•^^ci^-l ./^-^' ^^•.v> Air.:^ H ÉTUDES SUR LE rOLYMORPllISME DES CHAMPIGNONS INFLUENCE DU MILIEU l.jon — A. REY, Imprimeur île l'Cnivcrsité. — \!2033. F]XEM1'LAIRF, N'^ i^t- ANNALES DE L'UNIVERSITE DE LYON XOUVELLE SÉRIE I. Sciences, Médecine. — Fascicule 3. ÉTUDES SUR LE POLVIIORPHISME DES CHAMPIfi^ONS INFLUENCE DU MILIEU PAR Joseph BEAUVERIE Docteur es sciences, Préparateur de Botanique à la Faculté des Sciences de Lyon. PARIS I LYON LIBRAIRIE J.-B.BAILLIÈRE et FILS A. REY, IMPRIMEUR- ÉDITEUR ' Rue Gentil, 4 1900 19, Rue Hautefeuille .83^ 4 A MON MAITRE M. LE PROFESSEUR R. &ERÂRD Hommacfe de profonde reconnaissance et de respectueux aflachement. . ^ ^ «9t ETUDES ../ "' SUR LE POLYMORPHISME DES CIIAMPIGXOXS INFLUENCE DU MILIEU INTRODUCTION ET HISTORIQUE Généralités sur l'histoire de la question du polymorphisme chez les champignons. Nous croyons qu'il est utile et intéressant de retracer dans un historique assez détaillé les vicissitudes si nombreuses de la vaste question de polymorphisme des champignons, avant d'en entreprendre nous-même Tétude. Cet historique n'a jamais été complètement rédigée II montrera d'une façon frappante la grande complexité du sujet. Son étude nous permettra de préciser les notions actuellement acquises et les problèmes qui sont encore à résoudre. Cet historique nous offre encore un précieux enseignement, en nous montrant à quels excès peut entraîner l'imagination dans le domaine de la recherche scien- tifique, quand elle n'est pas constamment refrénée et mainte- nue dans son rôle utile par l'application d'une technique irréprochable guidant avec sûreté l'observation. Nous verrons, pendant une longue période de temps, qui est précisément ^ Le très intéressant travail de M. Gilkinet (1875) s'étend de i83o à 1874. Umv. HE Lyon. — Bf.ai •^ eiui-, i G INTRODUCTION ET HISTORIQUE celle où la Mycologie a produit le plus de travaux, cette science rester à peu près stationnaire et même rétrograder souvent: elle s'encombre alors d'un fatras de documents, faux en majeure partie, qui compliquèrent singulièrement la tâche des Myco- logues qui vinrent après. Il fallut tout le génie de de Bary pour remettre les choses dans les limites de la saine raison. C'était cependant à la suite des belles découvertes sur le polymorphisme des champignons, de Tulasne et de Bary, découvertes qui sont restées, que des adeptes trop enthousiastes de leur théorie lui ont donné un essor extraordinaire, la jetant dans les aventures d'où elle a eu un si grand mal à se tirer. Ces disciples n'ayant point la sagesse et la patience des maîtres, se sont laissé emporter par leur imagination vers une sédui- sante théorie unitaire, sans vouloir s'attarder à diriger leurs observations au moyen d'une méthode véritablement scienti- lique. C'est ainsi que, de l'idée exacte d'un polymorphisme actuellement limité, ces botanistes sont arrivés à celle d'une transformation actuelle et facile des espèces de champignons les unes dans les autres, ou à la conception d'espèces d'un polymorphisme tellement illimité qu'il en découlait la négation même de toute entité spécifique. On ne saurait complètement séparer de l'histoire de la ques- tion de polymorphisme chez les champignons, celle de la génération spontanée où les « moississures » jouent un rôle si important. La génération spontanée ou transformation de substances organiques inertes en êtres organisés vivants, n'est qu'un polymorphisme ou transformisme poussé à outrance, et, à ce titre, fait partie de la question dont nous nous occupons ici. Nous nous limiterons d'ailleurs, dans lexposé souvent fait de cette doctrine, à ce qui se rattache le plus spécialement à notre sujet. On peut diviser en phases assez nettes 1 historique de la question du |)olymorphisme des champignons. Pendant la première, celle de l'Antiquité, la question, comme on pcul s'y altendre. esl c\c> plus diffuses, on la conçoit INTRODUCTION ET HISTORIQUE 7 seulement comme liée à la question des générations sponta- nées ; la croyance en cette doctrine comprenait les champignons au premier rang des formes inférieures de la vie, capables de naître spontanément au sein des matières qui se corrompent. Cette théorie tenait tout entière dans les spéculations des phi- losophes de cet âge. L'absence d'appareils optiques perfec- tionnés ne permettait pas d'observations directes un peu étendues de ces organismes délicats. Le Moyen Age commente l'Antiquité. Dans les temps modernes, la question des générations spon- tanées fait quelque progrès. C'est surtout à l'époque contemporaine que la question du polymorphisme des champignons se pose véritablement. Ses progrès marchent de pair avec ceux du microscope et de la méthode. On distingue plusieurs écoles durant cette période. D'abord le polymorphisme ancien, dont les représentants admettent la mutabilité actuelle et facile des espèces les unes dans les autres (avant Darwin, dont la théorie se tient d'ailleurs dans des limites plus sages que celles de nos hétéromorphistes). Une spore tiendrait latentes en elle des quantités d'espèces, et produirait l'une ou l'autre suivant les circonstances de la ger- mination. Les partisans les plus avancés de cette théorie admet- tent même l'unité spécifique de tous les champignons. Ceux-ci constitueraient une seule entité, et les formes que l'on gra- tifie habituellement du nom d'espèces n'en seraient que des modes. Cette école a des précurseurs avec Turpin ( 1887-1 8401 et Kûtzing(i837i, mais prend son véritable essor après les décou- vertes de ïulasne et de Bary;, dont beaucoup de polyphormistes exagèrent la portée. Elle fleurit surtout de i85o à 1870; les principaux représentants en sont : Spring, Bail Salisbury, Ilallier, Hoffmann, Trécul, Cariioy, etc. Les théories de Ilallier et de ^es partisans sont battues en brèche par les illustres savants, Tulasne, de Bary, A an Tie- ghem, Brefeld, qui établissent le polymorphisme classique des 8 INTRODUCTION ET HISTORIQUE appareils rcprodiicLeurs des champignons. Ils constatent que Tancien groupe des Ilyphomycètes est constitué par des formes inférieures de champignons d'organisation plus ou moins éle- vée, principalement les Ascomycèies et aussi les Basidiomy- cètes. Ils fondent une technique et une méthode sûres et précises qui font entrer la mycologie dans une voie rationnelle et féconde. Cependant, quelques auteurs, comme M, Brefeld, poussent trop loin la réaction, contestant que le milieu ait une influence sur le polymorphisme. M. Van Tieghem, au contraire, affirme cette influence et prépare la période actuelle, qui est caractérisée parle rôle prépondérant qu'a pris l'expérimenta- tion dans l'étude des organismes inférieurs. On s'est rendu compte de la grande influence du milieu cosmique sur l'évolu- tion de ces êtres. L'apparition de tel ou tel mode reproducteur est liée à tel ou tel état du milieu, une modification de celui- ci entraînera une varialion correspondante du champignon, qui se reproduira exactement chaque fois que le milieu sera modifié de la môme façon. C'est cette dépendance vis-à-vis du milieu^ dans laquelle se tient l'apparition de tel ou tel mode de reproduction ou de telle ou telle variété, que nous nous sommes efforcé de déterminer^ à la suite de Klebs, pour quelques cas. Les recherches entreprises par Costantin, Klebs et Bach - mann, Matruchot, Ray, Lendncr, AVasserzug, Laurent, etc., montrent que^ s'il n'y a pas aussi facilement qu'on l'a prétendu transformation des espèces les unes dans les autres sous nos yeux, du moins y a-l-il une grande variabilité de l'espèce, et possibilité d'entrevoir comment cette transmutation a pu et pourra s'effectuer. Il y a non seulement multiplicité des appareils reproducteurs, mais encore variabilité de ces formes caractéristiques. Les champignons inférieurs, à cause de leur exiguïté, de la légèreté de leurs organes reproducteurs et des puissants moyens chimiques dont ils disposent, peuvent tomber sur les milieux les plus variés en s'y imjjlantant et en s'y adaptant, puis ils pourront facilement être emportés ailleurs ; ils devront INTRODUCTION ET HISTORIQUE 9 vivre, dans ce cas, au milieu de conditions nouvelles, sans avoir pu constituer une force héréditaire suffisante pour le maintien des caractères temporairement acquis, d'où il résulte une variabilité plus grande que dans les autres groupes végétaux et une délimitation encore moins nette de Tespèce. Nous allons maintenant entrer dans quelques détails sur chacune des phases de l'historique que nous venons d'esquisser rapidement. On ne soupçonnait même point, dans l'antiquité, que les champignons eussent des organes reproducteurs spécialisés : c'étaient des productions spontanées. Les uns attribuaient leur naissance à ce qu'ils nommaient la pituite des arbres, suc extravasé puis épaissi qui en découle, et surtout à celui pro- venant de leur racine ^ ; d'autres les faisaient dépendre du limon de la terre, raréfié par la chaleur centrale du globe ^. D'autres, enfin, pensaient qu'ils devaient résulter d'une conjonction ou alliance s'efîectuant entre le ciel et la terre, surtout les jours d'orage, d'une part entre la foudre et d'autre part avec le sol, au sein duquel se produisent des ouvertures pour recevoir l'influence du ciel ! Cette idée paraît s'expliquer par ce fait que beaucoup de ces plantes apparaissent abon- damment, surtout presque immédiatement après un temps d'orage. Les poètes anciens, Homère, Virgile, ont beaucoup embelli cette idée de l'union du ciel et de la terre, la rendant encore plus concrète, la représentant, par exemple, comme une chaîne d'or qui tenait aux deux. Lucrèce dit encore^ : « C'est avec beaucoup de raison que la terre a reçu le nom de mère commune, car tout est tiré de ses entrailles. Même aujour- ^ Plinii Ilisforia naiiiralihus. lib. XXII, cap. 22. 79 après J.-C. 2 Paulet (Traité des champignons, 1793, t. I, p. 2), d'après Nicandri Cotophonii alexipharmaca, Garrœo interpr., Paris, 1549. ^ De reriim natiira, lib. V. lO INTRODUCTION ET HISTORIQUE d'hui, de nombreuses créatures vivantes s'élancent de son sein, formées par les pluies et la chaleur du soleil. » Celte croyance que la corruption d'une chose est la naissance d'une autre, était générale chez les anciens: la graine mourait avant cpie la jeune plante en sortît. Saint Paul l'invoque, avec sa bouillante éloquence, dans sa première épître aux Corinthiens, ch. XV : (( Insensé, ce que tu sèmes n'est point vivifié s'il ne meurt auparavant. » Ces croyances, plus ou moins superstitieuses, se transmet- tent à l'Europe savante ou ignorante, pendant tout le Moyen Age, jusqu'au xvii^ siècle. On a même été jusqu'à imaginer que certains champignons pouvaient résulter des accidents du rut de divers animaux. Jérôme Bock' (1498- 1554), les croyait cnfanls des dieux, car, pensait-il, ils ne sont pas, comme les autres créatures, engendrés par des semences. Gaspard Bauchin-, les considère comme des êtres mysté- rieux. Vers le milieu du siècle dernier, Otto de Mûnchausen ^, Butiner, Wilkeek, les considéraient comme l'ouvrage et l'habi- tation de petits animaux : c'étaient des polypes d'un nouveau genre. Linné se range à cette opinion ^ Persoon^ attribue encore la naissance des champignons tantôt à des spores, tantôt à la génération spontanée. Necker '\ à la fin du xviii*' siècle , crut voir le tissu cellulaire des plantes se transformer en un corps radiculaire ^ Ilieronymi Tra;,n de slirpimn. ninximc eariim qiirv iii Gennnnla noslra ihisciinlur, imilalis nomciiclaliiris, etc., i552. ^ Caspari liaubini Pinax theniri bo(;niici sire index in Theophrasli etc., Basilefc, 1G71. ^ Otlonis a Mûnchausen der Ilausvater, Maiiovcr, 1765, Linnœi niiin- dns tnrist hili.s. in Aniœnit. Academ., i.Yll, Ilolmia", 1769. ' FrarjmcnLi niel/iodi naluralii. Il nosc, cependant, les séparer des végétaux. Leilre ù ViindeUi, octobre 1766. ^ PersoonCh. -]"]., ^'(/'"^V^'^''*' niclhodicu funç/nru m, Gtvliin'^iv, 1 801 -1808, •^ l'rnilé de Mi/célolof/ie, })ublic à Manhcini. INTRODUCTION ET HISTORIQUE I 1 qu'il nomme Garcithe et qui est le blanc du champignon proprement dit. Cependant, quelques naturalistes déjà essayaient de battre en brèche la doctrine de la génération spontanée : c'était d'abord Harvey ^ Tauteur célèbre de la découverte de la circulation, dont l'opinion était que les animaux et les plantes sortent tous d'un primum végétale, c'est-à-dire d'un germe végétal, oviforme, ajoute-t-il. Il est vrai que Huxley ^ pense que l'objectif de Harvey est non la génération tout entière, mais seulement le développement, et qu'il avait surtout pour but d'établir la doctrine de l'épigenèse. Redi énonce claire- ment, pour la première fois^ cette hypothèse : toute matière vivante vient d'une autre matière vivante préexistante. Et il l'appuie par ses expériences bien connues de la gaze assez fine, enveloppant un morceau de viande et empêchant le développement de vers dans l'intérieur de celle-ci, parce que les œufs qu'apportent habituellement les mouches ont été interceptés. Les vers qui fourmillent sur les animaux morts ou la viande corrompue n'étaient donc pas engendrés par celle-ci mais apportés du dehors. Cependant celte nouvelle doctrine contre- venait à l'autorité des P]critures, où se trouve, entre autres faits de cet ordre, affirmée la génération des abeilles au sein de la dépouille d'un lion (Livre des Juges, chajD. xviii), lorsque Samson posait aux Philistins la fameuse énigme : I/alimeat esl sorti de celui qui dévore, et la douceur à son tour est issue du fort. Il n'en fallait pas plus au Moyen-Age pour que Redi fût en but à toutes sortes d'attaques. Il opposa à l'antique autorité ' ilarveus, De (jeiicradone Aniimtliiiin, Londres, i65i, et De uvo. ^ Association britannique pour Vavancement des sciences. Congrès de Liverpool, 1871 Discours présidentiel, « TOrij^ine de la vie ». ^ [{ed'\, Espcricnze interno alla (jenerazione decjli inselti, Firenze, 1688. 12 INTRODUCTION ET HISTORIQUE des expériences et des faits, et finit parfaire triompher ses idées qui ne trouvèrent plus guère de détracteurs pendant plus d'un siècle, jusqu'à ce que Needham ^ et Buffon ^ reprissent la ques- tion des générations spontanées, vers le milieu du xviii^ siècle. Tous deux croyaient prouver la génération spontanée des animalcules infusoires, ce qui cadrait admirablement avec l'hypothèse des « molécules organiques » du grand naturaliste français. C'est un peu avant cette époque que Micheli^ prouve le pre- mier que les champignons, comme les autres plantes, pro- viennent de germes qu'il a directement observés. Les expé- riences qu'il fit dans le bois de Boboli, aux environs de Florence, présentaient alors toutes les garanties que Ton pouvait exiger pour établir la nature des champignons. Vers 1777, Spallanzani '^ ruine complètement l'hypothèse de Needham en montrant que son expérience sur la soi-disant production spontanée d'animalcules au sein d'infusions, même hermétiquement bouchées, ne se produit plus si après avoir fondu à la lampe le col des vases contenant l'infusion, on l'expose pendant trois quarts d'heure, une heure, à la tempé- rature de l'eau bouillante. Les curieuses végétations de champignons sur le corps d'insectes, dont nous avons eu l'occasion d'étudier un cas intéressant^, étaient connues à cette époque. Watson et Ilill ^ Needham, Découvertes faites avec le microscope, Leyde, 1747- '^ l^ull'on, Histoire naturelle, 1749-1788(1.11, p. 420 ; t.I\',p. 335, etc.). ^ Nova plantaruin (jenera juxia Tournefortii methodum disposita, eLc, auctore Pelro Anton. Michelio, Flor. <,^ r. c. bolanico, Florenliœ, 1729. ■* Spallanzani, Observations microscopiques sur le système de la (/énê- ralion de Needham et Buffon, Modéiie, 1767. — Des animalcules in- fusoires (dans le Giornale d'Ilalia, Venise, 17G7). — Opuscules de phy- sique animale et véffélale, Modène, 2 vol., i-j(i> C'est ainsi qu'il distingue dans l'évolution des mucorinées une vie mucoréenne et une vie mucédiiiéenne. La vie mucoréenne comprend les formes suivantes : i" l'appareil sporangifère ordinaire des Mucorinées; 2° les formes secondaires à sporan- gioles qui répondent à la forme Thamnidium du Miicor Miicedo (ces deux formes sont d'ailleurs indépendantes, comme on l'a montré plus tard) ; 3^ les formes non sporan- giales ou acrogènes ou à macroconidies (végétation des mucor à l'intérieur des liquides, à l'abri de l'air). « Il y aurait tout un traité à écrire sur les formes mucoréennes de valeur secon- daire )' ; l'auteur nous en fait grâce et passe à l'énumération des formes de la vie Mucédinéenne ; ce sont les formes : 1*^ Levure, 1^ Pénicillium, 3" Ijotrytis, 4" Torula, 5" Asco- mycète, et encore « cette espèce est loin d'être aussi poly- morphe que beaucoup du même genre » ! Voici comment se produit, d'après lui, la forme levure : il faut placer les spores sur un sol aride ou impropre à la gerini- U.MV. DE L\o.N. — Bealveisu:. 3 38 INTRODUCTION Kl HISTORIQUE nation normale; dans ces condilions, s'organisent à leur inlé- rieur des nodules particuliers, qui deviennent granuleux et sont épanchés au dehors par rupture de la spore. Ces corps grossissent et bourgeonnent : « On reconnaît dès lors que l'on a assisté à la formation d'une levure véritable. » D'antres mucorinées peuvent subir cette métamorphose, et donnent des levures « de la nature de celles que l'on a appelées Cryplo- coccus... Dans d'autres milieux on obtiendrait sûrement les deux autres formes : Protococcus et Arthrococcus. Puis l'auteur dit qu'il n'a pas pu obtenir de germination de ces levures, mais seulement leur pullulation. Il s'inspire des idées de Ilallier dont il répète les erreurs. Ses spores de Mucor, placées dans de très mauvaises conditions, subissent en réalité une dégénérescence granuleuse et huileuse, qui communique à leur contenu protoplasmique la forme de corpuscules. Ce sont ces corpuscules que M. Carnoy a pris pour une levure, de taille si exiguë d'après ses figures (pi. YI^ fig. 4, ^i ^5 c) qu'il ne saurait être question d'un Saccharomyces, mais bien de productions indéfinissables se confondant avec les Lepto- thrix ou Micrococcus de Hallier. Pour obtenir la germination de ces levures, l'auteur se sert d'un milieu sec et peu propre à la fermentation; il se produit alors le Pénicillium glaucum. L'auteur croit à une transfor- mation d'une forme dans l'autre; en réalité, ses levures, dans les conditions oii il les a placées, onl promptement péri et des spores de Pénicillium, si abondantes partout et ne craignant pas la sécheresse, ont germé en leur lieu et place. L'auteur ajoute (p. 293) : <* Nous avons assez de données dans nos notes pour affirmer de la manière la plus catégorique que tous les champignons cultivés dans certaines conditions se trans- forment en Pénicillium glaucum. » Jamais on avait été aussi loin dans la voie du polymorphisme illimité, sauf peut-être Pouchel (]ui Tétendait jusqu'aux Fougères. Quand on sème le Mucor romnnus sur des fèces, les formes qui apparaissent sont celles de Bolrytis. INTRODUCTION ET HISTORIQUE 89 Ce lioLrytis, semé sur orange, ne redonne jamais le BoLiylis mais un mycélium mucoréen et des fructifications de Mucor ou de Pénicillium : « On ne peut se lasser de répéter l'expérience pour se procurer le bonheur de contempler à loisir une pareille métamorphose. Le fait est tellement palpable qu'il crève les yeux. Le nier, c'est nier la lumière du soleil. » M. Van Tie- ghem, dans ses Recherches sur les Mucorinées ( 1878, p. 268), dit qu'il a bien des fois rencontré sur les excréments de l'homme et des animaux le Botrytis de M. Garnoy, et qu'il n'a jamais pu obtenir la germination de ses spores sur jus d'orange et, en général, sur les jus acides. Si le semis est pur, il ne se produit rien ; s'il est impur, mélangé par exemple de spores du Mucor romanus (Phyconiijces nitens K.) ou du Pénicillium ghiu- cuni, ces dernières spores germeront et produiront naturelle- ment ces deux dernières plantes; c'est ce qui s'est produit dans les expériences de M. Carnoy. La forme torulienne pro- vient de la fragmentation du mycélium en articles courts. La forme Ascomycétienne se présente sous l'aspect de corps jaunes multicellulaires, sphériques et visibles à Fœil nu, à l'intérieur desquels d'ailleurs l'auteur n"a point vud'asques : ce sont donc de simples sclérotes, « des ébauches d'Ascomycètes ou d'Hyménomycètes » . L'auteur conclut de son travail que ces faits pourraient bien entraîner après eux la réunion en un seul groupe des Mucédi- nées, des Mucorinées et des Ascomycètes ou Hyménomycètes : « Ces quatre formes générales, dont on fait autant de classes, ne sont à nos yeux, que les grandes étapes destinées à être parcourues par une seule et même espèce mycologique, pour achever et clore le cycle entier de son développement. » En 1872, M. Klein, à la suite d'erreurs du même genre, est conduit à affirmer la transformation des Piloholus en Mucor. Il se servait cependant de cultures sur porte-objet, dans une goutte de jus de fruit, recouverte d'une lamelle, mais il obser- vait le développement et la fructification du Mucor sur le pourtour libre de la lamelle, c'est-à-dire, dans la région la /\0 INTRODUCTION RT HISTORIQUE plus exposée à Tarrivée des spores étrangères qui peuvent encore y germer. M. Van Tieghem ( iSyS, p. 272), a essayé de vérifier ces résullats, mais toujours sans succès. Aussi bien les spores du Piloholus œdipiis que celle du P . crt/sfa/linus ont refusé de germer en cellule dans le jus de pruneaux cuits, dont se servait M. Klein. Quand le semis avait été pur il ne se produisait rien : « Ce n^est pas, dit M. Van Tieghem, que quelques-unes de nos cultures cellu- laires ne nous aient donné aussi du Mucor, et même des Mucor de plusieurs espèces; mais nous nous y attendions à l'avance, car le semis, contrôlé avec soin, nous avait montré une fois, parmi dix-sept spores de Piloholus, trois spores de Mucor, qui ont en effet développé un vigoureux mycélium qui a ahondam- ment fructifié... Mais, dans d'autres semis, les spores étran- gères étaient de nature très difl'érentes et l'on obtenait du Botrytis cineren , de VAlternaria tennis, etc., plantes qui avaient avec le Piloholus semé, exactement le môme genre de relations que nos Mucor et ceux de M. Klein. » Mais ce qui prouve hien rextréme délicatesse de ce genre de recherches, c'est que M, Van Tieghem lui-même s'est laissé entraîner à accorder aux Mucorinées, un polymorphisme plus grand que celui qui les affecte réellement. Il adoptait les idées de de Bary que nous avons antérieurement exposées, et trou- vait huit formes au Mucor Miicedo (1872), qu'il a rangées dans trois catégories : 1° Appareil sexué; 2° six formes de Sporanges, Mucor Mucedo , Chœiocladium , Thamnidiuin, foi'ine helicostylée (Ilelico-sfi/lnni cJcçfuns Corda), forme circinoinhellée ; 3" spores mycélieunes. goiiidies. La môme année, M. Brefeld publie ses belles recherches sur trois Mucorinées : M. Mucedo, Choetocladiiim et Piptoce- plialis. Il fait l'histoire complète du M. Mucedo et en sépare les autres formes, restreicfuant à trois le nombre de ses fructi- fications : Sporanges. Zygospores et Conidies. Il démontre le parasitisme du Cluritocladium. A la suite de ce travail, MM. \';iii ricgiieiii v\ Le Mounier l'ectilieut Icui's premières INTRODUCTION ET HISTORIQUE 4l recherches et décrivent comme espèces dislincLes les formes qu'ils avaient primitivement attribuées au Miicor Mucedo (9 sept. 1872 et 1874, p. 261). Ils attribuent Terreur de de Bary, et la leur, à ce fait qu'ils n'avaient effectué jusqu'à cette époque, que des semis sur porte-objet ordinaire. Ce procédé, préconisé d'abord par de Bary, permet de suivre le dévelop- pement d'un champignon depuis la spore jusqu'aux fructifica- tions sans interruption, et a permis à son auteur de passer au crible de la « continuité organique » la plupart des métamor phoses précédemment décrites. Cependant, ce procédé laisse encore quelque prise à l'erreur; la culture n'est point suffi- samment protégée contre l'apport de germes étrangers et, de plus, met mal à l'abri des confusions qui peuvent résulter de l'ensemencement et de la croissance simultanée de champi- gnons différents. Aussi, MM. Van Tieghem et Le Monnier inventent-ils un dispositif très ingénieux, connu sous le nom de cellule de Van Tieghem (description 1878, p. 263), qui protège absolument la culture, faite dans une cavité entière- ment close. Ils recommandent de plus, de semer une seule spore. Grâce H une technique impeccable, ces auteurs (iS7?)-î875- 1876) purent pousser très loin la connaissance de ce groupe important de champignons, qui présentent des faits si remar- quables de polymorphisme de l'appareil reproducteur. Ils reconnaissent la grande importance de la question du poly- morphisme, dontle bien fondé, assis sur les travaux modernes, doit entraîner la revision delà classe tout entière (1873, p. 23i) : « Aujourd'hui, une espèce de champignons ne peut être con- sidérée comme bien connue que si l'on a découvert tous les appareils que son myceliun est capable de produire sans cesser d'être identique à lui-même, et si l'on a déterminé l'ordre sui- vant lequel ces appareils se succèdent ou alternent dans le cycle de végétation de la plante. » Il faudra, sans se lasser, chercher à découvrir les diverses formes reproductrices dont la connaissance complète peut seule permettre d'assigner \l INTRODUCTION ET HISTORIQUE Sûrement une place dans la classification. « Le nombre cl la nature des appareils reproducteurs que possède une espèce, ne peuvent d'ailleurs être déduits à Tavance d'une loi générale car, suivant les diverses familles de la classe, le cycle de végé- tation peut embrasser un parcours différent. » Celte époque correspond à une période fort critique pour la tliéorie du polymorpbisme illimité tel que la concevait Hallier : Cédant sous les coups de de Bary el Woronine, de MM. Yan Tieghem, Reess, Brefeld et Cohn, elle tombait déjà en discrédit en Allemagne, malgré l'apparition du travail de INI. Carnoy, qui, pour quelques personnes, contenait In plus grande décou- verte du siècle. L'Académie royale de Belgique, qui avait cependant couronné ce travail, voulut assurer d'une façon plus ferme sa conviction, car un de ses membres, Spring, proposa de mettre au concours la question du polymorphisme des champignons. Ce fut, cette fois, le mémoire M. A. Gilkinet (1874), nette- ment opposé aux idées polymorphistes, qui fut couronné. L'auteur y retrace d'une plume alerte l'histoire du polymor- phisme * et démontre quelles causes ont induit Hallier et son école dans l'erreur. Les principales sont : la subslitution d'une plante à une autre ; on sème un champignon dont les spores meurent, parce que le milieu ne leur convient pas, tandis que d'autres germent à leur place ; une deuxième cause de confu- sion est le parasitisme, qui fait qu'un champignon peut croître sur un autre et paraître en continuité avec lui. Ce mémoire suscite les rapports de MM. Morren et Van Beneden, très opposés aux anciennes théories polymorphistes, et celui de M. Bellynck, qui leur est encore favorable et déclare que les « polymorphistes sérieux ne se tiennent pas pour battus el sont prêts à recommencer la lutte ». Cependant, les prophé- ties du 11. P. Bellynck ne se sont guère réalisées, et sauf les ' I.e mémoire de M. Gilkinet nous a été un <^ui(Ie précieux dans la rédaction de cerlaine? parties de cet historique. INTRODUCTION ET HISTORIQUE 43 dernières tentatives de Trécul et des spontanéistes, dont les travaux portent surtout sur les levures et les bactéries, la ques- tion du polymorphisme rentre dans la voie de la raison et se tient dans la limite de faits dûment constatés à l'aide d'une méthode sûre. Malgré le travail de Ileess (1870), Trécul soutient encore que les levures lactique et alcoolique proviennent des matières albuminoïdes et peuvent se transformer en Mycoderma puis en Pénicillium. Cependant, Pasteur avait exposé dès 1861 (But. Soc. Philo- mat., p. 47) qii il lui avait été impossible de voir la levure de bière se transformer en mucédinée quelconque et réciproque- ment, et en 1876, il démontrait expérimentalement ce fait (ch. IV, p. 8G, et ch. vi, p. 32 1). Gela n'empêche point Trécul de revenir à la charge en 1878, à propos de la com- munication à l'Académie des sciences du mémoire de M. Gayon sur « les moisissures et la fermentation alcoo- lique ». Il y voit une nouvelle preuve de la possibilité de la transformation du P. c/laucum en levure. Rappelons à ce propos les intéressantes recherches de M. Gayon, qui a reconnu aux Mucor spinosus et M. circinel- loïde, la propriété que, déjà en 1857, Bail avait pu attribuer au M. j\icemosus, de pouvoir produire la fermentation alcoo- lique en même temps que se produisait une modification notable de son appareil végétatif, lequel bourgeonne à la façon de levure. Il ne saurait y avoir aucune confusion possible entre ce thalle bourgeonnant et la levure proprement dite, le Mucor reste toujours Mucor car les cellules à forme de levure ainsi produites, replacées dans les conditions normales, redonnent toujours la forme Mucor dont elles dérivent. On reconnaîtra plus tard cette propriété à plusieurs autres Mucorinées. Gharlton Bastian soutient en Angleterre des idées semblables à celles de Trécul. Il voit apparaître à la surface d'infusions de foin exposées à l'air, une pellicule de bactéries au sein de laquelle se différencient des êtres plus compliqués, par une 44 INl lioDLCTION F.T HIS Tf JlîIgUK sorte (le résolnlion de la masse en un plasma plus ou moins homogène qui se segmente, donnant des « Infusoires flagellés », puis des amibes, d'où peuvent sortir quelquefois des moisis- sures. M., de Seynes montre que ces soi-disant spores en for- mation sont seulement des spores en destruction, dévorées par des bactéries. Gela ressemble fort à la théorie de la «• pellicule proligère » de Pouchet. En 1875, Béchamp substitue aux globulins puncliformes de Turpin ses microzyma. La doctrine polymorphiste admet encore à cette époque les phases mycrozimique . toruleuse , mycodermique mucédi- néenne. Chacun de ces états pourra régénérer les granulations microzymiques. Celles-ci se rencontrent partout dans les corps organisés, et ont aussi une vitalité indépendante. Béchamp les retrouve dans les calcaires tertiaires et même plus anciens ! On voit par là, à quels extrêmes peut pousser ridée préconçue et le besoin de construire une théorie. Vers cette époque (iSyS), Béchamp, Legros et Ominus, etc., veulent que les bactéries, « levures » moisissures, que l'on trouve dans l'intérieur des œufs et qui déterminent leur putréfaction, s'y soient produits spontanément, puisque les membranes qui les entourent filtrent l'air et empêchenl la pénétration des germes. Mais M. Gayon , préparateur de Pasteur à cette époque, montre que la putréfaction de certains œufs est pro- duite par des organismes provenant du cloaque ou de Tovi- ducte de la poule. Nous passons sous silence de nombreux travaux destinés à nier le panspermisme et à prouver la génération spontanée, tels que ceux de Fremy, Bastian, etc. En 1875. Grawitz reprend l'étude du champignon du Favus. qui avait fourni un si beau ihème à Ilallier, Hoffmann, etc. 1) après lui, Achorion Sclvenlcnii (champignon du Favus). TrichopJïi/lon Iniisiiinus (produisant THerpès) et Microspo- rnn fiirfiir ((\u Pityriasis versicoioi-) sont des formes d'un seul cl uiêmo cliainpiLiiion (ju'il a cullivé sui' gélatine. Tons les INTRODUCTION ET IIISTOIUQrE /JS cliampignoiis qui habitent la peau de l'homme ne seraient que des formes plus ou moins modifiées par le milieu de y Oïdium Inclis. D'autre part, pour cet auteur, le champignon du Muguet. Oïdium alhïcans est spécifiquement identique au Saccharomyces mycoderma de la fleur du vin. M. 0. Brefeld, un des principaux détracteurs du polymor- phisme ancien, poursuit de 1872 à 1891, dans un ouvrage monumental, ses recherches sur les champignons. Il met en œuvre une technique irréprochable (voir iSyS, et IV, 1877). Cependant on peut reprocher à cet illustre mycologue d'avoir été emporté un peu loin dans le mouvement de réaction, lors- qu'il conteste l'influence du milieu extérieur sur l'apparition de telle ou telle sorte d'organe reproducteur, dont la produc- tion serait liée d'après lui à des circonstances internes que nous ne pouvons pas connaître , de telle façon que nous devrions nous en remettre au hasard pour l'obtention d'un appareil reproducteur ou d'un autre. Néanmoins, M. Bréfeld apporte un très grand nombre de faits nouveaux à la théorie du polymorphisme des appareils reproducteurs. Sa méthode consiste le plus souvent à faire des cultures en partant de l'as- cospore, qui en germant donne un mycélium, lequel ne tarde généralement pas à produire des conidies. Cette méthode est précieuse pour rattacher des formes conidiennes connues à des champignons supérieurs; cependant, il s'est trouvé que les semis faits de cette façon n'ont donné le plus souveiit naissance qu'à des formes conidiennes nouvelles qu'il n'a pas été pos- sible d'identifier à des formes déjà connues. Cela s'est vu notamment pour beaucoup d'Ascomycètes, et aussi pour les Exidia et les Pilacre. On ne peut manquer d'être frappé par ce fait que les formes qu'obtient M. Brefeld sont généralement très simples, ayant un aspect de levure ou de Dematium. C'est encore à M. Brefeld que l'on est redevable d'avoir fixé définitivement l'état civil du Pénicillium glaucum, par l'étude complète de sa forme parfaite que Léveillé avait seulement entrevue. 46 INTRODUCTION ET HISTORIQUE En suivant la méthode que nous venons de décrire, M. Vuil- lemin (1886); partant de VAleuria astignia^s. obtenu, une forme conidienne que M, Matruchot (1892) reconnaît être une Mucé- dinée du genre Oedocephalum. Vers cette époque ( 1879-1890), liansen, directeur du labo- ratoire de Garlsberg, vient admirablement compléter les tra- vaux de Reess sur la levure de bière. Non seulement celle-ci constitue une espèce, mais elle peut encore se décomposer nettement en races, que le savant reconnaît au fait que leur forme ascosporée ne se produit pas dans les mêmes conditions de temps, de température, etc. , et dont il a pu obtenir la fixation après un grand nombre de générations sur le même milieu. Au moyen de ces races, on pourra avoir une bière possédant la saveur de celle de telle ou telle brasserie. Nous sommes loin des anciennes idées, qui voulaient que cette levure ne fût qu'une forme de développement de toutes sortes de champignons. Cependant il se fait, vers i883-i885, une renaissance véri- table du polymorphisme ancien, que l'on est tout étonné de voir réapparaître sur scène. Malcolm Morris et G. C. Henderson avancent que les spores de Tricophylon tonsurans, cultivées sur gélatine peptone iSàaS degrés, donnent un filament ramifié portant les fructifications du Pénicillium. M. Marchand écrit sa Botanique cryplogamique (i883) dans un sens favorable aux polymorphistes et leur fait une large place. M.Goccardas,dans de nombreuses notes (i884-i885), tend à démontrer que toutes les moisissures des liquides sucrés et des extraits pharmaceutiques appartiennent à une seule et même espèce, très polymorphe, le Pénicillium- fermenl. Il prétend Ta voir vu passer par les états corpusculaires fMicrococcw5J,bacté- ridien (Jlacferium, Bacillus), zoogléen (colonies de Zoo^/Zeay), filamenteux aquatique (Torula, chapelets ou chaînettes), fila- ments fructifères (spores endogènes), le tout constituant la phase Algue du Cryptogame baignant dans le siroj). Alors seulement commence la phase Champignon : INTRODUCTION ET HISTOIIIQUE 4y Les renflements formés par les spores endogènes nageant à la surface du liquide bourgeonnent, puis se ramifient, donnant un mycélium aérien qui fructifie bientôt mais toujours en dehors du liquide. Bien que provenant toutes d'un même mycélium, ces fructifications peuvent présenter tantôt la forme aspergillée. tantôt la forme mucorée ou pénicillée, et, de fait, l'auteur donne des figures dans lesquelles la continuité de ces organismes ne saurait être mise en doute. Chacune des formes de Pénicillium se rattache à une altération particulière des sirops. L'état corpusculaire ou bactéridien se rencontre dans les sirops (roubles ;\i\ forme zoogléene dans ceux qui sont /?/f77i/5; les fructifications aquatiques s''ils soni aigris ; les fructi- fications aériennes s'ils sont moisis. Les Leptomitus, Euro- /ium, Bo f ri/ tis, etc., ne sont encore que des phases du dévelop- pement de l'universel Pénicillium-ferment . Il n'y a qu'un seul ferment, et s'il y a des fermentations différentes : alcoolique, lac- tique, butyrique, etc., ou pour mieux dire des produits diffé- rents de fermentation, cela tient seulement à la diversité de composition chimique des milieux. Il est naturel, suivant Tau- teur, qu'un même réactif, agissant sur des corps différents, donne des produits différents. La théorie de M. Goccardas n'a pas même le mérite de l'originalité, car elle est une réédition de celles d'Hoffmann, Hallier e tutti quanti. A cette même époque (i885), le D^^ /. Ferraji, de Barcelone, publie se? non moins étonnantes Recherches sur le Microbe du Choléra. Nous retrouvons donc, dans cette faible renaissance de la théorie ancienne du polymorphisme, les principales questions qui intriguèrent ses véritables créateurs, savoir : la levure^ le Pénicillium glaucum^ le favus et le choléra. M. J. Ferran reprend l'étude du bacille-virgule que, suivant lui, Koch aurait incomplètement décrit : le Spirillum peut produire à son inté- rieur des spores de la grosseur d'une hématie; ces spores sont de plusieurs sortes, lisses ou bosselées et hérissées de pointes. Ces dernières spores ressemblent beaucoup à des sphéro-cris- 48 INTRODUCTION ET IIISTORIQUI-: taux, d'après les dessins (le raiiLeiii; quelquefois les élémenls rayonnanls de ces spores se séparent à la suite d'une sorte de déhiscenee. Mais M. Ferran découvre un autre organe renflé, sphérique, se formant sur le Spirilliim, mais « son adhésion au thalle est si faible que dans beaucoup de préparations, oîi Vaperçoil séparé. » L'auteur suppose à cet organe un rôle dans la reproduction sexuée, et aj)pelle son singulier thallophyte Peronospora hurcinonis. Il est permis de penser, que le méde- cin espagnol prenait aussi peu de précautions qu'Hallier, le médecin d'Iéna, pour éviter le mélange des Organismes dans ses cultures et leur superposition dans ses préparations, qui doivent être faites, dit-il, en plaçant simplement « une goutte de culture entre les deux verres, sans dissociation, ni colora- tion préalables » . Citons encore, comme un très faible écho du polymorphisme ancien, les résultats obtenus par Elfving (1890) qui, à la suite d'expériences intéressantes concernant l'influence de la radiation sur la nuti'ition et la croissance chez diverses moisis- sures, telles que les Aspergillus nùfer et .1. c/laucus, Pénicil- lium qlaucum, Miicor }\icemosus^ étudie le polymorphisme de ces champignons. Il arrive, pour VAsperc/illus c/L'uicus, à des résultats très surprenants, que ni M. Klebs, ni nous-même, en répétant les expériences de cet auteur pour des espèces voisines, ne sommes arrivés à obtenir. En faisant germer des spores de ce champignon sous l'influence de radiations moyennes, il en obtient un mycélium qui bientôt se cloisonne en cellules, qui s'arrondissent et bourgeonnent à la façon des levures. Il a isolé et cultivé trois formes à l'état de pureté, qu'il désigne sous les noms de levures A, B et C. La levure A, sur certains milieux, donne un mycélium qui porte bientôt un appareil conidien semblal)le au Pénicillium glaucum : il l'ap- pelle Pénicillium Kurolium, la levure B n'a jamais donné le Pénicillium ; quant à la levure A, elle se dislingue par ce fait <]ue, seule des trois, elle ne liquéfie pas la gélatine, Etudiaul encore le Pénicillium glaucum au point de vue du polymoi- INTRODUCTION ET HISTORIQUE 49 phisineàl lui trouve iroisformes, qu'il désigne par les chitlres I, II, III. Ces formes se distinguent par les dimensions des spores, les différences d'influence des températures et l'activité fer- mentescible. Le Pénicillium I, est toujours aérobie : il ne pro- duira pas la fermentation alcoolique; au contraire, les formes II et III peuvent être anaérobie et produire alors celte fermenta- Lion ; le Pénicillium II n'est autre que le Peiiicilliiun Euro- ÙLiin, dont nous avons parlé plus haut ; le Pénicillium III, pro- venant d'une levure rose, peut donner, suivant les conditions de végétation : i" des spores d'Alternaria; 2° de Verticillium ; 3° des conidies engendrant des levures; 4° des sclérotes. Il est à peu près certain que ces résultats extraordinaires doivent être attribués à l'impureté des semis ou à rintrusion de spores étrangères pendant les expériences. En i885, Zopf, dans son ouvrage longtemps classique sur les Bactéries, donne une consécration pour ainsi dire officielle à la théorie du pléomorphisme des Bactéries ; cette théorie a pour fondateurs et défenseurs : Hoffmann (1869), Billroth (1874), Nageli(i877 et 1882), Cienkowsky (1877), >^opf(i882 et i885), Neelsen, Miller (1882), MetschnikofT (1889), Billet (1890), etc. Ils ont à lutter contre les partisans de la constance de la l'orme des Bactéries, dont les principaux sont Gohn (187061 1876), Winogradsky (1888), etc. En 1887, M. Gasperini examine le polymorphisme résultant de l'influence du milieu chez quelques Mucédinées. Il utilise pour ses recherches diverses espèces de Yerticillium Nées, Pénicillium Lk, Aspergillus Mich et Sterigmatocystis Cram. L'auteur résume ses résultats dans dix paragraphes. 11 oppose le polymorphisme de Tulasne, Hoffmann (?), de Bary, Brefeld, Van Tieghem et Le Monnier à celui de Ilallier, Carnoy, Klein et Cocardas, partisans d'un polymorphisme illimité et sans règles. Il répudie ce dernier système, qui ne doit son existence qu'à 1 emploi dune techniipiC/ et d une méthode défectueuses, et 5o INTRODUCTION ET HISTORIQUE afiirnie rauloiiomie de resj3èce chez les micromycèLes. Celle-ci est affectée d'un certain polymorphisme, qui est régulier, mais peut subir dans son cycle des déviations en opportunité avec le milieu de culture, les agents modificateurs étant Thumidité, la chaleur, la lumière, l'électricité, les variations de la compo- sition de Tatmosphère et de celle du substratum. Il établit que la variation est plus ou moins constante suivant que Faction qui la produit est plus ou moins prolongée. Cette variabilité entraîne la nécessité de cultiver une espèce sur différents milieux pour en faire la détermination : un Asper- gillus rencontré dans une localité avec des basides simples, pourra ailleurs affecter la plus élégante ramification du genre Sterigmatocystis. Il se produira pour certaines espèces des modificalions encore plus profondes ; cela aura lieu pour celles qui, dans des conditions défavorables, tendent à assumer des formes infé- rieures par régression à un type primitif, c'est-à-dire par ata- visme. Ainsi YAsperc/illus niger, dont une seule baside peut avoir jusqu'à 12 slérigmates, pourra, s'il est en concurrence vitale avec le Rhizopus stolonifer Ehr, avoir des fructifications non seulement simples comme celles d'un Pénicillium, mais ressemblant encore beaucoup à celles d'un Oidium Kunze. L'auteur étudie encore les variétés fasciculées d'Hyphomy- cèles, connues sous le nom de Coremium, dont l'apparition est liée à la richesse des matériaux nulrilifs du sol el dont le but est de mieux assurer la perpétuité de l'espèce. Il pense que ces formes apparlcnanl à des genres autres que le Pénicillium affeclent des genres voisins de celui-ci : A'erticillium, Asper- gillus, etc. La proportion enlrc la quantité de mycélium cl \v nombre et la complexité des sporophores, varie dans de grandes limites, suivant les conditions de la culture ; c'est ainsi que sur un milieu nutritif contenant de légères traces de sublimé corrosif, se pi-oduit un ajjondant feutrage mycélien àWsptTcjillus ju'(/cr qui, après dix jours, ne présente seule- ment (|uc de grêles et rares sporophores. INTRODUCTION ET HISTORIQUE 01 En résumé, le polymorphisme est très limilé, mais permet de faire des hypothèses sur la phvlogénie des espèces actuelles. C'est ainsi que la liaison des Oidium, Verticillium, Pénicillium et Aspergillus semble incontestable à l'auteur. Nous sommes tout à fait de l'avis du cryptogamiste de Pise. Les transformations des espèces ou genres les uns dans les autres, ne sont pas actuelles comme le voulaient certains poly- morphistes, mais les retours ataviques que l'on peut provoquer dans certaines conditions de milieu, nous font entrevoir des formes originelles. Des espèces actuellement très diverses pourront, en faisant retour de cette façon à des formes sem- blables, marquer ainsi leur communauté d'origine. De plus, l'auteur s'appesantit déjà sur le rôle important des conditions de milieu sur la variabilité, rôle qui sera la grande préoccupation des mycologues biologistes de l'époque actuelle. Rappelons que cette considération n'inquiétait guère les poly- morphistes de l'école de Rallier, qui observaient toutes leurs transformations sur un même milieu. Dans un domaine tout voisin du nôtre, MM. Guignard et Charrin ( 1887) obtiennent de la Bactérie du pus bleu de nom- breuses formes très différentes, par l'addition au bouillon nutritif de divers antiseptiques, mais selon ces auteurs ces modifications n'ont point une grande importance^ car si Ton replace en bouillon pur les formes obtenues, elles reprennent leur faciès banal. Nous ferons observer que la lîxation d'une variation n'est point aussi simple qu'on le croit ; elle exige un ensemble de conditions difficiles à préciser, et tel, souvent, que l'une de ces conditions venant à manquer, la forme obtenue ne se maintient pas dans des circonstances différentes de celles sous l'influence desquelles elle s'est produite. Nous avons nous-mème constaté le fait pour la fixation de la forme stérile du Bolrytis cmerec'/, produisant la maladie des végétaux appelée « Toile ». D'ailleurs, on a affirmé ultérieurement des résultats différents de ceux obtenus par MM. Guignard et Charrin. Wasserzug est le premier qui ait essayé de fixer les variations i3 2 INTUODUC/nON ET IIISTORIQUK obLeiiucs chez les microbes par 1 iiiUuence du milieu en accu- mulanl sur eux, par des cuUures successives, l'hérédité de plusieurs généralions. Il utilisait surtout les actions antisep- tiques. Il a obtenu de cette façon des variations héréditaires du Micrococcus prodigiosus. MM Chauveau et Phisalix (iSgS) obtiennent^ dans des conditions expérimentales nettement définies , une variété du bacille charbonneux, le Bacillus iinlhracis chwiforniis. Cette variété est caractérisée par un aftaiblissement des propriétés physiologiques (virulence) qui coïncide avec une modification particulière de la forme; de plus, il leur a été impossible de revenir à la forme et à la viru- lence primitives. « On se sent autorisé à voir dans la nouvelle race autre chose que la manifestation d'un polymorphisme banal : on est amené à penser qu'on est peut-être sur le che- min d'une véritable transformation spécifique fixe. » Toujours est-il que la question du polymorphisme chez les Bactéries est fort discutée et paraît aujourd'hui moins proche (le lecevoir une solution que celle du polymorphisme des champignons. Sans admettre un polymorphisme aussi étendu que celui de Zopf ou de M. Billet (1891), il semble que l'on doive considérer comme certaine, chez ces organismes soumis très directement aux influences du milieu, une variabilité très facile. Mais revenons à l'étude du polymorphisme des champignons (pii se poursuit activement. Les mycologues trouvent dans le livre de M. Costantin sur les Mucédinées simples i 1888), un guide utile sur la question de la multiplicité des appareils re|)ro{lucteurs observés dans ces êtres, et de bonnes indications Mil' (les relations qu'on avait pu, à cette époque, constater ou supposer entre eux et les champignons supérieurs. Wasserzug (1888) étudie un Mucédinée du genre Fusoma (Cordai, (pii a fourni un grand nombre d'appareils reproduc- teurs. On y trouve toute une série de conidies naissant à rcxliriiiilé de filaments ramifiés, les unes ovales et mono-cel- iuiaii'cs, les autres fusilormes et sej)tées; oj» observe encore INTRODUCTION ET HISTORIQUE 53 tous les intermédiaires entre ces deux types el aussi des chla- mydospores, les unes aériennes échinulées mono- ou bicellu- laires, les autres submergées lisses, toujours monocellulaires. Le mycélium peut se dissocier en cellules ferments dans un milieu contenant du sucre interverti. M. Laurent (1888) obtient avec le Claclosporiuni herbnrum sept formes dont un Pénicillium. Vers 1888 paraissent plusieurs travaux ayant pour but de fixer les affinités du genre (]ladosporium. Pour éclairer le sujet nous allons retracer d'abord et brièvement les avatars du CUi- dosporium herharum, on comprendra mieux ensuite combien il est difficile d'arriver à déterminer les affinités d'une Mucé- dinée el particulièrement sa forme parfaite, el quelles diver- gences dans les résultats peuvent s'élever entre les botanistes se livrant à ce s^enre de recherches, et cela malt=^ré les ressources d'une bonne méthode et de la technique moderne. En i863, TulasnefS. C. F., 11, p. 261. pi. XXXII-XXXIII, rapporte le Cladosporium herbnrum Link au Pleospora her- harum (Sphériacées). En 1874, Gibelli et Griffini admettent l'existence de deux espèces de Pleospora dont les formes conidiennes n'appartien- draient pas à un Cladosporium, puisque l'une serait un Aller- naria, l'autre un Sarcinella. Pour M. Banke, il n'y a bien qu'un seul Pleospora, mais les spores d'un même périthèce peuvent donner tantôt Sarcinella, tantôt Alternaria ^formes conidiennes) et des périihèces; mais le mycélium ne produit jamais que la forme dont il est issu. Kohi (i883) obtient des spores de Pleospora, le Macro.spo- rium sarcinula, mais en partant de V Allermirhi leiiuis^ il ne peut obtenir jamais que des pycnides. En i885, Cuboni regarde certains Saccharomyces comme faisant partie du cycle du développement du (lUidosporium herhcirum . Va\ 1888 (p. 144 ! ^1- Costantin constate que. malgré tous ces travaux, les affinités du C herharum sont encore inconnues. M. E. Lau- rent (1888) observe qu'en milieux ]i<|iiif1es le (^iaddspojiiiin Umv. de Lyo.n. — Bi;.vivEr.iii. 1 54 INTRODUCTION 1:T IIISTOKIQUt: donne des quantités de spores qui se multiplient k la façon des levures. Il les rapporte au Dematium piillaliiiis (à rapprocher de l'observation de Guboni). En 1889, Kingko Miyabe suit le développement du Macrosporium parasiticum ; ce végétal se confond, selon lui, avec le Macrosporium sarcinuhc ; il lui donne le nom de Pleospora herbarum. Il conclut que VAlter- naria n'est point une forme conidienne des Pleospora. Mais M. Gostantin (1889) pi'ouve, au contraire, que les Macrospo- rium sont tout proches des Alternaria et que Alternaria peut donner Gladosporium. Gomme la plupart des auteurs ci-dessus admettent la parenté Alternaria et Pleospora, on peut établir le cycle Gladosporium (herbarum)^ Alternaria (tenuis)^ Pleospora (herbarum). De plus, la forme Gladosporium peut se transformer en la forme Hormodendron. Puis de nouveaux doutes se font jour. Janczewsky considère le Gladosporium herbarum du blé comme étant l'état conidien de Leptosphœria Tridci; il pourrait donner encore Seploria Trilici et un Phoma, mais plus tard (1895) Janczewsky constate que les relations de ces formes n'étaient point réelles, et établit par des cultures pures que, au moins pour le Gladosporium herbarum des céréales, la forme ascospore est un Sphierella (S. Tulasnei). G'est cette conclusion que M. Prillieux (18971 considère comme définitive. En 1892, M. lirefeld établit que le Dematium pullulans^ regardé comme forme bourgeonnante du Gladosporium her- barum, est en relation génétique avec Sphieruliiia infer- mixta et Dothidea ribesia et d'autres ascomycètes, dont il représente une phase de développement. D'oii M. Berlèse (1893) conclut que le G. herbarum, par suite de sa parenté avec le Dematium, n'est point une entité spécifique, mais une forme de développement commune à plusieurs ascomycètes. G'est peut-être là qu'est la vérité et l'explication de toutes les contradictions que nous venons de relater. Ajoutons, à propos des Dematium, que M. Jc'irgensen serait parvenu, en modiiianl graduellement certains d'entre INTRODUCTION ET HISTORIQUE 55 eux par l'intliience du milieu eL de températures appropriées, à en obtenir une des levures alcooliques du vin. M, G. Delacroix signale (1891, p. 109) le beau polymor- phisme de son Pénicillium Duclauxi, qui donne facilement une végétation luxuriante de Coremium dont les clavules peuvent atteindre 2 centimètres de hauteur. M. Berlèse (1898, p. io5i émet cette idée originale, que certaines formes conidiennes hibernantes pourraient bien être les « formes dernières », celles qui se sont substituées à l'état ascosporé, et avoir pour la conservation de l'espèce Timpor- lance que Ton est généralement convenu d'attribuer aux péri- thèces. Il se fonde pour cela sur ce que les conidies ont une grande faculté de résistance aux agents extérieurs (tempéra- ture au-dessous de o, par exemple), de plus, elles ont un déve- loppement rapide. Le Bolrytis cinerea, dit-il, se reproduit tout l'hiver par 6 degrés centigrades, tandis que la forme ascosporé ne peut se produire à cette température et se réalise seulement au printemps. Beaucoup d'autres espèces à sclérotes sont dans le même cas. L'année 1892 voit paraître l'important travail de \[. Malru- chot sur le Développement de quelques Mucédinées. L'auteur, après avoir parlé de la nécessité qui s'impose à Theure actuelle, aux études mycologiques, de la revision des innom- brables espèces décrites depuis un siècle par les auteurs, s'attaque à ce travail pour quelques Mucédinées qu'il décrit complètement après en avoir tiré toutes les formes possibles par des cultures en milieux variés. Les espèces étudiées sont (Jonslanlinella cristata (Gen. nov.), Helicosporium lumbri- coides. qui donne, outre la forme connue à spores hélicoïdales, des formes Ilélicomyces à mycélium non cutinisé, Coniothe- cium, à sclérotes pédicellés, mais dont la transformation la plus curieuse est un passage brusque à la forme Stemphylium très différente, qui se maintient même en milieu différent de celui où elle s'est produite. hOEdocephalum a donné lien a trois formes coexistant >,ni 56 INTRODUCTION ET HISTORIQUE cerlains milieux : la forme normale à capitule unique, une autre à capitules superposés, et la troisième à capitules rami- fiés. Chacune de ces deux dernières rappelle une forme de Gonatobolrys. L'auteur produit encore des variations impor- tantes du Cephalotheciuni roseum^ de VArthroboIrys superhn^ du Botryosporium hamalum et du Fusarium polymorphum (sp. nov.); ce dernier présentant des formes d'organes repro- ducteurs parallèles à celles décrites par Wasserzug chez le Fusoma. M. Matruchot n'a pas rencontré les formes supé- rieures de ces Mucédinées, mais il se sert d'une méthode indirecte pour établir leurs relations avec les formes parfaites. (( Elle consiste à rechercher la parenté des Mucédinées entre elles. Si, dans la série des formes dérivées issues d'un même type, Tune d'elles se trouve avoir été déjà décrite et rattachée avec certitude à un groupe d'Ascomycètes, par exemple, il est peimis de supj3oser que la forme primitive se rattache, elle aussi, à ce même groupe d'Ascomycètes. » C'est ainsi que, ayant trouvé que plusieurs espèces de Gonatobotrys ne sont que des formes d Œdocephalum, l'auteur les rattache aux Pezizées, puisqu'il a été démontré que certains Œdocephalum sont des formes conidiennes de Pezizes. On rattachera de même les Ilelicosporium aux Pleospora, par l'intermédiaire des Stemphylium et des Macrosporium. Une rentrait point dans le cadre du travail de M. Matruchot de faire, à côté de l'étude morphologique des variétés pro- duites, Tétude physiologique approfondie de rintlueiice du milieu dans la production de ces variations. Quels sont les fac- teurs qui amènent l'apparition de telle ou telle forme repro- ductrice ? Tel est le dillicile problème auquel se sont attaqués M. Kk'bs et ses élèves, Bachmann, Schoslakowitsch, qui démontrent d'une façon magistrale que tous les processus vitaux de hi reproduction sont sous la déj)endauce nécessaire de conditions extérieures nettement déiiuics, de telle sorte que. ayant déterminé une fois pour toutes les circonstances INTRODUCTION ET HISTORIQUE Sy qui provoquent l'apparition de tel mode de reproduction, on puisse ensuite l'obtenir à volonté. C'est pour une algue, le Vaucheria sessilis, que M. Klebs met ces faits nettement en évidence en 1892. Il entreprend ensuite toute une série détudes à un même point de vue, sur les conditions de la reproduction de différentes espèces d'algues (1896) et aussi de deux champignons. VEiirotium repens de Bary et le Miicor racemosus (Freseniusi. Pour l'Eurotium, par exemple, l'auteur étudie successive- ment les conditions de formation des conidies, puis des péri- tlièces, et les rapports cjui existent entre elles. ^Pour déterminer ces conditions. Fauteur, au lieu de passer un peu au hasard d'un milieu à un autre, comme on le fait le plus souvent dans les études sur le polymorphisme des champignons, détermine d'une façon très précise les conditions ambiantes et les fait varier d'une façon systématique, étudiant l'influence de la nutrition, de l'humidité, de la lumière, de la température, de la composition chimique du milieu (composés organiques, inorganiques), de la valeur osmotique des composants, de leur réaction acide ou alcaline, et de l'influence de l'oxygène (expériences dans l'air raréfié, etc.). Il met nettement en évidence le rôle de chacun de ces agents dans la production de telle ou telle forme. M. J. Bachmann, élève de Klebs, avait fait paraître (189.5) après le travail du maître sur le ^'aucheria et un peu avant son étude sur VEuro/iiim herbariorum ^ son mémoire sui- riufluence des conditions extérieures sur hi formation des spores du Thamnidium etec/ans Linli. Il parvient, par l'application de la méthode que nous venons d'analyser, à dis- socier six formations dans l'évolution du Th. elegans. Schostakowitsch (^1896) signale et étudie de la même façon des variations du Mucor pro/iferus, affectant le pied, les spo- ranges, la columelle et les spores. Le même auteur avait fait porter l'année précédente ses études sur les formes Cladosporium. Hormodendron et 58 INTRODITTinx FT IIISTDRKjrF. Dematium qui. selon lui, sont bien trois esjDèces distinctes et non Irois formes d'une même espèce. Il détermine aussi exactement que possible les conditions de milieu accompagnant la formation des conidies du Funicif/o vftf//m.s. champignon très polymorphe. Nous devons passer sous silence un certain nombre de travaux intéressants de Wortmann (1894 • Aderhold (1894 . Matruchot ! 1896 .Boulanger (1895^. Tuhler 1895), Raciborsky 189G, etc.. pour limiter cet historique, déjà long, et arriver au travail de M. Lendner ('1896). qui étend nos connaissances sur rintluence du milieu, par l'étude des «Influences combinées de la lumière et du substratum sur le développement des champignons >>. Après avoir fait 1111 historique de hi question. i auteur expose le résultai de ses recherches sur 1 influence des diversesradiations lumineuses et de l'obscurité. Les expériences portent sur de nombreuses espèces appartenant aux Muco- rinées. Pénicillium, Sterigmalocystis. Amblyosporium. l)Olry- lis. Il arrive à ces conclusions : que l'influence de la lumière nest point constante. cp.i'elle varie avec les espèces et a sou- vent une importance secondaire. Son action n'intervient d'ailleurs que si le milieu est défavorable. Son influence est, de plus, liée à la composition du substratum : par exemple : si un champignon à myceliimi. normalcnuMit court, se développe sur milieu solide, condition qui lui est favorable, il pourra bi- passer de la lumière : sur luiliou liquide, défavorable au con- traire, il faudra que la himière fournisse au champignon l'énergie nécessaire à son développement complet, sans quoi il ne pourrait achever son évolution, (hi moin» normalement. Par contre, certaines espèces (Botrytis, Sterigmatocystis (jiii se trouvent bien eu milieu liquide cl y développent nu mycé- lium, pourront se passer de la lumière si on les cultive dans celle situation. Puisque le développement du mycélium a une influence sur celui des appareils reproducteurs, l'auteur admet (pu' toutes ces manifestations de sensibilité vis-à-vis de la bimière se ramèueui à de simples phénomènes de nuli'ition. INTRODUCTION F.T HISTORIQUE Sq D'autres auteurs ont eu spécialement en vue l'influence de la composition chimique du subslratum sur les champignons ; ce sont surtout : Raulin i 1869). Naegeli (1879). Alolisch (1894), Benecke (1894), Miyoshi Manabu (1894), Diakonow ([894), Pfeffer (1895), Benecke (1896) et Lœw (1898). En 1897 paraît Fimporlant mémoire de M. Ray sur les Varififions des champignons inférieurs sous Vinfluence du milieu. Sans pousser peut-être aussi loin que Klebs l'élude de cette influence et avec un but d'ailleurs ditTérent, l'auleur. en faisant varier la composition chimique du substralum et en mettant enjeu certaines circonstances physiques particulières, comme une agitation constante des liquides de culture, arrive à reconnaître qu'à chaque milieu correspond une forme diffé- rente, et que ces difTérences sont du même ordre que celles dont on fait hal^ituellement les espèces. Etant donnée la vari-abilité si déconcertante de ces êtres, comment pourra-t-on en établir la classification naturelle? Dans quelle mesure faut-il lenir compte d'une ressemblance ou d'une différence? Pour répondre à ces questions, M. Ray procède expérimen- talement à une subordination des caractères, qui permettra d'établir certaines parentés de moisissures entre elles : lors- qu'un de ces petits végétaux est placé dans un milieu déterminé, il y acquiert un ensemble de caractères qui est la mesure de sa variabilité relativement à ce milieu, mais la forme définitive n'est réalisée qu'après une période plus ou moins longue d'adaptation : c'est l'ordre d'apparition de ces variations qui nous renseignera sur l'évolution de ces plantes, en nous montrant quels sont les caractères nouveaux qui sont venus s'ajouter à des caractères préexistants, montrant ainsi quelle est la forme la plus ancienne et quelles autres formes en sont dérivées par complication. M. Ray étudie à ce point de vue les trois genres très voisins Aspergillus, Sterigmatocystis, et Pénicillium. Il formule l'hypothèse que les premières moisis- sures apparues dans le temps onl du îivoii- un iippareil spori- (Jo INTROnUCTIDN ET IIISTORIQUK fère simplemenl constitué par un filament dressé portant des chapelets de spores. Les caractères acquis sur un milieu déterminé, se main- tiennent indéfiniment sur le même milieu, La vitesse de l'adaptation est fonction de deux variables : le nombre de cultures nécessaire et la durée du développement de chaque culture. Si Ton replace une moisissure modifiée sur le milieu origine, elle fera retour non pas immédiatement mais après un temjDS plus ou moins long, souvent à peu près égal à celui qui a nécessité sa transformation. Ce fait d'un commencement de fixation a beaucoup d'intérêt au point de vue de la biologie ofénérale. Les travaux de M. Ray proclament une fois de plus la nécessité qui s'impose aux mycologues d'entreprendre la revi- sion d'innombrables espèces de champignons, en s'attaquant à l'étude biologique de chacune d'elles et non pas seulement à leur examen morphologique superficiel, en les soumettant à des recherches expérimentales permettant d'en connaître toutes les formes. « Si une moisissure se développe à l'air libre, auquel cas ses spores se disséminent sur les miHeux les plus divers où elles sont susceptibles de germer, elle peut ne se retrouver jamais avec les caractères qu'elle possédait à un moment donné. Donc une moisissure rencontrée dans la nature pourra souvent n'être pas identique à une espèce décrite dans un livre de détermination. » Après ce travail, plusieurs auteurs publient des faits de polymorphisme, qui sont d'un intérêt trop spécial pour que nous en parlions ici '. M. Klebs, qui poursuit ses recherches sur les conditions de production des divers appareils reproducteurs des champi- gnons, publie en 1898 un travail sur le Rporodinin grandis. Cette espèce lui permet d'étudier les circonstances de la pro- ' Nous renvoyons le lerlour \\ l'indox hihliopraphiquc pour l'inrlica- linii (1p vq< li';n;iii\. INTRODUCTION ET HISTORIQUE 6l duction des Zygotes, qu'il n'avait pu obtenir, en 1896, avec le Mucor racemosus . Nous aurons occasion de parler de cet ouvrage dans notre travail sur le Mycocladus verticillatus. Citons encore les recherches de M. Guegen sur le Pénicil- lium (jlaucum, recherches sur lesquelles nous reviendrons à propos de nos propres observations sur ce champignon, et les expériences de M. Hunger : sur Vllérédilécrun caractère acquis chez un champignon pluricellulaire . Il s'agit de l'adaptation du Sterigmatocystis nigra à des solutions de concentration crois- sante. L'auteur constate cette adaptation qu'Eschenhagen avait déjàremarquée et établit, de plus, qu'il y a commencement de fixa- tion de la faculté de résistance à la concentration ainsi acquise. Ces faits sont à rapprocher de ceux qu'avait signalés M. Ray. Enfin, MM. Matruchot et Dassonville semblent fixer le cycle des formes du champignon de fherpès (Trichophylon), dont il a été si souvent question dans Thistorique du polymor- phisme. Ces auteurs obtiennent, en cultivant ce champignon, des formes sporifères qui ont une grande ressemblance avec les formes conidiennes des Gymnoascus et Ctenomyces (dont l'aspect est plus ou moins dematioïde). Ils en concluent que les Trichophyton sont des formes imparfaites de Gymnoascus et peut-être de Ctenomyces, peut- être d'un genre voisin encore inconnu, suivant une méthode d'assimilation qui est chère à M. Matruchot. Nous avons cru devoir écrire cet historique et lui donner quelque extension, parce qu'il établit bien la complexité et la difïiculté de la question du polymorphisme des champignons ; parce qu'il n'a jamais été fait complètement, que les éléments en sont généralement peu connus en France, certaines écoles ayant jeté tout leur éclat (?) à l'étranger ; de plus, il fait ressortir le rôle utile de la technique et de la méthode allant de pair dans les recherches scientifiques, en opposition aux résultats fâcheux fournis par des jeux de l'imagination mal secondée par ces moyens d'investigation, appliquésimparfaitement ou d'une façon fautive. (32 INTRODUCTION ET HISTORIQUE Enfin, de cet aperçu il ressort que l'on peut formuler les conclusions ci-dessous, dont quelques-unes se'présententen core avec une forme interrogative : i" L'espèce, chez les champignons, peut se présenter sous des formes nombreuses, en rapport chacune généralement avec un mode de reproduction particulier (on pourrait appeler cela le polymorphisme normal) ; 2" L'apparition de telle ou (elle forme est sous la dépen- dance des conditions extérieures ; 3'^ Ces formes caractéristiques peuvent elles-mêmes varier dans d'assez larges limiles sous l'influence de modifications de milieu. Cette variabilité entraîne une sorle de polymorphisme mal fixé, ou anormal pourrait-on dire ' ; 4'^ Ces variations produisent des modifications de caractères qui sont de la nature de celles donton fait habituellement des espèces ; ^^ A cause de cela, on a dû souvent décrire comme espèces distinctes des formes d'une même espèce ; 6'^ La tâche du mycologue à l'heure actuelle doit être d'en- treprendre la revision systématique des formes inférieures des champignons en procédant expéi'imentalement à leur élude biologique, en les cultivant sur des milieux et dans des condi- tions systématiquemenl variés, concentrant, pour ainsi dire. M)elap^e (1897, //) Averlisscmenn range les laits de polymorphisme dans trois catégories : l'une constilue le polifinorphisme er(/nlo(fct)iqiic', qui dépend de la division du travail, l'autre le polymorphisme mélnç/c- iiif/ ne, c[u\ marche de pair avec l'alternance de génération ou métagènèse. et enfin ]cj)(>h/nioj-j)/iismr o"<"oyc/(/'y(/(' qui résulte de l'action du milieu. Ces deux dernières catégories de polymorphisme correspondent à celles que nous caractérisons dans les paragraphes 1° et 3", mais nous ne voyons pas que ce soit chez les champignons « des choses bien difTé- rentes ». 11 est frappant, ici, que l'un et l'autre polymorphisme, sont sous l'étroite dépendance des conditions de milieu, le premier provenant d'une variation plus (î.vée, plus ancienne que le second. On peut souvent ohicnii'des fail^ de passage de l'un à l'autre ou voir les deux polymor- phismes se confondre. Nous aurons l'occasion d'en donner des exemples, INTRODUCTION ET IIISTORIQUF. G3 dans des expériences de laboratoire, toutes les condilions que l'espèce considérée peut rencontrer dans la nature ; 7" Une des questions dominantes de la mycologie est toujours le rattachement des formes d'IIjphomycètes (surtout les Mucédinées) aux champignons supérieurs ; S^ La question de l'autonomie de ce groupe est toujours pendante, beaucoup des espèces de cette ancienne classe n'ayant jamais pu produire de formes supérieures, quelque etTort que l'on ait tenté pour cela; ce qui permet d'admettre qu'elles ont ucdiellemenl perdu la faculté de les reproduire, auquel cas elles méritent de constituer un groupement auto- nome dans une classification qui doit être l'expression d'un état de chose actuel : 9" Une des questions qui tentent aujourd'hui le plus volon- tiers le mycologue est celle de la stabilité des formes produites par la variation. Est-il possible d'obtenir des formes indé- finiment fixées ou possédant un commencement de fixation? On conçoit quelle est l'importance de ce sujet au point de vue de la biologie Générale ; lo^ Nous venons de voir que le polymorphisme n'est point sans règles, puisqu'il se tient sous la dépendance des conditions extérieures; de plus, il n'est pas sans limites comme l'admettait certaine école. Les variations s'effectuent dans un cercle assez restreint, il ne saurait y avoir actuellement transmutation des espèces les unes dansles autres comme on l'a prétendu. Quand ce fait semblait se produire, c'est qu'on s'était mépris sur les véritables bornes de l'espèce ou du genre^ groupes que l'on avait enfermés dans des limites trop resserrées ; 1 1"^ Dans quelle mesure et de quelle façon l'étude des varia- tions des champignons peut-elle nous renseigner sur leur phy- logénie et sur leur parenté? 12" En fait d'applications pratiques, quel peut être l'intérêt de ces études biologiques des champignons pour l'étude des maladies provenant de leur fait, et en particulier de leur prophylaxie ? 64 INTRODUCTION ET HISTORIQUE Tels sont les faits qui se dessinent à l'heure actuelle (tout en restant encore a l'étude) et les questions qui se posent. Dans ce travail, nous avons pris quelques espèces appartenant aux groupes les plus divers, sans les choisir particulièrement; nous les avons soumises à une étude biologique expérimentale, dans le but d'éLajer de quelques faits nouveaux les conclusions ci-dessus, et de répondre dans une certaine mesure aux ques- tions dont nous venons de faire mention. PREMIERE PARTIE TECHNIQUE ET MÉTHODE Nous avons conslaniineiiL utilisé pour nos recherches la méthode des cultures pures en milieux stérilisés. Ces cultures étaient pratiquées en grand, avec des tubes à essais ou des tubes de Roux, dans des boîtes de Pétri ou dans des boîtes plates et hautes (surtout pour les Mucorinées à végétation indéfinie), cela pour les milieux solides; pour les milieux liquides, les réci- pients utilisés étaient des matras d'Erlenmeyer, des ballons de grandes dimensions, etc. Nous avons utilisé parfois, poursuivre des germinations ou des développements, les cultures en cellule de Van Tieghem. Les bagues de ces cellules étaient soudées sur porle-objet à l'aide d'un vernis émail, puis le sys- tème ainsi constitué était mis à sécher à l'étuve pendant plu- sieurs jours, de façon à ce qu'il ne restât pas de trace de l'essence de térébenthine servant de véhicule au vernis. Les différentes parties de l'appareil étaient flambées avant l'ense- mencement, et la lame maintenue sur la bague à l'aide de paraf- fine, d'huile dolive, etc. Nous employions, pour isoler les espèces, la méthode ordi- naire des stries successives, ou bien nous faisions une division dans l'eau distillée d'une petite quantité des spores mélangées, que nous précipitions sur des tranches de pomme de terre, en boîte de Pétri, par exemple ; on obtient facilement ainsi des colonies isolées. G6 PREMIÈRE PARTIE Pour étudier les variations d'une espèce causées par le chan- gement de milieu et le polymorphisme qui en résultait, nous partions toujours d'une seule et même culture. Comme liquide d'observation, l'acide lactique nous a donné de bons résultats. Quelquefois, les masses sporiteres se dissocient instantané- ment quand on les place dans le liquide d'observation, par suite de la dissolution de la substance agglutinante qui provient de la gélifîcation de la membrane des spores (Clonostachys). Dans ce cas, il faut faire subir au champignon un séjour dans l'alcool absolu et l'observer dans la glycérine ou gélatine glycérine. Voici maintenant de quelle façon nous avons fait varier le milieu, soit au point de vue chimique, soit au point de vue physique. Il y a lieu d'étudier linfluence de la composition chimique du substralum, la qualité et la quantité de ses composants. Si la quantité dépasse une certaine limite, il se produit une action particulière due à la pression osmotique, qui vient masquer l'action simplement nutritive de la substance considérée. Le milieu nutritif dont nous avons fait usage était tantôt : A. Complet. C'était alors la liqueur de Raulin. En admet- tant que les espèces différentes n'aient pas de trop grandes exigences ou préférences vis-à-vis de telle ou telle substance. B. A azote dominant. Le milieu pouvait être alors de nature : L Minérale. Ex. : solutions d'azotate ou de tartrate d'ammo- nia(|ue, liqueur de Raulin où l'on augmentera la proportion des azotates au détriment des livdrates de carbone. II. Organique : bouillon de viande, solution de peptone, décoction de crottin de cheval, urine, albumine de l'ceuf, lait, alcalis organiques, etc. C. Dépourvu d'azote. C'était une liqueur composée de : eau distillée, looo; sucre, /[O ; sulfate de magnésie, o, 5 ; sul- fates de fer. de manganèse et de zinc. (^,0^ de chaque: acide tartrique, 2 ; phospiiate de potasse, i. TECHNIQUE ET MÉTHODE Gj Ce liquide n'est qu'une modification de celui de Uaulin. D. Substances hydrocarbonées prédominantes et, dans ce cas, ces matières étaient: i" accompagnées d'azote: fruits acides ou sucrés, tranche de pomme de terre (sucre et amidon, celui-ci domine) ou de carotte (amidon et sucre, celui-ci domine), tranches d'oignon; 2" sans azote : amidon, tanin, glycérine, huiles, solutions sucrées (saccharose, glucose et lévulose), dextrine, acides organiques. E. Le milieu nutritif était additionné d'antiseptiques. Beaucoup de champignons inférieurs peuvent supporter des doses élevées de substances toxiques, s'ils se trouvent pourvus d'autre part d'une riche alimentation. Nous démontrerons ce fait dans notre travail sur le Pénicillium glaucum. Ils subis- sent alors fréquemment de ce chef des modifications intéres- santes. Oji peut ensuite faire varier la constilution physique des milieux dont nous venons de donner la composition chimique. S'ils sont liquides, on en modifiera la concentration, soit en augmentant les doses des substances soumises à l'expérience, soit, sans modifier en rien la quantité de ces substances, en Tadditionnant de doses croissantes de chlorure de sodium. La valeur nutritive de celui-ci étant à peu près nulle, il agit sim- plement pour augmenter la concentration. Nous nous sommes assuré expérimentalement de ce fait pour les espèces par nous étudiées. On pourra encore constituer avec les substances ci-dessus énumérées, des sols : i*" solides, par addition de gélose ou de gélatine, par coagulation des substances albuminoïdes, par uti- lisation directe de corps organisés (fruits, écorces, feuilles, etc.); i"" poreux, en les répandant sur du plâtre, de la pierre ponce, des éponges, de l'ouate, etc.; ^" pâteux^ amidon, gélatine maintenue à 28 degrés, etc. Sur ces milieux de composition chimique et de consistance variées, on modifiera : i" les conditions de chnleur^ en étu- diant surtout l'action de hautes tenq)ératures de 3o à 40 degrés ; G8 PREMIÈRE J'ARTIE Q." d'éclairage (influence de la lumière continue ou discontinue, de l'obscurité, des diverses radiations lumineuses) ; 3'^ d'humi- dité. Pour constituer à volonté un état hygrométrique déterminé, nous nous appuierons sur les données suivantes de la tono- métrie. a) Un corps fixe, en dissolution dans un liquide, abaisse la tension de vapeur de ce liquide. h) Dans la grande majorité des cas (et parliculièrement pour NaCl), ces diminutions de tension des vapeurs d'une dis- solution restent les mêmes à toute température. Cette dernière connaissance permet de rendre comparables des expériences de durées très longues, sans préoccupation des variations de température. On peut, en outre, calculer rapidement l'état hygrométrique, au moyen de la formule i — na tirée d'une formule de AViilner , n représente le nombre de grammes de sel dissous dans loo grammes d'eau ; a, un facteur constant égal à 0,00601 pour NaCl. Pour faire ces expériences, nous nous servons de grands ballons ; afin d'éliminer autant que possible l'action d'une atmosphère confinée, nous y versons jusqu'à une faible hau- teur la solution convenable de XaCl, puis nous suspendons au-dessus le substratum nutritif (soit, par exemple un parallé- lipipède de pomme de terre) à l'aide de fils que maintiendra le lampon de coton obturateur ; celui-ci devra être très dense. Après stérilisation de cet appareil et un intervalle de temps suffisanl. on fait l'ensemencement en soulevant légèrement le tampon d'ouate et en touchant le fragment de pomme de terre avec l'aiguille de platine chargée de spores. Cette opéra- tion terminée, on repousse un peu l'ouate dans le goulot et l'on verse au-dessus une couche épaisse de cireGolaz, de façon à empêcher toute communication entre l'atmosphère du flacon et l'atmosphère extérieure. Si l'on veut voir comment se comporte un champignon poussant sur un substratum solide et humide, alors que l'atmosphère est sèche, on pourra modifier TECHNIQUE ET MÉTHODE 69 légèrement l'expérience précédente : si ce subslratum est du pain par exemple, et après qu'il aura été suffisamment humecté, on pourra l'enrober avec du coUodion, tandis que l'atmos- phère se desséchera au moyen du chlorure de calcium, les spores pourront germer et leur mycélium pénétrer dans le substratum, qui y trouvera de l'eau en quantité abondante, tandis que son appareil sporifère aérien se trouvera dans un milieu beaucoup plus sec. 4° Atmosphère confinée. On l'obtient en lutant avec de la paraffine, ou avec différentes cires, les couvercles des boîtes, on en versant ces substances sur les tampons d'ouate qui bouchent les divers récipients. 5° Cultures à l'abri de l'air. Elles peuvent s'effectuer en recouvrant le substratum, après qu'il a été ensemencé, d'une couche suffisamment épaisse d'une substance liquide, dont on aura préalablement vérifié l'inaction vis-à-vis du corps étudié. Nous nous sommes servi dans ce but de l'huile d'olive, pour étudier le développement àWspergillus variahilis et de Miicor spinosus à l'abri de l'air. De l'iuiporiaiice . — Beauvekie. -^ yo PREMIERE PARTIE nuisible qui vient annihiler refFei utile du facteur précédent. Il convient de rappeler succinctement à ce sujet les lois phy- siques de l'osmose , et de rechercher dans quelle mesure elles peuvent s'appliquer à l'élude des phénomènes biologiques. Le suc cellulaire est une dissolution complexe; il est séparé du milieu : i" par des membranes de cellulose perméables à l'eau et aux corps dissous, 2" par une couche protoplasmique externe « suffisamment imperméable aux substances dissoutes» (de Vries) pour qu'on puisse la considérer comme hémiper- méable, c'esL-à-dire ne laissant passer que l'eau et point les corps en dissolution. Les lois physiques des échanges osmotiques des dissolutions à travers des membranes hémiperméables sont donc appli- cables au système d'une cellule j)longée dans une dissolution. En vertu de ces lois, si une cellule est plongée dans l'eau pure, le liquide pénètre dans son intérieur, comme pour étendre la dissolution qui constitue le suc cellulaire. Si l'on dissout un corps dans l'eau, soilNaCl, tant que la solution sera faiblement concentrée, le suc protoplasmique retiendra de son eau, il y a turgescence de la cellule, la solution saline est hypolonique par rapport à celle que constitue le suc cellulaire. Si l'on augmente la concentration de la solution saline, il arrivera un instant où sa pression osmotique égalera celle du suc cellulaire, il y aura alors équilibre ou isolonie (de Vries). Si la concen- tration de NaCl croît toujours, devenant hypertonique par rap- port au suc de la cellule, ce sera cette fois la dissolution du sel qui attirera l'eau de la cellule, le protoplasma se rétractera, quittera l'enveloppe cellulosique, sera pLismofijsé, liuis iué. En notant d'une façon précise pour quelles concentrations des divers corps débute la plasmolyse, de Vries a pu noter pour (piclles concentrations ces corps produisent le même ell'et osmotique, autrement dit sont isotoniques. Les nombres ainsi (obtenus lui ont montré que l'isotonie est proportionnelle au poids moléculaire des substances dissoutes, d'où l'on con- clut (|ue la pression osmotique est proportionnelle aux poids moléculaires (\'an tlloll' et Pfelfer). TECHNIQUE ET MÉTHODE Jl On peut donc dire que la force osmotique d'un corps en dissolution dépend de la grosseur de sa molécule Mais celte loi n'est pas toujours vérifiée par l'expérience. Celle-ci a amené de Vries à constater que, pour certains corps, le poids molécu- laire doit être multiplié par un coefFicienl qui est le même pour des groupes de corps bien déterminés, ces coefficients isotoniques sont en rapport simple. On explique ces différences en disant que, dans une dissolution, les corps ne se dissocient pas toujours exactement en molécules chimiques, mais que celles-ci peuvent subir des sorts divers, ou se condensant (Pfeffer, Raoult, Ramsay), ou se séparant en leurs électroljtes ions : anions et cathions (S, Arrhenius, Journ. de P/u/siq., «.888, p. 178). Il est évident que la question de la pression osmotique a une importance capitale au point de vue de Tétude de l'action du milieu sur les êtres vivants inférieurs, qui étant paucicellu- laires, sont très directement soumis à l'influence de la concen- tration lorsqu'ils se trouvent au contact de dissolutions. Malheureusement, ces théories qui ont conduit à de si beaux résultats en physique proprement dite, sont loin de s'appliquer toujours avec rigueur aux êtres vivants, et malgré les résultats intéressants de de Yries, Pfeffer, etc., il faut constater de nombreuses contradictions à ces lois'. Les olDJections suivantes se posent, en effet : i^ L'hémiperméabililé de la cellule n'est pas rigoureuse, elle ne saurait l'être, pour permettre les échanges avec le milieu, aliments et déchets ; 2." L'action des corps dissous sur une même cellule est dilfé- renle, suivant que celle-ci a subi une adaptation plus ou moins ijrande à certaines substances ou à certaines concentrations: 3" L'isotonie n'est certainement pas la seule condition néces- ' Noire ami, M. le D'" Chanoz (18991, a mis au poinl, d'une façon 1res nette, la question delà pression osmotique et de ses applications biolo^ giques. 72 PREMIERE PARTIE saire d'équilibre osmotique à travers des membranes en réalité perméables. Il peut aussi intervenir des facteurs nombreux et d'ailleurs plus ou moins mal connus : l'affinité de la membrane pour les liquides qui la baigne, la constitution variable de cette membrane, l'état électrique, la température, La vitesse des échanges n'est pas régulièrement propor- tionnelle à la concentration, elle décroît à mesure que l'on se rapproche de l'état d'équilibre. Il y a dans l'examen de ces questions un vaste champ d'études neuves et utiles. Rappelons ce que dit Klebs (1896, p. 68) des circonstances accessoires venant modifier l'influence de la pression osmo- tique. Soit une solution de 0,1 de Molécule de sel marin isoto- nique, d'après de Vries, avec 0,1 de Molécule de solution de salpêtre, La première n'arrête point la formation des zoospores chez les Vaucheria, que déjà 0,02 de Molécule de salpêtre l'em- pêche, Eschenhagen (1889, p, 32) constate que la saccharose cause un très faible arrêt dans la croissance des champignons vis-à-vis du salpêtre, et pense que cela peut s'expliquer par ce fait que, à peine entrée dans la cellule, la saccharose est con- sommée, soit pour la croissance, soit pour la production des huiles, tandis que le salpêtre s'amasse peu à peu dans le suc cellulaire, et devient gênant même s'il n'y atteint qu'une faible proportion. L'action purement osmotique des corps, suivant les lois physiques, peut donc être modifiée par ce fait qu'ils peuvent avoir une valeur spécifique pour la formation de tel ou tel organe, et dépendre aussi de leurs propriétés chimiques spé- ciales. 4 DEUXIEME PÂ.RTIE ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES ASPERGILLUS VARIABILIS Gasperini. Nous avons eu la bonne fortune de rencontrer cette curieuse espèce, dont les caractères sont tellement variables qu'il est difficile d'en donner une diagnose précise, comme le montrera celle qu'en donnait son auteur, Gasperini, en 1887. (( Hypliis erectis, continuis v. varie septatis ac rare ramosis, 1/2-7 ^^^^^ altis, 5- 16 ftdiam. Apice vesiculoso intlatis; vesicula varia 10-60 a diam., vel opice tautum basidiophora, bsidiis radiantibus 6-18 y. long, simplicibus vel ramosis et usque ad très sterigmata gerentibus, 3-5 y. long. ; conidiis primum lœvi- bus, hyalinis, 3 y. diam., dein viridulibus, 5-6,52 [j. diam., sphïEricis v. ovoideis, Icevibus v. tenue verruculosis. Capitulo integro 9-1 1 5 y. diam. Hab. in fruct. putrescentibus Hesperi- dearum. /VndifFertab hac sp. St. var. Bainier (1880). Saccardo (Sylloge, t. X, p. 525) donne à cette espèce le nom de S>terigmatocystis varia bi lis. La variabilité désordonnée que présente cette espèce, sur certains milieux où l'on ne saurait dire si elle est Aspergillus ou Sterigmatocystis, montre que l'on a affaire à une forme 74 DEUXIlhiE PAHTIK mal i\\Oc. plus ajile que toute autre à subir Tacliou du milieu. L'élude que uous eu avons faite nous a permis de retrouver les variations signalées par M. Uay (i8()7) chez le Sferi(/ma- /oct/s/ix ;iU>ary (i854, p. 4^0' -^\;>"l 'n', C'orda, par exemple, désij^nail simplement ces appendices sous le nom de rameaux. Le mol haside est employé par (iramer ( i86 saccharose jHycerine et même ^ 100 100 ° " 100 dans l'eau ordinaire, etc. Les solutions de tanin donnent spécialement lieu à cette adaptation particulière (fig. 6) ; dans la solution à > par FiG. 6. — Végélation de VAspergillus vai-iabilis dans des solutions de tanin à 10/1000 et 0,1/1000. — a, végétation aérienne; a' et b, végétation submer- i^ée. (Gross 32o.) exemple, nous rencontrons fréquemment les spores cuboïdes que nous avons signalées dans les végétations dans solutions assez concentrées d^azotate d'ammoniaque (fîg. 6, a). Formes dé.matioïdes. — Une culture provenant d'un troi- 1 • 1 ïo sième report sur tanin en solution de ? en tlacon A 1000 d'Erlenmeyer, examinée un mois environ après le premier ensemencement, nous a montré une forme dématioïde, d'ail- 84 DEUXIEME PARTIE FiG. 7. — Formes démalioïdcs de VAspergillus variahilis végétant dans une solution de tanin à lo/ioco. (Gross. 000.) leurs faible el rare, analogue à celle que l'on rencontre fré- quemment dans les solutions. Nous avons figuré quelques-unes de ces productions (fig. 71, Les filaments, plus ou moins utri- culeux, produisent sur leur pourtour, et plus souvent à leur extrémité, de petites émergences cylindriques ou ovoïdes, séparées du filamenl par un isthme étroit, et qui peuvent s'en détacher pour flot- ter dans le liquide. Nous verrons plus loin qu'il se produit là un fait remarquable de convergence avec le Pénicillium. Ceci ne peut nous étonner, étant donnée Tétroite parenté de ces deux genres ; placés dans des conditions identiques d'adaptation à la vie submergée, ils reproduisent l'un et l'autre une forme ancestrale qui leur était commune. En résumé^ nous voyons qu'une spore d'A. variahilis peut germer dans l'intérieur d'un milieu nutritif liquide, y fructifier d'une façon incomplète, toutes les parties de l'appareil spori- fère subissant une prolifération qui l'amène à l'état stérile. Il n'y a pas perte pure et simple des appareils reproducteurs, mais une modification graduelle de ceux-ci. De telle sorte que les mycélium que l'on trouve dans les solutions ne sont pas comparables à celui que portent à leur partie inférieure les pieds aériens ; ils ont la valeur de plantes entières. La plante a subi une évolution rétrograde, d'abord vers la forme complètement stérile_, puis jusqu'à des formes déma- tioïdes plus ou moins nettes. C'est un cas remarquable de polymorphisme. Influence de l'humidité. — L'humidité a une influence très sensible. Elle amène un grand développement du mycélium, qui devient aérien, floconneux, et cela au détriment de tappa- reil reproducteur, dont les pieds deviennent rares et les conidies ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 85 peu nombreuses. Ce phénomène est évidemment en rapport avec la transpiration. Celle-ci se trouvant gênée dans une atmosphère très humide, la plante a une tendance à accroître la surface par laquelle elle pourra accomplir cette fonction. Au contraire, dans une atmosphère desséchée, la transpiration très active qui se produit doit amener une concentration du suc cellulaire, favorable au cloisonnement qui précède la for- mation des conidies. Ces différences sont faciles à reconnaître si l'on fait des cultures en vases clos au-dessus des solutions de Na Cl, comme nous l'avons indiqué au chapitre traitant de la technique. Ces cultures étaient faites sur pommes de terre au-dessus de : i'' eau saturée de XaCl; a» NaCl-^ ; 3°NaCl— !— ; 4° eau lOO 100 pure. Examinée deux jours après l'ensemencement, la culture n° I était totalement couverte de fructifications vertes et serrées, sans traces de mvcélium aérien. Dans la deuxième condition, la végétation ne recouvrait qu'une partie de la surface de la pomme de terre. Dans la troisième, le tiers seu- lement était occupé par le champignon, et les pieds fructifères étaient plus espacés et portés sur un mycélium blanc aérien, surtout appréciable sur les bords de la partie verte, dans la région la plus jeune de la culture. Dans la quatrième, on n'a plus qu'un développement très faible où domine le mycélium. Deux jours plus tard, la différence s'atténue, mais demeure toujours très sensible. Douze jours après l'ensemencement, la différence diminue encore, mais on voit néanmoins la culture n° I couverte d'une couche pulvérulente épaisse de conidies, les cultures n*^^'^ 2 et 3 recouvrant incomplètement la surface du substratum_, et munies d'un riche mycélium aérien floconneux dans les parties jeunes. En résumé^ cette expérience montre d'une façon nette qu'une trop grande humidité entrave la formation des conidies et le développement total de la plante, en favorisant cependant la production d'un mycélium aérien. Nous verrons qu'il n'en est U.Mv. i>i: Lvr». — Beauveiiii;. 0 86 DEUXIÈME PARTIE pas de même pour les deux Mucorinées que nous avons sou- mises à la même expérience. Elles donnent un développement total énorme dans une atmosphère saturée d'humidité, et au contraire très faible dans une atmosphère sèche. Nous avons observé une différence analogue entre le déve- loppement du mycélium et celui de l'appareil reproducteur conidien, en cultivant le champignon sur des milieux plus ou moins solides, retenant plus ou moins l'eau. Nous avons fait 5 nos cultures : i° sur solutions d'Az H'^, AzO^ à , addi- 100 ' tionné de gélatine ; 2° id. additionné de gélose 100 ° 100 Le premier substratum maintenu à 28 degrés constituait un milieu pâteux ou demi-liquide; le deuxième, à cette même temjDérature, demeurait solide. Dans aucune de ces cultures on n'observait ce mycélium submergé abondant que nous avons décrit à propos des solutions aqueuses d azotate d'ammo- niaque, mais la culture 11° i offrait, à côté de fructifications aériennes assez nombreuses, un important mycélium blanc, dressé ; dans l'autre, le mycélium, peu développé, restait étroi- tement rampant sur le substratum et donnait les pieds fruc- tifères. Ces différences d'importance entre le développement de l'appareil reproducteur et celui de l'appareil végétatif s'obser- vent bien aussi au moyen de cultures comparatives sur pain très mouillé, et sur pain qui, après avoir été mouillé, a été desséché incomplètement. Le mycélium aérien abonde sur le premier milieu. De plus, dans ces conditions, les pieds fructi- fères présentent de remarquables anomalies que nous décrirons plus loin. Variations de formes correspondant a la composition CHIMIQUE ET PHYSIQUE DU MILIEU. — A cluiquc modification survenue dans le milieu correspond une variation plus ou moins grande dans la forme du champignon. Il faut distinguer ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 87 plusieurs fadeurs dans cette influence du milieu : i'' la com- position chimique (qualité) ; 2.^ la quantité des substances nutritives ; 3" la concentration des solutions. Il faut bien dis- tincruer les effets de ces deux dernières actions. L'accroisse- ment de la quantité est favorable au champignon jusqu'à une certaine limite, en deçà de laquelle elle permet à la plante d'atteindre un développement plus considérable en mettant à sa disposition plus de matériaux pour s'édifier et se développer. Au delà de cette limite se produit un elTet contraire : la pression osmotique résultant de la concentration intervient pour gêner la nutrition et l'entraver plus ou moins complètement; jusque- là elle avait été masquée, elle peut enfin provoquer la plasmo- lyse et la mort; 4° et, marchant de pair avec la concentration, la consistance du milieu. Sur des milieux très nutritifs, comme liqueur de Raulin, pomme de terre, surtout si elle est acidifiée par addition de solution d'acide tartrique à^ > pain humide, le développe- ment anormal devient la règle. Nous reproduisons un certain nombre de dessins de ces malformations, pour donner une idée de la variation désordonnée qui s'effectue sur ces substratum. Il devient impossible de préciser dans ces conditions à quelle espèce on a affaire : Sterigmatocystis ou Aspergillus^ avec fré- quent retour à des formes pénicilloïdes. Dans ces conditions, toutes ces formes peuvent coexister sur un même milieu. Ayant fait nos premières cultures de cet organisme sur les milieux en question, nous nous sommes demandé si nous n'avions pas un mélange de plusieurs espèces, et nous étions surpris de la difficulté qu'il y avait à les isoler. Cependant, l'observation de cas fréquents de continuité entre ces formes diverses ne nous laissait bientôt plus de doute sur leur identité. D'ailleurs, il y a un caractère qui ne varie Jamais dans les fructifications aériennes, c'est celui des dimensions des spores échinulées. On observe dans ces cultures des formes pénicilloïdes très 88 DEUXIEME PARTIE simples, telles que celles que présente parfois le Pénicillium y/a«c«m végétant sur milieu défavorable ou peu nutritif (fig. 8). C'est encore un cas très net de convergence des formes coni- diennes entre les deux genres Pénicillium et Aspergillus. Dans ces cas, les Stérig- mates sont souvent sessiles sur le mycélium en une ré- gion quelconque, ou régu- lièrement étages le long de celui-ci. On a encore des formes Aspergillus nettement carac- térisées . Le pied de ces Aspergillus est continu ou cloisonné, simple ou ramifié; d'autres fois, la tête renflée du pied fructifère porte à la fois des stérigmates simples et des basides à stérigmates; ceux-ci, dans tous les cas, richement pourvus de coni - dies. On trouve enfin la forme Stérigmatocystis souventtrès prolifère^ la prolifération atteignant les basides ou les stérig- mates (fig. 9-10). On a fréquemment aussi un bourgeonnement énorme des têtes fructifères, comme cela est figuré (fig. 12). On peut voir dans le fait de la coexistence de formes différentes sur le même milieu, le résultat de la lutte entre les influences héréditaires et les influences du milieu. Les faits de variations présentés par cette espèce nous sem- blent précieux pour nous en faire entrevoir l'histoire phylogé- nétique, depuis les formes oïdiales (fig. 8) et dématioïdes communes aux Pénicillium, Aspergillus et Stérigmatocystis. C'est une preuve de plus de l'étroite parenté de ces trois formes et de leur évolution commune, Fig. 8. — Asjx'iyillus cai-iabilis. Formes pénieilloïdes. (Gross. 27,5.) ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 89 Si les formes Pénicillium et Aspergillus semblent assez bien séparées actuellement et ne paraissent que rarement côte à côte, présentant aussi des différences notoires dans la consti- tution de leur perithèce, il n'en est pas de même des Asper- gillus et Sterigmatocystis, qui peuvent être facilement mêlés actuellement dans le développement ontogénique d'une même l'iG. (j. — Asperrjillus variahilis. Culture sur liquide de Rauliii. (Gross. 280.) FiG. 10. — Aspergillus variahilis. Culture sur pomme de terre très humide. (Gross. aGo.) espèce et constituer l'un ou l'autre, suivant le milieu, la forme définitive du champignon. C'est pourquoi il nous semble que l'on ne saurait accorder une valeur générique au caractère de la présence de basides, qu'il vaudrait mieux parler simplement d'Aspergillus à stérig- mates simples ou ramifiées, comme le font généralement les mycologues allemands. D'autant plus que la distinction entre ces deux formes, appuyée sur le développement du périlhèce, continu ou discontinu, parfaitement fondée à l'époque où M. Van Tiegbem écrivait son travail sur le développement des QO DEUXIÈME PARTIE Ascom jcètes (1877), s'est trouvée en défaut depuis (Aspergil- lus flavus k développement discontinu). L'A. variabilis, dont on ne saurait dire, d'après les ramifications des stérigmates, si c'est un Aspergillus ou un Sterigmatocystis^ qui peut être tantôt l'un, tantôt l'autre, ou les deux à la fois, suivant les milieux, possède un sclérote qui ne nous a jamais donné d'asques, il s'agit donc d'un développement discontinu au premier chef. Sur d'autres milieux que ceux que nous venons d'étudier, le cham- pignon se fixe dans sa forme^ de telle sorte que l'on peut en donner une diagnose exacte; elle se maintient indéfiniment sur ce milieu. Les diffé- rences de ces formes sur chaque mi- lieu sont de celles dont on constitue habituellement des espèces. Dans ce cas, l'influence du milieu finit par l'emporter sur les influences hérédi- taires. Cultivé sur ces milieux, VA. vâria- bilis s'y adapte rapidement et y subit un commencement de fixation, se comportant comme le Slerigmatocysds alba qu'a étudié M. Uay. Passons en revue quelques-unes de ces formes nettement définies. 25 Sur jus de pruneau à on a un Aspergillus très pur, d'assez grande (aille, dont le pied a généralement 280/^X9,5^1, cloisonné ou non, tête renflée 28 a diam., stérigmates 5-6//, spores habituelles. Sur mélange à volumes égaux de jus de pruneau et de liqueur de llaulin, il se développe de beaux Aspergillus, de taille un peu plus forte que ceux du jus de pru- FiG. II. — Aspei^gilluf; l'aria- hilis. Culture sur pomme de terre arrosée d'acide tartri- que i/iooo, (Gross. 275.) ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 9ï neau seul ; pas non plus de Sterigmatocystis, comme sur Raulin seul, mais il se produit des sclérotes ^ L'Aspergillus comme le Sterigmalocystis peut donc donner lieu à ces forma- FiG. 12. — Formes prolifères de VAspergillus variabilis. Culture sur pomme de terre, arrosée avec une solution d'acide tartrique à i/iooo. (Gross. 55o ) tions. On constate souvent sur la membrane des pieds fructi- i Nous employons toujours dans ces cultures le jus de pruneau cuit. Les fractions 12 ou 26 ou 5o pour 100 indiquent la proportion des poids de fruit employés à celui de l'eau dans laquelle a été faite la décoction. DEUXIEME PARTIE fères développés sur jus de pruneau un épaississemenl irré- gulier comme en dénis de scie (fig. 17). Sur les solutions de tanin on a de très petits Aspergillus, à stérigmates peu nombreux, mais avec de longs chapelets conidiens Le développement total est d'ailleurs fort abondant et toute la surface du substratum liquide se recouvre assez rapidement r0J-i^ d'une couche verte d'appareils coni- diens. On ne saurait donc dire que ^''^ ce sont là des formes pathologiques ^ Dans un mélange à parties égales de 10 00 liquide de Raulin + tannin — ^ 10 les pieds fructifères sont plus longs, et l'on peut voir quelquefois de petits Stérigmatocystis à basides égalant les stérigmates. Sur liaulin sans azote, eau de levure , solutions de glucose ou 1000 saccharose, on a aussi de petits As- pergillus dont les dimensions varient avec chacun des milieux mais restent constantes pour chacun d'eux. De plus, les déformations qui se pro- duisent pour les individus qui pour- suivent leur développement dans l'intérieur de ces liquides et que nous avons décrites, retentissent souvent sur l'appareil aérien, qui présente les mômes proliféra- tions, quoique à un degré moindre. 10. I.'). — Pieds fiuolil'ères (le ÏAsperyilliis varialjilis végé- lanl sur jus de pruneau. (Gross. ;iao.) * Ces variations ont. en effet, les allures d"un phénomène normal lou- joiiis concomilant de conditions parfaitement déterminées, elles sont, de plus, compatibles avec rintéj^rilé des org'anes. ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES gS Sur empois d'amidon, dextTine, se développent abondam- ment des formes Aspergillus d'assez petite taille. Sur des milieux plus nutritifs, on obtient des Aspergillus bien fructifies, à côté de Stérigmatocystis; les dimensions sont variables pour chacun d'eux. On a rarement cette forme seule, il semble qu'elle soit le degré le plus élevé de l'évolution de cette espèce, qui n'y atteint qu'avec difficulté. Sur Peptone — '- — 5 il se développe, peu abondamment, un ^ 1000 ^^ ^ 25 Asperoillus à fructifications vert foncé; à on a déjà des ^ ^ ' 1000 '' Stérigmatocystis de formes trapues ; à on n'a plus guère que des Stérigmatocystis à pieds souvent ramifiés. A mesure que s'accroît la quantité de peptone dissoute, les spores pren- nent une couleur grisâtre de plus en plus accentuée, qui est frappante à lexamen microscopique des cultures. Cette cou- leur paraît être propre aux milieux riches en azote ; elle se montre sur eau de levure > liquide Raulin, où l'on 1000 '■ augmente la dose d'azotate d'ammoniaque, etc. Les solutions de peptone, qui donnaient la forme Stérigmatocystis, ne pro- duisent plus que des Aspergillus si on ajoute dans ces solu- tions des substances toxiques, soit que celles ci aient une influence spécifique, soit qu^elles entravent simplement la nutrition. Ce fait se produit par exemple avec des solu- , Sulfate de cuivre o, i -h Peptone i ., , tions de : , ou il se deve- 100 loppe cependant un stroma dense portant quelques fructi- ^ . Sulfate de zinc i -h Peptone i , i p ncations : on n a que des truc- 100 ^ tifications Aspergillus très courtes ; elles le sont moins sur Sulfate de zinc o, i -+- Peptone i 100 Une tranche de pain arrosée avec l'avant dernière so- 94 DimXIEME PARTIE lulion donne lieu, au contraire, à un abondant dévelop- pement d'Aspergillus et de Stérigmatocystis mélangés. Sur . . , . 1,5 Acide tarlrique les spores ne germent pas, mais sur FiG. 14. — Culluro nncienne de YAsperr/llIus variahilis sur pomme de terre. — A. Les basides se sont transformées en sortes de kystes; B. Ger- mination d'un de ces kyslcs. (Gross, 600.) Acide tarlrique i,5-|-ius. de Pr. 12, 5 ., , . ^ il ne tard [OO e pas à se produire des îlots superficiels de fructifications d'un beau vert prasinus^ au lieu de viridis qu'elles affectent sur le suc de fruit seul (voir Ghromotaxie de Saccardo) ; les filaments mycéliens ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES gS plongeant dans le liquide sont rouges, les pieds fructifères ont en moyenne 460 y. de haut, les têtes 27 ju. diam. Sur pain, sans excès d'humidité, on a des Stérigmatocyslis d'environ 470 y- long., tête 55 a, baside 28 ^u, stérigmates 10 y.. Sur pomme de terre arrosée de peptone 5 se dévelop- pent les plus beaux Slerigmatocystis ; la tête, à parois très épais- ses, a [56 y. diam.; basides, 2D y long. ; stérigmates, 5 k 6 y. Sur des cultures anciennes de plusieurs mois, nous avons ren- contré des basides géantes ayant une trentaine de y de longueur, de plus, très dilatées avec les parois fortement cutinisées et de couleur brun verdâtre, elles peuvent constituer de véritables kystes (fig. i3) ; nous en avons rencontré qui avaient germé en produisant des Aspergillus. On voit, en somme, que, si la lutte entre les influences héré- ditaires et celles du milieu peut entraîner une variation désor- donnée ayant pour résultat la coexistence de formes diverses sur un même sol et dans des circonstances identiques, il existe aussi des cas où l'influence du milieu l'emporte et où Ton obtientdes formes absolument déterminées et fixes sur ce même milieu. Nous retrouvons encore cette action immédiate du milieu en étudiant Tinfluence de la concentration des solutions nutri- tives sur lesquelles végète le champignon. C'est un fait très remarquable que la faculté d'adaptation et la puissance de résistance qu'ont beaucoup de formes infé- rieures de champignons, aux fortes concentrations des solu- tions. Tandis que, pour les végétaux plus élevés en organisation, des doses de sont déjà mortelles, Eschenhac^en fiSSo), 1000 "^ ^ y JJ^ qui a étudié le maximum de concentration de diverses sub- stances que peuvent supporter Aspergillus nigeî\ Pénicil- lium glaucum. a trouvé que le premier résiste encore à 53 100 DEUXIEME 1^\RTIE de sucre de canne ou 21 100 d'azolale de soude. l^'Aspcrgillus repens^ éludié par Kleljs (1886), présente aussi une haute faculté d'adaptation aux concentrations élevées; il trouve I"'iG. i5. — Fornio l'amifiéc de V Asjicriiillua Vi<..\(\. — Asj)f/-;/i//iisv;iriH- varlahilia. (Jullurc sur poiniiic lic Icii e Jiiiiiii- hilis. Culluie sui' poiiunc Icmie il 40 (Icyrés. — (A cl J', i^ioss. 27."»; (Uï Icri'o acidifiée avec une C, gross. 5o.) soluUon d'acide Iniirique à l/lOOO. (Gl'OSS. 201).) ^5 pour 1000 pour le sucre do raisin, 57 pour 1000 pour la j^dycérine, etc. L'A. varia hilis ollre éf^alcment cette propriété. Le premier elïet de la concentration est de retarder la irerminalion : tandis que sui' jus do pruneau a la noiiiiiiiaiion se lait eu ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPECES 97 moins de douze heures^ elle demande près de deux jours sur Jus de pruneau i2,5 + NaCl 3,7 ou 7,5 .^ ,, , i ^-^ ^- — . On 1 observe seu- lOO lemenl le cinquième jour sur 25 J. Pr. + XaCl i5 lOO , et plus du tout avec de Na Cl. lOO Lorsque l'on augmente la concentration d'une solution nutritive, on remarque une intluence favorable d'abord ; la quantité de la plante déve- loppée est proportionnelle à la quantité d'aliment fournie, puis l'effet favorable est contre-balancé, annihilé par l'action osmotique, qui était à peu près insensible jus- qu'alors. Le tableau suivant montre ce fait. Nous représentons graphiquement, par un nom- bre plus ou moins grand de signes -f-, le développement plus ou moins abondant. Les cultures en flacons d'Erlenmeyer ont été examinées trois jours après l'ensemencement. ' JG. I- 1/. — Aspergillus variabilis. Ciil- liire àgéc de deux mois, sur [)omnic (le leiTC. (Gross. 280 ) Jus de pruneau Feplone Saccharose 12.5 1 >i; n CI I T 0 2 100 + + + + i5 100 100 + -I- loo Na Cl. 7 . T) + I + + + 10 + + + + NaCl. 3.7 + -t- 0, 1 + + 2 + + + NaCl. 1.8 4- + + 0 .01 + 2 + + Jus de pruneau seul + -1- + H- 0,1 0 , 0 1 + -1- 98 DEUXIÈME PARTIE La concentration a non seulement une influence sur le temps de germination et le rendement total de la culture, elle agit encore sur la forme des appareils reproducteur et végétatif. Elle entraîne une réduction des dimensions de l'appareil aérien, sauf celles des spores et de l'appareil végétatif, qui 5o restent immuables. Ainsi, sur Sel de Seignette on a un 100 développement, mais faible ; beaucoup de stérigmates sont FiG. 18. — Cullluc en cellule de VAsperc/illus variubilis dans eau de levure à 10/1000, additionnée d'une solution de menthol à i/iooo. Anastomoses des filaments mycéliens. (Gross. i()o.) sessiles sur le mycélium, les pieds ne dépassent pas une hau- teur de 42 /-t, les têtes de ces petits Aspergillus sont à peine sensibles ; sur les pieds ont 74," long, tête 8 y. diamètre ; 100 sur — —: pieds,! 16 m longitêtesq-io u. diamètre ; — ^ — : pieds 100 ^ 100 ^ 233 f/, tètes 1 6, 3o /Ji. diamètre. Sur jus de pruneau additionné de doses croissantes de NaCl, on voit également s'opérer une réduction correspondante des pieds fructifères. Par contre, dans des solutions assez peu concentrées depeptone, on a l'effet inverse: avec — '- — les picdsfr. ^ ^ 100 ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPECES 99 I o^ 2 ont q3 u lonçr ; 35o u ; , 526 u. Ici l'effet peu actif ^ lOO ' lOO de la pression osmotique est complètement masqué par une nutrition favorable. On remarque encore que plus la solution de peptone est faible, plus le rapport entre les masses du végé- tal développées dessus et dedans le liquide est en faveur de celle-ci, A mesure que la solution contient moins de peptone, réapparaît la couleur verte normale, qui était devenue vert grisâtre dans les solutions plus riches. En résumé, une trop faible concentration des solutions nutritives produit généralement les mêmes effets qu'une trop forte concentration de ces solutions, savoir : accroissement de la végétation submergée, diminution de taille des appareils fructifères aériens. Influence de la lumière. — Elfving (1890, p. io5) rapporte l'observation curieuse qu'il aurait faite sur VEurotiuni herha- rzorwm, croissant à la lumière solaire d'une intensité moyenne, de la production dans ces conditions d'une forme levure ; celle- ci devenait même une race héréditairement fixée, incapable de faire retour à l'Eurotium. Ce fait s'appliquant à un Eurotium avait des chances de se retrouver chez des espèces voisines. Klebs a fait des expériences dans ce sens avec l'A. repens, dont il a exposé directement les cultures au soleil d'avril, il n'a jamais rien constaté de semblable. Nous avons répété ces expériences en juillet. Une culture sur pomme de terre était exposée en un lieu où elle recevait directement les rayons solaires pendant toute la journée ; une autre culture était placée dans les mômes conditions, mais enveloppée d'un papier d'étain, cette deuxième culture ser- vant à apprécier la part attribuable à l'élévation de température qui résultait de cette exposition. Nous observions un retard dans les deux cultures, mais beaucoup plus important pour celle qui n'était pas abritée de la lumière ; de plus, les fructi- fications y présentaient une coloration grisâtre, au lieu de la 100 DEUXIEME PARTIE belle couleur varie qiroffrail la cullure lémoiii. Une lumière trop intense peut donc retarder le développement, jamais elle n'a favorisé la production de formes en levure. Il se produit une action parallèle sur liquide de Uaulin. Sclérotes. Les sclérotes des Eurotium sont considérés comme un stade de développement du champignon qui évolue vers sa forme périthèce ; tantôt ce stade n'est que de courte durée, tantôt il persiste très longtemps, le passage à l'état périthèce ne s'efPec- tuant qu'après une période de repos ; dans d'autres cas, le sclérote paraît avoir perdu la faculté de pousser plus loin son perfectionnement et reste à la phase sclérote, c'est ce qui se produit pour l'A. vnriahilis^ qui, pendant les deux années que nous l'avons observé, ne nous a jamais donné la forme par- faite, quelques soins que nous ayons apportés à l'obtenir. Nous les avons inutilement fait reposer pendant quelques jours ou durant des mois, et replacés ensuite en milieu humide, nutritif ou non. Le développement du fruit ascifère d'un Aspergillus a été pour la première fois décrit par de Bary (1870), qui prétend à leur origine sexuelle, parce qu'il a vu s'opérer la conjugaison des fdaments spirales qui en sont le début. AL Van Tieghem est opposé à la théorie de la sexualité de ces organes ; il est d'ailleurs des sclérotes ou des périthèces qui résultent d'un bourgeonnement homogène du mycélium, cas oîi il ne saurait être question de sexualité. Tous les Eurotium, Aspergillus ou Sterigmatocystis, passent par une phase sclérote, la maturation de ceux ci se faisant généralement immédiatement chez les premiers, el après un temps de repos chez les seconds. Quelles sont les condilions qui favorisent l'apparition de ces organes? AL Brefeld (1881 , p. i32) constate que les périthèces ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPECES lOl de VEurolium herhariorum se forment principalement en automne, si le champignon a déjà produit de nombreuses générations; Siebenmann (i883, p. 28) obtient ces fruits au moyen de cultures à des températures élevées; Elfving (1890) constate aussi leur efficacité et, pour Klebs, une haute tempé- rature constante est même le meilleur moyen de s'en procurer. Développement. — En prélevant des portions du thalle dans les parties jeunes des régions où se forment des sclérotes, on peut les observer à différents stades de développement et con- stater qu'il se fait par un bourgeonnement homogène du mycé- lium, c'est-à-dire aux dépens d'un certain nombre de ramifi- cations non ditTérenciées du mycélium, qui s'entre-croisent, se pelotonnent et se ramifient de plus en plus, de façon à consti- tuer bientôt une masse homogène de pseudo-parenchyme; ces petits nodules sont d'abord blancs, puis bruns et brun foncé presque noir. En coupe transversale, ils présentent une colo- ration brun rouge plus foncée vers la périphérie. Cette région est constituée par des cellules à parois très épaissies, tandis que dans la région centrale se reconnaissent encore les fila- ments. Ces sclérotes peuvent atteindre au maximum i^^^^Sou 2 de diamètre. Conditions de formation de sclérotes. — Ces conditions sont diverses, et leur production peut dépendre de la quantité ou de la qualité des éléments du substratuin,de sa consistance, de la température ou de l'état des spores. Une température élevée, voisine de 3o degrés, favorise la formation des sclérotes. Mais, même à cette température, le développement se fait plus ou moins rapidement suivant les milieux. Ils étaient très abondants sur pomme de terre addi- , Suif. deZn.4-P. I Suif, de Zn. o, i -f P. i tionnée de et sur 100 100 Le sulfate de zinc, dont la présence provoque un épaississe- ment des membranes des parties filamenteuses, paraît avoir Université dk Lyon. — Beauverie. 7' 102 DEUXIEME PARTIE une action très favorable sur la production des sclérotes. Après huit jours, il ne s'en était produit aucun sur pain. Ils se montrent rapidement sur tranches d'oignons ; on remarque alors à la surface de ce substratum^ complètement recouvert d'une couche verte de fructifications, des bouquets de pieds fructifères beaucoup plus longs que les autres, et constitués généralement par de beaux Aspergillus. A la base de ces touffes, on trouve des sclérotes avec lesquels elles sont en relation ; ils ont dû germer sur place et produire, alors que le milieu nutritif était épuisé, les Aspergillus aux dépens de leurs réserves nutritives. Ces derniers sont souvent accolés en faisceaux, au moins à leur base. Sur milieux liquides, la production des sclérotes est beau- coup plus rare qu'en milieux solides et ne se fait que sur ceux qui possèdent une assez grande valeur nutritive. Il faut, de plus, que le mycélium avec ses fructifications ordinaires ait recou- vert toute la surface du liquide et constitué ainsi une croûte solide. A partir de ce moment, on voit la culture se recouvrir d'un feutrage d'un mycélium blanc, portant de rares et très faibles fructifications conidiennes, souvent réduites aux stérig- mates conidifères; ces filaments proviennent de la germination sur place des spores de la première couche verte, maintenant complètement cachée. Si, après quelque temps, on soulève ce feutrage blanc, on aperçoit au-dessous de lui d'innombrables sclérotes qui se touchent tous (culture sur liquide de Raiilin). Sur jus de pruneau il s'en forme rarement, sur d'autres liquides moins nutritifs, il ne s'en produit jamais. Le mycélium du feutrage en question présente fréquemment une modification particulière de la membrane, consistant en un renflement brunâtre au niveau des cloisons (fig. 3, h). Cet épaississement, qui se colore en violet par la solution étendue de rouge de ruthénium, doit être de nature pectique (Mangin, 1892). L'état des spores a également une influence sur la production des sclérotes. Nous avons ensemencé sur pomme de terre des ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES Io3 spores d'A. variabilis provenant d'une culture très desséchée sur pain, qui nous arrivait du Tonkin, et nous avons été frappé de la rapidité avec laquelle cette culture montra des sclérotes ; elle en était recouverte dès le deuxième jour, alors qu'il n'en existait encore aucun dans une culture témoin. Plusieurs agents ont pu ici déterminer la modification des spores qui se manifeste ainsi : des températures élevées, la sécheresse ou l'atmosphère confinée et l'obscurité qui régnaient à l'intérieur du récipient. Dans les expériences que nous avons décrites ci-dessus, sur l'influence de la lumière sur le développement du champignon, il ne s'est jamais formé de sclérotes malgré l'augmentation de température favorable. Ces expériences étaient faites au mois de juillet, à une époque oîi la température ne s^abaissait guère au-dessous de 24 degrés dans la salle où se faisaient ces cultures, et quoiqu'elles ne fussent pas maintenues à température constante, l'abaissement nocturne de celle-ci était insuffisante à expliquer l'absence des sclérotes. Une des circonstances qui favorisent le plus la formation des périthèces, est l'existence d'une atmosphère confinée. Ils appa- raissent le plus souvent entre le substratum et la paroi du réci- pient, dans des régions défendues contre l'accès de l'aire On peut se demander, il est vrai, si c'est le manque d'oxygène ou la compression résultant d'un espace insuffisant qui agissent ^ Xous avons été assez heureux pour rencontrer ÏAspenjilliis nidii- lans, avec ses périthèces si remarquables par leur enveloppe épaisse de branches ramifiées terminées par de ^-^rosses cellules sphériques à fortes parois, et par leurs ascospores d'un beau rouge. Ce champignon déve- loppait abondamment ses périthèces sur les milieux solides comme sur les milieux liquides les plus pauvres, tels que de Teau ordinaire conte- nant des traces de jus de pomme de terre. L'examen comparé que nous avons pu faire des conditions de développement des périthèces dWsper- (jillus iiidalaiis et des sclérotes d' A. variabilis^ nous a montré que ces deux organismes ne se comportaient pas toujours de même, vis-à-vis des mêmes conditions. Io4 DEUXIÈME PARTIE ici. Il arrive quelquefois qu'une tranche de pomme de terre, par exemple, utilisée comme substratum en boîte de Pétri, se soulève dans sa partie médiane par suite d\m commencement de dessiccation ; il en résulte entre elle et la paroi de la boîte une cavité close, quelquefois assez spacieuse, où les sclérotes se produisent abondamment. On en obtient un grand nombre, même à des températures d'une vingtaine de degrés, en rem- plissant aux trois quarts une boîte haute, de pomme de terre d'abord cuite à la vapeur d'eau et écrasée, puis stérilisée à I20 degrés et ensemencée; on lute exactement les bords du couvercle. La forme conidienne se développe en premier lieu, mais si l'on ouvre la boîte après dix ou quinze jours, on remarque qu'il s'est formé à la surlace de très nombreux sclé- rotes. Ces faits doivent faire rejeter l'hypothèse d'une influence exclusive de la compression. Il PENICILLIUM GLAUCUM Liink. Celte espèce, qui constitue une des moisissures les plus vulgaires, a joué un rôle prépondéraift dans l'histoire de la Mycologie. Elle est vraisemblablement connue depuis fort longtemps, au moins d'une façon superficielle, car son étude scientifique réclame le concours de forts grossissements. Les premières observations datent de Micheli (1729, t. 11^ fig. 3), qui décrit un Pénicillium sous le nom dWspergillus alhiis; puis, Linné en parle sous le nom de Miicor crustaceus albiis (1764, Species pLinL, 11^ editio tertia , p. i656) ; il s'appellera ensuite Monilia digitata Persoon (1801, Syn. meth. fung., Gôttingen, p. 695). C'est Link qui est l'auteur du genre Pénicillium et du nom d'espèce glaucum, aujourd'hui généralement employés fOhserv. in ordines plant, natur. Dissertatio prima, p. 16 et 17). Pries, en 1829, restitue à cette plante le nom d'espèce donné par Linné, et la nomme P. criistaceum (System. mycoL, III, puis Siimma vegetah. Upsaliae, 1849). H constate le premier les formes Coremiam de cette espèce. Ensuite se produisent les innombrables tra- vaux des polymorphistes, qui ne font guère que retarder la connaissance de cette plante. En 1875, Petrowsky décrit des chlamydospores couleur cannelle, à paroi épaisse, situées dans l'enveloppe d'une cellule polygonale, qui s'isolent de la mem- brane et s'arrondissent, germent sur jus de fruit en donnant le P. glaucum. I06 DEUXIÈME PARTIE Lœw, en 1869, étudie le développement du pied fructifère. De Seynes (i886_, p. 4^) dit que les spores de formation basipète sont encore réunies, après leur production^ par des étranglements correspondant à la région d'un filament primitif dans laquelle la membrane de la spore ne serait point soudée à la membrane du filament. En i838, Turpin disait déjà avoir vu des globules de levure de bière se transformer en P. glaucum. Mais l'ère du polymor- phisme s'ouvre véritablement après les premiers travaux de Tulasne, à partir de i85o. Nous avons longuement insisté, dans l'historique placé au début de ce travail, sur les observations, il vaudrait mieux dire les idées, de Bail, Berkeley, Hoffmann avec son « Diinstrôhrh zur Reincultur », Pouchet, Joly et Musset, Garnoy, Goccardas, etc. ; nous n'y reviendrons pas. M. Van Tieghem, en 1868, constate que cette moisissure végétant dans une solution tannique, transforme le tanin en acide gallique (fermentation gallique), sans pour cela prendre de forme levure. Lœw (1867) nie qu'il existe des rapports entre Pénicillium et Dematium . Signalons aussi ce fait, que Tulasne admet tait une liaison génétique entre Pénicillium et Aspergillus : « Hue adde id Penicillii quandoque formam videri diminu- tam Aspergilli glauci. » (Carp., H, p. 63, note 2, et p. 227.) Les périthèces, entrevus d'abord par Léveillé en i8^jO, ont été soigneusement décrits par M. O. Brefeld dans son beau travail sur le P. c/lriucum, 1874 (B. II. u. S. 2). 11 observe que leur formation s^effectue dans la profondeur du subslratum et montre que leur production a lieu à l'abri de l'air, tandis que celle des conidies est entravée dans ces conditions. Pour les obtenir, il applique une tranche de pain du côté ensemencé sur une plaque de verre. Il attribue une origine sexuelle à ces organes ; leur formation débute par deux courtes spires enrou- lées, qui sont pour lui un ascogone et un pollinode, puis il se fait une corLication abondante aux dépens des nombreuses branches stériles qui naissent du mycélium , supportant les ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES IO7 rameaux sexuels, L'ascogone, lui-même, se ramifie bientôt à l'intérieur du tissu stérile qui épaissit ses cellules : C'est la phase Sclerotium. Après un temps de repos el dans une atmosphère humide, le corpogone fournit des branches qui se glissent dans les cavités que laisse le tissu environnant, qui se résorbe d'ailleurs au fur et à mesure du développement de ces branches ; celles-ci émettent des renflements qui deviennent les asques. Le tissu stérile est en ce moment résorbé en majeure partie, ne laissant plus subsister qu'une membrane extérieure de deux ou trois couches de cellules. Enfin, les parois des asques disparaissent elles-mêmes; la membrane externe se fendille et les spores sont mises en liberté. Brefeld conclut de son étude que le Pénicillium est très voisin des Tubéracées et Elaphomyces, et que, vraisemblablement, la station normale de ce champignon (perithèce) doit être hypogée. M. Van Tieghem le place parmi les Périsporiées (Perispo- riacées). Dans la classification adoptée par Fischer, dans Pflanzenfamilien, ils sont séparés des Perisporiales qui, dans cette classification, rentrent dans l'accolade des Pyrénomy- cètes, et constituent un groupe séparé, celui des Pleclascinées, placé entre les Pyrénomycètes, d'une part, et les Tubérinées d'autre part. M. Guégen (1898-99) a consacré récemment une importante étude au Pénicillium glaucum. Celui-ci constitue, d'après l'auteur, la majorité des éléments mycéliens des solutions, et les Hormodendron qu'ion y rencontre fréquemment n'en sont peut-être que des états évolutifs. Nous avons, à peu près simul- tanément, émis des idées se rapprochant de celles de ce bota- niste, et signalé la production de formes dematioïdes aux dépens du Pénicillium. M. Guégen ramène, en outre, à cette espèce plu- sieurs formes qui avait été décrites comme espèces distinctes; il décrit des sclérotes à chlamydospores et observe des péri- thèces un peu différents de ceux de Brefeld, de situation super- ficielle el de taille plus petite. Il signale quelques particularités de leur développement. I08 DEUXIÈME PARTIE Nos observations personnelles sur le P. glaucum datent du début de nos recherches. Nous avons été amené à étudier quelle était l'influence de substances toxiques sur ce champignon en présence de matériaux nutritifs, ce qui nous a conduit à l'étude des organismes mycéliens des solutions. Utilisant les données acquises, nous avons pu constituer des milieux très anormaux qui nous ont permis d'observer des déformations intéressantes de ce végétal. On connaît déjà un bon nombre d'espèces de champignons inférieurs végétant dans des milieux qui semblent peu compa- tibles avec la vie ; c'est ainsi que l'on en a trouvé dans un grand nombre de sels d'alcaloïdes, dans la picrotoxine, le chromate de plomb qui sert à la conservation des cadavres, l'acide picrique, les solutions arsenicales (VHygrocrocis arse- nicus de M. Marchand), des solutions concentrées de sulfate de cuivre, neutralisées par l'ammoniaque et servant à l'im- mersion de plaques gélatinées employées en photogravure (R. Dubois, C. /i., 1890), dans de l'eau phéniquée à 2/100 (Barnouvin) . Nous avons encore constaté le développement de moisissures et particulièrement de Pénicillium, sur de la gélatine que l'on avait cru rendre antiseptique par de l'acide salicylique, dans des solutions faibles d'acide chlorhydrique ou sulfurique, dans 20 une solution à d'acide chlorhvdrique où avaient macéré 1000 " des fragments de pancréas, M. Trabut ' (1895) signale une végétation abondante de P. glaucum, vivant dans des condi- tions particulières sur solution concentrée de sulfate de cuivre. Nous avons signalé nous-même, à propos de l'A. variabilis, la puissance de résistance qu'olîrent beaucoup de moisissures à d'énormes concentrations. Tous ces exemples, dont on pourrait allonger beaucoup la * Sur un Pénicillium végétant dans des solutions concentrées de sul- fate de cuivre fliiill. de hi Soc. hof. de France. 3" série, t. II, p. 33. iSf)5). ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES I O9 liste, montrent combien il faut être prudent dans le choix de stérilisants ou désinfectants^ puisque certains organismes inférieurs présentent une remarquable force de résistance aux agents, considérés trop facilement comme parasiticides géné- raux. Depuis nos recherches, M. Stevens (1898) et M. Guégen (1898- 1899) ont constaté que parmi ces organismes, \e P . glaii- ciz/7i présente, plus que tout autre, cette faculté de résistance aux poisons. Le cas sur lequel nous appelons ici l'attention est celui d'une végétation abondante de deux champignons dans une solution aqueuse contenant : Sulfate de cuivre 34/iooo Sel de Seignette 200/1000 Ces deux champignons sont, d'une part le Pénicillium glaucum, auquel la propriété de se feutrer en stroma à la sur- face du substratum a valu aussi le nom de P. criisfaceum ; d'autre part un Sterigmatocystis mêlé intimement à ce Péni- cillium, d'abord rare, puis finissant par le supplanter presque complètement. M. Trabut^ a signalé récemment la présence du Péni- cillium dans des solutions concentrées de sulfate de cuivre. Ayant fait préparer, pour sulfater des semences de blé, une solution de sulfate de cuivre à 2 0/0, dans laquelle des blés charbonnés étaient immergés, il vit se produire, au bout de quelques jours, un mycélium vigoureux, allant du fond du vase à la surface, puis sur les rameaux aériens blancs appa- raître des spores constituant des îlots d'un rose terne. Ce champignon différait du Pénicillium f/laucum seulement par la couleur des spores, et M. Trabut le désigne provisoirement sous le nom de Pénicillium glaucum. Cet auteur parvint à faire végéter ce champignon dans des solutions contenant 3, 4? *■ Loc. cil. 110 DEUXIEME PARTIE 5, 6, 7, 8, 9 et 9 i/4 pour 100 de sulfate de cuivre, solutions oîi l'on avait préalablement fait macérer une poignée de blé. M. de Seynes^ en ensemençant le Penicillum cupricum de M. Trabut, dans des tubes stérilisés contenant du jus de citron concentré, vit se produire un mycélium blanc, mais portant des spores de couleur verte, établissant ainsi que le P. cupj^i- cum n'est autre que la moisissure très vulgaire nommée P. çlau- cum. Nous avons reproduit celte expérience le plus facilement du monde, en faisant sur divers substratum des ensemence- ments du champignon développé dans notre solution de sulfate de cuivre, ensemencements qui ont toujours fourni sur pomme de terre, gélatine, gélose, etc., etc., une belle végétation avec les conidies de la couleur vert glauque habituelle du Péni- cillium glauciim. Nous l'avons également cultivé dans des solutions de sel de seignette (tartrate double de po lasse et de soude), sel qui accompagnait le sulfate de cuivre dans notre solution et dans une solution d'acide tartrique 200/ 1000. Dans les deux cas, la parlie ensemencée s'enfonçait dans le liquide, puis, après quelques jours, émettait des filaments serrés et rayonnant autour de la portion primitive, formant bientôt une masse floconneuse occupant tout le fond du vase. Cette partie était formée exclusivement par un mycélium ramifié, très mince et à cloisons peu apparentes, sans conidies. Le mycélium du Pénicillium glaucum peut donc s'accommoder facilement d'une vie submergée, mais il ne donne pas d'orga- nes reproducteurs dans cette situation. Au bout de plusieurs semaines, on voit apparaître à la surface du liquide une ombre légère due à la présence de filaments fructifères; plus tard se forment les appareils fructifères aériens, très abondants sur le sel de Seignette et d'un vert très accentué, tandis que le mycé- lium submergé présente une teinte rouge rouille, teinte que ^ J. de Seyncs, Résullal de la culture du Pénicillium cupricum, Trabut (Bul. Soc. hol. de France, S'-'série, t. II, pp.45i et 482, 1895). ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES î I î nous avons observée aussi chez le mycélium de l'A . variahilis végétant dans la solution d'acide tartrique ou chez le Pénicillium lui-même, croissant dans des solutions faibles d'acide sulfurique. Nous signalerons une anomalie que nous avons abservée plu- sieurs fois dans des cultures de Pénicillium (/laucum, en gout- telettes suspendues dans des cellules Van Tieghem, dans l'eau de levure à lo/iooo. Normalement, les filaments fertiles qui sont dressés donnent naissance latéralement à des branches qui se produisent de bas en haut; les branches primaires, secondaires et tertiaires, de plus en plus courtes, se terminent chacune par un chapelet despores, et l'ensemble de ces branches ultimes se rassemble en une sorte de pinceau surmontant le filament principal. Nous avons vu chez certains individus les branches de premier, deuxième ou troisième ordre s'allonger en filaments remplaçant les chapelets de conidies, tandis que, sur le même pied, des branches de même ordre se développaient normalement (fig, 24). Il se produit ici un véritable avortement des branches conidi- fères, qui s'allongent sans se cloisonner en spores. D'autres fois, les chapelets de conidies étaient développés, mais la dernière, ou encore une conidie de la partie inférieure du chapelet, s'allon- geait en filament présentant parfois des commencements de ramifications. Dans le cas où l'allongement se produit dans une spore de la base du chapelet, celles des spores placées au-dessus sont déjetées sur le côté (fig. 25). Nous avons vu que ce chan- gement d'état des spores ou des stérigmates se produit réguliè- rement chez V Aspergillus variahilis, qui passe ainsi à l'état stérile par une adaptation à la vie submergée. Il doit se pro- duire un phénomène analogue pour le Pénicillium glaucum, mais il se produit plus rarement ; nous n'en avons pas fait d'ailleurs d'étude approfondie. Il est évident que c'est grâce à la présence du sel de seignette que peut végéter le champignon dans une solution contenant une dose relativement forte de sulfate de cuivre, qui, s'il était seul, le tuerait. 1 1 1 DEUXIEME PARTIE Nous avons recherché quel était le rôle du sel de seignette ou de Facide tartrique (qui se comporte dans ce cas comme ce dernier corps), sur la variabilité de Taction du sulfate de cuivre. M. Sauvageau (1894) a attiré l'attention sur cette question à propos de l'action du sulfate de cuivre sur VIsaria farinosa en présence de l'acide tartrique. Il a remarqué que, vis-à-vis de ce dernier sel, le sulfate de cuivre devient environ qua- rante fois moins toxique. L'acide tartrique agit-il comme substance nutritive, en donnant au végétal plus de force pour résister à Faction du sel de cuivre, ou a-t-il une autre action capable de neutraliser celle du poison ' ? *M. Maillard a trouvé que le sulfate crammoniaque, en certaines proportions, diminue le pouvoir toxique du sulfate de cuivre vis-à-vis du Pénicillium. M. Stevens a constaté que la bouillie bordelaise renferme bien plus de cuivre qu'il n'en faudrait pour produire le même effet s'il était dissocié en ses ions simples. Rappelons ce qu'est la théorie de la Dissociation hydrolytique, due à Svante Arrhenius, 1887 (Journal de physique, 1888, p. 178), dissocia- tion dailleurs purement hypothétique et non admise par tous les auteurs. Les corps dissociables sont ceux que le courant électrique décompose : ils sont électrolyles. Sous l'influence du courant, ils se divisent (électrolyse) en groupe- ments ou ions qui apparaissent libres sur les éleclrodes. Celui qui se rend à l'électrode négatif ou cathode est le cathion ou radical-éleclro- positif ; celui qui va à l'électrode positif ou anode est Vanion ou radical- électro-négatif. Le transport de l'électricité paraît lié au déplacement des ions. Or, dans une solution, on constate que la conductibilité électrique aug- mente avec la dissolution, d'où l'on peut conclure qu'il y a de nouvelles molécules dissociées en ions. Arrhenius admet cette hypothèse, que l'eau dissocie les électrolvtes en leurs ions ; ces ions sont libres dans le liquide , à côté de molécules, qui ont pu demeurer intactes et dont le nombre diminue à mesure que saccroit la dilution. Les propriétés physiques, chimiques et physiologiques de ces ions sont bien distinctes de celles des molécules, et les propriétés d'une solution saline sont la résultante des propriétés des deux sortes de ions. ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES IlJ Pour élucider ce problème, nous avons recherché la close limite inférieure du sel de cuivre permettant la germination dans l'eau ordinaire, puis la dose limite supérieure permettant la germination dans une solution à laquelle nous avions ajouté du sel de Seignette ou de l'acide tartrique en quantité déter- minée, soit I gramme pour looo. Divisant la dose limite supé- rieure par la dose limite inférieure, on savait combien de fois I gramme de sel de Seignette ou d'acide tartrique ren- dait le cuivre, moins toxique. Dans une seconde série d'expériences, nous avons remplacé ces corps par des substances nutritives plus ou moins com- plètes, ne les contenant pas. Si le Pénicillium germait encore dans ces conditions, c'est que ces substances purement nutri- tives auraient le même effet que nos deux sels précédemment expérimentés. Dans ce cas, leur rôle nutritif serait établi, sinon il faudrait chercher ailleurs Texplication de leur action vis-à-vis du sulfate de cuivre. Pour rechercher la dose limite inférieure de sulfate de cuivre permettant la germination du P . glaucum^ nous avons fait une lievenons au travail de M. Stevens. Il indique dans un tableau un certain nombre de corps non toxiques. Il conclut de leur non toxicité que ni leurs molécules ni leurs ions ne sont toxiques. Donc, quand un de ces ions reconnus inactifs sera combiné à un autre ion, pour donner une combinaison toxique, ce sera nécessairement le ion introduit qui mesurera la toxicité du composé. Cette théorie est ingénieuse, mais pour quelques faits qui cadrent avec elle, beaucoup sont en désaccord; de plus, elle est toute basée sur l'existence d'une dissociation hydrolytique, qui, nous l'avons dit, est loin d'être prouvée, et qui contrevient aux données de la thermochimie (lîeychler, les Théories physico-chimiques, Paris, 1897, p. 220, Ihill. Soc. chim., 1892, t. II, p. 812). Une utilisa- tion pratique de ces données est peut-être un peu prématurée. Nous nous rangeons volontiers à l'avis de M. Guegen (analyse de l'ouvrage de M. Stevens, Bull. Soc. myc. de Fr., 189g, p. i34), qui pense qu'il est plus rationnel d'admettre que chaque composé est toxique par une qualité qui lui est propre, qui peut dépendre dans une certaine mesure de la nature des composants, mais ne semble point obéir à une loi fixe. Il4 DEUXIÈME PARTIE série d'ensemencements de ce champignon provenant d'une culture pure bien développée sur pomme de terre, dans des gouttelettes suspendues en cellules Yan Tieghem. Ces goutte- lettes ayant la composition suivante : Sulfate de cuivre . . o,io 0.20 o,3o o,4o o,5o 0,60 Eau ordinaire . . . 1000 1000 1000 1000 1000 1000 Une expérience témoin, avec de l'eau pure, permettait de constater le retard qu'apportait le sulfate de cuivre à la germi- nation des spores. Après quelques heures, dans l'eau ordinaire, les spores, après avoir doublé de volume, avaient produit un ou deux tubes de germination ; elles s'étaient comportées à peu près de 0,10 même dans la solution à — ^ ; le retard était faible dans les 1000 solutions à 0,20 et o,3o pour 1000, mais beaucoup plus accen- tué à partir de 0,40, où ne germent qu'un nombre de spores de plus en plus restreint : elles émettent alors des tubes germi- natifs qui demeurent courts ; enfm, dans la solution à o,5o ne se produisaient à peu près plus de germinations. La dose limite intérieure est donc ou un peu supérieure \ 1000 ^ ^ Nous avons recommencé une série d'ensemencements en ajoutant cette fois aux solutions de sulfate de cuivre i gramme pour 1000 de sel de Seignette, et nous avons recherché à quelle dose limite de sulfate de cuivre s'arrêterait la germination des spores dans ces conditions nouvelles. Nous avons pris comme point de départ une solution de sulfate de cuivre à o,5o qui, * Ce chilFre ne s'accorde point avec celui de i/iooo que donne M. Guégen (1898-1899). Cela doit tenir à ce que nous n'avons pas observé les cultures après une période de temps dépassant six à sept jours, et à ce que l'atmosphère des cellules est confinée, celles-ci étant hermétiquement closes. Ceci n'a d'ailleurs pas grande importance, puisque nous comparerons des résultats obtenus dans des conditions semblables. ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES lit) en l'absence de sel de Seignette, n'aurait pas permis la germi- nation des spores; puis nous avons augmenté, peu à peu, la quantité de cuivre dans les solutions suivantes : Sulfate de cuiv. o,5o i 2 3 4 5 lo Sel de Sei<^aiette i 1 i i i i i Eau .... 1000 1000 1000 leoo 1000 1000 1000 Agissant comparativement toujours avec un ensemencement dans l'eau ordinaire, nous avons trouvé que la dose limite était un peu supérieure à deux. L'acide tartrique donne des résultats très voisins. En divisant la dose limite supérieure ainsi obtenue par la dose limite inférieure, nous voyons que la présence de i gramme d'acide tartrique ou de sel de Seignette a rendu le cuivre envi- ron — ^ ou quatre fois moins toxique. Or^ M. Trabut, dans l'observation que nous citions plus haut, a constaté une forte végétation de ce champignon dans des solutions à 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 9 1/2 pour 100 d'eau, mais alors la solution était rendue nutritive par la macération pen- dant vingt-quatre heures d'une poignée de blé. M. de Seynes, de son côté, a fait des cultures dans des solutions à 2 1/2,5 et 9 1/2 pour 100 d'eau provenant d'une décoction d'orge; il est vrai que le champignon se développait assez mal surtout dans la solution à 9 1/2. M. de Seynes attribue la différence qui se manifeste entre ses résultats et ceux de M. Trabut au fait que le sulfate de cuivre dont se servait ce dernier, destiné au sulfa- tage des blés, devait contenir des impuretés diminuant d'autant la teneur en cuivre, tandis que le sel dont il se servait était un produit de laboratoire parfaitement pur. Toujours est-il que ces observations monirent que les sub- stances nutritives provenant de la macération ou de la décoc- tion de l'orge ou du blé ont, comme l'acide tartrique et le sel de Seignette, la propriété d'atténuer l'action du sulfate de cuivre. Il faut donc attribuer le rôle de ces deux substances, I I 0 DEUXIEME PARTIE dans le cas qui nous occupe, à leur valeurnutritive; seulement, ces produits de macération constituant des aliments plus abon- dants et plus complets, permettent au Pénicillium de résister à une quantité encore bien plus grande de sulfate de cuivre. De plus, cette propriété d'atténuation de la toxicité du cuivre augmente proportionnellement (jusqu'à une certaine concentration) à la quantité de substance nutritive employée. Nous avons fait une autre série de cultures en cellule en augmentant d'une unité les doses d'acide tartrique, tandis que nous accroissions celles de sulfate de cuivre. Soit les doses suivantes : Sulfate de cuivre 2 4 6 Acide tartrique i 2 3 Eau 1000 1000 1000 Tandis qu'avec i gramme d'acide tartrique les germinations s'arrêtaient vers 2/1000 de sulfate, elles se produisaient ici abondamment dans les solutions à 4, 6 de cuivre. Nous avons vu plus haut que nous avions eu une végétation extrêmement abondante, surtout quant à l'appareil mycélien, dans notre solution à 84/1000 de sulfate de cuivre avec 200/1000 de sel de Seignette. On peut facilement aussi se rendre compte de l'importance de la qualité de la substance nutritive que l'on oppose à l'action du poison. L'acide tartrique ne constitue pas pour le Pénicil- lium un aliment très favorable, et l'on pourrait faire affronter au champignon des doses beaucoup plus grandes de cuivre en lui fournissant une substance plus nutritive. Cette différence se constate déjà, si l'on ajoute à l'acide organique de l'azotate d'ammoniaque soit : Sulfate de cuivre 6 Acide tartrique i Azotate d'ammoniaque i Eau 1000 ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPECES I I 7 Cette solution avait permis des germinations assez nom- breuses dès le deuxième jour. Nous avons obtenu des germinations assez rapides dans bouillon de viande looo, additionné de sulfate de cuivre lo. En re^i/me Faction du sulfate de cuivre, et probablement de beaucoup d'autres substances toxiqlies, varie, vis-à-vis des champignons, en s'atténuant proportionnellement à la quantité et à la qualité des substances nutritives qui l'accompagnent. L'importance de cette faculté d'atténuation est variable encore suivant les espèces de champignons. Ce fait doit être considéré dans la pratique : il faut se mettre en garde, dans le traitement des maladies des plantes par le sulfate de cuivre, contre l'apport, d'une façon quelconque, de substances nutritives capables d'atténuer ou d'annihiler le bon effet des solutions de cuivre. Nous avons vérifié pour les autres espèces étudiées dans ce travail, que ce fait d'atténuation existe. Nous avons fait des cultures dans des solutions d^antiseptiques divers additionnées de substances nutritives, les doses employées étant de celles qui tuent le champignon, lorsque le poison est seul. Dans la même solution concentrée et mixte de sulfate de cuivre et de sel de Seignette, se trouvait, intimement mêlé au Pénicillium, un Sterigmatocystis, La présence de cet organisme dans un tel milieu est intéressante, car s'il est démontré que le P. glaucum peut, entre toutes les moisissures, résister aux influences toxiques ; le fait a été moins observé pour d'autres espèces. Ce Sterigmatocystis était apparu, à l'origine, sous forme de deux petites taches, jaune vert très pâle, à la surface du stroma formé par le Pénicillium ; il se développa assez rapidement. Des spores ayant germé dans le liquide environ- nant, donnèrent de nombreux îlots qui arrivaient à se réunir. Après deux mois il avait supplanté presque complètement le Pénicillium ^ ^ II est vrai que le Pénicillium lui-mênie^par sa végétation, ses sécré- tions (?), avait pu modifier le milieu. Université de Lyon. — Beauverie. 8. I I 8 DEUXIÈME PARTIE Voici quels sont les caractères microscopiques de ce petit Sterigmatocystis : Filaments mycéliens très minces, ramifiés, cloisonnés, plongeant profondément dans la solution. Fila- ments fertiles, dressés, simples, non cloisonnés, de 65o u. de long, max., sur 3 y. 5 de larg. Vésicule terminale de forme allongée, i4 [^ long. Basides 3 y. 33, supportant 3 à 4 stigmates de 6 p y de long., chacun se terminant par un chapelet de conidies mesurant 3 |u de diamètre ; elles sont échinulées et d'un jaune pâle. Ce petit Sterigmatocystis rentre dans la catégorie de ceux, assez peu nombreux, qui possèdent des basides plus courtes que les stérigmates. Nous n'avons pu l'identifier à aucune des espèces décrites dans le Sylloge de Saccardo. Il offrait assez fréquemment les proliférations décrites par nous chez l'A. variahilis. Le Pénicillium glaucHias et les cltniti|»iinou9 des solutions. Nous avons vu comment un Aspergillus (A. variahilis) pou- vait s'adapter à une vie complètement submergée, en devenant stérile et prenant l'aspect mycélien. Il peut végéter facilement dans cette situation. Etant donnée la grande diflusion du Pénicillium, sa faculté de vivre dans les milieux les plus inso- lites, on peut penser que lui, plus que tout autre, doit constituer les masses fongiques mycéliennes des solutions, que Ton a quelquefois attribuées aux Algues, et qu'Agarth (1824), qui en décrivait neuf espèces, désignait sous le nom àTlijcjrocrocis. Ces Hygrocrocis constituent au sein de diverses solutions des masses d'apparence lactescente^ formant bientôt des flocons plus ou moins denses, capables d'envahir la totalité du réci- pient. Elles sont constituées par des filaments mycéliens enche- vêtrés^ qui^ en certains points, lorsque la culture vieillit, pren- nent une teinte foncée brune, noire, verdàtre, rougeàtre, etc.. ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPECES II9 suivant la solution dans laquelle le champignon se développe FiG. 19 — Hygrocrocis végétant dans une solution faible d'aeitle suU'ui'ique. Forme Dematium. — a, Extrémités de filaments fertiles vues à un plus fort grossissement pour montrer le mode d'insertion des conidies. (Gross. 220.) Nous avons étudié ces masses fongiques dans des solutions d'acide chlorhydrique à lo/iooo et d'acide sulfuriquè à lOy^iooo où avaient macéré des filaments d'Algues; dans des solutions composées de : I20 DEUXIEME PARTIE Sulfate de cuivre . . , . . - I .•,... pour 1000 eau Acide tartrique i I Le développement du champignon était surtout net dans la solution d'acide sulfurique : il y formait des touffes submergées, d'abord hyalines, se réunissant en masses de formes irréou- lières au sein desquelles se dessinaient, dans les cultures plus âgées, des formations en boule d'un vert noirâtre, plusieurs étant accotées aux parois du récipient. Les filaments rayonnant en sont d'aspect plus ou moins toruleux, présentant des alternances de dilatations et d'étran- glements, surtout vers le centre de la masse. Ces filaments renferment fréquemment des gouttelettes très réfringentes d'une substance huileuse ; puis on voit quelquefois sur leur parcours, ou ])lus souvent à leur extrémité, et en naissant directement, de petits corps oviformes, hyalins, qui ont les rapports avec la plante et l'aspect de spores exogènes. Ces conidies ont de 2 à 3 u de longueur. A quelle espèce rapporter ces végétations si peu caracté- risées? Constituent-elles bien des entités spécifiques? Les expériences que nous avons faites nous poussent forte- ment à admettre que, dans un très grand nombre de cas, les végétations des solutions ne sont que des modifications stériles ou des formes évoluées dans une direction rétroorade, de champignons donnant à l'air des fructifications nettement définies, des Aspergillus, quelquefois des Mucor, mais surtout le Pénicillium (jlnucum. Dans le cas de la végétation sur acide sulfurique, nous constations, outre l'existence des masses fongiques submergées, la présence à la surface d'une couche bien fructiliée de P. glaucum la recouvrant incomplètement. Nous avions observé de même, dans les cultures pures de r.l, variabilis sur divers milieux, un développement aérien à fructifications normales, parallèle à une végétation submergée, très modifiée et finalement stérile. On pouvait saisir dans le ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 12 1 cas du Pénicillium la continuité des deux formations. Il est vrai que dans une culture en grand, comme celle que nous étudiions, Tobservalion pouvait induire en erreur. En isolant avec le plus grand soin possible une portion du mycélium submergé, et en le cultivant sur d'autres milieux FiG. 20. — Hygrocrocis végétant dans solution faible d'acide sulfurique. (Gross. 320.) Pénicillium glaucum végétant dans une solution faible d'acide sulfurique. — (Oculaire 3 ; objectif 8, Verick.) tels que pomme de terre, le substratum ne tardait pas à se recouvrir d'une couche de fructifications de Pénicillium (jlau- cum. Cependant ce procédé doit laisser des doutes, car le liquide contenant Tllygrocrocis n'était point stérilisé et, de plus, fréquemment découvert à l'air sans précautions particu- lières; des spores de Pénicillium avaient pu tomber à sa sur - face, et être transportées, au bout de l'aiguille de platine, sur la poitime de terre en même temps que le champignon aqui- cole, et là germer et se développer au point d'envahir toute la culture. 122 DEUXIEME PARTIE De plus, s'il y avait mélange de deux espèces, Tune le Pénicillium superficiel, et l'autre, submergée, ce serait le pre- mier qui s'adapterait le plus facilement au nouveau milieu, un développement aérien étant normal pour lui, tandis que l'Hygrocrocis serait vite étouffé. Une expérience beaucoup plus probante est celle que nous avons faite en parlant du Pénicillium lui même. Nous avons dit comment cette moisissure peut résister à de fortes propor- tions de substances réputées toxiques, pourvu qu'elles soient en présence de matières suffisamment nutritives. Utilisant cette donnée, nous avons fait des cultures en gouttelettes suspendues dans des cellules de Van Tieghem, gouttelettes ayant la composition suivante : Sulfate de cuivre lo Bouillon de viande looo Les spores y germent en assez grand nombre, mais le déve- loppement est ralenti. Après six jours de culture, nous avions cependant de longs filaments cloisonnés et ramifiés, portant au au bout de ramifications latérales, ou à leur extrémité, des petits corps arrondis ou plus souvent légèrement allongés, ressemblant beaucoup, comme disposition, nombre et dimen- sions, aux sortes de conidies que nous avons décrites à propos de l'Hygrocrocis. Cette disposition va s'accentuant par le fait de quelques générations successives du Pénicillium glaucum dans ce milieu. Nous reproduisons ainsi expérimentalement l'Hygrocrocis en partant du Pénicillium glaucum. Nous n'avions pas, il est vrai, les filaments épaissis et vert noirâtre, remplis de gout- telettes huileuses de rilygrocrocis âgé; cela tient au peu de durée de l'expérience. Mais l'apparition, dans les deux cas, de conidies dont la disposition sur les filaments mycéliens et la forme constituent un stade Demalium de l'évolution du cham- pignon, établit bien selon nous la relation des deux formes. On peut d'ailleurs observer parfois des formes de transition ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 123 telles que celles que nous figurons (fig. 21). Le passage paraît être beaucoup plus brusque pour le Pénicillium que pour VA. variahilis . Nous avons pu examiner une végétation analogue, qui s'était développée dans une solution de : Sulfate de cuivre i Acide tartrique i jour 1000 cl eau FiG. 21. — Culture du Pénicillium glaucnm en gouttelettes suspendues dans des cellules Van Tieghem, constituées par la solution suivante: sulfate de cuivre lo, pour bouillon de viande 1000. — Passage à la forme Dematium. (Gross. 220.) x\u moment où nous l'avons examinée, la solution était âgée de plus de trois ans. Par le fait de cette ancienneté, le thalle du champignon présentait d'importantes modifications, et Tas- pect bizarre dont les figures 22 et 28 relatent quelques-unes des particularités. Nous avions au fond du flacon, de la contenance d'un litre et bien bouché, de gros nodules de 4, 5 ou 6 millimètres de diamètre, souvent reliés entre eux par des masses de filaments enchevêtrés, le tout d'une teinte noirâtre. Ces masses, disso- 124 DEUXIEME PARTIE ciéessous le microscope à dissection, se montraient constituées par un mycélium in trique rappelant bien celui de Fllygro- crocis précédent, mais extrêmement déformé. On y rencontre des fdaments alternativement très ténus et renflés en boules, dont les parois sont brunes et plus épaisses que le reste du filament. Tandis que les parties minces et hyalines du filament ont de I à I 1/2 |U de largeur, les parties renflées, sphériques FiG. 22 — Végétation dans une solution très ancienne de sulfate de cuivre i et acide tarlrique i/iooo d'eau. (Gross. 36o.) ou oviformes, peuvent avoir laX^p. D'autres filaments, dont la couleur est plus sombre que les précédents, sont constitués par des cellules volumineuses, à parois fortement épaissies et brunes, affectant les formes les plus irrégulières et les plus variables, se dilatant parfois en forme de cul-de-sac. Tous ces filaments sont remplis de gouttelettes très réfrin- gentes qui doivent être dues à une huile grasse. Elles se succè- dent en chapelet dans*les portions étranglées du filament et se ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES 125 groupent clans les portions dilatées. Leurs dimensions sont variables ; si l'on chauffe la préparation, on peut les voir changer de forme ou se fusionner par groupes. Elles se colo- rent en brun noirâtre par l'acide osmiqye. Nous ne retrouvons plus ici les conidies de la forme Dema- tium que nous avons signalées plus haut. FiG. 23. — Véfi-étation dans uno solution très âgée de sulfate de cuivre i, et acide tartrique i; looo eau. (Gross. 36o.) Il y a loin de cette végétation à la forme Pénicillium dont elle dérive, et nous avons sous les yeux un exemple remar- quable de polymorphisme, dû en grande partie au mode de vie submergée et anaérobie, et à la composition insolite du substra- tum. Nous avons pu nous, procurer également VHygrocrocis ar5e/zic«5 Marchand (i883), qui est un Hormodendron assez net. M. Guegen pense que cette forme n'est très probablement qu'un des états évolutifs du P. glaucum; il a obtenu des form.es de passage, mais pas plus que nous^ pour les formes dématioïdes de cette espèce, il n'a pu observer dune manière constante et irréfutable la continuité des deux organismes. Toutefois, les résultats que nous mentionnons apportent en- 126 DEUXIEME PARTIE core un appui au fait de la possibilité pour les Pénicillium de donner des formes Dematium, car la parenté de ceux-ci et des Hormodendron a été souvent démontrée. Nous savons, surtout par les recherches de M. Brefeld, que la forme DemaLium est très répandue : plusieurs Ascomy- FiG. 24. — Pied prolifère de Pénicillium (jlancum. Culture en cellule dans eau de levure à 10/1000. (Gross. 32o.) cètes peuvent donner, en germant, un thalle et des fructifica- tions de Dematium. Il faut voir dans ce fait un cas du phénomène que M. Gostanlin désigne sous le nom de « con- vergence des formes conidiennes », en vertu duquel des espè- ces de champignons, fort différentes, peuvent présenter au cours de leur développement, s'effecUiant dans des conditions normales ou dans des conditions expérimenlales, des formes identiques ; par exemple, un stade I^cvure ou Dematium ou Gladosporium, etc., sans que Ton doive nécessairement ratta- ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES 127 cher ces espèces les unes aux autres dans la classification actuelle. Toutefois cette explication laisse toyle latitude de penser que Ton peut avoir là une forme ancestrale commune, d'où se FiG. 20. — Pied prolifère de Pénicillium (jlanciim. Culture en cellule dans eau de levure à 10/1000. (Gross. 32o.) seraient détachées, en divergeant, plusieurs de nos espèces actuelles de champignons ; cette forme primitive étant suscep- tible de réapparaître dans le cours de l'onlogénie de certains d'entre eux, soit quand leur développement s'opère normale- ment, soit quand il s'effectue d'une façon anormale par suite de conditions spéciales favorisant l'atavisme. Le Pénicillium cflaucum est susceptible de s'adapter à une 28 DEUXIEME PARTIE vie complètement submergée, subissant de ce fait des modi- fications importantes : généralement, il passe à une forme sté- rile et se maintient dans cet état, ses cellules se déformant et épaississant leur membrane ; quelquefois, il émet de petits bourgeonnements qui lui donnent un aspect rappelant abso- FiG. 2G. — ^'égétation âgée du Pénicillium glaiicuin. Culture on cellule dans l'eau ordinaire. Formes simjilos rappelant parfois les Acremonium et les Oospora. (Gross. 288.) lumenl la forme Dematium. Dans tous les cas, il constitue une bonne part des masses fongiques qui se développent dans les solutions, et que Ton avait longtemps décrites comme en- tités spécifiques, sous le nom d'IIygrocrocis. Dans ces liqui- des, à côté de ces végétations dématioïdes provenant d'une ÉTUDE J'AI'. TIC L'LlÈKi: Di: QL'KJ.QL'ES ESPECES I2() adaptation rapide du Pénicillium normalement aérien à une vie submergée f|iii l'oblige au retoiii- al;i\ifjiieà cette forme an- cestrale, on pourra rencontrer des Demaliuni qui. s'étant constammeni proj)agés en milieux licpiides, se seront fixés et constitueroni bien. eux. des espèces distinctes. Nous avons vu que \Asper([illus vurinhilis donne des formes analogues, ce (jui lu- jjcuI be;iucoup ikju- élrjnner ét;int donné l'étroite parenté de ces deux genres, el ou pcul i m't- tre l'hypothèse que les foiines Oospora^, Penicilliuiu. Asper- gillus_, Sterigmatocjstis, soul fies étapes de la complication d'espèces issues de Dematium, forcées de s'adapter à une vie aérienne, tandi-; que ces Dematium, continuant de végéter dans l'intérieur du li(piide, se seraient maintenus dans leur forme ou compliqués en Hormodendron, Cladospoiiuin et for- mes analogues. m MUCOR SPINOSUS Van Tieghem Le Miicor spinosus van Tiegh. fait partie des champi- gnons moisissures que l'on trouve fréquemment sur le pain humide, le crottin de cheval, etc. On l'a rencontré également sur de la cochenille broyée, du tourteau de colza, delà tourbe, etc. Nous avons trouvé les exemplaires que nous avons étu- diés, sur un mur humide, où ils vivaient en compagnie d'une flore abondante de champignons. Cette espèce a été signalée en premier lieu par Bonorden (1864, p. 109, pi. I) qui l'appela, à cause de sa couleur, Mu- cor pliimheus. Elle a été l'objet de quelques recherches ulté- rieures mais peu étendues. M. Van Tieghem (1876, p. 60) en donne une diagnose précise, et lire la dénomination spécifique, M. .spinosus, du fait que la columelle porte des prolongements épineux. De par la loi de priorité, cette espèce devrait porter le nom de M. plumheus ; cependixnl, l'appellalion nouvelle est beaucoup plus caractéristique, el doit à cet avantage d'avoir été adoptée par Schroeter (p. 2o5), Saccardo (1888, p. 191), Fischer (p. 2o3, fg. 3o, e), dans leurs ouvrages descripLils, el par les autres auteurs. Zopl" (1881) avait décril un Mucor aspergilloides, très curieux en ce qu'il semblait |)résenter à la fois les formes des deux genres auxquels le nom fait allusion ; mais Fischer (1S92, p. 204)5 qui ^'ul^ l'occasion de voir des préparations et ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPECES l3l des dessins de ce soi-disant Miicor aspergilloides, ne doute pas que les prolongements que porte, quelquefois en très grand nombre, la moitié supérieure de la columelle, prolon- gements qui retiennent fréquemment les spores entre eux après la déhiscence, n'aient été pris par Zopf pour des stéri- gmates avec spores plus ou moins détachées. Le mucor en question n'est autre que le M. spinosus. En 1884 (p. 2oi^, pi. VII), M. Bainier étudie cette espèce et en obtient les Zygospores qui n'étaient point encore signalées. Elles se sont produites, en août, sur décoction alcoolique de poires et de pruneaux. Selon l'auteur, leur formation n'a pas lieu pendant l'hiver. Elles sont jaunes ou brunâtres et ont la membrane externe recouverte d'épaississements en forme de plaques dont chacune constitue à maturité une éminence pointue. M. U, Gayon (1878, Mém. Bord., -2^ série, ii.fig. 10 12), observe chez ce champignon une forme levure sphérique dont l'existence est corrélative à la fermentation alcoolique. Elle se produit si le champignon végète sans oxygène libre dans un moût sucré. Elle agit sur ce moût comme le fait la levure de bière placée dans des circonstances semblables. On connaissait déjà cette propriété au mycélium du Mucor racemosiis Eres., chez lequel Bail, qui le premier l'avait cons- tatée, crovait à la transformation du Mucor en une levure véritable : un Saccharomyces (1861, p. 23). M. Gayon constate encore cette propriété du M. spinosus, chez le M. circinelloides. On l'a retrouvée depuis chez le M. ieiiuis (Bainier, i883, p. 353), le M. erectus (id., 1884, p. 207). les Mortierella reticulata et candelahrum (Van Tieghem et Le Monnier), \e Mucor hi/idus (Brefeld), M. am- higuus (Vuillemin 1886), le Thamnidium (Brefeld. 1871 : Bachmann, 1895), etc. Le Mucor spinosus, comme les Mucorinées en général, ne produit pas d'invertine et consomme simplement le saccharose. Le champignon végétant sur du sucre interverti, du glucose ou du lévulose, en l'absence de l'oxygène libre, les décompose 1^2 DEUXIÈME PARTIE en alcool, acide carbonique, glycérine, acide succinique et autres produits accessoires. En présence de l'oxygène libre, le champignon consomme simplement le glucose. On sait que le Mucor circinelloides, cultivé dans le moût de bière, provoque une fermentation alcoolique aussi active que la levure ordinaire, produisant une bière ayant une saveur de prune; le M. spinosus est beaucoup moins actif à ce point de vue et donne, dans un moût sucré, seulement i ,5 à 2, pour 1000 d'alcool, quand le M. circinelloides en donne 5,5 pour 1000 (Gayon, 1878, C. R.) M. Bainier (1884, pi- VII) dessine quelques éléments de ce « ferment sphérique ». Voici la diagnose de cette espèce d'après M, Van Tieghem (1876, p. 391) et les auteurs précités : Mycélium rampant, remarquable par le nombre de chlamydospores qui s'y pro- duisent; pieds sporangifères en tapis très serré, ayant de 5 mil- limètres à I centimètre de hauteur, irrégulièrement ramifiés, se terminant par des sporanges brun chocolat. Les tubes sporangifères sont incolores, lisses, souvent renflés vers le haut, columelle sans apophyse, brune de = 22 — 85 /y. hauteur sur 8 — 65 p. longueur; elle porte au sommet un nombre variable de petits prolongements en doigts de gant, pointus, épineux, généralement très courts. La membrane du sporange, difïluente à maturité, est incrustée d'oxalate de chaux. Spores globuleuses, brunes, 4 — ^ l^- (Van Tieghem), 5 — 8 ou 9 f/. (in Fischer), lisses ou hérissées de petits granules noirs qui sont les granules calcaires de la membrane du sporange demeurées adhérentes aux spores périphériques. Zygospores globuleuses à exospore jaune brun. — Peut présenter une forme levure. Gomme pour Y Aspergillus vnricibilis^ notre but a été, en étudiant cette espèce, de voir comment agit le milieu pour provoquer l'apparition de telle ou telle forme, de déterminer dans quelle mesure il peut les faire varier. Le choix n'en a pas été prémédité ; cette espèce a été prise au hasard, parmi celles qui s'offraient à nous. ÉTUDE PARTICULIÈIŒ DE QUELQUES ESPÈCES l33 Sporanges. Voyons *d'abord quelle est la température la plus convenable au développement et à la maturation des sporanges. Le champignon, ensemencé sur licpiide de Raulin dans des matras d"Erlenmeyer, n'avait donné qu'une faible germination de ses spores vers 6 ou 7 degrés centigrades et n'avait pas encore produit de sporanges après dix jours; entin, à partir d'une vingtaine de degrés, jusqu'à 3o-32 degrés, le dévelop- pement s'effectuait en un jour, l'optimum était réalisé vers 25- 3o degrés. A 35 degrés, le développement se trouvait notoirement ralenti et gêné, mais il se produisait encore faiblement à 40 degrés. Si nous faisons des cultures aux températures favorables de 20 à 3o degrés, nous constatons que le développement de la plante est intimement lié à la qualité et à la quantité des substances qui entrent dans le substratum, à sa constitution physique ou. d'une façon plus précise, à la pression osmotique de ce milieu. Influence de l'air sur la formation des sporanges. — ■ Gomme l'a déjà montré Klebs pour le Mucor racemosus^ la première condition pour que s'effectue la formation des spo- ranges est que le développement se poursuive à l'air libre. Nous avons cependant fréquemment observé des cas de végé- tations de pieds sporangifères à l'intérieur de liquide, mais alors ils subissent d'importantes déformations. Gela se produit surtout lorsque des sporanges, normalement formés à l'air, se trouvent submergés pour une cause quelconque, avant leur complète maturation. A partir de ce moment le développe- ment se poursuit, mais en déviant de la ligne normale. 2 Ainsi, dans des cultures sur peptone , additionnées ' ^ 100 U.MW DL LlO.N. — l}i;AL\£;i\lIi, 9 i34 DEUXIEME PARTIE I d'alcool à 90 degrés , il se forme en quelques jours un FiG. 27. — Mucor spinosus. Culture en cellule dans h\ liqueur de Rauiin. (Gi'oss. 212.) stroma très compacl, de couleur brune, qui émet bienlôl des filamenls fruclifèrcs courts et larges. Puis, en vertu de Tac- ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES l35 croissement de son poids, la masse se submerge bientôt, le mycélium continue de croître et finit par envelopper les fructi- fications anciennes. Si l'on soumet à l'examen microscopique une partie de la masse submergée, on reconnaît les fructifica- tions anciennes qui étaient déjà mûres au moment de Tim- mersion. Quant aux sporanges qui se trouvaient à ce moment en état de formation, ils ont été gênés dans leur développement : il s'est formé une columelle rudimenlaire, et la masse prolo- plasmique sporigène ne s'est divisée qu'en un petit nombre de spores atteignant de fortes dimensions, le volume du sporange n'ayant pas sensiblement varié. Fréquemment, la columelle disparaît. Le sporange ne contient plus que deux ou une seule masse (fig. 28, e, c, cl) entourées d'une membrane propre et renfermées dans l'enveloppe sporangiale. Enfin, dans quelques cas, le sporange reste à l'état imparfait. Nous avons observé des modifications analotrues dans des • ... cellules sur liquide de Raulin stérilisé à 120 degrés. Dans ce milieu se produit, comme nous le dirons plus loin, une végéta- tion fructifère abondante et, bientôt, un développement consi- dérable de la partie submergée du champignon, qui a pris la forme de levure. On peut voir dans ces cultures des filaments produisant, en même temps que des cellules sphériques de levure, des masses énormes pouvant avoir de 80 à go (x de dia- mètre. Nous avons rencontré quelquefois dans le liquide quelques-unes des spores produites suivant le processus que nous venons d'indiquer, donnant naissance à un appendice rempli comme elle d'un protoplasma très dense (fig. 28, i, j). Mais, en général, elles germent en produisant uu filament bientôt cloisonné, et dont les éléments s'arrondissent et se dissocient pour constituer la levure sphérique. Des faits sem- blables se produisent sur jus d'orange {Jig. 28 et 29). On peut encore mettre en évidence le rôle utile de l'air dans la formation des sporanges au moyen d'une expérience très simple. Soit un matras d'Erlenmeyer contenant du liquide de Uaulin stérilisé à 120 degrés cL ensemencé avec le Mucor ; on 36 DEUXIEME PARTIE le bouche au moyen d'un tampon d'ouate très serré : la ger- mination est d'abord retardée, puis le développement est gêné. Après quelques jours, on place le flacon au-dessus d'une sou- FiG. u8. — Miicnr spinoaiiii. (aûIuw sur li(|U('iir de H;iuliu rn niatras d'Erleniiinycr. (Gross. a r\. I>, l'Si.) coupe, contre laquelle on le frappe, assez légèrement pour qu'il s'y pratique une simple fente, le liquide s'échappe alors lente- ment et l'équilibre de niveau s'élablil dans les deux récipients. ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES iSy Ce système avait été préalablement recouvert d'une assez grande cloche afin de le garantir contre les poussières. En très peu de temps le liquide de la soucoupe se recouvre d'une végétation touffue du mucor, dont la hauteur dépasse bien- tôt de beaucoup celle de la culture qui s'effectue dans l'inté- rieur du matras, et, cependant, le milieu nulrilif y était évi- demment moins riche '. Cette différence est due à l'aération du second milieu, favorable au développement des pieds fructi- fères, tandis que l'atmosphère restait confinée dans la fiole d'Erlenmeyer. Les deux .végétations étant situées côte à côte, la différence de l'intensité de leur développement est tout à fait tangible. Sur liquide de Raulin stérilisé, puis ensemencé et recouvert d'une couche d'huile, il se forme une abondante végétation submergée avec production de la forme levure, mais pas de sporanges. Sur pomme déterre arrosée de liquide de llaulin, et immergée de la même façon, il se fait un développement mycélien important : les extrémités des filaments sont souvent cloisonnées, et les cellules ont une tendance à s'arrondir, pre- nant la forme d'un ferment sphérique, mais il ne se produit pas non plus de sporanges ; s'il existe quelques portions émergées du substratum, le mycélium se dirige vers elle, et là produit abondamment les pieds sporangifères. De même sur peptone sous l'huile, le développement lOO ^ du mycélium est considérable et se produit exactement à la surface de la solution, il y forme bientôt une croûte épaisse ; sur son pourtour s'échappent des filaments qui rampent et se ramifient sur la paroi du récipient, et s'élèvent à plusieurs centimètres de hauteur comme pour aller chercher l'air, mais il ne se produit aucune trace d'appareils fructifères. Il ne se forme donc pas de sporanges normaux en l'absence * Le cliampigiion ayant déjà abscn-bé une certaine quantité des élé- ments nutritifs du milieu. I 38 DEUXIÈME PARTIE de Tair. Dans l'action de celui-ci deux facteurs peuvent inter- venir : 1" l'oxygène ; 2' Tévaporation de l'eau. M. Klebs est d'avis que cette évaporation de l'eau joue un rôle très impor- tant pour la formation des sporanges chez le Mucor race- mosiis. comme cela était pour la production des conidies chez V Aspergillus repens. L'expérience suivante nous semble ne pas devoir confirmer le fait pour le Mucor spinosus. Si l'on fait une culture de V Aspergillus variahilis dans un milieu privé de vapeur d'eau en employant le procédé que nous avons décrit au chapitre a technique », on constate que la germination est ralentie : après deux ou trois jours on voit apparaître des filaments aériens blancs, courts, formant un duvet lâche, et ce développement s'arrêtera sans qu'il se soit constitué aucun sporange ; cependant, il a dû se produire dans le végétal cette évaporation abondante qui favorisait la forma- lion des spores exagènes. Le ballon où se faisait cette expé- rience était assez grand etla surface du substratum assez faible, pour qu'on ne pût pas attribuer cet avortement de l'appa- reil reproducteur au manque d'oxygène. Une expérience paral- lèle était faite sur un substratum seml)lable et dans un ballon de mêmes dimensions que ceux qui servaient à l'expé- rience ci-dessus, seulement on y produisait une atmosphère saturée d'humidité : on avait alors un développement rapide et luxuriant, avec production de nombreux pieds fructi- fères dont les sporanges donnaient ù l'ensemble de la cul- ture un aspect noirâtre. Dans ce cas, la transpiration était cependant entravée, par le fail d'uiu' atmosphère saturée de vapeur d'eau. En résumé^ si l'évaporation de l'eau par la plante, résultant de la sécheresse de l'atmosphère, est un facteur de la formation des spores chez Y Kiiroliuni hcrharioriim d'après Klebs, chez V Aspergillus variahilis, comme nous l'avons montré nous- inême et peut-être chez tous les Aspergilhis et chez le Pcni- cillium glaucum qui produit d'abondantes conidies dans une ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPECES I Sp atmosphère absolument sèche, on ne saurait généraliser cette action pour d'autres groupes. Fir,. 2«). — Végélntions on loviii'C (lu Miicnr ftpinosiis, obsorvéos ans (livcM-s milieux (sauf/", fhlaniydosporos;. (Gross. a, b, d, e, /", -j^i ; c, 270.) C'est ainsi que la transpiration ne nous a pas paru avoir i4o Di-uxiKME PAirrii: d'effet sur la formation des sporanges chez les deux espèces de Mucorinées] que nous avons étudiées à ce point de vue. On doit dans ce cas rapporter à l'oxygène le rôle actif de l'air. Nous savons maintenant que la présence de l'air et une température restant entre certaines limites sont des conditions nécessaires delà formation des sporanges. Ces deux conditions étant acquises, recherchons comment agira le substratumnutri- tif.Xous étudierons : i" la qualité des éléments qui le composent (composition chimique); i" la quantité ; 3" leur concentration (Hi la structure du substratum. Composition chimique du substhatum. — Le champignon s'est développé à des degrés divers, sur liquide de Raulin, sur des milieux azotés organiques comme : peptone, albumine, eau de levure; ou de nature minérale : comme solutions d'azo- tate ou tartrate d'ammoniaque : sur des substances hydrocarbo- nées, telles que amidon, dextrine, glucose, lévulose, etc., sur jus d'orange, de pruneau, sur pomme de terre ou carotte, sur solutions nutritives à azote exclu. Bachmann (iSgS) a pu séparer nettement les milieux nutri- tifs en deux catégories, au point de vue de leur action sur la morphologie de l'appareil reproducteur du Thamnidium ele - (/ans : d'une part ceux qui sont riches en azote, d'autre part ceux chez qui dominent les matières hydrocarbonées. Nous n'avons pu déceler ici une démarcation aussi nette dans l'action de ces deux groupes de corps. On sait que le mode de ramification des pieds- sporangifères est extrêmement variable chez le Mucor spinosus,ei cela quel- quefois sur un même milieu. Ainsi, sur liquide de Raulin on pourra trouver les ramifications dessinées iig. 27, (jui se trou- vaient côte à côte dans une même culture en cellule. L'abon- dance des ramilications, leur irrégularité, la production de petits groupes de rameaux adventifs fréquents, caractérisent la végél.'ilion r-ur licjuide de Uauliu, mais sur d'auli^'s milieux moins uuiiilirs s'établil rapidement un mode dominant de ramilication. ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES i4i Sur eau de levure lO lOOO , elle est sympodique.passantsouvent à la ramification en grappe (fig. 3o et fig. 3i) ; de plus, on observe fréquemment sur ce milieu des géniculalions : un FiG. 3o. — Mucor spino^iis vég'élant dans eau do levure. rameau, normal d'abord, se renfle en boule qui se recouvre d'aiguilles d'oxalate de chaux, mais le sporange qui dél)ute ainsi n'achève pas son évolution ; il développe une branche à angle aigu, qui portera, elle, le sporange à son extrémité. Sur liquide de llaulin sans azote, les pieds sporangifères sont fort i42 deuxiî;mf. partie espacés à la surface du liquide nutritif; comme cela a lieu aussi pour l'eau de levure, on a encore une ramification sjmpodiale dominante (fi(^. 3 i).Sur i^lucose à ,le3 pieds fructifères sont 100 très élevés et atteignent 6 ou 7 millimètres, la ramification est en cyme scorpioïde nettement allongée (fig. 3 1 ,^j ou corymbi- forme (fig. 3 1 , h), sur peptone domine le type cyme (fig. 3 1 ,e) les tubes sporangifères sont très gros et peu ramifiés; l'axe primaire est court et de beaucoup dépassé par les branches d'ordre secondaire ou plus élevé. Il en est de môme dans peptone i -|- sulfate de zinc . , 1 , - — i ; les tubes sont seulement moins 100 gros et les rameaux plus nombreux ; l'ensemble tend à devenir corymbiforme (fig. 3i, /> et c). Lorsque la ramification est sympodique, comme sur liqueur de Raulin sans azote ou sur eau de levure, on a souvent une fausse apparence de végétation indéfinie : les branches se pro- duisent au-dessous des sporanges, et alternativement à droite et à gauche (fig. 3i, f). En résumé^ le mode de ramification est extrêmement variable chez le Mucor spiiiosus, mais il est capable de se fixer sur certains milieux, et une classification des Mucor basée sur le mode de ramification, telle que celle donnée par M. Fischer (1892, p. 184), ne peut être considérée que comme tout à fait provisoire; ce dont l'auteur convient d'ailleurs lui-même. La 7\i pidité du développement varie aussi avec la nature du substralum. Ainsi, deux jours après rensemencement, on 2 . avait sur peptone a un développement aérien et submergé abondant; il était à peu près égal sur liqueur de Kaulin ; sur jus de pruneau, la végétal ion aérienne était plus faible, le mycélium submergé plus important. Sur licrueur de Uaulin sans azote, tanin à — ^ -solutions ^ lOOO de glucose 10, 2, 1, 0,01 0/00, il ne s'était produit qu'un ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES l ^'^ mycélium complèlemenl immergé et pas de fruclificalions aériennes. Après sept jours, le rapport des masses aériennes et submergées était le même. Le développement croît avec la quantité des substances nutritives, pour de faibles concentrations. Des cultures sur o,oi . peptone à étaient beaucoup moins avancées après deux f \ FiG .'h. — Sclioma des divers modes de raniillcalions f[iie peul luvsenler le Mucor spinosus végélanl sur des milieux dilTéreuLs. 0,1 jours que celles dans lesquelles on avait mis — ^ — de peptone ; — . Un exa- lOO o,i la différence était moins sfrande entre ^ loo et 100 men fait après huit jours montre que ces différences s'atténuent un peu. 20 Des cultures sur azotate d'ammoniacrue de à ne lOO lOOO nous ont jamais donné qu'un mycélium submergé stérile. Après un jour, on avait une production fort appréciable de ce mycélium dans la solution à 2o/ioo. plus faible pour celle à l44 DEUXIÈME PARTIE I o 5 et à partir de il ne s'était rien développé même 100 ^ 100 après vingt jours. Uemarquons aussi que le Macor spinosus présente comme les autres espèces que nous avons étudiées une résistance aux sub- stances toxiques qui est proportionnelle à la qualité et à la quan- tité des aliments qu'on lui fournit. On obtient des développements importants dans Sulfate de cuivre o,o5-4- Jus de pruneau i 5 lOO dans Sul. de cuivre o, i -1- Pep. i Sul. de zinc o,5 -h Pep. i 100 lOO A.cide tar trique i, 5 -h Jus de pruneau 2 5 ^ 5 alors que ces sub- 100 stances plus ou moins toxiques, employées seules à de pareilles doses, tuent les spores du mucor. Mais l'accroissement de la quantité de la substance nutritive n'est favorable que jusqu'à une certaine concentration, au delà de laquelle il devient préjudiciable, l'action osmotique entrant en jeu. Le tableau suivant présente le résumé de quelques-uns des faits que nous avons signalés et permet leur comparaison. SUBSTANCES dissoutes IMPORTANCE de la masse (le chimpi^non prodiiile PAliTICULARlTÉS DES CULTURES 1 Après 2 jours A])i'ès 8 jours. 2 lOO I loi) o,i 0,<)I + --1- + + -f- + + Pieds fiHiclifères courls, presque pas ramifiés. id. i'ifds fi'uclilVres Icjn^'s cl avec raini ficalions assez nom- breuses. Id. ...la vé^élalion for- me surle liquide une croule brun choco- lal. . . .les pieds frucii t'ères sont toujours lonys et espacés. I 0(1 ETUDK PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES SUBSTANCES dissoutes Jus de pi'un. 100 4_ NaCl. — 100 7,5 3;7 1,8 Jus de prun. seul IMPOUT.VNCE de la masse (le cbanipijii'n produile Submerg-é + + + Aérien + rAllTlCLLAlllTES DES ClM/rUHES Api'c^ 2 jours Api'os 8 jours Pieds fructifères courts, grêleset très peu ramifiés. Beau développement de fructifications aériennes longues et ramifiées. Glucose I 100 o. 1 100 0,01 100 + -f + Développement exclusivement sub- mei'o-e. Apri/s lô Jours, piedsfructifèrestrès longs et ramifiés en cyme sympodique. Pieds fructifères toujourslongs, mais peu ramifiés. Une s"est presque pas produit de pieds fructifères. Saccharose 10 + + _I_ » F'ructificalions loco aériennes, rares et 2 100 + + 0 » grêles. 11 ne se fait pas de développement su- X perficiel. 100 4- + 0 » » 0,01 + 0 » TOO Si l'on emploie des milieux poreux, comme de la pierre 2 ponce imbibée de peplone à , ce milieu accroît TefTeL de la concenlralioii en relenanl pour lui-même une parlic de l'eau; aussi le développemenl est encore ralenti et les pieds 14 46 DEUXIEME PARTIE fi'Liclifères sonl plus courts. L'elFet s'accentue si Ton remplace la ponce par de l'éponge fine. En résumé, une trop faible quantité de substances alimen- taires amène la prédominance de la végétation mycélienne submergée, qui peut devenir exclusive; une concentration trop élevée produit le même effet ; de plus, elle provoque un rac- ViG. 32. — Formes diverses que [)eul alïecler la coluiuelle du sp(M'an;j;ft du Miicoi^ spinosus. (Gross. 2G0.) courcissement des fructifications aériennes, qui deviennent de plus en plus trapues. Certaines substances paraissent avoir une action spécifique marquée ; tel est le sulfate de zinc, qui provoque un épaississe- ment remarquable de toutes lesmembranes, avec production fré- quente de ramifications latérales ondulées des pieds fructifères. Ces faits ont été observés avec des solnlions contenant Sulfate de zinc o, I -h Peptone I , (iig- '^^l- 100 ÉTUDE PARTICULIKKE DE QUELQUES ESPÈCES l ^J Signalons en passant, à propos des sporanges, le phototro- pisme très marqué des pieds fructifères. L'appareil sporifère offre encore parfois certaines particu- larités. Nous avons rencontré dans des cultures faites sur le liquide de Raulin ordinaire additionné de gélose lOO (liqué- lO fiée d'ailleurs), et même sur eau de levure à ? des appa- ' lOOO ^^ reils sporangifères complètement recouverts d'énormes cristaux FiG. .53. — Mycélium du Miicor spinosus végétant dans des solutions ,. 1-1 Sulfate de zinc o,i "|- Peijtonc I , , . , diverses : a, solution de ; h, solution de lOO Sulfate de cuivre 0,0.") + Bouillon de pruneaux 20 100 . (Gross. 400.) solubles dans l'acide chlorhydrique, constitués sans doute par de Foxalate de chaux, comme les aiguilles de la membrane sporangifère. On s'explique difficilement la présence en telle abondance de ce corps dans des milieux aussi peu aptes à le fournir. Il est rationnel d'admettre que ces cristaux se forment aux dépens de la chaux qui entre dans la composition du verre qui constitue la paroi du récipient. Celui-ci présente des irisa- tions qui décèlent son attaque par le liquide de culture. La forme de la colunicllc n a rien de fixe, comme le montre la figure 3^ ; cependant les formes L se rencontrent le plus fré- l48 DEUXIÈME PARTIE quemment : celle figurée en h avait 5i /:i= 38 ^., dans sa partie lapins dilatée ; une autre était fort allongée (fig. 32, f) 90 ^a lonL^ ; les dimensions sont généralement moindres et oscillent entre 3o-4o p. haut. X20-3op long. La columelle est quel- quefois cloisonnée et peut donner lieu à la formation des chla- mydospores, comme nous le verrons en traitant de celles-ci (fig. 32, y, /t, i). Les prolongements en doigts de gant de la columelle sont susceptibles de grandes variations. Ils manquent rarement, leur nombre n'est point fixe, il peut y en avoir seulement un ou deux, ou plusieurs rangées qui peuvent garnir la moitié supérieure de la columelle et donner l'illusion de slérigmates analogues à ceux des Aspergillus. Leur rôle doit être^, comme le dit M. Van Tieghem, de retenir, après la déhiscence, les spores pendant quelque temps contre la columelle. Ils se prolongent parfois d'une façon considérable (fig. 32, c etej, ou se renflent à leur extrémité en forme de bouton (fig. 32, f/, ej (jus d'orange)^ ou même se ramifient [ûg. 3?, c, ij. Nous avons observé surins d'orange additionné de gélose j r> ^100 (liquéfiée), une extrémité de branche sporangifère dilatée, et prolongée en longs rameaux, minces, cloisonnés et ramifiés (fig. 32, i). L'exiguïté de ces filaments permet de les considérer simplement comme le résuRat de la prolifération d'un sporange resté à l'état végétatif. Sulfate de cuivre o, i -+-Peptone i , i 1, Sur —^ , la columelle, au 100 lieu d'émettre des prolongements épineux, subissait un bour- geonnement globuleux (fig. 32, h). Nous avons déjà signalé les importantes modifications que subit la masse protoplasmiq lie sporigène dans son évolution ultérieure, par le fait de la submersion du sporange avant la maturité. On observe quelquefois des modifications analo- gues, quoique moins accentuées, dans les végétations aérien- nes surcertaius milieux. Sur jusd'orange, le protoplasma spori- ETUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES I 49 gène se divise en masses aux formes les plus irrégulières : nous en avons figuré quelques-unes (fig. 28, /", f. Lyon. — Beauverie. 10 I 5o DEUXIÈME PARTIE eau de levure (fier. 34) , azotate d'ammoniaque looo \ o ^^ ' lO 20 et lOOO Dans une solution faite en mélangeant à volumes égaux, eau de levure et glucose — - — , on obtient un mycélium lOOO lOOO l''iG. 34. — Mucor spinosus sur eau de levure à lo/iooo (Mycélium du deuxième type). (Gross. 272.) intermédiaire, présentant à côté de ramifications à pointes mousses, d'autres très minces et à extrémités assez aiguës. On peut généraliser et dire que le premier type est propre aux milieux nutritifs riches en substances hi/cirocarhonées, le deuxième à ceux où prédominent les aliments azotée- . Cependant les exceptions ne manquent pas: Nous avons rencontré le deuxième type dans des végétations sur solutions de laiiiu à — '■ — ; de saccharose concentré à , et le pre- 1000 100 mier, 1res net, dans des solutions de peptone à 0,01, 0,1 et I 0/00. Ici se montre encore l'influence de la valeur nutri- tive de la solution et de sa concentration. ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES i5] Le diamètre des tubes myeéliens peut varier pour des solu- tions d\ine même substance, si elle présente des concentra- lions différentes. iVinsi, sur solution de saccharose à o,oi lOO , ils correspondent très bien au type n° 2. Dans une solu- , Suif, de Zinc o, i + Peptone 1 , j pi tion de — ^ , on observe des nla- 100 ments minces, mais brusquement dilatés en utricules énor- 9xC' O.y^ FiG. 35. — Formes diverses de l'appareil végéUUif du Mucor spinosiis. (Gross. 256.) mes ; la membrane est elle-même d'épaisseur très irrégu- lière, quelquefois mince, mais souvent très épaisse. L'acide tartrique a une action spécifique remarquable : dans !.. , Jus de pruneau 1 2 -f- Acide tartrique i,5 ., solution de ^ il s une se 100 produit d'énormes filaments plus ou moins régulièrement dila- tés en utricules qui atteignent de 47 à 94 « d'épaisseur. C'est un cas de gigantisme remarquable (fîg. Z^, h). Faisons observer l52 DEUXIÈME PARTIE I 5 que dans une solution contenant seulement A. tartrique — '- — - lOO il ne se fait aucun développement. En résumé^ et d'une façon générale, les deux types mycé- liens, l'un à tubes épais, à ramifications terminées en pointes mousses, et l'autre à tubes minces et ramifications à extrémités pointues, sont sous la dépendance de la teneur du milieu nutritif, soit en substances hydrocarbonées, soit en substan- ces azotées. Certaines substances ont une action spécifique sur la forme et la structure du mycélium ; la présence de l'acide tarlrique, entre autres, entraîne un gigantisme remar- quable. JVIyceliiiiii r'Ioisuiiné et RBs;i'celîuatii vc'i; étant cra Irvurc. Berkeley a, le premier, en i838, annoncé la propriété qu'ont certains mucor de provoquer une fermentation. Voici ce qu'il dit à ce sujet dans son Introduction to cryptogamic Botanij, iSSy, p. 295 : <( Some species of Mucor, like Pénicillium (!) promote fermentation. A case in point is recorded in Mag. of Zool. and Bot., vol. II, p. 34o, which Mucor clavatus assu- med when developed, in enormous quanlities, in raisin wine. » Bail, en iSSy, décrit en détail le bourgeonnement particu- lier d'un mucor, qui a été reconnu, plus tard, être le Mucor racemosus, mais il pensait que cette forme n'était qu'un stade du développement de la levure proprement dite (Saccliaro- myces). Il donne à ces bourgeons le nom de « Kugelhefe », levure en boule. En 1869, HofTmann fA. 5 iV.,p. 5i et suiv.) voit tant de choses qu'il est difficile de préciser ce qu'il a bien observé; cependant, il se dégage de la citation suivante, d'une façon assez certaine^, qu'il avait aperçu la végétation en levure de mucor : « J'ai obtenu, dit-il, la levure des jMucédinées les plus diverses, telles que les Pénicillium, le Bolrytis polijmorpha. ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES l53 les Mucor, etc. Tout récemment, j'ai vu sortira la fois de la levure de vin, le Pénicillium et probablement un Mucor... Aux types fongins que j'ai d'abord obtenus de la culture de la levure de bière^ et qui sont le Pénicillium glaucum^ les Mucor racemosus et Mucedo, etc., ÏOidium lactis, VAcrostalag- mus cinnabarinus ou Verticilluni ruberrimum fmihi olim)^ les Sporotrichum murinum et candidum et le Polycatis vulgaris, viennent s'ajouter aujourd'hui, d'après mes nouvel- les expériences, plusieurs autres espèces. Sur la fiente bouillie du mouton, placée sur un tube approprié (Dunstrohr), j'ai obtenu une sorte de Sporotrichum^ le Cephalosporium Acremonium Gord. et le Sporocyhe hyssoides Bonord... » Jamais fatras ne fut plus obscur. Reess établit (1870) qu'il n'y a pas de transformation du Mucor racemosus en levure proprement dile, mais une modi- fication du thalle véo-étant à l'abri de l'air. M. Brefeld (1873) confirme les observations de Reess. Il ajoute que le mycélium commence à croître normalement dans le liquide; puis le Mucor, qui a une très grande affinité pour l'oxygène, absorbe très rapidement celui qui est dissous dans la solution, et c'est à ce moment que commence la fermentation ; mais, tout en provoquant la fermentation alcoolique (s'il s'agit d'une solution sucrée), le mycélium ne s'accroît pas, car il ne peut le faire en l'absence de l'oxygène libre (1873, Unters). On sait que cette doctrine est opposée à celle de Pasteur (voir 1876, ch. iv), qui arrive à ce résultat que la levure mucoréenne (comme la levure proprement dite) se développe si le champignon s'est trouvé au début en pré- sence de l'oxygène de l'air et qu'il s'est produit une diminu- tion graduelle de celui-ci. Il doit alors bientôt emprunter l'oxy- gène aux combinaisons avec lesquelles il se trouve en contact (glucose, par ex.). La fermentation est corrélative de la vie et de l'accroissement de la levure. Nous avons mentionné au commencement de cette étude les travaux spéciaux sur la végétation en levure du Mucor I 54 DEUXIÈME PARTIE spinosus de M. Gayon (1878), et les quelques détails que donne M. Bainier (1884). M. Gayon adopte les idées de son maître Pasteur : « Lorsque ces moisissures (M. circinelloides et spinosus) sont obligées de vivre sans oxygène libre dans des moûts de bière ou dans des moûts de raisin, leur mycélium se cloisonne et donne naissance à de véritables cellules de fer- ment... » (1878, C. /?., p. 53). Ces divers ferments font fer- menter le glucose, mais non le sucre de canne, car ils ne produisent pas d'invertine comme la levure ordinaire. M. Bainier admet que la levure Mucor peut se former soit par suite de l'absence d'oxygène, soit par le défaut de trans- piration. Brefeld (1889, Ileft. VIII) s'élève fortement conlre l'em- ploi du mot « Mucorhefe » « als thôricht und unglaublich un- richtig», et considère les productions mycéliennes en ques- tion comme des formes oïdiennes, a Mucoroidien ». Il prétend que ces corps ont la valeur physiologique de spores ; ce sont des annexes des pieds fructifères empêchés dans leur complet développement. Klebs (1896, p. 5 10) proteste avec raison contre cette innovation. Avant la dissociation du thalle en cellules de levure, le mycélium s'était simplement cloisonné dans une portion quelconque de sonparcours ; il peut d'ailleurs rester long- temps sous cette forme ou même la conserver indéfiniment. On ne saurait faire aucune comparaison entre ce mycélium dissocié et des spores (fig. 29, a). D'ailleurs, le mot oïdium sert déjà à nommer des formations pourvues de véritables conidies. Cependant, pour M. Dangeard (1897), ces éléments de thalle fragmenté en articles sont des spores au même titre que les conidies. Ils constituent une variété de spores carac- térisées par ce fait, qu'elles n'exigent pas nécessairement le concours d'une division de noyaux pour se former. Nous avons obtenu le plus riche développement de la forme levure sur liquide de Raulin stérilisé à 120 degrés. Le saccharose de la liqueur, en présence de l'acide tartrique qui ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES 55 se trouve avec lui, et grâce à la haute température réalisée pendant la stérilisation, se dédouble en glucose et lévulose fermentescibles. Cette véoétation se trouve encore abondante sur divers jus de fruits, jus d'orange, de pruneau et mieux J de pruneau aS + A. tartrique i,5o.^ ^ -i '- On en voit encore sur lOO seulementdes traces sur solutions de saccharose de lo, 2, i et 0,01 pour 100 onde lévulose 20, i5, 10, i et 0,1 pour 100 ; FiG. 36. — Vég'étation du Mucor spinosus sur jus de pruneau : a, tonne sepléo ; /;, forme de passage au mycélium à chlamydospores. (Gross. 206.) de même sur glucose. La formation d'utricules séparées, qui caractérise la forme levure, est précédée d'un cloisonnement du mycélium, qui reste quelquefois dans cet état. La concentration et la valeur nutriti^^e du milieu ont une grande influence sur le cloisonnement du mvcelium et son évolution ultérieure en levure. Dans jus de pruneau à 12, iD 100 ,1e développementest d'abord superficiel, et la surface se couvre de pieds fructifères rami- fiés en grappe ; puis se développe abondamment le mycé- lium, qui offre bientôt de nombreuses cloisons (fîg. 36, a). Mais les choses en restent souvent là, et les cellules ainsi for- mées, au lieu de se renfler en utricules et de se dissocier, épaississent souvent, au contraire, leur paroi, et constituent ainsi des éléments de transition entre le mycélium septé pro- prement dit et le mycélium à chlamydospores (fig. 36^ h). Sur I 56 DEUXIÈME PARTIE un jus de pruneau moins dilué, à ou à consistance si- lOO rupeuse, le mycélium, après s'être comporté comme ci-dessus au début de la végétation, renfle bientôt les cellules produites, qui peuvent former des chaînettes assez longues, situées sur- tout aux extrémités des filaments (fig. 36, d). Cependant cette forme n'est jamais aussi belle sur ce milieu que sur jus d'orange ou sur liquide de Rauiin. La concentration de la solution nutritive est favorable au cloisonnement du mycélium. Si l'on additionne du jus de pruneau à ' successivement de NaCl à i,8, 3,7, 7.5 ^ lOO ' ' w^ / et 1 5 pour loo, on constate que le cloisonnement devient de plus en plus sensible, et, vers 3,7 pour 100, il existe des cellules for- tement et irrégulièrement renflées. Mais la solution n'est point assez nutritive pour permettre à la végétation en levure de s'instaurer nettement. L'acide tartrique, qui paraît avoir une action osmotique toute particulière, produit le gigantisme frappant que nous avons signalé ; dans une solution de A. tartrique i,5 + Jus de pruneau i2,5 , . i ~ — , se produisent 100 ces remarquables dilatations pouvant atteindre 5o à g5 p. d'épaisseur. Quelquefois elles émettent encore normalement à leur surface de nombreuses petites ampoules allongées : le filament présente alors le curieux aspect figuré (fig. 34, c). Ces cellules utriculeuses sont remplies d'un protoplasma très granuleux renfermant de grosses gouttelettes d'huile. Si on 5 . élève la dose d'acide à ,il ne se produit plus rien. Lasolu- 100 Jus de pruneau i2,5 4- A, tartrique i.5 tion contenant — ■■ ~ 100 devrait être hypolonique par rapport à la solution de : Jus de pruneau i2,5 -\- NaCl 7,5 . ,, ., i '— — qui permettait encore 1 00 je développement du champignon, et cependant elle produit ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES iSy des effets de dilatation beaucoup plus accentués, et se trouve très rapprochée du point où elle provoquera la plasmolyse. Les lois de l'osmose ne s'appliquent point ici telles que les donne de Vries ; il intervient une action spécifique de Tacide tartrique sur la cellule vivante. Nous avons dit que la liqueur de Raulin, après s'être cou- verte de fructifications aériennes, donnait lieu à un magnifique développement de la forme septée (fig. 29, aj, bientôt trans- formée en la forme levure. On retrouve fréquemment au fond du vase quelques-unes des cellules sphériques de levure, qui ont bourgeonné et produit à leur tour des chapelets, dont les élé- ments donnent parfois des filaments de m^'Celium (fig 29, c). L'ensemble mérite bien, par sa configuration, le nom de levure sphérique. En supprimant l'azote dans la liqueur de Raulin, elle con- servera la même quantité de matières fermentescibles, et cepen- dant le M. spinosus n'y produira qu'un mycélium à contenu granuleux, très ramifié, peu cloisonné, et ne présentant presque jamais la forme levure. De même, avec des solutions de saccha- rose à 10. 2, I, 0,1 pour 100 ou de lévulose à 20, i5, 10, i et 0,1 pour 100, c"est-à-direavec des quantités de ces substances supérieures à celles qui existent dans la liqueur de Raulin, à sucre interverti, on n'observe que des traces de la végétation en levure. Celle-ci se manifeste dans ces solutions sucrées d'une manière particulière : sur le mycélium, toujours profondément submergé, de gros calibre et cloisonné, apparaissent de temps à autre des dilatations digitées ; ces digitations s'allongent quelquefois et se renflent à leur extrémité en une boule qui s'isole bientôt et constitue une cellule sphérique de levure. Ces productions sont fort rares d'ailleurs. En résumé, la concentration provoque le cloisonnement abondant du mycélium. Si le milieu est fermentescible et que, d'autre part, il soit suffisamment riche en aliments pour que le champignon puisse y puiser une force de résistance suffisante pour lutter contre l'action osmotique, les cellules du mycélium I 58 DEUXIÈME PARTIE septé s'arrondissent, puis se détachent, bourgeonnent à leur tour el produisent la fermentation. Ajoutons que l'absence d'oxygène favorise encore ce cloi- sonnement et le renflement des cellules, comme on peut l'observer dans les cultures sur liquide de Raulin tenu sous l'huile, où il se produit aussi des cas intéressants de gigantisme (fig. 29, h). Il en est de même de l'accroissement de tempéra- ture, qui agit en exaltant les phénomènes osmotiques, Cilla iiiy tlospores. Les chlamydospores de Van Tieghem (1878, p. 279) sont les « Gemmen » ou (( Brutzellen » des Allemands. M. Van Tieghem appelle ainsi des spores nées isolément à l'intérieur du fdament, par une condensation locale et une transformation du protoplasma. Elles sont mises en liberté par la résorption de la membrane, qui leur constituait une sorte de manteau. Nous ferons remarquer ici encore que ces organismes n'ont aucunement la valeur morphologique de spores. Les chlamydospores ne sont pas toujours aussi nettement caractérisées que l'implique la description précédente. Le mycélium peut se cloisonner dans les condilions que nous avons énumérées au chapitre précédent, principalement sous l'influence de la pression osmotique, et donner des cellules qui pourront évoluer dans deux directions : si le milieu est fer- mentescihle et suffisamment nutritifs il se produira la forme levure; s'il n'est point fermentescible ou si, Vêtant, il se trouve trop peu nutritif, ou additionné de substances toxiques, en un mot dans des conditions défavorables, la membrane des cellules s'épaissira plus ou moins fortement, et celles-ci évo- lueront vers la forme chlamydospore. Il y a tous les j)assages entre les celhiles du mycélium septé et les chlamydospores avec membrane propre recouverte par celle du mycélium. Dans certaines formes intermédiaires, l'épaississement paraît ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES I Sq homogène et ron ne peut discerner ces deux membranes (fig. 36 a, h). On observe particulièrement bien ces gemmes par simple , lO . épaississement de la paroi, sur eau de levure à » milieu faiblement nutritif où elles se produisent en grande quantité. Elles y sont très dilatées (fig.34), tandis que le mycélium pos- FiG. 37. — Myceluim à chlamydosporos du Mucoi' spinosus. Végétation sur milieux différents, (Gross. 400-) sède la ténuité habituelle, propre aux végétations de ce Mucor dans les milieux riches en azote. Les autres milieux faiblement nutritifs sur lesquels nous avons cultivé le champignon, nous ont tous fourni une abon- dante production de chlamydospores. Sur azotate d'ammo- niaque, les dilatations en boules à parois épaissies, réguliè- rement espacées sur le mycélium, apparaissent dès le premier jour delà culture. Sur liqueur de Raulin sans azote, les chla- mydospores sont très nombreuses ; sur glucose, les chlamy- dospores en boules sont régulièrement disposées sur le myce- l6o DEUXIÈME PARTIE lium (fîg. 37, e). Il en est de même sur saccharose, glycérine à 5 . 0,1 -> tanin à 100 1000 12 5 Sur ius de pruneau à ^ — on observe fréquemment les •^ ^ 100 ^ formes septées et en levure, côte à côte. Cette dernière l'em- 25 porte de beaucoup sur le même milieu à ou à consistance ^ ^ 100 sirupeuse. Dans d'autres milieux plus nutritifs mais additionnés de substances plus ou moins toxiques, se manifeste aussi une riche production de chlamydospores. Telles sont les cultures , 1-1 Sulfate de cuivre o,o5-|- Jus de pruneau 25 dans solution de 100 dans laquelle le développement est assez abondant, mais reste toujours submergé (fig. Sy, clj. On y trouve, à côté de quelques éléments en levure, beaucoup de chlamydospores des mieux constituées, chez lesquelles se distinguent bien la membrane propre et celle du filament. Avec la peptone on peut faire sup- porter au champignon une dose plus forte de sulfate de cuivre. -p. 1 • 1 Sulfate de cuivre 0,1+ Peptone i . Dans une solution de ■ » il se 100 produit un développement aérien et submergé, et la masse totale formée est très importante ; les chlamydospores sont en grand nombre, distribuées non seulement dans le mycélium (fig. 37, hj, mais aussi dans l'appareil fructifère et jusque dans la columelle, où elles peuvent avoir toutes sortes de situations (fig. 32, y, k, l). Les chlamydospores sont fréquemment accou- plées par deux ou réunies en plus grand nombre (fig. 37, b). ^ Sulfate de zinc 0,1+ Peptone i , sur î corps beaucoup moins 100 ^ ^ toxique que la préparation cuprique correspondante, les cloi- sons sont moins nombreuses, ainsi que les gemmes dont les parois sont très épaisses. Elles sont aussi très belles sur jus de pruneau additionné d'acide tartrique i,5 pour 100, et pré- ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES iGl seiilenL dans leur inlérieur de grosses gouttelettes d'huile (fig. 37, c;. Nous signalerons l'observation de chlamydospores qui s'é- taient produites dans l'intérieur d'un pied fructifère (sur jus d'orange), y avaient crû et, fina- lement, avaient rompu la paroi du tube qui les enfermait (fîg. 38). E]i résumé^ les chlamydospores se produisent dans des condi- tions nettement défavorables. La pression osmotique favorise le cloisonnement du mycélium ; les cellules formées donnent la forme levure si elles se trouvent dans un milieu fermentescible et riche en matières assimilables ; si, au contraire, elles sont dans un milieu faiblement nutritif, fermentescible ou non, ou suffisamment nutritif mais additionné de substances toxiques, elles épaissiront leur paroi, qui tantôt se confondra avec la membrane du filament externe (forme de transition) , tantôt en sera distincte; elles cons- titueront alors les chlamydospores. On voit que chez le Mucor spi- nosus la distinction entre un poly- morphisme provenant d'une alternance de génération et un polymorphisme imputable à l'action directe et immédiate du milieu, devient impossible à établir. L'alternance des formes à sporanges, à chlamydospores, à mycélium, fragmenté, est absolument liée à l'influence du milieu, elle ne peut s'en affranchir. Fig. 38. — Chlamydospores dans ua pied fructifère de Mucor spinosus. IV MYCOCLADUS VERTICILLATUS (gen. nov. sp. nov.) Nous avons rencontré cette espèce sur un mur humide où croissaient en abondance plusieurs autres moisissures. Cette moisissure est constituée par un mycélium hyalin ramifié dans le substratum et à sa surface. De ce mycélium FiG. 3y. — Port (lu Mijcocladns verticillatus. s'élève un filament ou axe sporangifère, à croissance indéfinie, non terminé par un sporange. Il n'émet pas régulièrement et périodiquement des crampons fixateurs. Blanc au début, ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPECES 1 63 il brunit bientôt en cutinisant sa paroi; il est fréquem- ment ramifié. Sur son trajet se trouvent les pieds sporan- gifères, isolés ou par deux, le plus souvent verticillés par trois ou quatre (fig. 89). Ils sont simples, rarement ramifiés, terminés par un sporange avec apophyse; la membrane en est homogène, diffluente à maturité.Lesspores sont nombreuses. Les zygospores sont sphériques, à exospores recouvertes de proéminences écailleuses. Les suspenseurs ne portent pas d'appendices. Tels sont les caractères de genre. Nous ajouterons plus spé- cialement, pour caractériser Fespèce : pieds sporangifères de longueur variable, généralement de 280 y. longueur, 7 [x largeur. Sporanges pyriformes; columelle hémisphérique ou légèrement conique vers le sommet, terminée par un. rarement deux pro- longements en doigts de gants. Il existe toujours une cloison sous l'apophyse. Sur les exemplaires âgés, on voit, après déhiscence, la membrane de la columelle se replier fréquem- ment dans Tapophyse et l'ensemble prendre l'aspect d'un enton- noir (fig. 41). La columelle a généralement 28 u dans sa plus grande largeur sur 21 u. de haut. Les spores sont brunes, arrondies, ayant 2 y. de diam., ou 2,5oX2 u. Sur des cultures anciennes et desséchées, elles sont contractées en leur iniheu, et par suite allongées, d'où il résulte une modification de dimensions. Les zygospores sont brunes, sphériques, de 44 F de diamètre au maximum, à exospores recouvertes d'écaillés épaisses, imbriquées (fig. 49)- Affinités. — Ce genre se rapproche des genres Gircinella et Pirella, par l'existence d'un axe sporangifère à crois- sance indéfinie, sans rejets à crampons radicifères ; c'est une végétation en « guirlande à la manière des lianes ». Il possède, comme ces genres, des zygospores nues. Il en diffère en ce qu'au lieu de présenter une végétation sym- podique nette des pieds sporangifères, ceux-ci affectent sur l'axe une disposition verticillée ; en ce que ces pieds sporangi- l64 DEUXIÈME PARTIE fères ne sont poinl recourbés en crosse (circinés) au-dessous du sporange, mais droits, et par la présence d'une apophyse qui manque souvent chez les Circinella. Par la présence d'une apophyse au sporange et la crois- sance illimitée d'un véritable axe sporangifère, ce genre se rapproche encore des Rhizopus et, surtout, des Absidia. Il en diffère nettement par l'absence des crampons qui, en se pro duisant périodiquement et régulièrement le long de Taxe des espèces de ces deux genres, lui donnent l'aspect de stolon. Il se distingue encore des Absidia par des zygospores nues, tandis que, dans ce genre, les œufs sont entourés de filaments produits par les suspenseurs ; ce caractère le rapproche au contraire des Rhizopus et Mucor, D'après l'ensemble de ses caractères, les différences qu'elle présente avec les genres connus, nous avons cru devoir créer pour cette espèce une division nouvelle, ayant la valeur de genre si l'on adopte la classification de M. Van Tieghem, ou seulement de sous-genre si l'on suit la classification allemande de M. Schrôter (in Pflanzenfamilien de Engler et Prantl^ I Theil, I Abt., p. 128 et suiv,). Ce genre se place entre les Absidia et Rhizopus d'une part^ et les Circinella d'autre part, non loin des Mucor. Nous proposons de l'appeler Mycocladus. Rappelons l'observation que nous avons faite à propos de la ramification sympodique du Mucor spinosus. Comme le dit M. Van Thieghem à propos du Circinella simplex, un simple Mucor peut donner un pied sporangifère qui pro- duira par ramification un deuxième pied sporangifère au- dessous de la cloison de son sporange; ce deuxième pied en donnera un troisième par le même processus, et ainsi de suite, la végétation se continuant alternativement à droite et à gauche, on aurait ainsi une fausse apparence de végétation indéfinie. C'est ce qui se passerait pour le Mucor corymhifer Cohn (1884, p. 147) €it le M. ramosus Lindt (1886, p. ayS), avec lesquels notre espèce présente certaines ressemblances, mais dont elle s'éloigne indubitablement par le fait de ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES i65 l'existence d'un axe à végétation indéfinie (non terminé par un sporange), sur lequel se développent les pieds sporan- gifères normalement verticillés. Développement — Le mycélium produit un filament dressé, futur axe sporangifère, qui donne bientôt naissance, générale- FiG. 40' — Ramification terminale des filaments axiles du Mycocladus verlicillatus. (Gross. 35o.) ment à son sommet, à i, mais plus souvent 2, 3 ou 4 ra- meaux, futurs pieds sporangifères... Simultanément, Taxe qui vient de les produire se prolonge latéralement en conti- nuant sa croissance, pour recommencer indéfiniment ce même processus. Le filament axile est non cloisonné; il est d'abord hyalin, puis devient brun, tandis que la membrane se cuticularise ; U.Mv. DE Lyon. — Beauverie. 11 66 DEUXIEME PARTIE fréquemment, il se ramifie en un point quelconque de son trajet (fig. 89, /)J, en donnant des filaments qui se comportent comme lui-même. L'ensemble de cette végétation indéfinie atteint facilement plusieurs centimètres de longueur, mais quand les filaments ont atteint une certaine hauteur, ils s'affaissent sur le substratum en vertu de leur poids. Pour observer le développement en longueur du champignon, on pourra se servir d'une boîte en verre, plate, étroite et capable de se maintenir verticalement ; on suspendra le sub- stratum (soit une tranche de pomme de terre), dans l'intérieur du réci- pient. Après avoir stérilisé ce sys- tème, on ensemencera le champi- gnon. Grâce à ce dispositif, il pourra se développer indéfiniment vers le bas, sans être gêné parle fait de son propre poids. La croissance s'arrê- tera quand le milieu nutritif sera épuisé. A ce moment les axes spo- rangifères se divisent en nombreux petits rameaux stériles offrant d'abord la disposition verticillée des rameaux fertiles, puis, bientôt, n'en présentant plus aucune trace. Si cette divi- sion se produit au niveau d'une paroi, les filaments s'y attachent et forment de véritables crampons (fig. 3(), j6, et fig. 40). Il peut arriver que les pieds sporangifères développés sur l'axe, qui sont normalement simples, se ramifient à la façon d'un mucor ordinaire, végétation terminée par un sporange (fig. 40' ou émettent un nouvel axe sporangifère (fig. 89, c) à croissance illimitée. Nous allons examiner maintenant, comme nous l'avons fait pour le Mucor spinosus^ de quelle façon le milieu peut modi- fier ces caractères. Fig. 4i- — Pieds sporangifères ck" Mycovladus verticillatus sur solution de glucose à o, I 0/00. ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPECES 1 67 Sporanges. Température. — Sur un bon milieu nutritif, comme pomme de terre ou liqueur de Raulin, le champignon paraît avoir son optimum de développement vers 3o degrés; il vé- gète encore à 35 degrés, mais tout développement cesse à 40 degrés. Influence de l'air. — Comme nous Tavons constaté pour le Mucor spinosus, comme l'avait déjà montré Klebs pour le FiG. 42. — Rejirésontation schématique d'une culture ancienne du Mycocladus verlicillatiis dans la liqueur de Raulin : c. Sporanges normaux affaissés ; h, région des sporanges modifiés ; a, mycélium à cellules sphérlques, mêlé de sporanges déhiscents ; cl, mycélium mince el rnmifié, souvent terminé par des cellules sphériques (aspect de végétation eu levure) ; c, slroma formé par un mycélium épais. (Grandeur naturelle.) M. racemosus, la présence de Tair est indispensable pour la formation des sporanges. Ils ne se produisent pas sur liquide de Raulin sous couche d'huile, où se fait seulement une végé- tation mycélienne. Si l'on submerge de très jeunes sporanges n'ayant point encore différencié leur contenu protoplasmique en spores, ils continuent à évoluer, mais présentent alors une végétation nouvelle ; ils restent à Tétat végétatif et donnent lieu à de curieuses proliférations. Voici dans quelles circonstances nous avons le mieux observé cette déformation des spo- ranges par suite delà station submergée. Le champignon était ensemencé sur liquide de Raulin, dans un matras cylindrique au-dessous du goulot, et présentant dans cette partie une hauteur assez grande pour que le champignon pût s'élever à plusieurs i68 DEUXIEME PARTIE centimètres sans être gêné. Le développement s'efFectuait sur- tout en hauteur, formant une colonne de faible section, comme si le champignon voulait éviter le contact du liquide. Le développement du mycélium de cette espèce dans un liquide est toujours beaucoup moins considérable que celui que pro- duit le Mucor spinosus. Par suite de ce développement en hauteur et de la faible FiG. 4^. — Végétation du Mycocladus verlicillatus à rinlcricur d'un liquide. Déformations des sporanges. (Gross. 3oo.) portion de mycélium immergé, il y a bientôt rupture d'équi- libre entre le poids total du champignon et celui du volume de liquide déplacé, il s'enfonce alors dans la solution. En disséquant aj^rès quelques semaines cette masse ainsi submergée, on peut observer les modifications des sporanges. A la partie supérieure qui est encore à l'air, les sporanges sont normaux (fig. 42, c ; fig. 43, <0- l^^^^s la couche h (fig. 42), se trouvent les sporanges modifiés par la végétation dans le liquide; quelques-uns, ceux qui étaient le plus près de cloisonner leur ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 169 protoplasma sporaire, renferment dans leur intérieur un petit nombre de grosses spores, comme cela s'observait bien plus fréquemment chez le Mucor spinosus ; les autres ne forment pas de spores, ils se dilatent énormément (fîg. 43, b) et sont remplis d'un protoplasma à grosses granulations, quelques-uns émettent des protubérances de forme irrégulière (fig. 43, c), d'autres des filaments très nombreux qui ont une tendance à s'intriquer en boule, comme cela est dessiné (fîg. 43, ej, ou se renflent une ou pluseurs fois sur leur trajet, en rayonnant par rapport au sporange végétatif (fig. 43, d). En a (fig. \i), on reconnaît des sporanges normaux : ce sont ceux qui étaient déjà mûrs au moment de la submersion, ils sont entremêlés d'énormes cellules, très nombreuses, arrondies, renfermant de grosses granulations dans l'intérieur de leur protoplasma (%.43,/). Faut-il attribuer l'absence de sporange, dans les végétations submergées, au manque d'oxygène ou à l'obstacle qu'apporte le milieu liquide à la transpiration ? Nous avons répété l'expérience que nous avions faite afin de résoudre la même question à propos du Mucor spinosus, expérience consistant à entraver la végétation du champignon en le faisant végéter au sein d'une atmosphère saturée d'humi- dité. Il s'y est produit aussi un développement abondant et rapide avec sporanges normaux. Dans une atmosphère absolument sèche, le développement était assez faible, il ne s'était produit aucun sporange, la transpiration active n'avait pas favorisé leur formation, et son influence s'est traduite simplement en arrêtant d'assez bonne heure le développement. Nous pensons donc que le rôle actif de F air dans la formation des sporanges tient à la présence de V oxygène. Quelle est maintenant l'influence de la composition chimi- que du substratum, qualité et quantité, de sa concentration ou de sa consistance solide ou liquide ? Sur les milieux convenables cette mucorinée est remarqua- l'jO DEUXIEME PARTIE ble par la rapidité avec laquelle elle se développe. Ces cultures sur liquide de Raulin, sur mélangea volumes égaux de liquide de Raulin et de jus de pruneau, sur pain, pomme de terre, examinées deux jours après rensemencement, recouvraient la totalité de la surface du substratum. Le développement était à peine un peu plus faible sur tranches d'oignon et pomme de terre arrosée d'acide tartrique — — : la différence était plus * lOO .5 sensible sur pain additionné de cet acide en solution à ^ lOO Le développement maximum que nous ayons observé était atteint sur le mélange de liqueur Raulin et de jus de pruneau : là, après 5 jours, le foisonnement du champignon avait rem- pli complètement le matras d'Erlenmeyer contenant la culture, bien que la couche liquide eût à peine un centimètre de hau- teur. Sur des solutions peu nutritives, comme eau de levure à , liqueur de Raulin sans azote, le développement est lOOO faible : le mycélium submergé domine, il se produit des appareils aériens rares et espacés. Dans liquide de Raulin sans azote, nous avons observé des cas curieux de prolifération de sporanges restés à l'état végétatif (fig. 44) • ^^^ premier sporange émettait de nombreux fdaments, dont l'un se renflait à son tour comme pour produire un nouveau sporange, mais celui-ci n'arrivait pas plus que celui dont il était issu à se constituer définitivement, il donnait lieu à la même prolifération. Cette déformation devient la règle Sulfate de cuivre o,o i H- Jus de pruneau 2 5 sur 5 ou le develop- loo '■ pement se fait exclusivement dans l'intérieur du liquide. Il y a un effort avorté de la plante vers la production desporanges^ ^ Nous avons constaté pareil phénomène avec le Rhtzopus nif/ricans véf^étant dans un milieu Ircs humide, mais il nalteignail cjuun petit nombre de sporanges. ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES 171 Sur glucose à 0,1 et 10/100, la végétation submergée prédo- mine beaucoup et il y a de rares fructifications aériennes. L'axe sporangifère est très réduit, non cutinisé et, par conséquent, rampant sur le substratum ; il produit des pieds sporangifères qui ont une tendance à se ramifier beaucoup et irrégulière- ment. La difficulté de reconnaître Taxe à végétation indéfinie pourrait faire prendre ce champignon pour un Mucor (fig. 41)- FiG. 44. Prolifération dos sporanges don la masse protoplasmique sporigène ne s'est pas cloisonnée. Ce champignon est plus sensible que le Mucor spinosiis à Faction des poisons, et ne donne pas de développe- , Sulfate de cuivre o,i-f-Peptone i ^ ment, même dans Dans 100 Sulfate de cuivre o,o5-i- Jus de Pruneau 25 ., il se fait cepen- 100 ^ dant une végétation entièrement submergée donnant lieu à la déformation que nous avons décrite ci-dessus. Dans des solutions de peptone à 2, i et 0,1 pour 1000, on remarque qu'après deux jours le développement est en retard 172 DEUXIEME PARTIE 2 sur le liquide à et la végétation surtout submergée; ce développement est notablement plus avancé, et aérien sur i et 0,1 pour 1000. Après dix jours, le rapport de l'importance de la végétation dans ces solutions est inverse : sur il s'est produit un foi- 100 ^ FiG. 45. — Autre cas de prolifération d'un sporange. Observé dans une cul- ture sur pomme de terre, le champignon étant en concurrence vitale avec YAsperc/illus variabilis. sonnement aérien considérable de fdaments très ramifiés, et généralement en verticilles qui représentent les axes sporangi- fères^ mais, chose curieuse, aucun des rameaux ne se termine par un sporange. Un développement luxuriant, accompagné de stérilité, est un fait que nous avons observé pour plusieurs espèces de champi- gnons, lorsqu'elles végètent sur des solutions assez concentrées de peptone^. ■ * Celte culture, examinée deux mois plus tard, comportait des spo- ranges. ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES lyS Dans la solution à , la végétation aérienne est moins lOO ° importante, les fructifications rares encore; par contre, le mycélium submergé est très abondant. Nous avons encore étudié l'influence de la concentration au moyen de solutions de jus de pruneau à additionnées successivement de NaClà i5, 7,5, 3,7 et 1,8 pour 1000. Cette influence se traduit par un retard très sensible de la germina - tion, la prépondérance du mycélium submergé (exclusif à 1 5 pour 1000), la diminution de longueur des parties aériennes, l'aspect coralloïde et utriculeux du mycélium, la disposition de plus en plus isolée sur l'axe des pieds sporangifères (au lieu de verticillée). L'acide tartrique se retrouve ici, avec l'action osmotique remarquable que nous l'avons vu posséder chez le Mucor I 5 spinosus. Une solution à — '- — employée seule tue les spores; additionnée de jus de pruneau, elle donne lieu à un dévelop- pement mycélien submergé assez important ; après quatre ou cinq jours, il possède cette couleur rouge que pré- sentent aussi les mycélium de Mucor spinosus, d'As- pergillus variabilis et de Pénicillium glaucum végétant dans les solutions de cette substance. Les fructifications sont peu nombreuses et réduites. Nous signalerons, en passant, le cas de filaments naissant au-dessous de la cloison du pied sporangi- fère (fig. 46) et venant s'enrouler plus ou moins ^^^- 46- autour du jeune sporange ; nous avons observé plusieurs fois ce fait sans en saisir la signification. Le mycé- lium offre dans les solutions d'acide tartrique un remar- quable gigantisme. Tandis que les extrémités du mycélium, qui est très ramifié, sont minces et pointues, les parties plus anciennes sont d'un calibre qui atteint en moyenne 10 u. ; les parties encore plus âgées s'étranglent de distance en dis- '74 DEUXIEME PARTIE lance (iîg. 47)5 la cloison s'épaissit beaucoup au niveau des isthmes formés, une séparation s'effectue et, finalement, le mycélium se dissocie en boules volumineuses. Il se passe ici un phénomème parallèle à celui qui se produi- sait chez le Mucorspinosus dans une solution semblable, mais après une résistance plus grande de la part du champignon. Le mycélium et ces glomérules renferment de grosses goutte- FiG. 47. — Végétation du Mycocladus verticillalus sur jus de pruneau additionné d'acide tartriquo à i,5 0/00. Partie submergée. (Gross. a56.) lettes d'huile et d'énormes granulations (fig. 47)- L'acide tartrique doit pénétrer avec une facilité particulière dans les cellules, et produire leur turgescence parson affinité pour l'eau. On observe sur des cultures très anciennes sur liqueur de Raulin des déformations analogues du mycélium^ qui tend à se dissocier en houles^ et prend V aspect du mycélium du Mucor spinosus au début de sa végétation en levure (fig. 48). Sur milieux solides ou poreux (pierre ponce) imbibés de solutions nutritives additionnées de doses croissantes de NaCl, la concentration produit les mêmes effets qu'en milieu ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES I yS liquide, mais en les accentuant. C'est ainsi que sur ces substrata arrosés de jus de pruneau additionné d'une solution de XaCl à i5 pour looo, il ne se fait aucun développement ; que celui-ci est à peine sensible si la quantité de sel n'est que de 7,5, et que, pour la faible dose de 1,8, les fructifications sont encore rares. L'action de la concentration est exagérée par le substratum poreux, qui retient une partie de l'eau. En résumé^ la concentration amène la prédominance de la FiG 48. — Mycélium d'une végétation ancienne de Mycocladus verHcillaius, sur liqueur de Raulin. (Gross. 3oo.) végétation submergée (qu^entraîne aussi la pauvreté du milieu en aliments : exemple dans glucose 0,1 pour 1000), la défor- mation du mycélium qui se dilate irrégulièrement, et quelque- fois son cloisonnement et sa dissociation (acide tartrique), la diminution de la longueur des appareils aériens. Ce sont les mêmes résultats que ceux que nous a fournis le Mucor spino- sus, avec cette différence que \q Mycocladus verf icillafus oiîre une plus grande résistance à cet agent. 176 DEUXIEME PARTIE Zygospores. Nous avons rencontré les œufs de cette Mucorinée (fig. 49) dans une culture de la forme stérile du Botrytis cinerea (toile), où le développement des deux champignons s'était effectué parallèlement avec intrication des filaments. Cette culture était âgée de quinze mois et les œufs y étaient extrêmement abon- dants. Les zygospores ont un diamètre de 44 F- ^^ maximum : l'épispore est d'une couleur foncée, brun café, et recouverte d'écaillés courtes, épaisses, terminées en pointe plus ou moins tronquée à l'extrémité. Lorsqu'on les écrase sous la lamelle, l'exospore se déchire et laisse voir l'en- dospose, cellulosique, hyaline, assez épaisse, enfermant un protoplasma riche en grosses gouttelettes huileuses. Nous n'avons pas assisté au développe- ment de ces zygospores, mais en les examinant à l'état adulte, on voit que les suspenseurs^ insérés aux pôles de ces organes, ne portent aucun appen- dice (lig. 49). Les botanistes sont très divisés sur les conditions de pro- duction de ces appareils de la reproduction sexuée, qu'il est presque toujours fort difficile d'obtenir. Pour M. Brefeld (iSyS, Sitz.^^. 849), la formation des zygospores dépend de conditions internes encore inconnues, et c'est au hasard seul qu'il faut s'en rapporter pour leur décou- verte. La classification des Mucorinées devra donc être basée uniquement sur les caractères de l'appareil asexué. Pour M. Van Tieghem (3^ mém., p. '611), au contraire, leur produc- tion dépend uniquement des conditions de milieu ; de ses Fig. 49. — Zygospores dt Mycocladus verticillaius. ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES I77 expériences sur le Sporodinia grandis il conclut, en effet, que pour des plantes abondamment nourries, c'est l'appauvrisse- ment de l'atmosphère en oxygène et le ralentissement qui en résulte dans la combustion respiratoire qui déterminent l'appa- rition de zygospores et azygospores. Dans des conditions normales de nutrition et de respiration, la plante se multiplie, mais quand la pression de l'oxygène dans l'atmosphère arrive à descendre au-dessous d'une certaine valeur, « qu'il serait important de déterminer avec précision », la plante supposée encore abondamment pourvue de protoplasma ne peut plus former de sporanges, elle consacre tout son effort à produire des zygospores : elle se « conserve ». L'oxygène étant un des éléments constituants du milieu nutritif nécessaires à la vie, le même résultat doit être aussi amené par la diminution en deçà d'une certaine limite de l'un quelconque des autres élé- ments essentiels du milieu. On voit quel rôle important joue le milieu nutritif, d'après M. Van Tieghem. Les éléments du milieu nutritif donnent lieu à considérer : i*^ l'air (oxygène à i/5 d'atmosphère); 2° l'eau, et 3*^ l'ensemble des matériaux solubles qui sont les aliments proprement dits. Si I diminue trop, bien que 2 et 3 soient en quantité suffi- sante, il se formera des zygospores (Sporodinia, Rhizopus) ; si 2 diminue, malgré l'abondance de i et de 3, il y aura encore production de zygospores (Communication de M. Cornu à la Soc. bot., i4 janvier 1876); si 3 diminue sans que changent i et 1, il se formera encore des zygospores ; c'est le cas du Sporo- dinia grandis^ normalement parasite, cultivé en saprophyte. M. Yan Tieghem ajoute prudemment que cette analyse ne suffît pas, qu'il faudra préciser davantage et chercher à déter- miner dans chaque cas particulier le genre d'appauvrissement qui se montrera le plus efficace. « Tout au moins voit-on par là s'ouvrir aux recherches une voie rationnelle, et ce n'est peut-être pas le moment de jeter un cri désespéré en déclarant qu'il faut s'en remettre au hasard pour la découverte des zygo- spores. » (Van Tieghem, 1876, p. 248.) iy8 DEUXIÈME PARTIE Pour M. Bainier (i883 et 1884), il faut une nourriture abondante pour que se produisent les œufs, tandis que « toutes les fois que la plante trouve une nourriture chétive, elle pro- duit des sporanges ». De plus, les Mucorinées ne peuvent donner des œufs qu'en nombre extrêmement petit, à cause de la disproportion existant en général entre les dimensions des filaments et celles delà zygospore formée. Nous ferons obser- ver cependant qu'ils s'étaient produits en nombre énorme dans notre culture sur Toile, peut-être parce que le Mycocladus empruntait des supports dans les filaments du Botrytis. Quant à l'humidité, M. Bainier pense qu'il n'y a rien de général, mais seulement des préférences suivant les espèces. Cet auteur con- firme ses idées au moyen d'expériences « faciles à réaliser », et obtient les zygospores d'un certain nombre d'espèces. Plus tard, M. Van Tieghem (1891, t. II, p. 1076) constate l'incertitude qui plane toujours sur la formation des zygospores, lesquelles se produisent dans des conditions différentes de celles qui provoquent la formation des spores et desconidies, « sans qu'on sache encore dans chaque cas particulier préciser exactement cette différence. Autant les premières se trouvent fréquemment réalisées, autant les secondes paraissent rares. » M. Van Tieghem maintient donc ce qu'il avait dit dans son grand travail sur les Mucorinées : « D'une façon générale, on peut dire que pour amener une thalle de Mucorinées à former des œufs, il faut, après quelque temps d'une croissance vigou- reuse, en gêner le développement ... On y parvient, suivant les cas, parl'étouffement, par la dessiccation ou par le refroidisse- ment. » Récemment, M. Klebs (1898), dont nous avons déjà souvent cité les belles recherches, a choisi le Sporodinia grandis comme étant un très favorable objet pour l'étude de l'influence des conditions extérieures sur la reproduction. Ce champignon produisant facilement zygospores et sporanges, il devait être relativement aisé d'opérer la dissociation des conditions qui président à la formation de l'un ou de l'autre. Il dit d'abord ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPECES I 79 que cette espèce n'est point parasite sur le chapeau des Hymé- nomycètes, mais saprophyte, et qu'elle se laisse facilement cul- tiver sur des milieux nutritifs. Après avoir rendu hommage à M. Van Tieghem, qui a nettement établi que l'apparition de tel ou tel mode de reproduction chez les Mucorinées est liée aux conditions extérieures, il paraît être en désaccord avec lui sur plusieurs points. Il n'attribue point une importance grande à la présence de l'oxygène de l'air, mais au contraire à la ten- sion de la vapeur d'eau. Un air sec au-dessus du substratum nutritif favorise une évaporation active par le champignon et provoque l'apparition des sporanges. Ce résultat est analogue à celui qu'obtenait ce savant en opérant sur YEurotium herbariorum. Au contraire, l'air humide gêne la transpiration et favorise la formation des zygospores. Il réalise une expé- rience très simple. Une culture du Sporodinia sur tranche de carotte, par exemple, est maintenue dans un récipient de verre qui sera laissé d'abord ouvert, puis fermé: tant que la boîte est ouverte, il se produit des sporanges; recouverte, il se forme des zygospores. Il établit par des recherches quan- titatives que l'oxygène n'a pas d'influence. Dans un air relati- vement humide (à 70 pour 100), on aurait seulement des zygo- spores, et s'il est relativement sec (45-65 pour loo), il se pro- duirait seulement des sporanges. Cette influence de l'humidité de l'air et de la transpiration ne peut se faire sentir, naturellement, que si le sol nutritif est capable, par sa qualité chimique, de donner les deux formes de fruits, soit : carotte, agar, jus de pruneau, pain. Il faut donc encore tenir compte de la composition chimique du substra- tum. La température etla lumière n'interviennent que comme facteurs de deuxième ordre, en ce qu elles gênent ou favorisent la transpiration. Dans les expériences que nous avons faites afin de recon- naître l'influence de l'état hygrométrique de l'atmosphère sur la production des sporanges, chez le Mucor spinosus comme chez le Mycocladus verticillatus, nous n'avons observé la for- l8o DEUXIÈME PARTIE mation des zygospores, ni dans l'air très humide, ni dans l'air sec, même après sept ou huit semaines. Dans l'air très humide (évaporalion entravée) se produisaient abondamment des spo- ranges, à rencontre de ce qui s'est produit pour le Sporodinia grandis^ et pas de zygotes. Les zygospores que nous avons observées sur la culture de (( toile » s'étaient produites, après un temps très long, sur un milieu nutritif épuisé par une abondante végétation, et à peu près complètement desséché. V ACBOSTALAGMUS Corda (le. fung., H, p. 15) CLONOSTACUYS Corda (Prachtfl., t. XV) ÉTUDE DU CLONOSTACUYS CANDIDA IIarz (Ilyph., p. 28, t IV, fig. 4 et Sacc, t. IV, p. i65.) Nous avons rencontré plusieurs fois cette espèce sur des cultures de la forme stérile du Botrytis cinerea (Toile) sur différents milieux, entre autres, sur pomme de terre. Le fait de la présence de ce champignon sur la Toile est assez fréquent pour que quelques auteurs aient admis qu'il en était la fructi- fication ; nous nous sommes assuré qu'il n'y avait simplement là qu'un cas de parasitisme. Nous avons encore trouvé cette espèce plusieurs fois dans la nature sur des débris de plantes pourrissantes et, en très grande abondance, sur des fruits de Gledilschia triacanthos qui avaient été enfermés dans un bocal comme échantillons de collection. Dans tous ces cas, la forme Glonostachys, très nette, était associée à une autre forme que l'on a décrite comme faisant partie d'un genre distinct, sous le nom d'Acrostalagmus (Corda: Icon. fung., II, p. i5). En étudiant le développement du Glonostachys et en le culti- vant sur différents milieux, nous avons pu reconnaître que non seulement ces deux formes ne font point partie de deux genres distincts, mais encore qu'elles constituent une seule entité spécifique. Nous avons vu de plus, que l'apparition et le main- tien de chacune de ces formes est sous la dépendance étroite Umversiti': riE Lyon. — Beauverie. 12 8 102 DEUXIEME PARTIE du milieu, el que, dans des conditions neltement tranchées, on pouvait avoir l'une ou l'autre à l'état pur. Cependant, beaucoup de milieux ne présentant pas à un assez haut degré l'influence déterminante de l'une ou l'autre forme, on observe souvent le mélancfe des deux avec une fréquente prédominance de l'une d'elle. Voici la diagnose de liarz (Ihjph . , p. 28, t. IV, fig. 4) • Gœspitulis minutis albis ; hyphis fertilibus erectis, parce septatis, dendroideo- ramosis ; ramis suboppositiS;, apice verticillalo-trifidis, acutis ; conidiis ovoideis ad apicem ramulorun tetras- ticho spicatis, 5 /u diam,, hyalinis. Celte diagnose ne peut s'appliquer qu'à un état très évolué de cette espèce, tel qu'on le trouvera sur milieu convenant particulièrement à la nutrition du champignon, soit, par exemple, des débris de plantes en décomposition : carotte, pomme de terre, etc., etc. La diagnose suivante pourrait con- venir à toutes les formes qu'est susceptible de prendre notre Clonos- tachys, formes qui ne sont souvent que transitoires, mais qui peuvent éi^alement être fixées sur certains milieux. Mycélium rampant cloisonné, fila- ment fructifère dressé de 2-5 // d'épaisseur, portant à sa partie supérieure un ou plusieurs étages de rameaux verticillés; Fig. 50. — \V'gcHali<)n ))ro- vcii.'iiit (le la gcrmiii;ilion de S[)(jrcs (lu Cloiiostacliys . Ciillurt' cellulaire sur li- queur (le Raulin. (Gross. ;5GG. ) ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES l83 ces rameaux sont ou bien simples ou peu ramifiés, à peu près égaux de la base au sommet : c'est l'état Sfachylidium (fig. 5ii: ou bien ces rameaux primaires- se ramifient à leur tour en donnant chacun un verticille d'ordre secondaire, et alors les branches de ce verticille pourront produire encore des rameaux de troisième ordre, etc. : l'ensemble de l'arbus- cule prendra une forme conique. Les extrémités des ramifica- FiG. 5i. — Forme Stachylidium du Clonostachys Acrostalagmus Stachylidium. (Gross. 35o.) lions ultimes sont toujours terminées par des massifs en boule de spores, lesquelles restent agglomérées à l'air par suite de la gélifîcation de leur membrane dans sa partie péri- phérique. Le diamètre de ces boules sporifères est peu constant allant de 9-10 a à20-3o u.\ ces boules sont souvent confluentes et présentent une tendance à rallongement. Les spores sont en général elliptiques oblongues, hyalines [état Acroslalagmus (al bus ?) ]. Enfin, parfois, les ramifications de la base s'allongent beau- coup plus que dans le cas précédent, et l'arbuscule prend un l84 DEUXIÈME PARTIE aspect corymbiforme (fig. Sa), Le degré des ramifications ultimes est plus élevé que dans la forme précédente, et ces ramifications sont plus courtes ; elles sont terminées par des masses de spores agglutinées et plus ou moins allongées, avec des traces d'une orientation régu- lière de ces spores qui peuvent enfin être disposées en épis sur quatre rangées aux extrémités des dernières ramifications. Les spores sont allongées, hyalines, ayant généralement 5jU longx;3,5 larg. ; elles sont parfois ])\us longues et peuvent atteindre 9-16 ^w. X! 3,5 //. La continuité organique que l'on observe fréquemment sur cer- tains milieux entre les deux for- mes Clonostachys et Acrostalag- mus, ne saurait laisser subsister aucun doute sur leur identité (fig. 53 et 54). La forme Acrostalagmus en Fig. 1)2. Forme Clonostachys type. question correspond assez bien à V AcrostaUigmus alhus de Preuss [\n Linniea^ iSSijXXIYjp. 126), de Penzig (F. affrum, n. 1 10) et de Saccardo (in Sylloge^ IV, p. i63). Il existe cependant une différence dans la dimension des spores, quiontdans celte espèce 3,3-3,4 f^-X i-i,5a. Mais les dimensions des spores de ces formes ne sont point fixes du tout, et si les dimensions du Clonostachys sont en général 5 // X 3,5, elles peuvent aussi osciller entre i ,5-2-3,5 f. = 4-6-9- 1() ^■. Quand les deux formes coexistent sur le même milieu ou sur le même pied, il est facile de voir que les dimensions des spores composant les boules sporifères sont les mêmes que celles des spores qui entrent dans la composition des épis. ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES l85 Développement. — Pour suivre le développement complet, on peut prendre des spores dans une culture faite sur un milieu qui ne peut donner que la forme Acrostalagmus tel que glucose à 10 ou 20 pour 1000. On les ensemencera sur un substratum, tel que carotte, capable d'amener leur évolution jusqu'à l'état Glonostachys; de cette façon on aura sous les yeux la série des modifications qui permettent de passer d'une forme à l'autre. Un rameau fertile dressé, cloisonné, émet d'abord un verti- cille terminal de ramifications ; au-dessous naissent successi- vement une série de branches qui formeront un autre verticille : les extrémités de ces rameaux produisent des spores qui géli- fient la portion externe de leur membrane et restent de cette façon accolées entre elles. Si les choses demeuraient dans cet état, et cela se produit sur certains milieux, on aurait ces Acrostalagmus très simples décrits par Link (Ohserv. I, p. 28) sous le nom générique de Stachylidiiim (fîg. 5i). Ils sont caractérisés surtout par la présence de verticilles simples et égaux. Mais la complication continue, les rameaux des verti- cilles I (fig. 53) se cloisonnent au-dessus de la moitié de leur longueur, puis il pousse à ce niveau un premier rameau, puis un second et d'autres; ils formeront ainsi un nouveau verticille analogue à ceux qui terminent l'arbuscule II (voir aussi la partie droite de la figure 54). En même temps, les ramifications du verticille B s'allongent, se cloisonnent et donnent de la même façon naissance à un nouveau verticille, les branches de celui-ci pourront à leur tour donner des rameaux verticilles qui porteront les masses sporifères. Ces verticilles ultimes seront venus se ranger au même niveau que ceux qui provien- nent de A. C'est ainsi que l'arbuscule qui avait d'abord une apparence plus ou moins cylindrique ou conique devient corymbiforme (fîg. 53, II). Il est assez malaisé d'étudier la constitution et la forme des massifs sporifères; dès que l'arbuscule est plongé dans l'eau et même dans la glycérine étendue ou l'acide lactique, elles se dissocient : les spores se répandent dans le liquide et l'on n'a i86 DEUXIEME PARTIE plus que les extrémités des ramifications, sur lesquelles on n'observe pas les petites saillies que dessine Corda chez I FiG. 5.'5. — (^loiioslacliys (II) cl piissage de la l'orme Acrostalagmus à la forme CloiiostaeJiys (II). 01)seivé sur un même lilameul (Gross. iJaoV Y Acrostahigmus cimiaharinus (Icon., pi. X,fîg. 66);,destinées, suivant lui, à supporter les spores les plus jeunes. Le meilleur moyen pour oljscrver les spores en place est de plonger les ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 187 arbuscules dans l'alcool absolu, et de les observer ensuite dans la glycérine pure ou dans la glycérine gélatinée. Il arrive aussi que, chez les pieds sporifères qui proviennent de cultures très anciennes et très sèches, les masses sporifères ne se dissocient FiG. 54. — Forme de transition entre les états Clonostachys et Acrostalagmus. (Gross. 3()6.) point lorsqu'on les observe dans Tacide lactique. On sait que les spores, au fur et à mesure de leur production, gélifient la partie périphérique de leur membrane, se trouvent bientôt plongées dans une gouttelette arrondie, et que c'est ce mucilage qui se dissout instantanément dans l'eau. On constate que ces boules, chez les formes Acrostalagmus l88 DEUXIÈME PARTIE nettes^sont de faibles dimensions, une dizaine de [x de diamètre en moyenne, mais celte dimension varie beaucoup. Dans les formes de transition elles atteignent des dimensions souvent beaucoup plus considérables, soit lo à 20 p.; de plus, à mesure que la dimension s'accroît, il se produit une tendance à l'allon- gement en hauteur et à l'orientation des spores, dont quelques- unes se superposent en colonnes parallèles. A mesure que les ramifications deviennent plus nombreuses et, par conséquent, plus serrées, les boules sporifères comprimées sont coales- centes (fîg. 54). Enfin se produisent les formes plus évoluées : la compression des masses sporifères a achevé son œuvre, les spores sont disposées en longs épis sur quatre ou un plus grand nombre de rangées. Les spores, à mesure qu'elles se pro- duisent^ se placent au-dessous des précédentes et s'empilent ainsi en plusieurs séries; elles sont toujours maintenues acco- lées les unes aux autres par le mucilage résultant de la gélifi- cation de la partie périphérique de leur membrane, mais il faut noter qu'il n'existe point de filament axile dans les épis fructifères. Ceux-ci atteignent parfois une longueur considé- rable, 90 p. et plus, et sont distincts à Toeil nu. Recherchons maintenant quelle est l'influence du milieu sur cette espèce et comment l'on pourra obtenir Tune ou l'autre de ses formes. L'optimum de température pour le développement semble compris entre 20 et 25 degrés centigrades. Le développement s'efTectue encore vers 3o degrés, mais il est déjà ralenti, et si le champignon n'est pas tué à 35 degrés, il ne s'accroît du moins presque plus à cette température. A 40 degrés, il ne se fait aucun développement. La germination s'effectue en moins de vingt-quatre heures sur jus de pruneau, liqueur de Raulin, solutions de peptone de 2 à 0,1 pour 100, eau de levure à i pour 100 et différents milieux solides : pomme de terre, tranches d'oignon, etc. Elle est plus faible sur pain et dextrine. La concentration des solutions retarde la germination; elle ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 189 l'entrave même complètement à partir d'une certaine limite. 2 jours 6 jours 25 jours Jus de pruneau additionné de NaCl. . i,5 o o o — — — ••7i5o o -j- — — — . . 3,7 o + ++ — — — . . 1,8 o -1- 4-++ Sur solution de peptone à 2, i et o, i pour 100, les différences de concentration ne sont pas assez grandes pour produire des différences bien sensibles dans le développement, qui est déjà fort avancé sur chacune d'elle après deux jours. L'addition de substances toxiques retarde également la germination. Elle ne s'effectue qu'après quatre ou cinq jours Sulfate de zinc 0,01 -f- Peptone i . . . sur , cincf ou six lours sur 100 ^ "^ S. de z. I H-P. I . S. de c. o,o5-l- Juspr. 12,5 -, sept jours sur et huit à neuf jours avec 100 ' i J lOQ Sulfate de cuivre 0,1+ Peptone i 100 Ce retard dans la germination est diminué selon les qualités des substances nutritives qui sont mises en concurrence, selon la concentration de ces substances ou leur mélange avec des matières toxiques : ainsi, des tranches de pomme de terre ou de pain arrosées avec les solutions ci-dessus, donnaient quand même un développement fort abondant. Sur solution de tartrate d'ammoniaque, sol nutritif incom- plet et assez fortement concentré, la germination est retardée et s'effectue seulement après quatre ou cinq jours. Mais qualité et concentration du substratum influent non seulement sur le temps nécessaire à la germination mais encore sur la forme du champignon. Nous allons étudier quelles formes on peut obtenir sur des milieux de compositions chimiques différentes mais nettement définies. Nous verrons ensuite quelles modifications résultent If)0 DEUXIÈME PARTIE encore des chanc^ements de concentration ou de structure de ces milieux. Sur liquide de Raulin, on obtient un très beau développe- ment de la variété Clonostacliys corymbiforme. Si après avoir fait l'ensemencement sur ce liquide on ferme le flacon d'Er- lenmeyer servant à Texpérience, en coulant de la paraffine sur le tampon d'ouate, et qu'on l'observe quinze jours après, on constatera que la forme Acrostalagmus domine au contraire : elle est représentée par des Acrostalagmus très allongés. Il y a aussi des formes de passage au Clonostacliys assez fré- quentes. Sur bouillon de viande, le développement est très abondant et a vite envahi toute la surface du liquide en flacon d'Er- lenmeyer, mais il conserve, même après quinze jours, l'aspect d'un duvet blanc assez serré au lieu d'être pulvérulent, comme cela a lieu généralement sur les autres milieux où se produisent des ramifications. C'est qu'ici les parties aériennes ramifiées, qui devraient porter les spores, demeurent complètement stériles (les fructifications n'apparaissent que beaucoup plus tard, un mois après environ). Celte stérilité, malgré un abon- dant développement, se retrouve encore dans les cultures sur bouillon de viande avec gélatine. Nous avons constaté ce même faitpour d'autres champignons, à savoir qu'un substratum exclu- sivement azoté ou contenant l'azote organique en proportion assez forte, donne lieu à un abondant développement du cham- pignon, mais que celui-ci reste à l'état végétatif. Nous avons aussi retrouvé cette influence dans des cultures sur solution de peptone. Les expériences suivantes, faites en employant des doses croissantes de peptone, montrent qu'il est bien néces- saire qu'il existe surabondance de la substance azotée pour que le champignon se maintienne à l'état stérile. Dans la solu- tion à — ^— il se produit un développement qui est surtout loo ^ ^^ ^ aérien, d'aspect court et pulvérulent, les fructifications sont exclusivement de la forme Clonostacliys, dont les éléments ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES I9I sont courts et épais. A la culture est plus abondante et ^ ÎOO Taspect déjà plus flou, grâce à la présence de filaments aériens. A côté de Glonostachys ordinaires^ on voit de nombreux appa- reils fructifères avortés, dont les ramifications se sont allongées d'une façon indéterminée sans produire aucunement de spores. C'est un état de passage à la végétation complètement stérile que l'on observera sur peptone à Le développement total, aérien et submergé, y est plus abondant que sur les solutions précédentes. On peut encore reconnaître la disposition des ramifications des pieds fructifères, mais elles sont indé- finiment prolongées et fréquemment appliquées les unes contre les autres en colonne ; il y a une tendance à la fasciation. On obtient encore ces formes stériles sur pomme de terre arrosée avec peptone — et, aussi, sur ce substra- '- 100 Pept. I H-NaGl7,5 Pept. i -f-NaCl lo tum arrosé avec — * ; avec — 100 100 le développement total est moins abondant, la nutrition gênée, et à côté de la forme modifiée réapparaissent bientôt les fructi- fications ordinaires. En résumé, cette prolifération végétative des pieds fructi- fères se produit dans les milieux assez nutritifs où il y a surabondance d'aliment azoté organique; elle est toujours concomitante d'un développement total considérable, et dis- parait dès que l'assimilation est gênée par l'addition de substances agissant par leur concentration ou leur toxicité. Nous avons voulu voii^si cette forme modifiée était suscep- tible de fixation, comme cela se produit pour une forme sté- rile du Bolnjlis cinerea. Le mycélium de cette culture, ensemencé sur carotte ou pomme de terre, a donné après quelque temps les formes Clonostachys et Acrostalagmus habi- tuelles à ces milieux ; il n'y avait donc pas eu, ou il ne s'était produit qu'un faible commencement de fixation. Mais nous 102 DEUXIEME PARTIE avons constaté à propos du Botrylis cinerea que les condi- tions de fixation delà forme stérile sont complexes; que si une seule vient à faire défaut, la modification pourra quand même se réaliser, mais qu'elle ne sera point fixée. Peut-être la forme stérile du Glonostachys est-elle dans le même cas ; il s'agirait de réunir toutes les conditions nécessaires à sa fixation pour pouvoir se prononcer sainement dans le cas présent. Sur eau de levure lOO lOOO j la végétation est assez abondante, les pieds fructifères sont cependant suffisamment espacés , -. pour laisser entrevoir le substratum. Les fructifications sont bien distinctes et curieusement modifiées. Elles pré- sentent les caractères de celles que nous avons vues sur solutions faibles de peptone, mais fort exagérés. Les fructifications sont celles de Glo- nostachys trapus, dont toutes les par- lies sont extraordinairement renflées et dilatées et présentent l'aspect de la fig. 55. Les masses sporifères sont allongées, irrégulières. Les spores sont le plus souvent arrangées d'une façon Fjc. T),"). — Appareil coni- quelconque; cependant, il y a tendance dien du Clonosiachys vé- ^ Porientatiou, et l'on en trouve quel- geianl dans coude levure _ , f à loo/iooo. (Gross. 256.) quefois un certain nombre régulière- ment superposées. Sur tartrate d'ammoniaque à 5 pour loo, la végétation consiste presque entièrement en un mycélium submergé. On retrouve ici le fait que nous avons signalé pour les autres espèces végétant dans des solutions incomplètement nutritives ou trop concentrées. Ce mycélium est de forte taille, très irrégulier de forme et souvent réuni en paquet; son contenu est alors par- ticulièrement dense et réfringent. Sur lait se produit une végétation abondante, mais les fructi- .////////////////^/////^^ '■^:> ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 198 fîcations sont rares, généralemenl: du type Acrostalagmiisavec quelques formes de passage au Glonostachys. 25 Sur jus de pruueau à le développement se fait bien; 100 ^^ de plus, les filaments mycéliens produisent des ramifications qui, au lieu de s'écarter en divergeant, restent accolées les unes aux autres par 2, 3 ou 4 : c'est une tendance à la fasciation qui commence à se manifester. Elle s'accentue énormément sur un mé- lange à volumes égaux de jus de j)runeau et de liqueur de Raulin, où ^ le développement est des plus abon- dants après deux ou trois jours de culture. Examinée vingt jours après jj l'ensemencement, toute la surface de la culture était recouverte d'une véritable forme agrégée (fîg. 56,1) : les filaments mycéliens se sont réu- nis en grand nombre, en colonnes épaisses sur le sommet desquelles s'épanouissent les pieds fructifères constitués par de beaux Glonos- tachys. Ces arbuscules agrégés sont de formes assez variables et peuvent atteindre jusqu'à i centimètre de hauteur. Ce mode de végétation ne se réalise que dans les conditions d'une très bonne nutrition. Il s'en produit encore sur carotte ou sur pomme de terre, mais là, le mycélium, non seulement agrège ses filaments comme nous venons de le voir, mais les intri- que en un pseudo-parenchyme qui constitue un stroma dur et épais se présentant sous la forme de colonnettes de 2 à 3 milimètres de hauteur, quelquefois réunies en mamelons irréguliers atteignant jusqu'à i centimètre de diamètre (fig, 56, II et III). En coupe, ces productions se présentent avec l'as- iJi. Ty^'/'^m^ Fig. 5G. — Formes agrégées de Glonostachys : I sur jus de pruneau additionné de liqueur de Raulin ; II cl III sur pomme de terre. Les . filaments agrégés consti- tuent un stroma de forme cylindrique ou mamelon- née. (Grandeur naturelle.) 194 DEUXIÈME PARTIE pect d'un parenchyme dont les cellules sont remplies de gout- telettes luiileuses. Au sommet se dressent les pieds fructifères qui, sur pomme de terre, sont le plus souvent d'une forme Acroslalagmus très ramifiée et plus ou moins en corymbe FiG. 5;. — F'orme agrégée du Clonostachys. (Gross. 25^.) (fig. 57); plus ])as, c'est-à-dire dans des parlies plus anciennes, les formes Glonostacliys sont de plus en plus abondantes. Les tranches de carotte forment le milieu le plus convena- ble pour la production de la forme Clonostachys nette avec longs épis sporifères; les Acrostalagmus sont très rares sur ce milieu, et toujours très ramifiés et corymbiformes. C'est sur pomme de terre qu'on peut observer les formes les plus frap- ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES 195 pantes : très souvent se voient sur un même pied la ramifica- tion Glonostacliys et celle Acrostalagmus. Sur empois d'amidon, de consistance solide, on n'observe jamais que la forme Acroslalagmus très simplifiée ; le mycé- lium est, là, fréquemment enroulé sur lui-même et les ramifi- cations du pied fructifère unilatérales (fig. 58, d). Sur glucose à i o ou 20 pour 1 000 les ramifications unilatérales et très simples dominent. Ces formes, ensemencées sur carotte, ne produisent pas immédiatement les Glonostacliys propres à FiG. 58. — Ramification du Glonostacliys en milieu i)eu nulritil". ce milieu ; ces formes ne se réalisent qu'après une période plus ou moins longue d'adaptation, pendant laquelle on voit, à côté de formes d'Acrostalagmus très simples, d'autres plus riche- ment ramifiées, puis des Glonostacliys malingres et trapus, et enfin la forme définitive habituelle à ce milieu, qui s'y main- tient dès lors constamment. Sur différentes solutions de tanin on a encore exclusive- ment des Acrostalagmus très simples, offrant aussi parfois une ramification unilatérale (fig. 58, c). Le mycélium a l'aspect toruleux que présentent beaucoup de champignons végétant dans les solutions de cette substance. Sur dextrine de consis- tance solide, le développement est très faible, et le mycélium a un aspect coralloïde remarquable (fig. 59). 196 DEUXIÈME PARTIE On obtient encore de curieuses déformations en faisant acfir sur le champignon des substances toxiques, comme les sulfates de cuivre et de zinc, en présence de matières nutritives. Avec - . ^* Sul. de cuivre o,o5 -t- Jus de pruneau 25 ., une solution de ' il 100 ne se produit qu'un mycélium complètement submergé et affectant la disposition en boule. Il n'y a pas de germination Sulfate de cuivre o,5-l- Jus de pruneau 25 ^, , dans — " 11 n en est 100 pas de même si l'on utilise la peptone à au lieu du jus de FiG. 59. — Mycélium du Clonostachys végétant sur dextrine à consistance pâteuse. (Gross. 32o.) pruneau; avec 0,1 pour 100 de sulfate de cuivre, la germina- tion est très retardée et ne commence à s'effectuer qu'après dix ou quinze jours. Si l'on examine la culture deux mois après l'ensemencement, on constate un développement assez abon- dant, mais les fructifications aériennes sont le plus souvent réduites à un filament dressé, terminé par un petit nombre de spores, quelquefois une seule, comme chez les Acremonium. A côté de cela se trouvent un grand nombre de pieds fructifères affectant une forme en étoile (fig. Go); leur nombre va crois- sant avec l'âge de la culture. Les premiers produits sont aériens, puis on en rencontre un grand nombre dans le liquide; ils y prolongent souvent les branches de l'étoile d'une façon indélinie ; c'est encore un mode de passage à une forme stérile submergée. ETUDE PARTIGCLIERE DE QUELQUES ESPECES I »97 Si l'on ajoute à la solution de peptone à — - — du sulfate de ^ ^ lOO zinc a 0,1 lOO on constate qu'à cette dose, cette substance ne gêne point le développement du champignon, qui fructifie en beaux Glonostachys accompagnés quelquefois d'Acrosta- ^^ L/'J,<{ifr^ FiG. C)o. — (hiltuif (lu Glonostachys sur solnliou , sulfalede cuivre o,i +])eptone 1 ,_ -^^ — — (uross, 020.) 100 lagmus très ramifiés. Avec sulfate de zinc à ioE Lyon. — Beaiveiul;. 13 198 DEUXIÈME PARTIE de pruneau seul, se développent beaucoup d'AcrosLalagmus très simples, des formes de transition, et quelques Clonosta- cliys constituant des arbuscules coniques. Avec 8,7 pour 100 de NaCl, le développement total est un peu moins abondant et la quantilé de mycélium submergé augmente. C'est sur une solu- tion à 7,5 pour 100 qu^apparaissent les déformations des pieds fructifères ; la masse submergée est toujours très importante. Les parties superficielles constiLuent des îlots restreints dont le mycélium, feutré en stroma consistant, se bombe à la sur- face du liquide ou s'arc-boute contre les parois, comme pour présenter le moins de contact possible avec le subsLratum. A la surface de ce stroma se dressent les fructifications, toujours très courtes, affectant parfois la forme d'Acrostalagmus ou de Clonostachys rudimentaire, mais, le plus souvent, à l'extrémité des pieds se forment quelques rameaux qui se divisent bien- tôt en un grand nombre de branches de longueur indéfinie, se pelotonnant en boule. Parfois des filaments produisent quelques spores que l'on retrouve à la surface de la boule. i5 Avec de sel marin, il ne se fait plus de s'ermination. 100 ^ ^ En résumé, la forme Clonostachys domine sur les milieux riches en azote et, en général, sur les milieux les plus nutritifs TAcrostalagmiis se développe surtout sur les substratum hydro- carbonés ou nutritifs incomplets. Une surabondance d'aliment azoté amène une prolifé- ration des rameaux des pieds fructifères et leur stérilité. Une riche alimentation complète provoque l'apparition des formes agrégées. Le sulfate de cuivre, en présence delà peptone à - — , donne ^ ^ 100 lieu à des pieds fructifères terminés en forme d'étoile. La concentration a pour effet d'amener le raccourcissement des pieds fertiles, puis la production par eux de nombreuses ramifications stériles pelotonnées en boule. Il se produit encore un grand nombre de variétés carac- ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 1 99 térisées par leur taille, la disposition et Tabondance des rami- fications, variétés qui se maintiennent indéfiniment sur le même milieu. Affinités. Lorsqu'une spore de Glonostachys germe en cellule lutée exactement, elle produit fréquemment, par suite sans doute de Fatmosphère confinée, un mycélium qui porte des fructi- fications très simples, représentées par un filament dressé qui se termine par une seule spore, quelquefois plusieurs, agglo- mérées en boule (fig.So). Ces formes répondent aux diagnoses des iVcremonium et des Gephalosporium. Il y a là un fait de convergence de formes conidiennes, probablement par retour à des formes ancestràles plus simples. Ceci nous permet d'admettre la parenté étroite de notre Glonostachys avec les Acremoniumei Gephalosporium et la communauté d'une partie de leur évolution phjlogénique : un certain nombre des der- niers se sont maintenus, tandis que d'autres, placés dans de nouvelles conditions, se sont compliqués. Nous avons fait remarquer aussi que le Glonostachys prenait fréquemment la forme Stachylidium. L'autonomie de ce genre est assez dou- teuse et, de fait, on trouve fréquemment chez les auteurs une hésitation à le séparer du genre Acroslalagmus . C'est ainsi que le Stachylidium parasitans Link est appelé Acrosta- laymus parasitans par Corda ; Saccardo fait du S. characeum Corda V Acrostalagnius chai^aceus. Preuss (Hoyersw, p. 88) dit à propos de VA. geniculatus : « Vix hujus generis ; an Sta- chylidium ? » Le Glonostachys araucaria Corda est le Stachylidium araucaria de Bonorden. Nous ne citerons qu'au titre historique les conclusions aux- quelles est arrivé Hoffmann (1854, p. 239): il prétend avoir vu naître du Trichothecium roseum (qui d'après sa descrip- tion est en réalité un Cephalothecium) un Acrostalagnius, qui aOO DEUXIEME PARTIE serait probablement IM. cinnciharinus ou Verticillium ruher- rimum. Bail confirme les dires d'Hoffmann. Mais Loew, en 1874, a constaté que TAcrostalagnius en question était sim- plement parasite sur le Gephalosporium, ce qui explique la fréquente connexité de ces deux formes, qui n'ont entre elles aucune continuité réelle. En 1866 (p. 161), Hallier, qui n'est jamais en retard sur HofFmann pour découvrir des parentés singulières, dit que V Aspergillus gUiucus et le Sùichi/lidium parasitans L. (Acrostalagmus parasitansdoYà^) îoiïi partie d'un même cycle évolutif. Nous pensons avoir suffisamment démontré que la phylo- génie des Clonostachys a dû être Acremonium — Gephalo- sporium — Stachylidium — Acrostalagmus et la parenté de celles de ses formes qui subsistent actuellement Affinité avec les Hypomyces. — M. Cornu a émis l'opi- nion que les Acrostalagmus ne seraient que des formes coni- diennes d'espèces voisines des Hypomyces, et M. Vuillemin a confirmé ces conjectures (Etud. biol. sur les ch., p. 81) en montrant le lien qui existe entre les Acrostalagmus et les Neclria. La connaissance de l'étroite parenté des Clonostachys avec les x\croslalagmus nous permet de rapporter les premiers aux Hypomyces ou à des espèces très voisines. VI OOSPOBA CRUSTACEA Saccardo CHŒTOMIUM OOSPORA Nob., sp. nov. On a constamment confondu sous le nom Oospora crusfacea des plantes différentes. L'espèce que nous étudions ici fut d'abord observée et décrite par BuUiard (Hist. des ch. de France, pi. DIV, fig. 2) sous le nom de Mucor cruslaceus^ puis par de Gandolle dans sa Flore (11,72), où il la fait entrer dans le genre Aegerita de Persoon. Les descriptions de ces auteurs sont du reste incer- taines. Link (^11, p. 87) place ce cryptogame dans le genre Oidium (0. ruhens)^ qu'il caractérise par la présence de filaments byssoïdes, rameux, entrelacés en touffes et dont les extrémi- tés sont composées d'articulations ovoïdes qui, en se séparant, semblent devenir autant de sporules. Link avait bien sous les yeux l'espèce décrite par Corda et Saccardo sous le nom de Oospora cruslacea. Desmazières (1827, p. 246, pi. XXI, x\, fig. i) révoque en doute les observations de ses prédéces- seurs, qui (( n'ont pas saisi exactement l'organisation de cette production singulière ». Il étudie avec soin et crée pour elle le genre Sporendonema et l'appelle Sporendonema casei. Il la décrit ainsi : « Des tubes ou filaments courts, simples ou rameux, continus, presque hyalins, dressés, groupés, d'un cent-vingtième de millimètre de grosseur, contenant dans leur intérieur et presque toujours dans toute leur étendue, de très 202 DEUXIEME PARTIE grosses sporules rougeâlres, arrondies, un peu inégales en diamètre, et souvent fort serrées et comprimées les unes con- tre les autres, mais placées bout à bout sur une seule ligne, de manière que les filaments paraissent comme pourvus de cloisons très rapprochées. » La sortie des sporules a lieu par le sommet des filaments qui, après la dissémination, devien- nent tout à fait hyalins et un peu plus étroits. Quelquefois aussi les sporules sont mises en liberté par destruction de la membrane excessivement mince qui constitue ces mêmes filaments. Le champignon s'étend en larges plaques d'un rouge cinabre des plus vifs sur la croûte des fromages salés. Dans cette bonne description, Desmazières reconnaît pour la première fois la possibilité de la naissance de spores à l'in- térieur de filaments. Il va cependant un peu loin lorsqu'il suppose « que l'on trouvera peut-être, lorsque l'on aura observé avec plus de soin et de persévérance le développement des sporules de la famille entière (Byssoïdées), on trouvera peut-être qu'elles sont toutes formées^ et renfermées quelque- fois pendant un temps assez long, dans l'intérieur de tubes, et qu'elles se répandent au dehors, ou par l'extrémité supérieure de chacun de ces tubes, ou par leur destruction ». Cette géné- ralisation hâtive ne fut pas du goût des mycologues qui succé- dèrent à Desmazières et qui contestèrent jusqu'à l'exactitude de sa description du Sporendonema casei. Corda f/co/?., t. II, p. 8, pi. IX^ fig. 36) pense que Desma- zières s'est mépris dans son observation, et décrit notre espèce sous le nom de Torula casei. Il en fait une Dématiée (Torula) au lieu d'une Mucédinée (Oospora)^ probablement à cause de la teinte d'un rouge foncé qu'a cette espèce. Il la décrit comme champignon à hy plies stériles rampants et rameux, hyphes fertiles, continus à la base, cloisonnés à la partie supé- rieure en chapelets de spores. Spores inégales, sphériques, à membrane hyaline. Le chamj)ignon est d'abord blanc, puis rouge miiiiuin. 11 est commun sur la croûte des fromages de ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 203 Suisse et de Hollande. Cette description et la figure qu'il donne sont très différentes de celle de Desmazières, et il est étonnant que Corda ait pu croire qu'il avait affaire à la même espèce que celle décrite par cet auteur. Toujours est-il qu'il conclut à la suppression du genre Sporendonema. M. Oudemans {i885,p. 1 1 5), a rencontré depuis une espèce non décrite à spores endogènes, qu'il fait rentrer dans le genre Sporendonema, sous le nom de Sp. terrestre. Pour lui, la sépa- ration des spores dans chaque filament, qui en contient plu- sieurs, se fait par une fente circulaire de la paroi, de telle sorte que le filament se trouve divisé en autant d'articles ouverts aux deux bouts qu'il y a de spores. Saccardo [Mich. II et SylL IV), à la suite de Corda, sup- prime le genre Sporendonema et englobe sous le nom de Oo- spora criistacea (Bull.) Sacc. le Sp. casei Desm. et le Toriila casei, Corda. Plus tard (189 1), MM. Prillieux et Delacroix constatent à nouveau les caractères donnés par Desmazières pour son genre Sporendonema, chez une espèce nouvelle, pour laquelle ilscréentle genre Endoconidiuni (1891, p. 116, fîg. i). Ces mycologues découvrirent bientôt l'état parfait de cette espèce qui est le Phialea temulenta nov. sp. Ils émettent l'opinion que divers Oospora de Saccardo, parmi lesquels TO. crustacea (Bull, et Sacc.) qu'ils considèrent aussi comme synonymes de Sporendonema casei, Desm., et où les conidies se forment de la même manière que dans V Endoconidiuni temulentuni, doivent rentrer dans ce genre nouveau. Ceci est très vrai pour le Sporendonema de Desmazières, mais ne saurait s'appliquer à Oospora crustacea., qui n'est point la même plante, comme nous allons le montrer. Nous avons eu la chance de rencontrer à la surface de fro- mages divers, d'une part l'espèce décrite par Corda sous le nom de Torula casei et, d'autre part, l'espèce étudiée par Des- mazières sous le nom de Sporendonema casei. Celle-ci, dont nous figurons quelques éléments (fig. 69), est d'un beau rouge 204 DEUXIÈME PARTIE minium, eL les spores se forment bien à l'intérieur des tubes : elles ont 7 à 8 /u. de dimension, à peu près comme celles du Torula ou Oospora casei^ c'est ce qui a dû favoriser la confu- sion. En résumé^ Sporenclonema casei Desm, et Torula, casei Corda sont des espèces tout à fait distinctes. L'espèce que nous étudions ici répond bien à la diagnose- et aux dessins que donne Corda du Torula casei, et en adoptant la synonymie donnée par les auteurs, nous l'appellerons Oospora crustacea (Bull.) Saccardo. La synonymie de cette espèce sera : Mucor crusfaceus, Bulliard (llist. des ch. de France, 1791- 98, pi. 5o4, fig. 2); Aegerita crustacea, de Candolle (Flore fr., 11,72); Oïdium ruhens, \Àn\.(Observ., II, p. 87) ; Torula ca^ei Corda (Icon., II, p. 8, pi. IX., fîg. 36); Moni- lia miniala. Oospora crustacea Saccardo (Mich., II, p. 545, Fungi italici p. 871). Nous avons observé l'espèce en question à la surface de la croûte du fromage appelé tome en Savoie : il la recouvre d'une couche rouge cinabre d'aspect pulvérulent. Sur le mycélium stérile, rampant, cloisonné et ramifié, se dressent les hyphes fertiles, plus ou moins longs, atteignant fréquemmenl 120 à i5o /^ ; ils sont souvent cloisonnés et sup- portent un chapelet de spores. Les spores peuvent aussi être sessiles sur le mycélium (fig. 61). Les conidies, de dimensions assez variables, ont en général 8 u de diamètre ; leur forme, souvent sphérique, n'est point fixe ; les spores qui sont à la base du chapelet sont cuboïdcs, plus ou moins arrondies sur les arêtes, souvent en communication entre elles par des isthmes non cloisonnés; plus haut, elles sont arrondies et nettement séparées ; enfin, on trouve parfois, à l'extrémité dis- taie des chapelets, des spores plus ou moins pyriformes' tron- quées à la base ; ces chapelets sporifères peuvent présenter une ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 205 ramification vague. Ce caractère fait de cette espèce plutôt un Monilia (Persoon) qu'un Oospora. Dans quelques cas, cer- taines conidies d'un chapelet sporifère peuvent être séparées entre elles par une cellule très petite, qui parait analogue aux disjunctor étudiés par M. Woronine (p. 7) chez les Monilia l'iG.ôi. — Oospora crustacea sur fromage. (Gross, .55o.) des ^'acciniées. Après la dissémination, ces conidies conser- vent sur leur côté étroit ce petit corps en forme de bâtonnet. Nous avons rencontré sur d'autres fromages une moisissure présentant tous les caractères de celles que nous venons de décrire, et qui n'en différait que parce qu'elle était blanche au lieu de rouge. Elle répond à la diagnose du Monilia candida Bonorden, Ilandb., p. 76, fîg. 86). Nous pensons qu'il n'y a là qu'une seule et même espèce; nous verrons le peu de cas qu'il faut faire ici de la coloration rouge que présente souvent l'espèce, car nous pensons que cette coloration rouge est liée à 2(>6 DEUXIÈME PARTIE la présence de bactéries ou de levures qui se développent parallèlement sur le fromage. Si l'on fait des cultures de ce champignon sur différents milieux stérilisés, fromage, pomme de terre, etc., les premières cultures, qui sont encore impures et contiennent les microorganismes en question, présentent la teinLe rouge ordinaire; au fur et à mesure des reports, cette teinte se localise et forme des taches colorées qui ressortent sur le fond blanc du reste de la culture qui, lorsqu'elle est pure, est absolument blanche. Nous invoquerons encore ce fait en faveur de l'opinion que nous venons d'émettre, que nous avons rencontré sur d'autres fromages, dont la croule était protégée par un enduit minéral rouge de plusieurs millimètres, le champignon en question dont la végétation blanche s'était fait jour par les fentes de la couche protectrice : celle-ci avait empêché le déveloi^pement des bactéries et des levures, et le champignon avait conservé sa couleur blanche normale. UOosporâ crustacea^ cultivé sur divers milieux, nous a donné des variétés fort différentes de la forme origine, et pré- sentant des caractères beaucoup mieux définis. Sur pomme de terre, après trois ou quatre reports en tube de Roux, on a une moisissure blanche, à mycélium cloisonné, rampant, à pieds fructifères courts et dressés, rarement simples, le plus souvent ramifiés plus ou moins nettement en verticilles, les derniers rameaux portent les chapelets de conidies. Celles- ci sont pyriformes, tronquées à la base, séparées par de très petits disjunctor, qui ne se rencontraient qu'exceptionnelle- ment dans les cultures origines ; leur surface est tantôt lisse, tantôt échinulée. Dans les cultures plus âgées on trouve quel- quefois des pieds très ramifiés. Avant d'arriver à cette forme nettement caractérisée, le champignon produit une série de formes de transition. Dans les premières cultures, les pieds fructifères sont plus ou moins longs, se raccourcissant cependant d'une façon nette; les spores tantôt communiquent entre elles à l'origine, tantôt ÉTUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES 2O7 sont séparées par une cloison dès le début ; on ne trouve de disjunctor qu'entre les cellules les plus âgées, où il est quel- quefois représenté par un simple prolongement de la conidie qui se séparera ultérieurement par une cloison; enfin, la rami- cation des pieds fructifères, dans ces premières cultures, est très simple: elle se compliquera de plus en plus. F'iG. Ct2. — Développement de l'appareil conidien de Oospora criisiacea. (Gross. 320.) Développement de l'appareil comdien (fig. 62). — Sur le mycélium rampant, se dresse un filament court, simple, sans cloison, qui se dilate à son extrémité en une sorte d'ampoule sphérique, qui s'isole bientôt par une cloison : c'est la pre- mière conidie. A partir de ce moment, se forme une dilata- tion semblable au-dessous de la première, et elle se sépare du filament de la même façon, par une cloison transversale : c'est la conidie n^' 2. Le phénomène se répète et ainsi de suite : la production de ces conidies est donc basipète. Quelquefois le pied fertile reste dans cet état très simple, mais, plus souvent, 208 DEUXIÈME PARTIE en même temps qu'il se produit des conidies à son sommet, il s'étrangle légèrement dans sa partie médiane (fîg, 62, /j, c), une cloison se produit au-dessus de laquelle pousse une ou plusieurs ramifications latérales (d, e). Chacun de ces rameaux secondaires se sépare du filament primitif par une cloison à son extrémité proximale ; il pourra donner à son tour des verticilles de ramifications (fig. 62,h). Le plus souvent la ramification n'atteint pas un degré élevé, et les stades /", ^, sont définitifs. Le nombre des ramifications, leur épaisseur, sont intimement liés à la composition du milieu : sur peptone à , au lieu 100 des ramifications aériennes semblables à celles figurées en (62), on obtient un développement submergé qui comporte des pieds fructifères toujours simples, portant rarement plus d'une spore (fig. 63, a). Il en est de même pour les cultures sur glucose à . Sur fromage de gruyère, les pieds fertiles sont très 100 ^ & j ' 1 fréquemment dilatés à la base (fig, 63, h). Une ramification trapue est le fait de cultures sur l'albumine de l'œuf; sur jus de pruneau, les pieds fructifères sont presque simples (fig- 64). Le mycélium varie aussi suivant les milieux : tantôt il forme un simple feutrage, comme sur pomme de terre, pain presque sec ; tantôt il offre une tendance à la fasciation, comme sur carotte, pain humide. S'il subsiste un peu de liquide libre baignant le pain, le caractère de fasciation du champignon qui y croît est très accentué et il s'y produit une véritable forme agrégée. Lorsque la végétation du mycélium est submergée, tantôt les filaments ont une forme régulière comme dans I A • "* peptone à , tantôt ils présentent sur leur trajet d'énormes utricules à paroi mince comme sur jus de pruneau (fig. 64); y I . sur glucose , ils sont régulièrement dilatés (fig. 63, e). ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES 209 L'appareil fructifère se ressent également des modificalions du milieu. Les spores en culture sur pomme de terre sont 0 ,9 0. 0 0- 0 S FiG. 63. — Formes l'iuclirôivs de Oo^poi-acrustacea véyélaiit sur divers milieux. (Gross. 4i^-) FiG. ()4. - Végétation Aq Oospora criistacea sur jus de pruneau. (Gross. 416.) tantôt lisses, tantôt hérissées de petits bâtonnets ; sur peptone à , celles qui se produisent à l'air sont toujours très nette- 100 ^ ^ -^ ment échinulées, tandis que celles qui se forment à Tintérieur 2 I o DEUXIÈME PARTIE du liquide sont toujours lisses ; il en est de même pour celles aiii se produisent à l'intérieur de la solution de glucose à ^ i " lOO Elles ont encore leur membrane généralement lisse lorsque le champignon se développe sur fromage, albumine de l'œuf, etc. Elles sont échinulées, au contraire, sur pain^ jus de pruneau, etc. Sur ce dernier milieu la disposition des conidies est très particulière (Hg. 64) ; elle se fait latéralement par rapport à la spore précédente. Ce champignon s'accommode mal des milieux liquides, où son développement est toujours plus faible qu'en milieu solide. Il ne supporte pas les concentrations un peu fortes, c'est ainsi qu'il ne donne lieu à aucun développement dans jus de pru- neau additionné d'acide tartrique i,5,ou dans Peptone i H- Na Cl 1,8 100 Pérîtlicces. Nous les avons observés au mois de juin dans des cultures sur pomme de terre en tubes de Roux, qui dataient du mois de janvier. Ces tubes étaient fermés à l'aide de tampons de coton très serrés et recouverts avec un capuchon de caout- chouc ; la communication du milieu intérieur ne pouvait se faire avec l'atmosphère. Le tapis blanc de la végétation coni- dienne était tacheté en maints endroits de petits corps d'un vert noirâtre, que nous reconnûmes être des Chœtomium. Nul doute qu'il ne faille attribuer leur apparition au fait d'une végétation prolongée au sein d'une atmosphère confinée, car ils ne se sont jamais produits sur des cultures librement aérées. Ces périthèces sont l'état parfait de l'Oospora, car les tubes n'avaient point été touchés depuis leur ensemencement et ils ne s'y sont montrés que fort tard ; de plus, nous avons pu observer, parfois, la régénération de l'Oospora par les asco- spores du Chœtomium. Le mycélium produit par l'ascospore ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES 2 I I donne tantôt la forme conidienne, tantôt la forme ascophore. Cependant, et cela a lieu chez beaucoup d'Ascomjcètes, le Peziza Fuckeliana, par exemple, une forme une fois produite a une grande tendance à se maintenir, et le passage de l'une à l'autre est généralement fort difficile. Pour que s'opère le pas- sage de la forme conidienne à la forme parfaite, il faut un ensemble de conditions qui se trouve rarement réalisé. Dans le cas particulier de FOospora, on conçoit que l'on n'ait pas eu l'occasion de constater la production des périthèces, car il ne doit pas tomber souvent sous les yeux des mycologues des fro- mages ayant séjourné six ou sept mois dans une atmosphère confinée. DiAGNOSE. — Périthèce de forme ovoïde ayant 256 ^x; 233, percé d'un tube dans la région apicale, par lequel s'effectue la déhiscence des spores. Il est complètement recouvert de poils bruns, cloisonnés^ à membrane épaisse, cutinisée, générale- ment dressés et un peu ondulés à la partie supérieure du péri- thèce, et rayonnants dans la région inférieure et médiane; ils servent dans cette partie à la fixation du périthèce au substra- tum. La répartition et la longueur des poils deviennent homo- gènes si le champignon se développe dans un espace restreint, comme, par exemple, lorsqu'il est comprimé entre le substra- tum et la paroi du récipient. Les asques sont renflés en massue et assez longuement pédicellés, ayant, en général, 70 y. long X18 p. large dans la partie sporigène. Les ascospores sont hyalines, puis roses avant la maturité, et d'un brun olive à maturité; elles ont ii-i2juXg 10 /a, et présentent, très légè- rement indiquée, une forme en citron. Le canal apical est complètement dépourvu de périphyses^ * Mot employé par Fûisting (1867, p. 179), pour désigner des asques stériles qui ferment la bouche du canal, eu convergeant de chaque côté vers le milieu de celui-ci. A l'encontre des paraphyses, elles ne sont jamais mêlées aux asques dans l'hyménium. Elles manquent rarement. 1 I 2 DEUXIEME PARTIE Noire espèce se rapproche beaucoup du (Ihœtomium Kun- zeanum Zopf (Ch. glohosum Kunze). Elle en diffère surtout par ses dimensions plus faibles : 256 aX!233, au lieu de 3oop- X;25o, par l'absence de périphyses et par la forme conidienne. La forme conidienne habituelle du Chœlomium oospora, celle que nous avons décrite d'après des cultures sur pomme de terre, par exemple, a de grandes affinités de forme avec celle qu'a décrite Zopf pour le Chœlomium Kunzeanum.^We s'en dislingue par ses dimensions beaucoup plus grandes et par la capacité qu'ont ses conidies de germer, capacité dont sont tolalement dépourvues les conidies de l'Oospora du Ch. Kunzeanum. D'autres Chœlomium et des Sordaria, genre très voisin, possèdent encore un appareil conidien Oospora dont les spores sont d'ailleurs incapables de germination. On a trouvé aussi chez les appareils conidiens des Chœlomium des types fort différents. Ainsi M. Boulanger, en iSqS, a constaté que le Sporotrichum vellerum Sacc. et Speg. (forme conidienne très simple^ chez laquelle les spores naissent directement sur des dents des ramuscules mycéliens) peut donner naissance à une forme parfaite Chœtomium : le Ch. cunicularum Fuckel. En 1 897, le même auteur trouve une nouvelle forme conidienne de Chœtomium, le Dicymu ampullifera. Le Chœlomium chartrarum Berk, Winler (Ch. Berkeleyi Schrôt.) a son ouver- ture apicale surmontée de longs poils ramifiés, qui portent eux- mêmes des groupes de conidies sur certaines de leurs ramifi- cations ullimes. Développement du Chœtomium. — Il est toujours utile d'examiner le développement d'un périlhèce, à cause de l'in- térêt qui s'allache à la question, si discutée, de la sexualité des champignons supérieurs. Tulasne (1867) avait cru trouver chez les Ascomycètes des appareils réalisant la fécondation. Ses idées furent adoptées par de Bary ( i863, 1870), Woronine (1866, 1870), Baranelzki (1872), Janczewski (1871), Gilkinet (1874; et Brefeld ( 187/1). Cette théorie de la sexualité, qui avait ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES 2 I 3 pour elle les plus illustres mycologues, fut généralement adoptée et devint classique. Cependant, M. Van Tieghem lui était complètement opposé et écrivait (iSyS, p. ^66) que « du rapprochement au contact, ou même de la soudure de deux des parties constitutives du jeune fruit, il ne paraît pas légitime de conclure, en dehors de toute autre preuve, à une action de l'une sur l'autre, à une fécondation ». On sait que M. Dangeard paraît avoir résolu la question. Il se refuse à voir, dans le phénomène de contact des premières branches origines du fruit, un cas de fécondation. Il admet qu'un de ces rameaux, 1' « ascogone », formera une cellule à deux noyaux d'origine différente, dont la fusion produira l'œuf. Tout se passe à l'intérieur de l'ascogone, et M. Harper paraît avoir été victime d'une illusion lorsqu'il a cru voir s'opérer la fusion des noyaux du pollinode et de l'ascogone. M. Dangeard a constaté, en 1897, que le noyau supérieur de la branche anthéridienne de de Bary (noyau de l'anthéridie proprement dite) entre fréquemment en dégénérescence, et si, à ce moment, le noyau de l'ascogone est double, on pourra croire qu'une fusion s'est opérée Cependant, les études de Thaxter sur le groupe si curieux des Laboulbéniacées, champignons ascomy- cètes ou du moins très voisins, ont mis en évidence chez ces êtres une reproduction sexuée des plus nettes, rappelant celle des Algues Floridées. L'historique de la question du développement des Chœto- mium se ressent de toutes les vicissitudes de cette discussion. M. Van Thieghem (1873-76-82) a, le premier, constaté, chez les Chœtomium, la présence d'un carpogone semblable à celui des Eurotium. De la base de ce carpogone s'élève une branche plus ou moins appliquée contre lui; elle se ramilie bientôt en donnant des filaments qui entourent la pelote du carpogone. Cette pelote ou spire terminant celui-ci constitue l'ascogone proprement dit. A propos de la sexualité de ces organes, M. ^ an Tieghem dit qu'il a bien vu parfois un rameau émané de la base du carpogone, non encore enveloppé, s'anas- Umv. nu Lyon. — Heai ^ep.ii:. 14 2l4 DEUXIÈME PARTIE tomoser avec lui; mais, précisément, à celte copulation cor- respond toujours un arrêt de développement, une véritable stérilisation. Zopf (Nov. Acta^ XLII, p. 200) ne voit, au contraire, aucune différenciation en ascogone au début de la formation du péri- thèce, et pense que celui-ci provient d'un simple peloton- nement des hyphes végétatifs. Les dires de Zopf seront à leur tour combattus par Eidam (i883), qui trouve comme M. Van Tieghem un ascogone. Zukal (i885), dans ses recherches sur le Chœtomium crispatuin^ confirme l'opinion de Zopf. Oltmanns ( 1887) étudie le développement du Ch. Kunzeanum Zopf et de quelques autres espèces. Il constate que Ton a souvent, au début, un carpogone, mais qu'il peut manquer. Il a vu fré- quemment le poUinode de M. Van Tieghem, et il a observé qu'il peut faire défaut dans beaucoup de cas (comme l'avaient déjà signalé Van Tieghem et Eidam) ; on a parfois sur un même substratum des débuts de périthèce avec et sans poUi- node : il se refuse donc à voir dans leur existence ou leur absence, le résultat de l'influence du milieu. Le pollinode représente seulement, pour M. Oltmanns, le premier hyphe de l'enveloppe. Ces hyphes peuvent apparaître en différents points : tantôt sur le pédicelle, immédiatement au-dessous de l'ascogone en vrille, tantôt sur la surface totale de ce pédicelle; d'autres fois aux hyphes nés du pédicelle viennent s'en adjoindre qui proviennent des hyphes voisins, enfin, les hyphes d'enveloppe se produisent en grand nombre avant l'apparition de Tasco- gone. Nous avons constaté la même irrégularité. Le carpogone est quelquefois bien différencié, mais il manque dans d'autres cas, el les hyphes enveloppant naissent le plus souvent du filament mycélien, sur lequel s'est dressé l'ascogone (fig. 65, Il et III). Quelquefois, les filaments du mycélium se divisent en bran- ches très ténues, qui se pelotonnent en formant de petites boules blanclies, qui peuvent faire croire, à un examen macro- ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES •21: scopique de la culture, à la présence de l'appareil conidien.Ce sont probablement des débuts de formation de périthèce, for- mation plus ou moins avortée, car nous n'avons pu observer leur transformation complète en périthèce. Il n'existe pas de trace de carpogone dans ce cas; d'ailleurs, les fdaments sont FiG. 65. — Développement du Ckœtominm Oospora. (Gross. 32o.) tellement embrouillés, que le carpogone serait très difficile à voir pour peu qu'il ait subi le même amincissement que les autres filaments. Dans notre espèce, les poils rigides cutinisés apparaissent de très bonne heure, alors que la pelote de fila- ments est à peine formée. Dans le Chœtomiiim Kunzeaniim. d'après les figures d'Oltmanns, ils paraissent ne se montrer à cet état que pour un stade avancé du développement du cham- pignon. Dans l'intérieur du jeune périthèce se trouve un tissu homo- gène qui se différenciera plus tard en paroi et cellules asco- 1 1 6 DEUXIEME PARTIE gènes. On peul trouver dans des périthèces plus âgés des lambeaux de ce tissu à l'intérieur de la paroi. M. Oltmanns dit avoir trouvé sur des coupes relativement âgées Fascogone FiG. Gf>. — Chuilomiuin Oospci-u, I, fruil très jeune ; II, fruil plus âgé; III, périlhèce adulte. (Gross. 240.) intact; plus tard, suivant cet auteur, cet ascogone produit un tissu ascogène qui croît beaucoup moins rapidement que la paroi, d'oîi il résulte la production d'un espace vide du côlé où se formera le pore. Nous avons fait des coupes en séries dans un 1res grand nombre de fruits, mais nous n'avons jamais pu en ren - contrer qui présentassent au milieu d'elles rascofifone différencié, La bouche apparaît très peu de temps avant la maturité des Fjg. 67. — l'ore iipical du (J,hœl<>miuni Oospuni , ^Gicjss. 240.) 217 ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES spores, ce qui fait que la grande majorité des coupes offre une FiG. 68. — Chœtomium oospora. Périthècc et appareil conidien. enveloppe complète, comme cela a lieu pour les Ghœtomidium, Les poils de la région apicale re tiennent, plus ou moins long- 21 8 DEUXIEME PARTIE temps après la déhiscence, des masses d'ascospores. On peut observer sur les coupes (fig. 66) que les poils peuvent avoir leur départ non seulement dans la couche superficielle, comme le dessine Zopf, mais aussi dans les couches les plus profondes. Résumé : Oospora crustacea et Sporendonema casei sont bien des espèces différentes, faisant même partie de genres différents. La coloration rouge de VOospoi^a crustacea est probable- ment concomitante du développement de bactéries ou de levures. L'Oospora crustacea, cultivé sur différents milieux, donne lieu à des variétés diverses, dont la plus typique est constituée ^p, par un pied fructifère simple, ou plus souvent ramifié d'une façon pénicil- loïde, supportant des spores pyriformes de 7-8 iJ. de long, tronquées à la base. Cette forme peut elle-même se modi- fier suivant les milieux ; ses modifica- tions portent sur le mycélium, sur le degré plus ou moins élevé des ramifica- tions, la disposition solitaire ou en chapelet des spores, la membrane lisse ou hérissée de petits bâtonnets de celles-ci, leur insertion les unes par rapport aux autres, suivant leur grand axe ou latéralement. La végétation longtemps prolongée de cette forme conidienne dans une atmosphère confinée amène la production de la forme parfaite : le Chœtomium oospora sp. nov., voisin du Gh. Kun- zeanum Zopf. Nous en avons suivi le développement , nous n'avons rien observé qui décelât une reproduction sexuée. FiG. 6;;. — Sporendonema casei (Desm.). YIl SCLEROTINIA FUCKELIANA (de Bary) Fuckel LE BOTRITIS CIJSEREA (Persoo^) ET LA MALADIE DE LA TOILE Le Sclerotinia Fuckeliana est une des meilleures espèces de champignon pour étudier les différentes catégories de poly- morphisme : celui qui est devenu héréditaire et s'est affranchi dans une large mesure de l'influence du milieu, et celui que l'on peut créer actuellement en mettant enjeu les plus gran- des modifications que nous puissions apporter aux conditions de milieu. Le Sclerotinia Fuckeliana est une espèce de champignon ascomycète fort répandue dans la nature. Le cycle de son développement est complexe, et l'on a été assez longtemps avant d'en réunir les éléments, qui sont constitués de formes que Ton croyait nettement séparées et autonomes. On connaît généralement cette espèce par sa forme conidienne, dont Per- soon avait fait une espèce distincte sous le nom de Botrytis cinerea^ appelé encore Polyactis cinerea par Link. Cette moi- sissure, de couleur gris cendré, se rencontre fréquemment et abondamment sur toutes sortes de végétaux en voie de décom- position ; elle est généralement saprophyte. Le Sclerotinia Fuckeliana forme encore de petits sclérotes noirs de 2 à 4 rnm x: i à 2,5 millimètres. On les trouve en automne et en hiver sur les feuilles mortes de la vigne ; ils se produisent encore facilement dans les cultures sur carotte, par 220 DEUXIEME PARTIE exemple, Tl peut arriver que plusieurs scléroles voisins, en se fusionnant, donnent d'importantes masses noires mamelonnées. Fuckel avait décrit cette forme comme espèce sous le nom de Sclerotium echinafum. Mais si, après quelque temps de vie, Ci^ Img. ji). — Dévoloppement des crampons du Bofri/fis cineren. ((jross. aia.) latente de ces sclérotes, on les dépose sur le sable humide, ils entrent en germination el donnent le Bolrylis cinereasû» sont superficiels, et, s'ils sont enfoncés à plusieurs millimètres de profondeur, de telle sorte que la quantité d'air soit insuffisante pour permettre la produclion de l'appareil conidien, ils pro- duisent une petite Pezize de couleur brunâtre, de consistance ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 22 1 céracée, d'abord fermée en boule, s'ouvrant ensuite en forme de coupe, puis de plat finement bordé. La surface est recou- verte par un hjmenium constitué d'asques cylindriques octospores, entremêlés de paraphyses filiformes ; les ascospores ont de 9 à lo a >C 5 à 6 y.. Cette cupule est supportée par un pied cylindrique de 2 à 10 millimètres de long. C'est à de Bary que revient l'honneur d'avoir fait l'idenlifi- cation du Botrytis cinerea avec la forme ascosporéePesï^a Fiic- FiG. 71. — Ci'ampons formés par les filamcnls mycrlieiis (lu Bo/rijlis cinerea au contacl d'uiip cloison. (Gross. 212 ) keliana. de By, mais il vaut mieux ranger ce végétal dans le genre Sçlerotinia, que Fuckel a créé pour les Pezizes portées par un sclérote, et l'appeler Sclerotina Fuckeliana (de By) Fuck. Certains auteurs émettent encore quelques doutes sur cette identification. M. Brefeld a cultivé des sclérotes qui lui ont donné la forme conidienne, mais jamais la fructification asco- sporée. Les observations récentes de M Uavaz, qui a vu des sclérotes produire simultanément les formes Botrytis et Scie- 222 DEUXIEME PARTIE rotinia, nous paraissent lever les doutes à cet égard. Toujours est-il qu'il y a une tendance très nette au maintien d'une seule et même forme chez les descendants, et que le passage de Tune à l'autre est tout à fait exceptionnel. Les deux formes Boiry- tis et Sclerotinici sont nécessaires pour que le cycle évolutif de l'espèce se trouve fermé. La forme normale du Botrytis cinerea esi bien connue. Elle est constituée par un mycélium cloisonné sur lequel se déve- loppent des filaments fructifères de i à 2 millimètres de long, qui se ramifient quelquefois sur leur parcours, mais bien plus souvent à leur extrémité, en grappe composée ou panicule dont les rameaux ultimes sont renflés et portent les spores. Link a même groupé ces formes, dont les filaments fructifères se terminent en boule, en un genre Polyactis qu'il oppose au genre Botrytis dont les représentants ont des arbuscules terminés en pointe. Ces têtes sont renflées et couvertes de conidies assez volumineuses de 8 à 9 // X 6 y.. Après sa matu- rité-et la chute des spores, le premier panicule se flétrit, mais l'axe continue de croître et donne un deuxième panicule au- dessus du premier ; il s'en forme ainsi une série les uns au- dessus des autres. Les anciens ne sont plus indiqués'queparune branche desséchée ou même un simple renflement de l'axée Transformation de la forme conidienne du Sclevotinia Fuckeliana en une forme stérile stable. En cultivant le Botrytis cinerea à la température constante de 3o degrés, sur un grand nombre de substratum, nous avons pu constater la production de curieuses transformations s'efTec- * M. Ray a observé (1899) sur un cerlain nombre de plantes horticoles, diverses formes de Botrytis, voisines du B. cinerea. Par analogie avec les variations que l'on peut obtenir expérimentalement dune même forme transportée sur divers milieux, M. Kay conclut que ces variétés de liotrytis observées dans la nature, sur des plantes diverses, sont le produit de la variation d"une même forme type. ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 22 3 tuant de façons diverses avec des intensités variables suivant les milieux. En général, à côté des têtes fructifères normales, on en voit YiG, 72, — Stades de passage du Botrytis cinerea a sa forme stérile. Tètes fructifères peu modifiées en A, beaucoup plus en B (h^, b^, b^). (Gross. 400,) dont les spores sont allongées et quelquefois cloisonnées, mais dont l'aspect rappelle encore la forme primitive ; d'autres tètes fertiles se hérissent de filaments courts encore, présentant à leur base un renflement qui indique que la spore a subi une sorte de germination sur place ; d'autres têtes portent des fila- 2 24 DEUXIÈME PARTIE ments beaucoup plus longs et cloisonnés, sans trace de renfle- ments basilaires ; déjà alors, mais surtout dans des générations ultérieures, on voit les éléments de ces têtes s'allonger, si bien que l'on ne reconnaît plus la position des appareils fructifères que par l'abondance plus grande des ramifications en certains points. Cette dernière indication disparaît elle-même sur cer- tains milieux, et l'on n'a plus qu'un mycélium irrégulièrement ramifié (fîg. 72). Ija forme stérile du Botrytis einerea constitue l'affection parasitaire des végétaux appelée Toile par les horticulteurs. Avant de donner le détail des expériences qui nous ont conduit à faire cette identification, nous voudrions rappeler ce qu'est cette maladie, qui cause dans les serres à multiplication et sous châssis de culture des ravages considérables, et les dis- cussions qu'elle a provoquées chez les botanistes. Elle est constituée par les filaments mycéliens d'un champi- gnon qui courent sur le sol, forment un lacis, une sorte de toile à sa surface, et pénètrent plus ou moins profondément entre les particules de la terre. Ce mycélium détruit les semis et les boutures en les coupant au niveau du sol. Le végétal ainsi sectionné devient rapidement l'hôte des organismes de la dé- composition, bactéries ou champignons. Ce mycélium ne porte pas de fructifications. C'est cette absence de fructification du champignon auteur de la maladie qui a longtemps déconcerté les mycologues qui se sont occupés de la Toile, et qui fait de celle-ci un cas par- ticuHèrement intéressant au poiut de vue scientifique pur comme au point de vue pratique. Plusieurs savants botanistes ont déjà étudié la Toile*. ' Maiigin, sur la Toile, aircction parasitaire de certains végétaux (liul- lelin (le la Société de hiolnçfie, mars 1894, et G. li., avril 1894).— Pnl- lieux et Delacroix, Comptes rendus de TAcadémie des sciences^ avril ,894. — M. 11. Gérard s'est livré à plusieurs reprises à d'intéressantes ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES 220 MM. Prillieux et Delacroix disent que lorsque la plante est attaquée par la Toile, elle languit, se fane, ses feuilles noircis- sent. Bientôt elle se putréfie complètement et « se couvre alors de fructifications du Botrytis cinerea, qui est véritablement le parasite qui, à Tétat stérile, a pénétré dans son collet et ses parties souterraines et l'a tuée ». On sait combien les spores du Botrytis cinerea sont répan- dues dans l'atmosphère et avec quelle facilité elles germent et se développent sur les végétaux en décomposition. On ne peut donc pas dire a prioin que le Botrytis cinerea, que l'on voit apparaître sur le végétal tué par la Toile, provienne de celle-ci. M. Mangin, qui le premier avait attribué la Toile à un Botrytis, fait judicieusement cette remarque, dans une note postérieure à celle des éminents agronomes que nous venons de citer. Plus tard, un journal d'horticulture belge rend Y Acrosta- Ingmus r7//)f/5(Preuss) responsable des méfaits de lafoile. Cette délicate mucédinée, d'un blanc éclatant, se rencontre assez fré- quemment dans la nature , où elle vit en saprophyte . Nous l'avons rencontrée aussi à plusieurs reprises sur des cultures âgées de Toile, où elle était toujours associée à la forme Clonostachys qui en est d'ailleurs très proche. Nous avons dit, au chapitre « Clonostachys », ce qu'il faut penser de cette identification. Il y a deux ans, notre excellent maître, M. R. Gérard, voulut bien nous conseiller d'étudier cette maladie. Il fallait d'abord élucider la question controversée de la spé- cification de la Toile. Le moyen le plus simple était de cultiver le mycélium en question et de suivre dans des cultures pures le développement ultérieur de la Toile en attendant qu'elle fructi- fiât. En général, et surtout quand l'on varie les conditions de végétation d'un mycélium ainsi ensemencé, il ne tarde pas à donner des fruits qui permettent de fixer son état civil. Pour la Toile, ces fructifications ne se sont pas montrées après deux considérations sur la Toile, dans le Jourii.il de la Sociélé d'IiorlicuUure pratique du Rhône, notamment en 1897, p. 98 et 108. 226 DEUXIEME PARTIE ans de culture, et cependant nous avons varié les conditions d'humidité, de température, d'éclairage et de substratum. Nous observions seulement quelques modifications dans la forme et les dimensions des cellules, et la condensation fré- quente du mycélium en énormes stroma bruns noirâtres. Nous avons pensé alors à suivre une marche inverse, c'est- à-dire à réaliser la Toile en partant du Bofrytis cinerea, parce que notre insuccès nous faisait penser que nous avions, dans le mycélium constituant la maladie, une véritable race stérile devenue incapable de retour à sa forme primitive. Cette méthode nous apleinement réussi, comme nous l'avons indiqué ci-dessus. Nous avons pu transformer le Botrytis cinerea en une forme stérile dont l'identité avec la Toile ne peut laisser de doute, car elle en possède tous les caractères et produit les mêmes effets destructeurs sur les semis et les boutures. Conditions qui président à la production de la Toile et autres formes stériles du Botrytis cinerea. Examinons dans quelles conditions s'opère le passage de la forme conidienne Botrytis aux formes stériles. Le tableau sui- vant résume pour quelques cas l'influence de la composition chi- mique et physique du substratum et celle de la température. Les observations sont faites cinq ou six jours après l'ensemencement. COMPOSITION TEMPÉRATURE CONSTANTE TEMPÉRATURE DU LABORATOIRE DU SUBSTIîATUM DE 3o» i4 à 18° Liqueurde Développement très abon- Développement très abon- Raulin. dant. — Toutes les têles dant. — Toutes les têtes fructifères sont transfor- fructifères sont normales. mées. Pierre j)once Développement abondant. imbibée de — Transformation pres- licjueur de que générale. — Tendance Raulin. à la production de spores normales quand la cul- ture se dcsséclie. ÉTUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES 227 COMPOSITION TEMPÉRATURE CONSTANTE TEMPÉRATURE DU LABORATOIRE DU SUBSTRATUM DE :)o" (14 à l8«) Solution de Développement abondant. Développement plus abon- peptone à — Toutes les tètes trans- dant. — Toutes les tètes 25 et 4o%oo- formées. normales. Bouillon de Développementahondant. — Développement plus abon- viande. Pas de spores normales. dant. — Toutes les tètes — Parois fréquemment normales. ondulées. — Formation de cellules géantes (voir fig. 73, c). Gélatine nu- Transformation presque gé- Développement normal. tritive. nérale. Lait. Développement abondant. — Développement plus abon- Transformation générale. dant et normal. — Les têtes fructifères donnent lieu à un bour- geonnement particulier (voir fig. 73, a et /)J. Eau de levure. Développement faible et Développement moins fai- anormal. ble. — Rares fructifica- tions normales. Liquide de Rau- Développement très faible linsans azote. et anormal. Amidon. Développement assez faible. Développement normal et — Transformation des tè- plus abondant. tes fructifères presque gé- rale. Carotte. Transformations deviennent On trouve quelquefois, mais très fréquentes vers la très rarement, des têtes quatrième ou cinquième modifiées, surtout au bout culture. — Le développe- d'un grand nombre de cul- ment redevient plus ou tures. moins normal quand la culture se dessèche. Pomme de terre Comme ci -dessus, mais transformation plus tar- dive. Fructification normale. Solution glucose 10/1000. Développement peu abon- Développement un peu plus dant. — Transformation abondant. — Mycélium générale. — Formation de produit quelques rares nombreux paquets adhé- fructifications normales. sifs sur les parois latérales — Nombreuses gouttelet- ou sur le fond du réci- tes huileuses. — Pas de pient. sporidies. 22 8 DEUXIEME PARTIE COMPOSITION DU SUBSTRATUM Solution glucose 40/ lOOO. TEMPERATURE CONSTANTE DE 3o» DéveloppemenI laible. — Le mycélium ne donne au- cune trace de fructifica- tion. Terre humide imbibée avec liqueur Rau- lin. Terre humide. Transformation totale. — Le mycélium, très irrégu- lièrement ramifié, a l'as- pect floconneux et est plus ou moins dressé Transformation totale. — Le mycélium est rampant et présente absolument l'aspect et la structure de la Toile. — Cette toile expérimentale, cul- tivée sur d'autres mi- lieux, pomme de terre, carotte, etc., présente l'as pect habituel des cultu- res de Toile authentique et est incapable de retour à la forme type. — Elle dé- truit rapidement les se- mis el les boutures. TEMPERATURE DU LABORAIOIRE (14 à 18") Développement assez abon- dant d'un mycélium grêle produisant des sporidies. — Pas de fructifications normales. — Plus tard, fructifications anormales particulières; les filaments et spores modifiés s'allon- gentbrusquement en fila- ments extrêmement min- ces. — La membrane pro- duitunabondant mucilage. Transformation moins com- plète.— Présence de pieds fructifères modifiés et sté- riles, mais reconnaissa- bles, puis normaux. DéveloppemenI total plus abondant que ci-contre. — Têtes transformées, pro- duction d'un mycélium floconneux s'étendani sur le subslratum. — Culti- vée sur d'autres milieux fait retour à la forme Bo- trytis. — Maintenue à basse température elle est peu dangereuse. Ce tableau nous montre la grande inihience de la tempéra- ture. Il nous apprend aussi que la terre humide est malheureu- sement le substratiim qui convient le mieux à la transformation du Botrytis, qui a une tendance à produire la Toile sur ce milieu, même à basse température. Il nous fait voir encore qu'une alimentation médiocrement riche est nécessaire, puis- que, si l'on arrose la terre avec le liquide de Kaulin, on n'a plus une transformation identique à la Toile, et qu'avec des sub- ETUDE PARTICULIERE DE QUELQUES ESPECES 229 stralum très nutritifs, entre autres les milieux riches en azote, on a, vers 3o degrés, production de formes stériles qui ne sont point la Toile ; on y reconnaît toujours plus ou moins la ramification du Botrytis. FiG. 7.3. — Tèles mopifîées et stériles du liotrylis cincrea : a cl h, sur lait à 3o degrés ; c, sur bouillon de viaude à 3o degrés ; d, sur lait à 3o degrés et à Tobscurilé. (Gross. 5oo.) Influence de la Lumière Les travaux de Rindfleisch, de Ludwig Klein ^ tendent à établir que le Botrytis cinerea forme ses conidies exclusive- ^ Ueber die Ursachen der ausschliesslich niichtlichen Sporenbildung von Bol r y Us cinerea (Bot. Zeit., i885). Umv. de Lyon. — Beauverie 15 2 3o DEUXIÈME PARTIE ment à l'obscurité; les expériences de Lendner^ confirment en partie celle donnée, avec celte réserve que l'obscurité ne favorise pas autant leur production que la lumière rouge. Nous avons voulu voir si l'obscurité complète serait un obstacle à la réalisation de la forme stérile. Les ensemencements sur lait, liqueur de Uaulin, bouillon de viande, en flacons d'Erlenmeyer enduits d'une épaisse couche de vernis noir et maintenus à 3o degrés, ontdonné un abondant développement de la forme transformée, avec quelques parti- cularités. Dans les cultures sur liqueur de Raulin et sur lait, les parois présentent fréquemment d'énormes épaississements; de plus, dans les cultures sur lait, les filaments des têtes fructi- fères modifiées présentent le curieux enroulement figuré en I, (1. Sur bouillon de viande, on a, avec exagération, les modi- fications indiquées sur le tableau pour la température de 3o degrés ^. Influence de l'Humidité Nous avons utilisé, pour mettre en évidence celle iiilluence, la notion des tensions de la vapeur d'eau au-dessus des solu- tions salines, en adoptant le dispositif décrit par nous au cha- pitre « Technique ». Nous avions fait deux séries de cultures, dont l'une fut mise à l'étuve à 3o degrés et l'autre maintenue à la température ordi- naire. Examinées six à sept jours après l'ensemencement, nous constations les faits suivants : ^ Des influences combinées de la lumière cL du subslraLum sur le développement des champignons C/l/iu. des se. /îa/.^ 8® série, t. III, 1897, p. 42). - Nous ferons remarquer que si Ton mainlienl à 3o degrés les semis ou boutures lues par la Toile, on ne voit pas apparaître sur eux les conidies du Bolrylis. Il n'en est pas de même pour des débris végétaux placés sur terre humide ensemencée avec le Botrylis, à la température ordinaire. Il se produit alors de la Toile sur le sol et un abondant développement de conidies sur le végétal. ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 281 LE RÉCIPIENT CONTIENT : Eau pure. Eau avec 10 % NaCl. Eau avec 20 <* q NaCl. Eau saturée de NaCl. TEMPÉRATURE DE So" Toutes les tètes fructifères sont transformées. La plupart des tètes fructi- fères sont normales, quel- ques-unes transformées. Faible développement . — Tètes généralement nor- males. Développement nul. TEMPERATURE ORDINAIRE (14 à 18°) Le développement total est plus abondant. — A côté de têtes nettement trans- formées se trouvent des tètes à spores normales. Presque toutes les têtes sont normales. Toutes les têtes sont nor- males. Développement nul. Ce tableau nous montre que si la température a une grande influence, l'état hygrométrique en a une plus grande encore, puisque la transformation (partielle il est vrai) du Boirytis en Toile, peut se produire même à la température ordinaire, pourvu que latmosphère soit 1res humide. L'aptitude du végétal à se transformer diminue brusquement si la sécheresse de l'atmosphère augmente. En résumé : état hygrométrique voisin de la saturation, température de 3o degrés au plus, atmosphère confinée (sans qu'il y ait manque d'air) sont les conditions qui, réunieS;, favorisent au plus haut degré la production de la Toile. L'humidité agissant seule peut provoquer également cette transformation, mais en ne donnant lieu qu'à une transforma- tion partielle, produisant une Toile moins dangereuse. Nous avons constaté ce dernier fait en ensemençant la Toile obtenue à basse température sur des pots contenant des bou- tures et des semis. 202 deuxieme partie Influence d'une atmosphère confinée Des cultures sur gélatine nutritive, sur carotte et pomme de terre, faites dans des tubes de Roux dont le tampon d'ouate a été repoussé vers le milieu du tube pour en diminuer la con- tenance, puis recouvert d'une couche épaisse de parafiine, donnent lieu : A 3o degrés : développament très faible de la forme anor- male. A la température ordinaire : développement un peu moins faible de la forme anormale. Les filaments mycéliens sont plus minces que de coutume et pénètrent plus profondément dans le substratum. Ici, l'humidité ajoute son effet favorable, mais le manque d'air provoque assez rapidement l'arrêt de tout développement. La Toile produite dans certaines conditions constitue une race fixée, issue du Botvytis cinerea. Nous avons dit comment nous avons pu cultiver pendant plusieurs mois de la Toile prise dans des serres à multiplication, sans que jamais elle se modifiât. En sera-t-il de même de la Toile artificiellement réalisée ? Si Ton fait des cultures de mycélium produit sur terre humide à 3o degrés, on le voit se comporter, sur quelque milieu que ce soit, d'une façon identique à la Toile des serres et ne donner jamais de fructifications, même si on le place à la température ordinare. Il n'en est plus ainsi si l'on fait des cul- tures avec le mycélium obtenu sur terre humide à la tempéra- ture ordinaire. Dans ce cas, au bout de quelque temps, se montrent des têtes d'abord très modifiées, puis normales. Le retour à la forme type s'effectue au bout d'une période de temps à peu près égale à celle qu'a nécessité sa transformation. Les formes moins modifiées, obtenues à 3o degrés sur milieux ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 233 autres que la terre, font retour dans les mêmes conditions, si elles sont ensemencées sur les milieux correspondants main- tenus à la température ordinaire. En somme, une haute température, et comme susbtratum la terre humide, sont les conditions nécessaires et suffisantes pour l'obtention d'une Toile fixée. Myci'liuin du Botrijds cinerea : a, dans une solution de ans une solution de FiG. 74. - Peplone 1+ Acide citrique i,.") _ „„ „„i. .,:„., .1., Poptone + Na Cl 7,0 100 100 (Gross. 5oo. Concentration et Osmose La concentration des solutions nutritives entraîne une gène manifeste dans le développement du Botrylis cinerea : il ne , . . Peptone i -H Na Cl i5 duit rien avec se pro( 100 ; le développe- ment est faible et sans fructification pour une dose de NaCl 7, 5; avec Na Cl 3,7, le développement est un peu moins faible et il se produit des fructifications; il est assez abondant s'il n'y a 2 34 DEUXIEME PARTIE dans la solution que i,8 pour loo de sel. Dans la solution à 3,7 pour loo, les pieds fructifères sont courts (influence con- statée sur les autres espèces que nous avons étudiées dans ce travail) et très larges, ayant de i6 à 32 f^ d'épaisseur; ils ne portent qu'un étage de ramifications ; de plus, les renflements en boule des extrémités sont ici très volumineux, les spores sont elles-mêmes dilatées; elles présentent la prolifération de passage à l'état stérile, mais le tube émis par la spore reste toujours assez court. Le mycélium dans les solutions à i,8NaGl présente pres- que toujours la forme à prolongements en dents de scie figurée (fig. 74) ; ces prolongements sont tous situés d'un même côté du filament. Peptone i H- Acide citrique i , 8 Dans des solutions de ~ lOO le mycélium est fréquemment dilaté et produit parfois de petites ampoules latérales (fig. 74, a). C'est un effet analogue à celui que produit l'acide tartrique sur divers champignons, effet que nous avons indiqué antérieurement. Prophylaxie de la maladie de la Toile Delà connaissance théorique des conditions qui provoquent la transformation du Botrytis cinerea en Toile, nous pouvons déduire quels sont les moyens pratiques capables d'empêcher la Toile de se produire dans les cultures. Le terreau employé en horticulture, chargé de détritus végé- taux renfermant du Botrytis cinerea^ est le principal agent d'infection; ce sera donc une excellente chose, pouvant pré- venir de nombreux cas de Toile, de le stériliser en le main- tenant dans l'eau bouillante pendant un temps suffisant, ou en le calcinant, de veiller à une parfaite propreté des serres et engins quelconques, et de séparer immédiatement des cultures tout végétal ou portion de végétal tendant à se décomposer. Il faudrait aussi supprimer dans les nouvelles installations les ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 235 châssis chauffés par le procédé antique de la fermentation du fumier, et faire emploi du thermosiphon ou de tout autre mode de chauffage: air chaud, fumée, etc., pour opérer à Tabri des matières organiques, car le fumier est le rendez-vous d'une multitude d'organismes dangereux, qui se trouvent ici dans les conditions de chaleur, d'atmosphère confinée, d'hu- midité, qui facilitent leur propagation et exaltent encore leur virulence. Les succès obtenus par M. Opoix\ au Luxembourg, pen- dant une expérience de six années, durant laquelle il ne faisait usage que de terreaux stérilisés, employés dans des installa- tions dont la bonne tenue est notoire^ est pour nous un garant de l'efficacité du procédé que nous préconisons plus haut. Nous ajouterons qu'en vertu même des résultats de nos recherches, si les soins d'une méticuleuse propreté ne sont pas observés, si des spores ou du mycélium de Boirytis viennent au contact des cultures, le dangereux cryptogame fera sa réapparition, malgré la stérilisation du terreau, quatre ou cinq jours après la nouvelle infection. Il n'y aura plus d'autre remède alors que des aspersions ou pulvérisations avec la solu- tion suivante : sulfate de cuivre i gr. 5o, ammoniaque liquide, 2 gr, 4o pour un litre d'eau, solution dite de Rozain, du nom de son auteur, qui donne au parc de la Tête-dOr, à Lyon, des résultats très satisfaisants^. Il est à remarquer que la Toile n'a commencé à faire des ravages dans les cultures lyonnaises que depuis une quinzaine d'années, à partir du moment où les horticulteurs ont pris Thabilude de chauffer fortement couches et châssis pour faci- liter les germinations ou la reprise des boutures^. 'M. Opoix, chef de culture des jardins du Luxembourg. Communication à là Société d'horticulture de France, le ii mars 1897. 2 Voir le Journal de la Société d'horticulture pratique du Rhône, i8f)4, ^~ p. 42 et 167; 1896, p. ii3; 1897. p. 99. ^Nou3 devons cette communication à l'obligeancede M. Viviand-Morel, président de la Société botanique de Lyon. 23() DEUXIÈME PARTIE Sans insister sur ce point que les températures élevées ne sont pas toujours les plus convenables pour la germination, car il existe pour chaque graine un optimum de température au delà duquel la germination est retardée, nous ferons remar- quer que nos résultats, en ce qui concerne l'action d'une cha- leur de 3o à 35" c, et celle d'une grande humidité sur le déve- loppement rapide de la Toile, se trouvent confirmés par l'ob- servation due à des praticiens que nous venons de relater. Gomme conclusion, il serait sage, dans les établissements sujets à la Toile, de revenir aux anciennes méthodes de bou- tures, de ne point agir avec des températures dépassant 25" c, et, surtout, d'aérer le plus possible ; cela pour éviter les hautes températures et l'excès d'humidité atmosphérique, si favora- bles, surtout lorsqu'ils coïncident, au développement du para- site. Formes sporidifères du Botrytis cinerea. Dans des conditions que nous énumérerons plus loin, les conidies Botrytis cinerea donnent en germant, par un ou plu- sieurs points de leur surface, un mycélium blanc, très grêle, cloisonné. Ce mycélium produit des « sporidies » fort petites, rondes, présentant fréquemment à leur centre un point réfrin- gent (gouttelette d'huile?); elles sont généralement disposées en chapelet. Ces sporidies sont quelquefois presque sessiles et solitaires à la façon des fructifications de Dematium (fig. yS, a); le plus souvent elles sont placées à l'extrémité de stérigmates (fig. 75, /), c) ou de véritables pieds fructifères ramifiés à la façon des Pénicillium (fig. yS, f/, e, g, k), des Aspergillus comme en /, et des Sterigmatocystis comme en/". De Bary * a déjà signalé l'existence et décrit sommairement quelques formes de ces appareils, qu'il appelle spermaties, se produisant sur le mycélium qui provient de la germination d'ascosporesdc Sclerotinia Fuckeliana. Il ne fixe point les * De Bary, Venjleichende, 1884, p a63, fig. 116. liTUD'.-: PARTICULIKUE DE QUELQUES ESPÈCES 287 conditions de leur germination. D'ailleurs, ces curieuses for- mations ont été rencontrées chez beaucoup de Pezizes, parti- culièrement chez celles qui composent les groupes très voisins des Sclerotinia (Fuckel) et Stromatinia (Boudier). Tulasne* en obtient par germination des ascospores de FiG. 70 — Formes à sporiclies du Botrytis cinerea. (Gross. 35o ) Pezizcttuherosa (Hedw.) Fuck., P. bolaris (Batsch) et Diirie - nana (Tul.), P. cyclichnium (Tul.). De Barj- a constaté la présence de fructifications analogues sur de vieilles cultures de P. tuberosa, P. sclerotiorum et chez des Sordaria (S. curviila, minula, decipiens) . M. Brefeld^ en observe, après de Bary, dans une culture * Ann. des se. nal.^ 3« série, t. XX, p. 174; et Carpolo(jia, III, pi. XXII. ^ Loeo eilato. ^ Schimmel, IV, p. ii3, i87i,pl. IX, lij^. 16, 17, 18. 2 38 DEUXIÈME PARTIE de Peziza (Sclerotinia) tuberosa^ il les décrit et les figure avec détail. Woronine^ les retrouve dans la germination de diverses spores des Stromatinia des fruits de Vaccinium. M. Prillieux^ les obtient par germination des conidies et ascospores du Sfromalinia Linhartiana (Pr, et Del.). Aucun de ces auteurs n'a pu obtenir de germination de ces sporidies. Conditions de la production des sporidies. Nous avons fréquemment constaté la j^roduction de ces spo- ridies sur des germinations de spores de Botrytis cinerea s'ef- fectuant dans des conditions défavorables : dans l'eau pure, dans des solutions faiblement nutritives, sur toutes les cultu- res très âgées où elles deviennent prédominantes, atteignant parfois un développement énorme, et aussi dans des gouttelettes suspendues de liquides très nutritifs, comme le bouillon de viande ou des solutions de peptone. Il est certain que, dans ce cas, l'atmosphère confinée qui règne dans ces cellules parfaite- ment closes, crée des conditions défavorables ; on n'observe pas ces sporidies sur les mêmes liquides dans des cultures en grand, aérées. Nous avons obtenu un développement riche et rapide de sporidies dans une culture sur solution de glucose à lo/iooo en flacon d'Erlenmeyer. Les spores du Botrytis germaient en fda- ments très grêles et ramifiés (fig. yS, k). Nous y avons observé une fois le cas curieux d'une spore ayant donné simultanément la fructification normale du Botrytis et un filament portant des sporidies (fig. yS, i) : cet individu établit nettement le passage entre les deux formes. Cette culture, poursuivie dans un deu- xième flacon, a donné des appareils conidiens généralement ^ Ueber die Sclerotienkheiten der Vaccinien-Beeren (Mcm. de /'/le. inip. (lea se. de Sainl-Pélersbourcj, VII= série, t. XX.XVI). ^ Maladies des piaules arjricoles., t. II, 1897, p. 440) fig* 455. ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES ïSq modifiés de la façon particulière que nous avons décrite pour ce milieu et, plus tard, les membranes produisent un mucilage abondant, qui donne à la culture l'aspect d'une gelée épaisse. Des cultures sur même solution de glucose à i pour looo, placées à l'étuve à 3o degrés, n'ont pas donné de sporidies, non plus que dans des solutions à ^o pour looo faites soit à 3o degrés, soit à la température ordinaire. Un substratum peu nutritif et une température assez basse, l'épuisement du milieu nutritif, nous semblent réaliser les conditions les plus favorables à la production des sporidies. Le Botrytis ensemencé dans une solution de peptone à 20 pour 1000, dans un bouillon de viande liquide ou solidifié par l'agar-agar et maintenu à la température ordinaire, donnait iDientôt un abondant développement de la forme normale. Examinées après un mois, ces cultures montraient les fila- ments fructifères désorganisés et les spores libres, beaucoup de celles-ci avaient germé au sein du liquide, dont la valeur nutritive était notablement amoindrie, en donnant non plus de grêles filaments, mais des tubes de la dimension du Botî^ytis cinerea proprement dit. Ils produisent sur leur trajet ou à leur extrémité de riches ramifications sporidifères. On obtient ainsi des cultures luxuriantes de la forme à sporidies. Ces orga- nismes à mycélium volumineux et de couleur foncée éta- blissent une transition entre la forme conidienne normale et la forme habituelle à sporidies, caractérisée par des filaments grêles et réfringents. Signification des formes à sporidies. Pas plus que les botanistes qui ont étudié ces sporidies chez différentes Pezizes, nous n'avons réussi à obtenir leur germi- nation. Nous nous croyons donc autorisé à considérer ces organes, absolument inutiles actuellement, comme des restes ou témoins d'une organisation antérieure plus simple, en voie de disparition, qui se révèle encore facilement à nous par 24o DEUXIÈME PARTIE retour atavique, lorsque le végétal vit clans des conditions défavorables. En résumé, à côté des formes caractéristiques du polymor- phisme normal, il peut se produire d'autres formes par varia- tion des premières sous l'influence du milieu. C'est ainsi que nous avons obtenu : 1° Une forme stérile susceptible d'être fixée, qui est préci- sément le mycélium qui constitue la maladie appelée Toile par les horticulteurs. Nous avons décrit une série de formes variées intermédiaires entre cette 'Toile et le Botrytis. 2° Une forme stérile à sporidies (déjà signalée par de Bary). La transformation du Bolrytis cinerea en Toile a lieu sur terre humide (substratura médiocrement nutritif pour le cham- pignon), à une température optimum entre 3o et 35 degrés, dans une atmosphère dont l'état hygrométrique est voisin de la saturation. Dans ces conditions^ cette forme est indéfiniment fixée. Elle se produit encore à basse température, toutes les autres circonstances étant égales d'ailleurs. Dans ce cas, elle n'est pas fixée et est beaucoup moins dangereuse pour les végé- taux. Sur des milieux plus nutritifs que la terre, placés soit à une température élevée, soit dans une atmosphère très humide, soit surtout quand ces conditions sont combinées, on obtient une série de transformations variées, et la production de formes stériles moins complètement modifiées que la Toile. Ces formes, replacées dans les conditions favorables au développe- ment du Botrytis normal, font retour au type au bout d'un temps il peu près égala celui qu'a nécessité leur production. Ces faits, de fixation de forme et de retour au type, nous paraissent présenter un certain intérêt au point de vue biologique. Les données obtenues nous permettent d'établir une prophy- laxie de la maladie de la Toile. La concentration des solutions nutritives provoque la dimi- nution de la longueur des pieds fructifères, leur dilatation, des déformations du mycélium submergé, et un retard dans la ger- mination. ÉTUDE PARTICULIÈRE DE QUELQUES ESPÈCES 24 I Nous décrivons ensuite des formes particulières de produc- tions sporidifères, qui sont probablement les représentants ataviques de formes ancestrales. Les sporidies se produisent sur milieu nutritif incomplet, ou après épuisement, sur milieu plus nutritif; basses températures, etc., et en général dans des conditions notoirement défavorables. I RESUME ET CONCLUSIONS &ÉNÉRÀLES^ Le cycle évolutif des champignons comprend généralement un certain nombre de formes le plus souvent en rapport avec un mode de reproduction spécial. Mais cette alternance de génération est sous la dépendance des conditions de milieu, de telle sorte que, celles-ci étant une fois connues, on peut à volonté obtenir Tune ou l'autre forme et les conserver exclu- sivement. Chacune des formes caractéristiques est elle-même susceptible de variations, quelquefois assez importantes, cor- respondant aux modifications des circonstances ambiantes. Il n'y a donc pas lieu de considérer, dans les variations et l'alternance des appareils reproducteurs, le jeu 'de forces internes plus ou moins insaisissables^ propres aux différents champignons. Les recherches expérimentales que nous avons faites étayent de faits nouveaux cette proposition que les phénomènes de la vie sont sous l'étroite dépendance des conditions extérieures. Nos études sur les conditions qui provoquent l'apparition de tel ou tel mode de reproduction ont particuhèrement porté sur deux espèces : V Aspergillus variabilis et le Mucor spino- ^ Nous renvoyons pour plus de détails, aux courts résumés placés dans le corps de l'ouvragée. 244 RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS GÉNÉRALES SUS. Nos résultats corroborent généralement ceux qu'a obtenus Klebs avec YEurotium herhariorum et le Mucor racemosus. Pour Asperqillus variahilis.^ étant donnée une température optima de 35 à /\o degrés et une alimentation suffisamment complète, la production de l'appareil conidien réclame la présence de l'air constamment renouvelé, et la quantité de conidies produites est proportionnelle à la sécheresse de l'at- mosphère, autrement dit croît avec la transpiration qui se pro duit dans la plante. Dans une atmosphère trop humide, cette fonction est gênée, la plante multiplie la surface du mycélium, par lequel elle s'accomplit surtout. Il en résulte, alors, une pré- dominance de l'ajDpareil végétatif. La production des sclérotes est d'autant plus intense que les conditions sont plus opposées à celles qui favorisent la production de l'appareil conidien. Le môme fait ne se produit pas pour les Mucorinées que nous avons étudiées. Là l'intensité du développement de l'appa- reil sporangifère augmente avec la fraction de saturation de l'at- mosphère,, et diminue avec elle. Chez le Mycocladus verticilla- tus, la production des zygotes est fonction de la sécheresse de l'atmosphère et de l'épuisement du milieu en substances nutritives. La présence de l'air est nécessaire à la production de sporanges normaux;V?àY paraît jouer ce rôle grâce à l'existence de l'oxygène. Le Mucor spinosus donne lieu à deux types de mycélium continu : l'un prédominant dans les milieux nutritifs riches en substances hydrocarbonées, le deuxième spécial à ceux chez lesquels dominent les aliments azotés. Certaines substances, comme les acides citrique ou tartrique, sont douées d'un pou- voir osmotique particulier et provoquent un gigantisme remarquable. Il y a lieu encore de considérer, chez le Mucor spinosus : le mycélium cloisonné, le mycélium végétant en levure et le mycélium à chlamydospores. La pression osmotique favorise le cloisonnement du mycélium^, qui pourra évoluer, dès lors, dans deux directions ditférentes : les cellules produites donnent RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS GÉNÉRALES 24^ la forme levure si elles se trouvent dans un milieu fermenlescible et riche en matériaux assimilables; si, au contraire, elles sont clans un milieu faiblement nutritif, fermentescible ou non. elles épaississent leur paroi, qui tantôt se confondra avec la membrane du filament (forme de transition), tantôt en sera distincte ; elles constitueront alors les chlamydospores. Chacune des formes caractéristiques des espèces étudiées par nous, Aspsrgilliis variiihilis, Miicor spinosus, Mycocladus verticilhitus. Pénicillium glaucum, Clonostachys candicla, Oospora crusfacea, Botrylis cinerea, dont le choix n"a point été prémédité (ce qui donne un caractère de généralité à nos observations), mais que nous avons étudiées au hasard de leur rencontre, nous ont montré une grande variabilité. Les modifications obtenues correspondent surtout à la com - position chimique du substratum. La constitution physique du milieu influe principalement par la concentration. La concentration agit en provoquant le retard des germina- tions, un raccourcissement des appareils aériens et leur dila- tation, et, enfin, la prédominance de l'appareil végétatif submergé, elle favorise le cloisonnement. Pour de faibles con- centrations, ces effets osmotiques ne se font point sentir, et si la concentration diminue au delà d une certaine limite, il se produit encore une prédominance de l'appareil végétatif sub- mergé, résultant alors d'une alimentation insuffisante. En faisant varier le milieu d'une façon méthodique, nous avons obtenu un grand nombre de variétés de chacune de ces espèces. Ces variétés se maintiennent indéfiniment sur le même milieu; transportées sur un autre milieu, on constate qu'elles ont subi un commencement de fixation Nous avons obtenu dans des conditions bien déterminées une modification stérile du Botrytis cinerea^ qui constitue une race indéfiniment fixée ^ sans possibilité de retour. La fixation des variations obtenues dépend d un ensemble complexe de conditions qu il est difficile de réaliser exacte- Umv. Dii Ly(in. — Bii.vuvEiuii. 16 246 RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS GÉNÉRALES menl ; une seule de ces conditions venant à manquer, la stabilité devient incomplète ; de plus, elle est fonction du temps, ce qui est une difficulté pratique pour la réalisation des expériences^. L'Asperffillus vfiriabilis est susceptible, par le fait d'une alimeuLalion incomplète, d'une curieuse adaptation à la vie submergée. Cette adaptation se fait par prolifération de toutes les parties de Tappareil fructifère. A l'intérieur du liquide, la végétation peut se maintenir longtemps sous cette forme- Finalement, on n'a plus qu'une masse d'apparence mycélienne complètement stérile. Cette végétation ne correspond donc pas seulement à l'appareil végétatif du champignon, mais il a même valeur morphologique que la plante complète. Une semblable adaptation existe très probablement chez un grand nombre de champignons. Un degré plus avancé d'adaptation de V Aspergillus varia- hilis et du Pénicillium glaucum à la vie submergée, dans des * Les expériences de Hunger, celles de M. Ray et les résultats que nous avons obtenus nous-même, ne nous semblent guère cadrer avec la théorie de Weismann et des néo-darwiniens, théorie que nous rappel- lerons en quelques mots : suivant ces biologistes, les variations qui afFectent les cellules somatiques sont sans importance et non héréditaires ; la production des variétés dépend seulement des modifications qui attei- gnent le plasma germinatif, celui-ci se modifiant spontanément et comme [)ar hasard. Ces variations sont héréditaires. Le plasma germinatif ainsi modifié agissant sur les cellules voisines, entraîne leur modification; il se l'ait une in Ira-sélecl ion qui va s'accentuant de plus en plus, tellement qu'à un moment donné la modification se traduit sur le soma. C'est à ce moment seulement qu'intervient la sélection entre individus, la sélection comme l'entendait Darwin. Nous avons vu, d'après les travaux ci-dessus mentionnés, que la variation, sous linlluence d'un milieu déterminé, aflecte les éléments reproducteurs comme les cellules somatiques (pourvu que ces modifications portent sur l'ensemble de ces cellules somatiques), et qu'ils sont capables de transmettre les caractères acquis. Le fait qu'il se produit toujours la même forme pour un même milieu doit faire écarter l'idée de modification fortuite du plasma germinatif comme point de départ de la variation. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS GÉNÉRALES 1^'] milieux de composition chimique très anormale, est la pro- duction de formes dématioïdes^ probablement par retour à une forme ancestrale commune. En somme, s'il n'y a pas transformation des espèces les unes dans les autres, sous nos yeux et dans le court intervalle d'observations de laboratoire, comme le voulaient les anciens polymorphistes, du moins y a-t-il grande variabilité dans l'espèce. Nos résultats s'ajoutent à ceux qui ont été obtenus durant ces dernières années, pour montrer combien la délimi- tation de ce groupe est encore plus difficile à réaliser chez les chamjiignons que dans les autres classes de végétaux. On a dû souvent se méprendre sur la valeur à attribuer aux caractères pour séparer les genres et les espèces, car les variations obte- nues expérimentalement (c'est-à-dire en concentrant les condi- tions différentes qui peuvent se rencontrer dans la nature) en partant d'une même forme, sont assez profondes pour fournir des caractères de la nature de ceux sur lesquels les mycologues ont l'habitude de fonder des espèces et même des genres. La constatation de ces variations peut donc amener, quel- quefois, à faire rentrer dans une même entité spécifique des formes considérées jusque-là comme autonomes. On peut arriver à établir l'identité spécifique : i° De formes végétatives avec des formes conidiennes ; c'est ce que nous avons fait en établissant que le mycélium stérile qui constitue la maladie de la Toile est un état particulier du Botrytis cinerea, et en montrant que la plupart des végétations des solutions, d'apparence mycélienne (anciens Hygrocrocis), doivent être rapportées généralement au Pénicillium glaucum et aussi à des Aspergillus, quelquefois même à des Mucorinées; 2" De formes conidiennes entre elles : c'est ainsi que nous sommes parvenu à établir l'identité spécifique très probable de Clonoslachys CcUidida et Acroslalagmus alhiis, de Oospora crastacea et Monilia candida ; 3" De formes conidiennes (anciens llyphomycètes) et de formes supérieures : nous avons montré que VOosporii crus- 248 RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS GÉNÉRALES lacea a pour forme parfaite un Gliœlomium, le Chœtomium oospora sp. nov. ; de plus, Féiroile affinité des Clonoslachys et des Acrostalagmus nous a permis de rattacher les premiers aux Ascomycètes du genre Hypomyces. Nous avons encore apporté, comme résultats concernant la botanique spéciale, la description complète d'un genre nou- veau de Mucorinées à végétation indéfinie, le Mijcochidus verticillatus,ei celle de nombreuses variétés nouvelles d'espèces connues. Nous avons prouvé que le Sporendonema, casei Desm. est bien une espèce distincte du Torulac£isei Corda (Oospora crus- tacea Saccardo). L'étude complète du développement des espèces que nous avons étudiées nous a permis de formuler des hypothèses sur leur phylogénie et d'établir des affinités de groupes actuels. Tels sont le phyhim Dematium (vie submergée) ; Oospora, Pénicillium, Aspergillus à stérigmates simples ou ramifiés (vie aérienne). Rien ne nous semble motiver la distinction d'un genre Sterigmatocystis. Nous croyons au pliylum ou tout au moins aux affinités des Acremonium, Cephalosporium^ Stachy- lidium, Acrostalagmus et Glonostachys. Enfin nous avons étudié un certain nombre de faits suscep- tibles d'applications pratiques : Nous avons constaté que le Pénicillium glaucum et la plu- part des autres espèces par nous étudiées peuvent, si elles végètent dans des substances assez nutritives, être mises au contact de doses assez fortes de substances toxiques sans en être trop incommodées. Ces doses sont directement propor- tionnelles à la quantité et à la qualité de l'aliment. Il faut donc, dans la pratique, soit, par exemple, pour le traitement des maladies des plantes au moyen d'antiseptiques, tenir le plus grand compte du véhicule employé d'une part, de la nalure du subslratum sur lequel vit le champignon d'autre part ; cela, sous peine de s'exposer à de graves mécomptes. De plus. In connaissance à laquelle nous sommes arrivé, des RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS GÉNÉRALES 249 conditions qui favorisent la transformation du Botrytiscinerea, généralement saprophyte, en la forme Toile, si dangereuse pour les végétaux, nous a permis d'établir une prophylaxie de cette maladie des plantes. Ce travail a été fait au Laboratoire de botanique de la Faculté des sciences de l'Université de Lyon, que dirige M. le professeur R. Gérard. Nous sommes heureux de remercier ici notre cher Maître de la bienveillance constante qu'il nous a témoignée et qui a beaucoup facilité nos études. Nous lui exprimons notre profonde gratitude. Nous remercions encore M. Ray, maître de conférences, qui a bien voulu s'intéresser aussi à notre travail, et nos amis MM. Chifïlot et Faucheron, du Laboratoire de botanique, qui ont mis à notre disposition des matériaux d'étude, avec la plus parfaite obligeance. i INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1824. Agardh (G. -A,), Systema algarum, Lundae. 1894. 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Entwickelungsgeschichtliche Untersuchungen aus dem gebiet Asco- myceten (Siizungsber. d. Wiener Akad., Bd. XGVIII, Abth. I). TABLE Introduction ET Historique . 5 Première PARTIE . — Technique et méthode 65 Deuxième partie. — Etude particulière de quelques espèces ... 7 3 I. Asperr/illus variahilis Gasperini 73 II. Pénicillium glaucum Liiik io5 III. Mucor spinosus Van Tieghem i3o W .Mycocladus verlicillalus (gen. nov. , sp. nov.) .... 1C2 V. Acrostalagmus Corda ^( C Ion os lachi/ s Corda 181 ^'I. Oospora criislacea Saccardo, Chœloniiuni oospora Sp. nov. 201 \'II, Sclerotinia Fuckeliana (de Bary) Fuckel; le Botrijds cinerea (Persoon) et la maladie de la Toile . . . . 219 Résumé et Conclusions générales 243 Index bibliographique aSi I j-n - Imp. A. ItET, 1, rue Gentil. — 22.036. Librairie GAUTHIER-VILLàRS, 55, quai des Grands-Augustins. (Suite Sur la représentation des courbes gauches | algébriques, par L. Actonne, ingénieur d. s ; Ponts et Chaussées, niaîlre de coufereii es i à la Faculté des Sciences (Fasc. 20) 3 Ir. Sur le résidu électrique des condensateurs, |iar L. HouLT.EViGUE, mai re de confer. à la Faculté des Sciences (Fasc 32). 3 If. Synthèse d'aldéhydes et d'ac^t nés dans la série du naphtalène au moyen du chlorure d'aluminium, par L. Rousset, docteur es sciences, chef des trav.de chimie génér. à la F»culté des Sciences (Fasc. 30) 3 fr. Recherches expérimentales sur quelques acti- nomètres électro-chimiques, par H. Ri- ooLLOT, docteur es sciences, chef des tra- vaux de physique à la Faculté des Scien- ces (Fasc. 29) 5 fr. Librairie J.-B. BAILLIÈRE et Fils, 19, rue HautefeuiUe. Recherches anatomiques et expérimentales sur la métamorphose des Amphibiens anoures, par E. Bataillon, [in fesseur à la Faculté des Sciences de l'i uiver.-iléde Dijon, avec 6 pi. liors Wx\e(Fasr. 2) A fr. Anatomie et Physiologie comparées de la Pholade dactyle. Structure, locomoùon, tact, olfaction, gustation, action derma- toptique, photogénie, avec une thé^irie fié- nérale des sensations, jiar le D^ Raphaël Dubois, professeur à la Faculté des Scien- ces, 68 fig. dans le texte et 15 pi. hors texte fFasr. 3) 18 fr. Sur le pneumogastrique des oiseaux, par E. Couvreur, docteur es sciences, chef des travaux de physiologie à la Faculté des Sciences, avec 3 plaïu-lies hors tf^x'e et 40 tignr. dans le \exie (Fasc. 4) 4 fr. Recherches sur la valeur morphologique des appendices superstaminaux de la fleur des Aristoloches, i>ar M"« A. Ma-soux, élève de la Faculté des Sciences, avec 3 planches hors texte (Fasc. 5) 4 fr. Etude stratigraphique sur le Jurassique infé- rieur du Jura méridional, par Atlale Riche, docteur es sciences, chef des travaux de géologie, 2 pi. hors texte (Fasc. 10) 12 fr. Etude expérimentale si r les propriétés attri- buées à la tuberculine de M. Koch, laite au laboratoire ce médecine exp'eriuien- tale et comparée de la Faculté de AJéde- cine, par M. le professeur Auloing, M. le D' RoDET, agrégé, et M. le D^ CouRMONT, agiégé, avec 4 plan, hes tn couleuis (Fasc. 11) 10 fr. Histologie comparée des Ebénacées dans ses rapports avec la Morphologie et l'histoire généalogique de ces plantes, par Paul Parmentier, prulfStant à l'Observatoire de Lyon, 3 fig. et 10 pi. dans le texte (Fasc. 35) 6fr Les formes Epitoques et l'Évolution des Cir- ratuliens, {lar Maurice Caullehy, maître de cunfer. à la Faculté des Science^ «t Félix MESNiL,chef de Labor, àrinstit.Pa& teur, G 1 1. hors texte (Fasc. 39) 7 fr. 50 ANNALES DE L'UNIVERSITÉ DE LYON NOUVELLE SÉRIE I. — SCIENCES, MÉDECINE Fascicule Premier. — Monographie de la Faune lacustre de l'Êccène moyen, par Frédéric ROMAN, docteur es sciences, prépara- teur de géologie à l'Université de Lyon, avec 3 figures et 3 planches hors texte (Paris, J.-B. Baillière et fils. — Lyon, A. Rej, éditeur). . . 5 fr. Fascicule 3. — De la Constitution des Alcaloïdes végétaux, par X. Gausse, docteur es sciences, chef des Travaux de Chimie organique à la Faculté de Médecine de l'Université de Lyo.a (Paris, Gauthier- Villars. — Lyon, A. Rey, éditeur 3 fr. Fascicule 3. - Études sur le Polymorphisme des Champi- gnons, influence du milieu, par Joseph BEAUVERIE, docteur es sciences, préparateur de Botanique à la Faculté des Sciences de Lyon 1 volume de 270 pages avec 75 gravures dans le texte (Paris, J.-B. Bail- lière et fils. — Lyon, A. Rey, éditeur) 7 fr. 50 II. — DROIT, LETTRES Fascicule Premier. ~ La Question des Dix Villes impériales d'Alsace, depuis la paix de Westphalie jusqu'aux arrêts de « Réunions » du Conseil souverain de Brisach (1648-1680), par Georges BARDOl', docteur es lettres, professeur au Lycée et chargé de Conférences à l'Université de Grenoble, i volume de 300 pages (Paris, Alphonse Picard et fils. — Lyon, A. Rey, éditeur) 7 fr. 50 Fascicule 2, — La Représentation des Intérêts dans les Corps élus, par Charles FRANÇOIS, docteur en droit, 1 volume de 380 pages (Paris, Arthur Rousseau. — Lyon, A. Rey, éditeur). . 8 iv. Lyon. — Imprimerie A. RIÎY, i, ruo GHtiliL — -JlOIS New York Bolanical Garden Library QK601 .B36 gen Beauverie, Jean/Etudes sur le polymorphi 3 5185 00014 3949 ^^'\i-*^- m\ L'« *»v| ■^..- TV».. •-: ^Vq% i« •■\ %