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DES PAROISSES. DES FAHILLES

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Ibrne; h moi rt \t tious 60iilai)erai

ou TKAITÉ

DE LA

< 2.iaet Tfes SroUs ijUtoriques

\ PAB l'ABBÈ HARIUS AUBERT,

CBÂll0IRB«r»i0ICATBeB«

NOUVELLE ÉDITIOM.

uOttai_,

fBPRIÎIERIE ET LlBRAIftlî ECClÉSIiSTIÛm Dk GUYOT Frères,

A LTOW (iibiE Maison) a paris 2, Bl* DE L'ARÇfîS^'Èr.lIÉ, > 23, RI'E SAINT- Sl'LPlCS,

II6U1 ^ k Maaé«an(rrie. > Ci-^lcvt.ot Terit-Boarboa.

KS53.

ik^to^iiAAift'AAt vv^.

J

Universffaa

BiBLIQTHSCA

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L,1ER.^-

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f«j»MVMMMW^

Ma très auguste Reine,

A la vue de ma profonde miscre cl au sou- venir de mes iniquités sans nombre, je n'ose lever les veux vers le Dieu trois fois saint , qui a trouvé des souillures jusque dans ses anges, et mon Ame désolée tombe souvent dans le trouble, l'abattement et presque dans le désespoir. Mais, ô Vierge sainte! à peine me rappelé-je que vous êtes ma mère , et une mcre pleine de misêncorde , que mon ame renaît à l'espérance et qu'elle éprouve un calme, une paix, un courage que rien nc peut altérer.

Eh ! comment en seraît-îl autrement quand je pense que c('csi vous, o ma tendre Mcr^»

s Tl DÉDICACE. l

5 qui avez porte dans votre r 'r\ celui qui est la '^ miséricorde même , que c'est vous qui avez ^• consenti à sa mort pour le salut des pécheurs, 5 et que vous en avez été établie le refuge par ^ notre souverain Juge lui-même. Comment ne pas vous dire avec un de vos plus grands ser- viteurs : Recevez les vœux que nous vous pré- sentons, accordez-nous ce que nous vous deman- dons 5 dèlivrez-nous de ce que nous craignons; puisque vous êtes /'unique espérance des pé- < CHEURS , c'est par vous que nous attendons le s pardon de nos péchés , et c'est en vous , ô très heureuse Vierge! que nous ti^ouvons notre es-

\

pérance des récompenses éternelles (1). Car ^

s

vous êtes y ajouterai-je volontiers avec le docte et pieux saint Bernard, vous êtes V échelle des deux y vous êtes ma très grande confiance , vous cLs enfin tout Lh fondement de mon Ew^pé- range (2). \

s

(1) Accîpc qiiod afftfïmns , redona quod roga« ? mus , excusa quod limcmus , quia tu es spes unica^ ? per te, speramus vcniam dclictorum , et lu te, J beatissima, nostrorum est expcciatio prœmiorura.

(S^ Augustin , lib. 18 des SS.)

(2) lîoec est cœlorum scala, liaîC' mca maxîma

ijducia , ha'c est tota ratio s?rj îie/e. (S. Bornnr?-:),

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Soutenu par celle pensée, je viens donc ^ avec confiance nie proslcrncr ù vos pieds, à > niiscricordiciise mcrc! pour vous conjurer de ^ ;! m'obtcnir de votre divin Fils le pardon de > tous mes crimes, et une parfaite rcconcilia- ^ lion avec le Dieu que j'ai si souvent outrage. ^ Cf^tte grâce , je vous la demande non pas s seulement pour moi , mais encore pour tant ^ de pauvres pécheurs qui, à chaque instant, ;> se perdent pour réternité. Ah! souvenez-vous ^ de vos miséricordes anciennes , et renouvelez ^ parmi nous ces prodiges de conversion qui S vous ont fait proclamer par TEglise, la mère S de miséricorde , le refuge des pkheurs.

^ Apportez la lumière a ces aveugles , et fai-

l tes-leur concevoir une vive horreur de leurs ^ crime:; brisez les liens de ces esclaves de Sa- l tan , et ouvrez leurs cœurs aux impressions de ^ la grâce. Qu'ils apprécient enfin les effets sa- ? lutaires du sacrement de pénitence ; qu'ils s'en approchent souvent; qu'ils le fassent toujours avec les dispositions requises ; afin que , lavés dans le sang de l'Agneau , ils deviennent purs aux yeux de votre divin Fils, et qu'une fois ré- conciliés avec leur Dieu , ils marchent d'un pas ferme et assuré dans le sentier de la vertu.

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VllI DÉDICACB.

Tel est , ô Vierge sainte ! îc désir de mon cœur, et c est pour cela que j'ai compose ces nouveaux traités ^ dont la fin est d'engager les uns à se confesser, et d'apprendre aux autres aie faire avec fruit. Daignez les pren- dre encore sous les auspices de votre maternelle bonté 5 et accorder votre sainte bénédiction , non seulement à tous ceux qui les liront , mais encore à moi , qui trouve toujours un nouveau plaisir à vous faire agréer l'hommage de la vénération profonde, de l'amour filial et de la tendre confiance avec laquelle je suis,

Ma très auguste Reine

DE VOTRE AIMABLE MAJESTE,

Le très humble , très obéissant et tout dévoué, quoique très indigne serviteur, L*ABBÉ MARiUS AUBERT.

Ltoji> 21 novembre 1844.

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^ AVANT-PROPOS

» *Jf\Jf\ffOtff\ff\^

' Dieu avait cro(î riiomme dans le bon- heur et rinnocencc , et si Adam eût été fidèle, son innocence aurait passé, avec son bonheur, à tous ses descendants. Mais ayant désobéi , son péché, avec toutes ses suites funestes, a été le seul héritage qu'il a laissé à ses enfants. Notre perte était donc sans ressource si, dans son infinie miséricorde, le Seigneur ne nous avait donné un Sauveur pour nous retirer du «? fond de l'abîme et nous faire rentrer dans les voies de la justice et de la vérité.

Ce Sauveur, c'est Jésus-Christ, qui, pour accomplir son œuvre, s'est chargé de toutes nos infirmités, a porté toutes nos douleurs, averse enfin tout son sang sur la croix. Mais quel est le grand moyen qu'il a établi pour nous en appliquer les mérites? Le sacrementde péniience,^ dont

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b ;^

^ A.'^/V^ A'V'^,''^ »• •'XrV.,'%rV-v,'%j-w% .■^^«•vV' v?^. v^ rt-^-'^.^-r.f

% aVant-mopos. <

c

le propre est de remettre tous nos p5- \ chés, et toutes les fois que nous le rece-

n'est-ce pas le chef-d'œuvre de la bonté miséricordieuse de Dieu? S'il s'était con- tenté de nous donner la vie dans le bap- tême, de nous préparer, dans l'Eucharis- tie, une nourriture pour la conserver, sn seraient la plupart des chrétiens ? Hé- las! s'il eût borné tout le fruit de la rédemption, si la perte de l'innocence \ baptismale ne nous eût plus laissé de re- S tour à la grâce, la très grande majorité \ serait réprouvée, et cela sans pouvoir ac- \ euser Dieu d'injustice.

^ Dieu n'en a pas agi ainsi. « Etant infi-

« niment riche en miséricorde , » dit le concile de Trente , « connaissant la fra-

« gilité de notre nature, il a bien voulu

^ « établir un remède pour rendre la vie

^ « à ceux qui, depuis le baptême, se se-

^ « raient livrés à la servitude du péché , à

S :< la puissance du dJ iOn, et ce remède

Il est le sacreaient de pénitence par le-

ii^\/^>

c,

vous avec les dispositions requises. Or, 5

t\AJV%A/WA/vAy

VVw^/v^/^/V\/^•^^v^A./^/^rf\AAA,A/^w^AAy^y^/^

AVANT-rnOPOS. Xt ?

« quel le bienfait de la mort de Jésus-

/ « Christ est appliqué ix ceux qui sout tom-

S « bés après le baptême , et que les saints

> « appellent pour cela une seconde planche

^ (L après le naufrage , » c'est-à-dire, la

s seule ressourte qui reste au chrétien cou-

^ pable de se sauver des abîmes de la mort

^ éternelle.

^ Cependant, par un désordre inconce-

< vable, les uns rendent ce sacrement inu-

r

^ tile, en refusant de le recevoir; et les autres le rendent nuisible en le recevant sans les dispositions requises. Il faut donc , dans un premier traité (1) , montrer aux premiers la divinité et les avantages de

(1) La justice nous impose îcî un devoir bien doux à remplir, c'est de confesser que, pour ce

premier traite, nous avons puise largeracut dans un <

ouvrage inlilulc ; Recherches sur la confession^ <;

par M. l'abbé Guillois , cure au Mans. Celle compî- 5

latlon , comme l'appelle modestement Teslimable ^

auteur, nous a épargné à nous-méme bien des re- 5

cherches , et nous sommes charmé de lui offrir ici ^

^'expression de notre bien vive reconnaissance, 5 ainsi que de notre respectueux dévouement.

VV^/\/"^

la confession pour les porter à s'en ap«» procher; et, dans un second, apprendre aux derniers les dispositions nécessaires pour le bien recevoir.

Lisez avec attention, mon cher Théo* phile, les nouvelles instructions qui nous sont inspirées par notre zèle pour le salut de votre ame, et qu'il nous soit permis, malgré notre indignité , de vous dire avec le grand apôtre : Toutes choses viennent de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui- même , par Jésus- Christ, et qui nous a

CONFIÉ LE MINISTÈRE DE LA RÉCONCILIATION;

car c^est Dieu qui , par Jésus-Christ , a réconcilié le monde avec soi, ne leur im- putant point leurs péchés, et qui a mis en nous la parole de la réconciliation. Nous faisons donc la fonction d'ambassadeurs pour Jésus-Christ , et comme si Dieu lui-> même vous en conjurait par notre hou- che , nous ". vous en prions par Jêsus^ Christ : RÉCONCILIEZ -VOUS AVEG ^lEU. (2Cor.,v. 18,19,20,)

Jl/S^MV'

PRÉFACE.

(Jn grand désordre désole l'Eglise de Dieu suriout dans not»'e maliiciirciiso pa- trie : désorvlre inconnu à nos ancêtres, dans ces temps de foi , la religion était honorée, pratiquée par la presque tota- lité des Français; désordre universel qui s'est répandu dans toutes les classes de la société , au milieu des villages comme dans les grandes cités ; désordre funeste, qui est la cause de la perte des mœurs et du dépérissement de la foi ; désordre af- freux qu'il faudrait déplorer avec des lar- mes de sang. Le grand, le divin , le salu- taire ejrercfcc de la Confession est géné- ralement méprisé, délaissé par la plupart des chrétiens de nos jours.

Au seul mot de confession , bien des hommes et spécialement bien des jeunes gens haussent les épaules et sourient de pitié; on en voit même beaucoup qui lVéquent.MU nos églises, qui soût assidus aux disi^ours de uos orateurs célèbres.

J

*-^V/V/V''\/*» > ^ />,'^-./\^ Vr *. ^■\,. ^ :\J ^y.f\j

XIV X>RÊFACE.

qui se feraient scrupule de manquer la

< sainte messe le dimanche, qui parlent de la

J religion avec respect , et , dans l'occasion,

(j prennent volontiers sa défense contre les

^ impies, et qui, cependant, ne se confessent

l pas et se croiraient déshonorés s'ils al-

s laient se mettre à genoux aux pieds d'un

^ prêtre. Quelle loli^ , quel scandale !

$ Mais d'où peiK renir, dans -des catho-

> liques, un si grand éloignement pour une ^ des pratiques les plus essentielles et les l plus avantageuses du christianisme? Il ? n'est pas difiicile de le deviner : dans les § uns, cette horreur de la confession prend ^ sa source dans les passions, et s'ils ne se ? confessent pas, c'est parce qu'ils sont l corrompus; dans les autres, c'est peut- l être dans un esprit d'incrédulité ; s'ils re- ^ ^usentde se confesser, c'est prétendent- ils, parce que la divinité de la confession est loin de leur être démontrée , et qu'ils regardent la confession comme une inven- tion purement humaine, une invention des prêtres; et dans le plus grand nom- bre, le motif de cet éloignement scan- daleux, c'est la craiui*s c'est la paresse

qui 1(9 portent à s'(îcricr : à quoi bon se CDnfcsscrP vl (railleurs, n^est-cspas trop dur et trop humiliant de se confesser à un

homme comme soip ^^

Il est donc important de combattre ces >

diflérentcs erreurs, et c'est le but que j;

nous nous proposons dans ce premier <

traité, nous allons démontrer d'une ^

manière claire et solide la divinité de la ^

confession. Pour y réussir, nous n'avons ^

qu'à considérer que la confession viem ]

DE DIEU ET qu'elle CONDUIT k DIEU. Elle '^

vient de Dieu, car c'est lui qui l'a établie ^ pour la gloire de son nom; elle conduit > à Dieu, car elle opère les plus heureux ^^ effets pour le salut de nos âmes, tplle vient ^ de Dieu, c'est son litre de grandeur qui doit nous inspirer pour elle un profond respect ; elle conduit à Dieu , c'est son ti- tre de bonté qui est propre à nous inspi- rer pour elle un grand amour. Elle vient ^ de Dieu ^ c'est l'œuvre de notre souverain ^ maître , il faut donc nous y soumettre ^ avec une docilité parfaite ; elle conduit à \ Dieu, c'est l'œuvre de notre divin Sau- ^ vour,i! fnnt donc rcmbrosser avec uik S vive rccomiaissancc

JtVI PRÉFACE.

Nous allons donc prouver, dans la pre- mière partie que la confession est divine dans son principe, c'est-à-dire, dans son institution par J.-C. , et dans la seconde, qu'elle est divine dans ses effets, c*est-à- dire dans les fruits de salut qu'elle produit dans nos âmes. Quelle sublime institution que celle de la confession ; si vous voulez vous en convaincre, méditez, mon cher Théophile, ces paroles que nous vous adressons ici avec le disciple bien-aimé de Jésus : Nous vous écrivons ces choses ^ disait saint Jean aux premiers fidèles, a/in que vous soyez dans la joie et que votre joie soit parfaite. Ce que nous avons ap- pris de JÉsus-CKPiisr , et ce que nous vous enseignons y c'sst que si nous disons que nous sommes àUns péchés, nous nous séduisons nous-mêmes et la vérité n^est point en nous; mais que si nous roATES- S0x\s NOS PÉCHÉS, il est fidèle et juste pour

NOCS LES KEMETïRE et pOUr nOUS PURIFIEU

DE TOUTE INIQUITÉ, i i Ep. S. Jean 1 A , 8,9.)

. \

^ WN>\AA/W\A/\A.

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n

DE L4

DIVINITE DE LA CONFESSION.

PREMIÈRE PARTIE. PRINCIPE DIVIN DE LA CONFESSIOil-

L'homme coupable a toujours senti le besoin de faire l'aveu de ses fautes, pour témoigner le repentir de son cœnr et en obtenir le pardon. Dès le berceau du mon- de. Dieu exigea de nos premiers parents la confession de leur désobéissance, et un des principaux devoirs que le Sei- gnur imposa à son peuple dans Tancienne /oi, fut la confession des péchés. Lors^ qu'un homme ou une femme y est-il dit au livre des Nombres ^ <iuront commis

2 ÎNTROlirCTION.

quelqu^nn des péchés qui arrivent d^ ordi- naire aux hommes f et qu'ils auront violé par négligence le commandement du Sei- gneur ^ et seront tombés en faute , ils CONFESSERONT LEURS PÉCHÉS, et Hs Ten- dront à celui contre qui ils ont péché le juste prix du tort qu'ils lui auront fait, en y ajoutant le cinquième par dessus{l) . ^^

La fidélité à ce î3récepte fut un des points de religion les plus essentiels chez les Juifs, et nous pouvons assurer que Tusage de la confession s'est maintenu 5 j)armi eux ^ jusqu'à nos jours.

On le trouve encore établi même par- mi les païens, et de toutes les religions idolâtres qui ont existé, il n^'en est peut- être pas une, Ton ne retrouve au moins quelque trace de confession. Ce qui prouve que Dieu révéla primitive- ment à l'homme que la marque essen- tielle du repentir, sans if^quel on ne peut

(1) Num. Y. ^

S nrmonucTioli.

[] obtenir le pardon de ses fautes, est la

^ confession, c'cst-à-dirc l'aveu franc et

> sincère des fiiutes dont on. s'est rendu

c, coupable.

1 Jésus- Christ étant venu sur la terre pour la sancLificalion de l'homme , a im- posé à tous les pécheurs l'obligation de confesser leurs péchés, non plus seule- ment à Dieu , mais encore aux prêtres qu'il a revêtus du pouvoir de les remettre; et afin de rendre la pratique de la con- fession plus méritoire et plus efficace, il l'a élevée h la dignité de sacrement) Mais cette loi de la confession aux prêtres a-t- elle été réellement établie par Kotre-Sei- gneur ? Telle est la grande , l'importante question que nous avons à résoudre dans celte première partie. Plaise au ciel , mon cher ami , que nous le fassions de manière à vous faire imiter !a docilité des lépreux, lorsque le Sauveur leur dit \ Allez,

MOKTrxEZ-VOUS AUX PRÊTKES (S.LXJC XVll),

DIVINITÉ

Chapitre premier.

1'^ PREUY15.

Son institution par Jcsus-Christ.

Pour vous convaincre, mon cher Théo- phile 5 que c'est Jésus-Christ qui a établi la loi rigoureuse et universelle de la confession , nous n'avons qu'à consulter le saint Evangile, «e livre sacré , qui renferme la vie et la doc- *-'me de notre divin Maître. Ouvrons-le donc avec confiance, pesons les paroles qui sont sorties de la bouche du Sauveur du monde, et nous serons forcés d'en conclure que c'est de lui qu'émane l'obligation indispensable de confesser les péchés commis après le baptême pour en obtenir le j)ardon.

§ I. Epoque de Vinstituiîon.

Notre Seigneur promit à ses disciples d'ins- tituer le sacrement de pénitence , d'abord , lorsqu'il dit à saint Pierre : «Vous êtes Pierre « et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise , et

DE LA O'iîNFESSION; B

fi les portes de l'cnfor ne prévaudront point « contre elle. Je vo:i3 donnerai les clefs du « royaume des cieux , et tout ce que vous lie- « rez sur la terre sera lie dans le ciel (1). » Et ensuite , quand il adresse ce même discours a tous ses apôtres : « Je vous dis en vcritc que tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel , et que tout ce que vous dé- lierez sur la terre sera délié dans le ciel (2). » L'exécution de cette promesse est ainsi rap- portée au XX. chapitre de saint Jean : « Peu de jours avant son ascension, Jésus- Christ dit à ses apôtres , en paraissant au milieu d'eux : Que la paix soit avec vous , je vous envoie comme mon Père m'a envoyé. »

Par ces paroles, il leur donne la plénitude des pouvoirs qu'il avait reçus de son pcre ; et pour rendre plus sensible ce qu'il faisait , il souffle sur eux et leur dit : Recevez le Saint- Esprit ; c'est sa vertu toute puissante qu'il semble répandre sur eux , c'est de son esprit qu'il les anime. Quelle ressemblance frap- pante , mon fils , entre ce que fait ici Jésus- Christ et ce que fit le Créateur après qu'il eut formé le corps d'Adam ! Ce fut par un souffle

(1) S, Matth. XVI.— (2) S. Matth. XXIII,

j

JA/Wvrv^<

r.^^'\y^^r\r-^ \J\j-\J\J v> vk

et quorum relinuerilis rclenta sunl. (Joan. , 20),

6 DIVINITÉ

divin que Dieu mit dans le preinier homme une amc innocente et pure , c'est par le même souffle que Jcsus-Christ institue ceux qui 5 succédant à son ministère vont rendre aux hommes leur pureté primitive. C'est

pourquoi il ajoute : Les péchés seront re- ^

mis à ceux à qui vous les remettrez ^ et ils ^

l seront retenus à ceiia; à qui mis les retien-- <

^. drez(\). ^

"^ Il est* évident que, pr^r ces paroles, Jésus- i

> Christ a donné à ses apôtres ec à leurs succès- > ij scurs un double pouvoir : le pouvoir de lier ^ i et îe pouvoir de délier , de remettre les péchés c ^ et de les retenir , de condamner et d'absoudre. ^ i II les a établis juges des consciences. L'absolu- < ? kition qu'ils accordent ou qu'ils refusent, est ? i une vaaie sentence qu'ils prononcent. On n'im- ^ s putera pas sans doute à la sagesse infinie l

l d'avoir fondé dans sa relii^îon un ministère ^

> . s ;j judiciaire qui s'exerçât arbitrairement et par s

'cj caprice. Le divin maître a certainement "^

\ voulu, et il lui était impossible de ne pas ^

<i vouloir que les ministres de sa justice l'exer- ^,

S cassent avec prudence et discernement , afin S

> .a

^ (1) Quorum remîserills peccata retniliiintur cis » ^

i\/\.'\j^r\r\f>j^j'\/\r^ -^

i donc poïnt remettre quand il frandrait rclc- c

> nir, cL de ne joint retenir quand il faudrait j;

> remettre. Il a donc, par ' une conséquence ;J ^ nécessaire, voulu que le coupable fût connu ^ ï; du juge. ^ S Mais quelle connnî<isance peut avoir le juge c s de la conscicmce, des péchés dont elle est ^ ^ chargée, si la conscience ne lui est présentée ; c a découvert? a En confiant à ses ministres <

rexcrcice de sa miséricorde et de sa justice,

Dans ce tribunal divin et secret , absolument

séparé de tous les intérêts de la terre, entiè- rement caché a tous les regards des homme^

par confession. Vous voyez, mon cher Théo- phile, qu'elle est si essentiellement liée au pouvoir judiciaire dont Jésus-Christ a re- vêtu ses ministres , que sans elle il leur se- rait impossible d'en exercer les fonctions ; à moins , je le répète , qu'on ne dise que Jésus- Christ, en déléguant la puissance des clefs ^

(1) Le cardinal de La Luzerne, Considérations sur divers points de morale , t. 3,

\

^ Dieu ne leur a point confié sa toute science. <

_,... ............. ...» ...... , ........».,., ^

5 il ne peut y avoir d'accusateur et de témoin < ^ que le coupable lui-même (1). » <.

> Et voilà précisément ce que Ton entend S

'*wA/w^/^/^/^•^^ -

S Tievei

8 iilVINITÉ >

a voulu consacrer un despotisme tout nouveau, <

établir des juges qui condamneraient ou inno- <

ccnteraient sans connaissance de cause. Et l

qui oserait le soupçonner de la part d'un le- ^

^ gislateur infiniment sage; qui a banni de son <

^ code, avec tant de sévérité ^ tout penchant à <

> la domination (1) . <

< § II. Comparaison cVim missimnaire, <

^ Une comparaison, que j'emprunte à un célc- '<l

^ bre missionnaire (2), va donner une nouvelle c 'brce à Fargument que j'ai tiré des paroles de

s Jésus-Christ : « Un monarque ne peut plus suf*

c

<

< fircà rendre la justice à ses nombreux sujets, ^

^ il rassemble donc auprès de lui les hommes les \

plus vertueux et les plus éclairés de ses états, s

cl leur dit : Allez dans toutes mes provinces s

rendre la justice, je vous remets pour cela S

> mon autorité; j'absoudrai ceux que vous absou- ;

> drez, je condamnerai ceux que vous condamne- ^ ? rez. < îj Ces hommes partent. Pensez-vous que , à s mesure que les coupables leur sont présen-

(1) Voy. la Discussion amiçaîc ^ pai monseigneur Trevern , cvccjue de Strasbourg , lettre 11.

(2) Analyse des servions du P, GinjoUf

i

bE LA <:ONFKSSiON. B

les, ils vont envoyer les uns en prison ou a réclialaud, et mcUrc les autres en libertc, au hasard et sans examen ? Non , sans doute ; ils savent bien que leur maître , en leur di- sant qu'il approuvait d'avance tout ce ([u'ilii (braient , voulait leur dire : « Allez , mais ju- (c gcz bien ; entendez les témoins , écoutez « les coupables eux-mêmes ; réfléchissez avant « d'agir, et que vos jugements soient bases « sur la justice et l'équité. »

Faites maintenant l'application : mettez , si vous le voulez , les paroles de ce roi dans la bouche de Jésus-Christ, et voyez si les apôtres ont pu leur donner une autre inter- prétation que celle que nous leur avons don- née nous-mêmes.

Les paroles de Jésus-Cnrîst à ses apôtres renferment donc un précepte formel , imposé aux cil! é tiens de tous les temps et de tous les lieux, de confesser leurs péchés aux succes- seurs de ces mêmes apôtres , pour en obtenir la rémission. Il est donc aussi certain qu'il y a obligation de se confesser , qu'il est certain que Jésus Christ a dit : « Recevez le Saint- ce Esprit : Les péchés seront remis à ceux a a qui vous les remettrez, et ils seront rete- nus â ceux ù qui vous les retiendrez. »

\ 10 DIVINITÉ S

l " S ffl- Réponse à une objection.

« Je conviens , direz-vous peut-être , qu'en '^ « vertu de ces paroles du Sauveur du monde , > « les pécheurs doivent se faire connaître ? ^ « aux ministres de l'Eglise , lorsque dans le / « désir de se réconcilier avec Dieu, ils ont ^ « recours à leur ministère. Mais sont-îls ab- < l « solument obligés d'y recourir ? N'y a-t-il } s « point d'autre moyen que la confession ^ « d'obtenir le pardon de ses péchés ? » ^ Non, mon cher Théophile, autrement il

l faudrait dire que les paroles de'Jésus-Chrisfc < l sont insignifiantes, fausses et mensongères. ^

l

s Qu'arrlverait-ii , en effet , s'il y avait dans la

> rch'gion un moyen , autre que la confession ,

> de rentrer en grâce avec Dieu , s'ils suffisait , '<

> par exemple, de s'humilier en sa présence, ^ ^ déjeuner, de prier, de faire Taumône ; qu'ar- 5 riverait-il ? C'est que personne ne se confesse- 3 rait. Et qui serait assez simple pour aller soî--

lici^er, d'un ton suppliant, aux pieds d'un î^ lionime , une grâce qu'on pourrait si facile- < ment obtenir sans lui et maigre lui ? Mais ^ alors, que deviendrait la magnifique pro- 5 messe faite par Jésus-Christ à ses ministres ? >

\/UO vj \/ \y\/\/\/^^«/\/%/v .yV .f>.y\/\yj\/-\j\/\/yJ\.'

Comment. î^(Ta-t-il vrai (\\iï\^ vomMont et

41 l

si divin qui leur est confie deviendrait un pouvoir ridicule et complèlciricnt illusoire, puisqu'ils no pourrcu'ciît jamais rcxcrccr?

Ainsi , ou .il y a obligation pour tous les pcdicurs de confesser leurs pccliés aux prè- ^ très 5 ou bien Jésus-Christ s'est moqué de ses i; prêtres en leur disant : <c Les pcclics seront s « remis à ceux à qui vous les remettrez, et ''. c( ils seront retenus a ceux à qui vous les

> <( retiendrez, w II se serait également moqué d d'eux quand il leur a dit : Je vous donnerai i ^es clefs da roijaiune des cicux; que leur ser- S virait-il d'avoir les clefs cliicîel, si on pou- 3 voit y cnlrcr sans qu'il fût ouvert par leur

> minisîcre?

> Tous ces raisonnement , rnon fils, me pa- ^ raissent sans réplique , et je ne crains pas

do le dire^ , on n'y répondra jamais que cTa des obscurités ou des sopîiismcs.

§ IV. Raisons de celte instîMlon*

« Maïs , dîrez-vous encore , pourquoi Dieu « a-t-il exigé que nous fissions l'aveu de nos « fautes à xmprêirc honuiie comme nous? ;)

retiennent les péchés? INY'st-il pas évident, ^ au conlrairc, que le pouvoir si étonnant et s

\/\/\t\f\r\/\/\^\f*\J\/^,j\/\y\^

I)lVlMTl5

S '—' PoM'quoi? mon fils, c'est la une question satanique qui ne doit jamais sortir de la bou- che d'un chrétien. Le serpent infernal s'en servit pour séduire notre première mère , Eve, et la perdre avec toute sa postérité. Prenez garde qu'il n'emploie aussi le même

s moyen pour vous entraîner smi: lui dans l'a-

^ bîme.

\ Pourquoi? Eh! qui ctes-vous , pour faire

î; une pareille demande? est-ce bien à vous,

S vile créature , à demander à votre Créateur

;! raison de sa conduite ? Comment osez-vous ,

^ cendre, poussière, ver de terre, interroger

^ votre Dieu sur ses œuvres ? Est-ce à vous qu'il

\ appartient de vouloir pénétrer dans le sanc-

^ tuaire de la divinité, et de sonder la majesté $

î> de sa volonté souveraine? Eh ! ne vous suffit- ^

e il pas de savoir que Dieu a parlé , pour vous <

^ soumettre humblement à sa parole et lui ac- s

s corder le sacrifice qu'il exige de vous ?. . ., ^

^ Pourquoi ? Eh bien ! voulez-vous le savoir, ^

\ mon cher ami , écoutez et tombez aux genoux ÏJ

^ de notre divin Sauveur, pour lui témoigner <

^ votre reconnaissance. Car s'il a établi la loi ^

\ de la confession , c'est uniquement pour nous s

S donner une marque signalée de son tendre ^

^ amour pour nous. En effet, il a exigé de \

.'\/N/V*v'VX''sy\/\/V\/V«^s^-'w \/'*/- W \

DE CONF'KSLION. iH

eus Favcu des fi\ulos à un prcirc, d'abord pour nous Iminilicr, nous punir de nos pochés et faire éclater ainsi les droits iniprcscripli- ^ bics de sa justice. Par le péclié l'Iioninic ^ s'est .évoltc contre son Dieu, il a voulu, s comme lucifcr, se rendre semblable au ïrcs- ^ Aaut. Eh bien! lui dit le Seigneur, si lu veux obtenir le pardon de ton orgueilleuse désobéissance , il faut te soumettre à r homme ton semblable. Quoi de plus juste? surtout > si vous considérez, mon cher ami, que celui l qui slmmilie ainsi , sera élevé. S En second lieu, Jésus-Christ a établi la

^ loi de la confession, pour nous fournir un \ moyen efficace de nous instruire, de nous \ éclairer ; et faire ainsi éclater les merveilleux s «ecrets de sa sagesse. Au saint tribunal , le S prêtre exerce l'office du docteur , et la lampe à la main il scrute la nouvelle Jérusalem, l'ame chrétienne confiée à sa direction ; en chaire , il lui donne les règles de conduite : au saint tribunal , il les applique selon ses besoins; en chaire il lui enseigne la voie du salut: au saint tribunal, ill'y conduit, quelle prévoyante sagesse !....

En trisinne lieu , Jésus-Christ a établi la loi delà confessions pour nous purifier de

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nos f.mtcs pasHces et nous en préserver a Ta- 5 venir , afin de faire ainsi éclater les trésors < précieux de sa miséricordieuse puissance. \ Le prodige que îe prophète demandait à Dieu , s de créer en lui un cœur pur et de renouveler s dans ses entrailles un esprit droit, se re- > produit chaque jour au saint tribunal. Le ? prctre en sa qualilc déjuge et de médecin, ^ y remet tous les péchés , y redonne la vie do ^ la grâce. C'est qu'il examine la nature de l nos infirmités spirituelles et qu il y applique ^ les remèdes les plus efficaces pour nous pré- ^? server do la rechute. C'est le bon Samaritain, qui verse l'huile de la charité, sur les plaies que le péché a faîtes à nos amcs , et nous ac- corde une pleine et entière guérison. Quelle miséricordieuse puisçance !

Enfin , Jésus- Christ a établi la loi de la con- fession pour nous consoler dans les peines de la vie , et nous prémunir contre les ter- reurs de la mort , afin de montrer les riches- ses inîînies de sou inépuisable bonté. Le prêtre exerce au saint tribunal l'office d'un père tendre et d'un ami fidèle; c'est lui qui nous dit avec le Sauveur: (c Venez à moi, « vous tous qui êtes travaillés par la peinCg « et chargés du poids des afîlicticas , et je

n Tons Ronl n'ocrai. » Le moiulo vous o])nn- dontie quand l'advcrsitc vous froppc, mais c'est alors quo !a religion vous ouvre son sdii paternel pour vous consoler-

Est-ce assez , mon cher ami , pour voi/3 sa- ^ tisfairc? Oserc/-vous encore demander avec ? insolence Pourquoi notre Seigneur n voulu s nous imposer le joug Je la confession ? Con- - s fessez maintenant que ce joug qui vous pa- S raissait si injuste, si pénible, est un joug bien léger et bien doux? 0 mon Dieu ! grâces immortelles vous soient rendues pour Fins- liluti()n salutaire du sacrcnicnt de la récon- ciliation !

Et ne dites pas quG le prêtre auquel le Sauveur exige que vous fassiez la confession de vos fautes, est un homme comme vous. Car on peut dire do lui dans un sens vérita- ble , qu'il est Dieu et homme tout ensemble. Sans doiiiG , il est homme par sa nature , compose d'un corps et d'une amc , sujets aux mêmes mlGcres que voiîs, mais il est aussi Dieu par la dignité à laquelle Jésus-Christ l'a élevé. Car, il lui a donné le pouvoir de remettre les péchés , il en a fa:t son ministre, son anibnssaiiCur, son mandataire, son dé- > légué. C'est donc ii Jésus-Christ lui-même <

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^b DIVINITE

que vouè vons confcsez dans la personne du prêtre , qui est son représeulant au tribunal de la pénitence. t?

Dieu a voulu qu'il fût homme afin que con- naissant , par lui-mêmej, votre faiblessr , il eût plus de charité pour y compatir ; il en a fait un Dicn , afin pu'il eût le pouvoir d'y ap- porter un remède efficace. Comme homme , il doit donc vous inspirer une grande con- fiance , et , en sa qualité d'Homme-Dieu , ■* mérite tout votre respect. Admirez ici la bonté et la sagesse de Celui qui , par amour pour vous 5 a réuni des choses qui semblent incompatibles,

« Lorsque je confesse inss péchés, dit l'auteur des Mémoires de M. Belval , ce n'est pas au prêtre seul que j'en fais l'aveu, mais à Dieu tout-puissant dont j'implore la clé- mence et la miséricorde , c'est a la sainte mère du Sauveur, cette vierge toujours pure et sans tache, qui, n'ayant jamais eu besoin de pardon pour elle-même . le réclame pour moi ; c'est à Varchange Michel , qui a vaincu le prince de l'iniquité , l'a chassé devant Diou , et l'a précipité dans l'éternel abîme ; c'est ^ Jean-Bapiste , prédicateur de la péni- tence , à daint Pierre , à qui ils furent confiées

DE LA CONFESSION. 47

Tes clcs UTi royaume; des ciciix , a saint Paul , qu'un rniraclc convertit cl associa au chef de l'Eglise; a tous les sainln qui régnent dans la gloire , qui sont licureux du bonheur de Dieu même, et pour lesquels cependant la con- version d'un pécheurs est un jour de fétc.

« Ccstdonc le Dieu trois fois saint et toute l'armée céleste qui environne son trune, que je prends pour témoins de ma sincérité et de mon repentir ; je me transporte , par la pensée, au milieu de cette cour suprême qui a les yeux fixés sur moi , j'oublie lliommc qui m'entend ; je n'envisage que celui qui a tout vu, tout entendu , et qui sait déjà le fond de mon cœur; et, inaccessible à la honte que pourraient faire naître en moi de péni- ^ blés aveux , je fais avec joie et avec bonheur une démarche que la religion agrandit à mes yeux , et qui se trouve complètement justi- fiée par ma raison même.

En effet , mon cher Théophile , la raison ne me dit-elle pas que Dieu a pu attacher la clémence à Taveu de nos crimes? Et s'il l'a fait comme la foi uous l'enseigne , pourquoi n'aurait -il pas investi du droit d'absoudre un homme comme nous mais revêtu néamoins d'un caractère sacré?

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mVINlT]^

VÀJLenkpletSt

eOHFESSION d'aDAM ET D*ÉVB.

Au SOflîr des mains du créateur, Adam et Evcî êlaïcnt dans une parfaite innocence; ils furent aussi places dans un jardin de délices pour y jouir d*une véritable félicité. Mais Dieu , voulant exiger d'eux le dévouement de leur cœur et des preuves de leur obcissoncc , leur défendit, sous peine de mort, de loucher au fruit de l'arbre de la science du bien et du mal. Ce commandement était facile à observer; mais néanmoins, séduite parle démon, caché sous la forme d*un serpent, la femme mangea du fruit défendu et en donna à son mari qui en mangea comme elle. En même Icmps leurs yeux furent ouverts à tous deux , ils reconnurent qu'ils étaient nus, et ils entrelacèrent des feuilles de figuier et s'en firent de quoi se couvrir.

Le Seigneur a sur Adam et Eve des vues de mi- séricorde, il veut leur pardonner leurs crimes; mais avant de lui faire entendre des paroles de consolation et de paix, il veut qu*Adara reconnaisse son crime et en fasse l'humble aveu. « Adam, lui dit-il, es-tu?» «Je me suis cache, ré- pond Adam , parce que j'ai eu peur. » « D'où t'est venue cette crainte, reprend le Seigneur, s* ce n'est de ce que tu as mangé du fruit dont je t'avais défendu de manger ?»— C'est ainsi que

DE LA CONFrSSIO?f. 13

Dieu lui mctib boiicho la confession Jo son crime. El, on cfl'ct, Adam reprenant aussitôt , rrpond: * La femme que vous m'avez donnée m'a prcsenlc do ce fruit , et j'en ai mange. » Etfen ai mawjc, voiL.v LA cONi-r.ssiON d*Adam ; c'est tout ce que Dieu demandail, l'aveu du coupable. Il s'adresse ensuite à la femme: « Pourquoi, luiTlit-il, as-tu fait cela?» La femme repond : « Le serpent m'a trompe , et j'en ai mange. IlI fcn ai mangéf

VOILA LA CONFESSION d'Eve»

Dans tout cet entretien du Créateur avec les deux premiers coupables , nous voyons un père offensé , mais un père qui , dans son infinie miséri- corde , leur ouvre son sein paternel , afin qu'ils se déchargent, en confessant leur péché, du poids énorme dont leur conscience est accablée. Tel est la touchante origine de la confession, (Ge?ièu«e. chap. ni. )

CONFESSION DE DAVIB.

Dans certains cas extraordinaires , la confession se faisait à des prophètes que Dieu envoyait pour la recevoir. Nous en trouvons un exemple bien frappant dans l'histoire du régne de David : ce prince ayant fait péi ir Uric peur lui enlever son épouse , le prophcle Nathan se présente devant lai pour entendre la confession de son crim , et , pour l'y amener, il a recours à celte aimable et adroite fiction ;

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20 DIVINITÉ

« II y avait dans h ville deux hommes dont l'un était riche et l'autre pauvre. Les bergeries du riche étaient remplies de nombreux troupeaux de gros et menu bétail. Le pauvre n'avait , pour toute pro- priété, qu'une petite brebis qu'il avait achetée et nourrie auprès de lui et parmi ses enfants. Elle mangeait de son pain, buvait de sa coupe, dormait dans son sein; il la chérissait comme sa fille. Un voyageur étant descendu chez le riche , celui-ci ne voulut point toucher à ses propres brebis , ni à ses bœufs, pour le bien recevoir. Mais il enleva la bre- bis de son pauvre voisin , ot la fit apprêter pour régaler son hôte. » *

David , indigné ce qu'il venait d'entendre , et n'écoutant que sa colère, s'écrie : « J'en jure par le Seigneur, celui qui a commis cette horrible action est digne de mort. Il rendra au quadruple la brebis qu'il a enlevée. » Nathan réplique aussitôt : « Eh bien ! c'est vous qui êtes le coupable, tu es ille vir; et voici ce que dit le Seigneur, le Seigneur Dieu d'Israël : « Je vous ai sacré roi : je vous ai élevé sur le trône d'Israël et de Juda: j'au- rais fait davantage si vous l'eussiez désiré. Répon- dez maintenant : pourquoi avez-vous porté le mé- pris pour mes lois jusqu'à commettre un aussi grand crime ? Veus avez fait périr par l'épée Urie l'Hé- téen i vous l'avez immolé sous le fer des enfants d'Amrnon ; vous lui avez enlevé son épouse bicn- aimce pour vous l'approprier.;. Eh bien! mainte- liant l'épée ne sortira point devotre maison..* Vous

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.r\y*^>rw^.

DE LA CONFrSSION. 21

avei commis volrc crime dans les ténèbres de la nuit , et moi je satisferai ma vengeance ù la vue d'Israël , à la vue du soleil. Vous avez fait blas- phémer le nom du Seigneur, le Seigneur frappera

do mort le fruit de votre ndultcrc. Le fils qui vous S

est ne vu périr. » ^

Chaque mol de cet cioquent discours est un coup >

de foudre qui accable David et ne lui laisse aucun ^

moyen de repondre. Il reste interdit , confus ; il '-

peut à peine prononcer ces mots entrecoupés : ^

« J*ai péché contre le Seigneur, peccvvi domino. S

Parole à jamais célèbre qui mérita à ce roi péni- ^

tcnt le pardon le plus entier, mais qui ne le lui ^

mérita que parce qu'elle renfermait la confession ^

la plus humble et la plus sincère de son crime, s

(II. liv. des Rois, chap. XII.) <.

CONFESSION FAITE PAIl LE GRAND-PRÊTRE. S

Outre les confessions particulières en usage chez S

les juifs, il y avait aussi des confessions publiques S'

et générales. Une des plus célèbres était celle qui S

avait lieu le jour de l'expiation solennelle. Voici S

quelles étaient les principales cérémonies de cette S

fête :

Après s'être lavé , non-seulement les pieds et les mains, comme dans les sacrifices ordinaires , mais tout le corps , le grand-prétre s'habillait de simple lin comme les autres prêtres. Ainsi revêtu , il of- frait d'abord un jeune taureau et un bélier, pour

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22 DIVINITÉ

l^ecTiés des prêtres et surtout pour Ici siens. îl mettait ses mains sur les Ictcs de ces viclimcs , ti confessait ses péchés et ceux de sa maison. Puis il recevait des mains des princes du peuple, deux Boucs pour le péché , et un bélier pour être offert en holocauste au nom de toute la multitude. On tirait au sort lequel des deux boucs serait immole, et lequel serait mis en liberté. Le bouc sur lequel était tombé le sort pour être sacrifié, était immolé à côté de Tautcl des holocaustes. Le grand-prctre en portait le sang dans le sanctuaire, et faisait sept fois des aspersions avec son doigt trempe dans le sang , entre l'arche et le voile qui séparait le Saint d*avec le Sanctuaire. Il se faisait ensuite amener le bouc qui était destiné à être mis en liberté. Il /nettait les deux mains sur la tête de cet animal ; il confessait toutes les iniquités des enfants d^Israël, toutes leurs offenses et tous leurs pêches; il en char- geait avec imprécation la tête de ce bouc, puis le livrait à un homme destiné à cela , qui le condui- sait au désert et le mettait en liberté.

Selon tous les interprètes des divines Ecritures, les deux boucs dont il vient d'être psrlé représen- taient le peuple coupable. Ce qui s'accomplissait sur l'un de ces animaux n'exprimait-il pas d'une manière bien sensible , la nécessité de la confession des péchés, pour en obtenir le pardon et recouvrer Xa liberté des enfants de Dieu. (Leyit., ch. xvi.)

\rj .y\^Vx/ »/v\A/

DE LA CONFESSION- 23 >

BISTOIM Dl iRAOPADI IT DES CINQ FKËRll CÉLftBRU.

!1 est împossiblc cîe ne pas reconnaître dans l'his- loirc de Draxipadl et dos finq firres célcl)rcs, rétat de dégradation dans lequel l'homme tombe par le pc'cbc , et la vertu qu'a la confession de le relever et de lui rendre sa dignité première ; la voici î

« Lorsque Chrtchnon était au monde, la famcu^t Draupadi était mariée aux cinq frères célèbres , tous rois de Madurc. L'un de ces princes tira un jour une ficclic sur un arbre , et en fit tomber un fruit admirable. L'arbre appartenait h un célèbre pénitent , et avait cette propriété , que , chaque mois , il portait un fruit ; ce fruit donnait tant de (orce à celui qui le mangeait , que , pendant tout

le mois, cette seule nourriture lui suffisait. Mais s comme , dans ces temps reculés , on craignait plus ^

la malédiction des pénitents que celle des dieux,

les cinq frères appréhendèrent que l'ermite ne les ÎJ

maudît. Ils prièrent donc Chrichnen de les aider ?

dans une affaire si délicate. Le dieu Vislnou^ mé- cj

tamorphosé en Chrichnen y leur dit, aussi bien ?

qu'à Draupadi qui était présente, qu'il ne voyait <

qu'un seul moyen de réparer un si grand mal , que c;

ce moyen était la confession entière de tous les pé^ <

chés do leur vie; que l'arbre dont le fruit était ^ tombé avait six coudées de haut: qu'à mesure que

divînitjS

chacun d'eux se comfesserait ^ le fruit s*clèveraît en l'air de la hauteur d'une coudée, et qu*à la fin de la dernière confession, il s'attacherait à l'arbre comme il était auparavant.

c< Le remède était amer, mais il fallait se ré- soudre à en passer par , ou bien à s'exposer à la malédiction d*un pénitent. Les cinq frères prirent donc leur parti , et consentirent à tout déclarer. La difficulté était de déterminer la femme à faire la même chose , et on eut bien de la peine à l'y déci- der. Depuis qu'il s'agissait de parler de ses fautes, elle ne se sentait d'inclination que pour le secret et le silence. Cependant à force de lui remettre de- vant les yeux les suites funestes de la malédiction des Sujiias 9 on lui fit promettre tout ce qu'on voulut.

« Après cette assurance , l'aîné des princes com- mença cette pénible cérémonie , et fit une confes" sion très exacte de toute sa vie, A mesure qu'il par- lait, le fruit montait de lui-même, et se trouva seulement élevé d'une coudée à la fin de celte pre- mière confession. Les quatre autres princes conti- nuèrent , à l'exemple de leur aîné , et l'on vit ar- river le même prodige, c'est-à-dire, qu'à la fin de la confession du cinquième, le fruit était pré- cisément à la hauteur de cinq coudées. Il ne res- tait plus qu'une coudée : mais c'était à Drawpadi que le dernier effort était réservé* Après bien des combats , elle commença sa confession , et le fruit s'élevait peu à pou. Elle avait achevé , disait-elle ,

BE lA CONFFSSION'. . 2j

cl cependant il sVn fallait encore une (Irml-coudcc que le Iriiil n'eut rejoint l'urbrc dont il était louibé. Jl était évident quelle avait oublié ou caché qjicUinc. chose. Les cin([ frères la prièrent avec larmes dt* ne pas se perdre par une mauvaise honte ; et de ne pas les envelopper dans son malheur. Mais Chrichncn étant venu au secours , clic déclara mi julché (le })cnsce qu'elle voulait tenir secret. A peine eut-elle parlé , que le fruit acheva sa course , et alla de lui-même s'attacher à la branche il était auparavant. » {Lettres édifiantes , t. 8 , p. 149 et suiv. )

HISTOIRE DE VÀLMIKY.

L'histoire de Valmiky n'est pas moins remar- quable.

«c Précipité du ciel a cause de ses dérèglements et de son orgueil , Brahmâ prend la résolution de mériter sa grâce par une pénitence proportionnée à la grandeur de ses fautes. Le Ti ès-ïlaut le con- damne à passer par quatre régénérations succes- sives».• Brahmà se montra docile au commande- ment de l'Eternel. Il parut d'abord sous la figure d'un corbeau; puis il naquit , misérable mortel, dans la plus misérable des tribus , celle des Pa^ rias , sous le nom de Valmihj. A la bassesse de sa naissance , il joignit l'esprit le plus commun, l'ame la plus dégradée , et il devint un véritable scélérat. Etabli dans une épaisse forêt , près d'une grande

.VX^/%^.

2() DmNlTÈ

route , il attirait fîans sa cabane les voyageur? fati- gues, et scduils , d'ailleurs , par les dehors d'uuc hospitalilc bienveillante ; rfiais c'était pour les as- sassiner pendant la nuit et les voler ensuite. »

Depuis nombre d'années ^ il menait cet exécra- ble genre de vie , lorsque deux Rïchis se prcsen- $ tcrent à sa cabane et y couchèrent. Valmiky leur

^ préparait le même sort que tant d'autres avaient

? trouvé chez lui , déjà même il tenait l'arme fatale,

S quand tout-à-coup , saisi de fraj^eur, il se sent ar-

> vête par une puissance surnaturelle... Cependant,

b les voyageurs s'éveillent : ils voient Valmihj , ils

voient Tarme fatale dans sa main , et , sur son front , le trouble , la pâleur et l'effroi.. •. Ils clier- client à gagner sa confiance , et l'amènent par degré à une confession volontaire de tous ses crîmes. Les Richis lui représentent l'horreur de sa vie . parviennent à le toucher, et font naître dans son cœur un sincère repentir. Alors ils lui apprennent les moyens de faire pcnîtence , et dès cet instant , Valmiky se livre aux expiations les plus rudes , à tous les exercices de la plus austère piété.... C'est ainsi que Valmiky devint un homme nouveau 5 son esprit reçut les lumières en abondance, et recou- vri son énergie primitive.

L'histoire de Valmiky est Thistoire de l'homme, de sa chute , de ses erreurs, de ses crimes, et du pardon qu'il obtient , en faisant la confession volou' taire de ses excès, et en se livrant aux exercices laborieux de la pénitence.

( Reliaions de l'antiquité^ tom. ï, p. 228.1

DE LA CONFESSION. :27

Clifipiti'c 9*

DEUXIÈME I^REUVE.

l'argument de prescription .

L'obligation de confesser ses pèches dé- roule naturellement du pouvoir judiciaire confie par Jésus-Christ h ses apôtres ; nous venons de le prouver , mon cher Théophile ; mais pour mieux démontrer la divinité de la confession , nous avons recours a Vargument de i prescription , lequel consiste à conclure , que ^j puisqu'elle existe dans l'Eglise et qu'on ne > peut en assigner Toriginc , elle a commencé ^ nécessairement avec la christianisme , quelle ^ a été instituée par Jé>:MS-Christ. S

§. I. Impossibil'fe de t invention de la ?

confession. s

C'est un fait incontestable , qu'on se con- ?

fesse dans tout l'univers catholique .;> en ^

France , en Italie , en Espagne , en iïllcma ^

gne, en Angleterre, et même parmi les S

Grecs schismatiqucs. Les plus incrédules ne >

28 '1 DIVINITÉ

peuvent nier ccUc existence actuelle de la confession , il faudrait nier l'histoire , l'évi- dence même. Maintenant il faut admettre , ou que la confession a toujours existe dans le cliristip.nisme , ou bien qu'elle a ctc établie depuis dans l'Eglise. Il n'y a pas de milieu entre ces deux hypothèses. Or, je prétends, mon cher ami , qu'il est de la dernière fausseté de dire que la confession a été établie dans la suite des temps , car cet établissement n'a-a- rait pu se faire qu'en deux manières, ou tout-à-coup et subitement , ou peu à peu et insensiblement ; or ni Tun ni l'autre mode ne peut être soutenu,

Dircz-vous queîa confession s'est introduite subitement dans le inonde , c'est-à-dire qu'un jour on ne croyait nulle part à la confession , et que le lendemain cette croyance s'est ré- pandue dans tout le monde ; que jusque-là , tous les prêtres , tous les docteurs avaient en- seigné qu'il n'y avait aucune obligation do recevoir le sacrement de pénitence , et que le lendemain tous les prédicateurs de la religion annoncèrent au peuple chrétien qu'il ne pou- vait y avoir de salut que par sa réception. Mais qui ne voit qu'un changement si subit , universel . si difficile, est impossible. Vous

'*«/^-r^J^•v^yWWvAA/W

DE LA CONFESSION. Sft

convenez que la confession est une insUluliort très pénible, qui répugne à loules les pas- sions; vous dites sans cesse qn'il est bien dur, bien humiliant de faire l'aveu de ses fautes à tm honnne comme soi , et vous voulez que la confession ait été admise ainsi sans difficultés, sans querelles , sans réclama lions par tons les peuples chrétiens, par les cvéques et les lî- dcles, par les rois et leurs sujets. Ah ! je ne crains pas de le dire, si un pareil changement avait eu lieu, il faudrait y reconnaître l'inter- vention de celui qui tient les cœurs entre ses mains, et nous écrier avec le prophète -, A Domino faclum est isUid €^ ^t mirabile in oculis nostris.

Direz vous, mon iBls, que îa confession s'est établie peu à peu? c est-à-dire, d'abord dans un pays , puis dans une provinee , en- suite dans un royaume, et enfin dans le monde entier. Mais s'il en est ainsi , il faut nous dire quel est l'audacieux mortel qui le premier a eu l'idée d'imposer à ses semblables un joug si pénible ? quelle est la contrée le dogme de la divinité de la confession a com- ^ mencé à être prêché ? à quelle époque a paru l'homme qui a voulu ainsi tromper ses frè- res? Il faut de plus nous raconter quelles

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sa î)mNrr4

sont les querelles , les disputes qv^e cette in- novation a dii nécessairement occasîoner parmi les docteurs de la loi. Or, lisez les fastes de l'Eglise, vous y trouverez les noms de tous les hérétiques qui ont aduUcré la pa- role de Dieu, vous y verrez surtout la réforme prétendue de Luther et de Calvin qui ont atta- qué les premiers, le dogme de la confession, les guerres sanglantes que leurs nouveautés ont occasionccs dans le monde chrétien , mais vous n'y trouvère:^ aucune trace de l'invention delà confession.

Si vous lisez l'histoire ecclésiastique , vous découvrirez roriginc de certGÎncs dévotions du christianisme. Celle ^ par exemple, du sacré cœur de Jésus, On cite le nom de la re- ligieuse dont Dieu s'est servi pour la propa- ger dans le monde , le lieu qui a eu Tlionneur d'être le premier théâtre de celle dévotion , on voit l'opposition de bien des personnes à cette dévotion , le grand nombre de livres qui ont été composés à cette occa- sion. Mais s'il en est ainsi , pour une sim- ple dévotÎQn qui n'oblige jjcts , que serait-ce pour la confession qui est un devoir rigoureux et pénible ? Toutes les passions se seraient ^oiu levées pour i'atlaquer, et les pages de rhis-

oVV/'v '~■.y■^.,•'^V-J^ ''Vi'^/Nj''.

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DE LA CONFESSION. 51

toirc seraient remplies des récits de guerres

et de disputes que cette innovation aurait

occasionccs. Donc la confession na pas clé ^

invenlêc. <

c

g II. Ohscrvaîîms sur VEglise grecque. ^

Pour donner une nouvelle force à mon $

argument, mon cher Tlicopliilc , je dis : ou ^

la confession a ctc établie dans le mondo c

avant la séparation des Grecs scliismatiques , 5

ou c'est après ce schisme d'Orient qui désole <

encore l'Eglise. ^'

Voulez-vous dire que rinvcnlîon a eu lieu ?

avant la séparation des Grecs? Mais comment <

expliquer alors que les Grecs, qui sont les s

ennemis mortels de FEglise romaine, qui ^

ont pris pour prétexte de leur séparation un ^

mot (1) ajouté au Symbole de Nicée, n'aient ^

jamais reproché à FEglise romaine cette inno- <

vation, que môme ils aient conservé parmi eux s

la croyance et la pratique do la confession ? S

Ah! s'ils ne lui ont pas reproché cette ^

(1) Le mot filîoque. Ils prétendent que le Soint S

Esprit ne procède pas du Fils , et que celte addi- ->

tion est une innovation, i?nc erreur^ ^

S

53 DIVINÎT^

innovation , c'est qu'ils ont toujours cto convaincus que la confession a été établie par Jésus-Christ , qu'elle est véritablement divine.

Si vous dites , au conti-'aire, que c'est après la séparation , la difficulté devient encore plus grande. Car comment concevoir que les orgueilleux patriarches de Constantinoplo aient consenti à recevoir des pontifes de Rome un dogme qu'ils regarderaient comme une nouveauté* On ne peut donc raisonna- blement admettre l'invention de la confes- sion 5 ni avant ni après le schisme des Grecs , et puisqu'elle existe néanmoins chez les Grecs et chez les Latins , il laut nécessaire- ment en conclure , mon cher ami , que la confession a toujours été dans l'Eglise et qu'elle est d'institution divine.

Ce fut au IKp siècle que les Gr^es se scf/a- rcrent des Latins ^ mais , dès les premiers siè- cles, plusieurs sectes orientales avaient fait scission avec l'Eglise romaine; or, toutes, sans exception, regardent la confession comma absolument nécessaire , de droit divin , pour rentrer en grâce avec Dieu. Les Arméniens, par exemple, convertis au christianisme par

^•v^.n^Ay'*^ *rv^AArv\/wN/>

DE LA CONFESSION. 8J

sninl Grégoire, surnommé Vllliumnatcur, sous le ponlilicat de saint Sylvestre (1) , reslrrcnt allaclics à l'Eglise romaine pendant deux siècles. Us devinrent scliismaliciues vers l'an 520 , sous le patriarcliat de Nierccs , sur- nommé AchdaragJiensis,

La pratique de la confession s'est conser- vée parmi eux, quoique rincapacité de leurs prêtres y ait introduit quelques abus. Voici la formule d'absolution dont ils se servent : « Que Dieu , qui a de Tamour pour les hom- mes , vous fasse miséricorde 5 qu'il vous ac- corde le pardon des péchés que vous avez confessés, et de ceux que vous avez oubliés; et moi 5 par l'autorité que me donne l'ordre sacerdotal , selon ces divines paroles : Tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel , avec les mêmes paroles , je vous ab- sous de tous les péchés que vous avez commis par pensées , paroles et œuvres ; au nom du Père, du Fils, et du Saint-Espnt. »

L'Eglise russe , modelée sur FEgîîse grec- que dont elle ne diffère que par la langue liturgique , en adopta la discipline et les usages : la confession auriculaire y est l'objet

(l) S, Sylvestre , pape, clu en 314,

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54 DIVINITÉ

d'une croyance dogmatique et d'une obligation < pratique. ^

§ IIÏ. Conservation ch la Confession.

Voulez-vous, mon fils, une nouvelle preuve de l'institution divine de la confession? Écou- tez. Vous n'ignorez pas que la confession existe depuis 1800 ans, et qu'étant aussi pénible quelle est, elle a toujours eu des ennemis. Or, je prclends que cette conservation de la confession, malgré les attaques dont elle a été l'objet, malgré son opposition à toutes les passions, est un argument qui ne laisse aucun doute sur sa divinité.

En effet, ne peut -on pas appliquer h la confession ce que Gamaîiel disait aux Juifs touchant la religion cîirétienne qui commen- çait à s'établir dans le monde, et que les Juifs voulaient persécuter. Ou cette secte , leur di- sait-il , vient de Dieu, ou elle vient des hom- mes. Si elle vient de Dieu, c'est non seule- i2ient un crime , maïs encore une folie de chercher à la détruire, parce qu'étant ap- puyée sur le bras du Tout-Pnissant , elle triomphera toujours de vos ciTorts. Si , au contraire, elle vient des hommes , il est

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îniilHc de la pcrst'cuter ; tout ce qui est d'ins- ^ titulion humaine ne saurait durer, elle pi»- > rira donc d'elle luômc et s évanouira comme > la fumée. Tous les siècles nous en fournissent ^ des preuves de celle vérité ; mais qu avons- ^ nous besoin d'exemples anciens , lorsque la < lin du siècle dernier nous en offro de si \ frappants? ^

Alors on vit des hommes vomis par rcnfcr, < chercher à délruirc la religion du Christ s pour y substituer le culte impie de la raison > de riîomme; tout était en leur pouvoir, ^ science , richesses , pouvoir , et leur zèle in- \ fenial faillit noyer notre France dans une < mare de sang. Eh bien! qu'est-il arrivé? Au \ moment tout semblait prospérer au gré de leurs désirs, qu'ils proclamaient tout haut, à la face du monde épouvanté, le triomphe de leurs doctrines et de leurs œu- vres, le Dieu qui habite au plus haut des cieux s'est moqué d'eux , il les a dispersés de- vant lui comme l'ouragan dissipe la pous- ; sière; leurs œuvres ont disparu avec eux , et '^ l'on conserve à peine le souvenir de leurs ^ ridicules et impies institutions. \ Il est donc vrai , mon cher am!_, qitè tout

> ce qui est humain ne saurait longtemps sub-

L.

50 DIVINITÉ

sistcr. Puis donc que ]a confession dure de- puis dix-huit siècles , qu'elle a triomphé de toutes les attaques des ennemis de la religion, il faut en conclure qu'étant d'institution di- vine, elle participe à l'effet de cette pro- messe du Fils de Dieu à son Eglise : « Les <t portes de l'enfer ne prévaudront pas con- c( tre elle. »

§ IV. Objection Urée du concile de Latran,

« Mais , direz-vous peut-être , ne peut-on « pas objecter que la confession a été établie « dans le quatrième concile de Latran tenu « à Rome en 1215 par le souverain pontife « Innocent lïl? » l '

Il est vrai que dans le concile on fit un commandement aux fidèles de se confesser au moins une fois l'an. Mais en lisant le ca- non qui le renferme, on voit que la confession était déjà établie dans l'Eglise. Voici les pa- roles des pères du concile. « Que tout fidèle « de l'un ou de l'autre sexe qui a atteint c< l'âge de discrétion , confesse seul , Gdèle- « ment, tous ses péchés à son propre prêtre, « au moins une fois fan , et qu'il ait soin « d'accomplir de tout son pouvoir la péni^

\

i>E tA CONFKSSION. 57

« tcncc qiû lui aura clé imposée... Quo si « quelqu'un, pour une cause juste, désire se « confesser à un prêtre étranger , qu'il en « demanclo auparavant permission à son « propre pasteur. Car autrement le prêtre « étranger ne peut ni le délier ni le lier, »

Vouloir, de ce décret du concile , conclure que la confession a été instituée alors, c'est' montrer une grande ignorance ou une insi- gne mauvaise foi. Car qui ne reconnaît que ce décret la suppose évidemment déjà éta-» i)lie ; et qu'il n'est porte que pour détruira deux abus qui s'étaient glissés dans l'Eglise ^ le premier, de laisser passer plusieurs années sans s'approcher du sacrement de pénitence , et le second de se confesser à des ^ prêtres étrangers , dont on n'était pas connu j < afin d'en obtenir pliss facilement l'absolu- S lion. ^

Il est donc certain que la confession n'a pas été établie par Innocent HI, qu'on ne peut assigner son origine ; de , il faut conclure qu'elle a été instituée par Jésus- Christ , qu'elle est divine.

WYiNniS Exemple*

CONVERSION d'un JEDNE HOMME.

Désire , âgé de trente ans , d'un caractère doux^ franc et loyal , s'était gâté et corrompu l'esprit en 3e livrant aux systèmes prétendus philosophiques. D'erreurs en erreurs 9 il était tombé dans le maté- rialisme le plus grossier. Il avait surtout en hor- reur la religion catholique et la haine la plus im- placable contre ses ministres , qu'il disait être le fléau de l'humanité, et dont il appelait à haute Voix la destruction.

Attaqué d'une phlhisio pulmonaire , il avançait vers sa fin. Sa sœur , fille vertueuse , qu'il aimait ^ tendrement, lui prodiguait ses soins. Tous ses

» efforts pour le faire entrer dans la voie de la raison et de la religion étaient inutiles. Désiré protestait toujours qu'il ne croyait pas qu'il y eût un Dieu, et repoussait par des blasphèmes toutes les vérités qu'on lui présentait. Une pieuse dame de la paroisse Notrc-Dame~des^- Victoires , amie de la sœur de Désiré , connaissant l'état et les dispositions de ce malheureux, conçut la pensée de le faire re- commander aux prières de l'Association ; mais elle imagina que le moyen de lui obtenir , tout impie qu'il était , la protection de Marie, était de le faire inscrire au nombre des associés en l'honneur du saint Cœur de Marie.

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DE LA CONFESSION. 59

Potir cr;la il fallait lrojn])cr le cuic. Lo samedi 17 juin elle vient lo trouver, et le prie d'inscrire un jeune liomnic dangereusement malade, et de lo recommander aux prières pour lui obtenir, par la protection de la sainlc Vierge, la grâce de recevoir ^ ^ les derniers sacrements. Le lendemain dimanche , ^

^ à sept heures et demie du soir, il est recommandé ; -

S on fait pour lui les prières publiques. Le lundi 19,

c plusieurs communions furent olFerlcs pour lui.

cj Cette journée fut des plus cruelles pour le pau-

cj vre malade : il éprouva successivement plusieurs

^ crises qui le réduisirent à une sorte d'anéanlissc-

([ ment. Le soir, sur les sept heures et demie, il rc-

il eut la visite de son médecin , homme chrétien et

reh'gieux. 11 l'interroge sur son état : celui-ci lui répond qu'il est sans remède et que sa mort est prochaine , et il ajoute : « Mon ami , une éternité K de bonheur vous est offerte , si vous voulez la •c mériter, il est encore temps. » (J Désire conserve un visage calme et répond d'un

^ ton ferme : « Je vous ai déjà fait ma confession

^ « de foi , docteur 5 je ne veux pas entendre ce lan-

gage; je ne changerai pasa Je ne crois pas en Dieu; et d'ailleurs , s'il y a un ciel , une éterni té, je n'ai pas de reproches à me faire. Depuis sept ans je me sacrifie pour le bonheur de l'hu- manité , et c'est pour elle que je m.eurs. 5 Nous avons omis de dire que Désiré était non

«> seulement esclave d'une impiété brutale, m.ais cn-

yi^rux

''/VV%ArvryvVVVVVVV%AArvrv«iirvryV

40 i^mNiTÉ

core Tadepte fanatique de toutes ces fantasmago- ries politiques par lesquelles tant de charlatans, depuis dix à douze ans, séduisent la jeunesse. Le médecin continua quelques minutes ses pieux avis ; le malade tourna la tête et ne parut plus l'enten- dre. Une sœur du Bon-Secours venait d'être ap« lée auprès de lui pour lui donner des soins; c'est la même dont nous venons de parler.

Au départ du médecin, Désiré lui dit : « Qu'il •f m'ennuie donc! voilà plusieurs fois qu'il me •c parle de religion : j'ai beau lui dire que cela me •e fatigue, il ne veut pas se taire.» Cette bonne fille qui voit son accablement, sa faiblesse, se con- tente de lui dire : et Cependant, mon ami , s'il y « a un Dieu , qu'allez-'/ous devenir? Il n'y a pas « d'homme qui puisse être irréprochable devant *c lui.»— Oh ! bénigne et toute puissante Marie, voilà l'heure de votre triomphe !

Désiré regarde la sœurj réfléchit un mstant et s'écrie avec une force extraordinaire à son état ; •e Oui, je me rappelle un miracle qu'on ne peut « nier, tout un peuple l'a vu. C'est la multiplica- •e tion des cinq pains dans le désert. Je reconnais « Jésus-Christ pour mon Dieu. Faites venir un •c prêtre , et je me confesserai ce soir ; demain t< peut-être il ne serait plus temps. » Grâce de Jésus-Christ, grâce toute puissante, voilà bien votre ouvrage. Il n'y a que quelques minutes ce pécheur était un impie qui renonçait Dieu, qui défiait effron'

DE LA COiNFKSSTON. 4^

Icmcnt sa justice, ctloul-ù-roup ilans un clin dVil, vous en avez fait un pécheur pcnilcnt, un enfant soumis et fidèle. Ah! daij^ncz vous emparer de nos cœurs et consacrez-les sans retour à l'amour et à la fidciilc envers le Dieu du pardon et de la miséri- corde.

Il était tard, De'sirc était épuisé; mais le danger était si pressant, et il demandait si vivement, que Ton ne crut pas devoir attendre au lendemain à le faire confesser. Plusieurs prêtres avaient cherche à le voir pendant sa maladie ^ quelques-uns avaient été rebutés ; d'autres, en petit nombre, avaient été reçus, mais renvoyés avec dédain. Il désigna lui- même un de ceux qu'il avait le plus mal reçus, afin, dil-il, que ce soit une réparation. Cet ecclésiastique est membre d'une vénérable congrégation qui ha- bite le voisinage de la maison qu'occupait Désire. A son arrivée, Désiré lui dit : « Mon père, je « touche à mes derniers moments , je désire rac « confesser. »• Sa confession dura cinq quarts d'hciu-e.

( La êuite avt chapUrc suivant.)

Cliapitro 8.

TROISIÈME PREUVE.

Absurdité de cette assertion :

s Ce sonl les prêtres qui ont inventé la confessîoHi

S Par même que nous venons de prouve!

!j que c'est Jésus-Christ qui a institué la confcs-

^ sion 5 il s'ensuit naturellement, mon cher

< Théophile, que ce ne sont pas les prêtres qui

l en sont les auteurs ; mais vous avez entendu

S si souvent répéter cette assertion , qu'elle a

> peut-être produit sur vous de fâcheuses im-

\ pressions. Afin de les détruire entièrement et

l de donner une nouvelle force aux preuves que

^j nous avons déjà mises sous vos yeux, nous

s voulons vous montrer toute l'absurdité de

^ cette objection. Pour cela je ferai quelques

? questions dont la solution vous fera rougir ,

^ qu'un chrétien tant soit peu raisonnable ose

\ encore dire : « Ce sont les prêtres qui ont cta*

s bli la confession. »

^ v^^n^,/ \/\^\ '^'^^ v^»/%y"^\/v>.Ay\/v\/\/\/w~^.

î; BE LA COXTBSSIOn^

>

s I. rvcinicrc question.

\ Vous proton (lez ç\\\e ce sont les prêtres qui

s 07it établi la confession. Mais (litcs-n)oi , mon s

s fils j quels S07it les prêtres qui ont établi la con- ;.

> fession? Est-ce moi qui vous parle en ce nio- ^

> ment ? Mais j'ai trouvé la confession établie ': l (lès ma plus tendre enfance, et, grâces au^ <^ l soins d'une mère chrétienne, j'ai ressenti de <

bonne heure les salutaires effets de ce sacre- )

ment. Est-ce les prêtres qui vivaient alors qui $

.Vavaient inventée ? Mais dans les siècles passes ^

> on se confessait déjà. ^ Dans le chapitre suivant , nous vous mon- ^

trerons qu'en remontant de siècle en siècle , s

on trouve toujours dos témoignages de doc- i

teurs qui prouvent l'existence de la confession.. Voulez- vous savoir quel est le prêtre qui .'i établi la confession? Ecoutez : c'est celui qui est prêtre pour l'éternité, selon l'ordre do Mclchiscdcch , celui qui a été envoyé par son père pour sauver Icshomm.es, celui qui fut immolé sur la croix pour notre rédemption ; c'est le prêtre des prctrcs , le pontife dos pon- tifes, Jésus-Christ votre Dieu et le mien.

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s II. Seconde question.

Pour entreprendre quelque chose , il faut supposer des motifs dans ceux qui le veulent; et si Fentreprise est grande , si elle est diffi- cile, il faut leur en supposer de très nombreux et de très puissants. Or, je vous le demande, quels sont les motifs qui ont pu engager les prêtres à établir la confession? Je n'en con- nais que trois , qui sont les grands mobiles des hommes , l'orgueil , l'avarice , le plaisir. Or , aucun de ces motifs n'a pu déterminer les prêtres à établir la confession.

En effet , direz-vous d'abord qtie c'est par orgueil , par désir de dominer ? Mais (juand

«4 DIVINITÉ ^

Vous prétendez que ce sont les prêtres qiri < ? ont établi la confession , mais pour cela ri au- 5 rait fallu que tous les prêtres se fussent en- ^ tendus entre eux , qu'ils eussent formé ensem- S ble le complot de tromper les fidèles. Or, une ^ ^ semblable réunion est-elle probable? est-elle ^ ^' même possible? Lisez l'histoire de toutes les < ? religions , lisez l'histoire de l'Eglise en parti- culier 5 et vous demeurerez convaincu qu'une < semblable coalition est aussi absurde qu'im- s possible.

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%^A;^

DE LA CONFESSION. 13

rti^mc il y aurait eu des i)i*étrcs assez ambi- tieux pour former un pareil dessein, combien n*a-t-il pas existé dans tous les temjis des prê- tres humbles , qui non-seulement n'ont point cherché les honneurs, mais encore les ont fui, et pour s'y soustraire plus eflicacement sont allés s'ensevelir tout vivants dans les cloîtres, dans les solitudes les plus profondes. Or, ces saints prêtres n'auraient-ils pas été les pre- miers à s'élever contre Tiiûposture de l'ambi- tion?...

Oui , sans doute , les prêtres ont de Vambî- tion , mais c'est celle de travailler à la plus grande gloire de Dieu , en travaillant au salut des amcs. Ils veulent dominer sur vos esprits pour les soumettre à la foi , sur vos cœurS pour y établir l'empire de la vertu ; ils veu- lent dominer sur les enAmts pour leur appren- dre à respecter les auteurs de leurs jours, sur les parents pour les porter à donner une édu- cation chrétienne à leurs enfants , sur les époux et les épouses pour leur faire pratiquer l'a- mour mutuel et une fidélité inviolable à leurs promesses ; ils voudraient dominer sur les l'ois pour les engager à se sacrifier pour le bon- heur de leurs peuples , sur les sujets pour leur inspirer l'obéissance à leurs souv^j^ains^ ils

-^^r^r</\ J\y^^j\/y^r<J\j '-r^.

46 bïvmiTÉ

voudraient dominer sur toutes les notions pôUP ^

y établir le règne de Dieu à qui seul appar* ,^

tient ïhonneur et la gloire. Eu serait-on moins \

heureux si cette ambition des prêtres de Je- c

sus-Christ était mise en pratique? '^ )

Ajouterez-vous , mon fils . que c'est par ava- ^

rke , pour amasser des trésors ? Mais encore >

ici 5 quand même il se serait rencontré des $-

prêtres assez intéressés pour concevoir un <

semblable projet , que d'autres prêtres gêné- ^

reux n'a-t-on pas vu qui ont quitté leurs biens ^ et se sont réduits à la plus grande indigence

> par amour pour Jésus-Christ ? Combien , dont c^ ^ tout le bonheur était de répandre dans le sein 5

e des indigents les richesses dont ils pouvaient

l disposer. Or , ces bons prêtres n'auraient-ils <

> pas fortement réclamé contre une pareille b l innovation ? <

> D'ailleurs , depuis bien longtemps le sacre- ^

> ment de pénitence est adîE!nistré graluite- ^ ment. Bien loin d'y trouver un moyen de s'en- ^ richir , les prêtres y découvrent souvent mille S misères à secourir. Dès-lors, s'ils l'avaient éta- bli par avarice , ils devraient en abandonner < l'exercice. Néanmoins ils continuent toujours < avec le même zèle à administrer ce sacrement, s ils préfèrent souvent confession des pauvres >

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CK L\ CONFESSION. ^

à celle des riclies^. C'est que leur but n'est cas d'y IrouvcT des trésors vils et méprisables que la niorl doit culcvcr , ninis des trésors de luérilcs pour le ciel qiYj personne ne pourra jamais leur ravir...

Enfin , direz-vous que c'est par pJmsir que les prêtres ont clabli la confession? Par plaisir? Vous qui avez do semblables pensées, vous ne connaissez pas tout ce qu'il y a de pénible , de rebutant dans rexcrcicc de ecUc fonction. Eh ! (luel plaisir peut-il y avoir pour un hom- me de passer une partie de sa vie , renfermé entre quatre planches, comme dans une cs- ^pèce de tombeau , d'y entendre le récit dégoû- tant de toutes les misères humaines.

Quel plaisir peut-il y avoir pour le ministre de la religion , d'aller porter le secours de son ministère à des pestiférés, s'exposant à cha- que instant à la mort? Et n'est-ce pas ce qu'on a toujours vu lorsqu'un fléau dévasta- teur est venu ravager les villes ou les provin- ces? A l'aspect du fléau tout s'enfuit, tout tremble , le prêtre seul reste à son poste, seul il est tranquille , il s'arrache d'entre les bras d'une mcre chérie , il sacrifie son repos ,, sa fortune, sa santé, sa vie même, et il meurl;

/\ /\ruy,r^y\r^r\/^.r\j~\é'\r>y\.r</\y^y\y\r<j\/^y^

iOiVlNlTÊ

Icmpli de joie de s'ctrc ainsi dévoué au salut

de ses frères. Quel plaisir peut-ii y avoir pour le pasteur

des âmes , de se lever au mili(3U de la nuit

pour assister un pauvre malheureux qui se

^ meurt? Il faut braver la pluie, la neige, il

^' faut gravir une montagne escarpée , s'exposer

i à s'égarer dans une forêt; n'importe, rien

t; n'arrête ce prêtre , il vole au secours de son

*^ frère et il ne l'abandonne qu'après l'avoir pré-

;> paré au grand voyage de l'éternité !

> Quel plaisir pour cet aumônier des prîson-

\ niers , de descendre dans de sombres cachots

\ et d'exhorter à la confession un de ces hom-

<^ mes condamnés par la justice à porter sa tête

^ sur l'échafaud? C'est un monstre couvert de

i crimes ; il blasphème contre Dieu , il maudit

J> les hommes , il ferme l'oreille aux discours de

^ la religion. N'importe , le prêtre le console , il

s le presse, il le conjure de penser à son âme,

^ lui représentant que s'il n'y a plus pour lui

j> de pardon sur la terre , il est un Dieu dont le i

^ propre est de pardonner toujours et qui lui ^

<5 ouvre le sein de sa miséricorde. Enfin le pé- ïj

? cheur touché se rend , et le prêtre l'accompa- e

s gne au dernier supplice , le traite comme un s

ftmi et lui donne en gage de sa réconciliation >

Dr 1A coNrnssioif. 40

avec son Dieu, le baiser de ramil'c et de la paix.

Ah ! mon fils ! qu'est-ce qui peut inspirer cet héroïsme de charité, si ce n'est la convie- lion de la divinité de la confession. Aussi on a toujours vu les prêtres liérétiqucs abandon- ner leur poste dans de semblables circonslan- ces, tandis que les prêtres catholiques tres- saillaient de joie de pouvoir donner leur vie pour le salut de leurs frères. Aucun motif hu- main n'a donc pu porter les prêtres à inven- ter la confession.

S m. Troisième questitm.

Maïs eussent-ils voulu établir la confession , dites-moi , mon fils , quels moyens ils auraient pu employer? Trois se présentent à mon es- prit : les richesses^ la force, la persuasion. Or , aucun n'a pu ctre employé , et l'eût-il été? n'aurait réussi à établir le dogme de la con- fession. Dira-t-oh ^ d'abord, que les prêtres ont employé l'argent pour faire adopter leur innovation? Et ne voyez-vous qu'avec de l'ar- gent , on peut bien faire des émeutes, acheter l'approbation de quelques-uns et le sile-ncede

■^yv^J^A/vv^A/^J^/v^/^A/v^A/^A•^^^A/^/v^^

50 DïvmiTÈ

quelques atitrcs •, mais avec de l'argent on n'c< îablira jamais des convictions dans les esprits et des croyances dans les cœurs ; et pût-on îPcussir un instant, aussitôt que l'argent au- rait été dissipé, les gens reviendraient natu- rellement à leurs anciennes opinions,

Prétendra-t-on que les prêtres ont employé la force ^ la violence pour faire adopter aux fidèles le dogme de la confession , qu'ils ont dit comme Mahomet : « Crois à ce que je te « dis , ou je te tue? » Mais s'il en était ainsi , nous aurions l'histoire des persécutions susci- tées aux iidèles , et nous ne lisons rien de pa- reil dans l'histoire de l'Eglise. D'ailleurs la force et la violence n'établissent rien de sta- ble, et cependant la confession subsiste de- puis ] 800 ans , et elle subsiste malgré la force et la violence de ceux qui l'ont combattue et qui auraient voulu l'anéantir.

Enfin, dira-t-on que c'est par (a persuasion que les prêtres ont élabii îa coniession? Mais quel est l'homme assez éloquent pour persua- der à tous les catholiques la divinité de la confession , si réellement elle n'était pas di- vine. Un semblable prodige est au-dessus de l'éloquence humaine , et s'il avait élc opéré , il faudrait tomber aux genoux de cet homme,

i.yv/\>^> /v.-'vy^^/vN/V^'

i^VAiA.A-ru^t

et le rcconnaîlrc pour Tcnvoyc du Seigneur. Ainsi, on ne peut pas raisonnablement sou- tenir que les prêtres aient employé des moyens humains pour propager le dogme de la con- cession.

S IV. Autres tpiesllons.

A ces trois questions, mon fils , ajoutons-en quelques autres qui feront encore mieux sen- Hir labsurdité de ceux qui prétendent que ce sont les prctrcs qui ont établi la confession. Je demande premièrement : Mais si ce sont les prêtres qui ont inventé la confession , pourquoi ne s'en sont-ils pas dispensés eux-mêmes? Ils auraient pu trouver mille raisons spécieuses pour autoriser cette exception. Il semble na- turel que celui qui est juge des autres ne de- vienne pas accuse ; que celui qui donne aux autres l'absolution , puisse se la donner à soi- même.

Et, cependant, il n'en est pas ainsi, les prêtres sont soumis , comme les simples fidc* les, à la loi de la confession. Apres avoir siégé sur le tribunal de la pénitence pour y porter des sentences 3 i^ sont ob) gés d** se pro^ter-

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5f2, DÏIVÎNÎTÉ

ner a leur iour aux pieds du mînistne de ié* sus-Clii ist , et de lui demander l'absolution. Non-seulement les prêtres se confessent, mais encore les évêques; ces premiers pasteurs ont une juridiction absolue dans leurs diocèses. Us donnent à leurs prêtres les pouvoirs les plus étendus ou les leur enlèvent à leur grc. Mais au milieu de leur grande puissance , ils ne sont pas dispensés de la confession , ils sont aussi obligés de se prosterner aux pieds du prêtre qu'ils ont approuvé pour y faire l'aveu de leurs fautes et en recevoir l'absolu- tion.

Que dis-je, mon fils, les évêques? Le pape lui-même, dont la puissance spirituelle ne connaît d'autres bornes que celles de l'univers ; le pape , chef de l'Eglise , successeur de saint Pierre , le représentant de Jésus-Christ , celui qui tient» entre ses mains les clefs du royaume des cieux , lui aussi est obligé de descendre du haut de son trône pontifical , de déposer sa tiare et de faire l'aveu des fautes qui échap- pent à la fragilité humaine. Or, si les prê- tres , les évêques , le souverain pontife se sou- mettent ainsi à la confession , n'est-ce pas une preuve évidcirte qu'ils sont convaincus de sa divinité?

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,*^«!vvv^?vyv\ ^rv^

' DE LA CONFESSION. 65

S Mais encore, mon lils, si les prêtres ont

s invente la confession , « pourquoi , dans un

> « grand nombre de prêtres , et parmi les s « plus instruils et les plus vertueux , une si !j c< grande crainte pour administrer le sacrc-

« ment de pénitence? » Les voyez-vous? Ils redoutent de se charger du soin des amcs , < ils s'excusent sur leur ignorance et leur in- capacité ; ils prennent mille précautions pour disposer leurs pénitents à recevoir l'absolu- tion. Souvent ils la refusent au péril de leur réputation , de leur repos, de leur vie même.

> Doii viennent tous ces sentiments? C'est qu'ils savent bien qu'au dessus d'eux est un juge suprême qui pèsera dans la balance de la justice les jugements qu'ils auront portés, un juge qui leur demandera compte de son sang , qui leur avait été confié dans l'admi- nistration de ce sacrement établi pour le sa- lut du monde.

S V. Dernière question.

Enfin , si ce sont les prêtres qui ont in- venté la confession , « pourquoi aucun d'eux « ne s'est rétracté à l'heure de la mort d'a- ce voir enseigné la divinité de la confession?»

S S4 tmmi

^ Je ne saîs , mon fils , si vous sentez la force de cette preuve ; à mes yeux elle est capable de convaincre tout esprit raisonnable. Si la confession n'est pas d'institution divine, il faut en conclure que tous les prêtres , cvcqucs, doc- teurs qui ont enseigné la divinité de la confession, sont ou des ignorants qui n'ont pas connu leur religion, ou des imposteurs qui, la connaissant, ont voulu en imposer aux fidèles.

Or, osercz-vous, mon cher ami , accuser d'ignorance ou d'imposture les Augustin , les Ambroisc, les François de Sales, les.Vincent- de-Paul , les Fcnélon , les Bossuet , les Frays- sinous , les Carron , et tant d'autres prêtres aussi distingués par leurs vertus que par leur science? Mais encore, si vous les supposez tous des imposteurs, comment se fait-il qu'aucun d'eux n'ait jamais rétracté ses er- reurs à l'heure de ja mort? Car , à ce dernier moment, les illusions se dissipent, la con- science parle , et l'on a vu des milliers d'hé- rétiques, d'incrédules,, rétracter alors les impiétés, les erreurs qu'ils avaient ensei- gnées. On les a vus fondre en larmes et de- mander pardon à grands cris du scandale qu'ils avaient donné. Les temps modernes

j u\j\/\j\/

DE LA CONFESSION* 65

nous en ont fourni les exemples les plus frappants.

Or, avez-vous jamais vu un prêtre , 5 sa dernière heure , se repentir d'avoir enseigne le dogme de la eonfession ? Non , jo vous en délie, et pourquoi eela? C'est qu'en ensei- gnant ee dogme il n'a enseigne que la vé- rité , et que sur le point de paraître devant Dieu on ne saurait être fiché de l'avoir cn^ soignée. Les prêtres ne sont done pas des imposteurs quand ils prêchent la nécessité de la eonfession ; elle a donc été établie de Dieu, elle est donc divine. Telle est la conclusion que vous devez tirer de tout ce que nous ve- nions de dire.

KxenipICft

CONVERSION d'un JEUNE ^OMlll*

(Suite.)

A partir de cet instant , nous n'allons plus re- connaître Désiré; le vil homme , Thommc impie , l'homme des passions est anéanti en lui : il a fait place à l'homme nouveau , au doux et docile chré- tien. Il était triste tout à l'heure, et il est joyeux, et ne sait comment exprimer sa joie : il était abattu, épuisé et mourant, il se sent animé d'une force ex-

56 DIVINITÉ

ti aordînaîrcî. Il ne ferme pas FœU de la nuit ; il parle continuellement de sa joie, de son bonheur; il exige qu'on lui fasse réciter des prières.

On l'engage au silewce, au repos. « Oh! cela •c va bien mieux, dit-il sans cesse; je ne suis pas •e fatigué; je suis trop heureux, je suis le plus « heureux des hommes, » Le 20 juin, il se con- fesse de nouveau avec un profond sentiment de re- pentir. Dans le cours de la journée il témoigne plusieurs fois un ardent désir de la sainte commu- nion : « Quand donc , disait-il, recevrai-je le bon « Dieu. » Le 21 au malin son confesseur lui an- nonce qu'il va lui donner le saint Viatique et Tex- tréme-onction. Il demande ce que c*est que Tex- trême-onclion. Quand on le lui a expliqué, il est tout surpris que Dieu daigne le combler de tant de grâces ; il se fait répéler les articles de la foi , demande des explications et dit souvent : « Ah! •c mon Dieu , que j'étais donc égaré; que j'étais ce malheureux de ne pas croire ce qui aujourd'hui m me paraît si facile à croire.»

Apres son action de grâce de la communion, il ne sait comment exprimer son bonheur; son cœur était si plein.— « Oh! que je suis riche,»— disait- il. Il s'arrêtait. « Comment faire pour remercier « Dieu? Jamais je ne trouverai d'expression pour.. » Il s'arrêtait, levait les yeux au ciel , et achevait en disant ; « pour lui témoigner ma reconnais» sance. » Il eut le bonheur de recevoir le sa- crement de confirmation. Monseigneur l'archevêque

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ilf Pnri?; fut ndministrrr ce sncrcmcnt urtns In rom- nmnaulc de Stuulc-Cloliklc le 23 juin , et il daigna se transporter chez lui et le confirma.

Depuis ce moment sa ferveur parut s'augmenter; il ne parla plus que de Dieu et de la religion ; mais il en parlait d'une manière admirable et capable de faire croire que son esprit ne s'était occupe toulo sa vie que de ces sublimes objets. Il disait souvent: « Je ne demande à Diçu que quelques jours de « ma vie , pour avoir des .souffrances à lui offrir « pour l'expiation de mes péchés , car je ne puis « presque pas le prier. » 11 aurait prié sans cesse , si on ne l'en avait empêché. On avait été oblige d'exiger de lui qu'il demandât la permission quand il voulait prier , et il s'y soumettait avec la docilité d'un enfant.

Son amour pour Dieu lui fil de'sîrer ardemment de se consacrer à son service dans* u'i ordre reli- gieux. 11 demanda et obtint la permission d'en faire le vœu dans le cas Dieu le rappellerait à la vie. Il répétait souvent : « Si Dieu veut m'ap- « pèlera lui, je suis résigné; mais s'il me rend « à la vie, je convertirai tous ceux que j'aime; je « convertirai mes amis. Si je suis curé de cam- « pagne il faudra que je convertisse ma paroisse , K si elle est impie. J'irai visiter les pauvres.»

S'il lui échappait une plainte, il regardait son crucifix et disait: « Oh! comme mon Sauveur a

souffert, et c'est pourtant moi qui l'ai crucifié. « Ah! je ne me plaindrais plus ; il peut me faire

58 DIVINITÉ >

*t souffrir tout ce qu'il voudra; je ne me plaindrai < «. plus.» Et cil joignant les mains: « Par- c « donnez-moi , mon Dieu, j'ai encore péché , par- C t< donnez-moi. « Et il fallait le rassurer bien \ vite. « Que je serais heureux, disait-il un jour, c •c si Dieu m'accordait la grâce d'assister une fois à ^ « la messe, moi qui ai nié les sacrements, la divi- ^ « nité de Jésus-Christ, la religion tout entière; •t cela ferait voir que je suis dans d'autres scnti- ments; ce serait une réparation» Mais enfin, s'il « ne le veut pas, il lit dans mon cœur, et voit •c bien que je suis soumis à sa volonté.»

Il eut le bonheur de communier plusieurs fois depuis sa conversion» Il passa trois semaines jouiS' sant d'une grande liberté d'esprit, dans Texercice continuel de ses précieux sentiments. La quatrième semaine , qui fut la dernière de sa vie, il fut en proie au délire pendant plusieurs jours , et même pendant ces moments d'aberration, on voyait qu'il ëtaitoccupé d'idées religieuses. On l'entendait dire: c< Mes amis, mes amis, ils me disent tous qu'ils ont •c une religion.... le matérialisme.... le matéria- •c lisme,... Oh! il viendra un temps les bom- « mes apprendront qu'ils ne sont pas seulement v sur la terre pour semer des épis.... Quels sont «< ceux qui ne croient pas à l'enfer?».. Oh! les ? « malheureux qui ne se convertiront pas.» ^

Il recouvra sa raison îes deux derniers jours de ^ sa vie , et il les passa dans une union continuelle ^ avecDicu. Enfin, le 16 juillet, fcte de Notre-Dame- 5

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£>E U CONFESSION. C9 ^

du-Mont-Carmcl, il prononçait encore celle pricrcj '^

Ji'sus, Marie y Josrpfif je vous offre mon cœur., mon {■

esprit et ma vie, quand il pcrdil la connaissance, et J>

il rendit h son crcnleup cette amc qu'il avait corn- S

blcc de tant de grâces, pendant (|n'on offrait pour 'p

lui le divin sacrifice en l'honneur de Marie, refuge ,>

des pécheurs , pour la supplier de garder , jusqu'à j! sa dernioro heure, cet enfant de sa miséricorde. ( lIJanuel du Saint Cœur do Marie)

Cliapftro 4. <

QUATRIÈME PREUVE. ?,

le prodige du secret de la confession. S

Le titre de ce chapitre vous surprend \ peut-être , mon cher Théophile , et vous ne < concevez pas trop comment on peut tirer , s du secret de la confession , une preuve de ^ sa divinité. Pour moi , je vous avoue que je ^ regarde cette preuve comme une des phis fortes et des plus capahlcs de faire impression. Vous en serez, j'espère, également con- vaincu vous-même quand vous aurez médité sérieusement ce que nous allons vous en dife

DIVINITÉ

S I. Loi du secret de la confession.

Avant de vous exposer la preuve que je tire du prodige qu'on rencontre dans la ma- nière dont le secret ou le sceau (\) de la con- fession a toujours été gardé , il est bon de vous exposer la doctrine de l'Eglise catholi- que sur ce point important. LTglise ordonne à ses ministres , sous peine d'anathème, de dégradation et de réclusion perpétuelle, de garder le silence le plus absolu sur tout ce qu'ils ont entendu dans le saint tribunal (2), Cette loi est générale et n'admet aucune exception. Pour quelque raison , en quelque cas et sous quelque prétexte que ce soit^ un confesseur ne peut pa»?ler. Quand il s'agîrait

(1) On appelle Sceau le secret de la confession, pour marquer que tout ce qu'on sait par cette voie est comme mis sous ie sceau.

(2) Caveat omninb mcerdos ne verbo, aut sîgno^ aut alio quovîs modo^ alîquatenus prodat peccato- rem .• quonîam qui peccatum in pœnitentîali judîcio sibi detecium prœsumpscrit revelare , non soUim sa' cerdotali officio deponendum decernîmus ^ verùm etiam ad agendam perpetuam pœnitentiam in arctum monasterium dei7'ud(*ndum* ( Quatrième concile de Latran.)

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DE LA CONFEî^SION. Cl

pour lui (le sauver son honneur et sa n'pula- ^ lion , ou irévilcr les plus «(Freux su|)j)li((s , ÎJ quanti il s'agirait de sa vie, jamais il ne lui \ serait permis de révéler la faute même la s plus légère qui ne lui serait connue que par S la confession.

> Ceci , mon cher Théophile , est une consc-

^ quence nécessaire et rigoureuse de ce que je ? \ vous ai dit : le prêtre tient la place de Jésus- < Christ ; ce n'est point à l'homme qu'on se s confesse , mais à Dieu dans la personne de ^ son délégué ; ainsi le prctre ne doit pas ^ penser comme homne a ce qu'on lui confie S dans le tribunal de la pénitence , ni s'en sou- < S venir comme homme -, il doit garder le si- < S lence sur les péchés qu'il a entendus , comme S ? si on ne les lui avait pas déclarés ; représcn- ^ ^ tant de Dieu, il doit imiter envers les pé- i eheurs la conduite de Dieu : « Or , dit saint 3 Jean-Climaque , on n'a jamais entendu dire que Dieu ait révélé la confession des péchés, de peur que, s'il le faisait , il ne détournât les hommes d'une action aussi sainte et aussi salutaire, et que, par là, il ne rendit les ma- ladies incurables. »

Le confesseur ne sait rien comme homme : voilà pourquoi tous les théologiens enseignent

62 Divi:viTi

qu'il peut répondre, même avec serment^ au juge qui rintcrroge , qu'il n'a aucune connaissance du crime d'un homme accusé , lorsqu'il ne le sait que par la confession. « Un homme , dit saint Thomas , ne peut être appelé en témoignage que comme homme; c'est pourquoi il peut déclarer , sans blesser sa conscience, qu'il ignore une chose, lorsqu'il ne le sait que comme Dieu (1). » Le savant Estius, traitant la même matière, observe qu'il ne lui est pas permis de répondre à cette question sacrilège et impie (2).

(1) Homo non abducîtur in testhnonîum^ nîsî ut homo ; et ideb sine lœsionc conscientiœ 'potest jurare se nescire quod scU tantùm ut Deus* llliid autem quod sub confessione scitur^ est quasi nescitunif cùm illud non scîat aliquîs, ut homo, sed ut Deus.

(i^wm. S. Th.Q. 11.)

(2) Sîsacerdosah îmjrîo judîce înterrogeiur,,,, utrîim reus hoc crimen confessus fuerlt,*,, dicet quœstionem eam impîam et sacrUegam esse, ad quam sibi non sit fas respondere,

{Estius^ in lib, 4, di«M7| t. m, p. 231.)

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C3 >

S II. Aucune raison ne peut en dispenser.

il/a/s, me direz -vous pcut-clrc, « s'il sV « gissait de rintcret gcnoral de la sociclc, « d'une conspiration contre le cliel de FE- « tat, etc., un confesseur ne pourrait-il pas, « ne devrait-il pas parler? )> Le confesseur ne sait rien comme homme ; dans aucun cas , par conséquent, il ne lui est permis de rom- pre le silence ; la moindre indiscrétion , soit directe, soit indirecte , serait contraire à Tes- scncc même du sacrement.

Le sceau de la confession étant de droit divin , et ayant pour fondement l'institution même de la pénitence et Tobligation imposée aux fidèles de confesser leurs péchés , aucune puissance ne saurait dispenser de le garder , pas même , dit le savant publiciste de Real , ims même lorsqii^il s'agit de la défense de la république. Le même publiciste fait voir que d'ailleurs , en admettant un principe opposé, on ne ferait rien d'utile pour les princes ; car qui voudrait se confesser d'avoir formé une conspiration , s'il était permis de la révéler ? Fs y perdraient, au contraire, l'avantage qui

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fi& DIVINITÉ

peut résulter des exhortations d'un eonfcsseuf pour inspirer l'horreur du crime , car c'est le remords qui, ordinairement, conduit un pé- nitent aux pieds d'un confesseur (1).

Henri IV se promenant un jour avec le duc de Bouillon , fit appeler le père Cotton pour lui demander ce qu'il ^yensait d'une ques- tion sur laquelle on disputait alors : c'était de savoir s'il y avait quelque chose qui em- pêchât d'avertir secrètement le roi d'une conspiration qu'on saurait , par le tribuû»! de la pénitence, se tramer contre sa vie>

Le père répondit que si l'on donnait la moindre ouverture h la révélation des confes- sions , c'était fait du sacrement de pénitence ; que la vie et le salut des rois étaient à la vé- rité le plus grand bien d'un Etat , mais un bien purement naturel , inférieur, par consé- quent, au culte et à l'honneur que Ton doit à Dieu,... ; que d'ailleurs, la vie des rois était bien plus à couvert par ce silence impénétrable qu'elle ne le serait par la révélation du secret delà confession ; qu'un pécheur qui aurait mé- dité un si grand crime , n'aurait garde de se

(1) De Real, cité par BI. Grégoire dans son HiS'* toire des Confesseio's des Rois, p. 96.

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Jt)E LA CONTESSION. 65

présenter anx prêtres, s'il avait à craindre crèlre jamais découvert j et que , par consé- 5 quent, il n'y aurait plus de moniteurs secrets ^ pour dclourner de semblables sacrilèges ceux qui viendraient infailliblement s'en accuser, s'ils étaient sùvs de la discrétion de leurs confesseurs.

Le roi , satisfait de celte réponse , lui de- manda si, au moins, il ne détournerait point ce pécheur de son crime : Oui , Sire , ré- pondit le père, je ne négligerais rien pour cela; je ferais même davantage : car s'il vou- lait découvrir le crime et ses complices, hors de la confession , je me jetterais aux pieds de votre majesté pour obtenir sa grâce (1).

Dans l'affaire du général Bex^ton , en 1822 (2), un prêtre, qui avait confessé un des accusés, fut appelé en témoignage ; il dé- clara qu'il ne pouvait parler. M. IMangin, pro- cureur-général 5 insista et prétendit « que la (( violation du secret de la confession était « commandée toutes les fois qu'il s'agissait

(1) Langlct-Dufrcsnoy; Traite du secret iniio'* iablc de la confession^ chap. 7

(2) Cette affaire fut jugée à Poitiers, au mois septembre 1822.

66 DIVINITÉ

« d'un crime qui intéressait la sûreté de « l'Etat et la vie du monarque, w Une assertion aussi contraire à la doctrine de l'E- glise excita de justes murmures , et la pro- position , émise par M. Mangin , de forcer le confesseur à s'expliquer, n'eut aucune suite (1).

On fit insérer, à ce sujet , dans plusieurs journaux, une lettre dont voici un frag- ment ; l'enseignement catholique , sur le point en question , s'y trouve parfaitement exposé : « Il n'est permis au confesseur , dans aucun cas, ni d'aucune manière , soit directe- ment, soit indirectement , de révéler le sceau de la confession , et cette inviolabilité du sceau sacramentel n'est pas seulement de droit ecclésiastique et civil, mais encore de droit naturel et divin , c'est-à-dire , d'un droit tel , qu'aucune puissance humaine ne saurait jamais en dispenser.

Qui ne comprend ce que ce dogme a de so- cial et de consolant pour ics pécheurs? Com- ment n'être pas frappé des conséquences dc- pîornhlcs qui résnltorniont de la doctrine op- posée? Que ie sceau de la confession puisse

(1) Voy. le MonmirdixMï ctdu 12 srpi. 1822'

' M LA CONFESSIOIV. «7

être trisf^, môme dans un seul cas, et c'en est '>

fait (le la plus salutaire institution de la reli- >

gion chrélicnuc. Les coupables s'éloignent ^

des tribunaux sacres; ils les rci^ardent ces <,

tribunaux, comme des enibûehes qui cachent ^

un ennemi toujours prêt à les surprendre et >

à tourner contre eux lu candeur de leurs dé- !'

clarations. Ainsi, plus de sécurilc pour les <

grands coupables , plus de confiance dans les l

âmes même les plus timorées. Tous craindront ^

de venir confier leur secret à un délateur, plu- ?

tôt qu'à un père dispose à leur pardonner au >

nom du ciel. Alors quel moyen reste-t-il au <

ministre saint de i^éconcilier les pécheurs avec <

eux-mêmes, de les arrêter au moment ils < vont peut-être consommer leurs crimes, et de les amener , par la force du repentir, à révé- ler même ces complots ténébreux qui mena- cent et la vie des états et celle des rois (1)?

g IIÏ. Inviolabilité fy secret de la confession. s

Voilà , mon cher Throphilç, la doctrine de \

llilgiise catlu)li(jue sur le secret de la confos- s

(1) Yoy. le journal <ksDc'6rrfsi'ii 13 sept. 1822. ^

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DIVINITÉ

sion : « kaîs, direz- vous encore, ce secret a-t- « il toujours été garde? » Oui, mou fils , toujours 5 et en parcourant l'histoire de l'Eglise , vous ne trouverez pas un fait de révélation du secret de la confession. Aussi , un célèbre orateur, s'adressant aux prétendus esprits forts de ce siècle, a-t-il pu dire avec vérité : « Impitoyables railleurs , compulsez vos archives de calomnie , épuisez vos recueils d'anecdotes, remuez les immondes bourbiers du libertinage, nous vous défions d'articuler un seul exemple d'infidélité à la loi du silence ; ce silence est prouvé par le votre , impies ! (1) »

Il est dit dans la vie de saint Ambroise , écrite par Paulin, un de ses diacres , que ce saint évéque répandait beaucoup de larmes en entendant les confessions des pénitents, et que par il les forçait à pleurer avec lui ; mais qu'il gardait un profond silence sur tout ce qui lui avait été confié , et ne s'en entrete- nait qu'avec Dieu seul , pour implorer ses miséricordes.

La conduite de saint Ambroise est celle de

(1) M. Tabbé Bonnevîe , chanoine de Lyonj

Sermon sur la confession^

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DE LA CONFESSION. oO

loiis les prêtres qui, jusqu'à ce jour, ont cxnco le niiuislèrc de la confession. Assis sur le Ui- buual j ils ont louL savoir ; la conscience des coupables a leur être présentée a nu ; sortis du tribunal, ils ont tout ignoré, et au- cune puissance humaine n'a pu les porter i rompre le silence. Cités devant les magistrats et sommés de parler, ils se sont tus, et les magistrats eux-mêmes ont été forcés d'admirer leur fermeté et leur courage. Pour triompber ^ de leur constance , on a eu recours aux me- ^ naces les plus terribles , on leur a fait les 5 promesses les plus séduisantes : ils ont ri des > menaces, ils se sont moqués des promesses , et leur langue ne s'est pas déliée ; et , à l'exemple du saint archevêque de Milan , ils ne se sont entretenus qu'avec Dieu seul de tout ce qui leur avait été confie.

Mais voici quelque chose de plus extraordi- naire : on a vu des prêtres tomber en démence et déraisonner complètement sur toute espèce d'objets, excepté sur la confession!... Leur faisait-on quelque question relative à la con- fession , ils recouvraient en quelque sorte leur bon sens, et réprimaient l'audace de ceux qui les interrogeaient. Vers la fin du dernier siè- cle 3 de grands scandales afiligèrent l'Eglise de

^ 70 DIVINITÉ

France t on vît des prêtres , foninnt aux pieds les serments les plus sacrés , abjurer en même

temps le sacerdoce et la foi ; on en vit d'au- ^

très violer le célibat par des mœurs dissolues , b

Ou contracter des mariages sacrilèges. Mais au >

milieu des saturnales du vice , on n'a jamais <

ouï dire qu'aucun de ces infortunés ait viole c

le secret de la confession. « Il est singulière- s

ment prodigieux, il est merveilleux peut-être, >

dit l'auteur des Souvenirs de la marquise de i

Créqui, que parmi tous les crimes de la révo- <

lution française , on n'a jamais entendu parler j

d'aucune révélation pénitentielle et sacramen- b

telle de la part d'aucun prêtre apostat (1). » c

En lisant toutes ces réflexions , mon cher \

îimî, pourrez-vous ne pas vous écrier : Le c

doigt de Dieu est là, Dlgltus Dei est hk (2)? ;

Pourrez-vous ne pas reconnaître qu'il y a une ; Providence qui veille sur le sceau de la con- fession 5 et qui ne permet pas qu'il soit brisé? Que faut-il de plus pour inspirer aux pérlieiirs une sécurité entière et parfaite ? Que faut-il

(1) Tom. 4, p, 76* * Les Souvenirs de la mar- quise de Créqui sont l'ouvrage de M. de Cour» champs.

(2) Exod. 8, 19.

Ï>E LA CONFESSION. 71

de plus pour prouver la diviniLc de la confcs siou ?

Cependant, je nVi pas tout dit, et ce qui me reste à vous raconter ne fera pas sur vous moins d'impression , j'en suis sûr , que tout »e que vous venez de lire. Jusqu'à ce jour» l'histoire ne parle que de deux hommes qui ont eu à choisir entre la révélation du secret de la confession et la mort ; eh bien ! tous les deux ont choisi la mort !.... Un mot eût suffi pour les sauver; et ce mot, ils ne l'ont pas s prononcé, et leur sang a coulé!... Le plus s illustre de ces martyrs est saint Jean Népo- > mucène, aumônier de l'empereur Wencesîas. Dieu , qui dispose de tout avec une souveraine îagesse , lui avait sans doute réservé cet em- ploi pour lui fournir l'occasion de donner au monde l'exemple si rassurant de la force dont il revêt ses ministres contre les séductions et les violences qui voudraient leur faire trahir le plus saint et le plus rigoureux des devoirs.

Oui, mon fils, le secret de la confession a été soutenu par le martyre. Le corps de h doctrine chrétiennr h été scellé par le sang des martyrs 5 il y a f;^me quelques dogmes qui ont eu cet avantage en particulier. Mais combien d'auîrcs articles esscnliels dans la

"w-vy v~,/v^>y~w~^v/'"w"~k^ •>-^vy^">y%/vw'VN

72 DIVINITÉ

religion qui ne sont pas ainsi appuyés? Il sem- ble par 5 dit Langlet-Dufrcsnoy , que Dieu ait voulu mettre le secret de la confession au rang des premières vérités.

D'après tout ce que nous venons de dire , il faut conclure , mon cher ami , qu'un pécheur, en quelque nombre et en quelque nature que soient ses fautes, n'a rien à craindre de l'in- discrétion du confesseur , en outre que ce pro- disfo d'inviolable fidélité au sceau de la con- fession est un effet de la toute-puissance de Dieu qui , pour l'honneur de son sacrement , a mis un frein aux passions des prêtres , el leur a dit comme aux flots de la mer : Usque hÙG ventes,,.. Vous en serez plus pleinement convaincu par les exemples suivants.

l!!iLClll|lICS*

•AIÎIT JEAN NÊPOMUCÈNB,

L'Impcralrîcc Jeanne, fille d* Albert 5e Bavîcr(»^ touchce de l'onction qui accompagnait les disconrf de Jean Ncpomiiccne, l'avait choisi pour le direc» leur de sa conscience. Sous un guide aussi habile , elle fit de très rapides progrès dans !a vertu, n^.is

DE LA CONFESSION, 75

comme tout se cliange en poison pour une amc cor- <

rompue, la piété de Jeanne ne lit qu'aigrir le <:a- <

ractère naturollcinont féroce de Wenceslas; il s'of- **

f'ense même des marques de tendresse et de eom- ?

plaisance qu'elle ne cessait de lui donner, et , in- <;

terprélant mal les actions les plus saintes de son ^

épouse, su jalousie ne connut bientôt plus de bor- ^

nés. Aveuglé par sa passion, il forme le projet aussi ^

nouveau qu'extravagant . de se iairc révéler par ^

Jean Népomuccne, tout ce que l'impératrice lui ^

avait dit <lans le tribunal de la confession. c'

Dans cette pensée il envoie chercher l'homme s

de Dieu; il lui fait d'abord des questions indircc- ^

> tes : puis, levant le masque , il s'explique plus ou- ^

S vertement. Jean, saisi d'iiorreur, lui représente, de Z

S la manière la plus respectueuse, combien le projet ^

b qu'il avait formé choquait la raison et blessait la j

^ religion : « Je ne puis parler, lui dit-il, je ne sais \

'i rien.» L'empereur, dissimulant son uépit, garde un morne silence. Quelques jours après, il fait re- venir le saint devant lui^ il emploie les caresses, les promesses, les menaces, pour l'engager à révé- ler la confession de l'impératrice : tout est inutile. Il le fait traiter avec la dernière inlruuanité, sans pouvoir rien obtenir. Enfin , il le menace de la mort , s'il ne satisfait à ses désirs : Kous pouvez me faire mourir, répond Jean Népomucène , mais vous ne me ferez pas parler, Wenceslas, furieux, or- donne qu'on le précipite dans la Moldau, pieds et

'WWWWWV^j&'^VV

JEAN SARCANDER»

En 1620 , Jean Sarcan<îer, curé d'HoUeschow, diocèse d*01mutz , marcha sur les traces de saint Jean Népomucène; c/était le premier curé de cette église , après qu'on en eut chassé les Picards, qui rayaient occupée quatre-vingts ans. De la haine que conçurent contre lui les ennemis de la rcligioii catholique, haine qui s'accrut encore par le zèle du

conversion des hérétiques et pour les droits de l'Eglise.

C'est ce qui fit que dans le temps de la guerre de Bohçme , étant tombé au pouvoir des persécu-

"1

74 mvmiTÈ

mains liés.... Le martyr fut bientôt ctoufTésous les c, eaux. j;

Des personnes pieuses recueillirent son corps et i le mirent dans un tombeau, il s*opéra un grand j- nombre de miracles. Ceci arriva le 16 mai 1383. ^ Lorsqu'on ouvrit son tombeau, le 14 avril 1719, on S trouva son corps dégarni de ses chairs, mais sa lan- gue était si bien conservée, qu'on eût dit que le saint ne venait que d'expirer. On la garde avec beaucoup de respect dans la cathédrale de Prague, un voyageur qui observe bien , l'a vue encore très entière en 1769. s

(Fcller, art. Saint Jean Népomucène,) \

<

vénérable curé pour le bien de la religion, pour la ^

^\y\y\r\r\ /\/\j

M LA CONFHSSION. 75

fei\r« des callioIi((ucs, par les moyens que viens dcMC/n(?er, et surtout 2)ouv su constance à ne yoin TOinjiie le sceau do la ronfession sacramentelle , i fut ex. 2)&ttc à d'horribles tourments qui lui eau- sèreni la mort. Ou s'occupe en co moment à Rome, de sa I^alificaiion.

( L'anà de la Religion, lom. 88, p. 329.)

Ll PÈBB CARNET, JÉSUITE.

A ces deux martyrs du secret de la confession , ne |[^ourrais-je pas joindre le père Carnet , jésuite anglais, appelé communément parmi les protes- tants. i« çrand jésuite? Lors de la fameuse conspi- ration des poudres (1), il fut arrêté et condamne à être pendu ( en 1606 ), pour n'avoir pas révèle ce crime d'état; il ne le connaissait que par l'aveu que lui en avait fait, sous le sceau de la confession, un des conjurés; rien ne put lo déterminer à rom- pre 5e silence , et il marcha au supplice avec cou- rage et intrépidité.

fvw

{i) Jaeqnei I, roi d'Ecosae, en montant snr le {rône , «Taîl promit sa prclcclion aux catholiques; nais il fut loin de tenir sa parole, et ceux-ci souffraient de continuelles persécutions. Les plus exaltés for- mèrent un complot 5 ils placèrent, sons la salle devtient se tenir les parlemei^s , trente-six bariis de poudre , dont IVxplo&ion devait Élire «inttr en l'air, lo roi, les deux clia:nl)res , et tous lc$ assistants. Va Sis tonjzTéSj appelé Catesby, pour \aincre quelques scrupules, sa lonfesse au jésuite Grienweîl , qui voulut le détourner du complot , et Fen^age 'a consulter, sous le sccaa de la confession , le P. Garuel , ^ai itrassltoos ces efforts pour détourner W conjures de leur dosseie*

L ANCIEN CURE D EVRON

Le malliGiircux Bcnardière, ancien curéd'Evron, pendant la révolution , non seulement renonça à son état, mais encore il se plongea dans les excès les plus honteux. 11 devint ce qu*on appelle un pi- lier de cabaret, et il n'était pas rare de le rencon- trer dans un état complet d'ivresse!.... Lié avec ce qu'il y avait de plus crapuleux dans le pays, il se permettait habituellement les propos les plus impies et Içs plus obscènes , d'horribles blasphè- mes sortaient incessamment de sa bouche.... Mais venait-on à lui parler de confession, il gardait un morne silence!... Un jour qu'il était ivre, ses com- pagnons de débauche lui firent mille instancespour qu'il leur racontât quelque chose des confessions

qu'il avait entendues lorsqu'il était prê Ire. Ils

n'en purent tirer une seule parole ; quoique pou- vant à peine se soutenir, il sortit du lieu il se trouvait, enflammé de colère, et en balbutiant ces mot5 : Ce sont des choses dont on ne parle pas. Ce fait est à la connaissance de toute la ville d'Evron. N'y a-t-il pas en cela quelque chose qui tient du prodige?— H Reconnais non loin d'ici un prêtre marié : on s'accorde généralement à dire qu'il est d'un caractère doux et que la paix règne dans son ménage. Une fois seulement cette paix a été trou- blée, mais d'une manière grave, puisque des cris d'indignation se sont fait entendre.,.. L'épouse

ÔhA^^*>**<^**^>^W\.'VV\AAi/V%/VV*»A/VVVV%#V^^

L*abbi3 Iloulbcri exerçait, avant la révolution, le saint minslèrc à Sal)lc. Irréprochable dans ses mœurs et fortement altacboàscs devoirs , il fut in- carcéré pour refus de serment à la constilulion ci- vile du clergé; mais la crainte de la mort, dont il se voyait à chaque instantmenacé, fit sur lui une telle impression qu'il devint fou. On le conduisit à l'hô- pital général du Mans, il vit encore.

Il y a quelques années, des jeunes gens allèrent le voir; après s'être entretenus avec lui sur diffc rcnts sujets, ils en vinrent à la confession : « Vous avez confessé autrefois , dites-nous donc quelque chose. » A l'instant même l'abbé Houlbcrt devint furieux : Vous êtes des impics , s'écria-t-il , vous êtes des infâmes; vous m'interrogez sur la confes- sion..., jamaison ne parle de cola; retirez-vous! Et il les fit sortir de sa cellule. H reçut un jour la vi- site d'une de ses anciennes pénitentes : « Vous ne me reconnaissez pas, lui dit-elle? autrefois je me suis confessée à vous... k Malheureuse, s'écria- t-il aussitôt, sortez d'ici; vous me parlez de con- fession!... Jamais il n'est permis de parle? de ce- la...» Un ecclésiastique , témoin d.fî reUe scvne ^ m'a assuré qu'un homme jouissant de toutes ses facultés morales ne se serait exprimé ni avec plus àt 5cns, ni avec plus d'éncre^ie.

( LVl&bë Guillois, Kecn, sur la conf^ssion^i

j

le témoiî^na^e des saints Pères,

'S""0

D'après tout ce que nous venons de aire su? a divinité de la confession, il nous semble im- possible, mon cher Théophile, qu'un chré- tien raisonnable puisse encore en douter. Ce- pendant 5 pour porter la conviction à h der- nière évidence , nous allons parcourir tous ïes siècles , et vous montrer que les saints Pères , ces savants interprètes de l'Evangile, noua attestent , par de nombreux témoignages, que la confession a toujours été en usage dans l'E- glise. Nous pourrions citer, pour chaoue siè- cle, un grand nombre de témoignages, nous Dous bornerons aux plus imposaute*

S I. xii** Siècle»

Les impies de nos jours convîenncnî de

rcxistcuce de la confcsfîion m treizième siècle mais ils nient qu'elle remonte a^ax premiers

e\j%rsr^^/\/\rvrvv\r^vv

i; DR LA CONFKSSTON. 7|

^ ^'èrlcs (1r rEi;liso , cl prrlcndcnt, commo nous S lavons i\v\i\ dit , (juc c'est le \)i\[)c Innocent III s qxn ta Kivcntoc et pubîiéc au concile général

ile Lalran, tenu en l'215. Il faut donc leur [

prouver que depuis le xn" siècle jusqu'aux J

apolrcs, nous avons des témoins irrécusables <

de la confession. <

En effet , le grand saint Bernard , mort en s

H54. , disait : « Que sert-il de dire une partie ^

S des péchés et de supprimer l'autre? de se pu- ^

riTier a demi et de rester à demi-souilié? Tout ^

n'est- îl pas découvert aux yeux de Dieu? Quoi \ \

voas osez cacher quelque chose à celui qui ;!

tient la place de Dieu dans un si grand sa' i

> cre2?5înt 0 ) ? < ^ Saint Anselme , archevêque de Cantorbcry» <; < mort en H 00, s'exprime ainsi dans son Ko- s S mélie sur les dix lépreux : « Découvrez fidèle- s me*Y' aux prêtres , par une confession hum- b

> Lie toutes les taches de votre lèpre intc- S ? rieure , afin d'être nettoyés (2). »

i (1) Saint Bernard, OpuscuCe sur les sept degrés

> ie la confession.

> (2) Ite , ostendite vos sacerdcfibus , id est per kiLas:^^^*^ orîs confessionem saccrdotibtis veraciter faantfestate omnes inteiHoris vesii^œ leprœ maculas , |k mmaari possîtis.

^ {i. Ansel, Opcra éd. colon., p. 176.)

k^'N/%.%.-.-^-.-

■' ^ ^ / v* */ \/\/'V\.

v\/V*>yvv"wr-.

DIVIKIT*

Dans lin aiilrc ouvrage , le mcnic doctcuir Ajoute : « Comme le péché originel est remis dans le baptême , ainsi les péchés actuels son? remis dans la confession : l'autre s'exercera au ^ dernier jour, dans cet examen Dieu sera

< le juge, le démon l'accusateur, l'homme l'ac- s cusé. Mais, dans le jugement de la confession, ? le prêtre , comme tenant la place de Jésus-

S IL xis x% ix% vni^' et vn« Siècles.

(i) s. Anseî.,tn E lu ci âarîô ; cuo ip^r Denis de S'ùiUç-^rlhe , Trafic ée la confession y p. 35T,

c.

Christ , est le juge 5 l'homme est tout ensem- ^ ble l'accusateur et le criminel ; la pénitence \ qu'on impose est la sentence (1). » ^

Mais remontons encore plus haut, mon fils, \

et nous trouverons de nouveaux témoignages \

en faveur de la confession. i

Dans le xi^ siècle, nous voyons qu'un pré- ).

trc nommé Etienne, du diocèse d'Orléans, fut ^

confesseur de Constance , femme du pieux roi \

Robert. i

\

S Au X* sîèele , saint Uldaric , évéque d'Augs- K

s ^

bou/*g , Confessait l'empereur Othon. <

■i

An îx" sîoclc, Cliarlcmagnc avfiitpf)tir con- fesseur Ilildebrand, archcveqnc de Coloiçnc.

Au vm*^ sièelc, saint Martin , moine de Cor- Lie, remplissait les mêmes fondions auprès de Charles-Martel.

Le premier eoncile de Germanie, tenu dam le même siècle , en 742 , ordonne que chaque colonel aura un prêtre qui puisse entendre les confessions des soldats.

Au vn« siècle, saint A nshcrt, archevêque de Rouen , était confesseur du roi Thierry I.

Si nous ne craignions d'ennuyer, nous pourrions continuer cette nomenclature tt citer les personnages des empereurs grecs et latins ou d'autres personnages célèbres jus- qu'aux premiers temps.

Dans le même siècle , sarnt Grcfjoîre-k' Grand, mort en 604, expliquant ces paroles de TEvangile : Lazare, veni foras, dit aux pécheurs : «Pourquoi gardez-vous vos péclics dans le fond de votre conscience? tîrez-îes de l'abîme par la confession, et vous serez déliés par le ministère des prêtres , comme Lazare fut délié par les mains du disciple du Sau- veur (i). »

(1) Cur reaîum tuum mfrà conscïei'Mam rtf)e<Ym«

JMVlNTnï

s m. VP et Siècles.

Au Vti siècle, saint Jean Clîmaque ^^ezpvîm^ ainsi : « Il est inouï que les péchés dont on a fait Taveu au tribunaî de la pénitence, aient été divulgués. Ainsi , Dieu Ta permis , afiri que les pécheurs ne fussent pas détournés de la confession et privés de l'unique espérance du salut. »

Au v^ siècle , saint Augustin ^ mort en 45ô, disait aux fidèles de son temps : « Que per- sonne ne dise : Je fais pénitence en secret aux yeux de Dieu ; c'est assez que celui qui doit m'accorder le pardon , connaisse la pénitence que je fais au fond de mon cœur. S'il en est ainsi , ce serait sans raison que Jésus-Christ aurait dit : Ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel , et qu'il aurait confie les clefs à son Eglise. Ce n'est donc pas assez de se confesser à Dieu , il faut encore se con-

dîs ? Foras jam per confccStonemegredcre, qm apus, ^ interîus pcr negationcvi late?.. Reniai itaque foras mortuus j id est; culpam con^icatm*^ vemeniem verb foras solvent discipuU.

(S. Gregorius , Boro. 7.6).

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A,5scr à criTX qui ont rcru de lui le pouvoir do lier et de délier (1). »

Dans le même sièelc , saint Jérôme , mort en /*20 , enseigne, d'une manière non moins posihvc, fa riecoFsilé de la confession. « Si le scrï;5cnt infernal , dil-il > avait porte h quel- qu'un une blessure cacliée : si , à Tccart et sanîï témoin, il lui avait insinue le venin du péché j et que le malheureux s'obstinat a ne pas découvrir sa blessure a son frère et à sob maUre, le maître qui possède des paroles de guérison ne lui sera pas plus utile que le mé- decin ne Test au malade qui rougit de s'ouvrir à lui 5 car ce qu clic ignore , la médecine ne le guérit pas. Les évcques et les prêtres sont à ceux à quï le ministère du sacrement de pé- nitence est confié. Ils ont les clefs du royaume des cieux , et jugent en quelque ûiçon avant le joi^r du iugcment , car c est à eux que Jésus- Christ a dit 5 en la personne de Pierre : Je vous

(1) JYemo sihi âicat s Ego occulte pœnîtentiam aao . novitDcus qui mihi ignoscit... Ergo sine causa dicium esi : quœ solveiitis..,, Ergo sine causa sicnt claves dai'œ Ecclesiœ ûei? Fruslramus evangelium , frusirannis verbiun Chrîsti..,,

(S Au-. Seimo II in Psal. C. 1, n. 3.)

N,'V'^^'%r^-«r-w'*w^vA.^w'\A/*w

VW^^AA/V Vv/X/^k/v V wXrVvyVVw ^yV\^^•v^oA/v^/v%^V^

s fesser ses péchés, c'est les effarer (2). »

^ ' î) S. Hycron., t. 4 , p. 75.

> (2) S. Chrysost., édit. des Bénédictins, t. 4 ,

^1 mVINïTÉ

donnerai les clel^ du royaume des cîewx : tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel 5 et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel (1). » Le fornicateur et l'adultère (ce sont les pa- ^ rôles du grand Chrysostôme . mort en 407), ^ l'homme, quel qu'il soit, qui s'est rendu eou- ^ pable d'un péché grave , n'en saurait anéantir ^ le reproche au fond de sa conscience. Son

> crime , fût-il ignoré du reste des hommes ,

> le sait ; c'en est assez pour le livrer à de con- 1; liriuelles agitations. Le moyen de profiter d«s '^) ces remords d'une conscience accusatrice , de i ^ calmer cette plaie dévorante , d'imposer silence ^

> à ce bourreau intérieur qui vous châtie nuit < et jour, quel est-il? C'est d'en faire l'humble ^ confession , de la déposer dans le sein d'un «^^ homme qui ne vous le reprochera pas , et qui ^

s vous en offrira le remède ; c'est d'en confier î;

> le secret à lui seul , et sans témoin , de lui tout ^^ dire avec une généreuse exactitude. Allez ^ montrer votre plaie au médecin spirituel , et 'p il vous donnera les moyens de h guérir. Con-

^ï'VWV^

Ç IV. iv« S/ïc/e.

s Dans le qiinfiicmc siècle, mon fils, nous

s trouvons encore des Icnioignnges bien capa- \ blés de Taire imjircssion sur nous.

s « Rien de si cache, dit saint Ambroiscy

s mort en 397 , rien de si caché qui ne doive

être un jour révclé. Ce que Ton ne veut point \

> découvrir à ces hommes assis sur la chaire de }^ Moïse, sera découvert à la face de Tunivers. s Là, paraîlronl ces commerces infâmes, voilés

s sous les dehors trompeurs de la dévotion

S Eh bien ! vouîez-vous ensevelir dans un éter-

"^ nel oubli cet enchaînement de prévarications?

^ courez en laire à présent un humble aveu aux

l prêtres : c'est le grand art de les tenir pour

< toujours secrètes (1). »

> Saint Basile, mort en 378, tient absolu- ? ment le même langage : «11 i'aut nécessaire-

(1) Nunquam magis tecia qucnn in confessione dctecfa.

S. Amb., cite par M. Griîlîon , t. 9 , ]). 4G2 de

la BihllGtld'qne choisie des Pcmi de l' Eglise,

S

86 MVÎNtTÉ

ment cléconvrîr ses pèches à ceux qnî ont reçu la dispensalion des mystères de Dieu (1). »

Voici maintenant comment s'exprime saint Athanase , mort en o73 : « De même que l'homme baptisé par le prêtre est éclairé par le Saint-Esprit 5 de même celui qui confesse ses péchés dans la pénitence, en obtient la rémission par le prêtre (2). »

§ V. m' et ir Siècles.

Au troisième siècle , Origène, mort en 255, cette brillante lumière de l'Eglise orientale , s'exprime ainsi : « Voyez ce que nous enseigne l'Ecriture-Sainte : qu'il ne faut point cacher le péché que l'on a commis. Car, de même que ceux qui se sentent incommodés de réplétion d'humeurs , éprouvent du soulagement lors- que leur estomac s'en est débarrassé, de même le pécheur qui a confessé son iniquité coupe racine à la cause de son mal. Seulement l'im-

(1) Peccata Us confilerî necesse cst^ quîhus mys" riorum Dd concredita dispensatio est ( S. Basilus | apud Libermann , t. 4, p. 167.

(2) Collect. S S. Patrum , t. II.

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^rs»rs-rvrvn-r

^A>"\/\/\/>y\/\A/V\/\Ay\y\/Vy\/V/vy> /\f\r^j\/\/*. /»^

DE LA CONFF.SSION, 87

^nrtaDt est (1c bien choisir In personne u qui TOUS (Iccouvr irez voire péché (1). )>

Au deuxième siècle , TevluUicn, celte autre lumière de l^i^Iise occidentale, ne parle pas d'une manière moins formelle. «Plusieurs, dit-il , cvilcnt de déclarer leurs pèches, parce qu'ils ont j)lus de soins de leur honneur que de leur saîut. Ils sont en cela semblables à ceux qui, aycint une maladie secrète, cacheni; leur mal au médecin et se laissent ainsi mou- rir. Est-il donc plus avantageux de vous dam* ner en cachant vos péchés, que devons sauver en les déclarant (:2) ? »

« 0 le grand avantage, dit-il encore, que nous promet la honte en tenant nos pécliés secrets, comme si nous les tenions cachés à Dieu, quand nous en ôtons la connaissance aux hommes (5) ! » Mais à qui faut-il faire la

(1) Si autem ipse sni accusator pat , dum accusai semctipsum et confiiclur^ sîmul evomit et delictum , «Ltque omnem morbi diqcrit cansam»

(Orig. îiomîî. 2, in psal. S7c)

(2) y^n mcUus est damnatum îatere , quhm -pa-'

(Tcrtiil, cap. 10, de Pœnît.)

(3) Grande plane einnlumenium verccundiœ qc*

^W-S^vT^^

/VN4

Enfin 5 au premier siècle , nous entendons saint Clément , disciple et successeur de saint Pierre , qui s'exprime ainsi dans sa lettre à saint Jacques. « Que celui qui a soin de son ame ne rougisse point de confesser ses péchés à celui qui préside , afin qu il en reçoive la guérison par la parole de Dieu et par un con- seil salutaire (2). » « Saint Pierre, ajoute- l-il 5 enseignait à découvrir aux préires jus- qu'aux mauvaises pensées. » « Pendant que

cnltatîo delictî pollicetur ! vîdelîcH quid îmmanfB notitiœ subduxeiHmus, perindh et Denm celalunus ? (Tertul., de Pœnit., c. 10.)

(1) Prœshyterîs adolvi , caris Dei adgenicularî,

(Idem, cap. 9).

(2) Si in alicujus corde , vel livor vel infidelilas haentcr irrcpserit , non eruhescat qui animœ suce çuram gerit hœc confUeri ei qui prœest,

(S. Gicmcns,)

'*^^^.ff<f\/K^/KAJ^

n

t2 LA roNFrssroN. 89

nous sommes on ce monde , dit-il encore , con- s Verlissons-nous de tout noire cœur, en renon- s rant nu mal que nous avons commis étant ^ engagés dans la chair, afin d'obtenir le salut ? du Seigneur, pendant que nous avons le temps c de Taire pénilence. Car après cpie nous serons s Forlis du monde , nous ne pourrons plus ni ^ nous confesser, ni faire pénitence dans Je lieu ^ nous serons (1) »

Nous voilà done arrivés , mon fils, aux té- moignages de ceux qui reçurent la religion de la bouche de Jésus-Christ , et nous n'avons pas besoin de vous citer les textes de saint Jac- ques et de saint Jean qui recommandent la confession , l'histoire de saint Luc qui nous assure qiCun grand nombre de chréiiens ve- naient aux jjîeds des apôtres confesser et dé- clarer leurs péchés, ni de vous rappeler les paroles solennelles du Fils de Dieu , par les-

(1) Qiiamdm sumuê in hoc miindo , de malis , quœ in carne gessimus , ex toto corde resîpiscamuSy tit à Domino salvemur^ diim habcmus iempiis pœni-- ientiœ» Postquam cnim e miindo exivimus , non am- pUus possiunus ibi conp,tcri , aut pœnitentiani adhii$ agere,

(S. Clcmcns,epist. Il, ad Corinth.)

j- j \r ^\r<j\r^j'>^

90 DIVINITE

quelles îl donna à ses apùlres le double pou- voir de remettre et de retenir les pcdiés. Vous connaissez déjà tout cela 5 mais nous répéte- rons que 5 d'après tous ces nûmhreux témoi- gnages et mille autres que nous aurions pu rapporter , îl faut nécessairement aclmetire que la confession a toujours existe dans FEglise, que son institution est toute divine , que c'est même, dans le ciel , au sein d^ Dieu qu'il faut chercher son origine

CONFESSION d'un JEUNE HOMMÏ.

'Une dame veuve, d'une des villes maritimes Qb Erance, a un fils de 23 ans. Cette dame très pieuse ^ avait donné à son fils l'éducation la plus religieuse. ^ - II ne fallut qu*un séjour de peu d'années a Paris 2 pour faire perdre à ce jeune homme les principes c dans lesquels il avait été élevé. De retour auprès de

sa mère qu'il aimait tendrement, il avait pour elle les procédés les plus tendres, les ï)1us respectueux. Une seule chose blessait le cœur de cette bonne mère, c'était de la part de sou fils l'absence cfe toute pratique religieuse. Elle exhortait, elle priait, elle pressait, mais tout était inanle. Dans ces entrefaites elle vient à Paris, se loge

j^J\r^\Aj\/^

PE LA CONFESSION. 91

sur notre paroisse, en sniJ los offices et opprcml rcxislcncc d'une association de prières pour lu con- vei'siondcs pcclicuis. Elle veut en faire partir, noii<? ouvre son cœur et nous conjure de prier pour son fils. Elle retourne dans ses foyers. Ce qu'elle nous avait dit de son fils nous avait intéresse, se repré- sentait souvent à notre esprit et nous l'avait lait recommander plusieurs fois aux prières.

Un dimanche nialin^ une dame étrangère nous aborde dans nt>trc sacristie et nous dit :

« Me reconnaissez-vous , monsieur le cure. « Parfaitement , madame, vous êtes la mère d*un « jeune homme que vous m*avez prie de recom- « mander aux prières de l'association. Oui , « monsieur le curé, et je viens exprès à Paris pour « vous en parler et remercier la sainte Vierge de « la grâce qu elle a obtenue à mon fils. Il est con- « verti , il me donne autant de consolations qu'il « m'a donne de chagrins par le passe. Non seuîc- « ment il est devenu pieux, mais il a été guéri, « et dans un instant, d'un état de maladie qui l'a- « vait mis dans le plus grand danger.»

( La suite à la jjorje 101 ).

82 DÎVI^UTÉ

SIXIÈME c»r.EUVB.

le témoignage des protosîanfe.

Le9 textes des Pères de TEglîse que je vous ai mis sous les yeux, mon cher Thcopîiilc sont tellement clairs et positifs , qu'un grand nombre de protestants n'ont pu s'empêcher dt reconnaître la divinité de la confession; ils ont été aussi contraints, par la force de la vérité , à convenir que la confession était né- cessaire pour le repos de la conscience , pour le bonheur de la société , comme pour le salut des âmes. Nous allons vous exposer leurs aveux , afin de vous affermir de plus en plus dans la croyance de la divinité de la con« fessîon.

§ I. Aveux de Gibhon et de Leihniiz.

Gibbon, tout protestant qu'il est, ne peut s'empêcher de rendre hommage à la vérité, et

) liB LA CONFKSSION. 9J ^

^ ft exprime ainsi diuis son liisloirc ilc la dcca-' s

dcncc de TKaipirc Romain : « L'honmic lus- 5

S truitne peut pas rcsisler au poids dn l'cvi- J^ ^^ dencG historique, qui élahlit que la confession

^ a été un des principaux points de la croyance <

\ de TEglisc papiste, dans tout le période des j;

quatre premiers siècles. » ^

Un grand nombre d'autres protestants célè- bres se sont aussi déclarés en faveur de la con- fession : <( C'est sans doute , dit Leihnilz , un ^ grand bienfait de Dieu , d'avoir donné à son s Eglise le pouvoir de remettre et de retenir les s péchés , pouvoir qu'elle exerce par les prêtres, [> dont un ne peut mépriser le ministère sans \ péché. » \ La rémission accordée dans le baptême ou 5 dans la confession est également gratuite, éga- ^ lement fondée sur la loi dans le Christ : la \ pénitence dans l'un et l'autre est nécessaire s pour les adultes i avec cette différence que, s dans le baplême, excepté le rit de l'absolution, S Dieu n'a rien prescrit en particulier ; au lieu que pour la pénitence , il est ordonn;^ à celui qui veut être purifié de se montrer aux prê- tres, de confesser ses péchés , de subir, au ju- gement du prêtre, une peine qui puisse lui Séîi v'ir d'avcrLissement dans la suite ^ et, comiPr»

./^^\y~-w^^yy

94 iDmNÏTÊ

Dieu a établi les pnHrcs médecins des anics, il a voulu que les malades leur découvrissent leur maladie, et dévoilassent leur conscience : de on rapporte que Thcodose , pénitent, dit avec raison à saint Ambroise : C'est à vous à mcnlrer et à préparer le remède j c'est à moi à le prendre... »

« On ne peut disconvenir que toute cette institution ne soit digne de la sagesse divine.. . En effet, la nécessité de se confesser détourne beaucoup d'hommes du péché, et ceux surtout qui ne sont pas encore endurcis ; elle donne de grandes consolations à ceux qui ont fait des chutes. Aussi, je regarde un confesseur pieux, grave et prudent, comme un grand instrument de Dieu pour le salut des âmes ; car ses con- seils servent à diriger nos affections , à nous éclairer sur nos défauts , à nous faire éviter les occasions du péché, à restituer ce qui a été en- levé , à réparer les scandales , à dissiper les doutes, à relever l'esprit abattu , enfin à enle- ver ou diminuer toutes les maladies de l'ame ; ^\ 5 si l'on peut à pein'^ prouver sur la terre quelque chose de plus excellent qu'un ami fi- dèle ; quel bonheur n'est-ce pas d'en trouver un qui soit oblige, par la religion inviolable du

-r^'wOAvVv

'> DE tA rnNFF.s?;nv. 0.1 ^

s incrément divin, ù garder Ia lui et ù secourir 'l S les amcs (})? » ;

S II. Aveu de lord Fitz- William,

(1) Lcibnitz , Systema theologîcum ^ XtAÛnd -j^wr M. Maîlevaut , p. 25§.

Après avoir expose dans ses Lettres d'AtlicuSj (j

la docli'inc de TEglisc ealholiquc sur la coin- (,

nuinion et la confession qui doit la précéder , s

lord Fitz-Willùnn eontinuu en ces termes : >

« Quelle sécurité , quels gages ne sont pas >

ainsi exigés de chaque individu pour l'acconi- \

plissement de ses devoirs sociaux , pour Texcr- ï

ciee de toutes les vertus , Tinlégrité , la bien- s

veillance, la charité, la miséricorde ! Pourrait- '^

on en trouver de semblable partout ailleurs? ^

Ici , la conscience est réglée devant le seul tri- ^

bunal de Dieu , non par celui du monde. Ici , s

le coupable est lui-mcmc son accusateur et s

non pas son juge ; et , tandis que le chrétien ^

d'une autre communion s'examine légèrement, ^

prononce dans sa propre cause, et s'absout \

avec indulgence 5 le chrétien catholique est < scrupuleusement examiné par un autre , at- tend son arrêt du ciel 3 et soupire après cette

96 Divmm!

absolution consolante qui lui est accordée, re- fusée ou différée au nom du ïrcs-IIaut. Quel admirable moyen d'établir entre les hommes une mutuelle confiance, une parfaite harmonie dans rcxercice de leurs fondions (1) ! »

§ ni. Sentiment de Luther sur la confession»

Luther lui-même, mon fils, était loin d'ê- tre ennemi de la confession ; il lui était , au contmire , infiniment favorable : « J'aimerais mieux supporter la tyrannie du pape que de consentir à Tabolition de la confession ; » c'est ûinsi qu'il s'exprime dans un de ses ou- vrages, et, dans son petit catéchisme , publié peu de temps avant sa mort : « Devant Dieu , ^ il faut s'avouer coupable de tous ses péchés ,

> même de ceux qu on ne connaît pas 5 mais

> nous devons déclarer au confesseur les pé- chés seulement que nous connaissons et que nous sentons dans notre cœur. Quels sont ces péchés ? Examinez votre condition , votre

(1) Lettres d* A ttîcus, par*m anglais prof estant, lord FUz-Wil!iam , p. 110.

DE LA CONfESSION. H

ctaî cVaprcs les dix commandcnicnls , c'csl-â- < dire, si vous clos porc , mère , lils, fille , iiiaî- )> trc, inaîLicsse, serviteur; voyez si vous avez ^ étc désobéissant , inlidclc, paresseux ; si vous

avez offensé quelcju'un par œuvres ou paroles,

s si vous avez dérobé, négligé , détérioré quel- ^ s que cliosc ; enfin , si vou?. avez causé des ^

donnnages (1). »

Ces passages prouvent cvidenimcnt que , dans le protestantisme, tel (^uil sortit des mains do Lutber , la confession auriculaire avait lieu , et que , dans ses intentions , on aurait dii la conserver. Sur ce point comme

'^ sur une infinité d'autres , on est ailé bien plus ^ \ loin que Luther. ^

s

§ m. Conservation de la confession parmi ^

quelQues protestants, S

De nos jours , tous les protestants n'ont pas ^ renoncé à la confession : VEglise anglicane en a conservé l'usage. Dans la visite des ma-' lades , il est enjoint aux ministres d'exciter le malade u faire une conicssîoa particulière

(1 ) Entreliens philosophiques sur la réunion des ^ diffcrcnfcs ''nmtnunîons chrétiennes , parle B. de -

s &8 i)ivi>TrÉ

> de SCS pcclics , lorsqu'il se sent îa conscience ^ \ chargée de quelque chose de grande impor- ; ^ lance. Après sa confession , le minisire lui S donne l'ahsolution en celte manière : « Notre S Seigneur Jésus - Christ , qui a laissé à son ? Eglise le pouvoir d'absoudre tous les pécheurs qui se repentent et qui croient en lui vérita- blement 5 veuille te pardonner tes offenses , par sa grande miséricorde; et, en son auto- rité qui m'est commise , je t'absous de tous les péchés , au nom du Père , et du Fils , et du Saint-Esprit. Amen (4), »

Dans le Rituel des Eglises danoise et nor- wégienne, un article traite de la confession privée, qui est auriculaire. On y voit qu'a- près avoir déclaré ses péchés , le pénitent se prosterne aux pieds du ministre qui l'absout , en vertu du pouvoir qu'il a reçu de Dieu même pour remettre les péchés (2).

Enfin , dit Grégoire, dans son Histoire des confesseurs des rois , on pourrait citer tel mi- nistre luthérien français , actuellement en exercice , qui , persuadé que la confession av:s-

(1) Liturgie de l'Eglise nnglîcîirie.

(2) Rxtuale Hcclesiarum ÎJixnxia ei lYorwegiœ , in-12, p. 76.

ÎST. LA CONrE<;STON.

rîculaîrc est un devoir, l'exige de ses parois- siens. En 1800, le docteur Cottliob Merkei , surintendant de Cliemnitz, publia en alle- mand un petit ouvraite qui tend au même but (1).

De tout ce que vous '7encz de lire , mon cher Théophile , vous conclurez sans doute , avec un auteur, que « le protestantisme a son double moi comme chaque individu. L'un dé- clame contre la confession ; on le reconnaît à son ton d'emportement et de haine. L'autre respecte cette institution salutaire, et les hommages qu'il lui rend, calmes comme ïû raison , sont quelquefois accompagnés d'un ac- cent de tristesse et de regret qui prête une singulière force à ce cri de la conscience (2).

(1) Histoire des Confesseurs des Rois, par Grégoire , p. 145.

(2) L'abbé Gerbet I CQnsîdératknê $ur le dogme fégênémleuTt

untvtJi s,'

^aS

iA/V\r«yr\/V*

400 DIYINITlî

Exemple*

' COStERSIO» 1>*UN JEUNE HOMME. (*S*m7é,)

Elle nous raconte alors ce que nous venons d'è* J crire plus haut et ajoute : « Un jour, » et en com- J parant les dates, il se tîouve que c'est dans la se- \

mainc qui suivit le dimanche nous priâmes pour ^ lui la dernière fois; « un jour nous étions à table <

« au souper, mon fils était devant moi; il ne pou- s «c vait rien prendre , et moi je ne pouvais manger, s

•« les morceaux me restaient dans la bouche , mes S

«c yeux roulaient dans les larmes, je n*osais Tenvi- s

te sager. Je ne puis plus me contenir, je lui dis : s

K Mon fils, dans quel état es-tu ? tu n*as voulu sui- \ ic vre aucun de mes conseils. Tu n*as pas voulu ren- \ ;< trcr en grâce avec Dieu, il te punit aujourd'hui. <

x Oh ! qu'il est cruel pour moi de te voir ainsi mou-

< rir à petit feu sous mes yeux. Je n'ai plus qu'une

< chose à te demander, je te la demande pour moi,

< pour ma consolation» En disant cela, je détache t de mon cou la médaille miraculeuse que vous t m'avez donnée , en me recevant dans l'associa- c tion. C'est que tu mettes cette médaille à ton

cou, en te couchant, que tu me promettes de la garder toute la nuit , et qu'en la mettant, tu ré- cites la petite prière qui est gravée dessus, •c II me le nromet et se retire. Le Iftudemain ra^c

vAA/

Vr

tin je î« Vis plus tard qu'à l'orclinairo. Avnnt do « m'ahordcr , il m*appela, maman : le son do sa •« voix fut à mon cœur, il était redevenu plein et « naturel Maman, que j*ai bien dormi toute la « nuit! je me trouve bien, ce malin j'ai l'esprit « tranquille, il n'est plus tourmente de toutes ces « pensées noires qui robscdaicnl. Elîectivement « sa figure était calme, elle avait perdu cette con- u traction qui m'aflligeait tant depuis quelques « semaines , il avait repris des co»*Ieurs et son « coup-d'ccil c'tait redevenu dou?,

« Vois-tu, mon fds, lui dis-jc. tu n as faiî qu'un « pas vers le bon Dieu et déjà il l'accorde sa grî:rc ; « ah ! si tu voulais purifier ton cœup par une bonne S « confession , revenir sincèrement au service de

^ « Dieu , je suis convaincue qu'il te guérirait. 11 y

« consent. Je vais trouver le curé et il corn « mencc sa confession des le jour même.

«< Il a fait une confession générale et a reçu la « sainte communion. Quelques jours après on •c parlait devant Uii d'une de nos connaissances , « vieillard de soixante ans, dangereusement ma- « ladc, qui ne voulait pas se réconcilier avec Dieu. « Comment , dit-il , '**^*^-*ce qu'on va laisser perdre S

« pour l'éternilé une jne rachetée du sang de ^

« Jésus-Christ? Pourquoi ne lui parlc-t-on pas? ^

« Mais on lui a parlé, il repousse ce qu'on peut !uî •e dire. C*cst qu'on ne lui en parle pas h'u n. Je •t vais y aller. Vous allez y aller; mais il va voiis •I renvoyer et vous dire que vou-^ élcs trop ^euna

« pour lui donner des leçons. Il dira tout ce qu'il <

•e voudra, mais je lui parlerai. Jcsus-Christ a <

« sauvé mon ame, il m'a retiré d*un abîme , je l

•€ veux, par reconnaissance, travailler à lui rendre ^.

« ce pauvre pécheur. :

*c Le malade qui ignorait ce qui lui était arrivé <;

« a été fort surpris d'abord et l'a mal reçu. ïl ne i

* s'est point rebuté, il a parlé avec douceur et fer- ?

c< meté, a raconté ce qui lui est arrivé. Le malade -

m a paru vouloir persévérer dans sa manière d'être J

« et de peu^? , mais , une demi-heure après son ^

« départ , il a envoyé chercher un prêtre , s'est \

c< confessé et est mort chrétiennement.» \

K Mon fils est actuellement un chrétien fidèle cj

« et fervent. Jugez, M. le cure, si je suis heureuse ; c

« c'était tout ce que je pouvais désirer surla terre. <

ce Aussi je suis venue remercier la sainte Vierge , ^

te je vais vous prier de me confesser, je désire com- < « munîer à l'autel du Sainl-Cœur de Marie et

« assister ce soir en actions de grâce à Toffiee c!

« pour la conversion des pécheurs. Veuillez, je <

*t vous prie, remercier les associés de leurs prières cj •e qui' m'ont procuré tant de bonheur, leur racon-

«e ter, avec toulcs ces circonstances, la conversion i

•c de mon fils , afin qu*iïs remercient Dieu et la (^

« sainte Vierge pour mon fils et pour moi , et igaf c

dire que je suis au milieu d'eu^.» ^

\

./»w'%/vy»v/^-

j-vrvrv^

»!Ç ÎA CONFESSION. lOT

Non« remplîmes toutes ses inlenlion?. cl il nous serait difficile (rcxprimcr les senlimenls de joir^ , (le dcvolion , do sainte cmiihtion dont les fidèle» furent pénètres en entendant un récit si cdi- liant.

(Manuel du Saînl-Cœur de Marie.)

^

Chapitre 7.

SEPTIÈHE PREUVE.

le témoignage Jes plilîsosoplics.

Les idées de protestantisme et de mépris pour la confession étaient tellement liées dans votre esprit , mon cher Thcopliile , que vous n'avez pas été médiocrement surpris eu voyant de quelle manière s'étaient expliqués, au su- jet de la confession , les protestants les plus célèbres; votre étonnement, j'en suis sûr, sera plus grand encore , quand vous saurez que les philosophes eux-mcnes n'ont pu s'em- pcchcr de rendre hommage à la vérité, et

< loi iDinNITÉ l

? ont proclame rétablissement de la confession ,

comme une des plus belles institutions qu'il

soit possible d'imaginer ici-bas.

'^ S I. Marmontel et Rousseau.

Voîcî d'abord comment s'exprime Marmon- tel : « Quel préservatif pour les mœurs de Tadolescence 5 que Tusage et l'obligation d'aï- 1er tous les mois à confesse ! La pudeur de cet humble aveu de ses fautes les plus cachées en épargnerait peut-être un plus grand nombre que les motifs les plus saints (1) ? »

« Le secret de la confession , dit le même écrivain, n'est impénétrable que d'un côté... Si le pénitent s'aperçoit que celui qui l'entend abuse de son ministère , il a le droit de le dénoncer. Or, comment est-il arrivé qu'il ne se soit pas présenté un seul dénonciateur de ce genre de séduction (2). »

« Nos gouvernements modernes , dit J.-J.

§ ' (1) Mcmùh'cs de Marmontel , 1. 1 , 1. L

(2) Oplifion de Marmontel sur Ir, libre cxerciee des cultes. Mêin,^ t. 2^

ftE LA C0NFnS5T0!f. 105

Rousseau, doivent incontostablcniont nu rlirï'^ linnisinc leur plus solide autorité et leurs ré- volutions moins fré(iueulcs; il les a rendus eux-inéuies moins sjuiî^uinaires. Cela se prouve par le fait , en les eoniparant aux i^ouvcrne- menls anciens. La religion, mieux connue, écartant le I\mastime , a donné plus de dou- ceur aux mœurs chrétiennes. Ce changemcn* n'est point Touvrage des lettres , car partout elles ont brillé , Fliumanité n'en a pas été plus respectée; les cruautés des Athéniens, des Egyptiens, des empereurs de Rome , des Chinois , en font foi. Que d'oeuvres de miséri- corde sont l'ouvrage de l'Evangile , « que de « restitutions, de réparations, la confession (( ne fait elle point faire chez les catholi- « ques(i). ? »

S II. Voltaire et Cérutti.

« n n'y a peut-être point d'établissement plus utile , dit Voltaire en parlant de la con- fession ; la plupart des hommes, quand ils sont tombés dans de grands crimes, en ont naturellement des remords ; s'il y a quelque

(1) Emile , t. 3 , 1. 4j. pe 4? , cdit. de Lecomte» 1829.

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'■<rv^/^vrv^v^v'^,n.''SA/V^,^VVV%J^'V%-""^

<A/Wvx, i^t, ^-^l'^J-,

ÎÛ6 sbiviNiTi!

sliose qui les console sur la ferre; c'est de pouvoir être réconcilies avec Dieu et avec cux-mcnies (1). »

<c Les ennemis de l'Eglise romaine qui se sont élevés contre une institution si néces- saire (la confession) 5 semblent avoir uté aux hommes le plus grand frein qu'on puisse met- tre à leurs crimes secrets (2). »

« La confession est une chose ec^îlente , un frein au crime, invente par l'antiquité la plus reculée. On se confessait dans la célébra- iion de tous les anciens mystères. Nous avons imité et sanctifié cette sainte pratique : elle est très bonne pour engager les cœurs ulcérés de haine à pardonner, et pour faire rendre ce qui peut avoir été dérobé au prochain (o). »

Les paroles de Cérutti , mon fils , ce fou* gueux révolutionnaire 5 cet ardent ami de Mirabeau , ne sont pas moins remarquables ? « Inspirer l'horreur ou le repentir du crime , donner un frein à la scélératesse , un ûppui à l'innocence j réparer les déprédations du lar-

(1) Voltaire , Remarques sur Olympie^

(2) Voltaire , Annales sur l'Empire.

(3) Voltaire , Dictionnaire philosophique»

^./^j-\y\ r^.rvn^^^

l>r \X CONFESSION. 107

c!n , renouer les nœuds de la charité , cnlre- Icnir Taniour de la concorde , de la subordi- nation , de la justice , de toutes les vertus ; déraciner des cœurs Thabiludc des désordres, de la désunion, de la révolte, de tous les vices \ être ainsi à la place de Dieu , et pour

§IIÏ. RaynaL

^ Vous n'ignorez pas, mon cher Théophile,

e jusqu*à quel point Raynal a porté la haine

^ contre le christianisme ; eh bien ! Raynal luî-

> même n'a pu s'empêcher de dire , dans son

:^ « Histoire philosophique des établissements et

^ (( du commerce des Européens dans les deux

^ « Indes :

s « A Fexemple des incas (seigneurs du Pé-

s rou) , les jésuites avaient établi ( au Paraguay)

l (1) V. Nonoltc, Dietiannaîre anti'phiUaophîque^

<5 art. confession»

S

î; le bien des hommes , le juge des consciences,

s le censeur des passions; c'est ce qui fait de ^

S l'emploi d'un confesseur un des emplois les

s plus propres à maintenir les mœurs, et par la

i un des plus conformes à l'intérêt public {]). »

^0S> DIVINITÉ

le gouvernement tlicocratique , maïs avec un avantage particulier à la religion chrétienne 5 c'était la confession. Dans le Paraguay , elle conduisait le coupable aux pieds du magistrat. C'est que , loin de pallier son crime , le re- pentir le lui faisait aggraver. Au lieu d'éluder sa peine , il venait la demander à genoux. Plus elle était sévère et publique , plus elle rendait le calme à sa conscience. Ainsi le châ- timent qui 5 partout ailleurs , effraie les cou- pables, faisait ici leur consolation , en étouf- fant les remords par l'expiation (1). »

« Le meilleur des gouvernements, dit le même philosophe , serait une théocratie Von établirait le tribunal de la confession , s'il était toujours dirigé par des hommes ver- tueux (2). »

§ IV. Les SamtS'Smomens*

n n'est pas jusqu'aux Saints-Simoniens qui ne se soient déclarés en faveur de la confes- sion ! Voici, mon fds, ce qu'on a lu dans le journal dépositaire de leurs pensées (5). l

(1) Histoîî^e philosophique , t. 2 1 édition de Ge- ^ nève. ^

(2) Ibid., t. 2. ^ C3) Le Globe, 6 février 1833. |

A LA CONFESSION. i09

« Oh! ce devait otic une grande consola- tion pour le coupable, une grande joie pour rinnoccnt , (pie de savjair à cpii ouvrir son cœur, de venir montrer ses plaies ou couler ses maux , et d être sur de trouver toujours un médecin , un consolateur, un ami ! Qui n a pas quelquefois dans sa vie éprouvé le charme d'une douce indiscrétion , le besoin impérieux de pencher son ame vers celle d'un autre pour y verser un secret? Qui n'a point désiré d'être mollement sollicité sur ce point , et n'a remercié de sa tendre curiosité , comme il'un service , Fami qui , lui prenant h ^\:?i\ , est venu lui dire : « Qu'as-tu donc ? »

(( Et quelle différence , quand ce besoin sa- tisfait avait tout Thonneur d'un devoir rem- pli , quand c'était l'Eglise qui venait dire , au nom de Dieu , ces mots d'intérêt et de sym- pa tliie au pécneyr, quand la confidence prenait le caractèrfc religieux^ et se changeait en confession I Or, si du pécheur nous passons au criminel , de la faute au forfait , du regret îui remords , voyez-vous s'accroître , en pro- -t^ortion de l'horreur du mal , le prix du re- mède , et le sacrement rédempteur briller

lie flamme vramient céleste vis à vis du feu

enfer ? Quels termes pour peindre ce aue

410 r ©ivraiit

devait sentir un homme en proie à sa cons- cience , et dont le supplice cessait tout d'un coup 5 à qui l'écho cessait de jeter des bruits sinistres, à qui les murs cessaient démontrer des mots accusateurs , et qui se retrouvait en- core pur comme au jour de son baptême , plein d'espérance et sans pénible souvenir ! tout cela 5 pourvu qu'il eût pleuré ! »

1 Quelle chose c'était que le baptême de larmes , comme l'Eglise Fa nommé ! Quel en- couragement aux bons ! quel frein aux mé- chants, qui, autrement, pour étouffer leurs remords, n'auraient eu d'autre ressouice que de nouveaux attentats ! Comment se résoudre à penser que c'en est fait à jamais de cette douce croyance à la rémission des fautes pour le coupable qui les avoue et qui s'en repcnt ? Non j non : cette idée n'est pas morte dans les cœurs , il ne faut que l'y réchauffer. »

Non 5 sans doute , elle n'est pas morte , cette douce croyance 5 elle vit avec le catholicisme, invariable et consolante comme tous ses dog- mes.

i»wv%A/vyvy^ikft

DE LA CONFESSION.

111

S VL lord Syron,

Aces témoignages Tiens pouvons en njontct un autre qui ne sein pas suspect , celui de lord Byron , ce poète si célèbre par son scepticisme décourageant. Byroo , entraîné par son génie, rend au catholicisme un hommage d'autant plus éclatant , qu'il était entouré d'hommes plus impies encore peut-être.

« C'est , dit-il , mon désir que ma fille Al- « légra soit catholique romaine , c'est la (( religion que je tiens pour la meilleure, a comme elle est sans contredit la plus an- ce cienne des diverses branches du christia- « nisme(l).

« Je ne suis pas ennemi de la religion , dit- ce il encore , en revenant sur le même sujet : c( au contraire , la preuve en est , que j'élève c( ma fille en bonne catholique dans un cou- ce vent de la Romagne, car je crois que l'on ce ne peut avoir assez de religion, ... Je penche c< beaucoup en faveur des doctrines catluv

(1) Mémoires sur la vîc de lord Byron , par Thomas Moore. Lettre 417 à Hoppner.

412 DTVÎNITÉ

Uqncs [i], » Donc il penchait beaucoup en fa- "veur de la confession , qui est une des prati- ques les plus nécessaires et les plus univer- selles du calliolicisine.

§ VIL Opinion de Châtêmbriand.

Pour donner une nouvelle force aux aveux de tous ces philosophes , nous citerons ici le sentiment de l'illustre auteur du Génie du Christianisme.

a La confession suit le baptême, et l'Eglise, avec une prudence qu'elle seule possède , a fixé répoquc de la confession à l'agc l'idée du crime peut être conçue : il est certain qu'à sept ans l'enfant a les notions du bien et du maL Tous les hommes , les philosophes mêmes , quelles qu'aient été d'ailleurs leurs opinions , ont regardé le sacrement de péni- tence comme ce une des plus fortes barrières « contre le vice , et comme le chef-d'œuvre « de la sagesse. » « Que de restitutions , de réparations , dit Rousseau , la confession ne fait-elle point faire chez les catholiques ! » Selon Voltaire , « la cop^ession est une chose

(1) Tbid,^ 471 Lettre à Thomas Moorc.

DE LA CONFES^^tOlf.' 115

\rcû excellente, un frein au erimc , inventé dans Vimiiqaiié la plus reculée ; on se confes- sait dans la céléhnuion de tous les anciens mystères. Nous avons imité et sanctifié cette sage coutume : elle est très bonne pour enga- ger les cœurs ulcérés de haine à pardonner. »

Sans cette institution salutaire , le coupable tomberait dans le désespoir; dans quel sein décliargerait-il le poids de son cœur ? serait- ce dans celui d'un ami ? Eh ! qui peut comp- ter sur Tamitié des hommes ? Prcndra-t-il les déserts pour confidents ? Les déserts retentis- sent toujours pour le crime du bruit de ces trompettes que le parricide Néron croyait ouïr autour du tombeau de sa mère. Quand la na- ture et les hommes son! impitoyables , il est bien touchant de trouver un Dieu prêt à par- donner : il n'appartenait qu'à la religion chré- tienne d'avoir fait deux sœurs de l'innocence et du repentir {i).

Et n'allez pas croire , mo« cher Théophile , que les philosophes , en parlant de la con- fession , se soient bornés à une admiration stérile et purement spéculative : presque tous se sont confessés , au moins à la mort , ce qui

(1) Génie du Chn9tianismM^

\y\/\j\rif^^\. ik/vrv

DIVINITÉ

prouve que , tout en vomissant mille blas- phèmes contre la religion de Jésus-Christ , ils n'avaient fait que s'ctourdir, et n'étaient point parvenus jusqu'à arracher de leur cœur la foi catholique.

Ainsi nous allons vous montrer par les exemples suivants que , parmi les philosophes, un grand nomhrc , après avoir attaqué le dogme de la confession pendant la vie , se sont confessés à la mort. Quel préjugé en faveur de la confession , quand bien même sa néces- sité et sa divinité ne seraient pas démontrées par les preuves les plus fortes et les plus nombreuses!...

ExeM^pleSi

1* taMettriCf médecîn et littérateur trop fameus par ses égarements et ses désolantes doctrines, se voyant à rextrémité, s*oecupa à détester Tabsurde philosophie qui l'avait jeté dans les plus mons- trueux excès. 11 désavoua publiquement toutes ses erreurs, fit venir un prêtre , se confessa, et voulut constater son repentir par des preuves non équi- voques. L'approche de sa dernière heure lui fit comprendre que le triste honneur de mourir dans Fimpicté ne valait pas le sacrifice des espérances

»VVVrv^./%<r\/vVV-v/

.r^i\.f^r- r^-^ \.f\.>\/\.i\'-^^^ J^s/'

\ DE tA CONn-SSÎON,' il 5

*> fini lui restnicnl df*. flt'diir la colère de Dieu. Il S mourut à Berlin, en 1751 (1).

> 2. Le comte de BoulainvUUerê^ nutcur de plii-

> sicurî^ ouvrages remplis do sarcasmes contre la rc- <| ligion et do m;\ximcs anti-chrctienncs , mourut le ^ 23 janvier 1722, après avoir reçu les sacrements c de pénitence et d'cncliaristie avec beaucoup de con- <. naissance et de pieté , et son confesseur assura <^ qu'il avait peu vu, dans l'exercice de son ministère, ^ de personnes mieux disposées.

3. Montesquieu^ qui , dans plusieurs de ses ou

(I) M-JIanç^cj de philGio^Uie ^ par MM, Picot et de Boulogne, t. 4.

^ vrages , porte fort loin la liberté de penser en ma- ïj

S lière de religion, montra, à la mort , les disposi- ^.

s lions les plus édifiantes. Son confesseur, le P. <

^ Roullï, a donné une relation de ses derniersmo» c;

^ ments; on ne saurait la lire sans être édifié et at- <

l Icndri. Montesquieu mourut à Paris, en 1755. ^

^ 4. Du Marsais^ ( mort le 11 juin 1756), après ^

? avoir publié plusieurs ouvrages, il ne chercha ^

^ pas même à déguiser sa haine contre la religion, ^

^ voulut recevoir les derniers sacrements, et tint au ^

? prêtre qui les lui administra un disco&rs qui an- *>

\ nonçait et la vivacité de sa foi et l'amertume de son repentir.

5. Maupertuîs , savant astronome et membre de l'Académie des sciences, a émis dans ses ouvrages des opinions qui favorisent le matérialisme. Se voyant près de sa fm , il rentra en lui-même , se

H6 ôiVîNîTÊ :;

confessa, et mourut à Bâlc , en 1759, entre deux <

religieux qu'il avait appelés près de lui dans ses <

derniers moments. <

G. Fontenelle , un des fondalçurs de recelé phi- j

losophiquc , mourut à Paris, le 11 janvier 1757, $

danslcs dispositions les plus religieuses, Iclcr jan- ^

vier, sans se trouver plus mai qu'à l'ordinaire , il S

avait de lui-même demande les sacrements et les S

avait reçus avec une parfaite connaissance. ^

1, Boulanger^ auteur de V Antiquité dcvoilêc^wn '?

des ouvrages les plus dangereux et les plus impies \

qui aient clé publiés dans le dernier siècle, tcmoi- \ gna au lit de la mort, les remords les plus vifs. Il eut plusieurs entretiens avec M. Lambert, chanoine de Saint-Honorc , et déposa entre les mains de ce vertueux ecclésiastiaue les témoignages de sa dou- leur et de son repentir* îl moui*ut le 16 septem- bre 1759.

8, Le marquis cZ'/^/rp'çns (mort en 1771.) Cet écri- vain si connu par son incrédulité déclarée, étant ^ tombé malade chez une de ses sœurs, en Provence, <^

> commença en cet état à se défier des sentiments c.

> qu'il avait montrés jusqu'alors. Il se convainquit, < b dans des conversations sérieuses , de la religion, et <\ y le président d'Eguillcs, son frère, aimait à racon- r ^ ter comment cet impie si présomptueux, s'humilia <

enfin. Il montra beaucoup de repentir, se confessa, c

et en mourant, n priait ïe prêtre qui l'assistait de ?

\m suggérer les sentiments et les prières qui de- <

/\/\/\.'\.^^''^-^^,'\.-'.y\y\r,r\r\/'\r.r\r^ j v \r^j\* ^ >y\r^/\r

i

DE LA CONFESSIOÎ^. il

valent rocciipor dans ce terrible passogc du Icmpfl u rctcrnilc (1).

9. Toifs^nint) antourdu livre dos Mœio-.'i , le pre- mier ouvrage , dit la Harpe, l'on se soit propose un plan de morale naturelle, indépendant de toute croyance relii;ieusc et de tout eultc extérieur. Toussaint manifesta le plus grand repentir dans la maladie dont il mourut, en 1788, condamna hau- tement le scandale de sa conduite et de ses écrits, cl reçut les derniers sacrements avec toutes les marques d'une grande piété. Le jour même de sa mort, il fit venir ses amis, et, en leur présence, il adressa le discours suivant à son fils, alors âgé de quinze à seize ans : « Mon fils, écoutez et retenez ce que je vais vous dire : Je vais paraître devant Dieu, et lui rendre compte de toute ma vie ; je l'ai beaucoup offensé, et j'ai grand besoin d'en obtenir miséricorde... Je vous ai scandalisé par une con- duite trop peu religieuse,et par des maximes beau- coup trop mondaines : me le pardonnez-vous ? fe- rez-vous ce qu'il faut pour que Dieu me le pardonne ; arrivercz-vous de vous-même à d'autres principes que ceux que je vous ai donnés? Ecoutez bien, mon fils, les leçons tardives que je vous donne en ce moment : J'atteste le Dieu que je vais recevoir et devant qui je vais paraître, que si j'ai paru peu chrétien dans mes actions, dans mes discours, dans mes écrits, ce n'a jamais été par conviction 5 ce n'a

[\) Mclangct philosoj^hiaiieif i. 4?

wvi.'-

s

s il8 DIVINITÉ

étc que par Mspcct humain , pur vanité , et pour !?

plaire h telles et telles personnes. Mettez-vous à ^

genoux, mon fils, joignez vos prières à celles des ^

personnes qui m'entendent et qui vous voient ; pro- c:

mettez à Dieu que vous profiterez de mes dernières ^

leçons, et conjurez-le de me pardonner (1).' ^ \

10. Bouguer, profond géomètre et membre de ^•

l'Académie royale des sciences , à la mort duquel ^

d'Âlembert ne put s'empêcher de dire : IVou» ve- <

nous de perdre la meilleure tête de t Académie^ Bon- ) guer avait eu le malheur de laisser éteindre dans . >

son cœur le flambeau de la foi. Vers la fin de sa ^

vie, la curiosité l'ayant amené aux discours que le c'

père Laberthonie , dominicain , prêchait avec le plus ^

grand éclat contre les incrédules . dans les princi- ^

pales chaires de la capitale, il y trouva le terme et ^^

> le remède de ses erreurs. Il se confessa, et avant <^ J de commencer sa confession, il dévoila en présence ^ ■p de plusieurs personnes, le secret motif qui l'avait î>

> entraîné dans le parti de riuerédulité : « Je n'ai ^ ^ été incrédule, que parce que j'ai été corrompu, s'é- 5 ? cria-t-il dans l'amertume de son ame ; a/ions au plus ^

> pressé , mon père , cest mon cœur encore plus que "> mon esprit qui a besoin d'être guéri,» Sa conversion S fut aussi sincère que solide , et une mort chré- 5 ticune et édifiante, arrivée au mois d'août 1758f, ^ couronna cet heureux changement (2). ^

{\) Thihaalt, Mes souvenirs de vingt ans,

0 Relation de la conversion et de la mort de M, Bouguer»

r

v> o V '■j\u'^\j\jr\J\/\j\/^.r\/\rnj\r^r\n^

.#E LA CONFESSIOIf . 4 19

1 J . Bu/Ion, que ses systèmes avaient fait classer dans lùîiste des philosophes, montra dans ses der- niers moments les sonlimenls les plus rch'gicux. Il se confessa au père Ignace BougauU, capucin, curé de Buflfon et son ami , qui était venu à Paris sur la nouvelle de sa maladie, et il reçut les sacrements en présence de plusieurs personnes (en 17ft8).

12. Le comte de Trcssan, ami de Voltaire et atr- tcur do plusieurs ouvrages dans lesquels il émet des sentiments tout-à-fait anti-chrclicns, reçut les sacrements huit jours avant sa mort, en 1783, avec toute rédification possible. D'Alembcrt ayant ap- pris qu'il avait vu plusieurs fois un ecclésiastique, vint l'avertir qu'on répandait dans le monde des bruits qui dcshonornicntson caractère. M. deTres- san reçut cet avertissement avec l'indignation la plus énergique. D'Alembert se retira confas 9 et laissa en paix le vieillard mourant (1).

13. DeLaiigîe^ auteur de plusieurs ouvrages im- pies, et entre autres d'un Voyage en Espagne^ presque à chaque page , il insulte à la religion , et n'en parle qu'avec le ton de l'emportement ou avec raccent d'un mépris affecté, étant tombé malade dans l'automne de 1807 , commença à sentir les alarmes d'une conscience inquiète sur le passé et tremblante sur l'avenir. Il témoigna le désir devoir un ministre de la religion, et il accueillit avec joie un ecclésiastique pieux et éclairé qui se chargea

(t) Suite des Souvenirs de Fsïi'c^e, par ini3ime de Cenlis»

gVVwV\Ay\AÀA/\y^vvv^./-v/V^-/V\/^/ v^^

? 120 DIVINITÉ

^ de rentrctônîr et de le conso'er. Ses entretiens fi- rent une vive impression sur l'esprit de 31. de Lan* gic ; il travailla sérieusement à mettre sa conscience en repos, et mourut dans les dispositions les plus chrétiennes, au mois d'octobre 1807, réconcilie

< avec Dieu et avec lui-même, purge et fortifié par ^ la réception de5 sacrements, et donnant toutes les < (] marques d'un sincère repentir (1 J <

< 14. Robinet y auteur deTouvrafffk mlitulé : Do la < c; Nature^ dans lequel il émet Jqo opinions les plus ? <J singulières, les plus hardies c% le plus paradoxales c îj sur Dieu et ses attributs, sur Tame, sur la matière, ^ cj etc., eut le bonheur d'être ramené à la religion, ^ c! et publia plusieurs mois avant sa mort la déclara- < c tion suivante : « Près de rendre compte à Dieu de < ij mes pensées, paroles et actions, je rétracte sincc- < c^ ?ement et publiquement ce qu'il y a d'hétérodoxe c r et de répréhensible dans quelques livres que j'ai ^ ^ faits par ignorance, déraison, inadvertance ou au-

(^ trcment, soit dans ma jeunesse, soit dans le temps <

î! do la révolution, et j*en demande humblement par- ^

c^ don à Dieu et aux hommes. Je déclare vivre et mou- S^

rir dans le sein de l'Eglise catholique, apostolique

^ et romaine, en communion avec le souverain pon- (^

? tife et les évêqves légitimement institués par lui.» î^

^ Non content de cette déclaration , Robinet rcnou- J;

^ vcir sa profession de foi lorsqu'il reçut les derniers ^

? **

'vn^VVN^

».^^/*^ a^^tn/s; #

J Sftpromcnls. 11 mourut à Rennes, le 24 mars 1820, ^

S dans les senliiucnls les plus chrclicns et les plus S

^ cilifianls (1). ?

îj 15. NafioUon^ qui, dans les jours de sa gloire, ^

î> faisait consister toute 52 religion à assister à une S

S messe en musique les jours de dimanclics et de fc- .•

S les, Napoléon, captif à Sainte-lïclène, commença à ;

\ penser aux devoirs religieux. Son amc sortant cn-

S fin d'un trop long assoupissement, cessa d'être Ler-

S ode des réves d'une gloire et d'une grandeur cva-

S nouies à jamais. Il lut avec intérêt plusieurs ou-

^ vragcs sur la religion, et cntr'autres, l'Essai sur la

S dîviîie autorité du lYouvoau Testament, par David

^ Bogue. Il fit venir d'Italie un prêtre catholique ,

cj Tabbé Bonaviso ; et le savant docteur Antomarclii,

cj alors à Sainle-IIclcnc , actuellement à Paris, tient

\ pour certain que rcx-empereur, dans ses derniers

^ moments, réclama et reçut les secours spirituels

^ de la part de son aumônier (2),

^ C'est ce qu'atteste également le générel Mon-

^ tholon dans une de ses lettres : « je sois heureux ,

^ me dit Napoléon, après avoir reçu rExtrême-Onc-

? tion, JE SUIS iiEunEux d'avoir rempli mes devoirs, je

^ vous souhaite, général, à votre mort, le même

> bonheur. J'en avais besoin... Je n'ai point pratique

? sur le trône, parce que la puissance étourdit les

^ hommes , mais fai toujours eu la foi : le son des

(I) VÀmîâe la Religion, t. 24, p. 5G7. ,2) Histoire des Confesseurs d:s /îc't, p. 409.

i22 DIVINITÉ

cloches me fait plaisir, et la vue du prêtre m'é- meut. Je voulais faire un mystère de tout ceci , mais c'est de la faiblesse. Je veux rendre gloire à Dieu ; général , donnez des ordres pour qu*on dresse un autel dans la chambre voisine , on y ex- posera le Saint-Sacrement. Je doute qu'il plaise à Dieu de me rendre la santé , mais je veux l'im- plorer. Vous ferez dire des prières des quarante» heures. Puis se ravisant, Tempcreur dit : Noît pourquoi vous charger de cette responsabilité ? ol. dirait que c'est vous , noble gentilhomme , qui avez tout commandé de votre chef. Je veux donner les ordres moi-même. »

( Mort d*un enfant impie , mort chrétienne de JVapoléon, par le chevalier de Beauternc.)

16. Le général Bertrand. Nous avons eu la con- solation d'apprendre que riliustre général Ber- trand , fidèle au grand exemple qu'il avait reçu à Sainte-Hélène , n'a pas voulu mourir sans rece- voir les secours de la religion. Il a noblement couronné sa loyale vie , en donnant à ses contem- porains celte noble leçon de plus. Il n'avait point rougi du malheur^ il rCa pas rougi de Dieu , et les derniers moments , pendant lesquels il pouvait jouir de la gloire humaine, lui ont servi, nous avons tout lieu de l'espérer, à enquérir une gloire qui ne finira jamais.

(Journal de VUniverêj*

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TiAlîÊ

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DIVINITÉ DE LA CONFESSION.

DEUXIÈrilE PARTIE. EFFETS DIVINS DE Ik CONFESSION-

Ccstpar leurs fruits, dit Jésus-CIirisi en parlant des faux docteurs, que vous hSy connaîtrez. Cette maxime pleine de sa- gesse est fondée sur la nature même des choses. Car, ajoute le Sauveur, un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits , et un mauvais arbre ne peut porter de bons fruits. Or, cette règle doit s'appli- quer non seulement aux hommes et aux autres êtres physiques, mais encore aux

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.r^^rSi

124 DIVINITÉ

doctrines et aux institutions morales. Si donc , un dogme pratique produit par lui- même de bons effets, il faut en conclure qu'il est bon ; et qu'il est divin, si ses ef- fets sont divins.

D'après ce principe incontestable, nous ne craignons pas de dire que la confes- sion est une institution divine, puisqu'elle produit des effets qui conduisent à Dieu ; et on peut dire d'elle^ ce que Saloraon a dit de la sagesse : Tous les biens me sont venus avec elle. II faudrait des volumes entiers, si on voulait énumérer tous les bienfaits de la confession soit envers la société ea général, soit envers les famil- les et les individus en particulier. Mais forcé de nous resserrer dans d'étroites limites, nous nous bornerons, dans cette seconde partie, à vous exposer les prin- cipaux avantages qui sont attachés à la réception du sacrement de pénitence.

Méditez, mon bien aimé Théophile, ces

/■f^y\r\rj\r^

f>K lA CONFESSION. i25

nouvelles réflexions dans le secret de la solitude, et vous n'aurez plus de peine à vous pr(^'sonler devant le ministre de la \ réconciliation. Oui, allez vous confesser \ et vous retrouverez , tout ce que le pé- \ che vous a fait perdre , vives lumières \ pour l'esprit, consolations pures pour le ^ cœur, secours puissants pour la volonté, calme de la conscience, paix de l'ame. Allez-y donc avec confiance^ ô mon fils , allez-y avec amour, allez-y avec joie, allez- y souvent et bientôt vous éprouverez en vous-même, la vérité de ces consolantes paroles du prophète : Heureux ceux dont les iniquités ont été remises^ au tribunal de la pénitence , et dont les péchés ont été couverts y par le manteau de la miséricorde divine ^Psaume xxxi.)

\r^ A>

< 126 DIVINITE < ^

Chapitre i^remier.

Il n'est rien , dans la nature comme dans la religion, qui n'ait pour but le salut et le bonheur de l'homme , si étroitement liés avec la gloire de Dieu, fin dernière de toutes cho- ses : mais c'est principalement dans l'institu- tion du sacrement de pénitence , que le Sau- veur s'est proposé de venir au secours de no- tre misère et de nous communiquer ses grâ- ces. On peut dire de la confession comme de son auteur, qiCelle passe dans le monde , en faisant du bien. En voulez-vous la preuve , mon cher Théophile, considérez quelques- uns des grands bienfaits qui sont attachés à la réception de ce divin sacrement.

S I. Premier bienfait.

Le premier bienfait' de la confession bien %ite , est de réconcilier le pécheur avec Dieu ; m narole de Jésus-Christ est formelle : « Les

Des bienfaits de la confession. \

Î>E LA CONFESSION. ^27

ficMs seront remis , ti-t-il dit u ses ministres, à ceux à qui vous les remettrez. » Le péché avait élevé entre Dieu et le pécliciir, \m mur d'éternelle séparation ; la eonfession le fait tomber; et le pécheur, en quclcpic nombre et de quelque nature que soient ses fautes, pcui s'écrier avec IcPsalmiste : « J'ai dit : Je m'é lèverai contre moi-même , je confesserai, sano déguisement et sans réserve, toutes mes ini- quités , et aussitôt , ô mon Dieu , vous m'iwu pardonné l'impiété de mon crime (I). »

Voiei ce que dit un protestant qui lui m^- me, quand il était catholique , avait fait Vjc douce expérience de ce qu'il avance i aprc .^ avoir engagé le pénitent à approcher de son confesseur, non comme d'un homme qui peut lui dire des choses agréables et rassu- rantes , mais comme d'un homme qui a reçu de Dieu le pouvoir de l'absoudre et de remet- tre ses péchés , il ajoute : « Si vous le faites , assurez-vous que rentendement humain ne peut concevoir ce transport , cet excès de joie •çt de paix qui inonde le cœur de celui qui

(1) PsaZ. 31, T. 5.

*.-^,/^-'"* ''■•^''-"•'•' V/Vf*VA>V/i'^X\>

«--wv-^

125

DIVINITE

est persuadé qu'il est devenu participant à ce bonheur (1). »

En effet 5 mon cher Théophile, quand on a déposé le fardeau de ses fautes , ne semble -t- 1 pas qu'on est déchargé d'un poids accablant, qu'on est plus libre, et par conséquent plus heureux ? Quelle paix . quelle sécurité suc- cède aux troubles et aux orages de la cons- cience ! Il est si doux de pouvoir se dire soi- même : « J'étais captif, je traînais une chaîne pesante qui , par une de ses extrémités , te- nait à l'éternel abîme une place m'atten- dait , et me voilà rendu à la liberté des en- fants de Dieu ! J'étais mort , et me voilà res- suscité ! J'étais dans un état complet de pau- vreté et de dénûment , et me voilà enrichi des dons les plus précieux i tous mes anciens mérites revivent; je suis rétabli dans tous mes droits ! J'étais l'enfant du démon , et me voilà Tenfant de Dieu , l'héritier de son royaume l Le prêtre du Seigneur m'a dit : Je vous absous , ailes en paix; et depuis que j'ai entendu cette (^nsolante parole, une paix

(1) Chillingworth, SerînonT, cité par M. Miîner dans son ouvrage intitulé : Excellence de la reli- gion catholique»

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S IL Second hknfaîL

C*"- P^nîtentia hommîs rei félicitai (Terlullien);

? DE LA CONFESSION. 420

[: (lélicioiisc , une i)aix toute céleste ivgnc (]n:i:i

;? mon anic. 0 confession! tu es la félicita de

^ riiomme pêcheur {i)^ lu le réconcilies avec J

^ ï)icu 5 tu le réconcilies auss^ avec lui-nicnic. ^

< Un second bienfait que procure la conTcs- <

l sion, c'est d'empêcher le désespoir de péné- \

s trer dans l'ame de quiconque a eu le malheur s

^^ de lonibcr dans quelque faute grave. Si ^

cj Ihonimc peut faire des chutes, la religion ^

c lui tend une main secourable pour l'aider à î:

> se relever ; elle lui présente une planche après ^

le naufrage , et cette planche , c'est la confes- <

sion. Sans cette institution salutaire, « que s

deviendrait le malheureux mortel qui aurait 5

: été victime des séductions de la vie et des \

) écarts des passions? En proie aux remords, \

n'osant lever les yeux au ciel dont il se serait s

à jamais banni , tenterait-il de fléchir la jus- ^

tice divine? Et, dans le cas il essaierait de 5

le faire, sur quoi fonderait-il son espoir?

Quelle voix du ciel lui apprendrait que ses

150 DIVINITÉ

fautes sont pardonnes? Quel ange viendrait lui apporter des paroles de paix, rétablir le calme dans son ame et mettre un terme à ses angoisses? Le trouble le poursuivrait jus- qu'au tombeau; la terreur l'environnerait de toutes parts à son heure dernière ; un vague affreux le remplirait d'horreur, et il serait li- vré pour toujours à ces furies vengeresses ^ue le paganisme laissait au criminel pour toute ressource (1).»

Oui, mon cher Théophile, sans !a confes- sion, l'homme coupable, quelques démarches qu'il eût faites pour obtenir son pardon , ne pourrait jamais se tranquilliser parfaitement ; kl sainteté infinie de Dieu offensé lui laisse- rait toujours les doutes les plus légitimes sur la réalité du pardon , et ses doutes cruels suffi- raient pour le jeter dans le désespoir. La reli- gion catholique l'arrache a cet excès , en lui montrant ce tribunal de miséricorde l'on peut absoudre le pécheur qui veut devenir juste , le prêtre, avec quelques paroles, peut laver Famé de ses taches et lui rendre sa blancheur et sa beauté première.

(1) Mémoires de M, de Belval^ par un ancies député, p. 287.

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'< M U CONFESSION. 131 >

S III. Troisième bienfait. >

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^ Un troisième bienfait de la confession , \

^ c'est de prévenir une infinité de crimes et de ;!

\ scandales. Le langage des passions , dit un an- ']

'i cien magistrat (1) , a tant de charmes pour J;

^ riiomme déchu, qu'il était imprudent d'aban- p

i donner cet homme à la seule direction de sa <

'? conscience. Le cœur est un abîme se ca- ^

< chcnt mille dangereux penchants , qu'on n'a- ■=

s perçoit presque jamais soi-même, et qui [j

S néanmoins frappent Fatlention d'un confcs- ^^

? seur. Parce qu'on n'aura pas commis de véri- |;

^ tables crimes , on se rassure , on est tran- ;!

l quille 5 on se croît pour toujours affermi dans i

^ les sentiers de la vertu. On ne voit pas, ou ^

du moins on néglige d'extirper certains dé- ^

fauts légers en apparence , mais qui peuvent \

devenir la source des plus graves prévarica- j>

tions. Il ne faut qu'une mince étincelle pour ^ allumer un vaste incendie. On s'endort dans une funeste sécurité.

« La confession prête à l'homme une abon-

(1) M. Rosset , auteur de néephile ou la Fhl

losophie du Clmstianisme^

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132 DIVINITÉ

dancc de lumières qui lui manque dans son isolement : un œil étranger est toujours plus clairvoyant et plus sûr 5 le fatal bandeau se déchire , et tel qui se glorifiait de ses vertus , gémit bientôt sur Tétat déplorable dans le- quel il vivait , peut-être , hélas ! depuis bien des années. Il est donc évident que la confes- sion tend à prévenir le mal en le coupant ^ dans sa racine , et qu'en nous éclairant , elle

> nous fournit les moyens de combattre avec ? plus de succès des passions naissantes qui de-

> viendraient bientôt une véritable tyrannie. » 5 Oui , cher Théophile , la confession arrête ^ une infinité de crimes : que d'adultères pré- i venus! que de divorces empêchés! que de

> liens flottan? raffermi? par la confession ! ^ combien de jeunes gens ne doivent qu'à la

> confession de s'être conservés dans la pureté 5 et l'innocence ! Il en coûte pour faire l'aveu s de ses fautes , et la honte attachée à cet hum-

> ble aveu a la force d'arrêter sur le bord de ^ l'abîme : « Je ne ferai pas cela , parce qu'il

faudrait le dire à confesse : » que d'égaré ments et de faiblesses , que d'excès et de dé- sordres, cette seule réflexion , ce simp^-c r*^ * sonnement n'a-t-ii pas lait avorter ? « Que je suis heureux , mon père ,

V/\-^>/\/V/\/\jrv,

DE LA CONFESf^ïON.

^3b

« venu à confesse : j'étais perdu , oui , j'clais « perdu, si je n'étais pas venu à vos pieds ! » Combien de fois, dans Texcrcicô du saint mi- nistère , n'avons-nous pas entendu rendre cet liommage à refficacité de la confession ? Sou- vent aussi nous avons entendu des coupables, dont la grâce avait touché le cœur, s'écrier douloureusement : « C'est l'abandon de la (( confession qui est la cause de tous mes « malheurs, jamais je ne serais tombé dans (c les crimes qui pèsent sur ma conscience , si « j'avais continué de m'approcher du tribunal a sacré. »

§ IV. Suites funestes de Vabolition de la

confession.

Aussi, Tusage de k confession ayant été aboli dans certaines contrées , qu'en est-il résulté ! Des crimes sans nombre , des désor- djes inouïs jusqu'alors. Voici ce qu'on lit dans la liturgie suédoise. « Lorsqu'on s'est relâché sans mesure sur les règles prescrites parla confession auriculaire, les jeûnes, la célébration des fêtes...., ces concessions ont été aussitôt suivies d'un libertinage si affreux,

154 DIVINITÉ

qu'il n'y a personne , quoi qu'on leur dise , qui ne se croie permis de satisfaire ses pas- sions , au lieu de se rendre à des avis salu- taires. Les exhortez-vous àvse confesser, afin de s'assurer de la sincérité de leur conversion, à laquelle seule l'absolution doit être accor- dée, ils s'écrient qu'il ne faut contraindre personne. Leur recommandez-vous l'observa- tion du jeûne, ils se livrent, au contraire; aux désirs déréglés de leur ventre.... En un mot, les chevaux emportent le cocher, selon le proverbe , et les rênes ne conduisent plus le char (1). »

Les Luthériens de Nuremberg lurent ef- frayes du débordement de crimes dont fut suivi presque immédiatement l'abolition de la confession auriculaire , qu'ils envoyèrent une ambassade à Charles- Quint pour le supplier de rétablir chez eux , par un édit , l'usage de la confession. Les ministres de Strasbourg émirent le même vœu dans un mémoire qu'ils présentèrent, en 1670, au magistrat. Ces re- quêtes furent taritées comme elles le méri-

(1) Voyez les Considérations sur le dogme gêné' valeur de la piété chrétienne , par Tabbé Gerbet , D. 293.

DE LA CONFESSION. 135

taicnt; on les regarda comme non avenues. Un magistrat, un monaniuo , peuvent être assez puissants pour faire lléchir le genou ^ mais leur pouvoir ne saurait aller jusqu a ou- vrir les consciences.

§. V Quatrième bienfait.

Un quatrième bienfait attache à la confes- sion, c'est de faire rendre le bien mal acquis. Jean-Jacques-Rousseau en convient lui-même. « Que de réparations ^ s'ëcrie-t-il dans son c( Emile , que de restitutions , la confession ne « fait-elle point faire , chez les catholiques ! »

Nous vous citerons plus bas , mon bien cher ami , des exemples qui vous le prouve- ront efficacement.

g. XL Cinquième bienfait.

Enfin , le dernier bienfait de la confession , celui qui couronne tous les autres , c'est de consoler le pécheur mourant , de dissiper en lui les craintes de l'avenir , de le disposer au grand voyage de l'éternité. Que pourrait-ij craindre , en effet , ce pécheur , quel que soit le nombre de ses iniquités ? Il en a fait l'hum- ble aveu au ministre de Jésus-Christ : ui>e sen-

'136 DIVINITÉ

tcnoe de miséricorde a cte prononcée sur lui , et il a la douée confiance que ce^ie sentence a été ratifiée dans le ciel. ^

Qu'un grand coupable sôît condamne à mort, il blasphème , le malheureux ! il est en proie aux convulsions du plus violent de- sespoir. Qu'il s'opiniâtre à refuser les secours de la religion , et son désespoir l'acompagnera jusque dans l'éternité. Mais qu'il se décide à demander un prêtre , et bientôt ce ne sera plus le même homme. Il sera tout conso- , quand il aura fait le récit de ses fautes et de ses peines ; il sentira sa conscience déchargée d'un poids énorme , quand il au- ra épanché son cœur dans le cœur d'un ami.... Et quand viendra le moment du sa- crifice , il montera à l'échafaud avec calme et résignation ; et ce calme , cette résigna- tion , il les devra à la confession et aux pa- roles consolatrices que le prêtre lui aura fait entendre,

Hélas ! il n'y a pas que le crime qui monte à l'échafaud,.. L'innocence et la ver lu n'en sont pas toujours exemptes. Oh ! alors , quel cou- rage 5 quelle intrépidité la confession ne don- ne-t-elle pas !

La considération de ces biens porte un il-

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DE LA CONrrASi;)N» i^l

lustre priîlat à s'ccricr dans un saint trans- port d'admiration : « Ce sont tes prodi^'cs , religion calliolique ! toi seule sais les 1)10- duire, tandis (pie rincrédulité abandonne ses adeptes aux angoisses du désespoir , tu ebarmes pour tes enfants la <loulenr, la souf- franee , et jusques les tourments j lu les ravis en extase (1). »

§. VU. Bienfaits temporels de la confession.

A tous les bienfaits spirituels de la confes- sion dont nous venons de parler , mon cher Théophile , nous pourrions en ajouter quel- ques autres temporels ; savoir : le. bon ordre dans la société, la tranquillité dans les fiunilles, la conservation de Thonncur cl de la fortune , le rétablissement de la santé , :[vi sont souvent les heureuses suites d'une con- fession bien ûûte. Contentons-nous de prou- ver ce dernier et précieux avantage , si digne de fixer Tattention de tout homme sage. Oui , mon cher ami , si vous considérez l'inmiense influence du moral sur notre physique , il

(1) Discours sur Vîncrêdulitè, par Mgr. l'évéque de Strasbourg.

ioS mxmvTÉ

vous sera facile de conclure qu'une boniifc confession est un moyen presque curalifdaus le traitement des maladies.

En effet, combien d'affectionss nerveuses ne sont entretenues que parce que les malades , sans confidents intimes, ou sans consolateurs véritables , cherchent , mais en vain , à étouf- fer les remords qui bourrellent leur con- ficience. Sans cesse tourmentes par le souve- nir de leurs fautes , ils languissent sous le poids de quelques-unes de ces alFections , pour peu que leur organisation y soit dispo- sée. Combien de personnes , peut-être , ne sont souffrantes, sans que le médecin s'en doute, que parce qu'elles sont privées de la faculté de pouvoir déposer , dans le sein d'un ministre de paix , l'aveu de fautes bien légè- res quelquefois , mais que leur cœur vertueux néanmoins leur reproche avec amertume ?

Il n'y a pas de maladies plus opiniâtres que celles qui tiennent à un moral affecte , et qui résistent d'avantage aux remèdes or- dinaires de l'art. La confession serait donc dans ces cas encor^ jssez ordinaires un re- mède adjudant, plus utile qu'on ne pense L'expérience est pour 'mnîs l'attester. Mais pour que la confession opère cet heu-

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tm LA CONFESSION. )ors()iincs !

13*

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rciix clTol dans les personnes agiii crainte , il faut que les malades soient péné- trés d'une haute vénération pour cette sainto praticiue , qu'ils apportent une confiancd entière dans le ministre de ce sacrement, et une effusion complète dans la confidence d| leurs fautes et de leurs peines.

La pratique de la confession est encore avantageuse à la santé, parce qu'elle porte, les jeunes gens surtout , à mettre plus de ré* gularité dans leur conduite. Dès lors ils évi^ tcnt plus facilement les désordres , les excci divers , qui détruisent les sources de la vie j et d'où naissent la plupart des maladies. Si , dès les premiers pas dans le libertinage , le jeune homme confessait franchement ses torts , avec la ferme résolution de ne plus y retomber, il aurait un moyen puissant pour se corriger de ses mauvaises Iiabitudes et pour pratiquer la vertu. Dès lors, sa vie cesserait assez à temps, d'être licencieuse, et, par conséquent^ les débauches infâmes, les plai- sirs meurtriers nt Rendraient plus miner sourdement sa santé , commencer des mala- dies qui, en peu de temps, se trouvent au- dessus des ressourcs de l'art. Le nicdccin aurait la satisfaction de guérir bien plus

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140 bmmïÊ

souvent , et la sociélc . colle de voir plus frc^ qiîcmment revenir à elle des hommes utiles. DoiNG , conclut un médecin protestant a quf nous empruntons ces pensées , donc, la reli- gion et toutes les pratiques qui en dérivent sont importantes aux médecins eux-mêmes (ï).

Un pieux auteur rapporte qu'un officier de ca- valerie ctanl passe dans un de ses voyages, par un lieu 011 le P. Brydaine donnait une mission , fut curieux d'entendre un orateur d'une si grande re- nommée. Il entra dans l'église lorsque ce mission- naire , après les exercices du soir, développait dans un avis , l'utilité et méthode d'une bonne con- fession. Le militaire , touché , forme à l'instant la résolution de se confesser , vient au pied de la chaire , parle au Brydaine, et se décide à rester à la mission. Sa confession fut faite dans les senti- ments d'un vrai péni:ent.!l lui sembluj , disait-il qu'on ôtait de dessus sa tcte un poids insuppor- lable.Le jour il cui le bonheur de recevoir l'ab-

(1) M, le docteur Ami Bade! , de Genève , lîê. nesci&ns mccUco-lhcologiques sur la Confession^

DE LA COINFESSION.' 14!

sohilion, il soi'til(liilril)i:nal, tcmoin ilo srsnvout, en versant des laiincs que tout le monde lui vit répand ic.

Rien ne lui était si doux , disait-il, que ces pleurs qui coulaient sans elTort, par amour et par recon naissance. 11 suivit le suint prêtre, lorsqu'il se ren- dit à la sacristie; et là, en présence de plusieurs missionnaires , le loyal et cdinant militaire expri- ma en ces termes les sentiments dont il était ani :< Messieurs , ccoutez-moi de grâce, et vous particulièrement , père Brydainc^ je n*ai goûlé de ma \\q. des plaisirs si purs et si doux que ceux quo je goûte dî^puis que je suis en grâce avec mon Dieu; je ne crois pas , en vérité , que Louis XV, que j*ai servi pendant trente-six ans , puisse être plus heu- reux (juc moi. Non , ce prince , dans tout Téclat (pii environne son trône , au sein de tous les plaisirs qui l'assiègent , n'est pas si content , si joyeux qu6 je le suis , depuis que j'ai déposé l'horrible fardeau de mes péchés. » Voilà ce qu'éprouvent tous ceux qui reviennent sincèrement à Dieu.

(M. Carron , F^ie du P, Bry daine,)

TRAIT RAPPORTÉ PAR MADAME DE CENL18.

« îl y a environ six mois 9 dit Mme de Genlis , dans un de ses ouvrages , que l'on vola ici ( au Pa- lais-Royal), la valeur de dix mille francs d'argen- terie. 11 m*a été impossible de découvrir l'auteur da

^ w^^y» 'f^^^^\^\/\ri/\f\r^j\^^f\f^j*,,/\fsr'^/%f\fs^

^î^:^^i.

DIVINITÉ

ce vol, même de pouvoir forme? tin soupçon ,1 cet égard. Hier , le curé de Saint-Euslachc me fît demander à me parler en particulier. Celait pour m*annoncer qu'il m'apportait la restitution du vol. Nous sommes à la fin du carême, et le vo- leur a voulu faire ses pâques» Si au lieu d'avoir été élevé dans la religion catholique , il n*cût connu que la religion des philosophe^ il aurait pensé comme Figaro , que ce qui est bon à prendre est bon à garder. Deux hommes ont apporté dans ma cham« bre la caisse qui contenait l'argcnlerie^M, le curé de Saint-Eustache a demandé que la restitution fût vérifiée en sa présence. On avait effacé toutes les armes , rompu quelques cuillers , et ployé en deux trois plats; mais tout s'y trouvait^ il n'y manquait pas une seule pièce.

(Suite des Souveni7^s de Félicie , par Mme Genlis.)

RESTITUTIONS PA». lA CONFESSION.

Pendant la quinzaine <te Pâques , un prêtre re- mit à un ministre protestant , habitué à tourner en dérision les sacrements de l'Eglise , une somme considérable à laquelle il ne s'attendait pas. Cet argument très sensible , détrompa si bien le mi- nistre prévenu contre l'Eglise catholique , que lorsque Toceasion s'en présentait , il ne pouvait s'empêcher de dire : « // faut avouer que fa con- fession est une bonne chose» »

w^X.'^-/"' '-\/^^,.,/-^

LE LA CONFESSION. 413

Un catholique de Suisse , dos environs de Frî- bourg, ayant trouve une forte somme sur le che- min de Berne à Fribourg , la retint ; mais étant nUô à confesse quelque temps après , son directeur l'engagea à aller déposer dans les mains des magis. trais de Borne, la somme qu'il avait trouvée sur les cj terres 'ic ce canton; ce qu'il fit. Cette aclion fit uno \ sensation prodigieuse parmi les protestants. ? ( Ogier , Conférences sur la Morale. )

S n y ft quelques mois on lisait dans un journal :

S « M. le cure de Nontronaremis ces jours derniers, > à M°ïe veuve Forien, 1O05 fr. , reste d'une somme qui lui fut volée il y a environ un an ; cet argent avait ét*é donné à M. le curé dans son confessioa- naU »

( Gazette de France , du 21 mars 1836. )

CONFESSION DE MARIE-ANTOINETTE.

Apres la mort de son auguste époux , Marie-An- toinette fut jetée dans un froid et humide cachot. Une âme vulgaire y aurait trouvé le désespoir; elle y trouva la paix et le bonheur , et ce miracle ce fut li confession qui l'opéra. Dans ces jours d'exé- ci'ablc mémoire , un crêpe funèbre couvrait la France entière , l'enfer semblait avoir déchaîné t sur la terre tous les crimes et tous les malheurs, j une femme (1) a conçu la résolution de pénétrer

< }1) La femine Beau, épouse du geôlier de la

\ Coûcier^erie.

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divî:>

jusqu'à l'auguste fille de Maric-Tlicrèsc : clic con- naît tous les dangers, tous les obstacles; rien ne l'intimide , rien ne Tarrête , rien ne lui coûte : geô- lier , gardes , verroux , barrières , tout cède à son intrépide et sainte inspiration , et bientôt elle est aux pieds de la reine , qui , dans un dcnûment ab- solu , sous les plus grossiers vêtements , conservait encore son imposante majesté. Le leiHlemain , elle introduit dans le cacbot un prêtre catholique (1) qui confessa l'auguste prisonnière

Le lendemain , le cachot se convertit en oratoire, et le saint sacrifice se célèbre sous la voûte silen- cieuse. La reine s'avance vers l'autel : au moment elle va recevoir son divin Sauveur, des larmes brûlantes sillonnent son visage , elles tombaient à terre, mais la source en était au ciel. Oh ! que la France entière ne put-elle contempler alors cette face auguste brillait avec les rayons de la foi, le feu du divin amour ! Les deux gardes, témoins de ce spectacle , en furent tellement frappés , qu'ils tombèrent aux pieds du saint prêtre, et déposèrent dans son cœur le fardeau de leurs péchés.

GUÉRISON :, CX7 MÈRE DE FAMILLE,

Une estimable mère de famille , de la religion protestante , était depuis longtemps d'une santé mal assurée , et vivait dans une tristesse conti-

(1) M. l'abbé Maguien, ancien curé de Saint»

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j)r. LA CONFESSION. I^i5

micUc , en so rappc^Iant sos fautes ovec iiiio I)otjno foi sans cj;ale. licite ame tinioiéc les voyait plus grandes qu'elles ne TétaienL réellement, ce (jui l'empèeliait d'clic heureuse avec elle-ïiiérnc. Fati- guée de tous les remèdes cpie les médcein* em- ployaient pour rétablir sa santé , elli; eut recours à un autre qui fut plus efficace, lillle prit le sage parti de s'adresser à un vénérable ccclésiasli(juc du voisinage, et j)]einc de confiance 'en lui, elle lui ouvrit sa conscience et lui fit l'aveu de toutes ses inquiétudes et de toutes ses fautes. Le bon pasteur traita celle âme afdigée en vrai ministre d'un Dieu de miséricorde et de paix , et l'on vit aussitôt cette pauvre malade, pour ainsi parler- renaître entièrement; soft embonpoint augmenta, sa gaîté revint peu à pei: . et depuis ce temps, elle vécut heureuse d'une habitude qui devint aussi sacrée que nécessaire à son cœur vertueux.

{^Réflexions sur la Confession , par Guillois. )

GUÊRISON d'une jeune DAME.

Le célèbre médecin Tissot donnait, à Lausanne, iCS secours de son art à une jeune dame étrangère , dont la maladie arriva bientôt à un point fort alar- mant. Instruite do son dangereux état, et tourmen- tée par le regret de quitter bientôt la vie , elle s'a. bandonne à de violentes agitations et au transport du désespoir. Le médecin jugea que celte nouvelle secousse abrcp;crait encore le terme de sa vie , et ,

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selon son usage , 1\ avertit qu'il n'y avall pas à ilit- jcrer pour lui administrer les secours d<; la rcli- ( ion. Un prêtre est appelé; la malade récoule et î(aoit, comme le seul bien qui lui reste, lespar( les (îc consolation qui sortent de sa bouche. Elle se calme , s'occupe de Dieu et de ses intérêts éternels, icçoil les sacrements avec une grande édification, et , le lendemain matin , le médecin la trouve dans un état de paix et de calme qui Tétonne ; il trouvo ]a fièvre baissée , voit les symptômes changes en mieux , et bientôt la maladie cessa. Tissot , gui était protestant , aimait à raconter ce trait , et il s'écriait avec admiration : Quelle est donc la puiS" sance de la confession chez les catholiques !

Claapitre II.

Des avantages de la fréquente confession,

le prophète Elysée ne se contenta pas d'en- voyer Naaman aux eaux du Jourdain , il lui ordonna de s'y laver sept fok : je ne dois pas non plus me contenter, mon cher Théophile, de vous conduire à la confession , mais je dois encore , sinon vous commander , au moins vous prier vous en approcher , aoa poiiU

iVSA.AA/VXA^/N/'i^vA f\t\J\rKf\J%^é.

i)K f.A (.D.MI.sMnN. i ïl

une seule fois , innis sept fois, e'esl-;j-cl.';c, le plus souvent que vou.^ pourrez : vous ne man- querez certainement p:is de motifs qui vous y attirent , je vaii vous les metlre sous 'es yeux en peri de mots.

g I. Premier avantage.

Quand il n*y aurait point d'aulrc motll que celui detre assuré , par la fréquente con- fession , de la remise en partie des peines du pm^galoire , l'on doit achever d'expier j)ar le feu ce qui ne l'a point été par la péni- tence, ne serait-ce point assez? Dites-moi, je vous prie , si vous étiez condamné à (Hrc brûlé tout vif dans une place publique , que feriez-vous pour vous garantir de l'exécution de cette sentence? n'y dépenseriez-vous pas volontiers toute votre fortune ? n'y emploie- riez-vous pas tous vos amis ? ne regardcriez- vous pas comme une grande faveur que cette sentence fût commuée en un esclavage per- pétuel sur les galères.

Eh quoi ! mon cher amî , pour éviter un feu beaucoup plus terrible , dans lequel pro- bablement vous n'aurez pas seulement à passer quelques heures , mais des années en-

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448 mVINITÉ

tièrcs , et peut-être des siècles , vous trou- Yercz qu'on exige trop en vous disant : « Con- « fessez-vous souvent » ; allons , mon fds , allons, point de paresse, cile serait inexeu- sable, et il serait honteux , pour ne pas dire plus 5 de vous y laisser succomber !

g ïî. Second avantage»

De plus, la fréquente confessipn empêche nos mauvaises habitudes , (comme il arrive aux arbres qu'on transplante souvent) de je- ter de trop profondes racines dans notre cœur , et si elles en ont déjà jeté , la confes- sion les secoue, les ébranle , et peu à peu les extirpe ; je dis peu à peu , parce que ordi- nairement un seul ac^e n'ôte point l'habi- tude.

D'ailleurs , la douleur que nous apportons pour l'ordinaire à la confession , étant im- parfaite , n'a point assez de force pour pou- voir arracher du premier coup ce qu'elle trouve si bien enraciné ; d'où il suit que le meilleur remède pour extirper ces sortes d'habitudes est sans contredit de continuer pendant quelque temps a se confesser très souvent , comme Texpérience nous le prouve.

DE LA CONFESSION.

Vi9

g m. Troisicmc avantage.

PfU'cillcmcnl , Ja fréquente confession di- minue Tauclace du démon , elle cmoussc ses armes , énerve ses tentations , découvre sa malice: or comme les araignées s'éloignent de tous les endroits l'on gâte soiivcnt leurs toiles ; comme les vautours ne relmu*- nent plus dans ces rochers d'où Ton enlève souvent leurs nids et leurs petits ; ainsi le démon ne peut point s'arrêter dans une ame dont les confessions fréquentes lui déran- gent toujours un peu ses desseins et ses projets.

C'est ce qu'un d'entre -eux révéla , forcé par* de puissants exorcisnies de découvrir la vérité. « Rien, dit-il , ne nous déplaît tant dans l'église, et jamais rien ne nous traverse davantage et ne fait plus de mal à nos batteries, que la fréquente confession. Tant que l'homme est dans le péché , tous ses membres sont comme liés , et il trouve de gr:^nds obstacles pour faire le bien ;. mais aussitôt qu'il se confesse, ses liens tombent , et la facilité de faire de bonnes œuvres lui revient. »

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DIVINITÉ

g IV. Quatrième avantagei

En outre , quv^nd on se confesse souvent on a plus de facilité de faire l'examen de sa conscience et de s'assurer qu'on y a apporté l'exactitude requise; car , tenant (oujours ses comptes plus en règle et en meilleur état, on a moins à craindre d'oublier quelque pé- ché , que le démon ne manquerait pas de nous reprocher à l'article de la mort , ne fût- ce que pour nous tourmenter. Au con- traire, ceux qui ne se confessent qu'une ou deux fois l'an,^ sont en grand danger d'ou- blier plusieurs péchés graves mêmes , par une négligence criminelle; car . « tout compte « ancien , dit un père de l'Eglise , est sujet à « bien des oublis (1)» : or , quelle confusion , mon cher ami , quel embarras pour un miséra- ble pécheur qui se voit près d'expirer et à qui le démon rappelle des choses qui l'in- qulèlent, l'agitent et lui donnent une sueur (îe mort ! C'est alors qu'il se mettra sans doute à détester , mais peut-être !rop tard, sa

(1) Computatîo dilata multa facit oblivisci (S. Bernard.)

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\ DE LA CONFESSION. 4^^!

folic! que m'en anrait-il coûte, dira-l-il, de fré qucnler un peu plus souvent Içs sacreuienis? liélas! on nie demandait ce peu , et ^Vi négligé de m'y rendre ; si je l'avais fait , je ne me trouverais point aujourd'hui dans /aca in- quiétudes et ecs tourments.

Vt)ilà ce que dira ce mallicureux , et quand même il aurait en ce moment un confesseur auprès de lui, et qu'il voulût se confesser, l comment s'y prcndra-t-il ? il ne saura par

> commencer : un soldat qui a tenu pen- dant très longtemps son cpée dans le fourreau, ne peut pas , dans un besoin imprévu , la ti- rer assez promptement , à cause de la rouille.

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^ § V. Cinquicme avantage.

> Ajoutez , mon chci- Théophile , que celui ) qui se confesse souvent , quoiqu'il commette

> quelque pèche gr::ve , reste toujours plus de 5 temps en grâce avec Dieu , et par conséquent ^ il fait plus d'œuvres méritoires de la vie éter- ^ nclle ; au lieu que celui qui , après avoir ? commis quelque péché, diffère de s'en con- ^ fcs: er, est comme un tronc see , incapable l de donner du fruit , s'il ne vient a reverdir.

Qi o'que alors on ne doive point omettre

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152 fiivirsiTÉ

ses dévotions ordinaires , ses jeûnes, sts .n Hîùnes et autres bonnes œuvres , en vue des- quelles souvent le Seigneur suspend ses ehà timcnts ; cependant toutes ces œuvres , faUcs dans cet état de péché , ne sont d'aucun mi rite pour le ciel , parce qu'elles sont des œu vres mortes : tant que le fer reste dans la plaie , il n'y a point de remède qui puisse ^ guérir, disent les médecins , il faut commen cer par î'ôter^ de même tant que le péclic est dans l'ame , quelque bonnes c u n s quelle fasse , elles ne lui servent de rien p ;ui' la vie étei^nellc. Commencez donc par liJ ûter cette llèehe empoisonnée , qui est le péché.

Si vous connaksez Dien le trésor incsî'ma ble de la grâce , vous ne pourrez , mon i Js , vous empêcher de gémir sur raveuglcmn. de ceux qr-j en demeurent privés si long- temps 5 et qui par perdent le mérile de tant d indulgences , de tant de messes, de tant d'aumônes, de tant de priires , qui lui servent tout au plus pour quelque bien tem- porel ou pour une disposition éioignéc ii îa pénitence, mais de rien du tout pour méri- ter la grâce ou la gloire.

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DE LA CONFIilSSION.

I VI. Sixiime avantage.

Enfin , quand on csl clans l'iiabitudc de se conlcsscr 1res sonvont^ on est plus assuré de mourir dans la ^racc de Dieu , et par con- séquent de se sauver ; quand , au contraire , Ton se confesse très rarement , il est très pro- bable, par la grande l'acilité des rechutes , qu'on mourra dans celle mauvaise disposi- tion où l'on est d'habitude , et qu'on se per* dra pour l'éternité.

Si vous habitez continuellement sur la terre , et si jamais ou prsque jamais vous ne voyagez sur la mer , vous pouvez aisément espérer de mourir dans votre lit. 11 n'en est pas ainsi des marins qui toujours sont en voyage sur mer en dépit même des tempêtes : et quand par hasard ils prennent terre , ils n'y ont point de repos qu'ils ne se remettent bien vite en pleine raer. Voila , mon cher ami , l'hiîage de ces pécheurs qui vivent toujours dans le péché mortel et qui s'en confessent une fois l'an. Dieu sait comme: ils vivent toujours sur la mer; ils vivent toujours dans les tempêtes. Oh ! combien il est facile qu'ils soient engloutis dans quelqu'une , sui-

154 ôniNîTiÊ

vanl Tcxprcssion de Job : « Anima eorum in

c ' îempestate morklur (1). »

l Sont-ce néanmoins de ces dangers à mé-

^

(1) Job, 86, 14.

(2) Potes sub hoc casu dulces ducere sumnos.

(3) Miserere auiraap tuae olaccns Dco. Eccl. 30.

priser? Quelle insigne folie! pouvoir vous mettre en sûreté dans un affaire si impor- tante j pouvoir la terminer si aisément , et ne pas vouloir vous en donner la peine; pou- voir attacher à un câble l'ancre de votre ^ «sperancc : et l'altacher à un fil ; l'appuyer ^ sur un peut-être et sur ce frêle appui rester \ ennemi de Dieu, rire , badiner, folâtrer , dor- ^ mir, en ajoutant chaque jour péché sur pc- ^ ché, est-il possible ? coinmeut pouvcz-vous 5 alors vous endormir doucement et tranquil- ^ lemcnt? (2) < Oh ! je vous en conjure , ayez pitié de vo- <; ^ tre ame , prenez-la en compassion en vous > 5 rendant agréable à Dieu (3). Saint Thomas "> > d'Âquin s'étonnait qu'un chrétien pût jamais < i commettre un péché mortel ; il est encore plus i ? étonnant qu'après Tavoir coaimis il ne soit ? ? ni soigneux ni enipressé d'en purifier son' j ame par un remèile aussi facile que celui de

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< Dl' LA COINFLSSIOW. 455

I; la sainte conCcsssion , el qu'il y « croupisse l « plutôt comme une bcte dans son or- a dure. »

S VIll. Conclusion,

Mon cher ami, vos préventions se sont évanouies et vos ténèbres se sont dissipées ; la vérité vous est connue, et la lumière brille a vos yeux; ne différez donc plus de faire une démarche de laquelle dépend votre bonheur pour le temps et pour l'éternité ! Allez au tribunal de la pénitence et sans craindre le respect humain , cette chaîne trompeuse dont le démon tient attaché tant de chrétiens pour les détourner de la confes- sion , et si vous vous confessez avec les dis- positions requises, vous renaîtrez au bon- heur , vous goûterez la paix de Famé , qu'on ne saurait trouver dans l'oubli de ses devoirs et le délire des passions , cette paix de Dieu qui surpasse tout sentiment , et qui sera pour vous le gage et le prélude de cette paix éter- nelle que Dieu réserve à ses élus, dam la terre des vivants*

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DIVIKIli

Esesnjileai*

LA PURGATION ANNUELLE*

Un hoaime faisant voyage passa par une ville demeurait un de ses anciens amis. Il alla le voir. Il se flattait de passer agréablement avec lui le reste du jour, mais il le trouva dans un triste clat. Cet homme , qui n'était pas fort âge , miné par des soulTrances habituelles, avait singulièrement vieilli depuis quelques années, en sorte que son ami eut peine à le reconnaître.

Je ne m'attendais pas , lui dit ceîui-ei , à u'fi pa- reil spectacle. Je vois avec un sensible déplaisir que votre santé est fort altérée. Mais il ne faut pas dé- sespérer de la guérison. Si les médecins de votre pairie ne sont pas assez habiles à votre gré, il faut en consulter d'autres. Quel régime avez-vous ob- servé depuis que votre santé a commencé à se dé- ranger? — Aucun. Comment, aucun! Quoi! vous n'avez point fait de remèdes ? Excusez-moi : tous les ans je prends une médecine*— Voilà tout? Assurément. C'est encore beaucoup, et je n'ai pas peu de peine à m'y déterminer.

Je ne suis pas surpris de vous voir réduit à cet étal do langueur et de souffrance. Comment voules-

L*v^lrwt<'vv^/s/Vwv^#i^*Vl/VV«iwV^

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1)1-: lA cniVFrSSTON. 4r)7

vous qnc dos purgalions séparées l*iino de Tniilre par une année entière puissenl o[)ércr volrc guc- rison ? Il fallait , des les commencements , faire une suite de remèdes, qui s*appuyant pour ainsi dire , l'un l'autre, et atlaquant de concert le principe du mal, aurait pu le détruire , et vous rendre la santé. Il fallait ensuite , pour prévenir les rechutes, vous faire une règle de vous purger de temps en temps dans le cours de l'année, et vous assujettir à un ccr tain régime. Faute de ces sages précautions , la ma- ladie a fait des progrès continuels ; elle s'est , pour ainsi dire, enracinée dans votre corps, et votre état devient de jour en jour plus périlleux. Cependant il est peut-cire encore temps de recourir aux re- mèdes : mais il n'y en a point à perdre ; et dès au- jourd'hui , dès ce moment , il faut faire venir le meilleur médecin de voire ville , et vous remettre entre ses mains. Je sens que vous avez raison , mon ami ; cependant je ne suivrai pas votre conseil. Je prendrai à l'ordinaire, u:ie médecine chaque an- née tandis que je vivrai , et rien de plus. C'est mon usage ^ ccst ma coutume; je n'en chcmgerai pobit.

Mon fils , que pensez-rous de cet homme ? Trou- vez-vous sa conduite bien sensée? Vous me répon- drez sans doute qu'elle vous paraît, au contraire, fort déraisonnable. Vous en jugez bien. Cependant sachez que la plupart des chrétiens se comportent précisément de la même manière. Prenons-en un pour exemple.

Cet homme vit depuis nombre d'années dans Té- lyl le plus dangereux pour le salut : il est dominé

•lo8 ÛIVÎMTÉ

par une passion qui chaque jour jette de plus pro. fondes racines dans son cœur , et qui le souille d'une multitude de pécKcs : il languit , il dépérit; toute la vigueur de son âmcs'anéanlil. Il aurait dii, dès le commencement de cette funeste passion , recourir au remède de la pénitence, se mellre entre les mains d'un directeur éclairé., et pratiquer exactement tout ce qu'il lui aurait prescrit pour arrêter les progrès du mal. Il aurait ensuite , et il devrait encore actuellement, pour ne pas s'ex- poser au danger des rechutes , faire un fréquent usage des sacrements de pénitence etd'eucharislie, préservatifs souverains contre le péché. Mais ce n'est pas son système. Il se confesse une fois chaque an7iée pour faire sespâques, et il s*en tient là. En vain lui rcprésenterez-vous que des confes- sions aussi éloignées l'une de l'autre ne peuvent pas remédier eflicacement aux maux de son âme; que. tandis qu'il n*usera pas plus souvent des secours que l'Eglise lui offre dans ses sacrements , ses mau- vaises habitudes ne feront que se fortifier, au lieu de s'affaiblir; et que l'état d'infirmité spirituelle oiî il languit deviendra de jour en jour plus dé- sespéré : il vous répondra tranquillement que «a coutume est de 71 approcher des sacrements qu'à Pâ- ques, qu*il ne changerapas. Quelle folie ! n'imitez pas cet insensé, et confessez-vous souvent si vous dé- sirez persévérer dans la ▼crtu , et mourir dans la paix du Seigneur.

i^Paraholes du P, Glrmidcau,)

DK ;-\ co:u<^Ȕ:ssr()N.

159

TETTHE D UN UOI DR CONGO.

Le Icr septembre Ï817 , don Garcias V, roi de Congo, écrivit do sa propre main au supérieur des missionnaires de Saint-Paul de Loanda. Dans sa lettre, se trouve l'empreinte d'unn vertu naïve, d'une piélé sincère et tendre, il manifeste la dou- leur causée par la piivation de? secours religieux. Les NOBLES , les puincls cl LUI spécialement , yd- missent de ne pouvoir se confesser et recevoir ks sacrements; en conséquence, il conjure le supé- rieur des missions d? venir ou de lui envoyer sans délai des spirituels; car il veut se confesser^ et procu- rer à son peuple les avantages du ministère pastoral. ^Histoire des Confesseurs des rois , p. 253.)

ENTRETIEN DE M. GUILLOIS AVEC MS^ BRUTE.

Au mois de novembre 1835, M. Guillois eut plusieurs entretiens avec feu M&f Brute , de véné- rable mémoire , évêque de Vincennes , aux Etats- Unis ; il y a dans son diocèse environ vingt-cmq mille sauvages , parmi lesquels les conversions ne sont pas rares. Il lui demandait quelle impression faisait sur ces sauvages le dogme de la confession ? Ils en sont encbantés , répondit le prélat mis- sionnaire ; ils s'y soumettent de bon cœur et avec joie , et il arrive assez souvent de voir des hommes se servir sans difficultés de femmes pour inter- prètes.

(Recherches sur la Confession,)

tRAlT DE SAINT FRANÇOIS DE SALES

Un grand pcchcnr s'claiil fait urif extrême* \in^ lence pour faire à saint François de Sales une con- fession générale dans laquelle il lui détailla les nom, breux égarements de sa jeunesse , le saint trouva la confession et la déclaration du pécheur à son gré , et lui en témoigna beaucoup de contentement et de satisfaction.

« C'est, lui dit le pccneur , pour me consoler que vous parlez de la sorte , mais dans le fond de Votre âme , pouvez-voiis estimer U7i si grand pccheur? Après l'absolution , reprit le saint , je serais un vrai pharisien, si je vous regardais comme un pé- cheur. Vous me paraissez plus blanc que la neige et semblable à Naaman sortant du Jourdain. Au reste , je suis obligé de vous aimer doublement en voyant la dilection et la confiance que Dieu vous a données pour moi f je vous regarde comme mon -ils, que je viens de faire naître en Jésus-Christ.

« Quant à l'csiimej elle égale Tamour que je- Tous porte. De vase d'ignominie , je vous vois changé en un vase d'honneur et de sanctification, par un chan- gement de la droite du Très-Haut. Notre-Seigneur ne changea pas le dessein qu'il avait d'établir saint Pierre sur toute son Eglise après son péché, parce qu'il eut plus d'égal d à ses iaimcs qu'à sa chute,

^♦,y\/v*t^ / vs/^6

m LA CONFESSION.

^(il

à son repentir qu'à sa faute. Au surplus , je seraii bien insensible , si je ne prenais pas ma part à la joie qui est maiulenanl parmi les anges de Dieu sur la purifieation et le changement de votre cœur. Croyez-moi , les larmes que j'ti vues couler de vos yeux ont fait en mon âme ce que fait l'eau des for- gerons, qui embrase plutôt qu'elle n'clcint le feu lie leurs fourneaux. 0 Dieu I que faime votre cœur^ qui aime maintenant ce Dieu tout bon!...

Ce pcnilcnt s'en alla si satisfait , que depuis , à ce qu'il déclara à un de ses amis , il n'avait pas de délices plus grandes que de se confesser , jusqu'à importuner ses confesseurs par des confessions Ircs- frcqucntcs.

^ EsjprU de mint François de Saks , part, 10< )

imiBILlI,

Epitrii a Mapjb.

V <

Avant-propos.

IX s

Préface.

xio s

PREMIÈRE PARTIE.

5

Principe divin de la Confession.

l

Introduction.

f

1 c

Chap. I. Ire preuve. Son institution

par

<

Jésus-Christ.

3 <

Exemples, Confession d'Adam et d'Eve

5 ""

<

de David. .— Confession faite par le grand-

<

prétre. Histoire de Draupadi et

des

i

cinq frères célèbres, Histoire de

Val-

<

miki.

18 i

Chap. II. 2'^c preuve. L'argument de

pres-

l

cription.

27 \

Exemple. Conversion d'un jeune hornme.

38 5

€hap. Ili. 3°*® preuve. Absurdité de

cette

S

assertion : Ce sont les prê}res qui ont in-

S

vcntà la cuafession*

42 l

^vw^^/vv^

t*vu v.'v/\Jv-\ruv \^-

l'AbLK.

Exemple. Conversion J''m\ jcuno liominc (suite).

Cnlip. IV. 4">e preuve, ^c prodige du se- cret de la confession»

Exemples, Saint Jean Népomuccnc. Jean Sarcander. Le père Garnct, jésuite. L'ancien curé d'Evron. L*abbc Houlbcrt.

CuAP. V. 5»*« preuve. Le témoignage des Saints Pères.

Exemple. Confession d'un jeune homme.

Cdap. VI. 6«" preuve. Le témoignage des protestants.

Exemple* Confessît)n d'un jeune homme {suite),

Chap. VIU 7°îe preuve. Le témoignage des philosophes»

Exemples, La Mettrie. Le comte de Bou- lainvilliors. -^ Montesquieu. Du Mar- sais. Maupertuis. Fontenellc. Bou- langer. — Le marquis d'Argcns, Tous- saint. — Bouguer. BuiTon. Le comte de Tressan. De Langle. Robinet. Napoléon. Le général Berlrand,

72

^/\/^\,^\/\r^r\/^^-'\j\f\/\j "

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46i

fABLK,

SECONDE PARTIE.

Fffcls divins de la confession.

ÎNTnODUCTiON. 123

CuAP. I. Des bienfaits de la confession. 126

Exemples, L'officier converti par le }>crc Bry- daine. Trait rapporté par Madame de Genlis. Restitution par la confession. Confession de Marie-Antoinette. Gué- rison d'une mcre de famille, 140

Chap. h. Des aventages de la fréquente Confession. 146

exemples, La purgation anni/elle. Lettre d'un roi de Congo, Entretien de M. Guil- lois avec Mu^ Brûlé. Traité de saint François de Sales» 156

%e sttm principiun et finis.

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