EUR TS ne TRAITE D'INSECTOLOGIE, PREMIERE PARTIE, at L} } Bi À LE RAR TR AN TE Et LS D'INSECTOLOGIE: f OU OBSERVATIONS SUR Lrs PUCERONS. Par M. CuaRLEs BoNNET, de la Société Royale de Londres , & Correfpondant de l Académie Royale des Sciences de Paris. PREMIERE PARTIE ALP TRIS, Chez DuranDp, Libraire, rue Saint Jacques , à S, Landry & au Griffon. M D;CC. +: x LV. Avec Approbation & Privilege du Roy. ÎTce incomprehenfibiles nobis fumiii F4 BezcaToORIs indicant perfeitiones ; cum Is vel omnibus hifce minutiis fuum cuilibet mo- emenium motumque impertierit. SWamMmmMer: dam, Biblia Naturæ, Tom.L p.58. SERA RERRELEEREERE + Met FRE DA SE SO F4 #6 à à See à cie tr PREFACE. se n’eft que depuis le re- nouvellement de la Philo- fophie qu’on a commencé d’ob- ferver les Infeêtes avec atten- _ tion & par principes. Avant cet- te heureufe époque l’étude de la Nature n'étoit proprement que celle des opinions de quel- ques Philofophes.C’étoit moins par l'expérience qu’on cherchoit à s’aflurer des faits,que par le té- moignage des Anciens. Recon- nus pour les feuls dépofitaires des fecrets dela Nature , on les confultoit comme des oracles . a 1] PRE CE êt jufqu'a leurs expreffions & à leurs erreurs étoient refpectées. Dans cet état des chofes,l’Hi- foire Naturelle ne prenoit que peu ou point d’accroifflement : les Naturaliftes réduits à copier les Anciens , & à fe copier en- fuite les uns les autres, tranf- mettoient dans leurs écrits avec un petit nombre de vérités,beau- coup de préjugés & d'erreurs. Enfin la nouvelle Philofophie eft venue difliper l’enchante- ment , & apprendre aux Phyfi- ciens à étudier la Nature dans la Nature elle-même. Telleaété la route qu'ont fuivie les REpt, les MazpicHi, les SWAMMER- DAM, les LEWENHOECK, les [14 wo PrEaueE ii} VaALLISNIERI, les REAUMUR. Et quels progrès n'a point fait L'Infeéologie * fous ces Obfer- vateurs célebres ! Nous devons à REDI d'avoir Arme CA genera" démontré par un très-grandnom- Hafée bre d'expériences la véritable origine des Infeëtes , que l’an- cienne Ecole prévenue de mille opinions fuperftitieufes & chi- mériques, attribuoit au hafard & à la pourriture. Mazpici dans fon excellen- ne Te ° 5 epiiolica de te Differtation fur le Ver à foie, Bomb. * * On a donné le nom de Boranique à cette partie de la Phyfique qui traite des Plantes ; celle qui a pour objet les Pierres a été nom- mée Lyrhologié ; & on a appellé Conchyolo- ge celle qui traite des Coquillages. La fcien- ce des Inféctes n'ayant point encore reçu de nom, j'ai cru pouvoir lui donner celui d’i#- Jeétolozte. a i 1V PRErATE nous à fait connoître l’état ad- mirable qui regne dans la ftru- ture de ces petits Animaux trai- tés jufques-là d’imparfairs. Hifloria nf OWAMMERDAM nous a dé- Ms voilé le vrai de ces prétendues métamorphofes fi cheres à l’i- magination , & confacrées par les comparaifons les plus rele- vées. Il nous aapprisquele Pa- pillon exiftoit déja fous la forme de Chenille ; & que la Chryfali- de dans laquelle celle-ci femble fe transformer , n’eft quele Pa- pillon lui-même revétu de cer- taines enveloppes qui le tien- nent comme emmaillotté. ArcanaNa LEWENHOECK , aidé de fes ÉHE A excellens microfcopes , nous a FRE ACE Ÿ découvert un monde nouveau dans cette multitude innombra- ble d’Animaux infiniment pe- tits , dont prefque toutes les li- queurs font peuplées , & en par- tioulier celle d’où dépend Îa confervation de notre efpece. V'ALLISNIERI nous a donné l’'Hiftoire curieufe de divers In- fectes remarquables par leur fa- gacité & leur induftrie. Tels font , par exemple, les Tei- gnes aquatiques , la Mouche à {cies du KRofier , & celles de quelques autres Efpeces , dont lesunes vont dépofer leurs œufs dans le corps des Chenilles vi- vantes , les autres fous l’épaiffe _ peau des Bêtes à cornes , d’au- a ii Gallerie, de Minufcs W Frs rA4Aon tres dans l’anus des Chevaux, d'autres dans le nez des Mou- tons. Mais aucun Naturalifie n’a porté l’Infectologie à un plus grand point de perfection , ê&ne l’a rendue plus digne d'être mi- fe au rang des Sciences, que l'il- Fist iuftre M. de REAUMUE , l’orne- Fe ment de la France & de fon fie- cle. Ici que n’aurois-je point à dire de tout ce que renferment les admirables Mémoires dont ce grand Obfervateur enrichit la République des Lettres de- puis plufieurs années. Les Chenilles , les Papillons, les Mouches laiffés auparavant dans la plus grande confufion ;, PR. ExF«4cCGE. [Vi diftribués en Clafles & en Gen- res par des méthodes également fimples & abrégées , la ftruéture de leurs parties extérieures & intérieures décrite avec toute la clarté & l’exatitude poflibles ; la théorie de leurs changemens de formes mife dans un nou- veau jour, & enrichie de dé- couvertes très-curieufes ; leurs mœurs , leur génie, leurs incii- nations développées avec le plus grand art ; les fecrets dela conftruction de leurs divers ou- vrages dévoilés : voilà en peu de mots les principales richefles dont l’Infe&ologie eft redeva- ble à la profonde fagacité & à la patience infatigable de M. de REAUMUR, a iii] vi: :Prbe Fr Vice. 0 Mais il eft d’autres fruits des travaux de ce grand homme;,qui ne le cedent point en utilité aux précédens , & qui en relevent encore le mérite. Je veux parler de l'effet que la leëture de fes Ouvrages produit néceflaire- ment fur l'efprit de trous ceux qui ont le gout de la Phyfique. Enexcitant leur admiration pour les merveilles de la Nature , & en leur infpirantles plus grandes idées de l'ÊTRE SUPREME quien cft l’Auteur , elle les forme en même tems à l'art d'obftrver , art d'autant plus eftimable qu'il n’eft point borné à un feul sen- re de Science. Conduit de bonne heure à PR EE 4 CE. 1x faire mes délices de cette excel- lente leêture , je n’ai pu que me fentir animé du defir de devenir le fpetateur de faits fi intéref- fans. J’ai donc tâché de revoir après M. de Reaumur. Je lai fuivi , pour ainfi dire, pas à pas. Dansun pays fi vafte, & jufqu'i- ci aflez peu fréquenté , il n’eft pas dificile de faire de nouvel- les découvertes. L’Obfervateur le plus éclairé & le plus atten- tif ne fauroit appercevoir tout. On peut d’ailleurs fe trouver fa- vorifé d’heureux hafards qui s’é- toient refufés à d’autres. Tout cela doit empêcher qu'on ne s’étonne que j'aie vu , aflez jeu- ne,des particularités quiavoient Y FREr4€CE. échappé à un Obfervateur aufli clairvoyant que l'ef M. de REAUMUR. Enhardi par cette bonté qui lui eft naturelle, j'ai pris la liberté de lui communi- quer mes Obfervations dans le plus grand détail; & a manie- reobligeante & affectueufeavec laquelle il à bien voulu les rece- voir, n'a pas peu contribué à mexciter à poufler plus loin mes recherches. C’eft donc principalement à M. de REaAUMUR , dont Je me fais gloire de me dire l’éleve , que le Public doit les Obfer- vations que je lui offre aujour- d'hui : ellesroulent fur deux des plus importantes découvertes PoRYENFRANCAE, de l’Infeétologie. La premiere eft [a génération des Pacerons fans accouplement : la feconde, la multiplication de certains Vers par bouture. À l'égard de cette derniere, on ne trouvera point ici de ces étonnans pro- diges que M. TREMBLEY a ex- pofés avec tant de netteté & de LME, pour fageffe dans l’admirable Hiftoi- d'un Genre de re des Polypes qu’il a publiée de- done, à - puis peu. Outre que je n'ai pas comes: fa fagacité , les Vers qui me font tombés en partage , appartien- nent à un genre fur lequel on ne fauroit tenter toutes les épreu- ves que cet habile Obfervateur a fait fubir fi heureufement à fes Polypes. #4), PORSA"F MAC Un autre avantage fort confi- dérable que M. TREMBLEY a eu fur moi, c’eft de pofléder dans {a perfonne d’un ami un Phyfi- cien qui, au talent d’obferver, joint encore celui de deffiner & de graver dans la plus grande perfe&tion. On comprend que Je veux parler de M. LYonET, dont les rapides progrès dans l’art de la Gravure ne font pas une des moindres merveilles que renferme l’Ouvrage de M. TREMBLEY. Non-feuiement je n'ai eu perfonne dans notre vil- le * en état de graver les Plan- ches de cet Ouvrage ; mais j'ai encore manqué de Deflinateur, * Geneve, (PR ERA CIE Hi On n’en doit pas être furpris: pour bien rendre un Infeëte, & fur-tout un Infeéte du genre de mes Vers, dont plufieurs par- ties font aflez difficiles à diftin- suer , il faut être Obfervateur; autrement on ne faifit que le gros de la figure, & on manque le plus intéreffant. J’ai donc été réduit à defliner moi-même les Figures de la feconde Partie , & cela fans avoir appris le deffein. La premiere Planche a été mon coup d'effai. Je n'ai pas voulu néantmoins la fajre graver qu’a- près l'avoir foumife au juge- ment de M. de REAUMUR, à qui J'ai fait parvenir il ya long-tems quelques-uns de mes Vers.L’ap- KV PRE r A GE probation qu'ila bien voulu don- ner à ces defleins , à beaucoup diminué la deffance où je dois être naturellement deleurbonté. Je réviens aux Obfervations contenues dans ce Volume. Le principal but que je me fuis propofé en les publiant, a été de donner occafion à d’autres de les vérifier & de les pouffer plus loin. Jene veux point qu'on m'en croie fur ma parole. Je defire qu’on revoie après moi, qu'on me reétifie même dans tous les endroits où je puis m’ê- tre trompé.Je n'aurai pas de plus grande fatisfaction que d’appren- dre que la lecture de mon Livre a produit quelque Remarque ou PRIE Pari (E. XV quelque Découverte nouvel- le. Je m'eftimerois fur-toutbien récompenfé de mon travail, fi ceux de mes compatriotes qui ont dugout pour la Phyfique , vouloient , à mon exemple, s’e- xercer fur les Infeêtes. Iis ÿ fe- roient aflurément bien des Dé- couvertes curieufes : les fuccès qui ont accompagné des talens auf foibles que les miens [e leur promettent. Je me ferai mé- me un plaifir de leur procurer tous les éclairciflemens dont ils pourront avoir befoin pour ré- péter plus facilement mes Ob- fervations. Au refte, quoique M. TRem- BLEY & moi ayons travaillé fur xY PRE FACE des Infectes de Genres fort dif- férens, je ne laïfferai pas néant- moins de faire remarquer que nous ne nous fommes commu- niqué aucun détail , & que fon Ouvragenem'eftparvenu qu'en- viron un mois & demi après que le Manufcrit du mien a été en- voyé à Paris. Je n'ai pas été non plus mieux inftruit des expérien- ces de M. LYoNET , mi de celles qu'ont tentées en France & en Angleterre différens Obferva- teurs, en particulier M M. de Reaumur & Backrer. Le Pu- blic en aura ainfi plus de plaifir à comparer mes Obfervations avec celles de ces Savans. Il n'aura point à craindre que leur autorité | PRErAGTÉE sv autorité m'en ait impofé , & la vérité en brillera avec plus d’é- clat. Si ces deux premiers Vo- lumes ont le bonheur de lui plaire , je les ferai fuivre d’un troifieme , qui contiendra les Obfervations que J'ai faites fur les Chenilles , les Papillons , les Mouches * , & fur cet Infecte fi fameux & fi peu connu encore, te Temia ou Solitaire. Les occa- fions favorables que J'ai eues de l’obferver, jointes aux lumieres que les nouvelles Découvertes nous fourniflent , m'ont mis en _ + Ces Obfervations feront précédées d’In- troduétions , qui en en facilitant l'intelligen- ce, donneront en même tems une idée de tout ce que M, de REAUMUR a rapporté ce plus efflentiel & de plus intéreffant fur ces In- Rèse J'y joindrai des Figures pour être plus clair, b xviÿy PREFAGCE. état d’éclaircir quelques points de fon Hiftoire * Nous devons aflurément nous eftimer heureux de vivre dans un fiecle qui voit éclorre tant de merveilles, & où la bonne HAE eft fi bien cultivée. Mais , dira-t-on, quel avantage peut-il nous revenir de favoir qu'il eft des Infectes qui engen- drent fans accouplement , qu'il en eft d’autres qui étant parta- gés en plufieurs parties, devien- nent autant de touts complets ; femblabies à celui que ces por- tions réunies compofoient avant leur féparation ? * J'efpere établir fur-tout que cer Infecte éft un feui & unique Animal & non une chaî- ae de Vers , comme VALLISNIERI , & plu= ficurs autres Nacuralütes l’onc prétendu, PRERAGEX A Je répons en général à cette queftion,que quand ces Décou- vertes ne produiroient d'autre effet que de nous tenir en garde contre les Regles générales, el: les nous feroient déja très-uti- les.Nous devons avouer aujour- d’hui de bonne foi que les plans particuliers, que la Nature a fui- vis dans fon ouvrage , nous font prefqu'entierement inconnus. De-R il fuit que tout ce qui a pañlé précédemment dans notre efprit pour Loi générale , doit n'être regardé préfentement que comme le réfultat d’expérien- ces qui n'ont pu être pouflées affez loin. | Mais fi entrant dans le détail, b ÿ e PRE FAQ nous cherchons à approfondi la nature de ces Découvertes ; particulierement de celle des Infeétes qui reviennent de bou- ture, nous y remarquerons d’au- tres ufages propres à augmenter nos connoiffances fur plufieurs points intéreffans de Phyfique ou d'Hiftoire Naturelle. Je ne ferai que les indiquer en peu de mots. Le premier de ces ufages eft de perfeétionner & d'étendre nos idées fur Fœconomie ani- male en général, On connoit en gros les principales parties qui entrent dansla compolition d’un animal : on fait qu ila un efomac pour digérer les alimens, un PREFACE. x cœur , des arteres & des veines , pour faire circuler le fang dans toutes les parties du corps; des poumons ; pour fervir à la refpi- ration ; un cerveau & des nerfs ; pour être les organes des fenfa- tions ; des muftles ; pour opérer le mouvement, &c. Mais nous ignorions , & comment l’euf- fions-nous foupçonné,qu'il étoit des animaux en qui toutes ces parties avoient un principe de seproduétion tel, qu'après avoir été mis en pieces , chacune de ces pieces végétoit par elle-mê- me , & devenoit en peu de jours un animal complet. C'eft-là ce que j'ai obfervé avec étonne- ment dans plufieurs des Vers b ii Lx) PRE FIM GA qui ont fait le fujet de mes ex: périences. Bien que laftruéture de leurs divers organes differe beaucoup de celle des organes analogues des animaux qui nous font le plus familiers, elle lui ré- pond néantmoïns pour l'effen- tiel, comme onle verra en li- fant mes Obfervations. Maïs M. Mér por TREMBLEY noûs à appris qu'il Pire rny à dans fes Polypes aucune Fédis. in-8- bartie diftincte, gue rout Panimal ne confiffe que dans une feule peau» difpofée en forme de boyau ouvert par fes deux extrémités ; & dans l’'épaifleur de laquelle font lo- gés une infinité de petits grains tranfparens. Une ftrutture fi é- trange nous démontre Îa grande P'REMAGE) : xx diverfité des modeles fur lef- quels le corps des animaux a été travaillé. Il en eft de plus com- pofés les uns que les autres, ou de conftruits différemment, fui- vant la place que chacun doit occuper dans le fyfteme, Les Polypes font peut-être les plus fimples dans leur firuéture : & quel vafte champ cetre remar- que n'offre-t-elle point à nos ré- flexions ! Le fecond ufage qui réfulte de la Découverte en queftion , regarde la maniere dont les corps ofganifés font produits. Pour l'expliquer , la nouvelle Philofophie a inventé la belle théorie des Germes contenus les b äiij Rx Pipe rnAGet uns dans les autres, & qui fe développent fucceflivement. Rien n’eft plus propre à confir- mer cette doétrine , & à la met- tre dansun plus grand jour, que la découverte des Infeétes qu’on multiplie par la feétion. Com- ment en effet expliquer autre- ment d’une maniere fatisfaifan- te tout ce qui concerne cette merveilleufe multiplication ? L'’accroiflement des animaux eft un autre point de Phyfique que lanouvelle découverte peut beaucoup éclaircir.On convient affez qu'il fe fait par développe ment: mais on ne pénetre pas bien tout ce qui s'y pañle. Les obfervations réitérées des Na- PRErRmACE. XXV turaliftes fur la reproduction des Vers coupés, nous fourniront apparemment les lumieres qui nous manquent à cet égard. Je crois avoir déja commencé à les mettre fur les voies par les Tables *que j'ai dreflées de l’ac- croiflement de différens Vers, & par les remarques dont je les ai accompagnées. L’Anatomie moderne s’eft * M. CRAMER, Profefleur de Mathéma- tiques & de Philofophie à Geneve , de la So- ciété Royale des Sciences de Montpellier, &c. me permettra de lui témoigner ma jufte reconnoïiflance de l'attention qu'ila bien vou- lu donner à la conftruction de ces Tables , & à tout ce qui concerne ces Obfervations en général. Je dois à l’amitié dont il m’honore d’excellens avis que j'ai caché de fuivre. Cet illuftre Profefleur eft non-feulement grand Mathématicien & Philofophe profond , mais il joint encore à beaucoup d’autres connoif- fances celle de l’'Hiftoire Naturelle ; & les Jnfectes ont en lui un judiciçeux Admirateur, XEN PiRE FAER beaucoup exercée fur ce grand myftere de la Nature , la géné- ration des Animaux. Nous pou- vons préfumer que le nombre des Découvertes curieufes dont elle la enrichie , fera fort aug- menté par celles que les Phyfi- ciens ne manqueront pas de fai- re fur les Infettes qu'on mulri- plie en les coupant par mor- ceaux.Les Vers de terre , en par- ticulier , que l’on fair avoir les deux fexes à la fois, devront donner lieu à bien des obferva- tions fingulieres. Ces Infeëtes étant de plus fort gros , les Me- decins & les Chirurgiens pour- ront y étudier mieux que dans aucune partie de notre corps » PRE FACE. (XV) ou de celui des animaux , tout ce qui concerne la théorie des plaies ; la maniere dont elles fe cicatrifent & fe confolident, &tc. Qui fait même fi cela ne les conduira point à quelque découverte qui perfetionnera la Medecine & la Chirurgie ? Enfin un cinquieme ufage de la nouvelle Découverte eft , de nous montrer qu'il y a une gra- dation entre toutes Îles parties de cet univers ; vérité fublime, & bien digne de devenir l’ob- jet de nos méditations ! En effet, _ fi nous parcourons les principa- les produétions de la Nature, nous croirons aifément remar- quer qu'entre celles de différen- xxvij PREFACE. tes clafles , & mêmeentre cel- les de différens genres , ilenef qui femblent tenir le milieu, & former aïnfi comme autant de points de paflage ou de liaifons. C’eft ce qui fe voit fur-tout dans les Polypes. Les admirables pro- priétés qui leur font communes avec les Plantes, je veux dire, la multiplication de bouture & celle par rejettons, indiquent fuf- fifamment qu'ils font le lien qui unit le regne végétal à l’animal. Cette réflexion m'a fait naître la penfée , peut-être téméraire, de dreffer une Echelle des Etres na- turels , qu’on trouvera à la fin de cette Préface.Je ne la produis que comme un eflai, mais pro” PREFACE sûx pre à nous faire concevoir les plus grandes idées du fyfteme du Monde & dela SAGESSE IN- FINIE qui en a formé & combi- né les différentes pieces. Ren- dons-nous attentifs à ce beau fpettacle. Voyons cette multi- tude innombrable de corps or- ganifés , & nonorganifés, fe pla- cer les uns au-deflus des autres, fuivant le degré de perfedtionou d'excellence qui eft en chacun. * Si la fuite ne nous en paroït pas par-tout également continue ; c'eft que nos connoiflances font encore trés-bornées : plus elles * Siles grands Poëtes de notre fiecle, un Pope , un Voltaire , un Kacine, vouloient s'exercer fur un fi digne fujet, & nous donner le Temple de la Nature , je penfe que leur ou- vrage ne poufrroit qu'ètre extremement utile & plaire généralement, XXX PRErFAES augmenteront, & plus nous dé- couvrirons d'échelons ou de degrés. Elles auront atteint leur plus grande perfeétion, lorfqu'il n'en reftera plus à découvrir, Mais pouvons - nous lefpérer ici-bas ? Il n’y a apparemment que des Intelligences céleftes rs puiffent jouir de cetavanta- e. Quelle raviffante perfpeëti- ve Les ces Efprits bienheureux que celle que leur offre l’'Echel- le des Etres propres à chaque Monde ! Et fi, comme je le penfe , toutesces Echelles, dont le nombre eft prefqu’infini , n’en forme qu'une feule qui réunit tous les ordres poflibles de per- fcétions, il faut convenir qu'on PRE FA © À Xxx} ne fauroit rien concevoir de plus grand ni de plus relevé. Il y a donc une liaifon entre routes les parties de cet uni- vers. Le fyfteme général ef for- mé de l’aflemblage des fyftemes particuliers, qui font comme les différentes roues de la machine. Un Infeéte, une Plante eft un fy- fieme particulier , une petite roue qui en fait mouvoir de plus grandes, Tels font les principaux ufa- ges qu'on peut retirer de la Dé- couverte des Infeétes qui re- viennent de bouture. Nous pou- vons nous perfuader que plus on Papprofondira, & plus ces ufages s’étendront. Les vérités xxx PREFACE deviennent plus lumineufes les: unes par les autres. Mais cela eft vrai, fur-tout à l’égard des vérités phyfiques. | IDEE eu UT + 7" EURE e DEL Learn "LEE Lee KT 64) ad péter potes Rnb RE Re - Re Le M D Ro cor yo MIE) W+ : EE ARE : ur É ML en dot YÉrE Gr LE 129 w* ARCS RCITECE TZ < point de gaze qui ait une tranfparence pa- , reille à là leur , aufi laïflent-elles voir le >, corps au-deflus duquel elles font élevées, & » Ce corps mérite d'être vü. Il eft d'un verd tendre & éclatant , quelquefois il paroît avoir une teinture d’or. Le corcelet eit aufñi 3; de ce mème verd ; maïs ce qu’elie a de plus » brillant, ce font deux yeux gros & faillans, 1] * Fr. VIL, & VIIL " F1G, VI, FAIG:IX d,o,m;,0. 20 OBSERVATIONS par un inftin& naturel vont dépoz fer leurs œufs aux endroits où il y a le plus de Pucerons. Ces œufs eux-mêmes méritent d’être vüs. On les prendroit pour de petites Plan- tes prêtes à fleurir *. Chacun d’eux eft porté par un long pédicule qui eft comme la tige de la fleur , dont Pœuf femble être le bouton. Celui- ci paroît s'épanouir lorfque le petit éclot. s- Au lieu de dard & de cornes, les Mange-Pucerons qui fe changent en Scarabés , ont reçu de la Nature des dents dont ils fe fervent aufit avec un grand avantage. L’Efpece qui mérite le plus d’être connue eft ;, Ils font de couleur d’un bronze rouge; mais » il n’eft point de bronze ni de metal poli. ;, dont l'éclat approche du leur. ;, La Demoi- felle du Lion du fecond genre difiere princi- palement de celle qui vient d'être décrite, en. ce que fes ailes font prefqu’entiérement opa- ques, SUR LES PUCERONS. 2T celle qui porte le nom de Barbe blanc * | parce que tout fon corps & Fe ne eft couvert de touffes cotonneules d’une grande blancheur , qui tranf- pirent à travers fa peau, & fe façon- nent dans de petites filieres difpo- fées à deffein. 6. C’eft encore de Vers * man- *F16. XIL. geurs de Pucerons que provient ce 2oli i 2 bhérique * * * FIGURE joli petit Scarabé hemifphérique > xIIL, connu même des enfans fous les noms de Vache à Dieu, de Bête de . . 9 7 ; la Vierge , &c. & qui népargne pas plus les Pucerons fous cette forme, qu'il le faifoit fous la premiere (1). (1) Il y à plufieurs efpeces de ces Scara- bés, comme il y a plufeurs efpeces de Vers qui prennent cette forme. Le fond de la cou- leur des uns eft brun ; celui des autres eftrou= ge ; de troifiémes font jaunes, d’autres vio- lets , &c. Sur ces différens fonds font jetrées des taches ordinairement brunes , qui font un effet agréable. On voit de même des Versde différentes couleurs,des blanchâtres,des noirs, des bruns & de gris-bruns, Büj 23 OBSERVATIONS V E r. CEPENDANT malgré tant d’en- nemis, l’Efpece des Pucerons fe con- ferve , & même la maniére dont s’o- pere chez eux la fécondation, eft ce qu'ils offrent de plus intéreffant. Nous avons và ci-deflus ( I. 4.) que dans la même famille de ces Infe- tes 1l y en a d’ailés & de non-ailés: felon l’analogie ordinaire , les pre- miers devroient tous être des mä-= les, & les feconds des femelles. C'eft ainfi que parmi Les Papillons il ya plufieurs Efpeces dont les fe- melles font privées d'ailes, tandis que les mâles en font pourvüs : & pour employer un exemple plus connu, on fçait que le Ver luifant eft une femelle qui a pour mäle un Scarabé. Mais ce qui doit paroître une grande fingularité dans nos SUR LES PUCERONS. 23 Pucerons, c’eit que les ailés com- me les non-ailés font femelles. On n’a pû jufqu’ici découvrir la manie- re dont les uns & les autres font fécondés. Tous font vivipares; dès qu'ils ont atteint l’âge d’engendrer, ils ne femblent prefque faire autre chofe pendant plufeurs femaines. Les petits viennent au jour à recu- lons *. Quand on les écrafe dou- + ficure cement on fait fortir de leur corps Xi" # quantité de fœtus , dont les plus gros font aifés à reconnoître pour des Pucerons, & dont les autres reffemblent plus à des œufs. Ceux- ci ne feroient venus au jour que long-tems après ceux-là. Chez les Quadrupedes, les petits d’une mê- me portée ont tous Ja même gran- deur , ou à peu près ; ils font tous prefque du même âge, & paroiflent au jour à peu près en même tems. 24 OBSERVATIONS Il en eft tout autrement, comme on voit, de nos Pucerons , & c’eft encore une autre fingularité qu'ils nous préfentent. 2. N'y a-t-il donc point d'accou- plement parmi les Pucerons ? Ce feroit-là une étrange exception à la. Regle. Depuis l'Autruche juiqu'à fa plus petite Mouche qu'on ait obfervée, nous fçavons que la mul- üplication fe fait conftamment par le concours des deux fexes. C’eft- R une loi générale , non feulement pour les volatiles, mais encore pouf tous, ou prefque tous les Animaux connus. Cette confidération n’a pas empêché néantmoins que quelques % zewenbeeck, Naturaliftes *, fans autres preuves Cefloni , Bour=, aps: ge, vid. que de fimples apparences; n’aient jo al mis les HS au rang des Ani- Da Lys Maux qu'on croit fe fufñre à eux- Philef.p. 75: mêmes, D’autres * ont cru quilen #De la Hire, SÛR LES PUCERONS. 2$ Etoit d'eux comme de la plüpart Hp Par des Mouches, c’eft-à-dire, qu'ils Vu. Vis s'accouploient & faifoient des œufs, d’où fortoient les petits Pucerons. ne Ca se De Fee * qui m'ONt pas 1g- on noré qu’ils font vivipares , ont re- 8er. .44. gardé les ailés comme les auteurs uses de la fécondation. Je ne parle point de Popinion des Anciens qui fai- foient naître les Pucerons de la ro- fée , ni de celle de Goedaert *, qui *Awm.rss. x À de l’Edit, de prétend qu'ils naiflent d’une femen- citer. Tom. 2. ce humide que les Fourmis vont se: dépofer fur les Plantes. De pareil- les opinions fe réfutent d’elles-mèê- mes. 3. Pour avoir là-deflus plus que des conjettures , M. de REAUMUR - avoit propoié * une expérience *Tom.3. p: 2 ; do 329.des Mérm qu'il a d’abord tentée quatre à CINQ far Les Iuf, fois fans fuccès : c’eft de prendre un Puceron à la fortie du ventre de LS 26 OBSERVATIONS fa mere , & de l’élever de maniere qu'il ne puifle avoir de commerce avec aucun Infeéte de fon Efpece. + Si un Puceron qui auroit été ainfi » élevé feul , dit M. de Reaumue, » produifoit des Pucerons, ce fe- “toit fans accouplement, ou il » faudroit qu’il fe fût accouplé dans » le ventre même de fa mere.». Animé par l'invitation de M. de REAUMUR j'entrepris en 1740. de tenter cette expérience fur un Pu- ceron du fufain. | OBSERV AT ION PREMIERE. Premiere Expérience fur un Puceren du fufais , pour décider fi les Pucerons … fe multiplient fans accouplement. H L fe préfentoit divers moyens d'élever un Puceron en folitude, SUR LES PUCERONS. 927 Voici celui pour lequel je me dé- terminai. Dans un pot à fleurs * : FIGURS rempli de terre ordinaire , j'enfon- çai jufqu’auprès de fon col une phio- le * pleine d’eau. Je fisentrer dans 416" cette phiole le pied d'une petite branche de fufain * , à qui je ne * Ficurs laiffai que cinq à fix feuilles , après AU les avoir examinées de tous côtés avec la plus grande attention. Je pofai enfuite fur une de ces feuilles un Puceron dont la mere dépour- vûe d'ailes, venoit d’accoucherfous mes yeux. Je couvris enfin la petite branche d’un vafe de verre * , dont ÿ [3° "?" les bords s’appliquoient exacte- ment contre la furface de la terre du pot à fleurs; moyennant. quoi j'é- tois plus affüré de la conduite de mon prifonnier , que ne le fut Acri- fius de celle de Danaë , quoiqu’en- fermée par fon ordre dans une tour d’airain. 28 OBSERVATIONS Ce fut le 20. May, fur les $. heu: res du foir, que mon Puceron fut mis , dès fa naiïffance , dans la foli- tude que je viens de décrire. J’eus foin dès lors de tenir un journal exa@ de fa vie. J’y notat jufqu’à fes moindres mouvemens ; aucune de fes démarches ne me parut indif- férente. Non feulement je l’obfer- vai tous les jours d'heure en heure, à commencer ordinairement dès 4 à $. heures du matin, & ne difcon- tinuant gueres que vers les 9. à ro, heures du foir; mais même j'y re- gardois plufieurs fois dans la même heure , & toujours à la Loupe pour rendre l’obfervation plus exacte, & m'nftruire des actions les plus fe- cretes de notre petit folitaire. Mais fi cette application continuelle me coûta quelque peine, & me gêna un peu, en revanche jeus de quoi SUR LES PUCERONS 29 m’applaudir de m'y être aflujetti. La fin que je m'’étois propofée me paroifloit d’ailleurs trop importan- te, pour ne donner à cette expé- rience qu'une attention ordinaire. Enfin en étudiant avec foin un feul Puceron je croyois me mettre au fait du génie de la plûpart de ces Infe- &es, entre lefquels à cet égard on n’obferve pas de différences bien confidérables , comme me lavoit appris la lecture des excellens Mé- moires de M. de ReaAumur. Entre les faits que j'obfervai , il y en eut beaucoup qui n’ont rien de remarquable, & dont je ne chargeaï mon journal que pour plus d’exa- &titude. Dans la crainte de fatiguer par unrécittrop détaillé, & qui r'entreroit pas dans le plan que je me fuis prefcrit , je ne raffemblerai ici que les particularités Les plus cu- ricufes, # Mém, pour PHif.. des Iaf. 30 OBSERVATIONS Mon Puceron changea de pea (Introd.I. 4. ) quatre fois; le vingt: troifieme fur le foir ; le vingt-fixie- me à 2. heures après midi ; le vingt- neuvieme à 7. heures du matin; Et le trente-uniéme fur les fept heures du foir. Les Chryfalides n’offrent rien de plus fingulier que la maniere dont celles de certaines Chenilles font tomber leur dépouille après avoir achevé de s’en dégager. Ceux qui ont là les Memoires de M. de Reau- MUR, fcavent combien ce grand Obfervateur a rendu , à fon ordinai- re, ce trait intéreffant par la manie- re dont il l’a raconté *. Je ne fçai fi Tom. 3. Méms On fe feroit attendu à quelque cho- 1Ce fe de femblable de la part des Pu- cerons , qui aflurément ne paroif- fent pas des Infetes fort adroits Celui dont écris l'hiftoire m'a SUR LES PUCERONS. 31 pourtant fait voir en ce genre cer- tains procédés , qui quoique moins frappans que ceux des Chryfalides des Chenilles épineufes de Portie, ne laiflent pas de s’attirer l'attention. C’étoit immédiatement aprèss’é- tre défait de fa vieille peau , que mon Puceron travailloit à l’écar- ter. Avec fes deux dernieres jam- bes, comme avec deux bras, il l’em- brafloit , il tâchoit de la foulever pour décramponner les crochets qui la retenoient attachée contre la feuille ou contre la tige , fur laquel- le il s’étoit dépouillé. Il réiréroit fes efforts en divers fens. Peu à peu 1l parvenoit à faire lâcher prife à une des jambes, & enfuite à routes les autres. Dès que la dépouille n’etoit plus retenue, le Puceron lélevoit en l'air & Fabandonnoit à elle-mèê- me. Ce travail a quelque chofe de 32 OBSERVATIONS. rude pour un Puceron, dont les jambes n’ont pas encore eu le tes de s’affermir. Plufeurs auffi s’en dif penfent. | Peut-être m’accuferoit-on de pué- rilité , fi je racontois les inquiétudes que mon Puceron me caufa à fa der- niere mue. Quoiqu'il eût toujours été renfermé de maniere à ne pas donner lieu de craindre qu'aucun Infete fe fût gliflé dans fa folitude, je le trouvai alors fi renflé & fi lui- fant, qu'il me parut dans l’état des Pucerons qui nourriflent un Ver dans leur intérieur ( Introd. III. 1.) Ce qui contribuoit encore à me le faire craindre, & qui augmentoit mon chagrin, c’eit qu'il ne paroif- foit fe donner aucun mouvement. Malheureufement je ne pouvois lobferver qu’à la lumiere d’une bou- gie. Ayant enfin reconnu qu'il chan- | | geoit SUR:LES PUCERONS. 33 gtoit de peau, je me raflürai un peu : mais je ne reftai pas tout-à- fait fans inquiétude. Il étoit cou- ché fur le côté , & il le fut bientôt fur le dos , enforte que fon ventre étoit entiérement en vüe. Je lui voyois remuer les jambes qu'ilavoit tenues jufques-là appliquées fur la poitrine à la maniere des Nymphes; 1l les agitoit à diverfes reprifes com- me s’il eût voulu en faire ufage pour : changer de fituation : mais foibles comme elles l’étoient alors , ne fai- fant que de fortir des enveloppes de la vieille peau , elles ne paroif- foient pas fort propres à s'acquitter de leurs fon@ions. Dans cette atti- tude & fur une feuille prefque droi- te, le Puceron n’étoit retenu que par fa dépouille , à laquelle Pextré- mité de fon corps tenoit encore. II étoit donc expoié à faire une chûte C 34 OBSERVATIONS fatale , dès qu’il auroit achevé de fe dépouiller. Cette crife me tenoit inquiet, & je ne devins tranquille que lorfque peu à peu 1l fe fut mis fur fon féant. Je ne manquai pas de venir l’ob- ferver le lendemain de bonne heu- re , fuivant ma coutume. La mue avoit apporté un leger changement à fa couleur : fon corps s’étoit bien rembrüni , à peu près comme 1l de- voit l'être , c’eft-à-dire, comme left celui des Pucerons du fufain, lef- quels tirent fur un violet foncé prefque noir & velouté ; mais les jambes de même que les Antennes étoient marquées tranfverfalement de blanc & de noir, au lieu qu’au- paravant elles n’offroient que du brun. Pendant que je le confidé- rois à la loupe & obliquement au grand jour, j'obfervai diftinétement SUR LES PUCERONS. 3e fix points très-luifans fitués fur les côtés , dans la ligne des petites cor- nes ( Introd. I. 3.) & placés cha- cun dans une efpece d’enfoncement. Je portai le Puceron au foleil pouf mieux voit leur fituation, & bien m'affdret de leur nombre : mais il me parut que loin que le foleil nvai- dat , il m’étoit au contraire un ob- ftacle ; la [lumiere étant trop forte- ment refléchie par le corps de lIn- fete , effaçoit le brillant des points. Je le rapportai donc où 1l étoit au- paravant, & je continuai à Exami- ner la particularité que ÿavois nou- vellement découverte. Le premier point n’étoit pas loin de la tête; le fixieme étoit fort proche de la pe-. tite corne, dans la ligne de laquelle il fe trouvoit. Il paroïfloit y avoir entre chaque point la largeur d’un anneau. Je ne doutai pas que ces Ci 36 OBSERVATIONS points ne fuflent les organes de [a refpiration , connus fous le nom de fhigmates. Et s'ils font placés dans la ligne des petites cornes, n’eft-ce point de quoi nous faire foupçon- ner que celles-ci fervent aufli en partie à la refpiration ? Nous avons plufieurs exemples d’Infectes qui refpirent par de femblables tuyaux, & qui les ont placés peu différem- ment. Une autre remarque qui peut fervir à appuyer cette idée, c’eft la façon dont elt rejettée la liqueur qui fort par ces cornes: elle left avec force , à peu près comme elle le feroit par un chalumeau. A la vérité ce fait pourroit ne prouver autre chofe , finon que la refpira- tion fert à l’éjeétion de cette eau. Quoi qu'il en foit, j’obfervai une chofe par rapport à ces cornes que je ne dois pas omettre. Au lieu d’é- SUR LES PUCERONS. 27 tre élevées fur extrémité du corps, comme elles le font à ordinaire , ( Voy. lIntrod. ) elles étoient abaif- fées de maniere qu’elles débor- doient par-delà. e Sur les feuilles de Prunier cou-, Fo + vertes de Pucerons, dit M. de 7o:3..196. » REAUMUR , on voit de tems en »tems prefque tous ceux d’une > feuille élever leur derriere en Pair » & quatre de leurs jambes : ils ne > font portés alors que par les deux » premieres. Quelqu'un des Puce- > [ons commence à faire ce mou- » vement ; fes voifins en font enfui- »te.un pareil, & fucceflivement »tous ceux de la feuille le font. > C’eft-là tout leur exercice, car » 1lsne changent gueres de place.» Il m’avoit toujours paru aflez in- téreflant de rechercher la caufe de ces balancemens alternatifs. Mes Ci 38 OBSERVATIONS obfervations fur ces Infeétes, & en particulier fur notre Puceron du fu- fan, m'ont appris qu'ils fervent à aider l’éjettion des excrémens ou de la liqueur qui en tient lieu. ( In- trod. E. 3.) Car ce n’étoit gueres que lorfqu'une goutte de cette li- queur devoit bientôt être chaflée au- dehors, que je le voyois élever fon derriere & fes quatre dernieres jam- bes , & les abaïffer alternativement; ce qu'il cefloit de faire dès qu’il Pa- voit rendue. Il crût affez rapidement : mais fes accroïflemens ne commencerént à devenir fenfbles qu'après la pre- miere mue. J’at taché d’en donner une idée pour chaque jour. Plan- che II. Fig. 23. Mais 1l eft tems d’en venir à l’en- droit le plus intéreffant de la vie de notre hermite. Délivré heureu- SUR LES PUCERONS. 39 fement des quatre maladies par lef- quelles il devoit pañler , il étoit en- fin arrivé au terme où j'avois tâché de amener par mes foins. Il étoit devenu un Puceron parfait. Dès le premier de Juin, environ les fept heures du foir , je vis avecun grand contentement qu'il étoit accouché; & dès lors je crus lui devoir donner le nom de Pucerone. Depuis ce jour jufqu'au vingt - unieme inclufive- ment , elle fit 95. petits , tous bien vivans , & la plüpart venus au mon- de fous mes yeux. Voici une Table où j'ai marqué avec le plus d’exa@i- tude qu'il m'a été pofhble, le jour & l’heure de la naiffance de chacun de ces Pucerons. L'étoile * défigne ceux dont la Pucerone étoit accou- chée dans les momens où je n’ob- fervois pas. C ii TABLE Dre jours ee ES Ets RE nés ge EL cerons gu'enfanta depuis le premier Juin jufqw'au 2%e inclufs vement , celui qui depuis fa naifance, avoît été renu dans une AE Jolitude. ee . ne PR ee Jours | No nbre | Nombre des Puce-| Nombre des Puce- de {lesPucer.!rons nés chaque ma |rons né; chaque a Juin, [rés dins|un, & les heures de] près-nudi &1-sheu-|# chaque j.|ieur naiffance. res de leur naïflance. | 2 Pac. HU. ee Ah. Fee SRE a As Nha P# RE 12 A L | NSP: À 12.h.2. 1.P. : es PAL EU RESTE LE H Fe CMS 3 6-1. NN de 10.Puc. . . Riu FA à 1 PA'Fo.h. 2" rP: 7. Puce GEz Perl: 2 NS ou ER D * eesek%ilis As hit P# Ahead. DO AOL De Ve age. LES | Re PE PR ne ES ô RE TR CE METIER 7 Jours | Nombre | Nombre des Puce-[ Nombre des Bec 4 de |des Pucer |rons nés chaque ma- rons nés chaque a-5£ Juin. [nés dansitin, & les heures de! près-midi,& les heu-! chaque j. leur naiflance. res res de leur n iflance. | À ; 5.h21..2.P.* Note DEN AD AMr2-h:2%7r.P. P. eur be A NC 2 Zoe do... p [Verslefoir.r.P. Me hz Apr PERGA 0h 4 MP. RS Te LA FO oe 1:18 3: Puc. À 10. ho 1h . — : mn art mere nn nn re a AVAST ACTOR ENTER QUE 4: Puc. die 1P#| > ME) > SA | ne fe e : su … ÉUUC.| U7-+---c 1. 7 TOME TEPE 7: RPusctA (6h: 25 PA +2. RER, H É ee EC 16. Puc. ane 10. Te. e Le (AE Fes Lola rÜ 3- Puc./A LAN à PR VAIAE 2) LE ë » IA 6 11, : es hi J 13. . Puc| ï ; eh i | TO pit 15: 0e PRE VPN —————— a Mi 2e PAC ESP NEREN TER ; { Î £ 20. |0. Be TRES EN A E ee i< | | Je x à : 42 OBSERVATIONS _ Comme cette partie de lhiftoi- re de notre Pucerone contient les faits les plus remarquables de fa vie, je ne puis n’empêcher de parler ici de quelques particularités qui y ont rapport, & qui, autant que j'en puis juger , ne font pas indignes d’atten- tion , quoique dans un Infeéte qui ofnroit plus de variétés que n’en offrent les Pucerons , elles ne mé- ritaflent peut-être pas qu'on en fit un récit : mais dans une difette on fait ufage de ce qu’on auroit rejetté dans des tems d’abondance. Pendant que ma Pucerone ac- couchoit pour la cinquieme fois, tout fon corps étoit à peu près pa- rallele au plan de pofition : ainfi la diftance entre ce plan & le deffous de fon ventre n’étoit pas confidé- rable. Le petit Puceron, dont une plus grande portion fortoit de mo- SUR LES PUCERONS. 43 ment en moment, eut bientôt at- teint du bout de fon derriere (1) la furface du pédicule fur lequel fe trouvoit alors la mere, tandis que fa partie antérieure étoit encore dans le ventre de celle-ci. Il lui re- {toit donc à achever de fe dégager, ce qu'il n’auroit pû faire que difh- cilement, pendant que les chofes en feroient demeurées dans cet état. Mais la Pucerone n'eut pas plutôt fenti que fon Puceron avoit atteint le bas, qu’elle s’éleva brufquement fur fes dernieres jambes le plus qu'il lui fut poflible, fans neantmoins leur faire abandonner le pédicule. Par ce moyen le Puceron eut plus defpace qu’il ne lui en falloit pour foruir librement. Mais fi la Pucerone eût continué à tenir ainfi fon der- . (1) Les Pucerons viennent au jourle der- riere le premier. Voy. l'Introd. 44 OBSERVATIONS tiere élevé, comme :1l Pétoit, de plus que de la longueur du Puce- ron, celui-ci n’auroit pà atteindre de Pextrémité de fon corps, pas même de celle de fes dernieres jam- bes , le pédicule ; & 1l auroit rifqué de tomber dès qu'il auroit pû fe dé- gager entierement. La Puceronere- média encore à cet inconvénient, en s'abaiffant peu à peu à mefure que le petit Puceron fe dégageoit. De cette maniere il put s’accrocher par {es dernieres jambes au pédicule dès qu’elles eurent commencé à le toucher : & voilà peut-être une des raons pourquoi ces Infectes vien- nent au jour le derriere le premier. Leurs premieres jambes étant plus courtes que les dernieres , auroient été apparemment moins propres à les empêcher de tomber, s'ils fuf- fent venus au monde comme les pe- its des autres Animaux. | SUR LES PUCERONS. 4ÿ Dans quelques accouchemens jai và la Pucerone élever fon der- riere à plufieurs reprifes , ne l'ayant pas affez élevé la premiere fois. Une chofe encore qui contribue beaucoup à affürer une heureufe for- tie au Puceron, c’eft la courbûre que fon corps prend à mefure qu'il fe dégage. Cette courbûre dont la concavité regarde le deflous du ventre , donne une plus grande fa-. cité aux dernieres jambes de fe cramponner ; elle les rapproche plu- tôt , de mème que la pointe de Pa- aus * , qui peut bien entrer 1Ci POUF x Prane.ï, quelque chofe , étant alors enduite te de la liqueur qui baignoit le Puce- ron dans la matrice , elle les rappro- che , dis-je , plutôt de la feuille ou de la tige fur laquelle fe trouve la mere. Quelque paiñbles que paroif- 46 OBSERVATIONS fent les Pucerons , ils ne font pote tant pas exempts d'humeur dans certaines circonftances. C’eft en core ce que ma Pucerone m'a fait voir. Lorfque pour enlever ceux de fes petits qui étoient auprès d’elle, je venois à la toucher le moins du monde du bout de l’épingle dont je me fervois à cet effet, elle éle- voit brufquement en l'air fon der- riere & fes plus longues jambes, qu’elle ramenoit enfuite d’un mou- vement aufli brufque à leur premie- re fituation. D’autres fois elle les écartoit de fes côtés le plus qu’elle pouvoit, comme pour atteindre Pépingle , & les y ramenoïit enfuite rudement en frappant la feuille de leur extrémité. Elle ne marquoit pas moins de colere quelquefois , lorfqu’un de fes petits venoit à l& heurter pendant qu’elle étoit tran- SUR LES PUCERONS. 47 quille. Elle fembloit le frapper du bout de fes dernieres jambes : mais cé qui offroit un fpeétacle plaifant , c’eft qu’elle fe fervoit quelquefois pour cela du Puceron qu’elle n’a- voit pas encore achevé de mettre au jour. Alors ce n'étoit pas fim- plement des coups de pied, mais, pour ainfidire, des coups de maflue. Les variétés que j’ai obfervées dans le nombre de Pucerons venus au monde chaque jour , font une autre particularité qui me paroît digne d'attention. C’étoit ordinairement lorfque la Pucerone ne trouvoit pas un endroit propre à lut fournir une nourriture convenable , qu’elle far foit le moins de petits. Elle"deve- noit alors inquiete , elle marchoit quelquefois pendant des heures en- tieres fans fixer. Enfin, avoit-elle sencontré un endroit tel qu’il le lui 48 OBSERVATIONS: falloit, elle ne tardoit gueres à y mettre bas. Cela ne fembleroit-il pas indiquer que le moment de lac- couchement étoit en quelque forte à fa difpofition ; que quoiqu’elle fût au bout de fon terme, elle étoit , pour ainfi dire, la maitrefle de le prolonger ! cd J'ai déja eu occafion de dire que les excrémens des Pucerons font liquides. Tels furent ceux que ren- dit notre Puceron jufqu’environ le 13. Juin, que je remarquai qu'ils fe congeloient prefqu’aufli-tôt après être forus. Au lieu que certains Faux-Pucerons ( Introd. [I. 1.) trainent les leurs en maniere delon- gue queue, notre Pucerone por- toit les fiens amoncelés fur {on dos en maniere de paquet (1).Elle avoit (1) La matiere du duvet qu'on voit fur le corps de la plupart des Pucerons, ne feroit- clle point la meme que celle quiett rejetée commencé | SUR LES PUCERONS. 49 commencé alors à perdre de fon embonpoint , & à prendre la f- gure du petit Animal que M. Geof: en froy (1) a conjeéturé être le mâle 4. des seis des Pucerons. | par Enfin, pour achever l’hiftoire de aotre Pucerone , je n’a plus qu'à dire qu'ayant été obligé de m’ab- par les cornes? On fçait que les fueurs ont beaucoup de rapport avec les urines; il paroît donc aflez probable que la liqueur qui fort par les cornes, laquelle peut être regardée comme analogue aux urines ; étant portée à la furface de:la peau: par des vaiffeaux difpo- fés à deflein, s’y fige, comme rtous la voyons fe figer après être fortie des cornes: La forme des pores dent la peau eft comme criblée, lui fait prendre apparemment celle de longs poils ou de duvet. : (1) C'eft une autre opinion dont je n’ai pas parlé lorfque j'ai indiqué celle des Natu- raliftes touchant la génération des Pucerons. Ce qui avoit porté M. Geoffroy à regarder ce petit Animal comme le male des Pucerons, c'eft qu'après l'avoir écrafé, ilne lui avoit trous vé ni œufs ni petits. M. de REAUMUR a très- bien prouvé, Tom. III. p. 330, que ce h’étoit réellement qu'une mere Pucerone qui s’étoic délivrée de tous fes petits. L’'Obfervation que 4e viens de rapporter en eit une autre preuve, $o OBSERVATIONS fenter d’auprès d’elle pendant tout le 25. jufqu’au lendemain matin fur les $. heures, j’eus le chagrin à mon retour de ne la pas trouvét où je Pavois laiflée, ni dans les environs où je la cherchaiinutilement.Com- me , depuis qu’elle avoit commen cé d’accoucher, je n’avois pas cru qu'il fût néceffaire de la tenir ren- fermée exactement , elle en avoit fans doute profité pour aller finir fes jours ailleurs. On juge aifément que je ne fus pas infenfible à cette perte. J’avois vù naître cette Puce- rone, je l’avois fuivie conftamment pendant plus d’un mois, & je me faifois un plaifir de continuer à Pob- ferver avec le même foin jufqu’à fa mort. Je me propofois en cela plus que cette fatisfaction , c’étoit de fça- voir au jufte le nombre de Puce- xons dont elle auroit peut-être en- SUR Les PucEroONs. çr tore accouché. Il y a apparence qu'il nauroit pas été confidérable à en juger par l’extreme diminution de fa taille, Son ventre qui, lorf- qu’elle mavoit fait encore que peu de petits, étoit arrondi & comme diftendu , s’étoitapplati & étoit de venu de forme triangulaire. Ce qui indique aflez qu’elle avoit mis au jour tous ou prefque tous les Puce- rons qu’elle y devoit mettre. OBSERVATION II. Seconde @ troifieme Expérience [ur les Pucerons du Fufain , pour décider fe Les Pucerons Je Hu fans ac- couplerment. N Ous vivons dans un fiecle où en matiere d'Obfervations, fur tout lorfqu’elles ont pour objet des faits D 1] 62 OBSERVATIONS finguliers , on ne fait cas que de cel- les qui font détaillées jufqu’à un cer- tain point, & qui ont été répétées plufieurs fois. On ne veut pas feu- lement fçavoir le réfultat de l'Expé:- rience ou del’Obfervation ; on veut encore fçavoir comment lOblfer- vateur s’y et pris pour découvrir ce qu'il rapporte, les différentes particularités qui fe font offertes fur fa route, & jufqu’aux obftacles qu'il yarencontrés. En un mot, on veut être aflüré qu'il a bien vü, & être en état de revoir après lui. C’eft ce qui m’a engagé à donner à lObfer- vation précédente une étendue que je n’avois pas d’abord compté lui donner. Jai cru qu’un fait auf ex- traordinaire que la multiplication des Pucerons fans accouplement,ne pouvoit être trop bien prouvé.Mais, comme je viens de le dire, 1l ne fuf- SUR LES PUCERONS fit pas en Phyfique de s’être affüré d’un fait par une premiere vûe , ül faut encore , s'il eft poffible , lerap- peller à un fecond examen, & ap- porter à ce fecond examen la même attention & les mêmes foins qu'au premier. Je réitérai donc l'année fuivante , conformément à ces prin- cipes , Pexpérience du Puceron du fufain mis à fa naiffance dans la foli- tude , & élevé jufqu’à l’âge de ma- turité. J’y fus encore engagé par un autre motif beaucoup plus puiffant, & qu'il m’eft glorieux d’avoir à rap- porter. Ce fut l'approbation dont PACADEMIE ROYALE DES SCIENCES & M. de ReAUmuR en particulier , honorerent cette Expérience, & le défir qu'ils témoignerent de la voir réitérée le plus que je le pourrois. Dans cette vüe j'élevai en folitude deux Pucerons de la même Efpece D ii $4 OBSERVATIONS : que le premier qui avoit fi bien ré- pondu à mes fouhaits. L’un de ces Pucerons naquit le 20. May à 10. heures du matin ; & l’autre le même jour fur les ç. heures du foir. Le pre- mier commença à accoucher le 30. du même mois à neuf heures & de- mie du foir ; & juiqu’au F5. Juinin- clufivement , 1l mit au jour 90. pe- tits. L'autre ne commença à accou- cher que le premier Juin à 4. heu- res & demie du matin; & jufqu’au 17. imclufivement , il de naiflan- ce à 43. petits feulement. Celui-ci étoit moins grosen naiflant, & il refta toujours moins gros que l’au- tre;il avoit peut-être le corps moins rempli de fœtus : aufli fut-1l moins fécond. Il y a apparence qu'ils au- roient encore continué d’accou- cher; mais une fievre dont je fus attaqué , me força de cefler de les SUR LES PUCERONS. ç$ Toigner , & je foupçonne qu'ils pé- tirent de faim. Voici les Tables des accouchemens de ces deux Puce- rons. L'étoile * , comme je lai déja expliqué (ObL. r..) défigne les petits mis au jour dans un tems où il ne m'avoit pas été permis de continuer mes Obfervationss& ce figne + indi- que ceux qui ne faifoient que de nai- tre, Ou qui n’étoient nés que depuis peu de momens, quand je revenois obferver. D üü [TABLE des jours æ heures auxquels font nés les Pu cerons qu'enfanta depuis le 30. May jufqu'au 15. Juin inclufivement , celui qui avoit éte renfermé a fa naïffance le 30. May a 10. heures du matin. jours | Nombre | Nombre des Puce} Nombré des Puce: de |desPucçer. irons néschaçu: ma-|rons nés chaque a-Ïf May. ns dans|tin, & les heures de| près-midi,& les heu chaque j.|leur naiflance. res de leur aaiflance. 1303 1 PUc- NE PER AG RIET TELL _ fagn..sp+|[Azh..rP. +. 3 LS VTT PUC- | Je CURE PATES Se norie DE ro-RE AE. ARE “Jours Ah PE £ de 6.-ess1.Pe : |Depuis 1. h. j2fIR Juin 7 PUCT 7e lie qu'a fix abfent.|à = PRES EE A6.h....2.P.*FIf CET CPE ë RES TTR [AS EF 2. PT : i 8. ....1.P. |dep.2.h.j.5.:abf.|4 * |7. Puc.| a. Las rail 10 +..1.P.* | TT FN PARA PEN AE 7.....1.P. |Depuis4.juiqu'à 3: |8. Puc RO à TUE 9. abfent. TA SRPEF É Re an ee 4: |6. Puc. ue STE A roc uRS ‘A GR 272 Ë $ g. Pi 6.—.. ë (fa 1 [À 4.h.. She (De ep- 8. De = — RUES EE EL Di | À 6. b:£ * |Arke:Pe Ë MR EN 2 ES cn A DEN DE LG PL 7 SR à 7 A M AT AL ST TR Jours | Nombre Nombre desPu:e-1 Nombre des Puce- à de |desPucer. rons nés chaque ma-'rons nés ch:que a-|$ Ë F L - ; \ DE Juin. [nés dans tin, & les heures de près midi,&lesheu-| £ | {chaque j.ileur naiffance. res de leur naïfiance.iË LE) THE TA : Sur les 6. 1.P.* |A 12.h.7.1.P. sem. PURE Qi 10.2=%1LP: 70172 Puc: {4 Puc.lA4hé..1 P. FlA6.h...r.P. ge |# ARMES DIN À nou FA USE 2 gt Puch 7... sp: NE NERO ve 2 see lue ie 6. Puc.|A 7:h...3P;#\ Apr. 4...3.P. LE 8. abf. Sr. PES" FE RE fe Ë dep. 4.jufq.7.abf.'à ADpri7e 0.7: |E ne À mme À me met, a DE] 0 PA 1 a gere: XP: Net ue M bPue lt Er... p. |--:-4e:.0.. F2. 21. ; =. Pacha P#}A 70h... 1; : Depuis $.h juf-\} 14 12- Puc.PA6.h...72.P.* l'quiæ7-abient. |k Aighe-1.P4 MS Paca Rice. COPAIN EEGU JO Eu Re — — ———————— , — —__——_—_———me 15. |4. Puc. CRT PR HS b< ; Ÿ PT TABLE de SE ie sjours © heures auxquels font nés les Pu- cerons qu'enfanta depuis le premier Juin jufqu’au 27, inclufivement , celui qui avoit été renfermé a|1 fa uaïffance le 20. May à 5. heures du foir. Nombre des Pucer. nés dans chaque j. If. Puc. 4. Puc. 14 Puc. 4. Puc. Nombre des Puce- rons nés chaque ma- tin, & les heures de leur naiffance. A 4.h.2...1.P.x Éosecicle MEL Te Se TOP À sh. r1.P.2.P.* SR PRE NS Hé T2; PARUS LA DAS CRE À 6h Er PE TO ue Tape VON etai 11.1 A6. h: 227 Dep.8.juf.4.abf. Aro, 12 Ent. 6.& 7.1.P.* 5 Si AE ni 2 ile ETES EE ER A 2 A 5.h....1.P.* *|À « Puc. Te PSE 7.h ARR Le LA Ua Nombre des Puce- rons nés chaque a-18 près-midi,& les heu-[# res de leur raiflance. à Ar.h.....r.P. | Dep.r.juf.6.abf. !& À 6; :2 7 RAI eeseseee 0. P. fi LT EEE mm PL 22 € A a.h.-.8 1 ER 6.1....1.P. |E Dep.s juf.7.abf. |} A7 h.:.41.P028 L C'OUT LS CRE MNECE JÉSSCRES RSR NS LE si LR UT AIS | Dep.4.juf7.abf. |E Apr.7.h...1.P-* 5 ECG SEE Jours | Nombre de jdes Pucer.|rons nés chaque ma-|rons nés chaque 2-14 ji Juin. [nés dansitin, & les heures de! près-midi,& les heu-| 4 Nombre des Puce-; Nombre des Puce- chaque j. leur naïflance. res de leur naiflance. | À — re AS à OP. (0 Depuis 1.h. juf-|h qu'à3.labf. |à 12 2 BUE ees-ecescOe [2 he. 1.P."| Dep.s.juf.7.abf. | À gs 1. lilou A6 nr. - ll. GP. Ë ————— Re, = — 6. IS. 4e EFuc. Dr Le se0005c0e lo? I es a D ISO à EL He va els ot sOP. 1h LT 1: Puce: AVI se. TE eee, 10:P: | | _ La Fievre m’ayant forcé d'interrompre ces Ob- Élfervations , je ne pus continuer à donner mes {oins| Hla notre Pucerone qui mourut au bout de quelques Ë Hijours, après avoir.encore donné naïflance à....|4 Eee cmeceeceesecl 0: UCETONS. SOMME ToTaLE. 49. Pucerons. 60 OBSERVATIONS Je devrois dire un mot mainte- nant des Pucerons mis au jour par ces deux Pucerones & par la pre- miere : mon deffein avoit d’abord été de les faire fervir à diverfes épreuves propres à éclaircir certai- nes queftions de l’Hiftoire de ces petits Animaux : mais divers acci- dens furvenus , & des occupations d’une autre genre, m’obligerent de renvoyer ces expériences à UN au- tre tems. Je me bornerai donc ici à rapporter une obfervation qu'un de ces Pucerons m'a donné occa- fion de faire, & qui fera voir que ces Infectes, quoiqu’en apparence lourds & pefans (1) , font pourtant (1) ‘“ Le nom de Pucerons, dit M. de REAU- >> MUR , n’auroit dû être donné, ce femble, > qu’à des Enfeétes vifs , fautans avec agilité # comme les Puces. Nos Pucerons font ce- » pendant des Infectes forttranquilles, ils » ne marchent que rarement , & leur démar- > Che, pour l'ordinaire , eft lente & pefante, Meém. fur les Inf. Tom. IL p. 283. SUR LES PUCERONS. 61 dans certaines circonftances aufli agiles & aufli vifs que les Infeites qui le font le plus. Le Puceron dont je veux parler, avoit été mis en folitude depuis deux jours , lorfque je le trouvaiqui achevoit de changer de peau.Ayant Ôté le vafe de verre quile couvroit, je crus appercevoir qu'il avoit en- core une de fes dernieres jambes en- gagée : mais ayant regardé avec plus d'attention, je reconnus que la dépouille ne tenoit qu’à une des petites cornes que ces Infettes ont près du derriere. À peine eus-je ob- fervé pendant quelques momens, que je vis mon petit Puceron com- mencer à fetrémoufler pour faire tomber fa dépouille. Ses mouve- mens paroifloient beaucoup plus vifs & plus variés que ceux que s’é- toient donnés en pareil cas les au- 62 OBSERVATIONS tres Pucerons que j'avois deja ob- fervés. Tantôt il agitoit à diverfes reprifes fa partie antérieure , & lui faifoit faire des vibrations. très- promptes : tantôt il lélevoit un peu & labaifloit enfuite. On voyoit fes dernieres jambes faire en même tems des efforts pour détacher la vieille peau. Mais ce qui me donna le plus de plaifir , & me furprit davantage, ce fut de le voir pirouetter avec une agilité d’autant plus admirable, qu'il étoit fur le deffous d’une feuil- le, & par conféquent plus expoié à tomber. Ses premieres jambes pa= soifloient être le point d'appui fur lequel s’exécutoit le mouvement ; auquel les Antennes répondoient par d’autres prefque continuels. Je le vis s’agiter ainfi pendant tout le tems que je pus l’obferver, qui fut d'environ trois quarts d'heure; & SUR LES PUCERONS. 6»: œela, je ne craindrai pas de Îe ré- péter, avec toute l’agilité & la vi- vacité poflbles. Comme ce petit manége me paroifloit très-curieux, j'eus tecours pour le mieux voir à une Loupe plus forte que celle dont je m'étois fervi jufques-là. Elle me montra Ce que je n’avois pas enco- re apperçu, que latrompe du petit Puceron étoit piquée dans la feuil- le, & qu'il cherchoit à l’en retirer. Cétoit fur cette trompe, & non fur fes premieres jambes qu'il pi- rouettoit. Enfin il parvint à la dé- gager : mais il ne put de même ve. nur à bout de fa dépouille qu’il con- tinua à poiter attachée à fon der- riere. ee g 64 OBSERVATIONS RE OBSERV ATION IIl. Autres Expériences [ur le même [ujet faites [ur des Pucerons de plufieurs Efpeces ; en particulier [ur ceux du Sureau , & pour s'affñrer fi des gé- nérations de Pucerons élevées [uc- ceffivement en [olitude, confervent le même propriété de procréer leurs [em- blables fans le fecours de l'accouple- ment. + Que la trompe des Pucerons ef? capable d'un allongement confidérable. Qu'il y a de ces Iafeites qui changens de peau feulement trois fois. Que les petits viennent quelquefois au jour la tête la premiere. P ExDANT que j'obfervois les Pur- cerons du Fufain, j'obfervois auf ceux de quelques autres Efpeces » telles que celles du Sureau, du Gro- feiller SUR LES PUCERONS 6$ faller , du Rofier *, & du Chardon _à Bonnetier que je crois être la mê- me, du Pruniet. du Jonc, &c. mais divers contretems ne me permirent pas de poufler ces expériences afez loin , pour être en état de décider que toutes ces efpeces de Pucerons £ multiplient fans accouplement; comme on ne peut gueres en dou- ter. Je ne laiflerai pas cependant de rapporter ici ce qu'elles eurent de plus remarquable. | | Après avoir élevé plufeurs Pu- * PLANCHE, I. F1G. IV: & V, cerons du Fufain dans une parfaite {olitude , & m'être ainfi convaincu par mes propres yeux qu’un Puce- ron à qui , depuis linftant de fa naif. fance , tout commerce avoit été in- terdit avec fes femblables, devenoit en état d’engendrer , je ne penfois pas avoir autre chofe à faire qu'à étendre cette expérience à un plus 66 OBSERVATIONS. grand nombre d’efpeces : mais ub fupçon que me communiqua M. TREMBLEY , fi connu aujourd'hui par fa belle découverte des Polypes qu'on multiplie de bouture , m’ap- prit que je devois me préparer à en faire d’autres plus propres à exer- cer ma patience. Ce foupçon pa- toitra fingulier & formé gratuite- ment : il confiftoit à fuppofer qu’un feul accouplement fert chez les Pu- cerons à plufieurs générations con- fécutuives. Afin donc d’en démon- crer la certitude ou la faufleté , il s’a- gifloit d’abord de tenir dans une par- faite folitude un Puceron, depuis Je moment de fa naiflance jufqu’a ce qu'il eût accouché d'un petit , qui feroit condamné , comme fa mere lPavoit été, a vivre folitaire. Si après être parvenu à l’âge de maturité, 1l prouuijoit des FPucerons , il falloit SÛR LES PUCERONS. 6? s’affürer de la même maniere, fi, fans s'être accouplés , ils feroitent enco- re en état d’engendrer ; & continuer ainfi ces expériences fur le plus de générations qu'il feroit poflible. Telle fut la tâche que je m'impofai. On verra par la fuite de ces Obfer- vations , que je ne m'en fuis paste- nu-là. : Les Pucerons du Sureau furent les premiers fur lefquels je commen: çai cette nouvelle expérience : & ce ne fut pas fans fuccès. Le r2; Juillet , fur les 3. heures après-mi- di , j'en renfermai un qui venoit de naître fous mes yeux. Le 20. du même mois, à fix heures du matin, il avoit déja fait trois petits : mais fattendis jufqu’au 22. vers midi , à renfermer un Puceron de la fecon- de génération , parce que je ne pus parvenir plutôt à être prefent à la E ïj 68 OBSERVATIONS naiffance d’un de ceux dont accou: cha cette mere que j'avois condam- née à vivre en folitude. J’ufai tou- jours dans la fuite de la même pré- caution : je ne renfermai que des Pucerons venus au jour fous mes yeux. Une troifieme génération commença le premier Août; ce fut ce jour-là qu'accoucha le Puceron qui avoit été renfermé le 22. Juil- let. Le 4. du mois d’Août, environ 1. heure aprés-midi, je mis en foli- tude un Puceron de cette troifie- me génération. Le 9. du même mois , à 6. heures du foir, une qua- trieme génération due à ce dernier, avoit déja vû le jour : il avoit don- né naifflance à quatre petits. Le mèê- me jour vers minuit , tout commer- ce avec ceux de fon Efpece fut in- terdit à un Puceron de [a quatrieme génération , né à cette heure. Le SUR LES PUCERONS 69 28. entre 6. & 7. heures du matin, je trouvai ce dernier en compagnie de quatre petits qu'il avoit mis au jour. Le lendemain je renfermai un _ Puceron de la cinquieme généra- tion : mais mayant eu à lui offrir que des tiges de Sureau qui, quoi- que jeunes, s’étoient trop endur- cles , 11 mourut avant que d’être parvenu à l’âge où il eût pü don- ner naifflance à une fixieme géné- ration. Nous avons vü ci-deflus ( Introd. L. 2.) qu'il y a des Efpeces de Pu- cerons dont la trompe eft fi déme- furément longue qu’il leur en pale un grand bout par-delà le derriere. Les trompes ordinaires ne font pas à beaucoup près fi longues, elles ne paffent gueres le milieu du ven- tre, mais j'ai lieu de foupçonner qu’elles peuvent s’allonger. M. de | E ij Mémoires ur Les 1nfeik Tom,3.p.288;: * PLANCH. Tic. E ar. 7 OBSERVATIONS : REaumur en parlant dés accowa chemens des Pucerons du Sureau ; a dit que fur la couche de ces petits Infe@es , qui couvre immédiate- ment un jet de cet arbufte, onvoit fouvent des meres * qui ne femblent occupées que du foin de muliplies lEfpece , & ne pas fonger à pren- dre de nourriture. M. de REAumuR a cru que leur trompe n'étoit pas: aflez longue pour atteindre jufqu'& lécorce : mais plufieurs obferva- tions m'ont convaincu qu'entre les Pucerons de cette feconde couche 11 y en a qui font pañler leur trom- pe entre les Pucerons dé la couche inférieure, & qui la font parvenir jufqu’à Pécorce dans laquelle ils la tiennent piquée. Il feroit en'effet bien remarquable que les meres: Pucerones ne priffient aucun ali sent pendant des femaines entie- SUR LES PUCERONS. 71 res, & même des mois , qu’elles ne ceflent d’accoucher ; & que les foe- tus fe développañlent neantmoins au point d'acquérir toute la gran- deur qu'ils doivent avoir pour ve- nir au jour. Aufli ai-je và conftam- ment les Pucerones du Fufain,& cel- les de quelques autres Efpeces, te- nir leur trompe fichée dans la Plan- te pendant tout le tems que duroit leur fecondité. J’avois même quel- quefois beaucoup de peine à leur faire lâcher prife. Les Pucerons ; comme la plûpart des Infe&tes , ne parviennent à leur parfait accroiflement qu'après avoir changé plufieurs fois de peau ( In- trod. [. 4.). On ne s’eft pas trop embarraflé jufqu’ici de faire les ob- fervations propres à apprendre quel eft le nombre de celles dont ils fe deffont. M. Fricx , habile Obfer- : E ii 72 OBSERVATIONS. vateur de l'Académie de Berlin , a avancé , mais trop généralement, qu’ils fe dépouillent quatre fois. Ce- la peut être vrat de beaucoup d'Ef peces; c’eit ce que j'ai obfervé con- ftamment dans les Pucerons du Fu- fain , dans ceux du Plantain , dans ceux du Grofeiller, dans ceux d’u- ne très-arofle Efpece qui vit fur le Chène , & dont je parlerai ailleurs au long. Mais j'en ai obfervé qui ne fubiffent que trois fois cette rude opération. Telsfont , par exemple, ceux du Sureæ. Un Puceron de cette forte, qui avoit été renfermé le premier Aoûtenviron midi, s’é- toit dépouillé pour la premiere fois le 4. fur les fix heures du matin. Le 7. fur les fix heures du foir il avoit changé de peau pour la feconde fois. Le 9. fur les cinq heures du matin il s’étoit dépouillé pour la SÛR LES PUCERONS. "73 troilieme. Et le même jour, envi- ron les fix heures du foir, il avoit accouché de quatre petits. Jai déja eu occafon de faire re- marquer que les Pucerons fortent du ventre de leur mere le derriere le premier ( Introd. VI. r. ) Cepen- dant j'ai và un petit qui fortoit du corps d’un Puceron ailé du Rofier*, * Prarew. la tête la premiere & le ventre en- de haut, & qui ne laiffa pas de venir à bien ; car dès qu'il fut né il grim- pa fur le dos de fa mere. Celle-ci en fit d’autres fous mes yeux qui vin- rent au jour à la maniere ordinaire: ainfi le cas que je viens de rappor- ter , peut être regardé comme un phénomene (1). Je lai encore revû dans une Pucerone du Plantain,mais avec cette différence que le petit (1) Je fais cette remarque au fujet de ce que M. de Reaumur dit là-deflus dans le fi- xieme Volume de fes Mémoires , p.561. 74 OBSERVATIONS. dont cette derniere a accouché ; eff for le ventre tourné vers le bas, comme l'ont alors tous ces Infettes. OBSERV ATION IV. Autres Expériences [ur les Pucerons du Fufzin , peur s'affirer que des géné rations de Pucerons , élevées [uccef- fivement en [olitude , confervent Le _ propricté de procréer leurs femble- bles [ans le fecours de l'accouplement. CE n'étoit pas aflez fans doute d’avoir élevé en folitude quatre gé- nérations de Pucerons, pour être en droit de rejetter la conjeéture dont j'ai parlé dans l’obfervation précédente. Il n’en eft pas des Phy- ficiens de nos jours comme de ceux de l'Antiquité. Ceux-ci, amateurs du merveilleux, admettoient les SUR LES PUCERONS. 7$ faits les plus extraordinaires , fans fe mettre en peine de les bien établirs les preuves les plus foibles leur fuf- fifoient : mais aujourd’hui l’'Obfer- vateur de la Nature ne fe contente pas de faire les expériences propres. à lui découvrir la verité, il en pouf- fe Pexamen à une telle certitude qu’elle diflipe jufqu’au moindre dou- te. Il ne fouffre point que le plus lé-- ger foupçon, le plus petit nuage en vienne affoiblir Péclat. Loin donc de me contenter de mes premieres expériences fur la multiplication des Pucerons , je ne les regardai que comme de fimples ébauches. J’eftimai n’avoir encore que commencé à éclaircir ce fujet intéreffant , & je me préparar à le reprendre de nouveau. Entre les différentes Efpeces de. Pucerons que j'avois à choifir, je 76 OÉSERVATIONS me déterminai pour celle qui vit fur le Fufain. La facilité que javois trouvée à en élever en folitude, & l'heureux fuccès de cette tentative m'avoit en quelque maniere rendu chers ces Pucerons. PREMIERE GENERATION. LE 6. May 1742. fur les 3. heu res après-midi, je renfermai à fa naifflance un de ces Pucerons mis au jour fous mes yeux par une Pu- cerone non-ailée. Le Themo-;, fear. fur les: 3. heurestapres= metre de M. de Reaumur midi, il avoit accouché pour la pre- placé dans mon cabinet, miere fois. fe tenant aux environs de "9 12. deg.au SECONDE GENERATION: deflus de la Congell, LE 22. je mis en folitude un des petits de la Pucerone de la premiere génération: C’étoit le fixieme,il étoit venu au jour entre 11. h. & midis SUR LES PUCERONS. 77 Le 4. Juin, à pareille heure , il, avoit accouché de fon premier Pu- ceron. TrROrISIEME GENERATION. LE même jour 4. Juin, je ren- fermai À fa naiflance le fecond Pu- ceron mis au jour fur les 2. heures après-midi par celui de la généra- tion précédente. Le 15. au matin je vis avec fur- prife qu’il avoit déja fait 17. Puce- rons. Je dis, avec furprife , parce qu'il ne paroifloit pas avoir encore acquis fon parfait accroiffement , à La liquetr du ‘fherme: metre , depuis s.à6.jours, à 15. deg. au- deflus de la Congell. Le Thermos merré depuis quelques jours au-def fus de 18. de en juger par comparaifon aux Pu- cerones des deux premieres géné- rations. Les petits qu’il avoit mis au jour , au lieu de tirer fur le noir, tiroient fur le verd , quoiqu'’ils euf- fent eu cependant le tems de fe rembrunir, 78 “OBSERVATIONS! 2 n . QuaTrIEME GFNERATION:. LE même jour 1$. du mois, en- tre 1. heure & 2. je renfermai un petit de la quatrieme Génération , qui venoit de naître fous mes yeux. Le 23. au matin je le trouvai ac- couché de fon premier Puceron. Si la petiteffe de la Pucerone de la troi- fieme Génération n'avoit furpris , j'eus lieu de l’être encore davanta- ge de celle de fa fille. Elle ne fem- bloit pas avoir atteint la moitié de la groffeur qu'ont ordinairement les Pucerones de cette Efpece lorfqu’el- les commencent à engendrer. De plus fa couleur étoit fi pale qu dos uroit fur le verd céladon. LI , CrNQUuIEME (CENERATION. ENTRE 6. & 7. heures du foir du même jour 23. Juin, je renfermai me 12 SUR LES PUCERONS. 79 le troifieme Puceron qui venoit de naître de celui de la quatrieme Gé- nération. Le 4. Juillet, fur les 8. heures Te Thermo- metre depuis du matin, ilavoit donné naïffance plufieursjours à une nouvelle Génération , il avoit mé. ca fait un petit. Sa taille, je dis de la Pucerone , étoit à peu près comme ce:le de la Pucerone de la quatrieme Génération prife au même terme. SIXIEME GENFRATION. LE même jour 4 fur les $. à 6. heures du foir, la Pucerone de la Génération précédente ayant ac- couché fous mes yeux, de fon fe- cond Puceron,je le mis fur le champ enfolitude ; mais 1l ny vécut qu’en- viron deux jours. Je me difpofois à lui donner un fucceffeur , lorfque je vis que la Pu- cerone qu l’avoit mis au monde "# 80 OBSERVATIDNS® avoit fubi le même fort. Elle avoit - été fortinquiete quelque tems avant fa mort , courant de côté & d’autre, fans fe fixer, comme fi elleéût man- qué de nourriture. Cependant je lus avois fervi recemment une petite branche de Fufain, dont les feuilles étoient du plus beau verd. Je me tournai donc vers les autres Puce+ rons qu'elle avoit mis au jour, & qui étoient au nombre de deux,mais quoiqu'ils euffent aufli à leur difpo- fition une branche très-pleine de fucs, ils n’avoient pas laïffé de péri. OBSERVATION FF. Autres Expériences fur le même fujet , faites fur des Pucerons du Plantaiz. EL Es Pucerons du Fufain m’ayant manqué dans le cœur de l'Eté, lorf que je m'y attendois Le moins ; je jettai Sur LES PUCERONS. 8r fettai les yeux fur ceux qui s’atta- chent aux tiges de Plantain en fleur, ou prêtes à fleurir. Comme ces tiges font parfaitement nues dans toute leur longueur, elles donnent beau- coup de facilité à obferver nos pe- tits Infectes. C’eft ordinairément à Jendroit où commence l’épi qu'ils s’établiflent, quelquefois dans Pé- pi même. Ils commencent à paroi- tre vers les premiers jours de Juil- let (1), & 1ls font communs juf- ques vers la mi-Septembre. Leur extérieur eft en tout fi femblable à celui des Pucerons du Fufain, que je ferois fort porté à les croire dela même Efpece , & à penfer qu'après avoir vécu pendant les mois de May & de Juin fur le Fufain , ( car ce n’eft gueres qu’alors qu’on y en (t) J'en aï vü cette année 1744. dès les premiers jours de Juin. 82 OBSERVATIONS voit ) ils fe tranfportent fur le Plan: tain. Si cette conjeture eft vraie, on auroit le dénoûment de cet- te difficulté : pourquoi les dernie- res générations des Pucerons du Fufain , que j'ai élevéesen folitude, {ont péries , bien qu’elles fuffent fur des branches dont les feuilles étoient très-fucculentes.Ces feuilles , quoi qu'en apparence bien condition- nées , pouvoient n'être plus au goût de nos Pucerons. Afin de m'éclair- cir là-deflus je me propofe de re- prendre avec plus de foin mes ex- périences fur ces Pucerons , & def. fayer de les faire pafler fur le Plan- tain quand je les verrai dégoutés du Fufain. Cet effai réufliffant , je pour- rai élever de fuite en folitude un beaucoup plus grand nombre de générations de ces Infectes que je nc l'a fat encore. Mais en atten= sÛR LES PUCERONS. 83 dant que j'aie tenté cette expérien- ce, & que je me fois mis par-là en état de décider, je vais tranfcrire ici le joutnal de mes Obfervations fur les Pucerons du Plantain , comme s'ils n’avoient rien de commun avec ceux du Fufain. PREMIERE GENERATION LE 18. Août 1742. fur lestrois Le Therm, heures après-midi, je renfermai à° 5" %% ma maniere ordinaire , un Puceron du Plantain, dont la mere venoit d’accoucher fous mes yeux, Après avoir changé trois fois dé peau, je ne fçaurois dire dans quel tems, il fe dépouiila pour la qua- trieme le 27. fur les 8. heures du matin , & vers les 2. heures 1l étoit devenu mere. | | Le ç. Septembre notre Püceroné Le Therm; avoit déja fait 54. petits. de 84 OBSERVATIONS Le 13. elle en avoit encore mis au jour une douzaine, fans avoit néantmoins diminué de groffeur d’une maniete fenfible. Mais ce qui eft plus remarquable , c’eft qu'avant le milieu du mois elle ceffa d’accou- cher, quoique le Thermometre fe fût tenu jufques-là aux environs de 15. deg. Il eft vrai que dès le 20. il étoit defcendu au-deflous de r2. deg. & que fur la fin du mois il n’é- toit qu'à 8. Aufli notre Pucerone demeura-t-elle prefque toujours fans mouvement, cramponnée con- tre la tige de Plantain, & fa trompe piquée à l'ordinaire dans l'écorce. Elle vécut ainfi jufqu’environ le 10. d’Oétobre , que je la trouvai morte & arrêtée feulement par l'extrémité de fes premieres jambes contre la tige. Je tentai de la ranimer en la portant dans un lieu chaud , mais SUR LES PUCERONS. 35 ce fut inutilement. Je laurois fans doute confervée plus long-tems , & peut-être pendant tout PHiver, fi avois pû trouver dans les mois d'O&obre & de Novembre des ti- ges de Plantain conditionnées com- me il convient qu’elles le foient , ou fi j'avois connu quelque autre Plan- te propre à leur être fubftituée,l Ab- fynthe & le Fufain que j'éprouvai fur la fin de Septembre , lorfque le Plantain commença à me manquer, l'ayant été fans fuccès (1). Après tout la durée de la vie de notre Pu- cerone ne paroîtra pas avoir été trop courte, dès qu’on fçaura qu’el- le vit fes defcendans jufqu’à la fixié- me génération ;, COMME on pourra (1) Dans la penfée que peut-être les Puce- rons du Plantain après avoir abandonné la tige de cette Plante, alloient s'établir fur les racines, j'en tirai hors de terre un bon nom- bre ; que j'examinai attentivement, mais où je ne découvris pas un feul de ces Infeétes, 111 86 OBSERVATIONS le* remarquer par la fuite de ce journal. _SEscoNDE GÉNÉRATION. Le 18. Août, fur les 6. heures du foir , je mis en folitude le qua- trieme Puceron de la Pucerone de la premiere Génération , mis au jour fous mes yeux àla mêmeheure. Le $. Septembre, environ fur les neuf heures du matin il avoit ac- couché de 6. petits. Vers le 12. du mois il ceffa de vi- vre , après avoir encore donné naïf fance à une trentaine de Pucerons. sé 573 TROISIEME GENERATION: LE 13. du même mois, le fep- üeme Puceron mis au jour par la Pucerone de la Génération précé- dente, & renfermé à fa naiïffance le cinq , fur les 11. heures du matin, SUR LES PUCERONS. 87 avoit accouché de quatre petits, Sa groffeur étoit de la moitié plus pe- tite que celle de la Pucerone de la premiere Génération , mais fa cou- leur étoit aufli foncée. Le lendemain 14. entre $. & 6. heures du matin, il avoit fait trois petits. Environ fur les 8. heures il accoucha fous mes yeux du huitie- me que je mis aufli-tôt en folitude. Le :ç. il en avoitencore fait une vingtaine. Îl mourut enfuite (1). QuaTriEME GENERATION. LE 22. le Puceron renfermé le 14. fe dépouilla pour la derniere fois. Le 2$. voyant quil mavoit. (1) Il eft à remarquer que ce Puceron, de même que celui de la feconde Génération élevé en folitude , fe tint toujours à la mé me place depuis fa naïflance jufqu’au jour qu'il commença d’accoucher, fçavoir à l’en- droit où commence l’épi, & la tête tournée en embas. J'ai eu plufieurs autres occafions de faire cette remarque, | E) 2408 F ii B. 88 OssERVATIONS point encore fait de petits, quoi: qu'il eûttoutela groffeur, ou à peu près, des plus gros Pucerons de cette efpece, je jugeai devoir Pat- tribuer au manque de chaleur né- ceffaire , le Thermometre ne fe te- nant dans ma chambre depuis le 23. qu'aux environs de 8. à 9. deg. Feffayai donc le 26. de porter mon Puceron dans une armoire prati- quée derriere une cheminée de cui- fine, dont la température étoit mar- quée par 15. à 20. deg. du même Thermometre. Je l’y laiffai une par- tie de la matinée de ce jour & de celle du fuivant ; & le refte de ces deux jours , en y comprenant la nuit, je le tins dans une chambre où le Thermometre demeuroit éle- vé d'environ 10. deg. Le 28. au matin il avoit fait un petit. Le 30. au matin il en avoit mis SUR LES PUCERONS. 89 au jour fix. Et le premier O&tobre ce nombre avoit été augmenté de trois. Jufques-là je Pavois laïffé dans cette chambre dont je viens de parler. Mais ce même jour premier O&obre , je le rapportai dans mon cabinet. Il n’y accoucha point,com- me je l’'avois prévû: 1l n’y vécut mê- me que quelques jours. Je préfume cependant que fa mort fut plutôt occafionnée par le manque denour- titure que par la diminution de la chaleur. CINQUIEME GENERATION. LE 28. de Septembre, entre 10- & 11. heures du matin, je renfer- mai à fa naiffance un petit , dont la Pucerone de la Génération précé- dente venoit d’accoucher fous mes yeux : C’écoit Le fecond. Afin d’accélerer fon accroiffe- ed OBSERVATIONS ment, & avoir plutôt ainfi la fixie= me Génération, je le portai dans Parmoire qui me tenoit lieu de fer- re. L'effet de la chaleur fur notre petit folitaire fut fenfble : bientôtil furpañfa fon frere aîné en groffleur. Mais ces heureux commencemens ne furent pas fuivis d’une fin qui y répondit : dès le fecond O&obre il avoit ceflé de vivre. Apparemment que la chaleur en accélérant lac- croiflement du petit Infeéte, accé- léra trop en même tems la tranfpi- ration de la Plante deftinée à lui fournir la nourriture : elle fécha ; les autres Pucerons de cette Généra- tion perirent de même , faute d’a- liment, dans le courant du mois. Au refte je ne dois pas négliger de rapporter ici une expérience que je fis fur nos Pucerons du Plantain. Ce fut d’enrenfermer enfemble d’ai- SUR LES PUCERONS. O1 lés & de non-ailés provenus de la même mere ; {çavoir , trois non-ai- lés avec un feul ailé pris parmi ceux de la feconde Génération ; & qua- tre non-ailés avec un feul ailé pris parmi ceux de la troifieme. Mais je ne vis point ceux qui étoient pour- vôs d'ailes, & qu’on a regardés com- me les Mäles de l’Efpece, en faire la fonction auprès des autres. OBSERVATION V1. Autres Expériences [ur le même [ujet ; faites [ur des Pucerons du Plantain, @ pouffées plus loin que les vs dentes. Q UATRE Générations confécu- tives de Pucerons du Sureau , cinq de ceux du Plantain, & fix de ceux du Fufain , élevées dans une par- 92 OBSERVATIONS". faite folitude, ne laïffent gueres lieu de douter que la multiplication de ces Infectes ne s’opere fans aucun accouplement préalable. Je nai ce- pendant pas jugé en avoir fait affez pour écarter toute chicane à ce fu- jet : en Phyfique on ne fçauroit être &rop fcrupuleux. J’ai voulu étendre mes expériences à une plus longue fuite de Générations. J’ai mème en- trepris quelque chofe de plus : j'ai tenu un regiftre des accouchemens de chacune , & cela avec la même exactitude & les mêmes foins que javois apportés à ma premiere ex- périence. Les Pucerons du Plantain ont encore fourni à ces nouvelles épreuves. Mais celles-ci ont été commencées plutôt que celles dont sl a été queftion dans PObfervation précédente. Dès ke 9. de Juillet de cette année 1743. j'ai eu en folitu- sUR LES PUCERONS. 03% de la premiere Génération , qui a été fuivie de 9. autres dans Pefpace d'environ 3. mois. La feconde a été renfermée le 18. Juillet à 6. h. : du {oir ; la troifieme , le 28. à midi: la quatrieme , le 6. Août à 8. heu- rés = du matin; la cinquieme, le 15. à ÿ. heures + du matin ; la fixieme, le 23. à 11. heures = avant midi; la feptieme, le 31. à 2. heures = ; la huitieme , le 11. Septembre à 9. heures du foir ; la neuvieme, le 22. a 3. heures = du matin; la dixieme, le 29. fur les 7. heures du matin. Jaurois été bien plus loin , comme je me l’étois propoié, fi la mort pré- maturée du dernier Puceron misen {olitude ne m’eût arrêté , ous’ilm’a- voit été poflible de le remplacer par un autre de la même Généra- tion : mais la Pucerone qui Pavoit mis au jour , étoit aufli\ morte avant 1 94 OBSERVATIONS. le tems. J'ai dit qu’elle avoit étéreñ: fermée à fa naïffance le 22, Septeme bre à 8. heures & demie du matin. Comme depuis quelques jours la chaleut avoit confidérablement di- minué, j'avois eu foin de la tenir dans larmoire dont j'ai déja fait mention, & où elle étoit née. La elle avoit joui pendant toute fa vie d’une chaleur affez égale, & telle que celle des beaux jours d'Eté : auffi étoit-elle parvenue à Page de matu- rité environ deux jours plutôt que celles des premieres Générations. Le 29. fur les fept heures du matin elle avoit accouché d’un petit. Elle fe portoit bien, & elle paroifloit de- voir donner naïffance à une nom- breufe poftérité : mais une expé- rience que je voulus tenter , fut en partie caufe de fa mort, Voici cette expérience, que je rapporte d’au- SUR LES PUCERONS, 9ÿ tant plus volontiers qu’elle me don- ne lieu de parler d’un fait nouveau qui concerne l’hiftoire de nos Puce- sons du Plantain , & dont la con- noiflance pourra être très-utile à ceux qui fouhaiteront de répétér ces Obfervations & de les poufier plus loin. On a vû ci-deflus que le grand obftacle que j'ai rencontré lorfque jai voulu élever en folitude une fuite un peu nombreufe de Géné- rations de nos petits Infectes, a été de trouver une Plante qui pût rem- placer celle fur laquelle ils avoient vécu pendant un certain tems, mais dont ils s’étoient enfuite dégoutés, ou dont il ne m'étoit plus poffible de les fournir. Cet obftacie eft plus difficile à furmonter qu’on ne l'ima- gine peut-être. Il ne fufhroit pas, pour en venir à bout, de fçavoir 96 OZSERVATIONS que telles ou telles Plantes ont les mêmes qualités, le même goût, la rang mème odeur, &c. M. de Reaumur Tem.3-9.286, à obfervé des Pucerons de PAbfyn- the qui alloient s'établir fur des Plantes infipides ; ce qui lui fait di- re avec raifon , « qu’il n’eft pas bien > für que tous ceux de différentes » Plantes foient de différentes ef- + peces. » Il faut recouriraux expé- riences , & les varier à un certain point. Le hazard m'a épargné cette peine : Je cherchois fur des Cardons dans le meis de Septembre de cette année 1743. une Chenille épineufe dont M. de REAUMUR a parlé, (Tom. I. de fes Mém. p.428. ) & qu’il a nourrie de Chardons à feuil- les d’Acanthe , lorfque j'apperçus des Pucerons qui me parurent fort femblables à ceux du Plantain, & qui fe tenoient fur le deflous des feuilles SUR LES PUCERONS. 07 feuilles de ces Cardons. Cela me fit aufli-tÔt naître la penfée que cette Plante pourtoit être au goût de nos Pucerons du Plantain : je ne tardai pas à en faite l’effai , mais lé fuccès né repondit pas à mes fouhaits. Je ne me fuis pas rebuté néantmoins : je fuis revenu depuis à à la charge , & cette feconde teñtative a réufi. Dix à douze Pucérons de cette efpece pris parmi ceux de là huitieme Gé- nération , fe font fort bien accom- modés des feuilles de Cardons que je leur ai offertes, & plufieurs ÿ ont fait des petits qui s’en font nourris de même. Maintenant pour revenir à notre Pucerone de la neuvieme Généra- tion, renfermée à fa naïffance , après qu’elle eût donné le jour à la dixie- me , jé la fis paffer fur une feuille de Cardon, afin d’y élever en folitude G 93 OBSERVATIONS le premier Puceron dontelle y ac: coucheroït. Je remarquai bientôt que ce changement de nourriture ne lui plaifoit pas : elle ne faifoit qu’al- ler & venir fur la feuille , fans {e fi- xer. Je fus attentif à la fuivre pen- dant les premieres heures : quoique fes inquiétudes continuaflent , j'ef- pérai qu’elles cefferoient peu à peu, comme je l’avois vû arriver aux au- tres Pucerons de cette efpece que javois établis. fur le Cardon. M’é- tant donc abfenté pendant une par- tie de l'après-midi, je ne manquai pas à mon retour d’aller vifiter ma Pucerone : je la trouvai dans un état bien différent de celui où je l’a- vois laiffée, & qui me fit bien re- gretter de l'avoir perdue de vûe. Elle étroit mourante, & renverfée fur fon dos : fes forces épuifées par une agitation prefque continuelle ; nn SUR LES PUCERONS. 99 ne lui avoient pas permis de fe rele- ver. Heureufement il me reftoit de cette Pucerone un Puceron qui de- vint l’objet de tous mes foins & de toutes mes efpérances : mais ce pe- uit Infecte qui m'étoit fi précieux, vécüt à peine un jour. J'ignore ab- folument la caufe de cette prompte mort : ce que j'en pourrois dire ne feroit que pure conjeûture. Tout ce que je {çais de certain, c’eft qu’elle n’a point été l’effet de quelque ac- cident furvenu. Quoi qu'il en foit néantmoins , je crois avoir fufffam- ment prouvé que la multiplication des Pucerons s’opere fans accou- plement (1). Mais fi malgré des ex- (1) C’eff la folurion du Probleme Phyf- que propoié par le célebre M. BREYNIUS aux Amateurs des Recherches d'Hifteire Natu- selle. On fçait que cet habile Obfervareur avoit d’abord penié d'après fes propres Ob- fervations , & fur le témoignage de M. CEs- Toni, que l’Infecte connu fous le nom de Graine d'Ecarlate de Pologne , en Latin Coc= G 1j 100 OBSERVATIONS périences pouflées aufli loin que celles dont je rends compte a&uel- lement, on n’eflimoit pas que j’euf cus tinétorius Polonzcus, que M. de REAUMUR a rangé parmi les Progallinfectes , ainfi nom més de leur reflemblance avec les Gallinfec- es , fe multiplioit fans accouplement. Mais on fçait aufli qu’il eft revenu de cette opinion après avoir fait des obfervations plus exac- tes que les premieres. Cela lui a donné lieu de propofer le Probleme en queftion , que je vais tranfcrire tel qu’il fe trouve dans les Aîtes des Curieux de la Nature pour l’année 1733. pag. 28. de l’Appendice, & dans le Commerce Lirréraire pour la mème année, fe- conde Semaine. < Liceat verd interim hac occafione , dit M. >» BREYNIUS , fequens Naturæ Myffis , nec in- jucundum , nec inutile , difficile quamuis fo- » lutu , on ss ROBLEMA PHYSICcUuM. > An indubitatè demonftrari poflit, in re- , tum Naturâ genus aliquod Animalium verè > Androgynum , id eit , quod fine adminicu- > lo Maris fui generis , ova in & à fe ipfo fæœ- ;, Cundata parere , adedque folumex & à fe » ipfo genus fuum propagare poflit ? 5... . . Genus Animalium ejufmod? An- > drogynum , ajoute M. BREYNIUS , lêcet à 5 malris iifque primi Ordinis Naruræ Con- 5 Julris flatuatur , à nemine tamen quod equi- dem fciam, ita demonftratum fuit , ut non >, Mulra, eaque haud levia , ei pollint objicé » dubra, SUR LES PUCERONS. 10f fe encore démontré la faufleté du foupçon indiqué dans lObferva- tion LIT. ; on feroit toujours forcé de convenir qu'admettre avec moi que les Pucerons perpétuent leur efpece abfolument fans accouple- ment , ou admettre qu'un accou- plement fert au moins à neuf Géné- rations confécutives , de feroit ad- mettre une chofe également éloi- gnée des regles ordinaires , ff mê- me la derniere ne létoit beaucoup plus. Qu'on ne croie pas cependant que je dife ceci pour me difpenfer de reprendre ces expériences, & de les étendre à un plus grand nom- bre de Générations : on fe trompe- roit ; mon deflein eff au contraire de mettre à profit les connoiflan- ces que j'ai acquifes fur cette ma- uere, & d’y répandre plus de jours je ne defefpere pas même de par- G üj 102 OBSERVATIONS venir au moins à élever en folitu- de jufqu'à la trentieme Génération de ces petits Infectes. Et afin de rif quer moins d’être pris au depour- vû, je me propofe d’en renfermer à la fois plufeurs provenus de la même mere ; en forte que lorfque Pun viendra à manquer, l’expérien- ce puifle être continuée fur l’autre, & c’eft ce que j'ai déja commencé à pratiquer. Au refte, avant qu'on jette les yeux fur les Tables qui fuivent, je ferai remarquer trois chofes : la pre- miere , que je n’ai pas obfervé de différence bien fenfble , eu égard à la taille, entre les Pucerones des dernieres Générations & celles des Générations précédentes : j'en ex- cepterai feulement celle de la pre- miere , dont la groffeur a furpaflé aflez confidérablement celle des Pu- SUR LES PUCERONS. 103 cerones des autres Générations : aufli a-t-elle été plus féconde. La feconde chofe que j'ai à obferver, eft, que les Pucerons ailés de cha- que Génération ont tous produit ; fans que je les aie jamais vüs s’ac- coupler les uns avec les autres, ou avec les non-ailés. La troifieme, que leur nombre a été confidéra- blement plus petit que celui des Pucerons non-ailés , n'ayant jamais vû plus de quatre à cinq de ceux- “là dans la même famille. D EE RS jours € heures auxquels font nés , depuis| le 18. Juillet jufqu'au 7. Aour inclafivement , les Pucerons qu'a enfantés la Pucerone de La premiere Génération , renfermée le 9. Juillet à une heure après-midi. [TABLE des RS à Com Jours ! Nombre] Nombre des Puce-| Nombfe des Puce- de fdesPucer.|rons nés chaque ma-{rons nés chaque a- Juillet.|nés dans/tin, & Les heures de| près-midi, & les heu: chaque j.[leur naïflance. res de Îeur naiïflance. 18. fa Puc.[ Arr. h2. Pitt Se ; 19. |3. Puc. A5.h...2P* A3 hr. rl. 3: Puce . h. cle A3.h1...1.P. ‘ | 4 21. |5. Puc. Sr 6. Len. Pi PR ES Cl ON TUE AE D À 3-h.3..1.P. ; EPA Een 23. |4. Puc.| 6.24..r.P.- A SR Ter P) DEN À | Taa. Var Buc. VAS he. LP (ARE D À 4. SET TC LATE 5. _ se A A A À 4h. JU TE Dep.7. h. jufqu’à MS au AE 26. Îs. Puc.! 9.abfent. LA ue A9.h.2.P.*1.P. eseaaelele Feu AG AP ti A He NE 274 15: Puc. Becuee | me & PS CE 1.P. Lan) 25. l3. Puc: (1) Celui-ci eft venu au jour la tête la premiere & le ventre tourné vers le bas. EE —————————"— À Jours ! Nombre] Nombre des Pnce-| Nombre des Puce-f} - de * [des Pucer. |rons nés chaque ma-|rons nés chaque a- ; Juillet. [nés dansltin, & les heures de| près-midi,& les heu- ; chaque j.|leur naiflance. ‘Îtes de leur naiflance. Ah. PxlA Shi : : FD TES Lo be r .s20ee.l.l, Dososol. PXIs 29. |4. Puc. A 4h... 2.P.* res re 7 FT su roue A ic or ee as (AN ANNEES AE Dior grosse 2.PY* < RE | 28. 16. Puc. À À 4. h.: Zee 1 P%lA 2. HrerauPe e PA , D , 4 I. 2e 3 I Le Sd pe APE nt tes 3.4. dCi Jours eh TP de 4e ..0.e 2.P.* 5 5 CEA 6. h:...4.Pthe Sen. 5 .P. 5 Dep.7.juf. 10.ab.ÎÈ Le CHU SE 10-11, P.* | 10. ES: EE Pop 3 Je Paca ah PAT pe À $. h.£.2 P.* ï as 6. Puc. As. h3..rP Abufu 8: h.ÏË Le AR 8..2.P.* r.P. È Dep.6.ijuf. uf. 8.ab. [À 5 Le c'e olsiote pr À 8.h....2.P* : 4 bb. As. h4..rf. pu are AA ni BITABLE des jours €> heures auxquels Jont nés, depuis M Le 28. /Juiller jufqw'au 9. Août inclufivement , les Pucerons qu'a enfantés La Pucerone de La feconde Génération renfermée le 9. Juillet à fix heures 14 demie du foir. Jours Nombre] Nombre des Puce-' Nombre des Puce- = e des Pucer., É} Juiilet nés dans | chaque j. | 28. E7. Puc: 29.1k2., Puce 30. |4. Puc. 31. La. Puc. Jours L 10% ÉE de à Août. ce Puc. 2. |4. Puc.! 3. F3 Puc. rons nés chaque ma-'rons nés chaque a- un, & les heures de L près-midi,& les heu- leur naïflance. {res de leur naïflance. ms | me t NARSTR | Depuis 5. h.-juf-{ à A7 ht 4ile qu’à. abfent. |} 7.51.P.#1.P, |] | dep.s-juf.9. abf steve c0 PA TRAME | 10.0. RÉ rh irp À 7. Be. EP RES SITE Aus ce QE cl LA LE RE ——— Abo: Rire Fisses IP NAS RECU PÉE uc PS [A 12.h.2..1.P. | 2e PATES c.6e...e0.P.| Depuis 7. jufqu'a| à 10. abfent. 16: 2.5 re À 6.h.., 1.P.* 1 SC re A6.h.21.P.*1.P. Dep. 4. h. £. juf- qu’à 7. abfent. |A 2.h.5...1.P. Là EE rs 2.P*| Jours | Nombre de |des Pucer.|rons nés chaque ma- Août. inés dansitin, & les heures de chaque ;.|leur naïflance., RS TEL A PT EID VE À 4.h.i. e De pau sue To Pe u A. FA 6. ..... r.P. re Et! 4. > Puc: ROUE. 10. Puc. LS UN EE À LA Fa 10. Puce see. .0.P. De Pur. A lo h.2. 1 P. a — Somme ToraLe. 38 | Nombre des Puce- nn Te TETE TES Nombre des Puce-|h rons nés chaque a-|f près-midi,&les heu-|Ë res de leur naiffance. | £ Lo AR Te 4 — RE PA E a A Ote É ss en eee : A 6. h.2. e HUIT : idep.s.hjuf.8.ab.| 9. [4 Puc.| A $.h.2..2.P.* A 8.h....1.P.*$ TO se de 1.P. : Un accident fait : périr la Puc. Pucerons. PI TABLE des jours € heures auxquels font nés,depuis El /e6. Aoûr jufqu'au 10.inclufivement , les Pucexo qu'a enfantés la Pucerone de la troifieme Généra- St on ,renfermee le 28. Juillet a midi. RE — a Jours! Nombre] Nombre des Puce-| Nombre des Puce- #5 de |desPucer.|ronsnés chaque ma-|rons nés chaque !a- #} Août. [nés dans|tin , & les heures de | près-mid,& les heu- chaque j.[leur naïflanee. res de leur naïflance. ie En : $.h.+...3.P.*| Depuis 6. h. juf- ee 8. +... .1.P. | qu'à 9.+abfent. SATA gi - P: 7. 2. Puc-lA 6h... 1 P TAG CT p. (AS. h.1..1.P.* : suc st es A6 -rP. 9. Îr. Puc.lA7.h....1.P. |.........0.P. lues (5: Puc-lA ar h2 PAR rr. |La Pucerone meurt. Sr 7 Somme TotaLe. 13. Pucerons. Là TABLE 4 jours © ee FER Fan nés, us) de 14. Août jufqu'au 23. inclufrvement.les Pucerons | ë qu'a enfantés la Pucerone de la quatrieme Généra-|] tion , renfermée le 6. du même mois à huit heures |E C> demie du matin. Jours! Nombre f Nombre des Puce-| Nombre des Puce- 1} de |desPucer. rons nés chaque ma-|rons nés chaque 2-1# Août. {nés dansftin, & les heures de! près-midi,& les heu-1# chaque j. leur naïflance. res de Îeur naifiance, 4. |2. Puc.|A 12h. ..1.P.f| Ath... .1.P.#If HE sci s. Puc. à A 4h NT. s. Puc. Here. Ah eb 6. Puc. 2 Puc, FE nes Preis Pr 'EUC:, PS ereedere À 4. 6. . LEE Me SEC PE 6. 6 I ES es 3. Puc. VA 1 RE A el us Phres- 0 He P# A en A 2 eo) SE L.nPitlA se sf: a Puc. | 5 IT... Es Ë Sa PC VE om be ns on Es - = n PRES SIA RMPRRGUE ENTORSES LASER CPS DE CEE AE Co DE Lo és DE A a CH er EC et ec a ere DRE 7 ” \ SES RE er PLAY SAONE COR OER NON AR VASE SM ACCRC EN OT VERRE PURE M RER EN RS Et BSLR NDS ES EVE TABLE desj jours © E pe Tor a nes Le Bd | cerons qua enfantés depuis le 23. Août jufqu'au premier! Seprembre inclufivement , la Pucerone de La cinquieme Génération, renfermée le 15. Août à s. heures trois quarts du matin. Jours! Nombre [ Nombre des Puce-|! Nombre des Puce- de |desPucer.|rons nés chaque ma-! rons nés chaque 2- DiAo. [nés dansjtin, & les heures de |près-midi,& les heu- {chaque j. anne res de leur naïffance. A 12.hà $..l. TES A7 À. CTI Le 23. |7- Puc. Ile. 1.Pe CELL E Si Gss...si. P.*! À s.Ï As be. FA RS ER ET LE Anis 25216: DUC]: 822. PR RES lé ss the 26. 13, Pac. LA SSP , A 2h. 7% 2 4 PIRE 1. Puc. dep. s-hi.7.abf | | 27. |4. Puc.|Ao.h.....1.P.* S.…...: 1.P.#Î] ui Puc- ip die 33 108. 31. |3. Puc.| A 7.h.4..r.P. : dl Jours À ARTE 1.P.+ Ë deSept.|r, Puc.| La Puce US À pures mr ce LOF: : meurt (1). SommME ToTALE. 28. Pucerons Re Et, Érié ayant ouverte ; j'en ai fait fortir quatre Fœtus bien formé és. Elle à avoit it beaucoup diminué de grofleur. = —— LT Eee > PE 7 Se EEE RSR PCR TN 1. 4.P.# À 4. h. 2. 1.P.*il D. ee 0 te 1. PUR 28. |4. Fuc. A | 29. 2. Puc. Horse ..oP. |} "a TABLE des jours € heures auxquels fonr nés les Pu-\4 cerons gu'enfanta depuis le 31. Aoûr jufqu'au 9.18 Seprembre inclufruement , la Pucerone de la fixieme |A Génération , renfermée le 23. Septembre à 11. heu-1t res un quart avant midi. 2 Jours : Nombre! Nombre des Puce-! Nombre des Puce-5% de |desPucer. !rens nés chaque ma-|rons nés chaque 2-14 jAoët. nés dansitin, & les heures del près-midi,& lesheu-1% chaque j- leur naiflance. res de leur naïflance. {4 À I. h. +. ® 1 P.* ; 250314. ; 31. |s. Puc.|.........o.P. | 5......1.P. 1 Give se 3 DFI TO: 4e 4e HP. Hours A r1.h....1.P* fi le Depuis $. h. juf-1f De PEC. À 5.h.5r.P.*r.P.] qu'a7.fabf J$ A ARE AE 1 CA Toi LP À Ghitsiars 1.P.X{É Nes A1. h.5..1.P.*1$ DE CS € 22 | NAS Desese 1.P.* : À 5.h.2.2.P.*+ oi lé Puc-lm ee erP IA 3h... rPz* Ë RSS A7h:...1P. SRÉLRE RE LA 2e TÉL TE. Ji à A 6.h....1P. NX al 4 sie 73e. 1.P, HÉe : À Ho D 4 Aérh 2 5r.P; 3 ° DONTATR ve à TE AREA 1 .P: À ie le À —————_—— —————————— —_—_—_—" 2 —_—_ —— corn re ve Jourst Nombrel Nombre des Puce-! Nombre des Pucë-f! de {desPucer. | rons nés chaque ma-lrons nés chaque 3- Sept. [nés dansitin, & les heures de, près-midi,& les heu | chaque j.|leur naiflance. [resdeleur naïffance. : 7: ©. Puc.!........ 0. P. LÉ ra Et CRE F 1. Puc.|A6.h.+1.F.(r); 8. & JrEvasre Pr last ta. oil: 2. Fœt.| 7.5. 1.F(2) 9». li: Fet.lA sh 31- FOSSES | 13. | Vers les 6.h.m.la Puc.avoit eeflé de vivre. SoME ToTaLre. 33. Pucer. & 3. Fœtus. ns (1) Toutes Les parties de ce Fætus étoient reconnoiffa- bles. La Pacerone a employé plus d’une heure à s’en délivrer. 11 eft tombé à terre auffi-tôt après. (2) A 9. heures du foir il tenoit encore au derriére de la Pucerone. (3) Le 10. à 9. heures du foir la Pucerone portoit encore attaché à fen derriere le Fœtus dont elle étoit accouchée le 9. Ces deux derniers fe font collés à la tige de Plantain, & s’y font enfuite defléchés. J’attribue le dépériffèment de ces deux Fætus à la diminution de la chaleur, Pey La Table des Variations du Therm. p. 172. ES À $ A|TABLE des jours er heures auxquels font nés , depuis le 11. Septembre jufqu'au 21. inclufivement, les|h Pacerons qu'a enfantés la Pucerone de la feprième|} Génération , renfermée Le 31. Août à deux heu-\| res après-midi. APRLS (a Nombre des Puée-! Nombre des Puce- rons nés chaque ma-|rons nés chaque a- un, & les heures de} près-midi, & les heu- leur naïflance. res de leur naïffance. | À a ee... Oh: À 9, h... PT " Jours [ Nombre. de |desPucer. Sèpt. [nés dans chaque j. F1: lt, Puc. ne AG 1 PP. LAS = ss Il 12. |. Puc. Dep.8. h. jufqu’à 4 1-h-+1-P. ES ; 1. abfent. far ee il 13. |2. Puc.. As.h£rP.*i1-P.l.,.,.,.: 0.P. A 3.h.3..2,P.*Îl 43 c...1.P. |E T4. 3° Puc. a ec mn LS 5e Fuc. 2 jufqu’à 11. abf. se..s....0.P. |A Tissue 2.02" A1, hoc iP 14 "à 3.1. P.* 1.P. 14 16, 4e Puc. de à » 0 1120 OP: Depuis s. jufqu’à F 8. abfent. À » "re Bus sosa i.P.* | 17. I. Puc. A6 hr P. RENE à Bu ...obP |... op 19. 12. Puc. À 6.h.,,..1.P.*  9. D. RE ps. ù 20012 Puc IA 6. h.,.:2 PXl “à ess s OMR > (à LE AR ES QUE di Sn En a RE LE LS unit PRES & RC NT RD PPT TE SEE + nn Jours] Nombre[ Nombre des Puce-| Nombre des Puce- de |desPucer, | rons nés chaque ma-|rons nés chaque 2- Sept. [nés dansitin, & les heures de !près-midi,& les hen- chaque j. leur naïffance. ires de leur naïffance. RE D 2 25. Imat. la Pucerone étoit morte. a ———_—_— ——————— ————— ——— —————— ——— SOMME TOTALE. 30. Pucerons, | LLC ns FRS RER" HAE É TABLE des jours © heures auxquels Jonr nés, depuis \8 Ê| Ze22. Seprjufqu'au 25.énclufrvement , les Pucerons|} ; | qu'a enfantés la Pucerone de la huirieme Généra-|} | tion , renfermée le 11. 42. heures après-midi. (1) pomnseerens er | _ Nombre] Nombre des Puce-l Nombre des Puce- des Pucer.}rons rés chaque ma-|rons nés chaque a-|$ nés dans'tin , & les heures de| près-midi,& les heu- | À chaque j. leur naiance. res de leur naïflance. re re Vo TE EE LAB Ch, dial. 7 VE le D e....s..0.P. en À mm | 23: Q. Puc. Rs NO En dt Or D mms | mm À RAP UN OPA the. Ne.E.|R 2 2 {A 4.h2. LE .PX ; È CH > +: Depuis 5. h. juf_ là Ni 2e. 2. é SES Dir CDS, 5. NN. JUS 6.7. a+ Î .P.* : | 27. Sur les 7.h. mat la Pucer. ne vivoit plus. | Jours de Sept. 22. !s. Puc. SOMME TOTALE. 8. Pucerons & 1 Fœtus. (2) Cette Pucerone a été tenue dans P Armoire depuis ; Le de : à le 20. du mois jufqu'au 22. & depuis le 25. jufqu’au 27. 516 OBSERVATIONS LS OBSERV ATION VII. Obfervations qui démontrent qu'il y à une Efpece de Pucerons en qui la di- finition en mâles G femelles à lieu, Œ qui s'accouplent. Que les Pucerones de cette Efpece, au lieu de petits vivans , mettent quel- quefois au jour des Fœtus, © avec quelles précautions. = "L'ovres les Obfervations P'ÉCÉ- dentes ont eu pour principal objet de prouver qu'il n’y a réellement aucun accouplement parmi les Pu- cerons,qu'ils font des efpeces d'Her- maphrodites du genre le plus fingu- lier ; des Hermaphrodites qui fe fufifent à eux-mêmes : & c’eft, je crois , Ce qui paroitra démontré à ceux qui liront ces Obfervations. Je me perfuade donc que plufieurs SUR LES PUCERONS. 11% de mes Lecteurs font portés à con- clurre que ce privilége eft commun a toute la nation des Pucerons: mais rien de plus dangereux en Phy- fique que ces conclufons trop gé- nérales. Voici des Obfervations qui prouvent qu'il y a du moins une Efpece de Pucerons en qui laccou- plement a lieu , comme il a lieu par- mi les Mouches, les Papillons, & tant d’autres Efpeces d’Infe&es & d’'Animaux. À parler généralement, les Pu- _cerons font de bien petits Infe&tes, & auxquels on n'auroit peut-être jamais pris garde, s'ils fe multi- plioient moins. L'Efpece (1) que je (1) Cette Efpece ne doit pas être confondue avec celle dont parle M. de REAUMUR , Tom. III. p. 334. & fuiv. de jes Mémorres, Je erois qu'elle en differe principalement en ce que fa trompe eft moiïns longue que celle de cette derniere. Au moinsi n'ai-je point vu de Pu- cerons de cette forte qui en portaflent une d’une longueur aufli démefurée. ( Voy. L'In- Hi 118 OBSERVATIONS veux faire connoître elt extreme ment remarquable par la grofieur de fa taille : C'eit en quelque forte PElé- phant des Pucerons.J’en aivû de cet- te Efpece dont le ventre étoit aufit gros que celui d’une Mouche ordi- naire, fi même il ne l’étoit davan- tage. Ils vivent fur le Chène ;1l s’attachent fur tout aux branches qui ont commencé à noircir. C’eft au moins fur de telles branches qu'il m'eft arrivé d’en voir plus ordinai- rement de raffemblés. Jen ai pour- tant trouvé, mais en moindre quan- tité , fur de jeunes branches , & mê- me fur des pédicules. L’Automne eft le tems de l’année où ils font trod. I. 2.) Un autre endroit encore par où il me paroït que la mienne differe de-celle de M. de Reauuur , c'eft qu’elle fe tient {url’ex- térieur des tiges & non fous l’écorce. Pour les diftinguer par le caractere le plus frappant, je nommerai la mienne /4 sroffe efpece de Puce- rons du Chêne à trompe courte, sUR LES PUCERONS. 119 plus communs, & principalement les mois d'O&obre & de Novem- bre. Peu de tems avant d’avoir at- teint l’âge où ils deviennent habi- les à la génération , leur couleur eft un brun-foncé , terne fur le dos, mais un peu luifant fous le ventre. Les jambes, les antennes & la trom- pe font d’un rouge-maron : près du derriere , au heu de cornes, ( In- trod. I. 3. ) ils n’ont que deux pe- uts tubercules arrondis.La longueur de leur trompe eft environ Les deux tiers de celle de leur corps. Il yen a parmi eux d’ailés & de non-ailés., comme parmi toutes les Efpeces de ces Infectes : mais ceux-là font toujours moins nombreux. Leurs ai- jes , qu'ils portent perpendiculaires au plan de poftion , reflemblent à celles des Mouches Papillonacées (1), (1) On nomme Mouches Papillonacées cel- les dont les ailes n’ont qu’une demi-tranfpa- 129 OBSERVATIONS elles n’ont qu’une demi-tranfparen< ces. Elles font mi-parties de blane & de noir. Ils ne mont pas paruen faire grand ufage : feulement je les: ai vès s’en fervir à s’élancer d’une branche à une autre , lorfque j'agi- tois celle fur laquelle 1ls étoient. Enfin, pour achever de rapporter ce que l’extérieur de nos gros Puce- rons du Chêne offre de plus remar- quable à la premiere vûe, j'ajoute- rai qu'ils ont une odeur aflez forte, mais que je ne fçaurois définir ni comparer. Voici maintenant quel- ques obfervations fur ce fujet , que Fai faites avec le fecours des verres. Jai fouvent confidéré les plus gros à la loupe. Les efpeces de tu- bercules , ou rebords circulaires qui ont femblé à M. de ReAumuR ca- rence, & tiennent beaucoup de celles des Paz pillons. Voy. Mémoires pour fervir a l'Hiftoire des Infectes ; Tam, IV. p. 137. sUR LES PUCERONS. 127 pables des fonétions effentielles qui font propres aux cornes , (Introd. L 3. & p. 28$. du Tom. Ill. des Mém. pour l'Hift. des Inf. ) ne my ont point paru percés ; aufli n’ai-je jamais obfervé ces Pucerons rejet- ter par-là de cette liqueur que j'ai dit , ( Voy. l’Introd. } être leursex- crémens ; ils la rejettent par Panus, & de la même maniere que le fai- {oit le Puceron du Fufain dont j'ai donné Phiftoire,Obf. L. je veux dire .en élevant leur derriere en Pair, & en agitant leurs dernieres jambes. J'ai voulu m’affûrer fi ouverture deftinée à laiffer fortir les petits étoit différente de l'anus ; & c’eft ce que j'ai obfervé, lorfque j'ai examiné à a loupe le bout de la partie pofté- sieure d’une mere. Jai vû au-deflous de lanus une ouverture façonnée en entonnoir , plus évafée à l'entrée ” eu 122 OBSERVATIONS qu’en dedans, & par laquelle j'ai fait {ortir plufieurs foetus. Jai encore obfervé fur les côtés de ces gros Pucerons fix éfpeces de petits tubercules très-applatis, di- ftribués comme des ftigmates, & qu'on pourroit foupçonner avec raifon fervir aux mêmes ufages. Je n’ai pas négligé la trompe; en la preffant près de fa bafe, jar vû. fe détacher de deflus la face fupé- rieure une efpece d’aiguilton dun marron-ciair. Cette obfervation quis £ rapporte à celle que M. de Reau- x run, 3. de, MUR à faite fur la trompe des gros Co Pucerons qui fe logent dans les cre- vafles & fous l'écorce des Chênes, femble nous indiquer dans lune & dans Pautre la même ftru&ture. Une autre fois, après avoir enlevé affez brufquement de deflus une branche un de nos gros Pucerons SUR LES PUCERONS. 123 qui y avoit attaché fa trompe , je remarquai un filet brun extréme- ment délié qui alloit bien par-delà le bout de létui. Joubliois une remarque par rap- port à cette trompe. J'ai dit pius haut qu’elle alloit environ jufqw’aux deux tiers du ventre dans les Puce- xons parvenus à l’âge de maturité : dans ceux qui ne font que de nai- tre , ou qui font encore fort jeunes, elle atteint extrémité du corps. Quoique raffemblés fur des bran- ches prefque nues, & à la hauteur des yeux, il neft pas aufi aifé qu’on limagine peut-être, de féparer ceux de nos Pucerons qu’on veut obfer- ver. Îl faut pour cela écarter une armée de grofles Fourmis qui les environnent de toutes parts , & qui “envoient au vifage des gouttes d’u- ne eau mordicante, qui y fait la 124 OBSERVATIONS. même impreflion qu'y feroient de très-petites aiguilles. Si on s'arrête quelque tems à confidérer des bran- ches de Chêne ainfi couvertes de nos gros Pucerons & de Fourmis , on verra un fpectacle affez divertif- fant. On obfervera de ces Pucerons qui fembleront vouloir défendre approche de leur derriere à celles- ci. On les verra fe balancer alterna- tivement à droite & à gauche avec vitefle , appuyés feulement fur leurs premieres jambes ; élever enfuite leur derriere fort haut , & ruer de toutes leurs forces contre les Four- mis.On en obfervera aufli avec plai- {ir fe balancer de la même maniere pour retirer leur trompe de dedans Pécorce. Dans la vûe de m'inftruire avec quelque foin de l’hiftoire de ces Pu- cerons , j'en renfermai au commen SUR LES PUCERONS. 12$ cement d'O&tobre 1740. comme javois fait celui du Fufain, quatre à cinq des plus gros avec un autre de la même efpece , mais beaucoup plus petit & ailé. Un matin étant venu obferver , comme à mon ordi- naire , quelle fut ma furprife de voir le petit Puceron pofé fur une des meres dans l'attitude dun mâle ac- couplé avec fa femelle ! J’6taiprom- ptement le poudrier qui les cou- vroit & m'empêéchoit de faire ufage de la loupe ; & m'’étant approché , Jobfervai avec toute l'attention que demandoit un phénomene fi nou- veau. Les deux Pucerons paroif- foient bien être accouplés :le der- siere de celui qui fembloit faire la fon@ion de mâle étoit courbé vers le ventre de la femelle , & l’endroit où devoit être la partie deftinée à la féconder , appliqué contre l’ou- ki. 126 OBSERVATIONS verture preparée pour la recevoii Tis ne fe donnoient prefque aucun mouvement ; leurs têtes étoient tournées vers le bas de la branche contre laquelle la femelle fe tenoit cramponnée., Je fis mon pofüble pour découvrir fi leur conjon@ion étoit aufli intime qu’elle le paroïf: {oit : mais ayant donné un peu de mouvement à la branche , le petit. Puceron commença à changer de fituation ; il fe trouva bientôt fur une même ligne avec la Pucerone, dont il fe fépara enfin entierement, Une obfervation fi peu attendue me rendit fort attentif à épier le moment où le petit Puceron s’ac- coupleroit de nouveau : & c’eit ce que j'eus le plaifir de voir plufieurs fois le même jour & le fuivant. Voici comme tout fe pafloit. Lorf qu'en fe promenant le long de Ja "| sUR LES PUCERONS. 127 branche il venoit à rencontrer une Pucerone tranquille , 1l ne s’amufoit point à tourner autour d'elle pour la prendre par l'endroit le plus fa- vorable,il livroit affaut fur le champ, il grimpoit deflus , de quelque cô- té qu’elle fe prefentät , fûüt-ce de ce- lui de la tête , comme je le fuppo- fe ici. Il avançoit enfuite en mar- chant jufqu’environ le milieu de la longueur du corps. Là il faifoit un demi-tour : fa tête qui auparavant regardoit le derriere de la femelle , fe trouvoit alors regarder du côté oppofé. Mais ce n’étoit pas aflez: on voyoit bien clairement que fes defirs métoient pas remplis, qu’il fouhaitoit d'amener fon derriere vers celui de la Pucerone , duquel il étoit encore éloigné. Il tâchoit donc de Pen approcher en reculant peu à peu, Parvenu enfin tout au- 528 OBSERVATIONS s près il courboit l'extrémité de foi corps , il s’efforçoit de lui faire tous cher l’anus de la femelle ; il Py ap: pliquoit. Pendant tous ces mouvemens auxquels 1l falloit un tems, la Pu- cerone ne reftoit pas conftamment immobile : tantôt elle agitoit fes antennes , tantôt fes jambes, quel- quefois elle élevoit fon derriere , comme fi elle eût voulu rejetter de la liqueur , ou faire lâcher prife au Puceron ; enfin elle fe mettoit à marcher : mais foit lésereté, foit qu'il ne fe trouvât pas à fon aife, 1l l’abandonnoit ordinairement après qu’elle avoit fait quelques pas pour fe mettre à l'abri de fes entteprifes. Iln’étoit pas toujours également bien recû. Souventil luiarrivoit de s’adreffer à des Pucerones feveres à qui fes carefles ne plaifoient pas; & (SUR LES PUCERONS. 129 & qui le repoufloient à grands coups de piés. Alors il prenoit fon parti: ou il n’infiftoit que peu, ou il paf- foit outre fans s'arrêter. Je ne fçai comment où auroit ju- gé à ma place de tout ce petit ma- nége. Pour moi je conclus que j'a- vois vû au moins les préludes de Paccouplement. Je ne doutai point que le Puceron ailé ne fütun mâle: tout fembloit l'indiquer, mais fur- tout fa petitefle & {on agilité, join- te à l'inquiétude qui lui paroïfloit naturelle. Detels caracteres ne pou- voient gueres être des fignes équi- voques. | Mais pour avoir quelque chofe de plus décifif, & qui me faisfit pleinement , le petit Puceron dont je viens de parler étant mort, je fus à la quête pour m’en procurer un autre. J’eus le bonheur de trou- | I 130 OBSERVATIONS ver une branche de Chêne, où avec avec un affez bon nombre de nos groffes Pucerones étoit un de ces. petits Pucerons , tel que je le pou= vois fouhaiter, je veux dire, qui mavoit pas encore pris des ailes, mais qui ne paroifloit pas devoir beaucoup tarder à en prendre. J’a- juftai la branche à ma maniere , & * PL. 11. je La couvris d’un poudrier *. | Eic. XIX. Depuis le 24. Oë&tobre que le pe- tit Puceron avoit pris des ailes juf- qu’à la fin du mois, je ne vis rien de décifif. Enfin le fecond de No- vembre , füurles 11. heures du ma- 2. tin, je fus fatisfait : j'obfervaile pe- tit Puceron pofé fur une femelle dans Patritude que j'ai décrite ; je lexaminai à la loupe avec une gran- de attention & dans le jour le plus favorabie ; & je reconnus, à n’en pouvoir plus douter , qu'il y avoit SUR LES PUCERONS. 121f un accouplement dans les formes. On r’appercevoit aucun intervalle entre le bout du derriere de l’un & le bout du derriere de l’autre ;1ls étoient bien joints. Ce que je defi- rois particulierement de faifir , c’é- toit le moment où fe feroit la fépa- ration , afin de découvrir la partie du male;ce qui arriva environ un quart- d'heure après. Je vis très diftin&te- ment à l'extrémité du ventre du Pu- ceron ailé un petit corps charnu, longuet & recourbé , de couleur blanchätre , que jé ne pus prendre que pour le principal organe de la génération. Je réiterai le lendemain matin Pobfervation. J’obiervai très-nette- ment que les levres de l'ouverture deftinée à recevoir la partie du mâ- le étoient pendant l’accouplement écartées fenfiblement lune de Pau- Li; L. 152 OBSERVATIONS tre, & qu'entre deux étoit inférée celle-ci, dont on ne découvroit que la racine. Mais ce que je vis de plus. cette fois , furent deux efpeces d’ap- pendices de couleur brune , dont étoit garni le derriere du petit Pu- ceron, & que je reconnus pourêtre des crochets analogues à ceux du derriere des Papillons mâles. Le principal organe de [a génération. étoit placé au milieu. Pendant les trois jours quifuivi- rent je ne vis point d’accouplement. Comme il faioit très-froid , & que je tenois mes Pucerons dans une chambre où il n’y avoit point de feu, je crus que fi je les portois dans un poële, je rendrois au mâle fa premiere ardeur , & que les femel- les parvenues à l’âge de maturité feroïent peut-être des petits. Ce fut donc ce que j'exécutai le même SUR LES PUCERONS. 133 jour : & dans ce jour-là même je vis quatre à cinq accouplemens, mais qui ne furent pas de longue durée. Il ne me reftoit plus que fept fe- melles , toutes fans ailes, parmi lef- quelles il n’y en avoit qu’une qui pa- rût être à maturité, @& les autres , quoique grofles & très-grofles pour ce genre d'Infectes, ne létoient pas à beaucoup près autant qu’elle. C’étoit à cette Pucerone que le pe- tit mâle en vouloit plus volontiers. Je remarquai que dans l’efpace d’en- viron trois heures il lui livra qua- torze aflauts , dont à la vérité il n’y en eut que trois qui paruflent fuivis d'un véritable accouplement (x). Fobfervai avec plaifir que pour y (:) Je prends ici pour un véritable accou- plement celui qui duroit un certain tems, & qui ne finifloit pas par une féparation bruf- que , mais , pour ainfi dire, ménagée par degrés, I ni 134 OBSERVATIONS exciter fans doute la Pucerone , #4 lui frottoit à diverfes reprifes le def fous du corps du bout de fes plus longues jambes. Il attaqua encore d’autres Pucerones cinq à fix fois dans le même efpace de tems. On auroit dit qu'il ne pouvoit cefler d’être en ation ; que fes forces re- aaïifloient à chaque inftant. Quelle différence de ce male fi vif, fi ar- dent, d'avec ces mâles fi froids, fe indifférens qui ont été donnés à læ * Mémoires mere Abeille * ! Mais que ce con- Pinaanf trafte paroit admirable , dès qu’on ia s- M -éfléchit fur cette conduite de la Nature ! Elle a voulu qu'il n’y eût chez les Abeilles qu'une feule fe- melle pour un grand nombre de mâles ; fi tous euflent été aufli ar- dens que celui des groffes Pucero- nes du Chène, la mere Abeille en auroit été incommodée , & l’ordre SUR LES PUCERONS. 136 merveilleux que nous voyons regner parmi ces Mouches , en auroit été altéré. Mais dès qu'il lui à plu d’é- tablir qu'il y auroit au contraire chez nos Pucerons plus de femelles que de mâles ; il falloit qu’un feul de ceux-ci fût en état de fatisfaire un certain nombre de celles-là , & que le defir de perpétuer l’efpece füt en lui un défir très-agiffant. Elle a donc donné à la reine Abeille cet- te même ardeur , & aux femelles de nos Pucerons üne indifférence fouvent peu éloignée de celle des Faux-Bourdons (1). Je n’ai encore rien dit de certains -mouvemens extraordinaires & com- me convulfifs que fe donnoit quel- quefois mon petit Puceron. Il ne prenoit gueres de repos que la nuit. Pendant le jour ilétoit prefque con- €:) Les Mâles des Abeilles, 118 TI 136 OBSERVATIONS. tinuellement en action. Souvent if. ne faifoit que monter & defcendre le long de la branche fans jamais fe fixer. Lorfqu'il ‘étoit parvenu au haut , ou fur les bords d’une feuil- le , il fembloit fe trémoufler & pié- tiner comme quelqu'un qui fouffre: il étaloit fes atles , il tâchoit de fai- se pafler par deffus une de fes der- nieres jambes ; 1l fe donnoitdescon- | torfions de tout le corps. Fantôt il f jettoit fur un côté, tantôt fur Pau- tre : d’autres fois il s’élevoit fur fes plus longues jambes le plus qu'il lui étoit pofhble, & un moment après il fe rabaïfloit jufqu’à toucher li tige de fon ventre. I fe renver- foit en arriere, & s’élançoit enfuite en avant. Quelquefois 1l s’'affeyoit pour ainfi dire , fur fon derriere , en cramponnant fortement fes premie- res jambes dans l'écorce, de façon SUR LES PUCERONS, 137 que fon corps étoit prefque per- pendiculaire fur le bout dela bran- che. À cette attitude bifarre en fuc- cédoit bien-tôt une autre : on le voyoit étendre fes dernieres jambes & les traîner à peu près comme font les chiens ; tout cela fans qu’on pût deviner la caufe d’une agitation fl extraordinaire. Cependant à le voir dans un état en apparence fi violent , on auroit été porté à pen- fer qu’il alloit mourir : mais on fe defabufoit lorfqu’on l’obfervoits’ac- coupler plufeurs fois après ces ef- peces de convulfions, & paroiître tel qu'auparavant. | Un jour, c’étoit le neuvieme, je le vis élever fon derriere comme pour rejetter de la liqueur : mais je fus bien furpris , lorfqu’au lieu de cela il fit fortir la partie deftinée à féconder les femelles ; ce qu'il réi- téra par deux fois, 138 OBSERVATIONS | Enfin, tout le matin du onzie- me, & une partie de l’après-midi,. il fut fort tranquille contre fa cou tume. Il refta fixé fur la tige jufques fur les quatre heures qu'il tomba mort. Je le pris pour l’examiner au. rmicrofcope , mais je n’y découvris rien de plus , eu égard à l'organe. de la génération,que ce que j'airap- porté. Je perdis encore ce jour-là deux Pucerones. Après m'être convaincu de la maniere la plus pofitive que la dif- ün@tion ordinaire de fexes a lieu chez nos gros Pucerons, & m'être affüré par plufieurs obfervations de la réalité de l’accouplement , il ne me reftoit qu'à me convaincre aufli de fa néceflité. J’attendois, pour cet cffet, avec la derniere impatience que quelqu’une de mes Pucerones accoucht, J’aurois mis aufli-tôt le SUR LES PUCERONS. 139 petit Puceron dans la folitude , je Py aurois élevé. Mais la chofe tour- na autrement : je ne pus faire lex- périence que j'avois tant fouhaitée; & en échange je fis une obfervation finguliere , à faquelle je ne m'étois point attendu. Au lieu de Puce- tons vivans , mes Pucerones ne mi- rent au jour que des Foœetus, qui ref fembloient fi parfaitement à des œufs de figure ordinaire, qu'il étoit difhcile de ne s'y pas méprendre. Tout y étoit parfaitement uni. Le microfcope mème n’y découvroit pas la moindre inégalité.Leur cou- leur étoit rougeätre ; leur groffeur moindre que celle des Pucerons de cette efpece pris à leur naïffance. Els étoient collés à la branche & ar- rangés la plüpart les uns à côté des autres , comme le font les œufs de quantité d'Infettes, Je comptai le 1 340 OBSERVATIONS douzieme,une quinzaine de ces Foe= . tus,à la produttion-defquels la grof= f Pucerone n’avoit eu aucune pat, guoiqu’elle fût celle dont javois lieu d’attendre fe plutôt des petits. : Il me tardoit de faifir le moment où une de mes Pucerones accou- cheroit d’un Foœtus. Fy parvins en- . fin. Quand ÿarrivai , le Fœtus étoit . déja plus d'à moitié forti. Sa dire- étion étoit {elon la longueur de læ branche, contre laquelle il étoit ap- pliqué par toute la portion de fon corps qui paroiffoit à découvert. . Une liqueur vifaueufe dont 1l étoit: enduit , le retenoit attaché à l’écor- ce. Je m’armai aufli-tôt d’une lou- pe, & m'étant placé dans la pofi- tion la plus avantageufe , je me pré- parai à fuivre cet accouchement. jufau’à la fin. La Pucerone fe tenoit dans & une sur LES PUCERONS. 14f immobilité parfaite ; fa tête regar- doit vers le bas de la branche, fes antennes & fa trompe étoient cou- chées , les premieres fur le dos, la feconde fur la poitrine ; & le bot de fon derriere étoit appliqué co1- tre l'écorce. Cette derniere part cularité me paroît extrémement di- gne d’être remarquée. Elle peut fe vir à prouver que les [nfectes fça- vent varier leurs procédés fuivant les circonftances. Jai dit dans ma premiere Obfervation fur les Puce- sons du Fufain , en racontant ce qui fe pafloit pendant l'accouchement, que la mere avoit foin de tenir foa derriere élevé au-deflus du plan de poñtion , afin que le petit naïflart pütavoir fufifamment d’efpace poit s’avancer au-dehors, & fe crampor- ner enfuite avec fes plus longues jambes à la tige. Notre Pucerore 142 OBSERVATIONS du Chêne n’avoit garde de s’y prens cre ainfi, ne mettant au jour qu'un Fotus. Quoiqu’enduit d’une efpece de glu , 1l n’auroit pû être collé àla branche dans toute fa longueur , & ilconvenoit apparemment qu'il le fü: , fans quoi il auroit été expoñé à être emporté par le moindre acci- dent. Elle avoit donc grand foin de ne pas éloigner de Îa ge le bout de for derriere , elle l’y tenoit con- fmment appliqué. Les levres de l'ouverture par laquelle fortoit le Foœtus , paroifloient fort écartées l’une de l’autre. On voyoit très-di- finement fur les côtés de celui- cila membrane qui leur permettoit dé fe préter à fon pañfage. Toutes deux n’étoient pas précifément de lamème longueur : la fupérieure re- ccuvroit tant foit peu plus le Foœ- tu: que linférieure. Jétois très-at= sur LES PUCERONS. 143 tentif à obferver fi le derriere de la Pucerone ne fe donnoit point de mouvement , ce qui me fembloit néceffaire pour la fortie de lEm- bryon: mais quelque attention que Japportafle, tout me paroïfloit dans le plus parfait repos. Je ne doutois pas néantmoins qu'il n’y eût des mouvemens dans l’intérieur , & j'é- tois fort difpofé à foupçonner que la membrane qui avoit permis aux levres de s’écarter , fe contractoit & fe dilatoit intérieurement à peu près comme le fphinéter qui eft à Pentrée du col de la matrice dans les femelles des grands animaux ; contra@ions & dilatations qui, bien que je ne les apperçufle pas , pou- voient opérer fur le Fœtus, le chaf fer infenfiblement hors du ventre de la mere. Je dis infenfiblement , parce qu'il s’'avançoit au - dehors L 144 OBSERVATIONS avec tant de lenteur, qu'on ne pot voit s’appercevoir de quelque chan: gement qu’au bout de plufieurs mi: nutes. À mefure qu’une plus grande portion de fon, corps fortoit, les levres de l'ouverture tendoient mu- tuellement à fe rapprocher , & on Voyoit moins de la membrane ou fphincter. Cependant comme leur longueur n’étoit pas parfaitement égale ; que la portion du Foœetus re- couverte par linférieure, étoit tant foit peu moindre que celle recou- verte par la fupérieufe , C'étoit une fuite néceffaire que celle-là vint fe réunir à l’autre, avant que celle-ci eût abandonné entierement le bout du Foœtus. C’eft aufli ce qui arriva: la levre fupérieure continua même d'être adhérente à l'Embryon plus d’un demi-quart d’heure après que l'inférieure s’en fut feparée ;. elle fembloit Jor LES PUCERONS 144 fémbloit ne pouvoir s’en détacher: Indépendamment dés contra- “tions & des dilatations alternatives du fphinéter placé à Fouverture du vagin, la Pucerone avoit ; ce fem- ble , un moyen plus prompt & plus efficace de fe délivrer : le Foetus for- tant enduit d’une humeur vifqueufe qui le colle auffi-tôt à la branche fur laquelle fe trouve la mere , elle paroît n'avoir autre chofe à faire qu’à fe poufler en avant, fans avoit à craindre que le Foetus la fuive. Ce ne fut cependant pas précifé- ment ce moyen auquel notre Puce: rone eut recours , 1] auroit pû n’è- tre pas aflez favorable au Fœtus ; fur-tout dans ces premiers momens où la liqueur vifqueufe n’avoit fans doute pas encore acquis le degré de ténacité convénable. Elle préfé: ra de n'ufer de fes forces , pour ainff K 546 OBSERVATIONS dire, qu’à demi. Elle fe contenta fur la fin de l'accouchement de remuer fon derriere à plufieurs reprifes, mais foiblement ; & encore pouffa- t-elle les ménagemens au point de ne les pas faire fuccéder trop prom- ptement, elle mettoit entre cha- cune un petit intervalle. Je ne ceflois de l’obferver avec une bonne loupe, quoiqu'il y eût déja près de demi-heure que j'avois les yeux attachés fur elle, & que j'en fufle même fatigué. Enfin le moment de l’entiere délivrance ar- riva : je remarquai alors une fort pe- tite goutte de la liqueur vifqueufe qui abandonna le bout du’ derriere de la mere pour fe retirer fur le Foœtus. Il eft f important pour lé Foœtus que la mere n’éloigne pas trop tôt fon derriere du plan de pofition,ou SUR LES PUCERONS. 14% ne l’en éloigne pas brufquément , qu'une de més Pucerones n'ayant pas eu ces ménagemens , le Fœtus fe détacha en partie de la tige, con- tre laquelle il ne refta collé que par un bout. J'en vis une autre quelque tems après qui apparemment par le même défaut de précaution portoit fon Fœtus attaché à fon derriere. À l’occafon de la liqueur quien- duit le Fætus à fa fortie , il me vint une penfée qui me paroit n’être pas deftituée de fondement ; C’eft qu’el- le eft peut-être la même que celle que ces Infectes rejettent par l'anus. { Voy. Fintrod. ) Deux qualités leur font communes, la vifcofité & la tranfparence ; & je ne doute pas qu’elles ne fe reffemblent encore par le goût. Il peut y avoir un canal de communication de linteftin dans Ja matrice , par lequel cette liqueur pale. K i; 148 OBSERVATIONS : Le 14. Novembre je perdis uné. de mes Pucerones qui mouruten ac- couchant d’un Foœtus, L’ayant pref- fée entre mes doigts, j'en fis forur trois Foetus femblables à ceux que Yavois vû naître les jours précé: dens. Je fis alors une rémarque ; c’eft que la membrane dont ils font en- veloppés, qu’on peut regarder com- ime analogue à celle qui enveloppe le Papillon dans Pétat de Chryfah- de , eft douée d’une élafticité très- {enfible. En preffant un de ces Foe- tus avec le bout de la tige d’une épingie , je voyois fa peau céder & {e relever aufli-tôt que je ceflois de la preffer. Je fentis crever avecfor- ce ceux fur lefquels j'appuyai trop. Je ne poufferai pas plus loin ce journal , 1} n’auroit rien qui pût mé- riter d’être rapporté ; j’ajouterai feu- lement qu'ayant été obligé le 154 SUR LES PUCERONS. 149 du mois de rapporter mes Pucero- nes dans ma chambre, je les y laiffai huit jours, pendant lefquels eïles refterent comme coilées à la bran- che , engourdies fans doute par le froid. Elles étoient alors réduites au nombre de trois, entre lefquelles je compte la plus groffe. Le 23. je les reportai dans le poële pour é- prouver l'effet que la chaleur pro- duiroit fur elles. Celle qui reftoit avec la groffe , car il en manquoit encore une, commença bientôt à fe mettre en mouvement; l’autre ne fit qu'agier foiblement fes anten- nes, & au bout d'environ deux heu- ses elle fe laïffa tomber à terre. J’a- vois remarqué les jours précédens qu'il lui étoit venu au bout du der- tiere une efpece de moififfure de couleur blanche , que j'obfervaien- core mieux après fa mort à laide de la loupe, K tj 150 OBSERVATIONS OBSERVATION VIII. Obfervations fur les Fœtus que les grof> fes Pucerones du Chêne mettent au jour. Pour ne pas interrompre le fil de lhiftoire de nos Pucerons du Chêne renfermés dans une même habitation, j'ai renvoyé à parler de quelques Obfervations faites dans le même tems fur d’autres Puce- rons de cette efpece , que je décri- gai dans celle-ci & dans les fuivantes. La premiere de ces Obfervations regarde les Foœtus : j'en trouvai le 31. O&obre une quantité affez con- fidérable fur deux branches coupées à deux différens Chênes. J'en com- tai fur l’une plus d’une foixantat- ne, & fur l'autre une quinzaine. Ils SUR LES PUCERONS. 15 étoient arrangés à peu près comme le font les œufs de beaucoup de Pa- pillons, leur plus grand diametre parallele à la longueur de la bran- che, à laquelle quelques-uns étoient cependant plus ou moins obliques. Leur couleur étoit la même que celle des Fœtus venus au jour fous mes yeux, c’eft-à-dire, rougeätre. Ils fe reffembloient encore,eu égard à leur groffeur. Le plus grandnom- bre de ceux de la branche, qui en étoit la mieux fournie, formoient deux amas inégaux, peu éloignés lun de l’autre ; le refte étoit difper- fé çà & là à quelque diftance : ceux de l’autre branche ne compofoient qu'un feul amas. Ils étoient tous bien enduits d’une humeur vifqueu- {e affez tenace pour arrêter les Pu- cerons qui venoient à pañler defflus:. K üi TERRES TS 2 RARE #$2 OBSERVATIONS OBSERV ATION IX. Autres Obfervations fur les Fœtus qué les groffes Puceranes du Chêne met- tent au jour. Que ces Fœtus font de veritables œufs. JA rprouvé ci-deffus ( Obf VIL.) que l'enveloppe des Fœtus eit douée d’une élafticité très-fenfible ; c’eft une Obfervation que jeus depuis occafion de répéter fur quelques Foetus que j'avois forcés , comme les premiers, de venir au jour : mais 1e remarquai cette fois une particu- larité à laquelle je n’avois pas en- core fait attention ; c’eft que la ma- tiere que renferme leur intérieur a beaucoup de rapport avec le Corps graiféux (1) des Chenilles. (1) Le Corps graiffeux dans les Chenilles ; eft certe matiere jaunâcre femblable à le grai£ | SUR LES PUCERONS. 152 Je voulus enfuite éprouver fi la membrane ou enveloppe de ceux qui avoient été dépofés déja depuis Un certain tems, feroit trouvée au- tant fouple & élaftique ; que j'avois trouvé celle des Foœtus fortis par la preffion : mais elle me parut plus ferme , & la liqueur qu’elle renfer- moit étoit femblable à celle qu’on voit fortir des Pucerons de cette efpece lorfqw’on les écrafe ; je veux dire, aflez claire & d’un verd-foncé. Mais que devons-nous penfer des Foœtus dont accouchent quelque- fois nos groffes Pucerones du Ché- ne © Je n’ai à offrir là-deflus que des conjectures ,; mais qui paroîtront vraifemblables. J'ai d'abord penfé qu'il falloit re- garder ces Foetus comme des Pu- . fe qui occupe les vuides que les autres parties - laiflent entr'elles. Voy. Mém. pour fervir à PHASE, des Inf, Tom, 1. p.145, 5ÿ4 OBSERVATIONS cerons avortés. La difproportion: de taille qui s’obferve entr'eux & les Pucerons qui naiïffent à terme, étoit ce qui favorifoit le plus cette idée. Il étoit naturel de foupçonner que le froid n’avoit pas permis à ces Foetus d'acquérir la groffeur pro- pre aux petits naïffans , & qu'ils au- roient acquife dans une faifon plus favorable. Cependant confidérant [a forme extérieure de ces Fœtus, & les pré- cautions avec lefquelles ils font dé- polés , je formai une autre conje- ture, très- finguliere à la vérité, mais qui me plut aufli-tôt. J'imagi- nai qu’ils étoient comme des efpe- ces de coques, dans chacune def- quelles un Puceron demeuroit ren- fermé jufqu’au retour du Printems , ou, pour parler fans figure, je les foupçonnai de véritables œufs. Je SUR LES PUCERONS. 15$ÿ me flatai de voir mon foupçon fe vérifier. Dans cette vûe je confer- vai très-foigneufement les branches fur lefquelles quelques-uns de ces Foetus avoient été dépofés ; & en particulier celle où fe trouvoient ceux des Pucerones que j'avois te- nues renfermées avec un mâle. Mais aucun ne s’anima.Îls noircirent tous, & fe deffécherent. Je nabandonnai pas pour cela mon idée. Je comparai nos œufs de Pucerons à ceux d’où fortent certaines faufles Chenilles (1), lef- quels ont befoin de fe nourrir , de s’imbiber , pour ainfi dire, de la va- (1) Les faufles Chenilles du Grofeiller & du Saule Joy. le Tom.V’.des Mém.de M.de REAU- MUR Jur les Inf. On appelle Fauffe Chenille tout [nfecte qui reflemble à une Chenille pour la forme du corps , maïs qui a plus de jambes, ou qui les à autrement conformées que la Che- nille, & qui au lieu defe changer en Papil- lon fe change conflamment en Mouche à quatre ailes, 156 OBSERVATIONS peur infenfible que la Plante, fur la quelle ils ont été dépolés , tranfpi- re. Je ne manquai donc pas de cher- cher de ces œufs ou Foœtus, l'Hives fuivant & dans le commencement du Printems de 1741. mais toutes mes recherches furent inutiles ; el- es m’apprirent feulement que nos gros Pucerons du Chène à trompe courte abandonnent les branches de cet arbre , lorfqw’elles ont com- mencé à fe dépouiller de leurs feuik- les , ou que le froid eft devenu plus piquant. Îls fçavent fans doute trou- ver des retraites fous l'écorce & dans des crevaffes , où ils paffent la sude faifon. MA SUR LES PUCERONS. 197 OBSERVATION X. Obfervations qui prouvent que les gros Pucerons du Chêne ; apres avoir pris des ailes, font encore [ufeptibles de quelque accroiffement. C'Esr une regle eftimée généra- le pour tous les Infectes qui fe trans- forment, qu'ils ne croiflent plus après avoit fubi leur derniere mé- tamorphofe. On ne connoît enco- re que les Grenouilles qui faffent une exception à cette regle. Après avoir quitté enveloppe qui les fai- fit paroître des Tétards, elles con- tinuent à groflir. Je ne fçai fi nos gros Pucerons du Chêne ne forment point une feconde exception : voici ce qui me porte à le conjetturer. Cherchant un jour du mois d’O- & +58 OBSERVATIONS &obre 1740. fur un Chêne, un de ces petits Pucerons ailés, de l’efpe- ce dont 1l s’agit, & que j'ai démon- tré être des males, ( Obf. VIT. ) J'en attrapai un à peu près tel, quant à la groffeur , que je le fouhaitois , mais dont le ventre étoit pourtant plus gros à proportion que ne Pé- toit celui d’un autre peut Puceron ailé que j'avois vû s’accoupler peu de jours auparavant. Celui-ci diffé- roit encore de l’autre par fa couleur qui étoit noire. Celle du Puceron dont je parle, uroit fur le rougeâ- tre. Ces différences aflez frappantes me faifoient extrémement fouhaiter d'élever ce dernier : mais il lui arri- va un accident quil eft inutile que je rapporte , & qui fut caufe que je ne pus le conferver. Pour comble d'infortune , un autre qui avoit tous les caracteres propres aux Pucerons sUR LES PUCERONS. 1ç9 mâles , & que j’avois renfermé peu de jours auparavant avec fix femel- les , eut le fort du premier. Je mis” pourtant ces deux pertes à profit : je leur preffai le ventre à l'un & à Pautre ; de celui que je foupçon< fois être femelle, fortit une liqueur verte , dans laquelle nageoit un grand nombre de petits corps d’u- ne couleur plus foncée , que je ne pus prendre que pour des Fœtus ou des œufs ; & du derriere de ce- Jui que je fçavois être un mâle , for- tit une partie blancheätre, façon- née comme celle que j'ai décrite dans Obfervation VII. Un autre Puceron du Chêne, de l’efpece des précédens, après avoir pris des ailes,étoit aflez efhlé & vif; je le croyoïs un mâle : mais au bout de quelques jours je le vis tellement grofhür , qu'il vint enfin à égaler les téo OBSERVATIONS. groffes femelles non-ailées, & je Pobfervai enfuite accoucher, On me dira peut-être qu’il en eft de cette augmentation de groffeur comme de celle qui arrive aux fe- melles des grands animaux lorfqw’el- les portent ; qu’elle doit être attri- buée aux Fœtus, qui prenant de jour en jour plus d’accroiflement , diftendent de plus en plus les mem- branes de la matrice. Et javoûrai qu'il fe peut que ce foit là la caufe unique de cet accroiflement de vo- lume. OBSERVATION XI. Que les Fourmis [e faififfent quelquefois des Pucerons. LL ef bien avéré que les Fourmis. ne fe tiennent auprès des Pucerons que pour recueillir la liqueur muel- lég sUR LES PUCERONS. 161 Îée qu'ils rejettent, & qu’ainfi cè hn’eft point à eux-mêmes qu'elles eñ veulent,comme l’ont prétendu Leu- VENHOEK & FMARTSOEKER. Vivos vero bof Pédicülos , dit M. Friscx, aurquam ledum , nec auferunt. Voici néantmoins une petite Obfervation qui femble diretement contraire à ce qu'avance ce célebre Obfer= vateur. Ayant apperçu au milieu d’une troupe de nos gros Pucerons du Chêne , un de ceux que j'ai prouvé être des mâles, je fouhaitai l’empor- ter dans mon cabinet. Pour cet ef- fét, comme il me parut avoir fa trompe fichée dans la branche , je Commençai par le toucher lévere- ment du bout du doigt à deux ou trois reprifes : je le déterminai ainfs à fe mettre en mouvement & à changer de place ; mais au moment L Pag. 22, des Mifcob. Berels CALA 1723 ÿ 162 OBSERVATIONS. que j'avançois la main pour le prens dre , une de ces grofles Fourmis, dont ces Pucerons font toujours en- vironnés , le faifit avec fes dents, & fe jetta aufli-tôt à terre. Je me baiffai promptement, mais jene pus … découvrir ni la Fourmi ni le Puce- ton. Je foupçonne volontiers que la Fourmi ne fe feroit pas jettée fur celui-ci, fi ma préfence ne leût échauflée, & pour ainf dire , tirée de fon naturel. Au refte , ce petit Puceron m’of- frit une particularité qui pourroit faire douter fi les deux efpeces de. gros Pucerons , que le Chêne nour- rit , ne font pas les mêmes. Il por- toit fes ailes exactement paralleles au plan de pofition : or M. de REAu- MUR a remarqué ( Tome IL. p.334. de fes Mémoires ) que ce port eft celui des ailes des gros Pucerons sûr LES PUCERONS. 163 Qu'il a découverts dans des crevaf- fes de cet arbre. Mais un feul exem- ple ne conclut pas : d’ailleurs aucun des Pucerons , de l’efpece que jai obfervée, navoit une trompe à beaucoup près aufli longue que left celle des Pucerons de M. de Reau- MUR £ OB SERV ATION X IL. Obfervation fur des Pucerons de la grof° Je Efpéce qui vit [ur le Chêne, & dont la peau Ssenlevoit après leur mort , en y appliquant le doigt quoi- que léverement. Ph les Pucerones renfermées enfemble dans la même habitation, 1l m’eft arrivé plus d’une fois d’en. voir de fixées contre la branche; comme fi elles euflent été pleines Li 164 ORSERVATIONS de vie : mais quand je venois à les toucher du bout du doigt, quelque légerement que ce fût, la portion de la peau , fur laquelle mon doigt avoit été appliqué , étoit emportée fur le champ ; l’intérieur étoit mis là à découvert. Il s’élevoit au-deflus de la plaie une liqueur prefque noi- re , dont tout le corps étoit rempli. OBSERVATION x M1. Que PEfpece de gros Pucerons , en qui jai demontré l'accouplement , [e mul- tiplie cependant [ans ce fecours. D EMoNTRER qu’il y a une efpece de Pucerons où fe trouvent des mâ- les & des femelles qui s’accouplent, c’eft donner lieu à cette queftion, fi cette efpece n’eft pas aflujettie à la Loi générale , qui veut quela gé- _sUR LEs PucEroNs. 16$ÿ nération fe fafle par le concours des deux fexes , & feulement par ce concours. Il eft vrai que dès qu’on s’eft affüré par des expériences de la nature de celles que j'airapportées, que plufieurs efpeces de Pucerons {e fuMfent à elles-mêmes , il eft na- turel d’en tirer cette conféquence, qu’il en eft de même de toutes. Ce- pendant comme nous ne connoif- fons que très-imparfaitement lor- dre quil a plu à la Nature de fe prefcrire dans les fyftemes particu- liers qui compofent le fyfteme gé- néral du Monde, nous devons nous défier de ce qu’indique le raifonne- ment, & confulter l'expérience au- tant que nous le pouvons. L’ana- Jlogie & lindu@ion, quoiqu’elles conduifent aflez fouvent au vrai, trompent quelquefois : c’eft dequoi PHiftoire naturelle ne nous fournit L ii 166 OBSERVATIONS que trop de preuves. Conformés ment à ces principes j'ai tâché d’é- lever en foïitude depuis leur naif- fance de nos gros Pucerons du Ché- ne à trompe coute ; d’ailleurs M: de REAUMUR , à qui j’avois commu- niqué mes premieres Obfervations fur ces Pucerons , ayant jugé cette expérience néceflaire, c'en étoit af- £ez pour m'obliger à la tenter. Je vais en donner les principaux détails. JOURNAL D'OBSERV ATIONS Sur Les gros Pucerons du Chêne à trom- pe courte , élevés dans une parfaite félitude. L E 30. Août 1742. à neuf heures du matin, j'ai mis en folitude à fa naïffance un Puceron de cette efpe- ce , venu au jour fous mes yeux. SUR LES PUCERONS. 167 Le 2. Septembre, fur les trois beures après-midi , il s’eft dépouillé pour la premiere fois. Le $. fur les 10. heures du foir il avoit fubi un fecond changement de peau. Ses jambes étoient encore jaunes de même que fes antennes , mais {on corps avoit prefque ache= vé de fe rembrunir. Le 8. fur les onze heures du foir, il avoit rejetté une troifieme dé- pouille. Ses jambes confervoient encore une teinte de jaune. Le 12. entre 7. & 8. dufoir ,ils’eft dépouillé pour la quatrieme & der- mére (oise Le 16. il eft mort. Il avoit acquis toute la groffeur qu'ont les Puce- rons de cette forte, parvenus à l’à- ge de maturité. J’en ai fait fortir des Foœtus dont les yeux étoient très- diftindts, L ui 168 OBSERVATIONS Le 18. à une heure après-midi » vai renfermé à fa naiffance un autre Puceron de cette efpece pour rem- placer celui mort le 16. Et afin de ne me pas trouver dans le cas de voir manquer de nouveau lexpé- tience par la mort de ce fecond Pu- ceron, j'en at mis encore deux au- tres en folitude , lun le 19. l'autre le 20. mais ce dernier n’a pas vécu non plus qu'un troifieme renfermé de même à fa naiffance le 24 JOURNAL, de la vie JOURNAL de la vie DU PucERON | Du PucERoN |! Néle 18.Sepr. a1.h.ÏNé le r 9. Seps. a 11.|h ap. mid. © élevé | h. du mar. 7 élevé |} en folirude. en folitude. SepT | 26. À 7. h.f 11 s’étoit dépouil- 11m. lé pour la premiere fois. Ses jambes , fes antennes & fa trom- pe étoient encore jaunes. 27: AISur les .,...,...00.01 IL s'étoit dépouil-|| 8, h. m. lé pour la premiere|] fois. Comme il s’é-|| toit rembruni, & quel la veille à 10. h. du! {oir il n’avoit point à encore mué, il faut à qu'il lait fait pen-|} 1 Ocro. dant la nuit. . 4° Env. 7. ..sc.cscs0s0e0.] I s’eft dépouillé|} h. du £ pour la feconde fois. ‘a | 5. Env. l Il s’eft depouillé lh.m, |pour la feconde fois. Il eft remarquable qu’il l'ait fait un jour plus tard que l’autre Puceron. II. SA 2.h. ee-e05000çe3secce | 53.m. LA 3h DS RE SR PE à 4138. Im. RU 0. hi TL ER Ml 12. Ê'Ent. 3.1 Il seft depouillé É|& 4. h. pour la troif. fois. “|ap. mu] LE. 23: Hus lc... 13. hap. : rt so 22 Il avoit commen- cé à fe dépouiller pourla troifieme fois. hors de fa dépouille.FÆ Ses jambes, fes an- tennes & fa trompe confervoient encore] une teinte de jaune ,ÎË & il n’avoit pasen-iË core commencé à fa1-}# re ufage de cette der-|à niere ; mais quelques : momens après il l'a} lpiquée dans l'écorce. . Il étoit entierement - fe LISur les! Il seft depouillé 213. h.ap.{pour la quatr. fois. midi. ii Novy. $: ese+sesetstesseccs Voyant qu'il n’a-| voit point encore commencé d’accou- cher, & l’attribuant] Re RME AC UE diminution de la |} chaleur , je lai porté : dont la température} eft à l'ordinaire delË 15. à 20. degrés dus Thermometre de M. de REAUMUR. Il avoit mis au jour 4 un fœtus , que j'aiii trouvé couché paral- : & fur lequel toutes 1 les parties extéricu- à res du Puceron:feià voyoient en rehef.; 4 J'ai remarqué que 4 quoique Îe Puceron à Fe dela branche, ($ ilavoit cependant di-£ minué de grofleurià Hé que de cefætus ,! î Éibemns MR l--------.: 0) (I avoit cefle dell vivie. 24. mat. | Jelaitrouvé pre que mort, ou pour Fe pl jufte , en- qe DIN ov 12% à mat. |zourdi par lefroid d. la nuit, quiavoit fait} defcendre le Ther- mometre à 4. deg. au-deflus de la Con- gel Je lai donc por- té dans un poele pour le ranimer : maïs la chaleur n’a pas pro- | duit fur lui beaucoup d'effet. Je l’ai vû feu. lement un peuagiter fes antennes & fes jambes, fans néant- moins changer de ce 25. mat. T1 étoit mort. SUR LES PUCERONS. 172 OBSERV ATION XIV. Autre Expérience fur le même fujet. Conjeëtures fur Pufage de l'accouplement. Q Uorque lExpétience précé- dente ne laiflät gueres lieu de dou ter que laccouplement n’eft pas plus néceffaire pour la multiplica- tion de lefpece , aux gros Pucerons du Chêne, qu’il ne l’eft à ceux du Fufain, du Plantain & du Sureau ; cependant, comme de ceux que j'a- vois élevés en folitude, l’un n’avoit point produit , & l’autre n’avoit mis au jour qu’un feul Foœetus , je me fuis cru obligé d’en venir à une feconde épreuve qui a eu le fuccès defiré. Un Puceron de cette efpece mis au jour fous mes yeux par une Pucero- ne ailée, le 26. Juillet 1743. entre 6. & 7. heures du matin, & renfer- 174 OBSERVATIONS? mé fur le champ, avoit accouché de deux petits bien vivans le 9..du” 1ème mois à 10. heures du foir. J'aurois donné ici une Table ou Re. giftre des accouchemens de ce Pu- ceron, s'il ne s’étoit évadé le 130 après avoir encore donné naiffance à trois petits. J’ai fait mon poffble pour élever auffi en folitude deux de ces petits: mais quelques foins que j'aie pris, je n’ai pû en venir à bout. Ils n’ont fait que courir, & font enfuite tombés morts d’épui= fement. Cette remarque doit empê- cher de fe rebuter ceux qui fouhais. teront de faire cette expérience. Un _dés meilleurs moyens d’en affûrer la réuffite , eft de couvrir le poudrier,s ( Obf. [.) de façon que la lumiere ne puiffe avoir accès dans l’intérieur, Il eft donc à préfent bien conita- té que ces gros Pucerons du Chêne: SUR LES PUCERONS. 179$ que j'ai vûs s’accoupler en Autom- #“e, peuvent néantmoins fe perpé- tuer fans avoir de commerce avec aucun individu de leurefpece. Cela étant , quel fera lufage de Paccou- plement © Pourquoi ces Pucerons feront-ils diftingués entreux de {e- xe ? Ici, j'avoürai d’abord mon ig- norance , n'ayant là-deflus qu’une conjecture à propofer : c’eft que lac- couplement fert peut-être à vivifier les œufs que ces Pucerons pondent avant l'Hiver.A cette conjetture on préférera fi l’on veut celle de M. de Reaumur , « que l'union du mâle Re. »avec la femelle pourroïit n'avoir 4, Ma. l'Hifr. des Taf. P: 559 + d'autre ufage que celui de donner # aux meres la facilité de fe délivrer # des Fœtus qui ne font pas à ter- » me, afin de fe conferver elles-mê- »mes pour une poftérité qu'elles # feroient naître dans des tems plus PT. fer L 1796 OBSERVATIONS: » heureux. » Si cependant le refpect infini que j'ai pour cet illuftre Ob= fervateur ; me permettoit de dire mon fentiment fur cette conjecture, je confeflerois qu’elle ne me paroïît pas aflez fondée. J’ai fait, à la vé- rité , une expérience qui femble la confirmer , je veux parler de celle de ces deux Pucerons du Chène élevés en folitude, dont l’un n’a point accouché & lautre n’a accou- ché que d’un Fœtus. Mais manque- rons-nous de raifons naturelles pour expliquer ce fait ? Le froid, la con- füitution actuelle de lInfe&te, Ja qualité de fa nourriture, celle de Vair , &c. ont pû concourir à fa pro- du&tion. D'ailleurs puifqu'il s’agit d’oppofer expérience à expérience; ! pourquoi cette groffe Pucerone ren- fermée avec d’autres plus jeunes & ! un mâle très-ardent, ( Obf. VIL. } ! ne ! ateannes SUR LES PUCERONS. 177 pe mit-elle au jour ni Pucerons ni Fœtus, tandis que celles-ci pondi- rent plufieurs œufs, quoiqu’elles n’euflent pas joui à beaucoup près auf fouvent de la compagnie du mâle ? Mais je le répete , ceci eft pour moi un myftere. Ne me livrerois-je point trop encore aux conjeures, fi j'infinuois qu'il en eft peut-être des Gallinfe- &es comme de nos Pucerons, eu égard à la façon de fe multiplier ? On fçait que ces petits Infeétes dont les efpeces font très-nombreufes & pullulent prodigieufement , ont été nommés Gallinfeiles par M.de REAU- +, mu mur , à caufe de la grande reffem- #7 5 Me blance qu'ils ontavec les Galles des Mér: pren . Plantes ; reflemblance qui les a fait - prendre pour de telles productions - par de grands Naturaliftes (1). On (1) M, le Comte de Marfigli. 178 OBSERVATIONS fçait encore que ceux qui ont le mieux connu leur nature , ont été partagés fur la maniere dont so- pere chez eux la fécondation, les uns (1) ayant penifé qu’ils s’accou- plent dans l’enfance, les autres (2) les ayant regardés comme des her- maphrodites de lefpece la plus par- ticuliere, & tels que je crois avoit prouvé, que le font les Pucerons. Enfin on {çait que M. de Reaumue a démontré inconteftablement qu’il y a parmi ces fortes d’Infectes des mâles & des femelles , & qu’il les a obfervés s'unir de union la plus in= time. Tout cela étant fuppofé con- nu, je demande fi après des expé- riences comme celles qui ont fait le fujet des Obfervations précéden- tes ,onne jugera point que la dé- (1) MM. de la Hire & Sedileau, (2) M, Ceftoni, SUR LES PUCERONS. 17ÿ touverte que M. de REaumuRr a faite des mâles des Gallinfectes,n’eft pas une preuve décifive que ce gen- re de petits animaux ait befoin du concours des deux fexes pour fe multiplier. Âu moins trouvera-t-on qu'il feroit à fouhaiter qu’on parvint à en élever en folitude depuis le mo- ment de leur raïffance. C’eft une expérience que je ne négligerai pas de tenter ; & à laquelle j'invite les curieux. OBSERVATION XV. 4 : Que pari les males des gros Pucerons du Chêne il yen a d'ailés € de non- ailés. Q U’1L y ait quelques efpeces d'Infeétes dont les femelles font toujours dépourvûes d’ailes tandis que les mâles en ont, ce n’eft plus M 1 180 OBSERVATIONS aujourd’hui une chofe nouvelle pour les Naturaliftes. Diverfes for- tes de Papillons , les Fourmis , les Vers luifans , les Gallinfettes, nos Pucerons, &c. offrent des exem- ples de cette fingularité. Mais il doit paroître nouveau qu'il y ait chez ces derniers des mâles qui, comme à lordinaire , font ailés , & d’autres qui font dépourvûs d'ailes. Ce font les gros Pucerons du Chêne à trom- pe courte, auxquels je fuis redeva- ble de cette découverte. Je cherchois au commencement d'Oétobre 1742. de ces gros Puce- rons, lorfque je découvris une bran- che de Chêne qui en étoit affez bien fournie. Parmi ceux qui y étoient attroupés j'en remarquai deux , lun fort gros & en âge d’engendrer, Pautre au contraire fort petit, & qui fe tenoit cramponné au derriere SUR LES PUCERGNS. 181 du premier , précifément dans l’at- titude d’un mâle accouplé avec fa femelle. Tous deux étoient abfolu- ment dépourvûs d'ailes & fort tran- quilles. Je les obfervai attentive- ment.Je crus bien remarquer à l’ex- trémité du corps du plus petit quel- que chofe qui avoit air de Porga- ne de la génération, & qui paroif- foit inféré dans le derriere de la fe- melle. Extrémement impatient d’a- voir ces deux Pucerons à ma difpo- fition, & de pouvoir les obferver plus à mon aife, je voulus tâcher de les renfermer dans une boîte: mais n'ayant qu'une main de libre , & étant obligé de tenir de l’autre la branche affujettie à la hauteur de mes yeux, je les manquai : aux mou- vemens que j’excitai, la Puceronefe mit à marcher, emportant avec elle le petit Puceron toujours crampons: M 1j 182 OBSERVATIONS né à fon derriere , mais qui s’en dé= tacha peu de momens après. Une obfervation aufli imprévüe ne pouvoit manquer de me rendre fort attentif à examiner les autres Pucerons placés dans le voifinage. Je les parcourus donc des yeux avec foin , mais je ne parvins point à re- voir ce que je fouhaitois. Sur cela, me rappellant que la couleur du petit Puceron fans ailes que je venois de furprendre accou- plé, étroit un peu différente de celle qu'ont ordinairement les Pucerons de cette efpece; je veux dire, qu’au heu de tirer fur le brun, la fienne ti- soit fur le verd, je cherchaï fi je n’en trouverois point de cette couleur & de même taille. J’eus le bonheur d'en attraper un de cette forte , que je renfermai dans une boîte avec quelques Pucerones de fon efpece sUÛR LES PUCERONS. 183 & un petit mâle ailé. Rendu enfuite dans mon cabinetje les établis à ma maniere. Je n’ofois me promettre que cet- te tentative me procureroit la con- firmation du fait fingulier que j’avois vû. Aufli fus-je agréablement fur- pris lorfquele lendemain 8.du mois, environ fur les 2. heures, je faifis mon petit Puceron non-ailé dans la même pofture que celui dont j'ai parlé il n’y a qu’un moment. Je ne pus alofs que me fçavoir bon gré de la tentative. Mais ce n’étoit pas af- {ez , il falloit s’aflürer par quelque chofe de plus pofitif de la réalité de Paccouplement. J’enlevai donc fur le champ le poudrier qui recouvroit la petite branche fur laquelle étoient mes Pucerons, & j’obfervai attenti- vement les deux qui paroifloientac- couplés. Il ne me fembla pas qu'ils M üii] 184 OBSERVATIONS le fuflent effetivement. Peut-être Paurotent-ils paru à un autre moins dificile à contenter que je ne le fuis. J'ai beaucoup infifté dans ma pre- miere Obfervation touchant ces Pu- cerons , fur l’ardeur que témoignoit le petit mâle ailé pour s’unir auxfe- melles de fon efpece renfermées avec lui. Celle de notre petit mâle non-ailé la furpañloit encore. La Pu- cerone quil attaquoit le plus vo- lontiers étoit une des plus grofles. C'éroit aufli une des plus tranquil- les. Elle avoit perdu fa trompe, je ne fçai par quel accident. Souvent il revenoit à la charge trois à quatre fois de fuite, & ordinairement il ne pañoit gueres auprès d’elle qu'il ne Pagaçat. On le voyoit grimper def- fus, marcher le long de fon dos, tantôt en avant, tantôt à reculons, . juiqu’à ce qu'il fût parvenu à appli: SUR LES PUCERONS. 189 quer le bout de fon derriere contre celui de la femelle. Pour lors n’a- yant plus rien à defirer, 1] demeu- roit tranquille , fes antennes cou- chées en arriere , fon ventre courbé contre celui de la Pucerone, & lex- trémité de fes premieres jambes cramponnée fur le dos de celle-ci. Et pour tout dire en peu de mots, les mêmes mouvemens que jai và {e donner en pareille circonftance aux Pucerons males ailés de cette efpece, je les ai vûs fe donner à celui dont j'écris l’hiftoire. Il étoit fi occupé de fes amours qu'il paroifloit négliger de prendre de la nourriture. Rarement fe fixoit- il contre la branche pour en pomper le fuc. Je ne fçache pas même lavoir jamais vû faire ufage de fa trompe. Je crois pourtant qu’il ne reftoit pas abfolument fans manger, mais que 186 OBSERVATIONS les heures de fes repas étoient dan la nuit. J'ai dit que j'avois renfermé avec notre petit Puceron fans ailes un autre petit Puceron ailé. Quoique celui-ci eût tous les caracteres pro- pres aux mâles, 1l s’en falloit bien néantmoins qu'il témoignät autant d’ardeur pour la propagation de ef pece. Je ne lobfervai jamais aller agacer cette srofle Pucerone pour laquelle Pautre montroit tant d’em- preffement. Il étoit pourtant aufli vif que les Pucerons males ailés de cette forte ont coutume d’être. IL s’étoit dépouillé pour la derniere fois le 7. du mois, & vers le milieu de ce même mois je le trouvat mort. La grofle Pucerone Pétoit déja de- puis quelques jours. Je ne parle pas des autres femelles, parce que je les avois fait paffer fur une autre bran- che. SUB LES PUCERONS. 187 Le 20. obfervant que mon petit Puceron non-ailé paroifloit fe por- ter mal , qu'il avoit perdu toute fon agilité , & qu'il ne fe tenoit plus fur la branche , je me déterminai à le prendre entre mes doigts pour m’af- sûrer par l'infpe&ion s'il avoit les parties propres aux males. Je lui preffai donc lextrémité du corps, & j'en vis fortir aufli-tôt une partie blanchôtre, longuette, recourbée en arc de cercle du côté du dos , & qui fe terminoit en pointe. En un mot, une partie précifément telle que j'aidécrite, Obfer. VIT. (1).Ce que celle dont je parle me fit voir de plus , c’eft que pendant que je la forçois à { tenir hors du corps , fa pointe s’allongeoit & fe raccourcif- {oit, fe dilatoit & fe contratoit . @) Voy. le Tom. IV. des Mém. pour Jeruir 4 L'Hifi. des Inf, Mém. 4, 188 OBSERVATIONS comme le fait la tête des Vers de la viande. Du refte ce petit Puceron ne mon- troit aucune apparence de fourreaux d'ailes, & fa groffeur étoit moin- dre que celle du Puceron ailé. Lorf que ces deux Pucerons venoient à fe rencontrer , ils femblotent s’aga- cer de leurs antennes & de leurs premieres jambes. OBSERV ATION XVI. De la façon dont les gros Pucerons du Chêne [e dépouillenr. L À façon dont les oros Puce- rons du Chène fe dépouillent, & ce qui précede & fuit cette opéra- tion, méritent d’être détaillés. Quelques heures avant la muele Puceron, qui jufques-là avoit eu fa _ SUR LES PUCcERONS. 189 trompe piquée dans l'écorce , l’en retire. De tems à autre on le voit agiter fon corps de même que fes plus longues jambes ; puis il cram- ponne l’extrémité de celles-ci dans l'écorce, en les étendant par-de- à fon derriere autant qu'il lui eft pofhble : les antennes fe recourbent en avant, la peaù s'ouvre fur le dos, la.nouvelle paroît : d’inftanten inf- tant une portion plus confidérable du Puceron fe montre à découvert. Mais les jambes , les antennes ni la trompe ne fe diftinguent encore qu'imparfaitement : elles font rame- nées fur la poitrine à la maniere des Nymphes. À mefure que lInfeéte fe dégage , il s’éleve fur fa partie po- ftérieure , en faifant décrire à l’an- térieure un arc de cercle; enfin lorf- qu'environ les deux tiers du corps ont paru hors de la dépouille, tou. 190 OSSERVATIONS tes les parties extérieures , d’abord les antennes,puis les premieres jam= bes , &c. commencent à fe mettre en jeu. Le deffous du ventre aupa- ravant élevé obliquement au-deflus du plan de pofition , s’en rapproche peu à peu, & lui devient parallele. es premieres jambes s’y crampons nent, & le refte du corps acheve de fe dégager. La partie poftérieu= re , & l’extrémité des plus longues jambes font les dernieres qui fe met- tent en liberté. L’opération entiere S'acheve quelquefois en un quart- d'heure, d’autres fois dans un tèems moins chaud en demi-heure feule- ment. Le Puceron fe met enfuite à marcher, laiffant {a dépouille crama ponnée à la tige. Il fe rembrunit in- fenfiblement , & au bout de quel- ques heures il commence à faire ufage de fa ompe. Voyez là-deflus sur LES PUCERONS. 197 les journaux de l'Obfervation XIIL, Je ne dois pas au refte négliger de remarquer qu’il paroît moins gros , mais plus long à fa fortie de fa vieil- le peau , qu’il ne le paroifloit avant, & qu’il ne le paroît enfuite. J'obfervai un jour un de ces Pu- cerons qui s’élevoit prefque droit fur fa dépouille, dont il achevoit de fe tirer, à peu près comme M. de To. des FA Mém. fur des Reaumur la expliqué des Coufins. taf. Seraer He ere de — RER RES Em a OBSERVATION XVII. Que Les gros Pucerons du Chêne wa- bandonnent pas les branches dont les feuilles font [échées. Objervation [ur des œufs de ces Puce- rons , dépoés en grand nombre fur de telles branches. B IEX que les feuilles des bran- ?92 OBSERVATIONS ches fur lefquelles nos Pucerons du, Chêne fe font établis, viennent à fécher , ils ne les abandonnent pas néantmoins d’abord pour fe retirer ailleurs. Jai eu dans mon cabinet, au mois de Novembre, une bran- che dans cet état, & qui étoit bien. peuplée de ces Pucerons. Il y en avoit de tout âge & des deux fexes: mais les mâles n’étoient qu’en très- petit nombre , comme à l’ordinai- re. Ce que cette branche offroit de plus remarquable , étoit un amas de Foœtus ou d'œufs , qui occupoit en- viron un pouce & demi de fa lon- oueur, à la vérité d’un.côté feule- ment.Ils avoient été dépofés fi près les uns des autres qu'onne pouvoit voir l'écorce. Il y avoit même cer- tains endroits où ils étoient empilés les uns fur les autres. Ils étoient souges & plus petits que ne le font | les SOR LES PUCERONS. 193 les Pucerons à leur naïffance. Le diametre de la branche étoit de 3. à 4. lignes. Des dérangeiens furve- nüs ne mont pas permis de fçavoir ce que devinrent ces œufs, & s'ils donnerent des Pucerons au Prin- tems fuivant. OBSERV ATION XVIII. Sur des Pucerones du Chêne de l'Efpece des précédentes , laiffées fans nourri ture dans une boite. : Qurovrs Puceronés de l’efpe- ce dont 1l s’agit, laiflées dans une boîte fans nourriture , depuis le 23. Septembre jufqu'environ le 4. Oc-. tobre , y ont fait des petits bien vi- vans. D’autres prifes quelques jours plus tard, & renfermées de la même maniere , ont pondu des œufs, N ® £94 OBSERVATIONS OBSERVATION XIX. Expériences qui prouvent inconte[table- ment que les gros Pucerons du Chêne font à la fois Vivipares c ovipares. a} E me préparois à faire de nou- velles expériences pour vérifier ma conjecture ( Obf. IX. ) fur les œufs des gros Pucerons du Chêne , lorf- que je reçus une Lettre de M.TREm- BLEY, datée de la Haye le 23. Août 1743,quim'apprenoit que M.Lyon- NET l’avoit déja confirmée. En voi- Gi l'extrait, « M. LYoNNET a faitune » découverte qui vous intérefle fur » ces gros Pucerons du Chêne que » vous avez beaucoup oblervés, & s parmi lefquels vous avez vû des » mâles en Automne. Nous nous » promenions enfemble le mois d’À- sur LES PUGCERONS. 109$ 8 vril dernier dans le Bois de Sor- 5» guliet (1),8 M.LYoNNET qui voit » tout, découvrit {ur l'écorce d’un # Chêne,de petits corps oblongs & » brunatres, qu'il jugea d’abord être > des œufs. Il les porta dans fon ca- # binet, d’où en effet il a-vû fortir > des Pucerons. »> Ces Pucerons fe font fort mul- » tipliés fur un Chêne d'ici, fur le- >» quel il yavoit des œufs. M. Lyox- » NET les vifite de tems en tems.lls » ne font point d'œufs à préfent, = mais des petits , & M. Lyonner » ne defefpere pas de les voir pon- » dre cet Automne après les avoit # vûs accoucher pendant l'Eté. » Je ne pouvois affurément fouhai- ter de meilleure confirmation de ma conjecture que celle qu’on vient de (7) Campagne dans les Dunes de Hollan- de, appartenant à M. le Comte de BENTINK;, chez qui M, Trembley demeure, N ij 196 OBSERVATIONS voir. Le talent d’obferver que pof fede M. LYoNNET , & dont les Mé- moires de M. de REAumur, Tom. VI. & la Théologie des Infe&tes de Lessers *, nous fourniffent d’excel- lentes preuves , ne laiffe aucun lieu de douter de la vérité des faits qu'il avance. Auffi ai-je été très-flaté de la découverte. Cependant convain- cu qu'on ne fçauroit trop s’affürer des faits extraordinaires ; & interef fé d’ailleurs d’une maniere particu- liere dans l’obfervation de M.LyoN- NET , je n'ai rien négligé pour re- voir après lui. | Dans ce deffein , le 12. Novem- bre je plaçai dans cetre armoire, dont j'ai déja fait mention plufeurs fois, une petite branche de Chêne fur laquelle étoit un amas d’œufs * M. LYoNxET l’a enrichie d'un grand nom- bre de Notes pleines d'Obfervations füres & intereflantes, SUR LES PUCERONS. 197 de nos gros Pucerons, d'environ un demi-pouce de longueur fur 2. à 3. lignes de largeur. Parmi ces œufs il y en avoit quatre dépofés depuis une femaine feulement. Le même jour je renfermai dans Ja même armoire 12. Pucerones de lefpece en queftion, efpérant que la chaleur du lieu , que j'ai dit être à l'ordinaire de 18. à 20. degrés du Thermometre de M. de REeAunmuR, les exciteroit à pondre. | Le 23. les œufs s’étoient deffé- chés,& toutes les Pucerones étoient mortes fans avoir produit ; excepté une feule qui avoit accouché d’un Foetus aflez gros, mais où on ne di- flinguoit aucune partie. Je répétai ce même jour loupe rence fur une vingtaine d'œufs pon- dus dans ma chambre depuis peu de. tems ; & j'en mis autant dans mon N ii 198 OBSERVATIONS gouffet avec les précautions convez nables. Mais après avoir perfévéré pendant un mois, je vis que les œufs, loin d’avoir produit, n° avoient fait que fe deffécher. Le 29. je fus chercher fur les Chè- nes,de ces œufs finguliers, pour ten- ter de nouvelles expériences. Jen trouvai trois amas fur trois branches différentes , chacun defquels occu- poit en longueur une étendue d’en- viron un pouce & demi à deux pou- ces , fur trois à quatre lignes en lar- geur. Je vis encore un Puceron qui fe tenoit appliqué contre une de ces branches , mais il étoit fort petit. : Ayant examiné les œufs à la lou- pe, jy remarquai des taches noires & blanches en façon de marbrure. Tous étoient au refte bien enduits de cette humeur vifqueufe qui les colle à Pécorce. SUR LES PUCERONS. 199 Le 30. je fis entrer dans une pe- üute bouteille un morceau d’une de ces branches couvertes. d'œufs. Je portai cette petite bouteille dans mon gouflet pendant plus d’un mois, ayant foin de la tenir la nuit fous mon chevet : mais ayant remarqué que les œufs s’étoient tous applatis, Je ne pouflai pas plus loin lexpé- rience. Javois renfermé les deux autres branches , ainfi qu'une troifieme très-chargée d'œufs , dans des pou- driers que j'avois laïflés dans mon cabinet à la campagne : ce mois de May dernier j'ai eu enfin la fatisfas étion d’obferver de petits Pucerons qui étoienc éclos de ces œufs. Ils étoient morts faute de nourriture : mais on ne Jaïfloit pas de les recon- _noître , & examinés à la loupe on leur voyoit toutes les parties pro- N üi 200 OBSERVATIONS pres à ces Infectes. Je ferai feule- ment remarquer qu'ils étoient plus petits fenfiblement , que ne le font les Pucerons de cette efpece quifor- tent du ventre de leur mere,vivans, & que leur nombre étoit confidé- tablement inférieur à celui des œufs. Nous avons donc dans nos Puce- rons un genre d’Enfectes , qui à la propriété de fe multiplier fans ac- couplement, joint encore celle dé- tre à la fois vivipare & ovipare.Com- me le grand & le petit ne changent rien à la nature des chofes, cette derniere merveille n’eft pas moins admirable que celle qu’offriroit une efpece de Chat ou d'autre Quadru- pede, qui tantôt feroit des petits vi- Vans, & tantôt pondroit des œufs d’où fortuiroient de pareils petits. ReD1 a propofé une queftion qui eft précifément l'inverfe de celle qui LA SUR LES PUCERONS. 201 vient d’être décidée, & que M. de Reaumue a difcutée aflez au long, ( Tom. IV. de fes Mémoires , pag. 404. & fuiv. ) C’eft de fçavoir , «fi + quelques-unes des efpeces de > Mouches qui pondent des œufs , » ne peuvent pas, en Certaines Cir- + conftances, mettre au jour des pe- >» tits vivans ? > M. de REAUMUR convient, » que la chofe n’eit pasab- = folument impoffible,mais que pout » que cela arrivät , 1l faudroit que » bien des circonftances , chacune » très-finguliere, fe trouvañlent réu- >» nies.» Pour moi, après la décou- verte des Pucerons à la fois vivipa- res & ovipares, je ne ferai nulle- ment furpris fi j'apprens qu’on a ob- fervé une efpece de Mouche ovi- pare , qui tantôt pond comme à Pordinaire des œufs, & qui tantôt accouche de petits vivans. Je me 202 OBSERVATIONS fens mème un grand penchant à pré- dire qu'on en découvrira de telles. C’eft un fentiment affez généra- lement reçu des Phyficiens , que les peurs des Animaux vivipares font d’abord renfermés dans des œufs : la découverte à laquelle nos gros Pucerons du Chêne a donné lieu, ne le confirme-t-elle pas © Une autre particularité fur laquel- le cette découverte répand beau coup de jour, c’eft la maniere dont les Pucerons fe confervent pendant lHiver. Ona cru qu'ils fe retiroient fous l'écorce & dans les crevafles des Arbres : ne fe conferveroient- ils pas plutôt dans les œufs que les femelles pondent en Automne , ( OP£. IX. ) Ces œufs , pour être rendus fé- conds , ont-ils befoin de l’aétion du mâle ( Obf. XIV. ) ? C’eft encore 25 SUR LES PUCERONS. 203% une queftion importante qu'il refte à éclaircir. On y parviendra fans doute , en élevant en folitude ‘une fuite de Générations des gros Pu- rons du Chêne , & en mettant à part les œufs pondus par les femel-- les des dernieres Générations. On pourroit encore demander fi les Pucerons , qui viennent d'œufs, font en tout femblables à ceux que les meres mettent au jour vivans ® fi, par exemple , 1ls fe dépouillent autant de fois £ s'ils parviennent à la même groffeur & dans le même tems © sil y en a qui prennent des ailes, & d’autres qui en demeurent dépourvus, &c. esse 204 OBSERVATIONS OBSERV ATION XX. Que les Pucerons pourroient fournir de: belles couleurs. L OBSERVATEUR de la Nature doit fe propofer deux buts dans {es recherches ; le premier, de perfe- ionner fes fentimens d'amour & de refpeét pour la DivinitTE , pat une connoiffance plus approfondie de fes merveilleux ouvrages ; lefe- cond, de contribuer au bien de la Societé par des découvertes utiles. Lilluftre M. de REAUMUR , à qui l'Hiftoire Naturelle & celle des Arts {ont fi redevables , a travaillé con- ftamment , & travaille encore dans. ces deux vûes : & fi celles qu'il nous propofe en grand nombre ne nous ont pas encore valu tout ce que sur LES PUCERONS. 20$ nous avions lieu d’en attendre, c’eft que le nombre des Phyficiens tels que lui eft très-petit. Élevé , pour ainfi dire , à fon école, je cherche aufli à rendre les {nfectes utiles, & j'ai à propofer en ce genre fur les Pucerons une idée qui me paroît mériter extremement d’être fuivie. Il s’agit d’éprouver fi plufieurs ne donneroient pas de belles couleurs & des couleurs durables. Ceux que Jai écrafés me portent à le croire. On dit que les Peintres manquent de beau verd ; ne le trouveroient- ils point dans les Pucerons © La fa- cilité avec laquelle ces Infeétes fe multiplient, & le nombre prodi- gieux de leurs efpeces, femblent au moins nous y indiquer quelque uti- lité confidérable, Au refte lidée de faire fervir les Pucerons aux teintures ne m’eft pas 006 OBSERVATIONS particuliere. Le P. PLumier , Botas nifte célebre, y avoit déja penfé ; . comme on peut le voir dans fa Ré: ponte à M. Friperic RiCHTER , Doéteur Médecin , fur la Cochenil- le , inferée dans l'Article CLX. des Mémoires de Trevoux, pour Pan- née 1703. mois de Septembre, pag: 1682. & 3. En voici l'extrait. « lieft certain que la connoiffan- sce de plufieuts beaux fecrets de » divers Arts & de diverfes Scien » ces, ne nous eft venue que pat » quelque accident , tel que celui » de l'Araignée qui tombant écra- » fée dans un verre plein d’eau la > téignit en bleu. Il y a quelques » années qu'herborifant dans la prai- » rie de notre Couvent de Greno- » ble, jarrachai une Plante de Ta- s naîfie commune, Taracetum vul- s gare, C. B. Pin, 132. L'ayant arra- - SUR LES PUCERONS. 207 >» chée j’apperçus mes mains & mes >» doigts tout enfanglantés ; j’en fus > furpris, fur-tout n'ayant reçu au- » cune piquûre ; & je le fus encore » davantage, lorfqu’ayant vifité la » Plante, j'apperçus le dos des feuil- > les entierement couvert d’un nom- » bre infini de petits Infettes rouges * comme du fang, & tous remplis > d’un fuc rouge de même.lls étoient = fitendres, que je les écrafois très- > facilement , pour peu que je les >» preffaffe avec les doigts. J’en écra- > fai plufieurs fur la même feuille de + papier où je deflinai la Plante de > Tanaifie. La couleur en eft en- æ core fort belle. | ÿ 1& 4 son NZ CS % APE, Il FIG, XX. * FIGURE XXI, F0: >08 OBSERVATIONS OBSERV ATION XXI. Sur un moyen tres-commode © très-[ér d'élever des Pucerons en [olitude. 1E: Supplément que M.de Reau- mur a donné à l’'Hiffoire des Puce- rons dans le Tome fixieme de fes Mémoires , a déja fourni une idée des différens moyens qui peuvent être employés avec fuccès pouréle- ver des Pucerons en folitude. Il ÿ en à un autre auquel j'ai eu recours depuis, qui me paroît encore & plus commode & plus für. Ce moyen eft celui-ci. Je prends un poudrier * que je remplis à moitié d’eau. J’ap- plique fur fon ouverture un rond de carton * , percé dans fon milieu d’un trou * proportionné au diametre de la branche qui doit fournir la nourriture SUR LES PUCERONS. 209 #ourriture a Puceron. Je couvre enfüire cette branche d’un autre poudrier, de façon que Pouverture s'applique le plus exaétement qu'il eft poflible fur le ‘carton * : mais À or pour qu'il ñe refte abfolument au- À cun vuide , je garnis tout Le tour de fable fec. Cela fait, je n'ai point à craindre qu'aucun Puceron , où qu'aucûn autre Infette, fipetit qu'il fit, puifle s’introduire dans la {o- litude. Mais ce qui fait à mon fens le principal mérite de cet expé- dient, c'eft que s’il prend fantaifie au Puceron de quitter la branche fur laquelle il s’étoit fixé, il peut en- fuite la regagner, apiès quelques tours de promenades fur le carton ou autour du poudrier. On ne rif- que point ainfi de le perdre , com- me il arrive quelquefois en faifant üfage des autres moyens qu'indique 210 OBSERVATIONS M. de Reaumur. Enfin il faut ici moins d'appareil, comme je lat déja infinué. Pour mieux diftinguer le petit animal, on peut employer des cartons d’une couleur très-dif- férente de la fienne. A TABLE des Variations du Thermomerre (1), depuis|l Le o. de Juillet 1743. jufqu'au 27. de Seprembre in-\ik clufivement , pour fervir a l’'Obfervarion VI. Jours DEGRESs DEGRE£ES5 du du | de Mois. | Marin. L’APRES- MIDI. (Juillet. | Heures. Degrés. Heures. Deprés. A 4h.+.... 13. A3: hS.. 26: z 54 Z Da Detsss ss 1607 CDD CO OC EEE Tasse de VO. 00e 505.98. ——————_——— rm Ré À romane. cms sen nm ! A4h.+.....10. A 3chee.....17. 10. Devon 16% | 10.600.137 3 à PAS ONE EN D focssesessesoeeose A4:h.7..:...9. HAS he ee de ho. FT needs h7ss iQ. ee .l4. IP h-10 lososssoesossesee A 4.h.......11+ bebesececevesesee 12e Devesvses 18. LASTO; RAR). LE2. | IZco.09ee [9e SOC ICE OC ES “| À 4.h.+....,.9 A 3.h....:..18+ À 13° Dersveeres 17e | Deooveese 167 & PAS es sente 18. lecesesecceseceecees =: ï Auch. 1....124,: RTS OS NE + Fe 14. JSoecesers.e 13° À 9.h....:..11.2 IZ2ecosso...13: a: hr. 1: A 3h70. 14. 15. Je Je 10 ! D ressoes 10.+ A2 sea he li er bossseseecesee © jet A he PR ET A {1) Ce Thermometre , qui eft celui de M. de Reau- mur , a été tenu à l’Air extérieur : mais la température du cabinet, où les expériences rapportées dans PObfer. ‘vanon VI. ont été faites , ne différe que de quelques de- grés de celle du dehors. Jours EGRES EGRE'S | du du | de R| Mois. MATIN. L'ÂPRES - MIDI. Juillet. [ Heures. Degrés.|Heures. Degrés.|| i I 16. À 4. h.+....10. À 3. h: 28 137 , R I2essosese 15. Dessous 10.7 À4.h.4....10. : A3.h.......16. 17e 9esee..e..15. De °.s.ce.127. 12e he sesteeceeeescese F A 62h28. STE AGP RENTE les [de Deeseveoe.12.7 | A S:h ee .E. LO.7 À 3.h.£..:. 19. I9e De eee 15.+ Desecsses 13.7 IZoeoseeoes 17: CR À 4:h.75.... 10.7 |A 3.h.2.....58. 20. Dronneoes. 160 Dec. 11.4 IZeosssou..17.+ A4.h+......8. p 23 A CRETE S 165 IZ2eessesses 20. Aa h:2.....13+ F 5 À Drreereee 14 12e ve bee. À:a h.%.:...:9. 23e Dvoscerce.ll. 12-000 .:14. A4 h.+£.....94 [A3.h......18.2 | Z4o Does 14. Devocuywee 12.7 Là A:3.he 21. 2e Ê De ses.eoe.13.7 A3.h....., 12 é Devsoeser 10.7 eee cceeeéesaeecti ee ——————— As#Ree nee 10, oo M IZevose.es 17. cssoreceecoss..cià Aah.......5. AS He... 25: Decocsses 17. DA seteleie = 14.7 1Zesessose 19. seesecceceseseseces È DE cr ES du MaTIn. Heures. Degrés. A 4. h. geocelle De cr (OR Taesosesses 207 À 4. TÉRINTUT Deseosece 21.+ EE Ste ciel el2i2 À 4. LEA Has ete ee IIS Aa he... 82 Oiéte saisies Le SE Te 10.5 De LÉER à ARTE ARTE EIRE DES 21.2 À 4.h.i....122 Deeereese 21e DUR RER EE à Août. |A 4.h.i Or. 23° _Zessesere 23e DFE Ée...14.5 Si. 20. POI 0 ARR A A4.h.i.... 13. On SPA. 20: IZosoossse 21.7 eee 14. L'APRES - MIDI. Heures. A 3.h......21. Dostaruete dun TT 14 Degrés.i] Mao 2 Dceveccree 14.7 1 A he... 18.4 (k PARENT 12 5 À midii.... ous 3: Dee 20. & De reeorse147 1h Ah. 2 Doosesecce 16. A 3h50 Deere 17e 30e9000e0@e02ecestblh Abies 24. TO essor TO 6e06..0000eeeecc) Se ee0e-8aeeceeecceelrk —————— AO his 14.7 . Heures. 8. TE NN PE IC. +0 12. 12: du MATIN. Degrés… 5È zeese.1O. An ) A :20.e.s 19. ——— À 5. TEMINE Reese Hot [ZDsccecseceeo 19e Fe Dei Dessaceose 17: SEE te GEO Eu Ash Diaescceses 17e | 12e seine MO pre ; «| Devon 16.7 ER ROES SOS PAR. h 6. eess 8.5 Desseseerc 17. IZ2oeec.esee 15. MAS Rosa Bees 10e ÉLUS NAS. RS Ho DR 20 US TS UE re RARES I Il.oseeases 20.7 °..107 EN L'APRES- - MIDI. ‘Heures. | Degrés. é À 3. \ . «ee 19.7 _ FO. T2 4 14. |A 9. HOLLE 17, jus ha LE | 9 SN 06 FEU : teeecesscececessa { LA 3h 10 Pc | Dise ae EES LCR NE ECO COR D ET PERMET 19 | CHMEEEEETS ET .e0.es5ee.0e0.e0ii À 3h. hi Ta | TO. ee Aa 864ecesesecesececl!z PER RE b. DENT | Devos 13.5 sces.eeccseecsscelÆ We 3h ere Drosoovse «147 656605. PET AE hic... 114 9. eee 14 604666000993... ae RAS Un = Doscoross 167 062e90-e68eecacesa}? Jours | DEGRESs DEGRE’Ss du du de Mois. Matin. L'APRES-MIDI. Août. | Heures. Degrés. Heures. Degrés. î À $.h.+....13. A her 022. 14. Deere Ho F OR PES PNR D'UN te 069096000098. RNA SR Era Ml 15° 9. noce 22 3° sos 23: [leo 24 Den lOe QE a dE fase 2 TE UE RE ES Mr ARR UE re PAS he. . 5.18 16. Doecrosese 20. Deescecee 16. I2es.ooesee 22, eve 008.00ce REA chiite 142 Ah. :l.r0e 17. Deoooreee.18. Dusososso.l4r 120000... 19. ..08eee00e0e0e Ash: fs. To 18. 8. sous. 15. 3:h.L....15.2 Dereeose ss 1247 | Hecsesese 19% fssesessssesssee À $.h°5.....10.5 |A 3.h.......18. 19. Destesesehe 16 Dooseoses 14e TJ Zee ce aies - 117: ÉiE MUR AO, DER DAS HA aies Ash, res 20: Deoossssee 17. DoesesoecslA. DT ENENIE OT ES EFORDE - Poire 406088 0 00289 + ee A6. he: 2455. 14, RER AE 19. 21: De fa aiote LG Deossesss 147 TIZeosssecs 18. 240050666060 c,9e d A5.h:.4...10. |A 3:h:-.2.0,18. 2 Le COOPERPEPES CE Degcoorr13+ 1200000606: 17e TT EE OO CHOC É RSR RS EN IRTES EEE TE CPE EE SAN PE EEE OI En SRE ST RTE TE Te ee DPRRE pie PR RTR MR ES PITETCG/ IE 3 du Marin. Heures. A S.Nir-ete K2e Qsasseece 14.2 IZ.occsrsoc. 17. rate Dead es Éd les Tessseoss 18. À ;.h.- Se: ape À Er à 12.000006 ie 17e Ari lies Hors LES LZrecereosel4z A jh +.....12.4 Be Tae.e.147 Jrenseue se 147 PE Rae AE er A 2 AS He HR RNTeS 12. Irene RE 7e 24 24 25. À SV PRET Druossosses 1847 Theses: 5e I 9. Degrés ” h.z. a 4. 1247 À ce UE DEGRE’'Ss de L’APREs-Mipr. || eu Degrés.|À best RL 25,4 0 0.9 @ ©, o © + à © ©, 0. ©, EN RP E | es AS het Dressossasd3. 2660002268 ceces # L1 D im Im , V + Dessceresa13 — ass éscetesess3ese. Az ht Janet ie A 3. h......17. 9. eneso.se 137 À 3 h.......19% Deosecesss 152, A3 hu. tr8# Ditoettes 1 4t468e8a66eseese e 14 |A 3. Ho. -l 192 Drsoosessel5S. 2eseaeasssceceees | D É GX FES du Mois. MaTin. L'APRE’S-MIDI. Sept. Heures. Degrés.| Heures. Degrés. A s. h.2 ER RTS de À 3. hr. 22e, à: 2. 0. 4c dite Dis mialaie ele oi 10e I2. ele se. 20e 8 920-ave9c0es Ash aie PA 74h64 PHONE ME TE Dress ses 147 A LIN dE à 000.266. PASS he .0.e 12.4 À 3. VEN Ne 3° Droscococes 15.7 Bieuosoe °12e 12... IS fosses 6200928. een a — en. A3 Dre 4e Dosesere. 16e Doousess °12:. Taeserocee SE 2.000590. 9aQ eq A 5.H523%..5. LA Hu Le APR UE A CE 8. Seerese.15.7 Eds os d'Sstee LS .e.ee5e%e6°6s0a Z. 2e APT CNE à “Id A 3.h.......16,2 T2 seek 7 CHEAP HUMSTRES À 5H died A3. Dee 19. Dosooses 15e Deosseose 14e LAS see JO 0.850604 À . h.£.,...10.7 | À 3. OR na 16. Be oo se : 16. Dissosene En . — —— — 12: se ane TO 259900660300 Ds bi 10 |Annisii ia Desoososs PA (10 2. here 15. 269.528 Dosersesel2ze. MaTinx. À 5$.h.i.....7+ 2-0 CARS SZ € 16.+ F2, e ces .18.+ PET PL SE ETS Besse. 13. Deorsesos 17.7 OL 8. = SRE +.%.0:6e93920e08 Dee ES: 2... se. .18.+ ES OA EN Descesses 16 12/6 este ss 14.7 Drsscececes PS IZ.eces0ss 10. DEPAé her. X: KZ-otsspmeot 11: Heures, Degrés. AG. he SECTE Ath LE II RASE CE A $.h.3....72. A"çs:h:2... 71e. A6.h........8.1 L L'APRES-Mip1. he euh Heures. Degrés.|EÆ A 4.h...... 142 Gross. .13. A 9.biee 9e 24600 c.000e 6-0 «© © Aio.h: 2122 3356.06 00-.9S À 3. 2....17+ Does ssse .15: À 8.h.5....714. 4 e0e6e6e0S.e.%e0 A midi... lé. 3 AE oc 17 C'AEE 3 — 006800068959 QG0 © À 9.h.......15.+ 955628006088. e A 3.h.... rs Gseeseeoe e 108 646886660686 © AK... Drousvossse Be 502696660506. Az.HL 70H Drossssssess Be NE EN ER : 1 Ac heipos À 3. Ra À 6. IREA Fee.es4 23° 24. A6 hi Rene 2 A6. h 26, D. ce à s du Marin. Heures. A 6. bios ae:7, Gros .10.+ EH RE MnÈre 30e _ “'AÉMERES. Fes 12. CDR neue cmeelO. ID clore se UE À 6. FE *. $.z î Doosesess 10. IZ.oossess .12.+ Deovorsse 10.7 Too... 13. 2 …ocose 07 DrosorssesIlT 25e e ses set, I4. Degrés. Heures. DEcRESs de L'APRE’S-MIDI. | Degrés. | A 3. RENE 1 Des eee .8. il MENT Desonoesee 59e A: Rio eeredgez Dee nie Se ——————— ——— A53-hc-...12. Dos... e 3e2%e-%e8eece6eeecx A 3. élire Oral sectes 07 42862 aeceseshi AAA re se. 09.7 3... 02074 ‘2 Doosvooree 9.7 || Zn nl 6 bi: de ce TENNIS jets esto; LE MPG. RUE Its els etete sis es ee ce: er — h . LA EIAREREREREETE FOR nero ets se fi CÉTÉTÉTIATETITÉTATETATÉTERTE EXPLICATION DES FE LGURES PLANCHE PREMIERE: g Wree les Figures de cette Plen- che, ainfi que les 15. premieres de le Planche II. ont été prifes du troifieme Tome des Mémoires de M. de Reau- sur fur les Infeites. La Freure I. eff celle d’une brar- che de Sureau , dont la tige eff toute couverte de Pucerons en p qr. Depuis p juqw'en q, les Pucerons [ont des plus petits , ce font des Pucerons naïl[ans , ou des Pucerons encore jeunes. Depuis Q jufquen x, il y à de plus gros Puce- sons , des meres qui accouchent ; ou qui, ExPLICATION DES FIG. 255 pres d’accoucher , font pofées fur un lit de petits. La Fire Il. repréfente une petite branche de Poirier , dont deux des feuil- les ad,fhi, ont été roulées par les Pucerons qui [e font établis [ur leur de[- fous. Les grains qu'on voit en1, font de ces Irfeites. LA Fre. Ill. montre une galle d'Or- meen vélie sU,Uu,u, cétte galle: p,o;r, euverture quon lui a faite pour mettre une partie de [a cavité à découvert. LA Frce. IV. repréfente un Puceron non-ailé du Rofier, greffi au microfce- pe, © vh par-deffus © de côté :t, [a trompe dans la pofition où il la tiens lorfqwil [ucce le fuc d'une feuille. c, c, les deux cornes creufes, ou les deux tuyaux qu'il porte fur fa partie polté- rieure, La Fire. V. ff celle d'un Puceron ailé du Rofier , groffi au microfcope, Or 522 ÉXxPLICATION > voit que [es quatre ailes font appliquées les unes contre les autres , fur le corps entre les deux cornes; © perpendicu= laires au plan de pofition. Une des deux cornes eff ici à découvert , @ l'autre eff apperçue au-travers des ailes. q , efpe- ce de queue qu'ont auffi des Pucerons non-ailés. La Frc. VI eff celle d'un Pucéron du Hêtre, groffi à la loupe , © couvert de fon coton. ©, ©, deux efpeces de cornes faites par les deux parties , dans lefquelles la male cotoneufe [e partage naturellement. t, le bout on ef? la têre du Puceron. La Frce. VII. montre au naturel un de ces gros Pucerons qui Je tiennent Jous l'écorce & dans les crevalfes des Chênes. t, la trompe qui apres avoir pale fous le ventre de l'Infeite ; lui for- ane une epece de queue. La Fire. VIIL repréfente le Puce= | DES FIGURES. 223 zor de La Figure précédente , vH par- defus & groffi au microfcope. a, a, fes antennes ,1,1,1, fes jambes ,t,0,p, {a trompe compofée de trois parties ou éuyaux 5 C, C, les rebords circulaires. - La Fire. IX. df celle d'un Faux- Paceron du Buis , groffi à la loupe, & qui a au derriere une efpece de Vermi- celli de matiere tranfparente que l'I- feële rend par l'anus 5 celle de différens Faux-Pucerons Eff différemment contour- gée 5 U,S, ces efpeces de Vermicelli. LA Frc. X. repréfente en grand le Moucheron dans lequel le Faux-Puce- Ton du Buis fe transforme. t,fa trompe. La Fc. XI. montre une portion de feuille de Figuier , [ur laquelle de Faux- Pucerons ,p,p ; Sc. fe font appliqués. LA Fre. XIL. repréfente en grand, G vh par-deffus , un Faux-Puceron du Figuier. e,e, les fourreaux des ailes 5 en a, ff fa tête, - 224 ExPLIiCATIoN | La Fire XIII, fait voir en grands par-deffus © de côté, L'Infeëte ailé dans lequel le Fzux-Puceron da Figuier fé nétamorphofe. PLANCHE SECONDE: La Freure I, fait voir un Ver mangeur de Pucerons placé fur un mor= ceau de branche de Sureau , convert er partie de ces perits Infebtes ; u, ee Ver qui fe faifit d'un Puceron. p,p,p; es Pucerons. T, marque une place vuide ; où le Ver & mangé les Pucerons qui y étaient ci-devant. La Fire. II. repréfente en grand le Ver de la Figure précédente 35, $ , or- ganes poftérieurs de La refpiration , qu'ih tient alluellement prefque couchés. o,un des fligmates antérieurs. p , un Puce- ron que ce Ver fucce. La Fr. LT. eff celle de la Monches dans laquelle le Ver des Fig. 4. @ IL. fe métamorphofe. La DES FIGURES 22 La Fre. IV. repréfente ur petit Liof de Pucerons di premier Genre; vh 4 &arurel b La Fire. V. ef? celle dun Lion de Pucerons du fecond Genre, de grandeur satur elle. | La Fre. VI. montre la Demoifel- y dans laquelle les petits Lions Je ra LA Frce. VII répréfente au natu-= zel un de ces petits Lions du troifieme Genre, qui fe couvrent des peaux des Pucerons qu'ils ont [uccés. La Fre. VIIL, montre ce petit Lion groffi à La loupe. Ÿ, {, fa couverture. LA Frc. IX. fait voir un bout de ranche de Prurier, fur lequel des Mouches du Lion des Pucerons ont at- taché leurs œufs; d,0o,m,0o; divers petits 145, ou plutot différens bouquets de ces œufs. LA Fire, X. repréfeme le peti Ze Le 326 ExrLICATION feite nommé le Barbet blanc des Puces rons ; dans [a grandeur naturelle. La Fire. XL le ere srofft à la loupe. LaFrce.XTI. eff celle d'un Ver man- geur de Puserons , qui [e transforme ex Scarabé hémifphérique. Ce Ver eff re- préfenté ici de grandeur naturelle. La Frc. XIII. montre au nature le Scarabé hémifphérique ; dans lequel fe transforme le Mange-Puceron de la Figure précédente. La F1c. XIV. montre en grand us Puceron mere non-ailée du Poirier , quë met un petit æu jour. C, ©, les petites cornes. Q;Q, éfpece de petite queue. n; le Puceron naiflant. 1 La Frc. XV. eff celle du Puceron de la Figure précédente, dont l'accou- chement ef plus avancé. Le petit ef prefqwentierement forti du corps de[a. mere , il morire © étend [es fx jam: bes,1,1;1;1:15k 5 DES FIGURES 227 Lu Fire. XVI repréfente un pot de terre, tel que ceux où on met des fleurs. Las Fic. XVIL eff celle d'une bou- geille de verre , deffinée à être mie dans le pei de la Figure précédente. LA Fre. XVIIL repréfente le pot de Le Figure XVI. dans lequel la bouteille e été mile, & qui ef couverte jufques _ près du goulot par la terre dont le pot 4 été rempli. Au-deflus du goulot de cette bouteille s'éleve une petite tige qui porte des feuilles , fur une defquelles un Puce- _ ron naïffant a été pojé. LA Fre. XIX. a de plus que le Fig. AVIIT un vafe ou poudrier de verre, fous lequel [ont renfermées les feuilles qui doi- went fournir des fucs nourriciers au Pu- ceren condamné à vivre dans une par- faite fobitude. Les bords du poudrier font exaibement appliqués contre la terre, & en fort couverts. La Fire. XX, éft celle d'un pou- P à 558 ExPLICATION DES Fic: drier de verre à moitié plein d'eau: = La Fire. XXI. eff un rond de car= ton , percé dans fon milieu d’un tro 0, lequel va être pofé [ur le paudriex de Le Figure XX. La Frce. XXII. montre ce pondrier. convert de [on carton c , par le trou du- quel palfé une tige de Plantair , dont. Pépi ff renfermé dans un autre Pre drier de verre, dont louverture s'ap- plique exattement [ur le carton c. LA Fre. XXITII. repréfente au 14 aurel les accroiflemens journaliers d'ur Puceron du Fufain renfermé à [a naïf: Jence. ù Me 2 Ps ro A là & ANS #14 A N7 /, FR LA K Li g mA DC?) un, \) À 2 y = Nas ZE NN Ss = A | YA NE QU jl À | hi { 1994 il: | À VE j DEN ”:()) AA DNS 0) No NE HN . HAS fl = 1 f Ÿ Al {if | Haussard. Sculp . Haussard. Seulp . Hauss ar À Toul Le observakions sur les Pucerons. PL à Haussard Seul. r ” js Lo ee ré © ” er Haussard VC Ê OS} Pl a. 2) » observations sur les Pucerons, PL 3 Fig ..1: le À TRmAT TN" = \ ais 7 Ÿ \ En Haussard Der? . AS f: o ny ji Û Sarnia has HET hé — F fr [CES OS, observalions sur les Pucerons, PL. 8 c Fig. 8. 0900000 0,, ERNITE D'INSECTOLOGTIE, SECONDE PARTIE, TRAITÉE D'INSECTOLOGIE: Oo U OBSER V ATIONS SUR QUELQUES ESPECES DE VERS D'EAU DOUCE, Qui coupés par morceaux, deviennent autant d’Animaux complets. Par M. Cartes BoNNeT, de la Société Royale de Londres, @ Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences de Paris. SECONDE. PARTIE. . D. PARTS; Chez Duran, Libraire, rue Saint Jacques, à S. Landry & au Griffon. Mr D CC: NEW. Avec Approbation œ Privilege du Roy. Hec incomprehenfibiles nobis fummi F4- BRICATORIS indicant perfeitiones , cum ls vel omnibus hifce minutiis [uum cuilibet mo- mentum motumque impertierir. SWammet- dam, Biblia Naturæ, Tom. L p. 58 4 OBSERVATIONS SUR QUELQUES ESPECES DE VERS DE NU "DO U CE Dont chaque partie féparée du corps devient un Animal complet. INTRODUCTION. Hifloire abrégée de la nouvelle Décou- verte, L_Hisroïne Naturelle fi féconde en faits finguliers , n’avoit rien en- corc offert de plus extraordinaire 2. : OBSERVATIONS | que cette propriété commune à di vers Infe&es qu'on a coupés par morceaux , de devenir autant d'A- nimaux complets, & capables de toutes les fon@ions de l’Infeéte en- tier. M. TREMBLEY, mon parent, qui fait aétuellement fa réfidence à la Haye en Hollande , & dont lha- bileté dans Part d’obferver eft au- deflus de mes éloges , eft , comme on fait, le premier Auteur de cet- te Découverte. Ce fut fur la fin de Janvier 1741 , qu’il me l’annon- ça en ces termes. « Je ne fais pref- » que fi je dois appeller Plante ou » Animal l'objet qui m'occupe le » plus à préfent. Je létudie depuis > Je mois de Juin : il m’a fourni des » caracteres aflez marqués de Plan- » te & d’Animal. C’eft un petit Etre | » aquatique. Dès qu’on le voit pour » la premiere fois, on s’écrie que sur Les Vers D'EAuDouGr. 3 & c’eft une petite Plante. Mais fi # c’eft une Plante, elle eft fenfitive » & ambulante ; & fi eft un Ani- » mal, 1l peut venir de bouture coms: > me plufieuts Plantes. J’en ai cou # pé en trois parties: il eft revenu = à chacune ce qui lui manquoit w pour être telle qu'étoit le tout » avant d’être partagé ; chacune à æ marché, & fait juiqu'ici tous les # mouvemens que j'ai vu faire à PA: > nimal complet. ». Däns une autre Lettre en date du 24. Mars, M. TremBrey en men: voyant ün deffein de fon petit Etre aquatique, m'énfeignoit comment je devois m’y prendre pour m'en procurer. Il n’en falloit pas tant pour pi- quer beaucoup ma curiofité : im- patient de la fatisfaite , je me mis donc en campagne, mais fans fuce À 1j 4 OBSERVATIONS cès. Au défaut de la produétion exà traordinaire qui faifoit l’objet de mes recherches , j’attrapai une forte de Ver long , fort agile & fans jam- bes, fur lequel il me vinten penfée de tenter ce genre d’épreuve.Je crus que fi la tentative que je méditois réufffloit {ur ce Ver, bien reconnu pour Animal, j'aurois démontré qu’il y a réellement des Animaux qui peuvent être multipliés, pour ainfi dire , de bouture , ce qui confit- meroit la belle Découverte, encore naiffante, de M. TREMBLEY. L’ex- périence réuflit effeétivement : mon Ver partagé en deux me donna bien- tôt autant d’Animaux complets. Je ne manquai pas de les fuivre tous lés jours bien régulierement, avec tout le foin & toute l'attention qu’ils méritoient. J’eus le plaïifir de voir , en quelque façon, fe former fous suR LES VERS D'ÉAUDOUCE. $ fes yeux la tête & la queue: je vis les vifceres fe prolonger dans l’un & l’autre Ver , & ces nouveaux or- ganes s'acquitter de leurs fonétions, de la même maniere que les anciens. Je ne doutai plus après cela que PE- tre aquatique de M. TREMBLEY, maloré fa reflemblance avec une Plante , ne dût être un Animal. En effet il m’écrivit prefque en même tems, que c'en étoit véritablement un , auquel M. de REaumUR avoit donné le nom de Polype. Mon deffein n’eft pas de donner ici un précis des Découvertes de M. TRrEMBLEY : c’eft ce qui a été parfaitement exécuté par M. de REaumur , dans la belle Préface qu’il a mife à la tête du fixieme Vo- lume de fes Mémoires fur les Infe- tes. Je me bornerai donc au récit de mes propres Obfervations , & je À ü = 6 OBSERVATEONS commencerat par la defcription dé Ver qui en a fait le principal ob= jet. Quelque fimple que paroiffe fruéture au premier coup d'œil. dès qu'on vient à lexaminer de plus près , on y découvre des parties aufft propres à s’attirer l'attention , que celles des Animaux que nous jugeons les plus parfaits. Se mt > a OBSERV ATION PREMIERE, Defcription de la premiere Efpece de: Ver qui a fait le fujet de ces Obfer- Vations. TE Ver * dont il eft queftion; EL.IV. eft d’un brun rougeñtre , plus fon- cé dans le milieu du corps que vers. les extrémités. Sa longueur eftd’en- viron 15.à 16. lignes, quelquefois elle va à plus de deux pouces. H sur LES VERS D'EAU DOUCE. eft gros comme une chanterelle de Violon, ou même plus. Son corps eft formé d'une fuite d’anneaux membraneux , qui vont toujours en diminuant à mefure qu'ils appro+ chent des extrémités. Ces anneaux font garnis chacun dans leur partie inférieure de quatre à fix efpeces d'épines * blanchâtres, qui fuppléent au défaut de jambes. Outre ces épi- nes l'extérieur de ce Ver offre en- core quelque chofe d’aflez remar- quable , & qu’on obferve avec plai- fir au microfcope : ce font les Muf- cles qui fervent au mouvement des anneaux, & qui forment une infini- té de lignes circulaires , ou de plis paralleles les uns aux autres, dont Péclat de la peau augmente beau- coup le relief. La Tête * n’a point, comme celle des grands Animaux, de figure conftante. L'Infe&e l’al- À ülj VOTENT C; CC; ÊECe * A, SE HT À # D. 8 OBSERVATIONS longe , la raccourcit, la dilate & Ïa contrate à fon gré. Quelquefois el- le montre de chaque côté deux pe- ütes élévations * , qu’on diroit de- voir être la place de deux yeux ; ce qui eft au-delà fe termine en pointe pour donner plus de facilité au Ver: de percer le mon dans lequel il fe tient ordinairement. À l’endroit où la tête a le plus de diametre , entre les deux élévarions dont je viens de parler, eft placée la Bouche *. Eorfque linfecte l’ouvre, Pouver- ture qui fe diftingue nettement, pa- roit circulaire, & garnie tout autour * Freure d'un mufcle affez épais *. C’eft en VI. & partie ce mufcle qui, en s'appliquant exactement par toute la circonfé- rence fur un plan uni & perpendi- culaire à l'horizon, permet à lIn- feéte de s’y promener d’un endroit à l'autre, Plus d’une fois il m’eft ar- sur LES VERS D'ÉAUDOUCE. 9 rivé de voir s'élever au-deflus de la bouche comme une efpece de vef- fie * qui étoit alternativement pouf *Frc.VL.H: fée au-dehors, & retirée en-dedans. Vue de côté , elle avoit quelque air d'un mamelon *. Seroit-ce là la * Ficure langue de notre Infe&e, ou du un moins une partie équivalente ? Je le croirois volontiers. À Pautre ex- trémité du corps eft une ouverture eblongue *, dont le grand diame- ins 7 tre eft parallele à la longueur de XIV. 4. PAnimal, & qui donne paffage aux excrémens *. Mais rien n’attire plus * Fic. I. l'attention , dans cette efpece de Are Ver, que la grande Artere *, Ce . F16+ V: vaifleau que le célebre Mazrienta * CCC. cru devoir regarder comme une a chaine de cours, & qui dans les Chenilles , ainfi que dans quantité d'autres Infe@es, eft étendu en li- gne droite tout du long du dos, L =" * fo (OBSERVATIONS := © eft ici plus ou moins replié dans: différentes portions de fon étendue. Souvent ce n’eft d’un bout à Pautre que plis & replis. Dans ces routes tortueufes ferpente la liqueur ana- Jogue au fang. D'inftant en inftant on voit une goutte de cette liqueur qui part de Fextrémité de la queue: enfile tous ces ziczacs , & va fe per- dre enfin dans le cerveau. On la fuit aifément dans la plus grande partie de fon cours, par les mouvemens alternatifs de contrattion & de di- latation qui s'excitent fucceflive- ment d’anneau en anneau : 1l fem- bleque chaque portion de l’Artere comprife dans la’ largeur d’un de ces anneaux, foit elle-même un vé- ritable cœur (1), qui poufle à ce- (1) C’a été, en effet , la penfée de MAz- PIGHI , comme je l'ai déja infinué, & comme on peut le voir dansfa Differtation fur le Ves a foie, Cependant , quoique cette multiplici- { sur LES VERS D'EAU DOUCE. 11 Jui qui le fuit la goute de liqueur qu'il a reçue de celui qui le préce- de. On ne peut fe laffer d'admirer le fpettacle qu’offrent ces mouve- mens continuels de Syffole & de Dya- ffole : mais pour en bien jouir il faut fixer fes regards fur le milieu du Corps. C’eft où l’Artere a le plus té de cœurs aît quelque chofe de plus merveil- leux qu’une fimple artere tendue tout du long du corps , je pencheroïs néantmoins plus vo- lontiers à croire qu'il n’y a dans nos Vers, non plus que dans les Chenilles, qu’un -feul vaïfleau deftiné à pouffer la liqueur analogue au fang. Mais comme çes Vers font à propor- tion beaucoup plus longs que les CheniHes qui le font le plus, & que le fang auroïit eu par conféquent plus de peine à y circuler, à mefure qu'il fe feroit éloigné du principe de fon mouvement, fi la grande artere eût été faire précifément fur le même modele que cel- le des Chenilles , j'imagine que la Nature à placé à chaque jonction d’anneaux une efpece de valvule , qui, par la maniere dont elle joue, aide à chañer le fang avecplus de force. Je enfe qu'il en eft à peu près ici comme des Are PA tendineufes des mufcles droïts de VAbdomen , ou des valvules du Canal Tho- rachique. Cette ftructure , quoique plus fim- ple que ne l’a voulu MALPIGHI , n’en eft pas, ce me femble , moins admirable, 12 OBSERVATIONS de diametre : tout s’y pafle beau coup plus vifiblement que vers les deux extrémités. Du côté de la tè- te, fur une longueur d'environ une ligne, l’artere ne paroît prefque plus que comme un fil, qu’on a peine à diflinguer, & qui diminue conti- nuellement jufques près de la bou- che où elle ceffe abfolument d’être vifible. Mais ce qu’on ne doit pas négliger de remarquer , c’eft la ra- pidité avec laquelle le cours du fang s’accélere à cet endroit. Il femble être comme dardé dans le cerveau. Du côté de la queue, dans une “étendue de plufieurs lignes, 1lne pa- roit plus que ce foit le même jeu. Ces contrations & ces. dilatations alternatives, fi atfées à obferver dans le milieu du corps , fe confondent 1c1 , de maniere à ne pouvoir être di: finguées. On ne voit à la place que SUR LES VERS D'ÉAU DOUCE. 13 desefpeces d’ondulations, ou com me des couches de nuages qui fe fuccedent les unes aux autres avec beaucoup de régularité (1). À cha- que jonétion d’anneau on remarque de petits vaifleaux à plufieurs bran- ches * , qui paroiflent être des pro- duétions de la grande Artere. Ce- pendant comme je n’ai pu leurdé- couvrir de fyftole & de dyaftole, on pourroit foupçonner avec vraifem- blance que ce font des ramifications de veines, qui rapportent le fang au principal tronc couché apparem- ment le long du ventre. Tout du long, & immédiatement au-deffous (x) Les anneaux érant beaucoup plus fer- rés les uns près des autres vers la partie po- ftérieure du corps, les mouvemens de fyftole & de dyaftole , qui fe font dans chaque por- tion de l’artere comprife dans la largeur d’un de ces anneaux, ne fauroient être apperçus diftinétement , & de-là provient fans doute cette apparence de couches de nuages qui vont de la queue vers la tête, ddd, &c, 4 OBSERVATIONS de la maïîtrefle Artere , eftétendule * D D D. Canal des Intellins * | moins vifble Ce par lui-même que par les matieres terreufes dont 1l eft ordinairement rempli. Il eft pourvu, comme le font les inteftins des grands Animaux ; des différens ordres de Fibres mufcu- leufes, qui par l’élafticité dont elles font douées, chaflent peu à peu vers l'Azus le rélidu des alimens. Si on ne les découvre pas à l'œil, on en juge au moins par leur effet. On ob: {erve diftintement comment les ex: crémens font poullés de place en place jufqu’à l'ouverture préparée pour les laifer fortir : la tranfparen+ ce de la peau le permet. Quelque- fois néantmoins , à l’occafion des divers mouvemens que fe donné PInfe&e, on les voit rétrograder ? d'autres fois ils femblent couler,être éntrainés rapidement vers l’Anus. sur Les Vers D'ÉAUDOUCE. 1 Dans certains momens où l’Animal fe vuide, on pourra obferver vers lPextrémité de la queue comme un mouvement de fourmillement extra- ordinaire, à peu près comme fi l’eau, qui environne immédiatement le … Ver, profitoit de l'ouverture que lui offre l’Anus pour fe gliffer dans l’in- térieur. Et ce qu’on jugera rendre la comparaïfon d'autant plus juite, <’eft qu’on remarquera alors que les excrémens qui s’avançoient à la fui- te des premiers rejettés , feront for- cés de rétrograder dans les inte- ftins ; fans pouvoir pendant quel- ques minutes reprendre leur cours. Un autre fpe@tacle affez intéref- dant qu'offre quelquefois l'intérieur de cette efpece d’Infe&e , eft celui de bulles d’air rangées à la file dans leffomac & les inteftins. Mais au keu que les Poiflous ont à leur 16 OBSERVATIONS commandement fair qu'ils ont ren< fermé dans une veflie, & s’en fer- vent pour s’élever ou s’enfoncer , notre Ver en eft au contraire mat- trifé : dès qu'illuieft arrivé d'en ava- ler une certaine quantité, il ne lui eft plus poffible , malgré les efforts qu’il ne ceffe de faire , de gagner le fond de Peau , il faut qu'il refte à la furface jufqu’à ce qu’il ait achevé de le rendre. J'ai vu de ces bulles alternativement chaflées vers la nus, & repouflées vers la tête, pen- dant plufieurs minutes. Telles font , en gros , les princi- pales particularités que les yeux ou le Microfcope mettent en état de découvrir dans la ftruéture de cet Infette. Cette ftruéture, une fois connue jufqu’à un certain point, on admirera davantage la merveille de la reproduction de tant d'organes, OBSER- sur LES VERSD'EAU DOUCE. 17 OBSERVATION II. Sur ur Ver partagé transverfalement en deux parties par le milieu. J A dit que j'avois partagé uñ pa- reil Veren deux parties. Je fis cette opération le 3. de Juin 1741. Im- médiatement après je mis les deux moitiés dans une efpece de tafle de verre, de trois à quatré pouces de diamette fur un pouce ou environ de profondeur. Je ne les perdispref- _que pas de vûe : je remarquai que la premiere moitié, celle où tenoit la tête , fe mouvoit comme à l’ordi- naire. Maïs ce qui me parut bien au- trement remarquable, c’eft que l’au- tre moitié qui n’avoit point de té- te, fe mouvoit prefque comme fi elle en avoit eu une. Elle alloit en B 18 OBSERVATIONS avant en s'appuyant fur l’extrémité antérieure de fon corps; elle avan- çoit même avec aflez de viteffle.On voyoit que ce n’étoit point un mou. vement fans direction , un mouve- ment produit par une caufe telle que celle qui fait mouvoir la queue d’un Lézard après qu’elle a été fépas rée du tronc , mais un mouvement très-volontaire. On lobfervoit fe détourner à la rencontre de quelque obftacle , s'arrêter , puis fe remet- tre à ramper. Lorfque les deux moi- tiés venoient à fe rencontrer , c’é- toit comme fi elles n’euffent jamais - formé un même Infette : elles ne pa- roifloient ni fe chercher , n1 fe fuir. Chacune tiroit de fon côté ; ou fi elles alloient de compagnie vers le même endroit , la premiere devan- çoit ordinairement la feconde. Mais celle-ci ne montroit jamais mieux sur Les VERS D'ÉAU DOUCE. 19 ème forte de volonté , que lorfque je l'expofois au foleil : elle hâtoit alors confidérablement fa marche. Deux jours s'étant écoulés, je crus devoir mettre dans la taffe un peu de terre & de lentille aquati- que. La premiere moitié ne tarda pas à s’y enfoncer : mais la feconde fe contenta de fe cacher entre les menues racines de la lentille. Dans ce tems-là j'obfervai au bout anté- rieur de cette moitié une efpece de petit renflement, une forte de bour- let analogue à celui qui vient à une branche d’arbre dont on a enlevé circulairement une portion d’écor- ce : je ne le diftinguai pas fi bien à l'extrémité poftérieure de l’autre moitié. Ce bourlet fembloit lui don- ner plus de faalité pour ramper, elle ne paroifloit plus craindre au- tant le frottement, B ij 20 OBSERVATIONS Le lendemain j’apperçus à [a cou: pe de chaque moitié un petit ac- croiflement reconnoiflable par la différence de couleur, qui étoit là beaucoup plus claire que dans le refte du corps. Les jours fuivans tout devint plus fenfñble. Enfin au bout d'environ une femaine chaque moitié fut un Ver complet. La tête qui avoit pouflé à la feconde , étoit précifément telle, quant à la for- me , que celle de la premiere, & capable des mêmes fonétions ; & la nouvelle queue de celle-ci, en tout femblable à celle de la feconde moi- tié ; le cœur, l’eftomac, les inte- fins , &c. s’étoient prolongés dans l'une & dans l’autre ; de nouveaux anneaux avoient pouflé à la fuite des anciens. En un mot, tout ce que le premier Ver faifoit avant que d’a- voir été partagé, nos deux Vers qui sur LES VERS D'EAU DOUCE. 27 en étoient provenus, le faifoient pa- reillement ; même agilité ; mêmes inclinations , même façon de vivre, de fe nourrir. J’avois foin de mefurer de tems à autre leur accroiflement , avec au- tant de précifion qu'il n’étoit pof- fible. Lors de lopération ils avoient chacun environ un pouce. Le 22. du mois ils enavoient près de deux, Je continuois à les fuivre, & je me promettois bien de pouffer lex- _ périence auffi loin qu’il fe pourroit : mais ils trouverent au bout de quel- ques jours, à mon grand étonne- ment, le moyen de m'échapper (1). (1) Jai eu lieu depuis de foupçonner qu’a- yant quitté le fond de l’eau , & s'étant mis à ramper le long des parois de la tafle , en-de- hors, ils s’y étoient defléchés , comme je l’ai vu arriver plus d’une fois. Il croît contre les parois du vafe une efpece de moufle aquati- que qui donne plus de facilité à l’Infeéte pour ÿ ramper. Afin de prévenir cet inconvénient s il eft bon de changer quelquefois de vañe. B üj 22 OBSERVATIONS OBSERVATION III. Sur des Vers partagés en 2.3. 4. 8.10. 14. € 26. parties. ÎLE fuccès de PExpérience dont je viens de donnerun précis, & l’ex- treme envie que j'avois de pouller plus loin ces rècherches, ne me laifferent pas long-tems tranquille. Je cherchai bien-tôt à me procurer d’autres Vers pareils au premier, & j'eus le bonheur d'y réuffir. Je commençai d’abord par ré- péter ma premiere Expérience. Le fuccès ne fe démentit point. Un de ces Vers partagé (1) tranfverfale- ment par le milieu, me donna en peu de jours deux Vers complets. : Veffayai enfuite de pouffer la di- (1) Ils font trop efflés pour pouvoir ête partagés lonsitudinalement. sur LES VERS D'EAU DOUCE. 23 vifion plus loin, & de partager de ces Infetes en 3, en 4, en 8, en 10, en 14 portions , & toutes , ou pref- que toutes, reprirent tête & queue Enfin j'ai été jufqu’à couper un mé- me Veren 26. portions,dont la plü- part ont repris,& dont plufieurs font devenues des animaux complets. mt A OBSERV ATION Ivy. Remarques générales [ur ce qui a rap- port à la reproduition & à l'accroi[- fement des extrémités de ces Vers, Variétés qu'on y obferve. CEsr ordinairement deux à trois jours après l’opération, en Eté, mais feulement au bout d’environ dix à douze en Hiver, que j'ai vu des moitiés de mes Vers commencer à #e completter. Dans de plus petites Büi # Fc. E. IE. &c, ab, 24 OBSERVATIONS portions , dans des douziemes ;, deg quinziemes, des vingt-quatriemes , la reprodu&ion ne fe fait pas à beau- coup près fi promprement ,eomme on le verra ailleurs. La tête eft à l'ordinaire celle qui fe développe la premiere. Elle s’'allonge continuel- lement pendant unefemaine & plus; jufqu’à ce qu’elle ait atteint la lon- gueur d'environ une ligne (1), ou une ligne & demie * : alors elle cefle de croître. Il n’en eft pas de même de la queue : après avoir bien-tôt (1) Je ne veux pas dire par-là, que la tête proprement ainfi nommée ; c’eft-à-dire , cette partie qui comprend le cerveau, la bouche , &c. ait la longueur d’une ligne à une ligne & demie : ik s’en faut de beaucoup. Maïs je don- ne ici le nom de tête, non feulement à certe partie à qui on ne fauroit le refufer, maïs encore à un aflemblage d’anneaux ( Fig. I II. €>c. a à. ) qui pouflent conftamment à la fuite , & qui pris enfemble font une longueur d'environ une ligne. Ce fera là, fi l’on.veut, la partie antérieure de l’Infecte. Pour abréger j'ai cru pouvoir négliger cette diftinétion, & qu'il me {ufffoit d'en avertir. sur LES VERS D'ÉAUDOUCE. 26 furpañfé la tête en longueur , elle ne difcontinue point de s'étendre. Ce font de jour en jour de nouveaux progrès ; de façon que j'ignore en- core jufqu’où cela peut précifément aller. Il mefuffira de remarquer pour le préfent, que des portions de ces Vers quiimmédiatement après Po- pération n’avoient gueres que 2. à 3. lignes , fe font trouvées en moins de fix mois avoir environ 2. pouces. Mais ce qu’on jugera apparemment plus remarquable , c’eft que defem- blables portions aient fait, en tems égal , autant de progrès que d’autres quatre à cinq fois aufli longues. Jai comparé , par exemple , les diffé- rentes crûes de la premiere moitié d’un Verde cette efpece, long d’en- viron 2. pouces & partagé le 18. Juillet, avec celles de quelques- unes des portions d’un autre Ver de 26 OBSERVATIONS la même efpece & également long, coupé le même jour en 8. parties . & j'ai été furpris de trouver de part & d'autre à peu près les mêmes quantités d'accroiflement. Mais ft au lieu de faire cette com- paraifon entre les portions de diffé- sens Vers , on la fait entre celles dx même Ver , on remarquera des va- riétés auxquelles on ne s’étoit pas attendu. On verra de ces portions qui auront acquis 12. à 15. lignes de longueur , tandis que d’autres en auront à peine 4. à 5. J'ai fait mon pofhble pour trou- ver au milieu de ces variétés quel- que point fixe, quelque regle qui ne fût pas démentie par l’expérien- ce : & en général il m’a paru que ce font les portionsles plus voifines de Ja queue , qui dans le même tems font le moins de progrès. On doit sur LES VERS D'EAU DOUCE. 27 fur-tout mettre de ce nombre la der- niere. À l'égard de celle qui garde la tête, quoiqu’elle foit fouvent la portion qui, en tems égal, reprend une plus longue queue, cela n’eft pourtant pas fi conftant qu’on puifle le regarder comme principe. Mes obfervations m'en ont fourni plus d'une preuve. Ce n’eft pas une re- gle que toutes les portions inter- médiaires qui ont repris une tête , parviennent aufh à reprendre une queue : j'ai encore des exemples du contraire. Ce qu’il y a feulement de certain, C’eft que l’état du Ver, le nombre des divifions, & diverfes autres circonftances paroïffent in- fluer extremement fur toutes ces 1r- régularités. 28 OBSERVATIONS OBSERVATION VF. Que la reproduition de ces Vers de bou- ture, peut aller comme celle des Plan- tes a l'infini. UE branche de Saule, de Peu- plier, &c. coupée & plantée en ter- re , y prend racine & devient bien- tôt un arbre, dont la moindre bran- che peut à fon tour en donner un autre , & ainfi à l'infini. Il eneft de mème de nos Vers : fi on partage ceux qui font venus par la fe&tion, ils fe reproduiront comme à l’ordi= naire. J’ai eu des quinziemes, des” Vingt-quatriemes, des vingt-fixie= mes , à qui rien ne manquoit ,.& qui étoient provenus de moitiés, de quarts. On peut juger par-là à quel point il eft poflible de multiplies SUR LES VERS D'EAU DOUCE. 29 ainfi cesfortes d’Infettes. Pour nous en faire une idée, fuppofons qu’on en aît partagé un , long de 2. pou ces , feulement en 8. parties. Cha- cune de ces parties pourra aifément _au bout de l’année être partagée el- le-même en autant de portions.On aura donc au bout de deux ans 64. Vers pareils au premier. A la fin de Ja troifieme année $ 12. À la fin de la quatrieme 4096. À la cinquieme 32768. Nous avons mis les chofes affez bas : que feroit-ce fi au lieu de fup- pofer un Ver partagé feulement en huit , nous le fuppofions partagé en 42. qui n’eft pourtant qu’un nom- bre médiocre ? Au bout de $. ans on en autoit 248832. fur la fin de la fixieme année 2985984. &c. 30 OBSERVATIONS OBSERVATION V1. Sur des Vers trouvés mutilés. Comment il leur arrive de fe partager. CErre merveilleufe propriété de fe reproduire après avoir été mis en pieces, n’a-t-elle été accordée à ces Infectes que pour fatisfaire no- tre curiolité, & ne s’opere-t-elle pas aufli de foi-même dans les ruif- {eaux où ils naïffent , loin de la vue des Curieux, & pour la conferva- tion de cette efpece finguliere d’A- nimaux © C’eft-là un fait aufli cer- tain qu’il eft remarquable : j'ai trou- vé de nos Vers, dont les uns n’a- voient point encore detête, & dont d’autres avoient commencé à en re- prendre une‘: mais 1l y a plus, jen ai tiré de l’eau dans le même état sur LES VERS D'EAU DOUCE. 32 Que ceux à qui on a coupé la tête & la queue , ou qui ont été parta- gés en plus de deux parties : tous ces Vers ont enfuite achevé de fe completter fous mes yeux. Seroit- ce là la maniere naturelle dont ces Vers confervent leur efpece ? Ou ceux que j'ai trouvés partagés , l’a- yoient-ils été par quelque caufe ex- térieure ? Je n’avois pas efpéré que mes obfervations me fourniroient de quoi im'éclaircir là-deffus : mais des Vers de cette efpece que je con- fervois entiers, s’étant partagés com- me d'eux-mêmes dans mes tafles , m'ont appris que c’eft fouvent par accident que cela leur arrive. Cer accident provient ordinairement de ce qu'ils fe font enfoncés trop avant dans la terre, ou de ce que la terre dans laquelle ils fe font enfoncés, rélifte trop. Il convenoit donc que 33 OBSERVATIONS ces Infeétes , dont le corps eft caf fant,& qui font deftinés à vivre dans la boue, puflent fe reproduire de la maniere que je l'ai demontré.Une autre raifon encore a pu l’exiger: ces Vers font apparemment fujets à être mangés, foit en tout, foit en partie, par d’autres animaux, à la nourriture defquels ils ont été defti- nés. Enfin j'ajouterai qu'ils font atta. qués quelquefois d’une maladie affez finguliere , dont je parlerai ailleurs plus au long , qui leur emporte fou- vent une partie du corps, qu'ils ne manquent pas de recouvrer enfui= te, comme la recouvrent ceux à qui on l’a coupée. sur LEs Vers D'EAU DOUCE. 3à La OBSERVATION VII. Que La portion du Ver comprife entre les deux Jeëtions ne s'étend point. ON &i par une expérience cu- x , = * La Siat.des rieufe *; que les os des Animaux ee lorfqu'ils fe font offifiés jufqu’à un Haies; de la Rise PET ñ trad. de M. de certain point, ne croiflent plusque Bufon. pag. La — f 28 C1 dans leurs extrémités ; le corps de *”? Jos demeure le même à cet égard. Plufieurs obfervations m'ont con- vaincu qu'il en eft ainfi chez nos Vers : le Tronçon, la portion que la fe&ion a donnée , ne prend aucun accroiflement. Il n’y a que les par- ties qui repouflent aux extrémités , qui en foient fufceptibles (x). | cn. Ici il fe préfente une queftion qui m’a été faite : quand la queue renaît & acquiert des poufles de longueur, comment fe fait cer accroifiement ? À la feétion il fe forme un petit bourlet qui devient bien-tôtun anneau 34 OBSERVATIONS J'ai remarqué auffi qu'il faut à cel: les-ci un tems confidérable pour ac- mais où fe forme l’anus ? Cet anneau refte- t-il toujours l'anneau de l'extrémité , de forte que le nouvel anneau qui naît après celui-là, £e forme entre le dernier anneau de la feétion, & l’anneau qui a précédé immédiatement ce- lui dont il s’agit dans fa naiflance ; ou bien le nouvel anneau fe forme-t-il en-dehors de l’an- neau dernier formé ? On préfume fans doute que la chofe fe pafle de la premiere de ces deux manieres , & cela eft vrai. De-là il naît une autre queftion : lorfque l’ Animal , fans avoir été coupé, croît par l’addition de nouveaux anneaux,où fe placent ces nouveaux anneaux? Eff-ce indiftinétement par-tout, ou dans quel- que partie finguliere ? ou fon augmentarion fe fait-elle par l'addition de nouveaux anneaux, ou feulement par l’expanfion des anciens ? Pour décider cette queftion , il faudroit avoir élevé un de ces Vers depuis fa naïflance juf£ qu’à fon parfait accroïflement , & avoir com- pté le nombre de fes anneaux dans ces deux âges : maïs c’eft une expérience qu'il ne m'a pas encore été permis de faire. Je ne ferois pourtant pas éloigné de penfer que l’accroïle- ment dans le Ver entier , fe fait & par l’ad- dition, ou plus exactement, par le develop- pement de nouveaux anneaux, & par l’exren- fion des anciens. On peut fe repréfenter le corps de ces Vers fous l’image d’un reflort à boudin. Les anneaux d’abord extrememenr ferrés les uns près des autres , s’éloignent peu à peu, & augmentent ainfi les dimenfions de l’Infecte ; bien entendu que ce font ceux de sur LES VERSD'EAU DOUCE. 3$ quérir la couleur de celle-là. J’aides huitièmes & des dixiemes de Vers coupés depuis plus de deux ans, dans lefquels cette derniere eft en- core très-reconnoiffable. OBSERVATION VIII. Quelles différences réfultent du plus ess du moins de chaleur pour la repro- _ dution € l'accroiffement des portions de ces Vers. Expériences à ce [ujer. L A chaleur & le froid qui influe d’une maniere fi marquée fur la vie & laccroifflement des corps orga- nifés , n’ont fans doute pas moins d’effcace fur nos Vers, & en parti. culier fur leur reprodu&tion. Mais la partie poftérieure qui font le plus fufcepri- bles d’extenfion , & qui le demeurent plus long-tems, conformément à ce que j'ai remar= qué ci-deflus, Obf, VII, x Ci 36 (OBSERVATIONS il ne fufh{oit de le pas foupçonner ; il falloit faire là-deffus des expérien- ces qui, en démontrant la vérité de ce foupçon, appriflent en même tems quelles font les différences qui réfultent de ces deux états oppolés. Ce fut pour y parvenir, & aufli pour effayer de poulffer la divifion plus loin que je n’avois encore fait, que je partageai fur la fin de Janvier 1742. deux de mes Vers, l’un en 24, & l’autre en 26. parties : celui- là étroit provenu de la premiere por- tion d'un pareil Ver coupé en 4 en Juillet 1741 ; celui-ci étoit venu d’une des intermédiaires ; chacun avoit environ 2 pouces de longueur. te Thermo Après la mi-Mars feulement, les mer & Nr portions fuivantes de la premiere placé “5 divifilon en 24, avoient commencé ma che2mbre ; £ senant ordi: à fe completter , favoir, la fixieme, nairement aux environs de la huitieme , la neuvieme, la on: SUR LES VERS D'EAU DOUCE. 37 Zieme , la treizieme & la feizieme- Le 3. Avril la huitieme , la neu- vieme, la onzieme & la feizieme avoient repris une tête d'environ une demi-ligne , & bien formée : mais la queue étoit plus courte. Le 11, la quatrieme, la cinquie- me, la feprieme, la neuvieme, la dixieme , la onzieme , la quatorzie- me &. la feizieme étoient encore pleines de vie : mais avant le 27 toutes avoient péri. A l'égard des portions du Ver partagé en 26. environ la mi-Mars ; 4. degrés aua deflus de la Congel. celles qui fuivent , favoir, la fecon- de , la troifieme, la quatrieme , la fixieme , la huitieme, la dixieme , la feizieme & la dix-feptieme avoient commencé à reprendre ce qui leur manquoit pour être des Animaux Le 3. Avril quelques-unes, com C üj 33 OBSERVATIONS me la quatrieme , la huitieme & l4 dix-feptieme , avoient pris une tête de la longueur d'environ une de- mi-ligne. Le 17. la huitieme & Ia dix-fep- tieme étoient les feules qui donnaf- fent encore des fignes de vie. Elles ne paroïffoient pas cependant avoir pris de nourriture : la tranfparence de leur intérieur Pindiquoït. Après avoir donné lé réfultat des deux expériences précédentes , fai- tes dans des mois d'Hiver, je vais maintenant donner celui d'une troi- fieme faite en Eté fur l’autre portion intermédiaire de ce Ver coupé en 4. & partagée elle-même en 26. le 3. de Juillet. “Le Thermo- Le 13. la troifieme , la quatrie- de Reaumur M€ , la cinquieme , la fixieme , la placé dans PA chambre, neuviene , la dixieme , la onzieme £e tenant ordi- " e , Diremenraux & Ja dOUZieme avoient achevé de sur LES VERS D'EAU DOUCE. 39 feprendre tête & queue : mais le 26: environs de feulement la feptieme , la vingtie- dede la me & la vingt - deuxieme appro-#% choient de l’état d’ Animaux parfaits. Ce jour-là quelques-unes , favoir la troifieme , la quatrieme & la cr- quieme avoient repris une queué d’une ligne à une ligne & demie. La feconde , la quinzieme , la feizieme & la dix-huitieme paroif- foient dès le 16. avoir achevé, ou prefque achevé de fe eee Les autres périrent fans s’êtré complettées » & la plüpart avant le quinze. Nous voyons donc par ces expé- riences , combien l'Eté eft plus fa- vorable que l'Éfiver à la multipli- cation de nos Infectes par bouture, comme :l étoit naturel de le pré- fumer. Il eff vrai néantmoins qué beaucoup d’autrés circonftances C üi 40 -OBSERVATIONS peuvent influer ici, auxquelles nous ne faifons pas attention. Il peut ar- river , par exemple , qu’on faffe la fetion en des endroits du corps de PAnimal , plus ou moins dangereux. Le Ver fur lequel on tente l’expé: tience , peut être plus ou moins en état de la fapporter, qu'un autre qui lui refflemble d’ailleurs en tout pour Pextérieur. Enfin, le mouvement continue! du Ver ne permettant pas de faire les portions aufli égales qu’on les. voudroit, cette inégalité peut encore devenir une fource de variétés & de bizarreries. il Quoiqu'il en foit, voici encore fur ce fujet une expérience que j'ai cru devoir rapporter. J'ai partagé transverfalement pas le milieu deux Vers de lefpece des précédens, longs chacun d'environ un pouce trois quarts ; le premier sUR LES VERS D'ÉAU DOUCE. 44 le 18. Juillet, le fecond le 24. Janv, Celui-là au bout d'environ fix jours a repris tête & queue , & cet- te queue (1) avoit déja le 26. Aout dix lignes. Celui-ci avoit achevé de fe com- pletter le 12. Février, mais le 10. Juin feulement la queue avoit at- teint la longueur de ro. lignes. Outre les effets mentionnés ci- deffus, le froid m’a paru en pro- duire un autre fur les boutures de nos Vers, qui eft aflez remarqua- ble ; ceft de les conferver en vie pendant un tems plus long que ne le fait le degré de chaleur propre à l'Eté. Sans doute que la tranfpira- tion étant moins abondante en Hi- ver , elle n’exige pas une auf gran- de réparation qu’exigeroit celle d’u- - (2) Je fais ici , par rapport à la queue , la même remarque que j'ai faire plus haut, Obf, IV. par rapport à la tête. 42 OBSERVATIONS ne faifon plus chaude. Les curieu= ne 6m. pur fes expériences de M. de Reaumur £8. Tim. 11, fur les moyens de prolonger & d’a- ee 8m. bréger la durée de la vie des Infe- étes , nous en fourniflent plus du- ne preuve , & d’un genre bien fin- gulier. ORSERVATION IX. Obfervations & Expériences [ur le fa- con dont ces Vers croif[ent. Stat. des Ve LE favant M. Ha£es que jai dé- else #%% ja eu occafion de citer, a fait fur les Plantes une expérience qui à été trouvée belle, & qui left en effet ; c’eft d'avoir mefuré avec beaucoup de précifion les accroiflemens jour naliers de quelques-unes pendant un certain efpace de tems. Curieux de connoïître les Lois fuivant lef= sUR LES VERS D'EAU DOUCE. 43 quelles s'operent ceux de nos Infe- étes qui viennent de bouture , j'ai tenté fur eux l'expérience que je viens d'indiquer. J’aidreflé une Ta- ble de l’accroiïffement des portions de quatre Vers (1), à peu près égaux & femblables , partagés dans le mê- me mois , lun en deux , l'autre en quatre , le troifieme en huit & le quatrieme en dix parties. Je n’airien négligé pour que les mefures attuel- les fuflent les plus juftes qu'il feroit poffble , mais fans prétendre néant- moins à une précifion mathémati- que qu'on ne fauroit fe promettre ici. Jai cru que ce feroit affez fi je donnois des à peu pres, & M. de Reaumur la penfé comme moi. Ces Vers font fi vifs, ils sallongent & fe raccourciffent avec tant de promptitude , ilsreplient leur corps (1) Longs de 18. à 20. lignes , ou plus. 44 OBSERVATIONS en tant de façons , enfin ils font ft délicats , qu’on fent aïfément qu'il n'eft pas aufli facile de les mefurer qu’on le fouhaïteroit , & qu'il left de mefurer une Plante. Les moyens & les précautions dont j'ai. fait ufa- ge font fort fimples : Peffentiel fe réduit à prendre avec un compas la pius grande longueur du Ver, &à la rapporter {ur un pié divifé exa- étement en pouces & en lignes. Je dis la plus grande longueur du Ver, autrement, fon plus grand al- longement : ceft le terme qui ma paru le moins fujet à erreur, celui de la plus grande contraétion l’étant beaucoup plus. Enfin on aura foin de faire jeùner lInfette un jour ou deux avant que de le mefurer : il ne manque pas de fe vuider pendant cet intervalle, & lon en diftingue mieux ainfi ce qui faifoit partie du corps de lInfe&e coupé, sûr LES VERS D'ÉAU DOUCE. 46 Voici maintenant comme un é- chantillon de ce que j'ai commen- cé de faire en ce genre. Nota. Dans la Table qui fuit ainfi que dans la IT. & la IV. on a fait les mois de 30. jours, & Fevrier de 28. pour faciliter l'addition. : TABLE v Paname + de portions > quatre! dl Vers a peu près égaux © femblables, partagés|| dans le même mois, l'un en 2, autre en 4 , le|| trotfieme en 8 , ©> le quatrieme en 10. parties. En eme « EN DEUX. A.B: : BE Ze Rare XVIII. Juller. 1741. Longueur Jour de Opération. [des parties reproduites. pouc. hign, XXIV. Jusllez. Tête de Bree Queue de AE Eee XXIX. Juiller. Tére deb Queue der A V. Août. Tête de B. (elle a ceilé de Éroitre sit ee Re Queue de AS HUMETÉE XIII. Août, Queue de A PEL XXVI. Août. Queuede A..." xx. Septemb. Queue de A. esse 0ebve xxx. Oélobre. Queuc'de APCE EURE xx. Novemb. Queuede/A, ee. et Let of EN DE U x, Longueur 4 Intervalle ! de A l:R° des parties|é Tems. Dre) reproduites, F mois. | jours. pouc.} lign.f# 20. x. Decemb. de même. 1. |11. xx. Janvier. 1742. Me | 6. IQueue de A.......,...| 1° | 4. Nota. La partie B. avoit crû à proportion, & étoit égale à À. 1. 129: XX. Mars. LE Queucide A5, 5h fer.) (a. là 1: D 8. XXVII. Auril. : J'ai trouvé À, partagé en deux. 18. xv. May. 10. | 1. | Il s’étoit détaché de l’ex- trémité poftérieure de B. une portion d'environ 2.li- gnes , quoiqu'il n’y eût que peu de terre dans la taile. Voy. Obf. X. N°. III. nizo.m.|1.]. de tems écoulé depuis l’oper. EN QUATRE. CD I. 2, Set Xviir.. Juillet 17417. © Longueur || Jour de Opération. [des parties|k reproduites | pouc- lign, | 8. xxvi. Jailler. Têtes dé DES: NP RE JQuené de CRE Queues\de DE Nora.En prenant F1l s’en eft détaché de l'extrémité poftérieure une portion(f.)| longue d’environ 2. lignes. De IV. Août. LIHBI2 um Quéueide CREER AE Queues de D. F:2. tre Nota. F. commence à re- prendre une queue , & f. à reprendre une tête. 9° | XBII, Août. 26. |Queue de CC... NN | Queues de D: Es See Queue de: F2 OS ER È EE XXVI. Aoër. 1. |9-. IQueuede-C58.... QueuccdeBe 7 Queuede Fee. ee EN QUATRE. |$ 2 PRES ES RÉ = | Intervalles EN 9OQ de C.'D.MEVE. peur 22 6-4: } mo1s. | J@urS. 129 xx. Septembre. Queue de Css... Queues de D.&E...... Queue deF............ xxx. Otobre. Queues de C. D. & E..: Queue de F........... PE xx. Novembre. QueuesdeC. D. & E..... Quénedeierenn ss Te x. Décembre. Démmemers SU xx. Janvier 1722. Queues de C. D,& E. :.. Gneuc dent... XXVII. Janvier. J'ai partagé C. en 24. parties. & une des inter- médiaires ( Supp. D. ) en 26. Voyez Obf. VIII. xx. Mars. E. & F. n’avoient pas pris d’accroiflement bien {enfble. | SEA Pie xxx. Juin. 7) Ouene denis: léenedel en... : Longuëur .ÎË des : parties|f reproduites. pouc.| lisn, 10. I. 6. ne he 11.1n.] 17. j. de tems écoulé depuis l’opér. LA EN AL AIN agi Au CAN opel 2 mo tn 9 1 Mad QU AN AE PIN A VA ZA OU ne LT ME D Inrervalles MOiSe jOUrs: 3 os re ms ho EN QUATRE. CES I. 2. 3. 4- 111. Jusller. J'ai partagé E. en 26.por- tions. Voy. Obf. VIII. xx. Juillet. F.n’avoit pas fait des pro- grès bien fenfibles. X. Août. De même. XIII. Août. I! s’étoit détaché de l’ex- trémité poftérieure de F, une portion d'environ qua- tre lignes , qui le 14. avoit ceflé de vivre. Je n’airien remarqué dans la tafle qui put avoir caufé cet acci- dent. IV. May 1743. 24. Eeneert ns — Longueur des parties reproduites. pouc. | lign. 2. 3° 21.M./25.]j. de tems écoulé depuis l’opér. Mie xVILL. Juilles DES 7 Longueur de Jour de l'Opération. |des parties]| Tems. reproduites. Ê mois. | jours. pouc. | lign. ë 8. xxvi. Jules. Têtes de H. I. K. L.N. O. Queue de G. ner Not.Il avoit péri une des portions intermédiaires. (iupp. M.) xxxI. Juiller. Tètes de H. I. K. L. N. O. Queues de G. & de 3. des portions Lente (fupp. I. K. L.) . Nota. Une portion : inter- médiaire, la plus grofle & la plus courte des huit, (fupp. H.) n’avoit point repris de queue , quoiqu’el- le eüt repris une tête. VI. Août, Les Têtes ont ceflé dé croitre. Que ECS sh Queues de I. K.L Qneue' dé N°22... ne Nota.H. n’avoit point en- core . _! lcorerepris de queue. 4 ê 1.mM./10.]. 1.m.[10.j. detems écoulé depuis l’opér. EN HUM Lenteur G.H.I.K.L.M.N.O. {des paries|| DUR” Re pt2 3. SRE reproduites. | mois. ne pouc. | lign.|| XIII. Août. 16 IQueuedeG- Eee Queues de I. K. Eee Queue de N.......... H. & O. n’avoient ne encore fait de progrès fen- fibles. 14. xXxVII. Août. 10. [Queue de G....... Queues de I. K. L Queue de N.. H. avoit péi. O. étoit à peu près com- me le treizieme. xxx. Août, Une des portions I. K. L. (fupp. L.) avoit péri. XX. PS Queue de G... Queues de I. & K.. Queue derNSEECEEE- CE Q. en entier, ... x. Octobre. Queue de 2 Queues de I.&K Queue de N O. en entier. 112.m.l24.)j. de tems ne da l'opér. ne 7 EN HUIT Longueur |à dé |G.HILK L.M.N.O. [és paties|k Tems. ral 34354 607 8. reproduites. |} mois. | Jours. 20. xxx. Octobre. 3 . [Queue de G...2. 2... _ [Queues de FE & K....... Queue de N........... Ofen entier. 44e id xx. No RP s. IQueues de G.L. &K... Queue de N........... O. en enter x. Décembre. De même. xx. Janvier 1742. 6. ,Queues de G. L &K.... Queue de N........... ©. en entier. 270) xx. Mars. D su me. xxx. Juin: 17, Queues de G. I. K...... ” | Queue de N.. Del sbiecre O. en entier... ..ssssee xx lle G. s’étoit defléché contrey les parois , en voulant for- tir de la tafle. (Quéues de E K........: Queue EN...) FCO enentier.......2:.%.: 12.mM./7.j. de tems écoulé sr l’opér. EN HUIT. | Longueur || G.H. I. K.L. M.N.O. [des parties|| 1, 2: 364. 5.6. 7. 3. reproduites. pouc. lign. |} 723 D X. Août. 12. | 29. I. K. N. de même. Q. en entier. 3.5. NE 8. :| 27. IV. May 1743. Queues deI. &K....... 1. RS Queuc dé, Nice PS O.em'entenzes Les 13 Vas La diminution de ES eft remarquable. ! 2|21.m./25.j.de tems écoulé depuis l’opér. P OS T.IVONW. © Ni 2. 1 2.002) 451607: N 89e TO. Intervalles xxutt. Juiller. 1741e Longueur de Jour de Opération. |des parties|h Tems. reproduites. J$ 1Imois. | jours. À pouc. |lign. 8. xxxl., Jusller. Fetes de'Q: RS TV: \ 0 CNE A : ST Q. R. a V.W.X.Y VI. Août. naniFètes de OR ST. V. W.x:Y.Z Queue de F. Queues de trois portions Ne : (RE Queues F. trois autres portions intermédiaires, | (fup. T. V.W.) périence , & VŸ. qui étoit des plus courtes, n’avoit point encore repris de queue, quoiqu ’elle eût re- pris une tête. X. avoit fervi à une : L'r.m.l 14. j. de tems écoulé depuis lopér. | Fr pouc.| lign,. XXVIII. AO0UF, 3 Têtes avoient ceflé de croitre. Queue der Pie ERP Queues dd OURS Queues dd V-We Queue de Vs. Z. n’avoit pas fait de pro- grès fenfible. x. Septembre. Oeue de PER EEE OQueucdeO RSR Queues de T.V.(une des 3. fupp. W. avoit péri.) Queue de V........... Z1. En ÉNHICT. .: eee ER: xX. Septembre. An Noa, Queues de Q. R.S.. Queues de T. V.. . Longueur . NY. A'OA des. parties > ‘0 .6. 7. reproduites, Queue de Y.......... ZE CÉIEL 2 ÉAREE 20. | x. Octobre. ze 19. Queue de Ps..-02.4 7088: Queues de Q. R. S.. Queues de T. V.. Queue de V..... Blz.m.l10.j. de tems écoulé demi los l’opér. d Tems. I. 2. as 6. 7.8, 9-10. reproduites. mois. | jours. 20. xxx. Octobre. 3 lo. [Ouue dep. era Queues de Q. R.S.T. V. Queue de Y........:... MENT CNTIET Le cime cie aies xx. Novembre. Queuede Peer Queues de Q.R.S.T. V. Queue de Y........... Aenientiers.s sr di 2e x. Decembre. De même. xx. Janvier 1742. De méme. XX. Mars. De même. pouc. [lign. I. ÿ + Ie Piles Meur D EN DIS Log ë de P. Q. R. STE: X. Y.Z.\des parties ; xxx. Juin. PAOR.S. TV . pas fait de progrès bien fenfible. Queue de Y.....,...... PIRE CRC Le» ee 1. Juiller. P. s’eft defléché contre les parois , en voulant for- tir de la taffe. xx. Juiller. Comme le 30. Juin. D P.Q.R.S.T.V.W.X.Y.Z.|des parries}p 1. 2. 3.4.8 6e 7e 8: Q110. reproduites pouc. bgn, À x. Aoû, De même. E EX Longueur Avril 1743. J'ai trouvé au commen- S. T. V. confumés par la maladie dont il eft parlé Obferv. VI. Iln’en reftoit qu'une portion longue de 2. lign. qui n’a vécu que jufqu’au 27. | IV. ay. 7. ER ENTICT sn. cement de ce mois Q. : 2e Xe “'21.m.|20.].de tems écoulé depuis l’opér. sur LES VERS D'ÉEAUDOUCE. ç9 REMARQUES Sur la premiere Table JE ne répeterai point ici ce que j'ai déja infinué ci-deflus touchant les difficultés qu’il y a à fe procurer des mefures paflablement exactes de Paccroiflement des Vers de cette efpece. On fe rappellera que je n’ai prétendu donner que des à peu pres. Mais quel que foit le degré de ju- fteffe de cette Table, il me paroît qu'elle établit au moins ces trois propofitions. La premiere , que laccroiffement de ces Vers fuit à peu près les mè- mes loix que celui des Végétaux ; conformément à ce que M. Hares a obfervé fur les farmens de vigne. Voy. Hales Stat. des Veget. pag. 287. & fuiv. de la trad. de M. de Buffon. La feconde, qu’iln’y a pas de dif: 60 OBSERVATIONS férence confidérable entre les pro= grès que font dans le même tems des moitiés & des quarts, & ceux de huitièmes & de dixiemes. Ob- ferv. IV. La troifieme, que la, derniere portion eft celle de toutes qui , en tems égal, prend le moins d’accroif- fement , & après elle celles quila précedent immédiatement. Ob£.IV: > OBSERVATION ZX: Expériences pour. s'affurer fi la repro- duilion des parties coupées eff inépui- fable dans le même Individu. A Vaxr la Découverte des Infe- &es qui peuvent être multipliés de bouture, les Phyficiens connoif- foient la reproduétion des pattes des Ecrevifles : ils favoient que lorfr qu'on les a coupéesun certain nom ——————_—— © ——————" s sens res circonffances | ef ou nef? pas le dans le même 1n fijer 5. Le, 10. IV 5 la tafle, Ils s’étoie de l’Automne. sosssssesorsossed. jOUTS. se sossessrossose ON. soso Le |. jours. smosiees css so vleseHfIOI.. ce os. Idition qui eft à Obf. XX, » Ou pour parler plus jus vaiffeaux qui fem- fes à fix Vers en différens tems & en différentes circonftancess pour s'afurer Ji le principe dereproduétion des exIrémités fo nef} pas TABLE des Opérations fa inépuifable dans le même Tadividé UMERO TJ. euro coupe lait © A Jours de chaque î GA eue ; © à qui on a donté CES ge OT mr Mars. [272] I Opérationurs."e NUMERO II. Vers à quivon a coupé la Tére c-la May. [15 Queue, € à qui on n'a donné que .|L dé l'eaie. juin. Jse: —— nee 28. é que jeom Juiller.| 5. I: Opération... .. |h2|r22 lo S:Jourss FA IT. Opération... | 1. | 1. à 9: jours. ge ee-sse «|... TT, Opération, ... | r. |r. 7: jours. roule) eabrotrE ton lle 7x jours. . RATE RE ca ee ec fr een El $: Jours 7lerece ste VI. Opération... | + | + | 6: 10. jours. um 45 jours: VIT. Opération... | 4 | + 24. | VI. Opération... 1. | 3: 9: jours. RASE RER LEE Lo0 Vi Opération. le M4 SITES lee = NUMERO 111 Sept || 3 2./...| 1x: Opération. +» [14 3]) |pers à qui on a coupé lattéte, > à 8. jours | qui on n'a donné que de l'eau FT ÉÉCECECOEEEEEEEN FPE) ECC) ETE Mort. Il avoit diminué en groffeur | re comme en longueur. PAELEe, TE. [corp ÿa ML... I. Opératio) ve 23. jours. ORabe | raA|Peesee mess seaee le sestetcrensrese ea NN OÉatrON 1. 18. jours. 29n eme meenes=es-e|be nel. ..:.. Paeo-cecce LI Oférauon-- lan N ñ 29. jours. ov..|2 ml... “Le 1743: fa En| Eee n eee Le à LES : . jours. Mars. |18. 229.jourr. VI. Grre : z [ia Avril. |10. |, VII. Opération. 29, jours. = Ar VIT. Oféraiontes.-...| à 27: Jours VIIL Opération: -.... hate, 8. jours. Il s'étoit détaché de la Queue une portion longue d'environ à 1. * 2, jours Mnlessl........................... 10 11 s'écoir encore détaché quelque 23. de Le chofe.Le Corps n'avoit plus que 4.1. La Tête fembloit avoir prefque a-| chevé de fe refaire. 3. jours. CA OO IDnO en) Per 41 OOEi Pot Eonoonn Rrosereese Mort. ta NUMERO IV. Vers à qui on a feulement coupé la Tête, ©> à qui on a donné de La terre. x Tete jeorp a7afesnss.... ll...) Opération... : 18. OO NUE RO MPAII e 12. jours. NUMERO Y. al . NUMERO VI. + Juin. .| 8.|...... sonnnnen ne «| 11. Opération 1. Vers à qui on a coupé la Queue , ©> à Vers à qui on a coupé la Queue , © à 8: jours. qui on a donné de la terre, qui on n'a donné que de l'ex: 16:)|e COOE) EPA) PA EE J'ai trouvé ce Ver coupé en deux parties inégales. Lignes. L La premiereavoir |. | 7: La feconde ayoit Lignes. quejeorp L que. corp) 18. TIRE La Tete avoit. ........|1à3l nnsenseennoemnenee vue [fes feorplenedeessssssessrenstessusesee| I Opération. sresss.ee 18.| I. Opération.......... 16. 6. jours. 4. jours. ; III. Opération 0 I. Opération die Es II. Opération... + un. (22: LI: jours. 11. jours, 7 jours. Juiller| 3, IV. Opération. 11. Opératio) COR ti00 on 000 ppnau III. Opération........| + 7. L = 8. jours. 10. : : 22. jours. IV: Opérätion..….....| + |14 IT. Opération... --. | +113 Nora. Dèsle 22. Juin il avoit repris une queue de | à demi-ligne, mais enfuite il 10. jour. 10. jours. norttom bé malRUes V. Opération. ; IL. Opération HE ETS S 15: jours. 3 als II, Opération. DES 16, jeurs, 24. jours. 24. jou À é 5 Aoùt..(35 éfaion | 1V: opérton di I 16. . . 1 P 1: TETE. noi an] leu mme CC CT) Frs HÉAQ) No sr langue + (5: en LR e Verpartagé NE HS en deux parties à peu prés J eux côrérde la Tête deux égales, & qui routes deux petits ess qui n'é- s'évoient complettées ; la Hoiene pe x es qu'à la premiere ayoit poullé une a ICESIIETG VIT, Queue d'une lig. & demie Ligner F1. ) J'ai crûl à caufe de ce- & repris une Tee de... r, |...| 1 îe repris un Ja devoir renvoyer à fairela | Ch ECO Re avoit repris une] tre. jcorp feptieme Opération, 1. jour. 21. V. Opération. 1. es 25. |: Lo] caen es <56 s. 53 oo ae VII. Opération. ë Er bcscomotéméenonce | 1V. Oo, 35: jours. lee mamelons n'ayoient RSR cellonocoonennbon cree Te IVe Opération. .…....|2 17. 2lpas fait plusde tra RoroieNerrneme)| » | JE Ë ER bé malade. Sept. - 31: jours 24. jours. - ARE : nr Ds [A jours. #. jour. 214 jours. V. Opérariomsssseren 8.:| VIII. Opé : 11. VII. Opération... :. VI. Opéraüo 12. | I. Opération SE. Re + [8 pération.- : 20. CEE 10680 Ponbo 2OREOAnE) boD à | VI. Opération... s. 1e Open. 24. |- 23. jours. 23: jours. 14: jourre X. Opération... all Oob. |+ Le Ver navoic que 7. lg. Vnschaton ohne AA lune ec-dlhe Snneseree| à 13 &e il avoic confdérable- Le Ver n'avoit point été ment diminué de grolleur ; coupé, & ile n'avoir pas L il paroïlfoit avoir été cou- manqué de nourriture Ain aux deux extrémités, fi je ne fai à quoi attribuer! à Téte n'avoir qu'environ| 3 certe diminution de taille. La Queue ne faifoit que commencer à repouller. X$ jours. LT) ERCEECEEEEC COCODCLOOCICET COCC FEPPRREE EPECCEEE) FPE) PP) CFÉÉCECEOOEECE spise] anses |) 00) VIII. Opération... ...| + 34. jours. 34 jours. ; 34: jours. Si 19, jours. RS En rer D le onu 3 (a, | var. Oplaten.…+34/o. |. Oféations."4##l9n Mix opénrion.….….|; |e. : J'ai trouvé dans le vale Se à une parte poñtérieure, lon- Morts pendant l'Hiver n'ayant pu les retrouver dans la tale. Ils s'éroient complettés , & avoïent fen-|gue de 6. 1. & qui avoit ap- fiblement diminué de longueur & de grofleur dès la fin de l'Automne. paremment caufé la dimi- Û nution obfervée le 29 AGE Cette partie s'éroit complettée. Ra | 27 jaurs. May |DS X: Opération..........| + [gs our “ Ds PERTE CCE - X. Opération... | 1. |13. HEo-0 ÉoEPaCE à XI: Opérations... 13.1] 13. Voy: l'Addition qui eftà # Le Ver avoir cependant confervé Ecouter roulé. Voy- OBR XIV: Ja fin de J'Obf. XX. | * ï : fon inré = ; En me OA RD aaifôit cpague &l'eurémé polérienne arrondie en forme de boule, ou pour parer plusjulle» ifonnée comme celle des Antennes en ma De ce bout intérieue Corot un paquet de mens vaiaux qoi fem |] EE E—_—_—_—— "UN NU + ù FR EL ne Lai PE PE En) PR MAC PE PET EE ON SUR LES VERS D EAU DOUCE. 61 bre de fois au même individu, il ceffé enfin d'en repoufler de nou- velles. Réfléchiffant fur le rapport qu'il y a entre lareprodu@tionde ces pattes & celle des parties qui ont été coupées à nos Vers, j'aiété con- duit à rechercher fi en coupant là partie nouvellement produite, l’an- cien tronçon auroit de nouvelles reflources pour reproduire encore ce qui lui manqueroit , & fi cette provifion pourroit s’épuifer, ou é- toit inépuifable. Jai donc recoupé confécutive- ment à un même Ver (1) la tête & la queue , à mefure que ces parties ont achevé de fe refaire. Dans l’ef- pace d'environ deux mois d'Eté, pendant lefquels il a toujours été (1) Ce Ver écoit la premiere moitié de la feconde portion d’un autre partagé en trois, en Juillet 1741, laquelle portion s’étoit par- tagée d'elle-même par le milieu, en Janvier de l’année fuivante, 62 OBSERVATIONS tenu dans l’eau pure, il seft com: pletté jufqu’à huit fois; & il avoit commencé à le faire pour laneuvie- me lorfqu'il a ceffé de vivre. Cette expérience méritoit extre- mement d'être variée : aufli lai-je fait de toutes les façons dont j'ai pu m'avifer. Jai recoupé au même Ver (1) feulement la tête ; àunautre (2) feulement la queue ; à un troifieme (3) lune & Pautre de ces parties, mais en laiffant entre chaque opé- ration l'intervalle de tems néceffai- (x) Ce Verétoit la feconde moitié d’un au tre partagé dans le mois de J uillet 1741. des accroiflemens de laquelle j’ai donné une ef- pece d'échelle. Tab. I. Obf. IX. (2) Ce Ver avoit été pris dans un ruifleau le 25. May 1743. Il avoit perdu fa queue, ou partie poltérieure ;, & il commençoit à en re- prendre une nouvelle , dont la longueur étoit déja de deux tiers de ligne. (3) Ce Ver avoit été tiré mutilé du fond d’un ruifleau le 19. Oétobre 174r. La queue ne faifoit encore que commencer à pouiler ; mais la tête avoit déja environ trois quarts de ligne, eur LES VERS D'ÉAUDOUCE. 63 re pour que l’Infette ait pu pren- dre de nouvelles nourritures ; enfin j'ai recoupé avec la même précau- tion à un quatrieme (1) feulement latète, & à un cinquieme (2) la queue. : Un coup d'œil jetté fur la Table Ci-jointe fuppléera à ce que je viens de dire de ces Expériences. Je ré- pondrai feulement à une queftion qui pourroit m'être faite là-deffus : c’eft fi je n’ai point été trop impa- tient de recouper les parties nou- vellement reproduites ; fi je leur ai toujours laiflé Le tems fufhfant pour achever de fe refaire ? Il y auroit quelque raifon d'en douter. Afin donc de lever ce doute, je dirai (1) Il avoit été trouvé dans le même ruif feau que les précédens , & au mois de May 1743. " (2) Il avoit été pris dans le mème en- droit que le précédent, en Juin de la même énnée, 64 OBSERVATIONS que je ne m’en fuis point fié à {à fimple vue, mais que jai appellé chaque fois le microfcope à mon fecours. Et fi cela ne fufhfoit pas : fajouterois que j'ai vu des portions de ces Vers, dont la tête longue au plus de demi-ligne s’acquitoit déja de fes fonctions les plus eflentielles en donnant entrée aux alimens ; & que j'en ai vu d’autres dont la queue navoit gueres qu'un tiers de ligne; & dont on obfervoit fort bien la= nus s'ouvrir pour laifler fortir les excrémens. Îl ne paroifloit pas en- core , il eft vrai, fous la forme d’u- ne fente oblongue , ( Obf. I.) ainfs qu'il auroit paru dans la fuite, on ne voyoit qu’une efpece d’échancru- * FicurEre * : mais toujours leflenuiel s’y 4 remarquoit-il. Aurefte je ne dois pas oublier de fure obferver que j'ai toujours fait en sur LES VERS D'EAU DOUCE. 6$ en forte de ne point toucher au tronc, de né couper précifément que la partie nouvellèment produi- te. La difference fenfible de couleur de celle-ci d’avec celui-là, met en état de les diftinguer. Obf. VIT R EMARQUES Sur la feconde Table. Des Tables dans le gout de cel- le-ci fourniroient bien des remar- ques curieufes & propres à éclaircir fa matiere qui fait le fujet de ces Obfervations : mais comme ce que 3e donne a@tuellement dans ce gen- re n’eft qu'un premier eflai, je croi- rois manquer à la bonne méthode _ fi je trois des conféquences d’ex- périences qui n’ont pas été pouf fées affez loin , n1 affez fouvent réi- térées. On ne regardera doncles re- E 66 OsERVATIONS marques fuivantes que comme de fimples réflexions, ou comme des queftions que je foumets à un plus mûr examen. Premicre Queffion. La fource de reprodu@ion des extrémités eft-elle inépuifable dans le même individu ? il n’y a pas lieu de le croire, puif- que je n’ai point eu de Ver qui fe {oit completté plus de onze fois. II eft vrai que je n'ai pu pouffer affez les expériences fur ceux des N°. IV: & V. mais il y a lieu de croire qu'ils n’auroient pu fournir encore à plu- fieurs opérations, ayant fenfible- ment diminué de groffeur & de lon- gueur dès la fin de lAutomne. Il cft très-probable que la propriété que ces Infetes ont de repoufler une nouvelle tête & une nouvelle queue à la place de celles que la fe- étion leur a fait perdre , eft propor- L 2 sUR LES Vers D'ÉAUDOUCE. 67 tionnée au nombre & à la nature des accidens auxquels ils font ex- pofés pendant le cours de leur vie. C'eft-là une idée qui s'offre natu: rellement à l’efprit dès qu’on réflé- chit fur la fageffe qui brille dans tous les ouvrages de la Nature, & en par- ticulier dans les moyens qu’elle met en œuvre pour la confervation des Efpeces. Seconde Queftion. Les Vers auxquels on a donné de la terre, fe complet- tent-ils un plus grand nombre de fois que ceux auxquels on n’a don- né que de Peau ? On pourroit le . foupçonner : cependant à en juger par la Table qui fait le fujet de ces réflexions , il ne paroït pas qu'il y ait de différence. Nous y voyons, par exemple , que le Ver N°. I auquel on a donné de la terre, s’eft completté huit fois dans Pef: Ei 68 OBSERVATIONS pace d’environ 14. mois, & qué celui du N°. IT. qui a été tenu dans l'eau pure, l’a fait autant de fois dans lefpace de deux mois d'Eté. Peut- être que chez lun & Pautre la four- ce de reprodu&ion étoit épuilée , ou pour mexprimer à la maniere des Phyficiens modernes , que tous les germes mis en provifion par la Nature, avoient achevé de fe dé- velopper. Quoi qu'il en foit, il me paroit extremement remarquable que le Ver, auquel je nai donné que de l’eau , fe foit completté juf- qu’à 8. fois. Cela indique une gran- de énergie dans le principe vital de ces Infetes. Car fi lon prend la longueur de chaque tête & de cha- que queue revenues au Ver dont je viens de parler, la fomme qui en proviendra, furpañera de demi-li- gne celle du tronc lui-même après la premiere opération. sur LES VERS D'EAU DOUCE. 69 Troifieme Queffion. La reprodu&ion des extrémités fe fait-elle plus prom- ptement dans les Vers auxquels on a donné de la terre, que dans ceux auxquels on n’a donné que de l’eau; Ou , ce qui revient au même, les premiers font-ils en tems égal plus de progrès ©? Les expériences dont il s’agit ici, n’ayant pas toutes été faites dans la même faifon à une égale température , Je ne faurois (Obf. VIIT.) rien dire de pofitif fur cette queftion. Si cependant on fe borne à comparer les accroiffemens du Ver N°. V. avec ceux du Ver du N°. VI on jugera l’affirmative plus probable. Il eft d’ailleurs bien naturel que de deux Vers celui qui aura été le mieux nourri fafle en tems égal plus de progrès. Mais quelle {era alors la difference de l’accroif- fement, la température étant fup- E 11} 70 OBSERVATIONS polée la même ? C’eft ; comme om voit, ce qu'il s’agit de déterminer. À cette occafion je ferai obferver qu'outre le degré de chaleur & les autres fources de variétés que ÿai indiquées dans PObfervation VIIL la qualité de la terre dont lInfeéte fe nourrit , & la quantité en laquelle elle lui eft livrée, influent beaucoup fur fon accroiflement. Je m’en fuis convaincu par-plufieurs expérien- ces faites fur différens Vers , & en particulier fur les portions E. K. de la Table E Ob£.IX. On y a pu re- marquer que ces portions, qui le 30. Juin 1742. avoient. un. pouce neuf lignes , n’en avoient qu'un 3.l. le 4. May de l’année fuivante.Com- me elles ne s’étoient point divifées, anfi qu'il arrive aflez fouvent à ces Vers ( Obf. VE IX. Tab. I. X. Tab LE N°. IL IV. & V.) je foupçon- sur LES VERS D'ÉAU DOUCE. 71 nai que ce décroiflement provenoit de ce qu’elles n’avoient pas eu aflez de terre, ou qu’elles n’en avoient pas eu d’aflez bien conditionnée , celle que je leur avois donnée étant un peu fablonneufe. Pour m’éclairair l-deffus, je couvris * entierement le fond de la taffe d’une boue prife au fond d’un ruifleau , laquelle ÿa- vois eu auparavant la précaution de faire fécher pour tuer les petits Vers qu’elle pouvoit contenir (1). Dans lefpace d'environ une femaine ces portions qui , huit jours auparavant n’avoient pas plus de r6.à 17. li- gnes de longueur , fe trouverent en avoir 24. Elles avoientaufli groffi à proportion. Il n’eft gueres dou- teux que ces Vers ne fachent choi- fir entre les particules terreufes cel- (1) Cette précaution eft néceflaire pour s’aflurer fi les Vers , qu’on a coupés , en met- tent au jour d’autres de leur efpece. E 1 *X Vers la MI- À OÙ 7 OBSERVATIONS les qui contiennent le plus de fucs ou des fucs plus gras, & que ce choix ne fe fafle mieux fur une plus grande quantité de terre que fur une quantité moindre.Mais comme" je l’ai déja infinué ( Obf. VI. } en augmentant la quantité delaterre, on augmente la réfiftance que les Vers ont à la percer , & de-là il ar- rive qu’ils fe rompent, ce qui eff un ficheux inconvénient. Je ne man- quai pas de éprouver fur Les por- tions dont il s’agit ; chacune d’elles s'étant partagée en deux autres peu de jours après. On peut juger par- là à quel point ces Vers doivent fe divifer dans les ruifleaux , & multi- plier ainfi leur efpece par une voie qu’on n’auroit crue propre qu'à les faire périr. 3 Quatrieme Queffion. La tète & la queue croiflent-elles également dans SUR LEs VERS D'EAU DOUCE. 73 lemême individu © Jai déja touché cette queltion au commencement de PObfervation IV. lorfque j'ai dit que La tête ef? à lordinaire celle qui [e développe la premiere. Les opérations que j'ai fait fubir au Ver du N°. IH. de cette Table, me paroifflentache- ver d'établir cette propofition, ou ce qui eft la même chofe, que la tête eft celle qui entems égal prend le plus d’accroifflement. On n’a pour s’en convaincre qu’à jetter un coup d'œil fur la fuite de ces opérations : on y verra que lorfque cette dernie- re avoit déja acquis une demie ou trois quarts de ligne de longueur , la queue n’en avoit encore qu’un quart ou un tiers. La circulation du fang fe faifant de la queue vers la tè- te, ( Obf. IL.) celle-ci recevroit-elle plutôt, en plus grande abondance & mieux conditionnés les fucs de- 74 OBSERVATIONS finés à fournir à fon développe- ment { Quoi qu'il en foit de cefoup- gon , 1l paroît bien conforme à Ia fagefle de la nature , que lorgane par lequel le corps reçoit la nourri- ture foit le premier à fe former. Cinquieme Queffion. La quantité de Faccrotflement, toutes chofes d’ail- leurs à peu près égales , eft-elle con- fflimment la même dans les extré- mités après chaque opération ? Je crois pouvoir décider négative- ment, & établir qu’elle diminue.En effet, fi lon compare, par exem- ple , les accroifflemens des Vers N°, IT. & LIT. après les premieres opé- rations, avec ceux de ces mêmes Vers après les dernieres opérations, on y remarquera des différences très-fenfibles. Les forces de lanimal s’épuifent peu à peu, & cet épui- fement qu’annonce encore la dimi- sur LES VERS D'EAU DOUCE. 7 nution du tronc, n’a rien que de fort naturel. Sixieme Queftion. Les extrémités repouflent-elles conftamment dans la ligne de dire&ion du corps , & jamais de côté comme les branches des arbres ? C’eft-là une Loi à la- quelle je n’ai point encore vu d’ex- ception, de quelque maniere que la fettion ait été faite, foit parallele- ment au tronc, foit obliquement. Septieme Queffion. Les nouveaux organes que le tronc poufle après chaque opération, font-ils toujours également parfaits ? C’eft encore là une vérité que toutes mes obferva- tions n'ont paru établir. Je mai ja- mais remarqué que pour avoir cou- pé plufeurs fois de fuite à un mê- me Ver la tête ou la queue, celles qui repoufoient enfuite en fuflent moins bien conformées. Je ne vou- 76 OBSERVATIONS drois cependant pas en conclurré qu'il n’arrive jamais ici des déran- gemens qui affectent l’organifation de ces parties : tout ce qui eft com polé ou machine y eft efflenielle- ment fujet. OBSERVATION XI. Expérience fur l'accroiffement des queues coupées au Ver du numero I. de la Table IT. Pour connoître dans quelle pro- portion les queues coupées au Ver du N°. I. de la Table précédente croîtroient, je les ai mefurées de tems à autre, comme on le voit dans la Table qui fuit. DL EEE ESS : = CIE : TABLE de l'accroiffement des Queues coupées au Vert : du Numero I. de la Table II. 1 Intervalles £. A. BC; D?E, EG: Longueur Σ à de 1 209 ali 6-7: des parties}Ë reproduites. É: ois, jours. XXIV. Août 1742. pouc. | lign.|} A.ayant tenté dans le mois de Juillet de fortir hors du vafe où je la tenois ren- fermée, elle étoit demeu- « rée collée contre les pa- rois ; elle pouvoit avoir alOrs Environ: 22000 |: oeil té 8. Dis se ne 6. FE. Elle avoit ceflé de vivre le 12. Juiller. p.22 xv. Olobre. Idem , ou à peu près. 7: |26. VIII. Juin 1743. B. avoit difparu. D. avoit difparu. F.avoit péri par le même accident qu’À , & cela a- vant la fin del’Hiver. G n’avoit pas fait de pro- | grès fenfibles. I. I. 1x. Jusller. C. Idem. 560999069200 6cer:9e9998 I. | 16. XXV. A0Ât. OBSERVATION XIII. Que la têre G* la partie antérieure de ces Vers, non plus que La partie po= flérieure , ne deviennent jamais des Vers parfaits. J E n'ai point encore fausfait à une queftion qui naît naturellement des obfervations que je viens de com- muniquer :elle confifte à favoir fila tête & la queue,qu’on recoupe con: fécutivement au même Ver , à me- fure qu’elles ont achevé de fe refai- re, deviennent elles -mêmes des touts parfaits ? À quoi je répons que c’eft ce que je n’ai jamais vu ar- tiver. L'une & l’autre ont ordinai- rement ceflé de vivre 24. heures après l’opération ; quelquefois plus card , d’autres fois plutôt, fuivant sUR LEs VERS D EAU DOUCE. 79 qu’elles avoient été coupées plus où moins longues. Mais eft-ce ici une regle générale qui n’admette aucune exception ? Javois d’abord conjeturé qu'il falloit pour que ces parties puflent végéter par elles- mêmes , & devenir des Vers par- faits, qu’elles euflent déja acquis un certain degté de confiftence : mais je me fuis convaincu de la faufleté de cette conjecture en coupant la tête à des Vers auxquels elle ne pa- soifloit point lavoir encore été. Quoique je lui eufle laiffé une bon- nc ligne de longueur , elle ne par- vint pas néantmoins à fe reprodui- re. Je pañle fous filence quantité d’autres tentatives que j'ai faites fur la queue , & dont le fuccès a été Le même. Je fuis maintenant fi perfua- dé que ni lune n1 l'autre de ces par. ties ne fauroient devenir des ani- 80 OBSERVATIONS maux parfaits, que je le regarde comme un principe dans cette ma= tiere ; d'où je crois pouvoir tirer cette conféquence, que la fource de reproduction ne réfide pas dans tout le corps de ces Vers, mais quefi Pon fait la fe&ion à une diftance de lu- ne ou de l’autre extrémité, qui foit moindre qu’une ligne & demie, La partie coupée périra fans fe repro- duire. L’état de la grande artere dans ces deux endroits , ( Obf£ I. ) con: tribueroit-1l en quelque chofe à la produ&ion de cet effet fingulier ? On pourroit le foupçonner avec d'autant plus de vraifemblance, que j'ai vu des portions dont la longueur n’étoit gueres que de demie à deux tiers de lignes, mais qui avoient été prifes entre les deux points dont je viens de parler, fe prolonger de pat & d'autre, & devenir enfin des sur LES Vers D'EAU DOUCE. 81 des Vers à qui rien ne manquoit, OBSERVATION XIII. Nouvelles Expériences pour connoitre les Loix fuivant lefquelles ces Vers croiffent. L'Oner & les proportions qui s’obfervent dans la reprodu&ion de nos Infectes de bouture font, à mon avis , ce qui doit le plus exciter Pat- tention des Phyfciens. Ce font-là des connoiffances dont l'utilité n’eft nullement bornée à ce genre de pe- tits Animaux , mais qui peuvent ré- pandre beaucoup de jour fur plu- fieurs points de Phyfique très-im- portans & très-peu éclaircis enco- re ; par exemple, fur la génération & l’accroifflement des corps organi- fés. Aufl a-ce été un des principaux E 82 OBSERVATIONS objets que j'ai eus en vue dans plus fieurs de mes obfervations. C’eften particulier ce motif qui m’a engagé à drefler une Table, ( Obf. IX.) des accroiflemens progreflifs des por- tions de 4. Vers à peu près égaux & femblables , partagés dans le mé- me mois fuivant différentes dimen- fions, & à en drefler une autre, ( Obf. X. ) de la reproduétion des païties recoupées confécutivement à différens individus, tenus les uns dans l’eau pure , & les autres dans de l’eau où il y avoit de la terre. Dans la même vue je donnerai ici une quatrième Table qui contien- dra l'échelle d’extenfion de trois Vers de Pefpece de ceux dont je viens de parler , coupés , le premier en 3. le. fecond en 6. le troifieme en 12. parties. Je promets d’en dref- fer d’autres par la fuite , qui feront sur LES VERS D'EAU Douce. 83 plus étendues que celles-ci , & d’en former comme une efpece de Re- cueil ou de Corps.Quoiqu’il nefoit pas pofüble d'atteindre fur ce fujet à une exactitude parfaite , par les raifons que j'ai touchées, Obf. IX. On ne doit pas néantmoins fe dif- penfer de ce travail, puifque d’ail- leurs1l ne s’agit point ici d’une pré- cifion mathématique , mais {ule- ment phyfique. TABLE de lacc partagés en diférens rems , l’un en trois , le fecond en fix, € Le trotfieme en douze parties. Re EN. TROIS A.:°B:C. HT Mneralles xIV. Juilies 1741. M 23 de Jour de l'Opération. des “parties 3 Tems: reproduites. | mois. { jours. pouc. | lign. xvi. Juslles. La Téète & la Queue commencent à poufler dans chaque portion. xix. Jutller. Tétes de BFC UE Queues de À. B......... xx. Juiller. A. périt par accident. xxIV. Juiller. Tétes de Bb. C:...-- Queue de B........... II. IV. Août La Téte à ceflé de croitre. 2e se a Ces portions ayoient été laifiées dans l’eau pure juf- qu'à ce jour. E XIII. Août. r- Quetedeh"".. 0e 4. 2\r.m.| de tems écoulé depuis l’opér. Eve | EN TR DS Fuel EN TROIS | Loue " de A. B. . parties|È Tems. re roduires 12342: - | mois.| jours. LE XXVI. Août. 13: Queue de B. .0. +900 ES. x joe Queue de B............ C.enentier. ..... XXe cbr. « Queue de B............ CTENENRAER SENTE > Octobre Idem ou à peu près. xxx. Octobre. ll 3. , 18. [QueuedeB.........,... 7 | Ghenentier ser se ue xx. Novembre. B. idem. 9.000 00 0 ee 0e e C:en-entier 2595324 x. Décembre. Idem. |l4.m. m2. È 29.j.de tems écoulé depuis l'opén depuis l’opér, D SR one ne EN SIX. D.'E. FAC MENT intervalles de Je 2e 3e 4e 5° 6. Tems XVI. Août 1743. mois. jjours.| Jour de l'Opération. 2. XVIII. Août. Il s’étoit formé un bour- let très-fenfble à la par- tie poftérieure de D, Des XXII. Août. 6. | Le bourlet de D.avoit dif ‘paru,& cette portion avoit |commencéà reprendre une queue,qui avoit ceci de re- marquable,qu’ elleé étoit auf- {fi grofle,ou à peu près, que (le corps , au lieu que cette part. eft toujours plus efh- | lée.Onn’ydécouvroitpoint encore d’anus au microfc. Hérede EE ee IDètes de KG: HIER Queue deF..--...-227r Queues de F. Ge Celle de H.commençoit feulement à poufler. XXIV. Août. Je. Tétes de RGO. iTéte de FAP Queues de D.E........ Queues de F. Ge... Celle de H. n’avoit pas fait de progrès fenfibles. | | ou 8. j. de tems écoulé depuis l’opér. Longueur des parties|à reproduites. | # Lgn, |! HA] 4 19 Jet LS] pK] re C9 CES OS CTP Falls , Rs pates oo [ua de ; des parties Tems. ? f _reproduites. mois.| jours. pouc. jlign. XXIx. Août. Têètes de E. F. G.H. I... Queue de D. .......... Queue deE............ QueucdeF............ Queue deG....ssosese. Queue de H............ Toutes ces portions a- voient commencé à pren- dre de la nourriture. vitr. Septembre. La Tête a ceflé de croître. Queue de 0.00 UCHENUE es eee... Queue er... Queue dé EP... E.ayant voulu fortir hors de latafle ,s étoit defléché contre les parois. : 74 xxv. Septembre. É fre bi et ND A ba e e e e EN DEL LIN TON Hlio lQueuedeD.2... Queucde Ent. Quenedée re... cie Queue dé /0.2080 ji.m.l1o.]. de tems LE depuis l’opér. F üi Ho E s I ur are EE G. HI des parties ems. à 4 ae reproduites. pouc, |lign. xx. Octobre. A|mois. | jours, 25. D 2e Se Idem. : EUR (ES 1 ca xxx. Novemb. Idem. I0. x. Décembre. Idem. | TE Po mes 5 ° 4 ; 3-m.126. j. de tems écoulé depuis l'opér. ER D'ESPOMS IS TS Er. RPM PATES E OUZE. RUE M: NOR VONRISAT VX 3. 4e ÿe 6+ 7e 8. 9. 10.11.12. 1 2e intervalles de Terms. mois, | jours. 18.;. VIII. Août. 1743. Longueur Jour de l'Opération. des parties 3 reproduites. | là pouc. lign. Ix. Aoûr. A 5.h. du mat, K. meurt. xI. Août. Sur les 6.h. du mat. X. avoit ceflé de vi- vre. xI1. Aoûr. Toutes les portions ont commencé de reprendre. XIV. Août. Têtes deL.M.N.O.P.Q.R. Que. de L.M.N.O.P.QR. S.avoit fait un peu moins de progrès. T. V. avoient encore moins poufié. XVI. Août. Pertes de LM 002000 Tétes de N. O. P. Q.R.S. etes de Re Veeve ce Queues de LME Queues de N.O. Q.R... Gneucdeh "00-00 Queue de S............ de tems écoulé depuis Popér. CON COTES TEN) HI pu KLMNOPQRSTVX. 1.2, 3: 4.$.6.7.8.9.10.EI.12 as mois. | jours. La queue de T. V. avoit encore fait fi peu de pro- grès, qu'elle n'étoit pref- que pas fenfble à la vue 2 Têtes de L “ir N = P QRSe Têtes de T. V prefque fait aucun progrès. Toutes ces portions a- voient commencé à pren- dre dela nourriture. EE XXIV. Août. ‘16. | Têtes de L. M. N.O. P. Queue de T V. n'avoit fait aucun lprogrès. 116.j.de tems écoulé depuis lopér. opér. Dune des parties reproduites. CO CON É QD by er Het RS VOIS bed Pin sfr pour. É ligne Te 3 3- 3 1. I. Lee E EX D 5 U z E. j Te ; de [KLMNOPORSTVX.Ids parties)k Tems. ireproduites. |É É 1.2. 3.4:9.6,7. 8.9.10.II.12 2 |} SImois. | jours. pouc. ! lign.|# 10. 111. Septembre. 26. la Téte a ceflé de croître. Queue de L...........e Queues de M. Q....... Queues de N.R........ Queues de O. P........ 4 Queues de S. T......... Celie de V. commençoit feulement à fe montrer. xx. Septembre. Queue dede ue Queues de M. Q........ Queues-deN. KR. ....... Quenstde O7... Queue de P..…. Queues de S. INR V. n’avoit pas cru fenf- blement. xx. O£lobre. LE ue Idem. Je n’ai pu retrouver la fe- conde portion. xxx. Novemb. Idem. x. Decembre. Idem. 2 OBSERVATIONS REMARQUES Sur la Quatrieme Table. JE ne ferai que deux EMA fur cette Table. La premiere, qu’elle confirme ainfi que la troifieme , les trois con- féquences ou propofitions que jai déduites de la premiere. La feconde, que ces Vers fem- blent cefler de croître à l’approche : de l'Hiver.Ils fe raccourciffent alors d'environ deux à trois lignes ; en forte que pour avoir la jufte mefure de leur accroiflement , 1l faut les mettre dans de l’eau uede 3 ils s’y allongent comme ils feroient en Eté. y sur LES VERS D'ÉAU DOUCE. 93 OBSERV ATION XIV. Que ces Vers femblent conferver apres avoir été mutilés , les mêmes mouve- mens © les mêmes inclinations qu'au paravant. D Axs le compte que j'ai rendu, ( Obf. IT.) de ma premiere expé- sience fur ces Vers , je me fuis arré- té quelque tems à décrire les mou- vemens de chaque moitié pendant Îes premiers jours après l'opération. J'ai fait remarquer que la feconde, celle qui n’avoit point de tête, al- loit en avant à peu près comme fi elle en avoit eu une ; qu'elle fem- bloit chercher à fe cacher, qu’elle favoit fe détourner à la rencontre de quelque obfftacle , &c. Tout ce- la , quoique fort remarquable , ne 94 OBSERVATIONS left pas néantmoins autant que ce que jai obfervé fur de femblables Vers, peu de tems après leur avoir coupé la tête. Je les ai vus, à mon grand étonnement, s’enfoncer dans la boue en fe fervant de leur bout antérieur comme d’une tête, pour s’y frayer un chemin. Jai vu le Ver N°. 11. de la Tab.Il. ramper le long des parois du vafe de verre , où je le tenois renfermé , & faire effort pour en fortir, quoiqu'il n’eût ni tête ni queue. Où réfide donc le principe de vie dans de tels Vers , fi après leur avoir coupé la tête , ils mon- rent encore les mêmes mouve- mens ; que dis-je, les mêmes incli- nations ? Mais combien d’autres dif- ficultés s'offrent tout à coup à Pef- prit fur ce fujet ! Ces Vers ne font- ils que de pures machines , ou font- ce des compolés dont une ame fafle SÛR LES VERS D'EAU DOUCE. 95 mouvoir les refiorts ? Et s'ils ont en eux un tel principe, quelle eft fa nature! Comment fe trouve-t-1l dans chaque portion ? Admettra-t-on qu'il y a autant d’ames dans chaque individu , qu'il y a de portions de ce même individu qui peuvent el- les-mêmes devenir des Vers com- plets © Croira-t-on avec MaLrIGi, que ces fortes d’Infettes ne font, & Lo d'un bout à l'autre, que cœur & que cerveau? Tout cela peut être : mais au fond en fommes-nous plus avancés ? « À quelque point que sn. pour 2 nos découvertes {e multiplient en re # » Phyfique, remarque judicieufe- Pré e 67- » ment M. de REAUMUR , nous ne » devons pas nous promettre d’en » devenir plus éclairés par rapport » à des vérités d’un autre ordre, par 2 fapport à celles qui ont pour ob- » jet des êtres qui ne font ni corps 96 OBSERVATIONS > ni mauere.» Ne rousifflons doné point d’avouer ici notre ignorance : apprenons à admirer & à nous taire. OBSERV ATION XV. Que la circulation du [ang Je fair rou- jours tres-regulierement dans ces Vers , foi qu'ils demeurent entiers, Joit qu’on les coupe par morceaux. Î L eft afurément fingulier que la circulation du fang , dont la régula- tité paroit fi effentielle à la vie de tout animal, fouffre cependant dans certains [nfectes des altérations con- fidérables. Telles font celles que le je r-Ef celebre MaLriGn1 a obfervées dans le Ver à foie. Mais je ne fai s'il ne paroîtra point aufli remarquable que ceux dont je parle ne m’aient jamais fat voir la moindre de ces varia- tions sUR LES VERSD'EAU DOUCE. 97 tions, en quelque tems & en quel- que état que je les aie obfervés. C’eft conftamment de la queue vers la tête que j'ai vu circuler la liqueur analogue au fang , & cela jufques dans des portions qui avoient à pei- ne demi-ligne, ou qui , pour mieux dire, n’étoient que des atomes. J’é- tois ainfi en état de diftinguer le bout antérieur du poftérieur, & de m'aflurer , autant qu'il étoit pofi- ble, que c’eft toujours à celui-là que la tête reparoiït. Je n’ai point obfervé non plus que la circulation du fang augmentät ou diminuat de vitefle enfuite de l'opération. On fait cependant que c’eit ce qui ar- sive ordinairement après des blef- fures bien moins confidérables que celle-ci. Au refle, je ne mets point au sang des variations proprement di- l G ‘98 ‘OBSERVATIONS tes dans le cours du fang ,'un rallen> üiflement très-fenfible que j'ai fou- vent remarqué dansles Vers affoi- blis par un long jeûne : il n’a rien que de fort naturel. OBSERVATION XVI. Que ces Vers ont le toucher extreme- ment délicat. Qu'ils femblent même wêtre pas entierement privés de lu- Jage de la vue. LES Naturaliftes ont fort célé- ‘bré l’extreme délicatefle du toucher de l’Araignée : celle de nos Vers w’eft peut être pas moindre. Si on -en approche le bout d'un brin de bois , on les verra fretiiler comme des Anguilles prefqw’avant que d’en avoir été atteints : ils fe cachent au - moindre mouvement qui s’excite sur LES VERS D'EAU DOUCE. 0ù autour d'eux. Mais j'ai fait d’autres expériences qui m'ont laiffé incer- tain fi ce n’eft point plutôt à la vue qu'à la fineffe du ta , que je dois attribuer ce qu’elles m'ont fait voir. Jai obfervé que dès que les premiers rayons du foleil venoient à donner {ur les vafes pleins d’eau, où je te- nois ces Infettes , leurs mouvemens paroifloient devenir plus vifs. Jai cru voirla même chofe lorfqu’après les avoir mis dans l'ombre, je faifois tomber fur eux, au moyen d’un mi- roir, la lumiere du foleil, ou que je venois les obferver à la chan- delle. | Si la moindre plaie nous caufe de fi vives douleurs, quelles ne doi- vent pas être celles que reffentent ces Vers lorfqu'on les coupe par morceaux ! Cependant à en juger par ce qui fuit cette terrible opéras G ij 100 OBSERVATIONS tion, on pencheroit plus volontiers à la croire moins douloureufe,moins cruelle pour eux qu’on ne Pimagine d’abord. OBSERVATION XVII. Sur une petite Anguille [ortie vivante d’une portion d'un de ces Vers. M Ais comment s’opere la géné- ration dans ces Vers: font-ils vivi- pares ou ovipares { Voici, àce fujet, une obfervation finguliere. Comme je partageo!is un de ces Infeétes en huit parties, je vis fortir d’une des portions voifines de la tête un peu de mauere terreufe , au milieu de Jaquelle j'apperçus remuer comme un filet bianchatre. Je ne doutai point d’abord que ce ne fût quel- que vaïleau, ou quelque autre par- SUR LES VERS D'EAU DOUCE. 107 tie analogue du corps de lanimal , qui n’en étant pas entierement fé- parée, en tiroit encore le principe de fon mouvement. Mais m’étant armé d'une bonne loupe , quelle fut ma furprife de voir ce prétendu vaiffeau fe changer en un petit Ver tout femblable pour la figure à ce- Jui dans lequel il étoit auparavant renfermé ! Je penfai aufli-tôt à l’é- ever, & je ne defefpérai pas d’y réuflir. Pour cet effet je le mis à part dans un petit vafe plein d’eau , à la- quelle je crus devoir joindre une pincée de terre. Je ne fus pas long- tems à reconnoître, par la prompti- tude avec laquelle je Py vis s’enfon- cer, que je l’avois fervi fuivant fon gout. De tems en tems néantmoins sl reflortoit pour nager de côté & d'autre dans le vafe. On ne pouvoit s'empêcher alors d’admirer la viva- G ii 502 OBSERVATIONS cité de tous fes mouvemens : or croyoit voirune de ces petites An- guilles que le microfcope fait dé- couvrir dans le vinaigre. À l’aide de: cet inftrument je remarquai que fes anneaux étoient plus marqués qu’ils ne le font dans les grands Vers de ce genre. J’aurois pu aïfément les compter , fi ce petit animal eût été moins vif. J’obfervai encore à l’ex- trémité de fa queue comme uneef- pece de petite houpe de poils blan- châtres extremement courts, & qui me parurent avoir quelque refflem- blance avec des nageoires. C’étoit en effet au moyen des coups réité- rés de fa partie poftérieure contre le liquide, & de coups réitérés avec une extreme promptitude & en fens oppoiés , qu'il nageoïit. Un autre mouvement lui étoit particulier : 1l courboit fon corps en maniere de sur LES VERS D'EAU DOUCE. 103: cérceau , & il le redrefloit enfuite tout à coup. Ce mouvement bruf- que analogue à celui des Vers fau- teurs qu'on trouve dans les pois, le portoit quelquefois à plufeurs li- gnes , mais fans pourtant lui faire abandonner le fond du vale. Je le fuivis ainfi pendant plus d’un mois & demi , au bout duquel un accident , que je n’avois pas prévu, me l’enleva à mon grand regret. Mais enfin ce que j'avois fouhaité principalement de favoir , je m'en étois inftruit au moins en partie ; je veux dire , fi ce Ver que j'avois forcé de venir au jour, par une opé- ration qu’on peut comparer à l’o- pération Céfarienne,non-feulement continueroit de vivre, mais par- viendroit encore à acquérir plus de longueur. Et ceft en effet ce que jai vu arriver. Ce Ver ; qui à fa naif- G iii 104 OBSERVATIONS fance n’avoit gueres plus d’une li= gne , ou une ligne & demie , en avoit déja au moins deux , lorfque eus le malheur de le perdre. | Cette obfervation à laquelle j’é- tois fi peu préparé, me porta à examiner avec une nouvelle atten- tion l’intérieur de ces Vers. Aidé d’une bonne loupe, je crus bien di- ftinguer dans celui des plus grands, de part & d'autre de la grande ar- tere , de petits Vers pareïls à celui dont j'ai parlé ci-deflus : il me fem- bjoit les voir s’agiter en différens fens , s'étendre , fe replier. Mais ayant appellé le microfcope à mon fecours, je commençaià douter que ce que je voyois füt réellement ce qu'il fembloit être. Il me parut que c’étoit plutôt des branches de ces vaifleaux dont j'ai parlé, Obf. I. & qwon diroit être des produétions sur LES VERS D'EAU DOUCE.10$ de la principale artere *. Cependant étant revenu à la charge un grand nombre de fois, & les mêmes appa- rences de petits Vers vivans s'étant fait voir de nouveau, je fuis refté dans le doute. Il ne m'a pas été auffi aifé defuf- pendre mon jugement par rapport au petit Ver en queftion: je n’ai pu m'empêcher de le regarder comme une preuve que l’Efpece, dont je donne 1c1 les obfervations , eit vivi- pare. En effet quelle conféquence plus naturelle que celle-là ? Mob- jeétera-t-on que ce Ver pouvoit avoir été avalé par celui auquel je conjecture qu’on doit en attribuer la naiffance ©? Mais dans une telle fuppofition, comment concevoir qu'il ait pu réfifter à l’a@ion de lef- tomac ? Et fi l’on dit qu'il avoit été engendré dans l'intérieur du grand, *# PL.I.F1G; Ve ds d, d, 106 OBSERVATIONS de la même maniere que le font tant. d’efpeces d’Infetes dans le corps de divers animaux , je demanderai auflirtôt comment il a pu vivre pen- dant un mois & demi hors de fon leu naturel ? Comment il »’a point paru fe reffentir de ce changement d'état © En un mot, je requerrai qu'on m'explique , fuivant cette idée , tout ce que j'ai rapporté de ce Ver dans cette Obfervation. OBSERV ATION XVIII. Sur d'autres petites Anguilles mifes au jour par des portions de ces Vers. LE faits qu’on ne doit qu’à d’heu- eux hazards , ne font pas de ceux qu'on peut fe promettre de revoir fouvent : ils dépendent la plupart du concours d’untrop grand nom- sUR LES VERS D'EAUDOUCE. 107 bre de circonftances , tel eft celui que je viens de raconter: On ne fe- ra donc point furpris fi je dis, que quoique j'aie partagé depuis , beau- coup de ces Vers, & de ceux mèê- me dans l’intérieur defquels javois cru appercevoir d’autres petits Vers vivans , je ne füuis point encore pat- venu néantmoins à faire fortir un {eul de ces derniers d'aucune des portions de ceux-là. Mais j'ai eu des vingt-fixiemes qui ont accouché de femblables Vers, douze à treize jours après avoir été féparés du tout dont ils faifoient auparavant partie. Les portions en queftion é- toient la douzieme & la dix-neu- vieme du Ver dont nous avons par- lé , Obf. VII. lequel avoit été par- tagé le 3. de Juillet. De ces deux portions la douzieme avoit, lors de cet accouchement , achevé de 108 OBSERVATIONS fe completter. Son eftomac & fes inteftins étoient pleins de matieres terreufes. Mais la dix-neuvieme n’a- voit encore ni tête ni queue, elle ne faifoit que commencer à fe re- produire. Cependant celle-ci avoit mis au jour quatre petits, & l’au- tre feulement un. Je me flatois de les élever : mais ils ne vécurent que quelques jours. Peut-être qu’en les faifant pañler dans un autre vafe, pour les mettre à part, je ne n’y étois pas pris affez délicatement. OBSERV ATION XIX. Qwon peut foupconner ces Vers de Je multiplier par rejettons à la maniere des Polypes. C Es fameux Polypes dans fef- quels M. TREmMBLEy a découvert sur LEs VERS D'EAU DOUCE. 109 tant de merveilles , en offrent une quiétoit connue depuis long-tems*, * reweshreck - : ; ; + + . - lavoit remar- mais qu'on n’avoit pas fuivie JUf- quéedès 1703. Joie Il 20 2 d lé de même qu'ici comme elle méritoit de Pé- su Anony- Te, | _ me Anglois. tre : C’eft la façon extremement fin- au guliere dont ces Infettes mettent ?/#/pree- te année. leurs petits au jour.Un Polype pouf fe hors de fon corps un jeune Poly- pe, comme une tige d’arbre poufle une branche , comme une branche poule un rameau. Je fuis encore in- certain 51] n’a pas été accordé à nos Vers de fe multiplier d’une façon fi étrange. Voici ce qui m'a porté à le foupçonner. Je venois de préfenter au microf- cope , le 10. de Juiller, la cinquie- me portion du Ver dont j'ai déja fait mention dans l'Obfervation précé- dente & dans la huitieme , lorfque j'apperçus à l’origine de la partiean- térieure nouvellement produite, ou 110 OBSERVATIONS : fi Pon veut à la bafe de latète, pré: cifément dans la ligne du milieu du dos , une efpece de mamelon ou de tubercule charnu , de couleur blan= châtre, & qui formoit avec le corps un angle à peu près droit. Ce ma- melon étoit parfaitement immobi- le, & le microfcope ne faifoitrien découvrir ni {ur fon extérieur, ni. dans fon intérieur, qui parût of- ganifé. Inftruit par cette Obférvation de ce que je devois faire , je ne man- quai pas d'examiner de fuite cha- que portion. Cinq m’offrirent la mè- me particularité , favoir la quatrie- me , lafixieme , la feptieme , la neu: vieme & la vingtieme ; toute la dif- férence que je remarquai fut que ce mamelon , ou tubercule , étoit plus ou moins incliné vers l'extrémité antérieure du corps dans les unes que dans les autres. sur LES VERS D'EAU DOUCE. 131 Je m’attendois à le voir sallon- -ger de plus en plus, & prendre in- fenfiblement la forme d’un petit Ver, comme il arrive aux Polypes naiflans : mais je fus trompé dans mon attente. Il alla au contraire en diminuant de grandeur de jour en jour , à mefure que la portion à la- quelle il appartenoit , acquéroit el- le-même plus daccroifflement ; er forte qu’au bout d'environ trois {e- maines , & même plutôt, dans quel- ques portions, comme dans la cin- quieme , 1] difparut totalement. Les fucs nourriciers qui devoient opérer: Pentier développement du Ver naif- fant , auroient-ils été interceptés par la partie voifine © La chofe paroît n'être pas deftituée de probabilité. Une autre conje&ture que je pren- drai la liberté d’hazarder ici : ce ma- melon au lieu d’être un petit Ver 1412 OBSERVATIONS encore informe, ne feroit-il point plutôt une feconde tête venue con- tre nature ? Si c’étoit-là un fait bien avéré, il n’auroit peut-être rien de fort extraordinaire , quelque fingu- lier qu'il parût d’ailleurs : car pour- quoi n'artiveroit-il point dans la re- production de nos Infectes de bou- ture des dérangemensfemblables ou analogues à ceux que nous voyons arriver fi fréquemment dans la gé- nération des grands animaux, & plus rarement dans celle des Plan- tes ? Une régularité qui ne fe dé- . mentiroit jamais, me furprendroit au contraire davantage.Enfin ce ma- melon feroit-il une excroifflance du genre des Loupes ou des Champignons qui s’élevent quelquefois fur les Plaies ? C’eft une troifieme conje- ture qui me paroit moins probable que les précédentes. | OBSER- sur LEs VERS D'EAU DOUCE:11$ OBSERV ATION XX. Sur in Ver del Efpece des premiers, ai: quel on eff parvenu à denner deux têtes. EN Phyfque un fimple foupcon ramené à l'expérience , donne fou- vent naiffance à d’heureufes décou- vertes , qui éclairciffent la vérité & étendent nos vues. L'expérience que je vais décrire nous en fournit un exemple remarquable. Dans le mois de Juin 1743. ilme tomba entre les mains un Ver de Vefpece des précédens , long d’en- viron deux pouces & demi. L’ayant mis dans un vafe à part avec de l’eau & un peu de terre, je fus furpris quelques jours après de le trouver partagé en trois parties,dont Pinter: H 114 OBSERVATIONS médiaire étoit la plus courte dequel: ques lignes. Toutes trois avoient commencé à fe completter, lorfque je remarquai à l’extrémité antérieu- re de [a troifieme un de ces mame- * P.. I. lons * , dont j'ai parlé dans POb- FIGXV.E. fryation précédente. Plein de Pidée que ce pouvoit être une feconde tête que la Nature travailloit à poufler , j’attendis plu- fieurs jours pour voir s’il n’acheve- roit point de fe développer : mais remarquant qu'il demeuroit le mê- me, je tentai de l’amener à fon par- fait accroiflement par une opé- ration. Je commençai par couper la tête qui avoit achevé de fe former, & qui avoit même commencé fous mes yeux à donner entrée aux ali- mens. Le 19. de Juillet, c’eft-à-di- re,quelques jours après l'opération, sur LEs VERS D'EAU DOUCE. 16 ayant préfenté le Ver au microfco- pe, j'obfervai que la nouvelle tête avoit pris fon parfait accroiflement, mais que le mamelon , ou tubercu- le, n’avoit fait aucun progrès. La raifon n’en étoit pas difficile à pé< nétrer, & je lai déja indiquée: la tête avoit tiré à elle les fucs nour- riciers qui auroient dû fe rendre au mamelon. Afin donc de les déter- muiner à fe porter en plus grande abondance vers celui-ci, j'en coupai le 25. Pextrémité. Le 6. Août j'eus le plaifir de voir que ce mamelon étoit devenu une tête * , àquirien ne paroïfloitman- * Ficurs quer , & qui égaloit l’autre en lon- gueur. Le microfcope même n’y faifoit appercevoir aucune différen- ce effentielle (Tr). (1) M. TREMBLEY a été bien plus loin fur es Polypes. Il en a fait à 6. & à 7. têtes , en les coupant fuivant leur longueur ,& en ne 1] 316 OBSERVATIONS En regardant ramper le Ver, je crus remarquer que les deux têtes n’avoient pas une même volonté; que lorfque l’une tiroit d’un côté, Pautre tiroit de l'autre ; & qu’ordi- nairement la plus ancienne, ou cel- | le qui avoit pouflé la premiere , & que j'appellerai À , emportoit fur la plus jeune B. Comme celle-ci étoit demeurée un peu plus efhlée que À ; pour tä- cher de les rendre plus égales, je coupai le 17. extrémité de B. Le 24. elle avoit achevé de fere- faire : on y voyoit très diftin@&ement la bouche : mais A étoit fenfble- ment plus longue & plus groile ; pouffant la feétion que jufques vers le milieu du corps. (Voy. la Préf. du Tom. VI. des Mém. de M. de REAUMUR fur les Inf.p. 55.) Mais mes Vers ne font pas à beaucoup près fi traitables. Leur molefle & leur agilité ne permettent pas de center fur eux de fembla- bles expériences. On ne peut ici qu’aider le Nature comme j'ai eflayé de le faire, sur LES VERS D'EAU DOUCE. 117 auf continuoit-elle à l'emporter fur B dans la marche de l'animal. Je r’étois point encore fatisfait : j'étois bien parvenu à donner deux têtes à notre Ver, mais je nem'’é- tois pas afluré que B fût capable des mêmes fonions eflentielles que À ; & il étoit très-important de s’en convaincre. Pour cet effet, le même jour 24. Juillet , je coupai la - tête À, après avoir donné au Ver le tems de fe vuider. Pendant les premiers momens qui fuivirent l'opération, j'obfervai qu’il rampoit en s’aidant de la tête B: mais fa marche avoit quelque chofe de pénible. On voyoit que cette fe- conde tête ne le fervoit pas à beau- coup près aufli bien que celle dont sl venoit d’être privé : fouvent mê- me c’étoit fur le tronçon de celle- ei qu'il s’appuyoit. Hi 418 OBSERVATIONS Le 27.il r’avoit point encore pris de nourriture, {es inteftins étoient fort tranfparens ; ce qui prouve que la têteB, ou n’avoit point encore achevé de fe refaire, où mavoit point de communication avec le- flomac. Le 29. la tête A s’étoit refaite, & le Ver avoirfes inteftins pleins de terre. Le 31. impatient d’amenerla tête . B à fon point de perfe&tion, je la coupai près de fon origine. Le 3. Septembre elle avoit déja atteint la moitié de fon accroifle- ment : mais quoiqu’elle continuët de croître les jours fuivans , elle fut cependant toujours plus petite que Vautre. De ces expériences je conclus qu’il eft très-probable que ce ma- melon , dont nous recherchions la sUR LES VERS D'EAU DOUCE.119 nature , Obf. XIX. eft une feconde tête dans l’état de développement. Mais fi cela eft, comme jele crois, il doit paroître aflez fingulier que la Nature ait befoin de la main de l'Obfervateur pour conduire fon ou- vrage à fa perfection. Il eft vrai qu’il peut y avoir des cas où elle fait s’en pañler : & nous fommes encore trop peu éclairés fur cette matière pour en raifonner pertinemment. Mais , m'objettera-t-on peut-ê- tre , les expériences qui viennent d’être rapportées, loin d’exclurre la premiere conjeure indiquée Obf. XIX, ne la favorifent-elles pas plu- tôt © Ce mamelon nedoit-il pas être regardé comme un Ver naiffant , mais refté enté fur l’autre{C’eft lob- je&ion que M. de Reaumur m'a fait l'honneur de me propofer, & qu'il efime fe confirmer par les H ii 120 OBSERVATIONS deux volontés différentes que jai cru avoir remarquées dans notre Ver. Je n’ai que deux réponfes à à faire à cette obicétion. La premiere eft prife de la grande proximité qu'il y a entre ce mamelon & la tête ; la feconde , qui a plus de poids, eff, que ce mamelon ne conferve point dans fon accroiflement les propor- ions d’un Ver naïffant. Cependant ces raïfons n'ayant pas aflez de for- ce pour balancer dans mon efprit Pautorité de M. de REaumur , je f{ufpendra mon jugement juiqu'à nouvel examen. Aurefte, les deux métncl où boutons , venus aux deux côtés de la rête du Verde la Table IIL.N°.VE. n’étoient fans doute pas difiérens de celui dont il s’agit ici. S'ils euf fent été moins petits, j'aurois pu ef= sUR LES VERS D'EAU DOUCE. 121 pérer de les faire développer par l'opération, mais je la tentai vaine- ment. | Pour täâcher d’en faire naître de femblables fur d’autres Vers, j'en ai coupé plufeurs fur différentes proportions, & j'ai fait à d’autres des piquûres & des incifions en dif- férens endroits du corps , mais fans fuccès. Ce font des expériences qui demandent apparemment d’être ré- pétées un grand nombre de fois & d’être beaucoup variées. Jy invite les Curieux. Ce n’eft pas feulement à la par- tie antérieure que nos Vers pouffent des tubercules , ou boutons : ils en pouffent aufli à la partie poftérieu- re. C’eft ce que j'ai obfervé récem- ment fur celui du N°. VI. de ia Ta- ble If, & ce qui a été caufe que Jai différé à faire la onzieme opé- _ 122 OBSERVATIONS ration. Mais le bouton qui avoit commencé à fe développer , a dif- paru à mefure que la queue a pris plus d’accroiffement. Il étoit placé à environ 2. lig. de l’éxtrémité pof- térieure , vers laquelle il s’inclinoit {enfiblement. Le 17. Juillet ÿai fait la douzieme opération, la queue avoit 1. lig. un tiers, le corps 13. Au refte , on doit voir avec fur- prife que ce Ver ait déja vécu plus d’un an dans l’eau pure, & s’y foit completté douze fois fans avoir fouffert de diminution dans fa taille, au moins de diminution bien fenfi- ble. Mais je ferai obferver que quoi- que j'aie toujours eu l'attention de couvrir d’un papier fort la tafle où je le tenois enfermé, la poufliere ne laifloit pas néantmoins de s’y in- troduire ; ce qui a pu fournir à PIn- fe&e de quoi Le faire fublifter, SUR LES si DAS | es OBSERV ATION XXI. Obfervations & Expériences [ur des pe- cites Anguilles , de l'Efpece de celles dont il à été parlé ci-deffus. Que ces petites Anguilles fe reprodui- Jent de Bouture ; à quel point elles [e divifent & [e fubdivifent, C avec quelle promptitude. Différences de progres entre celles qui ont êté partayées en Hiver ,® celles qui l'ont été en Eté. Ox trouve dans les ruifleaux de très-petites Anguilles blanchatres, qui refflemblent beaucoup à celles du Vinaigre, foit par la forme de leur corps, foit par la nature & la vivacité de leurs mouvemens.Quoi- _ que leur origine ne me foit pas en- core bien connue, je crois pour- tant avoir déja commencé de l’éta- 124 OBSERVATIONS -blir dans les Obfervations XVII. & X VIT. J’ajouterai ici que fur la fin de Janvier 1742, j'en ai trouvé une dixaine de toutes femblables dans un vafe où avoient été élevées les portions d’un grand Ver de Pefpece des précédens , coupé en trois par- ties vers la mi-Juillet 1741. Obf£. XIIT. Tab. IV. Celles-ci ont vécu & n'ont offert quelques faits afflez curieux , que je me fuis propofé de raflembler dans cette Obfervation. Je parlerai d’abord de ceux qui con- cernent leur ftructure. Elle ne differe pas effentiellement de celle des grands Vers dont j'ai donné la defcription Obf I. cepen- dant on y découvre à laide du mi- crofcope deux ou trois particulari- tés qui pourroient faire douter de cé que nous avons avancé touchant Porigine de cetteefpece d’Anguile, sur LES VERS D'EAU DOUCE. 126 La premiere de ces particularités , font de longs poils femés çà & là tout le long du corps; la feconde ; font deux points noirs en forme d’yeux, placés de chaque côté de la tête , précifément à l’endroit où elle a le plus de diametre ; enfinune troilieme particularité , c’eft que le canal où font contenus l’effomac & les inteftins, n'a paru plus gros à proportion dans ces petits Vers que dans les grands. Il fe renfle confi- dérablement en quelques endroits , la circulation du fang n’y eft pas non plus fi aifée à obferver. Tout ce qu'on voit clairement, c’eft qu’à chaque battement de Partere le ca- nal des Inteftins paroît fe contra- ter, à peu près comme fi c’étoit dans ce canal même que s’operût la circulation. L'intérieur de nos petites Anguil- 126 OBSERVATIONS les offre encore une particularité qui mérite d’être remarquée, mais qu’on n’obferve que dans quelques-unes : elle confifte en ce que les princi- paux vifceres , au lieu de paroître : exactement continus dans toute leur longueur,femblent au contraire fouf. frir dans le milieu du corps une le- gere interruption : le point où fere- marque cette folution apparente de continuité , n’eft pas le même dans chaque individu.Il eft plus ou moins éloigné du milieu du corps chez les uns que chez les autres. Lorfquw’on obferve l’Infette au microfcope, ce point devient un efpace tranfpa- rent , où on ne découvre rien de di- finé , tandis qu’au-deffus & au-def- fous tout eft affez marqué.On verra plus bas la raifon de ce petit phé- nomene. L’extreme délicatefle de ces pe- sur LES VERS D'EAU DOUCE. 127 cites Anguilles feroit-elle un obfta- cle à leur multiplication de boutu- re, ou plutôt nela favoriferoit-elle pas ? J’avois d’abord eu peine à em- brafler ce dernier fentiment : cepen- dant en ayant partagé une en deux le 28. Mars 1742. & le hazard ayant voulu que je la partageafle précifé- ment dans le point de l'interruption des vifceres , le lendemain chaque moitié fe terra, & le premier Avril la feconde examinée au microfcope _paroifloit avoir achevé de fe com- pletter. Non feulement fa tête étroit bien formée , mais ce qui eft moins équivoque, cette moitié avoit cOm- mencé à prendre de la nourriture. L’eftomac & les inteftins qui aupa- ravant paroïfloient vuides', étoient remplis de matieres terreules. Mais voici quelque chofe de plus fingulier : ces deux petites Anguil- 458 OBSERVATIONS les qui n’étoient provenues de bot:, ture , je les avois mifes dans le mê- ne vafe de verre avec de Peau, & feulement autant de terre détrem= pée qu’en avoit pu retenir la pointe d’un cure-dent. Le 11. Mayfuivant au lieu de deux Anguilles j'en trou- vai une quinzaine ; dont trois ou _ quatre avoient bien cinq à fix lig: de longueur, mais qui toutes étoient éxceflivement menues: Soupçonnant les inégalités du vafe,ou quelque petite pierre cachée fous le limon d’avoir occafionné cette multiplication extraordinaire; Obf. VI, je fis pafler le même jour toutes ces petites Anguilles dansun autre vafe de verre, dont le fond pa- toifloit très-lifle , & dans lequel je ne mis que de l’eau pure.Le 13. Juin j'en comptai 60. Après une fembla- ble expérience je craindrois de me tromper sûr LES VERS D'EAU DOUCE.129 tromper fi je décidois. Qu'il me. foit permis néantmoins de faire re- marquer qu’elle ne détruit pas ab{o- fiment ma conjetture.Quelque poli qu’un corps comme le verre paroif- £ à nos fens, on ne peut douter que ce ne foit un plan rabotteux pouf nos petits Infeétes : le microf- cope nous en convainc. Maisil ya plus ; j'ai obfervé bien des fois de nos petites Anguilles, dont le corps étendu au fond du vafe paroïffoit y être fortement retenu par ces petits crochets, dont la partie inférieure des anneaux eft garnie , ( Obf. L } Aflez fouvent ai vu le fond & les parois de mes vafes fe couvrir d’une forte de moifflure grisatre, extre- mement courte , mais fort rude au toucher , & très-adhérente au ver- re , qui peut encore contribuer beaucoup à augmenter la réfiftan- ï | 130 OBSERVATIONS ce que nos petits Vers trouvent à ramper. A tout cela on m’objectera peut- être que la multiplication que je cherche à expliquer, pourroit n’è- tre qu’une multiplication naturelle, une multiplication par génération, & non par divifion. Je nai qu’une ré- ponfe à faire à cette objection : je la tirerai de l'égalité de groffeur que j'ai toujours cru remarquer entre les petites Anguilles dont 1l s’agit;éga- lité qui ne fauroit, ce femble, avoir lieu dans opinion qu’on m’oppofe. La promptitude & la facilité avec lefquelles nos petites Anguilles fe reproduifent lorfqu’elles ont été di- vifées , font aflurément très-dignes d'attention: en voici un autre trait qui frappera fans doute davantage: J'avois partagé récemment une de ces Anguilles en quatre portions ; sur LES Vers D'EAU DOUCE. r3 le 16. Juin für les 3. heures après midi le Thermometre de M. de REeaumuR étant à 16. degrés au- deflus de la congélation, je fis ’ex- périence de ne divifer qu’à demi la derniere de ces portions , en telle forte que les deux moitiés ne fem- bloient tenir l’une à lPautre que par un fil Au bout d'environ trois quarts d'heure je les trouvai réunies , au poiat qu'il n’y paroifloit plus qu'un très-leger étranglement , & une pe- tite interruption dans les vifceres pareille à celle dont j'ai parlé ci-def- fus. Une heure après, Pétranglement avoit totalement difparu ; & le len- demain matin , fur les fix heures, on ne découvrait aucune trace de opération. Cette plaie fi profonde qui avoit intéreffé les parties les plus néceffaires à la vie , s’'étoit parfaite- ment confolidée. Que dis-je, elle | I ïj 132 OBSERVATIONS ne paroïfloit pas avoir été faite. Cet: te expérience qui feroit toujours très-remarquable quand elle auroit réuffi fur lAnguille entiere , doit ce me femble le paroïître encore plus dans une portion qui n’en étoit que la quatrieme partie. Au refte , nous trouvons ici l’origine de cette folu- tion apparente de continuité qu’on obferve dans l’intérieur de quelques- uns de ces petits Vers. J'ai tenté la même expérience fur une portion d’un grandVer de efpe- ce des précédens , longue d'environ fix à fept lignes, j'ai fait à cette por- tion cinq à fix profondes incifions : la liqueur du Thermometre de M. de Reaumur étoit alors au-deflus de 16. degrés. Au bout de 16. heu- res onn’yreconnoifloit prefque plus rien : tout s'étoit confolidé , réuni. J'ai été attentif à remarquer fi la sur LES VERS D'EAU DOUCE. 133 circulation du fang ne fouffroit pas de ces incifions : il m'a paru que là où elles étoient plus profondes,elle étoit interceptée , finon en tout * du moins en partie. Nous avons vu, Obf. VIII à quel point la chaleur & le froid in- fluent fur la reprodu“&tion & Fac- croiflement des portions ou boutu- res de nos grands Vers aquatiques : dans la même vue jai partagé de nos petites Anguilles en Hiver & en Eté. J’ai donné ci-deffus le réful- tat de l’expérience faite däns la pre- miere de ces deux faifons : voici plus en détail celle que ai tentée dans la feconde. J'ai donc partagé par le milieu ; le 25. Aout au matin , une de ces petites Anguilles : immédiate- ment après,chaque moitié s’eft don- né les mouvemens que ces fortes TL üi 134 OBSERVATIONS: de Vers ont coutume de fe donner Le 27. elles n’avoient pas fait de progrès bien fenfibles. Le 28. la nouvelle tête de la fe: conde moitié paroïffoit n'être ‘en core qu a la moitié , ou environ, de fa crûe. - Le 29. elle n’avoit pas encore RP de fe refaire. Mais à l'égard de la queue de la premiere moitié Panus y étoit très-diftintt. Le 30. latète de lafeconde moi: tié fembloit s'être refaite : mais les deux points noirs en forme d’yeux ne paroifloient pas encore. Ni lune ni l'autre n’avoit commencé à pren- dre de la nourriture , ni ne s’étoi£ terrée. | : Le 31. toutes deux s’étoient en foncées dans la terre , & en avoient leur eftomac plein. Les deux petits points noirs commencoient à # sUR LES VERS D'EAU DOUCE. 13$ montrer à la tête de la feconde. Le Thermometre de M. de REAU- MUR , de 14. à 16. degrés. On eft fans doute furpris qu’une de nos petites Anguilles , partagée en Eté , ait employé à fe complet- ter deux jours de plus qu’une autre partagée en Hiver : en effet la chofe eft remarquable. Je ne chercherai pas à en rendre raifon : elle peut - dépendre de circonftances particu- lieres qui ne me font pas connues , mais qu'il ne fera pas difiicile d’'i- maginer dès qu’on fe contentera de conjectures. J’aurois eu probable- ment quelque chofe de plus certain, fi j'avois pu réitérer expérience comme je me l’étois propolé : mais les Anguilles que je confervois à cette fin, ont toutes péri pour na- voir pas eu foin de renouveller l'eau aflez fouvent , car je n’en imagine Xi 136 OBSERVATIONS pas d’autre caufe. Quoi qu'il: em foit , jai cru ne devoir pas fuppri- mer cette expérience , parce qu'on y voit mieux que dans l’autre lafwire des progrès de chaque moitié. CREER PS EE) OBSERV ATION XXII. Sur des Vers blanchätres d'une autre Efpece que les précédens. Maladies auxquelles les uns les au- tres font [ujets. Pau les différentes efpeces de Vers longs fans jambes qui habitent les ruifleaux , il y en a plufieurs qui ne femblent différer les unes des autres qu’en couleur. F’enconnois , par exemple , de rougeätres ou jau- nâtres , & de blanchätres ou grifa- tres , dont la forme extérieure ; ‘la groffleur & la maniere de wi- sur LES VERS D'EAU DOUCE. 137 vte font toutes femblables : ils ai- - ment également à fe cacher dans la boue, & à tenir leur partie po- flérieure élevée au - deflus. Enfin c'eft de cette même boue qu'ils tirent une nourriture qui leur eft commune. Le 3. Juillet 1741. j'attrapai un de ces Vers blanchâtres ou de la fe- conde efpece , lequel avoit bien 3. pouces de longueur. Je lexaminai à la loupe , qui ne me fit rien voir de particulier dans fa ftruure. Il pa- roifloit moins vif que ceux de la premiere efpece, & 1l fe tenoit fou- vent replié fur lui-même en manie- re de peloton. Sur les 3. heures je fis lexpérien- ce de le partager en deux : mais les divers mouvemens qu’il fe donna à cette occafion, furent caufe que je ne le coupai pas dans le milieu du 138 OBSERVATIONS : corps, comme je Pavois fouhaités La partie qui garda la tête fut plus longue que celle qui garda la queues ce que confidérant une heure après, ie me déterminai à couper chaque partie en deux autres , en telle forte que j'eus mon Ver divifé en 4. por- tions. De ces quatre portions la pre- miere fut celle quime parut le moins fouffrir de l'opération : elle conti- aua de faire des efforts pour aller en avant, elle y réuflifloitmême en s’ai- dant de la tête comme tous ces Vers; mais fa marche étoit pémble. À l'égard des trois autres elles ne reftoient pas abfolument immobi- les ; elles s’agitoient en divers fens, fur-rout la quatrieme qui après la premiere paroifloit la plus remuans te. Lorfque j'expolois au foleil le vafe où elles étoient renfermées ; leurs mouvemens en devenoien£ sur LES VERS D'EAU DOUCE. 139 plus vifs,elles paroifloient inquietes. Le lendemain je remarquai au bout antérieur de la quatrieme por- tion, comme une forte de moififfu- re, qui fembloit aller infenfiblement en augmentant. J’obfervai en même tems que les anneaux étoient là beaucoup plus marqués qu'ailleurs, & que ne le font d'ordinaire ceux de ces fortes de Vers : ils létoient même à un tel point qu'ils fem- bloient féparés par des étrangle- mens. Une altération aufli remar- quable me fit augurer mal de cette portion de même que des autres: je regardai cette efpece de moifif- fure comme une maladie analogue au fphacele ou à la gangrene. Cepen- dant la portion qui en étoit atta- quée , ne difcontinuoit point de me donner des fignes de vié en agitant fa partie poftérieure,& cela jufqu’au 140 OBSERVATIONS cinq au matin que les derniers am: neaux furent réduits à l’état des pre- muiers. Alors 1l ne reftoit plus de cette portion qu’un petit amas de chairs fi difloutes, fi altérées qu'il n'étoit pas pofñble dy rien diftin- guer d’organifé. On croyoit voir une petite touffe d’un fin coton, ou comme jai dit, de moififfure. Pendant ce tems-là un femblable changement s’opéroit dans la troi- fieme portion, & avec les mêmes circonftances ; & le même jour fur les 8. heures du matin elle cefla de vivre. La feconde eut le même fort le lendemain matin 6. furles 10. heur. J'efpérois au moins de conferver la premiere portion qui paroïloit fe porter aflez bien. Je lui donnai un peu ce terre, afin qu'elle pût y aller prendre de la nourriture. Elle sur LES VERS D'EAU DOUCE. 141 s’y enfonça en effet ; elle fembla mé- me avoir commencé à manger : mais enfin la même maladie qui avoit empoité les autres , Pattaqua à fon tour ; & elle acheva d’être confu- mée le 14. Dans le mois d'Avril 1742. je ti- rai encore de l’eau 9. Vers de la couleur du précédent, mais quila plupart fembloient être dans le cas de ceux qui ayant été mutilés ont commencé à reprendre les parties qui leur manquoient : il s’en trou- voit même à qui la queue n’avoit point encore commencé à revenir. Leur longueur en général étoit d’en- viron un pouce. Les uns & les au- tres étoient très-vifs, & je comptois bien les conferver pour les faire {er- vir à diverfes expériences. Pour cet effet je les mis tous dans un même vale avec de l'eau & un peu de ter: i42 OBSERVATIONS re. Le lendemain matin je fus bien furpris de n’en trouver qu'un feul en vie : les 8. autres avoient été at- taqués de cette maladie , que je re- garde comme analogue à la gangre- ne , qui les avoit entierement con- fumés. Je foupéonnai que ce mal- heur leur étoit peut-être arrivé pout mavoir pas eu aflez de terre, ou n’en avoir pas eu de conditionnée comme 1l convient qu’elle le foit, ( car celle que je leur avois donnée avoit été prife dans une caifle de Fourmis-lions ). Je donnai donc à celui qui avoit furvécu de la boue bien détrempée & en quantité fufñ- fante : il s’y enfonça , mais au bout de quelques jours il fut attaqué de la même maladie que les autres, & confumé comme eux. Nos Vers de la premiere efpece; nos Vers d’un brun rougeûtre font sur LES VERS D'EAU DOUCE. 143 aufli fujéts à la maladie que je viens de décrire, Obf£ VI. Pour le prou- ver, & c'en eft ici le lieu, je n’ai qu'à rapporter quelques Obferva- tions que j'ai eu occafion de faire l-deflus en 1742. Le 21. Juillet de cette année je pris au fond de ce ruiffeau, dont j'ai déja parlé plus d’une fois, $. Vers de lefpece en queftion, & longs chacun d’environ un pouce & de- mi. Ils montroient tous beaucoup de vivacité. Trois néantmoins n’a- voient point de tête, & un feul commençoit à la reprendre. Le 2. Août je remarquai que près des deux tiers d’un de ces Vers, & en- viron le tiers d’un autre étoient de- venus blanchaätres de rougeâtres ou jaunètres qu’ils étoient auparavant. Je ne pouvois ignorer ce que figni- floit ce changement de couleur, 144 OBSERVATIONS Pour tâcher d'arrêter les progrès dé mal, j'eus recours au remede ufté en pareil cas , je veux dite , à l’'em- putation.Je retranchai de chaque Ver la partie infetée, & je mis celle qui étoit faine dans de la nouvelle eau. Mais cela n’empêcha pas que celle- ci ne fût attaquée du même mal le lendemain. Les autres Vers en fu- rent de même faifis, & tous furent confumés en moins de 5. à 6. jours. Deux autres Vers de la même ef- pece, & des plus grands , que je tenois à deffein dans l’eau pure de- puis le 24. Juillet, commencerent aufli le 2. Août à être atteints de la même maladie. J’obfervai qu'ils a+ voient çà & là, fur les côtés , com: me de petites puftules blanchâtres & aflez tranfparentes. Ces pultules ou inégalités fe voyoient fur tout à. la tête qui en paroiffoit moins effi- lée. suR LES VERS D'EAU DOUCE. i45 ée. Je remarquai encore qu'ils né- toient plus fi vifs qu'auparavant.Sur cela je me déterminai à mettre lun de ces Vers dans un autre vafeavec de Peau & un peu de terre, & je laiffai l'autre dans l’eau pure. Le 4. au matin je trouvai celui-ci avec le quart de fon corps de moins. La partie qui manquoit, dans laquelle étoit comprife la queue , avoit été réduite à l'état des Vers dont jai donné lhiftoire ci-deffus. Pour aider au Ver à fe remettre , & à réparer la perte qu'il avoit faite de fa partie poftérieure, je lui donnaiun peu de terre. Le 9. il avoit. commencé à repoufler au bout poftérieur. Le 26. je le trouvai partagé en deux parties à peu près égales, & qui n’a- voient pas encore commencé à re- prendre ce qui leur manquoit pour être des Vers parfaits, Mais elles le K 146 OBSERVATIONS devinrent enfuite. La même chofe arriva à fon camarade ; je le trouvai auffi partagé en deux, le 17. Et le 26. la feconde moitié Pétoit enco- re en autant de portions a les, & qui toutes deux s’étoient complettées. o On fait que les Poiflons, pour être toujours au milieu de l’eau, ne font pas exempts de certaines efpe- ces de Poux. Des Infe&es analo- gues , de couleur blanchätre, très- vifs & qui portent une petite queue recourbée vers le ventre ; enfin des Infectes dont l’eau eft quelquefois très-peuplée , mais qui font fi petits qu’on ne fauroit les découvrir fans le fecours des verres, m'ont paru en vouloir auffi à nos Vers aquatiques qui fe multiplient de bouture.Très- fouvent il m’eft arrivé d’expofer au microfcope des portions de ces sur LES VERS D'EAU DOUCE. 14 Vers, & des Vers entiers, au corps defquels étoient attachés bon nom- bre de ces petits animaux. J'en ai vu auffi qui fe tenoïent au milieu de cette efpece de moififlure dont j'ai parlé. | J'ai mis ( Obf. VI. & XXI.) au nombre des caufes qui peuvent opé- rer une divifion de parties dans nos Vers , les corps doués d’une certai- ne réfiftance , comme font la Terre lorfquelle eft trop compacte ; ouen top grande quantité, de petites pierres , &c. Mais fans qu'aucune de ces caufes concourût , nous avons vu de ces Infectes fe parrager les uns en deux, les autres en trois ou qua- tre parties. Les Tables [. & II. N°. IL. nous en ont déja fourni des exemples. Les Obfervations qu'il nous refte à rapporter, nous en fourniront encore plufieurs. Nous y K ii 148 OBSERVATIONS verrons que c’eft ce qui arrive quel= quefois aux Vers, ou aux portions de Vers qui ont eu à foutenir de longs jeûnes. Le refferrement des vaifleaux occafionné par le manque de nourriture , en eft fans doute une des principales caufes. OBSERV ATION XXIII. Obfervations & Expériences [ur les Vers blanchâtres , ou de la feconde Efpece, dont il a été parlé ci-deffus. Que ces Vers peuvent être mulripliés de bouture. | Portion d'un de ces Vers qui au lieu de prendre une tête a pris une queue. L Es Vers blanchâtres des Obfer- vations defquels jai commencé de rendre compte, méritoient plus d’é- tre fuivis que je ne l’avois d’abord sUR LES VERS D'EAU DOUCE. 149 penté : mais latrop prompte mort des premiers qui m’étoient tombés entre les mains , ne m’avoit pas per- mis de faire les effais que j'ai été en état de faire depuis , & auxquels je fuis redevable de faits qui par leur fingularité demandent peut-être que entre dans un détail un peu plus circonftancié que ceux danslefquels je fuis entré jufqu'ici. Les diverfes Obfervations que j’ai faites pour m'inftruire de la ftru- éture intérieure de ces Vers * , ne ne E nous arrêteront pas beaucoup : il ” me fuffira de: dire qu’elle ne paroîc différer en rien de celle des Vers rougeatres. Tout ce que j'y ai re- marqué qu’on ne voit pas aufli bièn dans ceux-ci, parce qu'ils font moins tranfparens , ce font des efpeces de poches ou facs membraneux * , at- *Fie. VIT: tachés des deux côtés de leftomac, > À > K üÿ. 150 OBSERVATIONS , & qui m'ont femblé avoir quelque rapport avec celles qu’on obferve * Voy. PA. dans les Sangfues * : mais je mai pas natomie de la ; 3 Sangfuc par allez pouflé mes Obfervations fur AS tre ce fujet, pour avancer quelque cho- Rate fe de plus précis. Je viens doncaux Per 1759. expériences que j'ai annoncées. La premiere que j'ai tentée a été de partager un de ces Vers en deux, ce que j'exécutai le 20. d’Août fur les 9. heures du maun. Le 23. fur les fix heures du foir ayant préfenté l’une & lautre moi- tié au microfcope, j'obfervai que la premiere avoit commencé à repren- dre une queue , mais que la feconde n’avoit encore fait aucun progrès. ‘Le 28. au matin, celle-ci étoit morte : l’autre avoit pouflé une queue denviron une demi-ligné. - Le 29. d’Août environ fur les dix heures du matin, je répétai l’expé- rience faite le 20. sur LES VERS D'EAU DOUCE. 151 Le 7. Septembre la premiere moitié avoit pris une queue d’envi- ron une demi-ligne : mais la fecon- de ne faifoit encore que commen- .Cer à pouffer. Le 13. ayant offert chaque moi- tié au microfcope, je vis avec fur- prife que la feconde n’avoit point encore achevé de fe completter ; que ce quiavoit pouflé au bout an- térieur n’avoit gueres que la moitié de la longueur que la nouvelle tête devoit avoir, tandis que la nouvel- le queue de la premiere moitié a- voit déja plus d'une ligne. Le 17. ayant de nouveau offert au mucrofcope la feconde moitié ; mon étonnement fut tout autre. J'obfervai, à ne pouvoir m'y mé- prendre , qu’au lieu d’une cète il lui étoit venu une queue longue d’en- iron une demi-ligne, Ce n'étoit K ii; 152 OBSERVATIONS point , comme on pourroit le foup- çonner , une tête plus efhlée qu'à lordinaire, une façon, pour ainfi dire , de tête & de queue : é’étoit une queue très-bien formée où Pa- v Dour nus étoit très-diftin& * ; en un mot. une queue abfolumenttelle que doit Pêtre celle de ces fortes de Vers. Ët pour achever de mettre la chofe hors de toute conteftation ; cette partie qui avoit pouflé à la place de la tête , n’étoit capable d'aucun des mouvemens qu'on voit faire à celle-ci : elle ne fe raccourcifloit ni ne s’allongeoit ; elle ne fe contra- &oit ni ne fe dilatoit. Le Vern’en fafoit aucun ufage ni pour fe nour- tir, ni pour s’aider à ramper ; on le voyoit feulement agiter de tems en tems fa partie antérieure, la por- ter à droite & à gauche, mais fans faire la moindre tentative pour chan- sUR LES VERS D'EAU DOUCE. 153 ger de place. On auroit dit qu’il fentoit fon état : il avoit Pair , pour ainfi dire, embarraflé. Aurefte, & c’eft ce que je ne dois pas négliger de faire remarquer, le cours du fang navoit point changé de direétion. Il: continuoïit à fe faire du bout po- ftérieur au bout antérieur. Curieux de voir ce qui en réful- teroit , je partageai, ce même jour, cette moitié en deux ; & afin d’être plutôt fausfait, je fus la renfermer avec un autre Ver de la même ef- pece, coupé aufli par le milieu, dans une armoire placée derriere une cheminée de cuifine, & où la li- queur du Thermometre de M. de Reaumur fe tenoit ordinairement aux environs de 20. degrés. Mais foit que ce degré de chaleur fût déja trop fort pour ces Infeées, ou foit qu’il ait été porté encore plus haut è 154 OBSERVATIONS dans des momens où je n’obfervois pas, ce qui eft plus probable, je les trouvai tous morts le lendemain, à mon grand regret. OBSERV ATION XXI. Suite des Olfervations & Expériences fur les Vers blanchätres. Portion d'un de ces Vers qui a repris deux queues. F'Rusrre dans mon attente pas Paccident imprévu que je viens de . rapporter, ma curiofité n’en fut, pour ainfi dire , que plusirritée.Îm- patient de revoir un fait, qui par fon extreme fingularité méritoit fi fort d’être vu une feconde fois , je partageai le 23. Septembre trois de mes Vers blanchâtres en deux, & un autre en trois parties, & je . sur LES VERS D'EAU DOUCE. 1$$ ; les laiffai tous dans mon cabinet. Le 11. O&obre la premiere por- tion de chaque Ver avoit pouflé une queue bien formée , où l'anus étoit très-diftinét | mais qui n’avoit pas demi-ligné de longueur. La dernie- re portion n’avoit pris au contraire aucun accroiflement : mais la por- tion intermédiaire du Ver coupé en trois avoit pouflé une queue de même longueur , ou à peu près, que celle de la premiere, & elle commençoit aufli à fe prolonger vers le bout antérieur. Le 24. la queue de la premiere portion de chacun de nos Vers s’'é- toitallongée d'environ demi-ligne. La derniere étoit à peu près dans le: même état que le 11. Le bout an- térieur paroiffoit feulements’être ar- rondi. À l’égard de la portion inter- médiaire du Ver partagé en trois, 156 O8BsERVATIONS elle avoit repris une queue au lieu d'une tête ; cette queue n’avoit qu'environ la moitié de la longueur de celle qui avoit pouflé au bout poftérieur. Du refte l’une & Pautre {e reflembloient parfaitement dans la forme , les proportions , la cou- leur, &c. Que devons-nous donc penfer maintenant d’un fait fi étran- ge revu déja deux fois, & qu’il m’eft encore arrivé de revoir depuis, com- me je le dirai craprès, & comme jePavois prévu © Aurions-nous fur- pris, pour ainfi dire , la Nature en défaut{Seroit-ce ici une de ces pro- du&tions monftrueufes qui s'offrent quelquefois , foit dans le regne ani- mal, foit dans le végétal, & dont jai voulu parler à la fin de PObL. XIX. En admettantavec les Philo- fophes modernes que la reprodu- tion merveilleufe de toutes les pat: sur LES VERS D'EAU DOUCE. 157 ties de ces Infectes , fe fait par une fuite de germes difpofés à deflein, le hafard aura-t-il voulu que dans les Vers dont il s’agit , ou plus exa- “tement dans une des portions de deux de ces Vers , un germe de queue ait pouflé à la place où au- soit dû poufler un germe de tête ? Mais le hafard n'étant proprement que l'ignorance des caufes dont les effets nous font connus, quelles font encore une fois celles qui ont opéré le renverfement d'ordre qui nous furprend ? Modérons , s’il eff pofhble, notre curiofité à cet égard: 1l n’eft pastems encore de chercher : à rendre raifon de ce phénomene, non plus que tant d’autres merveil- les que la nouvelle découverte afait éclorre. Amaflons auparavant plus d'Obfervations & d’Expériences 3 interrogeons la Nature comme elle 158 OBSERVATIONS © veut l’être : une connoïfflance exai te & détaillée des effets nous con- duira infenfiblement à celle des cau- fes. Nous reprenons donc le fil de nos expériences , & afin d’être plus clairs & plus précis , nous défigne- rons chaque portion par des lettres. Nous appellerons AB, CD,EF, Îles moitiés : GHI, les tiers. Le 27. Novembre les portions D,F,1, n’avoient fat aucun pro- grès ; B étoit périe avant le 24. Oc- tobre ; mais les portions À,C.E,G, avoient crû fenfiblement de même que H. | _ Ce même jour je coupai la tête aux portions À,G. Voy.POBCXXV. Le 19. Décembre D,F,1,com- me le 27. Novemb. FI, avoient con- tinué à fe prolonger vers l’une & lautre extrémité. | Le premier Fevrier 1743. la queue sur LES VERS D'EAU DOUCE. ç9 poftérieure de H avoit une ligne de longueur , l’antérieure une demi-li- gne. Le cours du fang n’avoit point changé de direction. I commele 19. Décembre. Le 6. Avril H,1,comme le pre- mier Fevrier , ou à peu près. Le 16. C. avoit pouflé une queue de 4. à $. lig. E avoit péri. D comme le 19. Décembre , ex- cepté qu’elle avoit confidérable- ment diminué de grandeur. F avoit commencé de reprendre une queue au lieu d’une tête. Le cours du fang fuivoit fa direction ordinaire. Le 28. je ne pus parvenir à re- trouver les portions D , H, I. Ap- paremment qu’elles avoient péri d’1- nanition. Quoi qu'il en foit, c’eft un fait bien digne d’être remarqué, que ces portions aient VÉCU Envi- on 7. mois fans prendre de nourri-: 160 OBSERVATIONS ture. Nous avons déja vu néant moins quelque chofe de femblable ‘dans des vingt-fixiemes des Vers de la prenuere efpece , Obf. VIII. Ce fait n’eft pas de ceux dont les Phy- ficiens feront embarraffés à rendre raifon : les Ours, les Marmotes ;les Loirs ; & parmi les Infe@es, les Abeilles, les Fourmis , les Chryfa- lides de quantité d’efpeces de Che- nilles , certains Papillons, &c. ap- prennent qu'il y a beaucoup dani- maux qui pallent plufieurs mois de l’année fans manger : leur graifle, ou des fucs analogues ;, rentrent ap- paremment dans les voies du fang , & lui fourniffent ainfi de quoi fe re- nouveller. Comme la tranfpiration de ces animaux eft alors peu abon- dante , elle n’exige pas une grande réparation : & nos Vers aquatiques qui vivent dans un élément dont le degré sur LES VERS D'EAU DOUCE. 16f degré de chaleur eft à l'ordinaire moindre que celui de Pair extérieur, doivent encoïe moins tranfpirer.Ce que cette reflource de la Nature a néantmoins de plus admirable dans ceux-ci, c’eft que non feulement el- le fournit à leur entretien pendant plufieurs mois, mais encore au dé- veloppement de divers organes. Le 4. Juin, la portion F s’étoit partagée d’elle-même par le milieu. La longueur de chaque moitié n’é- toit gueres que d'environ une lig. Leo. Juin elles avoient ceffé de vivre. 162 OBSERVATIONS OBSERVATION XX. Expérience fur les Vers de la feconde Efpece ; pour [avoir fi en fai[ant le Jeilion ailleurs que dans le milieu du corps , on ne parviendroit pas à fai= re développer He tête au lieu d’une queue. + * A1 dit dans FObfervation pré- cédente : que le 27.Novemb.j'avois coupé la tête aux portions À &G. Mon but étoit de tenter fi en faifant la fection ailleurs que dans le milieu du corps, je parviendrois à rétablir les chofes dans l’ordre naturel, je veux dire, à faire développer une tête au lieu d’une queue, & c’eit en effet ce que j'ai vu arriver, com- mel paroîtra par cette Obfervation. Le 19. Décembre Ja portion À sur LES VERS D'EAU DOUCE. 163 commençoit à poufler vers le bout antérieur. Elle avoit été tenue pen- dant quatre jours dans un poële, avec üune température de 10. à 15% degrés du Thermometre de M. de REaumue. - Le premier Fevrier , examinée au microfcope, elle paroïffoit avoit achevé de reprendre une tête : mais la tranfparence de fon effomac & des inteftins indiquoit qu’elle n’a- voit pas encore commencé de man- ger; ce ne fut que quelque tems après que je les vis remplis de ma- tieres terreufes. Le 22. de Juin fuivant, je recou- pai, pour la feconde fois , la tête à ce Ver, mais je lui laiffai plus de longueur que je ne lui en avois laif- {é la premiere fois. Je détachai avec elle toute la partie antérieure, c’eft- a-dire,;une portion longue d’une big. & demie, Li 164 OBSERVATIONS Le 8. de Juillet le corps avoit pouflé au bout antérieur une queue de deux tiers de lig. La plus petite portion avoit aufli commencé à en reprendre une : mais toutes deux périrent avant le milieu du mois, celle-ci ayant furvécu à l’autre quel- ques jours. i Je viens à la portion G: elle a- voit aufli commencé à fe prolonger vers l'extrémité antérieure,le 19. de Décembre ; & le premier Fevrier elle étoit devenue un Ver à quirien ne paroifloit manquer. Le 28. Avril, je fis l'expérience de la partager en trois parties KLM. Elle avoit alors un pouce de lon- gueur. Le 13. May K L avoient pouflé une queue d’environ un tiers de li- gne : mais L navoit pas encore commencé .à {e prolonger du côté de la cète. sUR LES VERS D'ÉAU DOUCE. 166 M navoit point fait de progrès. Le 12. Juin la queue de K avoit cinq lignes. L avoit pris une queue à la pla- ce d’une tête. Chaque queue pou- voit avoir une ligne. M comme le 13. May. Le 23. M sétoit partagée en deux parties égales , qui ne vécu- rent que peu de jours. * Le 14. de Juillet les queues de L commençoient à être attaquées de la gangrene. OBSERV ATION XXVI. Sur un Ver de la feconde Efpece, par- tagé en deux, G* dont la feconde moi- tié a repris une queue au lieu. d’une tête. LE AO Audi je partageai la por- tion C de l'Obfervation XXIV. en L ii 166 OBSERVATIONS deux parties égales NO. Cette por: tion avoit 12. à 13. lignes. Le 13. May N avoit repris une queue de demi-ligne. O commençoit à poufler une queue au lieu d’une tête. Le 21. O comme le #3. Le 12. Juin la queue de N avoit cinq lignes. | O comme le 21. May. Le 25. Juillet O avoit ceflé de vivre fans avoir fait plus de progrès. Le 7. Août N avoit en eñtier 13: lignes. _ SUR LES VERS D'EAU DOUCE. 167 OBSERVATION XXVII. Sur ur Ver de La feconde Efpece, par- tagé en quatre , pour confirmer les Obfervations précédentes, [ur les por- tions qui prennent une queue au lieu d'une tête. L À Nature auroit-elle donc con- damné les portions de nos Vers blanchätres à demeurer toujours privées de tête, ou à ne pouffer que des queues © Le nombre des Ob- fervations que j'ai déja faites fur ce fujet , & que je viens de rapporter aflez en détail, pourroit donner lieu de le conje&turer avec une f{or- te de vraifemblance. Pour me pro- curer de nouveaux éclairciflemens lä-deffus, jai encore fait, le 28. Avril , expérience de partager un L ü 168 OBSERVATIONS de ces Vers, long d’environun pot ce, en quatre parties P. Q.R.S. Le 13. May P avoit commencé à reprendre une queue ;, mais elle étoit contrefaite : le bout en étoit arrondi & comme bouclé. On n’y découvroit au microfcope rien de diftintt. Q avoit pouflé au bout pofté- sieur une queue d'environ demi-li- one. L’accroiffement qui s’étoit fait à l’autre extrémité, n’étoit prefque pas fenfible. R avoit commencé à reprendre deux queues, où l’anus étoit très- diftin&. Toutes deux étoient fort courtes , mais l’antérieure plus que la poftérieure. S étoit périe dès le trois du mois. Le 21. la queue de P étoit à peu près dans le même état que le 13. mais ce que cette portion offroit SUR LES VERS D'EAU DOUCE.169 ce jour-là de nouveau, étoient huit tubercules, ou mamelons , qui a- voient pouflé de chaque côté du corps, 4. à droite & 4. à gauche, & qui à la vue fimple parotffoient être des jambes extremement courtes. La queue qui étoit venue à l’ex- trémité poftérieure de Q avoitune ligne ; celle qui avoit commencé à fe montrer au bout oppolé , n’avoit pas fait de progrès fenfibles. R étoit à peu près comme le 13, Le 4. Juin les mamelons de P avoient difparu , & la queue étoit toujours difforme. L’eflomac & les inteftins paroifloient vuides. Le 15. la queue de cette portion compofoit une mafñle * de forme * Pz, 11. finguliere, plus approchante néant- Hi Ne moins de la fphérique que de toute autre , & dont le volume furpañloit confidérablement celui du corps. no A > 170 OBSERVATIONS Comme lui,elle étoit garnie tout au: tour d’efpeces de petites épines * , & on obfervoit dans fon intérieur lesmêmes mouvemens qu’on a cou- tume d’obferver dans la partie po- flérieure de cette forte de Vers, Obf£I.Durefte il n’y paroifloit point d’anus , ni d'ouverture qui en tint leu. La partie poftérieure de Q sé- toit prolongée de demi-ligne ; Pan térieure étoit demeurée la même. K étoit en mauvais état. Le 18. elle avoit ceflé de vivre. Le 23. la plus longue queue de Q ayant été attaquée de la gangre- ne , elle s’étoit entierement féparée du corps. Le 4. Juillet cette portion étoit morte. : P étoit comme le 15. Juin, ou à peu, près. SUR LEs VERS D'EAU DOUCE. 171 Le 14. elle ne donnoit plus au- cun figne de vie. Jufques-là néant- moins elle avoit paru fe porter bien. Quoiqu'elle eût fenfiblement dimi- nué de grandeur , elle navoit rien perdu de fa vivacité ordinaire. OBSERVATION XXVIII. Sur un Ver de la na Efpece, au- _ gulona coupé trois fois La tête, à différentes diffances de l'extrémité , & dont la derniere a pouffé oblique- TN ment à la longueur du COTPS Pour me procurer de nouvelles connoiffances fur l'étrange fingula- rité qu'offrent nos Vers blanchätres, ‘ou de la feconde efpece , le 7. Août 1743. je coupai au Ver N , Obferv. XXVI. feulement la tête, fansrien prendre de la partie antérieure. 272 OBSERVATIONS Le 16.la nouvelle tête avoit achez vé de fe refaire.On voyoit de la ter- se dans les inteftins. Le 21. je coupai de nouveau la tête à notre Ver, mais à une ligne & demie de l'extrémité. | Le premier Septembre il paroif foit avoir achevé d’en reprendre une autre, où on diftinguoit fort bien la bouche : mais l'extrémité ne s'étoit pas encore autant allongée qu’elle devoit le faire par la fuite. Le 17. ayant mefuré le Ver je lui trouvai feulement onze lignes. Ce même jour je lui coupai la tête pour la troifieme fois, à une ligne de fen extrémité. Le 30. Novembre il en avoit pouf fé une nouvelle , mais qui étoit fen- fiblement inclinée à la longueur du corps ; ce qui eft une fingularité très-digne de remarque ( Obferv.X; SUR LES VERS D'EAU DOUCE.173 Queftion fixieme ). Le Ver avoit alors treize à quatorze lignes. OBSERVATION XXIX. Sur une troïifieme Efpece de Ver fans jambes , nommé Faux-millepié. Que ce Ver fe mulriplie de bouture. LA cafe des Vers longs fans jambes qui habitent les ruiffeaux, en comprend beaucoup d’efpeces, qui, fuivant la remarque de M. de REaAU- Mém. pee mur , ne different entrelles que par RAT PE de fort légeres variétés. J'en ai dé- ”# #57 couvert une néantmoins qui na offert des particularités propres à la diftinguer. Je vais tâcher de la fai- re connoitre. Elle eft longue de 16. à 18. lig. Sa couleur eft un blanc fale. Les anneaux dont fon corps eft compo- if4 OBSERVATIONS fé, font beaucoup plus marqués qué ne le font ceux des Vers que j'ai le plus fuivis. Les efpeces d’épines, ou de crochets, qui en garniflent la partie inférieure, font auf plus gros & plus longs. A la vue fimple on les prendroit pour de véritables jam- bes, & l’Infe@e pour une forte de Millepié. Nous lui donnerons auffi le nom de Faux-millepié. Sa peau, qui a de la confiftance ; eft comme chagrinée. Elle eft fi. opaque, qu’elle cache abfolument les parties fituées au-deflous. Sa taille eft plus arrondie, & va plus en groffiffant vers la partie antérieure; fa tête paroït mieux terminée ; les deux élévations dont j'ai parlé, Obf. E y font plus fenfibles : elle peut être entierement retirée fous le premier anneau, & difparoître ainfi totale- ment, ni plus ni moins que fi on Pa- g À À sur LES VERS D'EAU DOUCE. 177$ voit coupée ; ce qui marrive pas à un tel point à celle des autres Vers que j'ai le plus obfervés ; enfin ül n’a point cette vivacité qu’on admi- re dans nos petites Anguilles , fes mouvemens font au contraire fort lents. Quand on le touche 1l fe re- plie fur lui-même, comme font en pareil cas certaines Chenilles. Le premier Ver de cette efpece qui me foit tombé entre les mains , avoit été pris le 22. Avril dans le même ruifleau d’où avoient été ti- rés ceux qui ont fait le fujet des Ob- fervations précédentes.Sa longueur étoit d'environ un pouce & demi. À quelque diftance de la tête il avoit une efpece de collier, formé d’une peau d’un blanc affez vif , de la lar- geur d’une ligne. On en voit quel- quefois de femblables aux Vers de terre. Îl paroifloit avoir perdu fa. 1736 OBSERVATIONS queue , & commencé à en repren< dre une nouvelle qui n’avoit pas en- core plus d’une ligne. Je jettai dans le vafe où je l'avois mis , une certaine quantité de boue bien détrempée : quelquefois 1l's’y enfonçoit en païtie, mais le plus fouvent il demeuroit fur la furface. Enfin au bout de quelques jours 1l commença à être attaqué de cette maladie que je regarde comme ana- logue à la gangrene. La partie po- ftérieure fut la premiere où elle fe déclara, elle gagna enfuite fuccef- fivement jufqu’au collier. Ce Ver fembloit être alors compolé d’une fuite de petits grains ronds fembla- bles à ceux d’un chapelet. La propriété de fe reproduire après avoir été coupé par Morceaux; a-t-elle été accordée à notre Faux- millepié ? On juge aifément que je n'ai sur LES VERS D'EAU DOUCE.r77 m’äi pas manqué de tenter les expé- riences qui pouvoient m'en imftrui- re : mais la rareté de cètte efpece _ de Ver a été caufe que je n’ai pu fai- re à cet égard tout ce que j’aurois fouhaité. J'en ai cependant partagé en deux & en trois parties. La pre- miere a été là feule que j'aie vu par- venir à fe completter.Le tems qu’el- le y a employé a été beaucoup plus Jong que celui qu'emploient ordi- nairement les portions des deux pre- mieres efpeces de Vers dont j'ai par- lé. On en jugera par ce qui fuit. Le 25. Août 1742. je partageai tranfverfalement par le milieu un Faux-miilepié , un peu moinslong & moins gros que celui dont il s’eft agi au commencement dec cette Ob= fervation. Le 29. il m’arriva de partager ac- cidentellement en deux la feconde M 198 OBSERVATIONS moitié. Le 31.au matin la portion intermédiaire étoit morte. Le 12. O&obre la premiere por- tion paroifloit avoir achevé de fe completter , mais la derniere n’avoit point repris , & quelque temsaprès elle refta fans vie. Le 26. May 1743. j'ai partagé pat le milieu un autre Faux-millepié. Au commencement de Juin la fe- conde moitié avoit péri : & le fix Août la premiere avoit pouflé une queue qui n’avoit pas encore trois lignes de longueur. | | Au refte j'ai obfervé que les por- tions de cette efpece de Ver ne montrent point autant de fenfibili- té dans linftant de l’opération,qu’en montrent celles des deux autres ef- peces que j'ai le plus fuivies. Jen aï vu qui ne fe donnoient alors pref- qu'aucun mouvement, sur LES VERS D'EAU DOUCE. 179 OBSERV ATION XXX. Sur une petire Efpece de Vers fans jam- bes qui fe logert dans des tuyaux faits de boue. Que cette Efpece ef? du nombre de cel- les qui ont la propriété de [e repro- duire apres avoir été coupées par NOT CEAUX. La Mer fi riche en produ&ions naturelles, nourrit plufieurs efpe- ces de Vers longs, dépourvus de jambes , qui fe font des fourreaux de matiere cruftacée ou pierreufe , dans lefquels ils habitent fans chan- ger de place, & que les Naturaliftes ont nommé Vers à tuyau , en Latin Vermes tubulati. L'Eau douce a auf fes Vers à tuyaux *. J’aicru pouvoir donner ce nom à des Vers blanchä- M ij * Pr. Il F1c. IX, 180 OZSsERVATIONS tres fort déliés , qui fe tiennent dans la boue des ruifleaux , & qui de cet- te même boue £ font des tuyaux analogues à ceux des Vers de Mer, Ce font des Infeétes extremement communs. Pour en avoir des mil- liers il fufht de remplir, en partie, de boue un poudrier, ou quelqu’au- tre vale que ce foit, & de verfer deflus un peu d’eau. Si au bout d’un jour ou deux on vient obferver , on jouira d’un petit fpeétacle dont jai joui plufeurs fois avec plaifir : on verra la furface du limon couverte d’une infinité de petits tuyaux, les uns droits , les autres plus ou moins inclinés', de chacun defquels on ap- percevra fortir un Ver long de plu- fieurs lignes , & plus délié qu’un fil, dont l'agitation continuelle en tout fens paroïtra imiter celle d’une cor- de arrêtée par une de fes extrémités suR LES VERS D'EAU DOUCE. 1817 au fond du baflin dune fontaine. Mais fi au milieu de ce fpectacle. amufant , on frappe contre le pou- drier, on verra tous ces petits Vers rentrer dans leur tuyau plus prom- ptement qu'un Limaçon dans fa co- quille. La maniere dont ces Infettes con- ftruifent leurs fourreaux , n’a rien de fort remarquable , à ce qu'il m’a pa- ru. J’avois d’abord penfé que tout fe réduifoit , à cet égard, à une for- te de glu, ou de fuc vifqueux, qui tranfpiroit de leur corps , & qui lioit enfemble les molécules du limon qui l’environnoit immédiatement , ou contre lefquels 1l venoit à s’ap- pliquer : mais il m'a femblé depuis qu'ils favent filer ; du moins ai-je cru appercevoir quelques fils qu’ils avoient tendus dans une petite bou- teille.Je ne déciderai pas cependant M iii 182 OBSERVATIONS -., là-deflus ; parce que j'ai fait d’autres _obfervations que je r2pporterai plus bas, qui rendent la chofe fort incer- taine. | Au refte , c’eft la partie poftérieu- se du Ver qui fort hors du tuyau, & qui s’agite continuellement en di- vers fens : lantérieure demeure tou- jours cachée dans la boue. J'en ai obfervé plufieurs au mi- crofcope : leur ftruéture m’a paru la même que celle des petites Anguil- les dont j'ai parlé ci-deflus. J'ai feu- lement remarqué que les poils qui font fur les côtés , font moins longs dans ceux-là que dans celles-ci; on a peine à les appercevoir fur la plu- part. 3 Mais ce qui doit le plus intéref- fer notre curiofité préfentement,eft de favoir fi nos Vers à tuyaux font de ceux qui ayant été mis en pieces sur LES VERS D'EAU DOUCE. 183 fevivent , pour ainfi dire , dans cha- une de leurs portions. Pour m'en inftruire j'ai fait les ex- périences fuivantes. Le r$. Août 1743. entre 6. à 7. heures du matin, j'ai partagé trois de ces Vers, longs de 5. à 6. lignes; le premier en deux parties À ,B; le fecond en trois C, D, FE; le troifie- me en quatre F,G,H,L Le 17. j'ai préfenté au microfco= pe chaque portion. À m’avoit point encore repouflé au bout poftérieur ; mais B avoit commencé à le faire : je n’ai pu dif- cerner fi C’'étoit une tête ou une queue qui paroïfloit. Il eft remar- quable que B ait repris avant À. C’eft le contraire de tout ce que j'ai obfervé fur les Vers blanchatres où de la feconde efpece. C dans le même état que A. M ii 184 OBSERVATIONS D s’étoit prolongée à l’une & à Pautre des extrémités : à la poflé- rieure fe difcernoit une queue , mais lantérieure ne montroit rien encore qui pût faire décider que ce fûtune tête qui commençit à s’y former: E comme B, F avoit repris une queue où Pa- aus étoit vifible. G avoit aufli pouf: fé une queue au bout poftérieur , mais elle avoit des étranglemens à l’antérieur.H comme C.I paroifloit avoir commencé à reprendre une tête. | | Le 19. À à peu près comme le 17. B m’a paru avoirreprisune tête. Je n'ai pu cependant y découvrir de bouche , & l’eftomac & les inte- ftins étoient vuides. Cette portion s’étoit conftruit un fourreau de ter- re, auflilong qu’elle-même , & que j'ai été obligé d'ouvrir pour l'en u- sur LES VERS D'EAU DOUCE. 18$ rer & l’obferver au microfcope. C avoit difparu, D fembloit avoir repris deux queues, mais dont on ne pouvoit bien diflinguer l'anus. Elle s’étoit fait comme B , un four- reau. E avoit continué de poufles vers le bout antérieur , fans qu'il mait été poflible de difcerner Pef- pece de la nouvelle partie. Elle s’é- toit conftruit aufli un fourreau. F avoit continué de fe prolonger vers le bout poftérieur. Le prolon- gement ou la nouvelle queue pou- voit avoir un tiers de ligne.Elle étoit renfermée comme les autres dans un fourreau. G avoit une queue auffi longue que F. La tête ne fe diftin- guoit point encore nettement. Ses inteftins étoient vuides. Elle ne s’é- toit point conftruit de fourreau ; mais elle s’étoit logée au milieu d’u- ne molécule de terre. H comme G. 186 OBSERVATIONS F à peu près comme H, eu égard mrlaitéten Le 26. À comme auparavant. B avoit enfin achevé de fe completter. La tête paroifloit au microfcope bien formée: mais , ‘ce qui eft plus décifif dans de fi petites portions, fon eflomac & fes inteftins étoient pleins de terre. Il n’ya donc gueres lieu de douter que le tuyau qu’elle s’étoit fait le 19. ne leût été de la maniere que je lavois d’abord ima- giné , & que j'ai indiquée au com- inencement de cette Obfervation , puifqu’alors elle n’avoit point en- core achevé de fe completter. J'en ai une autre preuve : c’eft que dans tous les fourreaux que j'ai deffaits ; je n'ai jamais apperçu le moindre fil. La terre m'en a toujours paru liée avec une efpece de glu ou de colle peu tenace. ur Les Vers D'EAU pouce. 187 Le 29. D,E , montroient qu’el- les avoient achevé de reprendre ce qui leur manquoit pour être des Vers complets : la tête paroifloit au microfcope telle qu’elle devoit être. Celle * de E fembloit fe divifer en.” P Le deux * près de fon extrémité : ni *o,0. l’une ni l'autre navoit cependant pris encore de nourriture. _ F avoit une queue de demie à deux tiers de lig. G s’étoit complet- tée ; fa queue étoit longue d’envi- ron deux tiers de ligne.La tête étoit plus courte ; ce qui fe remarquoit . aufli dans toutes les autres por- tions. H comme G. Elle s’étoit fait un fourreau. Î avoit difparu. En voilà affez, je penfe , pour prouver que nos Vers à tuyaux font de ceux qui fe reproduifent de bou- ture , & pour donner une idée des principales circonftances qui ac- 188 OBSERVATIONS compagnent chez eux cette repro= duétion. J’aurois pu donner une plus Jongue faite d'expériences far ces Vers, s’il étoit aufli aifé de Les fut- vre , qu'il left de fuivre ceux dont il a été queftion dans les Obferva- tions précédentes. Mais outre qu'ils font fort petits & extremement dé- licats, nous avons vu que les por- tions dans lefquelles on les partage, fe font un fourreau ainfi que les Vers entiers. Pour les obferver au mi- crofcope , & déterminer la quanti- té de leur accroiffement , c’eft une néceflité de kes en faire fortir, ce qui ne s'exécute jamais que difhci- lement , & aux rifques de bleffer le petit animal. J'ai fouvent pañlé plu- fieurs heures à attendre qu'une de ces poruions fe füt tirée d’elle-mê- me de fon fourreau , que j'avois rac- courci autant qu'il pouvoir l’être < sûr £es Vers D'EAU DOUCE. 189 fans la toucher. Il y a plus encore ; j'ai obfervé qu’elles ne fe tiennent pas conftamment dans le même tuyau, mais qu’elles s’en confitrui- ient fucceflivement plufieurs. Or comme tous ces tuyaux fe reffem- blent à l'extérieur , 1l faut les exa- miner tous avec une égale atten- tion , pour découvrir celui qui eff habité. Et fi dans la vue de lever ces obitacles , on tient ces portions dans l’eau pure, on ne pourra avoir de preuves bien décifives qu’elles fe feront complettées , parce qu’el- les fe tirent des nourritures folides qu’elles prennent alors. Je ne laiffe- rai pas néantmoins , malgré toutes ces difficultés, de reprendre ces ex- périences dans un autre tems. Se iso OBSERVATIONS a OBSERVATION XXXI. Sur une cinquieme Efpece de Ver aqua- tique fans jambes , laquelle [e mul- tiplie auf: de bouture. ÎL me refte à parler d’une autre efpece de Ver long aquatique, fuf laquelle j'ai commencé de faire des effais, & qui fe rapproche plus des Vers deterre, que celles dont il s’eft agi jufqu’ici. Elle eft beaucoup plus grofle que ces dernieres fans être plus longuë ; fon corps conferve juf- ques fort près des extrémités un dia- metre aflez égal ; les anneaux en font très-marqués, précifément com- me le font ceux des Vers de terre. La cète ne fe termine pas autant en pointe, ou par une pointe aufli fine à proporuon que celle des Vers SUR LES VERS D'EAU DOUCE.101 des Obfervations précédentes. Sa couleur eft un rouge brun. Elle fe tient volontiers dans la boue. Ce fut le 14. de Juillet 1741. que je trouvai les premiers Vers de cette efpece, & les feuls que j'aie encore vus. J’en pris trois , entre lefquels je ne remarquai pas de différence fenfible. Le même jour jen coupai un er deux tranfverfalement:maisles mou- vemens qu'il fe donna furent caufe que la premiere moitié fut plus lon- gue que l’autre de quelques lignes. Celle-là m'échappaau bout de quel- ques jours. Le 8. Août la feconde mavoit pouflé que foiblement : on mappercevoit au bout antérieur qu’une pointe blanchätre de la grof- feur de celle d’une épingle;la queue s’étoit aufli un peu aliongée, le pro- longement qui fe terminoit en poin- te, étoit de même, blanchätre. 192 OBSERVATIONS Pendant le refte du mois, & urië paitie du fuivant, cette moitié ne fit que peu de progrès : la tête groffit feulement davantage , & la queue fe prolongea de plus d’une ligne, Mais je n’obfervai point cette por- tion faire aucune fonéion animale qui donnat à connoître qu’elle s’é- toit complettée. Elle ne fit pas mê- me de tentative pour percer le li- mon. Elle fe tenoit à la furface , or= dinairement repliée fur elle-même, fans fe donner beaucoup de mouve- ment. Enfin le 6. Septembre elle mourut. OBSERVATION XXXII Seconde Expérience fur la cinquieme Efpece de Vers fans jambes. L E 15. Juillet de la même année, entre sür LES VERS D'EAU DOUCE. 193 €ntre 6 & 7 heures du matin, je fis cette feconde expérience. Je pat- tageai les deux autres Vers de lef- pece du précédent, lun entrois, & Vautre en quatre portions. La pre- miere & la derniere de chaqüe Ver, furent celles qui fe mentrerent les plus vives après lopération.Les au- tres demeurerent étendues fans mou- vement : mais lorfque je venois à les toucher du bout d’un cute-dent , elles y répondoient aufli par de pe- tites fecoufles de tout leur corps. Je vis peu de tems après üne de ces portions aller en avant, en s’ap- puyant conftamment fur le même bout,qui toit fans doute l’antérieun Le 16. avant midi, j'obfervai à une des extrémités de la feconde portion du Ver divifé en trois, un renflement , une efpece de bourlet, qui fembloit annoncer la fortie pro= N #94 OBSERVATIONS chaine d’une nouvelle tête ou d’ü- ne nouvelle queue, car je ne pus bien m'aflurer fi cette extrémité é- toit l’antérieure ou la poitérieure, Cependant je ne vis rien paroître les jours fuivans. Le bourlet lui-mê- me difparut au bout de quelque tems. Au commencement d’Aoûtilne reftoit plus en vie que la premiere & la feconde portion du Ver cou- pé en trois. Le 8. ayant examiné celle-ci avec plus d'attention que je navois fait les jours précédens, je remarquai qu'elle avoit commencé à reprendre une tête & une queue, Ces parties avoient à peine la grof- feur d’une pointe d’épingle. L'autre portion s’étoit aufli tant foit peu prolongée vers l'extrémité pofté- rieure : mais l’accroiflement qui s’y étoit fait , étoit moindre que celui de la feconde portion. SUR LES VERS D'EAU DOUCE. 196 Sur la fin du mois la premiere cefla de vivre. Le 12. Septembre la feconde eut le même fort. Elle navoit fait que de foibles progrès;la tête & la queue s’étoient feulement un peu allon- gées,& avoient acquis plus de grof- {eur, Cette portion fe tenoit repliée comme celle-dont j'ai parlé dans PObfervation XX VI. Ni &: Er. # Nes ÉÉRRENSEAE eee FASEES FESSES Se EXPLICATION DES ‘FIGURES: PranNcHE PREMIERE LES Fieures L IL IL IV. re- préfentent de grandeur naturelle dif- férens Vers longs aquatiques d’un brun rougeütre ; ou de la premiere efpece , 4 la tête; J la queue. De z en & eft cet affemblage d’anneaux de longueur déterminée, qui poulfe à la fuite de la tête , & qu'on peut regarder comme la partie antérieu- re du Ver. On la diftingue aifément du corps par fa couleur qui eft plus foible. De c en d eft la partie po- {térieure, dont la longueur varie en EXPLICATION DES Fic. 197 différens Vers ; les uns l’ayant plus longue , les autres plus courte , fui- vant qu'ils ont été partagés depuis plus ou moins de tems, ou fuivant qu'ils ont fait plus ou moins de pro- grès. Sa couleur demeure toujours plus foible que celle de la partie an- térieure. Dans les Vers qui font re- ftés entiers, cette diftinétion de par- tie antérieure & de partie poftérieu- re eft plus difhcile , ou plus arbi- traire : mais il eftrare de trouver des Vers dans cet état. eee, grains d’ex- crémens qui paroïflent comme des taches noires au travers de la peau La Fic. V. eft celle d’un de ces Vers vu au microfcope , & du côté du dos. À, la tête , qui va en s’élar- giffant jufqu'en 22, où font deux petites élévations qu'on diroit de- voir être la place des yeux ; & l’en- droit où eff la bouche. Elle ne pa- N iï 198 ExrLicATrIoN toit icique comme une petite ta= che brune , parce que le Ver la tient fermée. CCC, &c. la grande ar- tere ; D DD, &c. le canal où font contenus leftomac & les inteftins 3 ccc, &c. efpeces de crochets ou d’épines qui tiennent lieu de jambes au Ver, & qu'on ne voit gueres que lorfqu’on regarde d’un certain fens. Quelquefois elles paroiflent dou- bles, d'autrefois triples & quadru- ples. d dd, &c. petits vaifleaux qui femblent être des produttions de la grande artere , & qui ont l'air de petits Vers vivans , fi plufieurs n’en {ont réellement. À chaque batte- ment de l’artere ils font retirés en arriere:j'at vu des Vers où ils étoient plus diftin@s , & dans lefquels on en remarquoit d’un bout à l’autre du corps. E, lanus. f ff , &c. molécu- les terreufes contenues dans les in- DES FIGURES 109 teflins, & dont l’Infeéte va fe vui- der.Les grandes taches brunes qu'on voit dans le milieu du corps, & qui femblent dues au renflement du ca- nal des inteftins , appartiennent à la peau. Il y a des Vers dont elles occupent une beaucoup plus gran- de étendue. Dans les uns elles font plus clatres, dans les autres plus fon- cées : cela dépend de état de PIn- fete. Quand il tombe malade, el- les s’effacent, elles blanchiffent. Dans ceux qui ont eu à foutenir de longs jeunes , elles fe rembrunifent au contraire davantage. Les Fic. VI VIL VIIL & IX, ont toutes été deflinées au microf- crope. Elles fervent à faire voir les diverfes formes fous lefquelles fe montre la bouche de notre Ver lorf- qu’elle s'ouvre. La ic, VL repréfente la partie N in) 206 EXPLICATION antérieure vue par-deflus. g l’extré= mité de la tête. » efpece de vefie qui paroît s'élever au-deflus de la bouche i formée enentonnoir : c’eft dans une pareille circonftance que jai vu fouvent lInfete avaler des bulles d'air qui fe rangeoient à la file dans Pœfophage. La Fic. VIL montre la partie an- térieure vue par-deflous. k la bou- che en forme d’entonnoir. La Fic. VII. montre la partie antérieure de côté ; efpece de trom- pe ou de langue, qui fort de la bou- che, & qu’on diroit être l’embou- chure de l'œfophage, le pharinx qui eft porté en-dehors. La Fic. IX. eft encore celle de la partie antérieure vue de côté 3 m la bouche en maniere d’échan- crure. Les Fie, X. XI. XIL XIII & DES FIiGuREs 201 XIV. repréfentent l'anus fous divers points de vue, & grofli au microf- cope. Dans la Fic. X. il paroït ouvert pour donner paffage aux excrémens. L'ouverture z eft , comme on voit, oblongue & taillée dans la peau du dos. Dans la F1e. XI. & XII. l’ouver- ture oo eft prefque circulaire. - Dans k Fic. XJIT. Panus ne pa: roit encore que fous la forme d’u- ne échancrure p. On le voit auffi dans des portions dont la queue ne fait que commencer à poufler. Dans la Fi. XIV. il ne fe diftin- gue que par un trait brun g LA Fre. XV. montre vu à la lou- pe la derniere portion d’un Ver de lefpece des précédens , partagé en trois parties, laquelle après avoir repris comme à l'ordinaire une té- 202 ExPLICATIOow te À , commence à en poufler uné feconde B à côté. La Fic. XVL eff celle de la par: tie antérieure de ce Ver, un peu plus groflie que dans la Figure pré- cédente. À,la tête venue la premie- re ; B la feconde tête. On peut re- marquer que cette feconde tête eft un peu différente de l’autre. La Fic. XVIE montre, obfer- vée au microfcope , la partie anté- rieure d’un autre Ver de la premiere efpece ; #1 efpeces de mamelons qui ont pouflé aux deux côtés de latète. La Fic. XVIIL eft pour donner une idée des accroifflemens d'un hritieme , depuis le 11. Septembre, jour de lopération, jufqu'au pre- mier O&obre. r. ce huitieme vu im- médiatement après la feétion. 2. vu le 14. 3. le 16. 4. le 18. ce jour-lala nouvelle tête # étoit à peu près par= DES FIGURES 20% faite, mais l'extrémité ne s’étoit pas encore autant allongée qu’elle de- voit le faire. $. vu le 20. 6. le 26. 7. le premier O&obre. La Fic. XIX. repréfente une de cestaffes dans lefquelles jéleve mes Vers. PIANCHE SECONDES La Ficure L. repréfente de gran- deur naturelle un de mes Vers blan- chätres , ou de la feconde efpece : c’eft un des plus longs que j'aie vus, & la premiere portion d'un autre partagé en trois le 23. Septembre _1742.laquelle portion avoit été par- tagée elle-même en autant de par- ties le 28. Avril 1743. # la tête qui ne differe point de celle des Vers rougeûtres , ou de la feconde efpe- ce. g endroit d’un blanc aflez vif où l'on apperçoit comme des molécu- 304 ExPLICATIONW les de graiffe. Lorfque j'ai coupé de ces Vers à cet endroit, jen aï vu ef- feétivement fortir une matiere fem- blable à du lait épaiffi. Tous ces Vers n'ont pas de ces taches blanches. Celui dont 1l s’agit 1ci s’étant parta- gé entrois parties dans le mois de Janvier 1744. la derniere a repris une queue au lieu d’une tête, ce qui prouve que ce n’eft pas le plus ow le moins de groffeur de ces Vers qui contribue à la produétion de ce phé- nomene fingulier. F’avois pourtant eu d’abord quelque penchant à foup- çonner qu'il étoit une marque de foibleffe , & qu'il falloit peut-être plus de force ou de vigueur dans lInfe&e pour donner une tête, que pour donner une queue (1). (1) On pourroit encore démontrer la fauf- feté de ce foupçon , en coupant la cète à un Ver de cetre efpece qu’on auroïit fait jeuner pendant long-tems,Obf, XXV, & XXVIIE, DES FIGURES 20$ La Fie. IL. eft celle d’un Ver de Ja même efpece que le précédent, mais qui n'a pas été fi bien nourri. La Frc. II. eft celle de trois an- neaux d’un de ces Vers , pris dans le milieu du corps & groflis au m1f- crofcope. vuv, &c. vaifleau placé fur les côtés de lPInfeéte, & qui va d’un bout à l’autre du corps. On ne peut le voir que dans des Vers qui ont jeuné long-tems. La Fic. IV. eft celle de la por- tion intermédiaire d’un femblable Ver partagé en trois , laquelle a pouflé deux queues 3, 4 ; une à cha- que bout. Cette portion eit repré- fentée ici au naturel. On voit, & encore mieux dans la Figure X. groflie à la loupe , que ce qui a pouflé au bout antérieur eft aufñ ef- filé que ce qui a poulé au bout po- fténieur ; au lieu que fi cette portion 206 ExPLICATION eût repris une tête , le bout anté= rieur prolongé auroit été fenfble- ment plus gros que le poftérieur. C’eft ainfi qu’on peut s’aflurer à la fimple vue fi c’eft une tête ou une queue qui a commencé à fe faire voir. On peut encore s’en affurer par les mouvemens du Ver qui font alors moins libres , comme je Pai dit dans mes Obfervations. La Fic. V. repréfente de gran- deur au-deflus de la naturelle la par- te antérieure d’une autre portion. Q la queue qui a pouflé à la place de la tête. z l'anus. La Fic. VI. montre de même groflie la partie antérieure d’une portion de Ver de l’efpece des pré- cédens , qui a aufli repris une queue au lieu d’une tête, & dont l'anus 2 paroît fous la forme d’une fente ob- longue. DES FIGURES 207 : La Fic. VIL montre groflie au microfcope la queue de la premiere portion d’un Ver blanchôtre de la feconde efpece, partagé en quatre, laquelle eft venue monftrueule. »# le bout de cette queue qui forme une groffeur de figure affez irréguhere. ee les épines qui fe voient fur les bords de certe groffeur. La Fic. VIIL eft celle d’un Ver blanchätre de lefpece des précé- dens vu au microfcope. À À À la grande artere. EEE le canal des in- teftins qui femblent être compotés de véficules mifes bout-à-bout, qu'on prendroit pour autant de pe- tits eftomacs. D’autrefois il paroît un fimple boyau replié çà & là. r rr renflemens qu’on obferve dans ce canal. 2 la bouche. eee les épi- nes ou crochets. La Frc. IX. repréfente de gran= 208 EXPLICATION deur naturelle ces petits Vers qui fe tiennent dans des fourreaux faits de boue. f le tuyau. i le Ver qui en fort. s ss particules terreufes qui fe font attachées au corps d’un de ces Vers, pendant qu'il fe jouoit fur la furface de la boue. La F1c. X. repréfente ces mêmes Vers dont le fourreau ne fort point encore hors de terre, & ne paroît que comme un petit trou, parce que. l’on n’en voit que l'ouverture. LA Fic. XI. montre groffie au microfcope #ne portion d’un Ver à tuyau,laquelle a commencé àrepren- dre une tête.scette tête qui femble fe divifer en deux 00 à l’extrémité. Dès qu'on s’eft une fois convains cu qu'il y a une efpece de Ver d’eau douce, à qui la propriété de pou- voir être multiplié, pour ainfi dire; de bouture, a été accordé, c’en eff allez DES FIGURES 269 affez pour qu’on foit fondé à con- jetturer qu’elle la été auf à plu- fieurs autres, foic aquatiques , foit terrefires. Entre ces derniers, ceux qui méritoient le plus d’être mis à l'épreuve , & fur lefquels on devoit fouhaiter davantage de la voir réuf- fir , étoient les Vers deterre. Outre qu'ils font de très-gros Infettes en comparaifon des Vers d’eau douce qui leur reflemblent pour lexté- rieur , ils font encore hermaphrodi- tes; Ceft-à-dire , que chaque indi- vidu a les deux fexes à la fois , fans néantmoins qu'il puifle fe féconder lui-même. Cette fingularité prépa- soit à des Découvertestrès-curieu- fes. Je ne manquai donc pas de par- tager plufeurs Vers de terre, en mê- me tems que je tentois de fembla- bles expériences fur mes Vers aqua-, tiques. Depuis je les ai reprifes avec O 210 EXPLICATION un nouveau foin : mais ne les ayant pas encore aflez pouflées pour a- voir quelque chofe de pofitif fur leur reproduétion , je me contenterai de donner ici Pexplication de quelques Figures qui repréfentent différentes portions de ces Vers dans Pérat de végétation. Les Fic. XIE XIII. XIV. XV. XVI. ainfi que les quatre de la Plan- che fuivante , font celles des por- tions de Vers partagés le 27. Juil- let 1743. & repréfentées de grän- deur naturelle. La FrG. XIT. montre la premiere moitié d’un de ces Vers quia pouflé, le r$.Août,une queue extremement déliée 7, & qui femble être un pe- tit Ver qui fort de l'extrémité du grand. Sa couleur eft plus claire que: celle du corps, & les anneaux en font très-ferrés les uns près des au- D£s FreurEs 21if tres. Jai très-bien vu dans cette queue la circulation du fang : com- me il eft rouge, ce qui n’eft pas or- dinaire chez les Infe&es, il eft plus aifé de le fuivre dans fon cours ; le vaifleau dans lequel il eft contenu, m'a paru fe dilater fur une plus gran- de partie de fon étendue que ne le fait la grande artere de mes Vers d’eau douce. J'ai cru voir de plus dans cette queue nouvellement for- mée les ouvertures ou ffigmates qui fervent à larefpiration, & qui m'ont paru être au nombre de deux pour chaque anneau. La Fic. XII montre le Ver de la Figure précédente , obfervé en- viron un mois & demi après l’opé- ration, & dont la queue 4 a déja prefque atteint la groffeur qu ‘elle doit avoir. La Fic. XIV. repréfente la fe: O ï 112 ÉEx?LiIcATIem conde moitié de ce Ver, laquelle n’a pas fait de progrès. « petite cor- ne moufle quife voit à l’endroit où la fe&ion a été faite. LA Fre. XV. eft celle de la por- tion intermédiaire d’un Ver parta- gé en trois, laquelle s’étoit prolon- gée le 8. de Septembre aux deux extrémités. £& le prolongement an- térieur ; 4 le poftérieur. La Fic. XVI. repréfente la por- tion de la Fig. précédente , comme elle paroifloit le 23. Novembre. PrancuEz TRrROrISrIEME. La Fieure I. fait voir de gran- deur naturelle un Ver de terre, au- quel j'ai coupé la tête le 27. Juillet, & qui a commencé à fe completter le 20. Septembre. z efpece de poin- te mouffe qui eft le germe .de la tè- te, dans l’état de développement. DES FIGURES 212 La Fic. IL. eft celle de la partie antérieure du même Ver, deflinée le 2. Oëtobre. 4 la nouvelle tête. La Fire, IIT. eft cette même par- tie antérieure , obfervée le 23. No- vembre. 4 la tête qui continue à fe développer. La Fic. IV. montre Paccroifle- ment du Ver le 14. Décembre. z la tête , laquelle n’a pas encore ache- vé de fe refaire. On peut juger par ce peu d'Ob- fervations , de la maniere dont les Vers de terre fe reproduifent : la nou- velle partie eft d’abord très-efhlée, elle groffit enfuite peu à peu , com- me nous le voyons dans la végéta- tion des Plantes : mais le tems qu’el. le emploie à fe développer, eft bien plus long que celui qu'emploient les portions de mes Vers aquati- ques, Il eft apparemment propor- O iü 214 EXPLICATION tionné à la groffeur de l’Infe&e. Mais s'il faut beaucoup de tems aux Vers de terre pour fe complet- ter, la Nature femble les avoir dé- dommagés, en les mettant en état de fupporter de très-longs jeûnes. J'en ai eu une moitié, c'étoit celle de la queue , qui a vécu plus de 9. mois fans reprendre de tête , & par conféquent fans avoir pu recevoir aucune nourriture , qui néantmoins avoit encore confervé beaucoup de fa premiere vigueur. Il eft vraiqu’el- le étoit prefque toujours immobile, repliée fur elle-même : mais dès que je la mettois fur ma main, elle fe donnoit de grands mouvemens. El- le s’enfonçoit fous terre à peu près comme lauroit fait un Ver entier. Au refte , un des meilleurs moyens d'élever les boutures des Vers de terre , eft de les mettre dans des taf DES FrGures 215$ {es femblables à celle de la Figure XIX. Planche I. ou dans des pou- driers remplis à moitié d’une terre humide & un peu grafle , fur la fur- face de laquelle on appliquera une épaifle couche de coton qu’on aura foin de tenir humed&é ; & pour quil ne touche pas le Ver, on creufera un peu la terre dans le milieu : on y formera comme une efpece de nid.Enfin on aura attention de la re- muer,ou changer de tems en tems,a- OBSERV ATION XXIX.* Sur des Vers blanchätres d'une troifieme Efpece,qui péri[ent lor [qu’on les coupe par morceaux , ou qu'on les mutile, N Ous venons de voir des Vers * Cette Obfervation, & la fuivante de- vroient fuivre immédiatement la XX VIII. mais comme l’Auteur ne les a envoyées qu'a- O ii 216 OBSERVATIONS en qui la propriété de revenir dé bouture ne réfide que d’une manie- re très-imparfaite : j'en ai découvert récemment une nouvelle Efpece , dont partie des Individus périt lorf qu’on les coupe par morceaux.Cet- te Efpece offre quelques caracteres qui peuvent aider à la diftinguer de la premiere & de la précédente. 1°. Elle eft un peu plus effilée, & fa longueur eft d'environ trois à qua- tre pouces. 2°. Elle eft moins vive : au lieu de fretiller quand on la tou- che, elle fe replie fur elle-même en maniere de peloton ou de volute, 3°. Elle tient ordinairement fa par- te poftérieure hors de la boue, & lui fait faire des vibrations prefque continuelles. Quant à la couleur, elle n’eft pas la même dans tousles près l’impreflion finie du refte de l'Ouvrage» on n’a pu mieux faire que de les placer ici pas forme de Supplément, sUR LES VERS D'EAU DOUCE. 217 Individus ; les uns tirent fur le brun, & n'ont de rougeätre que l’extré- mité dela partie poftérieure ; les au- tres font entierement grisâtres ou blanchätres. Ce font ceux-ci que j'ai lieu de croire être privés de la faculté de fe reproduire après avoir été partagés. Voici aflez en détail les Obfervations qui me paroiffent Fétablir. Je donnerai dans la fui- vante celles que j'ai faites fur les Vers de cette Efpece, dont la cou: leur tire fur le brun. = qe |” JOURNAL D'OBSERVATIONS LISær deux Vers blanchatres de la troifieme Efpece partagés chacun en cinq parties. wsd EN. CINQ. EN CINQ. Éi Moss. | A. B. C. D. E. | À. B. C. D.E. 18.à 11.| Partagé. Je n'ai pu 4h. m. {faire toutes les por- f: tions parfaitement é- gales ; la feconde a été la plus courte. Pendant l’opération le Ver a marqué beaucoup de fenfibi- lité en fe pliant & fe repliant fur lui-me- me à diverfes repri- fes, & il en a été de même de chaque por- tion. La derniere efti celle quia paru fouf- frir Le plus : elle s’eft beaucoup agitée les premiers momens. Enfuite toutes font demeurées immobi- les, excepté la pre- miere qui a continué afe mouvoir. La température de l'air de mon cabinet entre 16, à 18. de- l| Joursdu Mois, D Ge h. m. EN") CRNIDE ABC DTE 'grés au-deflus de la Congélation. Toutes les portions commençoient d’é- tre attaquées de Îa gangrene. A l’étoit au bout poftérieur. C & D aux 2 bouts. E à lantérieur,& cet- te derniere étoit cel- Je en qui la gangrene avoit fait le moins de progrès. B n’avoit non plus qu'une de fes extrémités d’atta- quée: mais je ne fau- rois déterminer fi c’é- toit l’antérieure ou la poñtérieure, À continuoïit d’être, malade de la gan- grene, qui cependant n'avoit pas fait plus de progrès. B. étoit guérie, C avoit per- du une de fes extré- mités qui s'étoit dé- tachée d'elle-même du refte du corps, en É: Jours du EN CINQ (4 Hi Mors. | A. B. C. D. ns Sept. [forte que la gangrene} 10. |ne tenoit plus qu’à l'extrémité oppofée. D n'étoit de meme attaquée qu'à un bout,au poftérieur.E {e portoit bien. LeTher.derr.ar6.d. -|11. ent.) À avoit encore un É16 &7.m léger étranglement ; au bout poftérieur. B D E fe portoient bien. Mais C étoit prefqu’à moitié con- ; (fumée. Élà4.hf) Jai été farpris de 5 rouver B entiere- ment confumée. C navoit plus qu'un : tiers du corps de fain. 1l39.hf} Cette derniere ne |vivoit plus. LeTher.de: 2.à13.d. em phrz.ent.................! Partagé. Ce Veri} 117.&8.m n'a pas témoigné 4 rt moins de fenfbilité|# que l’autre, & s’eftih donné les mêmes mouvemens. La quatrieme por-|# tion a été la plus|4 courte. Immédiate-|# ment après l’opéra-'# tion la premiere efti} demeurée parfaite-|# ment immobile, & é-|4 tendue au fond de lalà tafle comme dans un|} état de léthargie.Les|£ autres fe font re-|# pliées à différentes} reprifes:mais aucune| à n’eft alléen-avant, 1! lrs.ent.| A idem. D avoit! À commençoit 2|° Dl7.&3.mlle tiers ducorpsgan-lètre attaquée de la|Ë grené. E fe portoit|gangrene au bout|à bien. poitérieur. B avoit|# Le Therm. de 12.[aufi une de fes ex-|} à 15. degrés. trémités légerement|# affectée. C 1e portoitiË bien. D avoit un lé-|£ ger étranglement àl4 un bout. E eroit plus! à {d'à moitié confumée.| à La gangrene avoit|} commencé par lejh bout poñérieur. : 16. ent. ; : 7-&8m| À idem. Dne vi-] À,fa gangrene con-\® CIN Q. EN Q DC IDE, EN CINQ. . A. B'Æ6HRiT- voit plus que dansunitinue 2 faire du pro-\! tiers defon corps. E bien. Le Therm. id, grès. B C D E äpeul} près comme le 15. |k Aïd.D,cequilil AE étoient entie-|} reftoit de fain avoit ;rement code environ 2. L E bien. Le Ther. à 14. d. A id. D confumée .len entier. Tout fon < Oûtob. D 12. corps s’étoit couvert d’une efpece de moi- fiflure dont chaque filet formoit comme autant de rayons. E bien, Aid.E avoitle bout antérieur gangrené depuis 2. à 3. jours. À id. E continue à fe bien porter. A id. FE entiere- ment confumée. B CD bien. BC bien. D, pref- | qu’entierement gan| = lgrenée. B confumée en!k ‘entier. C bien. Cds C , il s’étoit fait | vers le milieu du} corps un étrangle-|| ment fi profond que les deux moitiés en Te LT PT 7 GR ve CIC AMF OLA PT ER RL A VEN EE, ALERTE PTIT ESS Masse] EN CINQ | EN CINQ. RS A. BOND EF IV A/R, €. DE. O&ob. lefquelles cette por-|# 2. ton fembloit étre|# divifée , ne tenoient| lune à l’autre quepar!$ un fil très-délié. Lal£ plus longue étoit}à gangrenée en partie. |à À , l’étranglement] C, les deux moitiés à avoit difparu. s’étoient féparées, Îk cesse. se...| La plus courteétoitil morte. L'autre étoit très-mal, F A fort mal, Celle-ci étoit con-|} fumée en entier, 1h À entierement con- fumée. Le Thermometre depuis le 17. Sep- tembre de 10. à 12. degrés. Le 3e 224 OBSERVATIONS Non-fulement nos Vers blañn- châtres de la troifieme Efpece pé- riflent lorfqu'ils ont été partagés, mais il en arrive de même à ceux auxquels on a coupé la tête. C’eft ce que j'ai obfervé fur quatre de ces Vers que j'avois retirés en cet état du fond d’un foffé. Dans l’ef pace de trois à quatre jours ils ont tous été confumés. Jai fait une femblable obferva- tion fur un pareil Ver long d’envi- ron un pouce & demi à Geux pou- ces, & qui avoit perdu la tête & la queue. L’ayant mis dans un vafe à part, J'ai remarqué un moment après, que le bout poftérieur com- mençoit d’être infetté de la gangre- ne, j'ai coupé aufli-tôt jufqu’au vif, & ce qui eft digne d'attention, en moins d’un demi-quart d'heure la gangrene SUR LES VERS D'EAU DOUCE. 22$ gangrene s’eft de nouveau déclarée à cette extrémité. Au refte, le Ver dont j'ai parlé au commencement de FObferva- tion XXII. étoit fans doute de mè- me Éfpece que ceux-ci, quoique jaie paru le confondre avec les Vers bianchâtres de PObfervation XXTIIL. & fuiv. OBSERVATION XX X. Sur des Vers brunätres de PEfpece des précédens , lefquels reviennent de Bouture. =is CEE CLS - ES = 2 : Se SES 1 | JOURNAL D'OBSERVATIONS BiSur deux Vers brunatres de la troifieme Efpece parragés l'un en deux , à V'autre en cinq parties. ÉLursduy EN DEUX | EN CINQ. Eh Moss. À, 1B. A. 5. CE Sept. | Partagé. Ce Ver 8. |ainñ que celui parta- gé en 5. parties, fe {ont donné pendant & après l’opération, les memes mouve- mens que les Vers de PObf. précédente. irz.ent.! À B bien. Partagé. La dernie-|£ Si8. & >. re portion a été un;k jh. m. peu plus longue que;À les autres. ; CEE É| Sept. | AB id. A B CD bien. EIf ni1s.ent. commençoit à étre|f 1i7. & 8- attaquée de la gan- sih. m. grene à l’extrémité;} - antérieure. : lié.ent.| AB id. AB CDidÆEavoit|} Llz. & 8. près des 3.quarts del? Ph. m. {on corps gangrenés. |! [l17.à 7.1 A commence àre-| A B C Did. E en-|f Éih.m. (prendre une queue.|tierement confumée. B id. < ONE Lo) Fe roi SEL R SELS LR LA Lu EX X & PÉÉRÉRT SR A de LCR LE DEL DR DÉS LE LE DE LUE CCR CE CE LIU EE EE HeMODE E DES OBSERVATIONS SUR QUELQUES ESPECES DE VERS D'EAU DOUCE. Qui coupés par morceaux de- viennent autant d'animaux complets. Ï Nrropucrron contenant une Hi- ffoire abrégée de la nouvelle Décou- verte. page & Ozserr,. I. Défcription de la premiere Efpece de Ver qui à fair le fujet de ces Obfervations. 6 Osserr. Il. Sur un Ver partagé trans- verfalement en deux parties par le d LAB LE milien. 7 Ozserr. IT. Sur des Vers partagés en 2. 3. 4 8. 10. 14. 26.parties.22 Ozserr. IV. Remarques générales [ur ce qui a rapport à la reproduflisn à laccroiffement des extrémités de ces Vers. Variétés qu'on y obferue. 23 OssErr. V. Quela reproduition de ces Vers de bouture , peut aller , comme celle des Plantes, à l'infini. 28 Ozsservr. VI. Sur des Vers trouvés rmu- tilés. Comment il leur arrive de fe partager. 30 Ozserr. VII. Que la portion du Ver comprife entre les deux feélions ne s'étend point. 25 Ozserv. VIII. Quelles différences ré- fulcent du plus ou du moins de cha- leur pour la reproduition & lac- croiffement des portions de ces Vers. Expériences à ce Jujer. 3$ DES OBSERVATIONS. Ozsrrr. IX. Obfervations œ Expé- riences fur la facon dont ces Vers croiflent. . 42 Osserr. X. Expériences pour s'affi- rer fi la reproduilion des parties cou- pées eftinépuifable dans le même Fn- dividu. 60 OzsErr. XI. Expérience [ur l'accroiffe- ancnt des queues coupées au Ver du numero I. de la Table II. 72 OzsErr. XII. Que la tête & la par- tie antérieure de ces Vers , non plus que la partie poftérieure , ne devien- nent jamais des Vers parfaits. 78 OzsEerr. XIII Nouvelles Expérien- ces pour conmoître les Loix fuivant lefquelles ces Vers croiffent. SI Ozs£zrr. XIV. Se Vers femblent conferver, après avoir été mutilés ; les mêmes mouvemens € les mêmes inclinations qu'auparavant. 93 Ozssrr, ÀV, Que la circulation du a ij Tagre fang Je fais toujours très - réguliercs ment dans ces Vers , foit qu'ils de- meurent entiers , foit qu'on les coupe PAT MOTCEAUXe 96 Ozszrr. XVI. Que ces Vers ont le toucher extremement délicat. Qu'ils femblent mème n'être pas entiere- ment privés de Pufage de La vue. 98 Osserr. XVIL Sur une petite An- guille fortie vivante d'une portior d'un de ces Vers. 100 OzsEerr. XVIII. Sur d'autres petites Anguilles miles au jour par des por- tions de ces Vers. 106 OzsErv. XIX. Qu'on peut foupcon- ner ces Vers de fe multiplier par re- jettons à la maniere des Polypes.108 OzsErr. XX. Sur un Ver de l'Efpece des premiers , auquel on eff parvenn à donner deux têtes. 113 Ozserr.X XI. Obfervations & Expé- ricaces [ur des petites Anguilles ; de ; Joursdu Mots. Sept. 18. 23. 30. | EN DEUX. À B. | À continue de croi- Hlà7.h.m tre. B 1d. B id. A avoit pouflé une queue de deux tiers de ligne. B étoit entierement confu- nec. ...a86e993%ecs AOC à Do 2 46 ecste 266-0656 ere tt. 009.. ee + € AB Did. À B idem. Cgan-|à grenée à un bout.là D montroit un pe- è tit étranglement ali chaque extrémité. |£ À avoit repris une|4 queue longue d’en-|# viron une demi-li-}3 gne. B D idem.cC,|à il ne lui reftoit plus à de fain qu'un quart|à de fon corps. À continue à pouf-|# fer. BD id. C con-i# fumée. : B avoit commen-|# cé de poufler à unl£ bout. D idem. : D commence à re-|3 prendre une queue. s | B'avoittrois à qua-\à tre étranglemens au|$ bout _oppofé à celui!à qui s’étoit prolongé. |4 D idem. 228 ExPLICATION, &c:—: En voilà aflez pour prouver qué : les Vers bruns de cette troifieme Efpece reviennent de bouture: la couleur blanche ou blanchâtre des autres feroit-elle en eux un figne de foibleffe ou de maladie ? Car je n'ai rien remarqué ni dans leur ex- térieur , ni dans leur façon de vi- vre , qui puife faire préfumer qu'ils foient d’une autre forte. mie €) es © EX DAS FANS ES % = Is em CHANGEM ENS ET ADDITMTONS Envoyés par l Auteur après Pim- prefhon de l'Ouvrage fime. Pac. 1. dans letitre. Dont chaque partie féparée du corps devient un ani- mal complet ; Nez : qui coupés par mor- ceaux devicnnent autant d'animaux complets. P. 40. L. F5. après ces mots : #re Jource de variétés & de bifarreries , ajoutez , apparentes. | P. 42. lign. pénuit. après ces mots, pendant un certain efpace de tems, ajoutez : * avant que d’avoir lu M. Hialés j'avois fait une femblable ex- périence fur des oignons de fleurs : * Cette aftérique marque que cette addition. eftune note qu’il faudroit mettre au bas de a RaSCe 230 CHANGÉMENS mais ce n’eft pas ici le lieu de la dé- tailler. P. 66. lig. 10. plus de ‘onze fois, Hf plus de douxe fois. P. 75. L. 10. parallelement , lez , perpendiculairement. _ P. 77. Tab. IL. n°. VL ajoutez: 24. XI. Oper. 1. lig. un tiers, 13. Août, 3. mort. * Comme ce Ver ne paroifloit pas afoibli, n’ayant pas diminué de grandeur , je foup- çonnerois volontiers qu’il n’eft mort que parce que j'avois peut-être trop tardé de renouveller Peau du vafe où je Le tenois. Elle n’avoit ce- pendant contracté ni gout ni odeur. P. 1x2. lig. dern. après ces mots qui terminent FObfervation : #oins probable que les précédentes , ajoutez : f celle que ai propoée d'abord , [e vé- rifioit ; PEfpece de Ver dont il agit # La même obfervation que de l’autre par z ” pe ASE AE 2 Ah D tr: M VF # 4 Soda mers PARENT. 20 e | sets DES OBSERVATIONS. PEfpece de celles dont il a été parlé ci-deffus. Que ces petites Anguilles fe reprodui- Jert de bouture ; à quel point ‘elles [e divifent € Je fubdivifent, € avec quelle promptitude. Différences de progres entre celles qui ont êté partagées en Hiver , Ÿ celles qui l'ont été en Eté. 122 Ozsrrr XXII. Sur des Vers blan- chätres d'une autre Efpece que les précédens. Maladies auxquelles les uns & les au- tres [ont [ujets. 136 Ossery. XXIIT, Obfervations & Ex- périences fur les Vers blanchätres , _ou de la feconde Efpece, dont il 4 été parlé ci-deffus. Que ces Vers peuvent être multipliés de bouture. Portion d'un de ces Vers qui au lieu de . prendreune tête a pris une queue. 14% a iij ae Tree Ozsrrr. XXIV. Suite des Obfervua= tions © Expériences [ur les Vers blanchätres. Portion d'un de ces Vers qui à repris deux queues. 154 Osserr. X XV. Expérience fur les Vers de la feconde Efpece , pour [a voir ft en faifant la fetlion ailleurs que dans le milieu du COTPS , on me Parviendroit pas à faire développer ure tête au lien d'une queue. 162 Ozserr XXVI. Sur un Ver de la Je- conde Efpece, partagé en deux, 6 dont la feconde moitié 4 repris une queue au lieu d'une tête. 16$ Ozserr. XXVII Sur un Ver de la Jeconde Efpece, partagé en quatre, pour confirmer les Obfervations prés cédentes ; [ur les portions qui prem= nent une queue au lien d'une tête.167 OzsEerr. X XVIII. Sur un Ver de læ feconde Efpece , auquel on a coupé DES OBSERVATIONS trois fois la tête, à différentes di- ffances de l'extrémité, € dont La derniere a pouffé obliquement à la longueur du corps. II Ozserr. XXIX. Sur une quatrieme Efpece de Ver [ans jambes , nommé Faux-millepié. Que ce Ver fe multiplie de bouture.173 OzsEerr. XXX. Sur une petite Efpece de Vers [ans jambes qui [e logent dans des tuyaux faits de boue. Que cette Efpece ef? du nombre de cel- les qui ont la propriété de fe repro- duire apres avoir été coupées par ions MOTCEAUX. | 179 Ozserr. XAXXI, Sur une fixieme Ef pece de Ver aquatique [ans jambes , laghelle Je multiplie auffi de bouture. 190 Osserr. XX XII. Seconde Expérien- ce Jur la cinquiemeEjpece de Vers Lans jambes. 192 PEL TAgLE DEs OBsERv. Explication des Figures. 196 Ozszrr. Sur des Vers blanchätres d'u. ne troifieme Efpece , qui périffent lorf- quon les coupe par morceaux , où qu'on les mutile.2 1 $ ( Cette Obfer- vation doit être fuppofée placée immédiatement après la XX VIIL. aufli bien que la fuivante. ) Autre Orserr. fur des Vers bruna- tres de l'Efpece des précédens , lef- quels reviennent de bouture. 225$ OBSER- ET Anbirtons. 251 multiplieroit de trois façons, toutes grès-extraordinaires , la premiere qW'or pourroit appeller par divifion , ou par bouture, (Obf. VI. IX. Tab. I. Ob- ferv. X. Tab. IE. N°. IIL IV. & V.) laquelle en contiendroit une fecon- de , qui eft celle dont j'ai parlé Ob- ferv. XVII. & XVIII. La troifieme s'opéreroit par rejettons, comme on le voit chez les Polypes. D’où Von peut juger combien cette Ef- pece de Ver, # peu remarquable par fa figure, mérite néantmoins d’être étudiée. D. nr16. |. 6 EHICEZ ces quatre . mots : 4 plus ancienne, ou. P. 121. lig. 19. jai obfervé récem- nent, li. j'ai obfervé le 15. Juin dernier. P° 122. L7. lea. Juilless li. le 24. P. 130. lig. 14. après ces mots: lopirion qu'on noppofe , ajoutez : Ce- pendant comme la génération de P ii 232 CHANGEM. ET ÂbDobir. ces Vers peut fe faire d’une manieré fort différente de celles que je con- noïis, je ne déciderai point là-def fus, & j'attendrai d’être mieux in- fruit. | P. 157. lig. 3. le bafard aura-tl voulx que, LE pour 0 Et lig. ca dit pouffé, if. a-1-il pouf. Ibid. lis. 9. effacez depuis ces mots : sais le hafzrd , jufqu'à ceux- Ci, qui nous furprend , inclufivement. P. 173. lig. 4. fur une troifieme Ef° pece , if. fur une quatrieme Efpece. P. 178. lg. 19. des deitx autres Efp: PCES ; Fe deux. P.190.lig. 2. fur une cinquieme Ef pece, Vif. fur une fixieme Efpece. P.192. lig. 17. fur la cinquieme Ef° pece , Lif. fur la fixieme Efpece. Paffim , le nom de M. Lyoser qui fe trouve plufieurs fois écrit par deux 2 ; n'en doit avoir qu'une. guise rulap Lent de bouture PL 1. Haussard Peu ES MATRRS Observ- qu less Vers déau douce guise nudrplentde BouçurePl1. Haussard Peoup , DL Len Be «4 AMIS ce gt te « » Observ. sur les Vers deau douce guise muudt. de bouture. PL. 2. — AITITEE MR Lin rh né SSSR } Te 2 à Boule 1 de , [061 sur les Vers d'eau douce qu se mult.de Bouture . & Fig. 3: E É $ a a 7 | Fig Not 7. \Fuo2 . < q MINE DRE SE en ne) PAPE : RL = hd carte e mudup.de Bouture.Pl, LEP RUN Di Fe RERO HUE tie AL fl Ki CR 777 (fl css Hauss ar d Seule Obs sur Les Vers déaudouce qui ve mnudp.de Boutwe.Pl. 4 Haussard 77