COLUMBIA LIBRARIES OFFSITE HEALTH SCIENCES STANDARD HX00019887 PARIS SGHLEICH©R FRSll^S Q/vn5l 1^9 Columbîa ÎBnibersfîtp ^^ Collese of l^l)pîiidansi anh ^urgeonst GÊO. s. HUidlNGiON. TRAITÉ DES VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE i; H 031 ME OUVRAGES DU MEME AUTEUR Leçons cliniques sur les fractures de jambe faites à l'Hùlcl-Dieu de Paris, en I87S, par le professeur Riciiet, recueillies, rédigées et publiées par MM. L. Gau- NiKR et A. Le Double, internes des hôpitaux. In-8° de 68 pages. Paris, 187o. Du kleisis génital et principalement de l'occlusion vaginale et vulvaire dans les fistules uro-génitales. (Th. inaug. récompensée par la Faculté de médecine de Paris : médaille de bronze.) In-8'' de 250 p. Paris, 1876. Essai sur la pathogénie et le traitement des hémorrhagies de la paume de la main. In-S» de 110 p. Paris, 1876. De l'épididymite blennorrhagique dans les cas de hernie ingviinale, de varicocèle ou d'anomalies de l'appareil génital. (Ouvrage récompensé par l'Académie des sciences, prix Godard : 1 000 fr., et par la Faculté de médecine de Paris, prix Ghatauvillard : 2 000 fr.) ^1-8"^' de 252 p., avec 3 planches. Pari?, 1879. Des avantages de l'allaitement maternel pour la mère, pour l'enfant, pour la famille et pour la société. (Ouvrage récompensé par la Société nationale d'Encouragement au Bien : médaille d'argent.) In-S» de 39 p. Tours, 1880. La médecine et la chirurgie dans les temps préhistoriques. In -8° de 24 p. Tours, 1887. La grotte des Fées, de Mettray, à l'époque de la pierre polie. (Reconstitution cà l'exposition nationale de Tours, de 1892.) In-8° de 28 p., avec de nombreuses ligures dan? le texte. Tours, 1892. Velpeau. In-8^ de 24 p. Tours, 1897. Pour paraître prochainement : RABELAIS ANATOMISTE ET PHYSIOLOGISTE ÉVUEUX, l.Ml'RIMERI !■: D IC CHARLES IlÉlUSSKY TRAITE DES VARIATIONS "Yu^.c^ DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME E T DE I.EUll SIGNIFICATION AU POINT DE VUE DE L'ANTHROPOLOGIE ZOOLOGIQUE PAR Le d^ a.-f. le double PROFESSEUR U'ANATO.MIE A L'ECOLE DE MÉDECINE DE TOURS LAURÉAT DE L'INSTITUT AVEC UNE PREFACE DE IVI. E.-J. IVIAREY Membre de l'Académie des sciences et de l'Académie de médecine. Professeur au Collège de France. TOME SECOND PARIS LIBRAIRIE C. REINWALD SGHLEIGHER FRÈRES, ÉDITEURS . 15, RUE DES SAINTS-PÈRES, 15 18U7 Tous lii'oiU rL'SLTvés. Digitized by the Internet Archive in 20|0 wi'th funding from Open Knowledge Gommons (for |jie Médical Héritage Library project) http://www.archive.org/details/traitdesvariat02ledo MUSCLES DU MEMBRE SUPERIEUR MUSCLES DE L'EPAULE DELTOÏDE Variations de volume. — Le deltoïde est plus développé chez l'homme que chez la femme ; dans l'un et dans l'autre sexe il est plus marqué à droite qu'à gauche ; dans les professions qui exigent des mouvements répétés d'ahduction et d'élévation des bras (chez les boulangers par exemple), il a des dimensions plus considérables. Diminution du nombre des chefs ou du nombre des faisceaux qui les composent. — Otto a signalé la disparition du chef claviculaire (Otto, Pathol. an., 1830, p. 247), et M. Macalister celle du chef acro- mial (Macalister, Cat. cit., p. 71). Le professeur Testut a observé et j'ai observé également un cas où le faisceau claviculaire était réduit à l'étfit d'un ruban très grêle. W. Gruber a disséqué un deltoïde dont cette même portion offrait une perte de substance mesurant quatre pouces de longueur et de deux pouces de largeur. Si tous les anatomistes sont d'accord sur la division du deltoïde en trois chefs, il n'en est plus de môme en ce qui concerne le nombre des faisceaux dont est composé, par suite des prolongements celluleux interstitiels de la gaine aponévrotique, chacun de ces chefs. Ainsi pour le chef acromial, où la fasciculation est si apparente, ce nombre serait de 8 à 10, suivant Winslow ; de 5, suivant Albinus ; de 18 à 20, sui- vant Cruveilhier. H. 1 2 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE LTIOMME En présence de la diversité des cliiflres que j'ai notés, j'inclijie à croire qu'il y a là une question individuelle. Chaque chef peut, suivant les sujets, avoir moins de faisceaux comme il peut eu avoir plus. Anatomie coMPARÉt:. — « Le chef acromial du deltoïde existe seul chez les Oiseaux, les Amphibiens et les Reptiles, » dit Laiinegràce '. Cette assertion est discutabh', du moins eu ce qui concerne les Oiseaux. Dans son Essai sur l'appareil locomoteur des Oifieaux, publié quatre ans avant la thèse de Lannegràce, Alix a fait mention dans les Tinamidés, les Cracidés, les Pigeons, etc., d'un deltoïde postérieur parfaitement dilTérencié du muscle sous-épineux. Dans la taupe hi portion scapulaire paraît manquer (Meckel, Anat. comparée, t. VI, p. 257). Multiplication au nombre des chefs. — Par suite de la scission de chacun des trois chefs principaux, le deltoïde peut être partagé en un plus grand nombre de corps. Sœmmerring et Macalister ont trouvé six ou sept segments presque séparés. Jenty dit avoir disséqué un deltoïde composé de dix-huit ou vingt muscles distincts (Jenty, Course of Anatomico-Physiolofjieal Lectures, vol. III, p. 232). Anatomie comparée. — La subdivision du deltoïde en plusieurs ventres se retrouve même chez les Mammifères clavicules. Dans la marmotte, il y a quatre ventres, par suite de la division de la portion claviculaire et de l'indépendance des portions acromiale et spinale. Indépendance des chefs. — L'anomalie du deltoïde qui me paraît la plus fréquente, celle qui est indiquée par le plus grand nombre d'anatomistes, et que j'ai rencontrée souvent, est celle qui consiste dans l'indépendance complète du chef claviculaire {M. delto-claviculaire) du reste du muscle. Alors le deltoïde est divisé en une partie postérieure plus grande, composée des deux chefs spinal et acromial unis comme d'habitude, et en une partie antérieure, plus petite, attachée plus en dedans de la clavicule que d'ordinaire. Le sillon celluleux qui sépare ces deux parties est quelquefois assez large. Une fois, Macalister a noté la séparation complète du chef postérieur ou spinal du deltoïde {M. delto-spinal) du chef acromial [M. delto-acromiaï) (Macalister, Cat. cit., p. 18). ' Lannegràce. Loc. cit., p. 94. MUSCLES DE I/EPAULE 3 J'ai noté sept fois cet isolement du chef spinal du chef acromial ; cinq fois chez l'homme, trois fois des deux cotés, une fois à droite, une fois à gauche; deux fois chez la femme, une fois des deux cotés et une fois à droite, M. Chudzinski Ta également assez souvent constaté chez des sujets de races colorées '. Anaïomli-: comparée. — La séparation du chef claviculaire du del- toïde du reste du muscle est commune à tous les Mammifères non clavicules, oi\ ce chef est non seulement distinct du deltoïde, mais encore forme la partie inférieure du céphalo- humerai ou masto- huméral". La réunion de la portion claviculaire deltoïdienne à la portion acromio-spinale marche en général de front avec le dévelop- pement plus parfait de la clavicule. Dans les Makis, où les trois chefs sont indépendants, le chef antérieur est uni étroitement au grand pec- toral. La subdivision du deltoïde en trois chefs isolés ou presque isolés^ se retrouve dans les Carnassio's, les Chéiroptères, notamment dans la roussette (Edwards;, le murin (Maisonneuve), etc. Les fibres postérieures du deltoïde des Pithéciens forment un corps charnu indépendant dans la plus grande partie de son trajet (Chudzinski). Variations des insertions. — L'empreinte deltoïdienne, ordinaire- ment située au-dessous du tiers supérieur de l'humérus, est située quel- quefois plus haut ou plus bas. Il s'ensuit que le deltoïde varie aussi bien de longueur que de volume. Le professeur Testut a observé la dis- position suivante ' : « Les faisceaux les plus internes de la portion claviculaire du ' Th. Chudzinski. HuUctlnfi de la Société (t'Antlti-opoIo;/ie. t. VIII, III" série, l'f fascicule, janvier 1885. - Les insertions scapulo-cIavicuLaires du deltoïde correspondent exactement à celles du irapèze et les deux muscles, bien qu'indépendants dans l'espèce humaine, paraissent n'en constituer qu'un seul coupé par une intersection osseuse. L'anatomie comparée démontre en clfet, que dans un grand nombre d'animaux ces deux muscles ont d'étroites connexions. Ainsi, pour ne parler que des chefs claviculaires du trapèze et du deltoïde dans les Mam- viif'ères non clavicalés, le cléido-mastoïdien ou le cléido-mastoïdien et le cléido-occipital se soudent à la portion claviculaire du trapèze et à celle du deltoïde détachée des portions scajuilaires, pour former un muscle unique, le céphalo-tiuméral on masto-fiiunéral, t-tendii du basi-occipital à l'humérus. Pour détails complémentaires vo\-. Le Double, art. Del- tdide du Dicf. encycl. (tes se. tnéd.) ' Ils constituent dans le ctud les muscles appelés par Strauss-Durckheim : .1/. dclto- cluviculaire, M. delto-acvomial, M. dello-spinal. * Testut. Traité des an. musc., p. 338. 4 VAIUATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIUE DE LHOMME deltoïde se dirigeaient, comme ù l'état normal, en bus et en dehors vers le V deltoïdien ; mais avant d'atteindre cette empreinte rngucuse, où ils se terminent d'habitude, ils se jetaient sur un tendon arrondi et fort grêle, rappelant comme volume et comme aspect celui du petit palmaire. Ce tendon s'inllcchissait et en dedans croisait le bord interne du biceps, le paquet vasculo-nerveux du bras et venait s'insérer sur la face antérieure de l'épitrochlée au-dessus des muscles épitrochlcens. » M. Testut a donné à ce faisceau placé en dedans de la veine cépha- lique et qui n'a par conséquent rien de commun avec le M. chondro- epitrochkaris de Wood (voyez ce muscle), le nom de faisceau cléido- épitrochléen. Un de mes anciens prosecteurs, M. Hahusseau, a retrouvé en 1888 cette formation anormale, à droite et à gauche, chez une femme. Anatomie comparée. — Le deltoïde est très puissant chez tous les Anthropoïdes. « Chez le fjoriUe, il s'étale en avant et latéralement pour ne s'insérer que vers le milieu de l'humérus. Chez ce singe il se dis- tingue du brachial interne, mais d'une manière peu nette. Chez le gibbon, il se prolonge à peu près autant que chez le gorille et il en est de même chez Vorang ; mais chez le chimpanzé il ne descend pas aussi bas (Hartmann). » « Dans le fœtus de gorille., dit M. Deniker, le deltoïde présente la même disposition que chez le gorille adulte; son insertion humérale se trouve un peu plus haut que le milieu de l'humérus, à 21 millimètres au-dessus de l'extrémité inférieure de la trochlée. Ce muscle confond en partie ses fibres charnues avec celles du triceps ; son aponévrose est liée à celle du long supinateur '. » Quant au faisceau cléido-épitrochléen, le professeur Testut trouve son explication dans une disposition particulière du masto-huméral de la chèvre et du mouton. Dans ces deux Mammifères le masto-huméral se divise à son extrémité inférieure, d'après Lannegràce, en deux branches entre lesquelles passe le biceps. L'une des branches, se fixe à l'humérus, l'autre à l'épitrochlée. « Restituons à la chèvre et au mouton leur clavicule atrophié, dit M. Testut, et nous aurons dans ce faisceau supplémentaire un véritable cléido-épitrochléen. » Faisceaux surnuméraires. — On a trouvé un faisceau étendu du ' Deniker. Recherches sur les Singes Anthropoïdes, p. lil. MUSCLES DE L'EPAULE 5 bord Yorlébral du scapulum au sommet du deltoïde. Ce faisceau, qui peut se détacher d'un point quelconque du bord vertébral de l'omo- plate ou de l'aponévrose sous-épineuse dans le voisinage de ce bord et ofTrir plus ou moins, de largeur et d'épaisseur, a été décrit par Gruber sous le nom de fasciadus infra-spinatus deltoïdeus, et par Krause sous celui de basio-deltotdeus. M. le D'" Knott en a observé deux cas. D'après ce dernier analomisle et M. le professeur Krause, les faisceaux appelés costo-deltoïdeus, acromio-clavicidarislateraris, tensor fasciœ del- toïdeœ a fasciâ infra-ajnnatâ, tensor fasciœ deltoïdeœ a margiiie axillari scapulœ, bien qu'ayant des insertions dilïérentes, en dedans et en dehors, chez l'homme, ne seraient, d'après l'anatomie comparée, que des variétés du basio- deltoïdeus. Cette assertion me semble erronée en ce qui concerne le tensor fasciœ delloïdeiv a fascid infra-spinatô dans lequel il m'est impos- sible de voir autre chose qu'un lambeau du peaucier dorsal (voy. ce muscle). Le costo-deltoïdeus provient du bord axillairo du scapulum et se jette en totalité dans le deltoïde ou en partie dans ce muscle et en partie sur l'aponévrose deltoïdienne sur laquelle il se prolonge sous forme de fibres tendineuses curvilignes jusqu'à l'acromion et l'extré- mité externe de la clavicule. Il peut se détacher : du bord axillaire au-dessous de l'épine, dans une étendue de 25 millimètres (Chudzinski, Revue d anthropologie, 1874) ; entre le grand et le petit rond (Galori, Mem. délia Accad. délie Scienze dell'Instituto di Bologna, T série, vol. VI, p. 237); entre le sous-épineux et le petit rond (Henle, Albinus), entre le petit rond et l'angle inférieur du scapulum. Décrit pour la première fois par Albinus dans son Historia musculo- ru?n\ ce faisceau a été signalé ensuite par MeckeP, Theile^ et Galori, qui lui a donné le nom de M. costo-deltoïdeus. Le costo-deltoïdeus est encore appelé M. tensor fasciœ deltoïdeœ a margine axillari scapulœ, et M. costo-acromio-clavicularis. Qu'il soit rond ou aplati, charnu ou tendineux, grèle ou très prononcé, indivis ou divisé à son extrémité externe il est toujours distinct, à son origine, du bord postérieur du deltoïde. « Il tend, dit Calori, l'aponévrose del- ' Albinus. Historia rnusciilorum fiominis, p. 482. - Meckel. Manuel d'analomie, t. II, p. 150. ' Theile. Encycl. anal., t. III, p. 208. 6 VAHIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME ioïdiennc vi abaisse acccssoii-cniciit la clavicule peiidaul le nioiivemenl (radduclioiv du bras ^ . » Les baiidclelles contracliles anormales iiaissaiil de 1 aponévrose du sous-épineux et de la cloison (|ui séj)are ce muscle du pelit rond [fas- cicfilus i/ifra-sp/natiis delluïcifus, de Gruber) ont été renconli'ées par Macalisler, Flesch, Beaunis el Boucbard, Meckel, KuoU, Nicolas -, etc. L'acromio-clavicuiaris latoulis va de l'exlrémilé acromiale de la clavicule au deltiùde. J'ai vu seulement le basio-delloïdeus et le costo-delloïdcus qui sont d'ailleurs les faisceaux surnuméraires les plus communs. Ce qui prouve bien, comme le pensent Krause et Knolt, que les j)roduclions anormales précitées ne sont (jue les rudiments d'un môme élément musculaire, c'est qu'elles peuvent coexister. Cétail le cas chez un nègre dont M. Chudzinski a moulé le deltoïde ■\ Les insertions du faisceau deltoïdien sui'numéraire se faisaient non seule- ment à l'aponévrose sous-é})ineuse, mais encore an l)ord axillaire de l'omoplate entre les poinis d'atlache des muscles grand rond el petit rond , Peut-être convient-il do rattacher aussi au baslo-dcUo'ldeus le sca- pulo-humeralis digastrictis ài^ (jYuhQY. C'est un })elit faisceau composé de deux bandelettes charnues réunies par un tendon moyen, (|ui se fixe, d'une part à la racine de l'acromion et aux deux tiers externes du bord inférieur de l'épine de l'omoplate, et, d'autre part, à l'humérus entre le deltoïde et le triceps '\ Quant au lensor scapulœ ài^ Ilyrtl qui se détache de la face inférieure de racromion et va se perdre sur la capsule de l'articulation de l'épaule, on peut le regarder, avec le savant })rofesseur de Vienne, comme un faisceau deltoïdien profond incomplètement développé qui s'est soudé à la capsule scapulo-humérale °. Theile a appelé second deltoïde profond un pelit cordon musculaire qui se porte de l'humérus, en dehors de l'insertion du sous-scapulaire, sur la capsule de l'articulation de l'épaule. Ce n'est qu'une forme incomplète du court coraco-brachial (voy. ce muscle). ' Calori. Memorle deUlnslil. accad.di Dolof/iui, 1868, série II, t. IV, p. 614. *Nicolas cité par Prenant, in Con/ribulion à la connaissance des anomalies nuise, p. 9. ^Chudzinski. Une anomalie du muscle deltoïde, Ballelins de la Sociélé dWnthropolofjie de Paris, t. YIII, IIl« série, l^r fasc, p. 10, janvier et février 1885. ■'Gruber. Eininusc. scapulo-luimeralis'dii/aslricus singularis [Virchou^'s Arch., vol. XXXII, p. 218). "Hyrtl. Anatomia dell'uomo, trad. ital., p. 379. MUSCLES DE L'EPAULE 7 An'aïomie compauée. — D'après Kraiiso, le basio-doltoïdicn et ses variétés [costo-dello'idien, etc.), représentent dans l'espèce humaine l'abducteur inférieur du bras des Vertébrés inférieurs (Krause, Anato- mie des Kaninchen^ 1868). Ce qui est sûr, c'est qu'il se retrouve, ainsi que tous les autres faisceaux surnuméraires du deltoïde, que nous avons énumérés, dans des animaux les plus haut placés dans l'échelle zooloiïique. Dans le chimpanzé et Yorang, le deltoïde est remarquable par la manière dont son faisceau postérieur (deltoïde spinal) recouvre toute la fosse sous-épineuse, prenant à la fois des insertions et sur l'apo- névrose sous-jacente et sur le bord vertébral du scapulum. Le faisceau postérieur du deltoïde du rjorille constitue un muscle indépendant dont les insertions se font non seulement à l'aponévrose sous-épineuse, mais encore au bord axillaire de l'omoplate entre les insertions des muscles grand et petit rond. La portion spinale ou sous-épineuse du deltoïde des Chéiroptères constitue un muscle parfaitement distinct superposé au sous-épineux, de sorte que l'on dirait qu'il existe deux muscles de ce nom, l'un superficiel, l'autre profond. Meckel confond cette couche musculaire avec le sous-épineux, dont elle est cependant séparée par une lame cellulo-fibreuse. Humphry la considère comme le petit rond ; mais le professeur Macalister a cons- taté dans un grand nombre d'espèces l'existence simultanée de cette portion spéciale et du petit rond. Notre éminent ami croit, et nous partageons son avis, que le muscle en question doit être considéré comme faisant partie du deltoïde. En effet, les fibres de cette portion se continuent dans certaines espèces, par exemple le Rinolophus dia- dema elle m^. Hepburn croit cependant que ce n'est pas là le mode de C(uiformalion habituel. Dans les Anthropoïdes qu'il a disséqués, le muscle dont il s'agit, qui ne se pro- longeait pas, au-dessous de la cavité glénoïde, au delà d'un pouce, dans le gibbon, occupait le tiers supérieur du bord axillaire du scapu- lum dans le gorille, la moitié supérieure de ce bord dans Yorang, les deux tiers supérieurs dans le chimpanzé^ . Dans le mémoire de Duver- noy sur les Grands singes pseudo-anthropomorphes, on peut lire que dans le Gorilla gina « le petit rond ne descend qu'à la moitié du bord costal de l'omoplate ». A l'inverse de celui de l'homme le petit rond de nos Animaux domestiques est aponévrotique à son extrémité interne ' Ilepburn. Loc. cil. siiprà, p. 156. MUSCLES DE L'EPAULE lo découpée en languettes tendineuses qui s'insinuent sous le sous-épi- neux pour s'attacher au bord postérieur du scapuluni et de la fosse sous-épineuse et charnu à son extrémité externe insérée sur l'humérus au-dessous du trochiter. Division en deux faisceaux. — Dans les Anthrojjoïdes ainsi que chez Ihomme, l'inserlion humérale du petit rond est en partie épiphysaire et en partie diapliysaire. L'inserlion épiphysaire se fait au tubercule postérieur du trochiter, l'insertion diaphysaire se fait par un prolon- gement qui descend au-dessous de cette tubérosité. A l'élat normal les faisceaux diaphysaires et épiphysaires sont confondus; à l'élat anormal les faisceaux diaphysaires sont plus ou moins différenciés des fais- ceaux épiphysaires et forment un muscle particulier, que W. Gruber a décrit en 186o sous le nom de M. teres minimus^. En 1881, ce muscle a été signalé à nouveau, et presque en même temps, par MM. Knott et Testât. J'en ai rencontré des spécimens très variés. Anatomie coMPARÉt:. — Les liippotomistes allemands appellent petit scapulo-trocJiitérien a un faisceau profond du petit rond qui s'insère directement en haut sur un petit tubercule que porte en dehors le sourcil de la cavité cotyloïde, mais qui est confondu en bas avec le reste du muscle - ». GRAND ROND Absence. — Le défaut de présence du grand rond a été constaté par lo professeur Macalister (Macalister, Journ. of anat. and phys., vol. I, p. 316j. Variations de volume. — M. le professeur Testut a vu le grand rond, « triplé de volume, s'insérer sur le bord axillaire dans une étendue de 6 centimètres, sur le bord spinal dans une étendue de 3 centi- mètres, et sur l'aponévrose sous-épineuse, comprise entre ces deux bords jusqu'à 8 centimètres de l'angle ». J'ai observé un cas ana- logue. Cruveilhier a avance « que, sous le rapport de ses usages 'Gruber. Ein musc, teres intniinus, lieicherl u. Du Bois-Reijmoncra Arch., 1876, p. 523. * Lesbre. Loc. cit., p. lOi. 16 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME aussi bien que sous le rappoii do sa disposition anatomiqiie, le grand rond doit èlro considéré comme l'accessoire du grand dorsal ». Celte proposition est exacte. Quand le grand rond augmente de volume, le grand dorsal est relativement petit et vice versa. Anatomie comparée. — Dans la girafe le sous-scapulaire et le grand rond ont très peu d'épaisseur (La vocal). « Le grand rond dn fœtus de (jorillc est remarquable par ses dimensions, dit M. Deniker ' ; il occupe les trois quarts du bord antérieur de l'omoplate, c'est-à-dire un espace beaucoup plus grand que l'espace correspondant chez l'homme (de 1/4 à 1/3 de la longueur totale), quoique moindre que chez le gorille adulte (la totalité du bord antérieur d'après Duvernoy). » Dans les chimpanzés de Ghampneys, d'Alix et Gratiolet, le grand rond était beaucoup plus large et plus fort que celui de l'homme. Dans le gibbon de Hepburn, il était également très prononcé, tandis que, dans Vorang et le gorille du môme anatomiste, il n'occupait que le tiers inférieur du bord axillaire de l'omoplate. Connexions plus intimes avec les muscles voisins. A). Avec le grand dorsal (voy. ce muscle). B). Avec le rhomboïde (voy. ce muscle). C). Avec le triceps et l'aponévrose brachiale. J'ai trouvé, après MM. Macalister et Testut, un faisceau musculaire assez volumineux étendu du bord supérieur du grand rond à la longue portion du triceps. Blandin a disséqué une bandelette musculaire allant du grand rond à l'aponévrose brachiale. Pour Blandin, cette bandelette représenterait « au bras un muscle analogue au fascia lata de la cuisse ». Il n'en est rien. Elle se détache du grand rond qui s'insère au bord axillaire de l'omoplate qui a pour homologue au bassin la grande échancrure sciatique (Sabatier). Pour moi, elle n'est qu'une variété du faisceau étendu entre le grand rond et le triceps que Duvernoy a signalé chez le chimpanzé . <( Le grand rond a dans le chimpanzé, dit Duvernoy, une liaison remarquable avec le triceps par un faisceau considérable qui va joindre la partie moyenne de la portion interne de ce dernier muscle -. » ' Deniker. Loc. cit. suprà, 141. '' ^Duvernoy. Mémoire sur Vanatomie comparée des Grands singes pseudo-anl/iropomor-'i. plies^ cit. p. 32. MUSCLES DE L'EPAULE 17 Cette formation n'existant pas dans les chimpanzés de Champneys, de Hepburn, etc., elle est donc vraisemblablement anormale chez le chimpanzé comme chez Thomme. En fait, le grand rond descend d'au- tant plus bas sur l'humérus que l'épaule est plus oblique et le bras plus appliqué sur le thorax : ainsi chez Thomme, les Singes, le porc, les Carnivores il s'attache à la lèvre interne de la coulisse bicipitale, au-dessous du trochin et chez les grands Quadrupèdes vers le milieu de riiumérus. SOUS-SCAPULAIRE Division en plusieurs faisceaux. — Le sous-scapulaire peut être divisé en un plus ou moins grand nombre de bandelettes distinctes ; la division en deux est la plus fi'équente. Anatomie comparée. — A la page 7 de l'importante monographie que Pouchet a consacrée au Myrmecophaga jubata, on peut lire la phrase suivante : « L'insertion du sous-scapulaire se fait par un puis- sant tendon perforé, ou plutôt divisé en deux parties entre lesquelles glisse le tendon de la courte portion du biceps'.» M. Gallon a fait mention d'une disposition semblable chez le Macropus tamandua^. Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — M. .Alacalister a décrit une lamelle musculaire qui rattachait le sous-scapulaire au grand pectoral. Assez souvent les fibres les plus inférieures du sous-scapu- laire se perdent dans la courte portion du biceps (Cruveilhier). Gruber a donné le nom de tensor fascise et cutis foveœ axillaris à un faisceau musculaire sous-culané qu'il a disséqué dans le creux de l'aisselle et qui était fixé, d'une part, au bord inférieur du tendon du sous-scapu- laire et, d'autre part, à l'aponévrose et à la peau de la base de l'aisselle. Knott a retrouvé ce faisceau qu'on a considéré comme une variété du coraco-brachial. C'est tout simplement l'homologue du dermo- hum,érien des animaux (voy. M. peaucier). Au niveau de l'angle supé- rieur et du bord spinal de l'omoplate, MM. Terrillon et Gaujot ont décrit une bourse séreuse. Pour MM. Terrillon et Gaujot, cette bourse séreuse serait constante. (Gaujot, Bourse séreuse crépitante sous- ' Dans cette monographie un très bon dessin accompagne le texte (pi. II, fig. 4). * Galton. On the Dasypus sexcinctus, cit. p. 535. II. 2 18 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSGULAIUE DE L'HOMME scapulaire in Bulletin de la Société de chirurgie^ 187o, p. 342 ; ïer- rillon, sur le frottement sous-scapulaire et le développement d'une bourse séreuse accidentelle sous l'omoplate in Arch. de ?nédecine, octobre 1874 et juillet 1877.) Je l'ai vue manquer plusieurs fois. Sous-scapulaire accessoire. — Le sous-scapulaire accessoire est un petit muscle qui naît le plus babituellemcnt de la partie supérieure du bord axillaire de l'omoplate, en avant de la longue portion du triceps et de la capsule scapulo-bumérale, et qui s'attache en dehors à l'hu- mérus, près de la lèvre postérieure de la coulisse bicipitale, immédia- tement au-dessous de la petite tubérosité humérale, entre le sous-sca- pulaire et les tendons du grand dorsal et du grand rond. Parfois quelques-unes de ses fibres ou l'ensemble de ses libres se perdent sur la capsule de l'épaule. Le sous-scapulaire accessoire est ordinairement mal différencié, en dedans; on cite môme plusieurs cas dans lesquels il se détachait de la face profonde du sous-scapulaire. Ce muscle a été décrit pour la première fois d'une manière complète, en 1854, par le professeur W. Gruber [Abhandl. des ans merschl und vergl. Aiiat., 4854, p. 109, Saint-Pétersbourg). En 4866, le pro- fesseur jMacalister, qui n'avait pas eu connaissance des recherches de W. Gruber, le signala à nouveau. Antérieurement Cruveilhier [An. descript., p. 455) et Blandin {Élém. danat. descript., Vàv'is, 1838, p. 458) avaient noté l'existence de cette lame musculeuse, mais sans en préciser la signification. Aujourd'hui le sous-scapulaire accessoire est bien connu. Il a été observé par Henle, Wood, Haughton, Knott, Kolliker, Bardeleben, Krause, Walsham, Testut, etc. Il est appelé subscapsularis minor et snbscapnlo-capsularis par W. Gruber, siibscapiilo-hiimeralis ai subscapularis secimdus par Maca- lister, infraspinaliis secundus par Haughton, axillary slip of tJœ siib- scapularis par V\?i\û\w[i\, petit sons-scapiilaire ou sous-scapulaire acces- soire par les anatomistes français. Ces diverses dénominations tiennent à ce que le petit sous-scapu- laire peut s'attacher, exclusivement en dehors, je le répète, sur l'hu- mérus seul [M. sous-scapido hwnérai) sur la capsule de l'épaule seule (M. sous-scapulo capsulaire) ou à la fois sur l'humérus et la capsule de l'épaule. De ces trois formes du muscle en question la première est la plus commune, la dernière, la plus rare. Le sous-scapulaire a, comme le petit rond, des insertions diaphysaires MUSCLES DE L'ÉPAULE 19 et des insertions épiphysaires. Pour Criiveilhier, Knott, le sous-scapu- laire accessoire serait le produit de la dissociation plus ou moins ] complète des fibres diaphysaires du sous-scapulaire. Avec divers - i anthropotomistes j'ai cru longtemps le contraire. Mes articles sous- scapulaire et sous-scapulaire accessoire du Dictionnaire de Dechambre, sont l'expression de mon ancienne opinion. Depuis 1884, les nombreux | muscles sous-scapulaires accessoires incomplètement différenciés que i j'ai rencontrés m'ont fourni surabondamment la preuve qu'ils dépendent bien du sous-scapulaire. D'autre part, M. Macalister a i démontré que les muscles grand dorsal, grand rond et sous-scapu- ' laire ne forment à l'opaulo, jusqu'à la neuvième semaine de la vie intra-utérine de l'embryon humain, qu'une seule lame contractile dont la portion. inférieure du feuillet correspondant au sous-scapulaire | différencié ultérieurement, s'isole parfois pour constituer un suhsca- \ pularis secundusK C'est pourquoi je me suis abstenu de dresser une ' statistique du degré de fréquence d'apparition, chez l'homme, du muscle surméraire dont il s'agit. Je tiens donc pour peu valables la statistique de Krause qui a trouvé ce muscle o fois sur 35 sujets ; celle de Knott qui l'a trouvé 3 fois sur 39, et TestuI, 3 fois sur 18. Une statistique de ; ce genre pour être à l'abri de tout reproche devrait ne comprendre que les faisceaux diaphysaires du sous-scapulàire nettement différenciés. Anatomie cOxMparée. — Le sous-scapulaire accessoii-e se rencontre normalement chez divers Vertébrés d'un ordre supérieur. Il a été retrouvé par M. Haughton dans le Macacus radiât us et quelques Singes voisins et par M. Macalister, dans le cheval, le phoque et plusieurs autres Mammifères. « Quelques faisceaux charnus de la partie infé- rieure du sous-scapulaire des animaux prennent insertion directe, dit i M. Lesbre, sur l'humérus en longeant le tendon. Dans les Ruminants, j le porc et les Carnivores, celui-ci se trouve inclus comme dans une j gouttière charnue, disposition qui rappelle d'une manière frappante le 1 mode de terminaison du psoas iliaque au trochantin. Le sous-scapu- laire n'est-il pas, en effet, homotype du psoas trochantérien, c'est-à- dire du grand et de l'iliaque ? Chez l'homme lui-môme on a constaté maintes fois une dissociation du sous-scapulaire donnant naissance à I un sous-scapulaire accessoire ou petit sous-scapulaire- ». J'ai noté i ' Macalister. Congrès des Sciences anlhropolof/iques de Londres. I * Lesbre. Loc. cil., p. 104. j -20 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMMK précédemment pour quelles raisons il convenait de séparer rilia([iie du grand psoas (voy. M. de la fosse lombo-iliaque). MUSCLES SURNUMEKAIUES Je ne parlerai ici que du lensriir de la capsule de r épaule, les autres muscles surnuméraires de l'épaule appelés M. coraco-capsularis ; capsularis-Iiumero-scapularis ; depressor tendinis subscapiilaris niajoris scu rclinaculum musculare subscapularis majoris; capsularis-humero- scajmlaris superior; levator lendlms musculi latissimi dorsi n'étant que des coraco-hrachlaux supérieurs incomplets et celui appelé gléno-bra- chialis qu'un faisceau du biceps humerai. (Voy. M. coraco-brachial supérieur et M. biceps Iiuniéral.) Tenseur de la capsule de l'épaule. Le tenseur de la capsule de l'épaule s'attache en dedans à la partie supérieure delà poignée du sternum (manubrium) et au cartilage de la première côte, et en dehors à la face externe de la capsule de l'épaule. D'abord situé entre le grand et le petit pectoral, il croise ce dernier muscle tout près de l'apophyse coracoïde. Le tenseur de la capsule de l'épaule a été indiqué d'abord par Béraud (voy. M. tenseur postérieur de la capsule du coude) et Ganlzer, mais c'est le professeur W. Gruber qui Ta le premier étudié d'une façon com- plète ^ Il l'a trouvé une fois chez un sujet oii le radius était absente M. le professeur Macalister a disséqué ce muscle sur une femelle de chimpanzé ; mais dans ce cas le tenseur de la capsule de l'épaule avait une insertion additionnelle au cartilage de la 2"^ côte^. Je l'ai isolé 6 fois : 2 fois il existait des deux côtés (sur 2 femmes) ; 4 fois il existait d'un seul côté, 3 fois à droite (2 femmes et un homme), une fois à gauche, sur un enfant où il prenait insertion par un fais- ceau supplémentaire sur le cartilage de la 2^ côte \ r * Wenzel Gruber. Mém. de V Académie imp. de Saint-Pélersboiirg, 1860, no 2, t. III, p. 10. - Ib. Vi)-chow's A)-ch., Band iO, p. 427. ^ Macalister. Cat. cit., p. 49. * Le Double. Contributions à l'histoire des anomalies musculaires, Revue d'anthropologie, lS8i,p. 299. MUSCLES DU BRAS RÉGION ANTÉRO-INTERNE CORACO-BRACHIAL Les variations du muscle coraco-brachial onl, en 1867, été l'objet d'un excellent travail de la part de Wood (Wood, Jouni. of anat. and phys., 1867, t. I, p. 51). Le coraco-brachial de l'homme est un reliquat du vaste corps charnu qui dans les Vertébrés inférieurs, relie la face antérieure de l'arc pecto- ral à l'humérus '. 11 représente à lui tout seul la masse des adducteurs fémoraux toujours divisée en plusieurs muscles distincts. « La perfo- ration du coraco-brachial moi/ en par le cutané externe ou nerf mus- culo-cutané indique chez les Mammifères, dit le professeur Humphry, la tendance qu'a ce muscle à se diviser en deux corps. Cette division est réalisée dans le lapin, le Singe proboscide et la gerboise [Dipus gerboa) oii le corps supérieur, inséré isolément sur le tubercule cubital, constitue un coraco-brachial supérieur. Dans les Amphibiens, les Rep- tiles et les Monotrèmes il y a ordinairement un troisième corps, un coraco-brachial inférieur, séparé du coraco-brachial moyen par l'artère brachiale et le nerf médian, et qui se prolonge jusqu'au condyle ' Les anthropotomistes décrivent le coraco-brachial en même temps que les muscles du bras et les anatomistes vétérinaires, en même temps que les muscles de l'épaule. La manière de voir des anatomistes vétérinaires est seule admissible, en anatomie comparée, attendu que le coraco-brachial ne dépasse pas quelquefois, en bas, le col de l'humérus et ne se prolonge jamais jusqu'aux os de l'avant-bras comme les autres muscles du bras. En le plaçant dans la région brachiale je ne fais donc qu'obéir à une tradition surannée et mal fondée. 22 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME interne' ». A l'état anormal on peut, de môme, rencontrer chez riiomme deux ou trois coraco-brachiaux. Wood a appelé : Le coraco-bracliial supérieur : rotator humèri, coraco-brachialis brevis, short varietij, troisième variété du coraco-brachial ; Le coraco-brachial moyen : coraco-brachialis médius, middle variety, première variété du coraco-brachial ; Le coraco-brachial inférieur ; coraco-brachialis longus, long variety^ deuxième variété du coraco-brachial. Etudions-les successivement. Coraco-brachial supérieur. « J'ai rencontré, dit Cruveilhier-, un petit muscle coraco-brachial surnuméraire, étendu de la base de l'apophyse coracoide, au-dessous du petit trochanter, immédiatement au-dessous des insertions du sous- scapulaire; la même disposition existait des deux côtés. Ce petit muscle décrivait une courbe au-devant du sous-scapulaire. » Cette description est très précise et très nette. Aussi M. Testut revendique-t-il pour Cruveilhier l'honneur de la découverte du court coraco-brachial attribuée par d'autres anatomistes à Theile. « VEn- clopédie anato7nique de Theile [Sœmmerring' s Lehre), remarque le professeur d'anatomie delà Faculté de médecine de Lyon, fut imprimée à Leipsig en 1841, et nous possédions, depuis quatre ans déjà, la pre- mière édition de VAnatomie de Cruveilhier, parue à Bruxelles ^ » M. Testut se trompe ici doublement. D'abord en ce qui concerne la date et le lieu d'origine de la première édition de l'anatomie de Cruveilhier. J'ai vu une édition de cette anatomie qui date de 1834 et qui est sortie de la librairie Béchet, place de l'Ecole-de-Médecine, n° 4. Ensuite, en ce qui concerne l'honneur de la découverte du coraco- brachial supérieur, cet honneur appartient à Otto. (Voy. Oiio, Ncue selt Beobacht, Bd. II, 1824, p. 40.) Depuis 1824, ce muscle a été observé non seulement par Cruveilhier ' Ilumphrj'. Obs. in [Myol., cit. p. 158. Dans son Traité intitulé The hiiman skeleton (p. 5.59) le professeur Ilumphry a comparé le coiu-t coraco-brachial au courl adducteur de lu cuisse, le moyen coraco-bracJiial an moyen adducteur, le lony coraco-bracliial au lony adducteur ou yrand adducteur qui se prolonge jusqu'au condyle interne après avoir livré passage à une artère qui va se placer du coté de la tlexion sur la partie moyenne de Tarti- culation des deux segments supérieurs du membre pelvien. - Cruveilhier. Loc. cit., p. 164. ' Testut. Traité des an. musc, cit. p. 358. MUSCLES DU BRAS 23 etTheilc, mais aussi par GriiberS Wood-, Macalister % Mac Whinnie*, Calori % Rûding■e^^ Popotî', Priien*, Testut^ Souligoux"', Reid et Taylor", Henle, Kraiise, Leidy, Chiidzinski, etc. La forme, les dimensions, la structure, les connexions et les inser- tions du court coraco-bracliial sont très variaijles. Aussi a-t-il été décrit sous les noms les plus divers. Je l'ai vu se détacher de la base, du sommet, de la face inférieure ou du bord interne de l'apophyse cora- coïde, jamais du bord externe de cette apophyse. Inférieurement il peut se terminer soit : I. Sur le col chirurgical de l'humérus entre la petite tubérosité et les tendons du grand dorsal et du grand rond. C'est le court coraco- brachial type, celui de Cruveilhier. II. Sur la coulisse bicipitale (cas de Reid et Taylor). III. Sur la cloison intormusculaire interne (cas de Mac Whinnie et de Wood). IV. Sur le tendon du grand dorsal. C'est le levator tendinis nius- culi latissimi dorsi do W. Gruber. Généralement grêle et formé en proportions à peu près égales de tissu musculaire et de tissu fibreux, il vient se fixer sur le tendon du grand dorsal,, en arrière du coraco- brachial moyen. 11 est parfois incomplet et s'étend seulement du ten- don du grand dorsal à la petite tubérosité de l'humérus ou à la capsule de l'épaule. Il a été considéré tour à tour comme une variété du coraco- capsulaire, l'homotype à l'épaule de l'obturateur interne du bassin? (Testut), un faisceau anormal du grand dorsal. Je l'ai trouvé trois fois (deux fois chez l'homme des deux côtés, une fois à droite chez une femme). Il a été rencontré également par Wood, Macalister, Nicolas, etc. V. Sur le tendon du sous-scapulaire (cas de Macalister). M. Macalister a même disséqué un sujet chez lequel les fibres inférieures du court coraco-brachial s'entremêlaient avec celles du sous-scapulaire. ' Gruber. MuUer's Arch., 1848, p. 4'25. * Wood. Journ. of anal, and p/njs., vol. I, p. 45. ^ Macalister. Cat. cit., p. 74. * Mac Whinnie. London Med. f/az., 1846. * Calori. Memorie deW Institut, di Bologna, 1866, série II, t. VI, p. 166. * Rûdinger. Die Muskeln dev vordern Extreinitseten der Reptilien, Ilaarlera, 1868. "J Popotf. Ueber einif/e uber'zaldige Muskeln des menschl Korpers. (Med. Bâte, 1873). * Pruen. Saint-Bartholomew's fiospilal Reports, vol. XVII, 1881, p. 71. " Testut. Loc. cit., suprà, p. 357 et suiv. ';) Ch. Souligoux. Bullet. de la Soc. anal, de Paris, p. 214, février-mars 1894. " Reid et Taylor, Saint-Thomas's hospital Reports, 1879. 24 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME VI. Sur la capsule de l'épaule. C'est le mode de conformation le plus habituel du court coraco-brachial après celui noté par Cruveilhier. D'où les qualificatifs de M. coraco-bvachialis brevis et de M. coraco- capsîUaris dont le professeur Macalister se sert indifféremment pour désigner le faisceau musculaire anormal dont il s'agit. Au groupe des adducteurs du bras et plus particulièrement au court coraco-brachial il faut rapporter aussi les formations musculaires inaccoutumées dont les noms suivent : a) M. Capsularis humej'O-scapularis siipcrior. — Il est constitué par un trousseau de fibres verticales qui se portent^ en avant du tendon du sous-scapulaire, de la partie du col chirurgical oii s'insère le court coraco-brachial, à la capsule de l'articulation scapulo-humérale. Il a été signalé successivement par Gruber, Wood, Curnow*, Pruen, Alezais ^ Testiit, etc. Le professeur Gruber l'a rencontré trois fois sur 380 sujets. Pour le distinguer du suivant, M. Testut le nomme M. brachio-capsulaire . [S) M. capsularis-humero-scapidaris. — Il naît de la petite tubérosité ou du pourtour de la petite tubérosité de l'humérus, et se termine sur la capsule articulaire de l'épaule. Il a été découvert par Krause (W. Krause, Myologische Bemerkungen, Arch. f. anat. und phys. anat. Abth, 1881, Heft 6, S. 419-422). y) M. depressor tendinu subscapidaris majorh seu vclinaculum miis- culare subscapularis majoris. — Cet abaisseur ou ce frein du tendon du sous-scapulaire est formé par un corps charnu dont une des extrémités s'attache au col chirurgical de l'humérus et l'autre au tendon du sous-scapulaire. C'est un capsularis-humpro-scapularis superior qui, au lieu de se prolonger jusqu'à la capsule de l'articu- lation de l'épaule, s'est arrêté sur le tendon du sous-scapulaire ou sur l'aponévrose d'enveloppe de ce muscle (1 cas de Pruen et 1 cas per- sonnel, à droite, à gauche chez une femme). C'est ^Y. Gruber qui l'a observé le premier. Ce qui démontre clairement que les faisceaux musculaires appelés capsularis-hiimero-scapularis superior ; depressor tendinis subscapularis majoris, par W. Gruber et capsiilaris-humero-scapularis, par Krause, dérivent bien du groupe des coraco-brachiaux, c'est qu'ils sont quel- quefois une dépendance du coraco-brachial supérieur (cas de Souli- ' Curnow. Joiirn. of anal, and pliys., 1873, t. VIII, p. 305. - Alezais. Trib. Méd., 1881, p. 604. MUSCLES DU BRAS 2o goux, de Galori, etc.). J'ai trouve?, des deux côtés, en 1890, sur une femme, un coraco-brachial supérieur dont le corps charnu, fixé au- dessous du trochiter, était formé par la réunion de deux faisceaux provenant, l'un du sommet de l'apophyse coracoïde, l'autre du tendon du sous-scapulaire. Anatomie comparée. — Ce muscle a été mentionné dans VOrycteropus Capends, Vopossmn par Gallon', le Macropus giganteus et le Martes abietum par Rolleslon, le Macropus ruficollis (var. Benetti) et le Phas- colomys wombata par Gallon et Rolleslon-, la taupe par Wood, le la^nn et la gerboise par Humphry, VHyœna striata, VHyœna crocula, les Protèles par Young et Robinson, la civette par Young, Robinson, et Devis, le chat par Young, Robinson et Strauss-Durckheim, Véchid/ié'^ par Alix et Meckel (Meckel, de Ornithorgnco), ïoars par Tes- tut, Véléphant indien par Young, et la girafe par Lavocat. Le professeur Macalister, qui l'a trouvé à l'état rudimentaire chez un chimpanzé , affirme qu'il est représenté chez tous les Quadrumanes. Il a été décrit ou figuré, en effet, dans le saï, le magot, Vouistiti ordinaire^ le papion, le callitriche par Meckel, le bonnet-chinois par Wood', y Atcle Belzébuth par KuhP, les Lémuriens de Madagascar par Milne-Edwards ", le Macacus sinicus parTeslut% les Cercopithèques par Testut et Mivart®, le Nycticebus tardigradus^ par Mûrie et Mivart% le Singe proboscide par Humphry, le Cynocephalus Anubis par Cliamp- neys, etc. Mais dans les Anthropoïdes, comme dans l'espèce humaine, sa présence paraît être exceptionnelle. Depuis M. le professeur Maca- lister, il n'a été retrouvé que par MM. Testut et Vrolik dans le chim- panzé, et par M. Hepburn dans le gorille. Parmi les animaux il en est chez lesquels il existe seul, d'autres dans lesquels il est accompagné d'un coraco-brachial moyen et d'un long coraco-brachial ou de l'un ou l'autre de ces deux muscles. (Voyez ces deux muscles.) Dans le gorille du docteur Hepburn, le coraco-brachial avait même * Galton. On Uie myol. of llie Orijcleropas Capensis, cit. p. 53."). * Rollcston. Sludenl''s note Boo/c. ' Lannegrâce nie la présence du court coraco-bracliial chez cet animal. * Wood. Loc. cit.,passun. ** Kuhl. Beifrcif/e z. Bescfii'eibung me/irer Munimalte», p. 16. " Milne-Edwards. Loc. cit., siiprù, t. I, p. 10.^. ' Testut. Trait, des an. musc, p. 361. « Mivart. Proc. zool. societ., janvier 18f),">. " Mûrie et Mivart, ibid., février 1865. 26 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME un modo de conformation dilFérenl à droite et à gauche. Du côté droit il naissait, avec la courte portion du biceps, en arrière de laquelle il était situé, du sommet de l'apophyse coracoïde et se terminait sur la partie moyenne de la face interne du corps de l'humérus. De son bord inférieur se détachaient quelques trousseaux fibreux qui allaient s'épanouir sur la cloison intermusculaire interne, après avoir croisé en le recouvrant le nerf musculo-cutané et qui étaient vraisemblable- ment les vestiges du long coraco-brachial. Du côté gauche on trou- vait, en plus des parties sus-indiquées, un corps charnu un peu plus gros qu'un muscle lombrical, étendu de la face profonde du coraco- brachial à la face interne du col chirurgical de Ihumérus, au-dessus du tendon du grand rond et qui était", à coup sûr, l'homologue du court coraco-brachial. « De sorte, remarque le docteur Hepburn, que dans cet anthropoïde, les trois éléments constituants du coraco-brachial étaient représentés : deux, le coraco-brachial supérieur et le coraco- brachial inférieur, par des faisceaux rudimentaires et un, le coraco- brachial moyen, par un faisceau bien développé' ». Dans le fœtus de gorille et dans le Çjorillc adulte disséqués par Denikcr et Duvernoy, le coraco-brachial moyen existait seul, La division du court coraco-brachial en deux chefs, l'insertion de ce muscle sur la capsule de l'épaule, le sous-scapulaire, etc., se ren- contrent chez les animaux ainsi que chez rhomme. Le coraco-brachial supérieur de YélépJtant remonte jusqu'à la capsule de l'épaule-; celui de \ Oryctérope du Cap échange quelques fibres avec le sous-scapulaire; celui de Y ours brun d'Amérique est composé de deux faisceaux dont l'externe s'arrête sur le Irochin et la capsule de l'articulation scapulo- humérale. En anatomie vétérinaire on donne les noms de tn. capsulaire de l'épaule, de m. scapido-huméral grêle à un petit corps charnu qui, chez les Solipèdes, se porte du sourcil de la cavité cotyloïde à la racine de la tète de l'humérus, on arrière do l'articulation de l'épaule. CORACO-BRACHIAL MOYEN Absence. — Barkow a vainement cherché le coraco-brachial moyen sur les deux bras d'un monstre. En 1881, j'ai disséqué un paralytique ' Ilepburn. Journ. of anat. and ph y s toi., cit. p. 157, janvier 1892. ^ Young. Notes ou the anat. of tlie Indiau éléphant. Journ. of anat. and p/iysioL, 1880, t. XIV, p. 290. MUSCLES DU BRAS 27 général dont la moitié inférieure du coraco-brachial moyen du coté droit était réduite à l'état dune mince lame aponévrotique. Anatomie compauée. — Ce muscle est remplacé par un court ou un long coraco-brachial ou par l'un et l'autre chez divers Mammifères. Il est très petit chez les Chauves-souris^ mais il n'y manque, pas comme l'a dit Cuvier (Meckel, Macalister, Maisonneuve, Blanchard). D'après Meckel, le kam/urou, la loutre et le phoque sont dépourvus de toul coraco-brachial ? Par contre, il existe seul dans Vai, les Loris (Meckel), le murin(^l?i\- sonneuvc), le ôradi/pus (Wood), le Cholœpus didactylus (Gallon), etc. Imperforation du muscle. — Deux cas peuvent se présenter : I. Le nerf musculo-cutanê fait défaut. — Alors la racine externe du nerf médian ne donne naissance à aucun tronc nerveux ; de la racine interne part le cubital qui naît par deux branches dont l'une constitue le nerf lui-même, tandis que l'autre, après un court trajet, abandonne le cubital pour se porter obliquement vers le médian qu'elle rejoint. Il en résulte un très fort nerf médian duquel se détachent plusieurs rameaux qui sont : un rameau pour le coraco-brachial, un rameau pour le biceps, un troisième rameau assez volumineux qui, après avoir perforé le biceps, va constituer le musculo-cutané à l'avant-bras ; de ce troisième rameau et avant la perforation du biceps part un ramuscule pour le brachial antérieur. Il y a donc fusion du musculo-cutané et du médian, de sorte qu'il n'existe à la partie antérieure du bras qu'un seul tronc nerveux, duquel émanent les iilets nerveux destinés aux muscles du bras'. ' Pour les anomalies et les anostoiuoses des nerl's du membre supérieur, voyez : Calori. Memorie delV Accad. délie Scienze di Dologna, 1868. Hyrtl. Anatoinia delV Uoino, trad. ital., p. 381. Gruber. Archiv fur anal, von Reichert, 1870, p. ÔOI. Debierre. Soc. l)tolof/ie, t. Y, n" 19. F. Verchère. Ballet, de la Soc. anal. 1883, 26 janvier, p. 49. Richelot. Soc. de c/iirurç/ie, 1883, 23 mai, p. 438. Testut. .fourn. de Vanatom. et de la phijs., 1883, t. XIX, p. 103 et Mém. de VAcad. de médec. de Paris, t. XXXIV, avril 1884. G. Hervé. Dullet. de la Soc. d'ant/iropolor/le de Paris, 1883, p. 40 et 1889, p. 405. Chaput. Biillet. de la Soc. anal., 1886, p'. 427. Curtis. Aus der iiilernalionaleii MonatsschrifL anal. u. hisl. Bd 111, Ilel't, 9. Hartmann. Ballet, de la Soc. anal., 1887, 5° série, t. 1, p. 860 à 86i. — Ibid., 1888, 10 février, p. 151. Broca. Ibid., 24 février 1888, p. 206. Villar. Ibid., 1887, p. 192 ; et 1888, p. 607. Beaunis et Bouchard. Anal, hamuine, 3° édit.. Anomalies nerveuses. 28 VARIATIONS UU SYSTÈME MUSCULAIUE DE L'HOMME II. Le nerf musculo-culam' existe. — Alors le musculo-ciilcinc côtoio d'abord le bord iiilerne du coraco-bracliial moyen, puis s'insinue entre la face postérieure de ce muscle et la face antérieure de la portion coracoïdienne du biceps, pour suivre au delà son Irajet accoutumé. Cette disposition, qui pour Cruveilhier et Wood n'est pas très rare, est, au contraire, pour Jamain, Leidy, Macalister et Testut, très excep- tionnelle. Sur 30 sujets qu'il a examinés le professeur Macalister ne l'a pas rencontrée une seule fois. M. Testut ne l'a observée que 11 fois sur 105 bras qu'il a disséqués et moi que 3 fois sur 87. Anatomie comparée. — Le coraco-brachial moyen du chhnpanzé dissé- qué par Vrolik ^ et celui des (//ôào/^.s' disséqués parHepburn^ et par Kohl- brûgge' était imperforé. 11 en était de même du coraco-brachial moyen du cynocépJiale Aniibis de Champneys \ Dans le magot, le papion, Vouistiti ordinaire, le callitriche et les Atèles le musculo-cutané passe entre le court coraco-brachial et le coraco-brachial moyen ^ (Meckel). Chez un certain nombre de Vertébrés inférieurs le musculo cutané est confondu avec le médian duquel émanent tous les nerfs dos muscles de la région antibrachiale. Division en deux chefs. — Le coraco-brachial moyen peut être divisé en deux chefs entièrement distincts entre lesquels passe le nerf musculo-cutané. J'ai disséqué une vieille femme dont le coraco-bra- chial était constitué, de chaque côté, par deux faisceaux au-dessous desquels glissait le musculo-cutané : le faisceau inférieur avait les mêmes insertions que le muscle normal ; le faisceau supérieur avait deux têtes d'origine, bientôt fusionnées, l'une provenant delà capsule de l'épaule, l'autre du ligament coraco-huméral, et se terminait sur la face interne de l'humérus au-dessus du précédent. M. le professeur Macalister m'a écrit qu'il avait rencontré une malformation identique. Mon ancien aide d'anatomie, M. Hahusseau, m'a remis en 1890 la note suivante, concernant un homme dont chaque coraco-brachial dédoublé était traversé à la fois par le musculo-cutané et p.ir un filet du nerf médian. ' Vrolik. lieclierches (F unatotnie sur le chimpanzé ^ 1841. * Hepburn. Jourii. of an. and phijs., janv. 1892, p. 157. ^ Kohlbrûgge. Anatomie des geniis Hylobafes, 1890 (D' Max Weber, Amsterdam). * Champneys. Joiirn. of anat. and phys., nov. 1871, p. 183. » Il en était de même chez un sujet du sexe masculin, fils d'un nègre et d'une mulâtresse» disséqué par M. Chudzinski. (Yoy. Chudzinski. Revue d'anthropologie 187! et tirage à part, p. 15.) MUSCLES DU BRAS 29 « Homme, quarante-cinq ans, phtisique. — Chaque coraco-brachial a un faisceau supplémentaire, inséré en haut sur le quart antérieur du bord interne de l'apophyse coracoïde en avant du petit pectoral, et se portant directement vers l'extrémité inférieure du muscle avec laquelle elle se fixe sur la partie moyenne de l'humérus. Entre les deux portions passe, outre le musculo-cutané, une branche du nerf médian, bifurqué. » Anatomie comparée. — Dans les chimpanzés de liepburn et de Cham- pneys et dans les oram/s de Hepburn * et de Gliurch ■ le coraco-bra- chial était formé de deux corps charnus indépendants entre lesquels passait le musculo-cutané. « 11 nous est arrivé une fois de voir, chez le cheval^ dit M. Lesbre, le nerf brachial antérieur passer non pas à travers le muscle dont nous nous occupons (le coraco-brachial), mais en dessous ; en outre, l'artère préhumérale était remplacée par une branche ascendanle de l'artère principale du biceps, et, malgré cela, le coraco-brachial était divisé comme d'ordinaire en deux portions ^ v "Variations de volume. — Dans la majeure partie des Mammifères le volume du coraco-brachial est en raison inverse de celui de la courte portion du biceps. Variations des inssrtions. — On a dit que le coraco-brachial moyen se terminait à la partie supérieure du tiers moyen de l'humérus (Winslow), au-dessus de la partie moyenne de cet os (Bichat, Krause), à la partie moyenne (Boyer, Morel, Duval, Gegcnbaur, Leidy), à l'extrémité inférieure de la coulisse bicipitale (Hyrtl), etc. Pour ma part, je crois qu'il se termine le plus communément à la partie moyenne du bras. On a signalé l'expansion de quelques-unes des hbres du muscle en (juestion sur la cloison intormusculaire interne ou sur le ligament de Struthers (Chudzinski, Nicolas. Gegenbaur, Souligoux). A son origine, le coraco-brachial moyen suit les déplacements de la courte portion du biceps. Je l'ai vu, à droite, chez un homme, entiè- rement indépendant de cette courte portion. Anatomie COMPARÉE; — Lês inscrtious du coraco-brachial moyen ' liepburn, Chauipneys. Loco citato suprù. = Church. ^at. Hist. Review, janv. 1862. ' Lesbre. Loc. cit., p. 106. 30 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME varient dans chacun des quatre Anlhroïjo'idcs. Suivant M. Denilver, ce muscle aurait un mode de conformation difTérent chez le fœtus de gorille, chez le jeune gorille et chez le gorille adulte. « Le coraco-brachial du fœtus du gorille est plus court, dit-il, que chez l'homme : son insertion inférieure se trouve sur la limite entre le tiers supérieur et le tiers moyen de l'humérus. Il envoie une expansion aponcvrotique au tendon du grand dorsal. Chez mon jeune gorii-e, ce muscle s'insère presque au milieu de l'humérus et envoie une expansion aponévrotique au biceps et au brachial antérieur. Chez l'adulte, ce muscle se comporte comme chez l'homme (Duvernoy) ' .» Vrolik a décrit et figuré " un ruban muscubnix qui va, dans le chhn- panzé, de la portion supérieure de ce muscle à la portion interne du triceps. Faisceaux surnuméraires et connexions plus intimes avec les muscles voisins. — Theile, Leidy, Wood, Macalister, Krause, Mac Whinnie, HyrtJ, etc., ont fait mention de l'union fréquente de la branche interne du brachial antérieur et du muscle dont il s'agit \ Le professeur Stru- thers a vu une expansion du coraco-brachial moyen recouvrir, vers le tiers supérieur du bras, l'artère humérale. Dans quelques animaux, \c pteropus entre autres, les deux muscles dont je viens de parler se continuent directement. Coraco-brachial inférieur. Le coraco-brachial inférieur ou long coraco-brachial a été décrit par Theile qui l'a regardé comme un faisceau aberrant du brachial antérieur '. Il est situé au-dessous du bord inférieur du coraco-brachial moyen dont il peut être entièrement différencié et se termine sur la partie inférieure de la face interne de l'humérus ou le ligament fibreux étendu de l'épitrochlée à l'apophyse sus-épitrochléenne au-des- sous duquel passe tout ou partie du paquet vasôulo-nerveux du bras. L'étendue de l'insertion inférieure du coraco-brachial inférieur est, du reste, très variable. Elle peut ne pas se prolonger au delà d'un ' Deniker. Loco citalo suprù, p. 142. * Vrolik. Loco cilato suprù, p. 19 et pi. IV. * Lac. cil. passlm. Ilyrtl. Lerbiich deranal., p. 802. ■* Theile. Enc. anal., Irad. Jourdain, p. 215. MUSCLES DU BRAS 31 demi-ceiilimètre du bord inférieur du coraco-brachial moyen ou envahir tout l'espace compris entre ce bord inférieur et l'épitrochlée. Depuis TheilC; le coraco-brachial inférieur a été signalé par Gruber \ Wood, Macalisler, Struthcrs, Bianchi-, Romili % Testut et moi. Dans un cas observé par le professeur Nicolas \ de Nancy, il avait deux faisceaux terminaux, l'un inséré sur l'humérus, l'auti'e sur la face pos- térieure du bras et entre lesquels étaient logés les nerfs huméraux, le nerf médian et le nerf cubital. Anatomie comparée. — D'après Meckel, Cuvier ° et Wood, les Tatous ne posséderaient qu'un long coraco-brachial. Sur \q Tatou à six bandes qu'il a disséqué, M. Gallon a cependant trouvé un court coraco-brachial, un coraco-brachial moyen et un long coraco-brachial dont l'extré- mité inférieure était bifurquée pour livrer passage au nerf médian et aux vaisseaux du bras. Il n'y aurait également qu'un long coraco-brachial dans les Cétacés, le porc-épic, Y écureuil, s'il faut en croire Meckel ; dans le Myrme- cophaga tamandua, s'il faut en croire Rapp'', et dans le grand fourmi- lier, s'il faut en croire Pouchet '. Le tenrcc [Centctes caudatus) et Vours n'ont qu'un long et court coraco-brachial (RoUeston, Testutt, et \qs Équidés et l'Hystrix cristata, qu'un long et un moyen coraco-brachial (Arloing et Chauveau, Gallon), Dans le chat, on ne trouve normalement qu'un court coraco-brachial, mais il peut aussi s'y développer, de l'aveu môme de Strauss-Durckheim*, « un coraco-brachial plus étendu qui vient s'insérer en bas sur la partie postérieure de la crête interne de l'humérus », J'ai indiqué les divers modes de conformation des adducteurs du bras observés chez les Anthropoïdes. Une preuve évidente de la communauté d'origine des trois coraco- brachiaux. dans l'espèce humaine aussi bien que dans la série ani- male, c'est que, chez l'homme de môme que chez les animaux, ils ' Gruber. \'eue Sell anorn., p. 28, t. I, fig. 1. * Bianchi. Lo Spei'imentale, août 1886. ^ Romiti. Bollet. délia soc. Ira i cuil. délie se. med. in Slena, l8So. * Mcolas. Loc. cil. si/prà, p. 5 et 6, " Cuvier et Laurillard. Anal, comparée, pi. CCLX. " Rapp. Anatomische Untersiichiiiif/en iiber die Edenlaten, Tubingen, 18.32, p. 47. ' G. Pouchet. Mém.sur le grand fourmilier, V« livraison, Paris, 1867, pi. III, fig. 1 et 2. " Strauss-Durckheim. Anal, du chat, t. II. p, 34i. 32 VAUUTIONS DU SYSTEME MUSCULAIHE DE L'HOMME apparaissent simultanément ou isolément, olîrentles combinaisons les plus varices, ditlèrcnt même quelquefois comme, nombre et comme structure d'un membre thoracique à Tau Ire. BICEPS BRACHIAL Absence totale ou partielle du muscle. — L'absence complète du biceps a été signalée par M. Macalister'. MeckeP a vu la courte portion faire défaut. J'ai noté deux fois (une fois à droite chez l'homme, une fois à gauche chez une femme) la disparition totale de la longue por- tion. Cette malformation a été indiquée également par Otto^ Lauth \ Hyrtl^ Henle^ Macalister, Jœssel ^ Leboucq^ Gegenbaur®, Gruber '", Testut (deux cas), etc. Anatomie comparée. — Le biceps est formé, comme l'a démontré le professeur Krause, de l'Université de Berlin, par 4 muscles : le coraco- radial, le coraco-cubital, le gléno-radial et le rjléno -cubital. Les deux premiers naissent par une insertion commune de l'apophyse cora- coïde et composent la courte portion. Les deux derniers ont aussi une origine commune, le bourrelet glénoïdien, et composent la longue portion. « La courte portion qui, sur l'humérus, se trouvait en dedans de la longue portion, passe au-devant d'elle au niveau du pli du coude. Les extrémités inférieures se divisent; les libres tendineuses se groupent autrement que les libres musculaires. Le tendon du biceps est formé par les muscles coraco et gléno-radial ; les fibres tendi- neuses de ce dernier passent derrière celles du coraco-radial^ l'inser- tion du coraco-radial se fait en avant de celle du muscle gléno-radial. L'expansion aponévrotique du biceps est constituée par les fibres tendineuses du muscle coraco-cubital, en avant, et par celles du gléno- ' Macalister. Loc. cit. suprà, p. 80. - Meckel. Arch. Bd., 8, p. 587. ' Otto. N. seltBeobacht.,]). 40, Heft. 1, p. 899. * Lauth. Nouv. man. de l'anal., p. 14i. ' Hyrtl., p. 362. » Henle. MeckeVs Arch., 1826, p. 39. ' Jœssel. Zeilschr. /'. anal. u.Entwick, vol. 11, p. 14"-14i. * Leboucq. Ann. de la Soc. de méd. de Gand, 1873. » Gegenhaur. Virchow's Arch. Bd. XXI, p. 376. '" Graber. Virchow's Arch., XXXIII, p. 211. MUSCLES DU BRAS 33 cubital, en arrière. Les muscles eoraco et gléno-radial sont beaucoup plus volumineux et partant plus puissants que les deux faisceaux eoraco ai g lé no-cubital \» Au total, les quatre faisceaux du biceps rappellent ceux du stcrno- cléido-mastoïdien ou muscle quadrijumeau de la tèto; aussi a-t-on appelé par analogie le long fléchisseur de l'avant-bras, quadrijiwieaii du bras. Les données de l'anatomie comparée témoignent que les différents faisceaux peuvent manquer ou se combiner diversement. En voici la preuve : Coraco-radial seul : Oryctérope du Cap^ rhinocéros, échidné, gre- nouille, crapaud, lézard. Coraco-radial et coraco-cubital : Emys, caméléon. Coraco-radial et gléno-cubital : Carnivores (les deux muscles sont complètement distincts). Gléno-radial seul : Nyctipithèque, sténops, taupe, Ruminants, cheval. Gléno-cubital seul : Hgrax du Cap, Rongeurs. Gléno-radial et gléno-cubital : Porc, Monotrêmes. Variations des connexions des deux chefs. — La réunion de la longue et de la courte portion du biceps qui s'opère, en général, vers la partie moyenne du bras, peut s'opérer beaucoup plus haut ou beau- coup plus bas; la longue et la courte portion peuvent môme être entiè- rement isolées ou entièrement fusionnées depuis leur origine jusqu'à leur terminaison. L'indépendance complète des deux portions du long fléchisseur du bras a été observée par Riverius, Weibrecht-, Albinus'% Rudolphi^ Meckel®, Macalister' etc. Je l'ai constatée 4 fois : 2 fois chez l'homme, 2 fois chez la femme et toujours des deux cotés. La fusion complète des deux portions du long fléchisseur du bras a été signalée par Gruber, Macalister, Wood, etc. Je l'ai observé des deux côtés chez une femme. En 1892, mon prosecteur, M. André, m'a montré un sujet dont les deux portions du biceps gauche étaient seulement reliées l'une à l'autre, un peu au-dessus du pli du coude ' Krause. Muu. d'anal, hum., l'use. II, trad. fraaç. de L. DoUo, p. 200. * Riverius. Ke Dissect. purlUon haman. corpor. Paris, I5i5, p. 3li. ^ Weibrecht. Commenl. Peirop., iTM . * Albinus, la Meclcel, Manuel cVanal., trad. Joiirdan et Breschet, 182.J, t. II, p. lo8. ^ Rudolplii, (/(. Gantzer. Loc. cil., p. 6. * Meckel. Manuel d'anal, préc.. p. 158. ' Macalister. Loc. cil. pa.s.sim. p. 80. II. 3 34 VARIATIONS DU SYSTÈMK MUSCULAHiE DE L'HOMME par deux rubans muscul(Mi\. iJursy ' a l'ail monlion d'un cas ana- logue, et le professeur Toslut, de deux. Chacune des branches d'origine da biceps peut, elle-même, se segmenter en partie ou en totalité. Moser- a rencontré et j'ai ren- contré moi-même (à droite, sur un colon de Mettray) la longue por- tion double. Une double tête coracoïdienne a été trouvée par les profes- seurs Wood, Macalister et Testut. Chez le sujet du professeur Maca lister, la tête coracoïdienne surnuméraire se portait sur la tète coracoïdienne normale au-dessus du point oi^i elle se confond avec la longue portion. Chez celui de Wood, la tête coracoïdienne surnuméraire allait se perdre dans le biceps au-dessous du point d'accotement de ses deux portions. Chez celui du professeur Testut, il y avait, en plus des deux chefs coracoïdiens, un chef provenant de la face profonde du grand pectoral, qui rejoignait le chef glénoïdien à 4 centimètres au-dessous de son origine. Sur un homme disséqué par le professeur Leboucq, de l'Université de Gand, le biceps du côté gauche était formé par la courte portion normale et par un chef inséré sur la capsule de l'épaule et celui du côté droit par deux chefs coracoïdiens ^ W. Gruber a donné le nom de M. gleno-brachialis à un faisceau musculaire qui naît du sommet de la cavité glénoïde avec le tendon de la longue por- tion, sort avec lui de la capsule articulaire, après avoir contourné la tête de l'humérus et se termine sur le corps de l'humérus, en dedans de la coulisse bicipitale, au-dessus du bord supérieur du grand dorsal. Ce muscle rudimentaireesttrès rare. Depuis Gruber, il n'a été retrouvé que par MM. Knott et lAIacalister. Il est généralement unilatéral. Pour éviter des redites, je traiterai plus loin des insertions anormales du tendon inférieur segmenté du biceps. Anatomie C05IPARÉE. — Ccs auomalies sont, pour moi, la consé- quence d'un trouble embryogénique qui fusionne plus étroitement ou moins étroitement les quatre chefs qui composent le long fléchisseur de l'avant-bras. J'ai soumis cette interprétation à mon éminent col- lègue de l'Université de Gand, M. le professeur Leboucq, qui en avait proposé une autre pour le cas, relaté plus haut, de biceps à 4 chefs qu'il a rencontré, et voici ce qu'il m'a écrit le 18 juillet 1895 : ' Dursy. llenle u. Pfevfei-'s Zeilsclir'ift, XXXIII, p. 45. - Moser. Arcli., vol. VIII, p. 227. 'Leboucq. Biillel. de lu Soc. de méd. de Gand, 1873. MUSCLES DU BRAS 3S « Ce qui m'avait porté à émettre l'interprétation erronée d'un déplacement de la longue portion (chef giénoïdien) pour venir s'insérer avec la courte à l'apophyse coracoïde, c'est qu'il y avait deux masses distinctes, l'une terminée par un tendon long et grole et que le volume total de ces deux masses était équivalent à celui des deux chefs de l'autre côté. L'interprétation que vous proposez me semble la seule rationnelle. Il y avait, à droite, absence du chef giénoïdien et sup- pléance par le chef coracoïdien plus développé que normalement et dans lequel la division en coraco-radial et coraco-cubital était évidente, tandis que de l'autre côté cette division ne se voyait pas dans le chef coracoïdien, et il y avait un chef giénoïdien à terminaison anormale dans la capsule. — La division du biceps en quatre chefs se voit très bien sur beaucoup de sujets. Je considère la dénomination proposée par Krause [Quadrijemellus brachïï) comme logique et conforme à la réalité des faits; malgré cela, il vaut mieux s'en tenir à l'ancien nom. » Le muscle yléao-braclnal qwQ M. Testut considère « comme l'homo- logue exact du chef coracoïdien de l'obturateur interne '», n'échappe pas lui-même à cette interprétation. C'est un des deux chefs glénoïdiens dont l'extrémité inférieure mal développée s'est soudée à l'humérus. Dans \c fœtus de gibbon de M. Denikor « le biceps était formé presque exclusivement par le long chef » et, dans le jeune gorille du même anatomiste, « était divisé dans ses quatre cinquièmes supérieurs ». Variations des insertions. — L Variations des insertions supérieures. — Elles peuvent porter sur l'une ou l'autre des deux têtes. Celles qui portent sur la courte portion sont relatives à l'extension des fibres le long du ligament acromio-coracoïdien. Cette anomalie est assez com- mune : elle a été observée 6 fois par le professeur Macalister, 1 fois par Wood et 7 fois par moi (6 fois chez l'homme ; 4 fois des deux côtés, 1 fois à droite et 1 fois à gauche et 1 fois à droite chez une femme). Quant à la longue portion, elle peut se fixer : a) Dans la coulisse bicipitale (Macalister-, Welcker', Gruber', Testut^ Nicolas, Le Double) ; ' Testut. Trait, des unom. miusc., p. 308. - Macalister. Cal. cit., p. 80. * Welcker. Ardi. f.anut. a. Eiilwlcldunf/scli. Leipzig, 1878, IL L p. 20. * Gruber. Ballet, de VAcad. hiip. de Saint-l'étersbourf/, 1872. " Testut Loc. cit. siiprà, p. 382. 36 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME ^) Sur la petite tubérosité de l'humérus (Davies-Colley, ïaylor cl Dalton, Cruveilhier', Radams-); '.') Sur la grosse tubérosité de rhumcrus (Macalister) ; û) Sur la capsule de l'articulation de l'épaule (Macalister, Tlieile, Soller^); £) Sur le tendon du grand pectoral (Koster*, Macalister, Pozzi% Chudzinski®, KoUiker, Testut, Le Double, etc. ^]. M. Macalister a vu le tendon de la tête glénoïdienne perforer le tendon du grand pectoral. Sur un sujet disséqué par Gruber les fibres les plus externes du tendon de la longue portion allaient se fixer sur le tendon du grand pectoral. Dans un cas observé par M. Testut, le long chef du biceps était renforcé par une bande musculeuse pro- venant du bord inférieur du grand pectoral et de la capsule de l'épaule. Anatomie comparée. — De l'accroissement en largeur des insertions à la voiite acromio-coracoïdienne de la courte portion du biceps, je dirai peu de choses : il est en rapport, dans les espèces supérieures, avec la masse des fibres musculaires. Pour les insertions de la longue portion à la coulisse bicipitale, aux tubérosités humérales, à la cap- sule de l'articulation de l'épaule ou au tendon du grand pectoral elles décèlent le chemin que parcourt la longue portion avant d'atteindre le bourrelet glénoïdien, les étapes où elle peut s'arrêter définitivement pendant sa migration. La pénétration du tendon d'origine du long chef à l'intérieur de la cavité de l'articulation scapulo-humérale est, en effet, le résultat d'une migration progressive dont on rencontre plusieurs phases réalisées à l'état permanent chez les Mam7nifères. Chez l'embryon humain ce ten- don n'est pas encore libre dans la cavité articulaire, mais se trouve uni à la capsule articulaire par un prolongement de la membrane syno- viale. C'est à Hermann Welcker et à J. Muller qu'on doit la connaissance ' Nicolas, Davies-Colley, Taylor et Dalton, Cruveilhier. Loc. cit. supi^à. * Radams. Todd's Ci/clopœdy of an. and pltijs.. vol. VII, 18.'J2, p. .j86. ^ SoUer. Soc. des conf. unat . de l.i/on. * Koster. Nederlansch Archief, II. p. 271. ° Pozzi. Assoc. franc, pour Vuvanc. des se. Lille, 1S7'2. * Chudzinski. Revue d'Anthropolofjie, 1874-1882. ' J'ai trouvé cette malformation, adroite et à gauche, chez une négresse de la Martiuiiiue. MUSCLES DU BRAS 37 de ces faits. C'est Ilermann Welcker' qui a démontré la pénétration, après migration, de la longue portion dans la capsule de l'épaule. C'est J. Muller- qui a prouvé qu'au cinquième mois de la vie intra- utérine, le tendon de la longue portion du biceps n'est pas libre dans la capsule, y est attaché par un repli de la synoviale qui disparaît plus tard, mais qui peut persister et que Weber ^ a constaté une fois chez un garçon de quinze ans. « Chez aucun de nos Animaux domestiques le long lléchisseur de l'avant-bras ne mérite son nom de biceps, observe M. Lesbrc ', vu que son chef coracoïdien fait défaut. Par contre, le tendon glénoïdien est très développé et situé plus ou moins hors de la capsule articulaire ; dans le jiorc, le chien, le clial^ le lapin, cette dernière donne un cul- de-sac synovial qui accompagne le tendon dans la coulisse bicipitale ; tandis que dans les Solipèdes et les Ruminants il y a là une synoviale propre, "indépendante de celle de l'articulation. Au fur et à mesure que le tendon se dégage ainsi de l'articulation, il prend plus d'épais- seur et s'insère sur un tubercule sus-glénoïdien de plus en plus accentué et séparé de la cavité glénoïde. Ce tubercule, qui se développe avec l'apophyse coracoïde par un même noyau d'ossification, est désigné en anatomie vétérinaire sous le nom de bas:e de l'apophyse coracoïde ; il est à son maximum de développement chez les Solipèdes ; aussi le tendon supérieur du biceps de ces animaux est-il énorme, de consis- tance fibro-cartilagineuse et la coulisse bicipitale, très large, divisée en deux gorges par un tendon médian. » Dans le môme ordre, les Chéiroptères, la longue portion du biceps se fixe au scapulum dans le Phylostoma hanstatum et le Nycteris tabarca (Gruber) et à riiumérus dans la plupart des autres variétés. Chez un cercopithèque du S'cW^rt/ disséqué par M. Testut, la longue portion du biceps avait deux tendons dont l'un, relié à la capsule de l'épaule par un repli synovial, allait s'attacher sur le bourrelet glé- noïdien et l'autre, en partie sur le trochin, en partie sur la capsule. La portion intra-articulaire du tendon du long iléchisseur de l'avant- bras de Yatèle est pourvu également d'un méso-tendon. ' Welcker. Arclt. fur anat. und ph>js., 1871, p. 20, et 1878, p. 21. Pour Welcker le ligament sus-gléiio-sus-humêral de Tarticulation de l'épaule humaine correspondrait liistologiquement au ligament rond de l'articulation de la hanche. Pour Sutton le ligament sus-gléno-sus-huméral représenterait au contraire un reste ancestral du tendon du muscle sous-clavier. - J. Muller. Handbuch derphysiolog. des Menschen, Bd. I, p. 412. ' Weber. Handbuch dev Anatomie, Bd. I. p. 610. * Lesbre. Loc. cit., p. 107. 38 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME II. Varialiom des insertions inférieures. — Le défunt de présence du tendon radial a été noté par Pelil', Ilaller- et Gruber. Dans le cas de Gruber le radius manquait et le biceps était inséré en partie sur l'apophyse coronoïde du cubitus, en partie sur l'articulation ducoude^ L'expansion aponévrotique du biceps {lacer lus fibrosus) peut être : a) Absente (Macalister, 1 cas personnel) ; §) Très mince ou très épaisse ; y) Plus ou moins large ; ô) Plus ou moins longue ; s) Émaner à la fois du tendon terminal et du corps charnu ; i) Être indépendante, en partie ou en totalité, du tendon ; x) Recevoir toutes les fibres du chef humerai ; \) Recevoir des faisceaux de renforcement du brachial antérieur (voy. ce muscle). An'atomie comparée. — (( Chez le gorille, dit le professeur Hartmann*, l'aponévrose bicipitale se prolonge sous forme d'un faisceau tendineux très puissant du fascia anti-brachial jusqu'au fascia palmaire. » Cette expansion descendait très bas sur l'avant-bras du Troglodytes Aubryï et sur l'avant-bras d'un orang disséqué par M. Testut. Elle était renforcée par des fibres provenant du brachial antérieur chez le fœtus de gibbon que M. Deniker a eu à sa disposition. Augmentation du nombre des chefs. — Biceps à trois chefs. — Cette anomalie est la plus commune de toutes les anomalies du biceps. Le troisième chef du biceps tricipital peut provenir des parties dures ou des parties molles de l'épaule ou du bras. A. Biceps tricipital dont le 3'' chef provient des parties dures de Vépaide ou du bras. — Dans cette variété du biceps tricipital le chef surnuméraire peut émaner : a) De l'apophyse coracoïde (voy. Variations des connexions des chefs glénoïdien et coracoïdien) ; ,3) De la grosse tubérosité de l'humérus (cas de Meckel et de Maca- lister) ; y) Du bord externe de la coulisse bicipitale (cas de Hallcr, de Gru- ber) ; ' Petit. Mém.de TAcad., 1733, p. 3L '^ Haller. Opusc. anat. argumen/. minor., voL VllI. Lausanne. ' Gruber. Virchow's Arcfi., voL XXIII, p. 212. * Hartmann. Loc. cit. suprà, p. 127. MUSCLES DU BRAS 39 o) De la face interne de riinmérus, entre le brachial antérieur et le coraco-brachial ; £) De la face externe de riiumérus, entre le deltoïde et le long supi- nateur (cas de Macalister) ; i) Du bord externe de l'humérus et de la cloison intermusculaire externe, entre le deltoïde et le long supinateur — Ce faisceau sur- numéraire est décrit à l'étranger sous le nom de M. brachio-radialis. Il a été rencontré par WoodS Gfuber-, Theile', Hyrtl\ Wagner'' et par moi (chez 2 hommes, 1 fois des deux côtés, 1 fois à gauche). Dans deux cas observés par Wood et Gruber il était indépendant du biceps jusqu'à son extrémité inférieure. De tous ces chefs surnuméraires du biceps tricipital le plus intéres- sant à cause de sa fréquence et des nombreuses discussions auxquelles il a donné lieu, est le chef qui prend naissance sur la face interne de l'humérus, entre le brachial antérieur et le coraco-brachial. Il a été trouvé par ïheile, Ilallelt, Cruveilhier (3 fois), Wood, Macalister ^ Frœlich, Nicolas", Cuyer«, Testut, Hervé (3 fois)^ Chudzinski(8 ïoh)'\ Struthers (4 fois) ^', Beaunis et Bouchard ^^ Debierre'^ Laskowski 'S Hy^t^^ Calori'^ Henle'^ Gegenbaur'^, Quain'^ Bellini^», Schwalbe et Pfitzner^', Blanchi", Souligoux^^, etc., etc. Il a été trouvé également par plusieurs de mes élèves, MM. Lclot, Maurice, Petit, Héron de Villefosse, etc., et par moi. Rubané, cylin- ' Wood. Loc. cit. passim, p. 496. - Gruber. MuUer's arch., 1848, p. 428. ^ Theile, in Sœmmemng's Encyclop. anat. {Jourdans Transi), 1843. * llyrtl. Lehrbuch. ^ Wagner. HeusinçjerS Zeitschrift, Heft. Ill, Bd. JII, S. 345. " Theile, Hallett, Cruveilhier, Wood, Macalister. Loc. cil. passun. ' Frœlich, Nicolas. Bulle t. de la Soc. des se. de Nancy, 1891. * Cuyer. Bullet. de la Soc. d'anlhropol. de Paris, cet. 1893, p. 467. » Hervé. Ibid., ]n\n. 1889, p. 40o, et janvier-mars 1893, p. 40. '" Chudziuski. Revue d'anthropol., 1882, p. 280. " Struthers. Références to paper in Anatomy. Edimbourg, 1889, p. 9. '"- Beaunis et Bouchard. Nouv. Élem. d'anat descript., 3^ édit. 1880, p. 707. '^ Dcbierre. Soc. de Biol. de Paris, t. V, n" 19. " Laskowski, cité par M. Hervé. "* Hyrtl, Anal. delV uomo, trad. ital. d'Occhini, p. 381 '" Calori. Mem. delV. Accad. delV Se. di Bologna, 1868. " Henle. Muskellehre cil. '* Gegenbaur. Trail. d'anal, hum., trad. franc, de Julin, 1889, p. 446. '-' Quain's Analomy {myolocjy). ^^ Bellini. Loc. cit. suprà. "' Schwalbe et Pfitzner. Anat. Anzeiyer, 1889-90-91-92-93-94-9.J. -^Blanchi. Le Sperimentale, août 1886. -^ Souligoux. Bullet. de la Soc. anat. de Paris, décembre 1895, p. 658. 40 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME driquc ou fusiforme, large ou étroit, unilatéral ou bilatéral, il se ter- mine tantôt sur le tendon (disposition fréquente), tanlùl sur le corps charnu (disposition plus rare), tantôt sur l'expansion aponévrotique du biceps (disposition excessivement rare). D'après Hyrtl, ce faisceau humerai annexe n'est rien autre chose qu'un faisceau du brachial antérieur séparé de ce dernier muscle par le nerf musculo-cutané dévié de son trajet normal, c Toujours lorsqu'il existe un chef humerai j'ai vu, dit-il, le nerf musculo- cutané passer entre ce chef et le brachial antérieur. » C'est une asser- tion contre laquelle je ne saurais trop m'élever. Le biceps peut pos- séder un faisceau humerai sans que le musculo-cutané soit dévié de son trajet (voy. M. coraco-brachial moyen, anomalies nerveuses du bras). Il est faux, d'autre part, d'avancer qu'un nerf dévié de sa route peut soulever et détacher un faisceau musculaire ; il est faux d'avancer qu'un muscle normal ou anormal est perforé par un nerf. Une sem- blable manière de s'exprimer est vicieuse ; elle est contraire aux faits. Dans l'enchaînement des causes et des résultats, c'est à l'anomalie musculaire qu'appartient le rôle initial ; en d'autres termes, l'ano- malie du muscle est la cause, et non la conséquence de l'anomalie dans le trajet du nerf. Par suite, la perforation d'un chef anormal ou d'un muscle quelconque, comme le coraco-brachial, par un nerf, ici le musculo-cutané, ne saurait être qu'une apparence. L'ap- parence vient de ce que, le tissu musculaire étant encore à l'état embryonnaire, des fibres et des faisceaux s'y sont développés en avant, en arrière et tout autour du nerf, englobant ce dernier sur une certaine longueur de son parcours et lui ménageant une sorte de canal que le nerf semble ainsi s'être creusé dans la masse môme du muscle. Cette explication est conforme aux données embryologiques actuelles concernant le développement des nerfs et des muscles des membres. Les nerfs des membres sont des branches des nerfs spinaux qui se prolongent dans les extrémités. Cette pénétration a lieu de fort bonne heure, dès le 4" jour chez le poulet^. Or, à ce moment, les muscles des membres n'existent pas encore à l'état d'organes distincts ; leur matrice seul est présente sous la forme d'une lame cellulaire indifférente, émise par la lame muscu- laire proto-vertébrale et pénétrant à partir de cette lame dans le rudi- ment de l'extrémité (Kolliker). Au sein de ce blastème primitif, les diffé- ' Kolliker. Embryolo[/ie, trad. iianç.. p. 625 MUSCLES DU BRAS 41 rents muscles prendront naissance, mais plus tard et sur place, englobant ou laissant en dehors d'eux, suivant les régions et les accidents du développement, les nerfs préexistants. Les muscles des membres de l'homme apparaissent seulement dans le cours du deuxième mois; ils sont encore pâles à celte époque et à peine distincts de leurs tendons. Ce processus d'englobement limité par les faisceaux musculaires des branches nerveuses, improprement dites perforantes, permet en même temps de comprendre comment il suffit que quelques faisceaux ne se développent pas en leur lieu habituel pour qu'un nerf ne tra- verse plus un muscle, mais lui devienne simplement contigu. C'est ainsi que, dans un grand nombre de cas, le musculo-cutané ne traverse pas le coraco-brachial moyen. On ne saurait expliquer d'ailleurs par un autre processus la prétendue perforation par des nerfs d'organes tels que les os, dont le tissu acquiert au cours de leur développement une consistance très dure '. Sur une femme j'ai vu, des deux cotés, le chef humerai du long lléchisseur de l'avant-bras naissant de la face interne de l'os du bras se terminer sur le bord supérieur arrondi du grand orifice, dit hiatus semi-lunaire qui donne passage à la veine basilique. Enfin, dans un cas observé par Meckel, le long lléchisseur de l'avant-bras était formé seulement par le chef humerai et le chef coracoïdien -. Le chef humerai du biceps provenant de la face interne du corps de l'humérus a été rencontré : 1 fois sur 9 sujets par Theile, 1 fois sur 15 par Hallett, 18 fois sur 175 par Wood, 1 fois sur 10 par 3Licalister, 11 fois sur 105 par Testut, 57 fois sur 519 par Schwalbe et Pfitzner ^ et 16 fois par moi et mes élèves, sur 200. Réunissons tous ces chiffres : Theile 1 fois sur 9 sujels. Hallett 1 — 15 — Wood 18 — 175 — Macalisler 1 — lo — Testut 11 — 105 — Scliwalbe et Pfitzuer 57 — 519 — L'auteur 16 — 200 — >uil 105 fois su)M033 sujels. ' Ainsi que Cruveilhier, Bock, Gruber et le professeur G. Hervé, j'ai disséqué des rameaux (les branches du plexus cervical qui traversaient la clavicule. * Meckel. Arch., 1826, p. 39. ' Schwalbe et Pfitzner. Anzeif/er, IV, n" 23 (1889) ; ibicL, VI, n"' 20 et 21, 1891 et Schwalbe's morpholorjiscfie (irbeilen, Bd. III, 1894. 42 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME Soit chez 10,1 p. 100 des siijols, proportion qui concorde avec colles do M. Testiit (10,5 p. 100), de Wood (10,3 p. 100) et de MM. Schwalbo el Pfilzner (11 p. 100). Dans la statistique des professeurs Scliwalbe et PfiLzner où les hommes sont représentés par le chiffre 345 et les femmes par celui de 174, il est noté que le faisceau surnuméraire existait : Chez 14 p. 100 des hommes des deux cotés ; — 10 p. 100 des femmes — — 16 p. 100 des hommes du coté gauche seulement; — 17 p. 100 des femmes — — 13 p. 100 des hommes du coté droit seulement ; — 4 p. 100 des femmes — Sur mes 200 sujets comprenant 110 hommes et 90 femmes, il était présent : Des deux côtés . . . chez 7 hommes ; — — 4 femmes ; Du côté droit seulement . — 1 homme ; — — 2 femmes ; Du côté gauche seulement — 1 homme ; — — 1 femme. B. Biceps tricipital dont le 3" chef provient des parties molles de l'épaule ou du bras. — Dans cette variété du biceps tricipital le chef en excès peut naître : a) De la capsule de l'épaule (cas de Nicolas, et d'un de mes élèves, M. Robert). Theile a disséqué un biceps formé par deux chefs cora- coïdiens et par un chef inséré sur la capsule de l'épaule ; fS) Du tendon du petit pectoral (cas de Wood, de Macalister, 1 cas personnel) ; y) Du tendon du grand pectoral (cas de Chudzinski) ; o) Du bord inférieur du grand rond (cas du professeur Macalister) ; s) Du deltoïde (2 cas du professeur Macalister') ; t) Du brachial antérieur (cas de Wood, de Macalister, de Testut, de Horner ^, plusieurs cas personnels) ; \) Du coraco-brachial (plusieurs cas personnels) ; ' Dans un cas le chef en excès émanait à la fois de la face externe de riuimérus et tlu deltoïde, et dans un cas la longue portion du biceps faisait défaut. * Ilorner. Loc. cit.,^. 417. MUSCLES DU BRAS 43 [x) De la cloison intormiisciilaire interne (cas de Ilyrtl, de Macalis- ter, de Quain', de Walsham) ; v) Du rond pronateur (cas de Macalister, de Wood, de Clason -, de Testiil, 2 cas personnels). C'est à ce faisceau prolongé plus ou moins loin sous forme d'une lame aponévrotique très mince sur la face externe du rond pronateur que le professeur Struthers a donné le nom de M. brachio-fascialis. 11 en existe un bon dessin dans l'anatomie de Quain (pi. XXXV, fig. S). p) Du long supinateur. M. Kelly, de Dublin, a disséqué un faisceau de la longue portion du biceps dont l'extrémité inférieure trifide se terminait sur le long supinateur et l'aponévrose antibrachiale. Anatomie comparée. — Le biceps reçoit un faisceau de renforcement venant de l'humérus dans le Mijrmecophaga tamandua (Rapp-), le rhinocéros et quelques Chéiroptères (Macalister) , l'^^' (Humphry), Vorang-roux (2 fois sur o sujets disséqués par M. Chudzinski). « Une exception intéressante au point de vue philosophique, et en particulier au poinl de vue de la comparaison des membres supérieur et inférieur est, a écrit Broca \ présenté par le gibboji. Les deux chefs du biceps brachial se comportent chez lui comme les chefs correspon- dants du biceps crural. Un seul faisceau vient du scapulum ; il n'y a pas de faisceau coracoïdien, le court chef étant représenté par un fais- ceau qui s'attache à l'humérus et à l'aponévrose intermusculaire interne. » « Chez le gibbon, a écrit, d'autre part, M. Hartmann, le faisceau court ne naît pas toujours, comme on le dit, du trochin ou du tendon du grand pectoral (Huxley), mais de l'arête du trochin, en se reliant dans ce cas au grand dorsal, au trapèze, au bi'achial interne déjeté latéralement et au triceps brachial. » Laquelle de ces assertions est exacte ? Elles sont trop affirmatives l'une et l'autre. Dans le fœiiis de gibbon de M. Deniker le long fléchis- seur de l'avant-bras avait le mode de conformation du long lléchisseur de l'avant-bras humain normal. Dans le Gibbon cendré de Bischotï la courte portion était formée par deux faisceaux provenant l'un du petit trochanter, l'autre de l'apophyse coracoïde, auxquels faisait suite un < QtiaiiVs Anat., p. 270. * Clason. Upsala Làkareforenings Forandlingar, Bd. 111, lift. 2. ^ Rapp. Anatomische Untersuchaiif/eii ûber die Edenlaleii. Tubingen, 1852. * Broca. Les Primates. 44 ^ VARIATIONS DU SYSTÈME iMUSCULAIliE DE L'HOMME tendon nniquo qui perforait le grand pectoral. Dans le (jibbon du docteur Ilepburn, le corps charnu du biceps dont la courte portion était insérée à la partie supérieure de la coulisse bicipitale recevait en bas des trousseaux de fibres de la cloison intermusculaire interne. Dans Y Hy lobâtes entelloïdes qui a été remis à M. Chudzinski pour le mnsée de la Société d'Anthropologie de Paris, la courte portion nais- sait, comme dans le . " Dans les espèces domestiques l'extrémité inférieure du biceps brachial se fixe à la tubé- rosité bicipitale du radius et à la base de Tolécràne. Quant à l'expansion aponévrotiquc, elle existe, plus ou moins prononcée, dans toutes les espèces; elle se perd sur l'extenseui' antérieur du métacarpe constitué, on le verra plus loin, par les deux radiaux externes fusionnés. MUSCLES DU BRAS 47 cuJiitiis. Le long fléchisseur du bras des Chamœléonides (Sabatier), du fourmilier, du coati (Meckel) a également deux tendons inférieurs dont l'un (le cubital) s'unit à celui du brachial antérieur qui lui est contigu. Le biceps du daman, du porc-épic, du hérisson, s'attache exclusivement au cubitus. Le tendon inférieur du biceps du miœiny facilement séparable en deux ou trois tendons secondaires, s'insère à l'extrémité supérieure du radius dans une excavation triangulaire que présente cet os sur son bord antérieur et qui est déterminée par le rapprochement du radius et du cubitus soudés ensemble (Maison- neuve). — (Pour détails complémentaires, voyez le muscle suivant.) BRACHIAL ANTÉRIEUR Absence. — Celte absence a été notée par Voigl sur un sujet qui était privé de radius '. Elle serait normale dans le lamnruhia, au dire de Ra})p. Variations des insertions supérieures. — Contrairement au profes- seur Krause, j'ai vu presque toujours le brachial antérieur s'insérer sur la face externe de l'humérus. L'empreinte deltoïdienne n'ayant pas la même étendue chez tous les sujets, il s'ensuit que le muscle en question qui se lixe au-dessous d'elle remonte plus ou moins haut sur le bras. Anatomie comparée, — En anatomie comparée on pourrait définir le [)rachial antérieur « le muscle de la gouttière de torsion de lliumérus ». Dans l'espèce humaine sa direction spirale n'est pas évidente parce qu'il ne répond qu'à la partie inférieure de cette gouttière, est logé derrière le biceps et se termine par un tendon unique sur le radius. Mais cette direction spirale apparaît nettement chez les Animaux domestiques et principalement chez les Solipèdes et les Ruminants où le brachial antérieur naît de la base de la tète de l'humérus, passe de la face postérieure à la face externe, puis à la face antérieure de cet os et se place à coté du biceps pour se terminer à la fois sur le radius et le cubitus. ' Yoigt. Arch. f. Hellkunde, 1863. Leipzig, p. 27. 48 VAHIATIOiNS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME Segmentation du muscle. — Le brachial antérieur peul être divisé en deux Jaisceaux longitudinaux, juxtaposés ou superposés, entière- ment ou partiellement distincts. L'un et l'autre ou l'un ou l'autre des deux faisceaux ainsi formés, peuvent se segmenter eux-mêmes en fais- ceaux secondaires. Ces faisceaux secondaires, auxquels on a donné les noms les plus divers [M. brachialis internus, Gruber ; M. brachialis internus i7iinor, M. brachialis latérale jninor, Macalistcr, etc.), ont été étudiés d'une façon toute particulière par le professeurW. Gruber dans son mémoire « Ueber die varietaden d. M. brachialis anticus in Méin. de r Académie de Saint-Pétersbourg^ 1868, p. J)28 q\ [Mélanges Iiiologiqiies, XII, p. 363). Ce qui est cause que ces faisceaux ont été décrits sous des qualificatifs différents, considérés même par certains anatomistes comme des muscles autonomes, c'est l'extrême variabilité de leurs insertions inférieures. En fait ils dépendent tous du brachial antérieur, quelles que soient leurs insertions inférieures qui peuvent se faire soit : I. Sur le cubitus seul (cas de Hcnle', de Weber-Hildebrandt, de Meckel, de Gruber, de Testut, de Macalister-, deux cas personnels^). II. Sur le radius seul (cas de Fiihrer'*, de Henle, de Chudzinski^ de Gruber, de Testut, de Macalister, d'Halbertsma, de Morel et Mathias Duval^ de Morestin', un cas personnel^). III. Sur le radius et le cubitus. — Le brachial antérieur, qui présente cette malformation ou l'une ou l'autre des deux malformations dont la description suit, rentre dans la classe des muscles anormaux que les anatomistes anglais nomment « muscles triparti tes ^^. Dans la mal- formation en question, deux faisceaux du brncliial autth'ieur peuvent se ' Henle. MuskellclD'e. ^ Weber HHdebrandt, Meckel, Macalister. Cal. iraïudom., cit. p. 7G, 77. ^ Les voici : 1° F., 23 ans, avril 1885. — Le brachial antérieur droit estdivisé danstoute son étendue en deux chefs distincts, parallèles, d'égal volume, terminés chacun par un tendon attaché à la partie moyenne de la l'ace interne de l'apophyse coronoide. Le brachial anté- rieur gauche est normal. 2» H., 71 ans, décembre 1887. Le brachial antérieur de chaque côté se segmente, à un travers de doigt au-dessus de l'interligne articulaire du coude, en deux corps dont l'interne se fi.xe par un tendon très fort sur le tubercule de la face interne de l'apophyse corono'ide et l'externe, par une expansion aponévrotique très mince sur l'empreinte rugueuse située au-dessous du tubercule précité * Fiihrer. Cit. par Macalister in Cul. cFun. '■• Chudzinski. Reçue d'An(hropolo(/ie, t. 111, p. 28. " Morel et Duval. Manuel île l'anal, cil. ■> Morestin. Bullet.de la Soc. anal. Paris, 1S91, p. 1015. * Dans fous ces cas l'insertion avait lieu soit au-dessous, soil sur la tubérosité bicipilale. MUSCLES DU BRAS 49 portor sur le radius et un sur le cubitus (cas de Dawson^ de Webei- Hildobrandt, de Turner') ou deux sur le cubitus et un sur le ra- dius. IV. Sur le radius et une arcade fibreuse qui l'unit à l'apophyse coronoïde du cubitus. — M. Morestin a rencontré ce vice de dévelop- pement chez huit sujets .sur soixante'. Je l'ai rencontré également plusieurs fois. V. Sur le radius ou le cubitus et le iléchisseur superficiel des doigts. M. Macalister a disséqué un brachial antérieur dont deux faisceaux se rendaient au cubitus et un à la portion du Iléchisseur superficiel destiné au médius. Sur le bras droit d'une femme j'ai vu le brachial antérieur se fixer par deux tendons au radius et par un troisième tendon sur le faisceau de l'annulaire du Iléchisseur superficiel. VI. Sur le radius et le rond pronateur. — Ce n'est que l'exagération de l'état normal*. A cet ordre d'anomalie se rattachent les muscles fusi- formes étendus du bord externe du Ijrachial antérieur au rond prona- teur trouvés par Macalister et Wood et le « mu.scle quadripartite » de Clason% dont deux faisceaux s'attachaient sur le radius, un sur le cubitus, un sur le rond pronateur. VII. Sur le biceps (Voy. Biceps à trois chefs). VIII. Sur l'aponévrose antibrachiale. — « J'ai vu sur de nombreux sujets, a écrit le professeur Gruber, soit des faisceaux détachés du brachial antérieur, soit de véritables muscles surnuméraires se jeter sur l'expansion antibrachiale, ou bien directement, ou bien en emprun- tant l'expansion aponévrotique du biceps. J'ai vu leurs tendons deve- nir très forts et très larges, si larges même qu'ils recouvraient entiè- rement le paquet vasculo-nerveux. » Ce vice de conformation est, en effet, assez commun. Il a été signalé encore par Lauth ^ Hyrtl, Sœmmerring, Mac ^Vhinnie, Theile, Struthers', Wood, Nicolas, Chudzinski^ etc. J'en possède deux moulages pris par un de mes prosecteurs et un de mes élèves, MM. Bougrier et Servant. ' DawsoD. Edhitb. incd. Joiir?i., vol. XVIII, p. 82. - Turner. Joiini. of an. uud.pliys .,t. XIII, p. 362. ^Moreslin. Di/llel. delà soc. an Paris, 1896, p. 264. * Kiause prétend avec raison que le brachial antérieur envoie toujours quelques fibres au rond pronateur. 5 Clason. Upsala, Lak. for Foraiidl. Bd. III, Ilell, 2. « Gruberet Lauth. Muller'.'i Arcli., 1848, p. 427. ' Struthers. Refer. in. anal., cit. p. 9. * Chudzinski. Reçue d'Ant/iropologie, 1884. 50 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME IX. Sur la synoviale du coiuh' (voy. M. tenseur an lé rieur de la syno- viale du coude). X. Sur le long supinatcur. — Le long supinaleur et la partie inférieure du corps du brachial antérieur sont souvent reliés par un pont charnu au-dessous duquel passe le nerf radial. Cette malibrnialion signalée par Macalister, Gruber, Struthcrs, etc., 'a été observée des deux côtés, chez six femmes sur cent deux sujets par ^Yood et sur trois femmes (deux fois des deux côtés et une fois adroite) et deux hommes (une fois à droite et une fois à gauche) sur quatre-vingts sujets^ par moi. Theile a vu le faisceau musculaire fusiforme, qui se détache par- fois du bord externe du brachial antérieur, pour se porter sur le rond pronateur, se porter sur le long supinateur. Wood a disséqué une femme dont chacun des deux muscles brachiaux antérieurs était divisé en deux corps dont l'externe envoyait des trousseaux de fibres sur le long supinateur et le « bicijntal sejni-lunar fascia- ». Le pro- fesseur Testut a noté la fusion à peu près complète du long supina- teur et du brachial antérieur. Sur des sujets examinés par Reid et Taylor le long supinateur provenait presque entièrement du muscle dont il s'agit ^ J'ai trouvé l'anomalie décrite dans hi note ci-jointe par un de mes élèves : « Extension en hauteur de chacun des deux longs supinateurs et fusion de leurs fibres avec celle du brachial antérieur. « Les longs supinateurs se continuent sur la partie externe du bras, jusqu'au tiers supérieur de l'humérus. Leurs fibres sont : 1" les unes, internes et plus courtes ; elles aboutissent au bord externe de la gouttière de torsion ou à la cloison intermusculaire externe, comme le muscle normal ; 2° les autres, externes, s'étendent de l'aponévrose tendineuse commune à l'empreinte deltoïdienne en contractant, dans leur partie supérieure, des adhérences avec le brachial antérieur et en faisant saillie entre ce muscle et le vaste externe du triceps. » Anatomie comparée. — Dans un mémoire intitulé : On the Di9po- sition and Homologies of the extensor and flexor muscles of the leg and foream qu'il a publié en mai 1869 dans le Journal of Anatomy and Physiolor/y^ le professeur Humphry a montré que la segmentation du brachial antérieur en deux faisceaux longitudinaux correspondant aux * Dont 47 femmes, et 33 hommes. ' Wood. Proceed. of the Roy. Soc, 1868, p. 497. ^ Ileid et Taylor. St Tfiomas's hospital Reports, 1879. MUSCLES DU BRAS 51 deux courts extenseurs du bras (vaste externe et vaste interne) établis- sait une analogie manifeste entre le groupe des fléchisseurs et le groupe des extenseurs de l'avant-bras. La division du brachial antérieur en deux chefs distincts existe nor- malement dans les Crocodiliens (Sabatier), le Dasijprocta cristata (Mûrie), l'a^oz^^z (Humphry, Wood), Y ours (Testut), le lapin, la lièvi-e, etc. Chez le muriii le brachial antérieur « est constitué par une série de fibres musculaires composant des faisceaux très déliés et pour ainsi dire espacés entre eux » (Maisonneuve). « Le brachial interne du gorille et du gibbon, dit le professeur Hartmann, se partage en deux et même trois faisceaux \ » Après les dissections de MxM. Ilepburn, BischofT, Vrolik, etc., cette affirmation n'est plus soutenable. Mais pour n'être pas constantes dans le gibbon, le gorille et les autres Anthropoïdes, les malformations du brachial antérieur de l'homme ne s'y retrouvent pas moins. Chez le fœtus de gorille disséqué par M. Deniker, le brachial antérieur était réuni par des fibres charnues au deltoïde et au triceps et par des fibres aponévrotiques, au longsupinateur. La môme disposition existait chez le gorille adulte et le chimpanzé de Duvernoy.Surle chim- panzé de Rolleston, une bandelette musculaire provenant du bord externe du court fléchisseur de l'avant-bras allait se perdre sur l'apo- névrose antibrachiale. Sur le fœtus de gibbon de M. Deniker, le long fléchisseur de l'avant-bras envoyait une expansion fibreuse sur le bra- chial antérieur et l'aponévrose antibrachiale. Pour Wood, Duvernoy et Deniker ces liaisons du brachial antérieur des Anthropoïdes « avec le deltoïde, d'une part, et le long supinatcur d'autre part, sont relatives au grimper qui exige une transmission des efforts et des mouvements de la main au tronc par l'épaule ». Une interprétation qui se base sur l'exception et non sur la règle ne vaut guère. Il faut, à mon sens, chercher ailleurs la raison d'être de la tendance à devenir externe qu'a, chez les Anthropoïdes et dans l'espèce humaine, le brachial antérieur, tendance révélée non seu- lement par ses anomalies musculaires, mais encore par ses anomalies nerveuses'-. Où donc ? Dans l'anatomie philosophique. « Parmi les Mammifères, a observé M. Sabatier, le brachial antérieur est seulement cubital chez ceux dont le cubitus joue le rôle capital et presque unique dans la flexion du coude ; tels sont, avec l'homme, les * Hartmann. Loc. cit., p. 127. * La partie du brachial antérieur, qui naît en dehors de l'extrémité distale de l'immérus, est souvent innervée par le nerf radial. 52 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L^HOMME Singes, les Carnivores, \qs Monotrétnes, dont le cubitus, très développé, forme la plus grande partie de la surface articulaire deFavanl-bras au coude et atteint la face de flexion de Tavant-bras à ce niveau par son apophyse coronoïde. Mais chez beaucoup de Mammifères non clavicules, tels que le cheval, \QsRu?ninants, les Rongeurs, chez lesquels le cubitus perd de son importance et est retiré en arrière, abandonnant la face de flexion du coude pour la céder au radius, le brachial antérieur s'in- sère sur le radius en même temps que sur le cubitus et même parfois principalement sur le radius. » Le brachial antérieur se hxe même sur le radius seul dans le platijpus ' et le daman (Meckel). « Les deux fléchisseurs de l'avant-bras des Animaux domestiques tendent, remarque M. Lesbre^ à identifier leur insertion inférieure, soit que le biceps lance une branche sur le cubitus, soit que le brachial antérieur prenne attache sur la tubérosité bicipitale du radius".» J'ajouterai pour être complet que, chez les Anoures et les Oiseaux, le biceps et le brachial antérieur ne forment inférieurement qu'un seul muscle dont le tendon s'attache à chacun des deux os de l'avant-bras, que chez Véchidné et V ornithorynque le court fléchisseur de l'avant- bras est constitué par les fibres profondes du long supinateur (Lanne- gràce), que chez le chien le tendon terminal commun du biceps et du brachial antérieur est « consolidé par un tendon de renforcement qui naît sur le bord interne de l'humérus droit au-dessus de la trochlée » (H. Ellenberger et H. Baum), que chez un cercopithèque, M. Testut a vu un faisceau détaché du brachial antérieur aller se perdre, à la hauteur du pli du coude, dans le long supinateur. Perforation du muscle par le nerf musculo-cutané. (Voy. M. coraco- brachial moyen et biceps à trois chefs.) ' Meckel. Syst. der Vergleich anal. Halle, 1828, dritt Theil, ^. .j25, et Anat. comp., édit. franc., t. V, p. 292. '^ Lesbre. l.oc. cit., p. 108. MUSCLES DU BRAS 53 REGION POSTÉRIEURE TRICEPS Les Archives de Muller, de 1839, contiennent une courte mais excel- lente étude de Theile sur ce muscle. Les anomalies du triceps brachial se résument dans l'extension de ses insertions scapulaires, dans sa transformation en « quadriceps » par l'adjonction d'un faisceau surnu- méraire, dans la fusion de quelques-unes de ses fibres avec les fibres du grand dorsal, du grand rond, du cubital postérieur, de l'anconé ou de l'épitrochléo-olécranien. Variations de l'insertion scapulaire. — Les libres de la longue portion du triceps peuvent remonter jusqu'à lacapsulede l'épaule ou descendre au-dessous de l'empreinte triangulaire sous-deltoïdienne, sur le bord axillaire de l'omoplate dans une étendue de 2, 3, 4 et même 5 cen- timètres. Sur une négresse que j'ai disséquée (en mars 1897) la longue portion du triceps droit était normale, mais l'extrémité supérieure de celle du triceps gauche entièrement charnue s'insérait sur le bord axillaire du scapulum depuis la capsule de l'articulalion scapulo-humé- rale jusqu'au voisinage du grand rond. AxATOMiE COMPARÉE. — Daiis Ics quatre Anthropoïdes disséqués par le docteur Hepburn, le chef moyen du triceps naissait de la moitié ou du tiers supérieur du bord externe du scapulum. Chez le Troglodytes Aubrijt « ses fibres supérieures formaient un faisceau aplati, à la fois épais et large, qui s'insérait par des fibres aponévrotiques très courtes sur toute la longueur du bord axillaire ». M. Testut l'a vu descendre, chez deux Cercopithèques^ jusqu'à 2 centimètres de l'angle inférieur de l'omoplate. « Dans l'homme, remarque M. Lesbre ', la longue portion du triceps est la plus faible ; elle localise son insertion supérieure en un point restreint du bord inférieur du scapulum, contre l'articulation de * Lesbre. Loc. cit., p. 108. 5i VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME l'épaule, tandis que, dans les animaux, elle est de beaucoup la plus considérable et étend plus ou moins son insertion sur le bord du scapulum de manière à remplir plus ou moins complètement le sinus de l'angle scapulo-huméral. » Chez les Solipèdes, les Rimii- nanls, le porc, cette longue portion est, en effet, vraiment énorme ; elle s'élève jusqu'à l'angle dorsal de l'omoplate ; elle en approche chez les Carnivores. Parmi les Animaux domestiques il n'y a guère que le lapin qui ait une longue portion du triceps cylindroïde et insérée sur un point restreint du scapulum, tout près de l'articulation de l'épaule. On connaît le volume formidable de l'olécràne des Solipèdes des Ruminants et du porc. Eh bien ! ce volume formidable est en rapport avec celui de la longue portion du triceps brachial : « Il semble, dit G. Cuvier, que cette grande force des extenseurs de l'avant-bras dans les Quadrupèdes tient h leur utilité dans le mouvement progressif ; ils remplissent dans ces animaux, pour l'extrémité antérieure, les mêmes fonctions que les extenseurs du talon pour l'extrémité postérieure, et ils font effort pour porter en avant le corps de l'animal quand le pied de devant a pris son point d'appui. Ces muscles n'existent pas dans les Cétacés, chez lesquels les deux os de l'avant-bras ne sont point mobiles sur celui du bras * . » Triceps à quatre chefs. — Le faisceau musculaire surnuméraire qui transforme le triceps en quadriceps peut provenir : 1° Du bord glénoïdieîi de r omoplate. — Dans cette variété du triceps brachial à quatre chefs le chef en excès émanant, ordinairement, du bord axillaire au-dessous du tubercule glénoïdicn ou au-dessus de l'angle inférieur de l'omoplate se jette soit dans la longue portion (cas de Testut^, deux cas personnels), soit dans la portion interne (cas de Bankart , Pye-Smith et Philips) \ soit dans la longue portion et la portion interne (un cas des deux côtés, chez une femme). Anatomie comparée. — Dans le fœtus de gorille de M. Deniker le triceps présentait cette particularité déjà signalée par Duvernoy dans le gorille adulte , « qu'il s'insérait sur le bord glénoïdien de l'omoplate par deux faisceaux distincts ' ». ' Cuvier. ^?i. comparée. ' Testut. Trait, des an. musc, p. 417. ^ Bankart, Pye-Smith et Pliilips, Ginfs hospit. Reports, 1. XIV. * Denilier. Loc. cit., p. 142. iMUSCLES DU BRAS 55 Une disposition identique a été signalée dans le fourmilier par Meckel, dans le siplmeus par Milne-Edwards ', dans le phoque par Duvernoy^ dans YornitJiorynque par Alix^ 2° De l'apophyse coraco'ide de f omoplate. — Un corps charnu étendu de l'apophyse coracoïdc à la longue portion du triceps a été disséqué par Gruher. Deux faisceaux contractiles ayant le même mode de terminaison mais émanant l'un de l'apophyse coracoïde , l'autre de la capsule de l'épaule, ont été observés par M. Macalister et par moi (chez un aliéné, à droite seulement). Anatomie comparée. — Dans les Reptiles et les Amphibiens le triceps qui remonte parfois jusqu'à la capsule de l'épaule (Humphry) est accompagné par un faisceau musculaire qui s'étend du coracoïde à l'olécràne. C'est le il/, coraco-olecranalis de Humphry, le Zweiter langer Kopf des Triceps de Pfeitïer, Vinnerer langer Kopf des dreikopfigers Streckers de Meckel , le triceps longus secundus de Haughton, Vex- ternum caput muscnli tricipitis de Buttmann, etc. « Il est, dit M. Hum- \ hry, un exemple de la transformation d'un muscle fléchisseur en un muscle extenseur, comme le biceps crural (voy. ce muscle) est un exemple de la transformation d'un muscle extenseur en un muscle fléchisseur ; pour l'un comme pour l'autre, la modification de la fonc- tion a été la conséquence du changement de la situation et par suite des insertions \ » Charnu chez le cryptobranche ^ le crocodile, Y alliga- tor^ etc., il paraît être remplacé par un ligament chez la généralité des Sauriens. 3° De la capsule de l'épaule ou de Vhumérus. — Ici le faisceau sura- jouté relie le col de l'os du bras au vaste interne. On l'a vu cependant une fois se porter dans le vaste externe (Meckel, Arch.., 1826, p. 39) et une fois faire suite à deux tendons naissant, l'un de l'apophyse cora- coïde, l'autre de la capsule de l'épaule (Blumenthal, Henle u. Pfeufers Ze'itschr'ift, 3 Reiche, XXXVI, p. I). Segmentation de la longue portion. — La segmentation plus ou moins complète de la longue portion du triceps en deux corps pourvus chacun * Milne-Edwards. Loc. cit., p. 93. ■•^ Uuvernoy. Rech, anal, sur le phoque commun^ p. 64. ^ Alix, Soc.philom. Paris, 1867, p. 137. * Humphry. Observ. in Myol., cit. p. 34. 5G VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME d'un tendon supérieur indépendant n'esl pas rare dans l'espèce humaine. Je l'ai observée plus de vingt fois. Comme M. Macalister, j'ai vu le tendon supérieur surnuméraire se fixer tantôt à côté du tendon normal ou à une certaine distance de ce tendon, sur le bord axillaire de l'omoplate, tantôt sur la capsule de l'épaule. Dans un cas signale par M. Macalister le tendon anormal fut trouvé « Splitting the capsu- lar ligament like the curved head of the rectus ' ». Au total, la transformation du triceps brachial en quadriceps est due soit au dédoublement de la longue portion, soit au renforcement de l'une ou l'autre des trois portions par un faisceau provenant du bord axillaire du scapulum, de l'apophyse coracoïde, de la capsule de l'é- paule, de l'humérus ou de l'une et l'autre de ces parties. Anatomie comparée. — Chez les Mammifères domestiques, le vaste interne et le vaste externe du triceps brachial soat beaucoup plus divergents supérieurement que chez l'homme, afin d'admettre entre eux non seulement l'artère humérale profonde et le nerf radial mais encore le brachial antérieur qui, comme je l'ai déjà noté (voy. M. brachial antérieur), s'élève dans la gouttière de torsion jusqu'à la base de la tète articulaire scapulo-humérale. En outre, le vaste interne plus ou moins réduit- se termine à part sur le côté interne de l'olé- crâne. Dans le porc, le chat, le lapin, le vaste interne a cependant à peu près le môme volume que le vaste externe, et remonte jusqu'au haut de l'humérus ; mais dans le chien, le vaste interne a déjà sensible- ment diminué, le vaste externe a déjà pris une grande prépondérance qui s'accentue encore dans les Ruminants et les Solipèdes. Chez le chien et le chat les fibres du vaste externe, qui proviennent du col de la tète humérale et sont juxtaposées au vaste interne, se dilTé- rencient derrière l'os du bras et forment un faisceau musculaire auquel Strauss-Durckheima donné les noms d'anc oné moijen , les vété- rinaires allemands , celui d'anconé postérieur et le professeur Lesbre celui de brachial postérieur. Le dernier nom est évidemment préfé- rable. ' Macalister. Cat. cil., p. 79. ^ Dans l'espèce humaLne les deux vastes ont à peu près le même volume. Chez les Ani- maux domestiques le vaste externe s'élève jusqu'à la base de la tête articulaire humérale, en passant sous la terminaison du deltoïde et, de plus, est généralement plus gros que l'interne qui s'arrête vers la moitié ou le tiers supérieur de l'os du bras. MUSCLES DU BRAS 57 En disant naguère i loniiue portion. Triceps brachial , vaste externe. ' vaste interne. !. longue portion (droit antérieur). Triceps crural ] vaste externe. f vast»> interne. on évoquait une équivalence frappante entre le triceps du bras et celui de la cuisse. Aujourd'hui, qu'un quadriceps crural ne saurait plus être rejeté (voy. ce muscle) il conviendrait peut-être d'admettre normalement dans la série animale, pour conserver cette symétrie, un quadriceps brachial. Pour cela, il n'y aurait qu'à reconnaître l'indépendance de l'anconé postérieur des Allemands et de lui attribuer, commele réclame M. Lesbre ', le nom de brachial postérieur, afin de ne pas rompre la consonnance terminologique des mots servant à désigner chacun des quatre chefs des deux groupes musculaires en question. On aurait dès lors : longue portion. vaste externe. vaste interne. brachial postérieur. longue portion (droit antérieur), vaste externe, vaste interne, riniral antérieur. « Le vaste interne du triceps brachial du Troglodytes Aubryï était composé de deux faisceaux presque parallèles séparés par un sillon dans lequel cheminait le nerf crural. » Connexions plus intimes avec les muscles voisins. A) Avec le sous-scapulaire (voy. ce muscle). B) Avec le grand dorsal (voy. Grand dorsal, M. dorso-épilrochléen). C) Avec le grand rond (voy. ce muscle). D) Avec l'anconé (voy. ce muscle). E) Avec le cubital antérieur. Cette malformation a été notée par Jenty-. F) Avec l'épitrochléo-olécranien (voy. ce muscle). ' Lesbre. Loc. cit., p. 110 et 147. - Jeuty, cit. par Macalister in C«/. d'un, masc, p. 79. Quadriceps brachial composé de Quadriceps crural composé de, î)8 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME TENSEURS DE LA SYNOVIALE DU COUDE Ils sont au nombre de deux, Tun silué en avant du coude [M. tenseur antérieur de la synoviale du coude) ^ l'autre si Luc en arrière [M. tenseur postérieur de la synoviale du coude). Logiquement ils devraient donc être étudiés, le premier, en même temps que les muscles de la région antéro-interne du bras, le second, en môme temps que les muscles de la région postérieure du bras. En raison de l'identité des fonctions de l'analogie de structure et du peu d'importance du tenseur antérieur et du tenseur postérieur de la synoviale du coude je crois cependant qu'il n'est pas absolument défendu de les rapprocber. TENSEUR ANTÉRIEUR DE LA SYNOVIALE DU COUDE Syn. : Aiiconé anlérieur ; Sus-anconé ; M. capsidaris-sub-brucliktlis (Macalisler). Ce muscle a été découvert par Portai (Portai, Cours d'anatomie médicale, Paris, 1806). Il est ordinairement constitué par deux trous- seaux de fibrilles qui se portent de la partie inférieure de la face pro- fonde du brachial antérieur à la partie supérieure de la face antérieure de la synoviale du coude dont ils empêchent le pincement dans les mouvements de flexion de l'avant-bras. MM. Dawson ', Ilewit - l'ont vu toutefois naître en totalité de l'humérus. Sur cinq sujets que j'ai disséqués, dont trois hommes et deux femmes, il provenait à la fois du brachial antérieur et de l'humérus. Le tenseur antérieur de la synoviale du coude est, au surplus, un muscle très variable comme tous les muscles tenseurs des synoviales. TENSEUR POSTÉRIEUR DE LA SYNOVIALE DU COUDE Syn. : Sub unconœus (Theile) ; Muscle extenseur de la capsule arliculaire du coude (Gegenbaur) ; Anconé postérieur. Theile l'a décrit en ces termes : « Lorsqu'on coupe transversalement le triceps un peu au-dessus de l'articulation du coude et qu'on ren- ' Dawson. Edunb. med. and surg. Journ., voL XVII), p. 82. ' Hewit. Cit. par M. Macalister in Cat. cVanom. musc. MUSCLES DU BRAS 59 verse complètement la portion inférieure sur l 'avant-bras, on découvre sans peine deux faisceaux musculeux, l'un externe, l'autre interne, dont tantôt l'un, tantôt l'autre est plus prononcé, qui naissent au-des- sus de la fosse olécranienne, près du bord externe et du bord interne de rhumérus, descendent en ligne directe et s'attachent à la capsule de l'articulation du coude, tout à fait séparés du triceps '. » Béraud en a également fait mention dans ses Éléments de physiologie de l'homme et des principaux Vertébrés -. « Je dois, a-t-il écrit, signaler à l'atten- tion des physiologistes une série de muscles tenseurs qui jusqu'ici n'ont pas été envisagés d'une façon générale. Je veux parler des muscles tenseurs des membranes synoviales. Déjà Winslow avait bien indiqué un muscle tenseur de la synoviale du genou, mais on avait négligé ce détail, et quelques livres d'anatomie n'en faisaient môme pas mention. Ce fait cependant m'avait toujours frappé, et dès 1847, j'avais dirigé mes recherches dans le but de reconnaître tous les points de l'économie oi\ l'on trouve une disposition semblable à celle du genou. J'arrivai bientôt à pouvoir formuler cette loi : que partout oii il y a une synoviale non revêtue par des fibres aponévrotiques, cette synoviale donne insertion à des fibres musculaires. Aussi, j'avais pré- paré un travail que je n'ai pas encore publié, dans lequel je montrais l'existence de divers muscles tenseurs des synoviales. Jai constaté un muscle tenseur de la synoviale qui existe entre les apophyses articu- laires de l'atlas et de l'axis. La synoviale de l'articulation temporo- maxillairo, celle de l'épaule, celle du coude en arrière, celle du genou surtout oii il y en a quelquefois deux, celle du pied sont pourvues de muscles tenseurs. « Mais ce n'est point tout. On sait qu'il y a des bourses séreuses par- tout oii se passe un frottement ; dans ce cas encore il y a des fibres musculaires qui viennent tendre la poche. La synoviale qui existe entre le tendon du biceps et la tubérosité bicipitale en est un exemple frappant. Ainsi, dans un cas, j'ai constaté qu'un faisceau musculaire bien distinct, animé par un nerf spécial, partait du bras en dedans du long supinateur et venait s'insérer par un tendon bien prononcé sur le cul-de-sac supérieur de cette synoviale. » Si je n'ai cité jusqu'ici le nom de Béraud qu'à propos du tenseur de la synoviale de l'épaule^ c'est parce qu'il m'a été impossible de retrouver le tenseur de la syno- ' Theile. MullersArch., 1839, p. 428. 2 Béraud. Eléments de physiologie de l'homme et des principaux Vertébrés, 2° édit. Paris, 1856, t. 1, p. 247. 60 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME vialc (les apophyses articulaires de Tallas el de l'axis et celui de l'arti- culation temporo-maxillairc cl de me procurer le travail sur les muscles lenseurs des synoviales donlBéraud a annoncé, dans les termes précités, la publication. Peut-être Béraud, mori prématurément, n'a-t-il pas eu le temps de publier ce travail. Kiûœnsky {Reicherl' s Arch.. 1869) prétend que le tenseur postérieur de la synoviale du coude « est toujours une dépendance du triceps ». Sans doute le sous-anconé se détache le plus souvent de la face profonde du triceps, surtout de la face profonde du vaste interne, mais il peut se détacher aussi de la face postérieure de l'humérus et du triceps. Il est, en général, compose d'un seul faisceau assez grêle, qui côtoie, pendant 1 ou 2 centimètres, la synoviale du coude avant de s'y insérer. Je ne nie pas qu'il puisse avoir le mode de conformation indiquée par Theile, qu'il puisse naître exclusivement de l'humérus, qu'il puisse même être constitué par trois, quatre, cinq, six faisceaux ; j'affirme que ces dispositions sont exceptionnelles. Et, en cela, je suis absolu- ment d'accord avec M. Testut. MUSCLES SURNUMERAIRES Court et long coraco-brachial. Pour plus de clarté j'ai dû décrire en même temps que le coraco- brachial normal (le coraco-brachial moyen) le court coraco-brachial et le long coraco-brachial ainsi que leurs formes incomplètes. Je n'y reviendrai pas. Épitrochléo-olécranien. Syn. : Epitroclileo-anconœus (Gruber, Macalister) ; Anconœus epil rochlear is {Wood); Anco- nœ us quart us (Rrause); Anconœus quint us [Ko?,ie\') ; Anconœus sextus{GdXion)-^ Anconœus intevnus (Huiuphry, Strauss -Durkheim) ; Anconœus pcwvus (Rapp) ; Anconé interne (Cuvier, Laurillard) ; Épitrochléo-cubital (Testut), etc. Définition. — L'épitrochléo-olécranien est un faisceau contractile remplaçant, au-dessus du nerf cubital, la bandelette fibreuse qui MUSCLES DU BRAS 61 réunit le chef rpitrochléen et le chef olécranien du muscle cubital antérieur. Les dénominations à" épitrochléo-cubital , à' épitrochléo-anconé seraient applicables à répitrochléo-oiécranien si celui-ci, comme son congé- nère, Vépicondylo-cubital [anconé] descendait dans l'espèce humaine au-dessous de l'olécràne ; celle dUmconé interne conviendrait, si divers auteurs ne qualifiaient ainsi le vaste interne du triceps brachial'. C'est pourquoi je propose pour ce muscle le qualificatif nouveau et précis à'épitrochléo-olécranien,. Historique. — Bien que ce faisceau soit inscrit dans YAnalomie descriptive de Henle et de Luschka, c'est sans conteste au professeur W. Gruber, de Saint-Pétersbourii\ que revient l'honneur d'en avoir compris la signification et donné, dès 1866, dans deux mémoires successifs, une description fidèle. Précédant de quelques années ces anatomistes, Malgaigne a bien écrit dans son Traité d'anatoniie chirur- gicale : « En dedans, on trouve le muscle anconé, sorte de prolonge- ment du triceps, qui recouvre la gouttière osseuse constituée par l'olécràne et l'épitrochlée, dans laquelle passe le nerf cubital. » Assu- rément, Malgaigne a voulu parler là d'un anconé interne; toutefois cet anconé interne, sorte de prolongement du triceps, est-il le môme que le notre? C'est ce que nous discuterons ultérieurement. L'épitrochléo-olécranien, sans connexion intime avec le triceps, a été vu encore dans l'espèce humaine, par MM. Wood, Gallon, Maca- lister, Knolt, Testul; et mes dissections, jointes à celles de ces savants collègues, me permetlcnt d'en fournir un exposé assez complet'-. Forme et structure. — Ordinairement, il est constitué par une lame charnue, rectangulaire, transversale, plus ou moins épaisse, étendue de l'épitrochlée à l'olécràne, à la manière d'un pont au-dessus du nerf cubital, en remplacement de l'arcade fibreuse qui unit normale- ment le chef épitrochléen et le chef cubital du muscle cubital anté- rieur. ' Eu Allemagne le nom d'ancoué est appliqué géuériquement à tous les muscles exten- seurs lie l'avant-bras, et l'on distingue : un long anconé, un anconé externe, un anconé interne, qui ne sont autre chose que les trois parties du triceps brachial, un anconé pos- térieur résultant du dénienibrement du vaste externe (voy. M. triceps brac/iial) : enfin, un petit anconé correspondant ;i l'anconé unii[uc ou petit extenseur de l'avant-bras des auteurs français. * Voy. Le Double. Uu muscle épUrocidéo-olécranien et de sa sU/nifîcation {Mémoires et Bulletins de l'Académie de médecine et de la Société d'Anlluopolotjie, mars 1891). 62 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Cette arcade est, en cITet, un reliqiial permanent du muscle anormal, de même que l'expansion fibreuse qui prolonge l'insertion du grand dorsal jusqu'à l'épitrochlée est un rudiment du muscle dorso-dpitro- cliléen. Au lieu d'èlre rectangulaire, l'rpitrochléo-olécranien peut être carré, cylindroïde, fu.siforme, digastrique (ïestut, un cas personnel), triangulaire, la base du triangle qu'il forme étant située en dedans ou en dehors (plusieurs cas personnels). Au lieu d'être charnu des deux côtés, il peut être, quelle que soit sa forme, charnu d'un côté et tendineux de l'autre, ou charnu ou tendineux des deux côtés, rudimentaire et représenté seulement par quelques fibres rouges pâles, aboutissant à un tendon aponévrotique interne ou externe. Au lieu d'être transversal, il peut être oblique de haut en bas et de dehors en dedans, ou oblique de bas en haut et de dehors en dedans. Au lieu d'être unique, il peut être constitué par deux faisceaux rec- tangulaires ou digastriques séparés dans toute l'étendue de leur trajet (Gruber, 1" mémoire, pi. I, fig. 9 ; un cas personnel) ou constitué par deux faisceaux séparés à l'olécrâne, mais fusionnés à l'épitrochlée. Au lieu de se fixer exclusivement sur l'olécrâne et l'épitrochlée, il peut se fixer, en dehors, à l'olécrâne et à l'aponévrose antibrachiale, en dedans, sur l'épitrochlée et à la cloison intermusculaire interne du bras. 11 est toujours innervé par une branche détachée directement du nerf cubital, ou par un ramuscule des filets que le même nerf aban- donne à l'articulation du coude, ou au muscle cubital antérieur. Jamais je ne l'ai vu recevoir un filet du rameau que le nerf cubital fournit aux deux tiers internes du lléchisseur profond des doigts ni par un filet du médian ou du radial. Wenzel Gruber parle d'un sujet chez lequel la longue branche que le radial donne à l'articulation huméro-cubi- tale côtoyait le faisceau anormal sans lui fournir le moindre filet. Fréquence. — Dans son premier Mémoire de F Académie des sciences de Saint-Pétersbourg (juin 1866), W. Gruber rapporte que, sur 100 sujets, soit 200 coudes qu'il a examinés dans l'espace d'environ un mois, il a trouvé l'épitrochléo-olécranien sur 34 sujets (sur 26 hommes et 8 femmes); dix-neuf fois il était bilatéral (chez 15 hommes et chez 4 femmes) ; quinze fois unilatéral (9 hommes et 3 femmes le possédaient du côté droit, et 2 hommes et 1 femme du côté gauche), MUSCLES DU DRAS 63 ce qui donne 53 cas sur 200 coudes. D'après lui, il serait aussi d'ordi- naire plus développé chez l'homme que chez la femme, et chez l'un et l'autre, du côté droit que du gauche. Wood ( Variations in human myology observed diiring the ivinter session of 1867-1868 at Kinç/s Collège, in Proceedings of the Royal Society, vol. XVI, n^ lOi, p. 497, 1868) l'a rencontré, en 1868, quatre fois sur 36 sujets, trois fois aux deux bras, une fois au bras gauche seulement; en 1867, une fois sur 36 sujets'; en 1866, une fois sur 34 sujets; ce qui donne un total de six fois sur 106 sujets. Se basant sur sa statistique, si différente de celle de M. le professeur W. Gruber, le professeur John Wood estime que l'épitrochléo-olécranien est plus commun dans la race slave que dans la race anglo-saxonne. De son côté, M. le professeur Macalister, pendant sa dernière année d'exercice comme démonstrateur d'anatomie au Royal Collège of sur- geons in Ireland, l'a observé bien plus communément que son com- patriote, plutôt une fois sur quatre qu'une fois sur cinq; seize fois sur 63 sujets, ce qui permet de conclure, remarque cet anatomiste, à un degré approximatif de fréquence de quarante-huit fois sur 200. Enlîn, en 1881 , M. le professeur Testut, de Lyon, a disséqué 49 coudes appartenant à un nombre de sujets indéterminé et l'a rencontré avec un développement variable, douze fois. En 1883, sur 13 régions du coude appartenant à 9 sujets, il l'a encore découvert quatre fois. En totalisant ces deux résultats, M. Testut arrive à la fraction 16/62, soit un peu moins de 1/4 comme représen- tant le degré de fréquence de cette anomalie. Voici un exposé succinct des cas que j'ai observés depuis 1880 jus- qu'à 1888 inclusivement : ANNÉE 1880 Femme, trente-cinq ans, phtisie ; 20 décembre. L'épitrochléo-olécranien est bilatéral, aplati, charnu, rectangulaire; il s'insère en dedans, à la face postérieure du condyle interne de l'hu- mérus, sur un plan plus élevé que l'origine condylienne du muscle cubital antérieur. Il est innervé par un filet détaché des ramuscules articulaires du nerf cubital qui naissent dans la gouttière épitro- chléennc. Homme, dix-huit ans, méningo-encéphalite traumatique ; 9 mars. ' Et non sur 3i, comme l'a écrit M. Testut, de Lyon. 6t VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE LHOMME L'cpilrochléo-olécranicn n'existe qu'à droite ; cliurim dans lonle son ('tondue, il est légtTement rentïé à sa partie moyenne. Il reçoit un lilet du ramuscule nerveux de la brandie ({ui se rend au muscle cubi- tal antérieur. ANNÉE 1881 Homme soixante-quinze ans, liémorragie cérébrale ; 17 novembre. L'épitrochléo-olecranien est rudimentaire, mais se retrouve des deux côtés. Il est représenté par quelques fibres rouges contractiles, terminées par des trousseaux de fibres conjonctives fixées à l'épitro- chlée ; son rameau nerveux émane du tronc même du nerf cubital, à trois travers de doigts au-dessus de l'épitrochlée. Homme, trente-deux ans, tuberculeux ; 23 novembre. L'épitrocliléo-olécranien siège exclusivement à droite ; entièrement charnu, il a la forme d'un triangle isocèle dont la base répond à l'épitrochlée et le sommet à l'olécràne. 11 est animé par un filet ner- veux provenant du tronc du nerf cubital. Fille, trente ans, péritonite puerpérale; 30 janvier. L'épitrochléo-olecranien, très étroit et bilatéral, charnu du C(jté de l'épitrochlée, est tendineux en dehors. 11 est dirigé obliquement de bas en haut et de dedans en dehors, et s'attache à l'olécràne, immé- diatement au-dessous du triceps. Le nerf cubital lui envoie directe- ment un filet. Homme, cinquante-trois ans, ataxique ; 30 janvier. L'épitrochléo-olecranien est rectangulaire, charnu à sa partie moyenne, tendineux à ses deux extrémités. Il se rencontre des deux côtés et est innervé par un filet qui se détache du nerf du muscle cubital antérieur, branche du nerf cubital. ANNÉE 1882 Femme, ving-sept ans, métrorrhagie; T'' décenibre. L'épitrochléo-olecranien ne se trouve qu'à gauche. 11 est constitué par deux ventres conoïdes réunis l'un à l'autre par un tendon. Dirigé obliquement de dehors en dedans et de haut en bas, il s'insère en dedans sur la portion sus-épitrochléenne de la cloison intermusculaire interne du bras et sur le condyle interne de l'humérus, et, en dehors, sur le bord interne de l'olécràne et aussi sur l'aponévrose antibra- chiale. Le ventre supérieur mesure 2o millimètres ; le tendon inter- médiaire, 4 millimètres; le ventre inférieur, 32 millimètres, ce qui MUSCLES DU BRAS 65 donne, pour la longueur totale du muscle biventer, 61 millimètres: chaque ventre reçoit un filet nerveux distinct du nerf cubital. Fille, onze ans, méningite tuberculeuse; 20 décembre. L'épitrochléo-olécranien est aplati, charnu dans toute son étendue, quadrilatère. Il est bilatéral. Un hlet sensitivo-moteur lui est fourni par la bi'anche articulaire huméro-ciibitale du nerf cubital. Homme, aliéné, soixante-quinze ans ; 3 février. L'épitrochléo-olécranien n'existe pas à droite. Il est composé de deux faisceaux entièrement charnus, fusionnés en dedans. En dehors, le faiseau inférieur s'attache au bord interne de l'olécrâne; le faisceau supérieur à l'aponévrose brachiale, sans se confondre avec le triceps. Chacune des bandelettes contractiles reçoit un lilet nerveux distinct du nerf cubital. En 1883 et 1884, j'ai été obligé, en raison du mauvais état de ma santé, d'abandonner la direction de l'amphithéâtre de l'Ecole de méde- cine de Tours; mais je l'ai reprise en 1885, et, peu après, j'ai eu encore l'occasion de voir des spécimens intéressants du muscle en question. ANNÉE 1885 Homme, fièvre typhoïde, quarante ans; 30 janvier. L'épitrochléo-olécranien est exactement semblable à droite et à gauche. Epais, charnu, carré, il recouvre tout l'espace épitrochléo- olécranien, depuis le sommet jusqu'à la base de l'olécrâne. II est animé par deux filets très ténus du nerf cubital. Homme, vingt et un ans, suicide, coup de feu; 15 mars. L'épitrochléo-olécranien n'existe qu'à droite. II ne se compose que de quelques fibres d'un rouge pâle, formant un rectangle d'environ 2 centimètres et demi de largeur. II est mû par un filet nerveux pro- venant du nerf du muscle cubital antérieur. ANNÉE 1886 Homme, pneumonie, trente-cinq ans; 22 décembre. L'épitrochléo-olécranien est bilatéral, charnu, mais un peu différent à droite et à gauche. Il est quadrilatère à droite, légèrement fusiformc à gauche; une des branches articulaires du nerf cubital lui fournit un mince et court ramuscule. 66 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCIJLAIliE DE LIIOMME A N N É !■: 1 8 8 7 Fœliis du sexe masculin; 12 janvier. Lépitrochléo-olécranien est bilatéral el identique à droite et à gauche. Il est triangulaire, charnu à sa partie moyenne, aponévro- tique à sa base et à son sommet. Son sommet est à l'épitrochlée ; sa base répond atout le bord interne de lolécràne. Il reçoit un ramuscule du nerf cubital. Homme de soixante-dix-sept ans, ramollissement cérébral; 20 jan- vier, L'épitrochléo-olécranien est bilatéral, composé d'un mince trous- seau de fibres musculaires, innervé par un ramuscule d'une des bran- ches articulaires du coude du nerf cubital. Femme, soixante ans, cancer de l'estomac; 2 avril. L'épitrochléo-olécranien se rencontre seulement à droite. Charnu dans toute son étendue, il est représenté par deux faisceaux confondus vers l'épitrochlée, mais distincts en dehors, où ils sont fixés, l'un à rolécrâne, l'autre au fascia aponévrotique sus-jacent. Il reçoit du nerf cubital un ramuscule unique qui va se perdre dans son intérieur pres- <[ue au niveau du condyle interne humerai. ANNÉE 1888 Homme, delirium tremens, trente ans ; 9 décembre. L'épitrochléo-olécranien est trouvé à droite et à gauche sous forme d'une bande plate, rectangulaire, presque entièrement tendineuse, étendue du bord interne de rolécrànc à l'épitrochlée. Le nerf du muscle cubital antérieur du cubital lui donne un petit iilet. Homme, saturnin, quarante-cinq ans ; 11 décembre. L'épitrochléo-olécranien est bilatéral. Il est cylindrique, charnu, gros comme la phalangette du petit doigt. Une des branches articu- laires du coude du nerf cubital lui abandonne un filet sensitivc- moteur. Femme, paralysie générale, soixante-sept ans ; 19 janvier. L'épitrochléo-olécranien n'est observé que sur le coude droit. Il est rectangulaire, tendineux à ses deux extrémités, innervé par un rameau détaché du nerf cubital à deux travers de doigt au-dessus de la gout- tière épitrochléo-olécranienne. Jeune homme, tuberculose, douze ans ; 10 février. L'épitrochléo-olécranien est semblable des deux côtés. Il est consti- MUSCLES DU BRAS 67 tué par une bande plato, musculeuse, animée par un filet du nerf cubital. Homme, cinquante ans, hernie étranglée; 17 mars. L'épitrochléo-olécranien est bilatéral, triangulaire, entièrement charnu, innervé par un filet du nerf du muscle cubital antérieur. La base du triangle qu'il forme se fixe à Folécràne et un peu aussi au bord postérieur du cubitus, et le sommet à lépitrochlée. Femme, quarante-deux ans, septicémie ; 2o mars. L'épitrochléo-olécranien est minuscule, bilatéral, indiqué seulement par une quinzaine de fibres rouges allongées entre l'olécrâne et l'épi- trochlée. Le nerf cubital lui envoie un petit filet. En 4 889, je me suis préoccupé d'établir le degré de fréquence de cette anomalie, et, dans ce but, j'ai examiné ; en 1889, 40 sujets; en 1890, 52 sujets; en 1891, 10 sujets; soit, en tout : 102 sujets ou 204 coudes. Pour établir une statistique plus précise, j'ai disséqué ou fait dis- séquer la région interne du coude sur le môme nombre d'hommes et de femmes, soit sur 51 hommes et 51 femmes. J'ai noté les modes de conformation les plus divers, mais tous se rapprochent de ceux indi- qués plus haut; aussi m'abstiendrai-je d'insister davantage sur ce point. Sur les 102 sujets (hommes et femmes) examinés, j'ai rencontré l'épitrochléo-olécranien sur .32 (24 hommes et 8 femmes) ; 20 fois il était bilatéral (14 hommes et 6 femmes); 12 fois, unilatéral (chez 1 hommes et 2 femmes, il existait à droite ; chez 1 homme et 2 femmes, à gauche). Sur 204 coudes, je l'ai donc trouvé 52 fois; ce qui donne une moyenne approximative de 1 fois sur 4. Généralement, il était plus développé chez l'homme que chez la femme, et du côté droit que du côté gauche. En me basant sur les recherches des professeurs Gruber, Wood, Macalister, Testut et sur les miennes, je crois donc avoir le droit d'affirmer : 1" Que répitrochléo-olécranien est aussi commun dans les races anglo-saxonnes que dans les races slaves, et dans celles-ci que dans les races latines; 2° Qu'on le trouve chez environ un tiers des sujets et sur un quart des bras; 3" Qu'il est plus souvent bilatéral qu'unilatéral; 4° Qu'il est plus fréquent chez l'homme que chez la femme; 5*' Qu'il apparaît plus ordinairement à droite qu'à gauche ; 68 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME 6° Qu'il est généralement plus développé chez Thomme que chez la femme, et, toutes choses égales d'ailleurs, du coté droit que du coté gauche; 7° Qu'il constitue l'anomalie musculairi; la i)lus Iréquente au hras chez l'homme. Anatomie compauée. — L'épitrochléo-olécranien existe chez un grand nombre d'animaux, et cependant une certaine confusion persiste tou- jours dans la ({uestion de ses homologies. Et il y aura encore long- temps besoin, suivant les expressions du docteur Bust Wilder, « de plus de précision dans sa dissection » avant d'arriver à une lumière éclatante à cet égard. Quoi qu'il en soit, il n'en faut pas moins tenir grand compte des faits acquis. Je vais succinctement les exposer. Le professeur Gruber a fait suivre la première des monographies qu'il a consacrées à YepUroc/ileo-anconœus de deux planches, l'une représentant cinq types différents de ce muscle dans l'espèce humaine, l'autre montrant la configuration de ce muscle chez YInuu<; nemes- Irimis, Cebiis fatuellus, Galeopilhecus volans, Mijogale moschata, Ursus wclus, Fclis ieo, Felis domeslica, Dasywm viverrinus, Lepus timidus, Dasypus tricincliis et PJioca vilulina. Dans cette première monographie, il ne signale la présence de l'épitrochléo-olécranien que dans onze genres de Mammifères seule- ment, y compris l'homme. Dans sa seconde monographie, parue un peu plus tard, le même anatomiste l'indique dans quarante-sept genres de Mammifères dont il donne la liste. [Nachtraf/, (JE., S. 334.) A cette liste, M. Gai ton [Journal of analomy andphijsiolof/ij, novembre 1874, p. 470) a ajouté deux nouveaux genres, savoir : Phascolomys wombata, Echidna setosa et Cholopus didactylus, et fournit le dessin exact de cette môme lame contractile chez le Myrmecophaga tamandua, dans lequel elle avait déjà été notée, mais sans croquis à l'appui, par Rapp, sous le nom A' anconœus parvus [Anatomisclie Vntersucliungen uber die Edentalen, zte auf. S. 48, Tubingen, d8o2). G. Cuvier et Laurillard ont aussi, dans leur magnifique atlas, signalé l'épitrochléo-olécranien dans seize genres de Mammifères. Ils le dissi- mulent toutefois sous tant de noms différents, et les dessins qu'ils en fournissent sont tellement imparfaits, qu'on est obligé de convenir avec M. Pouchet « que les travaux de ces naturalistes ne peuvent être ici que d'un faible secours' ». ' Pouchet. Méin. sur le (jrand fourmilier, !'« livraison, 1867. MUSCLES DU BUAS 69 C'est chez les Édentcs que l'épi Irochléo-olécranien semble être le plus fréquent. 11 a été noté par MM. Mûrie et Gruber chez le Dasypiis [Toi !j peu te s) tricinctiis^ ; par M. Gai ton et Cuvier chez le Dasypus sexcinctns ; par Pouchet, sous le nom de vaste interne, chez le grand fourmilier; par M. Gallon et M. le professeur Humphry, sous le nom d'anco7ié interne, chez Yorycteropiis; par MM. les professeurs Humphry et Gruber chez le manis [Journal of anatomy and physiology, vol. IV, p. 39): par M. Galton chez un très jeune Tatutia novemcinctus [D. peba) ; par le môme et par les professeurs Humphry et Gruber chez le cyclothurus; par MM. les professeurs Humphry et Macalister chez Vaï [Ann. and Mag. nat. history, vol. IV, p. 39, 1869); par MM. Rapp etjjiruber, chez le tamandua. Enfin M. le professeur Hyrtl consacre au Chlamydophorus truncalus les lignes suivantes, sur lesquelles j'appelle l'attention. « Geterum triceps non omnis metam suam in ole- crano attingit, sed crasso, lacerto ultra cubitum producto, internam antebrachii regionem visitât, ubi tensoris fascise antebrachii munere fun^iiur. » [Deutc/isc/irift der K. Ak.,der Wiss. enWien,-^. 27, XI Ed., l8o3.) Dans les Chéiroptères, il fait défaut ou est très rare. Quoi qu'en dise M. Testut, M. le professeur Humphry n'en fait pas mention chez le pteropus [Journal of anatomy and physiology, vol. VIII;. M. le profes- seur Macalister n'en parle pas davantage dans son travail sur les Chéiroptères [Phil. Trans., 1872), pas plus que mon ami et ancien collègue d'internat, M. le professeur Maisonneuve (d'Angers;, dans sa thèse sur le Vespertilio murinus. M. le professeur Gruber le décrit, il est vrai, chez le galeopithecus; mais ce mamnfiifère est rangé aujour- d'hui par les uns parmi les Insectivores, par les autres parmi les Lémuinens. Dans les Monotrèmes, ordre qui compte peu de sujets, l'épitrochléo- olécranien a été disséqué par M. le professeur Wood dans ï ornitho- rynque, sur lequel Meckel ne l'avait pas trouvé, et par MM. Mivart" et Galton sur deux variétés iVÉchidnés, de sorte qu'on peut présumer qu'il est commun dans cet ordre. Chez les Ongulés, ce muscle ne paraît devoir se rencontrer que ' Mûrie. Traits. Lin. Soc, vol. XXX, tab. 25, fig. 32. -On the anatomy of Echidna hystrix [Trans. Lin. Soc, vol. XXV). — Bien qu'il ne fournisse aucun dessin, M. Mivart désigne l'épitrochléo-olécranien en termes précis : « A dis- tinct slip of the triceps wich forms an arch (extending from the inner condyle to the olecranon) beneath wicli pass the inferior profunda artery and the ulnar and médian nerves. « 70 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME rarement (peut-être ne l'y a-t-on pas assez cherché). Grafiolct a vu pourtant, chez Vhippopotame, un faisceau musculaire comblant la gouttière épitrochléo-olécranienne, dans lequel divers anatomistes ont cru reconnaître l'épitrochléo-olécranien. « Chez l'hippopotame, dit-il, le vaste interne s'attache, d'une part, à l'une des faces latérales de l'olécrâne, et d'autre part à l'humérus. Ses relations avec ce dernier os sont toutes particulières : il ne s'attache point à sa face postérieure, mais s'enroule sur sa face interne pour se terminer sur sa face anté- rieure jusqu'à la crête qui sépare cette face de la face externe. Cette disposition à l'enroulement est fort analogue à celle que présente le muscle supinateur, et il en résulte des conséquences pareilles. En effet, en rapprochant fortement l'olécrâne de l'épi trochlée, le va*te interne est lui-même supinateur à un degré très prononcé. Rien n'est certainement plus curieux et plus digne de l'attention du naturaliste philosophe. » (Gratiolet. Recherches sur ïanatomie de rhippopotame, p. 266, Paris, 1867.) Il appert des dissections de Wood et Gruber, dont nous avons donné plus haut les résultats, qu'il est assez fréquent chez les Carni- vores, les Insectivores et les Rongeurs. Krause l'a mis à nu chez le lapin et dénommé anconcmis quarlus. Moi-même je l'ai trouvé chez le chat, le lièvre, le lapin, le rat. Chez le chat, le lièvre, animaux à vio- lentes extensions de l'avant-bras, il est plus long, plus fort, et constitué par deux faisceaux entièrement indépendants du triceps : l'un, fixé à l'épitrochlée et au contour de la fosse olécranienne et sur le revers externe de l'olécrâne, l'autre se terminant sur le côté interne de l'olé- crâne. N'est-ce pas une disposition à rapprocher de celles où l'épi- trochléo-olécranien humain est formé de deux faisceaux dont l'un se prolonge en dehors sur l'aponévrose brachiale ou antibrachiale? Chez le lapin, ce muscle, partiellement recouvert par un des chefs du cubital antérieur, est plutôt carré que rectangulaire; chez le rat, il a la forme d'un rectangle à sommet épitrochléen ; ces modes de confi- guration sont comparables à certains observés aussi chez l'homme. Sur deux souris oii nous avons cherché, mon prosecteur, M. Henry Barnsby et moi, cette malformation, nous avons vu la gouttière épi- trochléo-olécranienne comblée par un prolongement du vaste interne du triceps brachial qui allait se confondre avec les muscles internes de la région antibrachiale postérieure. Très apparent chez les Lémuriens où il est le plus habituellement rectangulaire, comme dans l'espèce humaine, répitrochléo-olécranien MUSCLES DU BRAS 71 disparaît d'une faron à peu près complète chez les Anthropoïdes. Diivernoy, Vrolik, Chiirch, Bischoff, Champneys, Hepbiirn, Deniker, Kohlbiûgge n'en parlent pas dans les différents mémoires qu'ils ont publiés sur la myologie du chimpanzé, de Vorang, du gibbon et du gorille. M. Testut, de Lyon, l'a vainement cherché chez les deux Anthropoïdes [chimponzé et orang) qu'il a disséqués jusqu'à ce jour. Dans sa brochure : On the anatomy of the gorilla [Proc. oftheRoy. Irish Acad., vol. I, série II, Sciences, p. 502), M. Macalister s'ex- prime ainsi : « Is no anconœus internus. » D'autre part, Gratiolet et Alix l'ont découvert chez le Troglodytes Aubryï; M. le professeur Wood chez Vorang, et M. le professeur Macalister chez un chimpanzé femelle, mais à l'état rudimentaire. Chez les Anthropoïdes comme chez l'homme, il ne se produit donc qu'accidentellement. En lin de compte, M. Testut a dressé, avec les noms des auteurs à l'appui, le tableau suivant des espèces animales dans lesquelles on rencontrerait, sous des aspects variés, l'épitrochléo-olécranien. 1. l'IUMATES. Orang (Wood). Troglodytes Aubryï (Gratiolet, Alix). Cercopithecus (Gruber). Macacus sinicus (Wood). Inuus (Cuvier, Gruli«n^). Cynocephalus ^ (Cuvier, Gruber). H. Lémuriens. Lernur (Cuvier). Tarsius (Burmeister). Ga leopilhecus (( i rub e r) . II L Chéiroptères. Pteropus (Humpliry). IV. Carnivores. Mêles (Gruber). Mustela (Gruber). Luira (Cuvier). Vicerra iCuvier). Herpesles (Gruber). Fe/ïs (Cuvier, Strauss-Durckbeim, Gru- ber, Wood). Ursus (Gruber). Panthera (Cuvier). Pulorius vidgaris, belette (Wood). V. Pinnipèdes. Phoca (Cuvier, Duveruoy, Roseutluil Gruber). VI. Insectivores. Erinaceus (Cuvier, Gruber, W'ood). Sorex (Gruber). Crocidura (Gruber). Myogale (Gruber). Talpa (Gruber, Wood). VII. Rongeurs. Bathyergus, rat-taupe (Cuvier). Arctomys (Cuvier, (irubei^). Rat de Norvège (Woodj. Myoxus (Gruber). Sciurus (Gruber, Wood). Pteromys (Gruber). Tamias ^Gruber). Spermophilus ((h'uber). ' Il n'existe pas, cliez le Cijnocép/udt' Anubi.s (Champueys). Les professeurs Testut et Shepherd ne font pas rencontré dans ïours. VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMMK Caslor (Cuvier). Cricelus (Grubcr). Mus (Gruber). Meriones (Gruber). Ilypudœus (Gruber). Lemnus (Gruber). Dipus (Gruber). Lepus (Gruber). Hyslrix (Gruber). Dasyprocta (Gi^uber). Cœlogenys (Cuvier, Gruber). YIII. Proboscidiens. Éléphant (Cuvier). IX. Édentés. Bradypus (Gruber, Macalisler, Huai- phry). Dasypus (Cuvier, Gruber, Galton). Orycteropus (Cuvier, Humphry). Myiinccojtkaya (Cuvier, Rapp, Gallon, Pouchet). Pangolin (Grubor, Humphry). Cholopms didactylus (Gallon). X. Marsupiaux. Phascolomys ivombata (Gallon). Didclphys 'Gruber). Dasyurus (Gruber). Phalangisla (Gruber). Macropus (Cuvier). Phascolarctus cinereus (Young). XI. MONOTRÈMES. Ornllliorhyncva (Alix, ^Voodj. Echidna (Galton, Alix, Mivart). La confection d'une telle liste est bien prématurée, eu égard à nos connaissances actuelles sur les homologies certaines de Tépitrochléo- olécranien dans toute la série animale '. L'étude attentive des docu- ments fournis par les auteurs et mes dissections personnelles me font même me demander s'il n'y a pas, chez l'homme et chez les animaux, deux variétés d'anconés internes : l'un indépendant, l'autre dépendant du triceps brachial. Que dit, en effet, M. le professeur Gruber, l'anatomiste le plus compétent sur ce point spécial : « L'épitrochléo-anconœus anormal de l'homme est l'homologue de l'épitrochléo-anconœus normal des ani- maux, et cette conclusion est confirmée par l'étude des filets nerveux qui l'animent. Chez Ihomme, cependant, il est quelquefois un muscle indépendant, quelquefois un chef du triceps brachial, tandis que dans tous les autres Mam?nifères, il est indépendant. Chez l'homme, il a pour fonction de protéger le nerf cubital et les vaisseaux qui l'accompa- gnent, et de soutenir concurremment avec le triceps brachial et le ligamentuni cubiti medialis, la jointure du coude. Chez les autres Mammifères, il est adducteur de l'olécràne ou supinateur de l'avant- bras, et sert à défendre de toute pression quelquefois le nerf cubital et les vaisseaux qui l'accompagnent, quelquefois le nerf médian et les vaisseaux brachiaux. » De son côté, M. Testut écrit : « Le muscle épitrochléo-cubital ' Dans cette liste figure à tort le pteropus et sont passés sous silence divers Maminifères sus-indiqués. -Testut. Trait, des un. nuise, p. 42ij. MUSCLES DU BRAS 73 constitue, dans la majorité des cas, un muscle parfaitement distinct, comme aussi quelquefois il semble se confondre avec la portion infé- rieure du vaste interne; je crois que cette fusion nest qii apparente ; j'ai toujours trouvé pour ma part, même dans le cas où la fusion parais- sait intime, un interstice séparatif qui me permettait d'isoler les deux muscles. Cette indépendance du faisceau épitrochléo-cubital ressort encore de son mode d'innervation qui le rattache au nerf cubital (branche du médian, nerf fléchisseur), tandis que le triceps reçoit les branches du nerf radial. » En ou Ire, M. Testut, dans les pages qu'il a consacrées aux anomalies du triceps brachial, ne note pas un seul cas de prolongement du vaste interne vers la gouttière épitrochléo-olécra- nienne. Eh bien, ce prolongement du vaste interne vers l'avant-bras, com- blant la gouttière épitrochléo-olécranienne, se trouve tout aussi bien chez les animaux que chez l'homme. Si l'on veut bien se reporter à mes recherches bibliographiques concernant le degré de fréquence de l'épitrochléo-olécranien dans les divers genres de Mam)7îifères, on verra que ce prolongement du vaste interne du triceps vers l'avant- bras est signalé par M. le docteur Hyrtl chez le Chlamydophorustrun- catîis ; (\vi\\\\ vaste interne, indépendant de l'épitrochlée, est noté par Gratiolet chez Vhippopotame. J'incline aussi à croire que les faisceaux musculaires décrits chez le grand fourmilier, par Pouchet, sous le nom de vaste interne, et chez V h t/rax., par Mûrie et Mivart, sous le nom de quatrième chef du triceps brachial, ne sont pas des épitrochléo-olé- craniens types. Dans le même ordre animal, la sangle musculaire épi- trochléo-olécranienne et le prolongement du vaste interne du triceps brachial vers l'avant-bras peuvent coexister même ; dans l'ordre des Rongeurs, j'ai trouvé, ainsi que je l'ai dit plus haut, le prx^mier chez le lapin, le second chez la souris. Dans l'espèce humaine, le prolongement du chef interne du triceps brachial vers l'avant-bras a été observé trois fois par moi. I. Femme, phtisie, vingt-sept ans; 5 décembre 1881. — A droite, le vaste interne du triceps brachial descend le long du bord interne de l'olécrâne sur lequel il s'insère ainsi que sur l'épitrochlée. Inférieure- ment, il se termine par une mince lame aponévrotique qui va se con- fondre avec l'aponévrose antibrachiale postérieure. Il ne reçoit aucun filet du nerf cubital au-dessus duquel il forme une masse charnue et épaisse. A gauche, le coude est normal. II. Enfant, dix ans, carie lombaire ; 7 mai 1887. — L'anomalie est 74 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME bilatérale et identique à ilruile et à gauche. Le vaste interne du triceps adhère très intimement à la partie postéro-interne de l'olécrâne par des fibres charnues épaisses aboutissant en b;is et en dedans à une aponévrose nacrée qui se confond avec l'aponévrose antibrachiale et brachiale. Le nerf cubital ne lui fournit aucun rameau. III. Ce cas est le plus curieux. D'un côté, en elfet, il y avait un muscle épitrochléo-olécranien type, et de l'autre un prolongement du vaste interne du triceps brachial vers le chef externe du muscle cubital antérieur. Je copie mes notes. Homme, vingt-deux ans, garçon de café, péritonite tuberculeuse ; 40 janvier 1891. A droite, on trouve une bandelette charnue en dedans, aponévro- tique en dehors, étendue de l'épitrochlée à l'olécrâne, au-dessus du nerf cubital qui lui envoie directement un l'ameau. Au nivetiu de l'épitrochlée, les fibres musculaires les plus inférieures vont s'unir aux libres supérieures du faisceau épitrochléen du muscle cubital antérieur. A gauche, le vaste interne du triceps s'attache à toute la longueur du bord interne de l'olécrâne, remplit tout l'espace épitrochléo-olé- cranien et va se confondre entièrement avec le chef externe du cubital antérieur qui prend ses insertions sur l'olécrâne et le bord postérieur du cubitus. Il recouvre le nerf cubital dont il ne reçoit aucun filet et n'a que des rapports de voisinage avec l'épitrochlée. Les deux coudes de ce sujet ont été disséqués les 11 et 12 jan- vier 1891 par deux de mes élèves MM. René Petit et Valla-Brochard et moulés, les mêmes jours, par mon prosecteur M. Henry-Barnsby. J'ai présenté, à l'Académie de médecine ces moulages le 3 mars de la même année. Je confirme donc ce qu'a dit Malgaigne dans son xinatomie chinir- fjicale. « En dedans (du coude) on trouve le muscle anconé, sorte de prolongement du triceps qui recouvre la gouttière osseuse constituée par l'olécrâne et l'épitrochlée dans laquelle passe le nerf cubital. » En môme temps je revendique en faveur d'un anatomiste français l'hon- neur de la découverte de cette malformation dans l'espèce humaine. En résumé, on peut observer à la face interne du coude, chez l'homme, deux trousseaux musculaires anormaux qui reproduisent une disposition similaire normale chez les animaux. Le premier représente le muscle adducteur de l'olécrâne des Mam- MUSCLES DU BRAS 75 77iifères, dont raiiiciilation du coude jouit de mouvements de latéralité, et s'il disparaît ou se réduit à un simple tractus fibreux dans l'espèce humaine, c'est que sa présence n'y est plus nécessaire. Le second est une dépendance du vaste interne, une reproduction à la face interne du coude de la malformation constituée à la face externe par la soudure de l'anconé et du vaste externe. Il appartient au sys- tème du triceps brachial, tandis que l'épitrochléo-olécranien appartient au système du cubital antérieur. Cette manière de voir est nettement établie par l'innervation difïérente des deux faisceaux musculaires anormaux en question : le premier reçoit ses branches motrices du cubital ou de ses rameaux collatéraux (nerf lléchisseur), le second du radial ou de ses rameaux collatéraux (nerf extenseur). Tenseur de la synoviale radio-bicipitale. J'ai rencontré, à droite et à gauche, chez 3 hommes et chez 2 femmes ce tenseur sur lequel Béraud a appelé le premier, je crois, l'attention. (Voy. i\I. tenseur postérieur de la synoviale du coude.) Chez 2 hommes et chez 1 femme, il était représenté par une languette musculaire très grêle provenant de la face profonde du long supina- teur, chez 1 homme par deux languettes musculaires, chez 1 femme par trois. Chez 1 homme et chez une femme je l'ai vu recevoir un ramuscule de la branche que le nerf radial fournit au long supina- teur. MUSCLES DE L'AVANT-BRAS RÉGION ANTÉRIEURE En anatomie humaine on considère toujours la main comme en supination, c'est-à-dire la paume regardant en avant, le pouce en dehors; en anatomie animale on envisage la main comme constam- ment en pronation, c'est-à-dire la face palmaire tournée en arrière et le pouce en dedans, dans la position normale chez la généralité des êtres vivants. En anatomie humaine et en anatomie vétérinaire les termes antérieur, postérieur, externe et interne appliqués à l'extrémité distale du membre supérieur signifient donc le contraire. Pour être exact il faudrait dire : face palmaire, face dorsale, bord radial (côté du pouce), bord cubital ou ulnaire (côté du petit doigt) et désigner les os carpiens ou les doigts par leurs noms propres ou bien en les comp- tant toujours à partir du pouce. Il convient d'observer de plus que chez les Mammifères qui n'ap- partiennent pas à l'ordre des Primates la mobilité et le développement relatifs des deux os de lavant-bras ne sont pas les mômes que dans l'espèce humaine. Ainsi, dans les Animaux domestiques^ le cubitus est relégué à son extrémité proximale, derrière le radius, et ne concourt à l'articulation avec l'humérus que par sa grande échancrure sigmoïde, en sorte que le radius correspond à la fois au condyle et à la trochlée de l'humérus et porte l'apophyse coronoïde (d'ailleurs peu développée). L'extrémité distale du cubitus restant toujours du côté du petit doigt, le déplacement qu'il a éprouvé à son extrémité opposée a pour effet de diminuer le croisement des deux os en pronation ou môme de le 78 VAHIATIONS DU SYSTEME iMUSCULAlRE DE L'HOMME faire dispaniîlre : il existe encore, à un certain degré, dans les Carnivores ,' miih, dans le lap{?i, le porc,\es Rumincmts, \qs Soiipèdes, les deux os sont parallèles, le cubitus en dehors et en arrière du radius. En môme temps qu'ils se redressent ainsi, ils s'appliquent exactement l'un contre l'autre et s'immobilisent, grâce à un solide ligament inlerosseux ou même à une synoslose plus ou moins com- plète. La main se fixe ainsi en pronation invariable. Le cubitus devient dès lors plus ou moins inutile à sa partie inférieure ; il s'atrophie et le radius se développe en compensation '. Le terme extrême de cette évolution nous est donné par les Solipèdes^ chez les- quels le cubitus est réduit, dans le tiers inférieur de l'avant-bras à un stylet excessivement grêle ; souvent même il parait s'arrêter bien au-dessus du carpe ; mais si l'on examine de jeunes sujets, on cons- tate toujours, au coté externe de l'extrémité inférieure du radius, en arrière de la scissure de l'extenseur latéral un petit noyau d'ossifica- tion spéciale qui marque évidemment l'épiphyse inférieure du cubitus. En raison de ces faits, sur lesquels M. Lesbre s'est appuyé- pour démontrer les défectuosités de la nomenclature anatomique humaine adaptée à la classification des muscles de l'avant-bras de la pluralité des Mammifères, il serait bon d'appliquer à la classification des muscles de l'avant-bras de l'homme, celle employée par Cuvier en anatomie animale, de diviser ces agents de mouvements : i" en muscles prona- teurs et supinateurs (rond pronateur, court pronateur, long supina- teur, court supinateur) ; 2" en muscles se terminant sur le carpe ou le métacarpe (radiaux, cubital antérieur, cubital postérieur, grand et petit palmaire, long abducteur du pouce) ; en muscles allant jusqu'aux doigts (extenseurs propres ou communs, fléchisseurs propres ou communs). Je m'en abstiendrai cependant pour ne rien changer aux habitudes reçues, mais pour éviter toute erreur, j'aurai soin, comme pour les muscles de la face et maints autres faisceaux insolites, de faire pré- céder l'étude de chacun des muscles antibrachiaux de sa synonymie aussi exacte que possible. ' Voy. M. bfucltiiil aniêrieur. ^ Lesbre. Loc. cil., p. 112. MUSCLES DE L'AVANT-BRAS 79 ROND PHONATEUR Syn. : Grand pronateiir (Bichat i ; Épitvoklo-radiul : . Chaussier) ; Pronalor levés (N. a.) ; i'ronalor radii rotundits : Pronaleur oblique (Winslow), etc. Absence de la portion coronoidienne. — Cetle porlioii loujours moins iorlo que la portion huméralo est souvent absente, tendineuse ou l'udimentaire. Anaïomiecompauée. — M. Macalister a publié, en 1867, dans le Jour- nal of Anatomy and phijsiologij (sér. 2, vol. I, p. 9), un mémoire 1res étendu sur la nalure du faisceau coronoïdien du rond pronaleur. J'emprunte à ce mémoire les lignes suivantes : « Pour ce qui touche l'anatomie comparée de ce faisceau coronoïdien, on ne le trouvera que très rarement chez Xq?, Animaux inférieurs, si on l'y trouve. . . Il n'était pas présent chez les Ruminants, les Pachydermes, les Cétacés, les Rongeurs que j'ai examinés; mais je n'ai pas eu l'occasion de constater s'il existe chez les Édentés. Parmi les Carnassiers, je l'ai vu faire défaut chez Vours, le lion, le chien et le chat, et parmi les Quadrunianes, chez le Cebus capucinus et chez le Macacus nemestrinus... Il semble donc être, dans sa nature, un muscle essentiellement humain. » Comme complément j'ajouterai que M. Gallon ne l'a pas rencontré dans le Dasypus sexcinctus ni dans l'Orijcleropus Capensi, M. Testut. dans Yours brun d Amérique, M. ^laisonneuve dans le marin, M. ^^ ood dans le bonnet-chinois, M. Champneys dans le Cijnocéphale Anubis et qu'il manque fréquemment dans \ç:% Anthropoïdes. Le Troglodytes Aubryï d'Alix et Gratiolet, les gorilles de Duvernoy, de Chapman ' et de Hep- burn, les gibbons de Bischoif, de Deniker et de llepburn, Vorang du pro- fesseur Testut ne le possédaient pas. Ce faisceau du rond pronateur appartient à une couche musculeuse profonde qui, chez beaucoup de Marsupiaux [Paramèlcs) et de Carni- vores s'étend dans toute la longueur de la face palmaire de l'avant- bras et dont la partie inférieure représente ie muscle carré pronateur (Gegenbaur, Ilumphry, etc.). « Les muscles supinateurs et pronateurs de l'avant-bras, a écrit M. Lesbre, n'atteignent leur complet développement que dans les ' Chapman. l'rocedinrjs of llie Academy of nalural sciences of Philadelphia,lS'9, p. 388. 80 VAHIATIONS DU SYSTEMIi MUSCULAIRE DE L'HOMME Primates, ils s'alrophicnt proporlionncllemenl au degré d'immobilité des deux os de Favant-bras l'un sur l'autre et finissent par disparaître complètement. » Chez quelques sujets j'ai vu le nerf médian passer en avant de la portion coronoïdienne. Indépendance plus complète des deux portions. — L'indépendance complète des deux portions depuis leur origine jusqu'à leur termi- naison ou jusqu'au tendon radial commun a été notée par Albinus, Sœmmerring, Theile, Meekcl, Wood, Macalister et par moi. Rûdinger a môme donné un excellent dessin de cette malformation'. M. le professeur Macalister qui voit dans la portion coronoïdienne du rond pronateur l'homologue de la tète tibiale du soléaire s'appuie sur la disparition et la différenciation fréquentes de cette portion pour admettre très logiquement qu'elle se développe aux dépens d'un « acccssory embryogénie germ. » Segmentation en deux de la portion coronoïdienne. — La division en deux du chef cubital, le reste du muscle étant normal, a été signalée en 1868 par M. Macalistei', et en 1870 par M. Kelly. Dans le cas de M. Macalister l'artère humérale passait entre les deux faisceaux de la portion coronoïdienne dédoublée et le nerf médian, en avant du fais- ceau antérieur; dans le cas de M. Kelly les deux faisceaux de la portion coronoïdienne dédoublée étaient situés en arrière du nerf médian. Il est à remarquer que dans les Oiseaux, notamment dans le milan, il n'y a que les branches du médian représentant le nerf cubital qui tra- versent le rond pronateur (Humphry). Sésamoide dans le tendon humerai. — La présence anormale d'un os sésamoïde dans le tendon humerai du rond pronateur constatée par Hyrtl '" et Scheuzer ^ et l'apparition d'un os semblable dans le tendon fémoral du soléaire sont une nouvelle preuve de l'homologie de ces deux muscles. Variations des insertions. — Quand l'humérus possède une apophyse 'Rûdinger. Veber die Muskeln der. Vordeni Exlretnilalen, etc., Ilaarlem. 1868, taf. 15, fig. 37. * Hyrtl. Loc. cil. supvà. ^ Scheuzer, cit. par Sœuimeirlng, p. 259. MUSCLES DE L'AVANT-BRAS 81 siis-épitrochloenne le rond pronatoiir se prolonge presque Ion jours sur le ligament qui la rattache à répitrochlée. Cette proposition formulée par le professeur Gegenbaur ne soulTre guère d'exception. L'extension de l'insertion supérieure du rond pronateur le long du cordon fibreux qui l'unit au condyle interne a été rencontrée par : MM. Macalister clioz o sujets sur H Tesluti — 11 — U L'auteur — l> — 6 ■ Soit 22 sujets sur 23 Nuhn a vu le chef brachial provenir de la moitié inférieure du bord interne de l'humérus-. « L'insertion radiale du rond pronateur, dit Cruveiihier, est très variable pour la hauteur, et ses variations portent sur toute la longueur du tiers moyen de Vos^. » Dans un cas de difformité congénitale de l'avant-bras elle avait lieu sur l'extrémité inférieure du radius (Kosler)'*. Anatomie comparée. — !Meckel prétend que dans les Singes le rond pronateur atteint le cinquième moyen du radius. Il en est ainsi chez les Singes inférieurs mais non chez les Anthropoïdes. MM. Champneys - etHepburn ont seuls rencontré cette extension de l'insertion inférieure du rond pronateur vers le poignet chez les deux Chimpanzés et YOrang qu'ils ont disséqués. * Faisceaux surnuméraires et connexions plus intimes avec les muscles voisins. — M. Macalister a disséqué un rond pronateur doTii ^ le chef corono'idien était formé par deux faisceaux, dont l'un se perdait sur le chef humerai et l'autre sur le grand palmaire. Brug- none a vu le même chef corono'idien recevoir des fibres de renforce- ment de la face antérieure du radius et du cubitus. Le chef épitrochléen a souvent une seconde tète provenant soit : a) De l'humérus ; |3) Du brachial antérieur; y) Du grand palmaire; o) Du fléchisseur commun des doigts. ' Testut. L'apophyse siis-épitrochléenne chez l'homme. Paris, 1889. * Nuhn. Unterauchiingen u. BeobachL aas. dem gebiefe der anaf., p. "20. ' Cruveilliier. Aiiat. descripf.. 2" cdit., t. II, p. 263. * Koster. Nederlandsch . Wcekhlad. l'oor. f/eneeskunde. 18.j6, p. I2j. H. 6 82 VARIATIOiNS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME Voss de Christiania a disséqué un sujet où cette seconde tète prove- nait de l'humérus, au-dessus de l'apophyse sus-épitrochléennc '. Otto a rencontré un ruban musculaire qui reliait l'extrémité supérieure du rond pronateur à la portion radiale du fléchisseur sublime'. Hyrtl a trouvé un rond pronateur qui avait trois tôles d'origine, une naissant de l'humérus, au-dessous du coraco-brachial, une de la cloison inler- musculaire interne, une, de l'épitrochlée ^ Dans un cas observé par M. Macalister, le muscle en question avait aussi trois tètes d'origine, mais une venait du biceps et les deux autres de l'épitrochlée et de l'humérus K A.NATOiAiiE COMPARÉE. — Eu traitant du petit palmaire, je démontrerai que le rond pronateur, le fléchisseur superficiel, le grand palmaire, le petit palmaire et le cubital antérieur dérivent, dans les Vertébrés infé- rieurs, d'une môme couche musculeuse qui s'étend du bras à la main (pronato-flexor 7nass, de Humphry). Dans les Oiseaux, le rond prona- teur est représenté par deux faisceaux qui se fixent à l'humérus, tantôt par un tendon commun, sur un seul tubercule {Gallinacés), tantôt par deux tendons distincts sur deux tubercules isolés [Pigeons, Passereaux, Perroquets, Rapaces). Chez le cryptobranche, Vimau, la fourmilier, il remonte encore plus ou moins haut sur le bord interne de l'humérus (Humphry). La plupart des dernières anomalies du rond pronateur humain se retrouvent, au surplus, à l'état anormal dans \qs Anthropoïdes. Chez le gorille de Bischoff" les fibres les })lus élevées du rond pronateur prove- naient du brachial antérieur. Chez le fœtus de gorille de Deniker, le fléchisseur superficiel s'insérait à la fois sur l'épitrochlée et sur le rond pronateur. Le chef cubital du muscle en question naissait, chez un orang disséqué par Wood, avec le grand palmaire et le fléchisseur superficiel, par un tendon commun de l'apophyse coronoïde et fournis- sait avant de s'attacher au radius, un faisceau au fléchisseur de l'index ^ Chez le g ibb 071 du docteur Hepburn, le chef cubital était inséré à la fois sur la face antérieure et le bord externe du radius. ' Voss. Norsk MaQazin for Lœrjevidenskahen. Bd. 10, lllt. H. ' Olto. Neue. Sait. Beobacht. Ileft. 1, p. 90. ' llyiiL Œsterreich Zeitschrift, vol. YllI, n» 20. * Macalister. Cat. a7.,p. 8i. " Wood. P)-oc. of. tlie. Roy. soc, juin 1868, p. 408. MUSCLES DE L'AVANT-BRAS 83 GRAND PALMAIRE Syn. : Radial an/érieiir: Épilro/do-mëlacafpieii (Chaussier); Fle.ioi- ina/ias radialis ; Radial interne, Fle.ior carpi radialis (N. a.'i; Flécliisseur interne du métacarpe des vétéri- naires. Variations des insertions. — Sur 105 sujets comprenant 55 hommes et oO femmes que j"ai examinas en 1879, j'ai vu les insertions supé- rieures du grand palmaire, demeurer invariables alors que les insertions inférieures se faisaient : 11 fois sur le trapèze, G fois chez l'homme (4 fois des deux côtés, 2 fois à droite), 5 fois chez la femme (3 fois des deux côtés, 2 fois à gauche). 4 fois sur le 3*" et le 4" métacarpien, 2 fois des deux côtés chez 2 hommes et 2 fois du côté gauche chez 2 femmes. 1 fois sur le ligament annulaire du carpe (chez un homme, à droite). 1 fois sur le scaphoïdc (des deux côtés, chez 1 homme). 1 fois sur le ligament annulaire et le scaphoïde (des deux côtés chez 1 femme). 9 fois sur le trapèze et le 2" métacarpien, 7 fois chez l'homme (5 fois des deux côtés, 1 fois à droite, 1 fois à gauche), 2 fois chez la femme (1 fois à droite, 1 fois à gauche). 1 fois sur les 2% 3^^ et 4- métacarpiens, chez 1 femme (des deux côtés). 1 fois sur le 2° métacarpien et le radius, chez 1 homme (des deux côtés). Au total, sur mes lO.j sujets les insertions inférieures étaient irrégu- lières chez 29 dont 18 hommes et 11 femmes (18 fois des 2 côtés, 6 fois à gauche, 4 fois à droite). L'anomalie la plus commune était constituée par l'attache partielle ou totale du tendon inférieur sur le trapèze. C'est aussi celle qui a été signalée par le plus grand nombre d'ana- tomistes, par Albinus, Loschge, Fleischmann, Theile, Hyrtl, Henle, Testut, Macalister, Struthers (communication écrite), etc. M. Maca- lister a vu le grand palmaire se terminer sur le 3" et le 4*" métacarpien et M. Fleischmann sur le ligament annulaire et le scaphoïde. M. Maca- lister m'a déclaré avoir disséqué un grand palmaire dont le tendon 8i VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME inférieur était coiislilué par deux i)ranches, dont l'une se portail sur le 2^ métacarpien et l'autre sur le ligament annulaire du carpe. Chez un sujet où la main n'était composée que du pouce et de deux doigts, Friedlowsky a noté l'insertion de ce tendon au « scapho-trapezium* ». Il était fixé sur l'extrémité inférieure du radius dans le cas de dilYor- mité congénitale de l'avant-bras observée par- Koster. Anatomie comparée. — Chez le cnjptobranche le segment ladial de la couche superficielle de la pronalo-flexor mass duquel dérive le rond pronateur et le grand palmaire se prolonge sur la face antérieure et le bord externe du radius jusqu'au poignet et même sur le bord externe des deux cartilages radiaux du poignet (voy. M. palmaire (jrêle). Dans \ours brun cV Amérique (Tcstut) et Vunaii (Humphry), le grand palmaire se termine sur le scaphoïde ; dans le Dasi/piis sexcincttts sur le trapézo-trapézoïde- (Galton) ; dans la sarigue sur le trapèze et le 2" métacarpien (Meckel) ; dans Véchidné, sur le trapèze, le scaphoïde , le 2" et le 3'^ métacarpien (Alix); dans le murin, sur le trapèze et l'os sésamoïde situé au-dessus de lui (Maisonncuve) ; dans le chat sur le T et le 3° métacarpien (Strauss-Durckheim); dans VOryctérope du Caj): sur le métacarpien de l'index et l'apophyse styloïde du radius (Galton); dans le phoque, sur le scaphoïde, le 1^'' et le 2° métacarpien ; dans les Solipèdes, sur la tète du métacarpien rudimentaire interne lequel correspond à l'index disparu ; dans le porc, sur le grand doigt interne (médius); dans les Ruminants, sur le côté interne de l'os canon, os résul- tant de la coalescence du médius et de l'annulaire ; dans le Singe pro- boscide , sur le 2" et le 3" métacarpien^ Dans chacun des quatre Anthropoïdes disséqués par ^I. Hepburn , il se perdait sur le 2*^ et le 3® métacarpien. Chez presque tous les Rongeurs et les Carnivores, il se termine comme chez l'homme sur l'extrémité proximale du métacarpien de l'index. Faisceaux surnuméraires et connexions plus intimes avec les muscles voisins. — Le grand palmaire peut être uni dans une étendue plus ou ' Friedlowskj'. Silztnif/aberic/tte der K. Akad. (1er. Wissensch iiiat/ieinuliscli-ina/urwis- sensch. C/asse. Bd. lix. Wien, 1869, 532. *Dan3 le Dasi/pus sexcinctus le carpe n'a que sept os par suite de la fusion du trapèze et du trapézoïde (voy. Cuvier : Ossements fossiles, p. 127, et Owen : Moiior/raphie du Mylodon. robustus. Londres, 184?, p, 97). ' Ilumphry. Jour», of anat. and. phys., vol. IV. p. 42. MUSCLES DE LAVANT-BRAS 85 moins grande avec liin ou laiilre des muscles épitrocliléens qui l'avoi- sinent [pelit palmaire^ rond pronateur, fléchisseur superficiel des doigts) ou recevoir un faisceau de renforcement provenant soit : a) Du biceps (voy. ce muscle) ; ji) Du brachial antérieur (voy. ce muscle); y) Du radius, au-dessus de l'insertion du fléchisseur superficiel ; S) Du cubitus, de l'apophyse coronoïde avec le faisceau coronoïdien du rond pronateur qu'il remplace quelquefois. Le professeur Macalister a disséqué un sujet chez lequel le muscle en cause avait trois tètes d'origine : une naissant du biceps et de la face profonde du fascia semi-lunaire, une de l'épitrochlée et une de l'apophyse coronoïde. J'étudierai plus loin les faisceaux, que le grand palmaire peut envoyer à l'abducteur du petit doigt (voy. ce muscle) . Anaïomil: comparée. — Dans le Troglodytes Aubry'i, <.<. le grand pal- maire s'insérait non seulement à l'épitrochlée mais encore, au-dessus du rond pronateur, à toute celte partie de la face palmaire du radius qui est comprise entre la tubérosité bicipilale et la partie moyenne du radius ». Chez le gorille, Yorang et \q gibbon du docteur Hepburn, le grand palmaire avait un chef d'origine supplémentaire provenant de la ligne oblique du radius, immédiatement en dedans de l'insertion du rond pronateur. Sur une femelle à'orang disséquée par ^Yood, le grand palmaire naissait avec les faisceaux coronoïdicns et radiaux du fléchisseur sublime de l'apophyse coronoïde el du bord antérieur du radius \ PETIT PALMAIRE Syn. : l'almaris longt/s (Albinus, N. a.) ; Épitrofclo-palnuàre grêle ; Épilrocliléo-carpi- paltnai/'e iDumas'. Absence. — 11 n'est pas un anatomiste qui ne l'ait constatée plu- sieurs fois. Elle a été signalée, avant 1593, par Columbus sur des voleurs {De Re anatomica, 1593, lib. V, p. 288). Wood l'a observée y fois sur 102 sujets. J Wood. Proc. of llœRoij. soc. 1867, no 93. p. 527. 86 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME W. Gruber a publié deux monographies sur le pelil palmaire : une en 18G8 [Mémoires de t Académie Impériale de St-Pélersbourg^ 23 jan- vier 1868), et quia trait aux principales variations de ce muscle; une, en 1879 [Beobachtimgen ans der menschlichen und vergleichenden Ariatomie. Berlin, 1879, p. 23-39; et qui est une statistique des cas de suppression de ce muscle. On peut mettre en parallèle de cette statis- tique celle qu'ont publiée, en 1894, MM. les professeurs G. Schwalbe et W. Pfitzner de l'Université de Strasbourg*. Proportion Sujets cciiti'simale. examinés. p. 100 Sur 1,400, par Gi^uber, le petit palmaire manquait chez 178 ce (\\n donne 12,7 Sur 520, par les professeurs Schwalbe et Pfitzner chez lOG — 20,4 Les 1400 sujets de Gruber comptaient autant d'hommes que de femmes, tandis que les 520 sujets de Schwalbe et Pfitzner comptaient 344 hommes et 176 femmes. l'ro portion centi'simale. Hommes. p. 100 Sur les 700 de Gruber le petit palmaire manquait chez 7o ce (jui donne 10,7 Sur les 344 de Scliwalbe e( Pfitzner — — 06 — 19,3 Femmes. Sur les 700 de Gruber — — 103 — 14,7 Sur les 176 de Schwalbe et de Pfitzner — — 40 — 22,7 Sujets (liommes et femmes) i _„„. ,, ., ,,, c -Arv ^ n ^ \ '8 lois a droilc 11,1 Sur /OO de Gruber — — \ , , c- ■ ^ , .,\ ( 100 fois à gauclic 14,3 Hommes o *"'!!^'"^' ^, , (31 fois à droite 8,9 Sur 3o0 par Gruber — — 1 ,, r • - , ,o\> ( 44 fois a iiauche 12,6 Femmes examinées. .' ,_«. ,, ., ,n, „..„ ,. , S 4/ fois a droite 13,4 Sur 3o0 par (jruber — — > --^ r • - 11.?/^ '■ { 56 fois a gauche 16,0 Pour ma part j'ai noté (années 1883-1884-188o et 1886) le défaut de présence du muscle en question 64 fois sur 260 sujets comprenant un nombre égal d'hommes et de femmes. Il n'existait pas à droite chez 6 hommes. — à gauche chez 8 — — à droite ni cà gauclie chez ... 10 — Soit 24 hommes sur 130. Il n'existait pas à droite chez 9 femmes. — à gauche 14 — — à droite ni à gauche 17 — Soit 40 femmes sur 130. ' Vavietœlen-Stallstik und Anthropolorjie, cit. p. 484. MUSCLES DE L'AVANT-BRAS Au total le palmaire grêle manquait chez : 9 sujets sur 102 disséqués pac MM. WooJ. 178 — 1,400 — Gruber. 106 - 520 — Schwalbe et Plitzner, 64 — 260 — l'auteur. Soit chez 257 sujets sur 2,282 disséqués. Le petit palmaire n'existerait donc pas en moyenne chez H, 2 p. 100 des sujets. Le petit palmaire absent est quelquefois remplacé par une expan- sion aponévrotique ou charnue provenant des muscles voisins (cas de Wood, de Macalister, de Friedlowsky, de Gruber). Anato3iie coMPAÎiÉE. — Sclon le professeur Hartmann « le palmaire grêle manque chez le gorille, mais non chez les autres Singes Anthro- poïdes ». Il est de fait qu'il était absent chez le fœtus de gorille de Deniker, et les gorilles adultes de Chapman, de BischolT et de Ilep- burn. Mais M. Macalister l'a trouvé dans cet Anthropoïde, et Duvernoy qui a affirmé aussi qu'il n'y existait pas, l'a décrit et figuré « comme une dépendance du cubital antérieur ». D'autre part Tyson n'en a pas fait mention dans le Chimpanzé et M. Deniker ne l'a pas rencontré chez le fœtus de gibbon. Ici encore M. Hartmann a été trop affir- matif. Au dire de Cuvier le palmaire grêle existe dans le plus grand nombre des Onguiculés ; dans les espèces où il fait défaut, ce serait par suite de sa fusion avec les muscles sous-jacents. En ce qui concerne les Solipèdes, les Buminanls, le po7'c, j'inclinerais plus volontiers à croire avec M. Lesbre qu'il manque d'une manière absolue, car on n'en voit jamais la moindre trace. Variations morphologiques. — Le petit palmaire peut être : I. Entièrement tendineux (cas de Columbus, de Wood, de Maca- lister, 1 cas personnel) ; II. Entièrement charnu (cas de Macalister, de Sappey, de Boyer', 1 cas personnel^) ; HI. Renversé, c'est-à-dire tendineux en haut et charnu en bas (cas ' Boyer, p. 282. - Il n'y a rien de fixe dans les rapports du tendon et du corps charnu. 88 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME de Cruvcilhier', de Petschc, de Winslow, de Macalislcr, de Calori, de Griiber, de Tilluiix-) ; IV. Tendineux à sa partie moyenne et charnu à ses deux extrémités (digastrique) (cas de Macalister, de Sappey^). V. Charnu à sa partie moyenne et tendineux à ses extrémités (fusi- forme) (cas de Petsche', de Winslow ^ de Poirier^). Le palmaire grêle fusiforme a ordinairement un tendon plat d'ori- gine et un tendon rond de terminaison, mais j'ai trouvé un tendon rond d'origine et un tendon plat de terminaison. Je les ai vus une fois, tous deux ronds et une fois tous deux plats. Quant à la longueur du ventre musculaire intermédiaire elle oscille, d'après M. Macalister, entre deux et sept pouces. Anatomie comparée. — Le palmaire grêle, qui manque parfois chez les Anthropoïdes et l'homme, est représenté seulement chez le daman^ s'il faut en croire Meckel, par un tendon long et large. Chez Y éléphant disséqué par Miall et Greenwood le long palmaire était large et charnu jusqu'au carpe. Celui du minin est fusiforme (Maisonneuve). Variations de situation. — Le tendon terminal du petit palmaire traverse assez souvent, à l'avant-bras, à une certaine distance de l'ar- ticulation radio-carpienne, le fascia antibrachial et acquiert de la sorte une position plus superficielle (Gegenbaur). Duplicité et triplicité du muscle. — Sur 300 sujets qu'il a examinés, le professeur Gruber a trouvé 3 fois des deux côtés et 21 fois d'un seul côté le petit palmaire double. Cette duplicité du petit palmaire a été notée aussi par Meckel, Gunther, Wood, Macalister, Tillaux'', Flesh, Reid et Taylor, Pye-Smith, Howse et Davies-CoUey, Testut, etc., et par moi. Voici les dispositions qui ont été le plus communément observées : a) Les deux muscles ont les insertions normales, mais l'externe est plus large que l'interne ; ' Cruveilhier. Anal, descript.., t. II, 2*^ édit., p. 266. ' Tillaux. Soc. anal, de Paris, 1861, p. 40. ' Sappey. Traité d'anal., t. II, p. 327. Paris, 1869. * Petsche. Syllog. muscul. observai, anal, selecl. de Ilaller, p. 770. Gottiugeii, vol. XI. ' Winslow, p. 193. ' Poirier. Traité d'anal /non., t. II, 1" fasc, p. 110. ■> Tillaux. Bullel. de la Soc. anal. Paris, 1861, p. 40. MUSCLES DE L" AVANT-BRAS 89 p'j Les deux muscles ont les insertions normales, mais l'interne est fusiforme ; y) Les deux muscles ont les insertions normales, mais l'interne est renversé ; o) Le muscle interne a les insertions normales, mais l'externe est fixé à l'apophyse coronoïde du cubitus en haut (cas de IMeckel, de Maca- lister) ; e) L'un des muscles a les insertions normales, mais l'autre est attaché, en haut, sur le tiers inférieur de l'aponévrose antibrachiale seule ou sur l'aponévrose antibrachiale et le grand palmaire ou sur le grand palmaire seul et en bas sur l'abducteur du petit doigt. Gantzer ^ a donné le nom de ?n. accessorius ad flexorem carpi radia- lem à un faisceau du petit palmaire qui se porte sur l'abducteur du petit doigt. (Pour détails complémentaires voy. M. abducteur du petit doigt.) Le professeur Gruber a vu le petit palmaire remplacé par trois muscles distincts ayant les mêmes insertions que le petit palmaire normal, mais dont le moyen était plus faible que les deux autres. Je ne sache pas que la duplicité du palmaire grêle ait été signalé chez d'autres animaux que dans le koala par Young. "Variations des insertions. — Variations des insertions supérieures. Le petit palmaire peut naître : Au-dessus de l'épitrochlée, soit de la cloison intermusculaire interne (cas de Macalister), soit du biceps et du brachial antérieur (cas de Calori) ; Au-dessous de l'épitrochlée, soit des os, soit des muscles de l'avant- bras. C'est ainsi que Meckel" et le professeur Macalister l'ont vu pro- venir de l'apophyse coronoïde du cubitus, ^IM. Ilenle, Macalister, Howse et Colley et moi de la face antérieure du radius avec le fléchis- seur superficiel. C'est ainsi encore que Carver *, Wood et le professeur Macalister Ton vu se détacher du fléchisseur superficiel, MM. Fleisch- mann' et Macalister du fléchisseur profond, ^Yood et Macalister du grand palmaire et Friedlowsky du cubital antérieur. ' Gantzer. Op. cil., p. I'2. * Meckel. Manuel, d'anat., trad. Jourdan, p. 172. ^ Carver. Joiirn. of anat. and pliys., vol. 111, p. 260. ' Fleischniann. Ahhandl d. plnjs. med. soc. in Erlanf/en, Bd. I, p. 25. 90 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Variations des inscrlions infrricKrcs. — Le palmaire grêle peut s'in- sérer iiirérieurcmenl : a.) Sur l'aponévrose antibrachiale plus ou moins près du poignet (cas de Macalisler, 1 cas personnel) ; fi) Sur l'aponévrose palmaire. A l'élal normal, en eiïet, le petit pal- maire, quoi qu'en disent divers anatomistes, se fixe à la partie moyenne du ligament antérieur du carpe ; y) Sur l'aponévrose interosseuse (cas de Kosler') ; o) Sur le scaphoïde (cas de Fleischmann, de Winslow, de Jenty^) ; e) Sur le pisiforme (cas de Gruber, de Macalister, de ïeslut, 1 cas personnel) ; !.) Sur l'abducteur du pouce (cas de Macalister). Faisceaux surnuméraires et connexions plus intimes avecles muscles voisins. — Le palmaire grêle peut naître par deux tètes, l'une venant de l'épilrochlée, l'autre de l'apophyse coronoïde du cubitus (cas de Macalister, de Ziegler') ou l'une, de l'épitrochlée, et l'autre de la tubé- rosité bicipitale du radius (cas de Janscr * et de Macalister). Sur une femme que j'ai disséquée, il avait même, à droite et à gauche, trois têtes d'origine : une émanant du grand palmaire, une du cubital anté- rieur, une du tiers inférieur du bord interne du cubitus. M. Macalister a vu, des deux côtés, le tendon terminal du long palmaire, inséré sur l'abducteur du pouce, faire suite à deux corps charnus, détachés l'un de l'épitrochlée, l'autre des deux tiers inférieurs du bord interne du cubitus, entre lesquels passait le nerf cubital. Ce dernier vice de conformation du petit palmaire coïncidait avec une absence complète des artères cubitales droite et gauche. Au lieu d'être bifide ou trifide en haut, le muscle dont il s'agit est parfois bifide ou trifide en bas. Quand il est bifide en bas, sa branche terminale surnuméraire, tendineuse ou charnue, plus ou moins forte et plus ou moins longue, peut se fixer : c/) Sur le ligament annulaire du carpe (cas de Wood) ; [i) Sur l'éminence thénar (cas de Macalister) ; ' Koster. Nederlansch Weckblad voor Geneeski/nde, 1856, p. 125. ' Jenty. Anat.phys. lect., 1757, p. 281. ^ Ziegler. Journ. de méd. de Bordeaux, janvier 1893. * Janser. Nederlansdi lancet, 1850, p. 431. MUSCLES DE L'AVANT-BRAS 91 y) Sur l'éminence hypothénar (cas de Sappey ', do Bcrtolli-, im cas personnel) ; 8) Sur le pisiforme (cas de Souligoux '*) ; s) Sur le tendon du fléchisseur superficiel de l'index (cas de Testut). Gruber a noté l'insertion du petit palmaire par trois tendons dis- tincts : 1° sur l'aponévrose palmaire ; 2" sur le pisiforme ; 3" sur l'abducteur et le court fléchisseur du petit doigt. Le regretté profes- seur de l'Université de Saint-Pétersbourg a donné au palmaire grêle qui présente les divers modes de conformation inusités que je viens d'étudier, le nom de « palmaris loiu/us bicaiidatus^ pabnaris longiix tricaudatus ». Anatomie comparée. — Les muscles pronatcurs de l'avant-bras et les muscles fléchisseurs du poignet et des doigts ont pour origine une lame contractile commune que le professeur Ilumphry* a appelée pronato- flexor mass. Dans les Espèces inférieures, dans quelques Batraciens et quelques Reptiles, où la main n'a que des mouvements d'ensemble, l'agent actif de ces mouvements est presque indivis. A mesure que la main se perfectionne, cet agent se segmente davantage et se compose bientôt de deux couches : une couche profonde de laquelle proviennent les fléchisseurs profonds des doigts et le carré pronateur ^ une couche superficielle, compacte en haut, et partagée inférieurement en trois segments : un segment cubital duquel naît le cubital antérieur, un segment radial duquel naît le rond pronateur et le grand palmaire, un segment médian duquel naissent le flécinsseur conimun superficiel des doigts et le petit palmaire. A son état de complet développement, le petit palmaire se prolonge par une aponévrose, d'abord étroite puis étalée en éventail, jusque sur les tendons du fléchisseur commun sous-jacent et par leur intermédiaire sur les phalanges. Il constitue, en un mot, un fléchisseur commun sous-cutané des doigts superposé aux fléchisseurs communs superficiel et profond. Chez l'homme et les Singes supérieurs, le ligament palmaire, le ligament annulaire du carpe et le petit palmaire étant soudés ensemble, le petit palmaire n'a plus d'action sur les doigts, n'agit plus que sur le carpe et par suite sur la main qu'il attire en avant et en haut. Or, ' Sappey. Trait, d'un. (Icscripl., t. H, 2° édit., p. 328. - D. Bertelli. .1/// délia Societa Toscana di scienze Naluvali, 1888. ' Souligoux. Bullel. de la Soc. anal., 1895, p. 667. * Ilumphry. Observations in M>jolof/f/, p. 37 et siiiv. 92 VARIATIOiNS UU SYSTÈME MUSCULA1RI-: DE L'HOMME ce mouvemenLde llcxiun delà main siirravanl-bras, propre à l'homme et aux Singes supérieurs, est assuré par d'autres muscles plus puis- sants que le petit palmaire. La superlluité de cet agent contractile en tant qu'organe de llexion des doigts et de la main est évidente chez les Primates. D'où sa disparition si fréquente chez eux. Il est logique d'admettre que les variations de longueur et les con- nexions plus intimes qu'offrent souvent entre eux les muscles fléchis- seurs et pronateurs de l'avant-bras, de la main et des doigts, sont la conséquence d'un défaut de segmentation de la masse flexo-pronalrice dont ils dérivent tous. Et inversement que la multiplication des fais- ceaux de ces muscles (palmaire grêle, double, triple, radiaux externes surnuméraires, court radial antérieur, etc.) est la conséquence d'un excès de segmentation de cette même masse. Sous quelle influence ? Les recherches de l'École de tératogénie expérimentale dont M. Dareste est le chef incontesté et vénéré, nous l'apprendrons peut-être un jour. Après cet exposé général nécessaire, j'arrive aux animaux dont le mode de conformation du palmaire grêle se rapproche le plus àn^ml- maris longus hicaudatus et du palmaris longus tricmidatiis de l'homme. Dans le Troglodytes Aubrijï, le tendon du palmaire grêle se prolon- geait « sur les enveloppes fibreuses du trapèze, agissant par son inter- médiaire sur le pouce ». Celui des chimpanzés de Ghampneys et de RoUeston était inséré en partie sur le ligament annulaire du carpe, en partie sur l'aponévrose palmaire. Le cubital antérieur du (/or///e disséqué par Duvernoy possédait « un tendon aponévrolique interne duquel par- taient en série oblique les fibres musculaires du palmaire grêle ». Du tendon terminal du palmaire grêle du niurin se détachent « deux expan- sions tendineuses assez fortes, l'une destinée au pouce, l'autre au petit doigt » (Maisonneuve). L'union du palmaire grêle et du fléchisseur superficiel des doigts a été signalée dans Yliyène et Y ours ' par Meckel, dans le chien par W. EUenberger et H. Baum et Lesbre -, dans le pan- golin par Humphry. Chez le phoque, il se perd sur les gaines des ten- dons et les tendons des trois doigts moyens, après avoir envoyé une expansion aponévrotique sur le radius, le carpe et le pouce (Humphry). ' Il était indépendant dans l'/n/œ/ia cvociila et Vlnjœna sffiata de Young et Robiuson. Dans ï ours brun iF Amérique du professeur ïestut, il était représenté par un faisceau pro- venant du flécliisseur perforé des doigts. 2 « 11 n'existe distinctement chez aucun de nos Mammifères domestiques, dit M. Lesbre. Cependant ctiez le cliien on voit se détacher inférieurement de la niasse épitrochléenne du perforant un petit faisceau terminé dans le ligament annulaire du carpe par un tendon filiforme; c'est, pense-t-on, la trace du palmaire grêle qui se serait ainsi confondu avec la masse des fléchisseurs communs des doigts. » MUSCLES DE LAVANT-BIÎAS 93 Dans V éléphant des [ndes la portion la plus puissante du tendon du petit palmaire se termine sur los sésamoïde du o° doigt (Miall et Greenwood). L'abducteur du petit doigt du tapir de Sumatra et de Ylujraxdu Cap provient du pisiforme et du fascia aponévrotique palmaire'. Chez le fourmilier le plus petit des trois muscles représentant l'extenseur cubi- tal du carpe me paraît être l'homologue du faisceau d'union du petit palmaire et de l'abducteur du petit doigt de l'homme (voy. Meckel, Archir., B. v. s. 45). CUBITAL ANTÉRIEUR Syn. : L'inavis laternus _W\Anus : Cubifdl utterne ! Winslow, Lesbrei; Cubllo-curpien ^Chaussier) ; Flexor carpi idnaris N. a.): Èpilrochléo-cubito-carpien 'Dumas); Cubital épilrochléen ; M. satellite de Partère cubital: Fléchisseur oblique du métacarpe des vétérinaires. Variations des insertions inférieures. — L'insertion du cubital anté- rieur sur le ligament interosseux a été notée par Kosler et l'extension du tendon terminal de ce muscle, au delà du pisiforme, jusqu'au cin- quième métacarpien, par de nombreux anatomistes. Anatomie compahée. — « En anatomie générale, a écrit le professeur Testut, l'os pisiforme doit être considéré comme un os sésamoïde déve- loppé dans l'épaisseur du tendon du muscle cubital antérieur qui, en réalité, vient se fixer au-dessous. C'est ainsi que chez Voursh' tendon passe par-dessus le pisiforme qu'il englobe pour aller se fixer au o® métacarpien-. » Sans doute il est divers animaux chez lesquels le cubital antérieur se prolonge au delà du pisiforme ou os sus-carpien, jusqu'au 5" métacarpien, mais le pisiforme n'est pas ce que croit M. Testut. Le professeur Leboucq, de Gand, a prouvé que le nodule cartilagineux du pisiforme était différencié et formé à côté des autres éléments du carpe sur la main du fœtus de 12 millimètres et demi, alors que les muscles n'étaient pas encore différenciés à l'état d'organes distincts : le nodule cartilacjineux formé avant l'apparition du tendon du cubital antérieur ne peut donc être regardé comme un sésamoïde développé dans ce tendon^. Le pisiforme compté parmi les éléments ' James .Murrie. Journ. of anat. and pli'js., N" IX, 1871, p. 154. ' Testut. Trait, des an. musc., p. 453. ' Leboucq. A/'ch. de Diolof/ie de Van Beneden et Van Bambeke, 1885. 94 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE UE L'HOMME du carpe est « l'iiomologue d'un rayon fortement réduit de la nageoire primitive » (Gegenbaur). La pentadaclylie a précédé dans les Mcumni- fèrcs la monodactylie, et l'étal; pentadactyle lui-môme a été précédé par l'état heptadactyle. C'est ainsi que le pisiforme représente un doigt post-auriculaire disparu. D'autre part on a trouvé chez plusieurs Mam- mifères des rudiments d'un avant-pouce. Donc lorsqu'on étudie les doigts dans la série des Vertébrés^ où leur nombre présente des réductions suc- cessives, il ne faut point parler de leur apparition, mais de leur dispa- rition. Il est très curieux de constater que, dans les cas de réduction de nombre des doigts chez l'homme, cette réduction ne se fait pas au hasard, mais suivant un type (|ui, pour le numéro d'ordre des doigts réduits, rappelle absolument le type de réduction des Pcrissodac- tyles péridigités^. Faisceaux surnuméraires. — MM. Morel etMathias Duval ont vu le tendon terminal bifurqué du cubital antérieur se fixer par une branche à l'os crochu et par une autre branche au ^f métacarpien'-. Wood et Macalister ont noté chacun l'insertion de ce muscle sur le i*" métacar- pien par une expansion fibreuse. Curnow a disséqué un sujet chez lequel le tendon du cubital antérieur se prolongeait jusqu'à l'articula- tion métacarpo-phalangienne du petit doigt. Winslow, Friedlowsky, Harrison, Macalister ont noté la présence d'un faisceau du même muscle qui se portait sur le ligament annulaire du carpe ^ et M. Sou- ligouxd'un faisceau qui se portait sur l'abducteur du petit doigt \ Anatomie comparée. — Des expansions aponévrotiques prolongent le tendon du cubital antérieur du cri/ptobranche sur le bord interne du 5® métacarpien, celui de Yhyène (Meckel), de \'aï (llumphry), du koala (Young) sur les métacarpiens externes. Absence du chef cubital. — Sur une femme disséquée par un de mes élèves, M. Voisin, le chef cubital manquait à droite et à gauche. Ce chef est à l'état fibreux chez le tapir (Lesbre) et manque entière- ment chez le porc. ' Ces faits peniietlent d'iaduirc à roriginc iclhyopsidiennc des extrémités des Vertébrés supérieurs. ^lais quelle est l'origine de la nageoire des Poissons'.' Les plus hardis phylogé- nistes supposent que chacun des bourgeons qui entrent dans la composition de la nageoire n'est qu'une branchie transformée ? * MM. Morel et Math. Duval considèrent à tort ce mode de conformation comme normal. Voy. Morel et M. Duval. Manuel de Vanat.. p. 379. ' Winslow, Friedlowsky, Harrison, etc. J.oc. cit. passim. * Souligoux, Bullet. de lu soc. anat. Paris, 1895, p. 658. MUSCLES DE LAVANT-BRAS 95 Connexions plus intimes avec les muscles voisins. A). Avec le petit palmaire (voy. ce muscle) ; B). Avec le vaste interne (voy. ce muscle). FLÉCHISSEUR COMMUN SUPERFICIEL DES DOIGTS Syn. : Dir/itoriim secundi in/enwdii flexor Spigel) ; Épilroklo-phalanfjinteJi commun (Chaus- sier) ; Flexortligitoruin stibliinis i_N. a.j ; Fléchisseur sublime; Fléchisseur perforé: Perforé, Épitrochléo-coroni-phalanginien [Dumas). Les lléchisseurs communs des doigts ont si souvent, normalement chez les animaux, anormalement chez l'iiomme, des relations étroites, qu'il vaudrait peut-être mieux ue pas séparer leur étude. C'est ce qu'a fait avec raison le professeur Turner d'Edimbourg dans la monographie si complète des variations de ces muscles dans l'espèce humaine. Turner [Transactions of the Roijal Societ.j/ of Rdinburgh,\o\. XXIV, 1865). Si je n'imite pas cet exemple, c'est pour ne pas déroger absolument à l'usage. Variations des insertions radiales. — L'étendue des insertions au radius des deux lléchisseurs communs des doigts, mais principalement celle du fléchisseur perforé, est très variable. Le professeur Macalister dit qu'elle peut osciller entre 1 et 4 pouces. Elle peut môme se réduire à rien, le fléchisseur commun superliciel côtoyer le radius sans s'y attacher (cas de Wood, de Macalister, de Flesch ',de Chudzinski', de Leidy% de Testut, 1 cas personnel). Anatomie comparée. — Chez les chhnpanzés de Macalister, d'Alix et Gratiolet, ïo?'ang do Duvernoy, \c fœtus de gibbon de Deniker, le flé- chisseur perforé des doigts n'était pas attaché au radius, et chez le chimpanzé de Rolleston n'y était attaché que par un faisceau, celui de l'index. Ce muscle n'a également aucun point d'insertion au radius dans le Cijnoccp/ialc Anubis (Champneys), le CijnocépJiale maunon, le Macaque cynomolge, YHapale penicillé (BischolT), la girafe (Lavocat), VUromatix spinipes (Humphry). Dans les Prctèles, la civette, Y H gène striée, etc., les deux fléchisseurs communs des doigts sont confondus en un seul corps charnu qui ne se fixe pas sur le radius. ' Flesch. VurieL beobachl. Wurzboiirg, 1870. ^ Chudzinski. Nouv. obs. sur le sijst. musc, du nègre, p. 9. ' Leidy. l.oc. cit. siiprà, p. 300. 96 VAHIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Le droinadairc est un des rares Mammifères où le perforé fasse défaut; il en est peut-être de même dans tous Ya^Ccwié liens (Lesbre). Digastricité totale du muscle. — Chudzinski a vérifié sur de nom- breux sujets appartenant à toutes les races que le plan profond du fléchisseur commun superficiel des doigts est toujours constitué par un muscle digastrique qu'il propose d'appeler fléchisseur digastrique de l index; le fléchisseur perforé de l'auriculaire naît du tendon de ce digastrique de Tindex. Dans un cas mentionné par Dursy, le fléchisseur superficiel tout entier avait une forme digastrique'. Anatomie comparée. — M. Champneys - a appelé l'attention sur la pos- sibilité de l'existence d'un tendon dans le corps charnu du fléchisseur superhciel de l'index du chimpanzé. Au dire de Meckel%le fléchisseur sublime des doigts des Loris est interrompu par un tendon grêle au milieu de l'avant-bras. Segmentation du muscle. — Un de mes élèves, M. Mahoudeau, m'a remis la note suivante : « Le fléchisseur commun superficiel des doigts a été trouvé, le 24 jan- vier 1893, divisé en quatre faisceaux distincts sur l'avant-bras gauche d'un homme exerçant la profession de terrassier. « Les quatre faisceaux étaient indépendants dans toute la longueur du corps musculaire. Le faisceau fléchisseur de l'index présentait h l'union de son tiers inférieur et de son tiers moyen une intersection tendineuse de 3 cent. » Cette division du fléchisseur sublime en quatre faisceaux séparés a été signalée par Wood et Leidy\ Wood, Macalister, Weber-Hilde- brandt ^ ont vu naître de l'apophyse coronoïde et Bauhsen^et moi, de l'épitrochlée, le chef indicial formant un muscle autonome. Wood a trouvé, entièrement diflerencié, le faisceau du fléchisseur sublime qui se rend au petit doigt et M. Testut, celui qui se rend à l'annulaire. Un muscle digastrique se portant de l'apophyse coronoïde sur l'index et le petit doigt a été rencontré par M. Macalister. Un muscle ayant ' Dursy. Henle ii. l'feufer's Zeilschrifl , voL XXXIU, p. 46. * Champneys. Loc. cit. siiprà, p. 187. ' Meckel. A7iut. comp., t. VL P- 3i0. * Leidy. Loc. cit. suprà. " Weber-Hildebrandt. Anal., p. 4.j4. » Bauhsen. Henle, ii. Pfeiifer's Zeifschrifl, XXXlH, p. 49. MUSCLES DE L" AVANT-BRAS 97 la môme structure et le mémo mode de terminaison, mais provenant de la masse des muscles épitrocliléens a été signalé par M. Mauclaire *. En 1868, le professeur Macalister a observé l'agencement suivant du lîéchisseur commun superficiel : le chef radial et une portion du chef cubital aboutissaient au médius, un tendon, bientôt charnu, détaché du chef cubital au-dessous de Tépitrochlée, à l'annulaire, et le reste du chef cubital, à l'index et an petit doigt. Anatomie comparée. — Dans le chimpanzé du docteur Hepburn les faisceaux du iléchisseur sublime du médius et du petit doigt étaient entièrement différenciés. Chez la femelle d'orang disséquée par Wood les quatre faisceaux du iléchisseur- commun superficiel formaient quatre muscles distincts-. Le morcellement, tant des fléchisseurs que des extenseurs des doigts, rentre dans la classe des anomalies progressives ou évolutives que je me réserve d'étudier spécialement dans le dernier chapitre de cet ouvrage (voy. Considérations générales sur les variations du système ?nus- culaire de f homme). Absence de l'un ou l'autre des tendons terminaux. — Le tendon du petit doigt, le plus grêle, est celui qui manque le plus communément. Son absence a été constatée par Theile, Wood, Calori, Moser, Kelly, Maca- lister, Bankart, Pye-Smith et Philips, Testut, Prenant et par moi. Alors il est suppléé par un tendon qui fait suite à un corps charnu naissant : a) Du cubitus (cas de Calori) ; P) Du fléchisseur profond (cas de Bankart, Pye-Smith et de Testut, un cas personnel) ; y) De la gaine synoviale du tendon perforant de l'annulaire (cas de Kelly) ; o) Du ligament annulaire du carpe et de l'aponévrose palmaire (cas de Theile, de Moser'' et de Wood) ; s) Du ligament annulaire seul (cas de Macalister et de Testut) ; '.) De la gaine des vaisseaux cubitaux (2 cas de Prenant). M. Prenant a noté le défaut de présence du tendon de l'index et moi celui du tendon de l'annulaire sans aucune suppléance. M. Fromont a signalé l'absence des tendons externe et interne du fléchisseur per- ' Mauclaire. Bullet. de la Soc. anal. Paris, 1894, p. 75. " Wood. Loc. cit. passirn, p. 527. = Moser. Deutsch Arcli., t. VIII, p. 231. 98 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME foré et leur remplacement pur une nappe mnscnlaire constilnant un second fléchisseur superficiel '. Anatomie comparée. — Il faut distinguer ici les cas où le tendon absent est suppléé et ceux où il n'est pas suppléé. L'absence du ten- don sans suppléance est la conséquence d'un arrêt de développemeni, l'absence avec suppléance par un tendon faisant suite à un corps charnu naissant de la partie inférieure de l'avant-bras ou du poignet, n'est que la conséquence de la descente vers la main d'un ou de plusieurs faisceaux du fléchisseur superficiel. « Dans les Batraciens et les Sauriens le fléchisseur superficiel est, dit Meckel, descendu à la main. » Chez l'homme mémo-, le fléchisseur superficiel des orteils qui correspond au fléchisseur superficiel des doigts provient du calca- néum (voy. M. de la région plantaire du pied). Divers animaux oui un fléchisseur sublime composé de faisceaux d'inégale longueur. Celui de la gerboise [Dipus gerboa) comprend cinq faisceaux dont deux se portent de l'os surnuméraire du carpe aux doigts extrêmes (I et V). Celui de Xhatteria a une conformation analogue -. Dans la civette, le fléchisseur sublime se détache du fléchisseur profond et ne se rend qu'aux trois doigts du milieu ; le petit doig t est mù par un muscle autonome qui a pour origines le tendon du petit palmaire, le pisi- forme, le ligament annulaire. Chez le cochon et Inde il émane par deux tètes du fléchisseur profond et du fascia palmaire. Faisceaux surnuméraires. — Macalister et Wood ont noté le renforce- ment du fléchisseur commun superficiel des doigts par un faisceau provenant de l'apophyse coronoïde du cubitus. Le fléchisseur sublime envoie assez souvent des trousseaux de fibres musculeuses ou aponé- vrotiques, à l'aponévrose palmaire, à l'aponévrose antibrachiale ou au ligament annulaire du carpe. Cette malformation coïncide parfois avec l'absence du petit palmaire. Connexions plus intimes avec les muscles voisins : A). Avec le rond prunatcur (voy. ce muscle); B). Avec le grand palmaire (voy. ce muscle) ; C). Avec le petit palmaire (voy, ce muscle) ; D). Avec le long supinateur. Le professeur Turner a vu un faisceau ' Fromont. Bullet. de la Soc. anaf., 189.J, p. 401. - Ilumphry. Obs. in M/joL, cit. p. 176. MUSCLES DE L'AVANT-BRAS 9y du fléchisseur commun superficiel des doigts qui se portait dans l'ex- trémité inférieure du long supinateur, en croisant le petit palmaire; E). Avec le fléchisseur commun des doigts (voy. ce muscle) ; F). Avec le fléchisseur propre du pouce (voy. ce muscle) ; G). Avec les lombricaux (voy. ces muscles). FLÉCHISSEUR COMMUN PROFOND DES DOIGTS Syn. : Dir/itoriim tertii internodii flexor (Spigel) ; Cubito-phalanrjettien (Ghaussier) ; Flexor digitorum profundus (N. a.); Fléchisseur perforant; Perforant; Cubito-phalangettien commun (Dumas). Variations des insertions radiales. — Kelly a vu ces insertions se taire sur les trois quarts supérieurs du radius, tout le long du fléchis- seur propre du pouce. Chez les nègres elles dépassent môme quelque- fois les libres les plus inférieures de ce muscle (Chudzinski). Segmentation du muscle. — On a signalé l'indépendance des divers faisceaux qui composent le fléchisseur commun profond. Chudzinski, qui a noté chez les nègres la longue étendue du chef radial, a remarqué également que dans les races de couleur, le faisceau de l'index est nettement séparé dès son origine^ Cette autonomie du chef de l'index a été observée dans la race blanche par Weber-Hilde- brandf-, Wood. Fromont ^ et moi (des deux côtés chez 2 hommes et chez 1 femme). Anatomie comparée. — Le fléchisseur profond commun des doigts du fœtus de gorille de Deniker, de Yorang de Duvernoy et du Troglodytes Aiibryï était formé par deux faisceaux complètement distincts dont l'externe, inséré, plus ou moins haut, sur le radius et le ligament interosseux se terminait sur l'index. Celui du fœtus de gibbon de Deniker était constitué par trois faisceaux dont l'externe, fixé aux 4/o supérieurs du radius, fournissait des tendons au pouce et à l'indica- teur. ' M. Chudzinski dit que « daus les sujets colorés il y a une tendance à la dissociation des quatre faisceaux ». ■ Weber-IIildebrandt. Lac. cit., p. 4.Vi. ^ Fromont. Bullet. de lu Soc. anat. Paiis 189.J. 100 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Connexions plus intimes avec les muscles voisins : .4). Avec le palmaire grêle (voy. ce muscle) ; B). Avec les lombricaiix (voy. ces muscles; ; C). Avec le long fléchisseur du pouce ^oy. ce muscle) ; D). Avec le fléchisseur stiperficiel. Les deux fléchisseurs des doigts peuvent être reliés l'iui à Taulre. I. Par des fibres musculaires, au niveau de leurs portions charnues. Les trousseaux de fibres qu'unissent les corps charnus des deux flé- chisseurs varient comme nombre, comme direction, comme situation, comme volume et comme longueur. Un de mes prosecteurs, M. André, a moulé un trousseau de fibres rouges, de la grosseur d'un crayon, qui s'étendait obliquement de haut en bas et de dedans en dehors, de la face profonde du fléchisseur perforé du petit doigt à la face profonde du fléchisseur perforant homonyme. II. Par des fibres aponévrotiques, au niveau de leurs tendons digi- taux. Ces fibres aponévrotiques qui, sous forme de cordons ou de rubans, rattachent un ou plusieurs tendons du fléchisseur perforant à un ou plusieurs tendons du fléchisseur perforé ont été signalées par Cooper *, Macalister, Theile-, Mac Whinnie^ Ilenle*, Wood ^ etc. III. Par un faisceau musculo-tendineux. Il n'est pas très rare de voir un faisceau, charnu en haut, fibreux en bas, relier la portion épi- trochléenne du fléchisseur sublime aux tendons du petit doigt et de l'annulaire du fléchisseur perforant (Macalister, Wood, Testut). J'ai rencontré 3 fois ce faisceau (2 fois chez l'homme, 1 fois à droite, 1 fois à gauche et 1 fois des deux côtés chez la femme). Anatomie comparée. — Les longs fléchisseurs des doigts, confondus dans les espèces très inférieures, sont encore tellement intriqués chez les Carnassiers qu'on est obligé de les décrire ensemble. « Chez les Quadrupèdes, surtout ceux de grands poids, le perforant et le perforé remplissent, remarque M. Lesbre®, un rôle important dans la sustenta- tion sur les membres antérieurs, rôle qui les soumet à de fortes tractions ; aussi sont-ils très tendineux, bien détachés des os de ' Cooper. Myoloinia refortnata. ' Theile, p. 246. ' M. Whinnie. London med. ,;cle court radial antérieur). Anatomie comparée. — .l'ai dit que le carré pronatour et le rond pronatour no forment qu'un seul muscle dans une foule do Mammi- fères. Dans les Carnivores, le carré pronatour se prolonge dans toute la hauteur de l'espace intorosseux et dans le sciuque d'en deçà du carpe jusqu'au rond pronatour auquel il est uni'. Chez Vorang du docteur Hepburn, il avait à peine assez de fibres pour constituor une couche continue. Variations de forme. — Au lion d'avoir la forme d'un quadrilatère, il peut avoir la forme d'un triangle dont la base répond au cubitus et le sommet au radius (cas de Blancard% do Rivorius'*, de Macalister, de Testut, 3 cas personnels). Anatomie compahée. — M. Hepburn déclare que dans les quatre Anthropoïdes qu'il a disséqués et surtout dans le ç/ibbon et Vorang , « les fibres du carré pronatour étaient dirigées beaucoup plus oblique- ment de haut en bas et de dedans en dehors que chez l'homme ». Dans le fœtus de gibbon do Denikor le carré pronatour était « de forme trapézoïdo, son bord cubital étant doux fois plus liant (|uo le bord radial ». 11 était triangulaire chez le Macacus sinicus et un cer- copithèque examinés par M. Testut et dans le phoque du professeur Humphry. Segmentation du muscle. — « Le carré pronateur est quelquefois formé, ditSappoy"', de deux portions triangulaires très distinctes : l'une ' Friedlow'sky. SUzu/)f/.sberichle der K. Akad. der Wissenschuflen Malh. nalurwiss. sch. Classe. Wien, 1869, p. 523. - Humphry. Observ. in Myol., p. 179. * Blancard. Anatomia Reformata. Lugd. Batav., 1695, p. 65i. * Riverius. De disseclione j^ariium corporis Iiinnani, Paris, 1545. p. 316. ° Sappey. Trait, d'anal, deso'ipt., t. II. MUSCLES DE LAVANT-BRAS 109 antérieure, plus largo, qui nait du cubitus par une aponévrose et qui va s'attacher au radius, par des libres charnues; l'autre postérieure et inférieure, plus pelite, s'insérantau cubitus par des fibres charnues et au radius par une pelite aponévrose nacrée et de couleur resplendis- sante. » Celte anomalie a été renconlrée par Barton ', Macalister, Testut, et moi. J'ai vu également le carré pronateur conslitué : I. Par deux faisceaux quadrilatères de hauteur et d'épaisseur égales ou inégales ; II. Par deux faisceaux : un inférieur quadrilatère, un supérieur triangulaire. La division du carré pronateur en trois ou quatre corps est plus rare. Après ^I. Macalister, il m'a été donné toutefois de noter : a) La division en trois ou quatre corps de hauteur et d'épaisseur inégales ; ^) La division en trois corps dont deux superficiels triangulaires dirigés en sens inverse et un profond quadrilatère ; y) La division en trois corps triangulaires dont le supérieur et l'in- férieur avaient leur sommet dirigé en dedans ; o) La division en trois corps dont un supérieur quadrilatère, un moyen triangulaire dont le sommet s'insérait sur le radius et un infé- rieur triangulaire dont le sommet s'insérait sur le trapèze et le liga- n^ent annulaire du carpe {M. ciibito-carpien). Mais je n'ai jamais trouvé les deux dispositions suivantes signalées par M. Testut - : La division en quatre corps dont les trois supérieurs étaient sensi- blement ([uadrilatères et l'inférieur triangulaire à sommet tendineux attaché à l'apophyse styloïde du radius; La division en deux corps cubito-radiaux superficiels, un corps cubito-radial profond recouvert par les précédents et enfin un corps cubito-carpien inséré en bas sur le trapèze. Anatomie compapxée. — Chez le jeune gorille <.<. le carré pronateur occupe la 7*" partie du radius et semble être formé de plusieurs fais- ceaux; du moins il présente trois bandes aponévrotiques vers son insertion cubitale » (Deniker). Dans le Troglodytes Aubrij'i . « Les fibres supérieuresdu carré pronateur s'inséraient sur le cubitus par leurs corps charnus et sur le radius * Barton. In //o/'ne/'V spec. anatom., vol. L P- i-*^- ' Testut. Trait, des anom. musc, p. 493. 110 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME par une lame aponévroLiqiie large d'imcenliniètre. Les fibres inierieurcs naissaient du cubitus par un fort tendon aponévrotique et rayonnaient de ce tendon sous forme d'un éventail (jui glissait sous le plan des fibres supérieures et s'attachait au radius ainsi qu'au ligament anté- rieur radio-cubilal. Ainsi ces deux parlies étaient disposées à l'inverse l'une de l'autre. » RÉGION EXTERNE LONG SUPINATEUR Syn. : Brachio-7'adialis {îiœmmeYring, N. a.) ; HtDnéro-siis-rndial [Chs^ussier) ; Drac/iio-siic- radial ; Siipinator primiis ; M. satellite de F artère radiale; Huméro-styldidien . Absence. — Elle a été observée par Meckel', Silvester- et lluni- phry ^ sur des sujets qui n'avaient pas de radius. Anatojiie comPx\uée. — J'ai dit que le rond et le carré pronateurs et les muscles supinateurs se dégradaient au fur et à mesure que l'avant- bras perdait ses mouvements de pronation et de supination par suite de la synostose plus ou moins complète du radius et du cubitus (voy. M. rond pronaleur). Le long supinateur manque chez le Tatou à six bandes (Galton), le r/rand fourmilier (Pouchet), le hérisson, le rat (Meckel, Humphry), le lièvre, le porc-épic, V agouti, le castor, Y hélamy s (Meckel), la taupe (Humphry), Y Hyène striée (Young et Robinson), la girafe (Lavocat), les Cliauves-souris des genres noctidina et pipistrelles. Il se retrouve dans le chien et le chat, mais si grêle que Cuvier a nié son existence dans le premier de ces animaux. Il existe aussi dans les Rongeurs qui se servent de leurs mains comme Y écureuil et la tnar- motte, mais il fait défaut dans le lapin, le porc, les Ruminants et les Solipèdes domestiques, etc. Il n'est pas sans intérêt de dire que M. Lesbre l'a trouvé chez un tapir. ' Meckel. Arch., 1826, p. 36. ' Silvester. Loc. cit.suprà, p. 643. 3 Humphry. Lccltires, ISTli. MUSCLES DE L'AVANT-BRAS Hl Duplicité du muscle. — On a noté le dédoublement du muscle dans toute son étendue. Gruber' a donné le nom de M. brachio-radialis hre- vis seu miîior et Lauth celui de supinator lon.gus accessorius à un fais- ceau musculaire qui a les mêmes oriji,ines que le long supinateur, au- dessous duquel il passe, pour aller s'insérer sur le radius au voisinage de la tubérosité bicipitale ou sur le cubitus. M. Nicolas- a vu récem- ment ce faisceau musculaire naître du long supinateur lui-même. Un de mes élèves, M. Lehoux, a disséqué le 4 mai 1897 un long supinateur accessoire entièrement indépendant du long snpinatcur normal et qui était fixé, d'une part, au quart inférieur du bord et de la face externes de l'Iiumérns et, d'autre part, à la partie moyenne de la face externe du radius. J'ai fait prendre le moulage de cette ano- malie après l'avoir montrée au professeur Hutinel, de passage à Tours. Dans deux cas observés par MM. Macalister et Testut le long supi- nateur avait deux têtes humérales, l'une externe, l'autre interne, qui se fusionnaient vers la partie moyenne de l'avant-bras. La segmentation peut porter seulement siu- le tendon terminal dont les deux branches se fixent, ensemble ou l'une à côté de l'autre, sur l'apophyse slyloïde du radius. Cette dernière malformation a été ren- contrée par : Wood chez .3 sujets sur 36^ Macalisler — 1 — IG > L'auteur — 4 — 70^ Soit. . 8 sujets sur 122 Ou approximativement chez 1 sujet sur lo. La branche dorsale du nerf radial passe, en général, au-dessous des deux tendons, quelquefois entre eux et très exceptionnellement au- dessus. Wood a disséqué un homme dont le tendon terminal du muscle en question avait trois, branches dont l'une avait les insertions du ten- don normal, l'autre était fixée au radius, au-dessus du carré pronateur, la troisième sur le milieu du bord externe du même os. Le nerf radial passait enlrela branche moyenne et la branche supérieure. J'ai trouvé ce vice de conformation sur le bras droit d'une tuberculeuse. * Gruber. Mém. de l'Acad. Lnp. de St-Pélersbourg, t. XII, ISG8, col. 277, et Mél. bioL, t. XII, p. 389. ' Nicolas in Prenant. Loc. cil., p. 10. ' Wood. Proced. of'the roy. Soc., p. 531, 1867. * Dont 37 hommes et 33 femmes (2 fois chez l'homme, 1 fois des 2 côtés, 1 fois à droite ; 2 fois chez la femme et toujours des deux côtés). 112 VARIATIONS DU SYSTEME .MUSCULAIRE DE L'HOMME Anatomie comparée. — Le long supinaleur est dédoublé en partie ou en totalité dans les Reptiles et en particulier dans les Crocodiles^ les Lézanh, les Emydes^ les Tortues^ les Iguanes ; il l'est également dans Yaï^ la fourmilier^ [c phoque, Vunau, etc. Variations des insertions. — Il pcul naître plus prrs du deltoïde et même immédiatement au-dessous de lui et s'arrêter au-dessus ou au- dessous de l'apophyse styloïde. Gliudzinskianoté l'extension en hauteur des insertions humérales dans les races noires et chez un Caraïbe. Sa terminaison sur le radius, au niveau du bord supérieur du carré pro- nateur, a été signalée par Wood, Teslut, Gegenbaur'-, sur la base du 3® métacarpien par Dursy \ sur le scaphoïde et le trapèze par le profes- seur Macalister. J'ai trouvé l'attache anormale à la base du 3" métacar- pien. Anatomie coMPAiiÉE. — « A l'avant-bras du gibbon, dit le professeur Hartmann \ le long supinateur s'étend, comme Bischoff le dit bien, seulement jusqu'au milieu du radius, sans atteindre l'apophyse de cet os, comme chez les autres Anthropoïdes et chez l'homme. » Il n'y a absolument d'indiscutable dans cette proposition que ce qui concerne le gibbon. Dans trois des Anthropoïdes du docteur Hepburn, le long supinateur se terminait : à un demi- pouce au-dessus de l'apophyse sty- loïde chez le climipanzé, à un pouce au-dessus chez Vorang et à deux pouces et demi au-dessus chez le gibbon. Dans le fœtus de gibbon de M. Deniker le muscle s'arrêtait à 28 mm. au-dessus de l'apophyse styloïde contractant des adhérences avec l'aponévrose antibrachiale. Chez le fœtus de gorille de Deniker, le gorille adulte de Duvernoy, les chimpanzés de Hepburn, d'Alix et de Gratiolet, le long supinateur remontait jusqu'à l'empreinte deltoïdienne. L'extension en hauteur du long supinateur est constante dans le phaloscome (Alix), XOrgctérope du Cap, Y hippopotame (Humphry), Yaï, la loutre (Meckel) le c/ia/(Strauss-Durckheim). Le long supinateur des Ruminants, des Pachydermes, de Yéchidnê, de Y ours (Testut), du murin, etc., n'atteint pas, à l'état normal, l'apophyse styloïde du radius. ' Alix. Dullet. de la soc. philomat., 1874, p. I. * Gegenbaur. Virchow's Arch., t. XXI, p. 376. ' Dursy. Henle u. P feu fers Zeitschrift, 3t« Reihe, XXXIII, p. 45. * Hartmann. Loc cit. siiprà, p. 127. MUSCLES DE I/AVANT-BRAS ld3 Connexions plus intimes avec les muscles voisins. A). Avec raponévrosc antibrachiale. La couche superficielle du bord interne du long supinateur se prolonge parfois dans le fascia antibra- chial (Gegenbaur, Calori', Embleton-). B). Avec le deltoïde fvoy. ce muscle). C). Avec le brachial antérieur (voy. ce muscle). D). Avec le long abducteur du pouce (voy. ce muscle). E). Avec le l*"" radial externe (voy. M. radiaux). COURT SUPINATEUR Syn. : Épicondylo -radial Chaussier ; Supinator (N. a.). Variations de structure. — J'ai vu quelquefois, ainsi que le profes- seur Macalister, le court supinateur réduit à l'état d'une lame aponé- vrotique striée çà et là de fibres musculaires très pâles. Je ne sache pas qu'on Fait jamais vu faire complètement défaut. Anatomie comparée. — En anatomie comparée le court supinateur résiste beaucoup mieux à l'atrophie et à la disparition que le long supi- nateur. Il est encore très apparent chez les Carnivores et la plupart deà Rongeurs ; mais il n'existe pas chez le lapin ainsi que chez les Solipèdes, les Ruminants, le porc. M. Lesbre l'a cependant rencontré une fois chez ce dernier animal. Duplicité du muscle. — Les deux couches qui le composent et entre lesquelles passe la branche postérieure du nerf radial sont parfois assez développées pour le faire paraître réellement double. Os sésamoïde dans le tendon d'origine. — A Dublin, en 1867, et à Cambridge, en 187.3, M. Macalistera trouvé un os sésamoïde avec une bourse séreuse dans le tendon d'origine du court supinateur. Cette ano- malie a été rencontrée depuis, par M. A. Bovero et par moi, des deux côtés sur un matelot. Elle est très rare. M. Bovero l'a cherchée en vain sur 250 articulations du coude et moi sur 320. ( Alfonso Bovero, Gior- nale délia Reale Accademia di Medicina di Toritio, février 1896.) ' Calori. Mem.deW Iii.slif. Accadem. di Bulof/iia, série 11, t. VII, p. v>0 et l. VIII, p. 46. ■ Embleton. Jonni. of anal. and. plnjs., t. VI, p. 217. 114 VAUIATlOiNS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Anatomie comparée. — Un os sésamoïdc est inclus dans le tendon d'origine du court supinateur du manis^ (Humphry), du pangolin (Owcn" et Humphry), de la roussette d'Edwards (Alix)^, du murin (Maisonneuve). Variations des insertions. — J'ai vu chez l'homme, et au laboratoire d'anthropologie de l'Ecole des Hautes-Etudes, chez un chimpanzé, le court supinateur occuper le tiers supérieur de la hauteur du radius. Faisceaux surnuméraires et connexions plus intimes avec les muscles voisins. I. Faisceau ('picondylien. — Bonn, Sandifort ' et Halbertsma^ ont fait successivement mention d'un faisceau de renforcement du court supinateur venant de l'épicondyle. II. Tenseur antérieur du ligament annulaire de r articulation radio- cubitale supérieure. — « J'ai vu, dit Cruveilhier ^, une petite languette charnue, appendice du court supinateur, recouvrir la moitié antérieure du ligament annulaire, dont elle pouvait être considérée comme le muscle tenseur. » Cette languette musculaire découverte par Cruveil- hier a été très bien étudiée parW. Gruber. C'est le M. tensor ligamenti annularis vel orbicularis anterior desanatomistes étrangers. Le regretté professeur d'anatomic de l'Université de Saint-Pétersbourg l'a rencon- trée 15 fois sur 100 sujets : 9 fois des deux côtés, 4 fois du côté droit, 2 fois du côté gauche. [Gruber, ReicJiert u. Du Bois-Reymond\s Archiv., 1865, p. 381). W. Gruber a été très favorisé. M. Macalisler n'a trouvé, en effet, ce faisceau que chez 3 sujets sur 100^ et moi que chez 5 sujets sur 112 (3 fois des deux côtés, 2 fois chez l'homme, 1 fois chez la femme, et 1 fois du côté droit chez une femme). III. J'enseur postérieur du ligament annulaire de C articulation radio- cubitale supérieure. — Ce petit faisceau se fixe, d'une part, à la face interne de l'extrémité supérieure du cubitus, en arrière de la petite cavité sigmoïde et d'autre part à la partie postérieure de la face externe du ligament annulaire de l'articulation radio-cubitale supérieure. Il ' Humphry. Observ. iu MyoL, p. 185. ' Oweii. Anat. of Vertébrales, II, p. 409. ^ Alix. Appar. locom. de la roussette d'Edwards, Soc. pliilor/i. 1807, p. 19. * Sandifort, et Bonn. Exerclt. Acad. Lar/d. Batav. 1783, p. 9'k » llalbertsma. Nederlansch Tisdschrift, vol. VI, p. 600. '■ Cruveilhier. Anal, descript., 2^ édit., t. II, p. 282. '• Coiiiniunicatiou écrite. MUSCLES DE L'AVANT-BRAS Ho est presque toujours bilatéral et plus souvent présent qu'absent. Le professeur Gruber, qui l'a décrit le premier dans le mémoire cité plus haut, Ta rencontré 162 fois sur 220 avant-bras. Le professeur Macalister l'a trouvé indépendant du court supinateur chez 1 sujet sur 4 et moi chez 1 sujet sur 7. C'est le M. tensor Ugamenti annu/aris vel orbicularis postcrior des anatomistes étrangers. Halbertsma a appelé supinator breris accessorius un faisceau anor- mal du brachial antérieur qui s'attache à la tubérosité bicipitale du radius, (Halbertsma, VersUu/en en Mededeelingen (1er Koninkl Akademie van Wetenschappen, XIII, Deel). Ce n'est là qu'une malformation du brachial antérieur (voy. ce muscle). Fleischmann a vu quelques fibres du court supinateur se porter sur la tubérosité bicipitale ' ; Dursy - sur la tubérosité bicipitale et la bourse qui la recouvre ; Clason ^ sur le rond pronateur. Anaïomie comparée. — Chez les Saurie?hs, les CJiéloniens et le koala le court supinateur naît de l'épicondyle. Un faisceau musculeux des- cendant de l'épicondyle sur le radius a été disséqué par M. Testut dans le l^orjlodytes niger et par Alix; et Gratiolet dans le Trog/odgtrs Aubnj'i où le court supinateur foui'nit quelques fibres à la tubérosité bicipi- tale et, au-dessus d'elle, au col du radius. RADIAUX EXTERNES Premier radial externe. Syn. : Umnéio-sus-inétacarpien ; Exieniiis radlalls ^Chaussier) ; Extemor criijii railialh lonf/iis (N. a.), Loiiqior (Albinus). Second radial externe. Syn. : Epk-onihjlo-sus-métacarpien (Chaiissier) : Exfensor cai-pi radiaUs hrevis (N. n.) ; Ejter- nus radialis brevior ;Albiniis). Le premier et le second radial externes, plus ou moins confondus, constituent VExtoiseur anléiienr du métacarpe des vétérinaires. Dans son article Radiaux externes du Dielionnaire de Dechambre mon ancien collègue d'internat et ami M. Pozzi n'a pas séparé avec ' Fleischmann. Loc. cil. siiprà. ' Dursy. Ilenle it. Vfeufers Zeilsc/wifl, Reihe III, vol. XXXIII, p. 4.5, ^ C;ias(m. Upsala lji/,-j. soc, juin 1868, p. 507. ' Debierre. Dullet. de la Soc. de Biologie, n» 23. 1888. * Heister, in Haller's DispuL anal, sélect. , t. VI, p. 739. 120 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Selon Wood, rinscrlioii du second radial an 2'' et an S'' métacarpien se rencontrerait chez 4 sujets sur 36. Je ne l'ai observé que chez 5 sujets sur 102 dont 60 hommes (3 fois chez l'homme, 2 fois des 2 côtés, 1 fois à droite, 2 fois des 2 côtés chez la femme). Le professeur Macalister a disséqué un premier radial dont le tendon était formé par deux branches dont l'une se jetait sur le 2" métacarpien et dont l'autre, après avoir reçu un tendon de renforcement du second radial, se subdivisait à son tour pour se perdre sur le 2" et le 3" métacarpien. Anatomie comparée. — L'extenseur radial du carpe se termine aux 4* et S*" métacarpiens dans les Sauriens, le pteropits (Humphry) et aux 2", 3® et 4° métacarpiens dans VIgiiana tubercidata (Mivart)^ L'insertion au 4" métacarpien a été notée chez un chimpanzé par le professeur Humphry ^ Variations des insertions. — L'oi-igine huméralc du premier radial est plus étendue dans la race noire que dans la race blanche (Chud- zinski). Mac Whinnie ^ a vu le premier radial se fixer sur la face dor- sale de la main, entre le l'''" et le 2" métacarpien. Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — Le long supi- nateur et les radiaux qui dérivent du même segQient radial de la couche profonde de la masse extenso-supinatrice * échangent souvent de nombreuses fibres. Dans Ylguana tubercidata les faisceaux d'union entre l'extenseur radial du carpe et le long supinateur paraissent cons- tants. ' Mivart. Pvoceed. zool. Soc, 1867, p. 783. ^ Humphry. Journ. ofanat. andphys., voL III, p. 308. ^ Mac Whinnie. Loc. cî7.,p. 191. ' Cette masse descend au-dessous du carpe dans les Oiseaux. MUSCLES DE L'AVANT-BIUS 121 RÉGION POSTÉRIEURE ANCONE Syn. : Anconœus brevis ; Anconœus parviis (Eustachi, Winslow) ; Épicondi/lo-citbital {Cha.us- sier); Anconœus (N. a.), Anconœus quartus ; Petit Extenseur de l'avant-bras ; Anconé externe. C'est avec le sus-épineux, et le cubital antérieur un des muscles les plus fixes de l'économie. Variations de structure. — Chudzinski rapporte une observation où l'anconé était remplacé par du tissu fibreux. Segmentation du muscle. — Elle n'est que l'exagération d'un ou de deux interstices cellulo-tibreux dans un corps musculaire composé de faisceaux parallèles. Connexions plus intimes avec les muscles voisins. A). Avec le vaste externe du triceps. Cette disposition est considérée comme « ordinaire » par Meckel et comme « constante » par Krause. Je l'ai rencontrée maintes et maintes fois. Le mode d'innervation de l'anconé et du triceps tendrait d'ailleurs à démontrer que l'anconé n'est qu'une partie du vaste externe étendue jusqu'au cubitus. Le rameau du nerf radial qui énerve l'anconé est un prolongement du nerf qui pénètre dans le vaste externe. B). Avec le cubital postérieur. A l'état anormal la cloison fibreuse qui sépare l'anconé du cubital postérieur peut être rudimentaire, dis- paraître même et les fibres des deux muscles se confondre. Anatomie comparée. — La partie antibrachiale du vaste externe du Troglodytes Aubryï est appelée anconé par Alix et Gratiolet. L'anconé se continuait avec le triceps dans Yorang du docteur Hepburn et avec le triceps et le cubital postérieur dans le gibbon du môme anatomiste. Il est inséparable du triceps dans quelques Cercopithèques (Testut), Y Hyène tachetée et Y Hyène striée (Young et Robinson), YOryctéropedti 122 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIUE DE L'HOMME Cap (Ilumplii'v, Gallon), lo phoque commun ((iallon), etc. « L'anconé est un auxiliaire du triceps brachial, dit M. Lesbrc, il y a donc lieu de le décrire dans la même région que lui ; et cependant les anthro- potomistes, cédant à des raisons topographiqnes, ainsi que pour le coraco-brachial, le décrivent dans la l'égion antibrachiale postérieure. Cette manière de voir n'est pas souteuable en anatomie comparée, cai' ledit muscle s'étend souvent sous le vaste externe du triceps avec lequel il tend à se confondre et s'élève à une certaine hauteur sur l'humérus, sans descendre notablement au-dessous de l'olécràne. 11 n'y a guère que le lapin parmi les Animaux domestiques chez lequel l'anconé soit complètement à découvert sur le côté postéro-externe du coude ; dans tous les autres il s'étend sous le vaste externe, du bord antérieur et de la face externe de l'olécràne à la face postérieure de l'humérus en couvrant la fosse olécranienne ; il est même assez épais et con- tribue pour sa part à donner à ces animaux la grande puissance d'extension de l'avant-bras qui leur est propre '. » CUBITAL POSTÉRIEUR Syn. : Vlnaris e.vlernus : Cubital ejienie (IMolan, Albinus, AVinsIow, Sœmmerring); £a'^e?r- sor carpi ulnaris (N. a.) ; Cubifo-siis-métacarpien (Chaussier) ; Epicondylo-cuhUo-sus- métacarpien (Dumas); Cubital épicondylien ; Fléctiisseur externe du métacarpe des vété- rinaires. "Variations des insertions. — xS.vec lleule, Theile, Gegeubaur, Morel, M. Duval et Poirier, je crois que le cubital postérieur prend extrême- ment rarement des insertions sur la face postérieure du cubitus. Ces insertions font également défaut dans le phoque (Meckel), le Cynocé- jihale Anuhis (Champneys), Xours brun ((Amérique (Testut) -, etc. Segmentation du muscle. — Curnow a trouvé deux muscles ayant les mômes insertions que le cubital postérieur normal. Le professeur W. Gruber a donné le nom de M. ulnaris exlernus brevis à un faisceau musculaire penniforme provenant de l'extrémité inférieure du cubitus et de la cloison conjonctive séparant le cubital postérieur de l'exten- seur propre de l'index et qui se termine par un tendon étalé en éven- tail sur le 4" et le 5° métacarpien. ' Lesbie. Loc. cil . p. 111. - Sur le sujet de Shepherd cette attaclie cuJjilale existait. MUSCLES DE LAVANT-BRAS 123 Anatomie comparée. — J'ai dit (voy. M. petit pahnairc) que les muscles fléchisseurs et pronatcurs de l'avant-bras et de la main déri- vent d'une masse musculaire commune appelée Pronato-flexor mass par le professeur Humphry. Les muscles supiuateurs et extenseurs de l'avant-bras et de la main ont, de même, pour origine une lame contractile commune que M. Hum- phry a nommé Siipinato-extensor mass. Ainsi que la masse flexo- pronatrice, la masse extenso-supinatrice, indivise dans quelques Batraciens et plusieurs Reptiles., se divise en deux couches dans les espèces supérieures : une couche superficiel et iine couche profonde subdi- visée elle-même en trois segments : un serpnent cubital ou péronier, un seqment intermédiaire ou médiaii et un segment radial o\\ tibial. Je dis un segment cubital ou péronier et un segment radial ou tibial parce que ce n'est qu'insensiblement que les membres Ihoraciqiies et pelviens s'individualisent, prennent des caractères diflerents. Or, tandis que les extenseurs des doigts et les muscles qui seront chez l'homme le court supinateur et l'abducteur du pouce dérivent de la couche superficielle et du segment médian ou intermédiaire de la couche profonde de la masse extenso-pronatrice, les radiaux et le long supinateur dérivent du segment radial ou tibial, et le cubital posté- rieur et le groupe des péroniers du segment cubital ou péronier de la couche profonde de cette même masse. Au point de vue embryogé- nique le cubital postérieur est donc, à l'avant-bras, l'homologue du groupe des péroniers de la jambe. Cette proposition défendue par Meckel, Henle, ^Yood, Macalister, Humphry, etc., est confirmée jus- qu'à un certain point par l'étude des variations du muscle en cause. La segmentatio]! du cubital postérieur peut être comparée à celle si fréquente du groupe péronier. L'une et l'autre se ressemblent et sont normales dans dixers Ma??i?nif ères. Dansle tatoîi, Yours'Jjlanc, X'aï, il y a, de chaque coté, deux cubitaux postérieurs dont l'un se termine sur le 5° et l'autre sur le 4° métacar- pien. Chez le fourmilier il y a également, à droite et à gauche, deux cubitaux postérieurs dont l'un se perd sur le 4° et le 5° métacarpien et l'autre sur le 3^ Dans le pangolin l'extenseur cubital du carpe est encore composé de deux faisceaux : un externe qui naît de l'épicondyle, de l'olécràne et du cubitus et se porte sur le 5*^ métacarpien, un interne qui provient ' Humphry. Observât, in Mi/oloi/ij, p. 1^0 et suiv. 124 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCCLAIHK DE L'HOMME de l'épicondylc, ontrc le précédent et l'extenseur commun, et se par- tage, au-dessus du poignet, en deux tendons, dont l'un s'arrête sur le 5° métacarpien et l'autre se prolonge jusqu'à la dernière phalange du 4*^ doigt. Selon la remarque du professeur Humphry, « Yextensor carpi iilnaris du pangolin se rapproche donc absolument du groupe des péroniers » '. Faisceaux surnuméraires. — Le tendon décrit par Sappey^ que le cubital postérieur envoie à la partie supérieure et interne de la 1"'' pha- lange de l'auriculaire n'est pas constante. Une bandelette fibreuse faisant corps avec le tendon normal se détache souvent de la partie inférieure de ce tendon pour aller s'insérer, dans un point compris, entre la base et le sommet du o® métacarpien, sur l'aponévrose d'en- veloppe du tendon de l'extenseur du petit doigt (Meckel , Blandin , Wood, Henle, Theile, Macalister, Testut, etc.). Dans un cas observé par M. Chudzinski, cette bandelette se prolongeait jusqu'à l'extrémité pos- térieure de la l"' phalange du petit doigt. Sur un homme et sur une femme que j'ai disséqués j'ai vu cette bandelette remplacer, de chaque côté, le tendon de l'extenseur du petit doigt. M. Macalister a donné au cubital postérieur qui envoie une expan- sion aponévrotique vers le 5" métacarpien le nom de M. iilnaris quinti digili. Ce nom doit être conservé : il indique l'analogie incontestable qu'il y a entre le' cubital postérieur ainsi constituée et le M . peroneus qiiinti digiti. (Voy. M. péroniers.) Uidnaris quinti digiti a été trouvé par Wood ', chez 12 sujets sur 102, à savoir : chez 10 hommes sur 68 (7 fois des 2 côtés et 3 fois du côté droit) et chez 2 femmes sur 34 (1 fois des deux côtés et 1 fois du côté gauche). J'ai noté en 1895 sa présence chez 11 sujets sur 93 à savoir chez 8 hommes sur 60 (6 fois des 2 côtés, 1 fois à droite et 1 fois à gauche et chez 3 femmes sur 33 (2 fois des deux côtés, 1 fois à gauche). De cette statistique et de celle de Wood il appert que Yulnaris quinti digiti se rencontre environ chez 1 sujet sur 8, deux fois plus commu- nément dans le sexe masculin que dans le sexe féminin, et plus sou- vent des deux côtés que d'un seul. Humphry. Journ. ofanat. and phys., 1869, p. 45. Sappey. Trait. cVanat, descript., 2' édit., t. II, p. 352. Wood. Proceed of the Roy. Soc, 1868, p. 510. MUSCLES DE LAVAM-RRAS 125 AxATOMiE COMPARÉE. — Clioz les Oïsettiix la portion cubitale du cubital postérieur, innervé par le radial, provient de la partie postérieure du cubitus et se termine sur le 4" métacarpien, de telle sorte que ce muscle ressemble au court péronier latéral et est, comme lui, lléchis- seur. Cela est surtout évident chez le cygne et le milan. Dans Yhippo- potatne, le cubital postérieur, inséré avec le cubital antérieur sur le pisiforme, est aussi un muscle fléchisseur. 11 devient extenseur dans Yoryclérope du Cap où il se lixe par deux branches sur le 4® cl le 5^ métacarpien (Gallon, Cuvier elLaurillard) '. « Ce muscle, dit M. Lesbre', s'étend en principe de l'épicondyle à la base du métacarpe du côté ulnaire, en longeant l'extenseur du petit doigt ou extenseur latéral des phalanges des vétérinaires ; il est à son maximum de développe- ment dans les Solipèdes et les Ruminants où il prend une forte attache sur l'os sus-carpien" (pisiforme) en commun avec le cubital interne % ce qui ne lempéche pas de se prolonger, par une branche spéciale, jusqu'au métacarpien le plus externe, c'est-à-dire jusqu'au métacar- pien rudimentaire externe (IV"), chez les Solipèdes, jusqu'au côté externe de l'os canon (IV") chez les Ruminants domestiques. « Dans le porc ce muscle est réduit à l'état d'une épaisse lanière fibreuse, charnue seulement vers le tiers supérieur ; il se termine sur le métacarpien externe (V''), ainsi que sur l'os pisiforme par une extension de son tendon. <( Dans le chien et le chat il semble reporté en avant ; il se termine comme dans le porc avec cette différence que la bride reçue par le pisiforme est moins développée. Il en est de même chez le lapin où il est de plus d'une extrême gracilité. « Dans l'homme, le cubital épicondylien est extenseur de la main ; il est au contraire fléchisseur chez les Animaux domestiques, grâce sur- tout à son attache au pisiforme — et je ne pense pas qu'il faille faire exception pour les petits animaux, malgré le peu d'importance de cette dernière attache, car étant donné son exacte superposition aux cotés externes de l'avant-bras et du carpe, il ne pourrait devenir extenseur qu'autant que le métacarpe serait susceptible de former un angle antérieur avec l'avant-bras, ce qui n'est pas chez ces animaux ; de même il ne concourt à lu flexion qu'autant qu'elle est commencée. ' Cuvier et Laurillartl. Allas d'anat. comp., pi. CCLIV, fi' - Lesbre. Loc. cit., p. 117. ' Le cubital antérieur île l'iionime. I2G VAHIATIÛiNS \)U SYSTÈME MUSCCI.ÂIIIE DE L'HOMME (Jiloi qu'il ou soil, cet organe nous donne la preuve que les usages d'un muscle sont variables suivant les espèces et, partant, que c'est une mauvaise base de nomenclature. a Les Nomina anatomica sont donc ici encore pris en défaut. » Pour ces transformations successives du cubital postérieur qui ten- dent à établir sans réplique l'homologie de ce muscle et des péroniers, je renvoie pour de })kis longs détails au mémoire que le })rofesseur Humphry a publié dans le Journal of anatomij and physiology [i. IV, p. 45\ Vuinaris (juinti d'Kjiti ix été retrouvé chez un chimpanzé par M. Macalister. Connexions plus intimes avec les muscles voisins. A], Avec l'anconé (voy. ce muscle) ; B). Avec le triceps. — Un faisceau d'union entre le triceps et le cubital postérieur a été observé par M. Macalister; C). Avec l'extenseur du petit doigt (voy. ce muscle; ; D). Avec l'abducteur du petit doigt. — Une partie des fibres mus- culaires de l'abducteur du petit doigt naissent souvent du tendon du cubital postérieur. On ne saurait en être surpris. L'abducteur du petit doigt n'est que la continuation du segment péronier ou cubital de la couche profonde de la masse extenso-supinatrice sur la pai-lie distale du membre. EXTENSEUR COMMUN DES DOIGTS Syn. : Épicondylo-sus-phalatir/etllen commun (Chaussier; ; Extensor diijUoruiii çommiinh (N.a.); Extenso)' cUf/ilalis principalts (Lesbre) ; Extenseur antérieur de.s phahinr/es des Ilippotomistes. Diminution du nombre des tendons. — Le tendon du petit doigt est souvent absent ou rudimenlaire et remplacé par une expansion apo- névrotique qui se porte du tendon de l'annulaire sur la face dorsale du petit doigt. M. Testut a vu le tendon du petit doigt représenté par une ban- delette détachée du tendon de l'annulaire, qui venait se fusionner, au niveau de l'articulation métacarpo-phalangienne, avec l'extenseur propre de l'index. Le défaut de présence du tendon de l'index a été noté par M. Maca- MUSCLES DE I/AVANT-BIIAS 127 lister et par moi (3 fois ; 2 fois chez l'iiomme, 1 fois à droite, 1 fois à gauche et 1 fois des deux côtés chez la femme). Anatomie co.mparék. — La réduction du nombre des tendons de Textenseur commun est en rapport dans la série animale avec celle du nombre des doigts de l'extrémité distale du membre antérieur. Chez tous les Quadrupèdes pentadactijles l'extenseur commun fournit, comme dans les Primates, un tendon à tous les doigts, le pouce excepté. Chez les Solipèdes le muscle en question n'a plus que deux tendons, encore l'un d'eux, excessivement grêle, se jette sur le tendon, très rudimentaire lui-même, de l'extenseur latéral (extenseur propre du petit doigt; avec lequel il se confond sur le métacarpe. Cette petite branche tendineuse, avec le faisceau charnu de l'extenseur commun auquel elle fait suite, est décrite par les vétérinaires alle- mands comme un muscle distinct sous le nom ào petit extenseur latéral ou t)/uscle de Philips. Quant à l'autre branche, très forte comme le doigt qu'elle doit étendre, elle se perd sur la troisième phalange (éminence pyramidale;. Le mode de conformation de l'extenseur commun des doigts du tapir rappelle celui des Solipèdes Xesbre;. Dans les Ruminants le muscle dont nous nous occupons se fend dans toute sa longueur pour donner un extenseur commun des deux doigts et un extenseur propre du âoigt interne. Chez Vatèle l'extenseur commun ne se rend qu'aux trois doigts moyens. L'extenseur commun des doigts des chimpanzés de Macalisler, de Vrolik et de Moore était dépourvu de tendon pour le petit doigt. Le petit doigt de la main gauche du chimpanzé de Champncys recevait seulement, au niveau de l'articulation métacarpo-phalangienne, un faisceau du tendon de l'annulaire. Dans le gibbon de Ilepburn ce faisceau coexistait avec le leiiddU du pelit doigt. Augmentation du nombre des tendons. — Elle peut être la consé- quence de la segmentation d'un ou de plusieurs tendons ou la consé- quence du développement d'un tendon surnuméraire pour le pouce. I. Segmentation des tendons. — Elle est plus ou moins étendue, se prolonge même dans la masse charnue. Enumérer toutes les variétés de cette anomalie serait long et fastidieux. Je uic bornerai à dire qu'on a signalé : a) Cinq tendons par suite de la segmentation de l'un ou l'autre des (quatre tendons ; 128 VARIATIONS DU SYSTIvME MUSCULAIRE DE L'HOMME [ii) Six tendons par siiito de la segmentation de doux tendons (Wood, Macalister), etc., ou de la division du tendon du médius en trois languettes (Macalister); y) Sept tendons par suite de la segmentation du tendon du petit doigt et la division en trois languettes du tendon de l'annulaire (1 cas personnel observé sur la main droite d'une femme) ; o) Huit tendons par suite de la segmentation sur le même sujet de chacun des quatre tendons (Macalister) ; t) Neuf tendons par suite de la segmentation du tendon de l'index et du tendon du petit doigt et la division en quatre languettes du ten- don de l'annulaire (Wood) ; t.) Dix tendons par suite de la segmentation du tendon de l'annulaire, la division en trois languettes du tendon du médius et la division en quatre languettes du tendon du petit doigt (Testut; ; x) Onze tendons (Rûdinger ' et Perrin"). La description que Perrin donne de cette malformation est assez confuse et je n'ai pu me pro- curer le mémoire de Rûdinger ; ).) Douze tendons par suite de la division en trois languettes de chacun des quatre tendons. Cette anomalie a été rencontrée par moi en 1887 sur les deux mains d'une phtisique. Anatomie comparée. — En présence de cette multiplication des tendons, il est permis de rappeler que, dans divers animaux, notam- ment dans le phoque, Vhippopotame, Vonjclc'rope, les Marsupiaux, etc., on trouve, en plus du long et du court extenseurs des doigts, un autre extenseur que les professeurs Humphry et Cunningham ont nommé extensor secundus digitorwn (Humphry, Jouni, of anat. and phys., t. H, p. 307 ; — Cunningham, Challenger s Report, part. XVI, p. 15). H. Tendon surnuméraire pour le pouce. — Ce tendon, qui peut naître du tendon ou du corps charnu de l'extenseur propre de l'index et même isolément de l'épicondyle, soit par des fibres charnues soit par des fibres aponévrotiques, va rejoindre le tendon du long extenseur du pouce, au niveau du premier métacarpien, en glissant, tantôt dans la coulisse radiale de l'extenseur propre du pouce, tantôt dans celle de l'extenseur commun et de l'extenseur propre de l'index. Il a été trouvé par Morel, ' Rûdinger. Ueber die Mus/celn der vordoii Ex/reniilalen der Volqen, etc. Ilaarleni, 1868, t. XV, fig. 38. - Perrin. Med. Times and Gaz., 1873, p. 507. MUSCLES DE L'AVANT-BRAS 129 M. Duval \ Gruber-, Wood, Macalister^ Bankart, Pye-Smith et Philips, Testut, Ghudzinski, Cuyer^ et moi. Anatomie comparée. — Le koala possède un extenseur commun à cinq tendons dont un est destiné au pouce ^ Il existe aussi chez les Oiseaux un extenseur commun du pouce et du second doigt, mais il est assez difficile de dire à quel muscle de l'avant-bras des Mammifères il correspond (Alix). Variations des languettes anastomotiques tendineuses. — Plus les languettes aponévrotiques qui unissent le tendon d'un doigt aux tendons des doigts voisins seront faibles, plus les mouvements d'exten- sion de ce doigt seront aisés. Il est un doigt dont nous nous servons à chaque instant, c'est l'index. D'après Cruveilhier, son tendon « est seul libre ». C'est là une erreur. Les recherches auxquelles je me suis livré m'autorisent seulement à dire que « de tous les tendons des doigts d€ la main, c'est celui qui est le plus souvent libre ». Le sera-t-il entiè- rement dans l'avenir ? On peut le croire si on réfléchit que les muscles de l'avant-bras et de la main, tels qu'ils existent chez l'homme, sont des formations récentes au point de vue phylogénique, qu'ils évoluent encore et que, comme les organes en voie de perfectionnement, ils doivent présenter des variations individuelles, qui sont comme les étapes d'une évolution qui s'accomplit. Quand le corps charnu et le tendon de l'indicateur sera devenu libre — mais alors seulement — la disposition anatomique de ce doigt sera merveilleusement adaptée à sa fonction. Les vincula tendineux peuvent être plus larges et plus multipliés. C'est l'état normal chez les Anthropoïdes, les Cercopithèques^ etc. Segmentation de la masse charnue. — On a noté : La division en quatre faisceaux correspondant à chacun des quatre tendons (Albinus, Brugnone, Meckel, \Yood, Morestin^, Testut, deux cas personnels) ; ' Morel et Math. Duval. Man.de Vanat.,^. 390. 2 Gruber. Reic/iert a. Du Bois-Rer/moniTs Arch., 1875, p. 204. Ibid., Virchow's Arch., vol. LXXil, p. 500. Ibid., 1879, p. 129. ■' Macalister. Med. Press., 1866. * Cuyer. Bidlel. de la Soc. d'anl/n'op. Paris, 1890. * Young. Journ. of anal, andphys., 1881, p. 229. " Morestin. Biillet. de la Soc. anal. Pari.s, 1890, p. 33. H. 9 130 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME La division en trois faisceaux: correspondant, l'externe aux tendons de l'index et du médius, le moyen, au tendon de l'annulaire et rinlerne, à celui du petit doigt ( Wilde) ' ; La division en deux faisceaux correspondant, l'externe aux tendons de l'index et du médius, l'interne à ceux de l'annulaire et du petit doigt (Macalister) ; La division en deux faisceaux correspondant, l'externe au tendon de l'index, l'interne aux tendons du médius, de l'annulaire et du petit doigt. J'ai noté deux fois cette séparation du faisceau de l'indicateur que M. Cliudzinski dit être fréquente dans les races de couleur. La segmen- tation de l'extenseur commun des doigts doit être interprétée de la même façon que celle du fléchisseur commun. Faisceaux surnuméraires et connexions plus intimes avec les muscles voisins. — La languette qui va s'insérer sur la 1'" phalange peut faire défaut ou être dédoublée. Le professeur Macalister a vu l'extenseur propre de l'index pourvu d'un double tendon échanger de nombreuses fibres avec son congénère superficiel. L'extenseur propre du petit doigt et le faisceau de l'extenseur commun qui lui correspond, peuvent être unis en partie ou en totalité. (Sœmmerring, Wood). Dans ce cas le petit doigt reçoit un, deux et môme trois tendons. M. Testut a noté l'entrecroisement en X sur le dos de la main de deux languettes que s'envoyaient les tendons extenseurs de l'annulaire et du petit doigt. EXTENSEUR PROPRE DU PETIT DOIGT Syn. : Éplcondylo-sus-plialangettien du petit doigt (Ghaussier) ; Extensor dir/iti quintipro- prius (N. a.) ; Extensor digitalis lateralis (Lesbre) ; Minimal extensor (Leidyj ; Extensor niinimi digiti ; Extenseur latéral des phalanges des vétérinaires. Absence. — On a signalé l'absence du tendon de l'extenseur propre du petit doigt sans suppléance (Meckel, Brugnone, Henle, 5 fois sur 200 cas], et l'absence de ce tendon avec suppléance par un tendon venant, soit de l'extenseur commun des doigts, soit du cubital posté- ' Wilde. Comment, acta Petrop., t. XII. MUSCLES DE L'AVAM-BRAS 131 rieur. — Est-il nécessaire de rappeler, pour expliquer l'absence du tendon de l'extenseur propre du petit orteil et sa suppléance par un tendon naissant de l'extenseur commun ou du cubital postérieur que les deux extenseurs superficiels des doigts ont une même origine embryogénique et que le cubital postérieur répond aux péroniers qui fournissent souvent un tendon extenseur au o" doigt? Dédoublement du muscle. — L'extenseur propre du petit doigt peut être formé par deux muscles distincts (Wood, Macalister) ou par un seul muscle terminé par un, deux et même trois tendons (Smith, Ilowse et Davies-Colley). Wood, qui l'a vu se terminer chez 28 sujets sur 36 par un double tendon, a affirmé que cette disposition constitue l'état normal. Anatomie comparée. — L'extenseur propre du petit doigt est dédou- blé dans Y ornithorynque ' et terminé par un double tendon dans le Dasyprocta cristata '. Faisceau d'insertion au cubitus et tendon surnuméraire pour l'an- nulaire. — Davies-Colley, Taylor et Dalton et un de mes élèves, M. Tulasne, ont noté l'insertion du muscle en question au cubitus. L'extenseur propre du petit doigt peut fournir un tendon addi- tionnel à l'annulaire. Ce tendon additionnel a été rencontré par : Wood chez 13 sujets sur J 06 Macalister — 1 — 12 Par fauteur — 12 — 144 Suit 26 sujets sur 262 ou approximativement chez 1 sujet sur 10. Mes 12 cas ont été observés chez 81 hommes (4 fois des deux côtés, 2 fois à droite, 1 fois à gauche) et chez 63 femmes (3 fois des 2 côtés, 2 fois à gauche). Cette malformation a encore été signalée par Yésale, Meckel, Mac Whinnie, Hallett, Tlieile, Curnow, Struthers, etc. Elle coïncide quel- quefois avec un dédoublement du tendon terminal de l'extenseur propre ' Meckcl. Verrjleicli Anal., III, p. 549. ' Mûrie elMivart. Proceed. of Ihe zool. Soc, 18G5, p. 341 et 1866, p. 405. 132 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME du petit doigt. En 1881, j'ai disséqué les avant-bras d'une femme dont rexlonsour propre du petit doigt avait quatre tendons dont deux se rendaient au 5" doigt, un au quatrième et un, au cinquième. M. Ghud- zinski a fait mention postérieurement d'un vice de conformation identique. Anatomie coMPAiiÉE. — Dans \q fœtus de gibbon l'extenseur propre du petit doigt s'insère au cubitus (Deniker). Dans les orangs de Church, de Testut et de Hepburn, le Cynocéphale maïnion de Bischoft et le Cynocéphale Anubis de Champneys, le muscle dont il s'agit avait un double tendon pour les deux doigts externes, lien est également ainsi dans YOryctérope du Cap^ (Hum- phry, Cuvier), YHyrax du Cap (Mûrie et Mivart), le phoque (Duver- noy), le tapir (Lesbre), les Marsupiaux, les Rongeurs, etc. Dans le lapin, Y extenseur latéral (extenseur propre du petit doigt en anthropotomie) est représenté par deux muscles distincts que l'on pourrait décrire sous les noms à' extenseur propre du petit doigt et à' extenseur propre de l'annulaire. Dans la plupart des Carnivores digitigrades l'extenseur latéral est simple, de corps charnu, mais son tendon donne trois branches — au petit doigt, à l'annulaire et au médius — qui se confondent avec celles de l'extenseur commun destinées aux mômes doigts. L'extenseur latéral des Ruminants, appelé extenseur propre du doigt externe est simple, il est vrai, mais le doigt externe des Didactyles répond, on le sait, à l'annulaire. Au surplus, chez les animaux de cet ordre qui possèdent des doigts rudimentaires, jouissant de mouve- ments propres, tels que les Cerfs, les Chevrotains, l'extenseur latéral fournit aux deux doigts externes. De ces faits se dégagent les conclusions irréfutables suivantes que nous empruntons à M. Lesbre : « Quand on considère la disposition des deux muscles : extenseur commun des doigts et extenseur propre du petit doigt, dans la série des Mammifères, on constate que ni l'un ni l'autre ne justifie son nom dans tous les cas, l'extenseur commun n'étant plus commun quand il n'y a qu'un seul doigt à la main et l'extenseur propre devenant souvent commun à deux ou à un plus grand nombre de doigts. ' Il n'avait qu'un tendon dans YOryctérope du Cap disséqué par M. Galton. MUSCLES DE L'AVANT-BRAS 133 « Il vaudrait mieux dire certainement : extenseur digité principal [extenso)' digitalis principalis) et extenseur digité latéral [extensor digi- talis latéralisé » (Pour détails complémentaires voy. il/. ?nanieux.) EXTENSEUR PROPRE DE L'INDEX Syn. : Cubito-sus-phalangeftien (Chaussier) ; Abducens indicem (Spigel). Extensor iiidicis proprius (N. a.) ; Extensor indicis; Indicatorîus : Indicafor. Ce muscle, plus ou moins confondu avec le long extenseur du pouce, est décrit en anatomie vétérinaire sous le nom d'Exlenseur propre du pouce et de Viiidex. Absence. — L'absence totale de l'extenseur propre de l'index a été mentionnée par Gheselden, Moser-, Luschka% Macalister et Chud- zinski. L'extenseur propre de l'index est quelquefois remplacé par le manieux de t index (voy. ce muscle). Anatomie comparée. — Le vieux dicton : « Les Singes ne peuvent indiquer un objet du doigt [not apes can point) » est-il vrai? M. Testut a-t-il raison de prétendre que « l'indépendance anatomique de l'exten- seur propre de l'index doit être considérée comme une disposition caractéristique de l'espèce humaine S) ? Non. L'extenseur propre de l'index était semblable à celui de l'homme dans les chimpanzés de Champneys, de Rolleston, de Duvernoy, d'Alix et Gratiolet, de Wilder, de Broca ' et de M. Testut lui-même. On a dit, il est certain, qu'il fai- sait défaut chez le chimpanzé de Vrolik, c'est une erreur. Chez le chim- panzé à.Q Yrolikil était fusionné avec l'extenseur commun qui fournis- sait deux tendons à l'indicateur. « Chez le gorille, a écrit le professeur Hartmann ^ il n'y a pas de muscle extenseur spécial de l'index ou lorsqu'il en existe parfois un, il est très faiblement développé. Il est, au contraire, nettement marqué dans Y Hylobates albimanus. » 11 était pourtant identique à celui de l'homme dans les gorilles ' Lesbre. Loc. cit., p. 123. - Moser. MeckeVs arch., t. VIII, p. 225. ' Luschka. Anat. des Menschen, t. V. ^Testut. Trait, des anom. )nusc.,\i. 550. ° Broca. Bullet. de la Soc. d'anlropologte de Paris, t. IX, p. 321, * Hartmann. Loc. cit., p. 130. 134 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME adultes de Duvcrnoy et de Hepburn et dans le fœliis de gorille du doc- teur Deniker. Anatomie comparée, — Dans tous les Mammifères domestiques, le long extenseur du pouce et l'extenseur propre de l'index confondent leurs corps charnus ; aussi ne distinguc-t-on en anatomie vétérinaire qu'un extenseur propre du pouce et de l'index, encore est-il très atro- phié (pour de plus amples détails, voyez plus loin extenseur commun du pouce et de f index). Variations de structure. — 11 est quelquefois très grêle ou remplacé entièrement par du tissu fibreux. Rosenmuller a disséqué un extenseur propre de l'index dont le tendon était interrompu par un renflement charnu '. Variations des insertions. — J'ai vu plusieurs fois, ainsi que M. Macalister, le tendon de l'extenseur propre de l'index s'insérer sur la face dorsale du métacarpe. Dédoublement du muscle. — On a noté le dédoublement de la masse charnue seule (Theile), du tendon seul et de tout le muscle (Albinus, Heymann, Wood, Macalister, Curnow, Testut, Leidy, etc.)- Dans un cas observé par Gantzer, l'extenseur propre de l'index supplé- mentaire provenait du radius. Chez le coalta le muscle en question naît du radius et chez le murin du radius et du cubitus. Tendons surnuméraires pour le médius et l'annulaire. — L'extenseur propre de l'index fournit parfois un tendon au médius {M. extensor indicis et medii digiti des anatomistes étrangers) ou un tendon au médius et à l'annulaire (cas de Meckel). Le M. extensor medii digiti àc Wood est constitué par le faisceau différencié de l'extenseur propre de l'index qui meut le médius (voy. M. extenseur propre du médius). Je possède des moulages de ces diverses malformations pris par mes élèves, MM. Bougrier et Servant. Le professeur Humphry a fait mention d'un extenseur propre de l'index qui se terminait par trois tendons : deux internes pour l'index et un externe pour le médius. Anatomie comparée. — L'extenseur propre de l'index se terminait par ' Rosenmuller. De variel. miiscuL, p. 6. MUSCLES DE L'AVANT-BRAS 135 deux tondons, Fnn pour l'index, Faulre pour le médius chez les chim- panzés des professeurs Hartmann, Ilumphry ct^Iacalister, et par deux tendons, l'un pour l'index, l'autre pour l'annulaire chez le chimpanzé du docteur Hepburn. Dans les urançjs Aq Duvernoy, de Bischoff, de Testut, de Langer', de Hepburn. le muscle dont il s'agit donnait aussi un tendon au médius. L'extenseur commun profond du gibbon, qui peut être considéré comme l'homologue de l'extenseur propre de l'index de l'homme, se rend aux 2*", 3" et 4" doigts (Bischoff, Hepburn) ou aux quatre derniers doigts (Deniker). Un seul muscle pour l'index et le médius a encore été signalé dans le Cynocéphale Anubis^QV Champneys, dans le Cynocéphale ma'imon, le Macaque cynomolge, le Pithecia hirsiita par Bischoff, les Makis et les Loris par Meckel, etc. Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — A). Avec le long extenseur du pouce. Koster- a noté la présence d'une lame apo- névrotique entre le long extenseur du pouce et l'extenseur propre de l'index. D'après Koster et Leisering une aponévrose semblable existe- rait chez le chien. 5). Avec l'extenseur commun des doigts (voy. ce muscle). COURT EXTENSEUR DU POUCE Syn. : Partie du premier extenseur du pouce Winslow; ; Petit extenseur du pouce (Bichat) : Cubito-sus-p/ialanrjien du pouce ^Chaussier; ; Radio-sus-p/ialanf/ien {DumaS; ; Exlensor pollicis brevis ;X. a.) ; Extensor pollicis minor; Extensor primi internodii pollicis; i•, dit Young. - Fromont. Anomalies musculaires multiples do la main {Dullef. de la Soc. anat. de Paris, avril-mai J89.J, t. IX, fasc. X, p. 395). ^ Cuvier et Laurillard. Leç. d'anal, comp. Paris, 1835, t. I, p. 454. * On sait qu'on désigne sous ce nom la lèvre externe de la gouttière verticale, creusée sur la face antérieure du trapèze, dans laquelle glisse le tendon du muscle grand pal- maire. 1ÎJ6 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME carpe. Co iTosL qu'cxccplioniiollemcnl que ces fibres offrent une fenle pour le passage de Tarière ra(lio-carj)ienne. Quant à la division du court abducteur'dii pouce en deux chefs d.ins toute son éleudue, elle est encore plus rare. En cela, je suis, du reste, d'accord avec MM. les professeurs Leidy, Macalisler, Wood, etc. « Pendant l'hiver de 1867- 18G8, j'ai vu, au Kiug's Koyal Collège, dit Wood, seulement chez deux liommes et sur deux femmes le court abducteur du pouce partagé en deux chefs dont la séparation était surtout prononcée au trapèze et au ligament annulaire. Chez deux hommes et une femme, l'anomalie existait des deux cotés, et chez une femme, du côté gauche seulement. Chez deux hommes, le court abducteur du pouce échangeait en outre quelques fibres avec l'opposant. » Anatomie comparée. — L'abducteur du pouce, rudimentaire chez les espèces inférieures, est plus ou moins divisé dans les espèces supé- rieures. Dans ïoîirs, il naît par deux têtes de l'os trapèze et de la base du premier métacarpien (Meckel). Chez un fœtus de gorille, M. Deniker et chez le Troglodytes niger, MM. les professeurs Macalister et Champ- neys Font vu cependant avoir la même conformation et les mêmes insertions que chez l'homme *. Variations des insertions. — Au lieu de s'attacher au ligament anté- rieur du carpe et à l'jipophysc du trapèze, il peut s'attacher au liga- ment antérieur du carpe, au scaphoïde et à l'apophyse du trapèze. Cette dernière conformation est toutefois bien moins commune que la précédente. Anatomie comparée. — Selon MM. Chauveau et Arloing, le court abducteur du pouce du c7iïi' son faisceau cubital. jMème disposition dans le dasyurus. L'opposant du pouce manque dans \ecuscus\ Dans les Cétacés, les muscles des doigts ne sont plus que de simples bandelettes aponévrotiques, propres à affermir les rudiments des os qui ne sont plus mobiles les uns sur les autres -. Dans le dingo, le professeur Cunningham avance que l'abducteur du pouce est rudimentaire comme le pouce qu'il doit actionner et que le court fléchisseur du même doigt est absent. De sorte que chez ce Mammifère le pouce est fléchi par l'action combinée de l'adducteur et du court abducteur. Il importe de noter que cette description ne se rapporte pas à celle que MM. Chauveau, Arloing, Lesbre, Ellenberger et Baum donnent de ces mêmes muscles chez le chien domestique. Les planches reproduisant les muscles de la patte antérieure du cJiat sont très belles dans Strauss-Durckheim, mais la nomenclature de ces muscles est si obscure que nous n'en parlerons pas, de peur de nous méprendre. ' Cunningham. On Marst/pialia, cit. p. 25. * Clavier et Laurillard. Anut. comp., 2« édit., t. T. Paris, 1835, p. 45i. ICG VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Quant aux muscles communs aux principaux doigts, ils sont annexés, t!ans l'homme et les Primales, aux tendons extenseurs ou llécliisseurs des phalanges et persistent chez les Quadrupèdes avec des modifica- tions variables, selon le nombre, les dimensions relatives, la mobilité, des doigts. Ce sont le pédieux, les lombricaux, les interosseux. Duplicité du muscle. — Le court lléchisseur du pouce peut être double. Une observation de cette malformation a été publiée par Dui'sy dans le journal de Henle et de Pfcufcr [Henleu. Pfeufers Zeits- chrift^ 1833, p. 65). Anatomie comparée. — Le porc-épic, parmi les Ronrjeurs, a deux lléchisseurs du pouce, un superficiel et un profond (Meckel). Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — Le court llé- chisseur du pouce est quelquefois relié par des fibres nombreuses au court abducteur, à l'opposant ou à l'adducteur. Son chef radial est souvent intimement confondu avec l'opposant, et son chef cubital avec l'adducteur. Anatomie comparée. — Ce que nous avons dit du mode de développe- ment de l'opposant et des faisceaux interne et externe du court lléchisseur et de l'adducteur est la justification des anomalies préci- tées. Celles-ci ont d'ailleurs des homologues dans la série animale. Chez le fœtus de gibbon de Deniker, le gibbon adulte de Bischotf et le gorille de Hartmann, le muscle dont il s'agit était formé de deux faisceaux dont un était libre et l'autre réuni à l'opposant du pouce. Le court fléchisseur du pouce du fœtus de gorille de Deniker était en partie confondu avec le court fléchisseur du pouce. Dans le thyla- cinus, le court abducteur du pouce, très peu développé, est presque inséparable du chef radial du court fléchisseur. Quant à l'opposant, il est formé de flbres provenant de l'abducteur et du court fléchisseur. Chez les Cuscus, le court abducteur est également plus ou moins fusionné avec la portion externe du court fléchisseur. L'adducteur du pouce du phascogale est uni au l'aisceau cubital du court fléchisseur'. Au-dessous des Marsupiaux, les muscles des éminences thénar et hypothénar sont de moins en moins indépendants. ' Cunninghaïu. Loc. cit., p. 2.^. MU.SCLES DE LA MAIN 16' ADDUCTEUR Voici ce que Henle dit des insertions de raddiicteiir du pouce ' : « Les faisceaux charnus naissent en quantit(' variable, séparés par des inters- tices plus ou moins grands, du ligauîonl carpien palmaire profond, Tcrs le milieu de la face palmaire du grand os; de la base, du corps et de la tète du troisième métacarpien ; quelquefois aussi de la base du deuxième, do la tète du deuxième et du quatrième métacarpien et de la partie antérieure de la capsule articulaire métacarpo-phalangienne du deuxième au quatrième doigt. » J'appelle spécialement Taltention sur les insertions anormales. Beaucoup d'auteurs en parlent; il en est déjà fait mention dans le traité de Meckel -. On sait aujourd'hui ^ que le muscle adducteur du pouce ne se ter- mine pas sur la tète du troisième métacarpien, mais qu'une partie de ses fibres s'insère sur l'aponévrose qui tapisse les muscles interosseux au niveau des deux derniers espaces. Cette insertion superficielle de libres musculaires de l'adducteur à l'aponévrose interosseuse est cons- tante ; mais sur une dissection ordinaire elle peut échapper. On peut mieux s'en rendre compte en examinant une section transversale de la main dans son ensemble. Sur une coupe de main de fœtus arrivé à un stade de développement oii tous les muscles sont déjà nettement diffé- renciés et ont sensiblement la même position que che/ l'adulte, on voit l'adducteur dont la majeure partie s'insère au bord antérieur du troisième métacarpien ; mais au niveau même de l'insertion, on remarque que de la face superlicielle du muscle se détachent des fibres qui passent entre les interosseux et le quatrième métacarpien, d'une part, et la face profonde de la gaine des tendons lléchisseurs, d'autre part. Cette division du muscle en deux plans s'observe sur un assez grand nombre de coupes successives. Dans les cas anormaux oîi l'insertion du muscle dépasse notablement le coté cubital du troisième métacar- pien, le faisceau superficiel devient tout à fait évident à la simple dis- section. ' Ilenle. Ikun/buch der Masliellelue. - Meckel. Uandbucli der menscid. Anut. Halle und Beiliu, 181G, Bd. II, p. 460. ^ Voyez : Cliudzinski. Sur une anomalie du muscle adducteur du pouce, observée chez lu négresse Louise Zoulou, CwWe/. de la Soc. d'(tnlfu'opolo(/ie, 1881, p. 748, et IL Leboucq. Les Muscles adducteurs du pouce, Bruxelles, 1893, p. 6. 108 VArUAÏIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Les anomalies de l'addiicleiir du })()uce sont résumées en quelques lignes dans le passage du Handbîich dcr Muskellolire de Henle, que nous avons cité plus liaul. A l'exemple de quchjucs auliM-s analo- mistes, Henle a commis toutefois une erreur en rattachant le faisceau cubitcil du court fléchisseur du pouce au muscle avec lequel il est en rapport en dedans. Ce faisceau forme, nous l'avons dit, un muscle dis- tinct qui correspond à l'adducteur (>i)lique du gros oricil, cl (jui est toujours séparé de l'adducteur du pouce par l'arlérc radiale. L'adduc- teur du pouce s'insère seulement en dedans : \° par un chef fmpêrieur et profond^ sur le troisième métacarpien ; 1° par un chef inférieur et superficiel, sur [aponévrose qui tapisse les tnuscles interosseux au niveau des deux derniers espaces \ Absence. — M. Chudziuski a noté l'absence, sur les deux mains d'une négresse, du faisceau supéi'ieur de l'adducteur du pouce. L'in- tervalle qui séparait ce faisceau de l'abducteur oblique était d<' 29 mil- limètres à droite et de 19 millimètres à gauche. Dans cet intervalle on apercevait nettement les muscles interosseux. Chez cette négresse, il y avait donc une analogie frappante entre les adducteurs transverse et oblifjue de la main et ceux du pied "-. Division en deux faisceaux. — Cette malformation peut èti-e engen- drée par la division en deux du faisceau supérieur ou métacarpien ou par la séparation de ce faisceau et du faisceau inférieur. L'une et l'autre de ces dispositions ont été observées par M. le professeur Leboucq sur 2 sujets appartenant au sexe masculin '. J'ai observé seu- ' JL Chiul/.inski donne à ce faisceau des inserlions internes un peu différentes : " Ordi- nairement, dit-il, on décrit le nuiscle adducteur du pouce comnie \\\\ muscle unique et qui naît principalement du 3"= métacarpien, ainsi que des os du carpe, et l'on passe sous silence la troisième partie, qui vient des environs des articulations métacarpo-plialan- giennes : et pourtant cette dernière origine csl peut-être plus générale qu'on ne croit. En elfet, il résulte de nos recherches personnelles que la partie inférieure du muscle adduc- teur du pouce s'attache au moins sur la gaine des fléchisseurs et sur les ligaments de l'articiilation du 3" métacarpien avec la première phalange du même doigt. Sur la négresse Louise Zoulou elle se fixait par des fibres tendineuses relativement longues à la gaine des tléchisseurs et aux ligaments méfacarpo-phalangiens du troisième et du quatrième doigt. Sur une préparation de main de blanc disséquée par nous en 1880, le faisceau inférieur de l'adducteur du pouce s'insérait par de longues fibres tendineuses aux trois derniers doigts, et par conséquent présentait dans sa conformation l'analogie la plus complète avec l'ailducteur transverse du gros orteil. <• Ohudzinski, loc. cil. aupni, p. .Ji9, 550, 551. Selon M. Cliudzinski l'adducteur du pouce serait donc compose de trois faisceaux : un faisceau supérieur, proximal ou carpien, un faisceau moyen ou inéhicdvpien et un faisceau inférieur, distal ou mé/acarpo-plialanr/ien. Comnie Ilenle, M. Cliudzinski s'est mépris, on le voit, sur la nature du faisceau carpien. ■- Chudziuski. Loc. cit. si/prù, p. 748. 'Leboucq. Loc. cit. suprù. p. 7. MUSCLES DE LA MAIN 169 lemcnt la première sur la main gauche d'une femme. Dans une note concernant l'adducleur du pouce (Nota sull M. adductor pollicis delF uomo, Anat. Anz., 1888, n"^ 29), Mingazzini a décrit une division en deux plans de la partie inférieure de ce muscle ; comme il n'a pas indiqué l'origine des libres, je ne saurais dire si l'anomalie portait sur le chef distal ou le clief proximal. Anatomœ comparée. — L'adducteur du pouce des Loris a la forme d'un carré fort allongé ; il pitMid naissance au 4" mélacarpien et est partagé en deux bandelettes. Selon Meckel ', « dans les Ma/ds proprement dits, il est quelque- fois aussi partagé, comme l'aliducteur du gros orleil, en un ventre supérieur plus grand, et un inférieur plus petit ». !Mais cette disposi- tion n'est pas constante, comme je m'en suis convaincu par la compa- raison établie entre deux individus. Diins Y fJi//oba tes alhimanus on peut séparer l'adducteur du pouce en quatre ou cinq portions qui s'insèrent sur toute la longueur du pre- mier mélacarpien (Hartmann). J'aurai l'occasion de revenir plus loin sur ce point spécial en par- lant de Vinterosseiis prinms volnris et des adducteurs du gros orteil. Variations des insertions. — Le faisceau supérieur ou profond de l'adducteur peut provenir du 2' métacarpien (Henle, IL Jacquant"-). J'ai trouvé deux fois ce vice de conformation : une première fois, en 1878, sur les deux mains d'un vieillard; une seconde fois, en 1886, sur la main droite d'une femme. Chez un homme robuste M. Leboucq " a vu le chef inférieur passer superficiellement devant le chef inséré sur le S*" métacarpien et s'attacher sur le ligament glénoïdien des 3% 4*^ et 5" articulations mélacarpo-phalangiennes, se continuant avec l'aponévrose interosseuse. Meckel a observé un cas dans lequel ce chef inférieur provenait à la fois du 4*" et du 5" métacarpien. Nous avons décrit incidemment plus haut les malformations analogues qu'ont rencontrées Henle et Chudzinski. Anatomie compahée. — Chez le Troglodijtes Aubrtj'i, le muscle qui représente l'adducteur du pouce de l'homme s'insère : d'une part, sur 'Meckel. Anal, coinp., l. VI, y\. 3i9. * II. Jacquant. BuHet. de Ui Société de biolor/ie, novembre 18ôO. 3 Leboucq. Loc. cit. si/prù, p. 7. 170 VAUI.VTIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE F/IIOMME une aponévrose qui sépare le 3" doigi du 4® avant de se perdre à la face profonde de la gaine des ilécliisseurs; d'autre part, au premier ligament interdigital et à la face profonde des Ilécliisseurs du 2'' doigt (Alix et Gratiolet). Dans les Makis l'adducteur du pouce naît du 4" métacarpien. Dans le fourmilier Tadductour s'étend du métacarpien du 2" doigt au rudiment du pouce et principalement à l'os ensiformc '. MUSCLES DE L'EMINENCE HYPOTHENAR PALMAIRE CUTANÉ 11 fait très rarement défaut. M. Macalister ne l'a vu manquer qu'une fois sur 45 sujets. En 1892-1893, sur 137 sujets dont 52 hommes et 8o femmes, j'ai noté son absence 3 fois : 2 fois chez la femme et chaque fois des 2 côtés, 1 fois chez l'homme et seulement du côté droit. Cette statistique vient à l'appui de celle de mon éminent collègue de l'Uni- versité de Cambridge. Si le palmaire cutané est presque constant, son étendue est par contre essentiellement variable. Ce muscle, qui semble au premier abord prendre ses insertions au bord interne de l'aponévrose palmaire moyenne, naît en réalité derrière cette aponévrose par des faisceaux aponévrotiques bien distincts qui croisent perpendiculairement la direction des fibres de l'aponévrose palmaire, et peuvent être suivis en dehors jusqu'au scaphoïde et au trapèze et exceptionnellement, en dedans, jusqu'au pisiforme. 11 reçoit quelquefois un faisceau de ren- forcement du cubital antérieur. Anaïomie comparée. — Dans le Troglodytes Tschego et le Gorilla gina le palmaire cutané est, « comme chez l'homme, un petit muscle qua- drilatère, qui va de l'aponévrose palmaire dans le tissu cellulaire sous- cutané de l'éminence hypothénar ». Après avoir décrit, dans le Troglodytes Auhryï, le muscle fléchisseur ' Meckel. Anal, comp., t. V), p. 348. MUSCLES DE LA MALN 171 de la deuxième phalange du second doigt (l'index), qui est formé d'une série de faisceaux courts reliés entre eux par des plans aponé- vrotiques intermédiaires, Gratiolet et Alix ajoutent : « On doit ratta- cher à cette aponévrose le muscle palmaire cutané, qui sur notre sujet pouvait être facilement méconnu, parce qu'il était recouvert d'une couche de graisse assez épaisse qui le séparait de la peau. Ses fibres adhèrent à la peau par une de leurs extrémités, et par l'autre elles vont se terminer, les unes sur la face superficielle, les autres sur la face profonde de l'aponévrose palmaire moyenne. Peu serrées les unes contre les autres, elles forment une couche très mince qui recouvre l'extrémité du pisiforme, et, dans une faible étendue, la base de l'émi- nence hypothénar '. » yi. Champneys n'en fait pas mention dans le Troglodytes nlger, ni dans le Cynocéplialus Anubis. Ilepburn ne l'a pas rencontré chez les quatre Anthropoïdes qu'il a disséqués. Quant à M. Deniker, il donne en ces termes le résultat de ses recherches : « Le palmaire cutané, que Duvernoy avait trouvé chez un gorille et Ilumphry chez un chim- panzé, fait défaut chez le fœtus; chez le jeune gorille y ai rencontré à sa place seulement quelques fibres charnues isolées, mais je l'ai vu chez un jeune chimpanzé. Il serait possible qu'il se développe avec les progrès de l'âge -. )\ Pour ce qui a trait au prolongement anormal du muscle cubital antérieur de l'homme vers la paume de la main, nous en parlerons à nouveau plus loin. (Voyez M. itnci-ptisiformien.) ABDUCTEUR DU PETIT DOIGT Dans son Traité tVanatomie le professeur Testut, de Lyon, observe que ce muscle est un adducteur et non un abducteur. »( Il écarte, dit- il, le petit doigt de l'axe de la main. Il le rapproche ainsi de la ligne axiale et mérite parfaitement son nom d'adducteur que nous lui don- nons en France, contrairement à la plupart des anatomistes étrangers qui l'appellent abducteur. » Cela est vrai pour l'homme et les Anthropoïdes^ mais est inexact pour la majorité des animaux. M. Testut ne songe pas que le nom d'adduc- ' Alix et Gratiolet. youv. arcli. du Muséum, cit. p. 170. - Deniker. I.oc. cit.. p. 156. 172 VARIATIONS DU SYSïEMl] MUSCULAIRE DE L'HOMME leur a élé donné, chez l'iiommo ot les Primates au nnisclo lo plus super- ficiel de l'éminence hypolhéiuir, parce qu'on a considéré la main en supination, position dans laquelle il rapproche évidemment le petit doigt de la ligne médiane du corps, mais qu'à partir des Singes, chez tous les êtres de la série animale où ce muscle n'est pas atrophié et dont les membres antérieurs sont en pronation constante, il a une action inverse. (Voyez M. de l'avant-bras.) J'ajouterai encore qu'en anatomie comparée on se hase, pour attri- buer les noms d'abducteurs et d'adducteurs aux muscles des extré- mités, sur les mouvements d'écartement et de rapprochement de la ligne axiale de ces extrémités qu'ils impriment aux os longs auxquels ils s'insèrent, et non sur les mouvements d'écartement et d'éloigne- ment delà ligne axiale du corps qu'ils impriment à ces mêmes os. Ce centre des mouvements varie, il est vrai. Dans la généralité des Mammifères il est au doigt médius, mais dans Yéchidné il se trouve entre le pouce et l'index, dans \ ornitliorynque à l'index, dans le koala à l'annulaire, et même chez l'homme et le (jorillc il dilï'ère au pied et à la main : au pied il est à l'index, à la main au médius. Qu'importe, puisqu'il ne s'agit que d'une modification du type général. Fidèle aux principes de l'anatomie philosophique, je garderai donc à l'abducteur du petit doigt le nom sous lequel il est désigné ajuste titre par les anatomistes étrangers. Absence. — M. le professeur Macalister a noté 3 fois celte absence. Anatomie comparée. — Les muscles de l'éminence hypothénar font défaut comme ceux de l'éminence thénar chez les Ruminants et les Solipèdes. « Dans le porc on peut reconnaître, au moins chez certains individus, un abducteur, un court lléchisseur et un adducteur du petit doigt ext(M'ne. » (Lesbre.) Variations des insertions. — 11 naît normalement du pisiforme et d'une expansion du cubital antérieur à laquelle succèdent des fibres charnues qui vont se fixer, par l'intermédiaire d'un tendon aplati, au côté interne de la première phalange du petit doigt. Quelquefois il provient entièrement du pisiforme. Anatumie comparée. — D'après EUenberger et Baum ' « l'abducteur ' W. EUenberger et Baum, /(/««/. /opograph. el clescript. du chien, Irad. franc, de Deai- ker. Paris, 1893, 2« partie, p. 229. MUSCLES DE LA MAIN 173 du 5® doigt du cJiien naît sur lo pisiformo, conslidic nu voutre charnu très fort et se termine sur l'os sésamoïde externe et sur la première phalange. C'est le plus gros des muscles du 5" doigt ; il est situé directement sous la peau et repose sur le ligament pisi-métacarpien ». Dans le Dasypus sexcinclus, Tahducteur du petit doigt est un muscle fusiforme d'un demi-pouce de long qui se fixe au pisiibrme, en avant du tendon du cuhital antérieur et au côté interne du o° métacarpien ou de la phalange correspondante (Galton, The muscles of the Fore and hind limbs in Dasypus sexcinctus, Oxford, 1868, p. 547). Ce muscle est également représenté, avec les mêmes insertions mais sans légende, dans une des planches que Cuvier et Laurillard ont réservées dans leur Allas d'anatomie comparée à ce Mammifère (pi. CCLX). Dans le Troglodytes Aiibryi, le Troglodytes Tschego et le Gorïlla gina, il émane entièrement du pisiforme \ Duplicité du muscle. — Le professeur Wood a disséqué, en 1868, au King's Royal collège de Londres un homme chez lequel ce muscle était double à droite et à gauche. Fusion avec le court fléchisseur. — M. Macalister a trouvé 4 fois Tabducteur et le court lléchisseur fusionnés. En 1892, j'ai vu cette union chez 2 femmes, 1 fois à droite et 1 fois à gauche et, chez 1 homme, à droite et à gauche. Il est à remarquer, du reste, que nor- malement l'abducteur et le court lléchisseur du petit doigt ont la même direction, les mômes insertions inférieures et les mêmes rapports ; aussi ont-ils été confondus par Chaussier en un seul muscle sous la dénomination de car po-phalangïen du petit doigt. Anatomie compauée. — Dans les Singes pseudo -anthropomorphes Duvernoy assure que J'abducteur du petit doigt « vient du pisiforme, forme un corps charnu assez épais, dont les faisceaux se réunissent en un tendon séparable en plusieurs autres, qui s'attachent inté- rieurement à la base de la première phalange du 5" doigt. « Ce muscle ne tarde pas à recevoir des libres musculaires et ten- dineuses du court lléchisseur qu'il recouvre dans son trajet. Il est aussi lié avec l'inlerosseux dorsal. ' Alix et GratiuleL Loc. cil., p. 152, et Duvenioy, /oc. cit., p. 10?. 174 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME « On sail qiio dans l'homme l'abducteur reste indépendant et con- serve une attache mobile bien distincte de celle du lléchisseur, et que le lléchisseur, qui s'insère tout le long du métacarpien, se termine à la première phalange. « Celle liaison de l'abducteur et du courl fléchisseur qui suppose dans le premier un changement d'action, existe encore dans Voran(/. Elle montre que la flexion est l'action la plus nécessaire à ces animaux pour grimper aux branches des arbres sur lesquels ils vivent K » Le court fléchisseur du Tror/lodytes niger envoie deux faisceaux ten- dineux à l'abducteur -. Chez les quatre AiilJiropoïdes disséqués par le docteur Ilepburn, il était intimement uni à l'abducteur nu niveau de la base de la première phalange du petit doigi. Chez le chien le court fléchisseur se détache du ligament pisi-méta- carpien palmaire, se dirige obliquement en dehors et se jette sur le tendon de l'abducteur \ Faisceaux surnuméraires. — Il n'es', pas rare de voir un petit fais- ceau se détacher de la face profonde du court abducteur du pclit doigt et aller se fixer sur le ligament glénoïdien de l'articulation mélacarpo- phalangiennc. L'abducteur du petit doigt peut recevoir un faisceau de renforcement provenant de la partie antérieure (Macalisler) ou de la partie posté- rieure du ligament annulaire du carpe. M. Souligoux a trouvé un ruban musculeux analogue émanant de l'aponévrose anti brachiale \ Chez un homme disséqué par Wood ce faisceau, qui n'existait que du côté droit, demeurait indépendant dans toute sa longueur. L'éminent anatomiste de Londres a disséqué un sujet du sexe mas- culin chez lequel l'abducteur du petit doigt du côté gauche était cons- titué par deux chefs, l'un reproduisant le muscle normal, l'autre remontant vers le poignet. Le second chef était subdivisé lui-même en deux faisceaux dont le premier émanait du fascia aponévrotique recouvrant le cubital antérieur, et le second du tendon du grand pal- maire. Ces deux faisceaux secondaires se réunissaient au niveau du poignet pour composer une masse charnue plus large que celle repré- sentant l'abducteur bien conformé en dehors duquel elle était placée ' Duvernoy. Loc. cit., p. 108. - Champneys. Loc. cil., p. 188. ' Ellenberger et Banni. Loc. cit., p. 229, et Chauveau et ArlJig, loc. cit., p. 345. * Souligoux. Bullet. de la Soc. ana'., dc'c. 189j, p. 058. MUSCLES DE LA MAIN iT6 et qu'elle allait rejoindre immédiatement au-dessous de rextrémité supérieure de la première phalange. Sur 102 sujets que le professeur ^Yood a examinés ultérieurement pour rechercher cette anomalie, il ne l'a rencontrée que chez 3 hommes ' . Elle a été décrite, je crois, pour la première fois par Sœmmerring -. Depuis, en plus du professeur Wood, elle a été ohservée par Milde, Morestin et Gunther qui en ont donné de bons dessins [Die chinir- gische Miiskellehre, Taf. 30, fig. 5, 18, et Bullct. de la Soc. anat. de Paris, 1896, p. 62G et 672). Je l'ai rencontrée 8 fois : 5 fois chez l'homme et toujours des deux côtés et 3 fois chez la femme : 1 fois des deux côtés, 1 fois à droite et 1 fois à gauche. Gantzer a découvert sur le bras gauche d'un soldat un tractus mus- culeux étendu du petit palmaire à l'abducteur du petit doigt et qu'il a nommé : accessorius ad flexorem carpi radialem ^ M. Mac Whinnie a disséqué une bandelette contractile analogue mais ayant pour origine le grand palmaire '*. ^lacalister a noté et j'ai noté aussi plus récemment cette dernière malformation. M. Prenant a trouvé un faisceau de ren- forcement de l'abducteur du petit doigt provenant du bord interne de l'aponévrose palmaire et un provenant de la gaine des vaisseaux cubi- taux % et M. ]\lacalister un faisceau de renforcement provenant du cubital postérieur. Je n'ai pas à insister sur ces anomalies dont je me suis occupé antérieurement. (Voyez M. jjctit palmaire et M. cubital postérieur.) COURT FLÉCHISSEUR Absence. — Elle est mentionnée par J. Cloquet et Wood. « Le court fléchisseur du petit doigt, dit Cruveilhier, manque souvent, mais on trouve toujours les fibres charnues qui le constituent fondues en quelque sorte avec les autres muscles. » Anatoiiie compauée. — Chez V ornithorynque., le cinquième doigt ' Wood. Proceedings of the royal Societij, n» 104, 1868. * Sœmmerring. Op. cit., p. 272. 'Gantzer. Op. cil., p. 191. * Mac Whinnie. Op. cil., p. 191. ' Prenant. Loc. cil., p. 13. 176 VACATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE LHOMME n'olfre qu'un seul muscle : rabducleur, qui est, suivant la judicieuse remarque de Meckel, « l'inlerosseux cubital de ce doigt' ». Faisceaux surnuméraires. — L'abducteur et le court lléchisseur du petit doigt d'un nègre disséqué par M. Ghudzinski envoyaient chacun un tendon sur le bord interne de la première phalange du petit doigt. En outre, l'abducteur fournissait deux autres tendons qui se réunis- saient à un troisième venu du court lléchisseur correspondant pour aller se jeter sur le bord externe des tendons extenseurs commun et propre du petit doigt fusionnés'-. Le court lléchisseur du petit doigt offre quelquefois un tendon supplémentaire pour la tète du 5" méta- carpien. Sous le nom de court lléchisseur accessoire du petit doigt {flexor bt-evis minimidigiti acccssorhis), M. Mac AVhinnie a décrit un petit faisceau situé au-dessous du court lléchisseur dont il partage les inser- tions. Le court lléchisseur accessoire du petit doigt a été retrouvé par MiM. Flower et Murrie sur une Boschimane \ Le professeur Nicolas, de Nancy, a rencontré un corps musculeux qui était inséré sur l'apo- névrose antibrachiale à trois travers de doigts au-dessus du pisiforme, contournait le bord externe de cet os et se confondait avec le court lléchisseur du petit doigt au niveau du tiers supérieur du bord externe de ce muscle \ Anatomie comparée. — Dans le Troglodijles niger le court lléchisseur a deux tendons d'insertion. Le court lléchisseur du petit doigt du Ci/nocép/iale Anubis possède deux faisceaux, l'un radial inséré à la face antérieure du ligament annulaire du carpe, l'autre cubital, à l'os crochu. Le faisceau cubital, séparé du faisceau radial par le nerf radial, est subdivisé en trois chefs, plus ou moins unis entre eux et au court lléchisseur. Chacun de ces faisceaux se perd isolément sur la base de la première phalange du cinquième doigt ^ D'après Gallon, le f.exur brevis (ou opponeiis ?) digiti quinti du Dasypus sexcinctus est divisé en deux portions''. Chez cet animal ' Merkel. Anat. cotnp., t. VI, p. 3i5. - Chudziuski. Revue tV anthropologie, 1874, p. 16. 'Flower et Murrie. Joiirn. of anat. and phys., vol. I, p. '.i02. *■ Nicolas. Loc. cit. saprà, p. 14. * Champnexs. Loc. cit., p. 188. » Gallon. Loc. cit., p. 547. MUSCLES DE LA MAL\ 177 ce même muscle est indiqué par M. Macalister comme linterosseux interne du cinquième doigt'. Connexions plus intimes avec le court abducteur et l'opposant. — (Voy. le muscle suivant.) OPPOSANT L'opposant du petit doigt varie moins que les autres muscles des doigls. M. Macalister a signalé son absence que M. le docteur Hahus- seau m'a fait aussi constater à droite et à gauche, sur un petit garçon de neuf ans. Il peT.it être partagé en deux faisceaux. Il est en général plus ou moins uni au court lléchisseur et même à l'abducteur. Anatomie comparée. — L'opposant du cinquième doigt, encore appelé adducteur, « manque dans plusieurs Carnassiers, notamment dans les Chiens », dit Mcckel". Chez les Singes anthropomorphes ce muscle a paru à Duvernoy ' confondu avec le court lléchisseur, tandis ([u'il est distinct et compliqué dans \q magot. (Cuvier et Laurillard, pi. XXXV.) Si on se reporte à ce que nous avons dit du groupement des muscles de la main dans la série animale, on y verra que l'opposant du petit doigt, comme l'opposant du pouce, est un muscle qui dépend, en général, du court lléchisseur qui le recouvre. Il est donc tout naturel de le voir, dans l'espèce humaine, se con- fondre avec le muscle précédent, ou lui être uni par des trousseaux de fibres. La fusion presque complète de tous les muscles de l'éminence hypothénar chez les Mammifères d'un ordre inférieur '^wiixïxQ de même les connexions intimes si fréquentes chez l'homme entre le court abducteur et l'opposant, et le court lléchisseur elle court abducteur du cinquième doigt. Déjà, dans le phascogale, l'opposant du petit doigt est uni à portion cubitale du court fléchisseur '. * Macalister. Ann. and magas. of nat. hist., cit., p. 118. - MeckcL Anat.comp., t. VI, p. 347. ^ Diivn'noy. Loc. cit.. p. 107-108. ' Cunningliaiii. Loc. cit., p. 25. 12 178 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME MUSCLES DE LA PAUME DE LA MAIN LOMBRICAUX Les anomalies de ces languettes charnues ne sont pas rares. D'après Froment, les lombricaux seraient anormaux chez 45 sujets sur 100 (Froment, Bccherches sur quelques points d'anatomie, Paris, 1833.) C'est là évidemment une exagération. Surl02sujets (68 hommes et 34femmes) qu'il a disséqués pendant l'hiver de 1867-1868, Wood n'en a trouvé que 19 (15 hommes et 4 femmes) chez lesquels ces faisceaux vermiculaires fussent mal conformés. Dans quatre de ces sujets, il y avait deux vices de développement dissemblables, de sorte que les lombricaux anor- maux étaient au nombre de 23 : 8 des deux côtés, 8 du coté droit, 7 du côté gauche'. Les malformations des faisceaux contractiles grêles annexés aux ten- dons du lléchisscur profond des doigts n'existeraient donc que chez 18 individus sur 100 environ au lieu d'exister presque chez i indi- vidu sur 2, comme l'affirme Froment. M. le professeur Macalisler réduit encore cette proportion. Sur 400 Irlandais il n'a vu que 50 fois les lombricaux anormaux, soit, approximativement, 1 fois sur 12. Sur 300 sujets (150 hommes et 150 femmes) que j'ai examinés pen- dant les années 1885-1886-1887 et 1888, j'en ai trouvé 35 (19 hommes et 16 femmes) chez lesquels les lombricaux étaient anormaux. Dans 10 (7 hommes et 3 femmes) la malformation était d'un genre différent à droite et à gauche. Les lombricaux anormaux étaient donc au nombre de 40 (7 des deux côtés, 15 du côté droit et 11 du côté gauche). C'était le 3" lombrical qui était le plus souvent modifié, 9 fois (6 fois chez l'homme, 4 fois des deux côtés, 1 fois à droite et 1 fois à gauche ; 3 fois chez la femme et constamment des deux côtés). De cette statistique je crois avoir le droit de conclure que les lom- bricaux anormaux se rencontrent chez 1 sujet sur 8 environ, qu'ils sont plus communs chez l'homme que chez la femme. Enfin, d'accord avec * Wood. Proceeduif/s of (he Royal Soc, no 104, 18G8, p. 501. MUSCLES DE LA MAIN 179 Petsche, Walther, Heister (in Hallers Disp. anat. se.ect.), il m'est permis d'ajouter que c'est le troisième lombrical qui est le plus habi- tuellement mal développé. Après cet aperçu général, j'aborde létude des anomalies de chacun des lombricaux. On se rappelle qu'ils sont au nombre de quatre, étendus des tendons du fléchisseur profond aux premières phalanges des trois ou quatre derniers doigts et distingués par les noms numériques de premier, second, etc., en allant de dehors en dedans, la main étant en supination. PREMIER LOMBRICAL Absence. — M. le professeur Macalister a cherché vainement les lombricaux sur les deux mains d'une femme. Une autre fois le même anatomiste n'a pas trouvé le premier lombrical ni à droite ni à gauche. J'ai noté moi-même, en mars 1887, cette disparition de tous les lom- bricaux de la main droite d'une jeune fille. M. Allain, un de mes élèves, a noté l'absence du premier lombrical gauche chez un adulte. Anatomie comparée. — A la main et au pied de l'homme, ces petits muscles sont fixés entre les branches des tendons du fléchisseur profond des doigts. Par une expansion fibreuse filiforme, chacun d'eux aboutit aux branches tendineuses de l'extenseur commun, dont il favorise l'action, en restreignant celle du fléchisseur profond. Chez les Carnassiers, les lombricaux, au nombre de trois, se termi- nent aux branches de l'extenseur commun destinées aux trois doigts médians des extrémités antérieures et des extrémités postérieures*. Les Ronrjeurs ont également trois lombricaux. Chez les Chevaux, les lombricaux sont au nombre de deux, un de chaque côté du ten- don fléchisseur profond, à la partie inférieure du métacarpe et du métatarse. Leur tendon grêle s'élargit en mince aponévrose sur le côté des grands sésamoïdes. Dans les Chéiroptères, on ne trouve plus qu'un lombrical, le lombrical du pouce. « Nous ne le voyons signalé par aucun anatomiste, dit Mai- ' Il est Lien entendu que nous parlons ici d'une façon générale. Il n'y a pas de règle sans exception, surtout en anatomie comparée. Ainsi Yllijxna slriata a deux lombricaux, les Prolèles trois, et ïlfyœna crocula quatre. 180 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSGULAIIIE DE L'HOMME sonneiive, et cependant sa présence est des plus manifestes dans l'es- pèce que nous éludions [Vespertilio ?nu)'inus). Il représente à lui seul la série des muscles lombricauxqui est si bien développée chez d'autres Mammifères ^ » — L'hippopotame n'a également qu'un lombrical dans chaque membre. Ce lombrical naît de la face superficielle du lléchis- seur profond avant sa division et se fixe au quatrième doigt. Dans la girafe, comme dans les autres Riuninants , les muscles lom- bricaux disparaissent (Lavocat). Chez le daman, Meckel croit cependant qu'il est exti'émement vraisemblable que les lombricaux sont repré- sentés par deux petits ventres dont les longs tendons détachés très haut, à l'avant bras, du lléchisseur profond se rendent aux premier et troisième tendons du lléchisseur superficiel, au niveau de la base des doigts-. « Les lombricaux de la main du fœtus de gibbon diffèrent de ceux de la main de l'homme et de ceux de la main du gorille, dit M. Deniker, en ce qu'ils naissent par deux chefs : du côté radial sur le tendon où ils vont s'attacher plus bas, et du côté cubital sur le tendon du muscle voisin. Le tendon de l'index semble être dépourvu d'un lombrical spécial ; à sa place on trouve un muscle rappelant l'interos- seux ou le contrahens^ mais dont je n'ai pu suivre l'insertion ^ . » Variations des insertions. — Ils peuvent naître tous, ou l'un ou l'autre, du lléchisseur superficiel ; le premier lombrical provient quel- quefois du tendon du lléchisseur superficiel de l'index ou du tendon du lléchisseur propre du pouce. Ce lombrical se termine quelquefois sur le côté externe de l'articulation phalangienne du médius. (Moser, Arch. Meckel, YIl, p. 230.) Anatomie comparée. — On ne doit pas être surpris de voir les lom- bricaux se détacher des tendons du lléchisseur superficiel et le premier lombrical du tendon du long lléchisseur du pouce, au lieu de provenir du fléchisseur profond puisque : a) Ils sont une dépendance, un mode de terminaison du fléchisseur profond ; |3) Que tous les muscles fléchisseurs et pronateurs de la main ont une origine embryogénique commune ; * Maisonneuve. Loc. cit., p. 261. * Meckel. Anat. comp., t. Yl, p. 533. ' Deniker. Loc. cit.. p. loi. MUSCLES DE LA MAL\ 181 y) Que dans les espèces animales inférieures les fléchisseurs forment une masse indivise ou presque indivise ; !.) Que môme encore chez les Singes ordinaires le pouce est fléchi par un tendon émanant du fléchisseur profond, le long fléchisseur du pouce faisant entièrement défaut en tant qu'organe distinct et autonome. Parmi les Anthropoïdes le gibbon a, il est vrai, comme l'homme, deux fléchisseurs profonds : l'un commun aux quatre derniers doigts, et l'autre propre au pouce, et ces deux muscles restent indépendants l'un de l'autre jusqu'à leurs insertions supérieures. Mais, au niveau du poignet, le tendon du fléchisseur propre du pouce envoie une divi- sion au tendon pour l'indicateur du fléchisseur commun, division que mon collègue et ami Chudzinski a souvent rencontrée chez le nègre '. La liaison du fléchisseur profond de l'indicateur avec le long fléchis- seur du pouce dans le gorille fait que son lomhrical agit aussi sur ce doigt. D'autre part, la myologie anormale des avant-hras nous montre, se reproduisant chez l'homme par voie de variations réversives, les diverses dispositions normalement observées dans les animaux, depuis la fusion partielle ou complète des deux fléchisseurs communs ou du corps charnu du fléchisseur pollicien avec la masse du fléchisseur profond jusqu'à la disparition totale du tendon destiné au pouce. Il est certain que l'union du premier lomhrical et du long fléchis- seur du pouce et celle des lomhricaux et du fléchisseur commun super- ficiel sont à la main des anomalies du môme ordre. Les lomhricaux proviennent, du reste, soit du fléchisseur commun, soit du fléchisseur superficiel, soit à la fois du fléchisseur superficiel et du fléchisseur profond dans certaines espèces animales. Le lomhrical unique du Vespertilio muriniis, que M. Maisonneuve nomme lomhrical du pouce, part du fléchisseur commun qui est com- posé d'une seule couche. Les lomhricaux de YHyène striée, au nombre de deux, proviennent à la fois du tendon du fléchisseur profond avant sa division et des tendons du médius et du petit doigt du fléchisseur superficiel. L'ar- rangement est le même dans Y Hyœna crocuta, chez laquelle il y a cependant quatre lomhricaux-. Dans le phoque le fléchisseur superficiel, beaucoup plus petit que le ' Cnuàzms\i\. Bulletins de la Société d'ant/iropologie, 1881, p. 627. - II. Young et A. Robiuson. Anatom. of the IJijsena slriata [Journ. of. anat. andpliys., vol. XXIII, janv. 1889, p. 192> 182 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME profond, « fournit, dit Meclvel', la plupart des tendons perforés ; mais il y a encore d'autres faisceaux musculaires venant du haut de l'a van t- bras, en partie du profond Uéchisseur, en partie de l'épitrochlée, qui s'attachent par de longs tendons aux languettes superficielles qui sont plus fortes. « Les faisceaux profonds dont il s'agit sont évidemment les muscles lombricaux dont les tendons sont confondus avec ceux du lléchisseur superficiel. « Du reste, il egt faux que les tendons de ces muscles s'insèrent à la première phalange, comme l'avance Duvernoy ; ils s'attachent seule- ment à la deuxième phalange, tout à fait à sa racine. La première phalange ne reçoit pas de lléchisseur propre. « Il est incontestable que les muscles lombricaux et le fléchisseur superficiel sont confondus, afin d'empêcher la flexion des phalanges les unes sur les autres. C'est pour cela aussi que le fléchisseur super- ficiel prend son insertion très loin en arrière. Ils n'appartiennent réel- lement qu'aux trois doigts du milieu. » Le lombrical du petit doigt deVOrt/cleropus Capensis émane en partie du fléchisseur profond et du fléchisseur superficiel ^ Chez le taph' de Simiatra^ les lombricaux sont au nombre de trois dont deux viennent du fléchisseur profond et un du fléchisseur super- ficiel. Duplicité et faisceaux surnuméraires. — \Yood a disséqué un pre- mier lombrical surnuméraire qui venait du tendon du fléchisseur super- ficiel qui se rend à l'index et M. Macalister un premier lombrical surnuméraire qui émanait de la face externe du corps charnu du fléchisseur superficiel, près l'apophyse coronoïde du cubitus. M. Bellini a mis à nu « un premier lombrical surnuméraire en tout semblable au premier lombrical et qui venait du muscle fléchisseur profond des doigts et allait s'attacher au bord supérieur de la première phalange en s'unissant au tendon du premier lombrical^ ». Mon pro- secteur, M. Jacques Thomas, a observé en 1894 le môme mode de conformation sur la main droite d'un homme. ' Meckel. Anat. comp., t. VI, p. 339. ^ Ch. Galton. Myolof/y of Ihe Onjcleropus Capensis. London, juin 1868, p. 586. — Dans VOrycteropus Capensis, les lombricaux sont, comme chez l'iiomme, au nombre de quatre. ' J. Murrie. On the malaycm tapir, Journ. of anat. andphys., 1871, n» IX, p. 154. * Bellini. Bullef. de la Soc. anat., t. VI, fasc. 18, p. 460. i • MUSCLES DE LA MAIN 183 M. le docteur Froment a signalé la présence, chez un homme, de « lombricaux supplémentaires pour l'index provenant, à gauche, du premier métacarpien et de l'opposant du pouce ; à droite, des muscles long abducteur et court extenseur du pouce ». (Froment, Bullet. de la Soc. anaL, avril-mai 1895, p. 401.) Wood a rencontré une bandelette musculaire qui provenait du corps du tléchisseur profond, près de l'inserlion coronoïdienne et se divisait dans la paume de la main en deux faisceaux dont le plus superficiel allait rejoindre le premier lombrical bien conformé et le plus profond le tendon du tléchisseur sublime avant son entrée dans la gouttière phalangienne. J'ai observé ce vice de conformation sur les deux mains d'une vieille idiote. On a signalé enfin et moi-même ai noté à diverses reprises d'un côté ou des deux côtés, sur des sujets de l'un ou l'autre sexe, le renforcement du premier lombrical, bien développé, par un tendon provenant soit du lléchisseur propre du pouce, soit du tendon du fléchisseur sublime ou par un faisceau musculaire provenant du premier interosseux palmaire, AxATOMiE coMPAUÉE. — Lcs lombricaux qui manquent dans plusieurs espèces animales sont dans d'autres plus nombreux, plus volumineux et plus longs que daïis l'espèce humaine. Si l'on doit en croire Meckel, c'est dans les Loris qu'ils sont le plus développés'. On y trouve : l°Les lombricaux ordinaires, mais disposés des deux côtés de chaque doigt ; leur nombre est de la sorte double ; ils sont charnus jusqu'au milieu de la première phalange qui leur donne insertion ; 2" Des lombricaux accessoires qui se portent également aux deux côtés des doigts ; ils naissent du pisiforme, comme un muscle unique; sont charnus dans toute la longueur de la première phalange et s'at- tachent en arrière à la phahmgine ; 3° Une troisième paire de lombricaux se détache de la 2" phalange pour la 3^ Lcs Loris ont donc vingt-quatre muscles lombricaux, au lieu des quatre qui existent communément; le nombre en est par conséquent sextuplé. Ce phénomène, déjà curieux en lui-même, l'est encore davan- tage quand on se rappelle que les Makis, lorsqu'ils marchent, fléchis- sent toujours la 2" et la 3" phalange, de manière à les mettre en rap- ' Meckei. Anal, comp., t. VI, p. 3il-342. i84 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME port avec le sol, non par Icnr face palmaire, mais par leur face dorsale. Du reste, la llexion opérée par la 3" paire de ces muscles est si vigoureuse qu'il est impossible à l'animal de mettre la phalange onguéale en extension parfaite. Presque tous ces lombricaux sont des muscles insolites, puisque les interosseux existent en plus. Il est digne de remarque que les Makis proprenieiit dits, bien qu'ils aient aussi la troisième phalange dans un état constant de llexion, n'olTrent aucune (race de cette disposition ; ils n'ont, en effet, que les lombricaux qui se rendent aux premières phalanges. La flexion des troisièmes phalanges n'est possible, dans ce genre, que par suite du volume considérable du fléchisseur profond et de la longueur des fibres du fléchisseur superficiel. Selon Ghurch, dans Yoràng, le magot et le cebus, ces lombricaux forment « a fleshy mass on the palmar surface of the fused tendons of the flexor profundus and of the tlexor pollicis ' ». Dans le lépidosiren il y a six lombricaux pour les trois doigts du milieu, trois superficiels et trois profonds, émanant tous du fléchis- seur profond" (Humphry). Nous avons noté que chez le phoque les lombricaux confondus avec le fléchisseur superficiel remontent jusqu'à l'avant-bras. Les lombricaux du tamandua sont également longs et forts (Meckel)\ Selon Gai ton, les lombricaux du Bas ij pus sexcinctus naissent par trois chefs, un médian et deux latéraux, du fléchisseur profond, près de la fosse coronoïdienne et du condyle interne. Le chef médian fournit un lombrical pour la face cubitale de l'index, le chef interne deux lombricaux, un pour la face radiale du quatrième doigt et un pour la face radiale du cinquième, le chef externe un lombrical pour la face radiale de l'index. De ce dernier chef émane une languette mus- culaire, sorte de lombrical accessoire pour la face cubitale du pouce. De sorte que le Dasypus sexcinctus a cinq lombricaux : un pour le côté interne du pouce, un pour le côté externe du quatrième doigt, un pour le côté externe du cinquième doigt et deux (un de chaque côté) pour l'indicateur. Le médius n'a pas de lombrical \ Cuvier et ' Church. On fhe myology of the oranf/-otilang, Xal. llisl. Rev., janv. 1862, p. 82. - Ilumphry. Obs. in Myoloçjy, cit., p. 64. ^ Meckel. Op. cit., p. 560. * J. Galton. The muscles of the Fore and Ilind Linibs in Dasypus sexcincUis. London, juin 1868, p. h'û. MUSCLES DE LA iMALN 183 Laiirillard, dans leur Atlas d'anatomie comparée, donnent un bon dessin de cette disposition des lombricaux dans le Dasypiis sexcincliis. (Voy. pi. CCLX). DEUXIÈME LOMBRIGAL Absence. — L'absence du deuxième lombrical a été notée par M. le professeur Macalister. J'ai vainement aussi cherché ce muscle sur la main droite d'une femme, morte de péritonite. Ainsi que nous venons de le dire, le lombrical du doigt du milieu manque à l'extrémité du membre antérieur dans le Z)ât5y/)^/5 sexcinctus. Duplicité et faisceaux surnuméraires. — Wood a trouvé ce muscle bilide en bas, l'un des chefs inférieurs se hxant au côté radial du doigt et l'autre au coté cubital de l'index. L'éminent professeur du King's Collège a vu, en outre, le deuxième lombrical provenir à la fois du tendon de l'indicateur et du tendon du médius du lléchisseur profond. J'ai disséqué un ataxique chez lequel ce faisceau vermiculaire était double. '" (( Le premier et le deuxième lombrical se divisent souvent, dit Gegenbaur, en deux faisceaux charnus dont l'un s'insère sur le bord radial du doigt correspondant, tandis que l'autre se rend au bord cubital du doigt voisin. » (Gegenbaur, Traité d anatomïe hionaine, irad. franc, de Ch. Julin, p. 469.) Anatomïe cojiparée. — La division partielle du second lombrical en deux chef dont l'un va à la face externe et l'autre à la face interne du doigt du milieu est la disposition normale du deuxième lombrical superficiel du lépidosiren. D'après Champneys, le deuxième lombrical de la main émane sou- vent, dans le Troglodytes niç/er, comme dans l'espèce humaine, du bord cubital du tendon du lléchisseur profond qui se rend à l'index'. Dans chacun des quatre Anthropoïdes disséqués par le docteur Hep- burn les lombricaux, au nombre de quatre, étaient présents. Ils allaient en diminuant de volume du premier au quatrième et avaient ' Champneys. Loc. cil., p. 187. 186 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME les mômes inscrlions ierminalcs que ceux de Ihomme. Par contre, ils avaient des origines très variables. Dans chacun des quatre Anthro- poïdesle premier lonihrical naissait piir un seul tendon ; dans le gorille et Vora)ig, le second provenait du bord radial du tendon du lléchis- seur profond allant au médius. TROISIÈME LOMBRICAL Absence. — En décembre 1885, j'ai constaté sur un hémiplégique l'absence du troisième lombrical à droite et à gauche. Les années suivantes j'ai encore observé cette anomalie 3 fois (1 fois à droite et 1 fois à gauche chez 2 hommes et des 2 côtés chez une femme). Variations des insertions. — Divers anatomisles ont signalé et j'ai vu moi-même à plusieurs reprises, à droite aussi bien qu'à gauche, chez des sujets masculins ou féminins, l'insertion du troisième lom- brical à la face interne de la première phalange du médius. Wood a trouvé 10 fois cette anomalie : 6 fois des deux cotés, 2 fois à droite et 2 fois à gauche. Si je m'en tenais à mes dissections et à celles de Gruveilhier, j'inclinerais même à croire que l'attache du troisième lombrical à la face interne de la troisième phalange est la règle et non l'exception '. « Le tendon du troisième lombrical, dit Gruveilhier, m'a paru se rendre presque constamment non au côté externe de l'annulaire, mais au côté interne du médius, sans qu'il soit possible de se rendre compte de cette disposition. » Wood a noté cette insertion anormale du troisième lombrical dans un homme chez lequel le quatrième faisait défaut. J'ai disséqué les mains d'une femme dont les deux petits faisceaux en question allaient se fixer chacun sur le tendon du fléchisseur superficiel se rendant à l'annulaire. Duplicité et faisceaux surnuméraires, — « Nous avons rencontré ' Sappey parle également de cette anomalie : « Ou voit quelquefois, dit-il, le troi- sième lombrical s'insérer sur l'iuterosseux qui longe le côté interne du médius; souvent l'un des trois derniers lornbricaux se divise pour se terminer sur le tendon des deux inter- osseux compris dans le même espace. » (Sappey. Anal, descrip., 2'' cdit., t. II, p. 361 ) MUSCLES DE LA MAIN 187 une fois, disent MM. Morel et Matliias-Duval ', 2 lombricaux pour l'annulaire, tandis que le petit doigt en était dépourvu. » M. Porentru m'a fait constater également la duplicité du troisième lombrical de la main droite d'un dément. Walther- et Petsclie '^ ont trouve 5 lombricaux du même coté : 1 pour l'indicateur, 2 pour le médius et 2 pour l'annulaire. Je possède les deux mains d'une femme, disséquée par un de mes élèves, Lelot, où existe ce mode de conformation. Bôhmer parle d'un sujet masculin qui avait aussi 5 lombricaux, mais disposés autrement : 2 pour le doigt du milieu et 1 pour chacun des trois autres doigts*. J'ai vu 4 cas de ce genre (2 chez l'homme et des 2 côtés, 2 chez la femme et tous 2 à droite). « Il n'est pas rare, dit Cruveilhier, de voir le troisième lombrical se bifurquer pour aller se rendre au coté interne du médius et au côté externe de l'annulaire. » Ce vice de développement est également signalé comme fréquent par MM. Froment, Wood, Macalister, Morel et Mathias-Duval, etc. Je Fai rencontré à diverses reprises. Le troisième lombrical ainsi que le quatrième sont certainement, à mon avis, les lombricaux qui sont le plus souvent bifides intérieurement. MM. Froment, Wood et Ma- calister ont vu, enfin, ce petit faisceau naîtri' par deux chefs émanant, l'un du tendon du fléchisseur profond qui se rend au médius, l'autre du tendon du môme fléchisseur qui va à l'annulaire. AxATOMiE COMPARÉE. — Lcs cxplicatious que nous avons fournies de l'absence, de la duplicité et des faisceaux surnuméraires du premier lombrical s'appliquent aux mômes défauts de conformation de tous les lombricaux. Observons toutefois que le troisième lombrical, qui varie si communément chez l'homme, est, dans la série animale, le plus prononcé de tous les lombricaux et possédait une double tète d'origine chez le gorille^ Voraiig^ le cJiimpanzé et le gibbon du docteur Hepburn. ' Morel et Mathias-DuvaL Manuel de Vanulomlste. Paris, 1883. - Walther. Teneroruiii musculoruui Anatoine repetila ia Ualler's Disput. Anat. sélect. , vol. VI, p. 598. ' Petsche. Loc. cil., p. 770. •* Cohmer. Observ. anal, rarior. Halœ, 1702, prœf., p. 8. 88 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME QUATRIÈME LOMBRICAL Absence. — En traitant des anomalies du premier et du troisième lombrical nous avons déjà signalé la possibilité de ce défaut de pré- sence. Elle a été notée par Sœmmerring, Meckel, Weber-Hildebrandt ', Bellini, Tsamis -, par un de mes élèves, M. J. Thomas, etc. Variations des insertions. — MM. Theile, \Yood et Macalister ont vu le quatrième lombrical se fixer au tendon de l'extenseur de l'annu- laire. Duplicité et connexions plus intimes avec les muscles voisins. — M. Wood l'a trouvé double, une fois à droite et une fois à gauche. 11 est quelquefois bifide inférieurement, l'un de ses faisceaux gagnant le côté cubital de l'annulaire et l'autre le côté radial du petit doigt. Des cas de ce genre ont été observés par MM. Froment, Kelly, Gegenbaur^, etc. Carver a découvert cinq lombricaux dont le cinquième, le seul anormal, aboutissait au bord externe du fléchisseur perforé du petit doigt \ Anatomie coMPARÉt:. — Dans le Troglodytes nïger le quatrième lom- brical ne provient pas du tendon du fléchisseur profond qui meut l'annulaire ^ Dans le chimpanzé et Vorang qu'a possédés M. Hepburn, le mode de conformation du quatrième lombrical était le suivant : dans le chimpanzé, il se détachait du bord cubital du tendon du fléchisseur profond qui va à l'annulaire ; dans Vorang, il avait pour origine le bord radial du tendon du fléchisseur profond qui se rend au petit doigt. ' Weber-Hildebrandt. Loc. cil., p. 4.^3. - Tsamis, Bellini. Bullel. delà Soc. anal., 1892, t. VI, fasc. 18, p. 460. ^ Gegenbaur. Vii'chow's Arch.,\o\. XXI, p. 376. * Carver. Journ. of anal, and jtliys., vol. III, p. 260. ■^ Champueys. Journ. of anal, and pliys., cit., p. 187. MUSCLES DE LA MAIN 189 INTEROSSEUX Ainsi nommés à cause de la position qu'ils occupent, distingués les uns des autres par les noms numériques de premier, second, troisième, etc.. les interosseux sont divisés en dorsaux et en palmaires, en raison de leur situation plus ou moins rapprochée de la paume ou du dos de la main. Les rapports des interosseux entre eux ont été très bien étudiés par MM. F. Legueuet E. Juvara. (Voy. E. Legueu et E. Juvara. Des aponévroses de la paume de la main, in Bulletin de la Société anal ., mai 1892, t. VI, fasc. 14, p. 382 et suiv.) INTEROSSEUX DORSAUX Ils peuvent être tous divisés en deux chefs dans le sens de leur longueur (Macalister, un cas personnel sur un homme et des deux côtés). Quelquefois \cette division ne porte que sur l'un ou l'autre d'entre eux. Au dire de M. le professeur Macalister, le premier inter- osseux dorsal présenterait ce vice de développement chez 1 sujet sur 120. Dans 162 sujets (81 hommes et 81 femmes) je n'ai rencontré cette malformation qu'une fois : chez une femme et seulement du côté droit. La composition du premier interosseux dorsal par deux bandelettes verticales entièrement distinctes n'est d'ailleurs que l'exagération de son mode de conformation ordinaire. « Le premier interosseux dorsal, observe Cruveilhier, mérite seul une description spéciale. Plus considérable que ses congénères, vu l'ampleur de l'espace interosseux qu'il occupe, aplati, triangulaire, il naît par deux insertions que sépare, non point une perforante, mais l'artère radiale elle même : une arcade fibreuse complète, pour le passage de ce vaisseau, le demi-anneau que forme l'intervalle des deux premiers métacarpiens. L'insertion externe se fait à la moitié supé- rieure du bord interne du premier métacarpien, l'insertion interne se fait à toute la longueur de la face externe du deuxième métacarpien et aux ligaments qui l'unissent au trapèze. Nées de cette double inser- 190 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME tion, les fibres charnues forment deux gros faisceaux parfaitement distincts dans la moitié supérieure de la longueur du muscle '. » M. le prorosscur Macalistcr a signalé l'absence de la portion indi- ciale du premier intcrosseux dorsal. Quelques anatomistes ont note et j'ai observé moi-même l'insertion du second inlerosseux dorsal sur la face interne de l'index. « Sur une main, disent MM. Morel etMathias- Duval, les deux inlerosseux dorsaux du médius étaient dépourvus d'insertion à la première phalange ^ » Le premier interosseux dorsal reçoit assez fréquemment un faisceau de renforcement du premier radial externe, et le troisième interosseux dorsal un faisceau de renforcement du second radial externe. Le deuxième et le troisième interosseux dorsMl échangent parfois quelques fibres avec le court extenseur des doigts ^ Anato^ueco.mpaiœe. — Chez les Quadrupèdes, tels que les Carnassiers, les Rouf/eurs et le porc, dont les quatre premiers doigts sont immo- biles et complets, les interosseux constituent la couche musculaire profonde des extrémités antérieures et postérieures. Au nombre de quatre, et fixés en arrière des métacarpiens ou des métatarsiens, chacun de qcs muscles représente l'interosseux dorsal et l'interosseux plantaire correspondants, chez l'homme. Visiblement double, chacun d'eux est bifide inférieur ement, et le tendon de chîique branche, après s'être élargi et fixé, de son côté, au sésamoïde et à la première pha- lange de chaque doigt, descend obliquement en avant et, vers le milieu de cette phalange, il se termine au bord du tendon extenseur. Le rôle de ces muscles, déjà moins important, chez l'homme, au pied qu'à la main, est encore simplifié chez les animaux en question : il consiste à maintenir sur chaque doigt les divisions de l'extenseur commun, et surtout à concourir, avec les lléchisseurs, à supporter élastiquement le poids du corps qui, réparti sur les quatre extrémités, tend à fermer en avant l'angle métacarpo ou métatarso-phahmgien. Chez les Ruminants et les Chevaux, les modifications sont plus grandes pour les extrémités des membres, et, par suite, pour les interosseux. Le premier et le quatrième doigt sont rudimentaires ; le deuxième et le troisième se soudent incomplètement chez les Rumi- nants et complètement dans les Chevaux, en une longue et forte ' Cruveilhier. Anal. descripL, 2e édit., 1. 1(, p. 306-307. -Morel et Mathias-Duval. Mrt?u/eZ de Vanalomiste, cit. p. 403. ^ Voyez M. inlerosseux du pied. MUSCLES DE LA MAIN 191 colonne. Ici tout est disposé pour la solidité au détriment de la sou- plesse, et les muscles interosseux deviennent presque entièrement fibreux. En outre, leur aspect est tellement changé que, sans le prin- cipe des connexions, il serait difficile de les reconnaître \ Dans le cheval, ils sont encore au nombre de quatre : deux laté- raux, très faibles, et deux médians, soudés l'un à l'autre. Les deux interosseux latéraux, c'est-à-dire le l'^'' et le 4'', sont rudi- mentaires, comme les stylets métacarpiens ou métatarsiens, en arrière desquels ils sont fixés. Chacun d'eux est constitué par un faisceau musculaire, allongé, grêle et rougeâtre, terminé inférieurement par un petit tendon qui s'élargit et se perd sur le côté des sésamoïdes, jusque sous l'ergot. Les deux interosseux ))u'dians, le 2" et le 3°, sont 1res forls, par com- pensation, et réunis l'un à l'autre, comme les deux métacarpiens ou métatarsiens correspondants. Cette disposition suffirait à elle seule pour démontrer la dualité du grand doigt et, par suite, la pentadac- tylie du cheval. Ils constituent une grosse bride de soutènement, généralement connue sous le titre de lir/ament ou d'appareil suspenseur des sésa- moïdes, ligament suspenseur du boulet. Aplatie d'avant en arrière, et plus forte aux membres antérieurs, qui supportent plus que les autres, cette bande est fibreuse ; mais elle conserve quelques fibres muscu- laires, plus apparentes dans le jeune âge. Très solidement fixée en haut du métacarpe ou du métatarse, elle se bifurque inférieurement et ses deux branches divergentes vont s'insérer chacune sur le sésamoïde correspondant et, plus bas, sur le bord du tendon extenseur des phalanges. Enfin, dans la girafe et les autres Ruminants, la dégradation des interosseux est encore plus marquée. L'avortement des deux doigts latéraux étant presque complet, les deux interosseux correspondants disparaissent. Les deux interosseux médians persistent seuls et, en raison de la soudure de leurs deux grands métacarpiens ou méta- tarsiens, ils sont réunis l'un à l'autre en une forte lanière fibro-mus- culcuse, à peu près comme dans les Chevaux. Inférieurement, la colonne phalangienne étant double, la terminai- son de la bande interosseuse présente les modifications nécessaires. Il y a quatre branches principales, qui s'implantent fortement sur les ' Lavocat. Loc. cit. suprù, p. 64. 192 VARIATIONS DU SYST1>ME MUSCULAIRE DE L'HOMME quali'c sosamoïdcs. Chacune d'elles fournil une division secondaire, destinée aux tendons extenseurs des phalanges : les deux divisions latérales descendent ohliquemcnt, chacune sur sa colonne phalan- gienne, et se terminent au bord excentrique du tendon extenseur latéral correspondant; les deux divisions médianes se réunissent en un cordon aplati latéralement, qui se contourne, d'arrière en avant, comme sous une poulie fixe, entre les deux extrémités inférieures du double métacarpien ou métatarsien, au-dessus du ligament inter- digilé supérieur. En avant, cette lame s'élargit et se lixe sur la face profonde du tendon extenseur commun et se prolonge, de chaque côlé, jusqu'au bord concentrique du tendon extenseur latéral des phalanges. Ainsi constitués, les interosseux des Ruminants et des Chevaux servent à maintenir les tendons des extenseurs sur le devant des pha- langes ; mais leur rôle principal est de former une nouvelle lame de résistance élastique, qui s'ajoute aux tendons lléchisseurs des pha- langes et aux aponévroses palmaires ou jdanlaires, pour soutenir mécaniquement le poids du corps et mainlenir l'ouverture de l'angle métacarpo ou métatarso-phalangien, ce qui est une importante condi- tion de souplesse pour les Quadrupèdes et sui'lout pour le cheval dont le pied n'est pas divisé. Comme corollaire à ces considérations d'anatomie philosophique, je dois signaler les animaux dans lesquels les interosseux normaux se rapprochent le plus des interosseux anormaux de l'homme. Dans le daman, le premier interosseux dorsal a deux tètes, la radiale vient du rudiment du pouce'. Il en est de même dans le coati, \ hyène -, etc. Les interosseux de Yhyœmoschus^ au nombre de quatre, comme dans les Porcins, aboutissent à la première phalange des doigts; ceux qui se rendent aux doigts rudimentaires sont bifides dans leur portion terminale. (Voy. Joannès Chatin, Myologie de niyœmoschus, Biblio- thèque de l'Ecole des Hautes études, section des sciences naturelles, t. V, art. n" 1, p. 17. Paris, 1872.) Chez XHylohates albimanus, une partie du premier interosseux dorsal de la main s'insère sur le deuxième métacarpien, l'autre se rend à la base de la deuxième phalange de l'index. Un dessin de cette confor- ' MeckeL. •!««/. comp., t. VI, p. 345. - Meckel. Eod. loc, p. 346, 347. MUSCLES DE LA MAIN 193 mation figure dans l'ouvrage : Les Singes anthropoïdes et t Homme ; ^w. professeur Hartmann' (fig. 53, 9 et 10, p. 131). Rolleston décrit en ces termes les interosseux dorsaux du chimpanzé : « Les interosseux dorsaux se composent chez ces Anthropoides de deux faisceaux provenant des faces opposées des métacarpiens. Ces faisceaux sont bien moins unis que dans l'espèce humaine. » « Le premier interosseux dorsal du Tror/lodijtes Aiibnj'i^ celui du deuxième doigt, est, disent Alix et Gratiolet, constitué par deux mus- cles entièrement réunis et entre-croisés sur leur partie moyenne où ils échangent leurs fibres musculaires, mais distincts à leur extrémité. » Les faisceaux de renforcement des radiaux aux interosseux s'expli- quent non moins aisément, puisque les radiaux et les extenseurs ne forment qu'un seul corps [pronator-extensor mass) dans les êtres inférieurs. Du reste, les prolongements du premier et du second radial externe et des radiaux accessoires vers le premier, le troisième et le quatrième métacarpiens sont constants chez divers animaux. Chez le pteropus, le deuxième radial envoie une expansion sur le quatrième métacarpien. Le professeur Humphry, auquel j'emprunte ce fait, a découvert le même agencement chez un chimpanzé. [Vouv détails complémentaires sur les connexions des radiaux et des interosseux, voy. M. extensor carpi 7'adiaiis accessorius ; — M. court abducteur du pouce.) Dans \dï, les lézards et le ménobranche, « les hbres de l'extenseur profond naissent du carpe et du métacarpe et se divisent bientôt en trois chefs, renforcés par les interosseux. De sorte qu'elles constituent une portion principale plutôt qu'une portion accessoire du long exten- seur- ». INTEROSSEUX PALMAIRES Nous avons dit qu'on regardait, en France, l'adducteur du pouce comme le premier interosseux palmaire. Cruveilhier qui, à une époque où l'on n'avait plus cure dans notre pays des anomalies mus- culaires, a noté celles qu'il a rencontrées, s'exprime en ces termes : u Les muscles interosseux sont au nombre de deux pour chaque espace ' Hartmann. Les S'nif/es unlhropo'ides et l'Homme. Paris, 1886. lluniphry. Loc. cit., p. 186. II. 13 194 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME interosseiix; l'iiii occupe le tlos do la main, Taiilrc en occupe la face palmaire ; eL comme il y a quatre espaces inlerosseux, il devrait y avoir huit muscles interosseux; cependant les anatomistes mo- dernes n'en admetlent (|ne sept, ce qui lient à ce que le premier interosseux palmaire qui apparlient au pouce est décrit séparément sons le nom de muscle adducteur du pouce, et cette séparation est motivée par la disposition spéciale que présente ce muscle, qui ne s'insère pas entre le premier et le deuxième métacarpien, mais qui s'étend du premier au troisième métacarpien, disposition importante qui explique la grande étendue du mouvement d'adduction du pouce. » La preuve que l'adducteur du pouce n'est pas l'homologue du pre- mier interosseux palmaire, c'est qu'il peut exister en môme temps que lui. Le premier interosseux palmaire, signalé d'une façon confuse par Theile, Sœmmerring et Dursy, a été bien étudié, il y a quelques années, parHenle. Voici la description qu'il en donne d-ànsï Handbiic/i der Analomie des Mensclien, Bd. I, Muskellehre, Braunsclnveig, 1858, p. 228, Je traduis textuellement : « Les faisceaux d'origine des quatre interosseux palmaires recou- vrent la plus grande partie de la surface cubitale des premier et deuxième métacarpiens et la surface radiale des quatrième etcinquième métacarpiens, jusqu'à leur crête antérieure. Leurs insertions se font sur le bord de la première phalange du même côté. Le muscle inter- osseus volaris primiis^ reçoit un chef constant provenant de la moitié supérieure du métacarpien du pouce. A ce chef constant s'en ajoute souvent un second et un troisième, le second émanant de Yarc tendi- neux mentionné à propos de l'interosseux dorsal, le troisième de la base ou du bord latéral de la partie supéi'ieure du corps du second métacarpien. » L'arc tendieux dont Henle parle ici, a été défini ainsi par lui quel- ques lignes plus haut : « Le premier muscle interosseux dorsal reçoit régulièrement un mince faisceau aplati- naissant d'un arc tendineux qui recouvre la ' « Je donne, dit ailleurs Ilenle, ce nom à vin muscle qui a échappé ù la plupart des auteurs, que Sœmmerring et Theile ont rangé parmi les faisceaux d'origine du M. flexor breris pol- Ucis, et que Dursy a réuni à une digitation du faisceau du premier iuterosseux dorsal qui s'insère à l'index pour en faire un muscle qu'il nomme M. interosseus pollicis indicisque. Les traités ne reconnaissent que trois M. interossei voluves dont le premier devient main- tenant dans ma nomenclature le second. » "^ « C'est le chef de l'index du M. interosseus pollicis indicisque de Dursy ■■ {Zeitsclwift fur rationnelle Medizin. N. F. Bd. IIL S. 74. Taf. II, fig 4 et 5). MUSCLES DE LA iMALN 195 branche profonde de rartère radiale et s'étend depuis la face anté- rieure de l'os trapèze jusqu'à la face dorsale des bases des deux pre- miers métacarpiens, au-dessus de l'espace interossoux. » M. le professeur Cunningham, s'en rapportant aux nombreuses dissections faites à l'amphithéâtre d'anatomie de l'Université d'Edim- bourg, est porté à croire que Yinterosseus volaris primiis de Henle est un muscle constant'. « Il est presque invisible du coté de la face pal- maire de la main, observe-t-il; mais il se distingue facilement du côté de la face dorsale dès qu'on a enlevé le premier muscle interosseux en entier ou sectionné simplement le faisceau de ce muscle qui se détache du premier métacarpien. C'est une bandelette très grêle qui, comme le dit BischotF, a été refoulée dans la profondeur de la main par l'adducteur transverse amplement développé. » Le professeur NYood affirme avoir rencontré Yinterosseus volaris jjrimus : 2 fois sur 32 sujets pendant l'hiver 1865-18G6". 3 — 36 — — 1866-186" ^ 8 — 36 — — 1867-1868 '\ Soit 13 fois sur 104 sujets. D'après le même anatomiste le renfor- cement du premier interosseux palmaire par un faisceau détaché du premier radial exlerùe s'observerait aussi chez 12 sujets sur 102 et généralement des deux côtés. Dans son catalogue d'anomalies musculaires, M. le professeur Maca- lister admettait pour Yinterosseus jrrimus volaris la proportion de 3 cas sur 36 sujets. Depuis, M. le professeur Macalister a modifié sa manière de voir et croit avec MM. Cunningham, Brooks, etc., que ce faisceau est toujours présent. « Le chiffre de 1 sur 12 que j'ai donné en 1872 comme représentant le degré de fréquence de ce muscle est, — m'a mandé, le 4 août 1894, M. Macalister, — celui qui répond au nombre de sujets où Yinteros- seus volaris primas est éminemment distinct. Maintenant que je con- nais bien ce faisceau, je le trouve sur toutes les mains que j'examine; ' Le 15 août 189'», M. Cunningham m'a encore écrit : « It is invariabiy présent in man altho its présence is olten ubsciired by its close relations with tiie addactor obliqin/s pollicis. It is présent in mucli more distinct form in certain of the Anthropvïds. A distinct nerve supply has been madc ont fur it. » - Wood. Procedlnrjv of the Roij. Soc, n<> 86, p. 238. * /(/. Id. no 93, p. 532. * Id. Id. no 104, p. 515. 196 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE E'HOMME mais il est quelquefois difficilemenl séparable de l'adducteur oblique, excepté à son origine. Je l'ai cherché aujourd'hui même sur 16 mains: il était facilement séparable et très distinct dans deux, tandis que dans les autres il était plus ou moins confondu prés de son insertion inférieure avec l'adducteur oblique. » Je crois aussi que V'uilerosscus primus volaris existe normalement, mais il est quelquefois rudimenlaire. En 1893, sur 40 sujets, 20 hommes et 20 femmes, je l'ai rencontré seulement 5 fois d'une façon très nette (3 fois chez les hommes et 2 fois chez les femmes). Mon prosecteur M. J. Thomas qui, en 1894, a eu à préparer Vhiterosseiispri- mus volaris, comme pièce sèche de concours, l'a trouvé constamment. Meckel et M. le professeur Macalister ont vu chacun un cas dans lequelle second inlerosseux dorsal aboutissait au ccMé cubital de l'index et le premier ijiterosseux palmaire au côté radial. J'ai observé cette disposition sur la main droite d'une femme; elle m'a d'autant plus frappé qu'elle se rencontre communément au pied. Chezxleux hommes disséqués par Wood, le preiuier espace interosseux était comblé par deux faisceaux musculaires, par Yinterosseus prior indicis d'Albinus [extensor te?'tu mternodii indicis de Douglas, Mtjog. comp., p. 181) et V abductor indicis d'Albinus et des anciens anatomistes (premier inler- osseux dorsal). Les anomalies des autres interosseux palmaires sont moins curieuses. Elles se rapprochent de celles des interosseux dorsaux et s'expliquent de même. Le nombre des interosseux palmaires peut être doublé, chaque interosseux surnuméraire ayant les mêmes insertions que l'interos- seux auquel il est contigu. Généralement, pourtant, il n'y a que deux inlerosseux dans l'un ou l'autre des quatre espaces. Cet interosseux supplémentaire est d'ha- bitude la répétition de l'interosseux normal qui lui correspond, mais en ditTère quelquefois. C'est ainsi que M. le professeur Macalister a trouvé dans le second espace deux interosseux palmaires, un pour l'index et un pour l'annulaire, deux dans le troisième espace, un pour l'annulaire et un pour le médius, et deux dans le quatrième, un pour le petit doigt et un pour l'annulaire'. ' M. Chanipneys et quelques autres naturalistes ont décrit chez le c/iimpaiizé sis. interos- seux palmaires. Mais trois des interosseux palmaires, bien que dérivés de la même couche embryogénique que les autres (slrali/m moyen de Cuuningham\ appartiennent sans conteste au groupe des conlrahentes dtrjitorum d'Iialford, de Melbourne, et BischoU' (voy. M. du pied]. MUSCLES DE LA MAIN 197 Anatomie comparée. — Tandis que nous décrivons on France quatre muscles du pouce : le court abducteur ou scapho'ido-pJicdangien, l'op- posant ou trapézo-métacarpien^ le court fléchisseur ou carpo-phalan- gien et l'adducteur ou jnétacarpo-plialangien, on en décrit six en Alle- magne et en Angleterre : I. Un court abducteur, le plus superficiel, inséré par un tendon aplati au côté externe de la première phalange; II. Un opposant, attaché au bord radial du premi(M' métacarpien dans toute sa longueur ; III. Le chef radial du court flcrJùsseur du pouce, le court fléchisseur du pouce de Cruveilhier, le faisceau externe du court fléchisseur des autres anatomistes français; IV. Vinterosseus primus volaris de llenle ou chef cubital o\\ profond du court fléchisseur du pouce, faisceau grêle souvent difficile à isoler qui naît de la face cubitale de l'extrémité supérieure du premier méta- carpien et aboutit à l'os sésamoïde interne avec les suivants ; V. V,n adducteur oblique (|ui provient des extrémités supérieures des deuxième et troisième métacarpiens, de la face antérieure du grand os et du ligament annulaire antérieur du carpe et gagne l'os sésamoïde interne. C'est le faisc&au interne du court fléchisseur du pouce des ana- tomistes français; VI. L'adducteur transverse qui se détache de toute l'étendue du bord palmaire du troisième métacarpien et se porte aussi sur l'os sésamoïde interne. Les tendons des muscles désignés sous les numéros III, IV, V, et VI s'attachent tous à la première phalange du pouce, mais les os sésa- moïdes enchâssés dans leurs tendons permettent de les dissocier*. D'ordinaire la branche palmaire profonde de l'artère radiale passe entre les deux adducteurs. L interosseus pri??ius volaris 'd d'\mhil\u\o une ori- gine tendineuse au-dessous du bord externe de l'adducteur oblique, au-dessus de l'insertion hallucienne de l'abducteur de l'index (premier interosseux dorsal]. Les recherches minutieuses de Bischoff, de Macalister, de Cunnin- gham, de Sheridan-Delepine , de Brooks, de Quain, de Ruge, de Gegenbaur, de Hepburn, etc., ont même déterminé les homologies ' Le court alxJacteur du puuce s'attaclie égalemeut à la ijreniière phalange du pouce, mais son tendon distal est indépendant de l'os sésamoïde externe de la première articu- lation métacarpo-phalangienne. J98 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME qui existent entre les six faisceaux de rémiiience thénar que nous venons de décrire et ceux de la région plantaire interne. En se basant sur la position, les insertions, l'innervation, et le déve- loppement de ces muscles chez l'homme et les animaux, M. le pro- fesseur Cunning'ham a dressé le tableau ci-dessous : COURT FLÉCHISSEUR DU POUCE COURT FLÉCHISSEUR DU GROS ORTEIL (a) Faisceau radiaL [a) Faisceau ti])iaL (6) Interosseus primus volaris. {h) Faisceau péronier. Faisceau cubital du court fléchis- Adducteur obli(iue du gros orteil. seur du pouce. Adducteur du pouce. Adducteur trausverse du gros orteil. (Transverse du pied.) (( Je regarde, m'a écrit, en 1895, M. le professeur Macalister, V interosseus primm volaris comme la tète cubitale du court tléchisseur du pouce, parce qu'il se porte sur l'os sésamoïde interne, parce que ses insertions correspondent à celles du chef péronier du court tléchis- seur du gros orteil, parce que son innervation est la môme que celle du faisceau radial du court fléchisseur du pouce. Les deux faisceaux du court fléchisseur sont, en général, innervés par le médian, et leur développement, autant que j'ai pu en juger, est parallèle dans l'em- bryon. Quant aux homologies qui existent entre les muscles de la région thénar et ceux de la région plantaire interne, elles sont pour moi les suivantes : PIED MAIN Flex. brev. hall, tibial head. Flex. brev. jtrill. radial head. — fibular head. Uluar head of ilex. brev. poil, (interos- seus primus volaris de He.xlfA Add. obliq. hall. Add. obi. poil. (Ulnar head of flex. brev. poil, of the oldcr AYriters.) Add. transv. (Transvcrs. pedis.) Add. trans. poil. Obligé de me restreindre, je suis forcé de renvoyer le lecteur aux ouvrages énumérés ci-dessous oîi il trouvera plus largement déve- loppées les idées que je viens d'exposer : Ruge Morph. Jarhb. 1878. — Untersuchung liber die Extensorcn- gruppe am Unterschenkel und Fusse der Saugethiere and Entwicke- lungsvôrgange an der Muskulatur des menschlichen Fusses. [Morph. Jahrb., Bd IV, suppl. 1878, p. 117.) Bischofl'. Ueber die kurzen Muskehi des Daumens und der grossen MUSCLES DE LA MAIN 199 Iche, Mûnchen, 1870; Beitrâge zur Anatomie des Hy lobâtes leucisciis, Munchen, 1870; Beitrâge zur Anatomie des Goril/a, Mïmchen, 1870. Flemming. 1° Ucbcr den Floxor brevis pollicis iind hallucis des Menschen, pp. 68-77, 1 fig.; 2° Nachtrâgliche Notiz liber den Flexor brevis pollicis, p. 269, 272, in Anat. Anzeiger, 2" année 1887. Mingazzini. Nota sull musc, adductor pollicis dell' nomo, in Anat. Anzeiger, 1888, p. 778. Gegenbaur. Bemerk liber den m. Flexor brevis pollicis und Veriin- derungen der Handmuskulalur, Morph, Jahrb., 1889, p. 483. Leboucq. Les Muscles adducteurs du pouce et du gros orteil, Bulle- tin de r Académie royale de médecine de Belgique, 1893. Bardeleben. Ueber der Hand und Fussmuskeln der Sàugethiere, besonders die des Prœpollex und Postminimus, 1890, p. 433. H. Saint-John Brooks. On thc short muscles of the pollex and hallux of Anthropoul apes, etc., Journ. of anat. and phys., octobre, 1887, p. 78. Cunningham. Beporton the scienti fie resuite of the voyage, of H. M. S. Challenger, Zoology, vol. V, part XYI, 1882, published by order of her Mayesty's government et The Flexor brevis pollicis and the flexor brevis halkicis in man. Hepburn. On the comparative anatomy of the muscles and nerves of the superior and inferior extremities of the Anthropoïd apes [Journ. of anat. and phys., janxier 1892, p. 171, 172 et 173^. Pour moi, je suis convaincu de la réalité des homologies des mus- cles de la main et du pied telles que les envisagent MM. Cunningham et Macalister. On sait déjà que les adducteurs et les fléchisseurs ne déri- vent pas de la même couche, et on verra plus loin que les interosseux palmaires dérivent des fléchisseurs des doigts. Uinterosseus primas volaris correspond, comme développement et comme situation et inser- tions, aux autres interosseux palmaires. 11 est innervé par la branche qui se distribue à la portion radiale du court fléchisseur du pouce, tandis que la portion, appelée jusqu'ici portion cubitale du court fléchis- seur du pouce, est animée par des filets nerveux ayant la môme origine que ceux qui donnent le mouvement et la sensibilité à l'adducteur transverse. Or, le professeur G. Ruge a insisté longuement et avec beaucoup de raison sur la relation invariable et constante qu'il y a entre la suppléance nerveuse et l'homologie musculaire. Il affirme caté- goriquement avec Gegenbaur que le muscle est l'organe terminal du nerf, et que, lorsqu'un muscle change de position et de forme, ses 200 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME relations primitives peuvent être toujours déterminées par l'innerva- tion. Cette assertion est, sans conteste, trop absolue'; mais il n'est pas moins vrai que l'innervation d'un muscle est pour sa détermination un bien meilleur guide que les insertions et Japosition qui changent avec la fonction. La meilleure preuve qu'on puisse en donner c'est celle du court extenseur des doigts du pied (pédieux) qui, dans la série animale, des- cend progressivement de la face péronière de la jambe sur le dos du pied. Bischoff avance que, chez le gorille, le chimpanzé, le gibbon, le ci/nocephaliis, le cercopithecus, le 7nacacus, le pilhecia et Yhapale, le court fléchisseur du gros orteil est pourvu de deux tètes. Je n'y con- tredirai pas. Duvernoy et M. Macalister disent cependant que le court fléchisseur du gorille n'a qu'une tète tibiale. Bischoff remarque toute- fois que Duvernoy, le premier, a regardé la tète péronière comme Vinterosseus primi/s volaris, et M. Macalister cette même tête comme un opposant. Ruge prétend que la tète péronière du court fléchisseur du gros orteil dérive de la tête tibiale. Il dit : « Dans Valèle le court fléchisseur est un muscle simple qui est séparé de l'adducteur oblique par le tendon du lono; extenseur. Il se fixe sur l'os sésamoide externe. Dans le cercopitJièqiie, la tête péronière est représentée par les fibres mus- culaires distales qui s'étendent de l'os sésamoide interne à l'os sésamoïde externe, en passant sur le tendon du long fléchisseur. Dans le cebiis, les faisceaux musculaires situés au-dessous du tendon du long fléchis- seur sont séparés et constituent nettement un muscle distinct. Ils sont couchés entre la tète tibiale et l'adducteur oblique et recouverts par le tendon du long fléchisseur^ ». On peut admettre plus justement, je crois, avec M. Gunningham, un processus régressif, duquel il résulte que la tête péronière bien développée diminue graduellement de volume et est absorbée finale- ment par la tête tibiale. Cette opinion est d'autant plus plausible que le court fléchisseur du gros orteil à deux chefs n'est pas une exception chez les Mammifères des ordres inférieurs. ' En voici la preuve môme en ce qui concerne le court fléchisseur du pouce tel que nous le comprenons. Le docteur Hepburn a vu chez un oranri le chef interne [M. in- terosseiis primiis volaris) et chez un homme le chef externe du court fléchisseur du pouce innervés par le cui)ital. Quoi qu'on en dise, les deux chefs du court fléchisseur du pouce ne sont donc pas toujours animés par le médian, ni l'adducteur oblique ni l'adducteur transverse du pouce par la branche profonde du nerf cubital. M. Spourgitis a constaté la même disposition chez un sujet du sexe masculin. {Spourgitis. Dullet. de la Soc. anal, de Paris, 1895; voy. aussi : Riche, Le nerf cubital et les muscles de l'éminence thénar [eodem loco]. mars 1897). " Ruge. Lac. cit., p. 65i. MUSCLES DE LA MAIN 201 « Le Cynocéphale Sphynx offre un exemple remarquable de la façon dont la tète poronière du court tléchisseur du gros orteil est réduite de volume et propulsée entre la tète libiale et l'adducteur oblique, dans la profondeur du pied, ainsi qu'un muscle interosseux plantaire. Dans le lemw, il n'y a pas de trace de la tète péronière '. L'adducteur oblique est largement développé; mais comme il est innervé par la branche profonde du nerf plantaire externe, il est vraisemblable que la tète péronière s'est fondue dans son intérieur. » L'inlerosseiis volaris primiis de Henle a été trouvé par M. Champneys chez le Troglodytes nkjer qu'il a disséqué. « Il provenait, dit M. Champ- neys, de la tète radiale du grand os et des ligaments qui le recou- vrent, et non directement du métacarpe, comme chez l'homme ^ » Rolleston a trouvé éi;alement ce mode de conformation sur son chim- paiizé. Chez chacun des quatre /l/tMro^^o/V/e^ qu'a possédés le docteur Hepburn, l'agencement était le suivant : Yinterossciis primiis volaris n'existait sous aucune forme chez le yorille et était remplacé par une bande fibreuse chez le chimpanzé . Dans Yorang il émanait du bord cubital de la tête du premier métacarpien et, dans le r/ibbon, de la tète des premier et deuxième métacarpiens et des ligaments péri- Irapéziens. MUSCLES SURNUMERAIRES FACE PALMAIRE Thénar cutané. Il a été décrit en même temps que le court abducteur du f>ouce (voy. ce muscle). Tenseur de la capsule de Tarticulation métacarpo-phalangienne du petit doigt. Il a été observé plusieurs fois par MM. Poirier, Souligoux et Cunéo (Poirier, Traité iranatomie, t. II, fasc. 1, p. IGO, Paris, 1896). Il est ' Cunuingham. Report in Marsi/plalia, cit., p. 116. ' Ibidem. Journ. of anal, and p h ya., cit., p. 187, 188. 202 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME très grêle, part des ligaments qui unissent le pisiforme à l'os crochu et va s'insérer sur la capsule de l'articulation métacarpo-phalangienne du petit doigt. « J'incline à croire, dit M. Poirier, que ce faisceau n'a pas été signalé, car il n'en est pas fait mention dans le travail si consciencieux de Le Double \ Il paraît se rattacher à une formation aponévrotique que nous avons signalée en décrivant l'opposant du petit doigt-. » Unei-pisiformien. Ce muscle a été décrit pour la première fois par Calori dans les Mémoires de fAcadc/nie des sciences de Bologne, 2" série, vol. YI, p. 140. Depuis il a été signalé par divers anatomistes, le professeur W. Gruber entre autres. Il s'insère, d'une part, au sommet de l'apophyse de Fos crochu et, d'autre part, à la face convexe du pisiforme, entre le tendon du cubital antérieur et celui de l'abducteur du petit doigt. Parallèle au liga- ment unci-pisiformien sur lequel il repose, il est quadrilatère et entiè- rement charnu. Quelquefois cependant il affecte la forme d'un triangle dont la base regarde en dedans ou en dehors. Il peut être unilatéral ou bilatéral et se rencontre aussi bien dans l'un que dans rautrc sexe. En se contractant il rapproche évidemment le pisiforme de l'apo- physe de l'os crochu et s'oppose ainsi, avec l'abducteur du petit doigt, à la traction qu'exerce sur le pisiforme le cubital antérieur. J'en possède 4 cas, recueillis 3 sur des hommes (2 fois des deux côtés et 1 fois à gauche) et 1 sur la main droite d'une femme. Ce muscle est-il, comme on l'a prétendu, le résultat d'une transfor- mation du ligament unci-pisiformien ? Je ne le pense pas. Il coexiste toujours — à ma connaissance, du moins — avec le ligament en ques- tion. J'inclinerais plutôt à le considérer comme un rudiment de ces faisceaux étendus du cubital antérieur à l'os crochu. Quoi qu'il en soit, M. le professeur Macalister, auquel j'ai demandé son opinion sur la nature du muscle unci-pisiformien, m'a répondu : * Le Double. Des variations mori^hologiques des muscles de la main de l'homme et de leurs homologues dans la série animale in Bibliofjrapliie analomique, n" 3 (mai-juin 1895). ^ Cette formation aponévrotique est constituée par un arc qui s'étend de l'extrémité supérieure du 5^ métacarpien à la tête de cet os et qu'il n'est pas rare de voir se continuer avec une expansion du cubital postérieur. MUSCLES DE LA MAIN 203 « L'iinci-pisiformicn dépend évidemment du système cubital, car dans un cas j'ai vu ce muscle innervé par un filet du nerf cubital. » Interpollicaris transversus. Chez un homme ayant deux pouces à chaque main, le professeur Gruber a trouvé de chaque côté un muscle étendu du métacarpien du pouce normal à la première phalange du pouce surnuméraire. Gruber a appelé ce muscle interpollicaris transversus [Virchow's Arch., p. 226, vol. 32^. FACE DORSALE Manieux. Syn. : Muscuhis extensor b)'epis dif/iti indicis vel medii (Albinus); Indicator anomalus brev'is et exlensor brevis anomalus medli digiti (Otto); Muscle surnuméraire du dos delà main (Boulardi; Muscle interosseux dorsal surnuméraire de la main (PanasJ; Pédieux de la main ^Aiidrali ; Exlensor brevis digitorum (VV. Gruber); Indicator biceps (Gantier); Exfensor brevis propi-ius vel lateralis medii digiti (Carver) ; Faisceau de renforcement du tendon extenseur de l'index (Prenant). Ce muscle, dont il n'était pas question, il y a quelques années encore, dans les traités classiques danatomie, était connu des anciens'. II est mentionné dans Albinus -, Otto % Pestche '*, Sandifort ^ et Sœmmer- ring ^ Il a été décrit par Albinus sous le qualificatif d'ej^/c^/^sor brevis digiti indicis vel medii ; par Otto sous celui à' indicator anomalus brevis et exlensor brevis anomalus medii digiti ; puis, longtemps après, par Andral ^ sous celui de pédieux de la main ; par Boulard sous celui de muscle surnuméraire du dos de la main'^ ; par Panas sous celui de inuscle ' On lit seulement, en note, au bas de la page 29.3 du tome II de la 2" édition à'Anatomie descriptive de Cruveilhier (Paris, 1843) : ■• Il n'y a pas de muscle à la région dorsale de la main. J'ai rencontré plusieurs fois un faisceau charnu né de l'extrémité inférieure du radius, faisceau charnu dont le tendon allait s'insérer aux tendons du muscle extenseur. Ce tendon est le vestige du muscle dorsal du pied ou pédieux. •> ' Albinus. Annotationes Acad., lib. IV, cap. VI, p. 28, tab. V, fig. 3. 1734. ' Otto. Selfene Beobacf, lift. I, p. 91. Cet analomiste a aussi appelé ce muscle : exlensor anomalus brevis des Mittelfingers. ■* Petsche. Haller's disp. anat. sélect., vol. VI, p. 771. ' Sandifort. Exercit. acad., p. 93, et Observ. pathoL, lib. VI, p. 99. " Sœmmerring, Loc. cit., p. 2hi. ' Andral. Bull, de la Soc. anat., 1837, n" 5, p. 136. * Boulard. Bull, de la Soc. anat., 1854, n" 1, p. 9. 204 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME intcrosseiix dorsal surnuméraire de la main ' ; par Gruber sous celui A'cxlensor brevis digitorum- ; par Ganlzor sous celui d'indicalor biceps'^' par Carver sous celui (ïexlensor brevis proprius or laleralis medii digiti' ; par Prenant sous celui de faisceau de renforcement du tendon extenseur de l'index. C'est] sous l'une ou l'autre de ces dénominations qu'il a été encore signalé par Richard ^ Ilumpliry ", Kelly'', Gruveilhier, Dursy^ Davies-Colley, Taylor et Dalton% Henle*% Wood'S Macalister'^ Curnow'^ Testut '\ Verneau '^ Baudoin '^ Poirier et Meunier ^\ Pierre Sebileau et Louis Faure '^ Calori '^ Mayeur et Souligoux -". Je donnerai à ce faisceau anormal le nom de manieux. Ce néologisme a pour moi divers avantages : il correspond au mot pédieux; il est court et ne préjuge rien ni du nombre, ni de la forme, ni de la lon- gueur, ni de la direction, ni des insertions des bandelettes muscu- laires qu'on rencontre à la région dorsale de la main. Dans son Traité danatomie]m. été heureux de voir M. Poirier l'adopter, après avoir lu le mémoire que j'ai publié en 189.j, sur les variations mor- phologiques des muscles de la main. Obervations personnelles. — Mes élèves et moi avons trouvé onze fois le manieux sous la plupart de ses formes : (1 fois chez l'homme (3 fois des deux côtés, 3 fois à droite et 1 fois à gauche) et 4 fois chez la femme (2 fois des deux cotés, 1 fois à droite et 1 fois à gauche). Voici mes observations résumées : ' Panas. Ballet, de la Soc. anal., 1863. p. 165. ■ W. Gruber. Beobac/ila»f/en des mensc/ilic/tea and vergleulienden Anal., H. 7 Berlin, Ilirsclnvald, 1«81. ^ Gantzer. Op. cil., p. U. * Carver. Joarn. of anal, and jiliiis., t. II, p. 308. " Richard. Ann. des Sciences nal., série III, Zool., t. XVllI, 18ol, p. 11. * Iluniphry. Joarn. of anal, and phijs., vol. II, p. 308. ' Kelly, in Testut. Trait, des an. masc, p. 516. * Dursy in Mucalister. Trans. of the Roy. Irish. Acad, 18^2, cit. '•' Devies-Colley, Taylor et Dalton. Guy's hospital Rejjorts, 1872, "Ilenle, p. 216. " Wood. Loc. cit. suprù. '- Macalister. Loc. cil. suprà. " Curnow. Joarn. of anal, and p/iys., 1876, p. 596. " Testut. Traité des an. musc, p. 561. *^ Verneau. in Traité des an. musc, de Teslut, p. 574. '" Baudoin. Bull, de la Soc. d'antliropolof/ie, 1885, p. 188. " Poirier et Meunier. Bull, de In Soc. anal., b" série, t. I, p. 880. '* P. Sebileau. Bail, de la Soc. anal, de Paris, LXIP année, 1887, 5" série, t. I, p. 852. '" Calori. Loc. cit. suprù. " Mayeur et Souligou.x. Ballet, de la Soc. anal, de Paris, février 1896, fasc. IV, p. 156. MUSCLES DE LA MAIN 20& I. — F., soixante-quinze ans, congestion pulmonaire; décembre 1878, (Observé par mon prosecteur, M. Delailtre.) Sur la face dorsale de la main droite seulement on rencontre un petit muscle surnuméraire attaché, en haut, à la totalité de la face dorsale du grand os, et à la moitié des faces dorsales du pyramidal et du semi-lunaire, ou, pour parler plus exactement, aux ligaments qui unissent ces trois os, et, en bas, par trois languettes séparées sur les tendons de l'extenseur de l'index, du médius et de lannulaire, au niveau de la partie moyenne de la face postérieure des métacarpiens. Il mesure approximativement 7 centimètres. II. — H., quarante-cinq ans, fracture du crtine; novembre 1880. (Observé par M. Girard.) Le muscle a la même disposition que le précédent, mais existe à droite et à gauche. III. — F., vingt-cinq ans, métrorrhagie; janvier 1881. (Observé par M. Boyer.) Sur lune et l'autre des deux mains, on découvre un corps charnu, plat, étroit, mesurant environ 6 centimètres. Il se fixe, en haut, sur la face postérieure du pyramidal au niveau de la ligne intercarpienne, et, en bas, par deux languettes sur les tendons de l'extenseur de l'index et du médiusx. IV. — H., soixante-dix ans, paralytique général ; mars 1881 . (Observé par M. Bourgougnon.) Sur la face dorsale de chacune des mains on rencontre un muscle surnuméraire long de 8 centimètres et terminé par quatre languettes dont trois vont rejoindre les tendons que le long extenseur envoie à l'indicateur, au médius et à l'annulaire et une va se perdre sur la face dorsale du cinquième métacarpien. En haut, la lame musculaire anormale est attachée par un tendon rétréci aux faces postérieures du grand os et de l'os crochu. V. — IL, dix-huit ans, méningite tuberculeuse; mars 1881. (Observé par M. Ansaloni.) De la face postérieure du radius droit, immédiatement au-dessus de l'articulation radio-carpienne, se détache une bande musculaire, large d'un travers de doigt, qui va se perdre vers le milieu de la région métacarpienne postérieure sur le tendon de l'extenseur propre de l'index. VI. — H., soixante-dix ans, apoplexie cérébrale; janvier 1882.. (Observé par moi.) 206 VAKIÂTIONS DU SYSTÈME MUSCULAIUE DE L'HOMME Sur la face dorsale de l'une et l'autre des mains, muscle surnumé- raire en forme de triangle dont le sommet regardant en bas se pro- longe par deux rubans nacrés, sur les tendons de l'extenseur de l'in- dex et du médius. La base de ce muscle, large de 4 centimètres, est insérée au-dessous de la seconde rangée des os du carpe et de l'inter- ligne carpo-métacarpiennc, sur la face postérieure des deuxième et troisième métacarpiens et l'aponévrose qui les unit. Ml. — F., trente-cinq ans, phtisique ; décembre 1887. (Observé par M. Robert Porentru.) Le long extenseur de l'index gauche, qui fait défaut, est remplacé par un petit faisceau musculaire qui se détache de la face postérieure de l'extrémité inférieure du radius, près de l'articulation du poignet. Ce court extenseur de l'index a les mêmes insertions aux phalanges que l'extenseur normal. YIII. — IL, soixante-deux ans, manie aiguë; novembre 1888. (Observé par Danseux.) Sur la face dorsale de la main droite, on trouve un muscle digas- trique dont l'extrémité inférieure du ventre inférieur donne naissance à un tendon qui va rejoindre celui du long extenseur qui meut le médius, et dont l'extrémité supérieure du ventre supérieur se fixe sur le trapèze et le trapézoïde. IX. — H., soixante-neuf ans, cirrhose du foie; février 1890. (Observé par MM. Maurice et Lelot.) Sur le dos de la main gauche, on met à découvert un muscle fusi- forme inséré, en haut, sur le trapèze et le trapézoïde, et, en bas, par trois chefs aponévrotiques sur les tendons du long extenseur qui vont à l'index, au médius et à l'annulaire. X. — F., vingt-deux ans, fièvre puerpérale; novembre 1887. (Observé par moi.) A droite et à gauche, sur la face dorsale des mains, existe une lame rougeàtre émanant de la face postérieure du semi-lunaire et de celle du pyramidal et divisée, inférieurement, en deux languettes auxquelles succèdent des tendons qui vont rejoindre, non loin des troisième et quatrième articulations métacarpo-phalangiennes, ceux du long extenseur du médius et de l'annulaire. XI. — H., vingt-huit ans, septicémie ; juin 1893. (Observé par moi.) Dans la région dorsale de la main droite existe un faisceau muscu- laire large de 3 centimètres étendu de la face postérieure du trapézoïde au tendon de l'extenseur de l'index. MUSCLES DE LA MAIN 207 Je possède les moulages de trois de ces anomalies, pris par im de mes anciens prosecteurs, M. André. Structure. — Comme le pédieux, le manieux est essentiellement variable. 11 peut n'avoir qu'un tendon, comme il peut en avoir deux, trois et même quatre. Je ne sache pas cependant qu'il ait jamais repro- duit exactement à la main le court extenseur des orteils, c'est-à-dire qu'il ait eu quatre tendons dont l'un allait s'insérer sur l'extrémité postérieure de la première phalange du pouce et les trois autres sur les tendons de l'extenseur commun correspondants aux deuxième, troi- sième et quatrième doigts. Je ne crois même pas qu'on l'ait jamais vu fournir un tendon au pouce. Il ne faudrait pas en induire qu'il n'est pas pour cela l'homologue du pédieux. Le faisceau interne du pédieux n'en est qu'une annexe. Il en est séparé chez presque tous les Singes et dans l'espèce humaine, oiî il reçoit du nerf tibial antérieur un lilet distinct, il est également si souvent indépendant qu'il a été décrit par Meckel et Henle comme un muscle spécial sous le nom d'exieîisor hallucis brevis. Qu'on trouve ce faisceau annexe dans la région dor- sale de l'extrémité distale du membre thoracique et l'identité sera absolue. Ces remarques nécessaires faites, passons à l'étude des différents modes de conformation du manieux. MANIEUX A QUATKE TENDONS Je n'en ai pas trouvé mention dans les auteurs. Jusqu'à plus ample informé, j'opine donc à croire que le cas observé par mon élève, M. Bourgougnon, est unique (voy. Obs. IV). MANIEUX A TROIS TENDONS Richard a disséqué chez une vieille femme un manieux qui, éma- nant, sur la face dorsale des deux mains, de la ligne intercarpienne, particulièrement du haut de la face postérieure du grand os, du semi- lunaire et du pyramidal ou plutôt des ligaments étendus entre ces dilTérents os, se divisait, presque immédiatement après, en trois lan- guettes nacrées qui gagnaient pour s'y terminer les tendons exten- seurs de l'index, du médius et de l'annulaire, un peu plus bas que la moitié inférieure du métacarpe. 208 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCUI.AIUE DE LTIOMME Sur le dos de la main droite d'une femme, Wood a trouvé un manieux inséré en haut sur la Face postérieure de la base des deuxième^ troisième et quatrième métacarpiens et les ligaments qui les unissent et partagé, en bas, en trois languettes (jui allaient renforcer les ten- dons de l'index, du médius et de l'annulaire du long extenseur '. Le même anatomiste a observé, des deux cotés, chez un homme, une autre conformation. Le court extenseur, fixé supérieurement au grand os, à l'os crochu et au pyramidal finissait par trois bandelettes dont l'une se perdait sur le médius avec le tendon du deuxième inter- osseux dorsal, et chacune des deux autres sur chacune des faces opposées du cinquième doigt, avec les tendons du troisième interos- seux dorsal et de l'abducteur du petit doigt. M. le professeur Macalister affirme avoir rencontré deux manienx semblables. Pour les cas de manieux à deux tendons qui m'appartiennent (voy. Obs. I,II,IX). MAMEUX A DEUX TENDONS Panas a disséqué un manieux ayant deux tendons dont l'un gagnait l'index et l'autre le médius. Sur un cadavre dont il n'indique pas le sexe, Wood a trouvé, de chaque côté, un manieux inséré à la fois au grand os, à l'os crochu et au ligament postérieur du carpe et dont les deux tendons terminaux allaient rejoindre ceux du médius et de l'annulaire '-. Une autre fois, chez une femme, à droite et à gauche, l'éminent anatomiste londonien a découvert un manieux composé de deux fais- ceaux distincts dans toute leur longueur et étendus, l'un du grand os au médius, l'autre du pyramidal à l'annulaire. M. Macalister a observé, des deux cotés, un manieux qui avait deux tendons, l'un pour le troisième, l'autre pour le quatrième doigt. M. Baudoin a décrit un faisceau musculaire surnuméraire analogue. Sur la main droite d'une femme, où l'extenseur propre de l'index faisait défaut, MM. Sébileau et Louis Faurc ont trouvé un manieux détaché du ligament postérieur de l'articulation du poignet se bifur- quant en deux divisions dont l'une, aponévrotique, se rendait au ' Wood. Proceedings of the Roy. Soc, n° 164, 1868, p. 513, 514. ^ Ibidem, l'roceedbujs of (lie Roy. Soc, n" 93, 1867, p. 531, 532. MUSCLES DE LA MAL\ 209 tendon de l'index et l'autre, musciileuse, au tendon du second inter- osseux. Dans un cas observé par Calori le manieux terminé sur le médius et l'annulaire à gauche et sur l'index seul, à droite, était doublé d'un faisceau antibrachial (voy. M. extenseur propre du ?nédius). .l'ai relaté plus haut les cas de manieux à deux tendons que j'ai trouvés (voy. Obs. IH, VI et X). MANIEUX A UN TENDON Ici, il faut établir une subdivision, le tendon unique du manieux pouvant se porter sur l'index, le médius ou l'annulaire. A. — "MANIEUX A UN TENDON POUR l'iNDEX C'est un petit faisceau naissant de la face postéro-inférieure du radius ou du carpe et venant se terminer sur l'index. Il remplace l'extenseur propre de l'index ou coexiste avec ce muscle sur le tendon duquel il s'étale; seul, il constitue le court extenseur propre de l'index, extensor brevis digiti indicis d'Albinus; uni au tendon de l'extenseur propre de l'index, il constitue Vextenseur accessoire de l'index, le second chef de Vindisator biceps de Gantzer. M. Testut a observé l'une et l'autre de ces dispositions. Mon savant collègue et compatriote, M. Verneau, assistant au Muséum, a (Commu- niqué au professeur d'anatomie de Lyon le dessin d'une préparation où l'on voyait « le tendon de l'extenseur propre de l'index renforcé de même par un faisceau charnu, qui se détachait du ligament annu- laire' ». Les bandelettes musculaires qu'Otto a trouvées chez deux hommes et décrites sous le nom iVindicator anomalus brevis se rendaient au tendon de l'extenseur propre et provenaient, l'une de l'extrémité postéro-inférieure du radius, l'autre de la face dorsale de l'extrémité supérieure du troisième métacarpien. Les faisceaux signalés à la région dorsale de la main par Petsche, Sœmmerring et Sandifort ne semblent être également que des faisceaux de renforcement du tendon de l'extenseur propre de l'index. Richard a vu ce muscle terminé : à son extrémité supérieure, par une aponévrose très fine qui s'attachait à la partie postérieure des " ' Testut. Traité des an, mi/sc, p. 5C6. II. 14 210 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME deux premières articulalions caq)0-mt'lcicai'piennes, ci, à son extré- mité inférieure, par un gros tilameiil lii)r(uix qui allait s'unir au tendon de l'extenseur propre de l'index. Dans le cas observé par MM. Poirier et Meunier, il était également composé par un corps charnu unique naissant de la face dorsale du carpe et un peu de la partie correspondante du cai'tilage triangulaire de l'articulation cubito-radiale inférieure et se confondant, au-dessus de l'articulation métacarpo-phalangienne, avec le tendon du long- extenseur de l'index. La main gauche de la femme disséquée par MM. Pierre Sebileau et Louis Faure n'avait pas de court extenseur du pouce ni d'extenseur propre de l'index, mais possédait un fais- ceau musculaire inséré d'une part sur le bord postérieur de l'extrémité inférieure du radius près du cubitus et du ligament postérieur de l'articulation radio-carpienne, et d'autre part au tendon de l'exten- seur commun qui se rend à l'index, au niveau de l'extrémité supé- rieure de la première phalange. Le manieux observé, en 1890, par le professeur Prenant naissait de la face dorsale du ligament annulaire du carpe et allait se jeter sur le bord interne du tendon extenseur de l'index. Pour ce qui me concerne, voy. Obs. V, VII et XI. MANIEUX A UN TENDON POUR LE MEDIUS Il a été décrit par Albinus, sous le nom de musculus extensor brevis digiti indicis vel mediï, et par Otto sous celui (ïcxtensor anomalus brevis des Mittelfimjers. Chez les deux hommes où Otto l'a rencontré, il provenait de la région dorsale du carpe. Carver, qui l'a disséqué aussi, l'a appelé extensor brevis proprius vel laieralis medii digiti. Depuis il a été signalé par Andral, Panas, Boulard, Davies-Colley, Taylor, Dalton, AVood (2 cas), Curnow, Pierre Sebileau et Louis Faure, Mayeur' et Souligoux. Dans le cas de Pierre Sebileau et de Louis Faure, il y avait un faisceau musculo-tendineux d'association entre l'extenseur propre de l'index et le muscle court extenseur anormal destiné au médius. J'ai noté que le manieux rencontré par Cabjri se terminait, à droite, sur l'index seul et, à gauche sur le médius et l'annulaire. Ai-je besoin d'ajouter à ces observations celle qui m'est person- nelle? (Voy. Obs. VIII.) ' Mayeur et Souligoux. Bullef. de la Soc. anal, de Paris, février 1896, fasc. V, p. 156. MUSCLES DE LA MALN 2II C. — MANIEUX A UN TENDOxN POUR L ANNULAIRE Je n'en connais qu'un cas noté par Kelly. Il s'agit d'un petit muscle digastrique allant du grand os à l'annulaire. Il appert de ces observations que le manieux est un muscle qui varie beaucoup. Il peut être composé d'un nombre de faisceaux plus ou moins considérable, être par conséquent plus ou moins large. Il peut être entièrement charnu ou tendineux, ou charnu à sa partie moyenne et tendineux à ses deux extrémités, ou digastrique, ou, cntin, charnu à l'une de ses extrémités et tendineux à l'autre. II est égale- ment plus ou moins long, ses insertions supérieures aussi bien que ses insertions inférieures se déplaçant facilement suivant le ^rand axe de la main. Ainsi", au lieu d'atteindre les premières phalanges des doigts il peut, en bas, se terminer au-dessus des articulations méta- carpo-phalangiennes, sur la face dorsale des métacarpiens et l'aponé- vrose qui les unit et se détacher en haut : (a) de la face dorsale de ces mêmes métacarpiens ; ([3) du pyramidal et des os qui l'avoisinent, trapèze, trapézoïde, grand os, os crochu, semi-lunaire et des ligaments radio-carpiens postérieurs, au niveau de l'interligne articulaire du poignet; (y) du bord, postérieur du ligament triangulaire de l'articu- lation radio-cubitale inférieure et de l'extrémité postéro-inférieure du radius. Le plus communément pourtant, il s'attache aux premières phalanges, d'une part, et au pyramidal et aux os qui l'avoisinent, d'autre part. Fréquence. — A la page 514 du n° 104 des Proceedings of the Royal Societij (année 1868; on peut lire cette déclaration de Wood touchant le court extenseur des doigts : « J'ai trouvé ce muscle chez 7 hommes sur 68 et chez 3 femmes sur 34, à peu près aussi fréquemment par conséquent dans l'un que dans l'autre sexe. » Au dire de Wood, cette malformation se rencontrerait donc approximativement une fois sur 10 sujets (dix fois sur 102; '. D'après le professeur Macalister, on l'observerait une fois sur quinze. J'ai disséqué, l'année dernière, 14 sujets avant de mettre à nu le manieux qui fait l'objet de mon observation XI. ' Où M. le professeur Testiit, de Lyon, a t-il donc pu prendre que la fraction 1/36 repré- senterait, selon Wood, le degré de fréquence du développement dans l'espèce humaine du court extenseur des doigts? Testât. Traité des an. musc, p. 527.) 212 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Existo-l-il pins frrqncmmont chez riiommo que chez la femme, des deux côtés que d'un seul, à droite qu'à gauche? Il serait prématuré de l'affirmer. Pour ce qui concerne son développement relatif, il est permis d'être moins réservé. Relevons un à un tous les noms des anatomistes que nous avons cités, en n'attribuant, pour éviter la controverse, qu'une seule dissection du faisceau musculaire en question à ceux de ces anatomistes qui n'annoncent pas combien de fois ils l'ont vu'. 1 manieux à quatre loidons — L'auteur i cas. ,' Ricliard 1 cas. \ Wood 2 — ^ manieux â trois tendons pacalisler 2 - L'auleur 3 — Total 8 cas, Caloi'i 1 cas. , Panas 1 — \ Wood 2 — \0 manieux à deux tendons , Macalisler 1 — Raudoiu 1 — P. Sebileau et Louis Faute. . . 1 — L'auteur 3 — Total 10 cas. ' Albinus 1 cas ' Gantzer 1 — Calori 1 — I Testut 2 — l Veriieau 1 — 1 Otto 2 — ! Sœmmeniuy 1 — \S manieux à un tendon jjoiir t index . ^^ pg^g^^^g^ ' _ _ _ l _ Sandifoi't I — Richard 1 — P. Sebileau et Louis Faure. . . 1 — Poirier et Meunier 1 — \ Prenant 1 — ■ L'auteur 3 — Tolal 18 cas. 1 Albinus 1 cas. Otto 2 — Carver 1 — ' ' Andral I — i Andral f Panas 1 \ Roula rd 1 •^ je passe sous silence clans cette statistique les cas observés par Cruveilhier, faute de données précises de In part de cet anatondste. MUSCLES DE LA MAIN 213 Report 7 cas. Davies-CoUey d — Taylor 1 — Dalton 1 — . , . , .... , P. Sebileau et Lmiis Faîne. . . 1 — {Qmanieux a un tendon ijour le médius. < „. , ^ ' ^\ood 2 — Curnow 1 — Mayeur et Soulieoux 1 — L'auteur 1 — Total 10 cas. 1 manieux à un tendon pour l'annulaire. — Kelly 1 cas. ^ , , , , , ( Manieux à plusieurs tendons 19 cas. Total gênerai ....;.,. , i x i •)- ^ [ Manieux a un seul tendon -jo cas. Les manieux à un seul tendon sont donc plus communs que les manieux à plusieurs tendons. Les manieux à un tendon pour l'index se rencontreraient plus sou- vent ou à peu près aussi souvent que les manieux pour le médius et les uns et les autres plus communément, que les manieux à deux et trois tendons et ces derniers que les manieux à un tendon pour l'annu- laire ou à quatre tendons. Richard a donc eu raison d'écrire que « le pédieux de la main à un tendon est bien plus fréquent que celui à plusieurs tendons ». J'ignore, par exemple, si Richard est aussi exact quand il prétend qu'on rencontre le pédieux de la main à un seul tendon pour l'index chez 1 sujet sur 12. Ce qui est indiscutable, c'est que, quand le manieux de l'index est présent, l'extenseur propre de l'index fait quel- quefois défaut. Anatomie comparée. — Le court extenseur des doigts ou pour être plus précis l'extenseur profond des doigts réduit de dimensions e&t un muscle normal chez un grand nombre d'animaux. Meckel avance qu'il existe chez les Sauriens, les Chéloniens, les Batraciens, le Fourmilier à deux doigts, le Bradypiis tridactt/lus' . Tandis que nous possédons seulement, en plus des interosseux et des lombricaux, deux fléchisseurs communs et un seul extenseur commun des doigts, certains Vertébrés ont, en effet, des interosseux, des lom- bricaux, deux fléchisseurs et deux extenseurs communs des doigts, ' Meckel. An. coinp., vol. V, p. 386, 388, 391, et vol. VI, p. 346, 351, et Arch., V, p. 47. 214 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L HOMME un siipoiTiciol plus long et qu'on nomme pour ce motif long extenseur, et un profond, plus court, qu'on nomme court extenseur. Le court extenseur a une conformation très différente dans la série animale. Chez le crijptobranche de Humphry, il était représenté par une lame, large et mince, qui. détachée de la face profonde de l'exten- seur superficiel avant sa division, se perdait sur la première rangée du carpe. Au niveau de l'extrémité inférieure du cubitus, cette lame était reliée, en outre, par un trousseau de fibres rougeâtres, à Vexten- sor carpi radiaiis\ Le court extenseur des doigts de Vhatteria est composé, dit Gunther"-, « d'un corps charnu, situé au-dessous de l'extenseur superficiel et inséré, d'une part à l'extrémité inférieure du cubitus et, d'autre part, par une série d'expansions aponévrotiques identiques à celles du pédieux, sur les phalanges des extrémités des membres antérieurs. Les fibres les plus rapprochées du bord radial de l'avant-bras, réunies en une bandelette isolée, s'étalent sur le dos du premier métacarpien ». h'iinau et le fourmilier ont un court extenseur à deux faisceaux. Dans Vimau, l'un des faisceaux va au deuxième doigt et l'autre au troisième. Dans le fourmilier, l'un provient de l'extrémité inférieure du cubitus, croise le second métacarpien et se termine sur la phalange onguéale du deuxième doigt, l'autre s'attache au carpe et gagne les deux faces latérales du tendon que le long extenseur fournit au troi- sième doigt. J'ai parlé de l'extenseur profond à ti'ois chefs de \ai, des lézards el du ménohranche (voy. M. inlerosseux dorsaux). L'extenseur propre du pouce et de l'index des anatomistes vétéri- naires qui correspond au long extenseur du pouce et à l'extenseur propre de l'index de l'homme fusionnés (voy. ces muscles) est représenté chez les Solipèdes par un faisceau profond de l'extenseur commun [extenseur antérieur des phalanges des hippotomistes) inséré sur l'arcade radio-cubitale et que les iVllcmands distinguent sous le nom de petit extenseur antérieur des phalanges ou muscle de Thiernesse. Plus les êtres occupent une place élevée dans l'échelle zoologique, plus l'insertion de l'extenseur profond se fait haut. Ainsi chez le chat et le chien, elle n'a plus lieu sur le métacarpe, mais sur les os de l'avant-bras. Strauss-Durckheim nous apprend que, chez le premier de ' Humphry. Obs. in MijoL cit., London, 1872, p. I.Si. 'Guuther. Pldlos. tram., 1867. p. 6li. MUSCLES DE LA MAL\' 213 ces Carnassiers^ il y a, au-dessous du long- extenseur commun qui des- cend du bras et qui se rend aux quatre doigts externes comme chez r homme, un extenseur propre de l'index, un extenseur propre du troisième doigt [ext. propr. du verpus], un extenseur propre du qua- trième doigt ext. propr. du paramèse, un extenseur propre du cin- quième doigt [ext. propr. du micros]. Chez le second de ces Carnassiers, EUenberger et Baum enseignent que le court extenseur des doigts est formé ' « de deux faisceaux mus- culaires en partie fusionnés dont chacun se termine par un tendon. Le faisceau superficiel, le plus fort [extenseur propre du petit doigt. prend son origine à lépicondyle des extenseurs, au ligament latéral et à l'aponévrose de lavant-bras; le faisceau profond, plus grêle (extenseur propre du quatrième et du troisiètne doigts], qui manque chez l'homme comme muscle distinct naît par un tendon sur la face interne et orale du faisceau superficiel. » On trouve une disposition intermédiaire entre l'homme et les Carni- vores dans les espèces simiennes. Chaque doigt de la main du cynocé- phale est mû par un double tendon : l'extenseur propre de l'index fournissant un tendon à l'annulaire et l'extenseur propre du petit doigt un tendon au quatrième et au troisième doigt. Le gibbon de Bischoff avait un eitenseur propre du petit doigt; mais l'extenseur propre de lindex abandonnait des tendons supplémentaires au médius et à l'annulaire. Le tendon de l'annulaire de l'extenseur commun des doigts du gibbon disséqué par M. Hepburn envoyait un cordon fibreux au tendon de l'extenseur propre du petit doigt. Chez Vorang du même anatomiste, c'était le tendon du petit doigt qui détachait une expan- sion aponévrotique au tendon de l'extenseur commun qui se rendait à l'annulaire. Chez un fœtus de gibbon possédant un extenseur propre du petit doigt, M. Deniker a vu l'extenseur commun se distribuer aux quatre derniers doigts. Chez le chimpanzé (Hephurn) et chez le gorille (Bischoff), la disposition des extenseurs des doigts est identique à celle de l'homme-. En résumé, la dénomination à' extenseurs propres donnée à quelques- uns des faisceaux de l'extenseur profond par opposition au terme d'extenseur commun sous lequel on désigne généralement l'extenseur ' W. EUenberger et H. Baum. Loc. cit., trad. franc, de Deniker, p. 217. - M. le professeur Hartmann remarque toutefois que •• chez le f/orille il n'y a pas de muscle spécial de Tindex ou, lorsqu'il en existe un, il est très faiblement développé. 11 est au contraire nettement marqué dans Vllijlobates ulbimanus ». Hartmann. Les Situjes Anthvopdides, p. 130.] 216 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME superficiel est, comme je l'ai déjà observé (voy. M. extenseur propre du petil doigt, une dénominalion défectueuse. En proposant, il y a déjà longtemps, de substituer aux qualificatifs coulumiers les expressions à' extenseurs directs et d'extenseurs latéraux, représentant en général : les premiers les extenseurs longs ou superficiels, les seconds les exten- seurs courts et profonds, Alix et Gratiolet, qui avaient une connais- sance aussi complète de l'anatomie des animaux que de l'anatomie de l'homme, ont donc eu raison. Je transcris leurs conclusions; elles sont irréfutables : « On ne s'est point demandé pourquoi cette existence de deux extenseurs distincts pour chaque doigt ? La question méritait cepen- dant, disent-ils*, la peine d'être examinée. L'existence de ces muscles se rapporte complètement à la manière dont les doigts d'une même main se partagent en deux groupes. Or, chez certains Mammifères monodelphes, le groupement se fait ainsi : un doigt d'un côté, le pouce, et de l'autre les quatre autres doigts. L'axe de séparation des doigts passe entre le pouce d'une part, et d'autre part le groupe des quatre autres doigts réunis. Dans d'autres animaux, au contraire, et dans ceux-ci le pouce est toujours atrophié, cet axe de séparation passe entre le médius et l'annulaire, et cette relation est constante, quel que soit d'ailleurs le degré de développement des autres doigts. Dans le premier cas, on dit que le système digital de l'animal est impair, dans l'autre que son système digital est pair. Ces expressions seraient inexactes si elles n'étaient expliquées. Elles donneraient lieu de croire qu'une main à quatre doigts appartient nécessairement au système pair et qu'une main à trois doigts est nécessairement du type impair. Il n'en est rien. Quatre doigts peuvent appartenir au type impair et trois doigts au type pair. C'est seulement par rapport à la position de l'axe de séparation des groupes digitaux que cette détermination doit être faite. Or, de quelle cause dépendent ces groupes des doigts? Des muscles propres exclusivement; et, pour cela, leur tendon s'insère, non dans l'axe de la phalange, mais sur un des côtés de cette phalange basilaire. Ainsi, dans les Singes, dans les Carnassiers, ces muscles devant séparer les doigts d'avec le pouce, ils se fixent au côté cubital de la base des doigts. Dans les Pachydermes à doigts pairs^ au contraire, ceux de l'index et du médius se fixent l'un et l'autre au côté radial de la base de ces deux doigts ; ceux du quatrième et du cinquième se ' Alix et Gratiolet. Recherches sur l'an, du Trof/lodi/tes Aubri/i, cit. p. IGi et 165. MUSCLES DE LA MAIN 217 fixant seuls au côté cubital de la phalange basilaire. Ainsi, l'existence de ces muscles est tout à fait relative aux mouvements d'abduction réciproque, sans lesquels ces groupements des doigts ne pourraient avoir lieu. » Dans les animaux, l'extenseur profond des doigls a une conforma- tion similaire aux membres antérieurs et aux membres postérieurs. J'ai laissé soupçonner que, dans l'espèce humaine, le manieux corres- pondait au pédieux. Il occupe, en effet, la même position, il sert aux mômes usages; il a les mêmes insertions, la même structure, la même direction, les mêmes rapports. Nous signalerons particulièrement l'identité parfaite et fréquente des attaches; l'attache supérieure doit surtout retenir l'attention. Elle se fait communément, au niveau de l'interligne carpienne, sur le pyramidal seul ou sur le pyramidal et les deux os qui lui sont contigus. Or, depuis que l'on s'occupe de la comparaison des membres de l'homme, on sait que le pyramidal est précisément l'homologue du calcanéum ori se fixe le muscle pédieux. Mais, objectera-t-on, le manieux n'est pas toujours complet? Le pédieux ne l'est pas non plus dans tous les cas'. Le manieux incom- plet n'est pas d'ailleurs un manieux atrophié, c'est un manieux resté en chemin, un manieux n'ayant pas atteint le maximum de dévelop- pement que présente le pédieux normal. Il constitue une anomalie réversive moins typique, voilà tout; mais l'esprit n'en est que plus satisfait : elle nous fait toucher du doigt un état intermédiaire entre un état antérieur à jamais perdu pour l'espèce humaine et la dispo- sition aujourd'hui acquise. En anatomie anormale, ces transitions se rencontrent, il est vrai, plus fréquemment que les formes types dans tout leur déveleppement; toutefois, alors même que l'anomalie réver- sive n'est point observée dans tout son éclat, la présence d'une des formes de passage présente suffisamment d'intérêt pour qu'on doive la consigner en détail. ' Voy. Muscles du pied, anomalies du pédieux. MUSCLES DU MEMBRE INFÉRIEUR MUSCLES DE LA HANCHE MUSCLES FESSIERS GRAND FESSIER Segmentation en deux corps. — Chez un athlète dont le trapèze et les grands pecloraux étaient composés de deux lames charnues « les grands fessiers étaient doubles de chaque côté, dit Tiede- mann', et entre les deux congénères existait une couche de tissu cellulaire ». De ce texte Cjuelques anatomistes ont induit que chez l'athlète disséqué par Tiedemann les grands fessiers étaient constitués par deux couches superposées dans le sens transversal. Je crois qu'il est plus admissible de supposer que les muscles en question étaient oonstilués par deux corps charnus juxtaposés dans le sens anléro- postérieur, c'est-à-dire par les grands fessiers normaux et des fémoro- coccygiens (voy. M. du périnée) . C'est à cette même classe d'anomalies qu'il faut rapporter les cas de dédoublement du grand fessier au niveau de son bord inférieur (pli fessier) signalés par MM. Otto et Macalister. Variations de nombre et de dimension des faisceaux. — La quantité, le volume et les flexuosités des faisceaux musculaires com- 1 Tiedemann. Joiirn. complémentaire du Dictionnaire des sciences médicales, vol. VI, p. 272. Paris, 1820. 220 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME posant le grand fessier, varient suivant les individus. Dans aucune espèce animale ils ne sont aussi nombreux el n'acquièrent les dimen- sions qu'ils ont dans l'espèce humaine. La bourse muqueuse qui sépare le grand fessier de la tubérosité de l'ischion manque parfois. Variations des insertions. — Il peut n'avoir aucun point d'attache sur le grand ligament sacro-sciatique, le sacrum ou le coccyx. M. Macalister l'a vu s'insérer en totalité sur les deux dernières ver- tèbres sacrées. Au lieu de se fixer à la crête sacrée, il se fixe quelque- fois seulement aux tubercules sacrés qui font suite aux apophyses transverses et articulaires desverlèhres lombaires. L'attache aux bords du coccyx et de l'échancrure qui termine en bas la crête sacrée se fait souvent par rintermédiaire d'une arcade aponévrotique sous laquelle passent les derniers nerfs sacrés postérieurs. Un faisceau charnu éma- nant de la partie antérieure de son bord inférieur va communément se perdre sur l'aponévrose fémorale dont il est le tenseur ou dans le muscle tenseur du fascia lata. Anatomie comparée. — On sait que le grand fessier se fixe norma- lement chez l'homme, sur la bifurcation externe de la ligne âpre, depuis le grand trochanter jusqu'au tiers moyen du fémur, par une aponévrose épaisse qui s'enfonce entre le vaste externe et le grand adducteur ; mais il envoie aussi des fibres tendineuses sur la gaine du tenseur du fascia lata. On doit donc considérer deux modes de ter- minaison au grand fessier : un mode de terminaison à la ligne âpre par une aponévrose, un mode de terminaison au tenseur du fascia lata par des fibres tendineuses. Que les fibres tendineuses se transforment en fibres musculaires et on aura une reproduction de l'anomalie qui consiste dans la continuité du grand fessier et du tenseur du fascia lata. Or, selon M. Lannegrâce *, « le tenseur du fascia lata et le grand fessier ne forment au bas de l'échelle animale qu'une seule lame charnue, parfaitement continue, méritant le nom de muscle ilio-tibial. « Ce muscle ilio-tibial se conserve, depuis les ^m/j/wô^'ens jusqu'aux Oiseaux inclusivement, avec les mêmes caractères ; "partout il se fixe depuis le bord antérieur jusqu'au bord postérieur de la portion iliaque de l'arc pelvien, à une certaine distance de l'acétabulum, dont il se ' Lannegrâce. Loc. cit., p. 34. MUSCLES DE LA HANCHE 221 trouve séparé par une masse ilio-fémorale plus ou moins épaisse. De là il se dirige vers la tubcrosité antérieure du tibia, où il s'insère par un très fort tendon. « Ce muscle ilio-tibialest indivis et puissant chez les Urodèies, indivis encore mais faible chez les Chélomens. Dans les Anoures et \qs Lacerti- liens il se décompose, à son origine, en deux faisceaux qui restent assez nettement distincts dans une certaine étendue et qui corres- pondent l'un au fascia lata, l'autre à la portion libreuse du grand fessier. » D'autre part M. Sabatier soutient qu'il faut regarder comme le repré- sentant de « la portion du grand fessier qui s'attache à l'aponévrose fémorale, le muscle long vaste des anatomistes vétérinaires qui, dans les Équidés, les Bovidés^ les Ovidés, etc., se termine sur la rotule en s'unissant avec le ligament rotulien externe ». M. le professeur Testut, de Lyon, accepte l'opinion de M. Sabatier. Dans son remarquable mémoire intitulé « Discussion sur quelques muscles des Mammifrres » mon savant ami, M. Lavocat, ancien direc- teur de l'École vétérinaire de Toulouse, a montré ce qu'il y avait* de fondé dans chacune des assertions de MM. Lannegràce et Sabatier. « Depuis Bourgelat jusqu'à présent, dit-il, la détermination des muscles fessiers, chez les Quadrupèdes, a été appréciée •contraire- ment à tous les principes de comparaison rationnelle. Une des causes des erreurs commises est l'adhérence qui, chez les Chevaux, existe entre le grand et le moyen fessier : il en est résulté que les hippo- tomistes ont réuni ces deux muscles sous le titre de moyen fessier — bien que les deux organes soient facilement séparables dans les Chevaux — et complètement distincts, dans les autres Quadrupèdes do?nes- tiques. En conséquence de cette fusion du grand fessier avec le moyen, on a supposé que le grand fessier pouvait être constitué par l'expansion musculo-aponévrotique qui, chez les Quadrupèdes, recouvre les muscles de la croupe ; mais cette couche musculaire ne présente aucun carac- tère des muscles fessiers; elle a, selon nous, une tout autre valeur. Pour la déterminer méthodiquement il convient de prendre pour modèle la disposition qui existe chez le bœuf : là, c'est un muscle simple, assez large, aplati et allongé, qui descend entre l'ilio-aponé- vrotique et le biceps fémoral; il procède du bord supérieur de l'ilium ' A. Lavocat. Discussion siw quelques muscles des Mammifères, in Mémoires de TAcadé' mie des sciences, inscriptions et belles-letti^s de Toulouse, 9* série, t. V, année 1893. 222 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIUlî DE LHOMME et de la crête sus-sacrée — et se termine sur le ligament externe de la rotule. C'est donc un muscle essentiellement sacro-rotulien, qui peut être désigné sous le nom de crural externe. 11 en est à peu près de mc'me chez les petits Ruminanls, tels que la chèvre, le mouton — ainsi que dans les Suidés ; seulement l'extrémité supérieure est divisée en deux parties, l'une antérieure, l'autre posté- rieure— moins développées dans les Suidés. Dans les Carnassiers domestiques, le muscle est segmenté en trois parties : les deux supérieures sont failjles et terminées sur le bord externe de la ligne âpre du fémur ; de ce point procède la troisième portion — considérée à tort comme branche antérieure du biceps fémoral — et qui se termine à la rotule. Chez les Chevaux les deux portions supérieures du crural externe sont distinctes : l'antérieure, triangulaire et fixée aux angles de l'ilium ainsi qu'à la crête sus-sacrée se termine à l'éminence externe de la ligne âpre ; la portion postérieure est, comme chez les Ruminants, en continuité avec la portion inférieure ; un gros cordon fibreux les fixe toutes deux à la ligne âpre, en arrière de l'éminence externe du fémur; inférieurement, comme dans les autres espèces, le muscle se termine sur le ligament externe de la rotule. Chez y^homme. la partie supérieure du crural externe est à l'état d'aponévrose recouvrant les muscles fessiers ; mais la partie inférieure est exactement représentée par la courte portion du biceps fémoral, qui s'étend du tiers moyen de la ligne âpre du fémur au bord externe de la rotule. Il est donc bien évident que ce crural externe ne peut pas être un muscle fessier; il n'est pas un extenseur de la cuisse, mais fléchisseur de ce rayon — extenseur de la jambe et abducteur du membre pelvien ; en outre, à la manière des sous-cutanés, il tend les aponévroses annexes, et augmente ainsi l'énergie contractile des muscles sous- jacents. Les erreurs des hippotomistes, au sujet des muscles fessiers, ont été, comme les précédentes, accueillies par Cuvier ; en effet, c'est très bien, d'après Bourgelat, qu'il dit : dans le Cheval, l'analogue du grand fessier est un muscle mince terminé au 3' trochanter — et le moyen fessier, très considérable, se termine au grand trochanter, et, au-dessous," par un faisceau postérieur. Enfin, relativement au petit fessier, Cuvier admet une autre erreur en indiquant que chez Yours ce mtiscle est formé de deux parties, MUSCLES DE LA HANCHE- 223 qui se terminoiit riiiio en dehors du trochanter et l'autre en dedans. Ces insertions terminales démontrent clairement que la première partie est le moyen fessier, — et que là encore est une méprise qu'un peu d'attention aurait pu éviter. » En somme pour M. Lavocat : A) l'expansion musculo-aponévrotique qui, dans les Quadrupèdes^ recouvre les muscles fessiers et descend entre le fascia lata et le biceps fémoral pour se terminer sur le ligament externe de la rotule est un muscle distinct, essentiellement sacro- rotulien, et qu'il nomme crural externe. Ce muscle est surtout bien constitué et remarquable par sa simplicité dans le bœuf. B). Depuis Bourgelat — dont Cuvier a subi l'inlluence — tous les hippotomistes ont considéré à tort ce muscle comme le grand fessier, et réuni le véritable grand fessier au moyen sous le titre, « moyen fessier ». C). Chez l'homme, la partie fessière du crural externe est à l'état de forte aponévrose et la partie inférieure de ce même muscle est exactement représentée par la courte portion du biceps fémoral. D). On peut voir des vestiges du muscle crural externe ou sacro- rotulien dans les bandelettes musculaires s'étendant du grand fessier sur le fascia lata — (dans la texture musculeuse de l'aponénose fes- sière, d'après M. Laiinegràce). E). L'opinion émise par M. Sabatier et acceptée par M. Testut qu'il faut regarder comme partie du grand fessier le long vaste des anciens hippotomistes n'est pas entièrement exacte. Chez les Quadrupèdes comme chez l'homme, la portion antérieure du biceps fémoral appar- tient en réalité au crural externe. En m'appuyant sur ces conclusions, je ne ferai pas mention des connexions du grand fessier avec les muscles voisins, que Cuvier ^ Meckel, Miallet Grennwood, Humphry"', Gallon, Ellenberger et Baum, Arloing et Chauveau, Lesbre, etc., ont notées dans les espèces infé- rieures. Dans les Primates seulement il n'y a pas matière à discussion ^ ' Dans la seconde édition des leçons de Cuvier (vol. , p. 521) on peut lire : •> Dans tous les Mammifères le fascia lata est un muscle assez fort qui se sépare difficilement du * grand fessier. » - Humphry considère le fascia lata comme un faisceau différencié du grand fessier. ^ MM. Arloing et Chauveau signalent en ces termes les erreurs de leurs devanciers « Pour distinguer dans les Vertébrés, écrivent-ils, les fessiers les uns des antres ou a eu égard à leur volume et l'on a fait un muscle grand fessier, moyen fessier et petit fessier : c'est là un tort, car le volume des muscles est sujet aux plus grandes variations : tel muscle volumineux dans une espèce est fort petit dans d'autres et vice versa. Aussi le muscle analogue au grand fessier de riiomme a-t-il été décrit par Bourgelat sous le nom 22 1 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME Eh bien ! chez Jos Anthropoïdes, le grand fessier a un tendon d'insertion qui descend très bas, jusque vers l'articulation du genou (Hartmann). Le grand fessier des Anthropoïdes qui se prolonge ainsi en bas laisse à découvert en haut lischion qu'il recouvre chez l'homme ; d'où le dicton : « L'homme s'assied sur son grand fessier, le singe sur son ischion. » 11 n'atteint, du reste, chez aucun MammifèreXa volume qu'il a dans l'espèce humaine où il sert à empêcher la chute du tronc en avant'. C'est lui qui détermine la saillie de la région fessière de riiomme [primus omnium maximus sui lateris chmem efformans d'Arantius) et comme l'a dit Buffon : « Les fesses n'appartiennent qu'à l'homme. » MOYEN FESSIER Dédoublement en deux lames. — Un moyen fessier composé de deux faisceaux obliquement dirigés de haut en bas et d'arrière en avant a été disséqué par Henle (p. 246). Un de mes élèves, M. AUain, de Nantes, m'a montré une disposition analogue chez une jeune lille morte de méningite. Anatomie comparée. — D'après M. Sabatier « le muscle moyen fessier a pour homologue à la ceinture thoracique, les deux muscles sus- épineux et sous- épineux, séparés l'un de l'autre par l'épine de l'omo- plate ». Tablant sur cette donnée, M. Testut croit qu'il est rationnel d'admettre que dans les cas de dédoublement complet ou incomplet du moyen fessier l'interstice séparatif des deux faisceaux représente à la ceinture pelvienne cette épine scapulaire. Ce qui est incontestable, c'est la tendance à la division, qu'ont, comme l'iliaque, le psoas, les muscles fessiers chez les AntJiropoïdes. 11 me serait facile d'invoquer de petit fessier ; Lafosse et Rigot l'ont appelé moyen fessier. Quant au moyen fessier de l'homme, son représentant chez les animaux a été désigné sous le nom de grand fessier par la plupart des anatomistes vétérinaires. » (Arloing et Chauveau. Traité des an. dom., cit. p. 238.) Critiqués eux-mêmes, avec raison, en ce qui touche le grand fessier par M. Lavocat, MM. Arloing et Chauveau le sont aussi en ce qui touche le moyen fessier par M. Lesbre. M. Lesbre pense que le moyen fessier des Animaux domestiques, tel que le décrivent MM. Arloing et Chauveau, comprend deux muscles superposés à leur insertion trochan- térienne : le superficiel serait le moyen fessier de l'homme, le second le petit fessier des anthropotomistes. En conséquence le muscle que MM. Chauveau et Arloing appellent le fessier profond chez le cheval, n'aurait pas de représentant dans l'homme. Quelle confusion ! ' 11 est également très prononcé chez les Oiseaux, animaux à station bipède. MUSCLES DE L\ HANCHE 225 à l'appui de cette assertion l'autorité de divers naturalistes. Pour rester dans les limites qui me sont imposées, je me bornerai à reproduire la phrase suivante de M. Champneys : « Nous avons remarqué, dit-il', une tendance marquée à la, fis- sion et à la reduplication dans la couche fessière du chimpanzé. Dans le Troglodytes niger que nous avons disséqué, le grand fessier était divisé en deux portions dans une telle étendue q*u'on aurait pu, à l'exemple de Duvernoy, décrire chacune d'entre elles comme un muscle spécial ; le moyen fessier était bifide et chacun de ses chefs intérieurs avait des attaches différentes; le petit fessier était formé par quatre faisceaux : un scansorius, un faisceau profond et deux faisceaux répondant à ceux que Henlc a décrits chez l'homme. » Ajoutons pour mémoire que, selon M. Young, le moyen fessier (?) des Koalas serait plus ou moins divisé '-. "Variations de volume. — Le moyen fessier de l'homme varie de volume, suivant les individus. Les dimensions varient de même dans les diverses espèces animales. Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — Son bord externe est parfois itni en totalité ou en partie au petit fessier et son bord inférieur au muscle pyramidal. Cette fusion totale ou partielle du moyen et du petit fessier a été observée dans la race blanche par Bahnsen ', Macalister, Calori % Testut^ et dans la race noire par M. Chudzinski ^ Chez 1 sujet sur lo le tendon du moyen fessier et du pyramidal serait, d'après j\l. ^lacalister, séparé par une bourse séreuse ' (bourse de Loder et de J. Cloque t). J'ai vu des deux cotés, chez un vieillard, la fusion du moyen et du petit fessier, et celle du moyen fessier et de la portion extra-pelvienne du pyramidal, mais seulement du côté droit, chez une iVngolaisc. J'ai 'Champneys. Muscles and nerves ofa chimpanzee., Jouvn . ofAnat. andphys. cit., p. 193. -Yoiiug. Tlœ muscidar ancdomy of the koala iJourn. of anat. and plnjs., janvier 1882, p. 23 i.) ^ Balinsen. Henle a. Pfeiifei-'s Zeilsch., XXXIII, p. 49, ■* Calori. Suit alfa divisione délie ischiatico et salle varielu del musc, jii/rifonnis, in Métn. lie l'Acad. des sciences de Bologne, 1882. ' Testut. Traité des an. uiusc.,]). 581. « Chudzinsivi. Reçue d\iiithropolo;jie, t. III, p. 36 et t. V. 1882, p. 014. ' .Macalister. Cat., cit., p. 114. II. 15 226 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME disséqué 19 sujets (10 hommes el 9 femmes) avant de découvrir la bourse de Loder. Anatomie comparée. — Dans le Troglodi/tes Aubri/ï le moyen et le petit fessier ne formaient, pour ainsi dire, qu'un seul plan musculaire. Bischoiï affirme que l'union du grand et du moyen fessiers peut se rencontrer chez Yurang, le gibbon, le cynocéphale, etc. '. « Dans les Anthropoïdes, dit le professeur Hartmann, le pyriforme est le plus souvent soudé aux parties voisines - ». Cette soudure existait chez le f/orUle, Yorang, le gibbon et le chimpanzé disséqués par Hepburn et le Cynocéphale Anubis disséqué par Champneys. Faisceaux surnuméraires. — Le moyen fessier détache quelquefois de son bord antérieur ou de son bord postérieur un faisceau qui va se fixer à la partie supérieure du grand trochantcr. Le tendon par lequel le moyen fessier s'attache à la face externe du grand trochanter donne normalement une expansion aponévrotique au tendon du vaste externe. Anatomie coiMPArée. — Du bord antérieur et externe du moyen fessier du Troglodytes niger émane un tractus musculeux, large d'un quart de pouce qui se rend à la partie antérieure et distale du grand trochanter (Champneys). Hepburn a pu noter que dans le chimpanzé rinsertion inférieure du moyen fessier était « en partie double par suite de l'extension du vaste externe sur la face externe du grand trochanter S. PETIT FESSIER Segmentation du muscle dans le sens antéro-postérieur. — La division du petit fessier en deux faisceaux, un antérieur et un posté- rieur a été observée par Henle et Macalister. Dans cette anomalie le faisceau postérieur peut être entièrement indépendant en avant aussi bien qu'en arrière, ou plus ou moins uni, en avant, au faisceau anté- ' Bischoff. Anatomie des Ihjlobates îeiiciscus, 1871 et Anatomie des Gorilla, Miinchen, 1870. * Hartmann. Les Singes Antliropoides et l'Homme, p. 133. ' Hepburn. Loc. cit., p. 325. MUSCLES DE LA HANCHE 227 rieur, ou en arrière, au pyramidal et au jumeau supérieur. Le nerf fessier supérieur passe parfois entre les deux faisceaux. Chez beaucoup de sujets on trouve au niveau de bord antérieur du petit fessier indivis ou divisé un corps charnu plus ou moins différencié innervé par le nerf fessier supérieur. C'est le muscle "pet it fessier antérieur, scansorius, i'^ fessier, etc. (voy. ce muscle). Segmentation du muscle dans le sens transversal. — Je décrirai plus loin cette malformation qui n'a pas encore été signalée. En môme temps j'interpréterai la segmentation du petit fessier dans le sens antéro-postérieur. Variations d'étendue. — Ce que nous avons avancé à ce propos quand nous avons traité du grand et du moyen fessier s'applique au petit. Anatomie comparée. — Dans [es Anthropoïdes disséquésparHepburn le petit fessier du gorille et celui du c/mnpanze' étaient plus larges que ceux de Yorcmg et du gibbon. Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — « Le plus sou- vent, dit Cruveilhier', la bandelette postérieure du petit fessier est inti- mement unie au pyramidal. » Cette conformation est, en effet, très commune. Ainsi que les professeurs Cruveilhier, Macalister et Calori, je l'ai observée plusieurs fois. Elle s'explique de la môme manière que la fusion du moyen et du petit fessier (voy. M. moyen fessier). Faisceaux surnuméraires. — Le petit fessier recouvre la partie supé- rieure et externe de la capsule articulaire coxo-fémorale à laquelle il est habituellement relié par une bandelette fibreuse assez forte. Il envoie beaucoup plus rarement un faisceau au tenseur du fascia lala (Wals- ham) ou au vaste externe (Macalister). Is.-G. Saint-Hilaire etDuvernoy ont vu, de même, dans le gorille « un faisceau plat et large qui se continuait avec le vaste externe ». ' Cruveilhier. Traité iV anal., 1" éJit., t. II, p. 323. 228 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME MUSCLES PELYI-TROCHANTÉRIENS PYRAMIDAL Absence. — L'absence du pyramidal a été signalée par Olto', Budge ^ Macalister, ' Wood'% etc. Chez le sujet disséqué par Budge les membres inférieurs étaient difformes, et chez celui disséqué par Otto les jumeaux supérieurs très volumineux. Le pyramidal manquait-il bien dans tous ces cas? Je ne le pense pas. Dans quelques-uns et certainement dans celui de Otlo, le pyramidal était bien présent, mais fusionné avec un des muscles voisins. Anatomie comparée. — Trouve-t-on la trace de ce muscle dans les Solipèdes, les Ruminanls et le j^orc ? A-t-il purement et simplement disparu? Ou bien n'a-t-il fait que se souder à quelque muscle voisin? Rigot décrit comme le pyramidal la portion antérieure de Tobtura- teur interne qui, chez les Solipèdes, s'élève en dedans de l'ilium, jusqu'à l'angle du sacrum. MM. Chauveau et Arloing interprètent comme tel le faisceau post-trochantérien du fessier moyen (?) de ces animaux. Enfin M. Lavocat pense que le pyramidal ne se développe pas du tout chez les Solipèdes, les Ruminants , le j^orc. Je n'hésite pas, avec M. Lesbre, à me rallier à cette dernière opinion. « En effet, comme l'observe M. Lesbre ^ l'interprétation de Rigot, admise encore par les anatomistes vétérinaires allemands serait peu conforme au principe des connexions, elle tombe [d'elle-même par ce fait que le faisceau de l'obturateur interne pris pour le pyramidal existe avec le même développement que chez les Solipèdes, chez des animaux tels que le chien, le cliat, le lapin qui présentent d'autre part un pyrami- dal manifeste. Le même faisceau se montre d'ailleurs dans l'homme, mais il n'atteint pas tout à fait le sacrum. L'opinion de MM. Chauveau et Arloing n'est pas plus soutenable, car la branche du fessier moyen ' Ollo. /rt C«taZ., de Macalister, p. 115. "" Budge. Henle u. Pfeufers Zeitschrift, t. X, p. 12-, 367. 232 VARIATIOINS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME 1 sujet sur 13 S et par Mi\I. Schwalbc et Plitzner chez HO sur S5o (dont 379 hommes et 17G femmes). Sur les 379 hommes examinés par MM. Schwalbe et Pfilzner le pyramidal était perforé chez 63, ce qui donne la proportion de 16, 6 p. 100; sur les 176 femmes il était perforé chez 47, ce qui donne la propoi-lion 26, 7 p. 100 '-. Sur une autre série de 241 sujets comprenant 166 hommes et 75 femmes M. SchAvalbc et Pfitzner ont constaté que le pyramidal était divisé des deux côtés chez .171 (dont 123 hommes et 48 femmes) et divisé seulement à droile chez 27 (dont 21 hommes et 6 l'emmes) et seulement à gauche chez 18 (dont 10 hommes et 8 femmes). D'autre part, un de mes prosecteurs m'a remis la note suivante : Sur 130 sujets (70 hommes et 60 femmes) que j'ai examinés : 10 fois le nerf sciatique ou ses branches terminales traversaient le pyramidal, soit 1 fois sur 13. 8 fois (5 fois chez l'homme, 3 fois des 2 cotés, 1 fois à droite et 1 fois à gauche et 3 fois chez la femme, ù droite et à gauche), le pyramidal était divisé en deux faisceaux plus ou moins indépendants entre les- quels cheminait le nerf sciatique poplité externe. 1 fois chez un homme et des 2 côtés le pyramidal était divisé en 2 faisceaux entièrement indépendants et entre lesquels se trouvait le nerf grand sciatique indivis. 3 fois (1 fois des 2 côtés chez Thomme et 2 fois chez la femme, 1 fois à droite et 1 fois à gauche), le pyramidal était divisé en 3 fais- ceaux plus ou moins indépendants entre chacun desquels cheminait une des branches terminales du grand nerf sciatique. 1 fois, à droite chez une fillette, le pyramidal était perforé d'un simple trou pour le passage du sciatique poplité interne. Rosenmuller a prétendu que chez les peuples du Nord la bifurcation prématurée du grand nerf sciatique s'observait plus communément que dans les races méridionales. C'est là une assertion qui, faute de données comparatives, attend encore sa preuve. Anatomie comparée. — « Chez l'homme, dit M. Lannegràce, il n'existe qu'un muscle reliant la colonne vertébrale au fémur; c'est le pyrami- dal, qui est étendu de la face antérieure du sacrum au grand trochan- ter. Souvent on le trouve divisé en deux faisceaux par le nerf grand sciatiqvie. Dans ces cas le faisceau inférieur est placé en avant du nerf ' Communication écrite. ^ Schwalbe et Pfitzner. Varielœlen stastisHk i/nd Anthropologie, cit., p. 471. MUSCLES DE LA HANCHE 233 et va prendre ses ailaclies sur les parties latérales du coccyx ; le pyra- midal mérite alors le nom de coccy-sacro-trochantérien. « L'anatomie comparée nous explique cette anomalie. Le pyramidal est, en effet, primitivement un muscle coccygien; dans les Urodèles et les Reptiles, où nous l'avons désigné sous le nom du coccy-sus-fémoral ou trochantérien, il est très développé. Dans les Anoures, nous l'avons vu se réduire à un faisceau très mince, qui partait de l'extrémité du coccyx ; il en était de même chez les Oiseaux. Ce n'est que dans les Mammifères que nous avons vu apparaître des fibres sacro-fémo- rales : or, celles-ci sont toujours séparées des fibres coccy-fémorales par le nerf crural '. » La division du pyramidal en deux faisceaux a été rencontrée par Cuvier dans le dasypus^, et par Meckel dans le platypus et Vai'\ M. Galton n'a trouvé pourtant ce muscle composé que d'un seul corps chez le Dasypus sexcinclus \ OBTURATEUR INTERNE Variations de volume. — Un de mes élèves, M. Robert, a vu à droite, chez une femme, l'obturateur interne réduit à l'état d'une lame d'un rouge pâle, presque transparente. Le nombre des languettes aponévrotiques incluses dans la masse charnue du muscle en ques- tion oscillent entre 3 et 6. Anatomie comparée. — L'obturateur interne fait défaut dans les Uro- dèles (Lannegràce), les Ornithodelphes (Owen, Alix) le Kanguroo (Meckel), le Tatou à six bandes (Galton), les Chéiroptères (Sabatier), Vaï (Susemûhl)*. Division en deux faisceaux. — Le faisceau qui naît en dedans du trou sous-pubien et celui qui naît en dehors de ce trou peuvent être partiellement ou entièrement distincts. Je possède plusieurs spécimens de cette malformation sur laquelle W. Gruber a appelé l'attention^ ' Lannegràce. Th. cit. p. 31. - Cuvier et Laurillard. Atlas d'an. co»ip.. pL CCLIX, fi'^. 3. 'MeckeL Op. c(7.,p. 583. ' Galton. 0)1 Dasypus sexcinclus cit., p. îj,")0. '' Susemûhl. De musc, in extremilal. Ih'udypodis tvidacbjU. Berol. 1815, p. 2. * W. Gruber. Anatomische Xotizen, Virchow's Arch., vol. LXXIII, p. 432. 234 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Quelquefois on trouve deux peliles arcades aponcvroliques : l'une pour le nerf obturateur, l'autre pour l 'artère el la veine obturati'ices. Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — Nous avons signalé les connexions si fréquentes que l'obturateur interne a avec le pyramidal; nous mentionnerons plus loin celles qu'il peut avoir avec les jumeaux. Faisceaux surnuméraires. — il peut être renforcé dans l'intérieur du l)assin, généralement près de la grande échancrure sciatique, par un faisceau provenant soit : a) De la partie postéro-inférieure de l'éminence iléo-pectinée ; b) Du tendon du petit psoas ; c) De la tubérosité ischiatique ; d) De l'aponévrose pelvienne ; e) Du grand ligament sacro-sciatique ; /) De l'épine sciatique ; g) De la 3® vertèbre sacrée (Schwegl); h) Du pubis (Macalister). J'ai noté, de chaque côté, sur une femme la présence de deux fais- ceaux surnuméraires distincts détachés l'un de la 2® vertèbre sacrée, l'autre de la 3^ Ain ATOMiE comparée; . — L'obturateur interne qui, selon M. Lannegrâce, est composé de deux faisceaux dans les Chélotiiens, en a, au dire de MM. Haugton' et Sabatier deux aussi et quelquefois trois, chez les Crocodiiiens. M. Sabatier décrit également trois chefs à l'obturateur interne' des Oiseaux, le premier émanant du pubis, le second de l'ischion, le troisième de l'ilion -. « Chez le chat, ce muscle est formé dans le bassin, écrit Strauss- Durckheim, d'un certain nombre de petits corps coniques, qui naissent par des tendons grêles, placés à distance les uns des autres et sur les- quels s'implantent la plupart des fibres charnues\ » Dans les Makis, le corps charnu de l'obturateur interne est renforcé par un faisceau musculaire assez fort, fixé à la V° vertèbre du sacrum '* (Meckel). ' Haugton. On the muscular anatomij of the le;j of llie crocodile {Ann. and Magaz. 186i>) ; on Ihe muscular anatomy of the alUgalor {ibid., 1868). - Sabatier. Loc. cit., p. 178. ' Strauss-Durchkeim. Loc. cit., t. IL ■• MeckeL Anat. comp., t. VJ, jj. 365. MUSCLES DE LA HANCHE 235 « Souvent im faisceau antérieur, séparé du restant du muscle par les vaisseaux et le nerf obturateurs à leur entrée dans le trou de ce même nom, monte plus ou moins, dit M. Lesbre ', sur la face interne de Tilium ; ce faisceau, plus ou moins distinct dans l'homme, est consi- dérable dans beaucoup d'animaux, les Solipèdes en particuliers, et s'élève jusqu'à l'angie du sacrum ; il a été pris mais à tort pour le pyramidal -. En général l'obturateur interne sort du bassin par la petite échancrure sciatique et s'intlécliit sur le bord ischial comme sur une poulie de renvoi ; toutefois, parmi les Mammifères domes- tiques, les Ruminants, le bœuf^ le mouton^ la chèvre et le ;jorc se distinguent par un tout autre mode de sortie : leur muscle obturateur interne très volumineux, quoique dépourvu de portion iliale, sort par le trou ovalaire luirmême et se place immédiatement au-dessus de l'obturateur externe avec lequel il se confond plus ou moins. » OBTURATEUR EXTERNE L'obturateur externe paraît moins varier que l'obturateur interne. L'isolement d'un faisceau pubien par le nerf obturateur a été observé quatre fois par M. le professeur Macalister et une fois par M. le pro- fesseur Testut. J'ai été à môme de constater deux fois cette malforma- tion. L'insertion du tendon terminal à la capsule de l'articulation coxo- fémorale a été signalée par M. Macalister. M. Wood a vu ce muscle recevoir un faisceau de renforcement du court adducteur. Quant à la bourse séreuse obturatrice que Symnes- toedt a décrit au niveau du point oii l'obturateur externe se coude à angle obtus et prétend exister chez 1 sujet sur 9, M. Macalister ne l'a rencontré que chez 1 sujet sur 15, et moi chez 1 sujet sur 17 (dont 7 femmes). AxATOMiE C03IPARÉE. — Lcs adductcurs et l'obturateur externe for- ment, dans la série animale, un groupe musculaire plus ou moins divisé dont les fibres ont comme caractère invariable de s'insérer sur le grand trochanter, et la crête sous-trochantérienne (branche de ' Lesbre. Loc. cit. suprà, p. 143. ■ Voyez muscle précédent. 236 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME bifiircalion cxlorric de la ligne âpre), du moins qnand ces saillies sont accusées. L'obturateur externe du fjorllle est formé de deux })lans musculaires; le plan superficiel présente trois faisceaux dont le plus externe s'in- sère à la branche horizontale du pubis. Ces faisceaux sont innervés par des nerfs qui vont aux adducteurs (Deniker). Chez le chien^ l'obturateur externe est perforé, près de son « bord oral par le nerf obturateur et par les petites branches de l'artère fémorale profonde » (W. Ellenberger et II. Banni). Dans \g Dast/pus sexcinelits, ce muscle est constitué par deux chefs à son origine'. Un faisceau situé à la partie supérieure de l'obturateur externe du Vespertilio ynurinus semble à M. Maisonneuve devoir être rattaché à l'oblui-ateur externe'". JUMEAUX Absence. — L'un ou l'autre des deux jumeaux peut faire défaut, mais le plus souvent c'est le jumeau supérieur. L'absence du jumeau supérieur a été signalée par Macalister ', Wood '*, Embleton % Testuf, Knott ^, Giacomini ^ (chez un nègre), Cruveilhier ^, Chudzinski '"(chez un nègre), etc., et celle du jumeau inférieur par Otto, Gantzer, Maca- lister", Meckel '"-, d'un seul coté et des deux côtés, etc. J'ai noté 8 fois le manque de présence du jumeau supérieur ; 5 fois chez l'homme (3 fois des deux côtés, \ fois à droite et 1 fois à gauche) et 3 fois chez la femme (1 fois à droite et 2 fois à gauche). Un de mes élèves, M. Allain, de Nantes, a disséqué une femme chez laquelle les deux jumeaux supérieurs n'existaient pas. ' Galton. Loc. cit., p. 551. - Maisonneuve. Loc. cit., p. 270, 271. ^ Macalister. Cat. cit., p. 115. * Wood. Proced. of the Ro/j. Soc. of London, t. XVI, p. 525. ' Embleton. Journ. of anal, and phys., t. YI, p. 217. ° Testât. Traité des an. musc, p. 593. ' Knott. Pi'oc. of the Roy. Irish Academy, décembre 1881. p. i27. » Giacomini. Annotazioni sopra l'anatomia del Negro, Torino, 1882. » Cruveilhier. An. descript., 2° édi. t. II, p. 330. '" Chudzinski. Revue d'anthrop., 1873, p. 16. " Otto, Gantzer. Cit. par Macalister, in Cat. p. 115. '- Meckel. Traité d'anat., comp., t. VI, p. 364. MUSCLES DE LA HANCHE 237 Par contre, je n'ai cherché vainement que 3 fois le jumeau infé- rieur : 2 fois chez Thomme, 1 fois à droite et 1 fois à gauche et 1 fois à droite chez une femme. Ainsi (juc MM. Chudzinski et Teslut, j'ai constaté que quelquefois la disparition du jumeau supérieur coïncidait avec une augmentation de volume du jumeau inférieur du même côté. Enfin, M. Cuvier, d'Amboise, m'a montré une fillette chez laquelle il n'avait pu découvrir le jumeau supérieur droit ni le jumeau infé- rieur gauche. Los jumeaux peuvent donc manquer dans la race blanche aussi bien que dans la race noire, chez l'homme que chez la femme, d'un seul côté que des deux côtés. ANATOMiii COMPARÉE. — Vomiûion/nçue, le kanguroo, n'ont pas de jumeaux pelviens. Young avance que les Protèlesn ont qu'un jumeau, sans indiquer lequel (Young, Journ. ofan. and p/i//s., vol. XXIIÏ, part. II, 1889, p. 185). Dans les Ruinhiants et le porc l'obturateur interne (voy. ce muscle), ne sortant pas du bassin par la voie ordinaire, les jumeaux en sont indépendants, et sont confondus en un seul corps charnu indivis qui prend naissance sur le bord externe et la face inférieure de l'ischion et même sur la face supérieure de ce même os par un faisceau spécial qui entre parla petite échancrure sciatique et vient se joindre à l'obturateur interne (Lesbre). « Le jumeau supérieur manque dans les Lor'is^ le magot et le coïta, mais il semble être remplacé par l'inférieur qui est bien développé (Meckel). y. Le jumeau supérieur était absent chez le gorille disséqué par Bischoif et très grêle chez Yorang disséqué par M. Testut. « Chez le gorille et le gibbon, dit M. Deniker, le muscle obturateur interne est souvent dépourvu de muscles jumeaux, ou n'est accompagné que d'un jumeau inférieur'. » Les deux jumeaux étaient distincts sur YUrsus Americanus que Shepherd a eu à sa disposition, de même que sur celui dont Cuvier a fait dessiner les muscles. Sur le sujet du professeur Testut -le jumeau supérieur existait seul. Dédoublement du muscle. — J'ai noté plusieurs fois le dédouble- ment total ou partiel du jumeau inférieur, jamais celui du jumeau supérieur. Je crois donc que le professeur Macalister a raison quand ' Deniker. Loc. cil., p. 175. 2 Testut. Myologie de l'Ursus Americanus, p. 25. 238 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME il prétoncl quo le dédoublemenl du premier est plus commun que le dédoublement du second. Anatomie comparée. — Dans VOryctérope du Cap deM.Galton, chacun des deux jumeaux naissait par deux chefs. Bien que ce mode de con- formation n'ait pas été observé par le professeur Humphry sur le sujet qu'il a disséqué, il parait cependant être habituel, sinon constant ^ A la planche de \ Oryctéro'pe du Cap {Atlas d'anal, comparée de Guvier et Laurillard), Ad. Focillon a ajouté, en effet, la note suivante qui a été laissée par Cuvier ^ « Les jumeaux viennent du sacrum ; le jumeau postérieur (inférieur) a aussi des fibres de la tubérosité de l'ischion. » Chez le cheval, il y a un troisième jumeau, situé entre le jumeau supérieur et l'obturateur externe (Arloing et Ghauveau^). Variations de volume. — Les deux jumeaux ont, à peu de chose près, le même volume ; mais, à l'état anormal, le jumeau supérieur peut être plus fort que l'inférieur ou inversement. Dans les Anthropoïdes disséqués par le docteur Hepburn, « le jumeau supérieur était plus large que l'inférieur chez le chimpanzé, mais chez Vorang la proportion était renversée ' ». Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — J'ai indiqué les rapports plus ou moins étroits qui peuvent exister entre le jumeau supérieur et le petit fessier ouïe pyramida], j'interpréterai plus loin ceux qui peuvent exister entre le jumeau inférieur et le carré crural. « J'ai vu plusieurs fois, dit Gruveilhier, le jumeau supérieur se terminer au tendon du muscle pyramidal et le jumeau inférieur au tendon de l'obturateur interne. » J'ai trouvé l'un et l'autre de ces modes de conformation et aussi la terminaison du jumeau supérieur au tendon de l'obturateur interne. Un de mes élèves, M. Hahusseau, a disséqué une femme dont les deux jumeaux et l'obturateur interne du côté droit aboutissaient à un tendon unique qui se fixait sur la capsule de l'articulation coxo-fémo- rale. Une disposition très commune est la fusion totale de l'un ou ' Galton. Loc. cit., p. 189. - Cuvier. Atlas cit., pi. CCLYI, fig. l et 3. ^ Arloing et Chauveau. Traité des Anbn. domesL, p. 361. * Hepburn. Loc. cit., p. 326. MUSCLES DE LA HANCHE 239 l'autre des deux jumeaux (principalement du jumeau inférieur) et de Tobturateur interne. Anatomie comparée. — Tous les anatomistes sont d'accord pour regarder les jumeaux comme une dépendance du muscle obturateur interne. Leurs rapports avec la capsule synoviale du tendon de l'obturateur interne les a fait appeler marsupiaux par Cooper ; muscle capsulaire de la capsule du tendon de l'obturateur interne, par Portai. Dans son Traité d' anatomie comparée^ Meckel les décrit avec ce dernier muscle. Beaunis et Bouchard suivent cet exemple dans leur Traité d\inatomie humaine. Theile regarde les jumeaux comme une courte tête externe du muscle obturateur. « Les jumeaux pelviens, a écrit Sappey, dépendent manifestement de l'obturateur interne ; ils ne diffèrent des autres faisceaux du même muscle que par leur ralliement un peu tardif. » Dans les descriptions des professeurs Hyrtl, Testut, Morel et Mathias Duval, les jumeaux ne deviennent également que des fais- ceaux d'origine accessoire ou extra-pelviens de l'obturateur interne. Pour M. Bellini, on pourrait même en faire une gaine musculaire du tendon de l'obturateur interne '. Anatomie comparée. — Suivant Alix, « l'obturateur interne, les jumeaux et le carré crural des il/o/zo/rèw^s' ne constituent qu'une seule masse charnue, qui se rend du bassin à la face postérieure du grand trochanter- ». Dans les Mammifères des ordres supérieurs, les con- nexions des jumeaux avec l'obturateur interne peuvent, de môme que chez l'homme, être considérées comme normales. Dans les quatre Anthropoides du docteur Hepburn, le jumeau infé- rieur adhérait plus ou moins au bord inférieur du tendon de l'obtura- teur interne \ CARRÉ CRURAL Absence. — L'absence du carré crural a été signalée par Albinus\ ' Bellini. Bullel. de la Soc. anut., juiu-juillet 1892, lasc. 18, p. 461. ' Alix. Soc. philomat., 1867, p. 206. ^ Ilepburn. Loc. cit., p. 327. * .Vlbinus. Loc. cit. p., 530. 240 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Sœmmei-ring'', Cruvoilliior -, Schwcgl ', Mcckcl '', Ilalloll, Macalisicr, W. Griiber^ (12 cas), Tlicilc, Ed. IJelIamy elJ. Canllic, Davies-CoUey, Knolt^ Schwalbe et Plilzncr, olc. J'ai iiulé 4 iois celte niairunnalioii. 1. IL, soixante-quinze ans, héniipléi^ique ; mars 1879. Le carré crural fait défaut à droite. Tous les autres muscles extra et inlra-pelviens sont normaux. IL E. vingt-trois ans, phtisique ; aAril 1887. Le carré crural n'existe pas plus à droite qu'à gauche ; mais les jumeaux inférieurs sont tellement larges et épais, qu'ils semblent les remplacer. III. IL, quarante-sept ans, ataxique ; décembre 1881. Le carré crural droit manque et le carré crural gauche est rudi- mentaire.Les deux jumeaux ont leurs dimensions ordinaires mais les deux obturateurs internes sont très développés. IV. H. trente-huit ans, delirium tremens ; janvier 1892. Le carré crural gauche n'est pas présent. Ce vice de composition ne coïncide avec aucun autre. Chez deux, de mes sujets les jumeaux et les obturateurs internes étaient donc plus prononcés, semblaient bénéficier pour ainsi dire de la disparition ou de l'alrophie des carrés cruraux. Dans le cas d'absence complète des carrés cruraux droit et gauche observés par MM. Edward Bellamy et James Cantlie à Channg Cross Hospital, les jumeaux et les obturateurs internes étaient aussi très développes. Y aurait-il donc une suppléance des muscles en cause les uns par les autres? C'est ce qu'ont voulu savoir MM. Bellamy et Cantlie^ et pour cela ils se sont adressés au professeur Gallon, qui leur a remis la note suivante que je traduis : « J'ai constaté [Trans. Linn. Soc, vol. XXVI, p. 589) que dans le fourmilier du Cap où le carré crural est absent, les jumeaux au ' Sœmmemng. hoc. cil., t. III, p. 286. - Cruveilhier. Anat., 2° édil., t. II, p. 223. * SchwegL Cit. par Macalister in Cat., p. 116. * Meckel. An. comp., t. VI, p. 305. ** W. Gnibcr. Sachtrcif/ zu den Beobaclituiir/cn uber den Manuel des musc, quadratus /entons, Bd. LXXIII, S. 346. 8 Knott. Loc. cit., p. 427. ' Edward Dcliamy. Note on Ihe absence of Ihe qaadralus femoris muscle, etc. {Journ. iif an. and phijs., 2" série, n" XV, N'ov. 1874. p. 185). MUSCLES DE LA HANCHE 241 contraire sont très fortement développés. Tlieile {Encyclopédie anat.^ vol. III, p. 279) a fait mention du défaut de présence de ce muscle, dans l'homme et remarqué qu'alors, les jumeaux ont plus de volume '. Sur 403 sujets qu'il a disséqués Hallett n'a vu le carré crural manquer qu'une fois, et dans ce cas unique, les jumeaux et l'obturateur interne avaient des dimensions inaccoutumées (Hallett, Edinb. med. and mrg. Joimi. ; vol. LXIX, p. 20, 1848). « J'ai noté dans mon mémoire sur le Dasijpus sexcinctus que, tandis que le muscle en question est excessivement développé chez cet ani- mal l'obturateur interne y est absent et les jumeaux petits, dispo- sition inverse mais corrélative de celles signalées chez l'homme par Theile et Hallett dont la bonne foi apparaît plus évidente. « Le D'' Mûrie dans la monographie sur le Tolypeutes conurus qu'il a publiée récemment [Trans. Linn. Soc, vol. XXX) a observé (p. 96-97) que, tandis que chez cet animal il y a une « paire de faibles jumeaux, il y a un carré crural assez long et d'une bonne grosseur. » J'ai tenu à reproduire ce texte in extenso. Dans le Traité des anotnalies musculaires de M. le professeur Testut, on lit en effet : « Gallon a pu cons- tater que, conformément à l'assertion de Theile, énoncée plus haut, l'ab- sence du carré fémoral coïncidait avec un développement considérable des jumeaux. Il faut remarquer cependant, que ce n'est pas là une loi générale en anatomie comparée, le Dasypiis sexcijictus par exemple présentant à la fois, mahjré l'absence du muscle en question^ des jumeaux réduits à un faible volume et une absence de l'obturateur interne ". » C'est juste le contraire, tout au moins en ce qui louche le Dasy- j'iis sexcinctus, de ce qu'a écrit M. Gallon. Est-ce à dire pour cela que le savant anglais ait raison? Pas absolument. M. Macalister m'a déclaré qu'il avait disséqué en 1876 un sujet, chez lequel les jumeaux étaient rudimentaires bien que le carré crural fît défaut et je rappelle que, dans deux cas d'absence du carré crural que j'ai vus, les jumeaux et les obturateurs avaient leur volume normaP. D'après le professeur Gruber, le carré crural manquerait plus sou- vent à droite qu'à gauche. Sur 2iO cadavres disséqués par les pro- fesseurs Schwalbe et Phtzner de l'Université de Strasbourg, le carré ' Cette phrase est écrite en français dans le •■ Juurn. of an. and iili/js. ... - Testut. Traité des anom. musc, cit. p. 593. * DdinsVéchidné le carré crural est, ainsi que l'a montré Mivart, un « délicate imisde » ; quoique l'obturateur interne et les jumeaux soient absents. (Mivart. Transacl. lin. Snc, 1866, vol. XXV, p. 392.) H. 16 242 VAHIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAlliE DE L'HOMME crural n'existait pas des deux côtés cliez 3 (ciiez 2 hommes et chez 1 femme), du cùlé droit seulement chez 4 (chez 3 hommes et chez 4 femme) et du côté gauche seulement chez 2 hommes. L'ahscncc du carré crural constitue une anomalie excessivement rare puisque Hallett ne la observée qu'une fois sur 105 sujets el MM. Schwalbe, et Pfilzner chez 0 hommes sur 379, ce qui donne la proportion de 2, 4 p. 100 et chez 4 femmes sur 175, ce qui donne la proportion de 2. 3 p. 100'. Anatomie comparée. — Le carré crural ne se rencontre pas dans le p hoq lœ [llum\^hry , Duvernoy), \q fourmilier (Meckel et Galton), YOrycté- rope du Ca/J (Humphry, Galton ■). Le muscle en question existe-t-il chez les Chéiroptères ? WSl. Macalister et Maisonneuve disent oui, Cuvierel le professeur Blanchard disent non. Dans tous les cas, il est peu pro- noncé chez les Ruminants, le cochon et le porc-épic. Division en deux ou plusieurs faisceaux. — Le carié crural se dédouble parfois près de son insertion fémorale ; ses fibres postérieures vont à l'insertion normale, c'est-à-dire à la ligne rugueuse qui, continuant l'interstice de la ligne âpre du fémur aboutit au tubercule postéro- inféricur du grand trochanler (Poirier), tandis que les antérieures s'arrêtent à la ligne inter-trochantéiienne. On trouve souvent entre ces deux plans udo bourse séreuse. Janke dit qu'il a trouvé un carré crural, qui était composé de « trente fasciculi ». (Janke. De capsulis tendinibus et articulntionibus, Lipsia?, 1753, p. 13.) Anatomie comparée. — J'ai noté la segmentation en deux corps du carré crural d'un chien abattu pour cause de rage. Cette disposition était sans doute une anomalie, car je ne l'ai plus rencontrée depuis, et elle n'a pas été signalée dans les Canidés par Girard, EUenberger, Baum, etc. Chez les Anthropoïdes du docteur Hepburn l'agencement était le suivant : chez le chimpanzé, Vorang et le gibbon, le carré crural s'insérait par un faisceau vertical à la surface postérieure du grand troclianter et par un faisceau horizontal à la ligne rugueuse qui se porte du petit au grand trochanler. Chez le gorille, le faisceau vertical était seul présent. ' Schwalbe et Pfitzner. Loc. cit., p. 472. - Le muscle décrit sons le nom de carré crural par Cuvier, dans VOri/ctérope du Cap est le moyeu adducteur. (Cuvier et Laurillard..4//«s d'anat. comp., pi. LLCVI, fig. 1 et 3.) MUSCLES DE LA HANCHE 243 Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — Kelly l'a vu envoyer un faisceau au corps charnu du demi-membraneux. Il peut être plus ou moins uni au jumeau supérieur ou au grand adducteur. Le carré crural a une direction transversale chez l'homme mais une direction oblique de haut en bas et de dedans en dehors chez les Quadrupèdes dont l'ischion est plus ou moins relevé par rapport au trochantin. Dans les Solipèdes et les Ruminants où il est très allongé et croise enX les obturateurs, les anatomistes vétérinaires le rangent même parmi les muscles de la ciiisse. MUSCLES SURNUMÉRAIRES Le fémoro-coccygien ayant élé décrit en même temps que les muscles du périnée, il ne reste plus à signaler ici que l'ischio-fémo- rien, le pelit fessier antérieur ou scansorius et l'accessoire du petit fessier ^ Ischio-fémorien. Syx. : IscJiio-fV; moral d'Alix et Gratiolet : Faisceau isch'iatique du (jrand fessier ; Ischio- fémorien do Duverno}'; Accessoire du f/raiid fessier d'Js. G. Saint-IIilaire. Ce muscle est regardé pur la majorité des anatomistes comme une dépendance du grand fessier. De même que le fémoro-coccygien il en estcependant quelquefois entièrement distinct. D'ordinaire le grand fes- sier recouvre la tubérosité ischiatique sur laquelle il glisse par l'in- termédiaire d'une des bourses séreuses sous-fessières découvertes par Monro. Anormalement on voit se détacher de l'ischion une bande- lette musculeuse qui se dirige en dehors, en longeant le bord inférieur du grand fessier, dans lequel elle va se perdre plus ou moins près du grand trochanter. M. le professeur Macalister a vu cette bandelette émaner à la fois de la tubérosité de l'ischion et du grand ligament sacro-sciatique. M. Testut a disséqué un sujet chez lequel l'ischio-fémorien, affec- ' Le Double. Dix muscles nouveau.)- chez l'homme, [liibliof/r. anal ., juillet 1895.) 244 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME lant les allures d'un muscle isolé mesurait à peine 8 millimètres. Dans nn cas observé par ^I. Auvray il élail remplacé par une arcade libreuse très solide '. J'ai rencontré 6 fois ce muscle, 5 fois (3 fois chez l'homme et 2 fois chez la femme) il existait des deux cotés et s'unissait au ])oi'd infé- rieur du grand fessier à des distances variables. Chez une femme il provenait à la fois du grand ligament sacro-sciatique et de la tubéro- sité de l'ischioîi et, chez un homme, de la tubérosité de l'ischion et de la longue portion du biceps crural à sa naissance. Chez un autre homme il existait seulement du côté droit et était formé par un corps charnu de la grosseur du petit doigt, sous-jacent au bord inférieur du grand fessier dont il était absolument indépen- dant, et terminé en dehors par deux faisceaux dont l'un s'insérait sur la bifurcation externe de la ligne âpre du fémur et dont l'autre se per- dait dans le vaste externe -. Anatomie comparée. — Ce faisceau a été disséqué chez le gorille par Duvernoy, Is. Geoffroy Saint-Hilaire et Deniker, chez le Chimpanzé iV Auhry par Alix etGratiolet, chez le Cliimpanzé noir par MM. Champ- neys et Testut. M. Testut l'a vainement cherché chez Vorang. Duver- noy, Isid. G. Saint-Hilaire, Alix et Gratiolet, en ont fait un muscle spécial qu'ils ont appelé, le premier, M. isc/iio-//h)io?-ie?i, le second, M. accessoire du grand fessier^ les troisièmes, M. ischio-fé moral. « Chez le fœtus et le jeune gorille, dit M. Denil^er, l'ischio-fémoral du grand fessier n'est pas encore dilTérencié en un muscle distinct comme chez le gorille adulte ; chez le gibbon il peut manquer ^ » Des recherches des naturalistes précités il appert que l'ischio-fémo- rien peut chez les Anthropoïdes, de même que dans l'espèce humaine, être ou n'être pas différencié, provenir de l'ischion seul, ou de l'is- chion et du grand ligament sacro-sciatique ou de l'ischion et de la longue portion du biceps, et se terminer soit sur la bifurcation supé- rieure et externe de la ligne âpre et l'aponévrose fémorale, soit sur la bifurcation supérieure et externe de la ligne âpre et le vaste externe. ' Auvray. Bullet. de la Soc. cnial., mars 1896, p. 223. - Ilenle assure que, chez l'humuie, les fibres les plus externes du grand fessier se rendent au vaste externe. ^Deniker. Loc. cit. suprà, p. 175. MUSCLES DE LA HANCHE 245 Petit fessier antérieur. Syn. : Qiiali'ième fessier (Ilaugtou) : Scansoru/s (Traill); Pe/ if fessier an/érieur (Testut) ; Épiméral (Strauss-Durckheim) : Fessier marginal : Invertor feuioris. C'est un faisceau musculaire, plus ou moins large et épais, situé en avant du petit fessier dont il est parfois entièrement indépendant et qui a été découvert chez Thomme par Haughton* et chez las Anl/iro- poïdes par Traill ". Il naît de la face externe de l'iliiim, près de son bord maro'inal antérieur, en dehors du tendon direct du muscle droit antérieur de la cuisse, entre l'épine iliaque antérieure et supérieure et la demi-circonférence supérieure du sourcil cotyloïdien et se termine, en bas, sur le bord antérieur du grand trochanter. Anatomie comparée. — Découvert par Traill chez le chimpanzé^ le scansorius a été décrit dans Vorang par Bischoiï et par Hepburn dans les quatre Anlhropo'ides^ mais seulement bien ditTérencié dans le chimpanzé et Vorang, Voici ce qu'en dit M. Deniker^ : « Le muscle scansorius se rencontre à tous les degrés de développement chez l'homme comme chez les Singes Anthropoïdes depuis l'état dim fais- ceau à peine distinct (chez les chimpanzés disséqués par Champneys, Macalister et BischotT, et chez mon jeune gorille) jusqu'à celui d'un muscle tout à fait indépendant (chez les orangs disséqués par Henke et Langer,, chez le gibbon par BischolT et chez mon fœtus de gibbon). Parfois, comme chez l'homme, ce muscle peut manquer [gorille de Duvernoy, de Bischoff et de Macalister). » Le même anatomiste ajoute plus loin que « le scansorius est peu développé et manque (3 fois sur 6) chez le gorille ». Je note pour mémoire que ce muscle a été signalé par Meckel, dans V hyène ; par Laurillard chez la panthère ; par Alix, dans Vaye-aye, le tigre, le lion, YUrsus labiatus ; par Strauss-Durkheim dans le chat [M. épiméral); par Young dans la civette ; par Bischoff, dans le cyno- céphale, \ç: cercopithèque, le macaque; etc. i Haughton, cité par Hyrtl, Trait, di anal. delVuomo, trad. itaL, p. 399. * Traill. Memoirs of the Wernerian Nulural Hisfonj Society, vol. TU, p. 29. ^Deniker. Loc. cit. sajyrà, p. 157 et 175. 246 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME Le scansoi'ius doil-il Olro r;ill;i('li(' au nmselc iliaqiu^ ou aux muscles fessiers ? Pour 31. Testut, il convieuL d'assiiiiiler duuc laeou complète le petit fessier antérieur au petit iliaque de Winslow [iléo-capsulo-lrochantérien de Cruveilhier, ilio-capsularis de Harrison, voy. M. iliaque). « L'un et l'autre représentent la portion extra-pelvienne du muscle iliaque qui est descendue chez nous, dit-il, à un degré d'atrophie extrême, mais qui est tout aussi développé que Tinterne et peut exister seul dans quelques espèces animales {Kangourou^ Lièvre^ Chéiroptères). » Examinons les choses de près : Le scansorius s'attache le plus communément à la partie supérieure et externe du grand trochanter et le petit iliaque à la partie inférieure et interne de ce même trochanter. Il est presque toujours uni au petit fessier et presque jamais au niuscle iliaque. Il est innervé comme le petit fessier, par le nerf fessier supérieur, aussi bien chez les Anthropoïdes que chez l'homme '. jNIM. Macalister et Gunther ont décrit sous le nom de scansorius des faisceaux de fibres du moyen fessier fixés au grand trochanter. A propos du muscle capsulaire de la hanche des Animaux domes- tiques (l'homologue de YHéo-capsulo-trocIiantérien de l'homme), M. Lesbre a écrit : « Nous ne saurions partager l'opinion de M. Testut qui l'assimile au scansorius ou ht" fessier ; il équivaut plutôt au petit iliaque du Winslow ou iléo -cap salaire de Harrison, muscle qui existe chez l'homme dans le plus grand nombre des sujets -. » Enlin, M. Deniker déclare que, « contrairement à l'opinion de M. Testut, on ne peut identifier le scansorius avec l'accessoire de l'iliaque chez le gibbon, oii les deux muscles coexistent ». « On pourrait être disposé chez cet Anthropoïde à le considérer comme un faisceau accessoire du psoas iliaque, remarque aussi Bis- choff ; il en est séparé par le tendon aplati du muscle droit antérieur de la cuisse. » Pour toutes ces raisons, je rejette complètement les conclusions de ' Ce mode d'innervation a été constaté chez le Troçilodytes nif/er par Champneys et chez deux hommes par moi. 2 Lesbre, loc. cit., p. 141. M. Lesbre appelle ïUéo-capsiilo-h-ochuntérlen m. capsulaire de la hanche, parce que, d'après lui, chez les animaux il est à la hanche l'homotype du M. capsulaire de l'épaule (voy. M. court coraco-brachial). Quant au scansorius que le même anatomiste propose de décrire isolément sous le nom de petit rond de la cuisse, il représenterait au membre inférieur, le petit rond du membre supérieur. MUSCLES DE LA HANCHE 247 M. TesUit et rattache avec MM. Macalister, Gimther, BiscliofT, Lesbro et Deniker, le scansorius aux muscles fessiers. Accessoire du petit fessier. A trois reprises ditlereiiles et constamment des deux cùlés (2 lois chez l'homme et 1 fois chez la femme), j'ai rencontré au-dessous tin petit fessier, mais enlièrement indépendant de lui, un faisceau muscu- laire que je propose d'appeler accessoire du petit fessier. Dans les trois cas que j'ai observés de ce faisceau anormal, les autres muscles fes- siers étaient normaux. Dans ces trois cas, l'accessoire du petit fessier, recouvert entièrement par le petit fessier dont il longeait la partie profonde du bord supérieur, était innervé par le nerf fessier supérieur. En bas, il était régulièrement attaché sur la capsule de l'articulation de la hanche. C'est sur l'homme, en 1879, que j'ai noté la première fois la présence de cette malformation. En 1882, M. le professeur Macalister, auquel j'avais fait part quelque temps auparavant de ma découverte, ma annoncé qu'il venait d'observer le même corps charnu accidentel auquel il me proposait de donner le nom de cinquième fessier. Ce nom pourrait, en effet, être logiquement accepté. Le 6 mars 1896, M. Bougie, prosecteur de la Faculté de médecine de Paris, a décrit également un muscle surnuméraire de la région fes- sière, qu'il rattache au jumeau supérieur, mais qui me paraît plutôt devoir être rattaché aux muscles fessiers'. Le petit fessier accessoire, qui n'est qu'une dépendance du petit fessier ainsi qu'en témoigne son innervation par le nerf fessier supé- rieur, n'est pas spécial à l'homme. Le petit fessier du chimpanzé dissé- qué par M. Champneys était constitué par 4 faisceaux : deux faisceaux antéro-postérieurs, un faisceau profond (5® fessier) et un scansorius (k" fessier). « Le faisceau profond, large d'un quart de pouce et long de deux pouces, provenait de la partie externe de l'os iliaque, au-des- sus de l'insertion ischiatique des fibres les plus élevés du ligament sacro-sciatique, et se fixait en bas au bord interne du grand trochan- ter. » Dans le chimpanzé du docteur Hepburn, la disposition était la la môme,. tandis que, dans le gorille du même anatoraistc, le petit fes- sier était constitué par deux faisceaux juxtaposés dans le sens antéro- postérieur et par un scansorius. Tous les anatomistes anglais recon- ' lUiuglé. BuUel. de lu Soc. onat., 1896, fasc. 6, p. 171. 248 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMMK naissent, au surplus, que le pelit fessier est le muscle de la fesse qui est le plus sujet à la « fission et à la reduplicalion ». Sous le nom d'abducteur Irochantérien, M. Lesbre a décrit * chez les Solipèdes, le porc, le lapin, le chien, le chat, etc., un muscle jeté sur le plan supérieur de l'articulation coxo-fémorale, de la crête sus-coty- loïdienne ou épine sciatique au revers interne du trochanler. « Bien que ce muscle soit souvent uni, dit le savant professeur d'anatomie de TEcole vétérinaire de Lyon, au fessier profond ou au scansorius , nous ne pensons pas qu'on puisse lui refuser l'antonomie, d'abord parce qu'il peut manquer alors que le fessier profond existe toujours, en second lieu parce que ce dernier est susceptible de contracter une union tout aussi intime avec le fessier moyen. » L'abducteur Irochan- térien dans lequel M. Lesbre voit, à la hanche chez les Mammifères domestiques, l'homologue de l'abducteur trochitérien de l'épaule, (voy. M. sous-épineux), est appelé M. fessier profond T^m^ tous les autres vétérinaires français. ' Lesbre. J^oc. cit. stiprù, p. 140. MUSCLES DE LA CUISSE RÉGION ANTÉRO-EXTERNE COUTURIER Absence. — Elle a été notée sans détails par Meckel, le célèbre professeur de Halle. (Meckel. Haiidbuch der menschlichen Anatomie^ I, e.) Anatomie cOxAiparée. — D'après M. Hiimphry le couturier manquerait chez le pleropus\ et, d'après Meckel, les professeurs Macalister et Mai- sonneuve, chez la chauve-souris. Meckel n'a pas pu le trouver d'une façon distincte dans le castor. Wiedemann n'en fait pas mention dans sa myologie de cet animal '■. Variations de volume et de direction. — Horner l'a vu beaucoup plus large chez un nègre. Chacun des deux couturiers, droit et gauche,, d'une Angolaise que j'ai disséquée il y a huit ans, était doublé de volume. Quain a signalé un cas où le couturier croisait la cuisse plus en travers que d'ordinaire. Anatomie comparée. — « Le couturier a perdu chez l'homme les rapports qu'il affecte chez les autres Mammifères en même temps que ' riumphry. Journ. of anal, and phys., mars 1869, p. 309. * Wiedemann. Archiv. fiir Zoolof/ie, IV. 1. 250 VARIATIONS DU SVSTÈMli MUSCULAIHE DE L'HOMMIÎ son volume s'est réduit. Même chez les Singes Anthropoïdes, il est beau- coup plus développé ([ue chez l'iiomme (Gegeubaur '). Dans le loris il est presque le plus fort muscle de la cuisse, en même temps qu'il est plus court que les llécliisseurs et les extenseurs. Cetle brièveté, jointe à une disposition spéciale des autres llécliisseurs, fait que la jambe de ces Quadrumanes est toujours fléchie et tournée en dedans (Meckel). Le coati, le raton, V ornithorynque et le fourmilier ont un couturier très large. Intersection tendineuse dans le corps charnu. — « Dans certains cas, dit Aleckcl, les libres du couturier sont interrompues par un tendon intermédiaire considérable et solidement unies à l'aponévrose fascia la ta. » Ce tendon intermédiaire a une structure essentiellement variable : tantôt il est représenté par une intersection aponévrotique linéaire analogue à celle que l'on rencontre dans les muscles droits antérieurs de Tabdomen, complexus, sterno-hyoïdiens, etc. (Ilyrtl") ; tantôt, ainsi que l'ont observé Gegenbaur, Kelch" et W. Grubei', par un cor- don fibreux plus ou moins long [M. sartorius digastricus de W. Gru- ber'). M. Macalister a vu une fois une intersection hbreusc du cou- turier qui adhérait à l'aponévrose du triceps. Duplicité. — Trois cas peuvent se présenter : A) Dans une première variété, les deux couturiers entièrement dis- tincts ont la même longueur et sont insérés, l'un à côté de l'autre, en haut, à l'os du bassin, en bas, au tibia. J'ai trouvé en 1881 cette malformation sur une vieille aliénée^. Des dispositions de ce genre ont été signalées par Joli. Christian RosenmûUer'^, Otto'', Gantzer*, Prenant. B) Dans une seconde variété, le couturier supplémentaire, situé en < Gegenbaur. Trailé. d'anal, hum., trad. franc, de Cli. Julin, p. 478. * llyrtl. Lehrbuch der Anuf. des Menschen,\lY. AuQage. Wien, 1878. S. 523, u. in friiliercn Auflagen. ^ W. G.Kelcli. Beitrûfje zur palliolori. Analoin'œ. Berlin, 1813,8°. S. i2, art. XXXV. * W. Gruber. Beobachluiigen, etc. IX Ileft. Berlin, 1889, p. 43 et suiv. " Le Double. Ballet, de la Soc. d'anthrnp. de Paris, t. Il, 4» série, 4^ fasc, 18UI, p. 792. " Rosenmûller. De non/inllis muscaloruin coi-puris hamani carielalibtis. Disserlatio Lip- iiœ, 18U4, in-4°, p. 7. ' Otto. Selte}ie Deobac/itaïu/en a. d. Anaf.. jj/njs. i/ . palhol.. I Ilcft. Brcslau, ISI6, in-4'\ S. 92. * Gantzer. DisserluLio varietates /nuscalorunt sisleits. Beroliui, 1813, 8. MUSCLES DE LA CUISSE :;51 dedans ou en dehors du couturier bien conformé dont il est, du reste, encore entièrement séparé, se tlxe, en haut, à l'épine iliaque antérieure et supérieure ou près de cette épine, et en bas, soit 'a] sur le fémur (MeckelV, ib) sur l'aponévrose d'enveloppe du vaste interne, [c) la paroi antérieure du canal de Hunier (Macalister, communication écrite) {d) ou sur la partie interne de la capsule du genou. De toutes ces dernières anomalies, la plus fréquente est celle qui consiste dans l'insertion du couturier accessoire sur la partie interne de la capsule du genou. Elle a été rencontrée 1 fois, en 1886, par M. H. Bergeron -, 2 fois par le professeur Macalister, de Cambridge, dont une fois, muscle tenseur de l'aponévrose crurale dans le mong 0 us ordinaire [Lemw mongos] elle Mongous à front blanc [Letniir albifrons) . » 11 est remplacé faiblement dans le premier par une bande- lette mince, située en dehors du couturier, et qui s'étend du peaucier latéral à l'aponévrose cruj'ale. Mais dans le Mongous à front blanc, il n'y a pas même une trace de cette bandelette. Meckel n'a pas non plus rencontré le muscle en question dans les Sarigues ni les Fourmi- liers '. Sauf dans Vorang oi\ il est excessivement réduit et manque même complètement, le tenseur du fascia lata est puissant et large chez tous les Anthropoïdes -. Division en plusieurs faisceaux. — M. Testut a observé deux fois la seg- mentation du tenseur du fascia lata en deux faisceaux. Dans le premier cas l'interstice séparatif ne commençait qu'à 2 centimètres au-dessous de l'épine iliaque antéro-supérieure. Dans le second cas, l'interstice séparatif se prolongeait dans toute la longueur de la cuisse \ Le pro- fesseur Macalister a trouvé, et j'ai trouvé cette scission du fascia lata en deux et même trois faisceaux \ Anaïomie compau^e. — Le muscle tenseur du fascia lata du Troglo- dgtes Aubryï « se compose de dix à douze faisceaux arciformes à conca- vité inférieure, placés dans l'épaisseur de l'aponévrose dans la partie moyenne de l'espace qui sépare du grand trochanter l'épine iliaque antérieure et supérieure et séparés les uns des autres par de petits espaces de tissu fibreux ^ ». Chez le cheval il comprend : \° une portion charnue, flabelliforme, revêtue sur ses faces de fibres tendineuses et attachée en haut sur l'angle externe de l'ilium ; 2° une aponévrose dite fascia lata, continue avec le bord inférieur de la portion charnue, et divisée bientôt en deux feuillets superposés, l'un superficiel, l'autre profond. "Variations des insertions. — Pour moi le muscle dont il s'agit se fixe en haut : 1" à l'épine iliaque antérieure et supérieure; 2° à la partie ■ iMeckel. Anal.comp., t. VI, p. 407,408. ' Hartmann. Comparaison de l'homme et des suites antliropo'ides, cit. p. 133. ^ Testât. Traité des an. mtisc, p. 615. * Macalister. Cat.cil., p. 109. '- Alix cl Graliolet. f.oc. cil., p. 189. 260 VARIATIONS UU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME antérieure de la lèvre externe de la crêle iliaque ; 3" à l'aponévrose du moyen fessier'. Les fibres charnues provenant de ces divers points ont une longueur très variable. D'ordinaire elles se terminent vers le (|uart supérieur ou la moitié de la cuisse, mais je les ai vues se pro- longer jusqu'au niveau du condyle externe du fémur. Ce sont là des modes de conformation dont on trouve lu répétition dans la série animale, et qu'explique le mode de développement de ce faisceau. Connexions plus intimes avec le grand fessier. — (Voy. ce muscle.) Faisceaux surnuméraires. — Le fascia lata reçoit quelquefois un faisceau de renforcement provenant soit [a) du ligament de Poupart, [b) de l'aponévrose abdominale, [c] du ligament ilio-tibial. Anatomie COMPARÉE. — L'intcrprétatiou ([ue n(jus avons donnée des connexions anormales du couturier de l'homme avec l'aponévrose abdo- minale, l'arcade crurale, etc., est applicable au fascia lata qui n'est qu'un faisceau de ce nuiscle. Chez le chien, le chat et la plupart des Carnassiers il présente, du reste, un faisceau surnuméraire antérieur, épais et long, confondu en dedans avec le long adducteur de la jambe et étendu verticalement de l'angle externe de l'ilium à la rotule sur laquelle ce faisceau s'insère par une courte aponévrose. Dans le daman le fascia lata recouvre tout l'ilium, et dans le 'phoque où il naît de la partie inférieure du grand oblique de l'abdomen et du peaucier, il est aussi fortement développé. Selon Duvernoy, chez le chimpanzé ce muscle s'attache supérieurement à tout le tiers externe de l'arcade crurale. QUADRICEPS FÉMORAL Le quadriceps fémoral a été l'objet d'une étude approfondie de la part du D' l^aul Poirier, chef des travaux anatomiques de la Faculté de médecine de Paris '-. Nous y ferons de nombreux emprunts. ' C'est l'insertion qu'indiquent, avec raison, Morcl et Mathias Duval dans leur Manuel A1RE DE LHOMME duligamciiL de Berlin. Plus bas qiiehines uns de ses faisccanx eliai-mis s'attachent sur Je tendon du lioisirnic adducteni' et la cloison intci- miisciilairc interne. M. R. Williams, qui a vu qu(> la face interne du fémur était toujours libre d'insertions musculair(>s et formait une séparation complète entre le vaste interne et le crural, signale encore un petit rameau nerveux qui descend entre les deux muscles, le long du bord interne du fémur, pour se rendre dans les libres les plus inférieures du cru- ral. M. Poirier — et je suis de son avis — pense que ce rameau fort grêle est constant, mais qu'il est quelquefois situé plus en dehors, sur le corps même du crural. Dédoublement en deux couches. — Ce vice de conformation a été observé G fois par le professeur Macalister et 4 fois par moi (3 fois chez l'homme : 2 fois des deux côtés, 1 fois à gauche et 1 fois à droite chez une femme). Le dédoublement complet du vaste interne se rencontre moins communément que celui du vaslr externe. 11 constitue égale- ment une disposition constante dans les Oheanx. Variations des insertions. — Quelques-unes des fibres les plus infé- rieures du vaste interne se réunissent pai'fois pour former un ou plu- sieurs faisceaux qui vont se perdre sur la partie supérieure de la tubé- rosité du tibia. Nous avons noté précédemment qu'Alix et Gratiolet ont signalé une disposition similaire dans le Troglodytes Aubryï. Connexions plus intimes avec le vaste externe et le vaste moyen. — (Voy. le muscle piécédent et le muscle suivant.) Vaste moyen ou crural. Si l'on vient à i-ejeter de chaque côté les corps charnus des muscles précédents, le crural se dégage et apparaît. Sa face antérieure présente une large aponévrose d'insertion : il est facile de décoller avec le doigt cette aponévrose des fibres musculaires du vaste externe; mais cette séparation très facile en haut devient plus difticile en bas, où les deux muscles sont réunis par d'épais faisceaux charnus : en ce point le cru- ral passe sous le bord inférieur du vaste externe pour devenir sous- cutané à la partie inférieure et externe de la cuisse. MUSCLES DE LA CUISSE 271 Le crural s'insère à la partie supérieure de la face antérieure du fémur, à une plus ou moins grande étendue de la face externe, à la moitié inférieure de la lèvre externe de la ligne âpre — la moitié supérieure est réservée au vaste externe — et à la partie correspondante de l'aponévrose intermusculaire externe. Le tendon du crural, né de l'aponévrose antérieure du muscle, est mince et large : un peu au-des- sus de la rotule son bord externe s'unit au feuillet tendineux interne du vaste externe ; son bord interne s'unit bien moins intimement au tendon du vaste interne. Toujours, à moins d'anomalie, on peut suivre le tendon du crural jusqu'à la base de la rotule. Il forme la troisième couche ou couche profonde du tendon rotulicn. Le muscle crural est composé de lamelles musculaires, superposées concentriquement à la diapliyse fémorale. M. Williams, qui a vu ces lamelles nettement séparées à leur insertion, les désigne sous le nom d'arcs cruraux. Variations des insertions. — Le crural peut remonter jusqu'au niveau de la ligne intertrochantérienne comme il peut se fixer en bas, sur la face antérieure du fémur, jusqu'à un pouce et même un demi-pouce au-dessus de l'articulation du genou. Sandifort, Thésaurus Dissertatio- num. Roterodami, J769, p. 249, ,^6.) Anatomie comparée. — Un muscle crural indépendant existe chez le dromadaire^ la kangurou, le daman (Meckel), le chien (EUenberger et Baum), le cliat, le bœuf, le mouton, la chèvre. Dans le lapin et Xq porc il remonte jusqu'au col du fémur et est divisé inférieurement en deux portions (Lesbre). Nous avons dit qu'Alix avait noté l'indépendance complète des trois vastes dans la mouetle et le clievalier, parmi les Oiseaux. « Dans les Chéloniens, dit Lannegràce, ces courtes portions du ti'iceps forment trois muscles bien développés de force à peu près égale. Dans beaucoup de traités d'anatomie humaine, on décrit trois courtes portions du triceps : les vastes externe, interne et moyen. Cette description est légitimée par l'étude des Chéloniens. » Le môme anato- miste ajoute qu'il n'a trouvé ces trois portions qu'à partir des Reptiles '. Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — Nous n'insiste- rons pas sur les connexions du vaste interne avec le vaste externe et ' Lannegràce. Th. cit.. p. 44. 272 VAIUATIONS DU SYSTEME MUSCUEAIUE DE LllOMME le droit anU'rieiii' sur lesquelles nous ne nous sommes déjà que trop appesanti. (Juaul à celles qu'il a avec le sous-ci-ural, nous allons en parler ci-dessous. SOUS CRURAL Syn. : Petil jambier ; M. capsulaire (Mkckei.) ; M. capsulnire interne (Aux et Gratiolet) ; M. lenseii)' de la synovialedu f/enou; Criirœus; Subcrurœus; Subcniralis: M. arlicidarh f/OtU. O muscle a élé décrit pour la première fois par Dupré dans l'ou- vrage Sur les sources de la sijnovie qu'il a publié en UiGO, puis par Albinus (AnnoL Acad., lib. lY, cap v, p. 27) qui l'a considéré avec raison comme un faisceau destiné à empêcher le pincement de la syno- viale entre les surfaces articulaires dans les mouvements d'extension de la jambe, lluber [Acta Helvelica, vol. III, p. 250) l'a retrouvé ensuite. Eu 1861) il a été enfin étudié d'une façon complète par le pro- fesseur Ivulœwsky, de Kasan, qui a consigné le résultat de ses recherches dans les Archives de ReicJierl et Du Bois Reymond\ Absence. — En dix-huit ans je n'ai eu l'occasion do noter que 7 fois et toujours des deux côtés (5 fois chez l'homme et 2 fois chez la femme) le défaut de présence de ce faisceau musculaire. Avec le pro- fesseur Macalister, je crois donc qu'il manque excessivement rarement. Variations des insertions. — Les anatomistes qui se sont occupés du sous-crural avancent qu'il peut naître : [a) de la partie inférieure de la face antérieure du fémur; [b du vaste externe; [c] du vaste interne; [d) du crural. L'adjonction du vaste moyen au vaste externe ou au vaste interne ou à l'un et à l'autre de ces deux muscles pour créer à la région antérieure de la cuisse un muscle triceps explique l'erreur dans laquelle on est tombé touchant les insertions supérieures du tenseur de la synoviale du genou. Ce faisceau musculaire i)ro vient toujours de la face antérieure du fémur à laquelle s'attache le crural ou du crural lui-même dont il est une dépendance, et dont il n'y aurait pas lieu de le séparer, s'il ne s'en distinguait par ses insertions inférieures. Ses libres ne se rendent point, en effet, au tendon plat qui ' lieiclierl. u. Du Bais Reymond's Arch., 1869, p. 410. MUSCLES DE LA CUISSE 273 reçoit les antres fibres du crural : elles se terminent en s'éparpillant soit sur la partie supérieure de la capsule articulaire du genou, le tissu cellulo-graisseux qui la double en dehors ou sur la rotule. Variations de structure. — Le sous-crural est formé habituellement de faisceaux charnus épars dans un tissu cellulo-graisseux. Je ne l'ai vu représenté par une lame musculaire indivise que 12 fois. Il est quelquefois si rudimentaire que, faute d'attention, il pourrait passer inaperçu. Isenflamm, Rosenmiiller et après eux Theile, Platanolf, etc., ont remarqué que les fibres musculaires du sous-crural se répartis- saient le plus souvent en deux faisceaux distincts, parallèles ou diver- gents soit de haut en bas ou de bas en haut, dont l'interne a coutume d'être plus considérable que l'externe. J'ai toujours trouvé le sous- crural des deux côtés. Peut-il être unilatéral? Les auteurs sont muets à cet égard. M. Sabathé m'a montré un sujet sur lequel le sous-crural affectait la forme d'un Y dont la branche d'origine adhérait intimement dans toute son étendue à l'os de la cuisse et dont les deux branches de bifurcation se perdaient insensiblement sur les faces latérales droite et gauche de la séreuse fémoro-tibiale. Lauth et Loder ont rencontré la même disposition. En 1893, un de mes prosecteurs, M. J. Thomas, a disséqué un homme chez lequel le crural droit était constitué par une bandelette musculeuse compacte et le crural gauche par une dizaine de faisceaux séparés. Les tenseurs de la synoviale du genou à 3, 4 et 6 faisceaux sont loin d'être exceptionnels. Kulœwsky en a même vu à 7 et 8 faisceaux. Le professeur Testut « a observé, dans un cas, trois faisceaux distincts, deux obliques et un vertical, se portant sur le cul-de-sac sous-tricipital à la manière de trois rayons convergents ». Kulœwsky a dressé un court tableau des insertions inférieures des faisceaux composant le sous-crural. « Les différentes variétés du muscle sous-crural, dit-il, et particulièrement les variations portant sur son inser- tion terminale, sont en rapport avec le développement plus ou moins considérable du prolongement supérieur de la capsule articulaire. Chez les sujets qui possèdent une capsule faiblement développée, les faisceaux sous-cruraux, prenant naissance en haut, comme d'habitude, se termi- nent en bas, dans le voisinage de la rotule, sur la paroi supérieure de la capsule. Quand, au lieu de deux faisceaux, il en existe quatre, les faisceaux moyens se terminent comme précédemment, tandis que les H. 18 27i VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE UE L'HOMME faisceaux laléraiix viennent se fixer an bord de la rotule. S'il n'existe que deux faisceaux fortement divergents, ils peuvent se terminer éga- lement sur la rotule. Dans d'autres cas, les muscles sous-ci'uraux se terminent uniquement sur la partie ant(''rieuie du cul-de-sac ou bien sur son milieu, ni en avant, ni en arrière. « Chez les sujets oii le culde-sac est plus fortement développé, ce qui s'observe surtout dans l'âge moyen, les muscles sous-cruraux sont représentés par une série de faisceaux au nombre de deux à huit (six le plus souvent), séparés les uns des autres par du tissu cellulaire. S'il n'existe que deux faisceaux, ils se perdent, sous forme de deux bande- lettes fort minces et entourées de graisse, sur la partie postérieure du cul-de-sac ou bien dans le tissu cellulo-graisseux interposé entre le cul -de-sac et le fémur. Existe-t-il (piatre faisceaux, les antérieurs s'insèrent sur la face antérieure du cul-de-sac, les postérieurs sur la face postérieure. » Anatomie coMPAuÉt:. — « Dans plusieurs animaux, observe Meckel, on voit, sous le faisceau moyen de l'extenseur profond (M. crural ou vaste moyen), plusieurs trousseaux de fibres musculaires s'étendre du fémur à la capsule de l'articulation du genou, qu'ils attirent à eux lors de l'extension du membre, afin d'éviter la contusion de celte membrane ; CQsile petit jambier ou. ?miscle capsulaire^ . » Champneys n'a pas trouvé ce muscle dans le Troglodijles nicjer ni dans le Cijnocephalus Anubis. Chez le Troglodytes Aubnji, oii il a été disséqué par Alix et Gratiolet, il revêtait la face interne du fémur dans la partie la plus voisine du condyle et venait se terminer en partie sur le vaste interne, en partie sur la capsule articulaire ". Dans le gorille^ Vorang, le chimpanzé et le gibbon de Hepburn, il provenait du crural. 11 n'y a pas de vestige du muscle capsulaire dans le kangurou, le raton, Vours (Testut, Shepherd . Chez Y hyène et les Sarigues il est, au contraire, d'après Meckel, fort et très distinct. MM. H. Young et A. Robinson n'en font pourtant pas mention dans leur mémoire sur l'anatomie ^cVHyœna striata ^ Enfin chez le chat, où. il a été mis à nu par Slrauss-Durckheim, il se fixe « tout autour de la partie supérieure de la rotule ; les fibres char- nues latérales descendant sur la capsule jusqu'aux tubérosités du fémur et quelquefois même jusqu'au tibia ». ' Meckel. Anal. co)iip., t. VI, p. 403 et 404. - Alix et Gratiolet. Loc. cit., p. 486. ^ îl. Young et A. Robinson. Jourii. of anal, and phys., cit. p. 196, 1889. MUSCLES DE LA CUISSE 275 RÉGION POSTÉRIEURE BICEPS Absence de la courte portion. — Le défaut do préseuce de la courte portion du biceps a été constaté par Otto, Meckel, Henle, Tbeile, Budge', Macalisler, Knott, etc. En 1889, j'ai cberché envahi aussi, sur les deux cuisses d'une femme, cette branche fémorale du fléchis- seur externe de la jambe. Anatomie comparée. — Le fléchisseur externe ou fémoral de la jambe n'a pas de chef fémoral chez la plupart des Mammifères au-dessus des Anthropoïdes. « A part le coaïta et les Hurleurs, dans tous les autres 5mye5 que j'ai disséqués, je ne lui ai trouvé qu'une tète ischiale, » dit Meckel. Celle assertion générale de Meckel a été confirmée depuis par les recherches de Churcli sur le cebus et Ylnuus /lemestrl/ius, de Champneys sur le Cj/nocephaius Aniibis, de Bischoff sur le Cynocepha- lus maïmon, le Piihecia hirsuta ^ le Macacus cijnomologus, V Hapale penicillata, etc. La branche fémorale du biceps de l'homme" manque encore dans la girafe (Lavocat), le chien (W. EUenberger, H. Baum, Girard), le chat Strauss-Durckheim , le lapin, le porc, le bœuf, le mouton, la chèvre, Vân€,\Q cheval, \q dromadaire (Arloing et Chauveau, Lcsbre), le Dasypus sexcinclus,V Orycteropus Capensis (Gallon), etc. Indépendance complète ou incomplète de la longue et de la courte portion. — Dans un cas signalé par Macalister ces deux portions entièrement indépendantes étaient insérées à la tète du péroné par deux tendons sépares l'un de l'autre par le ligament latéral externe de ' Budge. Renie u. P feu fer, vol. X, p. 128. ' En parlant de ce muscle, Diemerbroeck s'exprime ainsi : » Le hlceps, qui vient de l'ischion, se porte le long de la partie extérieure de la cuisse, vers le milieu de laquelle ou environ, il reçoit comme une masse de chair, presque semblable à un muscle (ce qui a fait dire à quelques-uns que la seconde tête vient du milieu de la cuisse) ; mais, selon la remarque de Bauhin, cela arrive véritablement dans l'homme mais non pas dans les Sin/jes ; ainsi, descendant plus bas, il va s'implanter par im tendon considérable dans le péroné. » 276 VAllIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME rarticiiliilion du goiiou. Je n'ai pas renconlro colle disposilion, mais j'ai vu une fois à gauche chez un homme les deux branches du biceps divisées jusqu'à un travers de doigt au-dessus de ki tète du péroné. Anaïomie comparée. — Dans Vaï, le fourmUier^ le biceps crural est composé de deux muscles entièrement distincts. Il en est de même chez le gorille (Duvernoy, Hepburn, Deniker, etc.), chez Vorang (Bis- chofî, Hepburn) et chez le gibbon (Deniker). Chez le gibbonXa docteur Hepburn avance toutefois que quelques fibres musculaires se portent du chef fémoral sur le tendon terminal du chef ischiatique. Dans le c/ïi/npanzé les deux chefs ne sont d'ordinnire que partielle- ment fusionnés. Les faisceaux antérieurs de la courte portion du biceps se terminaient seuls sur le tendon de la longue portion dans le cliim- /j«Mze disséqué parTeslut. Les tendons des deux branches du biceps du Troglodytes nigcr que Ghampneys a eu en sa possession se croisaient sans se confondre entièrement. Dans le Troglodytes Aiibryï d'Alix et Graliolet le mode de conformation se rapprochait de celui observé par M. Testut. Dans le chimpanzé àa Hepburn le chef ischiatique et le chef tibial étaient absolument indépendants. Il est digne d'intérêt de remar- quer que la séparation primitive des deux portions du iléchisseur péronéal du chimpanzé est nettement indiquée par leur mode d'in- nervation différente de celui du biceps de l'homme. Tandis que, dans l'espèce humaine, le tronc du nerf sciatique fournit directement des filets sépares pour le grand adducteur, le demi-tendi- neux, le demi-membraneux, et les deux têtes du biceps, dans le chim- panzé un rameau détaché du tronc du nerf sciatique, immédiatement au-dessous de la grande échancrure sciatique, fournit deux branches collatérales : une pour l'extrémité supérieure du demi-tendineux, une pour le tiers supérieur de la longue portion du biceps et des branches terminales pour la portion proximalc du grand adducteur, lu por- tion externe ou distale de ce même muscle, la portion moyenne du demi-tendineux et le demi-membraneux. Quant à la courte portion du biceps elle est innervée par deux filets émanant du tronc du grand nerf sciatique, vers le milieu de la cuisse'. De l'absence de la courte tête du biceps, crural dans le cebns, Ylnuiis nemestrinus, le Cynoce- phalus Anubis , etc., de l'indépendance complète des deux têtes dans le gorille et Vorang et dans le gibbon, de l'union partielle des tendons * Cette disposition, sur laquelle Ghampneys a insisté, n'a pas été signalée par Alix et Gratiolet dans le Trorjlodyles Aubrij'i. MUSCLES DE LA CUISSE 277 terminaux dans le chimpanzé, mais de l'innervation différente des deux corps charnus auxquels ils font suite (intégration du nerf scia- lique des anatomistes anglais), et de la fusion totale des deux tendons dans riiomme, quelques naturalistes ont conclu que le chimpanzé est celui des Primates qui, au point de vue myologique, se rapproche le plus de l'homme. Observons qu'à l'état normal l'indépendance des deux portions du biceps est indiquée chez l'homme par la bifidité inférieure du tendon commun dont la branche antérieure se porte en avant du ligament latéral externe et la branche postérieure en arrière de ce ligament. Rappelons de plus que, pourM. Lavocat, la portion inférieure du biceps est chez l'homme un reliquat d'un muscle particulier, du muscle crural externe dont la partie supérieure est devenue aponévrotique (voy. M. grand fessier), que pour Lannegrâce la longue portion est aussi un muscle spécial, l'iléo-péronéal transformé des Reptiles. Division de la courte portion en plusieurs fascicules. — Cette ano- malie est notée sans détail par M. Macalister. En 1890, un de mes élèves, M. Normand, aujourd'hui médecin militaire, a disséqué une femme dont la courte portion des biceps droit et gauche était divisée en deux lames entièrement indépendantes jusqu'à un travers de doigt au-dessus du tendon commun. Anatomie comparée. — Dans le Troglodytes Aubryï la courte por- tion du biceps était formée de deux plans musculaires unis par leur bord antérieur. Ces deux plans s'inséraient simultanément sur la moitié inférieure du fémur. En bas ils avaient des attaches fort distinctes. Les fibres du plan antérieur et celles du plan postérieur qui leur faisaient face se terminaient avec le tendon de la longue portion sur le péroné et sur le tibia. Quant aux fibres postérieures du plan postérieur, elles se perdaient dans l'aponévrose jambière pos- térieure '. (( Chez mon chimpanzé, dit M. Testut, les faisceaux inférieurs ou postérieurs do la courte portion se séparaient nettement des autres faisceaux placés en avant. » Variations des insertions inférieures. — Pour moi comme pour 1 Nous omettons ici volontairement les lames aponévrotiques d'insertion à la tubérosité externe du tibia et à Taponévrose jambière dont nous aurons à traiter plus loin. Voy. Alix et Gratiolet. 4'<«/- <'« Troyloclytes Aubnj'i, cit. p. 188. 278 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIIIE DE L'HOMME Theil(>, Cruvcilhier, Leidy, etc., le biceps fémoral se termine par un tendon large, fort et épais, qui se fixe à la partie externe de l'articiila- tion du genou et diiqucd émane nn cordon qui se perd sur la tnbéro- sité externe du til>ia, cl iiiic expansion fibreuse qui se confond insensi- blement avec l'aponévrose jambière. Souvent un ou plusieurs tractus musculenx se substituent à l'apo- névrose détachée de la branche postérieure du tendon, qui prolonge la longue portion vers lecalcanéum. Kelly a disséqué deux bandelettes de ce genre dont l'une s'épanouis- sait sur l'aponévrose jambière, derrière le condyle externe du tibia et l'autre sur la partie moyenne de la face interne de cette môme apo- névrose. Le professeur Nicolas, de Nancy, a vu une lame musculeuse longue de 0",15 se détacher de la partie moyenne du bord interne du biceps pour se jeter sur l'extrémité supérieure du bord inlerne du jumeau interne*. Otto {Path. anai. soutlis Iransact., p. 244) et K(dch [Bei- tràcje , p. 42) ont rencontré chacun un faisceau qui se portait sur le tendon d'Achille et par son intermédiaire sur le calcanéum. Trois autres faisceaux de même nature ont été décrits sous les noms de miisculi tcnsores fasciœ suralis par le professeur W. Gruber dans ses Beobachtimgen aus der menschl. tindvergleich. Anatomie (II. Heft, p. 36, 58, Berlin, 1879). Le premier faisceau, unilatéral, détaché de la face anté- rieure de la longue portion du biceps, du côté droit, venait renforcer le tendon des jumeaux. Le second, bilatéral, émanait, à droite, de la longue portion du biceps et allait rejoindre le tendon d'Achille et, à gauche, provenait à la fois de la longue portion du biceps et de l'apo- névrose poplitée et se jetait sur l'extrémité inférieure du jumeau interne. Le troisième, également bilatéral, avait une disposition beau- coup plus compliquée. A droite, il gagnait le tendon d'Achille mais était composé de deux corps charnus réunis, dans le creux poplité, par un tendon; à gauche il était renforcé par un trousseau de fibres détachées du demi-tendineux au niveau del'intersection tendineuse qu'il présente. En 1891, dans le Journal of analomy and j^hysiology, M. Hal- liburton a appelé l'attention sur une bandelette musculeuse d'une contexture encore plus bizarre. Cette bandelette naissait aussi de l;i longue portion du biceps mais devenait tendineuse dans le creux du jarret oii elle fournissait une expansion fibreuse à la tète du péroné et * Prenant. Bulletins de la Société des sciences de Xancij, 1891, et tirage ;ï j^art, p. 19. MUSCLES DE LA CUISSE 279 à raponévrosc jambière, redevenait ensuite cliarniie, puis tendineuse pour gagner le tendon d'Achille. On peut regarder, enfin, comme une variété de la bandelette musculeuse ci-dessus, le faisceau bifide décrit par M. Tiirner, en 1872, sous le nom de tensur fasciœ popli- tealis^ Ce faisceau qui se fixait en bas sur raponévrose poplitée dont il semblait être le tenseur avait pour origine deux chefs musculaires dont l'un continuait la longue portion du biceps et dont l'autre parlait de la ligne âpre. Un faisceau non moins singulier a été trouvé ulté- rieurement par M. ïurner : il naissait de la portion fémorale du biceps et, situé plus superficiellement que le nerf sciatique, gagnait le creux du jarret, s'cngageant entre les deux jumeaux, et se prolongeant en un tendon grêle, qui peu à peu se fusionnait avec le tendon d'Achille-. J'ai disséqué 3 fois : 2 fois chez l'homme (1 fois des deux côtés et 1 fois à droite) et 1 fois chez la femme, à gauche seulement, le fais- ceau ischio-jambier de la longue portion du biceps. Sauf chez l'homme où il n'existait qu'à gauche et allait rejoindre le tendon d'Achille, à 2 centimètres au-dessus du calcanéum, chez tous les autres sujets il venait se terminer plus ou moins bas sur l'aponévrose jambière. En février 1896, il a été signalé encore par M. A. Bovero {Giornale délia reale accadein'ia di medicina di Torino). Anatomie co-mparée. — ^Y. Gruber prétend : 1° qu'il a décrit le pre- mier cette malformation ; 2' que cette malformation ne correspond à aucune disposition animale. A la première de ces affirmations nous opposerons que les recher- ches de Gruber sur cette question datent de 1853 et que celles de Otto et de Kelch sont antérieures à 1814. Quant à la seconde, nous avouons que nous ne comprenons pas comment elle a pu être émise par le savant anatomiste russe. Le biceps crural atteint la région jambière dans un grand nombre d'espèces animales. « La longue portion du biceps est remarquable à bien des points de vue, observe Lannegràce^ Ce n'est que dans les Mammifères et les Oiseaux que ce muscle est fléchisseur, comme le veulent ses insertions sur la tubérosité de l'ischion, d'une part et sur la tète du péroné, d'autre part. Toutefois, si l'on étudie avec attention son insertion inférieure, on voit que son tendon terminal fournit une ' Turner. Joi/rn. of anal . and phys.^ mai 1872, p. 442. ■^ Turner. Joiirn. of aiiaf. and plvjs., \o\. XIX. p. 111, 1885. ' Lannegràce. Th. cit., p. 35. 280 VARIATIONS DU SYSTKME MUSCULAIRE DE L'HOMME expansion fibreuse à la lubérosilé externe du tibia et à l'aponévrose antérieure de la jambe. Ce n'est que par cette expansion qu'il se rattache, chez l'homme, à la face dorsale, et nous rappelle le muscle iléo-péronéal extenseur des AmpJtibiois et des Reptiles qui lui est analogue. » Le prolongement de la longue portion du biceps de l'homme sur la jambe « rappelle, dit M. Macalister, l'insertion normale du biceps chez les animaux des ordres inférieurs, chez le lion, par exemple' ». L'exemple du professeur Macalister est bien choisi. C'est, sans conteste, dans les Carnassiers, le chat^ Votirs, Y hyène (Meckel), le chien (W. Ellenberger et H. Baum) que le biceps descend le plus bas et reproduit le plus exactement les modes de conformation bizarres de la longue portion de ce muscle, constatés chez l'homme par Otto, Kelch, Gruber, MM. Halliburton, Bovero, Kelly, Nicolas, Turnor, etc. Le biceps descend également plus ou moins bas le long de la jambe en se fixant soit à l'aponévrose jambière, soit au péroné dans le porc- épic, la marmotle, le lièvre, le cabiai, le fourtnilier, Vaï (Meckel), Véchichié, V ornithorynque (Lannegrâce), le coati, le raton, la loutre, le îwala (Young), YOryctérope du Cap (Gallon), Y amardillo (Hum- phry), les Solipèdes, le chimpanzé d'Aubry (Alix et Gratiolet), etc. Borelli a enseigné que la longueur de la fibre rouge d'un muscle est proportionnelle à l'étendue du mouvement qu'elle est apte à pro- duire. Cette distinction entre la longueur de la fibre contractile rouge et la fibre blanche inerte du tendon sur laquelle M. le professeur Marey s'est appuyé pour expliquer la nature entièrement musculeuse du couturier, lui a servi aussi pour expliquer les divers modes de conformation de l'extrémité inférieure du biceps dans la série animale (voy. plus loin Considérations générales sur les variations du système miisculaire de l'homme). Faisceaux surnuméraires et connexions plus intimes avec les mus- cles voisins. — Les faisceaux anormaux qui renforcent le biceps sont de deux ordres : les uns émanent des parties molles ou dures du bassin et vont rejoindre la longue portion; les autres proviennent des parties molles ou dures de la région postérieure de la cuisse et vont se perdre dans la courte portion. Nous allons les étudier successi- vement. 'Macalister. CaU. cit.,ip. 117. MUSCLES DE LA CUISSE 281 I. Faisceaux pelviens. — Ils peiivont se détacher soit : a) Du coccyx (l cas observé par M. Testut chez un nègre, et par moi (des deux côtés, chez une Angolaise) ; 'fi) Du sacrum (Macalister) ; y' Du grand ligament sacro-sciatiquc (1 cas personnel, à droite, chez un homme) ; o) De la tubérosilé de l'ischion (Sœmmerring, p. 27G : Ganlzer, op. cit., p. 15, et Blandin, op. cit., p. o24) ; e) De la face profonde du grand fessier, à quelques centimètres de ses insertions iliaques (Wood). De tous les faisceaux pelviens énumérés ci-dessus, celui que l'on rencontre le plus communément c'est celui qui se fixe à l'ischion. Mes élèves ou moi l'avons disséqué o fois : 3 fois chez la femme et tou- jours des deux côtés; 2 fois chez l'homme : 1 fois des deux côtés, 1 fois à droite seulement. Un de mes prosecteurs, M. Jacques Thomas, a appelé, le 8 février 1893, mon attention sur une anomalie bilaté- rale très curieuse qu'il venait de trouver'. 11 s'agissait d'une lame musculeuse située à la partie postérieure de ta cuisse, en arrière de la longue portion du biceps dont elle était entièrement indépendante. Triangulaire et assez épaisse au niveau de la tubérosité de l'ischion sur laquelle elle s^insérait, à côté et en arrière de la longue portion du biceps, cette lame s'amincissait progressivement, de telle sorte qu'à sa terminaison elle n'était plus représentée que par quelques fibres pâles qui se perdaient sur la partie postérieure et le bord externe du tendon d'Achille. J'ai fait mouler cette pièce intéressante dont j'ai observé un nouveau spécimen en 4894. Dans ce second cas, les fibres ne dépassaient pas toutefois le creux poplité. Je propose de nommer ce faisceau, sur lequel la littérature anatomique est muette, muscle acces- soire de la longue portion du biceps crural. II. Faisceaux cruraux. — Ils peuvent naître : a) Du fascia lala dans le voisinage de l'extrémité supérieure de la ligne âpre (Henle) ; (i) De la ligne rugueuse qui réunit le grand trochanter à la ligne âpre {Gmcominï, A?inota:ioni sopra l'anatomia del negro, 1882, p. 49). y) De l'extrémité supérieure de la ligne âpre (Gruber, Archiv. de Meckel, t. V), 1 cas personnel, à droite, chez une femme; ' Le Double. Bibliorjrup/iie anatomique, 1896. 282 VAHIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME o) Des jiimojmx ol du condylc oxlerne du fémur (Grubcr, Arch. de Millier, 1848, p. 30) ; a) Du grand adduclour (Macalislcr) ; '.) Du vaste externe (JMacalisler) ; 1 cas personnel, des deux cùlés chez un homme. Nous passerons sous silence les faisceaux d'union entre le biceps et le demi-tendineux dont nous traiterons plus loin. Anatomie comparée. — Le biceps crural est nn des rares muscles qui méritent, anssi bien en anatomie comparée qu'en analomie humaine, le nom sous lequel ils sont désignés. Dans les espèces animales où la courte portion fémorale de l'homme fait défaut il a presque loujoui's deux tôtes : une tète ischiatique et une tôte coccygienne. Pour bien comprendre la réapparition des faisceaux coccygiens et des autres faisceaux surnuméraires pelviens de la longue portion du biceps chez l'homme, il est nécessaire de connaître exactement la position et les attaches de cette longue portion dans les Vertébrés inférieure. L'anatomie comparée démontre que la longue portion du biceps n'est pas au bas de l'échelle des Vertébrés un muscle ischiatique, mais un muscle iliaque. Dans Vaxolotl, la sala^nandre [UrodèU'), la f/renoinlle {anoure) , la tortue de terre [chélonien), le lézard vert [lacer tilierî), elle se fixe, d'une part, sur le bord postérieur de l'ilium et, d'autre part, sur un point dissemblable du tiers supérieur du péroné. D'après Sabatier, « le flé- chisseur péronier a chez les Chamœléonides, les Crocodiliens et même chez les Oiseaux la forme d'un triangle isocèle dont la base s'insère au-dessus de la crête supérieure de l'ilion postérieur et parfois en avant, jusqu'à la portion commune des deux liions ». A partir de l'ordre des Ornithodelphes il devient ischiatique. L'ischio-péronéal de Yéchidné s'attache à la partie postérieure de l'ischion et celui de Vornithc- rynque au tubercule terminal de cette tubérosité. Dans la girafe il se fixe encore, par une aponévrose, à la crête iliaque, ainsi qu'à l'épine sus-sacrée, jusqu'à la pointe de l'ischium, oii il s'implante fortement (Lavocat). « Je m'étais toujours demandé pourquoi, dit Lannegrâce\ le biceps était le seul muscle ischiatique qui se dirigeât du coté externe de la jambe. L'anatomie comparée m'a démontré que le biceps n'est pas primi- ' Lannegràce. Tli. ci/., p. 30. MUSCLES Dl-: LA CUISSE 283 tivement un muscle ischiatiquc ; qu'il est iliaque au début; que, dans les Vertébrés inférieurs, il est très éloigné du domi-membraneux et appar- tient au groupe des muscles extenseurs. Il constitue Tiléo-péronéal extenseur dos Amphibiens et des Reptiles qui se détaclic du bord pos- térieur de l'iléon. Dans les Oiseaux ce muscle provient de la crête iscliiatique, et cette nouvelle situation fait déjà pressentir qu'il va, chez les Mammifères, passer sur l'ischion... Le biceps des 3/rt???m/'/'ère.s est le dernier venu sur la tubérosité de l'ischion, ce qui explique pour- quoi il est aussi le plus superficiel. « On sait que chez l'homme, le grand ligament sacro-scialique comprend les fibres qui relient l'épine iliaque postérieure à l'ischion, et qu'on pourrait considérer ces fibres comme le vestige de la porlion du biceps qui était primitivement comprise entre l'ischion et l'ilium. » Nous avons écrit il y a un instant que le biceps qui, au-dessous de l'ordre des Primates, était dépourvu de chef fémoral, méritait encore son nom parce que ce chef crural était remplacé par un autre chef provenant de la colonne sacro-coccygienne. Ce chef coccygien a élé signalé par ^[eckel, dans le lapin, les cabiais, le kanguroii, le coati, le raton; par Meckel et Humphrydans \q phoque ;])^v^{Q(ikQ\, M. Young et M. Robinson dans Y hyène striée; par Strauss-Durckheim dans le chat ; par MM. Mûrie et Mivart dans le tapir; par M. Young dans la civette ; etc. Ce chef coccygien du biceps est au point de vue de l'anatomie phi- losophique l'homologue d'un des agitatores candœ des Vertébrés infé- rieurs (le caudo-crurat) qui s'est soudé au long chef du biceps comme il se soude au demi-tendineux ou au demi-membraneux (voy. M. du périnée). Lannegrâcc avance qu'on peut i-egarder comme le « vestige de la por- tion du biceps qui était primilivement comprise entre l'ischion et l'ilion les fibres du grand ligament sacro-sciatiquc qui relient l'épine iliaque postérieure à l'ischion ». M. Krause professe, d'autre part, depuis de longues années que ce ligament est un « vestige de l'origine caudale primitive du biceps ». A mon avis, M. Teslut a été bien inspiré en adoptant ici une opinion mixte. « Au total : 1° le muscle biceps des Primates privés de queue (homme et Anthropoïdes) comprend dans sa masse, dit M. Testut', abstraction faite de sa courte portion, deux ordres de faisceaux intimement, fusionnés : des faisceaux primitive- ' Testut Trait, des anom. musc, p. 633. 2Si VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME ment insères sur la portion postérieure de l'ilion (/. iliaques), des faisceaux primitivement insérés sur les vertèbres caudales ou coccyx (/. caudaux ou coccygiejis) ; 2° ces faisceaux prennent maintenant leur insertion sur la tubérosité ischiatique ; leur portion initiale, celle qui s'étend de l'iscbion à leur surface d'origine réelle, a disparu en tant que muscle; mais elle est encore représentée par un organe fibreux : le ligament sacro-scialique. La portion supérieure de ce ligament est h' vestige des faisceaux iliaques ; la portion inférieure représente les fais- ceaux coccygiens. Le ligament dans son ensemble peut être considéré comme le tendon d'insertion supérieure de la longue portion du biceps. » L'accessoire de la longue portion du biceps a , comme nous l'avons indiqué dans notre mémoire sur dix muscles nouveaux chez riiomme (Bibliographie anatomique, juillet 1896), des homologues dans la série animale. Dans le c/iien^ le lléchissour externe de la jambe s'insère en haut sur le ligament sacro-sciatique et sacro-épineux, ainsi que sur la tubérosité de l'ischion, par un chef très fort ; puis par un chef plus grêle, sur cette môme tubérosité, mais en dedans du long chef. Ce sont ces chefs qui bientôt réunis constituent tout le muscle. Le biceps crural du Dasijpus sexcinctus est composé de deux fais- ceaux qui naissent l'un à coté de l'autre de l'ischion et demeurent distincts dans toute leur longueur. L'antérieur se termine sur l'apo- névrose jambière au niveau du calcanéum après avoir fourni un trous- seau de fibres qui s'éparpillent en dehors, sur cette aponévrose jus- qu'à l'inserlion du fascia lata. Le postérieur, intimement uni à son point de départ au grand fessier, croise le précédent et se perd sur la gaine du jumeau externe ^. Dans Y Atlas danatomie comparée de Cuvier et Laurillard on peut voir, sur une des planches réservées à la myologie de la loutre, le dessin d'un muscle grêle qui se rapproche beaucoup de la tète ischia- tique postérieure indépendante du biceps du Dasypus sexcinctus. Recou- vert par le grand fessier et le moyen fessier du bord antérieur duquel il surgit, ce muscle constitue un faisceau accessoire du fléchisseur péronier qui « au lieu de s'épanouir sur l'aponévrose jambière, comme le biceps, se réunit au gastrocnémien externe et contribue à former le tendon d'Achille'^ ». * \V. Ellenbeiger et IL Baum. Loc cit., p. 24i. * Galton. Oti Dasypus sexcinctus, cit. p. 554. ^ Cuvier et Laurillard. Anal, comp., pL CX, fig. I. MUSCLES DE LA CUISSE 285 Une bandcleltc identique est représentée par les mêmes auteurs dans les planches d'anatomie de \ hyène et notée « comme un mince et large ruban musculaii'e qui descend tout le long de la cuisse et va se fixer vers le milieu de la jambe sur le fléchisseur du pouce ^ ». En ce qui a trait aux faisceaux cruraux qui vont renforcer la courte portion du biceps, nous serons aussi concis que possible. Cotte courte portion est plus ou moins large dans les espèces animales où elle existe; autrement dit, se fixe à la ligne âpre dans une étendue variable. Chez Vaï et le pangolin, elle est reliée au grand trochanter par des trous- seaux de fibres détachées de la partie supérieure de la ligne âpre et chez le chimpanzé elle peut descendre jusqu'au condyle interne. Enfin le fléchisseur péronéal ou son accessoire sont normalement unis, dans Vaï^ Yiinau ( Ilumphry}, les Ruminants, les Soiipèdc.s (Meckel), etc., au demi-tendineux et dans le Dastypiis sexcinctus, aux jumeaux. DEMI-TENDINEUX Indépendance du demi-tendineux et de la longue portion du biceps à leur naissance. — L'indépendance complète du demi-tendineux et de la longue porlion du biceps à leur origine à l'ischion a été signalée par Macalister, Gruber, Lannegràce, etc. Je l'ai observée deux fois^. La bourse séreuse décrite par J. Gloquet entre les tendons supérieurs du demi-tendineux et du demi-membraneux est assez rare. Le pro- fesseur Macalister pense qu'elle existe seulement 1 fois sur 30 sujets. Si je m'en réfère à mes propres recherches, cette proportion serait encore exagérée. ÂNATOMiE coMPAUÉE. — L'aiiomalie en cause est expliquée par ce que nous avons écrit plus haut. A savoir : 1° Que la longue portion du biceps n'est pas primitivement un muscle ischiatique ; 2° Que dans les Vertébrés inférieurs elle est très éloignée du demi- tendineux et du demi-membraneux; 3° Qu'elle ne se rapproche qu'insensiblement du demi-tendineux avec lequel elle finit par se confondre en haut. ' Olivier et L.uirill.ird. Anal, cump., pi, CCCXXXL * Le Double. Dicl. encijclop. des sciences médicales, art. Demi-tendineux. 286 VAIUATIO.NS DU SYSTÈME MUSCULAIl{li DE L'HOMME Variations de l'intersection aponévro tique. — L'inlersecLion aponc- vroliqiie qui coupe la partie moyenne du corps charnu est très variable. Ordinairement elle a la largeur du petit doigt et est dirigée oblique- ment de haut en bas et de dedans en dehors. Elle me paraît à peu près constante. Quelquefois elle est traversée sur ses bords ou dans son milieu par des trousseaux musculeux. Assez fréquemment elle est double (^Sojmmerriug ; 5 cas personnels : 3 cas chez l'homme, 1 cas des deux côtés, 1 cas à droite et 1 cas à gauche; 2 cas chez la femme et toujours des deux cotés). Anaïomie comparée. — Le docteur Hepburn a noté la présence d'une intersection aponévro tique dans le corps du demi-tendineux du gib- bon, de Yorang et du chimjmnzé et M. Macalistcr dans le corps du demi- tendineux du chimpanzé. Cette intersection n'existait pas chez le Troglodytes niger de M. Champ- neys. M. Humphry ne l'a pas rencontrée davantage dans le ci/clochwus, ni dans le manis. Comme nous l'avons exposé en traitant des muscles du périnée, l'intersection du demi-lendineux de l'homme indiquerait, au dire du professeur Humphry, le lieu où le caudo-pédal et le cruro- pédal confondusdans les Vertébrés inférieursYiennent s'unira Vadducto- flexor mass du membre postérieur et plus particulièrement à la por- tion de cette lame musculeuse de laquelle dérive le demi-tendineux. Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — Le professeur Teslut a vu du côté droit, sur un sujet adulte, le tendon du demi-ten- dineux se confondre à 2 centimètres au-dessus du condyle interne avec le tendon terminal normal du demi-membraneux. J'ai disséqué, chez un nègre d'origine indéterminée, à droite et à gauche, une languette rougeâtre, épaisse comme le petit doigt, qui reliait le demi-membraneux à la portion du demi-tendineux située au- dessous de son intersection. Sur un homme de quarante-cinq ans, mort de phtisie, j'ai vu aussi luie expansion musculaire, large de 2 cent. 4/2 environ étendue trans- versalement de la portion moyenne de la courte portion du biceps vers le tiers inférieur du bord externe du demi-tendineux. M. Frœlich a trouvé de même un faisceau contractile, long de iO centimètres, large de 3 à 4 centimètres, qui se portait obliquement de dehors en dedans et de haut en bas, du biceps sur le demi-tendi- neux, vers la partie moyenne de la jambe '. ' Frœlich la Preiiaut. Loc. cit. suprà, p. 17. MUSCLES DE LA CUISSE 287 Il résulte d'une observation de M. Max Flesch que la longue portion du biceps peut fournir (à la rencontre du premier quart et du deuxième quart à partir de l'ischion) un faisceau de renforcement au demi-tendineux. « Le muscle demi-tendineux, a écrit d'autre part Gru- ber, reçoit quelquefois, après sa séparation du long chef du biceps de la cuisse, un faisceau charnu de ce dernier muscle. J'ai observé un nombre notable de cas de cetle anomalie, etc. '. » Anaïomie comparée. — Pour Humphry cl Lannegràce, le demi-ten- dineux, le demi-membraneux et le droit interne de l'homme sont représentés dans les Vertèbres inférieurs par un seul corps charnu, « le muscle long fléchisseur et adducteur de la jambe ». Chez les Chéiroptères, Cuvier ne reconnaît pas le demi- tendineux comme un muscle distinct. Dans le genre pteropus que Cuvier a plus spécialement étudié, le droit interne (demi-tendineux, d'après Blanchard) se réunit, en effet, au demi-membraneux (biceps, d'après Blanchard). Dans Y ai les deux fléchisseurs tibiaux sont confondus depuis leur origine ischia- lique jusqu'au milieu de la cuisse, et, dans le katif/urou, depuis le milieu de la cuisse jusqu'à leur terminaison au tibia. Dans le castor la fusion des deux muscles est complète (Meckel). Variations des insertions inférieures. — La branche inférieure du tendon terminal du couturier ne recouvre pas toujours la branche supérieure du tendon du droit interne; la branche inférieure du tendon du droit interne ne recouvre pas toujours non plus la branche supérieure du tendon du demi-tendineux comme le prétend M. Bel- lini". Les tractus fibreux qui se détachent du tendon terminal et qui sont signalés par ïheile, EUis, Sappey, peuvent être remplacés par des tractus musculeux. Deux cas de ce genre ont été observés par le professeur Wenzel Gruber. Dans le premier le faisceau accessoire était charnu à sa partie moyenne et tendineux à ses deux extrémités; dans le second il était charnu dans toute son étendue ». Le professeur Testut a mis à nu un faisceau analogue, mais qui était charnu à son origine et tendineux à sa terminaison. ' Gruber. Analomiaclie Xotizen, Virch. Arcli., Bd. CIII, 1886. ' Belliai. Bull, de la Soc. anal., 1892, t. VI, p. 463-4Gi. ^ W. Gruber. Bullelms de l'Académie des sciences de Sainl-Pélershouro, 1872 col 290 et ibid, 1873, coL 18L 288 VAHIATIONS DU SYSTEMi: MUSCULAIIŒ DE L'HOMME Eli 1802, j'ai disséqué, clicz une femme, une bandelelle musculaire bilatérale en forme de V dont le sommet se détachait du tendon du demi-tendineux, au niveau du point de réllexion de ce tendon derrière le condyle interne du fémur, et dont les deux branches se terminaient sur la face interne de l'aponévrose jambière, l'antérieure à 8 centi- mètres, la postérieure à G centimètres au-dessus de l'articulation tibio- tarsienne. Anatomie comparée. — Les fléchisseurs tibiaux de la jambe se pro- longent, comme les fléchisseurs péroniers, bien au delà du genou dans un grand nombre d'espèces, dans YOryctérope du Cap^ le Tatou à six bandes (Galton), le kangurou, le chien, les Solipèdes, les Ruminants (Meckel), le C///iocep/iale Anubis (Champneys). Dans les Anthropoïdes « les muscles grêle et demi- tendineux descendent également assez bas » ^^Hartmann, Macalister, Champneys, Alix et Graliolet). Chez les Anthropoïdes disséqués par le docteur Hcpburn le demi-tendineux s'étendait inférieurement plus loin dans le gibbon, Yorang et le chim- panzé que dans le gorille. Chez le chimpanzé disséqué par Vrolik, le muscle en question avait les mêmes limites inférieures que dans l'espèce humaine. Il y a longtemps déjà, au surplus, que Cuvier a observé que « chez tous les Mammifères le demi-tendineux et le demi-membraneux se terminent par une expansion aponévrotique qui descend beaucoup plus loin sur la jambe que chez l'homme, et que cette disposition en rapport avec la demi-flexion des genoux des animaux est incompatible avec la station debout, mais que la transition entre la station quadru- pède et la station bipède est nettement marquée par l'ascension pro- gressive des fléchisseurs du jarret » . Le professeur Rolleston déclare que chez les jeunes enfants il est facile de constater que le demi-tendineux et le demi-membraneux s'attachent plus bas : « A most significanl fact, » conclut Champneys'. M. le professeur Marey, qui a expliqué les transformations du cou- turier et du fléchisseur péronéal dans la série animale, par l'harmonie qui existe entre la fonction et l'organe, a intei'prété de même les transformations des fléchisseurs tibiaux^ (voy. plus loin, Considérations générales sur les variations du système musculaire de lliomme). ' Champneys. Journ. of anal, and phys., cit., 2" sér., n" IX, J871, p. 195. * Marey. La Machine animale, cit. p. 79, 80, 81. MUSCLES DE LA CUISSE 28y Faisceaux surnuméraires. — Les faisceaux de renforcement du demi-tendineux proviennent du bassin ou de la cuisse comme ceux du lléchisseur péronier. I. Faisceaux pelviens. — Quelques-unes des fibres de la lame muscu- leuse coccy-bicipitale, disséquée sur un nègre par M. Testut « se jetaient dans le demi-tendineux, constituant, pour ce muscle, un fais- ceau d'origine surnuméraire coccygien ». Un second chef musculaire naissant de l'ischion, à une petite distance du tendon supérieur d'ori- gine du muscle normal, rejoint souvent le demi-tendineux au niveau de l'intersection aponévrotique. M. Macalister a trouvé, et j'ai trouvé moi-même, une fois, des deux côtés, sur une femme, un faisceau surnuméraire attaché, dune part, au grand ligament sacro-sciatique et, d'autre part, à l'intersection aponévrotique. II. Faisceau crural. — Dans un cas observé par Luschka, un faisceau charnu provenant de la ligne âpre du fémur, entre les insertions du grand adducteur et celles de la courte portion du biceps, au-dessous du demi-tendineux, se divisait, au niveau du condyle interne, en deux languettes dont l'une se perdait sur le périoste de ce condyle et l'autre sur la paroi postérieure de l'articulation fémoro-tibiale '. Anatomie co.mparéel — Le demi-tendineux a deux têtes d'origine, une tête coccygiennc et une tête ischiatique dans les Solipèdes, le daman, les Ruminants., les Sarigues., le fourmiller ., la marmotte., etc. Chez ce dernier animal le premier ventre se joint au second ventre, au niveau du milieu de la cuisse, par une ligne tendineuse, au-des- sous de laquelle le faisceau commun reste encore charnu dans une grande étendue 2. Le faisceau coccygien du demi-tendineux n'est, comme le faisceau coccygien du biceps et du demi-membraneux, qu'un vestige d'un des agitatores caudse des Vertébrés inférieurs. Chez la plupart des Oiseaux (Meckel, Alix) le demi-tendineux res- semble absolument au biceps de l'homme, c'est-à-dire est composé de deux portions : une longue portion provenant de l'ischion et une courte portion de la ligne âpre du fémur. Il n'y a qu'une dilférence, c'est que la courte portion se porte en dedans, au lieu de se porter en dehors, pour renforcer la longue portion. La bandelette découverte par Luschka chez l'homme serait-elle l'homologue de cette courte portion dont l'extrémité inférieure n'ayant pas acquis son entier développe- ' Luschka cit. par Calori. Mem. dell Inst'U. accad. di Bolorjna, sér. TI, t. VL p. 141. ' MeckeL Anat. cotup., t. YI, p. 385. Ji. \0 290 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME mcment s'est soudée au condyle interne et au ligament postérieur de l'articulation du genou au lieu de se souder à la longue porlion ? Le professeur Testut le suppose. DEMI-MEMBRANEUX Absence. — Elle est signalée par Loschge, de Souza et Gilis (Loschge, Abhandlungen der phijs. med. Soc. Eriangen, Bd, I, p. 25 ; de Souza, Gaz. mêd.de Paris, 1855, n° 42, p. 184; G'ûis, Bu lie tms de ia Société de biologie de Paris, 27 juillet 1895). Anatomie COMPARÉE. — Les observations de Loschge et de Souza con- cernant l'absence du demi-membraneux sont très confuses. Jusqu'à plus ample informé j'incline à croire qu'il s'agissait plutôt dans ces deux cas d'une fusion de ce muscle avec le demi-tendineux qui appar- tient au même groupe anatomique ou même avec le grand adducteur. Le demi-membraneux est confondu, dans toute son étendue, en effet, avec le demi-tendineux chez le castor (Meckel) et, en partie, avec le grand adducteur chez les Ruminants, le mouton, la chèvre, X Hyœna crocuta, les Protèles '. Dédoublement du muscle. — Ce dédoublement du demi-membraneux dans toute sa longueur a été note par Luigi Galori et Lannegràce. J'en possède une observation. Anatomie comparée. — Chez les Anoures (Lannegràce;, Vaï, \q pango- lin (Meckel), le demi-membraneux est composé de deux chefs. Le demi-membraneux du chien qui n'a qu'un chef à son origine en a deux à sa terminaison (Humphry, Ellenberger et Baum;. « J'ai observé moi-même, dit M. Testut, le dédoublement du demi-membraneux chez un cercopithèque ; c'était là probablement une disposition anor- male, car je ne l'ai pas rencontrée chez d'autres Quadrumanes- . » Variations de longueur de la portion charnue. — Les rapports de la porlion charnue et de la portion membraneuse sont très variables ; le * Young et A. Robinson. Analomy of Hijoena siriala, cit., p. 195. * Testut. Trait, des anom. musc, p. 646. MUSCLES DE LA CUISSE 291 demi-membraneux peut même être entièrement charnu ou entièrement membraneux. Sur une femme que j'ai disséquée, il était constitué, à droite, par un corps charnu fusiforme dont chaque extrémité donnait naissance à un long tendon arrondi. Anatcmie comparée. — Le demi-membraneux est entièrement charnu dans Yéclddm'^ Y ornithorynque (Lannegrâce), le Cynocéphale Anubis (Champneys), etc. Chez aucun de nos Animaux domestiques , le demi- membraneux ne mérite son nom; il est au contraire plus épais et plus charnu à sa partie supérieure que partout ailleurs. Variations des insertions inférieures. — Retzius a trouve un demi- membraneux qui avait un faisceau surnuméraire qui allait se perdre dans le creux poplité \ Un faisceau analogue a été décrit par MM. San- difort", Macalister et Giacomini ^ Le ligament poplité, encore appelé ligament postérieur oblique du genou, ligament poste'rieur de Winslow, n'est pas constant. Je l'ai vu manquer 4 fois : 3 fois chez l'homme, 2 fois des deux côtés, et 1 fois à droite chez une femme. Anatomie coMPAKÉE. — Lc dcmi-membrancux présente dans la série des Verlébrés deux dispositions qu'on ne trouve pas chez nous. Chez presque tous les animaux, en effet, il fournit : 1° une expansion qui concourt à la formation de l'aponévrose plantaire ou se fusionne avec le tendon d'Achille ; 2" un faisceau qui se rend à la tête du péroné. Les Loris ont le demi-membraneux uni au fléchisseur péronéal. Ce mode de conformation n'existe pas chez les Singes proprement dits, pas même chez le coaïta. Chez tous les Anthropoïdes disséqués par le docteur lïepburn l'expansion aponévrotique du demi-membraneux vers la face posté- rieure de l'articulation du genou manquait, sauf chez le gorille où elle était très faible. MM. Owen, Macalister et Champneys ont constaté, contrairement à Vrolik, que le muscle en question ne descend pas plus bas chez le chimpanzé que chez l'homme. Chez les chimpanzés àe, M. Macalister et de M. Champneys le ligament poplité n'existait pas. ' Retzius. Chiruirjische Analomie, \i. 98i. - Sandifort. Thésaurus disseii., 17G9, p. 250. 'Giacomini. Annatazioni sopra Vanatomia ciel neyro, 1882, p. iO. 292 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Variations des insertions supérieures et faisceaux surnuméraires. — Le professeur MacalisLer a (lissé(|ué un demi-membraneux qui s'insé- rait non seulement à l'ischion, *mais encore à une portion du grand ligament sacro-sciatique. Le docteur Kelly a communiqué ;ni savant professeur d'anatomie de rUniversilé de Cambridge le dessin d'un muscle demi-membraneux qui recevait un faisceau surnuméraire du carré crural (Macalister, Tramactions of tJie Royal Irish Academij, vol. XXV, 1871, p. 117). J'ai vu' un muscle demi-membraneux qui naissait supérieurement par deux faisceaux distincts dont l'un, super- ficiel, émanait, comme le muscle normal, de la face externe de la tubc- rosité ischiatique, et dont l'autre, profond, anormal, se détachait de l'épine sciatique. L'obturateur interne couvrait le faisceau profond. Anatomie comparée. — Dans les Quadrupèdes le demi-membraneux prend, comme le demi-tendineux, ses origines non seulement sur l'ischion, mais encore sur les apophyses transverses des premières vertèbres coccygiennes, est renforcé aussi, si on aime mieux, par un agitator caudœ. Une tête caudale existe dans Y ornithorynque, le cheval, le phoque (Meckel). Chez le porc le demi-membraneux envoie un prolonge- ment vers la base de la queue, qui, d'après MM. Chauveau et Arloing, représente la branche sacro-sciatique de ce muscle dans les Solipèdes. RÉGION INTERNE DROIT INTERNE Division en plusieurs faisceaux. — Quoi qu'en dise M. Bellini", le droit interne naît souvent du pubis par des fibres tendineuses. Il est lamelliforme. Parfois môme il est divisé, à son origine, en deux ou trois faisceaux. Anatomie COMPARÉE. — Le droit interne, qui possède deux tètes chez ' Le Double. Art. Demi-membraneux du Dict. encyclopêd. des Sciences médicales. ' Bellini. Bull, de la Soc. anal., 1892, p. 462. MUSCLES DE LA CUISSE 293 divers Ruminants, en a quatre chez le chameau et trois chez les Loris, les Makis et les Atèles. Variations de largeur et de longueur. — Il mérite, en général, le nom de gracilis sous lequel il était désigné par les anciens anatomistes. Un de mes élèves, M. Petit, de Montrésor, a disséqué, en 1891, des deux côtés, chez un homme, un faisceau très mince qui se détachait du tendon du droit interne, à son point d'union avec le tendon du couturier, et qui allait se perdre sur le quart supérieur de la face interne de l'aponévrose jambière. Je n'ai trouvé aucun exemple de cette malformation dans la littérature anatomique. Anatomie comparée. — Chez le daman le grêle interne se prolonge jusqu'au dessus de la malléole interne et chez le phoqne jusqu'au bord interne de la plante du pied. Dans le Cijnocépliale Amibis il se fixe au tiers moyen du bord antérieur du tibia et à l'aponévrose jam- bière. Dans le Gorilla gina, le Troglodxjtes tschego (Duvernoy), Vorang (Ghurch;, le Troglodytes niger (Champneys) il est plus fort que chez l'homme. Il descend plus bas sur la jambe dans Vorang et le gibbon que dans le -chimpanzé et le gorille, ce qui tient, observe le docteur Hepburn, à ce ([worVorai^g et le gibbon sont beaucoup plus « distinc- tiveley arboreal than the latters ». « Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — Le professeur Macalister a vu le grêle interne détacher, vers le tiers inférieur de la cuisse, quelques faisceaux à l'aponévrose /«.scz'a /«/«. Le même anato- miste a trouvé six fois, au niveau du pli du jarret, le couturier et le droit interne absolument inséparables. J'ai observé ce mode de con- formation chez une jeune fille, mais du côté droit seulement. A^JATOMiE COMPARÉE. — Lc grêle interne n'est indépendant dans toute sa largeur que dans les Amphibiens et les Monodelphes. L'insertion de quelques-uns de ses faisceaux soit sur l'aponévrose fémorale, soit sur l'aponévrose jambière, s'observe fréquemment chez les Singes. Dans le coati il se « confond, en bas, avec le couturier, dont il est impossible de le distinguer » (Meckel). Il en est de même dans le chien, le chat, le porc, les Ruminants et les Solipèdes où il est presque aussi large en bas qu'en haut (Lesbre). 294 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME PECTINE Absence. — Le pectine manquait des deux côtés chez un homme disséqué par mon prosecteur, M. Jacques Thomas, et présenté à mon cours du 2 février 1895. Chez cet homme les adducteurs moyens étaient aussi plus petits que d'habitude et composés chacun de deux corps charnus longitudinaux distincts. Dédoublement du muscle. — Winslow a rencontré un pectine com- posé de deux lames superposées dont la plus profonde était la plus petite \ Le professeur Macalister a également trouvé dans deux cas ce muscle double ; dans le premier cas la disposition était la môme que celle signalée par Winslow, dans le second cas le pectine superficiel et le pectine profond avaient les mêmes dimensions. La môme mal- formation a été découverte par M. Ghudzinski sur un nègre. J'en possède plusieurs spécimens et je pense que Henlc a raison quand il affirme qu'elle n'est pas très rare {Muskellehre^ p. 268). Anatomie comparée. — Dans son mémoire sur le pectine et les nerfs qui l'innervent, M. Paterson a observé : « 1° que le pectine est le plus souvent innervé par deux nerfs morphologiquement différents, le nerf crural et le nerf obturateur, parfois aussi par un troisième, le nerf obturateur accessoire ; 2° que quand le pectine est divisé en deux couches — ce qui constitue la plus commune de ses anomalies — l'externe est innervé par le crural et l'interne par l'obturateur, ce qui indique que chez l'homme comme chez les animaux ce muscle est primitivement double ". » Le pectine est double, en elîet, dans V opossum (Young)% V échidiié {k\i^) '* , VOryctérope du Cap (Cuvier^ Galton^), la taupe, le chien, les Fourmiliers (Guvier), le porc, le bœuf {krloin^ et Chauveau), le ci/nocéphale sphynx {Broca), les Cercopithèques (Testut). Le pectine était indivis dans le chimpanzé noir de M. Champneys et ' Winslow. Expos, anaf., vol. I, p. 117. * Paterson. Journ. of anat. and phys., XXVI, T, p. 43. " Young. Ibkl., 1882, p. 235. * Alix. Bidlelin de la Soc. philomath., 1867, p. 206. ' Cuvier. Leç. d'anal, comp., 2'édit., vol. I, p. ù05. * Galton. Loc. cit. siiprà, p. 501 . MUSCLES DE Lk CUISSE 29b le fœliis de r/orilie de M. Deniker, et dédoublé dans les chimpanzés des professeurs TesUit et Macalister et le gorille de Duvernoy. Faisceaux surnuméraires et connexions plus intimes avec les muscles voisins. — Le pectine peut recevoir un faisceau de renforcement pro- venant : a) De la capsule de l'articulation coxo-fémorale (Harrison) ; P) Du muscle iliaque (Macalister) ; y) De l'obturateur externe (Macalister) ; o) Du moyen adducteur ; e) Du petit trocbanter (Sandifort). De toutes ces anomalies la plus commune est l'avant-dernière. Elle a été notée par MM. Wood \ Macalister -, Bankart, Pye-Smith et Philips % Davies-CoUey, Taylor et Dalton % Turner^, Kolliker ^, Tes- tut', et par moi. Elle consiste dans cette disposition : une portion considérable des libres inférieures du pectine va s'unir aux fibres supérieures du moyen adducteur, après avoir croisé, en la recouvrant, l'artère fémorale profonde. Anatomie comparée, — Au dire de M. Humphry le pectine n'est pas nettement différencié des adducteurs dans I'Az/j/jo/jo^^w^. Chez le chien, MM. W. Ellenberger et H. Baum décrivent comme un muscle unique le moyen adducteur et le pectine. « Dans le chien, le chat, le premier adducteur ne forme qu'un avec le pectine », remarque d'autre part M. Lesbre. Suivant MM. Miall et Greenwood, le pectine et le moyen adducteur de V éléphant des Indes sont confondus quand ils se détachent du bassin. Wood observe « qu'une semblable disposition se voit dans la marmotte parmi les Rongeurs ; dans le ratel, parmi les Carnivores et dans le magot parmi les Quadrumanes ». « La réunion du pectine à l'obturateur, observée chez l'homme, dit M. Deniker, prouve l'étroite affinité entre le pectine et le groupe des muscles obturateurs. En même temps la fusion du pectine avec les adducteurs, fréquente chez les Singes, et leur innervation par le même nerf démontrent que tous ' Wood. Proceedinr/s of Ihe Royal soc, n° 9, 1867, p. 540. • Macalister. Cal. cit., p. 112. ^ Bankart, Pye-Sniith et Philips. Guy's Hospilul Repoiis, vol. XIV et tirage à part, p. 8. * Davies-Colley, Taylor et Dalton. Ibid., 1872. ° Turner. Jauni, of anal, and phys., t. XIII, p. 380. ° Kôlliker et Flesh. Vurielasien Beobachlunyen, etc.. Wiirzhiu'g. I87D. ' Testât. Trait, des an. musc, p. 620. 296 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE LHOMME ces muscles doivent composer im seul système des adducteurs, divisé en deux ou trois plans successifs'. » ADDUCTEURS On admet en France 3 adducteurs de la cuisse qu'on appelle, d'après leur ordre de superposition : Le premier (pretnie?' adducteu?' de Boyer, second adducteur superficiel de Cruveilhier, moyen adducteur de Bichat, puhio-fémoral ^a Chaussier, adductor lonrjus de Theile, caput longum tricipitis adductorwn, etc.) ; Le second {second adducteur de Boyer, petit adducteur profond de ÇiY\\yQ\\\\\Q\\ petit adducteur de Bichat, sous-pubio-fénioral àc Chaussier, adductor brevis de Theile, caput brève tricipitis adductorwn, etc.); Le troisième [troisième adducteur de Boyer, grand adducteur pro- fond de Cruveilhier, grand adducteur de Bichat, ischio -fémoral de Chaussier, adductor magnas de Theile, caput magnum tricipitis adduc- toriim, etc.). A l'étranger on dédouble le grand adducteur et on admet quatre adducteurs. Cette manière de voir est exacte. Sur 6 sujets au moins sur 10 la portion supérieure du grand adducteur est séparée entiè- rement ou presque entièrement des portions moyenne et inférieure. La portion supérieure ou transversale est connue depuis longtemps sous le nom à' adductor quartus {\)\Qm.Q:vhYOQc\i)- ou iV adductor mini?nus (Gunther) ; c'est sous ce dernier qualilicatif qu'elle est décrite par Henle dans son Handbuch comme un muscle particulier. A l'état anormal les adducteurs de l'homme peuvent : L Etre plus nombreux par suite de la division de l'un d'entre eux en deux ou trois faisceaux ; IL Etre moins nombreux par suite de l'union de deux d'entre eux : III. Avoir des connexions plus intimes avec les muscles voisins. 1 . Multiplication du nombre des adducteurs par suite de la division en deux ou trois faisceaux de l'un d'entre eux. a) Moyen adducteur. — Le dédoublement du moyen adducteur a été indiqué dès 1825 par Meckel dans son Manuel d'anatomie humaine. ' Deniker. Loc. cit. siiprà, p. \:>'è. ' Diemerbroeck. L'Anal, du corps Iiinn., trad. franc.. Lyon, IT^^, p. 483. MUSCLES DE LA CUISSE 297 Depuis, il a clé observé par Theile, le professeur Macalister, etc. Tantôt ce dédoublement a lieu dans le sens de la longueur du muscle, tantôt dans le sens de sa profondeur. Sur une vieille femme j'ai rencontré, des deux côtés, celle division en deux têtes du moyen adducteur entre lesquelles passait une artériole de l'artère fémorale, destinée au petit adducteur. Le premier adducteur du nègre Petit- frère disséqué par M. Gliudzinski était perforé par la fémorale pro- fonde . A l'état normal « son attache inférieure a lieu, du reste, ainsi que le remarque Cruveilhier, au moyen de deux lamelles aponévrotiques entre lesquelles sont reçues les fibres charnues ». D'habitude il ne descend guère plus bas que le tiers moyen de la ligne âpre du fémur. Le professeur Macalister Ta vu pourtant se prolonger jusqu'au genou. Sur l'Angolaise que j'ai disséquée il s'étendait presque des deux côtés jusqu'au-dessus du condyle interne. Une disposition analogue a été trouvée dans Yunmi parle professeur Humphry ^ b) Petit adducteur. — La division de ce muscle en deux faisceaux superposés ou juxtaposés distincts dans toute leur étendue est si fré- quente que Clason la regarde comme normale - ; c'est là, à mon avis, une erreur. Le petit adducteur n'est, comme l'a remarqué Sappey, bifurqué qu'à soa. extrémité inférieure. Le professeur Macalister a vu ce muscle divisé en trois faisceaux. Chez un homme et chez une femme que j'ai disséqués il était formé, de chaque côté, par deux têtes entièrement séparées dans l'intervalle desquelles passait l'artère perforante moyenne. c) Grand adducteur. — A l'état normal le grand adducteur nait : 1° de la partie inférieure de la branche descendante du pubis au- dessous du deuxième adducteur et en dehors du droit interne ; 2° de la branche descendante de l'ischion ; 3" de la partie inférieure et externe de la tubérosité ischiatique. Les fibres émanant de la branche descendante du pubis forment un faisceau plus ou moins ditïérencié transversal, qui va s'insérer à la crête osseuse étendue du grand trochanter à la ligne âpre, en dedans du grand fessier. C'est ce faisceau transversal supérieur du grand adducteur que Diemerbroeck a appelé adductor guartus, Theile et Henle^ adductor ?n{nimus. ' Ilumphry. Journ. of anat. and jjliys.^ nov. 1869, p. 53. - Clason. Upsala Lali-arefiiren Fôr/i., 1872, VII, 6, p. 599. ^ Ilenle. Muslœllelire, flg. 140. 208 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME 11 ost soiivonl isolé du rosic du muscle par une artériole prove- nant do la première perforante de la fémorale profonde. Quant aux fibres du grand adducteur qui se détachent de la branche ascendante de l'ischion, elles se rendent à l'interstice de la ligne âpre dans toute sa longueur, et celles qui ])artent de la tubérosité de l'is- chion, à la partie postérieure et supérieure du condyle interne du fémur. Les fibres qui naissent de la branche. ascendante de l'ischion constituent le faisceau moyen et externe du grand adducteur; celles qui viennent de l'ischion, le faisceau inférieur et interne du grand adducteur. « Ces deux divisions du grand adducteur profond, séparées en bas, écrit Cruveilhier, par l'artère et la veine fémorales, et par le canal aponévrotique qui les accompagne, sont ordinairement distinctes dans une grande étendue, et même quelquefois dans toute leur longueur. J'ai rencontré ce dernier cas'. » M. Testut propose de donner le nom de muscle ischio-condijlien ~ à cette tète interne différenciée. L'indépendance complète de cette portion condyloïdienne n'est pas, en effet, très rare. Weber Hildebrandt [Handbuch,^. 480), les profes- seurs Macalister, Testut et bien d'autres l'ont observée. Je Fai notée aussi plusieurs fois. II. Diminution du nombre des adducteurs par suite de l'union de deux d'entre eux. — Le premier adducteur du nègre Etienne disséqué par Chudzinski détachait do son tendon une lame aponévrotique très épaisse qui se réunissait au tendon de l'adducteur profond et s'insérait avec lui au condyle interne du fémur. Ainsi que Macalister, j'ai observé cette conformation sur des individus appartenant à la race blanche. Un trousseau de fibres du moyen adducteur se rend parfois à la paroi antérieure du canal de Hunter, au-dessus de l'artère crurale. Le petit adducteur peut être confondu en partie ou on totalité avec le grand ou le moyen. Henle parle d'un faisceau du grand adducteur qui s'insérait isolément à l'anneau du canal de Hunter. m. Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — J'ai trouvé plusieurs fois le muscle de Harling, c'est-à-dire le faisceau provenant du tendon du demi-membraneux qui va se perdre dans le grand adducteur. Hallett a vu la courte portion du biceps envoyer des trous- ' Cruveilhier. Anal, descripl., 2° édit., t. II, p. 353. ' Testut. Traité des anom. musc, cit., p. 623. MUSCLES DE LA CUISSE 299 seaux de fibres au grand adducteur au niveau de son insertion au condyle interne. Le troisième adducteur est quelquefois si bien soudé au carré crural que les deux muscles semblent ne former qu'un seul muscle perforé pour le passage de la branche terminale de la circonflexe pos- térieure. Il n'est pas rare de voir des connexions plus ou moins intimes exister entre le court adducteur et l'obturateur externe. Anatomie comparée. — Nous n'avons à nous occuper ici que de l'augmentation ou de la diminution du nombre des adducteurs résul- tant du dédoublement ou de la fusion de leurs faisceaux primitifs puisque nous avons interprété antérieurement les connexions anor- males que ces muscles peuvent avoir avec le demi-membraneux, le carré crural, l'obturateur externe, etc. « Au-dessous du pectine on trouve, dit le professeur Humphrv, la masse des adducteurs perforée par un vaisseau et divisée, chez les ani- maux, en un nombre variable de segments. Cette masse s'étend plus ou moins bas suivant les espèces. Il est probable qu'elle est dérivée des mômes éléments anatomiques qui, au membre thoracique, entrent dans la composition des coraco-brachiaux'. » Parmi les animaux qui ont plus d'adducteurs que l'homme nous citerons - : Yaï qui en a 4, la marmotte S, le magot 6. Parmi ceux qui en ont moins, nous citerons \ ornithorynque qui en a 2, bien plus nettement séparés chez la femelle que chez le mâle. On trouve encore deux adducteurs : Dans le chien, le premier et un autre formé par le grand adducteur réuni au petit (W. Ellenberger et H. Baum) ; Dans V ours américain^ (Testut); Dans la girafe, par suite de l'adhérence du deuxième adducteur au bord antérieur du troisième ; Dans les Makis proprement dits où il n'y a point de trace du grand adducteur et où le court et le long adducteur n'occupent que les deux tiers supérieurs du fémur « le développement imparfait des adducteurs se rattache incontestablement, assure Meckel, à l'état prononcé d'abduc- tion dans lequel ces animaux tiennent constamment leurs cuisses'. » 1 Ilumphry. Obsevv. in Myologij, cit., p. 159. * Il est bien entendu que dans les adducteurs que nous indiquons le pectine n'est pas compris. ^ Dans les planches LXXXIII et LXXXIVde V Allas d'analomie comparée de Cuvieret Lau- riUard réservées à la luj'ologie de Voiirs, trois adducteurs sont représentés et désignés en procédant de liant en bas sous les qualificatifs « de court adducteur ou sous-pubio-fénio- rien, de moyen adducteur ou sous-pubi-fémoricn, de long adducteur ou ischii-fémorien ». * Meckel. Aixai. comp., t. VI, p. 380. 300 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME Les Ruminants ont-ils deux adtliic leurs? M. Tcstut le pense. Il y a une telle différence dans les descriptions que fournissent de ces muscles chez cet ordre de Mammifères les zootomistes les plus autorisés, MM. Lesbre, Girard, Lavocat, Arloing et Chauveau, qu'il y a lieu, je crois, d'être moins affirmatif. Dans les Chéiroptères, Blanchard, Cuvier, Mcckel ne décrivent qu'un adducteur chez le Vesperlilio 7nuriniis, et Macalistcr chez \{i pipistrelle, et les Chauves-souris des genres Plecotus, Vampi/rops, Synotus. Burdach regarde les adducteurs de la cuisse du chimpanzé comme un seul muscle compose de cinq chefs dont l'un est constitué par le long adducteur, deux par le court et deux par le grand. Parmi les modes de conformation signalés ci-dessus, il en est deux, ceux observés par MM. Ellenberger, H. Baum et Lavocat, qui se rap- prochent singulièrement de ceux rencontrés anormalement chez l'homme. Ce ne sont pas les seuls. Selon Macalisler le second adduc- teur superficiel du Pteropus Edioarsii, et des Chauves-souris des genres Cephalotes , Macroglossus^ Megaderma et Eleutherura est double et se compose d'une longue et d'une courte portion'. Celui de Vaï et du pangolin a une structure analogue (Ilamphry). Le court adducteur du Troglodytes niger disséqué par M. Champneys était partagé en deux chefs par le nerf obturateur. M. Hepburn a noté cette division du court adducteur en deux faisceaux indépendants chez le chimpanzé qX en deux faisceaux dont l'inférieur était uni au grand adducteur chez Yorang. M. Gallon a retrouvé Vaddiictor mini?nus de Henle dans YOrycteropus Cape7isis. Le long adducteur du Cijnocéphale Anubis diffère de celui de l'homme en ce qu'il confond son tendon avec celui du grand adducteur. « La division de la portion verticale interne et de la portion oblique externe du grand adducteur mériterait, dit Lannegràce, d'être consacrée par des noms spéciaux. Car chez presque tous les animaux, la séparation de ces portions nous a paru être beaucoup plus nettement accusée que chez l'homme; chez presque tous, la portion verticale du grand adduc- teur constitue un muscle bien distinct et isolé. » Rien n'est plus exact. Ce faisceau que Bischoff a appelé condyloïdeus adductor est entiè- rement indépendant dans presque toutes les espèces simieiines. Il a été disséqué par Meckel dans le coaïta; par M. Testut dans plusieurs * Maisonneuve affirme, contrairement à Meckel, à Cuvier et au professeur Macalister, que cette disposition existe aussi dans le mur'ui. MUSCLES DE LA CUISSE 301 Cercopithèques, par MM. Duvernoy, Macalister et Deniker, dans le gorille ; par MM. Vrolik, Ghampneys, Testiit, Ilepburn dans le chim- panzé ; par MM. Langer et Testut dans Yorang ; par MM. Bischotï et Deniker dans le gibbon. Il est à remarquer que l'ischio-condylien qui est assez souvent uni au muscle demi-membraneux: « diffère, chez les Anthropoïdes, non seulement par ses insertions mais encore par son innervation des autres adducteurs. Au lieu d'être innervé par le nerf obturateur, il est innervé par une branche du sciatique poplité interne qui se distribue au demi-membraneux et au demi-tendineux » (Deniker). L'ischio-condylien se rattacherait-il aux muscles fléchisseurs de la cuisse? MUSCLES SURNUMERAIRES Les muscles surnuméraires de la cuisse sont assez nombreux, mais tous, sauf un, doivent être considérés comme des faisceaux aberrants de l'un ou de l'un des muscles de la cuisse {accessoire du droit anté- rieur de la cuisse, accessoire de la longue portion du biceps crural). Le suivant me semble devoir être rapporté au muscle grand oblique de l'abdomen. Muscle saphène. M. Baxter Tyril a décrit, en 1894, dans le Journal of anatomg and phgsiologg, sous le nom de musculus saphcnus, un faisceau musculaire qu'il a trouvé des deux côtés, mais plus prononcé du côté droit que du côté gauche, chez une femme. Ce faisceau anormal représentait un arc de cercle, à concavité supérieure, dont la partie moyenne passait sous l'anse que forment en se réunissant la veine saphène interne et la veine fémorale, et dont les extrémités interne et externe étaient insé- rées sur les extrémités interne et externe du ligament de Poupart. Il était innervé par un ramuscule provenant de la grande branche abdo- minale du plexus lombaire. De l'insertion sur le ligament de Poupart et de l'innervation par un filet détaché du plexus lombaire, M. Baxter Tyril suppose avec raison, je pense, que cette bandelette anormale est une dépendance du grand oblique de l'abdomen. 302 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE LHOMME (( La seule explication admissible, à mon avis, dit-il, est qu'à une période peu avance'e de la vie fœtale, le feuillet somato-externe qui peut-être descendait plus bas qu'à l'ordinaire était perforé par la veine saphène interne allant rejoindre la veine profonde. Dans la suite du développement un retrait des deux veines s'est produit qui a entraîné les fibres musculaires interposées entre elles. » MUSCLES DE LA JAMBE RÉGIOX POSTÉRIEURE JUMEAUX Absence. — Le jumeau externe peut disparaître (Shepherd) ' ou être rudimentaire. Je l'ai vu. en 1889, remplacé des deux cotés par une lame fibreuse. La même malformation a été signalée par le profes- seur Macalister. Anatomie comparée. — Le jumeau externe fait défaut dans quelques Reptiles et quelques Oiseaux^ notamment dans le cygne-. Dédoublement du muscle. — J'ai disséqué une femme dont les jumeaux étaient formés de deux couches dans toute leur étendue. Variations de volume. — Dans le n" 7 des Bulletins de la Société cF an- thropologie de Paris (juillet-octobre 1894) M. Chudzinski a publié une longue étude sur les variations du jumeau dans les ditTérentes races. En voici les conclusions : 1° La longueur absolue do la partie charnue des jumeaux est plus considérable dans les races de couleur; 2'* Elle l'est également pour la partie tibiale, mais cette longueur est moindre chez les femmes de la race noire ; ' Shepherd. MontreaVs gênerai hospilal Reports. 1880. * Alix. Recherches sur l'appareil locomoteur des Oiseaux, p. 451. 30'i . VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME 3° La distance de la partie cliarniie des jumeaux au talon est plus grande dans la race noire et plus rapprochée dans la race jaune; 4° Le point où les deux chefs des jumeaux se réunissent est peu éloigné de l'articulation du genou chez les femmes de la race noire et les hommes de la race hlanciie; elle l'est plus chez les hommes de race noire et de race jaune ; 5" La fusion des tendons de terminaison des jumeaux et du soléaire se fait plus bas dans les races de couleur que dans la race blanche ; 6° La plus grande largeur de la masse charnue des jumeaux est plus prononcée chez les sujets morts en pleine santé que chez les indi- vidus malades; elle est moindre dans les races de couleur; 7° La largeur des extrémités supérieures des jumeaux est au maxi- mum dans la race blanche et au minimum dans la race jaune; 8° La longueur maximum des aponévroses d'origine des jumeaux est celle de la race jaune, le minimum se trouve chez les femmes de la race noire. 9° La largeur du tendon d'insertion du calcanéum est presque égale dans toutes les races. M. Ghudzinski a pris soin d'avertir « que la série des individus des races humaines qui lui ont servi pour cette étude étant très petite, son but est plutôt de provoquer de nouvelles recherches dans cette direction que d'établir un tableau définitif ». Nous indiquerons longuement plus loin les causes nettement déter- minées par les recherches de M. le professeur Marey de cet efface- ment du mollet des nègres et des Anthropoïdes (voy. Variations des insertions du muscle en question et Considérations générales sur les variations du système musculaire de lliomme^ Le jumeau externe peut être aussi prononcé et même plus fort que le jumeau interne. Sur un sujet disséqué par MM. Cuyer et Jean Louis, les fibres charnues du jumeau externe dépassaient inférieurement de 25 millimètres celles du jumeau interne '. Le jumeau externe du nègre Emilien, examiné par M. Ghudzinski, descendait aussi o centimètres plus bas que l'interne. On peut dire, d'une manière générale, que dans toutes les races les muscles du triceps sural sont plus volumi- neux chez les individus que leur profession oblige à rester longtemps debout. ' Cuyer. Bullet. de la Soc. d'anllirop., oct. 1893, p. 468. M USCLES DE LA JAMBE 305 AîSÂTOMiE COMPARÉE. — Lcs juiiicaux oiit à peu près le même volume dans les Marsupiaux^ les Sarigues^ le chien, la mangousie cl Egypte, le blaireau^ le raton, etc. Suivant Wiedemann, le jumeau interne du castor serait, par exception, plus petit que l'externe. Meckel déclare toutefois que chez cet animal, Wiedemann a pris le plantaire grêle pour le jumeau externe '. Le jumeau antérieur du murin qui répond au jumeau interne de l'homme, est moins considérahie que le jumeau postérieur -. Dans les chi?npanzés d'Alix et Gratiolet, de Ghampneys, de Wilder et de Duvernoy, et dans le gorille de Duvernoy, le triceps sural était presque charnu jusqu'au calcanéum. Chez le cA//»/;^/^::^' de Macalister, le tendon d'Achille était semblable à celui de l'homme. Indépendance des jumeaux. — J'ai vu chez un homme et chez une femme, et Duvernoy a vu chez trois orangs les tendons des deux gas- trocnémiens, rester séparés jusqu'à la partie inférieure de la jambe, très près de l'insertion du tendon commun au calcanéum. Le jumeau externe demeure plus ou moins indépendant du jumeau interne dans la ïnarmotie, la sarigue, le coati, le raton, etc. Chez Vunau, s'il faut en croire le professeur Humphry, les deux jumeaux ditlerenciés et entre- croisés, se fixent par deux tendons distincts sur le calcanéum. Indépendance des jumeaux et du soléaire. — M. Testut a vu les jumeaux et le soléaire u conserver leur indépendance jusqu'à 2 cen- timètres au-dessus du calcanéum ■' ». Bankart, Pye-Smith et Philips ont vu, chez un nègre, le soléaire s'insérer isolément sur le calcanéum au moyen de faisceaux charnus '\ J'ai constaté la même conformation, à droite et à gauche, sur une Angolaise. Anatomie comparée. — L'ornit/ior/jnque, la marte, le raton, le coati (Meckel), le Cynocéphale Anubis {ÇAidim^nQ-^'?,) ont un soléaire isolé. Ce même muscle était indépendant chez les ours disséqués par Meckel et Schepherd et unis au soléaire chez les ours disséqués parCuvier et le professeur Testut. Dans le Troglodytes Aubryï,\Q soléaire n'était relié que par quelques faisceaux aux jumeaux. Dans le Gorilla gina et le ' Meckel. Anal, compar., l. VI, p. 417 et suiv. - Maisonneuve. Loc. cit., p. 284. ^ Testut. Trait, des an. musc, p. 657. * Bankart. Pye-Siuiih et Philips. Gin/s liospilal Reports, vol. XIV. II. 20 30G VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Tro Quain. PI. L, fig. 4 et 5. " Nicolas. In Prenant loc. c'U siiprà, p. 20. ' Merlin. Varietàteu beobaclilu>u/en ans dem Innsbnicher-Secirsaaîe, Ber d. naf-med. Ver in Innsbruck, 1885. « Ilinterstoisser. Ueber einige sellene Miiskeluarialionen, Vien ined.Jahrb.,iS81,N. Folgc, II. 7. 310 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME Anatomie comparée. — Le renforcement des jumeaux par un troi- sième chef « témoigne, dit M. le professeur Testut, d'une tendance de l'un des deux jumeaux à se fusionner avec l'autre en une masse indi- vise, disposition qui s'accuse plus nettement et se réalise môme chez quelques Vei'tébrés inférieurs. Déjà, chez quelques Oiseaux^ on voit le jumeau interne s'insérer non seulement sur le condyle interne, mais prolonger ses insertions (Alix) « sur tout l'espace qui sépare les deux condyles et atteindre le condyle externe^ ». M. Chudzinski a fait à cette théorie de sérieuses objections qu'on trouvera relatées plus loin (voy. Considérations générales sur les variations du système musculaire de r homme). Ce qu'on ne saurait contester c'est que chez tous les Mam- mifères, \e porc, le chat, le chien, les Rongeurs, àoni la jambe, comme celle de l'homme se redresse entièrement sur la cuisse, les jumeaux s'attachent, de môme que dans l'espèce humaine, immédiatement au- dessus des condyles du fémur. Chez les Ruminants et les Solipèdes dont la jambe demeure, dans un état de flexion permanente, ils remontent, au contraire, jusqu'au quart et môme au tiers inférieur du fémur. SOLÉAIRE Absence. — Un de mes prosecteurs, Danseux, a observé en 1884 cette malformation à droite et à gauche chez une vieille femme. La note ci-incluse qu'il m'a remise alors en donne une description fidèle. « Les jumeaux sont plus épais et plus larges que d'ordinaire, aussi bien à droite qu'à gauche. Après les avoir sectionnés au niveau de leurs insertions supérieures et les avoir rabattus en bas pour dissé- quer les branches terminales du sciatique, je m'aperçois qu'ils con- courent seuls à la formation du tendon d'Achille. Les soléaires font défaut et les plantaires grêles se perdent au-devant du tendon d'Achille, à trois travers de doigts au-dessus du calcanéum, dans le tissu cellulo-graisseux des jambes. Le plantaire droit est renforcé vers la partie moyenne de son corps charnu par un faisceau musculaire qui se détache du fémur à 4 centimètres au-dessus du condyle externe. Les vaisseaux et nerfs tibiaux qui reposent, en arrière, sur ' Testut. Trait, des an. musc, cit., M. jumeaux. MUSCLES DE LA JAMBE 311 les jumeaux ont conservé leur li-ajet et leurs rapports normaux en avant. » En raison de l'augmentation de volume des jumeaux il y a pour- tant lieu de se demander s'il ne s'agit pas plutôt ici d'une fusion des jumeaux et des soléaires que d'une absence réelle de ces derniers muscles. Anatomie comparé^:. — Le soléaire est, en anatomie comparée, un muscle très variable dans son développement et susceptible même de faire défaut. Il manque _dans le kangourou, le phoque (Meckel), le chien (Ellenberger, Baum, Arloing, Chauveau, Girard), le murin (Maisonneuve), XHijsena crocuta et X Hysena striala, les Protèles (Young et Robinson), etc.- Meckel avance qu'il manque aussi chez le poix^ mais chez cet animal M. Lesbre pense qu'il s'est confondu avec le jumeau externe et a transféré son insertion au fémur'. Duplicité du muscle. — On trouve quelquefois, un muscle soléaire surnuméraire mince , M'' large situé au-devant du muscle soléaire, ayant la même attache que lui et venant se fixer au calcanéum par un tendon isolé"-. En 1869- Pye-Smith, Howse et Davies Colleys ont disséqué un soléaire qui provenait de la ligne oblique du tibia et de l'aponévrose du long lléchisseur des orteils et qui s'attachait au bord interne du calcanéum par un tendon distinct. Un an auparavant Bankart, Pye-Smith et Philips avaient observé une malformation analogue \ En 1872, Davies-Colley, Taylor et Dalton= ont rencontré un soléaire accessoire qui émanait à la fois de la ligne oblique du tibia et de la face antérieure du soléaire et qui s'attachait en avant du tendon d'Achille par un tendon indépendant. Le profes- seur Testut a vu une lame musculaire détachée de la ligne oblique pos- térieure du tibia venant se fixer sur le bord interne du calcanéum^ Quain a fait mention d'un faisceau musculaire isolé inséré en haut, au tibia, ' Lesbre. Loc. cU. suprà, p. 169. * Cruveilhier. An. descripL, t. II, 2° édit., p. 378. ^ Pye-Smith, Howe tit Davies-Colley. Guy's hospilal Reports, 1870. * Baakart, Pye-Smith et Philips. Guy's hospital Reports, vol. XIV. ■* Davies-Colley, Taylor et Dalton. Eodloc., 1872. * Testut. Trait, des an. musc, p. 6.36. 312 VAIUATIONS DU SYSTEME MUSGULA.IRE DE L'HOMME et en bas, au calcandum'. Des observations de muscles soléaires acces- soires ont 6té encore recueillies par Bianchi", Windle, Hinterstoisser^ et Nicolas*. Dans le cas de Windle, le chef anormal prenait naissance au-dessous de l'origine tibiale du soléaire, le long duquel il descendait pour s'attacher au-devant du tendon d'Achille, en dedans sur le cal- canéum, en dehors, sur l'extrémilé distale du péroné. Sur un sujet du sexe masculin j'ai trouvé, des deux côtés, le même mode de confor- mation. Anatomie compakée. — Je ne connais aucune disposition animale qui se rapproche de la malformation humaine que je viens d'indiquer. Chez les Quadrupèdes non plaiitir/ rades ^ le soléaire est simple, non divisé; — il est peu développé et fibreux surtout chez les Onguligrades dont le pied est long et très relevé, — peu développé aussi mais moins fibreux chez les Phalangig rades [Suidés, Rongeurs, Carnivores) dont le pied, plus court et mieux divisé, a son talon moins élevé. Il n'est donc possible de voir présentement dans le soléaire double de l'homme qu'un nouvel exemple de cette « reduplication » musculaire singulière que M. Ghampneys a signalé chez le Troglodgles niger. Os sé3am3Ïd3 dans le tendon d'origine. — Je n'ai jamais rencontré cet os sésamoïde qui a été signalé par Henle. Variations des insertions. — Contrairement à M. Bellini j'ai tou- jours vu le soléaire s'attacher à la tète, à la moitié supérieure du bord externe du péroné et au tiers supérieur de la face postérieure de cet os ^ Ainsi que M. Testât j'ai noté deux fois la disparition partielle de la portion tibiale du muscle chez deux hommes. Dans le premier cas le chef tibial était réduit, des deux côtés, à l'état d'une lame aponévro- tique nacrée dans toute la longueur du bord externe de laquelle exis- tait un trousseau de fibres musculaires étroit et d'un rouge pâle. Le chef péronier était normal. Dans le second cas, la tète du chef tibial ' Quain. Comment, on the arteries, p. ôOi. ■ BiaQchi. Varietà muscolarl. Lo sperimen taie, août 1886. ^ Hinterstoisser. Ueher einige seltene, Muskelvai'iationen ; Vien med. Ja/irb. 1887, N. Folge, H. 7. ' Nicolas. In Prenant, Bulletins de la Société des sciences de Nancy, et tirage à part, p. 71, 1891. * Bollini. Loc. cit. suprà. MUSCLES DE LA JAMBE 313 était fibreuse dans sa moitié supérieure et musculeiiso dans sa moitié inférieure. La tête péronière qui l'accompagnait était forte et se pro- longeait jusqu'à la moitié inférieure du bord externe du ligament latéral externe de l'articulation du genou auquel elle adhérait intime- ment. A gauche la jambe était normale. Les variations des insertions inférieures ont été étudiées précédem- ment. Anatomie compap.ée. — Le soléaire du Dasypus sexcinctus n'a pas de tête tibiale ; la tête péronière s'attache à la face externe de la tète du péroné et quelquefois aussi à la moitié de la face externe de cet os. La disposition est la même dans l'ai' et dans Yélépliant (Gallon', Cuvicr"). Dans le lapin (m le muscle en question est très prononcé, il émane exclusivement d'une apophyse située en arrière de la tète du péroné ■\ Chez tous les Singes pithcciens et cébiens, le soléaire ne s'attache qu'au péroné. L'anneau du muscle dont il s'agit a disparu et les vais- seaux et les nerfs tibiaux postérieurs côtoient le bord interne de la tête péronière. Dans son mémoire « sur l' anatomie du gibbon », Bischoff a prétendu qu'il en était de même chez les Anthropoïdes; Qi, en effet, ni lui. ni Duvernoy, ni Chapman, ni Church, ni Testut n'ont trouvé de tête tibiale au soléaire chez les Anthropoïdes. Mais liumphry, Huxley et Hepburn ont signalé une insertion tibiale chez le chimpanzé et Deniker et Macalister chez le gorille. Vrolik a même disséqué un chimpanzé chez lequel le soléaire n'avait qu'une tête tibiale. Faisceaux surnuméraires et connexions plus intimes avec les muscles voisins. — MM. Beswick-Perrin, Laskowski, Testut^ et un de mes élèves M. Pierre Barnsby ont disséqué chacun un cordon musculo- tendineux qui naissait de la face profonde du soléaire et gagnait le calcanéum en côtoyant le bord interne du tendon d'Achille. Chez les sujets disséqués par MM. Laskowski et P. Barnsby le plan- taire grêle était présent; chez celui disséqué par M. Testul, il était absent. Hellema a trouvé un tendon analogue aux cordons musculo- ' Gallon. On Dasypus se.vciiic(ii.s, cil. p. ô55. - Cuvier. Leçons, 2" édit., vol. I, p. 53S. ^ Par contre » il est réduit dans les Solipèiles et les Ihiminanfs à un 1res grêle faisceau long et rubané, qui, du côté externe, sous l'aponévrose jambière s'étend de la lubérosité externe du tibia au tendon d'Achille » (Lesbre). * Testut. Trait, des an. musc, p. 655, 656. 314 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME tendineux sus-indiquos, mais qui était aponévrotiquc dans toute son (•tendue*. J'ai trouvé, à droite et à gauche, ce vice de conformation chez une femme dont les plantaires grêles étaient normaux. Anatomie comparée. — M. Testut regarde les soléaires accessoires et les faisceaux du soléaire qui se portent vers le calcanéum comme des « variétés » du plantaire grêle. Je ne saurais admettre cette manière de voir : 1° Parce que ces faisceaux proviennent de la face profonde du soléaire et non du fémur comme le plantaire grêle de l'homme ou des os de la jambe comme le plantaire grêle des Mammifères inférieurs ; 2° Parce que ces faisceaux coexistent souvent avec le plantaire grêle bien conformé; 3^ Parce que ces faisceaux s'éloignent — au lieu de s'en rappro- cher— des fléchisseurs des orteils et en particulier du court fléchisseur dont le plantaire grêle n'est, nous le verrons plus loin, qu'une portion difîérenciée (voy. M. court fléchisseur commun des orteils). Ces faisceaux ne sont que des faisceaux aberrants du soléaire normal ou des portions de soléaires surnuméraires. PLANTAIRE GRÊLE Absence. — Le plantaire grêle est avec le petit psoas, le petit pal- maire et le petit zygomatique un des muscles qui fait le plus souvent défaut. Manque-t-il plus fi'équemment que le palmaire grêle, son homologue au bras? Meckel l'a prétendu, mais Wood et Gantzer ont soutenu le contraire. D'autre part, M. Macalistcr affirme que l'absence du plantaire grêle est à l'absence du petit palmaire comme 1 est à 3. Où est la vérité ? Les statistiques ci-jointes nous l'apprennent : Sur 1 400 sujets, dont 700 hommes et autant de femmes, Gruber ne l'a pas trouvé chez 105 soit chez 7,5 p. 100. Il n'existait pas chez 64 hommes soit chez 9,1 p. 100 ni chez 41 femmes, soit chez 5,9 p. 100 ^ ' Ilelleuia. Waarf/enow in de Seechezvan de Marin hospUal in Willemswoord ç/eneesk Tijdsch, V. de Zeemagt, 5 //). Jarhf/ang (st afd.). Dans les observations de MM. Beswick- Perrin et Hellema, il n'est pas fait mention de l'état des plantaires grêles. ^ Gruber. W. Beobachtungen ans der menschlichen und vergleichenden Anatomie, Berlin, 1879, p. 23-39. MUSCLES DE LA JAMBE 3Io Sur 320 sujets, dont 344 hommes et 176 femmes, MM. Schwalbe et Pfitzner ne l'ont pas rencontré chez 32, soit chez G, 2 p. 100. Il n'était pas présent chez 22 hommes, soit chez 6,3 p. 100 ni chez 10 femmes soit chez S, 9 p. 100'. Sur 420 sujets dont 210 hommes et autant de femmes que j'ai examinés, il faisait défaut chez 23 soit chez 5,4 p. 100. Il manquait chez 10 hommes, soit 4,7 p. 100, et chez 13 femmes, soit chez 6,1 p. 100. Réunissons tous ces chiffres ; l'absence du plantaire grêle a été cons- tatée chez : 105 sujets sur 1400 par le professeur Gruber. 32 — o20 par MM. Schwalbe et Pfitzuer. 23 — 420 par Fauteur. Soit chez . . IGO 2 340 Soit chez 6,8 p. 100 des sujets appartenant à la race blanche oii le petit palmaire disparaît, on le sait, chez 11,2 p. 100 des sujets (voy. M. petit palmaire). Assez fréquente dans la race blanche, l'absence du plantaire grêle serait fort rare dans les races de couleur. M. Chudzinski n'a noté cette absence que sur un seul des sujets nègres disséqués par lui. Anatomie comparée. — Au dire de Bischoff le plantaire grêle manque- rait chez les Anthropoïdes. Le professeur Hartmann proteste en ces termes contre cette assertion : « Le plantaire grêle [M. plantains) dont Bischoff nia d'abord l'existence chez le chimpanzé, existe chez cet animal comme Bruhl l'avait déjà indiqué; on le rencontre même chez cette espèce aussi régulièrement que chez l'homme (où il manque par- fois). Pas plus que d'autres auteurs je n'ai trouvé ce muscle chez le gorille., Vorang et le gibbon ^ » Les recherches du D' Deniker l'ont conduit aux mêmes conclusions. « Sans entrer en détail des citations, remarque-t-il, je dirai que sur 13 observations d'auteurs que j'ai pu réunir, dans 3 seulement (celles de Traill, d'Embleton et d'Alix et Gratiolet) le muscle plantaire man- quait complètement au chimpanzé ; dans 4 autres (Macalister, Wilder, Bischoff et Delongchamps) il existait d'un seul côté, enfin dans 6 cas (Bruhl, Vrolik, Bischoff, Sandifort, Huxley, Humphry et Testut) il existait des deux côtés. On a signalé aussi un seul cas de présence de ce muscle chez Vorang. » (Sandifort, in Verandolingen over de naturl. ' Pfitzner et Scliwalbe. Varietaelen-statislikand Anthropologie, cit. p. 487. - Hartmann. Loc. ci/.. ]i. !34. 3IG VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME — Geschiedenis dcr ncderland overzeesche besittingen. Lcide, 4830- 1840, p. P)0 \) Variations de texture. — L;i partie cliarnuc peut être plus ou moins épaisse et plus ou moins longue. Un de mes élèves, M, Girard, a trouvé chez une femme le plantaire grêle réduit dans toute son étendue à l'état d'une corde fibreuse. J'ai vu souvent son tendon flexueux ou contourné en spirale. Duplicité. — « Ce muscle qui manque souvent est quelquefois double, » dit Cruveilhier. Variations des insertions. — Le plantaire grêle peut naître^ soit : r De la bifurcation inférieure et externe de la ligne âpre (Cru- veilhier) ; 2° Du ligament postérieur de l'articulation du genou, dans l'échan- crurc intercondylienne (Macalister) ; 3° De l'aponévrose du muscle poplité (Hyrll) ; 4° De la tête d'origine du jumeau externe (Wood, Macalister — 1 cas personnel}. o" Du péroné entre le long péronier latéral et le long fléchisseur du pouce (Macalister) ; 6° De l'aponévrose jambière, muscle tenseur de l aponévrose de la jambe (Meyev^, Macalister, Meckel); Et se terminer soit : 1° Par une mince aponévrose dans le tissu cellulo-graisseux qui sépare les muscles superhciels de la région jambière postérieure des muscles profonds; 2° Sur la portion interne du ligament annulaire du tarse (Brown, Myofjraphia nova. London, 1684, Tabula XXXIII, Quain, p. 540); 3" Sur la bourse séreuse située entre le tendon d'Achille et le cal- canéum (Fourcroy, Portai*); 4° Sur l'aponévrose plantaire. Dans ce cas le tendon terminal se * Deniker. Loc. cit. suprà, p. 162. * Sandifort {Thésaurus cUssert. Roterodaiiii, 1769, p. 277), et plus réceimnont lîankart. Pye-Smith et Philips ont trouvé un faisceau musculaire qui s'insérait, dune part, au bord interne du tibia et, d'autre part, au tendon d'Achille, entre la malléole interne et le calca- néum. Nous nous bornons à mentionner en note ce faisceau qui peut aussi bien être rat- taché au soléaire qu'au plantaire grêle. ' Meyer m Meckel. Anat. descrip., trad. Jourdan, 1825, t. II, p. 225. * Portai An. mecL, t. II, 1804, p. 476; Fourcroy, Mém. sur les bourses muqueusrs. MUSCLES DE LA JAMBE 317 divise en général, au-dessus du lalon, en deux faisceaux dont l'externe se porte sur le tendon d'Achille ou le calcanéum. Le plantaire grêle peut avoir une insertion anormale en haut et normale en bas ou vice versa, ou encore des insertions anormales en haut et en bas (Wood, Anderson). Le plantaire grêle peut, enfin, avoir des insertions anormales d'un coté et normales de l'autre ou des inser- tions anormales des deux cotés. Anatomie compakée. — Le plantaire grêle, qui manque souvent chez V homme et les Anthropoïdes, constitue chez les autres Singes et chez beaucoup de Prosimiens un muscle dont le corps charnu, très puis- sant, étroitement uni au jumeau externe, se continue, en passant au- dessus du calcanéum, avec l'aponévrose plantaire. Dans les Ruminants et les Chevaux il est représenté par un faisceau musculaire allongé, situé en dehors des jumeaux et du lléchisseur pro- fond, depuis le côté externe de la jointure fémoro-tibiale jusqu'à la corde calcanéenne, oi!i il se termine par un faible tendon. 11 est encore relié pendant une partie de son trajet, par une bande fibreuse au jumeau externe dans le koala (Young), le phoque, ïunau, le pangolin (Ilumphry). Le plantaire grêle se détache du péroné chez le fourmilier, suivant Meckel, cl du jumeau externe, suivant Humphry. Lequel de ces deux naturalistes a eu alFaire à une anomalie? Certains zootomistes ont vu dans le plantaire grêle la portion jam- bière du court lléchisseur des orteils des animaux ou lléchisseur per- foré. C'est là une erreur. Cruveilhier, qui n'avait pas perdu les tradi- tions des anciens anatomistes français, c'est-à-dire l'habitude de comparer les muscles de l'homme à ceux des animaux, a nettement déterminé la signification du plantaire grêle : « Nous devons le consi- dérer, dit-il^, comme un muscle à l'état de veslige dans l'espèce humaine : il a été comme coupe chez l'homme à raison de sa desti- nation à la station bipède. On le voit quelquefois, ainsi que je l'ai d(''jà dit, se perdre en s'épanouissant, dans le tissu cellulo-adipeux qui recouvre le calcanéum. » Le plantaire grêle est l'homologue à la jambe du palmaire grêle de l'avant-bras. Il se comporte vis-à-vis de l'aponévrose plantaire comme le tendon terminal du palmaire grêle vis-à-vis de l'aponévrose pal- ' Cruveilhier. .1/;. descripl.. (. H, p. 380. 318 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIUK DE L'HOMME maire. Il est piimilivenionl un muscle fléchisseur des orteils, comme en témoignent l'anatomie comparée et l'étude de ses anomalies dans l'espèce humaine. Et c'est dans l'insertion de son extrémité tendineuse au calcanéum et non ailleurs qu'il faut chercher la cause de son atrophie chez l'homme. On comprend aisément que chez l'homme, où le pied est devenu le seul organe de sustentation du corps, ce qui fait que sa face plantaire est en rapport avec le sol et qu'il forme un angle avec la jambe, l'aponévrose plantaire, en se fixant au calcanéum, a accompli une fonction importante; elle a contribué à maintenir la convexité du pied. Une fois cette attache et celte fonction acquises, le plantaire grêle est devenu superflu et a subi une rétrogradation. Chez le coall, le plantaire grêle se continue, du reste, en passant par-dessus le calcanéum avec l'aponévrose plantaire; mais il n'est nullement en rapport avec le court fléchisseur commun; celui-ci est un muscle propre, mince et fort allongé, qui s'étend du calcanéum à tous les orteils, le premier excepté*. Dans Vours brun. d'Amérique qu'a disséqué M. Testut^ « le plantaire grêle, aussi volumineux que les deux jumeaux, s'insérait en haut, au-dessous et en dedans du jumeau externe sur la partie postérieure du condyle externe. Au tiers inférieur de la jambe, il se jetait sur un tendon cylindrique, lequel glissait sur la face interne du calcanéum et venait se confondre en s'élargissant avec l'aponévrose plantaire. Quant au fléchisseur perforé, il se détachait isolément de la face inférieure du calcanéum- ». Faisceaux surnuméraires [M. j)lanlaris bicaudatus) . — Le plantaire grêle, ayant ses insertions supérieure et inférieure habituelles, peut être renforce dans sa partie charnue par un faisceau musculaire qui le transforme en un muscle biceps. Ce faisceau unilatéral ou bilatéral se détache tantôt : 1° du fémur, à 3 centimètres au-dessus du condyle externe (cas de Kolliker) ; 2° tantôt du ligament latéral externe de l'articulation du genou (cas de Meckel, 1 cas personnel, à droite et à gauche) ; 3° tantôt enfin, du ligament postérieur de cette articu- lation (HalF, Wood, Gruber, Smith, Howse et Davies-Colley). ' Meckel. An. compar., t. VI, p. 452. - Cette disposition ne paraît pas constante. Shepherd a vu chez Vours le plantaire grêle se réunir sur le tendon d'Achille au muscle gastrocnémieu qui se trouvait ainsi avoir trois chefs et Cuvier représente dans son allas (pi. XCl, fig. 1, a, a', y) un mode de confor- mation identique. 3 Hall. LUleralurZellunçi, 1808, Bd. II, p. 211. MUSCLES DE LA JAMBE 319 POPLITÉ Absence. — RinghoiTor a signalé rabsenco du poplito choz un individu dont le pied était diiYorme^ Sur une femme de quarante- cinq ans, morte ataxique, nous avons vainement cherché, M. le D'" Camus et moi, ce muscle du côté droit. Anaïgmie comparée. — Le poplité manque chez le joteropus (Hum- phry)^, dans les C/ia«t)e-.çoi^ri.9, le C ijnocéphale Anubis, YAtele beelzebut (Kuhl, Beitrage zur zoologie, etc., 1820, p. 26). Dans cette dernière espèce, au contraire, Meckel l'a vu très développé. Kuhl s'est-il trouvé en présence d'une simple variation individuelle? Os sésamoïde dans le tendon d'origine. — M. le professeur Maca- lister a rencontré un os sésamoïde dans le tendon du muscle poplité. Je ne sache pas que cette malformation ait été observée par d'autres anatomistcs. Elle est l'homologue de la malformation du rond prona- teur notée par Hyrtl et Scheuzer. Anatomie coMPAiiÉE. — La présence d'un os sésamoïde dans le tendon d'origine du poplité a été signalée chez le scinque, Vunait et Vaï par Humphry " ; chez \q pangolin par Humphry et Owen'' ; chez le foiinni- lier par Humphry et MeckeP ; chez le chien par W. Ellenberger et H. Baum® et chez Vhgène par Meckel. Young et Robinson n'ont pourtant pas fait mention de l'existence de ce noyau osseux, dans le tendon du muscle poplité de \ H gène striée''. Connexions plus intimes avec les muscles voisins et faisceaux surnu- méraires. — Syn. : poplité à deux têtes ; muscle accessoire en connexion avec le jjoplité (Wagstaiïe) ; petit poplité ou poplité supérieur (Calori) ; ' Ringhoffer. Virchow's Arc/i., vol. XIX, p. 28. - Humphry. On Myologij of Ihc l'uahs of pleropus, May 1869, p. 312. ^ Humphry. The Myolof/ij of (fie lluibs of t/ie uimii, the ai, etc., nov. 1809, p. 58, et Oljserv. in Mjjolorjij,]). 27. ' Owen. Comp. an., II, i09. " Meckel. Anat. comp., t. VI, p. 401-402. « W. Ellenberger et Henri Baum. Loc. cit., p. 268. ' Young et Robinson. Jourii. of an. and plujs., janvier 1889, p. 19G. 320 VAUIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME 7nusc. poplileus biceps (Griibor) ; poplitcus f/cminus (Fabrice d'Aqiia- pondcnte), etc. Dans le numéro de novembre 1871 du Journal of anatomy and jjhysiology, sous le lilre « Description of an accossory nuisclein connec- tion iviih the poplileus », M. W. WngslafVe a appelé Tattenlion des anatomisles, sur un faisceau musculaire singulier qu'il avait trouvé, l'année précédente, à Saint-Thomas's Hospital en disséquant le creux poplité du membre inférieur gauche d'un sujet du sexe masculin. Ce faisceau était inséré en haut sur l'os scsamoïde du jumeau externe et en bas sur le bord interne du tibia, au-dessus du muscle poplité, avec l'extrémilé interne duquel il était intimenjent confondu. D'après M. Wagstaiïe ce faisceau n'aurait pas été signalé avant lui. M. Wagstalfe se trompe. Des cas analogues au sien ont été décrits, en 1866 par Calori dans les Mémoires de l^ Académie de Bologne, puis par Bevan, membre du collège royal des chirurgiens d'Irlande et bien avant eux par Fabrice d'Aquapendente [De motu locali Animalium, in Opéra anat. et physiol. Lipsia?, 1687, p. 359) et Riolan'. Un nouveau cas dont on trouvera une analyse succincte dans le Jahreshericht d'Hoffmann et de Schwali)e de 1878, a été encore observé il y a une vingtaine d'années par Nordlung. Un travail complet sur celte anomalie a, du reste, été publié par le professeur W. Gruber. Cet anatomiste remarque que le faisceau dont il s'agit constitue avec le poplité un muscle biceps, limitant un triangle dont la base regarde en dehors et en haut et le sommet en bas et en dedans. La longueur de cette base dans laquelle est enclavé le con- dyle externe du fémur est représentée par l'intervalle qui existe entre l'insertion des deux tôles d'origine. La tète supérieure est toujours moins forte que la tête inférieure et, au lieu de passer en avant, passe quelquefois en arrière de l'artère poplitée. Large à peine de quelques millimètres, au niveau de son attache fémorale, elle peut mesurer 27 millimètres, au niveau du point oi:i elle se confond avec la tète inférieure. Sa longueur moyenne est de 5 centimètres. Elle naît par un court tendon ou par une lamelle aponévrotique nacrée soit de la partie supérieure et postérieure du condyle externe, soit de l'os sésamoïde du jumeau externe. Quelques-unes de ses hbres se fixent d'ordinaire aussi au ligament postérieur de l'articulation du jarret. Cette attache de la tète supérieure du popliteiis biceps sur l'os sésamoïde du jumeau ' Riolaii, in Dieincrbroeck, t. H, p. 487. MUSCLES DE LA JAMBE 321 externe a été notée 7 fois sur 1 1 cas par le professeur Griiber, autre- ment dit dans tous les cadavres où cet os existait : deux fois cette tète s'insérait exclusivement sur ce noyau et 5 fois sur ce noyau et sur le ligament postérieur articulaire du genou \ Le M. popliteus biceps coïncide souvent avec l'absence du plantaire grêle. Le faisceau de renforcement du poplité est très rare. M. Testut l'a cherché sur plus de oO sujets sans jamais en rencontrer la moindre trace. En vingt ans je lai vu deux fois. Voici en quelques mots la dispo- sition qu'il affectait. Premier cas. — Janvier 1879. — H. soixante-dix ans ; Ramollis- sement cérébral. Dans le tendon d'origine des jumeaux externes on trouve un os sésamoïde très prononcé. Cet os sésamoïde donne naissance, à une lame aponévrotique à laquelle fait suite un faisceau charnu plat, large de 2 centimètres, qui va progressivement en se rétrécissant jusqu'au moment où il rejoint, api'ès un trajet, de 4 centimètres et demi le muscle poplité dans lequel il se perd. Ce faisceau n'a aucune con- nexion avec la capsule fémorale et recouvre l'artère poplitée. Deuxième cas. — Mars 1889. — H. vingt-deux ans; fièvre typhoïde. A droite le creux poplité est normal. A gauche l'artère poplitée qui a été injectée est croisée obliquement de dehors en dedans et de haut en bas par un cordon musculaire, large de 5 millimètres, assez pâle. Ce cordon contractile est soigneusement disséqué. Il est long de 5 centimètres et demi, et s'attache d'une part, en dehors, au-dessous et à côté de la fossette d'insertion du jumeau externe et par quelques rares fibres à la capsule de l'articulation coxo-fémorale, et en dedans, à la partie la plus interne de la lèvre supérieure de la ligne oblique de la face postérieure du tibia où il se confond avec le poplité. Anatomie comparée. — M. le professeur Humphry a démontré : 1" Que les muscles lléchisseurs et pronateurs de la jambe et du pied ont comme ceux de la main, une origine embryogénique commune ; 2'' Que dans quelques Vertébrés inférieurs où l'extrémité du membre postérieur n'a, ainsi que l'extrémité du membre antérieur, que des mouvements d'ensemble, l'agent actif des mouvements est constitué ' \V. Gniber. Arcli. /'. un. i/inl plnjs,, 1875, p. 599. II. 21 322 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE LIIOMME également par une vaste lame musculaire indivise, étalée depuis le segment supérieur du meml)i'e jus(|u"à l'extrémité de» phalanges ; 3° Que ce n'est qu'insensiblement que cette lame contractile {pro- nato-flexor mass) se subdivise. 4° Que chez le cryplobranclœ, cette masse des pronateurs et iléchis- seurs de la jambe et du pied est formée par deux couches : une couche superficielle qui correspond, dans l'espèce humaine, aux jumeaux, au soléaire, au plantaire grêle et au fléchisseur commun superficiel des orteils et une couche profonde qui se subdivise elle-même en trois portions dont une représente le poplité {pronator tibiœ de Ilumphry), une, le fléchisseur tibia! ou long (léchisseur commun des orteils et dont une forme ce que M. le professeur Ilumphry a appelé « pronator pedis ». Le muscle pro««^or p)edis naît du péroné et delà partie posté- rieure du tarse et par quelques fibres du condyle externe du fémur. Il est à lui seul l'homologue du tibial postérieur et de ces deux portions du fléchisseur commun qu'on nomme en anatomie humaine le long fléchisseur du pouce et l'accessoire ou chair carrée de Sylvius. Gomme l'a écrit le professeur Testât (|ui a accepté ainsi que moi les opinions de M. Humphry : « Si, sur la genèse des muscles des membres chez l'homme, les homologies sont plus difficiles à établir entre les muscles de la jambe et ceux de l'avant-bras, cela tient à une division très multipliée au pronato-flcxor ?)iass, et aussi à un mode de différen- ciation bien dissemblable dans l'un et dans l'autre membre, mode de diflerenciation toujours en rapport avec les fonctions des extrémités. « Deux conditions surtout tendent à accentuer les différences entre la morphologie des muscles de l'avant-bras et ceux de la jambe : c'est, d'une part, l'abolition à la jambe des mouvements de pronation, qui sont si étendus à l'avant-bras, et d'autre part le développement, à la partie postérieure du pied, de la saillie du calcanéum. L'abolition des mouvements de pronation supprime du même coup les muscles pro- nateurs, en tant que muscles distincts; la saillie du calcanéum agit surtout en oflrant à certains faisceaux musculaires une surface d'in- sertion très large et en sectionnant ainsi en deux portions, par suit(' d'insertion secondaire, des muscles étendus primitivement et sans interruption jusqu'aux orteils *. » Ceci connu, linterprétation des variations du plantaire grêle et de celles du poplité de l'homme devient possible. ' Tcstut. Truilé des an. musculaires, \}. 660. MUSCLES DE LA JAMBE 323 Portions d'une masse musculaire commune très étendue, les deux muscles en cause peuvent être plus courts ou plus longs, ne pas exister, présenter des faisceaux surnuméraires par suite d'un trouble dans le développement embryogénique. Le plantaire grêle de l'homme, qui est à la jambe Thomologue du palmaire grêle de Tavant-bras, doit se fixer et se fixe, en effet, dans certains cas anormaux, sur l'apo- névrose plantaire. Le poplité de l'homme, qui est riiomologue à la jambe du rond pronateur de Tavant-bras, doit posséder et possède effectivement par- fois, un os sésamoïde et deux tendons d'origine. « Dans le Dasi/pus sexcinctus, dit M. Gallon \ le poplité pourvu de deux têtes a une ressemblance frappante avec le muscle qu'on suppose être son homologue sériai au membre antérieur, savoir avec le rond pronateur. » « Le poplité des Solipèdes aurait aussi deux faisceaux d'origine : un supérieur et un inférieur, » sil faut en croire Meckel. JAMBIER POSTÉRIEUR Absence. — L'absence du jambier postérieur a été notée par Budge. (Budge, Henle u. Pfcufcrs Zeitschrift, vol. X, p. 128.) Anatomie COMPARÉE. — (' Lc jambier postéricLir manque tout à fait, dit Guvier^, dans X^scochons, les Mammifères à canon, et dans les Oiseaux. » De son côté Meckel affirme" « qu'il n'existe pas chez les Solipèdes, les Ruminants , le cochon^ le pécari, ni même chez la chauve-souris et que chez V agouti il est tellement atrophié qu'il est facile de le laisser passer inaperçu ». Je ferai observer qu'en ce qui concerne la chauve-souris, Mecke a commis une erreur. Le tibial postérieur se rencontre dans les Chéiroptères, seulement il est situé à la région antérieure de la jambe à cause de la rotation qu'a éprouvé le membre pelvien dans sa totalité. Ce muscle a été signalé par M. Maisonneuve dans le Vespertilio muri- nusQi par M. Macalister dans les genres Megaderma, Macroglossus, etc. ^L Chauveau prétend même que dans les Solipèdes, les Ruminants , ' Galton. Loc. cit.. p. 555. - Cuvier. Anal, comp., 2« édit. t. I, p. 541. ^ Meckel. Anaf. comp.. t. VI, p. 423. 324 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME le porc on le rencontre aussi, mais qu'il se jello dans le perforant dont il constitue un faisceau supcrliciel et procède de la tubérosité externe et supérieure du tibia (?). « Chez le chien, dit M. Lcsbrei, le jambier postérieur est indépen- dant, mais il est extrêmement grêle et parfois môme absent. » Dans ce carnassier il s'insère en haut sur le péroné et la face postérieure du tibia ; en bas son tendon, gros comme un lil, vient se perdre sur le ligament tarso-métatarsien postérieur. M. Lesbre pense également qu'il fait défaut chez le lapin et que le muscle décrit chez cet animal sous le nom de jambier postérieur est le lléchisseur libial des orteils. Duplicité. — Banhnsen a décrit comme un second tibial postérieur, sous le nom de tibialis secimdus, un faisceau musculaire qui s'étend de la face postérieure du tibia, au-dessous du tibial postérieur normal, au liqamentum crucialiim (ligament croisé). Pour moi comme pour Bahnsen, ce faisceau est bien, malgré l'opinion contraire émise par divers anthropotomistes, constitué par un dédoublement du jambier posté- rieur. Sa direction, sa situation, ses insertions supérieures, tout l'in- dique. J'ai été assez heureux pour le voir deux fois complètement déve- loppé. I. H..., soixante-douze ans, congestion pulmonaire double; jan- vier 1885. La jambe droite est normale. Au-dessous du tibial postérieur de la jambe gauche est un petit corps charnu indépendant, qui s'insère dans une étendue de 6 centimètres environ au-dessous de la ligne oblique du tibia, sur le tiers interne de la face postérieure et de la lèvre interne du tibia. A ce corps charnu succède un tendon qui suit dans tout son trajet la direction du tendon du tibial postérieur jusqu'à 5 millimètres en arrière du scaphoïde, où il se divise en trois languettes filiformes dont l'une se porte sur le tendon du péronier latéral, l'autre sur le 2'' métatarsien et la troisième sur le cuboïde. Le tibial postérieur de ce côté se fixe entièrement, ainsi que celui du côté droit, sur le tubercule du scaphoïde. Chacun des deux tibiaux postérieurs possède à ce niveau un os sésamoïde fibro-cartilagineux, mais l'os du tibial postérieur gauche est plus volumineux que celui du muscle correspondant du côté opposé. ' Lesbre. Loc. cil.,"^. 171. MUSCLES DE LA JAMBE 325 II. — H..., quarante-sept ans, fracture du crâne ; février 1879. En disséquant la jambe droite, je découvre au-<1essous et en dedans du tibial postérieur un faisceau musculaire distinct dans toute son étendue des autres muscles de cette région. Ce faisceau, de la grosseur et de la longueur du petit doigt, se détache du bord interne du tibia et de la partie de la face postérieure de cet os adjacente à ce bord, immé- diatement au-dessous de J 'extrémité inférieure de la ligne oblique à laquelle se fixent le soléaire et le jambier postérieur. Sous le liga- ment calcanéo-scaphoïdien inférieur, le tendon qui fait suite à ce faisceau se divise en deux branches dont l'externe s'attache sur l'extré- mité postérieure du deuxième métatarsien et l'interne sur l'os sésa- moïde du tendon inférieur du tibial postérieur du même côté. A gauche les muscles de la région jambière postérieure n'offrent rien d'inaccoutumé. A.NATOMiE COMPARÉE. — Uu sccond tibial postérieur existe dans VOryctérope du Cap. Galton le nomme tibialis posticiis vel intermis^ et Guvier « long fléchisseur du pouce"- ». Il naît du tibia au-dessous du précédent et se termine sur un petit os couch é sur le tubercule pos- térieur du scaphoïde et sur la base de la phalange proximale du gros orteil. Une disposition analogue se retrouve dans le Tatou à six bandes (Galton) et le castor (Meckel). Chez la marmotte, Mcckel affirme que le tibial postérieur se divise fort haut en deux tendons, l'un pour le cunéiforme, Tautre pour le petit os scutiforme^ La présence d'un muscle tibial postérieur double a été encore signalée dans Xaï, Viniau, le fourmilier par Humphry et dans le Phaloscartos cinereus et le Pha- lagina vulpiiia par Young. « Le second tibial postérieur des Édentés est vraisemblablement, a écrit Wood, le résultat d'une dilTérenciation du tibial postérieur semblable à celle qui se produit souvent dans le tibial antérieur de l'homme'. » Os sésamoïde dans le tendon inférieur. — Cet os sésamoïde est beaucoup plus souvent présent qu'absent. Contrairement à ce qu'avan- cent certains anatomistes, son absence et non sa présence, constitue donc l'anomalie. Pour être constant ce noyau n'occupe pas toujours la ' Gallon. On Dasypus sexcinclus, cit. p. 558. - Cuvier et Laurillard. Allas, pL I, 260. ^ Meckel. Anaf. comp., t. VI, pi. 524, * Wood. Proceed. of tlie Roy. Soc, 1865, p. 1 1. 326 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME mémo position. Chez quelques sujets on le rencontre dans le lien même de l'insertion du tendon au tubercule du scaplioïde et chez quelques autres au niveau du ligament calcanéo-scaphoïdien inférieur où il glisse sur un noyau semblahie. .le n'ai jamais vu le tendon terminal avoir un os sésamoïde double. Ordinairement cette production est fibro-carlilagineuse ; sur deux vieillards que j'ai disséqués elle était cependant osseuse. Anatomu-: comparée. — Dans son mémoire sur l'anatomie du j)l(itypus, Meckel a l'ait mention de l'existence d'un sésamoïde dans le tendon du tibial postérieur de ce Monotrême\ La présence dans le tendon du tibial postérieur de l'homme d'un os sésamoïde analogue à celui qu'on rencontre chez les Mammifères et en particulier chez les Edentés où il forme un os spécial est vraiment « suggestive », a observé Wood. Tandis que Cuvier prétend que cet os est considérable chez les Smges, Church ne l'y signale pas. Il a été pourtant rencontré par Champneys dans le Cynocéphale Anubis et dans le CJiimpanzé noir. Variations de volume. — Le tibial postérieur étant le muscle essen- tiel de la station debout et de la marche s'hypcrtrophie chez les grands marcheurs en même temps qu'il détermine, ainsi que l'a très bien démontré mon savant ami le professeur Manouvrier, la déformation platycnémique du tibia-. "Variations des insertions. — On a considéré comme anormale l'in- sertion du jambicr postérieur : 1° Sur les 2% 3" et 4" métatarsiens (Harrison) ; 2° Sur le cuboïde (Winslow) ; 3" Sur le court fléchisseur du gros orteil (Wood) ; 4° Sur le 5" orteil (divers anatomistes) ; 5° Sur le tendon du long péronier latéral (Meckel). Avec Bichat^ Ad. Richard'' et Theile^ j'affirme positivement qu'à l'état normal le jambier postérieur s'insère toujours sur les 2", 3'^ et k" métatarsiens, sur le cuboïde et le fléchisseur plantaire de l'hallus. ' MeckeL Ornithorijnchi paradoxii descript. anatom.. iu-fol. Leipzig, 1826, p. 30, ' Manouvrier. Mém. de la Soc. d'Anthrop. de Paris, 2" série, t. ]\. ' Bichat. Traité d'anat. descript. Paris, 1802. * A. Richard. Ann. des se. nat., 1852, t. XYIII. p. 2. * Theile. Encycl. anat., vol. III, p. 317. MUSCLES DE LA JAMBE 327 Je ne considère comme anormales que les expansions aponévrotiques que le muscle dont il s'agit peut envoyer à la base du 5'' orteil ou au long péronier latéral. C'est aussi, au surplus, l'avis de M. R. Picou. Sur 54 sujets qu'il a examinés, M. R. Picou a noté seulement 12 fois l'union du tendon du jambier postérieur et du tendon du long péro- nier ^ Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — Le jambier postérieur est souvent relié par des trousseaux de fibres à l'un ou l'autre des longs fléchisseurs des orteils. Dans le chat le jambier pos- térieur est uni de même à la partie supérieure du long fléchisseur propre du gros orteil (Strauss-Durckheim). LONGS FLÉCHISSEURS DES ORTEILS Pour bien comprendre les variations qu'olTrent les longs fléchisseurs des orteils, il est indispensable de ne pas séparer l'étude des variations du long fléchisseur propre du gros orteil ou, pour être plus exact, du fléchisseur péronier, de l'étude des variations du long fléchisseur com- mun des orteils ou, pour être plus exact, du fléchisseur tibial. Je dis fléchisseur tibial QÏ fléchisseur péronier. Il est plus juste, en elfet, d'em- prunter à Fanatomie comparée les noms de fléchisseur péronier pour le long fléchisseur propre du gros orteil et de fléchisseur tibial pour le long fléchisseur commun des orteils. Car depuis les recherches de Struthers (1863) confirmées parcelles de MjM. Turner, Schultze, Maca- lister, Chudzinski, etc., il est acquis que le long fléchisseur propre du gros orteil concourt, avec le long fléchisseur commun des orteils, à la formation des tendons des longs fléchisseurs des 2° et 3° orteils -. Les longs fléchisseurs communs des orteils sont des muscles très instables. Ils peuvent : 1' Recevoir des faisceaux de renforcement de l'un ou l'autre des muscles provenant de la masse contractile [pronato-flexor tnass de Humphry) de laquelle ils naissent ainsi que tous les muscles de la région jambière postérieure; 2" Avoir des connexions plus intimes entre eux par suite de la dis- ' R. Picou. Bidlel. de la Soc. anal., t. VIII, fasc. 7, p. '258. - Struthers. On the errov of feyarduifj the flexor loiujus pollicis pedis of man as nonnally a flej-or of the (/reai toe only. {Edimb. med. and chirurg. journ., vol. IX, p. 84, juin 1863.) 328 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME sociation moins complète des éléments de la portion de la couche profonde de la ]wonator-fUxor mass dont ils énia nent tous deux; 3° Être divisés en un plus grand nombre de faisceaux par suite d'un excès de segmentation de cette portion de la couche profonde de la pronator-flexor mass dont ils dérivent l'un et l'autre. I. Faisceaux surnuméraires. — Gies a vu une fois un faisceau provenant du muscle tibial postérieur rejoindre au-dessus delà cheville du pied le fléchisseur tibial et une autre fois ce fléchisseur renforcé presque à son origine par un faisceau qui naissait du péroné'. Glaser a disséqué une bandelette musculaire émanant du tibia qui allait se perdre, après avoir croisé superficiellement Tarière tibiale postérieure, dans le fléchisseur susdit ^ Un second long fléchisseur des orteils inséré en bas, au fléchisseur commun normal ou à l'accessoire, a été décrit par Otto ', Meckel*, HalP et Reinhardt^ Un chef surnuméraire venant du fascia de la jambe a été signalé par MM. Macalister et par Smith, Howse et D. Colley". Sur une négresse disséquée par M. Ghudzinski, le tendon du fléchisseur tibial recevait, derrière la malléole interne, un tendon faisant suite à un ventre contractile large de 21 centimètres fixé à la face interne du péroné et au ligament interosseux, à 10 cen- timètres au-dessus de l'articulation tibio-tarsienne*. M. Morestin a trouvé la môme disposition chez un homme de race blanche (Mores- tin, Bull, de la Soc. Anat., 1896, p. 34). Bergmann a rencontré un fléchisseur péronier dans le corps duquel se perdait le tendon lamel- leux d'un faisceau musculaire inséré sur l'aponévrose d'enveloppe du long fléchisseur commun^ Bankart, Pye-Smith et Philips ont trouvé un corps charnu qui naissait aussi en haut de l'aponévrose d'enve- loppe du long fléchisseur commun, mais qui ne s'unissait au fléchis- seur péronier qu'au niveau de la plante du pied. A droite, chez un enfant, j'ai mis à nu un faisceau musculaire qui ' Gies. Der flexor digitoriDn pedis comnninis lo)if/us und seine varietseten [Reichert u. Un Bois Reymond's Arch., 1868, p. 236). - Glaser. BerUnerKUn. Wochenschrifl, 1866, p. 29. ^ Otto. Xeue seltene Beobac/tlungen, p. 40. ^ Meckel. Arch., Bd. IV, p. 480. ^ HaU. Literalurzeitunfj, 1808, Bd, II, p. 204. " Reinhardt. Millier s Arch., 1846, p. 298. '• Smith, Howse et D. Colley. Guiy's hosp. Repor/s, 1870. s Ghudzinski. Revue d'anlhrop., 1882, p. 623. " Bergmann. Ilandschriffliche Xoliz, cit. p. Heale, p. 313. MUSCLES DE LA JAMBE 320 provenait du condyle externe du fémur, du ligament latéral externe de l'articulai ion du genou et de la tète du péroné et allait se perdre, à quatre travers de doigts au-dessus de la malléole interne, dans la face postérieure du lléchisseur tibial. Ce faisceau sus-jacent aux vaisseaux et aux nerfs tihiaux postérieurs était recouvert par le plantaire grcle qu'il croisait à angle aigu. Anatomie comparée. — Les deux iléchisseurs de la civette s'insèrent l'un et l'autre, au tibia et au péroné (Dévies), Le fléchisseur péronier de Véléphant indien reçoit, au dire de Miall et Greenwood, un fais- ceau de renforcement du tibia. Celui de Vours brun d' Amérique pro- vient de la tète et de la face postérieure du péroné, du ligament inter- osseux et de la face postérieure du tibia (Testut). Le long fléchisseur commun des orteils de Yaï a trois tètes dont deux viennent des os de la jambe et une de la partie inférieure du fémur (Meckel). Le long fléchisseur propre du gros orteil du murin remonte jusqu'au fémur (Maisonneuve\ Chez les Mammifères domestiques (le bœuf, le mouton, la chèvre) qui n'ont pas de péroné ou qui n'ont qu'un péroné rudimentaire, le fléchisseur péronier [fléchisseur perforant des hippotomistes, renforcé parle jambier postérieur qui se termine sur lui, s'attache à la face postérieure du tibia située au-dessous de la ligne oblique, sur le péroné quand il existe ', et sur le ligament interosseux. On retrouve le même mode de conformation dans le porc, Mammi- fère domestique dont le péroné est bien développé. IL Connexions plus intimes des deux longs fléchisseurs. — Les connexions diverses des longs fléchisseurs des orteils ont été très bien étudiées dans le mémoire que M. Turner a publié dans le volume XXIV des Transactions de la Société Royale d Edimbourg et que nous avons cité en traitant des anomalies des loncfs fléchisseurs des doigts et par M. Eihardt Schultze de Rostock dans un travail qu'il a adressé au Sie- boldu. Kollikcrs Zeischrift (vol. XXYIII). Sur 50 sujets qu'il a examinés M. Turner déclare : Qu'il n'a jamais trouvé les fléchisseurs deux fois agencés de la même façon, que sur tous les sujets le long fléchisseur du gros ' Le péroné réduit, on le sait, à l'état styloïde chez les SoUpèdes où il ne descend guère au-dessous du tiers supérieur du tibia, est remplacé chez les Ruminants par un ligament qui aboutit à un petit noyau malléolaire, relégué dans la région du tarse. 330 YAUTATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME orteil envoyait sous la plante du pied une expansion plate ou arrondie au Ikk'liisscur commun ou à l'accessoire ou à la fois aullécliis- seur commun et à l'accessoire ; « Que dans il sujets, sur les 50 examinés, ce faisceau se portait sur le tendon que le llécliisseur commun envoie au second orteil, et représentait : chez 4, comme dans les cas de Arnold, de Henle et de Theile, la moitié du volume du tendon commun; chez 6 plus de la moitié de ce volume ; et chez un, comme dans les cas de Diemerhroeck et de Meckel, presque la totalité de ce volume; « Que dans 20 sujets, ce faisceau donnait naissance, après un court trajet, à deux branches qui se rendaient, comme dans les cas de Church, de Rolleston et de Huxley, sur les tendons que le fléchisseur commun fournit au second et au troisième orteils. Chez deux de ces 20 sujets ces branches constituaient presque entièrement les tendons des deuxième et des troisième orteils, chez douze la branche interne était plus large que la branche externe, chez cinq les deux branches avaient les mômes dimensions, chez un la branche externe, unie au tendon correspondant à l'accessoire, formait tout le tendon du second orteil ; « Que dans 18 sujets ce faisceau se partageait bientôt en trois branches qui allaient rejoindre les tendons du lléchisseur tibial des- tinés aux 1", 3° et 4" orteils. Parmi ces 18 sujets, la branche interne, celle du second orteil, était la plus prononcée chez sept; la branche interne et la branche moyenne, celles du 2" et du 3" orteil étaient plus fortes chez cinq ; la branche interne et la branche externe, celles du second et du quatrième, étaient plus prononcées chez un, et les trois branches avaient la même épaisseur chez cinq ; « Que dans un sujet ce faisceau se subdivisait en quatre branches dont deux, celles qui se distribuaient au 2" et au 3" orteil étaient })lus larges que celles qui se distribuaient au 4" et au o"^ orteil ; « Que dans chacun des SO sujets le faisceau de renforcement indivis ou bihde, trifide, etc., du llécliisseur péronier ne s'unissait au fléchis- seur commun ou à l'accessoire qu'après leur segmentation. » D'autre part, M. Eilhardt Schultze a constaté sur 100 pieds humains qu'il a disséqués, que l'expansion fibreuse que le fléchisseur péronier donnait au fléchisseur tibial Se perdait entièrement sur le 2<^ orteil dans 32 Se perdait sur le 2° et le 3<= orteil dans 58 Se perdait sur le 2«, le 3^ et le 4^ orteil dans 10 100 MUSCLES DE LA JAMBE 331 Les statistiques de MM. Chudzinski, Macalistor et les miennes con- cordent avec celles de MM. Turner et Schiiltze. L'expansion tendi- neuse que le lléchisseur péronier détache aux tendons du fléchisseur tibial qui se rendent aux 2" et 3° orteils est normale. Au lica que ce soil le lléchisseur péronier qui abandonne une expansion fibreuse au lléchisseur tibial, ce peut être le fléchisseur tibial qui en abandonne une au fléchisseur péronier. Ce mode de con- formation a été rencontré par : MM. Turner 6 fois sur 50 sujets. Wood 6 — 36 — SchuUze 29 — 100 — L'auteur 6 — 29 — Total. 4Î" 21S sujets. On a prétendu qu'un ou plusieurs orteils ne pouvaient recevoir deux tendons des longs fléchisseurs, sans que ces tendons soient confondus. C'est une assertion contre laquelle je m'élève avec M. le professeur Macalister. Wood a disséqué un homme chez lequel le tendon du 2" orteil venant du fléchisseur tibial était absent. J'ai noté plusieurs fois cette anomalie des deux côtés ou d'un seul. J'ai vu sur une Angolaise, mais seulement à gauche, le 3° orteil n'avoir qu'un tendon perforant, celui émanant du fléchisseur péronier. Gies a fait mention, en 18G8, d'un cas dans lequel les tendons des i'' et 5"" orteils du fléchisseur com- mun étaient renforcés chacun par un tendon succédant à un corps charnu inséré sur ce même fléchisseur, près de l'interligne articu- laire métatarso-phalangienne '. M. Macalister a observé un cas dans lequel le 1*"' orteil recevait un tendon du fléchisseur péronier, le 2'' orteil un tendon constitué (a) par un faisceau de l'accessoire, {p) par deux faisceaux du fléchisseur tibial, le 3*^ orteil, un tendon du fléchisseur tibial et un de l'accessoire, le 4" et le 5'' orteil un tendon du fléchisseur tibial seulement. Brugnone a décrit un long fléchisseur commun qui possédait cinq tendons dont le plus externe avait les mômes attaches antérieures que le tendon correspondant absent du fléchisseur plantaire. MM. Flower et Mûrie et M. Chudzinski ont trouvé chez une Boschimane et chez un nègre le mode de conformation suivant : le fléchisseur péronier allait se perdre sur le 1", le 2", le 3*" et le 4"" orteil et le fléchisseur tibial sur le 2% le 3", le 4*^ et le 5" orteil. ' Gies. Reicherl u. Du Bai'i Reymond's Arch., 1868, p. 234. 332 VACATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME J'ai rencontré la momc disposition sur un nègre, Séverin Emile, de la Pointe-à-Pilre, décédé à l'hôpital de Tours, il y a dix ans. (Pour de plus amples détails, voy. M. courl flrcJiisseur des orteils et Chair carrée.) Anatomie coMPAisÉE. — Pliisicurs (les malformations ci-dessus sont la reproduction de mairormalions similaires des fléchisseurs des mem- hres thoraciques. Cela devait être, puisque les agents contractiles qui font plier les orteils sont les homologues des agents contractiles qui font plier les doigts. Fusionnés chez les Vertébrés inférieurs, les deux fléchisseurs des orteils sont, sinon bien dissociés, du moins faciles à reconnaître chez les Mammifères, même chez ceux qui paraissent dépourvus du pouce. Dans les Singes et même dans les Anthropoïdes leurs tendons termi- naux varient comme dans l'espèce humaine. Dans le : Le fl(?cliisseur liliial fournit Le fli'cliissoui- prioiiicr fournit (les tendons uux : des tendons aux : / Cliampneys, 2^, 5^ l^'-, 3% 4" orteils, i (iialiolet et Alix, 2% 5^. 1<='', 3% 4^ — Chimpanzé { r^ , , " ^ ^ ,. . , ' ) ïeslut, 2«, 3% 5^ l", 4'^ — f Deniker, 2% 5^ l*^'', 3«, 4» — \ Hepbiun, 2«, 3% 4% 5«. l'-^ 3«, 4« — / Bischoff, •:«, se. le--, 3% 4e et 2^ o^ _ l Cliapnian, 2% 3°. 1", 3^ 4"= — „ _.. ) Duvernoy, 2% S*". !<='•, 3'=, 4'= — ' '' 1 Macalislei', 2% 3^, 4^, o^. 1»'-, 2^, 4« — f Deniker, 2^, 5«. 1", 3^4'^l — \ Hepburiî, 2% 3% 4% li^ 1^'- — f BiscliofT, 2% 0". 30, 4« — \ Hepbuni, 2°, 5^. 3% i" — ^'""^' Church, 2e,4«,5e. [ Teslut, 2«, 5«. 3% 4" — iScliullze, 2% o^ 1", 2^ 3^ 4'^ — BischofT, 2% 5e. 1^% 2^, 3% 4-^ — Deniker, 2% 5^. 1*'', 2«, 3«, 4-^ — Hepburn, 1", 3«. l^^'", 2^, 3% 4s 5^ — CynocephalusAnubis. . Champneys, 2^, 3% 4% S''. l^', 3^, 4= — Cynocephalns maimon . Bischoff, 2'', 5^". 1*^% 3% 4" — Macacus cynomoUjus . . Biscboff, 2", 5S 1'^'', 3^, 4'^ — , Bisclioff, 2% 5". le'-, 3e, 4e — Cercopilhecus sabœus . Testut, • 2% 3% 4% 5S le^ 3®, 4^ — f Testut, 2% 5". l'% 3«, 4« — ' « Quelquefois, dit M. Deniker, le fléchisseur péronier envoie en outre des tendons au 2" orteil chez le chimpanzé, aux 2' et 5° chez le gorille, >• MUSCLES DE LA JAMBE 333 Le (iL'chisseui' libial l'oui'iiit Le flécliisseur péronier fournil des tendons aux : des tendons : Piihecia hirsula . . . . Bisdioff, 2% 5". !«'■, S", 4^ orteils, Hapale pcnicillala . . . Bisclioff, 2^, 5°. 1«'-, 3°, 4« — Atèlc Mcckel, 2^ 3^ 4'-, o«. l»'-, 3% 4" — Chez le gorille qu'a disséqué le professoui' Harlniann, le court Ué- chisseur commun dos orteils fournissait des tendons perforés au 2'' et au 3° orteil. Le long fléchisseur commun des orteils envoyait des tendons perforés au 4" et au S" orteil. Le long fléchisseur du gros orteil se fendait en deux tendons dont l'un se rendait à l'orteil même, tandis que l'autre fournissait les tendons perforants destinés au 3*^ et au 4® orteil. Les tendons perforants du 'i*" et du Vf orteil partaient de l'autre fléchisseur. « Au grand et au petit orteil, dit le même anato- miste', le chimpanzé ne présente aucune disposition qui dilTère essen- tiellement de celle décrite ci-dessus pour le gorille. Le court fléchis- seur commun dos orteils forme les tondons perforés du 2*^ et du 3° orteil. Le long fléchisseur commun envoie au 4*^ et au 5' orteil des tendons perforés, au 2° et au 5" des tendons perforants ; au 3° et au 4^ orteil, ces derniers viennent du long fléchisseur du gros orteil. Ce dernier muscle fournit, comme chez le rjorille^ un faisceau qui se relie au tendon du long fléchisseur des orteils. '.< Ici égcriement, l'un des longs fléchisseurs des orteils paraît repré- senter le long fléchisseur du gros orteil de l'homme. Il envoie des tendons perforants au 2'^ et au 5^ orteil ; les tondons perforants du 3° et du k" orteil proviennent de l'autre long fléchisseur dos orteils. Le gros orteil ne reçoit pas de long tendon fléchisseur. Les tondons per- forés sont le plus souvent fournis par le court fléchisseur. Le tendon perforé du 4'' orteil est en outre renforcé par une branche tendineuse du long fléchisseur, décrit en premier lieu. L'autre long fléchisseur envoie un filet tendineux au 5" tendon perforé « L'un des longs fléchisseurs du ^?66o;i fournit dos tendons perforants au 2", au 3*" et au 4- orteil, et envoie do plus un tendon au gros orteil. Le petit orteil reçoit un tendon perforé grêle particulier. Tandis que le premier de ces longs fléchisseurs représonlo celui du gros orteil de l'homme, le long fléchisseur commun dos orteils n'aboutit qu'au o'^ orteil. Chez ce singe et chez Xorang, comme d'ailleurs aussi chez le gorille et le chimpanzé, ces deux muscles sont reliés par un faisceau tendineux. N'oublions pas de mentionner à cette occasion qu'assez ' Uartaïauu. Comparaison de l'hoiiime et dea Singes Anlh/vpo'ides, trad. franc., cit. p. 137. 334 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME souvent le long fléchisseur du gros orteil de l'homme envoie un tendon au 2" orteil et même parfois au 3' )^. Dans le coaïta les tendons des deux longs fléchisseurs se réunissent : puis du tendon commun naissent les cinq tendons perforants; le court fléchisseur commun donne des languettes perforées aux 2^, 3" et 4" doigts. Le perforé du 5" doigt naît du tendon des longs fléchis- seurs (Cuvier). Le fléchisseur tibial fournit un faisceau additionnel au fléchisseur péronier dans le gibbon, le cynocéphale, les Cercopithèques, etc. Au-dessous des Singes, dans la plupart des Mammifères et spéciale- ment des Mammifères domestiques, c'est le long fléchisseur externe, le fléchisseur péronier qui fait l'office de fléchisseur commun perfo- rant, tandis que le long fléchisseur interne, le fléchisseur tibial, beau- coup moins volumineux se termine en se réunissant au précédent en bas et en arrière du tarse. Le premier constitue le perforant, le second le fléchisseur oblique des phalanges des anatomistes vétérinaires. III. Subdivision des longs fléchisseurs des orteils en un plus grand nombre de faisceaux. Sous le nom de flexor digiti secundi jrroprius, Bahnsen a décrit un faisceau penniforme isolé, qui s'étendait de la face postérieure du tibia au second orteil'. Bartholin a vu naître aussi de l'os interne de la jambe un fléchisseur distinct se rendant au petit orteil. IIÉGION EXTERxVE LONG PÉRONIER LATERAL Variations de direction et de texture du tendon terminal. — Quand l'apophyse trochléaire sous-malléolaire du calcanéum, séparant les tendons des péroniers latéraux, est très développé (3 fois sur 987 tarses examinés par Hyrtl) le long péronier latéral otfre trois coudes, au lieu ' Bahnsen. Henle ti. Pfeiifer's Zeilchrift,XX\\U, p. 32. MUSCLES DE LA JAMBE 335 de deux : un derrière la malléole externe, un au-dessous de la face inférieure encroûtée de cartilage de l'apophyse trochléaire sous-mal- léolaire, un, au niveau du cuboïde. J'ai vu assez souvent le tendon du long péronier latéral n'otTrir aucun « épaississement ou nœud » (Cruveilhier) derrière la malléole externe. J'ai vu également manquer 2 fois (1 fois des deux côtés chez un homme, i fois à droite chez une femme) le sésamoïde {sésa- moïde sous-ciibo'idien) qu'oITre ce même tendon dans la gouttière du cuboïde et que Sappey déclare être constant. L'expansion fibreuse [frein antérieur du sésamoïde sous-cuboïdien) contenue dans un méso- tendon que le sésamoïde sous-cuboïdien envoie aux insertions posté- rieures du court fléchisseur propre du petit orteil et à l'extrémité pos- térieure du 5" métatarsien est regardée à tort comme anormale par Henle. Wood, Macalister, Testut, etc. MM. Picou et Delanglade l'ont rencontrée 24 fois sur 30 sujets. « Dans quatre cas, disent-ils, ce frein * présente un tel développement qu'on pourrait le considérer comme une division du tendon principal. » Un de mes aides danatomie, M. Gompain, ([uej'ai chargé de véri- fier cette statistique, a rencontré 19 fois cette expansion aponévro- tique sur 30 sujets. Outre, ce frein antérieur, M. Compain a vu le même sésamoïde émettre 3 fois en arrière (2 fois chez Ihomme et 1 fois chez la femme) une autre expansion très fine qui venait se perdre dans les faisceaux du ligament calcanéo-cuboïdien inférieur. Cette sorte de frein sésa- moïdicn postérieur a été aussi observé o fois (chez 3 hommes et chez 2 femmes) sur 30 sujets par M. R. Picou et toujours accompagné d'un frein antérieur. J'ai disséqué cependant une femme chez lequel le frein postérieur existait seul adroite et à gauche. Krause fait mention de ce frein postérieur dans son Traité danatomie. En plus du noyau fibro-cartilagincux à peu près constant contenu dans la portion cuboïdienne et celui beaucoup plus rare logé dans la portion rétro-malléolaire, on en trouve très exceptionnellement (plus souvent a gauche qu'à droite, d'après M. Pfitzner) un dans la portion calcanéenne du tendon du long péronier latéral. Ce troisième sésa- moïde, qui correspond à la face inférieure de l'apophyse trochléaire sous-malléolaire du calcanéum quand cette apophyse est très pronon- ' Delanglade et Raymond Picou. UtilleL de lu Soc. an. de Paris, séance du 23 février 189i, et Raymond Picou. Bullel. de la màne sociélé, séance du Ui mars suivant, t. VIII, l'asc. 7, p. 254. 336 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE LHOMME cée, a été, ainsi que le sésamoïde rétro-malléolaire, découvert par Meckcl'. M. R. Picou a piésenté, le 2 février 1894, à la Société ana- lomique le pied droit d'un homme chez lequel les trois sésamoïdes du long péronier latéral coexistaient. Anatomie comparée. — S'il est vrai, comme l'affirme Ruge ^ que le long péronier latéral se fixe d'abord sur le T' cunéiforme et n'arrive à son insertion définitive qu'après s'être mis successivement en rap- port avec les divers ligaments plantaires, on peut considérer les freins et les faisceaux du long péronier latéral qui se portent sur le 1" cu- néiforme et le 2*' métatarsien, etc. (voy. plus loin Variations des insertions du tendon terminal), comme les vestiges des attaches suc- cessives de ce muscle. Selon Franck, « le tendon du long péronier latéral du chien forme deux fibro-cartilages en bourrelet^ ». Dans le Tro(jlodijtes Aubryï le tendon terminal du muscle en question est maintenu dans la gouttière du cuboïde « par un ligament synovial (un frein un peu élastique) qui peut agir sur la large base du 5° méta- tarsien et même du 4" » (Alix et Gratioletl. Variations de texture du corps charnu. — Le long péronier latéral, qui naît à l'aide de deux chefs, situés dans le voisinage l'un de l'autre et entre lesquels passe le sciatique poplité externe % peut être in- divis. Anatomie co.mpahée. — Le long péronier latéral, qui a deux têtes séparées par le nerf poplité externe dans le genre mustela (Ruge), le Dasypus sexcinctns (Gallon), Vaï (Meckel) est indivis dans divers autres genres, notamment dans le cheval et les Chéiroptères; chez ÏHyène striée la tète inférieure est absente (Young et Robinson). Variations des insertions du tendon terminal. — Le long péronier latéral s'insère normalement : 1° A la face inférieure du t*"" cunéiforme ; 2"^ A l'extrémité postérieure du 1 " métatarsien ; ' Ilenle. Anat. desMenschen, Bd. p. 301. • Ruge. Mo)-ph. Jahr., 1880. ^ Franck, in VV. Ellenberger et II. Baum, An. du chien, trad. fr., cité p. 260. * Ce nerf, encore appelé péronier, ne se divise qu'après avoir traversé l'origine du loug péronier latéral. MUSCLES DE LA JAMBE 337 3° Au bord supcro-externe du l"' métatarsion, en arrière de sa tète. Sur o4 sujets qu'il a examinés M. R. Picou a noté 51 fois l'insertion à la face inférieure du 1"' cunéiforme et à l'extrémité postérieure du '["métatarsien, 48 fois l'insertion à l'extrémité postérieure et à la tète du 1" métatarsien et 3 fois seulement l'insertion à l'extrémité posté- rieure du i*^'" métatarsien ^ Les recherches auxquelles je me suis adonné m'ont fourni des chiffres qui ne diffèrent pas sensiblement de ceux de M. Picou. L'expansion cunéenne du long péronier latéral a été décrite et considérée comme normale ou anormale par Walther [De Art., Liga- ment, et Muscul. Hominis. Lipsi.T, 1728, p. II), Theile [Encyclop. anal.., [rad. Jourdan, 1843, t. III, p. 325), Luschka [Anat. des Menslichen, 1863, I, p. 423], Sabatier [Traité daaat. Paris, 1773, vol. I, p. 376), Winslow [Expos, anat. Paris, 1776, t. II, p. 72, 301), etc., etc. Albinusla ligure dans son ki\-à'S> [Tabula scel. et muscul. homin. Lug- duni Batav., 1748, t. X, fig. 22) comme une lame tendineuse émanant du sésamoïde sous-cuboïdien. C'est là, en effet, sa disposition la plus habituelle. Aussi pourrait-on la regarder comme un frein interne de ce sésamoïde. Voici ce qu'en dit M. (juain : « Finalement le tendon du long péronier latéral, croisant obliquement la plante du pied de dehors en dedans, vient s'insérer sur une empreinte que présente la partie inférieure de l'extrémité postérieure du 1°"" métatarsien et un peu sur la partie avoi- sinante de l'os cunéiforme interne; une expansion l'unit fréquemment à la base du 2" métatarsien. » [Quain's Anatomy., 1882, p. 232.) L'expansion tendineuse du long péronier latéral vers le 2° méta- tarsien a été décrite également par un certain nombre d'anatomistes, mais tous, à l'exception de Krause qui la poursuit au delà, dans le premier muscle interosseux dorsal où il croit qu'elle se perd, tous, dis-je, la font se terminer sur la base de cet os. Des dissections minutieuses m'ont prouvé, ainsi qu'à M. R. Picou, que ce prolongement tendineux passe, peu après son origine, au-dessous d'un pont fibreux qui le bride contre la base du 2'-' métatarsien ; puis, poursuivant son trajet dans le premier muscle interosseux dorsal au faisceau inféro-interne duquel il donne attache, vient se fixer sur la partie antérieure du bord supéro-externe du 1°" métatarsien. Le faisceau inféro-interne du ' fî. Picou. Ballet, de la Soc. anal., mars-avril 1894, fasc. 7, p. 256. II. 22 338 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME l®"" muscle iiiterosscux dorsal, qui s'insère sur lui, constitue une sorte de petit muscle semi-penniforme, attirant en dehors par sa toni- cité cette grêle expansion tendineuse émanée du long péronier ; aussi décrit-elle conslamment une courbe à concavité interne, sorte de longue arcade fibreuse qui traverse le d*"" espace interosseux, en for- mant avec la lace externe du premier métatarsien une large bouton- nière elliptique destinée au passage des vaisseaux pédieux dont elle favorise la circulation. Il ne faut, à mon sens, considérer comme anormales que l'insertion du muscle qui nous occupe sur le l*"' métatarsien seul, ou sur le P', le 3" et le 4° métatarsiens (Macalister, Walther, Humphry) ou sur le l'^'" métatarsien et le tendon du jambier postérieur. M. R. Picou n'a rencontré, je le rappelle, que 12 fois sur 5i sujets l'union du tendon du long péronier latéral avec celui du jambier postérieur. Anatomie compauée. — Le long péronier latéral se termine sur le 1^'", le 2'' et le 3'^ métatarsiens, dans Yunau, le 2% le 3° métatarsiens et les cunéiformes dans \e porc-éplc (Humphry, Mcckel), le cuboïde, le 4° et le 5" métatarsiens, dans le renard et le c/iie?i, les cinq métatarsiens dans le c/tat (Strauss-Durckheim), le 3" cunéiforme et le grand os métatarsien dans la girafe (Lavocat), etc. « On le rencontre, dit M. Lesbre, dans tons les Mammifères domestiques à l'exception des Solipèdes. A défaut du métatarsien du gros orteil, il se termine sur le plus interne et souvent aussi sur le cunéiforme correspondant'. » Variations des insertions du corps charnu et faisceaux surnumé- raires. — Sur une jambe difforme Ringhoifer a vu les deux péroniers latéraux fusionnés et fixés, en haut, au condyle externe du fémur et en bas sur l'aponévrose plantaire et la face externe du calcanéum. Rudge a rencontré un faisceau du long péronier latéral, qui était inséré sur la malléole externe- et le professeur Macalister un faisceau du môme muscle qui était inséré sur le ligament latéral externe de l'arti- culation tibio tarsienne. Ces faisceaux doivent, à mon sens, être regardés comme des extenseurs incomplets du S*" orteil provenant du long péronier latéral. AxATOMiE COMPARÉE. — En nc tenant compte que des insertions supé- rieures des péroniers on peut ranger les Mammifères en trois classes : ' Lesbre. hoc. cit., p. 165. " Budge. llenle u. Pfeufei's lellschnfl, voL X, p. 128. MUSCLES UE LA JAMBE 339 Première classe. — Ceux dans lesquels les péroniers proviennent de la cuisse (Vhyène, le blaireau, la marte, Vours, la coati, etc.). Deuxième classe. — Ceux dans lesquels les péroniers proviennent de la jambe' (les Protèles, la civette, le lion, le loup, les Singes, etc.). Troisième classe. — Ceux dans lesquels les péroniers proviennent à la fois de la cuisse et de la jambe, le tatou, la sarigue, le phoque, la loutre, \a'l, etc. De nombreuses années se sont, au surplus, écoulées depuis le jour où le professeur Krause a établi par de longues et patientes recherches que le ligament latéral externe de l'articulation du genou de l'homme correspond à la tète fémorale du long péronier latéral des animaux. (Krause, Bandbuch der menslichen anatomie, vol. II, p. 25, 1879.) Les derniers travaux de MM. Macalister et Sutton ' touchant ce point par- ticulier n'ont pas infirmé ceux du professeur Krause COURT PÉRONIER LATÉRAL Assez communément le tendon ou le corps charnu divisé ou indivis du court péronier latéral donne naissance à un cordon fibreux qui se termine par une ou deux languettes : a) Soit sur l'extrémité postérieure de la première phalange du 5*^ orteil (disposition commune); [3) Soit sur l'expansion aponévrotique du tendon que l'extenseur commun fournit au 5' orteil (Wood ^ Prenant % W. Gruber, Cunnin- gham) ; ' A défaut (lu péroné, le long péronier latéral prend origine sur la tubérosité externe et supérieure du tibia, ainsi qu'on le voit chez les Ruminants dont le péroné est réduit ;i Tépiphyse inférieure reléguée dans la région tarsienne. D'ailleurs même dans les espèces pourvues d'un péroné développé, telles que les Carnivoi-es, les Rongeurs, le porc, ce muscle, sensiblement porté en avant à la partie supérieure, s'insère plutôt, comme l'a remarqué M. le professeur Lesbre, sur le tibia que sur le péroné et parfois même exclu- sivement sur le premier de ces os. Dans les Solipèdes il n'y a qu'un péronier, dont le ten- don s'unit à celui de l'extenseur antérieur des phalanges (extenseur commun des orteils) vers le milieu de la région métatarsienne : c'est Vextenseur latéral des pitalançjes des hippotomistes. Les auteurs sont loin d'être d'accord sur son homologation comme muscle péronier : Gurlt, Leyh l'assimilent au long péronier de l'homme ; Leisering au péronier antérieur ; Franck et Martin au péronier du cinquième doigt ; MM. Arloing, Chauveau et Lesbre au court péronier latéral. * Macalister, Sutton. .s'orne morp/iolof/ical tessons lauc/Jil bij human variations, p. 12, Oxford, 1894. ' Wood. Proceed. of tlie Roij. Soc, t. XIII, XIV, XV, passirn. * Prenant. Loc. cit. suprà, p. 23. 340 VARIATIONS DU SYSTKME MUSGULAIHi': DE I/HOMME y) Soit sur le tendon que l'exleuseur commun envoie au ."r orteil (Wood, W. Gruber); 0) Soit sur le tendon qne Texlenseur commun envoie au 4" orteil (Wood, 2 cas personnels) ; s) Soit sur le corps ou la tête du o® mcUalarsien (Wood, Testut, Cunningluim) ; t.) Soit sur le 4- métatarsien et le 4" espace intermétatarsien (Cru- veilhier, MeckeP, 1 cas personnel); x) Soit sur le cuboïde (Macalister, Wood); 1) Soit sur l'abducteur du 5° orteil (Wood). Ce cordon fibreux que Wood a appelé peronœus quinti dirjiti, M. Pozzi, tendon digital ou phalangien du court péronien latéral, et le professeur W. Gruber, tendon dorsal du court péronier latéral, a été regardé à tort comme constant par le professeur Sappey. Sur 102 sujets dont 68 hommes et 34 femmes Wood ne l'a trouvé à l'état de complet développement que chez 18 hommes et chez 5 femmes, et à l'état de vestige chez 5 hommes et chez 8 femmes, soit en tout 36 fois, 23 fois entièrement développé, 13 fois rudimentaire. D'autre part, M. Pozzi ne l'a rencontré qne 4 fois sur 28 sujets^ M. Pozzi est, sans doute, tombé sur une série exceptionnelle. Sur 100 sujets dont 60 hommes et 40 femmes je l'ai découvert en effet, à l'état de complet développement, chez 14 hommes et 7 femmes, et à l'état de vestige chez 4 hommes et 9 femmes, soit en tout 34 fois, 21 fois entièrement développé et 43 fois rndimentaire; son degré de fréquence serait donc représenté dans la race blanche par la fraction 1/3. Il serait beaucoup plus commun dans les races de couleur, suivant M. Chudzinski, qui l'a rencontré sur presque la moitié des sujets noirs disséqués par lui. En plus des anatomistes dont j'ai cité les noms, le prolongement phalangien du court péronier latéral a été encore signalé par Theile ^ Giacomini % Souligoux, Cuyer^, Capdeville, Hallett, etc. Au lieu d'être entièrement tendineux, le prolongement dorsal du court péronier latéral peut être charnu à sa partie moyenne et ten- * Meckel. Anat. descript., t. I, p. 222. ^ Pozzi. Bullet. de la Soc. d'Anlhrop., janvier-février 1872, p. 1.j5 et suiv. ^ Theile. Ençyclop. anal., t. 111, p. 326. * Giacomini. Arch. ital. de biolog., t. VI. 5 Cuyer, Capdeville, Hallett. Btdlet. de la Soc. d'Anthrop., mai-juillet 1890, p. 365 et MUSCLES DE LA JAMBE 341 dineiix à son origine et à sa terminaison. C'est ce qui existait chez divers sujets disséqués par Wood, Macalister, W. Gruber, Cuyer, Cap- deville, Hallett, Cunningham et par moi. Pour de plus amples détails je renvoie aux deux monographies et au mémoire que les professeurs W. Gruber et Cunningham ont publiés sur ce vice de conformation. (W. Gruber, le pcronier du 5° orteil et de sa réduction chez rhonunc au tendon dorsal du pied fourni par le court péronier latéral ou bien au muscle dorscd du pied complètement indépeiulant et le j^éronier du 5° doigt chez les Mammifères, et de sa réduction au tendon dorsal du pied fourni par le court péronier /«/eVa/; Cunningham, Tlie peronœus quinti digiti, Proc. of the roi/. Irish Acad., s. m, vol. I, n° 1, 1888.) Anatomie coMPARiiiE. — Le tendon dorsal du court pcronier latéral a été trouvé dans le chimpanzé \)1\y Alix et Gratiolet, Champneys, Vrolik, Testut, Cuvier et Laurillard, Hartmann, Bischofl', Bruhl — (qui Ta TiQVLWLiéperononis intermedius) ; — dans le gibbon par Chudzinski et Maca- lister; dans Vorang par Langer et Ilepburn. Chez ces Anthropoïdes il affectait l'une ou l'autre des formes qu'il offre dans l'espèce humaine. Il n'existait pas chez les gorilles de Duvernoy et de Bischoff et consti- tuait chez Vorang de Langer un muscle différencié dans toute son éten- due des deux péroniers qu'il accompagnait et inséré, d'une part, au quart inférieur de la face externe du péroné et d'autre part à la base du 5® métatarsien. Les Singes inférieurs possèdent un joeronœus quinti digiti ianlài isolé, tantôt dépendant de l'un des deux péroniers et plus communément du court péronier : Cercopithecns sabœus, Cercopithecus fuliginosus, Ma- cacus cynomolgus^ Pithecia Jrirsuta, Cynocephalus mahnon, Cynocé- phalus Anubis, etc. A mesure qu'on descend dans l'échelle animale, le tendon dorsal du péronier latéral devient plus rare. Il a été pourtant signalé dans la Roussette d'Edwards par Alix*, dans le kangourou par Meckel" et dans \q fourmilier par Meckel et Humphry^. Quand, dans l'espèce humaine, il ne coexiste pas avec un péronier antérieur, le pied humain ressemble à celui des Anthropoïdes. J'ai dit plus haut(voy. M. long péronier latéral)q\iQ, chez lesSolipèdes, MM. Arloing, Chauveauet Lesbre aflîrmentque le court péronier latéral ' Alix. Joarn. de VInslUat, \"^ section. ■'MeckeL Anat. comp., t. Vf, p. 413, 414. 3 Ilumphry. Journ of an. and plvjs., nov. 1869, p. 76. 342 VAlUATlOiNS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME se termine en se réunissant à rextenscur commun des doigts. Chez les Carnivores et les Rongeurs il aboutit comme chez les Pri?nales à l'extré- mité proximale du cinquième métatarsien, tandis que chez les Rumi- nants et ieporc il se prolonge jusqu'à la deuxième phalange du grand doigt externe (annulaire) dont il est Textenseur. Chez les Rongeurs, le lapin en particulier, on trouve en plus du muscle en question et du 4" péronier ou péronier du cinquième doigt (voyez plus loin ce muscla), un péronier du doigt pénuilième, petit corps charnu procédant de la moitié inférieure du bord postérieur du péroné, se continuant par un tendon qui, après avoir glissé dans la même coulisse malléolairc que le court péronier latéral et le 4" péronier, croise en dessous les tendons de ces muscles et gagne la première phalange de l'annulaire (IV®). REGION ANTERIEURE PÉRONIER ANTÉRIEUR Le péronier antérieur, encore dénommé troisième péronier [pero- nœus tertius), qui manque normalement dans les quatre Anthro- poïdes ainsi que dans le Cgnocephalus maïmon, le Cercopitliecus sabœus, le Macacus cynomolgus, le Pilheciahirsuta, Vhapale penicillata, le Macacus sinicus^ , etc., manque aussi très souvent dans l'espèce humaine. — Sur 102 sujets (68 hommes et Si femmes), Wood a constaté 10 fois l'absence du péronier antérieur : o fois chez la femme et S fois chez l'homme. Dans les S cas signalés chez l'homme, le péronier antérieur n'existait pas du côté droit dans 3 cas; du côté gauche dans 1 et des deux côtés dans 1 cas également. Dans les 5 cas signalés chez la femme, il faisait défaut du côté droit dans 3 cas, du côté gauche dans 1 et des deux côtés dans 1 cas. ' Rolleston l'a rencontré cependant chez un chimpanzé, et Church et Champneys chez VInuus nemestrinus, le cebiis et le Cynocephali/s Anubis. Dans ces trois derniers Singes, jj n'accompagnait pas le tendon du long extenseur, mais celui du court péronier. MUSCLES DE LA JAMBE 3i3 Ce vice de conformation a été observé également par MM. Schwalbe et Pfitzner 44 fois sur 537 sujets, dont 363 hommes et 174 femmes : 24 fois chez l'homme et 20 fois chez la femme. Sur 120 sujets comprenant autant d'hommes que de femmes, j'ai noté 11 fois la disparition du muscle en cause : 5 fois chez l'homme (2 fois des deux côtés, 1 fois à droite et 2 fois à gauche) et 6 fois chez la femme (1 fois des 2 côtés, 3 fois à droite et 2 fois à gauche). Réunissons ces chiffres : L'absence du 3° péronier a été notée par : MM. Wood chez 10 sujets sur 102, soit chez 9,8 p. 100. Schwalbe et Pfitzner — 44 — 537 — 8,2 — L'auteur — 11 — 120 — 9,1 — Soit .... ~65" 759 Soit chez 8,3 p. 100 "Variations de volume. — Le péronier antérieur peut être aussi volu- mineux que les autres faisceaux de l'extenseur commun des orteils, ou constitué par un corps charnu gracile auquel fait suite un long- tendon. Il est même représenté seulement quelquefois par une expan- sion aponévrotique provenant du tendon de l'extenseur du 3^ orteil. Dédoublement du muscle . — Le dédoublement peut porter exclusive- ment sur le tendon, sur le tendon et une partie du corps charnu, ou sur tout le muscle. J'ai rencontré chez 3 hommes et chez 1 femme, et toujours des deux côtés, ce dédoublement total du péronier anté- rieur dont M. Guyer a présenté un spécimen à la Société d'anthropo- logie. Les diverses modalités de terminaison du second tendon du péronier antérieur indivis ou divisé, totalement ou partiellement, ont été très bien étudiées par Wood. Ce tendon peut se fixer : Soit sur le 4° métatarsien; Soit sur le S"" orteil ; Soit sur l'espace interosseux et le o® métatarsien. Insertion sur le quatrième métatarsien. — Dans ce mode de confor- mation, les deux tendons ont tantôt le même volume, tantôt le tendon accessoire est plus grêle que le tendon normal; tantôt, enfin, le ten- don accessoire est plus considérable que le tendon normal. Parfois même ce tendon accessoire existe seul et le péronier antérieur ne s'attache par conséquent qu'au 4" métatarsien. Le tendon d'insertion surnuméraire du péronier antérieur au 4'' métatarsien se retrouve si 344 VAHIATIOiNS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMMli communément que Tlieile cl le professeur Sappey ont considéré sa présence comme la règle et son absence comme l'anomalie. Ce mode d'insertion du péronier antérieur par deux chefs ten- dineux sur les deux métatarsiens externes n'est pas spéciale à l'homme. Elle existe dans ïimau, le pangolin (Humphry), le /eoala (Young). J'ai dit plus haut que dans les Rongeurs^ le lapin en parti- culier, on trouvait un péronier du doigt pénultième. Insertion sur le cinquième orteil. — Cette attache surnuméraire se fait soit sur l'une des phalanges du ^6" orteil, soit sur le tendon de l'extenseur. Ce vice de conformation constitue une nouvelle variété du peronœiis quinti digiti, un extenseur du 5" orteil provenant du péronier antérieur. Il a été observé le 18 novembre 1887, sur une vieille femme, par deux de mes élèves, MM. Boyer et Dubois, qui m'ont remis à ce propos la note suivante : Extenseur propre du petit orteil. L'extenseur commun des orteils n'offre inférieurement que trois tendons destinés aux 2'\ 3' et 4" orteils ; celui du 5" fait défaut. Mais il naît d'un corps charnu commun avec le péronier antérieur; ce dernier est normal comme tendon; son corps charnu seul est plus volumineux qu'à l'ordinaire, séparé en avant en deux parties par un interstice celiuleux qui disparaît en arrière; la portion la plus interne de ce corps charnu donne naissance à un tendon grêle qui prend sur le 5° orteil la disposition habituelle. Cette anomalie est bilatérale. » Insertion sur Vespaee interosseux et le cinquième métatarsien. — Cette malformation n'est qu'une variété de la précédente. Le tendon surnuméraire incomplètement développé s'est fixé sur l'espace inter- osseux et le 5" métatarsien, au lieu de se prolonger jusqu'aux pha- langes qui le continuent. Triplicité du tendon inférieur et connexions plus intimes avec le court péronier latéral. — Le professeur Testut a vu sur le pied gauche d'un sujet, un tendon très grêle, émanant très vraisemblablement du 5° orteil', se jeter sur un petit corps charnu de 18 millimètres de lon- gueur qui allait se fusionner avec les faisceaux inférieurs du court péronier, ' Ce tendon n'a pu être suivi au delà du cuboïde, le sujet sur lequel il a été observé ayant subi l'amputation tarso-métatarsienne. MUSCLES DE LA JAMBE 34b Une anomalie non moins intéressante est celle signalée par INI. Ray- mond Picou sur le pied droit du sujet dont le tendon du long péro- nier latéral offrait trois renflements fibro-carlilagineux et la face externe du calcanéum une apophyse trochléaire très marquée (voy. M. long péronier latéral). Chez ce sujet « le tendon du péronier anté- rieur, accompagné de fibres musculaires qui venaient s'implanter sur son bord postérieur jusqu'au-dessous du ligament annulaire antérieur du tarse, abandonnait, avant d'aller s'insérer au a" métatarsien, une forte expansion qui, détachée de son bord interne, allait se fixer à la face inférieure du cuboïde. En outre, en se réfléchissant sous le liga- ment annulaire antérieur du tarse, les fibres musculaires détachaient un faisceau grêle qui descendait verticalement et se terminait par des fibres tendineuses au sommet de l'apophyse trochléaire sous-malléo- laire; ce dernier faisceau embrassait en dedans la gaine du muscle court péronier latéral dont le tendon venait ensuite passer dans l'écar- temcnt des insertions calcanéennes et cuboïdo-métatarsiennes de ce péronier antérieur. » M. Souligoux a disséqué un péronier antérieur dont le tendon trifurqué se jetait sur les 3", 4- et 5'' mêla tarsiens et sur les espaces interosseux correspondants. ' Une disposition plus complexe encore est la suivante, observée par M. Edouard Cuyer sur un membre inférieur droit : Le péronier anté- rieur, nettement séparé, dans presque toute son étendue, de l'extenseur commun des orteils, présentait un développement tel, qu'au lieu de ne s'insérer que sur la moitié inférieure du péroné comme on l'indique classiquement, ce muscle s'attachait sur le bord antérieur et la face interne de cet os dans les trois cinquièmes moyens. Vers le tiers inférieur de la jambe le corps charnu se divisait en trois faisceaux à chacun desquels succédait un tendon. Le tendon le plus externe allait, en s'épanouissant, s'insérer à la base du 5'' métatarsien; c'était le tendon normal. Le second tendon, situé en dedans du précédent, auquel il était égal comme volume, allait, en s'épanouissant aussi, s'insérer sur le bord supérieur du corps du 5^ métatarsien. Le troisième tendon, qui était le plus interne des trois, se perdait sur les deux dernières phalanges du 5" orteil. « Le péronier antérieur de ce sujet rappelant donc, dit M. Cuyer, la ' Souligoux, in Poirier, Traité d'anal, myol., p. 253. 346 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME disposition des exlenscurs des doigls de la main*, pouvait rtre consi- déré comme nn extenseur propre du petit orteil. » Cette interprétation est exacte. Le peronœus quinti digiti constitué })ar l'un des chefs terminaux du péronier antérieur appartient au groupe des muscles extenseurs des orteils. M. Testut, il est vrai, avance que ce peronœus quinti digiti est* l'homologue du prolonge- ment digital du court péronier latéral dont les éléments se sont déplacés ou, pour être plus précis, que, (( dans le développement onto- génique, les faisceaux musculaires dont le prolongement phalangien n'est que le reliquat, se sont fusionnés avec le péronier antérieur au lieu de se réunir avec le court péronier latéral, comme cela se pro- duit d'ordinaire ». Entre l'opinion du professeur Testut et la mienne il n'y a pas autant de diflerence qu'on le supposerait a priori. Les péro- niers et les extenseurs des orteils dérivent en effet — je l'établirai plus loin — d'une même masse musculeuse et les connexions entre l'extenseur du 5*" orteil provenant du péronier antérieur et le court péronier latéral que je viens de relater en font déjà foi^. Quant à l'écartement qu'offrent les insertions inférieures du péro- nier antérieur pour le passage du tendon du court péronier latéral, il est constant. Dans une monographie publiée en 1863 {Ueber d. acces- sorischen Streckshne d. kleinen Zehe : Sitzungsb. d. kais. Acadeîn.), Hyrtl a prouvé péremptoirement que le prolongement digital du court péronier latéral perfore toujours le tendon terminal du péronier anté- rieur et que, lorsque ce tendon s'attache au i'' métatarsien, il traverse un ligament (ligamentum inlra metatarswn dorsale) qui relie les 4® et 5'' métatarsiens. Church a noté une disposition analogue dans le cebus. JAMBIER ANTÉRIEUR Insertion sur le fémur. — L'insertion du jambier antérieur sur le condyle externe du fémur a été observée par Rhinghoifer sur le membre difforme qui lui a offert tant d'anomalies. Anatomie comparée. — Le tibial antérieur se fixe à l'os de la cuisse ' Ed. Cuyer. Bulle f. de la Société d'Ai>lhropolo//ie de Paris, t. I (4= série), fasc. 3, p. 569, mai-juillet 1890. - Testut. Trait, des an. nuise, p. 736. MUSCLES DE LA JAMBE 347 dansles Vertébrés inférieurs [Batraciens anoures^ Chéloniens, etc.). Chez Vhippopotame il naît par deux faisceaux, l'un provenant du condyle externe du fémur, l'autre de la rotule (Cuvier). Dans le tapir ce muscle s'insère à la fois au tibia et au condyle externe du fémur', et dans V ornithorynque, à la rotule et au tibia (Meckclj. Le jambier antérieur du chien domestique a deux tètes : l'interne et supérieure a pour origine la rotule, l'inférieure le tibia (W. Ellenberger et H. Baum). Dans les Solipèdes la corde fibreuse qui réunit le fémur au métatarse et solidarise leurs mouvements de flexion et que Meckel et M. Lesbre - considèrent comme un simple prolongement du tendon supérieur de l'extenseur commun, est rattaché parla plupart des analomistes vété_ rinaires au jambier antérieur et décrite par eux sous le nom de corde du fléchisseur du inétatarse. Dansles Ruminants, tout au moins dans le bœuf, le mouton, la chèvre, on trouve à la place de l'extenseur anté- rieur des phalanges un volumineux muscle inséré sur le fémur et par- tagée en bas en trois corps charnus prolongés par autant de tendons : le plus superficiel se porte sur les cunéiformes et le métatarsien principal, c'est le faisceau que M. Chauveau appelle M. fléchisseur du pied et qu'il assimile, à la corde fibreuse fémoro-métatarsienne des Solipèdes. Cuvier en fait un deuxième jambier antérieur. Les deux autres corps constituent l'un X extenseur commun des deux doigts, l'autre Vextenseur propre du doigt interne. Division totale ou partielle du muscle en deux corps. — Tandis que Theile, Gegenbaur, Krause, Leidy ne parlent pas de la division du tendon terminal du jambier antérieur, Sœmmerring, Henle, Cruveilhier, Testut, Morel et Duval, Poirier affirment que le tendon terminal est divisé en deux branches dont l'une, la plus large, se fixe sur le 1" cunéiforme, et l'autre, la plus étroite, sur l'extrémité postérieure du l"'' métatarsien. A ces deux branches du tendon termi- nal du muscle en cause, Sappey ajoute « une expansion grisàlre qui l'unit au tendon de l'adducteur du gros orteil ». Aucune de ces opinions n'est exacte. Sur 35 sujets dont 26 hommes et 9 femmes que mon prosecteur M. J. Thomas et moi avons exami- nés pendant l'hiver 1894-1895, nous avons rencontré seulement chez 8 hommes et chez 1 femme cette bifurcation tendineuse. Elle existait ' James Mûrie. T/ie Malaijan Tapir {Joiirii. of an. and phys., 2'"' série, t. IX, p. 164). - Lesbre. J.oc cil., p. 161. 348 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME des deux côlés chez 5 hommes et hi femme, et d'un seul côte chez 3 hommes, 2 fois à droite, 2 fois à gauche. Le prohjngemcnt plantaire du professeur Sappey était plus ou moins développé chez tous les sujets, sauf chez une femme oii il faisait totalement défaut des deux côtés. La division anormale est en général très limitée. Quelquefois cepen- dant elle s'étend jusqu'aux fibres contractiles. M. ïcstut l'a vue inté- resser le corps charnu dans l'étendue d'un centimètre et demi. Sur un nègre de la Pointe-à-Pitre que j'ai disséqué, le jambier antérieur droit était constitué par deux muscles distincts et le tibial antérieur gauche par un seul muscle pourvu de deux tendons. M. Chudzinski a signalé également ce vice de conformation chez un nègre '. Quant au scsamoïde du jambier antérieur, je suis de l'avis de M. Pfitzner : « Il n'existe que dans les livres. » Anatomie comparée. — « Le mouvement d'abduction ou décarte- ment qui, dans la préhension au moyen du pied, dit M. Hervé, doit dans les Smg es ])récédci'hi flexion oblique du gros orteil, est-il confié à un muscle particulier? En aucune façon. Ce que l'on a décrit comme tel, chez les Singes, sous le nom de muscle long abducteur du gros orteil, n'est que le dédoublement d'un muscle qui nous est commun avec eux, \q jambier antérieur. Ce dédoublement lui-môme, on le cons- tate chez l'homme, mais limité à l'extrémité terminale du tendon du jambier antérieur, dont une division se rend à l'extrémité postérieure du premier métatarsien, l'autre se fixant sur le premier cunéiforme. Chez les grands Anthropoïdes, la division remonte plus haut : elle s'étend à loute la longueur du tendon [gorille) ou même entame une partie du corps charnu [cldmpanzé, orang). Chez le gibbon et les Singes inférieurs, elle s'élève jusqu'à l'insertion supérieure du muscle, d'oii, en apparence, deux muscles distincts : le jambier antérieur attaché au 1" cunéiforme et le long abducteur du gros orteil qui, fixé au premier métatarsien, devient capable de mouvoir cet os isolément ainsi que l'orteil correspondant. Mais, en définitive, ce second muscle n'est qu'un faisceau dédoublé, et ce qui le prouve, c'est qu'on peut voir chez l'homme tous les degrés du dédoublement en question reproduit par anomalie -. » ' Chudziuski. In Traité cVanat. de Poirier, Mi/olof/ie, p. 243. * Hervé. Uullet. de la Soc. cVanLhvopoL, octobre-décembre 1881), p. 772,773. MUSCLES DE LA JAMBE 349 Celle assertion est vraie d'une manière générale, on peut même aller plus loin et supposer, avec Alix et Gratiolet, que la portion du jambier antérieur qui s'attache au premier cunéiforme répond au fais- ceau du long abducteur du pouce qui se termine au trapèze, l'autre, au faisceau du long abducteur du pouce qui va au premier métacarpien. D'où le nom d' « abductor hallucis longus » donné à un de ces fais- ceaux par Cuvier, Ilg, Huxley, Biirdacli, Henle, etc. Il est vrai que Bischotî a vu le jambier antérieur indivis inséré par un tendon unique sur le 1"'" cunéiforme chez un gorille et un gibbon [II ij lobâtes leuciscus). Mais c'est là un mode de conformation anormale qui ne saurait entrer en ligne de compte. Le jambier antérieur est formé par deux corps auxquels succède un tendon unique dans Yinnus et par un corps unique auquel succède un double tendon dans le cercopilhecus (Church) V II a deux corps fusion- nés seulement à leur origine dans le Cynocéphale sphynx (Ilg) - et deux corps entièrement indépendants dans Val, le fourmilier (Meckel), VOryctérope du C«/; (Galton), etc. En fait, le nombre des Mammifères, chez lesquels le tendon du jambier antérieur est unique, est assez res- treint. Ce dernier mode de conformation est cependant bien manifeste dans le Nf/cticehus lardigralus. a II n'y a dans le Ngclicebus tardigralus, disent MM. Mûrie et Mivart, aucun indice de la division du tendon du jambier antérieur et a fortiori du corps charnu \ » Faisceaux surnuméraires. — Il n'est pas rare de voir un faisceau détaché du tibial antérieur aller s'insérer sur le ligament annulaire du tarse ou sur l'aponévrose dorsale du pied ou sur l'une et l'autre de ces deux parties. Ce faisceau que Wood a décrit, le premier, en 1864, sous le nom de M. tensor fasciœ dorsalis pedis, est quelquefois entièrement différencié. Wood l'a rencontré 2 fois sur 36 sujets*, et moi 2 fois sur 42 dont 20 hommes et 12 femmes (1 fois des deux côtés chez 1 homme, I fois à droite chez 1 femme). Chez l'homme il était représenté par une lame aponévrotique, provenant de la partie infé- rieure du jambier antérieur, qui allait se fixer sur la partie moyenne du bord supérieur du ligament annulaire du tarse. Chez la femme il était musculeux et inséré, d'une part, sur la face externe du tibia, ' Church. Xut. Ilist. Rcv., janv. 18G2, p. 83 et 88. - Ilg. Loc.cit. siiprù, p. 39. ^ Mûrie et Mivart. Proced. Zoolog. Soc, février 1876. * Wood. Proceed. of Ihe Roy. Soc, t. XIV, p. 382, et t. XV, p. Ô96. 350 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME dans une étendue de 3 centimètres, immédiatement au-dessous du jamhier antérieur dont il était absolument distinct et, d'autre part, sur la moitié inférieure de la face antérieure du ligament annulaire du tarse et sur la partie postérieure de la face superficielle de l'aponé- vrose dorsale du pied. Ce faisceau appelé M. tibio-fascialis anlicus dans le catalogue d'anomalies du professeur Macalister, a été signa- lée encore par Mac Miillcn et Banhsen [Henle u. Pfeufers Zeitschrift, XXXllI, p. 49). Sur un pied bot disséqué par le professeur Macalister, le tendon terminal du jambier antérieur était formé par deux branches dont l'une se perdait sur le scaphoïde et le premier cunéiforme et l'autre sur l'astragale, le calcanéum et l'aponévrose dorsale du pied. Dans un mémoire qu'il a publié en 1871, W. Gruber ' a fait mention d'un muscle tibio-astragalus anticus^ étendu du tibia et du ligament interosseux au côté externe de l'astragale. Ce muscle que W. Gruber a rencontré 3 fois (2 fois des deux côtés et 1 fois du côté gauche seulement) doit être rapproché du faisceau précité observé par M. Macalister et d'un faisceau étendu de la face profonde du jambier antérieur au col de l'astragale et à la capsule de l'articulation du cou-de-pied, observé en 1862 par Hyrtr-. Blandin a trouvé sur une fillette « un petit muscle fort grêle, placé en dedans du jambier antérieur, inséré en haut sur le tibia et terminé par un tendon très grêle sur le môme os, au-dessus de la malléole externe' ». Wood a vu l'expansion du jambier antérieur vers l'adducteur du gros orteil « très épaisse et confondue avec l'aponévrose superficielle du pied sur laquelle elle se prolongeait jusqu'aux phalanges de l'hallus ». M. Guibé a mis a nu sur la jambe droite d'un homme un jambier antérieur terminé par deux tendons plats superposés, dont le plus profond allait s'insérer sur le premier cunéiforme et l'extrémité pos- térieure du premier métatarsien et par une étroite languette sur la capsule de l'articulation métatarso-phalangienne du pouce, et le plus superficiel sur le premier cunéiforme, la face dorsale du premier ' w. Gruber. Ueber einen uiusc. tibio-asfraf/nhis anticns des Menschen [Ai'ch. f. anat. u. phys., 1871, p. 663). * Hyrtl. Trattato di anatomla delV aomo, trad. itaL, p. 412. ^ Blaadin. Trait, d'anal, top., 2e édiL, 1834, p. 628. MUSCLES DE L.\ JAMBE 351 métatarsien mais surtout sur la partie la plus reculée et sur le bord externe tout entier de l'extrémité postérieure du 2" métatarsien \ Jai disséqué un vieillard dont les muscles de la région antérieure de chacune des deux jambes étaient reliés par des trousseaux de libres contractiles. 11 m"a été donné, comme à Wood, d'observer un extenseur du premier métatarsien (voy. ce muscle) qui prenait son origine sur le tibiai antérieur. AxATOMiE COMPARÉE. — Au dire de Cuvier et de Humpliry lejambier antérieur de V hippopotame « donne une languette au ligament annu- laire ». Dans le /;rt/'^.s'.:)^i^.r le jambier antérieur se perd à la plante du pied sur les tendons des lléchisseurs des doigts (Meckel). Chez le miirin le jambier antérieur et le long extenseur du gros orteil sont réunis à leur terminaison. Un faisceau du tibiai antérieur des P/'o^è/es et de r^y<»/i« crocuta représente le long extenseur du gros orteil (Young et Ro binson) Dans le chien, lejambier antérieur se jette sur un petit noyau osseux situé au côté interne de l'extrémité proximale du métatarse et qui n'est autre chose qu'un vestige du métatarsien du gros orteil disparu'. Dansle/a/jm, ce noyau faisant défaut, le tendon du jambier antérieur, se termine en dedans du métatarsien de l'index. Le muscle en cause se perd sur les cunéiformes et sur le côté interne du canon chez les Rimiinants ; exclusivement sur le cunéiforme interne chez le porc ; et par deux branches : une sur le cunéiforme interne l'autre sur le méta- tarsien médian chez les Solipèdes. LONG EXTENSEUR COMMUN DES ORTEILS Dédoublement des tendons. — Ce dédoublement peut porter sur un ou plusieurs tendons, être unilatéral ou bilatéral, symétrique ou asymétrique, complet ou incomplet, etc. Dans les cas de dédouble- ment complet deux modalités peuvent se présenter : I. Les deux branches du tendon biiide se portent sur le môme orteil; IL L'une des branches du tendon bifide se porte sur l'orteil corres- pondant, et l'autre soit sur un des orteils voisins, soit sur le pédieux, 1 Guibé. Bullel. de la Soc. anat. de Paris, 1897, fasc. 6, p. 231. - Il n'est pas rare de voir ce doigt se développer couiplètement. 352 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME soit sur l'aponévrose intcrosscuse, ou les ligaments dorsaux du méta- tarse. Voici très succinctement quelques-unes des conformations que j'ai notées : a). Les deux branches du tendon du 2" orteil se perdaient toutes deux sur le 2" orteil ; b). Des deux branches du tendon du 2*^ orteil, l'interne se terminait sur le 2° orteil, l'externe sur le 3° orteil ; c). Les deux branches du tendon du T orteil s'épanouissaient l'une et l'autre sur le 3' orteil ; d). Des deux branches du tendon du 3" orteil, l'interne se rendait au T orteil et l'externe au 3' ; e). Des deux branches du tendon du S*" orteil, l'interne aboutissait au 3" orteil et l'externe au 4" ; /). Les deux branches du tendon du 4*^ orteil se rendaient toutes deux au 4" orteil (cas observé en 1892, des deux côtés sur une femme par un de mes élèves M. George) ; g). Les deux branches du tendon du i" orteil gagnaient, l'interne le 3® orteil, l'externe le 4" ; h). Les deux branches du tendon du 4® orteil se dirigeaient, l'interne vers le 4*^ orteil, l'externe vers le 5° ; i). Les deux branches du tendon du 5" orteil se terminaient sur le 5« orteil. j). Des deux branches du tendon du o*" orteil, l'interne se perdait sur le 4® orteil et l'externe sur le 5" (un cas observé, en 1891, par un de mes élèves M. Jusseaume, sur le pied droit d'une femme), etc. '. AxATOMiE COMPARÉE. — L'cxplicatiou que nous avons donnée du dédoublement du tendon de l'extenseur commun des doigts est appli- cable au dédoublement des tendons du long extenseur commun des orteils. Elle repose, on le sait, sur ce fait que dans certains genres d'animaux et plus particulièrement dans Yoryctérope et le phoque, par suite de l'existence d'un extenseur intermédiaire [Extensor secundus de Humphry) à l'extenseur superficiel et à l'extenseur profond les doigts sont mus par des tendons multiples. * Le long extenseur des orteils du membre difforme disséqué par Ringhoffer {Virchow's Arch., vol. XIX, p. 28) possédait 4 tendons : un pour le 2^ doigt, un pour le 5^ et deux pour le 4. MUSCLES DE LA JAMBE 333 Tendon surnuméraire pour le gros orteil. — La littérature anato- mique ne fait mention que de deux malformations de ce genre. L'une et l'autre ont e'té observées sur le membre inférieur droit par Wood et W. Gruber. Dans le cas de Wood, le tendon le plus interne du long extenseur commun fournissait une branche qui allait rejoindre, au niveau de la base du premier métatarsien, le tendon de l'extenseur propre du gros orteil qu'elle accompagnait jusqu'à sa terminaison'. Dans le cas du professeur W. Gruber, la branche surnuméraire prove- nait également du premier tendon de l'extenseur commun des orteils, s'accolait au tendon dédoublé de l'extenseur propre du gros orteil pour aller s'insérer avec lui sur la première phalange du gros orteil, à 5 ou 6 millimètres en avant de l'articulation métatarso-phalan- gienne. Pour ma part j'ai pu montrer à mon cours, en février 4895, les deux pieds d'une vieille idiote sur lesquels le tendon interne du long extenseur commun des orteils émettait, presque au-dessous du bord inférieur du ligament annulaire du tarse, un cordon fibreux qui se divisait, après un trajet d'un centimètre et demi environ, en deux faisceaux très grêles dont l'interne allait se confondre, sur la partie moyenne de la première phalange, avec le bord interne du tendon de l'extenseur propre du gros orteil et l'externe avec l'extrémité anté- rieure du tendon du pédieux qui vient se fixer sur la première pha- lange du gros orteil. Anâïomie comparée. — Les Mammifères dans lesquels l'extenseur commun des orteils à o tendons, sont assez rares. Parmi ceux-ci citons le VesperliUo miirmus (Maisonneuve), le phoque chez lequel» le long extenseur commun se divise sur le dos du pied en quatre languettes dont la plus interne se partage à son tour en deux autres plus petites, qui se portent aux deux premiers orteils. » Et « le castor oii le long extenseur commun s'unit par son tendon interne, sur la face dorsale du pied à celui de l'extenseur du gros orteil - ». Chez les Oiseaux la disposition est la même que dans la généralité des Mammifères. Dans les Perroquets cependant, d'après Alix, (( l'extenseur envoie au premier orteil un tendon supplémentaire qui se détache du côté interne du tendon commun, immédiatement au-dessus du point où il sort de l'anneau qui le bride, en haut du métatarse'^ ». ' Wood. l'roc. of Ihe Roy. Soc, n» 93, p. 037, 18G9. - MeckeL Anat. comp., t. VI, p. 432 et suiv. ' AUx. Essai sur l'appareil locomoteur des oiseaux. Paris, 1874, p. 451. "• 23 354 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME Parmi les Vertébrés inférieurs, il en est quelques-uns, le Crijptobran- chiis Japonicus entre autres, chez lesquels le premier orteil est com- pris dans la zone d'action de l'extenseur commun. Connexions plus intimes des tendons entre eux. — De même que dans certains Mammifères des ordres peu élevés, les tendons du long extenseur commun des orteils de l'homme sont quelquefois réunis par une lame aponévrotique ininterrompue ou par des languettes fibreuses variables comme dimensions, comme nombre et comme direction. M. Chudzinski a trouvé ces bandelettes remarquablement développées chez un Annamite. Connexions plus intimes des tendons et du corps charnu avec les muscles voisins et le métatarse. — Nous avons signalé la branche supplémentaire que le tendon interne de l'extenseur commun envoie au tendon de l'extenseur propre du gros orteil. Mac Whinnie' etWood- ont observé chacun un cas dans lequel une branche de bifurcation simi- laire du premier tendon du long extenseur se fusionnait avec le fais- ceau hallucien du muscle pédieux. Sur un sujet que M. Testut a dissé- qué en 1880, le muscle extenseur commun fournissait un tendon sur- numéraire qui venait se terminer sur le tendon que le pédieux envoie au 4*^ orteil. Le tendon unique résultant de cette fusion se bifurquait à son tour presque immédiatement après, pour aller se confondre, au niveau de l'articulation métatarso-phalangienne, avec le tendon ordi- naire que l'extenseur commun envoie au 4° orteil. Un de mes élèves, M. Compain, a trouvé, en décembre 1894, le même mode de confor- mation sur les deux pieds d'un épileptique. M. Macalister a vu un faisceau musculaire détaché du long extenseur se perdre dans le premier muscle interosseux dorsal. J'ai noté, à droite, chez un homme, le renforcement du tendon du 5° orteil de l'extenseur par une bandelette musculeuse très grêle provenant du péronier anté- rieur Des tendons du long extenseur commun des orteils se détachent sou- vent des prolongements fibreux qui se perdent soit : (a) sur le l""" mé- tatarsien, ([^) sur le 4'=, (y) sur le 5® (faisceau distinct du péronier antérieur). L'origine et le volume de ces prolongements changent presque avec chaque sujet. Celui du 4^ orteil naît généralement du ' Mac Whinnie. Op. cit., p. 137. ' Wood. Loc. cit. siiprà. MUSCLES DE LA JAMBE 355 péronier antérieur. Dans un cas cependant M. Tostiit a vu le tendon du 4* orteil de rextenscur commun se dédoubler et se porter par sa branche de bifurcation postérieure sur la partie moyenne du i" mé- tatarsien •. Meckel a rencontré et j'ai rencontré aussi un long extenseur dont le tendon destiné au 4*^ orteil se terminait sur le métatarsien au lieu de se terminer sur les phalanges^ Je rappelle pour mémoire les faisceaux charnus qui relient parfois le long extenseur des orteils à l'extenseur propre du gros orteil ou au tibial antérieur. Anatomie comparée. — Les longs extenseurs des orteils et le tibial antérieur dérivant de la môme masse musculaire [siipinato-extensor mass de Humphry), les connexions intimes fréquentes de ces divers muscles dans l'espèce humaine s'expliquent aisément. Nous avons du reste relevé les noms de divers Mammifères dans lesquels ces con- nexions sont habituelles (voy. M. précédent). L'union du long exten- seur et du court extenseur des orteils se retrouve aussi à l'état phy- siologique au bas comme au haut de l'échelle zoologique. Les deux extenseurs sont confondus dans le kangourou (Meckel). D'après Bruhl et Hartmann « les tendons des longs et des courts extenseurs se rac- cordent d'abord et se séparent ensuite de nouveau chez le chim- panzé^ ». « h Ai a ceci de particulier, dit Cuvier, que son extenseur commun ne s'insère, comme dans les Reptiles^ qu'au métatarsien*. » Dans les Lacertiliens le long extenseur se termine aussi sur le méta- tarse (Ilumphry). Le long extenseur Un porc se segmente en deux ventres dont l'externe se rend aux 2*^, 3^ et 4*" orteils et l'interne à la partie postérieure du métatarsien du 1". Un faisceau du long exten- seur commun du porc-épic se fixe sur le 2® métatarsien et la première phalange de l'orteil correspondant. Division en plusieurs faisceaux. — Les dispositions suivantes ont été notées : A). Wood a vu des deux cotés, chez un homme, les tendons des 2*^, 3" et 4" orteils, faire suite à des faisceaux charnus absolument indé- ' Testut. Traité des anom. musc, p. 716. * Met'kel. Deutsches Arch., t. V, p. 117, ' Hartmann. Loc. cit. si/prà, p. 135. ' Cuvier. Leçons d'Anal, conip., 2' édit, t. I, p. 553. 356 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME pendants. En 1894, M. Morestin' et un de mes prosecteurs, M. André, ont retrouvé ce mode de conformalion qui, d"après Meckel est normal dans Vhi/ène, Vours^, quelques Rongeurs et le kangourou. La segmenta- tion du long extenseur commun en quatre faisceaux distincts a été observée par Alix et Gratiolet dans le chinipanzé. B). En 1875, le professeur W. Gruber a décrit sous le nom de 7nus- cuhis extenso)' digiii H pedis longus un faisceau musculaire qui naissait du tiers moyen de la face du péroné située en avant du ligament interosseux, glissait au-dessous du ligament annulaire antérieur du tarse et allait se confondre, au niveau du métatarse, avec le tendon que Fextenseur commun fournit au second orteil. Ce mode de conformation a été signalé encore, dans la race blanche, par Meckel et ^Yood, et sur un nègre par M. Chudzinski ^ xVii point de vue de ranalomie philosophique Yhidicator pedis de riiomme a une grande importance, car il est l'homologue au pied de l'extenseur propre de l'index du membre thoracique. Meckel l'a par- faitement compris. Après avoir noté que, dans le cochon, « le long extenseur des orteils s'insère par une branche interne unique sur l'extrémité postérieure du premier métatarsien et par une branche externe bifurquéo sur les 2', 3^ et 4" orteils », cet anatoniiste a ajouté : « Il y a en outre un petit muscle long et allongé qui vient du péroné : son tendon, qui a une longueur notable, perfore le premier ventre du muscle précédent et va à toutes les phahmges du premier orteil. Ce muscle représente probablement l'extenseur propre du gros orteil ; mais comme il se rend, à proprement parler, au deuxième orteil, il est plus exact de le comparer à l'extenseur de l'index. Il est à remarquer que l'on trouve quelquefois, même chez l'homme, un muscle consi- dérable destiné au second orteil ; il est la répétition de l'extenseur de l'indicateur '*. » Ce faisceau existe aussi dans le porc-épic et, d'après M. Chudzinski, u chez les Primates, surtout chez les PitJiéciens ». ' Morestin. Bullel. de lu Société anal., lS9i. * Il n'existait pas dans YHy}ne striée de Young et Ilobinson, ni dans ïoti/'s brun d'Amé- rique du professeur Testut. ^ Giiudzinski. Revue d'Ant/iropologie, 187i, et tir. à part, p. 16. Wood, Proceedings of Ihe lioy. Soc, n" 93, 18()7, p. 537. W. Gruber. Ein musc. « Extensor digiti II pedis longus ». Itcicherf u. Du Dois Ile ,- rnond's Arch., 1875, p. 23 et Ueber den « )nusc. extensor digiti longus pedis « anoiwiti - mit. 5. Schnen zu allen Zchen (ibid., p. 20i). * Meckel. Anat. comp., t. VI, p. 4-29. MUSCLES DE LA JAMBE 357 C). Sur im autre nègre nommé Etienne, M. Cliudziiiski a trouvé l'extenseur commun dissocié en deux portions entièrement distinctes : « uwQ portion interne qui donnait naissance, en plus des faisceaux des- tinés au 2° et au 3® orteils, à un faisceau profond qui se terminait par les deux extrémités d'un tendon bifide sur le premier métatarsien, qXuwq portion externe, annexée au péronicr antérieur et qui compre- nait deux faisceaux un pour le 4° et un pour le 5" orteil. » Ce mode de conformation répond, comme les précédents, à un arran- gement normal chez plusieurs animaux. Les extenseurs des orteils sont considérablement multipliés, dans la marmotte, la porc-épic, le castor, etc. La marmotte^ par exemple, offre les suivants : 1° Un long extenseur commun formé d'une partie superficielle et d'une partie profonde. Celle-ci se divise après un court trajet, et s'atta- che à la région supérieure de la face dorsale du pied ; elle fixe en cet endroit la partie superficielle du muscle, qui fournit des tendons aux quatre orteils externes. Le tendon le plus externe se bifurque, et envoie un second tendon au quatrième orteil ; 2° Un court extenseur des deux premiers orteils, qui vient delà par- tie supérieure du péroné ; 3° Un extenseur propre du o** orteil qui nait du second cinquième du péroné^; 4" Un semblable extenseur du 4'" orteil prenant sou origine sur le même os, mais plus bas et plus en arrière'. D). M. Wood a disséqué un sujet sur lequel le long extenseur des orteils était encore divisé dans toute son étendue en deux portions, _ mais dont la portion interne se distribuait aux 2^, 3° et 4° orteils et la portion externe, fusionnée avec le péronier antérieur, au petit orteil. Cette malformation est aussi intéressante que celle qui consiste dans la différenciation du faisceau du long extenseur qui se rend au second orteil [Indicalor pedis), car, au point de vue de l'anatomie philosophique, elle reproduit au membre pelvien l'extenseur propre du petit doigt de la main. Dans Tordre des Carnassiers, le raton et le coati, et dans l'ordre des Rongeurs, la marmotte, le porc-épic et le castor possèdent d'ordinaire un long extenseur propre du 5" orteil (Meckel). ' Mcckt'l. .1/'. coiitp., l. VI, p. 'ij\. 35S VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME LONG EXTENSEUR PROPRE DU GROS ORTEIL Variations des insertions du tendon terminal. — Sur 200 pieds qu'il a examinés le professeur W. Gruljer dil qu'il a vu le tendon du long extenseur du gros orteil « s'attacher aux deux phalanges du gros orteil 27 fois sur 50 cas et 21 fois à la phalange onguéale seulement ». Calori a trouvé le tendon indivis dans la moitié à peu près des sujets qu'il a disséqués ; mais alors môme que le tendon ne se dédou- blait pas, il n'en avait pas moins des rapports étroits avec l'extrémité postérieure de la phalange métatarsienne. Il s'y fixait, en effet, au moyen d'une expansion fibreuse, tantôt à la partie interne seulement, tantôt sur les deux côtés. Cette expansion était ordinairement très forte ; dans quelques cas, cependant, elle était assez mince. « Il arrive quelquefois, observe Calori, que le susdit tendon n'a aucune connexion avec la première phalange, mais cela est très rare, de sorte que l'on doit considérer comme fait général ou comme règle présen- tant peu d'exceptions l'insertion du tendon de l'extenseur propre aux deux phalanges du gros orteil '. » En 1895 j'ai chargé un de mes aides d'anatomie, M. Compain, de vérifier les dires de Grubcr et de Calori et voici la note qu'il m'a remise alors à ce propos : « Sur 20 sujets dont 10 hommes et 6 femmes, j'ai trouvé : « I. L'extenseur propre s'insérant uniquement sur la seconde pha- lange du gros orteil : Sur les deux pieds, chez 5 sujets : Soit : hommes, 2; femmes, 3; Sur le pied droit seul, chez / sujet : Soit : homme, 1 ; Sîir le j)ied gauche seul, chez 2 sujets : Soit : homme, 1 ; femme, 1 ; « II. L'extenseur propre s'insérant sur la seconde phalange du gros orteil et envoyant à la première phalange une expansion aponévro- tique interne assez légère en général : ' Calori. MemorUi delV Accudemia dl Dolû;jnn, série II, I. VII, p. 35. MUSCLES DE LA JAMBE 3S9 Sur les deux pieds, chez // sujets : Soit : hommes, 6; femmes, 5; Sur le pied droit seul^ chez 3 sujets : Soit : hommes, 2; femme 1 ; 6';//' le pied gauche seul, chez / sujet : Soit : homme, 1. « III. L'insertion du fléchisseur propre du gros orteil à la seconde phalange et envoyant à la première deux expansions aponévrotiques latérales légères : Sur le pied ç/auche seul, chez / sujet : Soit : homme, 1. « En résumé, sur. quarante pieds examinés j'ai trouvé : 1. L'insertion du fléchisseur propre à la seconde phalange seule sur 13 pieds : dont 6 droits et 1 gauches. IL L'insertion sur la seconde phalange avec une expansion aponé- vrotique interne à la première sur 26 pieds : dont 14 droits et 12 gauches; IIL L'insertion sur la seconde phalange avec deux expansions aponé- vrotiques latérales à la première sur 1 pied : gauche. » M. Morestin a trouvé « 1 fois sur 2 chez l'adulte, une bourse séreuse entre le premier cunéiforme et le tendon de l'extenseur propre du gros orteil ». (Morestin, Dullel. de la soc. anal., 1894, p. 715.) Tendons surnuméraires. — Uuelquefois le muscle en cause offre un tendon surnuméraire pour le premier métatarsien ou pour le premier métatarsien et pour le second orteil (Chudzinski). J'ai rencontré 6 fois le tendon du l'^'" métatarsien : 4 fois chez l'homme, 2 fois chez la femme et toujours des deux côtés. Chez 3 hommes et chez 1 femme il était inséré sur l'extrémité postérieure et supérieure du 1"'' métatar- sien et chez un homme et chez 1 femme sur le corps du métatarsien, à 1 centimètre et demi en avant de l'extrémité postérieure. W. Gruber adonné le nom « d'extensor hallucis longus tricaudalus » à un extenseur propre du gros orteil qui était pourvu de trois tendons '. Anatomie comparée. — Dans le Mijrmecophaga tamandua, le tendon ' w. Gruber. Ueber die Varielœlen des musc, exlensor hallucis longus, Reichert u. Du Bois-Reymond's Arch., 1875, p. 575, et Ein neuer fait von musc, extensor hallucis lon;/us tricaudalus, ibid., 1876, p. 746. 360 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME de l'extenseiir propre de rhallus se divise en deux branches dont Tune se rend an 1'"' orteil et l'aiilre au 2° (Rapp). Un mode de conforma- tion analogue existe dans VOryctéropc du Cap et le Tatou à six bandes (Galton). Chez les Carnassiers et le porc l'extenseur propre du gros orteil a la môme origine que chez l'homme, mais s'attache sur les pha- langes du deuxième doigt par suite del'avortement du pouce. L'exten- seur propre du gros ov[q\\ An pangolin qui naît du péroné, comme dans l'espèce humaine, se termine par trois tendons dont l'un se rend à la dernière phalange du second orteil, l'autre à la première phalange du gros orteil et le dernier, enfin, à la phalange onguéale de ce gros orteil (Humphry). Segmentation du corps charnu. — Le plus souvent le dédoublement du corps charnu est incomplet; complet il donne lieu à la formation de certains muscles surnuméraires de la région externe de la jambe qui seront décrits plus loin. Connexions plus intimes avec le jambier antérieur et le long exten- seur commun des orteils (voy. ces muscles). MUSCLES SURNUMÉRAIRES Péronéo-tibial. Par suite de la perte des mouvements de pronation du tibia, il n'existe pas normalement à la jambe, chez l'homme, un muscle ana- logue au carré pronateur de l'avant-bras. Si on y rencontre le poplité qui correspond au rond pronateur, c'est parce qu'en raison de ses attaches au fémur, d'une part, et au tibia d'autre part, ce muscle fléchit le segment inférieur du membre pelvien sur le segment supérieur. Mais ayant perdu une de ses fonctions, celle d'imprimer des mouve- ments de pronation au tibia qu'il remplit avec celle de fléchisseur dans certaines espèces, le poplité est chez nous incomplètement déve- loppé, composé d'un seul chef (voy. M. poplité et M. rond pronateur). Pour le carré pronateur de la jambe de l'homme la suppression com- MUSCLES DE LA JAMBE 361 plèle de la fonction a en ponr résnltat la disparition de la totalité des fibres, de même qne ponr le rond pronatenr de la jambe (poplité) la perte de la moitié de la fonction a en ponr conséqnence la perle de la moitié des fibres. Cependant ce mnscle carré pronateur de la jambe, dont l'orga- nisme hnmain est dépourvn à l'état normal, y reparaît à l'état anormal. W. Gruber l'y a relroiivé en 1878. Anjonrd'lini, grâce aux nombreux mémoires dont ce muscle a été l'objet de la part du regretté professeur de l'Université de Saint-Pétersbourg et dont la nomenclature suit, il est admirablement tt^nnu : 1° Ueber den neuen musculus peronœo-tihialia beim menschen. — Arch. f. Anat. u. Enticickelungsgeschichte.hQ\^z\^j 1877. S. 401, Taf. XVIII, tig. 1-6. 'i,° Nachtrage ïiher dcn m. peronœo-lihialis. — Arch. f. an. u. phgs. {Anat. Abth.) Leipzig, 1878. S. 481. 3° Vorlaûfige Anzcige liber das Vorkommeii des musculus peronœo- tibialis aucfi beiden Quadriimana. — Bullet. de lAcad. imp. des se. de Saint-Pétersbourg., t. XXV, col 97. Mél. biolog., t. X, p. lo7, mai 1878. 4° Beobachtungeii a. cl. mensclil. u. vergleicli. Anat. Berlin, 1879, 4 S. 59-75, Taf. IV-V. 5° Ueber den nonnalen musculus peronœo-tibialis bei den hunden. — Citirtes Archiv., 1878, S. 438, Taf. XVI. 6° Beobachtungen aus der menschiichen und vergleichenden Analo- mie. Berlin, 1879. A) Vorkommen des musculus peronœo-tibialis a. Bei dem Chimpanse — Troglodytes niger, p. 79, Taf. V, fig 5-7. ^. Ueber das septura fibro-musculare cruris und das foramen fur die vasa tibialia anticain demselben, p. 80, 84, 8o. B) Mangel des musculus peronœo-tibialis, p. 87. Insertions. — Il s'insère en général : En haut, sur la partie postérieure de l'articulation tibio-péronière supérieure et sur la facette triangulaire située en dedans de la tête du péroné, immédiatement au-dessous de la surface articulaire de cette tête. En bas, sur la face postérieure du tibia, entre le faisceau tibial du long fléchisseur commun des orteils en avant et le muscle poplité en arrière. 362 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DK L'HOMME Rapports. — Inclus dans l'angle supérieur de l'espace inleiosseux, immédialenienL au-dessous de la capsule de l'articulation tibio-péro- nière supérieure, il borde en haut le foramen qui donne passage aux vaisseaux et aux nerfs libiaux anlérieurs. Situé en arrière du ligament inlerosseux chez l'homme, il est logé dans l'inlérieur de ce ligament chez tous les autres Mammifères. Forme et structure. — Le péronéo-libial peut se présenter sous forme d'une lame musculeuse ou musculo-tendineuse fusiforme, cylin- drique, quadrilatère ou triangulaire. Il est presque toujours rudimen- taire. Quand il est bien développé, il est triangulaire, et ses faisceaux, nettement différenciés, se portent en rayonnant de la tète du péroné au tibia. Tel était le péronéo-tibial que j'ai trouvé sur la jambe droite d'un vieillard et que j'ai fait mouler par trois de mes élèves, MM. Bou- grier, Servant et Franchet. Chez les animaux, de même que chez l'homme, le péronéo-tibial est innervé par une branche du sciatique poplité interne. On peut voir exceptionnellement un faisceau détaché de ce muscle ou du tibia se porter sur l'arcade du soléaire, c'est le muscle tenseur de ï arcade du soléaire de W. Gruber. Fréquence. — D'après Krause on le rencontrerait 8 fois sur 100 sujets. Sur 860 jambes qu'il a disséquées, le professeur Gruber a noté 128 fois sa présence. 11 se montre plus fréquemment chez l'homme que chez la femme, d'un seul côté que des deux côtés, du côté droit que du côté gauche. S'il a été si longtemps méconnu dans tous les Mammifères^ y compris l'homme, c'est à cause de son état rudimen- taire habituel et de sa situation profonde au-dessous du poplité et des origines tibiale et péronière du jambier postérieur. Anatoimie comparée. — Wiedemann a appelé l'attention des natura- listes sur un faisceau musculaire qu'il a disséqué, entre le tibia et le péroné, dans la région postérieure de la jambe des Chéloniens et qui imprime, au tibia, un mouvement de rotation autour du péroné. Wiedemann l'a dénommé « M. inlerosseux de la jambe » et Meckel l'a considéré comme un poplité « très agrandi et plus descendu que de coutume' »? ' Meckel. Anal, comp., t. V, p. 127. MUSCLES DE LA JAMBE 363 D'après Humphry ' lo. paracyon et la rjerboise posséderaient un péronéo- tibial. Alix regarde aussi comme un péronéo-libial le faisceau qui, chez les Oiseaux, s'étend de la tète du péroné au tibia et que Vicq-d'Azyra pris pour le muscle poplité'-. « Dans les Sarigues, dit Meckel, toute la face postérieure de la jambe est occupée par un muscle qui descend obliquement du péroné au tibia. Cette masse musculaire peut être partagée en une moitié supé- rieure, plus grande, et une inférieure plus petite. La supérieure est un poplité très fortement développé, qui fait tourner le tibia sur le péroné; cette moitié correspond au rond pronatcur du membre supé- rieur. La moitié inférieure est distinctement un carré pronateur. Ces animaux ont donc, à l'instar de plusieurs Reptiles, deux muscles pronateurs à la jambe et au bras\ » Le péronéo-tibial est signalé par Young dans le koala*. Au dire d'Alix, il est présent dans Yaye-aye. W. Gruber pense qu'il est assez commun parmi les Singes, les Anthropoïdes exceptés. Il l'a disséqué chez les Cercopithèques, les Ma caques, les Cynocéphales, le Cebus fatuellus, le Cebus appella, le lac- chiis vulgaris, Vhapale, etc. a Jusqu'à présent, déclare de son côté le professeur ^ Hartmann, je n'ai trouvé le péronéo-tibial [musculus peronœo-tibialis) découvert par Gruber et recouvert par le sous-poplité que che^ le ehinipanzé parmi les Singes Anthropoïdes ; mais je l'ai vu bien développé chez un cercopithèque roux. » Gruber ne la observé aussi que dans un chimpanzé {Troglodytes niger) dont l'articulation péronéo-tibiale supérieure était très mobile. Tablant sur ce fait et sur l'assertion de Duvernoy que dans ce primate « l'articulation du tibia avec le péroné a une mobilité plus grande que chez l'homme^ », W. Gruber avance que u sous ce rapport, le chimpanzé tient le milieu entre les Simiens et les Prosimiens ». La mobilité de l'articulation péronéo-tibiale supérieure et l'adjonc- tion à cette articulation ou plutôt au tibia d'un muscle pronateur éloignerait donc de l'homme le chimpanzé , qui s'en rapproche tant par d'autres dispositions myologiques. W. Gruber, qui a cherché ce ' Humphry. Journ. of an. und phys., 1869, p. 3-28. ' Alix. Essai sur l'appareil locomoteur des Oiseaux, 1874, p. 445. ■" Meckel. Anat. comp., t. VI, p. 401-402. * Young. The so-called movemenls of pronation and supination in fiind liuib of certain Marsupials {Journ. of an. and phijs., t. XV, 1881, p. 392). '^ Hartmann. Comparaison de l'homme et des Singes Anlhropoides cit. p. I3i. ° Duvernoy. Mémoire sur Vanatomie comparée des grands Singes pseudo-anthropomor- phes. — Arch. du Muséum d'hist. nat., t. VlU. Paris, 1855-1856, 4, p. 72. 364 VAUTATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE LHOMME muscle chez un grand nonibro de Mammifères^ no l'a pas ivnconlro dans ceux dont les noms suivent : Er'maceiis, Mi/ogale moschata, ïalpa ; — Nasua socia/is, Ursiisarcios, Mêles viilgarls, l\fnslela zibcUina et martes, Luira vulgaris, Felis; — Myoxus,[Scinru.s, Spermophihis gutlatus, Arctomy s marmotta, Mus rattus, Dipus decumamis, Geomys bidbivorus^ Fiber zibethicus^ Lagoinijs alpinus, Lepus cuniculus ettimidus^ Hgstrix cristata, Cavia aprrea et cobaga; — Bradypus tridactglus, Dasgpus octocinclus, Mgrmecophaga didactgla ; — Sus scroplia; — Equusc ah allas; — PJioca. C'est chez le chien, le renard et le loup qu'on le rencontre le plus communément. 11 y est très fort et souvent bilatéral. Le professeur Grubcr l'a découvert 24 fois sur 30 chiens. Dans l'homme et les Singes l'artère tibiale antérieure se séparant, à l'état normal, de l'artère poplitée, au niveau du bord inférieur du muscle poplité, les vaisseaux antérieurs de la jambe ne cheminent pas chez eux, comme chez les Canidés, entre le muscle poplité et le muscle péronéo-tibial. Quatrième péronier. Syn. : Peronœus qitarlus: Peronœus sexlus; Peronœus calcaneiis exiernus ; Péronéo- cuboidien ; Peronœus accessoriits ; Peronœus médius, etc. A l'état de complet développement le 4" péronier est repré- senté par un corps charnu qui naît de la partie inférieure du péroné et auquel fait suite un tendon qui va se terminer sur l'une ou l'autre des phalanges du 5" orteil ou sur le tendon que l'extenseur commun fournit au o" orteil. J'ai rencontré 3 fois, — et toujours des deux côtés, — le 4" péronier bien développé : 2 fois chez l'homme, 1 fois chez la femme. Chez les deux hommes le 4'^ péronier émanait du quart inférieur de la face externe du péroné, au-dessous du court péronier latéral et se prolongeait par un tendon grêle, chez l'un, jus- qu'à la face dorsale de la 3" phalange du petit orteil et chez l'autre, jusqu'à la base de la seconde. Chez la femme il provenait de la fossette sus-malléolaire du péroné par un corps charnu rudimentaire auquel succédait un tendon très mince qui, sur le dos du pied, se divisait en trois branches : une moyenne qui se portait sur le tiers postérieur de la face dorsale de la f" phalange du petit orteil et deux latérales qui se perdaient sur le tendon extenseur de cet orteil au niveau de la base de la seconde phalange. MUSCLES DE Lk JAMBE 305 Le 4" poronier se présente toutefois très rarement sous cette forme où il est facilement reconnaissable. Presque toujours son extrémité inférieure est atrophiée ou mal développée. Et c'est à des 4"^ pcroniers mal conformés qu'on a donné les noms de M. péronéo-cuboïdien (Chudzinski), de -1/. peronœus accessorius (Henle), de M. peromeus cal- caneus externus (Wood, Theile, Macalister), de M. peronœus quartiis (Otto), de M. j^eronœus sextiis (Macalister), etc. Nous allons les décrire brièvement. Le péronéo-cubo'idicn de Chudzinski {peronœus accessorius de Henle) se détache de la partie inférieure de la face externe du péroné, sous les deux péroniers qu'il accompagne dans la gouttière rétro-malléo- laire et vient se terminer sur le cuboïde. Jai trouvé 4 fois (2 fois chez la femme, 1 fois à droite, 1 fois à gauche, et 1 fois des deux côtés, et 1 fois à gauche chez l'homme) ce faisceau anormal que M. ïestut a rencontre également 3 fois. Au lieu de se fixer sur le cuboïde, il peut se fixer sur le tendon du long péronier latéral au moment où il pénètre dans la gouttière cuboïdienne (Macalister). Péronéo-calcanécn citerne {peronœus quartus d'Otto, peronœus sextus du professeur Macalister). — Ce muscle qui a les mômes insertions supérieures que le précédent se termine généralement, en bas, par un tendon plus ou moins grêle sur le tubercule de la face externe du calcanéum. Ce faisceau a été rencontré par Otto', Theile -, Wood', Macalister*, Chudzinski % CurnowS Knott', Beswick-Perrin *, Testut^ Prenant, Nicolas '°, etc. Ilinterstoisser a rapporté l'observation d'un péronier avec tendon biiide inséré sur le calcanéum ; le muscle nais- sait entre les deux péroniers au tiers supérieur de l'angle externe du péroné; les deux branches de bifurcation du tendon du muscle entou- raient le tendon du court péronier latéral, l'une placée en avant, l'autre en arrière de ce tendon''. ' Otto. Xeue sellene Beobachtinigen, S. iO. - Tlieile. Encijcl. anat., t. III, Myoloi/ie, ji. 32ti. =• Wood. Proc. of tlie Roy. Soc. of London, t. XV, p. 239 et 539, et t. XVI, p. .j30 et .j23. * Macalister. Proc. of thc Roy. Irish AcacL, 1871. " Chudzinski. Revue d'Anihrop., 1882, p. 620. * Curnow. Journ. of anal, and phys., t. VII, p. 307. ' Kaott. Proc. of the Roy. Irish Acad., 1881, p. 427. * Beswick-Perrin. Med. Times and Gaz., 1872-1873. ^Analysé dans Journ. of an. and phys., t. YII, p. 327. " Testut. Traité des an. muscul., p. 7o5. *" Prenant, Nicolas. Loc. cil. suprù, p. 22 et 23. " Ilinterstoisser. Ueber einif/e sellene Mus/celcarialionen. {Vien. med. Jahrb., 1887, n. Folge, H. 7.) 366 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME M. Giiiho a vu sur la jambo gauche d'un sujet la masse des p6ro- niers latéraux constituées par deux muscles dont l'un avait les attaches supérieures du court péronier latéral normal mais était fixé, en bas, sur l'apophyse cochléaire du calcanéiim et dont l'autre avait les attaches supérieures du long péronier latéral mais était terminé en bas par deux tendons dont le plus court était inséré sur la pointe de l'apophyse du calcanéum et la plus longue sur la partie inférieure du tubercule externe de l'extrémité postérieure du premier méta- tarsien '. Trois de mes élèves, MM. Boyer, Bourgougnon et Dubois, ont vu sur le pied droit d'un homme âgé de trente ans environ coexister un tibio- calcanéen, un péronéo-calcanéen et Y accessorius ad accessoruim (voy. chair carrée de Sijlvius)'-. Je copie la note que m'a remise à ce sujet M. Bourgougnon. « Muscle tihio-calcanéen droit. — Situé à la partie postérieure et interne de la jambe, long de 20 centimètres, plus gros que le pouce d'un adulte, dirigé verticalement de haut en bas, il s'étend du tiers moyen du tibia à la face interne du calcanéum. « Insertions. — Ce muscle s'insère en haut, dans une longueur de 3 centimètres au bord interne du tibia, au niveau de son tiers moyen, en dehors à une aponévrose qui le sépare du soléaire dont il semble être un accessoire. De là les fibres se dirigent verticalement en bas, s'implantent sur une large aponévrose nacrée qui occupe toute la face profonde du muscle, s'arrêtent brusquement à 2 centimètres au-dessus du calcanéum et s'implantent sur un tendon arrondi long de 4 centi- mètres qui s'insère à la partie postérieure de la face interne du calca- néum. Ce muscle est renfié à sa partie inférieure comme le long fléchisseur du gros orteil; mais le renfiement est tourné en sens inverse . « Rapports. — En arrière et en haut avec le soléaire et le tendon d'Achille qui le recouvrent en partie, en bas avec l'aponévrose et la peau dont il est séparé par une couche abondante de tissu cellulaire; en avant, avec le tibia, le nerf tibial et l'artère tibiale postérieurs, les tendons du fléchisseur propre du gros orteil et du fléchisseur commun des orteils qu'il recouvre; enfin avec le péronéo-calcanéen qu'il croise. * Guibc. Bullel. de la Soc. anal, de Paris, 1879, fasc. 8, p. ?06. - Le muscle pédieux du côté opposé à celui où ont été rencontrées ces anomalies mus- culaires présentait six chefs : le second orteil en recevait deux et chacun des autres orteils en recevait un. MUSCLES DE LA. JAMBE 367 « Muscle péronco-calcanéen droit. — Situé très profondément à la partie postérieure et inférieure de la jambe, obliquement dirigé de haut en bas et de dehors en dedans, long de 15 centimètres, gros comme l'index d'un adulte, ce muscle se termine intérieurement par une partie renflée qui rappelle la fonne de la partie inférieure du fléchisseur propre du gros orteil. Ce dernier muscle devient tendineux plus rapidement que d'habitude, et au lieu d'être renflé inférieu- rement, il est fusiforme. « Insertions. — En haut, au tiers inférieur de la face postérieure et du bord interne du péroné ainsi qu'à l'aponévrose qui le sépare des muscles de la région externe. Les fibres musculaires se terminent à 1 centimètre au-dessus de l'interligne articulaire; le tendon sur lequel elles s'implantent a 8 centimètres de longueur, il passe dans la gout- tière située au-dessous de la petite apophyse du calcanéum et va s'in- sérer en bas à la partie la plus antérieure de cette gouttière. « Bapports. — En arrière et en haut avec le solcaire qui le recouvre, plus bas avec le tibio-calcanéen., qui le croise obliquement; en avant avec le ligament interosseux et la face postérieure de l'extrémité inférieure du tibia, plus bas avec l'articulation tibio-tarsienne sur laquelle il repose; en dedans avec le fléchisseur propre du gros orteil ; en dehbrs et en haut avec l'aponévrose qui le sépare des péroniers latéraux, sur laquelle il s'insère, plus bas avec un petit faisceau anormal de fibres musculaires, de la grosseur du petit doigt, d'une longueur de 4 centimètres, obliquement couché de haut en bas et de dehors en dedans sur la partie postérieure de l'articulation tibio-tar- sienne. Ce faisceau s'insère en haut et en dehors à l'aponévrose jam- bière, en bas ses fibres se confondent avec celles de l'accessoire du long fléchisseur commun. » Wood a rencontré deux fois le péronéo-calcanéen externe sur 70 sujets'. Curnow suppose que le péronéo-calcanéen externe est au membre inférieur l'homologue du muscle radio-carpien qu'a décrit M. Fano à l'avant-bras. Cette opinion est inadmissible. Pour cela il faudrait que le péronéo-calcanéen dérivât du groupe des fléchisseurs et non pas du groupe des extenseurs, et qu'il s'insérât sur le bord in- terne du pied et sur le tibia, qui représente le radius dans le second segment du membre pelvien. On peut regarder comme des péronéo- Wood. ProceediiiQS of the Roy. Soc. of London, 1888, no lOi, p. 540. 3G8 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME calcanéens avortés le péronéo-malléolaire de Budgc (voyez M. long péronicr latéral) et un faisceau signalé par M. Macalister et qui reliait le péroné au ligament latéral externe de Tarliculation du cou-de- pied. Anatomie comparée. — Dans beaucoup de Carnivores il existe norma- lement, en plus du long et du court péronier, un troisième péronier entièrement indépendant. Ce muscle a été décrit dans le chat par Strauss-Durcklieim, le chien par Franck, W. EUenberger et H. Baum, Vours par Shepherd, Testut et Meckcl, etc. Au dire de Young et Robinson, il manquerait dans VHycTua crocuta^ Strauss-Durcklieim le nomme fibnlinus et en donne la description suivante dans le cJiat : « C'est un muscle fusiforme placé en dehors du fibulœm (long péronier latéral). Il lixe ses fibres charnues à la moitié supérieure de la lace externe du péroné qu'il embrasse et d'au- tres viennent de la cloison fibreuse qui le sépare en haut du pcrodac- tijlus (long lléchisseur commun des orteils)... De là les fibres se portent en dessous, les antérieures obliquement en arrière et les postérieures obliquement en avant sur les deux bords d'un long tendon qui longe le milieu de la face externe. Au quart inférieur du péroné, ce tendon devient libre, continue à longer cet os, entre celui du fibulœus placé en avant, et celui du péronier placé en arrière, et se réllécliit en bas, avec ce dernier, derrière la malléole externe qui leur forme une poulie de renvoi. Ainsi détourné de sa direction primitive, il se porte en dessous, longcla face anléro-externe du pied pour aller gagner la partie latérale de laphalangeole du hallux, (5° orteil), où il se recourbe une seconde fois en avant, passe oblique- ment sur cette phalange, et s'unit au côté externe du ti'udon du cnémo- clactyle de cet orteil (long extenseur commun) pour concourir avec lui à former la calotte fibreuse qui recouvre l'articulation phalangéo- phalangienne-. » Selon MM.W. Ellenberger et H. Baum, le muscle dont il s'agit (( prend, chez le chien, son origine sur le péroné au-dessous de la tète de cet os (dans la direction distale). Le ventre charnu, très grêle, se termine vers le tiers moyen de la jambe par un mince tendon qui se dirige avec celui du court péronier vers le pied, et s'engage dans la coulisse ' Young and Robinson. On llie Aiudomy of the Il/jœna slrutla [Joarii. of an. and pinjs., vol. XXUI, nouv. sér., voL III, p. il, p. i08j. - Strauss-Durckheini. An. du chai , t. II, p. 438. MUSCLES DE LA JAMBE 369 située sur la face externe de rextrémité distale du péroné; il est main- tenu en place à cet endroit par des bandes ligamenteuses. Il passe ensuite sous les ligaments latéraux, croise le tendon du long péronier et glisse sur la face dorsale et la face externe du 5" métacarpien, pour arriver à la première phalange du S'' doigt où il se soude au tendon du long extenseur des orteils, destiné à ce doigt*. » Dans Vouf's hrun d Amérique que M. Testut a eu à sa disposition le péronier surnuméraire naissait entre les deux péroniers latéraux, « confondu eu apparence avec le péronier latéral, mais complètement isolable par la dissection. Un peu plus petit que le court péronier latéral, il affectait une forme triangulaire, sa base correspondant à son insertion sur le péroné. Son sommet se continuait par un tendon cylin- drique, lequel contournait la malléole, glissait sur la face dorsale du 5" métatarsien, et finalement venait se terminer sur la première phalange du 5'' orteil'- ». Dans la civette le même muscle se détache du péroné, et se rend sur le tendon que l'extenseur commun fournit au petit orteil (Young)^. « Il fait défaut chez les Solipèdes et les Ruminants^ dit M. Lesbre, mais il existe à l'état constant dans le porc^ les Carnivores et les Rongeurs, flanquant le péroné en arrière et passant dans la même coulisse malléolaire que le court péronier latéral. Il se termine, chez le porc, sur le côté excentrique du petit doigt externe (V") à la manière d'un extenseur propre ; parfois il donne aussi une petite languette au doigt voisin (IV*^). « Dans les Carnivores c'est un faisceau charnu très faible recou- vrant en partie le court péronier latéral et s'attachant en haut du péroné; son tendon longe ce dernier muscle en arrière et se poursuit sur les phalanges du doigt externe (V'') où il se joint à l'une des branches de l'extenseur commun *. » Considérations générales sur le péronier du 5° orteil {peronœus quint i digiti). — Des faits exposés jusqu'ici il appert que, dans l'espèce humaine aussi bien que dans les espèces animales, on rencontre à ' W. EUeaberger et H. Baiim. AnaL. du chien, trad. franc. de Deniker, 2« partie, p. 259. - Testut. Mijolorjie de Vursus Americanus. {Journal d'Anat. et de Pliys., 1893, t. VII, fasc. 6 et 7.) ' Young. Mijologij of Viverra civella, janv. 1880, p. 175. ' Lesbre. Loc. cil., p. 166 II. '24 370 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSGULAIIîE DE L'HOMME l'état do complet dévcloppenionl ou à l'étal rudimciilairc im muscle extenseur du 5° orteil qui peut provenir soit : I. Du long péronier latéral (voy. ce muscle) ; II. Du court péronier latéral (voy. ce muscle) ; III. Du péronier antérieur (voy. ce muscle) ou plus exactement d'un faisceau externe difTérencié du long extenseur des orteils ; IV. Du péroné ; V. De Tune et l'autre de ces parties anatomiques. Ce muscle a été, d'après ses origines, sa terminaison, sa situa- tion, etc., décrit chez l'homme — on l'a vu — sous les noms les plus divers. Il en a été de môme chez les animaux. Il a été appelé jieronœus parvus par Bischotî, peroiiœus teriins par Meckcl et Hartmann, /)e?'o?îœ?<5 iïitermedius par \^vv\\\\^ peronœus q aiiiti ai peronœus sextus par Macalister, peronœus quinti digiti par Huxley et Wood, extensor ôrevis digiti qiiinti par Franck et Ruge, extemor proprius quinti digiti par Davis, extensor quinli digiti parYoun^ et Robiason, fibiilinus par Strauss-Durclvlieim, adductoi' digiti quinti longue par Biirdach, péronier moyen par Cuvier, long extenseur propre du 5" orteil par Maisonneuve, 5" pédieux par Ghudzinski, péronier du 5" orteil par Testut, etc. Prouver qu'au point de vue de l'anatomie philosophique il ne s'agit ici que d'un seul et même muscle auquel ses différents modes de con- formation dans la série animale ont valu plusieurs noms, est facile. Les muscles péroniers font, en etfct, primitivement partie des muscles extenseurs du pied. Chez le crgptobranche, la supinato-extensor ?nass de la jambe et du pied est composée de deux couches : une couche profonde et une couche superficielle divisée elle-même en trois seg- ments : un segment tibial, un segment péronier et un segment inter- médiaire. Le segment tibial correspond au tibial antérieur, le seg- ment péronier aux péroniers et le segment intermédiaire au long extenseur des doigts. Un faisceau délicat détaché du bord externe du segment intermédiaire et accolé à un faisceau semblable provenant du segment péronier constitue un peronœus tertius (le péronier anté- rieur de l'homme). L'abducteur du petit doigt est renforcé aussi par quelques fibres du segment péronier qui dépassent l'extrémité distale du péroné (Humphry, Gegenbaur). MUSCLES DE LA JAMBE 371 Long" abducteur du gros orteil. Les membres pelviens étant les homologues des membres thora- ciques il était à croire qu'on devait retrouver quelquefois dans les membres pelviens de l'homme des muscles qui ont disparu dans les membres thoraciques, et réciproquement. L'apparition au membre supérieur des muscles manieux et radio-carpien correspondant au pédieux et au tibial postérieur et le développement au membre infé- rieur d'un poplité à deux chefs, d'un péronéo-tibial, d'un quatrième péronier, d'un extenseur propre du second orteil {indlcator pedis, extensor digi.till pedis /o/i^w^de W. Gruber) etc., les analogues du rond pronateur, du carré pronateur, de l'extenseur propre du petit doigt, de l'extenseur propre de l'index ont confirmé cette induction. Elle est confirmée encore par la présence accidentelle au membre inférieur d'un long abducteur du gros orteil [abductor hallucis lonr/us de Henlc, extensor assis métatarsi hallucis de Macalister) et d'un court extenseur du gros orteil [extensor primi internodii hallucis de Walther), les analogues du long abducteur du pouce et du court extenseur du pouce. Quand le long abducteur de l'hallus de l'homme est entièrement différencié, il ressemble, je l'ai déjà dit (Voy. M. jambier antcrieur) au long abducteur du gros orteil des Singes. Mais cette disposition est excessivement rare. Il émane le plus souvent soit : 4° du long extenseur commun des orteils ; 2'^ du long extenseur propre du gros orteil ; 3° du jambier antérieur \ Il est donc caractérisé surtout par son insertion inférieure à la base du 1"'" métatarsien. M. Macalister l'a vu se réduire à un simple tendon fixé, d'une part, sur le ligament annulaire du tarse et d'autre part, sur l'extrémité infé- rieure du l'^"' métatarsien. Au dire de M. Testut ce faisceau anormal « rappelle très nettement le supinalor pedis de Ilumphry qui, chez le cryptobranche et quelques autres Vertébrés se détache également de la partie inférieure du péroné pour venir s'attacher sur le deuxième méta- tarsien, le premier faisant défaut » ? Autrement dit des muscles jambiers ayant une origine embryogcnique commune. 372 VARIATlOiNS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Court extenseur du gros orteil. Ce muscle a été décrit pour la première fois sous le nom « à'exten- sor primi internodii hallucis » par Walthcr. Il est caractérisé par son insertion à l'extrémité postérieure et supérieure de la première pha- lange de riiallus. Comme le précédent il peut être absolument isolé. D'ordinaire, cependant, il provient soit : 1° Du long extenseur commun des orteils ; 2 " Du long extenseur propre du gros orteil ; 3° Du tibial antérieur \ Il est très commun. En 1860, Wood Ta trouvé chez 10 sujets sur 34 et chez tous — sauf chez 1 — des deux cotés. Chez 7 d'entre eux il était entièrement différencié, chez 2 il était une dépendance du long extenseur propre du gros orteil et chez 1, du long extenseur propre du gros orteil et du long extenseur commun des orteils. En 1868, sur une nouvelle série de 36 sujets comprenant 18 hommes et autant de femmes, Wood l'a encore observé, chez 16 hommes et 13 femmes. Chez 3 sujets seulement il n'existait que d'un seul côté (2 fois à gauche et 1 fois à droite). Dans tous il se terminait sur le milieu de la face dorsale de l'extrémité postérieure de la première phalange en s'unissant au tendon correspondant du pédieux ou sans avoir de connexions avec ce tendon. Chez tous, sauf chez 3 où il naissait du tibial antérieur, il était une dépendance de l'extenseur propre du gros orteil dont « il était, dit Wood" peu difTérencié, comme cela a été indiqué par Sœmmerring [op. cit. p. 326) et par Wallher (Haller, Disputationes anatomiœ selectœ, vol. VI, p. 429) mais dont il avait, dans quelques cas, une tendance manifeste à se séparer pour former un muscle particulier, ainsi que cela a été observé par Meckcl [Archiv. Bd. V. S. 417), Theile et Henle [Muskellehre. S. 277) ». Pour Wood « Y extensor primimternodu hallucis » serait donc presque constant. Si je m'en réfère à mes propres statistiques, j'ai pourtant tout lieu de croire que l'on ne le rencontre que chez 1 sujet sur 2. ' Il est quelquefois aussi représenté par le faisceau interne différencié du pédieux ^voy. ce muscle). - Wood. rroc. of thellou. Soc, n° 86, 1866, p. 2i0. MUSCLES DU PIED REGION PLANTAIRE RÉGION PLANTAIRE INTERNE ABDUCTEUR DU GROS ORTEIL Tous les anatomistes français, sauf MM. Morel et Mathias Duval, l'appellent adducteur. Cette dénomination est erronée aussi bien au point dp vue anatomique qu'au point de vue physiologique. Au point de vue anatomique, les muscles courts du pied, comme les muscles courts de la main, comprennent, dans la série animale, trois couches qui sont, en procédant de la face concave à la face convexe : La couche plantaire, de laquelle dérivent les abducteurs; La couche intermédiaire, de laquelle dérivent les courts fléchis- seurs ; La couche dorsale, de laquelle dérivent les adducteurs. Au point de vue physiologique, Duchenne (de Boulogne), dont les recherches ont une valeur incontestée, affirme que ce muscle « fléchit la première phalange en l'éloignant du deuxième orteil et étend en môme temps la deuxième phalange ». Il est donc bien abducteur du gros orteil par rapport à la ligne axiale du pied qui passe par l'index, dans l'espèce humaine, ainsi que nous l'avons dit. Du reste, tout en le qualifiant d'adducteur, les professeurs Cruveilhier ' et Sappey ^ parlent principalement de son importance comme fléchisseur. ' Cruveilhier. Anal, descript., 2« édit., II, p. 3fli. - Sappey. Anaf. descript., 2^ édit., t. II, p. 4.V2. 374 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIUE DE L'HOMME Ciivicr ol Laiirillard avaionl déterminé nettement ce fait longtemps avant MM. Cnnningham , BischofF, Ilenle, etc. Qu'on en juge. A la page 559 du tome I, de la deuxième édition de leur Traité d'anatomie comparée^ on peut lire : « La plupart des animanx ayant toujours leur main dans un état forcé de pronalion, il devenait nécessaire, en anatomie comparée, de fixer autrement qu'on ne le lait en anatomie humaine , le sens de ces mots abducteurs et adducteurs des doigts; nous prévenons donc que nous appelons abducteurs tous les muscles qui éloignent les doigts de celui du milieu, et adducteurs tous ceux qui les en rapprochent, aussi bien dans le pied que dans la main. » Partant de cette donnée, ils classent de la sorte les muscles de la plante du pied : Vabducteur du pouce [adducteur du gros orteil des antliropotomistes^ calcanéo-sous-phalangien du premier orteil) ; L'adducteur oblique du pouce {abducteur oblique des anthropoto- )nistes, métatarso-phalangien du premier orteil) ; L'adducteur transverse du pouce {abducteur transverse des aritliropo- tomistes^ 7nétatarso-sous-phalangien transversal du jiremier orteil); L'abducteur du petit doigt [ccdccméo-sous-phalangien du petit orteil); Les interosseux {métatarso-plialangiens latéraux). Connexions plus intimes avec le court fléchisseur (voy. ce muscle). Variations des insertions. — M. le professeur Macalister a vu l'abducteur du gros orteil se détacher en entier du tendon du long fléchisseur propre. C'est une des rares malformations dont je n'ai pas trouvé l'équivalent dans la série animale. Faisceaux surnuméraires. — Rappelons d'abord pour mémoire le faisceau cutané signalé par Lépine (voy. M. court abducteur du pouce). Sur les deux mains d'un homme qu'il a disséqué pendant l'hiver de 1866-1867 le professeur Wood a trouvé un trousseau de fibres qui, déta- chées de la partie antérieure de l'abducteur, allaient se perdre sur la base de la première phalange du second orteil. En 1867-1868, Wood a noté de nouveau cette anomalie chez 3 hommes et 1 femme (1 fois à droite, et 1 fois à gauche et 1 fois des 2 côtés chez les hommes, 1 fois des 2 côtés chez la femme). MUSCLES DU PIED 375 Sur 40 sujets du sexe masculin, Wood Fa vue, plus tard, encore 4 fois : 2 fois des 2 côtés, 1 fois à droite et 1 fois à gauche, et sur 30 sujets du sexe féminin, 1 fois à gauche seulement. Soit o fois sur 70 sujets ou exactement 1 fois sur 14 '. Mes élèves et moi l'avons observée 6 fois en 5 ans (4 fois chez l'homme, 3 fois des 2 côtés et 1 fois à droite ; 2 fois chez la femme 1 fois à droite et 1 fois à gauche). Comme M. Poirier, j'ai vu souvent se détacher du bord supérieur de l'abducteur du gros orteil une expansion aponévrotique très solide, qui va se continuer avec le faisceau inférieur du ligament annulaire anté- rieur. M. Poirier a trouvé une fois un os sésamoïde dans cette expan- sion qui ne me paraît pas avoir été signalée jusqu'ici bien qu'elle soit fréquente. Il n'est pas très rare de noter le renforcement du muscle en question par quelques trousseaux de fibres contractiles naissant de la tubérosité du scaphoïde et d'une bandelette fibreuse qui s'élend du bord interne de l'aponévrose plantaire moyenne au bord interne du pied, sous la face profonde du muscle. C'est là un véritable chef acces- soire, chef interne de quelques anatomistes. « A propos de cette divi- sion en deux chefs de l'abducteur il est bon de rappeler, dit M. Poirier, la division de quelques auteurs (Theile, Courcelles, Icon. muscul. platit^e ^pedis, Lugd. Batav. 1739) qui ap pellent chef postérieur l'en- semble des fibres à insertion calcanéenne, et chef antérieur les fibres venant du ligament annulaire. Toutes ces fibres aboutissant en der- nière analyse au calcanéum ; cette division ne peut être acceptée^ » Anatomie comparée. — Meckei a trouvé dans ïonrs blanc un fais- ceau semblable au faisceau anormal signalé chez l'homme par Wood. COURT FLÉCHISSEUR Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — Son chef externe, toujours plus ou moins uni à l'adducteur oblique en est quelquefois inséparable. La même remarque peut être faite en ce qui concerne les rapports de son chef interne avec l'abducteur. « Il n'est pas rare, a ' Wood. Proceedings of the Roy. Soc, n» lOi, 1868, p. .j22. - Poirier, Trailé (Vanat.cH. t. II, p. 275. 370 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME écrit Criiveilhier, de voir le plus grand nombre des fibres du court fléchisseur se rendre au tendon du court abducteur du pouce, avec lequel il forme alors un muscle biceps dont il est la courte portion'. » Le court iléchisscur est relié aussi parfois par quelques trousseaux contractiles à l'opposant. Anatomie comparée. — M. le professeur Cunningham a disséqué un certain nombre d'animaux dans lesquels le court iléchisscur du gros orteil se compose d'un seul chef tibial ou péronier. Le chef tibial existe seul dans le Phascogale calura, hi iuutre, la Dasyurus viverrinus, YOrnytIioryncus paradoxus , le Cœlogemjs paca, le MijrmecopJiaga lamandua, las Lé iu irriens, le porc, le Macropus robustus. Le chef péro- nier se rencontre seul dans le Trechechus rosmarus '. Dans Vorang le chef péronier du court fléchisseur et l'adducteur oblique du gros orteil sont intimement unis et la nature mixte de ce muscle unique est établie par les deux branches nerveuses qu'il reçoit, provenant l'une du nerf plantaire interne, l'autre du rameau profond du nerf plantaire externe (Ruge). Tandis que Duvernoy et Macalister affirment que la tête externe fait défaut chez le gorille, Bischoff avance qu'elle est toujours présente dans le gorille, le chimpanzé et le gibbon. Ce qui est certain, c'est qu'elle existait chez chacun des quatre Anthropoïdes disséqués par le docteur Hepburn et dans le /œ^z/s de gorille disséqué par M. Deniker \ Quant à l'opposant du gros orteil, il n'existe pas en tant que muscle distinct chez la plupart des Mammifères. Faisceaux surnuméraires. — « Il n'est pas rare, disent MM. Morel et Mathias Duval, de rencontrer un petit faisceau tendineux du court fléchisseur inséré sur la base du premier cunéiforme \ » Ce petit faisceau est Vinterosseiis plantaris primus de quelques anatomistcs. J'aurai l'occasion d'en parler plus loin (voy. M. interosseux dorsaux du pied). Quelquefois le court fléchisseur envoie un tendon à la base de la première phalange du second orteil ou est renforcé par un trousseau ' Cruveilhier. Anal, descripl., 2''édit., t. II, p. 395. " Cunningham. Report on Marsupialia, cit. p. 125-126. ^ Deniker. Lac. cit., p. 166. Morel et Mathias Duval. Manuel de l'anatomifile, muscle court fléchisseur du gros, orteil. MUSCLES DU PIED 377 de fibres provenant du tendon correspondant du long fléchisseur profond. Ainsi que nous l'avons noté antérieurement (voy M. tlbial postérieur), certains anatomistes considèrent à tort comme anormale l'insertion du jambier postérieur par une lame aponévrotique plus ou moins épaisse : 1° Sur les T, 3% 4'' métatarsiens (Harrisson) ; 2° Sur le cuboïde (Winslow) ; 3° Sur le court ilécliisseur du gros orteil (Wood, Macalisler). Anatomie comparée. — Chez certains animaux chacun des orteils a un court fléchisseur composé de deux chefs ou d'un seul chef tibial ou péronier. C'est ainsi qu'en plus des courts fléchisseurs des doigts extrêmes on trouve un court fléchisseur à deux chefs pour l'index, un îi deux chefs pour le médius et un à deux chefs pour l'annulaire dans le Rat du Cap, \q Phalancjer renard, le Koala cendré^ le lièvre, etc. Dans le Mijrmecophaga tamandiia, le court fléchisseur de l'index, celui de l'annulaire et celui du médius n'ont qu'un chef tibial. Le court flé- chisseur de l'index de Yatèlc et du Cynocéphale sphynx n'a qu'un chet péronier; il en est de même du court fléchisseur du porc domestique. « Dans les Quadrumanes, dit le professeur Gunningham, on ne rencontre jamais un court fléchisseur bien développé pour chaque doigt. Les courts fléchisseurs du gros orteil et du petit doigt ont bien deux têtes, mais le court fléchisseur de l'index et celui de l'annulaire n'en ont souvent qu'une et le court fléchisseur du médius paraît faire généralement défaut'. Dans le pied de V homme, et du gorille, etc., certains des courts fléchisseurs perdent leurs têtes et deviennent des adducteurs ^ » Par « certains des courts fléchisseurs » il faut entendre les courts fléchisseurs de l'index, du médius et de l'annulaire et par « devien- nent des adducteurs » deviennent des « interosseux palmaires », M. le professeur Cunningham a établi nettement, en etlet, par ses nom- breuses et patientes recherches sur la myologie comparée des extré- mités des membres dans les diflerents ordres de Mammifères que « le& interosseux palmaires » appartiennent à la couche moyenne du pied Cunningham. Loc. cU., p. 11.^. Ibid., p. 131. 378 VARIATIONS UU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME (voy. M. court, abducteur du pouce), c'est-à-dire à la couche des courts lléchisseurs des doigts et dériveut euLièremcnt de ceux-ci. Je lui cède la parole : « Dans deux extraits de mon mémoire sur les Marsupiaux^ publiés dans le Journal de Panatomie et de la phijsioloc/ie ', j'ai rangé les courts lléchisseurs du gros et du petit orteil des Biinanes avec l'adducteur oblique et l'adducteur Iransverse du gros orteil dans la couche plan- taire du pied. En le faisant j'ai fait miennes, dans une certaine mesure, les opinions de Meckel". Ces opinions me paraissent maintenant erro- nées et je pense que les interosseux plantaires dérivent de la couche intermédiaire ou des courts fléchisseurs. Ma nouvelle manière de voir est basée sur les faits suivants : « i" La disparition graduelle dans les Quadrumanes de tous les mus- cles adducteurs des doigts sauf des adducteurs du gros orteil; (( 2° L'existence des interosseux plantaires non seulement chez les Singes qui ont un appareil d'adduction complet {cynocéphale) , mais encore chez ceux où cet appareil est représenté par les adducteurs du gros orteil et des bandes fibreuses pour les adducteurs des autres doigts [orang) et même chez ceux où il est réduit aux adducteurs du gros orteil [gorille]] « 3° La situation de la branche terminale profonde du nerf plantaire externe qui est placée sur les interosseux plantaires et recouvert par les adducteurs chez les animaux, entre les interosseux plantaires et l'adducteur oblique chez l'homme ; « 4° La présence sur le pied d'un sujet humain, que j'ai disséqué en 1881 à l'amphithéûtre d'anatomie de l'Université d'Edimbourg, d'un adducteur oblique du gros orteil du bord externe duquel se détachait un faisceau charnu qui se rendait au côté externe de la base de la première phalange du second orteil, faisceau représentant clairement l'adducteur de l'index. « Le court fléchisseur du cinquième doigt est un muscle à une seule tête qui est inséré « à la base et au bord externe de la première pha- « lange du petit doigt » (Quain). Je pense que le troisième interosseux plantaire est constitué par la tète interne de ce muscle. « Les deux interosseux plantaires qui restent (c'est-à-dire le second et le premier) sont formés par le court fléchisseur de l'annulaire et ' Cunningham. Journ. of anat. and phys., vol. XIII, p. 443, et voL XIII, p. 12. ' Meckel. Anat. descripl. et palliologique, vol. I. MUSCLES DU PIED 379 celui du médius qui out perdu chacun leur chef exlernc et sont devenus adducteurs. « Le court fléchisseur de l'index a complètement dispara du pied liumain. « Cette modification fonctionnelle et ce déplacement en profondeur des courts fléchisseurs ne sauraient étonner quand on sait que chez le paresseux ils sont situés à la face dorsale du pied où ils agissent comme extenseurs, que dans le cheval un d'entre eux est converti en un long et puissant ligament, ctc '. » D'autre part, Ruge a observé que pendant la vie intra-utérine, le pied de l'embryon humain reproduisait transitoirement, principale- ment en ce qui concerne les muscles interosseux, les modes de confor- mation divers des autres Ma)7i)n//ères' (voy. plus loin M. interosseux plautaires). Après cet exposé on conçoit que le court fléchisseur de l'index se reproduise ou subsiste dans le pied humain. Et il s'y reproduit ou y subsiste, effectivement, sinon en totalité, du moins en partie. Le muscle court fléchisseur a trois tendons du gros orteil dont l'un se rend au second orteil trouvé anormalement dans la région interne de la plante du pied de l'homme, est le résultat de la fusion, par suite d'un xice de développement, d'un des chefs persistants du court fléchis- seur de l'index avec le court fléchisseur du gros orteil. Le professeur Cunningham le reconnaîtrait sans peine, lui qui regarde comme représentant clairement l'adducteur de l'index « le faisceau charnu détaché du bord externe de l'adducteur oblique du gros orteil se rendant au second orteil ». Reste à interpréter une dernière anomalie, celle qui consiste dans le renforcement du court fléchisseur du gi'os orteil par un trousseau de fibres provenant du tendon correspondant du long fléchisseur. Elle constitue une disposition normale chez le Cynocéphale Anubis[(l\vàn\- pneys). ' Cunningham. Report on Marsupialia, cit p. l"20-l'21-l"2i'. ■• Rnge. Morpholof/ische Jahrbiich, iH18, Y>. \'.V2. 380 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME ADDUCTEUR OBLIQUE DU GROS ORTEIL Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — Ainsi que nous l'avons (lit, il est quelquefois inséparable du chef interne du court lléchisscur du gros orteil ou de l'opposant. Variations des insertions. — Au lieu de se terminer par un faisceau aponévrotiquc à l'os scsamoïdc externe de l'articulation métatarso- phalangienne du gros orteil, et au bord postérieur du ligament glénoï- dien de cette articulation, il peut se terminer sur le tendon ouïe corps charnu du chef externe du court fléchisseur du gros orteil. Au lieu de naître en arrière par deux faisceaux, l'un venant de la face inférieure du cuboïde, l'autre du tendon de la gaine du long péro- nier latéral , des extrémités postérieures des 3% 4'' et l)" métatarsiens, et des ligaments transverses qui les unissent, il peut naître par un seul faisceau. Dans les cas de ce genre, le faisceau pei'sistant est généra- lement celui qui s'insère à la gaine du long péronier latéral et aux parties avoisinantes. Ces malformations sont la conséquence des nombreuses variations de nombre, de forme, de direction, de rapports et de structure des adducteurs des orteils dans les animaux et môme dans rembryon humain. Faisceaux surnuméraires. — Le plus commun est celui qui a été découvert, en 1881, par le professeur Cunningham sur un sujet dis- séqué à l'amphithéâtre d'anatomie de l'Université d'Edimbourg. C'est, nous le rappelons pour mémoire, un faisceau détaché du bord externe de l'adducteur oblique et qui se rend au côté externe de la base de la première phalange du second orteil. MM. les professeurs Macalister et Henle l'ont aussi rencontré. « Il représente clairement l'adducteur du second orteil », dit avec raison M. Cunningham'. La fusion de l'adducteur du second orteil avec les adducteurs voisins constitue du reste une disposition cons- tante dans quelques espèces animales. Dans le paca les adducteurs ' Cunningham. Report on Marsupialiu-, p. 109, 87, 74. MUSCLES DU PIED 381 du l'^"', du 2" et du o'' orteils émanent par une masse charnue com- mune du milieu de la surface plantaire du tarse. Chez le Dasypus sexcinctiis, les adducteurs du f'", du 2'- et du 3" orteils ont un tendon d'origine commun. L'Echidna setosa a cinq adducteurs dont les deux; internes sont intimement unis quand ils naissent de la partie exté- rieure de la face inférieure du calcanéum. M. Prenant a vu une disposition encore plus curieuse chez l'homme : (( De l'adducteur transverse se détachaient deux faisceaux, allant se rendre sur le bord externe du 2'' orteil. Un autre faisceau, très impor- ' tant, de 2 centimètres de large, aboutissait au môme endroit et éma- nait de l'adducteur oblique', » Unis ou indépendants, les adducteurs sont plus ou moins nombreux dans les Mammifères. Il y en a deux, un pour l'index et un pour l'aiinulaii'e clans Y Hijrax Capensis et le Bradijpus Capensis dont le pied est tridactyle; il y en a trois, un pour l'index, un pour l'annulaire, un pour le petit doigt, dans le chien., le chat., le lion, le léopard, etc., dont le pied est tétradactyle ; il en y a quatre, un pour le gros orteil, un pour l'index, un pour le médius et un pour le petit doigt, dans le Koala cendré y\.oi\i le pied est pentadactyle; il y en a cinq, un pour le gros orteil, un pour l'index, un pour le médius, un pour l'annulaire et un pour le petit orteil dans VEchidna setosa, dont le pied est égale- ment pentadactyle. ADDUCTEUR TRANSVERSE DU GROS ORTEIL Ce muscle, s'insère, d'après Henle, « par deux ou trois digitations à la partie inférieure des capsules des articulations métatarso-phalan- giennes. et des ligaments plantaires des têtes des métatarsiens. Les digitations correspondent aux articulations des orteils 5 et 4, ou 4 et .3, ou 0, 4 et 3. Les faisceaux les plus rapprochés du gros orteil for- ment le bord antérieur du muscle. Le chef naissant de la fusion des deux adducteurs s'insère, avec le chef latéral du court lléchisseur au sésamoïde latéral, au bord de la base de la première phalange et au tendon de l'extenseur long du gros orteil sur le dos de la première phalange ». ' Prenant. Contribution à la connaissance des anomalies musculaires, extrait du BuUet. (le la Soc. des sciences de Nancy, 1891, p. 25. 382 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME On remarquera dans cette description que le muscle n'a pas d'inser- tion sur les métatarsiens. La manière la plus simple de vérifier cette particularité, c'est de disséquer le muscle par sa face dorsale, en désarticulant les quatre derniers métatarsiens, tout en laissant les ligaments des articulations. Le muscle est ainsi mis à nu sans qu'au- cune fibre soit entamée sur sa face dorsale. Une autre particularité que les auteurs ne signalent pas et qu'on peut démontrer par une dissec- tion minutieuse c'est, dit M. Lcboucq dans son remarquable mémoire St(r les muscles adducteurs du ponce et du (jros orteil\ « que les adduc- teurs oblique et transverse ne se confondent pas à leur terminaison sur le sésamoïde péronier.Les fibres de l'adducteur transverse restent distinctes de celles de l'adducteur oblique, qu'elles enveloppent à leur terminaison de telle sorte que quelques-unes vont passer du côté dorsal de l'appareil ligamenteux métatarso-phalangien, comme le décrit Ilenle ; mais une autre partie, la plus volumineuse même, passe du côté plantaire de l'insertion commune de l'adducteur oblique et du court llécliisseur (faisceau péronier) pour se terminer sur la gaine du long fléchisseur du gros orteil. C'est sur des coupes transversales du pied que cette disposition devient tout à fait évidente; sur une section transversale d'un pied de fœtus, on constate nettement que les fibres de l'adducteur transverse partent du côté plantaire des 2'', 3" et 4° méta- tarsiens et des muscles interosseux et, arrivées au bord de l'adducteur oblique se divisent en deux masses qui enveloppent la section de celui-ci, et dont la principale glisse du côté plantaire de ce muscle et du court fléchisseur, pour se terminer sur la gaine du long fléchis- seur. Ce n'est du reste pas le long fléchisseur seul qui reçoit cette terminaison du muscle transverse; à la hauteur des tendons fléchis- seurs des 2", 3° et 4" orteils, on voit des faisceaux se terminer dans la face profonde de la gaine de ces fléchisseurs. Au niveau de l'insertion ligamenteuse du transverse, à la hauteur de l'extrémité distale du 5'' métatarsien, cette insertion se bifurque et une partie passe du côté dorsal des fléchisseurs du 5'^ orteil, l'autre du côté plantaire pour se continuer avec l'aponévrose plantaire superficielle. En poursuivant dans le sens distal la série des coupes, le muscle transverse diminue d'épaisseur. A son bord antérieur, il se confond avec l'appareil liga- menteux recouvrant les têtes des métatarsiens ». L'adducteur transverse du gros orteil est donc un muscle tendu p. 8. MUSCLES DU PIED 383 entre les ligaments métatarso-plialangiens des orteils et l'aponévrose profonde, d'une part, et l'appareil ligamenteux mélatarso-phalangien du gros orteil et la face profonde de la gaine des tendons lléchisseurs, d'autre part. Absence. — Elle a été notée par Bolimer [loc. cit., p. 8). En mars 1887 j'ai vainement cherché l'adducteur du gros orteil sur les deux pieds d'une jeune fille de dix-huit ans. M. le professeur Macalister m'a écrit qu'il avait trouvé 12 fois ce muscle représenlé par une lame contractile excessivement mince et pâle. Le faisceau de l'adducteur du gros orteil qui provient de l'arti- culation de l'extrémité distale du 5° métatarsien peut faire défaut ou constituer à lui seul tout le muscle. AxATOMiE COMPARÉE. — Cc musclc uiauquc chez les Mammifères dont le gros orteil est atrophié ou rudimentaire : le cliicn, le cliat, le porc, etc. "Variations des insertions. — Faut-il redire que les digitations de laddacleur transversc proviennent tantôt des 4'' et 5" articulations métatarso-phalangiennes, tantôt des 3° et ¥', tanlôt des 3% 4'' et 5' ? Quelquefois ce muscle se prolonge en arrière jusqu'au hord antérieur de l'adducteur ohlique. « Souvent, affirme Cruv^eilhier, les filtres d'insertion au côté externe de la première phalange du gros orteil se confondent avec celles de l'adducteur oblique. » Anatomu: comparée. — Dérivant de la môme couche embryogénique, l'adducteur oblique et l'adducteur transverse ont normalement chez les animaux et devaient avoir anormalement chez l'homme des rap- ports intimes. Sauf peut-être dans le walrns et Vupossum, dans tous les Mammifères des ordres inférieurs les deux muscles dont il s'agit forment une lame continue (Ruge, Meckel), Parmi les Singes ils sont tantôt fusionnés, tantôt indépendants. Ils sont distincts et séparés chez Xq gorille, YHylobates leaciscus\ le Cynocéphale mahnon, le Cer- copitliecus sabœus, le Macacus cynomolgus, le cebus, Vlniius nemes- trinus-, tandis qu'ils sont présents tous les deux mais intimement unis ' A la page 39 de son mémoire sur VHylobates leuciscus, Bischoff a écrit que l'adduc- teur oblique et l'adducteur transverse du gros orteil de cet anUiropdide sont unis, et dans la table de ce même mémoire- qu'ils sont heide f/e/rennt und sturk. - Church. Loc. cit. siiprà. 385- VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME chez Vorang^ le chimpanzé^ le PUhecia hirsuta et \ Hapale peiilcillala. Dans les Lémuriens ils sont très développés et, bien qu'accolés, aisé- ment séparables, A ces modifications de la longueur de l'adducteur transverse dans les espèces animales correspondent des modifications dans la largeur. Dans une conférence Sur les prétendus Quadrumanes^ faite le 26 dé- cembre 1889 à la Société d'anthropologie de Paris, mon savant col- lègue et ami M. le professeur Hervé, comparant le pied de l'homme à celui des Anthropoïdes, a exposé avec une grande clarté les rai- sons des modifications structurales que subit le transversus pedis dans l'ordre des Primates. En voici un résumé succinct-. Le pied des Singes est préhensible, il fonctionne à la manière d'une main; l'animal s'en sert non seulement pour marcher, mais encore pour saisir : or, jamais chez l'homme le pied ne concourt à la préhen- sion, du moins comme chez le singe., par le mécanisme de l'opposi- tion du gros orteil aux autres orteils et à la plante. L'adaptation à la vie arboricole a imposé, il est vrai, au pied simien des conditions fonctionnelles spéciales, qui n'avaient plus leur raison d'être chez l'homme, bipède parfait et terrestre. Les Singes saisissent et se cramponnent en s'aidant de leur pied. Le gros orteil, très mo- bile, et que l'animal peut renverser en arrière, fait ici, avec le bord interne du pied, un angle très ouvert. L'étendue de ce mouvement d'écartement de cet orteil ne le cède presque en rien à celle de ce même mouvement au pouce de la main ; et Gaddi a montré que chez le macaque, par exemple, la ligne du gros orteil pouvait faire avec l'axe du pied un angle de 25 degrés, l'angle du pouce avec l'axe de la main ne dépassant pas 30 degrés dans l'abduction maxi- mum. Le singe jouit ainsi de la faculté de saisir en grimpant, des branches volumineuses, entre son gros orteil écarté et très fort et ses autres orteils incurvés et très longs. Son pied est devenu, par le fait, un instrument de préhension puissant, plus puissant même que la main dont le pouce est en général assez réduit, surtout chez les Anthropoïdes, et parfois tout à fait atrophié (genres «/è/e, ériode, colobe). Chez l'homme le gros orteil, parallèle ou presque parallèle aux quatre orteils suivants, ne s'en écarte que dans des ' Ruge. Loc. cit. suprà, fig. 54. Quelques naturalistes, Bischotf entre autres, ont trouvé l'adducteur oblique et l'adducteur transverse indépendants chez Yoraiifj. - G. Hervé. Les prétendus Quadrum^ines. Bull, de la Soc. d'anllirop. de Paris, t. XII, 36 série, 4" fasc., octobre-décembre 18b9, p. 680 et suiv. MUSCLES DU PIED 385 limites étroites et no jouit à leur égard d'aucun mouvement d'oppo- sition. C'est un insignifiant détail de structure osseuse qui chez le singe procure la préhensibilité du pied et permet les mouvements d'opposi- tion du gros orteil. Toute la différence avec l'homme se ramène à ceci : le premier métatarsien, au lieu de s'articuler directement, comme chez nous, sur la face antérieure du premier cunéiforme, s'articule un peu obliquement sur le côté interne de cet os du tarse. Le cunéiforme, volumineux, présente à cet effet une facette articulaire convexe et presque latérale faisant avec le plan vertico-transversal, dans lequel se trouve sensiblement comprise cette facette chez l'homme, un angle de plus de 45 degrés. A part cela, le squelette du pied est exactement semblable chez l'homme et chez le singe. Le volume, la longueur, la mobilité des tarsiens, des métatarsiens et des phalanges peuvent varier, mais les os sont les mêmes, en nombre égal de part et d'autre et ils présentent entre eux les mêmes con- nexions. Du côté des puissances musculaires, les différences ne sont pas plus grandes. Ce ne sont pas des muscles spéciaux, mais des muscles semblables à ceux que nous possédons nous-mêmes, qui sont, au pied simien, les agents de la préhension. La flexion oblique du premier métatarsien et l'opposition du gros orteil à la plante du pied y sont produites principalement par le muscle long péronier latéral. C'est le long péronier latéral, muscle ne différant en rien chez l'homme et chez le singe, ayant dans les deux types les mêmes insertions, le même mode de réflexion, qui est l'agent de l'opposition du gros orteil au pied simien, oii, par suite d'une configuration articulaire particulière du premier cunéiforme, le pre- mier métatarsien a pu être préalablement porté en abduction^ (par rapport à l'axe du pied). Comme ce mouvement d'abducLion est impos- sible chez nous, notre long péronier latéral n'actionne plus isolément le premier métatarsien, maintenu dans un rigoureux parallélisme avec ses voisins, il meut l'avant-pied en totalité. L'action du long péronier latéral est renforcée chez le ùnge par ^ Le mouvement d'abduclion du gros orteil est déterminé dans les Sinr/es par un long et un court abducteur. Ce que l'on décrit sous le nom de muscle long abducteur du gros orteil chez les Singes n'est que le dédoublement d'un muscle qui nous est commun avec eux, le jambier antérieur. Ce dédoublement lui-même on le constate, ainsi que nous l'avons dit (voy. M. Jambier aiilérieiff), dans ]"homme. 386 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCUI.AIHI-: DE L'HOMME celle de l'addiicteur obliquo du gros orteil, nous possédons égalemoni ce muscle plantaire. Comme les singes nous avons, nous aussi, un muscle adducLour Lransversedu gros orteil, seulement il est notablement atrophié, notre gros orteil n'étant plus opposable. Chez le singe, au contraire, l'ad- ducteur transverse, muscle très actif, s'étend beaucoup en largeur et en longueur, si bien qu'il est en partie recouvert par l'adducteur obliquo, dont le sépare, chez l'homme, un large espace triangulaire. On a pu de la sorte considérer l'adducteur oblique et l'adducteur transverse du singe comme formant une masse musculaire unique, divisée en deux chefs. Mais l'adducteur transverse de l'homme n'est lui-même, ainsi que nous le dirons tout à l'heure, qu'une partie indi- vidualisée de ce muscle primitivement unique, et la séparation en deux muscles distincts n'est même pas la règle constante : dans nombre de cas, en effet, les faisceaux d'origine des deux chefs de l'adducteur du gros orteil restent accolés, sont réunis par des faisceaux chez l'adulte. Suivant la remarque de Huxley, « la plus superficielle investigation anatomique montre que la ressemblance de la prétendue main de derrière des Singes avec la vraie main ne va pas plus loin que la peau, et que, sous tous les rapports essentiels, le membre posté- rieur du singe est terminé par un pied aussi véritable que celui de l'homme ' )>. Il est permis d'aller plus loin. Faisons cette supposition que la facette articulaire métatarsienne du premier cunéiforme soit, chez l'homme, légèrement oblique comme elle l'est chez le singe, rien ne s'opposera désormais à ce que le pied humain soit également préhen- sible. Il a pour cela tous les muscles nécessaires. Déjà, en 1863, Wyman avait reconnu que sur l'embryon humain long d'un pouce environ « le gros orteil, au lieu d'être parallèle aux autres doigts, forme un angle avec le côté du pied, correspondant ainsi par sa position à l'état permanent de cet orteil chez les Quadrumanes ». (Wyman. Proceed. soc. nalur. Hist. Boston, 4863, vol. IX, p. 185.) Plus récemment le professeur Leboucq (de Gand) a montré « qu'une section horizontale du pied, chez un embryon du deuxième au troi- sième mois, laisse voir en toute évidence la facette métatarsienne du premier cunéiforme dans la même position oblique qu'elle affecte au pied simien. Mais à mesure que l'évolution progresse, la face tibiale 1 Huxley. De la place de Vliomme dans la nature, trad. Daily, p. '.^21. MUSCLES DU PIED 387 du ciiiioiformc se développant plus rapidement que sa face péronière, la position de la facette articulaire distale se rapproche de plus en plus de ce qu'elle est chez l'adulte ; l'obliquité de la facette a presque tota- lement disparu chez les fœtus de 4 centimètres de longueur' ». Là n'est pas, au surplus, le seul trait par lequel le pied du fœtus ressemble au pied du singe. Le pied simien, notamment celui des Anthropoïdes, s'articule avec le tibia beaucoup plus obliquement que le notre. La tète de l'astragale articulée avec le scaphoïde, regarde par suite vers le côté interne du pied, et l'axe antéro-postérieur du calcanéum a un angle très ouvert. Or, Aeby a reconnu que l'ouverture de cet angle astragalo-calcanéen était plus grande chez l'enfant nouveau-né que chez l'adulte % et M. Leboucq a pu constater, sur des sections horizontales du pied embryonnaire, que la tète de l'astragale était fortement déjetée vers le bord tibial. C'est en partie à cause de cette projection en dedans que tout le bord tibia! du pied et le gros orteil en particulier se trouvent placés en abduction assez forte par rapport aux autres orteils \ Enfin les très intéressantes études de Ruge sur l'évolution des muscles du pied chez le fœtus \ que j'ai déjà eu l'occasion de citer, ont fait connaître aussi qu'à certains stades de l'ontogénie de l'homme l'adducteur Irans verse du gros orteil présente un développement relativement considérable auquel succède l'atrophie de ce muscle. Primitivement, en etfct, ses faisceaux d'origine sont disposés en éven- tail et viennent s'appliquer latéralement contre les faisceaux de l'ad- ducteur oblique : c'est exactement la disposition simienne. On les voit ensuite se reporter progressivement du côté distal, vers les têtes des métatarsiens, de manière à prendre une direction transversale, en même temps qu'ils se séparent de l'adducteur oblique. On assiste, en résumé, au cours du développement embryonnaire de chaque individu, à l'etfacement graduel, puis à la perte de la faculté préhensible du pied. Le pied de l'enfant est plus rapproché du pied du * Leboucq. Le Développement du premier métatarsien et de son articulation tarsienne chez l'homme. - Aeby. Beitr. zur Osleolo;j. des Gorilla. [Morpli. Jahrh., 1878, p. 288.) ^ Pour les changements qui s'opèrent dans rorientation du pied et la conformation des os du tarse pendant la vie fœtale et après la naissance, voir encore : Hueter, Anatom. Studien an den E.vtremitiitf/elen/ Parvenu au niveau de la tubérosité du 5" os du métatarse, on le voit, écritd'autre part Sappey, tantôt poursuivre son trajet sans lui adhérer, tantôt s'y attacher par un petit faisceau musculaire, ou bien par un tendon, et le plus souvent à la fois par des fibres tendineuses et des fibres charnues. .■ (Sappey, Anat. descript., 2^ édit., t. II, p. 45-5.) 394 VAniAÏIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME parlic sur la face cxlcrnc du 5'' métacarpien. Duvernoy nomme le court llécliisseur dont il s'agit, tantôt opposant, tantôt néchisscur'. OPPOSANT (( Très souvent, dit Sappoy, on voit un groupe de libres du court lléchisseur s'en détacher pour se fixer sur la moitié ou les deux tiers antérieurs du ])ord externe du 5" métatarsien'". » Ces fibres sont un vestige de l'opposant. Cruveilhier ' l'affirme catégoriquement. Après cela, je ne conçois pas comment l'opposant du petit orteil a été passé sous silence par tous les anatomistes français jusqu'à mes dernières publications. Henlc Krausc Luschka, Gegenbaur et Huxley le regardent comme constant. Si l'opposant du petit orteil n'est pas aussi souvent détaché du court lléchisseur du petit orteil que l'opposant du gros orteil l'est du court lléchisseur du gros orteil, il est plus souvent présent. Sur 36 sujets ^Yood l'a rencontré 6 fois : 1 fois chez l'homme et 5 fois chez la femme. Chez 4 il existait des deux côtés, chez 1 du côté droit et chez 1 du côté gauche. Pour ma part je l'ai toujours rencontré chez plus de la moitié des sujets et plus souvent des deux côtés que d'un seul. Anatomie compauiîe. — L'opposant du petit orteil a été décrit chez le chi?7ipcmzé ^av Alix, Gratiolet, Hepburn, Rolleston et Champneys*, chez Yomng par MM. Wood et Hepburn, chez le macaque par le D' Hal- ford^ et chez un grand nombre de Carnassiers et de Marsupiaux par M. le professeur Cunningham. H est également figuré dans les planches du lion et de la panthère de X Allas de Cuvier et Laurillard. Chez tous il dérive de la couche plantaire intermédiaire et, par suite, a des rapports plus ou moins étroits avec le court fléchisseur, sauf dans les Carnivores, ainsi que nous l'avons déjà écrit (voy. Oppo- ' Duvernoy. Loc. cit., p. 11.5, et pL IX, fig. B, /'. ^ Sappey. Anat. descvlpt., t. H, 2» édit., j). 4.j6. ^ Cruveilhier. Anal, descripl., 2" édit., t. 11, p. 398. * Dans le Trof/lodytes nif/e>' l'opposant s'insère à tout le corps du 5° métatarsien et naît par un tendon commun avec le premier interosseux palmaire et le court fléchisseur. " Voy. Wood, Champneys. Loc. cit. passim. MUSCLES DU PIED 395 mnt du petit doigt). Sur les Carnivores où il l'a cherché, le chien [Canis familiaris), le dingo {australian Wild dog), le chat [Felis catu.s), le puma [Felis concohr), le léopard {Felis leopardus), le lion [Felis leo), la loutre [Lutra vulgaris), le blaireau [Mêles taxas), le putois [Mustela putoi'ius) et le walrus [Trichechus rosmarus), M. le professeur Ciinnin- gham Ta toujours vu naître « en commun avec l'adducteur du petit doigt et s'insérer au tiers distal de la face plantaire du corps du ^^ mé- tatarsien ». (Cunningham. Report on the Marsupialia, 1882, p. 77.) C'est là une exception hien curieuse. L'homme est soumis à la loi générale. Ruge a prouvé d'une façon irréfutable que dans l'embryon humain l'opposant du petit orteil pro- vient insensiblement du court fléchisseur. « Dans les premières pé- riodes de la vie intra-utérine, il n'y a, dit-il \ aucun vestige de l'op- posant du petit orteil dans l'embryon humain. Puis on voit peu à peu des fibres se détacher du court fléchisseur pour se porter sur la tête du o*^ métatarsien. D'abord limitées à ce point, ces fibres s'étendent lentement sur la face externe du corps de l'os qu'elles finissent par couvrir tout entière. Alors elles deviennent indépendantes et l'opposant est constitué. Chez l'adulte il diminue d'étendue et disparaît môme fréquemment. » REGIOIV PLANTAIRE MOYEIVIVE COURT FLÉCHISSEUR DES ORTEILS Absence. — Le muscle court fléchisseur du pied manquait absolu- ment, ainsi que le tendon fléchisseur perforé du 5" orteil, sur le nègre Etienne, disséqué en juillet 1873 au laboratoire d'anthropologie de l'Ecole des Hautes-Etudes par M. Chudzinski'. Je l'ai vainement cherché aussi sur les deux pieds d'une Angolaise. On sait qu'il est des espèces animales où il disparaît entièrement. Diminution du nombre des tendons. — Le court fléchisseur des ■orteils représente, sous le rapport de la division de ses tendons, le ' Ruge. Loc. cit., jDrccédenmient, p. 131. Chudzinski, 1874, p. 18 et suiv. 39G VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME fléchisseur superficiel ou sublime des doigls, d'où les noms de perfo- ratus j)edis, de perforé et de percé du pied, que lui ont donné Spigel, Winslow et Diemerbroock. Comme le fléchisseur superficiel des doigts, il a normalement quatre languelles qui se bifurquent au niveau de la première phalange pour laisser passer le tendon du long fléchisseur commun, se creusent en gouttière, se réunissent au-dessus de lui, se bifurquent encore pour aller se fixer le long des bo]"ds de la pha- lange. Anormalement il peut n'avoir que trois tendons, le tendon du petit doigt faisant défaut. Dans les cas de ce genre, le tendon absent est le plus souvent remplacé par un tendon qui a d'ordinaire les mêmes insertions antérieures et la môme structure, mais qui provient : De la face inférieure des tendons du long fléchisseur; Ou de la face inférieure des tendons du long fléchisseur et de hi portion charnue de l'accessoire du long fléchisseur (Wood) ; Ou de la face inférieure des tendons du long fléchisseur, et de la tubérosité interne du calcanéum (Macalister) ; Ou de la face inférieure des tendons du long fléchisseur et de la cloison intermusculaire externe ^ MM. les professeurs Turner, Wood, Pfitzner et Schwalbe ont cher- ché à établir le degré de fréquence de disparition de la portion du court fléchisseur du pied destinée au 5'' orteil. M. Turner a observé 5 fois sur 50 sujets cette disparition. Sur 34 sujets, qu'il a examinés dans les salles de dissection du King's Collège, pendant le semestre 1866-1867, Wood a noté chez 7 le défaut de présence du tendon du court fléchisseur du 5'' orteil. Dans une nouvelle série de 102 sujets (68 hommes et 34 femmes) dis- séqués dans le semestre suivant, il a découvert IS fois la même mal- formation : 5 fois chez les femmes (4 fois des deux côtés, 1 fois du côté droit) et 10 fois chez les hommes (6 fois des deux côtés, 3 fois à droite et 1 fois à gauche). Sur 540 sujets dont 367 du sexe masculin et 173 du sexe féminin ]MM. Schwalbe et Pfitzner ont trouvé la portion du 5'' orteil du court fléchisseur plantaire bien développée chez 70. soit chez 13 p. 100; grêle chez 333, soit chez 62 p. 100; absente chez 135, soit chez 25 p. 100. ^ C'est Meckel qui, le premier, a signalé le remplacement du 4" tendon du court fléchis- seur des orteils par un tendon venant du long fléchisseur commun. [Manuel d'unalomie f/énérale, § 1246.) MUSCLES DU PIED 397 Ou en séparant les 367 sujets du sexe masculin des 173 sujets du sexe féminin examinés : La portion du o" orteil était bien développée chez 60 hommes, soit chez 16,3 p. 100; grêle chez 226, soit chez 61,6 p. 100; absente chez 81, soit chez 21,8 p. 100. La portion du o'' orteil était bien développée chez 10 femmes, soit chez 5,8 p. 100; grêle chez 109, soit chez 63 p. 100; absente chez 54, soit chez 31,2 p. 100. Sur 100 sujets comprenant autant d'hommes que de femmes, j'ai noté pour ma part le défaut de présence de la portion du court lléchis- seur destinée au 5° orteil, 14 fois : 6 fois chez l'homme (3 fois à droite, 1 fois à gauche et 2 fois des deux côtés) et 8 fois chez la femme (5 fois à gauche, 2 fois à droite, 1 fois des deux côtés). Réunissons ces statistiques : L'absence de la portion du 5' orteil du court tléchisseur a été signalée par Tunier chez 5 sujels sur 50 soit chez 10 p. 100. Vood — 22 — 136 — 16,1 — Pfitziier cl Scliw.illic — 133 — 540 — 25 — L'auteur — U — 100 — 14 — Soit chez 176 sujets sur 826 Soit chez 21,3 p. 100 des sujets étudiés jusqu'ici à cet égard. Anatomie comparée. — Que le 4'' tendon du court fléchisseur ou fléchisseur plantaire soit absent et ne soit pas remplacé ou soit absent, mais remplacé par un tendon venant du long fléchisseur ou fléchis- seur tibial ou de la chair carrée, il importe peu. L'une et l'autre de ces dispositions existent normalement dans la série animale. La première a été signalée par Meckel chez le castor et par M. Tes- tut chez quelques CercopitJièques. La seconde est une disposition simienne par excellence. Le court fléchisseur des orteils n'a qu'un faisceau calcanéen chez le f/orille et Vorang et deux chez le gibbon, le Cercopitheciis sabœus, le Cynocéphale maïmon, V Hapale penicillata (Bischoff"). Les doigts externes ne sont pas toutefois dépourvus pour cela de tendons perforés. Ceux- ci proviennent du fléchisseur tibial ou, pour être plus exact, du petit appareil musculaire annexé aux tendons du long fléchisseur, à la face inférieure desquels il s'attache, appareil musculaire que M. Chudzinski a décrit minutieusement chez les nègres et chez les Singes Pithéciens. 398 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Pas plus que ceux des Shu/es, les systèmes tendineux des deux llécliisscurs longs de l'homme ne sont, je le roppclle, indépendants. Toujours en abordant la région plantaire, le tendon du long llécliisseur propre du gros orteil ou llécliisseur péronier laisse échapper par son bord externe une expansion tendineuse plus ou moins considérable qui d'ordinaire va se réunir aux tendons fournis au 2° et au 3" orteil par le long fléchisseur commun ou fléchisseur tibial (Turner, Schultze, Ghudzinski). Outre cette anastomose constante, le fléchisseur tibial peut envoyer (25 fois sur 100) au tendon du lléchisseur péronier un faisceau de renforcement plus ou moins développé, disposition qui est normale chez un grand nombre de Singes [cynocéphale, cercopi- thèque, gibbon). Enfin la chair carrée de Sylvius concourt à compléter hi soudure de cet appareil tendineux à connexions multiples. Il est inexact, en clTet, que ce faisceau musculaire s'insère, chez l'homme, uniquement au lléchisseur tibial — d'où son nom impropre d'acces- soire du long fléchisseur commun des orteils, — tandis qu'il irait se jeter, chez le singe, sur les deux fléchisseurs. Il résulte des dissections de Ghudzinski que « le muscle chair carrée est l'accessoire des deux fléchisseurs des orteils, avec lesquels il se fusionne de la manière la plus intime' ». C'est de cet appareil ou directement du tendon du fléchisseur tibial avant sa division que se détache le tendon perforé du 5^ orteil, quand ce tendon n'est pas fourni par le fléchisseur plan- taire. Voici les dispositions propres à quelques AnlJwopoïdes. « Les fléchis- seurs perforés du Troglodytes yl^ôry? viennent, disent Alix et Gratiolet, de trois origines dilTérentes. Ceux du T et du 3' doigt sont fournis par une masse musculaire indépendante insérée sur l'apophyse du calca- néum et sur l'aponévrose plantaire, à la manière du court fléchisseur des orteils chez l'homme -. Le tendon du 3° doigt reçoit un faisceau musculaire accessoire, émane de la face superficielle du tendon du flé- chisseur tibial avant sa division. Le fléchisseur superficiel du 4° doigt est fourni par une masse charnue qui s'insère, en arrière de ce der- nier faisceau, sur presque toute la partie tarsienne du lléchisseur tibial. Enfin, le fléchisseur superficiel du 5'' doigt consiste en un petit corps, attaché tout entier sur le tendon profond du doigt. ' Th. Ghudzinski. Revue d'anthropologie, 1874, p. 21 ; 188i, p. 615. Cf. Gcgenbaiir, Traité iVanatomie humaine, Irad. Julin, p. 508 et 501. — L. Testut. Les Anomalies muscu- laires,^. 676 et &%i.— G. \\ex\é. Les prétendus Quadrumanes [Bull, de la Soc. d'anthrop. de Paris, 1890, t. XII, ?/ fasc. p. 705-706). - Alix et Gratiolet. Recherches anal, sur le Troglodytes Auhriji, cit. p. 203. MUSCLES DU PIED 399 M. le professeur Testiit n'a pas rencontré cet agencement chez le chimpanzé, mais l'a retrouvé dans Vorang. (( Les orteils auxquels le court fléchisseur commun ne fournit aucun tendon, remarque de son côté le professeur Bischoff, reçoivent ces tendons d'une masse charnue qui recouvre la face inférieure du ten- don non encore divisé, mais déjà élargi, du long fléchisseur commun. Il faut encore mentionner que chez le gorille et le gibbon, il ne se détache pour le 5° orteil qu'un tendon fort grêle du tendon du long fléchisseur, lequel n'est point perforé et s'insère tout simplement à la 2'' phalange. » M. le professeur Hartmann, de Berlin, signale également cette sup- pléance partielle des fléchisseurs les uns par les autres. « Chez le gorille que j'ai disséqué, écrit-il, le court fléchisseur commun des orteils fournissait des tendons perforés au 2° et au 3" orteil. Le long fléchisseur commun des orteils envoyait des tendons perforés au 4" et au o'' orteil. Au grand orteil et au petit orteil, le chimpanzé hq présente aucune disposition qui ditTère essentiellement de celle décrite ci-dessus pour le gorille. Le court fléchisseur commun des orteils forme les tendons perforés du T et du 3" orteil. Le long fléchisseur commun envoie au 4" et au Tf orteil des tendons perforés, au 2° et au o"" orteil des tendons perforants ; au 3® et au 4® orteil, ces derniers viennent du long fléchisseur du gros orteil. Ce dernier muscle fournit, comme chez le gorille, un faisceau qui se relie au tendon du long flé- chisseur des orteils. Les tendons perforés de Vorang sont le plus sou- vent fournis par le court fléchisseur. Le tendon perforé du 4^" orteil est, en outre, renforcé par une hranche tendineuse du long fléchisseur qui parait représenter le long lléchisseur du gros orteil. L'autre long flé- chisseur envoie un lilet tendineux au 5" tendon perforé. — L'un des longs fléchisseurs du gibbon fournit des tendons perforants au 2*" au S*' et au 4® orteil et envoie de plus un tendon au gros orteil. Le petit orteil reçoit un tendon perforé grêle particulier. Tandis que le 1"'' de ces longs fléchisseurs représente celui du gros orteil de l'homme, le long fléchisseur commun des orteils n'aboutit qu'au o'' orteil. Chez ce singe et chez Vorang, comme d'ailleurs aussi chez le gorille et le chimpanzé, ces deux muscles sont reliés par un faisceau tendineux. N'oublions pas de mentionner, à cette occasion, qu'assez souvent le long fléchisseur du gros orteil de l'homme envoie un tendon au 2" orteil et même parfois au 3°. Selon l'indication très exacte de Bischoff, une masse charnue recouvre le tendon encore indivis, mais déjà élargi du long 400 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME lléchisseur commun des orteils chez le rjibbon. Cette lame tendineuse fournil des tendons perforés au 3° et au 4'' orteil. Le 1" orteil reçoit un tendon perforé du court lléchisseur des orteils. La masse charnue pré- citée semble représenter ici le plantaire carré {musculus quadratus plantœ), qui est souvent indépendant, bien qu'à un faible degré, chez les autres Anthropoïdes^ » « L'insertion des fléchisseurs perforés des deux et parfois des trois derniers orteils, remarque d'autre part M. Dcniker, se fait ordinai- rement sur le tendon du lléchisseur tibial chez tous les Anth?'op aides. Le fléchisseur du 5" orteil peut avoir un tendon non perforé ou man- quer complètement-. » Dans les Anthropoïdes disséqués par le docteur Hepburn, le lléchis- seur perforé des doigts possédait 3 tendons (un pour le 2", un pour le 3'' et un pour le 4° orteil) dans Vorang et le gorille; et 4 tendons (1 pour chacun des orteils externes) dans le chimpanzé (^i le gibbon. Augmentation du nombre des tendons. — Kelly a disséqué un fléchis- seur plantaire qui donnait 2 tendons au 2*" orteil, et par conséquent avait S tendons. Je ne puis, faute de renseignement plus précis, interpréter positivement cette malformation. Imperforation des tendons. — Elle peut porter sur l'un ou sur l'autre des tendons. Gomme MM. Wood, Turner, Macalister et Testut, je n'ai vu cette anomalie que pour le tendon qui ftéchit le petit orteil (chez une femme et seulement du côté droit). « Dans les cas de non perforation du tendon superhciel, le tendon correspondant du fléchis- seur profond ou bien se réunit à lui, ou bien se porte directement sur la phalange onguéale, » assure M. Testut \ Anatomie comparée. — Meckel avance qu'il n'existe dans \aï que deux fléchisseurs des orteils : un long fléchisseur commun et un court fléchisseur commun. « Le court fléchisseur commun est très fort et formé de trois ventres; il vient du calcanéum et est situé plus super- ficiellement que le long fléchisseur commun ; ses trois tendons, qui sont courts, se confondent avec ceux du long fléchisseur commun. ' Hartmann. Les Singes Anfhropo'ides, p. 137-138-139. - Deniker. Loc. cit. suprà, p. 176. ^ Testut. Traité des anom. ynusc, p. 683. MUSCLES DU PIED 401 immédiatement au delà du point où ils sortent des ctiefs charnus du muscle; ils ne sont pas perforés. » Il nous semble plus exact cependant d'admettre que les Édenlés sont privés du petit fléchisseur commun, et que le muscle qui vient d'être décrit comme tel représente la courte tète du fléchisseur perforant, par la raison que les tendons du premier ne sont pas perforés et que l'analogie avec le membre antérieur milite en faveur de cette opinion. Dans Vhi/ène, le muscle provenant du 4*^ métatarsien et qui est très vraisemblablement l'homologue du fléchisseur plantaire humain, se termine par quatre tendons dont l'interne n'est pas fendu, mais « otTre, au dire de Meckel, une gouttière qui longe le premier tendon du long fléchisseur commun' ». Connexions plus intimes avec les autres fléchisseurs. — Taulùt le fléchisseur plantaire envoie quelques libres charnues aux tendons de l'un ou de l'autre des fléchisseurs profonds, tantôt les tendons perforés et perforants d'un même doigt, fusionnés en partie ou en totalité, ont une insertion commune sur les phalanges. Henle, Brugnone et quel- ques autres anatomistes ont vu le court fléchisseur se détacher en entier, soit du tendon du long fléchisseur commun, soit du corps de l'accessoire, soit de la cloison aponévrotique qui sépare la loge plan- taire moyenne de la loge plantaire externe. Ce n'est en somme que l'exagérai ion de la disposition normale signalée par M. Chudzinski chez l'homme, les Anthropoïdes et les Singea- Pithéciens. Au bas de l'échelle animale chez le lépidosircn, le crypto- branche, les fléchisseurs longs et courts des orteils ne forment qu'une seule masse, la pronato-flexor mass de Humphry, dont nous avons parlé en traitant des muscles de la main. Dans le koala, le fléchisseur plantaire n'est encore qu'un faisceau mal dissocié du fléchisseur tibial (Young). Le court fléchisseur commun du pied des Sarigues tire son origine de la face inférieure du profond fléchisseur, qui est bien plus fort que lui, et du long fléchisseur du pouce \ ' Meckel. Anat. comp., t. VI, p. iiF-4iO, 4^)1. - Meckel. Anat. comp., l. VI, p. 4.j2. 26 402 VARIATIOMS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME CHAIR CARRÉE DE SYLVIUS C'est le muscle qui est décrit, dans les traités dauatomie humaine, sous le nom d'accessoire du long fléchisseur. Nous préférons le nom de chair carrée [caro quadrala) qui lui a été donné par Sylvius parce que ce nom est accepté en anatomie comparée, et que celui d'acces- soire du long fléchisseur consacre une erreur. Le chef externe fait jjIus souvent défaut (|ue l'interne. Cette mal- formation, sur laquelle Theile a appelé le premier l'attention *, a été notée depuis par divers anatomistes. Je l'ai ohservée 1 4 fois : 10 fois chez l'homme, 6 fois des deux cotés, 3 fois à droite et 1 fois à gauche ; 4 fois chez la femme, 3 fois des deux cotés, 1 fois à gauche seu- lement. Le défaut de présence du chef interne a été ohservé par M. II. xMores- tin-. En mai^s 189o, un de mes élèves, M. Poupault, m'a montré éga- lement les deux pieds d'une femme chez laquelle la chair carrée était formée par un seul faisceau qui prenait naissance sur toute la face interne du calcanéum et venait se terminer sur la face supérieure des tendons du long fléchisseur commun, au momeni ofi ils commencent à s'écarter. Quelquefois, la chair carrée est réduite à son faisceau interne trans- formé en un mince et étroit cordon lihreux. L'ahsence totale du muscle en question a été constatée par ^I. Bradley sur un blanc et par M. Chudzinski sur un Annamite. Chez le sujet disséqué par M. Brad- ley, il y avait un abducteur du 5'' métatarsien. Un de mes anciens élèves, M. Robert, aujourd'hui médecin à Esvres (Indre-et-Loire), a vainement cherché la cluiir carrée sur les deux pieds d'un nègre de la Martinique. Anatomie comparée. — La cliair carrée existait chez les chimpanzés de Gratiolet, Chapman et Humphry et chez \(i?,orangs de Langer et de Bischofl". Par contre, elle faisait totalement défaut chez les chimpanzés de Bischofl", de Rolleston et d'Emblelon, chez le gibbon de Bischoff et ' Theile. Encydop. anat., vol. II, Myolof/ie, p. 121. " II. Morestin. Anomalie de l'accessoire du long Ûcchisseur commun des orteils [Bull, de la Soc. anat. de Paris, LXX" année, 5" série, t. IX, janvier- février 1895, fasc. W MUSCLES DU PIED 403 (le Hepbiirn, les orangs do Ilumphry, de Hepbiirn et de Testut, le fœiiis de (jonlle et le jeune gorille de Deniker. Sur nouï gorilles dissé- qués, sa présence a été signalée seulement 2 fois (Huxley et Maca- lister). Ce muscle se trouvait à l'état rudimentaire dans le f/orille et le chimpanzé de Hepburn. L'accessoire des fléchisseurs des orteils n'avait pas de chef externe dans les chimpanzés Aq Ghampneys, Humphry et Testut. La tète interne faisait défaut dans un papion et un fnacaque disséqués par M. Morestin. Remarque digne d'intérêt : la chair carrée, qui manque si souvent en partie ou en totalité dans le groupe des Anthropoïdes, se rencontre très généralement chez les Pithéciens. Elle manque totalement dans V Hyène striée^ les Protèles, etc. Parmi nos Mammifères domestiques «'lie ne se rencontre que chez les Carnivores et encore à l'état de vestige : c'est un petit faisceau qui procède du coté externe du cal- canéum et se termine par une aponévrose sur les tendons perforants. Variations des insertions. — Nous avons noté le tendon qu'elle envoie souvent au 5" orteil et les connexions qu'elle a avec les fléchis- seurs plantaire, tibial et péronier. En arrière, elle peut s'étendre jus- <[u'à l'apophyse calcanéenne externe. M. le professeur Macalister l'a vue fournir un tendon au gros orteil. Par contre, elle n'a parfois aucun rapport avec les tendons des 3° et 4" orteils, ni avec les tendons des 4^ et 5" orteils du long fléchisseur commun. Nous n'avons pas à nous appesantir sur ces variations dont nous avons donné précédemment l'explication. Faisceau surnuméraire. — Long accessoire du long fléchisseur, acces- sorius ad accessorium de Turner, accessorius ad calcaneum de Gantzer <'l Wood, peronœo-calcaneus internas de Macalister, pronator pedis, accessorius secundas de Humphry, tensor ?)iemôrani sgnovialis tarsi de Linharl, lensor capsuli libio-tarsalis anterior de Henle, etc. La chair carrée peut être renforcée : a) Par un faisceau détaché du tiers inférieur du corps du péroné et auquel succède un tendon vertical qui passe sous le ligament annu- laire (Gantzer, Wood, Testut, Morestin) ' ; b) Par un faisceau émanant du tiers inférieur du tibia et auquel fait suite, au niveau de l'articulation tibio-tarsienne, un tendon très ténu ' Moresliu. Uullel. de lu Soc. an., février 1896, fasc. 5, p. 145. 40 i VAUIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME (Theilc). Ouclqucfois, ce lendon s'alropliic on [)arlic et, au lieu de se terminer sur la chair carrée, se lerminc sur la membrane synoviale du tarse (.1/. trnsor mnmhrcuù <;ijnovl(iHs tarsi de Linharl ', tensor capsuli tiôio-larsalis anlrrior de Henle) " ; c\ Par un t'aisceau analogue au précédent, mais attaché sur l'aponé- vrose d'enveloppe du long lléchisseur du gros orteil. Un de mes élèves, M. Pierre Barnsby, a ti-ouvé ce faisceau, à droite et à gauche, chez une femme ; d) Par deux faisceaux Fixés, l'un au tibia, l'autre à l'aponévrose qui recouvre le lléchisseur tibia! et aboutissant à un tendon commun qui se divise, à la piaule du pied, en deux branches dont la plus interne va se perdre sur le tendon du lléchisseur du gros orteil. Ces faisceaux ont été décrits sous le nom de M. pcronœo-calcaneus bitprima par M. Macalister qui les a découverts. M. Auvray en a signalé récemment un nouveau cas (189G) ; é) Par un faisceau naissant du b(jrd interne ou de la face profonde du soléaire ; /) Par un faisceau provenant du court péronier latéral (Macalister) ; g) Par un faisceau formé par les fibres les plus basses du long fléchis- seur du gros orteil, avec quelques trousseaux musculeux émanant de la gaine d'enveloppe du long fléchisseur commun des orteils (Davies- C^olley, Taylor et Dation, Prenant) ^; h) Par un faisceau ayant pour origine le bord interne du péroné, près de son extrémité inférieure (Kolliker) ; i) Par un faisceau naissant en haut par trois branches, l'une de l'aponévrose de la couche musculaire profonde, l'autre de la gaine des vaisseaux tibiaux postérieurs, la 3° du péroné (Prenant). J'ai vu cette disposition des deux côtés chez une femme ; j) Par un faisceau inséré à la face interne du calcanéum (Wood) ; k) Par un faisceau partant de la face supéi'ieurc du calcanéum ; /) Par un faisceau venant du ligament calcanéo-cuboïdien. Quelquefois la malformation est beaucoup plus complexe : Wood a trouvé ce faisceau surnuméraire composé de trois chefs : un naissant du péroné, un du ligament calcanéo-cuboïdien et un de bi tubérositc externe du calcanéum. ' Linhart. Œslerreich. med. Wochenschrif'l, 18i6. p. .j06. ' Henle. Mnskellekre, p. 31.3. ' Prenant. Loc. cit., p. 21-22. MUSCLES DU PIED 40o M. Ringliofîor a rencontré sur un membre JitTorme un muscle qui partageait, en haut, les insertions du long lléchisseur commun des orteils et allait se perdre, au pied, dans la chair carrée. (Archiv. de Vù'chow, vol. XXI, p. 28.^ M. Chudzinski a vu chez un Annamite la chair carrée absente rem- placée à droite par un petit muscle fusiforme, charnu à sa partie moyenne, tendineux à ses extrémités, se détachant de l'aponévrose profonde de la jambe, et se bifurquant à la région plantaire en deux faisceaux ; le faisceau externe allait se jeter, comme laccessoire ordi- naire, sur les tendons du long fléchisseur commun ; le faisceau interne passait sous le muscle adducteur et se perdait sur les ligaments de la deuxième rangée des os du tarse '. Nous avons dit précédemment (voy. M. quatrième jjéronier) que trois de nos élèves, MM. Boyer, Dubois et Bourgougnon, avaient vu coexister sur le même pied d'un individu le muscle tibio-calcanéen, le muscle péronéo-calcanéen externe et Vaccessorius ad accessoriani. Quant aux autres bandelettes musculaires décrites comme des muscles accessoires de la chair carrée par Thcile, Rosenmûller, Turner, etc., il m'est impossible de les considérer comme telles. D'après Wood, l'accessoire de la chair carrée s'observerait environ 1 fois sur 20 sujets. L'éminent professeur anglais la disséqué, en effet, 4 fois sur 68 hommes, 1 fois sur 34 femmes, soit o fois sur 102 sujets. Ce faisceau annexe de la chair carrée peut être unilatéral ou bila- téral, charnu ou tendineux dans une partie ou la totalité de son trajet, composé d'un ou de plusieurs chefs ayant des points d'origine et de terminaison diiTérents. Il peut remonter progressivement du cou- de-pied jusqu'au sommet de la jambe. Anatomie comparée. — Je rappelle encore une fois que les muscles lléchisseurs et les muscles pronateurs de la jambe et du pied ne sont pas dissociés dans les Reptiles, les Amphibiens urodèles et autres Ver- tébrés inférieurs comme dans les Mammifères d'un ordre élevé. Chez le cryptobranche, par exemple, cette masse est, d'après Humphry, constituée par deux couches : une couche superficielle qui correspond aux jumeaux, au soléaire, au plantaire grêle et au lléchisseur commun superficiel des orteils dans l'espèce humaine, une couche profonde qui ' Chudzinski. Revue d'ant/n-opolof/ie, 1881, p. 62i. 406 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME se subdivise clle-mcmc en trois poiiions doiil une représente le poplilt- [pronalor libi;v de Ilumpliry), une le fléchisseur libial ou long fléchis- seur commun des orteils, et dont une forme ce que M. le professeur Humphry a appelé pronator pedis '. Le muscle pronalor pedis naît du péroné et de la partie postérieure du tarse et par quelques fibres du condylc externe du fémur. Il est à lui seul riiomologue du tibia! postérieur et de ces deux portions du fléchisseur commun qu'on nomme, en anatomie humaine, le long fléchisseur du pouce et l'acces- soire ou chair carrée de Sylvius. Dans le Crypiohranchm japonicus, l'accessoire du long fléchisseur, uni au tibial postérieur et au fléchisseur péronier, provient de la jambe. Chez Vunau, il remonte également jusque dans la région jam- bière où il est très intimement lié au soléaire. Il est à présumer que cette disposition doit se rencontrer, à l'état normal, chez d'autres Mammifères que les Édenlés. Dans le Cynocéphale Anubis, l'accessoire provient à l;i fois du calcanéum et du cuboïde (Champneys). Le chef plantaire du long fléchisseur des orteils du chien (chair carrée) se détache de la face externe de l'extrémité distale du calcanéum et du ligament latéral externe du tarse (W. Ellenbergcr et II. Baum). On retrouve anormalement ces types divers dans l'espèce humaine. LOMBRICAUX Absence. — M. le professeur Macalister a noté, des deux côtés, le défaut de présence de tous les lombricaux, sauf du troisième. En novembre 1892, mon prosecteur, M. André, m'a fait voir la même malformation sur la main droite d'une femme. L'absence du premier et du second lombrical a été constatée par M. Macalister, celle du second par Petsche ^ et le professeur xMacalister" ; celle du troisième par Rudolphy% Behrends, Sœmmerring^ et par moi (chez 1 homme et chez 1 femme, et chaque fois des 2 cotés), celle du quatrième par Heschl, Rudolphy, Wood, Prenant et par moi (2 fois chez l'homme ' Humphry. Observ. in Myology, cit. p. 23-25-26 et 27. - Petsche. Sijllog. 7niiscul., observ., p. 771. ' Macalister. Passim. ' Rudolpliy. Cité par Gantzer. ' Behrends. Sœmnierring. Rhodii Manlism anal., p. 31. Hafniit', 1(361. MUSCLES DU PIED 407 et 2 fois à droile, 1 fois ù droite et à gauche chez 1 femme). Ce sont donc les deux derniers qui manquent le plus souvent. Cruveilhier l'avait déjà remarqué : <• Les lombricaux plantaires sont, écrit-il, quatre petites languettes charnues qui vont en décroissant de dedans en dehors et dont les deux dernières sont souvent atrophiées. » Anatomie comparée. — L'ai, le pliogiie et très vraisemblablement aussi le kangourou n'ont pas de lombricaux plantaires '. VHijœna slriata, YHyxna crocula et les Protèlcfi en ont trois-. Duplicité et bifidité des lombricaux. — Le S*" et le 4^ sont quelquefois doubles et le 4" bifurqué à son insertion. Anatomie comparée. — Les lombricaux plantaires des Loris^ dit Meckel, « sont réellement doubles ; les postérieurs s'implantent à la phalange, les antérieurs à la phalangine. Il y a de même des lombri- caux externes et des internes ». Le pied de ces Singes présente, par conséquent, les dispositions que nous avons déjà signalées à la main. Les Makis proprement dits n'offrent pas cette disposition à leur pied, pas plus qu'à leur main ; leur 4" orteil seul a présenté à Meckel un lombrical externe destiné à la première phalange^. Chez le murin [Vespertilio murimis , les lombricaux « sont étendus, avance M. le professeur Maisonneuve (d'Angers), de l'épanouissement tendineux du long fléchisseur commun réuni au tendon du long fléchisseur propre du gros orteil et des divisions de ces tendons à la base de la première phalange des orteils. « En allant du bord externe au bord interne, on trouve \\n pretnier lombrical partant de la partie interne du tendon qui se porte au gros orteil et de la partie externe du tendon destiné au 2° orteil, puis se rendant à la partie externe de la base de la 1'"° phalange du 2° ; le gros orteil, en effet, en est dépourvu. « Un deuxième, de la partie interne du tendon du 2" orteil pour aboutir à la base de la 1'" phalange du 3®, car il n'y en a pas à la partie interne du 2'' orteil. ' Meckel. Anal, comp., t. VI, p. 455. - II. Young et A. Bobinson. On the analom. of the Uijsena striata {Joiirn, of anal, and pitys., vol. XXIII, janvier 1889, p. 196). ' Meckel. Eod. loc, p. 456-457. 408 VAHlAriOiNS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME « Un troisième, situé dans le même espace intertendincux, et allant au côté inlernc de la V" phalange du môme orteil. « Un quatrième, partant du bord interne du tendon du -j', pour aboutir à la partie externe de la 1'" phalange du 4°. « Un cinquième^ de la partie interne du tendon du 3'', à la base de ce môme orteil. « Un sixième^ qui va s'insérer à la partie externe du 4^ « Un septième, enfin, qui va se fixer à la partie interne du même '. « Il résulte de cette description que le gros orteil en est dépourvu, que le 2'' en a un seul, lequel est situé à son bord externe, tandis que les 3®, i" et 5° en ont deux situés l'un en dedans, l'autre en dehors. » Le Dasypus sexcinctus a 7 lombricaux plantaires - : un pour l'hallus, un pour le 3^ et un pour le 5" orteil, 2 pour chacun des deux autres orteils. Celui de l'hallus s'insère en dehors, ceux du 3° et du 4° orteil en dedans, les autres en dedans cl en dehors. Variations des insertions. — Le premier peut provenir en tota- lité du tendon du jambier postérieur ou à la fois du tendon du jani- bier postérieur et du tendon du iîéchisscur propre du gros orteil. Wood a vu et j'ai vu moi-même le 3" émaner du tendon perforé au lieu du tendon perforant. M. le professeur jNlacalistor a noté et j'ai noté aussi cette insertion du 2" et du 4" lombrical sur les tendons du court fléchisseur commun des orteils. Le 4'' reçoit quelquefois un faisceau de l'accessoire du long fléchisseur commun. Anatomie cOxMpauée. — Dans les Sarigues, le court fléchisseur com- mun est partagé en deux faisceaux dont l'interne donne naissance au lombrical du T orteil. Chez Vours, les deux fléchisseurs sont fusionnés et de leur tendon commun se détachent 5 lombricaux : 2 d'entre eux sont destinés aux deux côtés du y" orteil; les 3 autres se rendent au côté tibial des 2®, 3*" et 4" orteils ^ Sur le Troglodytes niger disséqué par M. Champneys, tous les lombricaux plantaires, sauf celui du 2° doigt, provenaient à la fois du fléchisseur tibial et du fléchisseur péronier. « Dans le chimpanzé comme dans le gorille, dit Duvernoy, les lombricaux, au nombre de 4, vont au bord tibial de chacun ^ Maisonneuve. Loc. cit., p. 286-287. * Gant. On Dasypus sexcinctus, loc. cit.. p. 3ô6. ' iMeckel. Anal, comp , p. 453-451. MUSCLES DU PIED 409 des deux derniers doigts. Un seul de ces lombricaiix, dans le chim- panzé, celui du 2" orteil, s'attache au tendon correspondant du fléchis- seur profond qui vient du tibia. Les trois autres lombricaux naissent du tendon du fléchisseur profond qui s'attache au péroné. Dans Vorang, le premier lombrical, celui de l'indicateur ainsi que celui de l'auriculaire se fixent sur leurs fléchisseurs. Le lombrical de l'annulaire naît, comme dans le chimpanzé, du tendon correspon- dant. Le lombrical du médius naît à la fois du tendon du fléchisseur profond du médius et du tendon du fléchisseur profond de l'index '. » Le premier lombrical du Troglodytes Aiibnjï d'Alix et Gratiolet s'atta- chait sur le tendon de l'index, c'est-à-dire sur une division du fléchisseur tibial. Le 2'' et le 3'' s'inséraient sur les divisions digitales du fléchisseur péronier ; enfin, le 4*^ lombrical s'insérait à la fois sur le tendon fléchisseur de l'annulaire et sur le tendon fléchisseur du 4' doigt, c'est-à-dire sur les deux systèmes-. Pour de plus amples détails, voy. M. lombricaux de la main. INTEROSSEUX Ils varient moins que les inlerosseux de la main. INTEROSSEUX PLANTAIRES Nous avons écrit précédemment (voy. M. court fléchisseur du gros orteil) : « Il n'est pas rare, disent MM. Morel et Mathias Duval, de rencon- trer un faisceau tendineux du court fléchisseur inséré sur la base du premier cunéiforme. » Ce faisceau a été décrit en ces termes par Wood : « C'est un petit muscle fusiforme, situé au-dessous du cours fléchis- seur du gros orteil et fixé, d'un côté, par un tendon triangulaire aplati au premier cunéiforme et, de l'autre, par un tendon arrondi à l'abducteur et au chef interne du court fléchisseur du gros orteil, ' Duvernoy. hea Cu)-aclères analorniques det; grands Stiif/es pseudo-anlhropomorphes, cit. p. 112. ' Alix et Gratiolet. XoaieUes Archice^ du Muséum, 1S60, l. II, p. 'i02. 410 VAIÎIATIONS DU SYSTEMK MUSCULAIRE DE L'HOMMK près de l'os sésamoïde iiilorno. » — » Il nio semble, a ajoute rémitienl professeur, représenter au pied Y iiitcrosseia prinms volariii de la main*. » Si on veut se reporter à ee que nous avons dit de l'homolo^ie des muscles de la main et du jjied (voy. .1/. interosseu.x palmaires), on verra que la conclusion de Wood n'est pas exacte-. Si Yinterosseiis plantaris primus n'est pas l'homologue au pied de V interossciis pabnaris pri7nus, qu'est-il donc? Désireux d'être fixé à cet égard, je me suis adressé aux savants les plus compétents. Voici ce que m'a écrit, il Y a deux ans, !\1. le professeur Cunnin- gham, de Dublin, dont le nom fait autorité en la matière : « Je n'ai jamais vu Y inlerosseiis primus plantaris, et je ne puis, j»ar conséquent, avoir une opinion définitive sur son compte. J'inclinerais volontiers pourtant à croire que son importance morphologique est minime et qu'il est purement et simplement un faisceau additionnel de la tète péronière du court fléchisseur de l'hallus. Comme mon pre- mier assistant, M. le D'" Brooks, s'est occupé récemment de cette ques- tion, je lui ai adressé votre lettre; il me l'a retournée avec cette réponse : « D'après ce que j'ai vu du mode de production et de la situation chez « Yoraiig et le gibbon de Yinterosseiis priiuus volaris, Thomologie de « ce faisceau avec la tète péronière du court fléchisseur du gros « orteil est absolument certaine. Dans mes dissections multiples du « pied des Vertébrés je n'ai jamais rencontré Y intcrosseus plantaris « hallucis,]en induirai donc qu'il n'a aucune signification morpholo- « gique. Nous savons que les faisceaux du flexor brevis polUcis « {maniis) peuvent se multiplier presque à l'infini. S'il en est ainsi à (( la main, pourquoi n'en serait-il pas de même au pied? » Et M. le professeur Gunningham a ajouté : « Je partage cette manière de voir. » — M. Macalister m'a fourni une réponse analogue. Le distingué professeur de zoologie à l'Université de Cambridge a noté la perforation du premier interosseux plantaire par l'artère pédieuse. J'ai observé deux fois cette anomalie : une fois chez un vieillard et des deux cotés, une fois chez une fillette et du côté droit seulement. 1 Wood. Proceedinrjs of Ihe Roy. Soc, no 93, p. 1867, vol. XY, p. 543. - h'inlerosseus primus volaris a pour homologue, ainsi que nous l'avons énoncé, le fais- ceau péronier du court fléchisseur du gros orteil. (Voy. M. inlerosseiix de la main.) MUSCLES DU PIED ill Quelquefois rinlorosseux planttiirc le plu? externe se détache du tendon du long' péronier latéral. INTEROSSEUX DORSAUX Dans ur\Q Note^ qu'il a communiquée à la Société anatomiquc de Paris, au mois d'octobre 1894, M. H. Morestin a appelé en ces termes l'attention des anatomistes sur un petit faisceau musculaire dépendant du premier inlerosseux dorsal plantaire : « Avec les fibres ligamenteuses qui relient, dit-il, la portion anté- rieure du premier cunéiforme, en avant avec le premier métatarsien, en dehors avec le deuxième métatarsien et le deuxième cunéiforme, il faut mentionner un petit tendon du premier muscle interosseux dorsal qui vient prendre insertion sur la partie antérieure et saillante du premier cunéiforme. Ce petit faisceau m'a paru constant. Il s'attache un peu au-dessus du trousseau ligamenteux oblique qui va du premier cunéiforme au premier métatarsien et confond ses inser- tions avec celles de ce ligament. C'est une languette fort grêle à laquelle font suite quelques fibres musculaires. 11 représente quelquefois à lui seul le chef postérieur et interne du premier interosseux dorsal. Ce muscle ne prend alors aucune insertion sur le premier métatarsien. » « 11 a paru à Cruveilhier que la plupart des interosseux dorsaux du pied ne s'inséraient qu'à un seul métatarsien. » Pour moi, je n'ai jamais trouvé avec une tète d'origine simple que le premier et le quatrième interosseux dorsal. Les interosseux dorsaux sont si étroitement enserrés et si profon- dément encaissés entre les métatarsiens, qu'on supposerait a priori, et en particulier chez les enfants très jeunes, qu'il s'agit là d'une anomalie. Il n'en est rien. Ruge a prouvé, par des coupes transversales du pied faites à diverses périodes de la vie intra-ulérine, et dont il donne les diagrammes dans son M(hnoire sur le développement du pied humain, déjà plusieurs fois cité par nous, que les inlerosseux dorsaux changent de position à mesure que l'embryon s'accroît. Pendant les premiers mois, les ' II. Morestiii. BuU. de la Soc. anal, de Paris, LXIX" année, 5" série, t. VIII, fasc. 21, p. 718. 4IJ VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME mélalarsiens sont accolés et les inlerossciix dorsaux sont par suite entièrement plantaires; plus tard, les corps des métatarsiens s'écartent un peu et les interosseux dorsaux s'insinuent entre eux; enfin, au moment de la naissance et chez l'homme adulte, les corps des méta- tarsiens sont tout à fait distants et les inlerosseux dorsaux ont gagné en cheminant en hauteur, la face dorsale du pied. On retrouve à l'état permanent chez les animaux ces dispositions transitoires. Dans le chien et le dasijiire, les métatarsiens sont juxta- posés et les interosseux dorsaux sont absolument plantaires. Chez le léopard, les métatarsiens sont légèrement écartés et les inlerosseux dorsaux interposés entre eux. M. Champneys et M. Duvernoy remar- quent : le premier que, dans le Troglodijtes niger, et le second que, dans le gibbon, les interosseux dorsaux du pied et de la main sont moins superhciels que chez l'homme. « Dans les 6'm^e.9 inférieurs, dans le cebus, Vlniius nemeslrinus et le Cynoccphahis Aniibis, il n'y a pas à proprement parler, dit M. Champneys, d'interosseux dorsaux, mais bien deux couches d'interosseux plantaires dont lapins profonde repré- sente, si on veut, les interosseux dorsaux '. » De sorte que les interosseux dorsaux qui sont plantaires chez la plupart des Carnassiers, se rappro- chent chez les Singes rjuadrupcdcs de la face dorsale du pied, où on les trouve chez les Anihropo'ldes et chez l'homme. Il est cependant un animal d'un ordre inférieur, le Duck-bill pla- typus, qui se rapproche de l'homme sous ce rapporl. 11 a des inter- osseux dorsaux qui occupent la face dorsale du pied et le premier et le deuxième de ces interosseux ont deux tètes. Dans l'espèce humaine, Ruge a démontré également que les interos- seux dorsaux de l'embryon humain ont primitivement une seule tète, comme ceux de la plupart des Mammifères, et n'acquièrent leur caractère bipenniforme que peu de temps avant la naissance. ' Champneys. Loc. cit., Jouni. of anal, and plnjs., vol. VI, p. 207. MUSCLES DU PIED 413 RÉGION DORSALE PÉDIEUX Absence. — Je n'ai pas tronvé de trace du pédieux droit ciicz un adulte mort de fièvre typhoïde. Il y avait par contre du m^'uie cùlr un troisième péronier très développé. Le pied gauche était normal. Anatomie co.mpauée. — Le pédieux manque totalement dans la tdiipe et, en partie, dans XQjihoque, le lièvre (Meckel). A l'état normal, le pédieux de Fhomme a quatre faisceaux terminés, chacun, par un tendon destiné à chacun des quatre doigts internes. Anormalement, il en présente, comme le manieux, un plus ou moins grand nombre. PÉDIEL X A CINQ TENDONS « Il n'est pas rare, dit Cruveilhier, de voir le muscle pédieux pré- senter un cinquième faisceau qui va se perdre sur quelqu'une des articulations métatarso-phalangiennes. » Parfois ce faisceau envoie un tendon au cinquième orteil. Ce tendon du pédieux pour le cinquième orteil est indiqué par Meckel, Theile, Macalister, etc. Il est très peu commun, puisque sur 50 sujets où il l'a cherché M. Testut ne l'a pas rencontré. Sur 74 sujets (40 hommes et 34 femmes) que j'ai exa- minés dans la même intention, je n'ai pas été plus favorisé. Les pédieux qui possèdent plus de cinq tendons sont ceux dont l'un ou l'autre des tendons a été dédoublé ou doublé par l'adjonction d'un tendon provenant d'un faisceau surajouté développé dans une partie ([uelconque de la face dorsale de la région tarso-métatarsienne. C'est le second orteil qui reçoit le plus communément deux tend(jns du corps charnu du court extenseur des orteils ou d'un coi'ps charnu annexé à ce muscle. En d867-1868, sur 3G sujets qu'il adisséqués àKing's collège, Wood a trouvé douidc dans i hommes (t fois des deux côtés, 2 fois à gauche 414 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME et 1 fois à droite) et dans 3 femmes (1 fois des deux cùlés, 1 fois à droite et 1 fois à gaiiche) le tendon que lepédieux envoie au 2" orteil. Chez 2 des hommes, le tendon surnuméraire se fixait à Ui hase delà première phalange, et chez 1 liomme et eiiez 1 femme au premier interosseux dorsal. Ultérieurement, M. Wood dit encore avoir ohservé « chez 40 liummes, le premier arrangement chez 6 et le second chez 3, et chez 30 femmes, le premier chez 3 et le second chez 1, soit 13 fois sur 70 sujets' ». J'ai vu Tune et l'autre de ces malformations-. M. le professeur Testut avance « qui; le faisceau extenseur surnuméraire du second orteil se détache, dans la majorité des cas, de la masse commune du pédieux, compris dans Tangle dièdre que forment entre eux les deux premiers faisceaux de ce muscle ; mais qu'il peut provenir aussi du côté externe du corps charnu ([uc le pédieux envoie au gros orteil ». J'ai disséqué 5 fois ce faisceau : 3 fois chez l'homme, 2 fois des 2 côtés et 1 fois à droite; 2 fois chez la femme, i fois à droite et 1 fois à gauche. Je l'ai vu naître toujours des os, en Ire les deux premières digitations du pédieux et n'avoir avec lui que des rapports de contiguïté. Je ne nie pas que la disposition signalée par M. Testut existe, mais je ne lai pas rencontrée. Dans un cas appartenant à Ring- lioffer et dont Lotze a donné la description dans le Journal de Henle et de Pfeufer, 3, Reihe, vol. XXVIII, p. 99, il y avait également, en avant du pédieux normal, deux languettes cJiarnues fixées, la plus externe au tarse, sous le tendon du court péronier latéral, la plus interne au troisiènn^, cunéiforme. A la i)lus externe succédait un tendon qui se rendait au petit orteil, à la plus interne un tendon qui gagnait le second orteil. M. le professeur Macalister a trouvé aussi un tendon surnuméraire du petit orteil qui émanait d'une lame contractile étroite accolée au hord antérieur du pédieux. PÉDIEUX A TROIS TENDONS MM. Beaunis et Bouchard ont signalé l'ahsence du 4'' faisceau^ et Bankart, Pye-Smith et Philips celle du l*" '*. Dans un cas observé ' Wood. Proceedinçjs of the Roy. Soc, n» 104, 1868, vol. XVI, p. ô21. - M. Prenant a signalé aussi une malformation du même genre. (Voj'. Prenant, IJulle- tins de la Société des sciences de Nancy, 1894, p. 2o.) ^ Beaunis et Bouchard. Trailé d'unalomie, Myologie. * Bankart, Pye-Smith et Philips. Gt/y's Jiosp. Reports, vul. XIV. MUSCLES DU PIED 415 par M. ïesluL, le faisceau externe faisait aussi défaut; mais le péronier antérieur envoyait vers le 4" orteil un tendon fort grêle, lequel venait s'attacher sur la partie postérieure et externe de la 1™ phalange '. Pour ma part, je n"ai pas trouvé le 1"' faisceau chez une femme (1881), ni hi 2" chez un homme (1890), ni le 3'' également chez un homme (1893). M. Girard a cherché vainement le 4" sur les deux pieds d'un paraly- lique général. pédii-:lx a deux tendons Chez la femme bochismane dissé([uée par MM. Flower et ^lurie-, le pédieux était représenté par deux faisceaux de chacun desquels émanait un tendon pour le 1"' et le 4' orteil. M. Macalister a mis a nu deux pédieux dont l'un était réduit à ses deux faisceaux moyens et l'autre composé de deux faisceaux pour le 3" et le o" orteil. J'ai vu chez un homme et des deux côtés le muscle en question ne posséder ([ue deux languettes, lune pour le 2° et l'aiilro pour le 4". PÉDIEUX A UN TENDON M. le professeur Macalister a trouvé un pédieux qui n'avait qu'un tendon pour le 3" doigta En 1879, M. le docteur Delaittre m'a signalé la mémo malformation, à droite et à gauche, chez un homme. J'ai eu la bonne fortune de la rencontrer en 1887 sur les deux pieds d'une ali('n('e. Un de mes anciens élèves, M. Sabathé, a trouvé chez une lille le pé'dicux du cnié droit réduit à un seul chef pour le 4*^ orteil. Anaïo.mie coMPAuiiE. — Dans Yornlthorijnqiœ et les Loris le pédieux a cinq tendons, un pour chaque orteil (Meckel) \ Il y en a 4 dans V Hyène striée disposés ainsi : 1 pour le 2" orteil, 2 pour le 3"' orteil et 1 pour le 4" orteil, mais de celui-ci se détache un mince filament aponévro- li({ue qui se rend au .j" orteil (H. Young et A. Robinson). Il y en a 4 ' Testât. Trailé des anom. niitsc, p. 726. - Mûrie et Flower. Jouni. of unut. and phjs., t. î, p. 189. ^ Note manuscrite. ' A la page 135 du livre du professeur Hartmann : Les Slnrjes Anlhropo'ides et l'honunc, on Ut : ■< Au pied droit d'un chimpanzé j'ai vu un 5" ventre du court extenseur qui se rendait au petit orteil. Comme j'avais précisément dessiné ce spécimen, j'ai fait repré- senter son pied ci-contre, malgré cette anomalie d'ailleurs intéressante, qui se retrouve parfois aussi chez rtiomuic (fig. 55). .. 516 VAKIATIO.XS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE LHOMME dans la civcfJc, où ils vont aux 4 orteils intorncs; dans le chien, où ils se perdent sur les 4 orteils externes (II. Young et A. Robinson). Il y en a 3, 1 pour le 2", \ pour le 3° et 1 pour le 4" orteil, dans le Ccrcopilhecus sabœus (BischofT), VOnjctcropus Capensis (Humphry), le Dasyjms sexcinctiis {GnMon, Cuvier et Laurillard '). Il y en a 3 éga- lement, 1 pour le T'", un pour le 2°, 1 pour le S*" orteil, dans V Hysena crotuta-. Il y en a 2, 1 pour le {"" et 1 pour le T orteil, dans Vélé- phatit (Miall et Greenwood) ; 1 pour le l*^'" et le 4" orteil dans le koala (Young) ; 1 pour le 2" et 1 pour le 3° orteil dans le porc-épic et le caslo)' (Meckel) ; un dédoublé pour le 2" et un dédoublé pour le T orteil dans les Protèles (H. Youug et A Robinson). Il n'y en a qu'un pour le l*^"" orteil dans le phoque (Meckel), etc. « Assez fort cliez l'homme et divisé iulérieurement en quatre branches, le pédieux, observe mon éminent ami M. le professeur Lavocat, de Toulouse, décroît graduellement dans les animaux : il se termine par trois branches chez les Carnassiers, par deux chez le porc ; il est simple dans les Ruminanls et les Chevaux ^ « Le pédieux concourt à rexlcnsion des phalanges, en môme temps que s'opère la llexion du métatarse. 11 manque aux extrémités anté- rieures, parce que l'extension du métacarpe et celle des phalanges, ayant lieu dans le même sens, peuvent être facilement simulta- nées •''. » Nous venons de dire que les tendons du pédieux de Y Hyène striée et des Protèles étaient dédoublés. Ce dédoublement existe, avec des caractères variables, chez d'autres animaux. Le court extenseur du pteropus est, selon Humphry, conslilaé par quatre faisceaux : a) deux moyens décomposés chacun en deux chefs dont l'externe se jette sur le côte pcronicr du long extenseur correspondant et l'interne sur le coté tibial de ce même tendon ; b) un externe qui gagne sans se parta- ger le côté externe du tendon du 4" orteil sous-jacent ; c) un faisceau interne, également indivis, qui se prolonge jusqu'à la base de la 2'' phalange du 1" orteil. Celui du Vespertilio murinus a cinq ten- dons qui sont tous divisés, sauf le plus externe (Maisonneuve). Celui ' Cuvier et Lauiillard. Allas d'anal, comp., pi. CGLIX, fig. 2. - Meckel n'indique également que 3 tendons chez Vlhjène slriée. ' Où il est relégué tout en haut du canon et se termine dans l'angle de rencontre des deux tendons de l'extenseur commun et de l'extenseur propre du doigt interne. * Lavocat. Mémoires de l'Académie des sciences, inscriplions cl belles-lellres de Toulouse, 8« série, t. F, l" semestre 1879, p. (i3. MUSCLES DU PIED 417 de la marte est constitué par deux corps charnus : un externe qui se rend aux 2% 3" et 4" orteils et un interne qui se termine en môme temps sur le P"" et le 2^ Le court extenseur fournit aussi deux tendons au 2*" orteil dans les Atèles et les Oiseaux de proie (Meckcl). Il en four- nit deux pour le 3" orteil chez le pangolin. Sa portion hallucienne en donnerait chez le Pithecia hirsiita, au dire de Bischolï, 1 au gros orteil et 1 au 2' orteil. Quant aux corps charnus surnuméraires indi- qués,chez riiomme, en avant du pédieux, M. Champneys en a signalé un analogue dans le Cynocéphale Anubis. « 11 semhle être, dit cet anatomiste, une réduplication du court extenseur commun pareille à celle que nous avons notée sur quelques muscles, Fabducteur du pouce, le court lléchisseur du petit doigt de la main, l'iliaque et le psoas '. » Indépendance du faisceau du gros orteil. — Ilenle prétend que les fibres du court extenseur qui donnent naissance au tendon qui se rend à rhallus sont le plus souvent séparées des autres fibres et forment par leur réunion un muscle particulier, quelquefois divisé dans une partie ou la totalité de sa longueur, et auquel il donne le nom de M. extensor hallucis brevis. Cette assertion ne me paraît pas exacte. Sur 80 sujets (40 hommes et autant de femmes), j'ai trouvé le faisceau interne entièrement séparé des autres faisceaux seulement 26 fois : 12 fois chez l'homme, 8 fois des deux cotés, 3 fois à droite et 1 fois à gauche ; 14 fois chez la femme, 11 fois des deux côtés, 2 fois à gauche et 1 fois à droite. Ce faisceau a paru à M. Testut (de Lyon) recevoir constamment du nerf tibial antérieur un filet distinct, « de telle façon, dit-il, que, s'il est dans la majorité des cas intimement lié aux autres faisceaux du pédieux au point de vue anatomique, il en est peut-être toujours indépendant au point de vue fonctionnel "' » . Dans presque tous les cas qui me sont personnels (24 sur 26), le mode d'innervation était celui que vient de décrire M. Testut. Sur le pied gauche d'un sujet le distingué professeur d'anatomie à la Faculté de médecine de Lyon a vu « le faisceau interne du pédieux posséder deux faisceaux d'origine : entre les deux passait le nerf tibial antérieur ; les vaisseaux pédieux suivaient leur trajet normal le long du bord interne du corps musculaire ». ' Champneys. Loc. cil., p. 203. ' Testut. Traité des anom. liiKsc., p. 727. 11. 27 418 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAI[\E DE L'HOMME Anatomie comparée. — L'isolement complet du faisceau du pédieux destine à Fhallus a été signalé chez le cJiimpanzé par Alix et Gralio- let, Testut; Vorang par Duvernoy et Testut, le gorille par Duvernoy et ïestut; le Macaciis siniciis, les Cercopithèques par Testut; le hams- ter, V écureuil, V agouti, le cochon dinde, le paca et Vhélamys, etc., par Meckel. Cette conformation est-elle constante chez les Primates'? Il y a lieu d'en douter : « Le court extenseur commun des orteils fournit, affirme en effet le professeur Hartmann, chez tous les Anthro- poïdes\m.\QniY(} puissant, dirigé obliquement et destiné au gros orteil'. » Connexions plus intimes avec les muscles voisins. — Le tendon du pédieux destiné au 2" orteil et le T' interosseux dorsal et le tendon du pédieux qui se rend au 3'' orteil et le 2'' interosscux ^ dorsal sont sou- vent reliés par quelques fibres (Macalister, trois faits personnels). M. Mac Whinnic a disséqué un faisceau de communication entre le corps du court extenseur des orteils et le tendon du long extenseur de l'hallus. Dans un cas observé en 4880 par M. Testut, le muscle extenseur commun fournissait un tendon surnuméraire (cinq au lieu de quatre) qui venait se terminer sur le tendon que le pédieux envoie au 4° orteil ; la fusion de ces deux tendons avait lieu des l'origine du pédieux. Le tendon unique résultant de cette fusion se bifurquait à son tour presque immédiatement après, pour aller se confondre au niveau de l'articulation métalarso-phalangienne avec le tendon ordinaire que l'extenseur commun envoie au 4" orteil. Sur le pied droit d'une femme, j'ai vu les tendons du 3" et du 4" orteil de l'extenseur commun recevoir chacun une languette musculeuse dé- tachée de la partie moyenne de la face supérieure du corps du court extenseur. ANAToauE COMPARÉE. — Nous avous dit précédemment que les muscles extenseurs des orteils dérivaient chez le Cryptobranchc d'une môme masse, supinato-extensor inass de Ilumphry, et les interosseux' dor- Mlartmann. Les Singes Antliropoides, cit. p. 13.j. Dans le Troglodytes niger disséqué par M. Champneys, Vcxlensor hallucis bi'evis n'était pas indépendant. (Champneys. Loc. cit., p. 203.) - Le 1" et le 2= interosseux dorsal reçoivent quelquefois des filets additionnels du nerf tibial antérieur sur la face dorsale du pied. Ruge en conclut que les muscles 1" et 2° interosseux dorsaux sont des muscles dans la composition desquels le court extenseur des orteils entre pour une bonne part. (Ruge, Die Gelenlnienen des menscldic/ien Korpers, Erlangen, 1857.) ' On sait que M. Cunningham a établi que les interosseux palmaires dérivent des muscles fléchisseurs. MUSCLES DU PIED 419 saux du court extenseur qui est un des éléments de la couche pro- fonde de cette masse. Les faisceaux d'union des extenseurs et des interosseux dorsaux dans l'espèce humaine ne sont que des vestiges d'un état normal dans les espèces d'un ordre inférieur. Du reste, chez le kangourou, le long et le court extenseur (pédieux) sont encore con- fondus et l'extenseur propre est fusionné avec un faisceau qui se rend au 2' orteil, constituant ainsi un muscle extenseur propre du V' et du 2° orteils. Variations des insertions. — Ces variations ont été étudiées d'une façon fort complète par ^l. le professeur Ruge dans le mémoire qu'il a publié en 1873. (Ruge, Entwicklungsvorgànge an der Musku- latur des menschlishen Fusses, Morph. Jahrbuch von Gegenbaur, IV, supp., S, 117.) On peut les diviser en trois grandes classes : Dans la première classe, A, rentrent toutes celles concernant l'extré- mité antérieure, quel que soit d'ailleurs le nombre des tendons du pédieux ; Dans la seconde, B, toutes celles concernant l'extrémité posté- rieure ; Dans la troisième, G, toutes celles concernant à la fois l'extrémité antérieure et l'extrémité postérieure. A. Première classe. — Les tendons peuvent se terminer tous sur les phalanges. Cette disposition est assez commune. Elle a été observée chez un nègre par M. Ghudzinski '. Elle existe normalement dans Vaï'^. Habituellement ces tendons vont se terminer, on le sait, sur les tendons correspondants du long extenseur qu'ils abordent par son côté externe ou péronier ; ils peuvent se fixer sur la face dorsale du pied (os, muscles, aponévroses^). B. Deuxième classe. — Le corps charnu peut prendre en arrière des insertions sur l'un ou l'autre des trois cunéiformes, le cuboïde ou les extrémités postérieures des métatarsiens. Sur une planche jointe au mémoire de Ruge, on voit ces insertions se faire, dans certains cas, par des faisceaux reliés uniquement à la masse commune du muscle par de minces tractus fibreux ou un tendon excessivement ténu. ' Ghudzinski. Revue d'anlhropolofjie, 1882, p. 124. *Meckel. Loc. cit.,i. VI. ' Lp plus ordinairement vers l'extrémité antérieure du premier espace interosseux. 420 VAUIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME G. Troisième classe. — Le muscle n'a pas ses atlaches normales ni en avant ni en arrière. Les dispositions sont ici tellement disparates, qu'il serait trop long de les décrire toutes. Je n'ai pas à m'appesantir sur ces faisceaux anormaux. Ce sont des lambeaux du pédieux mal d('velo|)ji(''. MUSCLES SURNUMERAIRES FACE PLANTAIRE Opposant du gros orteil. Ce muscle, dont il n'est pas fait mention dans les traités d'anatomie, est souvent un des éléments constituants du pied humain. Ordinaire- ment il est représenté par un faisceau profond du court iléchisseur du gros orteil, qui se lixe, en dehors, à la cloison intermusculairc interne et, en dedans, à tout le corps du premier métatarsien. Quelque- lois pourtant l'opposant est entièrement libre. Plusieurs auteurs, M. le professeur Macalister entre autres, l'ont décrit. Je l'ai disséqué chez une femme oii il existait à droite et à gauche et où il échangeait de nombreuses fibres avec le court fléchisseur, Anatomie comparée. — « L'opposant du gros orteil est constant chez le gorille et le chimpanzé », dit le professeur Hartmann '. Cela ne me paraît pas douteux, surtout pour Vorang. Dans son mémoire sur V Hijlobates leuciscus, Bischoff remarque, en effet, que parmi les Singes il n'a rencontré l'opposant du gros orteil parfaitement distinct que chez le macaque et Vorang. M. le professeur Huxley l'a disséqué également dans Q,Q.primcUe'\ M. Macalister le décrit aussi chez le gorille^ Mais Bischoff et Deni- ker ne l'y ont pas vu* et Duvernoy n'en fait pas mention dans le Gorilla gina. ' Hartmann. Les Singes Anthropoïdes el Vftomme, cit. p. 135, 136. ^ Huxley. Upon the structure and classification of Mammalia. Report of Lecture, XVII, lloijal Collège of Surgeons, 1864, et Med. Times and Gaz., vol. I, p. 596. ^ Macalister. Proced. of the Roy. Irish Acad., vol. I, p. 506. ' Bischoiî. Bertrdge z. Anat. des gorilla, p. 31. MUSCLES DU PIED 421 Adducteur du second orteil. Un de mes meilleurs élèves, mon collaboraLeur pendant deux ans, celui auquel je dois la découverte du muscle choanoïde de l'œil, Fré- déric Danseux, interne des hôpitaux de Paris, enlevé prématurément par une fièvre typhoïde contractée dans son service de l'hôpital Lari- boisière, m'a montré en I880-I886 trois spécimens de ce muscle. Depuis je l'ai encore disséqué quatre fois. Si l'adducteur du second orteil fusionné avec l'adducteur oblique a déjà été décrit, je ne sache pas qu'il en soit de même de ce muscle à l'état de complète indépen- dance. Je résume les notes que m'a remises Frédéric Danseux : « I. — H., cinquante-trois ans, ataxique ; novembre 4885. — Du côté droit seulement, on trouve un petit muscle fusiforme charnu dans toute son étendue, sauf en avant. Inclus dans la loge aponévrotique médiane de la plante du pied, il s'étend de la partie moyenne de la face inférieure du feuillet inférieur du ligament calcanéo-cuboïdien inférieur à la face externe de la base de la première phalange du second orteil. Il est séparé des interosseux palmaires par la branche profonde du nerf plantaire externe dont il reçoit un ramuscule très fin. « II. — H. quarante-cinq ans, cirrhose hépatique; janvier 1886. — Dans le même plan que l'adducteur oblique on met à nu, aussi bien sur le pied gauche que sur le pied droit, une bandelette musculaire très mince, ayant la forme d'un triangle isocèle allongé à base posté- rieure et à sommet antérieur. Elle se fixe, d'un côté à la face infé- rieure de la gaine du long péronier latéral, et de l'autre côté à la partie externe de l'extrémité supérieure de la première phalange du deuxième orleil. Le rameau profond du nerf plantaire externe est placé entre cette bandelette et les interosseux plantaires. (' III. — F. vingt-cinq ans, granulie aiguë; mars 1886. — En dissé- quant les nerfs de la plante du pied gauche, on aperçoit un trousseau très mince de fibres d'un rouge pâle qui se rendent de la gaine du long péronier latéral ou plutôt du ligament calcanéo-cuboïdien infé- rieur et aussi de la face plantaire du 4' métatarsien au bord radial de la tête de la l""" phalange du 2" orteil. Il est accolé aux troisième et deuxième muscles interosseux plantaires dont il est séparé par la branche profonde du nerf plantaire externe qui lui fournit un ramuscule ténu. Le pied droit est normal. » 422 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME En ce qui me concerne, j'ai trouvé 4 fois ce muscle, 3 fois chez l'homme, 2 fois des 2 cotés et 1 fois ù gauche, et 1 fois chez la femme des 2 côtés. Toujours il recevait un ramuscule de la branche profonde du nerf plantaire externe et s'insérait à la face inférieure du long ligament plantaire dans le voisinage du tendon du long péronier latéral. Chez l'homme où il existait seulement du côté gauche il naissait cependant par deux chefs, l'un provenant de la face inférieure du 4" métatarsien, l'autre du ligament calcanéo-cuboï- dien inférieur. Anatomie comparée. — C'est à BischolT et à Ilalford, de Melbourne, que revient l'honneur d'avoir décrit d'une façon méthodique et en essayant d'en déterminer la signification, un appareil d'adduction dans les extrémités des membres thoraciques et pelviens. BischofTn'a pas toutefois compris l'adducteur du gros orteil dans cet appareil qu'il n'a recherché que chez les Singes \ M. le professeur Halford n'a également observé les muscles qui le composent que dans le macaque, mais il leur a donné le nom générique de contrahentes digilorum, nom que Bischoffa ultérieurement acceptée En 1878, M. Cunningham a publié dans le Journal de l'anatomie et de la pJiysiologie un résumé de son mémoire Sur les Marsupiaux, dans lequel il a dressé une liste détaillée des adducteurs du pied chez un grand nombre de Mammifères. Dans cette liste il a inscrit l'adducteur du gros orteil et défini nettement la situation et les fonctions du groupe musculaire ainsi constitué en l'appelant « couche plantaire des adducteurs ». Il est regrettable, ainsi que nous l'avons dit précédem- ment (voy. M. court fléchisseur du gros orteil), de voir figurer dans cette couche les interosseux plantaires. Quelques années plus tard, dans un premier travail sur les muscles profonds de la plante du pied, le professeur linge, en se basant sur la situation et le mode de terminaison de la branche profonde du nerf plantaire externe a relevé cette erreur, c'est-à-dire démontré que si l'adducteur du gros orteil devait être classé parmi les adducteurs du pied, il fallait éliminer de ceux-ci les interosseux plantaires. Enfin dans une monographie plus récente Sur le développement des muscles du pied humain, à laquelle nous avons déjà fait quelques emprunts, * Bischoff. Analomie des Hylobales leiiciscus, p. 23-24. Munchen, 1870. ' Halford. Nol like man bimanons and biped, not yet quadrumanous, but chieropodous. (Melbourne, 1863) et Lines of demarcaiion belween man, yorilla and macaque (Melbourne, 18C4). MUSCLES DU PIED 423 M, Riige est revenu encore sur celle question et a rangé le court flé- chisseur du cinquième orteil parmi les interosseux plantaires. Les idées du savant professeur sont aujourd'hui acceptées par la généra- lité des anthropotomistes et des zoolomistes français et étrangers, et, nous l'avons dit, par M. Cunningham lui-même. D'après BischolT, l'agencement des adducteurs des Quadrumanes serait le suivant ' : ' Adducteur du gros orteil dont les deux Dans le Cytiocephalus 7n(iimon, le Ma- ! têtes (adducteur oblique et adducteur cacits ajnomolgus, le Cercopithecus \ transverse ^j peuvent être unies ou sé- sabœus, le Pilhccia hirsiUa et Vateles, \ parées, la couche plantaire est composée j Adducteur de l'index, d'un ' Adducteur de l'annulaire. \ Adducteur du petit orteil 3.. ( Adducteur du gros orteil dont les deux Dans Vllapale penicillata, la couche \ tètes sont inséparabtes. plantaire est composée d'un . . . . j Adducteur de l'index. [ Adducteur du cinquième doigt. T^ 1 , ■ ' , Tfr 7 7 , 7 / Adducteur du gros orteil dont les deux Dans le c/iimpanze el \ Ili/Iouates (eu- ( ,.. p , , III- . \ têtes sont comondues dans le premier ciscus, la couche plantaue est com- / . ■ i ■ i posée d'un et indépendantes dans le second. Adducteur du petit orteil. rv ,, , , -Ml 1 ( Adducteur du gros orteil dont les deux Dans loranq et le (lorille, la couche \ ,,, , n • . , , 1 . . , . 1^ \ têtes sont lusionnees chez le premier plantaire est composée d un . . . . / ,,-,■, , , . ( et distinctes dans le second. De telle sorte qu'il y aurait, suivant BischolT, une diminution pro- gressive, — en passant par Vhapale, le chimpanzé et le gibbon, — du nombre des éléments de la couche plantaire des Singes quadrupèdes à Vorang et au gorille. Dans les Primates Y o rang serait le type intermé- diaire entre le chimpanzé, la gibbon et le gorille. Chez cet Anthropoïde, Ruge avance, en effet, que les adducteurs du deuxième et du cinquième doigt qui font défaut sont remplaces par des bandes fibreuses séparées des muscles interosseux par la branche profonde du nerf plantaire externe et dans lesquelles on trouve des fibres musculaires striées \ Il y aurait là une substitution de tissus semblable à celle dont nous ' Bischoff. Beib'.ifje zur Analomie des llylobuies leuciscus, cit. ° Nous avons montré précédemment (voy. M. adducteur Iransverse du gros orteil) que cet adductem' est indivis dans la majorité des animaux. ' Cette conformation serait aussi celle de la couche plantaire du Cebus apella, selon M. Ruge, et des Lémuriens, selon MM. Mûrie et Mivart. * Ruge. Les Muscles profonds de la plante du pied, cil. p. 650. 424 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME avons donné les raisons cl la cause quand nous avons éludic les mus- cles dorso-épiti'ochléen, opitrocliléo-olécranien, etc., etc. Eu égard au peu iV Anlhropoïdcs qu ils onl disséqués, les conclusions de MM. BischofF el Ruge sont peut-être un peu prématurées en ce qui concerne ces Singes. J'en ai pour garant le témoignage des anato- mistes moins anciens. Sur un jeune chimpanzé dont M. Cunningham a examiné le pied, le chiffre des adducteurs s'élevait à trois : un adducteur pour le gros orteil, un adducteur pour l'annulaire, un adducteur pour le petit doigt ^ « BischofT a décrit dit le professeur Hartmann-, dans les régions profondes de la paume de la main et de la plante du chimpanzé, du gibbon, du ma?idnM oi tïaaires Singes, des muscles auxquels Halford a donné le nom de contrahenles digilorum (contracteurs des doigts et des orteils). Recouverts par les tendons des longs lléchisseurs des doigts et des orteils ainsi que par les lombricaux, ces muscles sont placés sur les interosseux. Je n'ai pas trouvé trace de ces muscles contracteurs chez le gorille. Chez un chimpanzé femelle, ]'?iï \\\ nn muscle contracteur pour le 4° et un autre pour le 5° doigt ; il en existait de plus un pour le hi" el un pour le 5*^ orteil. Chez Vorang j'ai observe un contracteur du 4' et un autre du 5" doigt, et de plus deux contracteurs faibles pour le 4® et le 5" orteils. Le gibbon à mains blanches me montra ces mômes muscles au 2% au 4° et au S^doigt, ainsi qu'au 4'' et au 5" orteil. » Ce qui est hors de doute, c'est qu'il peut y avoir normalement 1,2, 3, 4 et même 5 adducteurs aux extrémités des membres des Mammifères ; que dans l'espèce humaine il y en a ordinairement 2, 1 pour chaque doigt extrême, mais qu'il peut exceptionnellement y en avoir 3 et même 4. Mon adducteur biceps du 2 orteil n'est-il pas constitué par la fusion des adducteurs du 2" et du 3" orteils à quelque distance de leur point d'origine ? Libre ou relié à ses congénères voisins, comme chez l'homme, l'adducteur du 2" orteil se rencontre dans VEchidna setosa , le Koala cendré, le Dasgurus viverrinus, le Phascogale calura, la sarigue de Virgi7iie, le Dasypus sexcinctus (Cunningham), le Cynocéphale maï- mon, le Macaque cynomolge, le cercopithèque, le Pithecia hirsula (Bis- choff), Xalèle, le Cebus apella [Ru^e), le phalanger renard, le Myrmc- ' Cunningham. The voyarje of H. M. S. Challenger, zoology, vol. V, p. 115, 1882. * Hartmann. Les Singes Anlhropoides et l'homme, p. 133, 1886. MUSCLES DU PIED 425 cophaga tamandua, le blaireau, la loutre, le putois, le paca, V Hapale pénicillé, V éléphant indien, le Thylacinus Harrisii, le chien, le dingo, le chat, le lion, le léopard, le ;?orc, le /zèwr^, le puma, Y Hyrax dit Cap etc. Abducteur du 5"^ métatarsien. Ce muscle a été décrit pour la première fois en 1861 dans les Procee- dings of the Royal Society de Londres par le professeur Wood sous le nom iVabductor ossis metatarsi quinli. Il est généralement fusiforme et longe, comme Tabducleur du petit orteil dont il est parfois inséparable en partie ou en totalité, le bord externe de l'aponévrose plantaire externe. Il s'insère, d'une part, à la tubérosité externe de la face infé- rieure du calcanéum et, d'autre part, par un tendon spécial ou par un tendon qui lui est commun avec l'abducteur du petit orteil, à l'apo- physe de la base du 5® métatarsien. Il est très commun. Chez 68 hommes Wood l'a trouvé 2" fois : 19 fois des deux cotés, 4 fois du côté droit et 4 fois à gauche; et chez 34 femmes : 16 fois, 10 fois dos deux côtés, 3 fois du côté droit et 3 fois du côté gauche, « ce qui donne, dit-il, une proportion de 43 p. 100, un degré de fréquence de 1 chez l'homme et de 1 1/4 chez la femme* ». M. Macalister, qui i'appollc abductor ossis metatarsi minimi digiti, l'a rencontré chez 9 sujets sur 12. En 1889, je l'ai disséqué 18 fois sur 40 sujets, dont 20 hommes et autant de femmes, 11 fois chez les femmes, 6 fois des deux côtés, 3 fois à droite et 2 fois à gaucho, et 8 fois chez les hommes, S fois des deux côtés, 1 fois à droite et 2 fois à gauche. En somme, ilparaît se développer plus souvent chez la femme que chez l'homme et des doux côtés que d'un seul. Comme les autres muscles normaux ou anormaux, il varie dans une certaine mesure. Sur un homme Wood la vu se détacher, des deux côtés, par un ventre triangulaire de la tubérosité interne de la face inférieure du calcanéum et aller s'attacher par un long tendon sur la face antérieure de la base du S'' métatarsien. M. Macalister a noté également cette disposition. Je l'ai observée chez un homme, à droite ^ Wood. Proceediugs of iJie Royal Sociely, n» lOi, 1808, p. 521. 426 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE LTIOMME et à gaucho, et chez une femme, cln coté gaiiclie seulement. Chez la femme l'abducteur du 5" uié ta tarsien et celui du petit orteil étaient assez intimement unis en ari-ière. Dans trois cas signalés par le professeur de l'Université de Cambridge» l'abducteur du 5" orteil se fixait comme d'habitude à la tubérosité externe de la face inférieure du calcanéum, mais se perdait en avant sur le col de la base du métatarsien. Un de mes élèves, M. le D"" Ansa- loni (de Blois), a disséqué les deux pieds d'une vieille femme sur les- quels existait ce mode de conformation. x\natomie cojiparéi:. — Ce muscle a été décrit par le professeur Huxley et MM. Flower et Hepburn dans le gorille et le chimpanzé ^ et par Wood dans V orang-outang et le bonnet-chinois. Ce dernier anatomiste en a trouvé aussi des traces évidentes dans le chat, le hérisson^ Y écureuil. Strauss-Durkheim en donne un dessin dans ses planches de l'anatomie du chat. MM. Mûrie et Mivart l'ont disséqué dans Xhyrax et M. Mûrie dans Ylguana tuberculata. Dans le pied de Véchidné quelques fibres rouges correspondent aussi, comme silua- tion et comme direction, à ce faisceau ^ Meckel a trouvé l'abducteur du 5° métatarsien dans les Makis, Y ours brun et le coati. (( Dans le coati, dit-il", l'abducteur du 5'' orteil est divisé en deux muscles tout à fait distincts, dont le postérieur s'étend de la tubéro- sité du calcanéum au 5'' métatarsien, l'antérieur allant de cet os à la 1'" phalange de l'orteil correspondant. Il existe, en outre, dans Yours et le coati, un adducteur mince, mais très large, qui prend naissance au milieu de la première rangée des os carpiens, « J'ai vu, de plus, chez Yours brun, un muscle plus petit s'étendre de la tubérosité du calcanéum au tubercule du 5'' métatarsien. » M. Champneys a rencontré l'abducteur du S"" métatarsien dans un Cynocéphale Anubis adulte'* et M. le professeur Cunningham^ dans le thylacine, le Dasyurus viverrinus, le Phascogale calura, le Couscous maculé, X^phalanger-renard, \q, Koala cendré, la sarigue de Virginie, le kangurou robuste, Y Ornithorhyncus paradoxus, le léopard, \q puma, le ' M. Cunningham affirme pourtant qu'il manque dans le chimpanzé. * Wood. Proceedinrjs of the Roi/. Soc, .lune 1868, n° iOi, p. 521. ' Meckel. Anat. comp., t. VI, p. 463-i64. * Champneys. Journ. de Vanat. et de la ph>js., cit. p. 205. ' Cunningham. Lac. cit. passim . MUSCLES DU PIED 437 lion^ le blaireau^ Xa loutre, \q putois, le Trichecus rosmarus, le Myrmc- cophaga tamandua, le Dasypus sejccinctus, V éléphant des Indes, Je paca, la chauve-souris, le Ci/nocéphale sphynx, etc. Parmi ces Mammifères, il en est plusieurs (le lion, le léopard par exemple), chez lesquels il naît du calcanéum par un corps charnu commun avec l'ahducteur du petit orteil. Abducteur accessoire du petit orteil. J'ai disséqué trois fois ce muscle dont mes recherches bihliogra- phiques ne me fournissent aucun exemple. Comme le choanoïde, l'auriculaire inférieur, le stylo-pharyngien inférieur, l'adducteur du 2° orteil, etc., je crois donc qu'il n"a pas encore été signalé. I. — H., vingt-quatre ans, tuberculeux; novembre 1884. — Le pied droit est normal. Sur le pied gauche on trouve au-dessous et en dehors du court abducteur du petit orteil un faisceau musculaire plat et indépendant. Ce faisceau se fixe, en arrière, à la partie la plus externe de l'aponévrose plantaire externe et de la tubérosité externe de la face inférieure du calcanéum à un centimètre de l'abducteur du petit orteil, sur le tendon duquel il va se perdre au niveau de la base du 5*^ métatarsien. Il est innervé par un rameau provenant du nerf plantaire externe avant sa bifurcation. II. — F., vingt ans, péritonite puerpérale; mars 1885. — Le muscle surnuméraire existe à droite et à gauche. En arrière il a les mêmes insertions que le précédent, mais en avant il est distinct de l'abducteur normal. A son corps charnu assez court fait suite une lame aponévrotique qui, après avoir abandonné quelques fibres nacrées au tubercule de la base du 5" métatarsien, va se perdre au côté externe de la base de la 1'° phalange du petit orteil. Il reçoit un ramuscule nerveux du tronc du plantaire externe. III. — F., quarante-neuf ans, pneumonie; décembre 1892. — Du côté gauche seulement on trouve un petit faisceau rougeàtre, rond, ayant la forme d'un triangle isocèle très allongé, dont le sommet ten- dineux se fixe à la face externe de la 1'° phalange du petit orteil, en dehors de l'abducteur ordinaire, et la base charnue à la gaine du long * Meckcl. Anat. comp., t. VI, p. 463. 428 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME péronier latéral. 11 est mû par un lïlel du nerf plantaire externe avant sa division. Anatomie comparée. — La marmotte a un 2" petit abducteur de l'orteil le plus externe du pied (Meckel). Un 2" abducteur du petit orteil a été reconnu par M le professeur Cunningliam chez le phalanger-renard, le Dasijpus viverrinus, le Thyla- cine cynocéphale, le Couscous maculé, etc. Dans le kangourou de Virginie, le Koala cendré, l'abducteur normal est renforcé par un faisceau provenant chez le premier du bord infé- rieur du ligament annulaire du tarse et chez le second du cartilage plantaire*. FACE DORSALE Tous les faisceaux musculaires surnuméraires du dos du pied ne sont pour moi, je l'ai dit, que des lambeaux du pédieux mal développé (voy. M. pédieux). ' Cunningham. Rppo/i in Marsvpialia, p. 65, 68. CONSIDÉRATIONS GENERALES SUR LES VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Si la forme exlérieure du corps, sa longueur, ses proportions, le squelette dans toutes ses parties, le cerveau, la peau, les cheveux, l'iris ont été l'objet de nombreuses recherches anthropologiques, il n'en a pas été ainsi pendant trop longtemps des muscles. Les muscles qui composent les deux tiers de la masse totale du corps, qui précèdent les os et les nerfs et en déterminent la formation, qui peuvent les modilier quand ils sont formés, et qui persistent, au bas de l'échelle animale {Vers, Mollusques), alors que les os n'existent pas, méritaient mieux. On sait qu'on cherche à préciser les rapports qui existent entre le genre humain et les autres êtres vivants, et à classer les différentes races humaines, en comparant et en mesurant les os, les angles, les courbes et les cavités qui résultent de leur articulation (crâne, orbites, fosses nasales, etc.). Ce qu'on sait moins, c'est que telle ou telle dispo- sition osseuse qui existe dans une race, manque dans une autre et ne se rencontre qu'exceptionnellement dans une troisième. Les observa- tions de Broca sur les modes de conformation du plérion (ptérion en H, ptérion en K, ptérion retourné), la courbe de la mandibule (en U, en ellipse, en parabole), celles de Virchow sur l'os jugal (os jugal indivis, bipartite), etc., sont très instructives à cet égard. Les mômes variations se retrouvent dans les parties molles. En voici la preuve pour les artères. L'artère carotide primitive se divise 430 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME « SOUS un angle aigu » chez les personnes dont le cou est long et « en forme de candélabre » chez ceux dont le cou est court. Eh bien ! de ce que la division de la carotide « sous un angle aigu » est plus fréquente à Gôttingue, tandis que la division « en forme de candé- labre » est plus commune à Breslau, Binswanger a conclu que les coupes transversales du corps sont représentées par des chiffres plus élevés dans le Hanovre que dans la Silésie. Mais c'est surtout — si j'en juge d'après les statistiques des anato- tomistes étrangers et les miennes, — les variations du système mus- culaire qui offrent un grand intérêt au point de vue ethnologique. Il est des faisceaux surajoutés à des muscles normaux et des muscles anormaux qui se rencontrent plus fréquemment dans une race que dans une autre. Ainsi le chef humerai du biceps apparaît chez 10,5 p. 100 des sujets en France, chez 10,3 p. 100 en Angleterre, chez 11 p. 100 en Alsace- Lorraine ; le présternal chez 3,2 p. 100 en Ecosse, chez 3,3 p. 100 en Alsace-Lorraine, chez 4 p. 100 à Londres, chez 4,5 p. 100 en Touraine, chez 5,2 p. 100 en Russie, chez 6 p. 100 en Irlande. Le petit psoas fait défaut chez 49 p. 100 des sujets en Russie, chez 56,1 p. 100 en Touraine, chez 57 p. 100 en Alsace-Lorraine, chez 61 p. 100 en Amérique, chez 64 p. 100 en Angleterre. A Londres, le petit psoas n'existe pas chez 50 p. 100 des sujets, en Ecosse chez 63 p. 100, en Irlande chez 66 p. 100'. Inversement il est des muscles normaux qui disparaissent plus com- munément dans une race que dans une autre. Le pyramidal de l'abdo- men manque chez 21 p. 100 des sujets en Amérique, chez 12 p. 100 en Alsace-Lorraine, chez 10,6 p. 100 en Touraine; le petit palmaire, chez 24,6 p. 100 en Touraine, chez 20 p. 100 en Alsace-Lorraine, chez 12,7 p. 100 en Amérique; le plantaire grêle, chez 7,5 p. 100 en Russie, chez 6,2 p. 100 en Alsace-Lorraine, chez 5,4 p. 100 en Tou- raine; le carré crural, chez 2,3 p. 100 en Alsace-Lorraine, chez 1 p. 100 en Angleterre ; le péronier antérieur, chez 9,8 p. 100 en An- gleterre, chez 9,1 p. 100 en Touraine, chez 8,2 p. 100 en Alsace-Lor- raine ; le tendon du 5'^ orteil du court fléchisseur commun des orteils, chez 25 p. 100 on Alsace-Lorraine, chez 16 p. 100 à Londres, chez- 14 p. 100 en Touraine, chez 10 p. 100 à Edimbourg. ' Le petit psoas n'étant pas présent, — sauf en Russie, — cliez plus de la moitié des. sujets doit être considéré, je Tai dit, comme un muscle anormal. CONSIDÉRATIO.NS GÉNÉRALES 431 Le pyriforme est perforé chez 26,7 p. 100 des sujets en Alsace-Lor- raine, chez 26 p. 100 en Ilalie, cliez 10 p. 100 en Touraine, chez 8 p. 100 en Angleterre, etc. Se basant sur la dissection de 60 blancs adultes, de 12 suppliciés et de 31 sujets appartenant à la race jaune et à la race noire, M. Chudzinski se croit autorisé à affirmer, d'autre part, que les anomalies mus- culaires sont plus communes dans les races de couleur que dans la race blanche. En tenant compte des dissemblances de conformation des muscles faciaux, des jumeaux de la jambe, des droits antérieurs de l'abdomen, etc., il parait même acquis que les agents actifs du mouvement dilï'èrent dans les diverses races. On n'a pas constaté jusqu'ici d'anomalies musculaires propres à cer- taines races, mais.il est reconnu que, dans une même race, il est des sujets que les variations musculaires épargnent pour ainsi dire tandis qu'il en est d'autres chez lesquels elles sont extrêmement nombreuses. On a prétendu enfin, mais cela est loin d'être prouvé, qu'elles sont plus communes chez les criminels et les déments. Les variations musculaires sont-elles plus communes dans un sexe que dans un autre? Laissons répondre les chilTres : L'absence du pyramidal de l'abdomen a été notée chez 20 p. 100 des femmes et 14 p. 100 des hommes par M. T. Dwight, chez 13 p. 100 des femmes et 10 p. 100 des hommes par MM. Pfitzner et Schwalbe, chez 12,0 p. 100 des femmes et 8,4 p. 100 des hommes par moi ; Celle du petit palmaire chez 14 p. 100 des femmes et 10,7 p. 100 des hommes par Gruber, chez 22 p. 100 des femmes et 19,3 p. 100 des hommes par MM. Pfitzner et Schwalbe, chez 30,7 p. 100 des femmes et 18,4 p. 100 des hommes par moi ; Celle du petit psoas chez 57 p. 100 des femmes et 57 p. 100 des hommes par MM. Pfitzner et Schwalbe, chez 34 p. 100 des femmes et 43 p. 100 des hommes par Gruber, chez 70 p. 100 des femmes et 36 p. 100 des hommes par M. Dwight, chez 72 p. 100 des femmes et 60 p. 100 des hommes parles anatomistes anglais, chez 69,3 p. 100 des femmes et 43 p. 100 des hommes par moi ; Celle du carré crural chez 2^4 p. 100 des hommes et 2,3 p. 100 des femmes par MM. Schwalbe et Pfitzner; Celle du plantaire grêle chez 3,9 p. 100 des femmes et 9,1 p. 100 des hommes par Gruber, chez 3,9 p. 100 des femmes et 6,3 p. 100 des hommes par M^l. Schwalbe et Pfitzner, chez 6,1 p. 100 des femmes et 4,7 p. 100 des hommes par moi ; 432 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME Celle du pcronier antérieur chez 14,7 p. 100 des femmes et 7,3 p. 100 des hommes par Wood, chez H,5 p. 100 des femmes et 6,6 p. 100 des hommes par MM. Plilzner et Schwalbe, chez 10 p. 100 des femmes et chez 8,3 p. 100 des hommes par moi ; Celle du tendon du 5^ orteil du court fléchisseur des orteils chez 14,7 p. 100 des femmes et 7,3 p. 100 des hommes par Wood*, chez 31 p. 100 des femmes et 21,8 p. 100 des hommes par MM. Pfitzner et Schwalbe, chez 16 p. 100 des femmes et 12 p. 100 des hommes par moi. Le chef humerai du biceps a été trouvé chez 11,6 p. 100 des hommes et 9 p. 100 des femmes par MM. Pfitzner et Schwalbe et chez 8 p. 100 des hommes et 7,7 p. 100 des femmes par moi. La perforation du pyriforme par le grand nerf scia tique a été cons- tatée chez 20,7 p. 100 des femmes et chez 16,6 p. 100 des hommes par MM. Pfitzner etSchwalbe, chez 11,2 p. 100 des hommes et 6 p. 100 des femmes par moi. La fusion du sous-épineux et du petit rond a été observée chez 12,9 p. 100 des hommes et 12,9 p. 100 des femmes par MM. Pfitzner et Schwalbe. Le présternal a été rencontré chez 3,3 p. 100 des hommes et 3 p. 100 des femmes par MM. Schwalbe et Pfitzner, chez 5,3 p. 100 des hommes et 3,9 p. 100 des femmes par moi. Pour M. Turner il est moins rare chez la femme que chez l'homme; pour Wood, c'est l'inverse. Wood a trouvé, enfin, 265 variations musculaires chez 18 hommes et 236 variations musculaires chez 18 femmes, dont il a disséqué un à un, à King's collège, pendant le semestre d'hiver 1867-1868, tous les muscles de la nuque, du dos et des membres. Pour Wood, les malfor- mations en question existeraient donc chez 6,7 p. 100 des hommes et chez 7,6 p. 100 des femmes. La statistique générale de Wood repose sur l'examen d'un nombre trop limité de sujets pour qu'on puisse la prendre pour base. Les sta- tistiques de Wood et de Gruber, celles de MM. Th. Dwigt, Pfitzner et Schwalbe et les miennes touchant le chef humerai du biceps, l'épi- trochléo-olécranien, le présternal, le plantaire grêle, la perforation du pyriforme, l'union du petit rond et du sous-épineux, etc., etc., sont contradictoires ou n'indiquent que des différences peu significatives. Il en va autrement des statistiques des mêmes auteurs et des miennes ' 5 fois chez 34 femmes et 5 fois chez 68 hommes. CONSIDERATIONS GENERALES 433 concernant le pyramidal de l'abdomen, le petit psoas, le petit palmaire, le péronier antérieur et le tendon du 5® orteil du court fléchisseur commun. Ces muscles disparaissent évidemment plus souvent dans le sexe féminin que dans le sexe masculin. Je n'en conclurai pas moins que la question du degré de fréquence relatif d'apparition des ano- malies musculaires est loin d'être jugée. Je ne sais si Meckel a eu raison d'écrire « que les vices de conformation sont plus ordinaires chez la femme que chez l'homme ». Mais je crois avoir le droit de dire qu'en ce qui a trait aux malformations musculaires, les seules dont j'aie à m'occuper ici, le problème n'est pas résolu. De ce que le pyra- midal de l'abdomen, le petit palmaire, le péronier antérieur et le tendon du 5" orteil du court lléchisscur commun disparaissent moins souvent chez l'homme que. chez la femme, je me garderai bien surtout d'in- duire à « l'infériorité organique » de celle-ci. 11 y a anomalies et ano- malies. Celles qui consistent dans l'absence du péronier antérieur ou du tendon du 5" orteil du court fléchisseur commun reproduisant des dispositions simiennes, sont des anoîjialies régressives ; celles consistant dans l'absence du pyramidal de l'abdomen, et du petit palmaire cons- tituant un avantage fonctionnel, sont des anomalies progressives. Je reviendrai, du reste, sur cette question. Quelles sont les régions qui offrent le plus de variations musculaires et quels sont dans chaque région les muscles qui sont le plus ordi- nairement mal conformés ? Voici les renseignements fournis à cet égard par les 36 sujets (18 hommes et 18 femmes) dont Wood a examiné, un à un, tous les muscles du cou, de la nuque, du tronc et des membres : 1° COU ET NUQUE a). Muscles normaux avec disposition anormale Sterno-cléido-masloïdieu Omo-hyoïdien Digastrique. . . . < Trapèze Angulaire de l'omoplate Stylo-hyoïdien Sterno-thyroïdien Scalène Thyro-hyoïdien TOTAL DEORl'; de fi-cquciice 4 3 / 7/36 4 2 0 0/3G .3 1 4 4/3G .3 2 0 5/ 30 * 3 7 7/3(3 t) )) •^ 2/36 1 1 1/36 1 )) t 1/36 » \ ! 1/36 28 434 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME 3Iuscles surnuméraires ou surajoulés : Cléido-occiiiil;iI Rhombo-ulloïiliin CléiJo-ti'a(ht''li(ni Élévateur du corps lliyroïdc r, ., ( Muscles normaux avec disi/os. anormal f Soit : , . • , - { — surnuméraires ou surajoutes . TOTAI .. u TOTAL llEt.lili de o u fréquence 8 G 14 14/3G 3 î •-> 1 0/36 1 3G t 1 2 2 30 22 12 34 34/36 13 9 22 22/36 35 21 oG 56/36 2° TRONC a). Muscles normaux avec disjiosition anormale : Grand pectoral Petit pectoral Grand dorsal p). Muscles surnuméraires ou surajoutés : Préslernal Sterno-scapulaire Scapulo-claviculaire Cliondro-coracoïdien ^. . ( Muscles normaux avec cHsiws. anormale. Soit : '. , . . , . ( — surnuméraires ou surajoutes. . TOTAI 3" MEMBRES SUPERIEURS a). Muscles normaux avec disposition anormale Sous-épineux . • Coraco-brachial Biceps Brachial antérieur Rond pronateur Fléchisseur superficiel des doigis Fléchisseur profond des doigts Long fléchisseur propre du pouce .... Grand palmaire Petit palmaire Long supinateur Premier radial externe Deuxième radial externe Extenseur commun des doiL'ls r. 2 7 5 5 10 1 s> 3 1 1 2 5 5 10 1 » 1 1 " 1 1 9 20 8 G 14 19 15 3i- 7 36 10 36 3 36 2 36 10 36 1 36 1 36 20 '36 14 /3G 34/36 1 » 1 3 4 7 2 0 8 2 o 4 2 3 5 4 9 13 7 7 14 14 15 29 3 4 7 8 7 15 » 1 1 9 3 12 10 8 18 G 6 12 1 36 7,36 8; 36 4 36 5/36 13/36 14/36 29/36 7/36 15/36 I :j6 12:36 18/36 12 '36 CONSIDÉRATIONS GENERALES 435 Extenseur du petit dnicl Cubital postérieur Long abducteur du pouce Court extenseur du pouce Long extenseur du pouce Extenseur propre de l'index Muscles sin'/iionéi'aires ou sura joules : Épilrocliléo-olécranien Radial externe intermédiaire Extenseur du pouce et de l'index Extenseur propre du médius Court extenseur de la main ^ . i Muscles normaux avec disijos. anormale. Soit : . . ' . ,, { — surnu)rteraires ou surajoutes . . ToTAr 17 G n 11 16 2 16 1 2 2 6 3 3 130 128 18 16 148 144 33 8 33 18 11 9 13 3 8 6 258 34 DEGRK de fréquence 292 33/36 8/36 33/36 18/36 11/36 9 '36 4 36 13/36 3/36 8)36 6 36 258; 36 34/36 292/36 4° MEMBRES INFÉRIEURS a). Muscles normaux avec disposiiion anormale : Iliaque interne Obturateur exîeine Pyramidal Jumeaux pt.dviens Adducteurs de la cuisse Plantaire grêle Long fléchisseur des orteils , Long fléchisseur du gros orteil Tibia! postérieur Long extenseur des orteils , Péronier antérieur Court péronier latéral - Court extenseur des orteil> Court fléchisseur plantaire Accessoire des fléchisseur^ p). Muscles surnuméraires ou surajoutés : Extenseur de la première phakinge du pouce. . Péronier du cinquième orteil „ ., ( Muscles normaux avec dinijos. anormale Soit : ; , . ^ , ( — surnuméraires ou surajoutes . Total 1 1 1/36 B 1 1 1/36 3 3 6 6/36 2 1 3 3/36 l » 1 1/36 1 2 3 3/36 G 4 10 10/36 1 3 4 4/30 1 » 1 1/30 2 2 4 4/36 8 7 IS 15/36 •0 3 0 5/36 5 3 8 8/36 4 3 7 7/30 » 1 1 1/36 10 13 20 29 36 10 10 20 20,36 37 :î3 70 70/36 26 23 49 49/36 03 .'.6 119 119/36 43« VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIHE DE L'HOMME D'après cette statistique les muscles du cou et de la nuque s'écarte- raient donc plus souvent du typohal)ilu('l que ceux du tronc (56 varia- tions contre 3i) et ceux du cou, de la nuque et du tronc, moins souvent que ceux des membres (90 variations contre 41). Aux membres, les muscles des membres thoraciques seraient plus fréquemment mal conformés que ceux des membres pelviens (292 variations contre 119) et, aux membres thoraciques et pelviens, les muscles des extrémités distales que ceux des extrémités proximales. Cette statistique générale si favorable, comme on s'en rendra compte bientôt, à la théorie de l'évolution du système musculaire, ne peut malheureusement pas, je Fai déjà dit, être acceptée sans réserve. Elle s'appuie sur un nombre insuffisant de dissections et les muscles de la tête, des parois de l'abdomen, du périnée, et le diaphragme n'y figu- rent pas. La Société anatomique anglaise l'a si bien compris que, sur l'initiative de MM. Cunningham et Macalister, elle a décidé, en 1889, que dorénavant on rechercherait chaque année et simultanément dans chacun des 36 instituts anatomiques du Royaume le degré de fréquence d'apparition de quelques anomalies désignées d'avance, et que les documents résultant de cette enquête, remis à une commis- sion nommée ad lioc, serviraient à dresser une statistique qui fût à l'abri de tout reproche. Quand on songe combien peu de sujets sont mis à la disposition des élèves sans avoir été autopsiés et combien il faut de temps pour disséquer un à un tous les muscles d'un môme, sujet, cette manière de procéder paraît vraiment pratique. Mais s'il est encore impossible d'affirmer catégoriquement quelles sont les régions du corps qui présentent le plus de variations muscu- laires, il n'est pas douteux — et cela de l'avis des anatomistes de tous les pays et de tous les temps — que les muscles qui font le plus souvent défaut chez nous sont ceux qui nous sont devenus foncièrement inu- tiles : le pyramidal de l'abdomen, le petit psoas, le petit palmaire, le plantaire grêle. Si la connaissance des vices de conformation des muscles importe à l'ethnologue, elle n'importe pas moins au chirurgien. N'est-il pas bon d'être prévenu avant de pratiquer l'opération du strabisme que les muscles de l'œil peuvent augmenter de nombre (M. choanoïde), être dédoublés partiellement, avoir des tendons surnuméraires, être reliés entre eux par des faisceaux plus ou moins forts, et avant de pratiquer l'opération du torticolis chronique, qu'il existe assez souvent un CONSIDERATIONS GENERALES 437 cléido-occipital ? N'est-il pas indispensable de savoir que quelque- fois l'artère sous-clavièrc, l'artère humérale, l'artère cubitale, etc., sont recouvertes par un plan contractile dans les régions où on les lie de préférence? C'est ainsi que j'ai vu un chirurgien d'hôpital chercher pendant fort longtemps et vainement l'artère axillaire, en dedans de l'arc axillaire pectoro-dorsal qu'il prenait pour le coraco-hrachial. N'est-il pas nécessaire d'être avisé que le chef sternal du sterno-cléido- mastoïdien, le coraco-brachial, la longue ou la courte portion du biceps humerai, le long supinateur, le couturier, etc., etc., c'est-à-dire une partie ou la totalité des fibres des muscles satellites des artères caro- tides primitives, axillaires, humérales, brachiales, fémorales, peuvent faire défaut ou être déviés de leur trajet accoutumé. A quoi bon insister? Il y a là un gros livre à écrire pour le plus grand bien de la science et de l'humanité souffrante. Comment classe-t-on les variations du système musculaire de l'homme ? Pour comprendre les diverses classifications des variations du sys- tème musculaire de l'homme qui ont été proposées jusqu'ici et pour pouvoir juger de leur valeur il est de toute nécessité d'établir d'abord ce qu'on entend en anthropologie par organe vestigiaire et par ata- visme. C'est ce que je vais faire. « Un organe vestigiaire, dit M. Mahoudeau', est assimilable à une ruine, est dans notre corps une survivance anatomique, indéniable, témoin d'un passé entièrement disparu. Tous les appareils du corps de l'homme, de tous les animaux, sauf les Protosoaircs, renferment de ces vestiges en plus ou moins grand nombre. 11 en est qu'on rencontre constamment, on pourrait les dire permanents; il en est d'autres qui manquent dans un très grand nombre de cas, ce sont des vestiges acci- dentels. En général, ces traces sont d'autant plus manifestes que la mutation de fonctions qui les a rendues inutiles est plus récente ; d'autant plus effacées qu'elles retlètent un passé plus lointain. Les organes vestigiaires peuvent se comparer à ces ruines qui doivent à des circonstances exceptionnelles de n'avoir pas subi les ravages du temps et de demeurer encore debout lorsque tous les monuments, leurs contemporains, sont depuis longtemps anéantis. C'est donc dire que, permanents ou accidentels, les organes vestigiaires ont tous une ' Mahoudeau. Les organes vesdgiaires, Joiirn. de l'Ecole crAnt/iropolof/ie de Paris, 1892. p. 382. 438 VARIATIOiNS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME valeur égale; ce sont des manifestations ataviques, des archives en un mot de notre passé. Les uns et les autres peuvent être transitoires ou persistants. Transitoires chez l'embryon où ils ne durent que fort peu de temps; persistants chez l'adulte où ils demeurent dans le même état durant toute l'existence. » En m'appuyant sur cette définiliou précise dont on appréciera plus loin la portée philosophique, je diviserai les organes vestigiaires de l'homme en deux grandes classes : 1° ceux qui existent pendant la vie embryonnaire [organes vestigiaires tramitoircs)\ IP ceux qui existent normalement ou anormalement chez l'homme fait [organes vestigiaires permanents). Je n'insiste pas sur les premiers. Qui ne sait depuis Hœckel que l'ontogénie est le résumé de la phylogénie « que la série des formes diverses que tout individu d'une espèce quelconque parcourt à partir du début de son existence est simplement une récapitulation courte et rapide de la série des formes spécitiques multiples par lesquelles ont passé .ses ancêtres, les aïeux de l'espèce actuelle pendant l'énorme durée des périodes géologiques" ». Nous avons primitivement des bran- chies comme les Poissons ; un cloaque comme les Oiseaitx ; un appen- dice caudal^; 29 côtes (Ruge) ; le cœur double et communiquant des Reptiles ; les glandes génitales incluses dans l'abdomen des Animaux testicondes [Oiseaux, Monotrémes, Cétacés vrais et herbivores'' , Edentés* et quelques Pachydermes : damans, rhinocéros, éléphants) ; des bour- geons épithéliaux en nombre plus considérable que les dents à apparaître; les oreilles pointues; le cerveau lisse; le gros orteil formant avec les autres orteils un angle correspondant à l'état permanent du gros orteil chez les Singes ; les reins divisés, chaque glomérule de Malpighi représentant un rein primitif^; la peau — ' HœckeL Histoire de ht créulion des êtres organisés d'après les lois naturelles, trad. irauç. Paris, 1844. - L'embryon humain âgé de cinq semaines possède nne queue manifeste et un nombre de vertèbres supérieur à celui de l'adulte, 38 au lieu de 33 ou 34 ; les 4 ou 5 dernières de ces vertèbres sont éphémères ; déjà chez l'embryon de six semaines, la 38*, la 37*^ et la 36" se confondent eu une seule masse, la 35" elle-même n'a plus de limites parfaitement nettes ; l'embryon de neuf semaines n'a plus que 34 vertèbres, la 34" résultant évidemment de la fusion des 4 dernières et la queue est déjà beaucoup moins proéminente. (Ilis, Fol, Phisalix.) 3 Le dauphin (Stannius et Siebold), Anal, comp., t. II, p. 500. ^ Notamment les Fourmiliers, les Paresseux, les Tatous. ^ En effet, chez les Requins, à chaque segment prévertébral répond, comme l'ont prouvé les recherches de Semper et de Balfour, un appareil génito-urinaire identique à ceux qui existent dans chaque anneau des Vers annelés . L'embryon humain reproduit ces phases rapidement. COiNSIDÉRATIOMS GÉNÉRALES 439 celle (les pieds et des mains exceptée — doublée dans toute son étendue du peaucier et couverte du lanugo, duvet lin et abondant, en tout semblable à celui des Simiens^ etc. « D'animal maicbant à quatre pattes, rancetre humain devenant un animal à deux pieds a, dit encore M. Mahoudeau -, vu ses membres antérieurs pour être utilisables dans cette nouvelle attitude elTectuer un mouvement de rotation. De cette évolution ancestrale les traces subsistent encore. Au 4® mois de la vie fœtale lu torsion de F humérus est de 133°. Celle des Carnassiers adultes est de 9i°, celle des Magots de 106", celle des Gibbons de 120°, des Chimpanzés de 128°. Le fu'tus humain de 4 mois se place entre le chimpanzé et h' gorille qui a 144". Avec l'âge, après la naissance, la torsion va en augmentant, l'attitude bipède se perfectionnant, elle est de 140" environ durant la première année, de 148" de deux à quatre ans et atteint 150" vers la septième année ^ » Parmi les organes vestigiaires permanents normaux de l'homme fait, je citerai : le repli semi-lunaire de l'angle interne de l'œil ou 3* pau- pière interne de l'œil qui recouvre tout le globe oculaire des Squales et qui est encore assez bien développé chez divers Mammifères ; le lobule de l'hippocampe et le sillon limbique qui nous relie aux Animaux osmafiques ; l'appendice iléo-cœcal ou vermiculaire, qui a une longueur triple de celle du corps dans le Koala, constitue un immense cul-de-sac dans les Herbivores et qui ne sert plus chez nous qu'à loger de petits corps étrangers qui en provoquent l'inllammation; le pisi- ' Ce pelage lomlie rapidement et la peau devient glabre, du moins en apparence, mais le microscope la montre aussi velue (juc celle des autres Mammifères. J'ai dit que le microscope révélait qu'elle était aussi toujours doublée normalement d'un plan musculeux ctiez l'adulte. * Mahoudeau. Loc cit. sitprà, p. 38."). 3 Les transformations que subissent les animaux avant d'arriver à leur complet dévelop- pement sont aussi curieuses. I^cs Êquidés ont cinq doigts à un moment donné de leur ontogenèse. Lliipparioti reparaît dans les clievnux à trois doigts et Yancliilerium dans les chevaux à cinq doii/ts dont on a observé plusieurs exemples, sans compter Bucéphale, le fameux coursier d'Alexandre. « Les Poissons, jdeHronecles qui nagent habituellement dans de grandes masses d'eau, ayant besoin, dit Lamarck. de voir latéralement, ont leurs yeux placés sur les côtés de la tète. Mais ceux des Poissons que leurs habitudes mettent dans la nécessité de s'approcher sans cesse 'les rivages et particulièrement des rives peu inclinées ou à pentes douces, ont été forcés de nager sur leurs faces aplaties, afin de pouvoir s'approcher plus près des bords de l'eau. Dans cette situation, recevant plus de lumière en dessus qu'en dessous, et ayant un besoin particulier d'être toujours attentifs à ce qui se trouve au-dessus d'eux, ce besoin a forcé un de leurs yeux de subir une espèce de déplacement et de prendre la situation singulière que l'on connaît aux yeux des Soles, des Turbots, des Limandes, etc. » Combien T>amarck eût été heureux s'il eût connu les recherches actuelles d'embryologie, nous mon- trant les yeux de ces I*oissons, placés d'abord symétriquement chez l'embryon, se déplacer graduellement pendant le développement de sorte que celui (jui appartient au côté sur lequel se couche l'animal, va progressivement se porter du côté opposé et y rejoindre son conifénère. 440 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME forme, OS non moins superflu, compté ù tort, pendant longtemps, parmi les éléments du carpe, et qui n'est qu'un rudiment d'un doigt post- auriculaire disparu * ; la persistance, à un degré d'atrophie plus ou moins considérable, des apophyses styloïdes du rachis, (( derniers témoins, observe enlin M. Mahoudeau, d'une phase qui dura long- temps et pendant laquelle nos ancêtres, non redressés, progressaient sur le sol à la manière des Quadrupèdes ». Faut-il parler enfin, de la glande pinéalc ? Galien en faisait un organe régulateur de la circulation sanguine. Descartes, au xvn° siècle, avait eu l'idée d'y placer le siège de l'àme. En réalité, on ne pouvait lui attribuer aucune fonction et la connaissance de la signification de ce petit organe n'avait nullement avancé, lorsque les travaux d'histologie et d'^èmbryologie vinrent enfin soulever et presque immédiatement résoudre le problème. De Graaf eut l'intuition, et Baldwin Spencer démontra, par des recherches faites sur des Lézards européens et australiens, que cette glande était le vestige d'un œil impair. Un Saurien Iguanide de la Nouvelle-Zélande, V Hatteria punctata, possède actuellement cet œil si parfaitement développé, qu'il doit fonctionner. Il n'est peut-être pas inutile de remarquer que le reptile chez lequel cet organe n'a pas subi de marche régressive, appartient à une région dont la faune semble être demeurée immobile, n'avoir subi aucun changement depuis la période crétacée. h'Jtatteria est donc en quelque sorte un animal de la période secondaire, un contemporain attardé des /?e/;/27es fossiles, chez lesquels la présence du trou orbilaire pariétal indique un organe en activité de service. Mais, comme si cette constatation d'une si haute antiquité ne suffi- sait pas, l'examen hi?tologique de cet œ-il impair réservait une nouvelle surprise. L'ordre dans lequel s'y présentent les éléments cellulaires formant la rétine se trouve être exactement à l'envers de Tordre suivant lequel ces mêmes éléments sont rangés dans les deux yeux latéraux des Vertébrés. Nous sommes donc ici en présence d'un vestige, bien démonstratif, rappelant la très lointaine époque où nos ancêtres n'étaient encore que des êtres invertébrés. Une découverte paléontologique est venue, comme cela arrive si souvent, confirmer ' " L'homologue d'un rayon fortement réduit de la nageoire primitive, » selon Gegen- baur. Je donne ici l'opinion généralement admise, mais les dernières recherches de M. Réi- térer qui témoignent que le pisiforme se développe par deux points d'ossification et est très prononcé chez le chien, tendraient à rapprocher cet os en tout ou en partie du calca- néum. Il y a là un sujet d'études d'autant plus important à poursuivre qu'on regarde aujourd'hui le pyramidal comme l'homologue du calcanéum (voy. M. Manieux). CONSinÉRATIONS GÉNÉRALES 441 l'existence de cette phase phylogéniquc : chez les plus anciens Verté- brés, les Poissons du vieux grès rouge ^ M. Dollo a constaté qu'il n'y avait qu'un seul œil médian. Parmi les animaux vivants actuelle- ment, un Vertébré dégénéré, Ya?nphio.rus, sorte de transition entre les Choi'dés et les Invertébrés, ne possède, lui aussi, qu'un point oculaire unique, toujours médian. Ne pouvant nous étendre plus longtemps sur ce sujet, nous rappellerons seulement que cet œil impair provient de la fusion des deux yeux du premier segment des Vers, qu'on le retrouve chez les Insectes où û^^rQuà le nom d'ocelles; là, il estbilobé; mais la trace des deux lobes se constate facilement dans le troisième a^il des Rep- tiles K De l'hermaphrodisme &q?> Animaux inférieurs nous conservons non seulement des vestiges embryonnaires, phase durant laquelle l'orga- nisme en voie de développement offre à la fois l'appareil mâle et l'appa- reil femelle complet, mais il en demeure des traces permanentes dans les deux sexes. Chezrhomme, le canal de MuUer, organe femelle, en se résorbant, laisse des reliquats de ses deux extrémités; du pavillon du canal de Muller nous vient l'hydatide non pédiciilée de Morgagni ; à la base du même canal subsiste une petite cavité, l'utricule prosta- tique ou utérus masculin, répondant à l 'utérus de la femme. Chez la femme, en disparaissant, le canal de Wolf, organe mâle, laisse à son extrémité supérieure des fragments de canalicules correspondant à l'épididyme et à sa partie inférieure, d'autres débris connus sous le nom de canaux de Gartner, n'ayant plus d'autre utilité que d'être le point de départ de tumeurs kystiques, etc., etc. Les autres organes vestigiaires permanents de l'homme fait consti- tuent les Variations régressives réversives, ou tliéroniorphies (Virchow). Elles se montrent inopinément dans tous les appareils. Noterai-je la soudure des apophyses clinoïdes antérieures, moyennes et postérieures du sphénoïde, commune chez Yorang ;\di crête épineuse sous-scapulaire normale chez la plupart des Ursidés, le tamanoir et Vunau ^ ; l'apophyse frontale du temporal si fréquente chez les Gorilles, les C/iimpanzés, les Macaques, les Magots, par exemple chez VLmus speciosiis du Japon ; l'apophyse jugulaire de l'occipital, énorme chez \cporc ; la fossette ver- mienne ; les ossa epipterica de Virchow ; l'os interpariétal; la fossette pharyngienne ; le torus occipitalis ti^ansversus ; la conversion en trou de la gouttière de l'arc postérieur de l'atlas logeant le premier nerf cer- ' Le 3° œil des Vertébrés. Leçons faites à l'Ecole crAiitliropologie par le professeur M. Duval, recueillies par P.-B. Mahoudeau {Journ. de micrographie, Juin 1888 et suiv.). * Le Double. Bultet. de la Soc. d'Anl/iropolofjie de Paris, décembre 1876. 4'*2 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME vical el l'iu-lôiv vei'h'bralc ; la iion-soudui'C des deux moitiés du frontal ou de Tos malaire ; l'os sous-vomérion de Uamhaud, reliquat du vaste organe de Jacobson du cheval; l'appareil hyoïdien complet, analogue à celui des Poissons ; l'apophyse sus-épi trochléenne et son ligament fibreux, ludiment du canal osseux sus-épitrochléen du rhat ; le troi- sième trochanterdu fémur qui acquiert de si grandes proportions chez \(i?,Erjuidés; le neuvième os ou os intermédiaire du carpe, l'homologue non seulement de l'os central du carpe, des autres Mammifères, mais même des deux os centraux des Enaliosauricns fossiles (Rosenberg) ; les apophyses d'union entre les côtes identiques aux apophyses costales des Reptiles et des Oiseaux; la sacralisation de la o" vertèbre lom- baire— et dans l'appareil circulatoire : la persistance du trou de Botal auquel nous devons la maladie bleue; celle du canal veineux prétym- panique, indispensable à certains animaux dont la tète doit s'abaisser fréquemment pour prendre la nourriture; la crosse de l'aorte donnant naissance par sa convexité, à deux troncs dont l'un constitue la sous- clavière gauche et dont l'autre, trifurqué, est l'origine de la sous- clavière droite de la carotide primitive droite et de la carotide primitive gauche, ainsi que chez le gibbon, Vorang, et le c/iimpanzé, ]es Pithéciens, les Cebiens, les Carnassiers^. Et dans les autres appa- reils : le lobule auriculaire de Darwin ; l'indépendance des deux lobes du corps thyroïde ; le lobule pulmonaire impar ou azygos, spécial aux Mammifères, quadrupèdes, mais qu'on observe aussi chez le gib- bon ; le poumon à un seul lobe semblable à celui de Vorang- ou à quatre, cinq, six ou sept lobes, (Cruveilhiei'), pareil au poumon des Pithéciens, du mouton, du bomf, etc.; le lobe caudé du foie si bien isolé chez les Primates des ordres les plus élevés ^ ; les ectopies orchi- diques inguinale, périnéale, ou crurale qui marquent les étapes régu- lières ou irrégulières de la migration de la glande génitale de l'abdo- men vers le scrotum et qui répondent à un état permanent, la première chez le castor ci les Myopotames, la seconde chez la genette, la civette et \q porc, la troisième chez Iq?» Loutres ai la chameau''; la bifidité et môme la duplicité de l'utérus qui remémorent à la pensée, l'une, les ' Le Double. Bullet. de la Soc. d'Anlhropolof/ie de Paris, 1890, p. 555. - Signalé déjà par Vésale chez l'houime ; je l'ai retrouvé chez une fenune. ^ Comme M. Deniker je l'ai rencontré chez 10 fœtus humains, de six à neuf mois, appartenant à l'un et à l'autre sexe sur lesquels je l'ai cherché avec mon prosecteur, M. Bougrier. ■'Le Double. De Vépididijinlle blennorrtia;/ique dans les cas de hernie iiif/i/innle, de varico- cèle ou d'anomalies de l'appareil f/énilal, i). 167. Paris, 1879. CONSIDERATIONS GENERALES 443 utérus à cornes des Rongeurs cl tlos Lémuriens^ laulre l'ulériis double et à deux orifices des Marsupiaux ; l'absence du corps calleux qui est la règle chez tous les animaux à partir des Mammifères aplacen- taliens^, celle de la troisième circonvolution frontale horizontale, qui est également la règle chez les Singes inférieurs; celle, enfin, du premier pli de passage pariélo-occipital externe si connu depuis Gratiolet; l'apparition des formes simiennes roslraleet operculaire des lobes frontaux et occipitaux; l'existence de corps mamillaires latéraux ou accessoires, comparables à ceux du lapin ^ du €lden,à\\ chat, du rat, du cobaye - ; l'ossification de la tente du cerveau et de la tente du cer- velet, toujours ossifiées chez les Carnassiers, etc., etc. Pour expliquer ces dernières malformations on invoque générale- ment cette force occulte, encore inconnue, qu'on nomme l'atavisme. On a donné de nombreuses définitions de l'atavisme. Je me bornerai à citer les principales : « L'atavisme en physiologie est la ressemblance avec les aïeux (Littréj; « L'atavisme est une hérédité de retour ou de réversion (Darwin); « L'atavisme est une attraction vers le type de l'espèce (^Vilmorin); « L'atavisme, c'est la réapparition dans un individu de caractères positifs ou négatifs que ses parents n'avaient pas, mais que possédait un de ses ancêtres plus ou moins éloigné ; c'est une force qui, à la manière d'un Sénat conservateur, s'oppose au progrès, demande l'ina- movibilité, le respect de la tradition, qui s'épouvante du nouveau et s'accroche au passé (Bordier, Ge'or/raphie médicale) ; « L'atavisme, c'est la reproduction dans un individu ou dans un groupe d'individus de caractères analomo-physiologiques, positifs ou négatifs, que n'offraient point leurs parents immédiats, mais qu'avaient offerts leurs ancêtres directs ou collatéraux (Daily, art. Atavisme du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales) ; « L'atavisme n'est autre chose que la suite de l'hérédité envisagée dans la race. Il se manifeste surtout lorsqu'il s'est produit un trouble dans la succession naturelle des générations (Baudement, Encyclo- pédie pratique de r agriculteur). » ' OiiLilîVowioz en a romii "27 cas (Arc/i. f. p.sijch., 1887), sans compler ceux signalés par Kaiirniaun, Virchow, etc. ■ Stanrrenghi dit f|ne clioz riiuninic ils se montrent dans 10 p. lÛQ des cas sous forme de saillies manifestes et que dans tous les autres cas on les retrouve à l'étal de petits gan- glions aplatis, en dehors des tubercules médians. 444 VAIUATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIIIE DE L'HOMME « On a désigné sous le nom d'atavisme, dil M. Delage ', trois choses fort dilTérentes : « 1" La transmission dans une famille de caractères individuels qui, après avoir fait défaut pendant quelques générations, réapparaissent subitement. « 2° La réapparition plus ou moins régulière, dans une race, do caractères qui appartiennent normalement à une race voisine dont la première provient par des croisements pertinemment constatés. « 3° L'apparition de caractères tératologiques pour la race où ils se montrent, mais qui sont normaux dans les races qu'on suppose être les ancêtres de celle-ci, (( Nous les distinguerons sous les noms d'atavisme de famille, atavisme de race et atavisme tératologique. » En somme, l'atavisme n'est qu'une modalité de V hérédité, le contraire de YInnéité. C'est, après une longue interruption, l'apparition chez un individu de caractères ayant appartenu à ses aïeux ou à des individus de sa race ou des races dont procède la sienne. Dans tout individu ou dans toutes générations d'individus il y a, en effet, deux tendances contraires, l'une de perpétuation des caractères [Jiérédité], l'autre de divergence ou de variabilité de ces caractères [Innéité). Les caractères transmis par l'atavisme sont de tous les ordres : normaux, pathologiques, tératologiques, intellectuels et moraux. Ils s'observent dans les deux règnes. D'après les observations les plus dignes de foi, notamment celles de Naudin, le retour aux caractères présentés par la souche familiale est l'état normal pour toute plante qui s'est écartée à quelque titre que ce soit de la pureté du type spécifique primitif; et c'est là un des plus forts arguments invoqués par les partisans de la perpétuité de l'espèce végétale. On connaît \q pélorisme des scrofulariées qui four- nissent parmi leurs lleurs irrégulières quelques ffeurs régulières à cinq pétales semblables à ce qu'étaient certainement les ancêtres moins différenciés dont elles sont descendues. « Darwin a montré, observe à ce propos M. Delage, que les lleurs terminales de l'inflo- rescence ont beaucoup plus de tendance que les autres à montrer cette particularité. Ce fait n'est pas facile à interpréter, mais il plaide en faveur de la réversion; toujours dans les épis ou sur les gousses ce sont les grains terminaux qui manifestent la plus forte tendance ' Delage. La structure du protoplasma et les théories sur lliêrédilé et les f/rands pro- blèmes de la biolofjie générale. Paris, 1895, p. 242. COxXSIDERATlONS GENERALES 445 à la réversion. D'autre part, on ne voit jamais l'inverse àvi pélorisine, c'est-à-dire une plante à tleurs régulières porter par hasard quelques fleurs irrégulières, ce qui devrait arriver si, au lieu de réversion, il n'y avait là qu'un fait de variation accidentelle *. » Les Pucerons donnent, entre deux états bisexués, jusqu'à quinze générations de femelles non ailées qui se reproduisent par bourgeons. Les Trématodes, monostomes et distomes se transforment en Cercaires qui subissent des métamorphoses dont le terme est le retour à l'état sexué. Et il ne s'agit point ici de métamorphoses analogues à celles des Batraciens ni des Insectes, les Cercaires de même que les Pucerons neutres sont des individus dont le développement est totalement réa- lisé. Chez les Animaux domestiques l'atavisme joue un rôle considérable dans toutes les races qui ont été formées par les éleveurs. C'est le plus fréquemment sur la robe que s'exerce l'hérédité ancestrale. Selon de Quatrefages, c'est en vain qu'on tue chaque année, dans les trou- peaux à laine noire de l'Andalousie, tout agneau qui porte la moindre trace de laine blanche ; chaque année il naît encore quelques individus qui ont la teinte proscrite. Les Vers à soie de race blanche produisent un certain nombre de cocons jaunes, bien qu'on épure ceux-là avec soin depuis un siècle. D'après Darwin, toutes les races du pigeon provien- nent du biset [Colombia livia) qui est bleu ardoisé avec le croupion d'un blanc pur. Eh bien ! dans les croisements successifs, les caractères du bisety la coloration bleu ardoisé du corps et la coloration blanche du croupion reparaissent dans les races que l'on croyait définitivement fixées. Des observations du môme ordre faites sur différentes espèces du genre cheval ont conduit l'illustre naturaliste à rattacher à un animal rayé, comme un zèbre ^ le parent commun du zèbre ou couagga, de Vâne, de Yhémione et de nos diverses races de Chevaux domestiques ; c'est par là qu'il explique l'apparition accidentelle de raies sur les jambes de Vâne, du cheval et de Yhémione, sur le dos des Chevaux et sur les épaules de Yhémione -. Dans le genre humain on est souvent surpris de l'inégalité de res- semblance des enfants aux parents immédiats, et il arrive dans les ' Delage. Loc. cit., p. 247. * R. de Semallé a vu le plLunaf,^e noire d'une de leur aïeule, de la vaiiété dite du Malabar, reparaître après 24 générations chez des poules Bentham blanches. Vingt-quatre générations humaines représentent à peu près 7i4 ans. C'est donc comuie si un homme de 1897 reproduisait trait pour trait un de ses ancêtres vivant en l'an 11 5 'i. (R. de Semallé, Ihillet. de la Soc. d'anlhropol. de Paris, t. III, p. 618, 1880.) 446 VAHIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIUE DE LHOMME familles qui possèdent des portraits généalogiques, toute ressemblance ayant cessé depuis plusieurs générations, que l'on retrouve tout d'un coup la reproduction exacte des traits de l'un des ancêtres. De Quatrc- fages a connu un arrière-petit-fils du bailli de SulFren qui était le portrait frappant du célèbre marin. Le duc de Nemours ressemblait étonnamment à Henri IV. On voit quelquefois apparaître des cheveux blonds lai(>. bien que connus depuis longtemps, ne nous enseignaient rien, jusqu'à une époque toute récenle, relativement à l'origine de l'homme. Aujour- d'hui, éclairés que nous sommes par nos connaissances sur l'ensemble du monde organique, on ne peut plus se méprendre sur leur signi- fication. Le grand principe de l'évolution ressort clairement de la com- paraison de ces groupes avec d'autres, tels que les aftinités naturelles des membres d'un même groupe, leur distribuliou géographique dans les temps passés et présents et leur succession géologique. Il est incroyable que de tous ces fails réunis sorlil un enseignement faux. Le sauvage croit que les phénomènes de la nature n'ont aucun rap- port les uns avec les autres : mais celui qui ne se contente pas de cette explication ne peut croire plus longtemps que l'homme soit le produit d'un acte séparé de la création. 11 est forcé d'admettre que l'étroite ressemblance qui existe entre l'embryon humain et celui d'un chien par exemple, — que la conformation de son cràuc, de ses membres et de toute sa charpente, sur le même plan que celle des autres Mammifères, quels que puissent être les usages de ces dill'érentes parties, — que la réapparition accidentelle de diverses structures, comme celle de plusieurs muscles distincts que l'homme ne possède pas normalement, mais qui sont communs à tous les Quadrumanes. — qu'une foule de faits analogues, — que tout enfin mène de la manière la plus claire à la conclusion que l'homme descend, aiusi que d'autres Mammifères, d'un ancêtre commun. » « L'homme, dit encore Darwin, est bien excusable d'éprouver quelque fierté de ce qu'il s'est élevé, quoique ce ne soit pas par ses propres elTorts, au sommet de l'échelle organique ; et le fait qu'il s'y est élevé, au lieu d'y avoir été placé primitivement, peut lui faire espérer une destinée plus haute dans un avenir éloigné. Mais nous n'avons pas à nous occuper ici ni d'espérances ni de craintes, mais seulement de la vérité dans les limites où notre raison permet de la découvrir. J'ai accumulé les preuves aussi bien que j'ai pu. Or, il me semble que nous devons reconnaître que l'homme, malgré toutes ses nobles qualités, les sympathies qu'il éprouve pour les plus grossiers de ses semblables, la bienveillance qu'il étend non seulement à ses semblables mais encore aux êtres vivants les plus humbles, malgré l'intelligence divine qui lui a permis de pénétrer les mouvements et la constitution du système solaire, — malgré toutes ces facultés d'un ordre si émi- nent, — nous devons reconnaître, dis-je, que l'homme conserve 448 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME encore, dans son organisation corporelle, le cachet indélébile de son origine inférieure '. » C'est également ce qu'a affirmé, dans un langage non moins éloquent, mon regretté maître le professeur Broca ^ : « L'orgueil qui est un des traits les plus caractéristiques de notre nature, a prévalu dans beau- coup d'esprits sur le témoignage tranquille de la raison. Conime ces empereurs romains qui, enivrés de leur toute-puissance, finissaient par renier leur qualité d'homme et par se croire des demi-dieux, le roi de notre planète se plaît à imaginer que le vil animal, soumis à ses caprices, ne saurait avoir rien de commun avec sa propre nature. Le voisinage du singe l'incommode; il ne lui suffit plus d'être le roi des animaux ; il veut qu'un abîme immense, insondable, le sépare de ses sujets ; et parfois, tournant le dos à la terre, il va réfugier sa majesté menacée dans la sphère nébuleuse du règne humain. Mais l'anatomie, semblable à cet esclave qui suivait le char du triompha- teur en répétant : « Mémento te hominem, » l'anatomie vient le trou- bler dans cette naïve admiration de soi-même et lui rappelle que la réalité visible et tangible le rattache à l'animalité. » On a invoqué, pour combattre l'atavisme qui sous-en tend une idée de parenté entre l'homme et les animaux, la théorie de Vunité de plan. Mais la théorie de l'unité de plan de Geoffroy-Saint-Hilaire, si belle et si féconde qu'elle soit, n'explique rien, n'apporte qu'une solution négative à notre esprit toujours avide de connaître le comment et le pourquoi des choses. Qu'on en juge : « Admettez pour chaque être, a écrit l'illustre naturaliste, l'existence d'un plan propre et distinct, et vous réduisez la science à la stérile observation des faits, sans lien réciproque, sans analogies rationnelles, sans conséquences possibles. Admettez l'unité de plan pour toutes les espèces d'un même genre, d'une même classe, d'un même embranche- ment ; ramenez le nombre immense des variétés du règne animal à mille, à cent, à dix types ; embrassez ainsi un horizon moins étroit : vous pouvez saisir des rapports, déduire des conséquences, fonder des théories, mais seulement des théories, des conséquences, des rapports partiels ; car vous n'avez encore que les fragments épars d'une science et non la science elle-même. Elevez-vous, au contraire, à l'idée de l'unité de plan ; ne voyez dans la multitude des êtres de la série ani- 1 Darwin. Loc. cit. supvà, p. 440. 'Broca. Art. Anthropologie Au Die t. encyclopédique des Sc.médic. CONSIDERATIONS GENERALES 449 maie que les innombrables parties d'un immense tout, que les mani- festations diversifiées à l'infini d'un seul et même type ; concevez l'unité de l'effet visible comme de la cause suprême et inconnue ; puis, en marchant à la recherche de cette grande vérité, appliquez à la solution des difficultés qui se présenteront à chaque pas, la théorie des inéga- lités de formation et de développement, facile et admirable clef de la zoologie comme de la tératologie, dès lors l'horizon s'étend immense devant vous, les obstacles tombent. Ces rapports se manifestent comme d'eux-mêmes, et bientôt apparaît cette vérité vraiment fondamentale, qu'une ou plusieurs métamorphoses en plus ou en moins, quelquefois un simple changement dans le mode d'évolution d'un organe, expli- quent toutes ces variations qui, au premier aspect, semblaient accuser d'innombrables différences de nature et d'essence. » Incapable d'expliquer les théromorphies, la théorie de l'unité de plan est encore plus incapable d'expliquer les anomalies progressives dont il va être question dans un instant. Après cette digression, aussi longue que nécessaire, j'arrive aux diverses classifications des variations du système musculaire de l'homme qui ont été proposées. MM. Beaunis et Bouchard admoltent des anomalies par excès et des anomalies par drfaul. Cette classification ne signifie rien au point de vue de l'anthropo-zoologie et est très incomplète et confuse au point de vue même de l'anatomie pure. Elle ne tient aucun compte des variations d'insertion, de trajet, etc., des muscles normaux; elle fait rentrer dans les anomalies par excès à la fois les muscles supplé- mentaires et les faisceaux surajoutés aux muscles normaux et dans les anomalies par défaut à la fois l'absence d'un ou de plusieurs muscles normaux et celle d'un ou de plusieurs faisceaux des muscles normaux. M. Ghudzinski distingue la variation, écart de la forme normale, par exemple, le biceps brachial à trois chefs, deVanomalie qui consiste dans l'apparition ou la réapparition d'un muscle nouveau qui n'existe pas dans la majorité des cas dans la région (par exemple l'omo-tra- chélien) ou encore dans l'absence d'un muscle normal. 1! n'y a pas lieu, à mon avis, d'établir une pareille distinction. On ne devrait même jamais se servir, en zoologie, du mot anomalie, qui implique l'idée de la connaissance de toutes les lois et de la fixité de l'espèce, — ce qui est beaucoup. Il vaut mieux dire « variété », « varia- tion ». C'est ce dernier terme que j'ai eu soin d'inscrire en tête de cet II. 29 450 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME ouvrage, et si je me suis servi et me servirai p;irfois encore de celui (l'anomalie, c'est pour éviter une répétition fastidieuse et parce que, pour moi, « anomalie » et « variation » sont deux termes synonymes. Dans ses Some morphologicol lessons taught bij human variations * M. le professeur Macalister signale, avec des exemples, à l'appui, des anomalies musculaires : I. Hétéromères ou anomalies de quanlilé. II. Métaplasliques — de substance. III. Homoio tiques — de séries. IV. Ataviques — d'héritage. V. Néoplastiques — de nouvelle formation. Les anomalies hétéromères sont la conséquence d'un excès ou d'un défaut de nutrition pendant la vie intra-utérine, des éléments con- tractiles du muscle, de son tendon et du tissu conjonctif péri-tendineux. De là deux espèces d'anomalies hétéromères : (a) les anomalies hété- romères hyperplastiques ([i) les anomalies hétéromères hgpo plastiques. — Dans les anomalies hétéromères hyperplastiques rentreraient les augmentations de volume, les insertions plus étendues, les dédouble- ments, les faisceaux surnuméraires, les connexions plus intimes, etc., etc. -. « Chaque muscle, dit M. Macalister, a acquis quelque chose de son individualité avant la chondrificalion des os du squelette et les insertions des fibres ont lieu d'abord sur des os non chondrifiés de sorte (jue si le développement du muscle et celui des os avec lesquels il est en contact et sur lesquels il se fixe ne se fait pas parallèlement, si la nutrition du muscle est seule activée ou ralentie, il en résultera que l'étendue des insertions fibrillaires augmentera et diminuera en même temps que les os verront leurs contours et leurs apophyses changer. Toutes les variations du péroné sont dues au développement hétéro- mère hyperplastique des muscles auxquels il fournit des attaches. D'autre part la différence qui existe entre le tissu conjonctif embryon- naire entrant dans la constitution d'un tendon et le tissu conjonctif aréolaire environnant n'a rien d'essentiel, et selon que les extrémités d'un muscle sont plus ou moins prononcées le tissu conjonctif qui se convertit en tendon varie proportionnellement. » — Dans les anoma- lies hétéromères lujpo plastiques figureraient les diminutions de volume, ' Oxford, 1894. * J'ai dit (voy. M. sous-scapuluire) que M. Macalister a pu s'assurer sur un fœtus de sept mois que le sous-scapulairc accessoire n'était (ju'un faisceau dissocie du sous-scapulaire plus prononcé. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 4a 1 d'étendue des insertions, les varialions de texture et les absences par réduction, etc. (Absence du long palmaire, du pyramidal de Fabdo- men, du plantaire grêle, par exemple.) Les anomalies mélap las tiques ou de substance résultent de la trans- formation du tissu musculaire en tissu fibreux et réciproquement. Parmi elles il faudrait citer le muscle anormal cl'Albinus, le ptérygo- épineux, le ptérygoïdien propre, le ligament latéral externe du genou, qui n'est rien autre chose que la tète fémorale du long péronier laté- ral, le grand ligament sacro-sciatique qui est principalement un reli- quat de la tète caudale du biceps crural, le ligament rond très déve- loppé et en partie musculaire chez un grand nombre de Mammifères et d'Oiseaux et qui, comme le tendon de la longue portion du biceps bra- chial, est extra-capsulaire d'abord, proémine ensuite sur la face interne de la capsule et reste un certain temps sessile avant de s'isoler', la transformation, enfin, en tissu contractile du ligament stylo-hyoï- tlien, etc. Les variations liomoiotiques ou de séries sont celles qui reproduisent dans les membres thoraciques une disposition normale dans les mem- bres pelviens et vice versa. Tels seraient le manieux et l'insertion du deuxième interosseux dorsal au côté cubital de l'index et de Finteros- seux palmaire au coté radial du médius qui sont à la main des ni'^'' s de conformation habituels au pied. Les variations ataviques ou d'héritage. « Elles sont caractérisées, dit M. Macalister, par la présence dans le corps de Fhomme de muscles anormaux qui ne se trouvent régulièrement que dans des organismes moins élevés. On peut les appeler un souvenir histogénétique d'états qui ne sont plus, tandis que les autres sont dues à Faction des milieux sur l'embryon en voie de développement. » Gomme type de ces anoma- lies le savant professeur de l'Université de Cambridge indique le muscle dorso-épitrochléen. Les anomalies néoplastiques ou de nouvelle formation tiennent le milieu entre les anomalies physiologiques et les anomalies patholo- giques telles, par exemple, que ces masses étranges de tissu musculaire strié auxquelles Zeiikor a donné h.' nom de Rhabdomijomata, qu'on * Chez rhouime adulte uiôme un retrouve des traces de l'extériorité antérieure du ligament rond. Dans un travail récent M. Auiautini (/>/ aua inen nota npiegatiira synoviale deir arlicLiluzione deiV anca ; Inslituto anat. dell Univ. di Perugia) rattache au ligament rond le repli constant qui soulève la synoviale sur le bord inférieur du col; il considère ce repli qu'il nomme repli peclino-fovéal connue un vestige d'un muscle pubo-fémoral que l'on retrouve chez divers auimaux et dont le ligament rond représente le tendon. 452 VARlATIOiNS DU SYSTÈME MUSCUIAIUE DE l.'HOMME peut rencontrer dans le rein ou les autres glandes de l'organisme et qui ont été spécialement étudiées par llaber et Bostrom. La moins douteuse de ces anomalies serait le présternal qui manque chez les animaux, « bien qu'il y ait cependant peut-être lieu de croire, ajoute M. Macalistcr, que ce n'est qu'un faisceau diiïérencié et déplacé de la grande couche musculaire préthoracique ». On peut adressera cette classification, très bonne peut-être pour un anatomiste pur, deux reproches : 1" Elle n'a aucune portée philosophique; 2° Elle repose entièrement sur l'influence qu'exercent les milieux sur l'ovule humain en cours de développement. Or ce que nous savons aujourd'hui de l'évolution ontogénique du système muscu- laire de l'homme se résume à très peu de choses. Et M. Macalister en convient lui-même plus explicitement que moi lorsqu'il dit : « Quand on sait que l'être humain, cet être si complexe, sort d'un œuf unicel- lulaire, on s'imagine aisément quelles conséquences sérieuses peut avoir pour le produit de la conception le moindre changement apporté dans la constitution moléculaire de l'œuf. Les expériences faites en tératogénie témoignent que le processus embryonnaire est influencé par le milieu, mais ces expériences sont encore trop grossières par rapport à la matière sur laquelle nous opérons ; c'est comme si nous voulions fendre des cheveux avec un soc de charrue *. » Pour M. Testut la question est très simple : « Toutes les anomalies musculaires de l'homme, qu'elles soient constituées par des formations nouvelles ou par des muscles nouvellement configurés, deviennent ainsi de vraies dispositions ancestrales disparues depuis une longue série de siècles et reproduites accidentellement chez le sujet qui en est porteur, par ce qiiid ignotiim qu'on est convenu d'appeler l'ata- visme'.» — Toutes les anomalies musculaires sont ataviques. Pour justifier son dire, M. Testut est allé chercher souvent jusqu'au bas de l'échelle des Vertébrés les équivalents de beaucoup de vices de déve- loppement du système musculaire de l'homme comme si l'homologie de ces équivalents était absolument certaine, irrécusable. C'est ainsi que pour expliquer les faisceaux de renforcement des jumeaux il est descendu jusqu'aux Oiseaux et pour expliquer le présternal jusqu'aux Ophidiens. ' Macalister. Loc. cit. snprà, p. 24. * Testut. Trait, des anom. musc, cit. p. 827. CONSIDÉRATIONS GENERALES 433 Celle manière de voir a élé jugée en ces termes par MM. Chudzinski, Macalisler el Poirier : « Tous ces faisceaux de renforcement des jumeaux sont très inté- ressants à connaître, dit M. Chudzinslvi ', mais nous doutons fort qu'ils puissent s'accommoder avec une certaine théorie qui veut voir dans cette réunion accidentelle des faisceaux charnus, une tendance à la fusion complète des deux chefs d'origine des jumeaux en une seule masse musculaire. D'abord une pareil h^ fusion est rendue absolument impossible par suite de la conformation des muscles et des os du jarret, non seulement dans l'espèce humaine mais aussi chez les Primates. Même chez ces derniers (à notre connaissance au moins) on n'a pas constaté l'existence ni du troisième chef, ni des faisceaux de renforcement. Alors probablement c'est par plaisanterie qu'on est allé chercher la fusion des chefs des jumeaux tant désirée — chez les Oiseaux. » « Avancer que toutes les anomalies musculaires sont ataviques, me paraît une assertion purement gratuite, » a déclaré, en 1894, à Lon- dres, M. Macalisler, au Congrès des sciences anthropologiques dont il était le président. « Macalisler, Le Double, Chudzinski, a écrit M. Poirier-, s'accordent à reconnaître que si quelques variations peuvent être rattachées à des types homologues dans la série animale, il faut se garder d'exagérer cette tendance; à force de vouloir tout expliquer on n'explique rien. Lorsqu'un auteur, pour expliquer le muscle présternal de l'homme, remonte ou descend jusqu'au serpent, il court grand risque de n'être pas suivi. » Je rends justice à M. Testul qui, plusieurs années après moi, s'est adonné, en France, à l'étude des anomalies musculaires humaines et en a publié un traité qui, pour être très incomplet, n'en a pas moins attiré l'attention de tous les anatomistes sur son auteur. Je dis « un traité très incomplet ». Dans ce traité, paru en 1883, et à propos duquel j'ai eu soin de rappeler dans une note, lue à la Société d'An- thropologie de Paris, par M. le professeur M. Duval-, mes travaux bien antérieurs sur la même question (mes communications à la Société d'Anthropologie, 1879, à la Société analomique, 1880, à l'As- ' Chudzinski. Bidlet, de la Soc. d'Anlhropol. de Paris, p. 488, 1891. ' Poirier. Trait. d\mat. /uim., t. II, 1" fasc, p. 74, 1896. 3 Le Double. Sur la question des anomalies musculaires chez l'homme. Bullel. de la Soc. d'Anlltropol. de Paris, p. 791 et suiv., 1883. 454 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE LHOMME sociation française pour ravancemcnl des sciences, 1880, mes nom- breux articles de myologie du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales de Dechambre et Le Reboullet, 4881-1882-1883, etc.) dans ce traité, dis-je, ne figurent pas, en etfet, les variations des muscles de la face, de la mastication, des yeux, des oreilles, de la langue, du voile du palais, du pharynx, du larynx, des gouttières vertébrales, du diaphragme, du périnée, de hi main el du pied décrites et interpré- tées ici. Amiens Plato sed magis arnica veritas. Je rends, je me plais à le répéter, justice à M. Testut, mais je conviens aussi qu'affirmer que toutes les anomalies musculaires sont la reproduction d'une disposi- tion animale, c'est trop s'avancer. Je reconnais qu'assurer que tel muscle des Vertébrés inférieurs répond toujours positivement à tel muscle de l'homme, c'est trop de hardiesse. Mais, observera-t-on, vous avez vous-même dans plusieurs pages de cet ouvrage, rapproché certaines dispositions anormales du système musculaire de l'homme de cer- taines dispositions normales du système musculaire d'animaux très inférieurs. Oui, mais à titre de simple hypothèse, sans prétendre le moins du monde — tout en réservant les droits de l'avenir — établir absolument une homologie que l'insuffisance actuelle de nos connais- sances en anatomie comparée rend souvent problématique. J'en fournis la preuve. « L'anatomie comparée des muscles constitue un champ presque inexploré, » dit le professeur Gegenbaur. « Les dissemblances entre les muscles homologues chez deux Mammi- fères d'un ordre éloigné sont parfois si prononcées que les anatomistes les ont décrits sous des noms différents, » observe également M. Marey. M. Lesbre rapporteur de la Commission chargé par le Congrès vétérinaire qui a tenu, l'année dernière, ses assises à Berne, d'élaborer un projet de nomenclature anatomique imitée des Nomina anatomica. M. Lesbre, dis-je, s'exprime en termes non moins catégoriques' : « L'homologation des muscles des Aniinaux domestiques avec ceux de l'homme a été et est encore, remarque-t-il dans son Essai de Myo- logie comparée de Vhomme et des Mammifères domestiques en vue d'établir une nomenclature unique et rationnelle, le sujet de dissidences très grandes entre les anatomistes les plus autorisés, dissidences qui s'expliquent par la distance des types comparés, dans nos classifica- tions. Il est évident que, dans les cas douteux, on ne peut arriver à la ' Gegenbaur. Loc. cit., Mijolorjie : Marey, La machine animale, p. 77 : Lesbre, Loc. cit.. p. 7. COiNSIDERATIONS GENERALES 455 vérité qu'à la condition de faire intervenir des types intermédiaires ou certaines anomalies comblant par degrés des différences qui, do prime abord, rendaient toute comparaison impossible. C'est pourquoi j'ai dû chercher des renseignements non seulement dans les ouvrages d'anatomie humaine ou vétérinaire, mais encore dans les divers travaux de Cuvier, Meckel, Theile, Huxley, Milne-Edwards, Maca- lister, Gruber, Sabatier, Lannegrâce, Le Double, Ellenbergcr et Baum, etc.. « Si je n'ai pas toujours résolu avec certitude les problèmes posés, je crois du moins avoir apporté un certain nombre de faits ou d'argu- ments qui pourront faciliter leur solution dans l'avenir. « Les homologies déterminées, il ne restait plus pour entrer dans les vues du Congrès de Berne, qu'à appliquer aux animaux les Nomina anatomica du Congrès de Bâle. Malheureusement cette terminologie, faite pour l'homme exclusivement est loin de convenir toujours à l'anatomie comparée. J'ai donc dû signaler, à l'occasion, les imperfec- tions des Nomina anatomica et parfois même proposer de leur substi- tuer d'autres termes. On peut à la rigueur, se résigner, par force d'usage, à appeler biceps, demi-tendineux, demi-membraneux, etc., des muscles qui ne sont ni biceps, ni demi-tendineux, ni demi-mem- braneux ; mais il est clair qu'on ne saurait logiquement conser- ver le nom d'extenseur à un muscle qui est tléchisseur dans l'espèce envisagée, ou l'épithète de grand à un muscle qui est au contraire le plus petit de la région, etc., etc. « A maintes reprises, on se convaincra par la lecture de ce mémoire que les Nomina anatomica ne réalisent pas cette condition indispen- sable d'une bonne nomenclature : d'être applicables à l'anatomie com- parée. Leur revision pourrait être l'œuvre fort utile d'un Congrès mixte de médecins et de vétérinaires. » Dans le mémoire dont je viens de citer le titre, M. Lesbre fournit çà et là, et notamment à propos du sterno-mastoïdien, des scalènes, du long du cou, du coraco-brachial, de l'anconé, de l'extenseur propre du petit doigt, du cubital postérieur (voy. ces muscles) les preuves de ces propositions. En voici encore de nouvelles touchant le sacro-lom- baire et les muscles insérés sur le carpe et le métacarpe. « L'étude du sacro-lombaire, comme celle de bien d'autres, dans la série animale, démontre, poursuit M. Lesbre S que les noms usités en ' Lesbre. Eod. loc, p. 52 et 115. 456 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME anatomie humaine (sacro-lombairo, ilio-coslale) ne conviennent pas en anatomie compai'ée. Pour arriver à une unification rationnelle de la nomenclature anatomique, il ne suflit j)as de généraliser aux animaux les termes en usage chez Fliomme, il faudrait d'abord discuter le bien fondé de ces derniers en se plaçant au point de vue de l'anatomie comparée. Or, en ce qui concerne le sacro-lombaire, il n'est pas dou- teux qu'il serait mieux nommé intercostal commun ; il est donc fâcheux que, pour unifier la nomenclature, les vétérinaires en soient réduits à épouser les erreurs des médecins. « Les noms généralement attribués en anatomie humaine aux muscles terminés sur le carpe et le métacarpe sont difficilement appli- cables à l'anatomie comparée ; par exemple les deux muscles cubital antérieur et cubital postérieur sont, chez les Quadrupèdes, à cause de l'état de pronation de la main, dans une position précisément inverse ; le cubital postérieur est en avant, l'antérieur en arrière. Il serait évidemment préférable de les dénommer, à la manière de Cuvier, d'après le côté de leur insertion humérale et de dire : cubital interne ou mieux encore cubital épitrochléen, au lieu de cubital antérieur — cubital externe ou épicondylien au lieu de cubital postérieur. D'ailleurs ces expressions ont été adoptées par divers anatomistes étrangers ; il est regrettable que le Congrès de Bàle ne les ait pas ratifiées. On pour- rait faire les mêmes objections en ce qui concerne les radiaux externes, muscles qui, dans la main des Quadrupèdes, se trouvent non pas en dehors, mais en dedans de l'avant-bras ; mais comme ces muscles prennent insertion du côté externe de riiumérus, nous pouvons à la rigueur admettre leur terminologie à la condition toutefois de ne plus désigner le grand palmaire sous le nom de radial interne pour éviter toute confusion ; encore serait-il préférable de dire radial tout court : 1"" radial, 2" radial. » On connaît les opinions diverses qui ont été émises sur l'homologie des os et des muscles entrant dans la composition des ceintures thora- cique et pelvienne et sur celle des muscles entrant dans la composi- tion des membres. Tenons-nous-en à la comparaison des muscles des membres. La comparaison établie par Vicq-d'Azyr entre ces muscles est sujette à caution parce qu'elle est basée presque exclusivement sur les fonctions. Celle établie par Martins n'est pas davantage à l'abri de toute suspicion. Elle est fondée sur la similitude qui existe entre les diverses pièces osseuses de la cuisse, de la jambe, du pied et celles du bras, de l'avant-bras et de la main. Or, c'est le muscle qui COiNSlDERATIONS GENERALES 457 fait l'os et non pas l'os qui fait le muscle. Celle d'Albrecht qui repose sur l'innervation des organes actifs de la locomotion, est regardée comme fausse par Lannegrâce qui a disséqué, pour la combattre, une série d'animaux chez lesquels des adaptations particulières n'obscur- cissent pas les parties {Urodèles, Anoures, etc.). Au total, rien de précis. J'ai tenu, en traitant des fessiers et de l'iliaque — pour ne parler que d'eux — à prouver péremptoirement que Cuvier, le grand Cuvier lui-môme, s'était trompé dans ses déterminismes. On ne pourrait trop l'excuser. Une science ne saurait être positive qu'à la condition de sappuyer sur des faits recueillis avec soin et rigoureusement contrôlés. Telle doit être l'anatomie comparée. Mais il faut reconnaître que lorsque Cuvier a écrit son Traité cVanatomic comparée, il s'est trouvé en face d'insurmontables difficultés. La myologie comparée laissait, d'une pari, beaucoup à désirer parce que les muscles des animaux ont été toujours peu disséqués et, par conséquent, mal connus. Cela tient en partie à ce que ces organes sont très nombreux, à ce que leur préparation sur le même sujet exige plusieurs jours et à ce qu'ils s'altèrent rapidement si la température est élevée. Cuvier a donc dû prendre pour base de ses assimilations la myologie de l'iiomme, étudiée seule depuis longtemps. Le Muséum de Paris ne possédait pas, d'autre part, les centaines d'animaux indispensables aux recherches, ne fût-ce que pour la classe des Mammifères ; et les eût-il possédés que Cuvier n'eût pu se livrer à de longues et pénibles dissections sans négliger ses autres travaux. Alors il a eu recours aux mémoires spéciaux des savants français et étrangers qui 1 avaient précédé. Il n'en a retiré qu'un assez mince bénéfice, les auteurs de ces mémoires ayant été plus zoologistes qu'anatomistes. Quant aux descriptions myologiqiies contenues dans les ouvrages des hippotomistes de celte époque, et principalement dans ceux de Bourgelat, elles s'appliquaient presque exclusivement au cheval et fourmillaient d'erreurs qui n'ont pas été rectifiées et n'ont pu l'être en raison de l'inexpérience des jeunes gens que Cuvier avait chargés des dissections comparatives. Ainsi s'expliquent les imperfections relevées dans les pages que le célèbre professeur du Muséum a consacrées aux muscles des Mammi- fères. Voilà, n'cst-il pas vrai, déjà bien des raisons qui doivent faire hésiter, à moins de recherches personnelles, avant de déclarer que tel muscle de l'homme correspond à tel muscle des Carmissicrs, des Rumi- 458 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMMi: liants, (les Ronç/Piirs, olc. Il en csl encore d'autres. Les muscles des animaux dont la description a été copiée sur celle des muscles de riiomme qui varient comme ces derniers. J'ai noté les dilTérences de conformalion qu'ont présentées à Gra- tiolel, Alix, Macalistci-, Broca, llumpliry. Bischoiï, Ciuimpneys, Duvernoy, Hephurn, Hartmann, Cliudzinski, Deniker, etc., elc, les mêmes muscles àc^ Anthropoïdes. Mûrie et Mivart signalent des vai'ia- tions individuelles dans la myologie des Lémuriens. Le système mus- culaire des Cliauves-souris n'est pas décrit d'une façon identique par Cuvier, Macalister, Maisonneuve et Blanchard. On ne trouve pas davantage un accord parfait entre Bourgelat, Bigot, Girard, Strauss- Durckheim, Gurlt, Leyli, P'rank, Martin, Lavocat, Arloing et Ghau- veau, Lesbre, W. Eilenberger et H. Baum, etc., en ce qui concerne la contexture des agents actifs du mouvement chez les Animaux domestiques {clieval, bœuf, mouton, porc, chèvre., chien, chat, etc.). Qu'on jelte un coup d'œil sur la monographie de la civette qu'a })ubliée Young et sur celle qu'a publiée Devis, sur la monographie du phoque qu'a publiée Duvernoy et sur celle qu'a publiée le professeur Hum- pliry, sur la monographie de l'ours, qu'a publiée Meckel et sur celles qu'ont publiées les professeurs Shepherd et Testut, et on sera frappé des contradictions qu'on y trouvera. M. Gliudzinski avance môme — et mes observations et celle de M. Keith sont loin de venir à l'encontrc de celte assertion — « que les anomalies musculaires sont d'autant plus nombreuses qu'on s'élève dans l'échelle animale et qu'elles acquièrent leur maximum de fréquence choz \qs A?ithropoïdes ». Ghez {^gibbons, M. Keith a noté deux fois l'insertion du droit antérieur de l'abdomen à la '^'- cote, six fois à la 4*" et sept fois à la 5^ Mais je reviens aux classifications des anomalies musculaires qui ont été proposées. J'ai indiqué les classifications de MM. Beaunis et Bouchard, Ghudzinski, Macalister et Testât. Il ne me reste plus qa'à parler de celle de M. Duval. Le professeur Duval distingue deux ordres de variations musculaires' : les unes qui sont une sorte de pas vers l'avenir, c'est-à-dire vers des transformations futures; les autres qui sont un retour vers le passé, c'est-à-dire vers les transformations subies; les premières sont les anomalies progi'essives, les secondes les ano?naiies régressives . M. Debierre s'est fait, en 1896, à la Sorbonne, au Congrès des ' M. Duval. lit Testât, Troilés desanom. musc, préface. CONSIDÉRATIONS GENERALES 459 Sociétés savantes, le défenseur éloquent de cette manière de voir. Sans doute la classification de MM. Duval et Debierre est excellente et sera vraisemblablement celle de l'avenir, mais, en l'état actuel de nos connaissances, elle ne saurait s'appliquer à tous les cas. Sous ces réserves je classe les variations ou anomalies des muscles de l'homme en : I. A7iomalies régressives, réversives, ataviques ou théromorpliiques ; II. Anomalies progressives^ évolutives ou de perfeetionnemenl; XW.. Anomalies-monstruosités , M. le professeur Macalister m'a donc prêté des opinions qui ne sont pas les miennes lorsqu'il a déclaré, le 8 mai ISOi, au Congrès des Sciences anthropologiques de Londres, qu'il présidait : « Je ne saurais me ranger à la manière de voir de mes éminenis amis, le professeur Teslut et le D' Le Double, qui regardent toutes les anomalies muscu- laires comme ataviques '. » l. Anomalies régressives réversives, ataviques ou théromorphiques. — Ce sont celles qui reproduisent ou tendent à l'eproduire dans l'es- pèce humaine un mode de conformation du système musculaire des animaux et principalement des Mammifères supérieurs (les Primates) — et dont on peut suivre sûrement les modifications essentielles d'un ordre dans un autre. Voici un certain nombre de celles qui ont été étudiées dans ces volumes : TETE Muscle choanoïde , faisceaux d'union entre les muscles droits et obliques de l'œil, faisceau zygomatiquc de l'auriculaire antérieur, M. stylo-auriculaire, M. auriculo-temporal, segmentation de l'auricu- laire postérieur en deux ou trois corps, M. auriculaire inférieur, déve- loppement excessif des muscles auriculaires, crotaphyte et masséter, fusion des deux élévateurs de la lèvre supérieure, multiplication des zygomatiques, masséter trigastrique, dédoublement du buccinatcur^ muscles faciaux plus épais et plus grossiers. ' Macolister. Loc. ci/, si/prà, p. 2.5. 4C0 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME COU Aiigmcnlalion d'épaisseur, d'étendue du j>eaiicier, M. qnadriceps de la tôle, iiiseiiioii dusteriio-masLoïdienà la mâchoire inférieure, M. omo- trachélien, attache du digastrique réduit à son ventre postérieur à l'angle postérieur du maxillaire inférieur, M. occipito-hyoïdien, inser- tion des muscles sous-hyoïdiens sur une arcade ligamenteuse rétro- sternale, digastricité des sterno-cléidohyoïdiens et sterno-chondro- hyoïdiens, M. coraco-hyoïdien , omo-hyoïdien entièrement charnu, omo-hyoïdien sans ventre postérieur, omo-hyoïdien inséré à l'angle supérieur et interne du scapulum, M. cléido-hyoïdiens surnuméraires, extension des insertions supérieures et inférieures des scalèncs, union du scalène antérieur, du grand droit antérieur et du long du cou, fusion des longs du cou, diminution ou disparilion du triangle sous- iniaque des splénius, augmentation du nomhre des intersections du grand complexus, accessoire du petit complexus, M. thyroïdien trans- verse, M. crico-thyroïdien interne, M. glosso-épiglottique, M. thyro- épiglottiques, M. hyo-épiglottique, insertion du constricteur inférieur du pharynx sur les premiers anneaux de la trachée, connexions plus intimes des muscles du larynx et des muscles du pharynx, division en deux faisceaux du grand droit antérieur de la tète, M. atloïdo-mastoï- dien, faisceau mastoïdien du grand oblique de la tète^ dédoublement du grand droit postérieur de la tète, etc. TRONC Division du trapèze en deux ou trois corps horizontaux, variations des insertions costales du grand dorsal, arc axillaire, M. dorso-épitro- chléen, M. transverse de la nuque, ascension du petit rhomboïde vers le crâne, fusion des deux rhomboïdes, M. rhomboïde delà tète, ampli- fication de la largeur et de la hauteur des petits dentelés postérieurs, continuité de l'angulaire et du grand dentelé, longs intertransver- saires, M. lombo-stylien, M. sacro-coccygien antérieur, M. sacro-coc- cygien postérieur, M. péri-claviculaires surnuméraires, absence de la portion claviculaire ou de la portion sterno-costale du grand pectoral, insertion en dehors du groupe pectoral sur les tubérosités humérales, la capsule de l'épaule, le bourrelet glénoïdien ou la courte portion du CONSIDERATIONS GENERALES 461 biceps, M. chondro-epitrochléen, division du polit pectoral en deux corps, insertion en dedans du sous-clavier à la 1'*' et à la 2" côte, aug- mentation de nombre, extension en longueur et état entièrement charnu des intercostaux, continuité des muscles larges de Tabdomen, des intercostaux et du transverse du thorax, développement incomplet du diaphragme post-cardiaque, perforation du pilier médian droit du dia- phragme par l'œsophage, coalescence des piliers médians et des piliers intermédiaires, faisceaux phréno-œsophagiens et phréno-aortiques, extension en hauteur du droit antérieur de l'abdomen, hypertrophie du pyramidal de l'abdomen, intersections tendineuses ou ossiformes des muscles grand oblique, petit oblique, transverse et pyramidal de l'abdomen, hypertrophie des petits psoas, insertion du petit psoas sur le petit trochanter, M. ilio-capsulo-trocliantérien, etc. MEMBRES Membre thoracique. M. delto-claviculairc, M. delto-acromial et M. delto-spinal, fusion du deltoïde et du chef claviculaire du grand pectoral, court coraco- brachial, long coraco-brachial, M. tenseur de la capsule de l'épaule, quadrijemellus brachii, insertion de la longue portion du biceps brachial sur le col de la tète de l'humérus ou la capsule de l'épaule, chef bicipital surnuméraire provenant de la face interne de l'humérus entre le coraco-brachial et le brachial antérieur, attache inférieure du biceps brachial ou du brachial antérieur sur le radius et le cubitus, segmentation du triceps brachial, exagération de l'étendue de l'inser- tion scapulaire du même muscle, M. épitrochléo-olécranien, absence complète ou incomplète de l'un ou l'autre des muscles pronateurs et supinatcurs de l'avant-bras, attache plus élevée du long supinateur sur le radius, développement plus prononcé, état charnu, duplicité, bifidité, trifidité du long palmaire, fusion totale ou partielle des longs fléchisseurs communs des doigts, du long fléchisseur du pouce et des fléchisseurs communs, des deux radiaux externes, du long abducteur et du court extenseur du pouce, attache par un tendon surnuméraire du long abducteur du pouce sur le trapèze, M. extenseur commun du pouce et de l'index, M. extenseur propre du médius, M. extenseur propre de l'annulaire, M. extenseur propre du petit doigt et de l'annulaire, seg- mentation de l'opposant du pouce, développement très prononcé du 462 VAIUATIONS DU SYSTEME MUSCULAIIŒ DE L'HOMME faisceau dislal superficiel de Tadductcur transverse du pouce, naissance exclusive du pisiforme du court abducteur du petit doigt, fusion du court llécliisseur et du court abducteur du petit doigt, absence d'un ou de plusieurs lombricaux et lonibricaux surnuméraires, troisième lombrical avec deux tètes d'origine, dédoublement des interosseux palmaires ou des interosseux dorsaux, identité de structure des interos- seux de la main et du pied, M. manieux, etc., etc. Membre abdominal. Passage des vaisseaux et des nerfs obturateurs entre les deux fais- ceaux entièrement indépendants de l'obturateur interne, absence d'un des jumeaux pelviens, extension de l'attache inférieure du grand fes- sier, tendance à la division et à la multiplication de la masse fessière, M. scansorius, M. accessoire du petit fessier, soudure plus ou moins com- plète du pyramidal de l'abdomen et du moyen fessier ou du jumeau infé- rieur et de l'obturateur interne, augmentation de volume du coutu- rier, couturier à deux tètes, suppression du tendon direct ou du tendon réfléchi du droit antérieur de la cuisse, absence de la courte portion du biceps crural, indépendance complète ou incomplète de la longue et de la courte portion du biceps crural, extension au-dessous du genou des insertions inférieures du biceps crural, du demi-membraneux, du demi-tendineux et du droit interne, demi-membraneux entièrement charnu, dédoublement du pectine, variations du nombre des adduc- teurs de la cuisse, M. ischio condylien, os sésamoïdes des jumeaux de la jambe, disparition de la tète tibiale du soléaire, développement plus prononcé du plantaire grêle, division en deux du jambier anté- rieur (M. long abducteur du gros orteil), ^1/. indicator pedis [M. ex- tenseur propre du second orteil), M. court extenseur du gros orteil provenant de la jambe, M. péronéo-tibial, M. peronœus quiiitl digiti, suppression du péronier antérieur coïncidant avec un péronier du 5® orteil, M. adductor opponens, accolement ou union de l'adducteur oblique et de l'adducteur transverse du gros orteil, absence partielle ou totale de la chair carrée ou du tendon du Vf orteil du fléchisseur plantaire, interosseux dorsaux à une seule tète, M. extensor hallucis ôrevis, M. opposant du gros orteil, M. abducteur du 5° métatarsien, fusion de l'opposant et du court fléchisseur du })elit orteil, M. abduc- teur accessoire du petit orteil, etc. Parmi ces faisceaux il en est quelques-uns qui sont très caractéris- CONSIDEUATIO.NS GENERALES 463 tiques, les muscles dorso-épitrochléen et épilrochléo-oléeranien entre autres qui persistent normalement chez rhomnie, l'un sous forme d'aponévrose, l'autre sous forme de ligament. Les membres pelviens étant les homologues des membres thora- ciques, il était à croire qu'on devait retrouver quelquefois dans les membres pelviens de l'homme, des muscles qui ont disparu dans les membres thoraciques et réciproquement. L'apparition au membre supérieur des muscles court et long coraco-brachiaux, court radial an- térieur et manieux correspondant aux court et long adducteurs de la cuisse, au tibial postérieur, au pédieux et le développement au membre inférieur d'un poplité à deux chefs, d'un péronéo- tibial, d'un extenseur propre du cinquième orteil, d'un extenseur propre du second orteil, d'un long abducteur du gros orteil, d'un court extenseur du gros orteil, d'un adductor opponens, les analogues du rond pronateur, du carré prunateur, de l'extenseur propre du petit doigt, de l'extenseur propre de l'annulaire, du long abducteur du pouce, du court extenseur du pouce et du faisceau proximal de l'adducteur transverse du pouce conlirment cette induction. Autant, plus peut-(Mre même que le dorso- épitrochléen et l'épitrochléo-olécranien ; ces formations musculaires insolites méritent de retenir l'attention du philosophe et du penseur. Avant d'arriver à l'état de complet développement les muscles de l'homme passent-ils, comme le cœur, les reins, etc., par des formes transitoires répondant à des formes existant normalement dans la série animale ? J'ai déjà eu l'occasion de dire que nos connais- sances sur rembryogénie du système musculaire liumain se résu- ment à peu de choses , mais ce peu de choses permet cependant de supposer qu'il peut en être ainsi. Le tableau suivant en fait foi : Le pcaucier Apres la naissance. Pendant la vie embryonnaire. double toute la peau comme \ est limité à la région cervico- \ chez la généralité des Mam- ) faciale, i mifèrcs et les Oiseaux (Sap- V pey, Milae-Edwards, etc.). / est formé d'abord par un dia- i , ,.,.., ,1 iihraqmr pré-cardiaque, puis \ est un muscle indivis dont la \ , ■ , , ,- , ] ,. , , , , ' vdi- nu II Kn/liraornepost-car- l.e diaphragme riartic centrale est apone- ,. , , , ' ^ ' diaque ' comme chez les les Poissons, etc. His). i ,. ^ i diaque ' / vrolKiLie, / ,, . f Siiurie7is, ' L'absence de sac et le siège des hernies diaphragmaliques congénitales en témoignent encore chez l'adulte. 464 VAUIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME Les radiaux La couche muscu- laire sous-hyoï- dienne La longue tète du biceps humerai Api'L'S la naissance. sont dissociés et constituent un premier radial externe et un second radial externe, est composée de quatre mus- cles : le sterno-cléido-hyoï- dien, le sterno-chondro thy- roïdien, le thyro-hyoïdien et l'omoplat-hyoïdien. Est insérée au bourrelet glé- noïdien et logée dans la capsule de l'épaule. long pi ronier latéral f ( L'adducteur tr verse du orteil ^ans- i gros ' L'opposant et le court fléchis- seur du petit or- teil est distant de Tadducleur oblique et constitué par des faisceaux transversaux, sont entièrement ou partiel- lement indépendants. Le tendon plan- t , ... ,^,. ,.n . i , , ^ , ) al)Outit au l"^' cunéiforme et ) taire du long pe- \ .«r -• * • i au 1" métatarsien, i Les interosseux ) occupent la face dorsale du ) dorsaux du pied i pied et sont bi-penniformes. Pendant la vip omijrjonnaire. sont fusionnés et correspon- dent à l'extenseur antérieur du métacarpe des Mammi- fères (lomcsliques (Humphry, Macalister, Le Double). est composée d'un seul muscle indivis analogue à celui des Vertébrés inférieurs : du Scinque, de VUromatix spi- nipes^ du plalydacfylus, etc. ((iegenbaur). est insérée d'abord à l'humé- rus et située en dehors de la capsule de l'épaule, perfore ensuite cette capsule à la- quelle elle est, enfin, avant de devenir libre, reliée par un méso - tendon comme chez le chien, le chat, la plupart des Chéiroptères, Vatèle (Welcker, Muller). aboutit seulement au l*"" cu- néiforme de même que chez diverses espèces animales (Ruge). est accolé à l'adducteur obli- que et constitué par des faisceaux radiés comme chez \orang, le chimpanzé, le Pithecia hirsuta, VHa- pale penicillata, etc. (Ruge, Leboucq, Brooks). sont confondus de même que chez tous les Mammifères, les Carnivores exceptés (Ruge, Cunningham). occupent la face plantaire du pied et n'ont qu'une tête comme chez le chien, le Dasi/ure, le Sajou, VInuus nemestriniis, le Cynocéphale Anuhis (Ruge) '. 'Chez les jeimes enfants le demi-tendineux et le demi-membraneux se prolongent au-des- sous du genou ainsi que chez certains Primates. Quand le pectine est divisé en deux couches — ce qui constitue la plus commune de ses anomalies — l'externe est innervée par le nerf crural et l'interne par le nerf obturateur, ce qui indique que, chez l'homme comme chez les animaux, ce muscle est primitivement double. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 465 Si tous les muscles passaient par des phases ontogéniques analogues beaucoup de leurs malformations ne seraient plus que des arrêts de développement. Est-on sûr, au surplus, comme l'ont remarqué Vir- chow et Kolliker, que les tliéromorphies attribuées à ce qiiid ignotum qu'on appelle l'atavisme ne soient pas des arrêts de développement provoqués par des troubles pathologiques, arrêts de développement rendant définitifs certains stades de l'ontogenèse ! Mais qu'importe, puisque dans un cas comme dans l'autre, les variations régressives humaines n'en seraient pas moins des images fidèles de ce qui existe normalement dans les espèces animales. On peut voir sur une série de colonnes cervicales que possède le Musée de l'Institut anatomique de l'Université de Cambridge tous les types intermédiaires entre l'apo- physe costale normale de la 7" vertèbre cervicale et la T^ côte cervi- cale à l'état de parfait développement. De même la rudimentation gras duelle du peaucier, des adducteurs tra nsverses du pouce et du gro- orteil, du muscle sterno-cléido-hyoidien primitif unique, la dissocia- tion non moins graduelle du i'^"' et du 2" radial externes, de l'opposant et du court fléchisseur du petit orteil, l'apparition du diaphragme pré- cardiaque avant le diaphragme post-cardiaque, la migration progres- sive du long péronier latéral du 1" cunéiforme vers le 1*"" métatarsien, celle des interosseux dorsaux du pied delà face plantaire vers la face dorsale du pied et leur état bi-pennifor me primitif reproduisent suc- cessivement chez l'embryon hu main tous les divers types du sys- tème musculaire des Vertébrés depuis les plus infimes [scmgue, Lro- matix spinipes, platydactyUis) jusqu'aux Primates. Si on tient compte de ces faits, si peu nombreux soient-ils, on s'explique ces variations musculaires régressives bizarres qui ne sont ni l'état normal ni l'état anormal absolu. Tels sont ces faisceaux de l'angulaire de l'omoplate qui se portent, après un trajet plus ou moins long, sur un muscle, une aponévrose ou un os du cou; tels sont encore ces faisceaux, provenant du grand dorsal qui vont s'insérer au tendon de la longue portion du biceps, dans la coulisse bicipitale, à l'aponévrose de l'aisselle, etc. Il devient permis de regarder les premiers comme des portions incomplètement disparues du système transverso- épiscapulaire, les seconds, de l'arc axillaire (voy. M. angulaire de tomoplate et M. grand dorsal). Pour clore ce qui a trait aux théromorphies musculaires humaines j'ajouterai, enfin que M. le professeur Delage range celles de ces varia- tions qui reproduisent des dispositions particulières aux Singes II. 30 466 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME AnÛwopo'ides « sur les confins de l'alavisme de race cl de l'alavisme tératologiqiic », cl les attribue « à une véritable réversion vers une forme anceslrale, bien qu'il ne s'agisse pas de races récemment créées par rhomme mais d'espèces naturelles ' ». .l'ai eu soin de noter, précédemment, que les muscles des animaux variaient autant que ceux de l'homme. C'est ainsi qu'on a signalé l'apparition d'un court ou d'un long coraco-brachial chez le cA«/ (Strauss- Durckheim), du biceps tricipital chez Vours (Meckel), d'un extenseur antérieur du métacarpe pourvu d'une 3- branche pour l'annulaire chez le chien (Lesbre), etc. Toutes ces variations sont des variations réversives. J'ai relaté, çà et là, dans le cours de cet ouvrage celles con- cernant les Anthropoïdes et plus spécialement celles concernant le Chimpanzé - dont le système musculaire me paraît tenir le milieu entre celui de l'homme et celui des autres Anthropoïdes. II. Anomalies progressives, évolutives ou de perfectionnement. — Les anomalies musculaires progressives sont celles qui sont provo- quées par l'adaptation des muscles à de nouvelles fonctions. A la vue des muscles puissants qui élèvent la mâchoire inférieure du lion et du tigre nous devinons que ces animaux sont destinés à attaquer une proie qui résiste et à la mettre en morceaux \ A la vue des muscles épais qui remplissent les gouttières vertébrales de Vours nous pouvons conclure que c'est un animal grimpeur. J'ai établi antérieurement que chez les Oiseaux, les Chauves-souris et les Mam- mifères fouisseurs le muscle, sterno-claviculaire a le même mode de conformation parce que, chez les uns comme chez les autres, il a les mômes usages, il tire fortement en arrière, contre l'air qui résiste et réagit, le segment primaire des membres antérieurs, qui entre en jeu dans l'action de voler et de creusci*. Chez les Oiseaux la fonction du vol s'exerce dans des conditions fort dilférentes pour les diverses espèces; aussi la disposition anatomique des muscles moteurs de l'aile, des iiiuscles pectoraux varie-t-elle d'une espèce à une autre. Tout le monde a pu remarquer que les Oiseaux qui ont de grandes ' Déloge, loc. cil., p. 213. - Par exemple : La lusion du 1" et du t" radial externes chez le gibbon (Deniker), l'in- sertion à la 3« côte du droit antérieur de Tabdomen chez le même Anthropoule (Keith), l'absence de l'opposant du pouce chez le Chimpanzé (Enibleton), la présence chez le même Anlluopoide du muscle péronéo-tibial(Gruber),et dupédieux à cinq tendons (Hartmann), etc. ^ Ce sont ces muscles cjui arrondissent la face des Félins et lui donnent un aspect si caractéristique. COiXSIDÉRATIOiNS GÉNÉRALES 467 surfaces d'aile, comme Y aigle, la frégate, etc., ne font que des batte- ments d'une faible amplitude; cela tient à la grande résistance que l'aile à large surface rencontre sur l'air. Les Oiseaux au contraire, qui n'ont que de très petites ailes, font des mouvements d'une grande étendue et compensent ainsi le peu de résistance que l'air leur fournit; le guillemot et le pingouin appartiennent à ce 2" groupe. Si l'on admet que, parmi les Oiseaux, les premiers doivent faire des mouvements énergiques, mais peu étendus, tandis que les seconds doivent faire des mouvements de peu d'énergie, mais d'une grande amplitude, on conclura nécessairement que les premiers devront avoir des muscles pectoraux gros et courts tandis que chez les seconds, ces muscles seront longs et grêles. C'est précisément ce qui a lieu; on peut s'en assurer à la simple inspection des dimensions du sternum chez ces diverses espèces, car cet os mesure, en quelque sorte, la longueur des muscles pectoraux qui logent dans ses fosses latérales. Or, les Oiseaux à larges ailes ont un sternum large et court; les autres ont un sternum long et effilé. Quels sont les muscles qui prédominent chez le Kangourou, le lièvre, etc? Ne sont-ce pas les muscles du saut et principalement ceux qui fléchissent le premier segment du membre postérieur dont les dimensions contrastent si étrangement avec celles du premier segment du membre antérieur. Le biceps fémoral, bien reconnaissable chez la plupart des Mamijii- fères, y offre, dans ses attaches inférieures surtout, une extrême varia- bilité. Chez certains Quadrupèdes, il s'insère tout le long de la jambe, presque jusqu'au talon; chez ceux-ci la jambe ne s'étend jamais sur la cuisse. Chez les animaux qui jouissent de la faculté de sauter, l'attache inférieure du biceps est déjà plus élevée. Elle l'est plus encore chez les Simiens qui peuvent presque étendre la jambe sur la cuisse et se tenir debout. Enfin chez l'homme le biceps s'insère tout en haut à la tête du péroné. « Laissons de côté, pour le moment, la question de savoir à quoi tient cette variété dans les attaches mobiles du biceps, observe M. le professeur Marey, auquel j'emprunte ces lignes*, et bornons-nous à rechercher les conséquences que cette variété peut avoir sur la fonc- tion. Il est clair que pendant les mouvements de flexion et d'extension du genou, chaque point des os de la jambe décrit autour de cette arti- Marey. Loc. cil. suprà, p. 78. 468 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME culation un arc de cercle d'autant plus étendu qu'il est plus éloigné du centre de mouvement. Il est également clair que chacun de ces points s'éloignera plus ou moins du fémur ou de l'ischion suivant l'étendue du mouvement circulaire qu'il exécutera. Et comme à de grands mou- vements doivent correspondre de longues fibres contractiles, on devra trouver des inégalités dans la longueur du biceps chez les différents Mammifères. « Or c'est précisément ce que l'on constate. Chez l'homme dont le biceps s'insère en bas, très près du genou, l'étendue des mouvements de l'attache mobile est peu considérable, aussi la fibre contractile aura-t-elle relativement peu de longueur, tandis que le tendon occu- pera une certaine partie de l'étendue du biceps en vertu de cette loi de Borelli « que la longueur de la fibre rouge est proportionnelle à « l'étendue du mouvement qu'un muscle est apte à produire' ». Chez le Singe l'attache inférieure, se faisant plus bas, aura par conséquent plus de mobilité, d'où la nécessité d'une plus grande longueur du muscle actif, ce qui est réalisé par la moindre longueur de la partie tendineuse. Chez les Quadrupèdes le tendon du biceps est à peu près entièrement disparu, et le muscle est formé de fibres rouges dans toute son étendue. « Le muscle droit interne de la cuisse présente cette même variabi- lité dans ses attaches et dans sa structure. Si on observe sa disposition chez l'homme, on voit à la fois que l'attache de ce muscle à la jambe se fait très près du genou, que sa partie contractile est courte et que son tendon est assez long. Qu'on examine le même muscle sur un singe, on trouve son attache beaucoup plus éloignée du genou, et comme conséquence des mouvements plus étendus que cette attache exécute, on y voit la fibre musculaire gagner de la longueur aux dépens de celle du tendon qui se trouve réduit à une brièveté extrême. « Cette variabilité du point d'attache est encore très sensible sur le muscle demi-tendineux, qui emprunte son nom à la disposition qu'il présente chez l'homme, où la moitié environ de la longueur de ce muscle est occupée par le tendon. Chez l'homme, en effet, l'attache inférieure du demi- tendineux est très voisine de l'articulation du genou, mais chez les Singes, où il s'attache plus bas, le muscle a 1 C'est pour cette raison que le couturier, le droit antérieur de l'abdomen, le sterno- cléido-mastoïdien qui impriment de si grands déplacements à leurs attaches osseuses sont entièrement charnus et très longs. 11 ne faudrait pas confondre toutefois avec les muscles longs les muscles penniformes qui rentrent toujours, quelles que soient leurs dimensions, dans la catégorie des muscles courts. CONSIDERATIONS GENERALES 469 presque entièrement perdu son tendon ; il l'a perdu tout à fait chez la plupart des autres Mammifères, chez le coaïta par exemple. » Partout et toujours éclate une harmonie parfaite entre la forme d'un muscle et les conditions dynamiques de son travail. Partout et tou- jours se révèle l'adaptation d'un muscle à sa fonction par l'inlluence de cette fonction même. La loi qui semble, dans la série animale, pré- sider à l'évolution musculaire de l'avant-bras consiste à diviser, à dis- socier des masses primitivement unies pour arriver à en former de secon- daires. Si on envisage une de ces masses se dédoublant en deux corps distincts, si on voit ensuite l'un de ces corps se modifier dans sa forme et dans ses insertions, acquérir en un mot une indépendance complète, il est certain que des mouvements plus déliés, plus variés, pourront être effectués par le Mammifère chez lequel une pareille transforma- tion se sera opérée. Il sera mieux armé dans la lutte pour la vie et dès lors ce qui n'est aujourd'hui qu'une anomalie pourra peut-être à la longue devenir un organe fixe. Un fait digne d'intérêt sous ce rapport est la dilTérenciation, devenue entière, chez la généralité des hommes, du long Qéchisseur du pouce, d'avec le fléchisseur commun profond des doigts. — On voit s'etTectuer un travail analogue du côté des extenseurs des doigts'. Ce travail de morcellement tant de la masse des fléchisseurs que de la masse des extenseurs des doigts est l'inverse de celui qu'on remarque dans le membre inférieur humain. Là, toutes les masses charnues sont compactes, solides de structure; la subdivision du travail musculaire n'est pas aussi nécessaire ; tout y est dirigé vers un but unique, le sou- tien du poids du corps et la marche. Aussi assistons-nous à l'absorption des muscles l'un par l'autre. C'est le cas pour l'extenseur propre du gros orteil fusionné avec un abducteur qui apparaît encore parfois à l'état isolé ; c'est encore le cas pour le groupe péronier, il s'est condensé en s'emparant d'un quatrième péronier qui se dévoile encore assez fré- quemment à nos yeux. Il en est de même pour le court extenseur propre du gros orteil qui se joint à la masse générale du pédieux. Le pyramidal de l'abdomen dont la largeur dépasse celle du grand droit chez les Marsupiaux elles Monotrèmes où il comprime les glandes mammaires incluses dans la poche où ces animaux logent leurs petits, le peaucier qui chez les Oiseaux et presque tous les Mam- mifères double toute l'enveloppe tégumentaire à laquelle il imprime, * Certains pianistes, pour donner plus de liberté au 4* doigt, se font couper la bride fibreuse qui réunit le tendon extenseur de ce doigt à celui du tendon extenseur du médius. 470 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME en se contractant, des mouvements qui débarrassent les plumes et les poils des corps étrangers, sont rudimentaires et tendent à disparaître, chez les Anthropoïdes et chez l'homme. D'autres faits affirment encore cette adaptation des muscles aux fonc- tions qu'ils doivent remplir. M. Marey les a étudiés dans le chapitre intitulé de la Variabilité du système musculaire de son beau livre sur la Machine animale. On me saura certainement gré de reproduire in extenso ce chapitre auquel j'ai fait déjà de larges emprunts. « Nous avons dit, écrit M. le professeur Marey S comment le système osseux subit les influences extérieures et surtout celle des muscles qui impriment à chaque os la forme que nous lui voyons. La grande variété des formes du squelette chez les différentes espèces animales se rattache donc à la diversité de leurs systèmes musculaires. Aussi, toutes les fois que chez des animaux d'espèces différentes, on trouve sur certains os des traits de ressemblance, on peut affirmer que les muscles qui s'attachaient à ces os se ressemblaient aussi. Observe-t-on, au contraire, sur un animal un os dune forme particulière, on peut être assuré qu'une particularité se retrouvera aussi dans les muscles auxquels cet os fournit des attaches. « Mais si l'os et le muscle varient simultanément, quelle peut être la cause qui les influence ainsi tous deux? On conçoit que le squelette, en se modifiant, ait un rôle purement passif; qu'il subisse la forme que le muscle lui impose. Mais, ce muscle, organe éminemment actif, véritable générateur de la force mécanique par laquelle le squelette est en quelque sorte modelé, qu'est-ce donc qui lui impose cette forme particulière que l'anatomie nous révèle ? « Nous espérons démontrer que cette puissance, à laquelle la forme du système musculaire est soumise, appartient au système nerveux. La nature des actes que la volonté commande aux muscles modifie ceux-ci, dans leur volume et dans leur forme, de façon à les rendre aptes à exécuter ces actes le mieux possible. Et comme au-dessus de la volonté, règne cette nécessité qui détermine tous les actes de la vie animale, c'est elle, en somme, qui, par les conditions extérieures dans lesquelles chaque être se trouve placé, influence sa forme et la règle suivant des lois que nous devons chercher à reconnaître. « Rien, dans la forme organique n'est livré au hasard ; on a trop sou- vent comparé les variétés spécifiques des êtres aux élégantes fantaisies 'Marey. La Machine animale, b" édïL, p. 98, Paris, 1891. CONSIDERATIONS GÉNÉRALES 471 d'un architecte qui, sur un plan uniforme, invente mille variétés de détails, comme un musicien compose une série de variations sur un thème donné. « En ce qui nous occupe on peut dire que la variété si grande que revêt l'appareil musculaire, soit dans les différentes parties du corps d'un animal, soit dans les parties homologues d'animaux d'espèces diverses; ces différences de longueur ou de volume des muscles; cette répartition si inégale de la fibre rouge ou contractile et de la fibre blanche et inerte du tendon ; tout cela est entièrement soumis aux lois dynamiques de la fonction musculaire. « L'anatomie normale ne peut nous fournir que des exemples de l'harmonie qui existe entre la forme des organes et leur fonction habi- tuelle. L'expérimentation seule peut nous permettre de voir si, en changeant la fonction, on peut amener dans la forme des organes des modifications qui les remettent en harmonie avec les conditions nou- velles qui leur sont imposées. 11 est facile d'instituer des expériences dans ce but. Du moment où l'on sait bien dans quel sens la modification organique doit se produire pour amener l'adaptation de l'organe à la fonction, les changements qu'on observera chez les animaux placés dans des conditions factices de fonctionnement musculaire prendront une signification nette. Mais en attendant la réalisation de ce vaste plan d'expériences, il en est qu'on peut utiliser dès aujourd'hui. Des expé- riences toutes faites nous sont fournies par l'anatomie pathologique. « La médecine et la chirurgie sont pleines de renseignements sur cet intévjssant sujet. Elles nous montrent, par exemple, que c'est le mou- vement même qui entretient l'existence du muscle. Un repos prolongé de cet organe entraîne d'abord la diminution de son volume et bientôt l'altération des éléments qui le constituent. Des corpuscules graisseux se substituent à la fibre striée qui forme l'élément normal ; enfin, ces corpuscules, devenant de plus en plus abondants, envahissent la sub- tance musculaire tout entière. « La phase d'altération ou de dégénérescence graisseuse, est suivie d'une résorption de la substance du muscle qui disparaît entièrement au bout d'un certain temps. « Ainsi, non seulement le volume de l'organe croît et décroît suivant que les besoins de sa fonction habituelle exigent une force plus ou moins grande, mais il disparaît entièrement quand sa fonction est entière- ment supprimée. On observe cet effet dans les paralysies où toute action nerveuse est éteinte ; dans certains cas de luxations qui rappro- 472 VAUIATIO.NS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME chent les deux insertions d'un muscle de façon à rendre son action inutile ; parfois enfin, dans des fractures ou des ankyloses qui immo- bilisent, par une soudure intempestive, les deux extrémités d'un muscle et s'opposent à tout raccourcissement de ses fibres. « Mais qu'arrive-t-il si le muscle, au lieu de perdre entièrement sa fonction, n'éprouve qu'un changement dans l'étendue des mouvements qu'il peut exécuter ? A la suite de certaines ankyloses ou de certaines luxations, on voit les articulations perdre plus ou moins de leurs mouvements ; les muscles qui commandent la flexion et l'extension n'ont donc plus besoin, en pareille circonstance, que d'une partie de l'étendue ordinaire de leur raccourcissement. « Si la théorie précédemment énoncée est exacte, ces muscles devront perdre de leur longueur. Pour vérifier ce fait, nous devrons faire encore une courte excursion dans le domaine de l'anatomie patholo- gique. « Une ardente polémique s'est élevée, il y a une vingtaine d'années, relativement à la transformation que subissent les muscles chez les sujets atteints de cette difformité que tout le monde connaît et qu'on nomme le pied bot. Tantôt le pied est luxé sur la jambe, de sorte que sa face dorsale repose sur le sol, tantôt le pied est si fortement étendu que le malade marche continuellement sur sa pointe. Dans tous ces cas, les difi'érents muscles de la jambe n'ont plus qu'un rôle très borné ; ils subissent alors tantôt la transformation graisseuse, tantôt la trans- formation fibreuse. Parmi ces muscles ceux qui n'ont plus d'action subissent la dégénérescence graisseuse, puis disparaissent; tandis que ceux dont l'action est partiellement conservée présentent seulement un changement dans le rapport de la fibre rouge au tendon. Chez ces derniers, la substance contractile diminue de longueur, et le tendon la remplace, prenant souvent ainsi un développement considérable. En signalant cette dégénérescence fibreuse des muscles, J. Guérin croyait voir en elle la preuve d'une rétraction musculaire primitive qui aurait ultérieurement produit la luxation du pied. L'éminent chirurgien pensait en outre que l'altération fibreuse était la lésion unique dans le pied bot. Scarpa soutenait, au contraire, que, dans la plupart des cas, la luxation du pied est un phénomène primitif. « Quant à la nature des altérations musculaires, tous les chirurgiens, aujourd'hui, s'accordent pour admettre qu'elle peut avoir deux formes différentes, et que tantôt le muscle subit la dégénérescence graisseuse, tantôt il se transforme en tissu fibreux. C'est surtout aux beaux tra- CONSIDERATIONS GENERALES 473 vaux de Cruveilhicr qu'on doit la connaissance des conditions dans lesquelles se produit chacune de ces deux altérations de la substance musculaire. u Un exemple fera bien comprendre comment se comportent les muscles, suivant que leur fonction est supprimée ou simplement limi- tée dans son étendue. « Les muscles du mollet ou gastroctiémiens sont au nombre de deux ; les attaches et leurs fonctions sont assez différentes. Tous deux s'insèrent en bas, sur le calcanéum, par le tendon d'Achille, et sont, par conséquent, extenseurs du pied sur la jambe. Mais leurs insertions supérieures sont diffé renies : le'solcaire, s'insérant exclusivement aux os de la jambe, n'a d'autre rôle que celui d'extenseur du pied, comme nous venons de le dire, h^s jumeaux, au contraire, s'insérant au fémur au-dessus des condylcs de cet os, ont une seconde fonction ; celle de fléchir la jambe sur la cuisse. (( Supposons qu'une ankylose du pied se produise ; elle supprime entièrement la fonction du soléaire qui passe par la transformation graisseuse et disparaît. Les jumeaux se trouvent dans une condition différente : si leur action sur le pied a disparu, il leur reste encore la fonction de iléchisseurs de la jambe sur la cuisse ; ces muscles n'ont donc éprouvé qu'une réduction dans l'amplitude du mouvement qu'ils effectuent. Or, dans ces conditions, les jumeaux perdent seulement une partie de la longueur de leurs fibres : ils subissent ce que les chirur- giens appellent la transformation fibreuse partielle, modification qui n'est, à notre point de vue, que le changement des rapports de la fibre rouge au tendon. « Ceux qui sont habitués à considérer la pathologie comme une infraction complète aux lois physiologiques s'étonneront peut-être de nous voir chercher dans ces cas de luxations et d'ankyloses les preuves d'une loi qui règle normalement la forme du système musculaire. Il serait facile de montrer que ces scrupules sont mal fondés, mais il vaut mieux invoquer encore d'autres exemples qui soient entièrement à l'abri du reproche qu'on adresse si souvent aux applications de la médecine à la physiologie. « C'est encore à J. Guérin que nous empruntons les faits dont nous allons parler. « Lorsqu'on examine le système musculaire aux différentes époques de la vie, on lui trouve des aspects différents. Il semble que les muscles aient des âges bien distincts et que, formés d'abord de substance 474 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME contractile, ils perdent peu à peu, en vieillissant, leurs fibres rouges que viennent remplacer les fibres blanches et nacrées du tendon. «c Ainsi, le diaphragme d'un enfant est en grande partie musculeux, tandis que chez le vieiHard, le centre aponévrotique, véritable tendon du diaphragme, s'étend aux dépens de la fibre contractile. La substi- tution du tendon à la fibre musculaire est plus nette encore pour les muscles de la jambe ; dans l'enfance, ils sont relativement beaucoup plus riches en substance contractile que dans Fâge adulte. Chez le vieillard enfin, le tendon semble envahir le muscle, de sorte que ce qui reste du mollet se trouve très haut placé et très réduit en longueur. Les muscles des gouttières lombaires et dorsales présentent le même caractère; c'est dans la vieillesse qu'ils sont le plus pauvres en fibres rouges, mais le plus riches en tendons. « Or qu'advient-il de la fonction musculaire aux différents âges delà vie ? Chacun sait que, sauf les cas bien rares, où l'homme s'entretient dans l'habitude de la gymnastique, la fonction musculaire devient de plus en plus bornée, du moins relativement à l'étendue des mouve- ments. Les articulations des membres et celles de la colonne verté- brale subissent normalement une sorte d'ankylose incomplète qui va toujours en limitant de plus en plus la flexibilité du tronc. (' Voyez un jeune enfant s'ébattre en liberté : un de ses mouvements ordinaires est déjouer avec son pied; le prendre dans ses mains et le porter à sa bouche lui parait très naturel et on ne peut plus facile. Chez l'adulte, la force musculaire atteint son maximum, mais les mouvements ne sont plus aussi étendus que dans l'enfance ; l'homme n'a plus, comme on dit, la même flexibilité dans les membres. Le vieillard ne peut, ni se courber entièrement, ni se redresser tout à fait, sa colonne vertébrale a perdu de sa souplesse; ses jambes ne font que de petits pas; pour lui, s'accroupir est extrêmement difficile, et si l'on essaye d'imprimer à son pied, par exemple, des mouvements de flexion et d'extension, on voit qu'ils sont devenus très limités. « La fonction des muscles change donc avec les âges de la vie et, se restreignant sans cesse, utilise une longueur toujours moindre de la fibre contractile. C'est ainsi que s'explique naturellement la modification musculaire dont nous avons parlé. Cette modification qui consiste dans l'accroissement de l'élément tendineux aux dépens de la fibre rouge, on l'empêche de se produire en entretenant au moyen d'un exercice convenable, l'étendue des mouvements musculaires. « Revenons maintenant à l'anatomie comparée. Lorsqu'elle nous CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 475 montre une parfaite harmonie entre la forme des muscles dans les différentes espèces animales et les caractères de la fonction musculaire chez ces mêmes espèces, la conclusion la plus naturelle ne semble- t-elle pas être que l'organe a subi linlluence de la fonction* ? « Si le cheval de course est modifié dans sa forme par l'effet de cet exercice spécial qu'on nomme Y entraînement, n'est-ce pas la preuve évidente de l'influence de la fonction sur les caractères anatomiques de l'organisme ? Et si une espèce, modifiée ainsi artificiellement, retourne au type primitif lorsqu'on la replace dans les conditions où on l'avait prise, n'est-ce pas la contre-épreuve de la théorie qui assigne à la fonction le rôle de modificateur de l'organe ? « Ces mêmes faits sont pourtant interprétés de façon toute contraire par les partisans de la fixité de l'espèce : ceux-ci, dans le retour au type primitif, quand les intluences modificatrices ont cessé, prétendent trouver un argument victorieux pour leur cause. « Que faut-il conclure en présence de telles contradictions ? C'est que les partisans du transformisme ne sont pas au bout de leur tâche et qu'ils ont besoin d'ajouter encore des preuves nouvelles à celles qu'ils ont déjà données. C'est à l'expérimentation qu'appartient le rôle prin- cipal en pareil cas. La théorie toutefois n'est pas sans importance ; c'est elle en effet qui, en faisant prévoir dans quel sens certain mode de fonctionnement doit modifier tel muscle, donne presque toute sa valeur à la modification que l'on constatera ensuite. Bien plus, sans la théorie, l'expérimentateur ne saurait, le plus souvent, reconnaître la modification qui a pu survenir. On ne trouve guère en anatomie que ce que l'on cherche, surtout quand il s'agit de variations légères comme celles qu'on peut espérer produire dans l'organisme d'un ani- mal. ' Diiesch, Herbst, Godlewski. 0. Ilertwig- ont même montré que les tropisme et tac- tisiuc jouaient un rôle décisif dans la différenciation anatomic[ue. Et, d'autre part, Roux a prouvé que lExcitatiou fonctionnelle et la Lutte des parties organiques jouent un rôle considérable dans la Différenciation ontogénique et que les caractères histologiques n'ont besoin d'être déterminés que d'une manière vague et en quelque sorte générique, les con- ditions ambiantes suffisant à préciser l'espèce. Les pseudarthroses sont tout à fait démons- tratives à cet égard. Il suffit qu'elles soient déterminées par leur constitution interne en tant ([u'éléments de la substance conjonctive pour être capables de se différencier, selon les conditions auxquelles elles sont soumises, en fibres ligamenteuses ou aponévrotiques, en cellules cartilagineuses ou en tissu lamineux ou adipeux. A cet exemple on peut en ajouter un autre très remarquable qu'Eimer a fait connaître. Les Mouches, après l'hiver- nage, avant d'avoir volé, ont les muscles des ailes presque lisses. L'usage fait apparaître la striation. De là à admettre que l'usage a créé le muscle strié au moj-en du muscle lisse il n'y a cju'un pas. (Voy. Eimer, Die Enfsfeliinifj (1er Avteii aitf r/riind. von vcrerben erwor- bener Eir/ensclioflen nach den Gesetzen orç^anischen Wachsens. Ein Deilrag ziir einheitU- c/ten Aiifassunq (1er Lebewell. I. T/ieil. — 8% VLi61 S. 6. Abb. ini. Text. lena. 1888.) 476 VAIUATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME « Les expériences à faire seront longues et pénibles; leur plan, toute- fois, est facile à tracer. « Si l'homme, pliant à ses besoins les espèces domestiques, a déjà réussi à modifier, dans certaines limites, l'organisation de ces ani- maux, il a produit ces modifications forluilement pour ainsi dire. N'ayant en vue, par exemple, que d'obtenir des chevaux de trait ou des chevaux de course, il n'a pas eu besoin de placer l'espèce chevaline dans des conditions tout à fait artificielles. C'est là pourtant ce qu'il faudrait faire, si Ton avait pour but d'élucider le problème scienti- fique dont nous parlons et de pousser à la limite du possible les chan- gements dans les conditions du travail mécanique des animaux. « L'homme a utilisé les aptitudes des différents animaux, plutôt qu'il n'a cherché à leur en donner de nouvelles. Il faudrait violenter davan- tage les habitudes des animaux et les contraindre graduellement à des actes auxquels leur organisation se prête difficilement. Que pour aller chercher sa nourriture, une espèce mal organisée pour sauter, soit forcée d'accomplir des sauts de hauteurs graduées, tout porte à croire qu'elle acquerra à la longue quelque aptitude au saut. Si la progéniture de ces animaux letient quelque chose de ses ancêtres, peut-être pourra- t-on, chez elle, développer encore davantage la faculté de sauter. Graduant ainsi l'effort imposé à cette espèce, non plus dans un but utilitaire qu'on n'a pas intérêt à dépasser, mais en exigeant indéfini- ment plus de force ou plus d'étendue dans le mouvement des muscles, on peut espérer que la variation anatomique croîtra indéfiniment et qu'on pourra obtenir quelque chose d'analogue à ce qu'on appelle aujourd'hui le passage d'une espèce à une autre, « Ce que nous disons de la fonction musculaire est applicable à toutes les autres, en modifiant d'une manière graduelle les conditions d'ali- mentation des animaux, celle de lumière ou d'obscurité, de tempéra- ture ou de pression atmosphérique dans lesquelles ils devront vivre, on devra imprimer à leur organisme des modifications analogues à celles que les zootechnistes ont déjà constatées sous l'influence des climats, des milieux et des altitudes variées oii une même espèce ani- male se trouve placée naturellement. Ces changements, amenés par transitions ménagées et dirigées toujours dans le même sens, auraient chance de produire dans l'organisation animale des transformations considérables, si une volonté persévérante en accumulait indéfiniment les effets, comme l'ont fait les éleveurs pour l'emploi de la sélection. « Nous n'irons pas plus loin dans le champ des hypothèses, et CONSIDÉRATIONS GENERALES 477 nous appelons, en terminant, le zèle des expérimentateurs. Plusieurs déjà semblent engagés dans cette entreprise dont ils ont compris l'importance considérable. En ce qui concerne l'espèce humaine, quelle question, en effet, est plus grave que celle-ci : Notre espèce est- elle modifiable ? Selon la direction qui lui est imprimée ne peut-elle pas être conduite, soit au perfectionnement, soit à la dégradation? » Ces expériences que M . Marey réclamait en ces termes dans la première édition de son livre sur la Machine animale \\ en a fait quelques-unes lui-même plus tard à la station physiologique du parc des Princes, et il en a communiqué, en 1887, dans une note, les résultats à l'Académie des sciences. Dans cette note, M. Marey après avoir rappelé que « Borelli, il y a deux siècles, a fait voir que l'effort dont un muscle est capable est proportionnel à la section transversale de ses fibres rouges, tandis que l'étendue de son mouvement est proportionnelle à leur longueur », a ajouté : « Qu'aujourd'hui la notion du travail mécanique étant mieux défmie, on peut exprimer les relations constatées par Borelli sous une forme précise en disant : Le travail ([u'un muscle peut produire est en propor- tion du poids de sa fibre rouge, tandis que les deux facteurs de ce travail, l'effort et le chemin, sont proportionnels, l'un à la section et l'autre à la longueur des faisceaux contractiles, le tendon n'étant qu'un organe de transmission du travail*. « Si les nègres semblent avoir peu de mollet, c'est que leurs muscles gastrocnémiens sont longs et minces, se prolongeant en bas aux dépens du tendon d'Achille -. Le nègre possède cependant une incontestable aptitude à la marche. Si les muscles gastrocnémiens ont une plus petite section que chez le blanc et par conséquent moins de force, ils doivent avoir des mouvements plus étendus et faire dès lors le même travail que des muscles plus gros, mais dont les mouvements sont moindres. S'il en est ainsi, les gastrocnémiens des nègres doivent agir sur un bras de levier plus long et leur calcanéum doit être par consé- quent plus long que celui du blanc. » M. Marey a vérifié cette prévision sur les squelettes du musée de la Société d'anthropologie et « a trouvé qu'en elTet la longueur moyenne du calcanéum du nègre mesurée du centre du mouvement ' En Allemagne, les recherches du docteur W. Roux sur la morphologie des muscles l'ont conduit à formuler les mêmes conclusions. * Voy. M. jumeaux de la jambe. 478 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME articulaire à l'attache du tendon est à cette longueur chez le blanc comme 7 est à 5 ». Il en résulte que le pied du nègre est en général plus long et paraît moins cambré que celui du blanc; mais déjà M. Marey avait montré dans des travaux antérieurs (( qu'un grand pied est favorable à la rapi- dité de la marche en ce qu'il allonge le pas et doit être ainsi en rela- tion avec des mouvements plus étendus et conséquemment avec des gastrocnémiens plus longs, quoique peut-être plus minces, le pied fai- sant une plus grande part du travail total ». Toutes ces variations seraient donc bien corrélatives, s'appelant et tendant à se produire les unes les autres. C'est cette loi de corrélation de M. Marey a soumis à la vérification expérimentale. Disposant, à la station physiologique du parc des Princes, dun ter- rain où il peut garder des animaux en liberté sans que leurs mouve- ments soient entravés par la réclusion, « il a réséqué le calcanéum de plusieurs chevreaux et de plusieurs lapins de manière à réduire à envi- ron de moitié le bras de levier du muscle postérieur de la jambe. « L'un de ces lapins^ chez lequel l'opération a été suivie d'une guérisoii rapide ^ grâce à la méthode antiseptique rigoureusement employée, a été sacrifié un an plus tard en môme temps qu'un autre lapin normal. Or tandis que chez le lapin normal les faisceaux rouges et le tendon du muscle postérieur de la jambe avaient à peu près la môme longueur, chez le lapin dont le calcanéum avait été réséqué, les faisceaux rouges n'avaient déjà plus guère que la moitié de la longueur du tendon. » Les mesures prises par M. Marey lui ont donné les chiffres suivants : Opéré. Normal. Longueur du muscle 27 mm. 37 mm. — du tendon oO — 36 — M. Marey a varié l'opération de diverses manières. Il a cherché à réduire les mouvements en détachant les tendons du calcanéum sur lequel ils se réfléchissent en y contractant des adhérences, puis en luxant latéralement ces tendons. Le résultat a été le môme que celui de la résection; les mêmes changements se sont produits dans la lon- gueur relative du muscle et du tendon. « 11 devait en être ainsi, puisque dans les deux cas le bras de levier de la force était diminué, » 1 J'insiste sur ce point, qui défend de prétendre que rallongement du tendon des gastroc- némiens a été la conséquence de l'immobilité prolongée nécessaire à la consolidation de l'os et non de phénomènes mécaniques. CONSIDERATIONS GENERALES 479 En 1896, l'Académie des sciences ayant posé comme question de concours pour le prix Pourat : « L'étude des changements morphologiques et fonctionnels qu'on peut produire expérimentalement sur l'appareil locomoteur », M. le docteur Joachimsthal, de Berlin, a fait déposer à Paris, entre les mains de qui de droit, et dans les délais voulus, divers mémoires dont M. le professeur Marey a résumé les conclusions dans un rapport que je crois aussi devoir transcrire* : « Le point de départ de ces études est ce fait établi par moi, dit M. Marey, à savoir qu'un muscle dont on change les conditions fonc- tionnelles modifie spontanément la longueur et le volume de ses fibres pour s'adapter à sa fonction nouvelle. Si, dans les conditions créées, l'étendue du mouvement que doit exécuter le muscle est dimi- nuée, la fibre rouge se raccourcit et du tendon remplace la fibre dis- parue ; si les conditions nouvelles exigent un plus grand effort, les fibres rouo:es doivent s'accroître en nombre et en volume. « M. Joachimsthal, répétant sur le chat les expériences de résection du calcanéum qui ont eu pour effet de réduire l'étendue des mouvements des extenseurs du pied, a constaté un grand raccourcissement des fibres des gastrocnémiens, comme nous l'avions déjà observé sur le chien et sur le lapin dans des conditions semblables. Mais il a vu quelque chose de plus : les pièces anatomiques qu'il a adressées à l'Académie montrent un notable épaississement du tendon : celui-ci est d'environ un tiers plus gros que celui du côté sain. Or, d'après cet accroissement de volume du tendon, on doit, suivant Haugliton, s'attendre à une augmentation parallèle des fibres musculaires. L'exa- men histologlque des muscles a montré qu'en effet les fibres muscu- laires sont plus nombreuses du côté de la résection du calcanéum. « Mais ces fibres n'ont pas le volume ordinaire, ce qui fait que, en somme, le muscle n'avait pas augmenté de grosseur comme on devait s'y attendre. Nous pensons, avec M. .Joachimsthal, que l'accroissement du muscle en diamètre se fût produit si, au lieu de sacrifier l'animal au bout de huit mois, on lui eût laissé le temps d'adapter ses muscles d'une manière plus complète. « Mais les délais imposés par les exigences du concours n'ont pas per- mis à l'auteur de conserver les animaux vivants pendant plusieurs années comme il eût voulu le faire. • Marey, Comptes rendus de l'Académie des sciences, JS'JO, t. II, p. 1169. 480 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME « Heureusement, la clinique a fourni à M. Joachimsthal des cas où l'adaptation musculaire chez l'homme avait mis de longues années à se produire. Chez les sujets qu'il a observés, l'habile chirurgien de Berlin a déterminé, au moyen des rayons de Rontgen, la nature en acte des déplacements osseux; il amesuré sur des photographies l'amplitude des mouvemcnls articulaires ; sur des moulages, les changements de forme des muscles, de sorte que ses observations ont toute l'exactitude qu'on pourrait exiger d'une expérience physiologique. Le résultat de ces obser- vations cliniques a été absolument conhrmatif des faits expérimentaux ci-dessus rapportés ; et comme, d'autre part, les autopsies faites par le professeur Roux, dans des cas d'ankyloses partielles, ont prouvé que les muscles dont les mouvements étaient réduits présentaient une diminu- tion de longueur de leurs fibres rouges, proportionnelle à la réduction de leur mouvement, on peut conclure que l'adaptation de la forme des muscles aux conditions mécaniques de leur fonction est un fait général. « Du reste, M. le docteur Joachimsthal a montré par divers exemples quel parti la chirurgie orthopédique peut tirer de la modification de la forme des muscles pour en déduire des déformations du système osseux ou des surfaces articulaires. » Ainsi est démontré expérimentalement et par l'observation, c'est-à- dire d'une façon irréfutable, que les muscles gastrocnémiens sont chez le nègre à l'état sauvage et chez le blanc civilisé en harmonie parfaite avec les conditions de leur travail. Chez le nègre à l'état sauvage qui se couche ou reste accroupi dès qu'il ne marche plus et court plus vo- lontiers qu'il ne marche faisant ainsi le môme chemin en moins de temps ; chez lequel par conséquent les mouvements d'amplitude des jambes sont plus grands, mais durent peu, les gastrocnémiens sont plats, c'est-à-dire formés par des fibres contractiles longues et raréfiées. Chez l'homme civilisé au contraire, qui marche d'ordinaire à petits pas et lentement, demeure volontiers debout et use de ses gastrocnémiens soit pour supporter des fardeaux, soit pour s'arc-bouter dans l'elFort pour pousser ou traîner, ils sont renflés, autrement dit constitués par des fibres contractiles courtes et multipliées. Oui, l'homme est modifiable, et ceux qui prétendent que ses habita- tions et ses vêtements le protègent complètement contre les agents extérieurs, se trompent. Une excellente preuve que l'homme, malgré ses habitations et ses vêtements, varie aussi rapidement et même plus rapidement que les autres Mammifères, c'est qu'en Islande, pays où CONSIDERATIONS GENERALES 481 les habitations et les vêtements sont le plus nécessaires et le plus employés, il n'a pas fallu mille ans pour transformer les Scandinaves ou Normands en une race spéciale, parfaitement caractérisée, n'ayant presque rien conservé de sa physionomie originelle. (( Aux Etats-Unis, la race anglaise ne s'est guère implantée sérieu- sement qu'à l'époque des migrations puritaines, vers 1620, et de l'ar- rivée de Penn, en 4681. « Deux siècles et demi, douze générations au plus nous séparent de cette époque; et pourtant l' Anglo-américain, le Yankee, ne ressemble plus à ses ancêtres. Le fait est tellement frappant que l'éminent zoo- logiste Andrew Murray, cherchant à rendre compte de la formation des races animales, ne trouve rien de mieux que den appeler à ce qui s'est passé chez l'homme aux Etats-Unis. » Ce n'est pas moi qui le dis. C'est un des plus habiles défenseurs du Règne humain, l'adversaire éloquent du transformisme, de Quatrefages (voy. de Quatrefages, r Espèce humaine) . En ce qui concerne le système musculaire on peut suivre pas à pas cette adaptation lente mais progressive des agents actifs du mouve- ment à de nouvelles fonctions. L'indépendance fonctionnelle du pouce qui fait de la main de l'homme un si merveilleux organe de tact et de préhension n'existe pas chez les Cercopithèques où le fléchisseur commun profond fournit un tendon à chacun des cinq doigts de la main. Dans les Anthropoïdes le mode de conformation est très variable. Ainsi la présence d'un long- fléchisseur propre du pouce plus ou moins indépendant semble être la règle chez le gibbon comme son absence paraît être la règle chez Vorang. Dans la plupart des gorilles et des chimpanzés il n'y a qu'un fléchisseur profond divisé suivant l'axe vertical du membre en deux por- tions distinctes : une portion cubitale allant aux trois derniers doigts et une portion radiale allant à l'index de laquelle se détache un tendon très grêle pour le pouce. A l'extrémité inférieure de l'échelle des Ver- tébrés, chez le crgptobranche, par exemple, le fléchisseur commun superficiel et le fléchisseur commun profond des doigts ne font qu'un. Lepeaucier qui se cantonne à la région cervico-faciale chez l'homme est déjà plus étendu chez les Anthropoïdes et se prolonge sur toute la nuque, la partie supérieure du dos, de l'épaule et de la poitrine chez le cynocéphale qui établit la transition entre les Singes bipèdes et les Singes quadrupèdes. Les muscles de la face qui ne forment qu'un seul muscle qui est une II. 31 482 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME dépendance du pcaucier chez les Singes inférieurs sont inlriquds et grossiers chez les Anthropoïdes et chez les races de couleurs (Ghud- zinski) et nettement divisés chez le bhmc dont la mimique faciale est si expressive. Dans les grands phénomènes que nous présentent les évolutions organiques dans l'espace et dont le temps, deux tendances, je le rap- pelle, se proiiuisent, dont la résultante détermine une forme perpétuel- lement transitoire : l'une est une tendance à la variabilité provoquée non seulement par les inlluences du milieu mais encore par une pro- priété à laquelle Lucas a donné le nom dinnéité ; l'autre dont l'ata- visme est une expression est la tendance à la perpétuité des formes passées, l'attraction vers le type de l'espèce, selon l'expression de Vil- morin. Parmi les animaux il en est chez lesquels il se produit, pendant le développement, une évolution vers un état supérieur qui ne se réa- lise point et dont les manifestations ébauchées disparaissent plus tard. Ainsi l'embryon de Vkuitre représente un animal beaucoup plus par- fait que Y huître adulte ; il possède un appareil locomoteur qui lui permet de nager avec rapidité, il est muni d'yeux et d'oreilles qui lui manquent dès qu'il est fixé. XSamphioxus que l'on oppose aux Vertébrés crâniotes sous le nom (ï Àcrâniote et (|ui n'a pas de tète possède pen- dant la période larvaire un cerveau qui devient ensuite rudimentaire pendant la métamorphose. Des observations analogues ont été faites sur les Tnniciers, le taret, etc. Chez les Mammifères adultes depuis les ordres inférieurs jusqu'aux Anthropoïdes inclusivement, il n'est môme pas rare de rencontrer également des variations qui sont un progrès. On a signalé la présence d'un cuijitus entier avec une petite tète inférieure chez la cheval (Cuyer', d'un péroné styhjïde étendu sous le court péronicr latéral dans toute la longueur de la jambe chez les Ru?ninants et en particulier chez la chèvre, du court supinaleur chez le porc, du pyramidal de la cuisse chez le même animal (Lavocat, Le Double) du long supinateur chez le tapir (Lesbre), du rond pronateur chez le cheval (Guyer) •. (( Et ce n'est pas un fait sans importance au point de vue de la doctrine évolution- niste, a écrit M. Lesbre, que de trouver ainsi un rond pronateur dans des espèces oîi les os de Favant-bras se soudent de bonne heure et sont incapables du moindre mouvement'. » La courte et la longue por- ' Cuyer. Bullel. de la >'0i\ d'A/it/trop. de Paris, 1887, p. 701. ' Lesbre. Société d'Anlhfopolofj'e de Ljjon, 1888. CONSIDERATIONS GENERALES 483 tion du biceps crural entièrement indépendantes dans le gorille, Vorang et le gibbon, sont soudées partiellement mais quelquefois aussi soudées entièrement chez le chimpanzé comme dans l'espèce humaine. La terminaison du jambier antérieur par un tendon indivis rencontrée par Bischoirdiez un gibbon et un gorille, l'autonomie du long fléchis- seur du pouce observée par Hepburn chez un orang, la fusion du court extenseur du gros orteil et du pédieux signalée chez un chim- panzé par Champneys, l'absence de l'ischio-fémorien notée chez un gibbon par Denikcr, l'indépendance de l'adducteur oblique et de l'ad- ducteur transverse du gros orteil trouvée chez un orang par Bischotf, etc., constituent de même des perfectionnements. En ce qui concerne les variations progressives des plantes, je ne puis, on raison de l'espace dont je dispose, en citer qu'une, mais elle est très concluante. On sait que le cerisier de nos pays s'est transformé à Ceylan sous l'in- lluence du climat en un arbre à feuilles persistantes. Ceci établi, j'indiquerai parmi les anomalies musculaires progres- sives spéciales à l'homme : La disparition ou l'état rudimentaire du peaucier, du long pal- maire, du pyramidal de l'abdomen, du petit psoas, du plantaire grêle, des muscles du pavillon de l'oreille, de la portion proximale de l'ad- ducteur transverse du gros orteil et de celle de la portion distale de l'adducteur transverse du pouce', l'état semi-aponévrotique et la réduction d'étendue des intercostaux et de l'ischio-coccygien, la dissociation plus parfaite des muscles faciaux, des fléchisseurs et des extenseurs communs des doigts, le court radial et le court cubital antérieurs, etc., etc. On s'accorde généralement aujourd'hui aussi (Henle, Krause, Macalis- ter, Sutton, Amantini, Lannegràce, Bardeleben, etc.) à regarder comme des reliquats de muscles ayant subi la transformation fibreuse en rai- son de leur inutilité dans l'espèce humaine : le ligament de Civinini, le ligament stylo-hyoïdien, le ligament épitrochléo-olécranien, le grand ligament sacro-sciatique, le ligament rond, le ligament latéral externe de l'articulation du genou, les trousseaux fibreux que le grand dorsal envoie sur le bras et ceux que le biceps crural, le demi-tendineux, le * D"organe de préhension et de sustentation le pied étant devenu exclusivement chez l'homme un organe de sustentation il s'ensuit que les mouvements d'opposition du gros orteil aux autres orteils ont disparu. Par suite, le faisceau de l'adducteur transverse du gros orteil chargé de l'exécution des mouvements d'adduction seuls persistants, le faisceau distal «st demeuré le plus fort. A la main, pour des raisons inverses, c'est le faisceau proximal de l'adducteur transverse du pouce qui agit dans les mouvements d'opposition du pouce aux autres doigts qui est resté le plus prononcé. 484 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME demi-mcmbraneiix et le druil interne envoient sur la jambe, etc. J'ai dit dans une des pages précédentes que le professeur Macalister classait aussi dans les Variations nv'laplasiiques le muscle anormal d'Albinus, le ptéryp:o-épineux et le ptérygoïtlien propre. 111. Anomalies monstruosités. — Je range dans cette classe d'ano- malies toutes celles que, en raison de l'insuffisance actuelle de nos connaissances, on ne peut faire figurer, sans forcer la vérité, dans les deux classes précédentes. Tels sont les muscles pharyngo-azygos, pubio-péritonéal, pubio-transversal, droit latéral de l'abdomen, les ten- seurs de l'arcade crurale, du feuillet postérieur de la gaine du grand droit de l'abdomen, l'unci-pisiformien, le présternal, le saphène, le soléaire accessoire, etc. Mais de ce que l'explication de ces faisceaux insolites nous échappe encore, qu'ils nous semblent aujourd'hui de véritables aberrations de développement, des monstruosités en un mot, il ne s'ensuit pas qu'il en sera toujours ainsi. Prenons garde aux négations prématurées. Il n'y a aucune fortitude d'esprit à défier l'avenir. Pour moi, j'ai la ferme conviction que le nombre de ces anomalies ira chaque jour en diminuant avec les progrès de l'an- tomie comparée, de l'histologie, de l'embryogénie et de la tératologie expérimentale. Le naturaliste n'est pas seulement un observateur, c'est aussi un penseur ; son œuvre est de synthèse autant que d'analyse, autrement à quoi bon amasser une quantité de matériaux? Duperie, si nous ne les employons pas à la construction d'un édifice. Une variation musculaire ne signifie pas grand'chose, plusieurs signifient beaucoup. Ainsi comprise la question des vices de conformation du système mus- culaire de l'homme, jusque-là simple objet de curiosité à peine digne de former une dépendance de la tératologie, prend une place capitale dans l'anatomie philosophique. On a cherché de tout temps dans les différents appareils de l'homme une disposition anatomique qui lui appartînt en propre. Cette disposi- tion anatomique établissant une ligne de démarcation entre \ho)no sapiens et les autres Mammifères. Gratiolet a cru l'avoir trouvée dans le second pli de passage du lobe pariétal au lobe occipital et dans l'autonomie du long fléchisseur du pouce, Owen dans la structure du lobe occipital, Ilalbertsma dans l'apparition du présternal, Topinard dans la disparition du dorso-épitrochléen, etc. Qui attache mainte- CONSIDERATIONS GENERALES 483 nant la moindre importance aux caractéristiques cérébrales de l'homme? Personne. On ne saurait en attacher désormais davantage aux caractéristiques musculaires. Le dorso-épitrochléen existe à Fétat de parfait développement chez 1 sujet sur 19. Si le présternal entrait avec la valeur d'un organe type dans la composition du corps humain où il n'a aucun rôle à jouer, on devrait le rencontrer dune façon constante, son absence et non sa présence constitue l'anomalie. Quant au fléchisseur propre du pouce dont l'indépendance, au dire de Gratiolet et de son école, élablit « un ahîme » entre l'homme et les Singes, il est, chez 29 p. 100 au moins des sujets, absent, renforcé par un faisceau coronoïdien ou uni à l'un ou l'autre des deux fléchisseurs communs des doigts comme chez les AntJn-opoïdcs, les Cercopithèques et d'autres Mammifères encore plus inférieurs. Ce qu'il est, au contraire, permis de conclure de cette longue étude, c'est : 1° Qu'en raison de leur diversité, de leur fréquence et de leur nombre, les anomalies musculaires de l'homme sont en contradiction formelle avec la doctrine de la fixité du système musculaire dans l'espèce humaine; T Qu'en raison de la reproduction fidèle ou ébauchée des muscles des animaux par beaucoup d'entre elles, elles établissent un lien de plus entre le type de l'organisation de l'homme et celui des animaux; 3° Qu'en raison de l'existence parmi elles de certaines qui sont mieux adaptées aux fonctions qu'elles ont à remplir que les muscles normaux dont elles tiennent la place, elles témoignent en faveur de la doctrine de l'évolution du système musculaire dans l'espèce humaine ; 4" Qu'en raison de leur apparition plus commune dans un peuple que dans un autre, elles doivent être consultées comme tous les divers caractères anatomiques sur lesquels on se fonde pour déterminer la nature et le groupement des principales divisions de la famille humaine. De ces quatre propositions la dernière est, on le sait, corroborée par la statistique. lien est de même des trois premières. L'abducteur du 5^ métatarsien s'observe chez 43 p. 100 des sujets, Yexteiisor hal- liicis brevis chez 32,3 p. 100, l'épitrochléo-olécranien chez 23 p, 100, le trans verse de la nuque chez 23 p. 100 également, le chef humerai du biceps chez 10,1 p. 100 (chez 103 sur 1033), le péronéo-tibial chez 8 |). 10(1. l'arc axillaire chez 7,7 p. 100 (chez 39 sur 306), Vad- 48G VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME ductor opponens cl l'accessoire de la chair carrée chez 5. p. 100, le présternal chez 4,2 p. 400 (chez 108 sur 2 558), etc. Le petit psoas manque chez plus de la moitié des sujets (chez 2 467 sur 4 347), le tendon du 5" orteil du court fléchisseur commun des orteils manque chez 21,3 p. 100 des sujets (chez 170 sur 82G), le pyramidal de l'ah- domen chez 16,5 p. 100 (chez 217 sur 1 309), le petit palmaire chez 11,2 p. 100 (chez 257 sur 2282), le péronier antérieur (chez 8,5 p. 100 (chez 65 sur 759), le plantaire grêle chez 6,8 p. 100 (chez 160 sur 2 340) etc., etc.'. On conviendra qu'on ne saurait traiter de tels chilTres « de quan- tités négligeables » et on y attachei-a encore plus d'importance si on se rappelle que le système musculaire compose les deux tiers de la masse totale du corps humain et qu'un trouble dans l'évolution onto- génique de ce système a pour conséquences des troubles ontogéniques connexes dans les autres systèmes (systèmes osseux, nerveux, etc.). S'il est donné, enfin, plus tard, d'ajouter à ces chifl"res ceux de la statistique générale de Wood, vérifiée et reconnue exacte, concernant la fréquence d'apparition des variations musculaires dans les diverses régions de l'organisme humain, la doctrine de l'évolution en recevra un nouvel appoint. Quelles sont, si cette doctrine est plus qu'une hypothèse, les régions qui doivent nécessairement ofl"rir le plus de variations mus- culaires ? a) Les membres. Pourquoi ? Parce que les fonctions des muscles du tronc ont été moins modifiées que celles des muscles des membres dont le postérieur a été obligé de s'adapter à la station bipède et dont l'antérieur est devenu un organe de tact et de préhension. Dans la statistique de Wood les anomalies des muscles du tronc sont représentées par le nombre 90 et celles des muscles des membres par le nombre 411. 'f) Les membres thoraciques. Pourquoi ? Parce que les fonctions des muscles des membres thoraciques ont été entièrement transformées tandis que celles des muscles des membres pelviens ont été conser- vées, bien que modifiées. Les membres thoraciques, soutenus par le corps au lieu de le soutenir, ne servent plus qu'au tact et à la préhen- sion alors que les membres pelviens servent toujours à la sustentation et à la locomotion. Dans la statistique de Wood les anomalies des ' Ces chiffres comprennent tous les cas qui ont été signalés jusqu'ici tant h l'ctranger qu'en France. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 487 muscles des membres pelviens sont représentées par le nombre 119 et celles des muscles des membres thoraciques par le nombre 292 '. v) Les extrémités distales des membres. Pourquoi ? Parce que les muscles des extrémités distales des membres, cbargés plus spéciale- ment que les muscles des extrémités proximales, des nouvelles fonc- tions dévolues à ces membres ont subi plus de changements. Qu'on se reporte à la statistique de Wood et on y verra que les muscles de l'épaule et du bassin varient moins que ceux du bras et de la cuisse, et ces derniers que ceux de l'avant-bras et de la jambe. Un dernier argument — et celui-ci reposant sur le consensus una- nime des anatomistes et Texamen de plusieurs centaines de cadavres fait par MM. Pfitzner et Schwalbe, les anatomistes anglais, Th. Dwight, Gruber et moi — et j'en ai fini avec cette question. Quels sont les muscles qui disparaissent le plus communément de l'organisme humain ? Ceux qui n'y servent plus à rien. Le pyramidal de l'abdomen qui chez les Didelphiens joue un riMe considérable rela- tif à la nutrition du fœtus enfermé dans la poche marsupiale, le petit psoas dont le volume dépasse celui du grand psoas chez les Animatix essentiellement sauteurs, le petit palmaire et le plantaire grêle qui chez les Chauves-souris et quelques Quadrupèdes constituent des fléchisseurs communs sous-cutanés des doigts superposés aux fléchisseurs communs et superficiels des doigts, etc. Est-il possible, en prenant les théromorphies musculaires pour bases, de préjuger positivement de la généalogie de l'homme? M. Tes- tut- le pense. Après avoir déclaré que toutes les anomalies de l'homme sont « de vraies dispositions ancestrales disparues depuis une longue série de siècles, » l'éminent professeur d'anatomie de la Faculté de médecine de l'Université de Lyon a déclaré : « Je dois faire remarquer ici que ces diflerentes formes ancestrales ne se retrouvent pas exclusi- vement ou en totalité dans les espèces siiniennes; nous les rencontrons aussi bien souvent dans des ordres plus éloignés, chez les Carnassiers, chez les Rongeurs, chez les Didelphiens. Il est parfois nécessaire de descendre plus bas encore dans la série, jusque chez les Vertébrés infé- rieurs. ' Le plantaire grêle manque, on vient de le voir, f hez 6,8 p. 100 des sujets et le pal- maire grêle, son homologue au membre supérieur, chez 11,2 p. 100. L absence du plan- taire grêle est donc approximativement à celle du petit palmaire comme 1 est à 2. - Testut. Traité des anomalies mi/sciilaires, p. 828. 488 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE LTIOMME « Ces faits, peu compatibles avec la théorie de la descendance exclu- sivement simienne de l'homme, concordent plutôt avec l'opinion de ceux qui n'admettent entre l'homme et le Singe qu'une parenté col- latérale, l'un et l'autre descendant d'un même type, que ce type lui- môme soit unique et ait donné naissance, à lui tout seul, à toutes les formes animales comme le veut Darwin [développeiuent monophylé- tiqtœ, l/iéorie de l'arbre de vie), ou bien qu'il ait coexisté avec d'autres types à évolutions indépendantes (développement pob/pliylélique, théorie du bosquet composé de plusieurs arbres distincts), comme l'enseignent Albert Gaudry et Garl Vogt. » En affirmant que l'étude des variations du système musculaire humain « est peu compatible avec la théorie de la descendance exclu- sivement simienne de l'homme, concorde plutôt avec l'opinion de ceux qui n'admettent entre l'homme et \q singe qu'une parenté collatérale », M. Testut me semble une fois encore être sorti du domaine des faits et des hypothèses légitimes. Il ne pouvait, au surplus, aboutir à une conclusion finale différente, étant donné le terrain mobile sur lequel il a construit son œuvre, à savoir que l'analomie du système musculaire des Vertébrés est parfaitement connue dans son ensemble, dans ses détails et dans ses variétés et que tel ou tel muscle humain dévié du type normal correspond, sans contredit, au muscle portant le même nom chez les Carnassiers , les Rongeur'i.. les Didelphiens, voire môme chez les Oiseaux, les Reptiles et les Amphibiens. Dans le règne animal il y a diiférence d'échelon, différence sériaire ; or, dans la comparaison des divers modes de conformation organiques, on ne peut supprimer un échelon, on doit le suivre dans le rang où il se présente. Avant d'induire des variations du système musculaire de l'homme que celui-ci a plutôt une parenté collatérale qu'une parenté directe avec Vespèce simienne, il faudra : A). Avoir disséqué beaucoup de muscles des Mammifères supérieurs et principalement des Antliropoïdes pour savoir si l'on tient la règle ou si l'on a affaire à la variation ; B). Avoir fourni la preuve que les anomalies musculaires régressives et progressives qui relient naturellement les ordres entre eux, manquent ou sont si rares dans certains ordres qu'on est forcé de croire à une ou plusieurs solutions de continuité dans la chaîne des êtres vivants ; C). Avoir établi nettement l'homologie d'un nombre considérable de variations du système musculaire humain et de dispositions nor- males similaires du système musculaire animal ; GONSIDERATIONS GÉNÉRALES 489 D). Avoir reconnu — l'hypothèse de la filiation directe de tous les êtres vivants étant démontrée inadmissible en principe — pour quels chiffres figurent dans les variations musculaires humaines dont Ihomo- logie a été déterminée d'une façon précise, celles qui reproduisent une disposition simienne et celles qui reproduisent unt> disposition autre. Aujourd'hui, je me plais à le répéter, on est seulement autorisé à dire : les variations régressives qui se montrent fréquemment chez l'homme le rattachent par d'étroits et nouveaux liens aux autres Mammifères. Que cette déclaration, synthèse de toutes les précédentes, plaise ou déplaise, elle n'en est pas moins indiscutable. Mais qu'im- porte, après tout, à la science les regrets ou les satisfactions de quelques-uns. Ses visées passent au-dessus d'eux. L'homme n'est pas libre de mettre ou de ne pas mettre un frein à l'activité fonctionnelle de son cerveau : son esprit d'examen est le plus noble et le plus irrésistible de ses attributs et comme l'a dit, en 4876, au Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences, mon maître et ami le professeur G. de Mortillet, sa caractéristique est là et non ailleurs. Aussi bien si les théromorphies du système musculaire de l'homme le rapprochent des animaux, les variations progressives de ce même système l'en éloignent. Ces variations deviendront-elles un jour des organes fixes ? Il n'est pas défendu de le supposer. Dans ce vaste univers tout se meut, tout se transforme, tout progresse. Issus d'animaux pour- vus primitivement de dents ' en nombre presque illimité, les Mammi- fères ont successivement vu ce nombre se réduire par coalescence de plusieurs dents entre elles et par disparition de certaines de ces dents composées devenues inutiles. De ces phénomènes d'évolution, les traces subsistent. Los baleines ne possèdent plus de dents, néan- moins leurs fœtus en présentent toujours les germes. Chez l'homme, où les dents se sont successivement réduites au nombre de 32, il nous est donné actuellement de saisir sur le fait deux ordres de variations, les unes régressives et les autres progressives. Les premières ont trait à la réapparition de dents depuis longtemps, disparues. Des crânes de Néo-Calédoniens, de Tasmaniens, d'Australiens, présentent encore maintenant 36 dents et même davantage. * L'évolution phylogênique des dents est des plus instructives, parce qu'elle a pu, grâce à l'inaltérabilité de ces organes, être suivie depuis les temps géologiques jusqu'à notre époque. L'embryogénie est venue plus tard, ainsi qu'il fallait s'y attendre, confirmer ce que la paléontologie avait révélé. 490 VARIATIONS DU SYSTEME MUSCULAIRE DE L'HOMME Je rappelle que chez l'embryon les bourgeons épithélianx qui s'en- vaginent pour donner naissance à toutes les dents sont en nombre plus considérable que celui des dents à apparaître. Les dentelures des incisives de l'enfant dénote qu'elles sont les résultats de la soudure de plusieurs dents. D'autre part, des phénomènes indiquant un progrès confirment en quelque sorte ceux que nous venons signaler en les reproduisant en sens inverse. Au lieu de réapparition de dents, il s'agit maintenant de la perte d'une dent faisant partie de notre formule dentaire actuelle. Notre dernière grosse molaire, connue sous le nom de dent de sagesse, est en voie de disparition et par suite le nombre des dents de l'homme tombera de trente-deux à vingt-huit. Cette molaire a déjà actuelle- ment bien de la peine à pousser, elle vient fort tard, souvent elle ne vient pas du tout, son éruption donne lieu à des accidents parfois assez graves, elle ne sert à rien, sinon à faire souffrir et elle est la première à nous quitter. « Examinées à ce point de vue, des séries de crânes ont montré, assure ^I. Mahoudeau^ que depuis l'époque romaine jusqu'à nos jours il y a une tendance marquée à l'absence de cette dent. Evidemment ce que nous voyons se passer sous nos yeux a eu lieu autrefois, et, dans les siècles à venir, nos descendants considéreront la troisième grosse molaire comme un organe vesti- giaire... » On comprenait difficilement comment les Oiseaux avaient pu naître des Reptiles par une série de transformations successives jusqu'au jour où le calcaire lithographique de Solenhoffen nous a montré l'animal de transition, l'intermédiaire entre le reptile et Y oiseau, Varcheoptenjx qui a des plumes comme un oiseau, mais qui au lieu de croupion présente une queue de vingt-deux vertèbres, qui a des ailes comme un oiseau, mais des ailes terminées par trois doigts libres et munies d'ongles, qui enfin à un bec (ï oiseau, mais muni de dents de reptiles. Entre la hyène et la civelte l'hiatus semble con- sidérable, cependant des fossiles trouvés par M. Gaudry le comblent en partie. La girafe nous. faisait l'efTet d'un type isolé; des intermé- diaires découverts dans le sol, Vhelladoteriwn entre autres, la rat- tachent maintenant aux Dai?7is et aux Antilopes. Uamphycion, eliien plantigrade de l'époque tertiaire, peut être considéré comme l'un des représentants du genre sans doute si nombreux en espèces d'oii ' Mahoudeau. Loc. cil. suprù, p. 388. CONSIDERATIONS GÉNÉRALES 491 sont sortis les Ursidés et les Canidés. M. Gaudry a prouvé que Tordre des Prijnates dont nous faisons partie dérive des Pachy- dermes du genre Sus par les Lémuriens et spécialement par Vadapis que Cuvier avait rangé parmi les Pachydermes et que des décou- vertes plus récentes ont classé définitivement parmi les Lémuriens, bien qu'il ait des caractères manifestes des Porcins. Le crâne de Néanderthal datant du milieu des temps quaternaires, avec son énorme bourrelet formé par les arcades sourcilières, avec son frontal bas et fuyant rappelle à un tel point le type du gorille qu'il fût une époque où on hésita à l'attribuer à un de nos aïeux. Les mâchoires humaines, ses contemporaines, sont presque simiennes. Si le crâne du Pithecanthropus erectus, trouvé à Sumatra, dans le pliocène supé- rieur par M. E. Dubois, n'avait pas des caractères pithécoïdes dépas- sant ceux des races humaines les plus arriérées, tant anciennes que modernes, les anatomistes de Berlin n'eussent pas prétendu que ce crâne était celui d'an singe anthropoïde d'une espèce inconnue tandis que les anatomistes anglais soutenaient que c'était celui d'un homme. On sait, enfin, depuis Broca, que les crânes des Parisiens du xix" siècle sont plus capaces que ceux des Parisiens du xu*". J'ai discuté longue- ment pourquoi la première côte cervicale et la douzième côte dor- sale tendent à disparaître de notre organisme (voy. M. intercos- taux) . Chez les Mammifères dans lesquels la sélection pratiquée par la main de l'homme favorise le développement d'un caractère, une variation accidentelle est devenue plusieurs fois l'origine d'une race particu- lière. Si l'on a égard à la coutume des Chinoises de se serrer le pied, usitée depuis si longtemps, sans que le volume de l'organe en ait diminué; à l'usage de la circoncision chez les Juifs, qui n'a pas eu la moindre influence sur la longueur du tégument préputial, et à la non- hérédité des déformations artificielles du crâne, on croirait volontiers que, dans l'espèce humaine, les caractères acquis artificiellement ne se transmettent pas. Mais dans les deux premiers cas et généralement dans le troisième la modification ne porte que sur l'un des deux sexes. Or divers anthropologistes. Gosse entre autres, soutiennent que les déformations du crâne pratiquées sur les deux sexes, pendant plusieurs générations, deviennent héréditaires. La question n'est pas résolue, mais on ne saurait se dissimuler que l'aplatissement delà nuque chez les Malais, chez les Syriens et chez beaucoup d'Américains constitue 492 VARIATIONS DU SYSTÈME MUSCULAIRE DE L'HOMME un argument en faveur do cette opinion. Au sud de FArabie, parmi les Resténites sédentaires, dans les tribus des Hyamites {Schafi)^ qui occi^Dent la péninsule depuis Bab-el-Mandeb jusqu'au Wadi-Métat, subsiste depuis plusieurs siècles une dynastie patriarcale, la famille des Fôdli : tous les enfants y naissent avec vingt-quatre doigts, très réguliers aux extrémités. Tout enfant incomplet à cet égard serait regardé comme adultérin, bâtard. Or, les Fùdli ne s'allient jamais en dehors de la parenté '. On connaît, enfin, les travaux présentés tout récemment à l'Académie des sciences par M. le professeur Mareyau nom de M. Quinton. L'évo- lutionnisme n"a eu jusqu'ici qu'une base d'investigation: l'anatomie. M. Quinton vient d'introduire dans le débat un élément nouveau non plus anatomique mais physiologique, vient d'établir en substituant le thermomètre au bistouri : 1" Que la vie exige une température précise ; 2" Que la température du globe a toujours été en décroissant ainsi que l'atteste la flore fossile ; 3° Que pour lutter contre ce refroidissement du globe la vie s'est douée progressivement du pouvoir de faire de la chaleur, si bien que les températures animales échelonnent les espèces suivant leur ordre d'apparition. Le refroidissement du globe est donc, pour me servir des expres- sions de M. Quinton, « la cause fondamentale de l'évolution ». Cette cause constante et générale de l'évolution que le darwinisme n'a pas soupçonnée est donc à ajouter à celles qu'il a déterminées : la con- currence vitale et la sélection naturelle. Il faut désormais tenir compte d'un nouveau facteur physiologique et ce ne sera vraisemblablement pas le dernier. « Il n'est pas démontré, dit M. Delage, que les modifications acquises sous l'influence des conditions de vie soient généralement héréditaires, mais il paraît bien certain qu'elles le sont quelquefois. Cela dépend sans doute de leur nature. D'ailleurs on ne sait pas quelle est dans ce résultat la part de la transmission des modifications somatiques aux cellules germinales et celle de l'action directe des conditions ambiantes sur celles-ci-.» Prolonger ces considérations serait un hors-d'œuvre. Disons-le hau- ' De Maltzan, Mém. de VAcad. des se. de Berlin, 1873. ° Delage. Loc. cit., p. 221. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 493 tcment : plusieurs présomptions ne valent pas une certitude. La solution du problème de la transmission héréditaire des variations progressives du système musculaire de Thomme, problème qui se lie à celui de l'origine des races est entre les mains des anatomistes de l'avenir. J'ai accompli ma tâche, à eux d'accomplir la leur. D'' A. Le Double. Tours, le IS juillet 1897. TABLE DES CHAPITRES TOME I Préface de M. le professeur Marey v Introductio.n IX Muscles de la face 1 — de la inasticaliou 35 — de l'œil 47 — de l'oreille 61 — de la langue 79 — du voile du palais 82 — du pharynx 83 — du cou 97 — du larynx 178 — de la nuque et du dos 191 — des parois de la poitrine 243 — des côtes. , 287 Diaphragme 297 Muscles de l'abdomen 309 — de la fosse lombo-iliaque 325 — du périnée 332 TOME II Muscles de l'épaule 1 — du bras 21 — de Tavant-bras 77 496 TABLE DES CHAPITRES Muscles de la main 153 — de la hanche 219 — de la cuisse 249 — de la jambe 303 — du pied 373 Considérations générales sur les variations du système musculaire de l'homme 429 Table des muscles et des faisceaux musculaires 497 Errata. Addenda 511 TABLE DES MUSCLES ET DES FAISCEAUX MUSCULAIRES Abaissciir de la lèvre inférieure et de la com- missure labiale, I, 26, — de la paupière inférieure, I, 60. — de la queue, I, 363. — du tendon du sous-scapulaire, II, 24. — da voile du palais, I, 82. — de la tête, I, 104. — de l'épiglotte, I. 187. — de l'oreille. I, 67. Abdominal, I, 254. Abdominal postérieur, I. 332. Abdomino-brachial. I, 248. — humerai, I, 248. Abducteur accessoire du petit orteil, il, 427. — de la jambe (long), II, 258. — de l'oreille ^longi, I, 62. — — (court), I, 63. — du cinquième métatarsien, II, 423. — du gros orteil, II. 373. — — (long), II, 348, 371. — du petit doigt. II. 171. — du petit orteil, II. 393. — du pouce (grand). II, 139. — — (long), H, 139. — — (court), II, 153. — inférieur du bras. II, 7. — humerai du pouce, II, 117. — trochantérien, II, 247. — trochitérien, II, 12. Ahductor coccyç/is, I, 359. — hallucis longus, II, 349, 371. — indicis, H, 196. — ossis metatarsi quinli, II, 425. — — minimi diçfiti, II, 425. — pollicis biceps, II, 117. Accelerator aul ejaculator urinse aul seminis, i, 340. Accessoire de la longue portion du biceps crural. 11,281. — du droit antérieur de la cuisse, II, 265. — du grand dorsal, 1, 203. — — fessier, II, 243. — — palmaire, II, 147. — du long fléchisseur commun des orteils (long), II, 403. — du petit comple-KUS, I, 223. — — fessier, II, 246. — du sacro-lombaire, I, 226. — du sterno-cléido-masloïdien, I, 110. — du trapèze, I, 235. Accessoires de l'obturateur interne, II, 239. Accessorii orbicidaris, 1, 12. Accessorius ad accessoriuin, II, 403. — ad calcaneum. 11, 403. — ad flexorem carpi radialem. II, 89. — ad flexorem prof and u)n digilorii»i,U. 101 — ad polUcem, II, 106. — ad rectum, I, 275. — menti, I, 99. — secundus. H, 403. Acromio-basilaire, I, 235. — claviculaire, I, 265. — clavicularis lateralis, II, 6. — cucullaire, I, 191. — hyoïdien, I, 144. — trachélien, I, 235. Adducteur de la cuisse (court), II, 299. — (grand). Il, 296. — (long), 11,299. — (moyen), II, 296, 299. — (petit). H, 296. — (premier), II, 296. — profond (grand), II, 296. (petit), II. 296. — (second), II, 296. — superficiel (second), II, 296. 32 t98 TABLE DES MUSCLES ET DES FAISCEAUX MUSCULAIRES Adducteur de la cuisse (troisième), II, 296. — jambe (long), II, 2G0. — du pouce. II, 197. — du gros orteil (petit), II. 392. — du second orteil. II, 420. — oblique du gros orteil. II. 380. — — du pouce, II, 197. — transverse du gros orteil. II, 381. — — du pouce, II. 197. Adchiclov bvevis criiris, II, 296. — (lif/ili quinli lonr/tis. II, 370. — liallucis obliquas. H, 392. — indicaloritis. II, 133. — loiif/its cntris, II. 296. — mar/nus criiris, II, 296. — minimus cruris, II, 296. — opponens, II, 390. — poUicis obliqiiiis. II, 392. — quarlus, II, 296. — fransversus. II, 392. — vel compressor prostatse, 1, 337. Adduclores anffiili oris, I, 12. Adjiitor splenii, I, 235. Af/italor candie. I, 361. Alaire extérieur, I. 41. — intérieur, I, 42. Alvéolo-labial, I. 21. — maxillaire, I. 43. Amygdalo-glosse, I, 86. Anconé, II, 61, 121. — antérieur, II, 58. — externe, II, 61, 121. — interne, II, 61. — (long), II. 61. — (moyen), II, 56. — postérieur. II, 56, 58. — (sus-), II, 58. — (sous-), II, 60. Anconœus brevis. II, 121. — epilrocJilearis. II, 60. — parvus. II. 121. — quartus, II, 60, 121. — quintus. II, 60. — sexlus. II, 60. Angulaire de l'omoplate, I, 209. — dorsal de l'omoplate, I, 232. Annexe du grand dorsal, I, 203. Anormal d'Albinus. I, 118. Anomalus menli. I. 30. Ansiforme sus-claviculaire, I, 263. Antérieur ou externe du marteau, I, 77. Antitragus (M. de 1'), I, 76. Autitragus antilobien, I, 76. Arc axillaire, I, 197. Arcs cruraux, II, 271. Articularis f/enii, II, 272. Aryténoïdien transverse, I, 180. Aryténoïdiens obliques, I, 180. Aryteno-cornicidalus obliquas et reclus,]. lîiO. — epiglotlicus viajor. I, 188. — — minov. I, 188. Aryténo-épiglotliques. I, 188. Allanlico-basilaris, I, 174. Allanlico-inusliiideus, I, 2i0. Atloïdo-basilaire interne, I, 174. — mastoïdien, I, 240. Attollens superior auris, I, 63. Allrahens inferior auris. I, 63. — nasi. I, 8. — superior auris, I, 63. Auriculaire antérieur, I, 65. — — profond. I, 66. — inférieur, I, 67. — postérieur, I, 61. — profond, 1, 75. — supérieur, I, 64. Aaricalo-frontalis. I, 66. — glosse, I, 72. — temporal, I, 64. — styloïdien, I, 72. A.villary slip of Ihe sabscapularis, II, 18. Axoïdo-basilaire, I, 174. Azygos uvulse, 1, 84. — du pharynx, I, 91. B Dasio-dello'ideus, II, 5. — glosse, I, 78. — humeralis, I, 235. Biceps brachial, II, 32. — crural. Il, 262, 275. Diventer cervicis. I, 219. Brachial antérieur, II, 47. — postérieur, II, 56. Bracliialis brevis seu minor, II, 111. — internus, II, 48. — internus minor ^ II, 48 — lateralis minor, II, 48. Brachio-abdominal, I, 248. — capsulaire, 11, 24. — fascialis, H, 43. — radialis, II, 39, 110. — sub-radial, II, 110. Buccœ, I, 43. Buccinateur, I, 43. Ducco, I, 43. Bucco-labial, I. 43. — pharyngien, I, 44, 85, 86. Bulbo-caverneux, I, 340. — urétral, I. 340. Calcanéo-sous-phalangien du petit orteil, H, 374. — premier, orteil, II, 374. Canin, I, 15, 27. Capsulaire de la capsule du tendon de l'obtu- rateur interne, II, 239. — de la hanche, I, 327. — de l'épaule, II, 26. — du genou, II, 272. — externe du genou, II, 268. — interne du genou, II, 272. Capstilaris-liumero-scapularis, II, 24. TABLE DES MUSCLES ET DES FAISCEAUX MUSCULAIRES 409 Capmilaris siiperior, II, 24. — sub-brac/iialis, II. 58. Capitt ongulare muscitli qiiadrali labii supe- rio'ris, I, 13, 18. — brève tricipifis ailditctoram criiris, II, 296. — inf)-a-orbilale miiscult quadralt labii su- periori.s, I, 15, 18. — lo»f/i(m fricipitis adductorum crufis, II, 296. — maqnum fricipitis addi/c forum cruris, II,' 296. — zyrjomaticitm miisculi r/iiadrati labii su- perioris, I, 21, 18. Carré crural, II, 240. Carré de la lèvre supérieure, I, 13. — des lombes, I. 325. — droit, I, 126. — du .menton, I. 28. — pronateur, I. 107. i'aro (juadrafa, II, 402. Cassérien, I, 77. Caudo-fémoral, I.36I, 362. — crural, I, 362, 363. — pedalis, I. 362. Central de la langue, I. 32. Céphaio-huméral, I.IIO. — pharyngien, I, 85. Cérato-arylénoïdien, I. 186. — cricoïdien. I. 184. — glosse, I. 78. — pharyngien (grand), I, 89. — staphylin, I. 84. Cervical descendant, I. 226. Cervici-aurien, I. 63. — sub)naxillaris, I. 121. — costo-huméral, I. 173. — Itiiiueralis, I. 235. — hyoïdien, I. 145. — scutien, I. 63. — tubien profond, I, 63. Ciliaire, I, 53. Chair carrée, II, 402. Chef radial du perforant des animaux, II 103. Chef postérieur du triceps brachial, I, 203. Choanoïde, I, 58. flwndro-epitrochlearis. I, 248. — épitrochléen, 1,248. — glosse, I. 78. — scapulaire, J, 258. Claviculo-cervical, I. 262. Clavo-trachélien, I, 235. — cucullaire, I, 191. Cleido-cervicalis, I, 237. — epistropfiicus, I, 235. Cléido-épitrochléen, II, 4. — hyoïdien, I, 145. — — accessoire, I, 129. — mastoïdien, I, 104. — occipital, 1. 108. ('leido-omo-afla)i ficus, I. 235. Cléido-omo-transversaire, I, 235. Cléido-omo-trachélien pré-transversaire, I 237. — omo-trachélien rétro- transversaire, I, 237. Cnémodactyle, II, 368. Coccijgeus, I, 359. Coccy-ischiatique, I, 359. — fémoral, 1,361. — sacro-trochantérien, II, 233. — sus-fémoral ou trochantérien, II, 233. Compresseur des lèvres, I, 13. — — narines (petit), I, 31. Compressor lisemisp/ieriorinn bulbi, 1, 340. — labii, I, 13. — naris, I. 8. — narium minor, 1,31. — nasi, I, 8. — sive constricfor iirefrœ, I. 340. — vense dorsalis pénis, I, 339, 3i0. Complexus (grand), 1,219. — (petit), I, 221. — de la tête (petit), I, 223. — de l'atlas (id.), I, 223. Conchien interne, I, 76. Condijloideus addiicfor, II, 300. Constricteur des poches anales, H, 335. — inférieur du pharynx, II, 89. — moyen du pharynx, II, 89. — supérieur du pharynx, II, 85. — du vagin, II, 340. Constricteurs des fentes branchiales, I, 125, Consfricfor alae nasi, I, 108. — islhrni iirelhrae, I, 340. — labiortim, 1,11. — prolabii superioris et inferioris, I, II. — ureflirae inembranaceae , I, 340. Contracteurs des doigts et des orteils, II, 424. Contra/ienscommi/nishi/ccartnnlabiorin)i,l.i'S. Contra/ientes dif/iforinn. II, 422, 424. Coraco-brachial (court ou supérieur), II, 22. — (long ou inférieur), II, 30. — (moyen), II, 26. — capsularis. II, 22, 23, — cervical, I, 139, 261. — claviculaire. I, 261. — cubital, II, 32. — hyoïdien, I, 144. — olecranaiis, II, 55. — radial, II, 32. Corde du fléchisseur du métatarse, II, 247. — vocale (muscle de laV I, 179. — temporo-métatarsienne, II, 247. Corrugator posticus, I, 68, 101. — siipercilii , I, 56. Costaux, 1,286. Costo-acromio-clavicularis. II, 5. — deltoïdeus, II, 5, 6. — fascialis cervicalis, I, 172. — hyoïdien, I, 141. — humeralis, 1,248. Costo-scapulaire, I, 258. — trachélien. I, 150. 500 TABLE DES MUSCLES ET DES FAISCEAUX MUSCULAIRES Court du nez. I, 31. Couturier, II, 248. — à deux tètes, II, 251. Cranii culuneus. I. 1. Crémaster, 1.32'.'. Grico-aryténoïdien latéral, I, 179. — — postérieur, I, 178. Cyico-corniculalas. 1, 18i. — hyoïdien, 1, 172. Cricoïdien interne, I, 183. Crico-thyroïdien. 1, 717. — droit, I, 177. — interne, I, 183. — oblique, 1,187. Crico-lhijroideus poslicus, 1,184, 185. — — stiperior, I, 183. — trachéal, 1, 170. Crolaphyte, I, 35. Crural antérieur ou vaste moyen du quadri- ceps lenioral, II, 271. — externe, II. 222. Cruro-coccygien. 1. 368. — pedalis. I, 3*13. Cruraeus, II, 272. Cubital antérieur. II, 93. — — (court), II, 148. — épicondylien. II, 122. — épitrochléen. 11,93. — externe, II, 122. — interne, II, 93. — postérieur. II, 122. Cubito-carpien, II, 93. — phalangetlien. H, 99. — — commun. II, 99. — radial, II, 107. — sus-métacarpien, II, 122. — — du pouce, II, 139. — sus-phalangettien, II, 133. — — du pouce, II, 138. — sus-phalangien du pouce, II, 135. — radio-sus-métacarpien du pouce, II, 139. Curvator coccygis, I, 363. — — tennis, I, 263. Cutanéo-sourcilier. 1, 56. Delto-acromial, II, 2, 3. — claviculaire, II, 2, 3. Deltoïde, II, 1. — profond (second), II, 6. Delto-spinal, 11,2,3. Demi-épineux de la tête, I, 221. — membraneux, II, 290. — tendineux, II, 285. Dentelé (grand), I, 2.56. — (large), I, 213. — postérieur et inférieur (petit), I, 215. — — supérieur (petit), 1,214. Depressor alœ nasi, I, 10. — anguli oris, 1, 25. Depressor npirts nariinn, I, 12. — aiiriciclœ, 1, 2. — cuudœ, I, 363. — lahii inf'erioris, 1, 28. — — sKjierioris, 1, 10. — — — alseque nasi, I, 10. — lahioram communis, I, 25. — mandibulœ, I, 221. — (7iasal), I, 10. — palpebrœ inf'erioris, I, 55,60. — scapiilœ, I, 257. — sepli mobilis nariion, I. 12. — supercilii, I, 53. — tendinis subscapularis majorisseu retinu- culum subscapularis majoris, II, 24. Depvessores cartilaginis de Sa7itorini, I, 180. — costarum, I, 162. — — proprii. I. 290. Der ziceichbauchii/er ubzieher des dnu- mens, 11, 117. Dermo-gastrique, I, 102, 103. — humerai, I, 102, 103. Diaphragme, I, 297. — post-cardiaque, I, -97. — pré-cardiaque, 1, 297. — thoraco-abdomiual, I, 307. — pulmonaire, I, 307. Digastricusmaxillœ inferioi'is, I. 104. Digastrique, I, 113. Digastrique du cou, I, 219. Dilatateur des narines, 1. 9. — antérieur des narines, I. 31. — inférieur du sac lacrymal, 1, 54. — postérieur des narines, I. 9. — supérieur du sac lacrymal, I, 53. Dilatalor naris anterior, I, 31. — — posterior, I, 9. — narium, I, 10. — pinnse, 1, 10. Doppelkinmuskel, I, 29. Dorsal (grand), I, 194. — (long), I. 227. Dorsalis ?iarium. I, 6. Dorsi-pafac/ialis, I. 102. Dorso-antibrachial, I, 203. — deltoïdien, II, 8. — cucuUaire, I, 192. — fascialis, 1. 103. — épitrochléal, 1, 203. — epiiroc/dearis. I. 203. — épitrochléen, I, 203. — humérien, I. 102, 103. — olécranien, I. 203. — occipital, I, 110. Droits de l'œil, I, 49. Droit antérieur de l'abdomen, I, 311. — — de la cuisse, II, 262. — — de la tète (grand), I, 161. — — (petiti, I, 163. — — médian de la tête, I, 173. — interne de la cuisse, II, 292. — latéral de la tète, I, 231. — - (long), I, 240. TABLE DES MUSCLES ET DES FAISCEAUX MUSCULAIRES bOl Droit postérieur de la tète (grand), I, 224. — (petit), I, 225. — postérieur moyen de la tête, I, 224. Duverney (M. de), I, 54. E Klévateur commun de la lèvre supérieure et de l'aile du nez, I, 13. — externe de la lèvre supérieure et de l'aile du nez, I, 15. — interne de la lèvre supérieure et de l'aile du nez, I, 13. — de la giande thyroïde. I, 167. — de la mâchoire, I, 35. — inférieur de la mâchoire, I, 42. — propre de la lèvre supérieure, I, 15. — ou releveur profond de la lèvre supé- rieure, I, 15. — ou releveur superlîciel de la lèvre supé- rieure, I, 13. Épicondylo-cubital, II, 121. — cubito-sus-métacarpien, II, 121. — radial. II, 113. — sus-métacarpien, II, 115. — sus-phalangettien commun, II, 126. — — du petit doigt, II, 130. Epicranio-temporalis, I, 65. Epicranius, I, 1. — occipifalis, I, 4. Epigas/ rie slip, I, 24!. Épiméral. II, 245. lîipineux du dos (long\ I, 227. — cou (long), I, 227. Épistaphylins latéraux, I, 84. Episterno-cleido-hyoideus subliinis, I, 137. Epitrochleo-anconâsus, II, 60. Épitrochiéo-carpi-palmaire, II, 85. — coroni-phalanginien, II, 95. — cubital, II, 60.^ — cubito-carpien, II, 93. — olécranien, I!, 60. Épitroklo-métacarpien, II, 83. — palmaire grêle, II, 85. — phalanginien commun, II, 95. — radial, II, 79. Erecfor penls, I, 339. Étrier (M. de l'i, I, 77. Eustachien, I, 77. Ex-occipito-épiscapulaire, I, 213. Extenseur accessoire de l'index, II, 209. — antérieur des phalanges, II, 126, 214. — — — (petit), 11,214,339. Extenseur commun des deux doigts, II, 127,347. — — des doigts (court , 11,213. — — - (long),' II, 215. — — des orteils (court). — — — (long), 11,351. — — du petit doigt et de l'an- nulaire, II, 131. — commun du pouce et de l'index, II, 151. — de l'avant-bras (petit), II, 121. Extenseur de la capsule articulaire du coude, 11,58. Extenseur de la queue, I, 368. — du gros orteil (court), II, 372. — intermédiaire des doigts, II, 128, 352. — latéral des phalanges, II, 130. — — — (petit), II. 127. — oblique du métacarpe, II, 135. — propre de l'annulaire, II, 132, 150. — — l'index, II, 133. — — — (court). II. 209. — du cinquième orteil, II, 370. — du doigt externe, II, 132. — — interne, II, 127, 347. — du gros orteil (court) II, 417. — — (long). H, 358. — du médius, II, 134, 149. — du micros, II, 215. — du paramèse, II, 215. — du petit doigt, II, 130, 132, 215. — du petit orteil, II, 344. — du quatrième et du troisième doigt, II, 215. — du verpus, II, 215. Extenseurs directs des doigts, II, 216. — latéraux des doigts, II, 216. Extenseur propre du l"et du 2°orteil, II, 419. Extensor brevis des Mittelfingers, II, 203. — — digi/i indieis vel 7nedii,ïl, 203. _ _ digiloritm, II, 203. — — proprii/s vel latendis medii dujUi, II. 203. Extensor carpi radialis accessorius, II, 117. — — — brevis, II, 115. — — — intermedius, 11,117. — — — lonf/ior,]\, 115. — — — lonrjus, II, 115. — — ulnaris, II, 122. — dif/italis laleralis.. II, 130, 133. — — principalis, H, 133. — dif/i/i quinti proprius, II, 130. — — II pedis longus, II, 356. — dorsi, I, 227. — hallucis brevis, II, 417. — — longus tricaudatas, II, 359. — indicis, II, 133. — indicis proprius, II, 133. — indicis et medii digiti, II, 134. — metacarpi pollicis, II, 139. — mini)ni digiti, 11,130. — assis metatarsi hallucis, II, 371. — pollicis major, II, 138. — — minor, II, 135. — primi internodii liallucis, II, 371, 372. — — — pollicis, II, 135. — proprius quinti digiti, 11,370. — quinti digiti, II, 370. — secundi internodii pollicis, II, 138. — secundus digitorum, II, 128, 352. — tertii internodii indicis, II, 196. Externe du marteau (petit muscle), I, 77. Externum capul musculi tricipitis, II, 55. 502 TABLE DES MUSCLES ET DES FAISCEAUX MUSCULAIRES Exleriius mclialts, U, 115. — — ibi'evior), IL Uô. Faisceau auriculaire du stylo-glosse, l, 72. — caudal du grand fessier, I. 360. — costo-pleural ou profond de l'appareil suspenseur de la plèvre, L 161. — inférieurde l'auriculaire postérieur, L 61, 68. — ischialique du grand fessier. H, 243. — pectoro-dorsal du grand dorsal, I, 197. — supplémentaire du grand pectoral, L 248. — sous-symphysien du triangulaire des lèvres, L 26. Faisceaux accessoires ou extra-pelviens de l'obturateur externe. II, 239. Fasciculus aberrans pronafor quadrall, 1, I4o. — infra-spinal us delloideas, I, 5, 6. Fémoro-coccygien, I, 360. Fessier antérieur (petit), II, 245. — (cinquième), II. 247. — (grand). II, 219. — marginal, II, 245. — (moyen), II, 224. — (petit), 11, 227. — profond, 11, 248. — (quatrième), II, 245. Fibres de Lucas, I, 103. — accessoires du triangulaire des lèvres, 1.25. Fihulœas, 11,368. Fibulinus, II, 368, 370. First pollicul exlensor, II, 139. Fléchisseur commun des orteils (court), II, 395. — (long), II, 327. — profond des doigts, II. 99. — superficiel des doigts, 11,95. — digastrique de l'index, II , 96. — du gros orteil (court), H, 375. — du petit doigt — , II, 175. — du petit l'orteil — , IL 393. — du pied. II, 347. — du pouce (court), II, 162. — — (long). II, 103. — — (grand), II. 103. — et adducteur de la jambe (long), II, 287. — externe, ou péronier delà jambe, IL 275. — — du métacarpe. II, 122. — interne du métacarpe, II. 83. — oblique du métacarpe, IL 93. — — des phalanges, II, 334. — perforant des doigts. II, 99. — — des orteils, II, 327. — perforé des doigts, II, 95. — — des orteils, II, 395. — péronier des orteils, II, 327. — plantaire des orteils, II, 397. — propre du gros orteil, 11,327. — — (long), 11, 103. — tibial des orteils, IL 327. Fléchisseurs internes ou tibiaux de la jambe, 11,288. Fle.ror carpi radial is, II, 83. — — — brevis vel profundus, 11,141, 147. — ■ — ulnaris. Il, 93. — dif/ili secundi proprius, 11, 334. — difjilorum profundus, II. 99. — — sublimis, II, 95. — manûs radialis, 11, 83. — mininit digiii accessorius, II, 176. — secundi infernodii diffitorum, 11, 95. — fertii internodii dirjitorum, II, 95. Folien, I, 77. Frénateur tympanique externe, I, 77. — — interne, I, 77. Frontal, 1. Frontalis pars per dorsum nasi ducta, I, 6. Fronlis (/«.), 1, !• Fronto-auriculaire, I, 56. — sourciller, I, 56. G Gaine musculaire du tendon de l'obturateur interne, II, 239. Gantzer (muscles de), II, 89, 101, 106. Gastrocnémien, 11, 308. — à trois chefs, II, 308, Gaslrocnemius ferlius, 11, 308. Génio-épigloltique, 1, 187. — glosse, I, 80. — f/Iùssi/s accessorius, I, ^L — hyoïdien, I, 128. — pliaryngien, I, 86. Gladiolaire, I, 254. Gléno-bracirial, II, 34, 35. — cubital, IL 32, 33. ~ radial, II, 32, 33. Glosso-épiglotlique, I, 187. — pharyngien, 1. 85. Gluteo-perinealis, I, 357. Gracilis cruris, II, 292. Gracillimus orbitis, I, 47, Grêle interne, II, 293. — antérieur de la cuisse, 1, 327. Groin (M. du), I, 9. Guthrie (M. de), I, 340. H llarling (M. de), II, 298. Hélix (grand muscle de F), I, 75. — (petit muscle de 1'), I, 75. llépatico-diaphragmatique, I, 301. Ilischio-péronéal, II, 282. Horn-Bingknorpelmus/iel, 1, 184. Houppe du menton, I, 30. Iluméro-abdominal, I, 2i8. — styloïdien, II, UO. — sus-métacarpien, IL 115. — sus-radial, II, 110. Hyo-anfjularis, I, 125. TABLE DES MUSCLES ET DES FAISCEAUX MUSCULAIRES 503 llyo-cervical, T, 172. — épiglollique, I. 186. — fascialis, I, 172. — glosse, I, 168. — thyro-lhyroïdien, I. 1( — trachéal, I. 196. Hypéro-pharyiigien, I, 91. I Iléo-capsulo-irochanlérien, T, 326. — péronéal, II, 280. Iliaque, I, 326. — (petit), 1,326. llio-aponévrotique, II, 221. Jlio-capsularis, I, 326. — coccygien, I, 337. — costal, I. 2-26. — costalis Itimboruni, I, 226. — fémoral grêle, I, 327. — rotulien, II, 266. — libial, II, 220, 2.56. Incisif moyen, I, 10. Incisifs inférieurs, I, 12. — supérieurs, I, 12. Incisivus labii hi ferions,!, 10. — — superioris, I, 30. Incisurse cartilaginis thyroklese médise Irans- versiis (m.),I, 181. — cai'lilaçjinis thyroideae médise obli- quas, I, 181. Jncisoriiis, 1, 15. Indicator, II, 133. — anomulas brevis et extensor brevis anoma- lus medii di;/iti, II, 203, — biceps. II. 203. — pedis. II. 356. Indicaloi'iiis, II, 133. Infra-clavicidaris. I, 66, — costales, l, 290, — spinatus minor, I, 11. — — secundus,l, 18. Innerer langer Kopfdes dreikpfir/ers streckers. II, 55. Interaryténoïdien. II, 180. — transverse. II. 180. Interaryténoïdiens obliques, II, 180. Interclavicularis digastricus anticus, II, 265. Intercostaux externes, II, 287. — internes II, 288. Interdigastrico (m.\ II, 115. Interépineux, I, 230. — superficiel, I, 231 . Interne du marteau, I, 77. Interosseus plantaris hallucis, II, 410. — prior indicis, II, 196. — primus plantaris, 376, 11,410. — — volaris, II, 194. Interosseux de la jambe, II, 362. — de la main (dorsaux), II, 189. — — (palmaires), II, 193. — dorsal surnuméraire de la main, II, 202. Interosseux du pied (dorsaux), II, 411. — — (plantaires), II, 409. Interpollicaris transversus, 11,202. Interscutien, I, 64. Intertransversaire antérieur du cou (long), I, 229. — postérieur du cou (long), 230. Intertransversaires communs ou longs, 1, 228. — propres ou courts, I, 230. Intertransversaires obliques, 1. 230. Intra-costales, I, 290. Invertor femoris, II, 245. Ischii-fémorien, II, 299. Ischio-caudal, I, 359. — caverneux, I, 339. — coccygien, I, 359. — condylien, I. 298. — fémoral, II, 243, 296. — fémorien, II, 243. — pénien, I, 339. — périnéal, I, 355. — péronéal, II, 282. — pubio-urétrai, I, 340. — urétrai, I, 340. — urétrai transverse profond, I, 345. Isocèle (premier), I, 229. Jambier antérieur, I, 346. — — (deuxième), II, 347. — petit, II, 372. — postérieur, H. 323. Jocbeinzacke. I, 16. Jugo-maxillaire, 1,39. Jumeau accessoire de la jambe, II, 308. Jumeaux de la jambe, II, 303. — pelviens, II, 236. K Klein (M. de), I, 13. Kerato-cricoideus , I, 184. Kopf-arm-muskel, I, 236. Labial, 1,11. Labio-auriculaire, 1, 20. Labio-nasal depressor, 1,10. Lacrymal, I, 19, 60 — antérieur, 1,53. — postérieur, I, 53. Lacrymalis, I, 54. Lacrymo-Iabial, I, 19. Lambdo-conchien, I, 63. Lateralis nasi, I, 10. Lalissinio-condyloideus, I, 203. Laxator tympani major, 1, 77. — — 7ninor, I, 77. Levator anguli oris, I, 27. 50 i TABLE DES MUSCLES ET DES FAISCEAUX MUSCULAIRES Levator caudse^ I, 368. — claviculœ, ], 235. — coccygis, I, 360. — glandulœ thyvoïdeœ lalerali.s, I, 168. — labii inferioris, l, 30. — — superioris proprius vel major, I, 1.") — labiorum commums, I, 27. — menti, I, 30. — palali mollis anierior, I, 82. — pharyngis inlernus, \, 87. — proprius aise iiasi anierior, 1,31. — poslerior, I. 9. — prostatae, I, 337. — scapulse major vel anierior, I. 235. — — minor vel poslerior, I, 232. — tendinis lalissimi dorsi, II, 23. Levalores brèves coslarum, I. 289. — longiores coslarum, I, 289. Linguaux verticaux, I, 32. Lombo-stylien, 1,241. Lombricaux de la main, II, 178, — du pied, J, 406. Long du cou, I, 164. Longissiinus allanlicus, 1,223. — capilis, I, 222,223. — cet^vicis, I, 222. — pollicis, I, 103. Longus atlaniis, I, 164. M Màcheur (second), I, 42. — (premier), I, 38. Malaris, I, 55, 56. Mandibularis externus, I, 38, Mandibulo-maxillaire, I, 39. Manducatorius, I, 38. Manieux, II, 203. Manubrial profond, I, 254. — superficiel, I, 254. Marsupiaux, II, 239. Masséter, I, 38. — interne, I, 42. — trigaslricus, I, 39. Masto-carotidien, 1, 107, — hyoïdien, I, 114, 119. — humerai, I, 110, II, 3. — — profond, I, 173. ilastoïdo-acromio-claviculaire, I, 235. — auriculaire, I, 75. — parolidien, I, 112. — pharyngien, I. 87. Maxillaire, I, 14. Maxillo-labial, I, 25. — mandibulaire, I, 39. Membrana freno-œsophagea, I, 303. Mentalis, I, 30. Mento-labial, I, 28. Mento-hyoïdien, I, 166. Merkel (M. de), I, 148. Métatarse -phalangien du premier orteil II, 374. Métatarso-sous-phalangien transversal du pre- mier orteil, II. 374. — phalangiens latéraux, II, 374. Moustachier, 1, 10. Multifide, I, 228. Muscle de l'agression, 1,6 — de l'attention, I, 1. — de l'élonnement, I, 1. — de la lubricité, I, 8, — de la menace, 1. 6. — de la réflexion, I, 53. — du dégoût, I, 28. — du mécontentement, du mépris, I, 25. — du pleurer, I, 15, 21. — — à chaudes larmes, J, 13. — du rire, I, 20. — du rire force, menaçant, I. 25. — du sanglot. 1, 13, Mylo-hyoïdien, I, 126. — glosse, I, 79. — pharyngien, I, 85. Myrtiforme, 1, 10. N Nasal depressor, 1,10. — dilalalor. I, 19. Nasalis, T, 10, 11. Nasalis labii superioris, l, 12. Naso-labialis, I, 12. — labial elevator, I, 13. Nulalores capifis. I, 104, 112. 0 Oblique de l'abdomen (grand ou externe), I, 317. — — (petit ou interne), 1,319. — de la tête (grand). I, 225. — — (petit), I, 226. — de l'œil (grand), 1, 49. — — (petit), I, ;49. — du pavillon de l'oreille, I, 76. — primitif, I, 285. Obliquus inferior colli, I. 164. — superior colli, I, 164. Obturateur externe. II. 235. — interne II,, 233. Occipital, I. 4. — transverse, I, 68. Occipitalis minor, I, 68. — teres, I, 68. Occipiti-aurien, 1, 62. — — rotateur, I, 62. Occipito-frontal, I. 2. — hyoïdien, I, 119, 166. — pavillien, I ,63. — pharyngien, I, 86. — pollicien, 1, 192. — scapulaire, I, 232. TABLE DES MUSCLES ET DES FAISCEAUX MUSCULAIRES oOo Occipito-sciUien, I. 63. — staphylin, I, 88. Œsophagien, 1, 167. Otno-auconœeiis, I, 203. — aflanliciis, 1.2^0. — cervical, 1, 245. — claviciilaire, I. 261. — hyoïdien. I, 136. — trachélien, I, 235. — — prétransversaire, I. 237. — — rétro-transversaire, I, 237. Opposant du gros orteil, II. 420. — du petit doigt, U, 177. — — orteil. II. 394. — — pouce. II, 611. Oral aiir/le elevator, I, 27. Oral orbicular muscle, I, 11. Orbiculaire de l'urètre, I, 340. — des lèvres, I, 1 1. — des paupières, I, 53.' — externe d'S lèvres, I, 12. — interne des lèvres,!, 12. — supérieur des paupières, I, 53. Orbicidaris lafas, I, 53. — oculi, I, 53. — oris, 1, II. Orbito-labial, I, 19. Ovthe foremosl m;«cZedususpensorium, 1, 125. Palatin (grand), I, 42. Palato-glosse, I, 85. — pharyngien, I, 90. — staphylin. I, 83. Palmaire cutané. II, 170. — (grand;, II, 83. — grêle, II, 85. — (longi, II, 85. — (petit), II, 85. l'almaris licaudatus, II, 91. — tricaudafits, II, 91. Palpébral inférieur, I, 60. Pannicuhis carnosus, I, 97, 286. Paraméral. I, 361. Parolido-auriculaire, I, 67. Pars abdoninialis pectoralis majoris, I, 248. — fransversa muscidi nasalis, I, 8. Peaucier, I, 97. — cervico-facial, I, 98. — dorso-huméral, I, 103. — du thorax et de l'abdomen. I, 102. — (grand), I, 102. — releveur de la vulve et du scrotum, 1, 102. Peauciers abdominaux, I, 102. — axillaires. I, 102. — dorsaux, I, 102. — sous-occipitaux de la nuque, I, 68, 101. — thoraciques, I, 102. Pectine, II, 294. Pectoral ^grand), I, 243. — intermédiaire, I, 245. Pectoral (petit), I, 250. — superficiel, I, 245. — (troisième), I, 248. Pectoralis )ninimiis, I, 254. — quartus, 200, I, 248. Pédieux, II, 413. — de la main, II, 203. — (cinquième), II, 370. Percé du pied, II, 396. Perforant des doigts, II, 99. — — orteils, II, 327. Perforatus pedis, II, 396. Perforé des doigts, II, 95. — — orteils, II, 396. Perforé du pied, II, 396. Péristaphyli-pharyngien, I, 91. Péristaphylin externe, I, 83. — interne, I, 84. Péritonéo-diaphragmatique, I, 305. Perodactylus, II, 368. Peronœo-calcaneus exlernus, II, 364. — calcaneus internus, II, 403. Péronéo-cuboïdien, II, 365. — malléolaire, II, 368. — tibial, II, 360. Peronœus accessoriiis, If, 364. — infermedius, II, 341, 370. — médius, II, 364. — parviis, II, 370. — quartus, II, 364. — qui/1 ti, H, 370. — quiiifi digiti, II, 340, 370. — sex/us, 364, II, 370. — terlius. II, 342, 370. Péronier antérieur, II, 342. — du doigt pénultième, ll,3i2. — du cinquième orteil, II, 369, 370. — latéral (court), II, .339. — — (long), II, .334. — moyen, II, 370. — (quatrième), II, 364. Pétro-pharyngien, I, 87. Pharyngo-staphylin, 1, 90. Philips (M. de), I, 127. Phréno-gastrique, I, 304. — hépatique, I, 304. — œsophagien, I, 303. — péritonéal, I, 304. — rétro-médiastinal. I, 304. Pilier intermédiaire du diaphragme, I, 308. — latéral du diaphragme, I, 308. — médian du diapiiragme, I, 302. Piliers accessoires du diaphragme, I, 305. Pinnal radié, I, 10. — supérieur, I, 9. — traiisverse, I, 8. Plantaire carré, II, 400. — grêle, II, 314. Plantaris, 308, II, 315. — bicaudatus, II, 318. Plat de la joue (M. du), l, 38. Plalysma mydides, I, 2. — risorius, I, 24. 506 TABLE DES MUSCLES ET DÉS FAISCEAUX MUSCULAIRES Pleuro-transversaire, I, 160. Poplité, II, 319. — (muscle accessoire en connexion avec le), II, 319. — (petit). II, 319. — (sous-), II, 363. — supérieur, II, 319. Poplifeus biceps. II, 320. — f/eminus, II, 320. Poumon (m. du). I, 307. Porlio ahdominalis pectorulis iiKijorls, I, 248. — musculi cutanei supra parotidem ad aurem ascendentis, 1, 101. — pyramldalis pectoralis mrijoris. I, 248. Portion antérieure du carré des lombes, I, 326. — de l'épineux postérieur (petite), II, 12. — du faisceau antérieur du carré des lom- bes (petite). I, 326. — ilio-costale du carré des lombes, I, 320. — lombaire du carré des lombes, I, 325. — lombo-costale du carré des lombes. I, 326. — postérieur du carré des lombes. I, 326. — principale du scalène des lombes. I, 326. — transverso-costale du carré des lombes. I, 325. Préclaviculaire latéral, I, 26i. — médian, I, 265. Précoraco-huméral, II, II. Présternal, I, 275. Primi paris consfrir/iinn alas, I, 8. Primus omnium maximus sui laleris clunein efformans, II. 224. Procerus nasi, II, 6. Pronateur (carré), II, 107. — (grand), II, 79. — oblique, II, 79. — (petit). II, 107. — (rond), II, 79. — transverse. II, 107. Pronalor pedis. II, 322. — tibiœ. H, 483. Prostatique supérieur, I, 337. Protracteur de l'os marsupial. I, 316. Proiractor arcûs cruralis, I, 324. Protractores anriuli oris, I, 12. Protusores anguli oris, I, 12. Psoas accessoire, I, 328. — (grand), I, 328. — (petit), 1, 328. — surnuméraire, I, 330, 331. Ptéryrjdideus major, I, 42. — minor, 1, 41. Ptérygoïdien externe, I, 41. — interne, I, 42. — propre, I, 44. Ptérygo-épineux, I, 45, — maxillaire, I, 45. — — (grand), I, 42. — — (petit), I, 41. — palatinus, I, 82. — pharyngien, I, 95, — pharyngien extrinsèque, I, 95. ubio-fèmoral, II, 296. Pubio-péritonéai. I, 323. — prostatique. I, 340. — libial antérieur. 11, 256. — transversal. I, 323. Pubo-coccygien. 1,337. — fémoral. Pyramidal de l'abdomen, I, 314. — de la hanche, II, 228. — du nez, I, 615. — (grand), I, 126. PijratriidaHs, I, 13. Pi/ramidaiis auriculse, I, 75. — menti, I, 25. — narium, 1, 13. — nasi, I, 6. — socius, I, 14. Pyriforme, II, 230. Q Quadralus labii inferioris, I, 28. — — superioris, I, 13. — femoris, II, 240. — men/i, I, 28. — plantœ, II, 400. Quadriceps brachial. II, 57. — fémoral. II, 260. Quadrijumeau de la tête, 1, 113. — du bras. II, 33 Quadripartites (m.), II, 49. Quinticeps fémoral. II, 266 R Piadial accessoire. II, 118. — antérieur, II, 83. — — court. II, 141. — externe (premier). II, 115. — — (second), U, 115. — intermédiaire. II, 117. — — bicipital, II, 117. — interne, II, 83. Radiœus externus tricornis, II, 119. Radio-brachio-carpien, II, 144. — carpien, II, 142. — carpo-métacarpien, II, 142. — cubito-carpien, II, 144. — épitrochléo-carpien. H, 144. — internus brevis vel minor, II, 141, — palmaire, II, 142. — phalangettien du pouce, II, 103. — phalangien, II, 142. — métacarpien. II, 144. — sus-phalangien. Il, 135. Reclus abdominis superficialis, 1, 281 . — accessorius cruris, II, 266. — anticus médius seu minimus capitii I, 173. — capitis, I, 162. — coin, 1, 164. — labii, I, 13. TABLE DES MUSCLES ET DES FAISCEAUX MUSCULAIRES SOI Reclus laleralis, I, 317. — — accessorius. I, 310. Reclus slernalis, I, 275. — slerni, I, 275. — thoracis, 1, 275. lîeleveur de la lèvre antérieure, I, 14. — de l'anus, I, 337. — de la paupière supérieure. I, 47. — de l'épiglolte, i, 188. — de la queue, I, 369. — de la verge, I, 39. — propre de l'épaule, I, 232. Jiétracteur de la dernière côte, 1, 320. — du scrotum, I, 335. Re tract or coslse, I, 320. Retrahens anlerior auris, I, 63. — inferior auris, I, 63. — inlernus auris, I, 63. — superior auris, I, 63. Rhabdonvjomala, II, 45. Rhinœus, I, 13. Rhomboïde antérieur. I. 232. — de la tète, 1, 232. — cervical, I, 232. — (grand), I, 208. — (petit), I, 207. — occipital, I, 232. Rhombo-atloïdien, I, 23i. Rhomboideus de Santorini, I, 18. Risorius, I, 24. — liovus, I, 24. Rond (grand), II, 15. — (petit), II, 13. — de la cuisse (petit). Rotateurs des vertèbres, I, 228. Rolalor humeri, II, 22. Rotalores brèves, 1, 228. — lonrji, I, 228. Sacro-coccjjf/eus inferior, 1, 363. — posferior, I, '.iO?'. — coccygien antérieur, I, 363. — postérieur, I, 36S. Sacro-louibaire, I, 226. Sacci-lacrijmalis (m.), I, 54. — — anlerior (m.), I, 5i. — — poslerior (m.), I, 5i. Salpingo-pharyngien, I, 87. Saphène (m.), Il, 301 . Sangle du menton, I, 20. — du triangulaire des lèvres, 1, 26. Sartorius bicaudalus. II, 25i. — biceps, II, 254. — difjaslricus, II, 2.")0. Satellite de l'artère cubitale (m.), II, 93. — radiale (m.),' II, 110. Scalène antérieur, I, 155. — intermédiaire, I, 155. — latéral, I, 1.59. — moyen, 1, 158. Scalène (petit', I, 160. — pleural, I, 160. — pleurotransversaire, I, 160. — postérieur, I, 159. Scalènes, I, 149. Scaler(us accessorius, I, 60. — 7ninimus, I, 155. Scansorius, II, 245. Scapulo-claviculaire, I, 260. — clavien, 1, 260. — cas ta lis, I, 258. — humerai grêle, II, 26. Scapulo-humeralis dir/aslricus, II, 6. — trochitérien (petit), II, 15. — scuto-auriculaire, II, 15. Second chef de Yindicalor biceps, II, 209. — faisceau du crico-thyroïdien double, I, 184. — opponens, II, 390. — pollical extensor. II, 135. Semi-spinalis dorsi et cervicis. I. 228. Si?igularis colli, I, 229. — splenii accessorius, I, 235. Serralus inlernus, I, 290. Soléaire, 11, 310. — accessoire, 11, 311. — surnuméraire, II, 311. Sourciller, 1, 56. Sous-clavier, 1, 260. — costaux, I, 290. — crural, 11, 272. — cutané du cou, I, 112. — — épicranien, I, 2. — épineux. II, 11 . — — superficiel, II, 12. — pubi-fémorien, 11, 299. — pubio-fémoral, II, 296. — — fémorien, II, 299. — scapulaire, II, 17. — — accessoire, II, i^^. — — — (petit). II, 18. Sphéno-maxillaire et palatin, I, 45. — maxillien (petit), I, 41. — pharyngien, I, 87. — salpingo-pharyngien, I. 88. Spino-dorsaux. I, 221. Spino-huméraux, I, 221. Sphincter ani lertius, I, 336. — de l'anus (externe), I, 33i. — — (interne), 1, 335. — — (supérieur ou d'O.Beirne). I, 336. — de l'urèt'-e, I, 340. — de la vessie (externe), I, 340. — — (interne), I, 353. — des naseaux, I, 11. — du cloaque, I, 323. — laryngien, I, 177. — oculi, l, 53. — œsophagien, I, 306. — oris, I, 11. — palpebrarum, I, 53. — prostatique. I, 353. o08 TABLE DES MUSCLES ET DES FAISCEAUX MUSCULAIRES Sphincter strié du vagin, I, 340. Sj)leiirtis accessorliis, I, 235. Splénius de la tête, I, 217. — du cou, L 216. Stapédien, 1,77. Sternal, I, 275. — Iransverse, I, 280. Sfernalis, I, 275. — bniforum, I, 275. Slerno-abdomiiialis, 1, 29 L — aponcvrotique, I, 245. — basilaire, I, lii. — cépiialique, L 112. — cervical, I, l'^2. — chondro-scapuiaire, I. 258. — — thyroïdien, I, 131. — claviculaire, I, 260. — clavicularls siiperior, I, 264. — cléido-hyoïdien, 1, 129. — — mastoïdien, 1. 104. — — mastoïdo-occipital, I, 113. — fascialis, I, 172. — humerai. I, 245. — mastoïdien. I, 111. — maxillaire ou mandibulaire. I, 104. — omoideus, I, 264. — occipital. I, 107. — préscapulaire, I. 245, — scapulaire, I. 258. — trochinien, I. 245. iStimmbandmuskel, I, 179. Stylo-auriculaire, I. 73. — chondro-hyoïdiens. I, 123. — glosse, I, 79. — hyoideus al ter, T, 123. — — 710VUS. l, 123, — — secii7idus, I. 123. — hyoïdien, I, 122. — — (petit). I, 123. — — profond, I, 123. — maxillaire, I, 125. — pharyngien, I, 90. — — inférieur, I, 92. — jiharyngeus alter, I, 90. Subcmconœus, II, 58. Subclavms postions, II, 258. Subcostales, II, 290. Subo'iiralis, II, 272. Subcriiœus, 11, 272. Siibscapvlaris minor, II, 18. — seciindus, II, 18. Subscapulo-capsidaris, II, 18. — hwneralis, II, 18. Hubtarsal, I, 53. Subthyroideus, I, 182. Subvertebral reclus, I, 162. Superior labial elevator, I, 15. Supinateur (long), II, 110. — (court), II, 113. Supinator, II, 113. — brevis accessorius, II, 115. — lo7igus accessorius, II, 111. — pedis, II, 371. Supinator primas, II, 110. Supra-labial elevator, I, 15. — coslalis, I, 271 . Sur-costal antérieur, I, 271. Sur-costaux (courts ou petits), I. 289. — (grands ou longs), I, 289, Surnuméraire du dos de la main, II, 203. Sus-cervico-cutané, I, 102. Sus-cervico-pavillien, I, 63. Sus-épineux, II, 10. Sus-clavier, I, 260. Sus-maxillo-labial, I, 14. — — (grandi, I, 13. — — (moyen), I, 15. — — (petit), I, 27. — labiaux accessoires, I, 19. — nasal (grand), I, 15. — naso-labial, 1, 14. Suspenseur de la plèvre, I, 160. — du duodénum, I. 305. — du testicule, I. 322. Syndesmo-pharyngien, I, 90. — thyroïdien, I, 182. TatarofT (m. de), I, 75. Temporal, I, 35. — superficiel, I, 35. Te mporalis minor, I, 37. Temporo-auriculaire, I, 64. — maxillaire, I, 35. — maxillien, I. 35. Tendon digital ou phalangien du court péro- nier latéral, II, 340. — dorsal du court péronier latéral, II, 340. Tenseur de l'aponévrose cervicale superfi- cielle, I, 263. — de l'aponévrose de la jambe, 11, 316. — — sous-claviculaire antérieure, 1,266. — de l'arcade crurale, I, 362. — de la capsule de l'épaule, II, 20. — de la gaine du fléchisseur commun des doigts, II, 141. — delà muqueuse alvéolo-labiale, I, 18. — de la synoviale du coude (antérieur). II, 58. — — — (postérieur), III, 58. — — du genoit, II, 272. — — radio-bicipitale, II, 75. — du fascia la la, II, 258. — du feuillet postérieur de la gaine du grand droit, II, 323. — du feuillet postérieur de la gaine du grand droit de l'abdomen et du fascia transversalis, I, 323. — du voile du palais, I, 82. Tensor capsuli-tibio-tarsalis anlerior, II, 403. — fascise brackii, I, 102. — — deltoïdeœ a fascia infra-spinatâ, II, 5,103. — fasciae margine axillari scapulse, II, 5. TABLE DES MUSCLES ET DES FAISCEAUX MUSCULAIRES 509 Teiisot' fascise colli, 1,263. — — dorsalis pedis, II, 348. — — et cutis foveœ ajcillaris, II, 17. — — femoris internas, II, 253. — — plan ta ris. — — poplilealis, II. 279. — laminse posterioris vuijinœ m. recti abdo- minis, II. — laminœ posterioris vaginse m. recti abdo- mitiis et fascise transvei-salis abdomi- nis, 1, 323. — membrani synovialis tarsi, II, 403 . — plicse alaris, I, lùO et II. 10. — tarsi, II, 54. — trochlese, I, 48. — tympani . Tensores fascise suralis. II, 278. Teres ^ninimus, IF, 15. Tête externe du tendon du muscle obturate ur. Il, 239. Thénar cutané, II, 201. Thiernesse (m. de), H, 214. Third pollical extensor. H. 138. Thyreo-syndestnicus, 11, 136. — triticealis, II, 136. Thyro-adénoïdien, II, 167. — aryléno'ideus minor, 11, 179. — arylénoidien, II, 178. — épigloUiques, II, 187. — èpi^'lottique (grand), IF, 187. — épigloltique (petit), IF, 187. Thyroïdeus marf/inalis inferior. II, 181. — proprius, 11, 183. — superior, II, 130. Thyroïdien inférieur, II, 182. — propre, II, 183. — transverse, II, 181. Thyroïdeus laterulis or cerato-hyoideus, I, 136. — superior or minor or azyyos. I, 135. ïhyro-hyoïdien, I, 135. — médiastinal. I. 171 . — stapliylin, I, 90. — tracliéal, 1, 170. Tibial antérieur, II, 346. — postérieur, II, 323. — — (second). II, 32i. — — de l'avant-bras, II, 41,147. Tibialis posticus vel internas, II, 325. — secundus, II, 324. Tibio-astragalus anticus, II, 350. — calcanéen, II, 366. — fasciaiis anticus, II, 350. — tarsalis, II, 35. Trachélo-atloïdien, I, 229. — clavicalaris iinus, I, 237. — occipital, I, 219. Tragus (m. du), I, 75. Transversaire du cou, I, 222. — épineu.x du cou et de la tète, I, 220. — grêle. I, 226. Transversal des côtes, I, 273. — du pied, I, 392. Transversalis, I, 162. — cervicis anterior, I, 230. — anticus, I, 229. — médius, I, 229. — menti, I, 26. Transverse de l'abdomen. 1, 321. — la nuque, I. 68. — l'orbite, I, 68. — du cou, I, 171. — menton, 1, 26. — nez, I, 8. — — (accessoire), I, 31. — pavillon de l'oreille, 1. 75. — — (supérieur), I, 76. — périnée, I, 355. — — (profond), I, 3i0. — — (superficiel), I, 355. — scapulum, 235, 1, 2i0. — thorax, I, 291. Transverso-anal, I, 355. Transverso-épiscapulaire, 1, 213. — urélral, 1, 340. Transversus colli, 1, 181. — nianûs, II, 392. — nasi {accessorias), I, 31. — nuchae, I, 68. — j)edis, II, 384, 392. — perinei, I, 355. — — {alter), 1, 356. — thoracis posterior, I, 290. Trapèze, I, 191. — cervical, I, 191 . — dorsal, I, 191. — antérieur, I, 192. — postérieur, I, 192. Triangularis coccygis, I, 359. — menti, I, 25. — nasi, I, 8. Triangulaire, I, 126. — des lèvres, I, 25. — du sternum, I, 291. — — (antérieur ou externe), I, 275. — interne, I, 25. Triceps brachial, II, 53. — crural, IF, 262. — laryngien, 1, 180. — longas secandus, II, 55. — sural, II, 300. Trifémoro-rotulien, II, 269. Trigastricus, I, 115. Tripartites (wi.),II,48. Triticéo-glosse, I, 78. Trumpeter {m.), I, 43. Tympano-auiiculaire, I, 75. u Ulnaris e.vternus, II, 122. _ _ brevis, II, 122. — internus, II, 93. — — brevii. II, 148. olO TABLE DES MUSCLES ET DES FAISCEAUX MUSCULAIRES Ulnaris (juinli dif/iti, II, 126. Vlno-carpalis sinr/uUtris anterior, II, 148 Unci-pisiformien, II, 202. Urétro-bulbaire, I, 340. — pubien, I, 340. Vasle externe du quadricpps fémoral, II, 266 — — brachial, H, o7. — interne du quadriceps fémoral, II. 269 — — brachial, II, 57. — (long), II. 221. — moyen du quadriceps fémoral (crural antérieur). 11, 270. — moyen du quadriceps brachial (brachial postérieur), II, 57. Vertébro-hyoïdiens, 1, 145. Vertico-scutien, I, 64. Vésico-proslatique, I, 337. X Xyphoïdien (péri-), 1, 324. Y Ypsilo-glosse, I. 78. z 'A(i< tibialis anterior » ed « extensor hallucis longus ». Giomale délia Reale Accademia di medicina di Torino, vol. III, an LX, fasc. 6, juin 1897.) L'une ou l'autre des deux branches du tendon terminal peut, aussi bien dans l'espèce humaine que dans les espèces animales, être absentes. Chez le lièvre, le lapin, le cobaye, etc., le muscle en cause se fixe seulement sur le premier métatarsien et chez le hérisson, la taupe, etc., sur le premier cunéiforme. Le tendon terminal du jambier antérieur est, enfin, pourvu d une gaine séreuse, bien étudiée par MM. Cannieu et Chemin. (Cannieu A. Sur une disposition rare des gaines tendineuses du jambier antérieur et de l'extenseur propre du gros orteil normale chez les Singes cynocéphales. Dibliograpliie anal., III, p. 84, 1895.) — (Chemin, Becherches sur les gaines synoviales tendineuses du pied. Comptes rendus de la soc. de Biologie de Paris, n° 8, p. 236, 1896.) Cette gaine peut communiquer avec celle du tendon de l'extenseur propre du gros orteil ou avec la synoviale de l'articulation cunéo-niétatarsienne. Elle fait ordinai- rement hernie entre les deux branches du tendon terminal segmenté du jambier antérieur. Idem. — Faisceaux surnuméraires, II, p. 349, 1. 23. — Des faisceaux analogues ont été décrits par Sanchez [Tralado de Anatomia humana, miologia, p. 452, Valladolid, 1872), Welcker ERRATA-ADDENDA bl3 [Zeilschrlft f. anat. u. Entwickel. I Bd. 1876), Staurenghi (Arcfricio di Or/opedia, Milan, 18851, Franceschi {Bollelino délie Scietize mediche, vol. XXIV, p. 100, 1889), Bardeleben (Anafomischer Anzeiç/er, Jahrb. V, n" 15, p. 435, 1890, et Verandl der Anal, gesellsch. aiif der funflen Verscnnmlunri, S 243-246, ibid., 1891), (^nSiiw [Anatomij, myoloçiy, p. 278, I89ii), Sala {Atli delV Accademia délie Scienze mediche naturali, 1896) et Bovero. Les opinions les plus diverses ont été émises sur la nature de res faisceaux et du muscle dont ils proviennent. Pour Quain, lejambier antérieur est riiomologuc du long abducteur du pouce alors que pour M. Bardeleben le long abducteur du pouce, confondu avec le long et le court exten- seur du pouce, est rappelé par le long extenseur du gros orteil. Pour le professeur Testut, le tibio-uslrar/aliifi an liens « représente la portion la plus élevée du long abducteur du pouce du membre thoracique, laquelle prend naissance sur le ligament iuterosseux et le radius (homologue du tibia) et va se terminer sur les os du carpe >■. De ce que chez les C/iiinpanzés- dti Ilumphry, de Wilderet de Wymau, le long abducteur du pouce avait deux tendons : un pour le premier métacarpien, un pour le premier métacarpien et le scaphoïde et de ce que l'astragale, « os tibial -f os intermédiaire du tarse ■■ équivaut au scaphoïde « os radial + os central du carpe », M. Sala admet que le tibio-aslraf/ah/s (uilicus, inséré, en bas, sur le col de l'astragale, correspond au long abducteur du pouce. « Mais, observe justement M. Bovero, l'insertion du long abducteur du pouce sur le carpe (trapèze, scaphoïde, os central) n'est pas constante chez les Anlhropo'ides {e^. Vorang de Bischotf, le chimpanzé de Testut, \e f/orille de Hepburn, le gibbon de Deniker) et, chez l'homme, la portion du jambier antérieur qui se fixe sur l'extrémité proximale du premier métatarsien ressemble au long abducteur du pouce qui s'attache à la base du premier métacarpien ». S'appuyant sur ces données, sur les recherches de Welcker, qui témoignent que les deux radiaux fusionnés font partie intégrante du jambier antérieur et sur celles de Bardeleben, qui montrent que le long supinateur, inséré, chez l'homme, à l'apophyse styloïde du radius, se prolonge, chez divers Mammifères, jusqu'au préhallux, au deuxième métacarpien, etc., M. Bovero pense : « D'accord avec M. Guibé, que le jambier antérieur représente au membre inférieur les cinq muscles suivants du membre supérieur confondus en un seul : les deux radiaux externes (Welcker), le long abducteur du pouce (Quain), le long supinateur (Bardeleben) et le court supinateur, à la partie supérieure. A ces cinq muscles, M. Bovero en ajoute un sixième, le court extenseur du pouce, quand le court extenseur du gros orteil naît du jambier antérieur. •■ Pour ma part, je m'en tiens à l'analogie manifeste qu'il y a entre le long abducteur du pouce et le faisceau du jambier antérieur aboutissant au premier métatarsien, et entre le court extenseur du pouce et le faisceau que le jambier antérieur envoie anormalement à la première phalange du gros orteil et dont il est parlé plus loin. (Yoy. .¥, courl extenseur du gros orteil.) Lou|>' extenseur propre • lire : ■• en l'an 1153 ■•, Idem, II, p, 484 1. 1. — Pour M. Sutton le ligament sus-gléno-sus-huméral de l'articulation de l'épaule est de même ■■ un reste ancestral du tendon du muscle sous-clavier » et le ligament coraco-huméral de ladite articulation « un vestige de l'insertion primitive du petit pectoral >•. Nous avons formulé, M. Macalister et moi, il y a longtemps une opinion identique sur la nature du ligament coraco-huméral (Voy. Le Double. Contributions à l'histoire des ano- malies musculaires. Anomalies du petit pectoral, Revue d\inlhropologie, p. 283, Paris, 1885). Pour le ligament sus-gléno-sus-huméral de Farabeuf (lig. Comco-brachiale de Schlemm, gléno-huméral supérieur de Morris) l'assertion de M. Sutton me paraît sujette à caution. D'autant plus sujette que pour M. II. Welcker « ce faisceau correspond homologic[uement au ligament rond de larticulation de la hanche » (Welcker, Arc/i. f. anat. u. phys-., p. 20, 1878 , tandis que pour M. Poirier c'est le faisceau gléno-huinéral moyen qui est l'homologue du ligament rond. (Poirier, Traité d'anatomie humaine t. I. p. 586, 1896.) Ajoutons que pour M. II. Welcker le ligament sus-gléno-pré-huméral de Farabeuf (lig. f/lenoideo-brachiale intenium de Schlemm, gléno-huméral moyen de Morris) représente chez Ihomnie le ligament interarticulaire humerai de divers animaux. MM. Sutton et Antonini pensent enOn. comme moi, que le ligament hyo-épiglottique est, dans l'espèce humaine, un reliquat du muscle hyo-épiglottique des autres Mammifères. Le frein de fépiglotte de l'homme est aussi, à mon avis, un vestige du muscle génio-épi- glottique du chai, du phoque, etc. Pour détails complémentaires sur le système musculaire de l'homme et des animaux et en particulier des Anthropoïdes consulter, outre les ouvrages cités précédemment, les importants mémoires suivants : J.-C. Mayer. Zur Anatomie des Orang-Utang und des Chimpanzé; Arch. f. Xalurf/esch vonTroschel; Bd. XXII, pp. 281-304, 1856. J.-B. Sutton. On some points in the anatomy of tlie Chimpanzee ; Journ. of anat. and phys., vol. XYIII, pp. 66, 85, 1884. Ch. Tricot. — Parallèle anatomique des extenseurs du pied chez l'homme et chez les singes, Th. de Bordeaux, 1884. H. Rex. Ein Beitrag zur Kenntnis der muskulatur der Mundspalte der Allen. Morph. Jahrb. Bd. XII, pp. 275-286, 1887. B. WiNULE. A note on the extensor tendons of the manus of apes ; Proc. phis. Soc Birminçjliam, vol. YI, pp- 22-25, 1888. Symingto.v. Observations ou ttie myology of the gorilla and chimpanzee ; Rep. Brit. asso. ciat., pp. 629-G30, Londres 1889-1890. Antomnt. Ricerche anatomiche sur le inserzioni terminali del muscolo tibio-premetatar- sico nel cavallo ; [Giornale di anatomia, fisiol. et pafol. derjli animali, t. XXIII, fasc. VI, Pise,1891. O. Sevdel. Ueber die Zwischensehnen und den metameren Aufbau m. obliquas thoraco- abdominalis externvs der Saugethiere. Morp/i. Jahrb., Bd. XVIII, pp. ôU-604, 1892. Idem. Ueber die serratus poslicus und seine Lagebeziehung zum obliquas abdominis und intercostali2 externus bei Prosimien und Primaten; MorpJi. Jahrb., Bd. XVIII, pp. 35-75, 1892. G. Ruc.E. Zeugnisse f. die metamere Verkùrzung des Rumpfes bei Saugethieren (der m. Ihoraco-abdomiiialis der Primaten) : Morph. Jahrb., Bd. XIX, pp. 376-427, 1893. Idem. Varietâten im Gebiete der arleria femoralis des menschen der Gefaskanal im adduclor magnus ; Morph. Jahrb., Bd. XXII, pp. 161-224, 1894. KoLLMANN. Der levator uni und der coccygeus bei den geschwantzen Allen und den Anthropoiden ; Auatomisclier Anzeiyer, Suppl., Bd. IX, p. 198, 1894. F. Blum. Die Schwantzmuskulatur des Menschen; Analumische Uefte. Bd. IV, p. 471, 1894. A. Keith. Note on a theorv lo accuuut for tlie variuus arrangements of the flexor pro- 516 ERRATA-AOnKNDA fundus (lif/i/oniDi in Ihe liand ami I'oipI i,[' l'rimnlcs. .Joiirii. o/ (di. and Jihi/s.. vol. \X\'1II, p. 335, 18i»i. U. FiCK. Ycigleichend aiialonusclie Sliidien an eincni erwacliseiien Orang-Utan g ; Aich /'. anaf. ii. Kivrickel. (His), pp. 1-94. Leipzig 1895. Idem. Beobactungen an eineui zweiten erwachsenen Orang-Ulang iind einein Cliiui- pansen ; Arch. /'. an. ii. Entw'ickel. (Ilis), pp. 2S9-318, 189ij. Th. DwiGHT. Notes on the dissection and Brain of Ihe Chiinpanzee <■ (iumho » [Truylo- dyles niger) ; Mem. of the Boslo)i soc. of nal. Uisl., vdI. N', n. 2, pp. 31-52, 1895. Fn.vNK E. Beddard. Contributions to the aualomy of tiie unthiopoid Apcs ; Trunsricl of Ihe zoolorj. soc. ofLondon, vol. XIII, pp. 177, 218,'^ 1895. A. Bovero. Contributo alla casistica délie anomalie muscidari (grande pectorale in un gorilla) ; Giornale délie R. Accad. di rnedicinn di Torino, 1896. E. Imparati. Contribuzione alla niiologia dclle regioni aiitero-iaterale del torace costale e délia spalla nelle scimmie ; Rivisia llaliana di scienze iialinali. An. XV, pp. 118, 121, 129, 132, 145, 148 ; an. XVI, pp. 7, 17, Siena 1895, 1896. A. Keitii. An introduction to the study «ï anthropoid Apes ; Nfilural science, vul. IX, 1896. — The (/orilla, u. 53; The chimpanzee, n. 56: The orang-otilang, n. 57; The (jibbon, n. 58. A. Lanzilloti-Buonsanti. Bicerche interno alla niorfologia de! nuiscolo extensore ante- riore délie l'alangi nel cavallo. — Extensor digiluriun cnniniunis. — Monil. Zooloyico lla- liano. A. VIII, N. 6, 1897. l': V n E u X , 1 .M 1' H 1 .M E R I E DE CHARLES II E R 1 S S E Y COLUMBIA UNIVERSITY LIBRARIES This book is due on the date indicated below, or at the expiration of a deflnite period after the date of borrowing, as provided by tlie library rules or by spécial arrangement with| the Librarian in charge. DATE BORROWED DATE DUE DATE BORROWED DATE DUE 'CD , C2a(E46)M2B p:f#- .'! '-.