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TR.ES~HVMBLE

REMONSTRANC

DV PARLEMENT

A V R

Y

ETALA

REYNE REGENT

A PARIS,

Par les Imprimeurs & Libraires ordinaires du Roy.

~ M. DC. XLIX. Auec Prmilen de Ja Maje^é.

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TRES-HVMBLE

REMONSTRANC

du Parlement

Au Roy & à la Reyne Régente.

I

Voftre Parlement outré cledouîeurjinueflyÔ^pfeffc par des armes commandées fous voftre Nom dans la Ville capitale du Royaume, exclus de tout accez à voftre Majefté &: à la Reyne voftre Mcre^vous adrefle cette Remonftrance &: Sup- plication très humble accompagnée des fentimens de tous vos fidelles Sujets.

SIRE, lors que la Prouidence diuine mit la Couronne fu lateftede V.M. en vn âge auquel voftre Perfonne ne pouuoi=: contribuer au bien de Ton Royaume que la qualité de Roy, qui porte Timage viuantc de Dieu, ô^ les bénédictions qu'il auoit abondamment vcrfées en voftre naiftance ; voftre Par-

A i)

îement eftima ne vous poimoir rendre vn feruîce plus impor- tant, que de ioindre (es fufFrages à ceux de la Nature de de toute la France, pour commettre à la Reyne voftre Mère le gouuernement de voftre Perfonne&de voftre Eftat. Il ne douta point, qu'elle n'euft toufiours pour vous &: pour vos Sujets des entrailles de Mère, & en toute fa conduite vn ef- prit Royal fuiuant fon extradion.

Il eftima fur tout, que pour maintenir la liberté légitime^ qui fait régner les Roys dansle cœur des Peuples, elle ne per- mettroitiamais qu'aucun particulier s'efleuaften trop gran- de puilTanGe au preiudice de laSouueraine^pource qu'elle fçauoitparles lumières que Dieu donne aux Ames qu il de- ftine pour régit les Eflats, combien {es eftabliflemens font contraires aux vrayes règles de bonne police, en toute forte de gouuernements, Se fpecialement aux Monarchiques, qui ont pour loy fondamentale, qu'il n'y ait qu'vnMaiflre en ti- tre ôc en fondion ; de forte qu'il eft toufiours honteux au Prince &: dommageable à fes Sujets,qu'vn particulier prenne trop de part ou à fon affedion ou à fon authorité, celle-là deuanteftre communiquée à tous, & celle- cy n'appartenant qu'àluyfeul.

D'ailleurs voftre Parlement auoit fujet de croire , que la propre expérience de la Reyne voftre Mère luy feroit vne garde fidelle , pour la guarantir de cet accident ^ ayant veu pendant le temps de fon mariage en deux notables exemples du Marefchal d'Ancre èc du. Cardmal de Richelieu, combien l'efleuation d'vn fujet en trop grande faueur &: authorité auoit efté difforme, iufqucs à quel point elle auoit efté redou- table au Roy & intolérable à fes Peuples.

Elle auoit veu fous le gouuernement de ces puifTanccs les plus faintes Loix violées, les Compagnies les plus célèbres auilics,les perfonnes de toutes conditions opprimées, fans refpeder les Royalles, non pas mcfme la fienne ôc celle de la feue Reyne voftre Ayeuile. Bref il n'y a rien eu de fi facré qu'elle n'ay t veu profaner par leur infolence &: leur ambition, ni rien de fi cher ài'Eftat qu'elle n'aytveu confacrer à leurs

imerefts.

Toutes

5

Toutes ces confiderations, MADAME, nous elîoient des gage? alTeurcz , que pendant voftre Régence nous ne pdiir- nons tomber en de femblables mal-heuis. Mais comme c'efî ]e défaut ordinaire des Bons ( quelque illuminez qu'ils foient) de n'auoir pas alîèz de défiance des Mefchans , pource que leur intérieur e/l toufiours couuert de bonne apparence, que plus leur poifdn cft dangereux , plus ils le rendent agréable aiî gouft , & que d'ailleurs les Princes entre tous les hommes font les plus cxpofcz à leurs furprifes ^ayans plus de bien entre les mains j il eft arriué que le Cardinal Mazarin , eileué par le Car- dinal de Richelieu jnourry dans f^s maximes ambitieuies,6^ formé dans fes artifices, fuccedanc à Ton miniflereja fuccedé pareillement à Tes deileinsi II n'a pas plûtoft eu l'honneur de Voftrc choix au manîîï^ent des affaires , qu li n'en ayt abufé;, ,& qu'oubliant fon deuoir &: les obligations qu'il auoit à fa Bien- fadrice , fcinant l'exemple de celuy qui Tauoit inUruit, il n'ayt drefTé toute fa conduite a vfurper la fuprémeauthorité, dont vous elles la tutrice. De manière que dés lors iufques à prcfent nous l'auons vcu Maiflre de la perfonne du Roy fous le nouueau titre d'Intendant de Ton éducation , & difpofer fans referue des Charges , des Dignitez , des Places, des Goii- ncrncmens, des Armes & des Finances ; conférer toutes les grâces , fans vous donner part à la gratitude -, ordonner les pei- nes, vous en laifTant toute l'enuie; & qu'en effet tous les Subjets du Roy & leurs fortunes particulières, aulTi bien que la fortune publique , font en fa feule dépendance.

De il efl: arriué , M A D A M E , que comme les intcrefis de ceux qui entreprennent fur Tauthorité fouueraine, font tou- jours contraires à l'interefl du Souuerain , nous auons veu fou5 fon miniflerevn vfagc de Politique eflrange& toute oppofce â nosmœurs; les vrais interefls de l'Eftat abandonnez ou tra- his ,1a continuation de la Guerre, l'éloignement de la Paix, les Peuples épuifez , les Finances difsipées ou deftournées , tout ce qu'il y a de confîderable dans le Royaume, ou corrompu, ou opprimé, pour afTujettir tous les François fous la puifTan ce d'vn feuî Eilranger. Et finalement rEfî:at au poind il cil , à h jeilIedefaruinejfiDicun'ymerpuiiTammentlaiîiain.

B

è

Qm ne voîcî que le (fardinaî NCâZârîn â toujours vouîu ccm^ EÎnucr la Guerre , & éloigner la Paix, afin de fe rendre plirs •neccffaire &: auoir plus de precexces de Icucc de grandes lom- mes de deniers pour s'enrichir ? Qui n a defconuerc q^'cn plu- fîeurs occafions il a cmpcfché nos fuccez , pour faire balancée les affaires îTefmoin nos armées perdues faute de fubfiftanco deuant Lerida^les foibles fecours de Naples enuoyez à contre- temps, lefiege de Gremone, la perce de Gourcray & autres adions de Gcctc qualités

Et quant à la négociation de la Paix , Qui cft fi grofîîer qui îîc iugc, qu'il n'a iamais voulu donner part au (cerct de l'affaire qu'à fon Gon^dcnt , quoy que le Duc de LongiieuiUe & les autres Députez de probité reconnue, ne peufTcnt cftr« fuf- peds , & qu'il a mieux aymé perdre nos Alliez , que de fair« \z Paix coniointcmentauec çux; ccquiferoitvne faute crimi- nelle, quand îl n'y auroit point d'infidélité : & fi les déclara- tions vniformes des Nonces font quelque foy î fi la propre confefÏÏon dudit Cardinal peut fcruirà le conuaincre, après auoir die tant de fois, qu'il tenoitla paix entre Tes mains , outre la voix publique qui le déclare par tout, & la chofc qui fario d'elle-mefme î Iln'cftq-uetropéuident qu'il a traJby nos vrais interel^s en cct:e affaire fi importante : Et cette feule preuari- cationenvn fujec de cette qualité, ne meriteroit-ellc pas vn fuppliee,quiégalaften quelque force les miferes &: lesdcfoîa* tions quelle a cauféos* Maison peut encore raifonnablemcnt tirer cette induflion de fon procédé, qu'il auoit la penfée de partager vn iour la France auec l'Efpagnol, ôs nousfommes peut-eftrèàlayeilledcrefprouuero

Quant à l'abus U la déprédation des Finatjces ,1c Gardinal Mazarin ofcroic-il dire, qu'il y ayt eu quelques limites à fa con- uoitife, SIRE, les Souuerains , légitimes tuteurs du Peuple^ regardent leur bien comme le bien d'autruy , pour en vler ; éc pour le confèruer, ils le confidcrent comme leur bien propre: de manière qu'ils n'y mctrenc iamais la main fans neaeffitéj ny fans mefure. Mais les Vfurpateurs de l'authorité fouuerainc regardenx lebien du Peuple comme leur proye, foncauides de fafubftaoce, &: la dernière goutse de fonfaog eftla feule borne deicur cupidicé.

'7 . .

Tfiîca eM celle du Cardinal Mazarin , quîafifortefpurfé Je Royaume pour s'enrichir, qu'il y a peu de pcrfonncsà la Campagne aufqucllcs il rcjde vn lia pour fe coucher , moins à i^ul il ayc lâiffc dçquoy auoir du pain fuffifammcnt pour fo nourrir auccfoncrauailjôJ il n'y en a point du tout qui puiffô vture fans incommodité. De forte que fi yoftte Parlement tou« ché des fentimensdc voftrcferuice& des motifs de la charité, n*cuft arreftc le cours de fes infupportables exactions, le moin- dre mal cufl e(lc,que vos Peuples fufTent tombez dans Tim- puiûance ou dans le defefpoir auant la fin de la dernière an- née ; Et il feroit inutile de marquer toutes les voyes qu'il a te- nues pour faire vne telle déprédation. Les feuls fonds im* menfes qu'il a conlbmmez dans la Marine , dont il a difpofé fans en rendre compte , feroicnt capables d'épuifer vos Finan- ces. II fuffit de dire , Qu'il cfl: le Maiftre , Qu'iJ prend tout ce qu'il peut toucher, comme s'il eftoitfienj Qu'il a confcrué ôd augmenté le nombre des Parcifans & gens d'affaires , qui font lesfangfucs qui luy facilitent le moyen pou^r auoir de l'argent comptant } Qu'il a Icuc plus de quatre vingts millions de liures ^ar anjQu'il nous a engagez de cent cinquante; & Que l'on ne trouue plus prcfque d'or ny de bonne monnoyecn France, îtjgez de là, S I R E , il efî.

Mais le plus notable intereO: , le plus criminel & le plus con- traire qu'il ayt eu à ccluy de V. M. c'a efté de vouloir tirer V05 Subjets de voftre dépendances pour les mettre en la fienne, ou de leurconfentcment , ou par force. Dieu fçait ceux qu'il a corrompus j il eft afféz aifc d'en defcouurir quelques- vns dans le nombre de fes Partifans; Et l'occafion prefcnte fera vne picr» re de touche, pour marquer ceux qui font à vous ou à luy.

Gc qui n'cfl; que trop public j font les violences qu'il a faites pour dcftruire les vns, & pourintimider Icsautres. La déten- tion du Duc de Beaufort trouué innocent , fut foa coup d'ef- fay , fuiuy de celle du Marefchal de la Motthc Houdancouri & en ces derniers temps, des Officiers de voftte Grand Con- feil &: <2oar des Aydcs, &: d'vn grand nombre de ptofcri- prions , d'eroprifonnemens,^ autres mauuais traitemens plus ou moins iohumaixis, félon que la refiflance à fa tyrannie luy

cftoit pîusou moins nuifible ou oJieufevEc les exempîesd© ceccequalitc fonc enccl nombfC&:ri nocokes, qu'il feroisfu- pcîfla de les déduire.

Seulement vous fvjpplierons noits d'obferucr , S ï R E , que Comme voflre Parlement eft le plus fore rempart pour défen- dra voflte Auchonte, & le plus redoutable Aduetfaire de ceux qui la vealent vrarperj d'ailleurs qîi'il eft incapable de ïrxounouhc vo autre Maiftrr que Ton Roy légitime: Et quand; il s'eit tro-uié rJe^conkils affez pernicieux ^ pour entrepren- dre de changer Tordre de la fucceflion à la Couronne , ce Par- lemeot s'ytftd'ppofé aucc tant de vigueur, qu'il a plûtoftfouf- fert qu'on le deckraft criminel de leze-Maiefté, quederelaf- chcr quelque chofe de fa refiilancc , comme il eft encore prefi de le fovMir pourvn mermefujet. Le Cardinal Mazarin n'a rien obmis d'artifices de violences pour abattre cette gtand© ÙompâgmQ.

Ses artifices n'ont pas eftc des tentations pour la corromprej fçâchant qu'il n'y eufl: pas rcufTy : Mais les finiftres impreiïions quVl a données àvodrcMajeilé, M A D A M E , dVnc Com- pagnie fi exempte de foupçon, afin de vous induire à comman- der de rudes exécutions contre les Particuliers ,&: des traite* mens iniuricux contre le Corps. Et en cela fa malice &: fa ca* lomnie ont pari^gtandcs » &: Tes artifices bien furprenans j puis quiîsonc perfuadé Vo M. M ADAM Encontre fes naturel- les inclinations à bien faireô^ à fauuer leshommes, de traiter il étrangement le particulier &:!e gênerai d'vnc Compagnie^ qui vous a fcruie auec tant de zele , & à qui vous auidz donné sant de part en l'honneur de voflre bienveillance.

A peine le Cardinal Mâzarin a- t'il cfté dans les affaires, qu'il a commencé par la profcription l'craprifonnement dVn Dombre deScnatcerSï pour frapervnc partie du Corps,- & im- primer la terreur dans l'autre. Et certes remprifonnementda Prefident Barriilon conduit dans vnc citadelle hors du Royau- me, more peu de mois après fa détention, laifTant le foupçon funcfte d'vnc caufc violente de fa fin , qui a cflc vne des plus crucllts adions que nous ayons veiies depuis que nous erprou- WBslâtyrâmç des puilTans Fattoris^eftoit bien capable de faire

*xîàînHre"des courages médiocres. Maïs comme'îl efl malalfë deioiîmettre par cette pafîion vn fi grand Corps , qui ne ierain: que de manquer i ("on deuoir , ces, ex ein pies de vio- lences ne Tont pas empefché qu'auec l'âu'isdes Compagnies 'Souneraines voyant le Peuple opprefTé pardesimpofîtioh$, des leuées j des tâxeSj.&c autres tellesvexacions îquifecomw ^metcoienc par .voyx de fait ou parla feule ainhodté des Ar- rellsdu Confeil ,il n'ait pour fatisfaire aux obligations dcCâ ^chaige pris connoilTan&e des caufes de ec .deCordre , 6c n'en .^c aucunement arrefté le cours. Et nous pouoons dire à V. ' iM.fans exaggerer $ cjuefi voftre Parlement n'euft interpofé voftre Authorité pour erapefcher ces oppreiîions ,lePeup!c euft efté bien-foil oti dans i'impuilTance ou dans le murmu- re: Cepremiermalefllafoiblefledes Eftats, scie dernier efl ladifpofition aux rcuoiteSj que les fagesiPoiitiques doiuent -toufîours preuenir , fçachant bien que la patiences des hom- mes ell limitée ^ Se que Dieu ne met pas mefme la confiance ides luftes à toutes crpreuues. Les feruices que nous auons rendus à F. M. S I R E ^ en foulageant vos Sujets , & vous remettant -en .pofTelTion de vos rsucnus"ûnt empefché ces accidcnsj mais ils ontallumé la haine du Cardinal Mazarin contre voflre Parlement le voyant vn obUacleà fa tyrannie,- Et c'eil le fujet qui la fait recourir à de nouueaux moyens ;pour le perdre.

De làeft venu le traittement outrageux > qu'il receutpu- Ijliquement à laface.de ros Maicftez » de leur Cour,&: de toute la France , cette Compagnie fut traittée de rebelle êc de fa(^ieufe par la bouche du Chancelier , envniieuoù la moindre adion de dureté blefle la dignité Rôyalle. Delà vint en fuite la profcription de plusieurs Sénateurs^ & rem- ^rifonnement de deux des principaux en vn jour dédié à la joyepublique ;, loiier Dieu du fucccz qu'il luy auoitplÛL donner à vos Armes : dcformité eftrange pour ne pas dire Impiété facrilegue , d'auoir meâé vn tel deiiil dans vncfi faincle réjoiiiiTance ! Confeil noir Se cruel, mais d'ailleurs plein d'aueuglemenc, qui excita auiïi-toft'les imprécations ' -publiques concrète Cardinal Mazarin , l'iie de Dieu fur hiy^

C

îîîaîs fa bonté fur nous',poui' les deIîur€r''par-vh"ÎLJgemena: feciec de faProuidenccquoy que patvn moyen contraire à noftre intention,

Mais ce premier eiFort, bien x^c fans fu-ccez^xondamTié piar des marqties fiviiibles de la prote<5bion dii Ciel en noflre îaueur > ne changea ni ion deflein ni fa baine. Celle- cy fe raU Juma pkicofc dans fon cœur , Se ydemeura plus adiue qu'au- parauant i & fon deflein fut feufemenDcoLiuert dediCIimula^ -tion , afin de prendre mieux foa temps & fes mefures, pour^ k faire reulTir. A cételFetil nous entretint par des-conferari^ c^es 5 qui aboutirent àvne Déclaration contenant la reforme des defoidres publics , qui pourcànt fut auflfi-tofl enfreinte, que publiée i mais cette conduite n'alioitqu à nousesbloiiù'i par vne apparence.de bonne intentionj pour faire paiTer en fuite vne autre Déclaration ad rclïée à la Chambre des Com- ptes , qui reftabhlToit l'vfage des prells &:-des auances, &c 1©: crédit des gens d'afFaires ; afin de nrer d'eux vne grande fom- me d'argent pour fa dernière maiaauant que partir, ôcexei^ cuter plus puifTamment fa refolutiom

Cette- reColution nefloit autre que de nous faire périr ' l^arvn coup, de foudre, & nous enueloppcr auec Paris dan^s- vne commune ruiiie ? abbatre du contrecoup tous les P^r^ lemens & toutes les autres \'ill-e-s dont Paris comme- le Chef; ce faifant eftre en efiat de fe rendre Maiftre d'va Koyaurae defolésou de lepartager aue,c ceuxqui îuy font - iiecclTaires pour, exécuter fesiCntrepHres, ou^en- faire tomst ber la meilleure partie entre les mams des Eli ranger s, pous y prendre fa retraite. &: y trouuei" fon eflabiifiement. liy a : grande apparence, qu'il efl def-ja d.'accord auec euxj puis qu'il retire les garniions de nos fr-onticres au meime temps qu'ils font puifTamment ar-me2.-j& qu'il met le. trouble dans le R.ova;;me, qui eft tout ce qne les Efpagnolsonttoufiours déliré Pour peu qu'on ait de.fensne.voit'On pas fatrahifon àdcfccuuert par cette dcrniereadion Jes circonfiance.s Se fe-s iiiiites. V.M. enleuce par furprife, voilte Perfonne en fon* ppuuo''r j vous ayant ofté les Capitaines c'e vos gardes , gcns^^ d^xondition.^ScdeprobicéslaLeure enuoyee à l'HoileLdêv

Villh, quî déclare que le Parlemenrâ conjuré contre fo a Prince 5. vne féconde Lettre qui luy commande de nous traitcer comme criminels de Leze-Maieftê , ce qui nailoie ptas à moins que de nous foire defcbirer par le -Peuple, de caufer vn maiTacre gênerai dans Paris, la Ville efianc en' mefme temps bloquée, les pflages faifis, ôi les defences fàides à tous les- lieux circonuoilins d'y poner des viuies-. Peut oa regarder tour ce proetdc qu'on ne voye quand &c quand que la coniurartion eâtelle ^quenouslarcprefentons àvoftie Maiefté. Goniuration dereftablc, maisConfeil Ri- sefte & barbare, qui ne peut auoir eflé pris fans que le Démon qui marche dans les ténèbres y ait prefidé , &:qije les Anges liitelajresde la France en ayentefté tmnnis*/-

S I R E ^nousappeilonsicyrouïce qu il y a d'Ames Vf ay-^ ment EraneoifeSj pour fe ioindreànoi^ fentimensô^ ànoftrs conduite^à l'exemple de cesperfonnesllluflresjquiont fi^ gnalé defia leur zèle en cette occalion- afin de confondis piromptement l'Aiirh^ur tous <:os maux\, déliyrer voftr® PerfonnedefcsiTiaîns'j&d'etirervoftreEftatdcfaruine.C'eft Ivnique voyede faluc,- & fiXonparci fublifte quelque tempsy - la France, eft perdue fànsTefourc-e*-

Si nous el^iuns fi- mal-heureuxqucdefuccomber\ le Car- dinal Mazarin demeure roirMaiftred'vnBftatrefroidyj qu'il-' partagtî-.oit auec ceux qui l'ont afîldc j/Lnofîre refiftance ne lait qwe-balancer ks afîarires-, n^ous-verrons- naiilre à noftce - giand regret vne guerre ciuille,qui donnera loifir aux Eilran^ gers d'entrer en Franee 81 de fe ioindre audit Cardinal : ïqs Elpagnoî-s eftant bien alleurez- que nous ne-pouuons auoir intelligence auseeux/ parce qviil eilirapoffible que les in- tcretîs quenous auons à la conferuationde la Monarchie, à caufe de nos Cbarges qui en- dépendent î puifïdnrcompâtir aucc leurdeifein. D V. M. pt:ut luger à quelle extrémité le Cardinal Maznrin vousartduk ,vous-ayant ittté dans \z- Becefll' éau d^ le perdre bîen-toflppur vousfauuer ôc la For- Uîne pub'iqne , ou de perdre vos pkjs fidellesSeruiieurs ^2 ?oiVre Ëitat conioinLemenf,.

SiIR,E^,dâas le jUQUuement^'perllkux oimousyoyons-îai^

ffoi-mne p'^ncliatîte de voftre Royaume .nous nous •:.:«ons obligez de iuiHiieL' nollre. conduite à V. M.<&:.à touce la Fcaocer Nous ferions inconfolables , Ci nbus ne croyons auoïr facisfaitl tout ce que la luftice 8c La Prudence défi* Toientdenous , pour éuiter ou eiloigner l'accident nous fommes tombez: iVn Si l'autre nous ont obligez de mettre la main au tbulagemcnt de vos Peuples, qui fuccomboient fous le faix , afin d'empefcher leur ruine ou leur reaolte. Mais àfelgard du Cardinal Mazarin , qui efloic coupable de leurs fouffrance&ifi la luflice demandoic la punition de fa tyrannie, la, Prudence nous portoicà ladiiTimuier^ com~ ;ine nous auons fait.

Nous fçauons bien que le crime d'vfurpatlon eO: de k qualité des palTions violentes , qui fe rendenc maiftcefTes des araes qui les recoiuent j &: que pour peu qu'il foit con- fommé , les loix font trop foibles pour le chaitier. Ceux qui entreprennent fur la puiïTance du Souuerain ne man- quent pas d'imiter ce fameux Sculpteur, qui graua fi arci- ftement fon image dans la flame qu'il deftinnit au public , t^u'il efloit impofîlble de l'en ofler , fans mettre Touurage en pièces. Les Vfurpateurs de TAuthorité du Prince, s'at- tachent fi forci fa pcrfonneSi fe rendent fineccffairesdans Ces affaires. par leur adrejre^qu'il^eft prcfqueimpofTible de bs en feparer , fans caufer vue conuulfion tres^perilleufc à ■rEllat : Se comme ces maux foat^^prçfque incurables, quand lis ont pris racine pour.peu (|yie .ce ifoit s les Sages en at- tendent la guerifon plutofl (le;kXeule J^rouidence dcDieti que de, leur conduite: Amii egui? îtiotis fommes veus ddi- ure^deux foispar fs main praptoe J.e ces maladies mortel- les -y^ nous cufîîons attendu vn pârpil fecours fans agir con- tre le Cardinal Mazarin, non pas mefmedans cette occa- iion ,fi nous n'y eufîions eflccontmints pour Boilreiulliii ca- tion Si pour yoflre feruic^.

S î R E j aufTi toft que voftre Parlement eut la nouuelle

devodrefortie , qui fcmbloit plutoft vn enleuement que le

départ d'vn Royde fa Ville Capitalîe; &que nous eufmes

"^suULeuteecrueâux Freuoftdes Marchands &: Efeheiiins,

""^ - " " .où

ocrrious lifîonsmanifcitemenilcnom & IcdeiTcindu Car- dinal Mazarin, nous ncvoulufmcs pas obmettrc, bien que vainement, de prendre toutes les voyes qui pouuoient cm- pefchcr l'cfclat qui cft furuenu. Pour cela nous deputafmcs vers yos Majcftez les Aduocats èi Procureur Gcncrauxj pcr- fonnagesd'âgc, de probité & de fuffifance^ qui pouuoient s'il y cuft eu lieu, porter les chofes à quelque modération} ayant charge de faire & d offrir toutes fortes de foumilfions à vosMajcftezdela part de la Compagnie. Mais leur retour nous fift voir que le Cardinal Mazarin Tçait bien pratiquer cette maximedc Politique vitieufc, que qui ofFenfe , ncpar- donnc pointj & d'ailleurs que la cruauté eft le propre des âmes foibles & des animaux timides , qui ne démordent point quand ils font en eftat de mal faire. Apres que les Deputeat nous curent rapporté le traittement qu'ils auoicntreceu are- fufcz duremenr, renuoycz au milieu de la nuiél , & qu'ils nous eurent déclaré que la Ville eftoit bloquée, voftre Par- lement n'âuoit plus qiic IVn de deuxConfcils à prendre, ou eeluy de foufFrir patiemment la violence préparée, ou celuy d'armer pour noftrc commune conferuation. EnTvn & en rautrccasileftoitneccfTiilrcpour voftre iuftifîcation ou pour la noftrc, de déclarer le Cardinal Mazarin Enncmyde vo- flrc Majefté & du Publie ; ce que la prudence nous auoic fait différer jufqucs alorsj fi nous auion s à périr , toute la Ter- rcdcuoit fçauoit quec'eftoit par la violence de noftreEnnc- my, & non point par celle de noftre Roy, qui n'cmployc îamajsfes forces que pour nous protéger. Et fi nous auions à nous défendre , il deuoit eftrc pareillement notoire que e'eftoit contre vn Tyran & non point contre noftre Maiftre, fous le nom duquel nous nous profternons-, dc pour lequel nousn'auons que des fentimcnts d'obeïlTance.

Sans cette dcclaration , oti noftrc perte deshonnoroit la réputation de V. M. ou noftre defenfç nous couuroit à ia- mais dVnc criminelle infamie : Mais fi nous n'euifions efté touchez que de l'intereft de nos fortunes & de nos vies , nos inclinations nous cufîcnt aiiémenc rcfolus à prendre le ps^rîy

de la fouffrancc î nous les «ufïioiis volontiers immolées 1^ celles de nos Concitoyens, au rcfpcd qu« nous portons à voftrenom&àvoftrebrasqyifrapoit le coup, fans confide- rcrccluyqui faifoitrinjurc, La mort quelque terrible qu'el- le foitauec fcs pompes &fes appareils plus affreux, ne nous pouuoit faire tant de peur que le moindre manquement d*ob- feruâtion & de foumiffion à tout ce qui porte voftre caïadc- rc : Et bien que la Loy naturelle plus ancienne & plus abfo- iuc que toutes les autres, nous rende tous moyens légitimes pour conferuer ce qu'elle nousalibcralemcnt donnéj nous cufîîons pourtant iugé que ce martyre euft cfté innocent, & qu'il n'euft point tiré voftre ruyne & celle de Yoftrc Eftat inc- iiitablement àra(uite,nouseufrionsmieuxaymémourirque de nous feruit du priuilcgc de la Nature , pour nous défendre contre des armes commandées fous le nom de noftre Soa- ucrain. Voftre conferuation, SIRE, &cellcdu Royaume^ cft la feule eau fe de noftre dcfenfeSi le motif de noftre Ar- rcft, qui ordonne que Paris prendra les armesj noftre (alut particulier n*eft pas noftre principal objc<5t, en cette occa- fionnous ne le regardons que comme vn moyen ncccflaire au voftre.

C'eftlà, S ï R E, oii nousiefero^ns nos meilleurs fouhaits, c'eft tendent nos armes, hors de nous n*en voulons jamais d'autres pour vous refifter , que les prières , qui font les feules armes légitimes, mais bien puiffantcs, que Dieu a don- nées aux Subjc(fts pour fléchir les Roys furia Terre 6c pour le forcer luy'raefmejufqucs dans le Ciel.

Et ilimporte de faire fçauoir à vos Peuples que nous n'a- uons point de mains pour nous oppofer à V. M. & qu'elle n'eftcnd iamais les fiennesTur nous, que pour nous départir des biensfaits 5 de forte qu'on ne luy doit non plus donner de part au dedein cruel que l'on vent exécuter contre nous.; que l'on n'en peut prendre fanscrimeàfesaâionsde grâce & de démence.

Receuez donc, s'il vous plaift, noftre rcfolutîon de pren- dre les arnicsjnon pas comme vn a(^e de rebellionjmaiscom-

me VQ cf^ct de noflfe deùoîr : Nous ne Hoiïs dcfcfidxiônspâs en cette extrémité û nous le pouyions obmcttrefans crimc^ & fans encourir le reproche de Dieu & des hommes, dauoir laifTé latchement périr noftrc Roy par vn faux zelc plein d*i* gnorancej.parcc que ccluy qui nous opprime pour le per- dre en fuite scftreucftu de fou nom&defonauthorité.

SIRE, apresauoirrcnducccompteàV. M. des motifs de la refolution que nous auons prife, &derArrcftqucnous auons donne , qui n*a point d'autre fin que voftrc falut , il ne nous refte qu'à fupplicr trcs-humblement vos Majcftez qu'il leur plâifedc les fortifier par leur approbation, & ce faifant condamner le finiflrcconfeil du Cardinal Mazarin; Et puis qu'il ne s'cft pas retiré de voftrc Cour le mettre entre les mains de la luftice, afin d'en faire vn exemple notable qui demeure à laPoftcritéjpour guarentir à iamais nos Roys d'v- ifl^vfurpation pareille à celle dont il cftcoupabîe.

Vos Majeftez mettront le calme dans l'Eftat, leurs Pcrfon- îies &: la Fortune publique en fcurcté ,1a France hors du péril réminent d'eftrc enuahyc& partagée entre cétEnnemy do- ;meftiquc &. les Eftrangers; & tous les François d'vn efpriî vnanime fcrallieronx pour forcer rblpagncdeeonfcntir àla Paix tant defiïéc.de toute ia Chtcftientéj & fi necefTairc an bon-heur de vos Peuples, -

MADAME, après cctt^ Remonflranec Sucette Supplica- tion très- humblcafîîftéc des fuffragesde touslcsbons Fran- çois, fi vous reteniez dauantage le Cardinal Mazarin, pcr- >mcttez-nousdedircà V.M. que vous feriez Yefponfabls de- uant Dieu & deuant les ho.mmcs, du depoft facré de la Per- fonne du Roy te de l'Eftat que la France a mis entre vos mains. Et nous Rcpouuons douter fansfairc tortàMonfieur le Duc d'Orleans^&: à Monfieur le Prince de Condé, qu'ils ne vous portent à cette refolutionjny iuger qu'ils ay ent eu vn au* tre elprit en l'occafion prefentCjque de prefter vne obeyflTan- ce aucugleà vosCommandemens fans s'informer de i*Au- theur., ny des raifons duConfcil qui a eflé donné, non plus que des auis iuppofezpour fabriquer l'atroce calomnie con-

ftc les Officiers daPàrlcimcnt. Mefmcnbusnèîugcnons pas fainementd'eux, nous n'eftimionsquilont fuiuyvosMa- jcftez 5 pluftoft pour les guarentir des entreprifes du Cardinal Mâzarin, que pour ayder ou confcntir à Tes dclTcins pernî*» cieuxjce qui fetoit viîe aétion aufîî indigne de leur nailïance, que nous la croyons contraire à leurs inclinations.

Mais comme nous ne doutons point, que vos Majeftcz ne donnent à la luftice, à vos vrays intercfts, à ceux de TEftat, & à tant de larmes qui font les voix des mifcrables, ce que nous leur demandons inftamment par nos très humbles Tupplica- îionsjnousîesaiïeuronsâunomdctouslesgensdebicnjquc cette a 6tion fera fuiuie d'applaudiffcments, d'acclamations publiques, & des benedi^ions de Dicuj Et nous proteftons , SIRE, qu'àuffi-toft voftre Parlement, toutes les Cojnpagnies Souueraincs& voftre bonne Ville de Paris, fe proftcrncront à vos pieds, pour vous rcnouucllcr les vœux de leur parfaite obcïflance.

Ainfî puiffiez vousjM AD AME, confommer dignement 3e grandOuuragedelaeonreruationdecepuifrantEmpire,quc Dieu a depofécntrevosmains; Ainfi puiffiez-vous donner à la France le repos & tous les effets de la Paix bicn-heureufe, S^ que la Poftcritc regardant voftre Adminiftration loue à la- mais la Régence des bonnes & vcrtucufes Mères. Ccfontlâj SiRE,lesvœuxdetoutcequivouseftfidelleenFranGe,&Ies fupplicacions des Officiers de voftre Parlement , qui ne fçau- roient eftre autres que vos tres-humbles, tres-obeïffans & îres-fidelles Subjets & Seruitcurs. A Paris cnParlcmentîe 2î. ïanvier 1649* Signé, DV TILLET3 Greffier cji ckcf de ladite Cour> -

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