachis qui disparaissent les premières. La 1° côle cervicale qui existe normalement à l’état parfait ou imparfait dans les Cétacés est celle qui disparaît là dernière pendant la vie fœtale chez tous les autres Mammifères, y compris l'homme. La rudimentation commence par sa partie moyenne alias au niveau du point où les deux côtes, la côte sternale et la côte vertébrale des Sauropsidés, correspondant à la dans quelques Poissons osseux, tels que les Balistes, les Diodons, les Syngnathes, les Baudroies ainsi que chez les Poissons cartilagineux allongés comme les Lamproies ou aplatis comme les Raies. (1) Le lapin, le dromadaire, le bison, le Maki de Madagascar ont également 12 paires de côtes, mais aucun de ces animaux n’a, comme l'homme et l’orang, 8 paires de côtes et 5 paires de fausses côtes dont 3 fixées et 2 flottantes. Les deux dernières fausses côtes de l’orang sont plus longues que celles de l’homme. DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 295 côte indivise des Mammifères, se continuent lune avec l’autre. Son lronçon antérieur persiste après la naissance sous la forme d’un nodule cartilagineux ou osseux, non fusionné d'ordinaire avec la poignée du sternum, dans nombre de Chéiroplères, d’Inseclivores et de Rongeurs et son tronçon postérieur, normalement ou accidentellement suivant maints anatomistes, ainsi que celui de chacune des autres côtes cer- vicaies et celui des côtes lombaires, sous la forme d’une lamelle qui fait partie intégrante des apophyses lransverses des vertèbres cervi- cales et de celles des vertèbres lombaires. La réduction de la cage thoracique humaine par ses deux extré- milés est donc attestée à la fois par la phylogénèse et l'ontogénèse ; elle l’est également par ses varialions réversives el par ses variations progressives. On a vu d’un seul côté ou des deux côtés chez l'homme, non seulement la 7°, mais encore les 6°, 5° 4° et 3° vertèbres cervicales et les 1", 2°, 3, 4° lombaires pourvues de côtes. Il n’est pas rare de rencontrer 13 côles, la 13° côte étant tantôt une 7° côte cervicale, tantôt une 1° côte lombaire. Même avec le chiffre de 12 côtes, le nombre des vraies côtes n'y est pas invariable puisque sur 20 p. 100 des hommes, la 8° côte est une vraie côte, se prolonge autrement dit jusqu'au sternum comme chez trois des Grands singes anthropomor- phes et chez les Singes inférieurs. Cela étant; est-il défendu de se re- présenter un de nos ancêtres très éloignés avec une longue poitrine dont la charpente osseuse était formée par 14 côtes {1 cervicale, 12 dor- sales et 1 lombaire), ce qui était déjà un progrès considérable sur un type encore plus reculé d’être innommé où les racines antérieures des apophyses transverses du cou s’avançaient dans les muscles du cou et les apophyses costiformes des vertèbres de l'abdomen dans les parois de l'abdomen ? Entre tous les Primales, l'homme se distingue par l'activité de ses membres supérieurs de plus en plus spécialisés pour la préhension et le toucher, desservis par des muscles nombreux et par un plexus ner- veux compliqué, le plexus cervico-brachial. En même lemps, sa poi- trine dégagée sur les côlés par l’écartement des muscles thoraciques qui ne sont plus collés sur ses flancs (1), s'étale transversalement et dans sa base élargie, laisse un libre jour au diaphragme qui est devenu l'agent le plus important de l'inspiration. C’est, parce que le diaphragme a pris, dans l'espèce humaine, le rôle d’inspirateur prin- cipal et que la fonction d’inspirateurs auxiliaires a été dévolue aux muscles du cou et des membres supérieurs (scalènes, trapèzes, ete.), elsurtout à ceux qui s'insèrent sur les clavicules, que les muscles in- (1) Deux muscles anormaux, le muscle chondro-épitrochléen et le muscle dorso-épitrochléen, témoignent encore de cet accolement primitif. 296 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE tercoslaux, rejetés au troisième rang et ne pouvant même plus s'uti- liser en dehors de la respiration, ont vu leurs fibres contractiles subir, à des degrés divers, une transformation fibreuse (1) qui s'accompagne d'une décadence très nette des nerfs qui les animent, des vaisseaux qui les nourrissent el des os sur lesquels elles se fixent. Sur 400 sujets examinés pendant six ans dans les salles de dissection de l'École de Médecine de Tours, il y en avait 79 chez lesquels un des premiers ou un des derniers nerfs intercostaux n'avait qu’une racine et 162 dont les artères et les veines inlercostales supérieures ou inférieures man- quaient ou naissaient au nombre de deux ou trois par un tronc com- mun. Les pièces extrêmes du squelette thoracique montrent déjà des indices évidents d’atrophie. La 11° et la 12° côtes sont indépendantes des autres et appelées pour cette raison côtes flottantes. Et cependant la 11° a eu jadis une grande étendue ainsi qu’en témoigne un cordon fibreux qui la prolonge dans l’intérieur du muscle petit oblique de l'abdomen et dans lequel apparaissent de temps à autre, comme Je l'ai péremptoirement prouvé, un ou plusieurs nodules cartilagineux ou osseux. Quant à la 12° elle peut faire totalement défaut,ne pas mesurer plus de 3 ou 4 centimèlres de longueur, être si courte, en un mot, que les rapports du rein en sont changés et qu'elle échappe à la main du chirurgien qui palpe, avant d'y pratiquer une opération, la région lombaire. La 1"° côte offre déjà assez fréquemment des arrêts de déve- loppement inquiétants : sa partie antérieure avortle et sa partie posté- rieure, seule existante, se termine dans les muscles voisins, les sca- lènes, se soude à la 2° côte ou s'unit au moyen d’un mince ligament nacré au sternum, conformations diverses qui rappellent les côtes flottantes et le cordon fibreux de la 11° côle en voie de disparition. Il est donc à craindre qu'elle ne partage plus tard le sort de la 7° côte cervicale et qu'elle ne soit remplacée en partie par la clavicule avec laquelle elle semble faire double emploi, en partie par la 2° côte qui passera ainsi au premier rang (2). Diminuée de sa première côte et de ses dernières, la poitrine hu- (1) Un muscle dont la fonction est abolie se transforme en tissu graisseux, un muscle dont la fonction n’est qu'amoindrie, en tissu fibreux. Ainsi dans l’an- kylose du cou-de-pied, le soléaire, dont la fonction d'extenseur du pied est totalement supprimée, devient graisseux alors que les jumeaux qui ont conservé leur fonction de fléchisseurs de la jambe, subissent seulement un changement dans le rapport de la fibre rouge au tendon, deviennent seulement plus fibreux. (Pour détails complémentaires, V. mon Traité des variations du système muscu- laire de l’homme, Paris, 1897, t. 1, pp. 283-248 et t. II, Considérations générales), (2) De même que l’évolution du système dentaire, celle de la cage thoracique est révélée aussi par les variations réversives et progressives de ses parties constituantes chez les animaux. Les Bœufs ont exceptionnellement — (4,5 p. 100 des bœufszurichois, au dire de Bieler, Chronique agricole du canton de Vaud,25 juin DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 297 maine future du type à 9 côtes, allégée de muscles inuliles, disparus ou remplacés par de solides aponévroses, se présentera dans de meil- leures condilions physiologiques (1). CINQUIÈME VERTÈBRE LOMBAIRE VARIATIONS DE FORME ET DE DIMENSIONS DU corps, — Chez les Européens le corps de la 5° vertèbre lombaire est taillé en coin à base antérieure. Chez les non-Européens le diamètre vertical postérieur du corps peut égaler en hauteur, dépasser même le dia- mètre vertical antérieur. C’est ainsi que parmi les 5° vertèbres lom- baires d'Hindous, de Sikhs et de Musulmans qu'il a examinés (2) dans lAnalomical Departement of the Lahore medical College R. Have- lock en a trouvé 7 dont le corps était plus élevé en arrière qu’en avant et 18 où 1l était moins élevé en arrière qu'en avant. 1895), — par suite de la présence à droite ou à gauche, d’une fausse côte sur- numéraire, 14 paires de côtes au lieu de 13, et le caractère réversif de cette malfor- malion s'impose quand on se rappelle que des Mammifères appartenant à la même espèce, le Bison d'Amérique et le yack, non domestiqués, ont le premier, 15 paires, le second 14 paires de côtes, ainsi que l’aurochs dont se nourrissaient nos sau- vages ancêtres de la pierre polie. Mon vieux maitre, le professeur Saturnin Thomas, a, comme j'ai déjà eu l’occasion de le dire, signalé dès 1865, sans atta- cher, il est vrai, à ce fait la moindre importance, l'apparition accidentelle dans les Espèces ovines d'un appendice costitorme sur l’un ou l’autre ou sur chacun des côtés de la 1°° vertèbre sacrée. Les chevaux, qui n’ont habituellement que 18 paires de côtes, peuvent en avoir 19 et même 20. Les chameaux, les chiens, les cäals, les porcs, les lapins, etc., possèdent parfois une ou plusieurs côtes supplémentaires. Le gorille a, assez souvent, 14 paires de côtes soit une de plus que le nombre normal. Et s’il était permis, en matière zoologique, de s'appuyer sur de vieux textes, je noterais que les anciens Aryas, possesseurs et amateurs de chevaux, avaient notion de la diminution numérique des arcs costaux, puis- qu'il est écrit dans l’Acwameda, l'un des hymnes du Rig-Veda, à propos d'un cheval offert en sacrifice : « La hache tranche les 34 côtes du rapide cheval, » (Piétrement, les Origines du cheval domestique, p. 118. Paris, 1870.) (1) Le thorax humain se distingue par sa largeur, sa forme aplalie d'avant en arrière, sa brièveté dans le sens vertical. Les épaules au lieu d’enserrer la poi- trine sont rejetées en arrière et en dehors. Des clavicules longues et solides contribuent à les maintenir dans celte position. Pourquoi ? Pour reporter le centre de gravité du corps en arrière. Il est clair, en effet, que si notre thorax avait cette forme étroike, aplatie latéralement qu'on observe chez les Quadru- pèdes, son poids augmenté de celui des viscères qu’il renferme tendrait constam- ment à l’entrainer en avant. Quant à son raccourcissement il est, ainsi que celui de la colonne vertébrale, la conséquence de la station bipède. Un thorax humain aussi allongé que celui du chien serait peu esthétique et surtout incom- mode; il génerait à un haut degré la flexion du corps en avant. (2) « 75 p. 100, des vertèbres qu'il a examinés », dit-il, 298 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE On lit dans les traités classiques d'anatomie humaine que la portion du rachis interposée entre la portion thoracique et Île sacrum, concave en arrière, est convexe en avant. Or, en mesurant, d’abord, sur 25 co- lonnes vertébrales de diverses provenances et dépourvues de ménis- ques, fibro-cartilagineux, le diamètre vertical antérieur et le diamètre vertical postérieur du corps de chacune des 5° lombaires, Turner s’est assuré que le premier est proportionnellement plus grand que le second chez les Chinois, les Malais, les Esquimaux, les Lapons, les Européens, les Adamans que chez les Australiens les Boschimans, les nègres, les Hindous. Chez un Hindou et chez un Sikh il a même vu le premier proportionnellement moins grand que le second, mais il a cru avoir affaire à deux sujets anormaux. En se basant, enfin, sur l'in- dex lombaire suivant qu'il a obtenu, en mesurant en avant puis en arrière, sur chacun des 25 rachis susdits, la longueur du rachis lom- diamètre vertical postérieur *X 100 baire ,il a reconnu que celui-ci diamètre vertical antérieur peut-être presque rectiligne (Ortho-rachic, de Turner ; — Index lom- baire oscillant entre 98 et 102) concave en avant (Koclo-rachic ; — Index lombaire supérieur à 102), convexe en avant (Xurlo-rachie ; — Index lombaire inférieur à 98). Ultérieurement D. J. Cunningham a établi que les ménisques fibro-cartilagineux intervertébraux lom- baires dont l'épaisseur n’est pas la même dans toutes les races, entrent pour une part dans les différences de courbure que peut offrir la colonne lombaire. Malgré tout, c’est certainement et principalement dans les variations d’élévation en arrière et en avant du corps de la 5° pièce osseuse de la colonne lombaire qui supporte le poids de la tête, du tronc et des membres supérieurs qu'il convient de chercher la raison de ces différences de courbure individuelles ou ethniques que la colonne lombaire peut offrir. Quelles sont les causes de ces varia- tions ? Peut-être certaines habitudes ethniques. Les Hindous et les Sikhs, les Musulmans chez lesquels le dernier élément osseux du rachis lombaire est généralement plus haut en arrière qu’en avant alors que c'est l'inverse chez les Européens, passent la moyenne partie de la vie accroupis, assis les jambes croisées sur leurs talons à la manière de nos tailleurs, ils inclinent donc le corps en avant au lieu de le reporter en arrière comme le font la plupart du temps les Européens. Au cours de la vie, après comme avant son complet développement, la 5° ver- tèbre lombaire est donc surtout comprimée de haut en bas en avant chez les premiers alors qu’elle est surtout comprimée de haut en bas en arrière chez les seconds. Ce n’est évidemment qu'une hypothèse, mais une hypothèse qu'il ne serait pas inutile de vérifier (1) }° (1) Pour de plus amples détails, Cf. CUNNINGHAM, Mem. n° 2, Royal Irish. Aca- DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 299 D'autant mieux que le diamètre vertical antérieur et le diamètre vertical postérieur de chacune des vertèbreslombaires, ont les mêmes dimensions chez les Hindous, les Sikhs et les Musulmans pendant leur enfance et que s'il y a alors une différence entre les dimensions du diamètre vertical postérieur et celles du diamètre vertical antérieur cette différence est toujours en faveur du diamètre vertical antérieur. Dans toutes les races humaines les courbures du rachis et spécia- lement l'inflexion lombaire sont à peine marquées au moment de la naissance ; c'est plus tard seulement, lorsque l'enfant a la force de se redresser sur sa couche, lorsqu'il commence à marcher que les sinuo- sités s’accentuent. Des trois courbures ou inflexions de la colonne vertébrale les deux premières, se retrouvent chez les animaux, la troisième en revanche est l'apanage presque exclusif de l'homme ; elle est en rapport avec son attitude verticale. L'inflexion lombaire est celle qui contribue le plus à relever le tronc et à reporter la ligne de gravité en arrière de l’axe des hanches. Les Ouadrupèdes ont bien la courbure cervicale — il faut (que la tête soit soutenue à une certaine hauteur au-dessus du sol) — mais la courbure du dos se continue avec l’inflexion lombaire, le dos a la forme d'un arc allongé ; il y a, je l'ai déjà dit, une courbure dorso-lombaire unique, concave du côté central. Cette forme bien accusée chez les Béles de somme, rend le dos plus propre à porter des fardeaux. Les singes se partagent à ce point de vue en deux groupes : 1° Les Lémuriens, les Cébiens, les Pithéciens qui ont la courbure dorso-lom- baire unique en rapport avec leur station quadrupède ; »° les Anthro- poïdes, qui se présentent sous des aspects divers, plus voisins cepen- dant de la disposition humaine. Chez le chimpanzé la courbure lombaire ne porte que sur les deux dernières vertèbres et chez l'orang sur la dernière. Le gorille avec sa colonne vertébrale droite s'éloigne le plus de l’homme, L'inflexion lombaire faisant défaut chez les Singes anthropomorphes ils ne peuvent jamais se redresser entièrement et se tiennent constam- ment un peu inclinés. Cette allitude a été désignée à juste titre sous le nom d'altitude oblique. TROU STYLO-POSTZYGAPOPHYSAIRE. — C'est, je le rappelle, sur la demy et he spinal curvalure in an Aboriginal Australian, 1889: TurNer, Journal of anal. and phys., vol. XX; C, Dorsey, Bullet. of the Essex Inslilute, XXVII, 53-73; CuarPy, Journ. d'anat. el de phys., 1885; PAPILLAULT, Mém. de la Soc. d'anthrop. de Paris, 1882; SouLaRuE, Mém. de la Soc. d'anthrop. de Paris, 1900: RAVENEL, Zeilsch. f. Anal., 1877: T. DwiGur, Med. Record, 1894: BLUMENFELD, Diss. inaug. Berlin, 1894, Arpy, Arch. f. Anal., 1879, etc, 300 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE 5° vertèbre du segment lombaire du rachis qu'on rencontre le plus souvent, dans ce segment, les trous transversaire et retro-transver- saire. En plus de ces deux trous Manners-Smith a trouvé une fois, à droite et à gauche, un autre trou résultant de l’union par une lan- guette osseuse de l’apophyse styloïde et la postzygapophyse et qui ne semble être qu'un trou vasculaire. C'est une variation qui paraît être due à l’ossification des tractus fibreux qui rattachent l’une à l’autre ces deux parties et qu'il importe de ranger, par conséquent, dans la classe des variations sans signification morphologique que j'ai définies variations par ossificalion ligamenteuse. VARIATIONS DE CONNEXIONS. (SACRALISATION COMPLÈTE OÙ INCOMPLÈTE DE LA 9° VERTÈBRE LOMBAIRE.) — À l'extrémité inférieure du rachis, comme à l'extrémité supérieure, les vertèbres ont une tendance à se Sacrum asymétrique d'enfant, et dont l’aileron gauche porte une facette qui s’articulait avec l'apophyse transverse gauche de la cinquième vertèbre lom- baire. Du côté gauche la gouttière contenant le nerf lombo-sacré, resserrée entre l'empreinte anormale et le corps de la 5° vertèbre sacrée, est bien plus étroite ec bien plus marquée que celle du côté droit. fusionner entre elles. De même que l’atlas se soude parfois complète- ment ou incomplètement à l'occipital, la première vertèbre cépha- lique dans la théorie vertébrale du crâne, ou à l'axis ; celui-ci à la 3°, + De he 2 DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 301 la 3e à la 4e ; la 5° vertèbre lombaire s'unit parfois, totalement ou par- tiellement, à la 1" vertèbre sacrés, voire même à l'os iliaque, à l’une Sacrum asymétrique d'enfant, articulé avec les deux iliums et surmonté de deux vertèbres Jombaires, dont l'une, la dernière, est complètement sacralisée du côté gauche et nullement du côté droit, de sorte que 1° L'on compte quatre trous sacrés à gauche et trois à droite ; 2 Trois vertèbres concourent à former l'auricule gauche et deux l'auricule droite. Les arceaux des grandes échancrures n’ont pas changé de niveau, mais l'auricule gauche monte beaucoup plus haut que celle du côté droit. A gauche, le promontoire est au niveau du disque qui surmonte l'aileron complètement sacralisé ; à droile, il est au niveau du disque sous-jacent. el l’autre, ou à la 4° lombaire, et celle-ci à la 3°, etc. EL de même que l'occipitalisation partielle de l'atlas est moins rare que l'occipilalisa- 302 TRAITÉ DES VARIATIONS DES O$ PE LA COLONNE VERTÉBRALE tion totale, la sacralisation partielle de la 5° vertèbre lombaire est moins exceptionnelle que sa sacralisation totale. Tous ies anatomistes qui se sont spécialement occupés de cette anomalie Koïlmann (1), D.-J. Cunningham, Topinard, Valenti, R. Havelock, etc., ont parfaitement remarqué que dans la transfor- mation du dernier élément dur de l’épine lombaire aboutissant à sa fusion totale avec le sacrum et par suite à l'existence d’un sacrum à 6 vertèbres 1l faut distinguer divers degrés correspondant chacun à une étape de cette transformation. On en a admis jusqu'à 9 ou 10. Ils me semblent sans inconvénient pouvoir être réduits à 5. Dans le premier degré la 5° vertèbre lombaire est une 5° lombaire parfaite, sauf en ce qui concerne chacune ou l'une ou l'autre de ses apophyses transverses qui, augmentée de volume, affecte la forme d'une pyramide aplatie de haut en bas, dirigée de dedans en dehors et un peu d'avant en arrière et dont la base se continue avec le centrum, et le sommet, libre, est très rapproché de l’aileron sacré sous-jacent. Dans le second degré la 5° lombaire a gardé encore tous ses attri- buts, excepté en ce qui touche chacune ou l’une ou l’autre de ses apo- physes transverses qui est un peu plus grosse que d'ordinaire et pré- sente à son extrémité distale un renflement, lisse ou rugueux, de configuration variable qui arrive presque au contact de l’aileron cor- respondant du sacrum. Dans le 3° degré la 5° lombaire est encore normale, à part chacune ou l’une ou l’autre de ses apophyses transverses qui est un peu plus forte que d’habitude et offre à son bout périphérique ou dans le voi- sinage de son bout périphérique, une excroissance lisse ou rugueuse, d'aspect variable, mais dont la face inférieure possède une facette articulée avec une facette analogue située sur l’aileron contigu du sacrum ou une surface rugueuse en rapport avec une surface ru- gueuse identique située sur l’aileron contigu du sacrum. De sorte qu'on constate, d’un seul côté ou des deux côtés, la présence d’un trou de conjugaison supplémentaire. Dans le second aussi bien que dans le 3° degré, il peut advenir, mais cela est excessivement rare, que le’ bout périphérique de l’une des apophyses transverses en rapport avec l’aileron voisin du sacrum, s’accole, en outre, à l'os iliaque adjacent au moyen d'une surface hérissée de mamelons et d'aspérités. Dans le 4° degré une des apophyses transverses et la partie du centrum dont elle émane, très hypertrophiées l’une et l’autre, com- mencent à ne former ou ne forment qu’une seule masse. Et l’apophyse (1) KOLMANN, Anal. Gesellsch. Wurzburg, mai 1888. D. J. CunninGnam, Topi- NARD, etc., passim. DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 303 transverse est articulée par l'intermédiaire d'une facetle ou d'une surface rugueuse à la fois avec l’aileron du sacrum et l'os iliaque du même côté. Il existe un trou de conjugaison surnuméraire de forme ovale à grand axe transversal, plus capace que les trous sacrés, et situé dans un plan différent. Dans le 5° degré la disposition est la même que dans le 4° mais est bilatérale. Dans le 6° degré la 5° lombaire est entièrement unie au sacrum. Souvent à partir du 2° degré et presque toujours pour ne pas dire Sacrum asymétrique d'un enfant de quinze ans, et surmonté d'une cinquième lombaire en voie de sacralisation. Face antérieure. Face postérieure. I, V, Ir et 5° vertèbres sacrées dont les apophyses transverses ne sont pas encore soudées. toujours, à partir du 3°, chacun ou l’un ou l’autre des deux aïlerons sacrés est non seulement déformé mais encore exhaussé surtout en dehors. L'assimilation, complète ou incomplète, au sacrum ou sacralisation de la 5° vertèbre lombaire n’a pas toujours pour conséquence une asymétrie du bassin ni la persistance de ses caractères fœtaux el infantiles, comme le prétend Tridondani (1). Unedes deux observations (1) Dans le paragraphe de cet ouvrage que j'ai consacré aux variations de nombre des vertèbres thoraciques, j'ai publié une autre observation (obs. VIT) qui est un bel exemple de sacralisation de la 5e vertèbre lombaire avec persis- tance d’un certain nombre des caractères fœtaux et infantiles du bassin. 304 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE ci-jointes dues à la collaboration de deux de mes anciens élèves, le professeur Mercier, de Tours, ancien interne des hôpitaux de Paris, et Faix, interne des hôpitaux de Paris, ancien prosecteur à l'École de médecine de Tours, et basées. sur l’étude d'un bassin, figurant dans mon musée particulier, et d'un bassin disséqué à lamphithéâtre d'anatomie de l'École de médecine de Tours et qui ont été présentés à la Société d'Obstétrique de Paris l’un le 20 février 1902, l’autre le 17 mars 1904, ne laisse aucun doute à ce sujet. OBSERVATION I Bassin vicié symétriquement par assimilation unilatérale de la 5° vertèbre lombaire au sacrum. Par R. Mercier (de Tours) et A. Faix. Ce bassin que nous vous présentons provient du cadavre d’une femme, livrée à la dissection ; nous n’en connaissons donc pas l'histoire. Tout l'intérêt de celle pièce consiste dans l’anomalie du sacrum constitué par six pièces vertébrales, par suite de l'adjonction de la »° verltèbre lombaire. Ce sacrum, d’une hauteur totale de 15 centimètres, présente : 1° une synostose partielle (droite) des deux corps vertébraux (5° lombaire et 1'° sacrée) ; 2° une synostose unilatérale (droite, de l’apophyse trans- verse de la 5° lombaire et de l’aileron sacré. L’assimilation unilatérale n’entraîne pas, à première vue, de défor- mation nettement asymétrique du bassin, puisque : 1° les deux corps vertébraux offrent une hauteur sensiblement égale des deux côtés ; la »° lombaire mesure,en effet,une hauteur de 3 centimètres sur son bord droit aussi bien que sur le gauche et la ligne de suture lombo-sacrée est franchement transversale ; 2° les deux apophyses fusionnées ont un volume égal à celui des apophyses normales dissociées du côté gauche. Mais une mensuration minulieuse était nécessaire pour nous en convaincre. La pelvimétrie exlerne nous a donné les chiffres suivants : (a) Diamètre antéro-postérieur. — De l'apophyse épineuse de la »e lombaire au bord supérieur de la symphyse pubienne. 18°",6 (b) Diamètres transversaux. — 1° D'une épine illaque antérieure et supérieure d’un côté à celle du côté opposé . . . . 20cm,9 2° D'une crête iliaque à l’autre (distance maxima). . . . . 26°m,2 DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 305 3° D'une épine iliaque postérieure et Te d'un côté à celle du côté opposé. . . : 8,3 (c) Diamètres obliques. — 1° De la Het is Ds He à l’épine iliaque postérieure et supérieure gauche . . . 17,8 De la tubérosité ischiatique gauche à l'épine iliaque pos- térieure et supérieure droite . . . . : A8 3 2 De l’épine iliaque antérieure et supérieure droite à l'épine iliaque postérieure et supérieure gauche ne 202 De l'épine iliaque antérieure et supérieure gauche à l’épine iliaque postérieure et supérieure droite . . . 20cm,3 3° De l’apophyse épineuse de la 5° lombaire à l'épine que antérieure et supérieure droite. . . . RAGE De l’apophyse épineuse de la 5° lombaire à ae liique antérieure et supérieure gauche 2°. . . . 4 . . .: 466 La pelvimétrie interne beaucoup plus intéressante, nous a fourni les résultats ci dessous : (a) Détroit supérieur. — 1° D. oblique gauche. . . . . . . . 1438 UE dE QE AE is US AR Un 1 ‘Amp DL ÉTATIS FETE RAM = 0 Ne ne, M Lun + 43m MPrcauanon —D)bisciatique, 59-10 2 020.0. 4, . 20. A0 T (c) Détroit inférieur. — D. biischiatique (face interne des tubéro- CR LR D où Alalitns dar sou A & AGEN A Les diamètres diagonaux mesurent : D. Promonto-sus-pubien normal. . . . . RATER < ts D. Promonto-sus-pubien anormal (bord Fe de É »* lom- bare} en : , DR TE 290) A ES MANN dia Teva | AGÉS 5 D. Promonto-sous- Sr Fr 3 Péy CRE TRE UNE = LR | D. Promonto-sous-pubien anormal (bord supérieur Le a »° lom- DATE) RENE PEU OU AA Ve Lee MU 6 st An D SvuS-SAcro-SoBS-pubien en REC ADAM PINS Le l'4Bem 4 Ce bassin ne présente donc qu’une asymétrie fort légère portant sur le diamètre oblique droit; cette asymétrie ne dépasse pas 3 milli- mètres pour le diamètre oblique interne et 1 millimètre pour l'externe correspondant. En résumé, ce sacrum offre une anomalie à la fois numérique par sacralisation de la dernière lombaire et morphologique par ankylose unilatérale de cette 5° lombaire sacralisée. Praliquement, ce sacrum numériquement anormal ne peut pas être une cause de dystocie, puisqu'il est resté régulier en dépit de l’ankylose unilatérale de la 5° lombaire sacralisée. En effet, il n'existe qu'un seul promontoire sacro-vertébral et non sacro-sacré capable seulement de dérouter tout d’abord l’accoucheur qui, pratiquant le toucher élevé, ne trouve pas la même disposilion à sa droite et à sa gauche. VERTÉBRALE, 20 306 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE OBSERVATION II Sacralisation unilatérale de la 5° lombaire sans asymétrie du bassin. (Présentation de la photographie.) Par M. R. Mercter (de Tours). Le bassin que nous présentons provient de la remarquable collection du professeur Le Double. Il est caractérisé par la soudure de l’apo- physe transversale gauche de la 5e lombaire avec l'aileron sacré cor- respondant. L'assimilation de la 3° lombaire se trouvant limitée à son apophyse transverse n’a pas produit d'asymétrie du bassin. C'est là un fait identique à celui que nous avons présenté à la Société en 1902. La pelvimétrie externe nous a donné les chiffres suivants : (a) D. antéro-postérieur. — De l'apophyse épineuse de la 5° lom- baire au bord supérieur de la symphyse pubienne. (b) D. transversaux .— 1° D'une épine iliaque antérieure et supé- rieure d'un côté à celle du côté opposé. 90 D'une crête iliaque à l’autre (distance maxima). 2 3° D'une épine iliaque postérieure et supérieure d’un côté à celle du côté opposé. ME (ce) D. obliques. — 1° De la tubérosité Hier droite : à ou iliaque postérieure et supérieure gauche De la tubérosité ischatique gauche à l'EIPS droite 20 De l’EIAS droite à l'EIPS gauche. De l'EIAS gauche à l’'EIPS droite. à : 3° De l’apophyse épineuse de la 5e lombaire à V'ETAS bite : De l’apophyse épineuse de la 5° lombaire à l'EIAS gauche. La pelvimétrie interne a fourni : (a) Détroit supérieur. — 1° D. oblique gauche. 2 D. oblique droit . 3° D. transverse maximum (b) Excavation. — D. bisciatique i (c) Détroit inférieur. — D. bischiatique (ee oi des tubes rosités) Les diamètres diagonaux mesurent : D. promonto-sus-pubien normal . 5. ol 0 ; D. promonto-sus-pubien anormal (bord SUDÉrIOUr de la ge lom- baire) . ; , D. promonto-sous- DUIER normal. nt D. promonto-sous-pubien anormal (bord Dnérteur dé : ge ne baire) . D. sous-sacro-sous- pabien DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 307 La synostose unilatérale n’entraîne donc pas fatalement l’obliquité du bassin. D'autre part, les mensuralions pratiquées ue permettent pas de souscrire aux conclusions développées dans le mémoire d'Enrico Tridondani (1). Cet auteur, basant sa description sur 8 bassins viciés par assimilation, a relevé chez eux un certain nombre de caractères rappelant les bassins fœtal et infantile. A l'état normal la base du sacrum est constituée: 1° dans son milieu par le corps de la 1° sacrée dont la faceantérieure forme un angle aigu ouvert en avant avec la 5° lombaire et au niveau et un peu au-dessous duquel, du moins dans la race blanche, se trouve le promontoire (2); 2 sur les côtés par l'épanouissement en plateau des apophyses trans- verses de la 1"° sacrée, lequel forme avec la face antérieure de la base du sacrum un angle plus ou moins droit, ou bord antérieur de la base sur les côtés. Promontoire et bord antérieur sont continus avec le détroit supérieur. Dès que la 5° lombaire commence à se souder au sacrum, l'unet l’autre tendent à diminuer ou à s’effacer en ce point et à se transporter plus haut là où veut se former une nouvelle base de sacrum. Pour cela la ligne du détroit supérieur, arrivée à 2 ou 3 cen- timètres du bord externe du sacrum, se bifurque plus ou moins visi- ; (1) ExricO TriDONDANr, Annali di Ostefrica e Ginecologia. Milano, ann. XXIV, n° 1. Analys. in Obsletr., sept. 1902, p. 126. (2) Robinson a montré : «) que c'est commettre une erreur que de dire avec la généralité des anatomistes et des accoucheurs que le promontoire est l'angle sacro-vertébral; 5) que le promontoire est, en réalité constitué, dans la race blanche, par le bord supérieur et une portion du corps de la première pièce sacrée; y) que la 5 vertèbre lombaire n’a rien à voir dans la composition du promontoire ; à) que la 5° lombaire, séparé por [le dernier disque en coin de la le sacrée, forme avec elle un angle ouvert en avant. (R. RoBinsow, la Presse médicale, n° 66, 1906, et La Clinique, n° 40, 1906.) Si, en effet, on admet que par promontoire il faut entendre la partie saillante de la paroi postérieure du bassin où se rencontrent les deux lignes innominées iliaques droite et gauche, le promontoire cesse d'être un pcint géométrique fixe pour devenir un point géométrique qui varie dans les différentes races et, dans chaque race, suivant l’âge et le sexe. Dans la race blanche et dans le sexe mas- culin, c’est seulement à partir de l’âge de + à 5 ans et par suite de l'avancement de la dernière lombaire et de la 1° sacrée que le promontoire commence à exis- ter en tant que saillie. (JuRGENS cité par WaAaLDpEYER, Das Becken. Bonn, 1599). Chez la jeune fille blanche pubère, la dernière lombaire ayant basculé en arrière et en bas tandis que la 1° sacrée a exécuté un mouvement contraire, le promontoire est constitué exclusivement par le sacrum dont le bord supérieur fait une corniche au détroit supérieur. Chez la négresse, la Malgache adultes, c’est le bord inférieur de la 1° sacrée qui compose la partie saillante du bassin. Dans les Singes anthropomorphes, la lalou, le chameau, la colonne lombaire reste très haut et le promontoire ne correspond même pas aux 2° el 3° sacrées. 308 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE blement, la division inférieure répondant à la base compromise sur son bord antérieur et au promontoire normal, et la division supérieure à la base en voie de formation. À un degré plus avancé tout cela s’est confirmé, la division infé- Sacrum d’adulte asymétrique et anormal vu de 3/4. En comptant les quatre trous sacrés de bas en haut, on constate que le plus élevé corres- pond à l'articulation d'une vertèbre lombaire irrégulièrement sacraliste, très asymétrique et dont le corps forme, avec la suivante, un promontoire extrèémeiment marqué qu n'est pourtant pas l'angle sacro-vertébral. La surface auriculaire est constitée principalement et au centre, par la deuxième pièce sacrée ; accessoirement, et à chacune de ses extré- mités, par la première et la troisième. rieure a plus ou moins disparu, ainsi que le promontoire correspon- dant, tandis que la division supérieure et le nouveau promontoire se sont proporlionnellement développés en raison inverse ; enfin DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 309 l'angle obtus a grandi et les deux plans sont près de se con- fondre. Il est de règle que les deux côtés sont inégalement atteints par la transformation. Il va sans dire que plus un côté vient prêter son concours à l’autre et plus la production du promontoire et äu bord antérieur nouveaux aux dépens des anciens est prononcée. Bacarisse, dans sa thèse sur le sacrum, parle dans les cas d'anomalies de la base du sacrum d'un promontoire vrai et d’un promontoire faux. Ces expressions ne sont pas exactes ; lorsqu'il y en a deux, c'est qu'il y en a un second en voie de formalion au-dessus du primiuf ; or, ils sont chacun proportionnés à la part que prend la 1" sacrée, soit la lombaire qui va la remplacer, à la constitution de la base du sa- crum. Quand la 5° vertèbre lombaire est entièrement synostosée ou presque entièrement synostosée au sacrum. Il n'y a plus qu'un pro- montoire, l'angle obtus a disparu et toute la face antérieure du sa- crum en haut est dans le même plan. ANATOMIE COMPARÉE. Dans les animaux appartenant à l'ordre des Mammifères la fusion accidentelle des vertèbres lombaires entre elles et celle de la dernière vertèbre lombaire avec le sacrum se retrouvent comme daus l'espèce humaine, sans qu’on puisse invoquer l'influence de l'âge ou une maladie locale ou générale. Sur une colonne vertlé- brale de Cerf appartenant à Topinard les deux dernières vertèbres lombaires sont soudées, non pas au sacrum, mais entre elles par leur corps. Sur un squelette de daim du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, les deux mêmes vertèbres sont unies par les lames, les apo- physes épineuses et les apophyses transverses. Chez les chimpanzés mais surtout chez les gorilles, la dernière pièce osseuse du rachis des lombes est plus ou moins fréquemment confondue, en partie ou en totalité, avec le sacrum. Il en est ainsi sur un gorille mâle adulte ou âgé du Muséum d'His- toire Naturelle de Paris, 1869 ; un gorille mâle adulte du Bristish Muséum de Londres, 1866 ; un gorille mäle adulteet un gorille femelle adulte du Collège royal des Chirurgiens de Londres, 1881; un gorille mâle adulte du Muséum du Collège de l'Université de Londres, 1881 ; un gorille mâle adulte du Muséum public de Vienne, 1872; un gorille mâle adulte du Muséum de Science et d'Art d'Édimbourg, 1874; un gorille mâle adulte ou âgé du Muséum anatomique de l'Université ’ d'Aberdeen ; un chimpanzé mâle âgé du musée Broca de la Société d'Anthropologie de Paris. Sept des squelettes de chimpanzés sur douze dont il est fait mention dans le catalogue du Muséum du Collège royal des Chirurgiens de 310 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Londres ont, chacun, leur dernière vertèbre lombaire plus ou moins fusionnée avec le sacrum (1). Dans le genre Hoplophorus, parmi les Édentés fossiles,les vertèbres lombaires sont toutes soudées entre elles et avec les vertèbres sacrées de sorte qu'il n’est pas possible de délimiter nettement le sacrum. Des explications diverses ont été fournies des vices de conforma- tion humains que j'ai décrits dans ce paragraphe. La synostose, complète ou incomplète, de la dernière lombaire au sacrum et aux osiliaques, est pour J.-F. Meckel, l'effet d'une augmen- tation de l'énergie formative ; pour Taruffi, d'un processus anormal de segmentation dans la colonne vertébrale membraneuse ; pour Regalia, de l'ascension exagérée du bassin, elc. A mon avis, il ya un certain nombre de cas de sacralisation,com- plète ou incomplète, de la 5° lombaire qu'il est impossible d'expliquer en faisant appel à l’une ou l’autre des théories que je viens d'indiquer. Parmi les cas de sacralisation de la 5° lombaire.il en existe ,en effet, je crois, qui sont dus à l'ossification de plusieurs ou de tous les liga- ments qui unissent la dernière pièce osseuse des lombes au sacrum et aux os iliaques et qui rentrent par suite dans la classe des variations que j'ai définies variations par ossification ligamenteuse. Et ma manière de voir à ce propos est partagée par Calori. Pour ne pas faire double emploi, je me borne à la signaler ici ; en traitant des irrégularités numériques des éléments osseux du coccyx je montre- rai ce qu’elle vaut et ce que valent les autres interprétations données de l'assimilation partielle ou totale, du 5° élément osseux lombaire à la grande vertèbre et aux ilions, par J.-F. Meckel, Taruffi, Regalia, ou autres. SPONDYLOSCHISE (2) (Spondylolisis et spondyloschizis de Lambl|\3.1) F. Neugebauer (4), de Varsovie, a désigné, en 1880, sous le nom de spondyloschise, la séparation d'une vertèbre lombaire en deux parties : une antérieure comprenant le corps, les deux pédicules, les deux apo- physes transverses et les deux apophyses articulaires supérieures et une, postérieure, l’apophyse épineuse, les deux lames et les deux apo- (1) Pour détails complémentaires sur la fréquence de la sacralisation de la dernière lombaire des Anfhropoïdes, voy. plus loin : Sacrum, Variations du nombre des vertèbres, Analomie comparée. (2) De 5r0vèvhos vertèbre, et st, fente, scissure. (3) LAMBL a appelé ce vice de conformation spondylolisis (spondylolisis inter articularis congenila unilateralis sive bilateralis), s'il y a pseudarthrose et spondy- loschizis, s’il y a fissure. LameL, Prager Viertlj, 1856. (4) F, NEUGEBAUER, Belaslungs difformität, 1880, et Separ. aus Zeilsch. [. Geburt- shülfe u. gynak., 1893. DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 311 physes articulaires inférieures et affectant, par suite, la forme d’un V horizontal dont le sommet regarde en arrière. La solution de conti- nuité d'où résulte cette anomalie occupe, conséquemment, la région interarticulaire de chaque demi-arc et peut se présenter sous la forme d'une étroite fissure ou d’une large fente avec ou sans ostéophytes concomitants, d’une suture (1), d'une synchondrose, voire même d'une synarthrose. Quand elle est bilatérale, elle est généralement symé- trique. Lorsqu'elle n’existe que d’un côté le centrum et un des demi- Profil de la cinquième vertèbre lom- Coupe verticale antéro-postérieure baire atteinte de spondyloschise de la même vertèbre. dans la région interarticulaire mar- Le trait noir indique la séparation entre quée d’un trait noir. les apophyses articulaires. arcs ont leur configuration habituelle, mais l’autre demi-arc est divisé en deux segments : un antérieur qui se continue avec le centrum et qui est constitué par le pédicule, l'apophyse transverse, l'apophyse articulaire supérieure, et un postérieur, par l’apophyse articulaire infé- rieure, la lame, la moitié de la neurépine. Ce vice de conformation se montre de préférence sur la 5° vertèbre lombaire, mais il a été observé sur la 1°° sacrée par Sandifort (2), sur la 1° lombaire par A. Broca (3), sur la 4° lombaire par Treub (4), Lane (5) et Neugebauer (6 cas), sur plusieurs vertèbres cervicales et thoraciques par Neugebauer. Celui-ci garde même une colonne lom- baire où elle est présente sur les trois dernières pièces osseuses qui entrent dans la composition de cette colonne. Au dire de Langer (6), on en trouve 1 cas sur 9 à 12 squelettes et de Jendrzichinsky (7), 5 cas sur 100. Pour ma part, je n'en ai rencontré (1) SHATTOCK, SUTTON, REID, cit. par POIRIER. (2) SanpiroRT, Observ. anal. palhol., LILI, €. X, p. 13. (3) BrocA, Bull. de la Soc. anat. de Paris, p. 408, 1884. (4) Treur, Nouv. arch. d'obst. et de gynécol. Paris, 1889 et Nederl. Tijdschr. f- gyn. Jarg. I, fasc. II. (5) LANE ArBuNoru, Transact. of the path. Soc. of. London, 1885; Med. chir. Transact., 1884; British med. Journ., 1885; Journ. of anal. a. phys., vol. XX et XX 1; Guy's hospil. reports, vol. XLIII. (6) LANGER, cit. par NEUGEBAUER. (7) JENDRZICHINSKY, cit. par NEUGEBAUER. A À de mi tite D Spondyloschise bilatérale d'une cinquième lombaire Vue du côté de la face supérieure. L'arc postérieur libre est dessiné rapproché du reste de la vertèbre, La même vertèbre. Les deux pièces sont réunies à l’aide d'un fil de laiton sur lequel on fait glisser à volonté la partie postérieure de l'arc neural pour la rapprocher ou l'éloigner de la partie anté- rieure. DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 313 que 11 Cas sur 200 rachis dont 100 de Tourangeaux et autant de Tou- rangelles : 8 cas à droite et à gauche dont 5 sur des rachis de Touran- gelles et 3 sur des rachis de Tourangeaux ; 3 cas à droite sur des rachis de Tourangeaux et 1 cas à gauche sur un rachis de Tourangelle et tou- jours sur le dernier élément osseux de l'épine lombaire. I a été cons- Spondyloschise unilatérale et spina bifida d'une vertèbre cervicale vue d'en haut. La partie à contours pointillés qui n'était unie aux restes de la vertèbre que par deux pseudarthroses, a été perdue : elle se composait de l’apophyse articulaire inférieure de la lame et de la demi-épine gauches. La mème vertèbre vue de profil pour montrer la surface de frottement de la pseudarthrose interépineuse. Le professeur Farabeuf auquel je dois ce dessin, ainsi que neuf des précédents, croyait cette pièce unique. taté et constamment aussi sur la dernière lombaire par Turner (1) chez un nègre, un insulaire des îles Sandwich, un Malais ; par Manners- Smith chez 3 Égyptiens; par moi, chez un Patagon et une Austra- lienne. Il n'est donc pas spécial à une race, ni dans une race quelconque, à l'un ou l’autre sexe. Dans toutes races, il se rencontre plus communé- ment chez les gens âgés. Mais quoi qu’on en dise, il ne me parail pas (1) TurxEr, Reports of the Challenger expedilion, cit. p. 62. 314 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE péremploirement démontré que, dans une race quelconque, il se montre plus souvent dans le sexe féminin que dans le sexe masculin. Après avoir décrit les 4 cas qu’il a trouvés chez des Egyptiens, Man- NA NT à \ Spondyloschise unilatérale et spina bifida d’une vertèbre lombaire vue d’en haut (probablement la quatrième). La demi-épine gauche, la lame et l’apophyse articulaire inférieure du côté gauche for- maient la pelite pièce représentée avec des contours pointillés parce qu'elle a été perdue. La même vertèbre lombaire, vue de profil pour mieux montrer la surface de frottement qui existait à la face interne de chaque demi-épine, puisqu'on la retrouve nette et bien limitée sur la demi-épine persistante. ners-Smith a ajouté (1): « There does not appear to be any relations hip between the separate ossification of the laminæ and inferior arti- cular processes and the shape of the vertebral canal. (1) Manxer-Smiru, loc. cil. suprà, p. 152. DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 315 « In those case where the laminœ remain, but are either separale or uniled by suture, the foramen is either triangular or trifoliate, as it under normal circumstances. » Ce n’est pas la règle, tant s'en faut. D'ordinaire chacun des deux demi-arcs a subi un allongement plus ou moins prononcé, et il y a, par suite, un agrandissement avec déformation du foramen vertébral. Pourquoi ? Étant donnée la solution de continuité interarticulaire de l'arc vertébral, le poids du corps tend à faire glisser le centrum de la 9° lombaire devant le sacrum dont la base est un plan fortement in- cliné. Cette vertèbre, quand elle est intacte, se cramponne derrière les apophyses articulaires inférieures. Mais on conçoit que le glissement s'opère lorsqu'il y a spondyloschise bilatérale, surtout si la colonne est surchargée par le développement anormal du poids du corps (ascite, obésité, grossesse, etc.) ou des lourds fardeaux. Le glissement se pro- duit lentement et lorsqu'il est accompli donne lieu à cette déformation du bassin que Kilian (1) a décrite, en 1854, sous le nom de spondylo- Coupe verticale de la spondylolis- Spondylizème. Le corps de la cin- thèse de la cinquième vertèbre lom- quième vertèbre lombaire est dé- baire dont le demi-arc latéral est truit sur place. considérablement allongé. Les corps des quatrième et troisième ver- Le trait noir marque la fissure initiale in- tébres lombaires se sont donc inclinés terarticulaire. Le corps de cette vertè- en avant et tendent à couvrir le détroit bre déborde le sacrum. Le corps de la supérieur du bassin. quatrième vertèbre a suivi celui de la cinquième. listhésis (>)ou glissement vertébral, et dont le mode de production à été fort bien déterminé par F. Neugebauer (3), de Varsovie, et la diffé- renciation anatomo-pathologique du spondylizème (4) ou affaissement (1) KizrAN, Schilderungen neuer Bekenformen, etc. Mannheim, 1854. (2) De srovèohos, vertèbre et Ghtsbtatz, glissement de disaivw, je glisse. (3) NEUGEBAUER, Spondylolisthésis el spondylizème. Paris, 1892. (4) De ozoôvèvhos, vertèbre et de nu, «stos, 70, affaissement. La spondylo- listhésis est due à une modification de l'état statique des arcs vertébraux, le spondylizème, à un affaissement des corps vertébraux. 3]G TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE verlébral, par le professeur F.-J. Herrgott (1), de Nancy. Le bassin se trouve couvert et la région lombaire brusquement cambrée. Quant à la vertèbre, cause de tout le mal, elle présente les modifications sui- vantes : la partie postérieure de l'arc est restée en place; le corps, ainsi que la partie antérieure de chacune des masses latérales, a glissé en bas et en avant avec les vertèbres sus-jacentes. Mais au lieu d'un espace de 1 ou 2 centimètres qui semblerait devoir exister de chaque côté entre les deux pièces osseuses, on constate généralement que le contact existe encore, qu'il y a eu production osseuse en avant eten arrière de la fissure. On croirait avoir affaire à un simple allongement de la portion intra-articulaire de chaque demi-arc si des vestiges de la rupture de cette portion intra-articulaire n’indiquaient le contraire. Cet allongement de la portion intra-articulaire de chaque demi-arc n'est pas inexplicable. Dans les cas de ce genre, il faut, en effet, sup- poser ou que la solution osseuse s’est produite sans rupture du périoste, est restée sous-périostée, ou s'est compliquée d'une déchirure complète du périoste. Dans la première de ces deux hypothèses, le périoste irrité par l’extension qu'il a subi, a fourni, à la longue, les éléments osseux nécessaires pour combler la solution de continuité. Dans la seconde, les tractus fibreux périphériques ou les ligaments fibreux, formés ultérieurement, fixés sur lui et tiraillés comme lui, se sont, après lui, et par propagation, incrustés de sels calcaires. Comment expliquer autrement les ostéophytes qu'on remarque parfois au pour- tour ou à une certaine distance de la fissure ? Selon Neugebauer le diagnostic de la spondylolisthèse est facile. La cambrure lombaire est brusque ; les sujets ont la démarche de canard que l’on retrouve chez ceux qui sont atteints de luxation con- génitale des fémurs ; de même existe le tassement, le raccourcisse- ment de la taille. Dans la luxation congénitale, le tassement est dû à la descente du bassin ou, si l’on veut, à l'ascension des trochanters. Dans la spondylolisthèse, c'est la crête iliaque qui semble monter par l’'enfoncement de la colonne. D'autre part, la luxation congénitale exagère le diamètre bitrochan- térien, surtout relativement au diamètre bisiliaque qui se trouve di- minué. Sur la figure I (luxation congénitale) comparée à la figure II (état normal), les côtés du trapèze ilio-trochantérien présentent une obliquité considérable, par suite de l'allongement de la base inférieure trochantérienne et du raccourcissement de la base supérieure iliaque. La spondylolisthèse fait tout le contraire : la base iliaque ou supé- rieure, normalement la plus petite, devient la plus grande, et le tra- pèze prend la forme indiquée sur la figure IT. 1) F.-J. HERRGOTT, Arch. de locologie, 1877. DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 317 La spondyloschse est attribuée : [. A une hydrorachis fœtale (Ritgen [1] ); II. A une vertèbre surnuméraire qui, agissant comme un coin, fait dévier la colonne vertébrale et la rejette en avant (Lambl |2] ) ; PIGtl Fic. II Fi1G. III Sur ces figures, imitées de celles de Neugebauer, le trapèze bisilio-bitrochantérien est ombré. Sur la figure Il, qui représente l'état normal, les côtés obliques prolongés en haut se ren- contreraient au-dessus de la tête, parce que le diamètre bisiliaque est de peu inférieur au diamètre bitrochantérien. C'est le contraire dans la figure I, luxalion congénitale, où l'inégalité des diamètres est considérable et la hauteur du trapèze diminuée par l'ascension des trochanters. Sur la figure III. spondylolisthèse. le trapèze ombré a la hauteur normale, mais la base bisiliaque est devenue un peu plus grande que la base bitrochantérienne ou inférieure, III. À une fracture causée par un traumatisme (Howship {3}, Otto {4}, Behrend [5], Mäyer [9], Czaussow [-|, etc.) ; (1) RITGEN, Monalschr. f. geb., I, Bd., 1853, p. 315. (2) LAMBL, Scanzonis beit., t. III, 1856. (3) Howsuarp, Prat. obs. surg. and med. anat. London, 1816. (+) Orro, Sellene beobacht.z.anat.phys.u.path.gehoerig,2, Sammlung. Berlin, 1824. (5) BEHREND, /honograph. Darstellung der Beinbrüche u. Verrenkungen. Leipzig, 1845. (6) MAyer, de Bonn, Reinische monalsch. f. pralik. Aerzte, 1848 et Arch. f. path. anal. Berlin, 1859. (7) Czaussow, Anal. top. du bassin (en russe). Varsovie, 1888 et Mém. de la Soc. russe de médec. de l'Universilé imp. de Varsovie, 1884. 318 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE IV. À une fracture résultant d’une altération du tissu osseux déter- minée par une maladie locale ou générale (Strasser [1] Krukenberg [2], Krænig [3], etc.) ; V. A une déformation statique de la vertèbre normale par un surme- nage physiologique (Arbunoth Lane, Meola, [4]) ; VI. À un défaut d’ossification (Neugebauer, Farabeuf [5], la généra- lité des anatomistes) ; VIT. A l’atavisme (Poirier). Quelle importance convient-il d’attacher à chacune de ces manières de voir ? C’est ce que je vais essayer de déterminer : I. Sauf Ritgen, personne n'a jamais constaté sur les rachis spondylo- listhésiques des reliquats d'une hydrorachis fœtale. L'hydrorachis fœtale lombaire est très rare et porte presque {oujours, pour ne pas dire toujours, sur plusieurs vertèbres. Elle s'accompagne toujours d’une large béance des arcs vertébraux. Faute d’une base analtomo- pathologique sérieuse, l'opinion de Ritgen à ce propos doit donc être rejetée. IT. C'est après avoir examiné, dit-il, cinq bassins spondylolisthé- siques, un à Prague, un à Paderborn, deux à Vienne et un à Munich que Lambl a déclaré que la déformation de chacun d'eux était due à la présence d'une vertèbre surnuméraire qui, agissant à la manière d'un coin, avait fait dévier la colonne vertébrale et l'avait rejetée en avant. Eh bien, Billeter (6), Perroulaz (5), Winckel (8), Olshausen (9), Schauta (10), Treub (11), Schræder (12), ete., s'accordent pour affirmer que Lambl a vu des vertèbres rudimentaires,intercalées, là où 11 n’y en avait pas. Et F.-J. Herrgott a apprécié en ces termes le travail dans lequel Lambl a formulé son opinion sur la cause de la spondy- lolysthèse : « Nous n’aurions pas parlé de ce travail qui défend une théorie qui nous paraît ne mériter que l'oubli, si en raison des docu- ments importants cherchés partout, on ne la trouvait toujours men- tionnée. (1) STRASSER, Breslauer Aertziliche zeitsch., 1882. (2) KRUKENBERG, Arch.f. gynæk., Bd. XXV, Heft. I; Centralbl. f. gynæk., 1885. (3) KROENIG, Jubilaeumsheft d. Zeitsch. klin. med. Berlin, 1884 etZeilsch. f. klin. med., 1888. (4) MEoLa, Rivista internat. d: med. e. chir., 1885. (5) FarABEUF, Bullet. de la Soc. de chir. de Paris, 1885. (6) BiLLETER, Diss. inaug. Zurich, 1862. (7) PerRouLAZ, Diss.inaug. Balle, 1879. (8) WinckEL, Alin. beobact. dystokie. Leipzig, 1882. (9) OLSHAUSEN, Monalschr. Berlin, 1860. (10) ScnaurA, P. Mueller's Handb. d. geburtshülfe. Stuttgart, 1888. (11) TREUB, loc. cit. suprä. (12) SCHROEDER, Lehrb. d. geb. Bonn, 1884. DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 319 « [1 y a lieu de penser que les hypothèses de Lambl seront bientôt oubliées. Opinionum commenta delet dies (Cicéron) .» IT. La luxation en avant du corps, des pédicules et des apophyses articulaires supérieures de la dernière pièce osseuse de l’épine lom- baire peut-elle être la conséquence d’une fracture de l'interligne articulaire pré-postzygapophysaire ? À priori cela semble indiscu- table et cela cependant prête loujours matière à discussion. C’est à tort. Sur 22.616 cas de fractures qui ont été observés pendant vingt ans à London Hospital il n'y avait que 75 cas de fractures de vertèbres. A ces 79 cas Gurlt(1) a pu,grâce à de longues et nombreuses recherches bibliographiques, en ajouter 195. Et de la statistique ainsi composée par Gurlt,il appert : que, d'ordinaire, plusieurs vertèbres sont simul- tanément brisées (1/4/ cas sur 278), que c’estdans la région dorso-lom- baireque se rompent le plus souventles vertèbres (5 ou 6 cas seulement dans la région cervicale sur 278 cas); que ce sont la 12° dorsale et la 1" lombaire qui. de toutes les vertèbres, sont le plus communément fracturées ; que les apophyses transverses et les apophyses articu- laires sont rarement seules cassées et que les solutions traumatiques de continuité des vertèbres sont habituellement compliquées de luxa- tions. On ne connait, selon Gurlt, aucun cas de fracture de la der- nière vertèbre lombaire. C’est une erreur. Follin (2; a même prétendu que la 6°,la 7° cervicales, la 11° et la 12° dorsales, la 4° et la 5° lom- baires sont celles qui se brisent le plus souvent. Es! modus in rebus. La fracture de la 5° lombaire existe, mais elle est très rare, et peut, comme celle des autres vertèbres lombaires, porter seulement sur l'une ou l’autre de ses parties constituantes ou simultanément sur piusieurs d’entre elles. La présence d’une solution de continuité entre les apophyses articulaires du dernier élément osseux du rachis des lombes et ayant pour origine un traumatisme, a été signalée non seulement par Howship, Otto, Behrend, Mäyer, Gaussow dont j'ai déjà cité les noms, mais encore par Rothe (3), Leisrinck(4),Thaden (5), Bieganski (6), elc. Si un traumatisme chez un individu jusque-là bien portant el ayant un squelette normal, détermine une fracture interarticulaire de l'arc de la 5° lombaire, les conditions prédispo- santes pour le glissement consécutif en avant du sacrum, des pédi- (1) GurLT, Ueber einige durch erkrangung d. gelenkverbindungen, etc. Berlin, 1875. (2) FozuiN, Traité élément. de path. ext., t. II, p. 839. Paris, 1865. (3) RoTHE, Ueb. fract. compression u. infraction der Wirbelssaeule. Halle, 1857. (4) LersriNck, Laugenbeck's Arch. Berlin, 1872. (5) THADEN, Laugenbeck's Arch. Bérlin, 1865. (6) BrEGANSK1, Medycyna. Varsovie, 1890. 320 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE cules et des apophyses articulaires supérieures, sont réalisées el on se demande vraiment pourquoi ce glissement consécutif en avant et avec ou sans formation d'un cal plastique extensible, ne pourrait pas se produire parfois? Et il se produit, en effet, parfois, ainsi qu'en témoignent les quelques cas de spondylolisthèse constatés sur des sujets adulles ou âgés, à la suite d’une chute grave qui nécessita un séjour, plus ou moins prolongé, au lit et détermina une parésie des membres inférieurs. IV. D'après Krukenberg la fracture interarticulaire de l'arc ver- tébral ne serait jamais primitive, ne serait jamais la conséquence d'un traumatisme, mais secondaire el l'effet d’une raréfaction du tissu osseux déterminé par une maladie localeou générale. En 1882 Strasser a attribué à une arthrilte des articulations lombo-sacrées ayant amené peu à peu une modification de la texture de l'arc vertébral un cas de spondylolisthèse qu'il a vu. « Une nouvelle pièce du musée Czaussow, de Varsovie, nous a prouvé,a noté F.Neugebauer,que cette étiologie est admissible. » Krœænig a considéré comme la cause de trois cas de glissement vertébral qu'il a pu observer sur des hommes, une fracture interarticulaire de l'arc de la 5° vertèbre lombaire consécu- tive à une affection tabétique (augmentation de la fragilité des os). Pourquoi pas ? V.Pour A. Lane, la rupture et l'allongement de la portion interarti- culaire de chacun des deux demi-arcs de la 5° vertèbre lombaire pour- raient se produire chez un individu, indemne de toute maladie, aiguë ou chronique, locale ou générale, soumis fréquemment à des tra- vaux pénibles et de longue durée et dans une attitude telle que la lordose lombo-sacrée se trouvant augmentée, les apophyses articu- laires inférieures de la 4° vertèbre lombaire exercent une pression exagérée sur la portion interarticulaire de chacun des deux demi-arcs de la 5° vertèbre lombaire. La moitié antérieure de la 5° lombaire commence à être poussée en avant et tend, par suite, à se déformer dans le sens de la spondylolisthèse, suivant A. Lane, dès que l'enfant commence à marcher debout; c’est-à-dire dès que,vue la brièveté des ligaments ilio-fémoraux, l'enfant, pour garder l'équilibre et se main- tenir droit, renverse le dos en arrière en contractant les muscles dor- so-lombaires. Pour Moela, l'allongement de la portion inlerarticulaire de chacun des deux demi-arcs de la 5° lombaire n’est également, dans certains cas, que le produit de la surcharge statique du corps el la fracture de cette portion que le résultat d’une atrophie ou d’une usure par com- pression de cette portion entre l’apophyse articulaire inférieure sus” jacente de la 4° lombaire et le sacrum. Mais s’il en est ainsi, on doit, dans les salles de dissection, trouver entre la spondylolisthèse com- DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 321 mençante et la spondylolisthèse acquise, une série de pièces analo- miques qui la présentent à des états intermédiaires. Or, je n'ai jamais rien constaté de tel et bien d’autres n'ont pas été sous ce rapport plus favorisés que moi. Je conclus donc que la pression exercée de haut en bas sur les apophyses articulaires du dernier élément osseux, rachidien, si forte, si prolongée et si répétée qu'elle soit, ne peut avoir les effets que A. Lane, d'abord et Moela, ensuite, lui ont attribuées. VI. Neugebauer est d'avis que ia spondyloschise est due le plus souvent à la séparation persistante des deux noyaux d'ossificalion aux dépens desquels naît chaque demi-arc vertébral. Cette manière de Une vertèbre lombaire au début de l’os- Une moitié de vertèbre lombaire sification, d’après le professeur Fara- composée de trois pièces sépa- beuf. rées : persistance de l'état repré- Les deux moitiés séparées dans le plan mé- senté dans la figure ci-contre, côté dian et écartées n'ont pas tout à fait le droit. même âge : celle de gauche est plus jeune de quelques jours, on y voit trois grains os- seux dans le neural, un antérieur a pour la tête, le col et l'articulaire supérieure ; un intermédiaire i pour l'apophyse transverse ; un postérieur p pour l’articulaire inférieure, la lame et la demi-épine. A droile, les deux points antérieur etintermédiaire sont soudés a + i, le postérieur est resté indépendant. voir est acceplée par la plupart des anatomistes et, en 1885, le profes- seur Farabeuf l’a exposée d'une facon lumineuse à la Société de chi- rurgie de Paris. Rambaud et Renault, Schwegel affirment assurément que chaque demi-arc vertébral est précédé par deux points d’ossification et Albrecht (1) a fait représenter schématiquement et de profil, une moitié de 5° vertèbre lombaire, composée de trois pièces séparées : une formée par la majeure partie du corps; une par la portion de l'extrémité antérieure du demi-arc qui entre dans la constitution de la partie antéro-latérale du corps, le pédicule, l’apophyse transverse et l'apophyse articulaire supérieure el qui est appelée hyparcuale (1) ALBRECHT, Centralblf. Chir., n° 25, 1887. VERTÉBRALE. 21 322 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE par Albrecht (1), et une par l’apophyse articulaire inférieure et le reste du demi-arc, jusqu'au sommet de l’apophyse épineuse et qui est dénommée éparcuale par Albrecht. Neugebauer a vu et j'ai vu moi-même une 5° lombaire qui ressemblait à celle dont il vient d'être question. Oui, mais est-il certain que chaque moitié de l'arc du dernier élément rachidien lombaire ait régulièrement pour origine deux centres d'ossification ? Von Lambertz dit qu'il a constaté, à l'aide des rayons Ræœntgen, que « les larmes, les pédicules, les apophyses transverses et les apophyses articulaires de la 5° lombaire naissent parfois de quatre centres primitifs d'ossification, deux de chaque côté, au lieu d'un de chaque côté, comme dans la plupart des ver- tèbres ». Dans tous les traités d'embryologie humaine et comparée, étrangers et français, que j'ai consultés, j'ai lu que chaque demi-arc verlébral provient d’un noyau d’ossification. Les recherches que j'ai faites, étant étudiant, avec mon regretté Maitre le professeur Saturnin Thomas, sur de très jeunes embryons humains et de très jeunes embryons de chien et de mouton m'ont appris que dans l'espèce hu- maine et dans l’espèce canine le centrum est précédé par un point d'ossification et l'arc par deux, un à droite et un à gauche, et, dans l'espèce ovine, le centrum par un point d'ossification et l'arc par deux, un à droite et un à gauche, plus un point d'ossification pour l’'apophyse épineuse. Ce quatrième point d’ossification se forme en même temps que ceux du centrum et de l'arc et paraît nécessité par le développement considérable des apophyses épineuses de ces ver- tèbres. L'existence de trois centres d’ossification, un pour le corps et deux pour l'arc, un droit et un gauche, a été observée par Deniker sur un fœtus de gorille et un fœtus de gibbon. VII. Les deux noyaux d'ossification dont procède chaque demi-arc du dernier élément osseux de la colonne lombaire n'apparaissant, comme la spondylolisthèse, qu'ils rendent possible, qu'’accidentelle- ment, l'interprétation généralement admise du mode de genèse de la spondylolisthèse semble plausible. On peut pourtant opposer à cette interprétation une objection capitale. S'il est vrai que l’ossification de chaque demi-are de la 5° lombaire s'accomplit par exception, au moyen de deux points d'ossification, ces deux points d'’ossification se réunissent entre eux longtemps avant la réunion de chaque demi-arc avec le centrum et celle des demi-arcs entre eux. S'il s'agissait d’un arrêt de développement pur, on devrait donc observer dans tous les cas de glissement vertébral l'absence de fusion en arrière des deux demi-arcs latéraux entre eux et le défaut de soudure en avant de (1) Von LAMBERTZ cit. par MANNERS-SMITH. RAMBAUD et RENAULT, SCHWEGEL, passim. 4 « - nié di de. A dit Ts 2 = DE QUELQUES VERTÈBRES LOMBAIRES EN PARTICULIER 323 chacun d’eux au centrum. Or, il n’en est rien, on le sait : ils sont toujours confondus, en arrière, entre eux et unis en avant au centrum. Aussi, pour expliquer la persistance, aprèsla naissance, de l'ouverture à droite et à gauche de l'arc de la 5° vertèbre lombaire est-on obligé de faire appel à cette force, inconnue dans son essence, qu’on nomme l’atavisme. Chez divers Mammifères, les Célacés entre autres, l'arc neural, à l’état de parfait développement, est constitué, en effet, par deux pièces. Au demeurant il y a, à mon avis, deux espèces de spondyloschise pouvant, l’une et l’autre, donner lieu plus ou moins longtemps après la naissance, par suite de la surcharge statique du corps, au glisse- ment vertébral ou spondylolisthèse : Une qui survient pendant la vie et qui résulte d’une fracture de la portion interarticulaire de l'arc cérébral sous l'influence d’un trauma- tisme ou d'une maladie locale ou générale ; | Une, de nature congénitale,et qui est la conséquence de l'apparition, sous l'influence de l’atavisme, d’un point d'ossification surnuméraire dans chaque demi-arc et du défaut de soudure, complet ou incomplet, de ce point d'ossification surnuméraire au point d’ossification nor- mal. SACRUM Syn. : Grande vertèbre (Hippocrate); os sacré; os basilaire; latum, etc. VARIATIONS DE DIMENSIONS. — Le sacrum est le plus long de tous les os de la colonne vertébrale, d’où le nom de grande vertèbre qui lui a été donné par Hippocrate. Celui généralement plus connu d’os sacré lui vient de ce que les Anciens avaient, dit-on, coutume d'offrir aux dieux dans les sacrifices, cette partie de l’animal. Il est encore appelé os bastlaire parce qu'il sert de base ou de soutien à la colonne vertébrale proprement dite et os lalum parce qu'il est, en général, plus large que long. N'étant pas, tant s’en faut, toujours composé du même nombre de pièces, 1l s'ensuit qu'il est, de toutes les parties squelettiques de l'organisme humain, la plus variable comme configurations et comme dimensions. Aussi les unes et les autres ont-elles été depuis longtemps et sont-elles encore l’objet de nombreuses el importantes recherches. Des variations de configurations, je parlerai longuement, des variations de dimensions, je ne dirai seulement, de même que je l'ai fait Jusqu'ici des os dont je me suis occupé et dont les dimensions sont signalées dans les traités d'anthropométrie, que quelques mots. Parmi les anatomistes qui ont pris des mensurations, multiples et diverses de la grande vertèbre, je me bornerai donc à citer Ba- carisse (1), Verneau (2), Soularue, Posth (3), Cunningham (4), Flower (5), Garson (6) etc. W. Turner (7) et Paterson ont même eu cure de déterminer l'index sacré dans les différentes races, c’est-à- (1) BacaRissE, Th. doct. en méd. Paris, 1873. (2) VERNEAU, Th. doct. en méd. Paris, 1875. (3) Posra, Th. doct. en méd. Paris, 1897. (4) CuxniNGHAM, Brilish assoc. adv. se., 1900. (5) FLoweR, Journ. of the anthrop. Instit., 1879. (6) GArsoN, Journ. of anat. and phys., vol. XVI, p: 106. (7) W. TüuRNER, Journ. of. anal. and phys., 1886-1887 et Challenger's Reports Zool. cit. SOULARUE, PATERSON, pässim. SACRUM 325 dire la longueur maximum du sacrum comparé à la largeur maximum égale à 100. Comme la plupart des autres anatomistes, W. Turner a mesuré au ruban métrique : 1° la distance séparant le milieu du bord antéro-supérieur de la 1° vertèbre du sacrum du milieu du bord antéro-inférieur de la dernière vertèbre du sacrum, en tenant compte, bien entendu, du nombre des pièces entrant dans la composition de chacun des sacrums examinés par lui; 2° l'étendue transversale maximum de la base de l'os. Les sacrums dont la longueur excèdent la largeur ont été dénommés par lui dolicho-hiéric et ceux dont la largeur est supérieure à la longueur platy-hiéric. De ses recherches, complétées par celles de Paterson, il appert, au dire de ce dernier, que l'index sacré, abstraction faite du sexe, égale, en moyenne, 106,7 et l'index sacré masculin 105,3, que le sacrum humain est habituellement plus large que long et que le sacrum féminin est relativement plus large que le sacrum masculin. Selon Paterson on peut, enfin, en se basant sur l’index sacré, diviser les races humaines en trois classes : a) Celles qui sont nettement dolicho-hiéries avec un index sacré inférieur à 100, les Kaffirs, les Hottentots, les Boschimans; b) Celles qui sont sub-platy-hiérics avec un index sacré oscillant entre 100 et 106, les Andamans, les Australiens, les Chinois, les Tas- maniens et les races négritiques. c) Celles qui sont franchement platy-hiéries avec un index-sacré supérieur à 106, les Américains du Nord et du Sud, les anciens Égyptiens, les Péruviens, les Malais, les Guanches, les Polynésiens, les Asiatiques, les Hindous, les Lapons, les Européens, les Es- quimaux. Dans plusieurs des races énumérées ci-dessusle nombre de sacrums examinés par Paterson est trop restreint (1) pour qu'on puisse attacher une grande importance à cette classification. L'anatomiste anglais a pris soin, du reste, d'en prévenir lui-même le lecteur. Ce dont je suis persuadé, c’est que le sacrum est, toutes choses égales d’ailleurs, plus long et plus étroit dans la race blanche que dans la race jaune et dans celle-ci que dans chacune des deux autres races colorées et, dans toutes les races, chez l'homme que chez la femme. Dans la race blanche, 11 est le chiffre obstétrical par excellence, aussi suffit-il de le retenir pour connaître la longueur et la largeur de la face pelvienne du sacrum d’une femme appartenant à celle race. En fait,il n'est pas douteux que chez une femme bien conformée de cette race, le sacrum est, au moins, aussi large que long et toujours plus large que celui de l'homme. 4 (1) 5, 6, en moyenne. 263 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE ANATOMIE COMPARÉE.— De tous les Mammifères l'homme est celui qui possède proportionnellement le sacrum le plus développé, ce qui est en rapport avec la station bipède. La force du sacrum s’atténue à mesure que son importance diminue.Chez les Singes quadrupèdes, il ne trans- met plus aux os iliaques que le poids du train postérieur et son volume décroît avec sa fonction ; comme on le verra dans le chapitre suivant, il a seulement chez les Singes quadrupèdes 4,3 et même chez les Makts, 2 vertèbres, alors qu'il en a chez les Chimpanzés, les Gorilles et les Orangs, le plus ordinairement 5, de même que chez l'homme. Ici encore on voit donc les Anfhropoïdes se séparer des Quadrupèdes, prendre place à côté des Bipèdes et différer de l'homme moins que des singes ordinaires. | VARIATIONS DE NOMBRE DES VERTÈBRES. — Sur les 46 fœtus masculins et féminins, âgés de 2 à 3 mois, disséqués par Rosenberg, Hagen, Petersen, Bardeen, Bardeen et Lewis, 4 avaient six vertèbres sacrées et 1 quatre. Sur les 55 embryons, masculins et féminins, âgés de 3 à 9 mois, examinés par Palerson et Steinbach, 2 avaient six vertèbres sacrées. Les recherches faites à ce même point de vue sur des sacrums d'hommes et de femmes, jeunes, adultes ou vieux, européens ou non, ont fourni à divers anthropologistes les résultats suivants : 45 sacrums sur 146 étudiés par Bacarisse avaient six vertèbres 2 — 100 — Staderini — 12 — 350 — Topinard — 2 — 42 — Ancel et Sencert — 1 — 130 —— Bianchi — & — 47 _ Havelock — et 4 qualre vert. 5 _ 45 —- Th. Dwight — a — 93 — 265 — Paterson — 7 — et 3 sept vert. 2 _ 133 ——- Steinbach _— 3 — 4 — 70 — Bardeen — 1 — 2 _— 200 — l’auteur — 1 — Sur 1.528 sacrums d’embryonsmasculins et féminins et de sujets de l’un et l’autre sexe, de différentes races et d'un âge plus ou moins avancé, 190, soit 12,/4 p.100, avaient un nombre anormal de vertèbres. 170, soit 11,1 p. 100, avaient 6 vertèbres sans adjonction ou en raison de l’adjonction de la dernière lombaire ou de la première coccygienne ; 19, Soit 1,2 p. 100, 4 vertèbres coïncidant ou non avec une augmentation de nombre des vertèbres lombaires ou coccygiennes et 3,soit 0,1 p.100,sept vertèbres par suite de la fusion de la première coccygienne. Les variations numériques par excès des vertèbres sacrées sont donc beaucoup plus communes que celles par défaut. En plus des anatomistes dont je viens de parler et de moi, des Li SACRUM 327 sacrums à 6 pièces soudées en une seule ont été trouvés par Vésale (1), Falloppe (2), Simone Alberto (3), R. Columbus (4), Dürr (5), Berg- mann (6), Bockshammer (7), Struthers (7 cas), Regalia (3 cas), Rai- mondi (8) (3 cas, dont un sur un Ligure ancien), Romiti et Lachi (9), P. Delaunay, J. Serrano, Hyrtl (10), Trochet (11) etc., et des sacrums à 4 pièces unies en une seule par V.Doweren-Gualt (12),Sômmering (13), Albinus (14), Sandifort (15), Struthers (2 cas), Gegenbaur, Regalia, Varaglia (2 cas), Calori (16), Berté (17), etc. Vésale et R. Columbus ont même cru, prenant l'exception pour la règle, que le sacrum était composé normalement de 6 vertèbres. Sur chacun des trois dessins que Vésale a donnés du sacrum,on reconnaît pourtant d'une façon très nette que la 6° vertèbre sacrée n'est rien autre chose que la 1° coccygienne synostosée par son corps et ses apophysestranverses àla5° sacrée. Fallope a noté dans ses observations anatomiques (Venetiis, p. 50), que lorsque l'os sacrum est composé de six os, le coccyx n’en a que trois et qu'au contraire il en a quatre lorsque le sacrum n’en contient que cinq. Quand le sacrum est cons- litué par 6 éléments osseux, il possède 5 paires de trous en avant et autant en arrière et lorsqu'il est réduit à 4 éléments osseux, 3 paires de trous en avant et autant en arrière, On rencontre cependant sur certains sujets dont le reste du rachis est bien conformé un sacrum qui a 3 paires de trous d’un côté et 4 paires de l’autre par suite de la résorplion ou du défaut de développement. de l’une des apophyses transverses de la dernière vertèbre sacrée ou un sacrum dout la qua- (1) VÉSALE, De corporis hum. fabr., lib. I, cap. XVIII. (2) FazLoPpPE, Exercit. de oss., cap. XXI et XXII. (3) SIMONE ALBERTO, Hisloriæ plaerar. partium humani corporis, p. 136. Viter- bergæ, 1602. (4) R. Cozumeus, De re anat., lib. I, De os., cap. XVIII. (5) Düre, Zeitsch. f. wiss. Med. S. 3, vol. VIII. (6) BERGMANN, Zeilsch. f. rationn. med. R. XIV, p. 319. (7) BOCKSHAMMER, Zeilsch. f. ral. med. R. XV, I. (8) Raimonp1, Ann. d. Museo civ. d. storia nalur. d. Genova, 1875. 9) Rouiri et Lacur, Calalog. de Museo anal. d. Siena P. I. a, p. 67. (10) Hyrrz, Silz. d. Wiener acad. math. nalurw. klasse, t. LIT. (11) Trocuer, Arch. de tocol., p.149, 1879. (12) DOwEREN-GUALT, Specimen academicorum Groningæ, p. 2717, 1765. (13) SOMMERING, De fabr. corp. hum. osleol. (14) AzmiNus cit. par HyrrL, Trail. anal. de l'homme. (15) SANDIFORT, Obs. analom. pathol. Lugduni Batav., 1777, lib. III, cap. X, p. 135. (16) Cazort, Mem. d. Accad. d. sc. d. Islil. d. Bologna, 1887. J. SERRANO, REGALIA, STRUTHERS, etc., passim. (17) BEerTÉ, L'Islit. anal. d. R. Univers d, Calania nel irienno scholaslico, 1ISS5- 1887, Catania, 1588, 328 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE trième paire de trous manque d’un côté et n’est pas fermée de l'autre RT Sacrum à six vertèbres par suite de la sacralisation de la première vertèbre coccygienne. Le coccyx formait avec les lrois dernières vertèbres sacrées un ensemble régulier, symétri- que.Au contraire,les deux premières vertèbres sacrées n'étaient ni symétriques, ni réguliè- res. D'abord, il y avait un second ou faux promontoire. Les ailerons de la première sacrée étaient loin d’avoir leur développement normal : l'apophyse transverse gauche était par- ticulièrement courte et découpée en lanières que continuaient les faisceaux du premier ligament ilio-sacré transversaire. L'aileron droit, pour joindre celui de la deuxième ver- tèbre sous-jacente, descendait moins bas que le gauche. Il sautera aux yeux de tous que les ailerons de la deuxième vertèbre s'étaient développés en hauteur, le droit beaucoup, le gauche moins, pour établir définitivement la symétrie de l'os. en raison de l’absence de soudure ou de la soudure incomplète des SACRUM 329 apophyses transverses des deux dernières vertèbres sacrées entreelles. Je n'insiste pas sur ces dernières particularités sur lesquelles j'aurai à revenir plus loin et à diverses reprises. Sur 1,73 p.100 des 265 sacrums d'hommes et de femmes adultes que Paterson a eu en sa possession, le sacrum était formé par 6 vertèbres à la dernière desquelles était soudée la 1° coccygienne. Les variations numériques par excès du sacrum dues à la fusion de la 1" coccygienne et de la dernière sacrée sont infiniment plus fré- quentes que celles qui résultent de l'annexion de la 5° lombaire à la 1° sacrée. L’annexion de la 1"° pièce du coccyx à la 5° pièce du sacrum est, enfin, moins exceptionnelle dans le sexe masculin que dans le sexe féminin. Dans deux cas mentionnés, l’un par Falaschi (1), l’autre par P. Albrecht(2), le coccyx tout entier et la moitié inférieure du sacrum faisaient défaut. Cas personnels. I. Crâne, rachis, thorax et bassin d’un Tourangeau, F. B..., décédé à l’âge de 64 ans, le 18 mai 1879, à la salle 12 de l'Hôpital général de Tours. Formule vertébrale : 7 c., 12 th. avec 12 paires de côtes, 5 L., 5 s., 4 cocc. Les trois premières vertèbres sacrées sont articulées avec les os iliaques et les trous sacrés antérieurs et les trous sacrés postérieurs, au nombre de 5 du côté gauche et du 4 de côté droit parce que de ce côté l’apophyse transverse de la 5° vertèbre sacrée n’est pas soudée à celle de la 6°. La base de l'os ayant tous ses caractères habituels, n'est pas siluée dans un plan plus élevé que d'ordinaire par rapport au détroit supérieur et le sommet, en parfait état, permet d'affirmer que la vertèbre sacrée supplémentaire n'est certainement pas la 1re COUCygienne. Chacune des apophyses transverses de la 7° cervicale est percée d’un trou. La 12° thoracique est reçue et lapophyse transverse droite de la 1°e lombaire est constituée exclusivement par sa portion cosli- forme dont la longueur atteint 9 millimètres. Les trois pièces supé- rieures du coccyx ne sont pas unies aux deux pièces inférieures qui forment une petite colonnette osseuse, bosselée, inclinée à gauche, La cage thoracique et les os innominés, n’offrent rien de particulier. La suture incisivo-maxillaire gauche n’est pas fermée complètement (1) Fazascur, Biv. se. d. Accad. d. Fisiocrit. d. Siena, 1870. (2) P. ALBRECHT, Cent. f. ch., n° 24, 1885. 330 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE en arrière et l’hamule unguéale entre, de chaque côté, dans la compo- sition du bord inférieur de l'orbite. Le reste du squelette céphalique est normal. Il: Squelette d’une Angevine, L. M... domestique, célibataire, qui s'est, le 2 mars 1887, à l’âge de 64 ans, pendue à Tours et dont le corps a été apporté à l’amphithéâtre d'anatomie de l'École de médecine de Tours où il a été disséqué. Le sacrum nécessaire de Broca est composé de 3 pièces articulées avec les os des îles et les vertèbres sacrés accessoires de Broca sont au nombre de 3. La dernière d’entre elles n’est rien autre chose que la 1e coccygienne qui s’est soudée au sommet du sacrum : 1° par son corps ; 2° par ses deux apophyses transverses donnant naissance à droite et à gauche, en avant et en arrière, à un trou de conjugaison supplémentaire; 3° par ses cornes ascendantes qui se sont synostosées avec les cornes descendantes du sacrum. Cet os a donc cinq paires de trous antérieurs et cinq paires de trous postérieurs et six vertèbres. Au-dessous de la 6° se trouve le reste du coccyx dont les deux premiers éléments osseux sont, l'un et l’autre, indépendants, et le 4° et le5° con- fondus et constituent une tige rigide, conique, étroite, incurvée en avant. D'une manière générale, chacune des pièces osseuses entrant dans la formation du sacrum est située dans un plan un peu plus élevé que d'habitude ; la base bien conformée de cet os déborde un peu le bord inférieur de l'ilion. C’est là un fait habituel quand le sacrum a 5 paires de trous en avant et autant en arrière comme si l’adjonction d’une vertèbre par en bas avait pour conséquence le refoulement par en haut de toutes les autres. Le bord supérieur de la 5° lombaire est lui- même contenu dans un plan un peu plus élevé que de coutume. Chacune des apophyses transverses de l’axis est ouverte en dehors. Les autres vertèbres sus-sacrées sont normales et la 12° thoracique estreçue. Le maxillaire supérieur droit est traversé par un canal sous-orbi- taire bifide en avant et le maxillaire inférieur gauche, pourvu d’un canal mylo-hyoïdien. Sur chacun des deux fémurs il existe un troisième trochanter rudimentaire. Le système musculaire et le sysième vasculaire de cette femme présentent, en outre, diverses irrégularités. IT. Il s'agit du sacrum à trois paires de trous antérieurs et à trois paires de trous postérieurs dont il est question dans le 4° cas de varia- tions numériques des vertèbres lombaires que j'ai pu observer. (Voy. vertèbres lombaires, Variations de nombre IV° cas personnel.) ANATOMIE COMPARÉE. — Le sacrum qui manque chez les Poissons,les SACRUM 391 Ophidiens et les Cétacés, Mammifères pisciformes, est composé d’une vertèbre, chez les Amphibiens. Les Chéloniens, les Lacertiliens, les Crocodiliens, les Monotrémes, quelques Édentés, notamment les Pangolins, la plupart des Marsu- piaux, etc., ont 2 vertèbres sacrées; le chien, le chat (1),les Tarsiers, les Atèles, les Sajous, les Magots, les Nyctipithèques, les Ouistitis, les Macaques (2), les Cercopithèques, les Semnopilhèques, etc. 3; l'élé- Phant, le rhinocéros, le porc-épic, le porc, le sanglier, le mouton, la chèvre, le lapin, les /ndris, les Alouales, le gibbon, elc.,! ; le cheval, l'âne, le bœuf, l'orang, le gorille, le chimpanzé, elc., 5, comme l’homme ; le {aptr,7,les Tatous, 10, etc. Mais chez tous ces animaux et chez bien d’autres que je n’ai pas cités pour ne pas allonger sans utilité cetouvrage, les varialions numériques des pièces constituantes de l'os lalum sont aussi communes, plus communes même peut-être, que chez l’homme. Parmi eux, il en est même où cette question n'est pas encore résolue ou n’est pas résolue depuis longlemps. C'est ainsi que dans les Oiseaux, au lieu du chiffre élevé de vertèbres sacrées admis par divers auteurs, on reconnaitra, je crois, que ce chiffre n’oscille qu'entre 3 et 5, si on considère seulement comme les homologues des vertèbres sacrées des Reptiles des genres Lacertilien et Crocodilien les vertèbres des trous de conjugaison desquelles sor- tent les nerfs qui s'unissent pour former le plexus sacré duquel naïîl le grand nerf sciatique. Le sacrum du hérisson a tantôt 3, tantôt { pièces osseuses. Le cha- meau et le dromadaire qui, pour la généralité des zoologistes, en ont 4, en ont » pour Lesbre et pour moi. Bien que Cuvier n'ait accordé que deux vertèbres sacrées à tous les phoques, J.-F. Meckel « croit cependant pouvoir admettre, d’après ce’qu'il a vu sur les squelettes de Phoque commun (Phoca vitulina) et de Ph. hispida que plusieurs de leurs vertèbres sacrées se confon- dent. » Lobstein (3) en attribue 3 à 4 au Phoque à ventre blanc et Huxley, 4 au Phoque commun, mais qu'une de celle-ci seulement s’unit à l'illon. Les 7 marmolles que j'ai disséquées avaient bien 22 vertèbres coccy- giennes comme l'a remarqué Cuvier, mais n'avaient que 4 vertèbres (1) Sur les chals anoures de l'ile de Man dont il existe une colonie à Vouvray, près de Tours, je n'ai trouvé que 3 vertèbres sacrées comme sur les autres chals. (2) « De 3 au moins chez les Macaques », a écrit Cuvier. D'après l'adversaire de Lamarck, le sacrum de la marmolle (Didephis murina) ne consisie qu'en une vertèbre. Cuvier, Leçon d’anal. comp., cit. &. I, p. 155. (3) Cf. Leroux, Journ. de med. Bullet. de la Soc. d'émulalion, p.20, 1817, 332 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE sacrées ainsi que l’a noté J.-F. Meckel, au lieu de 6 dont les a grati- fiées Cuvier. Parmi les Chétroptères on n'en compte qu'une chez le Vampyre, au dire de Cuvier, alors que Pouchet et Beauregard en donnent 7 et Mai- sonneuve d'Angers, 4, au Murin (Vespertilio murinus). Les 20 murins que j'ai capturés pour le professeur M. Duval en avaient tous 4, sauf un qui en avait 6 et un 7. Les Loris n’en ont qu'une, d’après Cuvier, et2, d’après Fischer (1) et pourtant le Loris grêle et le Loris tardigrade en ont, chacun, 3. Le nombre des vertèbres sacrées varie de 2 à 3 chez les Makis et les Cynocéphales (2) et de 3 à 5 chez les Gaäléopithèques, quoique Cuvier ait déclaré que ces derniers n’en ont qu'une et J.-F. Meckel, 4. Dans le Coïla Cuvter en a rencontré 2 et J.-F. Meckel, 3. De même J.-F. Meckel en a observé 5 chez l’Ours brun auquel Cuvier n’en a dis- tingué que 5. Le cheval qui en a ordinairement 5, en a rarement 4, mais très fréquemment 6 ou 7 par suite de l'annexion d’une ou deux coccy- giennes. Chauveau et Arloing ont avancé que « parfois la pièce surnuméraire du sacrum est située à sa base » ; ils désignent ainsi sans doute la dernière lombaire soudée au sacrum (contrairement à l'affirmation de Rigot qui soutenait que cette soudure ne se fait jamais). L'âne à souvent une vertèbre de moins cédée ou une vertèbre de plus empruntée au coccyx. Cuvier a sûrement pris l'exception pour la règle quand 1l a affirmé que le sacrum du bœuf ne possède que { éléments osseux; il est au moins aussi fréquent d'en trouver 6; mais le nombre normal estS. La /° vertèbre sacrée du mouton se soude tardivement à ses congé- nères ; accidentellement même elle ne s’y soude pas et compte dès lors dans le coccyx ; c'est pourquoi Rigot a soutenu que le sacrum du moulon comprend tantôt 4, tantôt 3 vertèbres. Par contre, chez ce Ruminant la première vertèbre coccygienne peut s’unir à la dernière sacrée ; cette union est toutefois, ainsi que l'a remarqué Goubaux, rarement complète. Il n’est pas très exceptionnel que le sacrum de la chèvre soit formé de 5 pièces ; Franck et Martin sont même d'avis que c’est la règle; 1l n'en est rien. Goubaux dit : « qu'on voit quelquefois le sacrum du chien présen- ter une articulation intertransversaire avec la première coccygienne, (1) Fiscaer, Anat. der Makis. S. 120; J.-F. MECKEL, CUVIER, etc., passim. 2) J'ai constaté la présence de 3 chez un Cynocéphale noir. ché di sc fs AR À sé 2 2 SACRUM 333 d’un seul côté ou des deux côtés ; on pourrait croire alors qu'il com- prend une vertèbre de plus. » Darwin a fait mention qu'Eyton a trouvé 5 sacrées sur un Porc an- glais et une Truie africaine, ! sur un Porc ordinaire et un Porc chi- nois. est également la quantité de vertèbres sacrées que Buffon attri- bue au Porc commun, au Porc siamoïs et au sanglier. Selon de Blain- ville, le Porc domestique en aurait, au contraire, 5. C'est une erreur. Il n’en a régulièrement que 4. Cuvier en a accordé 4 aux Galéopithèques où leur nombre oscille entre 3 et 5et chez les Wakis et les Cynocéphales entre 2 et 3. J'ai noté que deux Cynocephalus babuinüs, dont les squelettes sont conservés dans le Musée d'anatomie comparée de l'Université de Bologne, ont l’un un sacrum à / vertèbres et l’autre un sacrum à 5 ver- tèbres. Des deux fœtus d’Anthropoïdes disséqués par de Deniker, le /œlus de gorille avait 7 cervicales, 13 thoraciques, 2 à 4 lombaires, 4 à 6 sa- crées el 5 ou 6 coccygiennes et les variations dans les derniers chiffres «s’expliquaient pas ce fait que l’on pouvait compter les deux dernières vertèbres lombaires comme des vertèbres sacrées parce qu'elles élaient réunies aux os iliaques par leurs apophyses transverses et qu'on pouvait ajouter à ces vertèbres la 1° coccygienne qui pré- sentait de très petites apophyses transverses interceptant avec le liga- ment coccygien un trou analogue aux trous intervertébraux du sa- crum. » Quant au fœlus de gibbon il avait 7 cervicales, 13 thoraciques, 4 ou 5 lombaires, 2 ou / sacrées, « 7 ou 8 coccygiennes suivant que l'on considère ou non la dernière lombaire et la première coccygienne, soudées au bassin, comme des vertèbres sacrées. » Dans tous les Anthropoïdes, mais surtout dans les Gorilles la der- nière lombaire est parfois entièrement soudée au sacrum. En 1888, le laboratoire d'anthropologie de l'École des Hautes-Études a acheté le squelette d’un chimpanzé mâle adulte (Troglodytes Niger), figurant actuellement dans le Musée Broca de la Société d'anthropologie de Paris et dont le sacrum, composé de 7 pièces, a, en avant et en arrière, à gauche, 6 trous complètement fermés, et à droite 5 trous compiète- ment fermés et 3 trous les trous inférieur, antérieur et postérieur incomplètement fermés. De sorte qu'il semble que, dans ce cas, il ne s’agisse que d’une fusion partielle de la dernière sacrée et de la pre- mière coccygienne et cette manière de voir semble a priori d'autant plus admissible que le coccyx n'a effectivement que deux vertèbres apparentes. Elle doit être rejetée cependant. La 2° vertèbre coccycienne est très longue (15 millimètres). I] faut donc présumer qu'elle est, en réalité, constituée par deux vertèbres primitivement indépendantes et que les progrès de l’âge ont synostosés entre elles. De plus, la 334 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE 1e coccygienne en a tous les attributs : une apophyse transverse de chaque côté et deux cornes en arrière. Dans son ensemble le coccyx, composéde trois vertèbres mesure 29 mm. 5, dimensions longitudinales fréquentes chez le chimpanzé et les autres Singes anthropomorphes. Enfin le canal rachidien se termine en gouttière ouverte juste au niveau de la 7° vertèbre sacrée. L'ankylose de la dernière sacrée et de la 1° coccygienne a été ob- servée sur 2 orangs, sur », un gorille et un Troglodytes Girardii par Raimondi et sur 6 anthropoïdes (1 gorille et 5 chimpanzés) sur 40 dont 11 gorilles, 13 chimpanzés, 13 orangs et3 gibbons, par Paterson (1). Bugnion (2) affirme même que l’orang a un sacrum composé de 6 vertèbres dont 3 sont articulées avec le sacrum (sacrum nécessaire, de Broca) et 3 libres (sacrum supplémentaire, de Broca). De sorte que suivant mon savant ami, de l'Université de Lausanne, l’orang pos- sède le même nombre total de vertèbres que l'homme le chimpanzé et le gorille, bien qu'il n'ait que 16 vertèbres dorso-lombaires (12 dor- sales et 4 lombaires) au lieu de 17. VARIATIONS DE STRUCTURE. — Le tissu spongieux qui forme l'intérieur du corps de chacune des vertèbres sacrées peut, comme celui du corps de chacune des vertèbres des autres régions rachidiennes, être le siège d'une raréfaction plus ou moins accentuée et plus ou moins étendue. C’est principalement dans les cas de spondylizème, d'affais- sement vertébral et sur la première pièce de cet os, qu'on remarque celte augmentation de la porosité de son tissu d’où résulte sa fragilité très grande. Ce tissu est plus lâche, plus mince, renferme des lacunes, mais qui ne traversent pas comme dans les os cariés. Le corps de la % et celui de la 4° vertèbres du sacrum de la malade morte au mois de juillet 1908, à la Salpêtrière dans le service de mon compatriote et ami, le professeur Raymond et dont j'ai déjà fait men- tion antérieurement, étaient presque complètement remplacés en avant et en arrière, par une membrane fibreuse dans les points où ils man- quaient. Sur la face antérieure du corps de la 1"e et sur celle du corps de la 2°, on constatait la présence de fossettes analogues à celles existant sur les vertèbres dorso-lombaires. La crête sacrée était représentée seulement par son épine supérieure et son épine inférieure reliées l’une à l’autre par du tissu fibreux. Une cavité mesurant 6 centimè- tres de longueur et 5 centimètres de largeur correspondait au canal sacré. L'état actuel de nos connaissances sur le développement du rachis 1) PATERSON, The scient. transact. of the Roy. Dublin. Soc., 1893. (2) BuGNION, Bullet. de la Soc. vaud. de sc. nat., vol. XXXI, n° 118, p. 161, note 1. SACRUM : 339 ne permet pas encore d'expliquer d'une manière satisfaisante ces anomalies. ASYMÉTRIE. — Elle peut être partielle ou générale. L'asymétrie par- tielle s’observe surtout sur les sacrums à 6 trous et à l'extrémité supé- rieure ou à l’extrémité inférieure de ces sacrums. Sur les sacrums à 6 trous, les configurations sous lesquelles se présente l'asymétrie partielle sont essentiellement variables et dépendent de la façon dont s’est effectuée la synostose de la dernière lombaire ou de la pre- mière coccygienne au sacrum et d’où résulte une augmentation du nombre des pièces quile composent. Quand cette sacralisation est incomplète, l'asymétrie est toujours plus accentuée et plus complexe. Je n'’insiste pas. J'ai eu l'occasion de parler de la sacralisation de la o° lombaire (1) et je traiterai bientôt de celle de la j"° coccygienne (voy. Sommet du sacrum). Sur les sacrums à 5 vertèbres, l’asymétrie partielle porte générale- ment sur la 3°, la 4° et la 5°, c'est-à-dire sur celles qui ne sont pas arti- culées ou ne sont articulées qu’en partie avecles os iliaqueset se borne d'ordinaire à l'absence unilatérale d'un ou de plusieurs trous sacrés ou à la déformation unilatérale de deux apophyses lransverses voisines restées indépendantes, etc., 8,3 p. 100 des 265 sacrums examinés par Paterson étaient plus ou moins affectées d’asymétrie partielle. Sur le sacrum d'adulte à 5 vertèbres représenté ci-après et dont Je dois le dessin au professeur Farabeuf, ce sont toutefois les deux premières vertèbres qui sont très asymétriques. L'asymétrie de la grande vertèbre dans toute l'étendue de sa hau- teur constitue un des caractères du bassin mal conformé décrit depuis Nægele (2) sous le nom de bassin oblique ovalaire. Les principaux ca- ractères de ce bassin sont, en effet, je le rappelle : Une rudimentation plus ou moins accentuée d'une des moiliés laté- rales du sacrum ; L'ankylose complète de l’une des symphyses sacro-iliaques; Et du côté de cette ankylose complète : Le rétrécissement des trous sacrés antérieurs; Le rapprochement de la tubérosité iliaque des épines sacrées; L'exhaussement de la crête ou S iliaque : La direction presque rectiligne de la ligne innominée qui semble avoir été refoulée dans l'excavalion pelvienne par la tête du fé- mur, elc. (1) Pour détails complémentaires, voy. également plus loin : Face pelvienne du sacrum, angle sacro-vertébral et angle sacro-sacré. (2) F. Ch. NæGELE, Des principaux vices de conformation du bassin el spéciale- ment du rétrécissement oblique, trad. franç. de Danyau. Paris, 1840 336 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Depuis Nægele on n’a fait mention que d’un nombre assez restreint Sacrum d'adulte à cinq vertèbres dont les deux premières sont très asymétriques. « Ainsi la première vertèbre a le corps et la moitié gauche à peu près normaux, mais son costal droit est très nolablement atrophié et ne contribue que faiblement à la formation de la surface auriculaire pour laquelle le costal de la deuxième vertèbre prend un déve- loppement considérable, et celui de la troisième un développement moindre, quoique plus grand qu'à l'ordinaire. On remarquera la hauteur de la cavité discale qui sépare les deux premières vertèbres et le faux promontoire qui existe à ce niveau, la face pelvienne du sacrum fuvant tout à coup en arrière, presque horizontalement, ce qui donne à l'os une concavité considérable. » (Professeur Farabeuf.) de bassins obliques ovalaires et parmi les bassins donnés comme tels a SACRUM 337 par le professeur de l'Université de Heidelberg il y en a certainement plusieurs qui ne sont pas des bassins obliques ovalaires, Malgré des recherches poursuivies pendant plus de dix ans dans les collections anatomiques privées ou publiques d'Europe, Nægele et ses élèves n’ont pu réunir plus de 35 bassins affectés de ce genre de malformation. Dans ces 39, 1l y en a 23 qui n'ont pas d'histoire et d'une époque reculée el 15 seulement qui ont été éludiés par Nægele. Pour ces 15, je ne les dis- cuterai pas; pour les autres, je fais mes réserves et voici pourquoi. J'ai tenu naturellement à me rendre compte si 3 bassins appartenant au Muséum d'Histoire naturelle et au Musée Dupuytren de la Faculté de Médecine de Paris sont bien, comme l'a déclaré Nægele, des bas- sins obliques ovalaires. Or, il n’en est rien. La momie du Muséum a, il est vrai, le bassin un peu déformé, mais le vice de conformation qu'il présente n’a rien à voir avec celui décrit par l’obstétricien alle- mand. Quant aux deux bassins du Musée Dupuytren dont il a égale- ment parlé, leurs articulations sacro-iliaques sont bien ankylosées, mais sur chacun d'eux le sacrum est parfaitement normal, nullement dévié, les trous sacrés ont des deux côtés le même diamètre, la sym- physe pubienne occupe sa place ordinaire et il n’exisle aucun rétrécis- sement du détroit supérieur ou de l'excavalion. Sur 3 faits que j'ai pu contrôler, je trouve donc trois erreurs; cela me dispose mal à admettre les autres, d'autant plus que, pour 4 ou 5, Nægele lui-même n'a pas été absolument affirmatif. De tout ceci, je conclus que les bassins obliques ovalaires sont excessivement rares et que cette rareté, coïncidant avec une absence complète de signes extérieurs, mettra probablement toujours en défaut la sagacité du praticien. Il faut ajouler que tous les bassins de cette nature ne sont pas viciés au même degré et qu'il en est dont la capacité est encore suffisante pour permettre l'expulsion ou lextraction d’un enfant vivant. Nægel et Vrülick ont avancé que cette malformation est le résultat d'une ankylose sacro-iliaque. Cette assertion n’esl pas encore, que je sache, confirmée par l'autopsie d'un fœtus ou d'un jeune enfant qui l'ail présentée et on a observé pos! morlem sur des sujets adultes des ankyloses sacro-iliaques sans asymétrie du pelvis. Il est donc impos- sible de l'expliquer à l'heure actuelle. Et plus j'ai examiné les 140 coupes de fœtus et de jeunes enfants pratiquées par mes chers mai- tres les professeurs S. Thomas el Farabeuf (14 dans le laboratoire du professeur S. Thomas et 126 dans le laboratoire du professeur Fara- beuf), plus il m'a semblé difficile d'admettre que les points d'ossifica- tion des corps vertébraux puissent se prolonger jusqu'aux os iliaques. Et ce n'est pas sans raison certainement que mon maitre, le profes- seur Farabeuf, a pu dire dans une de ses leçons à laquelle j'assistai : VERTÉBRALE. 22 338 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE « Alors que les neuraux (1) existent et entourent les côtés du canal, » EXCaVation et principaux diamères d'un bassin oblique ovalaire type Nægele. Détroit supérieur | | | ayant apophyses articulaires, lame, etc., normales et seulement l’apo- (1) Farabœuf a appellé neural chaque demi-arc vertébral et ses divers prolon- gements, central le corps vertébral et cos/al la portion de l'apophyse transverse SACRUM 339 physe transverse si courte qu'elle paraît absente, on est tenté d'ad- mettre que les costaux ont existé aussi, mais que tout un côté du sacrum a subi un arrêt de développement coïncidant avec une anky- Jose sacro-iliaque, l'un et l'autre très précoces, c'est-à-dire dans les premières années de la vie. » ANATOMIE COMPARÉE. — Pour des motifs que j'indiquerai ultérieure- ment (voy. Cocyx, variations de structure, Analomie comparée) la coa- lescence des vertèbres entrant dans la composition du segment du sacrum quine s'articule pas avec les os iliaques, s'accomplit d’une façon encore plus irrégulière chezles Anthropoïdes que chez l'homme. Ainsi les apophyses épineuses des pièces osseuses du sacrum des Singes anthropomorphes sont quelquefois distinctes à leur sommet ou encore une apophyse transverse reste entièrement séparée de sa voi- sine par une échancrure profonde qui s'étend jusqu'aux trous sacrés antérieurs et postérieurs correspondants, de sorte que l'on aperçoit, à la place de ces deux trous, un trou de conjugaison latéral unique semblable à celui qui existe entre deux vertèbres libres. Ces caractères sont l'indice d’une fusion incomplète (1). D'autres fois, au contraire, la fusion est exagérée et poussée si loin que certains trous sacrés sont entièrement effacés. Ainsi J'ai vu, avec Broca, manquer de chaque côté, le dernier trou sacré postérieur sur un Gibbon cendré (Hylobates leuciscus) et sur un Gibbon aux mains blanches (Hylobates albimanus). Ce sont, au contraire, les deux trous sacrés antérieurs qui manquent sur un Gibbon de Raffles (Hylobates Rafflesiüi)\ du muséum d'Histoire naturelle de Paris. Sur un vieux gorille mâle appartenant au même établissement et qui a 8 vertèbres sacrées dont 4 ne s’articulent pas avec les os coxaux, et qui devrait, par conséquent, avoir 7 paires de trous sacrés, on n'en trouve que 4. Les 3 trous supérieurs, compris entre les vertèbres en rapport avec les ilions, ont la largeur ordinaire; le 4° est encore d’une bonne largeur; le 5° n'est indiqué que par une dépression assez profonde, mais qui ne communique pas avec le canal sacré; 1! existe absolument aucune trace des deux derniers trous. La fusion des pièces osseuses sacrées est donc exagérée en avant et le travail de coalescence excessive a évidemment procédé de bas en haut, puisque le dernier et l’avant-dernier trous ont entièrement dis- L qui correspond à une côte et la côte elle-même. Il conserve ces mêmes déno- minations aux noyaux d’ossification dont émanent ces parties constituantes d'une vertèbre. (1) Sur l'un des Tschégos (Troglodytes tschégo) du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, les diapophyses transverses des deux dernières vertèbres sacrées sont restées entièrement distinctes jusqu'à leur base, de sorte que l’on trouve, de chaque côté, deux trous de conjugaison. ‘ 340 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE paru, tandis que l’antépénultième n’est pas complètement effacé. Chez ce même Singe anthropomorphe, les trous sacrés postérieurs sont au complet; — enfin, sur les 6° et 5° vertèbres sacrées les apophyses épineuses, incomplètement soudées entre elles, se dessinent sur la crête sacrée sous la forme de deux dentelures. Ainsi alors que la coa- lescence des éléments osseux du segment du sacrum indépendant des os innominés est exagérée en avant, elle est incomplèle en arrière. L’apophyse transverse gauche de la dernière vertèbre lombaire d'un chimpanzé figurant dans les galeries du British Museum et dont la colonne vertébrale a pour formule 7 c., 14 th., 4 1.,5 s., 4 cocc. est excessivement large et articulée à la fois avec le sacrum et l'ilion. Ainsi que j'ai déjà été obligé de le mentionner en traitant des varia- tions numériques des vertèbres cervicales, l’'Unau didactyle(Cholæpus didactylos) est vraisemblablement parmi les Mammifères celui dont les vertèbres de toutesles régions, la région cervicale exceptée, varient le plus de nombre sinon de corrélations. Sur 6 Unaus didactyles, Welcker (1) a, en effet, relevé les formules vertébrales suivantes : C Th. L. S. Caud. Total. il 7 25 4 8 5] — "49 2 Il 24 4 ñ 4 — 46 3 T 24 3 îl 5) — 46 4 rl 23 b) ï 5) =149 3 ü 29/21 34 TT 6 — 43 6 ù 71 p) ji b) — 43 Deux rachis d’'Unaus didactyles étudiés par moi avaient pour for- mules, l'un, 7 °11th:4%41l47"s."b)caud” l'autre 7 c/15/1SM0r888 4 caud. Sur 8 Cholæpus didactylus, il n’y en avait donc pas deux qui avaient la même formule vertébrale. Sur le 5° examiné par Welcker, la ver- tèbre située à la limite de la région thoracique et de la région lom- baire offrait, en quantité égale, des caractères de vertèbres de l’une et l’autre de ces deux régions, de sorte qu'il était, pour ainsi dire, impos- sible d'affirmer à laquelle de l’une ou l’autre desquelles elle apparte- nait. Il appert, en outre, des dessins du mémoire de Welcker, con- cernant le Paresseux à deux doigts en question, que les apophyses transverses de la première pièce osseuse sacrée étaient articulées avec les os innominés, mais indépendantes de celles de la seconde et que celles de la première pièce osseuse caudale atteignaient l'ischion, mais n'étaient pas attachées à celles de la dernière pièce osseuse sacrée. (1) WELCKER, Arch. f. anal. u. phy., 1881. SACRUM 341 Dans un de mes deux cas le même mode de conformation n'existait que du côté droit, de sorte que le sacrum était très asymétrique. On sait depuis les reche:ches de Gütte (1), de Bourne (2), de Howes (3), de Morgan (4), de Sasserno (5), de Boulenger (6), de Cameraus (7), de Huxley (8), etc., que dans les Amphibiens anoures, dans le Bombina- lor principalement, le sacrum est loin d'être toujours composé du même nombre de vertèbres unies entre elles et avec l’urostyle d'une façon identique à droite et à gauche. VARIATIONS DE COURBURE. — La face pelvienne du sacrum est con- cave de bas en haut et aussi dans le sens transversal, au-dessous de la base de l'os. La courbure longitudinale, regardant du côté du pubis, que décrit cette face, a rarement la régularité d’un arc de cercle, pré- sente, au niveau de la 3° vertèbre, la vertèbre moyenne, fort souvent une dépression (9). Elle est, toutes choses égales d'ailleurs, plus pro- noncée dans la race blanche et dans la race jaune que dans la race noire et, dans toutes les races, chez l’homme que chez la femme. De sorte que d’une manière générale le sacrum féminin est plus court, plus large est plus excavé que le sacrum masculin. Relativement à l'horizon la moitié supérieure de la face pelvienne du sacrum en raison de la bateur plus considérable en avant qu’en arrière de chacune des deux premières vertèbres sacrées et de la hauteur plus considérable en arrière qu'en avant du corps des deux dernières, forme un angle de 15°. Pourquoi alors appelle-t-on dans les Traités classiques d'anatomie humaine, antérieure, une face dont la moitié supérieure, ainsi diri- g'e, constitue un véritable demi-couvercle pour l'excavation quand on est debout ? La moitié inférieure, recourbée sur elle-même, mérite mieux ce nom. En réalité cette face n’est rien autre chose dans son ensemble que la paroi postéro-supérieure du petit bassin. Dans les très jeunes embryons humains la courbe sacro-coccygienne se con- tinue avec la courbe à concavité ventrale du rachis; un promontoire indique le point cù elle se termine du côté cranial. (1) GÔTTE, Entwicklungsgesch. d. Unke. Leipeiz, 1875, taf. XIX. (2) BoURNE, Qual. Journ. microse. sc., N.S., vol. XXIV, p. 83. 13) Howes, Anal. anz., p. 277, 1886 et Proced. of the anat. Soc. of. Greal Brilain and Ireland, mai 1890. (4) MorGaw, Nalure, p. 53, vol. XXXV. (5) SASSERNO, Ali d. R. Accad. d. sc. d. Torino, p. 703, vol. XXIV. (6) BOULENGER Cil. par WALTERSTORFF, Jahrb. Nalurwiss. vereins. Magdeburg, 1885-1886. (7) CamErAUS, Ali d. R. Accad. d. sc. d. Torino, p. 448, vol. XV. (8) IuxLey, Art. « Amphibia» Encyclop. Brit., 9 th. éd., vol. I, p. 752. (9) Sur 235 sacrums de diverses provenances, Paterson a constaté que la courbe sacrée atteignait son maximum de profondeur au niveau de la 3° vertèbre sacrée sur 196. 342 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Dans les Anthropoïdes, la courbe sacro-coccygienne va progressi- vement en diminuant de l'orang où elle égale, quand elle ne la dépasse pas celle de l'homme, au gorille, du gorille au chimpanzé et du chim- panzé au gibbon où elle n'existe pour ainsi dire plus. Le milieu de la ligne réunissant, en avant, la face supérieure à la face inférieure de la 3° vertèbre sacrée correspondant, suivant Hermann V. Meyer, au point où le sacrum change de direction, est appelé conjugala vera par cet auteur. Le diamètre antéro-posté- rieur pelvien, partant du sommet de la symphyse pubienne qui y abou- tit, forme avec l'horizon un angle plus constant que celui que forme le diamètre pelvien qui relie le sommet de la symphyse pubienne au promontoire. La conjugala vera change dans les cas d'irrégularités numériques des éléments osseux du sacrum. J'ai noté au début de cette étude sur le sacrum de l'homme qu'il est proportionnellement plus fort que celui des autres Mammifères par suite de la station bipède de l'homme et de son attitude verticale. C’est pour la même raison qu'il est plus incurvé inférieurement que celui des autres Mammifères et forme avec la colonne lombaire un angle plus accentué (angle sacro-vertébral). On sait, de plus et depuis Hæckel principalement, que la généralité ,de nos organes, sinon tous, ont pendant la vie intra-utérine la configuration qu'ils ont après dans maints animaux. Il en est ainsi du sacrum fœtal humain qui est normalement plat. Cette varialion observée chez la femme adulte est très dangereuse pour elle. Il advient toutefois que chez elle la flexion du sacrum sur lui-même du côlé du pubis se produise plus bas que d'habitude, au niveau de la 4° vertèbre sacrée au lieu de la 3°, pour jeter brusquement la 5° en avant. Cette malformation n’est pas nui- sible au point de vue obstétrical, pourvu que la partie supérieure plane de la paroi pelvienne s'éloigne de plus en plus de la paroi pu- bienne de l’excavation, qu'il y ait divergence de ces deux parois. Il y a plus : on voit sur des hommes et des femmes adultes des faces pelviennes sacrées qui décrivent une courbe à convexité tournée du côté du pubis. C’est une conformation très mauvaise au point de vue obstétrical; de telles faces ne peuvent, au moins dans leur partie supé- rieure, que se rapprocher de plus en plus du pubis, en descendant, au lieu de s’en éloigner. Le bassin revêt alors l'apparence d'un sablier au lieu de celle d'un baril: la tête du fœtus trouve un canal osseux pro- gressivement plus étroit, un entonnoir qui l’arrête bientôt. VARIATIONS DE SITUATION DU PROMONTOIRE. (Voy. Sacralisalion de la o° vertèbre lombaire. Anal. comparée.) ANGLE SACRO-VERTÉBRAL ET ANGLE SACRO-SACRÉ. — Au lieu des crêtes « nl 4 : SACRUM 313 transversalesséparantles vertèbres lesunes des autres onrencontre, par exceplion, sur la face pelvienne du sacrum des rainures ou de simples traces de soudure. La crête transversale isolant la première vertèbre sacrée de la seconde est si saillante sur certaines femmes qu'elle peut être prise pendant le toucher vaginal pour l'angle sacro-vertébral. La sacralisation incomplète de la 5° lombaire est accompagnée généralement, je le rappelle, d'une asymétrie du sacrum et du bassin et de l'apparition sur la paroi postéro-supérieure du bassin de deux angles superposés : un angle supérieur ou sacro-vertébral et un angle inférieur ou sacro-sacré. Il n’y a pas là toujours un danger au point de vue obstétrical, mais une cause de trouble pour l’accoucheur peu instruit { à l'angle sacro-sacré aboutit, en effet, le diamètre sacro- pubien minimum (1). Les deux angles sont égaux si la 5° lombaire est à moilié sacralisée ; si elle l’est à peine, c’est le second, l'inférieur, qui est le plus marqué; si elle l’est beaucoup, presque complètement, c'est le premier, le supérieur. S'il y a asymétrie très prononcée, on constate la présence de deux demi-angles superposés, mais pas du même côté si le premier, le supérieur, est à droite, le second, l'inférieur, est, à gauche. Il faut prendre garde de ne pas confondre l’angle sacro-sacré qui, au point de vue obstétrical, ne constitue pas toujours un danger avec la saillie que forme quelquefois l'articulation des deux premières pièces d’un sacrum dont la face pelvienne est d’abord convexe au lieu d’être plane sinon légèrement concave, saillie qui, elle, constitue toujours, au point de vue obstétrical, un danger manifeste. EMPREINTE D'INSERTION DU MUSCLE PYRAMIDAL PELVIEN. — L'insertion de ce muscle se prolonge souvent sur la face antérieure du corps de la 3° vertèbre sacrée et y laisse une empreinte digitale très nette. FACE MUSCULO-CUTANÉE, SPINALE OU CONVEXE. — Va- RIATIONS DES APOPHYSES DE LA CRÈTE SACRÉE, — Le nombre de ces apo- physes ne varie pas, comme on le dit dans tous les traités classiques d'anatomie, entre 3 el 4 mais entre 3 eo. Sur 5 hommes el 2 femmes appartenant à la race blanche j'ai vu, en effet, la dernière sacrée munie d’un arc sugmontée d'une épine médiane. R. Havelock (2) à fait mention en ces termes de cette malformation qu'il a observée sur des indigènes du Panjab : « The hiatus sacralis may be altogether absent owing Lo the laminæ of the 5!" sacra vertebræ being perfect and mee- (1) Ce doit donc être le promontoire vrai des accoucheurs, quoique ce ne soit pas l'angle sacro-vertébral, mais un angle sacro-sacré, (2) R. HaveLocK, loc. cit. suprà, p. 79. 344 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE ting in a median ridge. » Les apophyses de la crête sacrée ont rare- ment toutes des dimensions identiques et une ou plusieurs d'entre elles ont accidentellement un sommet bifide. « Il est rare toutefois, ainsi que l’a remarqué Cruveilhier, de trouver la crête sacrée bifur- quée dans toute sa longueur. » OUVERTURE DU CANAL SACRÉ, — Personne n’ignore que le canal sacré se termine en gouttière ; sa partie postéro-inférieure offre une fente. Cette fente, plus ou moins longue et dont les bords sont constitués par les lames vertébrales non réunies, a la forme d’un V renversé. On dit qu’elle n'existe que sur la dernière vertèbre du sacrum ; et géné- ralement, en effet, elle ne s'élève guère au-dessus du niveau, du der- nier trou sacré. Mais si l’on étudie les bords de cette fente on y trouve ordinairement, de chaque côté, deux tubercules espacés et superposés qui représentent deux apophyses épineuses. De sorte que pour parler exactement il faut dire qu'elle n'occupe que quelquefois la dernière vertèbre, que le plus souvent elle empiète sur la précédente dont l'arc postérieur peut même être plus ou moins largement divisé dans toute sa hauteur. Il en résulte que les deux dernières verlèbres sacrées ne remplissent qu'incomplètement leur fonction protectrice par rapport au contenu du canal rachidien, et que celui-ci limité à ‘ce niveau par une simple membrane fibreuse, est mal défendu contre les lésions traumatiques ou pathologiques (1). Le canal sacré est, accidentellement, fendu aussi en arrière au ni- veau de la 1° et de la 2° sacrées. Son ouverture en arrière au niveau des 2e et 3° sacrées ou dans toute l’étendue de son trajet constituent des anomalies bien plus rares que celles que je viens de mentionner. Ainsi que maintes autres malformations la béance, complète ou in- complète, du canal sacré en arrière a été donnée par Lombroso (2) comme un stigmate anatomique de la criminalité parce qu'il l’a ren- contrée sur 1,11 p. 100 seulement des sujets n'ayant subi aucune con- damnation alors qu'il l’a observée sur 37 p. 100 des criminels et 18,9 p. 100 des prostituées. Signalée pour la première fois par Sôm- mering, Je crois, elle a été trouvée aussi sur l'assassin Knaps par Chudzinski (3) et sur divers autres malfaiteurs par M. Pitzorno (4), Menghini (5) et Tenchini (6. (1) Je note en particulier les méningites rachidiennes, toujours mortelles, qui sont la conséquence de la destruction de la membrane fibreuse sacro-coccygienne par les ulcères si fréquents de la région sacrée. (2) LomBro:o, Giorn. d. R. Accad. med. d. Torino, 1892. 3) CaupziNski, Arch. d. psych. sc. pen., 249, vol. XIII. 4) M. PirTzorNo, Giorn. d. R. Accad. med. d. Torino, 1895. 5) MENGHINI cit. par LomBroso. 6) SÔMMERING, TENCHINI, passim. ( { ( ( | 0 SACRUM 345 Pour ma part, je l’ai cherchée pourtant vainement sur 60 femmes adonnées à la prostitution et 30 délinquants et autant de délinquantes tandis que je l'ai trouvée, plus ou moins accusée, 3 fois sur 60 femmes d’une moralité absolue et 2 fois — 1 fois sur unhomme et unefois sur une femme — sur 30 hommes et autant de femmes n'ayant jamais eu affaire à la justice française. Les pourcentages du professeur de psy- chiatrie à l'Université de Turin dont je viens de faire mention ne repo- sent, au surplus, que sur l'examen de 27 squelettes de femmes de mauvaise vie, 9 squelettes d'hommes et de femmes condamnés par les tribunaux et 27 squelettes d'hommes et de femmes n'ayant jamais eu un Casier Judiciaire. Et c'est pourquoi je maintiens plus que jamais les conclusions dela dernière lettre (1) que j'ai adressée au professeur Lombroso lors de la polémique qui s'est élevée entre nous, en 1906, sur la valeur des stigmates anatomiques de la criminalité dénoncés par lui. Voici les conclusions de cette dernière lettre à laquelle le pro- fesseur Lombroso n’a jamais répondu et qu'un de nos journaux médico- littéraires les plus répandus, /a Chronique médicale, a reproduites (2), le 1°° novembre 1909, à l’occasion de la mort de celui que ses panégy- ristes regardent comme l'inventeur de l'anthropologie criminelle. « Que le malfaiteur ait le nez de travers, les oreilles mal ourlées et en anse; qu'il ait la mâchoire massive, les zygomes écartés, les saillies sourcilières surplombantes et le front fuyant, les orbites très grandes et très distantes; qu'il soit asymétrique de la tête et du visage; qu'il ait l'œil hagard, faux, sinistre, les lèvres minces et la barbe rare; que plus que tout autre il ait des formes suspectes, des particularités exceptionnelles, des défecluosités attribuables, sans doute, à un trouble de développement du crâne, des traits pathologiques ou téra- tologiques, 11 n'en resle pas moins avéré qu'à l'heure qu'il est, il est impossible d'établir une relation de cause à effel entre une variation ou une anomalie crantiennée ou cérébrale et la criminalité... L'étude analo- mique d’un individu est encore impuissante à décider s'il a été, s'ilest ou s’il sera un scélérat,. » RÉUNION DES CORNES PAR UN PONT OSSEUX. — On peut voir dans le Musée anatomique de l'Université de Sassari (n° 79, année 1895), un sacrum provenant Œun homme adulte bien conformé et dont le som- met de la corne droite est relié à celui de la corne gauche par une lamelle osseuse. (1; Cf. La Dépêche (de Tours), 31 août 1906. (2) En les faisant précéder de ces quelques lignes : « Le professeur Le Double nous semble, dans ce débat, avoir prononcé le jugement de tout homme que n'aveugle point l'esprit de système ». 346 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE FERMETURE OSSEUSE DE L'HIATUS OU ORIFICE INFÉRIEUR DU CANAL SACRÉ. — Ce vice de conformation dont la littérature anatomique ne cite aucun exemple, à ma connaissance du moins, a été rencontré deux fois par moi, à l'amphithéâtre d'anatomie de l'École de médecine de Tours: la première fois, le 9 mai 1877, sur un clown américain du cirque Ranty, F. L., mort à l'âge de 42 ans, d'un cancer du foie, l’avant- veille, à la salle 12 de l'Hôpital général de Tours; la seconde fois, le 1/4 août 1888, sur une femme, L. M., hémiplégique, décédée à l’âge de 69 ans, six jours auparavant, à la salle 14 du même hôpital. Dans le premier de ces deux cas, l'hiatus du canal sacré était complètenient obluré par une lamelle osseuse, très dense et assez épaisse. Dans le second, la disposition était identique, sauf qu'il existait, au niveau de l'extrémité supérieure de la lamelle osseuse, une solution de conti- nuité irrégulière dans laquelle passait aisément la tête d'une épingle de moyenne grosseur. Excepté la fermeture complète ou incomplète, par une lamelle osseuse de l’hiatus du canal sacré et la réunion par une bande osseuse des cornes sacrées, variations qui sont le résultat de l'ossification, plus ou moins étendue, des parties fibreuses qui transforment en canal la gouttière limitée, en avant, par l'extrémité inférieure de la paroi spiaale ou sacrum et, latéralement, par les cornes de l'os el qu'il faut par conséquent faire rentrer dans le cadre des variations que j'ai définies, variations par ossificalion ligamenteuse toutes les autres varialions de la face convexe ou spinale du sacrum dont je viens de parler, l'ouverture en arrière, totale ou partielle du canal sacré, la réduction de nombre des apophyses épineuses, elc., sont la consé- quence d'un défaut de développement, plus ou moins accusé des points d'ossification des arcs neuraux et l'accroissement des dimen- sions, la bifidité des apophyses épineuses, etc., la conséquence d'un excès de développement, plus ou moins marqué, des points d’ossifica- tion des arcs neuraux. ANATOMIE COMPARÉE. — Chez les Anthropoides, ainsi que chez l’homme, la dernière des vertèbres sacrées est presque toujours fen- due en gouttière, la fente remonte même quelquefois sur l'avant-der- nière; elle occupe même chez le Gibbon de Raffles (Hylobales Ra- {lesi) du Muséum national d'histoire naturelle, les trois sacrées qui ne s’articulent pas avec les os coxaux. Les apophyses épineuses du sacrum qui manquent tout à fait chez les Suidés, sauf les postérieures dont chacune est représentée par une petite tubérosité et sont très longues chez la plupart des Mammifères et surtout chez les Célacés, ont une longueur médiocre mais beaucoup de largeur chez les Chats, l'hippopoltame, les Singes à grande queue. SACRUM 317 Elles sont peu prononcées dans la généralité des Singes à queue courte, les Phoques, les Morses, etc. En traitant de l’asymétrie du sacrum j'ai montré que des varialions de la crête sacrée analogues à celles dé- crites chez l'hommes’observent fréquemment chez les Anthropoïdes. FACE LATÉRALE AURICULAIRE OU ILIAQUE. — VARIATIONS DE LA FACETTE AURICULAIRE. — Dans son ensemble, cette facette ressemble à un rectangle à angles mousses ou non (Struthers), à une équerre dont la branche horizontale, courte, se termine par un angle (Sappey), à un rein, à un croissant dont la concavité est dirigée en haut et en arrière au pavillon de l'oreille, etc. Elle peut, en effet, affecter l'une ou l’autre de ces différentes formes. Il advient même, parfois, qu'elle n'ait pas exactement la même configuration de chaque côté. Le plus souvent elle ressemble à un pavillon d'oreille humaine dont le bord convexe est tourné en avant. Dans la race blanche, c'est la 1°° vertèbre sacrée qui intervient pour la plus grande part dans la formation de celte facette; la 2° verlèbre sacrée y prend une part moindre; moindre encore est la participation de la 3° vertèbre sacrée qui peut même être nulle. En se basant sur l'examen de 20 sacrums d'hommes et de femmes composés, sauf un sacrum d'homme, de cinq pièces, Struthers a émis l'opinion que, dans la race blanche, la facette auriculaire reste plus souvent limitée à la 1° et à la 2° vertèbres sacrées chez la femme que chez l'homme. Sur 50 sacrums bien conformés de Tourangeaux et autant de sacrums bien conformés de Tourangelles, j'ai vu sur 39 des premiers et seulement sur 3 des seconds, les trois premiers éléments osseux de sacrum contribuer à la formation de la surface articulaire en question. Mon regretté ami, le professeur Struthers, ne se serait-il donc pas trompé sous ce rapport? On ne le saura que lorsqu'on aura étudié les articu- lations sacro-iliaques d’un nombre beaucoup plus élevé d'Européens et d'Européennes. Parmi les non-Européens, « la surface auriculaire du sacrum est chez 78 p. 100 des indigènes du Panjab formé seulement par deux ver- tèbres, la 1°° et la 2°, » au dire du chirurgien-capitaine R. Havelock. Oui, mais R. Havelock n'a examiné à ce point de vue que 47 sacrums d'indigènes du Panjab, Quelle que soit la race du sujet, il est enfin excessivement rare que les os coxaux s’arliculent avec 4 vertèbres sacrées. Et ainsi s'explique pourquoi la facelte auriculaire sacrée est presque toujours formée de deux portions : une supérieure, plus vaste et plus profonde et com- prenant deux parties superficielles, mal délimitées, se confondant par- fois entre elles ou séparées seulement parfois l'une de l'autre par une gouttière ou une crête minuscules. 348 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Le tableau ci-dessous dressé par Paterson et basé sur l'examen de 280 sacrums, européens ou non-européens, indique le degré de fré- quence relatif d'union des os iliaques avec 2, 3 ou 4 vertèbres sacrées: - Vertlèbres articulés avec l’ilion. Nombre de cas. SA ee. 91 D: 4,02, 3 249 D: 41,273, 4 3 S. — 9,3. 3 Si 8 73 3 LOIS ARON { L.5 S.1,9,3 4 LD SALE 9 LG SA ET fl Total. 2) © © Ailleurs, le même auteur avance que « dans 188 cas, il a noté trois Facette auriculaire gauche d’un sacrum asymétrique d’un enfant, sacrum asyÿ- métrique composé de six vertèbres par suite de la sacralisation de la der- nière lombaire. Les trois vertèbres supérieures de ce sacrum concourent à former la surface auriculaire ; la seconde, largement, du côté droit O, pour réparer l'atrophie du costal C de la pre- mière pièce. À gauche, celle-ci a son aileron parfait : on y distingue l'apophyse trans- verse T, le costal C et l'on devine par la lettre O’ qu'elle entre largement dans la constitution de l'articulation. Maïs à droite le costal C est atrophié et l’apophyse trans- verse T davantage encore. Le corps et les apophyses articulaires (A) de la première vertèbre sacrée ou dernière lom- baire sont réguliers, mais son costal et son apophyse transverse droits sont atrophiés. dépressions distinctes dans la facette auriculaire sacrée dans 110; 2 dans 86 et 1 dans 2; et que dans 87 cas, la dépression de la 1r° ver- { L | | 4 SACRUM 349 tèbre sacrée était plus profonde que celle de la seconde dans la pro- portion de 58 à 29 ou de 2 à 1.» Il est évident que quand la dernière vertèbre lombaire est plus ou moins soudée au sacrum, celui-ci étant asymétrique, ses facettes auri- culaires ne peuvent avoir ni la même configuration ni les mêmes dimensions à droite et à gauche. ANATOMIE COMPARÉE. — L'insertion des os coxaux sur la colonne ver- tébrale persiste dans tous les Verlébrés ayant des membres posté- rieurs et s'opère ordinairement au moyen de 1 à 3 vertèbres. Chez les Mammifères inférieurs aux Primates, l'étendue de l'appui des ilions sur le rachis varie, en outre, comme chez l'homme, dans la mème espèce et ne comprend pas non plus toujours un chiffre rond de vertèbres. Elle en comprend 2 ou 2 et demie dans les Aumi- nants el Je porc, 1 ou 1 et demie dans les Solipèdes, le chien, le lapin, elc. Le segment des vertèbres sacrées non articulées avec les os ilia- ques (vraies vertèbres caudales de Broca) est réduite à une sur un Gibbon lar. du Muséum national d'Histoire naturelle. Chez tous les autres Singes anthropomorphes il se compose de 2 vertèbres au moins, quelquefois de 3 et même de 4 et ce nombre n’est pas plus fixe dans chaque espèce qu'il ne l'est chez l'homme. Ainsi le Chrm- panzé noir (Troglodytles niger) a tantôt 2, tantôt 4 vertèbres sacrées non articulées avec les os iliaques. L'un des Tschégos (Troglodyles tschego) du Muséum national d'Histoire naturelle en a 4, l'autre 5. Sur 5 gorilles examinés par Broca et moi, 2 en avaient 4et les autres 3. Selon Bugnion, l'orang en a 3 el pour la généralité des naturalistes, 2. Les remarques auxquelles donnent lieu le peu de fixité chez l’homme du segment vertébral sacré non articulé avec les os coxaux sont donc applicables aux Anthropoïdes. ANKYLOSE SACRO-ILIAQUE. — Rien de plus commun que de rencontrer chez des hommes ou des femmes adulles l’ankylose unilatérale com- plèle ou incomplète du sacrum et de los iliaque; les principales jetées osseuses se trouvent à la partie antérieure de l'articulation sacro-iliaque et quelquefois sur tout le pourtour de cetle articulation. J'ai vu un grand nombre de bassins sur lesquels la fusion des os élait absolue. Il s'agit dans la plupart de ces cas d’ossification ligamen- teuse. Guiffrida-Ruggeri (1) a observé un cas où l’ankylose sacro-iliaque bilatérale complète, coïncidait avec une apophyse mesurant 28 milli- (1) GuiFrribaA-RuGGERI, Monil. zool. ilal., 1906. I. — Bord gauche d'un sacrum et bord gauche d’un coccyx d’adulte sur lesquels on voit la facette auriculaire, les fosses criblées, la demi-apophyse trans- verse, les quatre tubercules conjugués et l'inclinaison véritable de Mise x IL. — Bord gauche d’un jeune sacrum: les trois costaux qui doivent porter l'au- ricule sont noyés profondément dans le cartilage et représentés par des sur- faces pointillées. SACRUM 351 mètres de longueur et 7 millimètres de largeur, émanant de la tubéro- sité ischiastique droite et résultant de l'incrustation par des sels cal- caires d'une portion du grand ligament sacro-iliaque. ABSENCE DES DEUX FOSSES CRIBLÉES INFÉRIEURES. — Entre les bran- ches de bifurcation des apophyses transverses sacrées, l'os est déprimé et criblé de trous vasculaires. De là résultent quatre fosses criblées : la première est de beaucoup la plus large et la plus profonde; c’est aussi celle qui présente les trous les plus grands et les plus nombreux. Mais la seconde est encore très marquée; et si les deux dernières dis- paraissent parfois chez les sujets adultes, elles n’en existent pas moins chez les jeunes sujets. ENCOCHE SACRÉE LATÉRALE. — La seconde vertèbre sacrée est généra- lement plus étroile que la 1"°etla 3°. Il s'ensuit qu'il peut exister dans le milieu de la surface articulaire latérale du sacrum, un creux dont le fond est formé par le bord latéral de la 2° vertèbre sacrée, le bord supérieur par l'extrémité externe du bord inférieur de la 1" et le bord inférieur par l'extrémité externe du bord supérieur de la 3°. Découverte par le professeur D.-J. Cunningham, de Dubüin, qui en a affirmé le caractère réversif et simien, l’encoche sacrée latérale a été éludiée particulièrement par son élève A.-M. Paterson. Elle peut être unilatérale ou bilatérale et est loin d’affecter constamment la forme typique que je viens d'indiquer. Absente ou à peine apparente dans certains cas, elle est, dans d’autres, plus profonde: dans un point de sa hauteur, semi-ovalaire, triangulaire, etc. D’ordinaire elle ne diffère pas sensiblement d’un côté à l’autre. Très accusée, elle consolide beaucoup la symphyse sacro-iliaque dont les surfaces articulaires sont enchevillées l’une dans l’autre. Elle a été rencontrée d’un seul côté ou des deux côtés : Sur 46 sacrums d'Européens sur 152 par Paterson — 15/4 _ — 900 — l'auteur Soit sur 200 sacrums d'Européens sur 652, soit sur 30,5 p. 100. En dehors des 500 sacrums d'Européens où je l’ai cherchée el qui appartiennent à desollections anatomiques, françaises et étrangères, j'ai constaté sa présence sur 32 de mes 100 sacrums de Tourangeaux et 27 de mes 100 sacrums de Tourangelles. Il serait, toutefois, témé- raire de conclure encore de ces derniers chiffres que, dans la race blanche, elle est plus commune dans le sexe masculin que dans le sexe féminin. Ci-joint un tableau, établi par Paterson, pour montrer dans quelle 352 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE proportion il l'a trouvée sur un chiffre plus ou moins élevé de sa- crums provenant de non-Européens. 46 sacrums d’Australiens 26 13 5) 2 42 8 Nombre de sacrums examinés. d'Andamans 1 de Nègres d’Asiatiques de Boschimans de Lapons de Péruviens de Chinois de Malais d'anciens Égyptiens des Torres Strails pauerrkre À = © ww] Nombre d'encoche sacrée latérale. Proportion centésimale. 31,2 p. 100 27,6 69,2 20 33 d0 Je n'oserais, pour ma part, déclarer que le vice de conformation en question s’observe chez 50 p. 100 des Lapons, voire même sur 15 p. 100 Encoches sacrées lalérales. Chez l'homme. Chez le chimpanzé (Troglodytes niger.) a, encoche latérale gauche; — b, encoche latérale droite. des Andamans, parce qu'elle a été découverte chez 1 sur 2 des pre- miers et chez 15 sur 26 des seconds. Mais comme il m'a été donné de le voir sur 42 noirs africains ou non, sur 103 et Paterson sur 30 (5 Australiens, 15 Adamans, 9 Nègres et 1 Boschiman) sur 58 (16 Aus- traliens, 26 Adamans, 13 nègres et 3 Boschimans), soit sur 72 noirs SACRUM 353 sur 161 soit sur 44,6 p. 100, il n’est pas défendu de supposer, en atten- dant d’autres statistiques reposant sur des chiffres plus élevés, qu'elle est plus commune chez les noirs que chez les blancs. Elle paraît constituer une disposition habituelle dans les Singes anthropomorphes. Elle a été rencontrée, en effet, d'un seul côté ou des deux côtés et affectant l’une ou l’autre des configurations qu'elle a dans l'espèce humaine par Paterson sur 6 gorilles sur 11, 9 orangs sur 14, 10 chimpanzés sur 15 et 2 gibbons sur 3 et par moi, sur 6 go- rilles sur 10, 11 orangs sur 16, 9 chimpanzés sur 14 et 3 gibbons sur 5, soit, au total, sur 56 Anfhropoïdes sur 88, soit sur 63,6 p. 100. GOUTTIÈRE SACRÉE LATÉRALE (sacro-iliac et præ-auricular groove de Paterson (1); præ-auricularis sulcus de Zaaijer (2), de Turner (3) et de Hans Virchow (4).) Zaaijer a donné le nom de præ-auricularis sul- cus à un sillon ou plutôt à une gouttière, peu profonde, large de 2 à o millimètres, située immédiatement au-dessous du bord inférieur ou horizontal de la facette auriculaire de l'os iliaque et qui court paral- lèlement à ce bord vers l'épine iliaque postéro-inférieure et sert, sui- vant cet anatomisle, à l'insertion du ligament sacro-iliaque antérieur. Comme l'ont remarqué Verneau (5) et Turner, elle n'a aucun carac- tère ethnique. Pour Verneau, elle correspond au trajet de lartère hypogastrique et ne sert pas, par suite, exclusivement à l'insertion du ligament sacro-iliaque antérieur. Poirier qui l'a étudiée sur 100 os iliaques a avancé : 1° qu'elle est à peu près constante; 2° qu'étant parallèle au bord inférieur de la facette auriculaire de l'os iliaque, elle ne doit pas être dile pré-auriculaire, mais bien sous-auriculaire; 3° qu'elle n'est souvent qu'une demi-gouttière transformée en goul- lière complète par une demi-gouttière longeant le bord inférieur ou horizontal de la facette auriculaire du sacrum ; 4° qu'elle contient une arlériole et de grosses veines: 5° que ses bords lorsqu'ils sont très marqués donnent attache aux feuillets profonds du ligament sacro-iliaque inférieur; 6° que l’artère hypogastrique est placée fort en avant d'elle. Au vrai, la gouttière en question peut se prolonger sur le bord anté- rieur de la facette auriculaire de l'os iliaque seul ou sur le bord anté- rieur de la facelte auriculaire du sacrum seul ou à la fois sur le (1) PATERSON, loc. cit. suprà, p. 134. (2) ZAAWER, Academ. proefschr. Leiden, 1862; Holland. gesellsch. d. Wiss. Sch. 2. Haarlèm, D. XXIV, 1866; Arch. neerl., t. XXVIH, et Lour, Anal. anz., Bd. IX, 1894, et HENLE, Manuel, t. I, p. 273, 1871. (3) TurNER, Challenger reports, cit. (4) Hans Vircnow, Zeilsch. f. ethnol., 1910. (5) VERNEAU, Th. cit. VERTÉBRALE, 23 954 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE bord antérieur de la facette auriculaire de l'os iliaque et le bord anté- rieur de la facette auriculaire du sacrum. Dans ce dernier cas, il n'existe qu'une demi-gouttière sur le bord antérieur de la facette auri- culaire de l'os iliaque et une demi-gouttière sur le bord antérieur de ab, gouttière sacrée latérale. la facetle auriculaire du sacrum. Il peut même exister une gouttière ou une demi-gouttière sur le bord antérieur de la facette auriculaire de l'os iliaque ou sur le bord antérieur de la facette auriculaire du sacrum, alors que le bord inférieur de la facette auriculaire de l'os iliaque et le bord inférieur de la facette auriculaire du sacrum sont rugueux ou lisses. Des dispositions de ce genre ont été, en effet, observées par Paterson, Hans Virchow et moi. La gouttière dont je parle, est, quelles que soient sa forme, sa profondeur et son étendue, à coup sûr, une gouttière neuro-vasculaire et ses bords seuls donnent attache à des ligaments quand elle est constituée par ses deux por- tions, sa portion ascendante ou antérieure et sa portion horizontale ou inférieure; elle loge, dans la première, l'artère hypogastrique et dans la seconde les vaisseaux et les nerfs fessiers. Elle rentre donc dans la classe des variations sans signification morphologique que j'ai définies vartalions par impression vasculaire nerveuse, etc. BASE. — BiFipiTÉ DE L'APOPHYSE ÉPINEUSE DE LA PREMIÈRE VERTÈBRE. — «Il n’est pas très rare de voir cette apophyse épineuse bifurquée », a écrit Cruveilhier. De toutes les apophyses épineuses sacrées, c’est celle, en effet, qui présente le plus fréquemment ce mode de confor- mation anormal et dont j'ai déjà eu l’occasion de parler. (Voy. Face postérieure : Variations des apophyses de la crête sacrée.) | | | at et dt st ÉRS ÉNS d Gé S à d nt SACRUM 305 FORAMEN DANS L'AILE DE LA 1° VERTÈBRE. — Szawlowski a trouvé des sacrums humains dont chacune ou l'une ou l’autre des deux ailes était percé d’un trou. Je n'ai jamais rencontré celte variation qui tend, Foramen (ab) dans chacune des ailes de la première vertèbre sacrée. te UE + Chez l'ornithorynque (Ornithôryncus paradoæus). ÿ suivant Manners-Smith (1), à reproduire dans l'espèce humaine une conformation normale chez divers Mammifères, l'ornithorynque entre autres, et que Howes (2) a décrite sous le nom de « sacral arcade ». (1) SzawLowski, MANNERS SMITH, loc. cit. suprà, pp. 318-149, (2) Howes, Journ. of anal. and. phys., 1893. 356 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE VARIATIONS DES DIMENSIONS DE LA GOUTTIÈRE DU NERF LOMBO-SACRÉE, — Sur certains sujets cette gouttière est absente et sur d'autres très profonde. Elle est, d'ordinaire, assez peu prononcée. Il est précédemment question des modifications qu'entrainent pour la configuralion de la face supérieure de la 1"° vertèbre sacrée (verte- bra fulcralis (1) de Welcker) la sacralisation plus ou moins complète de la 5° vertèbre lombaire. SOMMET — Le sommet du sacrum offre, de même que sa base, des changements de forme par suite de sa synostose fréquente, totale ou partielle, à la première pièce osseuse du segment rachidien proximal. On peut distinguer quatre degrés dans le processus de soudure de la 1° coccygienne et de la 5° sacrée (2). À un premier degré le corps de la 1° coccygienne est intimement uni à la facelte articulaire qui termine le sommet du sacrum, les cornes postérieures du sacrum sont soudées aux cornes postérieures du coccyx;les cornes latérales du coccyx sont atrophiées ou ont leurs dimensions habituelles mais ne rejoignent pas, bien qu'incur- vées en haut, le sommet du sacrum. Il n’y a, de même que de cou- tume, que quatre paires de trous sacrés de chaque côté. A uu second degré les corps et les cornes postérieures de la o° sacrée et de la 1"° coccygienne sont confondus et l’une des grandes cornes du coccyx énormément développée, a rejoint l'angle latéral el inférieur correspondant du sacrum, donnant ainsi naissance à un trou de conjugaison supplémentaire. De sorte que le sacrum a 4 paires de trous d’un côté et 5 paires de trous de l’autre. À un troisième degré le corps, les cornes postérieures, les angles latéraux de la 5° sacrée et le corps, les petiles cornes et les grandes cornes incurvées en arcetaugmenltées de longueur de la 1" coccygienne sont synostosés, le canal rachidien dont les deux lèvres finissent en pente douce se termine avec le sacrum et la 2° coccygienne tend à revêlir les caractères de la 1°. Il y a 5 paires de trous sacrés de chaque cÔLé. A un quatrième degré l’ankylose entre les deux os est si intime que (1) La 25° vertèbre à partir de l’atlas et qui a constamment, aussi bien dans l'espèce humaine que dans les espèces animales, les mêmes rapports. (H. WELCcKkER, Arch. f. anal. phys., 1881, Abth., 161-192). (2) Il est bien entendu qu'il ne s'agit ici, que des cas de fusion de coccyx au sacrum où la colonne lombaire a son chiffre habituel de vertèbres, la 5° lom- baire remplit l'échancrure inter-iliaque, l'angle sacro-vertébral est normal et les trois premières sacrées articulées avec les os iliaques. SACRUM 357 tout le sacrum accessoire ou sous-iliaque s’en ressent. La 3° sacrée s’arlicule, de chaque côté, dans une plus grande étendue que d’ordi- naire avec la facette auriculaire de l'os iliaque adjacent et le grand axe de chacune des apophyses transverses de la 4° sacrée s'incline obliquement en haut comme pour se rallier au système des apophyses transverses des vertèbres sacro-iliaques. La base de chacune des cornes postérieures de la 1"° coccygienne s’est mamelonnée et inclinée en bas et la »° coccygienne a pris tous les caractères de la 1°. Comme précédemment, il y a 5 paires de lrous sacrés de chaque côté. Quand on ne possède pas la colonne vertébrale tout entière, il est très difficile, impossible même, de différencier le sacrum à 5 paires de trous de chaque côlé, résultant de l'annexion de la 1" vertèbre coccygienne, de celui à 5 paires de trous de chaque côté, résultant de l'adjonction de la 5° lombaire et de celui à 5 paires de trous de chaque côté dont aucune vertèbre n'est empruntée ni aux lombes ni au COCCYX. COCCYX (1) Syn : Os coccygis; OS cocCyqgeum, ossa coccygea; cauda, rump-bone ; crupper-bone, etc. VARIATIONS DE LONGUEUR. — Le coccyx mesure, en moyenne, 30 mil- limètres de longueur dans la race blanche. Dans cette race, de même que dans les races colorées, celte longueur varie avec l’âge, le sexe, les individus et le nombre des pièces osseuses qui le composent. Pen- dant la vie utérine, les dimensions longitudinales du coccyx diminuent à mesure que celle-ci touche à son lerme. VARIATIONS DE NOMBRE DES VERTÈBRES. — Aucun os du squelette humain n'a autant prêté et ne prêle encore autant matière à discus- sion sur le nombre de ses parties constituantes que le coccyx. Galien (2) a déclaré qu'il existe au-dessous de la région lombaire 6 vertèbres dont les trois premières articulées avec les os iliaques constituent le sacrum et les trois dernières, le coccyx. Au dire de Galien, le sacrum est donc formé par les trois vertèbres sacrées supé- (4) Du grec zoxv5, coucou, parce que cet os ressemble au bec du coucou. Ce mot est écrit coccix dans Raymond. C’est une faute grossière que rien ne sau- rait justifier. Ce mot qui sert à désigner la pièce unique qui résulte de la sou- dure des vertèbres coccygiennes entre elles, ne devrait pas être employé en ce qui concerne les animaux dont les vertèbres coccygiennes restent indépendantes les unes des autres pendant toute la vie. Dans le chapitre I* du Livre IV des Erreurs populaires de Joubert on lit: « Le cropion est une certaine petite queue composée de quatre osselets, la- quelle est plus longue à certaines anglets qu'aux autres. Les Grecs l’ont nommé coccix à cause de la semblance d'un bec de cocu. Je ne scay si pour cela les François appellent cocu celuy qui permet à sa femme de remuer cette partie- là à l'appetit d'autruy. Car de l'appeler cocu, ce seroit trop grande faute, d’au- tant que le cocu ne permet à autre oyseau de nicher ou pondre en son nid, ains au contraire il va pondre au nid d'autrui.» (2) GALIEN, De ossibus, cap. XI. Ds tit th. 0 51 COCCYX 369 rieures, alias par la portion du sacrum appelée par Broca sacrum nécessaire et le coccyx, par les deux vertèbres sacrées inférieures, conséquemment par les deux vertèbres sacrées dénommées par Broca vertèbres sacrées accessoires et par la 1" vertèbre coccygienne soudée au sacrum. Sylvius (1), après avoir fait mention de cette opinion de Galien, a ajouté que le coccyx résulte de l'union de « tribus aut quatuor partibus ». Selon Volcher Coiterus (2), le « coccyx in quatuor separatur partes quando os sacrumezx 5 constat vertebris ; in tres secalur, cum os sacrum 6 continet vertebras ». Pour Bertin (3), Portal (4), Uccelli (5), etc., il comprend 3 vertèbres et pour Sabatier (6) 3 et assez souvent 4. Vésale, Fallope, R. Columbus qui lui en donnent 4, en attribuent 6 au sacrum. Mais je le rappelle, on reconnaît aisément sur chacun des dessins du sacrum qu'a laissés Vésale que cet os a 5 vertèbres à la dernière desquelles est soudée la 1° coccygienne. Le coccyx en a également 4, si on s’en rapporte à Albinus (7), à Bichat (8), à Boyer (9), à Arnold (10), à Luschka(11),à G.-H.Meyer (12), à Paterson, à Kôülliker (13), à Tenchini (14), etc., et 4 et rarement ou quelquefois 5, s’il faut en croire Winslow (15), A. Lauth (16), Blandin(17), Cruveilhier, Quain, Hyrtl, Topinard, Henle, Krause (18), Beaunis et Bouchard, Leidy, Gegenbaur, Testut, Poirier, etc. (1) Syzvius, loc. cit. supra. (2) Vozcaer CoiTerus, Mangeti biblioth. anat., t. Il, fraclus analomicus de ossi- bus fœtus abortivi, ete., cap. VE, p. 5. (3) BERTIN, Trait. d'ostéol., t. III, ch. XXVII, p. 219. Paris, 1754. (4) PorrTaz, Cours d'anat. méd., t. 1, pp. 349-350. Paris, 1803 (an XI1). (5) UccezLr, Compend. d. anat. fisiolog. compar.., vol. I, Ostéol., p. 153. Firenze, 1825. (6) SABATIER, Trait. d’anat. cit.,t. I, p. 466. (7) ALgINUS, De oss. corp. hum. ad. audit. suos. Leidæ Batav., 1726, p. 141: Tabulæ ossium hum. Leidae, 1753, tab. VII, fig. 5-6-7. (8) BicHAT, Anat. desc., t. I, p. 186. Paris, 1801 (an X). (9) Boyer, Anal. desc., cit.t. I. (10) ArxoLD, Tabulæ anal. fasc. quartus pars prior Icones ossium, tab. XI, fig. 3, tab. XII. (11) LuscakA, Die anat. d. menschlichen Beckens, etc., p.75. Tübingen, 1864. (12) G.-H. MEYER, Trgli. d. anal. uman., trad, ital. de G. Azmixt, p. 71. Milano, 1867. Le (13) KôziKEr, Embryologie, etc., p. 422. Paris, 1882. (14) Texcuini, Mancaza d. duodec. vert. dors. e.d. due ullime costole, p.16. Parma, 1887, (15) WixsLow, Expos. struct. corp. hum. cil. (16) E.-A. LauT, Nouv. man. de l’anal. 2° édit., p. 43. Paris, 1835. (17) BLanDiN, Nouv. élém. d'anal. desc., 1. 1, p. 62. Paris, 1838. (18) KRAUSE, Specielle und microsc. anal. t. II, p. 72. Annover, 1879. 360 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE D’après Bidloo (1), Haller (2), Smellie (3), Sappey, Lachi, etc. 1l en possède constamment 5. Dans le Theatrum anatomicum de Bauhin (lib. 1, Tab. XXXIX, Francofurti ad Moenum, 1605) sont représentés deux coccyx, un coccyæ viri (fig. 8) et un coccyx mulieris (fig. 9), le premier est composé de 4 éléments osseux; le second de 5. Sümme- ring (4)a écrit : &« Ossium coccygis quartuor. Quinque mulieribus » et G.-F. Meckel (5) : « qu’on trouve ordinairement {4 pièces au coc- cyx, qu'il est rare que leur nombre s'élève à 5, et que c’est presque toujours chez la femme qu'on en rencontre le plus. » Inversement, Wiedersheim (6) a avancé que : « chez l'homme adulte le nombre des vertèbres coccygiennes est de 5, tandis que chez la femme adulte dont la colonne vertébrale a subi une réduction plus prononcée, il varie entre 4 et 5: » SU : 50 cocevx examinés par Calori (7), 38 avaient 4 vert., 7, 5 vert., 5, 3 vert. 49 _ Bianchi, 42 — DA 0097 400 — Staderini, 60 — 2 417 — 31 - Havelock(8), 23 _ 3 D — 45 — Th. Dwight, 21 — 8 6 —— et10 dont il était impossible de préciser la com- position. 200 _ l'auteur, 136 — 43 2 — Sur 4/5 coccyx dont 10 très détériorés ne pouvaient entrer en ligne de compte, soit, par conséquent, sur 435 coccyxla présence de quatre ver- tèbres a donc était constatée sur 290 (66,6 p. 100); de cinq, sur 89 (20,4 p. 100); de trois, sur 56 (18 p. 100 environ). Sur les 50 coccyx examinés par Calori et qui comprenaient 25 coc- cyx masculins et autant de coccyx féminins, 22 coccyx masculins avaient sept pièces; 2, cinq; 1, trois ét 16 coccyx féminins, quatre; 5, cinq; et 4, trois. | 7, de mes 100 coccyx de Tourangeaux avaient quatre pièces; 17, cinq; 9, trois et 62 de mes 100 coccyx de Tourangelles, quatre; 26, cinq et 12, trois. (1) BipLoo, Anat. hum. corp., tab. XCVIII. fig. 2-4. Amstelodami, 1685. (2) HALLER, Zcones, fase. IV, tab. III. Gottingæ, 1749. (3) SMELLIE, T'abul. anatom., tab. I-II. Nurenberg, 1758. (4) SÔMMERING, De corp. hum. fabr., t. I, frajecti ad moenum, p. 276, 1794; Cru- VEILHER, QUAIN, HYRTL, TOPINARD, HENLE, BEAUNIS et BOUCHARD, etc., passim. (5) G.-F. Meckec. Man. d'anal. gen. desc. et path. du corps humain, cit. t. I, p. 44. Leipzig, 1893. (6) R. WiEDERSHEIM, Der Bau. d. Mensch. Freiburg u. Leipzig, 1893. (7) CaLorr, Mem. d. R. Accad. d. sc. d. Istit. d. Bologna, cit. pp. 614-615, 1837. (8) 31 coccyx d’indigènes du Penjab, je le rappelle, w por it té-mibés is ati ré. COCCYX 361 Sans attacher plus d'importance qu'il ne faut à ces diverses stalisti- ques qui ne reposent, chacune, que sur l'étude d'un nombre insufi- sant de coccyx, il n’est pas inutile de remarquer cependant que si, d'une façon générale, l'os dont il s’agit paraît êlre plus souvent formé par 4 éléments que par 5, il en a, peut-être plus fréquemment 5 dans le sexe féminin que dans le sexe masculin. Le désaccord qui règne encore à ce propos entre les anatomistes s'expliquent aisément : les vertèbres du coccyx dont le nombre diminue progressivement dans les derniers mois de la naissance, tendent nor- malement après et surtout dans la vieillesse à se fusionner, se fusion- nent même, plus ou moins entre elles. La première est parfois soudée au sacrum et indépendante des autres, les deux dernières et principa- lement la dernière se brisent et se perdent facilement ou sont très atrophiées, déformées, méconnaissables. L'embryon humain âgé de 5 semaines possède une queue manifeste etun nombre de vertèbres supérieur à celui de l'adulte, 38 au lieu de 33 ou 34; les 4 ou 5 dernières vertèbres sont éphémères; déjà chez l'embryon humain ayant atteint six semaines, la 38°, la 37e et la 36e se confondent en une seule masse, la 35° elle-même n'a plus de limites parfaitement nettes; à 7 mois, l'embryon humain n’a plus que 34 ver- tèbres, la 34° résultant de la fusion des quatre dernières entre elles (1). Pas toujours, cependant. Dans les 46 embryons, âgés de 2 à 3 mois, examinés par Rosenberg, Hagen, Petersen, Bardeen et Lewis, il y en avait 25 dont le coccyx était composé de cinq vertèbres; 8 de six; 7 de quatre ; 2 de sept et 3 dont il était impossible de déterminer le nombre de vertèbres. Sur 2» fœtus masculins et féminins, âgés de 3 à 9 mois, disséqués par Paterson, 22 avaient cinq vertèbres; 2, quatre, et 1, six. Sur 0 nouveau-nés âgés de 6 à 9 mois et comprenant autant de garçons que de filles, étudiés par mes prosecteurs, mes aides d'ana- tomie, Bougrier, Dinet, Rousseau et moi, dans l’espace de huit ans (1894-1902), à l’amphithéâtre d'anatomie de l'École de médecine de Tours, il y en avait 24 (11 garcons et13 filles) quiavaient cinq vertèbres coccygiennes;21 (12garçonseto9 filles) quienavaientquatre;3 (1 garçon et 2 filles) qui en avaient six et 2 (1 garçon et 1 fille) dont il était imipos- sible de déterminer, en raison des mutilations qu’elles avaient subies (2), le nombre de vertèbres coccygiennes. (1) Cf. Ecker, Arch. f. anal. u. phys., 1880. — His, Anal. menschlichen embryo- nen. Leipzig, 1880 et Arch. f. anal. u. phy., 1880. — For, C. rend. de l'Acad. des. se. de Paris, pp. 1469-1472. Paris, 1885. Les assertions de Fol à ce propos ont été vérifiées en 1887 par Paisazix. Il n'est donc plus permis de croire avec Rosen- berg (Morph. Jarb.) que l'embryon humain n'a que 35 segments vertébraux, (2) Au cours de l’autopsie, 362 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Ces faits ainsi que les cas authentiques d'hommes à queue que j'ai décrits minutieusement dans l'ouvrage sur les Velus ou Contributions aux variations par excès du système pileux de l'homme et de leur signi- fication au point de vue de l'anthropologie zoologique que j'ai publié en 1912, en collaboration avec un demes anciens élèves, le docteur F. Hous- say, de Pontlevoy, montrent que l'homme a dû posséder jadis une colonne vertébrale plus longue qu'aujourd'hui. Sur 56 coccyx de criminels dont les squelettes sont conservés à l'Ins- titut anatomique de l'Université de Parme, F. Marimô (1) en a trouvé : 37 qui avaient 5 vertèbres, 17 — 4 — «Au point de vue de l'anthropologie criminelle, ces chiffres, a conclu l’'anatomiste italien, méritent de retenir l'attention, puisqu'il s’agit d'une région squelettique importante au point de vue de la doctrine de l’évolution. Cette fréquence de coccyx avec 5 vertèbres s'étant pré- cisément rencontrée sur des squelettes de criminels. » En plus des 200 coccyx de Tourangeaux et de Tourangelles dont il est fait mention dans la statistique générale précédente, j'ai pu ras- sembler 42 coccyx de délinquants nés dans divers départements fran- çais et comprenant 31 coccyx d'hommes, 9 de femmes et 2 d’adoles- cents (colons de Mettray). Or sur ces 42 coccyx, il y en avait 28 (20 d'hommes, 6 de femmes et 2 d'adolescents) qui possédaient, chacun, quatre articles; 12 (9 d'hommes et 3 de femmes), cinq articles et 2 d'hommes, trois articles. Il faut donc encore attendre aussi avant d'affirmer catégoriquement que le coccyx, ce rudiment osseux de queue,/comprend plus de pièces chez les bandits que chez les hon- nêtes gens. ANATOMIE COMPARÉE. — Ce que nous venons de dire du coccyx de l'homme s'applique à celui des animaux. Les Oiseaux primitifs, tel que l'Archeopteryx lithographicus, oiseau fossile qui forme à lui seul l’ordre des Saurures, possédait une queue dont plus de 20 éléments osseux constituaient la charpente. Les Oiseaux acluels ne sont redevables de la forme de leur coccyx, disposé en croupion, qu’à la réduction de nombre et à la coalescence d'un certain nombre de vertèbres qui, d’une part, se sont fusionnées au sacrum et, d'autre part, ont composé le pygostyle. Il est même une race de poules, celle de Ceylan, dont le coccyx a complètement disparu, ce qui leur donne une physionomie toute spéciale. (1) F. MarImo, Arch, ilal. de Biologie, p. 7, t. XVI, 1891. | | TE COCCYX 363 Au moment de la naissance l’Autruche a 18 à 20 vertèbres coccy- giennes. Chez plusieurs autres Oiseaux, la Perruche ondulée, entre autres (Braun), la queue présente également une longueur relative bien plus considérable dans les premiers stades que dans les derniers stades de la vie embryonnaire. Cette queue, qui ne comprend pas d'a- bord moins de 18 ou 19 pièces osseuses, n'en comprend plus tard que 5 ou 6 par suite de la fusion des 7 ou 8 premières avec le sacrum et de la soudure entre elles des 5 ou 6 dernières pour former le py- gostyle. Les phénomènes de réduction et de coalescence des vertèbres coc- * cygiennes se produisent aussi chez les Mammifères. Les Moutons de la race sans queue ont 3 coccygiennes seulement ; les Moutons à courte queue ou tsigaïa en ont 12 à 16 et ceux à longue queue, 24 à 28 et même davantage (Nathusius). Depuis le Braque sans queue du Bourbonnais jusqu'aux Chiens à longue queue des régions polaires, le Chien des Esquimaux (Canis borealis, Cuv.), le Chien de Sibérie (Canis Sibericus, Lin.), etc., on observe, dans l'espèce canine, des varia- tions numériques aussi grandes des pièces osseuses du coccyx. Un Chien braque, dont le squelette figure dans le Musée anatomique de l'École vétérinaire de Lyon, a un coccyx, long de 2 centimètres et demi, composé par un agglomérat de quelques vertèbres, ankylosées, à peine reconnaissables, alors que, dans l'espèce canine, le nombre des vertèbres peut, selon, Ellenberger et Baum, s'élever à 22et, selon Franck et Martin, à 23. On n'ignore pas non plus que des variations étendues existent dans la quantité des parties dures de la queue des diverses races de Chats et que l’une d'elles est anoure. Cuvier a altri- bué au Chat domestique 2% coccygiennes; Franck et Martin, 93; Strauss-Durckheim, 22 et quelquefois une de moins ou une de plus; Goubaux, 21. Le chiffre moyen est donc 22 avec une fluctuation de 2 en plus ou en moins. Il ne saurait s’appliquer, toutefois, aux Chats presque sans queue, de l'île de Man, de l'archipel Malais, de Siam, de Pégou, de la Birmanie, du Japon (1), etc., Chats presque sans queue dont quelques spécimens se retrouvant dans le canton de Vouvray, près Tours. Dès que je le pourrai, je me réserve de voir sur les em- bryons de Chats à queue rudimentaire qu’on trouve dans le département d’Indre-et-Loire dans quelle mesure il y a agénèse ou coalescence vertébrales. V Mais il n'y a pas que les Mammifères dont certaines races ont la queue longue et d'autres la queue réduite à rien ou à presque rien qui (1) Cf. Darwin, De la varialion des plantes el des animaux domestiques. — L. Mercanixkorr, l'Empire japonais. — W\WNiLciam MaRrsDEN, Voyage à l'ile de Sumatra (trad. J. Parraud, an Il). — Docreur Monice, Voyage en Chine. — His- loire générale des voyages, chez Didot, t, X. Paris, 1752, etc. 364 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE offrent un coccyx dont les parties squelettiques sont susceptibles d'augmenter et de diminuer de nombre. Par ies formules rachidiennes de divers Mammifères, dont j'ai dû faire mention antérieurement, on a déjà pu juger de l'exactitude de cette assertion. Elle est collaborée également par les faits signalés ci-après. Ainsi le cheval à 7 ou 8 vertèbres coccygiennes pour Bourgelat, 8 à 16 pour Delabère-Blairne, 15 pour Vitet, 14 ou 15 ordinairement et exceplionnellement jusqu'à 21 pour Girard, 17 pour Cuvier, 13 à 17 pour Daubenton, 12 à 20 pour Rigot, 15 à 18 pour Chauveau et Arloing, 16 ou 18 pour Goubaux, 18 pour Leyh, 18 à 20 pour Franck. Ces diver- gences Liennent, pour la plus grande part, à ce qu’au lieu de pratiquer le dénombrement des éléments osseux du coccyx sur des poulains à queue entière, on a pratiqué ce dénombrement sur des chevaux dont la queue avait été amputée partiellement comme c'est l’usage. Franck, après avoir déclaré qu'il a toujours trouvé 20 coccygiennes chez le poulain, a ajouté : « mais 1l arrive souvent que pendant la croissance, les dernières se confondent, de sorte que ce nombre peut se réduire à 18. » Cette coalescence des dernières coccygiennes après la nais- sance, me paraît quelque peu hypothétique; si elle a lieu c’est plu- tôt avant. D'ailleurs, sur 30 poulüins à terme ou presque à terme, dont il m'a été donné, grâce à l'obligeance du vétérinaire Fachet, directeur de l’abattoir de Tours, de disséquer l'appendice caudal, 24 avaient vingt vertèbres coccygiennes; 3, dix-neuf; 2, dix-huit et 1, dix- sep. Selon Daubenton, on rencontre chez l'âne, 17 à 18 coccygiennes, selon Cuvier, 21; selon Goubaux, 15 à 21. Daubenton s’est, sous ce rapport, le plus rapproché de la vérité. D’après Cuvier, la vache a 18 coccygiennes; d'après Franck, 18 à 20; d'après Goubaux, 16 à 21 ; d’après Chauveau, Arloing et Lesbre, 16 à 20. Elle en a de 16 à 21. Le coccyx de la chèvre comprend habituellement 11 à 13 vertèbres, ainsi que l'a noté Goubaux ; Daubenton a dit 10 ; Blasius, 12 ou 13; Leyh, 9 ; Franck et Martin, 12 à 16. Il advient donc accidentellement qu'il en à 9 à 16. Dans les Chameaux et les Dromadaires le nombre des vertèbres du coccyx oscille entre 17 et 18. Quelques sujets, pourtant, n’ont que 16 coccygiennes. Darwin a remarqué que certains lapins ont deux coccygiennes de plus ou de moins que le chiffre normal. Buffon a trouvé 17 coccygiennes au Porc commun et Cuvier, 23 au Porc domestique; Goubaux, 21 à 23; Leyh, 16 à 18; Rigot, 14 à 16; Bla- sius, 24; Franck et Martin, 20 à 26. Le Porc domestique en possède le plus souvent 21 à 23, NAT. ent COCCYX 360 Les Vesperlilions (Chétroptères) qui ont normalement 9 coccygiennes peuvent en avoir 8 ou 10. Parmi les Lémuriens, le nombre des vertèbres composant la queue varie entre 18 et 19 chez le Galéopithèque ; 204 et 30 chez le T'arsier ; zet8 chez le Loris lardigrade ; 5 et 6 chez le Loris gréle; 10 el 11 chez l’Zndri ; 28 et 29 chez le Maki. Dans les Cébiens il paraît avoir plus de fixilé. La généralité des zootomistes s'accordent, .en effet, à reconnaitre que la queue du Vécli- pithèque est formée par 21 pièces osseuses, celle du Ouistitr et celle de l’Alouale par 28, celle de l'Atèle par 29 et celle du Sajou par 22. Sur celle d’un coaïla (Aleles paniscus), j'en ai compté, cependant, 30; sur celle d'un Mélanocheir (Ateles melanochir), 29 el sur celle d’un Sajou cornu (Cebus faluellus), 21 Il estadmis que celle du Cynocéphale a 31 éléments osseux ; celle du Magot, 3; celle du Macaque,7; celle du Semnopithèque, 23. Quant à celle du Cercopithèque, elle en aurait plus de 24. Sous le rapport de la fixilé du chiffre des éléments osseux, la queue des Prfhéciens se rap- procherait donc de celle des Cébiens. Deux Magots femelles et un Magot mâle figurant dans les galeries du Muséum d'Histoire naturelle de Paris ont pourtant l'un des deux Magots femelles, 1 coccygienne et l’autre, 2, et le Magot mâle, 4. Un Magol mâle que J'ai disséqué, en 1879, avec Chudzunski avait 2 coccygiennes. J'ai parlé à deux reprises déjà de deux Cynocephalus babuinus dont les squelettes sont exposés dans le Musée d'anatomie comparée de l'Université de Bologne et dont la queue de l’un est formée de 11 élé- ments osseux et celle de l’autre, de 18. Il est encore impossible d’ Her si le coccyx du ehimpane é a plus souvent » vertèbres que 4 et celui du gibbon, 3 que 4, mais il y a lieu de croire que celui du gorille en a normalement 4 et celui del’orang 3. Pouchet et Beauregard ont affirmé que chez les Anthropoïdes Île nombre des vertèbres coccygiennes peut varier « de 3 à 5 ». Le der- nier de ces deux chiffres n'est pas assez élevé. Un très jeune gorille rapporté de l'Ogôoué et faisant parle des collections du Muséum d'Histoire naturelle de Paris possède 7 coccy- giennes. Un jeune gorille femelle ayant achevé sa dentition de lait et appartenant au Musée de la Faculté des sciences de Caen, a 6 coccy- gienne dont une est soudée au sacrum. Le fœtus de gibbon disséqué par Di avait 7 ou 8 coccygiennes. [Voy. Sacrum. Varialions de nombre des vertèbres. Analomie comparée] (2). (1) Poucner et BEAUREGARD, loc. cil., p. 115. (2) Tous les organes en voie d’atrophie ou de disparition sont sujets à pré- senter de semblables variations. Dès qu'ils ont cessé d'être fonctionnels, ils n'obéissent plus aux règles ordinaires de la stabilité du type. C'est une ano- 366 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE L'homme dont le coccyxestconstitué par quatre articles, entièrement ensevelis sous la peau, n’a pas de queue et diffère par là de la plupart des Singes. Le prolongement caudal qui acquiert un si grand dévelop- pement chez la plupart des Cébriens et qui constitue pour eux un puis- sant organe de préhension, est en général moins long chez les Pithé- ciens et cesse, en outre, chez eux d’être préhensile. II devient même rudimentaire ou nul chez le Cynocéphale noir, le Loris paresseux, le Loris grêle, le Nycticèbe de Java, le Magot. Malgré ces quelques excep- tions, on peut dire d’une manière très générale que l'existence de la queue est un caractère commun aux Pifhéciens, aux Cébrens et aux Lémuriens, c'est-à-dire aux trois familles de Primates à marche qua- drupède, et on peut ajouter que ce caractère est un de ceux qui les distinguent évidemment le plus du type humain. Or tous les Anthro- poïdes sont privés de queue ; leur coccyx est, comme celui de l’homme, réduit à un très petit nombre de pièces et complètement caché sous la peau. Il n’y a sous ce rapport, entre eux et l'homme, aucune diffé- rence, tandis que d'eux aux Singes proprement dits la différence est très considérable. Plusieurs explications que je vais discuter successivement ont été fournies des variations numériques des éléments osseux du rachis. Avant de le faire, il est indispensable toutefois que j'indique ce qu’il faut entendre par variations numériques réelles des vertèbres (varta- lions numériques réelles par excès et variations numériques réelles par défaut) et par variations numériques apparentes des vertèbres (variations numériques apparentes par excès, variations numériques apparentes par défaut). Étant donné que le rachis de l’homme a 34 vertèbres pour les anatomistes qui en attribuent 5 au coccyx et 33 pour les anatomistes qui en donnent % au coccyx, on doit désigner sous le nom de variations numériques réelles des vertèbres celles dans lesquelles le rachis comprend plus de 34 (7 c., 12 th.,51.,5 s., 5 cocc.) ou moins de 33 (7 c., 12th.,51., 5 s., 4 cocc.) vertèbres, et sous le qualificatif de variations numériques apparentes des verlèbres celles dans lesquelles, bien qu’il existe une, deux, etc., vertèbres de plus ou de moins dans lerachis, le chiffre des vertèbres oscille entre 33 et 34 (7 c.,12th.,51., 5 s., 4-5 cocc.). Ceci établi, j'aborde l'étude de cha- cune des hypothèses qui ont été émises sur le mode de production et la cause des irrégularités de nombre des pièces osseuses de l’épine. I. La première en date est celle de J.-F. Meckel (1). Pour malie grave lorsque le nombre des vertèbres cervico-dorsales ou celui des ver- tèbres dorso-lombaires varient d'une unité, tandis que le même fait passe pour insignifiant lorsqu'il s’agit des vertèbres caudales. (1) J.-F. MeckEL, Path. anal., Bd. II, S. 19. Leipzig, 1816, et Man. d'anat. gener. e. desc., trad. ital. de Caini, 46. Milano, 1845. COCCYX 367 J.-F. Meckel les anomalies vertébrales numériques par excès sont causées par un accroissement de l'énergie formative et celles par défaut, par « une faiblesse de formation ». C'est le cas où jamais de rappeler le vieil adage : Obscurum per obscurius. II. Selon I. Geoffroy-Saint-Hilaire (1) les malformations en ques- ion sont déterminées par une segmentalion plus grande où une seg- mentation moindre des proto-vertèbres. Quarante-sept ans après I. Geoffroy-Saint-Hilaire, la même thèse a été reprise et soutenue par Taruffi(2). « L'embryologie enseigne, a-t-il écrit, en 1879, que les vertèbres permanentes ne sont pas un nouveau produit de végétalion, mais le résultat de la segmentation d'un organe préexistant appelée colonne vertébrale membraneuse ; et que le nombre des vertèbres n'est pas subordonné à l'extension de l'organe, mais dépend des conditions toujours ignorées qui produisent la divi- sion régulière de l'organe susdit, de sorte que lorsqu'il existe un nombre plus grand de vertèbres que d'ordinaire il faut supposer un excès de segmentation et non de néoformation. » Il est acquis, en effet, que pendant la vie embryonnaire, le rachis des Oiseaux (Remak) et celui des Lapins (Külliker) (3) subit deux seg- mentations dont la seconde ne correspond pas à la première. Dans la seconde qui est définitive, les lignes de séparation des vertèbres se trouvent au centre des vertèbres primitives. Et, de l'avis de tous les embryologistes, le même processus s’observe non seulement sur les Lapins mais encore sur les autres Mammifères, ÿ compris l'homme. En présence d'une augmentation ou d’une diminution des vertèbres, la première idée qui s'offre à l'esprit est donc que celte variation nu- mérique est la conséquence d'une variation numérique de la métamé- risation embryonnaire de la colonne vertébrale. C’est, cependant, à la perte, pendant la vie fœtale,de plusieurs vertèbres qu'est due la réduc- tion de longueur que subit le rachis humain à son extrémité terminale ou caudale. Et ce fait joint à l’état rudimentaire des éléments osseux du coccyx de l’homme,autorise même à croire,je le répète,que le sque- lette axial de l'homme est en voie de raccourcissement dans le sens longitudinal. Et en admettant même que dans la portion sus-sacrée ou pré-sacrée de l’épine la segmentation secondaire dépende de la segmentation pri- mitive, ne sait-on pas que certaines maladies,le rachitisme,un hydro- (1) Is. GEoFFROY-SAINT-HILAIRE, Histoire génér. el parlic. des anomalies de l'or- ganisation, t. I. Paris, 1832. (2) TaruFFI, Mem. d. R. Accad. d. Istit. d. sc. d. Bologna, 1879. (3) REMAK, cit. par A. KôLLIKER, in Embryologie ou trailé complet du développe- ment de l'homme el des animaux supérieurs, p. 418. Paris, 1882. 368 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE rachis,entravent plus ou moinscomplètement letravail de chondrifica- tion des vertèbres ? | Haller (1), Civinini (2) ont montré le rôle important que jouent les vaisseaux sanguins dans le processus de chondrificalion et d’ossifica- tion des os et le professeur Taruffi (3) a constaté lui-même, sur des fœlus pseudo-rachitiques, que dans les points où les vaisseaux san- gœuins ne pénètrent pas les ilots cartilagineux se multiplient dans los endochondral rebelle à toute ossification. La substance connective et le stratum squelettogène de quelques Poissons cartilagineuæ ont prin- cipalement pour origine, au dire de Hasse (4), une excroissance des cellules embryonnaires de l’aorte et il y a lieu de présumer qu'entre le développement, plus ou moins parfait,des deux premiers et celui de la seconde il y a une étroite relalion. Si, d'une part, on tient comple de ce fait et si on n'ignore pas, d'autre part, que, dès le temps des protovertèbres, il existe des artères intervertébrales (5) disposées par paire, précédant les futures artères intervertébrales, que les parties qui entrent dans la composition de chacune des vertèbres présentent une certaine indépendance génétique, que chez le fœtus paracéphale acardiaque, privé conséquemment de circulation, décrit par Calori, plusieurs vertèbres manquaient,quelques-unes élaient réduites à leur moitié et même à presque rien, elc., n’est-on pas forcément porté à croire que les vaisseaux rachidiens à sang rouge doivent, soit par leurs anomalies de nombre ou de disposition — et on sait combien elles sont communes — soit parles compressions exercées sur eux ou les altérations de leur structure pendant la vie embryonnaire, avoir une sérieuse influence sur la produclion des variations numériques et archiltectoniques des pièces osseuses rachidiennes ? Dans tous les cas celle induction que confirmeront ou infirmeront de nouvelles recher- ches permet de comprendre la présence dans l'organisme de scolio- tiques, rachitiques ou non,et de monstres, d'un centrum en forme de coin, d'une hémi-vertèbre, d’un hémi-centrum, d'une hémi-neurapo- physe, etc., ce que ne permet guère la théorie du mode de genèse des irrégularités de nombre des articles de la tige ostéo-fibro-cartilagi- neuse spinale, défendue par Is. Geoffroy-Saint-Hilaire et Taruffi. S'il est, en outre, possible d'y faire appel pour essayer d'expliquer d'une façon plausible les variations numériques réelles des vertèbres, il est difficile d'y recourir pour justifier l'apparition des variations (1) A. HALLER, Elementa physiol. corpor. hum., p. 232, &. VIIL Bernæ, 1765. (2) F. CiviniNi, Sommario embriologico, p. 306. Pisa, 1837. (3) TarurFI, Mem. d. R. Accad. d. sc. d. Istil. d. Bologna, pp. 671-672, t. VII, 1884. (4) C. HAssE, Jahresb, f. 1884, Bd. I, s. 107. (5) KÔLLIKER, loc. cit. supräà, p. 429. ‘ n Wire COCCYX 36) numériques apparentes des vertèbres, aliàs celles dans lesquelles les vertèbres qu'on trouve en plus ou en moins dans un segment rachi- dien manquent ou sont présentes dans un autre segment rachidien voisin ou éloigné. IT. Au dire du professeur Th.Dwight (1),les variations numériques des vertèbres sont dues : soit à un développement irrégulier des éle- ments costaux des vertèbres, situées à l'extrémité ou près de l’extré- mité de chacune des régions dout se compose la colonne vertébrale ; soit à une seymentalion trréqulière de la colonne vertébrale.Les pages que j'ai consacrées antérieurement à l'étude des côtes cervicales el dorsales me dispensent de discuter la première de ces deux proposi- tions. Quant à la seconde elie apporte une modification heureuse à la théorie de Taruffi, mais n'en reste pas moins passible des objections qu'on peut opposer à celle-ei et même à celle de Jhering dont je par- lerai bientôt. Dans une lettre qu'il m'a écrite à ce propos, le 23 avril 1910,le professeur Th.Dwight a reconnu du reste avec la prudence et la franchise d’un vrai savant « que, la question des variations de nombre des pièces osseuses de l’épine est extrêmement embarrassante, em- brouillée (perpleæing) ».Quoi qu'il en soit,la segmentation irrégulière du rachis donne mieux à comprendre que la théorie de Taruffi, les dimensions singulières qu'offrent,en raison de l'accroissement ou de la réduction de la hauteur d'un ou plusieurs centrums, quelques rachis normaux au point de vue du nombre de leurs os ou contenant un ou deux os de plus ou du moins. Il est acquis maintenant, en effet, que toutes choses égales d'ailleurs, la longueur de la colonne vertébrale peut être accrue sans augmentation du nombre des vertèbres ; nor- male, malgré une diminution du nombre des vertèbres; diminuée, malgré une augmentalion du nombre des vertèbres, etc.(Th. Dwight, d’Ajutolo, Tenchini, Taruffi, etc.). IV. L'absence d'une verlèbre sus-sacrée est due à la sacralisalion de la 5° lombaire résultant de l'ossificalion des ligaments qui l'unissent au sacrum el aux 0s iliaques (partie inférieure des grands ligaments vertébraux communs antérieur et postérieur, surépineux et interépi- neux, ligaments jaunes, ménisques fibro-carlilagineux inter-articu- laires, cartilages et ligaments des arliculations inférieures des apo- physes articulaires inférieures, etc.). Chacune des apophyses transversesde la dernière vertèbre lombaire, très étendue dans le sens antéro-postérieur, est dirigée en arrière comme la partie postérieure de l’aileron sacré correspondant (apo- physe transverse) et souvent très rapprochée de lui. Au bord posté- rieur de chacune de ces apophysess’insère le ligamentsacro-lombaire, (1) Tu. Dwicur, Mem. of the Boslon soc. of nal. hist., p. 310. VERTÉBRALE. 24 370 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE limitant en dehors le trou de conjugaison sacro-lombaire, et au bord inférieur de chacune de ces apophyses et au sommet de chacune d'elles qu’il embrasse le ligament ilio-lombaire. Favorisée par ces conditions anatomiques, la sacralisation de la der- nière pièce osseuse du rachis lombaire l’est aussi par diverses condi- tions physiologiques. S'il existe si communément chez les spondylo- rhizoméliques, les rachitiques, les vieillards, etc., des stalagmites osseuses reliant entre elles et parfois dans une certaine étendue (ankylose par invagination de Cruveilhier) les vertèbres et surtout les vertèbres de la région des lombes où ces stalagmites peuvent même revêtir la forme de véritables mamelons que sur quelques sujets amaigris on sent par le palper, ce n’est pas tant parce que les liga- ments, irrigués par un sang vicié par un principe pathogène ou appauvri par l’âge, jouissent d'une vitalité moindre, que parce qu'ils sont soumis à des tiraillements incessants. Chez les spondylo-rhizo- méliques, les rachitiques, les vieillards, ete., les éléments durs du squelette axial du corps, moins résistants, tendent à s’affaisser sous le poids de la tête, du tronc et des membres supérieurs qui y sont atta- chés et leursligaments tiraillés s’ossifient par propagation dans leur trame de l'irritation du périoste dont le pouvoir ostéogène est accru. Comme je l'ai déja énoncé maintes fois, les tendons, les ligaments fibreux et les aponévroses s’ossifient lorsqu'ils subissent des tractions exagérées et répétées. Or, aucune vertèbre sus sacrée ne supporte une charge aussi considérable que la 24° et ne s'aplatit et ne se désa- grège aussi aisément qu'elle, et la maladie et la variation anatomique décrites,la première,sous le nom d’affaisement vertébral ou spondyli- zèmepar le professeur Hergott père,de Nancy,laseconde,sous celui de glissement vertébral ou spondyloschise par Neugebauer, de Varsovie, en font surabondamment foi. Ses ligaments doivent donc s’incruster et s'incrustent, en effet, plus souvent de sels calcaires que ceux des autres vertèbres.La présence d’un nodule osseux a été constatée par Raab (1) dans un des ligaments ilio-lombaires d’une 5° lombaire en voie de sacralisation. Pour expliquer l'assimilation totale du dernier os rachidien lom- baire d'où résulte une anomalie quantitative des os rachidiens sus- sacrés, Calori (2) a invoqué: A. L'ossification de tous les ligaments reliant la 5° vertèbre des lombes au sacrum et aux osiliaqnes et plus particulièrement celle de la portion divisée du ligament ilio-lombaire et l'hyperostose de chacun des ailerons de la base du sacrum ; (1) RaaB, Jahresb., f. 188, Bd. I, s. 9. (2) CaLzorr, Mem. d. R. Accad. d. se. d. Istit. d. Bologna, pp. 183 et suiv., 1887. COCCYX 371 B. L'incrustation, lente et progressive, par des sels calcaires des parlies fibreuses, comparables au ligament ilio-lombaire fixées, à droite et à gauche, sur la base du sacrum et aux ligaments intertrans- versaires qui unissent entre elles, à droite et à gauche, chez les jeunes fœtus, les fausses vertèbres sacrées déjà semblables aux vertèbres lombairès, alors qu’à l'état normal les mêmes parties fibreuses demeurent telles dans les régions dorsale et lombaire du rachis; C. L'existence, à droite ét à gauche, d’un ligament sacro-coccygien latéral reliant entre elles les fausses vertèbres coccygiennes, iden- tique à ceiui qui relie, à droite et à gauche, les fausses vertèbres sacrées et qui, lui aussi, s'incruste quelquefois de sels calcaires, de sorte que la première fausse vertèbre coccygienne semble une 6° fausse vertèbre sacrée. On ne peut malheureusement recourir à la théorie en question que pour tâcher d'expliquer la disparition d’une vertèbre sus-sacrée avec apparition d’une vertèbre supplémentaire dans le segment sacro-coc- cygien autrement dit que pour tâcher d'expliquer un cas spécial d'irrégularité numérique vertébrale apparente. V. Avant d’avoir eu connaissance par l’'Embryologie de Külliker du mémoire publié, en 1876, surle même sujet par E. Rosenberg, E. Rega- lia a formulé une théorie de la cause des variations numériques des verlèbres basée sur le développement autonome, ontogénique et phylogénique des ilions et celuide la colonne vertébrale et le dépla- cement ascensionnelplus ou moins accentué que subissent les premiers quand ils se sont mis en rapport avec la seconde. C'est donc à tort qu’on dit dans les traités classiques d'anatomie que Regalia s’est inspiré de Rosenberg. Suum cuique. EL c'est pourquoi je vais consa- crer un paragraphe spécial à la théorie de Regalia. D'autant mieux que dans un second mémoire paru en 1899, Rosenberg a apporté des adjonclions à sa manière de voir primitive sur le mode de genèse des malformations dont je traite actuellement. Voici, au surplus, en quels termes Regalia (1) s'est exprimé à ce propos : « La très simple idée que la cause des varialions de nombre des vertèbres pré-sacrées el sacrées consiste principalement dans la situa- ion de l'arc pelvien, je l'ai eue et manifestée bien avant de réussir à consulter l’'Embryologie de Kôlliker (2). Dans celle-ci j'ai trouvé, enfin, à la remarque de la page 427, parmi plusieurs autres impor- lantes indications, les suivantes : (1) F. ReGazra, Arch. p. l'antropol. el l'elnol., vol. X, fasc. 3, p. 65. Firenze, 1870. (2) KôzzikEer, Embryol. cil., trad. franc. d'Aimé Schneider. Paris, 1879, 372 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE « La formation du sacrum nous fait assister à une métamorphose par laquelle l'os compte successivement plus d'éléments qu'il n’en a à un moment donné de sa constitution. Ainsi il est formé d'abord par les vertèbres 26 à 30, et même à 31, mais ensuite à son extrémité proximale, la 25° vertèbre vient s’incorporer à lui, en même temps que par l’autre bout il abandonne la 50° et la 31° qui entrent dans la formation du coccyx...… Au total, il s'accomplit, d'après E. Rosenberg, sur les segments de la colonne vertébrale, une transformation mar- chant de bas en haut ou d’arrière en avant. et telle que les diverses vertèbres de chaque région, à un moment donné du développement, deviennent, à un degré plus avancé, les premières de la région infé- rieure et que la région caudale perd des vertèbres à son extrémité postérieure. Ainsi chez le Nycticebus tardigralus, les vertèbres 32 à 27 (lisez 37) sont des vertèbres sacrées, 24 à 31 des lombaires, 8.et 23 des dorsales; chez le Cebus sp., au contraire, les chiffres répondant aux mêmes régions sont 28 à 37, 22 à 27, 8 à 21, et chez l’homme 25, à 29, 20 à 24, 8 à 19. Celte transformation a pour conséquence néces- saire de faire progresser et remonter les extrémités postérieures, c'est-à-dire l'illaque. Ce déplacement ascensionnel du bassin peut être démontré non seulement par la comparaison des Mammifères supé- rieurs, mais aussi directement sur l'embryon humain, puisque les os iliaques sont d'abord unis avec les vertèbres 26 et 28, puis avec les vertèbres 25 et 27 et qu'ils cessent tout rapport avec la 28e ». Après avoir reproduit ce texte, Regalia a ajouté enfin : « L'ouvrage de E. Rosenberg, auquel l’auteur se réfère, ne s’est jamais trouvé dans mes mains; toutefois, au passage reporté 1l res- sort un fait qui confirme ma manière de voir. Quoiqu'il ne soit pas exact — si on s'en tient aux faits comme ils viennent d'être reportés — de dire que le sacrum contient successivement plus d'éléments qu'il n'en contient à l’origine, puisqu'il en contient autant et mème quel- quefois moins; la dile transformation est certainement liée au trans- port des os iliaques d’arrière en avant. J'ai démontré que les deux mêmes vertèbres 25° et 26° sont, à deux époques, et les antérieures du sacrum et les antérieures des os iliaques avec lesquels elles restent en rapport. Un tel transport étant la règle, quelles déductions en tirer dans les cas d'anomalies ? Les cas d’excès dépendent certaine- ment de ce que chacun des ilions se trouve primitivement en rap- port avec la 27° au lieu de la 26°, et ensuite, en avançart d’une vertèbre, avec la 26°, autrement dit de ce que chacun des ilions n’a pas eu les connexions primilives qu'il a habituellement avec la 26° et les cas de défaut de ce que, par suile d’un avancement excessif de chacun des ilions qui a déterminé le passage de chacun d'eux de la 26° à la 24°, chacun d’eux est en contact avec la 25° et la 24° ». COCCYX 373 Et ainsi s'explique, d’après Regalia, comment le sacrum s’incorpore des éléments nouveaux à mesure que les os iliaques se déplacent de bas en haut ou d’arrière en avant et la colonne lombaire se voit suc- cessivement dépouillée de ses éléments propres aux dépens du sacrum. Ce mouvement d'ascension des os iliaques variant d'étendue dans une même espèce, suivant les individus, est l’unique cause des chan- gements numériques qu'on observe si souvent dans les diverses régions de la colonne vertébrale, c’est-à-dire qu'il y a simplement transposilion d’une ou de plusieurs vertèbres du segment sus-sacré ou pré-sacré dans le segment sacro-coccygien ou vice versa par suite de l’arrêt des coxaux au delà ou en deçà de la limite ordinaire, mais le nombre lotal est le même dans tous les cas. Ces changements numériques n'ont pas une origine rachidienne, mais extra-rachidienne ou pelvienne. A l’état normal les os iliaques manquent ou sont rudimentaires non seulement chez les Verlébrés dégradés, mais encore chez divers Mammifères et les vertèbres, situées dans la région sacrée, ne diffèrent pas ou ne diffèrent guère chez les uns et les autres, ni de celles qui les précèdent ni de celles qui les suivent. Dans les Lacertiliens actuels les pièces osseuses sacrées ressemblent à celles qui sont placées en avant d’elles et sont unies entre elles, comme elles, par une articulation libre de la couronne et du globe. Sur les Lézards à corps de serpents, les Amphisbènes, les deux premiers éléments osseux rachidiens, les plus antérieurs sont munis, toute- fois, d'une paire de côtes qui n'existent pas sur les autres. Parmi les Ophidiens, les Typhlopidæ, les Python, les Boas, les Tortrices, elc., qui possèdent les rudiments d’un bassin, la colonne vertébrale n'est divisible qu’en région précaudale et caudale, par suite de l'absence d'un sacrum et d’un caractère différentiel quelconque entre les ver- tèbres cervicales, dorsales et lombaires (1). Il en est de même chez les /cthyosaures où chacun des ossa innominata, indépendant de l’épine, se compose d'un ilion, d'un ischion et d’un pubis soudés en- semble pour former un acetabulum. Dans les Mammifères pisciformes, les Cétacés, les vertèbres caudales ne se distinguent des vertèbres lombo-sacrées que par leurs os chevrons ; le sacrum manque et on trouve, de chaque côté de l'extrémité distale du rachis auquel elle estreliée par du tissu fibreux, une pièce osseuse, allongée, convexe en dessus, concave en dessous et qui représente assez probablement un ischion puisqu'elle donne allache à un des corps caverneux. La ver- (1) Avant 16 ans les vertèbres sacrées de l'homme sont encore distinctes; les synostoses qui les unissent pour constituer un os unique apparaissent tardi- vement et évoluent lentement. 374 TRAITÉ DES VARIATIONS DES O$ DE LA COLONNE VERTÉBRALE tèbre de l’épine rachidienne des Strènes, au sommet de l'apophyse transverse de laquelle s'insère, à droite et à gauche, au moyen d’un ligament, l'os homologue de l’ilion, ne diffère pas sensiblement des vertèbres les plus rapprochées du crâne. Dans l'espèce humaine, de même que dans les espèces animales su- périeures, la colonne vertébrale et les os des hanches n’ont aucune connexion d’abord entre eux. Il existe des monstres ectromèles, acé- phales, parasites, etc., dont les ilions sont en rapport ou non avec l’épine, dépourvue de sacrum, c'est-à-dire dont toutes les vertèbres de la région sacrée ne sont pas soudées entre elles ou dont une par- tie ou la totalité de l’épine manque. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire (1) a fait mention d'un chien ectromèle dont deux os, non articulés entre eux, vraisemblablement les ilions, « sont comme perdus au milieu des chairs » et dont les vertèbres que l’auteur nomme « sacrées », sont « toutes libres et mobiles les unes sur les autres ». Mais de ce qu'il en est ainsi s’ensuit-il que les coxaux lorsqu'ils ont rejoint le rachis et se sont accolés à lui, remontent, simultanément chacun, plus ou moins loin le long de celui-ci? Divers anatomistes répondent carrément, non. Pour Ancel et de Sencert les variations numériques de la colonne vertébrale dépendent du mode de développement du sacrum. « Le fœtus possède normalement, ont-ils écrit (2), un plus grand nombre de vertèbres que l'adulte. L'ilion entre en contact avec deux segments qui prennent ainsi la valeur de première et deuxième sacrées. Les trois vertèbres situées au-dessous complètent le sacrum. Au cours du développement, le bassin prend contact avec la dernière présacrée qui devient une première sacrée. En même temps le dernier segment du sacrum se dégage de cet os et se transforme en première coccy- gienne. Ce processus se répète plusieurs fois el s'arrête normale- ment quand le nombre des présacrées est réduit à 24. Le bassin paraît ainsi subir un mouvement ascensionnel. » Holl (3) déclare « que la 25° vertèbre de l'homme adulte est primiti- vement aussi la 25° » el que, dans les cas d'irrégularités de nombre des pièces osseuses du rachis, « il a vu fréquemment comme première sacrée (fulcrale de Weilcker) la 26° et jamais la 24° ». Selon Palerson (4), c'est plus souvent à une migration en arrière qu'à une migration en avant de chacun des os coxaux qu'il convient (1) Is. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, loc. cit. suprà, p. 226. (2) ANCEL et SENCERT, Journ. de l’anaf. et de la phys., 1902, et Notice des litres et travaux du docteur Ancel, p. 55 (en note). Lyon, 1907. (3) Hozz, M. Sitzungsber. Akad. Wissensch. Wien Math. natur. C1. 85, Abth. S. 181 bis, 232, IV taf. (4) PATERSON, The scientif. transact. of the roy. Soc. Dublin, cit. COCCYX 375 d'attribuer la réduction numérique des vertèbres du segment sacro- coccygien et l’augmentation numérique des vertèbres sus-sacrées ou présacrées. Bardeen (1} affirme « que chacun des ilions est placé originairement en face de la partie antérieure de la région lombaire et que, pendant la vie fœtale, il se porte en arrière au lieu de-se porter en avant, et que, dès qu'il s’est mis en rapport avec une vertèbre, il ne la quitte plus jamais. Cette jonction de l’épine et de chacun des coxaux s'effec- tue vers la fin de la 5° semaine de la vie intra-utérine. Il n’y a encore aucune trace de chondrification, mais à partir de ce moment, il ne se produit aucun changement dans la segmentation. Alors les vertèbres thoraciques sont souvent différenciées des autres ». Bien qu'elle ait presque acquis force de loi, la théorie de Regalia compte donc de sérieux et nombreux adversaires. On ne peut, de plus, y faire également appel que pour appliquer le mode de pro- duction des anomalies numériques rachidiennes apparentes, celles dans lesquelles les éléments osseux qu'il y a en plus ou en moins dans la région sus-sacrée ou pré-sacrée se retrouvent en moins ou en plus dans la région sacro-coccygienne et vice versa, celles dans les- quelles le nombre des dits éléments demeurent immuables, par consé- quent. Elle ne justifie pas non plus l'apparition, dans une région quelconque du rachis sus-sacré ou pré-sacré, d'une hémi-vertèbre ou de deux hémi-vertèbres, situées à une certaine distance l’une de l'autre et l’une à droite et l’autre à gauche. Elle ne fournit pas davan- tage une interprétation acceptable du cas si curieux de Willet et Walsham où il existait la 6° et la 7° cervicales, la 1"° la 2° la moitié gauche de la 3°, la 4°, la 5°. la 11°, la 12° dorsales et les trois der- nières lombaires, etc. Les variations réelles, encore dénommées variations sans compensa- lion et qu'il faudrait, si l’on voulait être absolument précis,dénommer variations sans compensalion numérique et qui consistent dans l’aug- mentation ou la diminution du nombre total des vertèbres, ne sont pas plus contestables, on le sait, que les variations apparentes, appe- lées aussi variations avec compensalion et qu'il conviendrait, si l'on tenait à être complètement exact, d'appeler variations avec compen- salion numérique et qui sont caractérisées par l’augmentalion du nombre des vertébrés d'une région accompagnée d’une diminution du nombre des vertèbres d'une autre région et réciproquement. De plus — elon ne saurail trople répéter, car le fait est encore nié par cer- lains — ces deux espèces de variations apparaissent aussi bien au- (1) BARDEEN, Anaiï. anz., Bd. XXV, 1904. — American Journ. of anat., vol. IV, n°s2 et3, 1905. 376 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE dessus ou en avant qu'au dessous ou en arrière de la 25° vertèbre (vertèbre fulcrale de Welcker), dans tous les êtres vivants pourvus d'un sacrum dont les pièces sont à l’état de parfait développement, soudées entre elles. Au Congrès de l'Association médicale italienne qui s’est tenu à Pa- doue, en 1889, Tenchini qui, comme Calori et moi, a toujours soutenu que le coccyx humain compte 4 vertèbres, a déclaré que sur 80 cada- vres humains examinés par lui, à Bologne, il en a trouvé 6 qui offraient une anomalie de nombre des vertèbres, 3 par excès et3 par défaut et « qu'aucune de ces anomalies n’était compensée... Bien plus, a-tl ajouté, on peut observer à la fois excès et défaut dans cha- cun des deux segments rachidiens ». Mais, m'objectera-t-on, peut-être la statistique de Calori, la vôtre, votre statistique générale sont basées sur l'examen d’une quantité encore trop restreinte de coccyx humains pour vous permettre d’af- firmer formellement que le coccyx humain est composé de quatre articles. Certes, mais alors même qu'il en‘aurait cinq l'inexactitude de la théorie de Regalia en ressortirait autant, puisqu'on a trouvé une, deux, etc., vertèbres en plus ou en moins dans le segment sus-sacré du rachis de l'homme aussi bien avec un segment sacro-coccygien formé de 10 vertèbres (5 sacrées et 5 coccygiennes) que de 9 (5 sacrées et 4 coccygiennes). Dans tous les cas, il appert péremptoirement de mes recherches et de la comparaison de mes statistiques générales que, chez l’homme, les irrégularités numériques des éléments osseux de la région sacro- coccygienne du rachis sont plus profondes et plus fréquentes que celles de la région sus-sacrée. Il en est de même chez tous les ani- maux qui ont un sacrum dont les pièces sont soudées entre elles. Cela tient, sans doute, à ce que la région sacro-coccygienne de la colonne verlébrale est constituée par des vertèbres plus ou moins dégéné- rées, se formant, en dernier lieu, à l'extrémité caudale, très rudi- mentaire, de la moelle épinière et de la chaîne sympathique. Et il n'est pas inutile de rappeler ici et à ce propos, qu'à tous les points de vue, la queue est l’organe le plus malléable des Ver- lébrés, même lorsqu'on ne considère que les phanères : témoin la queue écailleuse du Castor, celle de l'Yack comparée à celle du Bœuf, celle du Chien foy-lerrier, mise en parallèle avec celle de l'Épagneul, etc. En raison de la rudimentation ou de l'avortement que subissent chez les Ouadrupèdes domestiques les pièces osseuses du coccyx, Sanson ne peut donc qu'être loué de n'avoir accordé aucune valeur taxonomique à leurs vertèbres sacrées. Les lames des vertèbres coccygiennes des Quadrupèdes domestiques, disparaissent peu à peu, de sorte que ces COCCYX 377 vertèbres ne sont bientôt plus représentées que par le centrum, réduit lui-même à un petit os cylindrique très amoindri. Dans la première, les lames existent mais ne se rejoignent pas pour former l'anneau ver- tébral ou si elles se rejoignent ne se soudent pas entre elles. Dans les dernières, l'avortement est presque total parmi certaines espèces, les Chats de l'île de Man notamment. Inversement, il peut adve- nir et il advient que la rudimentation ou l'avortement soient moins prononcés. Alors au lieu d'être une vertèbre imparfaite, la pre- mière vertèbre coccygienne a ses lames soudées entre elles et sur- montées même parfois d’une apophyse épineuse. Elle devient dif- ficile ainsi à distinguer de la vertèbre voisine. Il y a une vertèbre sacrée de plus et, par conséquent, une vertèbre coccygienne de moins. Mais il faut blâmer Sanson d’avoir soutenu jusqu'à la fin de sa vie et contre toute évidence : I. Que la colonne vertébrale des Quadrupèdes domestiques se divise en deux segments bien tranchés : l’un postéro-inférieur ou sacro- coccygien, variable, l’autre, antéro-supérieur ou pré-sacré, immuable, quant au nombre de leurs vertèbres constituantes du moins, dans la même race ; Il. Qu'il y a lieu, par suite, d'attribuer une valeur taxonomique aux vertèbres pré-sacrées. Le regreité professeur de l'Institut national agronomique élait si imbu de cette idée qu'il m'a fallu déjà discuter, quand j'ai trailé des anomalies numériques des éléments osseux de l’épine lombaire des chevaux, qu'il ne l'a même pas abandonnée après avoir vu divers rachis de Quadrupèdes domestiques, figurant dans mon musée anato- mo-anthropologique particulier, et qui offrent, chacun, une variation numérique compensatrice dans l'une ou l’autre des deux régions con- tiguës. Il est fâcheux qu'on ne puisse pas toujours, aussi bien dans l'espèce humaine que dans les espèces animales, compter le nombre des ver- tèbres sus-sacrées ou pré-sacrées et celui des vertèbres sacro-coccy- giennes. La théorie de Regalia en question aurait vécu depuis long- temps peut-être. Mais on sait combien et pourquoi cela est difficile tant dans l’une que dans les autres. V. Dans deux mémoires parus l’un en 1856, l’autre en 1899, et dans lequel il est question d'une colonne vertébrale qui possédait + vertè- bres pré-sacrées supplémentaires, une côte cervicale, une 13° et une 14° côtes thoraciques, Rosenberg (1) a formulé une théorie, dite sys- (1) E. RoSEN£2ERG, Morph. Jahrb., vol. 1, pp. 83-197, 1876 et vol. XXVII, p. 118, pi. 1-5, 1899. 378 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE tème de Rosenberg, du mode de genèse des irrégularités de nombre des pièces osseuses rachidiennes et dont j'ai été incidemment obligé de dire quelques mots. C’est principalement dans le mémoire qu'il a publié, en 1899, que Rosenberg a exposé d'une manière détaillée et précise son opinion sur les raisons d’être des malformations en cause. Il considère —- ce qu’il n'avait pas fait auparavant — que la partie moyenne du rachis thoracique est la plus ancienne et constitue une zone neutre échappant à toute influence modificatrice. Les change- ments qui se produisent dans la colonne vertébrale chez tous les Ver- ltébrés, y compris l'homme, sont l'expression de deux processus, mar- chant en sens inverse. Dans la partie supéro-antérieure de la colonne vertébrale, la plus petite, la région cervicale, le processus de trans- formation agit dans le sens distal ; dans la partie inféro-postérieure, comprenant les régions lombaire, sacrée et caudale, la plus grande, le processus de transformation agit dans le sens proximal. En d’autres termes, la région cervicale d'un côté, et la région lombaire de l’autre, tendent, chacune, à s’assimilerles vertèbres thoraciques les plus rap- prochées de chacune d'elles. Et c’est ainsi que se trouve, à la fin, cons- ütuée la formule rachidienne de l’homme: 7 c., 12 th., 5 lomb.., 58., 4 cocc. Lorsqu'un retard se produit dans l’évolution des deux pro- ceseus sus-indiqués opérant simultanément et jusqu’à un certain point de la même façon, l’épine revêt des caractères ancestraux, quand une exagération se manifeste dans l’évolution desmêmes processus, l’épine acquiert les caractères qu'elle aura dans l'avenir. Le système Rosenberg n'est pas accepté sans restrictions, même par ceux qui l’acceptent. Si on l’admet tel quel il faut effectivement partager en quatre catégories les colonnes vertébrales humaines, étu- diées jusqu'ici, dont le chiffre des articles était anormal : 1° Celles dans lesquelles il y avait un retard dans l'évolution de chacun des processus de transformation supérieur et inférieur ; 2 Celles dans lesquelles il y avait une exagération dans l'évolution de chacun des processus de transformation supérieur et inférieur ; 3° Celles dans lesquelles il y avait seulement une exagération dans l'évolution du processus de transformation agissant dans le sens proximal ; 4° Celles dans lesquelles il y avait seulement une exagération dans l'évolution du processus de transformation agissant dans le sens distal. Celles rentrant dans les deux premières de ces quatre catégories n'apportent aucun argument défavorable à la thèse soutenue par l'anatomiste allemand précité, mais celles appartenant aux deux der- nières qu'on n'est pas plus aulorisé à considérer comme des quantités _' DR, mt. FR COCCYX 379 négligeables que les autres, attestent que, contrairement à cette {thèse les deux processus de transformation ne marchent pas toujours en sens inverse; mieux encore, qu'il existe, si nous en croyions Rosen- berg, des rachis qui offrent à la fois des signes de réversion et des signes de progression ! VII. Bardeen pense que les variations numériques régionales des éléments durs du rachis sont une condition d’héritage (inherited con- dition) qui se manifeste de bonne heure au cours du développement, que l'examen d'un nombre suffisant d'individus d’une race donnée montrerait le même degré de fréquence d'apparition de ces variations, à partir de la 6° semaine. Maïs ce qu’entend par « inherited condi- tion » le professeur d'anatomie de l'Université de Wisconsin n'est pas clair. Et c’est précisément ce que lui a reproché mon excellent ami, le professeur Th. Dwight, en des termes auxquels je n'ai rien à ajou- ter : « If it means theat the tendency to variation is inherited, there can be no question of the correctness of the statement. But if means that particular variations are inherited, it cannot be accepted for a spiue with twenty-five præsacral vertebræ and one with twenty-three cannot both be explained by inheritance. » VIII. Sous le nom d’intercalation, Jhering désigne un processus qui se trahit par l'apparition d’une vertèbre et d’un segment nerveux sup- plémentaires entre deux vertèbres bien caractérisées. Jhering pro- pose les deux termes d'interpolation et d'expolation pour rendre compte de ce processus chez un individu et réserve ceux d'inlercala- lion et d'excalation pour un genre ou une espèce. L'auteur croit aux variations numériques des segments de la colonne vertébrale par dé- placement du bassin, mais 1l déclare que toutes les variations ne sont pas explicables de cette façon. Il se fonde pour le démontrer sur la situation du nerf en fourche. Chez la salamandre, qui possède 15 ver- tèbres présacrées, le nerf en fourche est le seizième nerf spinal. Dans cerlains cas, le nerf en fourche élant toujours le seizième, il y a 17 nerfs présacrés au lieu de 16; le nombre des vertèbres présacrées est alors augmenté d'une unité, la dix-septième est post-furcale (der- rière le nerf en fourche). L'auteur admet un déplacement du bassin vers le bas pour expliquer ce fait. Dans d’autres cas présentant encore anormalement 16 vertèbres présacrées, le nerf en fourche est devenu le dix-septième nerf spinal. Il a gardé les mêmes rapports avec le sacrum qu'à l'état normal. Jhering voit là la preuve de l'intercalation d'un segment préfurcal. Si Gegenbaur, Huxley, Fürbringer, Rosenberg, Varaglia, Al- brecht(1),etc., sont d'avis que, dans l'étude des variations de la colonne (1) ALBRECHT, Presse méd. belge, n° 21, 1883. 380 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE vertébrale, les nerfs ont une grande importance, Owen, Ruge, Eis- ler (1), Adolphe, et d’autres apportent des faits contre les conclusions de Jhering. Le nerf en fourche formant la base du système en ques- tion, c'est sur lui que doit porter l'attention. Il ressort clairement des travaux d’Eisler que la situation du nerf en fourche peut varier vers le haut ou vers le bas, la colonne vertébrale restant normale. Au lieu d'être, comme de coutume, formé par la vingt-quatrième paire spi- nale, Eisler cite des cas dans lesquels le nerf en fourche était à la vingl-troisième ou à la vingt-cinquième, la colonne vertébrale ne pré- sentant aucune variation numérique. L'inconstance dans la situation du nerf en fourche est très impor- tante ; il suffit pour la constater d'examiner un certain nombre de plexus lombaires. Il existe de nombreuses observations de change- ments dans la position de ce nerf dans les récents travaux de Cunnin- gham (2), de Herringham (3), de Sherrington (4), de Gadow, de Pater- son, de Bardeen (5). De Bardeen et Elting (6), d’Ancel et Sencert, etc., sur les plexus lombaire et lombo-sacré, chez l'homme. Ancel et Sen- cert ont même réuni quelques cas dans lesquels le nerf en fourche tel que l'entend Jhering était absent. Mais la preuve certaine que la situation du nerf en fourche ne sau- rait permeltre de conclure à une intercalalion ou à une excalation, Ancel et Sencert l'ont trouvée dans les deux observations suivantes. Au lieu de 24 pré-sacrées, chiffre normal, ces colonnes en possé- daient 5. Suivant Jhering, si le nerf en fourche est formé par la vingt-cinquième paire, c'est qu'il y a eu une présacrée interpolée ; s’il est à la vingt-quatrième c'est que l'augmentation du nombre des vertèbres s’est faite par un mouvement de descente du bassin. Or, l'examen des plexus lombaires ont montré à Ancel et Sencert le nerf en fourche à la vingt-cinquième paire du côté droit et à la vingt-qua- trième du côté gauche. Sur la même colonne on serail ainsi amené à conclure: à l’interpolation d'un côté et à la descente du bassin de l'autre. L'état du système nerveux ne peut donc pas permettre de démon- trer l’interpolation ou l’expolation d'une vertèbre. Quant à la preuve tirée du caractère des vertèbres, preuve dont certains auteurs ont (1) P. Erscer, Das Gefass-, und pheriphere Nerven syslem des Gorilla. Halle. Tansch. und Grosse, 1890, et Anal. anz., 1894. (2) D.-J. CunNINGHAM, Journ. of anat. and phys., vol. XI, p. 539. (3) HERRINGHAM, Proceed. of the roy. Soc., n° 249. 1887. (4) SHERRINGTON, Journ. of anal. and. phys., 892. (5) BARDEEN, American Journ. of anat., 1902. (6) BARDEEN et ELTING, Anal. anz.. 1901. — JHERING, GEGENBAUR, HUXLEY, etc., passim. COCCYX 351 largement usé, elle n’a pas grande valeur. Comment, en effet, affir- mer que dans une colonne à six lombaires, par exemple, les autres parties de la colonne étant normales, il y a eu intercalation de la vingtième vertèbre parce que toutes les vertèbres ont leur aspect habituel, sauf cette vingtième qui possède certains caractères des dor- sales et d’autres, des lombaires ? IX. D'après S. Varaglia (1) les anomalies de nombre par excès ou par défaut des vertèbres résultent, selon loute probabilité, de l’appa- rition ou de l'absence, chez l'embryon et sous l'influence de l’atavisme d'un ou de plusieurs segments de la moelle spinale. Dans cette théorie la segmentation de la colonne vertébrale mem- braneuse serait dirigée par celle de la moelle spinale. Pour la défendre, S. Varaglia a invoqué les arguments suivants : 1. Le développement des ganglions spinaux précède celui de la colonne vertébrale et la division des futures vertèbres indiquée con- séquemment par la série desdits ganglions, ainsi que l'ont établi Forster et Balfour ; 2. Les recherches de Froriep montrant que les arcs postérieurs des vertèbres qui n’ont aucun rapport avec ces ganglions ne se dévelop- pent pas; 3. Celles de Serres qui témoignent qu'il y a un rapport constant entre l’évolution de la chorde dorsale et celle de la moelle spinale ou axe nerveux dont le développement précède celui des futures ver- tèbres ; 4. La présence de corps vertébraux avec des apophyses transverses mais sans lames ou, en d’autres termes, d’un canal rachidien ouvert en arrière chez les monstres privés d'encéphale et de moelle ; >. Les observations faites par Jhering sur divers Verlébrés indi- quant que dans les cas d’irrégularilés numériques des vertèbres dans une des régions de l’épine, il est toujours possible de retrouver les vraies vertèbres en étudiant le plexus nerveux de la région. Deux cas d'anomalies de nombre des pièces osseuses du rachis qu'il a rencontrés et dans l’un desquels le rachis étant composé de 7 c., 12 th., 4 L., 5 s.et5 cocc.,il n’existait que 30 paires nerveuses au lieu de 51 (chiffre normal), par suite de l'absence d'une paire ner- veuse dans la région lombaire où manquait une pièce osseuse et dans l’autre, le rachis étant formé de 7 c., 12 th. et 6 1. dont la première avait une côte rudimentaire et 5 s., il y avait 32 paires nerveuses au lieu de 31, parsuile de la présence d’une paire de nerfs en plus dans la région lombaire qui possédait une pièce osseuse de plus. Après avoir étudié comparalivement chez le poulel le développe- (1) S. VARAGLIA, loc. cil. suprà, pp. 49 et suiv. 382 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE ment de la colonne vertébrale et celui de la moelle, Forster et Bal- four ont avancé, en effet, que les ganglions nerveux spinaux sont bien accusés quand :il n'existe encore aucune trace de vertèbres perma- nentes,mais que, dans le 5° jour,les lignes transparentes qui indiquent les limites antérieure et postérieure des protovertèbres disparaissent, de sorte que la colonne vertébrale se fond en massehomogène dans la- quelle la division des vertèbres n’est révélée que par la série des gan- glions spinaux qui sont à cette époque les parties les plus appa- rentes de chaque segment vertébral. Froriep a constaté, il est vrai, que, chez le poulet, les arcs cartila- gineux vertébraux sont rudimentaires au niveau des deux premiers nerfs cervicaux qui n'ont pas de racines postérieures et, par consé- quent, pas de ganglions,tandis que les arcs vertébraux sont bien dé- veloppés au niveau des autres nerfs cervicaux à chacun desquels est annexé un ganglion. Mais les faits signalés par Serres et qu'a rapportés S. Varaglia n’ont pas la valeur qu'il leur a attribuée. C’est Bartholin (De ossibus, liber VI) qui a, le premier, je crois, fait mention de la présence d’une queue chez le fœtus humain jusqu'au 3° mois de la vie intra-utérine et Serres, puis Is. Geoffroy-Saint-Hilaire (Ærstoire générale el particu- lière des animaux) qui ont soutenu qu'il y a un rapport entre l’ascen- sion de la moelle et l'absence et la réduction de la queue, la moelle descendant d'autant plus bas dans le canal vertébral que la queue est plus développée, et que c’est pour cela que l'homme, presque anoure, a une moelle très haute. L'’anatomie comparée ne confirme pas cette explication. Chez la plupart des Vertébrés inférieurs,la moelle, comme chez l'embryon humain, remplit tout le canal vertébral. Mais le plus grand nombre des Mammifères ont une moelle remontée dans la ré- gion lombaire, par conséquent un cône, un filament et une queue de cheval. Chez quelques-uns même elle finit dans la région dorsale. Les Oiseaux dont la queue est un organe de peu d'importance ont une longue moelle alors que les Singes à queue prenante, les Kangourous et certains Poissons à longue queue, ont une moelle courte. L'interpréta- tion est encore à trouver. Pour ce qui est des Dérencéphales dépourvus d’encéphale et de moelle cervicale et dont le crâne et la partie supérieure du canal rachidien sont largement ouverts, S. Varaglia a convenu spontanément lui-même « qu’on n’est pas autorisé à déduire de ces cas pathologiques la loi qui règle le mode de formation des change- ments qui adviennent, sous l'influence de l’atavisme, dans le rachis, puisque le mode de formation des éléments qui le composent fut peut-être troublé dès son début et aussi parce qu’il s’agit d'un pro- cessus morbide. Ces cas pathologiques indiquent seulement et d’une COCCYX 383 facon sommaire qu'entre les parties osseuses el nerveuses il v a un lien étroit ». La corrélation qui existait sur les deux sujets disséqués par l’anato- miste italien entre les variations numériques des os rachidiens et celles des paires nerveuses, plaide en faveur de la théorie de l’inter- calationet de l’excalation de Jhering, mais ne supprime pas les faits contraires à cette théorie que j'ai signalés. Qu'il y ait un certain rapport entre le développement du système osseux et celui du système musculaire et celui du système nerveux, que le développement des deux premiers puisse être influencé par celui du second qui naît avant eux, c’est la thèse que j'ai défendue dans les quatre volumes que J'ai publiés jusqu'ici sur les variations de l'appareil locomoteur de l'homme. N'ai-je pas établi que c’est en faisant appel à l’innervation d'un muscle nouveau ou d'un faisceau anormal d'un muscle constant qu'on peut arriver à les classer comme il faut ? N'est-ce pas en rappelant que les nerfs apparaissent avant les muscles et les os, que j'ai expliqué la perforation insolite de divers muscles, de divers faisceaux musculaires, de la clavicule, etc., par des filets nerveux ? N'’ai-je pas attribué à la diminution de la pres- sion excentrique du cerveau qui se monfre avant son enveloppeosseuse, le crâne, la fermeture précoce des sutures craniennes, la rarelé des os wormniens,etc.,chez les microcéphales, crétins et idiots,et à l’augmen- tation de la pression excentrique du cerveau, le défaut de soudure entre elles des diverses pièces qui entrent dans la composition de plu- sieurs os du crâne, la fermeture tardive ou la persistance, pendant toute la vie, de l’une ou l’autre des sutures craniennes, la multiplica- tion du nombre des os wormiens, elc., chez les brachycéphales et les hydrocéphales ! Malgré tout, il ne m'est pas possible de croire qu'il y a toujours une corrélation aussi intime que le prétend S.Varaglia entrel'évolution embryogénique des éléments osseux rachidiens et celle des ganglions spinaux et des nerfs auxquels ils sont annexés. Cette thèse est déjà infirmée par ce que j'ai dit précédemment de la théorie de l'intercala- tion et de l’excalation de Jhering. D'autres faits prouvent aussi que lorsque les ganglions spinaux augmentent ou diminuent de nombre,il n’en est pas constamment ainsi des pièces dures de l'épine. Le coc- cyx qui, pendant la vie fœtale, comprend 38 vertèbres avec autant de ganglions nerveux, perd ultérieurement la plupart d'entre elles, mais en conserve finalement davantage que de ganglions nerveux. En traitant des variations des vertèbres thoraciques en général, J'ai noté (Cf. Hémi- Vertèbre) que la présence d'une hémi-vertèbre n'est pas tou- jours accompagnée de celle d'une côte, ni de celle d’un ganglion spi- pal, ni de celle d'un nerf surnuméraire. À. Adamckiewicz enseigne 384 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE qu'il n'exisle 31 paires nerveuses que sur 19 p. 100 des sujets et que sur 81 p. 100 d’entre eux, plusieurs paires nerveuses n'ont qu'une ra- cine antérieure ou qu'une racine postérieure (1). Sur {00 sujets exami- nés pendant 6 ans à l’amphithéâtre de dissection de l’École de Méde- cine de Tours pour s'assurer du degré de fréquence d’apparition des anomalies numériques des vaisseaux et des nerfs intercostaux, il y en avait 79 dont un des premiers ou un des derniers nerfs intercostaux n'avait qu'une racine (42 une racine antérieure seulement et 37 une racine postérieure seulement) et 162 dont les artères et les veines intercostales supérieures ou inférieures manquaient ou nais- salent au nombre de deux ou trois par un tronc commun. Or, tous ces sujets avaient, chacun, 12 vertèbres thoraciques avec 12 paires de côtes. Je ne comprends pas, enfin, comment l’atavisme peut à la fois, comme le veut l'ancien presecteur du professeur Giacomini, détermi- ner tantôt une augmentation, tantôt une diminution des vertèbres. Est-ce qu'il n’est pas admis, en effel, en anatomie générale, que la perte de la queue et la réduction de la longueur de la cage thora- cique qui ont pour conséquence, l’une et l’autre, un raccourcissement du rachis et, a fortiori, une diminution du chiffre de ses parlies osseuses, constituent un progrès et l'allongement de la queue et de la cage thoracique, une réversion ? Qu'on invoque l’atavisme pour expliquer la multiplication des éléments osseux rachidiens, rien de plus légitime ; qu'on y ait recours pour justifier la disparition de quelques-uns, rien de plus opposé aux données scientifiques actuelles. Au demeurant, sauf la théorie de sacralisation de la dernière lombaire, résultant de l’ossification des ligaments fibreux et fibro-car- ülagineux qui l’unissent au sacrum, et qui n’est applicable qu’à un cas de varialion numérique apparente des vertèbres et sans significa- Uon morphologique, toutes les théories qui ont été émises sur le mode de production des variations numériques apparentes ou réelles des vertèbres, sont sujettes à caution ou insuffisantes, aussi bien celles qui sont basées sur la fluctuation de la limite des deux seg- ments vertébraux, le segment sus-sacré ou pré-sacré et le segment sacro-coccygien que celles fondées sur l’agénèse, l’hypergénèse ou la coalescence, etc., des vertèbres primitives dans l’un ou l'autre ou dans chacun de ces deux segments. La généralité d’entre elles nous laisse, de plus, dans l'ignorance des causes qui provoquent dans le processus évolutif embryonnaire du rachis, les désordres qui ont pour conséquence une augmentation ou une diminution du (1) A. ADAMCKIEWICZ, Virchow's Arch., Bd. LXXX VII, s. 388. SOCCEX 385 nombre des articles qui le composent, Ces causes ou, pour parler le langage scientifique, ces forces, inconnues encore dans leur essence, agissant, énlus où exlrà, sur le germe dès qu’il est fécondé, sont l'ata- visme et l'innéité. A la première doit être attribuée l'augmentation du nombre des éléments osseux de l’épine, qui est un retour en arrière ; à la seconde, la diminution du nombre des éléments osseux de l’épine qui est un progrès. Comme les autres organes humains la colonne vertébrale humaine est, en effet, pour moi dans un état d'oscillation permanente entre les varialions réversives et les varialions progressives ; aucune de ces régions n'est rigoureusement limitée, aucune d'elles ne saurait être définie par un caractère univoque et absolu. D'après le professeur Testut, on doit, d’une façon générale, considé- rer : comme vertèbres thoraciques toutes celles qui portent des côtes non soudées ; comme vertèbres cervicales, toutes celles comprises entre la première vertèbre thoracique et l’occipital et, comme ver- tèbres lombaires, toutes celles situées au-dessous de la dernière ver- ‘tèbre thoracique et ne présentant aucune connexion avec l'os coxal ; toutes les autres apparliennent au sacrum el au coccyx. Ce qui revient à dire que les vertèbres des trois premières régions se dis- tüinguent non pas tant par les caractères intrinsèques que par les côtes inobiles qui flanquent celles de la région moyenne. Mais non seule- ment l'ontogénèse, mais encore le phylogénèse donnent à croire que les côtes peuvent, en principe, exister sur toute la longueur de la co- lonne vertébrale ; il y a même tout lieu de supposer que telle était la disposition primordiale. Au cours de ce volume, j'ai établi que, des côtes rudimentaires, d'abord indépendantes, puis soudées se retrouvent dans les vertèbres cervicales et lombaires des Mammifères y compris l'homme. Il en est de même chez eux en ce qui touche le sacrum et vraisemblablement aussi le coccyx qui n’est qu’une agglomération de vertèbres dégénérées et soudées. Les serpents sont pourvus de côtes depuis la 3° vertèbre jusqu’à l'anus ; les crocodiles en ont de parfaitement articulées sur toutes les vertèbres du cou, y compris l’atlas ; on en remarque jusqu'au coccyx dans beaucoup de Reptiles où Amphibiens actuels ou fossiles. Et dans tous les Mammifères, sans en excepter l'homme, on en voit appa- raître ou mieux réapparailre là où il n'y en a pas d'habitude, au cou notamment. Mon vieux maître, le professeur Saturnin Thomas, a trouvé en 1865, sur un Moulon ordinaire (Ovis europæa) une longue apophyse transverse costiforme sur le côté gauche de la pre- mière vertèbre sacrée. En 1906 ,j'ai rencontré une malformation iden- tique, mais du côté droit, sur un Moulon d'Afrique (Ovis africana), En conséquence, la présence ou l'absence de côtes ne saurait caracté- VERTÉBRALE, 25 386 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE riser suffisamment une région vertébrale et la définition précitée du professeur Testut est loin d’être rigoureuse. IT est clair que les ver- tèbres du cou, c’est-à-dire de cette partie rétrécie comprise entre la têle et les épaules, auront beau présenter, normalement ou anormale- ment, des côtes annexes, elles n’en resteront pas moins cervicales ; de même, chez un Mammifère quelconque, voire chez l'homme, une vertèbre siégeant dans la face dorsale de l'abdomen, ne devra pas être appelée thoracique, par cela seul qu'une côte, plus ou moins rudimentaire, perdue dans la paroi du flanc, s’est jointe à l'une des apophyses transverses de cette vertèbre ou que l’une ou l'autre des apophyses transverses de cette vertèbre a acquis un développement exagéré. Il peut y avoir lieu de distinguer dans les Mammifères comme dans les Reptiles, des côtes cervicales, des côtes thoraciques, des côtes lombaires, etc. Seules les côtes thoraciques caractérisent les vertèbres thoraciques. Voilà qui est entendu ; mais la difficulté est de bien définir les côtes thoraciques. D'une façon générale,ce sont des arcs osseux, régulièrement disposés dans la paroi pectorale et consti- tuant par leur réunion cette cage appelée cage thoracique qui protège le cœur et les poumons. Malheureusement, cette définition n'est pas aussi précise qu'on pourrait le croire,et en présence de certaines irré- gularités, il est difficile d'assurer si telle ou telle côte peut être qua- lifiée de thoracique ou de cervicale, de thoracique ou de lombaire- L'insertion périphérique du diaphragme ne saurait être un repère de quelque valeur, car elle est variable ; l'état flottant ou fixe de l’extré- mité distale de la côte envisagée n'a pas plus d'importance, car il est fréquent de voir les dernières côtes, parfaitement caractérisées, perdre le contact de l’hypocondre ou bien la première côte perdre le con- tact du sternum. Quoi qu’en ait dit quelques auteurs, Goubaux notamment, le mode d'articulation des côtes avec le rachis n’a rien de fixe non seulement dans les diverses espèces animales, mais encore dans la même espèce animale, et il suffit pour en être convaincu de se reporter à ce que j'ai écrit des côtes cervicales el lombaires et des diverses variations des vertèbres thoraciques. Généralement la côte, je le rappelle, s’arti- cule avec la vertèbre correspondante au moyen d’une tête el d’une tubérosité (apophyse capitulaire et apophyse tuberculaire), mais l’une ou l’autre peut parfaitement faire défaut et parmi les Mammifères mème, les Célacés, entre autres, ont ainsi que je l'ai déjà noté (C£. 7° vertèbre cervicale, Analomie comparée), à la fois des côtes thoraciques diapophysaires et parapophysaires et des côtes thora- ciques diapophysaires. Et chez ceux qui n’ont que des côtes thora- ciques diapophysaires, chacune d'elles n’est pas nécessairement arti- culée avec le bout de l’apophyse transverse correspondante ; elle peut COCCYX 387 Jui être simplement unie au moyen d'un ligament ou d'un cartilage. Il est incontestable qu'une pareille côte constitue une transition entre les côles articulaires rachidiennes elles côtes abdominales, per- dues dans les flancs, dont j'ai parlé plus haut. Il peut arriver qu'une vertèbre soit mi-partie, par exemple, tho- racique d'un côté où elle s’articule avec une côte parfaitement con- formée, lombaire du côté opposé où elle offre une apophyse trans- verse du type lombaire; ou encore qu'elle soit pour ainsi dire ambiguë, ses apophyses ressemblant à celle des lombes alors que par tous ses autres caractères intrinsèques elle ne diffère pas d’une vertèbre thoracique. Une vertèbre, manifestement lombaire par ses apophyses transverses et par Lous ses caractères intrinsèques, pré- sente parfois à l'extrémité de l’une ou l’autre ou de chacune de ses apophyses transverses une côte, plus ou moins développée, flottante ou non. À la Jonction du thorax et des lombes, on peut noter la pré- sence d’une vertèbre demi-thoracique et demi-lombaire, trois quarts thoraciques et un quart lombaire, un quart thoracique et trois quarts lombaires, autant qu'il est permis de doser ces conformations hybrides, etc. Si par sacrum (1) on entend un ensemble de vertèbres plus ou moins synoslosées entre elles, compris entre les vertèbres lombaires et les vertèbres coccygiennes on est également obligé de convenir que les limites antérieure et postérieure de ce groupe vertébral sont peu stables. IT peut abandonner un de ses éléments ou emprunter un, voire même plusieurs au groupe lombaire ou au coccyx. Fautl, comme cela été proposé, ne considérer comme sacrées que les vertèbres en rapport avec les os coxaux ? L'insertion sur la colonne vertébrale des os coxaux par l'intermédiaire desquels les membres postéro-inférieurs prennent leur point d'appui sur cette colonne n'existe que dans les Verlébrés ayant des membres postéro-inférieurs. En énumérant les variations de la facette auriculaire du sacrum de l'homme, j'ai noté que l'étendue de cette facette varie dans les diffé- rentes espèces de Mammifères et même parfois dans chaque espèce. Chez toutes elle manque dans les premiers temps de la vie fœtale. (r (1) Le sacrum et le coccyx qui font défaut chez les Vertébrés d'un ordre inférieur, n'existent pas chez l'embryon humain en tant qu'organes autonomes. Le sacrum mème ne peut S'étudier comme pièce osseuse unique que chez l'homme adulte : avant 16 ans les vertèbres sacrées humaines sont encore distinctes; les synos- toses qui les unissent pour constituer le sacrum humain typique apparaissent tardivement et évoluent lentement. Le promontoire du sacrum humain n'est qu'ébauché au moment de la naissance, et à une époque donnée de la vie intra-utérine la courbe de la face ventrale du sacrum humain, se continue avec la courbe ventrale du reste de l'épine comme chez les Mammifères quadrypèdes. 388 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Au cours de ce volume j'ai montré, en outre, que le passage du cou au dos est susceptible des mêmes transitions ménagées que celui du thorax aux lombes. L'attache sur le rachis de la ceinture pectorale en avant de laquelle se trouve le cou, ne s'’observe que chez les Ver- lébrés les plus simples comme la /orlue et disparaît chez les autres. Elle n’a pas la même longueur dans tous et fait défaut dans les jeunes embryons de tortue. De sorte que la division de l’épine en trois régions : une région cer- vicale, située en avant de la ceinture pectorale; une région caudale en arrière de la ceinture pelvienne et une région intermédiaire ou tronc, ne s'applique pas, tant s’en faut, à tous les Vertébres. De tout cela et de l'étude des irrégularités numériques vertébro- costales humaines et animales, observées par les anthropotomisies et zootomistes français et étrangers et moi, la conclusion philosophique irréfutable suivante se dégage : la colonne vertébrale est essentielle- ment une et indivisible de la tête à l'extrémité de la queue et les régions qu'on a pris l'habitude d'y distinguer n'ont des limites ni fixes ni bien déterminées. D'un autre côté, il est intéressant de constater que la colonne ver- tébrale de l'homme a subi relativement à celle des autres Mammifères, le chimpanzé, le gorille, el l’orang exceplés, une réduction du nombre des pièces qui la composent. Sile chimpanzé et le gorille ont, en effet, chacun comme l’homme, 17 vertèbres dorso-lombaires (13 dorsales et 4 lombaires); et l’orang (1) 16 (12 dorsales et % lombaires), le g:bbon en a 18 (12 dorsales et 6 lombaires); les Cébiens et les Pithéciens en ont 19; les Nycpithèques, 22; les Lémuriens, 24; les Carnassiers, 20, ete. De plus, chez tous les animaux pourvus d’un cou, le nombre des vertèbres qui en forment la charpente demeurant, pour ainsi dire, invariable en dépit de son allongement ou de son raccourcissement (le porc et les Cétacés dont le cou est si court et la girafe dont le cou est si long ont, les premiers comme la seconde, 7 vertèbres cervicales) il s'ensuit que chez tous l’augmentalion du nombre des vertèbres dorso-lombaires et celle du nombre des vertèbres sacrées et coccygiennes, n’est pas compensé par une diminution du nombre des vertèbres cervicales. Enfin au bas de l’échelle des Vertébrés, chez les Reptiles et les Pots- sons, le nombre lotal des os rachidiens dépasse 200 chez le Coluber natrix el les Anguilles et plus de 400 chez le Python et les Requins, et il est rare de trouver, parmi eux, deux sujets qui en possèdent le mème nombre. L'augmentation du nombre des articles de la colonne (1 Bugnion attribue, je le rappelle (cf. Verlèbres lombaires en général, et Sacrum, Variations du nombre des vertèbres, Anatomie comparée) six vertèbres sacrées à l'orang, de sorte qu'il aurait le même nombre totale de vertèbres que l'Homme, le chimpanzé et le gorille. COCCYX 389 vertébrale constitue donc un caractère d'infériorité. Il en est de même de celle des côtes d’où résulte un agrandissement dans le sens cranio-caudal de la cage thoracique (1). Inversement, la diminution du nombre des articles de la colonne vertébrale et celle des côtes qui a pour conséquence un raccourcissement dans le sens cranio-caudal de la cage thoracique (2) constituent un caractère de supériorité. Pour le rachis, de même que pour les autres organes, les deux espèces de variations anatomiques ayant une signification morpholo- gique précise, les variations anatomiques réversives et les variations anatomiques progressives pour lesquelles jecombats depuis de longues années, ne sont pas, qu'on le sache bien, un mythe. Ceci étant, il est évident qu'on doit placer à l'origine des variations numériques des vertèbres, l’atavisme et l'innéité: à l'origine des variations numériques par excès ou réversives, l’atavisme et à l’origine des variations numériques par défaut ou progressives, l’innéité (3); que ces variations numériques apparaissent dans l'un ou l’autre ou dans chacun des deux segments vertébraux, le segment sus-sacré ou pré-sacré et le segment sacro-coccygien soit par fluctuation de la limite de ces deux segments, soit par agénèse, hypergénèse ou coales- cence, etc., des vertèbres primitives dans l’un ou l’autre ou dans cha- cun de ces deux segments. VARIATIONS DE DIRECTION ET ASYMÉTRIE. — Le sommet du coccyx est symétrique chez le fœtus et dans les premiers mois qui suivent la naissance; mais 1l ne l’est plus chez l'adulte par suite de la déviation du tubercule qui représente la 4° ou la 5° vertèbre; ce tubercule se porte indifféremment, du reste, dans toutes les directions. Quelque- fois aussi le tubercule qui correspond à la 3° vertèbre offre une dévia- tion analogue. Dans certains cas, l'os entier forme un angle droit et mème un angle aigu avec le sacrum. (Pour détails complémentaires, voyez Sommet du coccyx:.) VARIATIONS DE STRUCTURE. — Cette structure dépend de la facon dont chacune des pièces dont est composé le coceyx est unie aux (1) Cf. 7° vertèbre cervicale, Côtes cervicales, Anatomie comparée et 5° vertèbre lombaire, Côles lombaires, Anatomie comparée. (2) Cf. plus loin Conclusions générales. Le lapin, le dromadaire, le bison, le maki de Madagascar, etc., ont comme l'homme et l'orang, 12 paires de côtes, mais aucun de ces animaux n’a, comme l'homme et l'orang,S paires de côtes et 5 paires de fausses côles dont 3 fixées et 4 flottantes. Les deux dernières fausses côtes de l’orang sont plus longues que celles de l'homme. (3) J'en excepte, bien entendu, les variations numériques dues à la sacrali- sation de la dernière vertèbre lombaire et qui n'ont aucune signification morpho- logique. 390 TRAITÉ DES VARIATIGNS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE pièces voisines. D'ordinaire, les deux ou trois dernières pièces sont ankylosées entre elles, la première demeurant libre. Parfois la première et la deuxième, fusionnées entre elles, sont articulées avec les autres pièces confondues en une seule. Accidentellement encore, il advient que la première pièce soudée au sacrum est articulée avec les autres pièces n'en formant qu'une. A la fin de la vie, toutes les vertèbres coc- cygiennes peuvent être soudées entre elles et au sacrum. « L’articulation de la première avec la deuxième pièce est la seule qui se maintienne jusque dans un âge avancé. Elle jouit quelquefois d’une grande mobilité », a écrit Cruveilhier (1). De fait, au lieu d'être constituée, de même que les autres articula- tions intercoccygiennes par une amphiarthrose qui se transforme peu à peu en synarthrose, l’articulalion de la première et de la deuxième coccygiennes peut être représentée par une diarthrose avec une cap- sule fibreuse orbiculaire, une synoviale et dont les mouvements peu- vent être portés assez loin pour que les deux éléments osseux qui entrent dans sa composilion limitent entre eux un angle droil, ren- trant en arrière, saillant en avant. J'ai trouvé ce monde de conforma- lion : sur un Angevin de 43 ans, dont tous les muscles du périnée élaient normaux, sur un Tourangeau de 27 ans et une Tourangelle de 61 ans dont le premier avait, à droile et à gauche, un muscle fémoro- coccygien el la seconde, un muscle cruro-coccygien et muscle sacro- coccygien postérieur, à droite (2). Cette mobilité de la seconde articulation inter-coccygienne explique la possibilité d’une luxation inter-coccygienne, comme la soudure de toutes les coccygiennes entre elles rend possible une fracture du coc- cyx pendant le travail de l'accouchement. Considérant comme régulière l'autonomie de la première coc- cygienne, Poirier, à l'inverse des autres anatomistes, a décrit deux pièces séparées au coccyx : « l'une, large, aplatie qui fait suite au sacrum, l’autre composée de deux ou trois tubercules superposés », C'est sur mon avis el après avoir pris connaissance des statistiques relatés ci-après que mon regretté collègue et ami a cru devoir pro- céder ainsi. Sur 86 rachis d'adultes, Steinbach (3) a constaté, en effet : 18 fois la présence d'un disque fibro-cartilagineux entre la 5° sacrée et la 1"° coccygienne, la 1e et la 2 coccygiennes, et la 2e et la 3° coccygiennes. CRUVEILHIER, loc. cil. suprà, t. I, p. 392. ) Cf. mon Trailé des variations du système musculaire de l’homme, t. I, Muscles du périnée. (3) STEINBACH, Die Zahl der Caudalwirbel beim Menschen. Berlin, 1889. (1 (2 COCCYX 391 26 fois la présence d’un disque fibro-cartilagineux entre la 5° sacrée et la 17° coceygienne, | la 1° et la 2° coccygiennes. 19 — — e entre la 4° et la 2° coccygiennes et entre la 2° et la 3° coccygiennes. 12 — — — entre la 4'° et la 2° coccygiennes. Sur 146 cadavres d'Italiens dont 52 seulement élaient morts avant 4o ans, Bianchi (1) en a trouvé 133 sur lesquels la 2° coccygienne était séparée de la 1°° par un disque fibro-cartilagineux et 62 où un disque fibro-cartilagineux était également intercalé entre la 2° et la 3° coc- cygiennes. - Sur les 200 coccyx de Tourangeaux et de Tourangelles, décédés après l'adolescence et dont j'ai gardé la colonne vertébrale, il y en avait 177 où la 2° pièce du coccyx était isolée de la 1°° par un disque fibro-cartilagineux et 84 où un disque fibro-cartilagineux était inter- posé aussi entre la 3° pièce du coceyx et la 2°. Au total, sur 432 rachis d’Allemands, d'Italiens ou de Français adulles et âgés, il y en avait 385, soit 88,2 p. 100 où il existait une articulation amphiarthrodiale entre le 1°" et le 2° éléments osseux coc- cygiens et 180, soit 42,3 p. 100, où il en élait de même entre le 2* et le 3°. A l'état normal, le coccyx est donc constitué par deux segments osseux dont le supérieur tend à se fusionner plutôt avec le sacrum qu'avec l'inférieur. ANATOMIE COMPARÉE. — Dans ses Éludes sur la constitution des ver- lèbres caudales chez les Primates sans queue, Broca (2) a montré que : I. Des deux segments osseux dont est composé le sacrum, le seg- ment articulé avec les os iliaques et le segment qui n’est par articulé avec les os iliaques, le dernier fait partie intégrante de la queue ; IT. Tandis que la soudure entre elles des vertèbres qui correspon- dent aux os iliaques, est intrinsèque et nécessaire, celle des vertèbres suivantes est éventuelle et dépend de circonstances extrinsèques. De sorte que Broca a appelé sacrum fondamental ou nécessaire le segment du sacrum articulé avec les iléons, sacrum complémentaire le segment du sacrum qui n'est pas articulé avec les iléons, et vraies verlèbres caudales les vertèbres composant le segment du sacrum arliculé avec les iléons, verlèbres sacrées accessotres les vertèbres for- mant le segment du sacrum non articulé avec les iléons et qui aug- mentent la longueur du sacrum aux dépens de la longueur de la queue, et fausses vertèbres caudales, les vertèbres coccygiennes. (1) Braxcui, Afli d. R. Accad. d. Fisiocrilici. Siena, 1894-1895. (2) Broca, Revue d'Anthropologie, t. 1, Paris, 1872. 392 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Si la division du sacrum en sacrum fondamental ou nécessaire ei en sacrum complémentaire est très claire, les dénominations appli- quées par le fondateur de la Société d’Anthropologie de Paris aux vertèbres sacrées et coccygiennes dont l'ensemble constitue la queue prêtent matière à confusion. Et c'est pourquoi le professeur Bianchi a nommé le segment du sacrum qui n’est pas articulé avec les os iliaques segment faux-sacro-caudal, les deux dernières vertèbres du sacrum qui ne s’arliculent pas, d'ordinaire, avec les os illaques vertèbres fausses-sacro-caudales et les vertèbres qui sont situées au-dessous d'elles vertèbres caudales ou coccygiennes, et pourquoi aussi le profes- seur Bartels (1) a nommé les deux vertèbres sacrées qui n’entrent pas dans la constitution des articulations sacro-iliaques, vertèbres sacrot- dales. Sans doute, Broca a entendu désigner par vraies vertèbres cau- dales celles sur lesquelles le canal rachidien se prolonge tantôt sous la forme d'un canal complet, c’est-à-dire celles pourvues d'un arc complet, tantôt sous la forme d’une gouttière plus ou moins pro- fonde aliàs celles dont l'arc vertébral est plus ou moins ouvert en arrière, celles qui, au point de vue de leur constitution anatomique aussi bien qu’au point de vue de leurs fonctions, méritent le nom de vraies vertèbres, — et par fausses verlèbres caudales, celles qui sont réduites ou presque à leur corps, parfois si déformé, qu'elles sont plus longues que larges, plus ou moins cylindriques et qui ressem- bleraient plutôt à des phalanges qu'à des vertèbres n'était le disque cartilagineux qui les unit bout à bout et qui est certainement l’ana- logue des disques intervertébraux du tronc. N'empêche que les unes et les autres sont des vertèbres et qui, plus est, les unes et les autres des vertèbres caudales. Dans les espèces animales pourvues d’une grande queue, la transition entre les unes et les autres ne s'effectue que graduellement et il est bien difficile parfois de dire exactement où finissent les unes et où commencent les autres et, accidentelle- ment, dans l'espèce humaine, les dernières sacrées et la première coc- cygienne ont un trou vertébral analogue à celui des premières sacrées. Je n'insiste pas. À quoi bon?Il ne s’agit là que d'une question de mot. Ce qui est plus intéressant, c’est que Broca a noté que l’atrophie graduelle de la queue chez les Anthropoïdes et chez l'homme est en rapport avec la nécessité de fournir dans la station verticale, une paroi plus fixe et plus résistante aux viscères du bassin ; que l'arrêt de développement des vertèbres caudales extrêmes est la conséquence (1) BARTELS, Arch. f. Anthrop., 1884. Pour de plus amples détails voy. l'ouvrage sur les Velus (Hypertrichose caudale) que j'ai publié en 1912, en collaboration avec un de mes anciens élèves, le docteur F. Houssay, de Pont-Levoy. COCCYX 393 de la transformation du premier segment caudal (sacrum complémen latre), qui, devenu immobile, prend part à la constitution de la paroi posléro-inférieure du petit bassin et concourt ainsi à fixer le rectum et à empêcher la chute de l'intestin grêle que la pesanteur, dans la station verticale, tend à faire descendre dans la cavité pelvienne. « C'est donc à tort, a-t-il ajouté dans ses conclusions, qu'on a dit et que j'ai répété à mon tour, dans la discussion sur le transformisme, que le fait de la présence ou de l'absence d’une queue extérieure n'avait aucune importance zoologique. L'absence de queue chez l'homme et les Anfhropoïdes ne peut donc plus être considérée comme un caractère purement sériaire (1) indifférent ; elle doit être considé- réè comme un caractère de perfectionnement, car elle prend place au nombre des dispositions ostéologiques qui sont en rapport avec l'attitude bipède. » « Il est fréquent, a écrit de son côté Huxley (2), de rencontrer chez l’homme une soudure du corps et des apophyses transverses de la 1 coccygienne au sacrum, en rapport avec un développement plus grand des parties ligamenteuses et musculaires et qui doit êlre consi- dérée comme un caractère de perfectionnement. » Si pour Huxley, il y a, en effet, comme pour Broca, une corrélation indéniable entre l'attitude verticale ou oblique des Primates supérieurs (hommes et Anthropoïdes) debout ou assis et la conformation de leur sacrum et de leur coccyx, cette conformation est déterminée principalement par l’action des ligaments et des muscles (ligaments sacro-sciatiques, et muscles grands fessiers) qui se fixent sur eux. Pour Bianchi, enfin : 1° La région caudale de l'homme est représentée par les parties osseuses siluées au-dessous des trois premières vertèbres sacrées sacrum nécessaire de Broca) ; 2 Cette région a subi de son extrémité urale vers son extrémité acrale, un processus de réduction aussi bien au point de vue du nombre de ses pièces conslituantes —!bien plus nombreuses avant la naissance qu'après) — qu'au point de vue de la configuration des dites pièces , (1) Broca, Mém. d'anthrop., t. II, p. 193, 274, 282. Broca a divisé les carac- tères d'évolution en deux ordres : savoir les caractères de perfectionnement et les caractères simplement sériaires, les premiers de nature à donner une cer- taine supériorité à un être vivant, s’expliquant incontestablement par la doc- trine darwinienne ; les seconds, quoique se développant par degrés dans la série des êtres vivants, ne nous montrant pas cependant une utilité fonction- nelle évidente. « Mais de ce que le rôle qu'ont pu jouer ces derniers dans la concurrence vitale nous est inconnu jusqu'ici, il n’est pas impossible, a-til sagement remarqué, qu’on le découvre tôt ou tard. » (2) Huxzey, Manuale d'anal. d. animali vertebrali, p.33$. (Sdentati). Firenze, 1874. 394 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE 3° Les dernières traces de ce processus de réduction sont accusées sur les pièces du premier segment caudal (sacrum complémentaire de Broca) et aussi sur celles du second (vertèbres coccygiennes) par dé- faut de réunion entre elles des lames vertébrales ; 4° La constitution d'un faux-sacro-caudal auquel s’unit souvent la première vertèbre coccygienne doit être attribuée à la station verti- cale et à l'action qu'exerce sur les vertèbres caudales les ligaments et les muscles qui président à la station verticale ; 5° La synostose de la 1°° coccygienne et du faux-sacro-caudal n’est pas une disposilion embryonnaire et ne se rencontre pas normale- ment chez les Anthropoïdes ; elle est la conséquence de la station droite et provoquée par l’action des muscles et des ligaments ; 6° La soudure complète de la 1°e coccygienne au sacrum doit être considérée comme un caractère de perfectionnement du sacrum hu- main ; 7° Presque toujours la 1"° pièce du coccyx est séparée de la seconde par un disque cartilagineux alors que les pièces situées au-dessus et celles situées au-dessous de la 1° pièce coccygienne sont ankylosées ; 8 Un critérium pour la division de la région caudale humaine en faux-sacro-caudale et coccygienne, est fournie par la persistance de la mobilité entre les deux premières pièces coccygiennes. La soudure des premières vertèbres caudales entre elles pour former un sacrum complémentaire auquel est uni la première vertèbre coccygienne et le sacrum nécessaire constitue, sans conteste, en offrant des surfaces d'insertion fixes, très solides el étendues, aux ligaments sacro-sciatiques et aux muscles grands fessiers, un mode de conformation éminemment favorable à la production et au maintien de l'attitude verticale ou oblique. Je ne puis cependant y voir un ca- ractère essentiel de la station bipède. Divers Quadrupèdes (1\ ont un sacrum complémentaire inséparable du sacrum nécessaire et de la1"* vertèbre coccygienne. Les Chéiroptères, Mammifères volants classés immédiatement après les Primales, ont un sacrum dont chacun des bords latéraux est articulé seulement dans son tiers supérieur avec l'os des îles correspondantes. A l'extrémité même de l'échelle des Mammifères monodelphiens, chez les Édentés ou Brules,un certain nombre de vertèbres caudales antérieures sont toujours soudées ensemble et avec les vraies vertèbres sacrées pour composer un long sacrum. Ce qui distingue le sacrum humain de celui des animaux,ce n’est pas tant sa division en sacrum nécessaire et en sacrum complémentaire que sa largeur, sa concavité antérieure (1) Cf. SABATIER, Comparaison des ceintures et des membres anlérieurs et posté- rieurs dans la série des Vertébrés. Montpellier, 1880. COCCYX 395 et l'angle saïillant en avant qu'il forme avec la colonne lombaire, par- ticulièrement en rapport avec la courbure de cette colonne et la sta- tion bipède. Le sacrum des Anthropoïdes n'est pas arqué et prolonge le rachis en ligne droite ; sa longueur excède toujours sa largeur alors que la largeur de celui de l'homme égale sa longueur ou la dépasse. Si les lombes de l’homme ont subi une réduction, son sacrum volu- mineux (1), massif (2), implanté comme un coin entre les os iliaques, a évolué en sens inverse. Il m'est également impossible d'admettre,avec Broca et Topinard, que la première vertèbre coccygienne fait partie intégrante du sacrum parce qu'elle offre un rudiment d'arc vertébral que ne présentent pas les autres vertèbres coccygiennes, qu'elle demeure souvent indépen- dante d’elles,tandis qu'elle s'unit fréquemment au sacrum et que c’est par conséquent, à son niveau que se termine le canal rachidien. La preuve que la région caudale s’étend en deçà de la 1° coccygienne c'est : 1° Qu'il n'est pas rare, comme l’a montré Gegenbaur, de rencontrer une 2° paire nerveuse caudale ; 2 Que Rauber a découvert une dernière paire nerveuse unie au filum terminale, munie d'un ganglion ; 3° Que l'artère sacrée moyenne (artère caudale des animaux) ne se termine qu'au-dessous du sommet du coccyx dans l'épaisseur de la glande coccygienne (3). Ù Absorbé par ses recherches sur l’encéphale, sur les circonvo- lutions cérébrales, par ses nombreux travaux de craniométrie, Broca n'a fait que quelques rares excursions sur le domaine de l'embryologie. Il a été très surpris des variations organiques que, dès 1876, je lui ai montrées. Et ainsi s'explique comment il a pu sup- poser, d’une part, que la présence d'un rudiment d'arc neural constitue une différence morphologique essentielle entre la 1° et la 2 coccy- giennes, et ignorer, d'autre part, que la région caudale humaine tout entière est soumise, à partir d'une certaine époque de la vie intra-uté- (1) Aucun animal n'a proportionnellement les deux premières vertèbres sacrées aussi volumineuses que l'homme, parce que l’homme seul a une attitude verti- cale. Chez les Serpents el les Poissons, les vertèbres vont en diminuant de la tète à la queue. (2) Les Anfhropoïdes dont l'attitude est oblique ont, je le rappelle, un sacrum dont les vertèbres sont moins fortement soudées entre elles et plus souvent défectueuses que celles du sacrum humain. (3) En s'appuyant sur les connexions de cette glande ou pseudo-glande avec l'artère sacrée moyenne et sur les données de l'anatomie comparée, on est obligé de la considérer comme un reliquat des branches spinales de la sacrée moyenne ; ces branches se sont atrophiées en même temps que remontait la moelle caudale à laquelle elles se distribuaient. 396 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE rine, à un processus de réduction ascendant (1), que la 2° coccygienne revêt généralement les caractères de la 1° quand celle-ci est sondée au sacrum, etc. Mais si la persistance sur la généralité des sujets et jusqu'à un âge avancé de la vie, de la mobilité de l'articulation que formela 1"° coccy- gienne avec la 2° ne résulte pas de ce que la 1"° coccygienne appartient au sacrum auquel elle s’unit si souvent à la fois par son corps et par ses cornes pour fournir des surfaces d'insertion plus étendues aux museles et aux ligaments qui sont les principaux agents de la pro- duction et du maintien de l'attitude verticale humaine, quelle est donc la cause de la mobilité de l'articulation susdite ? Je ne puis émettre à cet égard qu’une hypothèse. Que vaut-elle? L'avenir le dira. Au mo- ment de l'expulsion du fœtus, le coccyx de la femme est exposé à une violente pression de haut en bas et de dedans en dehors, qui provoque parfois, ainsi que je l’ai déjà noté précédemment, une fracture de l'os ou une luxation de l’articulationque forme la 1"°coccygienne avecla 2°. Celte pression, exercée depuis un temps immémorial sur le coccyx de chaque femme sur le point d’accoucher, a dû finir par entraver la fusion des dernières pièces coccygiennes perdues au sein des parties molles et se déplaçant aisément et la 1° pièce coccygienne, solide- ment attachée au sacrum. Acquise peu à peu,la mobilité médio-coccy- gyenne a pu, enfin, devenir héréditaire dans l'un et l'autre sexe. Toujours est-il que cette mobilité est constamment moins accusée chez l’honime que chez la femme et chez la femme non-gravide que chez la femme gravide dont toutes les articulations du bassin sont ramollies.Bien que normale,celte mobilité s'observe,en outre plus com- munément dans le sexe féminin que dans le sexe masculin. 92 de mes 177 cas de persistance de l'articulation médio-coccygienne longtemps après l'adolescence ont été observés par moi sur 100 rachis de Tou- rangelles et 85, sur 100 rachis de Tourangeaux. VARIATIONS DE FORME.— De même que celles du sacrum elles sont subordonnées à celles qu'offrent chacune des faces.chacun des bords, la base et le sommet de l'os et qui vont être indiquées successivement ci-après. (1) Selon Broca, l'atrophie des vertèbres caudales qui amène la disparition de la queue, s'opère de trois façons différentes dans les Primales : L'atrophie est générale et à peu près uniforme (type du cynocéphale nègre); L’atrophie procède de l'extrémité de la queue vers sa base, et porte principa- lement sur le segment terminal (type du magot); Elle procède en sens inverse, et porte principalement sur le segment proximal (type de l’homme). COCCYX 397 FACE ANTÉRO-SUPÉRIEURE,OU PELVIENNE.— Os cHEvRON. —Le:7 mars 1891, entraitant, à mon cours, de l'aorte abdominale, je m'aperçus que sa branche terminale moyenne, l'artère sacrée moyenne offrait vers son extrémité distale une dispositioninsolite, sur le cadavre servant à la démonstration. Plus développée que d'ordinaire, l'artère sacrée moyenne ou caudale s'engageait au-dessous du sommet du sacrum dans une espèce de tunnel osseux.Sans tarder et avec l'aide de mon prosecteur le docteur Maurice, aujourd'hui médecin à Richelieu (Indre-et-Loire), et en présence des autres étudiants, je disséquai la région anormale et je constatai que du bord droit de la face antéro- Os chevrons. a. b, chez l'homme. a, b, e, d, e,chez le Papion ne k £ Cynocephalus sphinæ). c, première verlèbre coccygienne ; (Cy P F — d, deuxième vertèbre coccy- Premières vertèbres libres de la queue. gienne; — e, troisième vertèbre coccygienne ; — f, quatrième vertèbre coccygienne. supérieure du corps de la 1° vertèbre coccygienne naissait une expan- sion osseuse aplalie, mince, rugueuse, qui s’unissait, au niveau du plan sagittal médian où existait un léger renflement, à une expansion osseuse analogue émanant du bord gauche de la même face. Un arc osseux, dont la cavité regardait en arrière et en bas était annexé éga- lement à la face antéro-supérieure du corps de la seconde vertèbre coccygienne. L'artère sacrée moyenne traversait ces deux demi- anneaux contigus, mais indépendants l'un de l’autre et se Lerminail dans la pseudo-glande coccygienne, très hypertrophiée (1). (1) Sur des coupes microscopiques de cette pseudo-glande durcie dans l'alcool, la gomme et une solution saturée d'acide picrique, j'ai pu m'assurer nettement de sa nature vasculaire, niée par plusieurs histologistes. 398 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Le cadavre dont le coccyx présentait, du côté de l'excavation pel- vienne, ces ponts osseux élait celui d’une fille soumise Z. R..., orphe- line, tuberculeuse, décédée à l’âge de 23 ans, le 17 mars 1891, à la salle 15 de l'Hôpital général de Tours. Ea plus de l'anomalie dont je viéns de faire mention on y découvrit ultérieurement diverses autres malformations importantes : la naissance par un tronc commun de l'artère carotide primitive de la sous-clavière droite et de l'artère caro- tide primitive gauche, une artère ophtalmique droite provenant par deux branches de la carotide interne et dont l’une passait par le trou optique, l’autre par la fente sphénoïdale ; un lobe impar pulmonaire ; un dédoublement du tubercule mamillaire gauche; une fénestration de la partie centrale de l'omoplate ; la bifidité du sommet de l’apo- physe odontoïde de l'axis , une 7° côte cervicale rudimentaire gauche et un muscle cléido-occipital, à droite et à gauche. En 1893, au mois d'août, à Paris, le naturaliste Tramond me fit don du coccyx d’un nègre africain, mort d'une pleurésie deux ans aupa- ravant à l'hôpital Cochin et sur lequel il ne put me fournir aucun renseignement. Cet os qu'il avaitgardé à mon intention, était pourvu d’un arc osseux, assez grêle à sa partie moyenne, etfixé, par chacune de ses extrémités, sur la face antéro-supérieure du ÉOÈp de la 1e vertèbre coccygienne. Depuis le chirurgien-capitaine R. Havelock a fait, enfin, mention en ces termes (1) d’un coccyx qu'il a trouvé parmi 30 coccyx d’indi- gènes du Penjab, dont 27 d'hommes et 3 de femmes : « One very intersting peculiarity (Shown in Photo 12) is of an arch of bone on the anterior surface of the Ist coccygeal vertebra of the nature of a hœ- mapophysis. It had passing under it the end of the middle sacral artery and seems to be a hypapophysis similar to the chevron bones of the lower animals... Une très intéressante particularité (voy. Pho- to. 12) est la présence sur la face antérieure de la 1"° vertèbre coc- cygienne d’un arc osseux de la nature d'une hœmapophyse. L'extré- mité terminale de l'artère sacrée moyenne passe au-dessous de cet arc osseux qui ne semble être qu'un kypapophyse semblable aux os chevrons des animaux inférieurs. » ANATOMIE COMPARÉE.— Tout indique, en eftel, que la variation coc- cygienne décrite ci-dessus et à laquelle personne, que je sache, n'avait fait attention avant moi, n’est que la reproduction, dans l'espèce hu- maine des chevrons bones des zoologistes anglais,alràs des os sous-ver- lébraux en coin ouen V, de van Beneden; des os hypsiloïdes de Gou- baux, elc., qui,dans les Mammifères monodelphiens, semblent corres- (1) R. HAvELOCK, loc. cit. suprà, p.72 COCCYX 399 pondre aux hypapophyses de l'anatomie ornithologique et de l'ana- tomie herpétologique. Chez beaucoup d'Oiseaux le corps des premières et des dernières vertèbres cervicales présente en dessous une paire d'apophyses ou crêtes opposées aux lames ventrales et qui peuvent acquérir un grand développement. Chez le Pélican, le fou de Bassan, etc., ces apophyses s’inclinent en dedans et se rejoignent surla ligne médiane de manière à constituer une apophyse épineuse et à former sous les corps verté- braux un conduit ventral ou sous-rachidien. Dans les Lacertiliens, sauf dans quelques-uns tels que les Geckos, un arc hœmal composé par un os en V, relativement grand, est sus- pendu au bord postérieur de la face inférieure du centrum des ver- tèbres de la partie antérieure de la queue et non dans les intervalles des vertèbres adjacentes. Ainsi que dans les Geckos, de gros os che- vrons sont articulés entre les corps des vertèbres caudales des Lézards du Rupferschiefer de la Thuringie (Protosaures). Les lézards des terrains crétacés d'Europe et d'Amérique, les Mosasaures, ont un os chevron attaché au milieu de la face inférieure du centre de cha- cune des vertèbres caudales. La région caudale du rachis des Ze{hyosaures se reconnait à l'os chevron attaché au-dessous du corps de chacune des pièces osseuses rachidiennes les plus distales et un os en coin est fixé au bord postérieur du corps de chacune des pièces osseuses rachidiennes des Crocodiles, sauf à celui du corps de l'atlas et à celui du corps de cha- cune des pièces osseuses caudales plus postérieures. A la partie infé- rieure du centrum d’un certain nombre des éléments durs de la colonne vertébrale des Ophidiens, on trouve une petite apophyse ; dans la région caudale de ces Repliles il existe même de vraies hæmapophyses, mais qui au lieu de constituer,comme chez la plupart des autres Reptiles, des os en V, consistent en une paire de stylels divergents. Les vertèbres de la queue de l'Zquanodon et celles du Ceratosaurus (Dinosaurien carnivore théropode) ont des os chevrons. Des os en V. très forts, se remarquent entre les marges ventrales des centres successifs des vertèbres caudales des Pléisiosaures. Les arcs hœæmaux ou apophyses ventrales qu'offrent les vertèbres coccygiennes de la Salamandra perspicillata sont couchés les uns sur les autres comme les parties d'une cuirasse (1). La plupart des Mammifères à longue queue et quelques Mammifères à courte queue (l'Hystrix europæa, l'Hystriæ javana, etc.) ont sur un plus ou moins grand nombre de leurs vertèbres coccygiennes, sui- (1) Ces prolongements ventraux ne sont, en aucune façon, des apophyses transverses ou des côtes modifiées, car ces trois pièces peuvent exister simul- 400 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE vant que le développement du coccyx est plus ou moins considérable, de fortes apophyses épineuses inférieures, qui sont situées entre chaque couple de corps vertébraux. Elles l'emportent souvent en lon- gueur sur les supérieures et se montrent quelquefois sur des vertèbres privées des supérieures. « Elles sont, a écrit J.-F.Meckel (1), ordinai- rement ouvertes à leur partie supérieure,de sorte que leur forme peut être comparée, à juste titre, à celle d'un V. » Ellesont cette confor- mation chez l'Ouateri-ouassa où Tamanoir (Myrmecophaga jubata), le Tatou à six bandes ou Encoubert (Dasypus sexcinctus), les Pango- lins, l'Alungu ou Pangolin de l'Inde (Manis pentadaclyla), le Quogolo (Manis africana) le Pangulling où Tchin chian-kapp (Manis java- nica), etc. Parmi les Célacés où on considère, en général, comme première caudale, celle qui précède les os en V abritant l'aorte cau- dale, ces os au nombre de 12 (Mégaptères,[nia, certains Physétérides) à 30 (Lagenorhyncus) suivant les espèces. s'appuient, d'ordinaire, sur deux vertèbres. Les 20 premières vertèbres caudales du Lamentin, les 6 ou Spremièresdes 21 vertèbres de la Rhytine qui suivent les vertèbres lombaires et sacrées sont pourvues d'os chevrons.Il en est de même des huit premières pièces osseuses coccygiennes des Hystricidés.Les vertè- bres du coccyx du lapin,du chien, du chat sont très fortes et très tubé- reuses. Les cinq ou six premières sont aussi parfaites que les vraies vertèbres et se comportent absolument comme elles. Les dernières sont de petits os en forme de V que Goubaux a décrits sous le nom d'os hysiloïdes. Les Cynamorphes du groupe des Simiades catarrhintens, les Semno- pithèques, les Cynocéphales, les Colobes, etc., ont des os en coin implantés sur les premières caudales. Ces productions osseuses font défaut chez les Anthropoïdes qui sous ce rapport encore se rappro- chent davantage de l’homme que des Singes quadrupèdes. FACE POSTÉRO-INFÉRIEURE OU CUTANÉE. — ABsENCE DES RUDIMENTS DE L'ARC DE LA PREMIÈRE VERTÈBRE. — En plus du prolonge- ment latéral appelé grande corne, correspondant à l'apophyse trans- verse des vertèbres des autres régions, la première vertèbre du coc- cyx présente, en arrière et de chaque côté, un rudiment d'arc. Sur 4 des 100 coccyx de Tourangeaux et 3 des 100 coccyx de Tourangelles, soit sur 3,9 p. 100 des 200 coccyx de Tourangeaux et de Tourangelles que j'ai examinés, cette faible trace d'arc faisait défaut et la pre- mière vertèbre coccygienne était aussi plate en arrière qu’en avant. tanément sur les deux ou trois premières vertèbres caudales et on observe mème, jusque sur les dernières vertèbres caudales, des traces des apophyses transverses. (1) J.-F. MECKEL, Trail. d’anat. comparée, cit., t. III, p. 370. COCCYX 401 PRÉSENCE D'UN ARC RUDIMENTAIRE SUR LA SECONDE VERTÈBRE. — ()n sait que dès que la 1° coccygienne et la 5° sacrée tendent à se fusion- ner, la 1" coccygienne tend à prendre les caractères de la 5° sacrée et la 2 coccygienne ceux de la 1°, c'est-à-dire à posséder des grandes et des petites cornes et un rudiment d'arc vertébral. Sur un ataxique, décédé le 20 juin 1882 à la salle 12 de l'Hôpital général de Tours et dont la colonne vertébrale était normale et le coccyx composé de quatre pièces dont la première était libre, j'ai vu la seconde pièce pourvue d'un arc rudimentaire. ANATOMIE COMPARÉE. — Quelques Animaux à courte queue, les Aïs, les Porcs-épics, les Éléphants, les Hippopolames, etc., possèdent dans une étendue considérable de la queue, des vertèbres, dont chacune a un arc et des apophyses bien développées. Dans la série des Mammifères, le nombre des vertèbres caudales parfaite est, proportionnellement, d'autant plus petit que la queue est plus courte et le nombre des vertèbres qui la composent moins considérable ; mais il faut dire que même sous cette condition, une ou plusieurs des vertèbres caudales antérieures ont un canal plus ou moins fermé, des apophyses épineuses, des apophyses transverses et des apophyses articulaires. BORD LATÉRAL. — PassacE DU 5° NERF SACRÉ DANS EN ANNEAU ENTIÈREMENT OSSEUX. — L'orifice limité par la partie inférieure du bord latéral du sacrum, le bord supérieur de la grande corne du coc- cyx et le ligament sacro-coccygien latéral et dans lequel s'engage le o° nerf sacré est fréquemment, chez les vieillards, bordé par un con- tour entièrement osseux en raison de l'incrustation du ligament acro-coccygien latéral par des sels calcaires. Dans sa monographie intitulée le Bassin dans les sexes el les races, H. Verneau a fait mention en ces termes de cette anomalie : « Au lieu d'un trou moilié osseux, moitié fibreux, nous avons alors un trou, complètement osseux entre le sacrum et le coccyx. » Elle a été signa- lée également par Bianchi, Raimondi, elc., et constitue un des carac- tères distinctifs les plus importants du sacrum sénile à cinq paires de trous de chaque côté. Avec ce caractère et quelques autres d’une valeur moindre, à coup sûr, il est possible de distinguer le sacrum sénile à cinq paires de trous de chaque côté, avec synostose des corps de la 5° sacrée et de la 1° coccygienne et des cornes sacrées el des peliles cornes de la 1"° coccygienne, du sacrum à cinq paires de trous de chaque côté, résultant de l'assimilation, au cours de leur développement, de la 1° coccygienne à la 5° sacrée, autrement dit du sacrum à cinq paires de trous de chaque côté par suite de la sou- o VERTÉBRALE. 26 402 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE dure des corps de la 5° sacrée et de la 1°* coccygienne, des cornes sacrées et des petites cornes de la 1"° coccygienne et des angles laté- raux inférieurs du sacrum et des grandes cornes de la 1°° coccygienne. Voici, au surplus, à quels caractères se reconnaissent ces deux espèces de sacrum. Dans le sacrum sénile à cinq paires de trous de chaque côté, les grandes cornes coccygiennes n’ont pas considérable- ment augmenté de longueur, ne se sont pas recourbées sur elles- mêmes pour aller s'unir aux angles du sacrum ; chacune des petites cornes coccygiennes n’est pas mamelonnée à sa base ; la 2° coccy- gienne n'a pas revêtu, plus ou moins complètement, les caractères de la 1°; la 3 sacrée ne s'articule pas dans une plus grande étendue que d'ordinaire, avec les facettes auriculaires des os iliaques ; le grand axe de chacune des apophyses transverses de la 4° sacrée ne s'est pas incliné obliquement en haut pour se rallier au système des apo- physes lransverses des vertèbres sacro-iliaques, ainsi que dans le sacrum à cinq paires de lrous'de chaque côté par suite de fusion de la 1° coccygienne et de la 5° sacrée au cours de leur développement. Dans le sacrum sénile à cinq paires de trous de chaque côté, les D trous sont, enfin, irréguliers, varient de configuration et d'ampleur, sont mal délimités en dehors ; les angles latéraux inférieurs du sacrum sont obtus ; les incisures semi-lunaires de Hyrtl et le bord inférieur du sacrum sont constitués par une lame osseuse, mince, tranchante, regardant en haut et en dehors alors que dans le sacrum à cinq paires de trous de chaque côté, en dehors, de l’ankylose de la 1e coccygienne et de la 5° sacrée au cours de leur développement, les D trous, plus petits que ceux placés au-dessous d'eux, sont ronds, les angles latéraux inférieurs du sacrum forment chacun un angle droit à sommet massif et proéminent, les contours des incisures semi- lunaires sont épais et bien dessinés. BASE. — Des lignes que j'ai consacrées à l'étude du sommet du sacrum el de celles qui précèdent, il appert que les dimensions et la forme de cette face diffèrent suivant qu'elle est libre, partiellement ou totalement soudée au sommet du sacrum et de la façon dont elle est soudée. SOMMET. — Ses variations dépendent de celles de la dernière coc- cygienne qui peut être rudimentaire, plus large que longue, étran- glée à sa partie moyenne à la manière d’un sablier ou d’un 8de chiffre, bifide inférieurement ou terminée inférieurement par une pointe ou par un bord arrondi, etc. Sur un homme décédé à l’âge de 41 ans, qui présentait au-dessus de l'anus la petite dépression cutanée, dépourvue de poils, décrite par COCCYX 403 Luschka (1) sous le nom de faveola coccygea, Valenti(2) a constaté, que le coccyx, complètement soudé au sacrum et terminé par un ren- flement arrondi, affectlait la forme d'un croissant dont la face con- vexe regardait en bas et en avant et la face concave en haut et en arrière. De cette incurvation en haut el en arrière du coccyx, mon savant collègue et ami de l'Université de Bologne a justement induit que l'interprétation qu'a fournie Ecker (3) du mode de genèse de celte fossette est inacceptable, qu'elle n’est pas due à la traction qu'exerce, au cours de la vie fœtale, sur la peau qui recouvre le sommet du coccyx les trousseaux de fibres conjonctives (ligamenlum caudale de Luschka) interposés entre elle et le sommet du coccyx. Ecker a pensé,en effet, que cette fossette apparaît au cours de la vie fœtale et, de préférence, chez les sujets dont la flexion en avant du coccyx est plus accentuée et plus tardive, Mais, comme d’après Unger (4), la peau qui revêt la pointe du coccyx est, avant la nais- sance, soumise à une double traction à celle du ligamentum caudale de Luschka, et à celle du filamentum terminale, le professeur Valenti incline à croire que c'est lorsque celle du /ilamentum terminale pré- domine sur celle du /’gamentum caudale que la dépression susanale de la peau dont il s’agit se rencontre. Au vrai, toutes les explicalions qui ont été fournies jusqu'ici de la manière dont se forme la fossette coccygienne sont sujettes à caution. (1) Luscaka, Analomie des Beckens, 1863. (2) VALENTI, Rend. d. R. Accad, d. Sc. d. Institulo d. Bologna, 1910-1911. (3) ECKER, Arch. f. anthrop, s. 281. 1879, et s. 129, 1880. (4) UNGer u. T. BrüGsck, Arch, f. Mik. anal., s 151, 1903. CONCLUSIONS GÉNÉRALES Dans mes Traités des variations du système musculaire, des os du crâne el des os de la face de l'homme et de leur signification au point de vue de l'anthropologie zoologique, j'ai indiqué combien la connais- sance de nombre de variations du système musculaire, des os du crâne et des os de la face de l'homme est indispensable à un médecin et à un chirurgien s'ils ne veulent pas s'exposer à de graves erreurs de diagnostic et de traitement. La connaissance de maintes va- riations des os du rachis de l’homme a autant d'importance pour l’un et pour l’autre. N'importe-t-il pas impérieusement, en effet, à un praticien de savoir qu'en dehors du torticolis chronique, d'ori- gine musculaire, il en est un d’origine vertébrale dû à la soudure, plus ou moins complète de l’atlas au crâne, au cours de la vie fœtale el auquel ne saurait remédier la section du sterno-cléido-mastoïdien ? Ne lui est-il pas absolument nécessaire de ne pas ignorer que la sco- liose congénitale du rachis, niée si longtemps par les orthopédistes, existe et est souvent laconséquencede l'apparition dans l’une ou l’autre de sesrégions d'unehémi-vertèbre pourvue d’une côte? Ne lui est-il pas fort utile d'avoir des renseignements précis sur le mode de dévelop- pement du spina bifida, autrement dit de l'interruption de continuité congénitale que peuvent offrir les éléments constituants d’une ou de plusieurs vertèbres. Quand il est forcé de lier la carotide à mi-cou, la sous-clavière dans le creux sus-claviculaire ou d'enlever une tumeur dans le creux sus-claviculaire, ne convient-il pas qu'il ait, au préa- lable, bien présent à l'esprit que le tubercule antérieur de l’apophyse transverse de la 6° vertèbre cervicale, le tubercule carotidien ou de Chassaignac qui sert de point de repère dans la ligature de la caro- tide primitive, est quelquefois rudimentaire et inappréciable, par con- séquent, à travers les téguments; que l'extrémité libre d’une 7° côte cervicale peut être confondue avec le tubercule du scalène antérieur qui sert de point de repère dans la ligature de la sous-clavière dans le CONCLUSIONS GÉNÉRALES 405 creux sus-Claviculaire et qu'une 7° côte cervicale dont l'extrémité libre est soudée ou non à la 1° côte thoracique peut en imposer pour une exostose de la 1"° côte thoracique, une exostose de la clavicule, etc.? Ne faut-il pas qu'il soit complètement renseignésur les changements de configuration et de dimensions qu’impriment au bassin la sacralisa- tion asymétrique de la dernière vertèbre lombaire, l'asymétrie unila- térale totale du sacrum, la synostose sacro-iliaque, un angle sacro- sacré, et la spondyloschise ou séparation de la dernière vertèbre lom- baire en deux parties : une, antérieure, comprenant le corps, les pédicules et les apophyses ‘articulaires supérieures et une, posté- rieure, l'épine, les lames et les apophyses articulaires inférieures ? N'’est-il pas bon qu'il soit instruit, s’il veut injecter par l'orifice infé- rieur ou hiatus du canal sacré, une solution calmante dans l'intérieur de ce canal, que l’orifice ou hiatus de ce canal peut être fermé par une mince lamelle osseuse ou les cornes qui le bordent, à droite et à gauche, réunies par une bandelette osseuse ?, etc. Mais ce volume, de même que mes autres traités sur les variations anatomiques humaines, n'intéresse pas seulement le médecin et le chirurgien, il intéresse aussi l’anthropologiste, le zoologiste, l'ethno- logue, etc., qui y trouveront signalées, les variations des vertèbres humaines que m'ont fait connaître mes recherches bibliographiques et celles que j'ai observées et décrites le premier : le godet de la face supérieure des vertèbres cervicales, le foramen transversaire cervical triple, la géode prépédiculaire, la persistance jusqu'à l’âge adulte de chacune des synchondroses pré-gléno-atloïdienne, l'articulation de la portion du bord antérieur de l’occipital comprise entre les deux condyles avec le bord supérieur de l'arc antérieur de l'atlas, le trou rétro-articulaire inférieur de l’atlas, l'os sus-épineux de la 6° vertèbre cervicale, les 6° et 7° côtes cervicales exclusivement diapophy- saires avec développement très net des parapophyses correspon- dantes, la communauté d'origine de la diapophyse et de la parapophyse et, par suite de la non-articulation de la côte avec le corps vertébral, le développement isolé du tronçon antérieur ou sternal de la 7° côte cervicale, les variations de dimensions des pédicules des vertèbres thoraciques et des pédicules des vertèbres lombaires, l'empreinte d'insertion du muscle pyramidal de la cuisse sur la face anté- rieure du corps de la 3e vertèbre sacrée, la fermeture par une mince lamelle osseuse de l'hiatus ou orifice inférieur du canal sacré, ou l'absence chez l'adulte de deux fosses criblées inférieures de la face latérale du sacrum, les os chevrons, l'absence des rudiments de l'arc de la 1"° vertèbre coccygienne, la présence d’un are rudimentaire sur la seconde vertèbre coccygienne, etc. Enfin tous ceux qui s'intéressent à la morphologie, et à la morpho- 106 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE génie, c'est-à-dire à l’étude de la description et du mode de genèse des formes, le physiologiste, le philosophe et le penseur (1) apprendront en lisant cet ouvrage que les variations des vertèbres de l'homme se divisent, comme celles des os du crâne et de la face : I En varialions ayant une signification morphologique, les varia- lions réversives où d'hérilage qui constituent un retour en arrière et les variations fonctionnelles ou par adaptation qui sont un progrès; Ile En variations n'ayant aucune signification morphologique qui sont, les unes mécaniques, produites par des {ractions exercées par un muscle, une aponévrose ou un ligament sur une éminence osseuse, saine ou ramollie par le rachitisme, l'ostéomalacie, etc., ou par la pres- sion exercée de dehors en dedans, sur un plan osseux, ayant ou non sa consistancenormale, par un vaisseau, unnerf,un tendon, une glande, etc. ou par la pression exercée de dedans en dehors par la moelle et; principalement par le liquide rachidien sur son enveloppe osseuse (2); les autres, pathologiques, dues à l'incrustation par des seis calcaires d'un ligament, d’une aponévrose ou d’un tendon auquel s’est propagée une inflammation du périoste avec lequelilse continue ; les troisièmes, embrologiques, causées par un trouble de développement, au cours de la vie fœtale, etc. ; III En variations-monstruosilés ou léralogiques encore inex- plicables à l'heure présente, mais qui, de même que les autres vartations-monstruosilés ou téralogiques humaines, iront en diminuant de nombre au fur et à mesure que nos connaissances en phy- siologie, en embryologie, en analomie comparée, en tératogé- nie, etc.; progresseront. La polymastie et la polydactylie, ces deux vices de conformation si communs dans l’espèce humaine et sur le mode de génèse desquels on ne s’entendait pas encore hier, fournis- sent, parmi maints autres, la preuve indéniable de cette assertion. Hier encore, toutes les glandes mammaires surnuméraires humaines étaient considérées comme des monstruosités, ou, en invoquant une analogie lointaine, comme des glandes sébacées agglomérées ou hyper- trophiées. Aujourd'hui, on sait qu’il existe chez l'embryon des Mam- mifères et chez l'embryon humain en particulier, une différenciation sous forme d'une longue traînée épithéliale, la bande mammaire, qui s'étend du creux de l’aisselle à l’anus. Le milieu de cette bande est occupé par une crête, la crête mammaire, qui donne naissance aux (1) Sans parler du légiste qui y verra que les assertions de l'École lombro- siennes concernant les variations des os du rachis de l'homme ne sont pas plus fondées que celles de cette École touchant les variations des muscles et des os de la tête de l'homme. (2) Cf. VERTÈBRES THORACIQUES, APOPHYSE ÉPINEUSE, OUVERTURE DE L'ARC POSTÉRIEUR (Spina bifida). LOR Sur + : . CONCLUSIONS GÉNÉRALES 407 mamelles. Dans l'espèce humaine une partie de la portion pectorale et les portions axillaire et abdominale de cette crête s'atrophient comme tout organe devenu inutile (1) et disparaissent. Quand il en est autrement, quand sous l'influence d'une action externe ou interne différente de l’action normale, l’atavisme, cette crête persiste jusqu’à la fin de la vie embryonnaire dans l’une des régions où elle disparaît d'ordinaire, on trouve, dans l'espèce humaine, trois, cinq, voire même six mamelles pectorales (un cas signalé par G. de Morlillet)}, ce qui cons- titue desrelours vers des types éteints(2) ou quatre mamelles pectorales comme dans le genre Ofolichnus et divers Makis ou des mamelles axillaires comme dans le Capromis Fournieri ou des mamelles vul- vaires comme dans les Célacés (3). Il est acquis seulement depuis peu qu’en plus de ceux dont on retrouve des vestiges dans le tarse et le carpe (4), il faut distinguer, parmi les doigts surnuméraires de l’homme, ceux constitués par du üssu conjonctif, des vaisseaux et des nerfs revètus d’un tégument normal terminé par une corne brunâtre et qui naissent, pendant ou après la vie fœtale, par un processus de bourgeonnement d'une pha- lange normale-et dont Tarnier a suscité à volonté l'apparition par de simples excitations. Les variations des vertèbres de l’homme ayant une signification morphologique plaident en faveur de Ia théorie de l’évolution (5), de (1) En général, le nombre des mamelles est en rapport avec le nombre moyen des petits d'une même portée : 2 (Espèce humaine, Simiens, etc). (2) Ancestralement disposées par paires en deux rangées longitudinales, parallèles et symétriques, les mamelles ont conservé ce caractère chez les femelles qui mettent bas un ‘grand nombre de petits; quand le nombre des petits par portée diminue, ce sont les mamelles occupant la partie moyenne des deux rangées qui disparaissent d’abord; puis l’atrophie se poursuit tantôt à la partie postérieure (les mamelles persistantes sont dites mamelles pecto- rales) tantôt à la partie antérieure (les mamelles persistantes sont dites mamelles abdominales, inguinales, vulvaires, anales, suivant la position). (3) Pour le degré de fréquence d'apparition dans l’espèce humaine des mamelles surnuméraires pectorales, axillaires et vulvaires, Cf. R. BLaNcHARD, Bullet. de la Soc. d'Anthrop. de Paris, p. 226, 1885. Il n’est pas rare non plus d'observer des mamelons surnuméraires dans les Animaux domestiques. Chez les Vaches lorsqu'il y a plus de quatre mamelons, les mamelons supplémentaires sont presque toujours situés en arrière des mame- lons normaux. On n'a pas l'habitude de les traire, mais quand on les trait, ils se développent à peu près comme les autres. Chez les Brebis, au contraire, les mamelons supplémentaires siègent presque toujours en avant des mamelons normaux. (4) Pour cette variété de doigts humains surnuméraires, Cf. mon Trailé des variations du système musculaire de l'homme, t. III, p. 93. (5) La théorie de l’évolution de l'homme que je défends depuis si longtemps en m'appuyant sur les variations anatomiques humaines progressives dont 408 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE même que les courbures et la configuration générale actuelles de la colonne vertébrale chez les Mammifères quadrupèdes et les Mammi- fères bipèdes, les Singes anthropomorphes el l'homme. Tout porte à présumer, en effet, qu'en dehors des variations par ossification ligamenteuse, par impression vasculaire, par augmenta- tion ou par diminution du nombre des centres d'ossification, etc., la plupart des variations que subissent, en passant d’un genre dans un autre, les parties dures du rachis des Mammifères sont la conséquence de la transformation progressive de l'attitude horizontale (Quadru- pèdes) en attitude oblique (Anthropoïdes) el de celle-ci en attitude verticale (homme). Si les apophyses épineuses cervicales de l’homme sont moins lon- gues, moins volumineuses et moins inclinées en bas que celles des Anthropoïdes (1) c'est parce qu'il n’est pas obligé, comme ceux-c1, de faire effort pour se maintenir debout et si le bord inférieur de chacune d'elles est creusé en gouttière et l'extrémité libre de chacune d'elles, personne avant moi n'avait soupçonné l'existence, devient de jour en jour plus vraisemblable. Les découvertes récentes du Pithécanthrope et de l'Homme fossile de la Chapelle-aux-Saints lui sont même favorables. Le docteur Dubois regardait le crâne, les dents et le fémur qu’il avait trouvés en 1894, à Java, comme appartenant à un être de l’âge pliocène qui représentait le missing link entre l'homme et le singe. On sait que ces ossements soumis au Congrès de Leyde furent examinés par une douzaine de naturalistes compé- tents. Trois d’entre eux en firent des ossements d'hommes, trois autres les regardèrent comme appartenant à un singe, les six autres en firent les derniers restes d'une forme du passage entre l’homme et le singe. Haeckel fut l’un des plus ardents défenseurs de cette manière de voir qui fut combattue énergique- ment par Virchow. Les restes de l'homme fossile de la Chapelle-aux Saints (un crâne brisé qui a pu être reconstitué, une mandibule des vertèbres et des os longs) se prètent à des conclusions plus fermes. Ces restes ont été examinés par Boule, professeur de paléontologie au Muséum national d'histoire naturelle. D’après les débris qui les accompagnaient, il parait certain qu'ils appartenaient au quaternaire moyen. Ils offrent des caractères simiesques et reproduisent exagérés encore les carac- tères des ossements de Néanderthal, de Spy, de Martigny-sur-Eure, de Gibral- tar, de Krapina, ils représentent un type normal, se rapprochant des Singes an- thropoïdes, et se plaçant « morphologiquement, dit Boule, entre le Pifhécanthrope de Java et les races actuelles les plus inférieures ». (1) La longueur de la neurépine de la 4° vertèbre cervicale du gorille dépasse 80 millimètres, alors que celle de la neurépine de la 4° vertèbre cervicale de l'homme atteint à peine 10 millimètres. Sous ce rapport, du reste, comme sous beaucoup d’autres que j'ai signalés dans mes 7'railés des variations des os de la téle el du système musculaire de l'homme, le fœtus et l'enfant simiens diffèrent moins du fœtus et de l'enfant humains que le singe adulte de l’homme adulte. L’apo- physe épineuse de chacun des éléments osseux du rachis cervical du fœlus du gorille, àgé de cinq à six mois, ne forment que le quart de la longueur antéro- postérieure totale de cet élément osseux, alors que. chez le jeune gorille, elle constitue le tiers et, chez le gorille adulte, les deux tiers de cette longueur. CONCLUSIONS GÉNÉRALES 109 divisée en deux brauches, c'est pour permettre un redressement plus complet, c’est parce que l'homme a une altitude verticale tandis que les Singes anthromorphes ont une attitude penchée quand ils reposent sur les pieds (1). La démarche du gorille est vacillante et chancelante et, lorsqu'il se tient debout, il est obligé, pour évitér de tomber en avant, de fléchir ses bras au-dessus de sa tête (2). Dans la position debout, le chimpanzé cherche des points d'appui pour ses mains ou les croise derrière la tête qu'il rejette un peu en arrière pour se tenir en équilibre. L'orang, quand il chemine debout, a presque l'attitude d’un vieillard courbé par l’âge et qui s'avance appuyé sur un bâton. Pour accomplir debout un mouvement de progression, le g'bbon ent les bras croisés au-dessus de la tête. Dans ce mode de locomotion, il lui arrive, quand le sol est tout à fait uni, de donner à ses membres supérieurs étendus le mouvement d'un balancier d'acrobate (3), et quand le sol est inégal, de saisir avec les bras étendus, les objets voi- sins et de s'y cramponner. Bien qu'il se tient mieux et plus long- temps debout que les autres Singes anthropomorplhes, le gibbon (4) n'en court pas moins, à quatre pattes, de mème qu'eux, lorsqu'il est pressé de fuir. Qu'on ne nie pas a priori l'hypothèse de la conversion, lente et pro- gressive, de l’atlitude horizontale des animaux en attitude verticale. (1) Dans la station debout le singe ne peut se redresser complètement, pas plus que les autres animaux. Et quant à l'obstacle qui s'y oppose, outre l'inser- tion plus basse des fléchisseurs et des rotateurs de la jambe en dedans {coutu- rier, droit interne, demi-tendineux et demi-membraneux (Cf. ces muscles dans mon Zrailé des variations du système musculaire de l’homme)|, il peut dépendre également de la conformation particulière du squelette et surlout de celui des membres inférieurs (rétroversion des plateaux du tibia, incurvation en dedans du corps du tibia, l'aplatissement d'arrière en avant du fémur chez la plupart des Anthropoïdes), de la disposition spéciale des courbures de la colonne verté- brale, du poids de la boite cranienne. Duvernoy a fait remarquer que les liga- ments croisés du genou qui réunissent le tibia aufémur dans l’articulalion sont forts et cylindriques chez le gorille, et qu'ils bornent l'extension de la jambe sur la cuisse. Enfin, il est possible aussi que cette flexion forcée de la jambe des singes dans la station debout, soit due, pour une petite partie, à un instinct naturel de l'animal qui cherche de cette facon à conserver son équilibre. Quand il est suspendu par les mains à un trapèze, l'on peut observer que les jambes peuvent mieux s’allonger que dans la station debout. (2) Dans l'ouvrage de HuxLEY : De la place de l'Homme dans la Nature p. 158) la figure 2 représente un gorille en marche (vu de derrière) d'après une étude du célèbre peintre d'animaux Wolf, qui est très démonstratif à cet égard. (3) Cf. HerRMES, Zeilsch. f. Ethnol., t. VIT et VIII. (4) MounickEe, Affe und Urmensch. Munster, 1888. Le naturaliste dit qu'aux Indes Orientales, il a vu des gibbons errants courir, les genoux ployés et en s'appuyant sur le sol, tantôt avec un doigt de la main droite, tantôt avec un doigt de la main gauche. 410 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Parmi les Mammifères, il n'y a pas, au-dessous de l'homme, que les Anthropoiïdes, conformés pour la marche à quatre pattes et une exis- tence sur les arbres, qui puissent, dans certaines conditions et pen- dant un temps limité, marcher debout. Beaucoup de Singes du nouveau continent, tels que les Sakis, les Atèles, et certains Lémuriens, les Ours, plusieurs /cheumons, Pangolins, Rongeurs (1), elc., peuvent fran- chir debout des distances considérables, et cela, tout comme les Anthropoïdes, sans avoir besoin d’être éduqués préalablement. On arrive, par l'éducation, à faire tenir et cheminer sur leurs pattes de derrière seules, des Singes quadrupèdes, des Chiens, des Pores (2), des Chevaux, etc. Mais je reviens à mon sujet, c'est-à-dire aux modifications qu'impri- ment aux différentes parties des os du rachis des Mammifères, la trans- formation lente et graduelle de la station et de la marche quadrupèdes en station et marches bipèdes. Chez l'homme, la tête étant articulée, près de son centre de gra- vité, avec l’atlas, il s'ensuit que, dans l'attitude verlicale, une faible action musculaire la maintient en équilibre. Dans cette attitude, il est vrai, le poids des viscères contenus dans les cavités thoracique et abdominale sollicite le tronc à tomber en avant. Pour neutra- liser cet effet, deux dispositions anatomiques interviennent. Des ligaments élastiques, dits jaunes, interposés entre les lames ver- tébrales, redressent en vertu de leur structure le corps sans fatigue pour le sujet. Une foule d'autres ligaments fibreux et de muscles, généralement plus ou moins attachés à angle droit, c'est-à-dire sous des incidences les plus favorables e£ dans toute la longueur de la colonne, sur les apophyses épineuses et transverses, concourent au même but. En second lieu, le rachis offre trois courbures alternatives qui ramènent la ligne de gravité de la tête et du tronc dans l'axe de sustentation passant par le bassin. Par la première de ces cour bures, ou cervicale dont la convexité regarde en avant, le poids de la têle est reporté en arrière. La seconde ou dorsale dirigée en sens contraire ramène, il est vrai, le centre de gravité en avant. Mais la troisième ou lombaire survient à propos pour redresser tout le système. (1) Abstraction faite des Gerboises et des Meriones. Beaucoup des autres Ron- geurs ne peuvent, comme les Xangourous et les Zguanodons de l'époque cré- tacée, se maintenir sur leurs membres postérieurs qu'avec le secours de leur queue. S- (2) J'ai vu, au moins de juin 1906, à Amboise (Indre-et-Loire), dans une baraque foraine installée à l'entrée du Mail, un porc qui se tenait debout sur ses pattes de derrière et esquissait même dans cette attitude quelques pas de danse. CONCLUSIONS GÉNÉRALES 411 Chez l'homme qui marche ou quise tient debout sans marcher, la colonne vertébrale, dans ses mouvements d’ensemble, prend toujours son point fixe sur le bassin el dans ses mouvements partiels — ceux qui se produisent entre les vertèbres — sur la vertèbre qui est la plus rapprochée du bassin. Il s'ensuit que les apophyses transverses et surtout les apophyses épineuses rachidiennes humaines sollicitées par les contractions des muscles extenseurs tendent à s’incliner et à s’allonger en bas. Au cou, en raison de la courbure à concavité postérieure de la portion supérieure de la colonne vertébrale et de la mobilité relative des articulations vertébrales, les muscles extenseurs ne rencontrent que peu de résistance. Les neurépines restent donc assez courtes et ne s'inclinent que fort peu sur le corps de la ver- tèbre. Elles sont obliques, cependant, mais elles le sont beaucoup moins que celles de la région dorsale. Ici, en effet, les muscles exlen- seurs agissent sur la convexilé d’une courbure dont le redressement est rendu très difficile par la résistance des arcs costaux et du ster- num; leur action ne pouvant se transmettre que pour une très faible part aux articulations vertébrales qui sont trop peu mobiles, s'épuise presque loul entière sur les apophyses épineuses elles-mêmes; celles- ci ayant à supporter tout l'effort, s'infléchissent fortement en bas, s’al- longent et s'imbriquent obliquement les unes sur les autres. Dans la région lombaire, enfin, reparaissent les deux condilions que nous à déjà offertes la région cervicale, savoir : la mobilité des articulations, verlébrales et la disposition dela courbure dont la concavité est tournée du côté des muscles extenseurs; cela suffirait déjà pour diminuer l'obliquité des apophyses épineuses. Mais, de plus, chacune des apo- physes épineuses lombaires donne insertion sur ses deux faces, el par l'intermédiaire de l’aponévrose commune, sur son sommet à des mus- cles ascendants dont elle constitue le point d'appui le plus fixe, et qui, dès lors, tendent à la relever en haut, pendant que les faisceaux des transversaires épineux tendent à l’attirer en bas. De la combinaison de ces diverses conditions, il résulte que les neurépines lombaires, plates, hautes, massives, ne s’inclinent ni vers l'occipital, ni vers le sacrum qu'elles restent perpendiculaires à l’axe du rachis. Les cho- ses se passent si bien de Ja sorte que, si la courbure de la colonne lombaire cessait d'être concave en arrière, devenail concave en avant comme dans la région dorsale, les ahpophyses épineuses des os des lombes ne resteraient plus droite, elles continueraient, comme celles des os du dos, à se diriger obliquement vers le bassin; c'est ce qui à lieu chez la plupart des Anlhropoïdes. Ou encore si les muscles extenseurs du rachis cessaient de prendre constamment leur point d'appui fixe sur le bassin, si, pendant la marche, il ad- venait que ce point d'appui fixe fût pris alternalivement sur le 412 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE bassin et sur l'épaule, les apophyses épineuses lombaires, attirées vers l'épaule au même titre que les apophyses épineuses dorsales sont attirées vers le bassin, s’inclineraient en remontant vers la tête, comme les apophyses dorsales s'inclinent en descendant vers le sacrum. C'est ce que l’on observe chez les Ouadrupèdes dont je vais maintenant m'occuper. La colonne vertébrale des Quadrupèdes présente, dans la région cervicale, une courbure dont l'étendue, la forme et la flexibilité varient beaucoup suivant la longueur du cou et suivant l'attitude de la tête, mais dont la convexité est toujours, comme chez l’homme, tournée du côté de la face sternale du corps. A cette première courbure succède, comme chez l'homme encore, une courbure concave qui commence à la base du cou et qui occupe toute la région dorsale; mais, au lieu de s'infléchir de nouveau à la base du thorax pour faire place à une con- vexité, cette seconde courbure se prolonge sans interruption jusqu'au sacrum. Il n’y a donc que deux courbures au lieu de trois : l'une cer- vicale, comparable à la nôtre; l'autre dorso-lombaire formant un arc dont la concavité est tournée vers la face sternale du tronc et dont les deux extrémités sont soutenues respectivement par les membres anté- rieurs et par les membres postérieurs. Le degré de courbure de cet arc dorso-lombaire est, du reste, fort variable. Sa concavité est quel- quefois tellement faible, qu’elle est presque nulle; mais ce qu'il y a d’essentiel, c’est qu’elle ne devient jamais convexe et que le rachis, à partir de la base du cou, ne change plus de direction. Dans la marche, dans la course surtout, le Ouadrupède soulève allernativement son train de devant et son train de derrière, et chaque fois, il tend à redresser la courbure dorso-lombaire qui revient aussitôt après à sa forme primitive. Mais toutes les parties du rachis ne prennent pas une part égale à ce mouvement. La portion thoracique consolidée par les côtes s'infléchit que fort peu; la portion lombaire, munie d’articula- tions très solides et renforcée par le système particulier des apophyses styloïdes ne s’infléchit guère plus (1). Chez les Ouadrupèdes, la traction des neurépines s’opérant dans la direction du membre antérieur pour les vertèbres lombaires et du membre postérieur pour les dorsales, ces neurépines s’inclinent donc en sens inverse, les lombaires en haut et les dorsales en bas. L'en- droit où se produit ie changement de direction établit la démarcation entre le train antérieur et le train postérieur. Il est situé chez les Carnassiers, entre l'avant-dernière dorsale, encore reliée au thorax par un cartilage costal, et la dernière qui ne supporte qu'une côte libre ou flottante. (1) Cf. vertèbres lombaires, apophyses styloïdes. CONCLUSIONS GÉNÉRALES 413 Ainsi, au seul aspect d'une colonne vertébrale, on reconnait l'atti- tude habituelle du sujet(1}. Chez l'homme, les apophyses spinales sont toutes obliques en bas ou en rétroversion : il n’a qu'un train. A, face postérieure de la colonne dorso-lombaire de l'homme. a, apophyse transverse ou cosliforme de la cinquième lombaire ; b,apophyse costiforme de la première lombaire. Toules ces apophyses sont transversales, et de longueur à peu près égale; c, septième dorsale. B, face supérieure de la colonne dorso-lombaire du macaque (Macacus rhæsus). a, septième et dernière lombaire, emprisonnée entre les os coxaux. Son apophyse cos- tiforme est courte ; b, apophyse costiforme de la sixième lombaire ; ce, de la première lom- baire. Toutes les apophyses costiformes lombaires sont en antéversion, excepté la pre- mière ; elles décroissent de b en c; de, les quatre dernières dorsales, dont les côtés sont fortement inclinés vers le bassin. Chez les Quadrupèdes les apophyses spinales sont, les cervicales el les dorsales, descendantes et les lombaires, ascendantes ou en anlro- version, en anléroversion, en anléversion pour me servir des lermes (1) Cf. douzième vertébre thoracique, anatomie comparée. 414 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE 1 employés successivement pour désigner cette dernière conformation, ils ont deux trains : un /rain antérieur et un train postérieur. Cette division de la colonne en deux trains existe chez tous les Singes proprement dits, d'une façon très accentuée chez les Lémurtens en général, moins accentué chez les Cébrens, moins accentuée encore chez les Pithéciens. La scène change brusquement chez les Anthro- poïdes. Tous les caractères propres à indiquer la séparation fonction- nelle du train de devant et du train de derrière ont complètement dis- ete Pr he Anh Squelette de Maki. paru. Les apophyses épineuses dorsales, par leur longueur, leur obliquité considérable et leur imbrication se rapprochent de celles de l’homme bien plus que celles des Pithéciens et des autres singes ; celles des fausses dorsales autrement dit des deux dernières vertèbres dorsales qui ne supportant que des côtes flottantes ne sont pas liées au slernum, ne sont pas consolidées par leurs côtes, celles des fausses dorsales, dis-je, sont inclinées obliquement vers le bassin de même que chez l’homme, et celles des lombaires n'ont pas la moindre ten- dance à l’antéversion ; loin de là, car souvent elles sont plutôt incli- nées vers le bassin. Galien, qui au moment où il décrivit les vertèbres n’avait sous les yeux que des squelettes de magots, admit à tort l’antéversion des apophyses épineuses lombaires de l’homme. Ce fut un des arguments qu'invoqua Vésale Squelette — vu de D'après une Photographie d'u n'avait jamais disséqué que des Singes (1). Vés (1) On peut mé me en conclure, contrairement CONCLUSIONS GÉNÉRALES 415 Pour établir que le célèbre médecin de Pergame dos — d'un jeune chimpanzé (Troglodytes n squelette du laboratoire Broca, de 1 de Paris. Niger). a Société d'anthropologie ale ajouta que l’antéver- à l'opinion de Camper, que 416 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE sion des épines des vertèbres lombaires ne se rencontrait pas seule- ment chez les singes, mais encore chez les Chiens, les Lièvres et la plu- part des autres Quadrupèdes. Il est acquis aujourd'hui que c’est un caractère décisif de la marche quadrupède ‘1). Il n’est pas inutile de remarquer que l'apparition de ce caractère décisif de la marche quadrupède coïncide avec une diminution notable de l’obliquité des apophyses épineuses des vraies vertèbres dorsales alias des vertèbres dorsales rattachées au sternum par des côtes. Et cela se conçoit aisément. Chez l’homme toutes les forces qui déter- minent l'extension du rachis prennent constamment, on le sait, leur point fixe du côté du bassin, elles exercent done toutes leur traction de haut en bas, et il en résulte que les neurépines des vertèbres dor- sales doivent être et sont, en effet, très longues, très obliques, très fortement imbriquées les unes sur les autres. Chez les Quadrupèdes, au contraire, les forces extensives prennent, on ne l’ignore pas non plus, leur point fixe alternativement du côté de l'épaule et du côté du bassin. Leur action se divise donc : elle s'exerce par moitié d'arrière en avant sur les vertèbres lombaires, par moitié d'avant en arrière sur les vraies vertèbres dorsales. Elle est suffisante pour déterminer l'in- clinaison des apophyses épineuses de toutes ces vertèbres, pour attirer vers la tête, celle des lombaires, vers le bassin celle des dorsales; mais par cela même qu'elle est divisée et répartie sur toutes les lombaires et les fausses dorsales, elle ne produit sur chacune d'elles qu'une imcli- naison modérée. Aussi, chez les Quadrupèdes, les épines des vraies vertèbres dorsales sont-elles, en général, moins longues et toujours beaucoup moins obliques, beaucoup moins imbriquées que chez l'homme. Le caractère de l’antéversion ne s’observe pas seulement sur les neurépines, il s'observe aussi sur les apophyses transverses des ver- tèébres lombaires. Dans l'espèce humaine la longueur des apophyses transverses susdites est modérée et à peu près uniforme; dans les Ouadrupèdes celte longueur s'accroît progressivement de la première lombaire où elle est toujours médiocre jusqu’à la dernière où elle de- vient considérable. Mais c'est surtout par leur direction que les Galien ne connaissait pas l'orang, car les apophyses épineuses lombaires de cel animal, ainsi que celles des autres Singes anthropomorphes, loin d’être incli- nées vers la tête, sont inclinées vers le sacrum. (1) L'antéversion des apophyses épineuses lombaires ne se rencontre pas dans tous les Quadrupèdes; elle fait défaut, par exemple dans quelques Pachy- dermes. Mais elle n'existe que dans les Quadrupèdes; et d’ailleurs, dans les Qua- drupèdes qui ne présentent pas ce caractère, on retrouve sur les autres éléments des vertèbres lombaires, une antéversion qui révèle, à défaut de celle des apophyses épineuses, la séparation du train antérieur et du train postérieur. CONCLUSIONS GÉNÉRALES 417 apophyses latérales lombaires deviennent caractéristiques de la mar- che sur deux pieds ou sur quatre pieds. Au dos où les neurépines sont dirigées obliquement vers le bassin, les apophyses latérales qui sont appelées côtes s'écartent de l'axe du rachis en formant avec lui un angle ouvert en bas et dont le sommet est tourné vers la têle. Cette disposition est générale parmi les Mammifères. C'est encore dans la région lombaire que se dessine sous ce rapport la différence des Bipèdes et des Quadrupèdes. Chez l'homme les apophyses latéra- les lombaires ne sont inclinées dans aucun sens, restent comme les apophyses épineuses correspondantes, perpendiculaires à l'axe du rachis. Dans les Quadrupèdes au contraire, elles sont en antéversion ainsi que les neurépines de la même région. Chez le cheval et Île sanglier, l'antéversion des apophyses latérales lombaires ne se montre que sur les deux dernières vertèbres lombaires, mais ces deux excep- tions n'infirment en rien la règle. La corrélation qui existe non seulement entre la configuration des épines et des apophyses transverses des pièces osseuses de la colonne vertébrale, mais encore entre celle de ces pièces osseuses, de leurs lames et de leurs pédicules et l'augmentation ou la diminution du nombre des courbures de cette colonne, autrement dit le genre de sta- tion attesté par l'anatomie comparée l'est également par l'anatomie pathologique. Quand les courbures du rachis s'exagèrent sous une influence pathologique : mal de Pott, rachitisme, déviations dites essentielles, la forme des vertèbres notamment des apophyses épi- neuses, se modifie par action mécanique, en dehors de toute altéra- tion pathologique. Après avoir remarqué que le pédicule est la partie la plus faible de la vertèbre, Cruveilhier a ajouté que c’est pourquoi il devient le siège principal de la torsion dont s'accompagnent les déviations de la colonne vertébrale. « Dans les déviations anciennes de l’épine, a écrit J. Guérin, les apophyses épineuses des vertèbres dorsales sont effilées, aplalies, alürées dans le sens de la traction des muscles. » Mais ce ne sont là que de simples indications et la question méritait d'être appro- fondie. C'est ce qu'a fait mon excellent ami, le docteur F. Regnault (1). Grâce à lui les particularités anatomiques dont la description suit sont bien connues. Dans le mal de Pott dorsal où la convexité du dos est exagérée, les vertèbres au sommet de la convexilé agrandissent leurs lames qui deviennent énormes, plus hautes que larges pour combler les inter- valles créés par l’exagération de la courbure. Les neurépines de ces (1) F. ReGnauLr, Bullel. de la Soc. anat. de Paris, p. 181. Paris, 1897. VERTÉBRALE. 27 418 TRAITÉ DES VARIATIONS DES 08 DE LA COLONNE VERTÉBRALE vertèbres sont attirées en bas, de sorte qu'elles forment un angle avec les lames! leur longueur et leur hauteur sont diminuées et leur face inférieure élargie; la surface d’une coupe perpendiculaire pratiquée au niveau de leur racine a l'aspect d’un triangle isocèle. Dans les déviations essentielles ou rachitiques la cyphose amène les mêmes déformations. Mais comme elle est presque toujours compliquée de scoliose, les lames se développent davantage en hau- teur du côté de la scoliose ; l'extrémité libre de chacune des neuré- pines est inclinée du côté de la convexité scoliotique, et comme cette extrémité libre n'atteint pas celle de la neurépine sous-jacente, elle a toute liberté pour se développer et s'allonge inférieurement en pointe. Au-dessus de la cyphose, dans la concavité compensa- trice regardant en arrière, l'extrémité libre de chacune des neuré- pines, pourvue d'une forte tubérosité et allongée est, par contre, penchée du côté de la tête. Au-dessous de la cyphose, l'extrémité libre de chacune des neurépines tend à se redresser un peu. La por- üon cervicale du rachis peut subir des courbures de compensation. Quand elle exagère sa courbure à concavité postérieure, les apo- physes épineuses des 3°, 4" et 5° vertèbres cervicales s'atrophient alors que, au contraire, l'apophyse épineuse de l’axis conserve ses dimen- sions normales ou s’hypertrophie : elle paraît énorme relativement aux autres apophyses et les recouvre complètement. En dehors de ces faits, une foule d'autres, aussi irrécusables qu'eux, attestent de plus que le rachis de l'homme est dans un état d'oscillation permanente entre les variations réversives et les varia- tions progressives; qu'aucune de ses régions n'est rigoureusement limitée; qu'aucune d'elles ne saurait être définie par un caractère univoque et absolu. D'après le professeur Testut, on doit d'une façon générale consi- dérer comme vertèbres thoraciques toutes celles qui portent des côles non soudées ; comme vertèbres cervicales, toutes celles com- prises entre la première vertèbre thoracique et l’occipital et comme vertèbres lombaires toutes celles situées au-dessous de la dernière vertèbre thoracique et ne présentant aucune connexion avec l'os coxal; toutes les autres appartiennent au sacrum et au coccyx. Ce qui revient à dire que les vertèbres des trois premières régions se distinguent non pas Lant par les caractères intrinsèques que par les côtes mobiles qui flanquent celles de la région moyenne. Mais non seulement l'ontogénèse, mais encore la phylogénèse donnent à croire que les côtes peuvent, en principe, exister sur toute la longueur de la colonne vertébrale; il y a même tout lieu de supposer que telle était la disposition primordiale. Au cours de ce volume, j'ai établi que des côtes rudimentaires, d’abord indépendantes, puis soudées entre elles, CONCLUSIONS GÊNÉRALES 419 se retrouvent dans les vertèbres cervicales et lombaires des Mammi- fères, y compris l’homme. Il en est de même chez eux en ce qui touche le sacrum et vraisemblablement aussi le coccyx qui n’est qu'une agglomération de vertèbres dégénérées et soudées. Les Serpents sont pourvus de côtes depuis la 3° vertèbre jusqu'à l'anus; les Crocodiles en ont de parfaitement articulées sur toutes les vertèbres du cou, y compris l’atlas. On en remarque jusqu'au coccyx dans beaucoup de ÆRepliles où Amphibiens actuels ou fossiles. Et dans tous les Mammifères, sans en excepter l'homme on en voit apparaître ou mieux réapparaître là où 1l n'y en a pas d'habitude, aux lombes et au cou notamment. Mon vieux maître, le professeur Saturnin Thomas, a trouvé, en 1865, sur un Moulon ordinaire (Ovis europæa), une longue apophyse transverse costiforme sur le côté gauche de la première vertèbre sacrée. En 1896 j'ai rencontré une malformation identique, mais du côté droit, sur un Mouton d'Afrique (Ovis africana). En conséquence, la présence ou l'absence des côtes ne saurait caractériser suffisamment une région vertébrale et la défi- nition précitée du professeur Testut est loin d'être rigoureuse. Il est clair que les vertèbres du cou, c’est-à-dire de cette partie comprise entre la tête et les épaules auront beau présenter normalement ou anor- malement des côtes annexes, elles n’en resteront pas moins cervicales: de même chez un Mammifère quelconque, voire chez l'homme, une verlèbre siégeant. dans la face dorsale de l'abdomen, ne devra pas être appelée thoracique par cela seule qu'une côte, plus ou moins rudimentaire, perdue dans la paroi du flanc, s’est jointe à l’une des apophyses transverses de cette vertèbre ou que, l’une ou l'autre, des apophyses transverses de cette vertèbre a acquis un développement exagéré. — Il peut y avoir lieu de distinguer dans les Mammifères, comme dans les Reptiles, des côtes cervicales, des côtes thoraciques, des côtes lombaires, etc. Seules les côtes thoraciques caractérisent les côtes thoraciques. Voilà qui estentendu ; mais la difficulté est de bien définir les côtes thoraciques. D'une facon générale, ce sont des ares osseux régulièrement disposés dans la paroi pectorale et consti- tuant par leur réunion, celte cage thoracique qui protège le cœur et les poumons ; malheureusement cette définition n’est pas aussi précise qu’on pourrait le croire, et en présence de certaines irrégularités, il est difficile d'assurer si telle ou telle côte peut être qualifiée de thora- cique ou de cervicale, de thoracique ou de lombaire. L'insertion pé- riphérique du diaphragme ne saurait être un repère de quelque va- leur, car elle est variable ; l’état flottant ou fixe de l'extrémité distale de la côte envisagée n'a pas plus d'importance, car il est fréquent de voir les dernières côtes, parfaitement caractérisées, perdre le contact de l'hypochondre ou bien la première côte perdrelecontact du sternum, 420 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Quoi qu’en ait dit quelques auteurs, Goubaux notamment, le mode d'articulation des côtes avec le rachis n’a rien de fixe non seulement dans les diverses espèces animales, mais encore dans la même espèce animale et il suffit pour en être convaincu de se reporter à ce que j'ai écrit des côtes cervicales et lombaires et des diverses variations des vertèbres thoraciques. Généralement la côte, je le rappelle, s'articule avec la vertèbre correspondante au moyen d’une tête et d’une tubé- rosité (apophyse capitulatre et apophyse tuberculaire), mais l'une ou l’autre peut parfaitement faire défaut, et parmi les Mammifères même, ilen est, les Célacés entre autres, qui ont à la fois des côtes thoraciques diapophysaires et parapophysaires et des côtes thoraciques diapophy- saires. Et chez ceux qui n’ont que des côtes thoraciques diapophysaires, chacune d’elles n’est pas nécessairement articulée avec le bout de l’apo- physe transverse correspondante; elle peut lui être simplement unie au moyen d'un ligament ou d'un cartilage. Il est incontestable qu'une pareille côte constitue une transition entre les côtes articulaires rachi- diennes et les côtes abdominales perdues dans le flanc, dont j'ai parlé plus haut. Il peut arriver qu'une vertèbre soit mi-partie, par exemple, thora- cique d’un côté où elle s'articule avec une côte parfaitement conformée, lombaire du côté opposé où elle offre une apophyse transverse du type lombaire ; ou encore qu’elle soit pour ainsi dire ambiguë, ses apophyses ressemblant à celles des vertèbres des lombes alors que par tous ses autres caractères intrinsèques elle ne diffère pas d'une vertèbre thoracique. Une vertèbre manifestement lombaire par ses apophyses transverses et par tous ses caractères intrinsèques, pré- sente parfois à l'extrémité de l'une ou l’autre ou de chacune de ses apophyses transverses une côte, plus ou moins développée, flottante ou non. À la jonction du thorax et des lombes, on peut noter la pré- sence d'une vertèbre demi-thoracique et demi-lombaire, trois quarts thoraciques et un quart lombaire, un quart thoracique et trois quarts lombaires, autant qu'il est permis de doser ces conformations hybrides. Si par sacrum on entend un ensemble de vertèbres plus ou moins synostosées entre elles, compris entre les vertèbres lombaires et les vertèbres sacrées coccygiennes, on est obligé également de con- venir que les limites antérieure et postérieure de ce groupe vertébral sont peu stables. Il peut abandonner un de ses éléments ou en em- prunter un, voire même plusieurs au groupe lombaire ou au coccyx. Faut-il, comme cela a été proposé, ne considérer comme sacrées que les vertèbres en rapport avec les os coxaux? L'insertion sur la colonne vertébrale des oscoxaux par l'intermédiaire desquels les mem- bres postéro-inférieurs prennent leur point d'appui sur cette colonne CONCLUSIONS GÉNÉRALES 421 n'existent que dans les Verlébrés ayant des membres postéro-infé- rieurs. En examinant les variations de la facette auriculaire du sacrum de l’homme, j'ai noté quel'étendue de cette facette sacrée varie dans les différentes espèces de Mammifères et même parfois dans cha- que espèce. Elle embrasse trois vertèbres chez l’homme mais peut en embrasser quatre ou seulement deux ; elle en embrasse deux et demie dans les Ruminants et le porc, une ou une el demie dans les Soli- pèdes, le chien, le lapin, eté. Chez l'homme, ainsi que chez tous les animaux que je viens de citer, elle manque dans les premiers temps de la vie fœtale. Au cours de ce volume j'ai montré, en outre, que le passage du cou au dos est susceptible des mêmes transitions que celui du thorax aux lombes. L’attache sur le rachis de la ceinture pectorale en avant de laquelle se trouve le cou, ne s’observe que chez les Vertébrés les plus simples comme la fortue et disparaît chez les autres. Elle n’a pas la même longueur dans tous et fait défaut chez la plupart des jeunes em- bryons de lorlue. De sorte que Ja division de l’épine en trois régions : une région cer- vicale, située en avant de la ceinture pectorale ; une région caudale en arrière de la ceinture pelvienne, et une région intermédiaire ou tronc ne s'applique pas, tant s’en faut, à tous les Verlébres. De cela et de l'étude des irrégularités numériques vertébro-costales humaines et animales observées par les anthropotomistes et les zo0- tomistes français et étrangers et moi, la conclusion philosophique irréfutable suivante se dégage : la colonne vertébrale est essentielle- ment une et indivisible de la tête à l'extrémité de la queue et les régions qu'on a pris l'habitude d'y distinguer n'ont des limites ni fixes, ni bien déterminées. D'un autre côté, il est intéressant de constater que la colonne ver- tébrale de l'homme a subi relativement à celle des autres Mammifères, le chimpanze, le gorille, Yorang exceptés, une réduction du nombre des pièces qui la composent. Si le chimpanzé et le gorille ont, en effet, comme l'homme 17 vertèbres dorso-lombaires (13 dorsales et 4 lom- baires), et l’orang (1) 16 (12 dorsales et 4 lombaires), le g'bbon en a 18 (12 dorsales et 6 lombaires); les Cébiens et les Pilhéciens en ont 19: les Nyclipithèques, 22; les Lémuriens, 24; les Carnassiers, 20 (2\. De plus, chez tous les animaux pourvus d'un cou, le nombre des vertèbres (1) Bugnion attribue six vertèbres sacrées à l'orang, de sorte qu'il aurait le même nombre total de vertèbres que l'homme, le chimpanté et le gorille. 12) Tous les zootomistes s'accordent avec raison à reconnaitre que dans l'appréciation de la formule vertébrale d'un Mammifère, il est nécessaire de s'arrêter à l'articulation sacro-iliaque, le segment caudal étant sujet à trop de variations atrophiques pour mériter d'entrer en ligne de compte. 422 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE qui en forme la charpente demeurant pour ainsi dire invariable en dépit de son allongement ou de son raccoureissement — [le porc et les Célacés dont le cou est si court el la girafe dont le cou est si long ont, les premiers comme la seconde, 7 vertèbres cervicales] — il s'ensuit que, chez tous, l'augmentation du nombre des vertèbres dorso-lom- baires et celle du nombre des vertèbres sacrées et coccygiennes n’est pas compensée par une diminution du nombre des vertèbres cervi- cales, Enfin, au bas de l’échelle des Vertébrés, chez les Reptiles et les Poissons le nombre total des os rachidiens dépasse de 200 chez le Colu- ber natrix et les Anguilles et plus de 400 chez le Python et les Requins, elil est rare de trouver, parmi eux, des sujets qui en possèdent le même nombre. L'augmentation du nombre des articles de la colonne verté- brale constitue donc, sans conteste, un caractère d’infériorité. Il en est de même de celle des côtes d'où résulte un agrandissement dans le sens cranio-caudal de la cage thoracique. Inversement, la diminution du nombre des articles de la colonne vertébrale et celle des côtes qui a pour conséquence un raccourcissement dans le sens cranio-caudal de la cage thoracique constituent un caractère de supériorité. Les hommes ne viennent pas à l'existence par d’autres processus natu- rels que les végétaux et les animaux. Comme eux, ils procèdent d’un germe. Sans graines, sans éléments reproducteurs, la vie ne pourrail se propager; bref, les générations humaines actuelles sont la continutilé des générations humaines dont elles sont issues, et, avec la matière des cellules germinales toutes les propriétés biologiques, celles de la sensibilité et de l'intelligence comme les autres, sont transmises des ascendants aux descendants. Les morts se continuent dans les vivants autant dans leur esprit que dans leur corps. Quelque doctrine que l’on suive dans l'interprétation des faits de l'hérédité, ces faits eux-mêmes ne sont pas contestables. L'enfant, comme la plantule, ne peut pas ne pas être la substance même des êtres qui l'ont produit, et cela depuisles Protozaires el les Protophylés jusqu’à l'homme, quelque variés que soient les modes de reproduction. Pour différents que soient les facteurs internes ou externes qui con- courent à modifier ces productions organiques, i/ faut qu'elles répè- tent les caractères médiats el immédiats, ataviques ou contemporains, des parents el de la race, de l'espèce, du genre de la famille. Les caractères ethniques des diverses races ou espèces humaines présentent, une sûreté de réaction organique et fonctionnelle telle ment manifestes — du fait de l’hérédité — qu'une ethnologie spéciale, une science des mœurs, des réactions morales, existe pour les variétés, races et espèces du genre humain, comme pour celles des autres Mammifères. iris at Cds 1fT At CONCLUSIONS GÉNÉRALES 4923 Tout l'art des horticulteurs et des éleveurs est fondé sur la pro- priété de la matière vivante de reproduire un lype ancestral, plus ou moins modifié par la fixation héréditaire de certaines variations oble- nues el maintenues artificiellement. Ces combinaisons biologiques n'ont pas plus lieu de surprendre que celles de la chimie organique ou inorganique : seul le degré de complexité des phénomènes dif- fère, Et de la sorte s'explique, selon moi, l'apparition dans toutes les races humaines et avec un degré de fréquence différent dans chacune d'elles, de dispositions du système musculaire et du squelette cépha- lique des animaux. Divers anthropologisies tendent aujourd'hui à croire que les variations réversives n'existent pas, qu'il n'y a pas deux espèces de variations ayant une signification morphologique précise, des varialions réversives et des varialions progressives, mais une seule espèce, des variations progressives, celles dont j'ai démon- tré le premier l'existence. Je me suis déjà énergiquement élevé dans mon T'railé des variations des os de la face de l'homme et de leur signi- fication au point de vue de l'anthropologie zoologique contre cette thèse dès qu'elle a été émise. L'étude des anomalies des os rachidiens humains lui est également défavorable. En plus des irrégularités numériques par excès de ces éléments, n'est-on pas, en effet, forcé de considérer aussi comme des varialions réversives : les côtes cervicales, les côtes lombaires; l'absence de l'arc antérieur de l'atlas qu'on retrouve chez les Phascolomes ; les anneaux osseux sus-transversaire postérieur, rétro-articulaire supérieur de l'atlas qui entrent dans la composition du canal atloïdien latéral décrit chez les animaux sous les noms de canal artériel, canal trigéminal ; l'os odontoïdien, homo- logue de l'os odontoïdien des Mammifères aplacentaliens, et princi- palement de celui des Marsupiaux du genre Thylacine et des Mono- trèmes ornithodelphes ; lapophyse odontoïde conique, normale chez le gorille; la réduction de hauteur de l'apophyse odontoïde; le rappro- chement des faceltes articulaires supérieures du corps de l'axis de la facette antérieure de l’éminence qui le surmonte; l'extension en ar- rière ou en dehors des apophyses articulaires inférieures de la seconde pièce osseuse de la colonne vertébrale, la terminaison par un renflement unique de l'extrémité dorsale neurépine de l'axis; les apophyses capi- tulaires thoraciques constantes chez les Amphibiens; le zygosphène et le zygantrum, si nets chez le Python; la 1e côte thoracique bici- pitale reproduisant une disposition habituelle chez divers Célacés ; les äpophyses styloïdes dés {rois premières vertèbres lombaires très lon- gues et très fortes chez le Maki à front noir (Lemur nigrifrons), les vertèbres lombaires biconiques, la spondyloschise congénitale, l’en- coche sacrée latérale qui paraît constituer un des caractères des Singes 424 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE anthropomorphes, les os chevrons de l'anatomie ornithologique et de l'anatomie herpétologique, etc., etc. Comme les autres organes humains, la colonne vertébrale humaine évolue, qu’on le sache bien, non seulement depuis le moment où elle commence à se former dans le sein maternel, mais encore jusqu’au dernier jour de la vie extra-utérine, si longue soit-elle. L’embryon humain possède une queue manifeste et un nombre de vertèbres supé- rieur à celui de l'adulte, 38 au lieu de 33 ou 34; les quatre ou cinq dernières vertèbres sont éphémères; déjà chez l'embryon humain ayant 6 semaines, la 38°, la 37° et la 36° se confondent en une seule masse, la 35° elle-même n’a plus de limite parfaitement nettes; à 7 mois l'embryon humain n’a plus que 3/4 vertèbres, la 34° résultant de la fusion des quatre dernières vertèbres entre elles. Les os coxaux de l'homme n'ont, d'abord, aucun rapport avec la colonne vertébrale, et le sacrum est composé de plusieurs pièces osseuses séparées, ainsi que dans les Vertébrés inférieurs; il ne devient une pièce osseuse unique que chez l'adulte : avant 16 ans les pièces osseuses multiples qui entrent dans sa constitution sont encore distinctes; les synostoses qui les unissent pour former le sacrum typique, apparaissent lardive- ment et évoluent lentement. La saillie du promontoire différenciant le bassin humain de celui des Mammifères, n’est qu'ébauchée à la nais- sance, elle s'accentue plus tard sous l'influence de diverses causes, de la station verticale notamment, etc. Les courbures latérales du rachis humain os dans la seconde enfance et vont toujours en augmentant. Les courbures sagit- tales sus-sacrées du rachis offrent des caractères très spéciaux dans l'espèce humaine, l'explication en est aisée, puisque chez le nouveau- né humain les courbures sagiltales sus-sacrées du rachis ne sont encore qu'esquissées et qu’elles ne se forment qu'après la naissance sous l'influence d'une cause adaptatrice générale, la station verticale, et, en outre, de causes adaptatrices différentes chez chaque sujet. La courbure à concavité ventrale du sacrum du fœtus humain pelotonné sur lui-même se continue avec la courbure à concavité ventrale unique du reste de l'épine. Chez l'enfant, la courbure cervicale s’accuse au fur el à mesure que la tête s'étend sous l'effort des muscles de la nuque; la courbure lombaire s’accentue plus tard, vers la troisième année lorsque l'enfant commence à marcher et à redresser sa poitrine. Sous le rapport de ses courbures sagittales sus-sacrées la colonne ver- tébrale passe donc par une série de phases successives dont chacune a son homologue fixe dans la série animale : fœtale, elle ressemble à celle d'un Mammifère quadrupède; infantile, à celle d’un Anthropoïde (1). (1) On sait que les courbures sagittales des Singes n’ont pas la même forme CONCLUSIONS GÉNÉRALES 425 La courbure lombaire à concavité dorsale est plus prononcée chez la femme que chez l'homme; la femme est plus cambrée; l'homme a l’échine plus droite. Cette accentuation de la courbure lombaire chez la femme doit être rattachée à la fonction de gestation; les muscles lombaires extenseurs, et par suite incurvateurs de la ré- gion lombaire, sont obligés à un effort proportionné au poids sura- jouté en avant; cette attitude de la grossesse, poursuivie dans une série incalculable de générations a fini par créer le type lombaire féminin cambré. | J'ai parlé à diverses reprises des modifications anatomiques qui amènent l'affaissement du rachis chez le vieillard: les exagérations de courbures latérales et sagittales qu'elles entraînent se manifestent principalement sur la colonne thoracique. Les courbures sagittales rachidiennes varient dans leurs dimensions et toutes choses égales, d’ailleurs, non seulement suivant l’âge et le sexe, mais encore suivant les races et, dans chaque race, suivant les individus, la profession qu'ils exercent, les maladies dont ils sont atteints, etc. Elles sont moins accusées chez le nègre que chez l'Européen (Pruner-Bey). Turner a établi que dans quelques races la colonne lombaire est concave en avant; ce renversement de la colonne lombaire s'observe chez les Australiens et les Boschimans. Bichat disait déjà que l’on reconnaîtrait toujours à sa colonne ver- tébrale le soldat qui a vieilli dans les rangs, le laboureur qui a passé sa vie penché sur sa charrue, l'homme ou la femme qui portent habituellement des fardeaux sur leur tête, etc. Le mal de Pott, toutes les maladies qui causent la claudication, la coxalgie, le pied bot, etc., modifient, à la longue, les courbures du rachis humain. Les statistiques concernant le degré de fréquence d'apparition dans les différentes races des variations réversives et des variations pro- gressives des vertèbres ne reposent pas encore, cependant, sur l’exa- men d’un nombre assez élevé de cas pour qu'on puisse, comrae pour diverses variations réversives el progressives des muscles ef des os du squelette céphalique de l'homme, en tirer des conclusions fermes Dans mes Traités des variations du syslème musculaire el des os du que celle de l'homme. D'après Broca, ce serait le gibbon qui sous ce rapport se rapprocherait le plus de l'homme, mais suivant Cunningham (The lumbar curve in [he man and the Apes, pp. 83 à 100. Dublin, 1886) l'indice lombo-vertébral qui exprime le degré de courbure sagittale de la colonne lombaire à sa face anté- rieure prouve l'inexactitude de cette assertion. Il faudrait classer sous ce rap- port l’homme d'abord, puis le chimpanté, le gibbon et Y'orang. (Pour le gorille, l'auteur anglais n'a pu étudier à ce point de vue spécial qu'une pièce macérée.) 426 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE crâne et de la face de l'homme et de leur signification au point de vue de l'Anthropologie zoologique (1), j'ai rappelé que pour Källiker et Vir- chow les variations anatomiques réversives ne sont que des arrêts de développement causés par un trouble de nutrition, conséquence d'une maladie locale ou générale, et qu'elles ont été dénonmées pour ce motif {héromorphies par Virchow. Que les variations anatomiques réver- sives soient des arrêts de développement, c’est possible; que ceux-ci soient déterminés par un processus pathologique, c’est loin d'être prouvé. Et c'est sans doute pourquoi on a cherché et fourni une explication nouvelle des variations anatomiques réversives. Elle est assez curieuse eb s'appuie sur les découvertes de la microbiologie. Pour mieux les faire comprendre, je suis obligé de revenir encore une fois — qu'on me pardonne, ce sera la dernière — sur ce que nous savons à l'heure présente, du développement des êtres organisés depuis le moment de leur apparition dans l’ovule jusqu’à leur nais- sance ou, plus exactement, jusqu'au moment où ils sont devenus com- plets, car il est un grand nombre d'êtres organisés, dils à mélamor- phoses, qui naissent avant d'être complets et qui poursuivent les évolutions de leur vie embryonnaire bien longtemps encore après être sortis de l’ovule. Tous les embryons, ceux de l'espèce humaine aussi bien que ceux des êtres organisés les plus inférieurs, ont des organes qu'ils n’ont plus.à l’âge adulte. C’est ainsi que l'embryon humain possède, quand il a quatre semaines, non seulement une queue, mais encore une paire d’appendices latéraux qui rappelent les nageoires et, de chaque côté du cou, et en arrière de l'orifice buccal, comme les Poissons, quatre fentes qui s'ouvrent dans la cavilé pharyngienne. Ce sont les fentes branchiales destinées à la respiration dans l’eau au moyen de bran- chies et les intervalles qui les séparent sont les arcs branchiaux. Dans les profondeurs de son abdomen naissant est contenu aussi l'appareil génito-urinaire des Poissons, le canal de Wolff et le canal de Muller. Son cœur ne ressemble pas davantage à ce qu’il sera plus tard. Il a progressivement la configuration du cœur des Vers, de celui des Poissons, de celui des Batraciens et de celui des Reptiles. Il en est de mème de son cerveau qui n'existe même pas au début et commence à poindre à l'extrémité de la moelle épinière, tout sem- blable à celui des Poissons. C'est ainsi également que chez la grenouille, dont le développement embryonnaire se poursuit longtemps après la naissance, on voit le lélard sortir de l'œuf à l'état de véritable poisson, avec une longue queue, un cœur à deux cavités seulement, des fentes branchiales el (1) Cf. Conclusions générales. ii tt 4. at, | | | CONCLUSIONS GÉNÉRALES 427 des branchies externes arborescentes. Puis ces branchies externes disparaissent et sont remplacées par des branchies internes qui poussent sur les fentes branchiales, Plus tard ces nouvelles branchies s'évanouissent pour faire place à des poumons. Enfin des pattes, d'abord nageoires, émergent de chaque côté du corps, la queue s’efface et la grenouille est constituée. Et pourtant il y a certaines espèces de Grenouilles, les Ratnelles par exemple, qui ne vont jamais dans l’eau et dont les {élards, incapables de profiter du luxe d'appa- reils aqualiques dont ils sont gratifiés de même que les autres, se développent dans le corps de leur mère où ils éclosent. Il se trouve dans la même situation que l'embryon humain qui n’a jamais besoin ni de sa queue, ni de ses nageoires, ni de ses fentes branchiales, ni de son appareil urinaire de Wolff et chez lesquels tous ces organes inutiles se montrent à l’envipour disparaitre, du reste, bientôt comme ils sont venus et faire place, enfin, à ceux qui seront indispensables à l’homme fait. Les /nsectes subissent des métamorphoses encore plus curieuses. A la sortie de l’œuf l'ënsecte, se présente sous une forme absolument différente de celle qu'il aura à l’âge adulte, c'est la larve. Celle larve, insexuée, n’a d'autre préoccupation que de manger el de grandir. Aussitôt qu’elle a atteint la taille qu'elle doit avoir, elle s'endort dans limmobilité, ne prend plus aucune nourriture et se mue en nymphe ou poupe. Durant cet état, elle se modifie profondément encore. La plupart de ses organes sont remplacés par d’autres. Elle sort, enfin, de sa torpeur pour s'envoler à l'état d’insecte parfait. Ces merveilleuses transformations frappent beaucoup les observa- teurs superficiels parce qu'elles se passent sous leurs yeux. Elles ne sont pourtant pas plus étranges que celles qui se déroulent, à l'abri des regards indiscrets, sous la coquille d'un œuf de poule ou dans les profondeurs de la matrice d'une femelle de Manmifère. Au total : chaque être vivant revêt successivement, au cours de son développement, les diverses formes par lesquelles a passé son espèce pour arriver à la forme qu'il a actuellement. C'est la loi, dite de pa- trogonte, que j'ai eu l’occasion de citer souvent. El si l'embryonhumain possède l’un après l’autre tant d'organes des animaux, c’est parce que l'homme compte parmi ses ancêtres des Vers, des Poissons, des Dip- neusles, des Batraciens, des ARepliles chez lesquels ces organes ont été utiles et normaux. Voici maintenant comment, au dire de certains embryologisles, ces organes qui ne représentent plus qu'une succes sion de souvenirs anceslraux, disparaissent pour faire place aux organes définitifs, Les leucocytes, les globules blancs du sang et de la lymphe, qui circulent, indépendants, au travers des éléments de l'organisme de 428 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE l'homme et des animaux y remplissent des fonctions multiples dont chacune est indispensable à son bonfonctionnement. Ce sont des Amibes domestiques. Ainsi que, les Amibes vivant isolés, et en quelque sorte à l'état sauvage, dans la plupart de nos mares et de nos étangs. ils sont mobiles et font sortir incessamment de leur corps pour les rentrer ensuite de nombreuses tentacules, molles et agiles, à l’aide desquelles ils englobent tout ce qu'ils veulent emporter ou anéantir. Les leucocytes sont généralement désignés maintenant sous le nom de phagocytes. On peut les voir, au microscope, englober, comme ils le font dans l’économie, les particules solides qui se trouvent à leur portée, plus particulièrement peut-être les cellules étrangères qui, sous le nom de Microbes, envahissent nos tissus, ou les cellules appar- tenant à l'organisme et dont le fonctionnement physiologique s’affai- blit par la vieillesse ou la maladie. Grâce aux ferments spéciaux qu’ils sécrètent, ils peuvent lutter, le plus souvent avec avantage, contre ceux que sécrètent aussi les Microbes el neutraliser leurs redoutables toxines. Ces phacocyles flairent de loin leurs ennemis et semblent juger à distance, comme les Carnassiers le font par l'odorat, les dangers que l'envahisseur va faire courir aux milieux qu'ils ont à défendre et les chances de triomphe ou de défaite. La présence de certains microbes les attire.Ils accourent en masses profondes, venant de tous les organes, surgissant de tous les tissus. Ils se jettent sur les intrus, les accablent par l'audace et par le nombre, comme les chiens des bergers terrassent le loup qui s’est introduit, furtif, au milieu de la bergerie. Ils les englobent au milieu de leurs gluantes pseudopodies, s'en repaissent et les digèrent. Ils délivrent l'organisme menacé et lui assurent l’immunité. D’autres microbes, au contraire, leur font hor- reur, les repoussent et les mettent en fuite. Ils sont comme ces Mouffeltes, bêles puantes, enfants du diable, etc., espèces de Martes à fourrure merveilleuse qui mettent en déroute ses ennemis les plus acharnés par l'odeur infecte, insupportable qu'elle exhale à volonté. Dans ce cas, l’économie est bien malade car rien ne vient plus arrêter l’envahisseur triomphant. Beaucoup de cellules de l'organisme, même parmi celles qui sont fixes, présentent des propriétés phagocytaires, mais ce sont les leu- cocyles qui constituent les deux plus importantes espèces de phago- cytes, les Microphages et les Macrophages. Ce sont les Microphages, plus petits mais plus agiles, qui se mobi- lisent toujours les premiers dans les cas d'agression. C’est surtout dans les affections aiguës qu'ils agissent. Ils se jettent de préférence sur les parasites végétaux. Mais ils évitent, le plus souvent, les mi- crobes des affections chroniques. SE 00 ne TT CONCLUSIONS GÉNÉRALES 429 Les Macrophages, plus gros, plus lents à se mouvoir et à se lrans- porter mais plus robustes, s'attaquent aux corps étrangers de diges- tion difficile. comme les cellules provenant de déchets, les polynu- cléaires, les hématies, les microbes résistants, par exemple, ceux de la peste, de la tuberculose, de l'actinomycose et de la malaria. Ils naissent plus spécialement, par adaptation fonctionnelle, de cellules de la moelle, de cellules endothéliales ou des gros mononucléaires du sang et de la lymphe. Ils élaborent un ferment bactéricide parti- culier connu sous le nom de Macrocytase qui est, suppose-t-on, la source des anticorps et des anlitoxines. Au dire des microbiologistes, c’est à ces macrophages quil faut attribuer la disparition des organes éphémères el inutiles de l'embryon. Simples témoins des choses passées, formes ancestrales inachevées,les cellules qui constituent ces organes manquent de vitalité, elles sont vieilles avant l’âge. Les Macrophages les attaquent, les désagrègent et les digèrent. Puis ils transportent dans l'organisme où se consti- tuent les tissus nouveaux cette masse considérable de substances ali- mentaires qu'ils se sont ainsi incorporés et la transmettent aux cel- lules fixes qui s'y trouvent en voie de prolifération. C’est ainsi que, chez les insectes par exemple, dont les nymphes en métamorphose ne mangent absolument rien, des organes nouveaux se développent de toutes pièces au milieu d’une activité cellulaire dont il serait impos- sible de comprendre la singulière intensité si l’on ne savait qu'ils ont dans les Macrophages, des pourvoyeurs alimentaires qui ne se lassent jamais. Il est prouvé que c'est vers la fin seulement de l'évolution embryon- naire que se développent les organes reproducteurs dont les cellules, destinées à des phénomènes très complexes, réclament une alimenta- tion de choix. Ce sont les Macrophages qui la leur fournissent en se livrant eux-mêmes, avec tout ce qu'ils contiennent, à leur fureur pha- gocylaire. Car les cellules reproductrices, plus particulièrement peul- être les ovules, sont, à un moment donné, de véritables phagocyles par lesquels les Macrophages sont, à leur tour, dévorés (1). Pourtant, dans leurs rapports avec les ovules, les Macrophages ne sont pas toujours les sacrifiés. IIS ont parfois affaire à des cellules reproductrices moins robustes qu'eux. Ce sont elles alors qui devien- nent les victimes. Les Macrophages les dévorent aussitôt, devenant ainsi de merveilleux agents de sélection parmi les éléments destinés à engendrer les générations futures. Grâce à eux, il ne demeure, sur (1) C’est comme si les garcons livreurs de nos pâtissiers ou de nos bouchers étaient mis au four ou à la broche par leurs clients en même temps que les tartes ou les gigots qu'ils délivrent. 430 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE le nouvel être, que des spermatozoïdes ou des ovules vigoureux qui assurent ainsi la vigueur même de l'espèce. Celte phagocytose éliminatrice des ovules insuffisants s'exerce même avec une telle intensité que c'est à peine, d’après les calculs d'Henle, si un demi pour cent y échappe. On a compté que les deux ovaires d’une femme de dix-huit ans contiennent environ soixante-dix mille ovules. Combien y en a-t-il qui, durant toute l'existence sexuelle, réussissent à quitler l'ovaire dans des conditions favorables à la fécon- dation ? Certainement pas trois cents. Quant aux autres, ils sont dévorés par les Macr ophages. Je ne suis pas grand clerc en microbiologie, mais je me méfie, de certaines théories microbiologiques qui nous reportent trop au temps où les théories humorales étaient encore davantage en honneur, au temps de Molière. Je me méfie de ces précipitines, de ces lysines, de ces amboceptleurs, elc., elc., qu'on n'a jamais vus ou isolés, se donnant des liaisons agglutinantes ou dislocantes en une sarabande effrénée. On peut se demander, en effet, pourquoi les macrophages se com- portent ainsi? Quelle force les y incite (1)? Pourquoi cette force est- elle tantôt suffisante lantôt insufisante ? Pourquoi, quand tout ses passe régulièrement, ne dévorent-ils pas, pendant la vie fœtale de l'homme, les organes qu'on retrouve constamment chez l’homme fait et qui indiquent son origine animale, l’appendice iléo-cœcal qui a des dimensions considérables chez divers Mammifères quadrupèdes, le repli semi-lunairde de l'angle interne de l'œil qui recouvre tout le globe oculaire des Squales, la glande pinéale, considérée par maints auteurs comme l'homologue de l'œil impair ou troisième œil des Reptiles, elc., organes vestigiaires permanents dont l'homme n'a nul besoin et dont il pâtit souvent. Mais qu'importe après tout que les variations anatomiques réversives soient ou non des arrêts de développement causés par une maladie ou résultent où non de ce que les macrophages n’ont pas accompli jusqu'au bout leurs fonctions, elles n’en reproduisent pas moins complètement ou partiellement, chez un être vivant, une disposition normale pendant sa vie fœtale ou après sa vie fœtale, chez un autre être vivant et prin- cipalement, chez un autre être vivant d’une espèce voisine. D'un autre côté, il n’est pas permis de faire appel à la théorie patho- logique de Külliker et de Virchow ni à la théorie microbiologique que je viens d'exposer pour expliquer les variations osseuses rachidiennes progressives, fonctionnelles ou par adaptation à de nouvelles fonctions () Dans tous les cas, ce ne pourrait être que cette force inconnue dans son essence, agissant intra ou extra, sur le germe fécondé et que j'ai appelé, en attendant mieux, l'afavisme. CONCLUSIONS GÉNÉRALES 431 qui existent au moment de la naissance (1) ou qui se manifestent plus ou moins longtemps après : l'accentuation de la courbure cervi- cale et de la courbure lombaire quand l'enfant commence à redresser la tête et la poitrine et à marcher, la cambrure plus marquée de la colonne lombaire dans le sexe féminin, la réduction du nombre des vertèbres à 30, 31, etc., et principalement de celui des vertèbres cau- dales, la petitesse de l’atlas et de l’axis (2), l'accroissement de hauteur de l’apophyse odontoïde, le peu de longueur, la bifurcalion et la rai- nure du bord inférieur de la neurépine de chacune des six dernières vertèbres cervicales, la grandeur et l'extrème obliquité de la neuré- pine et la légère inclinaison des apophyses transverses de chacune des vertèbres thoraciques, la direction perpendiculaire à l'axe de la colonne vertébrale de la neurépine et des apophyses transverses de chacune des vertèbres lombaires, l'incurvation plus prononcée en avant du sacrum qui entraîne celle du coceyx, la forte saillie du promontoire, la rudimentation des premières vertèbres coccygiennes, etc., etc. Ma classification des variations anatomiques ayant une signification morphologique en variations réversives el en varialions progressives n’est donc pas ébranlée en dépit des années. Mieux encore, et je le constate derechef avec un sincère plaisir, la théorie microbiologique du mode de genèse des variations anatomiques réversives vient con- firmer la loi des prédisposilions morbides que J'ai formulée en m'appuyant uniquement sur l’observation. On sait qu'en 1878 (3), j'ai avancé que nos ofganes opposent d'autant plus de résistance aux maladies qu'ils sont plus sains et mieux conformés absolument, comme d'après la loi de Darwin,une plante ou un animal est d'autant plus certain de vivre et de se perpétuer que sa force et sa vigueur l’assurent de mieux lutter contre les causes de destruction dont il est entouré. Dans le discours qu'il a prononcé le 15 octobre 1905, à l'occasion de l'ouverture solennelle des cours de l'Université de Gand, sur l'ana- lomie humaine et les tendances modernes de la morphologie, le profes- seur Leboureq, recteur de cetle Université, s’est exprimé de la sorte: «I y a plus de vingt-cinq ans que le professeur Le Double, de Tours, avail démontré que les anomalies de formation prédisposent aux (1) Variations progressives acquises lentement et transmises aujourd'hui par l'hérédité, « cette adaptation provisoirement fixée », si on adopte ma définition. (2) La tête reposant perpendiculairement sur elles, l’atlas et l’axis n'ont plus besoin de donner insertion à des muscles aussi puissants. J'ai indiqué antérieu- rement la raison d’être de chacune des autres variations anatomiques progres- sives mentionnées ci-dessus. (3) CF. mon livre, De l'épididymite blennorragique dans les cas de hernie ingui- nale, de varicocèle ou d'anomalies de l'appareil génital. Paris, 1878 (conclusions). . | ! à . 432 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE maladies. Plus récemment, le professeur Wiedersheim, de Fribourg, a décrit sous le nom de philogenelische senescenz (Politisch anthropolo- gische Revue, II. Heft, 6) l'espèce de déchéance à laquelle sont exposés lesorganes normaux danslesquelsle processus d'évolution continue à se faire sentir par l'apparition intermittente de variations anatomiques.» Le professeur Wiedersheim n'a fait que confirmer ce que j'ai énoncé depuis longtemps. Tous les médecins qui, depuis plus d’un quart de siècle ont suivi mes cours, savent pertinemment que c’est en invo- quant cette sénescence phylogénétique, que je leur ai expliqué pour- quoi l’appendice iléo-cæcal devient plus souventle siège d'une inflam- mation que les autres portions de l'intestin et le sommet du poumon, de lésions tuberculeuses que le reste de parenchyme pulmonaire; pourquoi les rudiments du corps de Wolff sont si fréquemment lori- gine de kystes et les inclusions fœtales, de tumeurs malignes ; pour- quoi les fonctions des glandes piluitaire, thyroïde, s'accomplissant généralement mal, provoquent ces troubles désignés sous les termes génériques d'acromégalie, d'hypothyroïdie, d'hyperthyroïdie, etc. Je n’ai jamais séparé les conformations qui sont, chez l’homme, les vestiges permanents d’un état qui a disparu depuis un temps immémo- rial de celles quin’en sont que des vestiges accidentels.Dans mon Trarlé des variations du système musculaire de l'homme (1.11, p.438), je les ai rangées, les unes et les autres, dans la même classe. Et la loi de la pathologie générale formulée ci-dessus s'applique aussi bien aux unes qu'aux autres. : Depuis plus de vingt-cinq ans je me plais à répéter sous tous les tons que si l’appendice iléo-cæcal énorme dans les Herbivores et dont la longueur dépasse de beaucoup celle du corps dans le Koala s’'en- flamme si facilement chez nous, c'est parce qu'il est le représentant inutile d’un organe que nous ne possédons plus depuis longtemps, qu'il est en voie de regression de plus en plus accentuée et que ses éléments constituants sont doués, par suite, d’une faible vitalité. On peut le comparer à ces ruines chancelantes qui, quoi qu'on fasse, sont condamnées à disparaître bientôt et qui, dans les anciennes cités, at- testent ce que celles-ci furent autrefois. Depuis plus de vingt-cinq ans je professe que si l’inflammation du sommet du poumon est plus dan- gereuse que celle de ses autres parties el que si le sommet du poumon offre moins de résistance que ses autres parties au bacille de la tuber- culose, c’est pas ce qu'il est le point faible de ce viscère. La poitrine dont la longueur dans le sens cranio-caudal diminue progressivement des Mammifères quadrupèdes aux Mammifères bipèdes (1) continue à (1) Cf. à la fin de ce volume : Quelques considérations sur les doctrines de l'Ecole anatomique tlourangelle contemporaine. mt. CONCLUSIONS GÉNÉRALES 433 décroître de hauteur chez l'homme. La 1°° côte offre déjà assez fréquem- ment des arrêts de développement inquiétants : sa partie antérieure avorte et sa partie postérieure, seule existante, se termine dans les muscles voisins, les scalènes, se soude à la 2° côte ou s’unit au moyen d'un mince ligament nacré au sternum. Il est donc à craindre qu'elle partage plus tard le sort de la 7° côte cervicale et qu'elle ne soit, en partie, remplacée par la clavicule avec laquelle elle semble faire double emploi, en partie par la 2° côte qui passera ainsi au premier rang. Participant à la même évolution, le sommet du poumon cons- titue donc, comme la première côte, un de ces lieux de moindre résistance de l'organisme de l'homme que j'ai dénommés : lieux de moindre résistance congénitaux. Au demeurantet sion s’enrapporte aux données de la microbiologie, les macrophages mangent les organes éphémères et inutiles de l’em- bryon parce qu'ils sont formés par des cellules manquant de vitalité, des cellules vieilles avant l'âge. Ceux qu'ils ne mangent pas constituent, après la naissance, les organes vestigiaires accidentels (variations réversives) etles organes vestigiaires permanents (appendice iléo-cæ- cal, repli semi-lunaire de l’angleinterne de l'œil, glande pinéale, etc.) Les organes vesligiaires accidentels et les organes vestigiaires per- manents dégénèrent et deviennent plus facilement malades que les autres parce que ce ne sont que des organes embryonnaires persis- tants, autrement dit des organes composés de cellules manquant de vitalité, de cellules vieilles avant l’âge. Il me serait difficile d'invoquer un meilleur plaidoyer pro domo. Quelques mots encore pour terminer. Dans mon Trailé des variations des os du crâne de l'homme et de leur signification au point de vue de l'anthropologie zoologique, j'ai affirmé, à l'encontre des professeurs Virchow, Lannelongue, etc. (1), que le cerveau, dans son évolution, n’est pas étranger à la morphologie des os du crâne, et que, par conséquent, dans certains cas, des variations de ceux-ci peuvent être la traduction des modifications de l'encé- phale et principalement de l'augmentation ou de la diminution de son volume, d'où résulte une augmentation ou une diminution de la pres- (1) Ma manière de voir à cet égard a été confirmée depuis par le professeur Schwalbe, de Strasbourg. Et en renvoi, à la page 38 du numéro de février 1906 de la Revue de l'Ecole d'Anthropologie de Paris, à propos d'un article intitulé : La Forme du crâne et le développement de l'encéphale qu’il a publié dans cette Revue, E. Rabaud a déclaré : «Le Double (Traité des variations des os du crâne) refuse d'admettre avec raison, que l’atrophie du cerveau soit secondaire à la suture précoce du crâne. » VERTÉBRALE. 28 434 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE sion excentrique qu'il exerce sur son enveloppe osseuse dont le déve loppement est moins précoce que le sien. Dans mon Traité des variations des os de la face de l'homme et de leur signification au point de vue de l'anthropologie zoologique, j'ai déclaré, contrairement à Cuvier, Magitot, etc., que la configura- tion des muscles, des os de la face, des vaisseaux qui les nourrissent et des nerfs qui président à leur bon fonctionnement, dépend du degré de saillie en avant des mâchoires, qui dépend lui-même du volume des dents, c’est-à-dire des fonctions de la mastication. J'y ai indiqué quelles ont été les causes de la réduction, lente et progressive, des maxillaires de l’homme depuis les temps préhistoriques où ils étaient si puissants : a) Le développement parallèle du cerveau, et principalement de ses lobes antérieurs où réside l'intelligence. L'artère carotide interne a dû emprunter à la carotide externe pour nourrir le cerveau une partie du sang servant à la nutrition des mâchoires. b) L’adoucissement des mœurs, le choix des substances alibiles, l'habitude de les préparer et de les faire cuire, ce qui a rendu si facile la mastication qu'aujourd'hui on essaye, par bienséance, d’atténuer le plus qu'on peut les mouvements qu’elle nécessite. Dans un discours sur les Doctrines de l'école analomique tourangelle contemporaine que j'ai prononcé le 12 novembre 1908, dans la salle des fêtes de la mairie de Tours, soit deux ans et demi après la publi- calion de mon 7railé des variations des os de la face et de leur signi- fication au point de vue de l'anthropologie zoologique, discours que je crois devoir reproduire à la fin de ce volume, car il constitue mon Testament scientifique, je me suis efforcé, en me basant sur le déve- loppement en sens inverse du crâne et de la face, d'esquisser à grands traits le portrait de l'homme futur. « Cette lutte entre le crâne et la face, qu'on peut suivre depuis les Poissons et les Reptiles jusqu’à l'homme, ai-je dit dans ce discours, est si évidente, Messieurs, qu’elle n’a pas échappé au génie observa- teur des grands naturalistes de l'antiquité et que les peintres et les sculpteurs en ont, de Lout temps, tenu compte dans leurs composi- tions. EL voilà pourquoi, Messieurs, il n’est pas défendu d’espérer que, par suite du redressement et de l'agrandissement du front humain sous la poussée des lobes antérieurs du cerveau et du retrait graduel, égal et simultané des mâchoires, un jour viendra où l'angle facial de l'homme, qui mesure présentement 80° chez les Européens, 70° chez les Mongols, 6o à 70° chez les nègres, atteindra peut-être 90°, égalant l'amplitude de l'angle facial que Phidias, et un statuaire de la Grèce antique, demeuré inconnu, ont donné à Jupiter Olympien et à l'Apollon du Belvédère pour idéaliser le profil et attester, en CONCLUSIONS GÉNÉRALES 435 même temps, la suprême intelligence de ces deux Divinités mytho- logiques. » Avant le mois de juin 1906, j'avais déjà présumé en émettant cette proposition qu'elle serait très discutée, et avancé (1) : « Cette proposi- tion soulèvera, sans doute aussi, de nombreuses critiques; je ne doute pas cependant que, comme tant d'autres propositions que j'ai émises, elle ne finisse par s'imposer ». D'ores et déjà, en effet, des expériences de physiologie expérimen- tale du docteur Anthony, du Muséum national d'histoire naturelle de Paris, de A. Marie, médecin en chef de l’Asile de Villejuif, près Paris, et du docteur Pietkiewicz lui sont favorables. Le docteur Anthony a pris un chien nouveau-né dont la têle, alors pleine de promesses, se rapprochait de la tête humaine au point de vue des proportions réciproques de la boîte cranienue et de l'appa- reil mandibulaire. Sectionnant du côté droit les muscles élévateurs de la mâchoire inférieure, les muscles temporal et masséter, il a conservé à l'animal une capacité cranienne plus élevée et des mâchoires moins fortes de ce côté que du côté opposé. A. Marie et Pietkiewicz ont pratiqué l’hémisection des muscles masticateurs chez deux jeunes chiens et présenté, le 21 février 1910, l’un de ces animaux vivants et le crâne de l’autre à la Société clinique de médecine mentale. « On peut y remarquer, lit-on, à la mème date, dans le compte rendu analytique des séances de cette Société, l’effa- cement de la crête sagittale et l'expansion de la cavité cranienne du côté des muscles sectionnés. Ces expériences sont d'un haut intérêt, non seulement en physiologie comparée, mais aussi au point de vue des rapports possibles entre le développement cérébro-psychique et celui de la musculature cranienne (loi de compensation de la régres- sion masticatrice par l’expansion cérébrale). » Elles ont été, du reste, déjà rappelées en ces termes dans un article de la Presse médicale (n° 8, p. 74, 28 janvier 1911), intitulé Récit où l’on voit M. Bergeret discourir sur le langage des béles, par le doc- teur F, Helme, de Paris, dont le talent d'écrivain égale l’érudition : « Oh ! je sais bien, affirma M. Bergerel, que les modernes sont har- dis aussi, et je suis le premier à rendre hommage à M. le professeur Le Double, de Tours. Ayant noté le balancement qui semble exister, chez les animaux, ou les sauvages, entre la partie supérieure de la tête et l'inférieure, et remarqué que plus la musculature est forte en bas, moins l'intelligence luit en haut, cet anatomiste véritablement puissant, se demanda si, en seclionnant les muscles crotaphyles ou (1) Trailé des variations des os de la face de l'homme et de leur signification au point de vue de l'anthropologie zoologique. Introduction, p. xx. 436 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE massétérins, on n'’élargirait pas la calotte cranienne au niveau des fosses Lemporales. Le contenant devenant plus spacieux, peut-être le contenu, la masse cérébrale, augmentlerait-il de volume lui-même. Tout ce qui serait perdu par les portions inférieures représentant la matière serait gagné par la coupole cérébrale symbolisant l'esprit. M. Anthony, du Val-de-Grâce, puis M. Auguste Marie, de Villejuif,sec- tionnèrent ainsi des massélers chez des chiens, qui furent nourris arlificiellement. L'un d’eux vit encore et il semble intelligent. Quand à la calotte cranienne, elle est, ou presque, semblable à celle de tous les congénères. La chirurgie du cerveau, d’ailleurs, avait déjà appris aux philosophes que ce n’est pas le contenant qui influe sur le con- tenu, mais bien le contenu sur le contenant, le cerveau sur le crâne. » Sans doute, ces expériences sont très intéressantes et on pouvait en prévoir les résultats, mais en physiologie, comme en tout, il est bon de commencer par le commencement, ab ovo. Pour arriver à déterminer expérimentalement pourquoi le crâne, expression de l'intelligence et des sentiments élevés, etles mâchoires, expression de la férocité et de l’animalité, se développent en sens inverse, 1l faudrait arracher à un animal toutes ses dents à mesure qu'elles poussent et constater les modifications cranio-faciales que cette ablation de toutes les dents provoqueraient à longue échéance. Mais alors seulement, et en vertu de la méthode baconienne, cette «échelle double qui remonte des effets aux causes et qui descend des causes aux conséquences », seraient vérifiés expérimentalement les faits d'observation qui m'ont conduit à formuler la loi du développement simullané, corrélatif, mais en sens inverse du crâne et de la face et dont j'ai entretenu, en 1888, pour la première fois, les étudiants en médecine, à mes cours de l’École de médecine de Tours. C’est, au surplus, ce que j'ai dit au docteur Anthony, après le ban- quet qui, le 13 juin 1908, a suivi l'inauguration, au Muséum national d'Histoire naturelle, de la statue de Lamarck et écrit, deux ans plus tard, au docteur A. Marie. Le docteur Anthony m'a assuré qu'il allait entreprendre dans son laboratoire de la station physiologique du Parc des Princes l'expérience que je lui signalais et, le 10 mars 1910, j'ai reçu du docteur A. Marie une lettre dont je retranscris les lignes suivantes : « Votre conseil m'incite à faire l'expérience que vous m'indiquez : ablation des dents d'animaux à mesure qu’elles poussent. Je vous en écrira... Nous pourrions, si vous le voulez, reprendre cette ques- lion ensemble à l'Académie des sciences. » Si les résultats de ces expériences sont — et j'en suis intimement persuadé — favorables à ma conception de la morphogénie du massif facial j'aurais, donc, sans compter la loi de conlemporanétlé des varta- CONCLUSIONS GÉNÉRALES 437 tions anatomiques, doté, avec l’aide des pathologistes et des micro- biologistes d'abord, et celui des physiologistes ensuite, les sciences biologiques de deux autres lois : de la loi des prédisposilions mor- bides et de la Loi du développement simultané, corrélatif, mais en sens inverse du crâne et de la face. Puisse s'imposer définitivement tôt ou tard, de même, l'idée qui domine dans ce dernier traité et qui lui donne une forte unité, savoir : que la plupart des variations que subissent, en passant d'un genre dans un autre, les parties dures et molles du rachis des Mammifères sont la conséquence de la transformation progressive de l'attitude horizontale (Quadrupèdes) en attitude oblique (Anthropoïdes) et de celle-ci en attitude verticale (Homme). AÀ.-F. LE DouBLe. Tours, le 20 février 1912. ANNEXE AUX TRAITÉS DES VARIATIONS DES OS DU CRANE ET DE LA FACE DE L'HOMME ET DE LEUR SIGNIFICATION AU POINT DE VUE DE L'ANTHROPOLOGIE ZOOLOGIQUE Depuis que les deux premiers volumes de mon 7railé des varia- lions du système osseux de l'homme et de leur signification au point de vue de l'anthropologie zoologique ont été imprimés (1903), la littérature anatomique s’est enrichie de quelques nouveaux cas de ces variations. D'autre part, plusieurs cas de ces variations qui, en dépit de mes recherches bibliographiques, m'avaient échappé et que Je n'avais pu, conséquemment mentionner dans les ouvrages en ques- ton, m'ont été signalés par divers anatomistes français et étrangers. Les uns et les autres sont décrits, plus où moins longuement, dans celte annexe composée suivant le même plan et consacrée à la défense des mêmes idées que les Traités des variations des os du crâne et de la face de l'homme qu'elle complète. I TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DU CRANE DE L'HOMME OCCIPITAL ÉCAILLE. — Absence congénitale d'une portion de l'écaille de l’occipilal, indépendamment de loule lésion pathologique. — Cette ano- malie a été observée, en 1900, par Marion sur le nommé Bourgeois Armand, âgé de 18 ans et demi, entré dans son service de l'Hôtel- Dieu, de Paris, pour des contusions mulliples de peu de gravité. A gauche, on sentait d'une façon très nette, dans la squame de l'os de 440 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE la nuque de ce jeune homme, un large orifice, à bords osseux, un peu irrégulier. L’impulsion cérébrale était aisément perçue avec la main à chaque pulsation cardiaque (Mario, Bulletin de la Soc. anat. de Paris, p. 598). Ce cas contredit toutes les théories qui expliquent l’encéphalocèle par une malformation de la boîte cranienne alors qu'il est certain que presque toujours, sinon toujours, la malformation porte en même temps sur le crâne et l'encéphale. Depuis le Mémoire de Berger, du reste, c'est chose à peu près admise. Est-il nécessaire de rappeler, à ce propos, que longtemps avant Berger, j'ai fait remarquer que les centres nerveux naissant avant leur enveloppe osseuse, ce sont eux qui, par les variations de la pres- sion excentrique qu’ils exercent sur elle, modifient plus ou moins les conditions de son développement, que si l'augmentation ou la diminution de volume des centres nerveux influe, plus ou moins, sur le développement de leur enveloppe osseuse, la réciproque'n’est pas vraie. Sutura sagittalis media squamæ occipitalis. — Elle a été cherchée en vain par J. Jarricot (Bull. de la Soc. d'Anthropologie de Lyon, PP. 27-92, 1907) sur 510 crânes d'Européens et de non-Européens adultes. Elle n’a donc pas été rencontrée jusqu'ici sur 1.056 crânes d'adultes (sur 300 par Romiti, sur 510 par Jarricot, sur 246 par moi). Je ne puis donc que répéter qu'elle est excessivement rare. Interpartélal et épactal. — « Ces deux termes sont pour moi syno- nymes » a écrit le professeur Testut (Traité d'anatomie humaine, p. 124, 1896). Telle n’est pas, je le redis, mon opinion. L'interpariétal et l’'épactal sont, il est vrai, l’un et l’autre précédés par une ébauche membraneuse, mais, l'un est limité inférieurement par une ligne réu- nissant l’astérion droit à l’astérion gauche et passant par l'inion ou un peu au-dessus de lui et correspond à l’os interpariétal autonome des animaux, alors que l’autre comble le sinus du lambda et n’a aucune signification morphologique, c'est un os wormien destiné à pallier à l'insuffisance de l'ossification de la partie supérieure de l'interpariétal. Du reste, à la Faculté de médecine de Lyon même, la manière de voir de Testut à ce propos est loin d'être unanimement acceptée, les lignes suivantes, empruntées à Jarricot, chef du labora- toire de la clinique obstétricale de Lyon (loco cilato supra, p. 51) en font foi : « Pour nous, simple ou divisé, l’épactal rentre dans la classe des os wormiens et, avec Le Double, nous considérons les os wor- miens non comme la manifestation d’un phénomène d’atavisme, mais comme le résultat d’un modeste accident pathologique, d'une hydro- céphalie, par exemple, ou d'un défaut de synchronisme dans la crois- sance simultanée du cerveau et de son enveloppe. » J’ajouterai qu'avec moi également Jarricot attribue au défaut de fixité d'ossification du ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 44] tissu membraneux les productions osseuses anormales multiples qu'on trouve au niveau de la fontanelle postérieure et à son pourtour. C. Stolvhwo (Bulletin de l'Acad. des Sciences de Cracovie, 1906) n’a trouvé l’os épactal indivis, bipartite ou tripartite, que sur 21,99 p. 100 des 91 crânes d'anciens Péruviens adultes ou enfants, c'estune nouvelle preuve de ce que j'ai avancé, savoir qu'il ne mérite pas son nom d'os des Incas. Fossa supra toralis. — Sous ce qualificatif, H. Klaatsch, d'abord (Anthrop. Gesellsch. in Wien, 1902) et Folge (eodem loco), Matiegka, ensuite (Sitzungsb. d. k. Akad, d. Wiss. in Wien, 1906), ont décrit une petite dépression qu’on trouve sur quelques crânes, au niveau du plan sagittal médian et au-dessus du bourrelet occipital transverse. Stolyhwo a appelé fovea occipitalis un creux plus ou moins grand, qui existe accidentellement entre les linæ nuchæ superiores el suprema où au-dessus des lineæ nuchæ superiores. Impressions occipilales externes. — Le professeur Waldeyer qui a divisé les impressions que peut offrir la face externe de l'écaille de l'occipital en émpressiones occipitales inferiores où impressions qui siègent entre le trou occipital et la ligne courbe inférieure de l'occi- pital, émpressiones occipilales intermediæ ou impressions existant entre la ligne courbe inférieure de l’occipital et l’inion et impressiones occipitales superiores se rencontrant au-dessus de l’inion, le profes- seur Waldeyer, dis-je, range la fossa supra loralis parmi ces dernières. Apophyse rétro-masloïdienne. — Depuis la publication de mon Traité des variations des os de la face cetle apophyse a été observée par O. Schlaginhaufen (Jahrb. d. St. gallischen naturwissenschaft. Gesellsch., 1905), H. Matiegka qu'il l'a dénommée crista asleriaca inferior), (Sitzungsb. d. Wiener Akad., math. naturw. kl,, 1906), K. Hauser qui l’a appelée processus aslerius et Tuberculum supra- masloideum posterius (Inaug. diessert, Berlin, 1906), Staurenghi (Aëë congr. nat. ital. Milano, 1906), etc. Elle a inspiré, enfin, au professeur Waldeyer un second mémoire (Abhandlungend. k. Preuss. Akad. d. Wissenschaflen, 1909) dans lequel figure letableau suivant qui indique dans quelle proportion il l’a rencontrée dans les différentes races : NOMBRE APOPIIYSE RETRO -MASTOIDIENNE RACES de crânes ————pZpEp a, examinés. Faible. Moyenne. Forte. Océaniens. . . . 198 45 6 (| Asiatiques . :VATA 17 b] 1 Africains. . . . 950 29 6 I Américains. . . 141 42 3 0 Européens.. . . 431 45 45 I Total. .. 1.224 148 35 3 442 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Si on s'en rapporte à ce tableau, il y a donc lieu de croire qu'il est plus commun chez les Océaniens que chez les Asiatiques, les Afri- cains, les Américains et les Européens. Dans mon Trailé des varia- tions des os de la face (Annexe, p. 413), nous avons avancé, le docteur nl L. Dubreuil-Chambardel et moi, «qu’il semble être plus fréquent chez les Polynésiens que dans les autres groupes ethniques ». FACE ENDO-CRANIENNE. — Variations des goutlières des sinus veineux postérieurs de la dure-mère. — Dans les comptes rendus du XIT° Congrès international de Médecine (Paris, 1900), j'ai consigné le ré- sultat de mes recherches sur ces variations dont personne n’a eu cure avant moi. À. Mannu (1), qui a publié, à quelques années de distance, deux mémoires sur cette question, a fait précéder le premier des lignes suivantes : « Mes recherches étaient presque terminées quand Le Double, frappé, lui aussi du désaccord qui règne entre les auteurs sur cette question, fit paraître un travail dans lequel sont décrites les différentes dispositions des sillons trouvés par lui sur un grand nombre d’occipitaux et les types qu'on doit considérer comme les plus fréquents. Ses descriptions et ses dessins concordaient si bien avec ce que J'avais vu, que J'avais jugé inutile non seulement de pu- blier le résultat de mes recherches, mais même de les poursuivre. » (Arch. d. anal. e d. embriol., p. 308, 1903.) A. Mannu a changé cependant d'idées, puisque, en 1907, dans un mémoire imprimé dans l’/nlernationalen monatsschrift für Ana- tomie und Physiologie, p. 304, il a réduit, en se basant sur l'examen de 50 crânes dont 46 d'adultes et / de nouveau-nés, masculins et féminins, les différents types que peuvent présenter les sillons de la face endo-cranienne de l’écaille de l’occipital, logeant les sinus vei- neux postérieurs de la dure-mère, à deux : « la déviation, à droite ou à gauche, du sillon sagittal et sa continuation avec le sillon trans- verse du côté correspondant (type 1); la division symétrique du sillon sagittal au niveau de la protubérance occipitale interne et sa conti- nualion au moyen de deux rameaux avec les sillons latéraux de dimensions inégales (type IT). Il a observé le premier de ces deux types sur 50 crânes el le second sur 20. Sur 24 des 30, le sillon sagittal rejoignait le sinus transverse droit et sur 6 le sinus trans- verse gauche. | Sur 423 crânes, Streit (Arch. f. ohrenheilkunde, Bd. LVIIT, 1903) a vu 39 fois la gouttière longitudinale de la face interne de la squame de l'os de la nuque se jeter dans la gouttière latérale droite; 20 fois dans la gouttière latérale gauche et 2 fois dans l’une et l’autre. (1) Et non Manno, comme cela a été imprimé par erreur dans mon Trailé des variations des os de la face. ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 443 Sturmhôüfel (Inaug. dissert, Künigsberg, 1903), qui a étudié l'Emi nenlia arcuala sur 400 occipitaux, a ramené lous les types des sillons en question à trois. Dans le premier type rentrent les cas dans lesquels le sillon longitudinal se porte dans le sillon transverse droit (50 p. 100); le second dans lequel il se porte dans le sillon transverse gauche (15 p. 100) et le troisième dans lequel il se porte dans les sillons trans- verses droit et gauche (14 p. 100). Spee (Handb. d. anat. d. Menschen, herausgegeben von Bardeleben, léna, 1896) a constaté que sur 68 p. 100 des sujets qu'il a examinés le sulcus sagittalis de la face interne de l'occipital se continuait avec le sulcus transversus dexler, sur 13 p. 100 avec le sulcus transversus sinisler, el sur 19 p. 100 avec l'un et l’autre. Dans le mémoire de M. Mannu concernant cette question, paru en 1907, je relève cette phrase : « Sembrandomi troppo complicata la classificazione di Le Double ». Non, car si les classifications préci- tées rendent bien compte des dispositions qu'offrent le plus habituelle- ment les gouttières qui contiennent les sinus veineux de la dure-mère, elles ont le tort de considérer comme des quantités négligeables les autres dispositions et elles sont nombreuses. Quoi qu'il en soit, les classificalions précitées corroborent, en dépit de l'insuffisance de chacune d'elles, la première partie de la mienne qui est la plus ancienne et qui reste la plus complète. Fossetle cérébelleuse moyenne. -— Une fossette cérébelleuse moyenne en forme de bissac a été observée par G. Paravicini sur un crâne d'hydrocéphale (Arch. d. psich med. leg. et antropol. criminale, 1906). BASIOCCIPITAL. — SEGMENTATION DE L'os. — Segmenlation trans- versale. — Depuis 1903, j'ai cherché cette anomalie sur 1.544 fœtus de 7 à 9 mois et nouveau-nés humains de l’un et l’autre sexe (422 fœtus et 1.122 nottveau-nés) et je ne l'ai rencontrée que sur un fœtus mascu- lin, cyclope, âgé de 8 mois. Le fragment supérieur du basioccipital, qui comprenail à peu près la moitié de la longueur de cette apophyse, affectait la forme d'un cube aplati de haut en bas et dont chacun des angles était émoussé. Il était complètement isolé par une mince couche de cartilage des parties osseuses voisines. Sans compter les 4 cas de P. Albrecht et de Schwegel, celui d'Étienne Geoffroy-Saint-Hilaire, noté plus loin, et celui de l'enfant hydrocé- phale mis au monde par le professeur Ribemont-Dessaignes(1), men- tionné dans mon 7railé des variations des os du crâne de l'homme el (1) Une lettre de mon vieil ami, le professeur Ribemont m'a récemment appris que ce n’est pas à Beaujon qu'est né cet enfant hydrocéphale comme je l'ai indiqué, mais à la campagne, à Thorigny, petit village près de Lagny (S.-et-M.). 414 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE de leur signification au point de vue de l'anthropologie zoologique (p. 80), et dont un bon dessin fait par Cuyer a élé reproduit et com- menté par G. Hervé dans la Revue anthropologique (n° 2, p. 98, Pa- ris, 1911), la division en deux pièces superposées autonomes de l’apo- physe basilaire de l'occipital humain a donc été observée jusqu'ici, pendant la période embryonnaire ou après, sur : 3 cränes sur 3.712 par Rossi. { — 9200 — Morselli. 1 — 400 — Staurenghi. | — A 554 l'auteur. Soit sur 6 crânes sur 5.856 chiffres qui ne s'écartent guère de ceux que j'ai indiqués antérieure- ment (1 crâne sur 400). M'en rapportant à P. Albrecht, je lui ai attribué l'honneur de la découverte de la variation en question. J'ai commis une erreur. Dans mon Traité des vartations des os du crâne de l'homme el de leur signifi- cation au point de vue de l'anthropologie zoologique, j'ai parlé (p. 81, nole 44) d'un mémoire présenté, en 1820, à l’Académie des sciences de Paris, par Étienne Geoffroy-Saint-Hilaire et où il est question du mode d'ossification du basioccipital. Or, dans ce Mémoire sur plu- sieurs déformations du crâne de l’homme, suivi d'un essai de classifi- cations des monstres acéphales, les lignes suivantes m’avaient échappé : « Du sous-occiprtal, ou de l’occipital inférieur. « Il se présente ici une difficulté. Nous ne connaissons qu'un seul occipital inférieur, un seul basilaire; et si nous ne nous abusons pas sur celte circonstance, notre sujet nous en présenterait deyx.… « A cela près qu'elles ne sont point soudées ensemble, les deux pièces, placées bout à bout, rendent observable et réaiisent la conformation du basilaire ou de l'occipital inférieur de l’état normal, d’un basilaire qui serait du même âge. Tout basilaire est dans le fait formé par deux plans, savoir, le postérieur, disposé en arc servant de bord et fermant par le bas le grand trou occipital; l’antérieur, rectangulaire et concave en dedans, tantôt ävec deux trous de vaisseaux dans le milieu, dont l'un à droite et l’autre à gauche, et tantôt avec un sillon rectiligne et transversal. « Maintenant que j'ai rappelé ces faits de l’état normal, il ne sera pas difficile de concevoir comment dans notre anencéphale le basilaire est formé de deux pièces, X’ correspond à la tubérosité quadrangulaire : c'est la même forme, sauf que les bords sont un peu plus arrondis; ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 445 la face interne est concave, l'externe convexe. X”, à son tour, corres- pond à la partie disposée en arc; on ne peut voir de conformité plus complète. Enfin les connexions doivent décider; et elles établissent dans le vrai, invinciblement, que les deux pièces X' et X” font partie de l’ensemble appelé jusqu'ici basilaire ou occipital inférieur. « Mais nous venons d'avancer que les deux os de notre sujet patho- logique répèlent exactement les formes et reproduisent à tous égards les conditions de l'unique basilaire, comme précédemment nous le connaissions à l’état normal. Nous sommes donc ramenés à la consé- quence que cet os n'a pas été suffisamment étudié dans sa première for- mation... (Philos. anat., t. II, pp. 68-72). « De nouvelles recherches d’une date toute récente m'ont convaincu que nos deux pièces X'et X",se confondant ordinairement en une seule qui a reçu le nom de basilaire ou d'occipilal inférieur, sont origi- nairement el essentiellement distinctes. Leur siluation inférieure et centrale, et plus encore leur part d'influence dans la formation du fœtus, décident de la précocité de leur soudure. Je les emploierai dorénavant, savoir, X' ou la pièce antérieure, sous le nom de olosphé- nal, et X” ou la pièce postérieure, sous celui de basisphénal.» (Ibid, P. 73.) » La base du crâne du fœtus anencéphale dont il s’agit dans cette communication de notre compatriote à l'Académie des sciences a été décrit et figuré avant cette communication par le professeur F. Lal- lemand (de Montpellier) dans sa thèse inaugurale (Paris, 1818, n° 165), Le mot basisphénal pour désigner 1 morceau inférieur du basiocci- pital parlagé en deux dans le sens transversal prête matière à confu- sion. Il fait songer involontairement au basisphénoïde avec lequel il n’a rien à voir. Mais le nom de o/osphénal appliqué au fragment supé- rieur du basioccipital segmenté transversalement en deux, montre bien les rapports qu'a, à droite el à gauche, ce fragment supérieur avec le rocher qui, dans chacun des os de la tempe, contient l'organe de l’ouie. Conclusion : Ce n'est pas P. Albrecht, mais Étienne Geoffroy-Saint- Hilaire qui a appelé le premier l'attention des anatomistes sur le ba- siotique. FACE INFÉRIEURE. — Troisième condyle. — A la page 96 de mon Trailé des varialions dés os du crâne de l'homme,dans le paragraphe VI, consacré à la discussion de l'interprétation fournie par le professeur Lachi du mode de formation de cette saillie, une faute typographique (1) Né à l'Hôtel-Dieu de Paris, en 1816, ce fœtus anencéphale était conservé dans le Cabinet anatomique de l’École de médecine de Paris. 446 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE a été commise ; au lieu de « production hypophysaire » il faut lire « production hypapophysaire ». En plus des auteurs cités dans ce Traité et dans mon 7raïlé des varta- lions des os de la face, le condyle basiaque a été rencontré par V. Ca- rucei (L'Ercolani, 1894); Dorello (Richerche falte nel laboraltorio di anatomia normale della R. Università di Roma e in altri laboratorti bio- logici, 1901); Ganfini (Wonit. zool. ital, 1901-1906) ; Kollmann (Ver- handl. d. anat. Gesellsch. auj der neunzehnten versammlung in genf, 1909); À. Musumeci (Monit. zool. ilal., 1900) ; Swejetschnikoff (Arch. f. anût. u.phys., 1906) ; Bolk (Anat. anz,, 1906); À. Mannu (A{{i della Soc. roman. d. antropol.,1907). Stolywho (1), etc. Pour Kollmann, A. Mannu, Swejetschnikoff, les processi basilari et paracondyliens,les apophyses jugulaires extraordinairement développés, l’incisure marginale posté- rieure du trou occipital, l'épaississement insolite de la circonférence osseuse de ce foramen, le canal intra-basilaire, le condyle basiaque, le canal condylien antérieur double ne seraient que des reliquats de la vertèbre occipitale primitive, des manifeslalions de cette vertèbre, pour parler comme eux. Selon d’autres, l'os de Kerckring ne serait rien autre chose que de la neurapophyse du proatlas (A. Inhelde, Anat. anz.. p- 42, 1910). Pour défendre ces diverses opinions, on invoque ou on a invoqué les recherches sur le développement de la colonne vertébrale faites chez des embryons de lapin par Chiarugi (Monit. zool.ilal., 1890- 1899) el des embryons de bœuf par Froriep (Arch. f. anal. u. entwicke- lunges, 1886) la présence chez certains Æepliles (crocodile, Shenodon) el quelques Mammifères (hérisson, eic.) d’un nodule osseux dans le ligament reliant la neurapophyse de l’atlas à l’écaille de l’occipital et se confondant avec elle ou logé dans une incisure qu’elle présente. Dans mon 7railé des variations des os du crâne de l'homme, j'ai montré, en traitant du trou condylien antérieur double, l’inexactitude de la thèse, soutenue par Froriep, touchant le mode de genèse de l'os de la nuque et que Chiarugi a reprise. FACE SUPÉRIEURE. — Canal basilaire médian. — En dehors des anatomistes dontil est question dans mon 7rarlé des variations des os du crâne de l’homme, le canal basilaire médian a été trouvé sur 2 crânes de criminelles italiennes sur 60 par Varaglia et Silva (Arch. psich. e sc. penal.,p.480, 1885) ; sur 2 crânes d’aliénéssur 296 par Para- vicini (Rend, Istlit. lombard. d. sc. e lett., p. 480,1903) ; sur 177 crânes d'adultes sur 1.446 par G. Perna (Anal. anzeig., 1906); sur 1 crâne d’adulte sur 279 par J. P. Tourneux, Th. inaug. Toulouse, 1911). Parmi les 177 crânes examinés par G. Perna, qui possédaient chacun (1) Sur 7,69 p. 100 de 91 crânes d'anciens Péruviens, adultes ou enfants, 1e ht Le ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 447 un canal basilaire médian, il y en avait 35 où le calibre de ce canal égalait ou dépassait 2 millimètres, el sur ces 35, 11 où le canal ba- silaire médian appartenait à la variété dite supérieure, 3 à la variété dite inférieure et le reste à la variété dite uniperforée ; chacun des 42 autres avait un canal basilaire médian dont la calibre n'altei- gnait pas 2 millimètres et dont l'orifice unique était situé sur la face supérieure de la gouttière basilaire, près du trou occipital. En somme, à l'heure présente, le canal basilaire médian a été trouvé sous l’une ou l’autre de ses trois formes sur : 80 crânes sur 4.000-5.000 (sic) par W. Gruber 12 300 Romiti 4 519 Staderini 10 10% Fusari 2 60 Varaglia et Silva 9 296 Paravicini 477 1.446 G. Perna 1 279 J.-P. Tourneux 32 600 l’auteur Soit sur 320 crânes européens ou exotiques sur 8.597 Soit sur 3,7 pour 100. Jusqu'en 1903 je n'avais pu chercher ce canal que sur 200 crânes d'adultes et 200 crânes d'enfants ; depuis il m'a été donné de le ren- contrer encore 5 fois sur 200 crânes d'adultes (2 fois le canal basi- laire médian supérieur, 1 fois le canal basilaire médian bifurqué). Tubercule pharyngien et fosselle pharyngienne. — D'après G. Perna, le canal basilaire médian, quelle que soit la forme sous laquelle il se présente, n'est pas un simple canal vasculaire destiné au passage des vaisseaux émissaires, mais, ainsi que l'indique sa situation corres- pondant à celle du canal qui, dans le cartilage sphéno-occipital, con- lient l'extrémité céphalique de la notocorde, un résidu du canal cor- dal. La fossette pharyngienne est un reliquat d'une portion du même canal qui est demeurée ouverte du côté de la face ventrale du basioc- cipital par suite d’un manque de développement local de cette face ventrale. Le canal basilaire médian et la fossette pharyngienne doivent ètre considérés comme des anomalies régressives, puisque leur existence dépend de la persistance dans l'épaisseur du cartilage sphéno-occi- pital de la corde dorsale, organe destiné à disparaître de bonne heure ; il en est de même du tubercule pharyngien et de la crête qui le continue sur le prébasioccipital. A Staderini qui admet que le canal basilaire médian supérieur est {48 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE un canal vasculaire, mais qui professe en ce qui concerne les autres la même opinion que G. Perna, J'ai observé, 1l y a septans, « qu'avant d'adopter cette opinion, il me semblait prudent d'attendre que nous soyons exactement fixés sur le mode de terminaison de la notocorde en avant ». Je répondrai de même à J.-P. Tourneux qui est d'avis que les canaux basilaires sont des canaux vasculaires et des canaux cordaux. Aujourd'hui je suis intimement convaincu que tous les canaux basilaires médians sont des canaux veineux. Une injection liquide colorée poussée par un de leurs orifices s’insinue dans les canaux veineux interdiploétiques et sort par les orifices exo-craniens et endo-craniens de ces canaux. Depuis la publication de mes Trailés des varialions des os du crâne et de la face de l'homme, la fossette pharyngienne a été rencontrée 1 fois sur 76 crânes par Regnoli et14 foissur279 crânes par J.-P. Tour- neux. De sorte qu'il est possible à l'heure présente de dresser le tableau suivant du degré de fréquence d’apparition de cette fossette. Sur 790 crânes Romiti l'a trouvée 7 fois. — ADN OSSI — 55 — — 900. — Morselli = 6 — —— 100 MR eo) — A — — où 2.000. —Gruber — 46 — — DIT Tourneux == 14 — -— 502 — L'auteur = 5 — Soit 9.559 crânes 134 fois Soit sur 1,4 p. 100. C'est exactement la proportion cenlésimale que j'ai indiquée dans mon Traité des variations des os du crâne de l’homme. I] est évident qu'elle diffère un peu si, comme celle concernant le canal basilaire médian et résultant de ma statistique générale précédente, W. Gru- ber a examiné seulement 4.000 crânes au lieu de 5.000. Pour J.-P. Tourneux la fossette pharyngienne résulte « d'empreintes déterminées par la corde dorsale et par la bourse pharyngienne ». En raison de ses variations de siège et de dimensions et pour plusieurs autres raisons que j'ai exposées, je crois plus que jamais qu'elle est le résultat de la soudure incomplèle des points d’ossification multiples aux dépens desquels se développe le basioccipital. Quant au volume du tubercule pharyngien il dépend, je crois, du degré et de l’étendue de l’ossification des trousseaux fibreux qui le fixent sur lui. (1) emprunte ce nom à J.-P. Tourneux qui le cite sans aucune référence. Peut- être s'agit-il de Ragnotti qui avec Pandolfini s’est occupé, en effet, de la fossette pharyngienne. ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 449 PARIÉTAL Pariélal tripartite. Pariétal bipartile et fontanelle intra-pariélale. — Dans latlas de Vrôülik (Tabulæ ad illustrandum embryogenes in hominis, Amsterdam, 1849,pl. XLIL,fig.9 et 10), on remarque le dessin d'an crâne papyracé dont. le pariétal gauche est partagé en trois fragments par une suture verticale et une suture horizontale. Une malformation analogue a été constatée par F. Reghault sur un fœtus dont le nez était absent(Bullet. de la Soc. anat. de Paris, 1901). La segmentation, incomplète du pariétal gauche par une suture horizon- tale se détachant du milieu de la branche gauche de la suture lamb- doïde, a élé notée en 1909, par le professeur Maliegka (Separalab- druck aus den siltzungsb. d. Künigl Bühm gesellsch. d. Wissensch.in Prag, 1909). Le 16 avri 1908, G. Raïllel a communiqué à la Société d'anthropologie de Paris, l'observation d’une enfant Lucienne R., âgée de 32 mois, dont le pariétal droit présentait en même temps qu'une fontanelle oblique de haut en bas et d'avant en arrière, cor- respondant à la bosse paritéale, un isolement incomplet de l'angle lambdatique de l’os par une suture. G. Raïllet a admis que le pariélal se développe aux dépens de deux centres d'ossification et que les malformations du pariélal qu'il a eu l'occasion d'observer, étaient dues au défaut deréurion de ces deux centres d’ossification. F.Regnault a apporté, le 94 octobre 1908, à la Société anatomique de Paris, un sque- lette de fœtus figurant dans le Musée Dupuytren (n° 513 A) et dont les deux pariétaux dysplasiques sont, celui de droite, divisé en deux portions, une supérieure et une inférieure. Schwalbe (Zeësch f. morph. u. anthropol. Bd. VE pp. 361-434, 1903) à réuni 13 cas et Jarricol a vu un cas de morcellement, total ou parliel, du pariétal en deux sur des fœtus, de nouveau-nés el des enfants. Si aux 2 nouveaux cas de pariélaux tripartites et aux 17 cas de pariétaux bipartiles sus-indiqués on ajoute les 76 cas de pariétaux tripartites et bipartites signalés dans les Addenda de mon Trailé des varialions des os de la face (p. 419),il appert qu'on a fait mention jus- qu'ici de 99 cas de division, complète ou incomplète, en lrois pièces ou en deux pièces du pariétal de l'homme (89 cas de pariélaux bipartites et 6 cas de pariélaux tripartiles). Fontanelle obélique.— En traitant de la fontanelle obélique, de l'in- cisure pariélale et des trous pariélaux qui, d'après Broca, ne sont, sous des formes différentes, que lesexpressions d'un mème processus VERTÉBRALE, 29 450 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE évolutif, j'ai rappelé que beaucoup d'anthropo-zoologistes y voient une réminiscence du trou pariétal de certains grands epliles du lias et ont invoqué à l'appui de cette thèse : 1° L'ossification,défectueuse, lente et tardive de la région obélique; 2° L'homologie de l’épiphyse humaine et de Pen pariétal des Reptiles actuels ou tout au moins du segment proximal de cet organe (LevniG, Zur Keniniss der Zirkel und der Parietalorgane. Franckfurt, A. M., 1896); 3 L'existence chez l'Hatteria et certains Lacertiliens (Lacertilia agilis, L.occelata,eic.) dans le segment distal de cet organe pariétal, d'un œil en voie de régression mais complet (CATTIE, AHLBORN, DE GRaaAF, SPENCER, RAHL-RUCKHARD (1), etc., cilés par PEeyrourEAU, Th. inaug. Bordeaux, 1887): 4° Le développement ontogénique de l’homme qui atteste que son épiphyse ne devient profonde que par suite d’une replication du pro- sencéphale et après avoir été périphérique comme chez les ertébrés inférieurs (M. Duvar, Journ. de micrographie, 1888). A cette thèse si séduisante, j'ai opposé divers faits inconciliables avec elle et 1l est encore difficile de décider si les découvertes embryo- logiques et histologiques récentes lui sont défavorables ou favorables. En ne m'accordant pas en cela avec mon cher et regretté maître le professeur M. Duval, je ne me suis donc peut-être pas aussi trompé qu'on a bien voulu le dire. Il semble, en effet, maintenant que — chez divers Craniotes infé- rieurs du moins — ce n’est pas une mais plusieurs formations parié- tales ayant vraisemblablement, chacune, une origine différente qu'on rencontre.(Cf.PRENANT,Embryologie de l'homme et des vertébrés,t.I1. — STUDNICKA, Die parietalauge. in Lehrb. d. Vergleichend. mikroscop. anat. d. Wierbeltiere, fünfter Teil, léna, 1905). C’est ainsi qu'on dis- tüingue maintenant : ) Le corps pinéal ou épiphyse de l’ancienne anatomie; 8) L'organe pariétal; y) La paraphyse; à) Les yeux pariétaux accessoires. (1) Les deux objections qu’on a élevées contre l’œil pariétal des Mammifères, la situation particulière des bâtonnets de la rétine et l'origine cérébrale du cristallin, ont été réfutées, on le sait, par M. Duval et Kôülliker. Il n'y a aucune différence à établir, d'après M. Duval, entre les yeux dont la rétine de par la situation des bâtonnets peut être inversée et celle où cette inversion n’a pas lieu. Et au dire de Källiker, il existe dans les yeux véritables trois types de développement bien différents. Si l'œil des Vertébrés et celui des Crustacés dérive à la fois de l'ectoderme (cristallin) et de la plaque médullaire (rétine), . celui des Mollusques est entièrement d'origine eclo-dermique et celui des larves de Tuniciers, complètement cérébral. ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 451 Les yeux pariétaux accessoires, toujours rudimentaires, n'existent que chez quelques animaux et n'existent que très exceptionnellement chez chacun d'eux. La paraphyse dont la présence dans les Reptiles a été soupconnée par Hofman et de Graaf, et prouvée par Selenka,a été retrouvée par Francotte et His dans l'embryon humain où elle est constituée par un petit bourgeon épithélial inclus, en partie, dans la faux du cerveau. Au dire de Francotte,c'est « un organe rudimentaire représentant un œil dégénéré », mais Selenka l’assimile à l'organe auditif impair des Ascidiens. À la vérité, les yeux pariétaux accessoires et la paraphyse sont des productions organiques dont la signification nous échappe encore, comme celle de tant d'autres. L'homologie du corps pinéal et de l'organe pariétal est, d'autre part, plus complexe et plus difficile à établir qu'on ne l’a cru. Dans les FRepliles, les Balraciens, les Téléostéens et les Cyclostomes, où ils coexistent et sont, l’un et l’autre, indépendants de la voûte du thala- mencéphale, il est de règle : 1° Qu'un seul des deux se développe en appareil photorécepteur, l’autre demeurant rudimentaire ou peu différencié (Beraneck, Fran- cotte, Hill, Studnicka, etc.). 2> Que ce ne soit pas toujours le même qui se transforme en appa- reil photorécepteur. Ainsi dans le genre Petromyzon (Cyclostomes) et les Batraciens anoures, c'est le corps pinéal qui à une structure rélinienne (organe frontal de Stieda) pendant que dans les genres Lacerta et Anguis (Saurtens), c'est l'organe pariétal. Il ne paraît pas, enfin, qu'ils doivent être nécessairement, l'un et l’autre, situés dans le sagittal médian et par conséquent impairs.Chez les Téléostéens. ils sont, selon Hill, disposés obliquement par rapport au plan sagittal médian. Chez les Cyclostomes, l'un, supérieur, est relié aux ganglions droits de l’habenula ; l’autre, inférieur, aux ganglions gauches. Et Prenant n’est pas même loin de penser que les deux vésicules pariétales étaient primitivement symétriques et que c'est celle dont l'évolutionest plus accusée qui envahit le plan sagittal médian, après avoir repoussé l’autre. Certains Vertébrés auraient-ils donc possédé non pas un œil impair et médian mais deux organes oculaires pairs et latéraux, en outre des deux yeux principaux ? « S'il en ainsi, a observé justement Pre- nant, l'idée d’une homologie de l'organe pariétal avec l'œil impair des Tunicters et la tache pigmentaire de l'Amphioæus, homologie que Julin avait cherché à établir, paraît devoir être provisoirement aban- donnée, » Et pour tout cela et pour les autres motifs que j'ai invoqués anté- 452 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE rieurement, je continue à me défier de la théorie de l'origine atavis- tique de la fontanelle obélique, de l'incisure pariétale et des trous pariétaux. | - Born suPÉRIEUR. — A la page 137 de mon 7raité des variations des os du crâne de l'homme,on peut lire : «... Sur'‘plusieurs crânes mas- culins ou féminins, normaux et de différents âges appartenant à la Société d’Anthropologie de Paris, la suture sagittale est oblitérée depuis son origine jusqu'à sa terminaison, sans qu'il y ait la moindre trace de scaphocéphalie. Si, comme l'assure Virchow, cette déforma- tion cranienne est due à la synostose prématurée de la suture bipa- riélale, cette cause n’est donc pas la seule. » Depuis, E. Rabaud, en 1906, dans la Revue de l'École d'Anthropologie de Paris, et J. Jarricot, en 1908, dans les Annales de la Société linéenne de Lyon, sont venus, à leur tour, témoigner que l'explication du mode de genèse de la sca- phocéphalie proposé par Virchow ne cadre pas constamment avec les faits. Et il n’est plus possible de nier désormais qu'il y ades cas où la carène du crâne scaphocéphale existe sans oblitération de la suture sagitlale et d'autres où elle coïncide avec cetteoblitération. Un crâne préhistorique de Menouville, dont le pariétal gauche est trépané, l'offre, bien que la suture dont il s'agit ne soit pas fermée et elle manque sur tous les crânes d'idiols et de crétins microcéphales que j'ai vus,quoique sur les crânes de ce genre, les sutures craniennes cessent d’être libres de très bonne heure. A ces preuves d'observations 1l est facile d'ajouter des preuves ex- périmentales. Jarricot et Latarjel ont, en effet, déterminé l'occlusion prématurée de la suture sagittale sur des animaux nouveau-nés. Sur de jeunes chats, choisis à cause de la forme globuleuse de leur crâne, ils ont détruit au thermo-cautère la membrane fibreuse unissant l’un à l’autre les bords internes des pariétaux. Aucun des chatons sacrifiés six mois après l'opération n’a montré la moindre trace d'une lendance à la scaphocéphalie. La sulure bipariélale était, cependant, remplacée par une large bande de tissu osseux compact alors que toutes les autres sutures craniennes étaient restées ouvertes. J'ai repris ces expériences sur dix chats el deux chiens nouveau-nés et j'ai obtenu des résultats identiques à ceux signalés par Jarricot et Latarjet. Boro INFÉRIEUR. — Redressement de la courbure à concavité infé- rieure el état recliligne de l'articulation lemporo-partétale. — «J'in- clineassez volontiers à croire, ai-je dit, que ces deux conformations sont plus communes dans les races exotiques que dans la race cauca- sique. » En 1908, la première d’entre elles a été signalée par A. Mock ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 453 (Arch. p. l'antrop. e la etnol., vol. XXXVIIT, fasc.) sur un Mélanésien, un Australien, un Guanche de Orotawa, un Fuégien où elle coexistait avec un processus ensiforme de la squame, etc. L'horizontalité de la suture pariélo-temporale a été constatée par le même anatomiste sur deux orangs et un chimpanzé, l'incurvation en bas peu prononcée decette suture sur un chimpanzé et un cercopithèque. Aurai-je donc raison en prétendant que la direction horizontale el rectiligne de cette suture constitue larègle sinon chez tous les singes supérieurs, mais chez le gorille, le chimpanzé et peut-être l'orang ? FRONTAL FACE ANTÉRIEURE. — Tori supraorbitales et échancrure sus- orbitaire. — Le professeur Schwalbe admet l'existence de deux espèces humaines différentes en s'appuyant sur le résultat de ses recherches craniométriques : l'Aomo primigenius et l'homo sapiens et croit que le mode de conformation des arcades soucilières qui consiste dans la présence de {ort supraorbitales, constitue un caractère morphologique qui permet de distinguer l'homo sapiens de l'homo primigenius. D’après cet auteur, la saillie de ces arcades, lors même qu'elle est très prononcée, ne suffit pas, à elle seule, pour classer un crâne parmi les représentants du type de Spy-Néanderthal ; la condition indis- pensable consiste à ce que la saillie des arcades longe le bord entier des orbites, à l'exception d’un léger enfoncement qui peut se trouver sur le plan médian (Zeëlsch. f morph. u. anthrop., 1906). Cette saillie, que j'ai appelée visière frontale, est dénommée tort supraorbitales par Schwalbe. Trois ans avant lui j'avais moi-même écrit : La visière frontale constitue un des caractères de la race préhistorique de Cans_ tadt. Elle existe chez le Pithecantropus ereclus qui vivait encore à une époque plus reculée que la race de Canstadt (cf. mon Trailé des variations des os du crâne de l'homme, p. 172), et constitue une dispo- sition normale chez nombre de Singes. Chez l'homo sapiens, on rencontre aussi, selon le professeur Schwalbe, des arcades sourcilières fort saillantes, mais au lieu de longer le bord entier des orbites depuis le frontal jusqu'au malaire, elles ne s'étendent pas en deçà des moitiés externes, après quoi elles remontent obliquement vers le haut. D'où la présence chez l'aomo sapiens, dans la partie externe des orbites, d’un plan trilatéral où mème d'une légère dépression qui s'étend depuis le milieu du bord supérieur des orbites jusqu'au point où les arcades rencontrent les os malaires. Le plan latéral en question est appelé par Schwalbe planum supra- orbilale. 454 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Au dire de Schwalbe, de Gorjanowic-Kramberger (Der diluviale Mensch. v. Krapina in Kroatien, 1906) et de Klaatsch, le renflement de la partie externe des arcades sourcilières ne s'observe jamais sur les crânes modernes. | Suivant Gorjanowic-Kramberger l’échancrure sus-orbilaire cons- titue aussi un caractère morphologique très important. Les crânes néolithiques et les crânes appartenant au type homo sapiens actuel présentent accidentellement une échancrure sus-orbitaire parfois très profonde, dont le bord externe forme l’apophyse sus-orhitaire ; les crânes de l’homo primigenius, r'offrent au contraire, qu'une très faible échancrure et, à côté d'elle, un léger renflement oblong. Une anomalie peut se rencontrer, toutes choses égales d’ailleurs, plus souvent chez un sujet ou dans une race que chez un autre sujet ou dans une autre race, mais il n’y a pas une anomalie qui appar- tienne en propre à un sujet ni à une race quelconques. « La visière frontale n’est pas spéciale aux races primitives anté- historiques, ai-je écrit encore il y a sept ans. Elle apparaît accider- tellement dans les races actuelles les plus civilisées aussi bien que les plus arriérées ». Ce n'esi pas, qu'on le sache bien, un seul caractère morphologique mais un ensemble de caractères morphologiques qui permet de classer convenablement un crâne d'homme ou d'animal. Entre l'homo primigenius et\' homo sapiens, il existe toute une série de crânes qui, sous le rapport du mode de conformation des arcades sourcilières, forment une chaîne de gradations ininterrompues. Sto- lywho a été, du reste, amené par ses études répétées, minutieuses et sagaces, sur cette question à conclure : « Que la limite établie par M. Schwalbe entre l’homo primigenius et l’homo sapiens est lrop artificielle ; « Que ces deux groupes, au lieu de représenter deux espèces dif- férentes, n’en constituent qu'une seule : homo sapiens comprenant toute une série de races. » Os mélopique. — Bovero (Process. verbal. d. R. Accad d. medic. d. Torino, 1906), qui l’a rencontré chez deux nouveau-nés, est d'avis qu'il faut attribuer son apparition au développement du frontal aux dépens de quatre centres d'ossification. Pour moi, je suis plus que jamais convaincu que c'est un os sans signification morphologique, un os wormien fontanellaire. FACE INFÉRIEURE. — ÆÉpines et canal trochléaires. — Par suite de deux erreurs commises dans la composilion typographique de mon Trailé des varialions des os du crâne de l'homme, on y a, dans le cas d'ossification de la trochlée du muscle oblique supérieur de l'œil décrit par Giacomini, donné à la trochée gauche le mode de conformation ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 455 de la trochlée droite et vice versa, et dans la statistique générale con- cernant le degré de fréquence d'apparition de Fépine trochléaire supé- rieure attribué à Zoja les chiffres relevés, par Giacomini et mice versa. A. Verga (Mem. d. R.Istil. lomb. d. sc. e lell., 1891) a rencontré l'épine trochléaire supérieure sur 10 pour 100 de crânes qu'il a exami- nés et dont la plupart étaient des crânes de syphilitiques, de dé- ments, d’épileptiques, de mélancoliques et de pellagreux. Sur une moilié de ces 10 p. 106 de crânes, elle élait bilatérale et bien déve- loppée, et sur l’autre moitié, unilatérale el rudimentaire. Unilatérale, elle siégeait presque toujours à droite. J'ai expliqué, le premier, pour- _quoi il en est généralement ainsi. A. Verga a constaté, en outre, la présence de la minuscule aspérité en question, sur un Autrichien, un Slave, un sauvage d'Afrique et un sauvage de l'ile de Ceylan, un Hindou, des momies des antiques nécropoles de Thèbes et de Memphis. D’après le célèbre médecin alié- niste italien, elle se montre dans les mêmes proportions chez celles- ci que chez les Européens modernes et plus souvent aussi du côté droit que du côté gauche, quand elle est unilatérale. A son dire, enfin, elle est, dans toutes les races, paribus cæteris, moins rare chez l'homme que chez la femme. Si on admet ma théorie du mode de formation de l’épine trochléaire supérieure, il est évident qu'il ne peut pas en être autrement, ie système musculaire masculin étant, toutes autres choses égales d’ail'urs, plus développé que le système musculaire féminin. Dans un mémoire auquel je n'ai pu consacrer que quatre lignes dans les Addenda de mon Traïilé des variations des os de la face de l’homme, Sperino, qui a éludié 2.579 crânes européens anciens et mo- dernes et non-européens, nous apprend que sur 2 d’entre eux la pou- lie de réflexion du tendon du muscle oblique supérieur de l’œil était partiellement ossifiée ; que sur 334, soit sur 12,9 p. 100 d'entre eux, l'épine trochléaire appelée par Giacomini postérieure el par moi, su- périeure, était présente ; que celle épine n’a pas une position stable, et qu'elle peut être, sion se base sur celle qu'elle peut avoir relalive- ment à Ja fossette ou au sillon trochléaire : 1° Postéro-supérieure avec où sans crêle ou épine trochléaire an- téro-inférieure, disposition la plus fréquente ; 20 Supérieure avec ou sans crêle ou épine trochléaire inférieure ; disposilion peu commune ; 3 Postérieure avec ou sans crête ou épine trochléaire antérieure, disposition très rare. Et ainsi s'explique, suivant l’auteur, les asserlions contradictoires émises dans les traités classiques d'anatomie, sur la direction de la poulie de réflexion du tendon du musele oblique supérieur de lil 456 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Il est certain que la petite aspérité, crête ou tubercule dont il s’agit n'occupe pas Loujours la même situation par rapport à la fossette ou au sillon trochléaire puisqu'elle a été dénommée par Giacomini épine trochléaire postérieure et par moi épine trochléaire supérieure. Quant à la direction de la poulie de réflexion du tendon du muscle oblique supérieur de l'œil, il ressort des recherches même du professeur d'anatomie de l'Université de Modène qu'elle a bien, dans la majorité des cas, celle que Giacomini et moi avons indiquée en nous appuyant sur deux cas d'ossification complète de la poulie de réflexion du ten- don du muscle oblique supérieur de l'œil. Au demeurant, si on additionne la statistique du professeur Spe- rino et la statistique générale figurant dans mon Trailé des variations des os du crâne et ayant trait, l'une et l'autre, au degré de fréquence d'apparition de l'épine trochléaire supérieure dans l'espèce humaine, on s'aperçoit qu'elle y a été rencontrée jusqu'ici sur 576 crânes sur 4.199, soit sur 13,7 p.100,et plus souvent des deux côlés que d'un seu côlé et à droite qu'à gauche, quand elle était unilatérale. Dans ma statistique générale, j'avais indiqué 15,9 p. 100. Parmi les 113 crânes d'/nuus speciosus que contient le musée an- thropologique dirigé par le professeur Ranke, Ruggero Balli en a trouvé un dont la fossette trochléaire était bordée, en arrière et en avant, par une crêle osseuse. Un mode de conformalion semblable ou analogue a été vu antérieurement par Sperino sur 7 Hylobales, } macaques, 1 papion, 16 cebus, 2 chrysothrix el 3 autres singes d’es- pèce indéterminée sur 72 Anthropoïides, 226 singes inférieurs el23 Pro- simiens qu'il a examinés. Pour ce qui est de la pathogénie de celte malformalion, Sperino a adopté celle que j'ai proposée. Os maxtllo-naso-lacrymo-frontal. Cet os excessivement rare — Je n’en ai signalé que 4 cas (1 cas de Slaurenghi, 1 cas de Ranke, 1 cas de Giuffrida Ruggieri, 1 cas personnel) — a été rencontré également et de chaque côté par A. Civalleri (Osservaziont sulle ossa nasali, Torino, 1903). ETHMOIÏIDE Jakob Frédéric (Zeitsch. f. morph. u. Anthrop., 1909) a observé 6 fois la division en deux par une suture verticale de la lame papyra- cée de l’ethmoïde et un os elhmo-lacrymal supérieur sur un Saxon, un Ilalien et deux Alsaciens et un os ethmo-lacrymal inférieur sur un habitant du Holstein el un Alsacien. A Lu UE Cd QT DR RSS A "… LE Led LÉ à 22% *. " > “ ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME {3 Qt — SPHÉNOÏDE CORPS.— Face SUPÉRIEURE. — Canal cranio-pharyngien.— Aux noms des anatomistes cités dans mes Trailés des variations des os du crâne el de la face qui onteu la bonne fortune de rencontrer ce canal,il con- vient d'ajouter Sternberg (Arch. f. anal. und. Entwickl. 1890), Kulis- cher (Beitr. z. anat. u. histol. von Laudzert, 1878), Caselli (Æiv. sper- ment. d. frenatria et Arch. ital. p. le malellie nerv. e ment.1900), Escat. (Th.de doct. en médec., Paris, 1874), Haberfeld (Zieglers Beitr.z. path. anat. u. z. allg. Path., 1909), J.-P. Tourneux, Citelli (Congrès ital. d'oto-laryngologie, Rome, 1910; Ann. des malad.de l'oreille,du larynx, du nez et du pharynx, 1910, et Anal. anzeig,,1911),Khnkosch, Wegelin, Rippmann, Schlaginhaufen (Anal. anzeig., 1907), Rizzo (Monit. zoo. ital., 1901), etc. J'ai écrit qu'il correspond, dans l'espère humaine, au canal naso-palatin qui constitue un des caractères des Hyags, (Myxines), les Poissons les plus dégradés et qui est comparable à l’ou- verture qui,dans les embryons des Verlébrés supérieurs fait communi- quer le crâne avec le pharynx; qu'il existe chez 10 p.100 des nouveau- nés humains et devient excessivement rare après la naissance. Or | Sokolow qui l'a longuement étudié après moi, déclare : « que Ja | fenestra hypophiseos des Amplhibiens et des Repliles est l'homologue du canal cranio-pharyngien des Mammifères ; que ce canal existenor- malement dans les deux premiers mois de Ia vie embryonnaire de l'homme, qu'il commence à se fermer à la fin du second mois ou dans S les premiers jours du troisième, qu'il persiste chez 10 p. 100 des nou- veau-nés et chez 0,30 p. 100 des adultes (11 observations posilives sur 9.281 crânes d’adulles). » Le calibre du canal cranio-pharyngien humain est, en général, trop restreint, pour qu'une hernie de la substance cérébrale puisse facile- ment s'y produire. Les observations scientiliques n'en relatent, en effet, d’après Sokolow, que 4 cas sur des fœlus ou des nouveau-nés (cas de Klinkosch, 1764 ; de Wegelin, 1860 ; de Rippmann, 1865 ; de Kulischer, 1878) etencore le canal avait-il des dimensions plus fortes que d'habitude ; son diamètre transversal mesurait de 3 à 5 milli- mètres. J'ai avancé qu'il est constant chez le lapin ; c'est aussi l'avis de Dursy (1869), de Parker et Bettany (1879), de Maggi (1880), de Soko- | pas ie em arte hote + 0 ti low, etc. Ce dernier l'a observé sur 3 cochons d'Inde sur 25 ; dans mon Traité des varialions des os du crâne de l'homme j'ai noté que j'avais constaté sa présence « sur / caria cobaya sur 25 ». }| M'’en rapportant à une traduction erronée du mémoire de Sokolow | À , tn “ LU 4 1458 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE qui m'avait élé envoyée d'Allemagne, j'ai avancé dans mon Traité des variations des os de la face de l'homme (Addenda, p. 433) que le canal cranio-pharyngien humain complet avait été découvert sur / crânes d'adultes sur 769 par Sokolow et Rizzo. Rizzo s'est occupé du conduit osseux humain en question, mais ses recherches n'ont rien à voir avec la statistique concernant ce conduit, élablie par Sokolow. A l'heure présente,le canal cranio-phryngien complet a été trouvé dans l'espèce humaine: 0 fois sur 800 crânes d'adultes par Romiti 0 — 1.000 — — Waldeyer 0 _— 279 — — J.-P. Tourneux 9 — 3.712 == — Rossi 11 — ».281 — — Sokolow 1 — « _ 91 — — Haberfeld 1 — 339 — — Caselli 4 — A AAT — — l'auteur Soit 33 _ 12,775 crânes d'Européens ou non-européens adultes. Soit sur 0,25 p. 100. Ce pourcentage est un peu plus élevé que celui que j'ai donné dans mon 'railé des variations des os du crâne de l'homme, mais 1l doit être préféré, car il repose sur l'examen d’un bien plus grand nombre de crânes. Le canal cranio-pharyngien a été observé eucore par Escat 4 fois sur 42 crânes d'enfants et d'adultes, par Citelli 1 fois sur 2» crânes d'enfants, etc. Son oblitération débute par son extrémité inférieure. Sa présence a été signalée chez des acromégaliques par E. Levi (2 cas — Rivist. crilic.d. clin. med. Firenze, 1909), Brigidi (Arch.d.scuol.d.anat patol., p.65, Firenze, 1881), F. Regnault, etc. Il a été observé 31 fois (22 fois à l’état de parfait développement et : 9 fois à l’état rudimentaire), sur 59 Anthropoïdes par Schlaginhaufen. Et si à cette statistique on ajoute celle de Maggiet de Waldeyer tou- chant le degré de fréquence d'apparition chez les singes anthropo- morphes du vice de conformation dont je parle,on voit qu'il a été rencontré présentement chez 40 p. 100 d'entre eux. Je n'ai donc pas eu tort de soutenir contre M. E.Rabaud,et à deux reprises différentes, devant la Société d'anthropologie de Paris, que la persistance dans l'espèce humaine après la naissance du canal cranio-pharyngien doit se produire sous l'influence de l’atavisme et constituer, par suite, une varialion réversive (Bullet. de la Soc. d'anthrop. de Paris,pp. 83-483, Paris, 1903). Apophyses sphéno-pétreuses el pélro-sphénoïdales. — Des « processi petrosi postsphenoïdales » ont élé rencontrés par Slaurenghi dans les ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 459 Sciuromorphes (Gazetla med. lombard., 1903-1906 et AfEr. d. Soc. ilal. d. sc. nalural., 1907). Bovero (Giorn. d. R. Accad. d. med. d. Torino, | 1905) a constaté sur 70 marmolles des Alpes (Arclomys marmotla), l 15 écureuils d'Europe (Sciurus vulgaris), 3 Sciurus concolor, dans le | sous-ordre Miomorphaet diverses familles de rals.la présence de deux prolongements (processi postsfenoidei o soprasfenoidei) émanant, lun, du sommet du rocher droit, l’autre, de celui du rocher gauche et se rejoignant sur la face endo-cranienne du basi-sphénoïde pour consti- tuer le dorsum sellæ el, en outre, celle d'une fissure sagittale traver- sant de l’intérieur à l'extérieur la suture sphéno-basilaire et celle d'une série de canaux vasculaires autonomes (ordinairement 1 à 3) par- courant d'arrière en avant le postsphénoïde el se terminant,dechaque côté, dans une vaste cavité, irrégulièrement ovalaire, siluée à la | racine des apophyses plérygoïdes et correspondant au canal sous-sphé- noïdien des anatomistes vélérinaires. + ne gr FACE ANTÉRIEURE. — Sur un embryon humain de 19 millimètres, Fawcet a constaté que les « sphenoidal turbinated carlilages » sont réellement une dépendance de l'ethmoïde (C. rend. du XVI Congrès internat. de médec. Budapesth, 1910). C'est la confirmation par lem- bryologie de la thèse que j'ai défendue en traitant des sinus sphénoï- daux. , #7 PET AILES DU SPHÉNOÏDE ANTÉRIEUR. — Base. — Canaux clino- carolidien et clino-clinoïdien. — La présence de l’un ou l’autre de ces | canaux à été observée d'un seul côté ou des deux côtés, par A. Busi et R.Balli,au moyen des rayons Rôntgen,sur 25 criminels vivants sur 100. Après Toscani et moi, et contrairement à Meckel, Hyrtl, Cruveilhier, | Calori, elc., ils ont conclu de leurs recherches, à ce propos, que quand | l’apophyse clinoïde moyenne est soudée à l'antérieure elle ne l'est pas \l forcément aussi à la postérieure (Bollet. d. Soc. med.-chir. d. | Moden, 1910-1911). , : £ = nes ; 1 AILES DUSPHENOIDE POSTERIEUR.--APOPHYSES PTÉRYGOIDES. | — Varialions de direction el de dimensions. — D'après A. Weber, l'apophyse ptérygoïde du crâne humain passe par une série de | formes très voisines qui diffèrent les unes des autres par le creuse- ment progressif de la fosse plérygoïdienne. Get amincissement pro- gressif d'arrière en avant du massif osseux de l'apophyse ptérygoïde s’arrêle à peu près au même point chez l'homme et les grands singes, landis qu'il est poussé beaucoup plus loin chez les Simiens de pelrle taille. 4 Chez les pelils el les grands singes, chez le fœtushumain et l'enfant, 480 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE l’orientationde l’aile externe des apophysesptérygoïdes paraît unique, ment en rapport avec la direction des fibres du muscle ptérygoïdien interne. Chez les petits singes, l'aile interne de l’apophyse ptérygoïde s'oriente d'une façon fixe, vis-à-vis du maxillaire inférieur, peut-être aussi sous l'influence du muscle ptérygoïdien interne.Chez les grands singes, le fœtus humain et l'enfant, l’orientalion de l'aile interne de l'apophyse ptérygoïde change, sans doute, sous l'influence de l'accroissement de Ja boîte cranienne et des modifications qui en résul- tent pour les-fosses nasales ; peut-être aussi par suite de l'importance prise par le muscle péristaphylin externe. Chez l'homme adulte, l'orientation de l'aile externe s'est fixée avant que le maxillaire infé- rieur ait pris le caractère de l’adulte. Au point de vue de l’oriente- tion des apophyses ptérygoïdes, les crânes de fœtus humain et d’en- fant ont conservé les mêmes caractères que ceux des singes anthro- poïdes. Je ne sache pas qu’on trouve ailleurs que dans un mémoire de Wal- deyer, paru en 1893 (S1£z. d. k. preuss. Akad. d. Wissensch.z. Berlin), et dont j'ai eu seulement connaissance il y a peu de temps, des ren- seignements numériques sur les variations de dimensions des ailes de l’apophyse ptérygoide. Selon Waldeyer, on peut distinguer trois types dans ces variations numériques. Dans le premier type ou typeA, les deux ailes de l’apophyse ptérygoïde ont un développement à peu près égale, l’externe étant toujours un peu plus large que l'interne. La fosse ptérygoïdienne pas plus que les ailes de l’apophyse ptérygoïde ne présentent de dimensions ne dépassant la moyenne. Le type B est caractérisé par le grand développement de l’apo- physe ptérygoïde et par l'extension de l'aile externe particulièrement dans sa portion inférieure. La fosse plérygoïdienne est profonde et allongée. L’aile inlerne, par contre, est à peine modifiée dans ses dimensions. Dans le type C, Waldeyer a rangé les apophyses ptérygoïdes très peu développées. Ces dimensions très réduites s'observent surtout sur l'aile interne. La fosse ptérygoïdienne est très peu marquée ; la fos- selte scaphoïde, bien délimitée dans les types A et B, est à peine visible dans le Lype C. La hauteur de l’apophyse ptérygoïde est bien moindre que dans les types précédents. Ces variations de dimensions ne sont en rapport ni avec le sexe n1 avec l'âge. Waldeyer a altiré, en outre, l'attention sur une crète transversale siluée au-dessus de la fosse plérygoïdienne, contre la racine de l’apo- physe ptérygoïde. Celte crête présente des aspects variables qui ne concordent nullement avec les différents types indiqués par l'auteur. Il a donné comme exemples des lrois aspecis principaux que peut LES : 4 ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 461 présenter l'apophyse ptérygoïde des crânes d'Européens et de nègres. Sur les crânes d’'Européens, il a indiqué les types A et B de sa classifi- cation ; au type B, dans lequel les ailes de l'apophyse ptérygoïde sont très développées, ne correspondait pas une mâchoire inférieure très forte, tandis qu’un crâne de nègre Monbouttou du type C, à apo- physes ptérygoïdes très peu accentuées, présentait une mâchoire infé- rieure très puissante. Waldeyer à cherché à dégager des caractères ethniques dans la fréquence des différents Lypes d'apophyse ptérygoïde qu'il a décrits. A ce point de vue les résullats sont incertains Chez les nègres de la côte de Loango, il a trouvé le type C 70 fois pour 100; 50 fois pour 100 le même type chez les nègres de Ja colonie allemande de l'Est africain. Ceci est en contradiction avec Henle qui a signalé le grand développement de l'apophyse ptérygoide chez les crânes de nègres. C’est chez les Kalmouks que Waldeyer a trouvé le type B le plus fréquent, c'est-à-dire les ailes de l'apophyse ptérygoïde les plus développées. Ce type est encore bien représenté par les Chinois, tandis que le type C, caractérisé par le petit développement des apo- physes ptérygoïdes, est rare dans les races mongoliques et chez les Javanais. Avec A. Weber, je pense que les différents types décrits par Wal- deyer n'ont pas une valeur absolue mais seulement relative. Quant aux varialions individuelles des dimensions des ailes de l'apophyse ptérygoïde humaine, il y a lieu de croire qu’elles dépendent du volume et de la direction du muscle ptérygoïdien interne. Dois-je ajouter qu'en traitant des variations de la fossette scaphoïde, située à la face postérieure de l'épaisse racine qui unit l'aile interne de l’apophyse ptérygoïde au corps du sphénoïde et dans laquelle le muscle péristaphylin externe prend une partie de ses Insertions, A. Weber a écrit (Bibliographie anatomique, fas. 2, L. AV, pr. 58): « Comme je fait très justement remarquer Le Double, la fossette scaphoïde ne se termine pas brusquement vers la parlie moyenne el postérieure de l'aile interne de l'apophyse ptérygoïde, mais se conti- nue le plus souvent sur la face externe de l'aile interne par un léger sillon qui s’élargit pour loger le tendon du péristaphylin externe et aboutir à une échancrure située en avant du crochet de l'aile interne. C'est dans cette échancrure que se réfléchit le tendon du péristaphy- lin externe. Le Double a vu sur quelques sujets la fosselte scaphoïde s'étendre jusqu'à cette échancrure du bord inférieur de l'aile interne.» Porus crolaphico-buccinatorius. — Grosse (Anal. anz., 1893) dit qu'il a observé cet orifice sur 1,5 p. 100 des 600 crânes de la Société physico-économique et 8 fois dont 3 fois des deux côtés sur 600 crânes d'une autre collection anatomique. Il a été, depuis 1903, rencontré > \ L CNE mie 4 . s° ” . 462 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE aussi 3 fois sur 861 crânes par Balli (Monit. zool. ital. 1906), et 2 fois (1 fois des deux côtés et 1 fois à droite) sur 200 crânes de Touran- geaux par moi. De sorte qu'actuellement la présence du porus cro- laphico buccinatorius a été constatée en faisant abstraction de la pre- mière statistique de Grosse sur laquelle je n’ai pu avoir de renseigne- ment plus précis : Sur 8 crânes sur 600 par Grosse 4 — 600 — Hyrtl 7 — 406 — Von Brunn 3 — 40 — Calori 9 — 9692 — Tenchini 3 — 861 — FR. Balli 5 — 490 — l’auteur Soit 32 — 3.189 — Soit sur 1,02. Ma statistique générale précédente, basée sur l'examen d’un nombre moins élevé de crânes, m'avait fourni la proportion centésimale 1,24. Trou plérygo-épineux. — L'ossificalion, complète ou incomplète,du ligament plérygo-épineux a été notée sur 34 aliénés sur 126 par R. Balli (Ai. d. Soc. d. naturalist. el matemat. d. Modena, 1905). Elle a élé constatée également et en même temps qu'un grand nombre d'autres malformations par A. luhelder sur un crâne hyperbrachycé- phale (Anal. anz., p. 462, 1901). TEMPORAL EcurLe.— Absence de la porlion siluée au-dessus de l'apophyse zygo- malique. — En plus de Fusari el de Bovero, elle a été signalée par Zuckerkandl. Je l'ai observée.à droite, sur une ataxique décédée à l’âge de 62 ans, le 26 décembre 1908, à la salle 12 de l'Hôpital général de Tours. La portion manquante de la squame élait remplacée par le pariétal et la grande aile du sphénoïde articulés entre eux. À gauche, la méningée moyenne venait de la maxillaire interne et à droite, d’un rameau de l'artère de l'étrier. Canal sous-squameux. — Dans mon 7railé des variations des os du crâne de l'homme, au lieu de (p. 133): « Cette dernière anomalie (le canal sous-squameux) dont j'ai cherché vainement(1) l'équivalent dans la série animale », lisez « dont j'ai cherché e/ {rouvé l’équivalent dans (1) Je me suis aperçu trop tard de cette faute typographique pour pouvoir la corriger. ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 463 la série animale ». Elle apparait, en effet, plus ou moins souvent, chez beaucoup de Mammifères sinon chez tous. Le canal sous-squameux à été rencontré, en effet, d'un côlé ou des deux côtés, sur : 1 Chimpanzé (Troglodyles niger) par moi, un orang (Simia salyrus par Tenchini, et 6 orangs (S. salyrus) sur 39 par Zimmerl (Æicherche anat. comp. s. canale infrasquamoso d. Gruber), Parma, 1905); 1 Semnopithèque (S. mitralus) sur 15, 1 Cynocéphale (C. sphinx) sur 10 par Zimmerl, 2 Cynocéphales (C. gelada et C. amadrias) sur 18 par moi; 2 Cercopithèques (C. sp.) par Bovero et Calamida et 1 Cercopi- thèque (C. pigeritrus) sur 14 par Zimmerl; 1 Cercocèbe (C. fuliginosus) par Bovero et Calamida ; 1 Macaque (M. nemestrinus) sur 16 pas Zimmerl et 1 Macaque (M. Cynomolgus) sur 22 par moi; 4 Lémuriens (L. rufus, L. collaris, L. varius, S. madagascariensis) par Zimmer! ; 1 Prolopithèque (P. diadema\ sur 6 pas Zimmerl. Chez le Vespertilions (V. murinus) el les Rinolophes, une branche de l'arleria stapedia (artère de l’étrier) se divise dans le crâne en deux rameaux dont l’un, traversant sa paroi, se distribue aux méninges et au muscle temporal, au dire de Grosser (Grosser, Z. anal. u Entwic- kelungsgesch. d. gefassyslems d. Chiropteren. Anal. Hefte. H. LV). Après avoir étudié ce mode de conformation chez 15 Vespertilio muri- nus, { Plecotus auritus et 10 Rhinolophus ferrum equinum, Zimmerl a conclu qu'il est constant et normal parmi les Chétroplères. C'est ab- solument mon avis. Il y a, d’ailleurs, plus de douze ans que Tandler (Z. vergleichend. Anat. d. Kopfarterien bei den Mammalia. Denksch. Wien, 1899, s. 677 et Z. Vergl. Anal. d. Kopfarlerien p. d. Mamm. Anatomische, Hefte H. LIX, 1901, s. 327) a avancé que dans les Wacro- chétroplères des rameaux artériels se portent aux muscles en passant à travers les parois du crâne. : La présence du canal squamo-condylien a été encore constalée par Zimmerl sur : 14 Hérissons (10 Erinaceus Europæus, 2 E. danubicus, 1 E. helero- daclylus, 1 E. aurilus), 2 Gymnura raflesi et 2 Taupes (T. javanica et T. ferrugeneæ), parmi les Znseclivores. 1 Ours (Ursus americanus), un chal (Felis domeslica) et un /e- larelos malajanus, parmi les Carnivores ; 2 Agoulis (Dasyprocta aguli, D. Azaræ), parmi les Rongeurs; 100 chevaux (Equus caballus) sur 100, parmi les Périssodactyles ; 15 Porcs domestiques (Sus domeslicus) sur 127, les moulons, les cerfs parmi les Arliodaclyles; elc., etc. - # n'ira + +64 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Avec le professeur d'anatomie de l'École supérieure vétérinaire de Naples, je suis convaincu qu'il existe « normalement et constamment » dans les Équidés caballins et asiniens. Je l'ai rencontré, en effet, sur 00 têtes de chevaux el 25 têtes d'änes où je l’ai cherché. Dans les Monotrèmes et les Édentes, il livre passage à un rameau de l'artère diploelica magna de Hyril (Oesterrich. Zeitsch. f. practisch. Heilkunde, Wien, 1855, s. 14/4), naissant de l’occipitale, et qui, avant de se terminer sur le frontal, fournit des rameaux dont les uns se perdent sur l’'exocrâne et les parties molles en rapport avec lui et les autres pénètrent dans le crâne où ils s’anastomosent avec des rameaux de la méningée moyenne. Chez les Bœufs et les Chèvres, une artère, qui, par la façon dont elle se comporte, peut être considérée, comme l'homologue de la diploelica magna de Hyrtl émane de la caro- lide externe; cette artère, après avoir cheminé dans un canal qu'offre la suture squameuse et où elle donne des rameaux au diploé et aux méninges, sort de ce canal par un trou situé sur l’exo-crâne et se dis- tribue au muscle temporal. Chez les chevaux, une artère provenant de l’occipitale peut être regardée également comme l'équivalente de la diploelica magna de Hyrtl; cette artère, après un court trajet dans le canal que contient la suture squamo-mastoïdienne et où elle reçoit un rameau de la méningée moyenne, envoie, ensuite, plusieurs ramuscules au muscle temporal dont un plus volumineux que les autres, passe par un foramen percé dans la suture pariéto-temporale et qui représente l'ouverture temporale du canal sous-squameux. Parmi les Surdés, les Rongeurs el les Carnassiers, on ne rencontre aucun vestige de la diploelica magna de Hyrtl, c'est une branche de la méningée moyenne qui coustitue l'artère in/rasquamosa, deslinée au muscle temporal. Le canal sous-squameux des /nseclivores et des Chétroplères renferme une branche de l'artère stapédienne prove- nant de l'artère méningée moyenne (Zimmerl) et celui des Primales, sans en excepter l’homme, une branche détachée directement de l'artère méningée moyenne. D'après Gruber, cette branche forme- rail à sa sortie du crâne, dans l'espèce humaine, une artère temporale surnuméraire ou remplacerail l'artère temporale profonde posté- rieure qui a normalement pour origine la maxillaire interne. Dans les espèces animales, de même que dans l'espèce humaine, le canal sous-squameux de Gruber a une longueur, un calibre et une situalion variables. Il peut être creusé dans l’écaille du temporal, dans le pariélal ou dans la suture temporo-pariétal. Et c'est pourquoi, alors qu’en 1902, dans mon Traité des variations des os du crâne de l'homme, Je n'ai fait mention (p. 633, que du canal sous-squameux de Gruber ; J'ai décrit, en 1907, dans les Addenda de mon Traité des variations des os de la face de l'homme (p. 421) un canal perforant artériel infra- ANNEXE AUX TRAITÉS DES O8 DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 165 pariélal, découvert par Tenchini, en 1904, et un canal sous-squameux (p.435) signalé, longtemps avant, par. W. Gruber, et en réservant a, Canal artériel temporo-pariétal endo-exo-crânien. Chez l'homme. Chez le Cynocéphale (Cynocephalus Anubis). (p. 437) le nom de canal sous-squameux aux canaux artériels percés dans l’écaille du temporal ou dans la suture temporo-pariélale. Au VERTÉBRALE. ; 30 21.4 466 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE vrai, il ne s’agit là que de variétés d’un même canal siégeant dans la suture temporo-pariétale ou dans le temporal ou le pariétal, dans le voisinage de cette suture, et faisant communiquer le système artériel endo-cranien et le système artériel exo-cranien et que je proposerais, pour éviter toute équivoque, d'appeler canal artériel lemporo-partélal endo-exo-cranten. I est quelquefois double. Débouchant, en dedans, dans une des nervures de la feuille de figuier, il est assez difficile de le confondre avec les canaux émissaires sus-glénoïdien, post-glénoï- dien et squameux antérieur dont, chacun, s'ouvre en dedans, dans le sillon veineux pétro-squameux. Zimmer! est d'avis qu'il y a, peut-être, quelque rapport entre le canal temporo-pariétal artériel endo-exo-Cranien et l'artère diploetica magna de Hyrtl qui fait défaut dans tous les Mammifères, les Mono- trèmes exceptés, ce qui lui donnerait un caractère réversif. Sur 260 sujets adultes, masculins et féminins dont j'ai fait depuis 1870 injecter la carotide primitive à l'amphithéâtre d'anatomie de l'École de médecine de Tours il y avait, cependant, un sujet masculin qui possédait à droite et à gauche, et un sujet féminin qui possédait à droite, un ostium dans l’écaille du temporal et dans lequel était logé une artériole provenant d'une des branches de la méningée moyenne et qui allait rejoindre l'artère lemporale profonde et postérieure, unique et émanant de la maxillaire interne. Et c’est pourquoi Je per- siste à croire que le conduit artériel en question est le résultat d'un manque de réunion des deux centres d’ossification du pariétal consé- cutf au développement anormal d’une anastomose entre le système artériel endo-cranien et le système artériel exo-cranien. N'ayant eu connaissance que par une analyse inexacte du mémoire de G. Cutore sur le canal perforante arterioso nella squama temporale dell uomo, paru en 1906, deux erreurs ont été commises à propos de ce mémoire par moi dans les Addenda de mon Traité des variations des os de la face de l’homme : 1 C’est G. Cutore qui a indiqué, le premier, le rapport qu'il y a entre l’apophyse ensiforme de l’écaille du temporal et l'orifice exo- crànien du canal sous-squameux; > Ce n’esi pas sur 19 crânes sur 326 que ce canal a été observé par G. Culore, mais sur 22 crânes sur 19 crânes d’adulies et 3 crânes d'enfants sur 326, comprenant 283 crânes d'adultes et 43 crânes de nouveau-nés et d'enfants. De sorte qu'en faisant entrer en ligne de compte la seconde de ces deux rectificalions, le canal perforant aftériel infra-pariétal dont Ten- chini a vu 6 cas sur 550 crânes et les deux cas de canal sous-squa- meux observés par moi, depuis 1906, sur 260 cadavres, un canal, percé dans la suture lemporo-pariélale ou dans le pariétal ou dans ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 467 l'écaille du temporal et contenant un vaisseau à sang rouge faisant communiquer le système artériel exo-cranien et le système artériel endocranien a élé rencontré : 25 fois sur 4.000 crànes par W. Gruber 1 — 588 — Bovero et Calamida 2 — 1.300 — Giuffrida-Ruggeri 7 — À 456 — Tenchini 9 — 30 _ Frassetto 2 — 326 — Cutore 4 — 1.060 — l’auteur Soit 63 fois sur S.460 crânes. Soit sur 0,7 p. 100. Ma statistique générale précédente indiquait 0, 6 p. 100. Tubercule sus-mastoïdien antérieur et Tubercule sus-mastloïdien postérieur. Waldeyer a appelé {uberculum supramastoideum anterius el {uberculum supramasloideum posterius deux renflements osseux situés le premier à l'extrémité postérieure de la crête mastoïdienne (crisla s. luberculum supramastoideum de Brôsik, crista retrolempo- ralis de Sergi, Eminenlia temporo-mastoidea de Virchow, crista auricularis de Matiegka, etc., etc.), le second, entre la crêle masloï- a, tubercule sus-mastoïdien antérieur ; — b, tubercule sus-mastoïdien postérieur ce, apophyse rétro-mastoïdienne. dienne, l'astérion et la suture occipito-temporale, sur la face externe de l’apophyse mastoïde. La configuration de la région mastoïdienne qui consiste dans la coexistence, du même côté de ces deux saïllies osseuses et de l'apophyse rétro-mastoïdienne, est qualifiée par l'anato- 468 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE miste précité Dreihückerbild (configuraltio triluberculata).Le lubercule sus-masloïdien postérieur constitue le processus asleriacus d'Haferland (Zeilsch. f. ethnol., 1905, bd, XXXVII s. 207), l’Ingrossamento relro- mastoideo de Giuffrida-Ruggeri (A{E d. Soc.rom. d'Anlrop. roman., 1903), elc., el n’est rien autre chose, à vraidire, et demême queletuber- cule sus-mastoïdien antérieur, qu’un simple épaississement osseux. Os inter-zyyomatique. — B. Adachi (Zeitsch. f. morph. u. antrop., 1909 p. 270, et Giuffrida-Ruggeri (A{4 d. soc. rom. d. antrop.,1910) ont trouvé, le premier, dans chacune des arcades,zygomatiques d'un indigène des îles Carolines, le second, dans l’arcade zygomatique droite d’un crâne arabe-égvptien, un petit os dû à l'apparition d'un point d'ossification surnuméraire. Cet os n’a rien à voir avec les os wormiens suluraux zygomatico-malaires décrits par W. Gruber puisqu'il est situé en arrière de la suture zygomatico-malaire. La suture qui le délimite en avant est appelée sulure post-zygomatico-ma- laire et celle qui le borde en arrière sulure post-zygomalico-lemporale par Giuffrida-Ruggeri.J’ai rencontré cette anomalie, en 1909, sur deux crânes de vieux Tourangeaux et sur chacun d’eux,à droite et à gauche. Exosloses du conduit auditif externe. Sur 82 crânes d'anciens Péruviens adultes, étudiés par C. Stolywho, 18., 29. p.100 possé- daient des exostoses de ce genre. APOPHYSE MASTOÏDE.—Face INTERNE. —AÀ pophyse mastoïde sur- numéraire. — Dans le Handbuch der Anatomie des menschen heraus- gegeben von K. Bardeleben, Skeletlehre, Zweite Abtheilung : Kopf, von F. Graf von Spee, léna, 1806, il est fait mention dans la biblio- graphie (p. 221) d'un travail de Corner où 1l est dit que ce dernier donnait le nom d’apophyse paramasloïdienne au bourrelet osseux situé entre l'incisure mastoïdienne et la rainure de l'artère occipitale et appelait l’apophyse paramastoïdienne, située sur l'os occipital, apo- physe paroccipitale. F. Perez a écrit ce qui suit (Orerlles el Encéphale, étude d'anato- mie chirurgicale, p. 23. Buenos-Aires, 1905): « Entre la rainure digastrique et la scissure occipito-mastoïdienne, on remarque une saillie de volume variable présentant Lantôt la forme d'une crête, tantôt la forme d'une bulle : nous l’avons nommée créle ou bulle digastrique. « Sur 120 temporaux elle apparaissait : Gomme unemetite CHIEN 20 fois. — créte saillantens JE AL RE 32 — — petite: bulle ss eee nee 15 — — bülle Satlante Ets ROM 40 — Ellerétait absente. NE 5 — ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 469 « Le muscle digastrique s'insère au fond de la rainure et sur la face externe de la bulle, par deux faisceaux de fibres dont le plus impor- {ant esl celui de la bulle. L’artère occipitale, branche de la carotide externe, creuse en dedans de la bulle digastrique le sillon du même nom. » Sur le crâne asymétrique d’un homme décédé à l'âge de 42 ans, et dont l’apophyse mastoïde droite était normale, M. Pitzorno a cons- laté l'existence, à gauche, de deux apophyses mastoïdes que sépa- raient deux rainures digastriques émanant, l’une et l’autre, du trou stylo-mastoïdien et se portant, d'avant en arrière et de dedans en dehors en s’écartant progressivemeut l'une de l’autre. L'apophyse antérieure la plus volumineuse avait la forme de l’apophyse mastoïde normale et était limitée en haut, comme elle, par la branche posté- rieure de la racine postérieure de l’apophyse zygomatique qui longe, en bas et en arrière, la fosse temporale alors que l'apophyse postérieure était bordée, en bas et en arrière, par la suture temporo- pariétale. Voici quelles en étaient les dimensions de chacune de ces deux apo- physes : Apophyse antérieure Apophyse postérieure BASE rer. à 23 millim. 28 millim. HAUT 29 — 31 — Bpaisseur.…. :. 2 : A1 — 16 — Dimensions de l'apophyse mastoide droite indivise, Go s L'ORNT PERSR ER N PRE RE 94 millim. ÉD UL RE A er Re DT — PRE UE RUE ee Po à 12 — Lehmann-Nitsche a trouvé sur plusieurs crânes d'Américains an- ciens, la crête digastrique. J'ai dit dans mon Traité des variations des os du crâne de l’homme que Zoja a donné le nom d'apophyse mastloïdienne surnuméraire à une éminence osseuse, siégeant au-dessous du sinus transverse, au niveau de la lèvre interne de la rainure digastrique. Au vrai, celle apophyse n’est pas, comme l'ont déjà, du reste, remarqué avant moi, Verga (Arch. ital. p. le malatlie nervose, 1864) et Vercelli (Arch. p. l'antropol. e la etnol., 1892) une véritable apophyse surnuméraire, mais une simple éminence due au développement plus considérable dans ce point d'un groupe de cellules mastoïdiennes, coïncidant avec une augmentation ou une diminution de la profondeur de la rainure digastrique. La crête digastrique, la bulle digastrique, l'apophyse mastoïide surnuméraire ne représentent que des degrés d'une même 470 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE malformation, rappelant, plus ou moins exactement, la bulle auricu- laire, des animaux. APOPHYSE STYLOÏDE. — Aux 93 cas d'ossification complète ou incomplète, unilatérale ou bilatérale, de la chaîne hyoïdienne que J'ai indiqués antérieurement (20 dans mon Tratlé des variations des os du crâne de l'homme el 3 dans mon Traité des variations des os de la face de l'homme (Addenda), je puis ajouter maintenant : 1 — (le plus ancien en date, peut-être) — décrit en ces termes par de Marchettis : « Observavi tamen aliquando processum stylotdeum usque ad cornua ossis hyoïdei perventre, tpsisque valido nexu devinci » Ana- tomia Palavii, 1652, cap. XIII, p. 205. 4 signalés par Th. Dwight (Ann. of surger., 1907, pp. 722 et suiv.) et concernant des pièces squelettiques déposées dans le Waren Mu- seum de l'Université de Harvard. Il existe dans ce musée 5 appareils hyoïdiens huinains, plus ou moins ossifiés des deux côtés ou d’un seul, mais, grâce à la complaisance de mon excellent ami, le profes- seur d'anatomie de l'Université de Harvard, j'ai pu, dès 1903, faire mention de l’un d'eux dans mon 7railé des variations des os de la face de l’homme. 2 cas observés par Lücke (Vrirchow's Arch. Bd. 51). 30 cas de la malformation dont il s'agit ont donc été, à ma connais- sance du moins, rencontrés jusqu’en 1912. Deux mémoires sur la morphogénie de la chaîne hyoïdieme, dus l’un à Bruni (Wem. d. la R. Accad. d.scienze, di Torino, 1908), l’autre, à R. Grégoire (Journ. de l'anat. et de la phys., 1910) ont paru dans ces dernières années. Dans celui de Grégoire, l'auteur, a montré comment l'appareil hyoï- dien de l’homme, si modifié qu'il soit, reproduit pièce à pièce le sque- lette hyoïdien des premiers Vertlébrés. Selon Grégoire, l'os hyoïde n'est qu'une partie de ce qui reste du squelette du deuxième arc branchial. Le squelette hyoïdien primitivement annexé à l'organe de la respira- tion perd ce rôle avec la disparition des branchies sans toutefois dispa- raître avec elles. Il devient alors le squelette de la langue et du plancher buccal. Les transformations s'enchaïnent et se suivent ; c'est par gra- dations successives sans transition brusque que se succèdent les diffé- rents stades et que s’accomplit, modifiée par sa fonction, l’évolution de l'organe. En même temps que le système branchial disparaît dans la série animale, on voit un nouvel organe devenir constant : la langue. Dans l'échelle des Verlébrés, le squelette hyoïdien se modifie de plus en plus. Chez l'homme le squelette hyoïdien ne comprend plus que l'os hyoïde, le ligament stylo-hyoïdien et l'apophyse styloïde. Les analomistes décrivent cette dernière en même temps que la face ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 471 _ postéro-inférieure de la pyramide pétreuse, mais c'est en réalité une dépendance de l'appareil hyoïdien enclavée et soudée entre l'os tym- panal et le rocher. L'étude de l’embryologie permet d'expliquer d'une façon logique les connexions internes de l'extrémité supérieure de l'appareil hyoïdien avec le temporal. Mon maître, le professeur S. Thomas et moi, n'avons jamais pré- tendu autre chose. Les droits de priorilé de l'Ecole analomique tourangelle sont, sous ce rapport, incontestables, et, dernier élève vivant du professeur S. Thomas, associé pendant quatre ans à ses _ travaux, il est de mon devoir de les faire valoir. II TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA FACE DE L'HOMME OS PROPRE DU NEZ La division en deux segments d'inégale étendue par une suture transversale à concavité inférieure des os propres du nez, la déviation à gauche de la partie supérieure de la suture internasale et la présence de deux os prénasaux ont été constatée la première sur un Chinois, la seconde sur un Alsacien, la troisième sur un Lorrain, par Jakob Fré- déric (Zetlsch. f. morph. u. anthropol., 1909). UNGUIS Absence. — Parmi 389 crânes de diverses provenance, figurant dans le Musée anatomique de l'Université de Strasbourg, Jakob Fré- déric en a trouvé un d’Italien (n° 968), un d’Alsacien (n° 926), un de Dschagga (n° 874), un d'Égyptien (n° 589), un d’Arabe (n° 1588), un de Fuégien (n° 36), un de Guanche (n° 434) où le lacrymal faisait défaut d'un seul côté ou des deux côtés. FACE EXTERNE. — Os de l'hamule. — Dans les crânes précités il y en a également deux de Chinois (n° 381 ;1395), et quatre de sauvages (n°5 1454, 1407, 821, 426) qui offrent, à droite et à gauche ou à droite ou gauche, un os de l'hamule, et un de Luxembourgeois (n° 1331) qui présente, à gauche, un os de l'hamule et un os du canal nasal. VOMER BorD ANTÉRIEUR OÙ ETHMOÏDAL. — Üs prévomérien. — Cet os a été trouvé et presque encore isolé du sus-maxillaire sur un homme de 95 à 30 ans par Bovero (Mem. d, R. Accad. med d. Torino, 1901). ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 473 BoRD INFÉRIEUR OU MAXILLO-PALATIN. — Participalion à la consli!u- lion de ‘la voûte osseuse du palais. — Bovero (Ati d. R. Accad. d. sc- d. Torino, 1908) a cherché en vain cette conformation sur 3.742 crânes humains. Elle semble être constante chez les Chélontens (palatum vomero-maxtillare ou romero-patino-maæxillare de Fuchs : Zeitsch. f. norphol. u. anthrop, 1907-1908, et Anal. anz. 1908), quelques croco- diles (Zittel, Hanbd der Palæontologie, Bd. TT, s. 548), divers Lacer- tiliens et certains Célarés, les Baleines et les Dauphins notamment (Cuvier et Duméril, Leç. d'anat. comparée, {. I, pp. 333-313, Bruxelles, 1836; — Flower, An introduct. Lo the osteol. of Mammalia, p. 241. London, 1885; — Giebel in Bronn’s, Xlassen u. Ordnungen des Thier- Reichs, VI Bd., V Abth. Mammalia, Bd. 1, 1874-1900; — Kôstlin, Der Bau des Knückernen Kopfes in den vier Klassen der Wirbel- thiere, Sluttgart, 1844, etc.). Chez les animaux appartenant à l'ordre des Mammifères où elle apparaît elle affecte trois modalités. On peut constater la présence d'un prolongement du bord inférieur du vomer ou pied du vomer (fussplalle des vomer) : 1° Au niveau du point d'entre-croisement de la suture palaline sagittale et de la suture palatine transverse : 2° Entre les apophyses palatines des sus-maxillaires ; 3° Entre les apophyses palalines des sus-maxillaires et les apo- physes palatines des prémaxillaires. 4° Entre les apophyses palatine des prémaxillaires. Au dire de v. Bemmelen (Denkschriflend. med. naturw. gesellsch-z. Lena, Bd. VI, 1901, s.729-798) et de Gaupp (Anal. anz., 1905), la première de ces trois modalités se rencontrerait habituellement dans les Echid. nés. Est-ce bien sûr? Elle fait défaut sur 5 cranes de jeunes Æchidnés (Echidna hystrix) sur 6 et 3 crânes de jeunes £chidnés soyeux (Echidna selosa) que j'ai examinés. Elle constitue certainement l'exception chez le chat domestique (Felis catus). Elle manque, en effet, sur 21 chats domestiques, nouveau-nés, jeunes ou adultes, sur 322 étudiés par Bovero et moi, soit sur 6,4 p. 100 (sur 12 sur 172 éludiés par Bovero et sur 9 sur 150 par moi). Et ainsi s'explique comment Strauss- Durckheim a pu, en 18895, ne pas en parler dans son Analomie descrip- live et comparative du chat et Dursy affirmer, dès 1865, qu'il l’a obser- vée chez ce Carnassier. Elle se retrouve sur la têle d'un ligre (Felix ligris) figurant dans les collections d'histoire naturelle du Lycée de Tours. La seconde modalité constitue la règle parmi les Baleines el les Dauphins. Selon Giebel (Zeitsch. f. d. ges. Nalurwissenschaft, 1878), l'Ovis platyura se distinguerait de l'O. musimon et de l'O. aries en ce que chez ces derniers le vomer ne se prolongerait pas — normale- 474 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE ment, du moins, — entre les apophyses palatines des maxillaires supérieurs. La troisième modalité a été observée sur 12 daims (Cervus dama) sur 20, 13 chevreuils (Cervus capreolus) sur 15, 18 Cerfs sur 41 (12 Cervus elaphus, C. gymnotis, 3 C. Muntiac, 2 C. corsicanus, 2 C. Cana- diensis, 8 cerfs hybrides de C. elaphus et de C. Wapili, 4 cerfs hybrides de C. elaphus et de C. Canadiensis), un bouquelin (Capra tbex) sur-27, un Did-dig (Orevtragus sallator) sur 85 antilopes, un Bubal sur 4 et un Orgcleropus œthiopicus par Bovero (Mem d. R. Accad. d. med. d. Torino, 1909). Et comme, d’un autre côté, grâce au docteur F., de Selles-sur-Cher, môrt il y a cinq ans, après avoir légué à l’Institut anatomique de l'Ecole de médecine de Tours, les têtes des bêtes qu'il avait tuées depuis plus d’un demi-siècle à la chasse, j'ai pu m'assurer de son existence sur 15 daims sur 17 et 18 chevreurls sur 21, J'incline à croire que, parmiles Mammifères, il n'y a peut-être pas que les baleines et les dauphins où le pied de los en soc de charrue entre normalement dans la composition de la voûte osseuse du palais. Il en était absent sur 17 crânes de cerfs élaphes que j'ai eu à ma dis- posilion. Je rappelle qu'il n’en élait pas de même sur le crâne d’un bassel à jambes droites (Canis vertagus) que m’a donné un de mes anciens prosecteurs, Fischer. La quatrième modalité a été trouvée sur un zèbre (Equus zebra) sur 17 Æquidés dont 2 zèbres, 10 chevaux, 3 ânes et 2 couggas par Bovero et un dauw sur 5 par moi, En se basant sur la disparition lente et graduelle du vomer de la voûte osseuse du palais à partir des Vertébrés supérieurs,le professeur de l’Université de Turin, dont je viens de citer le nom, a été amené, après moi, à conclure que la présence dans l'espèce humaine du vice conformation en question doit être regardée comme une variation réversive, et son absence, comme une variation progressive, PALATIN LAME HORIZONTALE. — Face INFÉRIEURE. — Canaux palatins postérieurs accessoires. — Les orifices inférieurs de ces canaux peuvent être circulaires,elliptiques, linéaires, en bissac, etc.,et se rencontrent, en procédant par ordre de fréquence : 1° sur la face inférieure de la lame horizontale du palatin ; 2° sur la face interne de lalame verticale. Ils ne sont pas toujours identiques ni comme nombre, ni comme siège, ni comme configuration, à droite et à gauche, sur un même crâne. Ceux qui sont situés sur la face inférieure de la portion horizontale ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 475 du palatin doivent être divisés en prémarginaux, postmarginaux el intramarginaux, suivant qu'ils siègent en avant ou en arrière de cette crêle ou sont creusés dans cette crête. Ils sont plus souvent postmar- ginaux que prémarginaux et prémarginaux qu'intramarginaux. Quand ils sont post et prémarginaux, ils ne s'écartent pas de l'ostium de sor- tie du canal paladin postérieur, alors que quand ils sont intramar- ginaux, s'ils sont généralement percés dans la partie interne de la crêle marginale,ils peuvent être percés aussi dans sa partie moyenne, voire dans sa partie interne, près de la suture médio-sagiltale du palais. Plus ou moins distants les uns des autres ils constituent par leur réunion une ligne parallèle oblique relativement à la suture pala- tine transversale, un cercle, une ellipse, un triangle, elec. Il y en a habituellement 2 ou 3 de chaque côté, et exceptionnelle- ment 1,4 ou 5 (1). Sur 350 crânes sardes dont 300 modernes et 0 anciens, appartenant au Musée anatomique de l'Université de Sas- sari, M. Pitzorno (Studi Sassaresi,1907) n’en a découvert qu'un où ils faisaient totalement défaut. Je n'ai noté leur absence, à droite et à gauche, que sur un crâne de vieille Tourangelle et, à droite seule- ment, sur un crâne de Chinois sur 400 crânes européens ou non, sur lesquels je les ai cherchés cette année. Il y a un rapport direct entre le calibre de chacun d'eux et celui de l'ostium terminale du canal palatin postérieur : plus ils sont nom- breux, plus le calibre de chacun d'eux est réduit et celui de l'os- ltum terminale du canal palalin postérieur accru et vice versa. Les orifices inférieurs des canaux palatins postérieurs accessoires sitnés sur Ja face interne de la lame verticale du palatin sont toujours plus petits que ceux qui existent sur la face inférieure de la lame hori- zontale et, parmi ces derniers, les postmarginaux sont, d'ordinaire, plus spacieux que les intra-marginaux et ceux-ci que les prémargi- naux. Leur circonférence peut être sinueuse, hérissée d’épines plus ou moins rapprochées et plus ou moins longues. Chacun d'eux est même parfois divisé en deux ou trois orifices secondaires ou transformés en crible par des aiguilles osseuses réunissant ses bords. Quelquefois c’est à quelques millimètres au-dessus de leur terminai- son que les canaux palatins postérieurs accessoires offrent l’une ou l'autre des configurations que je viens d'indiquer. J'ai vu un, deux et même la lotalité de ces canaux déboucher intérieurement dans une fossette d'une profondeur, d'une largeur et d'une forme variables. Bovero a trouvé 12 fois et j'ai trouvé 6 fois sur 400 crânes, européens et exotiques, un canal qui naissait dans la fosse temporale et finissait (1) Leur nombre varie donc de 1 à 5. Dans mon Trailé des variations des os de la face de l'homme, le chiffre 5 a été transformé en 3, par erreur. 476 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE au niveau de la dernière ou de l’avant-dernière grosse molaire, par une ouverture minuscule, creusée dans le plancher osseux du palais, au fond de l'angle dièdre qu'il forme avec l’apophyse alvéolaire du maxillaire supérieur. Ainsi que j'ai pu m'en assurer,en 1909,avec mon prosecteur, Jallet, ce canal contient une artériole qui relie l'artère alvéolaire supérieure el postérieure à la grande artère palatine. BORD ANTÉRIEUR.— Variations de la sulure palaline transverse. — Jakob Frederic a eu cure de déterminer à laquelle des configura- üons de la suture palaline transverse que j'ai signalées ressemblait celle dela suture palatine transverse de chacun des 389 crânes de diverses provenances que possède l’Institut anatomique de l’'Univer- sité de Strasbourg.Il a rencontré la forme 14 chez un Japonais ettrois Indiens, la forme 7 b chez un Siamois, etc., etc. Os palalo-sus-maxillaire. — Coraini (La Stomalologia, 1903) en a observé un cas sur un crâne provenant des catacombes de San-Gen- naro et Bovero, un cas sur un enfant de 12 à 13 ans où il était compara- ble à celui — je me sers des expressions même de l’auteur — «reper- to diLe Double in uno Siamang (Hylobates syndactylus), che pre- sentava un nucleo accessorio incunalo nella metà destra della sutura trasversa, senza rapporti con la sutura longitudinale media. » BORD POSTÉRIEUR. —ÉPINENASALE POSTÉRIEURE, — Absence. — Quoiqu'’en ait dit Deniker dont j'ai rapportéantérieurement l'opinion, l'épine nasale postérieure manque normalement aussi bien dans le gorille adulte que dans le fœtus de gorille, ainsi qu'en font foi les observations de Bischoff (Verlag. d. k. Akad. Wissensch. München, 1867),de Owen (Transact. of the zoo. of London, p.381, 1848 et pp. 7»- 165, 1862), Savage et Wyman (Boston Journ. of nalur. histolog., vol. Ven. IV, p. 428), Burt.et: Turner {Proceed..ofuthe roy-Soeta Edinburgh, pp. 347-348, 1865), Meyer (Mitheil. aus. d. zoolog.Museum z. Dresden,s. 223-217, 1877), Hartmann (Der gorilla, Zoologisch-Zooto- mische Untersusch., Leipzig. 1880), Virchow, Monatsber. d. k. preuss. Akad. d. Wissensch. z. Berlin-Sitzungsb., s. 539, 1880 et s, 671, 1582), etc. Je n'en ai pas vu de trace sur la grande majorité des gortilles. Owen ne l'a pas trouvé sur un Pithecus morto. MALAIRE BORD POSTÉRO-SUPÉRIEUR OU TEMPORAL. — Apophyse marginale. — Aurelio da Costa Ferreira et son élève Victor Fontes (Bullet. de la ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 477 Soc. d. Sc. nat. de Lisbonne, 1911) n’ont pas trouvé dans la série de crânes portugais du Musée Bocage, à Lisbonne, qu'ils ont examinés, la confirmation de celte loi de différenciation craniologique des sexes formulée par Panichi : « que l’apophyse marginale du malaire est toujours plus développée dans le crâne masculin que dans le crâne féminin, alors même que les crânes ont les mêmes caractères ethniques et à peu près le même âge».Je n'ai pas parlé dans mon Trailé des variations des os de la face de celte loi, parce que j'en avais égale- ment constaté l'inexactitude. Les deux anatomisies portugais précités qui ont mesuré, en outre, de l’un et de l'autre côté du crâne, le plus grand etle plus petit dia- mètre de la surface cranienne limitée par le bord postérieur du malaire,le bord supérieur de l'arcade zygomatique et la ligne tem- porale inférieure, se sont servis de ces deux diamètres pour calculer un indice auquel ils ont donné le nom d'indice de la courbe temporale et qu'il ont étudié dans ses rapports avec l'indice de l’apophyse mar- ginale, l'indice céphalique, l’âge, etc., et il est résulté pour eux : 1° « Que, tant chez les hommes que chez les femmes, el aussi bien d’un côlé du crâne que de l’autre, au plus pelit indice de la courbe temporale correspond, en général, le type le plus saillant de l'apo- physe, tandisque le moins saillant correspond à l'indice le plus élevé.» 2° « Que les indices de la courbe temporale diffèrent dans les crânes où les types de l'apophyse sont également fort différents. » Ce livre étant en cours d'impression, je suis obligé, à mon grand regret, de remettre à plus lard la vérification de ces deux intéres- santes propositions. MAXILLAIRE SUPÉRIEUR CORPS.— FACE ANTÉRIEURE OU FACIALE.— pine canine. — En plus d'un effacement complet de la suture sphéno-pariétale, d’un foramen pté- rygo-épineux, d’une prémolaire de troisième dentition,elc., Guiffrida- Ruggeri a observé sur le crâne d’un épileptique, à droile et à gauche, au niveau du bord inférieur de la surface d'insertion du muscle canin, une petite épine osseuse. De ce qu’une éminence osseuse ana- logue se rencontre chez le Phacochærus africus, le sanglier, V'hippo- potame où elle est très accusée, hérissée d’aspérités dirigée de bas en- haut et de dedans en dehors et affecte la forme d'une pyramide qua- drangulaire à sommet arrondi implantée au-dessus de la dent canine, Giuffrida-Ruggeri (Arch. d. psich. med. leg. e antropol. crimin. Torino, 1906) a cru pouvoir induire qu'il s'agissait peut-être d'une 478 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE anomalie atavique. J'inclinerais plutôt à croire, pour ma part, qu'il s'agit là d'une ossification limitée d'un des faisceaux d'insertion infé- rieure tendino-musculeux du muscle canin. BorD SUPÉRO-INTERNE OU ORBITAIREINTERNE. — Æ£xpansion du plan- cher de l'orbite vers le frontal et os du canal nasal.— L'une et l’autre de ces deux malformations ainsi que l'os de la gouttière lacrymale, la suture palaline latérale, etc., existent sur quelques-uns des crânes du Musée anatomique de l'Université de Strasbourg. JORD VERTICAL ANTÉRIEUR OU CRÊTE MAXILLAIRE. — /pine de la crêle maæxillaire. — Le 25 janvier 1906, un anthropologiste, anglais, que j'ai eu l'honneur de recevoir chez moi, le professeur L. H. Duckworth, de Jesus-College (Cambridge), m'a adressé une lettre dont je retranscris les passages suivants: «Il m'est arrivé ces derniers jours de trouver dans notre collection craniologique un crâne offrant une anomalie des os prémaxillaires el dont vous vous rendrez aisément compte en jetant un coup d'œil sur la photographie incluse dans cette lettre. IL s’agit, comme vous le voyez , de deux pelites cornes(mais de nature osseuse, bien entendu) situées sur les bords de l'ouverture nasale. Avez-vous eu, par hasard, connaissance de cette anomalie? [l n’en est pas question dans la littérature anatomique, et le professeur A. Macalister m'a dit ne l'avoir jamais observée. Je compte publier bientôt une note à ce sujet. » Le professeur L.-H. Duckworth a-t-il donné suite à son projet ? Je l’ignore. Quoi qu'il en soit, je constate sur la photographie qu'il m'a envoyée qu'il exisle, à droite et à gauche, à la partie inférieure de la crête maxillaire, une petite éminence osseuse, aplatie de dehors en dedans, ressemblant à un trapèze allongé, dontle bord le plus étroit, le bord libre, est légèrement renflé. Comme ces deux languettes os- seuses minuscules sont placées presque au même niveau que l’épine nasale antérieure et inférieure, la partie inférieure de l'ouverture d’en- trée des fosses nasales présente trois saillies : une médiane et deux latérales. Il ne m'a pas encore élé donné de voir ce vice de confor- malion qu'on ne peut guère altribuer qu'à une ossification circon- scrite d'un des éléments fibro- cartilagineux qui entrent dans la consti- tulion de l’une et l’autre des ailes du nez. APOPHYSE ALVÉOLAIRE OUÙU,DENTAIRE. — BorD LIBRE. — Varialions des dents. — Aux auteurs cités à ce propos dans mon Trailé des variations des os de la face de l'homme et de leur significa- lon au point de vue de l'anthropologie zoologique, il est nécessaire d'en ajouter d'aulres. Les énumérer tous serait trop long. Dans les travaux de ceux dont les noms suivent sont du reste indiqués les | nn. à D ns dei ds Rd: nn ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CKHÂNE ËT DE LA FACE DE L'HOMME 479 mn noms de ceux dont je ne parle pas : F. AmeGnino (An. Museo nacion. d. Buenos-Aires, t. IX, sér. a, t. III); BaLLANTYNE (Ædinb. med.Journ., 1896) ; BourNEvILLE (Journ. d. conn. méd., 1862); Disurart et À. HER- pin (Trailé de slomat., 1409, el Arch. de médec., 1910), DuckworrTu (Studies in anthropol., Cambridge, 1904); DuBreuiL-CHAMBARDEL et A. Herpin (Journ. de l'anal. el de la phys., p. 519, 1910); JarricoT (Arch. d'anthrop. crimin., p. 583, 1907 ; Bullet. de la Soc. d'anthrop. de Lyon, 1908) ; Launois et Branca (Journ. de l'anat. el de la phys., 1896) ; A. MaRtE (Trailé internat. de psychol. pathol., p. 230. 1910); von REszko (Berliner Thierarzische Wochenschr., 1906) ; Rosix (Th. inaug., Paris, 1900-1901); Scuerr (Handb. d. Zahneilkunde. Wien, 1909) ; À. SoLLIER (Th. inaug., Paris, 1887-1888) ; Turon (Th. inaug. Bordeaux, 1904-1905); UrBaxrscarrsca (OEsterreich. ungar. Vier- teljahrsch. Zahnheilk., 1906) ; Wirson (Journ. of. anat. and phys., 1906), etc. Duckworth a insisté particulièrement sur la fréquence dans les races inférieures et les singes anthropomorphes, des tubercules ou rudiments de dents, revêlus d'émail, qu'on trouve à peu près exclusi- vement au maxillaire supérieur sur le bord interne des alvéoles, entre la dernière prémolaire et la première molaire et considéré ces tuber- cules émaillés insolites comme des troisièmes prémolaires avortées consltuant chez l’homme un type de dentition semblable à celui des singes du nouveau monde. Les incisives latérales surnuméraires en forme de cône signalées par Esquirol, Bourneville, Magitot, Sollier, etc., ont été cherchées en vain par Jarricot sur 31 crânes d'Anthropoïdes et 210 crânes hu- mains, exotiques en majeure partie, mais rencontrées par lui sur un aliéné sur 945. Elles paraissent, en effet, être plus communes chez les fous, les idiots et les hérédo-syphilitiques (E. Fournier, les Sliymales dystrophiques de l'hérédo-syphilis) que chez les sujets sains d'esprit et de corps. Je n’ai vu ce vice de conformation que deux fois; une première fois, en 1882, sur un paralylique général, âgé de 42 ans et une seconde fois, en 1896, à Bagnères-de-Bigorre, sur une crétine goitreuse, âgée de 25 ans. Suivant Jarricot « un rappel atavique » explique seul d’une façon satisfaisante les dents humaines atrophiées el coniques. C'est ce que j'ai dit et ma manière de voir à cet égard n'a pas changé. Il n’est pas nécessaire de descendre jusqu'aux Reptiles pour rencontrer la forme primitive du tubercule dentaire. À l’époque tria- sique, en effet, les Mammifères les plus anciens possédaient des imci- sives coniques assez semblables à celles des Repliles et des Poissons actuels ; leurs molaires même élaient formées d’une pointe conique flanquée de deux petits denticules latéraux. Les Squalodontes Z1TTEL, 480 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Traité de paléontologie, p. 169, 1894), du miocène et du pliocène avaient des molaires crénelées, des incisives, des canines et des pré- molaires coniques à une seule racine. La forme conique s’est conser- vée jusqu'à nos jours chez certains Mammifères, les Platanistes, dont trois genres sont encore vivants el les Delphinidés. Bien que Lous ces animaux et ceux qu'il serait facile de citer encore semblent tout à fait en dehors de la phylogénie probable des Hominiens, la conslta- lalion de dents coniques chez eux a son importance. Elle montre que la dent conique est un caractère primitif de la dentilion, même dans les classes les plus élevées de Vertébres. F. Ameghino s'est occupé de.la morphologie phylogénétique des molaires supérieures des Ongulés, et tend à admettre qu'en plus des Nésodontes, beaucoup des Ongulés de l'époque crétacée voyaient se renouveler trois fois une partie de leurs dents, étaient triphyodontes. C’est une transition évidente à la polyphyodontie des Reptiles. C'est aussi un fait inattendu et une surprise d’avoir découvert la triphyo- dontie sur un groupe d'Ongules, c'est-à-dire sur des Mammifères d’un ordre relativement élevé. La possibilité de l'apparition dans l'espèce humaine d'une troisième denlilion a été notée, en 1896, par Launois et Branca. APOPHYSE PALATINE. — SEGMENTATION DE L'os. — Sulure pala- line longitudinale latérale. — Elle a été observée par Adloff ( Vergleich. anal. untersuchung, pl. XIV, fig. 68 a, Berlin, 1908) sur un wombat. (Phascolomys wombal) et par B. Sutton (Proceed. of the scientif. meelings of the zoologic. Soc. of London, pp. 566, 573, 1884), sur un jeune chimpanzé (Troglodytes niger). Sur le crâne d’un orang femelle nouveau-né (Simia salyrus) appartenant au fils d'un de mes anciens maîtres de l'École de médecine de Tours, le professeur Courbon, une suture se détache de la suture palatine transverse du côté droit, à 6 millimètres en dehors de la suture palatine longitudinale, se porte en avant parallèlement à celte suture, et se termine sur la suture incisivo-maxillaire du même côté. Il n'existe rien de semblable du côlé gauche. À Dans leur article « Malformations et anomalies de la bouche » du Trailé de stomatologie, Dieulafé et Herpin, ont consacré 33 pages à analyser les travaux publiés avant eux sur les fissures du massif facial. BoRD POSTÉRIEUR OÙ PALATIN. — Prolongement apophysaire inler- palalin postérieur. — Aux anatomistes dont les noms sonl cités à ce propos dans mon Trailé des variations des os de la face de l'homme, je dois ajouter ceux des analomistes suivants dont chacun, sans ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 481 compter divers cas de processus inlerpalatinus posterior incomplelus unilaleralis vel bilateralis, a vu un cas de processus interpalatinus posterior complelus s. penelrans bilateralis : Barkow (Comparat. morphol. d. mensch. u. d. menschenühxlichen Thiere, WE, Th. £rlau- lerungen z. skelett-und Gehirn-Lehre. Breslau, 1865, s. 136, taf. XIII, fig. 11), W. Gru8er (Arch. f. anal. phys., 1873, s. 1951-197), Mres (Arch. f. Anthrop., 1896), Bovero (loc. cit. supra). Les cas connus de celte dernière malformalion sont maintenant assez nombreux pour qu'on puisse dire : 1° qu'elle peut coïncider avec une bifidité de l’'épine nasale postérieure, l'absence de cette épine et son remplace- ment par une ligne droite transversale ou par une encoche dont l’ou- verture regarde en arrière et dont l'extrémité postérieure de chacun des bords latéraux est prolongée, ou non par une éminence arrondie. pointue, etc.; 2° que la séparation des deux palatins, au niveau du plan sagittal médian, par une expansion en arrière de chacune des apophyses palatines des sus-maxillaires, peut exister du côté buccal et du côté nasal ou seulement du côté buccal ou seulement du côté nasal. Le processus interpalatinus complelus s. penetrans bilateralis a été rencontré par Bovero 1 fois sur 416 crânes de sujets probes et intelli- gents, et 3 fois sur 602 crânes d’aliénés, d'idiots et de microcéphales, soit, au total, 4 fois sur 1.018 crânes. Parmi 400 nouveaux crânes d'Européens et de non-Européens que j'ai étudiés depuis 1906, j'en ai découvert un où il existait, c'est celui, désarticulé à la Bauchêne, mis en vente par Tramond, d’une phtisique, décédée à l’âge de 22 ans, le 20 mai 1907, à l'Hôtel-Dieu de Paris. A l'heure présente, il a donc élé observé : 2 fois sur 1.382 crânes par Stieda. 9 — 1.920 _ Killermann. 1 — Alt — Matiegka. n — 136 _— B. Adachi. 4 — 1.018 —— Bovero. d © — 800 — l'auteur. Soit 45 6.267 crânes. Soit sur 0,23 p. 100. Ma stalistique générale précédente imdiquailo,19 p.100, mais j'avais involontairement omis d'y faire figurer 3 cas trouvés par B. Adachi sur 328 crânes japonais. Si on les y fait figurer, on relève la propor- tion 0,20 p. 100 (10 cas sur 4.849) qui ne s'écarle pas d'une façon sensible de celle que je relève actuellement. J'ai écril dans mon Traité des varialions des os de la face (ANATOMIE COMPARÉE, p. 270) que c'est exclusivement chez le gorille qu'on a signalé « jusqu'ici l'apparition VERTÉBRALE. 31 482 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE d'un prolongement apophysaire interpalatin postérieur complet ou ‘incomplet. On a prétendu que ce prolongement apophysaire était constant chez le gorille; Lout ce qu'il est possible de dire aujourd’hui, cest qu'il semble s'y rencontrer beaucoup plus souvent que dans l'espèce humaine ». Ici encore le temps est venu me donner raison. Ainsi que moi, Bovero a infructueusement cherché sur un nombre considérable d'animaux appartenant à divers ordres inférieurs au genre homo la conformation en question. 32anlhropoïdes donto chimpanzés, 16 orangs et 7 gortlles ne lui en ont fourni aucun cas indiscutable. Le processus interpalatinus postlerior incompleltus est, à coup sûr, plus commun chez les gorilles que le processus inlerpalatinus posterior completus s. penetrans, mais la présence même du processus inlerpalatinus pos- lerior complelus s. penetrans bilateralis a été constatée sur un ou plusieurs d’entre eux où il affectait l’une ou l’autre des configurations qu'il peut y avoir dans l’espèce humaine, par Th. Bischoff (8 Laf., XVI. et %5 taf., XXI), W. Gruber (loc. cit. supra), Waldeyer (Zeitsch. f. ethnol., 1892; Correspondenzbl. d. Deutsch. anthrop. gesellsck., 1892- 1893; A{E dell XI Congr. med. internaz., Roma, 1894 et Monit. zoo! ilal., 1894), Selenka (Stud. üb. Entwickelungsgesch. des Thiere, VI H., Menschenaffen (An{hropomorphæ). Stud. üb. Entwickel. u, Schadel- bau — I. Rassenschädel u. Bezahnung d. orangutan. Wiesbaden, 1898, S. 46. — Jbid., VIT. Heft. Menschenaffen. II. Schadel d. gorilla u. Shimpanzé — III. Entwickel. d. gtbbon (Hylobates u. Siamang, Wies- baden, 1899, fig. 136, docteur Rôse), Vram, A4. d. Soc. rom. d. Antro- pol., 1901 et Bollet. d. Soc. zool. ital., 1903, Killermann (Arch.f. Antro- pol., 1893), Jacoby, Zeitsch. f. morph. u. Anthrop., 1903), etc. Selon Waldeyer, le maxillaire supérieur participe chez la moitié des gorilles à la constitution du bord libre du palais osseux. Sur 42 gorilles, je n'ai noté, cependant, que sur 14 (sur 9 des deux côtés, sur 3 du côté droit seulement et sur 2 du côté gauche seulement) l'existence d'un proces- sus inlerpalatinus poslerior incompletus, et que sur 2 (sur 1 du côté droit seulement et sur 1, des deux côtés) celle d’un processus inlerpa- lalinus posterior completus. En avançant, à mon exemple, que la séparation complète des palatins par une expansion en arrière de cha- cune des apophyses palatines des sus-maxillaires, ne se rencontre qu «avec une fréquence plus grande dans les gorilles que dans l’es- pèce humaine », Bovero a donc été bien inspiré. Dans le seul cas de processus interpalalinus posterior completus s. penetrans bilaleralis qu'il m'a été donné d'observer sur le gorille, l’épine nasale postérieure absente était remplacée par une encoche à concavité postérieure dont l'extrémilé libre de chacun des bords élait arrondie et non-saillante. Il n'est donc pas exact de prétendre ANNEXE AUX TRAITÉS DES O8 DU CRÀNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 483 aussi, comme Waldeyer, que l'hypotrophie et la séparation des por- üions horizontales des palalins sont toujours nécessairement liées à la duplicité de l'épine nasale postérieure. Os interpalalo-sus-maæillaires. — X]s ont été également rencontrés par W. Gruber (loc. cit. supra), Rauber (Lehrb. d. anat. d. menschen, 1902), Piltaluga Rosselta (Ar d. {. Soc. roman d. antropolog., 1905), Bovero, elc. APOPHYSE PALATINE. — CANAL PALATIN ANTÉRIEUR. — Organe de Jacobson. — Hyrtl a déclaré que l'organe de Jacobson estlogé dans la partie cartilagineuse de la cloison médiane du nez. En étudiant les fosses nasales d’un embryon humain mesurant 13 millimètres de lon- gueur (vertex coccyx), Paulet ne s’est pas, à mon exemple, rangé à celle opinion, « car il a toujours trouvé cet organe à côlé du cartilage de la cloison ». D'ailleurs, a-t-1l ajouté, en lerminant : « c'est un fait connu que chez un grand nombre de Mammifères, ces organes sont contenus dans des capsules carlilagineuses spéciales, parfaitement distinctes du septum narium » (C. rend. de l'Associat. d. anatomistes de langue franc. Congrès de Lille, 1907). MAXILLAIRE INFÉRIEUR Dans mon Traité des varialions des os de la face de l'homme, des erreurs ont été commises dans le texte de deux légendes explicatives : à la page 27 une tête de chien est donnée comme une tête de porc et à la page 329, une mâchoire inférieure de bœuf, comme une mà- choire inférieure de cheval. Quand je me suis aperçu de ces deux erreurs, 1l était trop tard pour les réparer. A la page 27, à la ligne 8 du paragraphe réservé à l'anatomie comparée, 1l faut lire, « et un chien et un sanglier par moi », au lieu « et un sanglier par moi ». Le dessin représente la tête de ce chien. Absence. — Guerdan a signalé l’absence du maxillaire inférieur ; plusieurs cas de ce genre sont dessinés dans l’atlas d’Ahlfeld (Die Missbildungen des menchen. Liepzig, 1880). Kirmisson a noté le défaut de présence de la branche montante de la mandibuie (Soc. d'obstél., de gynécol. et de pédiat., 1902). Os menlonniers. — Mon ancien prosecteur, Bourgeretle, a défendu dans une thèse soutenue en 1908, devant la Faculté de médecine de Paris, les idées que je professe à l'égard de ces os, savoir 1° Qu'ils sont constants ; 2° Qu'ils sont au nombre de deux et symétriques, mais qu'il peut y en avoir davantage ; 481 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE 3° Que ce sont des os wormiens intersuturaux analogues aux os wormiens du crâne (1); 4° Qu'ils doivent êlre rangés, comme eux, dans la classe des variations ayant une significalion morphologique, appelée par moi variations progressives parce que : a) C'est à eux qu'est due l’'éminence mentonnière qui constitue un caractère de supériorité ; b) La forme arrondie, bilobée, etc., de cette éminence dépend d'eux ; c) Ils manquent chez les fœtus humains âgés de moins de huit mois et demi ; . d) Is sont plus communs chez les nouveau-nés brachycéphales que chez les nouveau-nés dolichocéphales ; e) IS sont destinés à suppléer à l'insuffisance de l’ossification des deux centres d'ossification latéraux du corps de la mandibule, qui ne parviennent pas à se rejoindre en dedans, par suite de l'augmentation des dimensions du diamètre transverse du crâne. Et cela est si vrai qu'après la mâchoire inférieure des nouveau-nés brachycéphales, c'est sur la mâchoire inférieure des nouveau-nés hydrocéphales que les productions osseuses en question sont les plus précoces et les plus nombreuses. L'éminence mentonnière manquant dans les Simiens et les races préhistoriques et les os mentonniers chez les fœtus humains appar- tenant à la race blanche, âgés de moins de huit mois et demi, il est permis de supposer que la présence de ces os dans l'organisme humain ne doit pas remonter à une époque excessivement loin- taine. Après Fischer (Anal. anz., 1903) j'ai retrouvé sur 6 idiots el une idiole et un microcéphale la saillie du menton et les trajectoires partant des insertions des muscles génio-glosses et digastriques et s'irradiant dans cette saillie décrite par Walkhoff. Avec Weidenreich, je pense que ces travées osseuses limitent des canaux vasculaires in- terosseux. Canaux el trous asymphysiens mandibulaires.— En plus des ca- naux et des trous médians ou symphysiens mandibulaires sus- génien, intra-génien et sous-génien, il existe des canaux et des trous asymphysiens mandibulaires anormaux ou normaux, mais sujets à de grandes variations. Winslow (Exp. anal. de la struct. du corps humain, Paris, 1732) dit qu'il a vu quelquefois sur la face pos- térieure du corps de la mandibule, à la partie supérieure de la (1) Qu'on n'oublie que, de même que les os de la voûte du crâne où se montrent de préférence les os wormiens, la mandibule est, avant tout, un os de mem- brane. ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 485 symphyse et au voisinage de celle-ci, des petits trous. Lancke (De os- sib. mandibular. pueror. septennium, Lipsiæ, MDCCLT à inscrit au- dessous des dessins figurant dans la planche II de son livre la légende suivante : « foramina parva, ut plurimum ovalia, post inci- sores conspicua et dentibus novis hujus nominis prorupluris deslinata. » Dans la première édition du Traité d'anatomie humaine de Poirier, on Hit dans le paragraphe que l’auteur a réservé à l'étude des anomalies de maxillaire inférieur : « On observe constamment, sur la lèvre pos- térieure du bord alvéolaire, de chaque côté des incisives médianes, deux petits trous, orifices de canaux vasculaires. » Dans les éditions subséquentes. cette remarque a pris place dans le texte. Pourquoi ? Parce que, comme je l'ai dit à Poirier, ces trous élant constants — il l'avouait lui-même — il ne convenait pas de les classer parmi les vices de conformation. À chacun de ces ostium aboutit, parfois, un étroit sillon creusé dans la partie supérieure de la face interne de l'os. Ce sont les sillons dénommés solchi sotto linguali par mon collègue et ami, D. Bertelli (Arch. d. anat. e d.embriol., p. 211, 1909). Ils ont été rencontrés : 73 fois (14 fois des deux côtés, 43 fois à dr. et 16 fois à g.) sur 600 mandibules, par D. Bertelli 48 fois (9 — 27 — FRE) Sur) 7 400 — par l'auteur 121 fois (23 — 70 — 28 — ) sur 1.000 mandibules. Soit sur 12,1 p. 100. Et plus souvent d'un seul côté que des deux côtés et à droite qu'à gauche. Comme il s’agit là d'une de ces variations sans signification morphologique et que j'ai définie variations par impression vas- culaire 1} n'y a pas lieu d'être surpris de ce fait. Le système vas- culaire du côté droit ne l'emporte-t-1l pas, tant au point de vue sta- tique qu'au point de vue dynamique, sur celui du côté gauche ? Chez les vieillards, les foramina en question sont, par suite de la destruction progressive des alvéoles, placés prèes du bord supérieur libre de la face postérieure du corps du maxillaire inférieur ou repré- sentée par des échancrures, plus ou moins profondes, à concavité supérieure. Chez les adultes chacun d’eux est l'origine d’un canal qui se perd, après un trajet d'une longueur très variable, dans le septum osseux, interposé entre l'incisive interne et l'incisive externe et loge un des ramuscules supérieurs terminaux de l'artère sublinguale. Cette conformation a été observée sur la brebis par D. Bertelli. Elle existe sur deux mâchoires inférieures de porc déposées dans mon musée anatomique particulier et dont chacun possède, en outre, un canal symphysien sous-génien. I! est infiniment plus rare de trouver, aussi bien dans l'espèce humaine que dans les espèces animales, un 486 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE conduit vasculaire artériel dans l’une ou l’autre ou dans plusieurs des cloisons alvéolaires de la mandibule situées en dehors des dents inei- sives. Sur le maxillaire inférieur d’une fille de 32 ans, morte d’une fièvre typhoïde, le 22 mai 1889, à la salle 15 de l'Hôpital général de Tours, j'ai constaté la présence d’un trou borgne au niveau de la parlie postérieure de chacune des lames osseuses qui limitent en dedans et en dehors chacune des loges dentaires. En avant, de chaque côté ou seulement d’un seul côté de léminence mentonnière, on peul rencontrer un foramen dont les dimensions tran- chent avec celles des foraminula voisins donnant passage à des vais- seaux nourriciers de l’os. Le professeur D. Bertelli est d'avis que ce foramen correspond chez l’homme à celui auquel, chez les autres Mammifères (Marsupiaux, Édentés, Artiodactyles, Cétacés, Carnivores, Chétroptères), aboutit un des canaux mentonniers s'ouvrant en dehors, généralement, mais pas toujours. En sectionnant verticalement l'os de la mâchoire inférieure d’un vieillard, où il était assez large et l’origine d'un conduit, J'ai observé que celui-ci se perdait dans l'intérieur de l'os en diminuant insensiblement de calibre. Et c'est pourquoi je tends à croire qu'il peut être aussi le résultat d’un défaut de soudure partiel des os mentonniers au corps du maxillaire inférieur. Je ne cite que pour mémoire les forami e condotlt mentali poste- riori-superiori el posteriori-inferiori, de D. Bertelli. Unilatéraux ou bilatéraux, les /rous mentonniers postéro-supérieurs sont situés sur la face postéro-interne ou linguale de la mandibule en dehors et à quelque distance des apophyses geni, et les /rous mentonniers pos- léro-inférieurs près de l'extrémité interne de la fossette sous-maxil- laire et du bord postérieur de la fossette digastrique. Tous sont des orifices anormaux, mais les derniers sont beaucoup plus communs que les premiers et chacun d'eux, aussi bien les derniers que les premiers, donne naissance à un canalicule contenant un des vaisseaux nourriciers de los. FACE PGSTÉRO-INTERNE OU LINGUALE. — Variations de l’orifice interne du canal dentaire inférieur. — Elles ont été recherchées, en 1909, en même temps que quelques-unes de celles de la Hingula, du sillon mylo- hyoïdien, de la hauteur des branches de la mandibuie, etc., sur 400 des 1.000 mandibules que contient l’Institut anatomique de l'Univer- sité de Künigsberg, par A. Stein (Das foramen mandibulare und seine Bedeutung für die Leitungs-anæsthesie des Unterkiefernerven, Berlin, 1909), soucieux de s'assurer si leur connaissance n'obligerait pas à apporter des modifications au procédé opératoire de l'injection par l'ostium d'entrée du canal mandibulaire, dans l'intérieur de ce anal, d'une solution narcotique. J'ai étudié récemment, de mon côté, ANNEXE AUX TRAITÉS DES OS DU CRÂNE ET DE LA FACE DE L'HOMME 487 sur 400 os de la mâchoire inférieure, européens ou non, la forme, la situation et les dimensions de chacun des trous dentaires internes, Voici les résultats de ces investigations. Le foramen dont il s’agit affectait la forme d’une fente : Sur 372 des 400 mandibules examinées par A. Stein — 31 — — l'auteur. Soit sur 723 sur 800, soit sur 90,3 p. 100. Celle d’un rond : Sur 93 des 400 mandibules examinées par A. Stein — 38 — — l'auteur. Soit sur 61 sur 800, soit sur 7,6 p. 100. Celle d’un ovale : Sur 5 des 400 mandibules examinées par A. Stein — 1 — — l'auteur. Soit sur 16 sur 800, soit sur 2 p. 100 Il était situé au niveau du rebord alvéolaire : Sur 227 des 400 mandibules examinées par A. Stein — 935 — — l'auteur. Soit sur 462 sur 800, soit sur 57,7 p. 100. Au niveau de la surface de masticalion : Sur 140 des 400 mandibules examinées par A. Stein. — 151 — — l'auteur. Soit sur 291 sur 800, soit sur 36,3 p. 100. Au-dessus du rebord alvéolaire : Sur 24 des mandibules examinées par A. Stein. — 10 — — l’auteur. Soit sur 34 sur 800, soit sur 4,2 p. 100. Au-dessous du rebord alvéolaire : Sur 9 des 400 mandibules examinées par A. Stein — 4 — — l'auteur. Soit sur 43 sur 800, soit sur 1,6 p. 100. Il était contenu, plus où moins haut dans un plan vertical s'éten- dant du gonion au point le plus déclive de l'échancrure semi-lunaire : Sur 14%4 des 400 mandibules examinées par A. Stein — 14 — — l'auteur. Soit sur 285 sur 800, soit sur 35,6 p. 100. Et sur toutes les autres un peu en avant de ce plan. 488 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE A l'état normalil est, pour Tillaux, placé à égale distance des deux bords du maxillaire inférieur et à égale distance de l’échancrure sigmoiïde et de l'angle, c'est-à-dire à peu près au milieu de la branche montante. C'est bien vague. Au vrai, on le trouve, d'ordinaire, au point de rencontre de la ligne horizontale du bord alvéolaire, pro- longée en arrière et de la ligne verticale unissant le gonion à la par- tie É plus profonde de 1 Te semi-lunaire. Sa largeur oscille entre o m. 02 et 1 m.o1. BorD INFÉRIEUR OU BASE. — Apophyse angulaire. — M. Slahr a signalé la présence de cette apophyse chez les Egyptiens (Ana. anz., 1903). R. Balli, qui l’a cherchée sur 896 maxillaires inférieurs dont 256 de criminels, 510 d'aliénés et 130 de gens honnêtes et sains d'esprit, l’a trouvée sur 30,31 p. 100 des criminels, 16,90 p. 100 des aliénés de naissance, 17,03 p. 100 des aliénés à lésion acquise, 18,46 p. 100 des gens honnêtes et sains d'esprit. Et il en a conclu naturellement qu'elle ne peut être considérée comme un caractère de dégénérescence puisqu'elle se rencontre aussi fréquemment chez les sujets probes et intelligents que chez les scélérats el les fous. Je n'ai jamais dit autre chose. Le processus angulo-mandibulaire a été étudié sur un certain nombre d'animaux depuis les plus dégradés jusqu'aux singes qua- drupèdes et bipèdes, d'abord par Mingazzini (Arch. p. l'antropol. l'elnol., Firenze, 1893, avec 2 pl.) et, ensuite, Dieulafé et Herpin (Jour. de l'anal. et de la phys., p. 332, Paris, 1907). BORD SUPÉRIEUR. — Apophyse coronoïde en forme de lame de sabre. — Celte conformation a élé retrouvée par F. Regnault sur l'apo- physe coronoïde gauche d'une seconde mandibule figurant dans le musée Dupuytren, à Paris (n° 318, H .), el dont le muscie temporal, fixé sur elle, n'a conservé que quelques fibres par suite de la présence d'une tumeur fibreuse qui a détruit l'orbite, la cavité nasale gauches et la moilié gauche de la voûte osseuse du palais. QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LES DOCTRINES DE L'ÉCOLE ANATOMIQUE TOURANGELLE CONTEMPORAINE Discours prononcé le 12 novembre 1908 dans la salle des fêtes de la Mairie de Tours. Par le professeur A.-F. Le Dousre. MESSIEURS, 2 Je ne suis pas de ceux qui admettent avec l'École positiviste que la science ne peut fournir aucun renseignement sur l'énigme des choses. Le fait qui semble le plus insignifiant en soi, celui qui échappe le plus aux préoccupations du vulgaire, contient toujours une parcelle de cette éternelle et irritante énigme parce qu'il n’est lui-même qu'une réduclion de l'âme totale de l'Univers. Tout dans l'Univers est soumis à des lois. La pierre qui lombe, le jour qui naît, le soir qui descend, le moindre grain qui lève, obéissent à des lois. Le hasard, la contingence, ne se rencontrent pas dans la nature. Les invoquer, ce n’est qu'avouer notre ignorance. Il est des lois naturelles qui nous sont inconnues? Soit! Mais cela ne les empêche pas d'exister et les fails que nous observons de dépendre d'elles et d'arriver à l'heure voulue. Mais alors si tous les faits que nous observons sont soumis indubitablement à des lois, qu'est-ce qui peut nous autoriser à dire qu'ils n’ont rien de commun avec tel ou tel domaine déterminé? C'est à ces idées dont je suis intimement pénétré que je dois, je crois, Messieurs, d'avoir pu depuis trente-cinq ans composer les divers ouvrages dans lesquels j'ai déterminé pourquoi tel organe ou telle partie d'un organe devient plus souvent malade que tel autre or- gane ou telle autre partie d'un organe, étudié les êtres vivants à la fois comme ils sont et comme ils peuvent être et, à une époque où on 490 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE déclarait que l'anatomie humaine était une science faite, inléressant seulement le médecin et le chirurgien comme une préparation à la connaissance des maladies et au moyen d'y remédier et le sculpteur el le peintre comme une préparalion à la connaissance du modelage et du dessin, « cette probité de l'art», montré, en m'appuyant sur des centaines de disseclions des muscles et l'examen de milliers de squeleltes d'hommes et d'animaux, qu’elle est, au contraire, une science morphologique à son aurore, apportant un contingent consi- dérable de faits favorables à la théorie de l’évolution et aussi digne, à ce litre, que la paléontologie, l'anatomie comparée, l'embryologie, la Lératogénie expérimentale, l’archéo-géologie, la linguistique, la sociologie, etc., de retenir l'attention du philosophe et celle du pen- seur. Aussi utile et aussi pleine d’attraits pour un esprit libre et avide de s’instruire, je le redis avec conviction, que l'une ou l’autre des sciences qui se posent, en cherchant à les résoudre, les immenses problèmes qui se rattachent à l'origine de l'humanité et à l’obscur déconcertant rébus de ses destinées futures : que l'astronomie, la paléontologie et l’analomie comparée qui prouvent que depuis le refroidissement de la nébuleuse jusqu'aux changements qui se sont produits dans la structure de la terre et dans celle des plantes et des animaux contenus dans ses différentes couches, le développement a été lent et progressif ; que l'embryologie qui mentre que dans la ma- trice de la femme se reforgent, un à un, tous les anneaux de la grande chaîne des êtres vivants, que ce n’est qu'après avoir fait un inverlébré, puis des Verlébrés inférieurs, que la Nature aboutit à l’homme (1); que la tératogénie expérimentale qui révèle les modifications qu’ap- porte à l'évolut'on du germe fécondé les actions mécaniques, phy- siques et chimiques, et la possibilité d'obtenir à volonté l'œil unique et médian ou cyclopie, la naissance de la totalité ou d’une partie du cerveau en dehors du crâne ou exencéphalie, la sortie de la tête par l'ombilic ou omphalocéphalie, le cœur double, la fusion des deux membres inférieurs en un seul ou symélie, etc., attribués naïvement par A. Paré à l’arlifice des méchants bélitres, à la colère de Dieu, aux démons et diables, etc.; que l'archéo-géologie qui révèle que (1) Nous avons primitivement un appareil génito-urinaire identique à celui qui existe dans chaque anneau des Vers annelés; le cœur tubuleux des /nsectes; des branchies comine des Poissons; un cloaque comme les Oiseaux; les oreilles pointues, la peau couverte de poils, sauf celle de la paume de la main et celle de la plante du pied, un appendice caudal, etc. Les transformations que subissent les animaux avant d'arriver à leur com- plet développement sont aussi curieuses : les chevaux ont cinq doigts à un moment donné de leur ontogénèse ; l'hipparion reparaît dans les chevaux à trois doigts et l'anchilerium dans les chevaux à cinq doigts, dont on cite plusieurs exemples, sans compter Bucéphale, le fameux coursier d'Alexandre, 2 TR CONSIDÉRATIONS SUR LES DOCTRINES DE L'ÉCOLE TOURANGELLE 491 l'homme a vécu, dans un état de misère inénarrable, au fond des trous des rochers et dans des cavernes, ne connaissant aucun métal et confectionnant avec des silex, du bois et des os d'animaux, des outils et des armes, des milliers de siècles avant le jour où sur le sol de la Grèce surgissaient les murs de Thèbes aux accords de la lyre d’Amphion et l'époque où, dans une autre Thèbes, la statue de Mem- non exhalait à l'aurore ses soupirs harmonieux ; que la linguistique qui, par l'analyse des vocabulaires et des mots racines, par la com- paraison des formes et des mots grammaticaux, dénote que toutes les langues ont eu plusieurs phases de perfectionnement; que la sociologie qui décèle que les faits qui régissent les groupes humains sont de même nature que ceux qui se produisent chez les individus isolés et qu'il y a par suite des connexions contre les lois de la vie et les lois des Sociétés (1), etc. L'anatomia humana reformata sive renovata, l'anthropo-zoologie, si vous adoptez le qualificatif que je propose, atteste effectivement, Messieurs, qu'en dehors des transformations que subissent réguliè- rement tous les organes humains depuis la naissance jusqu’à la mort, il n’est pas un seul de ces organes qui ne puisse offrir, au cours de la vie fœtale, deux sortes de modifications morphologiques d'une signi- fication précise ; les unes qui ne sont que la reproduction fidèle ou à l'état débauche d'une disposition animale et que j'ai appelée pour celte raison variations réversives, alaviques, théromorphiques où d'héritage; les autres, qui ne sont qu'une adaptation plus exacle aux conditions de l'existence el que j'ai dénommées pour ce motif varia- tions évolulives, fonclionnelles, progressives ou de perfectlionne- ment (2). Mais si l'homme est, au cours de sa vie embryonnaire, solli- (1) En sorte qu'aujourd'hui la philosophie, gardienne des principes de la con- naissance, ne dédaigne pas revenir éclairer sa marche au flambeau de la bio- logie. Science et philosophie se rejoignent et s'unissent et, non seulement en France où le goût des recherches exactes pénètre de plus en plus, mais encore en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en Suisse, philosophes et naturalistes, économistes et médecins, Stuart Mill et Hartmann, Hæœckel et Moleschott, Carl Vogtet Bain, Huxleyet Kant, sans oublier ce puissant esprit, Herbert Spencer, ont cimenté par la diversité de leur travaux cette alliance féconde qui porte, dans ses flancs, l'encyclopédie des sciences et la constitution rationnelle du système du monde, (2) Ces deux sortes de variations se retrouvent également dans les espèces animales et les espèces végétales (voir mes Trailés des varialions du syslème musculaire, des os du crâne el de la face de l'homme. Paris, 1897, 1903, 1907) Il s'ensuit qu'il n’y a rien dans la nature qui soit définitivement stable. Et ainsi se trouve confirmée, à un siècle de distance, l’assertion géniale de Gœæthe « Betrachten wir alle Gestalten besonders die organischen, s0 finden wir dass nirgends ein Bestehendes, nirgends ein Rubendes, ein Abgeschlossenes vor- kommt sonderns das vielmehr alles in einer steten Bewegung schwanke », « Si 492 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE cité par deux influences contraires, l'atavisme et l’innéité, dont la nature nous échappe encore et dont la première tend à le ramener en arrière en lui rendant des formes qu'il a perdues depuis longtemps ; la seconde, à l'améliorer en lui donnant des formes mieux appropriées à ses besoins actuels, pourquoi, m’objectera-t-on, est-ce la seconde qui a Jusqu'ici triomphé de la première? Pourquoi n'est-il pas plus permis à l’homme de retourner vers son berceau qu'à un fleuve de remonter vers sa source? D'abord parce que nos organes opposent d'autant plus de résis- tance aux maladies qu'ils sont plus sains et mieux conformés, abso- lument comme d’après la loi de Darwin, une plante ou un animal est d'autant plus certain de vivre et de se perpétuer que sa conformation le rapproche davantage du type parfait, que sa force et sa vigueur l’assurent de mieux lutter contre les causes de destruction dont il est entouré. Ensuite parce que les dégénérescences sont progressives et aboutissent, tôt ou tard, fatalement à la stérilité. À ces deux causes de la sélection naturelle par les maladies et la stérilité, mises en évi- dence par l'École anatomique tourangelle et qui ont permis de for- muler une loi de pathologie générale à laquelle on a daigné — hon- neur inattendu que je n'ai pu éviter — attacher mon nom, si vous ajoutez, Messieurs, les autres causes de la sélection naturelle indi- quées par Lamarck et Darwin, la beauté plastique, les milieux, les besoins, l'habitude, etc., vous connaissez comment la nature s’y prend pour conduire, de calvaire en calvaire, lentement mais sûre- ment, l'humanité au Thabor radieux où l'attend le triomphe. Une machine industrielle, qu'elle soit mue par la vapeur, une chute nous considérons toutes les formes, principalement les organiques, nous trou- vons que nulle part ne se présente rien qui soit en repos ou achevé, mais bien plus que tout flotte dans un mouvement oscillatoire perpétuel. » Gœthe, Zntro- duction à la Morphologie. « Les éléments de la matière a écrit, d'autre part, il y a trois ans Gustave Le Bon (L'Évolution de la matière, p. 247. Paris, 1908) sont en mouvement inces- sant : un bloc de plomb, un rocher, une chaine de montagnes n'ont qu'une immobilité apparente. Ils subissent toutes les variations du milieu et modifient constamment leurs équilibres pour s'y adopter. La nature ne connaït pas le repos. S'il se trouve quelque part, ce n'est ni dans le monde que nous habitons ni dans les êtres vivant à sa surface. ». L'énergieintra-atomique, cause de ces mouvements incessants a crée des forces considérables. Veut-on un exemple de leur puissance ? Les parties émanées de la manière effectuent, d’après Curie, leur dissociation avec une vitesse de 100.000 kilomètres par seconde. La force vive d'une sphère de bronze de 3 milli- mètres d'épaisseur et du poids de 1 gramme, animée d’un mouvement de rota- tion d'une valeur égale à celle des particules de matière dissociée, correspond à 203.873 millions de kilogrammètres. C’est à peu près le travail que fourni- raient en une heure 150 locomotives d’une puissance moyenne de 500 chevaux- vapeur. CONSIDÉRATIONS SUR LES DOCTRINES DE L'ÉCOLE TOURANGELLE 493 d'eau ou le vent, fonctionne d'autant mieux que ses rouages sont moins anciens et plus perfeclionnés. Il en est de même dans la ma- chine animale et c'est pourquoi, Messieurs, sans trêve el sans repos, avec l'audace d'une volonté qui n'hésite point dans les ténèbres et qui marche vers la lumière à travers toutes les épreuves et en sur- montant tous les obstacles, la Nature détruit impitoyablement au fur et à mesure qu'elles sont usées ou devenues nuisibles les parties constituantes des organes vivants, en même temps qu'elle utilise, en les modifiant dans le sens du progrès, celles des parties constituantes de ces organes qui, en dépit du temps et du labeur qu’elles ont déjà fournis, sont encore susceplibles d'un excellent service. Et c'est, Messieurs, parce que Je cerveau qui invente, dirige et commande et les mains qui exécutent ont évolué plus vite et mieux dans l'espèce humaine que le cerveau et les extrémités libres des membres thora- ciques dans les espèces animales, que l'homme est devenu le roi de la création N'est-ce pas d'un cerveau plus parfait — qu'il en soit l'instrument ou la source, — que jaillit plus puissante et plus belle la pensée avec son caractère d'immortalilé? N'est-ce pas d’une main plus souple et plus fine que sort l'œuvre la mieux accomplie ? Mais l'École analomique tourangelle ne se borne pas à soutenir que, dans l'espèce humaine, les malformalions des organes ne sont pas des lust naluræ, mais des variations d’un lype qu'on y rencontre plus fréquemment que les autres et qu'on regarde pour celle raison comme normal, que ces variations comprennent des vartalions réver- sives prédisposant à la fois les organes qui les présentent et les or- ganes bien conformés en rapport avec eux, à devenir malades, et qui sont, par conséquent, un désavantage dans la lutte pour la vie, et des variations progressives qui sont, au contraire, un avantage dans la lutte pour la vie et dont les unes sont activement progressives et les autres passivement progressives (1). L'École anatomique tourangelle affirme également qu'en plus des varialions réversives el des varia- tions progressives, dénotant que l'hérédité n'est qu'une adaptation provisoirement fixée, il existe, chez l’homme, des vartalions sans signification morphologique résultant ou (a) de l'ossification d’un carti- lage, d’un ligament, d’un tendon, d’une membrane fibreuse, de la dure-mère, des fibres musculaires, d'une tunique vasculaire ou (b) d’une impression tendineuse, vasculaire, nerveuse, glandulaire ou (c) des tractions puissantes et répétées exercées par des fibres musculaires ou une aponévrose ou un tendon sur les crèles ou les apophyses d'un os (1) V. pour l'explication de ces termes le rapport des variations du système musculaire de l’homme que j'ai présenté au XIIe Congrès international de médecine Paris, 1900), et l'introduction de mon Trailé des varialions de la face de l'homme. 494 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE sain, rachitique, ostéomalacique, ou (d) de l'augmentation, ou (e) de la diminution de la pression excentrique exercée par un viscère sur son enveloppe osseuse, etc., et des vartalions, monstruosités, téralologiques ou anomalres qu'il est impossible encore, à l'inverse des autres, d'expli- quer en faisant appel à l'anatomie comparée, à l’embryologie, à la phy- siologie, à la tératogénie expérimentale, à la pathologie, etc., mais dont le nombre diminuera à mesure que ces sciences progresseront. L'École anatomique tourangelle prétend, encore, que la connaissance des variations anatomiques humaines, quelles qu'elles soient, est aussi indispensable aux médecins et aux chirurgiens pour diagnostiquer les maladies et les soigner convenablement qu'aux ethnologues pour déter- miner et classer les races humaines; qu'on trouve, d'ordinaire, plu- sieurs variations sur le même individu et que ces variations portent de préférence sur les organes qui ont la même origine embryolo- gique et dont le développement est synchrone; que les variations, même celles qui sont de nature réversive, ne sont pas, — quoi qu'en dise l'École lombrosienne dont, dans un débat public et contradic- loire provoqué par cette dernière (1), l'École anatomique tourangelle a combattu point par point, et sans céder sur aucun, les assertions à ce propos, — des stigmales anatomiques de criminalité ou de folie permettant de certifier que les sujets sur lesquels on les observe ont été, sont ou deviendront forcément des voleurs, des assassins, des épilepliques ou des aliénés. L'École anatomique tourangelle déclare, en outre, que les variations réversives sont plus communes dans les races de couleur, surtout dans la race noire, c'est-à-dire dans les races considérées comme inférieures, que dans la race blanche, tan- dis que c’est l'inverse pour les variations progressives; que dans toutes les races, les variations progressives apparaissent plus souvent aux membres qu'au tronc, aux membres supérieurs qu'aux membres inférieurs et aux extrémités distales des membres qu'aux extrémités proximales; que le même organe peut avoir une configuration iden- tique chez deux individus n'ayant aucun lien de parenté familiale ou ethnique, lorsque cet organe est soumis à des conditions mésolo- giques semblables ; que les variations anatomiques ne sont pas spé- ciales à l’homme et que celles des animaux reconnaissent les mêmes causes que celles de l'homme et comportent conséquemment le même classement; que, dans tous les Vertébrés, l'arrêt ou l'insuffisance d’un nodule d’ossification est pallié par l'extension de l’ossification d'un ou de plusieurs des nodules d'ossification voisins ou par l’appa- rilion de nodules d’ossificalion surnuméraires (os wormiens, nodules (1) V. Revue scientifique, la Gazelte médicale du Centre, la Province médicale, la Dépêche du Centre et de l'Ouest, l'Union libérale, mai-seplembre 1906. à. d ras Me tomba ques Lissés ns ns... CONSIDÉRATIONS. SUR LES DOCTRINES DE L'ÉCOLE TOURANGELLE 495 épiphysaires); que quand le volume du crâne augmente celui de la face diminue et réciproquement. L'École anatomique tourangelle assure, enfin, que les variations numériques des organes (les ver- tèbres, les côtes, les dents) qui se répètent en série sont d'autant plus fréquentes qu'ils sont plus nombreux et vice versà (1); que dans tous les êtres vivants, les irrégularités numériques des vertèbres sont d'autant plus communes qu'on se rapproche de l'extrémité caudale du rachis et que dans chacun des divers segments dont se compose le rachis, les anomalies numériques des vertèbres par excès s’observent plus souvent que celles par défaut; qu’il existe dans l'espèce humaine un torlicolis et une scoliose rachidienne dus au développement défectueux, pendant la vie fœtale, des éléments osseux de la nuque et de l’épine dorsale, un torticolis congénital et une scoliose rachi- dienne cougénilale; que les variations anatomiques humaines réver- sives et progressives unies à la phylogénèse el à l'ontogénèse four- nissent de précieux renseignements non seulement sur le passé et le présent, mais encore sur l'avenir de l'humanité, elc., etc. Ce que l’homme connaît toujours le moins, Messieurs, c'est lui- même. Il a mesuré les cieux, calculé le poids de la terre, fait du Jupiter tonnant de ses aïeux un simple messager qui porte en un clin d'œil sa pensée el même sa parole d’une extrémité du monde à l’autre, obligé le blond Phæœbus et la pâle Phœbé à peindre leur propre image, la sienne, tout ce qu'il veut au fond d'une chambre obscure, que dis-je? Il les a réduits à l'humble rôle de copistes de nos vieux manuscrits. Il a dompté tous les éléments, l'air et les vents lui obéissent en esclaves et depuis hier des navires d’un nouveau genre tracent leurs sillages dans les plaines de l'atmosphère aussi sûrement que le font les vaisseaux sur la vaste étendue des océans. Oui, Messieurs, l'homme a créé ces merveilles, mais il n’a encore que des notions imparfaites sur son corps, son intelligence, le prin- cipe de vie qui l'anime; il ignore son origine, son berceau, son his- Loire. Or, savoir tout cela ne serait-ce pas savoir, Messieurs, je vous le demande, le comment et le pourquoi des choses? (1) Les anomalies des mameélles des chiennes, des lruies, ele., le démontrent amplement. Dans les Serpenis où la colonne vertébrale comprend plusieurs centaines de vertèbres, il n’y a pas deux individus dans la même espèce qui en aient le même nombre. On sait combien les métamères des Annélides sont sujettes à varier numériquement. Les variations numériques des sépales, des pétales, des étamines qui se répètent en série ne sont ignorées d'aucun botaniste. Pourquoi les variations numériques sont-elles d'autant plus fréquentes que les organes envisagés sont en nombre plus considérable et vice versa? Parce qu'un organe a d'autant moins d'importance, qu'il se répète davantage, les congé- nères pouvant se suppléer réciproquement. 496 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Ce comment et ce pourquoi des choses c’est, à n’en pas douter, l'étude de l'homme lui-même, que recommandait déjà, dans le temple de Delphes, par la voie de la Pythie, la Sagesse antique, qui nous en donnera l'explication. N'est-il pas vrai, d’une part, Messieurs, que si toutes les sciences émanent de l'homme, toutes les sciences se résument aussi dans l'homme, « cette synthèse de la Nature », comme l'a qualifié Aris- tote ? Organisés ou inorganiques, tous les corps ne se réduisent-ils pas aux mêmes éléments atomiques fournis par le sol, l'atmosphère et les eaux, et régis, — ainsi que l’a démontré Marcellin Berthelot, dont c'est un des plus beaux titres de gloire, — parles mêmes lois physico- chimiques (1). La cellule, le plus simple des organismes vivants, n'est-elle pas l’origine commune de tous les tissus ; l’'embryogénie humaine n'est-elle pas, enfin, le résumé de la série animale tout enlière de la cellule à la vertèbre ? N'est-il pas évident, d'autre part, que pour arriver à bien com- prendre l’homme intellectuel et moral, il faut commencer par apprendre à connaître l'homme charnel, visible -et tangible auquel il est intimement uni? Si rien ne s'oppose en principe, en effet, Mes- sieurs, à ce que l'énergie, la force, si vous préférez, même dans ce qu'elle a de plus mystérieux, la vie et l'intelligence, puissent exister indépendamment de la matière, il n'est pas moins vrai qu’en cel état, elle se dérobe ‘et se dérobera toujours à nos investigations. Etres sensibles, c'est seulement revêtue de sa forme matérielle qu'on a si ingénieusement définie « une possibilité de sensations », qu'il nous est el nous sera seulement toujours donné d'apprécier ses effets et de conslater ses transformations. Aujourd’hui la psychologie pure perd, du reste, de plus en plus de terrain. La biologie ayant démontré d'une façon certaine l'unité de l'être humain, deux sciences nouvelles sont (1) Entre un cristal de sel marin qui se forme et s’'accrott et une monère, qui est un microscopique grumeau de protoplasma, il y a tous les rapports qu'on peut exiger. Chez l'un comme chez l’autre, la forme cristalline (cellules cristal- lines de la pomme de terre), l'accroissement, les phénomènes intimes s'opèrent avec absorplion ou déyagement de chaleur, que le mouvement soit visible ou invisible. L'acte normal et continu qui a produit les végétaux à l’aide des substances minérales, puis la série des êtres animés à l'aide des deux règnes inférieurs puis encore la vie esthétique avec le concours de toutes les fonctions déjà créées, ce même acte générateur poursuit actuellement sous nos yeux le pro- grès de l’entr'aide social et l'entente universelle, sans qu'aucun élément de cette progression puisse être séparé du tout. Comme l’a écritun médecin poète Jean Lahor (le docteur Cazalis) : L'horame, la bête et l'arbre ont les mêmes secrets... La même clarté luit dans l’astre et dans mes yeux, Les cieux brillent pour moi comme je vois par eux. si a. , #8 CONSIDÉRATIONS SUR LES DOCTRINES DE L'ÉCOLE TOURANGELLE 497 nées, la psychologie morbide et la psycho-physiologie qui, toutes deux, prennent pour but de leurs recherches la détermination des rapports du système nerveux et de la pensée. Toujours est-il que c'est en recourant à l'étude de l'homme, cet être si complexe dont chaque rayonnement dissimule une ombre, chaque effort une défaillance, chaque prétention un vide et qui oublie si volontiers sa grandeur pour parer son infirmilé, en le cherchant, non dans un espace limité de la surface du globe et à la lueur bla- farde d'une lanterne comme ce philosophe de l'antiquité, mais par- tout où 1l se trouve et à l'éclat de ces faisceaux de lumière que jettent, les unes sur les autres, les sciences qui, reposant sur les mêmes bases, constituées d’après les mêmes méthodes, se tiennent et s’'enchaînent étroitement, que nous sommes redevables, Messieurs, de ne plus ignorer que, de toutes les races humaines historiques et préhistoriques, celle dont nous possédons le plus de crânes, une des plus anciennes, la race de Canstadt, est celle qui est la plus dégradée au point de vue physique puisque chacun des individus appartenant à celte race, dont les restes osseux ont été exhumés des dépôts des alluvions fluviatiles et des brèches volcaniques postpliocènes (1), avait la tête allongée et le vertex surbaissé (2), le front bas, étroit et fuyant, les arcades sourcilières très proéminentes, les mâchoires grossières, lourdes et saillantes, enchâssant des dents énormes, etc. ; que les nomades chasseurs de Saint-Acheul, du Moustiers, de Solutré, de la Madeleine, étaient tous dolichocéphales, avaient tous la tête allongée, la nuque saillante, une stature moyenne et l’ossature forte- ment accentuée ; que, parmi les peuples dont l'exhaussement du sol, en rendant habitables les régions du Nord, provoqua la marche en avant, un peuple de haute taille, appartenant au type des têtes courtes ou brachycéphales, organisé hiérarchiquement, soucieux de la dé- pouille de ses morts qu'il enterrait dans des dolmens, armé de la hache en pierre polie, pourvu de poteries et d'un matériel agricole, accompagné d'animaux domestiques, envahit notre territoire; que les Aryas de l'âge du bronze qui leur ont succédé avaient, par suite de l'écartement moindre des métacarpiens, la paume de la main aussi étroite que celle de la main des Simiens et celle de la main des nègres encore plongés dans la plus profonde barbarie (3); que, dans les races (1) Il serait difficile d’assigner à la dernière invasion des glaces en Europe, une époque moins reculée qu'un quart de million d'années et l'apparition de l'homme a précédé cette catastrophe (Draper). (2) En anthropologie la race de Canstadt est appelée, par cette raison, race dolicko-platycéphale. (3) G. de Mortillet a beaucoup insisté sur cette étroitesse de la main des anciens Aryas et de la poignée de chacune de leurs épées. VERTÉBRALE. 32 498 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE humaines contemporaines, les mêmes organes diffèrent d'aspect et de structure (peau blanche, noire, rouge, jaune; cheveux lisses, soyeux, crépus ou laineux, à coupe microscopique circulaire ou ovalaire; pté- rion (1) en H, en H renversé, en K; mâchoires hyperboliques, upsi- loïdes, paraboliques, etc.); que l'homme, en dépit de ses habitations et de ses vêtements, se modifie aussi rapidement que les autres Mam- mifères, qu'en Islande il n’a pas fallu mille ans pour transformer les Scandinaves ou Normands en une race spéciale, parfaitement caracté- risée, n'ayant presque rien conservé de sa physionomie originelle et qu'aux États-Unis où la race anglaise ne s’est guère implantée sérieu- sement qu’à l’époque des migrations puritaines, vers 1620, et de l’arrivée de Penn, en 1681, l’Anglo-Américain, le Yankee, ne ressemble plus à ses ancêtres; qu'il n’est pas à notre époque et dans toutes les races un seul homme dont les organes ne puissent oftrir des conformations qui le rapprochent, ou des conformations qui l'éloignent des animaux, etc. Notre type n'est donc pas, Messieurs, irrémédiablement fixé. EL lorsque l'évolution post-embryonnaire de nos organes sera aussi connue que celle de leur évolution embryonnaire sur laquelle s’est basé Hæckel pour établir la filiation de tous les êtres vivants, la ques- lion si intéressante de la morphologie de l’homme futur pourra être abordée avec fruit, D’ores et déjà, du reste, il est permis, Messieurs, sans faire preuve d’une imagination folle, de présumer que, dans des temps très lointains, lorsqu'après de nouveaux, pénibles et multiples tâtonnements, il se sera élevé encore plus haut sur l'échelle zoolo- gique — cette échelle qui, semblable à celle entrevue dans un songe par Jacob, a ses pieds dans le limon de la terre et son sommet dans les cieux — l'homme aura vraisemblablement le haut de la tête plus développé, le front plus large et plus bombé; les mâchoires moins massives, moins saillantes, garnies de dents moins nombreuses, plus petites et un angle facial plus ouvert; la poitrine réduite de hauteur, les avant-bras moins longs, les mains plus fines et plus déliées, les membres inférieurs plus trapus. Il'aura vraisemblablement le crâne plus développé. On ne peut pré- tendre formellement le contraire, Messieurs, que si on ignore que l'extrémité postérieure et supérieure de la tête, autrement dit le crâne, n'a pas cessé depuis des siècles d'augmenter de volume, qu'à l'heure actuelle, il est plus volumineux chez les sujets appartenant à une race supérieure et, dans toutes les races, chez ceux d’une culture intellectuelle plus élevée (2). (1) Région latérale du crâne où se rencontrent les os frontal, temporal et sphénoïde (de rtecov, aile du sphénoïde). (2, La capacité cranienne est moindre, à notre époque, dans les races de cou- leur, que dans la race blanche et dans celle-ci chez les manouvriers que chez CONSIDÉRATIONS SUR LES DOCTRINES DE L'ÉCOLE TOURANGELLE 499 Il aura vraisemblablement le front plus large et plus bombé. Mais pour en douter sans aucune réserve, il ne faut pas savoir qu'on décrit en anthropo-zoologie, sous le nom de mélopisme (1), une variation anatomique humaine consistant dans un défaut de fusion entre elles des deux moitiés de l'os du front qui permet aux lobes antérieurs du cerveau, qui sont le siège de l'intelligence, de continuer à se déve- lopper après la naissance. Celte variation, qui a pour conséquence une augmentalion des dimensions et de la voussure du front, doit être, ainsi que je le professe depuis 1878, dans mes cours à l’École de Médecine, classée dans les variations progressives ou de perfection- nement et altribuée à l'excès de la pression excentrique exercée sur l'os du front par les lobes antérieurs du cerveau plus volumineux que d'ordinaire. Excessivement rare dans les races antéhistoriques, elle s observe (2) maintenant moins souvent dans les races exotiques que les intellectuels. Les crânes des Parisiens du XII siècle ne sont pas aussi capaces que ceux du XIX°, et ceux des nègres nés esclaves en Amérique que ceux des nègres nés en liberté en Afrique (Atken Meigs). A Paris, à l'hôpital des Cliniques et en ma présence, Broca a constaté, au moyen du ruban métrique, sur un nombre égal d'étudiants en médecine et d’infirmiers de son service que l'ovale céphalique avait des dimensions plus considérables chez les premiers que chez les seconds, Actuellement, la capacité cranienne égale, en moyenne: 1.558 centimètres cubes chez les Parisiens ; 1.519 _- _ Chinois; 1.460 _— —_ Néo-Calédoniens : 1.430 — _ Nègres de l'Afrique Centrale 1.437 — — Australiens ; 55 — — le gorille ; 321 — — le Lion. Une autre question qui se pose est celle de la forme future du crâne dans la race blanche et dans la race jaune. Il y a en effet, dans la première, dil-on, une augmentation progressive régulière des brachycéphales bruns et diminution correspondante des dolichocéphales blonds (Ranke, Matiegka, Beddoe, E. Mor- selli, Ammon, Lapouge, etc. Cf. E. MorsEeLLi, Rassegna contemporanea. Roma, 1910) alors que c’est l'inverse dans la race jaune (Bläze). En Bavière, depuis les temps préhistoriques jusqu’à nos jours, la dolicho- céphalie est descendue de la proportion 42 p. 100 à celle de 32 p. 100 et en Russie de la proportion 53 p. 100 à celle de 14 p. 100, ete. (1) Du grec etwrov, front. (2) La persistance de l'ouverture du crâne en avant qui permet aux lobes antérieurs du cerveau de se développer après la naissance, a été rencontrée sur 9,91 p. 100 des 10.000 crânes des Parisiens que contiennent les Cata- combes. De l'examen de plus de 16.000 crânes de diverses provenances, Anoutchine (Revue de l'Ecole d'Anthropologie de Paris, p. 348. Paris. 1883) a déduit que cette variation existe sur : 8,2 p. 100 des Blancs; 5,1 p. 100 des Mongols; 500 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE dans la race caucasique et dans cette dernière, chez les pauvres d'’es- prit que chez les artistes, les lettrés et les savants; Boileau, Des- cartes, Volta, Juvénal des Ursins, Pascal (1), etc., en ont offert des exemples très curieux. Il aura vraisemblablement les mâchoires moins massives, moins saillantes, garnies de dents moins nombreuses, plus petites, et un angle facial plus ouvert (2). Ce n’est pas là, non plus, sachez-le bien, Messieurs, une de ces assertions hypothétiques qui s'évanouissent au souffle d'une argumen- tation serrée, d’un examen raisonné des circonstances et des faits. Depuis l'instant où, exposé faible et nu, aux froids mordants de la période glaciaire qui transformait l'Europe tout entière et une grande partie de l'hémisphère septentrional en véritables terres de mort et de désolation, il lui a fallu, aveuglé par les éclairs des vol- cans qui incendiaient les cieux, frissonnant d'une suprême épouvante sur un sol qui tremblait et s’ouvrait sous ses pas, disputer sa nourri- ture et sa vie avec l’ongle, la dent, le bâton et le caillou à de gigan- tesques et féroces Mammifères terriblement armés, l'Éléphant à cri- nière laineuse ou mammouth, l'Hippopotame amphibie, le Rhinocéros dicorne à narines cloisonnées, le Chat-ligre géant, le Grand ours des cavernes, etc., l'homme a vu, de jour en jour, diminuer la puissance de ses mâchoires, expression de la bestialité et de la cruauté, et 3,4 p. 100 des Mélanésiens ; 2,1 p. 100 des Américains anciens (Caraïbes, Huancas, Aymaras, etc.); 1.2 p. 100 des Malais ; 1,2 p. 100 des Nègres; 1 p.100 des Australiens. Le même anatomiste ne l’a trouvée que sur 1,2 p. 100 de 426 crànes de peuples primitifs d'Amérique et Harrisson Allen que sur 0,07 p.100 de crânes de Mound- Builders (V. Journ. Acad. nat. sc. Philadelphia, vol. IX). (1) Dans la narration de l'autopsie de Pascal que nous a laissée sa sœur, on lit : « Ce qu'il y eut de plus particulier fut à l'ouverlure de la tête dont le crâne se trouva sans aucune suture que la sagiltale. Il est vrai qu'il y avait eu autrefois la suture qu'on appelle frontale, mais ayant demeuré ouverte fort longtemps pendant son enfance, comme il arrive souvent à cet âge, et n'ayant pu se refermer il s'était formé un calus qui l'avait entièrement couverte et qui était si considérable qu'on le sentait aisément du doigt. Pour la suture coronale, il n’y en avait aucun veslige. « Les médecins observèrent qu'il y avait une prodigieuse abondance de cer- velle dont la substance était si solide et si condensée que cela leur fit juger que c'était la raison pour laquelle la suture frontale n'ayant pu se refermer, la Nature y avait pourvu par un calus.» (Vie de B. Pascal, par Mme Périer (Gilberte Pascal); in Pensées de Pascal, publiées par H. Havet, xxvinr, note 47). 2) L’angle facial de Camper, anatomiste hollandais (Dissertation physique sur les différences réelles que présentent les trails du visage. Œuvre posthume publiée par son fils. Utrecht, 1791, — écrite en 1786). CONSIDÉRATIONS SUR LES DOCTRINES DE L'ÉCOLE TOURANGELLE 501 augmenter proportionnellement et parallèlement son cerveau, expres- sion de l'intelligence et des sentiments élevés (1). Issus d'animaux (les Sélaciens), pourvus d'une infinité de dents (2), dont la repousse aurait lieu pendant toute la vie, les Mammifères, dont l'homme est le prototype, n'ont conservé que celles qui leur sont utiles et deux dentitions. Chez l'embryon humain le nombre des follicules dentaires est, par suite de l'avortement de plusieurs d’entre eux, supérieur à celui des dents à venir. Les dentelures du bord libre de chacune des incisives dénolent qu'elles sont le résultat de la sou- dure de plusieurs dents. Notre troisième grosse molaire est en voie de disparition. Elle naîl la dernière et tombe la première ; elle n'a plus assez de place (3) pour pouvoir évoluer en toute liberté et son éruption donne conséquemment lieu souvent à des accidents plus ou moins graves ; elle manque plus rarement sur les crânes exhumés des nécropoles gallo-romaines que sur ceux enfouis dans les cimelières du Moyen Age et sur ceux-ci que sur les crânes contemporains. Et comme 1l n’y a pas sous ce rapport de motifs pour que ce qui se passe sous nos yeux aujourd'hui, et ce qui s'est passé hier, aille en s’alté- nuant dans les siècles à venir, nos arrière-descendants, dont chacun n'aura plus que 28 dents au lieu de 32, considéreront vraisemblable- ment la dent de sagesse comme un organe vestigiaire. Et ils risque- ront d'autant moins de se tromper, Messieurs, qu'en même temps qu'une diminution du nombre des dents, qui est une variation pro- gressive, on observe parfois aussi maintenant, dans l'espèce humaine, une augmentalion du nombre des dents qui est une variation réver- sive. Des néo-Calédoniens, des Tasmaniens, des Australiens, dont le pithécomorphisme et les instincts grossiers laissent l'impression d’un abrutissement épouvantable, voire même, — mais beaucoup plus (1) L'idée que l'homme revit dans son court séjour sur la terre, toutes les périodes par lesquelles a passé l'humanité, a élé transporlée par Auguste Comte du domaine physique dans le domaine moral où elle demeure discutée et discutable. L'enfance superstitieuse et craintive correspondrait à la menta- lité du Primitif. La jeunesse, avec ses rêves fous, son ardeur combattive, repré- senterait l'aurore des civilisations. L'apogée de celles-ci se retrouveroit dans la mentalité de l’âge mür, alors que toute la vie s'est concentrée dans les régions élevées du cerveau. (2) L'évolution phylegénique des dents est des plus instructives parce qu'elle a pu, grâce à l'inallérabilité de ces organes, être suivie depuis des milliers de siècles. (3) Comme la place réservée à la dent de sagesse (diastème postmolaire est uu peu plus grande chez les noirs que chez les blancs, ces accidents sont moins communs et généralement moins graves chez les premiers que chez les seconds. En 1876, Broca m'a montré une laborieuse statistique qu'il avait faite pour prou- ver que, depuis vingt ans, ses internes en étaient atleints dans une proportion beaucoup plus considérable que ses infirmiers. 502 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE exceplionnellement — des Européens, possèdent 36 dents et même davantage (1). Eh bien ! Messieurs, c'est à la fois des variations numériques el des variations .volumétriques du système dentaire que dépend, tant chez l'homme que chez les autres Mammifères, le développement plus ou moins accentué des os, des articulations, des muscles, des vaisseaux et des nerfs de l’appareil masticateur. Plus les incisives et les canines sont volumineuses, plus les mâchoires des Primates sont grossières, massives et s’allongent en avant, Chez les Singes on remarque dans les dimensions des mandibules des différences dont l'importance est en rapport avec celle des dents et plus spécialement des dents anté- rieures. Les maxillaires du jeune orang, dont les dents de lait sont beaucoup plus grosses que celles du chimpanzé, et les dents défini- üves de l'homme, proéminent davantage que ceux du jeune chimpanzé et ceux de l’homme fait. Les Basques, les plus orthognathes des peuples, se distinguent par la petitesse de leurs dents ; les néo-Calé- doniens, les Tasmaniens, les Australiens si prognathes (2), ont des dents relativement énormes et dont le nombre, vous le savez, Mes- sieurs, dépasse parfois 36 (3). Les nègres sont orthognathes dans (1) Bolk qui, dix ans après la publication de mon Trailé des variations du sys- tème musculaire de l’homme où j'ai soutenu la thèse de l’évolution du système dentaire de l'homme, a admis cette évolution, pense qu'elle continuera à s’effec- tuer de deux façons : que dans les races humaines les plus élevées dont il forme un groupe qu'il appelle Melanthropus, les incisives supérieures disparai- à : 129 tront seules et la formule deviendra 5153 — 30, alors que dans les races humaines moins élévées dont il compose un groupe qu’il nomme ÆEpanthropus 2122 319 9 — 28: la troisième molaire n’existera plus et la formule dentaire sera F. Bork, Zeitschrift für Morphologie und Anthropologie 1907). (2) Dont la forme est allongée en forme de museau(de #29, enavantet de yvalus, mâchoire). On donne, en anthropo-zoologie, le nom de prognathisme où plus exactement de prognathisme vrai, alvéolaire ou sous-nasal, à l'angle ouvert en arrière, formé par la rencontre d'un plan, incliné de haut en bas et d’arrière avant, passant par le milieu de l'arcade alvéolaire et du plan horizontal sur lequel repose, privée de sa mâchoire inférieure, la tête osseuse de l'homme ou d'un animal. Cet angle décroit régulièrement des Anthropoïdes aux races humaines inférieures, de celles-ci aux supérieures et peut servir à classer les races humaines. Celles dans lesquelles il est réduit à son minimum sont appelées orthognathes (de 0200<, droit, et yv20o:, mâchoire). (3) Les Anthropoïdes, les Pithéciens et la plupart des Lémuriens ont, comme l'homme, 28 dents temporaires et 32 dents permanentes; l'existence anormale de 36 dents chez l'homme et les Anthropoïdes qui ramène leur formule dentaire à celle des Cébiens, s'effectue d'ordinaire par le développement en arrière de la troisième grosse molaire d'une quatrième grosse molaire dont le germe persiste après la naissance. La réduction à 28 du nombre des dents du chimpanté, de l'orang, du gorille et du gibbon est due, le plus souvent, ainsi que chez l'homme, CONSIDÉRATIONS SUR LES DOCTRINES DE L'ÉCOLE TOURANGELLE l'enfance, c'est-à-dire aussi longtemps qu’il n’y a qu’une dissemblance à peine appréciable entre leurs dents el celles des blancs; ce n’est qu'au moment de la seconde dentition que se produit l’avancé des maxillaires et se ferment les sulures incisivo-maxillaires. Au cours de la vie fœtale, les arcades alvéolaires se moulent sur les follicules den- taires qui naissent avant elles et la longueur des mâchoires est, aussi bien chez l'enfant et chez le vieillard que chez l'homme adulte, en rapport exact avec ie nombre et le volume des dents. Mais si la régression des os el des parties molles de l'appareil mas- ticateur humain est la conséquence de la diminution du nombre et du volume des dents (1), et plus particulièrement des incisives el des canines qui, lransformées en crocs redoutables, servent à maints animaux à attaquer, à déchirer leur proie et à se défendre, quelles sont, me direz-vous peut-être, Messieurs, les causes de cette diminu- tion ? Les suivantes, à mon avis : En première ligne, l’adoucissement des mœurs, le choix des sub- stances alibiles, l'habitude de les préparer et de les faire cuire, ce qui a rendu si facile la mastication qu'aujourd'hui on essaye, par bien- séance, d'atténuer le plus qu'on peut les mouvements qu'elle nécessite ; En seconde ligne, le développement parallèle du cerveau, et prin- cipalement de ses lobes antérieurs où réside l'intelligence. L’artère carolide interne a dû emprunter à la carotide externe pour nourrir le cerveau une partie du sang servant à la nutrition des mâchoires. Cette lutte entre le crâne et la face, qu'on peut suivre depuis les Poissons et les Reptiles jusqu'à l’homme, est si évidente, Messieurs, qu'elle n’a pas échappé au génie observateur des grands naturalistes de l'antiquité et que les peintres etles sculpteursen ont, de tout temps, tenu compte dans leurs compositions. Et voilà pourquoi, Messieurs, il n'est pas défendu d'espérer que, par suite du redressement et de l'agrandissement du front humain sous la poussée des lobes anté- rieurs du cerveau et du retrait graduel, égal el simullané des mâchoires à la disparition de la troisième grosse molaire. Mais on a constaté chez tous l'implantation d'une ou plusieurs dents dans la rangée des dents normales ou en dehors d'elles, comme c'est la règle parmi les Poissons. (1) En même temps que l'augmentation du nombre et du volume des dents, j'ai signalé dans mon Trailé des variations des os de la face de l'homme, plusieurs autres variations réversives du système dentaire humain. La bifidité de la canine constante chez les Animaux supérieurs el qu'on ne rencontre que sur 1 Tourangeau sur 100, alors qu'on la rencontre sur 1 sur 10 des crânes de l'abri sous roche préhistorique de Cro-Magnon ; la dentition ternaire dont les dents coniques, plus petites et plus foncées que celles de la première dentilion, rap- pellent celles des Vertébrés inférieurs ; la présence d’un vide (diastème) entre la canine et les incisives supérieures, vide destiné à loger chez les Carnassiers, le gorille, la canine inférieure, etc. 504 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE un jour viendra où l'angle facial de l’homme, qui mesure présente- ment 80° chez les Européens, 75° chez les Mongols, 60 à 70° chez les nègres, atteindra peut-être 90°, égalant l'amplitude de l'angle facial que Phidias, et un statuaire de la Grèce antique, demeuré inconnu, ont donné à Jupiter Olympien et à l'Apollon du Belvédère pour idéa- liser le profil et attester, en même temps, la suprême intelligence de ces deux Divinité Mythologiques. L'homme qui vivra dans des milliers d'années aura probablement la poitrine réduite de hauteur. Comment oser affirmer positivement qu'il n’en sera pas ainsi, quand tout porte à croire, Messieurs, qu'elle avail jadis des dimensions verticales plus étendues et lorsqu'elle montre actuellement des signes manifestes de régression ? Aussi bien dans les sciences purement spéculatives que dans les sciences praliques, nous ne pouvons parvenir à deviner et à démon- trer qu’à l’aide de procédés intellectuels, précis et coordonnés, dont l’ensemble constitue une méthode. Elle est l’introducteur nécessaire, l'instrument indispensable, elle varie avec le but que nous voulons atteindre. L'ontogénèse, la phylogénèse, les variations anatomiques humaines réversives et progressives se rejoignent et se complètent. L'École anatomique tourangelle les a réunies, Messieurs, par d'étroits et solides liens pour en faire un tout — la /riade anatomique touran- gelle, comme on le qualifie maintenant — qui lui sert de point d’ap- pui, de base inébranlable pour s'élever, par induction, à des connais- sances plus hautes et d’un ordre différent. Ce que vaut cette méthode vous avez déjà pu en juger, Messieurs, par la démonsiration et l'in- terprétation qu'elle apporte de latransfiguration, révélant une accom- modation supérieure aux fins de l'intelligence qu’a subie, peu à peu, la tête humaine et d’où résulte dans ses formes l'expression d’une beauté sans analogue dans la nature ; vous allez pouvoir en juger encore par les témoignages et l'explication qu'elle fournit des modifi- cations inlus el extra qui se sont produites, parallèlement et aussi depuis l’aube des temps dans le tronc et les membres humains. Il est admis, d'une façon générale, en zoologie, que la réduction numérique des côtes constitue un caractère de perfectionnement, de supériorité. Les premiers Vertébrés parus sur le globe terrestre, sont les Poissons qui, comme ceux des espèces actuelles dont ils diffé- raient, d’ailleurs, fort peu, possédaient des vertèbres qui étaient, toutes, même celle de la région caudale, pourvues chacune d’une paire de côtes. Dans les Ophidiens et certains Sauriens presque toutes les vertèbres portent une paire de côtes. Les Orseaux ont un rachis dont chacune des extrémités est privée de côtes, sauf les Raliles (1) (1) On divise les Oiseaux en deux groupes : les Carinates qui volent et qui di sie le À té sf CONSIDÉRATIONS SUR LES DOCTRINES DE L'ÉCOLE TOURANGELLE 505 qui ont des côtes cervicales, qui peu de lemps après la naissance, lorsqu'elles sont soudées, ressemblent à celles des Crocodiles. Parmi les Célacés, il y en a dont la 7° vertèbre du cou, la dernière, est munie à droite et à gauche d’une côle dont l'extrémité supérieure est indi- vise et d’autres (le Dauphin commun, le Marsouin, la Balænoptera laticeps, etc.), dont l'extrémité supérieure de la première côte thora- cique est divisée en deux branches, dont l'antérieure est articulée avec la 7° vertèbre du cou et la postérieure, avec la 1° vertèbre du thorax. Et ce qui dénote bien, Messieurs, que cette côte bifide en haut n’est rien autre chose que la première côte thoracique à laquelle s’est soudée la dernière côle cervicale, incomplètement développée, c’est que M. le professeur R. Blanchard et moi avons trouvé sur deux Balænoptera laliceps, d'un côté, la 1°° côte thoracique bifide en haut, et, du côté opposé, ja 1"° côte thoracique et la 7° côle cervicale bien conformées. Les grands Pachydermes, les Rhinocéros, les Éléphants, ont 19 et 20 paires de côtes ; les Solipèdes, le tapir, 18; divers Lému- riens, 17; plusieurs singes d'Amérique, 15; le porc, 14; les Bœufs, les Carnassiers, le macaque, le gorille, le chimpanzé, le gibbon, 15; lorang et l’homme, 19 (1). A un stade reculé de la vie embryonnaire l'homme possède 29 paires de côles au lieu de 12, toutes les vertèbres sacrées ayant une paire de côtes rudimentaires et, chez lui, de mème que chez les autres Mam- mifères, ce sont, Messieurs, les côtes des extrémités du rachis qui disparaissent les premières." La 7° côte cervicale qui existe normale- / ment à l’état parfait ou imparfait dans les Célacés est celle qui dispa- raît la dernière pendant la vie fœtale chez lous les Mammifères, y compris l'homme. Sa rudimentation commence par sa partie moyenne autrement dit au niveau du point où les deux côtes, la côte sternale et la côte vertébrale des Sauropsidés (2) correspondant à la côte indivise des Mammifères, se continuent l'une avec l’autre Son tronçon anté- rieur persiste, après la naissance, sous la forme d’un nodule cartila- gineux où osseux, non fusionné d'ordinaire avec la poignée du ster- nagent et dont le sternum est prolongé en avant par une lame osseuse verticale, le bréchet, et les Ratiles (les autruches, les casoars, les nandous, elc.), qui sont simplement des marcheurs et dont le sternum a la forme d'un bouclier. (1) Le lapin, le dromadaire, le bison, le Maki de Madagascar, etc., ont égale- ment 12 paires de côtes, mais aucun de ces animaux n’a, comme l'homme et l'orang, 8 paires de côtes et 5 paires de fausses côtes dont 3 fixées et 2 flottantes. Les deux dernières fausses côtes de l’orang sont plus longues que celles de l'homme. (2} On a groupé sous le nom de Sauropsidés, les animaux qui composent actuellement la classe des Oiseaux et celle des Reptiles et ceux qui appartenant aux lemps géologiques, avaient beaucoup de rapport avec eux, les Dinosauriens et les Plérodaclyles. 506 TRAIÎTÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE num dans nombre de Chétroptères, d'Inseclivores et de Rongeurs (1), el son tronçon postérieur, ainsi que celui de chacune des côtes lom- baires, sous la forme d’une lamelle osseuse qui fait partie intégrante des apophyses transverses des vertèbres cervicales et des vertèbres lombaires. La réduction de la cage thoracique humaine par ses deux extré- mités est donc attestée à la fois par la phylogénèse et l’ontogénèse ; elle l’est également par ses variations réversives el par ses variations progressives. On a vu d’un seul côté ou de deux côtés, chez l'homme, non seulement la 7°, mais encore les 6°, 5°, 4° et 3° vertèbres cervi- cales et les 17°, 2°, 3°, 4° vertèbres lombaires pourvues de côtes. Il n’est pas rare de rencontrer 13 côtes, la 13° côte étant tantôt une 7° côle cervicale, tantôt une 1'"*côte lombaire. Même avec le chiffre de 12 côtes, le nombre des vraies côtes n'y est pas invariable puisque sur 20 p. 100 des hommes, la 8° côte est une vraie côte, se prolonge, autrement dit, jusqu’au sternum comme chez trois des grands Singes anthropomorphes et chez les Singes inférieurs (2). Cela étant, est-il défendu, Messieurs, je vous le demande (3), de se représenter un de nos ancèêlres très éloignés avec une longue poitrine dont la char pente osseuse élail formée par 14 côtes (1 cervicale, 12 dorsales et 1 lombaire), ce qui était déjà un progrès considérable sur un type encore plus reculé d’être innommé où les racines antérieures des apophyses transverses des vertèbres du cou s’avançaient dans les muscles du cou et les apophyses costiformes des vertèbres de l'abdo- men dans les parois de l'abdomen ! Entre tous les Primates, l'homme se distingue par l’activité de ses membres supérieurs, de plus en plus spécialisés pour la préhension et le toucher, desservis par des muscles nombreux et par un plexus (1) Placalus auritus, Crocidura,. Mus musculus, Arvicola agreslis, ete. (2) Une autre variation réversive très curieuse des côtes de l’homme est celle qui consiste dans l'union de deux côtes voisines au moyen d’un prolongement osseux, homologue de l'apophyse uncinée des côtes des Oiseaux et des Reptiles. J'ai eu la bonne fortune de pouvoir en 1896, à Paris, montrer ce vice de confor- mation au professeur Mathias-Duval sur un squelette d'homme qui, à l’École nationale des Beaux-Arts, sert pour la démonstration d'anatomie. (3)A propos d'un squelette préhistorique, exhumé du pampéen supérieur du Rio Samborombin, province de Buenos-Aires et qui avait 18 vertèbres dorso-lom- baires dont 13 dorsales. Lehmann-Nitsche a écrit (Rivista del Museo de la Plata, 1907) : « que cette anomalie extrêmement rare dans les races modernes doit se présenter assez fréquemment dans les races primitives et constitue indubita- blement un caractère constant de l’un des ancêtres de l'homme. » Wiedersheim considère (Der Bau des Menschen als Zeugnis für seine Vergangenheit, 3 Auflage, p.36. Tübingen, 1902), ‘ l'augmentation à 6 du nombre des vertèbres lombaires de l'homme aux dépens des vertèbres sacrées comme un signe réel d’'infériorité ”. C’est également mon avis. nd" ni bé RE CONSIDÉRATIONS SUR LES DOCTRINES DE L'ÉCOLE TOURANGELLE 507 nerveux compliqué, le plexus cervico-brachial. En mème lemps, sa poitrine dégagée sur les côtés par l’écartement des muscles thoraci- ques qui ne sont plus collés sur ses flancs (1), s'élale transversalement et dans sa base élargie, laisse un libre jour au diaphragme qui est devenu l'agent le plus important de l'inspiration. C’est, Messieurs, parce que le diaphragme a pris, dans l'espèce humaine, le rôle d’ins- pirateur principal el que la fonction d'inspirateurs auxiliaires a été dévolue aux muscles du cou et des membres supérieurs {scalènes, trapèzes, etc.), et surtout à ceux qui s'insèrent sur les clavicules, que les muscles intercostaux, rejetés au troisième rang et ne pouvant même plus s'utiliser en dehors de la respiration, ont vu leurs fibres contracliles subir, à des degrés divers, une transformation fibreuse (2) qui s'accompagne d'une décadence très nette des nerfs qui les ani- ment, des vaisseaux qui les nourrissent et des os sur lesquels elles se fixent. Sur 400 sujels examinés pendant six ans dans les salles de dissection de l'École de Médecine de Tours, il y en avait 79 chez les- quels un des premiers on! un des derniers nerfs intercostaux n'avaient qu'une racine el 162 dont les artères el les veines intercostales supé- rieures ou inférieures manquaient où naissaient au nombre de deux ou trois par un tronc commun. Les pièces extrêmes du squelette Lho- racique montrent déjà des indices évidents d'atrophie. La 11° et la 12° côtes sont indépendantes des autres et appelées pour cette raison côles flottantes. Et cependant la 11° a eu jadis une grande élendue ainsi qu'en témoigne un cordon fibreux qui la prolonge dans l'inté- rieur du muscle petit oblique de l'abdomen et dans lequel apparais- sent de temps à autre, comme je l'ai péremptoirement prouvé, un ou plusieurs nodules cartilagineux ou osseux. Quant à la 12°, elle peut faire totalement défaut, ne pas mesurer plus de 3 ou 4 centimètres de longueur, être si courte, en un mol, que les rapports du rein en sont changés et qu'elle échappe à la main du chirurgien qui palpe, avant d'y pratiquer une opération, la région lombaire. La 1r° côte offre déjà assez fréquemment des arrêts de développement inquiétants : sa partie antérieure avorte et sa partie postérieure, seule existante, se Lermine dans les muscles voisins, les scalènes, se soude à la 2° côle ou (1) Deux muscles anormaux, le muscle chondro-épitrochléen et le muscle dorso-épitrochléen, témoignent encore de cet accolement primitif. (2) Un muscle dont la fonction est abolie se transforme en tissu graisseux, un muscle dont la fonction n'est qu'amoindrie, en tissu fibreux. Ainsi dans l'anky- lose du cou-de-pied, le soléaire, dont la fonction d'extenseur du pied est Lota- lement supprimée, devient graisseux alors que les jumeaux qui ont conservé leur fonction de fléchisseurs de la jambe, subissent seulement un changemert dans le rapport de la fibre rouge au tendon, deviennent seulement plus fibreux, (Pour détails complémentaires, V. mon 7J'railé des varialions du système muscu- laire de l'homme. Paris, 1897, L. [, pp. 203-2IS, et L. II. Considérations générales, 508 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE s’unit au moyen d'un mince ligament nacré au sternum, conforma- tions diverses qui rappellent les côtes flottantes et le cordon fibreux de la 11° côte en voie de disparition. Il est donc à craindre, Messieurs, qu'elle ne partage plus tard le sort de la 7° côte cervicale et qu'elle ne soit remplacée en partie par la clavicule avec laquelle elle semble faire double emploi, en partie par la 2° côte qui passera ainsi au pre- mier rang (1). Diminuée de sa première côte et de ses dernières, la poitrine humaine future du type à 9 côtes, allégée de muscles inutiles, dis- parus ou remplacés par de solides aponévroses, se présentera dans de meilleures conditions physiologiques (2). (1) De même que l'évolution du syslème dentaire, celle de la cage thoracique est révélée aussi par les variations réversives et progressives de ses parlies constituantes chez les animaux. Les bœu/fs ont exceptionnellement — (4,5 p. 100 des bœufs zurichois, au dire de Bieler. Chronique agricole du canton de Vaud, 25 juin 1895), — par suite de la présence à droite ou à gauche, d’une fausse côte surnuméraire, 14 paires de côtes au lieu de 13, et le caractère réversif de cette malformation s'impose quand on se rappelle que des Mammifères appar- tenant à la même espèce, le Bison d'Amérique et le yack, non domestiqués, ont, le premier, 15 paires, le second 14 paires de côtes, ainsi que l’aurochs dont se nourrissaient nos sauvages ancêtres de la pierre polie. Mon vieux maitre, le professeur Saturnin Thomas, a, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, signalé, dès 1865, sans attacher, il est vrai, à ce fait la moindre importance l'apparition accidentelle dans les Espèces ovines d'un appendice costiforme sur l'un au l’autre ou sur chacun des côtés de la première vertèbre sacrée. Les chevaux, qui n'ont habituellemeut que 18 paires de côtes, peuvent en avoir 19 et même 20. Les chameaux, les chiens, les chaïs, les pores, les lapins, etc., pos- sèdent parfois une ou plusieurs côtes supplémentaires. Le gorille a, assez sou- vent, 14 paires de côtes, soit une de plus que le nombre normal. Et s'il était permis, en matière zoologique, de s'appuyer sur de vieux textes, je noterais que les anciens Aryas, possesseurs et amateurs de chevaux, avaient notion de la diminution numérique des arcs costaux, puisqu'il est écrit dans l’Acwameda, l'un des hymnes du Rig-Veda, à propos d'un cheval offert en sacrifice : « La hache tranche les 34 côtes du rapide cheval. » (Piétrement, Les Origines du cheval domestique, p, 118. Paris, 1870.) (2) Le thorax humain ernardeau (Max) Bernhard£,. Berté. 3ertelli (D.). Bertin. Betcherew. Bettany. Bevan. Bianchi. Bichat. Bidloo. Bieganski. Bieller. Billeter. Bischoff (Th.). Black. Blainville (de). Blanchard (R:.). Blandin. Blasius. Bläze. Blumenfeld. Bocage. Bockshammer. Bogstra. Bühm (M. Boinelt. Bojanus. Bolk. Bonarme. Bonnaud. Boogard. Borchardt. Bouchard. Bouchardon. Bougrier. Boulenger. Bourdier. Bourgelat. Bourgerette. Bourne. Bourneville. 3overo. Boxhammer. Boyer. Branca. Braum. 520 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Brehm. Breschet. Brewer. Brigidi. Broca (A.). Broca (P.). Brodier: Bronn. Brôsike. Brügschk. Bruni. Brunn (von). Buffon. Bugnion. Buntaro (Adachi). Burmeister. Burt. Busch. Busi (A.). Buzzard. GC Calamida. Calori. Camerans. Camper. Capron. Carucei. Caras: Caselli. Casprzig. Cathe. Causse. Cazalis. Chamina. Charpy. Chartier. Chassaignac. Chauveau. Chavaillon. Chevalier. Chiarugi. Chudzinski. Citelli. Civalleri. Civinini. Cleland (J.). Cleland (Mc.). Cloquet (J.). Colomiatti. Columbus (R.). Conner. Cooper (A.). Cope. Coraini. Cornevin. Costa-Ferreira (da). Courbon. Cruveilhier. Cullen. Cunningham (J.). Cushing. Cutore (G.). Cuvier. Cuyer. Czaussow. Czerny. D D'Ajutolo. Dally. Dalton. Danlos. Danseux. Danty-Colas. Danyau. Darwin. Daubenton. Déjerine Delabère-Blaine. Delaunay (P.). Delorenzi. Deniker. De Ranzi. Dide. Diemerbroeck. Dieulafé. Dillenius. Dinet. Dolle. Dorello. Dorsey. Doweren-Gualt. Drehmann. Dubois. Dubreuil-Chambardel (L.) Duckworth (L.-H.). Dulaurent. Duméril. Duplay. Dupuytren. Dürr. Dursy. Duval (M.). Duvernoy. Dwight (Th) E Ecker. Eckstein. Eggeling. Ehrich. Eisendrath. Eisler. _ Ellenberger (W.). Elliot-Smith. Elting. Escat. Esquirol. Estienne. Eustachius. Eyton. F Fachet. Falaschi. Falcone. Fallope. Farabeuf, prof. Farabeuf (P.). Fawcet. Fischel. Fischer. Flesch. Flower. Fol. Folge. Follin. Fontes (V.). Forgeot. Forster. Foucher. Fournier (E.). François-Franck. Francotte. Frankel. Friteau. Froriep. Fuchs. Fuld. Fürbringer. G Gadow. Galien (CL). Ganfini. Gardner. Garré. Garson. Gasser. Gaudry. Gaupp. Gaussow. Gegenbaur. Geoffroy Saint-Hi- laire (E.). Geoffroy Saint-Hi- laire (I.). Gervais. Gestaker. Giacomini. Giebel. Gillette. Girard. Giraudet. Gitthing. Giuffrida-Ruggeri. Goddard. Gœthe. Goodhardt. Goodsir. Gordon. Gorgone. Gorjanovic-Kramber- ger. Gôtte. Gotti. Goubaux. Gould. Graaf (von). Gratiolet. Gray. Gräwitz. Grégoire. Grérin (J.). Grisson. Grosse. Grosser. Grounauer. Gruber (W.). Guerard. Guérault-Crozat. AUTEURS CITÉS Guerdan. Gurlt- H Haberfeld. Haferland. Hagen (W.). Hahusseau. Halbertsma. Haller. Hamy. Harrison-Allen. Hartmann. Hasse. Hauser. Hauswisth. Havelock (R.). Helbing. Helme. Henle. Herber (K.). Hermann. Hermes. Herpin (A.). Herrgott. Herrington. Hertwig. Hervé (G. Hieron Maggius. Hill. Hippocrate. Hirsch. His. Hodgson. Hofman. Holl. Holmes-Coote. Home. Houssay (F.). Howes. Howship. Hrdlicka. Humphry. Hunauld. Huntemüller. Hunter. Huschke. Huxley. Hyrtl. DANS CE VOLUME Inhelder (A.). Incoronato. Israël. Jacoby. Jacquet. Jakob (F.). Jallet. Jarricot (J.). Jeannel. Jeffries Wyman. Jehosua. Jendrzichinsky. Jhering. Julin. Jurgens. Juvara. K Kammerer. Karg. Keen. Kerckring. Kermisson. Kernig. Kiderlin. Kilian. Kiliani. Killermann. Klaatsch (H.). KInikosch. Knape. Knox. Kolhmann. Kôülliker (A.). Künig. Krause (W.). Krausse. Krœnig. Krukenberg. Kulischer. Kümmel. Kusmaul. Kuss. Küster. 521 529 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE L Lacépède. Lachi(P.). Lamarck. Lambertz (von). Lambl. Lancke. Lane Arbunoth. Langenbeck. Langer. Langerhans. Lannelongue. Laplace. Lapouge. Latarset. Launay (P.). Launois. Lauth. Lavocat. Lebon. Leboucq. Lecoq. Le Double (A.-F.). Legge. Lehmann-Nitsche. Leidy. Leisrinck. Lépinay. Leroux. Lesbre. Leveling. Levi. Leyden. Leydig. Leyb. Lewis. Lilienthal-Lindsay. Linné. Lloyd. Lobstein. Lodovoehr. Loew. Louis. Lombroso. Longo. Low. Lucœæ (V.). Lücke. Luschka. M Macalister (A.). Magitot. Maggi. Maisonneuve. Masov. Manners-Smith. Mannu. Manouvrier. Marburg. Marchand (A.). Marchettis (de). Marey. Marie (A.). Marie (P.). Marimo (F.). Marion. Marly. Marsden (W.). Martin. Martini. Matiegka. Mayer. Mayo. Meckel (J.-F.). Menghini. Meola. Mesnard. Metchnikoff. Meyer. Michaut. Mingazzini. Misch. Mock. Mohnicke. Moleschott. Monod. Morestin. Moret. Morgagni. Morgan. Morice. Morselli. Mouchet. Mouchotte. Moussu. Muller (J.). Munsterius. Milne-Edwards. LA COLONNE VERTÉBRALE Msumecr. Murie. Murphy. N Nægele. Nasse. Nathusius. Nesbitt. Neugebauer. Nietzsche. O Oehl. Oken. Olshausen. Oppenheim. Otto. Owen (R.). P Paget. Pancoast. Pander. Panichi. Paoli (de). Papillault (G.). Paravicini. Parchappe. Parcival Locke. Parker. Pascal. Pasella (G.). Patersen. Paterson. Patrick. Paulet. Pavius. Pelt. Peper. Peré. Perez (G.). Perna (J.). Perrier (Ch.): Perrier (Ed.). Perrochon (Em.). Perroulaz. Petersen. Petit (R:). Peytoureau. Pfeiffer. Pfitzner. Phillipps. Phisalix. Phœbus. Pietkiewicz. Piétrement. Pilling. Pinto (B.). Pintor. Piso. Pittaluga Rossetta. Pitzorno (M.). Planer. Plesch. Pline. Poirier. Poland. Pollosson. Portal. Posth. Pott. Pouchet. Pozzi. (S.). Prenant. Q Quatrefages (de). Ouain. Quervain (de). R Raab. Rabaud (E.). Rabelais. Rabl. Raffin. Paffles. Rahl-Ruckhard. Raillet. Raimondi. Rambaud. Ranke (J.). Rauber. Rathke. PRauber-Léri. Ravenel. Reclus. Reid. Peisser. AUTEURS CITÉS DANS CE VOLUME [l Regalia. Regnault (F.). Regnoli. Renault. Renaut (J.). Resko (von). Retzius. Ex. Pibemont-Dessai- gnes. Riddle. Riesman. Rigot. kippmann. Riolan. Pitgen. Rivolta. R1zz0. Robin (A.). Robin (Ch.). Robinson (R.). Rodati. Rognetta. Rohde. Rokitanski. Romaglia. Romiti. Rôüntgen. Rôüse. Rosenberg. Rosenmuller. Rossi. Rothe. Rousseau. Roux (X.). Royer-Collard. Rudolphi. Ruge. Ruggero Bali. Russel Franck. iutkowski. S Sabatier. Sandifort. Sangalli. Sanson. Sappey. Sargent. : Sasserno. Scha, Schauta. Schede. Scheff. Scheller. Schiffner. Schlaginhaufen. Schmauss. Schmidt. Schneider. Schnell. Schnitzler. Schünebeck. Schræder (K.). Schumacher. Schupte. Schwalbe. Schwarck. Schwegel. Sédillot. Selenka. Sencert. Serger. Sergi. Serrano (J.-A.). Serres. Servas. Shæ@w. Shakespeare. Shattock. Shepherd. Sherringlon. Sielbold. Silva. Smellie. Soffiantini. Sokolow. Solberg. Solger. Sollier. Sommer. Sümmering. Soularue. Snell. Spee (Gr.). Spencer (H.). Sperino. Spigelius. Spiller. Spisharni. Srb. Staderini. Slabr. 524 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Stanley-Boyd. Stannius. Starr. Staurenghi. Stein (A.). Steinbach. Steller. Stephen-Smith. Sternberg. Stieda. Stffler. Sthor. Stolywho (C.). Strasser. Strauss-Durckheim. Streit. Streubel. Struthers. Studnicka. Sturmhôfel. Sue. Sutton (Blaud). Sylvius. Szawlowski. Swejetschnikow. ÆE Tabarrani. Talon. Tandler. Taruff. Tenchini. Terrillon. Tesmer. Testut. Thaden. Theile. Thomas Saturnin. Thomson. Thorburn. Tillaux. | Tilmann. Titone. Topinard. Toscani. Tourneux (J-.P.). Toussaint. Tramond. Treub. Tridondani. Trochet. Trolard. Turner. Turon. Tyson. Uccelli. Uhde. Ungebauer. Unger. Urbantschitsch. Uschager. V Van der Hoeven. Valenti. Valentin. Varaglia. Vercelli. Verga (A.). Verneau. Verneuil. Vésale. Villet. Virchow. Virchow (Hans). Vitet. Volcher Coiterus. Vram (U.). Vrôlik. + Youatt. Zaajer. Zimmer. Zittel. Zoccoli. Zoja. Zukerkandl. W Wagner. Waldeyer. Walkhoff. Walace (David). Walmann. Walsham. Walter. Walterstorff. Walther. Warren. Weber (A.). Wegelin. Weidenreich. Weiss. Weissenstein Welker. Wiedemann. Wiedersheim. Williams Howard. Willshire. Wilson. Winckel. Winslow. Wolf. Wood. Wyman. TABLE DES DESSINS ET DES SCHÉMAS Septième verlèbre cervicale avec un trou transversaire chez l'homme : EME : Septième vertèbre Pertieale avec un ee He odre Fr É Pre épic commun (Hystrix cristala) Canal veineux transversaire. Triplicité à droite du trou een f Maple à Code, du trou transversaire de la sixième vertèbre cervicale Variations de conformation des AR EN cervicales sous-axoï- diennes (> dessins)... . . . Par RAA OA Indivision de chacune des Sr des vertèbres cervicales sous-axoïdiennes chez l'homme Indivision de chacune des neurépines deal CE aies sous-axoïdiennes chez le chimpanzé ( Troglodytes niger) . Soudure de l’atlas et de l'occipital chez l'homme (2 dessins) . — — — le Cynocéphale. Absence de l'arc antérieur de l’atlas chez l'homme — — — le Phascolome Participation de chacune des masses latérales de latlas à la for- mation de chacune des extrémités externes de l'arc antérieur. Participation de l'arc antérieur de l’atlas à la formation de l’extré- mité antérieure de chacune des masses latérales . Trou rétro-articulaire supérieur chez l'homme. RL: — -— — le chien (Canis familiaris (2 dessins et un schéma) UP A TE M RES ©. Atlas sur lequel existe, à droite, une échancrure rétro-transver- saire et, à gauche, un trou rétro-transversaire TL. Extension très loin en avant des surfaces articulaires supérieures sur un atlas masculin dont l'arc postérieur n'est pas entièrement fermé MARNE De , Trou sus-transversaire postérieur chez l'homme Re — — — le bœuf (Bos auris 2 des- sins et un schéma) 48 65-66 12 16 T6 81 s1 92 92 98 [00 106 106 526 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Canal artériel ou trigéminal atloïdien complet chez l'homme . . 28e »= = le lama (Lama perubtana) (2 dessins et un schéma) | RER CERN Bifidité de l'extrémité distale de la racine postérieure de l'apophyse transverse droite de l'atlas RASE EE ES PRO Atlas dont le sommet de l’'apophyse transverse gauche était arti- culé au moyen d'un prolongement ascendant (processus sus- transversaire) avec la surface jugulaire gauche de l’occipital. . Apophyse odontoïde cylindrique chez l'homme. . . . « . — — — le chien (Canis familiaris) Apophyse odontoïde conique chez l'homme . “ÈS + — = le gorille (Gorilla gina) Bifidité du sommet de l'apophyse odontoïde chez l'homme : — — _ — le bœuf (Bos tau- TUE). OR RER ET Ne RS ia De oc Persistance après la naissance de l'indépendance de l’osselet aux dépens duquel se développe l'extrémité supérieure de l'apophyse odontoïde de laxis Sillon transverse antérieur de l’axis déterminé par le manque de soudure totale en avant du corps de l’axis et de l'apophyse odontoïde Sillon transverse postérieur de l’axis résultant d'un défaut de fusion complet en arrière du corps de l'axis et de l’apophyse odontoïde. Absence complète de la branche postérieure de lapophyse trans- verse droite de l'axis RS RL RC Rs Apophyse épineuse axoïdienne d’une longueur démesurée . RE LE = dont la face supérieure présente une facelte articulée avec une facette de même forme et de même dimension située sur le tubercule postérieur de l'atlas. Apophyse épineuse axoïdienne dont la branche terminale droite est plus large que la branche terminale D'AUCHE NN SIREN Apophyse épineuse axoïdienne, dont les deux branches terminales sont séparées l’une de l'autre par un intervalle beaucoup plus grand que d'habitude MT en: Mt ON PSN Apophyse épineuse axoïdienne indivise et affectant la forme d’un triangle isocèle, dont le sommet est dirigé en arrière. . . Septième vertèbre cervicale avec un trou prétransversaire à droite. Sixième et septième côtes cervicales articulées seulement avec le sommet des apophyses transverses chez une femme. . . . . . Sixième et septième côtes cervicales articulées seulement avec le sommet des apophyses transverses chez le Bradype (Bradypus lorqualus). Septième côte cervicale gauche complète ostéo-cartilagineuse . = ostéo-fibro-cartilagineux = articulée en avant avec la pre- mière côte thoracique . . Pages 108 108 146 TABLE DES DESSINS ET DES SCHÉMAS Septième côte cervicale droite libre, incomplète, coïncidant avec un trou transversaire et un trou costo-transversaire : Réduction de la septième côte cervicale droite à son tronçon dite. rieur cartilagineux; chez une enfant de trois ans . : Préparasternal cartilagineux droit ou côte sternale M InAauee de la septième côte cervicale droite, chez le Campagnol (Arvicola agreslis) j Première côte HOCIE Te eee par ie LÉ la Fusion de la septième côte cervicale avec la première côte thoracique, chez l'homme . : / , - Première côte Three ele par te de la es de la septième côte cervicale avec la première côte thoracique, chez la baleine (Balænoplera laticeps) Première vertèbre thoracique d’un Jeune er ë Vertèbre et côtes thoraciques d'un fœtus de brebis à terme . . Sixième et septième vertèbres cervicales, dont les parapophyses sont très développées Septième vertèbre cervicale, ont le Fee ne gauche est ouvert en avant par suite du défaut d'union de la partie externe de la lame ventrale avec la parapophyse absente ou ru- dimentaire, et le foramen transversaire droit est entièrement clos en raison de la réunion de la lame ventrale avec la parapo- physe bien développée : : | Hémi-vertèbre, vue de dos, entre les nie Fe 1e Aie vertèbres thoraciques chez un fœtus humain hydrocéphale à terme UT ES RUE TE USE 0 NL AMEN Hémi-vertèbre, vue de dos, entre les lroisième et quatrième vertèbres thoraciques chez un jeune poulain. CHERE SUITE Corps vertébraux surnuméraires enclavés dans les ménisques fibro-cartilagineux séparant la deuxième vertèbre thoracique de la troisième, la quatrième de la cinquième et la sixième de la septième . . TE Apophyses A tulaires Hounes (ee l ne DS le crocodile Zygosphène, zygantrum chez l'homme. — — le python (3 Aasaishl Vi Profil de la colonne dorso-lombaire de l'homme — du Waki à front noir mL emur nigrifrons) CIE à : JM Apophyses styloïdes PAUL ; chez l'homme DAME, : : — — — le Maki à front noir (Lemur nigrifrons) PTT Diarthrose oblique accessoire @ dbsaine), —- interépineuse (2 dessins) Ca TU TUTO NP NPA Sacrum asymétrique d'enfant, dans l’aileron gauche porte une facette qui s'articulait avec l’apophyse transverse gauche de la cinquième vertèbre lombaire. 527 Pages. 179 181 181 190 190 195 195 197 197 © 19 19 il =} Co ee _ 300 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Qt LS] [2] Sacrum asymétrique d'enfant, articulé avec les deux ilions et sur- monté de deux vertèbres lombaires dont l'une, la dernière, est complètement sacralisée . . . Ares LI, 301 Sacrum asymétrique d'un enfant de ones ans, ru d'une cinquième vertèbre lombaire en voie de sacralisation (2 dessins). 303 Sacrum d’adulte asymétrique et anormal vu de trois quarts. . . 308 Profil de la cinquième vertèbre lombaire atteinte de spondylos- GhiSEN FN "4 : 24 2 0) FIROONE Coupe verticale Dee Penre de He même niche Lis 0 RSA Spondyloschise bilatérale d'une cinquième lombaire (2 dessins) . 312 — unilatérale et pos bifida d'une vertèbre cervicale (2 dessins) rue. ; LEE A PAT ex DE : 313 Spondyloschise Cao die et spina bifida d'une ie one (dessins) "we ; à : sh A | Coupe verticale de Al nie de É noce en lombaire dont le demi-arc latéral est considérablement Ho ji, 845 Spondylizème.. We 2 FRE MOST Configuration du one Hoi nn chez un sujet normal, un sujet atteint de luxation congénitale des fémurs et un sujet atteint de spondylolisthèse (3 dessins). . . . . . . 317 Une vertèbre lombaire au début de l’ossification . . . : . 324 Une moitié de vertèbre lombaire, composée de trois Dites sé- PATÉEST EE : USA Sacrum à SIX ire D ‘ la en de première vertébreicoccygienne um"? EE ; 328 Sacrum d’adulte à cinq vertèbres dou les eue nc En très asymétriques . sf EP ; ; 333 Détroit supérieur, excavation É uen does. d' un en oblique ovalaire type Nœgele . . . . ne: « 338 Facette auriculaire gauche d’un sacrum er Lena sacrum asymétrique de six vertèbres par suite de la sacralisa- tion,de là dernière lombaire. SNS, EMEN EC CARTER TE Bord gauche d’un sacrum et bord gauche d'un coccyx d'adulte sur lesquels on voit la facette auriculaire, les fosses criblées, la demi-apophyse transverse, les quatre tubercules conjugés et l’inclinaison véritable de:l0S7 Le MU. Ne CN CNE RE RREE Bord gauche d’un jeune sacrum; les trois costaux qui doivent porter l’auricule sont noyés profondément dans le cartilage et représentés par des'surfaces pointillées: "2. MR t Encoches sacrées latérales chez l'homme. . . + 302 = — — le CRE | EA(nTe oglodytes HU 1992 Gouttière sacrée latérale. . . . 3 394 Foramen dans chacune des ailes de le première ee sacrée cherdhommetten. ; 399 Foramen dans chacune ‘Es Re de Fi ans M. sacrée chez l'Ornithorynque (Ornythorincus paradoæus). . . . . . . 355 Os chevrons chéz l'homme 2, 22. LUE PRIRENT TABLE DES DESSINS ET DES SCHÉMAS Os chevrons chez le papion (Cynocephalus sphinr) Face postérieure de la colonne dorso-lombaire de l'homme . Face supérieure de la colonne dorso-lombaire du macaque (WMa- ESS Re | RE ST UN ei a Ve 47°, Squelette de Maki . . . . ET De Le Squelette (vu de dos) d'un eine Pepe rondes Le Canal temporo-pariétal artériel endo-exo-cranien chez l'homme = _ — —_ le cynocé- phale (Cynocephalus Anubis). TL TE nl à Tubercule sus-masloïdien antérieur ; tubercule sus-mastoïdien postérieur ; apophyse rétro-mastoïdienne . VERTÉBRALE 341 d: 4 F1 L - ri M , : Absence congénitale d’une portion de l’écaille de l'occipital indé- TABLE DES MATIÈRES A pendante de toute lésion pathologique . J Absence de la branche montante du maxillaire nn portion de l'écaille du temporal située au-dessus de l’'apophyse zygomatique Absence de l’arc antérieur de Patae — postérieur — d Fe de l’épine nasale postérieure. HE des deux fosses criblées inférieures dé Ë face Liale du sacrum Absence des iron de Mere de Le nue nr D ia gienne . : ; Absence du Lo rent Affaissement vertébral. Anapophyse. ARE: Angle sacro-vertébral + a sacro-sacré Ankylose vertébrale par FE Apophyse capitulaire coronoiïide ÉLÉdAe en ie de DRE Là TE costale ou costiforme des vertèbres cervicales — — — lombaires dentiforme Prat épineuse atloïdienne. . . TNT RER mamillaire des vertèbres Onbne marginale de l'os malaire. mastoïde surnuméraire occipitale du sommet Le la doué odontoïde. paramastoïdienne. paroccipitale. post-glénoïdienne . 532 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Apophyse rétro-mastoïdienne s à — styloïde des vertèbres Ombres : : _ transverse proprement dite des ver ere cer nie : Apophyses semi-lunaires du corps des vertèbres cervicales — : sphéno-pétreuses et pétro-sphénoïdales . Appareil claviculaire — épisternal. Arc hœmal . se — vertébral primitif de ie Articulation de l’apophyse transverse gauche de DAMES =: de Moses pital. ; : Articulation des apophyses Penaderaes ie de serons entre elles Articulation du bord ne de eee en de l'atlas avec l’occipital . Articulation du bord Sora le en “Roue ne re avec l’occipital . Assimilation de l’atlas à on Asymétrie du sacrum . Atlanto-occipital fusion Atlantion Atlas . : : Autonomie d’un one d’ en el ie saire de ape physe transverse droite de la cinquième vertèbre thoracique. Axe. Bande mammaire. Basisphénal. Bassin oblique ovalaire 2 Bituberculisation des apophyses nr de l'atlas ; Bifidité de l’apophyse épineuse de la première vertèbre sacrée . — de l’extrémité distale de la racine postérieure de l’apo- physe transverse de l’atlas. Bulle digastrique. C Canal artériel temporo-pariétal endo-exo-cranien . — basilaire médian. - cranio-pharyngien . — _intertransversaire ; — _perforante artérioso nella ne ne 3 — Sous-sSquameux . sat — sphénoïdien des A rune \ OL, (SA — trachélien Pages 44 240 39 25 458 193 193 399 290 113 113 TABLE DES MATIÈRES 533 Pages. DR N RTINENSAILER En. re EUR SN ax WpiLu}, 28 — veineux transversaire. . . . UT TUE RE LEN LI Et SP EE 32 Canaux clino-clinoïdien et clino- carotidien PRET EE". 459 — et trous asymphysiens mandibulaires . . . . . . . . 484 Ur DAldins postérieurs accessoires! 11, 11,0%. 410 Vs re AT4 MIDI C OS tal UE RER A ent a à FM (41070 488 GEUNE ESS RE PUTE, ORSEER A STN2DE Cavilas ou is processi aCCessorit ae Mas CRAN EAP A latin T0 —_… qJlenoidea de Mayer + . PR RE TR CA ER 1 |: Chef capitulaire ou parapophysaire ee ne RE Te TE te D CE — tuberculaire ou diapophysaire des côtes . . . . . ... . 495 EDR ON DONS AIR ENT NUE OT MEANS A 12 8 309 Mutnieme:veriébre lombaire... 2614105 : ef ne at Nic 097 DOCEVE ECO Li : RAGE Mr PAS ULTOER Condylus arlicularis on Fe de Fire OR EN ER 20.2 RUE nv obliquus accessorius de Mayer. 2 2, 4 . : = … « 218 DAMON PAMO RIUDerCUIATE a NN en en 2 Ven do done ele; Te 468 Conjugala vera. 342 LA LES ME EME PR RUE, RE fe OS EMEA LES UN PES NAN Er LEP ANS DEEE M LV ME AR RAGE — diapophysaires . . En ET EL EL AE ERA A AI ARRS — — et parapophy AIRES 0 AU Teese TES — intermyocommatiques ou interpleuromères. ET EE | Di CRETE OS POINT AE AE Ne RE A Te Eu p 260 D UP NSAIES NES ee PT RSS ROMANE COCO ER RE PO PRE Er TEL PRENONS LS ROC RTE SET TS LE CIM UE CRT UNS «SAN NN 2 0, N° 468 RE UE TS ENS AE NP MERE ET AL LS. «lus a) sabre URL SN 20 RATE) NN AL ENS MES RU ET SLT Sera 406 SLNO SLI LI) CTEONDS nu 0e lO St 1080 Ms. LH EN EN RAM UE 10 A RU OUAIS NS OR AL NE RENTE. NT T8 AN AT ES He Un AGE — retrolemporalis . . . . SRI CR De tn € ARTE — _s. luberculum supra den RM Rd ans sen EAU CS: 1 ANT Crochets latéraux du corps des vertèbres cervicales . . . . . . 25 Crupprer bone — — — CS CARAMEL TE CRE à: D DEDENS 2 PR fe EL EN RAR ali 5 2 : 445-420 Dépression aortique AR Re , MOURIR RERO. -. «: SA Pré rouelle: 7 ANA NN: Ti ST NM ARR NA Ta Puis. … 445 = VéTISDrE CeNVICAIEr |. ONE IREM URI, A0" A4E —- — pivotante”. .1 ; UMA TEMPS | Déviation à gauche de la partie supérieure de la suture interna- sale . s | 472 Déviation Iatérale des pop A yes. épineuses ‘des vertébres thore- 236 ciques 534 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Diacostoides 2107 SE TA Re Diarthrose Titane he a URS EN SM USE RUE — oblique accessoire . . Nu OCT TUEUR DRE Division en deux segments d’ ihépale. étendue par une suture transversale à concavité inférieure des os propres du nez. . Division en trois branches et indivision de la neurépine des ver- tébres cervicales #00, 7: : ee A Division verticale médiane de l'arc oc de l'atlas Sivit — — — postérieur de l’atlas, . . — _ simultanée de l'arc antérieur et de Vare postérieur,de l'atlas 200000 GUN PETER ? . Dixième ou dernière vraie vertèbre dorsale des MR è Dixkième vertèébre-thératique : 2 4051 + Fe ONE Douzième vertébre (horacique: 060 DE RS Düplicité.et tripicité du trou transversaire RU MONO E Échancrure ou incisure rétro-transversaire de l’atlas. . . . . . Éminences latérales du corps des vertèbres cervicales . . . . . — — — trois premières vertèbres thora- CIQUES =. 0. en VO Su BR Cat ni CNT ECTS Eminentia ne ee PES RC OT ENTER Eminentiæe Gostariæ” deltuschka COCO N E UC AIRERE Empreinte aortique. . . - Des ‘ — de l'artère A sur de ie jen Ver tsbnes cervi- CAIES 0, 2 Se UE +: + c'e TRENES Empreinte d° Hier xt muse Æ rl Den » ie CARTES Encoche sacrée latérale SA se DE trot EME ÉTTETON Épaetal ee LS Re NO D SR ER EE Bpareual. 4,0 26e RS SRE EC EE NNRRRERES Épicoracoïde . . . . CES AE EN ES CO ANT, UL Epispinous bones de Siuilers sera a utat RRTMRE SRS EEE Bpisterpum.. 2, 28 dule AR ONE PRÉC PRE Epistropheus Épine canine . . . RE RE te — de la crête des lle TR RP RU EU Épines et canal A ee RM Espace complémentaire latéral de la face supérieure des masses latérales de l’atlas. RS Do ru Exostoses du conduit auditif ie De 5 ler HARAS Expansion du plancher de l'orbite vers le etai NS : Extension en dehors de la racine antérieure de l’apophyse trans: verse de la septièmevertèbre-cervicale "M 240 240 241 TABLE DES MATIÈRES F Facette articulaire de l'arc antérieur de l'atlas pour le condyle Dasiaque : !. , Facette latérale du Re de la Poe tertehre ne ï Fausses vertèbres caudales — — dorsales Fenestra hypophyseos . : : Fermeture osseuse de Rituate ou de e infé rieur Ce nel sacré. Fontanelle intra-pariétale. . . . . . — obélique . : Foramen sotlotrasversario de Giuthida Een ‘ Foramen apical de la neurépine des vertèbres cervicales — — l’apophyse transverse des vertèbres cervicales — Costo-transversaire cervical.) 27% > . ,., 41: — — lombaires 15700 ME PANOTS: — dans l'aile de la première vertèbre sacrée . . . . . . — retrotrasversario de Zoja . . . : À . —— sagittal médian de la neurépine des vertèbres Énnitaies Foro afïloido-sopratrasversario de Zoja. . . . . . + . . ns oDRbatloideondeNarTasliase Ve Te) EE PP 4 = opralrasversario de Varaglia 2 .s. ie, DU MIRENU — sopralrasversario posleriore e PRPÉARRENSES anteriore de AO NS 2e. : : Foro tra de ar Haine Forbes ee r arco en de Zoja. — irasversario o foro trasversario accessario o sopranumerario RSS RS UDEATOTOUS ME MINE a NAN Je «1 Fossette cérébelleuse moyenne. . . . . . . . . — -endo-glénoïdienne de latlas PRE APR VE — interne des masses latérales de l’atlas. . . . . . . . — pharyngienne . ; TE Fossettes latérales du corps des Ve horde et des ver- tèbres lombaires . . RTE PEL. Fovea glenoidea processi ru he Me PURE NE TE UT — occipilalis . Byssnialle des VOMEr Ciel a ee, 1e G Géode prépédiculaire . . . , ; Gleno-transverse bony arch de Macalister. Hoeement vertébral a 20.715 4 RON ne), Gouttière aortique : — exo-glénoïdienne A l'atlas _— rétro-lransversaire Mo de raie — sacrée latérale UE GA — sous-transversaire postérieure de lPaxis. Grande vertébre . 536 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE H Pages. Hémi-apophyse .£ JL A (te RCE DORERE TONER Hémi-centrume : 6:95 2. 1) ARS TONNERRE ER EN RR Hémi-neurapophyse. 4° :2 15 24% 21028 MN EU, CNRS Hémi-parasternoidezs.s 1° 4. 0 MEN PCR RN CR TE Hémi-vertèbre: 7. 1 M4 ur ee NE RS EE Hydrorachis. 2. 20. 6e NE QE MORTE TES Hypapophysés: …, LUS AMEN ONE EEE Hyparcuale.: # : (MESSE CR PRET I Tmpressiones occipitales Infenriores 1-07 LE NEC ER RE — - intermediæi. {eh cuves VON MP CRE NE _ — SUDETLOTES Ne) à ORNE NON EEE Impressions occipitalés extern6s - 020: MO ORNE Indice de la courbe temporale. . . . 447 Indivision du sommet de l’apophyse rente He " la Rois ième vertébre. cervicale + SUMMER CNET RE JA Trfra-laminar Spar ::: fetes ONE ONE CC CRE 98 Ingrossamento retro-mastoideo … |... LC 0 -0IN Ne CONS Intérpariétal Es is etes Gus CNE OCR L Eatourneusé. 7,1 24, 00e OMS RENTREE 49 Leon . 4 Lie hr Re AE EE CORRE 49 Lophid, he + 0e SON MEME NICE M Métapophyses 026" 2101 SR RENE RENE TERRE 40 N Nœud dela colonne; vertébrale > 010 MORE [e) Occasional lateral bridge of bone on the atlas over the groove fa the sub-occipital nerve and vertébral arlery. . . 105 Occasional posterior bridge of bone on the atlas over ïhe ee “er 1he sub-occipital nerve and vertebral artery. . . . . . . . . 90 Occipital process of theop'ofithe dens RCE ROMANE ES Occipitalisationde Tatis® PEER NEUTRE ER ÿ7 Odontoide 20700 DR PR RES PARUS SE. Onzième vertébre thoracique D RE Re TABLE DES MATIÈRES Organe de Jacobson. — frontal de Stieda. Orifice rétro-transversaire double ou 1 triple Os albadarran des Arabes — basilaire. — chevrons Os coccygeum . — COCCYYIS . : Os de la gouttière Panle — de lhamule — du canal nasal — épispinaux cervicaux . — épisternaux. — ethmo-lacrymal ee = — supérieur — hypsiloïdes. — interpalato-sus- maxillaire — inter-zygomatique . — latum. — lus. : — maxillo-naso- A ti — mentonniers — mésocervical — métacervical — métopique . Eu Os odontoideum de Bergmann Os odontoïdien : — palato-sus-maxillaire . — para-postzygapophysaire. — prénasaux . — prévomérien — sacré . ke, — sous-ver tébraux en coin ou en V. — sus-épineux. ; — zygomatico-malaire. Ossa coccygea Osselet odontoïdien. Ossicule odontoïdien Ossiculum lerminale de Bergmann. Ossification de la chaine hyoïdienne. Olosphénal PR RP Te UN per CORRE Ouverture de l'arc postérieur des vertèbres ARNAQUE» — du canal sacré. — du trou transversaire dé l'atlas en avahl — — — l'axis en arrière avant = — des vertèbres cervicales en nue 538 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE P Pages. Palatum'vomero-matillare:. 22, PIRE ONE OT EEE Patacostoides.s 2 5 0e 24 LUN NAN EN M EN RE RE EINRRREne Pariétalbipartite: 2240. "SOLS MEN MEN TE) —Mtriparute 0 © 449 Participation du bord ce Fe vomer à de non de Ja voûte palatine . . . DE Passage du 5° nerf sacré Fee un anneau nent osseux . . 401 Pont supra orbitale. . . . ge SPF FOR Portion pleurapophysaire ou Cote dés .. ar ersaires. : 200 Porus crotaphico-buecinatorins, 7 MEN En COCOON RES Postarirode. Meme | 42 Postaxiales zy apophyees. DC RE LR 41 Posterior inferior tubercle . . . D : . — lateral foramen de nee LE sd 40 NÉS 31 — oblique bridge of the atlas de Macalieenn LL 41 ROME 98 — superior tuberele 2 2 OR RIRE Præ-auricular groove--2 LL EE vas 0 UT ONE CORNE ONE Præ-auricularts sulcus V4 5 HO MEN IN SORTE Préarirote te cet RE LR DDR 5 : | 42 Préaxiales Dani mecs 5: PE + “0 TRE FAI Première fausse vertèbre dorsale ne. authe Choice d + + VON — rouelle +: 55:08 MERE PME RER 49 — vériébre cérricale. UE ME 07 1 ER CUIR EEE CREER 49 — =, Jlombaïîre © USSR LC EN OMINPER FRERES == 2, ,e DIVOtanEe: ee LUE CN LME RE ATOME 49 — A MOtROTACIQUE NE À 7: USER — vraie vertèbre dorsale des anthropologistes FT ad M ERNSS Processus angulo-mandibulaire . . . Processus articularis atlantis d'Halber ne US M UT 83 —— asteriaeus 272,80 0 TS RON AT NERO RS — asterius. | PE ER EC e capilularis ne on on on ee 0 FU NOT — cosfarius 2" % 505,00 2 MIN 220 MON SOIENT —— dentaius er , mt out CA CON _— papillaris d Heiber Fe LL Loue MO RON ENRE 83 — sus-transversaire . 4 4m 0, va 0,0 15 OO OOMINNREORSS — lubercularis costarum 2 % 03 JG Produëétion dentale. : < 2%. 4 MC EN TE NES Proéminente . . . SX TL FANS Prolongement I BUpbystire interpalatin RE Q Quille de’ Henle. 2,604 M4 Cu SORT NÉ RENRE TN RE TABLE DES MATIÈRES 539 R Pages. Rachis acentraux. . . , MRC 0 Redressement de la cor hare à oem te inférieure et état recti- ligne de l'articulation temporo-pariétale : : 452 Région dorsale inférieure ou postérieure ou de tHahsitiün., 244 —— supérieure ou antérieure 244 MEIFOYErSION :. - . .. 27 SE er 413 Réunion des cornes du sacrum part un pont « osseux 349 Rump-bone 358 S Sacral arcade. . . . : SET RSR LVL EN Ere <0RR Sacralisation de la ns Pobre Fi SNS, D CU 2.2 200 ONCE PARASITES d Cn AUS NE Re by D ER AIDER 20027 ni Co ME Res sy! Li DÉTENTE TT R CORRE EP EEE SR ST PE HREFUM, : . . SN D ANR Ne Une de LS NME CU A ICE Sacrum renaire Ne CS Pr NE TR Ne des, VD RE DE RE aiondamental ou nécessaires :". 4): :-. ,. 400 0, 39 PE LC ue Ve D MR RU 6 Lt 6 Es T8 — CRE NEUN AE TIEN LMR e IS EN ROUE CEE" CNE V3 Segment faux-sacro-caudal . . . . . TU Lt 7398 Segmentation de l'apophyse odontoïde de latte EE. LUS Cu 0 _— Paré antémeurde atlas. “2 2 0%. SAT ou [b) == hposiénienr de l'atlas: 2" 2 ss eh en, 85 — désverlebres cervicales. "1": Qi 2e 4 li re, 19 — — lombaires; SAR IR PER LUN 962 = — HROTACIQUES AE. l'ONU NET — transversale du basioccipital. . . . . . . . 443 PDU NETIPDRE ECEVIEALER 2 10. NN mu, _ 459 Sillon aortique . . . D 4 Deal MANETTES Le." 22 — _ périodontoïdien Éféral Lt Fc SURONRS PRE0. :: — 446 — transversaire postérieur accessoire. . . LL RP 98 : — transverse antérieur et sillon transverse Do ene du corps AG FaARIS.: A must D RATIO", 40 Sixième vertèbre Ce ILAl Mie hs 5 NON Tee ©. ‘101 ED 2 0 eh © … ST RRERTeLEN en) c 296 ER CT NE : Le OR RO ." 815 TION D M RL Lt RATS bye - ‘0 ONE USA it Le SR ut. à: _ 349 PROVIDES Ur LOL DO ER OR RP LE TU à 910 ROUES MUR Le RERO re te APE y © GE Solchi sollo linguali. 2 OS AU RME TRS L'OUNTELGN. ! 2 1 Soudure de latlas à la Bass du cr âne UT TEL SON CE ENCRES ùT ph à + 540 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Pages. Soudure de l'os odontoïdien à la facette de la face ‘postérieure de 3 l'arc antérieur de l'atlas Ne ENPRERRRRE 83 _ des vertèbres cervicales entre.elles =": , mu. 14 Suturœ centro-costoidalis |: {NT NC RENE ERREUR NE + centro-neuralis 2 2% Eu SCENE ARE PEN RE — neuro-costoidalis . . . . MER Tate LANCE — sagitlalis media squamæ en RAR PE NAN RE Sutüre,palatine longitudinale latérale Me CO NE PRO — ….post-zygomälico-malairee EN Nr PRE CREER — "post-zygomatico-temporale: =" % 7 2 AN ONE UE SUN DTIDDES Ne RL Synchondrose neuro- SE, CT nn, di Synchondroses pré-gléno-atloïdiennes. . . . . . . , . . . 16 Synépiphysium . . . er Synostose rachidienne CODÉCRAIE RP RP LP Ne ol 1% EL Tori supra orbitales et échancrure sus-orbitaire . . . . . . . 452 Era antérieur De 20 2 ES RME EEE RE EEE Train postérieur . . . SR st 20 COUR PPS Troisième condyle de l Dent 55e Vi IN M PO EPP EU TES Trou antérieur et:externe deld'atlas.. 2 COM RP NOR — — intérne dedl'allas ee EMEA 90 =, atlantoïde antérieur "2.200 M EE CN RE ETES = — postérieur. DEC ASIN TIENNE UE NET OR RIRE 90 —%.atloïdien.- "1€ PEUT SR TON N RTN EC 90 — alloïdo- D ne cure D CR EN ef EU RO SEE —., de conjisaison dé l'a laSs RP ER EE TRES 90 = 4 ANLELLEANSVErSANE NES EUR NO CN ER 27 — oblique de l'atlas . . . CRT 90 — prétransversaire de la pre enebre Fan cnenile LUS RTE — ptérygo-épineux . . PR ER RS, — rétro-articulaire els de r See 2 2 RAA TMRONTNNNENS 97 = — supérieur ded'atlas 1706700 QE EMENSENTE 90 — ‘rétro-transversaire, a RE MMM E PIONEER = = de’ Patlas 5 A0 CORNE ER 97 — sus-atloïdien. . . FE see EL PE RIENERE 90 — Ssus-transversaire ah de l’atlas TE RENE — pen gapophysaire *.",210 5, JO TN EI COOP —trachélien st, in A EL |. 21 — transversaire des MES cr cols PR ART LT 21 = = — lombaires. :4.5S ME NEO — vasculaire des vertèbres cervicales . : . . . . | 27 — vertébral . . . . EURE. d'RNÉ GE CREME PRES 21 Trous mentonniers postéro- Éntérisurs spi at ME T ouTENS MERS — — postléro-supérieurs: #00, 740 48,7 RIRE TABLE DES MATIÈRES 541 Pages Tubercule apophysaire des vertèbres lombaires. . . . . . . . 240 _ caronden de, ChABSAIBNAC AIN NN ES LT sn x = 497 —— mamillaire des vertèbres lombaires . . . "is. 249 — moyen ou scalénique des apophyses ahevenes ‘des ver- tèbres cervicales moyennes (3°, 4° et 5°). 40 — pharyngien . DA CRAN TT RTE — sus-mastoïdien ntérieur ! HR PEER PAT EE — — postérieur 467 Tuberculum costule . 98 V Variations de connexions de l’apophyse odontoïde de l'axis . . . 132 — de courbure de la suture palatine transverse. . . . . 416 — — dos ArEt de PERS VU EN SUN RL 90 -- — du) sacrum :. or trs EE — de dimensions de la gouttière de la face supérieure du pédieulé: de l'arc(postérieur de Fatlas ": :° 22 © . 90 — de dimensions de la gouttière lombo-sacrée . . . . 35 = — l'apophyse épineuse de l'axis . . . 152 _ — l’apophyse odontoïde . . . . . . 110 — — l'arc antérieur de l’atlas . . . . : 82 _ — l’arc postérieur de l’atlas . . . . . 81 — — des échancrures latérales du corps de Hatiasir 49-55 —- — des échancrures téralés du. C OT PS dé Fais ">: SEE AIDE PR — —— deséchancrures te ee du corps des vertèbres cervicales . . . . . . 26 — — et de direction des apophyses ptéri- modes EU: Us 3408 et de forme des demi facettes artic u- laires du corps des vertèbres thora- 2iquest sv 0e AE. et de nombre des ostia des cellules du tissu spongieux du corps des vertè- bres lombaires. "#00." .., 302 et de poids de l’atlas . . . . . 49-55 — ASE 0e". 7. 145-4117 — des vertèbres cervi- CAES ARRETE . 12 — des vertébres lom- baires 261 des vertèbres iHorabi l- HUE LUN, Le Variations de direction et asymétrie du coceyx. : : : . : . . 389 542 TRAITÉ DES VARIATIONS DES OS DE LA COLONNE VERTÉBRALE Variations de direction de forme de l’apophyse odontoïde de Fons re oo SE SUN ERRNE — — de longueur des Te des vertèbres lombaires . Variations de forme de l'arc antérieur de l'atlas . . . . . . . - —— la facette auriculaire du sacrum — — et de volume des tubereules or eS des vertèbres lombairés — — du COCCYS" RU VERS ARE RER 1e Variations de la crête médiane de la face antérieure du Li de Paxis cer, ; ; : UE Variations de la Fee iron HEns masses Bees de l'atlas — — - supérieure des masses latérales dé l'atlas. — dela facette de la face postérieure de l'arc antérieur de l'atlasL00. , 2 — gouttière edie au ne des Faite re DAiCBS En, 2 RE TM RP RE SERRE Variations de longueur du coccyx . . . . . © Dre Variations de l’orifice interne du canal dentaire ne ieur . Variations de nombre des vertèbres cervicales. . . . . . . . SE = — coccygiennes. ne = — lombaires: 1. Fee cu me” — thoPacIqués AE Mer rs = — SAQPÉES +, LIL UNE Variations de situation du promontoire . . . . Variations de structure de l’apophyse odontoïde . : —. me et de connexions des vertèbres era in — — — lombaires e— — _— _— thoraci- ques UN A + ducoceyx 1 ni ee — AUSSACLUR PE : : = — de volume de la racine noie de las physetransversedes vertèbres cervicales. — de volume des apophyses styloïdes des vertèbres lombaires. . . . £ == — de volume des tubercules D ne des vertébres'lombaires .".. "00 Variations des apophyses de la crête sacrée $ = — transverses de L'atlas F = — laxiss. ie CR — denis 2400 ; LNLRECORE = fossettes ne ARS du corps ‘de Lane ee gouttières des sinus veineux postérieurs de la dure- NOTE FUN PNes MMETENES Variations du tubercule de l'arc toueus de l'atlas : Ne LT — — postérieur de l’atlas . . . TABLE DES MATIÈRES Variations du tubercule d'insertion du ligament transverse de l'ar- ticulation atloïdo-axoïdienne — — musculaire des vertèbres cervicales. Véritable apophyse transverse. Verlebra anticlinica . —- diaframmatica — fulcralis — thoracalis . Vertèbre apostate — dentale — dentiforme — dorso-lombaire — pseudo-cervicale — recouverte — reçue — tricuspide. ; Vertèbres caudales ou doeyonnes — cervicales en général — fausses-sacro-caudales . — lombaires en général — préhistoriques . — sacrées accessoires . — sacroïdales . — sexuelles. — thoraciques en général Vomero-palatino-mazxillare Vraies vertèbres caudales — dorsales Z Zygantrum . Zygapophyses (éeuin) — (vraies). Zygosphène. Zygosphore. 2944. — Tours, imprimerie E. ArRAULT et Ci. Le 3 . L î AE ; a 1 , Le Los 4 d Le, < Æ en 7 4 re : De 07, s Le r: s 4 ‘ AMC s MR À Fr: e J ps ñ + * ot. , N F à D + o d'a, # à * ‘ Y L 1 2 ? L & . _ g* Dan. 3 + ù : L un ; 4 è À ; * = M4 ni L reel Pa die PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY 4