LA PTT COOCOOD SOG eni ank n CI RTE BR 3 :F3 193132 293320933337 33h? 53 EE AC Er trem bee n n ter rispet è t Ù st i siti, A HE) RE 14999094000 4 te n so REG EI ou 3233533753 ERG) CRC À, di È n ss Ro pati 2305 13052 va 23 as 13 fe RES È 3 133 Ei È n e 7 1057 DR Honuiner Be 1515359 AIT 4 203 pas: en Tatin + 33 Det LT x mar 335733 io sota = i 3 IE SSD 353: 32835 [= 4 Ex ag RE x Que pot FT RS E325 DR sa i >; ti (051 His st pis ta fe e NE P : COL, 4 rs € ÿ ch so ;; 37e ca -- slo me "et x { ‘Se men i nt eat STRA ou. DT LES POISONS Enia À LE CORPS ANIMAL. Digitized by the Internet Archive ‘ In 2011 with funding from University of Illinois Urbana-Champaign htip://www.archive.org/details/traitsurlevn02font MR A i a LE SUR LE VENIN DE LA VIPERE SUR LES POISONS AMERICAINS SURNLE LAUVRIER-GERISE. E n na SUR QUELQUES AUTRES POISONS VEGET AUX. ON Y A JOINT D A Se 0 BS BR DADA DNS SUR LA STRUCTURE. PRIMITIVE DU CORPS ANIMAL.. DIFFERENTES EXPÉRIENCES SUR LA REPRODUCTION DES NERFS ET LA DESCRIPTION D'UN NOUVEAU CANAL. D E LO E LI PME test F O/NUT A NA Puysicen DE S. A. R. L’ArcHmue Granp-Duc pe Toscane ET DirECTEUR DE son. CABINET D' Histoire NATURELLE .. AVEC PLUSIEURS PLANCHES. TO M E Ss E CO.N D, LES me E I PEN % Pi, gt Ept Er gt RE ORNE NOE "CN D'GC. LXAXX IE ri piadina Soft ode dodo dock do dae polo SEE RIS PE cjodictec} 6e code poto dose io rie ARGIE GIRARE PERSONBIARIE TO NI. Et fe trouve à Paris chez Nyon l’Ainé = A Londres chez Ems'ey. Li UA ti ni rita f ia Ù | DR A A; mn fin. Fin K Vea MMRSHLADIAIMA < À 0 2198 2 | Tetra AG LAU A À) 1 PE | i IM II HN TD SOGLIO! è (3% Turan O 9 DAMES e ee | fior afAOD IA FILMA E BU, 17 ROMPE PI CA TECS E ROTTE TT si a AA 350) MOITOIRONIIA AL DI : TANIA UN SION VA Le tag si à Me Pal fici QUE 009 A: | AUS APR "NBA A A n MON AE LIL "MET 2a IIC atand ovale A'1 A 17 Sac MORE DIT le aniorati” d Taman) oa aa 1 ci ESCL INTRiivan BENE 144 14 ‘punti Palio, ‘AA (de LE LE (amor NOLA i e A * (Le n Lu Ag pr ‘ si \ | { L ue a pla) X neo: Ped 151 14 "i A UBI CA i À vltigus ARE d44 AO 20 dr Fe Fait Ni n RER » Nec fre - + jur* si quò ew bte : RAS RSI Gc MERE : QT CAI AAA di A | M AV STE *% ‘ ì nea i Wi met QU fg dali hci dat sin A ’ 4 i) A ai: d È fan, tu à hi ce he” GMT NUCA ri dal stri 1% x Li re À Li v \ ec NI ) 3} a PARA ; NI" VELI {4 n qe | i FA , lai 67) ì È Va X RR, VE: RME TRIO Cc vd Ta v TABLE DES MATIERES DE LA QUATTRIEME PARTIE Ch A P.ES REL ER. Examen des remedes pratiqués contre la morfure de la Vi- | pere. page 1. Expériences fur les effets de l’alkali volatil contre la miorfure de la Vipere. à Expériences fur l efficacité de differentes fubftances contre la morfure de la Vipere. 7 Application des fangfues à la:morfure de la Vipere. 12. Succement des partics mordues par la Vipere. ma. Sur l'utilità des amputation des membres mordus par la Vi- pere . ibid. Lapins, et Chiens aux quels les oreilles ‘ont été mordues, et coupées. 7e Animaux aux quels on a fait mordre la peau, et .on l’a enfuice coupée . 19. Crétes, et barbes de poule mordues, ct enfuite coupées. 20. CHA- COL VI CC” ere TRE Hi Si la morfure de la Vipere eff naturellement: mortelle pour l'Homme . page 30. Réponfe a M. Juffieu.. 37. Expériences, fur l’ utilité de la. ligature- contre: la morfure. de la Vipere fur. des. petits oifeaux .. 46. Ligatures faites. aux. poules mordues par les. Viperes.. 49. Expériences. fur. les Cochons d'Inde. 52. Expériences. fur les Lapins. 56. Ligatures. et fcarifications faites aux poules et aux Lapins.. 58. à eq qe A. P P Etui NN, ad) L:08X MUR REC D Boo BR) Si; SUR: LE VENTN. D: EEA WA Br P'CEr I RI 66... Expériences fur des Quadrupedes 74 Expériences fuivant la methode. propofte par: Kempfer . 76. Matieres employées contre la. morfure de la: Vipere,. qui. font ; la chaux vive,.laimaguéfie, l’alkali. cauftique, les; terres ablor- bantes, et la corne: de cerf calcinée. 80. ME- vil MIE MMNO dh BO È Sar le poifon Amérirain appellé Ticunas, iet fur quelques autres poifons vêgéraux. page 83. Si les acides, et les alkalis ont le pouvoir d’ôter la qualité meurtriere au Trcumas. 98. Combien de tems faut-il au Ticuuas pour manifefter fes effets meurtrieres aux animaux empoifonnés. 102. Expériences fur les animaux à fang froid. 104. Effets du Ticunas fur le fang tiré des animaux. 107. Effets du Ticunas introduit dans les vaifleaux .des animaux em- poifonnés . 110. Effets du Ticunas fur les nerfs. 112. Effets du Ticumas appliqué fur Ja furface des nerfs. 113. Expériences avec le Ticunas furles nerfs coupés ,ou bleflés. 115. ‘Sur des fléches empoifonnées apportées des Indes Orientales. 120. Expériences fur .le poifon Ticunas faites après mon retour en Italie en 1780. Va}: PREMIER MEMOIRE Sur l'eau de Laurier-Cerife. 125. De Faétion des poifons fur les nerfs. 133. vin SECOND MEMOIRE Sur le Laurier-Cerife. | page 137. Efprit de Laurier-Cerife de la premiere diftillation donné inté- rieurement. 140. Efprit de la feconde diftillation donné intérieurement. 141. Phlegme de l’efprit de la feconde diitillation. ibid. Refidu de l’efprit de la feconde diftillation obtenu par l’evapo- ration des deux tiers au foleil. | taz. Efprit de-la feconde diftillation mis dans la gueuie. 143. Efprit de: la feconde diftillation mis fur les yeux. ibid: Efprit de la feconde diftillation mis fur les bleflures. 145. Efprit de la troifiéme diftiilation. Bu, oi Efprit de Laurier-Cerife de la troifiéme diftillation, fait en mé- lant une quantité de fel marin décrépité , avec l’efprit de la econde diftillation . 148. Phlesme de la troifiéme diftillation è peine odorant, et fa- pide. ibid. Huile de Laurier-Cerife donnée intérieurement . 149. Huile de Laurier-Cerife appliquée à la gueule. 151. Huile de Laurier-Cerife appliquée fur les bleflures. 152. Huile dêflechée au foleih. : | 153. Extrait de Laurier-Cerife. n SSA Huile Empyreumatique . tbid. EXPE- DIDO RIRLI E MIC E. 8 SUR QUELQUES AUTRES SUBSTANCES. VEGETALES. Sur le Toxicodendron. page 1.58. Ml o 8 Avec PHuile de Tabae. 161. Confideration fur Îles nerfs dans les maladies. 162- BAPE pel E NC ES BELGIE ES A LONDRES E.N;,.1778.,00. 177% Sur la Reprodudion des nerfs. 177. WB S.E R.V A T.LOÒO.N Sur la Struéture Primitive du Corps animal; On parle aufli des végétaux et des Foffiles. OBSERVATIONS Sur la Strudure des Nerfs faites à Londres en 1779. 187. SUR LA STRUCTURE DU CERFEAU. 209. Sub- x Subftance Corticale. page 212. Rétine. 213. SUR LA STRUCTURE DES TENDONS. 222. Sur la partie tendineufe du Diaphragme. 225. Sur Ja ftruéture des mufcles. 227- Différence entre les fubitances nerveufe, :tendineufe, et mu- fculaire. 230. Sur les cylindres tortueux primitifs du corps animal, ou fur le tiflu cellulaire . 234. REF" LOEUXKOAND N: 6 SUR LE MOUVEMENT DES MUSCLES. 239. Erreurs Microfcopiques, et confequences deduites des Obferva- tions Microfcopiques. | 245. Obfervations fur les Cheveux, 1’ Epiderme, des Ongles, les Os, et la Graifle. 250. Sur la tranfpiration. 253. Sur le gluten des anguilles. 254, Sur l’ Epiderme. 255. Sur les Ongles. 256. ibid. Sur les Os, et les Dents. Sur la Graifle. tbid. Sur l’Ivoire. 258. Sur les Eponges. ibid. Sur les fubftances végétales. 259. Sur les Foffiles. 261- Sur l’Or. 263. Lettre écrite à M. Adolphe Murray Profeffeur d’ Anatomie à Upfal l’anné 1778. 265. EXPLI- XI EMWPLICA TION DES TABLES Explication: des. dix preraieres: figures de la planche I. de cet Ouvrage ;» qu’on a. tirée de l’edition: Françoife de l Ouvrage de Mead.. page 270. SUITE DE L’EXPLICATION DES: PLANCHES DE CET OUVRAGE. 275. INDEX. ALPHABETIQUE OÙ TABLE. DES MATIERES: ADDICTIONS ,, ET CORRECTIONS.. Sr re et te L ni) iS OUR a a de, eat LOF PANTTe sax ts Ai da si uo | Manrogtons sg: Lan | EL erre E Il PA SL PEA NA Fe PR e N tl rr SA NO LEE EN pet ER i E i ENI E pa ER gt Eat O Ira À A RS LATERIZI ZZ LAZIALI ZI BA NRA à | per i DIA RISI ARR RAS A NS ro À RECHERCHE ES MOD AE IS PAS PAT SUR. AE EN IN ia EL A MOORE QUATTRIEME PARTIE GVÉRRAS Paie RI EousBi RE M bE:R, Examen des vemedes pratiqués contre la morfure de la Vipere. Près avoir examiné la qualité du vénin de la Vipere, et avoir connu beaucoup mieux qu'auparavant la nature de ce vénin, il fembloit qu’il n’étoit plus dificile d’en trouver le remede. C’eft ainfi qu'on raifonne d’ordinaire, et telle eft la fource des remedes fans nombre, qui fe fuccedent les uns aux autres, et que l’expérience trouve enfin nuilibles, ou du moins inutiles. L’alkali volatil fluor doit fa plus grande célébrité à opinion où lon étoit que la nature du vénin de la Vipere étoit découverte. Juflieu le crut acide fur Pautorité de Mead, Tome II. A et ct cela fuffit pour faire regarder l’alkali volatil comme le véri- table antidote de ce vénin. Les auteurs après Juflieu fe font copiés l’un l’autre. Ils ont adopté le remede , et fon méchanifme, et ils ont trouvé le re- mede bon, parcequ'on ne meurt pas toujours pour avoir été mordu par la Vipere. Pour moi, je fuis d'avis que même en connoiffant bien la nature d’un poifon, et les eflets qu'il pro- duit fur les animaux, on peut très-facilment en ignorer le re- medc. Rien n’eft plus facile à concevoir , fi lon reflechit com- bien peu nous connoiffons: encore le méchanifme animal, et combien nous fommes dans lobfcurité, et dans l’incertitude fur les: qualités ,ow les vertus des corps. Quoiqu'il en foit, il eft certain que l'autorité de certains écrivains a mis en vogue un plus grand nombre de remedes. que n’ont fait les expériences: trompeufes des autres, ou la rarc- té, et le prix des remedes mèmes.Le bezoard, par exemple, la licorne , le rinoceros font de ces derniers. Si l’on examiuoit au creufet risoureux de l’expérience le grand répertoire des reme- des, à combien peu ne fe reduiroient ils pas? C’eft à caufe de cela que le meilleur recueil de recettes: eft toujours le plus court. Ona déja vu ci deffus quel cas on doit faire de l’alkali vo- latil fluor regardé comme fpeciñique. Toutes mes expériences le démontrent tout à fait inutile, même pris intérieurement . Il ne paroit pas, qu’appliqué aux parties mordues, il puifle être d’au- cune utilité . Il eft inutile de faire obferver , que l’alkali volatii, foit donné intérieurement , foit appliqué fur les parties, ne peut nullement fervir à corriger l'acidité du vénin, puifque le vénin n’eft certainement point acide; de là, ces qualités vantées du pria- cipe alkalefcent , cette neutralifation de fels, ne font que des imaginations, et des erreurs nées d'expériences mal faites. Je crois de plus que quand même le vénin de la Vipere feroit aci- 3 acide, et qu'il tueroit les animaux comme principe acide, on ne devroit, que peu ou rien, attendre de l’alkali volatil appliqué extérieurement. Pour que l’alkali volatil puifle faturer les aci- des du vénin, il faut qu'il pénetre dans la partie mordue, ct que là, il fe mêle, et s’unifle avec le vénin. Il m'à paru qu’en sénéral l’alkali volatil n'arrive pas jufqu’aux mufcles à travers la peau, à l'endroit où le vénin a pénétré. Ceft du moins ce que j'ai obfervé dans les animaux, qui ont la peau compacte comme l’homme. Expériences fur les effets de Palkali volati! contre la morfure de la Vipere. Jai coupé un morceau de peau fous le ventre à un Co- chon d’Inde, l’incifion avoit la figure d’un parallelograme , dont trois côtés Ctoient feparés de l’animal, etle quattriéme y tenoit encore. Jai percé la peau coupée avec les dents deffechées d'une Vipere. Les dents pergoient la peaude part en part. De cette peau ainfi préparée j'ai couvert, du côté du poil, l’orifi- ce d’une bouteille pleine d’alkali volatil. L’orifice de fa bouteille avoit 4 lignes de diametre. Je n’ai jamais pù fentir aucune odeur à travers la peau quelque longtems que je l’aie te- nue fur la bouteille, et quelque fort que fût l’alkali volatil, qui étoit de la plus grande activité. Jai répété cette expérience fur les Lapins, dont la peau ef encore plus mince. L’évenement a été le même. Aucune odeur ne s’eft fait fentir à travers cette peau. Jai mouillé avec un peu d’acide nitreux, delayé , la par- tie interne de la peau d’un Cochon d’Inde, que javois per- cé auparavant avec des dents feches de Vipere comme ci de- vant. Quelque quantité d’alkali volatil, que j'aie jettée fur la D par 4 partie externe de la peau, l’acide nitreux n'a jamais paru s'ètre fature ou radouci au moindre degré. Une autre fois, je mouil- lai la peau d’un autre Cochon d’Inde preparée comme ci deflus, avec la diflolution de cuivre dans l’acide nitreux très-érendue d'eau; et je tins la partie extérieure de Ja peau mouillée avec de l’alkali volatil fluor; mais la diffolution de cuivre ne changea point de couleur, et ne devint jamais bleue. Ii cit donc certain, qu’en général lalkali volatil ne par vient point à traverfer la peau compacte d’un quadrupede. La raifon en eft que la dent très-fubtile de la Vipere, en dei la peau , ne fait qu'en écarter un peu les parties, et qu’à me- fure quela dent fort; la peau par fon élaflicité reprend fa pre- miere fituation, et ferme le trou. C’eft par cette raifon que fouvent la morfure de la Vipere ne fait pas faioner Panimal. Si quelque vaiffeau un peu gros à été percé par la dent, le fang fort, fe fige, et empêche l'entrée aux autres corps. La peau dans l’homme eft plus épaifle que dans les La- pins, et dans les Cochons d’Inde, et elle eft très-ferrée , et très- élaftique. Si l’alkali volatil flour étroit un vrai fpécifique , toutes les fois qu'il peut s'unir au vénin de la Vipere, il feroit inu- tile contre la morfure de la Vipere dans l’homme, ou tout au plus pourroit-il fervir pour les morfures tout à fait fuperliciel- les de la peau, qui ne font Jamais à craindre dans aucun qua- drapede, mème petit, et beaucoup moins dans l'homme. Mas fi l’alkali volatil eft inutile appliqué extérieurement aux parties, par la’ difficulté qu'il a de fe méler avec le vénin, pourquoi ne pourra-t-il pas être utile, fi l’on trouve moyen de l'introduire dans les parties mordues? On peut faire des inci- fions plus où moins grandes aux animaux, et par ce moyen porter l’alkali volatil jufqu'aux mufcles mordus. Dans ces cas l’alkali volatil fera-t-il un fpécifique ? Sera-t-1l au moins utile? Pour DI Pour bien eclaircir tout cela, j'ai fait les expériences fui- vantes. J'ai fait mordre è la jambe pluficurs animaux, comme Pou- les, lapins, Cochons d’Inde &c. quelques minutes après qu'ils ont été mordus j'ai fait de grandes, et profondes incifions dans les endroits qui avoient été bleflés. Jai lavé ces incifions avec l’alkali volatil pur, et j'ai couvert les jambes avec des bandes de linge. Jai préparé un nombre égal d'animaux de même grof- feur, et de même efpece pour fervir de terme de comparaifon. Ceux ci ont été mordus auili à la jambe, mais je ne leur ai pas fait les incifions, ni appliqué lalkali volatil. Les réfultats de 24 expériences n'ont point été favorables à l’alkali volatil ap- pliqué fur les incifions, et même le nombre des morts, ct la gravité de la maladie ont été plus confiderables dans les pre- miers que dans les feconds. Je ne veux pas manquer ici de parler d’une expérience qui me fut fuggérée dans ce tems par M. le Duc de Chaul- nes, et que Jexécutai peu de tems après, avec fon affiftance, far un pigeon, en préfenee d’un célebre Médecin Chymifte, M. Darcet. Je mélai enfemble d’égales quantités de vénin et d’alkali volatil, et j'en infinuai une partie dans les mufcles de la poitrine. Le pigeon mourut au bout de 11 minutes. Com- me javois quelque foupgon qu’en infinuant le vénin dans les mufcles de la poitrine, Javois pénétré jufques dans fa cavité, je crus devoir répéter cette expérience fur d’autres animaux . De plus, je variai les quantités du vénin, et de l’alkali volatil, et je me fervis aufli des alkalis volatils fluides préparés fans chaux . De fix pigeons qui furent venimés à la poitrine, et de fix autres qui le furent à la jambe , aucun ne guérit, et ils moururent en peu de tems. Je mis dans un petit verre trois gouttes de vénin de Vi-- pere; 6 pere, et 12 gouttes d’alkali volati! fluor. Après avoir mélé ces deux fluides enfemble, j'en verfai une demi-goutte fur les fibres coupées d’un mufcle à un pigcon. Le pigeon mourut au bout de 30 heures avec les fignes de la maladie du vénin; mais à un degré médiocre, Je répétai cette expérience fur un autre pigeon, au quel javois découvert, et bleflé les mufcles en pluticurs endrois. Fin- finuai dans ces mufcles un petit morceau de bois bien enduit du vénin pris dans le petit verre. Le pigeon ne mourut pass, quoiqu'il eût des fignes de la maladie du vénin. Je répétai cette feconde expérience fur un-autre pigeon, ct j'introduifis comme ci deflus le morceau de bois enduit de véain. Le pigeon ne mourut pas, et parut à peine avoir la maladie, Je fis une nouvelle expérience avec le morceau de bois trempé dans le vénin. Le pigeon mourut en moins d’une heure. Ces réfultats fi peu uniformes me firent foupgonner que le vénin ne s'étoit pas bien communiqué aux mufcles, et que l’u- fase du morceau de bois n'étoit pas le meilleur pour communi- quer cette maladie. Quelques autres expériences que je fis enfui- te me confirmerent dans ce foupgon. Je penfai donc è infinuer dans les mufcles des pigcons le vénin du petit verre par le moyen d’un fil replié en plufieurs doubles. Je fis paffer les fils bien enduits de ce vénin mélangé, à travers les mufcles, et je les y laiflai. Six pigeons foumis à cette expérience moururent tous dans l’efpace de 37 minutes, Il et encore poffible que l’alkaii volatil fluor altere ou ref ferre tellement les vaifleaux, que le vénin ne puile être facile- ment abforbé; mais quoiqu'il en foit, on voit clairement que lorfqu'il efi bien appliqué , il eft mortel comme auparavant, ct que l’alkali volatil ne diminue point fon aétivité. Ces expériences non feulement démontrent Pinutilité abfo- lue 7 lue de l’alkali volatili contre la morfure de la Vipere, lorfqu’- on l’applique extéricurement; mais encore elles prouvent en même tems, qu'il ne peut opérer immediatement, et comme fpécifique, lors même qu'il eft pris intérieurement. Si le vé- nin de la Vipere conferve toutes fes qualités malfaifantes lorf. qu'il eft mêlé immediatement avec l’alkali volatil, comment ce vénin pourra-t-il jamais en être dépouillé par la rencontre de l’alkali volatil, lorfqu’il le trouve uni à une imimenfe quanti- té de fluide dans l'animal, et difperfé dans tant de parties? Expériences fur efficacité de differentes (ubffances contre la morfure de la Vipere. Ces mémes expériences peuvent fervir également pour faire exclure du nombre des fpécifiques tant de remedes vantés con- tre le vénin de la Vipere. J'ai éprouvé d’unir un grand nom- bre de fubftances, avec le vénin de Vipere; mais je n’ai pas ob- fervé avec tout cela, qu'il ait perdu fes qualités malfaifantes. Je l'ai mêlé avec les acides, avec les alkalis, avec les fels neutres, avec les huiles; mais il a continué à tuer les animaux, dès-qu'il étoit infinué daus les bleflures . Jai fait encore des expériences dire‘tes fur ces fubftances pour m'aflurer encore plus de leur inutilité. Je ne donnerai pas ici le détail de ces expériences, parcequ’il feroit trop long, et que Je le crois peu important; il me fuffira de dire en général que Jai eflayé de les appliquer aux parties mordues par la Vipe- re, en faifant même quelques incifions pour que le vénin fe com- muniquât plus facilement. Jai éprouvé d'appliquer l'huile de vitriol, l'acide nitreux, lacide marin, lacide phofphorique, et lacide fpathique, et je les ai tous trouvés pour le moins inutiles. Les fels alkalis cauftiques, et non caultiques, tant mi- 5 mineraux que végetaux , Où animaux , m'ont donné les mêmes effets. Je me fuis arretté davantage avec les fels neutres , et fur tout avec le fel marin, que plufieurs approuvent comme un bonremede; mais que J'ai trouvé inutile auffi. Quant aux huiles en général, et fpecialement à celle de térébénthine, il m’a paru qu’elle étoit de quelque utilité réelle. La maniere la plusavantageufe de Pap- pliquer a été de tremper pendant lonstems la partie mordue de l’animal dans l’huile extrêmement chaude. Quelques Cochons d'Inde , qui feroient morts felon toutes les probabilités de mes ré- fultats fur ces animaux, ont été parfaitement guéris. Il eft bien vrai qu’ils avoient été mordus par une feule Vipere,à une feule reprife, et que deux pattes mordues s’étoient écorchées, et en DI partie eftropiées, probablement à caufe de la trop grande chaleur de l’huile. / Jai fait d'autres expériences fur l’immerfion de la partie mordue dans divers fluides. Il m’a paru y avoir un avantage réel à tenir la partie venimée plongée dans l’eau bien chaude. La douleur diminue notablement, il paroit que linflammation eit moins grande, et la couleur beaucoup moins changée, et moins livide. Jai obtenu les mêmes réfultatsavec l’eau de chaux , avec l'eau chargée de fel commun ,ou d’autres fubftances falines. L’avan- tage m'a paru plus ou moins grand, quoique cette immerfion ne foit pas un fpecifique, ni un remede affuré contre le vénin; et je fuis dans l’opinion que l’avantage qui fe trouve dans ces cas eft dû à la fimple fomentatien avec l’eau chaude. J'avois obfervé dans le cours des mes expériences, que les chiens, ct les chats guériffoient d'autant plus facilemeut qu’ils vomifloient davantage. Jai voulu fuivre cette indication de la nature è et Jai fait un grand nombre d'expériences fur les chiens. J'ai été bien fouvent porté à croire que l’émétique écait un bon remede. Jai quelque fois obtenu fept ou huit ré. fultats 7 % _£ultats uniformes, et tout à fait favorables à ce reméde. L’ime- tique dont je me fuis fervi elt lc tartre ftibié. Je le donnois dans l’eau à différentes dofes, et en différens tems. j'ai encore obtenu des réfultats en contradiétion avec certains autres, mais jen ai eu de très-favorables, et uniformes. Parmi un grand nombre d’autres épreuves, je fis mordre douze Chiens à la jambe, chacun par trois Viperes, et à plufieurs reprifes. A fix Je donnai le tartre émétique, je ne donnai rien aux fix autres. Les fix du tartre émétique guérirent tous; des fix autres il en mourut quattre en moins de trois jours. Je n’oferois point déci- der que le tartre émérique eft entierement inutile; mais ce net certainement pas un fpécifique, un remede affuré. J'ai voulu eflayer les cantharides, non pas que j'eufle de fortes raifons pour les croire ‘bonnes contre la morfure de la Vipere; mais feulement parceque je voulois voir ce que pour- roit produire fur un animal attaqué de la maladie da vénin, une fübftance active, et en quelque façon auffi vénéneufe. Jai appliqué les cantharides à Ja partie mordue, et je les ai fait prendre auffi intérieurement. Pai reconnu bientôt, qu’ appliquées à la partie, elles nuifoient vifiblement; que tout fe «difpofoit plus promptement à la gangrene , et au fphacele. Pour les introduire encore mieux, je faifois quelques incifions fur la partie . Les cantharides prifes intérieurement m’ont donné des ré- faltats équivoques, femblables à ceux de l’émétique. Je multi pliois mes expériences à proportion de l’incoftance des réful- tatss mais à la fin je m'aflurai, que les cantharides n’étoient certainement ni un fpécifique , ni un remede ellicace , quoique je ne pufle le déclarer ni nuifible, ni inutile. Je conçus de plus grandes efpérances du quinquina. Où fait que c’eft un fort antifeptique, très-efficace contre les gan- Tome If. B gre- 1© grenes, Le vénin de la Vipere produit une véritable gangrene locale, pour peu que dure la maladie. Le quinquina étoit donc bien indiqué. Je commençai mes expériences avec le fimple quinquina en poudre, que je jettois fur la partie mordue, à la quelle yavois fait quelques incilions. Ne m'appercevant pas qu'il fût d’un avantage affuré, j'en vins au quinquina en infu- fion. Jca mouillois longuement la partie de l’animal. Quel- que fois Je la tenois toute plongée pendant longtems dans l’in- fufion chaude. Souvent je l’y replongeois à differentes reprifes ; mais tout fut en vain. Je ne pus jamais m’aflurer qu’elle füt d'un avantage réel, et conftant, quoique je ne. puifle la condan- ner comme entierement inutile. Il m'a fallu faire un nombre incroyable d’expériences, avant de pouvoir me décider fur le peu de certitude de l’éméti- que, des cantharides, et du quinquina, contre la morfure de la Vipere. | Ces expériences font en outre extrêmement incommodes , lorfqu'on opere principalement fur les chiens, et elles font pour la plüpart de très-longue durée. Un chien, lorfqu'il ne meurt pas, refte fouvent malade 10 ou 15, ou même 20 Jours. Jai voulu encore éprouver fi les fcaritications plus ou moins profondes, et le feu actuel étoient des remedes aflurés. Les réfultats que j'ai obtenus, et qui ont été très-nombreux , ne font point favorables à ces deux moyens, qui cependant font propofés avec beaucoup de confiance par les Auteurs. Il m'a paru au contraire que les fcarifications, bien loin d’être utiles, faifoient plutôt du mal. Il m’a paru que la partie mordue, et enfuite fcarifiée, fe difpofoit plus facilement à la gangrene . En un mot, je n'ai pù obtenir aucun effet utile, ni avec le feu, ni avec les fcarifications. Il II Il me reftoit è éprouver deux autres remedes que beaucoup de médecins renommés préferent à bien d’autres. L’un eft la thériaque , l’autre eft la graifle même de la Vipere. Jai employé la thériaque, en la mettant fur la partie mordue, et enfuite legerement incifée. Je l’ai renouvellée plu- fieurs fois, et j'ai tenu la partie bien couvette de linges rem- plis de theriaque. Je l'ai donnée auffi intérieurement; mais le tout en vain. Il ne m’a pas paru qu’elle ait été d’aucun avan- tage pour l’animal, et qu’elle ait diminué en rien la maladie. Mead dans fon traité des poifons parle d’un remede, qui de fon tems étoit réputé un vrai fpécifique contre la merfure de la Vipere, Il dit que les chercheurs de Vipere en Angleterre s’en fervoient avec tant de confiance, qu’ils ne craignoient pas plus la morfure de la Vipere qu’une piquüre ordinaire. Mead trouva moyen de connoître ce remede, qui étoit encore un fecret. Il fût que c’etoit la graifle même de la Vipe- re, qu'ils étendoient fur la partie mordue. Mead, pour s’aflu- rer encore plus de l’éificacité de ce remede, fit mordre par une Vipere le néz à un chien, et y appliqua la graifle. L’animal guérit. Il répéta une autre fois la même expérience, et elle eut le même réfultat. S’étant ainfi afluré de lefficacité du remede, il fe mit à expliquer phyfiquement comment il doit corriger l’aétion du vénin. Il trouve dans les molécules glutineufes de la graifle de Vipere de quoi envelopper les fels volatils du vé- nin, et les empêcher ainfi de s'unirenfels cryftallins, aux quels le vénin doit fa force ,et fon a@ivité. L’erreur de Mead eft priotipalement, d'avoir fupposé que la morfure de la Vipere au néz du chien fût abfolument mor: telle : D'un autre côté, quel cas doit-on jamais faire de deux feules expériences? On a vu ci deflus combien les réfultats font diffé- rens entr'eux, lors même que les circonftances paroifient être Billa les 12 les mêmes, et combien peu l'on doit fe fier mème aux réfel- tats uniformes, fi le nombre des expériences n’eft pas très-grand. Les morfures de la Vipere au néz font moins.dangereufes, que dans toutes les autres parties du corps. Si Mead. eût, mul- tiplié davantage fes expériences, s'il les. cût variées comme il. convenoit, il ne fe fcroit pas trompé, ou il feroit bientôt re- venu de fon erreur. C’eft là l’origine principale de la lenteur des progrès des fciences phyliques, et la fource d’une infinité d’er- reurs, qui continuent à défigurer la médecine, et à empêcher. fon avancement Jai encore employé leleëtricité contre la morfure de la. Vipere. Non feulement. je l’ai trouvée inutile; mais. il m’a pa+ ru qu'elle étoit même nuilible. Du moins il eft certain que dans les animaux aux quels je. l'ai. appliquée, Ja. maladie a été. plus grande, etqu’ils font morts plus promptement. Dans beag- coup d'animaux ;. je faifois tomber. les. érincelles. eleétriques. du. couduéteur fur la partie mordue, dans. d’autres. je tirois. l’etin-, celle de la. partie mordue en tenant l’anunal lie au: conduéte ur .. Dans. l’une. et l’autre méthode j'ai trouvé l’éle@ricité plus.nui- fible quutile. Application des faugftes à la morfire de la. Vipere.. Je fis. mordfe par une Vipere un pigeon à. la jambe, et: jy appliquai auffitôt trois fanglue, qui s’y attacherent très-bien. Au bout de 20 minutes, le pigean étoit mort , et les fanglues étoient gonfiées du fang qu’elles avoient fuccé .. Je répétai la même expérience fur deux autres pigeons, et: à peine furent-ils mordus que les fanglwes leur furent attachés. ls moururent l’un et l’autre en 18. minutes. Suc- 13 Suveement des parties mordues par la Vipere. J'étois curieux de voir fi en fucgant la partie immédiate- ment après la morfure, on pourroit empêcher la diffution du vé- nin. Je trouvai quelqu'un qui ne fit point difficulté de fuccer. Je fis fuccer fur deux pigeons les morfures de la Vipere fans les dilater, et fur deux autres après avoir dilaté les trous, qu’avoient faits les dents, et avoir fait un commencement de fcarification. Ils moururent tous quatre en moins de 27 minutes. Ces mêmes expériences eurent le même rélultat fur les auadrapedes. D'après cela: je ne crains pas de prononcer queni la: fuccion par la bouche, ni l’application des fangfues, ne font uæ remede fuffifant contre la morfure de la Vipere. Je ne parlerai point de beaucoup d’autres moyens, que J'ai pratiqués contre le vénia de la Vipere, et que j'ai trouvés plus. o moins inutiles, et quelque fois nuilibles. J'ai appliqué bcau- coup de terres, de préparations chymiques, de fubftances végé- tales, à la partie mordue, ct fouvent j'en ai donné même in- térieurement aux animaux. Je crois fuperAu de donner le cata- logue des remedes inutiles. Sur l'utilité des amputation des membres mordus par la Vipere, Nous avons déja vu que lation du vénin de la Vipere n’eft pas inftantanée; qu’il faut un certain tems pour que fes effets deviennent fenfibles dans les parties mordues; et que la maladic extérieure ne fe communique pas fubitement à l'animal. On a va encore que fi lon: coupe fubitement Ja: partie mor- duc par la Vipere, lanimal ne meurt pas. Toutes ces. cxpé- 2 = è , ea À E risaces enfemble fourniffent une méthode fure contre k mor- fure 14 fure de la Vipere, quand on peut la pratiquer facilement. Il cft naturel de penfer qu’en coupant les parties: mordues, on pourra fauver la vie de l’animal; mais l’amputation ne doit pas être beaucoup retardée, parce qu’au moins il eft certain, qu’el- le eft d'autant plus fùre, qu'elle peut fe faire plus prompte- ment. Dans les pigeons, au bout de 15 fecondes, elle com- mence à être mortelle; déja la maladie interne eft communi- quée et l’amputation augmente la maladie, et accelere la mort, au lieu de diminuer l’une, et de retarder l’autre, comme diver- fes expériences me l'ont fait voir. Avant d'examiner fur les animaux mordus par la Vipere, les avantages des amputations, Jai voulu, voir fi la maladie interne feroit communiquée d’une maniere fenfible, et au point de donner la mort, chez d’autrez animaux dans le mêmetems, que chez les pigeons. Il falloit operer fur des animaux beau- coup plus difficiles à mourir que les pigeons; mais qui mou- ruflent certainement, et à des tems pas trop éloignés de l’intro- du&tion du vénin. Jai donc choifi les Cochons d’Inde très-pe- tits; parce que je favois par expérience , qu’ils avoient toutes ces qualités . Je fis modre à pluficurs reprifes un Cochon d’Inde à l’éxtre- mité de la patte, et au bout de 20 fecondes, je lui coupai la jambe entre le tarfe , et le tibia, L'animal véçut, et ne parut avoir que la feule maladie méchanique . Je fis mordre un autre Cochon d’Inde, à plufeurs repri- fes, par une Vipere à l'extrémité de la patte; et au bout de 40 fecondes, je lui coupai la jambe comme ci deflus. Il guérit com me le premier. Je fis mordre un troifiéme Cochon d’Inde à la patte, par une Vipere, à plulicurs reprifes, et au bout d’une minute je lui cou- pai la jambe. Il guérit comme les deux autres. Te 15 Je fis mordre à la patte par une Vipere, à plufieurs repri- fes, un autre Cochon d’Inde , et au bout de..80 fecondes je lui coupai la patte; il guérit comme tous les autres. Je fis mordre un autre Cochon d’Inde à la patte par une Vipere, à plufieurs reprifes; et deux minutes après je lui cou- pai la jambe. Il guérit comme les autres. Je fis mordre un autre Cochon d'Inde à fa patte par une Vipere, à plufieurs reprifes, et au bout de trois minutes, Je lui coupai la patte. Il guérit comme les autres. Je fis modre un autre Cochon d’Inde par une Vipere, à plufieurs reprifes , à l’extremité de la patte; et au bout de 4 mi- nutes, je lui coupai la jambe. Il mourut après trois heures. Les mufcles de la jambe étoient livides. Les oreillettes, et le coeur avoient du fang noir grumélé. Je fis mordre un autre Cochon d'Inde par une Vipere, à plufeurs reprifes , à la patte, ét au bout de 4 minutes, je lui cou- pai la jambe. Il guérit. Il faut faire attention que les pattes coupées au bout de trois Ou quatre minutes; ont des fignes non équivoques de la maladie locale; on en obferve même auparavant, quoique plus difficilement, et ces fignes font moins certains, et n’exiftent pas toujours. Aucun des Cochons d'Inde mordus aux pattes, et mutiles avant trois minutes, n’elt mort, mais des deux mutilés au bout de 4 minutes , l’un mourut, et l’autre ne mourut pas. Il y a donc, même ici, comme. dans tant d’autres cas que nous avons vus ci deflus, des circoftances dans les quelles la morfure de la Vipere produit des effets plus ou moins grands; mais ce qui eff, plus important et ce qui mérite toute notre attention, c’eft que la maladie interne ne fe communique à l’animal que très-tard, en comparaifon des pigeons; ou pour mieux dire, que la mala- die 16 die interne ne devient mortelle, qu'après beaucoup de tems; et que la feétion de Ja partie mordue peut fe faire avec tout lavantage, et toute la fureté poffible dans des limites de tems beaucoup plus grandes. Mais continuons nos expériences, qui font en trop petit nombre pour nous fourni des conféquences certaines. Je fis mordre a la patte un Cochon d’Inde par une Vipere, à plufieurs reprifes, et au bout de 4 minutes, je lui coupai la jambe . Il guérit comme les autres. Je fs) mordre à la patte un Cochon d'Inde, par une Vipere, à pluficurs reprifes , ct au bout de 5 minutes, je lui coupai 12 jambe. fl ne laifla pas de guérir. Je fis modre à la patte un autre Cochon d’Inde , et au bout de 6 minutes , je lui coupai la jambe, il mourut 10, minutes après. Je fis mordre trois. Cochons d'inde à la patte, chacun par une Vipere à .pluficurs reprifes, et au bout de 4 minutes je leur coupai la jambe à tous trois. Ils guérirent comme les autres. Jen fis modre trois autres aux pattes, de la même manie- re, et au bout de 5 minutes, je coupai la jambe à tous les trois, ils guérirent tous trois comme les précédens. Jen fs mordre trois autres de la imême maniere, et je leur coupai la jambe au bout de 6 minutes. Le troifiéme feul guérit. Ven fis mordre trois autres comme ci deffus, et je leur cou- pai la jambe au bout de 10 minutes; ils moururent tous trois. Il paroit qu'on peut déduire de toutes ces expériences , que Pon a tout à efperer .de lamputation de la ‘jambe, fi en la fait aux Cochons d'Inde avant qu’il fe foit écoulé fix minutes depuis qu’ils ont été mordus par la Vipere. Il eft naturel de croire que dans les animaux plus gros, Von 17 l'on pourra faire l’amputation encore beaucoup plus tard que de 6 minutes; et l’expérience me l’a démontré dans les plus gros Japins . Mais on peut tomber dans un autre inconvénient qui li- mite beaucoup cette méthode. Les pigeons effluyent l’amputation de la jambe fans aucun rifque. Les petits Cochonsd’Inde fouf. frent celle de l’extrémité de la patte, mais non pas toujours cel. le de la jambe ; les animaux plus gros meurent plus commune- ment quand on leur coupe quelque grande partie, comme la jambe. Dans ces cas, une telle opération non feulement eft inu- tile, mais elle eft dangereufe . Il ne s'enfuit cependant pas que l’amputation, même dans les grands animaux, ne puifle pas être utile contre la morfure de la Vipere: en général elle left toujours quand Panimal la foutient facilement, fi on la fait au tems convenable. Comme Pamputation peut être très-utile dans un très-grand nombre de cas, j'ai cru devoir faire des expériences, et les varier de plu- fieurs manieres fur différens animaux. Lapins, et Chiens aux quels les oreilles ont été mordues, et coupées. Je fis mordre à loreille un Lapin par une Vipere, une feule fois, et au bout de 30 fecondes je la lui coupai, dix li- gnes au deflous de l’endroit mordu. L’animal faigna beaucoup; mais il ne mourut pas, et ne parut même avoir pas plus de mal qu'un autre lapin au quel javois pareillement coupé l’oreil- le; mais qui n’avoit pas été mordu. Je fis mordre un fecond Lapin par une Vipere, à plu- fieurs reprifes, et au bout d’une minute je lui coupai les deux oreilles , fix lignes au deffous de la morfure. Il guérit fans avoir aucun indice de maladie du vénin. Tome II. C Je 18 Je fis mordre un troifiéme Lapin aux deux oreilles, par deux Viperes; chacune à plufieurs reprifes, et au bout de deux minutes, je lui coupai les deux oreilles, huit lignes au defious de la morfure. Il guérit comme les deus autres. Je fis mordre deux autres Lapins aux deux oreilles, cha- cun par deux Viperes, et à plufieurs reprifes. Au bour de 6 minutes, je coupai les oreilles, huit lignes plus bas que la mor- fure. Ces deux Lapins guérirent, et ils ne parut pas qu’ils euf- “fent même efluyé de maladie du vénin. Je fis mordre un petit chien à l'oreille, et au bout d’une minute, je la lui coupai, fix lignes au deflous de l’endroit mor- du. Il guérit, et ne parut avoir que la maladie ordinaire ; et méchanique de l'oreille coupée. Je fis mordre parcillement un autre chien à l'oreille, par deux Viperes, à plufieurs reprifes, et au bout de 6 minutes, je la lui coupai. Il guérit, et ne parut avoir que la maladie de l'amputation . Je fis mordre encore un jeune, et petit chien aux deux oreilles , par deux Viperes , chacune à plufieurs reprifes. Au bout de 20 minutes, je les lui coupai toutes deux. Il guérit, et n’eut aucun figne de maladie du vénin. Je répétai cette derniere expérience fur deux autres chiens, et elle réuffit également. Aucun des deux ne mourut. Il eft bien vrai qu’ils furent beaucoup incommodés; mais pas plus qu'ils nele font, quand on leur coupe les oreilles fans morfure. Comme ni les lapins, ni les chiens ne meurent pour l’or- dinaire, lorfqu'on les fait mordre aux oreilles, furtout s’ils font un peu gros, les expériences fur ces animaux ne prouvent au- tee chofe , fi non que les effets, du moins locaux, ne fubliftent plus, fi l’on coupe les parties mordues. A mni- 19 Animaux aux quels on a fait mordre la peau, et on l’a enfuite coupée. Je fis mordre un très-petit Cochon d’Inde par une Vipe- re; à plufieurs reprifes , à la peau du dos, er à fin que la Vi- pere ne bleffàt pas les mufcles, je tenois la peau foulevée avec une pince, Les dents percerent la peau de part en part. Je tins la peau ainfi foulevée pendant 4 minutes, et alors je la coupai de maniere qu'il ne reftàt rien de la peau mordue à plufieurs lignes d’alentour. Il guérit en 24 heures. L’incifion faite à la peau étoit couverte d’une efcarre. Il mangea toujours, et ne parut fouffrir d’autre mal, que ce lui que caufe la fimple incifion de la peau; comme je m’en fuis affuré avec un autre Cochon d’Inde que je préparai pour fervir de terme de compa- railon', et qui guérit dans le même tems, quoiqu'il neut pas été mordu par la Vipere. Je fis mordre à plufieurs reprifes, parune Vipere, un au- tre Cochon d’Inde, à la peau, que je tins foulevée pendant quattre minutes après la morfure, et qu’enfin Je coupai. La peau coupée avoit déja des fignes de la maladie du vénin: favoir, des taches livides, et noires, et ces taches s’étendoient dans [a peau à quelque diftance de l’endroit mordu. Je fis mordre un autre Cochon d’Inde à la peau, comme ci deflus, par une Vipere, à plufieurs reprifes. Au bout de 4 minutes, je la coupai. Il guerit fans avoir des fignes de la ma- ladie du vénin. | Je fis mordre trois Lapins à la peau, comme ci deflus ; mais Je ne la coupai à aucun. Ils moururent tous trois. L’un au bout de 16 heures, un autre au bout de 26, le troifiéme au bout de 32. Ca Dans 29 Dans ce dernier la peau mordue étoit gangrénée intérieure- ment, et le tiflu cellulaire, et tous les mufcles de la poitrine, et du bas ventre, étoient remplis, de fans noir, et extravafé . Les autres deux lapins avoient auffi des fignes évidens de ma- ladic, et de gangrene; mais beaucoup moiadres. Je fis mordre deux autres petits Cochons d’Inde à la peau, comme è l’ordinaire, et au bout de 20 minutes, je la coupai. Ils guérirent tous deux très-bien . Comme la morfure de la Vipere eft communément mor- telle dans ces animaux, lors même qu’elle ne pénetre pas au de- lè de la peau, l’incifion de la partie mordue devient pour eux un fecours afluré contre le vénin. Jai voulu répéter ces mêmes expériences fur les chiens, et fur les lapins, et le réfultat a été le même. La guérifon eft certaine, et l’on évite la maladie locale, et la maladie interne, au moins en très-grande partie, quoique l'on fafle beaucoup plus tard encore l’amputation des parties mordues. = Crétes, et barbes de poule mordues, et enfuite conpées. On a vû plus haut, que la morfure de la Vipere faite à la crête d’une poule ne produit point de maladie à la crête; mais bien aux barbes. Ce fait pour être fingulier n’eft pas moins vrai, et c'eftle réfultat de beaucoup d’expériences uniformes, et comftantes. Comme les effets du vénin ne fe manifeftent point à la cràè te; mais aux barbes, qui éprouvent une maladie, dont la pou- le meurt communement, il étoit naturel de foupgonner, que les barbes étant coupées, l’animal devoit suérir parfaitement. Je fis donc mordre par une Vipere la crête à une poule, à pluficurs reprifes. Au bout de 20 fecondes, je lui coupai les bar- bes. 21 bes. Elle guérit, et parut wavoir même aucun figne de maladie. Elle continua de manger, et de boire. Je fis mordre par une autre Vipere la crête à une autre pou- le,à plufeurs reprifes, et au bout de 40 fecondes, je lui coupai les barbes. Elle ne parut pas même avoir de maladie quel: gonque. Je fis mordre comme ci deffus la crête à une poule par deux Viperes, à plufieurs reprifes. et au bout de 60 fecondes, je lui coupai les barbés. Elle guérit fans aucun figne de maladie. Je fis mordre par deux Viperes à plufieurs reprifes la crête à trois poules, et je leur coupai les barbes, au bout de 4 mi- nutes à l’une, au bout de 6 à l’autre, ct au bout de 10 à la troifiéme. Elles guérirent toutes trois; la troifiéme poule avoit déja quelque figne de maladie aux barbes, au bout de 9 mi- nutes . On a vu que lorfque les barbes, et non les crêtes, font mordues , par la Vipere , la maladie ne monte pas aux crêtes; mais qu’elle refte aux barbes, et eft communément mortelle, et plus dangereufe , que fi la Vipere avoit mordu la crête. Je fis mordre les barbes à une poule par une Vipere, à plufieurs reprifes, et au bout de 20 fecondes , je les lui coupai. Elle guérit, et ne parut avoir aucune forte de maladie. Je fis mordre une autre poule aux barbes par une Vipere, à plufieurs reprifes; et au bout de 60 fecondes, je les lui cou- pai. Elle guérit fans fignes de maladie. Je fis mordre aux barbes deux autres poules, par une Vi- pere, a plufieurs reprifes, et au bout de trois minutes, je les leur coupai. Elles guérirent fans fisnes de maladie. °A trois autres poules je fis pareillement mordre les barbes, chacune par deux Viperes, à plufieurs reprifes, et je les leur cou- pai au bout de 4, 6, et 8 minutes. Elles guérirent toutes trois fans 29 la fans fignes de maladie du vénia, comme fi leurs barbes n’avoient pas été mordues par la Vipere; mais feulement coupées . Toutes les expériences faites jufqu’ici paroillent tendre par elles mêmes à donner les plus grandes efpérances: qu’il peut en- fin y avoir un remede plus facile, plus univerfel, et moins dou- leureux que lamputation, contre la morfure de la Vipere. On a vu que le nerf n’eft pas un moyen pour communi- quer la maladie du vénin à l'animal ; on a vu que la maladie fe communique par le moyen du fang; on a vu que les bleflures venimées, mais fuperficielles de la peau, ne font d’aucune con- féquence ou d’aucun danger. Les deux premieres vérités indiquent avec certitu le qu’il fuffir d'empêcher la circulation du fang pour que la maladie ne fe communique pas à l’animal. La troifiéme vérité démontre qu’il n’eft pas même néceflaire de lempècher totale- ment, et dans les plus petits vaifleaux. Je ne vois rien de. plus conforme à la théorie du vénin, et à fa maniere d’agir fur le corps animal. Cette grande et utile vérité devoit ètre appuyée fur un nom- bre d’ expériences , qui n’admiflent aucune réplique . Je crus qu’au- cun animal ne ‘pourroit me donnér dés réfultats moins équivo- ques, et plus décififs que les pigeons, let Je: préférai ceux-ci à tous les autres. Je favois que la morfure de la Vipere eit cer- tainement mortelle pour eux; qu'ils meurent en peu de mi- nutes , ét qu'une quantité imperceptible, de-vénin eft capable de leur donner la mort en peu de tems. Une fimple morfure de Vipere peut introduire dans un pigeon affez de vénin pour en faire mourir infailliblement plus de 200. Je fis mordre un pigeon par une Vipere, une feule fois, à la jambe, qui avoit été liée auparavant avec un ruban de foie immediatement au deflus de l’articulation. Les fignes de la ma- ladie locale parurent d’abord à la jambe. Au bout de 4 heures elle 23 effe était toute divide, et enfléc fous fa figature ; mais au deffus de la ligature tout étoit dans d’état naturel. J’ôtai la higature , et peu après j’obfervai que la jambe devenoit moins enflée , et moins ilivide. Au bout de 10 heures, fa couleur étoit prefque natu- relle, et elle étoit à peine enflée. Au bout de 22 heures, il ‘n'y avoit plus que quelques petites taches colorées à l'endroit ou les dents éroient entrées dans la jambe. Au bout de 60 heures, il y avoit une teinte de bleu fur la jambe. Il étoit entierement guéri au bout de 3 jours. Je liai avec un ruban la jambe à un pigeon, et je la fis mordre, à pluficurs reprifes, par une Vipere. Au bout de 10 ‘heures, [a jambe éroit enflée, et toute livide, et rendoit de plufieurs endroits une humeur noire. J’ôtai la ligature. Au bont de 22 heures, la jambe étoit enflée comme auparavant, et noi- re comme un charbon. An bout de 40 heures, il paroiffoit que tous les mufcles étoient voifins du fphacele. Au bout de 3 jours, la jambe étoit moins enflée, et rendoit moins de matiere. Au bout de 5 jours, elle paroiffoit en train de guérir. Au bout de 7 jours , elle avoit repris beaucoup de fa couleur naturelle. L’ani- mal étoit guéri au bout de 10 jours. Je répétai cette expérience fur quattre autres pigeons; mais craignant que la ligature du précédent n’eût été trop forte, et qu’elle eût en partie accru la maladie locale, je liai la jambe beaucoup plus légerement . Aucun des 4 pigeons ne mourut . Les jambes ‘enflerent, et devinrent livides; mais non pas extrême- ment. J'ôtai les ligatures au bout de 10 heures. Deux des pi- geons étoient guéris le cinquiéme jour; les deux autres le fixième. C’eft donc une vérité d'expérience , que la ligature faite à la partie mordue par la Vipere, empêche que la maladie ne fe communique à l’animal, et prévient entierement la maladie interne, pendant tout le tems que la partie refte liée. C’eftea- core 24 core une vérité d’expériente également importante , .qu'aubout d’un tems déterminé, le vénin ne produit plus de maladie in» terne. Quand même il feroit vrai, comme en effet cela paroit trés-probable, que la ligature étant Ôtée , le vénin fût en quelque partie abforbé par les vaifleaux, et porté dans le torrent de la circulation avec le fang ,on obferve du moins, qu'il n’eft plus dans l’état de vénin, et capable de tuer l’animal. On fait que la plus petite quantité de vénin tue un pigeon en peu de minutes; et l'expérience démontre qu’il n'en meurt acun, lorfqu’on leur a fait fa ligature, quoiqu’elle leur foit Otée au bout d’un certain tems. Il n’eft d’ailieurs pas difficile de concevoir qu’une fois que le vénin a produit fon effet ordinaire fur le fang ,et fur les par- ties mordues par la Vipere, il cefle d’etre nuifible . La plupart des corps operent de cette maniere; et le vénin de la Vipere peut bien auffi fe décompofer en produifant la maladie locale , en s’unif- fant avec le fang. Mais il faut un certain tems avant qu’il foi réduit en cet état, avant qu'il devienne inaétif , et innocent . Dans les cas rapportés ci deflus, la ligature a été laifiée pendant dix heures. Il eft bien vrai que tout cela paroit contredit par mes propres expériences fur le vénin, qui mêlé avec le fang, ne laiffe pas pour cela d’etre un poifon. Nous avons vu de plus, que la maladie du vénin excitée dans les mufcles de la jambe d’un pigeon, fe communique tres-bien aux mufcles découverts de la jambe d’un autre pigeon, fi on les met en contaét l’une avec l’au- tre pendant quelque tems. Mais dans tous ces cas là, on a opéré peu de minutes après que les pigeons ont été mordus par les Viperes, ou après l'union du vénin avec le fang. Pour favoir au bout de quel tems on peut ôter la ligature fans rifque, J'ai fait les expériences qui fuivent. Je fis mordre un pigeon à la jambe par une Vipere, et au 25 au bout de 20 fecandes ,je liai la jambe. Au bout de4 heures, la jambe étoit enflée , et livide , et rendoit de partout une bumeur noire. Dans cet état je la déliai. Au deflus de la liga- ture tout étoit dans l’état naturel. Au bout de 10 heures, la jambe étoit moins enflée, et prefque de couleur naturelle. Il y avoit cependant quelque gonflement au deflus de la ligature. Au bout de 22, la jambe étoit à peine enilée; quoique encore un peu livide. Mais au deffus de la ligatureelle étoit livide, et enfiée. Au bout de 60, à peine y avoit-il quelque figne de ma- ladie, et le pigeon paroïfloit très-fain le 4 jour. Je fis mordre à la jambe un pigeon par une Vigere, et au bout de 6o fecondes, je Ja lui liai.Il mourut au bout de 3 quarts d'heure. La jambe étoit déja livide même avant d’être liée. Je liai avec le ruban ordinaire la jambe à un pigeon, et je le ferrai au moins aufli fortement ,que dans aucun autre des cas que j'ai rapportés ci deflus. La jambe enfla au bout de quel- que tems; mais pas extrémement; au bout de 7 heures elle étoit un peu plus enflée; mais elle n’étois pas fenfiblement livi- de, quoiqu'elle fùt plus colorée, la ligature étant ôtée au bout de 10 heures, la jambe fe défenfla très-promptement ; mais en re- vanche elle s’enfla un peu au deflus de la ligature. Au bout de 22 heures, la jambe paroiffoit à peine enflée, et fa couleur étoit prefque tout à fait naturelle. Le pigeon étoit entierement guéri au bout de 30 heures. Je fis mordre, è pluficurs reprifes, par une Vipere, un pigeon, à la jambe déja liée. Au bout de 30 minutes, Jotai la ligature. La jambe étoit enfige ,etlivide. Au bout de 6 heures ; elle étoit moins livide; mais il y avoit de l’enflure au deflus de la ligature. Au bout de 24 heures, la jambe étoit encore enfilée ; et de couleur bleue. 11 y avoit au deflus de la ligature un gon- flement, qui occupoit le bas ventre, et la poitrine. Au bout de Tome IT. D 4 heu- 26 40 heures, le pigeon mourut avec des fignes de lividité au deflus de la ligature. Je fis mordre [a jambe à un pigeon, par une Vipere; à pluficars reprifes, et immédiatement après, je la liai. La jam- be étant liée, je la fis mordre ,à pluficurs reprifes, par une fe- conde Vipere. Au bout d’une heure j'ôtai la ligature. Au bout de 24 heures, la jambe étoit enflée; mais fort peu :au bout de 40, le pigeon étoit tout à fait guéri. Je fis mordre la jambe à un pigeon par une Vipere, à deux reprifes, et je la liaî auflitôt avec le ruban , comme à l’or- dinaire. Au bout de 4 heures, Jôtai la ligature. La jambe étoit fort enflée , et livide. Au bout de 24 heures, elle étoit enflée, livide, et approchoit du fphacele. Au bout de 36 heures, il mourut. Il y avoit des fignes de maladie au deflus de la li- gature . Je fis mordre par une Vipere, à plufieurs reprifes, la jam- + be à un pigeon, et je la liai tout de fuite. Au bout de 20 minutes, j'Orai la ligature, la jambe étoit livide; mais à peine enflée. Au bout de 8 heures, elle étoit très-enflée, et très-livi- de. Au bout de 24, tout étoit proche de la gangrene. Il mou- rut au bout de 39 heures. Je fis mordre par une Vipere; à trois reprifes, la jambe à un pigeon, et je la liai auflitôt. Au bout de 30 minutes, jôtai la ligature. La jambe étoit livide, et gonflée: Au bout de 8 heures. elle étroit encore livide, mais moins enflée. Au bout de 24, à peine étoit elle fenfiblement altérée. Au bout de: 50 heures, il étoit entierement guéri. Je fis mordre un pigeon à la jambe, par une Vipere; à pluficurs reprifes, et auflitôt je laliai: au bout de 42 minutes, jôtai la ligarore; la jambe étoit livide, et enflée. Au bout de: g heures, la lividité) et l'enflure étoient diminutes de beau- coup . 27 coup. Au deffus dè la ligature il y avoit quelque figne de livi- dité, et d'enflure. Au bout de 24 heures, tout étoit diminu. Au bout de 36, à peine diitinguoit-on quelque fisne de mal. Au bout de 60 heures, le pigeon étoit entierement guéri. Je fis mordre un pigeon è la jambe, par une Vipere, une feule fois, et je la liai auffitòor. Au bout de deux heures, j'ôtai la lisature. La jambe étoit enflée, et fort livide. Au bout de 8 heures, elle étoit beaucuop moins livide. Au bout de 24, el- le paroiffoit avoir recouvré prefque entierement fa couleur na- turelle ; fi ce n’eft qu'à l’endroit où les dents étoient entrées, ou l’on voyoit quelques petites taches obfcures. Au bout de 60 heures tout étoit difparu, et le pigeon fut guéri au bout de 3 jours . Je fis mordre par une Vipere,à pluficurs reprifes, la jam- be à un pigeon, et je la liai auflitôt. Au bout d’une heure et demie, jOtai la ligature, La jambe étoit livide, et enflée. Au bout de 8 heures, la jambe étoit peu livide, et peu en- fée. Au bout de 24, tout étoit diminué. Au bout de 36, à peine y avoit il veftige de lividité, Au bout de 3 jours, le pi- geon paroifloit entierement guéri. Je fis mordre la jambe à un pigeon, par une Vipere, à plufieurs reprifes, et auflitôt Je la liai, mais fort foiblement. Ainfi liée, je la fis mordre par une feconde Vipere, à pluficurs reprifes. Au bout de 30 minutes, je la relachai. La jambe étoit enflée, et livide; mais aux feuls endroits, que les dents avoient percés. Au bout de 24 heures, la jambe étoit moins ente, ct moins livide, Au bout de 3 jours, le pigeon étoit guéri. Je fis mordre la jambe à un autre pigeon par une Vipe- re, à plulicurs reprifes, et auffitôt je la liai, mais non pas for- tement; quand elle fut liée, je la fis mordre par une autre Vipere . Au bout d’une heure, Jòtai la ligature. La jambe étoit livide, D 2 et 28 et enfite. Au bout de 24 heures, à peine étoit elle livide, et enfite. Au bout de 42 heures, elle avoit prefque toute fa cow leur naturelle. Le pigeon étoit guéri au bout de 3 jours. Il paroît qu'on peut déduire de: tous ces cas, que la liga- ture pratiquée fubitement, et laïflée fur la partie mordue un tems déterminé, eft un remede affuré contre le vénin de la Vi pere. Elle prévient entierement la maladie interne , et l’on voit que l’animal guêrit, quoique la maladie externe, et locale con- tinue à fubfifter. H eft vrai que la maïadie locale eft très-grande, et quelie paroit menacer même de gangréne fa jambe; mais peu à peu tout fe diffipe, et la nature, ou l’animal, a le terms de furmonter la maladie. Jai obfervé en général que la maladie locale eff d'autant plus grande , que la ligature et plus forte, et relte plus lougtems appliquée à la partie. C'elt du moins ce que m'ont fait voir beau- coup d'expériences , que J’omets ici pour abréger. Ikeft donc de la plus grande importance, de connoître avec quelque précifion le moiadre tems poffible qu'on doit laiffer la lisature , et le moindre degré de force poffible qui eft requis, pour qu’elle empèche la com munication du vénin à l’amimal, et ne difpofe point les parties à ta gangréne . | Quant à la preffion de la Higature, je puis certifier qu'elle étoit très-lésere , er que je n’aurois jamais cru qu’elle pùt arrettér le vénin dans la partie mordue. Je me fervois le plus communé- ment d’un ruban de foie fin, et fouple, large de 4 lignes au plus; je le tournois plufieurs fois autour de la cuiffe au deflus de l’ar- ticulation du tibia avec le femur, et j’y faifois un noeud . Quelque fois j'evitois le noeud, en liant le ruban avec un peu de fil fim. De cette maniere, j'ai fait mordre une très-grande quantité de pigeons à la jambe. Environ une heure après qu’ils étoient mor- dus, 29 dus, j'òtois la ligature, et les pigeons guérifloient tous, fans qu'il en foit mort aucun depuis. Cette expérience réuflit conftamment lorfqu'elle eft bien faite, et lorfqu'on a bien appris à lier les cuiffes comme il faut. Si maintenant l’on confidere qu’une très-petite quantité de vénin tue un pigeon, qu’elle le tue en peu de minutes, il pa- roitra clair que la ligature doit être un remede encore plus aflu- ré pour les animaux plus gros que les pigeons , et beaucoup plus difficiles à mourir. J'étois tellement perfuadé de l’efficacité de cette methode contre la morfure de la Vipere, que je ne balangai point à en adreffer le detail renfermé dans une lettre à M. le Marquis de Condorcet Secretaire de l’Academie Royale des Sciences, en le priant de vouloir bien le depofer dans l’Academie même. Je lui difois dans cette lettre, que ma methode étoit auffi fure et certaine ; que de 100. pigeons mordus aux jambes par la Vipe- re, à peine rifquois-je d'en perdre un feul, quoique le pigeon foit un animal fi delicat, que la plus petite quantité de ce vé- nin fufhit pour le tuer. On verra dans la fuite ce qui m'avoit induit en erreur par rapport à la géreralité de ce rémede, ct combien il faut être en garde contre les analogies même les plus flatteufes , comme j'ai déja taché de l’infinuer plufieurs fois dans cet Ouvrage. 3 En PEN CENE CET APE, Ant gage ag ge dtt CHA- 3e GRA AL OR LIU) Ba vet Si la morfure de la Vipere off naturellement mortelle pour l'Homme, °Ous n'avons parlé jufqu’ à prefent que de la morfure de la Vipere dans les animaux, il nous refte à parler maintenant de la morfure de la Vipere dans l'Homme même; ce qui forme Ja partie la plus utile de cet ouvrage. Je ne crains pas d’avancer ici avec franchife, que la morfure de la Vipere n’eft pas abfolu- ment morcelle pour l’homme, et que c’eft à tort que l’on a re- gardé la maladie de ce vénin comme une des plus dangerceufes et dont on ne peut point-échapper. . Nous ayons vu que les petits animaux, comme les petits oïfeaux, meurent tous en peu de minutes du vénin de la Vi- pere, s’ils ont été vraiment mordus, ou pour mieux dire, fi la Vipere a pénétré avec fes dents afflez avant dans leur corps, pour y avoir laiflé la quantité du vénin qu'elle fait ordinairement for- tir de fes dents quand elle mord, C’eft là un fait que j'ai vérifié dans plus de 200 petits oifeaux . Les petits pigeons font eux mèmes dans le même cas: aucun n'échappe à là mort, fi la Vi- pere eft en bon état;ets'ils font bien mordus: il faut encore excepter ici le petit nombre de cas, où quelque fois le vénin in- troduit dans l'animal eft rejeté de hors avec le fang; mais dans ces cas lì, l’animal n’a pas la maladie, et ne meurt pas. Les pigeons mordus, vivent cependant plus que les petits oifeaux, et la longueur de leur vie après qu'ils ont été mordus, eft dans quel que rapport avec leur grofleur,et leur poids, fi on les compare avec les petits oifeaux mêmes. Si des pigeons l’on paffe aux poules mordues, il y a déja une 31 une différence bien grande, et pour l’intenfité de la maladie, et pour la longueur de la vie. On a vu que plufieurs ne meurent pas, quoique mordues plufieurs fois; et que les autres meurent beaucuop plus tard, que les pigeons ,et que les petits oifeaux. Si un très-grand nombre d’expériences faites fur les poules fuffifent pour former une preuve d’induétion, je ne crains pas d’affurer que les tems de leur mort font auffi en quelque rapport avec la grofleur de leurs corps. Ce que nous avons dit des petits oifeaux et des pigeons par rapport aux poules, peut fe dire également des petits Cochons d'Inde, et des petits Lapins, comparés avec les gros animaux de leur efpece. Les petits Lapinsetles petits Cochons d’Inde meu- rent tous, s’ils font bien mordus. Mais un très-grand nombre des gros guériflent, de quelle maniere qu’ils aient été mordus. Ils ont bien de grandes maladies, proportionnelles au nombre des Viperes qui les ont mordus, au nombre de morfures qu’ils ont fouffertes; mais ordinairement ils guériflent. Jai obfervé que les plus petits chiens meurent facilement, mème quand ils ne font mordus que par une feule Vipere ; qu’une feule fois; mais parmi les chiens de grofleur moyenne, en très- grand nombre ne meurent pas, ct refiftent très-bien à ce vénin, quoiqu’on neleur fafle aucun remede ; à proportion que les chiens font plus gros, il réfiftent auffi mieux à ce venin; et trois Vipe- res et cinq morfures n'ont pas fuffi pour donner la mort à un chien, qui pefoit prefque 60 livr. Qu'on faffe attention maintenant que l’homme eft environ trois fois plus gros que le chien dont je parle, et qu'on voie fi uns feule Vipere peut le tuer avec une feule morfure! Il n’eft peut être jamais arrivé qu'un homme ait été mordu par plus d’une Vipere; et quand cela arriveroit, des cas pareils feront toujours très-rares, puifqu'il arrive fi rarement que la Vi pere 32 pere morde un homme plus d’une fois. Les cas en petit nom- bre ne forment pas de difficulté quoiqu’ils foient contraires. il ne paroit donc pas que la morfure ordinaire de la Vipere puif- fe être mortelle pour l’homme. Mais il ya une obfervation que j'ai vérifiée dans prefque tous les pais par où fai palle, et où j'ai pu prendre des informations, qui paroit démontrer clai- rement que le vénin de la Vipere n’eit pas naturellement mot- tel pour l’homme. J'ai obfervé qu’il efttrès-rare de trouver deux perfonaes mordues par la Vipere, furtout aux champs, ou dans les montagnes, qui fe foient fervies des mêmes medicamens- J'en ai connues qui étoient guéries avec la thériaque feule prife intérieuremevt, ou appliquée è la partie; d’autres avec lhuile commune; d’autres avec des échauffans, comme les liqueurs les plus fortes; et d’autres au contraire avec des rafraichiffans . En un mot, il n’y a forte de matiere ,ou de medicament que quelqu'un n'ait pas éprouvé contre cette maladie. Ce qu’il y a de vrai, c’eft qu'avec tout cela la perfonne n’en ef morte. Au moins, je n'ai pu vériñer aucun cas, dans le quel quelque perfonne adulte fût morte de la fimple morfure de la Vipere. Si l’on confidere maintenant, que les perfonnes mordues par la Vipere guériflent, de quelque maniere qu’elles foient traitées, et même avec des remedes entierement contraires, l’on verra auilitôt, que la mor- fure de la Vipere ne peut être aufli dangereufe qu’on la cru jus- qu'à prefent. Une maladie qui cede à tous les remedes, même à ceux qui font oppofés entr’eux, n’eft jamais une maladie dan- gereufe. Je me fuis informé avec beaucoup de foin, dans tous les pais par où j'ai eu occafion de pañler, des perfonnes mordues de ia Vipere; Jen ai même examiné plus de dix ou douze; et j'ai entendu parler de plus de 50, owpar des Médecins, ou par des Chirurgiens , ou par des perfonnes qui fe font trouvées préfentes, et 2 2 et qui ont affité les malades. Aucun de tant de mordus n’eft mort; et je n’ai entendu parler que de deux feules perfonnes » qu’on difoit être mortes, pour avoir négligé de faire des remedes. Il ne me fut poffible de rien favoir touchant l’yn des deux préten- dus morts, quelque recherche que je fifle à ce fujet; de forte que je doutai même de la vérité du fait. Mais je fçus que l’autre étoit mort au bout de 20 jours, d’une gangréne au bras. A pei- ne fut-il mordu, qu’on lui fit des fcarifications très-profondes, et au bout de trois jours, les parties étoient déja gangrénées. M. le Comte de Carburi Médecin Confuitant du Roi à Paris, a vu à l'Hôpital de Turin huit perfonnes mordues par la Vipere, et les a vües guérir toutes , quoiqu’elles fuflent traitées différem- ment les unes des autres. De ces huit, il en traita une avec l’alkali volatil; elle ne mourut point. Il reftoit maintenant à répondre à une difficulté, fi cepen- dant on peut l’appeller ainfi. Quelqu'un voudra peut être objeéter , que nos expériences ont été faites fur les animaux, et que l'argument n’eft pas va- lable de l’animal à l’homme, de l’homimne au chien. Ces fortes de difficultés ont été faites de tous les tems,ou par ignorance, ou par envie contre les obfervateurs, de la part de ceux qui foufirent avec peine que d’autres augmentent le nombre des vé- rités nouvelles, ou de ceux qui ignorent les loix, et les rap- ports que la nature a établis entre les animaux. Jaurois honte de chercher à prouver que dans les cas que j'ai rapportés, l’analogie eft parfaite, et que l’on peut très-bien argumenter de l’animal à l'Homme. Il fuffit de lire ce qu'ont écrit fur ce fujet les Bocrhaave, les Mead, les Albinus, les Mor- gagni, et l’ufage qu'en ont fair ces grands Hommes. On crut en Angleterre que l’huile commune étoit un re- méde afluré contre la morfure de la Vipere, et les expériences Tome II: E en 34 co fiat faites fur Homme en préfence de pluficurs membres di Société Royale de Londres. L'Académie Royale des Sciences de Paris ayant éré in formée qu'un payfan Anglois avoit tramv£ dans l’huile d’oli- ves ce fpécifique, ct que ce payfan. en avoit fait Pexpérien- ce fur lui même en préfence de plulieurs Membres de la So- cieté Royale de Londres , l’Académie crut la découverte fi importante, qu'elle chargea deux de fes Membres de vérifier cette expérience. Ces furent MM. Geoffroi, et Hunauld. Ces deux Académiciens firent mordre divers pigeons, et plufieurs poulets, deux chat, une vie, un coq d'Inde, et huit chiens. Il réfulta de leurs expériences, qu’on ne pouvoit regarder l’hui- le d'olives comme un fpécifique. Aucune expérience ne fut faite fur l'Homme; et cependant cet iliuftre corp declara que l'huile n’eft en aucune maniere un fpecifique contre la morfu- re de la Viperc, et qu’elle eft tout-à-fair inéfficace pour gue- rir cette maladie (4). Ces deux Académiciens firent fur les animaux mordus par la Vipere quelques obfervations générales, qui font celles qui fuivenc. I. Qu'il n’y a point de coagulation dans le fang; mais au : contraire tous les fignes de fluidité. II Que la férofité eft extravafée dans le tiflu cellulaire, et qu’elle eft fanguinolente III. Que les arteres font vuides, et les veines remplies. | IV. Que le fang eft coagulé dans les oreillettes ,et dans les ventricules du coeur; mais fans aucune confiftance . Dans le mémoire que firent MM. Geoffroi et Hunauld fur ce fujet, on trouve encore le récit de la guérifon de deux perfon- nes mordues par la Vipere. Mais elles ont été traitées d’une ma- niere (8) Mem. de l’Acad. Roy. des Sc. de Paris: année 1737. 35 niere plus capable, à mon avis, de les faire périr, que de leur donner du foulagement. A lune on donna une grande quantité de vin de Bourgo- gne ,et on lui fit beaucoup de fcarifications; et en effet elle fur malade deux mois entiers, tandis qu’elle auroit probablement été guérie en deux jours, n'ayant été mordue qu’à un doist. Le feconde fut pareillement mordue à un doist. On lui fit des ligatures et des fcarifications; et après tout cela elle fut très- mal. Ces deux cas démontrent, felon moi jufqu'è l'évidence, que la morfure de la Vipere n’eft pas fort à craindre, puifque traitée auffi mal, elle n’a pu donner la mort. Mead peu d’années après, ayant lù les expériences faites par l’Academie de Paris fur l’inéflicacité de l’huile dans la mor- fure de la Vipere, ne fit aucune difhculté de les adopter en en- tier , et de croire avec cet illuftre corps , que l'huile eft ineffi- cace, et qu'ils avoient bien jugé dans cette affaire. Après un ju- gement porté par un corps aulfli illuftre ; après qu’un Mead y a fou- {crit, je ne crois pas qu'il fe trouve perfonne d’aflez hardi pour vou- loir jetter des doutes fur l’application de mes expériences fai tes fur tant de différentes efpéces d'animaux, et répétées fur un fi grand nombre d’individus. x Le vénin de la Vipere eft un poifon pour tous les ani- maux à fang chaud; du moins je n’en ai pu julqu'ici trouver au- cun qui fe fouftraye à cette loi. Etant en Italie; j'ai: étendu mes expériences fur tous le animaux que jai pu me procurer; et la maladie s’eft manifeitée dans tous, quand la Vipere avoit réellement laiflé fon vénin dans les parties mordues. La mala- die dans toute efpece d’animal eft d’autant plus grande et plus meurtriere, que l’animal eft plus petit; et elle eft encore d’au- tant plus grande que le vénin eft en plus grande quantité. Sup- pofer maintenant que ce qui dérange l’économie animale avec tant Bia d’adti- 36 d'aGivité et de force dans tant d’animaux divers, et ce qui aug- mente fes eflèts à proportion de l’augmentation de fon volume; foit en même tems innocent pour l’Homme, ce feroit faire une fuppalicion abfarde, invraifemblable, et incroyable. Qu'on ap- poste un feul exemple d’une matiere, d’un poifon, cu animal, ou végétal, ou minéral, qui tue ou produife de très-grandes ma- tadies dans tous les animaux à faug chaud en fi peu de tems, et qui foit avec cela innocent pour l'Homme; et alors on dira que l’analogie entre les effets du vénin dans l'Homme et ceux du même vénin dans les animaux n’eft pas admiflibie , ou , pour mieux dire, on dira que c’eft un cas unique, une exception à ta regle générale. Mais on chercheroit en vain un pareil poi- fon .L’exemple des chats qui ne meurent pas; quoiqu’ils foient mordus par plufieurs Viperes, détruit ,au lieu de favorifer cet- te hypothefe. Le chat, animal féroce, réfifte extrêmement, il et vrai, à ce vénin. Mais il y réfifte précifément parce qu’il eft plus robufte et plus fort en comparaifon des autres animaux, et il ne laïle pas malgré fa force, d’avoir lui mêmela maladie du vénin de la Vipere; et cette maladie devient d'autant plus grande , plus longue, plus pénible , que le vénin introduit dans fon corps par la Vipere, a été en plus grande quantité. Et je ne doute pas que fi au lieu de 5 on 6 Viperes ,on en eût atta- ché davantage au chat, comme parexemple 10 ou 15 il n’en fût mort; parce que la maladie auroit été extrème et fupérieure aux forces de l'animal. En effet, les petits chats meurent auffi com- me les autres animaux quoique mordus par trés-peu de Viperes» précifément parce qu'ils font moins robuftes que quand ils font adultes. Réponfe è M. Juffien. Il refte maintenant à répondre à une difficulté qui eft en faveur de l’alkali volatil, et qui avant mes expériences pouvoit paroître très-grande, et fans réplique. Cette difficulté confifte précifément dans les cas où avec l’alkali volatil, on a heureufe- ment guéri les perfonnes mordues par la Vipere: telle eft par exempie la belle guérifon qu'on lit dans l’Hiftoire de l’Acadé- mie des Sciences de Paris faite par M. de Jufficu, d’un jeune Homme qui fut mordu par une Vipere, et traité avec l'eau de luce. Je crois devoir commencer ma réponfe, par faire remarquer qu’il y a très-peu de cas aufli bien circonftanciés que l'eft certai- nement celui de M. de Jufficu. Sannini parle à la vérité de trois perfonnes mordues par des ferpens, et guéries avec le feulalkali volatil; mais nous ignorons les effets, et la qualité du vénin de ces ferpens, qui n’étoient certainement pas des Viperes, quoi- qu'il les croye plus meurtriers que le ferpent-à-fonnettes lui même. D'ailleurs Mead croit que le ferpent-à-fonnettes tue en très-peu de tems, et même en peu de fecondes. Le premier des trois fujets que Sannini traita avec l’alkali volatil ,avoit été mor- du plufieurs heures avant qu’il fût traité, et cependant le jour d’après il fut fi fain, qu’il continua la pêche, fon exercice ordi- naire. Cet auteur parle encore d’un petit infeéte appellé wie pieds dont il juge la morfure mortelle; et il dit s’en être guéri Jui même avec l’alkali volatil. Mais on ne connoit pas bien non plus la force du vénin de cet animal, et dl n°y a pas affez d’expé- riences fur ce fujet. M. de Mafcenai parle d’une guérifon faite avec l’alkali vo- Jatil à la Guianne Frangoife fur une perfonne mordue par un fer- pent. 38 pent. Elle fut traitée avec l’eau de luce, et guérit (4). Le fer- pent n’elt pas nommé, et l’on ignore s’il eft vraiment meurtrier, ou non; mais quand même on pourroit prouver que quelqu’un 2 été mordu par le ferpent-à-fonnettes, et qu'il a été guéri après avoir fait ufage de l’alkali volatil, en faudroit-il conclure, que l’alkali volatil eft un fpécifique contre la morfure du ferpent-à- fonnettes ? Nous avons déja prouvé démonftrativement, qu'il ne left certainement point contre la morfure de notre Vipere, qui ne differe effentiellement du ferpent-à-fonnettes, que par la grof- feur. Il eft vrai qu'étant 7 à 8 fois plus gros que notre Vipe- re, il peut conféquemment donner 7 à 8 fois plus de vénin, d’où la maladie peut être 7 à 8 fois plus grande et plus dan- gereufe . Le D. Mead parle d’un Homme, qui fut mordu à Londres par un ferpent-à-fonnettes, et qui guérit en fe faifant fuccer la partie mordue, et en fe procurant le vomiffement au moyen de Vhuile et de l’eau. Ce cas pourroit faire foupgonner que la mor- fure du ferpent-à-fonnettes même n’eft pas toujours mortelle, puifque ni par la fuccion , ni par le vomiflement excité au moyen de l’huile, on ne guerit avec cercitude la morfure de notre Vi- pere. Mais pourquoi la morfure du ferpent-à-fonnettes devroit- elle être toujours mortelle pour un auffi gros animal que l’Hom- me?On a vu que plufieurs Viperes avec cinq morfures , n’ont pas fuffi pour tuer un chien, qui n’a que le tiers de l'Homme en poids Je ne vois donc pas pourquoi la morfure du ferpent-à-fonnet- tes, qui ne peut s’evaluer qu’à 7 à 8 Viperes , doit être toujours mortelle pour l'Homme. La quantité plus grande du vénin du ferpent-à-fonnettes n’eft donc pas un argument certain, qu'il doive toujours tuer un animal très-gros, comme l'Homme. Et pourquoi {era-t-il. éga- le- e e — (a) Journal de Phys. aôut 1777. 39 lement dangereux, en quelqu'endroit du corps qu'il morde, en quelque tems que ce foir, en quelque État qu'il fe trouve? On a déja vu, que les bleffures ou morfures au nez et aux oreilles des animaux, font peu dangereufes. On peut en dire au- tant de celles de la peau, qui fe guériflent mieux que celles des mufcles . Mais quand même om accorderoit que le ferpent-à-fon- nettes peut, en mordant, infinuer une quantité de vénin fufli- fante pour tuer un Homme, combien de caufes ne peut il pasy avoir, qui empêchent que le ferpent è fonnettes n’introduife dans la partie mordue tout le vénin qui eft néceflaire pour tuer un homme? Nous avons vu dans le cours de nos expériences fur les Viperes d’ Europe beaucoup de cas, dans les quels la ma- ladie a été ou nulle ou petite, en raifon du vénin infinué. Et quel eft le poifon qui diminué de quantité ne puifle devenir innocent? Le ferpent-à-fonnettes peut manquer de vénin, com- me jai obfervé qu'en manquoient quelque fois les Viperes d'Europe. Il peut mordre fi peu, ou fi mal, que le vénin intro- duit ne fuffife pas pour donner la mort. Une veine, une artere déchirée par la dent, fuffit quelque fois pour rejetter, ou tout le vénin, où du moins une partie. Nous avons obfervé tous ces cas relativement à nos Viperes, et ils peuveut tous avoir égale- ment lieu par rapport aux ferpens-à-fonnettes . Pour porter un jugement affuré fur la force du vénin du ferpent-à-fonnettes , et des autres ferpens de la‘ Guianne Fran- goife , et fur les avantages de l’alkali volatil dans cette mala- die, il conviendroit de faire un très-grande nombre. d’expérien- ces, comme jai fait jufqu'ici fur les Viperes d'Europe. De plus, fi lalkali volatil eft tout à fait inutile pour la morfure de nôtre Vipere, comment fera-t-il utile, comment fera-t-il un reme- de affuré contre la morfure de ferpens, qu'on prétend être beau- 40 beaucoup plus venimeux que la Vipere d'Europe? Je ne fuis pas éloigné de croire que les morfures ordinaires de ces ferpens ne font pas meurtrieres de leur nature; mais qu’elles le devien- nent en quelques cas particuliers , et par accident, comme par le nombre des morfures , et par la mauvaife maniere de traiter la partie mordue. Si lon confidere la maladie que produit le vénin de la Vipere dans l’animal mordu, l’on verra auffitôt qu’il peut £rès- bien mourir fi on le traite mal, ou fi l’on excite des défordres dans fon économie, ainfi que cela peut arriver à des perfonnes peu entendues dans cette maladie. Il fe forme ordinairement une grande tumeur autour de la partie mordue, il y a extra- vafation d’un fang noir, et livide dans le tifiu cellulaire, même à une grande diftance de la morfure, et finalement, il fe for- me fouvent une gangréne très-grande , qui confume la peau, et le ciffu cellulaire, et qui parvient jufqu'aux mufcles. Qui ne voit pas que dans ces cas on peut mourir de la gangréne, fans mourir du véoin, fi par accident le malade eft mal traité? Et ce pourroit être là le cas dans le quel il eft mort quelgu’un du vénin de la Vipere. Il refte une grande plaie locale , qu’on peut confidérer comme faite par un fimple choc méchanique, et cet- te plaie peut être bien, ou mal traitée, Qn adèja vu que le vé- nin de la Vipere tue en agiflant contre tout l'animal; qu’on ne meurt pas du vénin par la fimple maladie locale de la partie mordue, qu’on meurt du vénin quoique toute la partie mordue foit extirpée. Quoique je n’aie pas eu le bonheur de trouver un fpécifi. que fùr contre la morfure de la Vipere, Jaicependant le plaifir de pouvoir affurer le public, que la morfure de la Vipere n’eft pas auffi dangereufe, qu’on l’a univerfeliement crû jusqu’à prefent; et que dans le cas où une perfonne auroit eu le mal- heur 41 heur d’être mordue, elle ne doit point défefperer de fa vie, quand même elle ne feroit aucun remede. wo» Si j'ai démontré inutile un remede, qu'on croyoit affuré, fi J'ai renverfe l’efpérance de trouver un fpécifique contre le vénin de la Vipere jai du moins la confolation de détruire Pidec cf- frayante où l’on eft, que la morfure de la Vipere cft ordinaire- ment mortelle. Je fuis dans l'opinion que de 109 Hommes mordus, chacun par une feule Vipere, une feule fois, aux pieds ou aux mains, parties qui font ordinairement expofées à être mordues par cet animak, il n’en mourra probablement aucun, quand même ils. ne feroient aucun remede. Après avoir vu les effets de la morfure de la Vipere fur huic différentes efpéces d'animaux tant à fang chaud, qu’à {ang froid; après en avoir fait mordre plus de mille en tant de parties du corps par plufieurs Viperes, et à pluñeurs reprifes, je ne crois pas qu’on veuille taxer de téméraire le jugement que j: porte, et qui devient mème une conféquence néceflaire de tout ce qu'on a vi Jufqu'ici. La ligature que Javois pratiquée contre la morfure de la Vipere dans les pigeons avoit été la conféquence immédiate de ces mêmes expériences. Après avoir découvert que le véain de la Vipere n’attaque pas les nerfs, que toute fon a@ion ne s’exer- ce que fur le fang, et que la maladie ne fe communique à l’ani- mal que par le moyen de la circulation; il étoit facile de voir que la circulation étant arrettée, la maladie du vénin le feroit auffi. Jai fait ufage de cette méthode avec le plus grand fuc- cès, et Jai trouvé que c’eft un remede affuré pour lesanimaux, fur les quels je n’en fuis fervi. Il ne me paroilboit cependant pas poflible que la ligarure n’eùt pas été propolée par quelque auteur; car C'eft une idée qui piroit devoir fe prelenter facile- Tome IL EF ment. 42 ment, Il ell bien vrai que Redi qui a traité da vénin de la Vipere dans deux ouvrages feparés ,ne parle jamais de la ligatu: re, et Mead lui mème qui parle d’un très-grand nombre de remedes , mème de ceux qui n’ont aucune valeur, ne dit rieo de .la ligature. Il y a plulieurs années que je me fuis mis à faire des recherches fur les remedes qui fe pratiquent en divers païs contre la morfure de la Vipere . Je pourrois produire plus de so recettes, qui pour la plüpart m'ont été données par des gens de la campagne, ou par des idiots. Dans une de ces recettes, il eft queftion auffi de la ligature; mais cette ligature eft jointe à tant d’autres chofes à faire avant et après, tt tou- tes fi abfurdes, que perfonne n’auroit jamais pris la peine d’exa- miner, s’il y auroit quelque chofe à efpérer de l’ufage de certe recette. En général, non feulement toutes ces recettes fe con- tredifent les unes les autres; mais encore un médicament eft oppofé à un autre dans la même recette. Il y en a qui tendenc à calmer, il y en a au contraire qui doivent irriter . Il y en a de refraichiffans, d’autres qui échauffent. Les remedes mêmes font en grande partie abfurdes et ridicules ; et cependant les perfon- nes qui me doanoient les recettes m’afluroient de leur éfficacité , et plulieurs avoient été mordues par des Viperes, et traitées fuivant ces mêmes recettes. J'avoue que je n’ai eu la patience d'en vérifier par l’expérience que quelques-unes des moins abfur- des, et je les ai trouvées totalement infrutueufes, et quelques unes même nuifibies. Mais à la fin j'ai trouvé dans un auteur, une méthode de traiter la maladie de la morfure des ferpens vé- nimeux, dans la quelle la ligature entre aufli pour quelque cho- fe. Cet auteur eft le celebre Kempfer, qui dit s’en être fervi dans fes voyages aux Indes, avec les plus grands fuccès, et avoir guéri beaucoup de perfonnes par cette méthode. Si j'eufle connu la méthode de Kempfer avant de faire mes ex- 43 expériences fur les pigeons mordus parla Vipere, les quels sué- riflent avec la fimple ligature, je ne m’en ferois jamais fervi, et ne l’aurois pas crue un remede afluré. Jétois trop perfuadé que le nerf avoit grande part à la maladie du vénin. Il falloit que je fguffe que tout fe faifoit par la voie du fans ; il étoit de plus neceflaire que la maladie interne ne fe communiquât à l'animal , de maniere a lui donner la mort, qu'au bout d’un certain tems. J'ignorois alors tout cela, et J'étois même perfuadé du contraire. La morfure de la Vipere fur les pigeons m’avoit démontré que fa maladie interne eft déja communiquée à l’animal en moins de 20 fecondes, et qu’il meurt non pas de la maladie externe ,et lo- cale; mais de la maladie interne. Dans ces circoftances , il étoit facile de croire que la méthode de Kempfer arriveroit trop tard, et feroit inutile, même par cette feule raifon. Mais j'a- vois d’autres raifon pour ne pas m'en fervir. Kempfer dans tous fes voyages ne parle jamais de Viperes; mais bien de fer- pens vénimeux qu'on ne connoit pas encore bien. On ne fait pas fi le vénin de ces ferpens eft analogue à celui de la Vi- pere d'Europe, et s’il excite une maladie pareille. Je ne pouvois d’ailleurs avoir aucune confiance en une méthode, que jJaurois crue plutôt nuifible que bonne. La mé- thode de Kempfer conlifte en plufieurs chofes, qu’il rapporte comme également néceilaires contre la morfure de ces ferpens. ll commence par la ligature tout au deflus de la partie mordue, et il paffe enfuite aux fcarifications. Il exprime le fang de la partie mordue, il la couvre de beaucoup de thériaque, et mer par deflus le tout des linges enduits aufli de thériaque. Pendant tout le cours de la maladie il donne des fudorifiques au ma- lade. Cette méthode de Kempfer confifte, comme chacun voit, en cinq ou fix remedes particuliers; et lon ignore ce que cha- Ria cun 43 cun peut faire de bien, ou de mal. En forte qu’il refte en dau te fi la ligature eft bonne où mauvaife; et fi les fcarifications font du bien ou du mal. Tout d’ailleurs concourt à me rendre fufpe&e cette méthode. Je fais par expérience que les fcarifica- tions à la partie font plus nuifibles qu’utiles; ec que les fudori- fiques, comme l’alkali volatil, font entierement inutiles. Mais quel nombre immenfe d'expériences n’auroit pas dû faire Kempfer, pour s’aflurer que fa méthode étoit bonne et ef- ficace contre les morfares de tant de ferpens dont il parle, ft pour exclure avec affurance le feul alkali. volati fluor d’entre les remedes contre la morfure de la Vipere d'Europe, il m'a fallu faire plus de 600 expériences! Il falloit s’aflurer fi le vé- nin de ces ferpens eft naturellement meartrier; il falloit con- noître la quantité moyenne des animaux qui meurent de ce vé- nin; il falloit multiplier, et varier les expériences de mille ma- mieres, fur toutes les différentes efpéces de ces ferpens. Mais il y a encore plus: Kempfer lui même m'auroit fait douter de fon remede, et de fon autorité. H aflure dans le mè- me ouvrage, où il parle de fon remede, que /# pierre de pedro de cobra guérit également la morfare de ces ferpens. Premierement on ne fauroit concevoir pourquoi Kempfer a plutôt fait ufage d’une méthode longue, compliquée; doulou- reufe, difficile, tandis qu'il en avoit une auffi facile, commode et fàre, que cette pierre fi commune dans ces pais lè. J'avoue que tout cela ne peut infpirer aucune confiance. On fait de plus par les expériences de deux grands obfervateur Italiens, Redi, et Valifnieri, que cette pierre eft tout à fait inutile pour -guérir les morfures de nos Viperes. D'où il fuit, ou que le vénin des ferpens , dont parle Kempfer , elt tout different de celui de nos Viperes, ou que Kempfer donne pour vrais des faits, abfolument faux et mal obfervés; et fon autorité w’eft pour lors d'aucun poids. Jc n 45 Je crois être à fa fin de mon prefent ouvrage, et je me flatte que mes travaux pourront être de quelque utilité. La morfure ds la Vipere porte l’horreur de la mort chez les perfonnes mordues, et jette les familles dans l’épouvante. La perfuafion que la maladie eft mortelle, et qu’il n’y a pas un moment à perdre, fait qu'on applique des remedes,ou violens, ou nuifibles. La crainte même peut augmenter la maladie. Il y a eu des perfonnes, qui s'appercevoient à peine d'être mordues aux mains, où aux pieds; mais ayant vu un moment après une Vipere à côté d'elles, au même inftant elles font tombées en défaillance . Jai connu un homme qui fe voyant mordu par une Vipe- re, tomba fur le champ en pamoifon par la feule peur; il refta dans cet état pendant plus d’une heure, jufqu'àè ce qu'enfin il fut apperçu par hazard, et reveillé au moyen de l’eau froide qu'on Jui jetta fur le vifage. Les animaux en général, qui paroiflent le plus craindre la morfure de la Vipere, et qui tremblent à fa feule vüc, meurent plus facilement. Les chiens qui s’irritent quand ils font mordus, et qui s'élancent avec fureur contre les Viperes, refiflent auffi davantage è ce vénin. Il m’a du moins femblé le voir ainfi dans le cours de mes expériences fur ces animaux. On ne peut pas douter que les affetion violentes de Vame, et la crainte d’une mort prochaine, ne doivent faire empirer extrêmement l’état de maladie d’un Homme. Tel Homme peut très-bien mourir dans ces cas, qui ne feroit pas mort de la feule maladie du vénin. Une fimple mor- fure de Vipere n’eft pas mortelle naturellement. Quand même il y auroit eu deux ou trois Viperes, la maladie feroit plus graves mais elle ne feroit probablement pas mortelle. Quand une Vipere auroit mordu un Homme fix ou fept fois, quand el- «le auroit diftillé dans les morfures tout le vénin de fes véficu- les 5 46 les, on ne doit pas défefperer. La maladie fera grande; mais il n’y a point encore de certitude qu’elle doive être mortelle. C'eft donc une véritable confolation , et une découverte vrai- ment utile, d’avoir mieux examiné qu’on n’avoit fait aupara- vant les effets du vénin de la Vipere fur les animaux de difié- rentes grofleurs, et fur l'Homme. Expériences fur l'utilité de la ligature contre la morfure de la Vipere fur des petits oifeaux. La pure curiofité, et peut être encore la vanité de pouvoir guérir de la morfure de la Vipere les pius petits animaux avec la fimple ligature m'ont fait, entreprendre diverfes expériences fur les moineaux mordus, et ces expériences m'ont enfuite fait naître, contre la ligature même, dans les animaux plus gros, des doutes, que je n’aurois jamais eues fanscela. Je n'avois pa douté mème un feul inftant, que fi avec la ligature on guéri f- foit un pigeon, on ne dût encore plus facilement guérir un la- pin, un chien, et même l’Homme. Ici non feulement l’analo- gie étoit applicable; mais la nature du pigeon, l’action du vé- nin fur le fans, les effets que produit le vénin dans lanimal, étoient autant de preuves directes , que la ligature devoit être un remede d’autant plus affuré que l'animal feroit plus grand et plus ditticile à mourir, et cependant je me ferois trompé, Tant il eft vrai que la naturenefe laiffe point deviner; que nous ne favons prefque rien au dela de l'expérience, et qu’il femble en- core nous être interdit de raifonner fur les expériences mêmes. Mais venons aux expériences fur les moineaux. Je fis mordre un moineau par une Vipere à une feule re- prie, à une jambe. Et à peine fut il mordu, que je liai la jam- be avec un ruban de foie au deflus de l’endroit bleffé. Au bout de 47 de 35 minutes, jÒtai la ligature de la jambe. Il mourut vingt ninutes après. Je répérai cette expérience avec les mêmes circonftances. Au bout de 35 minutes ; j’ôtai la ligature le moineau mourut 10 minutes après. Je fis mordre è la jambe un autre moineau par une Vi- pere, une feule fois, et fur le champ je la liai au deflus de la morfure. J’ôtai la ligature au bout d’une beate, ct le moineau mourut demi-heure après. Je répétai la même expérience fur un autre moincau, avec les mêmes circonftances, et j'ôvai la ligature au bout de 15 mi- nutes. Il mourut 15 minutes après. Je liai la jambe à un moineau, et je la tins liée pen- dant 4 heures. La jambe étoit alors à peine un peu altérée. Je fis enforte alors qu’une Vipere le mordit à cette jambe fous la ligature, à plufieurs reprifes. Au bout de 3 heures, JOrai la ligature. Au bout de 20 heures, il paroifioit très-vivace, et il mangeoit. Je le trouvai mort au bout de 8 jours; quoique la jambe fût tout à fait guérie. Après tous les cas rapportés jufqu’ici fur les moineaux, il paroit qu'on peut dire, que la ligature peut êrre quelque fois un remede éfficace contre la morfure de la Vipere. Le dernier moi- neau qui mourut au bout de 8 jours, et lorfque la jambe étoit déja guérie, ne prouve rien contre la ligature, parceque fans cela l’animal feroit mort en peu de minutes. Jai obfervè enco- re, que fouvent les moineaux que je tenois en cage mouroient d’eux mêmes, et que le moindre petit mouvement, ou la moin- dre violence qu’on leur fit foufirir en les faifant mordre, ou en les liant, fuflifoit pour les tuer. Parmi ces doutes, je crus qu’il étroit néceflaire de multiplier, et de varier encore les expériences. Je liai avec un ruban comme de coutume la jambe à un moi- neau , 48 neau,et je la fis mordre par une Vipere; mais la morfure fe porta précifément fur la ligature :il mourut au bout de.” .minutes. Je liai la jambe è un autre moineau, comme ci deflus, et je le fis mordre deux fois par une Viperc. Il mourut au bout de 5 heures; quoique la ligature n’eùt pas été Ôtée. Je liai la jambe à un autre moineau, et je le fis mordre par une Vipere au deflous de la ligature il mourut au bout de 8 heures, quoiqu'il continuàt d’avoir la ligature è la jambe. Je liai la jambe à un autre moincau, je la fis mordre à deux reprifes par une Vipere; JOtai la ligature au bout de 4 heures. Il mourut au bout de 8 heures. Ces nouvelles expériences démontrent que la ligature fau- ve de la mort les moincaux mordus par les Viperes ; mais non pas toujours. Les moineaux , qui meurent plufieurs heures après avoir été délies, ne paroifient certainement pas mourir par la maladie interne; parceque la plus petite quantité de vénin in- troduit dans le fang fuflit pour les tuer en peu de minutes. II eft encore probable que quelques-uns meurent parce qu’en les faifant mordre par les Vipercs, en leur liant les jambes, et par deffus tout en leur Grant la ligature, ceux qui les tiennent, et qui agillent fur eux les maltraitent toujours an peu. Quand on Ôte la ligature, la jambe ef déja livide et toute enflée. On ne peut Jamais Oter fi bien la ligature que l'animal ne fouffre vifi- blement, il en eft qui ne fe tiennent plus de bout, qui fe bat- tent la poitrine, et les jambes contre les cages, et qui dans cet état ne peuvent ni manger ni boire. Je ne puis douter que toutes ces diflérentes caufes ne con- courent , plus ou moins, à rendre inutile la ligature pour les moineaux après en avoir fait mordre un grand nombre, et après en avoir bleflé, plufieurs autres avec des dents venimeufes . Les uns étoient liés avant d'avoir été mordus ou bleflés, et d’autres étoient 49 étoient liés immédiatement après. Quelques uns furent déliés au bout de 4 heures, et d’autres plutôt. Jen laiffai trois tou- jours liés, et il ne mourut aucun des trois; mais jeus l’atten- tion de les nourrir fans leur faire aucun mal. Leurs jambes de- vinrent noires, et fe deflecherent entierement. Au bout de 20 jours, ils voloient par la chambre, et fe tenoient au mieux fur l'extrémité de leurs pieds. Cinq autres moururent entre mes mains prefque au moment où je finiflois de les délier, et aufli- tôt après que je les eus fait boire. Douze autres guérirent par- faitement; et les 4 derniers moururent entre 6 et 10 heures. Il y en avoit en tout vingt quattre. Quelque favorable que fût à la ligature ce dernier réful- fat, et quelque probable qu'il fût, que plufieurs de ces animaux mouroient par toute autre raifon que par le vénin, je n'étois pas encore tout à fait tranquille, et je crus devoir répéter mes expériences fur des animaux plus gros, et de nature différente, Ligatures faites aux poules mordues par les Viperes. Je fis mordre par trois Viperes, à pluficurs reprifes, la jambe è une poule, et au bout de 3 minutes, je la liai avec un fort ruban de foie. Au bout d’une heure, j'òtai la ligature. La jambe étoit enflée , et livide par tout au deffous de la ligature, Elle mourut au bout de 3 heures. Les mufcles mordus étoient pénétrés par la maladie dans toute leur fubftance. Et il y avoit quelques fignes de maladie, même au déflus de la ligature, du côté du bas ventre, et de la poitrine. Je fis mordre la jambe À une poule par deux Viperes, à plufieurs reprifes, et au bout de 4 minutes, je liai la jambe au deflus de la morfure. Au bout de deux heures, la jambe étoit très-enflée et livide. J'ôtai la ligature, et au bout de 22 Tome II. G heures, so heures, la jambe étoir encore un. peu. livide... Au; bout de deux jours , la poule étoit guérie... | Je fis mordre à la jambe. par- deux: Viperes, à plufieurs- reprifes, une autre poule ,, et: au. bout: de 4 minutes, je lui liai la jambe. Au bout d’une heure: la: jambe étoit enflée et livide. Deux heures après, j'ôtai la ligature. Au bout de 22 heures, la jambe étoit moins. livide, et moins enfiée; au bout de: 4 jours. la poule étoit guérie. Je liai fortément la jambe à une poule, et je la: fis mor-. dre par deux Viperes, à plufeurs reprifes. Elle ne: pouvoit fe foutenir. fur la jambe liée. Au bout de deux. heures,. la jambe étoit enflée et livide. Au bout de 8 heures. j'ôtai. la. ligature.. Au bout de 22 heures, il. y avoit. de la. lividité,, même au. dellas de la ligature. Elle. mourut au bout. de: 47. heures. Je fis mordre Ja jambe à une poule, par trois Viperes, à. plufieurs reprifes; et au bout d’une minute, je la: liai.. Au bout de 3 heures, j'ôtai la ligature; la jambe étoit enflée et- très-livi- de. Trois heures. après cela, la, tumeur: et la. lividité étoient montées, au deflus de la ligature. Elle ne vécut que 6 heures. de plus.. Je fis mordre-la. jambe à. une autre: poulé;. partrois Vipe-. res, à plufieurs. reprifes, et deux minutes après je la. liai. Au- bout de 6 heures; J'ôtai. la ligature. Elle mourut au bout de 6 autres heures. La. tumeur étoit montée: au. deflus: de. Ja, li- gature. Je fis mordre. la. jambe- è; une. autre. poulè, par trois Vipe- res, è plufieurs reprifes,. et-trois; minutes après; je la, liai. Au bout de. 9 heures, jôtai la ligature. La. jambe. étoit. enfige,, li-- vide, et rendoit: du. fang. de partout. Peu: à peu elle guérit, et la jambe prit une: couleur: jaune-et: verte, qui: dura; plufieurs Jours. Je 51 Je fis mordre par deux Viperes la jambe à une poule, et ‘auffitòt après je la liai., mais foiblement; j'Otaila ligatüre au bout de 12 heures. Elle moutut trois heures après. La ‘tumeur et la couleur livide de la jambe :étoient montées au deffus de la ligature . Je fis mordre par ‘deux Viperes, à plufieurs reprifes, une autre poule à la jambe, et auflitôt je la liai, ‘mais plus forte- ment, que dans les expériences ci delius. J’ôtai la digature au bout de 12 heures. Elle mourut fix heures ‘après, ‘et la tu- meur et la lividité étoient montées au deflus de Ja ‘ligature . Je fis mordre par deux Viperes, à plufieurs reprifes, la jam- be à une autre poule , et je la liai fur le champ; mais ‘encore plus fort, que dans .l’expérience ci deflus. Au ‘bout de 12 heures, Jôtai la ligarure. Deux heures après, la tumeur ‘et la couleur étoient montées au deffus de la ligature. La poule étoit guérie au bout de 5 jours. Je fis mordre trois poules à la jambe , chacune par deux Vi- peres, et Je liai fur le champ les jambes mordues. Au bout de 6 heures, J'ôtai la ligature à une des poules, ‘et au bout de 24, je l’ôtai aux deux autres. Une de ces deux ‘dernieres mourut au bout de deux heures de plus. L’autre guérit. La poule qui fut déliée au bout de 6 heures; mourut au bout de 6 autres heures. Je fis mordre une poule, par deux Viperes,à plufeursre- prifes, à la jambe, que j’avois bien liée auparavant. Elle mou- rut au bout de 20 heures, quoiqu’elle n’eut pas été déliée, Ces expériences faites fur les poules, jettent de grands doutes fur l’efficacité de la ligature contre la morfure de la Vi- pere; il m'a encore paru, et je ne crois pas m'être trompé , que la maladie locale eft plus grande avec la ligature, que fans la li- gature. Je trouve cette différence notée par tout dans mon jour- nal d'expériences . Il eft difficile que je me fois trompé, parceque Jai toujours comparé la maladie locale des jambes liées, avec la 2 ma- UNIVERSITY cr HI INOI 52 maladie locale des jamibes non liées. Mais nous avons même obfervé que les poules meurent avant qu’on leur Ôté la ligature, et mème à des intervalles affez peu confidérables. Après les expériences faites fur les pigeons , qui guérillent avec la ligatu- re, tout Cela me paroifloit un paradoxe, et il ne me fembloit pas poflible, qu’elle ne dùt pas guérir les animaux plus gros: Je craignois de n’avoir pas fgù faire comme il faut mes expé- riences fur les poules. Je craignois que les ligatures n’euflent été ou trop fortes, ou trop foibles. Je craignois d’avoir ôté la liga- ture ou trop tard ,ou trop tôt. En un mot, tout me paroifloit plus vraifemblable , que de croire la ligature ou inutile, on nui- fible . Au milieu de ces doutes, je me déterminai à étendre mes expériences fur quelques autres efpéces d'animaux, et je choifis les Lapins et les Cochons d’Inde. Expériences fur les Cochons d'Inde. Je liai fortement fa patte è un Cochon d'inde, et je le fis mordre, à pluficurs reprifes, par deux Viperes à la patte même. Au bout de zo heures, j’ôtai la ligature. La patte étoit groflie et livide. Au bout de 30 heures, elle étoit moins livide, mais plus enfiée: il guérit au bout de 4 jours. Je fis mordre la patte à un Cochon d’Inde, par une Vipere, et peu de fecondes après, je lui fis la ligature. Au bout d’une heure , il avoit les fignes de la maladie dans la partie mordue- Jôtai la ligature. Au bout de 10 heures, à peine y avoit-il des marques, qu'il eùt été mordu. Je fis mordre è plufieurs reprifes, par une Vipere la jambe à un Cochon d’Inde, et une minute après ,je la liai. Au bout de 15 minutes, la patte étoit enflée, et livide. J’ôtai la ligature . Au bout 53 bout de 10 heures, à peine avoit-il quelque figne de maladie, Il étoit guéri au bout de 24 heures. | Je fis mordre par trois Viperes, à plufieurs reprifes, Ja patte à un Cochon d’Inde; ct une minute après, Je la liai. Au bout de deux minutes, il y avoit déja des fignes de maladie . Au bout de 20 heures; la patte étoit très-enflée et livide. Au bout de 24 heures, la jambe rendoit du fang et du /érum. Au bout de 2 jours, il y avoit quelque gonflement au deflus de la ligature . Au bout de 10 heures après, la partie mordue fe couvrit d’une efcarre. Au bout de 6 jours, il étoit entierement guéri. Je fis mordre un Cochon d’Inde, à plufieurs reprifes, par une Vipere, à la patte, et deux minutes après, je la lui liai. Au bout de 20 minutes, Jòtai la ligatute. H y avoit déja dans la jambe des fignes de maladie. Au bout d’une heure, la tumeur étoit monté jufqu’à l'endroit de la ligature. Il mourut au bout de 20 heures, avec la jambe enflée et livide; et la lividi- té s’étendoit jusqu'aux mufcles du bas ventre, et de la poitrine. Je fis mordre un Cochon d'Inde , par une Vipere, à plu- fieurs reprifes , à la jambe, que je liai au bout de deux minu- tes. Au bout de 20 minutes, J'ôtai la ligature. Il y avoit des fignes de maladie à le jambe. Au bout de 6 heures, la jambe étoit encore un peu enflée, mais point livide. Au bout de 24 heures, il étoit guéri. Je fis mordre un Cochon d’Inde femblable au précedent , par deux Viperes, à plufieurs reprifes, à la jambe, que je liai au bout d’une minute. Au bout de 30 minutes, j'ôtai la ligature. Il y avoit des fignes de la maladie à la patte; mais il guérit en moins de 3 jours. Je fis mordre la patte à un Cochon d'Inde par une Vipere, à plufieurs reprifes. Et au bout de 20 fecondes, je la liai . J'ôtai la ligature au bout de 15 minutes. Il y avoit déja quelque fi- gne 54 gne de maladie è la patte. Au bout de deux autres minutes, je m’appercus qu’il fecouoit la tête, comme :5’il eût eu des con- vulfions. Il. mourut au bout.de 4 heures. Tous les mufcles de la jambe , du bas ventre ,et de ‘la poitrine étoient livides et en- flammés. «Je fis mordre un autre Cochon d’Inde à la patte, à plu- fieurs reprifes, par une Vipere, et auffitôt après je la liai. Au bout de 13 minutes, j'ôtai ila ligature. Il avoit à la jambe les fignes de la maladie locale. Au bout de 32 heures, à peine y avoit il quelque. figne de maladie. Au bout de 42 heures, il étoit entierement guéri. Par les expériences rapportées Jufqu'ici., il paroit que la ligature eft un moyen fuffifant pour guérir les Cochons d’inde de la morfure de la Vipere aux pattes. Il me manquoit une expérience de comparaifon pour m’af- furer que la morfure de la Vipere étoit mortelle pour cette efpéce d'animaux. Je fis. mordre 6 Cochons d'Inde pareils en tout à ceux dont je viens de parler, et je: les fis mordre à la jambe par une feule Vipere. Ils moururent tous fix en moins de 1.2 heures. Quoique je fufle convaincu de l'utilité de la ligature, j'ai cru cependant qu'il feroit bien de multiplier encore plus mes expériences , et de les varier en quelques circonftances. Je fis. mordre la patte à un Cochon d’inde par une Vipe- re,à plulieurs, reprifes , et auflitôtaprès, Je-la liai, mais très-foi- blement. Au bout de 3e minutes, JÒtai la lisature . Il avoit tous les fignes de la maladie à la partie mordue. Cependant au bout de 10 heures, à peine étoit elle livide, et enflée. Au bout, de 30 heures, il étoit tout à fait guéri. Je fis mordre. un ‘Cochon d’Inde à la jambe, par une Vipe- re, à plufeurs reprifes, et je la lui diai auflitôt après, encore. moins 55 moins fort, que dans l’expérience: précedente. Au bout d’ue heure, J'ôtai la ligature . Au. bout de: 1o heures, à peine y avoit il des fignes de maladie. Au. bout de 40: heures, il étoit guéri. Je fis mordre à plulieurs reprifes,. par une Vipere , un Co- chon d’Inde à la patte, que je liait auffitôt ; peut être encore plus foiblement que ci deffus.. Au: bout de deux heures, j’ôtai la li- gature, et je trouvai la: patte très-livide, et enflée. Au bout de 1o heures ,tout étoit diminué ;au bout de 24 ;: à. peine y avoit- il figne de maladie. Je fs mordre la patte à un Cochon d’Inde, à plufieurs re- prifes , et au bout de: deux. minutes ,. je la lui. liai.. Dès-qu’elle fut liée, je la fis mordie encore à plufeurs reprifes par une fe- conde Vipere. Au: bout de: 30: minutes;. j'ôtai la ligature qui étoit très-lâche. Au bout de 24 heures, la patte étoit très-livi- de, et enflée..Il guérit au bout de 5 jours. Je fis; mordre la: patte à un: autre Cochon: d’Inde , à plu- fieurs reprifes-, par-une: Vipere, et au bout de deux minutes , je la Jui liai.. Je la fis. mordre enfuite par une feconde Vipere. Au bout de 20: minutes;. j'ôtai ligature qui étoit très-foible. Au bout de: 24 heures, à peine: y avoit: il figne. de maladie. Je: fis: mordre: la. patte: à un autre: Cochon: d’Inde ;. par une Vipere,. à plufieurs: reprifes. Au bout: de’ 3: minutes, je la lui liai, et je la: fis mordre de nouveau par une autre Vipere. Au bout de. 24 heures,. à. peine. reftoit. il. figne de: maladie. à la | patte.. L’utilité de la ligature» paroit toujuors plus: démontrée, et il paroit encore qu’une-ligature: très-foible. fufht. Il eft. bien vrai qu'il faut la laïfler quelque tems, autrement la: maladie: interne s'excite dans l’animal..et: il en: meurt: peu: de tems:après .. Diverles:expériences faites fur ‘les Cochons d'Inde. mordus par les Viperes. comme. ci: deflus , m’ont fait voir que quand on òte 56 Ote les ligatures, 10 minutes, ou gueres plus, après qu'ils ont été mordus, l’animal meurt très-promptement; et meurt de ma- ladie interne. Il n’eft pas difficile de reconnoître quand les Cochons d’In- de meurent de la maladie interne. Dès que la maladie com- mence à fe communiquer à l’intérieur, le Cochon d’Inde tour- ne la tête en tous fens, et paroit convulfionner. Dans ce cas la mort eft certaine, et arrive peu de tems après. Jai fait ces expériences fur des Cochons d’Inde très-petits, et je les ai choi- fis tels, à fin que mes expériences fuffent moins équivoques. Expériences fur les Lapins. Non content d’avoir eflayé la ligature fur les Cochons d'Inde , jai voulu encore l’éprouver fur les lapins. Je me fuis fervi en généràl de petits lapins, au deffous de la groffeur mo- yenne. Je fis mordre la jambe à un lapin par deux Viperes, à plufieurs reprifes, et auflitôt après, je la liai. Au bout de 9 heures la jambe rendoit du fang, et étoit très-enflée. Dans cet état j'Ôôtai la ligature. Douze heures après, la jambe étoit livide et gangrénée : il mourut au bout de 30 heures. Je fis mordre par deux Viperes, è plufieurs reprifes, la jambe à un autre Lapin, et trois minutes après, je la liai. Au bout d’une heure et demie, j'ôtai la ligature. Au bout de 6 heures, la jambe étoit très enflée, et livide à l'endroit mordu. Au bout de 30 heures, la jambe étoit à peine enflée; mais elle étoic livide. Au bout de 3 jours, l’animal paroifloit guéri. Je fis mordre par deux Viperes, à plufeurs reprifes, la jambe à un troifiéme Lapin ,etau bout de deux minutes, je la lui lai. Au bout d’une heure, jôtaila ligature. La jambe étoit en- 57 enflée : Au bout de 24 heures, elle rendoit de l'humidité: an bout de 3 jours, la peau s'étoit ouverte, et il s’y étoit formé une plaie. Au bout de 6 jours, le Lapin étoit entierement guéri . ‘Je fis mordre par deux Viperes, à plufeurs reprifes, un lapin à la jambe, et 4 minutes après, je la lui liai. Au bout d’une heure et demie, j'ôtai la ligature. Au bout ‘de 4 heures, la jambe étoit tròs-enflée, et rendoit beaucoup d’humidité. Le Lapin mourut au bout de 36 heures. La tumeur de la jambe étoit montée au deflus de la ligature, où il y avoit aufli de la lividité. Je fis mordre trois lapins à la jambe, comme ci deflus, mais je ne fis point ufage de la ligature pour qu'ils ferviffent de termes de comparaifon. Deux moururent en 13 heures. Le troifiéme cut une grande maladie et une plaieàla jambe; mais ilne mourut pas. + Les expériences faites jufqu’ici fur les lapins paroiffent dé- montrer que la ligature n’eft pas un remede fùr contre la mor- fure de la Vipere dans ces animaux, on a vû qu'il en meurt auffi avec la lgature ; et qu'il ne meurent pas toujours fans li- gature. Jai répété ces expériences fur 8 autres lapins, que j'ai fait mordre à la jambe, chacun par deux Viperes. La ligature n’a été otée que 6 heures après. Cinq font morts, et trois feule- ment font guéri. Voyant que la fimple ligature , ne convenoit pas è tous les animaux, je voulus eprouver fi jointe aux fcarifications el- le pouvoit devenir plus utile; et comme la maladie locale eft formée de fang en partie coagulé et en partie diflous , qui cor- rode les folides, et qui les gangréne, j'ai cru devoir Joindre aux fcarifications quelque antifeptique, comme le quinquina . Tome IL. H Lisa- Ligatures et fcarifications faites aux poules et aux Lapins. Je fis. morde: un lapin à la jambe par deux Viperes, et Je la lui liai fur le champ au bout de deux heures, la jambe étoit enflée , livide et fanguinolente. Dans cet état, je fis qua- tre incifions. longitudinales fur la jambe à l’endroit où la Vipe- re avoit mordu, et j’efluyai avec des linges le fang qui fortoit des. incifions.. i Je trouvai que les mufcles dans cette expérience avoient déja des fignes de ganzréne. Le: lapin mourut au bout de 10 heures. Je fis: mordre une poule, de la même maniere, par deux Viperes, et Je la liai fur le champ. Au bout de deux heures) la jambe étoit enflée et livide. Je fis les fcarifications,, comme ci- deflus. Au bout de 4. jours, la jambe fe couvroit d'une efcarre fo- lide, et la poule étoit guérie au bout de 10 jours. Je fis modre une autre poule par deux Viperes, à la jambe, que je liai auffitôt. Deux minutes après, je fis. les fcariñications fur la jambe, je lavai longtems le fang des morfures avec de l'eau: chaude, et je couvris la. jambe avec du linge. Au bout de deux iours; il fe forma une efcarre noire fur la jambe. Au bout de 3 jours et demi, la poule mourut. Je fis mordre une: autre poule, par deux Viperes, à la jambe, que je liai tout de: fuite, et j'y fis. les: fcarifications: et Pafperfon d’eau chaude. Cela fait, je répandis abondamment du quiaquina en poudre fur les: incifions de la jambe , et Je cou- vris le tout de linges, au bout de 20 heures, j'ôtai la ligatu- re. La poule cuérit en peu de jours. Je répérai l'expérience ci deflus fur: une autre poule, dans les mêmes circoftances.. Au bout de 20 heures. jôtai la liga- ture: 20 heures après, la poule mourut. | 59 Je fis mordre deux petites poules, chacune par deux Vi- peres, à plufieurs reprifes, à la jambe que Je leur liai peu de tems après. Je fis les fcarifications, que je lavai longuement avec de l'alkali volatil étendu dans beaucoup d’eau. Au bout de 5 heures, j'ôtai la ligature à l’une, et celle là mourut 3 heures après. En même tems, je relàchai la ligature de l’autre , qui mou- rut au bout de deux jours. Je fis mordre une poule par deux Viperes à la jambe. Je la liai, je la fcarifiai, la lavai, et la couvris abondamment de quinquina . Elle mourut au bout de 7 heures, avant même que la ligature fùr ôtée. Je fis mordre une autre poule par deux Viperes, à la jambe, et auflitôt après, Je la liai. Je lui fis des fcarifications, et la mouillai avec de l’eau chaude qui tenoit du fel commun en diffolution. Elle mourut au bout de 16 heures, méme avant d’être déliée. Je répétai cette même expérience fur deux autres poules, et je fis ufage comme ci deflus de Jadiflolution de fel. Au bout de 24 heures, j'ôtai la ligature: 24 heures après, elles moururent toutes deux. Dans deux autres poules mordues, comme ci deflus, je fis ufage de l’infufion de quinquina après les fcarifications. Au bout de 20 heures j'ôtai les ligatures . Elles moururent toutes deux 20 heures après. Je fis mordre une autre poule par deux Viperes, à la jam- be, que je liai fur le champ. Je la fcarifiai, je la lava, et la tins pendant 25 minutes dans de l’eau de chaux , que j’avois fait chaf- fer. Au bout de 20 heures, j'ôtai la ligature. Elle mourut au bout de trois jours . Je fis la même expérience fur une autre poule. Je lui tins la jambe pendant deux heures dans de l’eau de chaux, qui étoit EH 2 chaude. 60 chaude. Jotai la ligature au bout de 20 heures. Elle mourut au bout: de 35. Je répétai fur douze autres poules la ligature et les fcarifi- cations ;. la jambe. fut mordue à chacune , par deux Viperes ,et liée fur le champ. Quattre furent fcarifiées et tenues pendant une heure dans une forte digeftion de quinquina dans l’eau chaude. Quatre furent tenues pendant une heure dans l’eau chaude. fim- ple , etles. quattre autres dans l’eau chaude unie à. l’alkali vo- latil. Je couvris les jambes avec des linges. Au bout de 6: heures, .J'ôtai. les ligatures. Il en mourut trois de celles qui furent traitées avec la quinquina, deux de celles qui le furent avec: l’eau fimple, et trois de celles traitées:avec l’alkali vo- latil. Le dernier réfultat de tant d’expériences fur. l’ufage de la ligature contre la morfure de la. Vipere ne prefente ni cette cer- titude ni cette généralité , aux quelleson fe feroit attendu dans le. commencement.. Ce n’eft pas que la. ligature foit à rejetter:com - me abfolument inutile, puisque nous l’avons trouvée un re- mede affuré pour les pigeons et pour les Cochons d’Inde .. Elle peut donc l’etre pour d’autres animaux, et peut être. feroit-elle utile pour tous, fi. l’on connoifloit mieux les. circoftances, dans. les quelles il faut la pratiquer. Il paroit.en général, qu'on. ne doit rien attendre des fcarifications plus. où moins grandes, plus ou moins fimples, puisqu'on a vù mourir avec cette opéra- tion les: animaux mêmes qui: auroient été le plus facilement gué-- ris -avec les. feules. ligatures. La ligature arrettant le fang dans la partie, produit une. maladie locale plus. grande, et difpofe plus facilement à la gangréne.. Par cette raifon, la ligature doit être auffi lésere, ct on doit l’Oter auffi promptement, qu’il e& poffible. Je n’ofe. pas, décider de quelle utilité elle pourroit être dans GI dans l'Homme, parceque je mai point d’expériences directes. Mais comme je fuis d’avis que la morfure de la Vipere n’eft pas naturellement meurtriere pour lHomme , la ligature dans ce cas ne pourroit faire autre chofe que diminuer la maladie, peut être une ligature très-legere pourroit elle fuffire ; peut être pourroit -on l’òter peu de tems après. Mais il faut des expé- riences pout nous mettre en état de prononcer, et les expérien- ces fur les Hommes font très-rares. Jai voulu voir fi la maladie qu’occafionne le vénin de la Vipere aux animaux, diminue lorfqu'on fait des incifions au deflous , au deffus, ou autour de la partie mordue. Il paroïfloit naturel de fuppofer que comme le vénin de la Vipere s'introduit dans la mafle du fang par la voie de la circulation, il devroit auffi fe porter aux parties qu’on bleffe- roit exprès; du moins aux parties les plus voifines de l’endroit mordu. Dans ce cas, il paroiffoit encore fort probable que la quantité de vénin diminuant ainfi,en fe diftribuant en plus de parties, non feulement la maladie interne, mais encore la ma- ladie externe devroient être diminuées, et que par ce moyen l'on préviendroit la gangréne locale’, ou on la rendroit moins dansereufe. Mais les expériences qui Rada font voir le peu de va- leur des preuves d’analogie ,et des raifons de vraifemblance dans les matieres de fait. Je fis mordre à plufieurs reprifes, par une feule Vipere , mais très- grofle, la jambe à une poule; je fis deux petites in- cilions dans la partie interne de la jambe, au defluset au def- fous de l’endroit mordu. La poule mourut au bout d’une heure avec une maladie ttès-confidérable dans la partie mordue; mais fans aucune altération dans les deux blefures artificielles . Je fis mordre une nouvelle, poule à plulicurs reprifes, par une 62 une Vipere, à la jambe, et je fis une petite incifion dans les mufcles oppofés à l’endroit mordu, et une autre incifion dans les mufcles de l’autre jambe. Six heures après, la poule eut une grande maladie. Au bout de 30 heures, la jambe étoit livide, même à une grande diftance de l’endroit mordu. Au bout de 6o heures, la poule mourut avec la partie gangrénée. Je n°ob- fervai dans tout ce tems aucun figne d’altération dans les deux incifions . J'ai répété cette même expérience avec le même fuccès ° dans différens animaux, et je ne me fuis jamais apperçu que les bleflures artificielles aient été afflé@tées par le vénin; enfor- te que ce paroit être une vérité d'expérience, que le vénin une fois introduit dans le fang, et circulant avec ce fluide , peut cau- fer la mort; mais quil ne peut nullement envenimer les fimples incifions, qui font faites même au voifinage des endrotis mordus. Je fais que j'ai été trop long. J'aurois pù être plus court, et peut être même plus clair, fi j'eufle fuivi la méthode fyn- thétique, au lieu de l’analytique. Jai préféré celle-ci. Jai pré- fenté mes expériences dans le même ordre que je les ai faites. Je n'ai pas craint de mettre en vüe mes erreurs mêmes, et de montrer combien de fois j'ai été obligé dc retourner fur mes pas. La méthode analytique n’eft certainement ni la plus cour- A te, ni la plus favorable à l’écrivain; mais elle eft la plus fùre, la plus lumineufe , la feule qui conduife dire&tement à la dé- couverte. Elle infpire toute confiance au leéteur ; elle fait voir comment l’obfervateur a interrogé la nature, etcomment la na- ture a répondu à l’obfervateur. On y voit en même tems les défauts de celui qui obferve , les efforts pour arriver à la vérité, et la difficulté d'y parvenir. Les ouvrages qui préfentent quelque chofe de nouveau, de- 63 devroient tous étre écrits fuivant la même méthode , avec la quelle nous fommes arrivés ici. En voyant les moyens qui ont conduit à la découverte, on jugeroit mieux du mérite de l'Qu- vrage, et des opinions de l’auteur. On n'y trouveroit point ce myftere, et cette referve qui regnent dans les ouvrages prefen- res avec la méthode fynthetique, dans les quels manquent les traces qui ont guidé à la découverte. Mais l’homme aime mieux être admiré qu’utile, merveilleux que vrai, difficile qu’ im pot- tant. Jai fait plus de fix mille expériences, j'ai fait mordre plus de quattre mille animaux; j'ai employé plus de trois mille Viperes, et je puis m'être trompé; quelque circonftance eflen- tielle peut m'avoir échappé: je puis en avoir négligé quelque autre, ne la croyant pas néceffaire;. mes confequences peuvent être trop générales, et les expériences en trop petit nombre. En un mot, il fe peut très-bien que je me fois trompé, et il feroit même prefque impoffible que je ne me fufle jamais trompé dans une matiere fi difficile, fi obfcure, et encore fi neuve. Il me fuffit de pouvoir certifier, que je n'ai écrit que ce que j'ai vi, ou du moins cru voir. En relifant mon journal d’expériences, je me fuis appergu qu’il y avoit des erreurs, et que Javois écrit en quelques endroits ce qu'il étoit impoflible que j'eufle pu oblerver en aucune ma- miere . Il m’eft encore arrivé pluficurs fois en copiant les expé- riences dujoùrnal , de lire d’une maniere, et d’écrire d’une au- Voila une nouvelle fource d’erreurs dans la quelle je puis facilement être tombe. Combien peu fommes nous certains même des chofes que nous croyons le mieux favoir, et dans les quelles nous craignons le moins de nous tromper! Je ne con- nois qu'une claffe de perfonnes qui ne fe trompent jamais, et ce font ceux qui ne font jamais rien, qui n’obfervent jamais ricn, 64 rien, qui ne font jamais d’expériences. Tous les autres fe trom- pent, ct fe trompent d’autant plus, qu’ils expérimentent davan- tage. Mais il ne faut pas laifler pour cela de confulter la nature, et l’on ne doit pas rougir quand un Newton s'eft trompé quand il s'elt trompé dans des chofes purement de fait, et d’expérien- ce,ce Newton qui ne s'eft prefque trompé jamais dans le calcul le plus fublime . Je dois encore avertir qu'une partie de mes expériences fur le vénin de la Vipere ont été faites dans la plus rude fai- fon, en hiver. Il eft naturel de concevoir que les Viperes dont je me fuis fervine pouvoient être dans toute leur vigueur ; qu’elles devoient mordre les animaux avec moins de force, et que n’etant pas nourries depuis plufieurs mois, leur vénin devoit étre en moindre quantité. Je n'ai ancune peine à croire que dans une au- tre faifon plus favorable comme dans l'été, dans un climat plus chaud , les effets duffent être en quelque forte différens, et en- général plus grands. Je puis encore avoir été trompé par ceux qui me fournif- foient les Viperes. Jétois en ufage dans le commencement de rendre les Viperes mêmes dont je nr’etois fervi pour faire mor- die les animaux, et que je n’avois pas befoin de tuer. Jai tout lieu de croire qu'on m’a vendu pour la feconde fois les Viperes que Javois déja employées; mais dès que je me fuis apperçu de cela, je me fuis déterminé à tuer toutes les Viperes après m'en être fervi dans mes expériences. Par toutes ces raifons, et peut être par beaucoup d’autres, que j'ignore, mes expériences pourront être fufceptibles de quel- que variation, fi on vouloit les répéter; mais tout cela ne ren- dra pas moins certaines les vérités principales que nous en avons déduites. Jefpere qu’on diftinguera dans mon Ouvrage les expé- riences , des induétions , les obfervations, des conféquences. Si mes 65 mes conféquences font faufes, fi mes indu@ions ne font pas juftes, mes lecteurs le verront auflitôt. Et elles ne donnerone lieu à aucune erreur. Mais fi je me fuis trompé dans les faits mêmes ; fi je n'ai pas bien obfervé, mes bevuës fe communi- queront aux autres, et {erviront de bafc à quelque faufle théo- rie. C’eft pourquoi j'ai cherché à être auffi cxa& dans les faits, qu’il m'a été poffible. J'ai préfenté beaucoup de faits avec quel- que détail. Jai décrit en plufieurs endroits les expériences tout au long, et en grande nombre. J’aurois più être plus court. J'aurois pù donner les fimples réfultats; mais alors il auroit fal- lu qu'on me crùt fur ma parole, qu’on renongàt au plaifir de ger par foi mème: ce qui feul conduit à l'évidence, et à la conviction. D'ailleurs, la plus grande partie des expériences, porte fur des queftions entierement neuves, et fur les quelles, ou l’on n’a- voit jamais rien fait, ou l’on avoit mal obfervé. il écoit donc néceffaire de leur donner quelque forte d’extenfon, et j'efpere que mes le&teurs me fauront gré de l'avoir fait. Maintenant que nous avons une bafe d'expériences, et de faits certains {ur le vénin de la Vipere; il fera, plus facile à Pobfervateur de continuer fes recherches, et de les préfenter avec plus de brieveté. Frari ; DR à i Tome IL I AP- 66 RT api ao nil mo li à Ma di CN ta CC OR ii ER CR ie AIA TL ON MOSS LUS ONE Pi) Eux ans après avoir faità Paris, où je me trouvois alors, Æ les expériences fur le vénin de la Vipere, qui font rap- portées dans cet Ouvrage, je fus informé à Londres; où je fai- fois quelque s’éjour, qu'on venoit enfin de trouver en Italie un fpécifique fùr contre la morfure de cet animal: Le peu de fuc- cès que J'avois eu en France, et plufieurs années auparavant en Italie, dans la recherche d’un remede éfficace contre le vénin de la Vipere, me donna le plus grand defir d’enrichir mon Ouvrage d’une découverte fi importante. Son Excell. M. le Comte de Belgioyofo; Ambaffadeur de la Cour de Vienne è Londres, qui aime les fciences; parce qu'il en connoit l'importance, eut la complaifance , non feule- ment de me faire avoir le mémoire qui avoit été publié en Italie fur ce remede; mais encore de me donner une de ces pierres, qui font le fujer de ce mémoire, et aux quelles on attribue [a faculté de guérir [a morfure de la Vipere. Il Pavoit reçue de Milan, et elle avoit été préparée par l’auteur du mé- moire Jui même. Où me montra à cette occafion différentes lettres de Milan, et de Vienne, qui raccontoient des merveilles de ce nouveau remede déja fameux. Les miracles avoient été faits, difoit on, à Milan, et l’on afluroit que les meilleurs Phy- iiciens de cette célebre Ville en azoient eu connoïfiance. On ajou- 67 ajoutoit «qu'ils étoient même parvenus à faire la rare, et très- importante découverte, que les pierres de cobras fi vantés, n’étoient autre chofe que de la corne de cerf calcinée. Le mémoire Que je lus a pour titre: mémoire fur l’éfica- cité d'un alexipharmaque contre le venin de la Vipere, par A1. l'Abbé de Tecmeyer (a). H contient diverfes expériences qui méri- tent attention, et qui tendent à prouver que la corne de cerf calcinée eft un remede afluré contre la morfure de la Vipere. La le&ure de ce mémoire me donna encore plus d'envie de conftater par moi même lefficacité du remede vanté; puif- que le feul moyen de s'aflurer d’une vérité d’expérience eft d'avoir recours à l’expérience même. Les différentes guérifons qui font rapportées par M. Tecmeyer, quelques brillantes, et extraordinaires qu’elles foient, ne font cependant ni affez nom- breufes, ni auffi variées, que je l’aurois du moins defiré dans une matiere fi importante. Je ne pouvois non plus concevoir que la corne de cerf calcinée feulement à noirceur, comme le veut M. lAbbé Tecmeyer, fut un remede afluré, tandis que calci- née à blancheur, ainfi que je l’avois éprouvée en France, je ne l’avois trouvé d’aucune valeur. Jai cru cependant qu’il étoit néceflaire avant de rien prononcer; de faire un plus grand nom- bre d’expériences, et fur différens animaux, avec cette pierre, que J'appellerai de ce nom avec l’auteur. Il eft vrai auffi, qu’en relifant ce mémorie, il m’a paru que l’auteur du nouveau fpécifique a donné trop d'extenfion è fon remede, et qu’il y a beaucoup de chofes qui font avancées avec trop de facilité, où qui ne font pas fuffifamment prouvées, x ou ne font pas tout à fait certaines. Il eft, par exemple, d’opinion que le petit morceau de corne de cerf brulée, appliqué extérieurement à la bleflure fai- 143 te e Rn DVI i e dee SI. LR (a) Ce Memoire fut imprimé dans le Raccolta di Opufcoli feelti de Milan. 68 te par la Vipete, guétie par la vertu desfels alkalis volatilsque contient la corne de cerf dont elle eft formée. Il foutient que le vénin de la Vipere eft principalemert compofé de fels acides, et il cite l’autorité de Mead, et fes propres obfervations faites avec le microfcope. Il dit même qu’il a changé en rouge, avec le vénin, la teinture de tour- nefol. Il croit que la corne de cerf brulée abforbe le vénin de la Vipere, parcequ’elle teint en jaune le lait, lorfqu’elle fe de- tache de la partie mordue. Il trouve. fon remede éfficace contre ce vénin, même dix Heures, et plus, après que la Vipere a mordu l’animal, et quand. il et tout enflé, et qu’il y a les fymptòmes:les plus forts, et les fignes les pius certains d’une mort prochaine. Il le trouve également efficace contre la morfure du chien. enragé, et telle eft la bonne opinion qu'il a de-fes, pierres mer- veilleufes, qu’il croit avoir guéri par leur vertu, les biefiures fai tes. par un tigre avec fes dents, et fes griffes, au derriere d’un: Homme. Enfin, il ne trouve pas impoffible, qu’une dent de Caï- man, animal amphibie qui qui eft une efpece crocodile, portée: fimplement dans la. poche, guériffe: de la morfure de la Vipere. Il foutient enfuite que Redi s'eft trompé en croyant que les pierres de cobras ne: font pas: un fpécifique contre la mor- fuce de la. Vipere, et il'croit que ce célebre phyficien avoit fait {es expériences: fur des pierres, falfifiées.. La: chole eft certaine- ment poflible;. mais fi les véritables. pierres, et les plus éflicaces ne font qu’un petit morceau de corne de cerf mal calcinée ,, je ne vois pas. pourquoi on auroit voulu tromper Redi, en lui donnant des pierres: faufles pour des bonnes, tandis qu’il faur ii peu de peine pour en faire de bonnes. D'ailleurs, il ne pa- roit 69 roit pas que Kempfer fit grand cas de ces bonnes pierres ap- pellées de cobras di cabello, par les Indiens, ni qu’il y eût la moin- dre confiance. Voici comment il en parle dans fes amanitates exoticae: de efficacia bujus lapidis, et quae in dies cum ipfo di- finguuntur in India experimentis multa dicenda , inquirenda , du- bitanda venirent (a). Saltem fateor ingenue penès me valsrem la- pidis femper manfifle in fifpenfo, dòm quia erroris, et fallaciae fublatere poffet propriis experimentis non expleraverim (b). Et il les connoifloit fi bien, qu’il en donne la defcription, et ne les croit ni pierres naturelles , ni engendrées dans le cerveau des ferpens ; il paroit même porté à les croire faites de corne de cerf: fubflautiam, dit-il en parlant de ces pierres , obtszet fr mai et duram, levem tamen, hic ibi porofam, et quodammodo cor- ueam, ita ut appareat formatas ex corn cervi in vapore vel li- quore aliquo macerato tindloque ; nifi fortè fragmentum fit lapidis Connoor variegati ita hic lapis didum è patria Connoor Mulatriae provinciae , lufitanis ibidem Pedra frigue dilla à qualitate refrige- rante, eft qué triplicis differentiae five coloris, nimiràm albus , ci- trinus et obfîurè caerulens, qui pofiremo nephritico lapidi in omni- bus preter levitatem fimillimus eff. Quotquot videre mibi contin- git per Indiam firmam et infularem prediéle conditionis et figure fuerunt. Qualifcumque figura fuerint prima fronte apparebunt baud quaquàn naturales, et in cerebro Viperae, quod vulgò credi- sur , genitos effe, et ut frufira fuerit, qui tWos in anguinm capi- tibus quaererent (c). Telle font les opinions qui font répandues dans ce mé- moire de M. FAbbé Tecmeyer, et qui, je l’avoue, m'ont paru fort fingulieres . Mais CE = E E E n ————_wz3=z (a) Kaempberus amocnicates exoticae . Lemgoviae 1712. fafe. III pas. 57% (b) pag. 580. (c) pag. 581 79 Mais quand méme il feroit vrai que la Corne de cerf bru- lée guérit de la morfure de la Vipere, je ne pourrois jamais être induit à croire, que cet effet tùr dû aux fels alkalins de la corne de cerf même. Jai démontré, de maniere è ne laiffer aucun doute, que l’alkali fluor même n’eit d’aucune utilité contre cette maladie , et que le vénin de la Vipere mêlé en fubftance avec les fels alkalis conferve toute fon aétivitè, et tue comme il fai- foit auparavant, i C’elt encore un erreur, que le vénin de la Vipere foitun compolé de fels , et que ces fels foient acides; et il eft auff faux qu’il change en rouge la teinture de violettes. J'ai démontré, deja dans le cours de mon Ouvrage l’erreur de Mead, et des autres obfervateurs après lui, fur les fels du vénin de la Vipere. Ileft fingulier de voir répéter par d’autres des erreurs déja réfutées de puis plus de dix ans. Le lézer changement de couleur qu’on obferve dans le lait, et qui a quelque forte de rapport avec la couleur jaune, ne dé- rive certainement pas du vénin abforbé par la corne de cerfap- pliquée è la partie mordue. Car une quantité de lait qui fuffit à peine pour couvrir le morceau de corne de cerf n’eft point changée en jaune, fil’on y mêle le vénin même de plufieurs Vi- peres. Cette couleur du lait vient du fang, qui a abbreuvé la corne de cerf dans le tems qu’elle a été appliquée è la partie mordue ; et dans le fait ,elle le teint également, lors même qu’el- le a été appliquée à une partie bleflée, mais non venimée. Mais il eft tems de paffer aux expériences , qui peuvent feu- les décider fi un morceau de corne de cerf brulée eit vraiment, ou n’eft pas, un remede affuré contre le vénin de la Vipere. On a vu en plufieurs endroit de cet ouvrage, combien peu l’on doit fe fier aux expériences, même lorfqu’eHes paraiffent le plus conftantes. Jai vu quelque fois, cinq, fix animaux , et plus, tout de 71 de fuite, guérir de la morfute de la Vipere, et peu après tous autant en mourir, fans que je leur eufle rien fait dans aucun des deux cas. Et quelque fois j'ai eu les mêmes réfultats en appli- cant les mémes remedes aux mêmes animaux dans les mêmes circonftances. Dans un cas , j’aurois jugé qu’une telle fubftance étoit un fpecifique für contre la morfure de la Vipere, et dans le fecond cas, qu’elle étoit ou nufible, ou tout à fait inutile . C’eft lè le rifque qu’on court quand on ne multiplie pas fuffifamment les expériences. Je ne préterids pas m'être entierement garanti moi mème de cet inconvenient dans toutes les parties de cet Ouvrage furle vénin de la Vipere ; quoiqu'il foit vrai qu'en gé- néral j'ai extrêmement varié et multiplié les expériences, autant du moins que l’ont perinis les circonftances, où je me trouvois alors. Mais dans le cas préfent, j'ai cru qu’un certain nombre d’expérietices fuffiroit pour décider de lutilité du remede. Le grand nombre d’obfervations, et d’expériences que Javois faites cidevant fur la morfure de la Vipere,et la connoiffance quel- les m'avoient données des animaux dont; je voulois me fervir, m'ont mis on état de me paffer de les multiplier davantage. La premiere chofe, à la quelle je me fuis appliqué pour réuffir dans mes expériences, a été de me pocurer un bon nom- bre de morceaux de corne de cerf, préparés de la maniere dé- crite dans le mémoire que Jai citè plus haut. Mes pierres étofent tout à fait noires. Je les avois tirées de cette partie de la cor- ne de cerf qui s'implante fur la tête. Appliquées à la langue; elles s’y attachoient fortement. Jen préparai beaucoup; et dans le nombre j'en choifis douze des meilleures, à fin que mes expé- riences fullent faites en mémetems; fur les mêmes animaux, et dans les mêmes circonftances . Après m'en ; être fervi , je les mettois dans du lait, où dans du vin, comme l’auteur l’indique, et après les y avoir 72 y avoir laiflt:s piufieurs heures, je les expofois longtems au foleil, ou à un feu léger, jufqu’à ce qu’elles s’attachaflent à la langue com- me auparavant. J'ai eu de plus l'avantage, ainfi que je l'ai déja dit, d'en avoir une venue d’Italie . Je me fuis fervi de ces pierres plufieurs fois, avec le fuccès qu’on va voir. | Avant de donner les réfultats principaux de mes expérien- ces, je crois devoir obferver, que je les ai commencées a Lon- dres ,au mois de Mars, et que je ne les ai terminées que dans les derniers jours de Mai. Quoique la faifon fût des moins froides qu'on cit èpronvées de puis plufieur années en angleterre, elle n’étoit cependant pas telle, que plufieurs journées ne fullent froi- des, et qu’en conféquence mes Viperes ne paruffent très-engour- dies, et très-parefleufes. En général il m’a femblé les trouver moins a&ives qu’en France, et en France moins qu'en Italie; en forte que les rélultats des expériences faites fur la morfure de ces animaux doivent différer fenfiblement; mais feulement du plus au moins. Il eft cependant toujours vrai que les Viperes font venimeufes dans tous les païs , et qu’elles peuvent tuer avec leur vénin . A’ fin que les Viperes tuent auffi certainement dans les pais froids que dans les païs chauds, il fuffit de leur faire mor- dre de plus petits animaux, ou de fe fervir de plufieurs Vipe- res pour faire mordre un feul animal. De cette maniere, l’on peut rendre les effets à peu près égaux dans tous le païs, et en tout tems. Ainfi donc, l’aétion du vénin de la Vipere fur les animaux eft en raifon de fa quantité, quand toutes les autres circonftan- ces font abfolument égales; elles varient cependant au point, qu’à peine peuton prononcer quelque chofe de certain lì deflus, lors même qu'on a pris toutes les mefures poffibles pour bien réuffir, et pour faire enforte, que les expériences foient entierement égales dans toutes leur circonftances. Mais paffons aux expé- riences, Je 73 Je fis mordre à la jambe droite un pigeon par une Vipe- re une feule fois, et au même inftant, jy appliquai la pierre d'Italie, qui s’y attacha, et s’y maintint enfuite. Sept minutes après, le pigeon donna des fignes de la maladie, et au bout de douze minutes, il étoit mort. Je détachai de force la pierre, et je la mis dans du lait pour d’autres expériences. Pour frire une expérience de comparaifon, je fis mordre à la jambe par la même Vipere, un autre pigeon , qui mourut au bout de 16 minutes. J'exprimai le vénin des dents d’unetète de Vipere infinuées dans les mufeles de la jambe d’un pigeon, et Jappliquai aux blef- fures la pierre d'Italie, qui s’y attacha fur le champ. Il mourut au bout de 18 minutes; et la pierre ne s’etoit pas détachée. Je fis la même expérience, avec les dents d’une autre tête de Vipere, fur un autre pigeon,qui mourut en 22 minutes. Je fis mordre par une Vipere ,une feule fois, la jambe à un pigeon, et jy appliquei aufficôt la pierre d’italie, la quelle ne fe détacha plus d'elle même. Le pigeon mourut au bout de 4 heures. Pour faire une nouvelle expérience de comparaifon, je fis mordre par une Vipere ,une feule fois, la jambe à un autre pi- geon, et Jy appliquai la pierre, mais enveloppée dans une vef- fic,et j'y fis une Hgature pour la tenir fur la partie. Le pigeon mourut au bout de 8 heures, probiablement la bande avoit retar- dé l'action du vénin. Un autre pigeon qui fut mordu à la jambe, par une Vipe- re, mourut au bout de deux heures, quoiqu'il eût la pierre d’Italie encore attachée. Je fis mordre un autre pigeon par üne Vipere, à deux re- prifes; Je fis une très-petite ouverture avec la lancette à l’endroit où étoient les trous des dents, et j'y appliquai auffitorla pierre Tome II. K d'Italie. 24 d'Italie. Le pigeon étoit mort dix minutes après, et la pierre y éroit encore attachée . Je fis mordre fix autres pigeons par autant de Viperes . ‘A quattre J'appliquai la pierre, et non pas aux deux autres. Un de ces derniers mourut vingt minutes après, et l'autre au bout d’une heure. Les quattre premier moururent tous en moins de 20 minu- tes, et l’un d’entreux mourut au bout de 11 minutes. Les pier- res.étoient encore attachées aux parties mordues. Cette expérience fut répétée fur fix autres pigeons, et J'ap- pliquai une pierre à chacun des fix. Ils moururent tous, l’un après l’autre. Trois au bout de 16 minutes, et trois au bout de 27: Cinq des pierres refterent attachées . Une feule s’etoit détachée de la bleflure d’un de ces pigeons, qui fut des derniers à mourir . Expériences fur des Quadrupedes Perfuadé du peu d’efficacité de ces pierres pour les pigeons ; je voulus voir fi elles vaudroient davantage pour les quadrupe- des. Je me fervis de petits Cochons d'Inde, et de très-petits Lapins. Je fis mordre à la jambe par une Vipere un Cechon d’In- de; et ayant un peu dilaté la bleflure, jy appliquai la pierre d'Italie, qui s’y attacha très-bien . Il mourut au bout d’une heu- re, avec la pierre attachée. Je fis mordre à la jambe, par une Vipere, comme cidel- fus , un Cochon d'Inde. Celui-ci mourur avant que la pierre lui fût appliquée , et prefque au moment qu’il fût mordu: cas très- rare, et que je n'ai obfervé qu’une autre fois dans le cours de mes expériences fur. le vénin de la Vipere. Ven fis fur le champ mordre un autre de la même ma- niere, et je ne lui appliquai rien. Il mourut quattre heures après. "A la To "A la fuite de ces premieres expériences, je fis mordre fuc- ceffivement 6 Cochons d’Inde ; j’appliquai la pierre à quattre ; et non aux deux autres. Trois des premiers moururent en moins de deux heures; et le quattriéme parut à peine incommodé . Les deux fans pierre moururent dans une heure, Six autres Cochon d’Inde furent foumis aux mêmes expé- riences. Les pierres furent appliquées à quattre, et non aux deux autres. Trois des premiers moururent en deux heures; et Pun des deux derniers en 26 minutes. Les deux autres n’eurent pas même une maladie fenfible . Ces expériences fur les Cochons d’Inde dépofent auffi de Pinutilité du remede proposé. Je voulus néanmoins en effayer encore quelques autres fur les lapins; et je puis certifier que le réfultat a été entierement conforme à celui des précédentes . Je craindrois d’ennuyer fi jen rapportois ici le détail. Le fait eft, que non feulement elles ne prouvent pas que la pierre foit-utile contre la morfure de la Vipere, mais elles démontrent au contraire avec la der- niere évidence, que ce remede eft tout à fait inutile. Qu'on ne m'oppofe point des cas particuliers , ou d'animaux guéris, ou d’Hommes qui ont été mordus, et ne font pas morts après l’application de la. pierre de cobras. Les expériences fur les Hommes ne prouvent rien, puifque ce vénin n’eft ordinaire- ment pas mortel pour eux, comme il ne left pas commune- ment pour les grands animaux. Pour décider fi cette pierre eft utile où non, il faut confronter les expériences avec d’autres, faites fur des animaux ,aux quels on ne faffe aucun remede,et il faut en faire un très-grand nombre. Qu’on prenne par excm- ple 100 animaux, comme pigeons, petits lapins, cochons d’In- de: et qu'on les falle mordre par autant de Viperes aux mêmes parties, et un égal nombre de fois. Qu’on medicamente la moi- KZ tié 76 tié de ces animaux avec les pierres de cobras; ou autres: reme- des wantés; et qu’on laifle l’autre moitié fans: y.rien faire . Qu'on. voye le nombre des. morts des deux côtés: fi la diffèrence eft extrémement fenfible et en faveur du remede appliqué, je dirai que probablement le remede eft utile. Et fi l’on répéte la même expérience deux ou trois autres fois fur le même nombre d’ani- maux, et que les réfultats foient toujours comme la premiere fois.; je dirai alors, que Putilité du remede eftune vérité démon- trée par l’expérience ; mais ce ne fera pas encore pour cela un fpécifique, un remede affuré. Il faudroit qu'aucun. des: ani- maux mordus ne mourût; ou que du moins il n’en.mourût qu’un très-petit nombre. Mais ce fpécifique, aprés tant d’expériences que j'ai faites, je le répute impoffible ; cu. du moins , je ne crois pas qu’on le trouvera jamais. Lachofe n’eft pas confolante; mais elle paroit vraie. Je ne prétends décourager perfonne, ni détour- ner les autres de faire d: nouvelles. recherches; mais fouvent le trop d’efpérance fait perdre inutilement un tems, qu'on auroit beaucoup mieux employé. J'elpere que certaines perfonnes. feront moins portées à croire fi facilement aux prodiges, et à vanter des rêves comme des découvertes très-importantes, et que certaines autres fe dé- fieront un peu plus de leurs propres forces,.et quelque fois. mé- me de leurs propres expériences; car il eft plus facile de croire + que de juger, et ileft auffi plus facile de voir mal , que de bien voir. Expériences fuivant la methode propoft par Kempfer . Je terminerai mes expériences fur le véain de la Vipere, par un détail de ce que j'ai obfervé, en eflayant la méthode de Kempfer contre la morfure de la Vipere, favoir, en employant les fcarifications, et la thériaque à la maniere de Kempfer. Je le DA7 le donne d'autant plus: volontieres, qu'en' éprouvant. la méthode de Kempfer ; j'ai cru devoir faire quelques expériences, qu'il eft bon de faire connoître. Kempfer propofe la thériaque, les-fcarifications, et les li- gatures, comme un remede afluré contre le vénin dela Vipere et des autres ferpens. Dans le cours.de mes-expériences , j'avois déja éprouvé Pinutilité de la thériague appliquée à la partie mordue , et prife intérieurement; et j'avois obfervé que. les fca- riications , et les. ligatures,.au. lieu d’être utiles, nuifoient con- fidérablement . [left vrai que je n’avois: jamais uni enfemble ces remédes ; cependant il me. paroîtroit bien fingulier qu'ils ne fuf- fent efficaces qu'étant unis enfemble.. Mais il convient d'autant plus de s’en rapporter è l’expérience, que Kempfer auteur très- grave, nous. aflure avoir trouvé ce remede conftamment effica- ce, et avoir guéri toutes les perfonnes aux quelles il a pù l’ap- n pliquer à tems. Je fis mordre par une. Vipere, une feule fois,.au pied, ou à la patte, un Cochon d’inde. Y ayant mis une ligature, je fis de petites fcarificacions.à la partie, j'exprimai le fang, je cou- vris le tout de thériaque , et j'obligeai l'animal à avaler de la thériaque diffoute dans. l’eau. Le Cochon d'inde ne mourut pas; mais une partie du pied: fe gangréna, et il le perdit pour tou- jours. î Je fis. mordre un autre Cochon d’Inde à la-patte , par une Vipere, à deux reprifes. La ligature faite, je fcarifiai légeré- ment la partie, Fen exprimai le fang, et je couvris le tout de thériaque, dont je frottai bien la patte. H but de l’eau de thé- riaque en quantité. Cet animal perdit toute la patte; mais il n'en mourut pas. Pour faire quelques expériences de comparaifon, je prépa- rei comme cideffus deux Cochons d’Inde, mais je ne les médi- Ca- 48 camentai nil’un,ni l’autre. Je fis feulement la ligature, et les fcarifications. L’un mourut au bout de cinq heures, et an: vécut; mais il perdit la patte comme les autres. Les réfultats de ccs expérieaces ne font ni uniformes, ni en affez grand nombre pour décider de linutilité de la méthode de Kempfer. Jai donc cru devoir faire de nouvelles expérien- ces, et de les varier un peu, en opérant auffi fur différens animaux. Je fis mordre comme à lordinaire à deux reprifes, par une Vipere, la patte à un petit Cochon d’Inde . Elle fut liée , et fcari- fiée ; le fang étant exprimé, elle fut enduite de thériaque, et on en fit boire plufieurs fois à l’animal. Il mourut deux heures après. Un autre Cochon d'Inde un peu plus petit, fut traité de la même maniere, et mourut au bout de quattre heures. Je fis mordre à l’ordinaire an nouveau Cochon d'Inde, et je ne lui fis autre chofe que les fcaritications, et la ligature ; il mourut au bout de 4 i Jen fis mordre un beaucoup plus gros, et je ne le médica- mentai point du tout. Il mourut au bout de 3 heures. Jen fis mordre quattre autres par autant de Viperes, cha- «cun à deux reprifes, à la patte; et ils furent traités tous quattre fuivant la méthode de Kempfer. Deux moururent en moins de 4 heures; et deux perdirent la patte; mais ne moururent pas. “Six autres Cochon d’Inde ayant été mordus comme cideffus; trois furent médicamentés à l'ordinaire, et trois ne le furent point. Il en mourut deux des médicamentés , et le troifiéme gué- rit fans perdre la patte. Quant aux autres, il en mourut un; l’autre fut très-malade, et le troifiéme ne mouiut pas, mais per- dit la patte. A quelques uns que je fis mordre enfuite, je fis les fcari- 79 fications, et les ligatures, et je couvris les bleffures avec de la thériaque fans leur en faire avaler; à d’autres au contraire , je fis prende de la thériaque fans leur faire les fcarifications, et les li- gatures, et fans appliquer de la thériaque aux parties mordues . Les réfultats m'ont paru propres à faire croire inutile l’appli- cation de la thériaque à la partie, et à faire juger que les fcari- fications, et les ligatures font beaucoup plus de mal, que de bien; parce qu’en général elles difpofent les parties à fe gangréner plus facilement. Je n’oferois décider de l’inutilité de la théria- que prife intérieurement. Les réfultats quoiqu’ils n'aient été ni aflez conftans, ni en aflez grand. nombre, lui font plutôt favora- bles que contraires: mais pour nous en aflurer mieux, il fau- droit un très-grand nombre d’expériences, que je: n'ai pas pù faire. Et quand même on eu feroir voir lurilité, je: crois que beaucoup d’autres. fubitances: capables. d’exciter la. circulation du. fang, feroient également utiles Jai fait beaucoup d'autres expériences fur les pigeons, et fur les petits Lapins, en employant la méthode de Kempfer. Mais je n'ai pas trouvé qu’elles lui fuflent plus favorables que les autres rapportées cideflus. De forte que je ne crains pas de certifier que cette méthode n’eft ni füre ni utile, et qu’elle pa- roîtroit au contraire dangereufe, et meurtiere, fpécialement dans les grands animaux. Mais quelle que foit Pinutilité du reméde propofé par Kempfer , j'ai. cependant trouvé fingulier que quelques pigeons aient été guéris, quoique la maladie du vénin fe fut déclarée avec les fignes les plus forts. La chofe m’a paru furprenante, et m'a déterminé à répéter plufieurs expériences, et à examiner de nouveau, fi différentes fubftances que j'avois examinées aupa- ravant, ct que javois trouvées entierement inutiles contre ce vénin , le font réellement. Ma- 80 Matieres employées contre la morfure de la Vipere: qui font; la chaux vive, la magnéfie, l'alkali canftique ; les terres abforbantes , et la corne de cerf calcinée. Je fis mordre un pigeon à la jambe par une Vipere, et y ayant fait deux petites fcarifications, je la couvris de chaux vive que jes tins appliquée avec une bande très-légere. Le pi- geon eut la maladie du vénin; la jambe fe gonfia, noircit et il s’y forma une plaie. Mais au bout de 6 jours, tout étoit guéri; et le pigeon pouvoit fe fervir de la partie bleflée. Ayant fait mordre comme cideflus un autre pigeon à la patte, et y ayant fait les fcarifications. J'y appliquai la chaux vive; il mourut au bout de 20 minunes. Je répétai-la même expérience fur deux autres pigeon; ni Jun ni l’autre ne mourut, quoiqu’ils euffent une grande maladie; au bout de 7 jours, ils étoient tout è fait guéris. Je voulus répéter cette même expérience fur fix autres pi- geons; ct-il n’en mourut que deux feuls, quoique tous les fix euflent la maladie du vénin. Cependant il y en eut un qui be dit la patte par la gangren®. Je pris deux de ces pigeons guéris, et je les fis mordre chacun par deux Viperes à pluficurs reprifes à la jambe faine. Et y avant:fait les fcarifications accoutumées, j'y appliquai la chaux. L'un mourut au bout de 27 minutes, et l’autre au ‘bout de 6 heures. De fix autres pigeons que je fis mordre, ct qui furent traités comme cideffus avec les fcarifications et la chaux, deux feuls moururent, et lesquatre autres étoient guéris 9 jours après. Deux avoient cu la gangrene fi forte aux mufcles de la jambe, qu'elle Icur refta privée de mouvement pour toujours. J'ai 81 J'ai répété ces mêmes expériences fur les petits Cochons d'Inde, et fucles pétits Lapins, et les réfultats ont été beaucoup moins favorables à l’ufage de la chaux, que fut les pigeons. Jai Ce pendene cru voir que la chaux n'a pas été entierement inutile, même dans les premieres ; mais quoiqu'il en foit des quadrupedes, il eft certain, que je l'ai crue avantageufe pour les pigeons ; les quels meurent ordinairement tous, quand la mala- die du vénin s’eft communiquée à la partie mordue: tel eit du moins le réfultat des expériences faites è Paris. En général, les jambes des pigeons mordus étoient enflées, et livides avec des fignes de gangréne; et une grande partie des mufeles du bas ventre, ainfi que tous les autres mufcles autour de la bleflure fois (2) Ce poifon eft ainfi appellé du nom des Indiens, chez lefquels on le prepare voy. les Mem. de l'Acad. R. des Sciences ann. 1745. pag. 490. (b) Petite vérole. 84 fois rien conjeéturer fur l'aGiom des poilons végétaux , que je n'avois pas encore examinés, et il ne me’paroïfloit pas poflibie: d'établir quelque chofe: de certain fur ceux-ci, même après la je- cture des principaux fymptômes de ces poifons. La méthode d’expérimenter qu'on avoit fuivie éroit très-différenre de celle que j'avois, employée en, examinant le vénin de la Vipere, et les in- duétions qu’on en: avoit tirées, me paroiffoient trop vagues , et trop. incertaines . A mon arrivée à Londres, jai pù facilement mefatisfaire fur ce fujet. M. Heberden célebre Médecin de Londres , et Mem- bre de la Socité Royale, m’a procuré un grand nombre de flêches Américaines bien confervées , et bien couvertes: de poifon; et de plus, il a eu la complaifance de me faire avoir: une bonne quan. rité du, poifon même »que j'ai trouvé renfermé et cacheté dans mi vafe de terre, qui avoit encore un érui de fer: blanc. Dans l’étu: fe trouvoit un. papier où l’on Hfoit ce qui fuit em Anglois : Indian Poifon brought from the banks of the river of the: Amazons by Don Pedro Maldonado: it is one of the forts mentioned in the pbilofèph. tranf. vol. 47. N. 12. (4) Dans le Volume cité des tranfaétions , il eft parlé de: deux poifons peu. duérens dans. leur activité: l'un appellé Lama , l'au- tre Ticuras. Le poifon du vafe de terre, dont je me fuis fervi eft le. Ticunas. On ne fait pas bien: à quel des deux appartient le poifon des flêches:;; mais J'ai trouvé par expérience, qu’ileft de la même force que le Ticunas; enforie que j'ai cru inutile de difinguer une efpece de l’autre. On a écrit bien des chofes. fur l’activité de ces poifons À mé- ri- —— ne (4) Poifon Indien apporté des. bords. de la riviere des Amazonnes par: Don Pe- dro: Maldonado.. C’efk une des. efpeces. dont il eft fair mention dans les Tran- fat. phiiofoph. Tom: XLVII, N* 12. € 85 ricains, de forte que j'ai cru devoir commencer mes expériences par degrés, en prenant toutes les:precautions poffibles. On croit que: la fimple odeur à l’ouverture du. vafe eff nuifible, et l’on craint des maux graves, et mème la mort, dès. qu'il s’en ré- pand quelques molécules dans l’air : c'eft du. moins ce qu'on lit dans les meilleurs. auteurs. Je commengai donc, auflitôt que le vafe du: poifon fut ouvert, de faire refpirer de cet air à un jeune pigeon, et je le: tins, la tête dansle vafe pendant plufieurs minutes. Quand je le tirai de là, il étoit aufli bien qu'auparavant. Je détachai avec un cifeau plufieurs. morceaux du poifon, à fin qu'il s'exci- càc un peu de poufliere dans. le vaifleau; et alors j'y plongeai de nouveau la tête du pigeon, qui ne fouffrit rien non plus dans cette feconde expérience. Dès ce moment, je ne fis: plus aucune difficulté: de m’expo- fer moi meme à. cette vapeur ,et d'en fentir l’odeur qui me: parut nauféabonde:, et défagréable. Plufieurs particules très-fines de: ce poifon entroient avec l’air dans ma bouche; et je trouvai qu'elles avoient un goût femblable, jufqu’à un certain point à celui de la réeliffe. Ainfi donc lodeur de ce poifon à fec,eft entierement in- nocente; et telles font aufli {es molécules qui entrent avec l'air dans la bouche où dans le nez, et qui vont au poumon. Mais la circoftance dans la quelle il paroït qu'on redoute le plus. ce poifon, quoique ce foit encore à l’extérieur, c’eft lorf- qu'on le réduit en vapeurs en le brùlant fur les charbons, ou lorfqu'on ie fait bouillir longtems,. et qu'il s’eleve en fumées épailles. J'ai jetté fur des charbons ardens plufieurs. petits: mor- ceaux du. poifon fec, et j'en ai fait refpirer la fumée au pi- geon,en lui tenant la tête au milieu de cette fumée. Le pi- geon n’a jamais donné figne qu'il foufrit aucunement. J'ai fait plus: j'ai fait entrer cette vapeur dans un tube de ver- re 86 re de fix pouces de hauteur fur quattre de diamètre. Quand cé tube a été tout rempli d'un fumée épaiffe et blanche, j'y ai in- troduit le pigeon . Il n'a pas paru fouffrir plus que fi je l’euffe introduit dans la vapeur du fucre brulé. Je me fuis mis enfuite à en faire bouillir une bonne quantité dans un vaif- feau de terre; Jai expolé le pigeon à la vapeur quis’enélevoit . Je l’y ai expofé quand le poifon commengoit à prendre de la confiltance; je l’y ai expofé quand il étoit devenu plus folide, qu'il commençoit à fe brûler aux côtés du vale, et à fe ré- duire tout entier en vapeurs très-épaifles, et en charbon. L’ani- mal ne fouffrit dans aucun de ces eflais, et ce fut alors que je n’eus plus aucune difficulté à le fairer, et à m'eypofer à ces va- peurs. L’odeur du poifon fec, qui brùle fur les charbons ardens elt très-désoùtante, et reflemble à celle des excrémens brûlés. Finfere de toutes ces expériences que les vapeurs des fumées du poifon Américain font innocentes, foit qu’on les flaire, foit qu'on les refpire; et M. De la Condamine avoit certainement été trompé quand il a écrit que ce poifon eft préparé par des Femmes condamnées à mort; et que l’on connoit que le poifon eft parvenu à fon point de perfeétion, lorfque les vapeurs qu'if jette, pendant qu’on le fait bouillir, tuent la perfonne qui y afifte. | Il n'y a aucun parmi les Voyageurs fenfés qui ont vifité le Continent de l'Amerique , qui ait parlé de ce conte qu’on de- bite fur les accidens qui arrivent aux vieilles Femmes deftinées à ia preparation du Ticunas. M. la Condamine lui même n’en parle que d’après le récit très-douteux de quelque naturel de ce Pais: Etc’eft auf fur des pareilles autorités, qu'il a cru, que le fel et le fucre mème fuflent des fpecifiques contre ce poifon. Mes expériences mont appris pour tant, qu'il ne font d’aucune. va- leur, et que ce feroit en vain, qu'on fe flatteroit d'obtenir la gue- cifon ; 97 rifon par ces remedes, fi on atiroit eu le malheur d'avoir été vraye- ment empoifonné par le Ticunas. Il n’eft pas à douter que le Poifon dont fai fait ufage dans mes expériences eulfe fouffert, ou perdu de fon a@ivité par l'age, et d'attribuer à celà fi la vapeur qui s’en exhaloit, n’etoit pas meurtriere, même pour les animaux les plus delicats; car il avoit très-bien confervé fa proprieté eflentielle de tuer en très-peu de tems, et en très-petite dofe des animaux très-forts; et ce fut toujours fans fuccés, que je tachai d’oppofer à fon ation le Sucre, ou le Se/, qui font cependent les deux fpecifiques de M. la Con- damine , qui a fuivi en cela auffi l’opinion des perfonnes du pais. Ce poifon fe diffout facilement et très-bien dans l’eau, iméme à froid, comme auffi dans les acides minéraux et végé- taux. Cependant il fe diffout beaucoup plus tard dans l’huile de vitriol que dans les autres acides, et y devient noir comme de l'encre: ce qui n'arrive avec aucun des autres acides. Il ne fait aucune effervefcence ni avec les acides, ni avec les alkalis, et n’altere point le lait, qu'il ne teint que de fa couleur naturelle . Il ne change le fuc de raves ni en rouge ni en verd, et lorfqu’on Pexamine au microfcope son n’y voit rien de régulier et de falin; mais il paroit compofé en grande partie de très- petits corpufcules irrésuliers fphéroides, è l’inftar des fucs des végétaux. Il fe défléche fans fe crevañler, différent en cela du vénin de la Vipere; et mis fur la langue, il a une faveur ex- trémement amere. Je concluds de tout cela, qu’il n’eft ni acide ni alkalin» et qu'il n’elt pas compofé de fels vilibles même au micro- {cope. L'ordre que je m’etois propofé de mettre dans mes expé- riences, plus que la curiofité, m'a engagé à examiner fi ce poi- | fon 88 fon feroit meurtrier étant appliqué immédiatement fur les yeux, ou s’il y exciteroit quelque maladie ou irritation. J'avois déja trouvé que le vénin de la Vipere eft tout à fait innocent lor- fqu’on l’applique fur les yeux, de quelque maniere que ce foit, de même qu’il left pour la bouche, et pour l’eftomac. Jétois curieux de voir les rapports qu'il pouvoit y avoir entre ces deux poifons fi aifs, ct fi différens dans leur origine. Je commen- gai donc par en mettre une petite quantité difloute dans l’eau, fur l'oeil d’un Cochon d'inde. Cet animal ne parut point en fouffrir ni dans le moment, ni dans la fuite, et l’oeil ne fut point du tout enflammé. Je répétai cette expérience au bout de deux heures fur les deux yeux du même animal, et j'y appli- quai une plus grande quantité de poifon: ce Cochon d’Inde ne fouffrit pas la plus petite incommodité, et fes pe fe main- tinreut dans leur état naturel. Je répétai cette expérience fur les yeux de deux autres Cochons d’Inde, avec le même fuccès, et tel fut auffi le réfultat de toutes les expériences que je fis enfuite fur ies yeux de beaucoup d’autres animaux, et particu- lierement fur les yeux des Lapins. Je ne pus jamais obferver aucune altération dans leurs yeux, et je trouvai que ce poifon ne les incommodoit pas plus que, fi je les eufle baignés avec de l’eau; d’où je crois pouvoir conclure, que le poifon Améri- cain weft point un poifon, lorfqu'on lapplique fur les yeux, et qu’il n’a aucune aétion fur ces parties . Mais ferat-il auffi innocent pris par la bouche , et avalé? M. De la Condamine, ettous les autres auteurs qui ont par- 18 de ce poifon, le croyent enrierement innocent pris intérieure- ment, et telle eft l’opinion de tous les Américains. La raifon qui le fait croire tel,eft qu'on peut manger impunément les ani- maux tués avec ce poifon, ou pour mieux dire, avec les flêches . empoifonnées. Cette raifon eft plus fpécieufe que convaingante , par- $9 parceque cette fubftance peut ètre un poifon lorfqu'elle eft in- troduite dans le fang, même en très-petite quantité , et ne l’être que fous une ‘beaucoup plus grande dofe lorfqu’elle et prife par la bouche. On rapporte dans le journal Britannique redigé par M. Cleaby ( Tom. 13.p. 85. ) qu'un petit Oifeau à qui l’on avoit fait avaler de ce poifon, mowrut fur le champ. Mais cette obfer- fervation feule, ifolée , «et depourvue des circoftances neceflaires n’eut aucan pouvoir fur l’efprit des auteurs qui ont traité de ce poifon, et qui, malgré cela, ont continué à le régarder comme tout à fait innocent, lorfqu’il eft pris intérieurement. Voici les expériences que J'ai faites fur ce fujet: elles fer- vent encore à nous rendre avifés avant de prononcer, même après avoir corfulté l’expérience. Je fis avaler deux grains de poifon diflous dans Peau à un petit Lapin, et je le forgai enfuite à boire une cueillerée à caffé d’eau pour lui laver la bouche, et faire defcendre tout le poifon dans fon eftomac. Cet animal ne parut fouffrir aucunce- ment ni fur le champ, ni dans la fuite. Je fis boire à un autre petit Lapin comme cideflus trois grains de peifon, et il n’en fouffrit pas plus que le premier. A’ un autre petit Lapin,je fisboire quattre grains de poi» fon, et il n’eut rien non plus. Je fis la même épreuve fur trois petits Lapins, au troifiéme des quels je donnai 6 grains de poifon, et il n’eut rien de même que tous les autres. Je croyois que ces expériences pourroient fuffire pour m'affurer que le poifon Américain el innocent pris intérieure- ment, comme l’eft le vénin de la Vipere; mais je me ferois trompé. J'eus la curiofité de l’éprouver fur un petit pigeon. Je lui fis avaler fix grains de poifon, et il mourut en moins de Tome IL M 25 go 25 minutes. Je répétai cette expérience fur deux autres più geons , ils. moururent tous deux en 30. minutes. Ces. dernieres expériences qui paroiffent contredire les pre: mietes, m'ont obligé d’en faire en grand nombre de nouveau fur les Lapins, et fur les Cochons d'Inde. Je fis donc avaler cinq grains, de poifon à un. petit Cochon d’lude, et je le: trouvai mort au bout de 25 minutes. Je fisavaler, peut être huit grains de poifon à un petit Lapin. Au bout de 30 minutes il paroif- foit n'avoir encore. aucun mal; 30 autres minutes après, il com- menga. à. fe. foutenir mal fur: fes: pieds; au bout de 4 minutes de plus, il tomba comme: mort, et dans 4 autres minutes il fut tout à fait mort. Je fis avaler environ dix grains de poi- fon à deux autres petits. Lapins, et à deux: autres. Cochons. d’in- de. Un. des Lapins mourut en. moins de 45 minutes, et les deux Cochons d'inde en. 20, minutes... Ces. réfultats. me: porterent à croire qu’une: plus: grande do- fe de poifon produifoit. plus: fùrement la mort; et que la mé- me. quantité de poifon produifoit. des effets. différens dans les mêmes animaux, felon l’état de- leur: ventricule. J’avois obfer- vé en général, en faifant les expériences ci deflus, que les ani- maux mouroient plus difficilement, ou n’avoient aucun mal, lorfqu'ils: avaloient ce poifon ;: leur: eftomac étant: rempli. J'en voulus. faire l’effai dans trois Lapins, et dans. deux pigeons, que je tins longtems, fans alimens. Ils: moururent tous en: moins de 35 minutes, avec trois grains. feulement de poifon. Je: répé- tai cette expérience. fur cinq. autres de: ces animaux ;, mais, qui avoient l’eftomac: plein: il n’en mourut qu’un feul . J'en déduis comme une: vérité de fait, que le poifon Amé- ricain pris intérieurement ell. un poifon; mais qu’il en. faut une. quantité fenfible pour tuer. même un petit animal. Les faits rapportés ci deflus fur le poifon Américain, qui à pe- | gi à petite «dofe.eft innocent, et à plus grande dofe eft meurtrier, me feroient croire, que le vénin de la Vipere qui eft innocent à l’intérieur, pris en petite quantité, feroit mortel s’il étoit pris à plus grande dofe. Le fentiment de flupeur qu'il excite fur la langue , et qui dure fi longtems paroit fuffire pour faire croi- re quece vénin n’eft pas tout è fait innocent, et que pris en gran- de quantité il pourroit très-bien donner la mort. Je me reférve de faire cette expérience dans quelque autre occafion ; et alors j'emploierai le vénin de 18 à 20 Viperces; je le ferai avaler à un petit animal, fon eftomac étant vuide, et Jofe prédire d'avance, que probablement il mourra. Parceque fi à une très-petite dofe ce vénin détruit le mouvement, ec le fentiment de la langue, c’eft à dire, les principes de la vie ani- male dans cet organe, une plus grande quantité devra les détrui- re dans les organes plus eflentiels à la vie. Si l’on confidere que le vénin pris par la bouche doit s'é- tendre fur une très-grande furface toujours humide, et fe mêler avec les alimens de l’eflomac, et que les vaifleaux inhalans font très-petits; il ne paroîtra plus extraordinaire qu’il ne nui- fe point lorfqu'il eft pris en petite quantité, de même qu’on l’obferve du poifon Américain. Je commengai mes expériences fur l’aétivité de ce poifon, en me fervant d’une lancette enduite de poifon diffous dans leau. Je bleflai avec cet inftrument un petit Cochon d’Inde par trois fois à la jambe, à différens intervalles; la lancette étoit pleine de poifon ; mais animal n’en fouffrit aucunement. Je fis la même épreuve fur trois autres petits Cochons d'Inde, et fur un Lapin. Aucun de ces animaux ne mourut, ni ne parut fouf- frir. Dans tous ces cas le fang fortoit vifiblement des bleflures , d’où je foupgonnai que le poifon ne pouvoit fe communiquer, et qu'il étoit rejetté au dehors, comme je l’avois obfervé è l’é- M 2 gard 9% gard du vénin de la Vipere, qui fouvent ne nuit pas par cette raifon. Mon foupgon fut bientôt confirmé par les expériences ul- tériures. Jimpregnai de poifon un fimple fil, et je le paffai è travers la peau d’un Cochon d'Inde auprès d’un de fes tettins. It n'eut aucun mal. Jimpregnai de poifon un autre fil en trois doubles, et je le laiflai d’abord un peu fécher, de crainte que le poi* fon: ne reftât fur la peau à mefure que le fil la traverferoit. Je le fis paffer à travers la peau de la cuifle d’un: petit Lapin, au- près de fon ventre. Au. bout de fix minutes ce Lapin: comiméu- ga. de trembler, et de paroître foible; une minute après, il tomba fans. mouvement; de tems.en tems il lui prenoit de lé- geres convelfions; il mourut au bout de fix autres minutes. Je répétai fur deux autres Lapins, et fur trois Cochons d'Inde, cette même expérience avec le fil redoublé. Ils mouru- rent tous dans l’efpace de 30 minutes, et ils tomberent fans force, et furent failis des. convulfions de la fixiéme , ou feptiéme minute. J'étois. curieux: de voir fi le poifon Américain pouvoit fe cammuniquer aux. animaux, et tuer, étant fimplement appliqué à la: peau grattée, ou à peine entamée avec la pointe d’une lancet- te. J'avois. obfervé à. Paris, que le vénin de la Vipexe communi- que à la vérité une maladie locale dans-ces:cas-là, et qu'il ak tere et corrompt la peau; mais-qu’il ne va. pas jusqu'à tuer. Le poifon Américain au- contraire ne produit jamais de maladie lo- cale, comme je l’avois: obfervé en faifant les expériences que j'ai rapportées ci deflus , et il laifle les: parties bleflées dans leur état naturel: ce qui forme une- différence: effentielle entre le vénin de la Vipere, et le poifon Américain Jenlevai le poil avec les cifeaux,à un petit Cochon d'In- : fur la peau de la cuilfe, et je légratignai Jégerement avea une 33 une lime. Il ne fortoit pas vifiblement du fang ;. mais on voyoit de petites taches rouges, et la peau étoit devenue humide. Je la mouillai avec une goutte de poifon diffous dans l’eau. Au bout de 10 minutes, il donna des fignes de convulfions; peu après. il tomba fans mouvement ; il avoit feulement de tems en tems des convulfions plus ou moins fortes. H mourut au bout de 20 minutes. La peau où le poifonavoit été appliqué, n’étoit point du tout altérée. Cette expérience eut le même réfultat fur deux autres Cochons d’Inde ,et fur un petit lapin , qui mou- rurent tous. trois en moins de 27. minutes avec les fignes lcs plus manifeftes de convulfions . Je voulus voir fi les animaux plus gros pourraient refi (ter à ce peifon appliqué feulement è la peau égratignée. Jentamsi légerement en plufieurs endroits,avec la pointe d’une lancette, Ja peau: que javois rafée, à un: gros lapin, et je la mouillaï avec plulieurs gouttes de poifon. Au bout de 15 minutes il devint moins vif qu'auparavant et il fecouoit. de tems en tems la tè- te, comme s’il eùt eu de la peine à la foutenir ;- maisen moins de 20 minutes de plus, il redevint aufli. vif que jamais. Je répétai cette expérience fur un autre lapin , mais plus petit . Au bout de dix minutes, il donnoit des fecouffes à fa tête, à peine pouvoit il marcher et fe foutenir fur les pattes; mais vingt mir nutes après, il redevint auffi. vif qu'auparavant .… Je rafai avec un rafoir environ un pouce: de la. peau. à un très-gros lapin. Il fortit un peu de fang, quoiqu'il ne pa- rût aucune coupure. Je mis fur cette peau environ: trois gout- tes. de poifon. Au bout de 6 minutes, le lapin donna des fi- ones de mal aife et de grande foibleffe ; une minute. après, il tomba comme mort: à peine refpiroit-il fenfiblement. De tems. en tems il convulfionnoit. En moins de 46 minutes il revint au point de marcher très-bien; il commença peu après à man- ger » et parut n’avoir plus aucun mal. | Ho 94 J'égratignai la peau de la cuile à une poule, et j'y ap- pliquai le poifon. Elle n’eut aucun mal quoique je reiterafle cet te expériencè à deux reprifes, fur d’autres endroit de la peau. Je fcarifiai légerement la peau d’une cuifle à un pigeon, et jy appliquai le poifon diffous dans l’eau. Au bout de 25 minutes, il étoit fi foible, qu'il ne fe tenoit plus de bout, ettl éprouvoit des convulfions par intervalles. Il tomba peu après comme mort, et refta pendant plus de trois heures dans cet état de mort apparente. Il commença cependant enfuite à fe remet- tre peu à peu, au point ,qu’au bout d’une demi-heure il fembloit n'avoir jamais eu de mal. Cette expérience fut répétée fur cing autres pigeons. Trois moururent en moins de 20 minutes: les deux autres tomberent dans les convulfions, mais à la fin ils en revinrent. D’autres expériences faites depuis, tant fur les oïfeaux que fur les quadrupedes, m’ont fait conclure, que le poifon Améri- cain, appliqué fur la peau à peine égratignée, peut donner la mort; quoique non pas toujours ni dans toutes les circonftances. Les animaux plus gros réfiftent plus facilement à l’aétion de ce poifon , et lorfque les animaux, même les plus foibles ,n’en meu- rent pas; ils fe trouvent en peu de tems aufli fains qu’aupara- vant . Je defirois de connoître la quantité qu’il falloit de ce poi- fon pour tuer un animal. J’avois fait en France une recherche femblable fur le vénin de la Vipere, et j'y avois determiné la quantité requife de ce vénin pour tuer les animaux. Je pouvois bien préfumer que très-peu de poifon Américain fufhfoit pour Ôter la vie à un petit animal, puifque une goutte ,;ou deux, ap- pliquées à la peau égratignée, avoit pù donner la mort à plus d'un. Mais je voulois quelque chofe de plus précis. Je fis toucher un floccon à peine vifible de cotton, à un 95 un : de goutte de diflolution de poifon dans une telle quantité d’eau, dont lé poifom pouvoit faire à peine la è partie. J'intro- duifis. ce floccon dans un des mufcles de la jambe d’un pigeon, et il ne parut point en fouffrit. Deux heures après, je mis dans un autre mufcle un atò- me de poifon fec que je pouvois à peine appercevoir à la vie fimple : le pigeon n’en fouffrit pas davantage. Je répétai l’ex- périence du poifon fec fur trois autres pigeons, dans un des- quels le morceau de poifon fec étoit très-fenfible; mais: aucun ne mourut, ni ne parut fouffrir. Je fis les mêmes expériences fur trois Cochons d’Inde, et fur deux petits Lapins, avec le même fuccès, et aucun ne parût même fouffrir . Cependant le poifon n’avoit pas été diffous par les humeurs de la partie bleflée, et je trouvai les petits morceaux de poifon tout-à-fait enticrs . J'appliquai fur un mufele à un autre pigeon, un floccon de cotton beaucoup: plus gros que ceux de ci deflus, et jy fis imbiber environ huit fois plus de poifon: le pigeon tomba. au bout de 6 minutes, et peu après il mourut. Jappliquai aux mufcles de deux Cochon d’Inde, des floecons de cotton imbibés de poifon à peu près comme le précédent. L’un mourut au bout de 12 minutes. L'autre tomba comme mort au bout de 6; mais il revint peu de tems après. Je concluds de ces expériences, qu’il faut environ = de grain de poifon pour tuer un petit animal, et qu’il eft néceffai- re que le poifon fe diffolve; pourqu'il donne la mort, ou pour qu'il occafionne quelque: dérangement fenfible dans: l’économie animale. Jai fait diverfes expériences pour déterminer fi le poifon Américain appliqué aux bleffures de la crête des poules, ou aux égratignures: des oreilles des quadrupedes feroit mortel, ou dan- gc- 96 gereux. Le vénin de la Vipere n’eft ordinairement pas mortel dans ces parties ; et la maladie ne fe manifefte pas à la crête ve- nimée; mais bien aux barbes, qui s’euflent, horriblement , au point de faire fouvent mourir l'animal. J'ai donc bleflé plufeur fois la crête à des poules, j'y ai ap- pliqué le poifon Américain; je d’y ai infinué deux fois avec du cotton qui en étoit bien imbibé , fans avoir jamais pù produire aucune maladie. Mais l’expérience eut un autre fuccès fur les oreilles. Après avoir fait plufieurs tentatives toutes infruétueules pour communiquer le poifon, en égratignant eu bleffant lesoreil- les à plufieurs lapins, qui ne parurent avoir jamais aucun mal; je réuffis enfin à en faire mourir deux en moins de 30 minutes, après leur avoir appliqué une grande quantitè de poifon dans les parties les plus charnues de l'oreille, que j'avois bleffée enbeau- coup d’endroits avec la pointe d’une lancette . Les expériences fur les oreilles m’avoient fait voir que lorfqu’il y a peu de vaiffeaux fanguins, ou la maladie ne fe communique pas, OU elle n’eft pas mortelle. En cela le poifon Américain a beaucoup d’analogie avec le vénin de la Vipere. Celui-ci eft tout è fait-innocent, lorfqu’il et appliqué aux ten- dons, furtout s’ils font exempts de vaifleaux rouges; de même, Je poifon Américain, de quelque maniere qu'on Fapplique aux tendons , ou à d’autres parties du corps, privées de vaifleaux comme par exemple, au tiflu cellulaire, aux lisamens, eft en- tierement innocent. Il feroit fuperflu de rapperter le détail de ces expériences, qui feroit fans doute trop long, et qui n’eft point abfolument néceflaire, comme on la verra par la fuite. J'avoi envie de favoir, fi le poifon Américain infinuê dans les mufcles étoit plus meurtrier, que loriqu'o8 l'appliquoit à la peau percée même de part en part. Un gros Cochon d’Inde qui avoit éffuyé deux jours auparavant l'opération, du poifon dans fa 97 fa peau coupée, à deux reprifes fans foufftir aucune maladie, et une troifiéme fois avec de légers fignes de maladie, mourut en moins de 12 minutes, après qu'on lui eut appliqué du poi- fon fur les fibres coupées d’un mufcle de la jambe. Au bout de trois minutes, il tomba prefque fans aucun figne de vie ,et avec perte totale de mouvement. Jai répété dix fois cette expérience , ct toujours les animaux , tant Cochons d’Inde , que pigeons , et lapins de groffeur mediocre., font morts; en forte que je ne puis dou- ter que les bleffures empoifonnées des mufcles ne foient plus meurtrieres que celles de la peau, des oreilles, et des crètes des poules. La méthode la plus certaine pour y réuflir eft de bien enduire de poifon un brin de bois fpongieux et tranchant et de l’infinuer prelque déffeché dans la fubftance du mufcle dé- couvert. Mais cette méthode ne me réuffit cependant pas, par trois fois que j'en fis ufage fur le crêtes des poules; je ne pus voir aucun figne de maladie quoique le bois fût bien imbibé, ct que je leufle Jaiflé pendant pluficurs heures dans les crêtes per- cées de part en part. C’eft dans cette occafion que je fis ufage des fléches; j'en employai pluficurs à percer la peau des animaux, et beaucoup d'autres à percer les mufcles. Tous les animaux qui en furent percés à la peau ne moururent pas, quoiqu'il en mourût beau- coup. Les gros lapins furtout y rélifterent le plus; mais il n’c- chappa aucun de ceux auxquels j’avois percé les mufcles avec ces flèches. J'ai trouvé en général que les flêches font plus dangereufes et plus meurtrieres, que le poifon diflous dans l’eau et fimple- ment appliqué à la partie bleffée. J'ai obfervé que le poifon des flêches eft plus a&if fi on les trempe auparavant dans l’eau chaude, et qu’alors elles operent Tome II, N plus 93 plus certainement et avec plus de promptitude. Leur aétivité croîe encore davantage fi on les trempe dans le poifon bouilli dans leau à conliftance de julep. Divers animaux même afles gros, comme les lapins, font tombés fans. pouvoir plus. fe remuer, en moins de deux minutes; et en moins de 8, ils étoient morts. Quelques-uns des petits ont paru, fouffrir en. moins d’une minute . J'infinuai une de ces fléches, bierr enduites. du poifon bouil- li, dans la crête d’une poule, et je l’y laiffai un jour entier , fans que l'animal donnât aucune marque de fouffrance. Le jour d’après je lui perçai d'outre en. outre. la crête et les. barbes avec deux nouvelles flèches. préparées, comme cideffus, et Je: les y l’aiffai pendant 10 heures. La poule n’eut non plus aucun mal dans cette. feconde opération. Après cela je lui infinuai une flèche à travers un des, mufcles de la jambe, et elle mourut en 42 minutes. Les acides, et les. alkalis ont-ils. le- pouvoir d’ôter la qualité meurtriere au. Ticunas. Parmi les recherches que je m’étois. propofées pour l’examen, de ce poifon, étoit celle des altérations qu'il pourroit éprouver, lorsqu'on l’uniroit aux acides, et aux alkalis; comme je. lavois. fait du vénin de la Vipere. J’avois trouvé que ni les acides mi- néraux les plus forts, ni les alkalis les plus aétifs n’ôtoient au vénin de cet animal fes qualités malfaifantes. Je voulus éprou- ver s’il en feroit de même du poifon Américain. ?A cet effet je fis difloudre de ce poifon dans les trois acides minéraux ;, j'en fis dilloudre auffi dans le vinaigre diftillé, et dans. lerum; etau bout de quelques heures, je fis les expériences fuivantes. Je fis de petices incilions fur la peau à un petit ica Ci 99 de, et je la couvris plufieurs fois de poifon diffous dans l’acide nitreux . L’animal ne parut fouffrir que l’incommidité méchani- que des bleflures, et de l’acide. Au bout d’une heure, il étoit aullì vif qu’aupatavant. Deux heures après, je répétai cette expé- rience fur un autte ‘endroit de la peau préparé de la même façon, me fervant du poifon diflous dans le rum; l’animal mourut cu moins de 4 minutes. Je bleffai légerement la peau à un petit Lapin, et j'y ap- pliquai plufieurs gouttes de poifon diffous dans l'huile de vi- triol. Il ne parut point fouffrir, et fut aufli vif qu'auparavant . Au bout de 4 heutes, je préparai une autre partie de la peau comme ci deflus, et J'y appliquai plufieurs gouttes de poifon dillous dans le vinaigre diftillé. Il mourut en 6 minutes, ct il tomba en moins de 4. Je prépatai à l’ordinaire la peau à un petit Lapin, et je la couvris de poifon diffous dans l’acide marin. L’animal ne parut foufitir aucun mal. Au bout de 6 heures jappliquai fur une autre endroit de fa peau le poifon diflons dans le rum. Au bout de 45 minutes il tomba avec des convulfions; mais il fe rétablit en moins d’une heure. Ces premieres expériences femblent montrer que les acides minéraux rendent tout à fait innocent ce poifon, et qu’au con- traire le vinaigre, et le rum n’y font aucune altération. Je con- tinuai mes expériences fur le poifon diflous dans le vinaigre, et dans le rum, et les réfultats furent un peu variés. De fix ani- maux traités avec le poifon diflous dans le vinaigre, iln’en mou- rut que deux. Deux autres eurent tous les fignes de la: maladie du poifon, et les deux dernies n’eurent aucun mal. De fix au- tres traités avec le poifon diffous dans le rum, il en mourut cinq, et le fixiéme eut la maladie du poifon; d’où il paroit dé. montré, que le poifon diffous dans ces deux fluides conferve fes qualités meurtrieres . Nii2 Au Ï CO LA Au contraire, Jai répété les expériences avec le poifon diffous dans les acides minéraux, fur fix animaux, dont aucun n'eft mort, ni n’a paru avoir aucun principe de maladie du poifon. Il me vint un foupgon; que peut être le poifon étoit in- nocent dans ce cas, non qu’ileùr perdu fes qualités meurtrieres mais plutôt parcequ'il ne pouvoit s’infinuer dans les parties blefées, à: caufe de la trop grande ation des acides minéraux fur la peau, et fur les vaifleaux, qu’ils raccornifient, et cautérifent en quelque façon. Pour m'éclaircir de ce doute, je fis évaporer au feu le poifon. diffous dans les acides minéraux, et lorfqu’il fat fec, je Pappliquai plufieurs fois è pluficurs animaux, fur différens endroits de leur peau; mais aucun ne donna-le moindre figne de ma- ladie. Il paroit donc que les acides minéraux enlevent au poifon Américain fes qualités nuifibles: je dis fimplement qu'il paroit, parce qu'on pourroit foupgonner encore, qu’il refte un peu d’aci- de uni au. poifon après qu'on l’a évaporé, et que cet aci- de produit fon effet ordinaire fur les vaiffeaux de ta peau. J'au- rois dû répéter ces expériences, après avoir lavé plufieurs fois: le poifon dans l’cau:, et Pavoir rendu infipide; mais à cette épo- que je manquaïi d'animaux pour vérifier ce nouveau: foupçon', et depuis je n’ai jamais eu le tems de revenir far cette matiere. Quant aux fels alkalins, je puis dire que je ne me fuis pas appergu qu'ils aient altéré ce poifon en aucune maniere, et l’aient rendu moins meurtrier qu'auparavant. M eft vrai que je n’ai ni répété ni varié ces expériences. autant qu'il l’auroit fallu, et que je l’auvois fait, fi je n’eufle trouvé beaucoup de difficulté à me procurer les animaux, ct fi n’eufle eu en vie des expériences beaucoup: plus importantes . Il étoit naturel de foupconner que puifque les acides empé- chent 101 chent l’aGion du poifon fur les animaux, ces mêmes acides pourroient être encore un remede contre ce poifon. Je préparai à l’ordinaire la peau d’un petit Cochon d'Inde, ct je la couvris entierement de poifon; au bout d'environ 40 fusondes, je la lavai avec de l’acide nitreux, et enfuite avec de l'eau pure. L'animal n'eut aucun mal. Deux heures après je fai mis du poifon dans un mufcle, et jy appliquai auffitòt l'aci- de nitreux; mais il tomba à Vinftant convulfionnant , et fans for- ce, et au bout de 2 minutes, il fut mort. Je répétai cette expérience fur les mufcles d’un autre Co- chon d'Inde, et à peine y avois-je appliqué le poifon, que je les lavoîs avec de l'acide nitreux un peu étendu d’eau. Deux minu- tes après, il tomba dans les convulfions, et fut mort au bout de 4 minutes. Vempoifonnai comme ci deflus les mufcles à quattre pigeons , et l’inftant d’après je les lavai avec l’acide nitreux. Ils mouru- rent au bout d’une minute. Craignant que ce ne fut l'effet de l’acide nitreux , plutôt que celui du poifon, je me fervis d’aci- de nitreux très-afloibli fur 4 autres pigeons. Mais ils moururent tous quattre, quoique beaucoup plus tard. Je voulus voir fi la fimple application de lacide nitreux fur les mufcles pouvoit tuer les pigeons, et les petits Cochon d'Inde. Jen fis l’expérience fur deux pigeons, et deux Cochons d'Inde. Les pigeons moururent tous les deux peu après; mais les Gochons d’Inde ne moururent pas; quoiqu’un des deux pa- rût avoir beaucoup foufert. Il me paroit donc que les acides font un remede inutile et dangereux ; fi on les applique aux mufcles empoifonnés de l’a- nimal. Cons- 102 Combieu de tems faut-il an Ticunas pour manifeffer fes effets ameurtrieres aux animaux emporfonner . 3 Je ne dirai rien de quelques autres remedes , que j'ai emplo- yés ; parceque l’expérience m’a fait voir que tout eft inutile foit qu’on les applique tôt ou tard, extérieurement, ou à l’intérieur. Quand le poifon eft infinué profondément, quand il s’eft déja introduit dans les humeurs, tout remede vient trop tard. Il me reftoit à faite une recherche très piquante, ct qui pouvoit encore être utile dans certains cas. Mes expériences fur le vénin de la Vipere m’ont donné occalion de faire cette re- cherche fur le poifon Américain. Javois déterminé le tems qu’ emploie le vénin de la Vipere pour fe répandre dans le corpsde l'animal, et celui où il peur être utile de couper la partie veni- mée, ou d’y faire des ligatures, pour empêcher que le vénin né fe communique à l’animal par le moyen du faog. J'introduifis dans les mufcles de Ja jambe, à un pigeon une flêche Américaine, trempée auparavant dans de l’eau chaude. Au bout de 4 minutes, je fis une ligature médiocrement ferrée, au deffus de la partie bleflée , immédiatement au deffus du fe- mur et Jy laiflai la flêche. Au bout de 26 heures, lanimal ne parut avoir d’autre mal que celui que lui avoit fait la fimple h- gature. J’ôtai alors la flêche, et je défis la ligature. La partie étoit un peu enflée et livide; mais l’auimal ne mourut pas pour cela, quoiqu'il ne pùt fe fervir de fa jambe qu’au bout de plu- fieurs jours, et qu'avec quelque peine. Je perçai avec une nouvelle flèche les mufcles à un autre pigeon, comme ci deflus, etau bout de 6 minutes, Jy fis la li- gature et J'y laiffai la flèche. Au bout de quattre minutes, le pi- gcon n’avoit plus la force, de fe foutenir ou de tenir la tête droi- re, 103 tre. Peu après, iltomba comme mort, et il mourut en effet au bout de 6 minutes de plus. Je répétai la même expérience fur un autre pigeon, et je laiffai la flèche dans les mufcles. Au bout de 8 minutes, je lui liai la jambe. Trois minutes après, il commenca à donner des fignes de malaife; mais en peu: de: tems il fe remit. Au bout de 26. heures, il vivoit encore, quoique les mufcles fuffent livides. J'ôtai la ligature ;: et deux heures après il mourut . Je foumis un quattriéme pigeon à la même épreuve, et je fis la ligature cinq minutes après, laiffant Ja flêche dans les mu- {cles . Il mourut au bout de deux heures. Je répérai cette expérience fur 4 autres pigeons, et je leur fis la ligature au bout de deux minutes. Il n'en mourut aucun. Dix heures après j'ôtai, la ligature; et il en mourut trois; le quattriéme guérit parfaitement . Je fis la même expérience avec les mêmes circonftances , fur 4 autres pigeons, à cela près que je n'ôtai les ligatures qu’au bout de 30. heures. Un feul en mourut au bout de deux jours; cer- tainement par l'effet de la ligature , qui étant trop forte avoit pro- duit la gangréne dans les: mufcles .. J'ai répété ces mêmes expériences fur des pigeons beaucoup plus jeunes ; auxquels on peut couper la jambe fous le femur fans. qu'ils en meurent; il n’en cit mort aucun de ceux auxquels j'ai coupé la: jambe au bout de deux minutes, et il n’en eft mort que deux de dix auxquels je l’avois coupée au bout de 3 minutes . Avec cette méthode il meurt moins de pigeons qu'avec lu ligature, quand on l'emploie à la même époque. La raifon ca eft que: l'amputation ne produit ni la: mort ni aucun dérangement notable dans ces animaux; au lieu que la lisature fait fouvent gangrénér les parties bleflées par les flêches ; et le pigeon meurt fouvent de la gangrène. Jai 10% J'ai fait les mêmes expériences fur les petits Cochons d’Inde et fur les petits Lapins; foit en leur coupant la jambe bleflée, foit en leur faifant la ligature; les réfultats, ont été en partie analo- gues à ceux que J'ai obfervés dans les pigeons, quoique avecun peu moins de coftance et plus d'incertitude. | Jai vû en général, qu'il faut un tems déterminé pour que le poifon Américain fe communique à l’animal; que ce temseft beaucoup plus confidérable que ce lui qu’exige le vénin de la Vipere pour fe communiquer; que les effets du poifon Américain fur les animaux font plus vagues et plus variés; et enfin qu’on peut guérir de l’un et de l’autre, encoupantles parties, quand ca peut les emporter fans danger de mort, pourvù que l’amputa- tion foit faite è tems. Dans les expériences que Jai faites fur le vénin de la Vi pere, J'ai trouvé qu’il n'eft pas tel pour tous les animaux, et qu'il y a des animaux à fang froid, pour les quels il eft entie- rement innocent. Jai eu la curiofité de voir s’il en feroir de même du poifon Américain. Tous les auteurs qui ont parlé du poifon Américain nous difent que c’eft un poifon pour tous les animaux; mais croire une chofe c’eft être encore bien loin de la prouver. Il faut des expériences , il en faut un très-grand nombre, et nous ne voyons pas, qu'ils en aient fait affez, pour tirer une conféguence auf générale . ; Expériences fur les animaux à [ang froid. Je commençai par infinuer de ce poifon dans les mufcles des grénouilles. Elles en moururent en peu de tems. Je paflai aux anguilles, aux quelles jinfinuai des flêches vers la queue. Elles moururent toutes, quoique fort tard. J'avois 105 J'avois trouvé que le vénin de la Vipere eft tout à fait innocent pour la Vipere même, et pour les couleuvres. Je ne pus avoir que deux de ces dernieres, et je ne fis que peu d’ex- périences que je crois cependant tout à fait décifives. Je pergai avec une flèche bien enduite de poifon, qui étoit de la confiftan- ce du firop,unde ces ferpens vers la queue, et je laiffai la fle- che dans les mufcles. A l’endroit où jinfinuai la flêche, j'avois auparavant fait une incifien, à fin que le poifon diflous, qui fe trouvoit fur la fléche , pùt entrer aufli avec facilité dans les mu- fcles. Je fis enfuite de petites incifions dans les mufcles, à l’en- droit de la bleffure, et j'y infinuai du nouveau poifon. Le fer- pent parut n’avoir aucun mal, et plufieurs heures après; il étoit auffi bien qu'auparavant. Je l’enfermai dans un chambre, et au bout de fix heures l’ayant ouverte, je trouvai que le ferpents’étoit enfui, et je ne l’ai plus retrouvé depuis. Je répétai fur une autre couleuvre un peu plus petite cet- te expérience plufieurs fois à differens intervalles. La Derniere fois, Jinlinuai deux flèches empoifonnées dans les mufcles de la queue, et Je les y laiffai pendant 24 heures. J’appliquai pluficurs fois autour des blefflures le poifon rapproché en confiftance de fi- rop , et je l’y introduifis è grande dofe avec un brin de bois; l’animal ne mourut, ni ne parut-fouffrir fenfiblement. Jai pù répéter plufieurs fois cette même expérience fur les Viperes. Il n’en eft mort aucune du poifon , quoique j’en aïe blef- fé quelques unes dans les mufcles vers la queue avec plufieurs flé- ches bien enduites de poifon en confiftence de firop. Je leur ai laifé les flèches dans les mufcles pendant 20 et 30 heures, et ce- pendant jamais aucune n’en eft morte. Il eft vrai que quelques unes, peu de tems après avoir été empoifonnées paroiffoient moins vives qu'auparavant, et on s’appercevoit que la partie bleffée , ou la moitie pofterieure du corps, avoit perdu fenfiblement de fon Tome IT. O mou- 106. mouvement naturel. Cet enzourdifferment dura même plufieurs heures: dans quelques unes; mais d’autres étoient qui auf vi ves qu’auparavant.. Je n’héfite point à affurer après tout cela, que le poifon Américain eft entierement innocent pour ces animaux à fans froid, ainfi que le vénin de la Vipere &c.: en quoi ces deux poifons ont une très-grande analogie, bien que l’un foit une somme ani male, et l’autre un fimple fuc végétal . Il me reftoit à examiner l’a&ion de ce poifon. fur les ani- maux vivans, ou à voir quelles font les parties altérées par le poi fon Américain dans lanimai , à l’effet de lui donner la mort. Tout concouroit à faire croire qu’il excite une de ces ma- ladies que les médecins modernes appellent nerveufes ; et que l’aétion de ce poifon s'exerce direétement contre le fyftème nerveux. Les. fymptômes. de la maladie font les plus précis, et les plus décififs en faveur de ce genre de maladies. Convuliions , foiblefles , perte. totale des forces et du mouvement, fentiment diminué ou pref- que entierement aboli, font les fymptômes les. plus ordinaires. que produit ce poifon dans. les animaux. Souvent on obferve que l’animal qui, étoit d’abord très-vif, fe trouve, un momentaprès, privé de mouvement, et de fentiment, et fur le point de mou- r. Jai obfervé communément un fymptôme qui paroit une vraie CABI que la maladie produite par ce poifon eft puremeut nerveu! fe. Si lanimal ne meurt pas; en peu de minù- tes il fe trouve aufli bien ‘qu'auparavant, et ne paroit avoir fouffert aucun mal, quoiqu'il foit refté dans un état de léthar- gie, quelque fois pendant plufeurs heures, fans donner de fi- gne de vie certain ou manifefte. C’elt précifément ce qui ar- rive dans ces maladies qu’on: appelle nerveufes: elles. viennent fouvent tout d’un coup. Tantôt elles cxcitent des mouvemens, et: tantôt elles abattent entierement les ‘forces; mais à peine les. cfets 107 effets de la maladie commencent-ils à fe diffiper, que la per- fonne fe trouve très-bien, et fe fouvient à peine d’avoir fouf- fert aucun mal. Mais tous ces fignes ne pouvoient plus m’en impofer après les expériences que j’avois faites fur le vénin de la Vipere. La maladie qu'il produit a aufli les fymptômes des maladies nerveu- fes, et il femble que les nerfs foient principalement affettés, quoique l’expérience ait décidé le contraire. Il falloit donc aufli dans le cas préfent recourir à Pexpérience, et ne pas fe laifler féduire par de vaines théories , et par des raifons apparentes. Effets du Ticunas f#r le fang tire des animaux . Pour procéder avec méthode dans une queftion auffi impor- tante, j'ai crà devoir commencer par examiner fi le poifon Amé- ricain produit quelque altération fenfible fur le fang des animaux fortant tout chaud des vaifleaux, lorfqu'on l'y mêle dans cette circonftance . J'ai coupé la tête à un pigeon, et Jai reçu fon fang tout chaud dans deux petits verres coniques un peu chauffés. Jen fis couler environ 80 gouttes dans chaque verte. Je mis dans l’un des verres quattre gouttes d’eau, et dans l’autre quattre gottues de poifon diflous dans l’eau. La quantité de poifon contenue dans ces quattre gouttes alloit à peine à un gtain de poids du poifon défleché. Dans le même inftans Je fecouai circulaire- ment les deux verres pendant peu de fecondes; mais également et de maniere que les matieres puflent fe mêler. Au bout de 2 minutes , le fang mêlé avec l’eau fimple s’étoit coagulé. L'autre fang mêlé avec le poifon Américain ne fe coagula point; maisil devint plus obfcur, et plus noir que l’autre, qui étoit comme à l'ordinaire vermeil et rutilant. Au bout de 3 heures, il étoit Mi Ola en- 108 encore auffi fluide qu'auparavant, tandis que dans l’autre verre on voyoit la férofité déja féparée de la partie rouge. Jexaminai au microfcope, tant à cette époque que dans la fuite, le fang des deux verres, et je trouvai que dans Fun et dans l’autre ,les globules rouges confervoient leur figure primiti- ve, et qu'ils ne différoîient nullement entr’eux. Cette expérience répétée plufieurs fois a toujours eu fe même fuccès; enforte qu’il paroit évident que le poifon Amé- ricain n'altere pas fenfiblement les globules rouges du fang dans les circonftances rapportées ci deffus. Ce qui cependant mérite attention, c’eft, que ce poifon eft fi loin de coaguler le fang» qu’au contraire il empêche abfolument la coagulation naturelle à ce fluide, lorfqu'il eft tiré de fes vaïfleaux. L’on ne peut pas dire non plus qu'il attenue ou diffolve le fang, puifqu'on n’en voit riem quand on lPexamine au microfcope. La partie rouge eft figurée comme dans Pérat naturel, et Pon n’obferve rien de plus fubtil et plus fluide dans cette humeur. Nous avons obfervé le même phénomene avec le vénin de la Vipere; enforte que les effets,ou les altérations que cau- ent ces deux poifons au fang tiré de fes vaiffeaux, paroïflent en- tierensent femblables. L’un et l’autre empêche que le fang ne fe coasule, et ni l’un ni l’autre ne diffout ou n’altere les globules du fang, et la feule différence qu‘ y ait entre ces deux poifons confifte en ce que le vénin de la Vipere donne au fang une couleur beaucoup plus noire, que ne fait le poifon Américain. Le vénin de la Vipere n’altere pas les globules du fang, lors même qu'il fe communique à l'animal vivant, et qu'il lui donne la mort. J'ai fait la même obfervation fur le fang des animaux qui font morts du poifon Américain, de forte que ces deux poifons s'accordent admirablement dans tous ces cas. Mais on a vu que le vénin de la Vipere produit une altération fen- fible “og fible fur fa maffe du fang en général dans les animaux mordus. Fai cru devoir examiner avec la même attention le fang des animaux tués par le poifon Américain. H m'a paru en général que les mufcles des animaux morts de l’effet du poifon Américain étoient plus pàles qu’ auparavant - Les vaifleaux veineux auprès du coeur m'ont paru plus, gon- flés qu'à l’ordinaire le fang feulement un di plas obfeur, et point coagulé. Les vifceres du bas ventre n’étoient pas fenii- blement altérés ; le coeur, et les orcillettes dans l’état naturel; le coeur paroit cependant quelque fois avoir fes vaifleaux exté rieurs plus vifibles, et comme injeétés. Mais j'ai obfervé une grande altération dans un des vifce- res les plus effentiels à fa vie. Le poumon m'a toujours paru fort altéré. Je lai trouvé généralement plus qu moins tàché , fouvent il m’a préfenté des tâches très-gramdes, et livides; dans certains, on l’auroit cru tout putréfie. Cette altération dans un vifcere auffi effentiel à la vie mérite la plus grande attention, et elle m'a paru d'autant plus confiderable que l'animal a vécu plus longtems après avoir été empoifonné. Jai trouvé que le poumon de quelques animaux étoit tranfparent ga, et là, fur- tout vers les bords de ce vifcere. On voyoit très-bien l'air pal- monaire à travers la membrane extérieure. Je l’ai examiné au microfcope, et fai très-bien obfervé les petites vélicules pulnio- naires arrofées de vaificaux pour la plupart privés de fano. Quelque grande que fût cette altération dans un vifcere fi important, je ne pouvois nullement me perfuader que feule el- le pût produire une maladie aufli grave, et aufli momentanée, et que toute laction du poifon s’exerçât feulement contre le fang ; et contre le poumon. Heft vrai que j'avois l'exemple du vénin de la Vipere qui produit quelque chofe de femblable; mais ce vé- nin produit dans le fang mème une coagulation prefque géné- rale, 119. rale, qu’on. n'obferve certainement point avec le poifon Amé- ricain. Effets du Ticunas introduit dans les vaiffeaux des animaux empoifonués . Dans une recherche fi importante, et en même tems fi obfcure , j'ai cru devoir recourir à l'expérience, et examiner les effets du poifon Américain introduit immédiatement dans le fans. _ Je me fuis fervi des mêmes moyens que J'avois employés pour introduire dans le fang de la jugulaire le vénin de la Vi- pere. Un petit fiphon de verre recourbé en pointe; faifoit l’office d’une petite feringue. J’afpirois avec ce petit fiphon le poifon Américain diffous dans l’eau, et la veine jugulaire étant ouver- te, je l’y injeétois. Comme la maniere de faire cette forte d’ex- périences eft déja décrite dans le Traité fur le vénin de la Vipere, j'ai cru ne devoir pas en répéter ici la defcription. Cette expérience eft conduite de façon, que le poifon entre dans le fang par la jugulaire fans toucher à aucune partie coupée des vaifleaux, ni même àla jugulaire même. Je mis dans la feringue, pour la premiere expérience ; quat- tre gouttes de poifon diflous dans l’eau. La quantité du poifon dans les quattre gouttes pouvoit aller è peine à un demi grain, Ayant introduit le bec de la feringue dans la jugulaire à un très- gros Lapin, dans l’inftant où je pouflois le pifton, je m’apper- gus que le poifon refluoit en arriere, par la raifon que le pifton ne s'appliquoit pas bien exaétement aux parois de la feringue: ce qui me fit dire aux perfonnes qui étoient préfentes, que l’ex- périence étoit manquée; mais je fus furpris d'entendre qu’on me difoit que l’animal étoit déja mort. Je ne crois pas qu'il fe foit pali < TE pafè 10 fecondes entre le moment où je vis le poifon retourner eu arriere , ‘et celui où j'entendis dire que l’animal étoit déja mort. Er il l’étoit en effet. Je ne puis pas évaluer la quantité de poifon qui fut introduite dans le fang ; mais l’animal étant mort, il faut bien qu'il sy en foit introduit; fans cet cfiet, j'aurois jugé, par la quantité de poifon qui avoit reflué dans lc tube, qu’il n’en étoit pas entré um atòme dans la jugulaire. L'animal étoit tellement mort, qu’il ne paroifioit aucun fi- gne , aucun mouvement de refpiration, et tout fon corps étoit plus affaillé, et rélaché dans toutes fes parties , qu’on ne l’obfer- ve même dans les animaux qui font morts depuis longtems . La mort de cet animal a été fi voifine de l’introduétion du poi- fon , qu'il n’a pas paru fe pañler de l’une à l’autre un intervalle de tems fenfible. Cette mort m’a paru beaucoup plus prompte ,. que dans les cas du vénin de la Vipere introduit dans le fang dans les mêmes circonftances Ayant mis ma feringue en meilleur état, j'y fis entrer feu- lement deux gouttes d’eau, aux quelles j'avois auparavant uni environ un quart de goutte du poifon diffous dans l’eau, dont je viens de parler. A’ peine commençois-je à injeûter le poifon par la jugulaire, que je vis le: Lapin tomber mort, comme s'il eût été frappé par la foudre. Je ne crois pas qu’il fe fùt intro- duit dans le fang une demi goutte de la liqueur de la feringue quand l’animal tomba fans mouvement, et fans vie. Je crois pouvoir dire en général , d’après d’autres expérien- ces que J'ai faites depuis, que ce poifon introduit ‘immédiate- ment dans le fang par la jugulaire tue plus promptement que lc vénin de la Vipere ; et agit à beaucoup moindre dofe.. La mort fuit de fi près l'introduction du poifon dans le fang, qu’elle pré- vient ordinairement les convulfions. Si l’on emploie ce poifon en moindre quantité, on obferve alors les: convulfions:, et les: bat- Y12 battemens accoutumés, et la mort ne s'enfuit pas fi tôt. Il ef vrai que le fang n’eft ni coagulé, ni aufli altéré dans fa couleur, que quand on à introduit le vénin de la Vipere dans les jugu- laires. Mais la mort n’eft pas plus tardive pour cela, et il n’eft pas moins certain que le poifon Américain introduit immédia- tement dans le fang ,tue les animaux, ainfi quele yénin de la Vipere. C'elt là une vérité d’expérience, à la quelle il n’y a rien à oppofer, quelque obfcure qu’elle puiffe être, ou quelque difficile que foit à concevoir la caufe de la mort dans les cas que je viens de rapporter. Le poifon Américain inttoduit dans le fang tue dans l’in- ftant. D'où il paroit encore hors de doute, que quand il cft ap- pliqué extérieurement à une partie bleflfe dans l’animal vivant, il peut et doit caufer de grands défordres dans l’économie ani- male, ou donner même la mort. Effets du Ticunas fw les nerfs. La mort qui arrive è l’inftant, où l’on introduit ce poifba par la jugulaire dans le fang d’un animal, paroit une démonftra- tion fans réplique, que dans ces cas toute l’aétion du poifon s'exerce contre le fang même, et que le fyfteme nerveux n’eft point affe@té ,ou altéré. Mais tout cela n’eft pas encore une preu- ve que les nerfs ne puiflent être plus ou moins affectés par ce poifon, lorfque la mort arrive beaucoup plus tard, et lorsqu'on applique à lexterieur ce poifon fur les parties bleflées. Dans ces cas principalement on obferve les convulfions, et tous les fi- gnes d’une maladie nerveufe. Le nerf peut donc très-bien ètre affe&é par le poifon, et être la principale caufe de la mort de l'animal. Il falloit donc ici recourir encore à l’expérience direëte, com- tr; tomme javois fait relativement au vénin de la Vipere, et voi quels dérangemens, et quelles maladies produit le poifon Amé- ricain appliqué immédiatement fur les nerfs, fans toucher aux vaifleaux. Effets du Ticunas appliqué fur la furface des nerfs. Jai fait mes expériences fur les nerfs fciatiques des plus &ros lapins, et j'ai préparé ces nerfs de la même maniere, que javois fait à Paris, en opérant avec le vénin de la Vipere. C’eft pourquoi je n’entrerai ici dans aucun détail touchant la méthode de préparer ces nerfs. Mais je rapporterai un petit nombre des expériences principales que j'ai faites fur les nerfs, pour qu'on voye les variétés que j'ai rencontrées fur tout dans les premieres tentatives: variétés qui auroient pu m'induire en erreur, fi je ne me fufe obftiné à multiplier mes expériences et à les varier à me- fure que je trouvois des réfultats peu uniformes. C'eft à cette conftance , ou fi l’on veut, à cette obftination, que je dois en grande partie les nouvelles vérités que je crois avoir découver- tes, tant fur le vénin de la Vipere, que fur le poifon des 7%- CUNAS.. Ayant ifolé le nerf fciatique à un lapin, j'y paffai par del- fous un linge fin en plufieurs doubles, et je plaçai fur le nerfun floccon de fils bien imbibés de poifon Américain en confiftance de firop. Je couvris le nerf avec le même linge, à fin que le poifon ne fe gliffàt pas fur les mufcies de l’animal qui étoient à découvert, et Je coufus la peau à l’ordinaire. Au bout de 20 minutes, le lapin commença d’avoir des convulfions et de ne pouvoir fe tenir debout. Il tomba avec tous les fignes de la maladie du poifon, et mourut peu de tems après. Je répétai cette expérience fur un autre lapin, et je fisen- Tome IL. R forte 1I4 forte d’envelopper encore mieux que la premiere fois avec deg linges le nerf empoifonné comme ci deflus. Ce fecond lapin ne parut fouffrir aucun mal pendant 10 heures de fuite , que je l’ob- fervai; mais deux heures après Je trouvai qu’il étoit mort de- puis peu, car il étoit encore chaud. Je foupçonnai que le poifon appliqué au nerf, étant en certaine quantité pouvoit à Ja longue pénétrer à travers les lin- ges, conjointement avec les humeurs des parties coupées, et porter fon aétion fur les mufcles et fur les autres parties adja- centes. Il falloit donc ou diminuer le poifon , ou augmenter les linges, et empêcher que le poifon ne les traverfàt en aucune ma- nicre. Je m’en tins à ce dernier parti comme au plus für. J'ifolai le nerf fciatique è un lapin comme è. l'ordinaire, et yy paffai par deffus un linge très-fin redoublé un grand nom- bre de fois. Je plagai fur le nerf le floccon de fils bien im- bibés de poilon, et je couvris le tout avec les bouts du linge. Ce Lapin vécut 24 heures, et ne donna des fignes de mal être qu’à la derniere; mais fans que je pufñle foupgonner qu’il mou- rit de la maladie du poifon. Je préparai à un nouveau lapin le nerf fciatique comme ci deflus; et je le couvris de poifon et des linges à l’ordinaire . Il mourut au bout de 40 heures, fans fignes de maladie du poifon . Je fis la: même expérience du nerf (ciatique fur trois au- tres lapins, en faifant la plus grande attention que les nerfs em. poifonnes fuflent bien couvert par les linges, et qu'il n’y et aucun lieu de foupgonner que le poifon pùt fe répandre à tra- vers ces mêmes linges. L’un des lapins mourut au bout de 3 jours, et les deux autres vivoient encore au bout de huit jours. Je préparai exactement de même que ci deflus les nerfs fcia- tiques è deux autres lapins; mais fans y mettre le poifon ; pour fai- 115 faire uhe expérience de comparaifon, Un des lapins mourut au bout de 36 heures, et l’autre étoit encore en vie au bout de 8 jours . Ces expériences me paroiffoient fuffifantes pour juger fi le poifon Américain appliqué extérieurement aux nerfs eft capable de produire quelque dérangement , ou maladie dans l'animal ; mais il me reftoit à favoir s’il feroit également fans ation étant ap- pliqué aux nerfs bleflés , ou bien à la pulpe même des nerfs. Expériences avec Ticunas fur les nerfs conpés, on bleffés. Je préparai comme ci deflus le nerf fciatique à un lapin, et avant d'y appliquer le poifon , je le pergai plufieurs fois de part ca part avec une lancette. Jappliquai le poifon précifément fur la por- tion bleflée du nerf. Le lapin vécut cinq jours, et mourut fans aucun figne de maladie. Je répétai cette expérience avec les mé- mes circonftances fur un autre lapin, qui huit jours après vi- voit encore, Je variai un peu cette expérience fur les nerfs, à trois au- tres lapins. Au lieu d’y faire plufieurs bleffures avec la lancer te, Jouvris le nerf dans fa longueur, et j'infinuai dans la fenz te, qui avoit plus de cinq lisnes de long, les fils bien imbi- bés de poifon , et je couvris bien le tout. L’un mourut au bout de 60 heures, fans fignes de maladie du poifon, et les deux autres vivoient huit jours après. Je crus devoir varier encore cette feconde forte d’expérien- ces, et en faire quelques unes en coupant le nerf, comme je l’avois fait en examinant le vénin de la Vipere. Je coupois le nerf fciatique le plus loin que je pouvois de fon origine , pour avoir le moyen de l’entelopper avec des linges. La partie ifo- le du nerf dans les plus gros lapins étoit d'environ un pouce, bra et 116 et demi. Le nerf étant placé fur les linges , je l’enduifois bien de poifon dans fa partie coupée, et Je couvrois le tout avec les linges à l’ordinaire. Je fis cette expérience fur 6 lapins deux mourufent en 40. heures, deux au bout de trois jours, et deux vivoicnt encore le quattriéme jour. Pour faire une expérience de comparaifon, je préparai comme ci deflus les nerfs à deux lapins. Je les coupai, mais ne les empoifonnai pas. L’un mourut au bout de 36 heures, et l’autre vivoit le troifiéme jour. La conftance des réfultats de ces expériences fur les nerfs m'a fait regarder comme fuperflu d’en faire davantage; et jai cru qu’elles ne laifferoient aucun doute à quiconque eft accou- tumé à expérimenter, et n’eft point prévenu en faveur des hy- pothefes mal prouvées. L'on voit ici que le poifon Américain n’eft point un poifon, de quelque maniere qu'on Papplique aux nerfs, et qu'il ne produit, dans ces cas aucun dérangement fen- fible fur l’économie de lanimal vivant. C’eft là ce que dépofe Fexpérience immédiate. Suppofer ce qu’on ne voit pas, croire ce qui cft contrédit par l’expérience, c’eit fubftituer des fonges à des objets réels; c’eft embrafler l'erreur pour la vérité, et adopter des chymeres pour des faits. Le poifon Américain, femblable en cela au vénin de la Vipere, n'empoifonne pas par les nerfs; et c'et un fuc inno- cent , de quelque maniere qu’il y foit appliqué. Mais il tue fous la plos petite dofe, et dans l'inflant, fi on l’introduit dans le fang par la jugulaire, comme fait le vénin de la Viperc. Son ‘action eft donc toute contre le fang, et ne s'exerce nullement contre les nerfs, quel que foit d’ailleurs le principe , ou le mé- chanifme par le quel il caufe la mort. Les effets que produit le vénin de la Vipere fur le fang, font tr} font plas décidés, et plus évidens. IÎ y a une coagulation qu’ on ne peut nier, et qu'on n’obferve point dans le fang des animaux morts par le poifon Américain. Mais on voit néan- moins dans ceux-ci une grande altération dans le poumon, ou du moins, ce vifcere paroit dans le plus grand défordre. Il eft vrai que la mort arrive fi fubitement, fur tout lorf- qu’on injecte le poifon Américain par les vaifleaux, qu'on ne peut concevoir comment l’animal peut mourir en fi peu de tems. On diroit qu'à peine le poifon eft arrivé au coeur, que l’animal et déja mort.L’on ne conçoit pas non plus ,comment peuvent mourir les animaux è faug froid, par exemple les gre- nouilles, qui vivent à circulation arretée; quoiqu'il foit vrai qu'ils meurent beaucoup plus tard de ees poifons, que les ani- maux è fang chaud. Une humeur, ou le fang, altéré par un poifon, peut produire peu à peu dans les animaux à fang froid des dérangenrens encore plus confidérables, que ceux an peut produire l'arrêt de la circulation. La mort, qui fuit immédiatement l’introdu@ion du poifon dans le fang, pourroit faire foupgonner qu’il y a dans cette hu- meur un principe plus actif, plus fubtil plus velatil, qui échap- pe à la meilleure vüe, et même au microfcope. Ce principe dans cette hypothefe paroîtroic néceflaire à la vie, et e’eft fur ce principe que le poifon fembleroit porter principalement fon action . Ce qui pourroit faire foupgonner qu’il exifle vraiment dans le fang un principe plus altif, et plus volatil ,c’eft de voir que le vénin de la Vipere empêche la coagulation da fang ti- ré des vaiffeaux,; et qu'au contraire il la produit dans les vaif- feaux mêmes. Dans le premier cas, on croiroit qu'il s’eft éva- poré du fang quelque chofe, qui exifte dans le fang renfermé dans fes vaifleaux. Dans 118 Dans cette hypothefe , ce principe aëtif ct vital, pourroit être confidéré comme le réfultat de toute l’économie animale, fans enexclure les nerfs, qui pourioient même y contribuer pour la plus grande partie, ‘© Mais ce ne font là que de fimples conje&tures. plus ou moins probables, mais que l'expérience ne démontre pas. Il faut s’en tenir aux faits certains, quelle que foit la maniere de les ex- pliquer. Ces faits font, que le poifon Américain n’agit point contre les nerfs, et qu’il agit entierement contre le fang. Avant mes expériences, perfonne n’auroit douté que l’aétion du poifon Américain ne s'exerçât immédiatement contre les nerfs. Tous les fignes extérieurs l’annonçoient de même. Ces. fignes font donc équivoques, et les médecins les regardent à tort com- me une preuve certaine que la maladie eft purement nerveufe . Tousces fignes péuvent fe préfenter fans que les nerfs foient af- feAés le moins du monde. La fimple alteration du fang fuffit pour les faire naitre à l’inftant. Les plus grands médecins ont re- gardé comme altérations nervenfes la maladie produite par le vénin de la Vipere, et celle que caufe lé poifon Américain; c’eft maintenant à eux mêmes d'examiner fi d’autres maladies, qu'on a attribuées aux nerfs, ne font pas plutôt des maladies des fluides, des maladies du fang. Le foupçon eft grave; les fi- gnes font équivoques; le principe n’eft pas démontré dans fa généralité. Je ne prétends pas nier qu’il ne puiffe jamais dériver aucu- ne maladie des nerfs; ce feroit éviter une extrémité pour tom- ber dans une autte. Il eft hors de doute, qu’il peut il avoir des maladies nerveufes dans leur origine, et que beaucoup d’autres le deviennent par des altérations qui fe patient dans d’autres par- ties, mème fimplement fluides. Les paffions de l’ame nous font voir ce que peuvent les nerfs fur les parties du corps vivant. Mais (119 Mais tout cela ne prouve pas que toutes les maladies qu’on a attribuées aux nerfs, foient nerveufes, et que les fignes ordinai- res de ces maladies ne foient pas équivoques . D'ailleurs it eft certain que les poifons que nous avons examinés, n’ont aucune ation immédiate contre les nerfs, quoiqu’on ait communément cru le contraire jufqu'ici. Quelqu'un pourra objeéter, que peut être fe vénin de la Vipere, et le poifon Américain, n’agiffent que fur les dernieres extrémités nerveufes, et que c’eft la raifon pour la quelle, ils font innocens quand on les applique aux troncs nerveux. Mais que ne peut on pas objeéter quand on ne veut que faire des objections , et imaginer des difficultés ? La plus petite circonftan- ce differente fuffit alors. Et qui ne faura trouver quelque diffé- rence, quand il eft fi difficile que deux chofes foient entiere- rement femblables en tout? Quant à moi, jJobferve que la fub- flance interne des troncs nerveux ne paroit pas différente de cel- le qui eft à l'extrémité des mêmes nerfs; que le tronc eft fujet à la douleur comme le font les extrémités, et que je n’imagine pas des hypothefes qui ne foient point confirmées par les faits. Je puis m'être trompé dans quelques unes des conféquences que je déduis de mes expériences, et je puis m'être trompé encore dans quelques unes des expériences mêmes, quoique j'ai taché de les bien faire, et que yaié cherché la vérité fans prévention. Je ne doute pas que quiconque voudra s'appliquer après-moi à ces recherches, ne trouve des chofes à y ajouter, et peut être en- core à y corriger. ll me fuflit d’avoir ouvert une! route à de nouvelles vérités, et de pouvoir atrefter que les faits principaux que javance font vrais. La plus grande partie de ces expériences ont été faites en préfence de M. Jnghenaufen Médecin de leurs Majeftés Imper. mon ami particulier, qui a montré dans plufieurs Ouvrages le vrai. . R26 rai talent de Pobfervateat. M. Tibere Cavallo a auffi affità à plufieurs des plus importantes. Jai cru donner plus de crédit à mes expériences en les étayant de l'autorité de deux perfonnes connues des favans. Sur des flèches empoifonnées appartées des Indes Orientales à Après que ja eu terminé mes expériences fur le poifon Américain, un de mes amis à Londres m'a procuré un nombre de flêches des Indes Oriéntales. Jai voulu faire auffi quelques expériences fur ces flêches, mais je n°ai ni multiplié ni varié ces expériences, tant parceque les flêches n’etoient pas en très- grand nombre, que parcequ’il m'a paru que ce poifon ne difié- re de l’autre, qu'en ce qu'il a moins d’aétivité pour tuer les animaux; et cette moindre activité doit probablement être at- tribuée ou à ce que les flêches avoient été plus mal confervées que celles des Indes Occidentales , comme il y paroifloit effecti- vement, où à ce que ce poifon avoit été préparé de puis un grand nombre d'années. Je n’ai jamais réuffi à faire mourir aucun Lapin, même des médiocres cn leur appliquant ce poifon feulement à la peau égratignée, ou légerement fcarifiée , quoique j'en miffe en plus grande quantité, et fur des portions de peau plus étendues, que je n’avois fait avec le poifon Ticunas donné intérieurement , même à une dofe deux ou trois foïs plus forte que le Ticunas, il n’a produit aucune altération fenfible, même dans les Lapins qui ne pefoient qu'à peine une livre. Je pergai avec les flèches la peau à plafieurs animaux, et je les y laiffai pendant des jours entiers fans que je pufle m’ap- percevoir que ces animaux fuffent affeGés du poifon. Mais j'ob- fervai bien fes effets quand ‘je perçai les mufcles avec les flé- ches , k2,1 ches, et que je les y laiffai plongées. Divers animaux furent empoifonnés de cette maniere, et moururent avec les mêmes fi- gnes ou fymptômes que produit le poifon Américain. Il eft vrai qu'aucun ne mourut, ni ne parut fe trouver mal fenfible- ment qu'au bout de plufieurs heures; de forte qu’il paroit que ce poifon ne differe pas eflentiellement de l’autre. Il lui reflem- ble entierement quand on l’examine au microfcope, quand on le méle avec le tournefol, quand on le jette dans les yeux des animaux, et quand on le goûte avec la langue, et qu'on le mi- che. Il eft vrai qu'il fe diffout moins bien dans l’eau que l’au- tre poifon, et que même la plus grande partie refte infolubie dans ce fluide. Les feules conféquences qu’il femble qu’on puiffe deduire des faits que je viens de rapporter , font que ce poifon commu- niqué aux mufcles, eft beaucoup plus meurtrier que lorfqu’il eft appliqué à la peau; qu’il s’accorde très-bien avec les autres poi- fons, et nous perfuade toujours plus, que laction immédiate des poifons ne s'exerce pas contre les nerfs; puifqu’il eit cer- tain que le peau eft plus fenfible que les mufcles, et qu’elle eft toute entretiflue de nerfs. Expériences fur le poifon Ticunas faites après mon retour en Italie en 1780. Jinfinuai une flêche Américaine vers la queue à un fer- pent appellé awguis miliaris, et je ly laillai pendant 24 heu- res de fuite. Le ferpent ne mourut pas, et parut à peine un peu engourdi. Je répétai cette expérience avec une nouvelle fléche fur ie même ferpent, qui ne mourut, ni ne parut foufirir beau- coup. Ces deux flèches avoient été auparavant trempées dans Tome II. ‘ quoique beaucoup moins qu'auparavant. Il étoit réduit à une feule once. Jen donnai une demi-cueillerée à café è un pigeon; il tomba auffitòt dans de grandes convulfions, et mourut à l’inftant . J’eus le même réfultat fur cinq autres pigeons qui moururent fur le champ. Ces expé- riences feroient Pittor que le poifon ne confifte pas dans la par- tie odorante ni peut être dans la partie brûlante du Laurier-ce- rife, puisque l'odeur et la faveur étoient fi peu de chofe, et ce- pendant les animaux font morts fi promptement. Je donnai à deux pigeons une cuillerée à café du phlesme dont il s’agit. Ils moururent fubitement. J'en donnai trois gouttes à un pigeon, il parut ne fouf frir aucun mal. D’où l’on peut dire que cet autre phlegme cit moins meurtrier que l’efprit. fi... 1/p41t {pris 143 Efprit de lu feconde difillation mis dans la gueule. Je voulois favoir ff cet efprit fi a&if,et fi meurtrier par- viendroit à tuer, étant fimplement appliqué dans l’intérieur de la gucule des animaux. J'humectai de cet efprit un petit linge, et je l'infinuai dans le bec d’un pigeon , fans qu’il en pùt arriver une goutte dans le ventricule , ou même dans l’efophage, au bout de 30 fecondes , le pigeon tomba dans les convulfions, et mourut un moment après . J'imbibai du même efprit un autre linge, que je tins Jon- guement dans la gueule d’un Cochon d’Inde de groffeur medio- ere. Il ne donna aucun figne de maladie. Je répétai la même expérience fur deux autres pigeons qui moururent en moins de deux minutes. Je la répétai {ur deux Cochons d’Inde, et ils parurenr n'avoir aucun mal. Cet efprir peut donc tuer les animaux foibles fans toucher à l’efophage, et au ventricule. Efprit de la feconde diffillation mis fur les yeux. Mais il reftoit à favoir fi étant appliqué à d’autres parties délicates du corps, cet efprit feroit encore meurtrier. Je crus devoir faire mes expériences fur les yeux qui font fi fenfibles, et à découvert. Je fis tomber plufieurs gouttes de cer efprit fur les yeux d’un Cochon d’Inde. Il fe plaignit beaucoup; mais il il n'eut ni convulfions, ni inflammation, ni aucun autre figne de maladie du poifon. Je fis la même expérience fur les yeux de deux autres Co- 144 Cochons d'Inde, et le réfultat fut le même. Je la répétai fur les yeux de deux Lapins; mais quelque évident qu'il fût que Pefprit leur étoit incommode, ils ne moururent , ni n’eurent des convul- fions, et leurs yeux ne s’enflammerent pas fenfiblement. Ces expériences ne prouvent pas encore que l’efprit de Lau- tier-cerife foit entierement innocent lorfqu'il eft appliqué fur les yeux , parceque ces animaux font difliciles à mourir, et réli- ftent beaucoup à l’aétion de Pefprit, lorfqu'on le leur applique fimplement dans la gueule. Il eft vrai que je couvris de ce même efprit les yeux à deux Cochons d’Inde très-petits, et qui ne pefoient que trois onces. Je remis de #efprit plus de vingt fois dans leurs deux yeux; mais envain. Ils n’eurent aucun figne de maladie du poi- fon.Il ne parut point d’inflammation à leurs yeux, quoiqu'ils té- moignaffent: de la douleur quand je leur appliquois l’efprit. Mais je crus qu’il feroit bien de faire aufli quelques expé- riences fur les pigeons. Je baignai donc les yeux à un pigeon plufieurs fois de fuite avec un linge imbibé de Pefprit, dont je viens de parler. Peu de tems après, il vomit plufieurs fois, et tomba fur fa poitrine. L’iris au voilinage de la cornée tranfpa- rente étoit un peu enflammée, la pupille étoit mobile, et de grandeur naturelle . Je fis tomber quelques gouttes de cet efprit fur Iles yeux d'un autre pigeon, et je les y tins appliquées pendant deux mi- nutes et plus. Il tomba dans les convulfions, et mourut peu d’inftans après, fans inflammation aux yeux. a Je-mis à un troifiéme pigeon fur un oeil feulement plufieurs gouttes d’efprit pendant trois minutes. L’iris étoit toute enflam- imée, les paupieres l’étoient aufli en quelques parties. Il tomba peu de tems après dans les convullions, et auffitôt il parut tout à fait mort. Au bout d'un quart d’heure, il revint peu à peu, ct 145 et parut enfin bien remis; mais il retomba de nouveau dans les convulfions, et parut moit pour la feconde fois; et peu de tems après il revint encore. L’iris de l’ocil dans le quel javois mis Vefprit étoit toute rouge comme fi elle eût été injetée. La pu. pille étoit immobile et très-elargie l’iris de l’autre oeil étoit rou- ge auffi, mais fort peu, et la pupille étoit mobile et de gran- deur naturelle. Après la feconde rechute et le fecond rétabliffe- ment de l’animal, la pupille et l’iris étoient comme la premiere fois; mais après la troifiéme, après la quelle il fe remit tout à fait, la pupille redevint mobile comme l'autre, l’iris fe trouva beaucoup moins rouge; et les deux pupilles reprirent leur gran- deur naturelle. Je fis tomber dans l'oeil à un autre pigeon plufieurs gouttes d’efprit; et je les y tins pendant quelques minutes: il tomba dans les convulfions et ne fe foutint plus fur les pieds. L’iris étoit légerement enflammée , et celle de l’autre oeil l’étoit un peu aufli, mais infiniment moins. Le pigeon fe remit peu à peu, et alors je trouvai l'iris immobile, élargie et enflammée; et l’autre étoit mobile à la lumiere, un peu enflammée et de grandeur naturel- le. Ce pigeon tomba par trois fois comme mort, et revint tou- jours. Les pupilles et les iris de fes yeux étoient toujours affe- Ages, comme je viens de dire; mais finalement au bout de quelques heures, tout revint dans fon état naturel. Efprit de la feconde diflillation mis fur les bleffures. Il étoit naturel de croire qu’étant appliqué immédiatement fur les parties bleflées, cet efprit devoit tuer encore plus faci- lement. Je fis une grande bleffure aux jambes, à un pigeon, et jy infinuai une grande quantité de cette liqueur. Le pigeon ne donna aucun figne de maladie. Tome IT. gi: Je 146 Je répétai cette expérience fur deux autres pigeons; elle eut le même réfultat. °A. deux autres, je mis fur les bleflures un linge imbibé d’efprit, et Je l’y laiffai plufieurs minutes: ils n’eurent aucune maladie. Je voulus voir s’il feroit auffi peu actif fur les mufeles de la poitrine. Les ayant découverts et bleflés en plufieurs endroits, y appliquai l'efprit immédiatement, et je les fomentai avec des linges qui en étoient imbibés. Le pigeon ne mourut point, et n’eut point de convulfions, ni d’autre maladie. Je voulus répéter cette expérience fur trois autres pigeons. ils ne moururent, ni ne parurent fouffrir. Jétois fur le point de conclure que l’efprit de Laurier-ceri- fe, de quelque maniere qu’on l’applique aux bleffures, n’eft point un poifon et ne tue pas, quoiqu'il produife cet effet ,lorfqu’on le met fur les yeux et dans la sucule. La fingularité du phéno- mene me fit continuer mes expériences, et elles me démontre- rent que Je me ferois trompé. J'enlevai un grand morceau de la peau fur la poitrine à un pigeon, et jy appliquai environ cent gouttes d’efprit. Peu après il tomba dans les convulfions, et mourut. . Je découvris à un autre pigeon les mufcles de la jambe, et je les bleffai en plufieurs endroits. Je les baignai plufieurs fois avec l’efprit, et Je l’y tins pendant 8 minutes. Il ne pa- rut pas foufitir dans le moment; mais deux minutes après, il tomba fur la poitrine, et mourut. J'ouvris un grand trajet de peau fur le dos à un gros Co- chon d’Inde, et je bleffai légerement les mufcles en quelques endroits, Jinfinuai à travers fa peau lefprit en grande quantité, et à plufieurs reprifes, et je ly tins pendant plufieurs minutes, il eut à peine quelques fignes de convulfions; mais bientôt il tom- 147 tomba fur la poitrine fans pouvoir fe foutenir, et mourut en peu de tems. Je découvris bien, et dans un grand trajet les mufcles de la poitrine à un pigeon, et je les bleflai profondément en plu- fieurs endroits; jy appliquai l’efprit, de maniere qu'il ne püt couler jufqu’à toucher la peau, je renouvellai cette application fur les bleffures plus de 30 fois, et je l’y, tins au moins 12 mi- nutes de fuite. Il vomit à la fin, tomba enfuite dans de fortes convulfions, et mourut peu de tems après. C'eft donc une vérité de fait, que l’efprit de Laurier-cerife tue, même lorfqu'il eft appliqué aux bleflures ) quoiqu'il foit vrai auffi qu'il tue plus tard que quand on l’applique aux yeux, à la gueule, et à l’eftomac, où il tue à moindre dofe et plus prom- ptement. De forte qu’il eft toujours vrai, qu’une telle quantité qui tue, par exemple un pigeon, fi on la lui applique dans le bec, ou fur les yeux, ou dans l'eftomac, ne lui procure aucune maladie fenfible lorfqu'on la lui met dans des bleflures: ce qui ne laifle pas d’être fort fingulier. Ejprit de la troifiéme diffillation. Je donnai une demi-cueillerée de cet efprit è un gros Co- chon d’Inde; il ne parut pas fouffrir fenfiblement, et ne mourut pas. Mais trois pigeons, aux quels Jen fis avaler à peine trois gouttes, en «moururent, ainfique trois Lapins, et quattre Cochons d’ Inde, aux quels j'en fis prendre une cueillerée à caffé. Un gros Cochon d’Inde, et un gros Lapin n’en moururent cependant pas, quoiqu’ils paruflent en fouffrir l’un, et l’autre. a Efprit 148 Efprit de Laurier-Cerife de la troifiéme diftilation, fait en mélant une quantité de fel marin décrépité, avec lefprit de la feconde diffilation . Il étoit è peine odorant, et prefque infipide. J’en donnai à un pigeon à peine la valeur d’une petite cueillerée à caffé . Il tomba à l’inftant dans de légeres convulfions, et mourut en peu de tems. Deux autres pigeons moururent pour avoir pris une dofe encore moindre de cet efprit. Enforte qu'il ne paroit pas que le fel marin lui ait enlevé fa qualité naturelle de poifon. Pilesme de la troifiéme diflillation à peine odorant , et fapide . Je donnai trois gouttes de cette eau à un pigeon, et il ne donna aucun fisne de mal. J'en donnai une cueillerée à caffé à un très gros Cochon d'Inde, qui tomba auffitòt dans les convulfions, mais enfuite il fe releva de lui même, et n’eut point d’autre mal. Jen donnai autant à un Cochon d’Inde de moyenne grof- feur, et il n’en éprouva aucune incommodité. Jen donnai une cueillerée à un très-petit Cochon d’Inde. Il n’en fouffrit aucunement. Jen fis avaler une cueillerée et demie, è un gros Cochon d'Inde, Il vomit un peu de matiere verte et jaune, mais il ne mourut pas. Jen donnai autant à un petit Cochon d’Inde: il tomba auffitôt dans les convulfions, mais peu de tems après, il fe re- leva, et n'eut point d'autre mal. Jen donnai une cucillerée à un pigeon, qui tomba auffitòt dans les convulfions, et mourut en moins d’un quart d'heure. Hui- 149 Huile de Laurier-Cerife donnée intériewrement . H me reftoit è examiner les huiles du Laurier-cerife. Mais après m'être affuré par des expériences réitérées, qu’il n’y avoit aucune différence eflentielle entre ces huiles, quoiqu’elles fuffent de la premiere, ou de la feconde, ou de la troifiéme diftillation ; je n’ai pas cru devoir les diftinguer, et je les ai employées tou- tes indifféremment. Ce qui m’importoit le plus, c’étoit de favoir fi huile étoit auffi un poifon, et fi elle l’étoit, plus ou moins que l’efprit. Je rapporterai en conféquence quelques unes des expériences que j'ai faites avec cette huile fur différens ani- maux, et qui fuffiront pour décider de fa nature vénéneufe, et pour montrer les anomalies fréquentes qui fe rencontrent en pa- reille matiere. Je fis avaler è un gros Lapin deux gouttes d’huile jointes à, peut être , deux gouttes d’efprit. Le Lapin mourut au bout de quelques momens, et dans de légeres convullions . Je fis avaler à une tortue deterre du poids d’une livre en- viron deux gouttes d'huile pure. Deux heures après, elle étoit fort affoiblie. Au bout de 6 heures, elle paroiffoit à peine vi- vante, et encfièt elle mourut peu tems après avec tous les fignes de la perte de l’irritabilité. Je donnai à un trés-gros Cochon d'Inde quattre gouttes d'huile; mais il n’eut aucun mal. Jen donnai à peine trois gouttes à un pigeon, et au bout de deux minutes , il étoit déja mort. J'en fis boire une demicueillerée è caffé à un gros Cochon d'Inde. Pendant plus d’une demi heure, il parut n’avoir aucun mal, mais enfuite il tomba dans les convullions, et dans les tour mens, et demi-heure après il mourut. Je 1509 Je donnai un tiers de cueillerée d’huile à un pigeon. Peu de tems après, il ne fe foutenoit plus fur fes pieds, et il mou- rut en moins d’une demi-heure. Je fis boire environ 6 gouttes d’huile unies avec 40 gout- tes d’eau commune, à un gros Cochon d’Inde. Il commença auffitôt à paroître inquiet ; il donna plufieurs fois des fignes d’en- vie de vomir; mais peu de tems après, il devint tranquille, et n’eut plus aucun mal. Jen donnai 6 gouttes avec 40 gouttes d’eau à un très-pe- tit Cochon d’Inde. li fut très-inquiet; mais il ne tomba pas, ni convulfionna, ni ne mourut. J'en fis avaler trois gouttes à une grenouille, qui au bout de deux minutes fut tout-à-fait morte:le coeur fe mouvoit bien encore, et les pattes remuoient dès qu’on lui ftimuloit les nerfs Cruraux . Cette expérience fut répétée fur deux autres grenouilles avec à peu près le même réfultat. Malgré le peu de conformité de toutes ces expériences, il paroit qu’on peut en conclure, que l’huile du Laurier Cerife cit un poifon violent , et qui tue tant les animaux à fang froid que ceux à fang chaud. Il paroit encore qu'on peut dire, que non feulement elle n’eft pas plus active que l’efprit; mais encore qu'elle left beaucoup moins, et que les circonftances, et les dif- férences les plus accidentelles dans les animaux , fuffifent pour- qu’elle ne leur foit pas meurtriere. Il eit en effet bien étrange qu’elle tue plus promptement, commeonavu,un animal à fang froid, qu’un animal à fang chaud. Hui- 151 Huile. de Laurier-cerife appliquée à la gueule. J'étois curieux de voir fi l’huile de Laurier-cerile, qui eft un poifon violent quand elle eft avalée, et introduite dans l'eflo- mac, feroit encore meurtriere fi l’on en enduifoit feulement la gueule, et le palais fans en faire entrer dans l’éfophage. Les expériences que j'ai rapportées fur l’efprit de la feconde diftilla- tion pouvoient faire foupçonner que cela fût ainfi. J'hume@tai légerement un linge de cette huile, et je l’in- troduifis dans la gueule à un très-petit Cochon d’Inde. J’empé- chai l'animal de fermer fa gueule, quoiqu'il n’eût pù exprimer du linge rien qui pût parvenir dans fon eftomac. Je laiflai ce linge dans fa gueule pendant deux minutes. Cet animal parut n’avoir rien fouflert. Je répétai cette expérience fur ün autre petit Cochon d’In- de, et je lui frottai pluficurs fois l’intérieur de la gueule avec le linge. Peu de tems après, cet animal parut fort trifte; mais il ne mourut, ni n’eut de convulfions. Je répétai cette expérience fur deux autres Cochon d’Inde aflez gros: ni l’un, ni l’autre ne donna fisne de malaife; mais ces expériences ne font pas décifives, parce que ces animaux font difficiles à mourir, et peut être y auroit-il fallu une plus gtan- de quantité de ce.poifon. J’eus donc recours aux pigeons, qui meurent fi facilement. Jimbibai d'huile le linge ordinaire , et je l’infindai dans le bec à un pigeon, de maniere qu'il ne pùt en couler dans l’efto- imac, ni même dans l’éfophage. Ce pigeon mourut bientôt après . Je répétai cette expérience fur 4 autres pigeons; il en mou- rut trois très-promptement. Le quattriéme donna à peine quelque figne de malaife. Je 152 Je croirois donc pouvoir conclure que l'huile de Laurier- cerife eft un poifon, lors même qu’elle ne touche ni l'éfopha- ge, ni leftomac; et qu’il fuffit pour cela qu’elle foit en contaét avec l’intérieur de la bouche. Ces expériences et ces réfultats font entierement analogues à ce que nous avons vù cideflus en faifant ufase de l’efprit de Laurier-cerife . Huile de Laurier-cerife appliquée fur les ble]ures. On ne peut plus douter que l’huile de Laurier-cerife ne foit un poifon, et même des plus violens quand elle-eft prife inté- rieurement. ll nous refte cependant à favoir fi elle empoifonne auffi lor(qu'on en met fur les parties bleflée d’un animal. L'expé- tience feule pouvoit en décider. Mais nous avons déja des expé- riences fur l’efprit de la feconde diftillation qui peuvent nous fai- re prefumer, qu "elle eft auffi un poifon dans ces circonftances. J'infinuai dans une jambe à un pigeon un morceau de bois bien enduit de cette huile , et voyant qu'au bout de 15 minutes et plus, l'animal ne paroiffoit pas malade, j'ôtai le petit baton de la jambe, et j'introduifis de l’huile abondamment dans la blef- fure qui étoit profonde; mais malgré cela, le pigeon ne mou- sut, ni ne tomba dans les convulfions . Je fis une bleflure à une petite tortue, vers la queue, et jy iafinuai abondamment de cette huile. Elle ne parut avoir aucun mal. Je fis à un pigeon une bleffure à la jambe. Je la baignai plufieurs fois avec cette huile, et je couvris encore la bleflure avec un linge imbibé d'huile. Le pigeon n'eut aucun mal. ide bleflai en plufieurs endroits les jambes à un pigeon, et je frottai les bleflures avec cette huile. Il ne parut pas foufirir fenfi- blement . J'eus 153 FPeus la même réfultat fur deux autres pigeons, fur trois Lapins et quattre Cochons d’Inde, quoique je népargnafle pas Phuile, avec la quelle je couvris pluficurs fois les bleffures que javois faites dans les mufcles à ces animaux. Trois autres pigeons aux quels je bleflai les mufcles de la poitrine, et je couvris les bleflures avec cette huile ne donne. rent aucun figne de maladie. Il fembleroit ne refter aucun doute, que huile de Lauricr- cerife, qui cit un poifon lorsqu'elle eft prife par le haut, n'a point cette qualité meurtricre lorsqu'elle eft appliquée fur les bleffures, du moins dans les parties fur les quelles j'ai fait mes expériences: ce qui eft abfoiument le contraire du vénin de la Vipere et des autres vénins qui font innocens lorsqu’on les donne à l’intérieur, et meurtriers lorsqu'ils font appliqués aux bleflures. Si l’on peut dire quelque chofe de vraifemblable pour rendre raifon de cette différence dans le vénin de la Vipere, on ne voit rien qui puifle expliquer les différentes a@ions de l'huile de Laurier-cerife dans les différentes parties de l’animal; et le phénomene eft des plus finguliers et des moins attendus. Je dois cependant avouer que mes expériences ne font pas tout-à-fait décifives, quoique je les aic faites fur les pigeons; parceque je n'ai pas employé autant d'huile, que j'avois employé d’efprit. Phuile m'a manqué au plus fort de mes expériences, et je n'ai pas eu jufqu’à préfent la commodité d’en faire de nouvelle. Cel, cependant toujours fingulicr, que ce qui empoifonne étant pris intérieurement, foit innocent lorfqu'on lapplique aux bleflures quoiqu'en plus grande abondance. Huile déffechée au foleil. Jai Jaifé déffecher au foleil ardent deux drachmes d’huite de Laurier-cerife. L'huile fut diminuée environ de moitié: le rélidu Tome IL V i LA CtCIt 154 étoit encore jaune, amer, odorant, et brülant. Jen ai donné environ trois grains de poids à un pigeon avec 20 gouttes d’eau, Le pigeon tomba un moment après, convulfionna beaucoup, et mourut auflitôt. Je répétai cette expérience fur 3 autres. pigeons avec le même réfultat. De forte qu’il paroit certain que ce réfi- du concret eft un poifon puiflant , et que tout ce qui s’en étoit évaporé au foleil, ne lui avoit pas Ôté fa qualité nuifible. Le réfidu de l'huile de Laurier-cerife défiechée au foleil eft une véritable réfine, qui lorsqu'elle eft précipitée de l’efprit de vin par le moyen de l’eau, n’eft plus vénéneufe. On a vu que la partie de l'huile de Laurier-cerife qui de- meurc concrete ( après avoir été expolée au foleil ) eft encore un poifon puiffant. Cette partie ne fe diflout point dans l’eaw, et elle eit facilement diffoute en entier par l’efprit de vin. C’eft donc une fubftance réfineufe, à la quelle demeure attachée la qualité délétere. Jétois curieux de favoir fi cette réfine après avoir été difloute dans l’efprit de vin, et précipitée par le mo- yen de l’eau, feroit encore meurtriere. "A cet etier; je verfai une grande quantité d’eau diftillé fur cette diflolution , et dés-que le précipité fe fut fait fous forme d’une matiere blanche fari- neufe, je le lavai à plufieurs eaux. Cette matiere confervoit à peine un peu d’odeur; mais quand on la mettoit fur la langue, et qu'on la mâchoit, elle piquoit encore fenfiblement. Jen don- nai, pendant qu’elle étoit encore un peu humide, 20 graias à un très-petit Cochon d'Inde, et autant à un pigeon; ni l’un ni l'autre ne mourut ni ne parut avoir aucun mal. Je répétai cette expérience fur deux autres animaux des mé- mes efpèces , et évenement fut le même. D'où il fuit, que cette réfine, après avoir été diffoute dans l’efprit de vin, et précipitée par le moyen de l’eau, étoit devenue innocente, quoiqu’elle eût confervé un peu d’odeur, et de piquant, de meurtriere qu'elle ER “Ctoit 155 étoit auparavant. Il ne paroît donc pas qu'il refide dans ce léger principe d’odeur, ou de fubftance piquante et cauftique, aucun poifon capable de tuer, et de produire un dérangement fenfiblc dans les animaux. Extrait de Lanurier-Cerife. Je fis avaler environ 30 grains d'extrait de Laurier-cerife à un Cochon d'Inde; mais il n’eut rien. Je fis la même épreuve fur un Lapin, qui ne fouffrit rien non plus. Jen donnai environ 15 grains À un pigeon, qui ne parut fouffrir aucun mal. Je répétai cette expérience fur deux autres pigeons, ëêlle cut le même fuccès. Enforte qu’il paroit qu’on peut conclure de toutes ces expériences, que l’extrait de Laurier-cerife cit tout- à-fait innocent. Huile Empyreumatique . Je fis avaler environ 20 grains d’huile empyreumatique, de laurier ,cerife à un Cochon d'Inde, il vomit peu de tems après; mais il fe remit promptement et n’éprouva rien de plus. Je donnai à un petit pigeon 12 gouttes d'huile empyreu- matique. Il vomic plufieurs fois, parut d’une grande foiblefle . mais il fut bientôt entierement remis. Jen donnai environ 30 grains àun Lapin. Il vomit plu- fieurs fois; mais il fe rétablit peu de tems après. Jen donnai 20 grains à deux pigeons, ils vomirent plu- fieurs fois, ils parurent très-foibles, mais ils ne moururent, ni meurent des convulfions . Jobfervai pareillement le vomiffement dans deux autres V 2 Ca: 136 Cochons d’Inde, et dans trois Lapins; mais aucun n’en mou- rut, ni ne parut fouffrir beaucoup. Il femble qu'on pourroit conclure que l’huile empyreu- matique de Laurier-cerile, eft plutôt un vomitif, qu’un poifou, puifqu'elle ne parvient pas à tuer les animaux les plus délicats auxquels on la donne inême.à très-forte dofe. De tout ce que nous avons dit jufqu'ici, on peut déduire les vérités fuivantes. I L’efprit de Laurier-cerife eft un poifon. Il L’huile de Laurier-cerife eft auffi un poifon. II! L’efpritde Laurier-cerife prefqu’entierement privé de la partie odorante , et fapide eft encore un poifon. De À, le poifon ne paroîtroit pas confifter dans les parti- cules odorantes et fapides, et cela paroit encore prouvé par l’hui- le déflechée et enfuite diffoute dans l’efprit de vin et précipitée de ce menftrue, la quelle et encore odorante et fapide , quoiqu’el- le ne foit plus un poifon. D'ailleurs l'huile défechée eft une veritable réfine et con- tinue d’être un poifon, mème dans cet état. Il réfide donc cer- tainement dans cette réfine un principe vénéneax, que Pefprit de vin enleve, après quoi le réfine eft innocente. Comme il refte toujours un peu d’huile et d’odeur dans l’efprit de Laurier-cerife, même déphlesmé, le Principe véné- neux de cet efprit peut être le même que celui de l'huile ,etque celui qui fe trouve dans fa partie réfineufe. D'ailleurs , il n'e pas prouvé, que l’huile foit plus puif Sante et plus aëtive que l’efprit. Du moins elle n’a pas toujours paru telle, ni dans tous les animaux. On voit, à la vérité, que l’efprit de Laurier-cerife éva- poré longuement , et jusqu’à ce qu'il foit réduit : un tiers», ou privé de fes parties les plus fpirituenfes par la diftillation n’eft plus 157 plus auf a@if qu'auparavant, et dans cet état il a perdu une bonne partie de fon odeur et de fa faveur primitives; de telle forte qu'on diroit que cette odeur et cette faveur concourent beaucoup à fa qualité vénéneufe; mais d’un autre côté, après que l’huile a été precipitée de lefprit de vin, elle conferve en- core un peu d’odeur, et de goût, et cependant elle n’eft plus un poifon. De forte qu’aprés toutes ces expériences, quoiqu’elles aient été extrêmement variées, et multipliées, nous ignorons en quoi confifte réellement le poifon des feuilles de Laurier-cerife , nous ignorons le méchanifme de ce poifon, et nous ne favons même pas fur quelle partie il agit en donnant la mort aux animaux; quoique nous avons appris par les expériences, et par les faits que nous venons de rapporter, beaucoup d’autres vérites qu’on ne favoit pas auparavant , et qu’on n’auroit pas pù deviner ; ainfi la fcience de l’homme eft toujours accompagnée de l’ignorance . Il ne nous femble pas permis d’aller au de là de la fimple expérien- ce, et c’eft à cile feule qu'il convient de nous en tenir. Mais combien eft-il de cas dans lefquels ou l’expérience fe tait, ou nous ne réuffifions pas à en imaginer de décihve! Ce qui mérite cependant beaucoup d’attention, c’eft de voir que ce poifon peut tuer un animal en peu d’inftans, étant appliqué feulement à très-petite dofe dans l’intérieur de la bou- che, fans toucher à l’efophage, et fans fe porter dans l’eflomac, tandis que lorfqu'il à été appliqué, même à plus grande dofe ;. fur les parties bleflées, il a paru fi peu a&if, que les animaux les plus foibles, comme les pigeons, y ont refifté, au lieu qu’ils font morts lorfqu’on le leur a fimplement appliqué dans linté- rieur de la bouche, et fur les yeux. Quoiqu'il en foit, ce phénomene me paroit tout à fait finsulier , et digne d’être ultérigurement examiné avec la plus (an gran- 158 grande attention. Je ne défefpere pas de pouvoif revenir fur cet- te matiere dans un tems plus opportun, et alors je chercherai auffi à donner plus de certitude, et d’extenfion à mes autres expériences fur ce poifon , nommément, à celle de l'injection de ce fluide dans les vaifleaux fanguins fur l'animal vivant. Dans le peu d’animaux fur lefquels j'ai fait cette opération, et aux petites dofes que J'ai employées de ce poifon, pendant que Jétois à Londres, je l’ai trouvé tout à fait innocent: ce qui fait une grande exception parmi les autres poifons que j'ai examinés, if 7 ta Dr > EX PEUR ILE No GE SUR QUELQUES AUTRES SUBSTANCES VÉGETALES Sur le Toxicodendron. | rai defiré pouvoir faire quelques expériences fuivies fur dd le Toxicodendron, que les écrivains les plus célebres ont com- muvément régardé comme un poifon très-puiflant , quoique quel. ques phyficiens modernes ne l’aient pas trouvé tel pour certains . animaux. Mais jai été forcé d'abandonner dès le commence- ment mes recherches fur cette plante, parceque j'ai eu ie mal heur de m’empoifonner moi mème par trois fois de fuite avec fes feuilles. Et j'ai ainfi payé bien cher mon pirrhonifme, et mon peu de précaution en devenant moi même le fujet de mes expériences . Je commençai par tirer le fuc des feuilles par la fimple expreffion, et je fis avaler de ce fuc à divers animaux, qui ne moururent, ni ne tomberent malades, quoiqu’ils en euflent pris une 159 une aflez grande dofe. Je le donnai encore fous forme d’extrait , et cette préparation ne fit pas plus d’effet; à la vérité, la perfon- ne qui cueillit les feuilles eut une maladie qui reflembloit beau- coup à l’éréfypele, fur tout dans le commencement . Tandis qu’elle détachoit les feuilles, illui tomba fur le dos de la main deux pe- tites gouttes à peine fenfibles de leur lait. Trois jours après, on voyoit deux petites taches obfcures à l’endroit où le lait étoit tombé, ct au bout de trois autres jours, tout le vifage, les yeux et le col commencerent à lui enfler, et ces parties devin- rent rouges et brùlantes, comme aufli la poitrine, et les mains. Elle n’eut jamais de fievre; mais elle fut cependant obligée de garder le lit pendant plus de quinze jours, et l’épiderme lui tomba peu à peu en petites portions, lui faifant toujours fouf- frir une fenfation incommode de prurit, et de cuiflon tout à la fois. Il me paroifloit fort étrange, qu’une fi petite quantité de ce lait eût pù occafionner une maladie auffi étendue, et aufli incommode, et qu’elle eut opéré fi tard. On fait encore que les poifons n’operent point quand ils ne font appliqués que fur l’épiderme; du moins on ne l’obferve pas communément. Je crus enfin, je l'avoue, que c’étoit une maladie accidentelle, et pro- venant de toute autre caufe. Je fus encore plus confitmé dans cette opinion, après que Jeus appliqué abondamment de ce lait fur la peau découverte à quelques lapins, Cochons d’Inde, et pigeons, et après que j'en eus fait manger fur de la mie de pain à ces mêmes animaux, et qu’en fin je l’eus appliqué fur les bleflures que je leur fis exprés à la peau et aux mufcles. Je ne pus m'appercevoîr dans aucune de ces épreuves et de ces expériences, que ce lait fut un poifon, et qu'il eût procuré à ces animaux la moindre peti- te incommodité. Jachevai d’en être tout à fait perfuadé après avoir fait tomber de grofles gouttes de ce lait fur les mains à deux ‘160 deux jardiniers qui eurent à la vérité au bout de trois jours les marques noires dont j'ai parlé, mais qui n’éprouverent aucune maladie. Je ne craignis plus de faire la même expérience fur moi même. Je touchai à peine le dos de ma mainavecune feuil- le de Toxicodendron , que j'avois coupée avec un couteau auprès de la tige. Je pus à peine m’appercevoir d’un peu d’humidité fur Ja peau à l’endroit où je l’avois appliquée. Trois jours après, il y parut une tache obfcure, et au bout de trois autres jours, tout mon vifage commença d’enfler, et furtout aux paupieres et aux extrémités des oreilles. Je fouffris une cuiffon terrible pendant 15 jours, et une démangeaifon in- fupportable pendant autres 15 jours; même à la main, et fur- tout entre les doigts, qui étoient devenus rouges et s’étoient couverts çà ct là de petites véficules pleines d’une humeur tranfparente et fubtile: je n’eus pas la fievre, mais mon pouls étoit très-agité. La peau de mon vifage et principalement au- tour des yeux, et des paupieres, paroifloit remplie et tendue par un fluide aqueux, et retenoit facilement l’empreinte des corps extérieurs qui la touchoient. L’épiderme me tomba pa- reillement par petites écailles, et je fouffris un prurit très-in- commode pendant tout le tems de la maladie. Au bout de quelques jours, et lorfqu'il me fembloit que j'étois guéri, je fus dans le cas de faire des expériences fur l’air des feuilles de Toxicodendron, et je ne pus éviter, quelque précaution que je prifle, d’en toucher quelques unes avec les doists; mais par les endroits où elles n’étoient point entamées, et où il ne pouvoit y avoir aucun foupçon de lait. Six jours après, Jenflai de nouveau dans toutes les parties qui s’étoient tu- méfées la premiere fois; quoique beaucoup moins, et pour rnoins de tems. Cependant, mes yeux et mes paupieres me donnerent beaucoup de mal,et furent guéris beaucoup plus tard. 20 161 20 autres jours s'étant paffés; je voulus examiner l'air de quelques feuilles de cette plante que j'avois fait préparer par quelqu'un autre, et toucher fous l’eau quelques unes de ces feuil- les. Au bout de 4 jours, mon vifage et mes yeux fe tumé- fierent pour la troifiéme fois, quoique beaucoup moins que les deux premieres. Ce feroit une abfurdité de croire que le lait des feuilles du toxicodendron eft innocent pour l’homme , quand ileft appli. qué à l’épiderme; mais d’un autre côté, il eft tout-à-fait ex- traordinaire, qu'un atôme de ce poifon produife, au bout de quelques jours feulement, des défordres auffi notables, et en tant de parties fi éloignées, tandifque le fuc des feuilles et leur lait font entierement innocens pour les animaux, tant à l’inté- rieur qu'à l’extérieur , et même dans leurs bleflures. Si ce lait n’a point opéré fur les deux jardiniers, g'a été certainement parceque leurs mains étoient extrêmement calleutes; et je ne crus pas devoir le leur faire toucher aux endroits, où l'épider- me étoit plus délicate ; j'étois curieux de favoir fi les parties : calleufes rélifteient à ce poifon, et la premiere épreuve fuffi- foit pour n'en affurer. ee ER al Es IN GES Aer l'Huile de Tabac: E fis une petite incifion fur la jambe droite a un pigeon, J et 7y appliquai une goutte d’huile de Tabac. Au bout de deux minutes: perdit le! mouvent de la patte droite. Je répétai l'expérience fur un autre pigeon , et l’évenement fut entierement le même. Tome II. X Je 162 Je fis une petite bleflure avec mufcles de ia poitrineàun pigeon, et j'y appliquai l'huile de Tabac. Au bout de trois minutes l'animal ne pouvoit plus fe foutenir fur la patte gauche . Cette même expérience fut répété fur un autre pigion, avec le même fuccés. Jinfinuai dans les mufcles de la poitrine è un pigeon un petit morceau de bois enduit d'huile de Tabac, et le pigeon en peu de fecondes tomba comme s’il eut été mort. Deux autres pigeons, aux mufcles des quels j'avois appli- qué lhuile de Tabac, vomirent plufieurs fois, tout ce qu’ils avoient mangé. | Deux autres, traités comme cideflus, mais ayant l’efto- mae vuide, firent tous les efforts poffibles pour vomir. J'ai obfervé qu'en général le vomiffement eft l’effer le plus conftant de cette huile, mais que la perte du mouvement dans la partie inférieure à l’endroit où on l’a appliqué, n’eft qu'ac- cidentelle. D'ailleurs aucun des animaux aux quels j'ai appli- qué l’huile de Tabac n’en eft mort. Confideration fur les nerfs dans les maladies. Qu'il me foit permis de propoler, pour la derniere fois, quelques doutes contre la trop grande facilité qu’on à dans la Medecine moderne, de recourir aux nerfs pour expliquer la plus grande partie des maladies du corps humain. "A peine les Anciens connoiffoient cette fource de tant de maladies, à la quelle quelques Auteurs des plus modernes ont même cru de- voir les attribuer toutes fans exception. Je ne pretends que jetter du doute {ur la trop grande ex- ten- 163 tenfion qu’on à voulu donner aux fonfions des nerfs dans les maladies du corps humain, et je me flatte que mes raifons pour- ront fairè quelque impreffion fur les perfonnes qui ne fe laifient pas furprendre par des hypothefes, qu’on n’a le plus fouvent adoptées, que parce quelles n’ont les plus fouvent adoptées ; que parce quelles n’ont jammais été fufliflament examinées . Hoffman dans le Tom. IL. de la Medecine rationelle a fou- tenu que toutes les maladies du corps humain étoient nerveu- fes, et parmi les plus modernes, le favant Medecin Anglois Mufgrawe a fourenu la même opinion. Les plus modérés parmi les Auteurs les plus recens qui aient ecrit fur ces maladies en ont diminué, ou groffi le Catalogue, chacun felon fa fantailie ou fon fyfteme, et il eft fort etrange de voir que les uns met- tent autant d’ardeur à exclure de ce nombre plufieurs maladies, que les autres en mettent à les reconnoitre pour nerveufes. Mais il faut avant tout, etablir quelques verités qui fervi- ront à me faire mieux entendre fur une matiere, dans la quelie il y a tant de confufion ,et d’obfcurité. Il n’eft aucun organe dans le corps vivant, qui ne puifle être altéré par des caufes in- ternes et externes, et qui ne puiffe enfuite donner licu à quelque maladie. Hipocrate et les autres Medecins de l’antiqui- té favoient bien que fi quelque partie dans l'homme venoit à étre altéré, elle pouvoit rendre malade une autre partie; mais on ne croyoit pour cela ni au confèufus de nerfs, ni aux mala- dies nerveufes des modernes, dont il eft queftion dans cet ou- vrage. Hippocrate n’ignoroit pas ce que peuvent fur homme les affeétions de lame , et combien de défordres et d’altérations elles font capables d’occafioner dans l’économie animale; mais nous ne pretendons rien nier de tout cela, er ce ne font pas là les maladies nerveufes que nous examinons maintenant . D'ailleurs les nerfs font, come chacun fait, l’iaftrument du mouvementet Xe 2 du 164 du featiment: dans les animaux; c’eft des nerfs que dependenties fonétions les plus nobles, et les plus neceffaires à la vie: On ne peut donc pas douter que beaucoup de maladies ne puillent être nerveufes, et que les nerfs ne doivent être dans bien de: cas la fource des plus graves derangemens. Mais fi l’on ne peut pas dou- ter que beaucoup de maladies foient nerveufes, on peut bien de- mander aux Medécins , quels font les fignes certains. pour connoi- tre qu'une maladie eft purement nerveule ;,on peut domander pour- quoi ce ne peut pas être une maladie des: feules humeurs les plus, groflieres, et comment l’on pervenient à favoir, que les nerfs ont été immediatement attaqués dans ces derangemens de l’économie animale, qu’on veut attribuer tous. aux nerfs. Je ne m'erige pas en Medecin; mais fai oui dire à pluficurs. Medecins des plus ha- biles, que les: fignes des maladies nerveufes font pour la plupart equivoques et trompeurs .. Les modernes ont fait une claffe de mouvemens, et de maladies /ywpatigues, et ils ont cru en avoir démontré l’exi-. ftance en fe prévalant des mouvemens de léternuement, et de: l'iris. On fait que le fameux anatomifte Merkel a cru: pouvoir expliquer l’éternuement parles chocs. qu'éprouvent les nerfs des narines, qui partent du nerf vidien, le quel nait du maxillaire fupérieur dont dérive un autre nerf, qui conjointement avec un raineau de la fixième paire forme lintercoftal. Meckel dit donc, que les chocs faits fur les nerfs du nez doivent fe com. muniquer néceflairement à tout le nerf ‘intercolbal, de: là: par conféquent au pbréaique, ec à tour les mufcles du col du dos et des lombes. Dans ie fait, les vrais mouvemens fympatiques doivent être produits en conféquence: de chocs méchaniques faits contre les nerfs, et par la communication de ces organes, et c’eft ainfi que les cat confidérés les meilleurs phyfiologiftes ; mais ces deux mouvemens, de l’éternuement et de liris, font pure- 165 pure ment volontaires (2) non point organiques ; non fympathi- ques nerveux, ct ne font point produits par des chocs extérieurs , comme l’a cru jufqu'ici le commun des anatomiftes. On n’a qu’à lire à-ce fujec mon Ouvrage fur les mouvemens de l'iris ,(b) pour en être perfuadé. Du moins il me paroit que j'ai appor- té l’évidence ,et la démonftration dans cette matiere fi obfcure. D'ailleurs ces prétendues fympathies nerveufes font appu- yées fur un principe dont l’expérience a démontré la faufleté : c'eft qu'en irritant un nerf, on communique le monvement aux rameaux qu'il jette au deflus de la partie ftimulée, et c’eft pour cela que le grand Haller étant devenu plus habile anato- milte, et meilleur obfervateur, ou révoque en doute ; ou nie ou- vertement ces prétendues fympathies nerveufes qu’il avoit ad- mifes dans fa jeunefle. On ne dira point fans doute que ces mouvemens font nerveux et fympathiques, parceque c’eit l’ame qui les: produit en fe fervant des nerfs, qui font l'organe du mouvement, et du fentiment. Ce n’eft pas là l'opinion de Meckely ni de ceux qui expliquent autrement que nous ces mouvemens. Il eft des: médecins qui expliquent toutes les maladies ner- veufes en fuppofant les nerfs endurcis, deflechés, raccornis. D’autres, au contraire les croient flafques , et relachés dans ces maladies. ;, J'ai toujours trouvé ,y difoit le grand Boerhaave , qu’autant il eft facile d’imaginer une caufe pour expliquer une maladie ; autant il eft enfuite difficile. de prouver qu’elle eft réelle ; et d’en ètre intimement perfuadé ;, Que les fauteurs du fyfteme des maladies: nerveufes n’objeétent pas que les nerfs accélerent et retardent le mouvement du fang dans fa) Il faut voir dans l’Ouvrage cité par l'auteur dans quel fans il faut enten- dre le mot volontaire , (5) Imprimé à Lucques , 166 dans mille cas, comme on l’obferve dans ia crainte, dans k plaifir, et dans tant d’autres états de l’animal. Il eft vrai, et nous me voulons pas le nier, qu'après ces affeftions du princi- pe fentant, on obferve dans le corps vivant, des altérations et des mouvemens qu'on n’y obfervoit pas auparavant; mais ce n’eft pas encore aflez pour affurer que ces changemens font pro- duits par les nerfs feuls, et que les nerfs agiflent immédiare- ment fur les vaifleaux rouges. Le célebre Haller pofledant la plus fine anatomie croyoit, comme on le voit dans fon beau mémoire ,, de imperio nervorum in arterias, que ces vailleaux étoient ferrés par les anneaux nerveux, dont il trouvoit les ar. téres munies en plufieurs endroits. Mais comme il étoit grand expérimentateur en même tems qu'excellent anatomifte , il aban- donna bientôt cette hypothefe, que l’obfervation oculaire dé- mente. Le nerf, de quelque maniere qu'il foit irrité, ne fe contraéte point à l’oeil mème armé du microfcope, et l’on ne voit point les plus petits vaiffeaux rouges , fe rétirer ou ofcil- ler quand on les irrite avec des ftimulans méchaniques ; l'ana- tomie ne nous aflure pas non plus qu’il y ait des fibres ner- veufes, et mufculaires dans les plus petits vaifleaux rouges, en- forte qu'ils femblent être dénués de tous les iuftrumens du mouvement animal. On voit fouvent, d’ailleurs, des perfonnes convulfion- ner beaucoup fans fievre et fans altération fenfible dans le pouls; il eft vrai qu’on obferve aufli quelque fois le con- traire ; mais les phyfiologiftes n’ignorent pas que dans les convulfions , le mouvement du fang peut être accéléré par la contraction «les mufcles qui le poufle des veines dans le coeur. Le célebre M. Spallanzani a obfervé qu'on peut irriter la moël- le épiniere dans les grenouilles, fans que la circulation du fang foit accélérée pour cela dans les vaifleaux du méféntere de ces ani- 167 animaux . Jai étendu cette même expérience , fur plufieurs autres efpeces d'animaux à fang froid, à et fang chaud, et jai toujours eu le même réfultat, enforte qu'il paroit que les nerfs ne peuvent avoir aucune aétion immédiate ni fur les veines ni fur les artéres, quoiqu'il foit vrai que les pailons de l’ame excitent les plus grands défordres dans l’économie animale. Les changemens dont nous avons fait mention arrivent, à la véritè, après que certaines fenfations enteu lieu dans l’ani- mal; mais il n’elt pas prouvé pour cela , qu’ils dérivent des nerfs ; et que les nerfs ayent une aétion immédiate fur les organes qu’on voit altérés dans ces cas là. Il eft vrai que les feétateurs de Stahl voulant s'élever àun principe général qui peut s'appli- quer à tous les mouvemens de Ja machine vivante, tant dans l'état de fanté que dans celui de maladie, ‘ont eu recours à l’e- me, comme au premier moteur de toute l’économie animale; mais nous ne prétendons point combattre l’éxiftance des mala- dies nerveufes dans l’hypothefe de Stahl, felon da quelle tous les mouvemens animaux devroient étre regardés comme pure- ment nerveux, et tous les dérangemens excités, de quelque ma- niere que ce foit, dans l’économie animale, feroient des mala- dies nerveufes. Les maladies nerveufes font les conféquences immédiates des checs que les nerfs peuvent avoir foufferts, ou des affections extraordinaires excitées fur le principe fentant, et nous confiderons ici principalement la feule premiere clafle de ces maux. L’on voit en effet que Boerhaave admet des mala- dies nerveufcs, quoiqu'il taxe enfuite de fauficté ke fyftème de Stahl. Haller lui même eft de la même opinion. Les deux Au- teurs les plus modernes qui aient écrit fur les maladies nerveufes, les célebres M." de la Roche et Tiffot n’héfitent pas à rejetter même le fyltèéme plus raifonnable du favant médecin Anglois Whytt; fur le principe des mouvemens animaux , et cependant ils fou- tren 168 tiennent l’un et l’autre les maladies nerveufes avec plus ou moins d’extenfion . En un mot, je ne crois pas qu'on veuille dire, qu’un mouvement quelconque, qu’une alteration accidentelle, et fe- condaire eft une vraie maladie nerveufe, parcequ’elle arrive après une fenfation excitée dans l’ame. Ou bien il faudra dire aufli, que les mouvemens qu'occafionnent la peur, le plaitir, la douleur, font des maladies nerveufes; ainfñ, par exemple, la refpiration difficile, et pénible, pour la quelle 11 faut dilater da- vantage le thorax fera une maladie nerveufe, tandis que les nerfs ne font point altérés dans ces cas, et que le médecin ne cher- chera certainement pas à guérir un organe qui n’eft abfolument point été. On a vù en plufieurs endroits de cet Ouvrage, qu’il y a des poifons qui n’excitent dans l’animal vivant aucune forte de maladie, fi on les applique immédiatement fur les nerfs. On a vù encore, que ces poifons iotroduits dans le fang, fans avoir touché aucune partie folide, excitent tout d’un coup les plus fortes convulfons , et les fymptômes les plus décififs de ce qu’on croit être des affetions nerveufes. On a vu enfin , que lorfqu’on empoifonne avec ces fubftances vénéneufes les bleflures qu'on fait aux animaux , ils éprouvent tous les fignes des maladies nerveufes . D'un autre côté, j'ai déja fait voir, que les convulfons peuvent s’exciter dans les animaux vivans, fans que lcvfyftème nerveux foit affecté le moins du monde, et que le défaut d’équi- libre des forces, et des humeurs fufñir pour produire les plus vio- lentes convullions dans les mufcles . (4) Nous avons donc tous les fignes des maladies nerveufes» fans que les nerfs y aient aucune part; et en même tems, nous voyons (2) Voyez ci devant, premiere Partie. 169 voyons ces contractions s’exciicr, lors même que leurs caufes ne paroiflent agir que fur les humeurs de l'animal, et tandis que ces mêmes caufes fe trouvent innocentes, ct fans eflet fur les nerfs, de quelque maniere qu’on les y applique. Il ne fuffit donc pas de voir tous ces fymptômes, pour prononcer avec aflurance que la maladie eft purement nerveufe . Mais il eft un argument qui paroit ne laifler aucun réfuge au Pirrhonien le plus prévenu, et le plus obftiné. On obferve au fujet de tous les mouvemens, tant volontaires que fponta- nés, qui s'exécutent par le moyen des nerfs, que fi l’on ftimule les nerfs qui vont aux organes de ces mouvemens, ces mouve- mens s’enfuivent conftamment, et néceflairement. Cette loi eft générale pour tous les mufcles, pour tous les nerfs, dans tous les animaux, et ne fouffre aucune excéption. C’eit donc une loi certaine, un principe fùr, et un Criteriwm infaillible de la natu- re de ces mouvemens. Le coeur eft l'organe qui eft affé@té avant tous les autres, dans les paffions de l’ame, et dans les affeGions nerveufes; et c'eft de cette premiere altération que dépendent le grand nom- bre d’autres ; qui l’accompagnent. Qu’on ouvre la poitrine à un animal à fang froid ( cette expérience eft fujette à moins d’in- certitude dans ces animaux, que dans ceux à fang chaud, chez lefquels l’effet eft cependant le même ), et qu’on ftimule de la maniere qu'on voudra les nerfs qui vont au coeur; ce mufcle n’accélérera pas pour cela fes contraétions s’il eft en mouvement ni ne reprendra fes mouvemens s’il eft en repos, quoiqu'il foit encore en état de fe contraéter au moindre choc qu’efluyent fes fibres. On aura beau infinuer de longues épingles dans le canal vertébral, déchirer la moëlle épiniere , et le cerveu : le coeur de- meurera infenfible à tout . Les nerfs qui vont au coeur ne font donc en aucune maniere les organes du mouvement de ce mufcle, comme Tome II. Y ils 170 ils le font certainement dans tous les autres mufcles. lis ne pour- ront donc jamais lui caufer aucune altération fenfible , quelles- que foient les affeions de l’animal. L’expérience eft certaine, et la conféquence eft directe (4). Ce feroit d’ailleurs une vérita- ble contradiîtion, que les mouvemens du coeur fe fillent par de moyen des nerfs, etque les nerfs ne pullent jamais faire naître ces mouvemens, comme l’expérience le démontre. On ne fauroit donc avancer avec certitude, que les altéra- tions du coeur, qui accompagnent d'ordinaire les affections de l'ame, fe font par la voie immédiate des nerfs, et non par d’aus tres moyens, et l’unique conféquence qu’un philofophe fans pre- vention puille tirer de tout ce que nous venons de dire, c’eft que nous ignorons par quelles voies, et par quel méchanifme, les affections de l’ame agiflent fur le coeur. On dira peut être que /e principe fentant dans l'animal peut faire fur les nerfs des impreflions que ne peuvent imiter les chocs méchaniques ; mais cette nouvelle fuppofition eift contrédi- te par l'expérience journaliere, puifque le moindre choc contre le plus petit nerf qui aboutit à un mufcle, fuffit pour le mou- voir; et c’eft là une vérité de fair qui n’eft démentie par aucune obfervation contraire . On oppofera que l'expérience de l’immobilité du coeur aux chocs qu’on fait éfluyer à fes nerfs, eft contrédite par plu- fieurs obfervateurs même des plus fameux: il n’y a d'autre re- ponfe à cela, que d’en appeller à l’expérience, Quiconque. en doute peut aifément s’en aflurer ‘par foi même ; il faut prendre une grenouille, lui ouvrir la poitrine, et lui couper la tête: at- tendre que le coeur foic en repos, ou qu’il fe meuve lentement, fin à que l'expérience fvit plus décilive, et alors on n'a qu’à in- finuer . (a) Cette importante vérité a été démontrée par l'Auteur dans fon traité fur la Phyfique animale, Tom. I. pi 92., publié en Italien à Florence en 1775" 171 finuer librement une épingle dans la moëlle épiniere, et l’on verra bientôt ce qu’il en eft. Sion laifle la grenouille en liberté, fi on ne lui tient pas bien les patt:s, on court rifque , que par- mi les convulfions violentes qu’on excite dans tous les mufcles, le coeur même ne foit heurté, et ne fe meuve par tout autre caufe que par l’a&ion des nerfs. C’eft là fans doute ce qui a trompé tant de bons anatomiftes, qui ont cru que ce mouvement étoit immédiatement occafionné par les nerfs. Voyez à ce fujet les expériences rapportées dans l’Ouvrage déja cité. C’eft donc, à mon avis, une chofe démontrée avec la der- niere évidence, qu'aucun mouvement du coeur ne peut être pro- duit par la voie des nerfs, dans aucun cas, quoique le coeur foit de tous les organes mufculaires} celui qui fe reffent le plus des afkétions de lame. D’après cela il fera permis de douter avec quelque fondement, que les mouvemens des autres mufcles foient toujours produits par l’aftion immédiate des nerfs, tan- difque les mouvemens du coeur ne fe font jamais par leur moyen. On peut rapporter en faveur de l’hypothefe des nerfs mille autres argumens femblables; mais tous indire&ts, et qui prouve- ront feulement, qu’après une fenfation dans l’animal vivant, on voit fuivre quelque mouvement dans fon corps. Tout cela ne fufht pas encore pour démontrer que cet effet a été produit im- mediatement par l’aétion des nerfs. La peur rallentit, ou accélere le mouvement du coeur, et cependant, il n’y a point d’a&ion immediate des nerfs fur le coeur, comme on vient de le voir, quoiqu'il foit vrai que cette altération eft la fuite d’une fenfation. Le favant Traduéteur de la nouvelle edition de l’Ouvrage Anglois de M. Robert Whytt fur les maladies nerveufes imprimé à Paris en 1777, fait une note à la page 151 du premier Tome contre fon Auteur, qui me femble aflez convenable à Wa nôtre 172 nôtre fujet pour la rapporter en entier. M. Whytt avoit fou- tenu, que les maladies hyfteriques ( ou pour mieux dire leurs fymptomes ) que les maladies hypocondriaques , même des hom- mes n'étoient point différentes entr’elles; et que les unes auffi bien que les autres étoient purement nerveufes. C'eft à quoi le Traduéteur ajouta en note ,, que c’eft là veritablement le » moyen de tout confondre, et de tout embrouiller. Les sym- 3) ptomes que M. Whytt vient de rapporter , ajoute-t-il ne font » que des effets communs à toutes les maladies, à un nombre » plus ou moins grand, à un degré plus ou moins fort. Iln’y » a aucune maladie, où le fyftéme nerveux ne foit en foufiran- » ce: mais ce qu'il importe au medecin de connoître, autant » qu'il fe peut, c’eft la caufe de la maladie. Or il eft certain, » que le caufe de trois quarts des maladies des Femmes ont leur » fiege dans la matrice. Les anciens, ne font donc point tom- > bés dans l’erreur lorfqu’ils ont donné le nom d’hyfteriques aux » maladies des femmes dans les quelles les nerfs offrent à l’obfer- » vation le plus grand nombre de fymptomes , Il y a plufieurs fubftances qui font annoncées comme ser vines dans les matieres medicales , parce qu’on croit que leur efficacité s’ex- cerce fur les nerfs . Quant à moi je crois que rien ne foit plus difficile » que de prouver d’une maniere affez claire qu’un medicament agit immediatement fur les nerfs, et non pas fur d’autres parties du corps animal; de forte que les fymptomes qui en derivent doi vent ètre confiderés pour une femple afféétion nerveufe. Je n’en- tends pas parler ici pourtant, de certaines fubftances qui ont furement le pouvoir de diffoudre, corroder, ou ronger les nerfs ; car elles ont certainement une veritable a&ion immediate fur les nerfs. Il eft vrai que les fubftances fpiritueufes appliquées aux narines , paroiflent operer dans l’inftant, et d’une maniere bien di- verfe fur les nerfs; mais il faut confiderer, qu’elles excitent dans l’ani- » 173 l'animal la fenfation particuliere à l’organe, et non pas feulement l'effet d’une fimple percuffion méchanique faite fur la membrane pituitaire. La lumiere ordinaire du foleil eft entierement inno- cente, de quelque maniere qu’elle foit appliquée au corps, et l'animal ne la fent même pas; mais appliquée aux yeux eile peut y faire une telle impreffion qu’elle y excite à l’inftant la plus vive douleur, et même les larmes. L'oeil feul fent les im- preffions de la lumiere, et les autres parties, quoique douées auffi de fentiment, et de vie, y font infenfibles. La difficulté dont je viens de faire mention fe reduit donc à ne prouver au- tre chofe, fi non qu’une percuffion plus forte par rapport à un organe determiné, excite dans l’animal une plus forte fenfation, et avec plus de promptitude qu'une percuffion beaucoup moin- dre; ce qui eft tout-à-fait naturel, et ne prouve rien en fa- veur de l’hypothefe des nerfs. Mais qui peut nous affurer que les particules des odeurs ne peuvent pénétrer , même en peu d’inftans à travavers un corps tout poreux, et rempli de canaux et de fluides, qui font fans cef- fe en mouvement? Je fais qu'on croit communement , que l’opium introduit dans l’eftomac produit des effets qu’on n’obferve point lorfqw’il eft appliqué aux autres parties de l’animal. Mais qui nous aflu- rera encore ici, en fuppofant le fait inconteftable, que pour de- tacher les parties les plus aétives de ce corps il ne faille pas des fucs qui ne fe trouvent, que dans l’eltomac, et qu'il n’y ait pas dans ces vifcere des très-petits vaiffeaux , on des porofités propres à les récevoir, qui ne fe trouvent point ailleurs? Je n'ignore point qu'on a affirmé que l’opium appliqué immedia- tement aux nerfs produit la paralyfie dans les mufcles: mais je me fouviens d’avoir và, il y a déja plufieurs années, qu'un tel derangement étoit dû plutôt à l’efprit de vin dans, le quel j'a- vois 174 vois diflous'‘l'opiumm, parce qu'il n’arrivoit rien de: fembla- ble, lorfqu’on le diffolvoit dans l’eau. Ce fait me paroit affez intereffant pour en répéter l'expérience, ce que je ne manquerai pas de faire auffitôt que j'en aurai le loifir; d'autant plus qu’on peut faire valoir contre mon opinion l'autorité de Monro, qui a trouvé le contraire. Il y à dans le corps vivant des voies encore ignorées, des forces inconnues, des principes cachés. On voit la néceffité de les admettre; mais on en ignore la nature et le méchanifme. Si c'elt un mal d’ignorer une vérité, c’eft un plus grand mal de croire à une erreur. On ne s’efforce point de tirer des conféquen- ces erronées des chofes qu’on ignore; mais leserreurs nous jettent néceffairement dans de nouvelles erreurs. Il vaut donc beaucoup mieux ignorer une verité, que favoir une erreur. Il m'eft arrivé plufieurs fois, et en divers endroits de cet Ouvrage, de parler de l'influence des nerfs dans les maladies. J'en ai parlé trop peu, relativement à l’importance du fujet ,et beau- coup trop certainement, pour un Ouvrage, dans le quel j’avois un tout autre objet; mais je n’ai pù réfilter à l’évidence que mes “expériences m'ont offerte. Elles m'ont induit à en faire, malgré moi, quelques applications à certains phénomenes de l’économie animale . Ce n’eft pas que je prétende détromper ceux qui font pré- venus en faveur d’un principe , qui fe prête d’autant plus aifé- ment à tous les ‘befoins de la médecine fyftematique , qu’il cft plus obfcur et plus vague; et Je n’ignore pas qu’il eft d’un grand fecours pour ceux qui la profeflent. Tel eft le cara&tere des hypothefes obfcures et indéterminées : elles s'adaptent à tout, parce qu’on peut les modifier fuivant les cas particuliers; mais c'eft précifément ce qui doit les rendre fufpe&es. Je dois cependant faire ici une exception en faveur de plu- fieurs 175 fieurs médecins très-habiles qui ont avoué avec franchife , que mes expériences jettent de grands doutes fur la nature des mala- dies nerveufes en général. Je me contenterai de nommer parmi plufieurs autres, le plus grand Médecin de Angleterre le célebre Chevalier Pringle le quel me dit ,; qu'il n’avoit jamais trop cru » aux maladies nerveufes, et:qu'il y croiroit déformais. encore. » moins qu'auparavant. 3 Je ne veux pas nier, je le répéte, que les nerfs ne foient, en général, organe du fentiment , ou du mouvement dans les ani- maux comme l’a nié le Grand Albinus : ce feroit trop, mais on peut mettre en queftion , fi tous les mouvemens qu’on obferve dans les animaux dépendent immédiatement des nerfs, ou fi le matieres qui les ont excité ,ont agi fur les nerf imediatement , comme on la pretendu du poifon de la Vipere, du Ticunas, du Laurier-Ceri- fe . ... contre l’a@ion des quelles fe bornent à la fin mes reflexions. On ne peut nier non plus,» qu'il ne s’enfuive mil- le défordres dans l’économie animale,-quand le principe fèn- tant eft affeté , comme on ne peut pas ‘aflirmer que les nerfs puiflent être affcétés impunément ; mais il ne s'enfuit pas encore de li, que toutes les maladies qu’on attribue com- munement aux nerfs, dérivent des nerfs feuls ;, qu’elles ne puif- fent plutôt dépendre des humeurs; que les médicamens, et les poi- fons agillent immediatement fur les nerfs; etenfin que les nerfs, ec cela eft principalement où je me borne , agiflent immédiatement fur les autres folides . L’irritabilité paroit indépendante du fentiment de l’animal ; et il n’eft d’ailleurs rien qui démontre , que les mufcles ne fe puiffent mou- voir que par la feule action des nerfs. Le principe fentant, et les nerfs peuvent avoir avec le fang et avec les humeurs des rap- ports que nous ne connoiffons point encore, et ces humeurs plus ou moins altérées, peuvent exercer leur influence contre les parties foli- 176 folides de l’animal. Il eft permis de tout fuppofer, plutôt que de refifter à l’expérience directe, et lumineufe. ll eft permis d'ima- giner de nouvelles conftruétions de parties , et d’organes, de fup- pofer de nouveaux rapports, quand il s’agit d'établir une vérité, mais imaginer une conftruétion nouvelle, admettre des rapports inconnus pour foutenir une hypothefe, ce feroit bâtir les palais enchantés de l’Ariofte pour y loger Roger, et Alcine. EX- 179 Ps «Malo Bol «IE N CE S PONT ESS IL OOND RES, EN 1778 6£ 1779 Sur la Reproduction des nerfs. i a connoïflance que j'avois acquife de la vraie ftruéture des A 4 nerfs, et des cilindres primitifs dont ces organes font for- més, comme on verra dans le Traité fuivant m’avoit donné le defir d’en faire quelque application à l’économie animale. Pen- dant mon séjour à Londres, je ne manquai pas d'examiner le mufeum du célebre Doéteur Hunter , Là M. Crukshens, jeune hom- me de très-grande efpérance dans la fcience ‘anatomique , et difle- éteur de ce favant Profeffeur, me fit voir un vale dans le quel il me dit qu’étoit confervé un nerf reproduit de la huitiéme paire d’un chien, au quel il l’avoit coupé. La chofe me parut tout à fait neuve, et digne de la plus grande attention, Il ajouta que ce nerf avoit été conpé du vivant de fani- mal, au quelil en avoit enlevé une portion dela longueur d’en- viron un pouce, et en effet, on voyoit que fur la longueur à peu près d’un pouce, ce nerf étoit fort différent de ce qu’il étoit par tout ailleurs. Dans cet efpace il étoit fort grofli, tout irrégulier , et raboteux , et paroifloit formé d’une fubftance diffé- rente du refle. Il me vint deux raifons de douter du fait au moment où je vis cette préparation de M. Crukshens. L'une que dans au- cune des expériences que javois faites à Paris fur le vénin de la Vipere, je navois jamais obfervé une vraie réunion des par- Tome EL. Z ties 186 ties nerveufes dans le nerf fciatique, que j'avois cependant cou- pé tant de fois. L’autre qu'on pouvoit admettre que dans le nerf en queftion il pouvoit bien y avoir une réunion d’une partie à l’autre, mais non pas une vraie reprodution des deux extrémités nerveules, à l’effer de former un feulnerf,comme il étoit auparavant. Ces foupçons me firent defirer d’avoir une converfation particuliere avec M. Crukshens, dans la quelle je lui deman- dai, entr’autres chofes, quel étoit le fentiment de M. Hunter fur cette matiere. Il me dit avecingénuité, que M. Hunter ne voyoit pas dans ces expériences, que le nerf fût vraiment re- produit, et que la ftruéture extérieure de la partie coupée, fi différente de tout Je refte, faifoit très-fort foupgonner à cet ha- bile anatomifte, que la chofe étoit différemment. J'appris alors de M. Crukshens, qu'il avoit coupé non feulement le nerf de la huitiéme paire, mais encore, dansle même tems, le nerf in- tercoftal, et que l’un et l’autre de ces nerfs paroifoient s'être également reproduits, etil n’avoit pas feulement coupé ces deux nerfs au col de l'animal d’un feul côté, mais de tous les deux, enforte que tant les deux nerfs de la huitiéme paire, que les deux nerfs intercoftaux , avoient été coupés par M. Crukshens dans le même animal, quoiqu’en différens tems; et à un inter- valle de 18 où 20 jours. Il et hors de doute que les extremités coupées de la hui- tiéme paire, et de l’intercoftal fe réuniffent, quoiqu’on en ait enlevé une partie, et les belles expériences de M. Crukshens le démontrent de maniere, qu'on ne faurois en douter un inftant ; mais il n’eft pas encore certain que ces nerfs reviennent à for- mer une continuité de véritable fubftance nerveufe, et médul- laire, comme auparavant, et qu’ils continuent d'exécuter les fonétions ordinaires des nerfs. Cela refte abfolument à prou- ver. 187 ver. Il eft vrai que la vie qui continue dans l’animal après-c ue ces nerfs ont été coupés, et les fonctions du coeur, qui ne font pas fenfiblement altérées feroient foupgonner que la huitiéme paire a été vraiment, et entierement réintégrée ; mais il n’eft pas même prouvé que les nerfs foient abfolument néceflaires au mouve- ment du coeur, et l’on fait que ce vifcere reçoit des nerfs d’au- tres parties, que de la huitiéme paire ; de forte qu'il eft dou- teux, fi l’on doit croire que ce foit une vraie reintégration du nerf, ou s’il faut penfer que c’eft une fimple union de par- ties, opérée par le moyen d’une fubftance hetérogene, qui s’y interpofe, et qui eft compofée de tiffu cellulaire. Mes obferva- tions fur la ftruéture des nerfs pouvoient facilement m'aflurer fi vraiement les nerfs fe reproduifent, ou non, et c’eft ce qui nia engagé à faire diverfes expériences à ce fujet. Jai préféré les Lapins, comme plus commodes pur de pareilles épreuves, et comme plus faciles à trouver. Jen ai deftiné un grande nombre pour l’excifion des nerfs fciatiques, et cruraux, er beau- coup d’autres pour celle de la huitiéme paire, et quelques uns pour celle de lintercoftal, et de la huitiéme paire en même tems. A fix lapins j'ai fimplement coupé le nerf fciatique droit, et à fix autres Jai emporté une portion de ce nerf d'environ fix ou huit lignes de longueur. Quelques uns ont vécu 18, 20 jours, et quelques autres font morts au bout di 4 à 6 jours . A d’autres J'ai examiné au bout de 30 jours et plus; les nerfs que j'avois coupés. Je n'ai pù m'appercevoir dans aucun de cesanimaux, qu'il y ait eu le moindre figne de reproduction nerveufe. Les bouts étoient dans tous auffi nets et aùfli unis que le premier jour que je les avois coupés. Les nerfs éroient blancs partout, ils m'étoicnt point groffis, point inégaux . En un mot, je fus tou- Aaa jours 180 jours plus affuré que ces nerfs dans les animaux que j'avois eme ployés, ne s’étoient point du tout reproduits. Je dois cependant avertir ici, que dans deux cas particu- liers, J'aurois pù facilement me tromper, fi je n’avois fait ufa- ge des connoiffances que j'avois acquifes fur la fMru&ure des ° nerfs et des mufcles. Dans un de ces deux cas, j'avois fimple- ment coupé le nerf fciatique; dans l’autre j'en avois enlevé une portion d’environ 6 lignes. Dans l’un et l’autre cas je ne pus voir les deux extrémités nerveufes, et je trouvai, qu’une fub- ftance en partie cellulaire et en partie charnue les couvroit.par- faitement ; et les lioit enfemble. Ce qu'il y a de plusfingulier, c’eft que plus jenlevois de cette fubftance avec un fcalpel, plus il fembloit que l’union et la reproduction de ce nerf s’étoient vraie- ment faites. Mais le microfcope me tira bientôt de ce foupgon, ét je m’apperçus enfin, que cette fubftance n’étoit pas formée de ces cylindres nerveux primitifs, dont il fera parlé dans le fuivant Trai té, mais du tiflu cellulaire, et des cylindres charnus primitifs « Ces deux dernieres obfervations me firent foupgonner que le nerf de la huitiéme paire et l’intercoftal n’avoient préfenté qu’une reproduction apparente, parceque dans tous les autres cas des nerfs fciatiques et cruraux que j'avois coupés; il ne paroif. foit aucun figne de réunion, ou de reprodution de parties. Il eft vrai que l'animal, qui n’eft jamais tranquille et re. mie toujours, peut empêcher dans ces cas la réunion des nerfs coupés. Mais on auroit dû voir du moins les deux extrémités des nerfs un peu changées et arrondies, comme cela arrive dans toutes les parties qui fe reproduifent, ou qui fe réunifient après avoir été coupées. i Mais c’eft encore à l’expérience à décider; et il ne faut pas former des conjeétures quand l’expérience peut parler . Je coupai à douze lapins la huitiéme paire de nerfs , et à dou- 181 douze autres j'en enlevai une portion de fix à huit lignes et plus; à ceux-ci j'enlevai encore une égale portion du nerf in- tercoftal. L’un des premiers mourut au bout de quattre jours, deux des feconds moururent au bout de trois jours; et un troi- fiéme de ces derniers mourut au bout de huit jours. Ceux qui ne moururent pas ne parurent pas avoir fouffert fenfiblement, et ils mangerent peu de tems après l’operation , comme ils faifoient auparavant . Je coupai l’autre nerf de la huitiéme paire au bout de 25 jours, è une partie de ces lapins , et à quelques autres j’enlevai une portion tant du nerf de la huitiéme paire, que de l’intercoftal . Sur fix de ces derniers, il en mourut trois en peu de jours. Ce n’eft pas ici le lieu de donner un détail de tout ce que j'ai obfervé dans ces animaux. Je me contenterai pout le pré- fent; de rapporter en général quelques obfervations. Dans deux feuls de ces animaux, je n'ai pu obferver au- cun changement dans les nerfs coupés, quoique j'aie examiné l'un au bout de 16 jours, et l’autre au bout de 27. Dans un autre, j'obfervai que les bouts coupés du nerf avoient changé de couleur et de forme; mais on n’y voyoit pas de vraie réu- nion, ou de reproduction nerveufe fenfible. Dans un quattriéme, qui moufut 23 jours après l’operation , les extrémités des nerfs s'étoient un peu prolongées en forme de còne; mais elles ne s’unifloient pas enfemble. Il y avoit à la vé- rité une membrane plane entre les nerfs, qui les unifloit impar- faitement. Dans tous les autres, on voyoit que les parties des nerfs qui avoient été fimplement coupées, s’étoient réunies, ct elles avoient changé de couleur ,et de groffeur. En général elles étoient comme couvertes de tiflu cellulaire sroffi, et un peu rouge. Quant aux nerfs dont j’avois enlevé une portion, il s’y étoit fait une réunion , qui paroifloit dûe pareillement à une fubftance cel- 199 cellulaire fort groflie, inégale, et pleine de vaiffeaux rouges, Les extrémités des nerfs, où la feétion avoir été faite, étoient d’une couleur plus blanche, que partout ailleurs. Je recherchai la forme fpirale des nerfs dans ces parties reproduites et inégales (a), et quoiqu’il me parùt dans plus d’un, que les fpires, ou les bandes blanches fe voyoient plusou moins; il ne me fut cependant jamais donné de pouvoir les voir d’une extrémité à l’autre du nerf, de forte que j’étois incertain que la partie reproduite fût vraiment nerveufe, et non pas plutôt cel- lulaire; et je ne pus non plus m’affurer tout-à-fait en coupant ce tiflu cellulaire, dont j'enlevai auffi des portiens, fi vraiment les cylindres nerveux primitifs pafloient d’une partie à l’autre du nerf, quoique je les vifle prolongés à travers ce tiffu cellulaire reproduit. J'avoue que je n’ai pas eu toutes les commodités qu’il m'auroit fallu pour m’affurer d’une obfervation auffi importante, et que J'ai trouvée en même tems très-difficile . Tout ce que je puis dire avec vérité c’eft, que les bouts coupés des nerfs fe prolongent, qu’ils changent de figure, et de couleur, et qu'ils font unis par une fubftance mitoyenne, qui eft un prolongement du tiffu cellulaire même des deux portions coupées des nerfs. Les cylindr es tortueux , et les vaiffeaux fan- guins paflent d’une partie à-l’autre , et tout eft réuni, comme fi la tunique cellulaire des nerfs étoit d’une feule piece , quoiqu’elle foit beaucoup plus groffe , et plus inégale , que dans le refte du nerf. La difficulté d'établir par l’obfervarion immédiate et ocu- laire, fi dans les cas cideflus les nerfs font vraiment reproduits, ou fimplement attachés enfemble par un tiffu cellulaire, m’a fait redoubler d’attention, et multiplier mes expériences. Je ne crois pas me tromper en avançant maintenant com- me (a) On verra dans le Traité qui fuit ce que c'eft que cette forme fpirale 0 ou bandes blanches dont il eft parlé ici. 191 me une chofe certaine, qu'une pareille reproduétion des nerfs peut avoir lieu; quoique on ne puiffe pas toujours la démontrer avec évidence, et que peut être elle ne fe falle pas toujours, bien queles nerfs paroiffent réunis enfemble ; et reproduits. Je puis certifier que je l’ai obfervée dans deux cas particu- liers, et das un des deux, d’une maniere fi évidente et fà cer- taine, que j'ai jugé convenable d’en donner ici la figure, et la de- fcription. Mais je le répéte, une fimple continuité de parties entre les bouts coupés d’un nerf ne fuflit pas pour décider fi les nerfs fe reproduifent, et il ne fuffit pas non plus qu'il fe pro- duife ou fe prolonge une fubftance cellulaire; quoiqu’elle foit la continuation de celle du nerfs même. Il faut s'aflurer fi les cylin- dres nerveux paffent d’une partie à l’autre fans aucune interruption . La Fig. IL P. 7. repréfente le nerf de la huitiéme paire d’un Lapin de groffeur médiocre, que j’obfervai avec une lentille qui groflifloit environ trois fois en diametre . La partie que j'a- vois enlevée de ce nerf éroit de fix lignes , et je difféquai Pani- mal vingt neuf jours après l'opération. Je trouvai que les deux extrémités coupées du nerf s’étoient réunies; mais qu’à l’endroit où la réunion s’étoit faite: favoir, en r,r; le nerf étoit moins gros que partout ailleurs. °A quelque diftance du point r,r ,à l’endtoit précis de la fe&ion, on voyoit deux taches blanches 7 #, # #, comme elles font repréfentées dans les Fis. II et IV. Ces deux taches for- moient deux anneaux opaques autour du nerf, et immédiatement après ces anneaux le nerf commengoit de chaque côté à décroî- tre en maniere de cône, et à fe prolonger ainfi jufqu’en r,r, où un cône rencontroit l’autre. On voit dans la Fig. III et beau- coup mieux dans la Fig. IV , les bandes fpirales du nerf, lefquel- les continuoient jufques en r , r, oùelles paroiffoient moins bien, et avec difficulté. ’A l’en- 184 "A l'endroit des deux taches #2, #2, les bandes paroiffoient interrompues , où pour mieux dire, la couleur blanche du nerf en cet endroit empéchoit qu’on ne pùt les voir. Le nerf étoit poli partout, et il étoit tel, même dans tout le trajet des deux cônes nerveux. Je fus curieux de voir ce nerf avec une lentille très-aigue, et d'examiner le tiflu cellulaire qui le couvroit, et furtout dans les deux cônes. La Fig. V. repréfente le nerf obfervé avec une lentille fort aigue. Je trouvai qu’il étoit couvert du tiflu cellulaire accoutu- mé. Je l’éxaminai enfuite avec une lentille des plus fortes, et je le trouvai, comme on voit dans la Fig. VI, formé des cy- lindres nerveux primitifs, dont tout nerfeft compofé , ce que nous fairons voir dans le Traité qui fuit, Cescylindres diminuoient de diamètre en s’approchant les uns des autres au point x, r, des deux cônes, et l’on voyoit très-bien qu'ils étoient continus, et qu’ils pafloient d’une partie à l’autre. La Fis. VII. repréfente le même nerf, mais en partie altéré par laétion des aiguilles, et décompolé vers la rencontre des deux cônes, pour qu'on pùt mieux voir la continuité des cylindres nerveux primitifs. Deux chofes concourent à nous faire croire qu'il s’eft fait une vraie reproduction dans ce nerf. L'une c’eft l'apparence des bandes fpirales qu'on retrouve même dans la partie repro- duite, ou la plus mince du nerf, l’autre eft la continuté des cylindres nerveux primitifs, la quelle ne permet pas d’admet- tre le moindre foupcon de doute. J'ai eu un autre cas de reproduction , prefque entierement femblable à celui que jai décrit. On voyoit encore ici les deux taches blanches , et à l’endroit de la fe&ion les deux cônes qui fe rencontroient par leur pointe. Les bandes fpirales fe conti- nuoient dans les cônes, et la continuité des cylindres nerveux primitifs fe faifoit voir par tout le nerf. Cet 185 C'eft donc une vérité de fait, que les nerfs de la huitiéme paire fe réuniflent non feulement quand ils ont été divifés par une feétion; mais encore lorsqu'on en a enlevé une portion de plufieurs lignes de longueur. Dans le premier cas, il y a une vraie réunion de parties, une vraie continuité de fubftance; en un mot, une noninterruption des cylindres nerveux primitifs et des tuniques externes qui les entourent. Dans le fecond cas, le nerf s’eft reproduit, c’eit à dire, la fubftance nerveufe s’eft aug- mentée dans les deux extrémités, et en fe prolongeant ces deux extrémités fe font rencontrées, à l’effet de former un tout ho- mogene, continue, et uniforme. Il eft d’ailleurs fingulier , que les deux extrémités du nerf coupé fe rencontrent fi jufte, qu’elles puiffent s'unir enfemble : fur- tout quand on a emporté une très-grande portion du nerf, com- me par exemple un pouce. Dans ce cas, il paroit tout à fait in- vraifemblable que les parties coupées doivent fe rencontrer fi bien; et cela eft d'autant plusdifficile, qu’en faifant les fe&tions , on dérange beaucoup la fituation des nerfs. Mais il faut confi- dérer d’abord, que toutes les parties du col, et fpécialement les mufcles continuant à faire leurs fon&ions accoutumées, obligent les nerfs-à fe remettre dans telle fituation que, ces parties , et que ces mouvemens exigent. D'un autre côté, je dois obferver ici qu'ayant exprès chan- gé deux fois la direction des extrémités coupées , de maniere qu'el- les fe préfentoient en fens centraire, je ne trouvai pas que ces parties fe fuffent enfuite réunies ou rencontrées . Si Jeufle eu plus de tems, j’aurois cherché à déterminer, fi cette faculté qu'ont les nerfs de la huitiéme paire; et les inter- coftaux, de fe reproduire eft commune à beaucoup d’autres nerfs, comme cela paroit probable. Que fi les nerfs fciatiques ne fe re- produifent pas c’eit, qu’ils font peut-être du petit nombre de ceux Tome II. Aa qui 186 qui n’ont pas cet avantage, ou bien il y a peut être trop demou- vement pour cet effet dans ces parties, et peut-être fe reprodui- roient-ils fi l’on diminuoit le mouvement. H fe peut auffi que ce foit une propriété qui n’appartienne qu'aux nerfs les plus effen- tiels à la vie animale; mais on peut éclaircir tous ces points avec facilité par l'expérience immédiate . Chacun voit maintewant, qu’il réfulte de tout ce que nous venons de dire un grand nombre de vérités intéreflantes pour la Médecine , et la Chirurgie même. On conçoit comment le fentiment, et même le mouvement font revenus dans quelques parties qui étoient prefqu’entierement détachées du‘ corps ani- mal. Les nerfs s’étoient réunis dans ces cas là, et continuoient d'être infirumens du mouvement, et du fentiment. Dans beau- coup de cas d’urgente néceffité , on craindra moins de couper quelque nerf particulier, et l’on devra feulement avoir foin que les extrémités coupées foient placées visà vis une de l’autre . Il eft une expérience phyfologique pour prouver la réuuion des nerfs coupés, que je n'ai pas faite, faute de tems. Elle confifte à couper les nerfs phréniques. Une fois que la réunion des parties coupées s’eft faite, fi l’on irrite ces nerfs au deffus de la fection vers la tête, la diaphragme doit fe conétraëter fi la réunion eft parfaite, et s’il y a une vraie continuité de la fubftance du nerf. OBSER- 1660000 2100000 000088 UE OBSERVATION SUR LA STRUCTURE PRIMITIVE DU CORPS ANIMAL. ON .P_AR È E A N C0 RE DES VEGETAUX ET DES FOSSILES. LE gg E ça EN Dig Par Bugs ® OVE SCECRIVUAVT L'OUN'S Sur la Strudure des Nerfs faites è Londres eu 1779. E toutes les parties organiques dont l’animalvivant eft for- mé, il n’eft aucune, à mon avis, dont la ftruéture foit moins connue, et en même tems plus importante à connoitre que celle du cerveau,et des nerfs qui en dérivent. Les meilleurs Auteurs n'ont avancé que de pures hypothe- fes fur ces parties; et les obfervateurs les plus pénétrans nous ont donné des obfervations qui ont été contredites par d’autres obfervateurs également habiles; de forte qu'après avoir tout examiné fans préventien, nous fommes forcés d’avouer, que nous n’avons rien appris, et que la texture de ces organes cft obfcure et incertaine. Aa2 Le 188 Le célebre Haller, après avoir comparé les diverfes opinions des Anatomiftes touchant la ftruéture des nerfs, et après avoir exa- miné principalement les obfervations de Leewenoeck fur la ftru- Cture de ces parties , avoue ingénument, qu'on ne peut avancer lì-deffus que de fimples conjeétures. Il penche cependant à croi- re qu'il peut y avoir dans les nerfs une ftruéture tubulaire . Parmi les derniers phyficiens qui ont obfervé. le corps animal, il en eft deux furtout qui méritent d’être cités. L'un eft le favant Pere della Torre, connu par plufieurs ouvrages de Phyfique, et plus encore par les obfervations microfcopiques qu'il a publiées en différens tems; l’autre eft M. Prochaska, habile Profeffeur d’Anatomie è Prague, le quel nous a donné deux Qu- vrages microfcopiques très-intéreffans : l’un fur la fibre charnue, et l’autre fur la Aru&ure des nerfs. Le Pere della Torre (a) examine les deux A me cor- ticale, et médullaire du cerveau et du cervelet: il examine en- core la moëlle allongée, la moëlle épiniere, et enfin la fubftance médullaire des nerfs. Il erouve que tous ces organes ne font au- tre chofe qu’un fimple amas de globules innombrables, tranfpa- rens, et nageans dans un fluide diaphane. Ces globules, dit-il, font très-petits dans la fubftance médullaire des nerfs, dans les quels ils font placés prefque en ligne droite, de forte qu’i!s fem- blent compofer des fils et des fibres fimples, au lieu que dans le cerveau ils font très-gros, moindres dans le cervelet , et enco- re moindres dans la moëlle allongée, et dans la moélle épiniere ; et dans ces parties, ils ne font point placés'en ligne droite, mais ils font mélés confufément enfemble . M. Prochaska (65) ne reconnoit aucune différence entre la fubftance corticale; et la fubftance médullaire du cerveau ; mais il trou- (a) Nuove Offervazioni microfcopiche. Napoli 1776. (6) Serutura nervorum Vindobon 1779. 189 trouve qu’elles font formées lune; et l’autre d’une immenfe quan- tité de globules unis enfemble par un tiflu cellulaire élaftique , très- tranfparent. Il n’eft point d'accord avec le. Pere della Torre relativement à la différente grofleur de ces globules; mais il obfervé comme lui qu’ils font dispofés en ligne droite dans les nerfs; et qu'ils imitent une ftruéture fibreufe longitudinale . Albinus, qui a joint à l’ufage des injeétions les plus fines celui du microfcope, nie que la fubitance corticale et la fubftan- ce médullairè du cerveau foient purement vafculaires . D'autres ont confidéré non feulement la fubftance du cerveau, mais encore celle des nerfs comme une fubftance non organique , comme une pulpe muqueufe. D'autres l’ont prife pour une fubftance pure- ment cellulaire; et les uns et les autres ont cru partir de la fimple infpeétion oculaire aidée du microfcope. On voit facilement par le peu que nous venons de dire, que noùs fommes dans une grande incertitude, tant furla ftru- éture des nerfs ,mêmes que fur celle du cerveau.Cependant les obfervations du Pere della Torre et de M. Prochaska méritent confidération. Indépendamment de leur habileté à obferver, ces Meffieurs n’ignoroïient rien de tout ce que les autres phyficiens avoient vu, ou cru voir, avant eux. Ils étoient douc moins ex- pofés à fe tromper en parcourant une carriete déja battue et ils méritent d'autant mieux la plus grande confidération de nôtre part, qu’ils font entierement d’accord fur la ftruéture primitive de ces parties, qu’ils croient formées de fimples globules . Me trouvant à Londres en 1779, j'ouis dire quele célebre anatomifte M. Monro à Edimbourg avoit fait d'importantes dé- couvertes fur la ftruéture des nerfs ; mais comme j'ignorois non feulement le détail, mais encore les réfultats de fes obfervations, je crus devoir lui écrire de la maniere fuivante : Mon- 22 19œ » MonsiIEUR » Quoique je n’aie pas l'honneur d’être connu de vous per- fonnellement, je prends la liberté de vous ecrire pour vous demander quelques informations anatomiques . Jai oui dire que . vous avez fait des découvertes intéreflantes concernant la ftru- éture des nerfs, et que vous en avez publié quelque chofe dans un journal, et dans deux mémoires Its à la fociété d'Edimbours . Comme je travaille fur ce fujet, je defirerois {avoir jusqu’à quel point vous avez porté vos recherches, à fin de pouvoir vous rendre toute la juftice que vous méritez, dans le cas où je me déterminerois un jour à donner mes obfervations au pu- blic. Je regarde vos découvertes comme déja publiées , et con- féquemment comme antérieures aux miennes, mais fi j’écrivois fur ce fujet avant de les bien connoître, je ferois hors d’état de vous attribuer tout ce qui vous appartient, et en paflant vos travaux fous filence , j'encourrois le foupgon de vouloir m'ap- proprier les découvertes des autres. Vous ne pouvez courir au- cune forte de rifque, en me faifant part de ce que vous avez fait, puifque d'un côté vous avez déja communiqué vos découvertes à un corps public, et de l’autre, ma lettre fera toujours une aflurance pour vous, contre tel mauvais ufage que je pourrais faire de votre complaifance . Les hommes d’un vrai mérite font rarement foupçonneux et cachés: C’eit ce qui me fait efpèrer que vous voudrez bien accorder quelque fa- veur è un homme qui vous rend la plus grande juftice, et qui defire des'inftruire par les découvertes dont vous avez en- richi et avancé les connoiflances anatomiques. ;, N'ayant point reçu de réponfe de M. Monro, et craignant que ma lettre ne lui für point parvenue, j'en fisune copie, que je lui 191 je lui envoyai par le moyen de M. Crawford (4), fon éleve, qui fe trouvoit pour lors à Londres. Je le priai de lui faire tenir cette lettre en mains propres par quelque perfonne fùre; mais tout fut inutile, et je n’eus aucune réponfe' de l’illuftre Pro- fefleur d'Edimbourg . J'appris fur ces entrefaites qu'il étoit fait mention des découvertes de M. Monro dans la premiere partie du Tome VI. d'un journal intitulé: Medical and Philofophic Commentary by @ fosiety in Edimb. Imprimé à Londres en 1779. n’ayant pù avoir aucune information fur ce fujet de la part de M. Monro lui même, comme je m'en étois flatté, et comme je l’aurois fou- haité pour rendre juftice à ce favant; je ferai obligé de faire ufage du peu qu’on lit dans le journal que je vieus de citer, et pour plus grande fureté, je rapporterai tout au long l'article concernant les découvertes de ce Profeffeur. En voici la tradu- ion lietérale (5),, le Doëteur Alexandre Monro Profefeur d’ana- » tomie à Edimbourg a enfeigné depuis peu dans fes leçons >; beaucoup de particularités relatives au cerveau, et aux nerfs, » les quelles font entierement neuves, et peuvent conduire à » des opinions très-différentes de celles que les phyfiologiftes s peuvent avoir eues jufqu'à préfent au fujet de ces organes. Il » 2 lr auffi un mémoire fur le même fujet à la focieté philo- » fophique d’Edimbourg'. » Nous ne pouvons prétendre de donner maintenant un » détail fuffifant de fes deferiptions qui font fondées entiere- » ment fur l’obfervation microfcopique, jointe à la plus fine » difléétion, et qu’il a éclaircies par un grand nombre de plan- » ches; nous obferverons feulenient , qu’il a trouvé que la ftru- » ture de ces parties eft très-diftrente de ce qu'on s’étoit ima- » gt (a) Savant Phyficien, et auteur d’un excellent livre fur la chaleur occulte. {2) Do&or Alexander Monro Profeflor of anatomy ec. 192 giné précedemment. Il a découvert que le cerveau, et les nerfs, dans toutes les clafles d’animaux, au lieu d’être com- pofés de fibres droites, le font partout de fibres entortillées, qui ont environ =, de pouce de diametre, et qui paroiffent n'être pas creufes, mais folides. » Il trouve que leur étendue dansle fyftême eft beaucoup plus grande qu'on ne l’avoit jamais cru, et qu’elles entrent feulement dans la compofition des parties deftinées au fenti- ment, et au mouvement mais encore dans celle de toutes les autres parties du corps, » Il a découvert, par exemple, qu'elles pénetrent jufqu'à la derniere extrémité des plus longs cheveux, qu’elles entrent en grand nombre dans la compofition de l’épiderme , et des ongles . Il avance de plus, que le volume de tous nos organes dépend principalement de leurs nerfs, et que lorfqu’on coupe tranfverfalement un mufcle ou un inteftin, on divife un beau- coup plus grande nombre de nerfs, que lorfqu'on fait la mé- me opération fur les cordes que les anatomiftes appellent les nerfs de ces parties. » Il trouve auffi qu’on peut appercevoir dans tout le re- gne végétal un fyfteme de fibres entortillées , analogues à tous égardsaux nerfs du corps humain. Bien plus, que les métaux, demimétaux, terres , et fels font prefque entierement compofés de fibres entortillées, et ferpentantes, femblables par leur grof- feur, et par leur forme aux nerfs des animaux. 2 » Ce n’eft pas à nous de déterminer jufqu'à quel point le témoignage des obfervateurs futurs confirmera les defcri- ptions du Do&teur Monro; mais nous mhéfitons point à aflu- rer que fi le détail qu’il a donné réfifte au creufet du doute philofophique , on doit le eonfidérer comme la plus grande découverte qui ait été faite en anatomie depuis bien des années. ,, La É Q La découverte de M. Monro conliile principalément, à ce qu'il paroit, en ce qu'il a trouvé que le cerveau, et les nerfs font compofés de fibres etortillées, et non de fibres droites; I que ces fibres ont environ +, de pouce de diamétre , et qu’elles ne font pas creufes, mais folides.Ilajoute que ces mêmes fibres entrent non feulement dans la compofition des organes du fer- timent et da mouvement, mais encore dans celle de toutes Les autres parties du corps; et il les retrouve dans les cheveux dans l’épiderme, et dans les ongles. Il veut encore que la maffe principale de tous les organes de Panimal foit compofés de ces fibres entortillées, c'eltà dite, de nerfs. Enfin, il trouve un fyftéme de fibres enzorzi/lées analo- gues en tout aux nerfs du corps humain, dans le regne végé- tal, et il croit que les fofliles font prefqu'entierement compolés de fibres ertarti//ées , femblables par leur grofleur, et par leur forme aux nerfs de l'animal. Il paroit qu'on peut en toute fureté conclure de tout cela, que M. Monro regarde comme de nature nerveufe dans les ani- maux les fibres entortillées , quoiqu'il convienne d’ailleurs , qu'elles ne fe trouvent point inflrumens du mouvement, et du fentiment dans tout le corps, comme elles ne le font certaine- ment pas dans les plantes, dans les foffiles, non plus que dans les ongles , et les cheveux. Quoique la plus grande partie de ces découvertes de M, Monro paroiflent des paradoxes, ce n’eft pas une raifon pour les nier, et la feule autorité de ce Profeficur fufliroit pour qu’on dût examiner les obfervations avec la plus grande attention, quand même limportance de la matiere, qui cl très - piquante par clle même, ne l’exigeroit pas. Les nouvelles découvertes de M. Monro font entierement Tome IT, B b dif- 194 différentes des obfervations qui ont été faites avant lui, fur la ftrufture du cerveau et des nerfs. Jai donc crù devoir me mettre à examiner cette matiere comme fi elle m’eût été en- tierement nouvelle; et les opinions des écrivains ne m’ont fervi qu'à me rendre plus retenu à prononcer, même fur ce que j'ob- fervois le plus conftamment. Jai voulu examiner les nerfs comme ils paroiffent à l’oeil dans l’animal vivant; et fans toucher aux parties qui les com- pofent, je féparois feulement les parties qui leur étoient conti- tigues, et qui étoient d’une nature tout à fait différente. Il ne me fut point difficile de m’appercevoir qu’ils paroifloient for- més de band:s plus ou moins régulieres, ou de taches alternati- vement blanches, et obfcures. La Fig. I. pl. IH repréfente un de ces nerfs, dans le quel les bandes étoient plus régulieres, et plus diftinétes que dans les autres. Je les examinai avec une lentille qui groffi- foit 6 fois, et le tout fe voyoit beaucoup mieux, et plus diftinétement. Je détachai le nerf de l’animal, fans le tirailler en aucun facon, et je l’examinai fur un verre. Les bandes fe montroient de la plus grande régularité , elles étoient toutes éga- lement larges, et les intervalles d’une bande à l’autre étoiene égaux entr’eux, et égaux aux bandes mêmes. Je penfai d'abord, que ces bandes formoient dans le nerf une véritable fpirale, ou pour mieux dire, qu’elles tournoient en fpirale, comme feroir. un ruban autour d’un cylindre. Cette idée me paroifloit ne pas différer de ce que l’obfervarion me préfentoit, etce qui fembloit encore la confirmer, c’eft que ce nerf roulant ainfi fur lui mé- me, les bandes paroïfloient continuer par tout leurs circonvolu- tions, et je n’appercevois pas qu’elles fullent formées d’anneaux détachés , et placés à d’égales diftances. Je fus curieux de voir fi cette finguliere ftru@ture , ou ap- pa- 195 parence fpirale , étoit commune à tous Îles nerfs, et je n'épargnai ni tems ni travail pour m'en aflurer. Il eft vrai de dire que dans le grand nombre de nerfs que j'ai examinés jufquici dans les animaux, j'en ai peu vis dans les quels les bandes fuflent auffi régulieres que dans la Fig. L déja citée. Communément, ces bandes femblent fe couper à différens angles, et fe croifer entr’elles, et fouvent on en voit de difiéren- tes largeurs. Mais foit grandes foit petites , régulieres ou irrégulieres, qu’elles fe croifent entr'elles ou qu’elles marchent paralle- ment, on obferve cette apparence de bandes dans tous les nerfs, jufques dans le cerveau, et dans la moëlle épiniere, c’eft à di- re, à l’endroit où les nerfs fe forment en fils, ou cylindres. Il faut une certaine attention pour obferver ces fpirales, dans bien des nerfs, furtout au lieu de leur origine. Quand ils font couverts de trop de tiflu cellulaire, ou s'ily eft par floccons, il faut l'enlever pour mieux voir les fpira- les. Dans une grande partie des nerfs, on les voit à l'oeil nud fans qu'il foit befoin d'aucune préparation, de forte que cette forme de bandes eft un caraétere certain, et conftant dans les nerfs, et ces organes du mouvement et du fentiment paroiffent compofés, du moins à moitie, de ces bandes blanches, puifqu’el- les occupent environ la moitie de la longucur du nerf, lorfqu’elles font fimples, et régulieres. Ces bandes’ des nerfs ne fe détruifent pas lorfqu'on détire fortement les nerfs mêmes, quoiqu’on les voye moinsbien alors, et pourvù que la diftenfion ne foit pas extrème ; parceque dans ce dernier cas, elles peuvent s’alterer au point qu'on n’y puille plus rien diftinguer. Cette ténacité qu'ont les nerfs à conferver cette apparence de bandes ; paroit confirmer toujours davantage , que B ba. Ce 196 ce font de vraies fpirales , et qu’elles fe roulent autour du nerfs meme comme un ruban autour d’un cylindre. Je ne pouvois cependant concevoir comment les anatomiftes qui avoient cherché à connoître la nature et la compofition des nerfs , ct plus encore les obfervateurs microfcopiques ; nes’étoiert appergus deces bandes, qu'on obferve fi facilement et fi conftam- ment dans tous les nerfs. Je n’en ai du moins trouvé aucun qui en parle, quoique tel que je n'ai pointlù, puille en avoir dit quel- que chofe : c’eft ce qu'il wimporte pas beaucoup de favoir; mais il n’eft pas moins très-eflentiel qu’on fache, que les nerfs fe pré- fentent à nos yeux fous cette forme, la quelle ne peut pasétre une chofe indifférente pour la connoiflance de la nature de ces organes, fi importans pour la vie animale. Ces bandes ii fingulieres ec-fi générales en mème tems; ne peuvent pas ne pas reconnoître une caufe conftante; une ftruétu- ge et une organifation particuliere dans ces admirables organes, et une ftructure aulli finguliere dans des parties fi eflentielles à la vie et au fentiment,ne peut exiftet fans avoir les ulages des plus importans, quoique nous puiflions encore les ignorer ; cent- mè nous isnorons tant d’autres parties du méchanifme animal; et furtout le principe du mouvement, er de la vie. Mais paflons à Fexamen des différentes apparences des ban- s, et voyons avec combien de variations le nerf fe préfente à l'oeil attentif de l’obfervateur. La Fig. L, planche lil, repréfente un neïf groff environ 6 fois par une lentille. cc, cc, ce, cc, font les bandes blanches toutes également larges ét à diftances égales. 00, 00, 00, ©, font les parties opaques du nerf, tout à fait égales aux pre- mieres. La Fig. IH réprefente un nerf srofli 8 fois par unelentil e. Les bandes dans celui-ci fe coupoient fous difiérens angles et 197 et en divers endroits du nerf. La Fig. H ct un autre nerf obfer- vé comme cideflus. Les bandes font plus diftinétes, ct fe rap prochent en quelques endroits, au lieu de fe couper; mais fans aucune régularité. Le nerf de la Fig. VI repréfente auffi ces bandes blanches, dont quelques unes s’uniflent et d’autres fe cou- pent. Ce peu de régularité des bandes me fit foupgonner qu’il y en avoit plufieurs ordres dans le même nerf, et que peut être elles marchoient en fens contraire. La Fig. VII me confirma pret- que entierement dans cette croyance. L’on y voit les bandes coupées dans le milieu de la largeur du nerf, formant des an- gles parfaitement ésiux, aigus, et obtus. Mais cette hypothefe; ou ce foupgon, n’étoic pas eucore une verité d’obfervation, et il pouvait bien être faux. En multipliant mes obfervations, Je treuvai dans pluficurs nerfs un double ordre de ces bandes blan- ches qui fe rencontroient entr’elles, comme font les dents de deux roues, lorfqu’eiles s’engrenent les unes dans les autres. La Fig. V. repréfente très-bien ce double ordre de bandes que j'obfervai dans un nerf, en me fervant d’une lentille qui grof- fit 6 fois. Les bandes des deux ordres ar, oc, éroient égale- ment larges, ct à diftance égale par tout, et s’infinuoient les unes dans les autres de plus d’un tiers de leur longueur ; com- me l’on voit la bande 0 entrer dans la bande 4, et de même la bande € dans la bande r. Cette nouvelle obfervation me confir- ma encore davantage, que ces bandes couroient le long du nerf en forme de fpirales concentriques, également diftantes , et par- tout d’un égal diamètre. Il eft vrai que je les regardai comme formées de deux nerfs unis enfemble par une gaine cellulaire commune. De cette maniere je pouvois rendre raifon de toutes les irrégularités que Jai obfervées cidetlus. Le nerf de la Fis. VIH. acheva de me perfuader. r, 4, r, 4, indiquent un des deux nerfs.» et 4, 0, 4 0, indiquent l’autre. On voit clairement une ligne de 198 de féparation entre les bandes fupérieures, et les bandes inférieu- res; et cette ligne 4 2, ne pouvoit être autre chofe que l’union des deux nerfs. Il ne m’étoit plus difficile de m'affurer de la vé- rité de cette fuppolition, il fuffifoit de dépouiller parfaitement ce nerf des enveloppes communes, et de féparer enfuice les nerfs dont il pouvoit être compofé. La Fig. IV repréfente en efler ce nerf féparé, non feulement de la gaine commune, mais enco- re des nerfs qui le compofent. Ces nerfs font comme on voit au nombre de 4. Savoir, @5, ce, or, fim, et dans chacun de ceux-ci, lis bandes étoient fimples, et fans rencontres ni angles. Il ne faut cependant pas croire qu'un nerf qui préfente un feul ordre de bandes foit très-fimple, c’eft è dire, ne foit pas formé d’autres plus petits; ce feroit une erreur, et toutes mes oblerva- tions le prouvent. J'ai toujours vù que les plus gros nerfs font formés de plus petits, et les plus petits, d’autres moindres, et dans les derniers que j'appellerai fimples, on voit les bandes tou- jours régulieres, et ne formant jamais des angles. Les nerfs alors font aufli minces que des cheveux, et peut être encore davantage, et cependant les bandes fe voyent bies, même avec les lentilles les plus foibles. Quand ils font plus eros, et formés d'autres nerfs, l’on n'y voit qu’un feul ordrè de bandes, c’eft parceque le tiflu cellulaire les unit er les enve- loppe de telle forte, que l’oeil ne peut pénétrer plus avant dans ces fubltances. Cette merveilleufe ftrufture de bandes eft donc commune à tous les nerfs, même les plus petits, et l’irrégularité de ces ban- des ne dérive que des bandes mêmes des autres nerfs moindres , dont le nerf plus gros eft compofé. Jai cherché à les dépouil- ler de ieurs gaines taut particulieres ‘que communes , avec la pointe deliée d’une aiguille tranchante, fans altérer fenfiblement leur ftruurce; er j'ai certainement vû que ces bandes ne fe dé- tral- 199 truifoient pas pour cela; enforte qu’il étoic clair qu'elles dépen- doient de la tru%ure primitive de ces organes. Perfuadé enfin, que cette figure de bandes n’étoit pas une : apparence ou illufion d'optique, et voyant que les irrégularités mêmes de ces bandes me confirmoient toujours davantage dans l'opinion, que c'étoient autant de fpirales, c'eft-à-dire, qu’elles tournoient autour du nerf fans aucune interruption d’une extre- mité à l’autre, je paflai à la recherche de leur nature ou de leur compolition . \ La couleur blanche auroit pù d’abord faire juger que c’é- toit de la fubftance médullaire pure; mais l’obfervation feule devoit en décider. Ma premiere attention a éré d'examiner un petit nerf cou- vert de fon tiflu cellulaire naturel. La Fig. X!. Le repréfente tel que je l’ai vu avec une lentille très-aigue, et couvert d’eau. Les deux extrémités du nerf, 4; 4, étoient un peu tranfparen- tes, et paroifloient faites de fils très-déliés, entrelacés avec un grand nombre de globules très-gros et de forme ovale. Ces glo- bules ovales et ces petits fils font communs à toutes les gaines des nerfs. La partie opaque et moyenne du nerf 24, me parut faite de fils parallels et tortueux, comme on la voit dans la même figure. 27, m, m, font les globules oviformes qu’on obferve dans le ciflu cellulaire du nerf; et r, r,r, font les filamens da tiflu cellulaire même nageauts dans l'eau. Toutes les fio que j'examinois ce nerf de cette maniere, c'elt à dire, avec une lentille très-aigue , les bandes ne fe montroient plus à mon oeil, et je ne pouvois expliquer clairement cette di- fparition . Au lieu des bandes fpirales obfervées cidellus, je voyois des fibres paralleles et tortueufes, partout d'une égale grofieur, parcouroient la longueur du nerf, et cependant ce même nerf obfer- là Ve 200 vé à l’ocil nud, et avec une lentille peu aigue préfentoit les ban: des blanches à l’ordinaire. J'ôtai à la fin le tiffu cellulaire ou la gaine du nerf même fans en altérer la texture , et j’eus beau l’examiner dans cet état avec la plus grande attention, je ne pus voir autre chofe que des fibres tortucufes, comme les repréfente la Fis. IX. toutes mes recherches furent inutiles, et quelque grand nombre de fois que j'aie répété cet examen, je ne n'ai pù trouver dans le nerf que fibres ond£es et tortueufes quand je l’examinois avec des len- tilles aigues, et bandes, ou fpirales, quand je l’obfervois avec des lentilles moins fortes, ou à Poeil nud. Si mes premieres ob- fervations m’avoienc fait croire que le nerf étoit vraiment com- pofé de bandes larges et très-blanches, les dernieres me perfua- doient qu’il étoit formé de fibres paralleles et ondées; mais je ne favois pas encore la quelle des deux apparences étoit la véritable . Il ef bien vrai que la premiere hypothele me paroiffoit moins vraifemblable après ces dernieres obfervations, parcequ’avec les Jentilles plus fortes je ne voyois rien dans le nerf qui fùtcon- forme aux premieres apparences. Je n’y trouvois plus de fil ea de ruban qui l’entourât partout en maniere de fpirale, de forte qu’il falloit voir fi ces bandes n’étoient pas une pure illufon, d'optique. Dans cet état de doute, je n'ai vù d’autre route à prendre que de coatinuer d’obferver cette double apparence de bandes dans un cas, et de fils tortueux dans l’autre. Je diverüi- fiois tant qu'il m'étoit poflible les circonftances de cet examen; et fi je ne réuffis pas à découvrir en opérant de cette maniere, d’où proveneit, ou par quoi étoit produite cette double apparen- ce de bandes curvilignes et de filx tortueux, tout néanmoins con- couroit à me faire croire, qu'il n’y avoit autre chofe dans le nerf que de fimples fils tortueux, très-déliés, et le nerf m’en pa- roiflait tout formé, fur tout quand jexaminois un nerf très-pe- tit, 201 tit, ct non compofé d’autres moindres. Je n’y pouvois apperce. voir, je n’y trouvois que ces fils tortueux yet très-fubtils. Le mi- crofcope n’auroit pù les repréfenter aufli conftamment à l’ocil dans tant de circonftances différentes , s'ils n’y avoient été réel- lement aù j'obfervois le nerf avec les lentilles plus aigues ; et que précifément au même inftant les fils tortueux fe montroient . Cet- te difparition et cette apparition fucceflives des bandes et des fils tortueux , ct viceverfa, me fit croire enfin que les bandes étoient repréfentées à l'oeil nud, ou foiblement armé, par les fibres tortueufes mêmes. Par cette nouvelle hypothefe, je pouvois très-bien rendre raifon des diverfes apparences de forme dans la ftrudure des nerfs, et il n'y eut plus de phénomene que je n’ex- pliquafle facilement, ni d’obfervation que je ne comprifle fur le champ. Je cherchois cependant une preuve plus certaine, une expérience décilive. Je defirois de prendre la nature fur le fait. Une application obitinée de pluficurs jours, que femployai è ces obfervations, me fit réuffir enfin à y voir clair, et è décou- vrir tout le myftere. Les lentilles trop fortes me faifoient difpa- roître les bandes , et les lentilles trop faibles les fibres tortueufes , La lumiere plus ou moins forte, que je dirigeois fur l’objet par le mouvement du miroir de réflexion, produifoit des alré- rations fenfibles dans les apparences du nerf; enforte que je voyois quelque fois les bandes feules, et quelque fois les feules 4- bres tortueufes, même avee la même lentille. Je me fervis donc d’une lentille de force médiocre, et Jéclairai l’objet de maniere, que je difcernois très-hien les fibres tortueufes , et ondées; mais il ne paroifloit rien alors des ban- des fpirales. Sars toucher ni l’objet ni la lentille , je tournai fcu- lement un peu le miroir, et je dirigeai la lumiere fur l’objet, de telle forte qu'enfin les bandes fpirales m'apparurent dans la forme la plus diftinte. Je touchai enfuite à peine le miroir, les Tome II. Cc ban- 202 bandes difparurent fur le champ, et à leur place les fibres tor- tueufes fe montrerent. Je retouchai le miroir, et à l’inftant les bandes reparurent, et furent de nouveau chafices par les fibres tortueufes, au moyen d’un mouvement du miroir. J'appris ainfi à faire naitre à volonté cette double apparence de bandes, et de fibres, en éclairant feulement plus ou moins l’objet. Les Fig. IX. et X. repréfentent ces apparitions, et difpari- tions fucceflives. La Fig. X. eft le nerf dépouille de la guaine extérieure, et vu avec une lentille de force médiocre. Il étoit tellement entouré de lumiere, qu'on y voyoit diflinétement les bandes ou tachés blanches c, c, c, c, et les taches obfcures 4, a, ax a. Cette double claffe de taches obfcures et blanches for- ment les bandes du nerf. ?A peine touchai-je au miroir, que les bandes difparurent tout d’un coup; et je ne vis plus à leur place que les fibres tortueufes de la Fig. IX. Quand je mouvois le miroir par de- grés infenfibles, je voyois infenfiblement les bandes difparoître , et les fibres fe montrer, ou pour mieux dire, je voyois l’ap- parence des bandes fe convertir en vrais fils tortueux ,et paral- lels: les bandes c, c, ©, de la Fig. X, devenoient les fibres tortueufes, et convexesc, c, c, de la Fig. IX, et les intervalles opaques 4, 4,4, 4, de la Fig. X, devenoient les fibres con- caves 4, 4,4, de la Fig. IX. Il n’étoit plus poflible de douter de la réalité de ces obfer- vations ; c’eft à dire, queles bandes n’étoient point réelles , mais apparentes , et que c’étoit tout le contraire des fibres tortueufes . Toutes les obfervations que j'ai faites depuis, me l'ont con- firmé toujours davantage, de forte que je ne ‘puis pas douter que les bandes fpirales dans les nerfs ne foient une illufion d'optique, et que cette illufion ne foit produite par la forme ondée d’un grande nombre de fibres ,ou fils parallels, qui courent le long du nerf. | Par 263} Parmi les nombreufes obfervations microfcopiques que j'ai faites en différens tems fur les animaux, ou fur d’autres petits corps, il n’en eft aucune qui m’ait couté autant de peine que cel- le ci, et qui ait autant failli me tromper. J'ai fait voir ces bandes à plufeurs perfonnes accoutumées à obferver les plus petits cbjets,et la ftru&ture du corps humain , et je n’en ai trou- vé aucune qui n'ait pre pour réelle cette Faites de bandes dans le nerf, et quand j'ai voulu leur dire que ce pouvoit n'être qu’une fimple apparence, elles ont ri de mon foupgon. Après avoir ainfi furmonté cette premiere difficulté, et m'être affuré qu’on voit dans le nerf une très-grande quantité de fibres tortueufes dont il ell formé, j'ai procedé à des recher- ches ultérieures. Il étoit DA de favoir quelle eft la ftruétu- re primitive des nerfs, c’eft à dire, s’il eft compofé de canaux, ou de fimples fils; s’il ne confifte qu’en globules, ou s’il con- tient une matiere non organique, irréguliere , fpongieufe. Cette recherche eft aufli importante que difficiles; puifqu’il ne s’agit de rien moins que de fixer, une fois pour toutes, les idées des anatomiftes fur la nature des nerfs, c’eift à dire, fur la ftructure de lPorgane du mouvement, et du fentiment dans les animaux. On difpute depuis trois mille ans, et plus, depuis Hippacrate jufqu'è Albinus, depuis les Grecs jufqu'aux modernes, et il ne paroit pas qu’on ait jufqu'à préfent fait autre chofe, que muiti- plier les doutes, et les hyporhefes . Sans me. flatter beaucoup de découvrir les premiers éle- mens des nerfs, Jen ai entrepris l’examen avec ardeur , perfuadé que la connoiflance que j’avois de leurs fibres tortueufes, devoit me favorifer extrémement dans cette recherche fi difficile . Je commengai mes obfervations fur un nerf trés-petit, que javois dépouillé du tiflu cellulaire. Jobfervai bien avec une lentille très aigue les fibres tortueufes , et jen déterminai la grof SC feur . 204 feur. Cela fait, je coupai le nerf dans fa longueur vers fon ex- trémité au moyen d’une aïguille extrémement afilée , et jen di- vifai les parties, ou les fils, en les écartant les uns des autres. Le nerf étoit humecté d'eau, et les fils y flottoient. Après beau- coup de tentatives inutiles, et après plufieurs obfervations , ou fufpeétes , ou non éonftantes ; je réuflis enfin à avoir divers cylin- dres trés-petits, plus ou moins tranfparents, qui paroifloient compofés d’une pellicule, et remplis en partie d’une humeur tranfparente, gélatineufe ; ct de petits globules, ou corps inégaux. La Fig. IL PI. IV.; repréfente trois de ces tubes que j'appellerai cylindres nerveux primitifs; parce que ce font ces parties, qui conftituent le nerf ou fa partie médullaire. La Fig. V. repréfen- te un autre de ces cylindres. J'ai examiné un grand nombre de ces cylindres nerveux primitifs avec une lentille qui groffit 500 fois, À fin de mieux connoître leur ftru@ure, et leur configuration. La Fig. L en re- préfente un qui paroifloit avoir çà et là, fur fes parois quelques fragmens de fils tortueux, et quelques corpufculés fphéroides dans l’intérieur da cylindre. On en voit un autre dans la Fig. Il, qui paroifloit rempli ça et là,-de très-petits corpufeules globu- laires, plongés dans une humeur gélatineufe tranfparente. J'en ai vu d’autres qu'on auroit ctu remplis d’une fubftance gélati- neufe, rompue ‘ga et là, et féparée en divers fragmens; enforte qu'on pouvoit regarder la gelée des cylindres ,comme interrom+ pue, ou divifée en grandes maffes tranfparentes, irrégulieres. Cependant tous les efforts, que je faifois pour m'aflurer de la réalité, et de la nature de ces corpufcules irréguliers apparte- nants aux cylindres primitifs, ne fuffifoient pas pour me faire porter un jugement affuré. Il me fembloit quelque fois que c’é- toient des taches, ou des irrégularités de leurs patois extérieu- res; mais je n’ofeis me décider, et Les doutes fe multiplioient en 205 en même tems que les obfervations. Jeus recours à une lentil- le des plus aigues, et qui groffilloit 700 fois en diamètre, et après plufieurs tentatives inutiles, je parvins enfin à m’aflurer que les parois des cylindres nerveux primitifs étoient toutes ra- boteules, et pleines d’irrégularités. La Fig. IV. reprefente quat- tre de ces cylindres, #c,om,rs, ne, dans lefquels les irrégu- larités font manifeftes fur les deux 46, rs. Quand je fus enfin afluré de cette nouvelle vérité, il me reftoit à mieux connoître la véritable nature des irrégularités des cylindres , et à fa- voir s'ils contenoient des globules, ou corpufcules de forme di- verfe. Pour réuffir dans une recherche fi difficile, je commençai par féparer avec la pointe d’une aiguille les cylindres primitifs de plufieurs netfs. | Les nerfs, ou leurs extrémités étoient dans J’eau, et je fai- fois courit la pointe de l’aiguille le long du nerf, pour rompre les cylindres, ou pour les dépouiller en quelque façon de l’irré- gularité dont-il s’agit; et en effet, je réuffis à la fin à en voir un, qui avoit la forme qu’on voit dans la Fig. VI. environ la moitié de ce cylindre ac, étoit formée d’un fil tranfparent et uniforme, et l’autre moitié #4, étoit prefque le double plus groffe, moins tranfparente, irrégulicre, raboteufe. Je foupçon- nai alots, que le cylindre nerveux primitif étoit formé d’un Cy- lindre tranfparent, plus petit, plus uniforme, et couvert d’une autre fubftance, peut-être de nature cellulaire. Les obfervations que je fis depuis, me confirmerent tou- jours plus dans cette hypothefe, qui devint enfin une verité de fait. J'ai vu dans beaucoup d’occafions ces deux parties, qui com- pofent le cylindre nerveux primitif. L'une eft toute ‘extérieure, inégale, raboteufe; l’autre eit un cylindre, qui paroit formé d’une membrane particuliere, tranfparente, homogene, la quelle paroit rem 206 remplie d’une humeur gélatineufe, qui eft d'une certaine con- filtance . La Fig. IV repréfente, comme on a vu, un groupe de ces cylindres nerveux primitifs, tels que je les ai obfervés en exa- minant un nerf de lapin. Un de ceux-ci, favoir, 07; étoit entierement dépouillé de la membrane externe et raboteule, et il paroiffoit fous la forme d’un cylindre uniforme tranfparent. Un autre étoir pareillement è nud par tout, fi ce n’eft à une extrémité ze, qui paroifloit couverte et entourée d’une mem- brane extérieure raboteufe. Un troiliéme 26, étoit couvert pref- qu’en entier de la membrane raboteufe; il n’en étoit dépouillé qu'en quelques endroits. Le quattriéme rs, éroit entierement couvert de la membrane raboteule, La Fig. VII. repréfente un cylindre nerveux primitif dans le quel or ef la partie plus épaifle, ou couverte d’un tifiu cel- lulaire formé de filamens déliés. La partie rs eft dépouillée de ce tiflu cellulaire . En examinant attentivement cette enveloppe extérieure des cylindres nerveux primitifs, je crus m’appercevoir, qu’elle étoit compofée de fils tortueux, lefquels couroient le long du nerf,et formoient une enveloppe aux cylindres intérieurs; mais je m’en affurai encore mieux peu de tems après, au moyen d’une lentille qui grofliffoit 800 fois. La Fig. VII. repréfente un cylindre ner- veux primitif, couvert de la guaine extérieure. On voit qu’elle eft compofée de très-petits fils rortueux, qui marchent le long du cylindre nerveux primitif. Ces fils peuvent en quelque forte fe comparer pour leur marche au canal que forme l’épididyme, qui fe plie et fe. fa plie à tout inftant. pe de ces fils eft très-petite, elle ne m'a pas paru de plus de — de pouce, et quoiqu’ils foient fi minces, ils forment autour da cylindre nerveux -primitif une en- ve- 207 veloppe tellement épaiffe, qu’ils en triplent prefque le diamétre; et cela vient de ce que les fiiamens tortueux fe pelottonnent extrêmement , et s’amoncelent, Ces fils tortueux qui couvrent les cylindres nerveux primi- tifs, je les appellerai sy/indres tortueux des nerfs; et en les confidérant colleétivement comme une enveloppe du cylindre nerveux primitif, je l'appellerai gaine externe des cylindres ner- veux primitifs. La Fig. IX. repréfente un cylindre nerveux primitif cou- vert de fa guaine externe. On voit qu’elle ef tifflue de fils tortueux ; dont quelques uns ont été un peu féparés des autres par la pointe d’une aiguille. Ces fils tortueux ont une grofleur fenfible ; lorfqu’on les voit avec les lentilles les plus fortes , quoi- qu’ils foient beaucoup plus déliés, que les cylindres nerveux primitifs . Telle eft le conftru&ion primitive des nerfs. Le nerf eft formé d’un grand nombre de cylindres tranfparent, homogenes, uniformes; très-fimples. Ces cylindres paroiffent formés, com- me d’une paroi; ou tunique très-fubtile ; uniforme, remplie, au- tant que l'oeil peut en juger; d’une humeur tranfparente, géla- tineufe, infoluble dans l’eau. Chacun de ces cylindres reçoit une enveloppe en forme de gaine extérieure ; la quelle eft compofée d’un nombre immenfe de fils tortueux. Un très-grand nombre de cylindres tranfparens forment enfemble un très-petit nerf à pei- ne vifible, préfentant l’apparence extérieure des bandes blanches ; et pluficurs de ces nerfs forment enfemble les nerfs plus gros qu'on voit dans les animaux. Je fuis intimement convaincu par mes propres obfervations, répétées un grand nombre de fois avec le même fuccès, que les cylindres que j'ai décrits, font les fimples et premiers élemens or- ganiques des nerfs, car je ne fuis jamais parvenu à pouvoir les 208 les divifer ultérieurement, quelques épreuves que j'en aie faites à laide des aiguilles les plus aigues, et les mieux affilées, Je pou- vois bien les déchirer de plufieurs manieres, et les rompre, çà et là; mais ils étoient toujours uniques et fimples. Je pouvois les dépouiller de leurs gaines, et féparer les cylindres tortueux dont celles-ci font formées, quoique bien moindres. Le cylindre ner- veux primirif paroiffoit alors tranfparent , homogene , partout d'un égal diamètre. L’on voit par là de combien fe font trompés en général même les plus grands Anatomiftes, en foutenant que les nerfs fe divifoientet fe fubdivifoient fans ceffe, fans qu’il y eut jamais d’efpérance d’en connoître, ou d'en voir les premiers fils ou les premier élémens organiques. Il me paroit que c’eft ici un grand pas vers la connoiffan- ce d’un organe auffi eflentiel à la vie, et qui jufqu'à préfent s'étoit dérobé aux yeux des plus grands obfervateurs. Je me réferve d’examiner plus à loifir la matiere dont les nerfs font compofés, ou remplis. Ce fujet bien connu pourroit donner les plus grandes lumieres pour l’intelligence de l’écono- mie animale, et peut être encore pour celle d’un grand nombre de maladies. : £ den sex SEN CAN: St si ge ag age SUR 209 SUR LA STRUCTURE DU CERVEAU. Près avoir examiné la ftru&ure des nerfs, et leurs premiers élémens organiques, l’ordre exigeoit que je tournafle mon attention vers le cerveau, d’où ils tirent leur principale origi- ne. On fait que le cerveau eft compolé de deux fubftances , qu’on nomme corticale, et médullaire, et qu'on diftingue A leur couleur refpeGive. Nous avons déja rapporté les diverfes opinions des auteurs touchant la firuéture du cerveau. Les uns croient fa fubftance toute vafculaire, et les autres ne la veulent pas telle. Il en eft qui la fuppofent compofée des feuls vaifleaux rouges, d’autres au contraire la croient formée de vaifleaux beaucoup moindres, que les vaiileaux rouges. Malpighi a cru le cerveau glanduleux, ainfi que tous les autres. vifceres deftinés, dans l’animal, à des fécrétions partieu- lieres. Les obfervateurs les plus modernes le croyent formé ;'les uns de fimples globules, les autres d’une puipe non organique, et fpongieufe. Les obfervations que j'avois faites fur la ftrudture médul- laire des nerfs m'ont été d’un grand fecours dans l'examen du cerveau, quoique J'ale rencontré dans la fubftance corticale: de fortes difficultés, que je n’aurois, peut être jamais, pù furmon- ter, fije n'eufle auparavant connu la fubftarce médullaire de cet organe ,.dans la quelle tout fe voit beaucoup mieux ,et avec plus de clarté. C’eft par cette railon que je commencerai mes obfervations par Pexamen de la fub&ance médullaire du’ cerveau. Je ne parlerai point des vaifltaux rouges, qu’on voit dans Fome IL. D d Ja 210 la fubftance médullaire de ce vifcere , et qui font connus aux anatomiftes, fur tout depuis l’ufage des injections. Je ne traiterai que de cette partie de la fubftance médul- laire,. qui eft tout à fait blanche, et qui n'eft certainement pas formée de vaifleaux rouges. Jai coupé avec un rafoir une petite lame teès:mince de la fubltance médullaire, et je l’ai : étendue fur un verre hume‘tè d’eau. Jai examiné cette fubftance avec là plus grande attention, en variant la lumiere à propos, et il m'a paru qu’elle étoit formée d’une fubftance cellulaire, tranfpas rente, couverte çà et lì de tiès-petits cylindres rortueuxi, arron: dis. La Fig. 8. rr. PI. V, repréfente cette fubftance, la quelle bien obfervée, fembloit compofée comme d’un amas d’intéftins ; mais tout étoit obfcur , etincertain. A’ côté, en 4, 4 , étoient plufieurs corpufcules nageants dans l’éau, détachés de la fubftance cellulaire .-Quelques uns font plus gros que les autres, plus ou moins et oviformes, irréguliers. Cette forme inteitinale dela fub- ftance médullaire du cerveau , me fit foupçonner que ce pou- voient être des canaux ou vaiflèaux , et que toute la fubitance mé- dullaire en étoit formée. Et en effet ayant obfervé de nouveau cette fubftance médullaire de la Fig. VIII: avec une lentille beau- coup plus aigue, je vis qu’elle paroïfloit vraiment formée d’un amas de petits inteftins irréguliers, tortueux, tranfparens, rem- plis d’une humeur gélatineufe. Il ne me fut pas poffible d'en voir davantage. Il paroïfloit feulement que ces petits inteftins étoient très-courts,et que quelques uns fe terminoient en de pe: tits globules, ou corps fphéroides . Quelque certaine que me parût cette obfervation, elle me Iniffoit néanmoins encore beaucoup à defirer. Jaurois voulu voir mieux toutes chofes, m'aflurer fi c'étoient des canaux qui fe ra- mifioient. J’eus recours à une lentille qui sroffifloit 700 fois, et plus en diamêtre ; et après diverfes tentatives inutiles , je parvins à ob- “AI à obferver cette mèmer;partie que javois auparavant touchée av ce la pointe d’une aiguille, ct que j'avois de nouveau humeétée d’eau. Joblervai alors avec toute certitude, qu’elle étoit vraiment formée d’une fubftance vafculaire et tortueufe, la quelle fe re- plioit en maniere d’inteftins, faifant plulfieurs tours , et circonvo- lutions, La Fig. IX. repréfente fort bien comment elle paroif- foit à l’oeil armé de cette lentille. Tout au tour étoient les glo- bules r, 7, qui paroifloient entourés de quelque chofe, et quel- ques corps ronds,ou emouflés fe montroient dans la fubftance in- teftinale même, et il paroiffoit que quelques uns de ces inteftins fe terminoient dans ces corps. Il eft certain du moins, que ces corpufcules arrondis, font attachés avec ténacité à cette fub- ftance, et que l’eau ne peut facilement les en détacher, Cependant les coups de pointe d’aiguille que j'avois don- nés contre cette fubitance, avoient détaché divers corps qu’on voit repréfentés dans la Fig. XVI. on diroit que quelques. uns font branchus, furtout le plus gros, D'autres femblent fi- nir dans les corpufcules , dont je viens de parler. Je n'ofe cepen- dant former là deflus aucune conjeéture; et je repréfente fcule- ment l'objet tel que je l'ai vù. Pai répété cette obfervation un très-grand nombre de fois; mais je n’ai pas encorc réuffi à voir rien de plus. Je me fuis à la vérité toujours mieux affuré, que la fubftance médullaire du cerveau n’et pas un fimple amas de vaifleaux artériels , et veineux, qu’elle n'e pas formée de fim- ples globules ou corpufcules fphéroides; mais que c’eft une fub- ftance organifée, une fubftance particnliere, compofée de cylin- dres , ou Canaux tranfparents, irréguliers, qui fe rcplient enfem- ble en maniere d'inteitins, et que j'appellerai #bffance . intefliua- le, à caufe de la forme fous la quelle on les voit. Cette fubftance inteftisale particuliere, dont eft formée la moëlle du cerveau, ne fe diflout point par le conta& de l’eau, D'or non 2 12 #on-plus que la matiere tranfparente , dont ces inteftins paroiffene remplis. L’eau ne diffout pas davantage les corpufcules ronds, qu'on vient de voir. Telle eft la ftruture de la fubftance médullaire du‘cerveau ; et c'eft ainfi que je lai trouvée dans tous les animaux ,où je lai examinée. C’eft le terme de mes obfervations fur ce fujet; et J'ofe dire que je puis me flatter de ne m'être pastrompé. Tout ce que Je pourrois dire de plus, ne feroit qu’hypothefes , que fim- ples conjeAures. Subfiange Corticale. La ftru&%ure inteftinale , que j'avois découverte dans la fab» ftance médullaire du cerveau, n’a donne plus de facilité à obfer- ver quelque chofe de femblable dans la fubftance corticale de ce vifcere. Je dis quelque chofe de fembiable, parcequ’après cout-il eft vrai de dire que je n’ai pù voir auffi bien la marche et la ftru@ure inteftinale de cette dE que Javois vucelle de la fubftance médullaire. J'ai voulu commencer Fexamen de la fabftance corticale de la même maniere, que j'avois fait pour la médullaire. Jai. exa- miné une lame mince de fubftance corticale humeétée d’eau. Voyez la Fig. VI. 7,7, qui repréfente cette lame obfervéeavee une lentille fort aigue. Elle m’a paru formée d’un tifflu irrégu- lier , grenu çà et là, que j'aurois pris pour un tiffu cellulaire, fi je me fafle fit à la fimple infpe&tion oculaire. “A côté de cette même fubftances étoient de très-petits corpufcules r 2 fphéroides, irréguliers, tranfparents, qui paroifloient remplis d’une humeur gélatincufe, et qui ne fe diffolvoient pas dans l'eau, femblables en tout à ceux que j'ai obfervés dans la fubftance médullaire ; mais moindres. Jeus auflitôt recours à une lentille encore plus aigue 9 213 aigue, avec la quelle je pus enfin obferver une fMtruQure fembla- ble ex tout à celle que j’avois obfervée dans la fubftance médul- laire: c’eft à dire, compofée d’une fubftance tranfparente, orga- nique, vafculaire , inteltiniforme. Si l’on obferve la Fig. VII, on verra en # 4 fes revolutions, et fes detours dans cette fub- france, comme dans la médullaire; et elle ne paroit en différer que dans la ténuité des vaifleaux, et dans la difficulté qu’il y a de les voir aufli diftinétement. À côté étoient les corpufcules r,T7, qui paroiffoient auffi enveloppés dans quelque chofe. Tou- tes les autres obfervations que j'ai faites depuis, m’ont encore plus. convaincu , que telle et la ftruéture de la fubftance corticale du cerveau, et qu'elle ne differe pas eflentiellement de la fubftance médullaire , quoiqu'elles paroiflent fi différentes par leur couleur. Je ne pretends pas nier, que les ufages ne puiffent être un peu différens dans ces deux fubftances organifées ; et les dimenfions fi différentes de leur ftruéture inteftinale refpective , fuffifent pour le faire foupgonner avec fondement. Paurois defiré de voir union de ces deux fubftances, et d’obferver la tin de l’une, et le commencement de l’autre; mais il nc m'a été poffible d’y rien voir jusqu’à préfent.Il n’a cependant femblé, que le fluide, dont les inteftins de la fubftance corticale paroillent remplis, eft de la même nature que celui de la fubitance médullaire. Rétine. Après avoir examiné la ftruéture primitive des nerfs, et des fubftances corticale et médullaire du cerveau; j'ai cru devoir porter une attention particuliere fur les parties dans les quelles les netfs fe terminent, et où ils deviennent organes de quelque fens dans l'animal. Jai choifi pour cet ufage la Rétine, qui m'a paru 214 paru l’organe le plus propre'à-mon objet , et celui dont l’ufage et le plus noble; me réfervant d'examiner dans une autre oc- cafion les expanfions nerveufes des autres fens. Les auteurs font divifés entr'eux fur la ftru&ure primitive de la Rétine, quoiqu’ils foient d’ailleurs d'accord engénéral fur la nature de cet organe, qu'ils croient formé de la partie mé- dullaire du nerf optique. Plufieurs ont cru que c’étoit un pur tiflu de fibres nerveufes, et'ils ont été jufqu'à en déterminer la groffeur primitive, comme on le voit dans les ouvrages de Portenfield, et de Gefner ; mais tant l’exiftance de ces fibres, que leur groffeur; font plutôt fondées dans ces auteurs fur la théo- rie, que fur l’obfervation immédiate ; de forte qu’un obfervateur exa&, qui ne fe contente pas d’hypothefes, ne peut faire que peu de cas-de leurs calculs. Il en cit d'autres, qui à la vérité ont pris la route de l’ob- fervation; mais leurs recherches n'ont: pas pénétré fort avant, parcequ'ils fe font contentés de la fimple infpeétion oculaire, ou des lencilles des plus communes. De là vient qu'ils ne nous ont donné que des chofes vagues et génerales; ils confiderent la Rétine comme une expanfon de la partie médullaire du nerf optique, et rien de plus. Mais d’autres plus hardis, et accoutumés à obferver les plus petits corps avec les plus fortes lentilles, ont porté plus loin leurs recherches, et nous ont affurés que la Rétine n’eft pas faite de fibres nerveufes diftinétes , mais bien de la fubftance muqueu- fe du cerveau, que quelques uns de ces obfervateurs croient avoir découverte, et qui n’eft autre chofe , qu’un amas de fimples corpufeules fphéroides très-petits, comme nous l'avons dit cidef- fus, ou de pulpe non organique, confufe, comme d’autres l’ont penfé, on de fimples fils, et lamines cellulaires. Quelques obfervations que j'avois faites auparavant fur la Rétine des 215 des lapins, n'ont très-bien fervi dans l’examen que j'ai entrepris depuis de la Rétine des autres animaux. Sans laconnoiflance de la Rétine des lapins, je me ferois probablement trompé comme les autres, et j'aurois déniéà cetorgane une ftructure, qui lui eft abfolument propre. La Rétine des Lapins, obfervée à Pocil nud, paroit fort différente de celle des autres animaux, fans qu’il foit befoin de lentille. On y découvre fur le champ une ftruQure particuliere qui fixe l’atrention de tous ceux qui l’obfervent. Dans la partie interne de la Rétine ( voy. la Fig. XIL), et vis-à-vis de l’en- trée inférieure du nerf optique, il fe forme un godet aflez profond , dont les bords font bien relevés. Il eft plus évafé vers la tête,et la machoire fupérieure, que vers les deux coins de l'oeil. Du fond de ce godet, il part une très-grande quantité de filets nerveux très-blancs extrêmement fins, lefquels s'étendent tout à l’entour, comme des rayons qui partent d’un centre commun, et ces rayons vont terminer la rétine. Si l’on fend avec un fcalpel le nerf optique dans fa lon- gueur, en deux parties égales, ces rayons ou filets nerveux cor- refpondent parfaitement avec les filamens nerveux, qui compo- fent ce nerfs, lefquels ne font autre chofe qu’une continuation de ceux là. Au fortir du godet, ces filets nerveux, vont toujours di- minuant de sroffeur., et fe ramifiant ,età proportion qu’ils s’éloi- gnent de leur origine, ils deviennent toujours plus nombreux, jufqu'a ce qu’enfin devenus extrêmement fubtils, et à peine vif bles , ils fe terminent en fils très aigus là où commence cette partie de la rétine que j'appellerai wwqueufe, pour la diftinguer de l’autre que j'appellerai radiée ,ou filamenteufe. Les rayons ner- veux s'étendent partout autour du godet; mais dans deux par- ties diamétralement oppofées, ils font beaucoup plus longs, com- me en x, 7) et occupent la plus grande partie de la portion in- 216 terne du fond de l'oeil, de forte que la rétine non radice ell très-petite dans cet endroit en comparaifon de fes autres deux parties, qui correfpondent en #1,#. La ftruéture de ces petits filamens nerveux ell prefque tor- tueufe en apparence; fi on l’examine bien attentivement, et ils prélentent, furtout aux endroits où ils font moins divifés, la ftruêture ordinaire «en fpirale,ouà bandes; quoiqu'il foit très-dif- ficile de la bien reconnoître. Ces petits nerfs ou fibres radiées , qu'on voit fi facilement dans les yeux des Lapins, même fans le fecours des lentilles , on ne parvient que trés-ditficilement à les obferver dans des yeux des autres animaux. J'avouerai fincerement que fi je ne les eufle d’abord obfervés dans les Lapins, je ne les aurois probablement, retrouvés dans les autres animaux; parceque n’en ayant aucun foupçon, je n’aurois pas examiné la Rétine avec toute l'attention qu'il faut pane les voir. Je dois avouer encore que cette. obfer- vation clt diflicile à bien faire, et à bica conftater, et que pour voir plus facilement ces fibres radiées il ne faut pas lesexaminer avec des lentilles trop aigucs. Les meilleures font celles qui. grof- fifent à peine x, ou huit fois. Il faut de plus examiner la ré- tine à l'entrée du neïf optique, où la partie médullaire da nerf eft plus grofle. Ce n'elt qu'à quelques points de lumiere qu’on les voit bien, et avec certitude. Jai cependant réuffi è les voir encore mieux, quand j'ai fait tomber fur la Rétine quelque aci- de, comme par exemple d'acide marin très-étendu d’eau. La ri- tine devient alors blanche, et opaque, et l’on.y diftingue mieux les fibres nerveufes . Quelque fois je les ai.très-bien! vues, en faifant tomber des gouttes d’eau fur la Rétine, ou à-l’éntrée du nerf optique, quoique je fois très-certain que ces petits nerfs ra- diés exiftent dans.tous les yeux des animaux. que J'ai examinés dal qu'ici, comme ‘des bocufs, des-agneaux, des chevreaux., Je ne fer- 217 ferois point du tout étonné qu'ils fe dérobaffent aux recherches de bien des obfervateurs, et même de quelques uns de ceux qui favent fe fervir du microfcope, et obferver comme il faut les plus petits objets. Ces petits nerfs, n'échappent pas à l’ocil à cau- fe de leur extréme petitefle; mais bien è caufe de la gran- de conformité qu’ils ont avec la pulpe de la Rétine même, qui les couvre, et les cache, pour ainfi dire, à l’obfervateur . Il m'a paru qu'ils font tous de la même longueur dans les yeux des autres animaux, à la différence de ceux des yeux des lapins, comme on l’a déja vu, et qu’ils difparoiflent quand ils font par- venus aux deux tiers de l’efpace qui fe trouve entre l'entrée du nerf optique, et le plexus ciliaire. De forte que dans ces ani- maux {a Rétine non radiée n’occuperoit qu’un tiers, ouenviron, du fond de l'oeil. Ces fibres nerveufes radiées font en très-grand nombre , et paroiflent formées ou çouvertes d’une pulpe médullaire, nébu- leufe , légerement tranfparente , la quelle examinée avec les plus fortes lentilles, paroit compolée de très-petits corps fphéroides tranfparents, unis fortement enfemble , et comme liés par des membranes ou filamens très-fins , et tranfparents. Cette partie de la Rétine, dans la quelle on voit les petits nerfs en forme de rayons, doit donc être confidérée comme compofée de deux parties, l’une radiée, l’autre pulpeufe , ou pu- sement médullaire. La partie radiée de la Rétine eft couverte, fi on regarde l'oeil par la pupille, d’une fubftance particuliere , comme fi c'étoit un #wcus non organique, et la partie qui eft fous ce mucus eft formée de petits nerfs longitudinaux décroif- fans, c’eft à dire; de rayons nerveux. La partie nerveufe non radiée de la Rétine, je lai trouvée auffi compofée de petits grains fphéroides, foutenus par une toile cellulaire très-fubtile, tranfparente , dans la quelle ils paroif. Tome II, È e fent 218 fent en quelque forte s’enchâfler. Ces globules font plus petits que ceux du fang. Je les ai trouvés d’environ — de pouce» dans les lapins, tandis que ceux du fang n'étoient que de =. Les globules de la Rétine des lapins, qui paroïflent formés d’une gelée tranfparente , ne fe diflolvent pas dans l'eau comme les globules rouges du fang, et ils font fortement attachés à une fubftance cellulaire, qui paroit leur fervir de foutien. La Fig. XI. repréfente un petit morceau de la Rétine, avec les globules ; et le tiflu cellulaire. Les grandeurs, et formes refpe&tives des globules de la par- tie nerveule de la Rétine font repréfentées par les Fig. X. les corpufcules de la Fig. X. repréfentent les globules de la Rétine, et ceux de la Fig. XIII réprefentent les globules dufang. Les globules de la Rétine reffemblent beaucoup à ceux qui fe trouvent dans le cerveau. L'eau, et les acides y produifent les mêmes changemens; ils font également tranfparents, et jai feulement remarqué que dans la Rétine, les globules font plus réguliers, et plus uniformes. Quand on tient longuement la rétine dans l’eau, et qu’on l'y fecoue un peu, on réuffit fouvent à en voir des lambeaux plus ou moins dépouillés des globules, et dans ces endroits on la voit comme une toile cellulaire inégale, et raboteufe, et l’on diroit qu’elle eft formée de petites fofletes capables d'embrafler les globules. La Fig. XV. repréfente forte bien cet état de la Rétine. Telle paroit la rétine quand elle eft bien obfervée, et à peine nous eft-il permis de pénétrer plus avant. La partie qui correfpond à l’entrée du nerf optique, et qui s'étend à beau- coup de diftance, eft compofée de très-perits filets de nerfs, et d’ùne pulpe nerveufe formée de très-petits globules tranfparents ; attachés à un tiflu très-délié, tranfparent , et raboteux. L’au- 219 L’autre partie de la Rétine eft fimplement formée des glo- bules accoutumés, et de la toile cellulaire; mais elle ne paroit pas compofte de filets nerveux, du moins autant que j'ai pù l’obferver. Voulant mieux connoître la nature des toiles cellulaires de la Rétine yet les attaches des globules de fa partie médullaire avec ces toiles, j'ai recommencé à l’examiner avec les plus for- tes lentilles , et après bien des tentatives, Je fuis enfin parvenu à pouvoir diftinguer quelque chofe de plus précis, et je crois pouvoir avancer que ces toiles cellulaires ne font autre chofe qu'un tifflu de très-petits vaifleaux tranfparents, tortueux, aux quels s’attachent les globules, comme on voit dans la Fig. XIV. Ces vaifleaux tortueux, par leur tranfparence, leur figure, et leur marche , font fort reffemblants à ceux de la fubftance mé- dullaire du cerveau, et ils ne paroiffent en différer que par leur volume, qui eft un peu moindre, de forte qu’il y auroit une fubftance inteftinale particuliere, qui fe retrouveroit dans toutes ces parties. On fait , depuis les sexpériences de Mariotte, et les cal- culs de Daniel Bernouilli, que la partie de la Rétine qui cor- refpond à l’entrée du nerf optique eft aveugle, c’eft à dire, que les images des obiets qui s'y peignent, ne fe font aucune- ment fentir à nous; et cette partie nerveufe dans l’homme n’eft rien moins qu'un petit difque d’une ligne de paris de diamé- tre. Dans cet endroit, les fibres nerveufes font plus grofles et plus amoncelées que partout ailleurs, et la pulpe y eft auffi plus grofle et plus ramaflée. Quoiqu’on veuille en croire, il eft cer- tain que dans tout cet efpace ces petits nerfs et la pulpe de la Rétine né font point organes de la vifion, et qu’ils ne le de- viennent que lì où tout cit plus rare, plus fubtil, plus décou- vert. Cette infenfibilité de la Rétine à la lumiere, en tant que EE 2 lumie- 220 lumiere, dérivetelle de ce que les nerfs font encote trop gros et ne font pas bien découverts des tiflus cellulaires? ou de ce que la pulpe de la Rétine eft trop amonceléc, et empêche les rayons de lumiere d'arriver jusqu’à ces mêmes nerfs? Mais il refteroit maintenant à faire une autre recherche bien piquante, «et c’eft de voir fi la Rétine cf fenfible aux objets exté- rieurs dans toutes fes parties. Elle eft certainement fenfible à peu de diftance de l'entrée du nerf optique, comme on l’a dit, et elle continue à l'être fort bien à beaucoup de diftance da même nerf ; les rayons de Jumiere s'étendent auffi à beaucoup de diftance, lorfque nous re- gardons naturellement les corps, mais la vifion fe fait elle à l’en- droit où les rayons finiffent, et où commence la partie muqueu- fe de laRétine? les corps extérieurs y fontils fenfation? jufqu'où eftce en un mot, que l’organe de la vifion s'étend? la folution de ces-problémes, quelque difficiles qu'ils foient n’eft point impoffible . Elle dépend de la connoiflance exacte des parties de l'oeil et de ‘quelques expériences faites à propos. Mais il n’eft pas tems de nous en occuper: on fait en général, qu’à proportion que les ima- ges fe peignent plus loin de l'entrée du nerf optique, les obiets fe voyent plus confufément, enforte qu’il y a felon toute ap- parence , une limite eu un endroit, à quelque diftance du nerf eptique, où la vifion eft le plus diftinéte; fans que nous puif- fions affurer encore, fi elle n’a point Heu du tout dès l'endroit précis, où commence la partie nerveufe de la Rétine. Les vaiffeaux rouges, et principalement des vaifleaux vei- neux font en général couverts des fibres nerveufes ‘de la Rétine et de fa fubftance muqueufe. C’eft ainfi du moins qu'on l’obfer- ve le plus fouvent dans les yeux des boeufs; mais dans bien dés ‘endroits ces vaifleaux font tout-à-fait dépouillés de toute fub- lance nerveufe, et dans ces endroits ils s’élevent fouvent à tra- “vers 221 vers la Rétine, et jusqu’au de là, er ils en rompent la texture et Pordre, rendant ainfi la Rétine infenfible en beaucoup d’en- droits, aux objets extérieurs; quoiqu’elle ne nous paroile pas telle à caufe de la grande mobilité de Poeil. Les Fig. X et XIdela PI. IV repréfentent deux canaux fin- suliers, ayant des intermiffions çà et là. On pourroit foupçonner que ce font des vaiffeaux lymphatiques , fur tout celui de la Fiv. XI. je n’ofe rien décider fur leur nature, parceque je les ai ren- contrés trop peu fouvent pour en parler avec certitude . J'ai trou- vé ces deux vailleaux en examinant la fubftance du cerveau. Il me refte à dire un mot fur quelques figures de la Planche V , qui par erreur de la part du graveur ont été mifes mal à pro- pos dans cette Planche. La Fig. I. repréfente divers corps oviformes de différentes grofleurs les quels fe trouvent dans l’enveloppe cellulaire externe des nerfs. à La Fig. II repréfente de très-petits corpufcules, que j'ai ob- fervés en examinant la fubftance médullaire des nerfs. Il y a d’au- tres corps oviformes dans la Fig. III; et ceux-ci font des glo- bules du fang d’un lapin, afin qu’on puiffe juger de la grofleur refpeétive des uns et des autres. La Fig. IV repréfente quelques cylindres tortueux de la meme brane cellulaire de la graiffe. La Fig. V repréfente deux fils #, 2; fitués l’un à côté de l'autre, pour qu'on puifle comparer leurs grofleurs refpeétives. # appartient au tiflu cellulaire de la graifle, et à au tiffu cellu- lire externe du nerf. Ils font d’une égale groffeur. SUR 222 n SUR LA STRUCTURE DES TENDONS. Es obfervations que j'ai faites fur la ftruéture des nerfs, et 15 fur la marche ondée de leurs cylindres primitifs, d’où nait cette merveilleufe apparence de bandes, comme on là déja vû m'ont excité à examiner avec toute l'attention poffible la ftru- &ure des tendons. Il ne me fut point difficile d’obferver une certaine forme fpirale dans les tendons, quoigne tout m'y pa- rût è la vérité moins régulier que dans les nerfs. On obferve cette forme fpirale apparente, en regardant à l'extérieur non feu- lement les plus gros tendons; mais encore les plus petits. Ce- pendant ces bandes mieux obfervées, paroiffent plutòt des taches courbes plus ou moins longues, qu’un obfervateur exaét diftin- guera facilement des bandes qu'on obferve dans les nerfs, et que nous avons décrites. Lorfqu'on examine un tendon avec une lentille qui ne groffit qu'un petit nombre de fois, on apper- goit, à travers le tiffu cellulaire qui le couvre, des taches blan- ches , comme on les voit dans la Fig. L (PI. VI }laquelle repréfente un tendon groffi fix fois. La Fis. IL repréfente un autre tendon obfervé pareillement avec une lentille très-foible et_dans le quel les fpires; ou petites taches curvilignes , étoient plus RARE et refflembloient beaucoup è celles qu’on obferve dans. les nerfs. D'ailleurs , cette firuéture fpirale: des tendons s’apperçoit auf à l'oeil nud, quoique moins bien qu'avec le microfcope . Ma principale attention fut de bien examiner les fils élé- mentaires des tendons, leur groffeur et leur marche. Je fou- pgonnai d’abord que cette derniere étoit analogue à celle des cy- lio- 223 lindres nerveux primitifs; et que les petites taches curvilignes blanches lui devoient leur origine ; ou leur exiftance apparente. Cette derniere recherche me paroiffoit la plus importante, parce qu’elle tendoit à décider fi outre tout le fylteme nerveux , il fe trouvoit dans l'animal d’autres parties organiques , qui euf- fent une texture ondée et tortueufe, comme celle des parties élémentaires des nerfs .\ Toute la fubftance tendineufe en général, ou bien tous les tendons , fi on les examine au microfcope, paroiffent formés d’un très-orand nombre de très-petits fatfceaux fimples longitudinaux, féparés les uns des autres par le tiflu:cellulaire. Chacun de ces faifceaux que jappellerai faiceaux primitifs, parcequ'ils ne font pas compofés d’autres faifceaux moindres, eft formé d’un très- ‘ grand nombre de fils extrêmement fins que j'appellerai cylindres tendinenx primitifs, parcequ ‘ils ne fe fubdivifent pas en d’autres moindres ; de quelque maniere qu’on les examine; ou qu'on les prépare. Ces cylindres primitifs courent le long du tendon dans toute fa longueur ; et font folides partout ; c’eft a dire, non va- fculaires ; on creux. Ils font beaucoup moindres que les cylin- dres nerveux primitifs, et ils font liés enfemble dans le faifceau tendineux primitif paruntiflu cellulaire imperceptible , fouple et élaftique . Ces cylindres primitifs m'ont paru de la même grof. feur dans tout le cours du tendon ; ainfi que dans tous les ten- dons de l'animal. Ce font des cylindres homogenes, partout uniformes, qui ne font point creux, point formés de petites vélicules, ni de globules; en un mot, ce ne font pas des ca- naux. Toutes les recherches que j'ai faites, pour voir fi ces cy- lindres éroient compofés d’autres parties moindres; ont été tout- à-fait inutiles ; enforte que je fuis forcé de les confidérer comme des fils folides primitifs, non organiques. Ces cylindres pri- 224 primitifs, qui compofent donc en derniere dicompofition la fubftance tendineufe , fe trouvant réunis plufieurs enfemble , for» ment les faifceaux tendineux primitifs, elt c'eft de plufieurs de ceux-ci que le tendon eft enfin compofé. Comme le tiflu cellu- laire qui lie enfemble les cylindres tendineux primitifs cede avec facilité, et qu'en même tems celui du faifceau primitif même eft tranfparent, il n'eft pas difficile de voir la marche des fils tendineux primitifs, et cette marche eft entierement femblable à celle des cylindres nerveux primitifs; enforte qu'on auroit de la peine à les diftinguer. Les fils tendineux fe prolongent en forme d'ondes dans toute la fubftance du tendon, et de ces on- des dérive l'apparence de ftru@ture fpirale, et de bandes dans les tendons comme dans les nerfs. La Fig. III. repréfente un faifceau tendineux primitif, le quel paroit formé d’une très-grande quantité de fils tendineux primitifs. Ces fils paralleles les uns aux autres courent le long du tendon en formant des ondes régulieres, d’où nait enfuite cet- te apparence de bandes et de iS; comme il à été dit. On voit en 2, x, deux de ces fils qu’on a écartés des autres à deflein, avec la pointe d’une aiguille. La Fig. IV. repréfente un autre faifceau tendineux , compo- fé des fils priciitie r,7,, Obfervés dans l’eau, et dépouillés des tiflus cellulaires. Les cylindres ici ne font point ondés ou tortueux, parce qu'ils ont été détirés, et dérangés de leur fitua- tion naturelle par laétion de l'aiguille, avec la quelle je les ai féparés . Mes recherches fur la ftruéture du tiffu cellulaire des nerfs, qui, ainfi que nous l’avons vu, n’eft autre chofe qu’un tiflu de très-petits cylindres tortueux tranfparents, m'ont porté à penfer que le tifiu cellulaire des tendons devoit être de la même na- ture, c’eft à dire toùt rempli, et tiflu de ces mêmes cylindres, et Ras et en effet, j'ai eu peu de peine à les obferver, et je les y ai trouvés de la même groffeur, et de la même forme, que dans celui des nerfs, et leur marche eft la même dans l’un, et dans l'autre . La Fig. V. repréfente un petit morceau de la membrane, ou tiflu cellulaire d’un faifceau tendineux primitif. Il étoit for- mé d’un très-grand nombre de cylindres tortueux, dont on n’a rendu que quelques uns dans cette figure pour les faire mieux diftinguer , et ils y font indiqués par les lettres r,r,r;r,r,r,r, Je les ai obfervés avec la même lentille ,avec la quelle j'ai ob- fervé ceux du tiffu cellulaire des nerfs , et les fils rendineux pri- mitifs des Fig. MI. et IV. cideflus. La groffeur de ces fils du tendon, et des cylindres de fa gaine eft égale à celle des cylindres tortueux des nerfs, et prefque tout à fait égale à celle des fils tendineux primitifs mêmes ; de forte qu'on peut regarder ces trois grofleurs comme égales, fans crainte d’erreur fenfible. Sur la partie tendineufe du Diaphragme. La Fig. I. PI. VII. repréfente une portion du Diaphragme d'un Lapio. 4;p,9,r eft la partie charnue; 2, 22,.6,.r; la partie tendineufe. #, eft le tronc du nerf, qui va au Diaphrag- me, et 4, r, elt une veine. Une chofe qui mérite attention» c'eft que le nerf 7, a routes fes ramifications vers la partie char- nue du Diaphragme, et n’en a aucune vers la partie tendineufe. J'ai cependant trouvé dans quelques autres animaux des nerfs, qui fe portoient vers la partie tendineufe; mais üls n’éprou- voient aucune ramification ultériure en marchant dans cette par- tie, et dans aucun cas, je n’ai obfervé jufqu'è préfent aucun ra- meau nerveux, qui aboutifle dans la partie tendineufe, comme ce là arrive dans la partie charnue, où les rameaux décroiffent ra- Tome II. F f pi- PR. < 220 pidement, et difparoilient. f, f, F, forit les rameaux da nerf #, 0,0,0,0, font les rameaux de la veine 4; 7, vers, la partie charnue. y, y, font de très-petits rameaux du meme vaifleau, qui courent prefque en droite ligne le long de la partie tendi- neufe, et donnent à peine quelques rameaux moindres, comme on le voit. w,w,4#,u,;1u,%,4, font de très-petits vaifleaux longitudinaux fans ramifications, qui partant de la veine 4,7, courent fur la partie tendineufe. La fubftance tendineufe eft argentine , et tranfparente, et le nerf, et fes rameaux, même les plus petits, font opaques. Sil s'arrettoit le moindre filet de nerf dans la partie tendineufe du Diaphragme, on le vérroit facilement, et cette maniere fi dif- férente de fe ramifier qu’affeéte le nerf dans les deux différentes fubitances du Diaphragme, fournit une preuve complette, que les tendons ne reçoivent point de nerfs, comme il eft certain que les mufcles en regoivent; que ces deux fubftances animales fonr tout à fait différentes entr’elles, et qu’il eft faux que l’une ait jamais été l’autre, ou que l’une dégénere en l’autre, comme beaucoup d’anatomiftes l’ont cru. La raifon phyfique pour la quelle les nerfs ne fe ramifient pas vers les parties tendineufes du Diaphragme , et les vaiffeaux. ne donnent à ces parties que très:peu de ramifications à peine fenfibles; femble devoir être principalement attribuée à la {ub- tance même des tendons, qui préfentant un, plus grand obftacle que la partie charnue; ne permet pas une végétation plus gran- de, et plus libre, ni aux nerfs ni aux vaiffeaux Quand on examine bien, tant è l’oeil nud qu’avec les len- tilles, la partie tendineufe du Diaphragme; on y voit les, peti- tes taches ordinaires, et les bandes , lefquelles font formées par comme de coutume les fils ondés. La Fig. Il. repréfente une très- petite portion de la partie tendineufe du Diaphragme, obfervée avec 227 avec une lentille très-aigue; dans la quelle on voit la marche on- dée des fils tendineux primitifs. Les ramifications des vaifleaux rouges méritent aufli quel ques réflexions . La veine jette tous fes principaux rameaux vers la partie charnue du Diaphragme; ou pour mieux dire, fes ra. mifications principales fe font du côté, qui regarde la partie charnue, tandis que du côté qui répond à la partie tendineufe , on n’en voit qu'à peine quelqu’une, et encore très-petite, et peu, ou paint de ramifiée . ll part cependant un très grand nom- bre de très-petits vaifléaux rouges, fans rameaux pour Fordinai- re, et prefque parallels, lefquels courent en ligne droite par la partie tendineufe , et pañent dans la partie charnue oppofée , dans la quelle ils fe ramifient, et enfin ils fe perdent. Sur Ja firudture des mufeles. Mes obfervations fur les tendons m’ont conduit à exami- ner les mufcles, ou pour mieux dire, leurs fibres élémentaires. On a fur la ftruéture des mufcles des obfervations plus fuivies, et moins incertaines que fur les tendons, quoique d’ailleurs les obfervateurs ne foient pas tout à fait d’accord entr’eux fur tous les points. Le favant M. Gcorges Prochaska mérite encore ici un hommage particulier, pour nous avoir donné un petit Ou- vrage intitulé: de carne inufèulari. Vindob 1778., dans le quel il a laiflé bien peu à defirer fur ce fujet. Cet habile Profefleur trouve dans les fibres mufculaires ) CXA- mintes avec une lentille très-aigue, une apparence de rides blan- châtres, et il eft perfuadé qu’elles ne font autre chofe que les impreflions fuperficielles que font les vaiffeaux , les cylindres cellulai- res, et peut-être aufh les nerfs, qui entourent la gaine des fibres mufculaires mêmes. Il penfe que lorfqu'on fait bouillir un mu- + f 3 {cle 228 fcle dans l’eau, ces vaifleaux et-fils très déliés , fe raccourciffent, refferrent la fibre ça er là, et y inrpriment les rides blanches. M. Prochaska repréfente l'apparence de ces rides, par la Fis. XII de fa PL IV., et cette figure cit parfaitement fembla- ble aux Fig..I., et II. de ma PI. VE Voici ce que Jai obfervé. En décompofant peu à peu le mufcle avec des aiguilles ou des pointes très-aigues, on parvient enfin à le réfoudre en fils très-fins, qui ne font plus divifibles en d’autres moindres, quelque foiu qu'on.y apporte. J'appelle- rai ces filamens f/s charnus primitifs. Quelques centaines de ces fils unis enfemble forment un faifceau fimple, que Jj'appellerai fus/ceun cherua primitif. Le mufcle réfulte enfin de l’affemblage d’un grand nombre de ces faifceaux . Jai examiné avec la plus grande attention dont je fois capable, et avec des lentilles de 4 de pouce de foyer, ces fai- si fceaux charnus; mais je n’ai jamais réuffi à y voir une ftrufture femblable en tout, foit à celle des tendons, foit è celle des nerfs. La plupart des petites taches blanches qui coupoient la fai- fceau tranfverfalement, étoient curvilignes, femicirculaires, uni formes, et non interrompues. On peut voir la Fig. VI, PI. VI, qui repréfente quattre faifceaux charnus primitifs en conta& l’un avec l’autre, et cou- verts de leur tiflu cellulaire. Les deux #, m, 5; s, ont les ta- ches de forme circulaire; comme je l’ai dit, et dans les deux r, T3 434, il paroiffoit que les taches formoient en quelques endroits un certain nombre de petits angles, comme on le voit «dans la Fig. C’eft là tout ce que J'ai pù obferver avec certitude, et rien de plus. La Fig. VII. repréfente un faifceau charnu primitif, cou- vert, comme les quattre cideffus, du tiffu cellulaire, mais feule ; ment, 229 ment en partie: à une de fes extremités j'ai réuffi à enlever le du cellulaire, comme on voit, et à obferver les fils- charnus primitifs, et en même tems les petites taches circulaires. Les fils charuus primitifs font des cylindres folides, égaux entr’cux, et marqués viliblement à diftances égales ; de petits fignes » comme d'autant de petits Diaphragmes, ou rides. Je n'ai pù appercevoir dans ces fils une marche vraiment ondée, et il m'2 paru que les petits taches curvilignes du faifceau primirif, étoient formées par les petits fignes; ou Diaphragmes, des fils charnus primitifs. 25 0 x c, eft la partie encore couverte de tiflu cel- lulaire; 4; et; #5 font les fils charnus primitifs {éparés. La Fig. VIII. repréfente un faifceau charnu primitf, cou- vert de fa gaine. J'ai réuffi, après bien des tentatives, à le met- tre à nud tout entier, comme il eft deffiné dans la Fig. IX. Il étoit compofé d’un très-grand nombre de cylindres folides ho- mogenes, mais interrompus à diftances égales, par de très-peti- tes marques ou lisnes, lefquelles obfervées dans différentes po- fitions, auroient pù paffer pour de petits globules. Je n'ofe rien décider touchant leur véritable nature, l’obfervation n'allant pas plus loin. Quelquefois on croiroit que ces apparences de glo- bules font autant de rides, nées de la contraGion des fils mé- mes. Je les ai obfervées, tant immédiatement après la mort de l’animal, que lorfqu’elles étoient fur le point de fe putréfier. La Fig. IX. repréfente les cylindres un peu ondés à la verité, et c’elt ainfi qu’ils paroiflofent è l'oeil; mais leur fituation ne pouvoit pas être naturelle après la préparation que je leur avois fait fubir. Les lettres r,7,7,7,r indiquent les fils char- nus primitifs, un peu écartés les uns des autres, et fe réu- niflant en 4. Cette fuite d’obfervations m’a forcé à reconnoître quelque différence entre la marche des cylindres tendineux, et celle des cy- 230 cylindres charnus; et l’apparence des taches des faifceaux charnes primitifs m’a paru aufli un peu différente de celle des taches dus tendons. Jai voulu donner encore une attention particuliere aux en- veloppes, et au tiffu cellulaire des mufcles, et j'ai trouvé, com- me dans les tendons, que ces toiles font formées des cylindres tortueux tranfparens accoutumés. La Fig. X. repréfente une peti- te portion du tiffu cellulaire des mufcles, et l’on voit qu'il mel ‘autre chofe qu’un tiffu de très-petits cylindres . M, FT) Indi- quent leur marche et leur groffeur, qui font entierement les mé- mes, que dans les tendons ,et dans les nerfs . Diff rence entre les fubffances nerveufe > tendizenfe, et mufculaire . Après tout ce que nous avons dit fur la ftruéture des nerfs ; des mufcles, et des tendons, il ne doit plus être bien difficile de diflinguer ces trois fubftances entr’elles. On a vu que les nerfs font compofés de cylindres primitifs tranfparents, lefquels paroiffent remplis d'une fubitance muqueufe. Ces cylindres font beaucoup plus gros que les cylindres charnus primitifs, et que les cylindres tendineux primitifs, enforte qu'il eft abfolument impolfible de les confondre enfemble. Un autre cara&ere fe trou- ve dans la marche des cylindres nerveux primitifs, lefquels vont comme en ferpentant et par ondes, à la différence des fils char- nus, qui affcétent beaucoup plus la ligne droite. Gn diftingue fur le champ les fils charnus primitifs des cylindres nerveux primitifs , non feulement par leur plus grande petitefle, et par leur marche, comme nous l’avons dit; mais encore par leur folidité .Ce ne font en aucune maniere des vaifleaux ,ou des canaux ; mais des cylindres folides, partout ho- inO- 23! mogenes . De plus, ia ftrüêture apparente, non feulement du fimple fil charnu primitif, mais encore du faifceau charnu mé- me, eft rout-à-fait difiérente; et quand on à un peu de pratique È deflus, il ne paroit plus poffible de pouvoir fe tromper ,.et de confondre les was avec fes autres. Les fils tendineux primitifs ott, à la vérité, une marche ondée et tortueufe, comme les ca- naux nerveux primitifs; mais ils font plus petits , et entierement folides, comme le font les fils charnus; de forte qu'il eft impof- fible de les confondre avec les cylindres nerveux primitifs, qui paroiffent remplis d’une fubftance différente. L'on ne peut non plus confondre facilement les fils charnus avec les fils tendi- neux ; quoique les uns et les autres foient folidès et également gros, parceque ceux-ci fe diftinguent très-bien par leur marche tortueufe , qu'on n’obferve point dans les fils charnus; et parce- qu'ils ne changent point de groffeur, ni de forme dans leur rou- te, à la différence des fils charnus qui paroiffent interrompus à tout inftant par de petites crifpations et nodolités . Ces caraëteres une fois bien établis ;il n’eft plus poffible, je le répéte, de confondre entr’elles les trois fubftances animales, netveufe , charnue ; et tendineufe. Je puis cettificer que j'en ai fait l'épreuve è plulieurs reprifes, fans m’être jamai trompé. Je laif- fois mettre fous mon microfcope par une perfonne, la plus peti: te particule poffible dun nerf, ou d’un mufcle,; ou d’un tendon; à fon choix : ces particules étoient détachées de ces fubftances na- geantes dans l'eau , avec la pointe d’une aiguille très-fine | Un mo ment d'examen de ces fils futfifoit pour me les faire connoître avec certitude, et me faire diftinguer à quelle des trois fubftances ils appartenoient. Il feroit fuperflu de relever l’importancé dont peuvent être pour l’anatomine, et pour la Phyfique animale; les caraéteres de diftinétion que nous avons fixés dans la ftruéture primitive des, nerfs , 232 nerfs, des mufcles , et des tendons. On doute encore fi bien des parties qui jouiflent du mouvement dans le corps vivant ont des mufcles ou non. Perfonne n’ignore les difputes fur les fibres char- nues de l'utérus, et fpécialement fur l’exiftance du mufcle orticu- laire de Ruifch. Quand on voit un Albinus, qui parlant de l'u- térus paffe ce mufcle fons filence; un Haller qui ne le trouve point, et Ruifch lui même, qui paroit le défavouer dans la vicilleffe, on demeure en fufpens à l’afpe& des belles recher- ches que nous a données fur ce mufcle un grand Anatomifte An- glois (4). Toute la difficulté confifte à favoir, fi ce que quelques uns croyent une fubftance mufculaire dans l’utérus eft vraiment telle. Il eft inconteftable qu’on voit dans ce vifcere une fubftance ; que les uns appellent charnue, et à la quelle les autres dénient ouver- tement cette qualité. Une très-petite particule examinée au mi- crofcope par un bon obfervateur décidera la queftion. Les ca- ra&eres de la fibre charaue font trop clairs pour qu’on puifle la confondre avec les autres fubftances animales. On pourra donc en déterminer la nature en peu d'inftans et terminer une queftion , qui fubfifte depuis un demi fiecle, au grand fcandale de J’Anatomie. Il faut en dire autant des autres parties de l'animal, et on peut faire la même épreuve lorfqu’on eft en doute fi quel- que partie reçoit, ou non, des tibres tendineufes. Les cara- Eteres de celles-ci ne font point équivoques non plus; et l’on peut au moyen du microfcope, décider avec certitude fi des. parties font tendineufes, ou ne le font pas. Eno un mot, je crois qu'il eft très-avantageux, d'avoir bien fixé les caracteres des trois fubftances; nerveufe, charaue , et ten- dincufe, et fi je me fuffe trouvé dans des circonflances favora- bles, - (a) Hunter de utero gravido . 233 bles; j'en aurois déja fait des applications qui ne feroient point inutiles pour la connoiffance du corps humain; et jaurois pro- bablement levé bien des doutes, et terminé bien des queftions fur la ftru&ure d’un grand nombre de fes parties. Partout où il y a, par exemple, des fibres tendineufes, quoique invifibles à l’oeil nud , il ne fera point difficile de les découvrir, et d’attribuer aux parties la texture qu’elles ont réellement. En attendant j'ai voulu examiner fuivant les regles que j'ai etablies cideflus, quelle étoit la ftruéture des petits vaifle- aux fanguins; mais malgré l’attention, et la patience que jai employé dans ces obfervations ,il ne m'a été poflible jufqu’à pre- fent, de voir rien quieufle pù même me faire foupçonner qu’il y eut des nerfs, ou des mufcles dans la texture de leurs parois. Je ne pretend point pourtant de rien affirmer de décifif fur ce fujet, et je fouhaite même que d’autres obfervateurs veuillent s’occuper de ce même genre d’obfervations pour voir fi je me fuis trompé. Mais on m'accordera en attendant que je n’admet- te point de ces theories qui ont pour bafe une ftruéture ner- veufe, ou mufculaire dont on veut fuppofer, que les vaifleaux fanguins foient formés, et qu'on ne voit pas, On à écrit beaucoup de chofes , la plùpart incertaines fur les ganglions. On croit communément qu’ils fervent è raffem. bler la partie médullaire des nerfs, et à donner origine , comme fi c’étoient de petits cerveaux, à de nouveaux filets de nerf. Un examen un peu fuivi fur les ganglions pourroit maintenant faire connoître avec facilité à un bon obfervateur la veritable ftru&ture de ces organes, lui en faire mieux concevoir les ufa- ges, qui paroïflent devoir être, très-importans pour l'économie animale . Si je m'étois trouvé dans des circonftances plus favorables Tome IT, Gia pour 234 pour. ce genre d’obfervations , je n’aurois pas manqué d’examiner toutes Ces parties, et beaucoup d’autres encore, que je fuis for- cé, du moins pour le préfent, de laiffer à l’induftrie d’autrui. Je dirai feulement deux mots fur les tendons. On difpute par- mi les anatomiftes, fi les tendons font un prolongement de la fubftance charnue, c’eft à dire, s’ils font de la même nature que la fibre mufculaire. Je puis certifier qu'il ne m'eft jamais arri- vé de voir un fil charnu primitif, ni un faifceau charnu primi- tif devenir tendineux , quelque multipliées qu’aient été mes obfervations , fpécialement fur les parties tendineufe, et mufcu- laire du diaphragme des petits animaux. J'ai vû les faifceaux charnus primitifs fe terminer charnus, et finir ainfi leur cours, et Jai vù les faifceaux tendineux primitifs s’infinuer entre les faifceaux charnus; mais non point former un tout avec eux. En un mot, les uns ne finiflent pas où les autres commencent; mais ils s'infinuent les uns dans les autres, comme les dents de deux roues qui s’engrenent et montent les unes fur les autres, et ce font furtout les fils tendineux qui s’avancent très-loin parmi les fils mufculaires . Sur les cylindres toritueux primitifs du corps animal "ou. fur de tiff cellulaire. Les cylindres tortueux primitifs que j'ai trouvés dans le tifa cellulaire des nerfs, des. tendons, et des mufcles, font de toutes les parties, ou organes que je connoïfle dans le corps ani- mal, les plus petits. Ils le font beaucoup plus, comme on l’a vû, que les plus petits vaifleaux rouges, qui ne laïflent paffer qu'un globule de fang à la fois. Toutes les tentatives que j'ai faites pour les décom pofer en cylindres moindres , ont été inuti- les. Et quoiqu’on les obferve avec des lentilles de la plus gran- de 235 de force, ils paroiffent trés-fimples, et non entourés d’autres vaiffeaux moindres . Le philofophe qui n’aime point les hypothefes, qui n’2d. met pour certaines d’autres ftruétures, ou d’autres parties dans le corps animal, que celles que l’obfervation y trouve, n’aura aucune difficulté à confidérer ces cylindres tortueux, comme des principes fimples primitifs ,non compofés d’autres moindres . C’eft là la Donnée dont l’obfervation démontre la réalité, et de la quelle il convient de partir pour raifonner avec fondement fur les ufages et les fon&ions des parties organiques du. corps vi- vant . Un ufage général de ces cylindres tortueux pourroit être celui de nourrir les parties «dans les quelles ils fe trouvent , ou qui en font ‘entourées, li c’étoient vraiment des vaifleaux. Dans cet- te hypothefe ils pourroient fervir: peut ètre à la nutrition des cy- lindres peimitifs tant nerveux , que-tendineux, et charnus. Mais il eft un autre ufage encore plus noble, et peut être également important, qu'on pourroit leur attribuer ; les fonétions principa- les de la vie pourroient même «en dépendre: les plus petites altérations faites fur ces organes pourroient apporter le plus grand défordre dans l’économie animale. Mes expériences fur les poifons, m'ont fait voir que la mort s'introduit par leur moyen dans les animaux, d’une ma- niere inconnue, et il paroit qu'il manque à nos’ connoiffances un principe, un organe enfin fur le quel les poifons agiflent. Et qui fait fi ce principe, fi cet organe, ce ne font pas les ca- naux tortueux que nous avons obfervés. Mais que peut-on at- tendre d'une fubilance infenfible et: fur la quelle. les: poifons ne paroiflent âgir en aucune maniere 2 Mais avant de paffer outre, il faut voir fi ces canaux, ou cylindres fe trouvent dans d’autres parties de l’animal, er s'ils À 1 AE Qu) for- 6 23 forment un fyftéme général de vaifleaux, et d’organes inconnus jufqu’à prefent. En attendant, nous les avons obfervés dans le tiflu cellu- laire externe des nerfs, des tendons, et des mufcles. Pai en- fuite appris à les trouver facilement dans toutes les membranes cellulaires de ces organes, de forte que toute la fubftance cellu- faire de ces mêmes organes eft un tiffu de canaux tortucux. J'ai obfervé que quand le cylindre nerveux primitifeftcou- vert des cylindres tortueux, il eft beaucoup plus gros; et fa srof- feur eft plus que double de celle qu’il a quand il eft mis à nud. Un grand nombre de ces cylindres nerveux forment des nerfs plus on moins gros; et plufieurs de ces nerfs s’uniffent ordinairement enfemble pour faire de plus gros nerfs. Tous ces nerfs ont des enveloppes cellulaires propres et communes, et ces enveloppes font faites de cylindres tortueux. Si je fuppofe maintenant que la mafle des nerfs cft formée de deux parties de cylimdres tor- tueux, et d’une feule partie de cylindres nerveux primitiis, Je ne crois pas me tromper de beaucoup. En appliquant le même raifonnement aux tendons et aux mufcles, on trouve que les cy- lindres tortueux font la plus grande partie de ces deux fubftan- ces, parceque les fils tendineux et charnùs primitifs font de la mème grofleur que les cylindres tortueux, et ceux-ci multiplient leur maffe par les nombreux détours qu'ils font fur les cylindres rimitifs de ces parties, fur les quels ils s'amoncelent. Quelques centaines de fils primitifs, foit charnus, foit tendi- peux font le faifceau primitif, etun grand nombre de ceux-ci font enfin le mufcle, ou le tendon;de telle forte que je ne crains pas de me tromper, en croyant que de fix parties dont eft compofte dans l’animal la partie mufculare et tendineufe, il y en a cinq de cylindres tortueux, et une feule des fils primitifs de ces deux fubftances . De 237 D: cette maniere, on voit déja qu’ane grande partie des folides de l'animal eft compofée des cylindres tortueux : ilrefte à voir fi ces cylindres tortueux fe trouvent dans les autres parties . Cette recherche eit des plus importantes, et l’anatomie en recevra de grandes lumieres. sù) Premierement, il étoit facile de croire que fi ces cylindres toftueux fe trouvoient généralement dans le tiffu cellulaire des nerfs, des mufcles; et des tendons, ils devoient encore fe trou- ver dans la fubftance cellulaire des autres parties; et comme les “membranes mêmes ne font qu’un tiflu cellulaire; les cylindres tortueux devoient en conféquence fe retrouver dans les mem- branes. Je ferois trop long fi je voulois donner ici lé détail de mes obfervations fur ces parties; je ine réferve de la faire dans une autre occafion. Il me fufhra de dire, que j'ai trouvé que toute la fubftance cellulaire eft formée de ces cylindres tortueux ; en quelque partie du corps, qu’elle fe trouve. Je les ai trouvés dans les membranes du cerveau, dans la pleore, le péritoine le méfentere, le médiaftin, le péricarde, le périofte; le pericrane, dans les ligamens du foie et des autres vifceres. Les membra- nes des arteres et des veines font formées de ces cylindres, et leurs parois internes qui paroiflent fi unies en font tiffues. Tou- te la fubftance cellulaire, les facs, et les veffies qui contiennent la graifle animale font un tiffu de ces cylindres tortueux. En un mot, je ne connois dans le corps animal aucune partie qui ayant du tiflu cellulaire , ne préfente pas les cylindres tortaeux. Je dois excepter les membranes de l’humeur vitrée, et de l'humeur Cry- ftalline , dans lefquelles je n’ai pü.les obferver, et les lames de la cornée tranfparente, quine me les ont pas préfentés avec cer- titude. Si ces membranes font privées des cylindres tortueux, il faut les diftinguer du tiflu cellulaire ordinaire, etelles font d’une autre nature. SE 23 Si l’on confidere maintenant, que la fubftance cellulaire fe trouve dans tous les organes du corps animal, et que toutes fes ‘parties folides en font principalement compofées ; il fera facile de conclure, que les cylindres tortueux forment la plus grande par- tie des folides du corps animal, et que tout le refte eft peu de chofeen comparaifon de ces cylindres. L’ufage d’un fi grande nombre de cylindres doit être fans doute de la plus grande importance; mais ce n’eft pas ici le lieu d’en traiter. Ce fujet exige de nouvelles obfervations, et beaucoup d’expériences , qui me manquent encore, du moins en grande partie: il eft vrai qu'il m'a paru , que la matiere dont ils \ femblent être formés , eft une fubftance slutineufe femblable pour la confiftance et la couleur, à une gelée , ou à une matiere mu- queufe. Je ne ferois pas éloigné de foupgonner, que la matiere gélatineufe qu'on retire de la fubitance animale, ne fût autre chofe quela matiere, dont les cylindres tortueux font formés. Mais, je le répete, je n’ai pas encore un affez grand nombre d'expériences pour déterminer avec fondement leur veritable na- ture, ou les ufages qu'ils peuvent avoir dans le corps vivant. Il me fufit pour le préfent d’en avoir établi l’exiftence , la gran- deur, et l'étendue. ui Ate aa RESE IDE XI O NS SUR LE MOUVEMENT DES MUSCLES. : + cylindre nerveux primitif eft abfolument fimple, et dans fon trajet il ne fe trouve jamais plus petit ou plus gros ,et ne fe fubdivife point en rameaux moindres .. On le croiroit d’ail- leurs rempli d’une matiere ou d’un fluide homogene , tranfparent, concret , le quel femble fe figurer, dans différens cas, en corpu- fcules irréguliers fphéroides, plus ou moins alongés, eten géné- tal d’une groffeur beaucoup moindre, que celle des globules rou- ges du fang. Les nerfs fe ramifient beaucoup moins que les arteres, et les veines dans les animaux, et leurs ramifications diminuent beau- coup plus en grofleur que celles des vaifleaux rouges . Enforte qu'il paroit que c’eit une vérité d’obfervation, qu’il y a un moindre nombre de ramifications nerveufes, dans une partie donnée de l'animal, quelle que ce foit par exemple, dans un mufcle, que de veines: et d’arteres; d'où il fuit, que l’espace occupé par les vaifleaux rouges doit être beaucoup plus grand, que celui qu’oc- cupent les nerfs. Le cylindre nerveux primitif eft environ trois fois plus ‘gros que le vaifleau rouge primitif, et celui-ci et environ qua- tre fois plus gros. que le fil charnu primitif. Ainfi le cy- lindre nerveux primitif eft environ: douze fois: plus gros que le fil charnu primitif, et quand on examine avec atten- tion les faifceaux charnus primitifs, à peine pourroit on dire qu'on y obferve des vailleaux rouges, et l’on demeure incer- tain 240 tain s’il s’y voit réellement quelque nerf, et il et abfolument impoffible de voir dans aucune circonftance, aucun vaiffeau, ou aucun nerf , qui parvienne aux fils charnus primitifs. S'il y avoit quelque vaifleau rouge, et quelque filet de nerf entre les fils charnus primitifs, ces fils ne fe toucheroient pas mutuellement , comme en effet ils fe couchent dans toute leur longueur; leurs diftances feroient quattre fois plus grandes que leur groffeur pour les vaifleaux rouges, et douze Ge pour les cylindres nerveux. Ceux-ci feroient plus facilement vifibles au microfcope, que les fils charnus, à raifon de leur grof- feur ; mais on n’obferve rien de tout cela. On n’y voit aucun vaifleau rouge, aucun cylindre nerveux; les fils charnus s’adof- fent les uns aux autres dans toute leur longueur, et ne laiflent entr'eux aucun intervalle,à peine peut on voir une toile cellu- laire très-fine , ou un principe glutineux qui les unit enfemble. li me paroit qu'on peut déduire de tout cela, que le mu- fcle eft formé, pour la plus grande partie, de fils charnus pri: mitifs, et pour la moindre , de cylindres nerveux primi. tifs. Les vaifleaux rouges tiennent un milieu entre çes deux quantités . On peut encore en déduire avec raifon, que les fils char- nus primitifs ne font ni accompagnés par tout, ni environnés de tous côtés par les vaifleaux rouges, er beaucoup moins par les nerfs, et je ne ferois pas éloigné de penfer , qu’un faifceaux char nu tout cutier, ne reçoit qu'à peine quelque vaifleau rouge pri- mitif, et tout au plus quelque cylindre neryeux primitif. Ileft enfuite très-peu probable, pour ne pas dire tout à fait impofi- ble, que chaque fil charnu regoive foit un canal veineux, foit un cylindre nerveux primitif. Ces réfultats paroiflent dériver natu- rellement de Pobfervation immédiate, et de la trop grande di- fproportion qui eft entre la groffeur des fils charnus primi» tifs, 241 tifs, et cette des plus petits vaifleaux rouges, et des cylindres nerveux primitifs. On objeéteroit mal à propos ; que les fils charnus pri- mitifs ne végéteroient pas, s’il n'y avoit pas des vaifleaux pour les nourrir; qu'ils ne fe contra&eroient pas sil n°y avoit pas des nerfs partout, et qu'ils ne feroient pas fenfibles, fi les canaux nerveux primitifs ne les accompagnoient pas partout. Il eft fuperflu de rappeller, que pour qu’une partie animale végé- te, ou s'augmente, il fuffit qu'il y ait une humeur convenable qui fe porte è cette partie, et qu'une humeur peut aborder à une partie par d’autres vaifleaux que par les vaifleaux rouges, ou par fimple tranfudation. La contraétion des mufcles ne fup- pofe pas nécelfairement, que les nerfs doivent pénétrer dans tou- tes les moindres parties du mufcle, et qu’ils doivent toucher, entourer, et envelopper chacune de fes parties élémentaires: ce qui ne fe combineroit même pas avec la quantité médiocre des nerfs. La fenfibilité eft générale dans les mufcles; mais aucune expérience ne peut démontrer, que le fil charnu primitif foit fenfible, et beaucoup moins, qu'il le foit dans toutes fes par- ties. Nos fens font trop obtus pour atteindre jusques là. Les conféquences que nous venons de tirer de la fruAure primitive des nerfs, et des mufcles, non feulement ne favori. fent aucune des différentes hypothefes que les phyficiens ont imaginées pour expliquer la contra@ion mufculaire ; mais enco- te elles démontrent que la plupart font abfurdes. Ce qui paroit bien clair, cependant , c’eft que cette ftruéture ondée des cylin- dres nerveux primitifs, et des fils charnus, et tendineux primi- tifs, fert admirablement bien à réfifter aux plus grands efforts de lanimal, ces parties pouvant fupporter une très-srande extenfion avant de fe rompe. Il fe prefente maintenant une queftion importante, qui dé- Tone IT. H h rive 242 rive précifément de la ftruftar: même des cylindres nerveux primitifs, et c'elt de favoir ti les nerfs font irritables; c'eft à di- re, fi les nerfs fe contra&tent quand on les ftimule avec quelque corps, ou lorfque l'animal contraéte quelque mufcle fourmis à la volonté. Toutes les obfervations , et toutes les expériences fai- tes; jafqu'ici par les meilleurs phyliciens, nous affurent que les nerfs. ne font irritables par aucun ftimulus, c’eft à dire, qu’ils ne diminuent de longueur, ni ne changent de grofleur, foit qu'on les pique à l'exterieur, foit que l’animal contrafte des mu- fcles par leur moyen; mais ces expériences ne prouvent autre chofe, fi non que l'enveloppe extérieure des nerfs eft entierement inutile dans ces cas, elles ne prouvent pas que: la partie inté- rieure de ces mêmes nerfs foit immobile, et que les cylindres nerveux primirifs ne puiflent fe raccourcir. L’enveloppe exté- ticure des nerfs n’eft pas telle, qu’elle puille empêcher en aucune maniere un mouvement d’ofcillation, où de raccourciffement de leurs canaux primitifs, et la ftruture ou marche tortueufe de ces cylindres le feroit au contraire foupçonaer. Mais c’eft à l’expérience à décider toutes les fois qu’on peut la confulter; car nos raifonnemens paflent bien rarement les. li mites des fimples conjettures, lors mème quils femblent être fon- dés fur l’analogie la plus complette. Si les cylindres nerveux primitifs changeoient de fituation quand on ftimule le nerf, la figure fpirale , qui réfulte de la po- firion de ces cylindres, devroit néceflairement être plus ou moins altérée, les intervalles entre une fpire et une autre, entre une ban- de et une autre, deviendroient ou plus grands ou moindres: il eft du moins certain, qu'on ne peut changer la marche des cy- lindres nerveux primitifs, fans que les fpirales changent dans le nerf. On réuflit facilement à bien voir avec une lentille ordinai- re les fpirales de la plus grande partie des nerfs ; ainfî l’obfervation eft 243 eft facile, et la préparation des parties pour l’expérience net point du tout diflicile. J'ai fait mes obfervations principalement fur les nerfs du diaphragme des petits animaux, comme des la- pins, et fur les nerfs cruraux des grenouilles Dés-que l'animal étoit ouvert, une perfonne ftimuloit les nerfs phréniques dans le thorax des lapins, et les nerfs cruraux à leur fortie des ver- tebres. Le diaphragme fe contra&toir; et les Jambes, et les pat- tes des grenouilles fe contraétoient auffi. Jobfervois attentive- ment dans ce tems les fpirales des nerfs. Le plus petit change- ment n’auroit pu m’echapper. Jobfervois les nerfs du diaphrag- me dans leurs plus petites ramifications, dans les quelles les fpi- rales font plus fimples. J’ai examiné plufieurs fois les petits nerfs qui vont aux mufcles du bas ventre des grenouilles, et dans les quels les fpirales font encore plus vifibles. Mais quelqu’attention , quelque diligence que j'y aie apporté, je n’ai jamais pù m'ap- percevoir qu’il y eût aucun changement dans les fpirales des nerfs. Je les ai toujours vues immobiles à diftance égale comme au- paravant , quelque violent que fût le ftimulus que je faifois fai- re fur les nerfs , et quelque grande que fût la contraétion des mufcles. Ayant ainfi perdu l’efpérance, que javois conçue de voir quelque mouvement dans les fpirales des nerfs, je paffaià la der- niere expérience , qui me reftoit à faire fur ces organes ; et qui étoit d'examiner immediatement les cylindres nerveux primitifs mé- mes. Cette obfervation m'a couté beaucoup de peine, et je ne peux pas me flatcer d’avoir vù aufii bien l’immobilité abfolue de ces fils, que j'ai vù celle des fpirales. Mais ce que j'ai vù ne moutroit aucun mouvement, et les cylindres nerveux m’ont tou- jours parus dans un parfait repos, enforte que tant que quel- qu'un autre ne fera pas plus heureux que moi, je croirai ferme- meut, que les cylindres nerveux primitifs font en repos quand on E h 2 tti 244 ftimule les nerfs, et quand les mufcles fe contraétent; ét je le croirai d’autant plus volontiers, que je ne puis concevoir que les cylindres s'altérent fenfiblement et changent de fituation, et qüe cependant les fpirales ou les bandes demeurent tout-à-fait im- mobiles . Cette finguliere ftruêture des nerfs, et la marche régaliere des cylindres nerveux primitifs , qui fembloient nous promettre quelque nouvelle découverte fur le mouvement mufculaire, et quelque nouvel ufage des nerfs mêmes, nous laiffent dans la mé: me obfcurité qu'auparavant, et ne fervent qu'à diminuer le nom- bre des hypotheles qu’on a imaginécs pour expliquer la contraétion des mufcles: tant il eft vrai qu'avant d'arriver à la vérité il faut avoir paflé par toutes les erreurs! Le fyftème, par exemple, des vibrations des fils nerveux ne paroit plus foutenable après mes obfervations. Je parle de ces vibrations qui peuvent être fenfi- bles au microfcope; et je laiffe aux métaphyficiens le privilege d'en imaginer d’invilibles : La pretendue vitefle fi grande du fluide nerveux patoit con- trédite par ce fluide ou cette matiere inerte, vifqueufe, dont les cylindres nerveux primitifs paroiffent remplis: La grofleut plus confidérable des cylindres nerveux et des vaifeaùx fanguins en comparaifon des fils charnus primitifs, fait foupçonner que ces fils ne font mis en mouvement; du moins immédiatement s ni pat le fang; ni par les nerfs. En un mot, non feulement le méchanifme du mouvement mufculaife eft inconnu; mais nous ne pouvons mêmes rien imaginer qui puiffe l’expliquer, et il fem- ble gue nous foyons forcés de recourir à quelque autre principe, fi non à J’éleétricité ordinaire, à quelque chofe du moins de fort analogue à l’ele&ricité : Le Gymnote electrique ct la torpille rendent Jachofe, fi non probable, du moins poflible , et l’on pourroit croi- Fe que ce principe fuit les loix les plus ordinaires de Péleétrici- te. 145 té. Il peut être encore plus modifié dans les nerfs qu’il ne l’eft dans la torpille,et dansles Gymnotes. Les nerfs feroient les or- ganes deftinés à conduire ce fluide, et peut étre encore è l’exci- te; mais tout refte encore à faire. Il faut auparavant s'aflurer par des expériences certaines , fi le principe éle&trique a vraiment licu dans les mufcles qui fe contraétent. Il faut fixer les loix qu’oblerve ce fluide dans le corps animal, et après tout cela il reftera encore à favoir ce qui excite, et comment s’excite en nous ce principe. Que de chofes incertaines pour la poftérité ! Erreurs Microfcopiquess et confequences deduites des Obfervations Microftopiques - Telles font mes obfervations far la ftruéture, des nerfs, des tendons, des mufcles, et du tiflu cellulaire, et mes conje- &ures fur quelques uns des ufages de ces parties. Jai fait en- forte de donner, au moins à mes principales obfervations, tou- te la cettitude poflible. Jai cherché à les analyfer autant qu’il a été en moi, j'ai eu foin de les établir fur des expériences di- re&es , et diverffiées . Il y a une très-grande différence entre une obfervation mi- crofcopique, èt une expérience microfcopique. La premiere n’eit autre chofe que la fimple repréfentation d’un objet, dans les circonftances où l’obfervation eft faite, la feconde eft l’analyfe de la repréfentation de l’objet même, par la quelle nous fommes affurés qu’il exifte véritablement un objet de telle nature, et non de toute autre. Dans le premier cas, l’on éprouve fimple- ment une impreflion de la lumiere, ou bien lon voit tout au plus une image; dans le fecond, l’on juge de la nature de l'objet par l’image qu’il nous préfente. Chacun elt capable de voir avec lc microfcope; mais peu de perfonnes favent juger des 246 des chofes vues. Il faut des connoiffances étendues, et la plus grande fagacité dans l’obfervateur, pour imaginer les expériences qui conduifent néceflairement à la vraie connoiffance de l’objet réel. Il eft ua genre d’erreur, dans le quel les obfervateurs mé- me les plus exercés, peuvent tomber avec facilité. Tous nos ju- gemens fur les corps ne font que de fimples comparaifons , c’eft à dire, nous jugeons qu'un tel corps, vù au microfcope, eft de telle nature, et non autrement, parcequ’il fe préfente à nous fous les mêmes formes, ou apparences , fous les quelles nous fommes accoutumés de voir quelque objet déja connu, quand nous l’examinons au microfcope. Il eft moralement impoffible que deux images foient fem- blables entout, et qu’en même tems les objets extérieurs qu’el- les repréfentent foient différens entr’eux. Un obfervateur péné- trant faura trouver à la fin quelque différence entre les deux fpeëtres, fi les objets ne font pas femblables, et il evitera l’er- reur. Mais quelle induftrie, et quelle attention ne faudrat-il pas, qu'il y emploie? Mais ce n’eit pas là lécueil le plus dan- oéreux, quoique les obfervateurs les plus éclairés y échouent quelque fois. Il nous arrive par fois de voir au microfcope un tel cbjet, qui paroit s’accorder entierement avec les corps que nous connoiffons le mieux, fur tout quand la ftruture de ces corps n’eît pas des plus communes. Alors il ne nous fembie pas poffible qu'une image aît un rapport aufli fingulier, er auf parfait avec les objets que nous connoifions, et que néanmoins l'objet qui la fournit differe réellement de ceux là; il n’eft ce- pendant pas impoffible que cela arrive. Quand enfuite les ima ges repréfentées font irrégulieres, et que ces irrégularités font autant de conféquences de l’objet que nous nous figurons qui exi- . 247 exifte, il ne nous vient pas en idée d’en douter un iaftanr, quoique nous puffions encore nous tromper. | Pour prévenir la naiance de ces erreurs, il eft abfolument néceflaire d’analifer l’obfervation même; c’eft-à-dire de faire une expérience microfcopique, capable de nous aflurer, que l’objet eft en réalité tel que le microfcope le repréfente à nos yeux. Mais c’eft là précifément la partie la plus difficile, et c’eft ce qui met une grande différence entre obfervation et obfervation , entre obfervateur et obfervateur . Une fimple obfervation toute nue ne peut mériter une en- tiere confiance, quand même elle feroit faite par une obfervateur célebre , parce qu’on fuppofe tacitement qu'il y a un rapport néceflaire et exclufif entre l’image repréfentée par le microfcope , et l’objet réel exterieur: ce qui n’eft pas toujours vrai. L'image repréfentée par le microfcope peut convenir à plufieurs objets en même tems; c’eft à l’obfervateur induftrieux à déterminer exclu- fivement quel eft l’objet réel extérieur, qu’elle repréfente, qui lui correfpond. Il ne fuffit donc pas de dire: j'ai và telle chofe. Il faut déterminer les circoftances , il faut varier l’obfervation de mille manieres différentes, il faut enfin l’analyfer, et faire des expériences décifives. De toutes les obfervations microfcopiques, je n’en connois aucune qui puifle plus facilement induire en erreur l’obfervateur le plus confommé ;,et le plus pénétrant, que: la ftruêture extérieu- re des nerfs. Je dois avouer qu’il paroit impoffible qu'on puifie s'empêcher de reconnoître une forme fpirale de la plus grande régularité, et très-conftante dans tous les nerfs. Plus on les ob- ferve, foit gros, foit petits, fimples ,ou compofés., foit qu’on re- garde les principaux troncs, ou les rameaux les moins vifibles, plus on demeure perfuadé de la conftance d’une ftruéture fpira- le. Les irrégularités même fervent de preuve, qu’ils font tous de cette 248 cette forme, plutôt que de fervir à nous détromper. Non feule- ment elles fe concilient toutes avec cette ftruéture ; mais encore clles en deviennent des conféquences lumineufes , La tru&ure des nerfs que nous avons examinée eft un grand exemple pour nous faire douter des obfervations qui pa- ‘roiffent les plus conftantes, et les plus certaines; et doit nous infpirer en même tems la défiance, et la moderation. Le ton de fafte, et d’aflurance n’eft propre qu’à un obfervateur médio- cre, qui ne connoit aucune des nombreufes circonftances qui peuvent le tromper, et il eft fouvent le caraétere d’un vi- fionnaire plus éloquent que judicieux, d’un favant, qui aime mieux deviner la nature dans fon cabinet, que de la confulter, où elle eft; ou, pour mieux dire, qui aime à fubitituer aux faits, et à la vérité les fonges, et les vifions. Une feule expérience, une obfervation unique a fouvent réduit en fumée des bibliothe- ques entieres de pareils romans philofophiques, et malheureu- fement lon peut dire, à la honte de notre sepp qu'il s’en fait encore, et qu'il éft des perfonnes qui aiment à perdre leur tems à les lire. On ne peut rien appliquer de tout ce que nous venons de dire au célebre M. Monro, qui n’a point cherché à deviner la ftrudure des nerfs, mais quil’a examinée; qui n'a point fait de vaines hypothefes, mais a confulté la nature même .S’il s’eft trompé malgré cela, on ne peut dire autre chofe, fi non que Perreur cit plus facile que la vérité, La verité et une feule ,et l'erreur eft infinie, ou pour mieux dire, fi la vérité s'exprime par l'unité, lerreur peut s'exprimer par l'infini, ou du moins par un nombre très-confidérable, Il eff certain que l’erreur par rapport à nous prend toutes les apparences de la vérité, ct peut nous séduire de mille manieres différentes. Il fuffit de lire Vhiftorie des erreurs humaines, pour en être convaincu. Les plus 249 plus grands philofophes n'en ont pas êté cxempts, et les nations les plus éclairées ont eu des erreurs qui n’ont fini qu'avec clles . Les efforts que font les hommes pour découvrir la vérité font done une efpece de jeu de hazard, dans le quel la proba- bilità de tomber dans l’erreur eft ‘très-grande ,-et celle de trou- ver la vérité eft tràs-petite. Ceux qui viennent plus tard font moins fujets à errer, parce qu’ils profitent des erreurs des au- tres, en trouvant diminué le nombre des cas, qui conduifent à l'erreur. De là, Fimpoffbilité d’avoir un Ouvrage achevé, et original dans toutes fes parties de la part d’un feul homme, dans un feul fiecle. Pefpére que le leGeur ‘éclairé me pardonnera cette petite digreffion fur les erreurs -microfcopiques, et qu’il la regardera comme une -efpece d’apolosie de mon ‘Ouvrage même, que je ne crois pas exempt des imperfeétions ,qui tiennent à l'homme? quelque foin que j'aie -pris de donner à mes -obfervations toute l'attention dont je fuis capable, et que les circonftances m’ont permife. Et quel eft l’obfervateur qui pourra jamais s’aflurer d'avoir tout vü, et d’avoir pour ainfi dire, épuifé la nature, dans des premieres tentatives qu’il aura faites fur tant de par- ties du cerps animal, auffi petites, et auffi différentes! Après un fiecle d’obfervations, faites fur le fang par tant de bons obfer- vateurs, depuis Leewenocck :jafqu’au Pere della Torre, il pa- roit qu'on ignore encore, la figure, et la compofition, la gran- deur, et la ftru&ure de ces corpufcules colorés qui rendent rou- ge ce fluide ; ainfi qu’on le verra dans mes obfervations micro- feopigues, quand je me -réfoudrai à les publier, toutes imparfai- tes qu'elles font. Il me fuffit maintenant d’exciter l'attention des -phyficiens fur ces matieres, et de donner l’impulfion nécef- faire aux plus habiles obfervateurs, pour qu’ils tournent leur in- duftrie vers un fujet auf important pour l'intelligence du mé- Tome IL, li cha- 250 chanifme animal. Moi même en revenant fur ces mêmes matie- res, quand j'aurai l’efprit plus frais, et plus tranquille, je pour- rai ajouter beaucoup de chofes, même importantes, qui m’auront échappé la premiere fois, et j'en corrigerai d’autres que je crois maintenant avoir bien obfervées. Le vrai mérite d’un phyiicien eft en raison du nombre des découvertes qu'il a faites, de leur difficulté , et de leur importance. Les erreurs font de l’homme, et doivent lui être pardonnées. Il faut les confidérer, pour me fervir du langage des géometres ; comme des quantités évauafien- tes, en comparaifon des découvertes, lorfque celles ci font nom- breufes utiles, et originales. Diftes enim ( dit le grand Haller ) cum fidum autorem effe, cum quo naturam faepius confentire vi- debis &c. mais quand cès découvertes ne fe trouvent pas dans un livre, l’erreur décrédite entierement l’Ouvrage, et fon au- teur. Le moins blamable eft celui qui ne fait que copier des vé- rités déja publiées, fans y ajouter des erreurs; mais fon nom ne paflera pas à la Pofterité, parce qu’elle nelui devra rien de nou- veau qui puiffe rappeller fa mémoire. Il n° ya que l'ignorance, et l'envie qui puifle faire confon- dre le merite de ces deux clafles d’ Ecrivains, et attribuer in- juftement aux uns, ce que les autres feuls ont merité, Olfervations fur les Cheveux , l'Epiderme, les Ongles, les Os, et la Graifle. Le favant Profeffeur d'Edimbourg après avoir examiné les parties les plus compofées et les plus intéreffantes des ani- maux ,comme nous l’avons dit cideflus, a voulu éreridre fes ob- fervations fur beaucoup d’autres parties moins importantes, fi l’on veut; mais qui ne font pas mieux connues pour cela: tel font les ongles , les cheveux, l’épiderme &c, i 251 Il trouve encore dans ces parties fes fpirales nerveufes, ou pour mieux dire, il prétend qu’elles font compofés de cylindres nerveux quoiqu'il convienne d’ailleurs, que la fubftance ner- veufe dans ces parties n’eft pas fenfible ,c’eft à dire, que les nerfs dont elles font tiflues ne font point organes du fentiment, com- me ils le font en général dans tous les autres points du corps animal. L'opinion de M. Monro n'eft point du tout abfurde , quoi- qu'elle puiffe être faufle du côté de l’obfervation; parcequ'il eft certain que bien des parties fenfibles et munies de nerfs s’endur- ciflent, deviennent offeufes, et perdent leur fenfibilité . Mais l’ob- fervation démontret-elle évidemment que toutes ces parties ayent été compofées de nerfs? M. Monro nous aflure que ces parties organiques font tiffues de cylindres entierement femblables à ceux dont il a cru que les nerfs étoient compofés. Cette refflemblance ne peut exifter que par rapport à la grandeur , et à la figure refpective des parties, enforte que la confequence qu’il veut en tirer, n'eft pas une véri- té démontrée, une verité de fait. Mais quand même il feroit prouvé que toutes ces parties font compofées de cylindres tor- tueux, et égaux en tout à ceux qui entourent le cylindre primi- tif nerveux, il ne s’enfuivroit pas pour cela qu’ils fuffent compo- {és de nerfs, ni qu’ils accompagnaffent néceffairement les nerfs dans ces parties; puifque nous avons vu cideflus, que les cylin- dres , qui ferpentent et courent fur les nerfs, ne font pas des nerfs, quoiqu'ils forment des gaines aux nerfs mêmes. La fub- ftance cellulaire de l'animal eft toute tiflue de ces cylindres, et n'elt cependant pas compofée de nerfs. Mais tout cela ne fait pas que l’obfervation de M. Monro ne foit digne d’attention. Si toutes ces parties de l’animal avoient la même ftructure, fi toutes étoient compofées de cylindres tor- tueux, et li ces cylindres avoient dans toutes la même groffeur, 112 ce 252 ce feroit toujours une belle découverte. de favoir, qu'il y a une texture générale primitive commune à toutes les. parties. folides de l'animal. - Examinons donc la. réalité da fait, et apportons uneatten- tion fcrupuleufe dans. nos obfervations, autant du moins qu'il eft poffible fur des: corps fi: petits, qu’à peine on peut les vorravec. les lentilles les plus aigues. Vai: fait mes premieres obfervations fur les cheveux. Je n'en rapporterai que quelques unes des principales, et ce qu'il en faut pour que nous puiffions nous en-fornrer une idée. Jai pris. un. cheveu, et. je l’ai nettoy£ à plufieurs reprifes en le pat fant légerement dans un linge fin imbibé d’eau. Je lai examiné avec des léntilles plusiou: moins fortes. Je me fuis fervi de len-- tilles qui grofliffcient depuis 400 jufqu'à 700 fois, et J'ai vu la même ftruéture, la même compofition . La. Fis. I. PI.I. repréfente un bout de cheveu : vers:fon axeen_#, 4, où voyoit une tache ob- fcure,. qui étroit interrompue vers.le milieu de fa longueur. Tout le: reftant du cheveu. étoit de la couleur du faccin tranfparent. H paroiffoit tiflu, et formé, ou: couvert de petits cylindres in- serrompus, ferpentans en guife d’inteltins. Il fembloit y avoir gà et là parmi ces inteftins, de. très-petirs globules, dont le dia- métre n’excedoit pas celui des cylindres tortueux, eten plufeurs endroits-ces-globules paroifloient:être fitués entre. les: intervalles. des cylindres mêmes. La Figure citée repréfente tout cela. clai- rement. Jai écrafé le cheveu #, #2) vers une de fes extrémités, et fl m'a paru comme formé de plufieurs troncs irréeuliers , rabo- teux , compofés: de groupes, ou pacquets, de très-petits cylindres tortucux. La Fis. 2. repréfente un de.ces troncs, que J'ai cra devoir écrafer à part, et avec plus de force qu'auparavant. Je lai trouvé, comme on voit: dans la figure, c’eft à dire , formé de Cy- 253 cylindres tortueux, avec beaucoup de slobules , ou de corps ronds, épars fut les cylindres mêmes. La: Fig. 3., repréfente une petite portion du cheveu, Fig. 29 feparée par le moyen d’une pointe d’aiguille, dans la quelle il paroit quelques globules détaches des cylindres tortueux. La Fis, 4. préfente une autre petite porfion' du cheveu dè la Fig. 2. qui n’eft pas bien differente. de l’autre. Cependant’, quand je l'ai regardée après-l’avoir bien hume&tte d’eau ,elle étoit devenue comme une péllicule irréguliere , trafparente:, dans la quel- le on retrouvoit à peine quelque veftige des cylindres tortucuxet des globules; mais quand je l'ai laiflé déffecher, elle a bientôt re- pris fa premiere forme, et a paru tout-à-fait femblable à la Fig. 4 Sur la tranfpiratio.: Le favant Pere della Torre qui a tant obfervé avec fes fortes lentilles, les parties? les plus fubriles du corps animal, nous aflure avoir découvert , que nous tranfpirons à travers l'épi- dérme une immenfe quantité de petites lames tranfparentes de figures diverfes. Ces lamines amoncelées les unes fur les autres compofent les mailles de lacuticule, la quelle: eft treffée ( àce qu'il dit ) de vaiffeaux Iymphatiques. Il ajoute è la fin, que ces petites lames fe voyent même à la fimple vie, fur la peau des anguilles, dans l'humeur vifqueufequi la couvre. "A. limitation du Pere della Torre, jé lavai bien, et à plu- fieurs eaux un de mes doigts, et l'ayant effujé plufieurs fois, je le pofai fur un' cryftal, et je l’y tins an peu de tems. Le verre après cela paroifloit un peu moins tranfparent à l'endroit que le doigt avoit touché. En me fervant d’une lentille tres-ai- que, qui groflit 700. fois et plus, je n’y ai pù voir autre cho- fe, 254 fe, que de trés-petitsglobules tranfparens, qui ne fe défechoient, ou ne difparoiffoient pas, comme font les vapeurs aqueufes, mais qui fe confervoient les mémes fur le verre. Quoiqu il y en eut plufieurs qui fe touchoient, ils ne réunifloient pas pour cela leurs fubftances, pour en former de plus gros. Ils étoient tous de la même grofleur, et également ronds, comme on peut le voir dans la Fig. 6. tout cela feroit croire que ce n'eft pas une pure vapeur aqueufe, mais plutôt une fubftance huileufe , et craf- fe. Ils font environ 4 fois moindres en diamètre qué les globu- les rouges du fang; la Fig. 7. reprefente la groffeur d’un glo- bule dufang vù avec la méme lentille que les globules de la Fig. 6. Jai répété un grand nombre de fois ces expériences, fur la tranfpiration de l’épiderme de beaucoup d’autres parties, et je n’ai jamais pù obferver autre chofe, que les globules dont je viens de parler. Sur le gluten des anguilles Jétois curieux d’examiner le gluten dela peau des anguil- les; je m’en fis apporter plufieurs de différentes groffeurs, et je trouvai, après lavoir un peu dilué avec de l’eau, eten avoir pris une trés-petite quantité, qu’il paroiffoit formé de veffies uniformes a irrégulieres, remplies de très-petits corpufcules fphé- roides, comme on le voit dans la Fig. 8. Je les laiflai déflecher fur le verre, et alors elles parurent comme on voit dans la Fig 9. c’eft à dire, plus irrégulieres qu'auparavant , avec de larges bords tranfparens tout autour, et avec un corpufcule irrégulier fitué en divers endroits de leur intérieur . Je rompis deux ou trois de ces véficules; il en fortit une gran- 255 grande quantité de très-petits corpufcules, comme on voit dans la Fig. 11. La véficule 4 de la Fig. 10., repréfente l’une des véficules de la Fig. 9. dans la quelle on obferve un corps oviforme, ayant une tache dans fon milieu. A côté eft un globule & du lang, à fin qu'on puifle confronter leurs grofleurs relatives . Sur l’Epiderme. Après avoir bien lavé à plufieurs reprifes un doigt de ma main, j'en détachai ,avec un rafoir , des lames très-fines de l’épi- derme , qui avoient à peine une groffeur fenfible. La Fig. 12 PI. VIII repréfente un de ces fragmens examiné avec une lentille très-ai- gue. Il paroiffoit être un tiflu de cylindres tortueux , qui s’appro» choient, ct s’eloignoient avec beaucoup d’ordre, et de régulari- té. On y voyoit, çà et là de très-petits globules. Je couvris alors cette épiderme avec de l’eau, et dans cet état elle parut plus traufparente, et les: cylindres, et les globules s’y voyoient plus diftinétement qu'auparavant. Je me fervis de lentilles qui grof- fifoient jufques à 70e fois en diamètre , mais je ne pus apperce- voir rien de plus. Il n’y paroit, au microfcope ; aucun. trou, aucune porofité; enforte que je ne crains: pas de dire que ceux qui croyent avoir vi: des pores dans l’épiderme fe font abfolu- ment trompés; Lewenhoeck a été le premier à induire les au- tres obfervateurs en erreur. Ce n’eft pas que je veuille foute- nir, qu'il n’y en a point; je dis feulement, qu’on ne les ob- ferve pas au microfcope. Il eft très-probable que les. vaiffeaux Iymphatiques en forme de réfeau, que le Pere della Torre pré- tend avoir obfervés dans l’épiderme , ne font autre chofe que nos cylindres tortueux; quoiqu'il foit vrai d’ailleurs, qu’ils font mal 256 mal rendus dans fa Fig.. 7. PL XIIL, et qu'ils ne forment pas des réfeaux, comme N veut bien le croire. Sur les Ongles. J'ai détaché d’un de mes ongles avec un rafoir une dame très-fubtile. Je lai examinée avec les lentilles les plus aigues, et j'ai vù qu'elle étoit formée des cylindres tortueux à lordi- naire. Ils y paroiffoient cependant un peu plus ferrés, et peut être un peu moindres. Les globules ordinaires s’y trouvoient auffi répandus. La Fig. 14. repréfente le petit morceau d’on- gle que Jai examiné. Jen couvris d’eau une portion, et je l’ob- fervai dans cet état. H me parut que les cylindres tortueux étoient diminués de nombre, et s’étoient en quelque forte redref- fés. Tout paroifloit plus tranfparent, plus homogene, comme le repréfente la Fig. 15. Sur les Os, et les Dents. Les os mêmes, et -jufques à l’émail des dents, font com- pofés des cylindres tortueux accoutumés , etje n’ai pas cru nécef- faire d'en donner des figures à part. Il m’a paru feulement , que *€mail des dents eft compofé de cylindres tortueux plus courts, et mieux unis enfemble. Sur la Graiffe. Jai voulu examiner aufñ la graifle. Je l’ai obfervée dans plufieurs animaux, et dans l’état le plus naturel. Jai trouvé en- tre les lames du tiffu cellulaire une infinité de fachets, ou de veflies, plus ou moins grandes dans les différens animaux. Ces VÉ- 257 vélicules étoient remplies de graifle, ou d'une humeur sets plus ou moins concrete, ou tout à fait liquide. Les vélicules étoient amoncelées les unes fur les autres, et couvertes, et en- vironnées de toutes parts des cylindres tortueux, comme on volt reprefenté par la Fig. 19. PL VII. Au moyen de l'eau tiede a et de quelques coups d’aiguilles contre ces véticules, j'ai réuffi à en dépouiller quelques unes des cylindres tortueux, ct alors j'ai vù une veffie formée par une membrane très-fubtile, tranf- parente, homogene, remplie de graifle Fig. 20. Je n'ai pù y obferver d’attaches d'aucune efpece, ni de vaificaux excréteurs ou fecréteurs, quelque attention que j'y aie apportée. J'ai com- primé quelques unes de ces vélicules pleines d’huile , dans les poiffons, et j'ai obfervé que dans ce cas, cette fubitance huileufe tranfude è travers les parois de la vélicule, de toutes parts, et pas plus d’un endroit que d’un autre. La graille que j'ai examinée dans différens animaux, tant à fang chaud qu’à fang froid, m’a donc paru réfider dans des fachets arrondis, ou dans des veflies, plus ou moins grandes, plus ou moins rondes, fituées dans les cavités que laillent en- tr'elles les lames du tiffu cellulaire. Je ne nierai pas qu'il ne puille fe trouver entre les lames du tiflu cellulaire une quantité de graille qui foit libre, et non enfermée dans les fachets; je dis feulement ce que jaj obfervé plufieurs fois, et dans plufieurs animaux. Cette obfervation m’a fouvent étonné, parceque je n’ignorois pas qu'elle étoit contraire à l’opinion commune. Ainfi je n’ofe pas décider que les véficules de la graiffe font naturel- lement privées de conduits particuliers pour la recevoir, et pour la tranfmettre ailleurs, fuivant les différentes circonftances, et exigences ; je dis feulement que je n'ai jamais pù les voir, quoi- que je les aie cherchés avec beaucoup d'attention. S'il étoit vrai que ces conduits n’exiftaflent point, il faudroit croire que ces Tome TL Kk vé- 258 vélicules abforbent , et rejettent cette matiere huileufe par le moyen des porolités de leurs péllicules mêmes: ce qui paroit confirmé par ma propre expérience de la tranfudation, que jai rapportée cideflus . b Sur l'Ivoire. Jai enlevé avec un couteau affilé une lame fubtile d’ivoi- re auparavant bien poli. Je l'ai obfervée à lumiere réfrangée, dans l'humidité , et à la même lumiere, è fec. Dans ce dernier cas, elle m'a paru beaucoup moins tranfparente, que dans l’eau; mais également organifée. La Fig. 21. de la PI. VIII. repréfente cet- te lame, où l’on voit les fils tortueux è l’ordinaire. Sur les È ‘ponges . La curiofité m’a porté à obferver avec quelque attention la fubltance qui forme les éponges. On croit qu’elles font l’ouvra- ge des animaux. La Fig. 1. PI. X. en repréfente une branche. Je lai obfervée à l’obfcurité , et à la lumiere réfrangée. Elle paroif- foit tiflue auffi des fils tortueux ordinaires, et étoit vuide dans le milieu. Voila tout ce que j'ai pù obferver jusqu’à préfent fur la ftruîture du corps animal. J'avoue qu’il refte encore beaucoup à faire. Je ne fuis point du tout fatisfait de mes propres ob- fervations, et j'ofe me flatter queje pourrai dans un autre tems éclaircir bien des doutes qui me font reftés; mais les premiers pas font faits, et ce font toujours les plus pénibles; quand la carriere eft une fois ouverte, il n'eft plus auffi difficile de voir la route qu'il faut prendre , et d’éviter les écueils qui pourroient nous faire tomber . Ce 259 Ce qui me paroit plus que probable, c'eft, que les cylin- dres primitifs que j'ai oblervés ne font abfolument autre chofe que ces mémes parties que M. Monro appelle des nerfs, et qu’il croit de véritables nerfs dans l'animal. Il eft vrai qu'il les trou- ve de —, de pouce de grofleur , tandis qu'ils ne m'ont parus que de —.,. Mais comme il s'agit de corps extremement petits , il n’y a rien d’impoffible à ce que le même objet foit Jugé plus ou moins grand d'environ : par deux obfervateurs difiérens : Le Pere della Torre, et Jacques Jurin different entr’eux de 27 à 1 , dans la détermination de la groflcur des globules du fang. L'erreur du célebre Profeffeur d’Edimbourg confifte, à ce qu’il me paroit, en ce qu’il a pris ces cylindres tortueux pour les nerfs mêmes, tandis qu’ils n’en font que l'enveloppe, ou la gai- ne. Ils font communs aux mufcles, aux tendons, aux vifceres, au tiffu cellulaire enfin, dont toutes les parties organiques des animaux font tiflues ,et enveloppées. On les voit dans l’épiderme, dans les cheveux , dans les ongles, dans les os, fur les vélicules de la graifle; et ils font prefque uniformes partout, foit pour la marche, foit pour la grofleur, de forte que je n’ai aucune peine à croire, que dans toutes les parties de l'animal vivant, ils font de la même nature et de la même qualité, et qu’ils fervent aux mêmes fins et aux mêmes ufages ; quoiqu'il foit vrai de dire , que par des circonftances accidentelles , ils peuvent s’endurcir plus ou moins, et furtout dans les différens organes, et dans les diffé- rens états de l’animal, Sur les finffances végétales . L’illuftre anatomifte Ecoflois ne s’eft point contenté d’exa- miner, comme nous l’avons dit, toutes les parties folides du corps animal; il a porté fes recherches même fur les fubitances K k 2 ve- 250 chanifme animal. Moi même en revenant fur ces mêmes matie- res, quand j'aurai l’efprit plus frais, et plus tranquille, je pour- rai ajouter beaucoup de chofes, même importantes, qui m’auront échappé la premiere fois, et Jen corrigerai d’autres que je crois maintenant avoir bien obfervées. Le vrai mérite d’un phyticien cft en raison du nombre des découvertes qu'il a faites, de leur difficulté, et de leur importance. Les erreurs font de l’homme, et doivent lui être pardonnées. Il faut les confidérer, pour me fervir du langage des géometres ; comme des quantités évauafien- tes, en comparaifon des découvertes, lorfque celles ci font nom- breufes utiles, et originales. Di/tes enim ( dit le grand Haller ) cum fidum autorem effe, cum quo naturam faepius confentire vi- debis &c. mais quand cès découvertes ne fe trouvent pas dans un livre , l'erreur décrédite entierement l’Ouvrage, et fon au- teur. Le moins blamable eft celui qui ne fait que copier des vé- rités déja publiées, fans y ajouter des erreurs; mais fon nom ne paflera pas à la Pofterité, parce qu’elle nelui devra rien de nou- veau qui puiffe rappeller fa mémoire. Il n° ya que l'ignorance, et l'envie qui puiffe faire confon- dre le merite de ces deux clafles d’ Ecrivains, et attribuer in- juftement aux uns, ce que les autres feuls ont merité, Olfervations fur les Cheveux , l'Epiderme, les Ongles, les Os, et la Graifle. Le favant Profeffeur d'Edimbourg après avoir examiné les parties les plus compofées et les plus intéreflantes des ani- maux ,comme nous l’avons dit cideflus, a voulu étenidre fes ob- fervations fur beaucoup d’autres parties moins importantes, fi Von veut; mais qui ne font pas mieux connues pour cela: tel font les ongles , les cheveux, l’épiderme &c, pl 251 Il trouve encore dans ces parties fes fpirales nerveufes, ou pour mieux dire, il prétend qu’elles font compofés de cylindres nerveux quoiqu'il convienne d’ailleurs, que la fubftance ner- veufe dans ces parties n’eft pas fenfible ,c’eft à dire , que les nerfs dont elles font tillues ne font point organes du fentiment, com- me ils le font en général dans tous les autres points du corps animal. L'opinion de M. Monro n'eft point du tout abfurde , quoi- qu'elle puiffe être faufle du côté de l’obfervation; parcequ’il eft certain que bien des parties fenfibles et munies de nerfs s’endur- ciflent, deviennent offeufes, et perdent leur fenfibilité. Mais l’ob- fervation démontret-elle évidemment que toutes ces parties ayent été compofées de nerfs? M. Monro nous aflure que ces parties organiques font tiffues de cylindres entierement femblables à ceux dont il a cru que les nerfs étoient compofés. Cette reffemblance ne peut exifter que par rapport à la grandeur , et à la figure refpeétive des parties, enforte que la confequence qu’il veut en tirer, n'eit pas une véri- té démontrée, une verité de fait. Mais quand même il feroit prouvé que toutes ces parties font compofées de cylindres tor- tueux, et égaux en tout à ceux qui entourent le cylindre primi- tif nerveux, il ne s’enfuivroit pas pour cela qu’ils fuffent compo- {és de nerfs, ni qu’ils accompagnaffent néceffairement les nerfs dans ces parties; puifque nous avons vu cideflus, que les cylin- dres , qui ferpentent et courent fur les nerfs, ne font pas des nerfs, quoiqu'ils forment des gaines aux nerfs mêmes. La fub- ftance cellulaire de l'animal eft toute tiflue de ces cylindres, et n'elt cependant pas compofée de nerfs. Mais tout cela ne fait pas que l’obfervation de M. Monro ne foit digne d’attention. Si toutes ces parties de l'animal avoient la mème ftructure, fi toutes étoient compofées de cylindres tor- tueux, et li ces cylindres avoient dans toutes la même groffeur, liz ce 262 mention que de quelques unes, me refervant d’en traiter plus au long dans mes ob/ervatians mieroféopiques ; où je dirai mon fentiment fur cette matiere obfcure, qui, à ce que je prélume, tiendra longtems divilées les opinions des obferyateurs. Il n’eft queftion da rien moins que de voir les plus petites parties con. ftituantes des corps, de favoir, s’il eft une ftruéture organique, unique, fimple, primitive, commune aux animaux, aux vété- taux, aux foffiles. C’eft ici que la fimple obfervation ne fuffit pas, et qu’il ne fert pas de beaucoup d’être exercé au microfco- pe. L'objet apparent ne fe diftingue pas de l’objet réel. Il faut analyfer l’obfervation pour ne pas fe tromper, il faut faire des expériences; mais l’une, et l’autre voie eft longue, et pénible, et l’on ne voit pas toujours comment il faut s’y prendre. Jai commencé mes obfervations par examiner quelques terres, et marbres. La Fig. 7. PLIX. repréfente quelques grains de magnefie calcinée, que Jobfervai dans l’humidité, et à fec, à lumiere réfrangée. Ils étoient de figure plus ou moins cylindri- que, et arrondis à leurs extrémités, On y obfervoit encore les fils tortueux ordinaires très-diftinéts, Dans l’eau, tout étoit plus tranfparent . La Fig. 9. PLIX. repréfente deux atômes de marbre blanc obfervés à fec. On y voyoit encore les fils tortueux à l’or- dinaire, La Fig. to. PI, IX. repréfente un atôme de fpath pefant, que j'obfervai à lumiere réfrangée. Il n’y avoit que les fils tor- tucux très-réguliers, La Fig. 11. PI. IX. repréfente un atòme de fpath phofphori- que, offrant partout les fils tortueux ordinaires. La Fig. 3. PL X, repréfente un atôme de fel commun. Les fils tortueux s’y trouvoient, mais plus rares que par tout ailleurs. Sur Sur l'Or. Des terres je paflai aux métaux. Je fis paffer à la filie- re un cylindre d’or très-pur; et après lavoir bien poli, et ra- clé, je l’obfervai dans le fens de fa largeur. Il paroiffoit tout couvert de fils tortueux; comme on le voit dans la Fig. 1. PI. IX. La Fig. 2; même planche, eft le même cylindre bia vé longitudinalement. Je examinai lun; et l’autre à lumiere réfléchie. La Fig. 3. PI. IX, eftun petit morceau de feuille d’or battu . Il fardifioie tiflu des feuls fils t tortueux. Je l’obfervai dans l’hu- midité, et à fec. De l'or, j'ai paflé à l’examen de l’argent . Les quatre petits objets de la Fig. 4. PI. IX. font des atômes de limaille d’argent très-pur. Ils étoient très-reflemblants aux cheveux: On y voyoit les fils tortueux à l'ordinaire, à lumiere réfléchie, à lumiere ré- frangée tout étoit obfcur; mais les plus petites extrémités pré- fentoient les fils tortuenx; même à lumiere réfrangée . J'examinai une lame de plomb très-fubtile; à lumiere réflé- chie, et j'y obfervai les fils tortueux ordinairs, comme on peut le voir par la Fig. 10. PI X. Le cuivre offroit pateillement ces fils tortueux, à lumiere réfléchie, comme le repréfente la Fig. 11. PI. X. L’étain obfervé à lumiere réfléchie montroit auffi les fils tortucux. La Fig. 7. PL X,eft un petit fragment d’étain obfer- vé de cette maniere. L’antimoine, comme on voit par la Fig. 8. PI. X, a les fils tourtueux. Il fur obfervé à fec, et à lumiere réfrangée. La Fig. 9. PL X; repréfente un atôme de cobalt, dans le quel on voyoit les fils tortueux. La 264 La Fis. 6. PI. IX,repréfente un atòme de Zinc ,obfervé è fec, et à lumiere réfléchie, avec les fils tortueux accoutumés. La Fig. 8.repréfente un atàme de Bifmuth obfervé à fec, ct à lumiere réfléchie, dans le quel fe voyent les fils ordinaires. La Fig. 12. montre un atôme de Nikel, obfervé dans l’hu- midité, qui avoit les fils tortueux. Je pañle fous filence un grand nombre d’autres obfervations fur les foffiles, qui toutes fe combinent avec celles que nous avons vues jufqu’ici, de forte qu’il paroit, que c’eft une vérité d’obfervation, que tous les corps, lorfqu’on fe fert de microfco- pes très-aigus , fe montrent à l'oeil fous la même forme, ou ap- parence . Ce n’eft pas maintenant le lieu de déterminer ce qui eft réel, et ce qui n'eft qu’apparent. Les fimples obfervations ne fuffifent pas pour qu’on puifle décider comme il faut, et avec certitude . Il eft befoin d’une analyfe très-fine de toutes les cir- conftances ; il faut des préparations dans les corps à obferver ; en un mot, il faut des expériences. Je crois devoir difiérer de donner mon fentiment fur cette matiere. Je ne pourrois le fai- re affez briévement, etce fera la matiere d'un autre Ouvrage . En attendant, je ferai bien aife d'apprendre les différentes opi- nions des obfervateurs fur ce fujet. Les plus habiles feront les derniers à fe déterminer, les médiocres n’y trouveront pas gran- de dificult£ , les moins habiles, et tous ceux qui n’obfervent pas, fe décideront fur le champ. Pour retarder au moins un peu le jugement des uns et des autres, je crois devoir ajouter en peu de mots deux chofes importantes. Jai fait tomber dans un baffin d’eau froide quelques gouttes d'argent fondu. J’en ai enfuite examiné plufieurs des plus petites, et au lieu de m'offrir les fils tortucux ordinaires, elles n'ont paru plutôt formées de petits grains luifans, boflelés en . plu- 265 plufieurs endroits. La Fig. 4. PI. X. repréfente un corpufcule d'argent, dans le quel on voyoit cependant çà et là quelques uns des fils tortueux. Tout le refté paroiffoit formé de globules inégaux. Je l’obfervai à lumiere réfléchie. La Fig. 5. PI. X. repréfente un autre petit morceau d’ar- gent, dans le quel on ne voyoit aucun fil tortueux; mais feu- lement de:très-petits corpufcules luifans. Je l’examinai à lumie- re refléchie, La Fig. 6. PI. X. eft un autre petit grain d’argent, que j’e- xaminai à lumiere réfrangée ; il paroifloit formé de pointes, de pyramides, de petits diamants, et je n’y obfervai aucun fil tor- tueux.. Ces difiérences de ftrutture dans le même corps m'engage- rent à tenter quelques nouvelles expériences. Je grattai avec la pointe d’une aiguille un petit :morceau de talc, qui étoit par tout tranfparent, et homogene. Je l’exa- minai avec la lentille, et il me parut tel qu’on le voit dans la Fig. 16. PI. VIIL On y voyoit un fillon dans le milieu, avec des fils tortueux, et des globules. Ceux là ne différoient pas beaucoup des fils tortueux obfervés jufqu'ici. Je l’humeétai d’eau, et je le polis avec un linge; mais il ne changea pour cela en aucune ma- niere. Il me vint après tout cela ‘un foupgon, que peut étre les fimples conta&s des corps ronds :très-déliés étoient capables de montrer à l’obfervateur cette apparence de fils tortueux. Jexa- minai en .conféquence la poudre a poudrer, à fec; mais Je ne pus y obferver rien qui vint à Fappui de mon foupgon, Quoique es globules fe touchafient en plufieurs points, on les vovoit di- funéts les uns des autres, comme la Fis. 18, les repréfente , mais à peine les cus-je un peu hume&és, que j'y obfervai en quelques endroits, des corps continus longitudinaux, homoge- nes, tranfparent par tout, comme on l’obferve dans la Fig. 17. Tome II. L 1 PI. VII 260 PI. VII. H eft vrai que ces. fils tortueux étoient en bien petit nombre (4); en comparaifon des globules qui les entouroient, et ils étoient épars çà etlà, fans cette régularité, etce parallélifme qu'on obferve conftamment dans les autres corps. Mais en mé- me tems, nous apprenons par cette obfervation, et par cette expérience, que l’eau peut tellement s’infinuer..et s’arrretter en- tre les globules , qu’elle imite dans certains cas un fil, ou cy- lindre homogene, tranfparent, non interrompu. Les bons obfervateurs feront, je le répete, très-lents à pro- noncer quelque chofe de certain; mais en attendant ,. il eft bon. qu’on fafle des obfervations, et qu’on les varie de toutes les. manieres poffibles. Les obfervations feules pourront nous :fournir des: connoiffances certaines, quand elles feront bien analyfées». et quand on en connoîtra bien toutes. les circonftances. ERE OS, EE Se & Rage gs gs ae No &: gx LES EE COLERA si gt EN I get gt Let- or D (a) On en a gravé un plus gran nombre dans la figure cideflus, de ce que Jen ai vu dans l'obfervation, 267 Lettre écrite x M: Adolphe Murray Celebre Profeffeur d’Anatomie à Upfal l'anné 1778. TE vousenvoye conjointement à cette Lettre trois .defleins marqués 1, 2, 3, que (4) j'ai crû fuffire pour vous rappeller l’idée de ce nouveau canal que J'ai trouvé dans l'oeil, et que Jai eu le plaifir de vous faire voir lorfque vous ‘pafsites par Florence. C’eft dans cette occafion que Jj'eus la fatisfaétion de vous .connoître etque vous m’accordàtes , vôtre agreable amitie. À un Anatomilte auffi eclairé que vous, c’eft aflez que d” indiquer feulement les parties principales ; le refte feroit cout-à-fait fuperflu . Les trois figures VIIL IX. X.( PI. VII.) font voir ces trois feétions principales que je fis dans l’oeil du boeuf, et que je vous montrai quand vous étiez à Florence. Jene vous parlerai pas des autres feétions , car ces font ces trois que je confidere comme les plus eflentielles , et les plus néceffaire à fatisfaires à vos demandes, et par confe» quent je pafierai le refte fous filence . La Fig. VIII. réprefente comme vous voyez , prefque la moitié de l'oeil ,obfervé du côté interieur. La lettre # indique la fclero- tique ; 7 le corps ciliaire, qu’on appelle ligament ciliaire auf; e, font les procés ciliaires ; 6 l’uvée ; «4 la prunel- le. Vous voyez par ce dellein, que mon canal de l'oeil re- pond à la bande circulaire indiquée par #, qui forme le corps ci- liaire. La Fig. IX. eft la moitié de la figure précedente. La let- L 1 2 tre pa ali i © pre (a) Ces trois numeros étoient ceux que portoyent les delfeins qui furent en- voyés à M. Marray: mais pour l’ordre des planches de cette Ouvrage on a dû employer à leur place les Figures VIII IX. X. 268 tre # indique la fclerotique ; e les procés,ciliaires;.c l’uvée; 4 la prunelle -La lettre #2 à la droîte de laimême figure exprime le corps ciliaire coupé, et l'ouverture indique le creux de ce corps, ou bien le canal que j'ai découvert dans l'oeil. | Les trois lettres > #70 démontrent non:feulement ce canal, mais encore le parois fuperieur de: ce même canal ouvertien deux. La lettre #1 eft le corps de ce nouveau canal ouvert; et les deux lettres 7 o font les deux extremités ou levres de la coupe faite: dans le parois fuperieur de ce canal. Vous devez voir par là que ce nouveau:canal'eft formé par le lisament ciliaire, ou pour mieux dire, qu'il elt'enveloppé dans: fa fubftance; ce que vous entendrez: encore mieux en jettant ua coup d'oeil fur la Fig. X. qui eft l’autre moitié’ de la. Fis. IX. La lettre 4 de cette figure marque la. fclerotique depouillée de la coroidée. La lettre e indique le filon, dans: le: quel s’atta- che, par le moyen de filamens: cellulaires, le ligament ciliai- c. La lettre 7 indique la cornée tranfparente. Les trois lettres e,0,s;appartiennent à une fubftance membraneule formée par l: concours de la coroidée €, parle ligament ciliaire: 0; et pat l’avée s. La lettre 0 montre cette partie. Mu dd va s'in-- ferer dans le fillon é;de la. felerotique .. On decouvre en 0;et dans le parois de ce ‘même canal une: fente très-petite; cette partie, ou ce parois:du canal eft blanchà-- tre et cellulaire , et s'attache très-fortement à. la: fclerotique dans : tout le trait du fillon circulaire 72 de la Fig. VII J'ai fait paffer de l’eau, du mercure ec. d’ un côté à l’au-- tre de ce nouveau canal, fans qu’il y eut: la: moindre laceration: occafionnée par le pallage des ces fluides. Les parois-internes de ce canal font bien égales, et unis. Le parois o peut être très- aifement détaché de la fclerotique e, même en le forçant feule- ment avec une fimple lame d’yvoire; et l'on voit pour lors fans 269 fans qu'il-arrive la: moindre déchirement, que la membrane de- tachée. forme le nouveau 'canialtel qu'on le voit en 0. Je vous envoye les defleins de ce nouveau canal de l’ocil, non'pas pourque je fouhaite que vous les publiez, comme vous me marquez’de vouloir faire: dans les actes’ de: l'Academie d' Upfal; «mais fculement parceque vous me les demandez. C'eft affez pour moi que vous foyez perluadé de lextime que j'ai pour vous , et du plailir que j'ai d’être en correfpondence avec un homme:de votre merite. Faitez-en ce que bon vous femble, car J'en fuis: tout à fait indifférent. Vous devez certaigement avoir apperçu- lorfqué: vous: étiez ici, le peu de cas que je fai- fois de: cettè découverte, furannée; je dis découverte puilque vous: vouléz lappeller ainfi.- Je ne vous dirai rien cependant fur l’ufage de ce nouveau canal ,- et de humeur tranfparente dont on le trouve CET Je n’ai pour le prefent point d’obfervation affez fure ou d’ expé- rience aflez décifive quiait pà m'eclairer avec certitude la def- fus: Je:ne veux point avancer d’ Hypothefes imaginaires, ou des fimples’ probabilités. C’ett à vôtre. genie que. je abandon- ne et foumet' ce fujet difficile; et c’eft à vous que je laiffe la: gloire de nous’ éclairer . - EXPLICATION DES TABLES Explication des dix premieres figures de la planche I tirée de l’edition Frangoife de l’Ouvrage de Mead. A Fig. T. offre P afpect latéral du crâne , et des mdchoires:aas L déux dents venimeufes de chaque côté, et fichées dans 4» os folide par le méchanifine dont il fera fait mention. b, ces os folides font articulés par gynglime, comme S'ils tenoient è Pun et à l'autre des os Zigomatiques. Ils jouifleut, au moyen de cette articulation, de deux mouvemens. En vertu du premier , les dents fe montrent, et Je dreffent pour mordre. Elles fe reti- rent par le fecond, font ramenées en dedans, et fe recourbent vers la racine de la langue. de maniere à rapprocher les deux mAchoires . On voit dans la Fig. 5., ces dents plus en grand. Ces rsouvemens font produits par une ligere chute de Pos c,(et dans la Fig. 5.,d),qui attaché à l'os b, au dejfus de fon articulation , le force d2 [e joindre à lui, et de concourir à ces mosvemens , par les quels il eff porté au dehors, ou ramené en dedans; ils lui font communiqués, et par fa counexion avec la mâchoire inférieure, et en verts des mufiles qui lui font pro pres, et qui font deffinés à ces ufages La Fig I. Ÿ., montre la mâchoire infériesre, et e, d, les deux points d'appsi, au moyen des quels elle exerce les mouve- mes nécefluires pour dévorer fa preie. On voit dans la Fig. 6. ces deux foutiens a etb, qui fer- vent è joirdre la mdeboire inférieure avec le fincipur et l'os tem poral . Pour hat line. he à: à 2 231 Pour bien faifir le méchanifine dont fe fert la Vipere pour avaler fa proie, il faut obferver que la mâchoire, tant [upérien- re quinférieure du même côté, peut fe mouvoir , 'oppofée reffant fixe, et immobile; de forte que la mâchoire, tant fupérieure qn'inférienre, d'un côté, peut être portée au debbrs, au rame- née en dedaus, tandis que la mâchoire oppofée éprouve des mou- vemens contraires , on-biem refle fixe, et immobile. Or ces md- choires font armées de petites dents adhérentes très-fortement à leur fuperficie, et aux quelles leur ufage pourroit faire donner le nom de tenailles; Fig. 1.g, et Fig. 5., c. C’eff en vertu de ces mouvemens alternatifs de rétrattion que la proie eff précipis tée dans Peftomac. Le nombre de ces temailles, eff plus confiderable à la ma-- choire fupérieure qu'à l’inférieure. La Fig. 5., c repréfente ces dènts à la mächoire fupérieu- re la Fig. 6., d, les fuit voir à l’inférieure. La Fig. 4. préfente le fommet du crâne, où lon voit a, le finciput, qui formé dans lhomme du concours des deux pa- viétaux , eft formé ici d'un’ feul os, tandis que le front b, qui n'a qu'un os dans Phommne, eft fait dans cet. animal de deux os unts par une future. c, L'entrée. antérieure de l'orbite de Poeil, creufée dans los: frontal. d; Les os du nez. e‘ L'os maxillaire qui, dans cet animal ,efi d'une feule piece. Maïs tandis que nous en fommes encore fur les os de cette partie, n'oublions pas d'obferver, que ce w'eft pas Jeulement à raifon de la grandeur , et du mouvement, que les dents venimeufes dif- il des autres. Elles ont des proprietés qui les diftinguent è et d'abord, il faut remarquer ;que quoiquon en trouve deux de: chaque côté, il eff très-rare cependant quelles foient attachées avec _S 272. avec une égale force aux alveoles qui les contiennent … Quelque fois la dent extérieure de l'un ,et de l'autre côté eft plus lâche ; “quelque fois au contraire, ceft Pintérieure qui tient le moins. D'autres fois, l’interne d'un côte, et l'externe de l'autre font ‘attachées avec moins de force. Lorfque les dents fe forgettent, celle qui tient le mieux s'éleve davantage, que celle qui eft plus lâche, et qui paroit plus longue. - En pefant toutes ces circonffances, et celles dont il meres- re à faire mention, on voit que la Vipere ne fe jert jamais , pour mordre, que d'une de fes dents. La nature a difpofé ainfi les chofes, à fin que l'action d’une feule fufije pour lancer à l'animal dont elle fait fa proie, tout le vénin préparé d'un côté, et quil réponde auffi éficacement à l'intention de ce reptile, que Si l'une, et l'autre dent avoient agi. i «La dent de la Vipere dicrit un arc en formant fa plaie: a-t-elle une force bien plus confidirable, à raifon de cette figure courte, qui lui donse quelque refemblance avec la griffe des ot- feaux de proie; Fig. 1., a, et Fig. 5. a. Mais cette forme s'op- pole à ce que la dent fè dégage avec fucilité; d'où il arrive quelque fois que la proie de la Vipere, ei faifant des efforts pour fe délivrer, ‘arrache la dent; d'autant plus que la Vipere qui Je Jens tirée par ces divers monvemens, affujettit fa queue con- tre terre, jufqwà ce qlelle Je fente bien raffermie. Si par ce moyen elle ne peut conferver fa dest, elle fe rompt dans l'arti- culation la plus foible .… La nature pour rémédier è ce mal, afait enforte que la dent qui auparavant étoit la plus léche, acquiere tout à coup le plus de fermeté, et qu'à la place de celle qui tom- be, il en fuccede [ur le champ, une qui eft detdebeé è volonté; car une dent caffe on arrachée, trouve tout de [uite fon fupplé- ment dans de petits rudimens de jeunes dents cachées dans la capfule alveolaire, entre les racines des dents vénimenfes, et qui par 375 paffest par diffirens degrés, jufqn'à co qu'elles aient acquis celui de perfection. J'ai remarqué dans le ferpent à Sonneite fix dents decette efpece qui croiffent du méme côté. Je ne bazarderai peint de co- njetures fur la caufe qui fait tomber ces dents auxiliaires dans d'alveole vuide. Mais tout ce que nous avons dit jufquici nous engage affez à croire que nous leurs avons afligné leur véritable afage, car la confervation de ces animaux exigeuit de toute né- cefté mn pareil fupplément . | Ces dents venimeufes font creuf'es, de puis le haut de Per chafure jufqu'à l'aiguillen. Ce creux prend fa naiffance dès le baut de l'orifice, placé à la partie antérieure de la dent Fig. 2: a finit à quelque diftance près du fommet b. Le refic de la dent eff ferme et folide, et coup? comme un curedent. La Fig. 3. offre le creux de cette dent conpée par le mi- lieu. L'appareil qui prepare et fournit le vénin eff une glande fitute de chaque côté des joues. Elle ef attachie par un liga- ment (a, Fig. 9. ) au finciput où il va fe joindre è Pocciput, et è la machoire inferieure au moyen d’un'autre figament b. Une forte membrane blanche qui part de ces ligamens fert pour la mieu raffermir, et la garantir d’une trop grande compref fon à la quelle elle feroit fujette fans celà, foit par une trop grande accumulation du fluide vénimeux, foit par une compref- fon trop violente de la part de l'animal pour expulfer ce mé- me fluide. Le conduit excretoire, e , eff formé par une conti- muation de cette même tumigue: ce conduit porie de la glaire de à la cavite de la dent au moyen du fuc on réfer voir ( Fig. 7. 8. ) qui renferme les dents de l'un et de l'autre etto. i f. (Fig. 9.) EA une petite glande blanche quela proximité des M m dents 274. dents avoit fait prendre pour Porgane fecrétoire du vénin, quei quelle ie paroiffe étre autre chofe qu'une glande lymphatique, ou fa- livaire, et quelle manque abfolument dis le ferpent à Sonnette - Tous les mufiles qui concourent à opérer la morfure: font: fitués » chez la Vipere, de telle maniere que quand 1/s-agiflent , ils com- priment fortement la glande qui contient le: vénin, et aident ainff à fon éjaculation. Celui de tous cependant qui contribue le plus à cette éjacu- lation, c'eft le mufcle d.( Fig. 9.) Après avoir pris naiffance à la mâchoire. inférieure, il setend obliquement en deffous de la glande qui contient le vénin, jufgwà ce qu'après avoir paf@ entre les deux ligamens a et b, il fe réfléchiffe fur la furface externe de fa glande, et fe joigne fortement è elle d'un cours parellele à Ja longueur, au moyen du ligament , a, qui lui fert de tendon - Ce mufcle peut concourir auffi à fermer les mâchoires. Mais fa plus grande aclion confifle à comprimer fortement: la glande vé- néneufe qu'il entoure fi exactement , et cela: fe fait, à peuprès, comme: nous exprimons le fuc d'une orange. La difpofition de ce mufcle, qui s'étend Jar toute la furface de la glande; et qui fe propage dans la: même diretfion. que-fon conduit. excreteur ; la fin même de ce conduit: qui. parott tendineux; et va Je terminer à la racine des dents, avoit donné lien: à l'opinion où l’on étoit, que ce mufile fervoit à-leur rétrathion. Mais il eft facile de fe convaincre du contraire, en-fuant macérer dans. l'eau chaude la tête dont on a enlevé la-peau;.car- alors le mufcle fe fepare facilement et laife voir la glande: à découvert. La Fig. y. préfente une têre de Vipere: entiere. On y décou-. vre,a, de chaque côté, Pune et l'autre dent vénéneule enveloppée comme dans fa propre poche. Or abferve facilement, les différens degrés d'éreffion et d'extenfion . b Offre l'entrée de la trachée difpofte de maniere qu'elle PI CX- 275 expofte, le moins poffible, à être comprimée dans le tems de la déglutition . c Fait voir la langue qui fert à la Vipere à bumer la rofée. C'eft peutétre elle qui place les dents auxiliaires dans les alvéo- les vuides, felon que l’occafion l'exige. La Fig: 8. montre le fac deftiné è envelopper les deux dents; il eff repréfenté en grand, afin qu'on diffingue mieux fes ouvertu-. res frangées = _r————@—@—@—@—@—@ @—@—@—@—@—@————@—@@@TTT_T_—T—_—TTÉ»r rr _————_—m_—__—_—_——€P6€&_____ —— — — — — SEUL T EUDIENBEXPLICÉTION Re LAB LA NCHE PREMIER E: A Fig. I mm. eff un morceaw de cheveu; on y voit des L taches brunes au milieu intérieurement, et toute fa Jurface paroit couverte de petits cylindres: tortueux , et en quelque façon parallels... La Fig. 2. réprefente une petite portion de ce même cbe- ‘ven qui a été fortement comprimée avec une lame de fer fur un porte objets de criffal. La Fig. 3. eff un fragment de la Fig. cideffus dans le quel on voyoit des très-petits globules derachés des cylindres tortuenx . La Fig. 4. eff une autre fragment de la Fig. 2. qui ayant été trempé dans l’eau, prit l apparence d’une pellicule tranfpa- Tente et irreguliere, telle qu'on la voit dans la Fig 5; La Fig: 6. réprefente les globules de la tranfpiration . La 276 La Fig. y. ef un globule du fans obfervé, avec la même lentille dont on s'étoit fervi daus l'obfervation de la Fig. 6. La Fig. 8. eff un amas de globules qui forment le gluten de la pesa des anzuilles. Ils paroifent comme fi s'étoient des vef: fies remplies de slobules infiniment petits. La Fig. 3. n'efl quele même amas de globules de la Fig. 8. quon a laifé un pes defechér. On voyoit un petit corps inte- rieurement, fitué dans differens endroits de chaque globule. La Fig. ro. répréfente un de ces globules de la Fig. 9. qui avoit dans fon milieu un corps oviforme taché aufi au mi- lies. On y a mis à côté le corps c, qui eff un des globules du Sang posr en comparer la groffeur. Pur GANN SALE Il Explication des Fig. marquées par des Chifres Arabes. La Fig. 1. réprefente les deux dents Canines de la V. pere. La Fis.2.réprefente le fac qui les couvre;(.( font les bords de ce fac qui a été coupé avec les cifesux. n. c. font les deux trous ellyptiques qu'on trouve à la baje de la dent; r.a font deux fentes également ellyptiques qui font prefqu’ à la pointe de la même dent. m. eff le réceptacle du vinin; ce receptacle s'ou- wre à fa partie fupérieure en un conduit qui va s'ouvrir ero au milieu des attaches des deux dents. La Fig. 3. réprefente le même réceptacle du vénin, obfervé 3 la loupe, et il paroit dune figure à peuprès triangulaire. La Fig. 4. c'eff ce même réceptacle réprefeuté dans fa gran- deur naturelle. La Fig. 5. fl une feGion tranfverfule du récepracle cidef Jus; 277 fas, qui parois formé intérieurement de plufieurs cavités rem- plies de vénin, et fepartes par les cloifons {, 0, c, le vénin fort par gouttes t, ay tout comme il eff indiqué par la Figure. La Fig. 6. répréfente une des dents canines uvec toutes fes cavités, et [ès ouvertures: {, {, marque la fente ellyptique près de la pointe de la dent, et c,a, eff le trou qu'on trouve à fa bafè.i,i,i, eff le canal interne par où découle le vénix; e,r, ef} une cavité de la dent, fermée en v et ouverte feule- ment ene. On en voit la fetfion tranverfale à côté indiquée par m; et la Figure a,r,0,d, efprime une autre fe‘lion de la mé- me dent faite dans la direction, a, b. de la même Fig. 6 La Fis. 7. répréfente la gensive où sont implantées les deux dents Wi , et on voit à leur base fix petites dents qui me sont pas encore toutes formées, et qui sont deffinées a les remplacer lorsque la Vipere vient à les perdre. a. c. r. sout trois de ces petites deuts fituces à la gauche. EXPLICATION DES FIGURES Margutes par des Chifres Romaines. La Fig. Il répréfente une goutte de véuin de la Vipere tel- le quelle paroit lorfqu’elle commence à fe deffecher un peu fur le microfcope . La Fig I répréfentè la goutte de la Fis. cidefus après quelle eff tout-d-fait defeshée . La Fig. lil. cet un amas de quelques fragmens de vénin deffeché : la lettre a indique une fente finguliere tournée en fpi- rale. Ia lettre c, marque une des fentes qui feparé les frag- mens entr'eux. La 279 La Fig. IV. répréfente une gostte de vénin pris dans la sucile de la Vipere, et laifte deffechér fur un morceau de ver- re. Ox voit en o des petits globules, ou noends, qui ne font que des petites boules d'air: la lettre m indique une des fentes qui féparent les fragmens du vénin les uns des aires. EXPLICATION..DE.L'A.PLANGHEMM: La Fig. I répréfente un nerf vi avec une lentille qui grof- St fix fois; les lettresc,c,c, marquent les bandes blanches, qui font d'une même largeur, et fitates à une egale diffance. Les lettres o 0,00,00, font les intervalles d'une couleur inote Danche, qui font auff d'une même lorseur et è diflances “gales. Za Fig. IL eff un nerf groff environ huit fois par le mi- erofeope. Ses bandes font moins regulieres, et parorflent fe croi- fee x ou s approcher en plufieurs endroits. La Fis. IL effun autre nerf dont les bandes font plus di- fines, et s'approchent avec quelque irregularité eu différens eudroîts, mais fans fe croifer . La Fig. VI répréfente un uerf dont plufeurs de ces ban- des Sapprochent, et d’autres fe croifent . | La Fig. VE. eff eu nerf qui fait voir au milieu de fa lox- gueur plufieurs bandes qui fe croifent fous différens angles . La Fig. V. répréfente uu double rang de bandes dass un nerf examiné avec une loupe qui groffit fix fois: les bandes des deux rangs ar, oc étoient également larges, et fituces à diffances egales par tout; elles entroient les unes dans les autres; ce qui fe voit par la bande o gui entre en a, et la bande © qui ex- ire cu Te Le 279 Le verf de la Fig. VAIL étoit compofe de deux rerfs. ra; ra,/udiguent um de ces nerfs; et a0, 20, indiquent l’aurre . Le ligne a, a, eff l'union de ces deux nerfs. La Fig, IN. répréfente un nerf feparé en quattre , ab, cn or, sm. // #°y en a aucun parmi ceux ci dans les quels les Dan des fe croijent, ou fe rencontreut. La Fig. XL répréfente un uerf groff par mue lentille très- aigue, ei couvert de fa cellulaire. a, a font les deux extremités du nerf: m, m font les globules oviformes qu'on obferve daus le tifu cellulcire. ©, v,ryr font des filamens du tiffu cellulaire fottans dans l'eau. " Les Figures IX. X. répréfentent la maniere dont les ban des et les filamess paroifent et difparoiffent felon qu'on les ob- ferve à un degré de lumiere plus ou moins intenfe, ci avec de loupes de différentes forces. cccc font les bandes blanches du nerf de la Fig. X.; a,a,a,a, font les taches obfiures . En tournant le miroir du microfcope les bandes difparoiffent, et à leurs place on voit les fibres tortueufes de la Fig. IX. Les ban des c,c;c, de la Fig. X. deviennent ces fibres tortueufes cou- vexes ©, C, © de la Fig. IX., et les intervalles opaques a, à, a, a, de la Fig. X. prendent Papparance des fibres concaves a, a; a, de la Fis. IX. EXPLICATION DE LA PLANCHE IV. La Fis. I répréfente un cylindre primitif nerveux qui pa- roiffoit avoir ça et là fur fes parois quelques fragmens de fils tor- tuenx , et quelque corpufcule rond dans l'interieur du cylindre. La Fig. Il. répréfente un autre cylindre qui paroifbit rem- pli de très-petits corpuftules globulaires plongés dans une bumeur gelatineufe iranfparente . La 280 La Fig. IL répréfente trois cylindres merveix primitifs. La Fig. IV. répréfente, un amas de cylindres nerveux pri- mitifs. om eff un des cylindres entierement depouillé de la mem- brane efferne. Le cylindre répréfenté par ne étoit à nud excepté Jon extremité ne, qui étoit couverte. L'autre cylindre ac étoitcou- vert de fa membrane prefque en entier . Le cylindre r s étoiten- tierement couvert de la membrane raboteufe. La Fig. V. répréfente un autre de ces cylindres primitifs. La Fig. VI. répréfente un cylindre primitif nerveux, dont la moitié ac, étoit formée d’un fil tranjparent et uniforme; et È autre moitié ma, étoit prefque le double plus groffe, moins tren- (parente, irreguliere, et raboteufe . La Fig. VII. répréfente un eylindre nerveux primitif dans le quel or eff la partie plus epaife, ou couverte d'un tifflu cet lulaire formé par de filamens délies. La partie vs eff depowilite de ce tiffu cellulaire. La Fig. VIII. répréfente un cylindre nerveux primitif cou- vert de la gaine exterieure. On voit quelle cf compofée de très-petits fils rortueux qui marchent le long du ara nerveux primitif. La Fig. IX. répréfente un cylindre nerveux primitif cou- vert de fa gaine exflcrieure. Les Fig. X. et XL répréfentent deux canaux finguliers trouvés dans la Subffance du cerveau. Pinus De, Hog EV La Fig. I. répréfente divers corps oviformes qui fe trou- vent dans l'enveloppe cellulaire des nerfs. La Fig. Il. mostre des très- petits corpufcules, de la fub Mance medullaire da nerf. La Patania ve 281 La Fig. UL Offre la groffeur apparente des globules dufang d'un Lapin obfervés avec la même lentille dont on s'ef? fervi pour la Fig. IX. La Fig. IV. répréfeute quelques cylindres tortueux de la membrane cellulaire de la graiffe. La Fig. V. répréfente deux fils m, a,fitués l'un à côté de l'autre, pour mieux juger de leur groffeur relative: le film , appar- tient au tiffu cellulaire de la graile: a, eff du tifu cellulaire externe du nerf. Ns devoient être tous les deux bien cylindriques et d'égale groffeur; ce que l'on voit de difference entr'eux n'efl qu'une faute du Graveur. La Fig. VI. (cr) ef une lame detachée de la fubfance corticale du cerveau, obfervée avec une lentille fort aigue. 1 a font des petits corpufiules ronds, qui paroiflent remplis d’une: bumeur gélatinenfe . La Fig. VII. m, a, wontre les détours et circonvolutions inteftiniformes qu'on voit dans cette même fubffance corticale .v,r, Sont des corpufiules cide[fus. La Fig. VIlIL r, r, répréfente une Lame mince de la fub- france die du cerveau, qui obfervé au microftope paroit : fermie d'un amas d'inteffins +, x: à côté en a, a, on are épréfeu- tè plufeurs corpufcules detachès de la fubffance cortivale . La Fig. IX. Offre l’apparence d'une partie de la Retine, où elle n'eff point radiée. Elle paroit compofte d'une toite cellulaire très-mince parfemie de petits globules. tr. | La Fig. X. Fuit voir ces globules de la Retine dans leur grandeur apparente relativement à celle des globules du [ang Fig. XIII. La Fig. XI. Eff un autre petit morceau de la Retine avec les globules, et tiffu cellulaire. La Fig. XII. répréfente le creux de l'oeil, ou la fruGure in- O 0 terne » 282 terne de la Retisre dun Lapin. Enr, 1,0% voit dés rayons ver veux qi partent du milieu, etvont de deux cétés oppafés jufj- aux bords. Les deux parties appoftes m, m, de la Retize s'éteu- dent beaucoup moius, et we font pas fournies de ruj01s auffi con- Siderables. Ces Rayons, on fibres nerveufes fembloiene être coupés par des: noeuds ;ou diapbragines fitués. à des trés-petites diffan- ces. Le Graveur a été encore moins besreux dans l'éxecation de cette figure de ce qu'il l'uis ésé pour les astres. Il meff guere. poffble d'obtenir d'un gravesr d'exprimer -au-burin tous ces pe- tits traits indécis, qui caraëerifènt. la verité de l'objet, et qui: ne fout pas megligé par celur qui deffine objet au microfcope. La Fig. XIII. Offre les globules du [ang obfervés avec la: même lentille que -ceux dela Retine. idelfus; pour en comparer leur grandeur relative. La Fig. XIV. répréfente un morceau de toile cellulaire de - la Retine, qui n'eft autre chofe: qu'un tifle de vaiffeaux tortueux - aux quels sattachent.des globules.. La Fig. XV. Répréfente un Lambéau de la Retine qui a: Jubi quelque peu de «maceratione On voit que plufieurs des globu-. les qui la compofent ; fe font détachés, et y ont laïfé l'empreinte, ou.le creux où ils étoient enchaflés … La Fig. XVI. Offre ploficurs corps irreguliers qu'on avoit : deraché àxcoûps d'aiguille, de la fuhfiance medullaire Fig. IX... Pr Le Al: NC: it EE EV La Fig. I. Répréfente un tendon groffi fix fois feulement. La Fig. Il. Offre.un autre tendon objervé pareillement avec. ave lentille très-foible . La Fig. II. répréfente un failcean tendineux : primitifs qui paroit fermé de ploficurs fils tevdineux primitifs et parallels . ab © 283 a, r, Sont deux de ces fils detachës du reffe. La Fig. IV. montre un autre faifceau tendineux depone de fa cellulaire, et composé des fils primitifs c, 1; r, La Fis. V. eft un petit invrceau de la membrane cellulaire dun frfeas tendineux , la quelle paroit formé de plufieurs cy- lindres tortueux.. r,r,r,t Sont les bouts de ces mêmes cylindres. La Fig: .VL répréfente quattre fuifteaux charnus primitifs en contad l'un avec l'autre. et couverts de leur tiffu sellulaire. Les deux marqués mm, ss; ont les rides de forme circulaire; les deux autres aa, rr, me les ont pas fi regulieres. La Fig. VII répréfente un faificau charuu primitif couvert à moitié de fa cellulaire. a, e, font les fils charnus primitifs feparés et nuds.. La Fig. VIM répréfente un fafceau charnu primitif. cow- vert de la gaine. La Fig. IX. ef la méme faiféeau mis à nud. Sés fils font. reunis en a, et séparpillent à l'autre bout enr,r,r, La Fig. X. repréfente une petite portion du tiff cellulaire. des mufiles, formé des fils tortueux rt, mm, Pasta CASINI CORNE VII: La Fig. L réprefente une portion du Diaphragme d'un. Lapin | Les lettres a, p; q; r; ivdiquent la partie charnue. am Cr;-/4 portion tendineufe. n, eff le tronc du nerf qui va au dia- phragme. a, r, une veine. f, f, des rameaux du nerf n, a, ls- Yo y,rameaux de la veine. u, u, u,u, font desramification pre: 2. . . x; fan'tmperceptibles de la veine a,r, La Fig. Ill répréfeute une tròs-petite portion de la partie. ten 284 tendineufe du Diaphragme obfervée avec une lentille fort aigue. La Fig. IL répréfente le nerf de la buitiéme paire d'un Lapin, à qui on l'avoit coupé vingt neuf jours avant: 4] eff répré- fenté environ trois fois plus gros que le’ naturel. Les lettres r,r, indiquet l'endroit de la réunion. La Fig. IV. weff qu'une répétition de la Fis. WL groffie davantage pour en mieux voir les bandes fpirales. Les lettres nn,nn, de ces deux figures indiquent un an- droit du nerf reproduit,où l'on voit unesache annulaire blanche. La Fig. V. répréfente le même nerf vé par une lentille fort aïgue.a, a, eff le corps du nerf. m, m, m, m, / cel lulaire qui le recouvre. La Fig. VI. n°eft que le même nerf denuéde fon enveloppe, dans le quel on voit la marche des cylindres nerveux primitifs. Le point de réunion eff marqué r, vr) et c'eft là que la diamé- tre du nerf ainfi que selui des fibres diminue confiderablement . La Fig. VII. répréfente le méme nerfs; mais en partie alte- vé, ou dechiré par des aiguilles, fur tout dans l’endroit de la réuuion, pour s'affurer de la continuité des cylindres nerveux primitifs. a, a, les deux bout de ce nerf. c n, cn, quelques uns des eylindres primitifs qui ont été dechirés. La Fig. VIII. Reorfenze environ la moitié antérieure du bul- be de l'oeil, obfervé du côté concave. La lettre n, marque la fclerotique. m le corps ciliaire. e; les procés ciliaires: c, luvée: a, la prunelle. La Fig IX. eff la moitié de la figure cideffus.r, m, m,o indiquent le nouveau canal circulaire de l'oeil coupé en m, m, dont les bords foulevés font marqués par r,0.a,eff/a prunelle: + la magnet La Fig. X. eff encore la moitié de la Fig. cideffus dont le corp ciliaire ain fi que le nouveau canal o, fanti à moitié detachée du 2 85 di refte. vLa félerotique depouillée de la corvide . e le filon où s'attache le corps ciliaire à la cornée traufparente , Les lettres e,0,5, marquent une fubflance membranetfe formée par le concours de la co- roidée e , par le ligament ciliaireo et par luvée s,. La lettre c3 montre cette partie du ligament qui s'attache dans le fillon c. polpi N HE VIII. La Fig. 12. répréfente une lame très-fine de l’epiderme . On y voyoit, çà et là du très-petits globules. La Fig. 13. répréfente une autre lame de l’epiderme cou- verte d'eau. Elle w'éioit pas différente de la premiere. La Fig. 14. répréfente un petit morcean d'ougle obfervé à fec. La Fig. 15. montre de même un morceau dongle, mais trem- é dans l'eau. x La Fig. 16. offre l'apparence d'un fillon fuit fur une lame de Tale au moyen d'un épingle ; les bords des deux côtés font par- femés de fils tortueux et de globules. La Fig. 17. répréfente une pincée de poudre à poudrer ; ou d'amidon , bumedl'e, et obfervée enfuite au microfiope. La Fig. 18. eff l'apparence de la même poudre cideffus obfervie è fec. La Fig. 19. répréfente des véficeles de la graife comme on les voit entre les lames du tif cellulaire ; elles font rem- plies d'une bumeur buileufe, ou graiffeufe felon les animaux aux quels elles anpartiennent , et font couvertes de cylindres tortueux. La Fig. 20. offre une des véficules cideffus denute de fes cylindres -tortienx. La Fig. 21. répréfente une lame, on plutôt une raclure d'ivoire. Tome IL P p Fa 286 La Fig. 12. montre un fil de coton obfervi à fec. La Fig. 23. ofre l'apparence du méme fil de coton mis dans l’eau. PI sian aid 10 Go EE ES La Fig. 1.répréfente un cylindre d'or très-pur obfervé dans le fens de fa largeur . Rare La Fig. 2. eft le même cylindre obfervé longitudinalement . La Fig. 3. eff un petit morceau de feuille d’or battu. La Fig. 4. offre quattre atémes de limaille d'argent très-pur. La Fig. 6. offre umatime de Zinc obfervé è fec. La Fig. 7. répréfente quelgies grains de magnefie blanche calcinte, dont la furface efl couverte de cylindres tortueux . La Fig. 8. offre un atôme de Bifimuth obfervé è fec. La Fig. 9. répréfente deux atômes de marbre blanc. La Fig. 10. eff un atôme de Spatb pefant. La Fig. 11. ef un fragment de Sparh phofphorique La Fig. 12. répréfente un atôme de Nikel. Po Le A NN G ET RUE LR Ta Fig. 1. offre une branche, on un deces cylindres rameux Jont les eponges font formées. La Fig. 2. répréfente un très-petit morceau de refine elu- fique . La Fis. 3. eff un grain de [el commun. La Fig. 4. répréfènte un atôme d'argent dans le quel on voyoit ca, et là quelques fils tortueux à l’ordimaire. La Fig. 5. offre un’antre petit morceau d'argent dans le quel 28 7 uel on ne voyoit aucuu fil tortueux , mais feulement des petits grains brillans . La Fig. 6. eff encore un autre petit grain d'argent, qui paroifoit formé de pointes et pyramides . La Fig. 7. répréfente un petit atôme d'Etain fourni auffi des fils tortueux à l'ordinaire. La Fig. 8. offre un morceau d’antimoine . La Fig. 9. eff un atôme de cobalt. La Fig. vo. eff une lame de plomb très-mince couverte à l'or- dinaire des fils tortueux . La Fig. 11. répréfente un morceau de cuivre qui offre à fa furface les fils tortueux , comme les autres corps. La Fig. 12. répréfente un petit fragment de feuille de rofe, décharnée en partie, et dechirée avec la poiute d’un couteau. La Fig. 13. offre un tuyau fait par une bande fpirale trou_ vé dans les petioles des feuilles de l Haedifarum movens. La Fig. 14. eff le même tuyau, on trachée developpée en partie à Jou bout inférieur. La Fig. 15. eff un fragment de fuccin, qui paroit couvert des cylindres tortueux, comme tous les autres corps. = P p 2 Il x de oo INDEX ALPHABETIQUE DS MINA" TIE RE A Beilles; Expériences fur leur vénin 217.* Il refemble à plufieurs égards à celui de la Vipere 219.*(a) Mais ilen différeen ce qu'il change en rouge la tein- ture bleue des écorces des Raves 219. * Aeademie Royale des Sciences; Experiences faites par fes Membres fur les ef- _ fets de l’huile commune contre la morfure de la Vipere 34. * * Acides unis au vénin de la Vipere ne lui Ôtent point fes qualités meurtrieres 7. Ils rendent innocent le Ticunas 99. ** ne font pas un rémede pour les leflures empoifonnées par cette fubftance. 101. * * Acides mineraux ne font point d'effervefcence avec le vénin de la Vipere. 210. © s'uniffent avec lui. ibid. ne le diffolvent point lorfqu'il e deffe- ++ ché Acides Végétaux ne diflulvent point le vénin de la Vipere après qu'il a été defleché 211. * * Acide vitriolique introduit dans les bleflures ne tue point les Animaux 204. ne difiout point le venin de la Vipere lorfqu'il eft fec. 210. * 214. ® Acidité du vénin de la Vipere fauflement fuppofée par plufieurs aateurs 2e2. ” Ef réelle dans le vénin de l'abeille 219. * L’acidité n’eit point la caufe de l’enflure, et inflammation des parties piquées 220. * dl Acreté faufflement fappofée par Mead dans le vénin de la Viperte 44. * Aiguillon des Taons; fa ftru@ure 57-* Ouvertures qu'on voit dans celui des fcorpions 52. * : Air; eft un des principes les plus efficaces pour reveiller l'irritabilité 124, * * Air fixe; un 2238-”° d'un grain en poids de cet air fe rend fenfible par le changement de couleur dans le Tournefol. 203. * Airs qu'on peut obtenir par le meyen du feu et de l’acide nitreux du poifon de la Vipete et de la gomme arabique 215. * Albinus fon opinion fur la firufure da cerveau 189. * Alexipharmaque de M. Tecmeyer 67. È Alkalis ne font point d’effervefcence avec le vénin ‘de la Vipere 210. diffolvent point lorfquil eft fec. 21{. * n'altérent aucunement le Ticu- * * * ne le Nas Ico. Alkali volatil, recomandé comme fpecifique contre le vénin de la Vipere et Mis (a) Les nombres fuivis d'une en ont deux indiquent celles du fecond. * indiquent les pages du premier volume; ceux qui 289 mis en vogue fur tous par M. Juflieu 1. **202.** Une faufle Theorie a occafionne fa celebrité 105. * nouveau livre qui le recomande 99. * Ex- périence fur {es effets contre le poifon dela Vipere 3.%* 107.* ne femble pas pénetrer jufqu'aux mufcles autravers la fubîtance de la peau 3 ** ’Etant mêlé au poifon ne lui dre point fes qualités meurtrieres. 5. **n’eft point un fpecifique contre ce poifon pour l’homme 4. ** pas même pour les pigeons 113. * 116. * ni pour les moineaux 111. * Amputation; fes effets par rapport à la maladie produite par la morfure de la Vipere 13. ** très falutaire pour les Cochons d'Inde, fi on la leur fait dans l’efpace de fix minutes après qu'ils ont été mordus 16. * * Amputation de la crête des Poules ec. après qu’elle a été mordue, et fes effets 20. * * Amputation des Barbes lorfque la morfure a été faite à la crête 171. * Anguilles ; obfervation fur le gluten qui couvre la furface deleur corps 254. * * Anguilles du blé ergoté qui étant mortes par deflechement retournent en vie par l’humidite 90. * Anatomie de la tête de la Vipere 194. * Animaux en général; les effers du poifon de la Vipere ont quelque rapport avec leur grofleur 31. ** s'ils meurent par ce poifon c'eft à caufe d’un derangement interne qu’il leurs occafionne 245. * Effets de l’eau ec. de laurier-cerife fur les animaux 128. * Animaux à fang chaud; font tous fujets aux effets meurtriers da vénin de la Vipere 34. * 224. * caufe de leur mort. 244. * Animaux à fans froid; ne font pas tous fufceptibles d’être empoifonnés par le vénin de la Vipere 226. * Effets du Ticunas fur cette forte d'animaux 104. ** 122. ** Ils vivent long tems fans coeur, et fans vifceres 87. * Animaux vénimeux ne font point vénimeux, peut etre, pour ceux de leur cfpece 27.* Argent obfervé au microfcope 263. * 264. * Afpic des environs de Pife n’eft qu’une couleuvre innocente 31. * Baker pretend que le Poifon de la Vipere caufe une diffolution dans les humeurs 64. * Barbes des Poules enflent prodigieufement lorfqu’on fait mordre la crête du même animal par la Vipere 167. ° Maladie que produit fur elles la mor- fure de la Vipere 169. * Eflets de l’amputation lorfqu’elles ont été mor- dues 20. * * leur amputation n’empeche point les effets de la morfure de Ja Vipere faite à la crête 171. * Bive de la Vipere n’eft point vénimeufe 2e. * Bifmut obfervé au microfcope 263. ** Boerhaave admet des maladies nerveufes 167. ** Boeuf; nouveau canal primierement découvert dans l'oeil de cet animal 267. * * Bouguer; fon recit fur un Serpent Américain qu’on peut deffecher è la fumée, et faire retourner en vie enfuite au moyen de l'eau 91. * Bour- 290 Bourdoas; Expériences fur la piqûere de ces infetes 217. * Brogiani ( le D.); fon traité fur les Poifons des Animaux 61. * Buffon ( M. de ); fon idée fur l’a&ion du vénin de la Vipere 69. * fur Ia na- ture du pus des Playes 70.* Cha nouveau decouvert dans l’oeil 268. * * Cantharides; effets de ces infeétes apliqués à la morfure de la Vipere, où pris intérieurement 9. * * | Cavité nouvelle decouverte dans les dents de la Vipere 8. * Cellulaire; obfervations fur fa ftra@ure 234. * * Cerveau eft inattaquable au poifon de la Vipere 165.* fa tru@ure interne 209. ** Charas (M. ) fon opinion fur le vénin de la Vipere 130. * Chats; les effets du vénin de la Vipere font plus grands à proportion que ces animaux font plus petits 36. **’Etant mordus au néz par la Vipere, ce qu'ils en fouffrent 179. * Expériences avec l’alkali volatil fur ces animaux 12/5.) i 44: Chaux vive; expériences avec cette terre contrela morfure de la Vipere 68. * * Cheveux ; leur ftruGure obfervée au microfcope 250. * * Chiens et chats guériflent d'autant plus aifement du poifon de la Vipere, qu’ils vomiflent davantage 8. ** effets du Tartre hemetique donné aux chiens empoifonnés par la Vipere 0. * * effets de l’alkali volatil dans les mêmes circonftances 127. * 142. * Effets de la morfure de la Vipere fur leurs néz 78. * Amputation de leurs oreilles après les avoir fait mordre par la Vipere 17. * * les petits chiens n'echappent guere aux effets meurtriers du vénin de la Vipere 31. ** les plus gros n’en meurent point ib. Ciliaire ( ligament ); nouveau canal refermé dans fa fubftance 268. ** Cleaby ( M. ); expérience qu'il rapporte dans fon journal au fujet du 77csnas avalé par les arimaux 89. * * Cobalt obfervé au microfcope 263. * * Cochons d’Inde; les effets du vénin de la Vipere font d’autant plus à craindre que leurs individus font plus délicats 31. **la morfure de la Vipere faite à la poitrine leur eft auffi dangereufe que par tout ailleurs 156. * mordus au col, effets qui en derivent 172. *au néz 176. * le vénin de la Vipere introduit fimplement dans leurs mufcles ne les empoifonne point 153. * Expériences avec l’alk.li volatil fur ces animaux pour s’aflurer de fon effi- cacité contre le vénin de la Vipere 121. * 122.* Effets de l'amputation des membres mordus par la Vipere 14. ** Temps dans le quel il faut la faire à fin qu'elle foit de quelque fecours 16. ** Effers de la ligature pra- tiquée au lieu de l’amputationm 52.** 5s. ** Effets du 7icsnas introduit par des bleffures dans ces animaux 91. ** ou pris intérieurement 90. * * Effets de l’efprit de Laurier-cerife qu'on leur fait avaler 140 ** Ou qu’on leur met fur des bleflures 146. * * Effets de l’huile eflentielle de cette mé- me plante qu'on leur a donné intérieurement 149. ** Coeur 291 Coeur ; dans le Rotifer et un mufcle volontaire 89. * eft affeQé avant tous les autres organes dans les paffions de l’ame 169. * * Ne fe contraûé point lorf- qu'on en irrite fes nerfs 170. * * Col; morfure de la Vipere fur cette partie de l'animal 172.* Colere, ou rage de la Vipere n'influe point fur l’a@tion de fon vénin 20.*21,* Coleuvre n’eft point tuée par le vénin de la Vipere 32.* Condamine ( M. De ); fon recit fur le procedé par le quel on° prepare le Ti- cunas en Amerique 86. * * Conjunétive des yeux point affectée par le poifon de la Vipere 46. * Convulfions; caufes qui peuvent les exciter 65. * Coq ; les Barbes lui enflent lorfqu’on lui a fait mordre la crête 167. * Corne de Cerf brûlée; fes effets contre la morfure de la Vipere 68. * * Cornée tranfparente; le vénin de la Vipere appliqué feulement à fa furface ne l’altére point 166. * introduit par une bleflure y produit un leucome, et une tumeur bd. Coton obfervé au microfcope 261. * * Crête des Poules; morfure de la Vipere fur cette partie 167. * Effets de l'am- putation après la morfure 20. * * Le Ticunas n’y caufe point de mala- die 0... Cruikshens (M') a decouvert que les nerfs coupé fe réproduifent enfuite 177. * * Cuivre obfervé au microfcope 263. ** Cylindres tortueux primitifs du Corps Animal 234. * * D Ent empoifonnée, ce que c’eft 153. * en note. Dents canines de la Vipere ; leur defcription 7. * 193. * &c. Leur nombre 6.* 196. * leur double tubulure 8. * | Dents humaines; leur émail vù au microfcope . 256. * * Diaphragme; fa partie tendineufe 225. ** Dure-mere eft inaltérable au vénin de la Vipere 164. * Eu: elle diflout très-bien le vénin de la Vipere 212. * Elleeft de quelque uti- lité contre la morfure de la Vipere fi on en fait un bain chaud à la partie mordue 8. ** Eau de Laurier-cerife; eft um poifon très-puiffant 126. * * Ses effets fur les blef- fures 127, ** Ses effets fur le fang lorfqu'on l’introduit au moyen de l’inje- ‘Gion 130. * * Elle eft innocente pour les nerfs 132. * * Eau-de-Luce ; Ingredients qui la compofent 99. * Employée dans la morfure de la Vipere 38. * * Ele@ricité effayée contre la morfure de la Vipere 12. ** "Email des dents vû au microfcope 256. * * Emetique ; femble être de quelque efficacité contre la morfure de la Vipere. 8. * * Epiderme obfervé au microfcope 250. ** 255. ** Epon- 292 Eponges; leur ftrufture obfervée au microfcope 25 8, * * Erreurs microfcopiques 245. ** Efcargot ; font infenfibles au vénin de la Vipere "31. * Efprit de vin; ne diflout point le vénin de Vipere 212. * “eft diffout dans l’eau. 213. * Efprit reêteur du Laurier-cerife; fes carateres 138. ** eflayé far différents ani- maux 140. ** Ses effets fur les Yeux 139. ** Sur les bleflures 145. ** "Etain obfervé au microfcope 263. ** di As Eternuement eft un-mouvement volontaire 164. * * Extrait du Laurier-cerife; expériences faites avec certe fubitance 155. ** le precipite lorfqu'il Fuite de rofe obfervée au microfcope. 261. * * Fleches empoifonnées de l'Amérique ; leurs effets en général 97. ** Sur les Ser- pents 121. ** Sur des Tortues 122. ** Fleches empoifonnées des Indes Orientales 120. ** Foie; effets de la morfure de la Vipere fur ce vifcere 159. * Fois de foufre liquide, ne diffout point le vénin de la Vipere 211.* sapri de L partie mordue par la Vipere eît de quelque foulage- ment 8. Foffiles ; obfervations microfcopiques générales fur ces fubftances 261. ** G Aine qui couvre les dents de la Vipere ; fa defcription 7.* 154. * Elle n'eft pas le réceptacle du vénin. ibid. : Gefner ( M.) Ses idées fur la compufition de la Retine 214. * * Glande qui paroit deftinée à la fecretion du vénin dans la Vipere 195. ? Globules du fang ; erreurs des ecrivains par rapport à leur figure 64.* Gluten de la peau des Anguilles obfervé au microfcope 254. ** Gordius; ce ver retourne en vie fi après l'avoir defleché on l’humeëte avec de l'eau. 92.* i Gomme Arabique; fes caraéieres généraux comparés avec ceux du poifon de la Vipere . 213. * étant appliquée aux bleffures eft tout-à-fait innocente 215.* effets de cette somme fur le fang tiré de l’animal 310. * Gommes; leurs proprietés carafteriftiques 212.*le poifon de la Vipere eft une efpece de Gomme 211. * Graiffe de Vipere; fi elle eft utile contre les morfures de ce genre d'ani- maux I 1e 76 Graifle obfervée au microfcope 250. 256. * * Grenouilles meurent par la piquure de la Vipere 225.* Expériences fur l’ineffica- cité de l’alkali volatil comme remede 129.* Effets du vénin de la Vipere fur leur cerveau, et nerfs 269.*ce vénin leur detruit le principe d'irrita- bilité 8o. * font tuées un peu plus tard par le Ticunas, de ce que le font les animaux è fang chaud 117. * * Effets de l'huile de laurier-cerife lor£- qu'on 29; qu'on le leur fait avaler 15e. ** font prompiement tuées par les Mofte- tes 74. * Guépes; expériences fur leur vénin 217. * H Aller ; fon opinion fur la firuétures des nerfs 188. ** Haedyfarum smovens; obfervations fur cette plante 260. ** Hoffmann affirma que toute maladie tiroit fon origine des nerf: 263. “* Huies unies au vénin de la Vipere ne lui Otent point la faculte d'empoifon- nec 72 Huile de Tabac; fes effets fur les animaux 161. Huile de Terebinthine paroit avoir quelque efficacité contre la morfure de la Vipere lorfqu’on y’ plonge la partie mordue 8. ** employée par le peu- ple pour cet ufage 32. ** Huile empyreumatique de Laurier-Cerife; expériences fur fes effets 155.°® Huiles effentielles ne diffolvent poiat le vénin de la Vipere 211. * —— Huile effentielle de Laurier-cerile donnée intérieurement 149. ** eft un poifor terrible pour les animaux à fang chaud, aufli bien que pour ceux à fang froid 150. **effers qu'elle produit lorfqu'on l’applique aux bleflures 152.** Expériences avec de cette huilé deffechée au foleil 153. * * Huile commune; on l’a fupposée étre un fpecifique contre le vénin de la Vipere 33.** Expériences faites à ce fujet par la focieté de Londres, et l'Acade- mie de Paris 34. ** trouvée inefficace par les Députés de l'Academie, et par Mead enfuite 35. ** Hunter ( M.le D. ) ne fembloit pas admettre une vraye réproduclion dans les nerfs coupés 186.** LE) I Ambe; partie des animaux fur la quelle a été fait le plus grand nombre des expériences fur le vénin de la Vipere, et ce qu'on doit entendre par ce nom 107. * lames ( le D.) crût trouver que le vénin de la Vipere étoit acide 198.® fes erreurs par rapport à la fituation du réfervoir du vénin 18. * (en note) Taunifle qui furvient à ceux qui ont été mordus par la Vipcre: Explication du phénomene 67. * Injection du vénin de la Vipere dans les vailfeaux fanguins, et fes effets256.* Infectes qui piquent avec un aiguillon injeétent une liqueur de nature gom- meufe dans la bleflure 219. * Inteftins; effers du vénin de ia Vipere fur ces vifceres 159. * Journal Britannique; ce qu’y eft rapporté au fujet du vénin de la Vipere pris intériearement 89. * Iris; fes mouvements font volontaires 164. * Irritabilité derruite par les Muffetes 75.*et par le vénin de la Vipere 78.* 81.* Mais c'eft plutôt une circonftance qu'une caufe de la mort des animaux Tome IL Q q mor- 294 mordus 321.* Elle eft auffi attaquée et anneantie par le Ticunas 324, ** et reveillée , ou excirée par l'air. ibid. Ivoire obfervé au microfcepe 258. * * - - Iufieu ( M. de ) crut.acide le vénin de la Vipere fur l'autorité de Mead 1. * * recomanda en confequence l’ufage de l'alkali volatil eontre la morfure de la Vipere 202. * reponfe à fa guérifon operée au moyen de.ce pretenda fpecifique 37. * * K empier confeille et pratique la ligature contre les morfures des ferpents vénimeux 42. ** fon traitement des gens mordus 43. * *. Expériemees fai- tes fuivant fa methode 76. * * L Ait da Toxico-dendron; fes effèts fur la peau humaine 160. ** Lapins; effets du poifon de la Vipere fur leurs mufcles 153.* et fur leur cor- née tranfparente 155. * font plus confiderables à mefure que les animaux font plus ieunes 31. ** la morfure de la Vipere faite à la poitrine de ces animaux leur e auffi meurtriere que par tout ailleurs 156. * La mor- fure faite au ventre de ces animaux y occafionne une Tumeur 158." effets de la morfure à leurs Inteftins 159. *à leur foie ibid. à leurs oreilles 160. “au col 172.*aunéz 175.*aux tendons et-ligamens 182.* &c. aux nerfs 268. * Effars qu'on peut s'attendre de l’amputation de leurs oreilles après, qu’elles ont été mordues par la Vipere 17. * * Effets de la ligature faire aux membres mor- dus 56: ** Effets qui fuivent l’injeion du vénin de la Vipere dans les vaifleaux rouges des Lapins 259. * 261. *263. * Efficacité de l’alkali vo- latil, comme contre poifen dans ces animaux 122. * 141. * fes effets 125.* La peau des Lapins-eft impenetrable anx effluves de Valkali volatil 3. * * Effets du Ticunas pris intérieurement parles Lapins 89. * * infinué dans des Bleffares 92. * * fur la furface de leurs nerfs 113. * * introduit dans la fabitance même du nerfs 1:5. * * Effets de l’eau de Laurier-cerife fur ces. animaux 125. ** fur leurs nerfs 129. ** Ce que produit l’efprit de Laurier-cerife lorfqu’on le donne intérieurement à ces animaux 14e. ** de l'huile effentielle de cette même plante 149. ** Obfervations fer la repro- duétion des nerfs coupés dans les Lapins 187. ** Obfèrvations microfcopi- ques fur la retine des yeux des Lapins 215. ** Laurier-Cerile ; expériences: fut les effets. de l’eau et huile de cette plante 125. ** 137. ** Produits qu'on en retire par la diftillation 138. ** dans quelle partie paroit. refider le principe vénimeux 156.** Lecvenhoek ; fon erreur fur les roues fuppofées, ou_fur les bras du. Polype à Roues 88. * Mouvement de fon coeur, qui paroit volontaire 89. * Ligamens ; le vénin de la. .Vipere n'y a point d'effet 184. * Ligature ; fes effets fur les membres mordus 22. ** 28. “* pratiquée fubite- ment et laiflée fur la partie un .tems déterminé, paroit être un remede efñ- 295 efficace 28.%* Elle a été pratiquée par Kempfer aux Indes47,** Expériences pour s'aflurer de fon efficacité 46,°* fur les moineaux sid. fut les pou- les 49. *® s1. ** fur les Cochon d'Inde 52. ** fur les Lapins 56. * * pratiquée Conjointement aux fcarifications 58. ** pratiquée contre le Ti- cunas 102. ** Limaces; ne font point ruées.par la «Vipere 31. * Lymphe ; fes cara@eres 212. * M agnese calcinée ; fa figure vüe au mifcrofcope 262. * Maladie produite par la morfure de la Vipere ; fignes qui la cara@erifent: 250. * confiderée comme une maladie nerveufe par Mead 268. * par d’autres 118.* * quelles font fes circonftances qui peuvent la rerdre plus confidera- ble 135. * Il ne paroit point de maladie fur les membres qui ont été cou- pés tout de fuite après avoir'été mordas par la Vipere'313. * Malpighi; fon. opinion fur la ftruëture du Cerveau 209. ** Marbre blanc oblervé au microfcope 262.** Mafcenai ( M. De ) guérifon qu'il opera au moyen de l’alkali volatil 37.%* Mead: cet Auteur eft le premier qui ait parlé de la nature du vénin de la Vi- pere 198. * il croit que ce vénin eft cauftique et brùlant au gout 208." il y fuppofe l’exiftence de certains fels 39. * 204. * Il convirit avec rai- fon.enfuite qu'il n’eft ni acide ni alkalin 210. * fon hypothefe furl’a&ion de ce vénin 32. * 63. * 202.* Remarque qu'il n'apporte point d’alteration au. fang-tiré hors des vaifleaux 255. * Il crut que l’action du vénin s'e- xercoit fur les efprits animaux 72.* Il fit mordre un chien au néz parure Vipere, et conclufions qu'il en tira 174. * Les figures qu'il donna des dents ec. des Viperes‘fon fautives :194. * fes idées fur le ‘vénin des Gué- pes 217. * Meckel fan explication ‘de l’eternuement 164. ** Medicaments : varieté de medicaments employés par le commun de gens con- tre la morfure de la Vipere 32. ** Membres mordus par la Vipere.ec coupés tout de fuite ne montrent point i’ altération 313. * Microfcopes : erreurs aux quels on eft fujet dans les Obfervations qu’on fait avec ces Inftrumens 245. ** Millepieds ; infees dont la morfure eft crue être mortelle 37.** Moelle des Os n’eft point alterée, par le poifon de la Vipere 165.* Moinea\x; en combien de tems qu'ils meurent après avoir-été piqués par la Vi- pere 115.*; ne meurent point par la morfure de la Vipere lorfqu’on leur fait auilitôt une ligature aux membres mordus 47. * * quelle quantité de vénin qu'il faut pour les tuer 229. * effets de l’alkali volatil fur ces ani- maux contre le vénin de la Vipere 108. * Molecules organiques fauflement fuppofeës dans le poifon de la Vipere, auffique dans le pus des plaies 69. * 70. * Qgq2 Mons + 396 Monro ( M. le D. )Ses découverts fur les nerfs 189. ** 193. *# [ur la compe- fition primitive de plufieurs corps 26r. ** Morgagni; fon opinion fur la douleur qu'excite la piquure du Taon 56. * Morfure de la Vipere faite à la poitrine des animaux eft anffi dangereufe que par tout ailleurs 156. * er même davantage pour les Poules 158. * Peu dangereufe fur les oreilles aux lapins 163.* aux barbes des poules plus dangereufe qu’à la crête 170. * moins dangereufe far le nez des quadru- pades que par tout ailleurs 177. * Effets de la morfure fur la peau 19.** Elle eft d'autaut plus dangereufe que l'animal mordu eft plus petit 35.** n'eft pas fi dangereufe qu'on l'avoit cru 49. ** fi elle eft réellement mor- telle pour l'homme 30.**32.** Effets dela morfure de la Vipere fur des membres recemmenc coupés 237.* fur des membres dont on a intercepté la circulation 299. * fur des membres mis è l’abri du conta& de l'air 314. * fur des parties coupees aprés leur avoir interrompu la circulation au moyen d’une ligature 315. * fur des Grenouilles aux quelles on a prea- lablement coupé la tête 291. * ou la moelle epiniere 293. * fur des lapins dans la même circonftance 298. * fur des animaux a fang chaud, fans téte 316. * la morfure de la Vipere fur les tendons n’a point d'effet 182. * Mort; deffinition de la mort, er de la vie 94.* 324. * Mouffetes: Differentes hypothefes fur la maniere dont le mouffetes agiffent fur les animaux 73. * Mufcle conftriteur de la véficule du vénin dans la Vipere; fa defcri- prion &7. * Mufcles; aQion du vénin de la Vipere fur ces parties 152. * 154. a@tion du Ti- canas 97." * les mufcles des animaux tués par le Ticunas font plus pâles qu'auparavant 109.** ftruQure primitive des mufcles en gêneral 227.* * re- fletions fur leurs mouvemens 239. “*. Muf rave ; ( M. le D. ) crur que toutes les maladies euffent leur origine des nerfs 163.** N ser. Effets de fon jus fur les chairs des Animaux 8:. * Narcotiques; n’ont point d’aétion fur les chiens 29. * Nerfs ; infpeétion microfcopique de ces parties 191. * * 194. ** leur ftruéture peut aifement tromper 247. * “leurs elemens 200.** 204.** 206. * * les neste fe reproduifent lorfqu'ils ont été coupés 187. ** s’ils font irritables 242. °* confideration fur l’influence des nerfs dans les maladies 162. ** Effets du véninde la Vipere fur les nerfs 268. * fur le nerf fciatique des lapins 273. * fur le même nerf coupé fupérieurement à la morfure 278, *etinfé- rieurement 279. *. Lié feulement, fans le couper 282. * Expériences de comparaifon par des bleffures purement mechaniques fur ce même nerf 285. * Effets du Ticunas appliqué à la furfaee des nerfsitz. * * Effets de Veau de Laurier Cerife fur cet mêmes parties 129. ** Mez; effets de la morfure de la Vipere ius cette partie 174. * È = 297 Nicholls ; les figures dé la tête de la Vipere font imparfaites 194. * fon idée fac la lortie du vénin par la dent de la Vipere 5. * Nickel obfervé au microfcope 264. * Nintipolenga Zeylanica; maniere dont le poifon de ce ferpent asie fur les ani- maux qu'il mord 86. * O grervations microfcop'ques; erreurs aux quels font fujets les Obfervarurs * *# Oeil; lui feul fent les impreffions de la lumiere 173. * Oifeaux meurent tous par la morfure de la Vipere s'ils font petits 30. Ongles; leur Rruâure primitive 250. ** 256.° * Opium; pour quei caufet-il des Convulfions 65. * il a beaucoup d’anslogie, quant aux eflets, avec le poifon de la Vipere 93. * différentes opinions fur fes effets 173. “ * | Or obfervé au micrefcope 263. ** Oreilles; effers de la morfure de la Vipere fur ces parties 160. * Orvai; ferpent qui refifte à la morfure de la Vipere 32. * Os: le poifon de la Vipere n’altére point les os 164. * leur ftruéture obfervée au microfcope 250. ** 256. * * è ++ Pihe caufée par la morfure de la Vipere 80. * Peau ; expériences pour connoître l'aion du vénin de la Vipere fur cette par- tie 146. * n'eit pas pénétrable à l’alkali volatil 3. * * Pericrane ; le vénin de la Vipere n'y a point d'effet 163. ® Periofte ; n'e point affecté par le vénin de la Vipere 163. * Phlegme de Laurier-Cerife; fes effets fur les Animaux 148. ** Pierre de Cobras; Kaempfer l'a crue efficace contre la morfure des animeux venimenx 44. ** ce qu'on croit qu’elles font 67. ** Expériences faites. avec de ces prierres artificielles 71.** fur des quadrupedes 74. * * Pigeons; ils font tués moins prompcement que les autres oifeaux par le vénin de la Vipere 30. ** la quantité de vénin qui fuffit pour tuer un moineau ne leur caufe que peu d’altération 233. *Il en faut environ cinq fois d’a- vantage 234. * * Une feule Vipere peut tuer fucceffivement dix, ou douze de ces animaux 133.* Ils meurent ordinairement entre 8. et 12. minu- tes apres avoir été mordus 116. * l'application des Sangfues ne leur fau- ve point la vie lorfqu'ils ont été empoifonné par la Vipere 12. ** l’alkali volatil ne leureft pas utile 112. * 116. * Effets de la morfure de la Vipe- re à lear poitrine 163. * ainfique fur leur periofte ibid; dure mere ct cerveau 164. * moele des osetc. 165. * fur leurs mufcles 152. * 154. * ce qu'on peut s'attendre d'une ligature bien menagée fur les membres mor- dus de ces animaux 28. ** ce qui leur arrive fi on leur fait mordre les jambes après ieur avoir fait la ligature 25. * * animaux peuvent fouffrir s Vame 268 l’amputation: de la jambe , fans qu'il leur en arrive la mort:245. * r7. *® “Effets du Ticunas avalé par ces animaux 89. ** introduit dans des bleffu- res 94. ** Effets de l’efprit de Laurier-Cerife lorfqu'on le leur donne in- | térieurement 140. * * lorfqu'on en baigne des bleffures qu'on leur a fait 145.** Effets de l'huile effentielle de Laurier-Cerife fur des bleflures faites à ces animaux 152. ** Plomb ubfervé au microfcope.263. * * Poifons n’ont aucune a&ion immediate: fur les nerfs 119. ** 133. ** maniere dont agiffent ceux qu’on tire du Regne animal 86. * e Poifon des abitans des bords de la riviere des Amazones 84.**des fleches des Indes Orientales 120. ** Poitrine; la morfure de la Vipere fur cette partie eft aufli dangereufe que.par tout ailleurs 158. * Polype-à Roues; retourne en vie, er le‘baignant avec de l'eau après l'avair laif- fé mourir par le deffechement 92. * Polype d'eau douce; fon vénin eft analogue à celui de la Vipere 81. * et ell le plus aétif-de tous 86, * Portenfield ( M.)fes idées fur la ftrudure de la Retine 214. ** Poùles; les effets du poifon de la Vipere fur ces animaux font. moins forts que fur les Pigeons 31.** Maladie finguliere qui furvient aux poules lorfqu'on les fait mordre à la crête 167. * 20.** mordues à la poitrine elles en meurent 157. * auffi bien que lorfqu elles font mordues à la jambe 158. * mais plus tard que les Pigeons 118.* Efficacité de la ligature fur ces ani- ‘ maux mordus 49. ** Expériences pour s'affurer de l’effec de l’alkali wola- til employé comme contrepoifon fur ces animaux 117. * 137.* qui leur eft inutile 119. * Effats du 7zcunas fur les Poules 94. ** Poumons; fe trouvent parfemés de taches livides dans les animaux morts du vénin de la Vipere 262.* leur état dans les animaux morts du Ticu- ‘nas 109. ** ST Principe inconnu qui paroit exifter dans le fang de l’animal vivant 266. ® Pringle ( M. le Chev.) ce qu'il croit au fujet des maladies nerveufes ee ‘Prochaska ( M.) fes obfervations fur la fru@ure des nerfs 188. ** et des mu- cles 227. 0 kg Pus des plaies crù contenir des Etres vivans 70. * Putrefa&ion eft le vrai carattere de la mort 325.-* O Uinquina ; fes effets contre la morfure de la Vipere 9. ** Rae, ou colere .de la. Vipere ne rend pas fon poifon plus attif.20.* 21. * Ravés; leur ecorce donne une couleur bleue extremement fenfible à la plus petite marque d’acidité 201, * Reaumur; fon idée fur la douleur qu’excite la piquure du Taon 56. * Re- 299 Receptacle du vénin de la Vipere: fa defcription 16. * 193. * 195. * Redi; le premier qui ait fixé des idées fur le poifon de la Vipere 197. * fon erreur par rapport au receptacle du vénin dans la Vipere 194. * 197.* s. * fon opinion fur le paflage du vénin par la dent 4. * cet auteur ne parle point de l'ufage de la Hgature dans les morfures 42. ** Refeau falin que Mead croit voir dans le vénin de la Vipere, ce que c’eft 40.* 204: * 2064* Refine elaftique obfervée au microfcope 261. * * Retine; fa forme primitive 213. ** Rotifer ; fes Roues ne font qu’apparentes 88.-? S aiive de la Vipere n’eft point vénimeufe 20. * Sang; perde-t-il' quelque principe lorfqu’il eft au contaft de l'air ? 253. * ne femble être aucunement altéré par le melange du vénin dela Vipere hors- des vaifleaux.255. * 308.* fe trouve coagulé dans le coeur &c. des ani- maux tués par le-vénin ile la- Vipere 26e. * 261. * 264. * Mead le crût d'abord être le szedism par le quel l’aGion du poifon fe manifefte 72. * Le fang des animaux froids eft affecté de même que celui des animaux chauds 309. * excepté celui de la Vipere ibid. * quelle altération lui apporte le Ticunas 107. ** ne fe trouve point coagulé dans les animaux empoifonnés par le Ticunas 116. * * fur le fang 118. ** | Sangfues employées contre la merfure de:la Viperè 12.** 29.* defcriptionde leur bouche 58-* Sannini ( M. ) gucrifon operée. par lui an moyen de: l’alkali volatil fur une perfonne mordue par la Vipsre 37. ** | - Scarifications ; fi-elles font des rémedes efficace contre la morfure de la Vipe- re 1e. ** pratiquées par Geoffroy et Hunauld 3 5. * * et par Kempfer 43.” ° font plus defavantageufes qu’utiles 44.** combinées à la ligature 58. * * font égalément dangereufes 60. * * Scorpion; conte fur cet-animal 27. * fes auteurs me font point “dacord fur le nombre des trous de l’aiguillon de fa queve 52. * Sel -commun obfervé au microfcope 262. * * 4 Sels; Mead vic des fels dans le vénin des Guêpes 217. * Il n’en exifte point dans le vénin de la Vipere 44.* 83.* Sels neutres unisau venin de la Vipere nelui Ôôtent point la faculté de tuer 7.* * Serpent point aff@té par le Ticunas 105. ** ou fealement étourdi par plu- fieurs fleches 122, .** Serpent-à-Sonnettes; fi fa morfure eft toujours: mortelle 38. * * Spath pho‘phorique obfervé au microfcope 262. ** Stru@ure primitive du Corps animal 187..* * Sabftance corticale di cerveau; fa ftruQure 212, :** firu@ure de la fubftance médullaire 210,* * * Suce- joe Succement; quel effer a-t-il fur les morfure de la Vipere 13. ** pour la mor- fure du ferpent à Sonnettes 38. ** Succin obfervé au microfcepe 261. * * Suc laiteux du Toxicodendron ; fes effets fur la peau humaine 160, ** Sympathies nerveufes ; ce qu’il faut en croire 165.** MEL Infeête ainfi nommé par les Frangiis, qui paroit être la même chofe que /'oeffrus des Grecs, et le Tabanus des Latins 56. * Taon (le ); on a cru qu'il partoit un iuc vénimeux dans les piqunres qu'il fait au moyen de fon aiguillon 55. * mais il n'eft point creux 57. * Tartre ftibie paroit utile dans les morfare de la Vipere 9.** n’a aucune aélion fur les Yeux 28.° Tendons ; leur ftruéture 224. ne reçoivent point de nerfs 2:16. ® * Expériences avec le poifon de Vipere fur ces parties 182. * 188.° 191. * c'eft la denudation du Tendon et non pas le poifon qui caufe la mort à l'animal dans ces expériences 1450. % 19:. ® Il fe reproduit une fub- ftance vafculaire qui couvre le tendon, après qu'on l'a denué, et le main- tient tel qu'il étoit auparavant 191.* Theriaque; fes effers contre le poifon de la Vipere 11.* * employée par le peuple à cet ufage 32. *® récomendée par Kempfer 43.*° Tecmeyer ( M. l'Abbé) fon alexipharmaque 67. “ * fon opinion fur la nature du véuin de la Vipere 68. ** i Tête de la Vipere; fa defcription 194. * Ticunas Poifon Americain; recherches fur fes effets 83. ** fa vapeur a été crue meurtriere 85. ** et ne l'eft point 86.** Cara@eres de ce poifen 87. “ * eft innocent fur les yeux 88.** Oa croit qu'il eit innocent auf pris intérieurement ibid. Expériences faites à ce fujet 89. * *il eft prouvé qu'il empoifonne lorfqu'on l'avale go. ** fes Effets foriqu'il eft introduit par des bleffures dans les quadrupedes #2. ** dans des Volatiles 94. ** quelle quantité qu'il en faut pour tuer un animal 95.** n'a nuleffet ferles crêtes des poules 96: ** Tems qu'il faut à ce poifon peur produire fes ef- fets fur les animaux 102 ** a été cru être un poifon pour toute efpece d'animaux. 104. ** Innecent pour les ferpens 165. ** femble exciter une maladie nerveufe 106. ** fes effets fur le fang hors des vaifieanx 107." * fes effets lorfqu'il eft inje®é dans les vaiflzaux 110. ** 116. ** n'a point d'aGion fur la furfice des nerfs 112. ** 113. ** 116. ** et non plus lor- fqu’il eft introduit dans leur fubftance 115. ** fon aétion s'exerce feulement fur le fang 118. ** 137. **. Tiffu cellulaire; expériences relatives à l’aétion da vénin de la Vipere fur cette partie 150. * x Terre ( le Pere de la ) fon examen de la fubfance du cerveau 188. * de la tranfpiration. 253. ** è Tortues; effets da Ticunas fur ces animaux 122.** effets de l'huile de lan- rier- + » 301 rier-cerife 149. ** 152. ** ne font pas affe&des par le véain de la Vi- * pere 33. Tournefol ; n’eft pas réellement change en rouge par le vénin de la Vipere 199. * Toxicodendron ; expériences faites avec cette plante 158. ** Effets du lait de cette plante 159. * * fon fac eft innocent ** Infpedion microfcopique du jus de cette plante 83. * | Tranfpiration ; obfervations microfcopiques fur ia fubftance qu'on tranfpi- TES oil 0e : Tumeur qui furvient aux Lapins et Cochons d'Inde lorfqu'on les fait mordre au ventre 158, * ainfi que lorfqu’ils font mordus aux oreilles 163. * et au néz 175.* les Poules qu'on fait mordre à la crete ont une rumeur aux barbes 167. * Tendons ; expériences avec le poifon de Vipere fur ces parties 182. * 188. * 191.* c’eft la denudation du Feudon et non pas le poifon qui caufe la mort à l'animal dans ces expériences 190. * 191. * Il fe reproduit une fubftan- ce vaïculaire qui couvre le tendon, après qu’on l’a denué, ec le maintient tel qu'il étoit auparavant 191. * V Atitoieri; idée de cet Auteur fur le paffage du vénin par la dent de la Vi- pere (4. # ; Vapeur du Ticunas; on a foupçonné qu'elle éroir meurtriere 85. ** Expérien- ces qui demontrent le contraire 86. * * Venimé; ce qu'on doit entendre par ce mot 79.* en note. Vénin de la Vipere fuinte par le trou ellyprique qui eft à la pointe de la dent 13.* 19.* maniere dont il faut s’en fervir dans les expériences pour avoir des réfultats uniformes 113. * H ma aucune faveur 208. * 46. * suniît aux acides mineraux fans eflervefcence loriqu il eft liquide 210. quelle eft fa nature 197. * il a été cru être acid: par Mead 198. * ainfi que par Mayer 68. ** mais in ne l’eft point 35.” iln’eit pas alkalin non plus 210.* Il eft difloluble à l’eau et point à l’efprit de vin 212. * ne fe liquefie point au feu 213.* infpeétion microfccpique d’une goutte de ce vé- nin 43. * 207. * Il eft un poifon pour toute efpece d'animal à fang chaud 35. “* 224. * Heft innocent pour les fanglues 31. * anifique pour les efcar- gots 31. * Il eft plus à crainde pour les animaux petitset delicats, que pour les” gros 30. 135. * * n’eft pas innoeent pour l'homme 36. ** il en faut une certaine quantité pour tuer un animal 228. * 234. * un milliéme de grain en poids fuffit pour tuer un moineau 230. * Il requiert un certain tems avant que de produire fon effet 236. * 241. * 247. * 249. * Il n’eft pas mortel s'il ne penétre au de la du cifiu cellulaire 152. * quelle eft fon action fur les parties mordues 223. “il n'a point d’a&ion fur les mufeks des animaux en general 153. * ni fur les os, le periotte, er le pericrane 163. * non plus que fur la dure mere et cerveau 164. * et fur la moelle des os, et la cornée tranfparente 165. * 29. * 46. * ne produit point Tome IL Rr d’alte- * 302 d’alteration fur la langue des Lapins 166. * n'a point d'effet fur les membres coupés 237. * Il tue l'animal dans l’inftant de ce qu'il eft injecté dans les vaiffeaux fanguins 257. * n'altere point le fang hors des vaifleaux 255. * 304.** pas même la figure de fes globules 108. ** Il en empeche la coagulation 306.* Il n’a point d’attion fur les nerfs 288. * agit fur les efprits animaux, fuivant Mead 268. *. Ce vénin ne perd point fes qualites meurtrieres, même après avoir fervi a tuer d’autres animaux 155." ni mème après avoir été gardé long tems 53. * il ne ceffe point d’être mortel quoiqu’on le mêle avec de l’alkali volatil 5. ** Vénin du Polype eft analogue à celui de la Vipere 81. * Ventre; morfure de la Vipere far cette ragion du corps, et fes effets 158. * Véficule , ou Récéptacle du véuin de la Vipere; fa defcription 193.* 16. * Ver de terre eft promptement tué par le vénin de la Vipere 81. * Viperes n’ont pas toujours du vénin 114. * ne font pas tués par leur propre vénin 22. * 226.* ne font prefque pas affe@ées par le Ticunas 105. ** une feule Vipere ne fuffit pas pour tuer un homme 31. ** il en faudroit environs deux 236.* Trois Viperes ne fuflifent point pour tuer un chien de 60. livres pefant 31.** Elles femblent avoir un different degré d’agi- vité dans different climats 72. * * Vinaigre; n’altere point le Ticunas 9. * * Vin de Bourgogne adminiftré aux mordus par la Vipere 35. ** W Hytt (M. ) Ce qu'il dit par apport aux maladies nerveufes IgSOME Zi obfervé au microfcope 263. ** FIN DE L’INDEX ALPHABETIQUE. | 303 fi : ? TÈ r ; S: Ya Bibi LEM ENT ADVERTISSEMENT DE L'EDITEUR. ’Impreffion des deux Tomes de cet Ouvrage étoit entie- L rement finie , lorfque j'ai appris que nôtre Auteur toujour infatigable, et toujours fe défiant de fes propres travaux, avoit fait, dans les courts intervalles de loifir que lui laiflent fes occupations pénibles et multipliées, un grand nombre d'expé- riences , relatives à différentes matieres qui ont été traitées dans cet Ouvrage . Il n’a fait aucune difficulté de fe rendre au defir que je lui ai témoigné de les publier par la voie de l’impreffion , et de les inférer ici fous forme de Supplement. Il m'a communiqué de plus un extrait , ou pour mieux dire, les derniers réfultats et les conclufions les plus générales d’un mémoire fur /’Opium, qu'il Vient de terminer, et qui pourroit fcul former un Ouvrage è part, s'il étoit publié dans fon entier. Je me fuis fait un vrai plaifir de pouvoir enrichir cette edition, de tant de belles et nouvelles vérités, qui toutes enfemble concourent à la rendre plus complette, et à donner à une matiere auffi vafte, une perfection qu'on chercheroit en vain dans les Ouvrages des obfervateurs même les plus renommés de ces deux derniers fiecles. Cet Ouvrage ne peut manquer de faire époque dans la Phyfique expérimentale: le Leéteur favant et impartial en con- viendra fans peine; et je ‘fais peu de cas de ce qu’en penferont les ignorans, et furtout les envieux, dont le nombre n’eft maintenant que trop confiderable ; mais je dirai de ceux-ci avec le Poëte latin: Odi prophanum vuleus et arceo. Tome I. Ss J'ai 304 Jai cru devoir mettre ce Supplement à la fin de ce Se cond Volume quoiqu'il fut deja tout imprimé, même avec la Table des Matieres, et le Leéteur eft prié de ne le lire qu'après la page 158. ou pour mieux dire, d’en lire les différens mor- ceaux conjointement avec les Chapitres auxquels ils fe rappor- tent, ct après lesquels ils auroient été placés, fi l’on avoit pù les avoir plutôt. L’Auteur a cru devoir lui donner, pour plus grande brieveté, la forme qu’on verra ci-deflous . Notre Auteur a découvert une belle et importante vérité, en s'affurant que te vénin de la Vipere, ct un poifor, lorfqu'il n'eft mème-qu'avalé par les animaux, et qu'il les tûe en ce cas très-promptement, contre l'opinion des plus grands Auteurs jusqu’à .ce jour. Lhuile de Laurier-cerife , et même Pefprit reéteur de cette plante , qui injcétés dans les veines tuent è Vinftant les ani maux, préfentent une autre belle vérité, par ta quelle eff détruit le myftere embarraflant qui reftoit fur Fa&ion de ce poilon, et qui avoit obligé nôtre Auteur de faire une exception è la loi commune aux autres poifons qu'il a examinés. Mais ce qui, mérite furtout les plus grands applaudiffement, cet d'avoir trouvé, lorfque la chofe paroiïfloit déja hors-de toute efpérance et de toute probabilité ; c'elt, dis-je, d’avoir trouvé une matiere qui rend innocent le vénin de la Vipere , lorsqu'on les mêle enfemble: matiere qu'on peut maintenant regarder com- me.le vrai fpécifique de ce poifon redoutable . Certe décou- verte, importante et inattendue, qu'on doit entierement au génie infatigahle de nôtre Auteur, a été manie avec cette étendue et cette profondeur de vüés, qui lui font propres, et avec cette analyfe délicate des expériences, qui force la na- ture à dévoiler fes fecrets les plus intimes. La poflérité jugera du 305 du remede, et du mérite de la découverte. En attendant nous exhortons les phyficiens à fuivre fes traces dans la carriere qui et ouverte à leurs recherches; à multiplier les expériences fur les plus grands animaux, felon le fouhait de l’Auteur même du nouveau remede; et à determiner avec l’exaGitude la plus mi- nutieufe les circonftances , dans lesquelles il pourra être plus uti- le et plus certain. Le remede paroit affuré fi on le donne à tems; et le fpécifique eft trouvé : il refte à fixer la méthode de l'appliquer avec le plus de fuccès, et le moins de douleur et d'incommodité. L’Auteur termine ce Supplément par mettre dans le plus grand jour l’aftion de lOpium appliqué aux différentes parties de l'animal vivant; il donne pour démontré, que le véhicu- le propre de l'Opium n’eft autre que le fang; que l’Opiuna agit fur le fang dans l’inftant; et que de quelque maniere qu’on l’applique fur le nerf, il n’y produit aucune altération : trois vérités d'expérience de la plus grand importance, et qui obli- gent le philofophe qui aifonne, de former une nouvelle théo- rie fur cette matiere, parce qu’elles doivent faire regarder com- me de pures imaginations et des erreurs, prefque tout ce qui a été dit jufqu'à préfent fur l’Opiusr par le plus grand nom- bre des autres Ecrivains, ps 2 SUP- 306 SU sò Pe: E Ri ME Nola -Les expériences que j'avois faites fur l’efprit de Laurier- cerife qui appliqué aux yeux des pigeons, eft capable de les tuer en peu de minutes, quoique je l’eufle trouvé innocent lorfqu'il étoit appliqué aux yeux des quadrupedés ; ainfi que je Pai obfervé dans des Cochons d’Inde, dans les Lapins &c. du moins à la dofe où je l’employois: ces expériences, dis-je, m'ont fait foupçonner que l'huile même de Laurier-cerife feroit un poifon pour ces animaux, fi fenfibles aux moindres impref- fions. Voici les expériences que j'ai faites à ce fujet.. Jai fait tomber fur chaque ocil d’un ‘jeune ‘pigeon trois gouttes d'huile de Laurier-cerife; au bout d'une minute il a donné des fignes de convulfons; au bout de deux minutes fes convulfions font devenues générales et fortes, et alors ileft tombé fur fa poitrine fans pouvoir plus fe foutenir, Après deux minutes de plus, il eft mort. Ni les veux, ni les pau- piéres ne paroifloient fenfiblement enflammés . Cependant l’uvée préfentoit des vaiffléaux rouges circulaires à quelque’ diftance de la pupille. Deux autres pistons’ qui furent traïtés comme les premiers, moururent, l’un en $ minutes, l’autre en moins de Il eft donc certain que l'huile de Laurier-cerife eft un poifon violent lorfqu’elle et appliquée fur les yeux des pigeons; de même que l’efprit de cette plante . Ces expériences me porterent à penfer que. les yeux des pigeons étoient conformés de maniere , ou délicats et fenfibles au point, qu'ils recevroient de fortes impreflions même du vé- nin de la Vipere, que j'aveis trouvé innocent quand je l’avois appliqué aux yeux des autres animaux, et mon foupçon ne fut pas 307 pas tout-l-fait vain, quoiqu'aucun des pigeons auxquels jap pliquai ce vénin n’en foit mort . Car ayant couvert de vénin les yeux à deux pigeons , pluficars fois de fuite , j'obfervai que leurs paupicres fe sonfloient confidérablement en peu de tems; de telle forte qu'au bout de 3 minutes, à peine voyoit on le globe de Vocil, qui paroïfloit niché dans une” fofle, tant les paupicres étoient enflées. Au bout de 7 minutes, les yeux ne fe voyoient plus, et les pigeons furent plufieurs heures avant de pouvoir ouvrir les: paupieres … L’uvée et le globe de: l’ocit ne paroiffoient point enflammés ; mais les parties. internes: des paupieres: l'étoient extrêmement. Le: vénin de la. Vipere n’eft donc pas entierement innocent, même lorfqu'il n’eft: appliqué qu'aux yeux, dans certains. animaux ; quoique dans certains autres‘il ne nuife point, lorfqu'on l’y applique à la même dofe ; car je fuis maintenant perfuadé que fi on l’appliquoit pendant très-longtems aux yeux des autres animaux , il ne fe- roit pas tout-à-fait innocent, et qu'il pourroit même aller juf- qu'à tuer, ou du moins jufqu’à occafionner de grands: déran- gemens . Ces expériences fur [es yeux des pigeons, qui: s’enflam- ment quand on y applique: abondamment le: vénin de la: Vi pere, et celles que javois faites fur le poifon Ticumas qui ne donne point la mort lorfqu'on l'avale ; fi ce: n’eft lorfqu'il eft ris en grande quantité, me confirmerent toujours: davantage. dans mon fentiment; (+) que: le-vénin même-de la Vipere pris en grande quantité pouvoit tuer les animaux. Le hazard m'ayant prélenté un bon nombre de Viperes très-grofiés er très-visoureules, je n'ai pas voulu perdre l’occafñon | ide’ fixer pour (4) Page 91. da Tome II. 308 pour la poftérité, un point d’hiftoire naturelle -auffi impor- tant. Comme ce n’eft pas ici le licu de donner des détails fur cette matiere, je me contenterai pour le préfent de rap- porter en peu de mots l'expérience que j'ai faite fur un pigeon, jeune à la vérité, mais bien portant et très-vivace. J'ai coupé la tête à huit Viperes et Jen ai exprimé le vénin, que j'ai reçu dans une cueillere à caffé; elle en a été remplie, et il pourroit ÿ en avoir 30 gouttes et plus. J'ai introduit le tout par le bec dans l’efophage du piscon qui étoit à jeun de puis 8 heures. En moins d'une minute, il a para très-afloibli, deux minutes après il a commencé à vaciller, il cft tombé enfin fur le côté avec de fortes convulfions, et il eft mort en moins de 6 minutes. Le bec, l'efophage, et le jabot jufqu'au gofier étoient «enflammés et livides, et de fang paroiffoit plus noir qu'à l'ordinaire. Ces parties étoient fi dé- colorées , qu'elles fembloient approcher de la mortification ct de la gangrene . On ne peut donc ‘plus douter que îe vénin de la Vipere ne foit un poifon violent, lors même qu'il eft pris intérieure- ment, contre ce qu'ont écrit Redi ct tant d’autres fameux ob- fervateurs après lui. Ce vénin, à l'inftar du poifon Ticunas et de plufieurs autres poifons; lorsqu'il ct pris en petite quan- tité, où ne produit, ou ne parcit produire aucun effet , quoi- qu'il foit toujours vrai que lorfqu'il eft infinué dans les animaux par le moyen des bleffures et du fang, il tue très-prompte- ment, lors-même qu'il n’eft qu'en très-petites dofes. Il et vrai que le fameux Jacques chercheur de Viperes, dont parle Fran- cois Redi (2) s’offrit courageufement à en avaler des cucillerées cn- (a) Obfervations fur les Viperes, en Italien: à Florence 1C64. pag. 17. 309 entieres; mais on ne lit en aucun endroit des Ouvrages de cet illuftre Ecrivain , que le bon Jacques ait enfuite rempli cette promefle , et il fut certainement heureux de n’en avoir rien fait. La plus forte preuve qu'apporte Redi du courage , ou de la te- mérité de cet homme, c’eft d’avoir avaté dans un demi verre de vin le vénin de trois Viperes ; c'eft à dire, quelques gout- tes de vénin, peut être trois ou quattre feulement, attendu la me- thode imparfaite qu'il pratiquoit pour l’extraire. Je fuis perfuadé que le vénin d'un nombre même plus confidérable de Viperes, mélé avec une fi grande quantité de vin, ne feroit courir aucun rifque à l'homme qui l’avaleroit; mais j'eftime d'u autre côté, qu’une cuillerée entiere de ce vénin fans mélange d’autrès fub- ftances pourroit très-bien tuer même un homme. L'expérience: que fit Redi lui même prouve encore moin. Il exprima dans: une taffe d’eau le vénin de quatre Viperes, ct le fit boire ainfi impunément à un chevreau . L'eau étoit à beaucoup. plus gran- de dofe que le vin de l'expérience eideflus ; confequemment le vénin devoit être encore moins aétif, parcequ'il étoit plus dé- layé et plus divisé. Mais il ne réfulte pas de tout cela, com- me le pretend Redi; que le vénin de la. Vipere, bu et intro- duit en abondance dans l’eftomac ne foit ni mortel ni nuifible .. H eft muifible et meurtrier lorsqu'il eft pris è. grande dofe . C’eft une erreur commune, è la vérité aux anciens philofophes , qui croyoient que les véniens des Serpens n'étoient tels que lors qu'ils étoient introduits dans les bleflures : so uffa, fed in valuere nosent, dit Celfe; et Lucain fait dire avant lui à Ca- ton: Aforfit virus habent, et fatum dente minantur; pocula mor- te carent ; Le vénin de la Vipere, quoique {paré de l'animal demeure muifible pendant piuficurs mois, ainfi qu'il cl dit dans le To» me 310 me Premier; mais: une expérience bien vérifiée dans ces der: tiers tems me porte à croire, que ja facuité de tuér- n'y fub- fifte pas au de là du neuviéme mois; fi même il eft vrai qu'elle dure fi longtems. Voi-ci l'expérience que j'ai faite. Vai imbibé «quatre morceaux de gros papier brouillard, cha: cun avec environ 20 gouttes de vénin; et je les ai enfermés séparément dans des vaifleaux de verre. Au bout de 9 mois; jai introduit ces papiers dans les jambes bleflées de quatre jeu- nes pigeons. Aucun de ces animaux n’eft mort, ni n’a donné figne de maladie du vénin. Ce vénin ainfi confervé avoit donc perdu la faculté de tuer, même les pigeons, qui font fi faci: les à mourir du vénin de la Vipere. Sur la pierre À Cautere . Quoique je me fuffe affuré, comme on l’a vu dans le To- me Premier que l’alkali volatil fluor n’eft point un fpécifique contre la morlure de la Vipere, et qu'il n’enleve pas a ce vé- nin fa qualité délétere, quand on les mêle enfemble; j'ai co- pendant eu la curiofité ‘d'examiner auffi la pierre à cautere, et j'ai commencé mes recherches par mêler le vénin de la Vipere avec -cette fubltance cauftique, à fin de voir s’il conferveroit en- core fa premiere qualité vénéneufe, comme il la conferve lors: qu'il eft uni à l’alkali volatil fluor. J'ai fait mes expériences en mêlant d'égales quantités de vénin et de pierre à cautere, aux- quelles J'ajoutois quelques gouttes d’eau pour en former une pâte un peu liquide, que j'appliquois fur les parties bleflées des ani maux. Et comme les petits oifeaux font les plus faciles à mou: rir de ce vénin, j'ai voulu éprouver fur eux l'effet de cette pi- te, et je me fuis fervi des moincaux, er des pingons. Expé- 311 Expériences fur les Oifeaux . jé bieffai aux jambes avec des dents vén:meutes cinq oi- feaux, jy fis auffitôt des fcarifications; ét jy appliquai la pâte ci-deflus. Il n’en mourut: aucun; aucum né parut avoir la ma- ladie du vénin de la Vipere, et il ne fe déclara de gangrene dans aucun, quoique les mufcles fuflent très- maltraités par le cauftique . | | | Je répétai cette expérience fur cinq autres, et j'ajoutai feu- lement, après lapplication de la pâte, le livage avec l’eau. Il ne mourut non plus aucun de ceux-ci, et EP que les mufcles des jambes étoient moins corrodés et moins brulés par le cauftique. dE | Comme il s’agit d'animaux fort ae qu'un atôme de vénin fuit pour les tuer, il femble quomne fauroit douter un inftant que la pierre è cautere ne rende innocent le vénin de fa Vipere, dès-qu’il y eft è peine mélé; car je l’appliquai aux mufcies bieffés, au moment où: j'en eùs fait le: mélange. Je voulus néanmoins l’éprouver encore fur dix autres oifeaux, et tout les dix guérirent facilement, Y ma grande furprife . Je ne pouvois me perfuader encore la nouveauté inattendue de mes réfultats; et eraignant que les circonftances accidentelles n'euflent empêché l'aétion du vénin, je me réfolus à tenter de nouvelles expériences fur les mêmes animaux. J'opérai fur dix autres, et je muicipliai les bicflures aux mufcles, pour que le vénin s'infinuât en quantité; et il eft certain que Ja dofe de pâte qué j'employcis devoit contenir au moins. une goutte ‘dé vénin. HI mourut à la vérité deux oifeaux dans ces expérien- Marr l'an au bout de 6 heures, et l’autre au bout de 28. Je Tome Il. Tt répe- pa ui répétai le lendemain cette expérience fur dix autres cifcaux dans les mêmes circonftances ; et il ne m'en mourut qu'un au bout de 12 heures. Craignant que les bleTures feules cuffent pù en faire mourir quelqu'un, furtout étant irritées par le cauftique j'operai fur dix oifeaux, auxquels je blefizi à l'ordinaire les jam- bes, et Jappliquai le cauftique. Il en mourut un au bout de huit heures. En forte quil paroit fort probable, fi non très- certain, que les trois autres oifeaux dont j'ai parié ci-deffus font morts aufli de leurs bleflures, ct non per l'effet du vénin. Je bleffai dix autres oifeaux en plufeurs endroits des mufcles de la poitrine, et jy appliquai la pâte peu de tems après. Iln’en mourut aucun. Expériences far les jeunes Pigeons. Après les petits oifeaux, le pigeon eft l’animal qui meurt par la plus petite quantité de vénin, furtout sl eft très-petit, ct né depuis peu. J'en chaifis quattre pour cet ufage , et j’ope- rai fur tous dans les mêmes circonftances. Je leur fis diverfes bleflures tranfverfales aux mufcles des jambes avec de petits ci- feaux, et j'introduifis abondamment de la pite vénéneufe dans les bleflures, qui quoique aflez profendes donnoient à peine du fang. Aucun de ces quattre pigeons nc mourut ni ne parut a- voir la maladie du vénin de la Vipere. Je répétai le lendemain cette expérience fur douze pigeons, que je bieffai en plufieurs endroits des jambes, où j'appliquai auffi la pâte; il n'en mou- sut aucun. Je variai l'application de la pâte vénéneufe que j'in- troduifoit dans les mufcles, tantôt au moyen de petits brins de bois, tantôt au moyen de gros brins de fil, qui en étoient en- duits. Mais ils ne moururent pas non plus dans ces épreuves. Je 313 Je paflai aux. mufcles de la poitrine, que je bleffai de diffé- rentes manieres et auxquel j'appliquai diverfement la pâte; mais jai eu beau multiplier mes expériences, je mai vu mourir au- eun pigeon. On ne peut maintenant plus douter, que la pierre à cau- tere ne rende innocent le vénin de la Vipere , avec le quel on: la mêle; ainfi tout concourt à la faire regarder comme ie vé- ritable et feul fpécifique contre ce vénin; et nous pouvons nous flatter d’avoir enfin découvert un remede afluré contre la mor- fure de la Vipere: remede que tant de perfonnes ont cherché, et qu'aucun n'avoir trouvé jufqu'à prefent. Mais le vénin de la Vipere perd-il fes qualités déléteres lorfqu'il eft mêles avec la pierre à cautere, parcequl eft dénaturé, ou plutot parce qu'étant uni avec ce fort cauftique il ne peut plus exercer fes premicres facultés, à l’inftar des acides quand ils font faturés par les alkalis, où par les terres? ne pourroit on pas foupgon- ner, que la pierre à cautere, en crifpant les vaiffeaux rouges, empêche que le vénin ne s’infinue dans le fang par cette voie? ce derniers foupgon ne. paroit pas foutenable, puifque les acides minéraux, qui-paroiffent crifper auffi les vaiffaux, ne peuvent cependant rendre ce vénin innocent; et lalkali. volatil fluor mé- me n’a pas cette propriété: ce qui doit paroitre étrange, viù les grands rapports qui fe trouvent entre l’alkali fluor ,et la pierre à cautere . Je dois avouer que je reffentois un vrai plaifir, quand je me flattois que mes travaux avoient été couronnés par un fi grand fuccés; et ce qui concouroit è augmenter ma confiance, c'étoit de favoir que te vérin de la Vipere ne perd: point fes qualités nuifibles lorfqu'il eft uni aux autres fubftances, même les plus s@ives, telles que les acides minéraux. Mais je me UNE rappel- 304 rappellois trop-bien l’erreur que javois commife en France, lors- que je crus ‘avoir trouyé un remede affuré contre. la : mor- fure de la Vipere, parceque je pouvois guérir de cette mor. fure les plus petits oifeaux et.les pigeons. Les preuves de fim- ple analogie ne pouvoient plus rien fur mon efprit; et elles w’ont fervi dans le cas préfent, qu'à me faire recourir à l’expé rience immédiate et irréfiftible, qui doit feule être confultée dans les recherches phyfiques. C’eit lì le feul ufage que doit faire de ces preuves d’analogie le philofophe prudent, s'il ne veut ni fe tromper, ni induire les autres en erreur; et c’eft à cet ufage que le phyficien pénetrant doit fes plus belles décou- vertes. o | Expériences fur les Oifeaux . Je bleffai les mufcles de la jambe à quattre oifeaux, avec des dents vénimeufes ; jy fis de Iégeres fcarifications, jy ap- pliquai la pierre à cautere, et peu de tems après, je lavai bien les une Aucun ne mourut, ni n'eut la maladie du vénin . Quattre autres dou femblables aux précédens, furent bleffés aux jambes avec des dents vénimeufes. Leurs bleffures furent enfuite fcarifiées et lavées; mais je n’appliquai point le remede. Ils moururent tous quattre au bout de 1. 4. 7. 8. mi- nutes . Di Du LA NELEET Je fis à quattre autres des bleffures aux mufcles des jam- bes avec les cifeaux, et j'appliquai le vénin par deffus. Je fca- rifiai fur le champ les bleflures, j'y appliquai le remede, et les avai; ils furent guéris tous quattre. Je traitai quattre autres oifeaux de même ine les précédens, et il n'en mourut aucun. Je 315 Je crus devoir répéter la même expérience fur dix autres. Ils furent bleflés aux jambes , leurs bleflures furent vénimées, {carifiées, médicamentées, et tous les dix guérirent. Je'ne dois cependant pas diffimuler que de cinq autres oi- féaux auxquels j'avois bleflé les jambes avec des dents vénimeu- fes , il en mourut trois, quoiqu’ils euflent été fcarifiés et pan- fés avec la pierre à ‘cautere come ci-deflus. Deux mouturent au bout de 3 heures, et le troifiéme au bout de 20. Jai vu parcillement mourir deux oifeaux, des quattre qui furent bleflés aux mufcles de la” poitrine avec des dents véni- meufes, et que je panfai à l'ordinaire après leur ‘avoir fait les fcarifications. L'un mourut au bout de 3 minutes, l’autre au bout de 3 heures. Une autre fois je bleffai les mufcles de la iso avec une lancette, à trois oifeaux , et jy appliquai le vénin. Je les panfai avec la pierre à cautere, et ils moururent tous trois au bout de une demie, 8 et 9 heures. Je craignis que les bleflures faites aux mufcles de la poi- trine ne fuffent fuffifantes conjointement avec le cauftique pour caufer la mort . Je fis donc des bleflures dans les mufcles de la sn à trois oifeaux, et J'Y appliquai la pierre à cautere : il n’en mourut aucun. Il paroit qu'on peut conclure de toutes les expériences rap- portées ci-deffus, que la pierre à cautere guérit les oifeaux, du vénin de la Vipere, quand elle eft. appliquée de la maniere qu'on a vue. Que fi elle en laiffe mourir quelques uns de ce vénin , il convient de croire, ou que le remede a été appli- qué trop tard, ou, ce qui eft plus probable, qu’il ne peut pas toujours s'appliquer aux parties vénimées, et s’introduire juf qu'au point où le vénin a pénétré. Chacun voit que dans ces cas 316 cas, il ne fauroit corriger des qualités déléteres du vénin, com- me il les corrige certainement, ainfi qu'on: l'as vu, :lorfau’ils font mélés enfemble . à Quoiqu'il en foit, ce n’eft pas affez que la pierre à cau- tere guérifle les. oifeaux, pour nous affurer qu’elle guérit de mé- me les autres animaux: et quand même, ce qui paroit à da vérité inconteftable , la pierre à cautere feroit le vrai contre- poifon du vénin de la Vipere , il ne s'enfuit pas néceffairement quelle doive guérir les animeux plus grands. Les circonftan- ces peuvent être différentes, les! prions plus dangereufes , et l'application du fpécifique fur ks parties vénimées plus dif ficile, où moins füre. Expériences fur les Pigeons. Je bleffai avec des dents vénimenfes les mufeles des jam- bes à quattre pigcons, j'y fis les fcarifications ufitées, jy ap- pliquai la pierre à cautere, et je couvris les bleffures avec des linges. Deux moururcat en peu d'heures, et les deux autres furvécurent. ’A l’un des deux premiers favois lavé da. plaie après le panfement et non à l’autre; ct j'avois fait la méme chofe , à ceux qui vécurent. Je répétai ces expériences fur quattre autres pisconsi mais je ne lavai les bleffures à aucun, et j'y appliquai le vénin fans me fervir des dents. Aucun ne mourut, ni ne parut avoir la maladie du vénin. Je fis fur fix autres la même expérience, et dapplignai le vénin fur les mufeles après les avoir blefliés. Il m'en mourut aucun. Je revins aux premieres expériences ,.craigmant que le re- Pri 317 mede ne parvint pas dans toutes les parties où le vénin avoit atteint, quoique jeufle. fait des fcarifications grandes et pro- fondes. Joperai fur 7 pigeons. Il en mourut trois en moins d’une heure, les quattre autres n'eurent aucun mal. Je paffai aux mufcles de la poitrine. Je les bleffai en plu- fieurs endroits à quattre pigcons, et j'y appliquzi la pierre à cautere. Ils furent guéris tous quattre. La même expérience étant répétée fur quattre autres pi- gcons , aucun n'en mourut, ni ne parut fe trouver aa: Dou- ze autres pigeons furent préparés comme ci-deflus; j'appliquai le vénin fur les bleffures des mufcles de la poitrine, et auffità: après, la pierre à cautere, ct ils furent tous guéris. Je voulus blefler dans quattre autres les mufcles de la poi- trine avec des dents vénimeufes. Je fcarifiai fur le champ les bleffures , et jy appliquai la pierre à cautere. Il en mourut deux en moins d’une heure. D'après tout cela, il femble qu'on ne peut plus douter, que cet animaux qui font merts, quoique panfés avec la pier- re à cautere, n'aient été tués parceque le cauftique ne parvient pas toujours dans toutes les parties vénimées, et non pas par- ceque ce n’eft pas un vrai fpécifique contre ce vénin. Je dois-encore avouer ingénument, qu'ayant un jour appli- qué le vénin fur les bleffures des mufcles des jambes à deux pigeons, Jen vis mourir un au bout de quattre heures , - quoi- que je l’euffe médicamenté. Une autre fois je bleffai les mu- {cles des jambes à deux pigeons avec des dents vénimeufes ; ct il en mourut un au bout de 18 heures. Mais tous ces cas, fi Je ne me trompe, prageano toujours plus, que le remede, cu n'arrive pas toujours è tems, ou ne pervient pas toujours è fe mêler avec le vénin: ce qui paroit fuffifamment démontré par. le 318 le tems que, ces animaux continuent de vivre , tandis qu’en gé- néral ils meurent en très-peu de tems, lorfqu'ils ne font pas médicamentés . Je voulus faire une nouvelle tentative fur dix autres pi- geons. Je les bleflai aux jambes avec des dents vénimeufes , je les fcarifiai, et les médicamentai peu de tems après. Cinq gué- tirent, ou n’eurent aucun mal, un fixiéme mourut entre mes, mains , et les quattre autres moururent au bout de 3. 16. 18. 19. heures. Ces nouveaux faits démontrent toujours que mon foup- gon étoit bien fondé, ct que la pierre è cautere diminue la maladie et retarde la mott., s'il ne peut la prévenir entierement. Je crois tout-à-fait faperfiu de rapporter en détail diverfes expériences que Je fis fur les mufcles des jambes, et de la poi- trine des poules. Je les blefai en beaucoup d’endroits, j'y ap- pliquai le vénin avec abondance, et moyennant‘le panfemene ufité, il ne mourut aucun de ces animaux. Et céla devoit bien être, puifque dans les mêmes circosftances, les pigeons qui font plus tendres et plus faciles à mourir du vénin, échappent. à la mort . | Expériences fur des, Quadrapedes. Je bleffai pluficurs fois avec des dents vénimeufes les! mu- fcles de la jambe à deux cochons d'Inde, et après y avoir fait des fcarifications ; je les panfai avec la pierre à, cautere: l’un guérit, et l'autre mourut au bout de 5 heures. Quattre autres cochons d'Inde furent traités comme ci-def- fus, et il n’en mourut qu'un au-bout de dix heures. Je voulus éprouver fi en appliquant le vénimiaux mufcles “bleflés , je rendrois le remede plus fùr. Je bleflai en plufieurs en- 319 endroits les mufcles des jambes à fix lapins des plus petits. Ty appliquai le remede ; il n’en mourut aucun. Je traitai de la même maniere les mufcles de la poitrine à fix autres lapins très-petits, ct ils gucrirent tous. Je pañlai aux petits cochons d’Inde, et j'opérai fur fix de ces animaux. J'appliquai à trois d'entr'eux le vénin fur les mu- feles des jambes, et aux trois autres fur ceux de la poitrine: tous ayant auparavant été bleflés, jy appliquai la pierre à cau- tere: il n’en mourut aucun. Je revins aux dents vénimeufes et aux très-petits lapins. Jen bleflai huit avec ces dents, aux jambes. Je les fcarifiai, et les médicamentai peu de tems après. Il en mourut deux, et fix guérirent. On ne peut plus douter que la pierre à cautere ne foit le véritable fpécifique contre le vénin de la Vipere. Mais la méthode de l’appliquer fur les parties vénimées n'eft pas fùre; et il eft naturel de penfer que la difficulté fera beaucoup plus grande quand on voudra s’en fervir contre la morfure immé- diate de la Vipere, furtout fi la Vipere a mordu pluficurs fois, et fi l’on voit à peine les veftiges des: moïfures. Dans ces cas, il y aura toujours quelque incertitude, et les. fcarifications trop étendues et trop multipliées pourront être extrêmement nuifibles, fi le remede ne parvient pas à corriger le venin. Morfures de la Vipere traitées avec la pierre: à Cautere. Cette derniere partie de mes expériences eft la, plus im- portante, en ce qu'elle a pour objet de nous raflurer contre la morfure de la Vipere. Mes expériences font en trop. petit nombre, ct trop peu variées, pour qu'on entire dans la prati- Tome II. Wa v que 320 que toute l'utilité qu'on pourroit en efpérer, et pour perfe- étionner la méthode que j'ai propofée. Les Viperes m'ont man- qué à caufe de la faifon, et les circonftances où je me trou- ve, et les obligations que j'ai à remplir, m'ont empêché de m'appliquer à cet objet avec plus d'attention, et comme je l’aurois defiré. Je publierai pour le préfent les réfultats des ex- périences que j'ai pù faire, me refervant de revenir dans un tems plus opportun fur ce fujet, qui a pour but le falut de mes femblables. En attendant, j'efpere que les obfervateurs philofophes donneront toute leur attention à cette partie de la medicine, et n’pargneront rien pour la rendre plus utile et plus fure. e fis mordre cinq fois de fuite à la jambe un lapin de moyenne groffeur par une grofle Vipere. Après y avoir fait les fcarifications, j'y appliquai ia pierre è cautere, je lavai ct bandai les bleffures. Le lapin mourut au bout de 12 heures. Je fis mordre par une autre Vipere un autre lapin, fept fois à la jambe. Il mourut au bout d’une heure, quoiquiii eût été médicamenté comme le précédent : Je fis mordre deux cochons d’Inde aux jambes par une Vipere, chacun par trois fois, et je les médicamentai après les fcarifications . Ils moururent tous deux en peu de minutes. Je répétai cette expérience avec les mêmes circonftances fur un gros cochon d'Inde: il mourut au bout de 24 heures. Ces cinq morts inattendues me firent voir combien il eft facile de fe tromper, même en fait d’obfervations, et d’expé- riences, et combien peu l'en doit fe fier à Fanalogie. La plus petite circonftance fuffit pour rendre inutile et nuifible ce qu! feroit très-utile par foi même. Chacun voit que dans le caf préfent toute la difficulté fe réduit à faire pénétrer la pierre à Cau- 321 catitere dans tous les lieux où le vénin ef parvenu. Mais com- ment furmonter jamais cette difficulté ? Les trous que font les dents de la Vipere font très-petits et fouvent invifibles. Ils vont en différentes direétions dans la peau, et à des profon- deurs diverfes, felon mille circonftances variables. La tumeur, ou Vinflammation qui furvient , augmente encore davantage la diffi- culté ; en forte que les fcarifications fe font prefque au hazard. Je ne dois cependant pas taire que j'ai guéri par cette méthode cinq autres gros lapins mordus plufieurs fois par les Viperes, et divers cochon d’Inde que j'avois pareillement fait mordre , et qui probablement feroient morts ; s'ils n’avoient pas été traités avec le nouveau remede. Ils avoient été tous mor- dus à plufieurs reprifes ; mais Jai gueri un beaucoup plus grand nombre de ces animaux, quand ils n’avoient été mordus qu’ une feule fois; quoique, même dans ce cas, il m'en foit mort quelques uns; et c’eft fans doute par les raifons. rapportées plus haut; c’elt à dire, non à caufe dé l’inéfficacité du mé- dicament; mais parcequ'il ne peut pas toujours parvenir aux endroits où le vénin a pénétré jet fe trouve. Il eit encore des cas qui éludent Ja nouvelle méthode que nous avons propofée,; et c’eft lorfque par des circonftances accidentelles , la maladie ft plus interne qu'externe: favoir , lorfque le vénin s’introduit tout d’un coup en grande quantité dans l'animal au moyen de quelque vaifleau que Ja dent aura pénétré. Et je né lcrois pas inipoffible que la morfure de la Vipere puifle tuer même à Pinftant, sil arrivoit jamais (‘ce qui n’eft pas abfolument impoffible ) que les dents perçaflent tellement un gros vaifleau veineux, que le vénin fût porté fur le champ, etren quantité vers le coeur. Dans cescas, qui ne différeroit que peu , ou point, de l’injeCtion artificielle de ce vénin, le mal pourroit être im guétiflable ; et prévenir tout remede. je 322 Je Le répéte : la pierre à cautere rend innocent le. vénin de la Vipere, ct elle en-eft le vrai rémede fpécifique; mais il:refte beaucoup à faire pour l'appliquer avec le plus grand avantage contre la morfure de cet animal. Il feroit peut-être utile de l’avaler délayée dans l’eau, même à d’aflez fortes do- fes. Si le vénin de la Vipere altère le fang, et tue lorfqu'il eft introduit dans le torrent de la circulation des humeuts, la pierre à cautere, prife intérieurement fous forme liquide, peut en afoiblir les mauvaifes qualités, et le corriger dans les vaiflcaux mêmes, au point de détruire , ou de diminuer jusqu’à la maladie interne que produit ce vénin. Il elt naturel de penfer qu'après avoir trouvé que la pier- re à cautere rend innocent le vénin de la Vipere, j'aie dû, faire quelques épreuves fur la pierre infernale; et j'en ai effe- étivement fait plufieurs. Je trouvai qus la pâte formée de cette pierre et de vé- nin de Vipere pouvoir: être impunément appliquée aux mufcles bleflés des oifeaux, que je choifis pour ces expériences. De dix il ne m'en mourut aucun. Mais il m'en mourut deux de trois que je vénimai avec la dent, et que je panfai avec la pierre infernale rapée. L'un mourut entre mes mains, et l’autre au bout de deux heures.’ Je fis mordre aux jambes quattre pigeons par des Viperes, et Je les médicamentai avec la même fubitan- ce. L'un mourut entre mes mains immédiatement après que j'y cus appliqué la pierre, un autre au bout d’une heure, et, deux gucrirent . Malgré que la faifon commengat a devenir peu favorable; et que! je n’eufle point d’efperance de trouver encore des Vi- pores, l’hazard fit qu'on m'en apporta 34 en très-bon état et fort vigoureufes. La premiere chofe que je fis ce fut de les cin- 323 employer à conftater mon nouveau rémede, et à voir, en mc- me tems fi une diflolution aqueufe de pierre à cautere admi- niftrée intérieurement pouvoit être de quelque utilité pour les anima mordus par la Vipere. Je foumis à l'expérience quattre cochons d'Inde des plus petits; Je leur fis boire une cuillerée à caffé de la diffolution ci-deffus: elle n’etoit que peu cauftique; mais cependant dés- agreable au goût, ’A trois d’entr’eux je bleflai les mufcles des cuifles avec des dents vénimées. Je leur fis des fcarifications auffitôt, et y appliquai la pierre à cautere à l'ordinaire : aucun n'en mourut . Je fis avaler une double dofe de la diffolution ci-deflus à un autre petit cochon, et il me mourut entre les mains. Je conclus d’après ce réfultat que la dofe que j'avois employée étoit trop grande. Jen donnai enfuite une feule cuillerée, comme dans la premiere expérience , à quattre autres:petits co- chons d'Inde, et je les fis morde auffitôt par autant de Vi- peres : je-leur fis des fcarifications auffitòt. Ils moururent tous les quattre. Un mourut è. peine qu'il étoit mordu; un autre après une heure; le troifième après trois heures, et. le dernier après cinq heures. Le réfultat de cette efperience fait voir que la morfure de la Vipere eft bien plus :dangereufe que les ble£ fures qu'on peut faire artificialement avec fes dents, quoique remplies de vénin. Une des raifons de cela c’eft , peut être , la difiiculté qu'il y a de porter le rémede exa@tement dans tous les endroits où les dents ont penetré lorfque la Vipere mord à fon gré. Je crus auffi que la petitefle des animaux fur les quels j'avois operé pouvoit avoir eu part à cela, et par con- fequent je me déterminai à faire des tentatives fur des animaux plus grands et plus forts à fin qu'ils puflent mieux refifter aux effets 324 effets du poifon, et:fur tout: dar maladie intérne qui le pro- page plus vite dans le petits animaux. Je fis mordre fix pou- les à la cuiffe par autant de Viperes, ct je leur fis boire trois petites cuillerées de la diffolution cauflique, excepté” à une d’entr'elles : J'appliquai également à toutes la pierre à cautere fur la morfure ; cette derniere mourut; les cinq premieres echaperent è la mort. Je fis mordre fix lapins de moyenne sroffeur par autant de Viperes dans la cuiffle. Vappliquai immediatement Ja pier re à cautere fur les morfures, et leur fis boire à tous la dif folution cauftique. Il y en eut quattre qui guérirent, et les deux autres moururent, l’un après trois heures, et l’autre après huit. Je répétai l'expérience fur fix autres lapins un peu plus grands que ceux ci-deffus; et il n’en mourut aucun: Je vou- lus enfin en faire mordre quattre autres, qui furent traités exactement comme ceux ci-deffus , et tous les quattre echap- perent aux cfiets du poifon. Le nombre de ces expériences cit encore trop borné pour affurer que la pierre è cautere eft toujours un remede imman- quable contre la morfure de la Vipere, ct cela et dû à Ja difficulté de la faire parvenir dans tous les endroits!où le vé- nin a été infinué: pour eclaifcir comme il le faudroit cet- te, matiere importante, à peine y auroit il affez de? trois où quattre cent expériénées; mais ‘on nc ‘peut point douter Éepen- dant de l'efficacité de ce rémede , ct on peut ‘affirmer que la pierre è cautere cit le vrai fpécifique de cé tertible vénin . Sur le poifon appellé Ticunas , Les effets finguliers et inattendus de la pierre è cantere, qui rend innocent le vénin de la Vipere quand ils font mé- lés enfemble, me firent foupgonner qu’elle pourroit également rendre innocent le poifon Ticunas; fi on la méloit avec ce poi- fon. Junis donc d’égales quentités de l’une et de l’autre ma- ticre, et J'en formai une pâte un peu molle: je fis enfuite dif- férentes bleffures dans les mufcles de la jambe à un pigeon, et jy appliquai de cette pâte. Le pigeon mourut en moins de deux minutes . Je répétai cette expérience fur un autre pigeon dans les mêmes circonftances, et en moins de 3 minutes il fut mort. Je la répétai fur deux autres: l’un mourut en moins de deux minutes, et l’autre peu après la troifiéme minute. La pierre à cautere ne corrige donc pas la qualité meurtriere du Ticunas; conféquemment elle ne peut être ni un rémede, ni un fpécifique contre ce poifon. Cette pâte cauftique ne. retar- de même pas la mort des animaux, auxquels on Papplique , car deux pigéons, aux Jambes des: quels j'avois appliqué le Ticunas pur ot fansemélange, moururent en trois minutes et pas plutôt . Je pale {ous filence beaucoup d’autres réfultats analogues, que Jai obtenus fur les cochons d'Inde, et les petits lapins. M'étant procuré pär occafion quelques ferpens, femblables à ceux que j'ai examinés à la page 229 du Tome Second ,, j'ai cu la curiofité de voir fi après avoir été empoifonnés dans les mufcles de la En avec le Ticunas, ils m’offriroient les mò. mes réfüitats que j'avois autrefois obfervés, et fi ces animaux demeurercient fans vie apparente pendant un aufli grand nom- bre d'heures que cela toit arrivé alors. Jinfinasi done dans les 326 mufeles de la queue une flèche américaine que j'avois trempée auparavant dans le Ticunas liquéfié à la chaleur de l’eau bouil- lante ; et Je fis une longue bleflure le long des vertebres , afin que le poifon pénétrit bien avant dans les mufcles. Au bout d’une heure, le ferpent remuoit à peine, et une heure après, il paroiffoit mort, et entierement privé d'irritabilité er de mou- vement. Dans cet état de mort, Jexaminai attentivement le mouvement du coeur à travers la peau, et je m'apperçus. que ce mufcle fe contraétoit, quoique peu et avec lenteur . Icon- tinua de fe mouvoir pendant 27 heures, diminuant toujours de mouvement, et dans cet intervalle, chacun auroit regardé cet animal comme mort, car hors le mouvement du coeur, tout le refte du corps étoit en repos, et fans irritabilité. Au bout de 27 heures, le mouvement du coeur devint plus grand ct plus fréquent par degrés, et alors il paroiffoit qu’en heurtant fortement le corps du ferpent on y excitoit quelque petit mou- vement d’ondulation. Au bout de 40 heures, on voyoit fe mouvoir tantôt l’une, tantôt l’autre extrémité du corps du fer- pent, quoique très-petitement. Mais aprés dix heures de plus, les mouvement et le retour à la vie étoient manifeftes et cer- tains; maloré tout cela, le ferpent ne pouvoit pas marcher ni s'appuyer fur fa tête. Je le laiffai dans cet état de vie toute la nuit, et le lenedmain matin Je trouvai qu'il étoit trés-vis. er bien portant, et qu'il marchoit bien. Mais au bout de fix heu- res, Je le trouvai mort. L’évenement fut entierement le même dans deux autres ferpens que j'avois traités comme le premier. Un autre beau- coup plus petit mourut en moins de deux heures, et fon coeur continua de fe mouvoir pendant trois heures de plus, mais l’a- nimal ne revint pas à la vie. On 327 On ne peut donc pas douter que le Ticunas ne foit un poifon mortel, même pour ces animaux à fang froid, quoi- .quil foit vrai de dire qu'il left beaucoup moins que pour ceux à fang chaud. Mais ce qui mérite bien nôtre attention c’eft cette la fufpenfion apparente de la vie , et des mouvemens volontaires dans tous les mufcles de l’animal, excepté ie coeur dont l’irritabilité fe trouve à la vérité diminuée; mais n'eft pas totalement détruite. Il cit enfuite admirable de voir que le feul mouvement du cocur longtems continué, puifle peu à peu donner à l’ani- mal la vie et le mouvement que tous les autres organes avoient entierement perdus: Sans l’aftion de ce mufcle, tout auroit péri irrémiffiblement et pour toujours. Sur l'huile de Laurier-cerife . Danger que l'on court avec l'huile de Laurier-cerife . Ces dernieres expériences que j'ai faites fur l'huile de Lau- x rier-cerife ferviront non feulement à .completter celles que Javois déja faites fur la même matiere; mais elles montreront d'une maniere encore plus lumineufe, que cette huile eft un des poifons les plus terribles et les plus meurtriers qu’on con- noifle, foit qu'on le donne intérieurement, foit qu'on l’appli- que fur les parties bleflées des animaux. Cette importante vé- rité doit, comme je l’efpere, détruire une fois pour toutes, l'abus qui s’eft introduit en Italie de vendre en pluficurs en- droits, de Phuile de Laurier-cerife publiquement dans les bou- tiques, et à qui que ce foit qui fe préfente. Il eft facile de voir combien cet ufage peut être dangercux pour la fociété; et ce danger eft encore augmenté par la méthode qu'on prati- Tome IL. L x que 328 que pour fa vendre. On la mafque d’ordinaire fous le titre defseuce d'Amandes ameres; on ta trouve fous ce titre dans les liftes imprimées, des diftillateurs, et ils la vendent con- jointement avec toutes les autres eflences, huiles, et liqueurs les plus innocentes qu'on. peut avaler impenément. On fait plus : on fait des roflolis pour l’ufage public dans lefquels on fait entrer ce dangereux poifon, on les vend librement; et à fin que perfonne ne foupsonne la vraie nature de ces liqueurs empoiflonnées , on les vend fous le titre de rofsolis d’Amandes emcres Où de fleurs de pécher; et l'on en met jufques dans le lait et dans les ragouts. Il eft vrai qu'on met peu de ce poi- fon, et qu’on ne boit pas de ces tiqueurs comme on boit le vin et l’eau; mais le poifon eff toujours poifon; et d'ailleurs on ne fait pas s'il ne nuit pas lorfqu'on en ufe longuement, quoiqu'à trèe-petites dofes, et s'il ne difpofe pas à quelques maladies. Jai mème oui dire à quelques perfonnes, que pris intéricurement ce devoit être un excellent cordial: ce qu'on auroit pù coire aifément, attendu fon odeur vraiment agtéable ct aromatique. La Tofcane dun à un Souverain Philofophe la connoiffan- ce de /’huile pretendue d’Amandes ameres, et l'avantage d'être garantic de l'abus qu’on en pouvoit faire: tant il eft vrai que la philofophie et utile, même dans les Souverains, et qu'ils devroient tous, fuivant le voeu d’un ancien, être philofophes, ou du moins favoir philofopher ! (-dans l’occafion .) L'huile de Laurier-cerife ef un poifon pour les Viperes . Ayant l’occafion d'être muni d’une quantité d’huile de Laurier-cerife, je voulus l’éprouver far les Viperes, ct voir quels 329 quels feroicnit les effets de ‘ce poifon fur ces animaux. J'enfis avaler environ 10 gouttes à une grofle Vipere. En moins de deux minutes, à peine pouvoit elle fe trainer à terre. Au bout de fept minutes, elle parcifloit tout-ì-fait morte, et deux autres minutes après, elle ne donnoit aucun figne de mouve- ment, lers même qu'on la ftimuloit avec une aiguille. On ‘voyoit cependant encore le mouvement du coeur, en obfer- vant bien la peau du ventre, qui s’elevoit et s'abaifloit alter. nativement. Ce mufcle continua de fe mouvoir pendant plus de trois heures, quoique toujours en diminuant. Dans les fer- pens. on peut très-bien juger du repos total de ce mufcle fans leur. ouvrir le thorax: obfervation qui je t-îitre très-impor- tante en pluficurs cas. On peut ebferver auffi ce mouvement du cocur dans d’autres animaux à fang froid, et jufques dans les grenouilles, quoique avec plus de difhiculté. J'ai vu, en général, que l’huile de Lauricr-cerife eft un poifon très-puiffant, même pour les Viperes, lefquelles meu- rent d'autant plus promptement, qu’on leur en donne en plus grande quantité. Jen ai vu mourir en très-peu de minutes , et donner des fignes de maladie ct de perte de mouvement dans l’inftant où je leur en donnois de 3a à 40 gouttes; et je l'ai trouvé mortel, lors même qu'il me leur étoit donné qu'à la petite dofe d’une, ou deux gouttes tout au plus. Dans ces dere niers cas la maladie fe manifelte, à la verité, : beaucoup | plus tard, et ces reptiles continuent de vivre pendant plufieurs et plufieurs heures. On voit qu'en général l'irritabilité eft très- promptement perdue dans les mufcles, quoique le cocur con. tinue encore de fe mouvoir pendant très-longtems,, même après que l'animal ne donne plus aucun figne de vie, et de fentiment, Le cocur, fans parler maintenant des inteftins, eft Mez 2 une 330 une exception à la regle générale des autres mufcles, et ce point intéreflant de la phyfique animale mérite d'autant plus» l'attentien des philofophes, qu'il a été entierement negligé jufqu'à préfent. L'huile de Laurier-cerife eff un poifon pour les ferpens. Je fis avaler è un ferpent cinq gouttes d’huile de Laurier- ecrife. À peine les eut-il prifes, qu'il fe mouvoit peu et avec peine; en moins de deux minutes il paroiffoit tout-à-fait mort et il ne lui reftoit que quelque petit mouvement dans la quêue, lequel cella peu de tems après. On avoit beau le ftimuler par- tout fon corps, aucune partie ne remuoit plus. Ayant ouvert le thorax, je trouvai le coeur et les oreillettes immobiles; mais dès que je les ftimulai avec la pointe d’une aiguille, ils commencerent à fe mouvoir, et leur mouvement continua pen- dant pluficurs heurès. Finalement je ffparai lé coeur du tho- rax , et il cefla auffitôt de fe mouvoir. Mais toutes les fois que je le touchois avec la pointe d'une aiguille, il fe contraétoit; mais une feule fois; et il demeura aînfi pendant plufieurs heu- res. Il ne fe mouvoit jamais fpontanément, et ne faifoit ja- mais plus d’une contraftion à chaque fois que je le picquois avec l'aiguille. Je fis une bleffure d'environ un pouce de longueur dans les mufcles de la queue à un jeune ferpent, et je mis par def- fus, environ 40 gouttes d’huile de Laurier-cerife. Ce ferpent mourut en moins de ro minutes fans donner des marques de convulfions, et fans qu'il reftat le moindre figne d'irritabilité dans tout fon corps. L'huile ‘ bi LE" - 38:r L'huile de Laurier-cerife eff un poifon pour les ferpens ; lorsqu'on Papplique fior leurs mufiles, "0 Je découvris üntlong trajet! des mufcles de la queue à un ferpent ordinaire; et je les bleflai em plufieurs endroits. J’y ap- pliquai partout et abondamment de l’huile de: Laurier-cerife ; et un moment après jy en mis de nouveau. Em moins d’une minute. le ferpenti paroiffoit fe. mouvoir peu etavec difficulté . Le mouvement des'différentes: parties étroit d'autant: moindre », quelles éroient plus: voifines: de Ja queue: Une heure-après ; fes mouvemens. avoient cependant repris en grande: partie leur pre- miere vivacité . Je: rentis alors. de nouvelle huile für les mêmes bleffares', et en moins d’uné minute à peine put-il fe remuer; et il demeura replif en zigzagi Eni moins d’une demi-heure. de plus il redevint difpos comme: auparavant . Jappliquai à un au- tre ferpent lhuile de Laurier-cerife fur: les. mufcles de la queue par deux fois. Il revint la preratereet la feconde fois, quoi-. qu'il eût paru mort, et qn'it fût:refté pendant. pluficurs heures dans cet Ctat. Cependant la feconde fois après étre revénu au. point de paroître très-vif, if mourut de lui même em peu d'heures . li qual. eb dll On ne peut pas: niet, que’ cette hüile- ne: produifé, même en peu de tems, de fortes altérations,: lorfqu'elle:eft'appliquée aux mufcles des ferpens,. mais elle: ne va: cependant. pas jus- qu'à les tuer lorfqu'ils font gros, et ne tue pas promptement Jes petits: du moins dans les circonflancés que nous: avons ob- fervées ; quoiqu'il foit vrai d’ailleurs, que. rousumeurent lifacile, ment fiton leur fait avaler, de cette huile, même. à très-peti- te, dofe :: Elle 332 Elle el un poifon pour les Viperes, lors même quelle Welt quappligule Sa leurs muféles . (1 Jétois curieux dé voir fi l'huile de Laurier-cerife appliquée fur les bleffures artificielles faites aux Viperes feroit meur: iere, ct fi elle le féroit! moins que lorfqu’on la leur donne inté- rieurement, comme on l’a vu ailleurs. Tant de l’efprit que de l'huile il réfulte d’une longue fuite d’éxpériences, que j'ai faites pour cct'iobjet, que l'huile appliquée aux mufcles produit. de grands dérangements dans les Viperes, mais beaucoup moindres que lorsqu'on Ja leur donne intérieurement. Dans ces cas, le coeur continuoit à fe mouvoir de même que dans les autres ani- maux à fang froid, tandis que tout le refte de l'animal étoit immobile et infenfible aux ftimulans même des plus a@ifs, Jai parcillement obfervé, que lorfque j'ai introduit quelque goutte de cette huile dans l'ouverture naturelle de la Vipere vers la queue , la Vipere en eft morte, et de la mème maniere que dans les autres:cas rapportés ci-deflus, c’eft à dire, -avec perte, d’irritabilité des mufcles, et continuation des mouvemens du coeur, Je bagnai d'huile de Laurier-cerife, les mufcles de la queue dépouillés de la peau fur un long trajet, et bleflés en plu- fieurs endroits, à une Vipere; un inftant après elle avoit: per- du le mouvement du corps vers la queue; elle fe tordit et s’en tortilla; cHe groflit confidérablement ct parut éprouver: de. for. ts-convulfions. Je baignai auffi de cette huile les .mufcles de la queue à une autre Vipere : au bout de 20 fecondes à peine pou- voit ‘elle fe mouvoir. Elle étoit contraftée et entortilite elle paroifloit groffie prefque du double, ct ergourdie. Elle mou- rut en moins de trois heures. Elle CP hill ne M n 333 Elle eff suffi un ‘poifon pour les pigeons, lorfawelle eff appliquée coiffer leurs mufèless H futfira de rapporter ici quelques unes des expériences que j'ai faites fur les mufcles des pigeons , à fin qu'or on vois com- ment cette huile les tue. Je dépouillai de la peau toute fa de à un jeune pi- gton, et'je bleflai les mufcles en plufieurs endroits fans cou- per aucun vaiffeau rouge viñble. [y appliquai environ. 2a gouttes d’huite de Laurier-cerife . La partie découverte de la jambe , et enduite d'huile, avoit plus d’un peuce quarré de fu- perficie. Ce ne fut qu'au bout de 6: minutes; que le pigeon parut ne fe foutenir-pas bien fur fes pieds. Au bout de 3 au- tres minutes, it cut quelques convulfions, et il tomba. enfin far fon corps. Après fix minutes de: plus, il paroïfloit fans force, quoiqu'il refpirât encore, et qu'il eût les yeux ouverts.. Après fix autres minutes, il commenga de remuer-un peu, et il fue tranquille pendant 20 autres minutes. Enfin il fe réts- blit, et revint en fanté comme auparavant. ds Je découvris la poitrine, et je bleffai en plufieurs endroits les. mufcles à um pigeon très-jeune , et jy appliquai environ 20 gouttes d'huile. Cinq minutes après, il étoit très-foible, et fe foutenoit mal fur fes pieds; mais il ne mourut pas, et n'eut point d'autres fymptômes. La plaie étoit fort grande, et bicn couverte d'huile . Je répétai cette expérience far un autre pigeon, et je lui appliquai 20 gouttes d'huile, comme ci-deffus. Au bout de 3 minutes, il ne fe foutencit plus fur fes pieds , et cinq minutes après , il étoit mort. Deux 334 «Deux autres pigeons un peu plus gros ne moururent pas » quoiqu ‘ils fuffent traités exactement de même que le précedent. Je revins aux expériences fur les jambes. Jen decouvris une en entier à un pigeon de moyenne grofleur, et je bleffai les mufcles en beaucoup d’endroits.. Jappliquai' fucceffivement aux bleffures plus de 30 gouites d’huile: au bout de 30 minu- tes il ne fe foutenoit plus fur fes pieds, mais il revint bien- tot, et ne mourut pas. , Cette ‘expérience eut le même fuccès fur deux autres pi- geons : aucun des deux ne mourut, quoique d’un et l'autre fe fou- tiffent mal fur leurs pieds au bout de peude minutes; et ils furent bientôt guéris; mais ayant été répété fur deux autres beaucoup plus jeunes, quoique leurs jambes fuffent moins découvertes» et que jy eufle appliqué moins d'huile, ils moururent tous deux avec de fortes convulfions en moins ‘de trois minutes. Il réfulte de toutes ces expériences, que l’huile de Law- rier-cerife eft vraiment un poifon pour les animaux lors même qu'on l’applique immediatement aux mufcles par le moyen des bleffures , mais qu’elle «ft beaucoup moins meurtriere , que lorf- qu'on la leur fait avaler. Elle eft un peifon lrfywelle efl appliquée aux yeux des pigeons. Je paffe «encore fous filence diverfes expériences que jai faites fur les yeux des pigeons. Il fuffit de favoir que l’huile de Laurier-cerife appliqué à ces organes eft un poifon violent, et tue ces animoux en peu de +ems, comme les tue l’efprit extrait de cette plante. Cette 335 Cette huile appliquée au coeur, le rend immobile. La faculté que poffede l'huile de Laurier-cerife d'enlever l’irritabilitè à la fibre charnue m'engagea d'éprouver fi étant ap- pliquée immédiatement au coeur, elle le rendroit immobile, même aux ftimulans extérieurs. Confequemment j'en fis tom- ber quelques gouttes fur le coeur de plufieurs grenouilles ; il cefla bientôt de fe mouvoir, et ne fût pas remis en mouve- ment par les piquûres d’une aiguille. L’efprit de Laurier-cerife pro- duit le même effet, mais moins promptement, ct moins par- faitement que l'huile. Appliquée au cerveau, elle tue. q Je fus enfuite curieux de voir, fi étant appliquée au cer» veau des grenouilles cette huile leur feroit mortelle, et j'ob- fervai qu'au bout de peu de minutes à peine pouvoient elles fe mouvoir, et qu’elles moururent en moins de 6 minutes. Le coeur continuoit cependant encore de fe mouvoir. Le cer- veau étant ftimulé, aucune partie des grenouilles ne fe con- traîtoit, mais lorfque jeus enfoncé une épingle tout le long de la moëlle épiniere, les pattes fe mürent avec force. Ce dernier réfultat feroit croire que la fubftance nerveufe mife en contatt avec l'huile de Laurier-cerife perd le pouvoir de con- tratter les mufcles; mais que cependant ce poifon n’a la force de l'enlever qu'aux nerfs, ou produétions nerveufes, qu'il tou- che immediatement. Tome IL. Y y Elle Elle dépouille les nerfs , avec les quels on la met eu conta; de la faculté de contra&er les mufîles, Pour m'en affurer, je penfai à l’appliquer fur les nerfs cruraux des grenouilles, ct j'obfervai qu'en moins de deux mir nutes l'animal avoit perdu la faculté de contraëter fes pattes, et que lorfqu'on ftimuloit ces nerfs avec l'aiguille, à Pendroit où Fhuile avoit touché, ils ne mettoient plus les mufeles en mouvement. Mais toutes les fois que je les ftimulois vers les jimbes; où l'huile n’avoit pas atteint, les pattes fe. contra- étoient fortement. Les nerfs ne font donc pas l'organe ou l'in- ftrument, par lequel l'huile de Laurier-cerife communique fes mauvaifes qualités aux autres parties de l'animal, et le nerf même n’eft capable de les éprouver, que dans l'endroit précis où l'huile a été immédiatement appliquée. L’efprit de Laurier- cerife produit des effets analogues à ceux de l’huile, quoique moins forts, quand on, Fapplique de même aux nerfs. Il eft tès-probable que l’aftion de l’huile et de Flefprit appliqués aux nerfs eft fimplement méchanique, et que ces deux fubftan- ces agiflent à l’inftar des fubftances qui mordent et crifpent. Cette buile tue dans les firngsites la partie qu'on lui fait toucher. J'injeai dans la gueuie, à quelques fangfües, de Fhuile de Laurier-cerife: elles moururent fur le champ, ot ne furent plus irritables par les ftimulans extiricurs. Il en arriva de mé- me lorfque. j'injeétai l'efprit de cctte plante: Jen injeétai quel- ques unes prefque jusques à la moitié de leur longueur, en empêchant par une ligature, que l'huile m'allàt pas au de Rà, et je LA 337 je vis avec furprife, que la moitié injeQte toit morte, et l'autre moitié vivante, fet que celle-ci vécut ainfi pendant un très-grand nombre d'heures. La partie morte nétoit plus irri- table par aucun ftimulus . Ce phenomenc fi fingulier n’a point lieu dans les Serpens, ni:dans les Viperes, qui meurent tout entiers prefque dans le même tems; ct cette différence peut deriver principalement de la diverfité du mouvement des hu- meurs dans ces animaux, relativement aux autres. Je baignai extérieurement d'huile de Laurier-cerife la moi- tié d'une fanglüc, du coté de la gucule. Au bout de trois mi- nutes, la partie baignée ne remuoit point. [L'autre moitié Étoit encore vivante, et dans un grand mouvement au bout de fix heures. Dans une autre fangfüc, je baignai la portion qui regarde la queue. En moins de 2 minutes, cette moitié Ctoit immo- bile, mais l’autre continuoit de fe mouvoir, même au bout de 6 heures. | Je touchai avec l’huile de Laurier-cerife une portion cou- pée de la queue d’un Serpent. En moins de demi-heure elle cut perdu tous fes mouvemens. L'hnile injetlée par la jugulaire , «ue les animaux. Les exemples multipliés que j'ai rapportés ci-deflus, des fa. cultés . meurtricres de l'huile de Laurier-cerife me firent pen- fer, qu'étant injeétée dans le fang, elle pourroit porter la mort dans les animaux ; quoique jeufle injeté; à Londres, deux ans : quparavant, l’efprit de Laurier-cerife dans les lapins, fans qu'ils en fuflent morts. Je préfumai que l'huile étant plus mordante ct beaucoup plus brûlante que l’efprit, agiroit fur le fang avec d'A beau- 338 beaucoup plus d'Energie. Je voulus en conféquenec tenter di- verfes expériences. Finjeétai dans la jugulaire è un gros lapin dix gouttes d'huile de Laurier-cerife aux quelles javois mêlé cinq à fix gouttes d’eau. Au moment où l’huile entroit dans la jueulaire par le moyen de la feringue, l'animal mourut avec quelques convulfions. J'ouvris le thorax, et je trouvai le fang plus noir qu'il ne left naturellement. Le ventricule gauche du coeur et fes orcillettes éreient prefque vuides, ct le peu de fang qui y reftoit étoit coagulé. Le ventricule droit et fon oreillette étoient gonflés et remplis de fang coagulé. Tout étoit en re- pos, et les flimulus n’excitoient aucun mouvement. Le pou- mon Ctoit tout couvert de grandes taches obfcures, noires» avec du fang coagulé dans tous fes vaiflcaux , et peut-être mé- me extravasé en pluficurs endroits. Il étoit refté de l'huile dans le petit fiphon, ainfi j'eflime qu'il en étoit à peine entré cpt gouttes dans la jugulaire. Je diminuai la dofe de l'huile pour un autre lapin, et je ne lui en injeGai que cinq gouttes, unies avec la mème quan- tité d’eau. Ce lapin mourut à l'inffant, avec quelques convul- fions. Je lui ouvris auflitôt la poitrine, et je trouvai le coeur et les orcillettes en mouvement. Le ventricule et l’orcillette droite étoient gonflés, et les cavités oppoftes avoient peu de fang . Peu de tems après, le coeur cefla de fe mouvoir; et je trouvai le fang de l’orcillette droite ct de fon ventricule un peu vifqueux et noir. Dans les cavités oppofées il y avoit peu de fans , et il étoit rouge. Le poumon étoit tout taché de fang; mais un peu moins que dans le premier cas, et le fang pa roilloit ftagnant dans fes vaileaux . Je x 339 Je ne crois pas qu'il fût entré plus de trois gouttes d’hui- le dans la jugulaire , et cependant l'animal mourut dans l’in- ftant. On ne pout pas douter ici, qui la caufe de la mort ne foit dans le poumon et dans le fang qui eft flagnant dans fes vaifleaux . Il eft fuperflu de faire remarquer , que la mort qui arrive fi fubitement , et avec les fignes certains d’une coagula- tion générale dans. le poumon , exclud direfmement la, préten. due a&ion für les nerfs, et fourmit une véritable preuve con- tre ces organes . Fai enfuite obfervé que fi l’huile eft infette en beaucoup moindre quantité, ou la mort ne s'enfuit pas, ou elle arrive plus tard, et alors il y a de très-fortes convulfions, produites certainement par l'anxiété que caufe à l'animal le fang qui de- vient peu à peu ftagnant dans fes vailleaux - L’efprit de Laurier-cerife tue aufi lorsqu'il ef injecté dans les vaileaux . D'après ces dernieres expériences, il étoit naturel de foup- gonner . que l’efprit de Laurier-cerife! inje@é dans. les vaifleaux pourroit bien tuer auffi, er que mes expériences faites. è Lon- dres n’étoient pas concluantes, parcequ’elles étoient en.trop pe- tit nombre, ou peut-être encore, pareeque® je. m'étois fervi d’efprit peu adif. Quoiqu'il em foit, J'ai voulu m'en afluref de nouveau par l'expérience, et je mai pas rougi d’oppofer à mes propres expériences, de nouvelles expériences plus décifives , plus précifes , et plus nombreufes . | Je préparai donc de l’efprit de Laurier-cerife cohobé trois fois et en ayant mis environ so gouttes dans le: fiphon, je les injetai dans la jugulaire d’un lapin; mais peu de tems après l'injettion , et peut-être en moins de 40 fecondes, l’animal mou- rut 340 rut dans les convulfions, qui ne furent cependatit ni fortes ni de durée. Ayant ouvert le thorax, je trouvai le poumon tout taché , maïs de très-petites marques, comme des points rougei- tres et obfcurs. Le fang paroiffoit vifqueux et ftagnant dans les vaifleaux de ce vifcere, et je le trouvai vifqueux et noir. dans le cocur. | Cette expérience répétée fur trois autres Lapins eut un fuccès peu difiérent, et l'un des trois mourut à l'inftant de l’injeion . L’efprit que j'injefois étoit de la plus grande agivité; et il tuoit três-promptement les animaux auxquels je le donnois mème à très-petite dofe . Je ne rapporter:i pas un plus grand nombre d'expériences ; parceque celles qu'on vient de voir rem- pliffent fuffifamment mon objet; mais j'ai obfervé dans un co- chon d'Inde de groffeur médiocre un cas fingulier qui mérite d'être noté. Je lui fis avaler une cucillerte è caffé, d’efprit de Laurier-cerife de la troiftième cohobation. "A peine l’eut-il pris, qu'il tomba comme mort; et il refta dans cet état pendant 6 minutes: tout d’un coup il fe leva et fe mit à courir, quoi- qu'avec quelque difficulté. Au bout de peu de minutes, il pa- roiffoit auffi fort et aufli vif qu'avant de boire cette liqueur. Je le trouvai moft deux heures après. M cft donc hors de doute que l’efprit de Laurier-cerife mé- me, donné à des dofes fuffifantes, et rendu plus aGif par des cohobations, ef un poilon violent quand’l et introduit dans le fang par la jugulaire; et qu'il tue à l’inftant; enferte que ce poifon ne fait plus exception à la loi que nous, avons obfervée pour les autres poifons, lefquels introduits immédiatement dans e fang, fans toucher aux parties folides bleflées ni aux nerfs, tuent immédiatement, en peu d'inftans, ct avec convulfons Non 3417 Non feulement il eft abfurde d’avoir recours aux nerfs pour expliquer l’aétion de ce poifon dans ces cas; mais encore cette ‘bypothefe imaginaire cit. entierement fuperflue , puifque fes ter- ribles effets contre le fang font fi évidens. La pierre à Coutere ne vend pas innocente Phuile de Leurier-cerife . _ J'étois curieux de favoir fi Ja pierre à cautere , mêlée fous forme de CI l'huile de Laurier-cerife, ne lui ferviroit pas de corredif. Je fis plulicurs petites bleffures. aux mufcles de, la poitri- ne à un piscon, j'y appliquai de cette pâte en moins d’une minute , il fut pris de convulfions, et il mourut un inftant après .. Je répétai cette expérience fur un autre pigcon. Au bout de fix minutes, il eut de très-fortes convulfions, et peu de tems après, il mourut. Je fis une expérience de comparaifon pour voir ce que pour- roit opérer la pierre. è cautere feule, appliquée aux mufcies bleflés de la poitrine, à unautre pigeon. Il parut un peù trou- blé, mais il fe remit promptement, fans éprouver la moindre convulfion , et il ne mourut pas. Jappliquai la pâte empoifonnée dont je viens de parler, à quattre autres pigeons préparés comme ci-deflus . Ils mouru- rent tous dans les convulfions en moins de 5 minufes. If eft donc évident que l’alkali cauftique n’eft pas un cor- reétif des qualités meurtrieres de l’huile de Laurier-cerife, non plus que de celles de Pefprit de cette plante, fuivant les ex- périences que j'ai faites fur cette fubftance, et que je me difpenferai de rapporter. Sur 342 Sur l'Opium . Je défirois depuis fort longtems de connoître par mes pro. pres expériences les effers de l’opium appliqué au corps vivant. Le peu d’uniformité qui fe trouve dans les Auteurs qui ont trai- té des proprictés de l'opium, étoit un puiflant aiguillon pour m'exciter à m'appliquer sérieufement fur une matiere fi intéref- fante. Les expériences que j'avois faites fur lapplication im- médiate de l’opum fur le nerf, dont on ia parlé dans le Second Volume de cet Ouvrage, étoient en trop petit nom- bre, et trop peu variées, pour me mettre en état de par- ler avec aflurance, et fans rifquer de me tromper, fur cette matiere. Un peu de loifir, au moment où j'y penfois le moins, m'a permis enfin de faire fur l’opium un grand nombre d'ex- périences dont je ne donnerai pour le préfent que quelques re- fultats des plus généraux , avec un petit detail des faits nécef- faires pour bien juger de la matiere. Javois annoncé, il y a plufieurs années, que l’efprit de vin appliqué aux nerfs cruraux des grenouilles, dépouilloit | ces nerfs de la faculté de contracter les mufcles, et qu’on devoit attribuer l'effet entier, non pas à l’opium , inais à l’efprit dans lequel il étoit diflous ; puifque l'expérience m'avoit démontré que l’opium feul diffous dans l’eau n'altéroit en aucune manie- re les nerfs fur lefauels on l’appliquoit . L’illuftre Haller s’étoit fervi de mes expériences et réfultats dont il s’agit, dans plu- fieurs endroits de fes Ouvrages , contre l’Anglois Robert Whitt, qui foutenoit partout l’aétion immédiate de l’opium fur les nerfs mêmes. Les différentes expériences que d'autres Phyficiens ont fai- tes après moi, et qui ne font pas très-conformes aux mien- nes, 343 ‘nes, et les diverfes hypothefes que les auteurs ont foutenues dans ces derniers tems, fur lation de l’opium, m'ont obligé de répéter quelques unes des expériences que Jj'avois faites il y a fort longtems, et de leur donner plus d'’extenfion et de certitude . Jai cru devoir commencer fur les animaux à fang chaud mes expériences, et appliquer lopium à différens organes et à différentes parties du corps vivant. Et comme les fubftances fpiritueufes font un des meilleurs diflolvans de l’opium, jai voulu examiner avant tout les effets de la diflolution d’opiam faite avec l’efprit de vin. Jai employé une once d’opium, et trois ences d’efprit de vin bien mélés enfemble et chauftés au bain marie. La diffolution d’opium dans l’eau étoit faite fans un atôme d’efprit de vin, c’eft à dire, d’une cosce d’opium et de trois onces d’eau, pétris enfemble dans un mortier, et mis enfuite dans un vaifleau au bain marie pendant pluficurs minutes, et jy ajoutois de nouvelle eau felon l'exigence, dans les différens cas. Réfulrats des Expériences. Les cochons d'Inde, auxquels je fis boire une cuillerée d’efprit de vin perdirent le mouvement à Finftant, et mou- rurent en moins de 20 minutes. Ceux qui \avalereat l’opium diffous dans l’efprit de vin perdirent le mouvement en peu de minutes, ct moururent en moins de 27 minutes. Ceux à qui l’opium diffous dans Fefprit de vin fut inje- Eté dans le bas ventre perdirent à l’inftant leur mouvement, et moururent tous en moins de demi-heure. Ceux auxquels j'injeétai la même préparation d’opium, fous In peau, moururent en moins de demi-heure, et à pei Tome I Z .z ne 344 ne l'injeftion étoit elle faite, qu'ils ne pouvoient plus remuer leurs: pattes de derriere. Ceux auxquels je l’injeRai par l'anus, moururent au bout d’une heure, et ne fe foutenoient plus fur leurs pieds au bout d’une demi-heure. Ceux à qui je fis boire l’opium diffous dans l’efprit de vin, moururent au bout de trois heures; à peine l'eurent ils avalé qu'ils paroifloient morts. Ceux auxquels l’opium diffous dans l’eau fut injeété dans le bas ventre, moururent en moins de deux heures; ils perdi- rent la plus grande partie de leur mouvement en moins de demi-heure, et éprouverent de fortes convulfions . Ceux auxquels on injeéta la même préparation d’opium fous la peau ,smoururent au bout de trois, heures. Au bout de demi-heure ils avoient perdu le mouvement , furtout aux pat- tes de derriere. Ceux à qui je fis boire cet opium diffous dans l'eau, per- dirent le mouvement peu de tems après, mais il n’en mourut que deux de dix fur lefquels je fis cette expérience. Ceux auxquels on injefta par l'anus l’opium diffous dans l’eau moururent en moins de trois heures; mais au bout d’une demi-heure ils ne fe foutenoient plus fur leurs pieds. C’eft donc une vérité de fait, confirmée par toutes mes expériences, que l’opium tue les animaux à fang chaud; mè me lorfqu'il eit fimplement diflous dans l’eau, quoiqu'il foit vrai d’ailleurs, que quand il eft diflous dans l'efprit de vin, fes effets font plus prompts, et plus grands; mais alors ils pro- vienneñt, au moins en grande partie, de l'efprit de vin mé- me; puifqu'on a vu que l’efprit de vin feul les peut tous pro- duire, et quil les produit même plus grands et avec plus de promptitude . Mes 345... Mes expériences avec l’opium diffous dans l’efprit de vin ou fimplement dans l’eau, ont été faites jufqu'ici fur les ani- maux à fang chaud. Fai voulu les répéter, Jes varier, et les généralifer dans les animaux froids, dans lefquels j'ai préfumé que jobtiendrois des réfultats également neufs et importans, par la raifon que j'allois opérer fur des êtres beaucoup plus ir- ritables, et dont la vie eft plus longue, et plus tenace. Jai choifi les tortues et les grénouilles, de préférence à pluficurs autres animaux, et j'ai fait auffi quelques épreuves fur les fangfües; animal très-fingulier et bien différent, tant par fes organes, que par fes fonctions vitales, de tous les au- tres animaux connus. Réfiltats de quelques expériences faites [ur les Sançsües . querg Les fangsües mifes dans l’efprit de vin meurent en deux, ou trois minutes. Les fangsües mifes dans l’opium diffous dans l’efprit de vin, meurent prefque dans le même efpace de tems . Les fangsües mifes dans l’opium diffous dans l’eau meu- rent à peu près dans le même efpace de tems. J'ai plongé dans l’éfprit de vin la moitie du corps d’une fangsüe , et peu de tems après, j'ai trouvé que cette moitié avoit perdu tout mouvement; tandifque l’autre moitié conti- nuoit de vivre. L'expérience réuffit également, foit qu’on plon- ge la fangsite du côté de la tête, ou du côté de la queue. J'ai obtenu les mêmes réfultats, en plongeant la fangsüe dans l’opium diflous par l’efprit de vin, et dans Popium dif- fous par l’eau. Et jai regardé comme un phénomene tout particulier, que la moitié d’un animal meure, et que l’autre F2 2 de- 346: demeure en vie comme fi elle n'avoit reçu aucune altéra- tion, aucun mal. Quant à l’action de l’opium fur ces animaux, il paroit certain qu'on doit le confidérer comme un poifon très-violent. Expériences fur les tortues. Tortwes aux quelles on a fait avaler différentes fubffances . Une tortue à qui Jai fait boire de l’efprit de vin cft morte en moins de 20 minutes. Une autfe tortue ayant avalé de la diffolution d’opium par l’efprit de vin, eft morte dans une heure. Une autre, après avoir avalé de l’opium diffous dans l'eau, a confervé fa vivacité pendant 4 heures : clle ct morte au bout de 10 heures. | J'ai répété ces trois expériences fur fix autres tortues dans les mêmes circonftances, et les réfultats ont été entierement analogues aux précédens. On voit d’un coup d’ocil, que l’opium, quoique diflous dans l’eau, agit fortement fur ces animaux, et va juqu'à les piiver de la vie; mais que fon aëtion cft peu dechofe en com- paraifon de celle de l’efprit de vin. InjeCions faites dans l'anus aux Tortues, Vinje@ai par l'anus, au moyen d’une petite féringue de criftal, trois tortues de la même grofleur. Dans l’une j'inje- tai de l’efprit de vin, et peu de minutes après, à peine pou- voit elle fe mouvoir. Au bout d’une heure, elle étoit tout-à- fait morte. À une 347 A cune autre J'injeétai une égale quantité de forte diflolu- tion d’opium faite avec l’efprit de vin. Au bout d’une demi- heure, à peine paroïfloit-elle vivanté et remuoit-elle: au bout de fept heures elle mourut; mais le cotur continua de fe mou- voir pendant une heure après. J'injectai la troifiéme avec tout autant de la diffolution d’opium faite par l’eau: elle étoit encore très-vive au bout de fix heures, et elle en vécut 16. Jai cependant obfervé qu'en général les tortues ne meurent pas lorfqu'’on leur injeéte par d’anus l’opium diffous dans l'eau . Les tortues aux quelles jinjectai par l'anus l’opium diffous dans l’efprit de vin moururent toutes en moins de trois heures : à pei- ne l'injection cit elle faite, qu’elles perdent leur force et leur vivacité ; ct au bout de demi-heure, elles me donnent prefque plus figne de vie. L'action de l’opium diffous dans l’eau, introduit même par l'anus, paroit clairement, quoiqu’elle foit foible et lente, en comparaifon de celle de l’efprit de vin. Inyettion faite fous la peau des tortues. Je fis une ouverture à la peau entre les jambes et le bas- ventre à une tortue, avec une lancette; et j'y inieétai de l’efprit de vin. En peu de fecondes elle perdit le mouvement, et el le mourut en moins d’une heure. J'injeétai dans une autre tortue une égale quantité d’opium diffous dans l’efprit de vin. Au bout de fept minutes, elle pet- dit le mouvement, et elle mourut au boat de 4 heures. Dans une troifiéme j'isjeétai une diffolution d’opium faite. avec l’eau. La tortue étoit encore vivace deux heures après, et mourut au bout de huit heures. Les 348 Les mêmes expériences répétées fur neuf autres tortues m'ont préfenté des refultats entierement ‘analogues; énforte qu'il ne refte aucun doute fur l’aétion de l’opium diflous dans l’eau, lorfqu'on l'injcéte fous la peau dans les tortues. Tortues aux quelles on a découvert le coeur. Jétois curieux de voir quelles altérations éprouveroit: le cocur des tortues , fi l'on y appliquoit de l’efprit de vin; et de l’opium . i | Je dépouillai du pericarde le coeur à une tortue, et jy appliquai de l’efprit de vin à plufieurs reprifes fucceffives. Au bout de 20 minutes le coeur ne remuoit plus, quoique l'an mal continuiìt de vivre; il mourut cependant en moins d’une heure, et ne fut plus irritable dans aucune partie de fon corps: J'appliquai au coeur d’une autre ‘tortue, preparée comme ci-deflus une diflolution d’opium par lefprit de vin. Au bout d’une demie-heure il étoit immobile, même étant ftimulé: L'animal mourut au bout de 3 heures. Jappliquai au coeur d’une autre tortue de la diffolution d’opium faite dans l’eau: et il continua de fe mouvoir très- bien pendant 2 heures: il remuoit encore un peu au bout de fix. La tortue ne mourut qu’au bout de huit heures. J'appliquai au coeur d’une quattriéme tortue une. diffolu- tion de quinquina faite dans l’eau: ce coeur fe mouvoitenco- re fix heures après, mais fort peu: l'animal mourut au bout de huit heures. Je découvris le coeur à une autre tortue, et je l’arrofai fucceffivement de plufieurs gouttes d’efprit de vin. Les deux oreillettes ceflérent de fe mouvoir dans l’inftant , ‘et le. coeur en 349 en moins de deux minutes ne remua plus, même étant ftimu- lé. La tortue continua de vivre très-longtems dans cet état. Jouvris le thorax à trois tortues, et je verfai fur le coeur à l’une, de l’opium diffous dans l’eau; à l’autre de Popium dif fous dans l’efprit de vin, à la troifiéme du laudanum de Sidenham . Celui de lefprit: de vin icefla de: fe mouvoir plufieurs heures avant les deux autres, qui ceflerent enfin de fe mouvoir pref- que de concert, Lie coeur fur le quel avoit été appliqué le laudanum ne battoit depuis quelque rems, que de deux en deux contractions ides oreillettes ; enfuite dé trois en trois; et alors, l’animal étoit: tout-à-fait mort. Le coeur reftoit contra- Eté d'autant plus longtems, que les intervalles entre les contra- «tions de ce mufcle étoient plus longs: phénomene fingulier et nouveau, quon ne fauroit facilement expliquer par les théories ordinaires . Ces expériences ne fufhfent pas pour certifier que l’opiz diflous dans l’eau n’a aucune aétion fur le coeur ; d'autant pius que lorfqu'on applique l’opium fur ce vifcere pendant qu'il tient encore au thorax, il y refte des vaiffeaux et du fang, au mo- yen defquels, cette fubftance peut s’introduire dans le torrent de la circulation, fe porter à tous les autres organes, altérer l'économie de l’animal , enforté qu’on ne peut dans ice cas at- tribuer à fon application immédiate fur le coeur, ce qui peut- être l’effer de l’altération du fang, ou de quelqu'autre eaufe: in- connue; afin que l'expérience fût décifive, et: hors d’équivo- que, et de, difliculté il falloit la faire de maniere, que Ile coeur feul, à lexclufion des autres parties, éprouvàt l’aëtion de l'opium. Je penfai donc À proceder de la maniere fuivante . Tor- 950 Tortues auxguelles le coeur n ésé détaché du thoraw. Jenlevai le coeur du thorax à une tortuc et je le couvris d’efprit de vin. Peu de minutes après, il ne remuoit plus. Je mis de la diffolution d’opium par Vefprit de vin, fur un aûtre coeur de tortue. Au bout d’un quart d’heure, à pei- ne fe contraétoit-il, et au bout de 26 minutes, il ne remuoit plus, même étant ftimulé. Je plongeai ùn autre coeur dans la diffolution d’opium par l'eau. Il remuoit encore, mais peu, une demi-heure après. Au bout de deux heures, il étoit tout-à-fait en repos. Je plongeai un autre coeur dans l’eau fimple ; et il fe mou- voit encore un peu, au bout de trois heures. Un autre fut plongé dans une diflolution de quinquina faite par l’eau: il ceffa de fe mouvoir au bout de deux heures. Je fis trois autres expériences fur le coeur féparé du tho- rax, et plongé dans la difiolution d’opium faite par l’efprit de vin; et je ne pus m'appercevoir d'une différence fenfible dans la diminution et la perte du mouvement, en comparant ce cocur avec d’autres, dont favois mis deux dans la diffolution de quinquina , et l’autre dans Feau. Il paroît donc très-probahle, fi non certain, du moins par le peu d’expériences que j'ai rapportées, que l’opium diffous dans l’eau n’a aucune aftion immédiate fur les mouvement du coeur dans les tortues: vérité neuve importante, contraire aux opinions des plus grands Phyficens de ce fiecle, et qui mérite que d’autres, qui auront plus de loifir que moi, exa- minent cette matiere importante en multiplitant les expérien- ces, en les variant de pluficurs manieres , et en fe précaution- lant 351 fant autant qu'il eft poffible contre les circonftances acciden- telles. Il faut faire attention que l’opium forme un fluide glu- ‘tineux, et qui fe déffeche promptement lorfqu'il eft appliqué fur les parties. J'évite ce dernier inconvenient en hume@ant de tems em tems les parties avec de l’eau commune. Grenosilles aux quelles on a fair avaler l'Opium. Je fis avaler è une grenouille environ 40 gouttes d’efprit de vin. 4o minutes après, elle étoit morte. Je fis boire à une autre, 40 gouttes de diffolution d’opium par l’efprit de vin. Au bout de 40 minutes, elle étoit morte. Je fis avaler è une troifféme, autant d’opium diflous dans lesu. 25 minutes après, à peine romuoit-elle... Elle étoit ren- verlée en arriere, avec fes jambes tendues. Elle mourut en moins de trois quarts d'heure. Ces expériences étant répérées far 12 autres grenouilles, préfenterent bien quelques différences; mais non pas telles qu'on ne puille donner pour certain, que Fopium, mème dif- fous dans l'eau, tue les grenouilles en peu de tems, et qu'il leur caufe des convulfions et la rétraétion des parties mufcu- laires . Grenouilles inselées [ous la peau. pe Jinje&ai une grenouille fous la ‘peau’, avec de lefprit de vin. Elle étoit morte une minute après. Ven injeétai une autre, avec de l’opium diffous pre Tefprit de vin, et peu de tems après elle ne remuoit plus Rs pattes. Elle fit cependant quelque mouvement au bout de 35 minutes ; ét elle mourut au beut de 40. Tome IL A 22 Jinje- Pinje@ai\une autre grenouille avec de l’opium diffous dans l'eau: Au hout:de 10: minutes, «elle remuoit à. peine, et avoit les jambes roides et tendues. Elle mourut au bout de 40. 1 Je répétai la même expérience fur beaucoup d’autres gre- nouilles, .etles effets furent prefque les mêmes. Il eft donc cer- tain que l’opium diffous dans l’eau tue ces animaux, Jorfqu'on le leur injecte fous Ja peau. Coeurs de grencuilles découverts, mais tenant au Thorax . Je couvris d’opium diffous dans l’eau le coeur. à trois gre- nouilles ; et Jen baignai un quattriéme avec de l’eau, pour fai- re une expérience de :comparaïfon. Je ne pus appercevoir de grande «diflérence dans la ceïlation du mouvement de ces quat- tre cocurs. Dans fix autres grenouilles, je trouvai que le mouvement avoit ceflé un peu plutôt dans les coeurs où j'avois appliqué l’opium; mais ayant répété la même expérience fur fix au- tres, Jobfervai le contraire, et je trouvai, que ceux auxqgucls Jawois ‘appliqué J’opium -avoient ceflé de fe mouvoir plus tard, que d’autres fur lefquels j'avois mis de la diffolution de quin- quina; de forte que je ne peux pas conclure de mes expérien- ces, que l’opium-diminue» l’irritabilité: et le mouvement du cocur , du moins dans les crenouilles . VA fin de pouvoir établir quelque chofe de plus certain, Jai fait les expériences fuivantes. n a Coeuxs. de grenouilles (paris du. T] borax . so Je mis un coeur de grenouille dans l’efprit de vin. H ccfla de fe mouvoir ea deux fecondes, Jen 353 Jen mis un autre dans une diffolation d’opium par l’efprit de vin. Il cella de fe mouvoir en zo fecondes . Jen mis un troifiéme dans l’eau pure. Il continua de fe mouvoir pendant 4o minutes. Je mis trois coeurs dans l’eau pure. L'un ceffa au bout de 24 minutes; mais il reprit fon fes ofcillations à plufieurs. reprifes . Un autre au bout de 10 minutes, mais il reprit tout feu fes mouvemens. Le troifiéme au bout de so minutes. Jai répété ces expériences fur plus de 50 coeurs, féparés du thorax. J'ai taché de les faire dans les mêmes circonftan- Jen ai mis plufieurs dans la diffolution de quinquina, d’autres dans l’eau pure, d’autres dans l’opium. diflous dans Peau: les réfultats ont été très-différens, très-inconftans ; mais je nai pas pù conclure, que l’opium ait vraiment de l'action far Je coeur de ces animaux, quand on l’y applique dans les circonftances que j'ai obfervées. Telle eft du moins men opi- nior jufqu'è préfent , et je me refèrve de faire dans. un autre tems un plus grand nombre d'expériences . | ll me reftoit à faire un nouveau gente: d'expériences, qui font peut-être les plus importantes, ct dont l’objet cit d'exa- miner fi l’opium agit fur les. nerfs. Grenouilles auxquelles on a découvert le Cerveau . Je découvris le cerveau et la moëlle allongée à une gre- noville,, et j'y appliquai de l’efprit de vin. Au bout de 10 minutes à peine pouvoit-elle fe mouvoir . Dans 35 minutes, elle fut morte. Aaa 2 J'appli- 354 Fappliquai de l'eau pure -an cetvean d'une autre grenouil- le préparée comme la précédente. Cette grenouille étoit-enco- re très-vive, 24 heures après. Jappliquai au cerveau d’une autre, de la diffolution as par l'eau. Au bout de 20 minutes, la grenouille pouvoit à peine fe mouvoir. Vappliquai à une autre, l’opium diffous dans l'efprit de vin, ct 30 minutes après, elle donnoit encore quelques fignes de mouvement. VA une autre; jappliquai l'opium diflous dans l'eau. Au bout de 40 minutes, elle étoit coatratée et remuoit un peu. Elle mourut au bout de 57 minutes. Jappliquai à une autre la même diffolution , et 30 minu- tes après, Je la trouvai contra&ée, le corps courbé en arrie- re, ct les pattes de derriere tendues et allongées. Jappliquai de l’efprit de vin à une autre; elle mourutau bout de 10 minutes. Le coeur étoit cependant encore en mou- vement. Une autre traitée de même mourut en 27 minutes ; et une autre en 45 minutes; mais l’une et l’autre pouvoient à peine fe mouvoir , après quelques minutes. Cette expérience ayant été répétée fur une autre grenouil- le, elle mourut en 54 minutes; mais au bout de 7 minw tes, clle convulfionnoit, et ne pouvoit ni marcher, ni fe fou- tenir. Une autre, traitée de même, eut de fortes convulfions, et ne fut plus en Ctat de marcher au bout de 4 minutes. A nef PAIY NE) Ù, Nerfs cruraux découverts dans Îles Grenouiles . J'ouvris le bas ventre à une grenouille, je découvris les nerfs cruraux, et jappliquai de l’efprit de vin à ceux du cûté droit. Au bout de 4 minutes, je ftimulai la patte droite à plufieurs reprifes : elle demeura toujours immobile . Dans une autre, j'y appliquai l’opium diflous dans l’efprit de vin. Au bout de 8 minutes, je treuvai que la patte droi- te, ne fe contraétoit plus de quelque maniere qu'elle fût fti- multe, mais à peine les nerfs gauches étoient-ils ftimulés, que la patte gauche fe contraétoit très-bien . Jappliquai aux nerfs droits d’une troifiéme grenouille, la diffolution d’opium faite par l’eau. Au bout de deux heures, fi l’on ftimuloit ces nerfs, la patte droite remuoit , mais peut- être moins bien que ne failoit la patte gauche, quand on fti- muloit les nerfs de fon côté. Je mis fur les nerfs cruraux de 3 grenouilles de la diffo- lution d’opium faite par l’eau, et j'appliquai de l’eau feulement fur les nerfs correfpondans du .côté gauche, les mouvemens cel ferent, tant dans les mufcles du côté droit, que dans ceux du côté gauche fans aucune différence, - Nerfs cruraux des grenouilles, divifis en deux parties. Je mis de l’efprit de vin d'un feul côté des nerfs. An bout de 9 minutes, ils ne contra&oient plus les pattes , quoqu'ils fuflent flimulés de ce côté ; c’étoit: le contraire , de l’autre côté . J'y appliquai l’efprit de vin d’un feul côté. Au bout de 4 minutes les nerfs ne contraétoient plus les pattes; mais elles fe 356 fe mouvoient lors qu'on ftimuloit les nerfs à l’endroit ou l’efprit e vin n'avoit pas atteint. Les autres nerfs étant touchés, par-tout les mufcles fe contraétoient très-bien : preuve que l’aGion de ce fluide ne s'étend pas au de là des parties qu'il touche . | Je préparai une grenouille » à la quelle jy n'appliquaî rien aux nerfs, pour faire une expérience de comparaifon . Elle con: traétoit encore fes pattes, au bout de 40 minutes... Dans une autre grenouille 4 minutes après que jeus mis. l'efprit de vin, la patte ne fe contraétoit plus; fi ce n'eit lorfqu'om flimaloit les nerfs vers les jambes , et les cuifles , et où l'elprit n'étoit pas parvenu . Nerfs cruraux. détachés des: vertebres: des: grenouilles .. Je coupai les nerfs cruraux è leur fortie des: vertebres , ct je mis Fefprit de vin fur ceux du côté droit. Au bout de 2 minutes , la patte droite ne fe contra&ecit plus, quoiqu’on fti- mulit, ct qu'on piquât fes nerfs; tandis qu'à peine rouchoit- on tes nerfs du côté oppolé, que la patte gauche fe contræ- étoit avec force. Dans une autre grenuoille préparée comme ci-deffus, j'ap- pliquai de l’opium diflous dans l’eau, au côté droit. Au bout de 30 minutes jirritai les nerfs, et je vis que la patte corre- fpondante. fe mouvoit, quoique un peu moins que la gauche, dont j'irritai aufli les nerfs. Dans une autre, tant les nerfs cruraux plongés dans l’opium, que ceux qui ne l’étoîent que dans l'eau pure, contraétoient “également les pattes quand on les irritoit, même au bout de 15 minutes. Ces 357 Ces expériences ne font poins du tout décifives . Elles peu- vent «cependant fournir déja matiere à bien des réflexions. Mais quoiquil.paroiffe d'une maniere indubitable , que l’opium diflous mème fimplement dans l’eau agit fur le corps animal, foit qu'il fintroduife «dans l’eflomac par l'efophage , foit dans les inteftins par anus; foit qu'en l’injeéte fous la peau , où dans le bas ventre, foit qu'on l’applique fur le cerveau , et fur Ja moël- le allongée ; il refte cependant toujours douteux, fi fon action et Ton £nérgie fe ‘portent fur les nerfs, ou s’il a befoin du ve- hicule du “ang et de la circulation , et du mouvement des hu- meurs, pour éxercer fon adtivité . Nous avons vu, que le vé- nin dela Vipere n'’agit que par le moyen du fang, et ainfi pa- roiflent agir les deux poifons végétaux , le Ticunas , et le Laurier- cerile. Il et wrai que tous ces poilons tuent, même lorfqu’ils font pris intérieurement , ainfi que fait l’opium. Mais cela ne prou- ve pas, que leur aGion s'exerce immediatement fur le nerf, et qu'ils operent fans le moyen du fang. Il y a bien des routes ouvertes dans la bouche, dans l’éfophage, dans l’eftomac ,dans les inteftins, par lesquelles les «mol£cules les plus a&ives, et les plus mobiles de ces poifons , peuvent facilement s’introduire dans le, fang . Aïnf la difficulté , qui nait de ce que l’opium tue lorfqu'il eft pris intérieurement, n'eft pas une preuve qu'il agifle immé- diatement.fur, les nerfs ;-et nous avons d’ailleurs démontré que les. trois-poifons ,; de la Vipere, des Ticunas ,,et du Laurier-ce- rie, n'ont aucune action immédiate contre les nerfs mêmes . | Pour, nous mettre en état de dire quelque chofe de. très probable fur cette. matiere fi difficile; il. faut donc. imaginer une expérience , dans la quelle l'opium.puiffe agir librement .con- tre les nerfs, fans s’introduire aucunement dans le! fang, où pour mieux dire, fans toucher les vaifleaux rouges. Une pa- reille 358 reille expérience n’eft pas des plus faciles è faire , attendu M dextérité et Ja précifion qu’elle exige; et l’on ne peut lexé- cuter bien, que dans très-peu d'animaux, et fur un très-petit nombre de nerfs. Je n'ai pu trouver rien de mieux que de me fervir des nerfs cruraux des grenouilles. Mais pour arriver è des réfultats certains, et qui ne procedent pas d'expériences trompeufes et variables, il faut faire un très-grand nombre d’ex- périences , exclure toutes les préparations que des circonftan- ces accidentelles ont empêchées de bien réuffir, comparer en- tr'eux les réfultats, et les rapporter dans chaque cas, à ceux des expériences qui doivent fervir de termes de comparaifon. Voici la méthode que jai pratiquée pour faire ces exp& riences , dont le nombre paile déja trois-cent, enforte que je regarderai comme certaines les cenfquences que j'en ai tirées, tant qu'on ne maure pas démontré le contraire. J'ouvre le bas ventre aux grénouilles, et je découvre les nerfs cruraux, au moyen de petités pinces et de petits cifeaux, de maniere qu'ils demeurent cntierement dépouillés de toute autre partie. Je coupe alors les vertebres et le corps de l’ani- mal en deux, à l’endroit précis où l’on voit fortir ces nerfs} et fans les toucher en aucune façon, ce feulement à force de petits chocs dans les parties voifines, je fais tomber les nerfs entre les cuifles de l’animal. Dans cet état, je coupe ras des cuifles l'os qui y reftoit attaché, et j'ai totalement ifolés ces nerfs cruraux fur la longueur de 8 ou dix lignes, et plus dans les plus grofles grenouilles. Je fais tomber les nerfs d’une cuif- fe dans une petite capfule de verre, et ceux de l’autre cuille dans une autre capfule pareille. Les nerfs font totalement pla- cés dans les capfules, que je puis les remplir de quelque fiui- de, fans qu'il parvienne à toucher les mufcles voilins des cuif 59 fés: de telle forte que ces nerfs ont ifolés entr'eax, et aulli relativement aux icuiffes. Je mets d’ordinaire dans l’une des caplules la matiere que je veux éprouver contre les nerfs, et en mets ce qu'il en faut pour que la plus grande partie du nerf en Joit couverte, pour qu'en même tems, elle ne puifle pas fuir et s'élever jafqu'aux cuifles, ct fe mêler avec le fang. Jai ia précaution de ne laiffer aucun vaiffeau uni avec les nerfs, et de mettre dans les capfules d'à côté un peu d’esu pour entretenir ces nerfs humides comme les au- tres. Je puis faire ainfi la comparaifon entre tes nerfs veni- més, ct ceux qui ne le font pas, et fupputer le tems qu'ils continuent de contraGer les mufcles, et la vivacité des mou- vement . eat Je deftinai 300 grenouilles à ces expériences. Je les di- vifai en dix claffes, è raifon das différens intervalles de tems que je les laiffai en expérisnce. Ainfi je tins pendant dix mi- nutes en contact, d’un côté avec l’opium diffous dans l’eau, et de l’autre avec Veau pure, les nerfs cruraux ifolés, de la premiere clafe qui de même que toutes les autres, étoit com- pofée de 30 grenouilles. Ceux de la feconde y refterent pen- dant vingt minutes, et ainfi de fuite jufqu’à cent minutes: ce qui eft le tems après le quel les nerfs n’étoient plus capables de contra&ter leurs mulcles. Il eft vrai que dans d’autres ex- périences J'ai trouvé que les cent minutes ne fufifoient pas pour que les nerfs perdiffent en entier la faculté de contra- &er les mufcles ; mais ces différens réfultats dépendent de mille circonitances particulieres, ct n’infirment point la loi des effets que Jai obfervés das cette fuite des trois cent expériences. Voici les réfultats que j'ai obtenus. Au bout des premic- res dix minutes, Je ftimulai les nerfs cruraux médicamentés Tome IX B bb ( j'ap- 360 (Jappellerai de ce nom ceux auxquels éroit appliqué. l’opium)} et ceux qui ne fétoient point; er je vis que les deux pattes, tant la droite que la gauche, fe contrattoient avec la même force ct la même vivacité: Au bout des 20 minutes, je .répétai l'expérience: des ffi- mulus fur la feconde clafle de grenouilles, «et je ne trouvai aucune différence fenfible entre les mouvemens: des deux pat- tes; et à peine étoient-ils un: peu moins vifs qu'auparavant: Au ‘bout de 30 minutes, les mouvemens étoient: moins forts dans: les’ deux pattes , mais également dans l’une et dans l’autre. | Au bout de; 40 minutes, à peine les pattes fe contra- étoient ; mais on voyoit très-bien leurs mufeles en particulier fe contraétef lorfqu'on picquoit:les nerfs cruraux, et les: mouve- mens de ces mufcles étoient ‘égaux, et également vifs dans l’une et dans l’autre . + Au bout des: jo minutes, on voyoit encore les mufcles fe mouvoir, mais beaucoup moins qu'auparavant. Les mouve- mons étoient cependant égaux dans: les muféles des deux pattes: Au bout de 606 minutes, les mouvemens étoient:très-pe= tits, mais égaux des: deux côtes. ‘Au boot de 70. minutes, il falloit-obferver avec beaucoup d'attention pour les voir: bien, mais je ne pus: trouver! aucune différence entre le mouvement des mufcles de la patté droite, et celui des mufcles de la gauche. Au bout de 80% minutes, dans quelques grenouilles, on n’obfervoit. plus aucun! mouvement, de quelque maniere qu'en ftimulìt les nerfs cruraux, tant les médicamentés, que ceux qui ne l’é&oient- pas. Mais dans le reftant des 30 grenouilles de’cette oftave clafle, je ine pus pas m'appercevoir que les nerfs 361 nerfs médicamentés fullent moins aptes à contrafter les mu- fcles, que’ ceux qui ne Pétoient pas. Au bout de go i minutes, je. n’obfervai de mouvement que dans peu de grenouilles, et je ne pus m’appercevoir dans le nombre de 30 grenouilles que jexaminai, que l'opium aît plus altéré le nerf, que n’avoit fait Feau’ fimple. Au bout-de 100 minutes, les mufcles des jambes étoient immobiles, de quelque maniere qu’on Atimulàt les nerfs, tant d’un côté que de l’autre. Je ne faurois imaginer rien de plus décifif et de plus cer- rain, que la fuite d'expériences que Je viens de rapporter; et il paroit en découler néceflairement, que le véhicule de l’o- pium eft la circulation du fans et des humeurs dans l’ani- mal, et que fans elle, l’opium n'éxerceroit aucune action fur le corps vivant. e Injeétion faite dux lapins avec Popium' difos dans l'eau. Îl refte è voir, après tout, fi l’opium .inje@é dans les vaifleaux donne la mort, ét s'il produit dans l'économie ani male, quand ‘il eft introduit dans la circulation des hui meurs rouges, les mêmes altérations, que lorfqu'il eft donné pour le haut, où qu'il eft injecté dans ni difiérens vifceres, ou orga- ‘nes de Flanimal . ) 1309 ? È JinjeAai environ dis ‘gouttes de di Sofi) AIOP, faite avec l'eau, dans la jugulaire, à an gros lapin. ’A ‘peine l’o- pium fut il inje@é, que le lapin ne fe tenoit plus ferme fur fes pieds, ét ne pouvéit marcher; il avoit les jambes tendues et écartées. Il fut gueri en peu d'heures: Je fuppofe qu'il étoit Ÿ peine entré huit gouttes de la diffolution dans Ja jugulaire. Bbb 2 Je 362 Je répétai cette expérience fur un fecond iapin; et de m& me que dans le premier cas; il eut fur le champ les pattes de derriere tendues et écartées. Au bout de deux minutes, il tom- ba fur la poitrine ; il ne faifoit que-quelques petits mouvemens, et par fecouffes. Au bout de demi-heure il fe mit à courir librement, et n’cut point d’autre mal. L’injection dans un autre lapin réuffit mal, et l’opium, au lieu d'entrer dans la jugulaire, pafla en entier dans le tifa cellulaire. Cet animal parut n'avoir aucun mal. J'inje&at dans la jugulaire, è un lapin, une cucillerée è caffé de la diflolution d’opium, et il mourut dans l’inftant. Je répétai cette expérience dans un autre lapin, avec. la mème quantité d’opium, qui étoit. d'environ 40 gouttes; et Panimal mourut dans l’a&e de Finjefion . Je répétai cette expérience fur un autre lapim,avec la mé- me dofe d’opium; mais è mefure que j'injeétois, il en reflua une grande partie. Le lapin ne pouvoit plus marcher, mi fe foutenir fur les pattes qui etoient diftendues . Il mourut au bout de deux heures. Je croix qu'il eft tout-à-fait fuperflu de rapporter, du moins pour le préfent, un plus grand nombre d'expériences fur l’opium injecté dans les jugulaires , et introduit dans la circulation, de maniere qu'il ne touche à aucune partie folide bleflée dans l’ani- mal. Une fois que cet opium eft dans Îles vaiflezux, on ne voit pas qu'il puiffe communiquer immédiatement avec aucun nerf, puifque nous fommes aflurés par l'anatomie , que la mem- brane interne des vaifleaux n'elt pas tapifsée de nerfs pro- feroit, l’opium n'altére ct ne produit aucun. dé- quelque maniere qu'on Vab- i prement dits; et quand mème elle le en aucune facon le nerf qu'il touche, rangement dans l'économie animale de RS — i OT OT 363 Vapplique fut le nerf, foit que eelui ci foit entier, ou coupé, qu'il foit couvert de fes enveloppes ou guaines propres , ou que fa pulpe medullaire même foit mife en contaét avec l'opium ; «qui dans tous ces cas seit toujours trouvé innocent . Ainfi donc lopium injeété dans les veines , produit l’affoue pifiement, les convulfions, et en fin, comme ou. Five da mort même. Le vin produit à peu près tous les mêmes effets . L’efprit de vin affoibli par l’eau produit aufli l’afloupiflement et les convulfions.; maix s'il eft rectifié, il tue dans l’inftant; l’on trouve alors le fang figé dans la veine cave, dans le oreil- lettes, dans le ventricule droit, et dans le potimon: eflets cer- ains , et caufes aflurées de la mort, fans qu'il foit befoin de re- courir aux nerfs. Les émétiques, et les purgatifs, injeAés, excitent le vos miffement et les felles, comme s'ils avoient été pris par la bouche: preuve que leur aftion fe porte intaête à l’effomac et aux inteftins , fans le concours des nerfs, et comme fi ces matieres avoient été fenlement avalées . Et pourquoi n'en di- roit on pas autant de l’opium., lorfqu'il eft de même avalé ? SI dans Îe cas des vomitifs et des cathartiques, on n’a point re- cours aux nerfs, et l’on ne peut en effet y recourir avec rai- fon, comment veut-om fe fervir des nerfs pour expliquer lation de l’opium, tandifque cette fubftance, appliquée immédiate- ment au nerf nud, n’exerce fur lui aucune aétion, ct n'y excite aucun dérañgement, aucune altéragion? Je ne croix pas du moins qu'on veuille avoir recours aux nerfs dans les cas où l’opium injecté dans la jugulaire tue à l'inftant, comme on Pa vu. Je ne prétends exelure par mes expériences réiterées. que l’action immédiate de l’opium contre les nerfs; et monintens tion 364 tion eft de prouvèr en même tems l’aGion immédiate de l’opium fur le fang, indépendamment des nerfs ; fans m'émbarafler! des hypothefes imaginaires que pouroit faire les névrologiftes., pour foutenir les erreurs et préjugés antiques , et pour les fai- te quadrér avec les faits que nous venons d'établir. Enatten- dant, les vrais Médecins ont dès à prèfent une bafe d’expé- riences certaines , fur la quelle ils peuvent déformais fonder leurs théories fur l'opium: matiere qu’on a tant agitée et qu’on connoit encore fi mal, et je! me flatte qu'ils fe dérermineront à mettre de côté les hypothefes et opinions reçues, ‘qu'ils ont puifées dans les écolés, et à réfléchir mùrement fur les faits que nous avons rapportés. Je fais ce que peut la prévention en faveur des anciennes erreurs, et combien on réfifte aux ex- péfiences même les plus certaines et les plùs lumineufes. L’Hom- me convaincu enfin de la vérité des faits, qui font toujours irréfiftibles ; fe refufe aux conféquences les. plus direétes. La prévention a certainement beaucoup de part à cette repugnan- ce; mais c’eft furtout l’amour propre qui craint d'adopter les nouvelles vérités, parcequ'elles portent avec élles un ‘aveu ta- cite de nôtre ignorance: de [à vient la difficulté qu'on trouve à faire recevoir les nouvelles découvertes par les gens avancés en age, et par les favans qui fe font déja fait une réputation. Qu'on n'objete point en faveur du’ fang contre: les nerfs ha promptitude des eñièts de l’opiuni ; et la ‘diminution infen- fible de fon poids; puifqu'of a vu‘que le véninde la Vipere, le Ticunas, et le Laurier-cerife injectés dans la jusulaire agif fent à l'inftant, et tuent, lors même qu'on les emploie en très- petites dofes; et puifqu'on trouve par expérience, que l’a&ion de ces poifons, ou leurs effets, s’exercent contre le-fang, et non contre les nerfs. L'huile de vitriol tue, lorfqu’on l’inje- éte . o j x 365 &e dans le fang, même à la plus petite dofe, ‘et perfonne 4 je penfe, ne dira que cette liqueur agit fur les nerfs, et non pas fur le fang. L'huile commune et tant d’autres fubftances innocentes, fi on les injefe parcillement dans le fang ; tuent même très-promptement, et en excitant les plus fortes con- vulfions. Chacun voit que tout le dérangement que ces corps peuvent occafionner dans l’économie animale, eft fimplement méchanique, et dépendant de l'arrêt, ou de la diminution de la circulation dans les différens vifceres, et non pas de l’affe- &ion des nerfs. HI ne faut. même pas s'étonner, fi l’on obfer- ve de grands défordres produits par de très petites quantités de matiere; puifque la partie aftive des corps, et furtout des médicamens. eft abfolument reftreinte à des maffes tres-petites, et je dirois prefque à des atômes. Et je ne faurois concevoir comment une force pourroit agir contre les nerfs, et y occa- fionner les plus grands défordres, et: ne pourroit agir en au- cune maniere fur le fang, tandis que ,:, de grain de vénin de Vipere fuffit pour tuer un oifeau, s’il fe mêle avec fon fine ; et peut être ce opa rend vénéneute cette gomme animale ite fair il encore que 4, de cette fraGion de grain. Robert Whytt fait une difficuité contre le fang en favenr des nerfs Jet CE die lorfau’on'a enlevé le coeur aux gre- onilles. L'opium qu'an: leur fait avaler agit également contre le fentiment et le mouvement; ‘mais que lorfque on leur cou- pe la tete, et qu'on détruit la moélle: épiniere ; l’opium opere plus foiblement et plus tard. La premiere partie de la diffi- culté eft entierement fufle , comme on Va vu, et l’autre ne prouveroit rien, quand même elle feroit vraie, parceque de cerveau étant détruit, ainli que la moëlle épiniere, l’écono- mic animale peut fe trouver tellement alterée, que l’opium ‘ne 366 ne puifle plus agir comme auparavant et dans l'état de fan- té. En effet les purgatifs, les émétiques, et en général les poifons n’agiflent que dans les animaux vivans. Mais dans le cas dont-il s’agit, l'expérience de Whytt n'eft pas conforme aux micnnes, que jai cependant répétées pluficurs fois avec la plus grande attention. C’eft encore ici, que des expérien- ces en petit nombre ne peuvent rien décider, attendu la gran- de diverfité qui fe rencontre dans les réfultats. "A fin que l’expérience fût plus fimple et fujette è moins de difficultés, je n'ai pas voulu couper la tête aux grenowil- les, mais j'ai fait une petite ouverture à leur crâne, par la quelle j'ai détruit avec une groffe épiagle tout le cerveau et la moëlle épiniere. De cette maniere j'empêche la grande per- te de fang qu’efluie lanimal auquel on coupe la tête, et je le rends plus facile à comparer avec les grenouilles à que je fais avaler de l’opium, mais fans leur detruire le cerveau, et la moëlle épimiere. Je commence donc par faire avaler de l'o- x pium à dofes égales à toutes les grenouilles, je leur ouvre en- fuite la poitrine, pour mettre à découvert le mouvement du coeur ; ct à un certain nombre je détruis le cerveau et la moëlle épiniere. Je mefure la durée du mouvement du coeur, et de tems, ca tems je ftimule les nerfs cruraux dans les unes, et dans les autres. Je puis certifier, qu'ayant préparé de la forte 48 grenouilles, 24 d'une manicre et 24 de l'autre, je n'ai pù m'appercevoir où m'aflurer, que l’opium agifle moins bien, ou plus tard, dans un cas que cans l'autre. Je déduis cependant de ces rélultats deux corollaires très important. Le premier, eft que le mouvement du cocur ne dépend point des nerfs, ni de cet enfemble de fenfations, qui conititue la vie de l’animal. Le fecond eft que l’aftion de l’opiun Je sexerce indépendamment du fyflème nerveux. 3 se nt. es, le, Lu 367 Je trouve dans quelques Anteurs une forte difficulté en fa- veur des nerfs contre le fang, dans le cas où l'on injeéte l'opium dans les vaifleaux: c’eft que lation de cette fubftance fe porte fu- bitement contre les extremités nerveufes des vaifleaux rougos mêmes , et de là tout le refte du fyftéme nerveux . On ne fau- toit nier que l’on n’obferve des fibres charnues dans les troncs des gros :vaifleaux rougés; d’où ileft certain qu'il y a auffi des nerfs dans ces parties, puifquil n’eft point de mufcle fins nerf. Mais :ces fibres charnues ne s’obfervent que dans les pius gros troncs, et non‘ailleurs; et il feroit abfurde de fuppoier une ftruéture démentie per l’obfervation, dans la feule vue de foutenir une hypothefe qui eft combattue de tant de côtés. Ce qui :paroit certain, :c’eft.; qu'on ne voit point de nerfaller vers les vaifleaux rouges pour’ s'unir avec eux ; et les plus grands Anatomiftes n’ont pu en trouver. D’un autre côté, la fenfibi- lité des vaiffeaux n’eft nullement démontrée, et j'ai éprouvé de les lier de bien des manieres, fans que les animaux aicnt donné des fignes qu'ils fentiflent . Il faut à la vérité en fai fant :ces «expériences , qui ne laiflent pas d’être très-délicates, obferver ‘attentivement , que le vaiffeau, à l'endroit où on le lie, foit bien ifolé de toutes les parties voifines; qu'on ne le lie point à l’endroit où quelque nerf peut par hazard le croifer pour aller ailleurs; et qu’en le ferrant, on ne tiraille ni le vaifleau même, ni les parties voïlines. Je confcillerois en- core de ne pas opérer fur de trop gros vaifkaux, parceque Jai quelque fois obfervé, que fi l’on arrêtte à l’improvifte un grand torrent de fang, l’animal paroit s’en reffentir. C’eft en fin une chofe certaine pour tout le monde, que la membrane interne des vaifleaux n’eft ni mufculaire ni nerveufe, mais cel- lulaire; ainfi donc l’opium ne pourroit pas agir immédiatement Tome H. Ea c fur 368 fur Jes nerfspar.la raifon feulement, qu'il feroit mis en com tat avec les parois intérieures des vaifieaux . Jai voulu rechercher fi l’opium donné par le haut nedi- minueroit pas la vélocité et la force des contractions du coeur puifqu’il paroit ne rien faire fur ce mufcle, relativement à la durée de fes mouvemens. Je dois avouer, que je n'ai pù rien établir de certain fur ce point, quoique j'aie fait au delà de ioo expériences dans ce feul objet. Fai trouvé trop d'incon- ftance et de varietés dans les grenouilles, fur lefquelles j'ai principalement opéré. Jai obfervé qu’en général l’opium don- né aux animaux à fang chaud, à des dofes modérés, augmen- re la force du cocur, et fes mouvemens; mais que s'ilef donné à grande dofe, il paroït diminuer la force. même du apeur cn même tems que la vigueur de l'animal: en quoî il reffembleroit à beaucoup ‘d’autres fubftances qui tendent à la deftruGion de la vie, et à l'abattement des forces witales. L’a&ion de l’opium s'eft trouvée ainfi entierement confotime à ce qu'on obferve dans l’homme, lorfqu'il en a pris intérieure- ment. Les ofcillations du coeur bien loin d’être dimisuées, font ic plus fouvent accrûes; et le peu de cas er peuvent fe trou- ver contraires n'altérent en rien la loi générale de l’ation de lopium fur les animaux a Vai fait avaler envifon.2e grains del! éiflolution d’opium dans l'eau è 12 grenouilles = et j'ai fur de, champ {éparé è tou- tes le coeur du thorax. Jai ouvert te thorax à 12 autres, mais je ne leur ai point Oté le cocur, et toutes avoient auparavant avalé l’opium, comme les premieres. J'ai noté les tems des ope- rations dans toutes les 24:; et j'ai trouvé que les effets de l’opium fe manifeftoient beaucoup plutôt dans les grenouilles qui avoient le coeur , que dans celles, aux quelles je l’avois ôté. : “La à 369 La différence \des'temsreft de la moitié, et ‘plus. Par les effefis de l’opium j'entends lafaculté qu'il a de paralifer les mem- bres, c’eft à dire ,d'ôter à l'animal la force de:mouvoir les mu- fcles. Je ne parle point ici du cocur qui continue de fe mou- voir pendant très longtems; même après que les grenouilles font mortes, ni des nerfs lefquels Ctant fiimulés, peuvent encore fai- te contracter les mufeles, quoique l'animal ne puiffe en aucu. ne manicre les mouvoir de lui même. Il faut donc diftinguer les mouvemens que fait l'animal quand il eut, de ceux qui font excités par un fimulus exté- rieur agiflant fur les nerfs, fur ta moëlie épiniere, et fur le cer- veau. Les feconds ne manqueut pas toujours quand les premiers n'exiflent plus; mais toutes les fois qu'on n'obferve plus les feconds, les premiers manquent infalliblement . Il et une autre chofe à diftinguer quand on parle de nerfs ct de mouvement : c’eft te fentiment, dont le nerf et le feul organe dans les animaux. Jai obfervé bien des fois dans le cours de mes expériences, que lors-même que l'animal ne pou- voit plus mouvoir fes parties, fi je ftimulois avec des aiguil- lés, fi je ferrois avec des pinces fes nerfs, l'animal donnoit des marques qu'il le fentoit très-bien. Il ef aufli vrai d’ail- leurs, que fouvent Îes mufcles fe contra@tent quand on ftimu- le les nerfs, quoique l'animal foit mort dépuis longtems. De forte que le mouvement du coeur, et la force qu'ont les nerfs ftimules, de contraëter les mufcles, fe perdent beaucôup plus tard dans l'animal, que ics fentimens et les mouvemens volon- taires . Jai encore cbfervé, que l'opium appliqué immédiatement fur le nerf, non feulement ne lui Ôte pas la faculté de contra- &er ics mufeles, mais encore ne détruit pas fa fenfipilité na- Géec2 tu- 379 turelle: et l'on a vu, que fes cffets font plus prompts, quand on le fait avalersaux animaux fans leur êter le coeur, que quand on leur a-enlevé ce mufcle. De forte qu'il. paroit s’en enfuivre que lopium n’agit pas immédiatement fur les nerfs ; mais qu'il a befoin de la circulation des humeurs , pour exercer fon a&ion fur les animaux . Ici finiflent les principaux réfultats de: mes recherches fur l’opium. Jaurois defiré pouvoir donner le détail eirconftancié des expériences , telles que je les ai faites. Ce n’eft pas. que je regarde maintenant cette matiere comme épuifée, je fuis bien éloigné de le croire, comme je fuis loin de penfer qu'il ny ait rien à corriger, et qu'on ne puille rien ajouter à mon” préfent ouvrage. Ce fupplément même démontre la vérité de ce que Je dis; et fi je n’étois obligé de ne pas retarder plus long- tems cette édition, Je pourrois probablement y ajeuter moi- meme de nouvelles chofes, voir mieux en beaucop: d’autres, et peut être en corrigef quelques unes. Je préterai donc volon- tiers l’orcille aux critiques, et aux obje&ions qu’on pourra fai- re contre mon Ouvrage, et j'aurai un vrai plaifir à le corri- ger, ct à le perfeétionner pour ume nouvelle édition, fi tant eft qu'il y ait jamais lieu. Mais je protefte en même tems, que je ne répondrai à aucun de ces prétendus philofophes, qui oppofent des paroles à des faits, des fophifmes. et des ca- villations à des expériences, des poflibilités à des obfervations, et des préjugés, et des erreurs fcolaftiques à des conféquences naturelles, diretes, lumineufes. Ainfi je ne me croirai pas obligé de répéter mes expériences, déja répétées tant de fois, et de me croire dans l'erreur, pour quelques peeites expérien- ces ifolées qu'on pourra vouloir m'oppofer, par la feule raifon qu'elles ne fe feront pas trouvées conformes aux miennes. Un fim- Pon 377 fimple coup d'otil jeté fur mon Ouvrage même, fait voir combien il eft facile de fe sromper en fait d'expériences, lors- même qu'on en a déja beaucoup d’uniformes, ct qu'on foup- gonneroit le moins la poffibilité de s’égarer. Mes expériences paflent (foit dit en faveur de la vérité) le nombre de fix mille, et les obfervations que j'ai répandues dans tout l’Ou- vrage font au moins en: auffi grand nombre. Je fais très-bien que fes queftions que j'ai propolées, et exanrinées font auffi trèssnombreufes, et qu'il peut y en avoir quelques-unes dans le nombre, qui n'aient pas été traitées avec tout autant d’ex- périences: qu'il en auroit fallu, comme je le dis dans une au- tie oecafion.. Mais malgré tout cela, je foutiens avec affuran- ce, que peu d'expériences. ne fuffifent pas pour détruire le grand nombre que J'en ai faites, et variées de tant de manie- res, et que de pareilles contradictions ne feront pas capables: de me faire changer de façon de penfer. FIN DU SUPPLÉMENT. AVIS 373 AVIS DE L'IMPRIMEUR: Plufieurs fautes s'étant ecoulées dans l'impreflon de cet Osvrage, quelque foin que J'y aie employé, j'ai cru indifpenfalle d'ajouter ces dex pages de correfTions afin d'eviter toute equivoque : Ce we font que les feules fautes efentielles qu'on a pris à corveger: Pour les moins confderaples on prie le LeGeur indulcent d'y fuppléer de lui même. Plufieurs interruptions indifpernfables dans le cours de L'impreffion os di contribuer à quelgnes negligences: L'Ouvrage étoit déja prét à paroîere il ya plus de cimy vois; de Suppl'ment en a retardé jufgu'd.ce jour la publication . Ag. ligve XL 26 procarent XIII 4 veine ib. -147a lire: 2 12 fuovent 3 17 deja 4 I2:deilì 8 3 à la ligne 10 = ÿange ib. 27 implanrées 13 1 (delanote)que 22 21 connnit 48 18 douloreufe SO 23 trouve 53 II ceux que <4 11 d'eja ib. 12 jufqu ci 55 Is étoiet 68 6 proprieté 38 18 tourau tour 95 29 qu n'auroit 99 18 eandelalsce 104 14 :graml ib. 21 ckalr 105 19 pourfuiore 108 25 l’étre pafl& 110 16 je m'etoit 115 11 meladies ib. 16 un qart 116 3 après l’autre antant : 119 19 akali £ 127 20o;eyaler 134 16 on obferva 137 18 donne 135 2 medicamentés Tome Ts «Pag. procurent | 138 vaine L42 à lire | 144 feuvent. 145 déja | 180 de la 194 (cela coit étre rayé) | 196 SAURO 223 implantéese | 224. qui 229 cornoit 238 doulourenfe | trouvé ib. ceux qui | 246 dela 254 Fafqu' ici | 259 étoient 260 ‘proprietés | 262 #OuTaULONT | 264 qu'on n'auroit 4 265 ecu de luce | ib. grande 268 alkali | 279 sourfrivre 290 s'être pag | 292 je m'étois 296 maladies 309 un quart | après autre par | 312 autant 31 alkali 321 avaler | on obferve ib. donné | inedicamentées PREMIER, ligne 26 le morfure 24 jéeunes 13 hueres 9 du donner interiurement 40 fuperiure 8 de trou: s de cette parties I Le queftion 2 2 9 tourer les trous 10 netrous 14 l'animal meurt 18 grofleu ro le veine 20 ulteriure s toychât 7 extravaie * 1 fur les nerfs 3 fur les nerfs 4 Exprit 6 inferiure 11 ttouve 11 quatire autret 16 queleque 6 Le coeur &c. 9 du fan 29 A lendroie 3 fenfibilité ou 4 qu'elle depen- droit de quantité dommé (0:25 la morfure jeunes heures ,* de donner intérieurement fuperieure- du trou de cette partie La queftion quantité donnée entourmer les trous ces trous l'animal ne meurt sroffeur la veine uitérieure toachàt extrava fg fur les vaifseaux fur les vaifleaux Efprits inférieure trouve quattre autres quelque Après la mort le coeur &c. du fang A" l'endroit fenfibilité par- tielle, ou qu'elle depen- droit de la fes- fibiité de Tome n Uni (o) w LE (0) Us da \O CA VIS Un 0 te) nn. fior . Rutrez modre a la patre modre ce lui efperances et quelle avo is S Sjour qui qui cft un erreur Chocon prendo fi differentes enrierement ulteriures. Javoi la tête droitre Empeifonnés demontrée faufle &e, pr pizion LÉ 1e price qu’ el- les n'ont le a fou + Vent ad DPIEE Tome dis flucæ autres mordre à la patte mordre celui efperances : quelle VOIS’ féjour qui of une erreur Cochons pren dre les différen nil vitérieures . Javois la tête droite: Empoifonnés demontrée faaf- fe, fuppofant que tous fes vafleuux piani été vuides de fang , ce sd ont il eft peut-être, impoflible de bien satirer &e. pigeon N. B. re peririon ombr CHL ie de ce G qui vent «pros, et quit ne fasi pas Lire, (9 du dei ) A MA Od Pa Hai V3 vuo ud 1» I I +: ligne 26 Seconmn, à tour à l’eme fin à que femple à trava vers on de le matieres Ancore obfervé difliciles environ le confiru®%ion et oviforimes, même fubftances forte bien ulteriure pes plus es globules veniens pingons dents venimés ne fuffent à la mort. opum grenouHles , givi- dés pourroit grenouilles. L’ pit 373 bpx, 1 tous à Vame à fin que fimple à travers ou de les matieres Encore pblerve difficile Fnviron la coniftrufion oviformes, et mème fubftance fort bien ultérieure par plus es globules, vénins . pigeons « cifeaux fufent. > la mort fi aife- ment opium greroutlles dini fees pourroient grenouilles l'o- pium fe *, FE SH? i 2. 5 : ù hi dI 3 PA PO PILE : è fr 3 à d vc cri 3 À F 1 PE Le + 4 | LEE à y M UE "i 1 - d HT sid pit” } TAR, CARTE S y vo RA é i #aos£ SAUT ot! j pri À ‘È Li loda LR | APPEL 1 90005 Bitte TPS à | AI = GO { | Var [7 pi NT ne R - % n d ru dici À | ua SI i 2 f t, È n à nq! # ta ie 74 Cd a pù AOF i; Ha è | 4 PAT 12 \ AM RE Sat "RS pre sj reale Li 1, e li ci las. 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