TRAITE SUR LA CULTURE DU TABAC CANADIEN CULTURE DU TABAC. Tl existe quatorze espèces différentes de tabac connues des botanistes, dont deux seulement sont cultivées. La nicotiana justica, la plus vigoureuse des deux, est prin- cipalement cultivée en Europe et un peu par les sauvages de l'Amérique du Nord et par les franco-Canadiens. Ces derniers la désignent sous le nom de virgine. L'autre espèce, la nicotiana tabaccum, est cultivée principalement aux Etats-Unis. De ces deux espèces, les variétés sont très nombreuses, et les principales sont le cuba, l'orinocco, le yellow prior, le connecticut, etc. De fait, chaque district semble avoir un tabac qui lui est particulier, et cela est dû à une culture d'une espèce au même endroit pendant plusieurs années. La première semence, naturellement, a donné des plants qui se rapprochaient beaucoup du type de celui de la localité d'où est venue la graine, mais l'année suivante ils s'en éloignent davantage, et il en sera ainsi graduellement jusqu'à ce qu'il se soit assimilé à la nature du soi où il croît. De ce, il résulte que pour avoir une variété particulière de tabac il faut chaque année se procurer de la graine du district où il est cultivé. SOL. Un sol est propre à la culture du tabac dès que le maïs y vient bien à maturité* Il va sans dire que des terrains sont préférables à d'autres. Par exemple, une marne sèche et riche, ou la marne sablonneuse contenant de la chaux, est le meilleur de tous ; mais plus le sol est, argileux moins est bonne la récolte et la qualité du tabac cultivé. Les terrains humides et durs ne conviennent pas à cette culture ; mais, quand même le sol serait bon, il faut qu'il soit engraissé, et plus il sera riche, plus abondante sera la récolte. Des cultivateurs vont jusqu'à dire qu'on ne saurait trop l'engraisser, le profit qu'on en retire étant toujours bon. semence. Le printemps étant tardif et l'été peu long en ce pays, il faut nécessairement avoir recours aux couches chaudes et semer vers le même temps que se sème la graine de choux. Un plein dé de graine suffira pour une superficie de vingt à trente pieds et donnera assez de plants pour couvrir un acre. Mêlez cette quantité de graines à environ une pinte de cendre de bois ou de sable afin de faciliter la semence, qui doit ê're aussi régulière que possible sur cette surface de vingt ou trente pieds. N'enterrez pas la graine ; contentez vous d'aplanir l'espace semé avec le dos d'une bêche ou un autre outil. De cette manière le sol est pressé contre la graine et sa germination hâtée. Tenez le sol humide et n'y laissez pas de mauvaises herbes. Faites qu'il y ait un espace de trois quarts de pouce entre les plants, Le tabac, par le vert brillant de sa plante et la tendance de ses feuilles à couvrir le sol; est facile à reconnaî- tre entre les mauvaises herbes dès qu'il sort de terre. Avant de la semer, quelques cul- tivateurs recommandent de faire germer la graine en la mêlant à de la poussière de bois pourri et en la tenant humide dans un lieu chaud ; mais comme son germe est très tendre, il est aussi très exposé à être détruit quand on répand la graine ou par l'action du soleil. Quand les feuilles des plants ont atteint la grandeur d'un dollar en argent, la transplantation peut alors se faire, et avant de quitter ce sujet, il est bon de dire qu'a- près avoir vu que l'on a assez de bons plants pour couvrir l'étendue voulue, le succès de la récolte, sous le rapport de la dimension et de la maturité des plantes, dépendra beaucoup du soin à prendre pour qu'elles soient transplantées à la distance qui per- mettra de les soumettre au traitement qu'elles exigent. PF^'X n (2Û75CLQ /. COUCHES CHAUDES. Une couche chaude est une boîte de bois sans fond avec couvercle en vitres pour que la chaleur et la lumière du soleil y pénètrent et pour conserver la chaleur produite par le fumier. La partie de la couche chaude placée du côté nord doit être d'environ quatre pouces plus élevée que celle du côté sud, qui doit être d'à-peu près deux pieds de hauteur. Un cadre ordinaire de couche chaude est de 12 pieds de long, de cinq de large et couvert d'une fenêtre en deux ou trois morceaux. L'endroit choisi faisant face au sud et où doit être placée la couche devra être bien sec. D'autres font des couches chaudes moins profondes et creusent un trou de un ou deux pieds de profon- deur avant de les placer. Cela fait, mettez du fumier de cheval en tas et laissez-le ainsi quelques jours, jusqu'à ce qu'if commence à fermenter; alors, remplissez en les couches, foulez-le bien, et ensuite mettez les fenêtres et laissez-le chauffer. Quand la chaleur sera devenue intense, laissez la couche se refroidir. Cela prend ordinairement trois jours. Ensuite, ajoutez au fumier environ six pouces de terre bien mêlée avec une assez bonne quantité de terreau. Quelques-uns y mêlent aussi une poignée de superphosphate. Alors, la couche est prête à recevoir la semence. Il faut veiller à ce que la température de la couche ne dépasse pas 80°. Pour cela, un thermomètre est nécessaire. La couche demande aussi à être entretenue humide. Quand, pour l'aérer, on soulève les fenêtres, il ne faut pas oublier de les rebaisser après que le soleil ne les frappe plus. Cette méthode de faire les couches chaudes est ici donnée, mais nous devons dire que presque tous les cultivateurs en ont une à eux. PRÉPARATION DU SOL. Le sol doit être fumé et labouré deux ou trois semaines avant la plantation, et, comme il est dit plus haut, il ne pourra être trop engraissé. Cela fait, et quelques jours avant déplanter, il faudra le bien herser jusqu'à ce qu'il soit sain mottes, et si l'on veut planter autrement qu'en sillons, il sera mieux de presser la terre en y faisant passer le rouleau. Un sol vierge ou en prairie convient parfaitement à la culture du tabac, mais il faut qu'il soit bien ameubli, et que les racines soient enlevées, si la terre est vierge ; sans cela, cette plante n'y vient pas bien. Un sol en prairie doit être défoncé jusqu'à 8 ou 10 pouces environ trois semaines avant la- plantation, et sa tourbe retournée. Une semaine après, il faut le herser complètement dans le sens des sillons tracés, et avant de planter il est nécessaire de le herser encore et d'y passer le rouleau. Les champs de tabac demandent aussi à être protégés contre les forts vents, et s'ils ne le sont pas naturellement, cela peut se faire au moyen d'une palissade. Il ne faut pas que l'eau séjourne sur le sol. TRANSPLANTATION. Le meilleur temps de la faire c'est pendant ou immédiatement avant une pluie, ou lorsque la terre est humide. Il faut que les rangs soient à trois ou trois pieds et demi de distance, et les plantes à deux et demi ou trois pieds. Ces rangs doivent être par- faitement droits, et si la nature du sol le permet, leur direction devra être du nord au sud, afin que le soleil pénètre bien entre les plantes. Arrosez avant d'arracher le plant des couches, bi vous voulez l'aire ce travail facilement et ne pas briser les petites racines. Une fourchette de table à deux fourchons est ce qui convient pour désagré- ger la terre autour do la plante. Pour la bien transplanter, prenez-la d'une main par les feuilles près de la racine, et avec deux doigtsdo l'autre, ou avec une cheville, faites un trou au point voulu; placez-y la plante les racines droites mais séparées, car si- elles se touchent, elle ne poussera pas vite ; pressez ensuite le sol autour des racines on prenant soin qu'il ne reste pas de vides. Dans le Sud, on plante en terre sèche ; mais la plante ne prendrait pas si elle n'était arrosée ; or, comme il peut arriver que l'on soit contraint de planter dans un temps sec, procédez de la manière ci-dessus et plus bas indiquée, mais non avant d'avoir bien arroèé, car si vous le faisiez après la plantation, lo sol se durcirait autour de la plante, et arrosez de nouveau le lendemain matin. Ne plantez on temps soc que tard dans l'après-midi, sinon lo soleil dé 3 truira votre travail. Presque toutes les plantes reprendront si l'on se conforme à cet avis. Yous pouvez les protéger contre le toloil eu les recouvrant avec des feuilles de bardane ou avec quelque autre chose, mais il n'y a pas de nécessité à le faire. Ne transplantez pas la plante plus avant qu'elle n'était dans la couche chaude. Si le sol est bien humide, no le remuez pas autour de la plante, car cela nuira à sa croissance. Lorsque la plantation est faite, et afin que toutes les plantes soient mûres en même temps, visitez souvent le terrain et remplacez colles qui n'ont pas pris. La transplantation peut se faire dès que la localité n'a plus à craindre les gelées du printemps, c'est-à-dire depuis la mi-mai jusqu'à la fia de juin ; mais plus elle est faite de bonne heure, mieux c'est. Dans quelques parties du pays on protège la plante contre les vers au moyen d'un tube en écorce d'environ trois pouces, attaché à un bois pour l'enfoncer en terre. En remplaçant les plantes qui ont manqué, emportez la motte de terre avec celles prises dans les couches chaudes. Cela les aide à reprendre leur croissance. CULTURE. Le champ une fois planté, laissez s'écouler environ une semaine, temps qu'il faut aux plantes pour reprendre leur croissance, et ensuite, commencez-en la culture, mais n'approchez par trop près des plantes jeunes, car cela leur est nuisible. Plus tard, quand les feuilles sont à peu près grandes comme une main d'homme, hersez de nouveau entre les rangs, et avec la houe, remuez le sol autour des plantes, tout en prenant garde de ne pas déranger leurs racines. En même temps, remplacez celles de ces plantes qui ont manqué. S'il s'en trouve une qui ait l'air souffrant, ne l'arra- chez pas ; plantez-en une autre à coté, car elle peut reprendre vigueur et être préfé- rable à la nouvelle; mais s'il s'en trouve une rompue ou mangée au milieu, arrachez- là, car elle ne vaudra jamais rien. Soignez le tabac comme toute autre plante ; détruisez les mauvaises herbes et tenez meuble la surface du sol. Certains cultivateurs ne se servent jamais de la houe pour sarcler, mais cela doit permettre que les mauvaises herbes abondent au pied de la plante. Vers le temps que les plantes sont assez développées pour ne plus permettre l'usage de la herse, on peut cesser de détruire les mauvaises herbes, si le sol n'en est pas trop couvert ; mais si ce travail est nécessaire, faites attention de ne pas toucher aux feuilles des plantes, car elles sont le fruit de cette culture. ÉLAGAGE. Il consiste à arracher les feuilles qui viennent trop bas, qui n'annoncent pas devoir être bonnes et qui empêchent les autres de profiter. Ce travail doit être fait de bonne heure. Ces feuilles ne doivent pas être arrachées par un mouvement descen- dant, car cela fait couler le tronc. On ne doit pas élaguer à plus de quatre ou cinq pouces du sol ; mais beaucoup de bons cultivateurs s'en abstiennent entièrement, car ils prétendent que cela fait plus de mal que de bien à la plante. VERS. Ils font ordinairement leur apparition quand les feuilles sont grandes comme une main d'homme. Ils se tiennent en dessous des feuilles et y font des trous. Il faut s'appliquer avec soin à les détruire. Comme de raison, c'est ce que le cultivateur compte faire de son tabac qui lui indique s'il doit faire la dépense qu'exige ce soin, dont les enfants s'acquittent à merveille; seulement, il faut leur bien recommander de faire attention de ne pas briser les feuilles en les remuant trop brusquement. Des dindes aident beaucoup à les détruire, mais les poules, tout en ayant le même instinct vis-à-vis de cet insecte, ne peuvent être employées à cet objet, car elles grattent trop le sol. PINÇA GE OU ÉTÊTEMENT. C'est enlever les fleurs et les bourgeons pour empêcher que la plante ne vienne à graine et forcer la sève à se répandre dans les feuilles laissées sur le tronc. Ce travail doit se faire quand la plante commence à faire ses boutons. Quelques cultivateurs la laissent fleurir, d'autres non ; ces derniers es'ovent alors les boutons et le haut de la plante jusqu'à un certain nombro de feuilles. L'étêtement des plantes qui n'ont pas fleuri - à plus tard. 11 est difficile d'indiquer un procédé à cet égard, celui à suivie dépendant beau- coup de la saison ou de la vigueur de la plante. Le plus simple à suivre est de compter le nooibre de semaines écoulées entre le temps de Pélagage et le 15 octobre, de laisser une feuille pour chacune de ces semaines, et d'enlever tcut le reste ; mais il est trop arbitraire. Des cultivateurs affirment qu'une plante élaguée jusqu'à dix feuille- (car dix feuilles ne comprennent pas ce qui a été enlevé ou ce qui le serait si on les laissait) peut donner un poids de tabac égal à celui qu'en donnerait une élaguée jusqu'à seize feuilles ; mais l'objet est d'obtenir d'une plante autant de tabac qu'elle en peut mûrir avant les gelées, et ce résultat dépend de la nature hâtive ou tardive de la plante et de la qualité du sol. Une autre règle veut que si on élague avant le cinq août, il soit laissé de 14 à 16 feuilles, et si c'est après cette date, de 13 à 16, en descendant jusqu'aux feuilles qui ont à peu près sept pouces de largeur. EBOURGEONNAGE. Après l'élagnge, la plante commence à bourgeonner à la naissance des feuilles. Si on laissait ces bourgeons, ils absorberaient toute la force de la plante qu'il importe de diriger dans les feuilles. 11 importe donc aussi de ne pas les laisser croîtreet de les arracher dès qu'ils ont quatre pouces au moins de longueur. Moins il sera laissé de bourgeons, meilleure sera la récolte, et plus le tabac pèsera, ce qui n'est pas moins à considérer. Quand vous commencez l'ébourgeonnage, allez-y des deux mains à la fois, mais faites attention de ne pas détériorer les feuilles. Pendant que vous serez à ce travail, peut-être trouverez-vous des plantes dont les feuilles ont de grands trous. Dans ce cas, retournez-les avec soin, examinez attentivement leurs nervures et vous ne tarderez pas à trouver une grosse chenille verte à peu près grosso comme le doigt du milieu. C'est l'ennemi, tuez le, ainsi que tons les autres que vous trouverez. Les bourgeons diminuent le poids du tabac, cette chenille donne à sa feuille l'apparence d'un lambeau d'étoffe déchirée. RÉCOLTE. Elle doit se faire quand le tabac commence à mûrir. On reconnaît qu'il est mûr à ses feuilles, qui semblent s'être épaissies, à leur surface qui se ride et qui devient collante aux mains, auxquelles elle laisse une substance gommeuse si on y touche à plusieurs reprises. On prend alors le tronc par le haut, et après l'avoir penché un peu on le coupe avec un couteau ou quelque autre instrument tranchant au-dessous de la dernière feuille; ensuite on le pose à terre la tête du côté du soleil, en prenant soin de n'en pas briser les fouilles, atin que le tabac ne soit, pas blanchi par le soleil. Quelques planteurs fendent le trône en deux, avant de le couper, jusqu'à cinq pouces du point où il doit être coupé. Ils disent qu'ainsi il sèche plus vite et prend une plus belle couleur, mais il est moins pesant. D'ailleurs, des fabricants de tabac prétendent que cela n'est pas nécessaire. Le matin du jour que le tabac doit être coupé, enlevez les drageons, car, pour des drageons, il en poussera même dans la grange, et des chenilles il y en auia tant que la plante ne cessera pas d'être humide. Si le soleil frappe l'envers des feuilles elles se ratatineront. Ne coupez pas si le temps est humide ni moins de trois jours après une pluie, à moins qu'il ne soit en danger dégeler. Dans lo transport du tabac à la grange après qu'il a suffisamment fané pour ne pns ho briser on lo manipulant, veillez à ce qu'il n'en soit pas trop mis dans la char- rette 11 no faut pas l'y empiler sur une hauteur de plus do deux pieds. LA GRANGE. Pour remiser la recolle d'un acre do tabac il faut un bâtiment mesurant de huit à dix mille pieds cubes. Pour y sécher la récolte de six acres de tabac de n'importe quelle sorte,— excepté celle dite brillante, qui exige une préparation toute différente, et dont il ne sera pas ici autrement question, — la grange doit ordinairement être de 100 pieds de long sur 25 de largo et de 17 piods de hauteur. A l'extérieur les planches sont posées perpendiculairement et chaque cinquième planche est maintenue par de communes pentures et tenue ouverte pour la ventilation, et fermée lorsqu'il vente, qu'il pleut ou qu'il gèle. COMMENT LE TABAC DOIT ÊTRE SUSPENDU DANS LA GRANGE. Il y a différentes manières de suspendre le tabac pour le faire sécher. La première que nous indiquerons est de traverser les troncs de tabac par des chevilles de bois et de les pendre ensuite à des perches tendues dans la grange. Une autre méthode veut qu'on suspende les troncs au moyen de ficelles enfilées sur des perches, les troncs devant ainsi être suspendus sans que les feuilles se touchent. Par un autre système on sus- pend le tabac en se servant d'un fer de lance muni d'une douille du diamètre d'une latte ordinaire, et que l'un passe à travers le tronc à environ cinq pouces du bas.. Par ce moyen on emplit la latte, dont on pose les extrémités sur des perches après en avoir enlevé le fer pour le placer sur une autre, et ainsi de suite. Un autre système consiste à étendre de forts fils de fer — celui en usage pour les télégraphes est bon — à la place de perches et d'y suspendre les troncs par la dernière feuille ; mais il offre cet inconvénient que parfois la feuille se détache et que toutes deux tombent à terre. Mais une autre méthode à la portée des cultivateurs qui ne plantent que de petites étendues et qui veulent utiliser tout l'espace sous le toit de leurs granges, écuries ou fenils, c'est de clouer des tringles de bois sur les chevrons et de placer le gros bout des troncs entre les tringles et le toit. L'auteur a vu une récolte de trois acres bêcher de cette manière, qui ne nuit en rien à l'usage ordinaire d'une grange. DEPOUILLEMENT DE8 TRONCS. Cette opération a lieu quand le tabac est parfaitement séché, ce qui se voit quand les nervures de ses feuilles se brisent facilement par un temps sec. Quand il est ainsi séché, ses feuilles, après avoir été exposées quelque temps à l'humidité, devien- nent flexibles ; descendez-le et placez-en deux piles sur des planches, les têtes en dedans, pour qu'il ne touche pas au sol. Ne descendez et ne mettez en tas que la quantité que vous pouvez dépouiller en trois ou quatre jours. Couvrez-la avec quel- que chose qui l'empêche de sécher et commencez le dépouillement, l'un se chargeant d'arracher les feuilles de qualité inférieure et qui passera le tronc à un autre qui, lui, en enlèvera les bonnes. Ce travail se fait en tirant sur la feuille de haut en bas et en mettant ensemble les gros bouts des feuilles, et lorsqu'il y en a assez pour former un paquet d'environ un pouce de diamètre, attnchez-les par le haut avec une autre feuille en lui faisant faire deux ou trois tours ; ensuite, divisez le paquet par la moitié et introduisez-y le bout do la feuille servant de lien. Après quoi, refermez le paquet, qui s'appelle une main. Ces mains se mettett en piles ou en tas disposés comme il a été fait pour les troncs, avec cette différence que les différentes qualités de feuilles sont séparées les unes des autres. Cela fait, veillez à ce que le tabac ne s'échauffe pas. Si cela arrivait, faites en plusieurs tas et retournez-le main par main pour lui donner le temps de refroidir et sécher un peu. Il est alors prêt à être mis en boîtes ou en bou- cauts ; mais ne l'y mettez pas avant qu'il ait cessé de chauffer en tas. Après que les troncs sont dépouillés et le tabac mis en mains, d'autres cultiva- teurs le suspendent de nouveau, mais plus tassé sur les lattes, et celles-ci plus rappro- chées qu'auparavant. Ils le laissent ainsi jusqu'à ce qu'ils trouvent à le vendre ou qu'ils soient prêts à le mettre en boîtes, et je crois que c'est la meilleure manière de le traiter. PRÉPARATION DU TABAC. Elle n'est pas nécessaire pour le tabac destiné à être manufacturé. Celui qui doit être mis en tablettes subit la préparation voulue dans le boucaut, s'il y est conve- nablement placé. Si le tabac chauffe en tas, il est encore trop humide pour être mis en boucaut. Si la manière d'embariller le tabac ou de le mettre en boîte ne peut être décrite, il faut tout de même l'apprendre, G Il n'y a que le tabac propre aux cigares qui demande à être préparé ; dans tous les cas, le cultivateur inexpérimenté fera toujours mieux de ne pas tenter Fessai de cette préparation. Qu'il laisse ce soin à l'acheteur. Il vaut mieux qu'il vende un peu moins cher son tabac à l'état naturel que de courir ie risque de le perdre s'il ne réussissait pas à le bien préparer. Cela dit, nous nous trouvons avoir fait connaître tous les détails de la culture du tabac depuis le commencement jusqu'à la fin, mais quelques mots d'avis encore ne seront pas de trop : 1° Ayez votre graine dans la bonne saison ; 2° Ameublissez bien votre terrain ; 3° Plaotez aussi à bonne heure que le permettra la situation de votre localité, c'est-à-dire lorsque vous n'avez plus à craindre les celées du printemps ; 4Q Ne laissez ni mauvaises herbes ni mottes sur votre terrain ; 5° Faites la chasse aux vers et aux chenilles et ne négligez pas detêter les plantes quand il en sera temps ; 6° Coupez-les quand les feuilles seront mûres, car après cela, le tabac se détériore s'il reste sur pied ; 7° En dépouillant les troncs, faites au moi is deux choix de feuilles, trois même seraient préférables, car, en somme, le tabac obtient ainsi un plus haut prix. Suivez tout cela et vous aurez une récolte qui vous rémunérera mieux de ces peines qu'aucune autre culture que vous pourriez entreprendre. l'engrais que la culture du tabac exige. Cette plante absorbant beaucoup, il faut que le sol soit riche en substances nitreuses aussi bien qu'en matières organiques. Ce qui suit est le résultat d'une analyse de cendres de tabac. Le résidu d'une livre de tabac brûlé est de 30 p.c. Potasse 12.45 Soude 0.10 Chaux 46.30 Magnésie 12.80 Chloride de sodium 3.05 do potassium 3.90 Phosphatcde fer ... 5.30 Phosphate de chaux 1.52 Sulphate de chaux, 6.50 Silice 8.03 100.00 Ainsi que le démontre ce qui précède, le tabac exige près d'un tiers des ma- tières organiques dont plus de la moitié se compose de chaux et de magnésie, les- quelles sont des parties composantes de presque tous les sols. La potasse en forme la huitième partie, et bien que presque tous les sols contiennent de la potasse, elle ne s'y trouve pas toujours à l'état que peut se l'assimiler la plante. Ce sont là les trois principaux ingrédients des matières organiques que la plante absorbe. Les deux principales substances organiques qui constituent les deux autres tiers sont le car- bone, que toutes les autorités agricoles disent venir de l'atmosphère, et les substances nitreuses produites par la décomposition des matières organiques qu'il faut donner au sol sous une forme quelconque, à moins que celui-ci ne soit vierge et riche en terre végétale. Joints à ceux-ci, les renseignements^qui suivent, donnés par des planteurs com- pétents, no peuvent qu'être utiles : Si comme engrais, dit l'un d'eux, l'on se sert de guano, il en faut 200 Ibs. par acre; si c'est du phosphate, 350 lbs. ; mais avec ce dernier engrais, la plante n'aura que la substance nitreuse qui se trouve dans le sol et ce qu'elle pourra tirer de l'at- mosphère, car il ne renferme que peu d'ammoniaque. Suivant un autre planteur, 20 ou 300 livres de guano, ou 400 livres do colombine, ou 12 charretées do fumier de mouton, ou 25 tombereaux de fumier de vache, ou 25 tombereaux de fumier de cheval, ou 35 tombereaux de fumier do porc, sont des quantités dont chacune suffit par acre do terre ; mais, ajoute t-i), si l'on se sort des deux premiers, il faudra que l'année qui suivra la récolte, le champ soit engraissé comme à l'ordinaire avec du fumier d'étable, À ce sujet, je crois devoir citer aussi l'opinion d'un journal agricole dont le nom m'échappe en ce moment, car elle en vaut la peine. La voici : " Bien que le tabac vienne à merveille dans un sol protond enrichi par les sels " et autres acides provenant de cendres de bois et do Ja terre végétale qu'on y a " apportées, on peut tout de même le cultiver avec avantage dans une terre épuisée, " fût-elle sablonneuse et abandonnée à cause de sa pauvreté. Les cendres de bois et " la terre végétale, de même que leurs acides, sont très fertilisantes, aussi bien que " l'eau ammoniacale que l'on peut avoir dans les usines à gaz, et je n'hésiterais pas à " entreprendre la culture du tabac sur un sol appauvri et même sablonneux, pourvu " qu'à portée il y eût une couche de terre végétale ou de tourbe. Dans ce cas, je ferais " répandre sur chaque acre 50 charretées de l'un ou l'autre de ces engrais." Après avoir indiqué comment il préparerait ce sol, l'écrivain se prononce ainsi sur l'excellence d'un engrais : " Prenez 15 boisseaux de cendre de bois, 2 barils d'eau d'usine à gaz ou d'urine, " 3 boisseaux de plâtre fin moulu, et 130 boisseaux de tourbe ou de terre végétale. Du " fumier remplacerait bien l'eau d'usine à gaz ou l'urine, mais il faudrait le bien mêler " au sol. Ces diverses substances devraient être bien mélangées et il en faudrait " mettre environ une pinte à la place de chaque pied de tabac planté. Chacune 11 des substances de cet engrais pourrait être remplacée par beaucoup d'autres." Ce qui suit est une réponse de M. A. Fenner Fust, rédacteur du journal agricole illustré de Québec, à la question de savoir quel serait le bon engrais pour la culture du tabac, à défaut de fumier, mais avec la faculté de pouvoir employer des cendres: " Montréal, 28 novembre 1882. " Cher monsieur, — Ainsi que j'en avais fait la promesse, je vous envoie la meil- leure recette pour faire un engrais propre à la culture du tabac. " S'il vous plaisait de doubler la quantité de sulfate d'ammoniaque pour une ou deux étendues, laissez de côté le plâtre pour d'autres. Faites de même quant aux cendres, et vous aurez ainsi tenté une expérience très-utile. 200 lbs d'os broyés Coût environ $ 3.50 100 îbs de sulfate d'ammoniaque.. o i 200 lbs de plâtre u o 8 boisseaux de cendre. I 4.00 .75 En os non bouillis, cette quantité donnerait environ huit livres d'ammoniaque et beaucoup d'acide phosphatique. Les cendres contiennent à peu près 4 pour cent d'acide phosphorique, la potasse 12 pour cent, et le plâtre fournit la chaux et l'acide sulphurique. J'emploierais ces substances comme suit : os, plâtre et cendres bien mélangés et mêlé au sol aussitôt possible avant le dernier labourage, qui devrait être peu profond. Le sulfate d'ammoniaque devrait être répandu et mêlé au sol — sur lequel le rouleau devrait ensuite passer— immédiatement avant la plantation. Après la récolte, il faudrait que le sol fût profondément labouré, et si l'on semait un quart de boisseau de graine de moutarde par acre, vers le 20 octobre, et que l'automne fût favorable, on pourrait le labourer de nouveau. Cet engrais ne serait p>as de grande valeur, mais à défaut d'un meilleur, le sol en profiterait tout de même. A vous bien sincèrement, Arthur E. Fenner Fust. Je termine en conseillant aux cultivateurs de ne pas jeter les troncs de tabac sur la voie publique, ainsi que cela se fait généralement dans la province de Québec. Qu'ils les coupent et les fassent pourrir, ou qu'ils les fassent sécher et brûler, et qu'ensuite ils fassent profiter le sol du résidu. "7 V A P X3 ^L^^^fc ffk^ ùN ^ 1 r r ^ /-*. S-