mmsm. ^9i ïïltbrarg Darlinston Mémorial Library aila00«%-^ •^■'^•^ IBook W3^ T'^^t^ I / \ X VOYAGE DE LA LOUISIANE FAIT PAR ORDRE DU^ ROY En raniiée mil fept cent vingt : Dans lequel font traitées di'verfes matières de Phjfiqm^ Ajironomie j, Géographie & Marine, L'on y a joint les Obfervations fur la Refraébion , faites à Marfeille, avec des Reflexions fur ces Obfervations ; Divers V^oyagc s faits pour la correêîion de la Carte delà Cott .. de Provence ; Et des Reflexions fur quelques points du Sifteme de M. Newton. Tar le T. LAVAL, de la Compagnie ' de jefus , Profejseur Royal de Mathématiques , & Maître d* Hydrographie des Officiers (^ Gardes de la Marine dti Port de Toulon. A 'PARIS, Chez JEAN M A R I E T T E, më Saint Jacques , aux Colonnes d'Hercule. M. DCC. XXVIIL Av^ç privilège du S-oy* 3?-37 A MESSIEURS DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES- 'Efi'Ce point trop de hardiej?e a moi d'ofer Juivre l'exemple d'un des plus fameux Mathématiciens de notre Compagnie ^ en prenant la liberté de vous prefenter cet Ouvrage ? Com- me lui je fuis plein d'efime pour votre illufre Corps y comme lui fai le bonheur d'être aimé ^de plufieurs de fes Membres y plus heureux que lui ^ fai l'honneur depuis long-temps d'être un des correfpondans de cette fameufe Compagnie^ de laquelle je reconnois que f ai tiré une grmde îv E P I T R E; partie des connoijfances c[ue je puis avoir s ^of% feulement pour avoir eu l'honneur d'ajjljier à plufieurs de fes A\femhlées ^mais auffi par lit leSîure ajjidué des excelLens Ouvrages que l^Aca^* demie donne chaque année au Public, Voila ce qui peut excufer mon hardiejfe. J'en ai encore une autre raifon^mais dois- je la dire ici ? Eh pourquoi non ? Eejl-il défendu à un homme qui aime les Sciences 3 defentir une forte inclination pour une célèbre Compagnie qui leur a fait faire de fi grands progrès ? Qwe nauroit point ajouté le P. Par die s au magnifique 3 mais fine ère éloge quil a fait de ce fameux Corps ^ s^il avait vu fes prédictions exécutées j même bien au-delà de ce quil pouvoit imaginer ? Qj4^ls Eloges ri auroit-il point fait du grand Roj qui l'a établie ^ qui l'a logée dans fon Palais j qui lui a donné des reglemens fi fages^ fi propres à la faire feurir 3 à immort alifer la gloire du Prince ^ & celle du Corps. Ce qu'une mort précipitée l'a em* péché de voir ^ j'ai le plaifir d'en être le témoin. Plaifir très-grand ^ qui méfait regreter^ non de E P I T R E. V nètre pas membre d'une JltUuJlre Ccmpagnie jje ne dois pas affirer a un fi grand honneur „ mais de ne pouvoir plus ajjijier a fes ajfemhlées ^ d.ont la durée me paroi f oit Jl courte, Je'vous reconnois donc ^ MESSIEURS ^ pour mes Juges comme le P, Far die s, Et fi quelque Sça'vant ^ de quelque Nation qu'il fott y ne penje pas de même s il e fi ou fort prévenu y ou jaloux ^ ou peu ami des Sciences auxquelles far vous no-- tre Nation a donné ^ & donne chaque jour tant^ de lufire. UOuvrage que j^ ai l'honneur de vous prefien- ter > far cela même quil efi neuf y a bien plus befioin de vous être recommandé ^ & de votre proteâion j, que ne l'avoit le bel Ouvrage d.u P. F ardies recommandable par lui-même, Ce fi un Vdiagefait pour les Sciences j mais quelle dijfe- - rence avec les Vôiages de l^ Académie ? Il faut des ombres dans un Tableau. Ce font des Ke- fiexionsfur la Fhyfique ^ & fur la Ké fraction y qui n approchent pas de celles deplufieurs Mem- bres de votre Compagnie : ce font quelques JS/ie-- vj E p I T R ë; moires fur la conflruClion desV^aijfeaux. Attaché par mon emploi a réfléchir fur ces matières de-- puis trente ans , fai cru qu elles ne 'vous déplais roient pas, T'el quejl ceîOwvrage ^ je le foumet's entie--^ rement a "votre jugement y c^uel c^uilfoit ^ je n'en appellerai point a un autre Tribunal. Je nen reconnois point de fuperieur. Si vous le juge z^ h on 3 content de votre approbations je nen cher-- cherai point d'autre. Recevez^-le donc comme le tribut d'uneperfonne c^ui vous ejl depuis long^ temps dévouée. J'ai r honneur d'être avec un profond refpeôî & beaucoup de reconnoifance. Mes si eurs , Votre très-humble &: très-obeiflant ferviceur , Laval , de la Compa- gnie de Jefus, PREFACE. CO M M É bien des Ledeurs ont été trompez en li- fant des Relations qui n'ont pas ioutenu lidée qu'ils s'en étoient formé , je prends la liberté de leur donner nn eonfeil ï c'eft de lire cette Préface afin qu'ils ne foienc pas trompez. Je la fais courte expreflément pour leur épar- gner la peine de la lire longue. Je fçai combien en pa- reilles occafions il m'en a coûté. Ils pourront ainfi plus sûrement &c plus promptement fe déterminer au parti qu'ils auront à prendre. Le Journal que je donne ici eft une cfpece d'Ouvrage des plus difficiles à exécuter î car comment y joindre l'utile à l'a- gréable ? Il le faut pourtant pour qu'il ait les fuftrages de tout le monde. Il eft impoflible qu'il ne s'y rencontre bien des ter- mes de Marine , parce qu'il eft queftion d'un voïage fait par Mer. Ces termes rebutent ceux qui ne font pas du métier , S^ n'ont rien de fort gracieux. Donner à ces termes une aune tournure j outre qu'il faudroit ufer de periphrafe ^ ce qui fait languir le difcoitrs , les Marins ne le pardonneroient pas à un Auteur qui eft de leur profefïion depuis longues années ^ peut-être lui feroient-ils la grâce de croire qu'il les fçait j mais ils le regarderoienr comme un déferteur , &: mépriferoient fon Ouvrage. Pour ceux qui ne font pas du mêtier,ce fera de l'Arabe pouf eux, ils le liront encore moins. Gardez votre Ouvrage jrné dira-t'on : ce feroit peut-être le mieux , au moins feroit-cc le plus court, & le moins pénible pour moi. Mais comme je n'ai entrepris ce Voïage que dans la vue d'être utile, je feroiâ bien-aife auffi d'en donner la Relation, qui peut avoir feS utilitez ; èc ne point laifTer perdre le fruit de mes travaux. Tels ont été fans doute les defïeins des Voïageurs. Le Public leur eft obligé quand ils lui donnent des Relations fidelles de ce qu'ils ont vu de curieux dans leurs courfes; on a à peu de frais des connoiftances qui leur ont beaucoup coûté. Ceux qui ont voiagé par Terre peuvent répandre dans leurs Relations la mêmevarieté qu'ils ont trouvée dans les Pais viij PREFACE. dont ils parlent ; àc par-là rendre leur Ouvrage agréable j les Marins n'ont pas le même avantage. Ils ont beaucoup à fouf- frii à la Mer ; &: , ce qui efl encore pire , ils font quelquefois fouffrir les Ledeurs , qui pour le moins plaignent l'argent que leur a coûté le Livre,dont ils fautent volontiers des vingt éc trente pages. Pour remédier à des inconveniens (i dangereux pour un Auteur , je donnerai une courte & cjaire explication des ter- mes de Marme qui peuvent fe rencontrer dans la relation de ce Voïage. Je mêlerai dans le Journal , des Defcriptions des divers Lieux où nous avons pafTé; les Obfervations que j'y aurai faites, de quelques efpeces qu'elles foient; divers évene- niens propres à éguaicr la matière ; des Reflexions fur les vents , fur la variation des aiguilles aimantées , &: fur d'autres matières curieufes i les détails des Routes qu'on peut tenir pour divers endroits de ces Pais ; enfin diverfes circonftances qui pourront donner de l'agrément à ce Journal. On y trouvera aufli des Plans &z des Cartes des Lieux oTi nous avons touché. La variété des Fleurs répandues dans une Prairie ne laifïè pas de plaire , quoiqu'on n'y trouve pas l'ar- rangement d'un beau Parterre , ou d'un magnifique Jardin. C'eft que le naturel a fon agrément , 6^ quelquefois plus que ce qui eiï fait avec beaucoup d'Art , contre lecjuel on cil fur fcs gardes. EXPLICATION EXPLICATION DES TERMES DE MARINE employez dans ce Journal. On a promis dans la Préface d'expliquer les Termes de Marine qui fc trouy^^^dans cet Ouvrage , en faveur de ceux qui ircï^avent pas la Marine. Il faut tenir parole 5 je le fais brièvement , mon in- tention n'étant pas de faire un Di6lionnaire j il fc pourroit faire que j'en oubliaflfe quelqu'un , mais ils font en petit nombre , de de peu d'importance pour l'intelligence du Texte. A. ABatre. On dit <\\iQle Vaijfeati abat lorfque les voiles de l'avant reçoivent le vent à contre-fens, &: font toiir- \ ner le Vaifleau de manière , que la poupe fe tourne du côté (___^'où vient le vent. ""^ Âborîïer. C'eft lorfqu'un Vaificau donne contre un au- tre, foit par accident, foit auffi pour l'attaquer. Affale'. On dit qu'un VaijGfeau ^^^^/^f, lorfque le vent le poufTe contre une Côte, de manière qu'il ne peut s'en -éloigner. Affourcher. C'eft arrêter le VaifTeau avec deux ancres, en forte que les cables qui font attachez à ces ancres font com- me une fourche. Agre'er un Vaisseau. C'eft lui mettre fes mats, fes voi- les & fes cordages. On appelle agrets ces trois chofes, & tou- tes celles qui leur appartiennent. Amarrer. Signifie attacher. Amarre c'eft la corde donc on fe fert pour attacher. b •> Z' X Explication Amener. C'eft abaiflcr , faire defcendre. Amener les 'Voîîesy amener le Pavillon. Amiral. C'eille premier Officier de la Marine. LeVaif- feau qu'il monte s'appelle auffi Amiral ; ain j^que couc Vaifïeau qui porte Pavillon quatre au grand mât, Amurer. Ce terme fignihe attacher un des bouts infé- rieurs de la voile contre le bois du VailTcau du coté d'où vient le vent, qui foufle obliquement, pour tenir la voile' plus roide. Amurer bas ^ c'efl le faire autant qu'il fe peut. Amure, fub. fem. fe dit de la fituation d'une voile, quand elle efl amuree. On dit prendre Xamure à tribord,, courir les arrures a tribord. La corde qui tient la voile mntirée s'appelle Ecoiiet, Ancre, f . f . C'cll un double crochet de fer qui efl d'un grand poids, au bout duquel eib attachée une grofl'e corde,, qu'on appelle Cable j quand on jette l'ancre à la Mer , un des- deux crochets s'attache au fond , ce qui arrête le Vaifleau. Appareiller. C'eft lever l'ancre, ô^ mettre le Vaifleau à la voile pour faire routCo Arborer un Pavillon. Mettre un Pavillon au Eaton' d'En feigne , qui eft un petit mât au haut de la poupe du^ VaifTeau, ou au haut d'un mât. Il arbora Pavillon d'Amiral.- C'eft-à-dire , il mit un Pavillon blanc au haut du grand mât, fi c'eft un Vailïeau de France. Arrimage, fub,. mafc. C'eft l'arrangement àcs chofes- qu'on met dans le Vaifleau, On dit notre Vaijfeau ejl bien Arrimé. Tout y eft bien arrangé.- Arriver. C'eft faire venir la poupe du Vaifïeau du coté* du vent, &: fa proue fous le vent. Artimon, f. m. Voile du Vaifleau, laquelle eft trian- gulaire j elle eit à l'arriére du Vailfeau , hc ferc à le faire venir au vent. Le mât qui la porte s'appelle mat d' Ar- timon. Aterrage. f. m. C'eft l'endroit d'un côté où l'on vient" -reconnoître la terre, Ainfi aterrer c'eft êire en état de pren- dre terre au lieu où l'on veut aller. Au vent. Au lof, C'eft faire approcher la prouë du Vaif- feau du lit du vent, ou du lieu d'où vient le vent. C'eft le sontrairc àiarriver. Ainfi prendre lof pur lof ^ c'eft qiiand* DES TermesdeMarine. xj ^€>n a couru fur une li^ne du plus ^rh^ courre fur l'autre ligne dti plus pus» B. BA I L LE. fubft. fem. Petite cuve dans laquelle on tient de l'eau , ou autres chofes pour lufage du Vailîeau. Balise, f. f. C'eft une marque qu'on met fur l'eau ; quel- ..quefois un tonnant flotant , quelquefois un mâc élevé , pour marquer le pafîage dans un canal étroit &: dangereux , à caufc des roches , ou du terrain caché fous l'eau ; afin que les Vaif^ féaux puiflTent les éviter , en chenal liant entre les Balifes. Bande. On dit qu'un Vaiiléau ellà la bande , quand il eft couché fur un de fes cotez. Bande fignifie aufli côte. Le vent ejl À la bande du Sud. Le vent foufle du côté du Sud, mais un peu plus vers l'Eft , ou vers TOueft. Ba-bord. C'ell la gauche du VaiiTeau en regardant la proue. Bas-fond. On dit aufTi Haut-fond. C'eft un endroit fous l'eau , où il y a peu de profondeur d'eau. Batterie, f. f. Ce font les deux rangs de canon qui font fur chaque Pont , ou plancher du Vaiffeau. Batterie bafe , k plus voifine de la Mer , où font les plus gros canons . Baux. f. m. Ce font les poutres quifoutiennent le plancher 4u Vailîeau. Beaupré', f. jn. C'efl: un mât qui ell incliné fur l'avant du Vailîeau. Bord . f.m. Par ce terme on figni£e le Vaiffeau. Aller à bord^ c'eft aller, au Vaifîeau. Bord fe prend encore pour le côté du VaiiTeau. Tantôt d'un bord , tantôt de l'autre. Bordages. f m. Ce font des planches fort épaiffes , dont on couvre les membres du Vaifieau , &: dont on fait le plan- cher ou Pont. Borde'e. f. £ C'eft le chemin que fait un VaiiTeau quand il court au plus près du même côté. Dans l' Océan on peut courre de longues bordées» Border. C'eft attacher les bouts inférieurs d'une voile, en les tirant près du bord , de manière qu'elle reçoive le vent , &: qu'elle pouffe le VaiiTeau en avant. Boue'e. f f. C'eft un gros morceau de bois, ou un amas de liège fait en forme d'œuf , qu'on attache à l'ancre avec une bi) xij Explication loLgue corde, qu'on appelle orin , afin que quand l'ancre eft au fond de la Mer , la bouée qui furnage , marque l'endroic oùeft l'ancre. Etre mouillé a l'ahri de la bouée ^ c'cft n'avoir aucune terre qui mette le Vaifl'eau à l'abri du vent &: de la Mer. Bouline, f. f. La Bouline cfb une corde actachce au milieu d'un des cotez de la voile , afin qu'elle reçoive lèvent quand il vient de biais. ^ Boussole, f.f. Ceftune rofe des 31. airs de vent qu'un fer aimanté qui la fupporte, fait tourner fur un pivot dans une bocte, afin qu'elle marque le point du Nord, &: par confé- quent les 3 i . autres points de l'horifon. Bras. f. m. Ce font des cordes attachées au bout des ver- gues, qui fervent à oiicnter, ou tourner les voiles du côté qu'on veut. BraJ/lr ccViiàiïÇ: celle manœuvre. Brasse, f f. C'efl: une mefure de Manne, dont la longueur cft autnnt qu'un homme peut étendre les bras j c'ell un peu plus de cinq pieds. Brise, f f. C'efl: un vent qui s'cleve de la Mer fur les Cô- tes , vers les 8. ou 9. heures du matin , &: qui la nuit vient de terre. Brifè carabinée^ c'efl: celle qui foufle avec violence. Brume, f f. C'efl: un brouillard. Brume légère. Brume fort êj>aife. Terre qui eft embrumée, C^Able. f. m. C'efl: une groflTe corde qu'on attache a l'an» ^neau de l'ancre pour arrêter leVaiiTeau. On appelle un Cablela diftancede 110. braflTes, parce que c'eft la longueur ordinaire d'un Cable. Etrei deux Cables de terre^ c'efl: en être loin de i4o.brallcs, cequiefl:un peu plus de 200. toifes. Canot, f m. C'efl: un petit Bateau qui fert aux Ofliciers de Marine pour aller du Vaifleau à terre, ou à un autre VaiflTcau. Cap. f. m. C'efl: ainfl qu'on appelle quelquefois la prouë du Vaifleau. Où avons-nous le Cap : c'eit-à-dire , fur quel vent eft dirigée la prouë du Vaifleau ? Cap. f m. On dit aufli Morne en ponant. C'efl: une monta- gne de la Côte , qui avance dans la Mer , un peu plus que la QoiG. Cûp Spartel. dip de Horne. Cape. Mettre a la Cape. C'efl: réduire le VaiflTcau à fes bafles voiles , &: ferrer toutes les autres , &: fe mettre au plus près DES Termes de Marine. xiij du vent. On met quelquefois a la cape avecla grande voile feu- le , ou avec l'artimon fcul pour venir davantage au venr. Le VaifTeau étant à la Cape fait très-peu de chemin , &: dérive beaucoup. Capponner l'Ancre. C'efl: accrocher l'anneau de l'ancre avec le croc du capon , pour la hi fier 6c remettre à fa place oïdinaire, qui efl le Bolioir. Caréner. C'cft après avoir donné le feu au côté du Vaif- fcau pour brûler le vieux goudron , l'enduire de nouveau goudron, àc puis de fuifmêic avec du foufîre, jufqu'à deux pieds au-deflus de l'eau , pour le moins. Cargues. f. f. Cordes qui fervent à retroufTcr les voiles , afin qu elles ne prennent pas le vent. On dit carguer les voiles^ pour les retrou lier avec les Cdrgiies, Chaloupe, f. f. Petit Bateau , mais plus grand que le Ca- not , dont les gens de Mer fe fervent pour porter tout ce qui eft neceflaire au VaifTeau. Chenal, f. m. C'eft un canal étroit dans la Mer, qui effc borné de terres , ou de bas-fonds de chaque côté -, ou de terre d'un côté &: de bas-fonds de l'autre , dans lequel les Vaiffeaux peuvent pafTer. Ce qui s'appelle chenailler. Compas de variation: f. m. C'efl une bouflole qui a des pinnules par lefquelles on regarde le Soleil , ou quelqu'au- tre objet , pour voir à quel air de vent il répond. On s'en fert fur-tout pour connoître au lever ou au coucher du Soleil la variation ou déclinaifon de l'éguille aimantée. Couler bas. Se dit d'un Vailleau, qui s'étant rempli d'eau, s'enfonce dans la Mer. Coup DE VENT. C'efl une tempête. Nous avons effuïé un gros coup de njent. Couper. Cela fîgnifîe couper le cable à coups de hache, quand on n'a pas le loilir de lever l'ancre , pour mettre à la voile. CuLER. C'efl ïeculcïi mettez, les voiles fur les Mâts pour faire culer le Navire, D. DANGERS, f. m. Ce font des lieux où un VaifTeau efl en danger, à caufe des écueils ou des bancs, contre lefquels il pourroit fe brifer. xiv Explication Dériver. Ccft s'écarter de la route, ou de l'air de vent fur lequel on doit courir. CV VitiJfcAH dérive hcatHOup an pins près. Demater. Ceft lorfqu'un VaifTeau perd quelqu'un de fe^ mâts > qui eft rompu par le vcnr. Doubler un Vaisseau, Ceft le revêtir au dehors de plan- ches , entre lerquclles & le bois du Vaifleau on met de la bourre, pour empêcher que les vers ne percent les bordages du Vaifleau. Doubler. On ditauffi arrondir. Ceft lorfqu'un VaifTeau paflc d'un cote à l'autre d'un Cap ou d'une Ifle. Dunette, f. f. c'eft un demi plancher au-dciTus du gaillard^ &: au plus haut de la poupe. EAux. Se mettre dans les eaux d'un VaifTeau j c^eft fe met- tre derrière lui , ou dans ïonfilUge. Le Henri ejî dans nos eaux. Echouer. Un VaifTeau échoue lorfqu il vient à toucher le fond par fa quille j en forte qu'il eft arrêté , n'y aïant pas afTez d'eau en cet endroit pour être à flot. EcoB.Es. f f . On ditauffi Accores. Ce font les extrémité? d'un banc qui eft fous l'eau ^ lefquelles font efcarpées. On dic auffi Cote en Ecore pour côte efcarpée. Ecoutes, f. f. Ce font les cordes qui tiennent en raifon les boucs inférieurs d'une voile. Halerfur la grande écoute , c'elt tirer la grande écoute. Embarquer. C'cft mettre dans un Vaifïeau. Embarquer U njin ^ &CC. Enseigne de Poupe. C'cfUe Pavillon qu'on meta l'arriére 4u Vaifïeau pour marquer de quelle Nation il eft. Le mât qui le porte s'appelle Bâton d'En/èigne. On fe fert ordinairement du mot de Pavillon. Equipage, f m. Ce mot fîgnifîe les gens du VaifTeau. Tous ceux qui font cmploïez dans un Vaifleau , compofent l'Equi- Erre. Ceft le mouvement que le Vaifïeau acquiert par le vent. Escadre. Ceft un petit nombre de VaifTeaux de guerre, qui font un Corps. - desTermesdeMarine. xv EST. r. m. Signifie rOrienr. Le venc d'£/?, le vent d'Oricnr. Êft-Sud-Eft vcnc d'Orient, qui prend deux airs de vent vers le Sud. On prononce Ai-fu-ai , & on n'écrit que les lettres ini- tiales. E. 5. E. Eft-Nord-Eft E. N. E. qui prend deux airs de Vent vers le Nord , on prononce Ai Nordai.- Etambord. f. m. C'eft la pièce de bois qui efi: antée fur le bouc de la quille , laquelle fouticnt l'arriére du Vailîeau. Etravb. r. E C'eft une pièce de bois courbe qui clt antée fur le bout de la quille , &: qui foutient l'avant du Vaifîenu. Eviter. Se dit d'un Vailîeau qui étant mouillé, prefcnrc fa proue au lieu d'où vient le venc. Eviter au courant. C'eft ^refencer la proue au courant. F. FALAISE, f. E Lieu efcarpé d'une Côte. Cote en FaUife. Côce efcarpée. Fanal, f. m. C'eft ainfî qu'on appelle une lanterne à la Mer, Fanaux de Poupe font de grandes lanternes , qui font au-- defïus de la Poupe , qu'elles ornent fort. Fanal de Hune, gran- de lanterne que le Commandant d'une Efcadre porte à la Hune pour fe faire connoître la nuit par les VailTcaux de ï^'i^ cadre. Faire SERVIR fe dit d'un Vailîeau qui aïant refté quelque- temps en Pane ^ fe remet en route en faifant fervir fes voiles. Fil dé courant. Ou courant, c'eft un endroit de la Met ^Vi l'eau court avec vîcefte. Filer. C'eft lâcher d'une corde autant qu'il eft neccftairc. Filer du Cable pour que T ancre ne chajje pas. C'eft-à-dire qu'elle i^ie laboure pas dans le fond de la Mer, ce qui metcroitle VaifTeau en danger de dérader , & de courir à la côte. Flame. f. f. C'eft une longue banderole de toile , ou d'éta- minequ'on arbore au grand mât ou ailleurs. Elle eft faite en^ triangle dont les deux jambes font fort longues. La Flame ^/^«f^f au grand mât, eft la marque que porte le Comman- dant d'une Efcadre, quand il n'eft pas Officier General. Alors il n'a point de girouette au-deflùs de la flame. Dès qu'un VailTeau du Roy arrive dans un Port, les Vaiffeaux François des Particuliers doivent amener leur Flame. Flame d'Ordre. C'eft une Flame blanche que le Com- mandant d'une Efcadre fait arborer au haut de la vergue d'ar- xvj Explication timon. Ce qui fait connoîtrc que de chaque Vaifleau il faut envoïcr fur le Commandant un Officier à l'ordre. Flotaison. f. f. C'eft la ligne tout au tour du VaifTcau à laquelle arrive l'eau, quand il efl: charge. Ce VailTeaueft dans fa flotaifon. Forban, f m. C'cPï: un Pirate qui Ce fert des Pavillons de toute Nation pour piller toute (orte de Bâtimens de toute Nation. Forcer de voues. C'eft faire courir le Vaifleau avec le plus de voiles qu'on peut. Fourrer un cable. C'eft l'envelopper de toile &r de vieux cordage , de peur qu'il ne fe ronge dans l'endroit qui frotte , foit fur les ccubiers , foit ailleurs. Frais. Se dit du vent quand il eft fort fans tempête. • Frapper une Poulie , ou u^e corde. C'eft l'attacher en quelqu'cndroit du Vaifleau pour faire quelque manœuvre. Fregatte. f f. C'eft un Vaifleau de guerre qui ne pafle pas foixance pièces de canon , &: qui n'eft pas fi fore de bois que les autres Vaiifeaux de guerres. Les Fregattes n'ont guère que du canon de douze livres de baie , à la batterie baffe. Freler. C'eft plier & ferrer les voiles en les liant de long enlong contre leurs vergues. G. „.'■''" AiLLARD. f m. C'eft un étage du Vaifleau qui ne s'é- tend pas dans toute la longueur du Vaifleau. Gaillard d'arrière , c'eft celui qui eft vers la Poupe. Gaillard d'avant^ c'eft celui qui eft vers la Prouë. Goémon, f.m. Herbequi flotte fur l'eau, qui annonce la terre ordinairement. Gouvernail, f. m. C'eft une longue pièce de bois qui tourne fur des gonds à l'arriére du Vaifleau , laquelle s'oppo- fant à l'eau tantôt d'un côte, tantôt de l'autre, pouflb la Poupe à di oit ou à gauche , &: gouverne le Vaifleau. Gouverner. Le Vaiffeau ne gouverne f as. C'eft-à-dire que la Mer eft fi calme, que l'eau ne fait aucune impreflion contre le Gouvernail. Grand Mat. C'eft le Mât qui eft au milieu du Vaifleau. ïl donne le nom de Grand à tout ce qui lui appartient. Grain. DES Termes de Marine. xvij Grain, f. m. C'eft un nuage qui donne du vent ou de la pluie, fouvenc tous Jcs deux enfemble, qui pafTe en peu de temps. Grain pefant , c'eft celui qui eft accompagné d'un gros vent. Gros temps. Signifie une tempête. Et Grojfe Mer, une Mer fort agitée bc élevée. H. HAler. C*eft tirer une corde pour faire venir ce qui y eft attaché. Haubans, f. m. Ce font les cordes qui tiennent les Mâts à droit àc à gauche, &: qui font un peu en arrière du Mât qu'elles tiennent. Hisser. C'eft élever^ tirer en haut un fardeau par le moïen des cordes pafTées dans des poulies , ou fimples , ou doubles. Horloge Ampoulette. C'eft une demi-heure de temps me- furée par un Sable qui dure autant. Ainfi huit horloges font quatre heures. Le ^^ji^art ejl de huit Horloges. Houle, f. f. C'eft un flot, une vague qui eft longue &: haute. Hune. f. f. C'eft un grand- cercle de bois qu'on metprefque au haut du Mât j il fert à tenir les haubans du fécond Mât, qui eft comme an té fur le premier, &: qui s'appelle Mât de Hune. Grande Hune. Hune de Mifene. Hunier, f m. Voile du Mât de Hune. Grand Hunien Petit Hunier, I. T Et DE Voiles , ou Jeu de voiles. L'un &r l'autre fe dit &: fîgnifie tout TafTortiment des voiles neceflaires à un Vail- feau. Nous avons trois jets de voile. L. LArge. f m. Ce terme fignifie la haute Mer , ou un en- droit éloigné des Côtes. Courir au large , c'eft- s'éloigner de la Cote. Prendre le large d'un Vaijfeau : c'eft s'en éloigner. III L'arguer. C'eft lâcher : on s'en fert quelquefois pour arriver , parce que quand on arrive on lâche les Boulines , les Ecoutes &: les Bras. Oii dit courir largue , lorfque les Ecoutes, c XViij - Exi»LîCATION les Bras , Se les Boulines fonc largues. Courir vefit targue , c'efi: la même chofe. Lit de vent. Ce font les lignes par lefqucllcs le vent foLifle. Lit de courant^ ce font lés lignes par lefquelles l'eau court , comme le lit d'une Rivière. hoMYoiEK. Loiivier . C'eft lorfqu'un VaifTeau court au plus près du vent, tantôt à droit, tantôt à gauche pour avancer contre le vent, qui lui ell contraire. On dit aufli alUr bord fur bord. Courre des bordées. LoK. f. m. C'eft un morceau de bois fait en forme de Na- celle , auquel on attache une longue corde fine. On jette par la poupe ce bois dans le fiilage pour connoître le chemui que le VaifTeau fait par heure. M. MANOEUVRE.f. f. Se dit del'adion ordonnée pour faire faire quelque mouvement au VaifTeau. Vhefne wâ~ nœunjre. On appelle aufli Manœuvres les cordes qui ("crvent à Manœuvrer. Manœuvres dormantes .^ cordes qui font fixes. Manœuvres coura'/ites^ cordes qui vont &: viennent félon le befoin. Mantelet. f. m. Fenêtre de bois fort épaiiTe qui ferme le Sabord. On les calfate la plupart quand on eit à la Mer , pour que l'eau n'entre pas par leur jointure. , Mare'es. f. f. C'eft le flux ô<: reflux dé la Mer. Mat. f. m. C'eft ainfi qu'on appelle les arbres qui font dans le YaifFeau , deftinez à porter les vergues auxquelles font attachées les voiles. Mature, f f. Ce terme fignifie tous les Mâts du VaifTeau pris enicmble. Ce Faifeau à trop de mâture. Ses Mâts font trop longs. Matelot, f. m. Homme de Mer deftiné aux manœuvres du VaiiTeau. MiSEN£. f. f. C'eft la voile du Mât qui eft pofé droit far l'avant du VaifTeau; &: qu'on appelle Mât de Mifaine, ou Mât d'Avant. MoNDRAiN. f. m. On appelle Mondrain en ponant une petite Montagne feparéc qui fcrt de reconnoillance pour une Côte. DES Termes de Marine. xîx Mouiller. C'eft jetcer l'ancre à la Mer pour arrêter le VailTeau. Mouillage . f. m. C'eft un lieu où l'on peut mouiller sûre- ment. Bon Mouillage. Mauvais Mo'uilUge ^ celui où les Vaif- feaux ne font pas en fureté. NAger. Ce terme fignifie ramer. On dit aux Matelots du Canot nagez, cnfemhle , c'eii-à-dire , ramez de con- cert. Naucher ou Mahre. Officier marinier qui commande au fifflet fous les Officiers les manœuvres du VailTeau. Navire, f m. C'eft toute forte de VailTeau, de Guerre, ou Marchand , qui a trois Mâts droits , fans le Beaupré. Nord, f m. C'eft le Septentrion. On n'écrit que la lettrç initiale N. Lèvent entre le Septentrion &: l'Orient s'appelle Nord-Eft. On prononce Nordai , &: on écrit N. E. NoRD-NoRD-EsT. C'eft le point de l'horifon entre le Sep- tentrion &; le Nord-Eft. On écrit pour abréger N. N. E. &: on prononce Nor-NordaL Nord-Oueft le vent entre le Sep- tentrion &: l'Occident. On écrit N. O. &: on prononce Norouai. O. ORIENTER. C'eft donner à quelque chofc la fituation convenable. Orienter les voiles , orienter le compas d€ va- riation^ &c. Orin. f. m. C'eft une corde de moïenne grofteur attachée à la croifée de l'ancre par un de fes deux bouts ;&; par l'autre bout à une Bouée , pour marquer précifément l'endroit où l'ancre eft mouillée. Ouest, f m. C'eft l'Occident. Pour abréger on met la let- tre initiale O. Oueft-Nord-Oueji , c'eft le vent entre l'Occident &: le Nord Oueft. On écrit O. N. O. &: on prononce Ouai 'Norouai. iV^r/^^r^//^/ pouirNord-Nord- Oueft. N. N. O. P. PAne. Mettre en Pane. C'eft arrêter le Vaifteau quand il eft fous voile. Pour cela après avoir cargué les bajjes voiles ^ on difpofe ces Huniers de telle forte que le vent en cij XX Explication enfle un pour faire avancer le Vaifleau , &: poufîe l'autre fur le Mât pour le faire reculer. Par AGE. f.m. C'cflun endroit de la Mer qui donne lieu au Vailfeau défaire les routes àc les manœuvres qui conviennent dans les divers évenemens. Etre eh bon Tarage. Nous étions en mauvais Parafe, Passe, f. f. C'eft une ouverture entre des Ifics,0Li un Vaiffeau peut palier. La Pajjc eft faine , c'eft-à-dirc, il n'y a point dQ dangers. Pavillon, f. m. C'eft un Drapeau en forme de quarré- long, qui a pour la largeur les deux tiers de la longueur. Vavillon de Poupe ^ celui qu'on meta la Poupe, qui eit fort long & fort large. Pavillon de Beaupré ^ celui qu'on met au- deilus du Mac de Beaupré. P ERRO Q^iE T. f. m. C'eft la plus haute voile de chaque Mât. Pic a Pic. C'eft-à-dire perpendiculairement, ou à plomb. Avoir le Soleil à Pic , c'eft-à-dire auzcnich. L'ancre elt â PiCy c'eft-à-dire l'ancre eft droite &: prête à quitter. Pic. C'eft ainfi qu'on appelle laMontagne la plus haute de Teneriffe &: des Açores. Pilote, f. m. Ofhcier Marinier qui a foin de la route du Vaifteau. Pincer LE VENT. C'eft aller à la voile le plus qu'on peut contre le vent. Le Touloufe pince bien le vent. Plus pre's. f. m. Se dit d'une des deux lignes par lefquel- îes le Vaifteau va à la voile le plus qu'il fe peut contre le vent. Nous fommes fur la, ligne du plus pr^s Bas-bord , bien-tôt nous revirerons d^ nous mettrons fur la ligne du plus pr^s trîbors. Point, f. m. C'eft la marque qu'on fait fur une Carte Ma- rine du lieu ou on fe croit à la Mer. Le Ponant fignifie l'Occidenr. Qn appelle Ppnantois les gens de Mer qui fonî: fur les côtes Occidentales de France. Cejî un Ponantois. Pont, f m. C'eft le nom qu'on donne aux planchers qui partagent le Vaifleau en plufieurs étages. Vaifteau à trois Ponts. Porter la voile . Se dit d'un Vaifteau qui réfiftc à l'effort que les voiles chargées du vent font pour le coucher fur le coté. DES Termes de Marine. xx j PotJPE, f. f. C'cfU'arriere du Vaiffeau. Poufe quarrêe. Poupe ronde. Présenter. C'efl avoir la Proue en face de quelque chofc, Preienter au venc. Proue, f. f. C'eft l'avant du VaifTeau. Voila u-ne belle Proues Q Uart. f. m. C'eft la garde qu'on fait fur le Vaiiïeau pour veiller à fa confervation. Je fuis de ^art. Le Capitainf en fécond ne fait f oint de .^jiart. Quille, f. f. C'eft une longue poutre droite Srcompofée de plufieurs pièces, fur laquelle on ante tous les membres du Vaifïeau , dont elle cft le fondement. R, - Ade. f. f. C'eft un endroit de la Mer où les Vai{feaux> _ peuvent mouiller à l'abri des vents &: de la Mer , dont les Côtes qui l'environnent en partie les garantirent. Radouber. C'eft réparer les ouvertures qui fe trouvent dans le corps du Vaifteau, en y mettant de nouveaux mem- bres , ou de nouveaux bordages. RAS.f. m. Ceft un endroit de la Mer où l'eau court rapi- ement. Ras de courant-. Ras de marée. Récif, f m. Roches fous l'eau, fur lefquelles il n'y a pas aflcz d'eau pour qu'un Vaiffeau y puiffepafter. Reffalle. f f. On dit 2iw({\ Raffalle, C'eft le retour da^ vent qui eft réfléchi par les terres. Refouler la mare'e , le courant. C'eft aller contre le courant de Teau. 'ZJn bo?i 'vent d" Efî nousft refouler les cour ans du Détroit de Gibraltar. Relâcher. Se dit d'un Vaiffeau qui à caufe du mauvais temps quitte fa. route, cV retourne en arrière pour chercher quelque Port , ou quelque Rade, Relingue. {.ï. Ondit aufli Ralingue. C'eft une corde qu'on coût le long des extrémicez de la voile pour les fortifier, £g Vint a mai^gé la uoile jufquaux Ralingues. Relever. C'eft voir avec un compas de variation à quel air de vent répond une Côte, un VaiflcaUjOuquelqu'autre chofe,- xxij Explication Remorquer. C'efl: tirer quelque chofe après foi , laquelle flore fur l'eau. Remoux. f. m. Se dit de l'eau que le Vaiflcau entraîne après foi , quand il marche. Retirer. C'efl: lorfqu'un VaifTcau après avoir couru d'un côté au plus près, change de roure, pour courir auplus près de l'autre côté. Me^ireri'cnt devant ^ c'eft revircren venant au vent. Bevirer njent arrière ^ c'eft revirer en arrivant. Ris. f. m. Prendre un Ris ^ c'eft étreflir une voile parle haut , pour ne pas prendre tant de vent. Les cordes des Ris fervent à retreflir la voile , en joignant &: liant à la vergue la partie de la voile qui eft au-deflus des Ris. Rise'e de vent. f. f. C'eft une bouftée de vent violente &: paflagere. Un vcntquifoufle par rifées. Rouler. Se dit d'un Vaifîeau que la houle fait coucher alternativement fur fes cotez, en faifant comme des vibra- tions. Roulis, f m. C'eft ce mouvement du VaifTcau. Le terrible Roulis. Rhumb de vent. Air de vent f. m. C'eft une des trente- deux pointes de la Rofe des yents, '■';.■.'■'■ ' ^: -[\r.%: - SA B ORD s. f. m. Ce font les ouvertures fur les cotez du Vâifteau , où font placez \qs, canons. Sain. Cote faine. Celle auprès de laquelle on peut naviguer, n'y aiant pas des kcvitû^ ou des bancs fous l'eau. Signaux, f. m. Ce font les marques dont les Vaifleaux fe fervent pour fignifîer les cliofes dont ils ont convenu. Signaux de jour. Signaux de nuit. Sillage, f m. C'eft le chemin que le VaifTeau fait à la Mer, ou une longue trace d'eau qui refte après lui dans fon chemin. Aujourd'hui nous avons doublé le Sillage , c'eft-à-dire fait deux fois plus de chemin. Sivadîere. f f. C'eft la voile de Beaupré , qui ramaflè le vent qui échappe aux autres. Sonde, f. f. C'eft une pyramide de plomb à laquelle on at- tache une longue corde. On s'en fert pour connoître la pro- fondeur d'eau , &: la qualité du fond de la Mer j pour cela on DES Ter M ES DE Marine. xxiij met du fuif fur la bafe de cette pyramide, auquel il s'attache quelque chofe du fond , quand le plomb le touche. Stribord. On prononce maintenant 7'r/^,?r^. Ce terme fi- gnilic la droite du Vaifîeau en regardant la Proue. Sud. f.m.C'eft le midi. Sud-eft,on écrit S.E.C'efl le point de l'horifon entre k Midi &: l'Orient. On prononce i"/^-^/. Eft- Sud-Eft. E. S. E. On prononce ^/-/^-^/. C'eftlc point entre l'Orient &: le Sud-Eft. Sud-Sud-E(t. On dit Su-fu-ai, on écrit S. S. E. Le paint entre le Midi Se le Sud-Efl: , Sud Sud-Ouefl, On dit Su-Siir-Ouai. On écrit S.S.O. Le point entre le Midi & le Sud-Oueft. Oueji-Sud-Ouejî. On prononce Quai-Sur-Quai^ & on écrit O. 'b. O. de forte que les lettres initiales mar- quent le vent qu'on écrie. TAlon. f. m. C'eft l'extrémité de la Quille vers la Poupe, fur laquelle eftanté l'Etambord. Tanguer. Se dit d'un Vaifleau qui à divers reprifes élevé & enfonce fa Proue dans la Mer. Nous avons beaucoup tangué. Tangage, f; m. C'eft ce mouvement du Vaiiîeau , caufé par la Houle. Tenir le vent. C'eft aller à la voile le plus qu'on peuc contre le vent. Tenue, f. f. Se dit du fond delà Mer, quand les ancres s'y arrêtent. Vn fond de bonne tenue. La tenue eji bonne fur la côte de laLouifane. ToûER. C'eft faire avancer un Vaiffeau en fe tirant fur àcs^ cordes attachées à une ancre , qu'on porte avec, la Chaloupe bien avant du côté où l'on veut aller. V. VARIATION, f f. C'eft le défaut de laBoufïole dont îe Nord ne regarde pasprécifément le Nord du monde, mais décline vers l'Eft , ou vers l'Oueft. Vergues, f. f. Ce font des bois traverfiers attachez aux Mâts qui portent les voiles. Voilier. Bon Voilier. Se dit d'un Vaifleau qui eft vite à la voile. Le Touloufe efi bon voilier. îcxiv Explication des Termes de Marine. Voilure, f. f. Se dit de la quantité des voiles qu'on fait fervir pour pouffer le Vaiffeau. Avec feu de voilure nous tentns çc Vaipeauqui a fes ? croquets. Vigie, f. f. Sentinelle qu'on met au plus haut des Mâts , pour obferyer de loin. En Provence on dit Gabier. ■ // purroît rn avoir Uhaffè quelqu' autre terme de Marine, l,£ Le^eur y fufflécra. aifmentfar U fuite du difcours. JOU DU VOYAGE DE LA LOUISIANE* FAIT DANS LANNE'E 1710. U mois d'Août de l'an 171^. le Confeil de Marine ordonna à Toulon rarniemenc des deux vailï'eaux du Roy , le Henry &: le Tou- loufe percez pour foixante-fix pièces de ca- non. Monfieur Caffaro qui dévoie comman- der l'Efcadre , fut nommé pour monter le Henry, &: M. de Vallecte Laudun le Touloufe. Le Confeil qni les avoir choifis pouvoir sûrement fe repofer fur la ca- pacité de deux fi habiles Capitaines. On leur donna des Officiers très-experimentez ; &: ils choifirent des Pilotes 5c des Nauchers des meilleurs qu'on eut dans le Port. Je fus deftiné par le Confeil de Marine pour m'embarquer en qua- lité de Mathématicien fur l'un des deux Vaifleaux. Decoiv cert avec nos deux Capitaines je choifis le Touloufe. Comme ces Vaiflcaux étoicnc deftincz à un voïage de long A t Journal du Voyage ."'■ cours, il fallut les doubler, ce qui fut fait avec tous les foins ^7 2 o. ^ toute fattencion poflible ; aufli n'ont-ils pas fait une goûte Mars, ^'eau pendant la campagne. Soit par cette raifon , foit à caufe des pluies, foit à caufe de l'armement de quelques autres Vaifîeaux , foit auili par la grande quantité de vivres qu'oa devoit embarquer pour quatorze mois ; ces Vaiffeaux ne fortirent du Port pour aller en rade qu'à la fin de Janvier 3710, &r ne furent tout-.\-fait prêts que le 22 Février. Le Commandant reçût ordre d'aller à Madère , où il trouveroit' dans les inftrudions qu'il y ouvriroit, les ordres pour le lieu* \' <0Ù devoir aller cette Efcadre. |:^^_-^^^ Les premiers jours de Mars lèvent d'Eft nous empêcha de Ibrtir de la Rade j ce qui me donna occafion de faire à terre' Tobfervacion que je vais rapporter. OBSERVATION De Venus cachée ^^r la Lune , faite en ^/V/;? jour le 5 Mars' 172.0. l'A vois embarqué tous mes.inftrumensdès la fin du mois J de Février ; mais voïant que le vent contraire retarderoit nôtre départ de quelques jours , je débarquai le 4. Mars au matin mon quart de cercle pour cette obfervation. En ar- rivant à Toulon je vérifiai le quart de cercle, en pointant à l'horifon de la mer la lunette fixe. La mer fut trouvée baffe de 8'' /Hf^" qui eft la bafleflé que j'avois obfervée le plus fou- vent pendant près de deux ans. Je pointai enfuite la même lunette au rocher à^es Frères le moins haut ; je le trouvai ^ comme il arrive ordinairement,, de niveau avec l'Obferva- toire. Par ces deux voies je fus a {fur é que le quart de cercle n'avoit ni hauffé ni baliié dans le traiifport qui en avoic été fait au Vailîeau, &: du Vaifïeau à l'Obfcrvatoire. Je pris le 4. Mars au matin des hauteurs du Soleil pour régler l'horloge, mais le foir le Ciel fut couvert. J'en pris de nouvelles le y. & le Ciel , qui fe couvrit au fii-tôt après, fc découvrit fur les deux heures , de forte que je pris les- hauteurs correfpondantcs , par Icfqucllcs je connus que l'horloge tardoit fur le temps vrai de 11.'. 6\ elle étoic rc« DE . L A Louisiane. I5 ^!ce au temps moyen par une fuite de hauteurs prifcs peu- - • — danc ûx mois ; èc cette horloge qui île dévoie pas faire- le ^7^©^ Voiage avec moi , avoit toujours marclié. Mars. La lunette fixe du quart de cercle de trois pieds de raïon fut la feule donr je me fervis, prévoïant que vers le midi _j,'aurois peine, de voir la Lune afTez voifine du Soleil , &c de diftinguer avec une plus longue lunette l'endroit du Ciel où la Lune fe trouveroit. Après les hauteurs du Soleil pri- {cs le matin pour l'horloge, je plaçai le quart de cercle dans le méridien ; ce que je fais ailëraent aïant un point dans la montagne au-deflus de S. Mandrier au-delà de la grande rade, que j'ai trouvé par un grand nombre d'obfervations paf^ fer par le méridien de l'Obfervatoire, en plaçant le quart: de cercle fur répaifleur du mur qui foutient le balcon du côte du Sud , &: toujours dans le même endroit. Temps vrai. 9^1. lo^ yo'''. la Lune rafant le fil Iiorifontal par Ton bord fuperieur arrive au méridien par fon bord éclairé. On ne put pas diftinguer fon bord obfcur, il reffembloit trop à la couleur du Ciel. Il y avoit dans l'air une brume déliée qui nous annonçoit la pluie Ô.: le vent d'Eft qui font fur- venus le fixiéme Mars. Hauteur méridienne apparente du bord fu- perieur de la Lune. 17^' 59^' S ^^^ Kcfradion fouftraclivc. Vraie hauteur méridienne du bord fuperieur de la Lune. Hauteur delequateur à l'Obfervatoire JDonc déclinaifon méridionale du bord fupe- jrieur de la Lune. Ce qui fait voir qu'il y a erreur dans quelques tables aftro- jiomiques. Temps vrai matin. ' 5)i\ I y, ^6^^. Venus parcourant la parallèle arrive au méri- dien. Hauteur méridienne apparente de Venus par le milieu du Croilïlint. 2.3^^. 6^ . o% flcfrajSlion à fouftraire^ i. 5^° ^1 . I II I •"( Aij I. yï- 17- 4^. T7- 53- •39. 10. 18. TT- 3ï. 4 JOURNALDUVOYAGE Vraïc hauteur méridienne de Venus. 28^. 4^10*. lyio. Hauteur de l'Equateur. 4^. 53. 10. Donc décîinaifon méridionale de Venus, 18.4^. o. Déclinaifon du bord fuperieur de la Lune ci- Mars. defTus. 18. n- 31- Donc Venus encore fuperieure au bord fupe- rieur de la Lune. tf. 3 1. Différence d'afcenfion droite 'dont le bord éclairé de la Lune précedoit Venus au temps du paiïage par le méridien. 0^1. z^.^6^U Voyagé y nous l'avons évité 'en faifant fervir la voile de mifcne ^ &S 172.0. carguant celle d'arciracn. A peine avons nous été à deu^ç. Mars Jieuës hors de ia rade , que nous avons trouvé le vent au Sud- Oucft. Le Commandant a fait route pour la rade des Ifles d'Hieres , nous lavons fuivi d>C avons moiiillé par onze bradés & demi , fond de matte. Nous voilà donc dans cette belle & très-vafte rade au grand contentement de plufieurs eftomachs , qui fc fencoienc déjà fatiguez de la Mer. Chacun fçait de quelle utilité eft cette rade aux vaiileaux qui fortant de Toulon trouvent le vent contraire. Le II. Le Touloufe par ordre du Commandant a appareillé ce matin pour s'approcher d'un petit Vaiiîeau qui étoit à demi lieue de nous à l'Oucft-Nord-Ouefl.. Il avoit mouillé dès hier au matin dans cette rade , le vent lui étant contraire pour aller en Efpagne ; mais comme il avoit alors Pavillon de Mahhe , de que l'après-midi il avoit falué les Vaiffeaux du Roy avec Pavillon d'Efpagne ; cette variation détermina le Commandant de l'arrêter j ce que le Touloufe exécuta en mouillant à la portée du canon de lui. Le Commandant y envoia un Officier Se vingt Soldats. Ce Vaifleau étoit char- gé de bled &: d'huile pour Barcelone. Il y avoit defllis di- vers PafTagers auxquels nôtre relâche dans cette rade n'a pas dû être agréable. Î,ei4. Nous avons appareillé de bon matin pour nous appro» cher de nôtre Commandant , &c laifïé le VaifTeau d'Efpagne à la garde de la barque du Roy la Conception , envoïée de Toulon pour l'y conduire. Après deux bordées nous avons mouillé à l'Eft du Commandant, aïant le fort de Brigan- ■çon par le cap Benat, à dix braffes fond de matte. Le lé. Nos deux VaifTeaux ont appareillé ce matin par un petit vent de Nord-Nord-Eft pour fortir par la grande pafle ; mais le vent a calmé &c fauté au Sud-Sud-Oueft ; ils ont faic plufieurs petites bordées dans la Rade, &z mouillé par les onze bradés. Le 17. On a appareillé dès le grand matin par un vent foible de Nord-Nord- Oueft. Le Ciel étoit fort ferein. Au fortir de la grande padenous avons trouvé la Mer du Sud-Sud-Ouefl: encore adéz grodé. Bien-tôt le vent a fraîchi de manière qu'il a fallu prendre des ris à nos huniers pour ne pas t)ÉLA Louisiane. ^ démâta: ; mais le vent s'écant rangé au Nord-Ouefl; 8^ aïanc ■- encore plus fraîchi, &c la Mer groffi, il a fallu ferrer les ly^o* huniers &c fe mettre fous les baffes voiles dès les deuK Maw. heures du foir : la route a été le Sud-Oueft ~ Oueft. Nous voilà dans le fameux golphc de Lion ; fameux par Tempire qu'y exercent les vents , &: par les naufrages qui y arrivent fouvent. Toute la nuit il a venté très-frais de Nord-Oueft , la route Le il. a encore été au Sud- Oueft -^ Oueft, qui ne nous a valu que le Sud-Oueft ^ Sud , à caufe de la dérive &c de la variation. Sur les huit heures du matin le vent s'eft avifé de fauter au Nord-Nord-Oueft. Nous ne nous en fâchons pas, nous avons fait la même route (bus les baffes voiles , èc nous al- lons lars;ue. On a hifTé le grand hunier à mi-mât fur le midi , pour approcher de notre Commandant , qui avoir hiflé le fiea tout au vent dès les fix heures du matin. Les nuages onc empêché de prendre une bonne hauteur à midi. Par l'efti- me nous pouvons avoir fait 3 y lieues : de forte qu'à midi nous étions à 24 ou 2,5 lieues de la pointe orientale de rifle de Minorque. Depuis les huit heures du matin iioûs voilà hors da^ golphe de Lion ; aufli la Mer a été moins rude, & le vent moins frais. Nous avons donné un air de vent pour la idérive, & un air de vent pour la variation , que la groflb Mer ne nous a pas permis d'obferver au lever du Soleil. A Ion coucher elle a été obfervôc de lo^. i j^ Nord-Oueft, la latitude étant environ 41 . degrez. En dormant nous avons fait du chemin ; mais nous avons Le i^i bien cahoté j le cap Fournelli le plus occidental de Minor- que nous reftoit à huit lieues au Sud-Sud-Eft dès les cinq heures du matin ; auflile vent eft-il venu au Nord-Nord-Eft pendant la nuit, ce qui nous accommode fort. A huit heu- res les montagnes de Solery fur la côte de Majorque nous reftoient au Sud ^ Sud-Oueft à § ou 5> neuf lieues ; de forte qu'en douze heures nous* avons fait zz lieues. Ce n'cft pas mal aller ; à midi nous étions Nord ôc Sud avec le milieu de la partie Nord de Majorque à fix lieues ; c'eft pourquoi " on n'a pas pris de hauteur; le vent s'eft rangé au Nord-Ell^ encore plus frais èc glus favorable,- Mars. Le 10. S JotTRNAL DU VoYAGE Nous avons obrervé le Soleil à fon lever dans i'cquâteur, i7io. &: 1^ variation a été trouvée de lo^. 30^ Nord-Oueft. Nous étions pour lors au Nord de Tlfle Dragonaire à la pointe occidentale de Majorque i le vent étoit frais à l'Eft^ Nord-Eft, la route Oucll ^ Sud-Oueft s ain(î nous étions prefque vent arrière. A midi nous avions la Dragonaire au Sud-£ft, la route à l'Oueft, belle Mer, le vent médiocre ; nous voilà dédommagez du méchant temps du golphe ; ' ' ' comme bons Marins nous n'y penfons plus. A (ix heures du foir le vent a fauté à l'Eft-Sud-Efi: mé- diocre ; nous avons fait route au Sud-Ouefl , nous n'étions qu a fix lieues d'Yvice. On a ferré les perroquets que nous avons porté tout le jour , &: on a couru toute la nuit avec les bafles voiles &: les huniers. Au coucher du Soleil le cap Saint Martin étoit droit à l'Oueft de nous. JLe îi. Le matin à fix heures les Fromentieres nous reftoienc au Sud-Eft -i: Eft à fix lieues de nous , &: le cap Saint Martin au Nord-Oueft ^ Oueft. Nous allons bon train. Les vents font revenus à l'Eft- Nord-Eft. Nous portons au Sud-Oueft vent largue de deux airs de vent j ce qui vaut mieux que le vent arrière, te il. Avant le lever du Soleil le cap de Pale nous rcftoit au Nord-Nord-Eft environ douze lieues, èc Carthagene au Nord - Nord-Oueft à huit lieues. Le meilleur temps pour relever les côtes eft avant le lever du Soleil , ou après fon coucher ; l'horifon eft alors plus fin. Le vent eft venu à l'Eft allez frais. Nous marchons bien, de fi bien qu'à 4 heures du foir nous étions au Sud du cap de Gâte , de nous nous ;amufions à deffmer la côte. Le beau chemin que nous avons ■ ' fait par ce charmant vent d'Eft frais • Au coucher du Soleil nous avons pris deux ris au grand hunier , ÔC ferré le petit pour ne pas faire tant de che- min -, nous fommes reftez toute la nuit avec la mifene 6c le grand hunier. Ce n'cft pas le tout que d'aller, il fauç aller sûrement pour ne pas heurter contre le mont de Gi- braltar , ou le mont aux Singes. Dès les huit heures du matin Malaga nous reftoit au Nord à fix lieues ; on a approché un peu la côte pour la mieux reconnoître. Pour cela on a fait route à l'Oueft ~ Nordi- Oueft, Ce n'eft pas ici un pais où il faille aller en tâton- nant. Ï-Cij. ï> E LA L O U I S I A N Ë^. ï^ liant. D'ailleurs les courants étoientpour nous Vers la Côte. *" • "" Le vent eft Efl-Nord-Eft afTez frais. Il a diminué vers le ^7^^- midi. Pour lors nous étions au Sud de Fangerole à cinq ^«^is? lieues ; mais nous nous fommes retrouvez dans les courants qui vont à TEft, qui ne nous ont pas permis de faire plus d'une lieuë par heure. A une heure le vent d'Eft-Nord Eft a un peu fraîchi, nous faifions pour lors une lieuë 5c demi par heure ; fur les quatre heures le vent amolli &c la Mer diminué , de forte que les courants, qui font vifs, nous ont empêché défaire grand chemin. Sur les fix heures du foir le vent s'étant ran?é à rEft- Sud-Eft , & aïant fraîchi , nous avons fait route à l'Oueft- Sud-Oueft, 6c à neuf heures nous nous fommes trouvez au Sud du mont de Gibraltar. Nous voilà donc dans le détroit, la Mer s'eft applanie dès les fix heures. A quatre heures du matin nous nous fommes trouvez Le i^ hors du Détroit , Se à trois lieues au Nord du cap Spartel , fous lequel il s'eft fait tant de pilleries. REFLEXIONS Sur notre traverfée, VEnir en fept jours des Ifles d'Hieres au cap Spartel, c'eft une des plus heureufes traverfées qui aient été faites par des Vaifleaux de guerre s fur-tout le Henri n'étant pas auifi bon voilier que le Touloufe. AufTi l'avons nous attendu fouvent ; pour l'ordinaire nous avons porté moins de voiles que lui. Il réfulte en premier lieu de cette na- vigation , que partant de Provence lorfque le vent de Sud* Oueft a ceflè , on pafte aifément le Golphe de Lyon ; quel- quesfois avec un vent de Nord-Oueft frais , comme il nous eft arrivé , il faut alors tenir le vent tant qu'on peut , 6C porter fur Minorque pour la reconnoître. ^o. S'il y a des neiges fur les montagnes de Provence , fur les Alpes &: fur les Pyrénées , le vent de Nord-Oueft fe rangera au Nord-ER- , enluite à l'Eft-Nord-Eft ; alors il faut laifTer Majorque àc Y vice au Sud , les fuivre à 4 ou | «o Journal du Voyage. -^ — — - lieu'és dé diftance ;, & venir rcconnoître le Cap S. Martini Ï720. De-là lans s'approcher d'Efpagne rcconnoître le Cap de Mars, p^jg ^ gj^ portant droit fur lui , puis venir droit au Cap de - Gâte. C'eit la route que nous avons tenu. Si on part à la^ pointe d'un vent d'Eft , il mènera pour le moins jufqu'aii? de-Ià du Détroit , comme il vient de nous arriver. 3^. Il y a dix lieues de moins du Cap de Gâte au Détroit^, que n'en mettent les Cartes de Van- Kulen & Pieter Gos. Ce qui les a trompé, c'eft que les Courants qui viennent du Détroit 3. courent à l'Eft'à mi-canal, &: font faire plus vite ce chemin aux Navires qui entrent dans la Méditer- ranée j au contraire ils retardent ceux qui vont au Détroit.- Ceux-là croient faire plus de chemin , parce qu'ils le font plus vite i ceux-ci par le temps qu'ils emploient à" aller au . Détroit 5 croient aulTi faire plus de chemin, Ainfi il ne faut compter que cinquante-trois lieues. Cette remarque efl im- .y , portante quand on va du Cap de Gâte au Détroit. 4^. Avant que d'entrer dans le Détroit il faut bien rc- connoître le Mont de Gibraltar , ce qui n'eft pas toujours aifé 3 à caufe que le vent d'Efl: y porte fouvent des nuages. Il faut palfer au Sud du Mont de Gibraltar à une lieue &c demi 3 ou deux lieues, ô^ porter à l'Oueft-Sud-Oueit pour éviter des roches qui font au Sud du Cap Carnero à trois quarts de lieue de terre ,& les roches de TarifFe s enfuite pafîer à mi-canal pour reconnoître le Cap Spartel à deux du trois lieues , fi on veut aller aux Canaries , ou à Madère, 5"/^. Nous avons remarqué que le VailTeau le Touîoufe^. qui eft bon voilier , alloit mieux la nuit que le jour , 6£ avec moins de voilure. Cela peut venir de deux chefs. Le premier eft que les voiles imbibées du ferein de la nuit retiennent mieux le vent, à caufe que tous les fils qui les compofent s'enflent, & fe ferrent de plus près. En fécond lieu tout étant en repos dans le Navire, parce qu'on n'y travaille pas, on ne change pas par des imprefFions étran- - gères la diredion du mouvement du Vaiffeau : or un Vaif» feau fin eft fenfible plus qu'on ne penfe à ces impreirions. Nous l'avons fouvent expérimenté cette campagne. C le clocher de TEglife Cathédrale au Nord-Eft ^ Nord, 20, brades même fond à trois cables de terre. - .3c. Etant Nord &: Sud avec le fort du Lion , &: la Ci- tadelle à un cable & demi du fort du Lion, 17. braffes même fond. 4e. Le fort du Lion nous reliant au Nord-Oueft à un cable, 17. bralTes même fond. ye. Le clocher de la Cathédrale nous reliant au Nord à 4. cables de la terre, ij. brafl'es même fond. 6^. Le fort Saint- Jago nous reliant au Nord-Efl ^ EU â 5. cables, ly. brades fond de fable vafeux. 7-, Au Nord-Eft du fort du Ravin à quatre cables de terre, zz. brades même fond. Du fort Saint-Jago au cap des Oliviers qui forme à l'Eft l'entrée de la rade , la côte court en droite ligne Nord-Nord-Oueft &c Sud-Sud-Eft. 8-. La batterie du Ravin nous reliant au Nord j Nord- Efl: à deux cables de terre, 53. brades fond de roche. 9e. Le fort Saint Jago nous refiant au Nord ^ Nordw Ouefl, Se la batterie du Ravin au Nord-Nord-Eit , nous avons trouvé yy. brades à huit ou neuf cables de terre ; le cap de l'Oued de l'anfe nous reftoit pour lors à l'Ouefl ^ Sud-Oueil j de le cap de l'Eft , ou des Oliviers à TEft i Sud-Eft. Le fond étoit fable noir mêlé de coquillage. loe. Le clocher de la Cathédrale nous reftant au Nord & le fort du Lion au Nord-Oueft jo. brades fond de fa- ble vafeux , nous étions alors au milieu de l'anfe , à douze cables à peu près de la ville i le fort S. Jacques nous reftoit au Nord-Eft ^ Nord. H paroît par ces fondes qu'il y a beaucoup de fond dans cette rade, qu'il va en montant infenfiblement vers le bord de l'anfe depuis les jj. brades jufqu'à 15-. brades. Cepen- dant quoique la Mer n'entre pas beaucoup dans cette radc^ non plus que les vents de Sud-Eft, de Sud ÔC de Sud-Oueft, qui en font les travcrfiers , il ne faut pas mouiller au mi- s. DE LA Louisiane. 2X lieu , mais s'approcher de la pointe de TOueft, vers &: au "" ■ dehors du fore du Lion, comme on la dit ci-devant. ly^o. Il paroît encore en comparant la y^\ 6c la lo^, fonde , -Avril. qui font Tune par l'autre , puifque dans l'une & dans l'au- tre nous avions le clocher de la Cathédrale au Nord , que depuis la y-, fonde à la loe. dans la longueur de huit ca- bles, le fond de la Mer defcend de 35. brafTcs, ce qu'il cft bon de remarquer. J'obfervai qu'un petit Vaiffeau Anglois mit à la bande pour caréner , entre le Lion & la terre par les fîx brades d'eau, ce qui fait connoîcre que dans un bcfoin, ôc d'un beau temps fait, on pourroit donner demi carène dans cet endroit-là. On y eft près de terre, ôc à couvert de la Mer du Sud-Eft & du Sud-Oueft. La terre couvre de toute au- tre Mer , hors de la Mer de l'Eft. Je m'informai foigneufement des Pilotes côtiers qui nous avoienc mouillé, fi entre la pointe de S. Laurent la plus orientale de Madère, Se l'Ifle Deferte, faite en forme de table, la pafTe avoir une grande ouverture, &c s'il n'y avoic point de bas-fonds. Ils me répondirent que la pade avoit quatre lieues de large , 6c qu'au milieu il y avoit un bas- fond de la grandeur d'un gros Navire , fur lequel il y avoic huit brafles d'eau ; de forte que les Flottes Angloifes y avoient pafle fans s'appercevoir du bas-fond. Mais qu'en venant à Madère par cette palTe , ou en fortant , il valloic mieux ranger la pointe de S, Laurent, que l'Ifle Deferte, Ils m'aflurerent qu'ils connoifloient fort cette pafle 6c le bas-fond , pour y avoir été fouvent à la pêche. OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES Faites â Fnnchal Capitale de l'ijle de Madère. JE defcendis à terre le 6. Avril avec mesinflrumens pour faire des obfervations qui pûfl'ent fervir à déterminer cxadement la latitude Ôc la longitude de cette Ifle, 6c di- verfes autres chofes qui pouvoient fur venir pendant mon féjour à Funchal , fuivant les ordres que j'en avois. J'allai au Collège des RR, PP. Jefuites Portugais qui y ont Ciij . ji Journal du Voyage ■ été fondez cil 1575. p^i^ Dom Sebafticn Roy de Portugal. 1720. Je fus reçii par ces Pcres avec la charité ordinaire à nôtre Avril. Compagnie , &: avec une generofité fort grande , mais qui eft commune à la nation Portugaife. Je priai le Père Rec- teur du Collège de. me montrer quelque lieu d'où je pufTe faire des obfervations aftronomiques. Il me conduifit aux tours qui font à côté de la façade. de l'Eglife. Elles font voûtées en terrafle, entourrécs de baluftrades ,de pierre de taille. Elles ont 18. pieds de long fur 12. pieds de large. Le pavé eft aufTi de pierre de taille. Je choifis la tour occi- dentale, qui me parut la plus propre pour obferver. J'y éta- blis mon quart de cercle de trois pieds de, raion. J'y fis élever un mât de zo. pieds, auquel on attacha des poulies, qui fervirent à hauffer 8c baifTer ma lunette de iS. pieds. Je mis mon horloge dans le cabinet qui étoit deflbus cette terrafte. J'étois accompagné du Sieur Verquin mon Defli- nateur , qui m'a aidé dans toutes les obfervations du voïage. Après tous ces préparatifs je fis les obfervations fuivantes. Le 6> Hauteur méridienne apparente du bord fuperieur du Soleil é'4^. 15^45^. Demi-diametre du Soleil, &: 28^. de refradion fouftraclive i^. 50. ^- Vraie hauteur méridienne du centre du Soleil ^3. 55- IJ* Declinaifon feptentrionale du Soleil fouftradive ^' 37* 45- Hauteur de l'équateur ^y- zi. 30. Latitude de Funchal à la tour du Col- We ^ ' .52" 3^- 30- "D Cette tour eft plus feptentrionale que le clocher de la Cathédrale, de 150. toifes. A dix heures du matin je poin- tai la lunette fixe du quart de cercle à l'horifon de la Mer, qu'on voit depuis l'Eft-Sud-Eft jufqu'à l'Oueft par le Sud , où je vifai. La bafléiTe de l'horifon fut trou- vée de II' 15^ Après le Soleil couché cette bafTefïe fut obfervée de 1 1* 4^* Le vent étoit foible à l'Eft-Nord-Eft le foir j un peu plus DE LA Louisiane. x$ frais le matin. L'horifon un peu embrumé. Je réitérai trois — fois CCS obrervations. Hauteur méridienne apparente de Jupiter , qui couroit exaclement le long du parallèle par le mi- lieu de fon difque 55*^, RefraiSbion fouftradive Vraie hauteur méridienne de Jupiter 55» . Déclinaifon de Jupiter rouftraâ:iYe z. 14'. 50^ 34- 23. 46, I. 8. 57- 32. 22,, 37. 38. 22, Hauteur de l'équateur Latitude de Funchal A huit heures du matin la bafTefle de l'horifon de la Mer a été o'\ lo^ 30'''. J'ai toujours pointeau Sud. Le vent étoit Sud très-foible, Il y avoir un peu de brume en Tair. On prit le matin des hauteurs du Soleil pour l'horloge ; le foir le Ciel fut couvert. On n'a pas pu prendre la hauteur méridienne de Venus , à caufe des nuages déliez qui étoicnc où Venus fe trouvoit. Hauteur méridienne apparente du bord fuperieur du Soleil D'où on a par les mêmes Elemens que ci- defTus, qu'on ne rapportera plus , la latitude deFunchal. Le temps du paflage du Soleil au méri- dien a été Expérience dt^ Baromètre, ^4^. 3 8^ I f, 32. 38. ^^y. Nous fîmes l'après-midi deux expériences pour la pefan- teur de l'atmofphere. Après avoir purifié le Mercure avec foin, nous chargeâmes le plus gros tube, dont l'ouverture eft de 13. points, àc la longueur 3^. pouces. Le vuide étant fait, le Mercure refta à 27.pouc. 10. lig. Nous chargeâmes enfuite un tube d'une ligne moins deux points de diamètre. Le vuide étant fait, le Mercure refta à la hauteur de 27. pouc. 5). lig. C'eft une ligne de moins que dans la première expé- rience. Elles furent faites dans la salerie du GolIeo;e des RR. PP. Jefuites qui furent prefens , ainfi que plufieurs Gen- tilshommes Portugais , qui m'avoient fait l'honnçur de me •venir V4?ir : ils parurent y prendre plaifir. 17 io. Avril. Le^.au foir; Le 7. 59' 16. 16, z. 5- ^6. 57- IL. 50. 3z. 37' 10. i4 Journal du Voyage • Hauteur méridienne apparente de Jupiter ^$Kiy^. o^ 1710. Refradion fouftradive 34. Avril. tr • I j- j T • Le7.au Vraie hauteur méridienne de Jupiter foir. " Déclinaifon feptentrionale de Jupiter Hauteur de l'équateur Latitude de Funchal Le 8. au II y a eu une émerfion du premier Satellite de Jupiter ce matin. matin , qu'on n'a pas pii obferver à caufe des nuages qui couvroient le Ciel à l'Oueft î n'aïant que peu de jours à refter ici , c'a été pour moi un fujet de mortification. '^ ' •*"/ -— jjauteifrs correfj^ondantes du Soleil four l'horloge^ ■' Matin. ■ ■ ^h. j2,^ 7^. Hauteurs du bord 50;^. fuperieur ^z^.io^ o" . i^^. 58^11^. Î7. 8. 53. o. 0. f \. t n ^Nuages. lo". o'. \o' , 53. 51. 30. l Par ces hauteurs on a midi vrai le liui- tiéme Avril 1720. à iiH. y5^^6^. Ces hauteurs furent prifes à travers des nuages déliez , qui ne me permirent pas le matin d'obferver Venus à foa partage au méridien. La bafTeffe de Thorifon de la Mer a été ce ma- tin de . o^. 11^ o''. Je pointois au Sud-Sud-Eft. La montagne la plus haute de la plus occidentale des Ifles Défertes étoit élevée au-defliis de l'horifon de rObfervatoire o^. 10^, 30''^. La plus haute montagne de la plus orientale des Déferres , étoit élevée au-deffus du même horifon de o. 2-8. o. Celle-ci à la diftance de 8 . lieues , la précé- dente de 7. lieues. Pointant dans le canal qui fépare ces deux Ifles , la Mer a été trouvée baflfe de o. \%. o. Comme au Sud-Sud-Eft, il y avoir dans l'air des nuages déliez j mais Ihorifon étoit net , &: très-bien diftingué d'a- vec le bord de la Mer. Hauteur DE LA Louisiane. ' zy Hauteur méridienne apparente du bord fu- • - perieur du Soleil 6y^. t' . o" , 172.0. D'où on a la latitude par les mêmes Ele- Avnl. mens _ 32. 38. 9. Le Commandant m'envoïa dire de venir à bord, pour . lever le Plan de la rade , ce qui fut exécuté le 5». au matin. A 6. heures vingt minutes la baflefle de Le «5 oa riiorilon delà Mer fut de o^. 12/ o^. {q\^^ L'obfervation fu, faite avec foin. L'air étoit très-ferein^ &: l'horifon net. Le quart de cercle étoit cxadement calé; on refit trois fois l'obfervation. Obfervatîon de Jupiter, Temps vrai. ^h. 2^ o^' . On ne voit point encore le premier fatellitc, qui devroit paroître félon le calcul. Temps vrai. ^^. 6'. ^z" . Emerfion du premier fatellite de Jupiter près de fon bord oriental vers le milieu de la grande bande. Ce fatellite étoit éloigné de deux fois fon diamètre de ce bord de Jupiter, ConjonBion du fécond ^ troijiéme Satellites* La même nuit du 9. Avril 1720. je m'apperçûs que le fécond fatellite &: le troifiéme alloient^n parties contrai- res. Le troifiéme s'approchoit de Jupiter , le fécond s'en éloignoit. C'eft pourquoi je refolus d'obferver leur con- jonâion. Temps vrai. IQ^. 4^ jl'^. Ces fatellites éloignez l'un de l'autre de trois diamètres du troifiéme , lequel étoit plus méridional &: plus occidental. Ces deux fatellites très-voifins l'un de l'autre , le fécond étoit plus feptentrional que le troifiéme, à peine les diftinguoit-on l'un de l'autre. II. II, 42. Le fécond fatellitc fuperieur au troifiéme, 6£ Ç\ près de celui-ci, qu'on ne les diflingue pas. Le fécond toujours feptentrional par rapport au troifiéme. Toutes ces obfcrva- D 10. 55>. 17' i6 Journal du Voyage tiens ont été faites avec une bonne lunette de 1 8 . pieds à deux 1710. verres convexes. '^^'■'^^' Hauteur méridienne apparente de Jupiter 59^^. 3 1^ 30^. Otant 2 4'^ relie la vraie hauteur méri- dienne de Jupiter 59. 31. j(^, péclinaifon feptentrionale de Jupiter 2. 8.480 Hauteur de lequateur. 57. 23. 8. Latitude de Funchal 32. ^6. ^2» Hauteurs four l'Horloge. Le ÏO. Matin. So!r. ^h. 7'. 35'''. Bord fuperieur du Soleil 44'i. 9'. o". 1*1,45'. 55''. . TT^T A A ci. r~. At ,e J Corfcâiion ''•4^- 44-56. o. 41. 55. -^ f„„ft,.,aive 6'/, 15. 10.. 45. 37. 30. 38. I^. ' Prenant un milieu entre les calculs qu'on ne met pas ici , pour n'être pas long , on a midi vrai le ■ dixième Avril à i lii. 5(5^45^^ On eut midi vrai le huit Avril à îi. 5-5. 26. Différence dont l'horloge a avancé en deux jours i . 19. Et par jour on a 35>' f De forte qu'au temps des obfervations du neuvième Avril, lliorloge tardoit 3^4^'^* qu'on a ajoutées au temps des obfervations de ce foir-là. Ohfervations de Venus. Temps vrai matin. 5>^. 54^ 20''^ Venus fuivant le parallèle arrive au meridieno Hauteur méridienne apparente de Venus par fon milieu jo<^. 24'. 30^- Otant 50^. de réfraction, vraie hauteur méridienne de Venus 50. 23. 40. Déclinaifon méridionale de Venus à ajouter 6. 58. 48. Hauteur de rèquinoxial 57. 22. 28. Latitude de Funchal 32. 37. 32. Un peu avant midi, on prit la bafTefTe de l'horifon de la Mer dircâ:?mcnt au Sud. Le Ciel ferein , peu de vent de Sud, Elle fut de c^-. 1 1^ 30^^. Hauteur méridienne apparente du bord fu- perieur du Soleil 65. 45. 30. D'où par les mêmes Elcmens on a la lati- ttide.de Funchal 32. 38. 5p. DE XA LôUïSlANE. ^7 Réflexions fur les ohfervations faites à Funchal. Voici, toutes les latitudes conclues àcs obfervacions ci- devant rapportées. Le 6. Avril ^ par la hauteur du Soleil 3 z^, 3 g^. 3 o^. Par la hauteur de Jupiter 31. i^j. 22 Le 7. Avril, par la hauteur du Soleil 32. 38. yj Par la hauteur de Jupiter 31. 37. 10 Le 8. Avril, par la hauteur du Soleil 32. 38. 9 Le ^. Avril , par la hauteur de Jupiter 32. ^6. 52 Le lo. Avril, par la hauteur de Venus 32. 37. 32 Par la hauteur du Soleil . 32. 38. 35; De CQS huit obfervations, les quatre du. Soleil donnent la latitude plus grande, à caufe que j'ai pris les déclinaifons aufli fortes qu'il étoit poffible. Mais prenant un milieu en- tre la plus petite latitude, 'qui eft 32^. 36^ ^i". &c la plus- forte du Soleil, qui eft 32^^ 38^ ^y^. la latitude deFun- chal eft 32^^. 37' 53'^. Le Collège des RR. PP. Jefuites eft au milieu de la ville, au Nord de l'Eglife Cathédrale èc plus éloigné de la Mer que cette Eglife , de ï jo. toifes. La latitude du mouillage fera donc de 32^^. 37^ 20*^. La plus grande des bafteiles de Thori- fon de la Mer eft o. 12. i f. La plus petite eft o. 10. 30. La différence eft i^. 45^. Ajoutant la moitié à la moindre baileffe ; 1^..- On a une baftefle moïenne o '. 11^.12'^.^ plus petite que toutes les autres bajfïefles qui ont été trou- vées par les obfervations immédiates. On peut donc déter- miner la hauteur de la terrafte, y comprife la hauteur du quart de cercle , fclon la méthode que )'ai fuivi dans le traité de la refradion , de 105). pieds y, ou 18. toifes, un pied 4. pouces ; mais à caufe des baffefles un peu plus grandes que la moïenne , on peut établir cette hauteur de 1^, toifes. On n'a pas eu la commodité d'obferver la hauteur du Mercure dans un tube au bord de la Mer , à caufe qu'il n'y a point de quai fur le Port. On y eft fur des cailloux peu commodes pour ces obfervacions. D'ailleurs la houle y court D i; 17 ZO. Avril. 28 -/ Journal du Voyage -~ avec rapidité &c bien loin ; aulli pour dcf cendre du Canot ^7^o- à terre, après que le Canot a mouillé un peu au large,. ^'''^'^^' pour que la houle ne le porte pas à terre , où il fe brile- roit infailliblement , il faut que les Matelots portent fur- leurs épaules ceux qui ne veulent pas fe mouiller. Nous aurions pu faire cette expérience fur le rempart du fort voiiin de la Mer , &: prendre fa hauteur au-defTus de la Mer ; mais j'ai cru qu'il n'étoit pas prudent de don- ner de la jaloufie au Gouverneur Portugais, homme ds grande condition ; car quoi qu'il m'ait fait bien des lionnê- tetez en deux vifites que j'ai eu l'honneur de lut rendre , &r que j'aïc eu grand foin de l'afTurer que les obfervations que je voulois faire ne regardoient que le Ciel , &c la cor- redion de la latitude ÔC longitude de l'Ifle de Madère, ce qui étoii fort avantageux à fa Nation ; peut-être n'auroit- il pas pris en bonne part de me voir mefurer la hauteur de fon rempart. La méridienne que je traçai fur le pavé de la tour par: riiorloge réglée par les hauteurs du Soleil , &c par les hau- teurs méridiennes 5 me fervit à connoitre la variation. Je plaçai un côté d'une grande bouffole fur cette méridienne, je trouvai la variation de 8'^. i j''. Nord-Ouefto- Je tournai la bouflole bout pour bout, je l'appliquai le long de la méridienne , je trouvai encore la var ation de 8^1. I y'. Nord-Oueft. Les Pilotes de l'Elcadre commandée par Monfieur de Goetlogon eu 170 1. trouvèrent la variation au mois d'Avril près de Madère de 4^, o^ Nord-Oueft» Elle a donc augmenté en dix=neuf ans de 4-^. i ^\ Par le Planifphere que M. CafTmi m'a fait la grâce de me donner , (Il r lequel il a tracé à la main les courbes des- variations de M. Halley pour l'an 1700. la variation y eft; Nord-Oueft 3^. 30^ environ, à Madère au Nord-Eft des Canaries ;,• elle auroit donc augmenté en un an de près de 30^ mais depuis 1700. iuf:]u'à 1720. elle n'auroit aug- menté que de 4''. 4j^ c'cft-à-dire , 14^ 15^, par an, ce qui ne s'accorderoit pas avec les obfervations des Pilotes ; mais, au retour du voïage nous aurons occafion de traiter am- plement cette matière, . Le II. DE LA Louisiane. 29 Rembarquai tous mes inftrumcns ôc j'allai coucher à bord , croïant partir le ii. mais le mauvais temps nous arrêta 172-0. jufqu'au 17. Ce ne fut pendant ces cinq jours que grains ^^^^^ de pluie &: nuages fur l'Ille de Madère , nuages fi bas qu'ils couvroient la montagne jufqu'à mi-côte. Je ne regrettai donc pas le temps que nous perdions dans cette rade. J'aurois fans cela été mortifié de n'être pas à terre, pour y faire encore quelques obfervations de Jupiter, Le vent &: laMergrofîi- rent le 14. de manière à ne pdnvoir plus aller à terre, & à nous faire défirer d'être hors d'une rade qui n'eft pas sûre quand il vente du Sud-Oueft.- DESCRIPTION DE FUNCHAL ET DE LA CÔTE. I E N de plus gracieux èc de plus beau que les montagnes "^ de Madère du côté du Sud ; elles font cultivées, ou cou- vertes de bois jufqu'au fommet. On y voit du bled, des autres grains,, cannes de fucre , vignes ôc arbres fruitiers. Les Ha- bitans ne cultivent pourtant gueres la terre ; ils ne donneno qu'une façon à la vigne , & affez légèrement. Il y vient cependant beaucoup de vin , & il s'en fait un grand débit, aulïi eft-il à l'épreuve des plus fortes chaleurs de toute forte de climats. Les montagnes du côté du Nord font beaucoup plus hautes que celles du côté du Sud. Oa y voit encore beau- coup de cèdres &c de fapins , dont on a emploie une par- tie de ceux qu'on pouvoit voiturer aifément , pour les mai- fons de l'Ifle. La hauteur des montagnes du Nord contri- bue à l'air tempéré de la partie du Sud de cette Ifle , dans laquelle on voit quantité de bananiers qui y ont été appor- tez du Brefil. Le fruit en efl: aflez bon à Madère. Ce que j'en vais dire efl connu, c'efl pourquoi j'en parlerai briè- vement. Le bananier produit plufieurs bouquets de figues bana*- nés rangées à côté l'une de l'autre en deux rangs de dix à quinze figues , longues de trois à quatre pouces , larges d'un pouce &: un peu. plus, difpofées en forme de peignes. Leur peau rcflemble affez à la goufîe des fèves. Ce fruit naît au D iij 2€y Journal du Voyage haut de la tige du bananier : on le coupe quand il eft prefque I7 2-0- meur, &c l'arbre meurt; mais il renaît par le pied, &: l'an Aviil. lévolu il porte de nouveaux fruits. Or comme on coupe ces fruits en toute faifoii , il en vient aufli en toute faifon de l'année fans culture. La feuille de cet arbre eft fort longue èc fort large , découpée en droite ligne jufqu a la principale nervure, mais par efpaces fort inégaux, & le lon<^ des petites nervùies qui partent à angles droits de la grande nervure qui travcrfe la longueur de la feuille. Il y a encore des cannes de fucre dans cette Ifle , qui y ont été apportées de Sicile Se de Calabre. Madère en a fourni le Breiil. A prefent il en refte fi peu dans l'IUe , qu'un feul moulin fufîit pour tirer le fucre des cannes , encore ne travaille- t'il pas toute l'année. Mais on porte à Madère beaucoup de fucre du Brefil, qu'on échange avec du vin. En place des cannes les Habitans ont planté beau- coup de vignes , qui donnent de très-bon vin blanc & rouge, & qui fe conferve fort. Il y a auffi d'excellente Malvoifie, dont le Conful de France me fit goûter. 3'ai vii dans le jardin des Révérends Pères Jefuites beau- coup de cannes de fucre , dont ils m'envoïerent un fagot au Vaiileau , &C un citronier qui avoir trente pieds de haut , de cinq pieds de tour. Il y a beaucoup de citrons 6c d'o- rano-cs dans l'Ifle , ôc plufieurs autres arbres de ceux qu'on voit en Europe. Des châtaigniers , des poiriers , des coi- gnafliers. Des fruits de ces arbres on fait de bonnes confi- tures êc marmelades. Je me fuis informé du plus habile Apo- ticaire de Funchal , s'il y avoir quelques Plantes particu- lières qui fuilent medecinales, il m'aafluré que non -, mais qu'ils avoient la plufpart des herbes qu'on voit en Europe î ainfi je n'ai point apporté de Plante. Les montagnes du milieu de l'Ifle font fort hautes, &: le cap Saint André qui eft à l'Oueft de l'Ifle , furpafle en hauteur les caps de Finifterre, Ortegal de de S. Vincent dans les Algarves. Ces hautes montagnes arrêtent les nua- ges chafl'ez par le vent d'Oueft 6c de Sud-Oueft, ce qui donne à l'Ifle de la pluie très-abondamment. Aufli le Ciel y eft prefque toujours couvert au Printemps , &: fouvent en Eté. L'Hiver eft la faifon de l'année où le Ciel eft le plus ferein. Cette Ifle a dix-huit lieues dé longueur du cap'Saint DE LA Louisiane. 51 Laurent au cap Saint André, &c douze lieues de largeur • dans fon milieu. Il y a beaucoup d'eau dans Tlfle , elle y 1710. eft très-bonne j ô^ on voit de fort belles cafcades vers le ^^^'''' cap Saint André. La ville de Funchal capitale de l'Ifle eft afToz belle , ks maifons y font bien bâties , plufieurs n'ont qu'un étage j il y en a pourtant quelques-unes à deux èc trois étages. La pierre de taille dun gros grain n'y manque pas. Comme il y a dans l'Ifle quantité de cèdres, plufieurs maifons ont leur plafonds de ce bois , Ôc les planchers de fapin , qui y eft fort beau. On a peine à s'accoutumer à l'odeur des cèdres, dont les bois des fenêtres font aufli. Ils les font fort épais. Il y a un Evcque fuffragant de Lift)onne , qui a vingt mille livres de rente. La Cathédrale eft allez grande mais elle n'eft pas d'un bon goût pour l'architeélure. Dans le fond il y a trois Autels aftez riches , fur-tout celui où réfide le S. Sacrement. La baluftrade de cette Chapelle eft haute de huit pieds , &c compofée de piliers qui ont un no'iau de fer revêtu de lames d'argent , de l'épaiffeur d'un écu. Les Cordeliers y ont deux Convens, dans l'un ils font foixante, & dans l'autre quarante Religieux. Les aumônes des Fidelles font leur unique revenu ; elles montent, à ce qu'on m'a dit, à douze mille Piaftres par an. Les Pères Carmes y commencent un établiffement. Les Pères Jefuites y ont le Collège fondé par Dom Sebaftien Roy de Portugal. Le Roy Cardmal Dom Henri augmenta les revenus. Il eft bien bâti, fort fpacieux, l'Eglife aflez grande èc fort or- née J la Sacriftie belle èc boilee d'un fort beau bois. Oa aime dans ce Païs les colomnes torfes . & on les charge de feftons , de branches de vigne ôc de génies. Il y a vingt Pères Jefuites dans ce Collège, &: quatre cens Ecoliers en cinq clafles. Ils me parurent dévots &: fort pofez. Il y a auffi trois Convens de Religieufes de S. François, Dans le premier elles font deux cens. Dans le fécond, dit de la Conception, foixante ; celui-ci eft un peu élevé dans la montagne, & très4)ien fitué. Le troifiéme eft des Capu- cines qui vivent fort faintement j elles font fous la jurif- didion de l'Evêque, & dirigées par les Pères Jefuites, L'Hôpital eft beau, grand, bien rente. Outre h Paroifïb -ji Journal du Voyage annexée à la Cathédrale , il y a deux autres ParoifTes qui 17 io* n'ont rien de remarquable. Avril Uj-^ ruifTeau aflcz gros pafle à l'extrémité de la ville à rOricnt. Un autre moindre à l'Occident. Comme ces ruif- féaux viennent de la montagne , on conduit aifément leurs eaux par divers canaux dans les jardins de la ville, qui fonc - . en grand nombre Se bien cultivez. Il n'y a gueres de mai- fon qui n'ait fon jardin , où l'on trouve les mêmes iierba- gcs qu'en Europe. Le principal Fort eft fur le bord de la Mer àl'Occidenr, il fait partie de la ville , les baftions en font petits &: ont fort peu de flanc j il défend la partie occidentale de la rade, qui eft la meilleure. Le Gouverneur de l'Ifle y elt logé; il y en a un autre plus petit fort voifîn de celui-ci à l'Occi- dent. On en voit un autre fur une hauteur qui commande la Ville &; les deux Forts dont on vient de parler , on l'ap- pelle la Citadelle. Il eft à quatre baftions fort petits avec peu de flanc. Le long du rivage la ville eft enfermée d'une îimple muraille qui forme quelques angles faillans ; à l'ex- trémité de cette muraille à l'Orient il y a un grand baftion qui eft aiïez beau ; il eft défendu par le fort S. Jago , qui eft plus à l'Orient dans le contour de l'anfe. On voit aufll quelques batteries dans le côté de l'anfe qui eft à l'Eft. La meilleure batterie eft à l'Oueft fur un rocher quarré long, appelle le Lion , cpi peut avoir vingt toifes de long fur dix de large. Le rocher eft efcarpé , &: on a rempli de maçon- nerie les crevailés qu'il y avoir. Cette batterie défend très- bien le mouillage. Toutes ces Fortifications font anciennes , ôc par conléqucnt de mauvais goût î elles ont peu de flanc : c'eft dommage, car elles font très-bien placées. La Garnifon n'eft que de i yo. hommes , mais il y a aflTez d'Habicans dans l'Ifle. On les fait monter en tout, hommes, femmes &c cnfans , de vingt-quatre à trente mille. Ce nom- bre peut approcher de la vérité à en juger par les Ecoliers du Collège, qui font quatre cens , comme on l'a dit. Je ne dirai rien de Sainte Croix , ni de Marfilia, qui eft à l'Oueft de riflw , n'y aïant pas été. , Comme il y a toujours de la Mer dans le fond de cette rade, les bateaux ont deux quilles, & on les tire fur la grève avec des boeufs defqucls il y a beaucoup dans l'Ifle : on s'en DE LA Louisiane. 53 s'en fert pour les charrois. Ils fervent aufTi à tirer les ba- — teaux à la Mer quand on a chargé dedans ce qu'on veut 17^0. tranfporter aux Vaifleaux. Avrâ. On ne croit pas devoir imiter l'Auteur d'une Relation imprimée à Paris en i7i(î. qui parle afléz mal des Portu- gais de S. Salvador èc d'Angra. Ce n'eft pas là le caradere du Chriftianifme , qui eft la charité : Nous ferions fâchez qu'un Portugais , ou un Efpagnol qui auroit voïagé ea France , parlât mal de notre Nation dans la Relation qu'il donneroit de fon voiage , quand même ce qu'il en diroic feroit vrai ; car les hommes ne font pas fans défaut. Je croi- rois faire tort à la vérité, fi je n'avouois que la Nation Portugaife m'a paru avoir beaucoup de belles qualitcz. Com- me elles font connues, je n'en ferai pas ici la defcription ; je ferois tort à notre Nation, dans laquelle les Etrangers trouvent de la facilité à taxer les défauts des autres , com- me fi nos manières de vivre dévoient fervir de règle aux autres Nations. Nous ne fçaurions que nous louer des Por- tugais de Madère -, ils nous ont fort bien reçu. Les Pères Jefuites en ont agi aufïi avec moi avec beaucoup de bonté & de generofité. J'ai reconnu en eux les fentimens nobles de la Nation , la charité &: l'union chrétienne , qui nous €ft tant recommandée , ôc qui s'obferve parmi nous dans tout le monde. SUITE DU JOURNAL. Contenant la traverfée à la Martinique,. Nous devions hier au foir mettre à la voile ; mais la ^^ ,, Mer du Sud-Ouefl fort grofïe, avec un petit vent de Sud-Ouefl qui nous eft contraire, des grains de pluie qui furvinrent, avec des éclairs &: des tonneres qui ont duré pendant toute la nuit, nous en ont empêché. Il a fallu filer un cable pour afiurer nos ancres ; comme le fond eft de fable vafeux &; de bonne tenue, nos ancres n'ont pas branlé ; mais ce paragc n'eft pas bon pour cette Mer-là. Hcureufement le vent de Sud-Oucft n'y entre que rare- ment 5 mais c'eft affez qu'il y^ntre quelquefois pour craia- E 34 jûLiRNAL DU Voyage drc avec fondement ; eau fi le vent eue entré & que nos i7iO' ancucs enflent chafl'c , pour le moins il auroit fallu coupet Avril. j^Q5 cables ôc laiffer là nos ancres pour appareiller au plus vite. C'eft aufli les mefures que nos Capitaines avoient pri- fes fagement. Les haches étoient toutes prêtes. Les gens du Pais nous aiTuroient toujours que le vent n'entroit pas j mais cela n'eft pas impoITible phyfiquement , puisqu'il y a quel- ques années qu'un grand nombre de Bâtimens s'y perdit. Le 16. Hier au foir depuis huit heures jufqu'à minuit le temps fut aflcz beau. Depuis il s'eft fort gâté , de forte que nous n'avons pu appareiller. On a pourtant défaffourché avec une grofle Mer , de manière à nous faire craindre que la houle ne lit ccrafer nos Matelots de la Chaloupe, con- tre une ancre qui étoit parée à fa place ordinaire en cas debefoin. Pour éviter ce malheur, on a fait reculer la Cha- loupe qui rapportoit le cable, jufqu'à l'échelle} &: on a hiflé avec les caliornes l'ancre d'alFourche avec la partie de fon cable qui étoit encore dans la Mer. Grains de pluie, vens frais d'Oucft tout le jour : grofle Mer du Sud-Ouefl:. Le 17. Enfin ce matin à notre grande fatisfaction nous avons appa»- reillé par un vent médiocre d'Ouefl:&: d'Ouefl:-Sud-Ouefl:, mais dès avant midi jufqu'au foir, les grains de pluie &:-de vent ne nous ont pas manqué. Nous en avons eu trois, dont le dernier a été furieux : il nous a fait ferrer nos deux hu- niers à fcpt heures du foir, & nous a réduit aux bafles voiles. Nous avons porté au Sud &c au Sud j Sud-Ouefl:, ce qui n efl: pas notre route , il s'en faut bien ; mais nous efperons que le vent fe rangera à bien à mefure que nous approcherons des Canaries. La Mer a été grofle d'Ouefl:- Sud-Ouefi:, de les vents y ont tenu tout le jour. Dans la force des grains ils prcnoient plus de l'Oueft. J'ai remarqué ce matin après qu'on a eu levé l'ancre , que le cable avoir pluficurs fils des cordons rongez dans la longueur de trois brafles, &• à trente brafles de l'argan- neau, ou anneau auquel il efl: attaché. On y a trouvé des iilets de coquillage attachez , ce qui nous a fait connoître que , tout fable vafeux qu'efl: le fond , il y a des huitres SC de gros coquillages enfevelis dans la vafe ; &c que les cou- rants & les flots agitant le cable, il s'étoit rongé contre ces coquillages. De forte que fl nous cuflTions reflé plus DE LA Louisiane. <5f long-temps dans ce mouillage , nous aurions pu tout d'un — coup derader , ce qui feroit très-dangereux dans une pa- ^ 7 \'^' reilie rade. Pour y obvier , il feroit bon de fourer la par- "^^^^ • tie du cable qui porte fur terre, ou même de la foutenir par des barriques , lorfqu'on doit refter long-temps au mouil- lage. Il peut fe faire aulfi qu'on y rencontre des pattes d'an- cre, qui rongeroient le cable en peu de temps. Dans la nuit grofïe Mer ôc vent frais d'Oucft-Nord-Ouefl Le il. qui nous a fait cargucr la grand voile à minuit. Le matin le vent a un peu molli , mais la Mer eft toûjouts groffe -, nous tanguons &: roulons à merveille. On a amure la grand voile Se hifîe le g-rand hunier. A huit heures il a fait un maître grain de pluie &c de grêle, mais il n'a pas duré. Il a fallu pourtant amener notre grand hunier i le grain palîc on a hiffé les deux huniers avec les ris pris. A dix heures on voïoit encore la terre de Madère ; bien-tôt après un. nouveau grain nous a fait ferrer les huniers. A midi la hauteur du Soleil nous a donné la latitude de 31^. yl^ Ainfî la route aïant vallu le Sud, nous avons fait ij. lieues depuis Madère, que nous avons vu tout le jour. Le foir le vent Nord-Oueft, ôc la route a été à l'Oueft-Sud- "Oueil. Nous avons étrangement roulé toute la nuit , 6^ nous Le 19. roulons bien encore , tant la Mer d'Oueft eft grofle. Le vent médiocre au Nord-Nord-Oueft , on a fait route au Sud-Oueft &: au Sud-Oueft j Sud. La hauteur qu on a pri- fe à midi n'étant pas fort sure, on l'a corrigée par l'eftime, en attendant mieux , qui a donné la latitude de 3 o ^ 40^. Nous avons fait environ 30. lieues de chemin. L'après- midi le vent s'étant rangé au Nord médiocre, nous avons porté à rOueft- Sud-Oueft , le roulis &: le tangage vont leur train , &: fatiguent fort nos nouveaux Marins. Au coucher du Soleil , la variation a été obfervée de ^t^. 45 ^ Nord-Oueft. La Mer a diminué cette nuit, ainli nous avons moins Le ic roulé. Au lever du Soleil, la varia- tion a été obfervée de 5^. 45^ Nord-Oucft. Le vent a été Nord-Nord-Oueft médiocre, ce qui nous Ei) 3^ Journal du Voyage. ■ fait cfpcrer que nous trouverons bien-tôt les vents alifez, 1720. Nous avons porté à l'Ouefl ^ Sud-Oueft , le Soleil a paru ^^'■"' à midi &: nous a donné la latitude certaine de 30^ 3'. La route a vallu le Sud-Oueft ^ Oueft, &:le chemin 2 y, ^ lieues. Ce qui nous adonne la longitude de _. 357'^. o^ Au coucher du Soleil par Ton am- plitude, la variation acte de 6 '. zy^ Nord-Oueft. Le II. Nous voilà aux vents alifez ; ils font venus Nord-Nord- Eft cette nuit , &: ce matin au Nord-Eft. Nous avons tou- jours £ùt route à l'Oueft ^ Sud-Oueft, qui nous vaut l'Oueft- Sud-Oueft. On a obfervé la varia- tion de 6^. 45^ Nord-Oueft. On fera à la fin du Voïage, des reflexions fur la variété de ces variations ; elles feront mieux à leur place qu'ici. Le matin on a fait fervir nos peroquets &: voiles d etai , qui depuis long-temps n'avoient pris l'air. A midi par la hauteur du Soleil, on a con- clu la latitude de 25)^. 25^. Et par l'eftime, la longitude de 3^5. 17. La route corrigée Oueft-Sud-Oueft, & le chemin de 32, lieues. A deux heures il a fallu ferrer à leur grand regrec nos peroquets &: voiles d'étai , pour ne pas laifTer le Henri de l'arriére. Voilà donc enfin les vents où nous les voulions , nous allons bon train , &: le vent fera conftant. Le il. Le vent s'eft rangé à l'Eft-Nord-Eft ; nous avons fait rou- te à rOueft -i- Sud-Oueft. Nous fommes prefque vent ar- rière j aufli avons nous fait fept lieues par quart. La Mer nous prend par la hanche; nous allons bon train. La lati- tude a été de 2,8i 41^. La longitude a été eftimée de 353. 4^, Le chemin 41. lieues à fOueft-Sud-Oucft. Le 2;. Au lever du Soleil , la variation a été trouvée de 6 1 30^ Nord-Oueft, On a fait route tout le matin à l'Oueft 4- Sud-Oueft , le vent étant Eft-Nord-Eft, belle Mer, beau temps. On a re- mis à l'air nos peroquets ; nous fommes bien aifcs d'imiter •y Le 25. DE LA Louisiane. 37 le Henri qui porte toujours les fîens. Mais le Touloufe étant meilleur voilier, a rarement befoin de leur fecours, 17^0. nous voulons le fuivre. Avïil, La hauteur méridienne du Soleil , a donné la la- titude de 27CÎ, j^/. On a eftimé la longitude de ^yo. 27. La route a été Oueft-Sud-Ouefl 3^. vers l'Oueft, &: le chemin 46'. lieues. Depuis midi on a porté à l'Oueft-Sud-Oueft, pour abaifler davantage en latitude. Nous n'appréhendons pas que l'eau nous manque. Nos Le 24. Cartes Marines nous en promettent pour long-temps. Allons toujours. Par la hauteur du Soleil , à midi la la- titude eft 27^^. 0' . La longitude a été trouvée de 348. o. La route Oueft-Sud-Oueft 3^^. vers l'Oueft. On a fait 37. lieues de chemin ; aufli avons nous belle Mer, bc le vent médiocre à l'Eft-Nord-Eft. Par la hauteur du Soleil on a eu la latitude de 16^. iz' , On a eu la longitude par l'eftime de 346. 27. La route a été Ouefl-Sud-Oueft 4^^. vers l'Oueft, &: le chemin 36. lieues. La variation avoit été trouvée ce ma- tin de 4^. Nord-Oueft. Le vent eft toujours Eft-Nord-Eft, & la Mer fort belle. Un peu d'inconftance au vent j c'eft Ton partage. Il eft venu Le k». au Nord-Eft , &: il a un peu molli î aufli avons nous fait moins de chemin. Mais on a tenu la même route à l'Oueft- Sud-Oueft, qui nous a valu l'Oueft-Sud-Oueft 4^. vers rOueft. On n'a pas pris exadement hauteur à midiàcaufe des nuages ; car on peut bien croire qu'ici les montagnes ne nous dérobent pas la vue du Soleil ; il a fallu fe con- tenter de la latitude eftimée, qui a été de 25^. 36^ Et la longitude 34y. 45^. Nous avons fait environ 30. lieues de chemin. Nous n'en ferons pas tant tous les jours. Le vent comme hier &: la Mer de même , ainfi que la Le 27. route : il faut être content. Par la hauteur du Soleil à midi , on a eu la latitude de . 24^^. ^%'. La longitude a été conclue de 343. ^6, E iij 38 Journal du Voyage Le chemin depuis midi du ij. a été 57. lieues ; cela ne 1710. va pas tanc mal. Les Pilotes du Henri ont trouvé le ly. la Avril. ];ititude plus forte que nous de deux minutes j mais ils onc eu la variation plus grande que nous d'un degré 30, mi- nutes, puifqu'ils la conclurent de yK 30^ Nord-Oueft. Voilà qui en vaut la peine. On verra à la fin du Journal qui a raifon. Le foir le vent fraîchit au Nord-Eft. REFLEXIONS ,' ■ Sur le Sillage du Faijfeau. CE foir le vent étant frais , le vaifTeau allant vite , j'ai obfervé attentivement le fiUage , de la gallerie où j'ai relié long-temps feul. Rien de plus beau que ce fillage. Oi\ auroit dit que c'étoit une rivière de lait fort rapide , large de 15. à 20. pieds, longue de plus de 600. femée de mille Etoiles brillantes comme celles du Ciel , qui mouroient &: renaifToient aufîi>tôc. Ce fillage étoit enrichi de diverfes Lunes répandues çà &: là, lefquelles couroient dans le fil- lage. Elles étoicnt auffi larges &: plus brillantes que la pleine Lune dans un temps ferein. Le Ciel étoit couvert ce foir là. Tel étoit le fillage du Vaiffeau , lorfqu'il furvint de la pluie , qui effaça ces Lunes &: ces Etoiles , &: diminua beaucoup la blancheur du fillage. Ce qui fait voir claire- ment, que tout ce beau fpeétaclc vient des fels de l'eau de la Mer , laquelle venant de l'avant du VaifTeau , par lequel elle a été rudement choquée , &: courant avec rapidité le long des cotez du VaifTeau , vient heurter fortement contre le gouvernail , ce qui augmente encore plus fon mouvement ; de forte que les parties falines &: de feu fe féparant des aqueufes, & fe joignant en grand nombre, caufenc cec agréable fpeclacle. Ces Lunes paroiflent dans les endroits du fillage où il y a des tournans d'eau, dans lefquels Teau de la Mer tourne avec grande rapidité en figure conique, laquelle fe remplit en peu de temps. Or de jour on voit beaucoup de ces tour- nans dans le fillage ; ainfi le raifonnement fubfifle dans toute fa force ; car l'eau de la Mer doit encore plus briller dans ces tpurnans , parce qu'elle y efl encore plus en mouvement, DE LA Louisiane. 3^ Ce raifonnement fur le mouvement violent des parties falines , fe foutient d'autant plus, que quand le Vaifleau 17^0- ne va pas vite, à peine apperçoit-on ce fiUage blanc, qui Avril. pour lors a peu de longueur , &: on n'y voit ni Lunes ni Etoiles ; parce qu'il n'y a ni tournans , ni goûtes qui re- jailliflent. Je penfe donc avec fondement que les Lunes font les tournans dans lefquels l'eau eft extrêmement agitée ; &: les Etoiles les grofïes goûtes d'eau , que le chocq de l'eau fait rejaillir en l'air au-defïus de la furface du fillage, dans lequel elles retombent bien-tôt. Nous approchons du Tropique , cependant nous rou- Le iS. Ions à merveille, &: nous n'avons pas chaud. Le vent eft au Nord-Eft frais , la houle fort grofTe. Par la hauteur du Soleil , on a eu la latitude 24^. 1' . Et la longitude a été eftimée de 343. ^4. La route Oueft-Sud-Oueft 3^^. vers l'Oueft, & le che- min 3^. lieues. L'après-midi le vent a tant foit peu dimi- nué , nous n'en n'avons que mieux roulé. Le Soleil n'a pas paru. On aeftimé la latitude 'L'i^^. i6\ Lc29> Nous avons donc pafïé aujourd'hui le Tropique , &c nous n'avons point été incommodez. On a eftimé la longitude 343^* o'. La route a été Oueft-Sud-Oueft 4^. vers l'Oueft, de le chemin 30. lieues. Le vent a fauté à l'Eft-Sud-Eft -, nous avons pris l'amure à bas bord, dc nous allons vent largue à l'Oueft-Sud-Oueft. Au coucher du Soleil , la variation a été obfervée 3^, 30^^. Nord-Oueft. Nous avons porté les feuls huniers à mi-mât; encore le Henri ne pouvoit nous rejoindre avec (es quatre voiles majors. Un Garde de la Marine pour avoir barguigné fur la cuve , où on l'avoit fait afteoir pour la cérémonie de fon batéme , a fenti des torrens d'eau fur fon corps renverfé en double dans cette cuve, dont il ne pouvoit fe retirer. Pour l'aider , on lui a lancé cent féaux d'eau. Monfieur de Vallette répond pour le Touloufe qui n'avoir pas encore paffé le Détroit ni le Tropique , & qui répond paie. Le vent a été Nord-Eft médiocre , la Mer de l'Eft , beau- Le 30. coup de roulis ; nous avons porté à l'Oueft- Sud-Oueft ^0 Journal du Voyage ^ r, à rOueft. La hauteur méridienne a donné la latitude 1.7 2. 0' de 2,2-d. 24^ ^^^Y' La longitude a été eftimée de 3 35>- 3- Le chemin a été ^6. lieues. Au coucher du Soleil on a obfervé fon amplitude, qui nous a don- né la variation de 4'^ o^. Nord-Ouefl. Le pie. Le vent a été foible au Nord-Efl , la Mer d'Eft médiocre, mier. la route à l'Oueft-Sud-Oueft. La hauteur méridienne nous a donné la latitu- de de 21'^ 4'. La longitude a été eftimée de 338. /\.6, Nous n'avons fait que 18. lieues en ces 24. heures. La variation obfervée au lever èc au coucher du Soleil , a été la même de 2^. 36^ Nord-Oueft. Le 2. Le vent Se la Mer comme hier. La route à l'Oucft-Sud- Oueft, 3^. à rOueft par le complément de la hauteur mé- ridienne du Soleil , qui a été ô'K %\ On a eu la la- titude > ''•:P7*;'^, vïjî :; 21^. 40^ La longitude eftimée 337. 35?. Remarque Le chemiu n'a été que de 17. lieues. J'ai remarqué que importante jg^ courans portent du Nord-Eft au Sud-Oueft ; car la Mer étant aflcz calme , je voiois des lits de courans qui fuivoient CCS airs de vent. Au Soleil couchant la variation a été ob- fervée de i^. 40^ Nord-Oueft. On voit que la variation diminue fort \ il faut s'attendre que bien tôt elle fera Nord-Eft. le^. Le vent de Nord-Eft a tant foie peu fraîchi. La route à l'Oueft-Sud-Oueft 3^. Oueft. La hauteur du Soleil à midi, a donné la latitude 21^^. 18^- On a eftimé la longitude 33(3. 20. Nous n'avons fait que 18. lieues depuis hier midi. La variation a été trouvée au coucher du Soleil à fort peu près de 1^^.40^ Nord- Oueft. Elle paftbic de quelques minutes , cependant elle devroic. diminuer. Le 4. Les Pilotes du Henri trouvèrent hieria latitude plus grande que nous de huit minutes. Dès hier au foir Se toute la nuit le vent a fraîchi, Se nous avons fait bon chemin. A huit heures du matin le vent eft venu à l'Eft-Nord- Eft , Se a encore pliis fraîchi j de forte que nous marchons très- bien. DE LA Louisiane. 41 très-bien. Par la hauccur du Soleil, qui cft bien près du zénith, on a eu la latitude de 20^. 38^ 17^0- La longitude a été de 334. 4^. ^^y- La route a été Oueft-Sud-Oueft un degré vers l'Oueft , ôC le chemin 31. lieues. Au coucher du Soleil , la variation a été obfervée de o^. 4o^ Nord-Oueft. Ce qui fait voir que celle d'hier au foir dcvoic être feu- lement d'un degré. Le vent eft au Nord-Eft frais , mais le Ciel aïant été Le 5. couvert tout le jour , nous n'avons eu la latitude que par eflime de 20 -. 0'. Et la longitude a été eftimée de 354. o. La route a été à l'Oueft-Sud-Oueft, Se le chemin 37. lieues. On obferva le foir la variation ; au coucher du Soleil elle fut trouvée nulle. On le fît avec grand foin. Le Henri ne marche pas bien ; nous n'avons eu toute Le G» la nuit que la mifenc &: les deux huniers fur le ton , &: nous avons penfé le perdre , tant il eft refté de l'arriére. Pour le rejoindre, on a couru une horloge au Sud Ouefl:, une autre à l'Oueft. Enfin à la pointe du jour nous l'avons vii derrière nous à une lieuë. Le vent étoit Eft-Nord-Eft frais , la Mer venoit de l'arriére , elle étoit fort grofTe. Le Ciel a été couvert de nuages très-déliez j à travers lefquels on voïoic le Soleil ; mais l'horifon étant gras , on n'a pas été content de la hauteur méridienne du Soleil , qui n'é- IQÏt qu'à 3'^. du zénith. On a eftimé la latitude de i^K zi^. Et la longitude 331. 48 . La route corrigée a été l'Oueft-Sud-Oueft , &: le chemin 3 y. lieues. L'amplitude obfervée , a été au Soleil Lç „ levant de ip'^. o'. . D'où on a conclu la variation de i. iz. Nord-Eft. Le venta été Eft-Nord-Eft bon frais toute la nuit j nous avons fait quatorze lieues en huit heures , aïant nos deux huniers fur le ton. Il n'y avoir que nos deux bafles voiles qui ferviffent. Au jour on a hiilé le grand hunier , parce que le Henri a fait fervir fes perroquets Se fes coutelas, îl ne nous faut pas plus de voiles que nous en faifons pour F 42i. Journal DU Voyage nous tenir par ion travers. Quelle différence d'un VaifTenU' 17 io. à l'autre ] Le Soleil n'a pas paru à midi , on a eflimé la la- ^^^7; titude de 18'. 3 3^ Et la longitude de . 330. o. La route a été Oucft-Sud-Oucfi: , ôc le chemin trente-fix lieues. On a pris une Dorade, c'eft la première que nous aïons vu de près , elle avoit deux pieds &: demi de long , un demi pied de large èc trois pouces d'épailTeur par Ton plus gros,. Nous en avons vu depuis de plus belle taille. Sa '• peau étoit colorée d'un bleu clair, mêlé de petites taches blanches fur le dos &: fur les cotez. Elle étoit blanche fous le ventre. Sa tète étoit blanche èc dorée, &: les racines des ailerons d'un très-bel azur ; le haut de fa tête fait en arc de près de 90=^ Depuis l'occiput fcrtoit le long du dos <^' une longue nageoire qui alloit en diminuant jufqu'à la queue. Vers la tête cette nageoire avoit quatre pouces de large, &: un peu moins d'un pouce vers la queue, qui étoit four- chée à l'ordinaire. La nageoire étoit compofée d'une peau qui étoit foute- nue par foixante arêtes, diltantes de trois lignes l'une de l'autre , &: qui diminuoient de longueur jufqu'à la queue. Le haut de cette nageoire étoit frangé. Les ouies étoient fai- tes comme aux autres poifTons. Cette Dorade , qui étoic petite , pefoit neuf livres poids de marc. Au coucher du Soleil , la variation fut obfervée de i<^. o^ Nord-Efl. REFLEXIONS Sur la Variation?, N parlera à la fin de ce Journal fort au long fur. la variation : il eft pourtant à propos d'en dire un mot ici. Il eft extrêmement difficile de déterminer les minutes, &: même un degré fur un compas de variation, dont la rofe n'a que de fix à huit pouces de diamètre. Le roulis du Vaiflcau empêche l'éguille & la rofe qu'elle porte de refler en repos. Tantôt cette rofe avance d'un ou deux de- grcz , tantôt elle recule d'autant. On a d'ailleurs peine de DE LA Louisiane. 42 couper le dirque du Soleil en deux parties bien égales, par ■ le moïcn des fils qui traverfenc les fenêtres de la bouflolc 1710. à laquelle ils fervent de pinnules , &: qui pallënt fur la ^^ï' pointe de la Chapelle. Les plus habiles Pilotes ne s'accor- dent pas bien fouvent à un degré près : nous l'avons déjà vu dans ce voïage, ôc nous le verrons encore. D'ailleurs toutes les éguilles ne font pas également ani- mées î on fuppiée à ce défaut en fe fervant de plufieurs bouf- foles en même-temps , &c en les comparant avec l'arc d'am- plitude qu'elles donnent. Après une longue fuite d'obfer- yations , on en trouve pluiieurs qui ne s'accordent pas. Dans ces occafions , quand on a obfervé le matin &; le foir , ou , du foir au matin fuivant, on peut prendre le milieu _, fi on n'a pas lieu de fe défier d'aucune des deux obfervations , pour avoir une obfervation plus sûre. Ainfî aujourd'hui 7. May il faudroit déterminer la variation Nord-Eft à id. 6\ mais, fans avoir égard aux minutes, nous l'avons établie dun degré. On. peut toujours obferver cette règle de rejet- ter cinq &c même dix minutes de plus ou de moins d'un degré, &c l'établir précifement au degré le plus proche 5 comme nous en ufons en Aftronomie pour pareil nombre de fécondes. La nuit nous avons eu des grains qui nous ont fait ferrer Le S. nos deux huniers. Le Ciel a été couvert toute la nuit, &: pendant le jour il y a eu beaucoup de nuages épais. Le Ciel s'eft pourtant un peu éclairci fur les neuf heures &: demi. J'ai pafié une lunette de trois pieds , car on ne peut fe fervir des plus longues à la Mer àcaufe du roulis, au moins pour le Ciel. J'ai paflé, dis-je, cette lunette entre deux corda- ges ferrez d'un hauban d'artimon , en les fiifant ouvrir de force i de force que la lunette étoit bien ferme , quand les cordages fe font refïerrez. Le tube de la lunette étant de cuivre , je n'appréhendois pas que ces cordages ni le roulis le crevaffent -, mais le roulis étoic fi grand &c fi fréquent, qu'il ne m'a pas été pofiible de tenir le difque du Soleil dans la lunette pendant plus de deux fécondes de temps ; encore ne pouvois-je pas voir tout le difque du Soleil à îa fois : de forte qu'il m'a été du tout impoflible de voir fi Mercure étoic fur le difque du Soleil , comme il y devoir être félon les Ephemerides de M. Manfredi fameux Aftro- Fi, 44 Journal du Voyage ' nome d'Italie j M. Maraldi célèbre Altronome de TAcadé- 1 7 z o. iy^Iq Jcs Sciences m'en avoit aufli averti, j'en ai bien dit ^^^y- regret. Il m'eft arrivé ce que j'avois prévu dès Toulon , que nous ne ferions pas à la Martinique afTcz à temps pour obferver ce pafTage de Mercure fur le Soleil, 11 auroic fallu y arriver huit jours plutôt. La Mer n'eft pas le fcjour d'un Agronome -, depuis Ma- dère à peine avons nous eu un beau jour qui fut bien fe- rein , &c deux nuits tout au plus. Il y a eu vers l'horifon , une groflc barre de brume , qui m'a empêché de voir les . Etoiles du Sud que je voulois obferver, auffi bien que l'Etoile du Serpentaire, que M. Maraldi m'avoit prié d'ob- fervcr : mais la principale raifon , c'eft que le plancher eft trop mouvant fur Mer. On n'a pas pu voir le Soleil à midi , Se quand on l'au- roit vu , il eft il près du zénith , que la latitude n'auroic pas été sûre. Il eft furvenu un grain de pluie en ce temps- là. On a eftimé la latitude de iS^. 8^ Et la longitude de 318. 3^* La route a été Oueft-Sud-Oucft , Se le chemin 3 1 . lieues. A trois heures j'ai pointé la lunette au Soleil ; le roulis ne m'a permis de le voir qu'un moment, je n'y ai poinc vil Mercure, 11 eft furvenu bien des nuages. Le foir à cinq heures j'ai encore regardé le Soleil avec la même lunette; malgré le roulis je l'ai fuivi allez long-temps , je n'ai poinc vu Mercure qui auroit paru comme une tache ronde. Mais quand il y auroit été, je n'auroispù le diftinguer , à caufe que pendant le peu de temps que le Soleil a pviru dans le jour , il a toujours été entre des nuages déliez. Au coucher du Soleil, la variation a été trouvée de i*^. o^ Nord-Eft. le ij. Dans la nuit nous avons fait bien du chemin, le vent étoit Eft-Sud-Eft affez frais, la Mer de i'Eft. Au matin on a mis toutes les voiles au vent , même les coutelas , Se nous avons bien marché. Le Ciel s'eft éclairci fur les huit heu- res. A midi le Soleil ne faifoit ombre d'aucune parc , c'eft- à-dire, que nous l'avions au zénith. Nous voilà difpenfé de prendre hauteur de quelque temps ; mais c'eft à notre dommage. On a eftimé la latitude de ly^. 11^. Et la longitude de 317. o. DE LA Louisiane. 4j La route a valu le Sud-Oucft ^ Oueft j &: le chemin a été crente-fix lieues. ly^o. Quoique nous aïons eu le Soleil au zénith, la chaleur ^1^7- n'a pas été fort grande ; car mon Thermomètre , * qui eft à l'air en lieu où le Soleil ne peut donner , n'eft monté qu'à 56. pouces 4. lignes à deux heures du foir. Nous avons eu le jour afTez beau ; mais le Ciel n'étoit pas ferein com- me en Europe en ces temps-ci. On a obfervé le Soleil à fon lever entre des nuages , la Le 10. variation a été trouvée comme hier au foir , quoiqu'on ne l'ait pas marquée , de i^. 30^ Nord-Eft. Le vent a été Eft-Sud-Eft médiocre , la Mer de même j comme nous portons plus au Sud d'un air de vent, nous roulons moins. Le Soleil étant trop près du zénith, on n'a pas pris hauteur à midi. On a eftimé la latitude de 16'^. iz^. La longitude a été conclue de 3 2 y. 25. La route a valu le Sud- Oueft -Oueft, 6c le chemin 34, lieues. Sur le midi le vent d'Eft-Sud-Eft a fraîchi,. 5c la Mer un peu groffi. On a toujours fait route au Sud-Ouelfc i: Oueft. La variation obfervée le foir , a été de z<^. o^. Nord-Eft. Le vent ôc la Mer comme hier ; la latitude eftiméc èc Le 1 1. celle qu'on a conclue par la hauteur du Soleil , difFeroienc de quelques minutes, le milieu étoit lyd. ^/^ La longitude a été eftimée de 32-3. 47. La route a valu le Sud-Oueft^ Oueft 3^^. vers l'Oueft, èc le chemin 3^. lieues. Les Pilotes du Henri différent des nôtres^ leur latitude eft de 14a, ^y^ Moindre de 1 1 ^ que la nôtre,leur longitude eft de 324. 46". C'eft 55)^ dont ils font plus à l'Eft que nous j ôc pour la variation ils la trouvèrent le 9. May au foir de o^. 30^ ' Nord-Eft : ils differoient d'un degré de la notre. On voie par-là combien il eft difficile à la Mer d'obferver , ou d'efti- mer avec précifion j car nos Pilotes font habiles : mais le fol n'eft pas ferme , & les inftrumens dont on fe fert font fort petits ôc peu exads. *II eft deM. Amontons, fon état moïeiieftà ^4, pouces, îc grand froid à " DE LA Louisiane. 45? quart de cercle & la lunette fur le terre-plaïn du rampauc qui regarde la rade, &: mon horloge dans un cabinet près ^7^^. des autres initrumcns. Le tout fuc configné à la fentinellc ^^y' par Monfieur de Feuquieres General des Ides du Vent, ôc Capitaine de VailTeau, homme de condition &c de mé- rite, qui me retint chez lui très-gracicufement pendant mon réjour dans ce Porc. Il y eut bien des nuages èc il plut fort le 15-. la faifon qu'on appelle l'hiver en ce païs-là approchant. Cet hiver, qui eft le temps le plus chaud de l'année , confifte en nua- ges 8c pluies , qui durent pendant les mois de Juin &c de Juillet , ce qui rafraîchie un peu lair &: fertilife la terre. Cette pluie n'efl; pas continuelle, mais par intervalles très-fré- quents en ce temps-là. Je ne pus donc faire autre chofe ce jour-là qu'arranger mes inftrumens , 6c mettre mon horloge en mouvement. Je ne fis d'autre obfervation ce jour- là que la fuivante Le i^. qui cft douteufe, à caufe du Ciel couvert de nuages, ôc des grains de pluie qui ont duré tout le jour &c la nuit fuivante. Vers le midi l'horloge n'étant pas encore réglée, je fuivis le Soleil qui montoit fort vite à travers des nua- ges déliez î mais vers le temps de la plus grande hauteur du Soleil ils s'épaiflirent un peu. La hauteur du bord fu- perieur du Soleil , qui eft l'mferieur en Europe , à caufe que le Soleil avoir paflé le zénith depuis le 25). Avril , fut de 8j^. 35^30^ Demi diamètre du Soleil Se 1," , de réfraction fouftradive 16. o. Vraie hauteur méridienne du centre du Soleil Sy. 19. 30. Déclinaifon du Soleil à ajouter 19. 14. 40. Somme 104. 34. 10. Dont ôtant ^o^. refte la hauteur de pôle du Fort Roïal 14. 34. 10. Le foir il y eut une émerfion du premier Satellite de Ju- piter , vers les huit heures , temps fort commode , mais les nuages &: les grains de pluie empêchèrent de l'obferver, Se de prendre aucune hauteur méridienne des Etoiles. G jo Journal du Voyage ~ Le matin à hx heures àc demi , étant au même endroit 1720. que ci-delFas, après avoir exactement calé le quart de ccr- May. ciCjj'ai pointé la lunette fixe à l'Oueft, puis au Sud-Oueft ^^ ^^* La baflefle de l'horifon de la Mer a toiijours été de 0^.11'. o^. Sur les huit heures nous avons fait en prefence de M. de Feuquieres diverfes expériences du Baromètre : Dans la première, après avoir bien purgé le Mercure, on a rempli un tube de 34. pouces, &; d'une ligne d'ouverture. Levuide fait , le Mercure efl refté à la hauteur de 2.j'^oi^c. j ^ugn» Mais un peu de Mercure eft refté dans la partie du tube vuide ; il étoit dilaté le long des parois du tube. Dans la féconde , que nous avons réitérée deux fois avec im tube aufli de 34. pouces, mais d'une ligne &: demi d'ou- verture i le Mercure étant parfaitement nétoïé, il eft refté feulement à la hauteur de . j^y?""^- y'^s». La partie du cube vuide eft reftée fort nette. Voilà trois lignes de différence dans la hauteur du Mer- cure dans le Baromètre. Ne pourroit on point attribuer ces trois lignes de plus dans la première expérience , à ce que le Mercure dilaté &: attaché aux parois du tube de moindre diamètre, foutenoit plus haut la colomne de Mercure qu'il ne convenoit à l'atmofphere ? J'ai toujours re- marqué le Mercure plus haut dans le tube , lorfqu'il y avoir un peu de Mercure attaché dans la partie vuide, mais non pas de trois lignes comme aujourd'hui. Par les hauteurs correfpondantes du Soleil prifes à travers les nuages & les grains de pluie, que je ne rapporterai pas ici , parce qu'elles n'ont pas été utiles ; on eut midi vrai le 17. à o^.z^. 1^6" , Hier il me fallut coucher à terre pour prendre la hau- teur du Soleil fi près du zénith, &: me tenir dans une pofl ture fort incommode. Aujourd'hui j'ai fait élever mon quart de cercle de 4. pieds ; & après l'avoir bien calé, &c avoir cfïliïé un grain de pluie abondante , j'ai pris la hauteur mé- ridienne apparente du bord fuperieur du Soleil à travers des nuages , de 8^^.21^.30^. D'où on a la vraie hauteur du centre du Soleil 8y. 6. 50. Ajoiitantladéclinaifondu SoIcil,quieftde 15?. 27. 55- On a la fomnie de 104. 34. 2,j. DE LA Louisiane. jî Otant 90^. reftc pour hauteur de pôle ôc la latitude du — Fort Roïal ^ I4^.34^^J^ 'T^^^o. Prenant un milieu entre la précédente Se ' "^' celle-ci, on a 14. 34. 17. Mais le Fort S. Pierre eft plus Nord que le Fort Roïal de 5. lieues, qui valent 9. minutes. Donc la latitude du Fort S. Pierre fera de 14^.45^ 17''. qui ne diffère que de 8^. de celle que le P.Fcuillce a oh- lervée , ÔC qui eft marquée dans le livre de la ConnoilTance des Temps. C'eft donc une bonne pratique, que celle des Pilotes , qui, dès qu'ils font par les 14^. 3o^ de latitude Nord , portent à l'Oueft pour aller à la Martinique, dont on voit de loin les Montagnes , fur-tout les Pittons ; de alors laif- fant à tribord le cap de la Tourmente, on aterre à peu près vers l'Ide aux Loups Marins, ou vers le Diamant. Il faut bien fe garder de porter à l'Oueft, fi on Te trouvoit par les 14^. 45^ de latitude, car on auroit peine à revenir au Fort S. Pierre, encore moins au Fort Roïal ; mais il faut prendre un peu du Sud , de peur d'être obligé de faire le tour de l'Ifle, à caufe des vents qui font à l'Eft, ou depuis l'Eft-Sud-Eft, jufqu'à l'Eft Nord-Eft ; mais le plus fouvent à l'Eft-Nord-Eft , &C la nuit il vient de la terre ; d'ailleurs il y a des Courans qui portent à l'Oueft. Je fçai qu'un Vaifteau le mois d'Avril paffé n'aïant pu gagner ce mouillage , a été obligé d'aller au cap François de llfle de S. Domingue. Mais c'eft aflez parler ici de Marine. Le foir le Ciel fut couvert , je ne pus faire aucune ob- fervation ; à peine pûmes nous voir quelques momens par des trous dans les nuages, la Lune , Jupiter &c Saturne , dont la figure étonna ceux qui eurent la curiofité de le voir pour la première fois de leur vie. Sa configuration n'avoit pour- tant rien de fingulier. Le Procureur General du Confeil de la Martinique me donna une petite pièce de canelle , laquelle eft d'un arbre planté dans fon jardin -, elle a le même goût que celle des Indes Orientales, aufTi l'arbre en eft-il venu. On voit par- là que les Canelliers viendroicnt fort bien à la Martini- que. Il me dit que la brume de cendres qui étoit tombée là nuit du 6. au 7. Mars 17 18. avoit fait bien du m.al aux Gij yi Journal du Voyage Orangers & Citroniers, mais non aux autres arbres. J'en 172.0. ai donné une Relation qui a été imprimée dans les Jour- -•^^y* naux de Trévoux en 17 19. ^ - -*> Le matin nous primes à huit heures Se demi la baflefle de l'horifon de la Mer avec les mêmes précautions. Elle fut ' • trouvée \a même o'.ii^. o^. De forte qu'il n'y a pas eu de variation dans la réfradion, quoique ce fut deux heures plus tard qu'hier , qu'on l'a ob- fcrvée > ce qui pourroit faire conclure que vers la ligne , &: même entre les tropiques , la puiflance réfradive n'eft pas fi grande que vers les 43.degrez où je l'ai long-temps ob- fervée, ôc où elle eft moindre que vers les 58^^. Mais il faudroit un plus grand nombre de pareilles obfervations pour tirer sûrement de femblables conféquences. Les grains de pluie fréquens m'ont empêché d'obferver dans les au- tres heures du jour ; &: il auroit fallu féjourner plus long- temps dans ce Pais ; ce que le Commandant de i'Efcadre avoit ordre de ne pas faire» : ;. - . ■ . Sxperle^ce du Baromètre, Pour me dédommager des grains de pluïe fi fréquens qui m'empêchoient d'obferver, je fis de nouvelles expériences du Baromètre -, d'autant plus volontiers que les nuages & la pluïe dévoient introduire de la variation dans le poids de l'atmofphere. D'abord après avoir purgé le mercure j. je le fis prendre par le Sieur Verguin mon DeiTmateur, ea plongeant une pompe de verre, dont le gros bout qu'on . plonge dans le mercure eft fait en forme d'olive, percée par le bas d'un fort petit trou; en plongeant, dis-)e , cette pompe dans le fond de la Porcelaine remplie de mercure, pour avoir le plus net. Nous remplîmes un tube neuf; après avoir rempli le tube , &: vuidé les ampoules d'air , le vuide étant fait,, je m'apperçûs que le mercure defcendoic peu à peu dans le tube , ce qui me fitconnoître qu'à la fou- dure, il éroit refté quelque pore imperceptible à Tœil par lequel l'air paflbit. Je pris donc un autre tube neuf ; étant rempli , le vuide fait , le mercure refta à 2.7?°"'- S^'s»" Ce tube avoir trente-quatre pouces de longueur , &: une Ii2;ac d'cuvercurcr DE LA Louisiane. j3 A'iant mis trente-un pouces de mercure &; laifTc trois — pouces d'air, quand on eut plongé le tube dans le vafe 17 ^o* plein de mercure , il relta à la hauteur de 1 8^^°"*^- S'^^"- ■^^^X- Aiant laiiTé fix pouces d'air , le mercure refta à la hauteur de 14. y. Ces expériences furent faites avec foin , & il pleuvoit fort pour lors. On fçait l'ufage qu'on en peut faire, pour la dilatation de l'air ; je ne m'y arrête pas à prefent, j'en parlerai à la fin de cet ouvrage. Je m'étois difpofé à faire diverfes obfervations agrono- miques , mais les nuages èc la pluie abondante , fur-tout vers le Midi , rendirent mon travail inutile , & notre Com- mandant aïant fait tirer un coup de canon , pour que cha- cun eut à fe rendre à fon bord , je m'embarquai avec tous mes inftrumens fur les cinq heures du foir , fort mal fatif- fait du Ciel de la Martinique. On verra dans la fuite que je n'ai pas eu lieu d'être plus content de celui du cap François , ni de l'Ifle Dauphine : c'efl que nous n'y fommes pas allez dans la faifon , conve- nable pour l'aftronomie , ni pour la fanté : de forte que je n'y ai fait que des obfervations pour la latitude &r pour la lon- gitude , qu'on trouvera dans la fuite de ce Journal. Je me fuis confolé fur ce que M. Richer fameux Aftronome de i'Academie des Sciences, a déterminé avec beaucoup de précifion pendant fon fejour dans l'Ifle de Caïenne, la lon- gitude &: la latitude des Etoiles du Sud , comme on peut le voir dans le Livre des Voïages de l'Académie. Plufîeurs riches Habitans de la Martinique m'ont invité genereufement à aller dans leurs habitations pour voir les Manufactures de Sucre &: dlndigo , ôc me fournir des Plantes curieufes du Pais j mais un coup de canon a em- porté tous les profits que j'y aurois pu faire pour les fcien- ces. Je renvoie donc les Curieux aux Livres du P. du Tertre & du P. Feîiillée, 5c confeille aux Aftronomes &: aux Phyfi- ciens , de ne pas fiire leurs tournées fur des Vaiffeaux du Roy, fi cela dépend d'eux. Les ordres que les Comman- dans ont de ne pas s'arrêter dans les rades où ils mouillent en pallant , ne s'accordent pas avec le loifir qu'il faut à gens de notre profeflion , qui ne doivent pas voiager en Cou- riers. G iij 5-4 Journal du Voyage 1710. ^^X- REFLEXIONS Sur un Bas- fond , quon dit être a l'Efi de U Martinique, MONSIEUR de Feuquieres me parla d'un Bas-fond, ou Haut- fond ( car l'un &; l'autre fe dit &: fignifie la même chofe ) qu'on lui avoit dit être à 10. lieues à TEft de la Martinique , &: qui avoit été découvert depuis peu. A ma prière il écrivit au Fort S. Pierre pour qu'on lui envoiât un extrait de la dépofition du Capitaine : il me l'a remis aujourd'hui. En voici l'abrégé dont j'ai ôté les termes du Palais. Le Sieur Jean-Baptifte Bordes , Capitaine Commandant la Louife de Bourdcaux , armée de (ix canons , du port de 80. tonneaux j a déclaré qu'étant le 15). Avril 1710. par la latitude de 14^. 40^ 6c par la longitude de 315 •• 34'. fuivant fa Carte, il s'ctoit trouvé fur des Hauts-fonds, ce qu'il auroit reconnu par une eau fort blanche & fort épaif- fe , avec quantité de limon & de brins d'herbes , &: de petites graines en forme de grapes de raifin ; ce qui lui fit prendre la réfolution de mettre fa Chaloupe à la Mer pour taire fonder par fon fécond. Mais s'étant appcrçû au vent à lui, d'un autre lieu de Hauts- fonds , ce qu'il reconnut par les mêmes marques que ci-delTus, il ne trouva plus à propos de mettre fa Chaloupe à la Mer , craignant de la perdre, avec l'Equipage qu'il auroit pli mettre dedans , &: fit route le cap à rOuefti- Nord-Oueft, pour éviter les Hauts-fonds &: tâcher de s'en retirer, ce qu'il fit Vendredi dernier à 4. heures &; demi du foir, une heure après les avoir reconnu, èc le lendemain 10. à fix heures du matin il reconnut cette Iflc , en étant pour lors à dix lieues , ce qui lui fit juger que ces Hauts-fonds font à zy. lieues à TEft de cette Ifle de la Martinique. Il ajoute qu'il vit fous le vent à lui , à trois lieues de ai- ftance lorfqu'il reconnut lefdits Hauts-fonds , un Brigantin , cjui par fes manœuvres parut être fort embarraflé , & même il crut que ce Brigantin alloit périr ; mais il fortit de cet embarras à même heure que lui. Tel eft l'extrait de la dé- DE LA Louisiane. yj poficion que j'ai vue dans les formes , fur laquelle je ferai les reflexions fuivantcs. ^7^o- I". Le Capicainc n'avoit pas befoin de mettre fa Cha- ^-^^y- loupe à la Mer pour fonder , à moins qu'il ne voulut fon- der bien au loin j il n'avoit qu'à mettre en pane , & laifler amortir Terre du Vaifïeau : il nous auroit donné par la fonde une aflbrance de la quantité des brafles d'eau qu'il pouvoit y avoir^fur le Haut- fond, au moins dans l'endroit où il étoit. 2". Les 14^. 40^ de latitude, &: les 31^^. 34^ de lon- gitude j donnent un point qui eft à l'Eft de la Martinique de vingt lieues &: non pas de vingt-cinq lieues ; mais il ne s'agit pas de cette différence de cinq lieues , elle peut ve- nir des diverfes Cartes dont on fe fert , & aufli de ce que le Capitaine peut s'être trompé dans fon eftime , ce qui peut fort aifement arriver. Mais peut-on penfer qu'un Haut- fond de cette grandeur , puifqu'il y avoit trois lieues de diftance entre la Loiiife &: le Brigantin , n'ait jamais fait brifer de Vaifleaux dans un parage aulli fréquenté que celui- là , par les Vaiffeaux Marchands ÔC par les Vaiffeaux du Roy de tant d'Efcadres qui ont couru cette Mer , &: qui doi- vent pafler fur ce Haut-fond, en venant ou fortant des rades de cette Ifle , foit que ces Vaiiïeaux aillent vers les les Ifles du Nord, foit qu'ils aillent vers les Iflcs du Sud, foit que leur route foit pour S. Domingue ou pour Cartha- gene, ou en venant à la Martinique ? Nous avons trouvé à la Mer de ces limons &: grapes de raifin , en des endroits où il n'y avoit point de fond ; ils peuvent être charriez de loin. Il ré fui te de là , que s'il y a un Bas-fond dans cet endroit-là, il y a pour le moins ly. bralTes d'eau, comme il y en a un vers l'Ille de Saba , dont nous parlerons bien-tôt j ôc qu'ainfi les Vaifleaux y peu- vent pafler de beau temps fans s'en appercevoir. Ne met- tons point fur les Cartes des dangers qui ne font pas à la Mer ; il n'y en a déjà que trop, non feulement de réels , mais même de faux, qui donnent afl'ez d'exercice aux Navigateurs/ ou fi on les marque fur les Cartes, il faut les diflinguer par une poncluation légère , qui fafTe connoître qu'on peut y pafler, ôc marquer le nombre des brafles qu'on y a trouvées. 3^. Pour peu qu'on aie été à la Mer, on connoît claire- ^6 Journal du Voyage ment que le fond du baflin de la Mer n'eft pas par-tout 1720. également élevé : il efl plus haut en certains endroits , plus ^^y- bas en d'autres, comme les montagnes le font fur la terre. Ce font donc les fommets des montagnes fous l'eau , qui étant plus ou moins élevez fous les eaux , nous donnent la diverfe profondeur qu'on trouve fur ces Hauts fonds, qui ne peuvent être dangereux que lorfqu'il y a moins de huit braffes d'eau , puifque les plus grands Vaidcaux ne tirent que cinq bralîcs j ou s'il fe trouvoit quelque quille de ro- che , qui s élevât deux ou trois brafles au-delTus du Haut- fond , ou bien encore d'un gros temps, lorfqu'il y a une groffe Mer , laquelle donne quatre à cinq braiïes de levée : c'eft pourquoi alors il faut fuu' ces endroits-là , qu'on re- connoît par les marques qu'on a donné ci-dcfTus -y 6>c parce que vers les écores de ces bancs la Mer eft grofîé, rude éc patouilleufe. La houle allant heurter rudement contre les cotez à pic , ou prefques à pic de ces Hauts-fonds , comme contre des murailles , en revient avec une grande impetuo- fïté ; Se rencontrant une autre houle, qui fe porte aulîi contre le banc, le chocq ne peut être que rude Ôc redou- table. Si un Vaifïeau tire peu d'eau, comme 12. à 15. pieds après avoir pafïé les écores d'un banc , fur lequel un autre qui tiroit plus d'eau aura brifé ; il fe trouve alors dans une efpece de calme , à caufe que la Mer rompue par les écores du banc, ne peut avoir fur le Bas-fond une grande agita- tion. Les Marins en fçavent allez d'exemples , c'eft pour- quoi je n'en citerai point. DESCRIPTION De quelques Fruits de la Martinique, J'ai vu à la Martinique des Bananes , des Patates, des Ananas , des Choux-Palmifles , des Pommes d'Acajou : Tous ces fruits ne valent pas, à mon avis, nos beaux hc bons fruits d'Europe. Je vais dire un mot de chacun. Les Bananes font ici un peu plus grolTes qu'à Madère, mais elle n'ont pas le goût plus fin i ce fruit eft afTez fade dans DE LA Louisiane. 57 dans ù douceur. La Patate eft une efpece de Topinambou, qui a la peau d'un vert afTcz foncé. La fubftance de ce fruit 17 ^ o* a le goût de la Châtaigne bouille. L'Anana eft fait com- •^^'^ï' me une Pomme de Pin , tant pour la figure que pour l'écorcc^ mais il cft beaucoup plus gros ; il a fix pouces de long , &: quatre pouces Se demi de large. Il croît au haut d'une ti- g;e , donc les feuilles reflemblent afTez à celles de l'Arti- chau. Il eft feul fur cette tige , &c du haut du fruit fort une toufte de feuilles plus longues , à mefure qu elles s'é- loignent du centre j elles tombent tout-au-tour, &: font dentelées en forme de fcie fine. Ce fruit a une odeur douce comme celle des fraifes, mais un peu plus forte. On ôce la peau de ce fruit , & le cœur , qui eft dur de coriafTe : on coupe le refte par tranches blanches , &; femées de quel- ques points mufc : on les met dans du vin avec du fucre. Ce fruit eft d'un fort bon goût , acide &c parfumé d'odeur de fraife ; il agace les dents s'il n'eft bien meur : c'eft le meilleur fruit de ce Pais. Les Choux- Palmiftes fe mangent comme les Cardes cuites dans l'eau : ils en ont le goût. La meilleure manière de les aprêter eft de les mettre à la marinade. Je ne viendrois pas exprès ici pour en manger. Les Pommes d'Accajou font plates Sc jaunes de couleur d'or î d'autres font d'un rouge vif. Leur noïau eft hors du fruit 5 fait comme une groflë fève ; la peau en eft dure à cou- per ; au-dedans la fève cft blanche : on la coupe en deux, & on la mange en guife de cerneaux , dont elle a le goûr. riufieurs Voiageurs ont parlé des Cocos, ainfi je n'en di- rai rien. MEMOIRE Fmr la Route que doivent tenir les Faijfeau^ qui vont de Lt Martinique , à Carthagene , d^ de-là à la Havane, ON m'a fait parc d'un Mémoire que je donne ici , comme pouvant être utile aux Navigateurs qui veu- lent aller en ces deux Ports. Lorfqu'on parj delà Marti- nique , ou que , fans y avoir touché on l'a reconnue , pour H jS Journal du Voyage alier à Carthagcnc il faut porter à l'Oucfti- Sud-Oucft fans ijio- prendre davantage de l'Oucft, à caufe que les Courans '^^^y* portent beaucoup au Nord-Oucfl. Dès qu'on cfl: par la la- titude de 12^1. ij^ on elt en état de reconnokre le cap de Chichibacao^ 6c le cap de /a Vêla ^ qui font par cette lati- tude, quoique les Cartes les mettent plus Nord. La cote - court Eft &: Oueft d'un cap à l'autre, ôd il y a 2j. lieues de difbnce. Loriqu'on eft précKcment à égale diftance en- tre CCS deux caps , il ne faut pas s'approcher de la terre ,. parce qu'il y a un Bas-fond dangereux qui s'avance au large plus de deux licuës ; mais le cap de U VcU eft fain &; fans aucun danger.. De ce cap au cap de las A^^uias ou des Eguillcs , on faic route à l'Oucft-Sud-Oucft jufqua Sainte Marthe, dont je donne ici le Plan de la rade, &: jufqu'à l'extrémité des Sierras nevadas qui font les très-hautes montagnes de Sainte Marthe. De-là on gouverne à l'Oueft ']\x(ç{\.\2i Morro hermofo Se Brijfio ciel gutto \ mais il ne £iut pas trop s'approcher de terre , parce qu'il y a des bancs : on la peut ranger à trois lieues de diftance; là il n'y a rien à craindre. De-Ià on ira reconnoître la pointe à Canoa ou à Canot, dont il faut ^. s'éloigner d'une lieue. Alors on découvrira la ville de Car- tliagene :. on mettra le cap deftlis , ^ on mouillera vis-à-vis- la ville par 7. 8. ou 5). brades d'eau , bon fond à une lieuë de terre. Si la nuit venolc quand on eft vers la pointe à Canoa ^ il faut prendre garde qu'à l'Oueft- Sud-Oucft de cette pointe il y a une bafte nommée Salmandine , qui eft un banc de roche fur lequel la Merbrife continuellement. Il faut donc y faire beaucoup d'attention, &: s'en éloigner avec foin ; quoique du côté de la terre on puifïe mouiller fort près de la roche à 7. braftes bon fond : on y eft à l'abri du vent d'aval, c<: il y a peu de Mer, parce que le banc de Salmandine la rompt. A deux ou trois lieues de Cartha- gène au Sud-Oueft, eft Boccachique, qui eft l'entrée du Port de Carthagcne, dont on voit une defcription exade dans le Plan qu'on donne ici. Quoique les brifes foient très-fortes à cette côte, il fait calme prefquc toutes les nuits , & le vent fe range à la terre. £a fortant de Carthagcne pour aller à la Havane , il faut >\ Si DE LA Louisiane. y^ tâcher d'aîlei: julqua la pointe de Canoa^ Sc le vent de ■ terre fcrc pour cela. De-là on fait route au Nord-Nord- 1710. Ouefi: jufqua 16K 30^ de latitude. Alors il faut gouver- ^^F- ner à lOucft, jufqu'à ce qu'on ait dcpafTé la Bibora^ qui eft une fuite d'écueils qui a près de 40. lieues de long. En naviguant à l'Ouefi: par ces i6-. î^. on trouvera le fond, &: c'eft celui de ScrrAmlU. Alors on fera route au Nord- Oueft, jufqu'à ce qu'on ait perdu le fond, & continuant la route, on ira reconnoître l'Ifle des Pins, &:de-Ià le cap de Corrîentes ^ dont on parlera dans la fuite du Journal. S\ en partant de Carchagene pour la Havane le vent ne permettoit pas de faire le Nord-Nord-Oueft , &: qu'il portât fous le vent ; dès qu'on fera par les 14-^. de latitude, on ne doit point faire route la nuit ; au contraire mettant le cap au Sud-Eft , on fe foutiendra à petites voiles jufqu'au jour. Alors il faut faire voile autant que le vent le pcrmectra , èc mettre des Gardes au bout des mâts , parce que toutes les roches de cette côre font fur l'eau , &: fe voient aifé- ment. 0\\ fera la route du Nord-Ouefl jufqu'à la hauteur de 17^^. de latitude , qui eil celle de la Bibora. Si quand on fera par cette latitude, on ne voit rien du haut des mâts, on mettra le cap au Nord-Ouefl j car tous les dan- gers de la traverfée font pafïcz, &: il faut aller reconnoître rifle des Pins , àc le cap Corrientes. Lorfqu'on a doublé le cap S. Antoine le plus Oueft de rifle de Cube, on doit tenir le vent, autant qu'il fe peur, jufqu'à %\^. de latitude. Pour lors on trouvera le fond à 50. ou Go. bralTes ( nous l'avons trouvé le 14. Août 1720. à 5,0. brafles ) par les 25^. de latitude, aufli-tôt il faut faire route au Sud-Sud-Eft: pour aller chercher le Port de la Havane. On doit encore prendre garde qu'à environ y. ou 6. lieu'és à rOueft-Nord-Ouefl: du cap S. Antoine, il y a une roche très-dangereufe , fur laquelle il y a peu d'eau : ainfl il faut pafler à une lieuë & demi du cap , pour le pafler sûrement. Il y a encore une autre roche Nord, &: Sud avec là rivière de Fuercos à la côte de la Eîavane , à 10. ou li. lieues de terre : la Mer y brifc bien fort ;, ôj il faut faire bon quart. Si après avoir dépafle le cap S. Antoine on avoit vent largue en allant à la Havane, il ne faut point trop s'ap- H ij (30 Journal du Voyage prochcr de la côte , qui gk Nord-Eft & Sud-Oneft, & \7 i o. qui va de ce cap à Baya-honda , parce qu'elle eft route heriffée ^^''ly- de rochers appeliez los Organos ^ ou les BafTcs de Sainte Ifabelle. Du cap S. Antoine fi on fait le Nord-Eft, on paffera tous cq^ dangers ; car dans ce paragc il faut beau- coup s'éloigner de la terre : mais fi-tôt qu on a paffé Baya- honda , il y a grand fond par-tout , 5^ on peut approcher la côte à la portée du fufil. Il faut avoir foin d'obfcrver la variation fur ces côtes. Elle étoit de 4^. Nord-Eft en 1720. comme on le dira dans la fuite. Defcription d'une Pirogue. En attendant le Canot pour aller à bord , j'ai vu fur le rivage dans la rade du Fore Roial, une Pirogue en chan- tier , prête à être lancée à la Mer , laquelle étoit compo- fée d'un feul arbre. Elle avoit 37. pieds de long de poupe à proue. On avoit creufé cet arbre de manière qu'il avoic 4. pieds 6. pouces dans fon plus large de dehors en dehors, d:C 4. pieds en œuvre : de forte que l'épailTeur du plat-bord eft de 3. pouces ; mais le bois augmente d'épaifl'eur à me- fure qu'on s'abaifTe, &; peut avoir 6. pouces vers la quille, le plat &; le genouil. La largeur de la Pirogue va en di- minuant de l'avant &: de l'arriére de près dun pied : on met quatre bancs depuis le milieu en avant. On place un grand niât vers le milieu de la longueur aufli haut qne celui d'un Canot. La Pirogue a encore un petit mat de l'avant, dont la voile eft latine ; pour celle du grand mât elle eft faite en trapèze, le côté d'en-hauc plus petit que le côté d'en-bas , mais ils font parallèles. Les deux longs cotez font à peu près un angle, l'un de 80. degrez, l'autre de 60. Ces Pirogues portent beaucoup pour leur grandeur, volent fur la pointe des flots, &: vont fort prés du vent : de forte qu'elles pincent le vent à trois airs de vent &: moins. On y met fix Nègres pour nager, manœuvrer & au gouvernail. On bâtit de l'arriére une ca- bane fort baffe pour les Paftagers , qui y font couchez. Ces Pirogues fervent à faire des traverfées d'une Ifle à l'autre. LeiS.au Le Commandant avoit dcfreté fon petit hunier dès le ioir, matin. Il eft arrivé en rade un petit Vaifîeau venant de la côte d'Affiique chargé de 300. Nègres pour S. Domingue, DE LA Louisiane. 6i Fort à propos il nous a trouvé prêts à partir ; le Capitaine — - - a demandé efcorte à notre Commandant qui la lui a ac- 17 io, cordée. Il n a plus à craindre les Forbans , qui infectent ^-^y* toutes ces Illes. Nous avons appareillé à huit heures du foir, &c fait route à l'Ouefl-Nord-Oueft. Il nous a fallu trois heures pour lever notre ancre. Il falloir que la patte de l'ancre fe fut engagée entre quel- ques affifes de roches , ou entre deux lits de la même ro- che, dont les C aies font compofez ; & que le Vaifleau ti- rant par fon cable fur cette patte , elle fe fût d'autant plus enfoncée entre ces deux lits. On a faifi le cable avec des palans appliquez au tournevire. Enfin l'ancre a quitté fans que ni le cable, ni la patte fefoient rompus. Il en a coûté bien de la fatigue à l'Equipage : Tel eft le fond des Caies. A l'extérieur il paroît de vafe noire î m.ais elle couvre des roches affez molles. Il faut quelquesfois rompre la roche pour dégager la pacte de l'ancre. Il elt arrivé à des Vaif- feaux d'emplo'ier huit heures à lever l'ancre , quoiqu'on leur envoïât des autres Vaifléaux leurs camarades, jufqu'à yo. Matelots pour virer au cabeftan. Le matin à fix heures , la pointe la plus occidentale de Le i<^; la Martinique nous reftoit à trois lieues à l'Eft. On. n'a pas pris hauteur à midi à caufe du voifinage des Ifles. A midi la Dominique nous reftoit Eft-Nord-Eft à 7. lieues. A 5. heures la Guadaloupe nous reftoit au Nord-Eft , &c au Nord- Eft -i; Eft , à environ dix lieues. Le foir nous avons pris deux ris à nos huniers pour attendre le Vaifleau Net^rier qui ne marche pas bien ; &; nous nous fommes mis fous nos quatre voiles majors. Le vent étoit Eft-Nord-Eft aflez frais , &: la Mer aflez grofle. On a fait route au Nord ^ Nord-Oueft, l'amure à tribord. A midi nous avions fait zi. lieues. Le foir la Guadaloupe nous reftoit Eft-Nord- Eft à environ 11. lieues. Au coucher du Soleil, la variation a été obfervée de 4^. y\ Nord-Eft. A fix heures &: demi on a jugé à propos d'arriver &: porter à Oueft-Nord-Oueft pour reconnoître l'Ifle de Sainte Croix près de Porto-Ricco. Sur le foir il a fallu carguer les bafles voiles , &: amener les huniers fur le" ton, pour ne pas dépafler le Henri, qui porte fes quatre grandes voiles, Hiij éL Journal du Voyage & attendre le Négrier qui court à toutes voiles, &: ne peut 172.0. marcher. ^^•^y* Le matin l'iilc de Montferrat nous reftoit au Nord-Efl io. ^ ^^ lieues } on a reconnu cniuitc llfle Redonde , puis Nievcs , S. Chrifloplilc , enfin i'ille de Saba , laquelle à midi nous reftoit au Nord 4- Nord-Ell à 12. lieues. A midi par la hauteur du Soleil , on a eu la latitude de 17!. o'. Le chemin a été efthiié 38. à 40. lieues. Ici nous n'a- vons que faire de longitude. REFLEXIONS Sur un Bas -fond qui efi fur la route de U Martinique ^ à PortO'Ricco. 'a voi s une Carte faite à la main que M. de Montlaur I Capitaine de Fregatte, de mes amis, m'avoit fait la grâce de me prêter en partant de Toulon. Sur cette Carte eft marqué un Bas-fond , ou , comme on dit aux liles , un Haut- fond , qui ne fe trouve point fur les Cartes de Vankulen, ni de Pieter-Gos. Je refolus de l'obferver quand il en fe- roit temps. L'après-midi à une heure environ, je remar- quai que l'eau de la Mer étoit fale &: blanche en divers endroits autour du Vaifleau. Ces taches nous annoncèrent le Bas-fond. Je ne doutois pas qu'il n'y eut plufieurs braf- fcs d'eau defïus ; puifque nos armées Navales avoient pafïées defllis en allant débouquer par Porto-Ricco j mais il nous a paru important d'avoir une connoiffance exade du fond qu'il y avoir, &: de la largeur de ce Bas-fond. Il court Nord-Nord-Eft &: Sud-Sud-Oueft, jo. lieues depuis rifle de Saba, ( laquelle à midi nous reftoit au Nord- - Nord- Eft à 1 2. lieues , comme on vient de le dire ) jufqu'à rifle d'Ave , autrement de l'Oifeau. 11 eft large d'en- viron deux lieues. Nos VailTcaux mirent en pane dès qu'ils s'apperçurent du Bas-fond. Monfieur de Vallette fît aufîi- tôt fonder, on trouva ly.braflesà la première fonde fond de fable \ dc c eft ce fable qui troubloit l'eau de la Mer , comme je l'ai dit ci-dclllis. Oniitfervir, demi-heure après DE LA Louisiane. 63 ®n ne trouva que dix brailes. On avoir toujours l'œil fort — ouvert j il y avoit peu de vent &: peu de Mer. Continuant 17^0. la route demi heure après on fonda une troifiéme fois , &: ^^^Y' on trouva 15. braffcs fond de roche. On a fondé une qua- trième fois demi heure après, de on a trouvé 20. braflcs fond de vafe ; de forte que dans une heure nous avons aup-- monté de dix bradés. On a continué encore une horloge la route à FOuell:, &: aïant fondé une cinquième fois , on n'a pas trouvé de fond. Ainfi le banc étoit pafTé. Alors on a porté à FOueft-Sud-Ouefl. On a encore fondé, mais on îi'a pas trouvé le fond. Il réfulte 10. de ces faits, qu'à la première fonde à la- quelle on a trouvé 15:. braffcs, il y avoit bien demi-heure que nous étions fur le banc, 6C peut-être plus. 2\ Que ce banc, qui eft une chaîne de Montagnes donc les Ides de Saba Se d'Ave font les deux têtes , efl fait en dos d'âne , comme la plupart des Montagnes y dont le pluS' haut eit à la fonde de dix brades. 3^. Que cette chaîne s'élève adèz perpendicuîairemenc - des deux cotez , puifqu a la cinquième fonde nous n'avons pas trouvé de fond , quoi qu'à la quatrième nous n'aïons trouvé que 20. bradés. La chaîne va en s'abaidant vers ride de Saba, où des Matelots m'ont adliré qu'il y avoit plus de fond ; &c c'eft peut-être par cette raifon que les Vaideaux de guerre qui ont padé avant nous , ne fe font pas apperçû de ce Bas-fond, puifqu'ils ont prefque touS' pade à fix ou fept lieues de cette Ide , au lieu que nous en avons pade à douze lieues. Dans ces parages les courans portent au Nord , ce que nous avons reconnu par la latitude d'aujourd'hui vingtième qui a été plus grande que nous ne l'avons conclue de nôtre cftime. A midi nous nous failions à cinq lieues du Bas-fond 6c à trois heures nous nous fommes trouvez dediis, quoi- que le vent fut foible au Nord-Nord- Eft, &c qu'il y eut peu de Mer. Aind les courans courent au Nord-Oueft. Tout ceci peut fervir pour les Vaideaux qui paderont après nous. A y . heures &: demi du matin l'Ide de Sainte Croix nous Le zu reftoit au Nord à 10. lieues. Au lever du Soleil la varia- tion obfervée a été de 4^^. 44^Nord-£rt. 64. Journal du Voyage * A midi l'Ifle qui elt à l'Efl de Porco-Ricco nous rcfloic 1720. au Nord a dix lieues ; nous avons pour lors découvert Porto- ^^^Y' Ilicco , qui étoic au Nord-Oueft de nous à 14. lieues. On voïoit une terre noïce fore longue , qui court tft de Ouell:. Notre route a été Oued ~ Nord-Oueft deux degrez vers rOueft. Depuis hier midi le chemin a été de 38. lieues. On n'a pas pris hauteur à midi , le Soleil étant trop près du zénith. Le foir à fix heures on a relevé la petite îfle à TEft de Porto-Ricco. Elle nous rcftoit au Nord-Ell: -V Eft à 11. lieues. Le milieu de Porto-Ricco nous reftoit au Nord à 7. lieues , & la pointe la plus Oueft de Porco-Ricco au Nord- Oueft à I y. licuës au moins. Le II' Nous avons prolongé la côte de Porto-Ricco depuis hier midi, jufqu'à midi de ce jour. Le chemin a été de 36". iieuës , & la latitude eftimée ly"-. ^o\ Le cap Roxo nous reftoit pour lors auNord-Nord-Oueft à j. lieues, le vent a été à l'Eft &: à l'Eft-Sud-Eft aftez frais. La route nous a valu l'Oueft-Nord-Oucft. Le foir on a dé- couvert au Nord de nous à 5. lieues i'Iflot Zacheo, &: nous avons fait route au Nord-Oueft pour entrer dans le canal de Porto-Ricco. On a enfuite porté au Nord-Oueft ^ Nord. Au Soleil couchant on a obfervé la va- riation de 4^ 41^ Nord-Eft. Le Vaifteau Négrier fe trouve bien de notre compagnie ; il s'étoit un peu écarté la nuit , ce matin il nous eft venu rejoindre. Le matin à huit heures I'Iflot Zacheo nous reftoit à l'Eft- Sud-Eft 4. Iieuës. Les Mones nous reftoient au Sud à 7, ou 8. Iieuës. On les voïoit de la hune. Au lever du Soleil , la variation avoit été obfervée de 4^^. lo^Nord-Eft, Depuis les 5 . heures du matin jufqu'à midi , nous avons fait 1%. Iieuës au Nord-Nord- Oueft. A midi la latitude a été eftimée de , ï^d. ij^. Ce foir la variation a été obfervée au coucher du Soleil de 4. o. Nord-Eft. Defiriftlon d'un Fou, On a plis aujourd'hui dans le Vaiffeaii un oifeau de Mer , qui ^625. DE LA Louisiane. ^j qui en volant a donné contre une voile : on l'appelle un — ■ Fou , Se il en a fait là le trait. Son manteau étoit d'un beau 17^0* mufc clair , 6c Ces aï les auffi. Elles avoient des taches noi- ^''^^^' res à leur extrémité. La plume de fon manteau étoit très- fine &c très-unie. Son parement d'un gris cendré, femé de petites taches noires. Il avoir aux pennes neuf grandes plu- mes -y la plus grande avoir neuf pouces , Ôc la plus petite trois. Il y avoir un autre rang de plumes plus courtes. Son vol étoit de 44. pouces de longueur, 6c Ces aîles de vingt. Son col avoir fix pouces, fon corps en avoir dix ]ufqu'à la queue , laquelle eft ronde èc de même couleur que les ai- les. Son bec eft bleu , long de trois pouces &: demi ; gros d'un pouce vers la racine. Ses narrines ètoient à l'extré- mité d'un canal , qui s'étendoit de part &: d'autre le long de fon bec. Ce canal étoit rond, &c gros comme une corde fine de Claveflin. Ses paupières étoient bleues , la prunelle noire , l'œil de couleur d'or clair ; fes pieds longs de fix pouces , & fcs pattes comme celles d'un Canard, mais plus blanchâtres. Il s'eft laifîé prendre patiemment toutes ces di- menfions. Après un jour de féjour avec nous paffé fami- iieremenr , il a jugé à propos de retourner à Porto-Ricco ; car nos Mouffes commençoienr à l'incommoder. On a fait route au Nord-Nord Oueft, nous aurions Le 24» mieux fait déporter au Nord-Oueft pour approcher la côte de S. Domingue ; d'autant plus que dans ce Canal lescou- rans portent au Nord. Les vents étoient foibles la nuit &c le matin ; nous n'avons pas fait grand chemin. Enfin vers le midi nous avons porté à l'Oucft, parce que nous étions trop loin de S. Domingue. . ^ La latitude a été eftimée de 18^^.4(3''. Le chemin depuis hier midi ii, lieues. Au coucher du Soleil , le cap Cabron de l'Iile de S. Domingue nous réf. toit au Sud-Oueft j Oueftày. lieues. La variation a pour lors été obfervée de 4'^, 2o^Nord-Eft. Les Pilotes du Henri trouvèrent le 23. May la variation de 3'. Nord-Eft, c'eftun degré moins que nous : les Pilo- tes du Vaifleau Négrier la trouvèrent le même foir de yd. Nord-Eft , plus forre que nous d'un degré. Tout cela con- firme ce que nous avons dit ci-devant , dont nous parlerons m détail à la fin de ce Journal» I éê Journal du Voyage. ■ '■■'"■ Au lever du Soleil , la variation a été 1710. trouvée de 4'^. 30^ Nord-Eil, ^^y- A midi on a relevé le vieux Cap François , il reftoit au ^^*5' Sud-Sud-Eft à deux lieues &c demi. Le Soleil étant trop près du zénith pour pouvoir fe fervir de l'Arbalcltrille ou du quartier Anglois ( car ici mon quart de cercle , quoi- que grand, eft de relais, le plancher n'étant pas ferme ) on a eftimé la latitude zo^. 10^. Le vent a varié du Sud-Eft à l'Eft-Sud-Eft petit frais* La route a valu l'Oueft ^ Nord-Ouefl 3^. Oucft. Le che- min ne devroit être que de 30. lieues j mais à caufe que les courans portent à l'Oueft- Nord-Oueft, &; qu'ils nous ont aidé, on doit eftimer le chemin 36. lieues. ^"ei(j. La route a été Oueft-î- Nord-Oueft, Depuis midi d'hier à midi d'aujourd'hui, nous avons fait vingt-cinq lieues. Il nous refte z^. lieues jufqu'au mouillage du Cap. Le foir fur les 5. heures on a relevé Monte- Chrift, ou la Grange, qui nous reftoit à huit lieues au Sud-Oueft. On n'a pas pu obferver la variation. REFLEXIONS Sur la Navigation de la Martinique , aî4' cap François de Fl/Iô de S, Domingue. JL me paroît que partant du Fort Roïal pour aller au Cap , il eft plus à propos de ranger la Dominique , les Saintes, la Guadaloupe à 3. ou 4. lieues au plus, que de s'en éloigner de 8. à 9. lieues. On va reconnoître enfuite Montferrat, Redondo , Nieves &: S. Chriftophle i fliutc de cela on eft inquiet dans une navigation dans laquelle on n'augmente pas beaucoup en latitude , dont on ne peut avoir une connoifTance certaine lorfqu'on a le Soleil près du Zenith, comme il vient de nous arriver. Il y a aulîi plus d'eau fur le banc qui court de l'Ifle d'Aves à l'Iflc de Saba, lorfqu'on le traverfe près de celle-ci : on y trouve 20. brafïes d'eau, Il nous n'en trouvâmes que 10. où nous le cou- pâmes. Il eft vrai qu'il faut bien reconnoître Tlflc de Sainte* DE LA LoUlSlANE.,r Gj, Croix avant que d'aller à Porto- Ricco-î mais il fuffic pour . . --.^r.^^ cela d'en pafler à 4. lieues au Sud. Alors il n'y a point à 17 ^O' craindre de donner £ur le banc qui eft au Sud &: à l'Eft May., de rifle de Sainte-Croix. Après ayoir dépaflc ce banc , il faut courre jà l'Oueft le long de Porto-Ricco à 5. Ueu^S; de diftance -, & quand on aura reconnu le cap Roxo , le plus Occidental de Porto-Riccoà 4. lieues de diftance , il faut faire route au Nord-Oueft jufqu'àce qu'on ait reconnu au Nord l'Iflot Zachée , qui eft haut -, pour cela il faut avoir àQs vigies fur les mâts , &: laifl'er à bas bord les Mones à 3. ou 4. lieues, qui font deux Iftots peu élevez, mais que les vigies reconnoitront du haut des mâts. Pour lors il faut porter au Nord-Oueft &: non au Nord, ni au Nord- Nord- Oueft, tandis qu'on eft dans le canal de Porto-Ricco. On évitera par cette route le banc qui eft à l'Eft Se au Nord du cap Samana , le plus oriental de l'Ifle de S. Domingue. Quand on a dépafté ce cap on, peut faire route au Nord- Oueft ~ Oueft à 4. lieues de la côte, fans craindre aucun Bas-fond, quoiqu'il y ait des Cartes qui en marquent. De^ cette manière on dépaiïera la grande anfe qui eft entre le cap Samana &: le cap Cabron, d'où on courra à l'Oueft- Nord-Oueft jufqu'au vieux cap François, à 4. ou y. lieues de diftance ; &: on laiflera par-ïà bien au loin le Mouchoir- quarré. Depuis ce cap il n'y a pas de reconnoiflance bien diftinguée, jufqu'au Monte-Chrift ou la Grange ; mais la côte eft faine, 6c on peut la ranger à -3. liêuës, &: même moins. . Quand on aura bien reconnu Monte-Chrift à deux lieues , il ne fiiut pas d'abord porter au Sud-Oueft, mais il faut iaire rOueft-Sud- Oueft , &: une heure après le Sud-Oueft : ainfi on évite des écueils qui font près de Monte-Chrift j enfuite on fera route au Sud-Oueft 4- Oueft. Il refte 12. à 14. lieues jufqu'au Cap, mais elles font bien-tôt fûtes à caufe des courans qui portent à l'Oueft , &: qui pourroienc faire dépafler l'entrée de la rade du Cap, fionn'y étoit pas bien attentif. O^ auroit de la peine à y revenir, à caufe des vents &: des courans contraires. Le matin à 5- heures on a relevé la Grange qui nous réf. Le t-j] pic au Sud-Eft à 6, lieues ; on a fait route à l'Oueft-Sud» I ij '^S loURNAL DU Voyage ■ '■ •■' " Oueft , poiu* éviter les récifs qui font à fOueft de la Grangd 5 il 2.0. puis au Sud-Oueft à une heure nous avons vu un halo au- ^^y* tour du Soleil , qui nous annonce du mauvais temps. Deux heures après nous nous fommes trouvez à l'entrée de la rade du Cap 5 nous avons couru fort près de terre, après quoi les Pilotes du Cap nous ont conduit par le chemin marqué dans le Plan de cette rade qu'on donne ici. Après avoir pafTé les récifs , Se rangé la terre à trois cables de diftance , ils ont fait porter au Sud-Oueft , jufqu'à ce que l'Eglife du Bourg nous ait refté par une pierre blanche qui eft dans la montagne. Alors nous avons mouillé par les 10. brafTes fond de vafe, ôc nous avons affourché avec une grolfe ancre. Il fuffifoit d'une ancre à toùer. 11 s^étoit af- îemblé grand nombre de Vaifleaux dans cette rade, qui dévoient partir enfemble à caufc des Forbans j ils ont fa- lué la flamme des Vaifïeaux du Roy , chacun de fept coups de canon. Le Commandant leur a répondu coup pour coup. Il a fait mettre flamme d'ordre ; les Capitaines de ces Vaif^ féaux fe font rendus au Henri pour recevoir les ordres. OBSERVATIONS Faites aa Ca^ François , dans Vljle de S. Bomingue. E viens de dire qu'en arrivant au Cap, nous avions vu' un halo autour du Soleil. Il étoit accompagné de toute les couleurs qu'on a coutume d'y voir , &: fon diamètre étoic de la grandeur ordinaire. Il y avoir un grand cercle blan- chcâtre, dont le Soleil étoit le centre ; un petit cercle dont la circonférence paffoit par le Soleil , &: s'étendoit du côté du Nord, coupoit le grand cercle en deux points, où il y avoir deux images imparfaites du Soleil , qui n'étoient ni fort brillantes, ni bien terminées, comme l'étoient celles que j'avois vu à Marfeille le 1 3. May. 1695^ Ce Plienomene nous annonçoit le mauvais temps que nous eûmes ce foir-là. A peine eûmes nous mouillé que M. de Vallette notre Capitaine ô^ moi , allâmes voir M. Caffaro. Dans le temps que nous converfions avec lui fur î) E LA Louisiane. ^cj le Henri , &: qu'avec les Officiers de ce Vaiflcau nous nous — entretenions dans la galerie du Vaiffeau, il s'éleva un fi fu- lyz-o* rieux orage de vent, de pluie, d'éclairs &; de tonnercs , ^^^Y' que les plus intrépides en étoient étonnez. La foudre tom- boit en même-temps de tout côté de l'horifon. Les éclairs qui ferpentoient & duroient long-temps dans les nuées , étoient d'un feu bleuâtre, mais fi brillant &: fi précipité, qu'on n'en pouvoit foutenir la vue. On peut juger du bruit affreux qucfaifoicnt ces tonnerres dans un lieu entouré de hautes montagnes. Il y eut en quatre endroits des Nec^res tuez Se des arbres rompus. Hcureufement la foudre ne tomba pas dans la rade, ce qui auroit fans doute fait cef- fer notre converfation , ôc peut-être mis le feu à quelques- uns des Navires qui y étoient en grand nombre. Je defcendis à terre le 28. May avec mes inftrumens. J'allai loger chez les PP. Jefuites , dont la maifon fituéc au pied de la montagne, laquelle eft à l'Oueft, a un fort bel afped du côté du Nord , ôc la rade du côté de l'Eft & du Sud. On voit auffi la grande Mer au-delà de la rade; de forte que j'y pouvois obferver commodément. Je mis en ordre ce jour-là mes inftrumens ôc l'horloge, pour être en état de commencer le lendemain. J'obfervai de defîus un perron de maçonnerie qui eft à l'entrée du falon de la maifon $ &; ma grande lunette étoit fuportée par un ma- tereau , que je fis lier à un des pieds droits de la porte du jardin qui eft au bas du perron. La baflefle de l'horifon de la Mer pointant à l'Eft-Sud- Le 2^: Eft , fut trouvée , le quart de cercle étant bien calé, de oi^^^o^''. Il y eut des nuages le matin , ainli on ne put point pren- dre des hauteurs du Soleil pour régler l'horloge , laquelle etoit dans ma chambre fur le jardin. Le Soleil eft fi voifin du zénith &: fi ardent , qu'il en toute pour prendre fa hauteur méridienne en ce temps-ci dans ces climats. Cependant il a fallu m'en contenter ; car, dans les neuf jours que j'ai refté au Cap , je n'ai pas eu une nuit pendant laquelle le Ciel fut allez ferein pour pren- dre des hauteurs méridiennes des Etoiles. C'eft qu'ici, comme à la Martinique , nous étions dans la faifon de^ pluies j ce qu'on appelle l'hiver» I iij yo Journal du Voyag-& ..*_ Hauteur méridienne apparente du bord boréal du Soleil, 17Z0. qui eft l'inférieur 87^^.45''. 30''''. ^^y- Demi diamètre du Soleil moins z" , de ré- fraction additive Vraie hauteur méridienne du centre du So- leil ■'■'-'■-[ : Déclinaifon du Soleil additive Somme ] Otant c)o'^. refte la hauteur de pôle ou la- titude du Cap Le temps couvert ne me permit pas l'après-midi de faire d'autre obfervation . J'allai rendre mes devoirs à M. le Comte d'Arquien Gouverne4.n* du Cap, &: à M. de Charité Lieu- tenant de Roy de la partie de Flile que les François pofle- dent. Le 30. Je pris les hauteurs fuivantes pour régler l'horloge , foie pour avoir des hauteurs méridiennes du Soleil plus préci- {qs , foit pour quelqu'obfervation des Satellites de Jupiter, pour la longitude. Mon DcfTmateur qui ccoit logé chez les PP. Jefuites, comptoit à l'horloge 6c moi j'obfervois. ly- 50. 88. I. 2.0. ZI. 43- yo. 105?. 45- 10. 19. 4y- 10. Hauteurs du bord fumerie ur du Soleil. Soir. 17. 4^. ^6. 54. 30. z. 3. Z4. Matin. Soir. 5>h.i4^i2^ ^6^.1^, 45^ z^7^i4^j ^. , ^ ^, ,. Par le calcul il rcfulte qu'on a eu Midi vrai à i IIl.4o^ 3 5^ De forte que l'horloge tardoit fur le temps ; vrai, de . ■ 19- 2<5'.j [^ Comme elle étoic trop éloignée du temps vrai , je l'ai avancée de I5)^ ainfi elle ne tarde plus que de i\^ , En prenant les hauteurs du Soleil le matin, je vis fur fon dif- que un grand nombre de taches ; je les obfervaij mais comme ces obfervations font douteufcs , je ne les mettra^ pas ici. Je réiifhs mieux le premier Juin. Hauteur méridienne apparente du bord boréal du So- leil 87:. 38'. o\ Donc vraie hauteur méridienne du centre 4u Soleil 87, %^:,, yo. DE LA Louisiane; 71 Déclinairon du Soleil additive ii^. ^i^, ^o'\ — Somme 105?. 45. 40. 172.0. Otant ^oK reftc la latitude du Cap François ^^X* dans i'Iflc de S. Domingue 19. 45-. 40. Le Soleil avoit paflc au zénith du Cap le 18. May, ce qui m'a fait Elire ainfi le calcul. A fix heures du matin la badcfTc de l'horifon de la Mer, Le 31; fut de Qcl.y^ 30^. A neuf heures du matin elle fut de o. ^. o. On a pointé la lunette du quart de cercle à r£{l-Sud- Eft, ôc obfervé avec foin. Le Ciel Si l'horifon étoient em- brumez à fept heures d'une brume très-fine ; mais la brifc qui s'eft levée fur les huit heures l'achaflée, & le Ciel étoit net à neuf heures. A quatre heures du foir la brife venant toujours du large , la balleile de l'horifon fut de o^. c^^ o'''. Le trente à fept heures du matin , la baflëfle de l'horifon avoit été de * o. 10. o. - A huit heures du matin elle avoit été de o. 5). 3 o. On a jugé à propos de joindre œs obfcrvations enfcmblc. On prit des hauteurs le matin pour l'horloge j mais le foir il y eut des nuages. A fix heures &c demi du matin , je pris la figure des ta- ches du Soleil, telle qu'on la voit dans la figure fuivante. Je n'en n'avois pas vu de fi grandes , &: en fi grand nombre. Hauteur méridienne apparente du bord boréal du So- leil Donc vraie hauteur du centre du Soleil Déclin aifon du Soleil additive D'où on a , comme ci-defïlis , la latitude du Cap François Je n'ai pas été aujourd'hui plus content qu'hier des ob- fcrvations que j'ai faites des taches du Soleil : je ne les donne pas. La nuit le Ciel a été couvert par intervalles , on n'a pu prendre la hauteur méridienne d'aucune Etoile. A huit heures la bafTeffe de l'horifon de la Mer Le pre- a été de o^^.^^ 15^. ™ei: de A cinq heures 47. minutes du foir 5 elle a été de o. 8.45. J^^"- Il y a eu tout le jour une brume fine dans l'air chafféc par un vent foiblc de Nord-Eft. 87J .29^ . 0". 87. 44- JO. 22. I. 0. 19. 4T. yo. 7^ Journal du Voyagé, Hauteurs four l Horloge. Bord fupetieiir . 4y. 38, Donc ôtant 90^. refte la hauteur de pôle du Cap François 19. 45. 38. Je n'efperois pas , à caufe des nuages , pouvoir obferver rémerfion du premier Satellite de Jupiter qui 4cvoit i^rri* ver ce foir , j'ai pourtant eu ce bonheqr, Emcrfiop. 81^48^ i8^ 8. 48. 18. 45>. 14. 50. 10. JO. 34. Q^\ 2. \6, I. 52- 0. ^6. 1 I. 20. ly- 5'- 87. 22. 34. 1 1. 8. ^0. • Jrc7che<.i c{(i x.'fhlûd oc loR 'Voy- &c n'ai eu garde de courir les champs pour chercher des 172-0. fimples. Le Soleil eft fi ardent en ce Pais-ci dans cette J^^"'- failon , où nous l'avons près du zénith, quon ne peut {or- tir des maifons depuis les neuf heures du matin juiqu'à cinq heures du foir fans rifquer fa vie, ou bien il faut avoir la tête des Nègres , lefquels tête nue ôc corps nud font au Soleil du matin au foir fans s'en reffentir. Le matin à fîx heures la pointe de Maify la plus Elt de Le <•. rillc de Cube nous reftoit au Nord-Oueft à trois lieues. On a obfervé la variation , elle a été de j^. 1 1^. Nord-Eft, Dans la nuit le vent a été frais à l'Eft-Nord-Eft ; quoi- que nous aïons ferré notre grande voile &: la mifcne , Se amené les deux huniers fur le ton, nous n'avons pas laifîè ^e faire bien du chemin ; de forte que le matin nous avons vu à bas bord les montagnes de Leogane èc de la Côte occidentale de S. Domingue. Outre Leogane &c le petit Goave , il y a dans la Côte du Sud de cette Ifle , mais à rOueft, une fort bonne Rade, qui eft la Baie d'Aquin, 4iont je donne ici le Plan , parce qu'il peut être utile à nos Vaiffeaux qui fe trouveront fur ces Côtes. A huit heures le vent a fauté au Sud-Sud-Eft qui nous a donné divers grains de pluie. Nous avons porté au plus près au Sud-Oueft pour nous éloigner de la Côte de Cu- be, dont nous fommes voifms , à caufe des courans qui por- tent au Nord-Oueft. A midi nous avions fait 43. lieues , jfi nous en faifions tous les jours autant nous ferions bien- tôt à la Louifiane, mais il ne faut pas s'y attendre dans cette faifon ; en effet voilà le calme, il a duré tout le refte du jour &: toute la nuit. Le matin le vent à l'Eft-Nord-Eft foible , la route Oueft Le r* ^Sud-Oueft. A midi calme, de forte que nous ne faifions du chemin que par les courans qui portent à l'Oueft. La ïoute a vallu l'Oueft-Sud-Oueft , &: le chemin a été de ly, îieuës depuis hier midi. Nous avons perdu l'après-midi M. Fournery Aumônier du Touloufe. Il n'a été malade que cinq jours d une fièvre continue avec des redoublemens , de grands maux de tête & de reins. Je lui ai adminiftré les Sacremens , il eft mort PD. bon Prêtre j comme il avoit vécu, rempliflant exa&le- I- Si Journal DU Voyage ' '" ■ ■ ment fcs fonctions. Il n'avoir que 17. ans , c'eft le premier '7 2.0- que la Tavardillc nous aie emporté. Le foir la variation Juin. ^ ^j.^ obfervée de 3^. 3o^Nord-Eft. X,e 8. Le vent foible à l'Eft-Nord-Eft a duré prefque tout le jour. Nous avons fait peu de chemin, les courans qui dans ces Mers portent à l'Oueft nous ont aidé. Sur les crois heures on a relevé la ville de Cube ; elle nous reftoit au Nord à environ j. lieues. On n'a pas pris hauteur du So-- leil, foie parce que nous naviguons le long de la côte de Cube, &c que nos morceaux font taillez jufqu'au cap S. Antoine, foi t parce que le Soleil eft fi près du zénith, que les haiTteurs prifcs avec le quartier Anglois , ou l'arbalef» trille, ne fçauroient être bonnes. Xe ^. A une heure après minuit le vent eft venu à TEft-Sud- Eft médiocre. Nous avons porté à l'Oueft le long de la côte. A midi nous pouvions avoir fait 80. lieues depuis le cap Maify le plus Eft de Cube. L'après-midi le vent a- molli ôi fuite au Nord-Nord-Eft. On a continué la même route à l'Oueft l'amure à tribord. Le cap qui eft avant le cap de Crux nous reftoit à fcpt heures du foir à l'Oueft- ]Nord-Oueft environ 12. lieues. La nuit on a fuivi la mê- me route, mais le vent aïanc calmé, nous avons fait peu- de chemin. I^eio. Le vent très foible à l'Eft-Nord-Eft , peu de Mer Se peu de courant. Le cap d'hier au foir nous reftoit à 6. heures du' matin à l'Oueft j Nord-Oueft à dix lieues , de forte qu'en n. heures nous n'avons fait que deux ou trois lieues : ce n'eft pas de quoi nous morfondre. A midi ce cap nous reftoit à rOueft-Nord-Oueft à fept lieues ; ainii depuis 6. heures nous n'avons fait que 3. lieues, c'eft demi licuë par heure ; nous ne nous fatiguerons pas. La route a été l'Oueft ^ Sud-Oueft. Les hauteurs dans ces parages font fort inuti- les dans cette faifon. Le vrai cap de Crux eft une longue langue de terre plus baflfc que le cap dont nous venons de parler. Elle va mourir infenfiblement à la Mer. A quatre heures du foir nous avons trouvé ce cap au Nord-Oueft-- Oucft. A fix heures nous avons fait route à l'Oueft-Sud- Oucft pour nous éloigner du Bas fond qui environne ce cap à deux lieues. Isîï, Noys avons coutu à l'Oueft-Sud-Oueft toute la nuit. Lç de t-f- piy- de latcuce . f-'aty ■ t» E t A 1 0 U I § ï A î^ £■: S 5 ïôatiti le cap de Crux nous reftoic au Nord-Efl: à 6, licucs. Enfuice on a porté à l'Oueft quelques degrcz vers le Sud- ly^o- Oueft pour aller chercher les petits Caymans, au Sud def- J^"^* quels nous voulons paflbr , pour n'être pas portez par les courans dans les Jardms de la Reme , où il ne fait pas bon iè promener. Le vent eft foible à l'EIl &: il y a peu de Mer. A midi nous étions à (îx lieues à l'OueO; du cap de Crux. Le vent efl: venu à l'Ell-Sud-Eft foible. La route Oueft- Sud Oueft. A huit heures nous étions à 14. lieues du cap de Crux. On a jugé à propos de carguer nos bafles voiles àc prendre un ris à nos huniers, pour faire moins de chemin cette nuit , quoique nous aïons peu de vent , de peur de tomber fur î'Ifle du petit Cayman. A midi nous avons reconnu le petit Cayman ; il nous Le 11. reftoit à l'Oueft \ Nord-Oueft à environ 4. lieues. Nous avons porté à l'Oueft pour pafter au Sud de ces Ifiots, àc au Nord du grand Cayman i U de-là aller reconnoître I'Ifle des Pins. Nous avons eu le malheur de perdre fur le foir Mon- fieur CafFaro Commandant de TEfcadre, Il m'a envoie pren- dre des le grand matin pour l'aftifter à la mort. Il a très- bien fait fon devoir de Chrétien. Je l'ai aflifté avec d'au- tant plus de regret j qu'il étoit mon ami, &C me donnoic depuis long-temps bien des marques de fon eftime. C'étoic un homme de bon efprit , droit , jufte , équitable &; bon. ami, généreux dz fort aimé. Je n'ai point reconnu en lui les défauts qu'on reproche à fa Nation. Il avoit pris mal au cap le premier Juin ; après quelques remèdes il fe trouva mieux & fans fièvre ; mais elle l'a repris le huit Juin , & il en eft mort aujourd'hui avec les marques de la maladie du Pais , qu'on appelle Tavardille. On a jette fon corps à la Mer près de flfle du petit Cayman, avec cous les honneurs de la guerre, au grand regret de tous les Officiers &: Equi- pages de nos deux VaifTeaux. Le commandement eft dévo^ lu à M. de Vallette, qui en eft très-fâché, étant intime ami de M. Caffaro. On a apporté à M. de Vallette les inftrudions, la flamme ôc le fanal de hune, comme au. i^ommandant. Le foir à fix heures , la pointe plus Oueft du petit Caymarn ^ous reftoic à l'Oueft -5- Nord-Oueft à cinq lieues U demi* Lij ^4 Journal du Voyage ►-'— Nous avons fîiic route au Sud-Ouell une horloge , enfuitc îjio. au Sud-Oueft -i Oucft deux horloges, & jufqu a minuit à Juin. rOuefl-Sud-Oucft pour arrondir cccte Ifle. Enfin vers la- minuit, la pointe de l'IUe nous rcftant au Nord, on a mis le cap à lOueft. Le ij, A cinq heures du matin la pointe Oueft du petit Caymart nous rcftoit au Nord-Eft à quatre lieues &: demi ; ne crai- gnant plus rien, on a porté à i'Oueft-Nord-Oueft. DESCRIPTION ..; De l'ijïe du fetit Cayman,- TsLE d'u petit Cayman cft une terre baiïe ; la pointe la plus orientale cft coupée a pic, & le fommet de la terre eft plat. Il va en diminuant peu à peu jufqucs vers le milieu de Tlile, d'où le terrain remonte infcnlîblement. Cette lile eft éloignée du cap de Crux de 3 5-. lieues, que nous avons faites avec un petit vent d'Eft-Nord-Eft , & d'Eft-Sud- Eft, aidez des courans qui portent à TOueft-Sud- Oueft. Dans la plupart àQ.% Cartes, la côte depuis le cap Maify jufqu'au cap de Crux eft trop grande. Elle n'a que 9®. ou 5)1. lieues de longueur. En quoi la Carte de Vankulen s'accorde mieux que les autres. Prefque toutes les Cartes^ mccccnt cette côte en droite ligne Oueft ~ Sud-Oueft j elle court quelques degrez plus vers le Sud ; &: elle a divers enfoncemens aftéz confidcrabîes , ftir-tout vers la ville de Cuba. Il y a une montagne Elite en forme de pavillon à la Manfarde, qui éft longue d'une lieuë , laquelle s'avance de toute part dans la Mer. Comme la cote paroît faine 5 on pourroit dans un bcfoin mouiller au pied de cette mon- tagne, mais il cft mieux de courre au large fans trop s'ap- procher, à moins qu'on n'aille moùillet à la rade de S. Jago , comme on l'a dit. Depuis les cinq heures du matin jufqu'à huit heures du» foir on a fait dix-huit lieues. Le vent a varié. Vers les 4,- heures il étoit Nord-Eft ,. nous étions amurcz à tribord, &: jQous avons toujours porté à Oueft^Nord-Oucft par le Lok.. A- quatre heures nous faifions une licuë deux tiers par heu^ 15 E LA Louisiane. 8f re, mais dépuis le vent a fort molli, èc s'efl rangé à l'Eft- - Nord-Eft. 1710. On a obfeivé la variation au Soleil couchant , elle a été î^^^»» de 4. jo^Nord-Eft. A 7^1, 40^ Jupiter étoit dans la ligne droite qui parta- geoit la partie claire, de la partie obfcure de la Lune. Il étoit éloigné du bord méridional de la Lune, de deux fois le diamètre de la Lune. Ils étoient pour lors en conjondion. Nous étions parles 19^. jo^. de latitude en ce temps-là, &r à 11. lieues à l'Ouefldu petit Cayman. A la Mer on ne peut pas faire des obfervations exactes. Le foir à huit heures nous avons fait route au Nord-Oueft ~ Oueft. Toute la nuit même route. Au Soleil levant la variation Le 14» etoit de y^.. s'. Nord-Eft. A huit heures nous avons mis en pane & fondé pour connoître fi nous étions fur le Bas-fond qui court depuis rifle des Pins jufqu'au grand Cayman r fur lequel nous de- vions être par notre ellniie,mais nous n'avons point trou-- vé de fond. A midi nous avions fait 37. lieues depuis lé petit Cayman, il nous refle jufqu'à l'Ifle des Pins 31. ou 33, lieues. Cette Ifle de Cube nous ennuie ; elle eft lon- gue comme Carême, difent les Matelots, &: les vents nous fervent mal. Le vent a été à l'Eft-Nord-Eft bon à faire une lieuë par heure j &: la route aéré Nord-Oueft-^ Ouelt. Au €oucher du Soleil, on a trouvé la variation de 4^. o^ Nord ElL Dans la nuit pour nous éloigner de terre on a fait route à l'Oueft-Nord-Oucft ; cependant nous nous faifions en- core à 2.4. lieues de l'Ifle des Pins j mais on ne fçauroic trop prendre de précautions à la Mer. Au lever du Soleil , on a eu la variation de 4^. 30^ Nord-Eft. Au jour naifTant nous nous fommes mis au Nord-Oueft Le p^y '\ Oueft comme hier. Par notre eftime l'Ifle des Pins nous ïeftoit au Nord-Oueft ~ Oueft à midi, un peu plus vers le Nord à 12. lieues. Nous faifons route deffus pour la re- t:onnoître aujourd'hui ; nous nous eftimons à ^o. lieues du petit Cayman, qui nous refte à l'Eft-Sud-Eft. Nous fçavons, grâces à Dieu , nous fervir de nos Cartes , fans cela nous ne ferions pas ici. A quatre heures on a vu de la hune l'Ifle des Pins , qui nous reftoic au Nord ~ Nord-Eft*à 7, lieues. Nous avons- 8^ JôliRNAt Dli Vo^AGÎ? " '■■"- porte au Nord -^ Nord-Oueft pour la reconnoître de plus 1710. piès. Et à cinq heures &: demi pour approcher un peu plus Jiun, ^Q l'Kle, nous avons fait route au pkis près au Nord - Nord-EiV. Sur les fix heures les trois Iflots qui donnent la reconnoifTance de Tlfle des Pins, nous reftoient au Nord- Efl -■ Noud. Ces Iflots ne font pas de l'Ifle des Pins , mais des montagnes de Tlfle de Cube , qui paroiiTcnt par-defTus le terrain de l'Ifle des Pins quiefl: noïc, quand on les voie . de fix lieues. Le terrain de cette Ifle ne paroît guère qu'à la diftance de trois lieues. Alors on voit les arbres dont l'Ifle cfl: couverte. On voit encore au-delà à vingt lieues , de hautes montagnes qui font dans l'Ifle de Cube. 4: * Pendant quatre horloges on a porté le Cap au Nord; cnfuite à 8. heures du foir nous avons fait route à l'Oueft toute la nuit, qui nous vaut l'Ouefl: 4'. vers le Nord. Le vent étoit foible à l'Eil-Nord-Eft; nous avions nos quatre grandes voiles, r! ; •.,';.• :['> j - , ■■ Le î^. A cinq heures du matin on a mis le Cap à l'Ouefl; j Nord-Ouefî, pour reconnoître le Cap Corrientcs. A midi rifle des Pins nous reflioit à l'Efl-Nord-Efl: à dix lieues. Le yent à l'Efl; foible, toutes voiles dehors. Depuis hier au foir nous pouvons avoir fait huit lieues. Un gros Batteau a afl'uré fon pavillon Anglois par un coup de canon. On. n'a point répondu &c on a continué la route. Il a tiré un fécond coup de canon ; nous nous fommes contente:^ de mettre en pane &: pavillon blanc. Comme il ne s'efl: pas approché de nous de plus d'une lieue , nous avons fait iervir. 11 étoit fuivi d'un autre Batteau qui étoit à plus de deux lieues. Le Henri a toujours fait fa route, comme il étoit de l'arriére de nous , cette manœuvre ne nous a pa^ arrêté. Ces Batteaux ont fait une autre route , &: à deux heures ils ont difparu. C'étoit peut-être des Forbans qui nichent volontiers derrière l'Ifle des Pins pour dévalifer le^ Paflans . Le vent a molli à TEfl:, on a continué la même route ^ rOueil 4- Nord-Oueft. Le foir à huit heures nous étions à ïz. ou 13. lieues du C^p Corrientes^ qui nous reftoic aq, Nord-Oueft. j^e }j. La nuit calme jufquà minuit ; mais hier au foir nou5 vîmes un halo autour de la Lune, de des nuages déliç^j, D E t A L 0 U 1 s I ANE. tf tout cbla nous annonçoic un grain de vent de Sud-Ouclt frais & de pluie abondante qui a commencé à une heure du 1 7 ^ O' matin. Nous avons mis à la cape à la mifene, puis à l'ar- î*-'^"' l;imon , après en avoir fait les lignaux au Henri. Le gros temps a molli fur les 3. heures j alors on a fait fcrvir, Se à 4. heures Se demi on a porté Nord-Ouefl i Oucft. Vers les fix heures on a Vu clairement la côte de Cube^ qui nous reftoit au Nord-Ouefl. Bien-tôt après il eft furvenu un nouveau grain de pluïc accompagné d'éclairs & de tonneres. Le vent étoit Nord- Nord-Eft} mais au large ilétoit toujours à l'Eft. On a cou- ru au Sud-Sud-Eft fur la ligne du plus près, parce qu'aïant relié à la cape demi-heure par le Nord-Nord-Eft , le vent s'eft rangé à l'Eft bien frais. Nous n'avions que la feule mifene , il a fallu faire cette manœuvre pour s eloi<^ner de la côte de Cube , dont on fe croioit plus prés qu'on n'é- toit. Le mauvais temps aïant palïé, on a arrivé peu à peu au Sud, puis au Sud-Oueft j enfin à l'Oued-Nord-Oueft qui eft notre route. A dix heures on a vii la terre qui nous reftoit au Nord-Nord-Eit à fix lieues. Le Cap Cor- rientes étoit à l'Oueft de cette terre. A deux heuires & demi ce Cap nous 'reftoit au. Nord-Oueft - Oueft à trois lieues ôc demi. Et à trois heures il nous reftoit au Nord-Oueft j^. vers le Nord à deux licuës de demi. Defcripion de U cote à l'Ejl du Cap Corrientes. Cette côte eft fort baffe. A Textrémité à l'Eft il y a trois mondrains faits en pain de fucre. D'abord on ne voit que les arbres dont le terrain eft couvert, Alors on en eft à c, lieues ; enfuite on voit le terrain qui n'eft pas fort haut & qui court prefque Eft Se Oueft. On en eft pour lors éloigné de 3. lieues. Les arbres font hauts Se épais. A l'ex- trémité du Cap, le terrain va en mourant peu à peu juf- qu'à la Mer , &: il eft tout couvert d arbres. Quand ce Cap refte au Nord-Oueft \ Oueft, on voit comme deux Iflots qui font féparez de la portée du canon, Se qui font un peu plus élevez au-deftus de la Mer que le Cap, Le Pilote eôtier , que nous avons pris au Cap François , m'a dit que ces deux Iflots étoient l'autre pointe du Cap Corrienses ^ doue le reltc du terrain eft noïé» S8 Journal du Voyage ' — — - De rifle des Pins au Cap Corrientes il y a 15. lieues, 1720. g^ la route eft Oueft ^ Nord-Oueft. Le Cap S. Antoine Juin, efi; à onze lieues du Cap Corrientes. La route eft encore Ouell j Nord-Oueft. Quand le Cap Corrientes refte Nord j Nord-Oueft à une lieue . on voit prefqu'à lextreAnité du Cap un mondrain peu élevé, dont le côté du Sud eft prefr qu'a pic , 5c le côté du Nord defcend en pente douce ; il eft unique &: fournit par-là une reconnoifl'ance sûre de ce Cap. Il eft environné d'arbres de toute part. Quand nous ' avons été plus près de ce Cap au Nord, èc au Nord-Nord- Eft de nous , ce petit mondrain ne paroiflbit plus , ce qui nie fait croire qu'il eft au-delà du Cap , U, non fur le Cap, dont le terrain ne paroit élevé que de 4. à y. toifes. Il eft couvert d'arbres Se court Eft & Oueft. Le foir à fept heures on voioit à 7. ou 8. lieues le Cap S. Antoine à Oueft-Nord-Oueft. Alors le Cap Corrientes nous rcftoit à l'Eft Nord- Eft à cinq lieues. A neuf heures on a mis en pane pour ne pas dépafter te Cap S. Antohie pendant la nuit. Ces détails peuvent être utiles aux Navi- gateurs. Il faut remarquer que les courans le long de Cube portent à l'Oueft. Us font bien vifs en certains parages. Lei|. Nous avons refté en pane toute la nuit -, au jour on a fait fervir ôc porté au Nord-Oueft j Oueft. Nous étions à 8. lieues du Cap S. Antoine, qui nous reftoit au Nord- Oueft. Au lever du Soleil, on a trouvé la variation de 3^. 3i^Nord-Eft. A midi le même Cap nous reftoit au Nord-Nord-Oueft à deux lieues. A 4. heures on a mis en pane pour fonder 5 nous n'avons point trouvé de fond , quoique des Pilotes aient mis dans leurs Journaux qu'on le trouve jufqu'à fepç lieues au Sud-Oueft de ce Cap, qui nous reftoit pour lors au Nord j Nord-Eft à deux lieues. Ce Cap S. Antoine a comme deux têtes. Il peut y avoir deux lieues de celle de l'Eft à celle de l'Oueft. Ces deux pointes qui font baftes , n'étant élevées au plus que de 4, toifes au-defTus de la Mer , courent Eft &: Oueft. Tout ce terrain paroît couvert de bois fort épais ; mais les arbres ne ' font pas fi hauts que ceux du Cap Corrientes. Depuis la pointe de l'Eft de ce Cap , la côte fait une grande anfe jus- qu'au Cap Corrientes : on peut mouiller auprès de celui-ci en DE LA Louisiane. 85 en dedans de l'aiife, y faire du bois & de l'eau à deux -^ rivierei». Le fond efl de bonne tenue. 172.0. Au coucher du Soleil, la variation fut de 4^^. o'. Nord- Ed. •^"'^* La nuit on a fait route au Nord-Oueft ^ Oucft, &: fore l^ ^^^ peu de chemin. A fix heures du matin on a mis le Cap au Nord-Nord-Oueft, croiant avoir dépall'é le banc de Sancho Pardo, fuppofé qu'il cxiftc-, car il y a lieu d'en douter. A m di nous avions fait quatorze lieues depuis le Cap S. Antoine, fur la route duNord-Oueft, quatre degrez vers le Nord. A caufe de la variation , la latitude obfervée a été de 21 ■. 50^ Et la longitude eûimée depuis le méridien de Teneriffe, de 2,87^^ 47^ Le vent a été três-foible à l'Eft-Sud-Eft. Nous conti- nuons notre route au Nord-Nord-Oueft; calme raprès-midi. La variation obfervée au Soleil cou- chant, a été de 3'^. 3 o''. Nord- Efl. A huit heures il eft venu un peu de vent d'Eft-Sud-Eft. Au lever du Soleil , h variation fut Le i»^ trouvée de 4^. 30^ Nord-Eft. C'eft un degré déplus qu'hier, cex^uinefe peut: il faut prendre un milieu. La route a valu le Nord-Nord-Oueft trois degrez vers le Nord , &c le chemin dix lieues êc demi. Voilà une bien petite journée. Le Soleil n'aïant pas paru , on a eftimé la la- jcitude de 22.^. î4^ Et la longitude de * 287. 44. Le vent a été foible depuis l'Eft-Nord-Eft jufqu'à TEft» Sud-Eft. Voilà le Tropique repafTé depuis ce matin, mais il ne Lc^lî^ fait pas moins chaud i au contraire le thermomètre eft mon- té à 57. pouces. A midi nous étions à 40. lieues du Cap S. Antoine, qui nous reftoit à l'Eft-Sud-Eft. La route a valu l'Oueft ^ Nord-Oueft. 4 La latitude faute de voir le Soleil, a été efti- îîiée de 25^1.48'. Et la longitude de 286. J4. Qe matin M. de Pierre-Feu, un des Enfeignes du Vaif^ icm le Heuri , nj'a envoie chercher pour Talfifter à la mort, ..c 5cf Journal du Voyage J'ai paffé la journée auprès de lui, fort édifié des fentimens 17 2.0' Chrétiens, dont il a donné à chacun de grandes marques,. Juin. ^ ^vec lefqucls il a reçu les Sacremens. Il a conlervé la prefence d'efprit jufqu'à fa mort, qui eft arrivée à fix heu- *"' les du foir» C'étoit un fort honnête homme, bon Officier,, eftimé dans fon corps. Le vent a régné depuis le Sud-Oueft , jufqu'à l'Eft petit frais. On a porté au Nord-Oueit ^ Ouell. Î.C Z2. Dès hier au foir le vent fraîchit un peu au Sud-Oueft , où il ne refta pas long-temps ; il vint à l'Eft Sud- Eft dans- la nuit, &: il fraîchit afTcz avant le lever du Soleil. A fon lever on a obfervé la variation, de x^. 30^ Nord-Eft, Le Soleil eft encore (i près du zénith , qu'on n'a pu pren-' «are hauteur à midi. La latitude acte eftimée 5 de 24''. y 7^ Et la longitude, de 286. o. Depuis hier midi, nous avons fait 2 y. lieues. Les courans depuis qu'on a dépafté le Cap S. Antoine ^, portent à l'Eft vers le canal , qui eft entre la Floride &: la pointe occidentale de Cube fur la côte de la Havane. Les eaux aïant été portées vers la partie occidentale du golphe du Mexique , éc le long de la côte de Portobel , Jucatan ,.. Campeche, n'ont point d'autre iftuë pour fe rendre à la grande Mer , que le long de Cube , 6c par le canal de Baham. Or comme toutes ces eaux ne peuvent y paftcr fans le prefter, elles y- forment un grand courant ;&: une partie revient le long delà côte de la Floride ,.&; de la Louifiane. Ainfî les courans voilt de l'Eft à l'Oucft depuis \cs Ifles de la Tortue jufqu'à l'embouchure du Miffi(fipi : de forte que pour aterrer à Panfacoîa, il faut porter au Nord^Nord- Oueft, plutôt qu'à l'Oueft-Nord-Oueft. Cette route-ci fe- roit tomber les Vaiftcaux à l'embouchure de la rivière de Miffifhpi , ou aux Ifles de la Chandeleur , d'où on ne pour- roit pas aifément revenir à l'Ifle Dauphine, ou à Panfa- coîa, à caule des courans. On obferva la variation au coucher du Soleil, de 2^^ o^ Nord-Eft,- I.e 2,y Au lever du Soleil , la variation a été obfervée, de 2. o. Nord-Eft. La latitude a été cftimée à midi, de %.6^ îi. DE LA Louisiane^ 9ï Et la longitude, de 2.8^'^44^ *"'' La route Nord 4- Nord-Oucfl: deux dcî^rcz vers le Nord, ^ 7 i^. le chemin a été de 15. lieuës 6>c demi. Le vent a roulé •'" '^ tout aujourd'hui de rLIl-Nord-Eil à l'Eft-Sud-Eil. A deux heures du foir nous avons eu divers grains de vent &: de pluïc jusqu'à 3. heures &c demi. Ils ont fait venir le vent au Nord-Ell:. Nous avons fait route à rOueft-Nord-Ouefi, 4 . vers l'Oucft. Au coucher du Soleil , la variation a été trouvée, de Z'.o^Nord-Efl:. On a mis en pane avant la nuit pour fonder , on n'a pas trouvé le fond. Le matin le vent de Nord-Eft a molli , &: à dix heures Le 2.4. nous nous fommes trouvez en cahue. A midi on a eflimé la latitude, de 2,7'. lo^ Et la longitude, de 286. 35-. La route nous a valu le Nord ~ Nord-Oucft , Se le che- îtiin 10. lieuës. Le Soleil éroit encore trop près du zénith pour prendre iine bonne hiiuteur. L'après-midi le vent s'étant rangé au Nord- Nord-Eft , 'qui ne nous eft pas trop favorable , on s'eft mis fur la li- gne du plus près l'amure à tribord au Nord-Oueft -^Oueft, prefque Nord-Oucft. Voici trois jours que la variation n'a point changé. Au coucher du Soleil , la variation a été obfervée comme ce matin, de 2^. o^ Nord-Eft. Ce foir on a fondé deux fois, à fept heures 6c à dix heures. Pour cela on a mis en pane , mais on n'a pas trou- vé de fond. Peu après le temps s'eft gâté, le vent a lauté à rOueft, le Ciel s'eft fort couvert, Se à onze heures on ne voïoit qu'éclairs de toutes parts à l'horifon. Nous avons lerré toutes nos voiles Se nous fommes mis à fec. A minuit il a beaucoup tonné Se fait une groife pluie, Lei$. îaquelle keureufement a chafTe les Matelots de deflus le gaillard d'arrière ; car à une heure Se demi la foudre eft entrée dans notre VaifTeau, par un trou qu'elle a fait à bas bord près du grand mât , a frifé la mouftache à un boeuf. Ta mis en rond dans la baille, où paifiblement , Se fans faire tort à perfonne , il mangeoic fon foin tout douce- M ij ft Journal du Voyage •*— ment , mais elle l'a fait avec tant d'adreflc , qu'il n'en S *7io. point été incommodé : on a eu bien de la peine à l'en tirets |um. j^^ foudre a continué Ton chemin fort vite ^ comme on peu£ penferjclle a grimpé le long du grand mât, elle lui a tire quelques éguillettes , coupé net le quatrième cercle de fer, monté dans la hune; & enfin, pour fon chef-d'œuvre ^elle a fcié foYt proprement le grand mât de hune , depuis les poulies jufqu'au plus haut. Après quoi dclcendant leftc- ment, elle a renverfe quelques Matelots de leurs branles,. èc a fiait un trou pour for tir à tribord, fans faire mal à per- fon ne. Apres le mauvais temps le vent eft venu au Nord-Ouefl, enfuitc au Nord-Nord- Oucft. Nous avons porté au plus près au Nord-Eft avec nos deux baffes voiles. A midi on a reviré & couru à l'Oueft-Nord-Oueft jufqu'à huit heures du foir, le vent s'étant rangé au Nord, Alors on a reviré à l'Eft-Nord-Elt , le vent s'opiniâtrant au Nord. A midi la hauteur du Soleil aous a donné la latitude , de- z8^ii5^- La longitude a été eftimée , de i$6. 3j. Les routes réduites ont valu le Nord-Ouefl -^ Oueft, & le chemin 19. lieues ^. Le Ciel couvert le foir nous a empêché d'obfervcr la variation. On a fondé à huit heures du foir , mais on n'a pas encore trouvé le fond. Itîi^. A minuit , à quatre heures , à huit heures nous avons mis en pane & fondé , mais nous n'avons pas trouvé le fondL Le vent s'efl: rangea l'Eft Nord-Eft , &c dès les quatre heu- res la route a été au Nord j Nord-Oueft ; le vent écoic frais &: la Mer belle. Sur les fept heures l'eau de la Mer a changé de couleur ; néanmoins une heure après nous n'a- vons pas trouvé le fond. La côte de la Louifiane fe feroit- elle éloignée ^ il n'y a pas apparence : c'ell que nous fommes impatiens. La fonde eft la meilleure reconnoiflance qu'on- puille avoir de l'approche de la côte , depuis les Tortues jufqu'à la rivière de MilTiflipi. Par ma Carte manufcrite , nous devons trouver fond à vingt lieues de Panfacola fur lequel nous portons. A 3 a. 4ieuës à l'Eft de Panfacola on^ n-ouve le fond, &: même à plus de 30. lieues, comme on- te peut voir dans la Carte de cette côte. 17 io. DE LA Louisiane, 5^5 Ohfervation du poids des eaux. Aïant plongé raréometre dans l'eau falée &: dans l'eau •^'^^"' douce , celle-ci s'efb trouvée pclcf moins que l'eau de la Mer ; la différence a été de 31 gf^'^^- Mais le zz. Mars près d'Almerie, où il n'y a pas de grandes rivières , l'eau de la Mer pelbic plus que l'eail douce ^^gtaiws. La raifon de cette différence de poids, c'cft que les ri- vières du gojphe du Mexique vers le Nord , fur- tout le Miflif- iipi dégorgent une très-grande quantité d'eau douce dans ce goiphe. Treize grains de moins , cela eft confiderable pour le volume de l'aréomètre , quen ous avons déterminé ci-devant. C'cft un fignc que nous ne devons pas, être loin de la côte. Aufli ne nous en croïons nous qu'à 30. lieues. A midi la latitude obfervée , a été de 251'*. r i^. Autre diagnoftique , &: la longitude eftimée de 2 8 y . 49. Je ne compte gueres fur la longitude ; ce qui £iche nos Pilotes. Le chemin a été depuis hier midi 21. lienës. Nous ne devons plus être qu'à 16. lieues de Panfacola ; c'eft pour- premier' quoi à midi nous avons fondé, Se trouvé le fond à 90. fonde,- brafles de vafe grife. Voilà le voifmage de la côte démon- tré, ainfi que tout ce que nous avons dit ci-devant. A minuit on a fondé Se trouvé encore i)o. brafTes fond Le y 7, de vafe grife & fine. ^ ^ J^ , A midi par la hauteur du Soleil, nous avons conclu h latitude , de 29^ 30^^ La longitude a été eftimée, de 285-. 18. La route corrigée a été le Nord j Nord-Eft , un depré vers l'Eft. Le chemin 5. lieues Se demi. Le vent tout foi- ble qu'il a été, a varié de l'Eft- Nord-Eft au Sud-Oueft par le Sud, enfuite à l'Oueft-Nord-Oueft j enfin au Nord- Oueft ^ Oueft. A midi & demi on a fondé de nouveau , & trouvé jo, braflfes fond de fable fin , mêlé de vafe fine j ce qui fait voir que nous approchons de la côte , 3c que nous fommes en bonne route à environ 12. lieues. A cinq heures du foir on a encore fondé par deux fois, ^. ^onde. Se trouvé chaque fois 3 y. braffcs gros fable. A fept heures nous avons de nouveau fondé, Se trouvé ^.son,i^ M ii j 5. Sonde^_ ^^ Journal du Voyage --r— 30. brafles gros fable. Nous avons mouillé avec un ancre 172-0. a touer, à caufe du calme. Nous ne nous fommcs pas ap- Jiwn. perçus de grands courans , ils portoicnc à l'Oueft. Le 28. A huit heures on a levé l'ancre à touer &: appareille avec un bon vent de Sud Eft. ,,, :> .- ;• •> . Dans l'endroit où nous étions mouillez , le courant por- çoit au Sud-Sud-E(t. A midi par la hauteur du Soleil , la latitude A été de ', .;.i<^- . ^9^. 54''. La longitude eftimée , a été de 285. iz. La route a valu le Nord ~ Nord-Oucffc 4^. vers l'Oueft, èc le chemin j. lieues. La journée ne fçauroit être bonne quand on refte à l'hôtellerie. Les vents ont régné du Sud- Oueft au Sud-Eft, paflant par le Sud. 6. Sonde. A midi on a Tonde, &: trouvé 30. braffes fable fin. A trois heures du foir on a vu la terre de la hune ; elle nous reftoit à tribord j elle eft baffe avec du fable au bord de la Mer , &: des arbres plus avant, A quatre heures le Pilote côtier a reconnu la côte , 6^1 . „ afTuré que c'étoit l'Ifle de Sainte P.ofe , qui nous reftoit de ; l'avant au Nord-Nord-Oueft, vers un tiers derifleàl'Eft. 7. Sonde. A fix heurcs on a mis en pane &z fondé , on a trouvé 1 6 brafles fond de fable fin &: vafeux. -.7 Nous avons mouillé pour attendre la brife du Sud-Eft, .. ' qui a manqué en ce temps-là. Auili-tôt après, les Officiers éc l'Equipage fe font mis à pêcher à la ligne ; ils ont pris une très-grande quantité de poift^on qui s'cft trouvé fort bon. Nous l'avons nommé Cardinal , parce qu'il eft rouge, C'eft une efpece de Pajot plus gros que celui qu'on pêche fur nos côtes, ôz d'un rouge plus vif. Reflexions fur notre Navigation, Nous voici donc prêts d'arriver à la Louifiane, après ly, jours d'une navigation ennuïante , foit à caufe des calmes qui nous ont tenu à la Mer dix jours de plus que nous ne penfions , foit à caufe de la grande chaleur, aïant eu le Soleil au zénith tout ce temps-là , ou peu s'en faut. D'ailleurs le voifinage de Plflc de Cube que nous avons côtoie pendant 150. lieues qu'elle a de longueur , nous caufoit de fa chaleur ^ de niauvaifcs pdevirs ) çaj: ceîçe .côcg DE LA LoUlSlAîlÉ. 5>5' n'eft pas apparemment couverte de Citronniers &: d'Oran- • — — — =- gers, au moins n'étoient-ils pas en fleur. 1710. La Jamaïque de Ton côté nous donnoit de la chaleur, ^^'"* des éclairs &: des tonneres. Nous craignions d'ailleurs les bancs &c écueils dont cette Mer eft fale &: lieriiTee. Nous en craignions d'autres qui étoient fur nos Cartes 6c non à la Mer. Tel eft celui de Sanclio Pardo près du Cap S, Antoine, fur lequel, ou auprès duquel nous devons avoir pafTé fans rien voir, à notre grande fatisfadion. Dès les trois heures du matni on a appareillé par un [Le 25?: petit vent d'Eft-Sud-Eft , &: fait route à TOueft ~ Nord- Oueft. A cinq heures 6c demi notre Pilote côtier croïoit être au Sud-Sud-Ouefl: de Panfacola à environ trois lieues j de forte qu'à ce compte il nous reftoit au Nord-Nord-Eft. On a fait fonder , &: trouvé 1 4. brafles fond de fible blanc , g. sonde. ce qui efl: la reconnoiffance qu'on eft près de P-anfacola. A huit heures du matin on a encore fondé, 6c trouvé s.sonde, 14. brailes fable blanc 6c fin ; noUs pouvions être à trois lieues de la côte que nous prolongions, A midi le Pilote côtier a reconnu Panfacola , quil di- foit avoir pafle le matin ; mais il eft aifé de fe tromper' avec des reconnoiffances auffi incertaines que celle de cette côte , qui eft balfe , fur laquelle on ne fçauroit voir au- • cun fignal. Le vent aïant fraîchi au Sud-Eft , nous avons ferré nos perroquets , cargué nos baftes voiles 6c mis en pane. Le Fort de Panfacola a mis pavillon blanc , 6c tiré un coup de canon. Alors nous avons mis pavillon blanc 6c tiré deux coups de canon. Le Fort a répondu en tirant trois coups de canon, gardant toujours fon pavillon. Le vent de Sud-Eft étant frai?, nous avons porté au plus près au Sud-Sud-Oucft. C'eft un trait infigne de la Providence de Dieu , que le Fort de Panfacola nous ait fait les fignaux de reconnoiflance ; nous ne penfions pas à les exiger , nous n'avions d'autre vue que de prendre confeit avec le Henri , ce qui nous a fait mettre en pane , &: de nous garantir du vent de Sud-Eft qui commençoit à fraî- chir, en ferrant nos perroquets , &: carguant nos baffes voiles. A huit heures nous avons porté à l'Oueft 4- Nord-Oueft jour nous approcher de la côte , le vent s'étant rangé à 5^ Journal dit Voyage. -^ l'Efl: Se amiic molli. Mais à dix heures du loir le vent i 17^'^- fraîchi de nouveau, &: il a fallu mettre à la cape. Juin. ^ minuit il efl venu un grain de pluie Se de vent fraiî i*^' qui n'a duré qu'une heure. Mais dès les cinq heures du matin le vent d'Eft aïant beaucoup fraîchi , &: la Mer éranc fort grofle , nous nous fommes mis fous les ballos voiles au plus près. Enfin le vent s'ctant rangé à l'Eft-Sud-Eft toujours frais, &: la Mer fort groffe , nous avons porté au Sud - Sud-Oueit juiquau foir. Alors le vent Se la Mer aïant tant foit peu dimmué , on a reviré de bord à fepc heures, avec les baffes voiles. Le Henri, contre notre at- tente j nous a imité en revirant vent devant avec fes baffes voiles. Comme le vent eu venu au Sud-Sud- Eft, on a mis le Cap à l'Eft pour chercher la côte de la Mobile. Depuis midi d'hier, nous n'avons fait que douze lieues jufqu à midi , & depuis midi jufqu a liiiit heures du foir ■ quatre lie.uës , àcaufe de la groile Mer : de forte que nous croïons que flflc Dauphine nous refte au Nord-Nord- Eft, &c il eft qucftion d'y aller mouiller. Nous avons bien ca- hotte aujourd'hui, quoique nous n'aïons pas marché fur des rochcSo Lèpre- Dans la nuit la Mer a calmé, le vent a molli Se tenu mier de iin Sud- Sud- Eft ; on a fait route à fEft avec les quatre Jailler. grandes voiles. A deux heures du matin après avoir mis lo. Sonde. CD. panc , OU a fondé Se trouvé 25. brafles fond de fable noir. A trois heures nous avons fait lervir Se porté au Nord, puis au Nord-Nord-Oucft. A cinq heures Se à fix ihSondî. heures on a fondé tout de nouveau. Se trouvé 2,0. brafles fond de fable gris , fin Se mêlé de coquillage. Leyenc étoic toujours Sud- Sud-Éft &::' la Mer en yenoit. A fept heures du n^atin on a reconnu l'Ifle Dauphine, la pointe de la Mobile , Se l'Ifle aux grands Gofiers avec fes brilans. On a fait route fur l'Ifle Dauphine. Etant à deuîs: lîeuës de terre , nous avons fait les fignaux de reconnoif- fànce qui étoicnt de ferrer les perroquets , mettre en pane, Se tirer deux coups de canon. L'Ifle a rafté quelque temps fins répondre, enfuite elle a tiré trois coups Se mis paviU Ion blanc. Nous avons répondu d'un coup &: mis pavilloa blanc. Cela fût, on a fait fervir Se à onze heures nous il. fonde. î^vons rnouiUé à une Jiçuë êc demi de l'Ifle , par fept brafles DE LA Louisiane. 97 '&r trois quarts fond de fable fin & vafe. Nous avons af- fourché avec une grofTe ancre , Sud-Efl &: Nord-Oueft. lyio, L'aprcs-midi M. de Vallette a envoie un OfHcier à terre J^^^'^^- pour fçavoir des nouvelles : il a rapporté ce qui fuir. Pre- mièrement, que M. de Saujeon, avec fcs trois VaifTeaux, croit parti de cette Iflc depuis près de trois mois pour re- tourner à Breftjquc McfTieurs de S. Villiers & de la Salle, Commandans les Fregattes du Roy l'Amazone &: la Vic- toire, étoient arrivez à l'Ifle Dauphine le y. Juin, ( ce fut le jour de notre départ du Cap François ) mais que M. de Serigny Gouverneur gênerai de la Louifiane leur aïant dit qu'il n'avoit reçu aucuns ordres, pour les emploïer à de nouvelles expéditions de guerre , il leur avoir pris trois ' lîîois &: demi de vivres dont le Pais manquoit , ôc s'é- toit embarqué lui-même fur ces Fregattes pour retourner en France. Qti" ces deux Fregattes , qui ne nous avoient devancé au Fort Roïal èc au Cap que de douze jours , éroient par- ties pour rerourner à Breft le ly. juin ;, quatre jours avant notre arrivée en cette Ifle. Les calmes ôc les mauvais temps nous aïant retenu zy. jours dans la traverfée du Cap ici, que nous aurions pu faire en 18. jours, ce qui nous les auroit fait trouver , ôc nous auroit fait bien du plaifir. Nous leur aurions donné des nouvelles de France , ils y auroient porté des nôtres. Mais nous n'avions garde de les rencontrer : on ne re- tourne pas fur Mer par le même chemin qu'on cft venu. Us cherchoicnt les vents d'Oueft, &; nous voulions les vents de Sud-Eft. M. de Saujeon n'étant plus ici avec fes trois VaifTeaux , les deux Fregattes en étant parties , &c les nouvelles de la fuipen- iion d'armes étant venues , nous ne fçavons que faire ici. Sept VaifTeaux de guerre auroient donné de l'inquiétude aux Efpagnols du Mexique, 5c à nous de l'occupation. 11 ne nous relie qu'à faire une œuvre de mifericorde , qui eft de donner à manger à ceux qui ont faim , c'efl-à- dire cinq mois de vivres que nous avons de trop, aux Gens de ce Pais qiii n'en ont pas afïez, du peu que M. de S. Villiers leur a laifTé. Ainfi fans nous ils feroient réduits à la fa« n. ^S JoÛRNALDUVoYAGE ■ • mine , n'a'iant depuis long-temps rcçii de VaifTcaux de lâ ïyi^' compagnie, qui cft à prelbnt plus utilement occupée. JiuUec. L'Officier qui commande dans l'iflc a ajouté qu'il n'a- voit aucun ordre pour nos deux VaifTeaux, qu'on n'atten- doit pas, mais feulement deux Flûtes, qui dévoient leur apporter des vivres de France ; qu'il alloit écrire à Monfieur de Bicnville Commandant gênerai de la Louifiane , &: frère de M. de Serigny,qui étoit au Billoxi à neuf lieues d'ici^ lequel fans doute viendroit aufli-tôt, auffi-bien que le Di-. redcur gênerai qui y étoit auffi ; que nous pourrions trou- ver dans le Pais des rafraîchilTcmens , mais qu'ils feroienc chers. |,e 2. Les vents ont été à l'Eft &: à l'Eft-Sud-Ffl: médiocre, la Mer de même. Les courans ont porté fortement à l'Oueft- Sud-Oucft. Au coucher du Soleil , la variation a été obfervée . de 2 .o^Nord-Eft. Nos Pilotes l'ont fouvent obfervée pendant notre féjour ici î ils l'ont toujours trouvée de même. JLe 5. A une heure &c trois quarts après midi , nous avons eu un ras de courant très-vif venant de l'EIt : il tenoit une lieue de large , Se couroit le long de la côte ; ainfi nos Vailleaux ont évité au courant. Pour cela il a fallu virer fur notre ancre du Nord-Oueft pour prefenter à l'Eft. Nous^ verrons pendant le féjour fi ces courans font réguliers. Les eaux du ras, qui étoit roide , étoient de couleur verte & avoient une odeur de marécage, ce qui marque qu'elles étoient mêlées de beaucoup d'eau de rivière. Auili leur poids étoit beaucoup plus léger à mon aréomètre que celui. des eaux de la Mer, mais non pas tant que celui de l'eau douce. Depuis notre arrivée, nous n'avons pas eu un jour clair , ni une nuit claire pour obferver : c'eft pourquoije ne- me fuis pas preiTé d'aller à terre. le 4. ^ Ci^l couvert tout le jour. Tonneres au loin dans les. terres. Le vent au Sud-Eft, puis au Nord-Oueft. Nous avons eu à fept heures du matin un ras de courant vif, venant du Sud- Oueft ; mais il n'étoit pas fi fort que celui d'hier. Oi\ a débarqué 21. malades de notre VaifTcaUj quelques-uns du fcorbut , d'autres de fièvres. J'ai prié l'Au- DE LA LôUliSlAKE. i)9 mônier du Henri d'aller à terre pour avoir foin des ma- ~ lades des deux VaifTcaux. Le Henri en a beaucoup plus l'/^o* que le Touioufe, ^ J^^^^^^'' Les rourans à l'Oueft furent afTcz vifs hier l'après-midi. Le 5. ce matin il y en avoit un contraire à l'Eft ; mais il étoit petit. Le vent étoit foible à rOucfl-, A deux heures après midi les courans portoicnt médiocrement à rOucft. Le Ciel a été couvert. Il a fait un grain de pluie avec Le(>. un vent médiocre de Nord-Oueft ♦, enfuitc il a fauté au Sud-Sud-Oueft foible. Les courans ont été comme hier ; mais moins forts. Monficur de Bien ville Commandant gênerai dans la Louifiane , cft venu à bord du Touloufe en arrivant du Billoxi. M. de Vallette l'a très-bien reçu, &: lui a rendu tous les honneurs de la guerre. C'eft un homme de mérite, eftimé dans le Pais , & aimé généralement de tous les Sau- vages. Ce Païs-ci fera bon quand il fera cultive. Il n'y a enco- re, que je fçache, ni fucre, ni indigo, ni tabac, ni vi- gnes , ni mûriers. Mais la Colonie ne fait que commen- cer. Celles des Efpagnols , ni même les nôtres , quoique nous foïons plus vifs , ne fe font pas établies en un jour» Le bled ne peut grainer, jufqu'à lyo. lieues dans les ter- res au Nadché. Le mais y vient très-bien , quoiqu'on n'en ait encore guercs femé. Le ris qu'on a commencé à femer ^ réiiifit fort bien. On voit dans les Jardins quelques Fi- guiers, qui donnent trois récoltes de figues, qui feroienc excellentes , (i elles étoient de bonne cfpece. Il y a de nos fruits d'Eté, à la vérité en petite quantité, mais ils font fort bons. On y a auffi des herbes les mêmes qu'en Europe ; nous leur avons trouvé bon goût. De touces les Colonies , la plus floriifante eft la Mobile fur la rivière de ce nom. Il y a quatre cens Soldats Se près de mille Habitans, qui. commencent à s'arranger &: faire quelque chofe. Elle eft éloignée de l'Ifle Dauphine de dix lieues au Nord. Billoxi eft encore une Colonie qui commence à fleurir, à caufe du voifmage de l'Ide aux Vaiffeaux , à l'abri de laquelle Jes Navires qui ne tirent que 13. à 14. pieds d'eau , font Nij. loo Journal du Voyage % à couvert de toute Mer, &c font mouillez à i 5. pieds d'eau 17 zo. fond de fable vafeux. Juillet. L(^5 Colonies de Panfacola ôc de l'Ifle Dauphine font à prcfent diminuées , les Habitans étant allez s'établir dans les précédentes, ou à la nouvelle Orléans, où le terrain ell beaucoup meilleur ; car dans celles-là il y a bien du fa- ble mêle avec peu de terre. Le terrain eft pourtant cou- vert de bois de Sapin, de Pins ôc de Chênes. U y a d'af- fez beaux arbres ainfi qu'à l'Iflc aux Vaiffeaux. On y pour- roit faire de beaux mâts de hune , (i le bois n'étoit pas fi pefant. La rade de Panfacola eft le fcul bon Port qu'il y ait pour les gros VaifTcaux , 6>c l'illc aux Vaiflcaux pour les petits. Les autres Ports ne font que des rades ouvertes depuis rOucft jufqu'à TEft par le Sud. 11 eft vrai que le fond y eft de fort bonne tenue : c'eft du fible fin ; ainfi quand les vents fouflent du large, le fond allant en mon- tant , on ne craint pas de dérader avec deux ancres à la Mer, qui n'y eft pas fortgrofte, excepté en Hiver. Quand les vents viennent de terre, il n'y a pas de Mer : on en eft quitte pour amener fes mâts de hune èc les grandes vergues , pour bien rouler. Pendant l'hiver ce Pais abonde en chaiGTe Se en gibier i fur-tout il y a beaucoup de poiffon de rivière. Le 7. Le Ciel a été couvert tout le jour ou peu s'en faut j le vent étoit au Sud Sud-Oueft, les courans le matin à l'Eft, le foir à l"Oucft-Sud-Oueft , la Mer médiocre. Nous avons été rendre vifite à M. de Bicnville. Je parlerai dans la fuite de rifle Dauphine. Je vais commencer par la Defcription de la rade de Panfacola. DESCRIPTION De U Rade de Panfacola, CETTE rade, où je n'ai pas été, mais dont M. de Vienne Capitaine de Vaifleau m'a donné le Plan, qui eft ici, eft de toutes les rades du golphe du Mexique, la feule dans laquelle les Vaifleaux puifTent être en sûreté contre toute forte de vent. Son fond qui eft de fable mêlé DE LA Louisiane. loi fen plufieurs endroits de vaie, eft d'une tenue excellente, ■ — • — • — La Mer n'y eft jamais agitée, parce que la terre l'envi- 172-0. ronne de toute part ; &c elle peut contenir un tiès-grand 3^^'!^^'^' nombre de Navires, comme il eft aifé de voir par Ton étendue , &c par les fondes que les chiffres de ce Plan mar- quent par pieds , ce qui eft plus précis que par braftes. Le mouvement des marées y eft irrégulier , de même que fur tout le refte de cette côte. Il a donc été impolfible, quelque foin qu'on fe foit donné, de faire aucune ob- servation jufte pour en déterminer le cours. On a feu- lement remarqué que pendant 24 heures , la Mer fort de cette rade 18. à 19. heures , Se rentre y. à 6. heures -, Se le plus qu'on ait trouvé de diftérence de la pleine Mer eft d'environ trois pieds , certauis jours moins ; d'autres fans augmentation ni diminution d'eau j quoique les courans changent journellement , comme on l'a dit , mais fans rè- gle. Les vents, à ce qui nous a paru, ont quelque part à cette variété. On ne trouvera pas moins de 21. pieds d'eau fur la barre qui eft à l'entrée de la rade , pourvu qu'on fuive le pro- fond du canal. Un navire qui veut entrer, doit avant d'ar- river fur cette barre , fe pofter de manière que le Fort de Panfacola lui refte entre le Nord & le Nord \ Nord- Eft, &: il gouvernera fur cette route jufqu'à ce qu'il fe trouve à rOueft Se Oueft i- Sud-Oueft du Fort de l'Iûe de Sainte Rofe, c'eft-à-dire, que ce Fort lui refteàl'Eft Se Eft^Nord-Eft. Alors il approchera un peu de la terre ferme de l'Oueft , s'en tenant à peu près à même diftance que de flfle , afin d'en éviter la pointe , qui poufte un petit banc au large vers l'Oueft-Nord-Oueft. Si le récif qui eft à l'Oueft de la barre, brife, ce qui eft aftez ordinaire pour peu qu'il y ait de vent du large, il pourra fervir de balife aux Vaifteaux qui le rangeront en entrant fur la barre à la diftance d'une bonne portée de fufil. Après quoi ils feront la route qu'on vient de prefcrire. Les courans qui fortent de la rade font quelquefois très-vifs -, il eft à propos de s'en défier, de crainte qu'ils ne |)orcent le Navire fur le récif. Panfacola eft fitué par 50^., N iij loz Journal du Voyage ^5^ de latitude Nord, ÔC par 184'. 37^ de longitude 17 zo. compcce du méridien de tencrifFe. Juillet. Voilà le Memoije que M. de Vienne me donna au Fore Roial. Il commandoit le Triton dans la prife de Panfacola, faite par M. de Champmeflin , de la manicre que je vais rapporter bien-tôt. Dans le retour, le Triton faifoic une il prodigieufc quantité d'eau, que M. de Vienne fut obli- gé de fe mettre à quatre pompes pour ne pas couler bas, Se Se relâcher au Fort Pvoïal de la Martinique, où à peme eut-il débarqué , que quoique le Vaiflcau fut encore à deux pompes , il coula bas dans le cul de-fac du Fort Roïal , où je l'ai vil en état d'être dépejGfé. Il me fut très-avantageux de rencontrer M. de Vienne homme de mérite, très-boa Officier, il eut la generofité de me faire part de fes dé- couvertes , fçachant que j'étois envoïé par le Confeil pour faire des oblérvations en ce Pais. Comme il n'y a que demi pied de levée fur la barre de Panfacola, tout Vaiilcau de guerre , fi ce n'cft pendant une tempête, pourra mettre à ip. pieds pour entrer dans la rade, puifquil y a fur la barre 11. pieds d'eau. Pour ceux qui tirent 20. pieds, il faut qu'on les remorque, ou qu'ils fe toiient. On voit par-là que les Vaiflcaux de 60. pièces de canon y peuvent entrer, &: que fi la Compagnie faifoic des Vaiflcaux à platte varangue , comme les Hollandois , ils paiferoient par-tout, quand même ils fer oient de 70. piè- ces de canon ; il eft inutile d'en avoir de plus grands en ce Pais en temps de guerre. Cette rade à un défaut , c'efl que comme il s'y dégorge beaucoup de rivières, qui y caufent de grands courans , ils expofcnt les Canots &: Chaloupes à échouer, quand ils na- viguent dans la rade pour le fervice des Vaiflcaux , com^ me il eft: arrivé à l'Efcadre de M. de Champmeflin ; mais comme le terrain n'efl; que fable, ils n'y brifent pas. Il y a d'un autre côté un avantage très-conflderable dans cette rade c-, cil que les vers , qui n'aiment pas l'eau douce , ne s'y engendrent pas; ainfl les Vaiflcaux ne font jamais percez, ^prcs ce qu'on vient de rapporter fur Panfacola , on fera peut-être bien-aife de fçavoir ce qui s'eft: pafle dans les diverfes prifes de ce Fort. En voici une Relation faite par un Officier qui s'y eft trouvé. DE I- A. T. O TT ! S T. A N Ë. 105 RELATION. Des diverfes frifes du Fort de VanfacoU , faîtes dans l'année 1719. VERS la fin de May 17 19. M. de Serigny Lieute- nant des VaifTeaux du Roy, &: Commandant Gene- ral de la Colonie de la Louilianc pour la Mer , accompa- gné de M.. de Bienville fon f;ere , Commandant pour la terre, partit de la Loùifiane avec le Vaifleau le Philippe de 24. pièces de canon, le Comte de Touloule de même force , &: le Maréchal de Villars de 18. pièces de canon, il pouvoit y avoir fur ces trois Vaiflcaux 400. hommes. M. deChatcau- gué leur frère, partit en même-temps avec 800. Sauvages pour invcftir le Fort de Panfacola. Dès que les Vaiflcaux parurent devant ce Fort , les tfpagnols tirèrent deux ou trois coups de canon , & demandèrent à capituler. On leur accorda une honnête capitulation. Ils fortirent avec leur bagage &: leurs armes qu'ils rendirent après. On leur pro- mit de les paffer à la Havane fur les VaifTeaux le Comte de Touloufe &: le Maréchal de Villars. Le Fort de Panfacola eft (itué fur une hauteur de fable qui commande l'entrée de la rade. Les gros Vaiflcaux font obligez de le ranger à trois quarts de la portée d'un canon de quatre livres de balle, &: les petits Vaiflcaux font hors de la portée du canon. Il efl: fait de rondains plantez ea picquets par le bout , pour le défendre feulement contre les Sauvages. Il y a 24. pièces de canon fur quatre bafl;ions, mais elles font très-mal montées , félon la coutume d<^s £fpagnols aux Indes Occidentales. Vers le commencement de Juin , les Vaiflcaux le Comte de Touloufe &: le Maréchal de Villars partirent pour France, &: pafl'ant pardevant la Havane, ils dévoient dé- barquer les prifonniers Efpagnols. Huit jours après leur dépait nous arrivâmes à Panfacola par hafard ; car nous devions aller à l'Ifle Dauphine , mais la. crainte des cou- rans , qui portent à l'Oucfl:, £iit que l'aterage de PEft efr coû-jours le meilleur. Ainfi aïanc aterré à l'ïfle de Sainte 17 2. o. JlùUcc. ro4 Journal du Voyage -— ' Roic , &: moiiillc à caiife du calme, la nuic les vents {^ I7 2.0* rangcrcnc au Sud-Ell, ce qui fie tirer un coup de canon à Juillet, j-io^rc Commandant pour appareiller. Ce coup fut entendu du Fort de Panfacola, où ctoicnt encore Mefïicurs de Se- rigny &: de Bicnville. Ils envoicrcnt le Canot du Philippe au-devant de nous , pour nous ordonner d'entrer dans le Port , ce que nous fîmes. Nous étions deux VaiiTcaux , le S. Louis commandé par M. du Colombier , &: notre Flûte par M. Faveaud. Nous y trouvâmes deux Négriers, un de ^6. pièces de canon, un autre de 14. pièces , qui parcircnc le 12. Juillet pour France. Le Philippe , après avoir chargé parties de nos marchandifes , partit lui-même pour Tlflc Daiiphine avec Mefïieurs de Scrigny 6c de Bienville, 6C nous lailTa tous fculs en déchargement ; c'éroit des vivres Dour le Fort. Nous étions tous allez mal armez ; car le Fore duquel M. de Chateaugué étoit Gouverneur^ n'avoir que 200 hommes. Le S. Louis étoit en fouflaec. Se notre Flûte fe mâtoit de trois mâts, du beaupré, du grand mât &: de Partimon. Outre cela le S. Louis avoit jette fes canons à la Mer, dans un coup de vent que nous avions trouvé fur le Cap de Finiftere en venant ici. De forte que nous n'avions dans les deux Vaiiîeaux'que 20. pièces de canon avec 8o« hommes. 3'écois allé le 4. Août 171p. couper des chênes pour ra- douber notre Flûte : j'entendis tirer un coup de canon du Fort : je regardai les Vaiflcaux, où je vis pavillon : je char- geai au plus vite ma Chaloupe, &c m'en allai à bord ; en paffant pardevant le Saint Louis, on médit qu'on voioit douze voiles, au large. C'étoit trois VaifTeaux èc neuf Battcaux ou Brigantins. J'eus peine à le croire , car nous ne nous y attendions pas ; mais j'en fus perfuadé lorf- qu'étant monté à bord , je les vis par-delîùs l'IUe de Sainte Rofe qui eft fort baffe. Nous nous toiiames fous le Fort , ce qui nous occupa toute la nuit; car ils parurent à quatre heures du foir. Nous avions une licirë &: demi de toilage avec un grand calme, ce qui nous fatigua extrcmemenc. Nous paflames tous nos canons d'un bord, Se nous mîmes en état de nous défendre. On en faifoit autant au Fort. A fix heures du matin il nous vint un ordre par écrit, par lequel il nous croit défendu de faire fauter , ni de couler T»E LA Louisiane. loj: % fond nos Vaifl'eaux ; mais permis de les abandonner fi BOUS voilons que les ennemis fuflent plus forts que nous. ^72-0. Nous vîmes fur la pointe de l'Illc où ils étoienc defcendus, J^i'i^*"» un nombre infini de monde ; les Batteaux &: Brigantins en croient encore chargez ^ ainfi que les Canots, ce qui nous donna à penfer. Enfin les Batteaux entrèrent fans que le canon du Fort put aller jufqu à eux , 6c aïant remarqué qu'il fe dctachoit un Batteau de 14. pièces de canon, Se un Brigancin de dix pièces pour fe mettre entre la terre ôcnous, nous prî- mes le parti de fuivre nos ordres, &: de defcendre à terre. Comme nous étions prellez, nous n'emportâmes que nos armes. Nous cnclouâmes pourtant nos canons , car ils au- roicnc fervi à nous battre dans le Fort. En arrivante terre îe vent calma tout plat , ce qui fit mouiller le Batteau &: le Brigantin , 6c nous donna le temps d'entrer dans le Fort. On envoia quatre ou cinq Matelots à bord de la Flûte, pour y prendre du bifcuit pour le Fort. Mais au lieu de le faire ils s'amuferent à boire s enfuite ils defencloiierenc un canon qu'il y avoir dans l'entre-pont , que nous n'avions pas bien encloûé. Ils en tirèrent quelques coups fur les Efpagnols , après quoi les garde-feux s'étant trouvé vuides, ils allèrent chercher des gargouffes dans la Sainte Barbe fans garde-feux, 6c les mirent au pied du canon. Les cornes d'amorce s'ctant trouvées aulTi vuides , ils amorcèrent le ca- non avec une gargoufle qu'ils déchirèrent. La poudre fe répandit fur celles qui étoient au pied du canon ; 61 aïanc voulu mettre le feu au canon, il prit à toutes ces gargouf- fes 6c brûla ces yvromes , dont deux moururent deux jours après. Le feu prit auili au Vaifleau qui s'eft entièrement brûlé. Les Efpagnols aïant remarqué que les Vaifl'eaux étoient abandonnez, vinrent enlever le S. Louis à la veuë du Fort, fans qu'on pût pointer un canon fur eux , tant ils étoient en mauvais état. Ils coupèrent les cables de la Flûte que le courant éloigna un peu du Fort. Un Officier vint îlir le foir dans un Canot nous fommer de nous rendre , on n'en voulut rien faire. La nuit on nous diftribua nos portes ; mais le matin nous nous apperçûmcs que cinquante Soldats 6c . wn Officier à leur tête avoient déferré , ce qui rallentit l'eavie que nous avions de jious bien défendre , 6c fit ré- 10^ JotiRNAL DU Voyage ioLidre M. de Clûteauguc , & M. dci'Airebaut Dirccleur Ge- 171 o. lierai , à fe rendre. On drcfla une eapmilation , mais les Efpa- Juillet, gnols rcfuferent de la rigncr,parce qu'ils étoient aflurez que la Garnifon n'étant compofcc que de Forçats & de gens mal in- tcntionneZj.ne [c deâcndroit pas, &: que nous ferions obligez d'accepter les conditions qu'ils voudroicnt nous impofcr. Les Efpagnols defcendirent à terre à quatre heures du foir le 7. Août 171^. &£ nous firent fortir du Fort avec arme^ ôc bagages. Etant fortis nous rendîmes nos armes. Ils en- volèrent les Soldats Se Matelots à bord de leurs Vaifïcaux ; mais les Officiers dont il y en avoit dix des VaiHeaux &: douze de terre, n'y furent envoïcz que le lendemain. Les Soldats- Efpagnols nous volèrent , contre l'ordre du General , ôc nous avons été Ion g- temps que nous n'avions q^ue neuf onces de ' pain par jour , &c de l'eau tant que nous voulions ; mais ils manquoient également de vivres. Nous apprîmes des Efpagnols, que des trois Vaiiîeaux qu'ils avoient amené, les deux plus gros étoient le Comte : de Touloufè & le Maréchal de Viilars. Ces deux VailTeaux avoient paru devant la Havane dans le temps qu'il en partoic une petite Flotte de Batteaux & de Brigantins , la plupart Forbans, à qui l'on avoir donné des amnilties èz des com- miiïïons en guerre pour aller prendre la Caroline. Comme nos deux Vaifleaux ne voulurent point fe défendre , fe croïanc fort en sûreté , puifqu'ils avoient des prifonniers à remettre à Ja Havane, ils furent contraints par cette Flotte d'entrer dans le Port, Là, fans écouter ni le droit des Gens, ni la roi des Traitez, les Efpagnols confifquercnt & pillèrent ces Vaifîcaux, dont ils retinrent prifonniers les Capitaines &c les Equipages ; &c les aïant fur le champ armez de nouveau 5 ils les joignirent à leur petite armée , pour nous venir afîieger dans Panfacola. Nous trouvâmes que les Efpagnols éto'ent au nombre de 1800. la pliipart Forbans. 11 y avoit« 600. Soldats de troupes réglées que le Roi d'Efpagne avoit envoie à la Ha- vane pour contenir les Créoles de ce Pais , qui fe vouloienc révolter .à caufe d'un impôt qu'on vouloir mettre fur le tabac. Ce tumulte s'étant trouvé appaifé , ces troupes étoient oi- fives lorfque nos deux Vaifleaux y arrivèrent , ce qui dé* iiermina le Gouverneur à les faire embarquer,. DE x A Louisiane. 107 Les Efpagnols dcpêcherenc aulii-tôc un Biigaiidn a ia Havane, &c un Bactcau à la Veracrux pour donner avis de 172-0. -leuL' conquête. Dans le Brigantin qui fut à la Havane , J^iillet.. ils avoient deilcin de mettre tous les Olficiers ; mais enfin ils n'y mirent que les OiHciers de terre avec leurs valets ; ceux de Marine relièrent prifonniers dans les Vaiflbaux , ce qui fut caufe de leur prompte délivrance de la manière qu'on va voir. Les Efpagnols fe croïoient les maîtres de la Colonie, ÔC ne faifant pas grand cas de l'Iile Dauphinc , ils détachèrent trois Batteaux pour l'aller prendre, lefquels dévoient en- fuite paiïer à la Mobile, puis à la nouvelle Orléans ; &z fuivant ce projet, toute la Colonie étoit entièrement dé-' Truite. Selon eux rien n'étoit plus aifé, Se rien de compa- rable à la prife de Panfacola. Cependant le Philippe , -qui étoit à rifle Dauphine, s'étant mis dans un baffin, où un Batteau ne pouvoit entrer lans fe faire remarquer , les ar- rêta tout court. Ils hafarderent pourtant une defcente à la pointe de la Mobile, mais ils n'y expoferenc que les yo. défcrteurs François, qui furent mafl'acrez ou pris par lés Sauvag-es. Les Batteau?^ s'en retournèrent à Panfacoia i-ç. jours après. Là, pour les renforcer on leur donna le Ma- réchal de Villars &c le Santo Chrifto, Ils furent encore à rifle Dauphine tirer des coups de canon qui n'épouvan- tèrent pas les Habitans. Et étant pour la féconde fois de retour à Panfacoia , ils depécherenr un Batteau & un Bri- gantin pour obferver les mouvemens de l'IUe Dauphine, Huit jours après nous vîmes arriver le Batteau tout feul ^ il avoit 14. canons, ôz fans fçavoîr quelles nouvelles il apportoit , nous remarquâmes une grande confternation fur ieur vifage. Je m'informai de quelques Efpagnols avec qui i'avois fait amitié de ce que ce pouvoit être. Ils me dirent -que le Capitaine de ce Batteau avoit vu quatre gros Vaif- feaux arriver à l'Ifle Dauphine. Une heure après ils dirent que c'étoit de petits Navires : de forte que nous étions tous fort en peine , ne fçachant que croire de ce qu'ils nous difoient. Ils abatirent un grand nombre d'arbres pour conftruire un Fort de pieux fur la pointe de Flile de Sainte Rofe ^ loS Journal du Voyage ~ il fut fait en douze jours de temps : ils y firent travailler '7 2.0. nos Soldats &: Matelots prifonniers. Ce temps-là s'étant Juillec. écoulé èc n'a'iant rien vu, ils fe perfuaderent que les Fran- çois avoient peur d'eux. Ils fe mocquoient de nous &; ne nous appelloient déjà plus Scgnor, comme ils faifoicnt de- puis leur première terreur. Mais au bout de 15. jours ils furent fort étonnez, quand du haut des mâts leur vigie cria Navire, &: leur en annonça jufqu'à fix. Alors ils nous rejGTerrerent plus qu'à l'ordinaire ; ils afl'uroientque c'étoicnt des Navires qui venoient de la Veracrux pour détruire le commerce que la Compagnie vouloir abfolumcnt entre- prendre dans le Mexique par la Louifiane y nous finies fcm- blant de les croire. Mais les Vaifléaux étant venus mouil- ler à demi licuë de l'entrée , ne leur donnèrent plus lieu de douter qu'ils écoient François. Ils mirent les Officiers dans les deux plus forts Vaifleaux j car auparavant nous étions tous dans le S. Louis , 5c s'cntravcrferent fur la ., /- pointe de Sainte Rofe. Ils avoient onze voiles, dont qua- tre étoient des Vaifleaux , fçavoir le S. Louis duquel ils avoient défencloué les canons, le Comte de Touloufe, le Maréchal de Villars &c le Santo Chrilto. Le lendemain fur le midi les Vaifleaux François appa- reillèrent pour entrer. Les Efpagnols commencèrent les premiers à tirer ; mais leur canon n'alloit pas encore à bord des François, tandis que leur Fort de dcfllis la pointe de Sainte Roie étoit déjà tout culbuté ; ceux qui le défendoienc la plupart tuez ou mis en fuite. Ils avoient pourtant du ca- non de dix-huit livres de balle ; mais celui de nos Vaif- fcaux qui étoit de 18. &: de 24. livres de balle, étoit très- bien fervi. Ils fe battirent deux heures &: demi , &c ne fe rendirent que quand la munition leur manqua, ils fu- rent tous faits prifonniers de guerre : mais M. de Champ- meflin laifla à leur Commandant fon épée à caufe de fa belle défen fc. Le grand Fort de la terre gardé par fix cens Efpagnols, étoit invefti par les Sauvages qu'ils craignent extraordinai- remcnt, &: qui étoient commandez par M. de Bienville. Dès que la garnifon de ce Fort eût apperçû que les Vaif- feaux Efpagnols avoient amené 3 ils dépêchèrent un OiB= DE LA Louisiane. 109 cier pour demander à capituler , ne voulant point fe rcn- — * dre aux Sauvages:. on les reçût à difcrecion, &: on donna ly^-o. le pillage du Fort aux Sauvages. Jnllcu Nous apprîmes alors que notre libérateur étoit M. de Champmeflin Chef d'Efcadrc , qui commandoit THercule de ^4. pièces de canon, mais qui n'en avoir que ^6. Il avoit le Mars percé pour 60. pièces , mais qui n'en avoic que 54. Le Triton percé pour 54. mais qui n'en portoit que jo. &: l'Union Vaiflcau de la Compagnie de 3^. pic- ces de canon -, le Philippe de 20. pièces de canon, &c un Brigantin. Ces VaitTeaux du Roy avoient porté un Inten- dant à la Martinique , &: étoient deftinez à réduire à leur- devoir ceux des Habitans de cette Ifle qui s'en étoienc écartez. Aïant trouvé qu'ils y étoient rentrez , ils allèrent à S. Domingue, où ils furent trouvez par le Vaiffcau l'U- nion qui leur apportoit des ordres de Monfeigneur le Ré- gent pour aller prendre Panfacola, fans fçavoir qu'il avoic été pris & repris. C'efl: une efpece de miracle que ces Vaif- feaux foient venus nous délivrer. Le fur-lendemain de cette vidoireM. de Champmefîiii diflribua les prifes ; il deftina le S. Louis pour reporter tou- tes les troupes Efpagnoles à la Havane , &c leur abandonna le Vaifleau. Il donna le Comte de Touloufe à M. du Co- lombier, le Maréchal de Villars à M. Favcaud, &; il me donna le Santo Chrifto. Il diftribua les pnfonnicrs qui reftoient dans toute l'Efcadre , garda quatre Batteaux, &: £c mettre le feu aux autres. Nous fumes repris le 17. Sep- tembre. Le premier Oélobre la Ducheflc de Noaillcs arri- va chargé de vivres , ce qui nous fit grand plaifir , car nous en avions bcfoin. Les Efpagnols étoient tout étonnez de voir un fi prompt fecours venu de fi loin, tandis qu'étant près de la Havane &: de la Veracrux , ils n'en avoient pu avoir pendant l'efpace de quarante jours. Le 24. Septembre le Brigantin qui - avoit mené nos prifonniers arriva, &: entra inconfiderc- ment dans le Port fans nous connoître, tant les Efpagnols comptoient fur leur victoire. Douze jours après un Pincre en fit autant ; &: comme nous fortions de la rade, le Batteau qui avoit été à la Veracrux, arriva aufïi affez à temps pour £q fiife prendre. LeBrigançin avoit apporté des Lettres du iio JûURîiAL DU Voyage ■ ,_ Gouverneur de la Havane , qui donnoit de grands éloges 17 10. au Commandant de rEfcadrc Etpagnolc , &: nous condam- Jiiillet. noit d'aller tous aux mines du Mexique, fous prétexte que nous étions des Forbans. Monfieur de Champmcflin fit pendre partie de nos de- ferteurs , envoïa les autres aux mines des Illinois , fit rui- ner le Fort de Panfacola &: celui de l'Ifle de Sainte Rofe, parce qu'il étoit impoflible de les' garder. Il y laiffa feule- ment zy. hommes pour faire voir aux Alliez de la Cou- ronne qui vicndroient relâcher dans ce Port, que le poitc cft à nous. Il fortic de cette rade le lo. Octobre, mais il ne partit de la côte de la Louifiane qu'au mois de Novembre, & arriva à Brcft le troificme Janvier de cette année 172,0.0 \ OBSERVATIONS Faites à l'I/Ie Dauphine fur la cote de la Louifiane , dans le mois de Juillet iiio, E p u I s le premier Juillet , jour de notre arrivée à rifle Dauphine, le Ciel fut louvent couvert jiifqu'au ^Tàc ce mois ; ainfi je ne defcendis point à terre, j'étois d'ail- leurs bien aife de laifler taire les établiilcmens , tant pour les Hôpitaux que pour nos logemcns avant que de m'y rendre, ^ donner à l'Aumônier du Henri, quelques jours pour fe remettre des fatigues de la Mer. Je m'y en allai le 5). Juil- let l'aprés midi ; on m'y avoic difpofé une maifon de bois j car ici , comme aux Ifles , il y en a peu d'autres , parce qu'il n'y a ni pierres ni cailloux, &: que le bois n'y manque pas. Cette maifon qui eft la feule du Bourg, qui ait un étage au-delfus du rez-de-chaullée , eft iur une pLige de fa- ble en vià'é de la Mer, prefque fur l'extremkc orientale de rifle. Elle efl: un peu plus folide que les autres , aïanc les piurs du bas étage bâtis de chaux faite de coquillage, ré- duite en mortier. On mêle ce mortier avec du coquillage entre des planches pofées verticalement. On bat ce mélange ^/ec ia ii^ouë 3 ^ quand le touc eft durci, on pte les plan- •40 . ] < Po'.nt de cotrcûjcn. :. o. 1 o'. M- 58. Si. j6. 2. 22. 13- 0. Le 10. DE LA Louisiane. m ches, 5^: on continue de la mcmc manière les afTifes, qui n'ont qu'un pied d epaifTeur. 1720. Je montai mon horloge, &: je plaçai mon quart de ccr- J-"''C'"- cle hors de la maifon , vis-à-vis mes fcnc:rcs iur une prrice hauteur de fable , où Ton avoit jeccc des coquillages brile^ de mêlez avec du mortier , qui rendoit cet cndroit-Ià un peu plus ferme que le relie du nvage, qui n'efl que fable mouvant, ce qui fatigue extrêmement en marchant. Ce fa- ble cft d'ailleurs fi blanc, qu'au fort du Soleil on en cfl cbloiii. Auprès de cet endroit je fis drcllbr un petit mât • ce que les gens 'de Mer entendent à merveille : on y atta- cha une poulie fur laquelle palToit une manœuvre courante qui foucenoit ma lunette de 18. pieds, fupportée fur une longue pièce de bois creufée pour recevou- \c tube de la lunette ; ainfi je hauifois aifémcnt ma lunette, autant qu'il en étoit befoin. Cet Obfcrvatoirc étoit à la difcretion non feulement des gens du Pais , mais même des bœufs , va- ches &c autres animaux : il n'y arriva pourtant point de dé- fordre pendant 'mon féjour dans cette IHe. Je pris des hau- teurs du Soleil pour régler l'horloge. Les voici. Matin, Bord fiiperieur Ju Soleil. Soir. p. 14. 65. 17. o. I. 25. Le calcul fait, on a eu midi le lo. Juillet à ii-.^y\ j'' , Hauteur méridienne apparente du bord fu- perieur du Soleil , 82^. i Demi diamètre, &: 8^ de réfraction fouflra- divc, Vraie hauteur méridienne du centre du Soleil, Déclinai fon du Soleil fouftraétive, Hauteur de l'équateur,. j5>. 43. 2. Latitude de rifle Dauphine , 30. 16. y 8. Le foir on ne put faire d'obfervation à caufe des nuages, &: un étourdi de valet arrêta la Pendule placée dans ma chambre. On prit des hauteurs du Soleil pour l'horloge , mais com- Le i ï; me elle fut encore arrêtée par un autre imprudent , on ne les donnera pas. 82^^. y. Si. 47. 22. j. 30^ 38. 0. 59' 42-. 30. 17. 38. 22. i i 2 J o u R 1^ A t DU Voyage Hauteur méridienne apparente du bord fupcrieur du 17^0. Soleil, Juillet. Donc , comme dcflus, vraie hauteur méri- dienne du centre du Solei) , Déclinaifon du Soleil fouftraftive , Hauteur de 1 equateur , ' Latitude de l'IÂc Dauphine, Le temps ne fut pas beau le refte du jour, ainfi on ne put faire aucune autre obfervation. te 12. A 7'i. Iy^ du matin la baflefïe de l'horifon de la Mer, fut de o^. y. ^o^. Je pointai la lunette fixe du quart de cercle au Sud ôc au Sud-Oueft. Le Ciel ctoit affez ferein , &: il y avoit peu de vent. Hauteurs four V Horloge. îvîat'n. Bord fuperieiir. Soir. ^îi. 6^25)^ 49^.10.^0''' 311. 7^5o'''."i ïi- 54. 50. 22.0. 1. 51' \j^::^!^, 17. 4. 5\. 28. o. 2. 57. 4. ^ Par ces hauteurs , on a eu midi vrai le 1 2 . Juil- -Ict , à oli. 7^ 4*. Hauteur méridienne apparente du bord infé- rieur du Soleil , ' 81^^.23^30^^ Demi diamètre du Soleil , moins 8^. de ré- fradion additive ^ Vraie hauteur du centre à Midi , Déclinaifon du Soleil fouftradive ;, Hauteur de l'équateur , Latitude de Tlfle Dauphine , Je ne pus faire aucune autre obfervation ce jour-là, le temps ne le permit pas , & il vint divers malades de nos VailTcaux qu'il fallut fecourir. Il vient d'arriver trois VaifTeaux de la Compagnie : ils ont falué les VaifTeaux du Roy. L'un eft commandé par M. de la Feiiillée, il cil nommé la Driade, chargé de yo. Soldats. Un autre chargé de Forçats &: de PalLigers qui viennent habiter la Colonie. Un autre nommé le Rubi» , venanp ly- 42. §1. 21. 39- 5^' 12. 0. 59' 30. 43- 16. 12. 48. DE LA LOUISIAKE. T/'j yénant de Guinée chargée de Nègres p.ôur la Colonie , ils - •>. 1*11 ' ont moiiiilez près de nous, 6c comme 'nous a l'abri de la *7 2.0. Bouée. ... ; , / y^'^^''* Outre mes occupations aftronomiques , je me trouve chargé des Hôpitaux qu'on a établi dans l'Ille pour nos malades qui augmentent en nombre. J'avois raifon de croi- re qu'il y avoir peu de Prêtres dans ce valle Pais , puifqu'iî n'en relie que trois -, Tun à la Mobile, l'autre au Billoxi , &c le troifiéme à la nouvelle Orléans. Il n'y a pas même d'Eglife à rijle Dauphine ; nous difons la Mcffe près de l'Hôpital du Toulouie. Ici toute la marque du Chriilia- nilmefe réduit à une Croix, auprès de laquelle nous avons établi le Cimetière dans le (able. A 7^. 3-0^ du matin , la bafïelle de l'horifon de la Mer, Le ij. fut de o^. 5^o^ Hauteurs four l'horloge. Matin, Bord fuperieur. Soif. 5)\ i^ f. 48:. 3^ 30'. 5'^ 7'. 30/.-^ ^ ^ j^^«„ A Q J II n'K a poinr. sis 5- 3- 45>- 9- 30- 4- 5. <5 ^^^.^^,>.J>i-^- 8. 57. 50. 6. G. 2. \S. 5-3. j On a donc midi vrai , à o'i. 4^. 32^. De forte que l'horloge a tardé en un jour de z. 32. On n'a pu prendre les hauteurs méridiennes du Soleil , à caufe d'un gros nuage venu du Nord-Ell, qui a duré depuis ii'i. 3o^ jufqu'à deux heures du foir. On a achevé aujourd'hui un mât de hune pour le Tou- loufe, d'un beau bois qui eft rouge, quoique Sapin , mais il eft fort pefuit. J'efpere que nous n'aurons pas befoin de nous en fervir. 3'ai encore pris aujourd'hui des hauteurs du Soleil pour Lei4î riiorloge , par lefquelles j'ai connu qu'elle tardoit trop fur le temps moïen j c'eft pourquoi j'ai hauflé le poids du Pendule jufqu'à la marque fur . laquelle elle étoit réglée à Toulon, mais tout cela a été jufqu'ici afïcz inutile -, car un troifiéme imprudent m'a arrêté mon horloge pendanc mon abrence j ainfi il faut recommencer. Quoique nous ne devions pas tirer grand profit des ob- fervacions fuivantes , je les mettrai pourtant ici. Le foir à huit heures , le premier Satellite s'approchoit de Jupiter ; il en étoic éloigné d'un diamètre de Jupiter, Le troifiéme P 114 Journal dû Voyage: étoïc éloigné de quatre à cinq diamètres de Jupiter. Ils 1 7 i o- étoienc tous deux à l'Orient. Le fécond étoit à un diame- Juillet. j^ç ^Q Jupiter loin de fou bord occidental. Le quatrième étoit méridional , &c loin du fécond d'un demi diamètre de Jupiter vers l'Occident. Le troificrnc s eloignoit de Ju- piter. Le fécond &c le quatrième dévoient fc joindre. Je les obfervai à ^^\ 3o^ ils ètoient prefque en conjondion. La brume m'empêchoit de les voir bien dirtindement. Il fur- vint des nuages, je n'attendis pas. A midi la hauteur apparente du bord inférieur du So- / Icil , avoir été de 8i^^. 6^ 30'^ Donc , comme deflus , vraie hauteur du cen- • tre, Si. 12. 12. , I Déclinaifon du Soleil fouflradive ,, ,21. .35?. 30, Hauteur de l'équinoxial, je?. 42. 42. Latitude de l'î fie Dauphins, 30. 17. 18. ^e jf^ 11 y eut des nuages, on ne pue pas prendre des hauteui"5 ni correfpondanrcs , ni méridiennes ; ce jour fut malheu- reux, on ne put faire d'autre obfervation que celle-ci. A^'\ 30^. matin,bafrelïe del'horifon delaMcr, o^. j^ 30'^. Plus grande que les précédentes. On a pointé au Sud- . Sud-Oueft. On a embarqué notre mat de hune, &: on fe prefle de: débarquer les vivres que nous laifîbns à la Colonie.. le 16, On a pris des hauteurs du Soleil pour l'horloge. Matin. Bord fuperieur. Soir. 5)'i. 16^. 4^ 530, 22^ 30^ zK 34^ ^6^.\ 18, 3f. f4. 4. o. u. io. -I , '''''y^P°''?V'"^°'^* -'-' ,»r-T j ^dc correction a faire. 21. 16. j4 40. O. 29. 34. J On a donc midi vrai le lé". Juillet , à 111^55^30^» Hauteur méridienne apparente du bord in- férieur du Soleil, Donc vraie hauteur du centre , Déclinaifon du Soleil fouftradive ., 80^, .47^. , 30^ 81. 3- 12, 21. 20. 0. 59- 43' 12. 30. 16. 48. Hauteur de l'équateur , Latitude de Tlfle Dauphine , On n'a pu faire aujourd'hui d'autre obfervation l^Q j^^ La bafleffe de l'horifon de la Me;; a été à 8'^ if. du ' înatin, de o'. 4'. if^ DE 1 A. X. O U I S I A N E. I I 5- 'On a pointé la lunette au Sud-Sud-Ouclfc ; riiorifon étoïc a/îez net. - ^7-o- On avoit pris le matin des hauteurs pour l'horloge , mais 'j"*^'^f> aïant été l'après-midi adminiftrcr les Sacrcmens à des ma- lades de nos Hôpitaux : je ne tus pas de retour afîbz à temps^ pour celles du foir, &: le Sieur Verguin, que le ConTeil m'a donné pour Defïinateur , ne pouvoit feul compter &r prendre hauteur. A 5? h. 50^ du matin 5 on fit rcxpcriencc du baromètre. Le mercure, après lavoir bien purgé, eft monté dans le tube , à 2.y^ouc. yW^n. i. On s'efl toujours fervi des pompes de verre , dont j'ai parlé ci-devant , pour charger le tube. Nous étions quatre toifcs au-dellus de la furface de la Mer i les connoiiïeurs fçavent pourquoi je dis ceci. Hauteur méridienne apparente du bord inférieur da Soleil , So^. ^j\ o\ Donc vraie hauteur du centre , $o. ji. 41. Déclinaifon du Soleil foull:ra£tive, zi. 10. o. Hauteur de l'équateur, jp. 41. 42.. Latitude de l'Ifle Dauphine, 30. 17. 18. Quel Pais eft celui-ci pour ini Aftronomei pas une belle nuit j je n'ai encore pu rien faire. La bafleile de l'horifon de la Mer, a été trouvée cerna- Leiî. tin , de o '. 4^ ^f o^^ Le Ciel étoit couvert, le vent à l'Oueft médiocre. Tout le jour le Ciel a été couvert de nuages par un grand vent qui eft venu à TEft , puis il a tourné par le Nord au Sud-Oueft , où il a refté depuis une heure jufqu'à fix heu- res &c demi du foir. Alors il a fauté au Nord- Eft frais, qui a encore plus couvert le Ciel. Il a fait un grain de pluie forte. La nuit le vent eft retourne à l'Oueft , le Ciel très-couvert avec des tonneres au loin ÔC des éclairs. Tout aujourd'hui même? temps qu'hier. Le vent Oucft- Le i^- Sud-Oueft, groffe Mer Se nuages épais. De manière qu'on n'a pu obferver , ni même bien diftinguer l'horifon de la Mer pour en prendre la baflefte. A dix heures du matin le Ciel étant fort couvert. Se après Ujie grofte pluie, on a fait par deux fois l'expérience 4\i pij ii6 Journal du Voyage ■•^-- baromètre avec les précautions ordinaires. A la première , 17^0- avec un tube d'onze points de diamètre, le mercure étoic A la féconde , avec un tube d'une ligne , il elt monté à ly. V.— Xe 20. ^ ^''- 30^- du matin le Ciel étant très-ferein , le venc Nord-Oueft foibie, la bafTefTe de l'horifon de la Mer acte de o'. î^o^ On a pris des Hauteurs pour régler l'horloge. Matin. Bor(i ruperjetir. Soir. 4c. 36. 48. IZ. 0, CO. 16. j «'"'yapoînt/ncofc ' -' -' ^ -^ J ) de coiLL-ction a faiic. 50. 33. 49. 17. o. 4j. 17. J On a donc midi vrai le 20. Juillet, à 1111.47^ y 6^, De forte que l'horloge a tardé depuis le 1 6. Juillet , de 7. 34. Pour être au temps moien, elle devoit avan- cer en ces quatre jours > de i^. Elle tarde donc en ces quatre jours, de 7- 5 3- Ce qui donne pour retardement journalier , 1.58.- Ainii on voit que dans ces Climats ( ce que bien d'au- tres ont obfervé avant moi ) il faut accourcir les Pendules bien plus que dans les nôtres , pour qu'elles foient ifochro- ncs. J'ai hauflé le grand poids du Pendule d'une demi li- gne : j'ai emploie à cela iy\ mais pour rapprocher l'hor- loge du temps vrai, j'ai avancé l'éguilledes minutes de ii\ de forte que comprifcs les 17^. dont je l'ai retardée, elle ne tarde plus à midi du 10. Juillet , que de o'^ o'. 2 1^''. Hauteur méridienne apparente du bord infe- îieur du Soleil , 80^^. 4. o. Demi diamètre du Soleil moins i o''^ de ré- fraction additive, ij. 41,. Vraie hauteur du centre, 80. 15?. 41. Déclinaifon du Soleil fouftradivc, 10. 37. o. Hauteur de l'équinoxial , ^9. 42. 41, Latitude de l'IUe Dauphine. 30. 17. i^. DE LA Louisiane. 117 Ce foir j'ai pris avec giaiid foin la hauteur méridienne — d'Antarcs , 3 5«'*y7-' o\ ^7^0- Réfradion fouftradive , 1.27. J^^^^^er. Vraie hauteur méridienne d'Antares, Déclinaifon méridionale d'Antares, Somme. Hauteur de l'équaceur , Latitude de l'Ifle Dauphinc, Laquelle s'accorde avec la'moïenne, conclue des fepc hauteurs méridiennes du Soleil rapportées ci- devant. Ainfî elles fe confirment les unes ôc les autres. Hauteurs du Soleil ^our l'Horloge, Le ii.' I. 27. 33- 55- 47- 19, 59- 30. 41. 17- 52. 8. Matin. Bord fiiperieur. Soir. ^K 1^^.16'. ^Z'Kll'. o\ 2^.41^' •47^1 I5>. 21. • Î3- 13- 3û. 36. <" 2 < Coireâioij ) 1 additive 3'/. 24. 4- 54. 14. 0. 32. ^7' J On a donc midi vrai le 21 . Jii lill .t,à iii^ y8^ î2^ De forte que fhorloge a tardé en un jour folau'C de i. 27. Je n'ai pu obferver le Soleil à midi , aïant été occupé à admuiiftrer les Sacremcns à des malades. A j'K 3o^ du foir, j'obfervai les Satellites de Jupiter le Ciel étant fcrein , ce que je n'avois pas vu depuis mon arrivée en cette îfle. Le premier Satellite ctoit à l'Orient, loin du bord de Jupiter d'un diamètre de cette Planette. Le troifiéme étoità l'Orient du premier, éloigné de lui de deux diamètres de Jupiter. Le fécond Satellite étoit méri- dional, & loin du bord occidental de Jupiter d'un demi diamètre de Jupiter. Le quatrième étoit à l'Occident du fécond , dont il étoit éloigné de deux diamètres de Jupiter Il y avoir une Etoile fixe, diftante de Jupiter de la moitié de l'ouverture de la lunette de dix-huit pieds. A 81^ 30'. le fécond Satellite s'étoit approché de Jupiter ; les autres s'en étoient un p"u éloignez. Hauteur méridienne apparente de Saturne, 44''. 2 3^ o Réfradion , r/ I Vraie hauteur méridienne de Saturne, 44. 21. 55). pécliuaifon méridionale de Saturne additive, 15.21. o , ' P 113 iiS Joi/RNAL DU Voyage — Hauteur de l'êquinoxial, 59 '.41'. y ^*'. 172.0. Lacuudc de l'Ide Dauphine , 30. 17. i. Jiiiller. 33'' ,56^ 45^ 33' 2-5- 5T- 47- 18. 59- 30. 41. 17. 37- 13. La figure de Saturne ctoic pour fcs anfes la même qu'or- dinaircmenc. On a pris de nouveau la hauteur méridienne apparente d'Ancares , Donc , la réfradion étant la même , vraie hauteur d'Antares, Dcclinaifon méridionale d'Antares , Hauteur de l'équateur, Latitude de Tlfle Dauphine, Le II. J'étois allé de grand marin aux Hôpitaux j pendant mon abfence ma Pendule fut arrêtée par quelqu'un qui venoic me voir, qui ne trouva qu'un valet dans ma chambre. J'ac- courcis encore le Pendule d'un tour de vis dc je remis l'horloge à peu près au temps vrai ; puis je pris les hauteurs fui van tes. Matin. Bord fuperieiiir. Soir. V\^7'.'^i'. 48^^.I7^3o^ 3^. 0^35^1 ^' I- M. 45). 4. o. 2. 57. 6. <{ J-;f;i'' 6. 58. yo. 1,0. 2. Jî . 36. J On donc midi vrai le zi. Juillet, à ijH. ^^\ 16^^» Hauteur méridienne apparente du bord in- férieur du Soleil, 75^ '.40''. 30^» Demi diamètre moins 1 1'^. de rcfradion ad- ditive, Vraie hauteur du centre du Soleil , Déclinaifon du Soleil fouftraclive , Hauteur de l'équateur , Latitude de l'Ille Dauphine ^ Le foir à 7'^ z^\ j'ai obfervé Jupiter. Le fécond Sa- tellite étoit à l'Orient de Jupiter , lom de fon bord d'un diamètre de Jupiter. Le troifiéme étoit éloigne du fécond vers l'Orient d'un demi diamètre de Jupiter , mais il étoic :plus feptentrional. Le premier Satellite étoit loin du bord occidental de Jupiter d'un demi diamètre de cette Planète» JLe (quatrième étoit à l'Orient de Jupiter loin de fon bord en- ly- 40. 79- 20. ^6. M- 10. 0. 59- 30. 43- 16. 10. 50. £)E LA Louisiane. I15) vïron à\m diamètre èc demi de Jupiter. UEtoile fixe un -^ peu plus loin de Jupiter qu'hier j &c l'autre fixe vers le Sud 172.0- au bord de l'ouverture de la lunette de 18. pieds. Juillet. A 8-^. 27^ 30*'. du même foir, le rroificmc Satellite étoit en conjondion avec le fécond , à un diamètre de Jupiter loin de fon bord oriental. Le troiiicmc s'approchoit de Ju- piter , le fécond s'en é^oignoit. Le quatrième Satellite étoic à l'Orient du fécond d un demi diamètre de Jupiter , &: ' faifoit un triangle ifofcele avec le fécond &: le troifiéme , dont ceux-ci étoient la bafe. Le premier Satellite s'éloi- gnoit de Jupiter vers l'Occident > il en étoit éloigné de tout le diamètre de Jupiter. Il y avoir une Etoile de l'aîle de la Vierge au delTous de Jupiter , 6c une autre au dcllus. Celle-ci étoit deux fois plus loin de Jupiter que l'autre , avec laquelle elle faifoit un triangle fcalcne obtus , Se Ju- piter étoit à l'angle obtus de ce triangle. Ces deux Etoiles tenoient toute l'ouverture de la lunette ; laquelle n'a de champ au plus que le demi diamètre du Soleil , c'cfl-à- dire, 15^ y i^ étant de 18. pieds, La hauteur méridienne d'Antares , fuc obfervéc ce folr- là précifément la même que le zo. Juillet , de 5 3 ^. 57^ o^. Ce qui donne la même latitude qu'on avoir trouvée le 2,0. 30. 17. 8, Hauteurs du Soleil four l'horloge. Le 23» Matin. Bord fuperieiir. Soir. ^11.17^x4'''.- 51^.20'. o. 2.h. 35>^47^."^ 21. 39. 53. 28. o. 3y. 26. X 2y. 58. 54. ^6. 30. 30. 48. j Un vent furieux d'Eft a fort agité le plomb quelque précaution qu'on eût prife. On a donc midi vrai le 23. Juillet à II h. y8^ 29^. De forte que l'horloge a tardé depuis hier de 47. Le Ciel fut couvert à midi, on ne put pas prendre la hauteur du Soleil. Le foir à 5*1. nous avons fait de nouvelles expériences du baromètre , le mercure eft monté dans le tube à 27PO"c. giign.i. Nous étions à la même élévation de quatre toifes au- delTus de la Mer. Le vent étoit Sud-Eft frais , &: il y avoir des nuages en l'air. Tout le foir le Ciel fuc couvert : 011 lie put faire aucune obfervation. Corrcûîoii adJitive x" . 12,® Journal DU Voyage „__„ — Hauteurs four l h or loge. *7 2-0' Mâtin. Bord fiiperieur. Soir. Juiller. ^h. 16^44^ 52-^42-'. 30'. 2>.'^f.<^%\\ concrt'.o» Le i4- 15». 30. 5'^' 7- l^' 55' 4- V^^*''^'^^ ^"• Ce qui donne midi vrai le 24. Juillet , à ii'^ yy^ 18^. Depuis le 2 1. l'horloge auroit tardé en deux jours de 1.58. Ce qui dcnneroit pour retardement jour- nalier, 59' Par les obfervations du 2 5 . ce retardement feroit feulement de 47. Ce qui donne une différence de îi\ ajou- tant la moitié , ^ 6. On a un retardement moïen de 55. On en a ufé ainii à caufe que le vent furieux de Sud- Eft qui foufloic le 23. rend les oblcrvations de ce jour-là un peu douteufes , quoiqu'elles s'accordent à 10'''. Hauteur méridienne apparente du bord inférieur du So- leil, 75) .15^30^. Donc vraie hauteur du centre, 79. 31. 10, . Déclinaifon du Soleil fouftraclive , 15?. 47.45-. Hauteur de l'équateur, 55). 43. 2^, Laticude de rifle Dauphine, 30. i (3. 3 y. Des neuf obfervations faites pour trouver la latitude par la hauteur méridienne du Soleil , la plus forte don- ne , 30 . \j' .lY* La plus foible donne , 30. k?. 35-. La différence eft y -^J , Ajoutant -lG" .\ la plus foible, on a pour latitude moicnne, 30. 17. i. Celle qui a été conclue par la hauteur de Saturne, s'ac- corde dans la féconde j & plufieurs foitdu Soleil, foit d'An- tares , s'accordent à peu de fécondes près , foit par excès 3 foit par défaut. Il faut donc établir la latitude de fille Dau- phine, de 30 . i-j' . q% Ce qui eft un point effentiel pour déterminer la partie Nord du golphe du Mexique. Or depuis la rivière du MiffUlipi jufqua la baye de S. Jofeph, toute la thiQ court brefque par tout Eft & Oueft , comme on le verra dang ia lïE LA Louisiane. m' k Carte, dans laquelle on a corrige la latitude de 13. mi- iiutcs , dont elle ctoit trop grande. . 1710. Juillec* OBSERVATION De l'émcrjton du premier Satellite de Jupiter , fuite le 24. Juillet 1720. au foir. ON ne put obferver l'émerfion qui arriva le huit Juil- let à caufe des nuages &; du mauvais temps qui dura quatre jours. Le quinzième^ Jupiter fe cacha à dix heures <5ans une barre de nuages , qui continuoit jufqu'à l'hori- ibn. 11 en arriva une le 31. Juillet ;, mais j'avois déjà em- barqué mes inftrumens, parce que nous devions partir ce jour-là, ou le lendemain. Je n'ai jamais eu ici une nuic claire, où il n'y eut pas des nuages à i'horifon &: en divers endroits duCiei. Je ne crois pas en tout le voïage depuis Madère, avoir eu trois nuits pendant lefquelles le Ciel fut bien ferein ; de forte que je n'ai point trouvé ce que di- fent des Voiageurs du métier, qu'entre les Tropiques on a de belles nuits ; peut-être parce qu'ils ont navigué en d'au- tres faifoxis où cela peut être vrai. Mon Deffinateur ou moi reliâmes en fcntinelle , de peur que quelqu'un n'arrêtât mon horloge après les hauteurs du foir. Temps vrai. A 7'\ 45)^ 18''''. Le premier Satellite ne paroît pas en- core. La fixe qui étoit hier au Sud de Jupiter ne paroît pas dans la lunette de 18. pieds : mais la fixe qui étoit au Nord paroît beaucoup plus à l'Oueft, c'eft-à-dire , que Jupiter s'eft avancé d'autant vers l'Eft 7. 5^. 47. Je doute fi je ne vois point le premier Satellite : les nuages très-déliez donc Jupiter eft entouré, m'empêchent de ,% . l'aflurer. 8. 2, 23. Certainement le premier Satellite efl forti de l'ombre de Jupiter, dont il eft éloigné d'environ |e demi diamètre de Jupiter. Il parok diitin Cément, de .0- îzz Journal du Voyage — — - forte qu'on peut établir sûrement l'émerfion de ce SatellkCy i7_io. à" 8•.c^o^. JinUec. ^ neuf heures j'ai vu Jupiter entre des nuages, trois ou quatre degrez au-dcfTas de 1 horifon. Le premier Satellite étoit loin de Jupiter de près d'un diamètre de cette Pla- • nete vers l'Orient. Le retardement de l'horloge étoit à huit heures du foir du 24. Juillet, de z\ 53^. qu'on a ajouté au temps de l'obfLMvricion ci-deiTus. De toutes les bafTefTes de l'horifon de la Mer, la plus grande eil celle du 15. Juillet, de o .5^30^, La plus petite eft celle du 12. Juillet , de o. 3. 30. Entre lefquclles on a pour moienne bafTcfTe , 4- 30- Ce qui donneroit 17. pieds d'élévation du quart de cer- cle au-defTus de la furface de la Mer ; aufli a-t'on trouvé 16. pieds 6. pouces par le nivellement. Il s'enfuit de-là que les raïons vifuels ont été convergens, quand l'angle d'in- clinaifon excedoit 4^. 30^^ &c divergens quand il etoic moindre , comme on l'a fait voir dans le traité des réfrac- tions horizontales. On auroit fait ici un plus grand nom- bre de ces obfervations y fi l'horifon de la Mer ii'avoit fou- vent été embrumé. Les fonctions que j'ai exercé ici auprès des malades qu'on y a amenez , m'ont empêché de courir le païs j même d'al- ler à la Mobile, où nos Chaloupes furent deux ou trois jours pour acheter des bœufs &c des rafraîchifl'emens. J'au- rois pli faire dans mes courfes diverfes obfervations Phyfî- ques &c Botaniques. DESCRIPTION De Vlfle Daufhineo 'I s L E Dauphine eil le fcul endroit de la côte de \'x ^_^^ Louifiane où j'aie été par les raifons qu'on vient de dire. Cette Ide a été formée des fables de la Mer ^ de la terre qui ont été apportez par la rivière Mobile , qui n'eft pas rapide , &: dont cette Ifle eft voifine. Le fond de îa Mer en ces parages n'cft que fable 5 &: les vents de Sud- DE LA Louisiane. 113' EU;, qui font très-frais en hiver, ont dans l'intervalle de — plufieurs fiécles accumulé ces fables, lefquels mêlez avec un ly^^* peu de terre portée par les inondations , ainfi que des pom- J ^^ll^^* mes de pin , de fapin , de glands de chêne , &: autres ar- bres , ont formé peu à 'peu cette Ifle. Les arbres ont crû avec le temps , ainfi s'eft fait le bois dont Tlfle efl couverte. Elle peut avoir trois lieues de longueur de l'Eit à l'Oueft, avec un peu de crochet qui court à 1 Oueft ^ Sud-Oucft ; mais la partie de l'Oueft n'eft que fable, qui court dans la Mer afTez loin. On ne trouve pas une pierre dans cette Ifle , non pas même de la grofleur d'une noifettc ; ce qui fait voir que ce n'eft qu'un amas de fable formé par la Mer. Je penfe qu'il en cft de même de toute cette côte que la Mer a augmentée à fes dépens ; car le terrain jufqu'à 30^ îieuës dans les terres, eft mêlé de fable en plufieurs en- droits. On trouve dans cette Ifle une efpece de pin , d'où coule , quand on l'incife , le baume de Copahu ; nous n'avons pu en avoir de nouveau , parce qu'en Eté il ne fort des incifions que très-peu de refines. On y trouve aufli de l'Efchinc, herbe dont la racine reffemble à la Patate. En la mettant infufer avec la feuille , elle eft très-bonne pour les fcorbu- tiques, defquels on lave les gencives avec cette décoélion : elle les guewc bien-tôt ; mais celle de ce Païs ne vaut pas celle de la Chine. Il y a encore dans ce Païs de la Cafllne, &: dans Tlfle même on en trouve aflTcz. Cette herbe connue à Paris , où elle n'a pas fait fortune , eft un diurétique trop violent, dont l'ufage feroit nuifible. Au Nord de l'Ifle Dauphine il y a quelques Iflors éloi- gnez d'un quart de lieuë environ , formez de la même ma- nière ; car il ne paroît pas qu'en cette contrée la Mer aie gagné fur la terre ; il paroît au contraire par les fables qu'on rencontre dans les plaines , &C qui font plus ou moins mê- ' lez avec de la terre , que la terre a gagné fur la Mer. Ces Iflots font très-voifins de la terre ferme. Il y avoir à l'Ifle Dauphine vers l'Eft une efpece de rade formée par la côte qui fait un crochet, où des Vaifleaux de 30. &: 40. canons pouvoicnt mouiller à l'abri des vents d'Queft & de Sud-Oueft, en forte que cette rade n'avoig 114 Journal du Voyage. pour travcrficrs que les vents depuis le Sud jufqu'à rEfl- ï7i®' Sud-Eft : car l'Iflc aux grands Gofiers &: la terre la cou- Juillet. Yj-ent des autres vents ; mais le Mer y a jette une fi grande quantité de fables par les vents de Sud-Eft , qu'il n'y peut plus mouiller que de petits Bâcimens. Le jour avant notre arrivée, la grollc Mer de Sud-Eft jetta dans un lagon ou étang voifin de cette rade une fi grande quantité de Meu- ges , qu'après que nos Chaloupes &c Canots , Se les Habi- tans du Bourg en eurent pris à la main &c à coups de bâ- ton, ce qu'ils voulurent, il fallut enterrer le refte de ce poiffon , qui ne pouvant plus retourner à la grande Mer , mourut dans l'eau douce de ce lagon ;, qui n'eft feparé de la Mer que de la portée du piftolct , par une barre de fa- ble. Ce lagon ne peut être formé que de l'eau de la Mer, laquelle fe filtrant à travers le fable , fe dépouille de fon fel. Je paftois fouvent le long de ce lagon pour aller aux Hôpitaux , parce que le fable y eft plus ferme ; je fus con- vaincu que l'eau en étoit douce, y voïant boire les chiens, èc des femmes y favonner du linge. Aufîi pour avoir de l'eau douce à boire , on fait des creux dans le fable à cinquante pas de la Mer, dans lefqucls on met des bari- ques défoncées r le lendemain on y trouve deux à trois pieds d'eau. On vuide la première î en fuite on y puife de la bonne eau dont j'ai bu pendant mon fejour dans cette Ifle , &: donc on a pris quantité pour notre retour, fans que perfonne en ait été incommodé. Il eft vrai que comme le long d<2 la Côte il y a beaucoup de rivières , dont quelques-unes fonî fort grolTès , fur tout le Mifïiflipi , l'eau de la Mer s'y dé- pouille beaucoup plus aifément de fon fcl, étant mêlée avec tant d'eau douce , comme on l'a éprouvé par l'aréomè- tre. Il n'y a aucune fontaine dans le Pais , èc les rivières y viennent toutes de loin. De la manière dont on m'a parlé de la terre ferme , le Pais pourroit produire beaucoup de maïs , du ris &c d'au- tres grains ; mais le bled n'y graine pas jufqu'au Naché, qui eft une Colonie à i jo. lieues au Nord. Depuis là en remontant jufqu'aux Iflinois le bled y vient très-bien, ainfi que tous les autres grains. On pourra planter des Miiriers, des Orangers de de toute forte d'arbres fruitiers d' Eté ; W DE LA Louisiane. ïi^ Pa'îs fe plcuplcra à mcfurc quil y aura des vivres fans en ' attendre de France i ceux-ci feroient trop chers pour des 17^0* Colons, qui ne peuvent faire fi tôt de grands prolits. On J^i'^ce. y pourra faire du Tabac, du Cocton &: de l'Indigo, mais on dit qu'il n'y fera pas fi bon qu'aux Antilles , à caufc qu'il vient en Hiver des vents du Nord qui font froids , mais qui ne durent qu'un jour. L'Ifle Dauphine s'appelloit ci- devant l'Ifle Maflacre , parce que vers la partie de l'Ouell; on a trouvé une grande quantité d'oflemens humains, qui font les relies de quelques com- bats de Sauvages , qui habitoient cette Ifle &: le Pais. La plupart des Habitans de l'Illc Dauphine font allez s'établir au Biiloxi , qui eft un Bourg à neuf lieues à l'Ouefl, au- devant duquel l'Ifle aux Vaifleaux, qui eft à cinq lieuës au Sud de ce Bourg, forme une grande rade avec l'Ifle à Corne ôc la terre ferme. Il y a un canal entre l'îflc Dauphine de l'Ifle à Corne , oii les VaiflTeaux qui tirent quatorze pieds d'eau peuvent pafler. Ils vont moiiiller fous Tlfle aux'Vaif féaux où ils font à couvert de la Mer du large par ces deux Ifles. Ils n'ont à craindre que les vents de Nord-Eft Nord & Nord-Oueft 5 mais comme ils viennent de terre, ils n'y caufent pas beaucoup de Mer : d'ailleurs le fond y eft bon. Il n'y a d'autre incommodité dans cette rade que celle d'aller à terre , laquelle eft à cinq lieuës du mouillage. La Carte qu'on donnera de la Côte , éclaircira mieux ce qui en eft , que tout ce qu'on en pourroit dire : elle contient une ctenciuë de 140. lieues. L'Ifle Dauphine y eft placée dans fa véritable latitude &: longitude. On ne dit rien des autres Colonies, parce que n'aïant point été fur les lieux, on n'en peut parler avec aflez de certitude. On trouve à Panfacola une efpece de roche aflTez dure ôc pefante, dont on pourroit faire l'intérieur des murs des Fortifications, &; les revêtir de briques. J'y en ai vu de fort bonnes _, &: il ne manque pas de bois pour les cuire. La fondation fe fera fur des pilotis , qui ne feront pas difficiles à enfoncer, ou on la fera comme il fe pratique dans les Pais de Flaiï- jires voifins de la Mer. Q^iij ri(j Journal du Voyage 17 zo. Juiliet. R L M A R Q^U E S Sur les cour ans & m.irêes. LE s courans ni les marées ne font point réglez ici. Ils commencent à porter vivement de l'Eft à l'Oueft, tantôt à une heure après midi, tantôt avant midi. Ils s'é- tendent à deux ou rrois lieues de large le long de la côte qui court Elt &: Oueft avec un bruit confidcrable , & une barre d'écume qui précède. L'un &: l'autre eft produit par le chocq des eaux du courant contre le relie des eaux de la Mer. Comme les courans d'Oueft-Sud Oueft entrent dans les rivières ainfi que la marée , qui n'cft pourtant pas con- liderablc , ils retiennent les eaux des rivières qui ont peu de pente i celles-ci Te déchargent à leur tour. Leurs eaux font vertes, &: ont une odeur de marécage qui ne paroît pas faine. Quelquesfois ces courans commencent à dix heu- res environ, comme il arriva le 27. &: 28. Juillet ; quel- quesfois plus tard , comme on l'a dit. Les courans contrai- res viennent du large vers les fept ou huit heures du foir, &; durent jufqu'à l'autre courant. C'eft prefque toute la marée que j'ai obfervéici. Elle n'a- point de régularité fur cette Côte , &: ne haulTe guercs que d'un pied, fans liiivre le cours de la Lune. Elle elt plus régulière à la Martinique , mais elle ne monte jamais qu'à deux pieds. Elle monte encore moins au Cap François. En ces deux endroits elle fuit alTez régulièrement le cours de la Lune. Les tonneres font allez fiéquens dans ces para- ges j mais comme ce n eft pas un Pais de montagnes , le bruic n'en eft pas affreux comme au Cap. Il tomba pourtant le 27. Juillet dans le bois de l'Ide Dauphine : il coupa deux arbres en travers , &: en fendit deux autres de long en long. Il y a des Sapins en ce Pais d'une grande hauteur & l:orc droits ; mais ils ne font pas gros à proportion. Nous y avons fait un grand mât de hune de 52. pieds, d'un arbre coupé depuis deux ans -, il devoir avoir au moins 80. pieds. Il y en a encore de plus longs dans les terres. La plus riche eiperance de la Lou:{iane font les mines 4'argent qu'on a découvertes dans le Pais des Illinois , à ïiy^ DE LA Louisiane. iz7 cent lieues d'ici. On m'a allure qu'elles rendent douze li- — ■ ■ vres d'argent trcs-pui* lur cent livres de minerais. Ce qui 17 lo. cft trois livres de plus que ne rendent les mines du nou- Juiller, veau Mexique. Un Vaillcau de la v.ompagnie porte en France une barrique de ce minerais, je tiens cela du Ca- pitaine de ce Vaiileau qui me Ta dit au Cap , où nous l'a- vons trouvé , aiant été obligé d'y relâcher. Reite à Içavoir fi la mine fera par-tout fi riche -, i\ Tean n'y entrera point, fi on pourra fe lervir des Nègres dans un Pais trop froid pour eux. On ne pourroit y emploier qu:* des François ou des Sauvages , mais de ceux-ci il n'y en a pas grande quan- tité, ioit parce qu'ils ne vivent pas long- temps, foit parce que les femmes n'y font pas fort fécondes ; elles ne font, m'a-t'on dit , au plus que trois enfans. Ces Sauvages font divifez en beaucoup de petites Nations différentes ,. qui fc font fbuvenc la guerre ; ce qui diminue encore leur nom- bre ; ils ont tous un langage particulier ; il y a pourtant une langue qu'ils entendent tous, c'cft celle de la Mobile. Les Sauvages font gens de peu d'elprit , qui nous repro- chent de n'en avoir pas ; un d'eux diloic ces jours pailez , les François n'ont point d'efprit, ils nous veulent vendre «ne pialfre un Braquet que les Anglois donnent la moitié meilleur marché. Il faut éclaircir tout ceci. Un Sauvage eft un homme dont la peau efl: de couleur de cuivre fon- cé, qui alevifage plat, le nezéc.iché, les yeux petits, les cheveux noirs, applatis &C très-bifarrement coupez. Sa peau fait tout fon habit , hors une pièce d'étoffe longue de hait pouces, large de fix, qui eft coufuë à une ceinture de la même étoffe de deux doigts de large, laquelle après avoir fait le tour du corps, vient paffer entre les cuiffes & fe noue fous le ventre à la ceinture même. C'eft-là ce qu'on appelle un Braquet, lequel eft un habillement peu ample, qui ne vaut pas une piaftre ; ceux que j'ai vu étoient d'étoffe .fort groffiere. Les Anglois de la Caroline, qui ont com- merce avec eux , gagnent encore beaucoup en les donnant pour demi piaftre. N'avoir point d'efprit chez les Sauvages , c'eft n'entendre |)as fes affaires ; & quand ils enlèvent la chevelure à un îiomme, or la chevelure tient toujours au crâne, ils n'en- kvent peine l'un fans l'autre. Cet homme , difent-ils ^ n'a- la^ Journal du Voyage voie point d'cfpric. S'il en avoit eu , nous ne lui aurions lyî-^- pas enlevé la chevelure. Pcuc-ccre croïenc-ils que leur en- Jmllcr. j^^j^^i n'a poinc de cervelle , &: qu'ils veulent s'en convain- cre en lui enlevant le crâne. On. voit par-là que les Sau- vages font teroces , mais ils manquent de courage. Ils tirent fort bien un coup de fufil de derrière un arbre ', mais ils fuient aufîi-tôt pour charger , & grimpent au plus vite fur un arbre quand on les pourfuit. Ils ne comprennent pas que des Soldats puiflent aller en bataille à leurs ennem s, qui tirent canons &c moufquets. Cela les étonna fort à la prifede Panfacola. M. de Bienville en menoit cinq cens à cette attaque i mais , quoiqu'il en foit ahué, il ne fut pas en fon pouvoir de les arrêter quand le canon du Fort com- mença à tirer. Quel fut leur effroi quand ils virent les grandes Pirogues ( c'eft ainii qu'ils appelloicnt les VailTeaux du Roi) s'cntraverfer devant le Fort, Se tirer leur canon qui faifoit fauter dans un inftant palilfades & retranche-» mens i Mais malheur aux Efpagnols qui voulurent fuir ; ces Sauvages courant comme des lévriers, les eurent bien-tôt atteint , &: ramené au Commandant , qui eut bien de la peine à les empêcher de leur enlever la chevelure. Voilà ce que 3'ai pu apprendre de certain de cette Nation. RETOUR DE LA LOUISIANE enFrance. Le z5>. TT E vent efl foible au Nord Oueft , nous nous préparons i ^.à partir. Nos Gardes-Marines Ôc nos malades font re- venus à bord. Nous avons achevé de délivrer au Directeur de la Compagnie les vivres que nous avions de refte, &C qui avoient été deflinez pour un plus long voïagc. Hier la marée 6c les courans avoient anticipé d'une heure 5c de- mi le temps auquel ils dévoient arriver , s'ils écoient ré- guliers ; aujourd'hui la marée ell venue à midi ; mais non pas avec toute la rapidité des jours précedens. Tout cel^ fait voir l'irrégularité de ces marées èc courans. J^ç îc. Le Vaill'eau le Duc d'Orléans qui arriva ici avec le Rubis èc la Dryade , efl parti pour aller à l'Ifle aux VailTeaux, N.ovis ayon$ défrelé le petit hunier ^ pour (ignal de notre prompt© DE LA Louisiane. 129 prompte partance. Nous efcorterons la Dryade Frcgattc de — la Compagnie, &: le Rubis qui a porté ici des Ncgres. i7 2.o« Nous verrons s'ils marchent au (Ti- bien que nous. ^Juillet, Le courant de TEft à TOuefl a beaucoup anticipe aujour- d'hui ; il a commencé à iix heures du matin , 6c il étoit fore vif. On a defaffourché ce matin, Se nous reftons fur une Le 31, ancre. Les vents ont été foiblcs à rOueft-Nord-OueO; , cn- luite au Sud-Oueft. Les courans toujours irréguliers por- toient à TEft fur les quatre heures du foir. Nous ne par- tirons pas demain. Les comptes des vivres que nous avons donné à la Compagnie ne font pas finis. La Dryade avoir appareillé pour s'approcher de nous , mais le vent &c les courans Taïaut contrariée, elle a re- mouillé. Le Henri malgré tous les foins qu'on a pris , a cent malades , il n'y en a que le quart fur le Touloufc i mais je crains pour l'avenir. Les vents comme hier, mais plus foibles. On cft allé à Lepre-^ la Dryade prendre trente Matelots , qui avoient fcrvi fur miei: la Frcgatte l'Aurore , prife depuis quelques moi^ par les Ef- Aout, pagnols , &: qu'ils avoient menée à la Havane. Ils ont ren- voie de la Havane depuis notre arrivée à l'Ide Dauphine, M. de Chateaugué &: divers autres prifonniers. Ces Mate- lots aideront à manœuvrer dans le Henri , en attendant que les malades de ce VaifTeau fe rétablirent. Mais il y a Itcu d'efperer qu'ils ne feront pas dangereufement malades. Une chofe me confole encore, c'eft que M. Hocquarc de Champargny CommifUiire de TEfcadre, qui étoit très- dangereufement malade à terre, paroîthors de danger. On vient de l'embarquer. Par fa mort j'aurois perdu un. bon ami, &c fa famdle un fujet de grande efperance. Le thermomètre elt monté aujourd'hui à 57. pouces une Le r^ ligne Se demi ; auffi a-t'il fait bien chaud. Il s'efl maintenu tout le mois de Juillet à j6. pouces 9. lignes au lever du Soleil, qui eft le temps de la journée le moins chaud. En Juinileft toujours monté à la même hauteur, &: quelques- fois à j7. pouces. On voit par-là qu'il ne g le pas en ces P:aïs. En Mai il n'cft monté qu'à ^6. pouces 5. lignes-, mais c'eft plus qu'il n'en fuie pour avoir hcnnênement chaud. Pès les quatre heures du matin on a viré au cabeftan Le |. H 130 Journal du Voyage — &: appareillé au lever du Soleil avec un vent deNord-Oueft '7 2. o- médiocre -, nous avons fait fcrvir toutes nos voiles , 6c porté A®"^* d'abord au Sud pour nous élever environ deux lieues ; en- fuite on a fait route au Sud ^ Sud-Eft , puis au Sud-Sud- Eft, de forte que nous étions prefque vent arrière, & hors de crainte des bancs de Tlflc aux grands Gohers , qui font , des oifeaux aquatiques de la grolfcur d'un cocq - d'Inde ; ils ont le col long, ôi le goficr fort ouvert. Ils s'élèvent fort haut quand ils veulent pécher, Sc tombent fort vice Sc avec grand bruit dans la Mer pour gober leur proie qu'ils ne manquent pas. J'en ai vil un qui avoit un gros poiflon- dans le bec , qu'il avoit peine à avaler ♦, ils ne s'amufent pas au fretin. Ils font de couleur grife , leurs aîlcs un peu pkis brunes. Il y en aune grande quantité dans cette Ifle,, où les Habitans de l'Iflc Dauphine vont prendre leurs œufs : j'en ai vii d'aufFi gros que les œufs d'Oie : ils font bons à manger. Les courans étant pour nous , nous avons fait beaucoup de chemin , pour le peu de vent qui foufloit. Dès les dix heures l'ifle aux o-ands Gofiets nous reftoit au Nord ^ Nord- Oueft à cinq lieues. A midi nous avions fait fept lieues au Sud-Eft^Fft, le vent de Nord-Oucft a un peu molli ^ on a fuivi la même route.. Le foi r on a obfervé la variation , le Soleil fc couchant, de r^. i6^Nord-E{l.. A fept heures on a fondé ôc trouvé 17. braiGTes fond de fable gris vafcux. On a continué la route au Sud-Eft -J- Eft avec un petit vent de Nord-Oueft, &: puis d'Oucft-Nord-Oueft. Nous avons porté le jour toutes nos voiles, &; la nuit nos quatre grandes voiles , pour attendre les Vailfeaux le Henri , qui nous fuivoit d'affcz près , le Rubis qui étoit un peu loin ,, 3c la Dryade qui étoit plus éloignée : cette Fregatte ne va pas bien à la voile. A dix heures du foir on a fondé , ÔC trouvé z8. braffes même fond. Mcmarque fur la route. Qiiand on part de l'Iflc Dauphine pour venir au canal de Baham, après avoir fait le Sud-Eit ^ Eft, tant qu'ort - trouve la fonde , il eft mieux de faire le Sud-Eft i- Sud 5 &" DE LA Louisiane. 131 l^uls le Sud-Sud-Ell, jufqu'a ce qu'on Toit par les 2.4"'. de ~ latitude, pour trouver les courans &: lèvent deSud-Ouefl. ^72.0. On évite par cette route de tomber fur les Tortues , 5c -^^ur, llir la côte occidentale de la Floride qui ne vaut rien , &c dont on auroit peine de le relever. Le matin le vent a été Nord-Oucft foible, il y avoir peu Le 4. de Mer , nous avons porté toutes nos voiles. La route a été le Sud-Elli:Eft. Par la hauteur du Soleil , à midi on a eu la la- titude de 19 ^ I y^ Depuis hier midi nous avons fait vingt-huit lieues au 5ud-Eft 4- Lit. A deux heures on a fondé, mais fans trou- 4 ... ver le fond. Depuis midi on a mis le Cap au Sud- Eft , mais le calme eil furvenu de manière qu'à deux heures nous ne gouvernions pas. Il a duré jufqu'a (ix heures, que nous ^vons remis à route au Sud-Eft avec un petit vent de' Sud- Oueft qui nous foutenoit. Les courans portent à l'Eft fur les côtes ; car la proue venoit facilement à l'Elt , ÔC à l'Eft- Nord-Eft. Dans la nuit c'a été la même chofe. A minuit on entendoïc le tonnerre qui étoit fort loin. Lés- inais n'aiant pas de vent, ncSlis avons fait peu de chemin. Sur les cinq heures nous nous fommes trouvez entre deux trompes ., celle qui étoit à la gauche a crevé à une portée de canon, La trompe de la droite a crevé de l'arriére, de forte que nous n'en avons eu que la fin. Auili tôt on avoit cargué les voiles que nous avons fait fer vir après les trom- pes paffées. Le vent très-petit au Sud-Oueft, enfuite à l'Ouefl:» La route au Sud-Eft &c au Sud-Eft - Eft. Par la hauteur méridienne du Soleil, on a eu la latitude 28'. j8^ Nous avons donc abailTé en latitude depuis hier midi , de dix-fept minutes au moins qui valent lix lieues ; aïanc €u beaucoup de calme , il faut conclure que les courans nous ont porté au Sud-Sud-£ft, ce que nous avons déjà remarqué ci-deffus. La route a valu le Sud Eft trois degrez vers le Sud, &: le chemin dix lieues. A midi & demi il eft venu un grain du Nord-Nord- Eft qui a duré une heure Sc demi , &: nous a fait f-ire crois lieues. Il nous a laifîé un petit vent de Nord , lequel avec les çouraas nous fçra faire quelque chemin. Nous por- Rij 132. Journal du Voyage tons au Sud-Eit amurez bas bord à toutes voiles. Au Soleil 1 72.0. couchant la variation a été obfcrvée de z'K 30'. Nord-Efl, Août. Toute la nuit calme, ou fort peu de vent de Sud-Eft ^^ contraire à la route. Nous avons couru quatre heures au Nord-Nord-EO: , le vent étant pour lors àl'Eft, Se quatre heures au Sud ^ Sud-Oucft. le vent s'ctant ran2;é au Sud- La hauteur du Soleil à midi, a donné la latitude de 28^.41^. Les divcrfcs routes ont valu le Sud-Eft -V Sud deux de- . grez vers l'tft, Se le chemin dix lieues. La pointe Eft de rifle Dauphine nous rcfte au Nord-Oucft trois degrez à .l'Oucftà 5 (5. lieues , il nous refte encore 5? 5:. hcuës jufqu'aux Tortues. Les courans portent encore au Sud-Sud-Eft. Ils nous ont aidé au peu de chemin que nous avons fait» ^i.c^. Toute la nuit calme, (i nous avons fait du chemin, ce n'cft que par les courans qui portent au Sud-Eft ; au moins nous dormons tranquillement, point de bruit dans le Vaif- feau. Le matin même train qui n'eft pas fort bon. A midi le Soleil n'a pas paru ; ainii point dx hauteur ni de latitude. Ce n'eft pas grand dommage , car n aïant eu que du calme- pendant CCS vingt-quatre heures, nous ne pouvons avoir fait du chemin que par les courans qui n'ont pas été fore vifs, A midi le vent s'eft rangé au Nord afTez frais pour faire- une lieue par heure. A une heure il a {auté à TOueft-Nord-Oueft très-frais^ avec pluie ,- mais ce beau temps n'a duré au plus que deux lieures ; nous avons fait trois lieues. Le vent enfuite a forr molli. Nous portons toujours au Sud-Eft, mais nous fai- fons peu de chemin. Au coucher du Soleil , on a obfervéla variation de 3 '. 1 6^. Nord-Eft,. I.e 8. A minuit il s'eft levé du vent de Sud-Sud- Oueft qui a varié jufqu'au Sud, il a fallu porter au plus près, tantôt au Sud-Eft ^ Eft, tantôt au Sud-Eft -^ Sud , tantôt à l'Eft- Sud-Eft, félon que le vent nous refufoir. Il étoit aft'ez frais pour faire cinq lieues dans quatre heures. Le Henri nous fuit de près, mais la Dryade ne peut nous fuivre, quoi- qu'elle ait toutes fes voiles au vent, &: que le Henri &; nous Bâïons que nos quatre grandes voiles, &: le perroqucç. DE LA Louisiane. 135 d'artimon. Pour le Rubis il a ii fort dérivé qu'il nous relie -- au Nord-£ft; à plus de deux iicuës. Je ne fçai s'il pourra 172.0. nous fuivre. Août. A midi point de Soleil, la latitude a été eftiméc de 18^. 4^ La route a valu le Sud-Eft ^ Lft trois degrcz vers l'Lit , &: le chemin vingt-deux Iicuës. A midi le vent a changé , il efl venu au Nord-Oueft, La route a été au Sud- £11^ Sud jufquà une heure &: demi ; alors on a mis en pane pour attendre le Henri qui vou- loit nous parler. Nous avons profité de ce temps-là pour fonder : on a trouvé ^ 5 . braflcs fond gros fable gris. Ce qui nous fait connoître que pendant le calme , les courans nous ont porté à l'Efl de neuf lieues plus que nous ne penfions. C'ejft pourquoi on a mis le Cap au Sud pour s'é- loigner de la côte. Par le point du Pilote-côtier , qui a donné plus de l'Eft dans toutes fes routes, nous nous fommes trouvez à midi à 80. Iicuës de la pointe de l'Eft de l'IUe Dauphine, àc fort près de la ligne de la fonde; ce qui s'accorde avec la fonde que nous venons de trouver. Tout ceci peut-être utile pour la navigation dans ce golphe. M, de Toyré Enfeigne dans le Henri cft mort cette après- midi après trois fcmaincs de maladie douleureufe, qu'il a fouffcrt avec bien de la patience : c etoit un Officier de mé- rite. Il eft mort fort <:hrétiennemenc. Je lui avois adminif- tré \cs Sacremens avant de partir de Tille Dauphine. A fix heures du foir on a mis en pane pour attendre les deux VaifTeaux de la Compagnie qui étoient loin j nous y avons refté deux heures. On a profité de ce temps pour fonder deux fois. La première fonde nous a donné 6j. brafies, &: la féconde é8. brafifes , toujours fond de gros fible gris, A huit heures on a fait fervir &; porté au Sud &; au Sud- Sud-Oueft par un vent d'Eft médiocre pour nous éloigner toujours plus de la côte de la Floride, auprès de laquelle il ne fait pas bon, A minuit nous avons fondé fans trouver le fond. Le Le ^l vent a fauté au Sud &: au Sud-Sud-Oucft. La route a été TEft-Sud-Eft, & le Sud-Eft^ Eft jufquà huit heures. On a fondé à fix heures , & on n a point trouvé de fond. Nous gvons changé l'amure à huit heures, ^ porté à fOucft- R iij 154 Journal du Voyage .-.__^ Sud-OucO:. Le vent étoic au Sud aflcz frais H a varié tout iji-o. le ]our du Sud au Sud-Sud-Eft. A caufc des nuas;cs on n'a Aour. p.^j5 pQ prendre hauteur : on a cflimc la latitude de 27^^. 6\ La route a valu le Sud trois dcgrez vers.l'Lft j mais à caufe de la dérive &c des courans qui portent vers l'Eft, elle a été le Sud Sud-Eft & le chemin 19. lieues. On a fondé à deux heures &: trouvé 9 y. braifcs fond de gros fable gris mêlé de coquilles pourries. A quatre heures on a encore fondé, 6c trouvé 10 y. braffes même fond Nous avons relie en pane pour attendre la Dryade &: le Rubis, qui nous ont fait beaucoup attendre. La Dryade, parée ^ que fon grand hunier étoit défoncé. Le Rubis, parce qu'il cft mauvais voilier. A huit heures on a fait fervir les hu- niers à mi-mât &: portéàrEft-Sud-OueO:. X^c 10. Au jour il a fallu mettre en pane de nouveau 3 enfin ces deux Vaiileaux nous ont joint. On les a fait marcher de- vant, &: le vent étant Sud-Sud-Oucft ad.^z frais, on a porté au Sud-Eft, l'amure à tribord avec toutes les voiles. On a pris exactement la hauteur du Soleil à midi ; la la- titude a été i6^. ^i\ La route réduite a valu le Sud-Sud-Eft trois degrez vers i'Eft, & le chemin dix lieues. Refte à fçavoir fi les courans nous ont porté beaucoup à I'Eft } nous le fçaurons à quatre heures par la fonde. De- puis hier quatre heures on n'a pas trouvé le fond. La la-^ titude de la plus Sud des Tortues eft 24'. %^\ 11 nous refteroit 2^, t%', à courre au Sud, pour être par leur la- titude. A une heure &: demi il eft furvenu un peu de pluïe , SC un grain de vent frais d'Oueft & de NordOucft, qui a duré julqu'à quatre heures. Nous avons couru au Sud &: au Sud ~ Sud-Eft environ fept licuës. Enfuite le vent a molli, il eft fauté au Nord- Eft, puis il s'eft rangé à I'Eft j mais à fept heures du foir calme parfait. Nous avons fondé pour lors fans trouver le fond. Le calme a duré toute la nuit , de forte que nous ne pouvions gouverner , &: fui-» vions les courans qui portent à I'Eft , mais ils fontfoibles. I^e lï. Point de vent de tout le matin. Pour p.ous confoler nous avons eu une bonne hmteur ii^çridicuue du Soleil, qui ^>ous îi donné la l^ititudç ; %6K jf'i "DE LA Louisiane. Ï35 De forte quelle a diminué depuis hier de 10'. & îious — pouvons avoir fait neuf à dix lieues. i 7 \^' Sur les huit heures du foir il s'eft levé un peu de vent ^"^^^* de Sud & de Sud-Sud-Oued, qui nous a fait faire huit lieues dans la nuit. On a fonde deux fois dans la nuit de quatre en quatre heures. La première fois on a trouvé 6 y. braffcs , &: la féconde fois yo. brafles fond de fable va- feux. Le matin calme. On a fondé Se trouvé 70. braffcs fond Le u. de fable vafeux. Ce qui nous fait connoitrc que nous ap- prochons de la fonde des Tortues. Après avoir écrit ces lignes , je pris la fièvre , &c j'ai refté malade ou en convalefcence plus d'un mois. Ce qui fuit pour la route jufqu'au 9. Septembre , eil de M. de Mar- chefe Lieutenant en pied de nocre VaifTeau, qui eft un des plus excellens Officiers qui foient au fervice du Roi„ Il ell également bon Pilote &: bon manœuvrier. Il entend à merveille le détail d'un Vaifïeau , ô^ il eft d'une adivité étonnante. La conduite du Vailïcau roula principalement fur lui pendant trois femaines j car M. de Vailctte nocre Capitaine, M. Gravier fécond Lieutenant, M. de Veaune fécond Enfeigne, les Sieurs Sabatier &: Gautier les deux premiers Pilotes du Vaillbau , tombèrent malades en même temps que moi, aulTi bien que l'Ecrivain de Roi. Tous, grâces à Dieu , ont échappé , hors M. de Veaune qui mou- ^ rut le 18. Août. Je le confcilai dans le fort de mon mal. Pour cela je me traînai du mieux que je pus auprès de foii lit en m'appuïant fur des Matelots. C'étoit un Gentil- homme du Dauphiné âgé de trente-deux ans, honnête homme, appliqué à fon devoir. La Tavardille, c'cft le nom dé la maladie qui a affligé nos deux VaifTcaux depuis le Cap François , a emporté les plus robuftes Se les plus jeu- nés. De ceux ci il y en a qui n'ont refiflé que deux ou trois jours. Le cadet Sabatier troifiéme Pilote me vint voir le quatrième jour de mon mal , &: fut jette à la Mer trois jours après avec M. de Veaune, qui a refifté fept jours , Sc fouffert de très-grandes douleurs avec une patience Se une compondion vraiement chrétiennes. Son lit étoit voifin du mien : j'en ai été édifié Se fortifié. Tous ceux qui ont été attaquez de es mal , Se dont la bile envenimée s'eft jettée Le 13' 13^ Journal du Voyage fur les intcftins, ont péri fans refTourcc. J'en ai été quitte I 7 z o. pour reftcr jaune pendant trois mois. Aoûr. La hauteur méridienne du Soleil donna la lati- tude de i^<^. ^6\ Les vents ont régné du Sud-Efl: au Sud-Oucft foibles , &: cnfuitc calmes. Les Tortues nous reftoient au Sud-Elt 4- Eft à 35. lieues, &c nous étions Nord &c Sud avec le Cap Saint Antoine de l'Ifle de Cube. A dix heures du foir on fonda, 6c on trouva 90. braflés fond de fable fin & gri- '■ ■" fâtre. Le matin à onze heures le vent vlntà i'Oueft-Sud-Oucft petit frais : on fonda de nouveau &: on trouva S y. bralles. On fonda une heure après, on trouva fond à 82. brailes, le même quhicr , fable fin $c grifacre. Par la hauteur méridienne du Soleil , la latitude fut trouvée de 25.'^. 42^ Les vents ont couru depuis l'Oucft-Nord-Oueft jufqu'au Sud-Sud-£ft par le Sud. La route corrigée a valu le Sud, &: le chemin peu de lieues. Le foir le vent étoit au Sud- Sud-Eft frais , il a été accompagné de plufieurs grains de pluie, qui ont fait varier les vents jufqu'au Sud. ieu. ^^^ ^ fondé à minuit &: trouve 8y. bralles fond vafeux. A quatre heures on a encore fondé &: trouvé 5)©. brafîes même fond. Le Ciel étant couvert, la latitude a été efti- iiiée de 25^. i^ A une heure le vent eft venu au Nord frais &: variable jufqu'au Sud-Oueft. Il a été fi frais, que nous avons cou-? ru deux heures avec la feule mifcne. A huit heures du foir nous avons eu divers grains de pluïe , dz le vent au Nord-Oueft très-frais. A dix heures le vent a fauté au Sud-Eft également frais j de forte qu'en vingt- quatre heures les vents ont fait le tour du compas. Ils ne nous ont pas fait de tort, les bons VaifTeaux, comme les nôtres , ne craignent ni la Mer , ni le vent. }Aâ,is notre Dryade 5c le Rubis ont été mal menez. Ferc On a fondé le matin fans trouver le fond j nous voilà hors la ligne de la foi)de. Le vent a été au Sud-Sud-Oueft fr^iis , il nous eft favorable. Ji caufc du Ciel couvert oa a eftimé la latitude z 4 ^. t6^^ ' La «^vlv - ^ - ^M^ -^t- Si^S-SS^î^S ■a: 5 / '^^^SC^i*,*^' v^ "-»^*^ f -s^vr ?^ ^^:!^^ =~^'"' Ai •••-*-■. 5 / £9-.3r^- ^ l^ ^ f-' 5 S; jî5 3t^ 22 3^ ^;\>y.»m t\ ^^ ïr^-i ^Sii*'' ■■j DE LA Louisiane. 15^ Le Ciel étoitpour lors couvert. Nous voilà hors du Tro- pique, il faudra que le temps foit bien mauvais, fi nous y ^72-0. retournons de nouveau. Aour. La route a valu rEfl-Nord-Elt trois degrez vers le Nord, ,Sc le chemin crente-fix lieues. Par notre cftime nous n'en comptions que dix-huit, ce font dix-huit lieues que les courans nous ont valu à l'Eft-Nord-Efl-. Le foi r nous avons porté au Nord-Eft pour ne pas tomber fur les Martu's. La nuit les vents ont été frais de l'Eft-Nord-Eft au Sud- Le 11. Sud-Eft, entre lefquels ils ont varié. Dès les cinq heures du matin on a porté au Nord ~ Nord-Eft pour chafler la cerre qui reftoit au Nord^ Nord-Oueft à fept lieues. Les Martirs nous reiloient à iix lieues au Nord-Nord-Oueft. Alors il a fallu porter au Nord-Eft, pour ne pas trop ap- procher une fi mauvaife côte, le vent étant Sud-Eft frais. Nous enfilons le canal de Baham. A midi par la hauteur du Soleil , on a eu la latitude de ly^i?,^. La route réduite a été le Nord-Eft ^ Nord &: le chemin 14. licuës. La pointe du Cap des Martirs de la Floride nous xeftoit à rOueft-Sud-Oucft. L*après-raidi nous avons faic route au Nord-Nord-Eft, le vent étant Eft-Sud-Eft frais, la. Mer fort grofte. Les eaux fe preffnit ici beaucoup pour fe rendre à la grande Mer &: fe mettre au large ; il ne faut pas erre furpris fi la marée eft ft forte. La nuit le vent eft venu au Nord-Oueft fort frais , de forte que nous avons couru avec la feule milene. Il a fauté de nouveau à TEft-Sud- Eft, &c notre route a été au Nord-Nord-Eft en changeant l'a- mure. A midi par la hauteur du Soleil, on a conclu la latitude Le zz^ de zy . 34''. Nous fommes encore dans le canal de Baham , mais nos afïliires vont bien. Nous avons le vent au Sud-Sud-Oucft & il eft frais i c'eft avoir vent Se marée. La route corri- gée a valu le Nord-Nord-Eft 5;. 3o^vers l'Eftj&en don- nant une lieue au Nord par heure pour les courans , le chemin a été ^9. licuës. Nous avons porté au Nord pour nous tenir à mi-canal. S ij 140 Journal du Voyage 1710. ----------------------------------------------- Aoî^^' REFLEXIONS A Sur notre ^ajfage par le canal de Baham, l'a IDE des courans plutôt que du vent , nous nous trouvâmes le 18. Août par le travers de la Havane, Le 19. & 20. avec peu de vent 6^ des courans favorables,, BOUS avons couru juique vers Matance le long de l'Ide de Cube. Il faut toujours reconnoître Matance avant que d'en- trer dans ce canal formidable aux Navigateurs^ Les uns nous avoient dit que fi nous n'y prenions garde , nous> irions brifer fur des roches nommées le Cap des Martirs fur la côte de la Floride. D'autres, que nous pafFerions ce canal plus vice que nous ne fouhaicerions , & peut-être la. poupe la première. Nous nous y fommcs trouvé , nous l'a- vons enfilé le 20. au foir ; &: en deux jours nous avons été hors d'affaire. Il efl vrai que le courant eft fi vif , que nous avons fait près d'une lieuë par heure au-delà de ce que le. vent nous faifoit faire, &: que nous avons fait 80. lieues en deux jours au plus près , avec un vent qui étoic affez mé- diocre. 11 n'y a qu'à naviguer figement, avoir du. courage &: prendre garde devant foi. Le 25.  minuit le vent étoit frais au Sud-Sud Ouefl. On a porté au Nord-Nord- Eft pour ne pas trop approcher delà Floride, où la Flotte d'Efpagne alla fe perdre il y a quel- ques années. Dès le grand matin nous étions débouqué da canal de Baham. A midi la Dryade &: le Rubis nous oxi'^^ quitté, après nous avoir falué de fept coups de canon. On a remis fur la Dryade les trente Matelots qu on avoir em- prunté pour le Henri. Le Révérend Père Dominicain s'cfl auffi rembarqué fur la Dryade, l Aumônier du Henri étanc convalefccnr. On a porté à TEfb-Nord- Efl , le vent écanc frais au Sud-Sud-Eft. La hauteur méridienne du Soleil nous a donné la lati- tude de 15)'. 18^. La route réduite a éré le Nord-Nord EO; deux degrez vers le Nord, & le chemin 36. lieues. Le Cap Canaveral fur la côte de la Floride , nous rcfloi: au Sud-Ouefl- Oucf^ DE LA Louisiane. Ï41 à II. lieu'és, &: la pointe de l'Ifle de Baham nous reftoic au Sud-Eil :J- Sud à 47. lieues. lyzo. Il eil temps d'interrompre un peu ce Jcurnal. Voici un Ao'ar- Mémoire qu'on m'a donne , qui vient à propos dans cet endroit-ci. Il fera utile aux Naviguateurs. ROUTE ^u^on put tenir paur venir de l'ijle de Cube en Eurofe. LA route qu'on a trouvé la plus sure en tous les temps de l'année, par l'expérience de beaucoup de voïages faits à l'Amérique, eft celle-ci. En fortant de la Havane, ou quand on eft par fon travers, on fera route au Nord- Nord Eft jufqu'à la vue de CabelTa de los M ar tires , c'eft ce que j'ai appelle ci-defTus les Martirs , qui eft la pointe de la Floride la plus voifine de Cube. D'aufïi loin qu'on les voit , on portera au Nord j Nord-Eft jufqu'à a hau- teur de 2,8 ^. 30^ qu'on fe trouvera débouqué du canal de Baham. Mais fi dans cette route étant par le travers de la Ha- vane, les vents font Nord-Eft ou hft-Nord-Eft, on lou- voira le long de la côte jufqu'à ce qu'on foit Nord Se Sud avec le chapeau de Matance , qui eft au-dcftus de la rade de ce nom, dont on voit ici le Plan. De la vue du cha- peau de Matance on fera route au Nord , ôc on louvoira pour reconnoître la côte de la Floride. Dès qu'on aura reconnu celle ci qui gît Nord &: Sud , ou celle qui gîc Nord-Nord- Eft &C Sud-Sud~Oueft , on fera dans le canal de Baham , Se on naviguera bord fur bord , fuppofmt tou- jours que les vents font au Nord-Eft ou Eft-Nord-Eft. Mais (i l'on court huit horloges vers l'Eft^ il en faut courre douze du cô:é de la Floride , parce que les courans por- tent avec beaucoup plus de rapidité du côté de 1 Eft. II eft aifé d'en voir la raifon , les terres font à l'Oueft Se la grande Mer à l'Eft i il faut donc que les eaux rcvicnnenc vers l'Eft. Il importe de remarquer que ce parage eft fort dange- reux. Aiafi quand ou fera dans le canal, foit vent largue,, S iij lAi Journal du Voyage foie bord Tar bord , il faut tâcher de fc tenir dans le mi- iyio. lieu du canal, un peu plus près pourtant de la Floride, Août, jufqu'à iS '. 30^ car alors on eft entièrement débouqué &: hors de tous les dangers du canal. On a vu dans mon Journal que nous ne nous fommes pas trouvez dans le cas de louvoier dans le canal , & com- ment il faut naviguer quand on a les vents de Ja bande du Sud. Du canal de Baham il y a deux routes pour aller en Europe» ]c vais dabord rapporter celle de l'Auteur de ce Mémoire, puis je donnerai l'autre. Au fortir du canal de Baham , on mettra le Cap à TEft ~ Nord-Eft , &c on fuivra cet air de vent autant que les vents le permettront , en s'cntretenant toujours depuis les zc)d jufqu'au 30. degré, 6c tout au plus 34-. de latitude. C'cft la navigation la plus siire pour venir de l'Amérique en Erpa2;ne , ou au Détroit de Gibraltar : d'autant que les vents régnent plus ordinairement depuis le Sud au Sud- Oued &c à rOuell. Il ne faut pas s'inquietter de fe voir tomber jufques par les 2,8 '. de latitude, parce que les vents ne tiennent pas long-temps au Sud. Nous avons tenu cette route, comme on le verra ci-après, mais nous avons fou- vent eu les vents à la bande de TER-, 6c des calmes ; c'eft pourtant la plus siàre^ parce qu'on y trouve de belles Mers 6c des vents fort modérez : tels qu'il faut pour porter tou- tes les voiles. Voici les raifons qu'en apporte l'Auteur du Mémoire. Celt que dans la Zone torride les vents régnent gcncra- lement du côté de TEft, 6c depuis la latitude de 3^ . en remontant, julqua ce qu'on foit parvenu au méridien de Corves 6c Flore, les vents de Nord-Nord-Eft 6c de Nord- Oueft résinent plus ordinairement 6c avec plus de violence. Et comme ces vents fe terminent prefque tous dans l'en- droit du tropique qui eft également diftant des terres de l'i ft 6c d'Oucftjcela tait que depuis les 28 . de latitude jufqu'au 30. ou 31 .on trouve prefque toujours des vents foibles 6c variables , parce que ce font rextremité de ceux qui rognent dans la Zone Torride. Aufîi prennent -ils leur En dans Fintervallc qu'il y a depuis les z8 . jufqu'au 34"'. I ^e latitude. Qn pourra donc naviguer jufqu'à fe mettre Nord-Efl §C t> E LA Louisiane. ï^^ Sud-Oucft des liles Açorcs , ôc de-là faiie route à l'Elt- Nord-Eil pour venir chercher le Cap S. Vincenc ou le Cap 172-0. Spartel. Il cft certain qu'en fuivant cette route, on ne Aoûr. trouve ni de grands vents , ni de grofles Mers. Le chaud & le froid y (ont également modérez -, Se on a un o-rand avantage , qui cft de pouvoir prendre hauteur tous les jourS;, y en aïani tort peu où Ton ne \oic le Soleil à midi , &c la nuit les Etoiles. On a expérimenté, continue l'Auteur de ce Mémoire que dans le golphe du Mexique les vents ne font plus fi violents ni Ci continuels qu'ils étoient autrefois. Cela fait qu'on y navigue toute Tannée fans beaucoup de rifque ; ce qu'on ne pouvoit faire alors depuis le mois de Septembre jufqu'à la fin de Mars , qui eft le temps que durent les vents de Nord qui font prefque continuels ^ fur-tout quand on eft près de la côte de la nouvelle Efpagne, qui court Nord & Sud ; le courant s'y trouve prefque toujours oppofé au vent de Nord. Quand il eft fort, il rend la Mer très-rude, parce que la houle s'y élevé fort, ce qui fait beaucoup fouf- frir le VaifTeau. On peut connoître certainement que le vent de Nord doit venir, lors qu'aïant d'abord commencé par le Sud, il eft fuivi de quelques éclairs , &; que le côté du Nord fe charge de nuages. Alors il parcourt l'horifon par le Sud- Oueft ; enfuite il vient à i'Oueft en approchant du Nord- Oueft. Il commence à foufler avec violence, &: court juf- qu'au Nord-Nord-Eft : s'il paffe au Nord-Eft, il calme fort vite ; mais s'il revient au Nord , il devient plus violent &: recule jufqu'au Nord-Nord- Oueft ; &: enfin revenant encore au Nord-Eft il s'appaife, &r les brifes ordinaires repren- nent leur cours. Il eft arrivé plufieurs fois fur les côtes de la nouvelle Efpagne , que des VaifT^aux étant à la vue de la terre avec un vent de Nord forcé , étoient obligez de fe mettre à fec^ Se d'al- ler vent arrière à la côte. Alors le vent calmoit tout à fait •à l'approche des montagnes de S. Martin , qui font près de la rivière d'Alvarado ; &: l'expérience a toujours fait voir que quoique les vents chargent avec furie à la côte, on ne laifle pas d'approcher autant que l'on veut la Baie de Çampêche , parce que les courans ne trouvant pas de paf- 144 Journal du Voyage ^^g^) ^^^ ^^^^^ reviennent contre le vent avec rapidité, Se i-jio. y portent 1 s Vaiileaux d'une grande viteflc. Cependant la Aoûr. ^1^^^ j^'y ç{^ jamais fort groflc , loit parce que le fond eft de vafe , foit parce qu'elle eft prcfque toujours couverte d'herbes cpai{I':s, qui rompent lu force du flot produit par le vent, &: l'empêchent de s'élever. Le vent de Nord commence à être violent depuis le ly. Novembre jufqu'à la fin de Février , &: pafTé le mois de I^Iars il n'y en a plus. Alors les vents viennent toujours de l'Eil-Sud-Eft &: du Sud-Eft, &: calment fort fouvent,' fur-tout à la côte du Nord de cegolphe du Mexique ; c'eft- à-dire depuis la Baie de Spiritu San6io , jufqu'au fleuve de Miiliinpi &; Zapalache. Klais quelquefois cq^ vents y de- viennent furieux avec de grandes pluies &: des brouillards très-épais. Ils font d'autant plus dangereux fur cette côte qu'elle eft très-bafle , hc qu il y a peu d'eau , mais le fond eft de vafe &: de fable. Si les vents de Nord jettoient par hafard quelques Vaif- feaux à la côte de la Havane ( il faut remarquer qu'elle s'embrume de manière, qu'il eft du tout impolFible de la voir, quelque proche qu'on en foit) il faut donc alors mettre le Cap à l'Oueft &: au Nord, ô<: fc foutenir fur les bords ; de peur que les courans qui font très-violens , ne jettent les Navires fur les placets du canal de Baham. C'eft pour cela qu'il faut faire force de voile autant que l'on peut. Si le vent de Nord contrariait un Navire quand il eft dans ce canal, jufqu'à le forcer d'arriver vent arrière , il ne doit pas porter droit au Sud , parce que les courans le jetteroient fur les dangers qui font du côté de l'Eft; mais il faut faire le Sud-Sud-Oueft , à caufe de l'extrême force des courans dans ce canal , qui augmente avec le vent de Nord ou de Nord-Eft. Ce Mémoire eft d'un habile iiomme &: fort expérimenté. Je n'y ai changé que quelques expreflions. Néanmoins je crois que fi nous n'avions pas eu tant de malades dans nos Vaif- féaux, nous aurions efcorté la Dryade &: le Rubis ; c'efti- à-dire que nous nous ferions élevez julqu'aux Açores du grand banc de Terre-neuve, où nous aurions trouvé les vents d'Oueft &: de Nord-Oueft très-frais j & aiant pafle a|.ix Nord dos A^ore^s^ de manière que nous n'euiliops pas DELA LouisrA Î^^E^.' ' ' . 1 4^ eu à craindre les vigies qud nous aurions laifTé au Sud, ■ — nous ferions venu reconnoître le Cap de Finiftere, ou le ^7 \<^' Cap S. Vincent, &: de-là au Détroic de Gibraltar. Cette A°"^- route eft plus courte pour le temps, àcaufe des vents frais qu'on eft alfuré de trouver; ainfi elle efi: du goût de notre Nation, naturellement impatiente ôc courageufe. Mais on y trouve de grolîes Mers, &: quelquefois des coups de vent bien pefans. Il s'agit de quinze jours de plus ou de moins, &: quand on a des vivres ôc un foible Equipage, il eft plus sûr de tenir la route qu'on va décrire dans ce Journal. Le vent a varié toute la nuit du Sud au Sud-Sud- Eft ; Le 24. mais à huit heures du matin il eft venu à l'Eft-Nord-Eft contraire à notre route ; nous avons porté au Sud. Par la hauteur méridienne du Soleil , la latitude a été de 25) ^44^ La route corrigée a valu l'Eft-Nord-Eft, Se le chemin tj, licuës &c un tiers. Au coucher du Soleil ^ la variation a été - obfervée de 3*^. 3o^Nord-Eft. Le vent eft venu au Nord-Eft frais dès les quatre heu- Le 15. res du matin ; nous avons porté au plus près au Nord- Nord-Oueft, l'amure à tribord : ce n'eft pas là notre route, que faire ? La hauteur du Soleil à midi, iious^a donné la latitude de -:^--l s-:-;-!!^/! ^vica .\ ^' ■^-'1^'^. ^o\ La route corrigée a été l'Eft-Nord-Eft 4'^. vers TEft, Se notre chemin fix lieues & demi. C'eft marcher à pas de Tortue. Le vent aiant continué au Nord-Eft , on a fuivi la même bordée jufqu'à quatre heures î pour -lors on a re- ^ •^- viré Se porté à l'Eft-Sud Eft. ' '- ■-- - '- ^' -'- ^l '^ Au coucher du Soleil, on a obfervé là v^a-" \f' zio-i i:':j:M. riation de /; ]'j:io'^ i^'. 2 o^ Nord-Eft.. Elle a diminué depuis hier d'un degré dix minutes, & cependant nous avons fait fort peu de chemin. ' - . La latitude a été trouvée par la hauteur du SôMl-à niidî, Lcitf. de >' - -i<^^Jo^. jV ;,; La route réduite a .valu le Nord-Eft , ô^: le chemin fept lieues ; cela s'appelle aller à petites journées^ &; cependant T 1^6 JotRNAL DU Voyage ' la variation va en diminuant j car au Soleil couchant elle lyio- a été trouvée feulement de li. lo^ Nord-Eft. Août. C'eft-d-dire qu'en fcpt lieues elle a encore diminué d'un degré dix minutes. Jufqu'à minuit la route a été au Nord j Nord-Eft. Le 27. Le vent étant encore Nord-Eft, nous avons reviré à mi- nuit &: porté à l'Eft-Sud-Eft. A huit heures le vent s'eft; rangé à l'Eft-Nord-Eft bon frais ; il y avoir une très- grofte Mer du Sad-Sud-Oucft. Il a beaucoup pUi, fait des éclairs & tonné \ nous avons couru au plus près avec la feule mi- fene. Faute de hauteur, la latitude aécéeftimée de ^o^. 36^. La route corrigée a valu le Nord t Nord-Eft 1^. vers l'Eft, S>c le chemin douze lieues &c demi. A fix heures du foir le vent aïant fauté à l'Eft , on a porté au Nord-Nord-Eft j mais comme il eft venu la nuit au Nord-Eft frais , il a fallu revirer à l'Eft-Sud-Eft feule- ment avec les baftes voiles. Le 28. Dans la nuit bien tard le Nord-Eft étant très-frais , on a mis à la cape, Le matin il a un peu molli, on a couru au plus près. Le Soleil n'a pas paru à midi , on a eftimé la latitude de 30^^. 48^ La route réduite a été l'Eft-Nord-Eft trois degrez vers l'Eft , & le chemin onze lieues un tiers. Le vent étant ve- nu à l'Eft , on a mis le cap au Nord-Nord-Eft jufqu'à fix heures du foir. A neuf heures le vent a fauté à l'Eft-Sud- Éft ; on a fait route au Nord-Eft. Il faut tirer du vent le meilleur parti qu'on peut. Nous fçavons aller au plus près &: revirer vent devant. Le 25), A neuf heures du matin le vent étant venu au Sud- Eft , nous avons fait route à l'Eft-Nord-Eft , amurez à tribord jufqu'à trois heures dû foir. Faute de voir le Soleil à midi , la latitude a été eftiméc de 31.22''. La route corrigée a valu le Nord-Eft , &: le chemin i y, ^ lieues ^; trois quarts. A; trois heures un grain d'Oueft-Sud- Oueft nous a accueillis &: réduit aux balfes voiles lufqu'au foir. La nuit il a f^it le même temps , on a mis à la cape avec la mifeiie. ï-u :vn.» ; ;. DE LA Louisiane. 147 Il eft furvenu le matin deux grains de pkue ; comme il ^ ventoit frais du Sud-Eft, nous avons mis le cap à l'Eft- 172.0. Nord-Eft jLifqua midi. _ ^^J^^- La hauieur méridienne du Soleil , a donné la latitude ^ '°'' de 31^. 5 o^ la même qu'on avoit trouvée par leftime à deux minutes près. Voici la première fois que je trouve la longitude mar- quée dans le Journal que M. de Vallette m'a communiqué. Elle a été aujourd'hui de ^99 '• 2.4^. La route réduite a été l'Eft-Nord-Elt cinq degrcz vers le Nord, &: le chemin dix-neuf lieues & demi. Il a plu vers les deux heures , le vent étant médiocre au Sud-Eft , on a continué la route à l'Eft-Nord-Eft jufqu'à quatre heu- res du matin. Il faut être patient fur tout à la Mer. A quatre heures du matin le vent eft devenu frais, Se Le 51. s'eft rangé au Sud-Sud- Eft meilleur pour notre route, nous avons porté à l'Eft. A midi la latitude obfervée , a été de 31'^. 36/. La longitude a été eftimée de 301. iz. La route corrigée Eft-Nord-Eft. Le chemin 33. lieues. Cela ne va pas mal. Nous avons gouverné à l'Eft jufqu'à quatre heures du matin. La nuit le vent a varié du Sud- Sud-Eft à l'Eft-Sud-Eft , il étoit médiocre. Nous avons toujours des malades , quoiqu'il n'y en ait plus tant. Il y en a même encore de la Tavardille, mais fore Pour ne pas trop nous élever en latitude, à neuf heures Lepre- du matin nous avons reviré de bord , &: porté au Sud-Sud- mieu de Eft jufqu'à midi , le vent étant à l'Eft. ^ Septem- La latitude a été obfervée de 32,'^. 46'. °^^' Et la longitude eftimée de 302,. ^. La route réduite a été l'Eft-Nord-Eft , Sc le chemin 17. lieues. Depuis midi nous nous fommes mis au plus près , l'amure à bas bord du Sud-Eft au Sud- Sud-Eft , jufqu'à qua- tre heures du matin, félon que le vent varioit de l'Eft- Nord-Eft à l'Eft. Le Soleil n'aiant pas paru à l'horifon , ni le matin , ni le foir , on n'a pas pu obferver la variation. Au lever du Soleil , la'variation a été Le â. obfervée de o-^. 3o^Nord-Oueft. Tij 14S Journal du Voyage ■ Ainiî la voilà d'une atîcdtion contraire. Le vent étant à l'Efl:, 172-0. nous avons fait route au Sud-Sud-Efl: jufqua midi. 5eptemb. p^^^ i^ hauteur méridienne du Soleil , on a eu la lati- tude de 3i'1. 1 ^\ La route corrigée a valu le Sud-Ed: ^ Sud , &: le chemin douze licuës. Le vent a fauté à l'Eft-Nord-Eft par rifécs: on a fiit route au plus près amure bas bord. Sur le foir on a changé l'amure à tribord , ôc porté au plus ptés au Nord- j Nord Eft , &: à l'Eft-Nord-Eft fuivant que le vent a varié. Au Soleil couchant , la variation ob- fervée étoit de o^ 36''. Nord-Oueft. Le ,. Le vent variable du Nord-Eft à l'Eft-Nord-Eft ; ainli il a fillu gouverner à l'Eft Sud-Eft ôc au Sud-Eft. La latitude a été obfervée de ^i"^. iz^. Et la longitude eftimée de S'^h h La route .corrigée a été Eft ~ Sud-Eft trois degrcz vers l'Eft, & le chemin huit lieues un quart. Le vent a tenu à l'Eft jufqu'à minuit. Au coucher du Soleil , la variation obfervée a été de o •. 45^ Nord-Oueft. Le 4. A quatre heures du matin, le vent eft venu à l'Oueft- Nord-Oueft très-frais ; de forte qu'on a ferré les huniers ôc couru fous les baflcs voiles à l'Eft ^ Nord-Eft , qui eft la route. A midi par la hauteur du Soleil , on a eu la latitude de 3 il 35-^. On a eftimé la longitude de 303. 46. La route corrigée a été le Nord-Eft^ Eft, &c le chemin 14. lieues j. L'après-midi le vent a'iant continué à l'Oueft Nord-Oucft frais , on a fuivi la même route. La nuit temps couvert , éc'airs &: grofle Mer d'Eft-Sud-Eft. Voilà bien peu de chemin pour un fi bon vent i Mais nous commençons à nous mettre en train. Lee. Le vent a fauté ce matin au Nord-Nord-Oueft frais. A dix heures il a paru un Vailiéau au Nord-Eft qui pouvoir être à trois lieues de nous., Il y a long-temps qu'on n'en avoir vii. La latitude conduit- de la hauteur du Soleil à midi, a été de * 32^. 5 3^ On a eftimé la longitude de 30^' ^h DE LA Louisiane. 149 La route corrigée a été Elt -^ Nord-lift i ^ 30^ vers \"Ei\ ^ èc le chcpiûn 41. licuës &: dcini. Depuis long-temps nous 1710. n'avions tait (î bonne journée ; nous n'avons pas l'air d'en Septemb. faire fouvcnt de cette force par cette latitude, où nous vouions nous maintenir fans nous trop élever , pour les raifons r.ipportées ci-devant. Bien des gens en murmurent mais le parti de notre Capitaine eft fage. Notre latitude elliméc s'cft accordée dans la minute avec i'obfcrvée. Nous avons paile la nuit à la cape, à caufe d'un vent violent de Noid-£it. Le matin ce vent de Nord-Elt eft devenu médiocre : on Le (3. a couru à l'Eft-Sud Eft jufqu'à midi. La latitude a pour lors été oblervce de 2 i\ -?' , L'eftime nous l'avoit donnée de même. La lon- gitude ellimce, de ^07. k%. La route a été Eft ^ Nord-Eft , &: le chem'n 30. lieues. L'après-midi les vents Oucft-Nord-Oueft variables jufqu'au Nord ; ainfi on a porte à l'Eft &: à l'Eft ~ Nord-Eft. Jufqu'à midi du 7. nous avions trois difterentes Mers, du Nord- Eft , du Nord-Oueft &: du Sud-Oueft. Le Soleil n'a pas paru à midi, on a eftimé la latitude t Et la longitude de 305?. c. La route réduite a été entre l'Eft &: l'Eft- Nord-Eft, &: le chemin 18. lieues. L'après-midi le vent a varié du Nord- Eft au Nord-Oueft petit frais. Nous avons eu du calme toute la nuit. A dix heures du matin on a encore vu un Vaifteau à l'Eft Le 8» de nous, qui avoit le cap à l'Eft-Nord-Eft comme nous. Sur les II. heures le vent aïant fraîchi , il a fait route à l'Eft-Sud-Eft. Apparemment il avoit deftein de fçavoir qui nous étions , mais fans trop s'approcher j nous n'avons pas contenté fa curiofité. A midi faute de Soleil , on a eftimé la latitude de 33'. i o'. Et la longitude de 305?. 34. La route a été Eft deux degrez vers le Nord , &: le che- min 17. lieues. A deux heures après-midi on a jugé à pro- pos de changer de route, &: de porter au Nord-Eft^ Eft T iij ijo Journal du Voyage jufquà midi du 5?. pour nous élever au Nord. Les vents lyio- ont varié du Nord-Oucft au Nord-Nord-Eft. Septemb. Hier notre Commandant jugea à propos de porter au ^^ ^' Nord-Efl: j Eft pour élever un peu plus en latitude ; amli nous paiTerons plus au Nord de la Vermudc. Nous trou- verons les vents d'Oucfb plus frais , ô^ arriverons pliitôt fur Jes côtes d'Europe, Nous avons tenu cette route le matin jufqu'à midi, quoique nous aions clTuié pluiieurs grains, que le voihnage de la Vermude nous procure. Par la hauteur du Soleil à midi, on a eu la latitude de 3 3'i.z8'. La longitude a été eftimée, 310. 41. Depuis hier midi on a fait 13. lieues &c demi. Le Soleil fe couchant , on a obfervé la variation, de o^ lo^ Nord-Ouefl. Depuis midi jufqu'à fept heures nous avons porté àl'Eft; mais pour gagner quelque chofe au Nord , &c ne pas tom- ber fur la Vermude , le vent continuant au Nord-Nord- Eft, nous avons reviré au plus près au Nord-Oueft &c pris l'amure à tribord. La Vermude eft en effet un mauvais pa- rage ; èc autour de cette Ifle , fale d'écueils , il règne aflez fouvent des vents violents. Nous avons refté vingt jours à venir du canal de Baham par le travers 6c au Nord de cette Ifle , fameufe par fes orages , Ces écueils &: Ces mau- vais Ports. Vermudo n'avoit-ii rien de mieux à faire quand il eut découvert cette Ifle , feule au milieu d'un vafte Océan, que de s'y aller établir > On dit pourtant que les Anglois qui y font, fe portent fort bien, ôc vivent long-temps. Le 10. On a tenu la route du Nord-Oueft jufqu'à cinq heures du matin, le vent étant conftant au Nord-Nord-Eft. A prefent que nous pouvons voir devant nous , nous avons repris l'amure à bas bord , &c porté à l'Eft. A midi , la hauteur du Soleil nous a donné la latitude de 33^. 3 1^ Ainfî par la longue bordée de la nuit , nous n'avons ga- gné que quatre minutes, tant nous avons eu grofle Mer, qui nous a fait dériver à l'Oueft. La longitude eftimée, a été de 311^^. 20''. De forte que nous avons augmenté de 38^ en longi- DE LA Louisiane. lyr titdc j & le chemin neuf lieues. Depuis midi jufqu'au foir on a reviré à l'Efl , &c même à l'Eft-Sud-Eft, le vent ne 17 ^o* nous aïant pas permis de faire l'Eft-Nord-Efl;. Le foir le ^eptemb. vent s'opiniâcrant au Nord-Eft , on a reviré au Nord-Nord- Oueft éc pris Tamure à tribord. Nous avons fuivi la même route jufqu'à midi. Le n. On a obfervé le Soleil à midi , d'où on a eu la latitude de 33^.45'. La longitude a été cftimée de 511. 18. moindre qu'hier de deux minutes , à caufe de la route au Nord-Nord-Ouelh Ce matin les Pilotes du Henri ont envoie leur point au Commandant. La latitude diffcroit de la notre de trois mi- nutes, dont ils étoient plus Sud hier. Mais ils avoient plus d'un degré de longitude fur nous. Ils fe faifoient à 312'^. 2 2^ On a continué la même route jufqu'à huit heures du foir, ÔC fait peu de chemin à caufe du calme. A huit heu- res il s'eft levé un peu de vent de Sud-Oueft, qui a com- mencé d'enfler nos voiles. Vers le minuit le vent s'eft rangea l'Oueft toujours afTez Leii. foible. De forte que nous n'avons pas fait grand chemin. A midi par la hauteur du Soleil, on a eu la latitude de 3 4^. I o^ La longitude a été eftimée de 312. 22. La route a été l'Eft-Nord-Eft, &: le chemin ly. lieues &: demi. Le vent d'Oueft a été un peu plus frais l'après- midi. Toute la nuit le vent a été comme l'après-midi, mais Le 13.^ ce matin il a fort molli ôc s'eft rangé au Sud-Oueft. On a toujours portéà l'Eft-Nord-Eft : c'eft toujours une confola- tion pour l'Equipage quand les boulines , les bras &: les écoutes font largues. Par la hauteur méridienne du Soleil, la latitude a été de 34^. 34'',- Ec la longitude eftimée, de 313. 33. ' La route a vaUi l'Eil-Nord Eft , Se le chemin 25. lieues. Après-midi le vent a fort molli. Au coucher du Solcii , la variation a été trouvée de 2^ 30^. Nord-Oucft. A trois heures du matin le vent a fraichi ôc faute au Sud- Le 14» 1^2. Journal du Voyage — Sud-Eft. n nous cil encore favorable. On n'a pasvù. le So- i7io. ic'il à midi : on a cftimé la lacitude,dc ^^àc^\ Scptemb. £j; j^ longitude, de 314. 44. La route a valu l'Eft-Nord-EH:, & le chemin 20. licuës. Nous fommes contents. Au Soleil couchait , la variation aété obrcrvée de , 2^- 3°^ Nord-Oueft. REFLEXIONS Sur lejîime a la Mer. LE s réflexions que je vais faire ne tendent pas à faire méprifer l'eftime , beaucoup moins à la faire abandon- ner aux Marins. Au contraire c'ell pour qu'on y apporte plus de précifion , & qu'un Pilote y emploie toute l'exadi- t.ude dont il eft capable , avec l'expérience qu'il a acquife. Il eft très-difficile de faire une bonne &c jufte eftime du chemin qu'on fait à la Mer. Les Pilotes eftimcnt en deux manières. La première qui eft d'ufage à tout moment, eft par la vîtefle avec laquelle les eaux courent le long des cotez du Vaiffeau, ou par le fillagc. Mais cette eftime doit être différente , félon que le vent ell arrière , plus ou moins largue, ou au plus près. Je fçai que les Pilotes ont égard à toutes ces circonftances, aulfi-bien qu'à celles de la di- verfe bonté d'un VailTeau, ou qu'il eft meilleur voilier, ou qu'il va mieux vent largue , ou au plus près. Cependant il me paroît qu'un Pilote, quelqu'habile qu'il foit, ne fçauroit eftimex jufte à demi lieuë, ou au moins à un quart de lieuë par quart , avec tant de circonftan.^ ces qu'il faut allier enfembie, à moins qu'il n'apporte de grandes précautions. D'ailleurs s'il y a des courans , &c qu'ils foient contraires, ils augmenteront la peine du Vaifteau à fendre Teau , Se ils diminueront fa vîteffe : cependant les eaux paroîtront courre aufli vite de Tarriere, que s'il n'y avoic pas de courant , bc que le VaijGfeau eût plus de vîtefle. Au contraire fi les courans font fivorables , ils lui feront faire plus de chemin , &; cependant le cours de l'eau le long des cotez du VailTeau , &: le fillage de l'arriére ne paroîtront pas avoir tant de vitefle. Nous DE LA Louisiane, ly^ Nous venons de l'éprouver au canal de Baham , &: bien tl'aucres l'ont éprouvé avant nous. Le chemin a furpafTé 17 io- i'eftime d'une lieuë par heure. Cela eft aifé à reconnoîcre S^iptemb. quand on navigue Nord & Sud, ou par des rhums de venr voifuiSj à caufe que la latitude rcdreilc l'eftime &; en fait connoître Terreur j mais tout à fait difficile , quand on na- vigue Eft ôc Ouefl, ou par des rhumbs de vent voifins. La féconde manière eft de jetter le lok à la Mer j mais il ne me paroît pas qu'on évite aucun de ces inconveniens. Tout au plus le iok peut fervir à confirmer le Pilote dans le jugement qu'il a porté fur l'eflime qu'il fait du chemin. D'ailleurs à chaque quart, à chaque changement de voikire, il faudroit jetter le lok à la Mer , & cela n'eft pas tou- jours pofîible. AufTi fçai-je que de très-bons Officiers du Roi , qui ont même commandé {es armées , ne faifoienc pas grand cas du lok. J'ai été furpris de voir dans la Re- lation * d'un voïage par Mer, qu'un homme qui n'avoit ^Veïage fervi que fur terre , devenu homme de Mer des plus con- 5^ '^^ ^^^^ fommez en entrant dans le Vaifleau, trouvât toujours fon priméàpT- eftime exa£te, & arrivât à point nommé avec fon eftime. ''"^»i7i«. hes Maloiiins avec lefquels il naviguoit lui avoient appa- remment infufé leur fcicnce. Il faudroit encore jetter le lok à la Mer chaque fois que le vent augmente ou diminue, & on voit que cela ne fe peut aifément. Il réfulte de-Ià que cette méthode ne vaut pas mieux que l'autre j malgré les précautions que prennent les habiles Pilotes , que je ne rapporte pas ici. D'ailleurs le commun des Pilotes ne faifant la lieuë marine à leur lok que de 15000. pieds François, la font courte. Car, félon les ob- fervations de feu M. CalTini , un degré de grand cercle aïant 57100. toifes, &yaïant2o. lieues au degré, la lieuë aura 2855. toifes, ou 171 30. pieds; quand le degré auroic ,40. toifes de moius , ce ne feroit qu'un peu plus d'un pied qu'il faudroit ôrer à la lieuë. En admettant même l'inéga- lité des degrez que M. Caffini donne dans l'Hiftoire de l'Académie de 171 5, il n'en eft aucun qui n'excède de beaucoup la mefure des Pilotes. Ainfi les nœuds marquez fur leur ligne de lok , font trop prefTez Se donnent trop de chemin. Mais les erreurs du lok viennent fur-tout des caufes fju'on a rapporté ci-deflus. V ■i5'4 Journal dit Voyage -^ L'incertitude de l'eftime cft encore bien plus grande, I 7 i '^^ lorfqu'un bon voilier accompagne un autre Vaifîcau qui Sepcemb. j^'gf^ p^^ {[ bon voilier. Par exemple , comment cftimer bien jufte ôc précifement le chemin fur le Touloufe en compa- gnie du Henri ? Celui-ci a pour l'ordmaire tout ce qu'il peut porter de voiles, fouvent jour &: nuit •, tandis que le Touloufe ferrera d'abord fes perroquets : après quoi , voianc qu'il gagne encore le Henri , il carguera (a grand voile , en- fuite fa mifene , Sc fe réduira à fes deux huniers : ce qui nous eft arrivé encore aujourd'hui , fans que le Henri , qui a confervé toute fa voilure, ait pu parvenir à fe trouvée par notre travers avant dix heures du foir. Quelle peine ne doivent point avoir les Pilotes duTouloufe a bien eflimer le chemin avec cette variation de voilure ? Je compterois pliitôt fur l'eftime du Henri , qui va toujours fon train. 11 ne faut donc pas s'étonner de la différence d'un degré deux minutes que nous avons remarqué le dixième Septembre dans la longitude eftimée fur le Hen- ri , dont les Pilotes de ce Vaifleau fe trouvoient plus Eft que nos Pilotes i c'eft-à-dire , qu'ils avoient dix - fepc lieues de chemin plus que nous , puifque notre route eft a i'Eft. Tout ceci fait voir combien il refte d'incertitude dans l'eftime j même des meilleurs Pilotes , tels que font les pre- miers de nos deux Vaifteaux, èc combien , quand on navi* gue vers I'Eft Ôc vers l'Oueft, il faut être attentif fur l'ef- time. Une Qcs chofes qui m'a fait plaifir dans ce voïage , eft que nous aïons aterré Ci jufte à la côte de l'ifle de Sainte Rofe pour reconnoître Panfacola. Il cft vrai que comme nous portions à la bande du Nord, la hauteur redrefls l'eftime. Outre cela nous avons eu égard aux courans, &c ils nous ont aidé j cependant les fondes font la plus sure reftburce de cet aterrage j car pour la Côte elle eft fi bafle, èc fe reftemble fi fort , qu'on s'y trompe aifcment , comme il eft arrivé au Pilote que nous avions pris au Cap , qui prit la pointe Eft de l'ifle de Sainte Rofe, à I'Eft de la^ quelle nous étions, pour l'entrée de Panfacola, qui eft à U pointe de l'Oueft de cette Ifle, Ce Pilote pourtant avoiç fait plufieurs fois le voiage : il eft vrai qu'il vaut mieux aterrer à I'Eft qu'à TOueft, DE LA LOUISIANÎ. îyy Ce que nous avons dit ci-devanc fur notre aterrage à la Martinique, eft encore une preuve bien fenfible de la dif- ly^-o. £culté de l'eftims. Nous aurons dans le voïage occafion d'en ^^P'^emb. apporter d'autres. Le vent fe rangea au Sud-Oueft hier à dix heures , & Le 15. fraîchit à faire dix lieues par quart. Nous avons fait route àl'Eft-jNord-Eft. La hauteur du Soleil à midi nous a donné la latitude de 35^. lé^ La longitude a été eftimée de 317. zo. La route a valu i'Eft ^ Nord-Eft 3^. vers le Nord, 6c le chemin 47. lieues. 'Voilà ce qui s'appelle une journée. Nous avons bon vent, belle Mer, Dieu nous les conferve. Sur les quatre heures du foir on a découvert un petit Na- vire qui faifoit route à l'Eft-Nord-Eft i il a mis pavillon d'Angleterre , ôc nous de France. Au lever du Soleil , la variation Lg ,^^ a été obfervée de 3^^. lo^ Nord-Oueft. Le vent de Sud-Oueft s'eft rangé à l'Oueft- Sud-Oueft frais ; nous filions bien. Nous avons porté à l'Eft-Nord-Eft. Le 5oleil n'a pas paru à midi , on a eftimé la latitude de 3 J^. 5 5^ Et la longitude , de 321. o, La route Eft ^ Nord-Eft 3^. vers le Nord, le chemin yj. lieues. A midi on a changé de route &: porté à I'Eft pour laifTer les Açores au Nord de nous, & aller, s'il plaît au Seigneur, reconnoîrre la montagne d'Arzillej mais nous n'y fommes pas encore. Divers grains de pluie qui ont com- mencé fur les trois heures , Se fini à cinq , ont fait changer notre bon vent. Il eft venu jufqu'au Nord-Eft par le Nord j cnfuite il eft revenu au Nord, &: il y a refté toute la nuic. Nous avons porté à I'Eft fur la perpendiculaire du vent, 6c fait bon chemin , à en juger par le fillage. Le vent a fauté au Nord-Nord-Eft : on a tenu le cap à ^g j-; I'Eft jufqu'à huit heures du matin , que le vent étant venu au Nord-Eft -J- Nord , on seft mis au plus près à I'Eft ^ Sud-Eft. Par la hauteur méridienne du Soleil, la latitude a été de ^ 55^-45^' La longitude a été eftimée de 32-3» y J» I 7 Z O. l^(; JoURKAL Dit VOYACË La route corrigée a valu l'Eft^Sud-Eft 4^. vers le Sud , 3c le chemin 47. lieues. Septcmb. L'après-midi le vent s'étant rangé au Nord-Eft fort con- traire à nos fouhaits, on a mis le cap à l'Eft-Sud-Eft. A quatre heures il eftvenu à l'Eft-Nord-Eft encore plus con- traire î il a fallu porter au Sud-Eft jufqu a minuit. Ici nous avons de l'eau à courre ; nous en ferons quittes pour faire de longues bordées en attendant le bon vent. LciS. Depuis minuit jufqu'à midi, on a fait route au Sud-. Eft-Sud le vent étant frais au Nord-Eft^ Eft, &: la Mer fort grofle. A midi le Ciel a été couvett, ainfi point de hauteur du Soleil. On a elHmé la latitude, de 54^1. 13'. Et la longitude, de 324. 5 y, La route Sud-Eft -5: Eft 3^. vers le Sud , & le chemin ^^. lieues. Après-midi divers grains de pluie qui ont fait tour- ner le vent à l'Eft- ^ Sud-Eft, Alors on a reviré de bord au Nord-Eft^ Nord. Le vent étoit frais, la Mer grofle, le Ciel couvert depuis hier deux heures du foir. Nous avons vu une petite portion de l'arc en Ciel , dont les couleurs étoient aftez vives. L'arc étoit petit, le Soleil étant encore affez élevé , aiant commencé à paroitre vers les 3 . heures. Au coucher du Soleil , la variation a été obfervée de 4^. o'. Nord-Oueft, Le ï^. Le vent s'eft tenu opiniâtrement de la bande de l'Eft , mais il a varié tantôt à TEft-Nord-Eft, ce qui nous a fait porter au Nord au plus près , amurez tribord ; tantôt ÔC plus long-temps à l'Eft , alors on a porté au Nord-Nord- Eftî enfuite il eft revenu à TEft-Sud-Eft, & on a mis le cap au Nord-Eft. Pendant fix heures il a été Sud-Eft, &: nous avons couru à l'Eft-Nord-Eft toujours au plus près. La hauteur à midi ,- ' nous à donné la latitude de 34^.3 3''. La longitude a été eftimée de 5^5-3 3* De forte que nous avons feulement augmenté de S'', en latitude, ^ de 38^ en longitude ; d'où l'on voit que nous n'avons pas fait grand chemin. Il fc réduit à dix ou douze lieues. Le 2.©. Le vent a toujours été Eft-Sud-Eft pour le plus j ainfi depuis hier midi on n'a pu porter qu'au Nord-Eft > lequel DE LA Louisiane.' i^y a caufe de la dérive &: de la grofle Mer qui nous prenoic de l'avanc, ne nous a valu que le Nord-Nord-Eft. Le So- ç}"^^^' leil ni l'horifon n étant pas nets à midi, on a eftimé la la- ^^P'^^^"^* titude , de 3^^. zy^ Et la longitude, de 515. 54. La route corrigée a valu le Nord-Nord-Eft, &c le che- min 12. lieues. L'après-midi fur les 3. heures le vent s'eft rangé au Sud-Sud- Eft à notre grand plaifir , de forte qu'on a fait route à l'Eft^ Nord-Eft. J'ai vu aujourd'hui une centaine de poifTons volans qui fuïoient devant une feule Bonite , qui en goboit toujours quelqu'un des plus parefTeux. Nous vîmes hier des oifeaux qui doivent avoir l'aîle bonne, car nous fommes en gran- de eau &: fort éloignez de toute terre. Nous ne voïons plus de Dorades. En fix cens lieues nous n'avons pas vu fix Requins. Le vent a refté au Sud- Sud-Eft jufqu à une heure du Le ir: matin qu'il s'eft rangé au Sud encore meilleur pour nous. On a couru largue à l'Eft-^: Nord- Eft. AufTi notre chemin a plus que doublé depuis hier. Il â été de vingt-fix lieues environ. Par la hauteur méridienne du Soleil , on a eu la latitude de 3^^.14^ La longitude a été eftimée de ^ij. 16. L'après-midi le vent a fauté au Sud-Sud-Oueft. Il y a eu divers grains de pluie , & le vent eft revenu au Sud. La route a été Nord-Eft i^. vers le Nord. Le vent de Sud- Sud-Oueft, eft revenu à cinq heures du foir, mais médio- cre jufqu'à 8. heures du foir. Pour lors il a fraîchi à nous faire faire dix lieues par quart. Nous allons vent largue, &; faifons du chemin. Le vent de Sud-Oueft a été frais. Dieu fçait quel che- Lciz; min nous faifions ; le pauvre Henri tout vieux qu'il eft , reprend vigueur. Oïi a portéàl'Eft avec les quatre grandes voiles î mais à mefure que le vent fraîchifToit , il a fallu prendre des ris à nos huniers. A midi par la hauteur du Soleil , on a eu la la- titude de ^6K ^8^ La longitude a été eftimée de 3 3' gros bouillon jetca quantité de pierres- ponces de tous cô- 5' tez fur les terres voifincs d'Afie &: d'Europe, &: il parut 3> une Ifle nouvelle près de l'Ifle Hiera." La petite Camcni fut formée de la même manière , mais avec moins de fra- cas , l'an I 573. Au lieu où la nouvelle Ifle s'cfi: formée, on ne trouvoic. pas le fond à cent brades. Ce ne furent d'abord que quel- ques rochers qui s'élevèrent du fond de la Mer vers la fur- face, dans l'intervalle des cinq jours qu'il y eut entre le tremblement de terre &c leur apparition. Mais cette Ifle crut bien-tôtàvûé d'oeil jufqu'àzo. pieds d'hauteur. Quel- ques-uns des rochers qui la compofoienr, après s'être mon- trez ôc rentrez dans la Mer à divcrfes reprifes, reparurent enfin , &: demeurèrent ftables. La Mer du golphe de San- corin pendant ces mouvemens , changea plufieurs fois de 'couleur. Elle devint d'un vert éclatant, enfuite rougeâtre , &: enfin d'un jaune pâle j elle exhaloit une odeur très-puante. On voit aflez par cet expofé que fous le fond de la Mer, il y avoit là des mines abondantes de ioufre, de vitriol &c ÀQ bitume; lefquelles s'étant enflammées, fortirent en tor- rens avec les rochers , teignirent la Mer de ces diverfes couleurs , &c cauferent cette mauvaife odeur. Tel a été le corren^: de feu entre S. Michel & la Tercere ; ôc telle aufli la formation des écueils qu'on y voit à prefent. La nature agit uniformément. Cette Ifle près de Santorîn augmenta beaucoup pendant le mois de Juillet 1707. la fumée qui en fortoit s'élevoit fi haut, qu'on la vit de Naxie & de Candie , quoique ces Ifles en foient éloignées au moins de quinze lieues. Com- bien devoit être violente l'adion des feux fouterains qui la pouflbienten haut ? Une partie de l'Ifle étoit blanche , l'au- tre noire. La blanche s'affaifla tout d'un coup de plus de DE lA Louisiane. t67 dix pieds ; fans doute parce que Tadion du feu aïant diminue • de ce côté-ià Ja vouce des grottes qui contcnoient les matières 17-0. minérales , après avoir éré foulevéc par la violence du feu Odobtc. trop refîcrré , qui y étoit remf-crmé , s'enfonça ; mais les cu- lées de la voutc , malgré Ton furbaiiîèment, s'écanc trouvées aifcz fortes pour la foutenir , l'empêchèrent d'écrouler. Le premier Août 1707. la fumée devint d'un noir bleuâ- tre , & malgré le vent de Nord fort frais , elle s'éleva en droite ligne à une hauteur prodigieufe. Il faut que la vio- lence du feu qui poulToit fi roide &: fî haut cette fumée, fut bien grande , puifqu'un vent violent nepouvoitla cour- ber. On voit que les matières qui brûloicnt pour lors écoienc bitumineufes & en grande abondance. Pendant le mois d'Août cette Ifle s'accrut confidcrable- ment i il s'y forma une nouvelle chaîne de rochers, &; le Cf. Septembre ils fe réunirent avec l'Ifle, laquelle croirtbic de fon côté. La matière enflammée ne pouvoir feufîrir une il étroite prifon. AulTi dès le 11. Septembre, il forcit de la bouche de ce Volcan , qui s'ouvrit pour lors , des pierres d'une grofl'cur énorme toutes rouges de feu , qui s'alloient précipiter bien loin dans la Mer.. Il en fortit aufTi une fu- mée lort cpaifTe , mêlée de cendres qui voloient en l'air en forme de nuages épais. Elles furent portées à 2 y. milles. Mais celle du Volcan de S. Vincent allèrent bien plus loin; comme je l'ai dit dans un Mémoire qui aéré imprimé dans les Journaux de Trévoux en I7i5>. fur ce nouveau Volcan de nos Ifles de l'Amérique. 3'omets beaucoup de circonftanccs de ce Volcan de San- torin , pour n'être pas long. Je dirai feulement que fa fu- reur dura les mois d'Odobre, Novembre, Décembre de 1707. &■ de Janvier 1708. avec les mêmes fymptômes. Mais le 10. Février après un tremblement de terre, ce fut en- core pis : on ne voïoit que feu , flammes , fumée Se de grands rochers, qui jufques-là n'avoient paru qu'à fleur d'eau, s'élever fort haut. Le bouillonnement de la Mer augmenta à tel point que cela faifoit horreur. Les mugiflcmcns fou- terrains duroient jour Se nuit ; Se le grand fourneau vomif- foit cinq à fix fois dans un quart d'heure des pierres en grande quantité. Tout cet horrible fracas dura jufqu'au z 3 Mai , ç'eft-à.^ i6S Journal du Voyage • dire, un an entier. Le grand fourneau s'éleva fort haut de- Wio- puis le lo. Février , &: il fe répandit fur les pierres ÔC ro- Owtjbrc. ^j^^5 qj^ii \q compofoient, lefqucUcs étoient forries de ion ouverture, une telle quantité de matières fondues, que, comme un ciment , elles en lièrent iolidcment la conftruc- tion. De forte qu'il fe fît peu à peu tout au tour de ce fourneau un fort grand talu compofe de cette matière, qui perdit fa fluidité à mcfure qu'elle fe refroidit, & on auroic pris ce fourneau pour une tour faite de main d'homme. Depuis le feu &c la fumée diminuèrent. Les Santorinois fc hafarderent d'en approcher, mais ils furent obligez de s'en écarter au plùcô:. Ils allèrent donc fur la grande Cu- meni, d'où ils obferverent fans danger la nouvelle Ifle. Elle leur parut avoir d;ux cens pieds, dans fa plus grande hauteur ; plus d'un mille dans ù\ plus grande larg-ur, 5c environ cinq mille de tour. Ils voulurent de nouveau s'en approcher., ils en étoient encore à plus de deux cens pas , qu'ils s'apperçùrent que l'eau de la Mer écoit fort chaude. Ils avoienc fouvent fait cette épreuve : ils fondèrent alors avec une ligne de 80. brades , &C ne trouvèrent pas le fond. Ils fe retirèrent au plus vite, leur batteau faifant eau de toute part. Ils obferverent pourtant que le fourneau avoic plus de 400. pieds de haut, & que fes bords étoient in- cruftez d'une matière, qui paroifl'oit être un mélange de foufre, de bitume &c de vitriol fondus &c mêlez enfemble. Long-temps après ils eurent l'aLidace de débarquer fur l'Ifle ; mais fouliers &: bas furent bien-tôt brûlez jufqu'à la peau. Le 14. Septembre 171 1. il fortit du fourneau par trois -embrafures inRn'ieurcs à fon ouverture , trois ruifleaux d'une matière fondue & étincellante d'une couleur violette. Si d'un rouge qui tiroit fur le jaune, qu'on voit bien n'être qu'un mélange de matière fulfureufes , bitumineufes Se vi- trioliques. Nouvelles preuves de l'abondance de ces miné- raux dans les grottes où ils font formez. Se enfuite enflam- mez. On demandera comment ils font enflammez i La fer- mentation des minéraux hétérogènes , la chute de quelques pierres de la nature de celles qu'on appelle pierres à fufilj font plus que Riffifantes pour produire cet effet; Se quand une fois le feu a pris , il ne faut pas demander comment • il fe conferve Se s'augmente. Tel RE LA Louisiane. lé^ Tel eft ce fait fingulier dont )'ai abrégé la dcfcrîption , en y joignant quelques réflexions. Celui qui vient d'arriver 172-0. entre la Tercere &: S. Michel lui refTemble beaucoup , com- Oobobie* me le fait aflcz connoître le torrent de feu dont il ell parlé daiis la dépofition des Portugais j puifqu'ils difent que de ce torrent de feu il s'en eft formé deux écueils. Ils n'ont pas été fi curieux que les Grecs de Santorin. Tant mîeuîC pour eux, tant pis pour la Piiyrique. Ma^s les mêmes ré- flexions que j'avois faites fur le Volcan de Santorin, peuvent avoir lieu pour celui des Açores. En voici d'autres. Le contraire eft arrivé aux Volcans de Santorin &: de S'. Michel , de ce qui arriva au Volcan de l'Ifle de S. Vincent, dont j'ai parlé ci-devant. Il ne fortit de celui-ci qu'une prodigieufe quantité de cendres qui furent pouftèes à 30. lieues à l'Eft , ô^ un gros morne ou cap de cette Ifle dif- parut ; c'cft qu'il fe trouva fous ce cap des cavitcz trèsvaftcs, qui empêchèrent le minerai enflammé à'^n fortir ; mais qui étant ouvertes par la violence du feu , la cendre en fut chaiTée &: le morne abforbé. Dans ceux-ci au contraire , comme le minerai étoit fort prclTé àc fort pur , dès que ces vaftes magafins de foufre, de bitume &: de vitriol qui étoienc fous les lieux où fe fonj^ élevez ces écueils 6c Ifles , &: bien au large à la ronde, eurent pris feu , qui eft le temps auquel le tremblement de terre eft arrivé , il s'en enflamma une fi prodigieufe quantité par le moien de l'air & de l'eau qui entra par les fentes faites à la terre dans le temps du trem- blement , que ne pouvant plus être contenue dans les bor- nes étroites qui la refterroient , elle poulTa peu à peu vers la furface de la Mer le haut de la voûte qui la renfermoit, comme l'endroit le plus foible de faprifon ; ainfi s'eft élevé le fond du balîin de la Mer dans des lieux où à peine trou- voit-on le fond avant ce temps-là. L'efpace que la matière enflammée occupa par-là fe trou- vant encore trop étroit , ce fut une neceflité qu'elle fe fit jour, en faifant fauter en l'air les maflTes énormes de ro- chers qu'elle n'avoit d'abord que foulevées avec le fond de la Mer qu'ils compofoient en partie. Aufli étoient-ce des obftacles trop foibles pour s'oppofer à fa fortie ; & il n'y avoit pas de proportion entre la lourde mafle de ces ro- ckers , quoique bien liez enfemble , &: la terrible adivicé Y Xjo Jo^JRNAL ©XT Voyage * du feu qui les meccoic en mouvement. Ces matières min c- 1710. raies enflammées ^, liquides le fireac donc jour en faifanc 0<^obre. lauter en l'air les rochers qui s'oppofoient à leur fortie , &: fe répandirent enfuitc dans la Mer en torrens enflamme», ce qui en a échaufté &: fait bouillir les eaux, qui ont chan- gé de couleur , &: pris celle du fouffre , du vitriol & du bitume, fuivant que ces matières ibrtoient par la bouche de cç,% Volcans. Sans doute aufïi qu'en cq% endroits le fond de la Mer^ qu'on peut confiderer comme Textrados d'une voûte, s'étanc fort échauffé par ces matières fluides &: ardentes, qui flot- toient dans les grandes cavitez qui les contenoient, a com- muniqué beaucoup de chaleur à l'eau de la Mer qui infif- toit fur ce fond, comme il arrive à l'eau qu'on met fur le chapiteau d'un alambic. C'efl: ainfi que les eaux du lac d'Un- gen dans le Japon , font toujours brûlantes ^ &: qu'on ea voit fortir une continuelle vapeur de foufre. Quelque grande que foit la quantité d'eau de la Mer quieft entrée par les ouvertures qu'a fait la matière enflam- mée, loin d'éteindre ces feux compofez de foufre & de bitume, elle leur a donné une plus grande fluidité, &: par conféquent plus d'aétivité. Et c'eft ce qui a caufé les effets furprenans qu'on a rapporté ci-devant , dont les diverfes circonffances prouvent allez ce qu'on vient de dire , li on veut y faire attention, Ainli tandis que la quantité prodi- gieufe de matières minérales enflammées n'a point eu aflcz de place pour s'étendre à fon aife , elle a fait ce terrible fracas j dès qu'elle a eu aflez de place &: de jour par le moien des ouvertures qu'elle s'eft faite au-deffus de la furface de l'eau , elle s'ell répandue tout à fon aife , & peu à peu tout s'eft appaifé. Mais ces Volcans fublifteront tant qu'il y aura dans ces vaftes cavitez des matières fulfureufes & birumi^ meures , faciles à s'enflammer j à moins qu'à la longue il n'entre par les ouvertures une li grande quantité d'eau de la Mer , que c^ . hc fc trouvant d'autre part au Octobre. Sud-Eft de la rade d'Angra , fa pofition eft prccifément à mi-chemin de S. Michel à Angra. C'eft donc une faute de .";.' celui qui a écrit au Confeil. S^il étoit par les 39 ^. 7.^' . il .*:\» .,. ne fe trouveroit point entre ces deux Ifles, &: feroit au Nord-Eft d'Angra ; ce qui cft contre la vérité du fait ex- pofé dans les lettres du Confeil du 12. Avril &: 18. Juin » 1711. Ce nouveau Volcan fe trouve donc à neuf lieues Angloi- fes ou Françoifcs, tant de la Tercere que de S, Michel ;, ÔC non pas à 18. licuës au large, comme l'ont dit les Portu- guais de Sainte Marie. Elles ont là un mauvais voifm , qui rendra encore plus difficile l'abord de la rade d'Angra, la- quelle ne vaut rien qu'en Eté s de que tout Vaiffeau qui ne veut pas brifer à la cote, doit déferrer au commencement de Septembre, dès que tirant 15. pieds d'eau, il ne peut s'approcher du mole d'Angra pour porter des amarres à terre ^ mouiller des ancres au large , &: fe mettre ainfi à qua- tre amarres, ce qu'il n'y a que les petits Bâtimens qui puiilent faire ; encore faur-il n'y pas rcftcr long-temps , tant les vents de Sud-Eft y font dangereux ôc la Mer groffc. On dira peut-être que le nouvel écueil brifera la Mer j mais il eft à neuf Ueuës , &: il n'eft pas affez grand pour rendre ce bon office à cette mauvaife rade. Au furpîus les cinq fourneaux dont il eft parlé dans cette lettre du ï8. Juin, prouvent encore mieux larcflem^ blance de la formation de ce Volcan avec celui qui eft près de rifle de Santorin , que j'ai remarqué ci-devant, un mois avant la dernière lettre du Confeil. Elle paroît auffi en ce qu'on n'a pas pu approcher de plus près que de deux lieues Angloifes de ce Volcan pour le reconnoître;ce qui marque que l'eau de la Mer étoit fort chaude au lieu où s'eft ar- rêté le Bâtiment qui vouloir l'obferver j car ce ne peut erre la crainte du feu qui l'ait empêché de s'approcher. On ne fe brûle pas à deux lieues , quelqu'ardens que foient les fourneaux. C'eft encore moins la crainte des pierres &r pièces de roches jccrées par les fourneaux, qui ne le peu- vent être à deux lieues. Il faudroit d'ailleurs que la grêle: cl^s roches fut bien épaifte de route parc. U faut donc qu^^ DE LA Louisiane. 175 ce foicnt les torrens de foufrc &: de bicume vomis par les — • cinq fourneaux de touc côté, qui ont cchauftè l'eau à deux 17 ^-o- lieues à la ronde, &: que le fond de la Mer foie aulTi O^obre. é^haufté dans rincervalle de deux lieues de tout côté , de la manière qu'on Fa expliqué ci- devant, qu'il eft inutile de répeter ici. Il auroit été bon de fonder dans l'endroit où le Bâti- ment s'eft approché pour voir fi le fond de la Mer ne s'efl point hauffé j car pour les lieux voifins des fourneaux lef- quels forment la nouvelle Ifle , il eft évident que le fond s'y eft hauflè , puifqu'autrefois il y avoir plus de yo. braftes ii'eau entre la Tercere &: S. Michel ; car autour des Açores &: près d'elles, il n'y a, au rapport des Portuguais , que la baffe des Formiguas entre S. Michel èc Sainte Marie, Toutes les autres baffes ne font que des hauts-fonds fur lef. quels il y a 40. ou jo. brafTes d'eau. Il eft vrai que la Mer y eft rude^ comme elle l'eft toujours près des écores d'un, banc , quand même il y auroit plus da fond fur le banc , comme il arrive à celui de Terre-neuve. Une vafte Mer venant de loin , ôc frappant contre l'écore avec impetuofité , ne peut qu'y être fort rude ôc patoiiil- leufe , ce qui fait beaucoup (oufFrir le Vaifleau , &c ceux qui font deflus ; lefquels arrivant chez eux ne manquent pas de dire aux Hydrographes qu'ils ontpaffé fur des bancs. Ceux-ci qui ne font pas curieux de les aller vérifier , parce qu'il n'y auroit pas grand profit pour eux, les mettent par provifîon fur les Cartes. Pour les punir de leur crédulité d^ lâcheté, j'opinerois de les y envoler ; par la raifon que toute perfonne qui fert pour la Marine, devroit avoir été a la Mer. Quels avantages n'en reviendroit-il point à la Marine : Depuis minuit jufqu'à quatre heures, le vent s'cft un Le (7. peu plus rangé vers l'Oueft : on a fait fept lieues. Alors le vent eft revenu au Sud-Oueft &: il a fraîchi : on a couru vent largue à l'Eft-Sud-Eft, au lieu que la nuit nous étions vent arrière. On n'a point eu de Soleil à midi ; la latitude a été eftimée de 3 j ^. 56^ Et la longitude de 3^4. 3,0. La route a été Eft-Sud-Eft, &c le chemin 48. lieues. Le %çnx a fraîchi au Sud, mais il çft reveoubiça-côt au Sud-Oueft, Yiij 1 7 i o. 174 Journal DU Vqy AGE Le vent Sud-Oueft frais tout le matin -, nous allons lar- gue les ris pris à nos deux huniers. Sur les neuf heures un Octobre. ^^^{^^ ç\q pluïc &: de vent nous ont fait ferrer nôtre petit ^^' hunier ôc la civadiere j il a bien-tôt paffe , auiïi-tôt on a hifle le petit hunier. Le Soleil n'aïant pas paru à midi , on a eltimé la latitude de ^6"^. 2.' > Et la longitude de 358. 30. La route a été Eft. quatre degrez vers le Nord, & le chemin 70. lieues. Eudions nous huit jours un pareil ventj nous verrions les montagnes de Provence. L'après-midi le vent s eft rangé à l'Ouefl-Sud-Oueft également frais. Le S. Le vent a été Sud-Oueft le matin , mais non plus fi frais^ La Mer eft fort unie j nous avons dépris nos ris aux hu- niers , &: fait fervir les perroquets &; la civadiere. Nous faifons environ fept à huit lieues par quart. Le Henri eil à toutes voiles , avec fauques 6^ voiles d'étai , & refte de l'arriére. O'îi a pris à itudi la hauteur du Soleil , qui a' donné la latitude de 35^^. 34^» La longitude a été eftimée de i. io. Nous avons donc dépaffé le méridien de TenerifFe , qui eft le premier fur nos Cartes. La route a été l'Eft 4^. au; Sud , bc le chemin 48. lieues. Comme nous avons trop abaiffé en latitude, au lieu de porter à l'Eft «Sud-Eft com- me les deux jours précedens , on a mis le cap à l'Eft, qui. nous vaut l'Eft é^^. vers le Nord-Eft, àcaufe de la variation,- On voit par la hauteur d'aujourd'hui que la latitude d'hier conclue par eftime de 3^'^. z^. étoit trop forte, &: que la route d'hier fut au plus l'Eft , & tant mieux. 11 faut beau- coup d'attention &: de circonfpedion quand, on veut biea naviguer. Par ma Carte de Vankulcn fur le point d'aujourd'hui ^ je me trouverois encore à 177. lieues du Détroit; il n'y a pas (i loin. Car le Pic de Tenerifte eft félon la Connoif- lance des Temps , 18'^. 3 o^ Cadix félon la même ConnoifTance des Temps , 8.10. Donc du méridien de TenerifFe à Cad,tx ^ 10.20. Mais félon Vankulcn il eft ,, 11.20» Il eft donc trop oiiental ôi le Détroit auffi ^ t> % LA Louisiane. 175 -.qui valent dans ce parallèle 1 6. lieues , dont le Détroit cil — --^— trop à l'Eft^ félon cette Carte, ou les Canaries trop à 17^0. rOueft. Je ferois donc encore à 161. lieues du Détroit, 0<^o^Le. jQOus verrons à l'aterragc {i cela s'accorde. Les Pilotes du Henri ont trouvé la latitude d'hier com- Le q, me nous 3 5''^.- 54''. Mais pour leur longitude ils la font 5 5S. 34. Ils font donc plus à l'Oueft que nous de 1^. 46^ Le 30. Septembre ils obferverent la variation 7 •. ©^ Nord-Oueft. Ce jour-là nous la trouvâmes ^'. 40^ la différence eft lo^ peu confiderable 5 à caufe de la petitefTe des degrez de la xofe. Nous avons eu peu de vent cette nuit, èc fait peu de chemin. La hauteur méridienne du Soleil, nous a donné la lati- îudede jy^. 34"^- La longitude eftimée de 2,. 20. Il nous rcfteroit d'ici au Détroit 138. ou 140. lieues» Le vent eft foible au Sud-Oueft. Le Sud-Oueft a cefTé ôc le calme eft venu. Sur les huit heures du foir le vent eft fauté au Nord-hft, qui nous eft contraire. Il faut reprendre nos anciens errements, four cela on a couru au plus près à l'Eft-Sud-Eft. Dans la nuit le vent eft venu à i'Eft-Nord- Eft : on a pris l'amure à bas bord èc porté au Sud^Sud-Eft jufqu'au matin. Le vent a varié de TEft-i^Sud-Eft à TEft-Sud-Eft ? on a Le 10] repris les amures à tribord ôc porté au Nord-Eft. Par la hauteur du Soleil à midi, on a eu la latitude -de 3 5'^. 36^. La longitude a éré eftimée de z- 40. L'après-midi le vent a été foible à l'Eft-J: Sud-Elt. A une heure du marin le vent s'eft rangé au Sud ; il Leu- foufloit foiblement. On a fait route à l'Eft j Sud-Eft. La liauteur du Soleil à midi , a donné la latitude de ^6^. 4^ La longitude eftimée ^ a été de 3. 30. L'après-midi le vent foible au Sud-Siid-Oueft. La Mer venoit du Sud-Oueft. Il refte encore iio. lieues d'ici au Détroit. Au coucher du Soleil on a obfervi la variation avec deux bouiïbles i elle a éré à toutes ém;LxiQ 7d.48^Nord-Oueft. 17^ Journal du Voyage —— Nous Tommes encore à iio. lieues du Détroit ; fi ce ^72-0. temps dure nous ferons en ly. jours 14. lieues. Il nous Ocbobie. j.çjQ.£ ^^5 provifions pour dix jours, &: puis grand jeune j gallettes &: lard. Je ne m'en afflige pas. Je ne plains que nos malades qui augmentent en nombre de empirent. Le II. Au Soleil levant, la variation a été trouvée de 8^^. 1 5^ Nord-Oued. Calme la nuit Se le matin. Parla hauteur du Soleil, on a eu la latitude de 36^'. i\ Nous avons fait fix lieues en 24. heures. La lon- gitude a été eftimée de 5. 40, L'après-midi calme parfait, le Vaiffeau ne gouvernoic pas. Sur les quatre heures il s'eft levé un peu de vent de Nord qui a fauté au Nord-Eft. On a fait route à l'Eft-Sud- Eft. Le vent étoit médiocre &c la Mer auffi. La variation obfervée au coucher du Soleil , a été de 8^^. i y^Nord-Ouefl:, On parlera dans la fuite fort au long fur les variations obfervées dans ce voiage, A huit heures du foir le vent Nord-Eft, même route. Le 13. Le vent a été au Nord-Eft , la Mer belle. Nous avons porté à l'Eft-Sud Eft 6^. vers le Sud-Eft. Le vent n:etant pas franc au Nord-Eft, il approchoit du Nord-Eft ^ Eft. Au lever du Soleil , la variation a été obfervée de 8 '. zj^Nord-Oueft, La hauteur méridienne a donné la latitude de 35. 25. La longitude a été eftimée de 4. yo. Depuis le II. la route a valu le Sud-Eft, Sc le chemin 22. lieues &: demi. Sur ma Carte je me trouve à 120. lieues du Cap Spartelril en faut rabbattre 16. lieues, dont je le fuppofe trop à rEft;refte pour 104. lieues. Le 14. On a obfervé la variation au lever du Soleil , de ^à. 1 8^ Nord-Oueft. Le vent a été tout le matin au Nord-Eft 4- Nord. On a fait route au plus près à l'Eft ^ Sud-Eft. Par la hauteur du Soleil à midi, on a eu la latitude de 3 5<^.o^. La loncritude eftimée a été de 6. o, La route Eft ^Sud-Eft 5^. vers le Sud, Ôc le chemin 22, lieues. DE LA Louisiane. 177 lieues. Aïant égard à la correction lur la Carte de Vanku- - — - — len, nous fommes à 39. lieues du Cap S. Vincent, &c à. 17^0. Si. lieues du Cap Spartel. Le vent cfl venu au Nord - Nord- O'^obre. Eft ; nous nous fommes rangez à l'Ell i. Nord-Eft. A 7. heu- res il efl venu au Nord. Nous avons couru bon plein fur la même route. Au coucher du Soleil , la variation a été trouvée de y^. 36^Nord-Ouc{t. Le vent eft revenu au Nord-Nord-Éft ; nous portons à Le 15. l'Eft qui ne nous vaut que l'Eft ^ Sud-Eft 4^1. vers le Sud. Nous fommes à toutes voiles pour tâcher de découvrir la terre ce foir. Je ne le crois pas. Dieu le veuille. Je ferois bien-aife de me tromper. A midij la hauteur du Soleil a donné la latitude de 35^. z\ La longitude a été eftimée de 8. o. Tout cela ne nous marque pas la terre ce foir, La route a valu l'Eft i\ vers le Nord, & le chemin 33. lieues. 11 refte jufqu'au Cap Spartel 46. lieues. A fix heures du foir il a fallu prendre un ris à nos hu- niers , ÔC les amener fur le ton pour attendre le Henri , qui écoit à trois lieues de l'arriére de nous. Il nous a joint fur les dix heures , & on a hilTé les huniers. Un nuage nous a dérobé ce foir la variation. Le vent a reculé vers le Nord : cela fent fort la côte des Algarves , au Sud de laquelle nous fommes. Ces deux jours nous avons fait 5 y. lieues. Le vent a reculé au Nord-Nord-Oucft ; nous portons un Le icJ" peu largue à l'Eft-Nord-Eft , & à l'Eft -^ Nord-Eft. Au lever du Soleil , la variation a été trouvée de 9^. 30'. Nord-Oucft. Elle auroit donc diminué depuis le 14. de 6\ ce qui ne peut être ; au contraire elle doit avoir augmenté d'un de- gré. Celle de ce foir nous affurera de l'erreur. Il paroît grand nombre de Goelans qui volent par troupe , ou font à la pêche : ce qui nous annonce la terre. Comme nous la • prolongeons , c'eft tout ce que nous pourrons faire de la voir ce foir. Le vent a manqué fur les dix heures. Nous étions prefqu'en calme. La hauteur à midi a donné la la- titude de 2 rii. y 2^. Nous fommes bien. La longitude a été eftimée de 9. ^o. Z I7S Journal dit Voyage ' La route a été Eli ^ Sud-Eft, Se le chemin 31. lieues. 1720- La diftance au Cap Spartel e(t fur ma Carte de 30. lieues, Odobre. Jq^i- il f^ut ôcer 16. lieues , reftc pour 14. lieues par l'Eft- Nord-Eft. A une heure il s'eft levé un peu de vent de Nord Ouefl, Goémons, Goelans , Marfouins en troupe, petits oifcaux , fils de courants qui vont à l'Eft, tout cela nous annonce le Détroit. Au Soleil couchant , la variation par trois bouflbles a été de 11^. o' Nord- Oued» Autre diagnoftique du voifinage du Cap Spartel. A fix heures on a vii la terre afTez confufément à tra- vers la brume, fur-tout une montagne à (îx lieues , que nous croions être celle d'Arzille. A midi le Cap Spartel nous refloit à 14. licuës. Nous avons fait quatre lieues juf- qu'à fix heures , à caufe que nous avons été en calme de- puis trois heures. Il nous refte donc dix lieues jur-qu'au Cap Spartel , qui fe trouve à TEft ~ Nord-Eft j nous ne le pouvons voir à caufe de la brume. Pour y fuppléer , nous Première avons foudé à fix hcurcs , & trouvé fond à 90. brafTcs fa- foTide RU j^i^ vafeux. Voilà uns reconnoiflance parfaite. On a reviré à fept heures , &: porté à l'Oueft, &: à l'Ouefl ~ Nord-Oueft pour ne pas aller fur la terre de Barbarie , hc nous élever au milieu du canal, où les courants nous porteront. L. Sonde. A dix heures on a encore fondé & trouvé 80. brafTes, fond de fable vafeux. REFLEXIONS Sur notre aterrage au Détroit de Gibraltar. A travcrfée depuis Tlfle Dauphuie a été de 1600. lieues. Excepté dans le canal de Baham , la route a toiîjours < été à l'Eft , ou à des rhumbs prés de l'Efl. Souvent on a effuïé des vents contraires , fouvent du calme. Nous avons refté 75. jours dans une traverfée qui pouvoit fe faire en 5" y. jours. Il a fallu fouvent louvoier , fouvent mettre en pane pour attendre deux VaifTeaux qui étoicnt fous notre .^fcorce, jufqu*au for tir du canal de Baham. Du depuis il a DE LA Louisiane. 179 fallu Souvent en faire autant pour attendre le Henri, qui ~— n'eft pas fi bon voilier que leTouloufc, pour le moins di- 172-0. minuer notre voilure. Nous n'avons eu que peu de jours ^^^i^i^e. de bon vent ; dans cet intervalle, on n'a reconnu aucune terre excepté celle de Cube, & le Cap des Martirs qui en efl voifin. C'eft-à-dire , que nous n'avons vu ni la Vermude que nous ne cherchions pas, ni les Açores, quoique nous déliraflions reconnoitre le pic de Faial , ou au moins Tlfle de Sainte Marie , mais le vent & la brume ne nous Tonc pas permis. Nous n'avons parlé à aucun VaijGTeau. ® Malgré tout cela eflmier auffi jufte notre aterrage au Détroit qu'il l'a été dans ce Vaifleau , eft une preuve de l'habileté de Meflieurs nos Officiers 6>c de nos Pilotes de leur circonfpedion à faire leur point , de leur exactitude &: fagacité dans l'eflime. Quelques uns s'attendoient de fe trouver ce foir à 2.0. lieues à l'Oueft du Détroit; cependant quand on a vu la terre de Barbarie, nous n'en étions qu'à fix ou fept lieues j la montagne d'Arzille nous reftoit au Sud- Eft, &c nous n'étions qu'à dix lieues du Cap Spartel. Selon les diverfes Cartes dont on s'eft fcrvi^les uns fe font trouvez à midi du 1 6. Odobre à trois lieues du Cap Spartel, les autres à fept, les autres à quinze, les autres à vingt ; c'eft-à-dire que les différences ne font que de peu de lieues, ou par excès ou par défaut. Les Gens du Henri qui pafïerent à notre poupe par ordre de M. de Vailette, à huit heures du foir , nous dirent qu'ils s'en faifoient à midi à 50. lieues, e'eft-à-dire 3^. lieues plus Oueft que nous fur le point qui s'eft trouvé le plus jufte ; Se cela conféquemment à la différence en longitude qu'ils avoient - avec nous le 27. Septembre. Meffieurs du Henri doutoient que nous eufîions vlî la terre à fix heures du foir depuis le Sud- Eft jufqua l'Eft- Nord -Eft, à caufe qu'elle ne paroiffoit à travers la bnuiiô que fortconfufément î mais nous les en affurâmes en ajoutant que nous avions fondé à fix heures , èc trouvé fond à 510. braffes. Ils nous dirent alors qu'ils fe rendoient. A dix heures du foir nous trouvâmes 80. braffes , comme on l'a dit; enfuite aïant porté à l'Oueft , à caufe du vent contraire , Se pour ne nous pas aftaler fur la Côte, à deux heures du matin d\x 17. O(^obre nous n avons point trouva de fond. Z i) i^o Journal du Voyage • — - — ^ La nuit calme parfait; fi nous avons fait du chemin ce 172.0. n'eft que par les courans qui nous ont mis* un peu au large Octobre. ^^ |^^ Côte. Ils portent au Nord 5c au Nord-Oucfb. Le ^^^7' Henri qui tire 20. pieds d'eau, a été plus manié par les courans que le Touloufc. A fix heures il nous précedoic d'une lieuë ; enfuire nous l'avons joint, parce qu'il ne s'eft plus trouvé dans le fil du courant qui a continué de nous fervir. Il y a eu grolle brume depuis 6. heures jufiqu'à 8. heures j elle s'efi: changée en nuages. Toute la nuit il avoic ^ait une très-forte rofée qui difpofoit à cette brume , Se au vent de Sud ~ Sud-Efi: qui s'eft levé à huit heures. On a fait route au plus près à l'Eft -^ Sud-Eft. A midi , la hauîeur du Soleil a donné la lati- tude de 55^'. 51'. Mais comme on n'a pas vu defcendre le Soleil , la hauteur n'eft pas bien sûre. Nous femmes à fept lieues du Cap Spartel qui nous rcfte au Nord-Eft , ôc à cinq lieues de la côte d'Arzille. On n'a pas eftimé la longitude à caufe que nous fommes àlaviiëde la Côte ; nous n'avons donc fait; depuis hier au foir que 5 . ou 4. licués, A quatre heures du foir nous voilà à 3. lieues du Cap Spartel. Le vent eft Nord-Nord-Oueft. Nous portons au Nord-Eft pour arrondir ce Cap, jufqu'à ce qu'il nous reftc à l'Eft pour pouvoir le doubler , ce que nous n'aurions pu faire fi nous eufiions porté à l'Eft-Nord-Eft ; mais à fix heu- res lèvent étant venu au Nord, ne pouvant faire le Nord- Eft, il a fallu revirer de bord. On a porté d'abord à l'Oueft, enfuite à l'Oueft j Nord-Oueft , puis à l'Oueft-Nord-Oueft, a caufe que le vent a varié avi Nord:^ Nord-Elî:^ ^ de-ià au Nord-Nord-Eft. Au Soleil couchant, la variation a été obfcrvéede 12,^.0^ Nord-Oueft, La côte d'Arzille nous reftoit à cinq iieuës , &: le Cap Spartel à trois licuës. ï^e iS. La nuit calme qui a duré jufqu'à fept heures du matin. Le vent pour lors eft venu du Sud ; on a couru à l'Eft. Les courans nous avoient éloigné dans la nuit du Cap Spart- tel i il nous reftoit le matin à l'Eft à fix lieues , mais nous ayons perdu le Hcnric Nous allons à toutes voiles cherche^' DE LA Louisiane. iSr €C tant dédré Détroit. A neuf heures le vent a fraîchi au Sud - Sud- Oueft ; nous avons porté à l'Eft-Nord-Eft , bien- 17^0- tôt nous nous fommes trouvez au Nord du Cap Spartcl. O^^obre» Nous voilà donc dans le Détroit. A dix heures le vent a encore fraichi, &: la Mer nous prend par la hanche, nous allons bien. A onze heures nous nous fommes trouvez tout à coup dans un fil de courant , qui s etendoit tout à travers du Détroit depuis le Cap Trafa'gar jufqu à Tanger. Il n avoic de large au plus que trois longueurs de Vailfeau , mais il ^toit fi violent , que quoique nous fufîions amurez tribord, ôc que nous allaflions vent largue &: fort vite à toutes voi- les , il nous a fait arriver fur tribord. La yier écumoit & fort, ôc avec tant de bruit , qu'on auroit cru être fur des roches Se dans un raz. Ce courant alloit donc de la côte d'Efpagne à celle de Tanger. Il- eft clair que la grande Mer venant heurûsr contre la côte d'Efpagne de haute Mer ( fur-tout deux jours après la pleine Lune d'Odobre ) doit courir violemment à la Côteoppofce, pour de-là entrer par ie Décroit dans la Mer Méditerranée. Après avoir traverfc ce courant, nous le diftinguions de demi lieuë à la blan- cheur de fes eaux ; laquelle s'étendoit en droite ligne de- puis le Cap Trafalgar jufqu'à Tanger , comme on l'a dit« -'- Au fortir de ce courant, qui nous auroit fait pirouetter, s'il eut fait calme , nous nous fommes trouvez dans une eau fort tranquille, 6c qui n'éçumoit point j mais nous allions fort vite. Après demi lieuë nous avons trouvé un autre courant qui alloit à TEfl: comme nous , mais il n'étoit pas fi rapide. La Mer éçumoit pourtant beaucoup. Il nous a fait faire grand chemin, aidé de notre bon vent; lequel étant venu à rOueft-Sud-Ouefl:, nous a fait changer l'amure à bas bord , èc courir à l'Efl-Nord-ElL Nous marchions fi bien, ^ue nous avons bien-tôt laifle Tarifîe, le Mont aux Singes, Gibraltar Se Ceiica derrière nous. Nous voilà donc à deux heures du foir dans la Méditerranée. Nous avons mis en pane pour attendre le Henri , Se nous avons pri5 un ris à nos huniers. Une heure après on a tait fervir jufques par le travers d'Efteponne. Là , nous avons mçoiç mis en pane. Ne voïant point venir notre cania* lîz Journal du Voyaôe ■ rade, il a fallu mettre à route, pour profiter d*un vent de 172.0. terre. Octobie. 0^3 d'inquiétudes cette nuit, n'aïant point vu hier au ^ ^^' foir le Henri au-dcça du Détroit i Ce matin comme nous étions par le travers de Fangcrole, nous l'avons vu venir de loin. On l'a attendu -, il nous a appris qu'il nous avoic perdu dans la brume , dans laquelle il s'étoit trouvé jufqucs par le travers du Cnp Sparte! , qu'il avoir reconnu à tra- vers un éciairci de la brume qui s'étoit enfuite difîipée , &r qui avoit épargné le Touloufe. De Fangrerole nous avons fait route tous deux enfemble pour Malaga par un petit vent d'Oueft-Sud-Oueft. Sur les trois heures du foir nous y avons mouillé à une bonne lieue de terre. Le Commandant a envoie à la ville le fécond Lieu- tenant , mais on lui a rcfufé l'entrée. Les Intendans de fanté,, puis le Conful de France, nous font venus voir, ils nous ont dit que lapefte étoit à Marfeille. Sur cel^l'entrée nous a été refufée j mais elle n'eft pas à la Louifiane , &: c'eft de- là que nous venons. Peuvent-ils penfer que nous venions de Marfeille, où nul VailTeau de notre taille ne fçauroit entrer. D'ailleurs les cotez de nos VaifTeaux tapilTez d'her- , bes, difent aflbz que nous venons de loin. le 20. On a tenu Confeil de fanté fur notre compte à Malaga, On a perfifté à nous refufer Fentrée. Demain on doit nous donner les rafraîchiffemens que nous demandons ; aufli-tôt après nous partirons pour profiter du vent d'Oueft-Sud- Oueft qui foufle depuis la nuit palTée. Ne pouvant aller à terre, il eft inutile que je faffe la defcription de ce Païs^ que je crois un des plus beaux du monde. Pour ce qui eft de la rade, elle eft tellement fréquentée, qu'il n'eft pas ne- ceffaire que j'en parle, îe 2î. Le vent qui pendant la nuit étoit Nord-Oueft affez frai?, a varié à l'Oueft-Nord-Oueft également frais fur les neuf heures. Il y a aftez de Mer dans cette radcj qui eft fort ouverte. Nos Chaloupes &: Canots font à terre depuis le grand matin mous les attendons. Se nous fommes mis à pic. Tout eft revenu avec bien des rafraîchiffemens. Pour virer au Cabeftan , nous avons emploie tout ce que nous avions de gens en fanté , ôc même nos Officiers fe fonc snis de la partie : de forte qu'il n'y avoit fur le pont q[ue DE LA Louisiane. 183 M. de Vallette &: moi , tout le rcftc étoic en a«^ion. A neuf ■ — heures du foir nous avons levé l'ancre ; cnfuice on l'a capo- 1 7 ^ o- née avec le Cabcftan, & nous nous fommcs mis en route, Octobie. veHt arrière à l'ER-Sud-Ell:. Les Gileres &: les Bâàtnens de convoi que nous avons trouvé vers le Détroit, font , à ce que nous ont dit les Ef- puignols , pour faire lever le fiege de Ceuta, S'iis ont qua- torze mille hommes d infanterie &c fix mille chevaux, fous les ordres du Marquis de Léede , ils viendront à bout de chaffer les Mores : ce font de mauvaifes troupes ; mais à peine les Efpagnols feront-ils de retour chez eux , que les Maroquins feront devant Ceuta. 11 leur coûte fi peu de faire ce fiege, qu'il n'eft pas étonnant qu'ils s'y foient ob- llinez pendant 5 y. ans. Leur General eft logé dans une inaifon àfonaife, ainfi que leurs autres Officiers. La Mo- raille de garde eft logée dans des niches formées fous le parapet de leurs tranchées, qui ont 18. pieds de profon- deur , 6c d'où ils tirent par-ci par-là quelques coups de canons &c de moufquets. Quand cette Moraille a fervi fou temps , d'autres aufli mauvaifes troupes viennent la relever. Elles portent leur provifion de ris. Ces gens-là n'ufent ni de lard ni de vm. Il leur fuffit d'avoir de l'eau , voilà toute . la façon qu'ils y font. Notre bon vent n'a pas duré. Dés les deux heures du Leii* matin il a fauté à l'Elt-Sud-Eft qui eft diamétralement op- pofé. Enfuite il s'cft rangé au Sud- Eft : nous avons porté il'abord au Sud, puis au Sud-Sud- Oueft, le Ciel couvert, un peu de pluie j mais la Mer n'eft pas grofTe. A huit heu- res 6c demi on a revire 6c porté à l'Eft-Nord-Eft. Nous JaifTons Malaga à dix lieues à l'Oueft-Nord-Oueft, 6c Vê- lez Malaga à fix lieues au Nord-Eft. Le foir il eft venu un petit vent de terre, qui à peine nous foutenoit. Je crains que la Méditerranée ne nous traite plus mal que rOcean. Nous debuttons mal, fi ce temps dure nos •ânalades pourront bien détaller par douzaines. Le Lieutenant en pied , le premier Pilote 6c moi bordâmes hier au foir Tartimon , tandis que ce que nous avions de gens en fanté étoient au Cabeftan ou à d'autres manœuvres. Dieu veuille qu'il ne me faille pas monter à la hune pour ferrer les hu- jaiers j jeferois très-sûrement un faut à la Mer, 6c adieu i84 Journal dû Voyage ■ mon Abbaïe î car depiùs la mort de notre Aumônier, les 17^0- Matelots m'appellent M. l'Abbé. Oitobre. Giofie Mer d'Eft pendant la nuit qui nous a fait terri- ^^ ^y blement rouler. Fort peu de vent de Nord-Nord- Oueit j aijifi nous n'avons pas fait de chemin. Les courans qui por- tent à TEft, &: qui rendent la Mer qui vient de l'Eft en- core plus grolTc, nous ont ibutenu contre la Mer : deforte ,■ N , qu'à neuf heures du matin nous étions au Sud de Vêlez "'■ Malaga. Sans les courans la Mer nous auroit porté au Cap du Moulin. Jufqu'à trois heures calme , puis le vent au Sud- Eft^Eft. On a couru au plus près au Nord-Eft-J^ Eft. Le vent s'étant rangé à l'Elt ^ Sud-Eft , on a porté à terre au Nord ~ Nord-Eft. Mais à cinq heures &c demi du foir on a reviré au large au Sud-Sud-EÎl &c Sud ^5: Sud-Eft, avec une grofle Mer d'Eik ôc le même roulis. Il faut qu'il ait bien venté de l'Eft pour la Mer que nous avons. Un Anglois que nous venons de rencontrer nous en a aftliré. Il a efluié pendant huit jours un vent d'Eft furieux. Ce n'eft pas pour rien que j'avois vu un oeil de perdrix à la Lune à fon lever , il y a cinq jours. Le 24. A fept heures du matin le vent s'eft levé de la terre au Nord-Oueft médiocre. On a porté à route à l'Eft- Sud-Eft. La Mer pour lors ne nous incommodoit pas beaucoup; mais le vent aïant fort diminué à neuf heures , le roulis a recommcné. A peine depuis hier avons nous fait demi lieue. A fix heures du matin Vêlez Malaga nous reftoit au Nord- Nord- Oueft à cinq lieues. A midi il nous reftoit au Nord ^ Nord-Eft à cinq lieues. Nous avons donc reculé vers rOueft de près de deux lieues , compris le chemin que nous avions fait. Nous avons été obligé de prefenter l'arriére à la lame pour ne pas démâter , tant la Mer étoit grofle. Hors aujourd'hui je n'ai point vu jouer nos deux grands mâts ; les haubans font pourtant bien placez &c bien ridez. Sur les quatre heures du foir le vent eft venu au Sud- Cueft foible ; enfuite il a tourné par l'Oueft au Nord, puis au Nord-Eft, mais il étoit très-foible. On a mis le cap à l'Eft-Sud-Eft fans faire de chemin, tant la Mer d'Eft étoic grofle. A dix heures &: demi le vent accflé , &: nous a laiflé à la merci d'une grofle lame jufqu'à 4. heures du matin ; pour Igrs elle a un peu diminué ; on ne pouvoit fe tenir de bout. ■ . Sur DE LA Louisiane. igy Sur les huit heures du matin il s'eft levé un peu de vent - de Nord :on a porté à l'Eft^Nord-Eft fur le Cap Madril. 1710. Nous prefentons à la lame qui cfl fort diminuée, mais qui Oâ:obrc. dure toujours j ainfi nous tanquons , mais nous roulons ^^ ^5* moins. Malgré notre opiniâtreté à tenir la Mer, non feu- lement nous n'avons rien gagné, mais nous voilà par le travers du Cap du Moulin , tant les courans &: la Mer nous contrarient. Nous faifons ce que nous pouvons pour aller mouiller à Maiaga ; mais le vent d'Eft qui fait mine d'en- trer , eft bien foible fur la Côte , quoiqu'il foit afTcz vif dans le canal. Nous avons le cap fur Maiaga. Le vent elc venu foible à la terre lorfque nous étions encore à deux lieues du mouillage ; ainfi il a fallu courir au large à notre grand regret. La Mer d'Eft toujours aflez grofle. A deux heures du matin le vent eft venu au Nord-Nord- Le kT. Eft , il a duré jufqu'à cinq heures , &: on a fait route à l'Eft-Sud-Eft pour s'élever. Il a enfuite fauté à l'Eft : nous avons couru au large au Sud-Sud-Eft : il a fraîchi aflcz, mais la Mer eft belle. A midi on a reviré de bord au Nord- Eft ~ Nord pour aller à terre &c fe maintenir en bon pa- rag/î jufqu'à ce que le vent change. D'ailleurs il peut venir la nuit du vent de terre , qui nous fera toujours faire un peu de chemin. Il y a de l'adreffe à fçavoir profxter des vents, fur^tout en ce parage, où l'on ne fçauroit faire de longues bordées. Au coucher du Soleil , la variation a été obfervée de 9'^. ^6'. Nord-Oucft. La Mer embellit, le vent pourroit venir à bien ; nous en avons befoin , car nos malades augmentent. Dans la nuit lèvent a cefTé tout-à-fait, &: la Mer eft Le 27, calme. Beau Ciel. Nous attendons les vents d'Oueft. A midi le Cap du Moulin nous reftoit au Nord ;J^ Nord- Oueft en- viron 15. lieues, &: Vêlez Maiaga Nord ^^ Nord- Eft envi- ron fix lieues. La Mer plate , point de vent y cela a duré tout le jour &: partie de la nuit : mais les courans nous ont éloignez de la côte d'Efpagne. Ici ils portent au Sud-Eft i de forte que le foir à cinq heures nous étions à mi-canal. Nous voïons les montagnes de Barbarie à tribord , &: les montagnes de Grenade déjà couvertes de neiges à bas bord. Aa t 1%^ Journal du Voyage Alboram nous reftoit à dix lieues à TEft : on n'a pas pu 1710. relever la côte d'Efpagne , à caufe qu elle étoit couverte de pclubie. nuages i de forte que nous fommes privez du plaifir de voif ■ ; - cette belle Côte. Lciî. Lèvent dans la nuit eft venu au Nord-Nord-Efl; foiblei nous avons porté à i'Eft. Il s'eft bien tôt rangé au Nord- Eft ~ Nord , enfuite au Nord-Eft ; ainfi on a fait route à rEft-Sud-Efl : mais fur les 7. heures nous avons reviré au Nord-Nord-Ouelt pour approcher de la côte d'Efpagne, puis on a porté au Nord, enfuite au Nord-Nord-Eft ide-là au Nord-Eft 4- Eft , le vent aïant varié d'autant vers le Sud. Cela nous accommode fort ; s'il cule encore , nous porte- rons à route. Le Touloufe eft jaloux ; dès qu'il n'cft pas aflez chargé de l'avant, il ne va plus fi bien. Le Henri pour lors lui tient pied. On a rempli aujourd'hui les futailles d'eau de la Mer, il a repris fa première légèreté. C'eftune marque d'un bon Vaiftcau , quand peu de chofe pour l'arrimage le rend moins bon voilier. Le Cap de las très Furcas en Barbarie, nous reftoit ce matin à huit heures au Sud ~ Sud-Eft à environ dix lieuës< On îae voïoit pas clairement les montagnes d'Efpagne j oij ne les a pas relevé. Mais au lever du Soleil le Cap Sacratif nous reftoit au Nord à 14. lieues, ainfi nous l'avons âpre* fent dépafl^é. Au coucher du Soleil , la variation a été trouvée de P^^. c^ Nord-Oueft. JLeia?, A minuit on a reviré de bord au large, & à 4. heures nous avons couru à terre, le vent étant toujours à I'Eft bc à l'Eft-Sud-Eft. A 7. heures du matin nous nous fommes trouvez au Sud de Caftel de Fierro. A huit heures il a fallu revirer &: porter au Sud-Sud-Eft. A midi nous avons vU trois VailT-aux de guerre Anglois de yo. à 55. pièces de canon, dont le Commandant remorguoit une Tartanne. Ils alloient vent arrière au Détroit. Ces Vaifleaux fe font ap- prochez de nous , le vent étoit frais à I'Eft : nous , fans nous détourner , fuivions notre route au plus près au Sud-Sud-Eft. Notre Commandant en homme fage, a jugé qu'ils pour- raient nous venir voir de plus près pour excroquer un fa-? ïvx» En effet ils fe font mis en ligne de combat à une heure ^ DE 'LA Louisiane. t^7 Bc Titr ce que M. de Vallette a fait mettre la flamme au grand mât, le Commandant Anglois a mis une flamme de ly^o* diftindion î auffi-tôt M. de Vallette, dont les ordres por- Octobre tent de ne pas faluer une pareille flamme , a fait faire for- branle , parer les canons des deux batteries j &: foit pour cela, foit pour nous rallier au Henri, qui étoit de l'arriére de nous fous le vent à plus d'une lieuë , il a fait arriver peu à peu & fort infenfibîemcnt, laifTant tomber la mifene, laquelle il avoir carguée auparavant, ainii que la grande voile. Le tout a été fait fort prefkement. Alors les trois Anglois font arrivez en ligne fur nous j mais quand ils ont vu notre contenance , & que , fans arri- ver tout court comme fi nous avions peur , nous approchions peu à peu de notre camarade , qui tenoit toujours le vent, &: que nous ouvrions nos fabords de la batterie balTe de fort bonne grâce y ils ont jugé à propos de ne pas s'appro- cher de plus près , pour exiger un falut qu'on ne leur au- roit donné qu'à boulets. Le Commandant Anglois s'eft re- mis vent arrière, a amené fa flamme & fes pavillons. Pour nous nous avons gardé la notre, èc continué notre route avec nos deuxhuniers,lesrisprisàcaufe que le vent étoit frais, A trois heures on a porté le cap à terre pour la bien re- connoître , enfuite au coucher du Soleil on a couru au lar- ge au Sud-Sud-Efl:. Nos bordées d'aujourd'hui nous ont valu fix lieues en droite route. Nous voilà encore bord fur bord. Dès le jour nous nous Le 30, fommes trouvez au Sud d'Atre î deforte que nous n'avons gue- res avancé depuis hier au foir. Le vent mollit &: la Mer cal- me } il y a apparence de vent de Sud. Les nuages qui étoienc ramaflez en grande quantité, courent au Nord. On a obfervé au Soleil couchant , la variation de «^'î. ^é''. Nord-Oueft. . A fix heures & demi il s'efi: levé un peu de vent de Nord- Oueft. Nous avons porté largue à l'Êfli-Nord-Efl:. Toute la nuit petit vent d'Ouefl: &: d'Ouefl:-Nord-Oueft, Le 5!. avec peu de Mer. On a fait route à l'Eft : nous pouvons faire une lieuë par heure. Pendant le jour avec le même vent &: la même Mer , nous avons porté à l'Eft-Nord-Eft: & fait au pl^us cinq lieues par quart. Le foir au coucher Aa ij iSS Journal du Voyage ciii Soleil , le Cap de Gâte nous reftoic au Nord-Oued ^ i-jio. Nord à trois lieues. Odlobre. Depuis hier au foir point de Mer i ainfi point de roulis , point de tangage. Mon Dieu que ceci eft difterent du roulis des jours paflez j il n'y en avoir jamais eu de pareil dans la Mé- diterranée , à ce que difent nos vieux Marins. Il faut qu'il y ait des courans qui portent à l'Ouefl: , qui nous ont contrarie - la nuit pafîée : car devant être à dix heures au plus tard par le travers du Cap de Gâte, nous ne l'avons eu au Nord qu'à trois heures. Outre cela le VaifTeau venoit toujours à tribord, quelque précaution que l'on prît pour le tenir fur la route de l'Eft ; de forte que pendant la nuit nous n'avons guéres fait que demi lieuë par heure , quoique par le fiUage il parût que nous fiffions une lieuë , comme on vient de le dire. Ceci prouve bien ce que j'ai dit fur l'eflime. Depuis qu'on a déchargé beaucoup de vivres du Touloufe, &: qu'il cil: hors de l'eau de plus d'un pied qu'il n'éroit aupa- ravant , il n'eft plus fi bon voilier, il faut faire une grande ar^ tention à le lefter. A l'Ide Dauphine , où il n'y a ni pierres ni graviers , on n'a pu ajouter à fon left que du fable , qui a beaucoup de volume fans être fort pefant t .c'eft pourquoi on n'a pu le caler autant qu'il l'étoit avant que d'être dé- chargé. Pour y fuppléer de décharger fes hauts , on a mis à fond de cale quatre pièces de canon de i8, livres de balle , ÔC autres chofes qui embarafloient entre deux ponts. Il faut outre cela tenir les futailles toujours pleines j de manière que quand on a bu le vin ou l'eau , il faut les remplir d'eau de la Mer, comme on l'a dit ci-defllis. Lèpre- Nous avons eu fort peu de vent pendant la nuit, & cal-: mier de rne depuis quatre heures du matin jufqu'à midi. Cependanc Novem- les courans nous ont tellement aidé , qu'à midi le Cap Car- fc^C' bonaire nous reftoit au Nord-Ouell j Oueft à cinq lieues r c'eft-à-dire , que depuis hier au coucher du Soleil nous avons fait douze lieues prcfque en calme. A midi le vent d'Ouell-Sud-Ouefl: commence à enfler nos voiles , Se la Mer en vient : cela me fait bien efpcrer. Au coucher du Soleil le vent a un peu fraîchi j belle Mer, nous faifons du chemin. Le Cap ^e Gâte nous refte à 2,o.lieuëç ^l'Queft. f>E LA Louisiane. iS^ Au Soleil couchant la variation a été — obfervée de i o^. o^ Nord-Oueft. 1 7 ^ «• Notuc bon vent a pris des forces ; nous laiflons Car- Novem- thagene derrière nous ; nous cfperons de voir bien-tôt Ali- ^^' cant, Se d'y prendre des rafraîchifl'emens. Ceux que nous avons pris à Malaga, ont procuré la fanté à vingt de nos malades , &: ont fort foulage les autres. Au lever du Soleil on a obfervé la tz u variation de 10^. o^ Nord-Oueft. Le vent s'eft rangé dans la nuit au Nord-Oueft, &: a un • '^ peu fraîchi. On a fait route au Nord-Eft fur la perpendi- culaire du vent. Au Soleil levant le Cap de Pâte nous re- ftoit au Nord-Oueft à 6. lieues. A 8. heures le vent ava- rié à rOueft-Nord-Oueft également frais : nous avons porté au Nord-Eft ~ Eft plus largue d'un air de vent ; nous al- lons bien. A 3. heures le vent a fauté à TEft-Sud-Eft foi- bie. On a pointé au Nord-Eft. Mais à 7. heures il s'eft ran- gé à l'Eft j Sud-Eft frais. Nous avons pris des ris à nos deux huniers , &: couru au Nord-Eft 4- Nord. Le vent a varié jufqu'au Nord-Nord-Eft extrêmement frais, &: la Mer fort grofle. Oa a été obligé de courir à l'Eft & à l'Eft-Sud- Eft. Avec les deux bafles voiles nous avons terriblemcnc coulé. - ^/- ! Remarque. apiiov ; fiijoii '.)n.'::)d Ce que je vais dire fervira pour l'Hiftoire des Vents. A notre retour sr Toulon nous avons appris que le 2. de No- vembre il y eut un des plus furieux coups de vent qu'on y ait jamais fenti. Il ne dura que ce jour-là , &: bien en prie aux cheminées. Au retour de nos trois Vaifleaux de guerre qui étoient partis pour Alger, ils nous dirent que dans ce. même temps ils avoient levé l'ancre de devant les Fromen-- tieres, &: qu'ils furent obligez de remouiller par un furieux yent de Nord ; & nous qui n'étions pas à 20. lieues des Fromen tieres , nous l'eûmes au Nord-Nord-Eft. On voie que ce vent qui étoit furieux au Nord-Oueft à Toulon^ tourna au Nord fur les côtes de Valence , &: un peu plus haut au-dcçà du Cap de Pâte , au Nord-Nord-Eft ; &: cela dans l'intervalle de li. heures, qui fut faffifant pou^ nouS; amener cette grofle Mer qui nous fatigua tant» A a iij i^o. Journal du Voyage •- A fîx heures &c demi du matin on a reviré de bord , Sc 17 ^°- couru au Nord-Oueft ^ Nord, le vent étant Nord-Eft -^ Novem- ]sjord. Mais à ^ heures le vent étant revenu au Nord-Nord^ f' Eft, on a porté au Nord-Oueft avec une grofle Mer &c un ^* grand rovilis ; peu après le vent eft venu à rien; nous avons roulé fans faire du chemin. Alicant nous reftoit au Nord- Oucft à II. lieues. On voit que ces nitres, dont la fermen- tation avoit caufé ce vent furieux , écoicnt épuifez. A la fin du Journal on parlera de ceci en détail, J.C4. Nous fommes à la porte de Toulon, & jehefçaiquand no\\s y arriverons. Le vent d'Eft nous a laiffé une Mer parefTeufe & d'au- tant plus rabotei^fe. Au moins s'il nous avoit laifTé quel- qu'autre vent à fa place ; mais calme. Dans la nuit le vent de Terre nous a fait faire 6. lieues 5, après quoi calme plat. Nous avions à l'Oueft les montagnes de Benidorme à trois lieues, de le Cap Saint Martin à 6. lieues devant nous. Au Soleil couchant la variation a été obfervéede ^^l. 50^. Nord-Oueft, le f La nuit ôc jufqu'à dix heures du matin , calme. Alors il s'efl levé un peu de vent d'Oueft , qui nous a mis à midi par le travers du Cap Saint Martin. Nous portons toutes voiles Se coutelas ; il n'y a pas de Mer ; nous faifons une bonne lieue par heure. Le vent a fraîchi, la Mer un peu grolli ', nous faifons à prefent une lieuë & demi par heu* re. L'après-midi à deux heures le Cap Saint Martin nous refioit au Nord-Oueft à 4. lieues 5 alors on a vu claire- ment les montagnes d'Yvice. Le Henri va mieux que nous Tent arrière à prefent j c'eft que nous fommes trop fur Feau. Je viens de voir un troupeau de marfouins qui alloienc à rOucft. Bon prefage, difent les Marins, c'eft du vent de cette part. Un de ces marfouins m'a diverti ; il s'eft détaché de fa troupe , & a donné chafTe à un gros poifFon qui a bien-tôt été gobé fous mes yeux. Comment Tavalera-t-il ^ difois-je , avec un mufeau fi pointu ? Cela a été plutôt fait que je ne l'ai dit. Quelle avaloire ! petite bouche &: gros morceau j II eft allé réjoindre fa troupe, qui fautoît,dan- foit, ôc apparemment en faifoit autant que lui, chemin faifant. UE lA Louisiane* îj?! Depuis minuit jufqu a huit heures le vent a cahné j cela cft bien extraordinaire dans cette faifon. A huit heures il ly^o» s'en levé un vent foible de Nord-Nord-Oueft, lequel à dix ^ovem- heures a fauté au Nord ; à midi au Nord-Nord-Eft ; à deux ^^" heures à i'Eft ^ Nord-Eft où il s'eft fixé. On a toujours por- té au plus près à toutes voiles. A midi par la hauteur du Soleil , on a eu la lati- tude de 39'^. 3 5^ Nous étions à i8. lieues à i'Oueft de la pointe occiden- tale de Majorque , que je voiois à midi à travers la brume légère, ainfi que la côte de Soleri, dont les montagnes font fort hautes- Nous ne fpvons où relâcher , tant les ventj font foibles &c variables. Remarque, Si nous avions relâché aux Fromentieres , comme nous f avions projette, nous y aurions trouvé trois de nos Vaif- féaux de guerre qui y avoient mouillé par un vent forcé de Nord que nous n'avons pas fenti. Ces Vaiffeaux étoient l'Invincible que montoit M. de la Varenne qui comman- doit l'Efcadre j la Vcilale commandée par M. des Gauts , Se le Cheval Marin commandé par M. de Beauquaire. Ils al- lèrent de-là à Alger fuivant leurs ordres. Si nous les avions vu , nous aurions appris des nouvelles de France , &: de la maladie de Provence. Un de nos Officiers a fait mettre au Touloufe tou- tes les voiles qu'on a dans un VaifTeau ; voiles d'étai, fauques , coutelas , voiles de chaloupe àc de canot , tout a été emploie. Qu'eft-il arrivé ? Le Touloufe qui devançoic auparavant le Henri , deux heures après eft refté de l'arrié- re. Notre Capitaine s'en eft apperçù , &: lui a fait ôter cette menue voilure. Bien-tôt le Touloufe s'eft remis à courre j SiC a regagné fon pofte. L'on en doit conclure que cette menue voilure recevant le vent par des diredions différentes , fur-tout quand on eft au plus près , il arrive que plufieurs fe contrarient, &: re- tardent ainû le mouvement du Vaifîeau. Outre cela il fe fait dans toutes ces petites voiles divers facs , dans lefquels la diredion du vent eft prefque oppofée à la direâ:ion du vent fur ies principales voiles -, ce qui eft une autre caufe du re- ï^i Journal du Voyage tardement de la vîtefTe du VaifTeau. Ainfi fe vérifie une ef- 172.0. pece de paradoxe : Avec moins de voiles un VaifTeau va Novem- pf^s yîce. ^^' Au lever du Soleil le plus haut de la montagne la plus '^' occidentale de Majorque nous rcfloit à l'Eft à fept lieues j rillc Drac^onaire nous rcftoit à ÏLH ~ Sud-Eft à fix lieues. On voïoic diflindemcnc le haut des montagnes d'Yvice, qu'on n'a pas relevé , cela n'étant pas neceflaire. Les cou- rans portent au Sud-Eft dans ces parages où nous nous trou- vons ; car fans prcfque aucun vent, &: étant au plus près ^ nous avons fait près de 12. lieues depuis hier midi jufqu'à fept heures de ce matin. La hauteur méridienne du Soleil nous a donné la latitude de 39^. 45^ Nous avons refté en calme jufqu'à fix heures du foir. Il s'eft levé pour lors un petit vent d'Oueft-Nord-Oucft qui a fraîchi peu à peu , de manière que depuis huit heures jufqu'à minuit nous avons fait fix lieues. Il a en fui te tour- né à rOucft, &: nous a fait faire cinq lieues par quart. Le vent d'Oueft revient; nous lui pardonnons {es infideUtez, parce que nous faifons aflez de chemin , quoique le vent îbit foible. ï-e 8. Au Soleil levant la variation a été obfervée de 1 1^. 4^ Nord-Oucft. La Dragonaire nous reftoit pour lors au Sud j Sud-Eft à fix lieues. Par la hauteur du Soleil à midi on a eu la la- titude de 4o<^. 40'. Le vent d'Oueft a été médiocre jufqu'à quatre heures , il nous a fait faire aflcz de chemin au Nord ^ Nord-Eft. Le foir il a molli , &c la Mer prefque calmé. Nous avons fuivi la même route la nuit, te 5?» La nuit fans prefque aucun vent ; nous avons fait bien du chemin, les courans nous ont porté : car au lever du Soleil nous nous fommes trouvez à l'Eft-Sud-Eft du Mont Joui &: de Barcelone à fix lieues. Mais le vent eft revenu à l'Eft dès les huit heures j nous avons fait route au Nord- Nord-Eft , qui nous vaut le Nord j Nord-Eft. Au coucher du Soleil on a obfervé la variation de 12^. 36^Nord-Oueft. Palamos »E lA Louisiane. j^* Palamos nous reftoit pour lors au Nord a cinq lieues : - un peu avant la nuit il nous reftoit au Nord- Nord-Oueft i/io. un peu plus de quatre lieues , &: le Cap de Saint Sebafticn Novenv au Nord-Nord- Eft à dix lieues. Toute la nuit peu de venc ^^^' d'Eft ; il a fallu courir des bordées courtes , parce que nous craignions de tomber fur la roche de Blanes, que nos ar- mées navales n'ont pas vue, que je ffache, mais où l'on dit qu'un Vaiffeau HoUandois a péri. On la place à huit lieues au Sud-Eft de Blanes, Le Henri nous a paffé à la poupe fur le fignal que lui en a fait notre Commandant. On leur a demandé comment ils croient dans leur Vaiffeau. Ils ont répondu que leurs malades diminuoient , qu'ils avoient de l'eau & du vin pour quinze jours , &c qu'ils étoient prêts à faire avec nous la tra- verfée du Golphe de Lyon. Tout cela nous a fort réjoui, mais le vent d'Eft eft toujours opiniâtre à ne point paroicre. Ce qui nous confole , c'eft que prefque fans vent nous avons fait quatorze lieues aidez par les courans, ôc que nous laif- fons Barcelone à fix lieues à l'Oueft-Nord-Oueft. Tout le jour le vent aïant varié de l'Eft à TEft-Nord- Le i©. Eft, nous avons couru diverfes bordées j le vent étoit foi- ble, mais la Mer étoit affez groffe. L'après-midi calme de vent &: de Mer, Sur les quatre heures du foir le vent foi- ble au Sud, puis au Sud-Sud-Oueft. Au commencement de la nuit il a un peu fraîchi , en forte qu'on a fait cinq lieues au premier quart. Au Soleil couchant le Cap Begut nous reftoit au Nord-Eft à dix lieues. Enfin la fortune fe déclare pour nous ; voilà le vent au Leii. Sud-Oueft &; nous en route. Le Henri a fi bonne çnvÏQ de voir la Provence , que toute la nuit il a porté fcs perro- quets, & nous a contraint de défaire les ris de nos huniers pour le fuivre. Avec cela nous le tiendrons bien. Nous voilà dans le fameux Golphe de Lyon. Rofes eft douze lieues derrière nous î nous efperons voir ce foir les montagnes de Provence , & être demain dans la Rade de Toulon. Depuis minuit jufqu à quatre heures le venta été Oueft- Nord-Oueft, &: nous a fait faire iix lieues. Mais à quatre heures & demi le vent eft venu tout à coup au Nord-Nord- Eftj on a fait route à l'Eft. A fix heures &c demi le vcnc Bb 1^4 Journal du Voyage - — *— - — a reculé au Nord ^ Nord-Eft , ou a mis le cap à l'Efl: ^ 1710. Nord-Efl:. Novem- j^ i-ni(ii [^ hauteur du Soleil nous a donné la '^'^^' latitude de 41^. 30^ E paroît par cette hauteur que les courans nous ont fort porté au large. Le vent qui avoit fauté au Nord dès les 9. heures, de forte que nous avions porté à l'Efl- Nord-Eft , s'eft rangé à midi au Nord ^ Nord-Oueft,& a encore plus fraîchi êc la Mer grolTi. Nous avons porté au Nord-Eft ^ Eft. A deux heures il eft venu au Nord-Nord-Oucft enco- re plus frais ; on a poiré au Nord-Eft j la Mer devient toujours plus grofTe. On a mis bas nos perroquets ; peu après il a fallu prendre des ris à nos huniers tant le vent a fraî- chi. A quatre heures du foir grand vent. On crie aufli-tôt , ferre les huniers. Nous voilà à cahoter fous les baftes voi- les au milieu du Golphe de Lyon. Nous avons un plaifir dont on peut fs pafl'er, c'cft de voir les couleurs de l'arc- en-ciel peintes par le Soleil fur les gouttes d'eau que le vent fepare des ondes de la Mer en fureur. te II. Nous avons refté fous les baftes voiles toute la nuit Sc tout le jour , étonnez de la hardielTe du Henri qui porte fes huniers &r ne craint point de démâter. On a couru au Nord-Eft, puis au Nord-Nord-Eft par un vent de Nord^- Oueft très-frais qui a duré tout le jour , mais qui a été violent depuis midi jufqu'à (ix heures du foir. Sur les qua^ tre heures &: demi nous avons reconnu la montagne de Coudon près de Toulon , mais confufément à caufe de U brume dont la terre eft inveftie par le vent. Par la hauteur du Soleil à midi on a eu la lati- tude de 42^^. I 3'^. Pendant la nuit le vent de Nord-Oueft a été très-frais, ÔC nous a fait beaucoup rouler fous les baftes voiles. Un vent , une Mer horrible , voilà notre partage depuis hier l'après-midi. te 13. Le vent de Nord-Oueft a été frais jufqu'à fix heures du matin. Depuis quatre heures jufqu'à fix on a reviré au Sud-Oueft pour ne pas quitter le Henri qui étoit beaucoup fous le vent à nous. Ce Vaifleau dérive fort quand il coure gu plus prè§, A fix heures oi) a rçyiré le bord à terre au DE LA Louisiane. i^^ Nord j Nord-Eft. Au jour nous nous fommes trouvez à une — ~ lieuë fous le venc de l'Ifle de Levant, la plus orientale des 17 ^o* lues d'Hieres. Noven»- II cfl afTez étonnant que le vent &: la Mer aient man- " que tout à coup. Le vent a varié, aufïï-tôt on a hifle ]es huniers , puis les perroquets j tandis qu'à fept heures èc dé- çu nous difions, fi nous ne pouvons attraper le Gourjan nous relâcherons en Sardaigne au Golphe de Palme. Si le Henri qu'il nous a fallu aller chercher cette nuit, n'eût pas tant dérivé , nous n'aurions pas perdu notre avantage, nous ferions entré par la grand pafl'e dans la rade des Ifles d'Hie- res. Nous tiendrons la Mer bord fur bord , ôc nous irons mouiller à minuit dans cette rade en chicanant le vent. A huit heures nous avons changé de langage , grâces au vent. O combien d'objets me rappellent cette côte • Je ne quitte plus la gallerie, tant j'ai de plaifir de voir une côte qui a été le théâtre de mes Obfervations. Nous ne fommes qu'à deux lieues à l'Oueft-Sud-Oueft du Cap Taillât. C'eft au pied de ce Cap qu'à ma Campagne de la côte de Pro- vence , qui a fervi de prélude à celle-ci , je me trouvai ré- duit avec mes deux Camarades à fort petite ration , & à coucher à platte terre fous une tente , dans l'efperance de trouver le lendemain meilleure fortune. Je vois devant moi rifle de Levant où nous l'allâmes chercher , nous ne l'y trou- vâmes pourtant pas. Les obfervations allèrent bien , mais ce fut tout. Nous avançons encore bien peu tant le vent ell foible. Je vois pourtant à fix lieues à l'Oueft la gracieufe Ifle de Porquerolles , où j'ai fait grand nombre d'obfervations. Courage , voila un Vaifléau à deux lieues de nous qui vient par le vent d'Eft, nous en aurons bientôt autant. En effet, à une heure après midi voila le vent d'Eil devenu notre ami. Sans façon nous enfilons vent arrière là rade des Ifles d'Hieres. Le joli vent i point de Mer i mon Dieu que ce temps efl différent de celui des deux jours précé- dens i Au coucher du Soleil nous fommes fortis de cette rade par la paffe du Langouftier, Le vent d'Eft a calmé par le travers du Cap d'Efcampe-barrion , & nous a laiifé un mo- ment dans l'inquiétude à caufe du voifinage de ce Cap. Maïs B b ij i^^ Journal du Voyage de la Louisiane, à fcpt heures il eft venu un vent d'Eft-Nord-Eft qui nous i 1-710. tk'é de-là. En fuivanc notre route nous avons mouillé à dix Novem- heures du foir dans la grande rade de Toulon , entre la ^^^' Tour de TEguiliette ôc faint Mandrier. La Chaloupe de garde eft vcnyë nous reconnoître. L'Of- ficier qui la commandoit nous a déclaré que nous ferions Quarantaine -, à la bonne heure, nous fommeschez nous, ôc nous nous y attendions depuis ce que nous avions ap- pris à Malaga. Le 14. Me voilàà la configne à attendre les Intendans de la San» té. Ils arrivent, reçoivent notre dépofition, ôc me font ju- rer que nous avons dit la vérité. Ils ont cru avec raifon qu'un. Prêtre ne fe parjureroit pas. Cependant je ne fçai quand nous aurons l'entrée , on ne fe prefTe pas. Il faut prendre patience , nous avons des fecours pour nos malades. jLe ï — ike^^'O^^ -X'*^ -â9cii — s9 *:'L^ ^f^ ^"''J?.^ ^^ ^O^ <4>^ ^f.r' -?^fC5^ "'^'^f?^ ^p^^ ^jS Re F LEX I ON s ET ReMA R Q^TJE S que le vent étant toujours à la bande de l'Eft entre les Tro- piques, il n'eft prefque jamais ni plus ni moins chaud, à caufe qu'il ne pafTe ni fur des neiges ni fur des terres mouil- lées qui fourniflent abondance de nitres : partie aufli de ce qu'il vient d'entre deux ponts Se du fond de cale parles efcaliers & autres ouvertures , un air qui peut être plus échauffé , car il fiit fort chaud au fond de cale ; de forte que cet air échauffé a pu fe répandre jufqu^au Thermomè- tre , qui , quoiqu'à l'air , étoit fous la dunette ; fur-tout quand le vent venoit de l'avant, ou quand on étoit au plus près. Auiïi m'appercevois-je qu'il baiflbit un peu quand le vent venoit de l'arriére ; ce qui n'auroit pas dû être, puifqu'il étoit à l'abri de ce vent-là ; mais c'eft qu'alors la vapeur d'entre deux ponts étoit emportée de l'avant. Ce Thermomètre étoit renfermé dans une boëte dont la porte étoit grillée de fil de leton pour que l'air y piît en- trer librement ; &: dans l'endroit où il étoit placé, il étoic expofé à l'air , à l'abri des raïons du Soleil , fans crainte d'ê- tre caflé par quelqu'une des manœuvres qui font fi fréquem- ment en mouvement dans les VaifTeaux ^oupar l'inconfide- ration de quelque Mouffe ou Matelot. Etant près de l'ha- bitacle , il étoit continuellement fous les yeux des Pilotes de quart. Il eft vrai que la grande fente dans laquelle paffe la manivelle de la barre du gouvernail , pouvoir lui appor- ter l'air d'entre deux ponts ; je ne trouvai cependant aucun endroit plus propre que celui-là, pour qu'on pût aifément l'obferver ôc qu'il ne fût pas cafle. Pour ce qui eft du Baromètre , quelques précautions que j'aie prifes , non feulement je n'en ai point pu tenir en ex- périence pendant le voïage , à caufe du roulis Se du tan- gage du Vaiffeau ; mais par les mêmes raifons je n'en ai pas pu faire d'expérience qui m'ait donné rien de fur, non pas même dans les rades où il y avoir moins de Mer , ou dans le calme, tant le mercure eft fenfible au moindre mou-, vement du Vaiffeau ; de forte que celui qui étoit dans le • tube, montoit ou defcendoit continuellement de 17. à 50, pouces, fans qu'il fût jamais en repos ; il étoit donc im- poffiblc de juger de la pcfanteur de l'Atmofphere. Le mer- cure de la boëte étoit aufli en continuel mouvement , mais il ne pouvoit fe répandre^ par les précautions que je pre- nois. ^ ^~ TAITES TENDANT LE VOYAGE DE LA LOUISIANE. I99 Il feroit pourtant fort utile de pouvoir faire de ces ex- périences à la Mer, on pourroit prévoir les orages un peu à l'avance & s'y préparer ; connoître la diverfité du poids de l'Atmorphcre en divers pais , fur-tout en des volages de long cours &: entre les Tropiques j & ces expériences feroient avantageufes à la Phyfique. REFLEXIONS Sur le Traité du mouvemetit des Mers & des Vents , com^ofé par Ifaac Fojjius. J'avois lu il y a quelques années ce Traité de Voflius , fon fiftême m'avoit paru fingulier ; néanmoins comme il eft accompagné de beaucoup de faits , j'attendis , pour ju- ger de ce Livre , que j'eufTe vérifié par moi-même quelques- uns de ces faits, àc fur -tout ceux qui fervent de fonde- ment à fon fiftême. J'ai eu occafion de le faire dans le Voïa- ge de la Louifiane d'où nous revenons à prefent : car c'eft fur Mer &: avant que d'entrer dans la Méditerranée , que j'écris CQS Reflexions qui font une fuite naturelle du Jour- nal que je viens de donner. Je me fuis remis à lire dans le VaifTeau le livre de VolTius avec attention , àc voici les Reflexions que j'ai faites dans le cours de cette iedure. L'Edition que je citerai eft celle d'Adrien Ulacq , à la Haye en 166 y in-quarto. Je doute qu'on en ait fait une autre. Si j'entreprends de critiquer l'ouvrage de Volîius , c'eft uniquement pour éclaircir la vérité. Je fouhaiterois que fon fiftême fût vrai. J'eftime d'ailleurs la profonde érudition de l'Auteur, fa manière d'écrire, &: la pureté de fon Latin. Fils &: petit fils d'hommes illuftres dans les fciences , il a mérité par lui-même les gratifications du Grand Roi Louis XIV. dont il n'étoit pas le fujet. Mais on peut être ha- bile en Philologie & en Littérature , même en tout genre d'érudition , &: ne rcufUr pas en fait de fiftême de Phyfique. Il dit dans fa Préface qu'il ne fe fervira ni de qualitez pccultes , ni de magnetifme j à la bonne heure. Seulement, di£-il , il rapportera le tout ad folem & aquarum libramen- tum : que le tout fera prouvé par le témoignage d'habilei ZOë REFtÉXIONSETREMARQJtJE» Pilotes en grand nombre. Mais ce qu'il demande qu'on lui accorde, eft précifémenc ce qui eft en quclHon ; ainfi le Lec- teur , quelque complaifanc qu'il foit , ne fçanroit le lui ac- corder à moins qu'il ne le voie prouvé. Il pourra lui faire grâce, pour d'autres fujets & raifons qu'il apporte dans la Ibite de fa Préface , que je ne citerai pas ici pour n'être pas long. Réflexions fur le premier Chaptre, Vofîius prétend qu'un habile Pilote qui auroit une grande connoilTance des vents qui fouflcnt en chaque lieu, pour- roit faire le tour du monde en dix mois , Ô^ même moins ^ s'il palTe le Détroit de Magellan au mois de Décembre ou de Janvier. C'eft véritablement le temps le plus favorable pour le pafTer , à caufe qu'on y eft pour lors en Eté. Mais je douce qu'il fe foit encore trouvé aucun Pilote aflez ha- bile ou aitez heureux pour aller en moins de quatre mois au Cap des Vierges : car enfin on ne va pas là touE d'une haleine, il faut relâcher aux Canaries ou au moins au Brc- fil pour prendre des rafraîchiflemens , qu'on ne trouve nulle part jufqu'à la Conception. Pour palï'er ce détroit, il faut environ quarante jours ; voilà près de cinq mois &: demi , & il n'y a encore que le quart du voïagff fait. îl y a des VailTeaux qui ont refté trois mois, d'autres plus dans le Dé- troit de Magellan ; ce qui n'eft pas étonnant, puifque les vents font ordinairement à l'Oueft ou au Sud-Oueft, ce Dé- troit courant en des endroits à l'Oueft , en d'autres à l'Oueft- Sud-Oueft, en quelques endroits à l'Oucft-Nord-Oucft; &^ n'étant pas affez large pour courir de longues bordées, les Vaifleaux ne peuvent pas louvoyer autant qu'il faudroit pour avancer chemin en chicanant le vent. Je ne parle pas des tempêtes qu'on y efTuie, Vofîius ne croïoit pas apparem- ment qu'il y en eût à la Mer. Le Maire , pour éviter tous ces inconveniens du Détroit de Magellan, rangea la côte de la terre de Feu , & paffa dans le canal entre cette terre & Tlfle des Etats. D'autres Navigateurs , pour éviter les courans rapides qui font dans ce Détroit , ont mieux aimé pafTer au Sud de l'Ille des Etats , & s'éloigner davantage du Cap de Horn ; ainfi en allon- geant le cl>cmin ils ont abrégé le voïage. C'eft dommage que FAITES PENDANT LE VoYAGE DE LA LoUlSlANE. loi que VolTius n'ait pas connu cette route : peur-être, s'il l'a connue, a t-il craint que Ton Vaifleau n'y fît naufrage ou qu'il ne reitât engagé dans les glaces , ce qui auroit allon- gé fon voïagc. Je fçai qu'une Frégate du Roi , en fuivant cette route , eft allée à la Conception èc en eft revenue en neuf mois , mais ce font traverfées heureufes auxquelles il ne faut pas s'attendre ; comme on ne doit pas efperer d'al- ler à la Chine & en revenir en quinze mois, ainli qu'il eft arrivé à l'Amphitrite. Je ne parle pas du refte du voïage dont il n'y a encore qu'un quart de fait. Les Navigateurs qui ont fait le tour du Monde , auroient été bien étonnez li on leur eût donné un pareil terme pour ce voiage, Se des vivres à proportion. Venons au fait, de peur d'allonger trop ces Reflexions. Notre Auteur dit qu'en quelque part que le Soleil foit per- Pa^e?. pendiculaire dans la zone torride , là l'Océan s'enfle &: s'é- lève davantage ; & que là où le Soleil s'éloigne davanta- ge de la perpendiculaire, là les Mers s'aff-aiflTent &c s'abaif- fent même un peu plus que leur niveau ordinaire. Après un raifonnement qui naît de celui-ci , il conclut que c'eft l'unique raifon qui fait courir la Mer de l'Eft à l'Oueft. L'air fouffrant les mêmes impreffions du Soleil , &: outre cela celles de la Mer , on doit expliquer de même le cours des vents de l'Orient à l'Occident. Pour nous donner une idée certaine de fon fiftême, if ajoute que non feulement c'eft la principale caufe, mais que c'eft même prefque l'unique des Marées qui arrivent par-tout le monde , comme il le fera voir en détail dans la fuite. De forte que le Soleil allant de l'Eft à l'Oueft par fon mouvement diurne , 3c fe trouvant toujours entre les Tropiques , la Mer doit fuivre la même route entre les Tropiques. Voflius ne vouloir fe rencontrer avec aucun des Philo- fophes qui l'avoient devancé , ni qu'aucun de ceux qui viendroient après lui, fuivilTent le même chemin. C'eft ce qui lui a fait imaginer l'heureux èc expeditif fiftême qu'il vient de propofer. Il délivre la Lune de la peine que lui donnent les autres Phyficiens , &: explique trcs-facilemenc les mouvemens de la Mer &C des Vents , qui donnent la torture aux nouveaux Philofophes. C'eft grand dommage Ce aoi K E r i£ X IONS ET Rem AR QjJEs que cette hypothclc nç s'accorde pas avec rcxpcrience , M ne lui manque que cela -, mais cela n'ccant pas, nulle rai- fon , il Ipeciculc qu'elle ioic , ne peut la foucenir. Je viens de fane un volage propre à le reconnoîtrc. Nous nous lommes très-bien appeiçiis que les coiirans portent à rOuclt entre les Tropiques i ils font même plus grnnds que- les PUotcs ne les eilunep.t, puifque , comme je l'ai dit dans it\Qn Journal , nous aterrâmes à la Martinique lorfqu'ils s'en faifoient à foixante lieues , fur IcfqucUes il faut déduire neuf lieues pour vingt-huit minutes dont la Martinique cft po- fée trop à i'Ouell fur les Cartes de Pieter Gos dclquelles ils fe fervoient ; refte cinquante- une lieues que les courans nous, ont fait taire depuis Madère jufqu'à la Martinique plus que notre eftirae ; on n'a qu'à confulter le Journal. Pour ce qui cil des vents , ils ont fouflé tantôt du Nord- Eft , tantôt de l'Eft , tantôt du Sud-Elt dans cette traver- fée qui a dtiré vingt-luut jours , depuis le 17. Avril jufqu'au 1 4. May , dans le temps que le Soleil parcouroit partie de l'écliptique dans la partie Nord de la zone torride , dans, laquelle nous entrâmes le 29. Avril. Ainfi les vents n'ont point fuivi les règles que Volfius donne dans la fuite de ce Traité. Comme nous aurons occallon d'en parler , je n'en, apporte pas ici les preuves. Voions fqulement fi cette enflure , cette élévation de la Mer s'accorde avec l'expérience. Nous avons navigué entre ies Tropiques depuis le 2,9, Avril 1710. jufqu'au 21. Juin., ^ nous avons eu presque toujours le Soleil au. zénith ou près du zénith j il n'en a jamais été- loin de plus de cinq à fix degrcz, comme on le peut voir dans le Journal^ &: par les obfervations que j'ai faites à la Martinique ou au Cap François; il etoit donc perpendiculaire, ou fort près d'être à plomb fur nos têtes. Cependant nous ne nous fon> mes point appcrçûs de cette enflure &c de cette élévation de la Mer j éc ce qui eft décifif contre ce fiftême , on ne s'apperçoit point que la Mer monte plus haut en été qu'en hyver^ ni à la Martinique, ni à Saint Domingue, ni ail- leurs entre les Tropiques , comme cela devroit arriver. De même le long de la cote de Tlile de Cube que nous avons rangée d'aiTez prés pour le reconnoître en divers en- droits. Nous ne nous fommes apperçùs que d'un cooranE. TAITES PENDANT LE VoYAGE DE LA LoUlSlANE. 205 ■entre Cube Se Saint Domîngue, qui court beaucoup de î Oueft à l'Eft le long de Cube jurqucs vers le Cap Maify; de forte qu'il jette quelquefois fur la côte orientale de Cube ies VailTeaux qui veulent pafler le long de la côte occiden- tale. D'autres en ont trouvé au mois de Mars de très-vifs le long de la côte Sud de cette Ifle , que nous n'avons pas rencontrez. Tout cela ne s'accorde pas fort avec le fiftême de Vofiius, Suivant ce fiftême nous devions trouver dans le canal "de Porto Ricco de grands courans à l'Oueft , puifque le Soleil étant pour lor5 au zénith de ces païs-là, &: y par- courant fucceffivement tout le jour la grande Mer Atlan- Tique , devoit élever la Mer , Se poufler avec impetuofité les eaux de cette Mer vers les côtes orientales des Ifles de Porto Ricco , Saint Domingue 5c Cube , d'où elles dévoient courir fort vite dans les canaux de Porto Ricco , de Saint Domingue &: autres liles , pour continuer leur route dans la Mer renfermée entre ce grand nombre d'Ifles qu'on ap- pelle hs Antilles , & la côte orientale &c feptentrionale de l'Amérique, Nous trouvâmes pourtant que dans ce canal de Porto Ricco le courant portoit au Nord, & non à l'Oueft ç&: il nous aida fort, parce que nous avions peu de vent. Nous en trouvailles un contraire le long de la côte orientale de Cube, qu'un bon vent d'Eftnous fit refouler. Il paroîtdonc clair que cecte hypothcfe ne s'accordant pas avec l'expérien- ce , ne peut être vraie ni fe foutenir. Comme Vollius prétend que c'eft le principal &: prcfquc l'unique fondement de tout fon fiftême, ce fondement dé- truit , je devrois, ce femble , m'abftenir de faire d'autres Ré- flexions fur cet ouvrage; cependant elles ferviront à éclair- cir ces matières , &: me feront rappeller les expériences &: obfervations faites dans ce Voiage,fur plufieurs defquelles je n'ai rien dit dans mon Journal , me refervant d'en par- ler ici. J'efpere que ces obfervations & expériences feront plus sures que celles que les Pilotes ont fournies à notre Auteur. Réflexions fur le fcc' abord ce Navire , partant de France ou d'Efpagne , ira aux Canaries , (^ de - là À la cote occidentale d Afrique, Enfuite ak'ant paffé les Caps Blanc & Vert , ainji que le Cap des Lions ^ il courra vers Us cotes de Guinée , d'où il ira attaquer le Cap de Lopés Gonz^alve , & même il courra un peu plus loin. De- là j changeant de nouveau fa coiirfe , // ira droit au Brefil, S'il arrive xtuil fe trouve fur la côte méridionale du Brefil , il portera encore vers le Sud , O' par l'Océan méridional il fera porte vers l'Orient. Mais fi le Navire efi arrivé aux cô- tes j'eptentrionales du Brefil ^ il fuivrd les cour ans dont nous _ avons parlé ci-devant ; & après avoir parcouru tout ce vafie ^fpace de Mer qui ïétend yufquau fond du Golphe du Mexi- ' que , enfil.rnt le Canal de Baham il retournera en Europe s de manière qu'il aura achevé fa tournée. Y a-t-il rien de moins vraifemblable ? ou bien il fauc avouer que nous autres nous ne fçavons pas naviguer. Car quoique nous aions tojites les manœuvres & les voiles né- cefl'aires pour le faire fûrement j quoique nous aïons des Capiiaines , Officiers &: Pilotes fort habiles \ en chicanant le ventj tenant la Mer avec de gros temps, emploianc la plus £ne manœuvre, nous avons eu bien de la peine en ce. FAITES PENDANT LE VoYAGE DE LA LOUISIANE. 207 Voï.igc. Que n'iivions-nous quelque Pilote formé par VolX fîus l Avec de Icmblablcs Pilotes on épargn-eroit bien de ta toile , Ôl on n'cmbaralTeroit pas les Vaifîcaux de trois jets de voiles de rechange pour les voiages de long cours. On n'auroit pas non plus belbin de mâts , ni de vergues , ni de manœuvres. Quelle épargne: Quand l'imagination d'un Auteur eiléchaufFée, il va bien loin Tans fortir de Ton cabinet j mais ce qui eft fâcheux, il ne va pa^en bon chemin. On me dira que Vofïius n'ctoit pas homme de Mer, je le vois clairement î il ne devoir donc pas parler de chofcs qu'il n'entendoit pas. Qu'un Chanoi- ne de Vindfor n'entende pas la Marine, l'on n'y peut pas trouver à redire ; &: je trouverois en eftet fort plaifant que nos Officiers de Vaifïeau exigeaffent que le Prévôt de la Ca- thédrale de Toulon en fcût autant qu'eux. Quoi qu'il en fo it , il paroit évident que Voffius igno- roit que ,. même entre les Tropiques, les vents varient du Nord-Eft au Sud-Eft, c'eft-à-dire, de huit airs de vents.. Cela étant , il faut que fon Navire fans voiles fe laiiTe al- ler au gré du vent r tout au plus il aura la poupe pour voi- le, qui lui fervira pour aller vent arrière : c'eft-à-dire, que quand le vent fera Nord-Eil: , il courra au Sud-Oueft 5 quand il iera Sud-Eft , il courra au Nord-Ell. Si fa route cil au-. Sud-Oueft , comment y arrivera-t-il fans voiles par le vent de Sud-Efl: ?■ Il brafTera les vergues ; foible rcflburcep fur- tout avec de petits vents. Mais hors des Tropiques ce fera bien pire, puifque les vents en fort peu de jours font quelquefois le tour de la BoufTole , même en peu d'heures. Que fera notre Navire? Le' meilleur parti qu'il puifTe prendre , c'eit de retourner fur fes pas chcrcheï^ des voiles , àc dans fa route prendre de ju- ûes mefares pour éviter les écucuils qu'il pourroic trouver en fon chemin r ce qui lui fera alfurément difficile fans le fccours des voiles. Je ne m'arrêterai pasàdifcuter les faits que Voflius rap- porte â la page 27. je dirai feulement qu'ils ne peuvent être ni sûrs ni certains ; il fiudroit des obfervations très-exac- tes, faites précifément dans le même temps en ces divers lieux par des gens habiles, &c je ne fçache pasquon en ait. Mais voici un fait dont je fuis bien sur ,, & qui n'eft pas 2oS Reflexions et RemarqJJES vrai dans Tcxpcfé qu'en fait Voflius. 11 dit que loiTquc le Soleil quitte les lignes fcptcntrionaux , ou qu'il eft dans les lignes de l'hyver , les courants portent du Nord au Sud dans le canal de Baham. Monlicur de Coëtlogon Lieutenant General des Vaifleaux du Roy, revenant de la Havane avec les Vaifleaux qu'il commando] c, entra dans le canal de Baham le 8. Janvier 1701. &: il en fortit le 1 1 . Janvier. Selon le Journal que j'en ai, du 8. au 5>. ils eurent des vents variables &c du cal- me ; ils firent pourtant onze lieues plus que leur eftimc vers le Nord qui étoit leur route. Du 5». au 10. les vents varièrent depuis le Nord jusqu'au Nord-Oueft ; de forte qu'ils étoient contraires à leur route , ôc ils étoient fi frais, quils furent réduits à porter les bafl'es voiles ôc le grand hunier. Us mirent même à la cape, à la grand voile &: à l'artimon au milieu du canal , ce qui devoit les fau'e déri- •ver confiderablement &c même retourner vers la Havane, aïant les vents contraires 6c les courans aufli ; puifque , fé- lon Voflius, en cette faifon - là ils portoient du Nord au Sud. Cependant les courans les portèrent au Nord ^ Nord- Oucfl; 25. lieues au-delà de leur eftimc. Enfin du 10. au 1 1. Janvier le temps étant comme le jour précèdent , &: leur voilure aufli la même, ils firent 151. lieues au delà de leur efl:ime au Nord i Nord-Eft , c'eft-à-dire , prefque debout au vent comme le jour précèdent. Ce fait détruit évidem- ment ce que dit Voflius. J'ajouterai encore ce fait-ci, qui doit fcrvir de preuve à .ce que je dirai bien-tôt. M. le Maréchal de Château-Re- naud , alors Lieutenant General , entra avec fon Efcadrc -qui étoïc confiderable &c la Flotte d'Efpagne dans le mois de Septembre 1702. dans le canal de Baham. Le ventétanc venu au Nord , toute cette nombreufe armée louvoia dans ce canal, & lorfqu'elle fe croïoit reculée de 80. lieues, c'efl:-à-dire , près de la Havane, elle fe trouva parles 28^, 30^, & hors du canal du côté du ISIord. 11 réfulte de ces deux faits une chofe fort étonnante, qui eft pourtant vraie &; connue de tous les Marins qui ont pafle par ce^ canal ; c'eft que plus les vents font frais au Nord , plus les courans font vifs du Sud au Nord dans l.ç canal de Baliam. Il faut pour cela que le vent qui c& ' * au TAITES PENDANT LE VoYAGE DE LA LoUISlANE. 209 au Nord fur la côte de la Floride, fe tourne au Nord- Oueft dans la partie fcptcntrionale du Golphe du Mexique, &: au Sud-Oueil dans la partie occidentale de ce Golphe, de forte que ces deux vents pouflent violemment les eaux de ce grand Golphe vers ce canal. D'autre part, le vent étant en même temps à TEft, comme il cft prefque toujours le long de la côte de Cube au Nord & à l'Eft, il empêche toutes ces eaux ôc celles de la côte de refluer vers l'Eft , comme l'exigeroit la direction que les vents de Nord-Oucft &: de Sud-Oueft leur ont communiquée. Cevcntd'Eftks porte donc , auiTi-bien que celles de l'ancien canal de Ba- haim , vers le nouveau canal j ce qui doit les faire courir iiyec très-grande rapidité vers le Nord dans un canal où la diredion de la côte eft Nord &: Sud, pour fe répandre par- là dans la grande Mer Atlantique. Mais tout cela eft très-contraire au fiftéme de Voiïius , aufli-bien que les courans de l'Oueftà l'Eft que nous avons trouvez depuis la pointe Nord de Flflc de Cube ou du Cap faint Antoine , jufqu a Matance fous le Tropiqueé^: en-de- dans , qui rebroufTent enfuite au Nord dans le canal de Ba- iiam. Ces courans font une fuite de la méchanique expli- quée ci-defTus. Voffius fait encore un raifonnement qui ne fe vérifie pas pour la Mer dans l'article qui commence ^fot^ vero , àï- page 17. fant que les vitelTes des courans font comme les largeurs des canaux : car ceux de Porto Ricco &: de S. Domingue font bien plus étroits que celui de Baham , cependant les eaux n'y courent pas fi vite j ainfi cette proportion qui a lieu ailleurs , ne l'a pas à la Mer. C'eft qu'il y a d'autres caufes des plus grandes ou moindres vitefTes des courans de la Mer ; ce font les diverfes diredions des vents &: la fituation des côtes. A Porto Ricco les courans portent au Nord comme la côte court , &r ils ne font pas vifs. C'eft que le^ canal n'eft pas long , & qu'il y a diverfes bouches par où les eaux peuvent fortir aifément en revenant de la côte orientale de l'Amérique. Ces bouches font les canaux qui féparent les petites Ifles des Antilles : mais entre faint Do- mingue &: Cube, dans l'intervalle de près de 400. lieues, iln'y a qu'un canal. VoiTuis a été aufli trompé dans un autre fait qui regarde Dd iio Reflexions et Remarq^^bs la Méditerranée i il fuppofe que les eaux de cette Mer cou- rent aufli de l'Orient à l'Occident. La preuve qu'il en don- ne eft que les Vaiflbaux venans de Syrie ou d'Egypte vers le Détroit , emploient moins de temps que ceux qui vont du Détroit en Syrie ou en Egypte n'en mettent à y aller. Il ne fçavoit pas apparemment que les Navires qui vont du Détroit en Syrie rangent à dix lieues au large la côte de Barbarie, pour profiter des courans qui portent de l'Ouelt à l'Eft le long de cette côte : mais venant de Syrie ou d'E- gypte , loin de ranger la Barbarie , ce qui les retarderoit , ils viennent reconnoitre Tlfle de Candie ; de-là ils dreflenc leur route fur Malte, enfuite tenant le milieu de la Mer, ils vont à Minorquc , &: s'écartant de la côte d'Efpagne à jufte diftance, ils vont au Détroit. On ne peut donc pas dire , comme Voflius , que dans les parties orientales de la Méditerranée curfus aquarum ejl folifequus ^ cela n'eft vrai que pour les côtes de Provence, Languedoc &; Efpagne, où il y a quelquefois de grands courans de l'Eft à l'Oueft, &: ces courans Çont plus ou moins vifs félon les vents qui fouflcnt. Nous en'' avons pourtant trouvé fur les côtes d'Efpagne de l'Oueft à l'Eft, non feulement près du Détroit, mais mê- me fur les côtes de Catalogne. Par cette méchanique la Mer Méditerranée reçoit &: vui- de continuellement ces eaux , fuivant qu'elle en a plus ou moins qu il ne faut pour être de niveau avec celles de l'O- céan. Pour ce qui eft des courans du Détroit, il en parle en homme mieux inftruit, mais non pas autant qu'il fe pourroit : car il y a des deux cotez du Détroit divers lits de courans contraires ,. lefquels fe touchant courent en fens contraire à côté les uns des autres, j'y ai vu en \6^6. des Tartanes qui couroient à l'Eft , tandis que nous portions à l'Oueft par un vent d'Eft. Je me fouviens que Monfieur le Commandeur de Montftiron m'a dit , &; fon Pilote me l'a confirmé fouvent , que fa Galère voguant a toutes rames a refté plus d'une heure à avancer d'une toife, étant trois lieues à l'Oueft de TarifFe, &: à une lieuë de la côte d'Ef- pagne , tandis que les Galères qui étoient à fa gauche , lef- quelles, comme lui, alloient à Cadix, voloient en voguant feulement de quartier. Ces faits nous font voir que du côté d'Efpagne il y a auffi des fils de courans qui vont à l'Eft 5. FAITES PENDANT LE VoYAGE DE LA LoUlSlANË. lit il y en a aufli qui traverfent le Décroit, comme on l'a vu ci-defllis dans le Journal. Dans le chapitre huit il rapporte un fait dont pcrfonne Page ^6. n'eft mieux informé que le Père Feuillée qui a relié long- temps fur la côte du Chily & du Pérou , où il a fait bien des obfervations qu'on peut voir dans fon Journal. Ce Perc parlant des Marées qu'il a obfervées à Ylo, dont la latitu- de cft 17^. 56'. Sud, dit que deux ou trois jours avant la nouvelle &: pleine Lune la Mer commence à écumer , qu'elle s'élève Se devient fi furieufe pendant quatre ou cinq jours, qu'on ne peut aller des VaifTeaux à terre , ni de terre aux VailTeaux ; il aflure même que les Vaifleaux courent rifque de dérader Se d'aller brifer à la côte. Il ajoute que quelque- fois ces tourmentes arrivent dans un temps fort calme , quel- quefois avec des vents de Sud , d'autres fois avec des vents de Sud-Eft, mais que la lame vient toujours du Sud-Oucft; il n'y a que les bons Ports qui foient exempts de ces tour- mentes. Or rien de tout cela ne s'accorde avec ce que die Voffius , il n'y a qu'à le lire pour en être convaincu. Il eft yrai que les vents fur cette côte du Ghily &: fur celle du Pérou font toujours ou du moins pour l'ordinaire vers le Sud ou vers le Sud-Eft, Se très-peu au Nord-Oueft, fie qu'on va aifément &: dans peu de temps du Chily au Pé- rou Se vers la Ligne ; au lieu que pour venir du Pérou au Chily on feroit fix mois fi on fuivoit la côte ; mais on va chercher les vents d'Oueft jufqu'à 300. lieues Se même plus; ils tournent enfuite au Sud-Oueft, &: de-là au Sud en ap- prochant de la côte ; alors étant par la latitude du lieu où l'on veut aller fur la côte , on fait route à l'Eft. Mais ce cours réglé des vents de Sud ne vient point des raifons qu'en donne Volîius. Il eft aifé de voir que les hautes montagnes de la Cordilliere , qui venant depuis les montagnes de fainte Marte , s'étendent le long de la côte occidentale de l'Amé- rique méridionale jufqu'au Détroit de Magellan , écant pref- que toujours couvertes de neiges , au moins fur leur fom- mctj & plus bas encore que leur fbmmet depuis le Chily jufqu'à la terre de Feu , le Soleil par fa chaleur en élevé beaucoup de nitres. Ces nitres mis en grand mouvement k doivent courir non vers le Pôle Sud , où l'air eft trop denfe & i'a61:ion des raïons du Soleil fort peu agiffante , mais vers Ddij M 211 REFLEXIONSETREMARQj.fES le Tropique de vers la Ligne, où l'air cft fort dilaté par Ta- ôrion vive des raïons du Soleil , ainti que dans toute la zone torndc ; de la mcmc manière que l'air extérieur entre avec rapidité dans une chambre où il y a un grand feu. Ces ni- très doivent donc caufer une agitation dans l'air , c'eft-à- dire , du vent. Ils peuvent bien s'étendre à yo. ou 60. lieues, & même jufqu'à cent lieues au large de la côte , mais non pas davantage : car enfin le nombre de ces nitres eft fini &; doit s'épuifer. -, . .'. ^.. ,-ï^ Réflexions fur le dixième Chapitre. Je crois avoir montré que le premier mouvement de la Mer ne s'accorde pas avec le fîftéme de Voflius , puifquîl ne s'accorde point avec l'expérience ; ainfi je ne dirai rien fur le premier article de- ce chapitre-ci. Mais quel eft le Marin qui a jamais vu fous la ligne ces bofTcs d^eau for- mées par le Soleil qui la fouleve en cet endroit-là >. Quel Navigateur a été retenu trois ou quatre mois fous la ligne £iute de pouvoir furmonter ces boiles ? Je n'en fçai aucun. J^ai lu diverfes Relations de gens de Mer ; j'ai parlé à di- vers Pilotes qui ont paifé la ligne, &: aduellement nous ea avons deux dans ce Vaiiîeau. Je fçai bien qu'on y efïuie quel- quefois des calmes fâcheux , &c qu'on ne paflb afïez fouvent la ligne qu'à la faveur du vent que donnent des grains de pluie qui furviennent plufîeurs fois dans le jour j mais la Mer y eft platte comme ailleurs &; fort unie. Ces boll'es formeroient des courans aftreux qui s'éten- droient fort loin des deux cotez de la ligne. Les Pilotes s'en feroient fans doute apperçûs à quatre ou cinq degrez au Nord &: au Sud de la ligne. On'feroit donc bien éloi- gné d'y être en calme -, ce que notre Auteur reconnoît ar- river fouvent. D'ailleurs les calmes ne font pas par -tout fous la ligne , aufli les meilleurs Navigateurs vont couper la ligne entre les 350. &: les 358^^. de longitude. Danscet intervalle de 160. Ueucs,&: fur-tout vers les 3 y y^^ on trou- ve prefque toujours des vents avec lefquds on s'élève bien- tôt en latitude oppofée ; &; fi on y rencontre des calmes ,, ils ne font pas de durée. Seulement nous voïons dans la Relation du P. Feuilléc qu'en l'année lyoS. le ip. Juin étant à fix degrez au Nord FAITES PENDANT LE VoYAGE DE LA LouiSlANE. 21 5 de la ligne , on s'appciçiiL dans le calme d'un grand bouil- lonnement qui maïquoic des couians ; mais on ne voit pas allez clairemcnc dans cec endroit de la Relation de quel côté ils couroient. 11 y a même quelque chofe dans le texte qui ne s'accorde pas , qui me fait douter de quelque erreur de chiffre dans la lacitudc'que ce R. Perc donne de 6^. z6\ pour le 19. Juin, quoiqu'il fuppofe quelle fut plus grande que celle du 18. Juin , laquelle pourtant y eft marquée de 6'^. }6^. qui fc trouve au contraire de lo^ plus grande que celle du 15?. Juin dont le Navire avoir avancé vers le Sud du 18. au 15). Ju même mois contre la fuppofition : mais à ce courant près , ils n'en remarquèrent point d'autre er> allant à la ligne ni au-delà» A mon retour de la Mer, j'écrivis au R, Perc Feuillée pour lui demander une explication fur cet endroit de fon Journal. Voici ce qu'il me répondit. Fûus ne vous êtes pas trompé , croïiint quHji^avûit dans mon Journal une faute d'im- prefjion : cette faute eft dans f article du 18» 'juin ou la la- titude eft marquée de 6^. 36''. o^. ^ elle n'efl dans mon ori- ginal que de 6^^, \6' . o^. La latitude a donc augmenté de 10^ du 18. au 19. Juin , ce qui étoit contraire à leur route puifqu'ils alloicnt pour paffer la ligne, Ainfi ce font trois lieues &: un tiers dont les courans les ont fait reculer en 24. heures. Mais eft-ce-là un grand courant ? Eft-il favora- ble à Vollius qui veut qu'ils portent ad hune médium tellu- ris circulum ? puifqu'il les en éloigna de trois lieues &: un lîers. Je ne m'arrête point à examiner toutes les preuves que Voffius rapporte en cet endroit, parce qu'elles neconcluenc point après tout ce qui a été dit ci-devant. Ce qu'il ajoute dans l'article fécond de ce chapitre, eft contredit par tout ce qui a écé dit ci-deflus. On voit par les calmes qu'on ef- fuie vers la ligne , de l'aveu même de notre Auteur , &: par ce que j'ai rapporté ci-devant, quel fonds il faut faire fur les paroles fuivantes de Vpfîius, quanto uiciniores fuerint y tanto velocius ad médium hune telluris defluunt circulum , &: fur tout le refte de ce chapitre , fur lequel je crois qu'il n'eft pas neceiTaire que je m'arrête plus long-temps. Il fau- droit un volume entier pour réfuter la mauvaife Phyfique &: les Paralogifmes en fait de Mathématiques qu'il renfer- Ddiij 2, 14 Reflexions et Remar q^u e s me. Je ferois tenté de le faire, h les exceileiis Ouvrages qui ont paru en France &ù en Angleterre, ne me détermi- noient à abandonner cette matière, pour ne pas perdre du temps inutilement. Je ne m'amuferai donc point à tout ce que cet Auteur dit depuis le chapitre ii. jufqu'au i6. Il y a de bonnes chofes, mais qui peuvent s'accommoder à tout fiftême, &c être expliquées de la même manière , excepté ce qui eft die pages 50. &: 51. mais cela a déjà été examiné ci-devant. Les principes qu'il avoit pofez étant détruits , ce qu'il die dans le chapitre ii. ne peut fubfifter. PafTons au chapitre 16. qui mérite d'être examiné avec attention. Réflexions fur les feiz^iéme , dix-fe^tiéme dr dix-hîàtiéme chapitres. pages ^g. VolTius aïant prouvé, à ce qu'il croit, qu'il faut attri- èc 69. buer uniquement au Soleil les divers mouvemens de l'O- céan , la Lune ccffe , félon lui , d'y avoir part. Pour mieux dé- montrer que cette Planète n'y contribue en aucune manière, il entre dans le détail des forces qu'elle peut avoir pour mouvoir rOcean , fur-tout pour \qs mouvemens dmrncs & pour ceux d'un mois. Certainement il n'a pas pris un fi beau tour ni clioiii une aufli belle méthode que M. Neuvton. Eh quel tour prendra- t-il pour cela? D'abord il va fe former un fan- tôme , batailler contre lui , &: prouver que les raïons de la Lune ne font pas froids , qu'ils ont même plutôt quelque chaleur , mais que cette chaleur n'eft pas allez forte pour mouvoir les eaux de l'Océan, &: qu'étant in fcnfible par-touc ailleurs , il faudroit dans ce cas qu'elle fut plus puilTantc que celle du Soleil , ce qui eft impoiïible. A quoi aboutie tout cela , fi ce n'eft pas à la chaleur de la Lune qu'on doit attribuer les mouvemens de la Mer ? C'eft tirer un coup de canon fans balle, &: gâter du papier à pure perte. Voifius a )uré de ne fe rencontrer avec aucun des bons Phyficiens de fon temps. Il obferve fon ferment. Tout fameux qu'ils font , il ne craint point de les contredire. A la bonne heu- re , puifque l'autorité feule n'eft plus à la mode ; mais il nous faut donner quelque chofe de meilleur. Il va chercher de nouveaux combattans, fçavoir les vieux philo fophes , qui attribuoient à la Lune une même force donc FAITES PENDANT LE VoYAGE bE LA LOUISIANE. 11^ elle fe fervoit pour caufcu la Marée , ou , comme on me difoit au Collège , pour donner la fièvre à la Mer , &: pour aug- menter &c diminuer la moelle des écrcvillcs tant de terre que de Mer , des coquillages , &: de tous les autres tcfta- cces. Là-dclTus il va fièrement à Tau Haut , &: s'acharne à détruire ce (cntimcnt ; ce qu'il ne fait pas mieux que d'au- tres qui avoicnt écrit fur ce iujet avant lui. Mais il n'eft pas quellion de cette vaine puiflknce de la Lune pour met- tre les eaux de la Mer en mouvement , il y a peu de Phi- lorophes qui la reconnoiiïcnt à prefcnt ; s'il s'en trouve en- core quelqu'un , il ne l'entend pas à la manière que Voflius combat ici : ainli c'cft encore perdre fon temps & fa peine alTez inutilement. Il lui importe pourtant de détruire le pouvoir de la Lune pour produire ce mouvement diurne des Mers. Pour cela, i^^gg y^., dans le chapitre 17. il commence par ariéaiair * la Lune: ^r^ a r lui pallerons-nous cette luppolition ? Certes Menieurs Del- /^^^/^^^ a- cartes , Ncuvton , Caffini Se plufieurs autres bons Phyficiens fjeannr fa ne feront pas fi complaifans. Tout ce qu'ils pourront fàï- force. re, & jy foufcrirai volontiers, c'eft d'alTurer que le Soleil contribue aufii au mouvement des Mers ; ils fe ferviront de meilleures démonftrations. C'eft bien dommage que VolTius n'ait pu voir les 24. ^6. èc 37. propofitions du troifiéme Livre du Traité de M. Neuvton Fhilofofhtje naturalisa &c. il auroit vu que fes compatriotes penfcroient un jour au-^ trement que lui , &: ne le prcndroient pas pour guide ; il auroit vu dans les autres citez ci-deiTus dequoi fe détrom- per. Il a donc beau demander l'anéantîjfèment de \ù Lune , ces Auteurs ne le foufFriront jamais , fans avouer qu'en mê- me temps il faut anéantir la plus grande partie du mouve- - ment diurne des eaux de l'Océan. Ainfi , fans m'arrêter à fa démonftration, qui ne peut fer- vir , fi on la lui pafTe , que pour la part que le Soleil a à ces mouvemens j fans m'embarafifer de l'examiner de plus près , ce qui me meneroit loin , je nierai fes conféquences & maintiendrai la Lune dans fes droits , qui font fi bien defFendus par les Auteurs que j'ai citez ci-defTus , Qc par d'autres qui l'ont auffi fait dans leurs Ouvrages , que je ne puis tous citer , ni rapporter ici leurs fiftêmes &: leurs preuves. Une chofe le tourmente , Se en effet il n'y a pas de boa zi6 Reflexions et Remar qjt e s Phyficicn qu'elle n'ctonnât ôc qu'elle n'arrecâc tout court; c'cit ce retardcuicnt des Marées de 48^ égal au retardement de la Lune, à Ton paflage par le méridien : nul Philorophc qui fuivroit le fiftcmc de Volluis , ne pourroit fe tirer de- là, Voïons ce qu'il dira dans ion chapitre i8. pour fran- chir ce mauvais pas 5c tirer cette conféquence , Patet ita- que .cftâs retardationem non pendere a curfu Ltm.t , fid ta- lem necejfiirio ejfe ex natura motâs à Sole dcquijïti. Voïons s'il expliquera pourquoi les Marées font plus grandes aux nouvelles &: pleines Lunes qu'aux Quadratures ; pourquoi elles font encore plus grandes aux nouvelles &: pleines Lu- nes des Equinoxes , fur-tout fi la Lune .fe trouve fans dé- clinaifon , ou fi elle cft peu coniiderable. Il va s'expliquer en peu de mots. Je ne fçaurois me difpenfer de rapporter fcs propres termes. Les voici. Les Mers montent fix heures &: defcendent fix heures , & parce que ce mouvement fini les eaux ne laifTent pas de fe mouvoir , &: que ce mouvement doit ncccflaircment re- commencer 5 les Mers monteront encore fix heures , &: def- cendront autant ; de forte qu'en 24. heures les Mers fluent S>c refluent deux fois , bc par-là le cours des Marées cft égal au cours du Soleil , ou , pour mieux dire , de la terre ; mais comme le mouvement du Soleil ou de la terre eft continuel &: non interrompu , &: qu'au contraire quand les eaux ar- rivent à la fin de leur courfe elles ne refluent pas auffi-tôt.... il efl: clair qu'à chaque intervalle de flux &: de reflux il faut ajouter quelque temps. Telle eft la façon dont il s'explique. Mais je demande , pourquoi cet intervalle total doit-il ctre de 48^ &: non pas de foixante, ou de quelque autre nombre ? Pourquoi dans les grandes Marées la Mer, fati- guée de fon grand mouvement, ne fe rcpofe-t-elle pas un peu plus long-temps î Pourquoi le Soleil qui a tant de pou- voir fur la Mer , ne la contraint-il pas de fuivre exademenc fon cours ? C'eft ce que Voflius ne nous dit pas , &: qu'il ne fçauroit nous dire. Pourquoi toutes les Marées ne font- elles pas égales pour la hauteur des eaux ? Pourquoi fuivent- elles fi exaârement le cours de la Lune ? C'eft de quoi il ne parle pas , &; que le feul mouvement imprimé par le Soleil ne peut expliquer. Pour confoler la pauvre Lune, il en fait le Jaqucmar des Marées , ou , fi on veut , l'cguille du cadran de FAITES. PENDANT LE VoYAGE DE LA LoUl'SIANE. II7 de cette cfpccc d'Horiogc , mais non pas la caufc efficien- te. Il la confole encore par d'autres avantages qu'elle ap- prendra des Aftronomes. Elle fe plaint pourtant que fans de bonnes raifons on a retrelTi de beaucoup Ion pouvoir : mais elle peut fe confoler , elle a recouvré de bons rcdrcfïeurs de torts. On n'a qu'à confulter THiftoire de l'Acadcmic des Sciences , 6c divers autres bons Ouvrages de Phyfiquc. Quoi , parce que la Lune efl une des caufes efficientes du mouvement des eaux de l'Océan , croïons-nous pour cela qu'elle gouverne les Mers &: la Terre , pour me (ervir des termes de Voffius ? Croïons-nous que fans fes influences rien ne^fçauroit croître fur terre > Qu'elle produit les vents félon quelle a plus ou moins d'âge ? Elle eft notre trcs-hum- ble fervante , je le veux croire avec Voffius. Mais a-r-il rai- fon pour cela de dire qu'elle n'a été créée par le Seigneur que pour être la mefure des temps ? Elle n'a guéres d'af- faires en Europe. Doit-il citer les divines Ecritures pour affurer qu'elle a été créée uniquement pour cela ? Me fc- ra-t-il voir cela dans la Gencfe > Vi n'y auroit donc plus que les Orientaux qui la maintiendroienten pofleflion de fon emploi > A nous autres Européens elle ferviroit pour nous éclairer Iq. nuit, encore feulement pendant quelques nuits depuis fon premier jufqu'à fon dernier quartier. Tout ce que j'ai die ci-dcfîus me difpenfe d'examiner le chapitre 19. fur lequel il y auroit bien des chofes à dire, que j'omettrai pour n'être pas long , Se parce qu'elles ne vont pas au fait que je me fuis propofé d'examiner. Le chapitre zo. renferme des faits fur l'abord des Marées à divers en- droits de la terre , qui font connus & qui s'expliquent mieux félon les autres iiftêmes ; mais je ne m'y arrêterai point, cela feroit d'un trop long détail. Une chofe me fait plaifir, c'eft qu'il eft obligé de revenir à la Lune pour expliquer fou - opinion fur les Marées. Il eft bon de rapporter fes termes. Pour mieux concenjoir ce que nous allons dire , mefurons le cours des Marées par le mouvement de la Lune j non que cette Planète mette les Mers en mouvement , comme nous avons déjà dit , mais à caufe que cejl la coutume , ér farce que U retardement des Maries de l'Océan a des mouvemens analogues À ceux de la Lune. Dieu foit loué , la Lune fert encore à qi^elque chof^ de plus que ne prétendoic Voffius -, il eft E e 2,1 8 Réflexions ET Remarc^ues obligé lui-même d'y avoir recours pour expliquer les mou- vemcns des Marées. D'ailleurs il ell honnccc , il ne veuc pas interrompre tour- à-fait la coutume, pour ne pas rom- pre avec tout le genre humain. Mejlexions fur les vingt- unième , vingt-deuxième O' 'vingt-' troîjiéme Chapitres. Je, ne m'arrêterai pas au début du chapitre 21. cela n'tft pas neceilaire. Je conviens encore que le vent entre les Tropiques court de i'iill à rOucfl comme la Mer, & mê- me plus vice. Mais aïant fait voir que le mouvement du Soleil n'eft pas l'unique caufe des mouvemens de l'Océan , il n'eft point auili la caufe qui produit le vent, par le mou- vement que le Soleil imprime à l'air : car le Soleil étant près du zénith ou au zénith dans la partie Nord, nepour- roit pas caufer par l'imprefTion de fa chaleur fucceflive dans Je Parallèle qu'il décrit, aujourd'hui un vent de Nord-Eft, demain un vent d'Eft, &: dans trois jours un vent de Sud- Eft i il faudroit pour cela qu'il le tranfportât demain à l'E- quateur , dans trois jours dans un Parallèle de la partie Sud de la zone torride , afTez éloigné de l'Equateur. En un mot le vent devroit toujours être produit par l'imprefTion dire- €iQ des raions du Soleil. Nous venons pourtant d'éprouver cette variation de vent dans la travcrfée de Madère à la Martinique, &c de cette- Ifle à Saint Domingue , &: de-là au Cap Saint Antoine le plus occidental de i'Iflc de Cube. Dans tout ce trajet, ou: fort peu s'en faut, nous avons été entre les Tropiques &: nous avons toujours trouvé les vents variables. Or la même caufe neceffaire demeurant la même, comme dans le cas pre- fent , doit toujours produire le même effet , c'eft-à-dire , dans ce cas-ci toujours des vents de Nord-Eft ou Eft-Nord-Eft, &: non pas de Sud-Eft, le Soleil étant fuppofé dans la par- tie Nord de l'écliptique. De même lorfque le Soleil fera dans la partie Sud de l'é- cliptique, les vents feront toujours Sud-Eft ou Eft-Sud-Eft. Or les vents varient également en hyver S>L en été du Nord- Eft au Sud-Eft. Il fera , ce me femble , d'une meilleure Phy- fique de dire que la terre tournant de TOucft à l'Eft par fon mouvement diurne , dans j'hipothefe des Coperniciens ^ FAITES TENDANT LE VoYA~GE DE LA LoUlSlANE. lIp fair de rAtmofphcre, qui n'eft pas clouéà la'terre, ne cou- rant pas il rapidement, à caufe que fous un giand volume il a beaucoup moins de maffc ou de poids que la terre, doit refluer de l.'Eft à l'Oucfl entre les Tropiques , où le mouvement eft le plus grand, à caufe que les parallèles de la Sphère dans la zone torride font plus grands que ceux des autres zones. Mais comme le poids de i'air de l'Atmof- phere n'eft pas toujours égal, &; que cet air n'eft pas tou- jours par-tout également dilaté , ce que le plus ou moins de nuages qu'on y voit nous indique alîez quans nous ne le fçaurions pas par d'autres expériences ; cet air doit courir vers les lieux où le poids eft moindre, &: où il y a plus de dilatation dans rAtmofphere : car les corps peflins defcen- dcnt toujours autant qu'ils le peuvent. Or l'air qui eft un corps fluide, doit aufti fuivre cette loi de la nature. C'cft pourquoi le neuf Mai peu de jours après que nous euQies paiTé le Tropique , quand l'air de la demi zone tor- ride du côté du Nord fut plus échaufl:é par le Soleil au zénith, nous eûmes toujours les vents à l'Eft-Sud-Eft, ex- cepté le 13. &: le 14. Mai, où le voiftnagc des terres hau- tes de la Martinique le fit tourner à i'£ft-Nord-Eft. Ce fut la même chofe dans la traverfée de la Martinique au Cap François de EIfle de S. Domingue , excepté les jours où le voifinage des petites Iflcs des Antilles qui a voient le vent au Sud-Eft , comme c'cft l'ordinaire en été , nous le renvoïoient par reflexion ài'Eft-Nord-Eft. Nous avons eu aufïi prefque toujours le venta l'Eft-Sud- Eft depuis Saint Domingue jufqu'à ce que nous aïons eu paflfc le Tropique, en côtoïant la partie méridionale & oc- cidentale de la grande Ifle de Cube. Il eft vrai que ce vcnc- éioit pour lors fort foible , mais cela venoit fans doute de ce que dans le mois de Juin ( car nous partîmes du Cap le cinq Juin ) la dilatation de l'air caufée par l'extrême cha- leur du Soleil qui nous étoit prefque toujours au zénith , s'étendoit fort loin depuis l'équatcur jufqu'au vingt-troifié- me degré vers le Nord. Ainfi le vent d'Eft-Sud-Eft de la demi zone du côté du Sud ne venoit qu'avec peine jufqu'à nous. Ce que je crois être auffi la caufe des calmes que nous avons eftiiïé le long de l'Iflé de Cube , qui étoient accompagnez d'une chaleur exceiEive qui nous a fait beau- Ee ij iio Reflexions et Remarqjjes coup fouffrir : car tant que la dilatation de l'air fe trouve éo-ale de toutes parts dans l'intervalle de vingt-trois dcgrez , ce fluide n'y peut venir que fort lentement des lieux ou étant plus dcnfe il le trouve avoir plus de poids. Dieu a ccabli les mêmes loix pour tous les fluides. Les voies par lefqucUes il agit font Amples & uniformes , c'efl: à nous à les fuivre pour les comprendre. Je ne dis rien lur le relie de ce chapitre, il faudroit un gros volume pour répondre à tout ce que Voflius nous y débite de mauvaife Phyfique. Il auroit mieux fait de s'en tenir à la Philologie & à la belle Littérature, dans IcfqucUes il a fort bien réufli. La ledure des Poètes &c Orateurs ne rend pas un homme Plii- lofophe , c'eft la méditation fur la nature. C'efl: là le Livre que les Defcartes , les Neuvtons, les Malbranches &c les au- tres bons Philofophcs ont le plus lu. J'ai ci-devant refuté le principe que Voflius tâche encore d'établir dans le chapitre 21. Il afliire que dans les zones tempérées l'air &c par conféquent le vent court de l'Oueft: à VEd perpefi/o curfu. Nous venons de faire depuis peu pendant huit jours une expérience contraire. Nous avons navigué dans cet intervalle depuis les 36 ^ de latitude Nord jufqu'à 37^. 40^ Nous fommes donc bien dans la zone tem- pérée, &: cependant nous avons elTuié un vent de Sud-Eft ou de Sud-Sud- Eft qui nous étoit fort peu favorable. Nous avons eu enfuite trois jours de bon vent de Sud-Ouefl:, &: voilà qu'aâiuellement le vent ^ESi nous a accueilli ,- quoi- que nous foions par les 3^ '. La même chofe efl: arrivée à bien d'autres aA'ant nous. Nous fommes pourtant au milieu de l'Océan ; & quoique nous aïons été voiflns dos Açores , &: que nous le foïons de Madère, on ne peut pas dire qu'elles nous procurent ce vent , pui {qu'elles nous ont refté fous le vent. Notre Au- teur prétend aufli que le cours & le mouvement des eaux font toujours les mêmes ; cela n'eft pas toujours vrai. Nous avons apporté le canal de Baham pour exemple , & nous l'avons aufli éprouvé nous-mêmes dans ce canal au mois d'AouIl paflé. Nous y avions de petits vents d'Efl: , nous courions au Nord, & les courans nous ont porté en 24. heures 25;. l'eues plus que notre eftime vers le Nord. Mais le cours des eaux n'cfl: pas la caufe du cours des vents, com^ FAITES PENDANT lE VoYAGË DE LA LoUlSIANE. iti me VofTius fcinble le faire entendre ; les vents au contraire font la caufc du mouvement des eaux, c'cfl-à-dire, de ceux qu'on n'a pas expliqué ci-devant. Il dit en fuite que dans l'Amérique feptentrionale on ne connoît pas les vents d'Orient. Nous venons du Golphe du Mexique i on pourra voir ci-devant dans mon journal que nous avons eu en y allant prefque toujours les vents du côté de l'Ell, &c très -rarement des vents de Sud Oueft; même les ip. &c 30. Juin le vent fut très-frais au Sud-Eft &: à l'Eft, &: au retour il ne nous elt arrivé que trop fou- vent de l'avoir à l'EIt, nous aurions fouhaité avoir lèvent de Sud-Oueft pour fortir au-plutôt de cet ennuieux Gol- phe. En hyver les vents de Sud-Oueft &c de Nord- Oueft y régnent aflez, mais nous n'en avons prefque pas fenti en été, comme Voftius le prétend dans le chapitre 23. où il parle du mouvement annuel des vents. Pour ce qui eft de la brife , qui eft réglée fur prefque toutes les côtes en été, elle a une autre caufe que Voflius auroit pu voir aifément , &: que nous avons déjà indiquée. La chaleur des raïons du Soleil tombant fur la terre , for- me dans l'air beaucoup de points brûlans , à caufe de la fo- lidité , dureté & diverfe lituation des parties de la terre , ce qui en fait comme autant de miroirs ardents , qui ré- fléchi (Tant &.réunifrant les ra'ions du Soleil, échauffent beaucoup plus l'air de la terre, qu'ils n'échauftent celui qui infiftc fur la furface plus unie de la Mer , au travers de la- quelle il pafte un grand nombre de ces raïons j les autres ne fe réuniflent pas en fi grand nombre au-dcfllis de la fur- face de la Mer , à caufe qu'étant plus unie , il fc forme moins de CCS miroirs cauftiques, &: par conféquent moins de points brûlans. L'air de la terre pendant la préfence du Soleil eft donc bien plus dilaté que celui de la Mer. Dès les neuf heures du matin, auquel temps le Soleil eft déjà fort élevé fur l'horizon , la brife fe levé. Cette chaleur &: par conféquent la dilatation de l'air augmentent, Se cela jufqu'à trois ou quatre heures du foir ; il faut donc que l'air de la Mer qui n'eft pas fi dilaté, & qui eonfequem- ment eft en plus grande quantité fous le même volume, coure vers la terre , & qu'il y coure plus rapidement de- puis les onze heures jufqu'à trois , puifque c'eft le temps le Le ii; XIZ R£ F LEX r O NS ET R E M A R Qjî E S plus chaud de la journée ; ainiî la vîccire &c la force du vent auf^mente pour lors pour venir du large à ccrre } elle di- minue enfuice 5c cefle fur les cinq heures, quand la dila- tarion de l'air , caulée par la chaleur , e(t à peu près égale fur terre &: fur mer. On. fcnt cette brife jufqu'à cinq lieues loin de la Mer ; mais la prelîion de l'air n'étant pas fort grande à la Mer, elle doit diminuer par les obftacles que le vent trouve à furmonter le rcfTort de l'air de la terre caufé par fa dila- tation. Or cet obllacle au vent augmente &c fe multiplie à mefure qu'il avance , & la force du vent diminue d'autant. Il faut donc qu'enfin ce vent celle d'avancer plus avant dans les terres , fur-touc quand elles font bien échauffées. Ainfi fur les colincs qui font auprès d'Aix en Provence, on fent à dix heures la bnfe , une heure plus tard qu'on ne la fent à Mar- feille; &; elle n'entre pointa Aix , qui eft dans un vallon fore échaufté par le Soleil ; à caufe qu'étant affoiblie, elle ne peuc furraonter l'obftacle formé par la dilatation de Tair fort échauffé dans ces vallons. 11 arrive quelquefois dans le gros de l'été , que l'air de la Mer échauffé par quelque vent de S. O. eft autant dilaté que celui de la terre j alors il y a calme profond &C une grande chaleur. Mais la nuit le ferein , la rofée le plus fouvent pen- dant l'Eté rafraîchiffant la furface de la terre dont les nitres exaltez pendant le jour par l'aclion du Soleil , avoient été mis en grand mouvement ; ces nitres ne font plus la nuit en ^ fi grand mouvement ; ils en ont cependant affez pour caufer un petit vent de terre, qu'on explique par la même méchani* que : mais il ne doit pas durer long temps ; parce que l'air de la terre étant bien-tôt auffi chaud que celui de la Mer , entre fix 5c fept heures du matin , l'air ne doit plus avoir de cours vers la Mer , & à peine le fent-on iur terre. On reffent ces vents de terre par tout Pais au bord de la Mer , même aux Ides de l'Amérique , &c on s'en fert pour for- cir des Ports , de plufieurs deCquels on ne pourrcit fortir fans -ce vent. On verra bien- tôt que Voflius n'cft pas d6 mou fentiment fur ces vents-ci. Il me femble pourtant que cette Phyfique vaut à peu près autant que la fienne , li l'amour pra» pre ne m'aveugle. - ^ FAITES PEm)ANT LE Vot AGE DE LA LoXJISÏANE. tlj Heflexions fur les chapitres -vingt- quatrième dr -vingt-cinquième. Tout ce que je viens de dire dans les Reflexions précé- dentes , fert de réponfe à ce que dit Vofîius dans le cha- pitre vingt-quatrième , ou il prétend que les Mers caufent I9. brife , laquelle cell^nt , Je reflux de l'air caufc les vents de' terre. D'où vient cependant que les vents de terre tardent tant à refluer ? car celui de Mer ceflfant , ils devroicnt aufli-tôc ou peu après comnieneeri Puifque fi c'efl: le reflux de l'air" qui caufe le vent de terre, il doit être égal au flux pour la^ force &: pour la durée , comme le reflux des. eaux elt égat^ ^u flux ;pour la force & pour la durée ; cela efl: pourtant con- traire à l'expérience; D'où, vient qu'en certains pais &: dans les très grandes chaleurs d'un été kc on ne fent point de vent de terre , quoiqu'on y ait de fortes brifes 'i D'où vient que lorfqu'il a fort plu dans les Pais au N. O. de la Provence^ nous-yrcntons de fi furieux vents deN.O. quoique les jours précedens nous euflTions un calme profond î eft-ce le reflux de la Mer qui produit cet cfFet ? Ne diroit-on pas en lifmt ce chapitre , que les Mers, chau- des comme l'eau du chapiteau d'un alambic, furpafî'cnt de beaucoup la chaleur de la furface de la terreau plus fort de l'Eté? Cependant au mois de Juillet aïaiat plongé dans la Mer \\n Thermomètre à diverfes profondeurs , la liqueur ciï beau-' coup defcçndtië , &: n'efi: jamais montée au tempéré-, & à des profondeurs de trente brafles ; elle refl:oit de fort peu plus bafle qu'à la hauteur d'une brafle -, ce qui fait voir que l'eau de la Mer efl: de fort peu plus froide à trente brafles , qu'à une bralfè. On diroit pourtant , (elon . Voflius , que ces eaux font tiedes : Conflat exj/erimentis non cakfieri fumma aquoray ^uin fimul etiam tepeant ima. Il faut que les Mers d'Anele- terre &: de Hollande , Pais que Vofîius a le plus fréquen- té, foient d'une autre nature que celle de Provence ; on y fent l'eau froide quand on s'y baigne, autant que celle des Riviè- res , &: on n'y peut rcfter gueres plus d'une heure dans le plus fort des chaleurs de l'Eté. Qui ne riroit en lifant ces mots par lefquels il finit ce cha- pitre ? Contra vero uhi . recejfit frigus , O' '^flus terras popu- iatur jfrigent etiamnum xquora : ita ut qui Maio é" Junio înen- fihns relira tellure , M/irife committunt , e média pêne lEfa- 22 4 Réflexions et Remarq.ûes te ad mediam Hyeme?n f^pe Je tranjlatos ejj'e exiftiment. Ea quel Pais femmes- nous ? Les faifons ont bien changé depuis^ Voilius : il n'a jamais navigue dans ce bas monde , il écri- voic dans l'empire de la Lune. Il fait bon avoir lu les Poètes. Il allure dans le vingt-cinquicmc chapitre que dans la Zone torride les vents de Mer font froids , & ceux de terre chauds. Nous venons d'éprouver le contraire , &: le Perc Feuillée af- fure qu'à Ylo il mouroit de chaud des vents de Mer , &: qu'il avoit foin de fe couvrir quand les vents de terre iouffloienc. Mais je ne m'arrête pas au détail des preuves de Voffius. Il n'eft pas univerfellement vrai , comme il le dit, que les Pais de la Zone torride qui ont la Mer à l'Ovieft, foient fteriles. Pifco, Cufco, le Chily &: une bonne partie des Montagnes de la Cordiliere , font auffi fertiles que bien des Pais qui fonc au bord de la Mer orientale. Il en eft de même aux liles de S. Domingue &5 de Cube. Le bas Pérou n'a pas de Rivières confiderables , &: on n'y voit jamais de pluie : mais il tombe une bruine qui y fupplée. " Dans le Chily il pleut beaucoup en Hyver , &: en Eté les Ha- bitans fe fervent des Rivières &: des Ruiiïeaux pour leur uti- lité ; auffiy recueillent- on du bled en abondance , &: de toute forte de fruits , foit de ceux d'Europe , foit du Pais. Vof- fais vouloit faire un livre de Phyiique , il falloir bien dire quelque chofe de bon ou de mauvais. Notre Auteur fe contredit bien-tôt fur le Pérou ; quoique dans la Zone torride & llir la Mer occidentale, c'eft mainte- nant le meilleur Pais du monde. Icy il a raifon -, mais il ne l'a pas quand il ajoute que la partie orientale des Montagnes de la Cordilliere n'eft pas fertile : elle l'eft , ainfi que les plai- nes qui font au pied ; mais les Indiens ne les cultivent que pour leiirs befoins , qui ne font pas grands ; en cela bien plus heureux que nous, Mais il eft inutile de s'arrêter icy plus long- temps. JReflcxions fur les Chapitres yinp-Jixiéme ^ vîngt-feptiéme s (^ vingt- huitième. Vodlus auroit pu aiféraent trouver les raifons pour les- quelles les vents qui fouflcnt fur les côtes , font froids ou chauds dans les zones tempérées ; tout au plus il auroit die ce (|uç le? nouveaux Phyfiçiens qui étoient cii réputation. FAITES PENDANT LE VoYAGE DE LA LoUlSlANE. llj de fon temps , avoienc dit avant Jui j &: il écoit homme d'efpnt &: d'une grande lecture, mais cela ne l'accommo- doit pas ; il avoit forgé un {iftême, il falloit bien aufTi y aju- ftcr des faits qui lui ferviflent de preuves ; c'cft ce qu'il fait tant bien que mal. Je fuis fâché de le dire , mais les Géo- mètres ne peuvent dilîimulcr la vérité. Il emploie à cela les pages 1 1 1 . & 1 12. Eft-ce que la Mer cft chaude d'elle-même , parce que les vents qui eîî viennent font chauds ? Ne diroit-on pas que ces vents paflcnt fur une fournaifc , ou que nous fommes dans le globe du Soleil ? C'eft que ne palfant pas fur des neiges, ils ne fe chargent pas des nitrcs qu'elles fournif- fenc abondamment ôc qui caufent le fioid. Le vent de Sud eft chaud en Europe, il efl; froid au Chily j ne voit-on pas que ce vent, indifterent en foi au froid Se au chaud, paiTe fur des neiges avant d'arriver au Chily , &: que c'eft le con- traire en Europe ? Le vent de Nord-Oueft eft brûlant au Chily, il nous glace en Europe ; c'eft qu'au Chily il pafte fur les Mers , ou fur les terres brûlées qui font depuis la Ligne jufqu'au Chily , &c qu'en Europe il pafle fut: les nei- ges des pais du Nord. ^ Ceux qui ont les Alpes au Nord-Eft, fentent des vents très-froids quand elles font couvertes de neiges , de qu'il fôufle de ce côté-là. C'eft ce vent qui tue les orangers de la bafte-Provence. Etant plus chargé des nitres que lui ont fourni les neiges , parce qu'il ne vient pas de loin , il leur fait plus de mal que le vent de Nord-Oueft qui vient de plus loin & qui eft plus impétueux. C'eft la même raifon pour la Floride, Virginie, Nouvelle France méridionale, èc autres Pais au Sud de celle-ci ; les vents du Nord.paftent fur les neiges du Canada & autres Pais plus Nord , ils en emportent beaucoup de nitres. Eft-ce un miracle qu'ils cau- fent un fi grand froid dans ces Pais-là l qu'ils faftenc geler les Rivières quand ils durent aftez pour introduire une grande quantité de nitres, dont ils font chargez, dans les pores de l'eau de ces Rivières ? Je leur ai vu produire cet effet dans les Ports de Mer , même en Provence. Voftius a dit , & il a raifon , que les eaux de la Mer ne courent pas vers les côtes éloignées -, mais que les parties de l'eau fe preflant fucccflivement caufent le flux. Mainte- Ff 2,1^ Réflexions et RemarqJ^es liant il veut que la Mer étant un corps fluide, &C qui fe meut concinucllement fer gyrum , allant de la zone torrids aux pôles Nord 6£ Sud, il ne fe puiflc fau-e autrement que ces Mers 3 quoique fort éloignées de la Ligne, ne fe rc (l'en- tent de la chaleur des Mers qui font fous la zone torridc. Comme ii cette eau étoit aflez chaude, pour qu'étant mê- lée avec de l'eau froide , elle rendit, ces eaux tiedes. Les Navigateurs qui ont rencontré des montagnes de gla- ce de trois quarts de .leuë de longueur, flotantesRir la Mer au Sud du Cap de Horn , ne feront pas de cet avis. Ne diroit-on pas que les eaux de la zone torride font bouil- lantes ? Nous y avons navigué les mois de May &: de Juin, allurément il ne geloit pas , cependant nous ne les avons pas trouvées telles j je ne voïois pas que les Rce]uins, Do- rades bc Bonites en fuflent incommodez ; ces eaux préten- dues bouillantes n'ont pas fondu le gauderon de nos Vaif- feaux j elles n'ont point brûlé nos Matelots qui y refloient quelquefois long-temps pour le fervice du Vaifl'eau ; j'en faifois prendre pour me laver le vifage , &: je la trouvois fraîche. Je ne fçaurois donc dire, comme Voifius , Maria inîraTroficos calida ac pe/icfervida. Le chaud , ajoute-t-il , ne peut fe communiquer aux ter- res du Nord &: du Sud par les terres qui font fous la zone torride, La raifon qu'il en donne mente d'être rapportée dans fes propres termes^ je la gâteroisen la traduifant. Cura tcllus cor fus fit folïdiiïn ér Jiahile , no}i rnirum ejl région es multnm a z^ona îorrida-renwtas , effe frigidiffimas. C'eft le con- traire des eaux de la Mer, pourfuit-il , dont les parties n'é- rant pas folides, 6^ pouvant fe mouvoir aifément, peuvent flicilcment communiquer leur chaleur aux eaux des Mers voifines des pôles. On vient de voir ci-delïiis que cela ne s'accorde pas avec l'expérience. Les HoUandois fes compatriotes pouvpientle détromper ; il faut qu'il ne les eût pas entendu parler des Mers du Nord , &: qu'il n'eût pas iû les Relations de la nouvelle Zeir.ble. Philofopher de la forte , c'eft l'emporter fur les Ecoles des Peripatcticiens qu'il n'eftime pas. Ces raifons valent autant que celles qu'il rapporte à la page 113, Les Païs au milieu des terres font plus froids que les côtes yoiiines de la Mer ^ même fous la zone torride ^ parce qu'ils FAITES PENDANT LE VoYAGE DE LA LouiSîANE. 217 ne font pas humcdéz des eaux de la Mer. On diroit que les côces de la zone torride Toiic au Bain-Mario. Il fait froid à Quicto qui cft Tous la Ligne à un demi degré près, il y gelé bien fore en hiver , mais c'eft que les moncagnes fonc couvertes de neiges , & que cette Ville eft fort élevée , &: non parce qu'elle n'eit pas au bord de la Mer comme Li- ma. Aiant dé)a parlé des caufes qui produifent ces effets, je ne m'amuferai pas à les repeter ici. Enfin il veut que la boile de la Mer , qui eft grande en tout temps fous la Ligne, le foit encore plus au temps des équinoxes, à caufe que le Soleil y étant alors au zénith, il angniente pour lors cette boffe. Il veut qu'elle foit la caufe du débordement des. Mers Se des tempêtes qui arrivent vers le temps des équinoxes. Mais on devroit clRiier des tem- pêtes dans toute l'étendue de la Ligne 6c à chaque équi- noxe, ce qui n'arrive pas. Les Vaificaux qui pailent la Li- gne en ce temps-là periroient tous fans reifource , ce oui n'arrive pas non plus. Les Ouragans dont il parle dans le chapitre 18. n'arri- vent pas toujours vers les équinoxes ; on en a vu arriver en France &c en Hollande au milieu de l'écé. Dans les Illes de l'Amérique ils arrivent depuis le mois de Juillet jufqu'cn Septembre ; c'cil pour cela qu'il eft ordonné à tous les Na- vires mouillez au Fort Saint Pierre ou le long de la côte de la Martinique, de fe rendre dès le neuf de Juillet au cul-de-fac du Fort Roial , où ils font à l'abri de tout vent &c de toute Mer. On pafle quelquefois, fur-tout depuis quelques années , trois ou quatre ans fans refîentir de ces Ouragans. On voit donc bien qu'il n'en arrive pas à tous les équinoxes & en tout Pais , &c qu'on ne peut les prédi- re sûrement, comme il le prétend. Sans avoir recours à la boflé que le Soleil forme fous la Ligne , boffe imaginaire que nul Navigateur n'a vue d'au- cun côté de la Ligne, je crois qu'il faut chercher les cau- fes de ces tempêtes dans les diverfes exhalaifons que la cha- leur des raïons du Soleil attire de la terre dans des Pais pleins de foufre Sc de minéraux, qui font aufli la matière de la foudre. Ce font les caufes qui produifent ces tempê- tes plus ou moins violentes, fuivant qu'il y a dans l'air une plus grande ou une moindre quantité de ces cxhalai-> F f ij 2i8 Reflexions et Remar qjj e s Ions compofécs de nicrc &: de foutre. Le voilînage des Vol- cans qui l'ont en grand nombre dans l'Amérique , en pcuc être une autre caufe. C'eft ainii que le petit Volcan qui s'alluma dans l'Ifle de Saint Vincent le fix Mars 171 8. &c qui fît fauter en Tair &: enfuitc s'abîmer un gros morne ou cap de cette Ifle , caufa un petit Ouragan pour la durée, qui fut accompagne d'une brume de cendres qui furent em- portées vers l'Eit à trente lieues au large, r Mais on ne me fera jamais croire ni à perfonne, àinon avis, que la bofle de la Mer fous la Ligne en foit caufe, quand même elle fcroit réelle, ce qui n'efi: pas. Il paroîc donc fort inutile d'examiner en détail le refte de ce chapi- tre , c'eft perdre fon temps &: fa peine. * 11 rél'ulce , ce me fcmble , de tout cet Ouvrage de Vof- fius , que pour vouloir dire des chofes nouvelles, il n'en a pas mieux philofophé fur la caufe du mouvement des Mers ôc des vents, &c que la Phyfique n'auroit rien perdu quand ce fiibême n'auroit pas paru dans le monde , où je crois qu'ii ne fera pas fortune. J'aimerois autant admettre les qualitez occultes qu'il rejette dès fa Préface , les formes fubiîantiel- les , & tout l'attirail de la Philofophie Péripatéticienne donc il paroît faire peu de cas, &c qui n'a rien de fi abfurde que riiypothcfe &c la Phyfique contenues dans ce Livre, qu'il auroit pu ne pas donner au Public, s'il eut voulu confer- ver la réputation qu'il avoit acquife d'homme fçavant. Nous ne fommes plus dans le temps où plus on imprime de Li- vres, plus on efl elHmé. Pardies avec peu de volumes paf- fera pour un grand Maître ; &: tel autre avec plufieurs vo* lûmes ne palléra que pour Compilateur. On me dira peut-être que )e me fuis mis en grand mou- vement contre un Ouvrage qu'on ne lit pas , ^ qu'on fuit encore moins. Cela peut fort bien être, 6c on lui fait ju- flicc ; je ne le lus même d'abord que fur le grand nom des Voifius. Mais à l'occafion de ce Livre qui a fait quatre mille lieues avec moi, &: à côté de l'Hiftoire de i'Acadcmic des Sciences, qui etoit pour lui un mauvais voifin , auffi-bien que le Livre de M. Neuvton qui le prefloit de l'autre cô- té ; à cette occafion , dis-je , )'ai donné les Reflexions que j'ai faites fur les vents àc fur les courans dans ceVoiage, Ca attendant que quelque autre faflc quelque choie de mieux. FAITES PENDANT LE VOYAGE DE LA LoUlSlANE. II9 &: me rende ce que je viens de faire envers Voflius. Je ne lui en fçaurai pas mauvais gré. REFLEXIONS Sur les Ohjervations de la 'variation , faites dans le Voyage de la LoHifiane en 172,0. d" rapportées dans ce Journal. LE S Obfervations de la variation des aiguilles aiman- tées , faites dans le cours de ce Voïage , font en grand nombre. Si on n'en a pas fait davantage , c'eft que fouvenc l'horizon n'étoit pas net ^ foit qu'il y eut de gros nuages tout- au-rour de l'horizon , foit qu'il y en eût a^u lieu où le Soleil fe kvoitou fecouchoit. Quelquefois auffi le grand roulis em.- pêchoit les aiguilles de relier en repos , ou on ne pouvoir voir un moment le Soleil à l'horizon par la grande agita- tion du Navire. Je crois pourtant qu'il y a peu de Naviga- teurs qui en aient autant fait dans refpace de huit mois, un defjuels a été palfe à la rade de l'ille Dauphine , &: un autre en diverfes rades. ]'ai rapporté ci-devant les Obferva- tions faites à terre par une autre méthode. En parlant de la variation des Boufîoles avec le fécond Pilote du VailTeau le Touloufe , il m'a raconté un fait fin- gulier , qui peut fervir à expliquer la variation des aiguilles de BouH'ole , lequel par cet endroit-là m'a fait beaucoup de plaifir. Il m'a dit que revenant de la Mer du Sud , après avoir doublé le Cap de Horn àhs le mois de Janvier 17 lo. t-c dcpalTé rifle des Etats , ils firent route pour Plaifance dans rifle de Terre-neuve ; qu'étant le 27. Mai 171 o. à fcpt lieues du Cap Saint Lau^nt près du Chapeau Kougc , les. deux Bouflbles du Vaifleau furent fi inquiètes, quoi- qu'auparavant elles fuflent dirigées à l'ordinaire , qu'elles B'avoient aucun repos , &: qu'après avoir refté quelque temps en cet état, elles s'anètcrent, mais avec une variation vers rOueit de 54 dcgrez. Ils apprirent des gens du Fais , aux- quels ils racontèrent ce qui étoit arrivé à leur Bouflole , qu'il y avoir beaucoup d'aimans au Cap Saint Laurent. Il paroît clair que dans tout ce parage il -doit y avoir des mines de fer ou d'aiman très-confiderables fur lefquel- Ffiij 250 Reflexionset Remar qjj e s les le Navire paiTa ; de forte que la matière magnétique fortant de toute part & en foule de ces mines , elle afiola ces Boufïblcs pendant quelque temps , Se les empêcha de s'arrêter. Le Vaifïèau aiant laiflê la mine neuf dcgrcz au- delà du Nord-Oueft vers l'Oucft , alors la matière magne- tique venant abondamment de la même mine , a caufé cette variation extraordinaire de 54 degrez , laquelle a duré can- dis que le Navire s'cfl: trouvé à portée de cette mine, ap- paremment très-riche en fer ou en matière magnétique : car à Plaifance ils ne trouvèrent la variation que de 1 1 degrez Nord-Oueft. Il paroît encore fuivre de ce fait Phyfique fort fingulier, que le changement de la variation des aiguilles de Bouffole - vient de la divcrfe fituation des mines de fer ou d'aiman répandues en divers endroits de la terre j de forte que la matière magnétique qui en fort détourne plus ou moins , fuivant qu'elle eft plus ou moins abondance, &; que la mi- ne eft plus ou moins profonde, la matière magnétique qui fort des pôles du monde, laquelle, comme on le fçait, dé- termine les aiguilles aimantées .\ fe tourner vers le Nord. La matière donc qui fort des mines particulières fait por- ter les aiguilles tancôc plus vers l'Oueft , tantôt plus vers l'Eft , fuivant que la diredion de la matière magnétique de ces mines particulières qui fe trouvent difperfées en divers endroics de la terre , détourne la direction de la matière magnétique qui vient des deux pôles du monde. Il fe peut faire aulLi que la matière magnétique qui fore des pôles, foit elle-même emportée vers ces mines parti- culières , &: qu'ainfi les aiguilles au travers defquelles la matière pafïc dans leurs pores , foient détournées du. Noid. Mais comme ces mines particulières peuvent s'épuifer peu à peu , la matière magnétique qui en fort moins abondam- ment , aura moins de force pour détourner la matière mag- nétique qui vient des pôles , ou que celle-ci ne fe porte ni fi rapidement, ni en «fi grande quantité à ces mines parti- culières ; ce qui diminuera la variation des aiguilles tant du côté du Nord-Oueft que du côté du Nord-Eft. La force de la matière magnétique des mines particuliè- res comparée à la force de celle qui fort des pôles , peut ctre exprimée par la raifon des finus des angles des direc-. FAITES PENDANT LE VoYAGE DE LA LoUlSlANE. 23 I tions de la niiitierc magnétique des mines particulières, au fînus total qui rcprcfcnce la diredion de la matière mag- nétique fortant des pôles. On aura pi}r-là un rapport qui fera connoîcre la force de la matière magnétique des mi- nes particulières , félon que l'angle de la variation fera plus ou moins grand j de le mouvement compofé de ces deux forces fera par une diagonale courant plus ou moins du Nord-Oueft au Sud-Elt, ou du Nord-Êit au Sud-Oueft, fuivant la force de la matière magnétique des mines parti- culières plus ou moins grande, pour détourner le cours de la matière générale qui fort des pôles. Il me paroît que de cette manière on pourra expliquer, autant que cela fe peut en des matières aufîi épineufes que celles-ci, la variation des aiguilles. Mais s'en fervir pour donner une connoiflance des longitudes , fuivant qu'on trou- vera plus ou moins de variation par telle ou telle latitude ôc longitude eftiméc , c'eft ce qui me paroît encore bien difficile, fut-tout la manière dont on obferve la variation à la Mer , étant fort imparfaite par le défaut des inftrumens dont on eft obligé de fe fervir : car enfin l'aiguille ne peut ctre fort longue, le carton que porte cette aiguille ne peut avoir tout au plus que fix à liuit pouces de diamètre j de forte que les divifîons des degrez font moindres d'une li- gne. On. ne peut donc avoir fur ce cercle l'évidence d'un tiers de degré, non pas même de la moitié. Une autre raifon pour laquelle il eft difficile de déter- miner 15 ou lo minutes, Se même un degré fur un com- pas de variation , c'eft le roulis du Vaifleau qui empêche l'aiguille ôc la rofe qu'elle porte de refter en repos. Tan- tôt la rofe avance d'un ou deux degrez , tantôt elle recule d'autant. On. a d'ailleurs peine à couper le difque du So- leil levant ou couchant en deux parties égales avec autant de précifion qu'il le faudroit. Il faut de plus tenir le mi- iieu de ce difque dans un même plan avec les deux pinnu- les 6c la pointe du cône de Icton qui porte la rofe , qu'on appelle la chapelle. Il faut outre cela être deux Pilotes , Tun qui obferve , l'autre qui regarde les degrez d'amplitu- de ; ce qui peut introduire deux erreurs. Les plus expérimentez Pilotes ne s'accordent quelquefois pas à un degré près , fur-tout quand il y a du roulis ôc du 131 Reflexions et R^marclues tangage ; d'ailleurs touccs les Boufloles ne font pas égale- ment animées. On fupplée à ce défaut en fe fervant de plu- fîeurs Boullolcs en même temps, donc on compare l'arc de l'ampliciide qu'elles donnent. Apres une longue iuicc d'ob- fervacions , on en trouve plufieurs qui ne s'accordent pas. Il arrivera, par exemple, qu'on aura cinq ou fix obicrva- tions qui fuivront quelque ordre pour la diminution ou pour l'augmentation de la variation ; il en viendra enfuitc deux ou trois autres qui troubleront cet ordre, comme ou le verra bientôt. Les Pilotes de divers VaifTeaux qui naviguent enfemble , auront obfcrvé le même jour , de encre leurs obfervacions il fe trouvera une différence d'un &: même de deux degrez. Cela nous eft arrivé dans ce Voïage , comme on l'a die ci- •^Joîirnai ^cvant. * Chacuu prétend avoir bien obfcrvé j chacun croit auzi.Mai en fçavoir pour le moins autant que fon camarade. Ce dé- faut, allez univerfcl dans le monde, fe trouve auiTi parmi les 'Marins. Je les ai oui fe blâmer mutuellement, mais ]e n'en ai guéres oui louer la capacité de leurs concurrents. On peut, me dira-t-on, prendre un milieu, mais ce mi- lieu ne fera peut-être pas la vraie variation. Il y a une occafion où il faut prendre un milieu , c'en: quand on obfcrve le matin &: le foir d'un même jour , ou le foir èc le matin fuivans , fuppofe qu'on foie siir d'avoir également bien obfervé i alors il faut partager cette diffé- rence pour avoir quelque chofe de plus sûr. AlnCi le fepc Mai 1720. le foir la variation fut obfervée un degré douze minutes Nord-Efl ; le huit Mai elle devoit plucôc augmen- ter que diminuer , ce qui confie par les obfervacions des jours fuivans aufquels elle a toujours augmenté : cependant le huit Mai elle ne fe trouva que d'un degré j il faudroic donc déterminer la variation pour ces deux temps, d'un de- gré fix minutes Nord-Eft. Mais quand il y a un petit nombre de minutes jufqu'à dix de plus ou de moins d'un degré, on peut établir la va- riation à ce degré , comme on fait en Aftronomie pour les fécondes. On peut avoir vu dans mon Journal au 24. Mai ce qui fait, qui confirme ce que j'ai dit ci-dcffus. Les Pilotes du Henri trouvèrent le 2,3. Mai la variation de trois degrez Nord-£ft, FAITES PENDANT LE VoYAGE DE LA LOUISÏANE. 155 Nord-£ft , nous la trouvaincs de 4'1. Les Pilotes d'un Vaiileaii Négrier que nous avons cfcortc jufqu'au Cap François, la trouvcrenc le mcme foir de y^. Nord-Eft, plus forte que nous d'un degré. Tous ces Pilotes croient avoir raiibn, cela ne fe peut j je les crois pourtant bons Pilotes j mais les com- pas de variation ne {ont pas, comme l'on voit , des infhu- mens aflcz précis èc surs , &c le (ol fur lequel on travaille eft trop mouvant pour compter fur ces obfervations au moins pour des gens de notre métier , qui voudrions une grande précifion. Si on confrontoit toutes les obfervations faites ou à faire dans ce Voiage, ou celles que pourroient faire les Pilotes de plufieurs VaifTeaux qui navigueroient enfemble, il n'y en auroit pas beaucoup qui s'accordaflentà un demi deo-ré près. J'ai dit ceci à des Pilotes, ils fe font fâchez ; par tout ce qu'on vient de dire on voit qu'ils n'avoient pas raifon.Les bons Phyficiens , qui fentent combien il y a de chofes in- certaines , ne s'étonneroient pas , & n'attribucroicnt pas à mépris ce qu'on leur diroit en pareilles occafions. Tout ceci confirme ce que j'ai déjà dit, de dont il fui- dra encore parler dans les Reflexions fuivantes , qu'il fera bien difficile de former une hypothefe sure jufqu'à ce qu'on ait un très-grand nombre d'obfervations plus sûres , parmi lefquelles on puilTe trier : car M. Halley &: les autres qui ont obfervé à la Mer , n'avoient pas de meilleurs compas que ceux dont nous nous fervons aduellement ; ils s'accor- dent dans le degré. Nous allons donc examiner ce point-ci dans les Reflexions fuivantes fur nos obfervations. Nous les comparerons enfuite avec la variation conclue par les courbes de M. Halley -, nous n'épuifcrons pas cette matiè- re , mais nous donnerons peut-être à d\îutres une occafion de tirer plus de fruit ôc de plus utiles conféquences fur. ces matières. On voir donc à quel degré de certitude peuvent monter ces obfervations ; il cfl de la fmcerité des Géomètres d'en avertir ; m.ais on ne fçauroit emploicr de meilleurs moïens à la Mer ; M. Halley n'en a pas eu d'autres pour établir les courbes qu'il a données fur fa Carte. Pour examiner le rapport que nos obfervations ont entre elles avec plus de facilité &c de fuccès , /ai réduit toutes ces obfervations ca Gg i-4 Reflexions ET Remar qjt e -s •Table , afin qu'on pue les avoir Tous les yeux , &: les com- parer enfcmble. Elle contient cinq colonnes, pour les jours du mois , la latitude , la longitude , la variation , &c la quanti- té de la variation. On peut tirer un avantage confiderable à la Mer de l'ob- fervation alliduë de la variation. Car li au retour d'un Voïa- . Avril jufqu'au 23. la latitude aiant diminué de 2^^. 40^ &: la longitude d'environ 8 '. la variation s'eft maintenue la même : car il ne faut pas avoir égard à m\ petit nombre de minutes qui ne font conclues que de la difterence des amplitudes calculées , &: non des amplitudes qu'on obferve , dont on ne peut avoir l'évidence fur la rofe. Au contraire, du 25. Avril au 5. May la latitude a di- minué de 6^. 12^ la longitude de 12^^ 20^ & la variation a diminué de 4^. ce qui ne s'accorde point avec les com- paraifons tirées des obfervations précédentes. Depuis le y. May où la variation fut nulle , jufqu'au 13. la latitude a diminué de y^'. 44^ &: la longitude de 13^1. 4^^ La va- riation devenue Nord-Eft n'a pourtant augmenté que de 3^. 2é^ ce qui fait voir encore qu'il n'y a pas de rapport exad entre ces trois chofes. Depuis notre départ de la Martinique , qui fut le foir du 18. May, jufqu'à notre arrivée à l'Ifle Dauphine, com- <^ g ij 23^ Reflexions et Remar qjj e s bien d'obicrvacions de la variation i Mais quelle irrégula- rité dans ces variations ! On ne peut l'attribuer au plus ou moins de force des mines de fer ou d'aiman que nous avons trouvées fur le chemin : car ni dans les Antilles , ni dans la côte orientale du Mexique &: de l'Amérique on n'a trouvé ni fer ni aiman. Ne vaut-il pas mieux reconnoitre que les obfervations faites dans le canal de Porto-Ricco , par le tra- vers du Cap Samana &; du Cap François de la côte de S. Domingue , font défeûueufes pour le nombre des minutes; mais qu'on peut fixer à quatre degrez au Nord-Efl: la va- riation dans ce canal ôc le long de cette côte de Saint Do- mingue ; que la variation va en augmentant jufqu'au Cap Maiiy le plus oriental de la grande Ifle de Cube,&: qu'elle fe maintient ainfi le long de Cube avec quelques minutes d'augmentation , fans qu'on puiffe bien prècifement en dé- terminer le nombre. On peut donc sûrement corriger l'obfervation faite le 7. Ji.iin au foir par le travers de la ville de Cuba , laquelle n'étant que de 3^ 30^ Nord-Eft, ell évidemment défec- tueufe de plus d'un degré. De même celle qui a été faite le I 3. Juin près de l'ifle du petit Cayman , eft trop forte de 10'' . ôc celle qui fut faite le 14, au matin à l'Oueft du pe- tit Cayman de ^ ^. d' . excède de près d'un degré , comme il paroit par celle qui fut obfervée le foir , qui fe trouva feulement de 4^. Nord-Eft, laquelle doit fervir à redreflcr l'autre, en la mettant feulement de 4*. 20'. Nord-Eft. Celle qui fut faite le 15. au foir à 24. licuës de rifle du Pin fur la même côte de Cube, qui fe trouve de 4<^. Nord-Eft, &: celle qui fut faite le 18. Juin au foir, étant an Nord \ Nord-Eft à deux lieues du Cap Saint Antoine, le plus occidental de l'Iflc de Cube, qui cft aufli de 4'. o' . Nord-Eft, doivent fervir à corriger celle du ï8. au matin que nous fîmes à quatre lieues au Sud du même Cap Saint Antoine , qui ne fut trouvée que de 3 ^\ 32'. de forte qu'il faut auffi rétablir de 4^. Nord-Eft ; & on pourra afï 11 rer que depuis le canal de Porto-Ricco , par lequel débouqucnt plufieurs des Navires qui vont des Ifles du V^eiu en Euro- pe, jufqu'au canal qui fepare l'ifle de Cube de la Floride, qui conduit à la Havane &; au canal de Baham, par lequel lous Içs Vaifleaux qui viennent du Golphe du Mexique j> dç FAITES PENDANT LE VOYAGE DE LA LoUlSlANE. 157- Jucaraii-, Campclchc , de Tlfle de Cube , &: même plufieurs de la Jamaïque viennent débouquer , la variacion écoit de 4^. o^ Nord-Eft au mois de Juin de l'année 1720. -Mais pour ce qui efl: du nombre des minutes qu'il faut ajouter plus ou moins à ces quacre degrcz, on ne fçauroit les dé- terminer précifément avec le compas de variation. Il en eft de même des Vaifl'eaux de la Jamaïque ou des autres côtes d'Amérique , qui débouquent par le canal en- tre Cube ô£ Saint Domingue, ôc par le petit Caïc , puif- que la variation y eft de 4^. Pour ce qui eft de la varia- tion du 10. Juin au matin, on peut fort bien la fuppofec trop forte d'un degré, fi on la compare avec toutes les fui- vantesi On peut donc l'établir à 3^^. 30^ Nord-Eft. Celle du 11. Juin au matin eft de i^^. 30^ Nord-Eft ; celle du foir de z^K Nord-Eft, ainfi que toutes les autres. On peut donc fixer à i'^. Nord-Eft la variation en allant à la partie Nord du Golphe du Mexique. Cependant on va voir bien- tôt que ce n'eft pas là une démonftration Géométrique , Sc qu'il y a lieu de douter fi elle n'eft point de 2'. 30^ com- me la variation qu'on obferva le matin du 2c. Juin. '<; Pour ce qui eft des obfervations du retour, on voit d'a- bord que les feules qu'on put faire au commencement d'Août vont toujours en augmentant , à mefure qu'on abaiftoic en latitude -, en forte que du 3. Août au foir au 7. au foir il y a un degré d'augmentation, ce qui donne la variation de ^'■K 16'. Nord-Eft, quoique le 24. Juin étant par la mêiTiC latitude &: longitude, à quelques minutes près, on n'eût trouvé la variation que de 2^^. Nord-Eft lorfqu'on alloit à la Louifiane un mois & demi plutôt. On avoit pourtant obfervé la variation le matin &: le foir. Comment en fi peu de temps la variation a-t-elle pu fi fort augmenter î Depuis le 16. Août au 17. au foir la variation augmen- ta de 36^ &: fut de 4'^. 36^ Nord-Eft, quoique la latitu- de n'eût diminué que de z6' . & ne fût que de 23^^. 30^ fous le Tropique du Cancer ; & le 18. Août^ étant fort près de la Havane, la variation fut de 4^. iS^ Nord-Eft. Tout cela confirme ce que j'ai dit ci-deiîus , que dans le canal qui fépare l'Ide de Cube de la Floride, la variation eft encore de 4<'. Nord-Eft. Pans le canal de JBaham le ciel couvert à l'horizon env G g iij 138 Reflexions ET RïMARQjj ES pécha d'obfcrvcr ; mais étant un degré au Nord de ce ca- nal, elle ne fut trouvée que de j^. 30^ Nord-Eft ; celle du canal étoit donc de 4^^. à peu de minutes près. Mais depuis la latitude de 25) H. ^^\ en huit jours de temps , quoi- que nous n'eufîions augmenté que de 1^. en latitude, la V9.riation au Nord-Eft a tellement diminué , que le premier Septembre au foir il ne s'en feroit point trouvé fi on avdit pu l'obferver, comme on a droit de le conclure de la va- riation du deux Septembre au foir, qui fut de o deg. 30''» Nord-Oueft. Mais le premier Septembre la latitude fut de 32*^. 46^ &: la longitude de 301 '^ 5)^. toujours prifes du méridien de Tenerifte ; de (ortc que la courbe , dans laquelle il n'y a pas de variation cette année , palloit par les 20 f^. de latitude 6c 334'^^. de longitude d'un côté , lorfque nous allions à la Martinique, & de l'autre coté elle pafToit par les 31 1^. 46^ de latitude anfîi Nord, Se par les 302'^. 5)^. de longitude : mais il faudroit plus d'obfervations pour avoir plus de points de cette courbe pour la décrire plus siirement. Nous verrons dans la fuite la différence de fa lituation de- puis 1700. félon riiypothefe de M. Hallcy, au moins pour ces deux points. Jettant les yeux fur les obfervations de la variation qui ont été faites aux mois de Septembre &: d'Odobre , on voie que la variation a toujours augmenté à mefure qu'on a aug- menté en latitude ôc en longitude , ôc même afïèz réguliè- rement, au moins pour les degrez ôJ même affez fouvcnc pour les minutes, fi on en excepte celles du 16. Odobre du matin &c du foir , lefquelles différent d'un degré trente minutes : mais l'obfervation du matin n'étant pas afîez sûre, il paroît plus siir de fe tenir à celle du foir , qui a donné la variation de 11 ^. Nord-Oueft , à caufe que l'horizon fut plus net le foir & fans nuages. Ici il ne faut pas prendre un milieu. Depuis le Cap Spartel la variation a commencé à dimi- nuer à mefure que nous avons avancé dans la Méditerranée jufques par le travers du Cap de Gâte : depuis ce Cap elle a de nouveau augmenté, quoique fort irrégulièrement , ce qu'il faut attribuer aux obfervations ; de forte qu'il n'eft pas aifé de déterminer de combien de minutes eft l'augmen- tation ou diminution chaque année. Ce qui eft vrai non (E R VAT DI G U I L L E fi K de Touloufe ôc le irs i >is. ina. soir soir ma. ïoir oir na. oir ua. na. ma. tna. soir ma. soir ma. 5oir Latitude j-ongitu de. Dans le Canal de Por- to Ricco. i^d 46' iO lo Cap Su- mana. Cap Fran- çois. Juilsoir ETO • Aoi^^î'' *^ sou soir so;r >oir oir ;oir ;oir >oir ptema. La pointe Eft de Cube à 3 lieues au N. O. Vis-à-vis la Ville de Cube, ^rès du Petit Cayman àrOueft du Petit Cayman. ài4l. deriileduPir-, au Sud du Cap Sairt Antoine Cap Saint Antoine h. . :| N. E. à 1 lieuè's. •A 12. 2-4 54 57 16 z6 0 10 2-7 0 Devant 1'^ ne au 1 30 50 ^7 2-î zo 5^ ^5 30 2-4 2-9 i9 44 50 30 32. 5 15 iSyd 45' 187 o 186 18^ 44 54 zS6 35 32. 15 186 30 30 o 4 z i 3 4 4 4 3 z I 0 ' 13S Reflexions ET Remarqjj ES pécha d'obfcrvcr ; mais étant un degré au Nord de ce ca- nal, elle ne fut trouvée que de 5-^^. 30^ Nord-Eft ; celle du canal étoit donc de 4^. à peu de minutes près. Mais depuis la latitude de 25) H. ^^\ en huit jours de temps , quoi- que nous n'euflions augmenté que de z ^. en latitude , la V9.riation au Nord-Eft a tellement diminué , que le premier Septembre au foir il ne s'en feroit point trouvé fi on avoit pu l'obferver, comme on a droit de le conclure de la va- riation du deux Septembre au foir, qui fut de o deg. 30^ Nord-Oueft. Mais le premier Septembre la latitude fut de ^z<^. 4é^ &: la longitude de 301 ^^. 9^ toujours prifes du méridien de Tenerifte ; de forte que la courbe , dans laquelle il n'y a pas de variation cette année , pafloit par les 20^. de latitude &c 3 34^^. de longitude d'un côté , lorfque nous allions à la Martinique, &; de l'autre cozé elle paffoit par les 31 d. ^6\ de latitude aiifli Nord, Se par les 301'^. 5)^ de longitude : mais il faudroit plus d'obfervations pour avoir plus de points de cette courbe pour la décrire plus sûrement. Nous verrons dans la fuite la différence de fa iituation de- puis 1700. félon rhypothefe de M. Halley, au moins pour ces deux points. Jettant les yeux fur les obfervations de la variation qui ont été faites aux mois de Septembre &: d'Odobre , on voie que la variation a toujours augmenté à mefure qu'on a aug- menté en latitude 6c en longitude , &: même afiéz réguliè- rement, au moins pour les degrez &: même afîez fouvent pour les minutes, fi on en excepte celles du 16. Odobre du matin &: du foir , lefquelles différent d'un degré trente minutes : mais l'obfervation du matin n'étant pas aflez sûre, il paroît plus sûr de fe tenir à celle du foir , qui a donné la variation de 1 1 d. Nord-Oueft , à caufe que l'horizon fut plus net le foir ôc fans nuages. Ici il ne faut pas prendre un milieu. Depuis le Cap Spartel la variation a commencé à dimi- nuer à mefure que nous avons avancé dans la Méditerranée jufques par le travers du Cap de Gâte : depuis ce Cap elle a de nouveau augmenté, quoique fort irrégulièrement, ce qu'il faut attribuer aux obfervations ; de forte qu'il n'eft pas aifé de déterminer de combien de minutes eft i'augmen- tatioû ou diminution chaque année. Ce qui eft vrai non y^ OBSERVATIONS 238 DELAVARIATIONDEL'AIGUILLE AIMA NT F E, FAITES PENDANT le Voyage des Vaiflcaux du Roy le Touloufe & le Henry à la Louifianc , dans l'année 172,0. Jours du Mois. Latitude Longitu- de. 1 Mcridié au Pic de Teneriffe. Varia- tion. lodi;' qualité de h Variât. N. 0. N. 0. dors. 4.d 0' 10 ma. 40 N.&S.av. la Drago- nairc. 10 30 14 soir )î 4<; N.E.^E. ijl.duC. Spartel. Il 44 N. 0. 1; ma. î7 soir 3! I Meri.de Tencritte. 10 J6 8 IJ N. 0. N. 0. vrîl. ;o soir Ij soir )o 40 î(8 8 II 6 45 N. U. soir 30 0 3SV 5 45 « 1; S 45 < 30 N. 0. i; m.i. 19 40 x8 0 350 30 N. U. N. 0. IJ ma. 18 soir 16 II 13 30 34(>. 10 34Î 4 0 5 30 N. 0. N. 0. May. 30 soir & soir " " 3 1!, 10 3)8 4! 4 .0 1 3< N. 0. N. 0. N. 0. N. 0. ; m.n. 11 40 3J7 JO, 33< 0 1 40 I 40 4 soir 5 ^i.ir 10 30 !34 ;o 334 0 0 40 N. 0. Nulle. 7 nia. S soir 18 4, 18 0 3Î0 0 318 ;o ; '^ N. E. N. E. il son 17 0 II! 10 317 0 3IÎ JO i 30 N. E. N. E. ;° ^'°;j 16 II 14 30 3M 10 3 0 N. E. M. E. ij lift, Ij soir 14 16 La GuaJal E.i, 310 ij oupc E. N. 3 K 4 7 N. E. N. E. L'Illc Stc Croix au N. à 10 lieues. 4 44 4 41 N. E. 11 so!r Jaiis ic Canal de Por- to F icco. N, E. Jours du Mois. Latitude Dans le Ca toRi Longitu- de. Varia- tion. i:iii alité delà Variât. 13 ma. lal de Por- cco. 4dlo' 4 0 N. E. N. F. 14 soir 1; ma. ijd 46' 10 10 Cap Su- Cap Fran- çois. 4 10 4 50 N. E. N. E. Juin. 6 ma. La pointe Efl de Cube à 3 licuésau N. O. 5 II .■J. H. 7 soir 15 soir Vis-à-vis la Ville de Cube, ^rcs du Petit Cayman 3 3° 4 50 W. L. ;. t. M. E. 14 ma. 17 0 1 0 N. i. JuiUct. DcTant l'I( le Dauphi- ouillagc. 1 0 ^. h. Retour. AouH. 3 soir y soir 30 JO 1 16 1 ;o N. E. M. t. 7 soir II! soir 17 10 13 j< 186 30 3 16 4 0 ci. E. N- E 17 soir 18 soir 13 30 1) 14 4 3« 4 IS >]. E. -I. E. 14 soir 19 44 19 50 3 30 N. E. N. E. Septem- i« soir 30 J 31 15 31 15 0 30 .Si. E. N. 0. bre. 1 soir 0 3« N. 0. OftoTir. Jours du Mois. Latitude Longitu- de. 303d 3' \' T ciiialitc delà Variât. ; sop 3id II 0. 4t N. 0. 14 1111. 34 34 34 54 3'3 34 3 '4 44 ^^ 3J 50 .■sj. N. 0. 0. 14 soir 35 55 311 0 1 30 3 10 .N. M. 0. 0. M soi'' 34 15 35 41 314 yy 339 yy 541 13 4 V 6 6 10 4^ iV. 0. 0. 35 19 isj. isj. N. 0. 0. 0. 0. 0. II SOT 57 y !« 4 J4(; 43 3 30 6 7 ^5 48 Il so'r 36 0 3 40 S ly 8 Ij 13 ma. 14 ma. 35 15 55 0 4 yo 6 0 •8 15 9 18 .Vf. O. 0. 14 soir 16 ma. 3Î 10 35 31 35 3« 35 45 7 0 9 50 9 16 9 30 M. ivT. 0. O,- 16 soir 17 soir aûcSp.u- td.i3l. :: i H. H. 0. 0. iS soir 18 soir luS.deVe ui S. E. du ■ à 10 CiMalaga. C. Sacratif ieiiès. 9 9 3« N. N. 0. 0. 30 soir iiyl. duC. de G.ite. I lol. duC. Sacratif. 1 7 1. d'Alboran. 9 56 N. 0. I soir lol.àl'Ouert du Cap de Gâte. il.auS.E.duC. Paie 10 ° N. N. 0. 0. 3 s)ir 4 so r ni. S. 0. d'Alicant. ! 1. à l'Eft du Cap Be- nidorinc. 9 9 5« 50 N. M. 0. 0. 6 soir 7 ma. i ly lieues Oucft de IvIaiUoriiue i « 1. à l'O. de la Dra- ;onairedeMaillorc|uc. 10 yo 10 58 N. M. 0. 0. 8 ma. .luS.iS.E.delaDra- II 4 M. 0. ? soir à 5 Iieués au Sud de Palainos Il ,6 -M. 0. TAITES PENDANT LE VoYAGE DE LA LOUISIANE. 2,35» feulemcnc pour la Méditerranée , mais aiifll pour l'Océan , fuivanc les obfcrvations que nous venons de rapporter, foie pour les cas où la variation s'eft trouvée au Nord-Ouefl , foit pour ceux où elle s'eft trouvée au Nord-Eft. Nous al- lons le faire voir plus clairement par la comparai Ton des Variations que nous avons obfcrvées , avec celles qui réful- tent des courbes de M. Halley. COMPARAISONS Des Variations obfervées en Vannée 1710. a'vec la Variation dans les mêmes garages , déterminée pour Vannée 1 700 . par les courbes décrites par M. Halley. AVant notre départ de Provence, je priai M, CafTmi de me procurer une Carte de M. Halley j il ne s'en trouva point , ceux à qui il avoit prêté celles qu'il avoit, ne les lui aiant pas rendues. Pour y fuppléer , il eut la com- plaifance de m'envoïer le Planifphere qu'il avoit dreflé &: Fait graver en 1696. fur lequel il avoit lui-même du depuis jtracé à la plume les courbes de M. Halley pour fcs propres iifages. Je lui en fuis d'autant plus obligé , que c'eft le feul qu'il eût de cette façon. Habile au point que chacun Tçait, &; fils d'un père fi illuftre dans les Sciences , auquel l'Aftro- nomie doit grande partie du progrès merveilleux qu'elle a fait de nos jours , il a eu la condefcendance de fe défaire d'un original qui lui étoit utile ; je fouhaite qu'il n'ait pas lieu de s'en repentir. M. Caflini dans ce Planifphere fait pafTer fon premier méridien près de la plus orientale des Ifles du Cap Verd , près de Tlflc de Saint Michel la plus orientale des Açores, &: par le milieu de l'Idande. Le méridien du pic de Tene- riffe fur ce Planifphere eft fix degrez plus oriental à fort peu près i car fur un Planifphere fi petit on ne fçauroit dif- tinguer quinze ou vingt minutes. C'efl fur le méridien de Teneriffc qu'on a commencé à compter la longitude qui eft rapportée dans ce Journal , &: dans les obfcrvations de la variation faites pendant le cours de ce Voïagc. Il faudra donc ajouter fix degrez à toutes les obfervations faites à rOueft du méridien de Tenenfte, &: ôter ûx degrez àQS 240 Reflexions et Remarq,ûes obfcrvacions faites à l'Eil de ce méridien , pour qu elles fe trouvent réduites au méridien du Planiiphcre de Monfieur Caflini. Je dis ceci pour ceux qui poUrroient avoir ce Planifphe- re : car pour moi comme j'avois du temps de rcfte à la Mer, où l'on s'ennuie fort (i on ne fçait s'y occuper , j'ai marque au craion fur ce Planifphcre les méridiens de dix en dix degrez, en prenant le premier au milieu de l'Ifle de Tene- rifte. Cela étant, voici les comparaifons de nos obfervations avec les courbes de M. Halley décrites fur ce Planifphere. J'ai cru qu'il falîoit aulTi réduire en Table ces comparai- fons, pour mettre tout d'un coup fous les yeux la latitude, la longitude, la variation déterminée par les courbes de M. Halley, la variation obfervée cette campagne, &c leur dif- férence. De cette manière on pourra voir plus aifémentce qui en peut réfulter pour l'avantage de la navigation. Il cft difficile fur un fi petit Planifphere de déterminer vingt ou trente minutes fur les latitudes. Il eft encore plus difficile de les déterminer dans l'intervalle des courbes de la variation. J'ai fait l'un &c l'autre avec autant d'exactitude que j'ai pu : après tout cela je ne vois pas que de cette comparaifon on en tire des différences qui fe fuivent dans une proportion réglée, '& qui puifle fervir pour former une Table de l'augmentation ou diminution annuelle de la variation. Examinons ce point important à la navigation un peu plus en détail. Dans la colomne des variations de M. Halley , depuis Gibraltar jufqu'à la latitude & longitude où la variation eft nulle, il y a une efpece de -proportion obfervée dans la. diminution des degrez de variation : car pour ce qui eft des minutes , on ne fçauroit reconnoître cette proportion. Il en efl de même dans la colomne de nos obfervations , les de- grez vont aufti en diminuant, fi on en excepte une feule qui eft évidemment défedueufe -, mais pour le nombre des minutes , on ne peut rien déterminer. Toutes ces variations font Nord-Oueft. Leur différence eft telle , que nos obfer- vations vont toujours en excédant depuis le lieu de la terre où il n'y a pas de variation , qui n'eft pas fort difterent du lieu où pjftc la courbe de M. Halley, où il n'y eut point de variation en 1700. Mais cet excès n'augmente pas dans une Faites tendant le Voyage de la Louisiane. 2,44 une proportion bien réglée , à moins qu'on ne réforme la vanacion qui convient aux latitudes de 28. &: de 30. de- grez. Mais pour faire la repartition de cette différence, pour avoir le nombre des minutes de chaque année, il yauroic autant de repartitions à faire qu'il y a de cellules ; ainfi cela ne peut comporter de règle certaine 8z uniforme. Au contraire , depuis le lieu où la variation eft nulle, & où elle commence à devenir Nord-Eft , la différence de nos variations à celles que donnent les courbes de M. Hal- ley , devient défaillante jufqu'au Cap Saint Antoine ; mais la proportion ne diminue pas autant qu'elle avoit augmen- té quand la variation étoit Nord-Oueft ; &: outre cela la proportion ne fuit pas de règle certaine. Pour y en trou- ver , il faudroit corriger les variations des latitudes de 14^^. de i^^. &: de Porto-Ricco , les autres depuis celles-ci fui- vent affez. Cette différence efb d'un degré 30. minutes dans trois obfervations , enfulte elle augmente jufqua i<-^. 3o^ où elle fe maintient dans trois obfervations, après lefquel- les elle diminue jufqu'à la variation de l'Ifle Dauphine. En revenant au contraire de l'Ifle Dauphine , la varia- tion que nous avons obfervée commence à excéder fur celle qui eft tirée des courbes de M. Hallcy, de manière qu'au fortir du canal de Baham cette différence eft d'un degré ly. minutes ; mais là où par nos obfervations la variation eft nulle , elle n'excède celle de M. Hallcy que de 45''. après quoi ccz eiicès va toujours en diminuant jufqu'à la latitu- de de 3 5"'. où il n'y a aucune différence. De-là l'excès conclu de nos obfervations va encore en augmentant jufqu'au Cap Spartel^ dans une proportion af- fez réglée, fi on en excepte la variation de la latitude de 37^. 5'. où cette différence n'eft que de 1 -\ 45^ quoiqu'elle dût être de plus de z^. jo^ Tout cela fait voir qu'on ne peut encore établir de règle certaine pour l'augmentation ou diminution annuelle de la variation , &: qu'il faut un bien plus grand nombre d'obfervations faites en plufieurs années & en differens parages , même en divcrfes Mers , pour en conclure quelque chofe de plus précis, ou au moins qui ne foit pas fi incertain. C'eft apparemment de cette manière que M. Halley a établi fes courbes pour 1700. car en pareille maciere il n'eft pas queftion d'hypothefe ni de H h A4^ Reflexions et Remarq^ues Gjornctrie poiu- décerminer la nature de ces courbes & af^ fio-ner. leurs lieux. La nature fe jouant des hypothcfes & de l'analyre du Géomètre , fait un faut à droit , de le Géomè- tre prend à gauche , non en vertu de la Géométrie , mais parce que les matières de Phyfiquc ne comportent pas Te- xao 5 4; i 3! i9 40 35« 0 1 ;o é 4.- 3 55 18 0 ,,030 1 li <î J.. 4 i; is ïi 34«. 10 I 40 4 c i.J JO 343 0 . c î 3^' I 40 1 30 Il 0 338 45 0 JO 1 6 .1 0 j5« 0 0 0 I 40 zo 0 334 0 0 ;o Q 50 18 40 33° 0 I JO j 18 17 0 317 0 1 JO I JO I 0 16 II ' 51J 0 4 0 1 c 1 0 14 JO ,11 .0 4 0 4 0 3 0 I 0 14 16 ;io 15 3 ^^ 0 J4 Guadaloupe. 5 "0 4 îc 4 5» ' 3 Porto Ricco. 6 0 1 c Cap Sumana. « 0 I 46 Cap François. 6 0 I 30 I 30 Pointe Orientale de Cube. 6 0 me du I etit Cay- 7 0 1 10 Nord-Oueft par excès. Nord-Eft par défaut. Latitu- de. CapSaintAiit. 54 17 10 19 44 5- 46 ■=• 34 54 0 55 34 M 1 4.1 '■51 37 5| 4I 35 0 ,5.o| iSC 44 i8é 35 auplime. ISS 30 Sortie de Bah.im. ;oi 9 3:3 3 Cap Spartel. Variât, par les Colltb. de M. Hallcy Voiage de la Loui- Dtftc- .,!jo' 6djo' 4!o' & 0 3 '0 5 0 1 JO 4 20 1 0 3 0 1 0 > 0 ! 0 7~ I 0 i '5 I "5 0 45 0 n 0 45 0 ,0 1 Ij 0 ij 1 ,0 ^ !0 1 JO i ' 4 c 3 0 1 50 3 45 5 '0 I i-t 3 40 1! 40 3 0 410 6 l( 1 ! 3 )5 5 8 4 10 8 l( 4 .0 9 IS 4 10 9 3* 5 i»: 7 45 Il 15 Rctniir, par excès. FAITES pendant: LE Voyage oe~ la LôtriâiANE. i^f> rapporté, parce qu'on n'y en avoic pas fait. G'e(]:- le mo'ien dedébrouillei' toujours davantage le fiilémc de M. Halleyi ->'» Nous avions les obfervations faites en allant aux Indes Orientales, à la côte orientale & occidentale de l'Améri- que méridionale i il nous manquoit la côte de S. Domin- gue, de Cube, ÔC le Golphc du Mexique, ou , pour mieux* dire, toute cette route. Abondance de droit ne nuit pas, fur-tout dans le procès que nous avons avec ta nature ; plu^ nous aurons de pièces à produire contre elle , plus feure- mcnt nous gagnerons notre procès : mais enfin avec la pa- tience nous en viendrons à bout nous ou nos neveux. C'eft dommage qu'on n'aie pas commencé il y a deux- censjâns l'inftruclion de ce procès , mais nos devanciers n'aimarent pas cette efpece de procédure. - . i . DETERMINATION De la Longitude de Madère. AU retour du Voïage de la Louifiane j'écrivis à Mon=- fieur Caffini pour avoir des obfervations des émeriions du premier Satellite de Jupiter, qui fullcnt correfpondan- tes OU" peu éloignées de celles c|ue )'avois faites dans le voïa- ge. Dans fa lettre du 31. Décembre 172/©. il m'a envoie les fuivantes, qui fervent à déterminer la longitude des lieux GJùi j'ai fait pareilles obfervations. Le 1. Avril 1720. l'émerfion du premier Satellite de Ju- piter fut obfcrvée à Paris à l'Obfervatoire à 8'i. 17^ 37^. Elle s'accorde dans la minute avec le calcul . Nous ne mouil- lâmes à la rade de Funchal que le y. Avril, ôcî-jc ne pus-ob- ferver d'emerfion du premier- Satellite de Jupiter que le 9. Avril, Mais ajoutant quatre révolutions du premier Satel- lite de Jupiter d'un jour i8'i. 29''. 10^. à cette obfervation du 2 . Avril , on a l'émerfion qui arriva à Paris Jle 5?. à 10''». I V* 17^- Cette émerfion fut obfcrvée à Funchal le 51. à 5». 6. 31; Donc Funchal eit plus occidental que l'Ob- fervatoire de Paris de I. 7. 45". Ce qui eft en temps la différence des méridiens de ces deux Hhiij t^6 Reflexions ET Remarqjtes Vilies , laquelle réduite en degrez de l'équateur, donne i^^^. yé^ I5^ Donc Funchal ell plus occidental que l'Ob- fervatoire de Paris. Mais Tlfle de Fer eft plus occidentale que Paris , félon la ConnoilTance de^ Temps, de , ^ji..^:^... :.ij : .tj lo. o. o. Donc Funchal cO; plus oriental que l'Ifle de Fer de 3- 3- 45"' La différence des méridiens de Teneriffe à VlfledeFer, eft par lePere Feuillée i. i. i^. dpnt le pic de Teneriffe eft plus oriental. T, Funchal eft donc plus oriental que le pic de Teneriffe de .■^.. i. i. 30. Cette même émerfion fut obfervée à Marfeille par le R. P, Feuillée à Io^^lé^49^- Je l'obfervai à Funchal Capitale de Madère à 9. 6. 32. I !■ I I I ■ Il ■!« Donc Funchal eft plus occidental que Mar- feille de I. lo. 17. Mais Marfeille eft plus oriental que Paris de 12.28. Donc Funchal eft plus occidental que Paris de I- 7- 49- Ce qui ne diffère que de 4^. du calcul précèdent, &: tait voir que le temps que j'ai emploie pour chaque révolution dans le calcul corrigé , qui eft un jour 18 ^. 19^. 10'''. eft très-exad &c à une féconde près j ce qui donnera une mi- nute de degié , dont la difterence qu'on vient de détermi- ner fera plus petite. Mais Van-Kulen &: Pieter-Gos mettent !a pointe orien- tale de Madère fous le Méridien de Teneriffe. Ils placent donc cette Iflc trop à l'Occident au moins d'un degré 34''^ &: même de deux degrez , à caufe que la ville de Funchal. eft plus occidentale que le Cap S. Laurent de ii. lieues. La Lunette dont M. Caffmi s'eft fervi eft de 16 pieds , la mienne eft de 1 8 pieds , ce qui pourroit donner quatre fécondes dont l'émerfion auroit été vue plus tard à Paris ; mais je n'ai pas cru neceffaire d'avoir égard à ces quatre fé- condes ni dans cette comparaifon ni dans les fuivan tes. Il faites; PËÎ^DA'Nf tÊ VôYÀeÊ M 'tA UOÙlïlANE. i^f;r paroîc par ces calculs qu'il faut rafjproch^r -de l'ilil: les éa- naries d'environ 30 lieuës , donc elles ne font pas fi èToi-i gnées de la côte d'Efpagne qu'elles foiic rharquées Tur plu- iieuts Garces -, de force qu'il ne fauc pas accribuer aux cou^ rans de ce qu'on fc trouve plutôt qu'on ne. pcnfoicà iavûë de ces Ifles ou de celle de Madère quand orivient d'Europe. ' J'ai ajouté lo'''. à chaque révolution pour. ; approcher le temps calculé de celui de robfervation , laquelle tardoit le deux Avril fur le calcul de ^y^\ Cette difFcrence a coujours augmenté dans les obfervations fuivantes. Si quelqu'un vou- loit encore ajouter ^^, par révolution , je ne l'empêcherois pas, ce feroit 20'''. de cemps, ou ^\ de degré au pvoRt de Van-Kulen &: Piecer-Gds i petit profit qu'on peut aiféménc leur accorder', Si on calcule pour le Méridien de Paris la conjondion du Tecond ôc troifiéme Satellites de Jupiter , qui arriva le neuf Avril à 11 h. n^, 42.^''. du foir à Funchal ^ on pourra encore avoir la différence des Méridiens ; rnais je doute qu'on l'aie auffi exadement que par l'obfervation de l'énier- fion du premier Satellite qu'on vient de rapporcer , à caufe qu'on ne juge pas aulîi précifémenc le moment de la con- jondiori des Sacellices que le recouvrement de lumière. DETERMINATION Z)e la Longitude du Cap Prançois dans l'IJIe de S, Domingue, L'Emerfion du premier Satellite de Jupiter qui arriva le premier Juin ijzo. étoic calculée pour le Méridien de Paris à iih. 36^ o^. Cette émerfîon fut obfervce à Paris à 1 1. 40. 57. Le calcul anticipe fur l'obfervation de 4. 57,' La même émerfion fut obfervée au Cap Fran- çois le premier Juin à 7. 47. 2,8. Donc le Cap eft plus occidental que Paris , à rObfervacoire, de 4. 53. 2^. qui valenc en degrez de l'équaceur 73^', 21'. i j'^» dpnt le Cap François eil à l'Occideiic de Paris. V^ ., . , tR E r I E X I O N ^ B T R E M A R QJJ E s .\ Mais riflc de .I^ei- cft plus occidentale que Paris de ,. rr . 2.0'- o\ o" ù Relie la différence des Méridiens de l'Iflc de Fer au Cap, 53. Z2. 15. dont ce Cap eft plus occidental . • c, II-faut;,les otejc.de .t,p -jj - iii.ivl oU A\-j:>.: . 3 59. ^9^ 60, ^ ' Reftepour lalbngirudé du Cap FTançois 306. 37. 45. . Oraht la différence des Méridiens de l'Ifle de Fer & Teneriffc , i. 2. ly." La longitude du Cap réduite au Méridien de TenerifFe , fera 30^. 35. 3o.-| |, Mais Van Kulen met le Cap François; à 303. 41. o.-' Donc il cft trop occidental fur fa Carte de i. 57. 30. Ainfl on doit conclure que Tlfle de Saint Doniingue cit pofée trop à fOueft fur cette Carte d'un degré 57^ 30'^. jOi. "ir- Ajr . . D ET ERMINATION Z)^ /^ Longitude de lljle Dau^hine fur la Cote de la Louijïane, MCaffini m'a comminilqué deux Emerfions du pre- •niier Satellite de Jupiter, qu'il obferva en Juillet à Paris. La première arriva le 3. Juillet 1720. à ^^.\\'.^". Le calcul la donnoit à 5). 6. o. Le calcul anticipe donc fur l'obfervation de 5- S»- Nous n'arrivâmes à l'Ifle Dauphine que le premier Juillet , & le ciel ne fut pas fcrein , fur-tout la nuit, les dix premiers jours de ce mois, ainfi on ne put pas faire d'obf;rvauion ; onn'auroit pas pu d'ailleurs obferver cette^premiere Emerfion, puilqu'il n'écoit que zk 14'. du foir lorfqu'elle arriva. L'autre Emerfion arriva à Pans, à l'Obfervatoire , en Juil- let le xé. à c)h. 24^23'^. Elletardefurlecalcul.de 7-2,3. On ne put l'obferver à l'Ifle Dauphine , n'étant alors qjLi'environ 2 h. ^q^ du foir. Mais ôtant du temps de fim- mcrfion une révolution de i ^°^' 1 8^^. 2^^ i o^. Refte TAITES PENDANT LE VoYAGE t)B LÀ lioÏÏlStANE. i^^ ■ Reftequc rEmerfion précédente arriva à Paris en Juillet tjio. le 2.4. à 14b. y j 1, 53 Elle fut obfcrvée a l'Ide Dauphine le 24. à ^ 8. Donc différence des Méridiens de Paris & de riile Dauphine, , ^. ^2. 40. qui valent en parties de Téquateur 103^^.10^ o^ donc Paris eft plus oriental que l'ide Dauphine. Mais rifle de Fer eft plus occidentale que Paris de 10. G. a. ■ •nrîfcn Donc riflc Dauphine plus occidentale que riflcdeFerde ' 85. lo. o. qu'il faut ôter de ^jp. (^o. o. Donc longitude de cette Ifle depuis le méri- M. deLinc dien de PIflj de Fer , ^7^- j^z.-\?^ ^^7à.^^/, Otant la difterence des méridiens de rifle de . '^f. ."^rj'^ Fer à Tenerifl:e , \: , .. •'^- -'-Viîjr ^7^- ^^• On a la longitude de l'Ifle Dauphine au mé- • 10. j;. ridiendc Tenerifté, 27^. 47.45. '^-^erence Van-Kulcn marque Flfle Dauphine fur fa énorme. Carte à ' . 282. o. o. Il la met dojic trop à l'Orient de 6 . 47. 4c. Ainfî tout le Golphe du Mexique , qui Te trompe en deux Cartes réduites de Van-Kulen , eft mal placé & mai confi- guré. Il eft mieux dans une Carte à grand pomt , qu'il donne depuis la Martinique jufqu'au fond de ce Golphe, dreflce par Jean Sikenas mais il paroîr qu'il n'cft pas aflcz inftruit de la partie de ce Golphe où nous avons été, ainfi il y a bien des chofes à corriger.' D'ailleurs, comme il n'y a pas d'échelle de longitude, les Navigateurs ne peuvent s'en fervir aufll aifément qu'il feroit à Touhaiter. Nous donnerons une Carte de la côte de là Louiflane corrigée fur la latitude &c fur la longitude que. )'ai mar- quées dans ce Journal. Elle' contient la Côte depuis l'em- bouchure dû Mifllflipi jufqu'à la côce occidentale de la Flo- ride , pour le fervice des Navigateurs qui iront à la Louifiane. La dernière Emerfion fut obfervée à Paris 53"^. plutôt par uns Lunette de 34 pieds ; mais outre que la mienne I i !. » :^^o Réflexions et Remarqjjes n'écoit que de i8 pieds , &: qu'ainfi il y avoic une diffé- rence de I j'^. j'ai cru que les i%\ de furpUis ticndroicni: lieu d'une plus force corredion , qu'il auroit fallu faire dans I* révolution que j'ai cmploïée. La Martinique &c par confequent toutes les Ifles du Vent ne font pas aufli cxadenienc pofées fur la Carte de Van-Kulen. Je n'y ai point pu obferver d'Emcrfion du premier Satelli- te de Jupiter , comme on l'a dit , mais p'.uficurs Aftronomes de l'Académie Roiale des Sciences l'ont fait ; ils ont déter- mine la longitude de la Martinique comme ceci. Différence des Méridiens de Paris à la Martinique ( Con- noifTancc des Temps ) 63 .18^45^, Mais rifle de Fer eil plus occidentale que Paris de 10. o. o. Donc la Martinique plus occidentale que rifle de Fer de Donc longitude de la Martinique , Différence des méridiens de rifle de Fer èc de Teneriffc , Longitude de la Martinique réduite au mé- ridien de Teneriffe , VaivKulenladonnede ^ ^16, 40. c. •;. • •'- . . '^^'' ^ 315. 3^. o. ' Il pofe donc la Martinique trop à l'Orient de i. i. o. ]'ai dit dans le Journal à Toccafion de notre aterrage à cette îfle le 14. Mai 1720. ce qui peut avoir caufé cette erreur, que Pieter-Gos a diminué d'un degré. Quoique fa Carte foit meil- leure que celle de Van-Kulcn , il cil bon d'examiner les er- reurs qu'il peut y avoir pour les lieux dont je viens de dé- terminer la longitude. 45- 18. 45- jié. 41- ly- I. i. ly- 3iy- 39- 0. COMPARAISONS Dts Longitudes & Latitudes de U Carte de P leter-G os , avec celles qui réfullent des Obfervdîions faites ddns le Voïage "^'''^\'\ de la, Louijiane. Epuis rjotre retour , j'ai comparé les longitudes & lati- tudes qui téfultej>t de mes pbfervations rapportées ea FAITES PENDANT LE VoYAGE DE LA LoUlSIANE. lyi leur lieu dans ce Journal , avec celles de Piecer-Gos. Voici ces comparaifons. Pour la longitude de Madère , il y a la même erreur dans la Carte de Pietcr-Gos que dans celle de Van-Kulen. Com- me celui-ci , il place l'extrcmité orientale de Tlflc de Ma- dère à quelques lieues près fous le méridien du pic de Te- nerifte , ainfi il y a la même corredion à faire. ]'ai trouvé la latitude de Funchal Capitale de Madère, Pieter-Gos lui donne pour latitude Il fait donc Funchal trop Sud de ô^ par conféquent toute l'Ifle de Madère. La longitude du Cap François a été trouvée ci-devant de Selon Pietcr-Gos cette longitude cfl: de La différence dont il le fait trop occidental, eftde ainfi l'erreur eft moindre que celle de Van- Kulen. J'ai parlé de celle de la Martinique. J'ai trouvé la latitude du Cap François de Pieter-Gos la donne de Il le fait donc trop Nord de Nous avons déterminé ci-devant la longitu- de de rifle Dauphine , réduite au méridien du pic de TenerifFe , de 275. 47. 45", Prenant fur la Carte de Pieter-Gos le même point que j'ai pris fur celle de Van-Kulen ^ la longitude eft de 279. 20. o 31^. 37^ 5f- 31. 17- 0. 20. 53- 5oy. 39- 30. J04. 10. 0. I. 29. 30. ^9- 45. 45» 20. 20. 0. 34. ij. La différence dont il le fait trop oriental , cftde 4. 52. ly. Ce point efl: à l'entrée d'une grande Baye qui fe trouve fur leurs Cartes à l'Eft de la Rivière de Spiritu-SanBo , qui doit être la Rivière de Miffifïîpi , que ces Géographes ne connoif- foient pas. Il a corrigé Van-Kulen de 2 . 40'. o". On verra dans la fuite qu'il met Kcbec auffi trop à l'Orient de jd. 2.j^, ainfiil place l'Amérique Septentrionale trop à l'O- rient, lïïy -z^z Réflexions etRemarqjjes Pictcr-Gos donne pour latitude à l'entrée de cette Baye ^ 2,5) 1 40^ , - J'ai trouvéla latitude de l'Ifle Dauphinc 30. 17. fil ma * . La différence dont il la fait trop Sud , 37. -ii. i Mais tput ce fond du golphe du Mexique n'a aucune ref- femblance avec 1^. côxe, comme on le verra en le comparant avec la Carte dç, cette partie du golphe qui s'étend depuis le MiiTiilipi jufqu'à la côte occidentale de la Floride, non p^us que la Carte de Van-Kulen. Je penfe qu'une des caufes des fautes des Hydrographes pour la latitude, vient de ce que les Pilotes qui lenr don- nent ces latitudes , ne les ont pas obfervées dans les Ports marquez fur les Cartes , mais au large à trois ou quatre lieues, ôc quelquefois plus. Ce qui me le fait croire , c'eft que lorf- que la Mer eft au Nord de ce Port, la latitude fe trouve trop Nord dans les Cartes , comme il arrive ici au Cap Fran- çois. Lorfque la Mer eft au Sud de ce Port, la latitude fe trouve trop Sud , comme on le voit ici à Madère. Les défauts de l'arbalertrille ou du quartier Anglois en font une autre caufc dont je ne parle pas ici, On ne doit pas attendre de ces inftrumens la précifion que donne un quart de cercle de trois pieds de raïon , de la manière donc on les conftruic à prefent ; &: je puis afïurer par un long ufage, que celui dont je me fers eft un des meilleurs qui ^ient été faits, comme il eft des plus récens, Avec les pré- cautions que j'ai prifes danç le Voïagc, je ne me fuis point apperçû que la lunette fixe ait varié le moins du monde , &: je trouve ici à prefent la même latitude , la même baf- fefïé de l'horizon de la Mer , que j'avois trouvées par une longuç fuite d'obfervations avant mon déport pom' la Loui- fiane. .~^J _-^ .|, R E M A R Q^U E S ■''^'* Sur UCAYte de îdCote de ULouiftaneo i - J'Ai à^x. dans le Journal quç nous n'avions parcouru que depuis riflc de Sainte-R.ofe jufqu'à l'Ifle Dauphine, & que M. de Vienne Capitaine de Vaiffeau m'avoit doni^é à \z Martinique la Carte de cette côte depuis l'embouchure Ù I i ~ 4 iiiiiM «uiiiiniii miiiiiiiiH Aé^y mwm l^i ^^"""^— kanil^ MUM miMHII illllimi umm .inhhi.ni iu,„||||||^ „„„„,„ ^^^^^ ^^JA lUj. C 5 E 3 F 2 C, 1 H I I /■ K i n.TE i/e la Civile' i/c la Loiusi 711 chu re de la ^..jLivierc cL 'iec\^ à la Kipiere de xS-Mal ■zSz 9 / -2^1 Re FLEXIONS EtReMARQJJ ES Picccr-Gos donne pour latitude à l'entrée de cette Baye Z5>'^- 40^ , j'ai ti'ouvéla latitude de riflc Dauphinc 30. 17. '- .. La différence dont il la fait trop Sud , 37. ; Mais tout ce fond du golphe du Mexique n'a aucune ref- femblance avec U. cote, comme on le verra en le comparant avec la Carte dç -.cette partie du golphe qui s'étend depuis le Mlifiilipi jufquà la côte occidentale de la Floride, non plus que la Carte de Van-Kulen. Je penfe qu'une des caufes des fautes des Hydrographes pour la latitude, vient de ce que les Pilotes qui leur don- nent c€S latitudes, ne les ont pas obfervées dans les Ports marquez fur les Cartes , mais au large à trois ou quatre lieues, èc quelquefois plus. Ce qui me le fait croire , c'eft que lorf- quc la Mer eft au Nord de ce Port, la latitude fe trouve trop Nord dans les Cartes , comme il arrive ici au Cap Fran- çois. Lorfque la Mer eft au Sud de ce Port, la latitude fe trouve trop Sud , comme on le voit ici à Madère. Les défauts de l'arbaleffrille ou du quartier Anglois en font une autre caufe dont je ne parle pas ici, On ne doit pas attendre de ces inftrumens la précifion que donne un quart de cercle de trois pieds de raïon , de la manière donc on les conltruit à prefent ; &: je puis aflurer par un long ufage, que celui dont je me fers eft un des meilleurs qui aient été faits, comme il eft des plus récens. Avec les pré- cautions que j'ai prifes dans le Vo'iagc, je ne me fuis point apperçû que la lunette fixe ait varié le moins du monde , loi je trouve ici à prefent la même latitude , la même baf» fcfîe de l'horizon de la Mer , que )'avois trouvées par une longuç fuite d'obfervations avant mon déport pour la Loui- fianCc , ^, .|, R E M A R Q^U E S ■^^'- Sur UCArte de la Cote de laLouifiane. J'Ai 4'^^ à:3iiiis le Journal quç nous n'avions parcouru que depuis l'Iftc de Sainte-Rofe jufqu'à i'Ifle Dauphine , Sc que M. de Vienne Capitaine de VaifTeau m'avoit doni^é à .|a Martinique la Carte de cette çôtç depuis rembouchvjre / FAITES PENDANT LE VoYAGE DE LA LoUlStANE. zyj da Milîiiïipi jufqa a la Rivière de Saint Maicin ; il m'a afliué qu'elle écoic foL c exade , àc ce que nous avons vu de la côte m'en a convaincu. 3'ai changé la latitude de l'Ifle Dauphine qui n etoit pas exacte , 6c par conféquent de toute la côte ; on la failbic trop Nord de treize minutes. Pour ce qui eft de la longi- tude, je l'ai mife félon que je l'ai trouvée par mes obfer- vacions, comme on le peut voir page 249. &: j'ai réduit les dcgrez de longitude à leur jufte valeur dans le trentième parallèle. J'ai compté les degrez de longitude depuis l'Ifle de Fer où pafïe notre premier méridien ; mais au-deflous des degrez j'ai mis la différence des méridiens , en prenant pour premier méridien celui de rObfervatoire , &: les comptant à rebour en allant à l'Oueft depuis le méridien de Paris. Pour ce qui eft des fondes , je les ai marquées telles que nous les avons trouvées en allant à l'Ifle Dauphine ou en revenant. On trouvera dans le renvoi la qualité du fond; cette connoiflance ainfl que celle de la quantité des braffes , cfl la meilleure reconnoifl'ance qu'on puilïe avoir pourl'aterrage de cette côte, comme on l'a dit dans le Journal. Ceft pourquoi j'ai apporté toute l'exaditude poflible à les bien placer. La li- gne ponéluée marque qu'il y a fond depuis cecte ligne en aU iant à la côte ; on le trouve même au-deçà de cette ligne , car le fond va en baifl['ant infcnfibleinent ; mais comme il y a une grande profondeur d'eau & qu'on n'y peut pas mouiller, on a jugé à propos de la faire paflTer où elle eft. Au dedans de cette ligne on y peut mouiller , comme nous avons fait en deux en- jdroits marquez d'une ancre, & comme il fe pratique dans la Manche en attendant le vent ou la marée > ce qu'on appelle étaler les Marées, R E M A R Q^U E S Sur la. Carte de la Route dti voïage de la Louîjlane. COMME je me fuis fervi dans la navigation des Cartes Holiandoifes , j'ai jugé à propos d'emploïer pour la route la même Carte ; autrement le Lcdeur auroit pu être fort em- barraflfé , fl j'euflc pris pour premier Méridien celui qui pafle par rifle de Fer. Mais en conféqucnce des obfervations que ' ' li iij 2.C4 Reflexions ET Remarq^ues i-aifaitàMadcre, )'ai avancé les Canaries d'un degré & de- mi vers l'Ell. Ainii mon premier Méridien , quoiqu'il pafle à l'Ifle de Fer , fe trouve pafler au Pic deTeneriffc de la Carte Hollandoife, & la manière de compter les degrcz fe trouve la même vers l'Oueft. 3'ai corrigé la pofirion de Madère de la manière donc il a été dit dans le Journal , &c j'ai cru devoir auffi corriger la po- firion des autres Iflcs Canaries, àcaufe que leur gifement &: leur diftance par rapport à Madère font alTez connues. A\nC\ rifle de Fer placée un degré 30. minutes plus à l'Orient , eft précifément au point où palTe le Méridien du pic deTeneriftc 5 mais )'ai marqué en points l'ancienne pofition de toutes ces Ifles , en faveur de ceux qui n'approuveront pas cette correc- tion , &c par la même raifon je n'ai point voulu changer la pofition des autres côtes , mon dcflcin n'étant pas de donner une Carte nouvelle. Il revient pourtant de cette correction plusieurs avantages. 10. La Martinique èc parconféquent toutes les autres Ifles du vent fe trouvent dans leur pofition exadement. 20. La pofi- tion du Cap François eft plus exa^e. 3 \ La différence du Méridien du Cap François &: de Tlfle Dauphine étant con- nue, comme on le voit dans le Journal , il s'enfuit qu^^il faut porter plus à l'Oueft; l'Iflc de Cube & le canal de Baham de 4^. lo^ en prenant partie fur Porto-Ricco , partie en allongeant l'Ifle de S. Domingue , Se le relie fe prendra fur i'Ifle de Cube qui sy trouve trop courte, ainfi que dans les Cartes Fîollandoifes. On a mieux aimé les laiflcr ici dans leur ancienne pofition pour en faire mieux connokre le défaut fans changer la configuration. Mais c'eft ainfi qu'on doit cor- riger l'erreur de la Carte de Pieter-Gos , qui avoit déjà dimi- nué de deuxdegrez le défaut des Cartes Hollandoifes plus an- eiennes. Voici une autre preuve de la corre^ion qu'il faut faire à ces Cartes. Dieu dont la fageflè infinie brille en tous fes ou- vrages, mais d'une manière très-fimple, a établi les mêmes loix pour tous les fluides -, de forte que quoique l'air èc l'eau de la Mer ne courent pas comme une rivière, ce qui n'eft pas ncceflaire pour qu'il y ait des vents 5c des courants réglez en- tre les tropiques j néanmoins l'air courant de rEfl à l'Oueft entre les tropiques &: près des tropiques , c'ell-à-dire depuis FAITES PENDANT LE VOYAGE DE lA LoUlSlANE. 15^5^ les 28. degrez, comme on Ta expliqué ci-devant j l'eau doit fuivre la même loi , àc courre aulli de i'Eft à l'Oueft. Je ne ré- pète point ici les preuves que j'en ai apporté dans les réflexions que )'ai faites fur les vents ; mais ce qui nous elt arrivé à l'ater- rage do la Martinique en eft une autre preuve qui porte après ioi la convidion, A midi du i 5. Mai 1720. nous nous faifîonsà 83. lieues de la Martinique , iorfque nous n'en étions qu'à 2.7. il eft donc clair que les courans nous ont tait faire j6. lieues de plus que nous n'eftimions depuis Madère, ce qui eft arrivé à bien d'au- tres avant nous; c'eft pourquoi j'ai dit en cet endroit de mon Journal , que fur chaque cent lieues il falloit ajouter fix lieues pour les courans ; de forte que Iorfque nous penfîons être par les 510^. de longitude, nous avions fait trois degrez de plus vers rOueft , àc nous étions par les 3 1 7 ^. i o^ Or les eaux , fi elles ne trouvent point d'obftacie invincible, &: les Ifles n'en font pas un, puifqueles eaux coulant aifément entre leurs canaux, augmentent au contraire la vîtelTe des courans , elles doivent continuer de courir à l'Oueft jufqu'au fonds du Goi- phedu Mexique j il faut donc donner depuis la Martinique jufqu'au Cap S. Antoine le plus occidental de l'Ifie de Cube, encore fix lieues pour lemoms par cent lieues , mais il y a fix cens lieues; c'eft donc 36. lieues, c'eft-à-dire deux degrez qu'il faut ajouter , en forte que quand on compte les 288 *. je ne met pas ici les minutes , il faut compter z8^^^. parce que la pofition de Cube n'a été prife que fur l'eftime des Pilotes qui ne croïoienc pas faire tant de chemin ; &: comme du Cap S. Antoine à l'Ifle Dauphine nous avons fait plus de 2, yo. lieues, &: que les courans à l'Oucft-Sud-Ouefty font plus forts, ce qui fe prouve par la raifon qu'on donne quatre airs de vent en portant au Nord-^Nord-Oueft , qu'on ne donneroit pas fans les courans ; il faudroit porter au Nord-Oueft ~ Oueft , c'eft pour le moins 18. lieues ou un degré d'augmentation, ce qui fait en tout trois degrez &: quelques minutes d'erreur par ce feul principe ; ainfi il ne faut pas s'étonner fi les Hydro- graphes pofent les côtes depuis le Canada jufqu'à la côte de la Veracrux , plus à l'Orient qu'il ne faut de plufieurs degrez , comme ils ont fait pour les côtes du Brefil par la même raifon, ainfî qu'on le dira dans les obfervations fuivantes fur leurs Cartes i le furplus de l'erreur qu ils font dans celle du Golphe 1^6 Reflexions et Remarq^ijes du Mexique , vient de ce qu'ils n'ont pas une connoifTance exacte de ce Golphe , comme on l'a dit en Ton lieu. ; Mais, medira-t'on , il s'enfuivroit qu'à votre retour vous- auriez eu une différence de deux degrez, dont vous vous Te- nez trouvé plus Oueft à votre aterrage au Cap Spartel. AufTi ai-je remarqué que Ce tenant au point de plufieurs de nos Car- tes, nous étions à 30. lieuës de ce Cap, lorfque nous ne nous en faifions qu'à 14. licuës, comme on le peut voir dans ce Journal au 16. Oétobre , c'eft donc un degré dont notre poinc s'écartoit j & pour ce qui eft de l'autre degré , comme les cou- rans au-delà du trentième parallèle portent à l'Eft, ( ce que les loix du mouvement des eaux qui s'accordent avec celles du. mouvement de l'air , lequel eft iouvent dans les mêmes paral- lèles de rOueft à l'Eft nous font allez connoitre ) il eft clair que ces courans nous l'ont fait £iire, &: même un peu plus. Mais ces courans ne doivent plus être (i vifs , à cauic que les- eaux font emportées dans de plus petits cercles de la Sphère terreftre. Cadix fe trouve bien placé par rapport à mon premier Mé- ridien , ainii il n'y a pas de corrcélion à faire, &: fi je l'ai fup- pofé dans mon Journal , c'eft que le premier Méridien de mes Cartes étoittrop à l'Oucft , &c que fondé fur les courans, j'ai dû prendre cet avantage pour faire un bon aterrage, me re- fervant d'en dire la raifon, qui eft, comme on vient de le dire, la mauvaife poiition du méridien de Tenerifte qu'on vient d'éprouver. Outre cela il eft toujours mieux de fe faire plus près de terre que plus loin^ lorfqu'il eftqucftion d'a- terrer. Comme on a fouvent parlé des courans dans cet Ouvrage, il eft inutile de s'étendre davantage fur cette matière , pour éviter des répétitions ennuieufes : mais on voit que ces cou- rans ne font pas imaginaires , &c qu'ils font aftez fouvent la caufe des mauvaifes pofitions des côtes fur les Cartes de Ma- rine. Il eft à propos d'avertir que fuivant ma pofîtion des Cana- ries, il faut réformer la côce d'Afrique depuis le Cap Cantin jufque par les dix degrez de latitude Nord d'environ un degré, dont elle eft trop à l' Oueft , &c approcher d'autant les Ifles du Cap vert. On doit encore avertir que coût ce qui eft poii6lué fur la côte cje ac la ,' ^nrrf.^i,. 1^6 Reflexions et Remarques du Mexique , vient de ce qu'ils n'onc pas une connoiffance exade de ce Golphe , comme on l'a dit en fon lieu. . Mais, medira-t'on , il s'enfuivroic qu'à votre retour vous^ auriez eu une différence de deux dcgrcz , dont vous vous fe- riez trouvé plus Oucft à votre aterrage au Cap Spartel. AufTi ai-je remarque que fe tenant au point de plufieurs de nos Car- tes, nous étions à 30. lieues de ce Cap, lorfque nous ne nous en faifions qu'à 14. lieues, comme on le peut voir dans ce Journal au 1 6. Oélobre , c'efl; donc un degré dont notre poinc s'écartoit ; Se pour ce qui eft de l'autre degré , comme les cou- rans au-delà du trentième parallèle portent à l'Ell, ( ce que les loix du mouvement des eaux qui s'accordent avec celles du mouvement de l'air , lequel eft louvcnt dans les mêmes paral- lèles de l'Oueft à l'Éft nous font allez connoitre ) il eft clair que ces courans nous l'ont fait £iire, de méiTie un peu plus. Mais ces courans ne doivent plus être (i vifs , à caule que les eaux font emportées dans de plus petits cercles de la Sphère terreftre. Cadix fe trouve bien placé par rapport à mon premier Mé- ridien , ainfi il n'y a pas de corrcétion à faire, 6c fi je l'ai fup- pofé dans mon Journal , c'eil que le premier Méridien de mes Cartes étoit trop à l'Oucft , &c que fondé fur les courans , j'at dû prendre cet avantage pour faire un bon aterrage, me re- fervant d'en dire la raifon, qui eft, comme on vient de le dire, la mauvaife pofition du méridien de Tenerifte qu'on vient d'éprouver. Outre cela.il eft toujours mieux de fe faire plus près de terre que plus loin , lorfqu'il eft qucftion d'a- terrer. Comme on a fouvent parlé des courans dans cet Ouvrage, il eft inutile de s'étendre davantage fur cette matière , pour éviter des répétitions ennuieufes : mais on voit que ces cou- rans ne font pas imaginaires , ÔC qu'ils font affez fouvent la caufe des mauvaifes pofitions des côtes fur les Cartes de Ma- rine. Il eft à propos d'avertir que fuivant ma pofition des Cana- ries, il faut réformer la côce d'Afrique depuis le Cap Cantin jufque par les dix degrcz de latitude Nord d'environ un degré, dont elle eft trop à l'Oueft , èc approcher d'autant les Ifles du Cap vert. On doit encore avertir que tout ce qui eft pondue fur h i, côte K^^ C^ute i^TPitf le Vûyacfû de la _-^ — -Oi j' ''^.^'^■■■ '^ ^ 4 *"'''■"■—,«« Trc'pfc/Ui' Ja Caiict C \,f, l'^i-J" ^ FAITES BENDANT LE VoYAGE DE LA LOUISIANE. 157 côte de la Floride , cft une côte feinte pour remplir le vuide que caufe.rerreur des Cartes Hollandoifes qui auroit été dif- forme ; que le point A. doit fe joindre au point B. en portant d'autant plus à l'Oueft la côte de la Floride, & avançant à proportion riflc de Cube, le canal de Baham, &les autres Iflcs de la manière qu'on l'a dit ci-devant. On a jugé toutes ces re- marques neceflaires pour l'intelligence de cette Carte. OBSERVATIONS Sur les Cartes réduites des Indes Orientales & Occidentales de Pieter-Gûs, COmme il y a bien d'autres erreurs fur lesCartes de Picter- Gos que celles dont je viens de parler, j'ai jugé à propos de les faire connoître ici pour l'avantage de la navigation ; c'eft pour moi une obligation puifque le Roi m'entretient pour cela. Lettre à Monjieur Hocquart de Cham^argny Commijfkire de Marine. Vous me priez , mon cher CommifTaire , de vous dire " mon fentiment fur les Cartes en velin de Pieter-Gos que " que vous venez d'acheter pour le voïage de long cours que" nous allons faire enfemble : vous n'auriez pas befoin de " mon avis, puifque vous êtes fi éclairé en ces matières &: en " d'autres bien plus difficiles , telles que le font l'Analyfe & " la Géométrie j de forte que Madame votre fœur, m'écrivant " fur notre voïage , aeuraifon de me dire que nous allons" bien Algebrifer , Philofopher Se Géometrifer enfemble. " Nous ferons bien ce que nous pourrons , mais Madame vo- " tre fœur avec tout fon cfprit ne fçait pas combien eft peu " ftable le plancher qui nous fervira de lycée, combien le rou- " lis &: le tangage interrompent les converfations philofophi- " ques. Je ne lui confcille pas même de s'en inftruire par pra- " tique , elle ell: mieux,à Paris que fur un VaifTeau, où vous " même êtes fouvent incommodé quand il y a grofle Mer. " Revenons. Je ne vous dirois pas mon avis fur ces Cartes " que vous venez de m'envoïer, fi je ne vous voiois fort occupé " Kk 15" t. Reflexions ET Remarqjcjes „ à notre armement, Aïez donc bien foin que rien ne nous „ manque, car quand la planche eft tirée il n'eft plus temps „ d'y pourvoir J&: moi je vas avoir foin de vous dire avec la. j, fincerité que vous me connoiffcz, ce que je pcnfe des Car- „ ces de Pieter-Gos, lefquelles , quoique chères, vaudront ^, mieux quand vous faurez les corredions qu'il y faut faire, ,^ Je fuis avec toute l'eftime poi-hblcj Moniieur, votre crèi- j^ humble &:c. A Toulon ce 30. Janvier 1720. Nous comparerons les latitudes &: longitudes de diver$ lieux marquez dans les deux Cartes de Piecer-Gos, qui eft un des Hydrographes des plus eftimez, &:donconfe ferc le plus à la Mer , pour voir quel fonds on peut faire fur ces Car- res , ^ les corrections qu'il yfauc faire pour s'en fervir utile- ment dans le voiagc que nous allons entreprendre par ordre du Confeil de Marine j nous les comparerons , dis-je , avec Jes latitudes ô<: les longitudes réfultantes des obfervations iaftronomiques faites fur les lieux qui fe trouvent rapportées dans le livre de la Connoifîance às^s Temps , où celles qui font les plus siires font marquées d'une Etoile j celles qui le font tin peu moins font marquées d'une Croix. Nous tirerons de ces comparaifons des confcquences utiles pour notre naviga- tion. Commençons par fa Carte des Indes occidentales. Pieter-Gos , comme tous les autres Hollandois ^ établit fon premier méridien au pic de TcncnfFe plus oriental que i'Ifle de Fer, où pafTe notre premier méridien, d'un degré trente minutes félon la Cpnnoiffance des Temps j de forte que la différence des méridiens de Teneriffe à Paris , eft de 1 8 ^. 30^ dont Paris eft plus oriental. Selon Pieter-Gos cette dif- férence eft de igd. 2o^ mais nous n'aurons pas égard à ces 10. minutes de différence, parce qu'elle n'eft pas pour le prefent de grandt conféquence , & que les réductions en fe- ront plus aifées. Nous fuiyrons l'ordre alphabétique dans cz% comparaifons. B.ïonne. P. G. longitude 15^40' o' P.G.lamudc 43J50' o' Conn. des Tems 14 41 if iConn. des Tems 43 29 4j — . =. JrDp Nord zo ïj Trop Orientai o 58 45'^ ÏAITES PENDANT LE VoyAGE DE LA LoUïSlANE. if^ Bourdeaux. * Cap de Bonne-Efperance, P, G. latitude 4^^2.1^ o'^ P. G. latit. Sud 34^40^ o^ Conn.desTems 44 y o Conn. dcsTems 34 ij Trop Nord P. G. longitude Conn. desTems Trop Oriental Breft. P. G. latitude Conn. des Tems Trop Nord P. G. longitude Conn. à^s Tems Trop Oriental Cadix» P. G. latitude Conn. des Tems Trop Nord P. G. longitude Conn. des Tems Trop Oriental Calais. P. G. latitude Conn, des Tems 32. G Trop Sud ^5 id 40 15 ^5 P. G. longitude 38 20 Conn.desTems ^6 1445- I I y o Trop Oriental 5 ly * Cap Verd. 48^30^ P. G. latitude i^^^G'^'q" 48 2,3 Conn.desTems 14 43 7 Trop Sud 48 Il 50 P. G. longitude II 3<î Conn, des Tems 14 Trop Oriental 359 10 3T9 o 20 * Carthagene Amérique, 3 é^ 40' P. g! latitude 10^15^ o^ 3^ 37 Conn.desTems 10 30 30 3 Trop Sud ly 30 1 1 2o P. G. longitude 298 20 10 20 Conn. des Tems 302 40 1 o Trop Occidental 4 20 * Conception Chily, P.G.latit.Sud 3^ la différence efl i ce qui eft contre toute " vrai- femblance. " Il auroit pu ajouter contre toute vérité j car quand on a doublé le Cap ViAoria , qui termine le Détroit de Ma- gellan dans la Mer du Sud, les Naviguateurs courent droit 5111 Nord le long de la côte pour aller à la Conception , au L 1 iij 2,7^ Reflexions et Remar q^u e s lieu qu'il faudroic faire pour le moins le Nord ^ Nord- El\ &: nous avons déjà die ci-deflus que ccttc.côte court Nord & Sud jufqu'à Arica, iqo. Piecer-Gos place la prerqu'Ifle des ïndcs , qui fc termine au Cap Comorin trop à l'Eft ; car Goa èc Surate qui font aux deux extrcmitezjde la côte occidentale de cette prerqulfle, qui gîlTent prcfque Nord -^ Nord-Oucft &: Sud jSud-Efl, &: font par conféquent fous des Méridiens qui ne font pas fort différents , font placez trop à l'Eft, Goa de 7^^. ij^ ô^ Surate de 7^. 30''. ce qui les éloigne vers l'Orient de plus de 140. lieues, de forte que toute cette côte doit être rapprochée d'autant vers rOueft. Pour ce qui eft de la latitude de Surate elle s'accorde à dix minutes près , ainfi la différence eft petite -, celle de Goa eft exadc. On voit par-là qu'il faut rapprocher d'autant les Illes Madives , dont la diftance à la côte de Malabar eft connue , ôc que toutes les Illcs de ce grand Golphe des Indes terminé d'un côté par les côtes d'Affrique &: d'Ara- bie î de l'autre par la côte d'Ormus , lequel n'eft pas fi grand d'environ 1 00 . lieues qu'il eft marqué fur la Carte de Pieter- Gos ; toutes ces Ifles , dis-je , font mal placées pcnir la lon- gitude fur cette Carte : mais pour décider de combien 5 il faudroit y faire des obfervations Aftronomiques , ce qui feroit très-utile aux Navigateurs que ces Ides inquiettenc avec raifon. iio. Par les obfervations faites à Malaca par les Pères Jefuites allans à la Chine , &c comparées avec celles qui fu- rent faites en même-temps à Paris , la longitude de Malaca eft moindre de 4^^. i^^. que Pieter-Gos ne l'a faitjc'eft-à- dire que Malaca eft plus occidental de 8j. lieues j mais comme la longitude du Cap de Comorin eft trop grande de 7^. 1 5^ il s'enfuit que Pieter-Gos étreftit le grand golphe de Bengale , où. font les Ifles de Ceylon , Sumatra , 8£ même Bornes & Java, qui ne font pas dans ce Golphe de trois dcgrez ou 60. lieues ; car fi toutes ces côtes étoient placées proportionnellement fur fa Carte ; il faudroit que Malaca fut 7^. 15^. plus à l'Eft qu'il n'eft réellement j au lieu qu'on ne trouve que 4'^. 15^ 11 ne faut donc pas s'étonner que des Navigateurs aient manqué le Détroit de la Sonde ^ ^ FAITES PENDANT LE VoYAGE DE lA LoUlSlANE. 17Î qn'ils ie foient trouvez plutôt qu'ils ne penfoient fur la côte î alors les courans les ont manié li rudement, qu'ils les ont fait dériver fur Achem. I^". L'erreur de la Carte pour la longitude de Siam eft encore plus conliderable que celle de Malaca ; elle eft de 6'K yo''. dont Pieter-Gos la met trop à l'Eft, c'eft-à-dir^ qu'il faut rapprocher toute cette côte du golphc de Siam éc Pegu, de i^K 35^. plus que la côte de Malaca. Pour ce qui eft de la latitude de Siam, elle ne diffère que de 27. minutes ; aulli eft-il bien plus ailé de trouver la latitude par la hauteur méridienne des Aftres , que la longitude ; mais heureufement les Pères Jefuites François envoiez à Siam , y ont obfervé aulli-bien qu'à Louvo , qui n'en eft qu'à quelques lieues / des Eclipfcs de Lune, &c du premier Satellite de Jupiter , lefquelles comparées avec les obferva- tions faites en même-temps à Paris Se ailleurs , nous ont donné très-precifément la longitude de Siam. 1 3 \ Macao ôc Canton font aufli pofez trop à l'Eft fur la Carte de Pieter-Gos. Le premier de 4^. ïi\ ou 84. lieues 5 Canton de 4''. 46^ ou 5)5. lieues dont il faut les rappro- cher de l'Europe : mais la diftance de Malaca à Macao eft alTez exade fur la Carte de Pieter-Gos j cela paroît en ce que les erreurs en longitude font égales , celle de Malaca étant de 4^. ij^ ôc celle de Macao de 4^. 12^. Pour ce qui eft de Canton , il eft pofé trop oriental par rapport à Macao de 35-. minutes. Cela confte par les oblervations * faites à Canton par les Pères Thomas &: de Fontenay Je- fuites , comparées avec celles qui furent faites à Paris dc à Londres. Ces deux Pères en aïant fait un grand nombre pendant leur féjour à Canton , où le Père de Fontenay ob- ferva Mercure fur le Soleil au commencement de Novem- bre 16^8. Je ne parle point ici des obfcrvations faites par les Pères Jefuites à Pékin ou autres lieux dans les terres de l'Empire de la Chine, parce que Pieter-Gos, avec rai= fon , ne les a pas marquez fur fa Carte. 14'^. Malaca eft pofé trop Nord de i8^ Macao trop Sud de 41'. mais l'erreut de Canton eft exceffive. Il y eft pofé l^. 51^ trop Nord i heureufement les gros Vaifteaux ne vont pas jufqu à Canton ; mais tout cela fait voir qu'ua Pilote G^uivaà la Chine ^ doit être attentif pour la latitude 2-7^ Reflexions et Remarq^tjes & longitude de ces côtes, qui font fi mal placées fui* cette Carte , qui eft pourtant une des plus eftimées &: des plus en ufage lyc^. Refle à examiner la pofition de Manile, Capitale des Philippines. Cette ville ell feulement placée de dix mi- nutes trop Nord; mais l'erreur en longitude eft de 3'.4o^ dont Pietcr-Gos la fait trop orientale, ou 71. lieues ^ dont il faut la rapprocher d'Europe ; de comme on connoît afl'ez exa6lement la pofition des autres Ides Philippines par rap- port à rifle de Luçon dont Manile eft la Capitale,, on peut être afllué que toutes ces Ifles font trop à l'Eftde plus de trois dcgrez , &: prendre des mefurcs là-deiTus pour les aterragcs. Il s'en faut donc beaucoup que les Cartes de Pieter-Gos, &C par confcqucnt celles de Van-Kulen , dont Pieter-Gos a pris la plupart des pofitions , ( les Hydrographes fe conten- tant fouvent de fe copier les uns les autres , ) loient aufïi correctes qu'il le faudroit. Pour y parvenir il faudroit faire des obfervations fur les côtes où on n'en a pas fait encore. Il faut pour cela que les Princes èc leurs Miniftres aient du goût pour la navigation, &: qu'ils ne plaignent pas la dépenfe. Tel étoit le feu Roi Louis le Grand, qui a en- voie des Aftronomes dans tous les endroits dont nous ve- nons de faire des comparaifons ; la navigation lui fera éter- nellement redevable du progrès extraordinaire qu'elle a fait fous fon glorieux Règne. REFLEXIONS Sur le mouvement d'un Vaijjeau fur fes cotez» Ans le cours de ce Journal au 24. & 16. Mars pago c). &: II. on a fait quelques reflexions qui peu- vent être utiles pour la navigation ; mais pour ne pas in- terrompre la fuite de ce Journal par une longue digrelîion, on s'efl; abftenu d'apporter des preuves Géométriques de ce qu'on avance dans c^^ reflexions , bc elles ont été courtes. On en a ufé de même fur les vents &: la variation ; il eft donc à propos de traiter à prefent plus en détail une ma- tière FAITES I^ENDANT LE VoYAGE DE LA LoUlSlANE. 273 ti^i\: ilir laquelle il importe aux gens de Mer de faire ré- flexion pour l'avantage de la Marnie. On tachera de le faire clairement. Nous difons qu'un Vaiflcau porte bien la voile, lorfque lèvent, qu'on fuppofe ne pas venir de l'arriére, donnant fur la voile ne le fait point pancher fur le côté , en forte quj le mât relie perpendiculaire à l'horifon malgré rciforc du vent. Cela fe doit entendre quand il n'y a pas grofïe Mer î car on conçoit aifément que la houle ou le flot doic faire coucher le Vaifleau tantôt à tribord, tantôt à bas- bord ; &: ce mouvement s'appelle le roulis. Il y a donc deux chofes à confiderer ici, l'effort du vent fur la voile &: fur le mât, &: la refiftance de la Mer ou l'effort qu'elle fait contre le mouvement du Vaiffeau fur le côté. La figui/e du Vaiffcau contribue fort à ces deux chofes , ainii que la longueur des mâts &: le poids du Vaiffeau. Je m'attacherai ici à ce qui arrive au Vaiffeau en état de fe coucher par l'effort du vent fur le grand mât, & fur le grand mât de hune, fans confiderer l'effort du vent fjr les ^autres mâts, qui ne diffère qu'en ce qu'étant moins longs, cet effort n'a pas tant d'effet. Pour cela je confidere le grand mâts comme un levier , dont le mouvement fe fait au tour d'un point que j'appelle centre du mouvement , ou centre de la iigure du Vaifleau. Des puiffances qui agiffent fur ce levier, l'une eft le vent fouflant contre la voile , à quoi il faut joindre le poids des mâts, des vergues, des voiles &c des cordages ; &: pour traiter ceci géométriquement , je eonf dererai toutes œs chofçs comme réunies en un certain point de ce levier ; comme fi lui feul étoit chargé de l'effort du vent, du poids des mâts, des vergues^ des cordages Se des voiles. Je regarderai le centre du mouvement comme le point d'appui fur lequel agiffent les deux puiffances , ou fur le- quel les deux puiffances oppofées feroient équilibre , fi cha- cune à ion tour ne l'emportoit fur fon antagonifte. L'autre puiffance eft le poids de la partie du Vaiffeau &: de tout ce qu'il contient dans la partie du levier qui eft depuis le centre du mouvement en allant vers la quille. Comme ce poids a un centre de pefanteur , il doit necef- fairen^ent être dans un des points de ce levier i &c ce poinc M m eiÀ '-re ï 2,74 Reflexions et Remarqjtes chargé de touc ce poids peuc être regardé comme Tautre puifTaiice , .oppofée à ia première , qui agir fur le même point d'appui que j'ai dit être le centre eu mouvemcnto Le R. P. Hofte Jefuice grand Géomètre, qui fçavoit la Marine &c la conftrudion par fpéculation & par pratique, a donné dans le chapitre fécond de fon excellent Traité de la Théorie de ia conilru^tion des VailTeaux, divcrfes dé- monllracions que je fuppofeiai ici fans les rappeller. De {es principes je vais tirer des conféquericcs qui tendront à la pratique pour la navigation j car puifque c'eft à la Mer , &C fur un VaiiTeau que je travaille fur ces matières, je ne puis rien faire de mieux que de profiter du temps 6c de la vue des mouvcraens des Vaifïeaux , pour donner aux Marins des connoifTinces qui puidcnt leur être utiles. îl fuit des dèmoniirations du P. Hoile, que la force d'un Vaifîeau pour bien porter la voile , fera d'autant plus grande, que le centre du mouvement fera plus élevé au dedus de la flotaifon. La preuve en e(t évidente ; car par-là on allon- ge le bras du levier du côté du centre de pefanteur , S^ on raccourcit du côté où le vent qui elt l'autre puiiTance agit i or les puiiTances font cntr'elles en raifon réciproque de leur diftance au centre du mouvement qui eft le peine d'appui ; donc en allongeant ce bras du levier , la puifTance qui y eft appliquée a plus de force contre le vent agiftant fur le mât , qui ne ia foulevera pas j ainfi le Vaifteau ne panchera pas. Il eft donc inutile de donner au Vaifleau plus de lar- geur dans la vue de lui faire bien porter la voile , à moins qu'en même temps on n'élevé le centre de la figure. Cela fuit de ce qu'on vient de prouver -, d'autant plus qu'on ne doit pas croire que le VaifTeau bien conftruit fe couche jufqu'à ce quil ait trouvé fon fort, ou le plan qui pafTe par fa plus grande largeur. Il fiudroit pour cela qu'il eùc uiiQ mâture exceiTivement longue, &: il feroit en danger de virer. Pour rendre ceci plus fenfible , foit F L. la ligne qui pafte par des points oppofez de la flotaifon du Vaiftéau dans le plan vertical ABFLOD, foit A D la ligne qui pafle par C centre du mouvement parallèle à F L. la ligne B O qui paffe par la plus grande largeur du Vaifleau fera la ligne FAITES PENDANT LE VOYAGE DE LA LoUlSlANE. l-^^ de fon fore , qui ne doit être élevée au-defTus de celle de la flotaifon F L que de deux pieds , puifque le Vaifleau ne fe couche jamais cane , que l'eau monte deux pieds au-dcflus de la ftotaifon ordinaire. Or de ce qu'on vient de prouver ci-deflbs, il fuit que plus on élèvera la ligne A CD du centre du mouvement, mieuxle Vaifleau portera !a voile. Cependant pour donner plus de jour à cette Démonf- Figure i. tration , foit F L la ligne de la flotaifon -, qui pafle par C centre du mouvement, & G le centre de pefanteur. Si on fait incliner le Vaifleau en forte que le centre G ne fe trouve plus dans la ligne à plomb A C G, mais dans le point D de quelque ligne inclinée H C D, il cil clair que lorfque le vent aura fait pancher le Vaiflfeau par la licrne H C , à caufe de l'équilibre qui doit être entre les deux puiflances, le centre de pefanteur retournera du point D au point G par l'arc D G , &: que la ligne H C B fera in- finiment proche de ACG, quand l'angle G C D &: l'arc G D feront infiniment petits. Il cil donc impoflible qu'il y ait d'autre centre C, qui foit le centre de la figure ou du mouvement. Car foit quelqu'autre point B qu'on fup- pofe être le centre du mouvement : donc puifque le centre de pefanteur G décrit un arc, il faudra qu'étant monté en D , il ne revienne pas en G , puifque B D ne peut être égale à B G , mais en quelque point plus proche de C , ce qui eft contre la fuppofition, ôc feroic remonter le cen- tre de pefanteur contre la propriété des corps pefants. Le VaiflTeau ne peut donc fe relever que par un mouvement dont le centre foit au point C. Si le Vaifleau écoit fpherique, &: qu'il n'eut pas de mât, le liquide dans lequel il nage ne lui feroic aucune refiflancej ni quand il fe couche, ni quand il fe relevé , parce qu'au- cune des parties du liquide ne feroit déplacée par le mou- vement du Vaifleau ; ainfî il ne feroit que rouler fort vite Se rudement. Et c'efl: fans doute pour cela que lorfqu'un Vaifleau a démâté il roule furieufemenc , Ôc efl: en grand danger de virer ; fur-tout fi fon gabari approche de la figure circulaire, n'y aianc plus de puiflance qui fafle équilibre avec celle du centre G. Mais comme un Vaifl'eau pour être bon ne doit pas être fpherique , en fe redreflant il doit neceflairement déplacer Mm ij t'/6 Reflexions et Remar qJ: e s l'eau qui renvironne i car la partie D du Vai fléau ne fçan- roic revenir en G , ou le point M ne peut revenir en N , fans déplacer l'eau qui eiï entre les points M &: N j &: comme il a de la peine à la déplacer, de-là vient que le roulis eft lent, &: d'autant plus lent que le Vaifleau paria figure aura plus de peine à la déplacer ; car enfin fi la puif^ fance G ne Temportoit pas à la fin fijr la puillance du vent appliquée au mat, Se fi elle ne rcvcnoit au point G de la verticale B G , il faudroit que le VaifTeau virât, ce qui ar- riveroit fi l'arrimage du Vaifieau fe dérangeoit, ou fi les canons de la batterie du côté de D , où le centre de pe- fanteur a été élevé venoient à {c détacher; car alors le cen- tre de pefanteur changeroit de place : c'eft pourquoi on a grand ibin de bien amarrer les canons des batteries. Figure j. Il efl; donc clair que fi le point G centre du niouvemcnc eft plus élevé. Se que le VaifTeau s'incline de quelqu'an- gle , le point G s'éloignera plus du point D, où on peut ilippofer que le centre de peCanteur eft defcendu , que fi le centre du mouvement étoit dans quelque point plus bas A plus proche de D, car l'arc G D eft bien plus grand que l'arc E D, qui exprime le mouvement du Vaifléau dont le centre eft A , ôs: l'arc G D le mouvement du Vaifieau dont le centre eft C, Cet arc G D étant plus grand , il s'enfiiit que la partie O D du VaifTeau déplacera plus d'eau que la partie E Dj ainfi le Vaifieau roulera plus lentement, refiftera plus au vent, &C Ton mit fera droit quand le rou- lis aura pafié , parce que le point G Te trouvera dans la verticale G D , malgré l'efFort du vent , jufi^u'à ce que la partie oppofée de la même houle qui l'avoit fait coucher, ôc fur laquelle il eft , le fafl'e rouler de l'autre côté ; car le vent ne peut faire carguer ou pancher le Vaifieau du côté d'où il foufle , mais feulement du côté oppofé. Or les Vaifieaux qui ne portent pas bien la voile, ne font pas droits quand ils font au haut de la houle, lorfqu'ils courent vent largue , &c moins encore lorfqulls vont au plus près. Leurs mâts s'inclinent ou carguent du côté op- l'i>ure t. poTcàceluidu vent; à caufe que le point C étant trop près de G , la puifiance G ne peut faire équilibre avec la puif- fànce H. On. a vu des Frégates, qui, étant obligées de fe battre au vent ^ avaient peine d'avancer leur canon en bâU FAITES PENDANT LE VoYAGE DE LA LoillSlANE. I77 terie , &: donc le recul ctoic violcnc quand il tiroir. Si elles fe bactoienc fous le vent, leur batterie étoic noïéCj le VaifTeau carguant de ce côté-là-, ainfi elle devcnoit inutile, ou mettoic la Frégate en danger de couler à fond. Il eft donc évident que plus le centre C du mouvement efl élevé, plus les parties inférieures du VaifTeau trouvent de refiftance quand il fe couche ou quand il fe redrcfTc , &: moins les parties fuperieures en trouvent. Ce qui eft aife à cancevoir par tout ce qu'on a dit ci-devant ; car les par- ties fuperieures du VaifTeau ne trouvent que de l'air , dont la refiftance eft bien moindre que celle de Teau , qui eft un milieu bien plus difficile à déplacer parce qu'il eft plus épais. De forte que plus on élevé le centre du mouve- ment, plus le VaifTeau trouve de refiftance dans le mouve- ment par lequel il tend à s'incliner &: à fe redreflcr fur la houle. Ce mouvement fera donc moins rude &: plus lent. Or ç'cft ce qu'on demande encore, outre la qualité de bien porter la voile. Mais il ne s'enfuit pas de-là qu'il faille placer plus bas le centre de pefantour , plutôt que d'élever le centre de la figure pour modérer le roulis d'un Bâtiment fujet à rouler beaucoup. Quelques-uns pour avoir mis plufieurs pièces de canon à fond décale s'^a font mal fort trouvez. Se ont dé- mâté. La Mer donne pour lors de fi terribles fecouffes au corps du VaifTeau , &: il fe tourmente fi fort que ks mâts ne fçauroient tenir. Il faut au contraire élever le centre du mouvement fans faire defcendre le centre de pefanteur. Par ce moïen on retarde le mouvement du VaifTeau , qui fe fait par déplus grands arcs de cercle, en déplaçant plus d eau» Se on augmente la force de la puifTance ou du centre de pefanteur, qui balance celle des mâts, vergues, cordages êc voiles fur lefquelles le vent agit. On m*obj<5â:era que nous fommes tombez dans ce cas, " même dans ce volage , aïant fait mettre au fond de cale quelques pièces de canon &: aftlits de la batterie bafTe dans ce mois d'Odobre. Mais bien au contraire , comme nous avions déchargé beaucoup de vivres à la Louifîane, & que nous n'avions pu mettre en place que du fable, qui pefc peu, 6<: occupe beaucoup de place , le centre de pefanteur jde nôtre Vaiffeau s'ccoit approché du centre du mouvement ; Mm iij 2,78 Re FLEXIO NS ET Rem AR QJTE& ainfi pour l'éloigner , nous avons mis à fond de cale un «^rand poids qui étoit trop voifm du centre de la figure , S>c par-là abaiiré le centre de pefanteur qui étoit monté trop haut. ' De tout ceci il fuit que fi un VaifTeau déjà fait a le cen- tre de la figure, ou du mouvement trop près de la ligne de la flotaiion , il faudra pour le faire mieux porter la voi- le & duiiinuer le roulis ^ retrancher de la longueur des deux îigiire 1, grands mâts , pour mettre, autant qu'il fe pourra la puif- faiiee G lorfqu'elle fera montée en D , en état de faire équi- libre avec le bras C H du levier fur lequel agit le vent au point H, pour que la ligne HCD revienne fur A C G. On voit donc bien que fi on fait les mât§ trop longs ^ on augmente beaucoup la puifiTance du vent fur le mât, &c que par conféquent le Vaifleau roulera plus & plus promp- tement , ce qui l'expofe à démâter, &: qu'il ne fe relèvera pas fi aifément. Aulli avons nous vii quelquefois des Vai{- féaux qui avoient peine à fe relever , & que la houle man- geoit, ce qui efl bien dangereux. Pour lors on cft quel» quefois obligé de larguer tout-à-fait les écoutes , ou de les couper fi on n'en a pas le temps. Si on ne le fait, il faut que le mât fe rompe , ou que le vent défonce la voile , ce qui eft le moindre malheur j ou que le Vaifleau vire. Je fçai bien que dès que le vent eft un peu frais , on amené les mâts de perroquet pour ne pas démâter par le moïen d'un fi long levier : je fçai auiTi que quand le vent fraichit encore, on amené les'vergues &c même les mâts de hune j mais malgré toutes ces manœuvres , un Vaifleau qui a ks deux grands mâts trop longs, court toujours de grands rifques , &: tombe dans les inconveniens qu'on vient de dé- montrer. Si le Roïal- Louis n'eut pas été un excellent Vaifleau pour porter la voile, n'auroit-il pas couru rifque de fe perdre dans le golphc de Speflia ? puifque pour le tirer d'aiîaire 5 il fallut hifler les huniers après y avoir pris un ris avec un temps où les autres Vaifleaux de l'armée étoicnt à la cape^, tant il étoit mauvais. Heureux d'avoir eu de bons mâts Se de bons haubans. Sans cette manœuvre, & files mâts n'a- voient pas tenu, il n'auroit jamais pu fe tirer de cette côte fuï laquelle il fe trouvoit afialé. FAITES PENDANT LE VoYAGE DE lA LOUISIANE.. 17^ On dira peut-être qu'en diminuant la mâture, les voiles étant plus petites ne prennent plus afTcz de vent ; mais on a déjà répondu à cette objedion pag. i6. du Journal. De beau temps' on a des voiles de rcfte. De gros temps la grand voile n'eft que trop grande , foit qu'on aille au plus près, foit qu'on mette à la cape. Au contraire on en dérivera moins , èc on fe foutiendra mieux contre la houle. Le Vaif- feau le Content étoit un très-bon voilier, &c portoit bien la voile avec moins de mâture èc d'envergure. On voulue lui donner dans la fuite de plus grands mâts & plus d'en- vergure i il n'alla plus fi bien , &: il rouioit plus rudemenc par les raifons qu'on a donné ci-deflus. On fait auffi communément les haubans Se les autres ma- noeuvres des mâts fuperieurs trop greffes , Se on pourroic les diminuer d'un quart ; ce qui va à plufieurs quintaux plus ou moins, fuivant le rang des Vaiflbaux. Or plufieurs qum- taux à ces mars fuperieurs augmentent fort la puiffance ap- pliquée fur ces leviers, iefquels, comme difent les Marias, appellent de loin. De forte que quand le VaifTeau eft incli- né , le vent appliqué fur des mâts fi longs , fur des voiles &: des cordages fi pefans, augmente étrangement fa force , foit pour faire pancher le Vaiffeau, foit pour l'empêcher de fe relever. On pourroit donc fe fervir d un chanvre plus fin , &: emploïer tout le meilleur pour les manœuvres , foit dormantes , foie courantes des mâts de hune & de. perro- quet , & faire ces cordages moins gros. On me dira que les Mâteiirs &: les Cordiers ont leurs proportions marquées dans des Tarifs : mais c'eft à la Géo- métrie de redreflèr ces proportions , auxquelles il ne faut pas moins d'attention qu'à celles qu'on obferve pour la conftrudion du corps du Vaiffeau. Il faut d'autant plus rcdreffer qq% régies, qu'elles font établies fur les propor- tions du corps d'anciens Vaiffeaux, qui n étoient pas fi par- faits que ceux qu'on conftruit aujourd'hui ; l'expérience mé- chanique qu'on peut avoir fur quelques Vaineaux faits il y a trente ans , ne peut fervir de preuve pour les mâts &: cordages de ceux qu'on fait à prefent : c'eft comme fi on a'avoit qu'une felle pour toute forte de chevaux. Dieu nous a fait la grâce de n'avoir pas befoin du mât 4e hune que nous avons fait à l'Ifle DauphinejCn place i8o Reflexions et Remarqj^ss de celui que la foudre nous fcia dans le Golphc du Mexi- que ; car écanc d'un bois trcs-pcfant, comme je l'ai die dans le Journal , je fuis perfuadé que f\ nous euflions été dans la necclîicé de nous en Terviu ; par Ion grand poids il nous au- roic fait étrangement rouler, ôc dans un gros teiTKps nous aurions couru rifque de démâter. Le bois le plus fin &; le plus léger cft celui qu'il faut emplo'ier pour les mâts de hune ôc de perroquet. La trop grande longueur des mâts ne contribue à un plus grand tangage du VaifTeau, qu'autant que le tangage ell pour l'ordinaire lie avec le roulis. Car la figure du Vaif- feau de l'avant à l'arriére étant fort diflcrente de celle qu'il a par fes cotez. Les mâts ne font pas fonction de levier en ce fens-là, ne confiderant précifcment que le tangage. Et la diredion des deux puillances ne porte le VaifTeau à tan- guer que quand il va vent arrière j auili c'eft pour lors qu'il tangue davantage : mais comme pour l'ordinaire en tan- guant, le VaifTeau roule, fur-tout quand le vent cft largue ou au plus près 5 alors la longueur excc/Tive àcs mâts aug- mente le tangage, en ce qu'ils aident, fur-tout le mac de mifene, à déplacer plus vite l'eau dans laquelle l'avant du Vaifleau fe plonge ; mais auffi ils contribuent à ce que le Vaifïcau fe relevé plus lentement , ce qui rend le tangage plus doux , fur-tout quand la lame eft longue. La voile d'autre part foutient extrêmement le VaifTeau; car la direction du vent fur la voile tend toujours à l'éle- ver en le poufïant de l'avant. Ainfielle diminue le tangage &: aide fort à fiire relever le Bâtiment , qui fcroit gour- mande par la Mer s'il n'avoir pas de voile, AufTi le roulis &: le tangage font bien plus rudes &; plus forts à l'ancre que fous voile , quand il y a grolTe Mer : de forte que la voile dédommage bien l'avant du poids dont elle le charge : mais, fi cette voile eft trop grande, le mât court rifque de fe rompre dans un gros tems, ô^ fait faire un violent ef- fort au corps du Bâtiment que la force du vent fur la voile engage dans la houle, &: fait tanguer beaucoup. Pour obviera cet inconvénient on prend un ris générale- ment à toutes les voiles,ain{i on donne moins de prife au vent. Quelquefois ferrant toutes les autres voiles , on fe contente de la voile d'artimon avec un ris pris , pour que le Vaifïèau venant FAITES PENDANT LE VoYAGE DE LA LoUlSIANE. iSl venanc mieux au veut foit moins expofé à la. houle, qu'il tangue &: roule moins, &: refiftc plus à la fougue du vcnc &c à la fLireur de la Mer. Mais ce qui contribue le plus à diminuer le tangage du Vaillcau &c à le rendre plus doux , c'cll la grollcur &c ron- deur de la proue , à caufe qu'en sVnfonçant elle doit dé- placer une plus grande quantité d'eau , qu'elle ne feroic ii elle étoit maigre, & par-là l'eau lui fait plus de rcfiilance. De môme l'eau frappant une plus grande furfacc de la proue , lorfqu'elle n'eit pas maigre , la tait relever plus vite ôd plus facilement, à moins que le Vaifléau ne fe trouve engagé entre deux houles courtes , alors il tangueroiu davantage , ce qui arrive quelquefois. Ces houles paffées il fe relevé à l'ordinaire. Comme le Touloufe étoit trop maigre de l'avant dans les campagnes qu'il a faites avant celle-ci , il tanguoit beau- coup. Mais en le doublant pour celle-ci^ on Ta élarg-i de quatre pouces à (on avant, c'cft-à-dire , de deux pouces plus à l'avant que par les cotez j c'eft: pourquoi par la rai- ïbn qu'on vient de dire, il tangue moins &: moins rude- ment qu'il ne faifoit , ce qui ne rcmpéchc pas d'être éga- lement bon voilier î car chacun fçaic que ce n'eft pas la rondeur de la proue qui rend un Vaiileau mauvais voilier. Mais comme je n'ai pas entrepris de donner ici un Traité de Conftrucbion , ceux qui voudront en fçavoir la théorie pourront lue le Traité du R. P. Hoftc , où ils trouveront de la plus fine Géométrie. Pour la pratique on ne peut l'apprendre qu'en volant travailler avec des yeux attentifs, &c par les reflexions qu'on fera fur ce qu'on aura vu ; en- core aura-t'on bien à faire par les difhcultez qui fe prefcn- tent fouvent , qui donnent à penfer aux meilleurs Conf- trudcurs. J'ajouterai ici un mot pour éclaircir un fait dont le P. Hofte parle dans le Chapitre que j'ai cité, parce qu'il fcrt de preuve à cette matière. Ce R. P. rapporte ce fait autrement qu'il n'eft arrivé, fans doute parce qu'il a été trompé ; c'eft au fujet du nau- frage du Vaiftcau nommé la Lune. Voici comme me l'a fouvent raconté un des Chirurgiens entretenus de la Ma- rine qui étoit fur ce Vaifteau , &: qui fut allez heureux pour fe fiuvcr. Ce font évenemens qu'on n'oublie jamais. Je penfè Nn ■%%V R ^^ K L E X I O H s E T R E M A R Qji E S qu'il faut avaii: bieu envie de vivre pour faire, comme celui- ci, quarante &: tant de campagnes après avoir debutté par un fi o"rand danger de perdre la vie j car il n'cfperoit pas de parvenir aux honneurs Militaires. Cette penfée paroitra bifarre ; cependant un Capitaine de Vaiffcau homme de condition ÔC de mérite, m'a dit aurrcfois fur le VaifTcau l'Eole , qu'il n'alloit à la Mer que pour vivre. li elt vrai que nul n'y va pour mourir j il y en a pourtant beaucoup, qui , ccffant d'y vivre , ne parviennent pas à la fin propo- Tee. Mais revenons. ^^, Ce Chirurî^icn m'a donc dit que le VàifTeau la Lune revenant de Gigeri chargé de Troupes en J664. S£non en 1678. comme on l'a dit au P. Hoflc , entra dans la rade de Toulon : mais comme la pefte étoit pour lors à Toulon, les Commandants ne pouvant donner des vivres &c des ra- fraîchiffemens à ce Vaiffeau, qu'on vouloir mettre en qua- rantaine, (ans Texpoler à prendre la pefte , lui ordonnèrent d'aller faire fa quarantaine dans la rade des Ifles d'Hieres, .où il feroit fecouru. En attendant de recevoir les ordres fur la quarantaine , on avoit ôté l'étoupe qui avoit fervi pour calfater les ikbords de la batterie bafle^ ôc ouvert les fa- bords pour prendre l'air, à caufe du grand monde qui étoïc entre deux ponts, &: que d'ailleurs le Vailleau étant dans U grande rade ne craignoit plus rien. Ce Vaifïeau partit donc par un vent affez frais de Sud- Oueft 5 pour entrer par la paile du Langoùtier dans la rade des lues d'Hieres. Quand il fut par le travers du Cap d'Efcampe-Bariou , il trouva une grofle Mer &: bien du vent. On abatit les matelets des fabords ; mais il s'en faU loit beaucoup qu'ils fermaient l'ouverture des fabords i en forte qu'à plufieurs on y auroit pii paffcr le point. Le Vaif- feau couché fur le côté par le vent frais &c la grode Mer^ qui eft toujours rude èc patouilleufe vers ce Cap , ne pou» vant fe relever^ prit tout à coup tant d'eau par ces ouver- tures, qu'il coula à fond dans très-peu de temps, & que de mille hommes qu'il y avoit fur le Vaifïeau, il ne s'en fauva pas quarante, dont le Chirurgien en fut un. Il paffa par un fabord au vent, & étant jeune &: vigoureux, il fe ma d'affaire à la nage. Ainfi le Vaiiïeau ne périt pas par fy fccpnde batterie ^ comme on l'a die au P. Hofte. ÏAÏTES PENDANT LE VoVAGE DE LA LOtllSlANE. lg| Il e(t pourtant vrai qu'il n'auroit pas péri s'il eut bien porté la voile , parce qu'il fe feroit relevé bien- tôt pour fe coucher lentement fur l'autre côté , qui n'auroit pas pris de l'eau par les fabords, le Vaifïcau ne panchant jamais il fort du côté du vent que fous le vent j de forte qu'avant que de remplir fon entre-pont d'eau, il auroit eu le temps de gagner la paflc du Langoûtier , dont il étoitvoifin, où il n'auroit plus trouvé de Mer. Le pis qui lui fut arrivé, auroit été de s'échouer près de l'Ifle de Pourqueroles où tout le monde uuroit pu fe fauver. REFLEXIONS Sur le mouvement d'un Vaïffeau produit par le Gouvernail, COmme j'ai parlé aflez fuccintement dans le cours de ce Journal de ce qui pouvoit regarder le mouvement du gouvernail &: de l'eau qui court le long du Vaifléau , qui fert à le faire gouverner , il femble que ma profeflion m'en- gage à expliquer plus en détail une matière où la Géomé- trie &: la Phyfique ont beaucoup de part. C'eft pourquoi je vais fatisfaire le plus clairement que je pourrai à ce qu'on pourroit exiger de moi. On dit qu'un VailTeau gouverne lorfqu'il eft fenfible an mouvement du gouvernail , ou , ce qui eft le même , qu'il tourne aifément au tour d'un certain point par un mou- vement horifontal ; ce qui eft fort important pour conduire un Vaifteau à la Mer. Celui qui ne gouverne pas peut être comparé à un cheval qui n'a point de bouche , qui ne fen- tant ni mords ni frein, ne peut qu'expofer celui qui le monte à de très-grands dangers. De même un Vailïeau peu fenfible au gouvernail ne fçauroit fuivre fa route , tenir le vent, arriver, venir au lof quand il faut, fe tenir en ligne dans une armée : il va par élans , fatigue les Pilotes & Ti- moniers ; enfin il expofe à de grands périls ceux qui le mon- tent. Le R. P. Hofte a démontré Ch. j, Liv, i. de la Théo- rie de la conftruftion des Vai fléaux. lo. Que le contour convexe d'un Vaifléau ne diminué point l'eiïbrt de l'eaii Nn ij 2,^4 Réflexions et R e m a r qjj e s concrc le gouvernail , fiinpolant que le Vaiiîcau aie du mou- vement. 'L'\ Il a donné dans les §. z. & 3 . les règles du mou- vement du VaifTeau au tour d'un point fur lequel il doit venir au vent, ou arriver. Il détermine enfin dans la pro- pofition 12 y. quel changement peuvent apporter aux rè- gles qu'il a données, les difîerentes figures du VaifTeau. De {es principes, qu'il a donné affcz brièvement, je vais tirer des conféquences convenables au fujet prefcnt. La première conTéqucnce qui fuit de ces principes, c'cll qu'un Vaifl'eau doit tourner autour de fon fort, ou de fa plus grande largeur -, foit qu'il y foit déterminé par le gou- vernail ou par la voile d'artimon pour le faire venir au vent ; foit qu'il foit déterminé à ce mouvement par les voiles de l'avant, dc par une pofition contraire du gouvernail pour le faire arriver. Ce n'eit pas qu'un Vaifieau ait toujours be- foin de l'artimon pour venir au vent, de la mifene pour arriver : on veut feulement indiquer ici les caufes de ce mouvement de pirouette ; car le plus fouvcnt le gouvernail feul fufiit pour ces deux mouvemens : mais lorfqu'un Vaif- feau clt difficile à venir au vent par le gouvernail , on borde l'artimon pour l'aidet, comme on eft obligé de faire fervir la mifcne quand il cfl; dur à arriver. Or on conçoit aifement que la difficulté que le Vaifteau peut avoir à faire ces deux mouvemens , vient de la peine qu'il peut avoir à déplacer l'eau qui fe trouve à fes cotez ; c'cll pourquoi, s'il étoit de la figure d'une demi fphere , il n'auroit aucune peine à gouverner , puifqu'il ne dépla- ccroit point d'eau en tQurnant autour de fon axe , à l'ex- trémité duquel feroit fon point d'appui, C'eft donc la lon- gueur du Vailîeau qui lui rend difficile ce mouvement ho- rifontal , &C il aura d'autant plus de peine à déplacer l'eau qui eft à [es cotez, qu'il aura p'us de longueur j ce qu'il faut remarquer. Il paroît que le Vaififeau devroit tourner plutôt autour du milieu de la quille que de quelqu'autre point , puifque cçO; fur ce point qu"il dcvroir avoir moins de difficulté à tourner, aïant moins d'eau à déplacer, &: deux fois moins que s'il tournoit par une de fes extrémitez ; mais la figure qu'on donne au Vaiffieau , groiîe en avant & maigre en ar- ^^erCj change le lieu de ce point, TAITES fENDANT LE VoYAGE DE LA LoiHSlANE, 1^ ^ S'il n'y avoic que la quille du Vaifï'eau qui plongeât dans l'eau, laquelle eue un gouvernail à l'une de (es extrémitez, le P. Hollc a démontré que l'eau frappant le gouvernail lors qu'il feroit un angle avec la quille, auroit plus de force pour la faire tourner fur un point à deux tiers en avant , que pour la faire tourner par fou milieu. D'où il fuit que la voile de mifene aura aufii plus de force pour faire tour- ner cette quille à deux tiers en arrière que par fon milieu i il fuit encore de-là, que puifque le Vaifleau tourne autour de fon fort, comme on l'a dit ci-devant, il faudroit met- tre le fort du Vaifl'eau à deux- tiers de la quille en avant , pour e]ue le gouvernail eut plus de force pour le faire tour- ner ; Se qu'il faudroit mettre ce fort à deux tiers en arrière pour que la voile de mifene eût plus de force pour le faire tourner. Il y a donc ici un milieu à garder pour faire gou- verner le Vaiileau , puifqu'on ne peut autrement concilier ces deux chofes. Pour trouver ce milieu , voici les reflexions que je fais. I^. Puifque le VailTeau eft beaucoup plus plongé dans l'eau que de fa quille, qu'il s'y enfonce de plulieurs pieds , que fes divers plans horifontaux , ou Ces diverfes figures con- vexes déplacent plus d'eau à mefure que le Vaifîeau plonge davantage , parce que ces plans deviennent toujours plus convexes; 6c qu'outre cela il prend plus d'eau par l'arriére que par l'avant. Par toutes ces raifons , il eft clair qu'il ne faut pas porter le fort du Vaifîeau, ou le point fur le- quel il doit tourner à deux tiers en avant, parce que le levier depuis, l'arriére jufqu'à ce point fur lequel fe fait le mouvement auroit trop de force, ë>c feroit venir le VaiiTeau toujours au vent. A quoi il feroit encore aidé par la hau- teur de la poupe , laquelle f?rvant de voile contraindroit encore plus le V ai, fléau de venir au vent;ainfi il ne pour- xott arriver. On en a une preuve dans le Journal pag. z. Comme il y, avoit beaucoup de foin fur la dunette de no- ue VaifTeau, &: bien d'autres chofes qu'on n'avoir pu en- core arranger lorfquc nous fortîmes de la rade de Toulon , le Touloufe ne pouvoir arriver quand l'ancre fut- levée , quoiqu'on eut entièrement mis la 'barre à arriver , Sc nous avirioas échoué fi on n'eut fait fcrvir la mifene. ' pu di^a peut être que ce feroit un grand avantage fi le Nu iij %Î6 Réflexions ET Remarc^ues^ Vaiflcau venoic facilement au vent lorfqu'on veut revirer vent devant, ce qui donne quelquefois bien de la peine quand le vent eft foiblc. Cela fcioit bon fi quand on amis le vent fur les voiles , &c qu'on les brailc pour faire arri- ver le Vaiflcau , il obeillbit j mais au contraire il reftcroit toujours le nez au vent èc ne feroit que culer j ainfi il n'cft pas avantageux que le Vaifîeau foit trop ardent à venir au vent. ^p. L'élancement de l'étrave fait que l'avant ne prenant pas tant d'eau , cette partie du Vaiflcau ne trouve pas tant de refiftance de la part de la Mer i de forte que le levier de l'arriére auroit trop de force ; donc pour allonger le le- vier de l'avant, il faut reculer le fort du Vaiflèau un peu plus en arrière. Car li pour empêcher le Vaifl'eau de venir trop aiféaicnt au vent, on s'aviibit de placer les mâts plus en avant, oa augmenteroit beaucoup le tangage du Vaif- fcau. Peut-être cft-il à propos d'avertir que je confidere ici le Vaiflcau divifé en deux parties, La première, qui efl: celle de l'arriére, fe termine au point fur lequel elle agit pour faire mouvoir le Vaiflcau à droit 6c à gauche. La féconde, eommence à ce point ôc finit à l'extrémité de l'avant. C eft; donc fur ce point centre du mouvement que ces deux le- viers fe balancent ; Se je réunis à l'extrémité de chacun de ces leviers tout ce qu'ils peuvent avoir dans toute leur lon- gueur, de forces ou d'obftacles pour agir, ce qui eft tou- jours permis en Géométrie, pour ne pas partager l'efpric &: l'imagination à tant de diverfes caufes partielles ,. qui forment par leur concours la puifl'ance appliquée lur ces le- viers. Par les raifons que nous venons de donner, la plupart des Conftru£teurs divifant la quille portant fur terre en douze parties, égales , prennent lept de ces parties, ou une douzième moins que les deux tiers depuis le talon , ou l'ex- trémité de la quille vers la poupe pour placer la maitrcfle varangue, qui détermine la plus grande largeur, ou le fort du Vaiflèau». Mais comme il peut arriver que les diverfes jfigures ou; plans horifontaux du Vaiflèau pourroicnt faire que les fept douziénaes donnaflcnt un point ou un peu trop en avant , o\a FAITES FENDA-NT LE VoYAGE DE LA LOUISIANE. iSj mi peu trop en arrière , pour que le Navire gouverne bien ; c'eft aux Conftru£teurs à faire réflexion fur cela au retour de la première campagne qu'aura fait le Vaiiïeau. Alors fui- vant qu'on leur aura dit que le Navire aura bien ou mal gouverné, ils remédieront aux autres VaifTeaux qu'ils feront fur les mçnies plans. Car fi le Vaifleau cft trop vif à venir au vent, c'eft une marque que fon fortcft trop de l'avant f s'il a trop de peine à venir au vent, c'eft une marque que fon fort eft trop de l'arriére. Voilà , ce me fèmble , ce qu'on peut dire fur le corps du Vaiftcau en foi , fans confiderer la puiffance qui fert à le faire gouverner. Maintenant peur examiner cette puilîancc 5 ou force qui agit fur le gouvernail qui eft appliqué à l'extrémité du le- vier j cette force n'eft autre que l'eau. Or c'eft une chofe .étonnante qu'un gouvernail dont la Urgeur n'eft que d'un pied &c demi au plus , quoiqu'il ait toute la longueur de i'eftaaibot depuis la Sainte-Barbe, puifl'e produire un effet £i condderable. L'Apôtre -S. Jacques en paroît fuïpris : Ecce Ep.cmh, na'ues cum magnx j^nt , & â vernis validis rniiitntur , cir- J^^' '^- i' .cumferuntur à modico gubernaculo ^ uhi im^etus dirigentis njoluerit, C'eft ce qu'il faut tâcher d'expliquer. Lorfqu'un Vaiftéau eft en calme, quand on dit qu'il ne gouverne pas, on n'entend pas par-là qu'il n'ait pas la puif- fance de gouverner ; mais comme Teau qui eft autour dia Vaifteau n'a pour lors aucun mouvement, elle ne fait au- cune impreifion fur le gouvernail. C'eft donc uniquement l'eau mife en mouvement qui eft la puiftance qui donne iiii gouvernail le mouvement requis pour tourner le Vaif- Ceau à droit ô^ à gauche. Le mouvement que le vent im- ;prime au Vaifleau , fait qu il déplace l'eau qui eft devant lui 5 de-là il s'enfuit que plus f avant du VaiÛeau aura de furface, plus il déplacera d'eau. Les colomnes d'eau dépla- <:é£ en grand nombre , &: par leur poids &: par le mouve- ment qui leur eft imprimé, courront le long des cotez du Vaifleau pour remplir le vuide qu'il laiffe de l'arriére, &: -comme jurqu'au fort du Va'flcau ces colomnes trouvent de nouveaux obftacles, elles augmenteront leur impétuofitéj •étant preflées par les nouvelles parties d'eau que le Vaifleau .^iéplace lujcceflivemcnt par fa proue , à mefure qu'il avance. Mais depuis le fort du Vaifleau ^ coulant le long de fcs 288 Reflexions ET Remarq^U ES cotez, qui par leur figure ne font plus cl'oblhcle à l'impe- tuofité ; d'ailleurs les cotez du Vaifleau étant fort gliflans par les matières vifqueufes dont on les enduit, ces colom- ncs d'eau imprimeront toute leur nripécuoiiié fur la face du gouvernail qu'elles frappent, Ôc cela plus ou moins , fui- vaut que la face s'oppofcra plus ou moins à leur cours; ainfî elles feront tourner le Vailîcau fur le point de fon fort vers la partie oppofce , c'eR-à-dirc , que li elles pouf- fent la face du gouvernail adroite, elles feront tourner la prouë à gauche : li cette face du gouvernail eft pouiîée à gauche, elles feront tourner la proue à droite , en portanc la poupe en la partie oppofee (elon leur direction ; 6c cela pour fe fîire paflage à l'arriére du Vailîcau où il y a moins d'eau, à caufc du vuide qu'y lailT^ le Vailîcau -, car les corps pcfans , liquides ou fluides tendent toujours vers, les lieux les plus bas , èc y coulent autant qu'ils le peuvent. De-là, il s'enfuit que plus le vent agilTant fur les voi- les donnera de Terre ou du mouvement au Vaiffeau , p'us Teau choquée par la provië courra avec rapidité le long de fes cotez. Se le Vaiffeau en gouvernera mieux : c'ell pour- quoi il rie fera pas toujours nccelTaire de pouflbr la barie du gouvernail autant qu'il fe peut pour maintenir le Vaifleau fur l'air de vent requis ; afin que l'eau frappe plus diredc- ment la face du gouvernail, &: qu'elle la frappe en plus grande quantité ; cela tcroit venir le Vaifleau trop au vent , &c i'ex- poferoit à faire chapelle, c'cfl- à-dire, a faire la pirouette fur ie point du fort, qui eft le centre de ce mouvement. C'cfi: pourquoi les Pilotes crient alors aux Timoniers , pas plus ûu 'vent ^ ou Arri've. Si au contraire le gouvernail n'eft pas frappé par une allez grande quantité d'eau , ils ne manquent pas de crier plus près du l'crn , ou au lof , pour marquer aux Timoniers qu'il faut pouffer la barre du gouvernail plus fous le vent, pour que le Vaifleau tienne fa route en venant au vent. Qiie fi la barre étoit à arriver , fouvent le Vaifleau arriveroit trop, fi on poufToic la barre autant qu'il fe peut, par la même raifon. Il fuit encore que 11 l'avant du Vaifleau étoit maigre , ou s'il étoit fait en triangle , comme aux Barques de rivière, comme il auroit moins defurface, il déplaceroit une moin- dre quantité d'eau ; amfi elle n'auroit pas afl'cz d'impétuo- fité FAITES PENDANT LE VoYAGE DE LA LoUlSlANE. ig^ iicé pour faire bien gouverner le Vaifïëau. Aufli eft-on bien revenu dans la Manne de cette erreur , qu'il faut amaigrir la proue des Vaillbaux pour leur faire mieux fendre l'eau. Elle n'eft pas un folide dans lequel il faille que le Vaif- feau agifï'e comme un coin. Le vent communique toujours afTez de force Ô£ de viteflc au Vaiifeau pour déplacer les parties extrêmement mobiles de l'eau qui s'oppofe à Ton chemin, il niroit, ni ne gouverneroit pas li bien com- me on l'a dit. De tous les Poifïbns , ceux qui vont le plus vite à la Mer, & qui fe tournent le plus promprement, font ceux qui font plus ronds de l'avant, ôc dont l'arriére va plus en diminuant ; de forte que pour peu qu'ils pre- fentent à l'eau leur queue & leurs ailerons d'un côté , les voila fur la ligne de l'autre côcé où ils veulent aller. On peut juger par l'mfpeâiion de cette forte de Po liions, de quelle manière les varangues de l'arriére doivent dimi- nuer pour que l'eau coule le plus avantageufemenc qu'il fe pourra afin de rendre le Vaiffeau meilleur voilier, & qu'il gouverne le mieux qu'il fera poilible. Mais je ne m'arrête- -4;ai pas à apporter des preuves de tout ceci-, outre ce que la nature & l'expérience nous en apprennent , on les peut voir dans le premier Chapitre du Livre de la Théorie de la Conftrudion des Vailfeaux. Mais il refte une difficulté qu'i^ faut expliquer à fond, parce que je ne fçache pas qu'on l'ait fait jufqu'à prefènc. Cela fervira aulîi pour déterminer la figure de l'arriére du VaifTeau qui donnera plus d'eau au gouvernail. J'ai eu fou- vent occafion de réfléchir fur ce point, aïant long-temps confideré le mouvement de l'eau qui pafloit fous un pont, & examiné fur Mer l'eau qui vient à l'arriére du Vaif- feau. Soit imaginée la pile A G H B d'un pont contre laquelle Figure 4. l'eau DEF d'une rivière choque, &: fe divifant départ é^ d'autre, elle s'élève félon A G èc H B, &: coule plus rapi- dement par les lignes AC ôc BC, Ôc forme derrière la pile un triangle À G B. On peut appeller ce triangle le re- moux de la pile. Cette eau qui eft renfermée par la pile 8€ les lignes A C & B C , non feulement ne coule pas autant que l'eau qui palTe fous Tarche ; mais preflee par l'eau des colomnes AC-&: BCj qui ont beaucoup plus de virefïe Oo jtVP R £ ^ t^ .X / O ÎJ s E T R E M A R <^U E S que l'ciu qui eft derrière la pile A B, ceile-ci rcite on rc* DOS , &: même remonte plu tôt v rs Ja pile A B. Il eft clair que fi l'eau A D £ F B n: rcnrontroït pas la pile AB , aliaoc toujours ion train, elle n'aug.nenceroit pas fon impccuolicé i ma!s comme elle it obligée de: couler par les lignes obliques A ^ .&: 3 C , à caun^ qu'elle eft repouC- fée parla pile qu' -jH ui» om-e<; mât , donc la mèche doit être un prifme pentagone. Sur pp 2,9S Reflexions et RemarqJ^es ce ràion AB foit décric un cercle B C L M , on divifera. le périmètre en cinq parcics. Soie B C un côté du pcnra- oonc divifé en deux parties égales au poiuF. De ce poinc F foie tirée la ligne F A. Du point B &: de l'intervalle B D, égal au raïon donné des jumCiles , foit faiû un arc qui cou- pe la ligne A F au point D. Par ce point D foit menée D E parallèle à F B ; on aura A E pour raion de la mèche qu'on demandoic , déterminé par l'mterfcdion des lignes D £ &: AB. ^ :^ :>.:'■! -^^i.'» : ! '-T- '^■'- PROPOSITION SIXIE-'ME. PROBLEME. Déterminer le raïon des jumelles , le raïon du mat , & celui de la mèche fecnagone étant donnez.. Figure ?. Conftruoiion. Tout étant comme dans la propofition cin- quième , après avoir tiré la ligne FA. Par l'extrémité du raïon AE, qui eft donné, foit tirée ED parallèle à B F. La lio-ne B D tirée du point B au point où E D coupe la lic^ne F A , fera le raion des jumelles qu'on demandoit. PROPOSITION SEPTIE^ME. PROBLEME. Déterminer le raïon du mat , le raïon de la mèche pentagone, (^ celui des jumelles étant donnez.-, fleure 5. Conftruciion, Soie A E le raïon donné de la mèche , ô^ B D le raïon des jumelles aufll donné. Soit décrit le cer- cle G N E fur le raïon de la mèche. Soit G E un côté du pentagone. Soit prolongée la ligne A E indéfiniment. Soit divifé le côté GE en deux parties égales au point D. De ce poinc comme centre , bc de l'intervalle B D du riïon des jumelles , foit tracé un arc de cercle qui coupe en B ie raion de la mèche prolongé A E B. Je dis que la ligne AB fera le raïon du mât qu'on demandoit. R E M A R Q^U E, La méthode de ces trois propofitions cft la même qu'on aemploïée dans les précédentes -, elle pourra fervir pour quel» que poligonc qu'on fuppofe être la bafe de la méchCj qui gi| toujours un prifmeo FAUTES PENDANT LE VoYAGE. DE LA LoUlSlANE. z^p COROLLAIRE. On voit que plus il y a de cotez, moins il y aura de bois à perdre a. la mèche , mais on aura de la peine à trouver du bois afTcz gros pour la mèche, &c les jumelles devien- droient trop petites , Se par conféquent elles fortificroienc peu la mèche. C'eft pourquoi on tait plutôt la mèche à quatre faces , parce que les jumelles font plus fortes de bois. Il peut pourtant y avoir des occafions où on pourroit fe fervir de ces trois derniers problêmes , (i on n'avoit que peu de gros arbres. Se beaucoup dont le diamètre feroit petit, fuffifant pourtant pour faire des jumelles à la mèche qui feroit de ' plus de quatre faces. On va rendre ces proportions plus générales par l'analyfe. PROPOSITION HUITIE^ME. PROBLEME. Le rapport du raïon d'un mât ait' coté du poligone de U mèche de ce mat étant déterminé , déterminer la proportion du raïon de la mèche, Conjîrucîion. Soit A B le raion du mât ; A E le raïon de la Figure é\ mèche ; B C le raïon des jumelles , comme dans les propofi- tions précédentes : Suppoions la proportion du raïon AB du mât au côté du polygone de la mèche en gênerai comme /? eft à h : foit donc ABizra&AEizzz, qu'il faut déterminer. Puifque par Thypotefe le raïon du mât A B ru a , ell au côté du polygone de la mèche , comme ^ efl: à ^ : donc nous aurons C E moitié du côté du polygone nz — , & par conféquent dans le triangle rcdancrle C AE, l'autre côté CArz Vz z — i—- mais à caufe des triangles femblables ACE, & ACD , nous aurons AE : CE :: CA : CD i ou en termes analytiques 2 : ^ :: Vzz'^Lil! : CD r= Vi^lLH-JLlÏL^ On aura la 4aa 4aa i6a* donc aulli la valeur de AD=r , zz — Itl^ -t- \ll^\ ou en tirant z a a 1 6 a * la racine AD:=:z — ^1 De-làil s'enfuit que DBz=:a — z-t-^, 4 a a 4^a &:quarrant DB on aura la quantité aa-— laz-^ ^ — bbzz _^^^ laa Ppi; «00 Reflex:ïonsetRemak q^u e s ^2j_J_ ; Si à DB on ajoute le quarrc de CD r=''^^"-+^*^' , on aura Icxi^uarrc de riiypothenufeCBiziaa — laz-^l^ — îil^-t-zz. 43.1 pour la quantité des raïons des jumelles. Mais il eil clair que le quarrc des raions des jumelles multiplié par la moitié du nombre des cotez du polygone , qui fert de bafe à la mèche, peut exprimer le bois emploie aux jumelles. Comme le quat- re du raïon delà mçche peut exprimer le bois de ia mèche , parce que cq,s deux quantitez doivent être multipliées par une même quantité qui ait la longueur du mât • donc en a Kc fi- faifant la moitié des cotez du polygone ziz: d , on aura cet- gnifie feint x.Q quantité -cy pour exprimer tout le bois qui compofe le .ciumnfi- i^^i.daa-^idaz-+^^''b^-^'^^'-^^^-^dzz-i-zz. minent pi- **■«"•»<«-*«*"• ^ « i. ^ — _____ ___ cj^pasque- Or fi on multiplie cette quantité par quelque nombre que Jiio}}. ce foit , elle obfervera toujours la même proportion ; à caufe que les équimultiples font comme les {impies : il s'enfuit que Iç nouveau produit exprimera encore la quantité du bois em- ploiée au mat : iiiultiplions - la donc par 4 a a , on aura ^da"^ — Sda'z -h- ladbbz — dbbzz -^ 4aadzz -t- 4aazz pour la quantité du bois. Maintenant puifque Ton fuppofe que le raïon AE rr z eft ]e plus petit que puilTe avoir la mèche fans rafFoiblir,on pour- ra former cette équation 4da'^ — Sda'z — 8da*y -h ladbbz -Madbby — -dbbzz — dbbzy -^ 4aadzz -+ Saadzy -f 4aazz -f 8aazyz=4da^ — 8da - z-4- ladbbz — dbbzz-f 4aadzz-f 4aazz, Otant des membres de cette équation tout ce qui eil commun; paffant la quantité z d'un côté pour la dégager , &c divifanc tout par 4 , on aura cette nouvelle équation 4aazy — dbbzy H-4aadzy = 4da^y — adbby.Ec divifant tout par 4aay — dbby, ? ---- - 4da' — adbb ■■■ - c — ^ -- ^'c:— j: .■ \ ■ : '-> •■..■ on aura z==^ ^^ — 5 ce qui fournie la valeur du 4aad — dbb—f 4aa r^'ipn de la mèche ^ quel que foit le polygone qui lui fert de t>^fe 5 en épargnant le bois autant qu'il eft poUible ; ce qu'il f^lipiç trouver. COROLLAIRE; Pour appliquer cette réfolurion générale à quelque cas par- ficuiier; iuppofant que la méchc ait quatre cotez 5 c|ui cfl h JATTES TTENDANT LE VoYAGE DE LA LoUlSlANE. yol Cas le plus ordinaire : il fuit de la réfolution de ce Problème , que le raïon de la mèche doit être la moitié du raïon du mât: car^ qui exprime la moitié des-côcez du polygone, fera zz: z , ôi le quarré bb =z laa , parce que h cft l'hypo- thcnufe d'un triangle redangle dont le raïon a eft le côté ; &C fubftituanc ces valeurs dans l'équation précédente , on 4da' — adbb 8a' — 4a * 4a' aura • — --^z -rz iizi^azziz , 4aad — dbb-f4aa Saa — 4aa-H-4aa 8aa ce qu'il falloir trouver. . ... ^ --- REMARQUE PREMIERE. On a donc ici une exprefTion générale qu'on peut appli- quer aux autres polygones dans le befoin. Mais on ne s'ar- rête pas davantage fur ce fujet. La réfolution de ce problê- me peut être utile dans la pratique pour chercher les ar- bres les plus convenables, &c où il y aura le moins de bois à perdre pour faire la mèche & les jumelles du grand mâc, du mat de mifene, 6c du mât de beaupré des Vailleaux de divers rangs. REMARQJJE SECONDE. Pour ce qui eft des vergues du grand mât ÔC du mât de mifene , on ne les fait pas de deux pièces dans toute leur longueur , beaucoup moins les autres ; &c on n'y met des jumelles que dans la necefficé , quand il arrive qu'une ver- gue fe rompt à la Mer. Pour cela on porte des jumelles toutes faites. Mais lorfque les vergues font groffes Se fore longues, comme dans les Vaiilèaux du premier rang, fi on n'a pas de gros arbres afTez longs pour les faire d'une pie- ce, ou parce qu'ils diminuent trop en allant vers le petit bout, on peut les faire de deux pièces égales dans leur lon- gueur. On fait à chaque pièce une longue empature avec les dents neceffaires. Il faut que cette empature ait au moins la moitié de la longueur de chaque bois. On goudronne les joinrs , on les place l'un fur l'autre , puis on arrondit la vergue à la manière ordinaire y Se on les lie enfemble par plufieurs cercles de fer le plus doux , Se par plulieurs bon- nes rpfTctures faites avec les mêmes précautions qu'on ap- |îorçe à celles des mâts j dont on a parlé ci-devant. 5oi Reflexions ET Remarq^tj ES Les vergues doivent être de fapin du Nord, Se du meîî' leur pour qu'elles ne rompent pas ,• car i'eftbrt du vent fut les voiles qui leur font attachées eft très- grand en certai- nes occafions. L'expérience a appris que la meilleure figure qu'on puifTe donner aux vergues eft à fort peu près de deux cônes tronquez, qui ont une bafe commune. Il y auroit fur cela des recherches géométriques à faire , mais comme elles feroient plus curieuies qu'utiles, ôc qu'on n'épargne- roit pas le bois, ni qu'on n'en diminueroit pas le poids^ on s'abftiendra d'entamer ces matières. ÎI en eft de même de la combe qu'on pourroit donner au mât dans fa longueur , pour qu'il fut d'une plus grande force j car dans la pratique cela eft inutile, &c même im- polTible à exécuter , à caufe des cercles de fer dont il faut entourer les mâts , en faifant paflér les plus grands les pre- miers , parce qu'ils doivent être placez plus près de fon gros bout ; il fuffit donc de leur donner une figure coni- que avec les proportions qu'obfervent les Mâteurs , dont on ne parlera pas ici. La force des mâts ne dépend pas de cette figure , à mon avis , mais bien de la grandeur de leur diamètre, & de la bonté du fapin qu'on y emploie. Il ne me paroît pas que de fines démonftrations de Géométrie j, plus fatisfaifantes pour les Sçavans , qu'utiles pour la Ma- rine & pour la conftrudion , doivent occuper l'cfprit des Géomètres deftinez à la Marine. Ils trouveront affcz de quoi 5'occuper fur la conftrudion , la manœuvre ôc la méchani- que des Vaiffeaux, 5c il en reviendra plus d'utilité pour la Marine> Si on fuppofoit , par exemple , que la ccupe verticale du grand mât par fon grand axe , ou de quelqu'autre mât que ce foit y fut un efpace parabolique, Se que l'équation générale n— m m à la parabole fut a xzry. Si on fait faire une demie révolu- tion à cet efpace parabolique , à l'entour d'une ordonnée qui feroit l'axe du mât , on pourroit démontrer par le calcul inté- gral , &: par le chemin que décrit le centre de pefanceur de chacune des paraboles pendant leur rotation , que fi la para-» bole fe réduit à une des cubiques , faifant l'abfcifiTe xrrr raïon» de rotations c:ir circonférence qu'il décric pendant la rota- FAITES PENDANT lE VoYAGE DE LA LoUlSlANE. 30^ don, 6c l'ordonne yz:;br:: l'axe; fuppoûint nz=:^ &:n^z=:i pour 5)cxxy les expofans de l'équation générale , le mât feroit z8r 9crb r3 . Si la parabole eft du quatrième degré , le mât fe- 28 I écxxy I ^crb ra zz Si elle eft du cinquième degré , le mât 4î ^ 45- zjcxxy ijcrb fera ' — z:: — — ^ Enfin fi cette parabole eft du fî- 66ï: 66 3 <3 cxxy 5 5crb xiéme degré , le mât feroit izz Et ainfi du 5> I r 91. refte à l'infini : enforte que le nombre du numérateur de la fra£i:ion fera toujours le quarré de l'expoTant de la puifTance de la parabole , &: le dénominateur un rectangle fait fous le dénominateur du chemin de rotation du centre de pefanteuc par le dénominateur du plan de la parabole qui a produit le iblide par {'a rotation. Cela eft curieux il eft vrai, & fen envoïai les démon f- trations au R. P. Hofte, grand Géomètre &: mon ami par- ticulier , à la fin de l'an 16^9. peu de temps avant fa der- nière maladie ; le voifinage de Marfeille où j'étois , &: de Toulon où il étoit, me donnant occafion de le confulter allez fouvent. Il me répondit que cette figure étoit une des paraboles cubiques , & m'en envoïa deux démonftrations par l'analife ordinaire que je trouvai rrès-belles , quoique longues &: difficiles. Mais à quoi tout cela aboutit-il pour la conftrudion des mâts , après ce que nous venons de dire ? ou pour trouver leur pins grande force, ou à quel point il viendra à rompre, puifque les différentes courbes qu'on peut lui donner ne l'empêcheront pas de rompre , qu'il eft impoflible que le mâc foit également fort par-tout , & que ces courbes n'empêcheront pas feulement qu'il ne rompe im pied plus haut ou un pied plus bas. Il faudroit pouvoir comparer l'effort des vergues , des tfoiles, des cordages, tant de ceux qui favorifent au mât, ^2o4 RefIexions et Remarcjîes, 5^c. que de ceux qui lui nuifent j &c outre cela les difFerent,^ efforts du vent , qui eft quelquefois furieux , mais qui n'eit pas fufceptible de rapports cxads , comme l'exigent les dcî- nionftrations géométriques. Comment faire des hypodiéfes pour tous les dégrez de vîteffe du vent ? Se puis quel eft le Géomètre qui puiile prouver par expérience que le vent fuie ces hypothefes > ou qui étant à la Mer dans le temps d'un vent furieux , s'amui'e à examiner les divers dcgrez de vîtcfîe du vent , lorfque le mât va rompre , 6c qu'une infinité de poulies, 'caps de moutons, menus cordages des mâts fupe^ rieurs , vont tomber fur le pont comme la grêle. On a bien d'autres chofes en tête pour lors î on pcnfe, fi le corps du Vaifleau eft bon , on pciife à avoir des haches prêtes pour couper les haubans , quand le mât fera rompu , afin que flo- tant à la Mer il ne heurte contre le Vaifleau comme un Bellier Se ne le crève. On examine fi on a de l'eau à courre pour ne pas aller fe brifer à la côte -, 3c comment on pourra redrelTer quelque petit mât après la tempête, pour que le VaifTeau o-ouverne &: aille de l'avant ; Se quand on n'efpere plus rien on penfe à fa confcience^ ce qu'il auroit fallut faire plutôt» ^ ' . . x • Cç^. tcj.4. ^\Jb-^ n9 ,~—~ ^ *!yi-'/C-^?<-^*'''il!^.' /•«v*'^* "-liOA. RE?tÉXlOKS ET RëMARCiVES, S^C. que de ceux qui lui nuifent , &c outre cela les différente efforts du vent , qui ell quelquefois furieux , mais qui n'eil pas fufceptible de rapports cxads , comme l'exigent les dé- nionftrations géométriques. Comment faire des hypothéfes pour tous les dégrez de vîteffe du vent > Se puis quel eft le Géomètre qui puiffe prouver par expérience que le vent fiùc ces hypothéfes ? ou qui étant à la Mer dans le temps d'un vent furieux, s'amufe à examiner les divers degrez de vîteiîe du vent, lorfque le mât va rompre, Se qu'une infinité de poulies , caps de moutons , menus cordages des mâts fupe- rieurs , vont tomber fur le pont comme la grêle. On a bien d'autres chofes en tête pour lors j on pcnfe, fi le corps du Vaifleau eft bon , on pciife à avoir des haches prêtes pour couper les haubans , quand le mât fera rompu , afin que flo» tant à la Mer il ne heurte contre le Vaifleau comme un Bellier & ne le crève. On examine fi on a de l'eau à courre 'pour ne pas aller fe brifer à la côte -, ôc comment on pourra redreffer quelque petit mât après la tempête, pour que le Vaiffeau gouverne &: aille de l'avant j & quand on n'efpere plus rien on penfe à fa confcience, ce qu'il auroit failli faire plutôt. r OBSERVATIONS SUR LA REFRACTION. FAITES A MARSEILLE. j^vec des Bjflexions fur ces Ohfervations , ARTICLE PREMIER, Préliminaires necejfaires a l'intelligence de ce fi jet. LA variation continuelle que j'ai obfervée pendant plu- fieurs années dans la baflefTe de l'horifon de la Mer , que )'ai la commodité de voir de mon Obfervatoire, m'a para un fiijet de méditation digne d'un homme appli- qué à 1 Aftronomie. En effet l'augmentation ou la diminu- tion de ia réfraction des raïons de lumière qui tendent à i*ob)et , ou qui en reviennent à l'œil de rObfervateur , étant Il confiderable à l'horifon , il ne fe peut faire qu'il n'y ait aufli de la variation dans la réfraction des raïons par lef- quels on voit les autres objets , quoique plus élevez au-deffus de l'horifon , &; par conféquent les Aflres fuivant qu'ils fe- ront plus ou moins élevez, donneront des hauteurs plus ou moins grandes avec variation , félon que la matière réfrac- tive fera plus ou moins confiderable. La variation fera moin- dre^ il ell vrai , lorfque les Aftres feront plus élevez fur l'ho- rifon 5 mais un Aftronome de ce fiecle , où l'on a porté l'Af- tronomie à un fi haut point de perfedion , doit mettre tout à profit ; ainfi la connolflance qu'il aura de la variation de la réfraûion horifontale dans les objets terreftres , lui fer- vira pour connoître celle qui peut être dans les hauteurs des Aftres qu'il obferve, félon les diverfes conftitutions de l'air qu'il remarquera aux jours auxquels il obfervera i &r A 2, Observations de-là outre l'avantage qui en revient aux autres élemens d'aftronomie, il aura avec plus de précifion la déclinaifon de ces Aftres. Ce fujet cil difficile à traiter , quoiqu'il appartienne à l'optique , la géométrie ne le peut faifir , parce qu'il cft mêlé dotant d 'obfervations phyfiques qui traînent après foi quel- qu incertitude, que ce qui en réiukera n'aura pas l'evidcncc géométrique; mais il ne s'enfuit pas qu'il faille le négliger. Quelles pertes pour la nouvelle phylique fi on eut fuivi de nos jours cette conféquence j Plus un lujct cft difficile , plus il faut s'attacher à le pénétrer. La nature nous cache fes fe- crets, elle veut être preflee & importunée pour nous les découvrir, encore ne le fait-elle qu'avec mefure ; plus on l'approfondira , plus de connoillanccs on en tirera. Une telle conduite obfcrvée dans les fiécles paflcz, nous mettroit au- jourd'hui en état de tirer de fon fcm de nouveaux tréfors que nos neveux ne trouveroient pas épuifez. Sans recourir à d'autres fujets , il n'y a guère que deux fiécles qu'on ne connoiffoit de réfiaélion que dans les mi- lieux groffierement hétérogènes , parce qu'on les voioit: à l'œil ; de-là par analogie on coraprir qu il pouvoir y en avoir dans l'air. On vir enfuite qu'il n'étoïc pas d'une égale den- fité à rhorifon , &c à des hauteurs de 40. degrcz on dérer- mina que la réfraction avoir lieu jufqu'à 45-. degrcz de hau- teur ; Se on en donna des tables qui fe relïcntoienc de la foiblclîe des connoifl'ances acquifes. Monfieur Caffini, qui a poulTe fi loin l'allronomie , dé- couvrit que la réfraétion s'éccndoir jufqu'au zcnith exclufi- vement , il en donna de très-bonnes Tables , dont les Aftro- nomes fe fervent avec utilité & beaucoup d'applaudilîement. On trouve cependant que dans les hauteurs méridiennes des Aftres moins élevez au-delTus de l'horifon , ces Tables auroient encore befoin de quelque correcbion } car quel ou^ vrage eft parfait fur la rerre ? Enfuite on s'eft apperçû que par divers temps & divers vcns ces réfractions n'étoient pas les mêmes , qu'elles aug- mentoicnt ou abbaffoient les hauieurs des Alires de quel- ques fécondes ; de forte qu'on n'avoir point avec le même Inftrument les mêmes hauteurs méridiennes des Eroiles fi- xes , quoique prifcs à des jours fort voifins -, on a rejette $VR LA ReFRACTIOK. ^ ces petites erreurs fur les Inftruments, qui ne pouvoient Te défendre que par leur exaditude , ou à la difFercnte difpo- ficioii de l'œil de rOblervaceur ; mais la différente éléva- tion de riiorifon de la Mer a fait voir qu'il y avoir auiïi d'autres eau Tes de ces variations. Le mêiiie point d'une montagne ou d'une tour, vu avec la lunette du quart de cercle en pofition , ne donne point la même hauteur , lorfqu'il eft regardé en divers temps pen- dant qu'il vente ou qu'il fait calme. La variation de la baflclîe de l'horifon de la Mer n'eft pas jfi grande , lorf- qu on l'obferve d'une montagne élevée , que lorfqu'on la voit d'un lieu plus bas ; les obfervations faites furies mon- tagnes de la Sainte Baume le démontrent, lorfqu'on les compare avec celles qu'on a fait à Marfeille. Quel champ fertile en réflexions i Mais combien d'épines en ce champ ? Ne nous rebutons point , nôtre travail donnera encore à d'autres plus induftrieux , de quoi travailler plus heurcufe- ment. Pour l'ordre , je mettrai d'abord fous les yeux, une Table qui renfeniieia les obfervations faites en diverfes années fur les bafleif-s apparentes de l'horifon de la Mer , avec les cir- con fiances que /ai cru neccffaires j d'où je tâcherai de tirer diverfes refli'xions fur ces matières, qui puifïént être de quelqu'utilité , après avoir raconté le fait en peu de mots. Dès l'année 1705. aïant pofé mon quart de cercle fur l'épaifTeur d'un mur, l'aïant bien calé , & apporté toutes les autres précautions dont onufedans l'aftronomie ; (je ne les rapporterai point ici, cela n'étant pas necelïaire pour ceux qui la pratiquent , &: inutile à ceux qui n'en ont pas l'ufa- ge î ) je pointai la lunette de trois pieds qui eft fixe fur le quart de cercle, &: parallèle à la ligne fiducielle, à l'hori- fon de la Mer, en forte que le fil horifontal rafat exade- ment la furface de la Mer , là où elle paroît couper le Ciel. J'obfervai l'angle de la bafTefle de cet horifon le matin avant le lever du Soleil i je l'obfervai à diverfes heures du jour, &: après le coucher du Soleil j quelquefois même je poin- tois la lunette au difque du Soleil, là où il paroiffoit fe plonger dans les eaux de la Mer. A'iant trouvé une pointe d'un rocher le plus Sud de Tlfle de Pommegues, qui s'élevoit tant foitpeu au-defliis de l'ho- A ij ^ Observations rifon de la Mer, qu'il me laifîoit voir de part & d'autre , j'y pointai la lunctce, en forte que le fil hoiifontal qui pafTe par le centre rafoit la Mer des deux cotez du rocher ; j'ai pris la baileffe de l'horifon de la Mer, 6c enfuitc celle du ibmmet de ce rocher plus bas que l'horilon de rObfrrva- toire. Voici ces obfervations telles que je les ai faites à divers temps & à diverfes heures du jour , avec une exadi- tude {crupuleufe, que j'ai portée quelquefois jufqu a l'innui. 3'ai mis dans la première colomne de cette Table, l'an- née ôc les jours du mois auxquels les obfervations ont été faites : dans la féconde , la balTelTe de l'horifon de la Mer obfervée au jour correfpondant : dans la troiliéme, le vent qu'il fciifoit : dans la quatrième, la difpofition de l'air : dans la cinquième, la hauteur du mercure dans le Baromètre fimple. Je n'ai point mis dans la première Table la hauteur de la liqueur dans le Th^rmomecre , pour les raifons qu'on dira ci-après. Ainfi on aura fous les yeux toutes ces obfer- vations en abrégé, S>c il fera plus aile de les confulter pour faire les réflexions convenables. Au mois d'Avril de l'année 1706. on mefura avec exac- titude par deux méthodes différentes, la hauteur de la Sale de rOblèrvacoire. Par les deux diverfes manières de nivel- lement, dont l'une donna 144. pieds 7. pouces, &c l'autre 143. pieds 6. pouces, la hauceur du cercle comprife, on détermina en prenant un milieu cette élévation au-deflus de la furface de la Mer, de 144. pieds ou 24 toifcs. Si on fait le finus total ou le raion de zooooooo , la fecante 10000144. qui contiendra le nombre d s pieds de l'élévation de l'Obfcrvaroire par-dcflus le niveau de la Mer, qui eft l'extrémité du raïon , donnera pour angle de la vé- ritable baffcffc del'hjrifon de la Mer, o . 13^ o'. Comme cet angle eft prefquc moien entre tous ceux de la première Table de ces obfervations de la baflcfle de la Mer; il s'en- fuit de-là, que la réfradlion n'élevé pas toujours cet horilon de la Mer comme elle élevé les Altres; elle l'élevé lorfque l'angle de la bafTcffe eft moindre de i 5. minutes , mais elle abbaiftc l'horifon delà Mer lorfque cet angle eft plus grand de 1 3. minutes. Comme ceci paroîtra fans doute extraordinaire, on le prouvera dans la fuite par bien des obfervations qu'on rap- SUR LA Refraction. j rapportera : on le fera avec d'aïuanc plus de foin , qu'il mé- rite une attcncion coniiderable. En actcndanc, les obferva- tions fuivances ferviront à juflifier cette manière de réfrac- tion des raions de lumière que j'appellerai convergeante , qui eft oppolée à larcfradion ordinaire que j'appellerai di- vergeante. je me fers de œs teriiies , parce que jeconfidere ces deux raïons de lumière, comme deux lignes qui, fouffrant une continuelle réfradion dans un milieu continuellement hé- térogène , peuvent être confiderées comme deux lignes cour- bes qui touchent de parc &c d'autre la ligne droite qui iroic à l'obiet fans fouffrir de réfradion j en forte que le point d'attouchement de ces deux courbes feroitàToeil même de rObfervateur. Voici une de ces obfervations. Le 2. Mars 170 y. tra- vaillant fur ces matières , on vit le difque du Soleil à fon coucher , élevé fur la furface de la Mer de f ^pt à huit mi- nutes , s'étendre tout à coup jufqu'à la furface de la Mer ; il étoïc d'un rouge adcz foncé , plus par le bas , moins par le haut île bord du Soleil paroilTjic tout au tour comme déchiré, Se à mefurc que le difque du Soleil parut s'en- foncer dans la Mer, il f^ fit de part &: d'autre un refou- lement de lumière fur la Mer, qui faifoit paroître ce dif- que comme un bonnet , qui auroit été ierré par le bas , Sc auroir laiflTe un bord de trois travers de doigt tout au tour. Dans cette occalion le Soleil paroifToit elliptique, comme en beaucoup d'autres, où on a vu fon bord déchiré-, mais fans ce bord de lumière , le grand diamètre de l'ellipfe croit parallèle à l'horifon. L'ai'ir étoit pour lors fore embrumé, nwis fans nuages , ce que la couleur rouge foncé marquoit a{l':z, la vapeur étant encore pius forte vers l'horilbn i car la partie fup^rieure du difque du Sohil n'ctoit pas d'un rouge li foncé. Lorfque le bord du Soleil a paru entrer dans ce lit de vapeurs plus fortes par le bas, les raions de lumière qui venoienc de ce bord, font devenus tout à coup plus convergeans à la furface de la Mer , ce qui a fait paroître ce bord du Soleil s'allonger tout à coup, èc s'étendre fur la furface de la Mer tant d'une parc que de l'autre ; candis que d'autres raions de iumicrc devenons divergeans par rapport au raion di- A iij ^ Observations red qu'on fiipporeroii: venir du centre du Soleil au centre de l'œil ÔC paicir de tous les points du difque du Soleil, &: fur-tout de fon bord, l'ont fait paroître elliptique 6c même déchiré félon que la vapcui étoit plus ou moins é- paifïe, &c en plus grand mouvement caiifé par la préfencc du Soleil, par l'action de fes ra'ions &: par un peu de vent. Comme la vapeur étoit moins épaiile vers la partie fupe- rieure du difque du Soleil , la réfraftion n'y étant pas fi crrande , le diamètre perpendiculaire du Soleil a dû paroî- tre plus petit que le diamètre horifontal, ainfi il a paru de figure elliptique. On pour r oit donc confiderer tous ces raïons , comme for- mans un cône elliptique dont la bafe feroit le difque du Soleil, la pointe du cône à l'œil de l'Obfervateur , l'axe de ce cône feroit la droite tirée de l'œil de l'Obfervateur au centre du Soleil , 6c toutes les courbes qui partent des points du bord du Soleil tangentes à cet axe au fommet du cône; &C concevoir que la furface de ce cône feroit cenfée non droite, mais concave, puifqu'elle cft toute compofée de li- gnes courbes, dont la concavité forme la furface du cône : mais il n'cft pas aifé de déterminer géométriquement la nature de ces courbes , parce qu'il ne paroit pas poflible de déterminer leur foutangente &c leur tangente , qui eft l'axe du cône qui fe forme dans les vapeurs de l'atmofphere. On peut dire feulement que les courbes feront d'autant plus ou moins concaves que les raïons fe rompront plus ou moins fréquemment , àc fous des angles plus ou moins obtus. On conçoit aifément que cette vapeur qui caufe cette ré-* fradion extraordinaire ne le termine pas à l'horifon fenfi- ble, mais que s'étendant bien avant au-delà fur la furface de la Mer , elle forme une partie de l'atmofphere , c'eft pourquoi il n'eft pas poffible de déterminer la longueur de ce raïon dired , qu'on regarde comme l'axe du cône ellip- tique dont on vient de parler. On trouve encore dans le Regiftre une obfervation fort fembîable à celle qu'on vient de rapporter , qui doit s'ex- pliquer de la même manière. La voici, elle fervira à con- firmer ces faits &c l'explication qu'on en a donné. Le 2 y Février 1706. la lunette fixe du quart de cercle âïantété pointée à l'horifonj en forte que le filhoriiontal rafac svTi LA Refraction. y la furface de la Mer, où elle paroît s'unir avec le Ciel, Se que la pointe des flots paroifloit par-defîbus ce fil dans la lunette qui renvcrfe les objets. La Mer ctoit bafTc de i 3^ 4 j^. Le Soleil étant dans la lunette, &; ion bord inférieur au-deiliis de la Mer d'environ iix muiutcs , la Mer a paru briller dans l'endroit où elle devoir cacher le Soleil, le- quel aiant baiflé de près de deux minutes , &c fon bord in- férieur paroifl'ant encore loin d'enviroii quatre minutes de la furface de la Mer , il a paru Ce faire une elîlifîon de fa lu- mière, qui a promptement atteint la iurfacede la Mer ; en- fuite lorfque le bord inférieur a touché la Mer, cette lu- mière s'eft étendue au tour du Soleil qui paroiflbit alors comme un bonnet ferré par le bas , 6c qui auroit laifTé un bord horifontal de trois doigs tout au tour. Après que le centre du Soleil a paru immergé, ce bord s'eft dilïipé ; en- fin on ne voioit plus qu'une petite partie du Soleil , laquelle â difparu en commençant par le bas , de forte qu'il ne pa- roiffoitplus à la ligne horifontale de la lunette, Sc paroif- foit encore un peu par-defTous cette ligne dans la lunette, qui, comme on a dit, renverfe les objets , & alors la Mer étoit encore hafle de 13''. 45^^ Sur ces réflexions on fera moins étonné que les Afl:ro- îiomes du fju Roi de Suéde aient vu en Bothnie le Soleil au deflTus de Thorifon fans fe coucher au folilice d'Eté, quoique cette Province de Suéde foit au-deçà du cercle polaire arctique, car il eil aifé de concevoir que dans ces Pais fort fcptentrionaux, les vapeurs qui s'élèvent de la terre ne peuvent pas être mifes en auifi grand mouvement que vers la ligne, è£ quainii quoique l'air y paroifle ferein, il eft pourtant mêlé de plus de parties hétérogènes, d'où il fuit que les ra'ions de lumière s'y rompent plus i'ouvent, ôc fous des angles moins obtus , ce qui donne à la courbe plus de convexité, & par conféquent Tangle que la corde de cette courbe, par laquelle il paroît que fe fait la viiion, fait avec la tangente, doit être plus grand. C/cll en cela que coniide cette plus grande puiiTance réfradive qu'on iùppofe à l'air des Pais feptentrionaux. Par la même raifon , nous ne voions pas en Eté au cou- cher ou au lever du Soleil , des phénomènes femblables à ceux qu'on vient de rapporter j mais feulement au commcn- s Observations cernent du Printems , ou fur la fin de l'Automne , auquel temps la chaleur rerpcdive du Soleil n'a pas autant de force pour animer ces vapeurs, les mettre en p us grand mouve- ment &: les élever dans ratmofphere ; alors dans la même quantité , elles occuperoient un efpace beaucoup plus s;rand j ainiî les raions de lumière s'y romproicnt moins fouvcnt , Se Tous des angles plus obtus , &c la réfradion feroit moindre. ARTICLE SECOND. Meflexions générales fiir la variation de la Refracîion, ON voit d'abord que la plus grande différence des baf^ Teffcs apparentes de l'horifon de la Mer , eft celle qui fe trouvent entre les observations du 7 Mars 1705. Se du 5>. Juin 1708. ( On verra dans les obfervations de 171(3. qu'elle a été encore plus grande , mais on fe refervc d'ea traiter, quand il fera qucilion de ces abfervations. ) Cette différence fe trouve de 3^ z^". toutes celles qui ont été obfcrvécs dans les années marquées dans la première Ta- ble, le trouvent renfermées entre ces deux là. Le 7. Mars 1705-, à midi , le vent étant Sud-Eft fiais Se Tair embrumé,, la baffeffe fut de 14^ 2.^\ Le 9 Juin au matin 1708. le vent étant Efl: Nord- Eft foible, l'air un peu embrume, le baromètre étant à 27. pouces 6. lignes , la baff.ffe fut de 11^ o\ la différence eft donc de y. 25/'. Il paroîc que la biume, quand elle n'eft qua l'horifon ^ n'augmente pas la rcfraclion , puifque ces deux jours-là l'air etoit également embrumé ; il paroît encore que le plus ou le mf^ins de pcfanteur de l'atmofphere n'influe en rien à la réfradion, puifque le 9. Juin cette pefanteur étoit moindre de y. lignes de mercure que le matin du 29 Décembre iyo6, auquel jour le Baromettre étoit à 27. pouces 11. lignes, la bùffffe de l'horifon de la Mer fut de 1 1^ 45'''. plus grande feulement de 45^^. que le 9 Juin 5 le vent étoïc Nord-Eft foible, l'air fort ferein. Si on compare la baffeffe de l'horifon de la Mer du 2^. Décembre 1706. au Soleil couchant, avec la même du 5». Juin 1708. on trouve une grande différence. Le 29. Dé- cembre la baftcffe apparente de l'horifon étoit I4^ 30^. Le surlaRefractîon. ^ Le vent Noid-Oueft foible, l'air fcrein , le Baromètre étoit à 27. pouces 11. lignes. Le 5) Juin au matin , lèvent étoit Eft Nord-Eft foible,la bafïcfTe de l'horifon étoit 1 1^ o^. Il y avoit de la briune à l'horifon , le Baromètre étoic à 2,7. pouces 6. lignes } la différence entre ces baffelTcs eft de 3. minutes 30. fécondes : la pefanteur de l'atmofphere étoit plus grande le 29. Décembre 170^. que le 9. Juin 1708. puifqu'il y avoit ce jour-là y. ligues de mercure de plus pour faire équillibre avec la colomne d'air qui pcfoît fur le mercure. La lunette étoit pointée au difquc même du Soleil (e plon- geant dans la Mer , là où elle paroifToit le couper ; ainfi on ne pouvoir fe tromper : le vent étoit également foible ces deux jours , il fembleroit donc par œs deux obfervations , que plus l'air eft pefant , plus la rcfradion abaifle le raïon vifuel , qui eft la corde de la courbe au-deflous du raïon dired qui eft, comme on l'a démontré ci-devant, incliné de I 3. minutes , & que quand la pefanteur de l'air eft moin- dre, la réfraétion élevé le raion vifuel qui eft la corde d'une autre courbe au-deftlis du raion dired toujours incliné de 13. minutes; ce raïon dired fe trouve être la tangente de ces deux courbes, dont la première eft convergeante à la furface de la Mer, l'autre divergeante. Néanmoins on va voir bien-tôt que cette réflexion n'a pas toujours lieu j & qu'il s'en faut bien qu'il faille compter fur un petit nombre d'obfervations pour établir une hypothefe. Avant cela on va faire quelques autres réflexions fur l'obfervation du 9. Juin 1708. pour cela il eft bon de rapporter les termes du Regiftre. Les voici. Le 8. Juin 1708. au coucher du Soleil, pointant la lu- nette au même endroit de la pointe Sud de l'Ifle de Pom- megues , la Mer à fon horifon a été trouvée baflTe de 1 2^ 30'''. après beaucoup de foins. Lèvent étoit Sud-Sud-Eft foible, un peu de brume à l'horifon. Le Baromètre étoit à 27. pou- ces 6. lignes un tiers, &: le rocher par lequel on pointoit à la Mer , étoit un peu élevé fur l'horifon de la Mer à Çow ordinaire. Le 5). Juin 1708. à 5. heures du matin, la Mer étoit bafle au même endroit, car on avoit laifle toute la nuit le quart de cercle en pofition , elle étoit baffe, dis-je, de ii^o" . B 10 Observations 11 y avoit de la brume à riiorifon , le vent étoic Eft-Nord- Efl: foible , le Baromecre à 27. pouces 6. lignes : mais le fommcc du rocher paroifToic plus bas que l'horifon de la Mer, ôiC ne rafoic pas tout-a-fliic le ïil horifoncal de la lunctcc : ce fil pourtant rafoit exadement des deux cotez du rocher la ligne de la Mer qui paroît couper le Ciel. A une heure 30^ après midi ^ le quart de cercle étant tou- jours refté en poiition j la Mer écoit baile de 1 1^ iy'\ La brume répandue par-tout l'air, le vent Oueil-Sud-Oueft médiocre. Le Baromètre étoit à 17. pouces 6. lignes , & le fommet du rocher paroifloic un peu au-dellus de l'horifon de la Mer. Puifque la bafTefTe de la Mer étant ii. minutes ly. fé- condes , le fommet du rocher paroifToit au-deflus de l'hori- fon de la Mer : on voit bien que le 8. juin la Mer étant bafî'e à l'horifon de 12. minuces 30. fécondes, ce fommet paroi doit encore plus au-defî'us. Mais le 9. Juin au matin la baff:iïe de la Mer étant 11. minutes, le (ommet du ro- cher paroifloit au-defTous de l'horifon de la Mer ; il faut donc que la réfraction élevât cet horifon par rapport au fommet de ce rocher, à la hauteur duquel on n'avoir pas encore obfervé de variation, èc que la différence de la ré- fraction ne foit pas auiîi fenfible par rapport à ce rocher, qui n'eil éloigné de i'Obfervatoire que de 3^12. toifcs, qu'elle Vcix par rapport à l'horifon apparent de la Mer qui en eft éloigné de 12605. toifcs. C'efl: la féconde fois qu'on s'étoic apperçû de cette va- riation à l'élévation de ce rocher , "par le fommet duquel on pointoit la lunette du quart de cercle à l'horifon de la Mer, car dès le 5-. Juin 1707. on y avoit pris garde. Voici les ter- mes du Régi lire. Le 4. Juin 1707. à 6. heures 30. minutes du matin , poin- tant toujours au même endroit, l'horifon apparent de la Mer s'eft trouvé bas de 12^. o'^. Le vent Sud-Efl foible, l'horifon un peu embrumé, le Baromètre étoit à 27. pouces 7. lignes. Le 5. juin 1707. à 5, heures du matin , la Mer étoit bafié à fon hoiifon apparent de 12^ 30^^ L'horifon un peu embrumé, le vent Sud-Oucft très-foible, le Baromètre étoit à 27. pouces 6. lignes ; ce qui m'a furpris, SUR LA Refraction. ir c'eft que le fommet du petit rocher de la pointe Sud de Pommegues qui me paroifToit les autres fois plus haut que rhonfon de la Mer , ne m'a pas paru plus haut aujour- d'hui } en forte que le plan partant de la lunette au centre des foies par le fil honfontal , pafToit précifémcnt par le fommet de ce rocher, &: aboutilioit à Thonfon de la Mer. Le 8. Juin à 7. heures 30. minutes du matin, la bafîcfle apparente de l'horifon de la Mer étoit de i y. i ^^\ Petit vent de Nord-Oueit , fort beau Ciel & bel hori- fon, le Baromètre étoit à 27. pouces 8. lignes ôc un quart. Le petit rocher paroi flbit aujourd'hui , comme à l'ordinaire, un peu élevé fur l'horifon de la Mer. On voit que le 4. Juin la Mer étant baffe feulement de II. minuces , le fommet du rocher étoit pourtant plus haut que le fil horifontal , ou que l'horifon de la Mer , &c que le 5-. Juin la Mer étant baflé de 12. minutes 30. fécondes, le fommet de ce rocher rafoit le fil horifontal , quoique la bafîefTe de la Mer fut plus grande de 30. fécondes ; il y a donc évidemment de la variation au moins de 40. fécon- des dans l'aj'parence de la hauteur de ce rocher : on le con- noîc encore par cette réflexion. Le 5». Juin 1708. la Mer étant bafî'e de 12. minutes ly. fécondes, le fommet du rocher paroiiloit un peu au-dclîus de l'horifon de la Mer, de le y. Juin 1707. la Mer étant baffe de 12. minutes 30. fécondes , ce rocher paroifïoit feulement rafer le fil hori- fontal, quoique la bafl'jfTc fut plus grande de i^. fécon- des ; il refulte donc évidemment qu'il y a de la variation dans l'apparence de la hauteur de ce rocher , ce qui ne peut être attribué qu'à la réfradion ; mais comme ce point-ci efl im- portant à la matière que nous traitons, on en parlera plus en détail dans les observations faites exprès en Juin & en Juillet 171^. On voit encore que toutes les obfervations faites en Juin 1707. 1708. &: 1709. ne donnent point les balleffes de la Mer fi grandes que dans les autres faifons , &: qu'outre cela elles ne les donnent jamais au-deflous de 13. minutes, qui eft l'inclinaifon du raïon direct déterminée ci-devant ; il faut excepter le 8. Juin 1707. au matin , où cette incli- naifon fut de I3^ i^^. De forte que toutes les fois que la baiTefïb de l'horifon Bij fi Observations a été de 15. minutes o. fécondes , le raïon vifucl tendant à l'horifon ne rouffroit point de réfradion -, toutes les fois qu'elle a été plus grande, il y aeu réfradion par une cour^ bc convergeante à la furface de la Mer, &: le raïon vifuel paroilîoic être la corde de cette courbe ; toutes les fois qu'elle a été moins grande que i 3. rriinutes , il y a eu réfradion du raïon vifucl par une courbe divergeante à la furface de la Mer, &: la corde de cette courbe eft la droite par laquelle on croie voir l'objet. m ARTICLE TROISIE'ME. ReJIeiilons fur U variation de la RéfraBion en Hyver, V6\i^ U I / A I SAN T attention aux obfervations du mois de De- i.Table. Jj^ ccmbrc 170(3. on trouve qu'il y a une grande varia- tion dans les bafllffes de l'horifon de la Mer j &: qu'ex- cepté le 18. Décembre, la baflefle de l'horifon étant affez grande , puifqu'elle étoit le plvis fouvent au deil'ous de l'an- gle de 13. minutes du raïon dircét i la pefantcur de l'at- mofphere étoit aufïï plus grande , le Baromètre n aïant ja* mais donné moins de 17. pouces 8. lignes, Se étant monté jufqu'à 27. pouces 11. lignes, en forte qu'il fembleroic, comme on la dit ci-devant, que quand la pefanteur de l'air eft plus grande, la réfradion l'cft aufïï. Mais il s'en faut bien que la narure ait fuivi exadement cette règle ; il vaut au- tant que je fafTe cette réflexion que d'autres qui pourroient lire ces Mémoires , quand ce ne feroit que pour leur en épargner la peine. Car 10. en réflechilTant fur les obfervations du 18. Dé- cembre, on voit que la Mer fut bafle le matin à 8. heures 30. minutes, de 1 3. minutes 30. fécondes. Le vent de Nord- Oueft étant très-frais , le Baromètre étoit alors à 27. pou- ces 2. lignes &: demi; &: qu'à midi &c demi on trouva la même bafTefTe de l'horifon de la Mer , l'air continuant d'ê- tre fort fcrein , le vent toujours Nord-Oueft très-frais, §<: le Baromètre étoit monté à 27. pouces 3. lignes, une de- mi ligne plus que le matin. De forte que la pefanteur de l'atmofphere étoit moins grande de 8, lignes ôc un quart SUR LA Re FRACTION. I3 3e mercure, par rapport à l'état du Baromètre , que le 29. Décembre , auquel jour la baflcile de riiorifon fut encore de 13. minutes 30. fécondes ; ce qui eft fort confiderable , & femble prouver que la pelanteur de ratmofphere n'in- flue pas à la réfradion , ce qu'on aura fouvenr lieu de re- marquer dans la fuite de cet ouvrage : il £uit pourtant con- fîderer que le 18. Décembre le vent de Nord-Oucft étoit très-frais, Se au contraire fort foiblelei^». Décembre, &: qu'ainfî l'agitation violente de l'air en a pu diminuer la pefanteur fans changer la réfradlion. 2°. Confiderant les obfervations du 25). Décembre 170^. on trouve une grande variation dans la bafTeffe apparente de l'horifon de la Mer, &: fort peu dans la pefanteur de l'air. Le matin la baffefre fut de 1 1^ 45^. le vent étant Nord-Eft foible , l'air ferein & le Baromètre à 27. pouces II. lignes : ce qui eft une des plus grandes élévations où l'on ait trouvé le mercure à l'Obfervatoire , & par conféquent une des plus grandes pefanteurs de l'ar- mofphere ; cependant la réfraction élevoit pour lors le raïon vi{liel au-delïus du dircd d'une minute ly. fécondes. Le foir à 3. heures la bafTeffe de l'horifon de la Mer étoit de 13. minutes 30. fécondes, le vent étant Nord-Oueft foible, l'air ferein, le Baromètre à 27. pouces 10. lignes 3. quarts. La réfraélion abaiflbit donc de 30. fécondes le raion vifuel au-delfous du ra'ion dired j cependant la pe- fanteur de l'atmofphere n'étoic noindre que le matin , que d'un quart de ligne de mercure , ce qui eft peu de chofe , èc qui devoir pliitôt obliger le raion vifuel à s'élever plus que le matin ; cependant la réfradion avoir changé en fens contraire depuis le matin d'une minute 45. fécondes, ce qui eft fort confiderable. Le foir après le Soleil couché , la Mer fut trouvée baffe à l'horifon apparent de 14. minutes 30. fécondes : cela fuc examiné avec foin , à caufe de la répugnance qu'on avoic à croire une Ci grande variation en fi peu de temps. Le vent étoit toujours Nord-Oueft foible, l'air ferein, le Baromè- tre étoit remonté à 27. pouces 11. lignes : la réfraélion abaiffoit donc alors le raion vifuel d'une minute 30. fé- condes au-deilous du ra'ion dired i &c cependant la pefan- teur de l'air étoit la même que le matin , auquel temps la B iij 14 Observations réfradlon lelevolt d'une minute 15. fécondes au-dcflus du' raion dircd. La même caufe necefl'aire n'a pas pu procuire deux clîers contraires : cette pelanteur de i'air n'etoit aug-' mcncée que d'un quart de ligne dans l'intervalle d'une heu- re & demi , quoique la réfraclion ait abaiffé le raïon vi- fuel d'une minute depuis roblcrvation faite à trois heures. Une fi pctiœ augmentation dans le poids 'de l'atmolphere n'a pu en produire une fi grande dans la réfradion. Cn n'a point d'exemple qui puifle appuïer un pareil lentimcnt. Voilà donc dans le même jour deux raions vi fuels que Ja réfraction i\nz courber cn deux fens oppofez, l'un con- vergeant &: concave à la furflice de la Mer, dont la corde par laquelle la vilion cft cenféc ie £ùre , forme avec la tangente de cette courbe un angle d'une minute 30. fécondes. L'au- tre divergeant Se convexe par rapport à la furface de la Mer, dont la corde par laquelle on croit voir, fait avec la tangente de cette courbe un angle d'une minute ij. fécon- des ; cn forte que le raïon dircâ: eft prefque moïcn entre ces deux raïons vifuels, ôc l'angle que les deux coi des for- ment au point d'attouchement des courbes à la tangente, fe trouve de 2. min. 45. fec. La pcfanteur de l'air eft la n.cme dans le temps des deux obfervations , on n'y trouve d'au- tre différence, fi ce n'eft que le matin le vent étoit Nord- Eft foible , &: le loir Kord-Oueft foible;car pour ce qui eft de la température de l'air , elle étoit à fort peu près la même, le Thermomètre de M. Amontons étant le matin ^ ^^. pouces 4. lignes. Se le foir à 53. pouces 6. lignesj & il elle avoit dû introduire quelque difterence , ç'auroic p'iitôt été en élevant le foir le raïon vifuel plus que le ma- tin, puifque, comme on le verra dans la fuite , la chaleur de l'hré produit aftez ordinairement cet effet de diminuer la rélraclion convergeante, ou delà rendre divergeante par rapport à la furflice de la Mer. On ne peut aifcment fe perfuaderque le changement du vent ait introduit une fi grande variation, puifqu'on n'en a point remarqué de femblable dans tout le cours de ces obfervations. On aime donc mieux avouer qu'on n'en pé- nètre pas la caufe ; peut-être que d'autres obfervations ac- compagnées des réflexions convenables , la découvriront dans h fuite. Avant de continuer ces réflexions fur ces obferva* SUR LA Refraction. ly tions du mois de Décembre, il fera bon de rapporter les termes du Regiftre, ils fcroiic voir la méthode qu'on a obfervée. Le 30. Novembre 170^. à 4. heures 30. minutes du foir, j'ai pomcé la lunette fixe du quart de cercle au même point des baliuftres les plus hauts du phare du fort S. Jean , qu3 j'avois ci-devant trouve être de niveau avec le quart de cer- cle placé à fon lieu ordinaire, j'ai trouvé que le cheveu qui foutient le poids couvroir la ligne de 90. dcgrez, aiiili j'ai conclu que le quart de cercle n'avoir ni haulTé ni baifTé. A'iant pointé enfuite la lunette fixe du quart de cercle à la pointe la plus Sud de l'Ifle de Pommegues , en forte que la Coi'^ horifontale rafoit la Mer, là où elle s'unit avec le Ciel, &: que je voïois par-defîous la foie horifontale la pointe des flots de la Mer agitée par un vent de Nord- Oueft midiocrejla Mer seft trouvée bafle de 13^ ^o^\ L'obfervation a été réitérée trois fois : j'ai pointé la lu- nette à un petit rocher qui entrecoupoit un peu l'horifon, pour voir li la foie convenoit bien des deux cotez avec la furface de la Mer à fon extrémité : ce qui aréufïi. Le Ba- romètre marquoit 27. pouces 8. lignes ; le Ciel couvert à rOueft écoit rouge à l'horifon où l'on a pointé la lunette. . Le premier Décembre 170(3.^7. heures du matin, aïant pointé la lunette fixe du quart de cercle à la même pointe de rifle de Pommegues qu'hier au foir , le vent de Nord- Ouefl: agitant fort peu la Mer , elle étoit bafle de 1 3^ o''. A midi aïant regardé par la lunette qui étoit reftée fixe depuis le matin, le plomb marquant toujours 13. minutes, la Mer s'efl: trouvée baiflèe, en forte que la foie horifon- tale donnoit dans le Ciel : on a donc baiflè la lunette juf- qu'à la furface de la Mer, elle étoit bafle pour lors de i 3^ 30^. Le matin le Baromerre étoit à 27. pouces 9. lignes. A midi il étoit à 17. pouces 8. lignes 3. quarts, le Nord- Oucfl; encore plus foible que le matin. Telle cfl; la méthode que j'ai fiiivi dans le cours de cette forte d'obfervations , qui fait connoitre l'application qu'on y a apportée. On voit par ces obfcrvations que le premier Décembre au matin le raïon vifuel ne fouflioit point de rcfraclion, puifque l'angle d'inclinaifon à l'horifon de la Mer étoit de 13. minut;^s ; que dans les autres temps de lé Observations ces deux jours , il écoit convergeant de 30. fécondes , avec un venu à peu près égal , ôc la pefanteur de l'air un peu plus f^rande, lorrque le vent de Nord-Oueft étoit plus foi- ble : mais ce qui décide pour cette variation de la refrac- tion , c'cft le loin qu'on prit de lailï'er le quart de cercle en pofition fixe. Le 2. Décembre que le vent de Nord-Oueft fut affcz frais, la Mer fut trouvée balle à 7. heures ij. minutes du matin , de 14^ 20'^. Uobfervation fut réitérée. Le Ciel étoit ferein, le Baro- mètre étoit à 27. pouces 8. lignes &: demi. Surquoi on fera les mêmes réflexions que ci-devant pour la fituation de la courbe , qui prefque tout ce mois a été convergeante à la Mer , avec une grande pefanteur de ratmofphere , au lieu qu'en Eté, comme on le verra bien-tôt ^ elle a prefque tou- jours été divergeante avec une moindre pefanteur de l'at- mofphere. Il eft bon de remarquer que les obfervations du mois de Février 1708. Sc de Janvier 171 1. donnent comme celles de Décembre iyo6. les balfelfes de la Mer plus grandes, quoique le vent ait été médiocre , &c la pefanteur de l'at- mofphere aff^z grande j de forte que la courbe a toujours été convergeante à la Mer , quelquefois plus , quelquefois moins ; mais que quand elle a été plus convergeante , la pefanteur de l'air a été plus grande : on n'a qu'à confulter les obfer- vations rapportées dans la Table pour s'en convaincre. Surquoi on peut conclure en gênerai, i». Que la réfrac- tion fe fait le plus fouvent en Hiver par une courbe con- cave &: convergeante à la furface de la Mer. 2\ Qu'alors pour l'ordinaire la pefanteur de l'atmofphere eft aufli plus grande , mais qu'il ne s'enfuit pas qu'elle en foit la caufe efficiente, y. Que la réfradion n'eft pas fi grande Icrfque le vent eft très-violent, que lorfqu'il eft médiocre ou foi- ble. Ces confequences foufFrent des exceptions, comme on l'a vu ci devant, &: comme on le verra encore ci-après.: on peut pourtant s'en tenir à ces règles générales , qui font le fruit qu'on doit tirer de ces obfervations Phyfiques, qui ne comportent pas l'évidence géométrique. Avant que de palfer aux obfervations du Printems, il eft à propos de fAÏre quelques réflexions fur des obferva- tions SUA LA Réfraction. 17 tions faites en Janvier 171 1. Voici les termes du Regiftre. Le 20. Janvier 1711. à 4. heures 40. minutes du foir, le Soleil étant dans le vertical de la tour de Pommegues, le bord fuperieur du Soleil, qui n'étoit pas bien termmé, &: le haut du parapet de cette tour étoient élevez au-defTus de riiorifon , de o '. 28^ 7,0" , La vapeur faifoit paroître le Soleil elliptique , le grand diamètre parallèle à riiorifon , fon bord paroifîoit tout dé- chiré. La bafTefTe de l'horifon de la Mer après le Soleil cou- ché, étoit de 1 3^ I y'^. Le vent Nord-Oueft médiocre, bien de la vapeur à l'ho- rifon. Le 22. Janvier à 9. heures 45". minutes du matin , la tour de Pommegues a été trouvée haute de o', 28^. i'^". pointant au même endroit que le 20. ' La Mer à 1 horifon étoit baffe alors de 14^0^'. Le vent Nord-Oueft affez foiblc : le Baromètre étoit à 27. pouces 1 1 . lignes. Le 23. Janvier d'abord après midi, la foie horifonrale rafant toujours le haut du parapet de la tour de Pommegues , elle a été trouvée haute de o^. zj' . 7^0" , La baffeiïe de l'horifon de la Mer fut pour lors de 14. 20. Le vent étoit Nord-Oueft foible : le Baromètre étoit à 28, pouces. On voit par ces obfervations , outre la confirmation de ce qu'on vient de dire , fur la correfpondance de l'augmen- tation de la réfradion &: de la pefanteur de l'air , i '. Qu'il y a correfpondance entre la réfradion du raïon vifuel à l'ho- rifon de la Mer &: celui de la tour ; car le 20. Janvier la tour fut trouvée plus haute , &: la Mer plus haute , ou moins baffe que le 22. Janvier au matin ; &: le 22. Janvier la tour fut trouvée plus haute que le 2 3 . Janvier à midi , &: la Mer auffi. 2^^. Oïi concîud de la vapeur qu'il y avoit à l'horifon le foir du 20. Janvier, que la tour devoit paroître plus haute &: la Mer m^oins baffe. 3^''. Que le matin du 22. Janvier, la vapeur n'étant pas fi grande, le raion vifuel tendant à la tour a dû s'abaifîcr , &: l'abaifl jr aufîi à l'horifon de la Mer, bc c'eft ce qui eft arrivé. 4". Qu'à midi du 23. le raïon vi- fuel tendant à la tour s'ctant encore abaiffé plus que le 22, iS Observations à 9. heures, Se d'une minute plus que le 20. au foir ; le raïon vifuel tendant à l'horifon de la Mer, s'eft auffi abaifTé plus que le 21. &c d'une minute cinq fécondes plus que le 20. au foir. Les loix de la nature font uniformes, elle ne s'en écarte pas , Se lorfqu'il nous paroît qu'elle s'en écarte, elle en fuit quelqu'autre que nous ne connoiflbns pas. jo. Qu'il finit prendre garde à la difpolition de Tair , lorf- qu on obfcrvc pour la géométrie pratique des hauteurs de montagnes ^ ou autres hauteurs un peu éloignées , une dif- férence, telle que l'elfc ici celle d'une minute, étant conli- derable. 6\ Que ceux qui prennent des hauteurs terreftres après d'autres , ne doivent pas toujours attribuer à défaut d'exaditude , la différence des angles de hauteur qu'ils ont pris, avec les angles de ceux qui ont travaillé avant eux: U réfradion peut y avoir C.\ part comme on le voit ici. ARTICLE QJf A T R I E^ M E. Réflexions fur la Réfra6îion du Vrintems. N commencera les réflexions fur la réfraclion obfer- vée au Printems par celle-ci. Le 8. Mars 1706. à 7. heures du matin, le vcnc étant Eil Nord- Eft foible , un gros banc de brume s'étendoit du Sud Oucft à TOucft en dé- gradation, c'eft-à-dire , qu'elle étoit épaiffe au Sud-Oueft , !U qu'elle diminuoit en deniité en venant vers l'Oueft. Je juge ici cette occafion propre à connoître la différence de la réfraélion à l'horifon de la Mer. Aïant donc pointé la lunette A l'Oueft , où la brume étoit moindre , il y en avoit fort peu , la bailclTc de l'horifon apparent de la Mer , fut trouvée de i ^' . \o" . Aiant pointé tout de fuite la lunette à l'Oueft-Sud-Oucft , où la brume plus épailîé n'empéchoit pas de voir Thorifon de la Mer, il n'écoit bas que de 12^ 45^^ De forte que la différence de réfraélion caufée par le plus de brume , étoit de xf, La bruiiK étant fort épaiffe au Sud-Oucft, on n'a pas pu diltingucr l'horifon de la Mer. Il réfulte de cette ob- fcrvation ^ que le raïon vifuel qui étoit convergeant à l'Oueft SUR LA Refraction. i^ feulement de dix fécondes par rapport au rnion dired, donc Tmclinaiian efl de 13. mniuccs, cft devenu divergeant de ly. fécondes à 1 Oueil-Siid-Oiieft , où la brume étoit plus épaifïe , par rapport au même raion dn-cd. Un peu plus près de rOueftjOÙ la brume étoit un peu moindre, le raïon di- rcd aiiroit été mo'ien entre ces deux raions vi fuels Se Les deux courbes d'une égale convexité , mais en fcns oppofé ôc tangentes au raïon dired à l'œil même de TObfervateur ; en telle manière que leur plus grande inflexion commen- çoit là où elles rencontroient l'air plus embrumé , à environ 8000. toifes loin de l'œil de l'Obfervateur, puifque la bru- me paroiflbit bien au-delà des Ifles qui forment la rade de Marfeille. - - - Si on examine les bafïefTes de l'horifon apparent de la Mer au mois de Mars &: Avril ijoy. on voit qu'elles don- nent toutes TabaifTement du raïon vifuel au-de(îous du raïon dired, qu'on a démontré être de 15. minutes, excepté le 21. Mars au foir , auquel temps le vent de Nord-Ouefl étoit frais &r l'air ferein , & la baflefïé de lliorifon apparent étoit de 13. minutes égale à l'inclinaifon du raïon dired ; auffi a-t'on remarqué iouvent que quand le vent eft frais avec un airfsrein , le raïon vifuel n'eftpas fi convergeant j mais cette règle n'eft pas générale. De plus , le 7. Mars à midi , la réfraction abaifïa le raïon vifuel au-dcfibus du dired, d'une minute 2 y. fécondes, par un vent de Sud-Efl: qui étoit accompagné de brume, com- me il l'eft fort fouvent en ces Mers ; ce qui fait voir que le raïon de lumière fe rompant plus fréquemment , &: fous des angles moins obtus , forma une courbe fort conver- geante à la furface de la Mer , par la corde de laquelle il paroît qu'on voit l'extrémité de fa furface. On a déjà aflez expliqué ce point, ainfi on ne s'y arrêtera pas davantage. Comparant ces obfervations avec celles qui furent faites au mois d'Odobre 170 y. on voit que la réfradion a été de même nature en Automne qu'elle avoit été au Printcms. Le premier Mars 170^. à midi le vent étant Nord-Ouefl foible , l'air ferein , la baffe fie de la Mer fut fort grande , puifqu'elle fut trouvée de î^/. iq^\ Le matin du 2. Mars , le Nord-Ouefl: commençant à être fort frais , mais l'air ferein , la baflTeffe fut 14^ i y • „ Ci; ■ 2^^ Observations Mais à midi que le vent de Nord-Oucft fut plus frais & l'air fort embrume, la badcfl'e apparente de l'horifon de la Mer ne fut plus que de i 7/ . 2.0", Et le foir le vent de Nord-Oueft continuant d'être très- frais , &: l'air toujours embrumé , la bafleile du même ho- lifon fut feulement de 12.^ . lo'^. D'où on conclud qu'à mefure que le vent a augmenté , ^ que l'air a été plus rempli de parties hétérogènes , la ré- fradion a diminué en convergeance , en forte que la corde de la courbe faifoit le foir un angle différent de celui du matin d'une minute 5 y. fécondes, ce qui ell fort confide- rable, &: la courbe efl devenue divergeante d'un angle de 40. fécondes, par rapport à la furface de la Mer, s'étanc trouvée élevée d'autant au-deffus du raïon dired. Le 3. Mars le yent de Nord-Oucft étant devenu foible; la réfr action a augmenté de nouveau , puifque la baffeffe de l'horifon de la Mer s'eft trouvée de 1 4^ o^. Mais l'air s'étant purifié à midi ,• elle efl: diminuée, &: la bafleflé de l'horifon de la Mer n'a été que de 1 2^ ^f. Le foir cette balÏjiVe a augmentée de nouveau , jufqu'à i 3. piinutes 4y. fécondes. Le 4. &: le 5. Mars on voit le même jeu de la nature , fui- vant que les vcns ont été foibles, & l'air plus ou moins mêlé de parties hétérogènes. On a déjà parlé des ob fer va- lions du 8. Mars. Le 14. Mars on remarque le même ef- fet que les jours précedcns, car le temps aïant été calme le 1 3. Mars , le m^atin du 14. le Ciel étant ferein , & le vent de Nord-Oueft commençant à fraichir, la Mer à l'horifon ctoir bafïe de ' 1 3^ ^o" , Mais à midi le vent de Nord-Oueft aiant encore fraîchi, 5^ l'air étant rcfté médiocrement ferein , la baffcfle de la Mer à l'horifon ne s'eft trouvée que de 1 3''. ^o\ le vent & la brume diminuant la convergeance du raïon vifuel , de la manière qu'on a dit ci-devant. Les deux obfervations d'Avril 170^. font voir que le vent de Nord-Oueft ^ quand il eft frais, élevé le raïon vi- fuel par une courbe divergeante à la furface de la Mer , ce qui eft contraire à ce qu'oii a vu ci-devant ; mais il ne faut pas s'attendre dans cette forte d'obfervations , à une ^régularité 6c une proportion géométriques i tant de caufes SURLaReFRACTION. 2,1 concourent à la réfraction , 6c elles font (i diverfement com- binées , que la fagacité la plus fine &c la plus pénétrante , trouvera de l'exercice pour bien du temps. Les obrcrvations du mois de Mars 1707. fournirent à peu près les mêmes réflexions. D'abord en gênerai elles s'ac- cordent afTcz avec celles qui ont été faites en Mars 1705". &: 170(3. car prefque toujours la courbe fe trouve conver- geante à la Mer, la balTclTe de l'horifon de la Mer étant au-defTous de i 3. minutes que nous avons établie pour celle du raïon dire£t. De même la pefanteur de l'atmofphcre fe trouve aiï'ez grande , &: toujours au-dilas de la médiocre , ce que la colomne des obfervations du Baromètre fait aflez connoître. On voit par les obfervations du 14. Mars, que la ré- fradion a toujours diminué jufqu'au foir ; car le matin par un vent d'Eft foible Se une brume déliée , la bafT-ile de l'horifon de la Mer fut de 13^15^^. la courbe du raïon vifuel étant feulement convergeante à la furface de la Mer de i y. fécondes. A midi le Ciel étant allez ferein , le vent Oueft foible, le Baromètre au même état que le matin, à 27, pouces 8. lignes trois quarts, la baflcflé de la Mer étoit de 12'. 4y^. De forte que la courbe eft devenue divergeante de ij. fé- condes i ôc le foir pointant au difque même du Soleil fe couchant, le vent étant Nord Oucli foible, avec des nua- ges déliez dans l'air, le Baromètre par cette railon aïant un peu baillé, la bafTjlTe de l'horifon de la Mer a été de i z\ 40^^ moindres feulement de y. fécondes qu'à midi. Les obfervations du z6. Mars 1707. fourniflent encore de plus curieufes réflexions : le matin le vent de Nord-Oucft étant frais, avec de la brume déliée dans l'air, le Baromè- tre étant à 27. pouces 7. lignes un quart, la baiïelîe de l'horifon de la Mer étoit de 13^ 30^^. A midi elle ne s'efl: plus trouvée que de 11. 20. AuflTi le vent de Nord-Oueft: avoit-il augmenté , ainfi que la brume qui étoit très-grande j 8c on verra dans la fuite de cette ouvrage , combien elle influe à la réfraétion. Le Ba- romètre avoir baillé à 27. pouces 6, lignes 2. tiers : il y a donc eu une différence de 2. minutes 10. fécondes entre ces deux obfervations ; la pefanteur de l'atmofphcre qui a un C iij 2z Observations peu ciminiié, n'a pu Ibule produite cet effet & changer la rétraction, de manière que leraion vifuel , de convergeant qu'il étoic le matin , foit devenu divergeant à midi -, mais le vent de Nord-Oucft avoit confidcrablement fraîchi , &: il avcit rempli l'air d'une grande quantité de parties hété- rogènes relies ont donc rompu plus fréquemment, &: fous des angles moins obtus , le raïon de lumière , Se lui ont fait prendre peu à peu une détermination contraire à celle du matin. Mais comment accorder tout ceci avec les obfervations du 27. Mars ? le vent de Nord-Oueftétoit encore très-frais, la brume fort grande ; &: cependant la bafTefle de l'horifoii a été de 1 3^ ^o^\ C'eft-à-dire, qu'elle a augmenté depuis le midi précèdent de 2. minutes 10. fécondes, quoique le vent &: la brume aient été les mêmes. Ici on ne voit point d^autre caufe que la grande èc fubite augmentation , même contre les règles ordinaires ,, du poids de i'atmofphere, laquelle on reconnoît par la hauteur du mercure dans le Baromètre, qui fe trouva de 27. pouces 10. lignes , différente de 3. lignes un tiers plus que le jour précèdent. On pourroit donc foupçonner que ce poids fubit èc ex- traordmaire de I'atmofphere, a contraint le raïon vifuel de fe plier en fens contraire, malgré la grande brume qui ten- doit à 1 élever y aidée par la violence du vent qui la mettoit en grand mouvement , ce qui a été fouvent obfervé. Ce raïon vifuel eft donc devenu convergeant , mais comme la brume Su le vent s'oppofoient à fa convergeance 3 elle n'a été que de 30. fécondes. On a dit ci-defTus que l'augmentation du poids de I'at- mofphere en cette occaûon , étoit contre les règles ordi- naires ; car on a toujours remarqué que quand il vente bon frais, le mercure dcfcend dans le Baromètre, l'air ne pefant pas tant (ur le mercure de la boette du Baromètre. Outre cela la grande brume devoir aider à faire defcendre le mer- cure, au moins e(t-il sûr que les nuages produifent cet effet. Ce font- là de ces évenemens finguliers quiembarafïent les Philofophcs , la nature fe plaifant à mettre leurs efprits à la torture, peut-être pour fe vanger de ce qu'ils cherchent îrop curieufement à pénétrer Ces mifteres > peut-être aufli surlaRefraction. 2-3 pour qu'ils eftimcnc plus les découvertes qu'elle leur per- met de £iire , ou qu'elle fe laide arracher. En effet la voilà revenue dans les règles ordinaires le 28. Mars, au moins félon les idées que j'en ai ; car la bailcflc apparente de l'horifon de la Mer fut le matin de 1 3 . mi- nutes 15. fécondes, le vent étant Nord- Eft foible , l'air {è- rein , 6c le Baromètre à 27. pouces 10. lignes &: demi, le vent étant foible, l'air purgé de vapeurs , la pefanceur de l'atmofphere fort grande, le raïon vifuel a du s'abaiflcr au- defïous du raïon dired, &: fi la baflelle diminua à midi de 5. fécondes , quoique lapefanteur de l'atmofphere augmenta d'une demi ligne de mercure : on comprend aifcment que cela a dû arriver ainfi , eu égard à la grande ferenitè de l'air, 6c à fon plus de chaleur à cette heure-là, qui ont bien pu diminuer cette ballefïé apparente de y. fécondes, malgré le peu d'augmentation de pefanteur de l'atmofphere ; aufli ver- rons nous dans la fuite, que la pefanteur de l'atmofphere eft la moindre caufe qui influe à la réfiaclion , fuppofé même qu'elle y ait quelque part, ce que les obfcrvations ne prou- vent pas fort. Les obfcrvations du 29. Mars s'accordent afiez avec les raifjnnemens qu'on vient de faire, &: femblent les confir- mer ; ainfi on ne s'arrête pas à les détailler. Mais celle du 30. &C du 31. Mars ne s'y accordent point. A midi du 29. le vent de Nord-Oueft étant médiocre, avec une brume déliée dans l'air , la baifefle de fhorifcn apparent de la Mer, a été de 1 3^ o'. En forte que le raïon vifuel s'accordoit avec le raïon di- red, &c qu'il n'y avoir pas de réfradion. Mais le 30. Mars au matin le vent de Nord-Oueft aïant fraîchi conliderable- ment, le Baromètre ne donna de hauteur de mercure que 27. pouces 6. lignes & demi,- il étoit donc deux lignes &: demi plus basque le 29. comme il arrive ordinairement, & félon que nous l'avons vu arriver ci-devant, la bafteftc de l'horifon devoir être moindre de 1 3. minutes ; cependant elle a augmenté 5c s'eft trouvée de 14''. o'^. quoique l'air parut ferein. Mais j'ai remarqué qu'il arrive fouvent, que lorfque le vent de Nord-Oueft devient très-frais tout à coup, fans que l'air foit embrumé, la tendance du raïon vifuel fe fait plutôt par une courbe convergeante à la 2,4 Observations lluface de la Mer, que par une divergeante : on peut con- fultcr la Table fur cela. Il peut fort bien arriver d'ailleurs, que quoique l'air ne foit pas embrumé , le vent violent introduife dans l'air quan- tité de parties nitreufes, qui lui étant hétérogènes, aug- mentent la rcfradion , comme elles augmentent la violence du vent, dont elles font la caufe efficiente. La lumière cho- quant continuellement ces parties nitreufes ; doit fe détour- ner de fon chemin , &: faire former au raïon vifuel beau- coup d'angles moins obtus qui compofent le poligone de la courbe, par la corde de laquelle il paroît que fe fait la vifion. Les obfervations du 31. Mars au foir , femblent confir- mer ce raifonnement ; car le vent de Nord-Oueft étant en- core plus frais , l'air aflez ferein ; quoique le Baromètre n'eût haufTe que d'une demi ligne , la bafîeilé de i'horifon appa- rent de la Mer augmenta, &: tut de 14^. z^^. De forte que le raïon vifuel fut alors au defïous du ra'ioii dired d'une minute zy. fécondes. Comme il s'écoit intro- duit dans l'air une plus grande quantité de parties nitreu- fes & hétérogènes , la courbure du raion vifuel a dû aug- menter. C'eft pourtant- là une exception aux règles généra- les dont on a parlé ci-devant il faut l'avouer ; mais on leu!: a donné des re{lriâ:ions, même en cet endroit-là : &r es qu'on vient de dire peut fervir à les juftificr ou à les expli- quer , &: à donner plus de lumière à un fujet aflez obfcur, qui ne comporte point la lumineufe évidence de la géomé- trie : on aura encore fouvent occafion de le faire dans la fuite. Les obfervations des trois premiers jours de Mars 1708» vont leur train ordinaire , elles ne fourniffent aucune ré- flexion particulière ; mais celles du 28. Mars nous donnent occafion à diverfes réflexions. Le matin le vent étant Nord-Nord-Oueft médiocre, le Baromètre à fon moïen état, à zj. pouces 6. lignes, l'aii: étant légèrement embrumé, la baflefle apparente de I'hori- fon de la Mer fut fort grande, elle étoit de 14^ o'^. A midi le vent s'étant rangé au Nord-Oueft , l'air ferein, le Baromètre étant au même état, cette bafîefte ne fut plus que de i 5^ o^^. Et SUR LA Refraction. 2,^ Et le foir le vent de Nord-Oueil étant foible , l'air en- core ferein , le Baromètre au nême état , cette bafTefîe de l'horifon apparent fut iculemcnt de iz'.-^o'^ On voit d'abord que la vapeur qui étoit dans l'air , mais fur-rout vers l'horifon, a fait incliner le raïon vifuel au- delTous du raion direct, &: que la convergeance de la cour- be a été d'une minute. Vers le midi le vent de Nord-Oueft foufliant médiocrement, l'air n'étant plus mêlé dotant de parties hétérogènes, la courbe a dû fe redreffer , & fe con- fondre avec le raïon direct, le raion de lumière ne fouf- frant plus de réfradion extraordinaire de la part des vapeurs; de comme le foir ces vapeurs chafîées par le vent ne s'op- pofoient plus tant au paiiage du raïon , il a dû devenir di- vergeant , félon les loix ordinaires , comme on le prouvera bien-tôt par les obfcrvations faites en Eté. La pefanteur de l'atmofphere n'a rien influé dans la variation de ces bafTeiîesj elle a été la même tout le jour , comme il paroît par la hauteur du mercure dans le Birometre. Les obfcrvations du mois d'Avril 1^06. 1708.6^ du 31. Mars 171 (î. font voir qu'à mefure qu'on approche de l'Eté, Fait n'étant plus tant mêlé de parties hétérogènes , le raïon vifuel s'elt toujours rompu par une courbe divergeante à la furface de la Mer ; mais cette courbe a été plus ou nv)ins divergeante , fuivant que les vents ont été ou Sud-Oùeft ou à l'Eft, n'y aïant pas dans l'air beaucoup de brume : mais quand le vent a été à l'Eli: , comme il a introduit dans Tair plus de parties nitreufes , la divergeance a dû être moin- dre ; en forte que félon les obfervations précédentes, le raïon feroit même devenu convergeant, fi le vent d'Efl: eût été violent. Pour ce qui eft de la pefanteur de l'atmofphere^ elle a été à peu près la même dans le temps de ces obfer- vations ; elle a été au-defTus de l'état moïen , & la variation de la baflefTe de l'horifon n'a pas été fort confiderable. ARTICLE CIN Q^U I F M E, Réflexions fur la Ref ration de l'Eté. Es obfervations faites en Eté nous fournifTenc une am- ^ple matière à des réflexions. En gênerai elles ne nous donnent jamais le raïon vifuel plus incliné que le raioa D 2,^ Observations dirc£t, fi on en excepte le madn du 8. Juin 1707. Par-tout ailleurs, ou il s'cft confondu avec le raion dircd, ou il a été divergeant par rapport à la furface de la Mer. Ainfion voit que l'air étant moins mêlé de parties hétérogènes en Eté qu'en Hiver, &c Ton agitation, caufée par la chaleur, étant plus grande, la réfradion ne s'cft plus faite par une courbe convergeante à la Mer, mais bien par une courbe divcro-eante. Il eft à propos d'examiner ceci dans un plus "■rand détail. Commençons par le mois de Juin 1707. Le 4. Juin au matin le vent fut Sud-Eft , la brume lé- gère, le Baromètre à 17. pouces 7. lignes, la baflcfTe appa- rente de rhorilon de la Mer fut de 12^ o^\ Le 5. Juin au matin cette balTefte fut de ii^ 30"'. Le vent avoit fauté au Sud-Oucft foible, la brume écoic légère , comme le jour précèdent -, on ne voit donc pas d'au- tre raifon pourquoi la bafl'eile de la Mer étoit moindre le 4. Juin , que l'augmentation de la pefanteur de l'atmofphere, laquelle parut par l'élévation d'une ligne de mercure dans le Baromètre le 4. Juin ^ il s'étoit donc mêlé dans l'air par le moïen du vent de Sud-Eft, une matière hétérogène qui avoit augmenté la pefanteur de l'atmofphere , &: augmenté la divergeance du raïon vifuel. Le 5. juin le vent de Sud- Oueft a'iant chafié cette matière hétérogène, la pefanteur de l'air a diminué Se la réfraélion auffi ; en forte que le raïon a été moins divergeant de 50. fécondes qu'il ne Té- toit le jour précèdent , ôc cela en fuivant toujours affez exac- tement l'hypothcfe qu'on a expliqué ci -devant. L'obfervation du 13. Juin n'a rien de fingulier ; mais (i l'on compare les obfervations du 18. &: du io. Juin 1707. on trouve de quoi réfléchir. Le iS. Juin au matin le vent de Nord-Oueft fut très-frais , il y eut de la brume dans l'air; le mercure defcendu dans le Baromètre à zy. pouces 6. li- gnes un quart, marquoit que le poids de l'atmofphere étoit diminué, &: la baftclTe de la Mer fut de 13^ o\ Le io. au matin cette bafTcfté apparente de l'horifon de la Mer ne fut trouvée que de 11^45'^. Il y eut donc une diminution d'une minute i j. fécondes. Le vent étoit à l'Eft foible; il y avoit dans l'air une bru- me déliée , Se le mercure remonté dans le Baromètre à 27. pouc:s 7. lignes, étoit plus haut de trois quarts de ligne. SUR LA Refraction. 27 Il paroît que le Nord-Oueit qui tendoit à rendre le raion convergeant le 18. Juin, à quoi il étoit aidé par la vapeur groiTiere qui écoïc répandue dans l'air , ne l'a pourtant poftic abaifTé au-deflous du raion dirc£t, à caufe que la matière hétérogène mêlée dans Tair s'oppofoit à cette convergcance. ,De force que des que le vent eut ceilé , pour fe ranger en un petit vent d'Eft , ôc qu'il n'y a eu dans l'air qu une va- peur fort délice , le raion a eu la liberté de tendre par une courbe divergeante à laiurfacede la Mer. Cette divergcancc a été d'une minute i^. fécondes. Les obfcrvations du lz. Juin le prouvent auffi; car l'é- tat du vent &: de l'air étant le même, la courbe a été en- core plus divergeante de 3 y . fécondes , la balTefïe de l'ho- rifon n'aiant été ce jour-là que de ii^ io'\ Il paroît donc que ce raion vifuel, trop prefîé par le vent violent de Nord-Ouel!:, étoit contraint de fe tenir en ligne droite, comme un rclTort qui étant attaché par fon extrémité fur un plan à l'égard duquel il feroit divergeant, s'il étoit prefle par un poids, dont il feroit chargé , fe trouve- roit obligé de s'adapter à ce plan î mais le vent aïant celle , ce raïon s'eft aulFi-côc porté à reprendre la divergeance qu'on a remarqué le 20. 5c 12. Juin, comme ce même rcflort re- prendroit fa diverg^^ince par rapport au plan où il feroit attaché , à mefure qu'on le déchargeroir du poids qui le con- traignoit. La pefanteur de l'atmofphere qui a augmenté le 22. le mercure étant remonté à 27. pouces 8. lignes, a pii contri- buer à augmenter cette divergeance du raïon vifuel j rien n'empêchant qu'elle ne produife cet effet en Eté , quoiqu'elle en produife un contraire en Hiver ; comme un poids fé- lon qu'il feroit placé fur un reffort fixe par une de fes ex- trémitez, pourroit forcer ce relFort à une courbure, tantôt convexe , tantôt concave par rapport à un plan moïen qu'on imagineroit palTer par le point où ce relîbrt eft attaché. On doit cependant attribuer le principal effe: de la va- riation de la réfradion à la prefTion du vent , &: au plus ou moins de parties hétérogènes qui fe trouvent dans l'air : les obfervations précédentes le prouvent allez, on le connoîtra encore par les fuivantes. Mais en fait d'obfervations Phyfi- D V) 2,8 Observations qiies, il faut fe fcrvii* de tour, &c le mettre à profit du mieux qu'on peut. 'Le 8. Juin 1708. au matin le vent étoit à l'Eft foible, il y avoit une brume déliée dans l'air ; le mercure étoit à zj. pouces <3. lignes trois quarts dans le Baromètre, la baf- fcfïe apparente de l'horifon de la Mer fut de i z^. i o\ A midi de ce jour-là, cette bailefTe ne fut plus trouvée que de ï I . minutes 10. fécondes ; le vent étoit pour lors Sud-Oucfl fort frais, i'air fcrein , & le mercure defcendu feulement à 27. pouces 6. lignes deux tiers dans le Baro- mètre, ne donnoit pas une pefantcur de i'atmofpherc fort différente de celle du matin. / Cependant on voit que le raïon vifuel étoit élevé de fo. fécondes plus que le matin j de forte qu'à midi il étoit élevé d'une mmute 40. fécondes au-defllis du raïon dircâ:. On ne peut donc attribuer cette augmentation relative à celle du matin , qu'au vent violent de Sud-Oucll qui fouffloic à midi •-, 6c celle du matin pardefTus celle du raïon dircd , qu'à la brume déliée répandue dans l'air , laquelle annon- çoit le vent j l'un & l'autre ont déterminé le raïon vifuel à fe rompre plus fouvent &c fous des angles moins obtus. Car dès que le foir le vent eut changé , &; fut devenu Sud- Sud-Eft foible, quoiqu'il relia encore de la brume dans l'air, le Baromètre aïant feulement baiife d'un tiers de ligne, la bafrcfîc apparente de l'horifon de la Mer, fut de î z^ ^o'^. C'eft-à-dire, que le raïon vifuel devint moins courbé Sc moins divergeant à la furface de la Mer d'une minute 10. fécon- des depuis midij ôc avoit même baiffé de 2,0. fécondes par rapport à l'état où il étoit le matin ; ce qu'on ne peut attri- buer qu'à la ccflàtion du ventiles autres caùfes , qui font la pefanteur de l'atmofphere , 3c la vapeur répandue dans i'air étant peu différentes de l'état où elles étoient le matin. Cenendant le lendemain 9. Juin au marin , la balfcfle apparente de l'horifon de la Mer, ne fut que de ii''. o'''. la moindre qu'on eut encore obfervée , le vent étant Eft- Nord-Efl foible &C l'air fort embrumé, le mercure à zy. pouces 6. lignes dans le Baromètre, marquoit que la pefanteur de l'atmofphere étoit médiocre ; elle n'étoit donc pas la caufe de la plus grande divergeance du raïon vifuel , laquelle étoit SUR LA Refraction. 19 de deux minutes par rapport au raïon dirccl ; le vent d'Ed- IsJord-£(l, tout foible qu'il étoit, avoit pourtant introduit dans l'air beaucoup de parties heuerogeiics, qui ont conti'i- bué à la plus grande courbure qu'on eût encore apperçû du raion vifuel , lelon rhypcthefe qu'on a tâché d'expliquer ci- devant. A une heure après midi , comme Ci la nature fe plaifoic 2 l'inconftance , &c à nous donjicr de l'exercice , le vent étant Oueft-Sud-Oueft médiocre, la brume égale au matin, le Baromètre au même état, la divergeance du raïon vifuel a diminué d'une minute ij. fécondes, puiiquela baflcHb ap- parente de rhorifon de la Mer, fut de iz\ lyK fans qu'on puiiTe s'appercevoir d'aucune raifon d'un chan- gement fi confiderablc Se fi brufque , car onn'ofcroit foup- çonner le vent d'Oueft-Sud-Oueft de nous avoir joué ce tour. Auroit-il plus de pouvoir que fon frère voifin , le vent de Sud-Oueft ? qui 24. heures plutôt avoit élevé le raïon vifuel, à II. min. 20. fécondes. Seroic-ce par pique con- tre le vent d'Eft-Noid-Ell fon antagonifte ? qui ce matin avoit produit un effet contraire. Ils devroient ces vens fe contenter de eau fer tant de fracas &; de tempêtes à la Mer , &c ne pas déranger nos fiflêmes , où ils introduifent cette même inconftance qu'ils ont cji partage. Je rfen vois pourtant pas d'autre raifon ; car la chaleur de l'air auroit dû plutôt augmenter la divergeance du raïon vifuel que la diminuer , comuie il étoit arrivé le jour pré- cèdent ; ce fera donc le vent d'Oueft-Sud-Oucft qui aura produit ce jour-là l'effet furprenant de la variation de la ré- fradion dont il a été parlé pag. 10. de cet Ouvrage, où on a détaillé tous ces changemens ; car il faut que la matière refraclive fut fort grande à Thorifon le 9. Juin au matin, 6c q^Ue ne fut pas fi abondante au ■ deçà de l'horifon , puifque la furface de la Mer étoit plus élevée que le fom- met du petit rocher le 5>. Juin au matin : il falloit donc qu'il y eut alors plus de matière réfradive à l'horifon qu'en deçà ; c'eil: pourquoi il fe peut faire que le vent d'Oueit- Sud-Oueft aïant diffipé cette matière réfractive au Sud-Oueft, qui étoit le lieu de l'horifon où l'on regardoit la baficfte apparente de la Mer , il ait remis l'air dans la fituation où il devoit être, &: où il étoit en effet le 8. Juin au foir ; D lij jo Observations de force qu'il y a eu moins d'inégaliré dans la variation de la rcfrâi5Vion , loii'qae le vent eue diflipé la plupart de ces parties hétérogènes , qui compofcnt cette matière rcfra6tlve ; ainfi il a rapproche le raïon viiuel à 45. fécondes près du raïon dired. Je ne fçai fi la nature ne fe mocque point des efforts que je fais ici , mais je ne vois pas d'autre raifon qui explique ce qu'elle cache avec tant de précautions. En attendant que nous puillions l'épier de plus près par de plus fréquentes obfervations -, il faudra fe contenter de celles-ci , d'autant plus que nous aurons bien-tôt lieu d'examiner plus à fond ce point ci qui me paroit le plus épineux de tout cet ou- trag-e. Le 14. Juin 170^. au matin, la bafleffe apparente de l'horifon de la Mer , fut obfervée de i 3^ o'^. Le vent Sud^Ouefl foible , l'air ferein. Le mercure monté dans le tube du Baromètre à zj. pouces 8. lignes, mar- quoit que la pefanteur de ratmofphere étoic au-dcffus de la médiocre , néanmoins le raïon vifuelne fat point courbé en aucun fens , & ne foufFrant point de réfraclion , il fc confondit avec le raion direct jauffi le vent de Sud-Oueft^ quoique foible , avoit- il difTipé cette matière hétérogène qui caufe plus de réfraétion , puifque l'air étoic fort ferein. On fera encore dans les articles fuivans bien des réflexions fur la réfraction de l'Eté , c'eft pourquoi on ne s'étendra pas ici davantage. ARTICLE S I X I E' M E. Réflexions générales fur U compiraifon de la réfraBlon du raïon tendant À l'horij'on , dr du raïon tendant au formiict du rocher, E voici arrivé à la partie de cet ouvrage la plus cu- rieufe, mais aulTi la plus difficile à traiter. J'avois remarqué , comme il efl rapporté page i o. que la Mer à fon horifon paroi (ïbit quelquefois plus haute que le fommet du petit rocher , qui efl à la pointe Sud de flfle de Pommcgues : comme de part &: d'autre de ce rocher, qui ell au Sud-Oucil i- Oueft de l'Obfervatoire, on voie SUR LA Réfraction. 31 l'horifon de la Mer ; je m'en fuis feivi comme d'un point fixe qui pouvoic m'ctre utile ; mais je ne prcvoïois pas qu'il, dut me donner autant d'exercice qu'il a fait -, néanmoins puifquc cez exercice peut être utile aux fciences que je traite , je ne rcgrete'rai pas ma peine. C'eft ici où l'on peut dire vraiement inte?iiti iabor , car combien de minutes dans les obfcrvarions que je vais donner? ou, pour mieux dire, combien font elles menues &C délicates ? mais quelle preci- fîon ne demandent-elles point ? quelle exaditude fcrupuleufe? que d'attention ? quelle pénétration n'exigeroient point les reflexions délicates qu'il y auroit à faire ? Je ne puis attein- dre à cette o-loire. Jt tennis non oloria. Je vais pourtant tenter fortune ; c'eft un trefor que j'ai trouvé dans mon fond , il faut en tirer quelque profit. Si je n'en tire pas autant que d'autres, ce fera faute d'induf- trie de ma part , &: non la faute du trefor. J'avois long-tems abandonné ce fujet, dégoûté par la difficulté du travail, rebuté par la peine qu'il y auroit à en tirer rien de bon , ôc occupé à d'autres études qui me paroifToient plus aifees &: plus attraïantcs i lorfqu'au mois de Juin pafte )e voulus voir fi je trouverois quelqu'uniformité entre les obfervations que je ferois, &c celles que j'avois faites aux mois de Juin de 1707. & de 1708. & comme on s'engage infenfiblcment dans le travail, &c que la méthode & l'exaditude fe per- fectionnent parl'ufige &; les réflexions, je refolus de com- parer les bafl-cir.:s apparentes du fommct du rocher , avec . les baflclTes apparentes de l'horifon de la Mer. J'ai fait pendant zi. jours des mois de Juin , Juillet Sc Aouft 171^. diverfes obfervations , que j'ai rangées dans ime Table qui contient fcpt colomnes j la première eft pour les jours du mois ôz le tems auquel ont été faites les ob- fervations. Dans la féconde, font les bafiefles apparentes de l'horifon de la Mer. Dans la troifiéme , les biiflcfîbs ap- parentes du fommet du rocher. Le vent qui foufliloit eft mar- qué à la quatrième. A la cinquième, la difpofition de l'air. La fixiémc eft pour les hauteurs du mercure dans le Baro- mètre. Enfin , la feptiéme contient la hauteur de l'cfprit de vin dans un Thermomètre de feu M. Amontons , pour con- noîtrc ce que je n'avois pas reconnu jufqu'à prefent, fi la grande chaleur de l'air contribué à la réfradion. ^i Observations Nous ferons , pcnTois-je , jouer tant de machines , nous drcfTcrons tant de batteries, que peut-être la nature accor- dera quelque chofe à notre imporcunité, 5c fera avec nous quelque capitulation. Il eft toujours bon d'elTaïer ; après tout ce ne fera jamais qu'un peu de temps Se de peine perdue , &C on ne les perd pas toujours fi heureufement. 11 y a des jours où j'ai obfervé à trois divers temps , il y en a plulieurs où j'ai feulement obfervé à deux divers temps, êc les autres je n'ai obfervé qu'une fois. D'abord je m'af- furai du quart de cercle par diverfes vérifications ; ce qui ïîi'importoit non feulement pour ces obfervations , mds pour bien d'autres que je faifois dans le Ciel. Je trouvai qu'il ne haullbit ni ne baïUoit j je l'ai réconnii aufli depuis par les obfervations que j'ai faites ce mois de Décembre iji6. La foïe horifontale s'adaptoit parfaitement à l'horifou de la Mer ; le quart de cercle étant bien cale fur un mur de trois pieds d'cpailléurj le plomb rafoit librement le limbe de rinftrumeni: , méthode que j'ai toujours régulièrement ob- fervéc dans cette forte d'obfervacions. D'abord , en jettant les yeux fur la colomne des bafï'cfTes de rhorifon de la Mer, on voit que non feulement le raion vifuel tendant à l'horifon, n'a jaiiais été convergeant à la furface de la Mer, comme ill'efl fou vent pendant l'Hiver^ au Printems, 5c en Automne, fuivant les obfervations rap- portées ci-devant, &: comme on le verra encore dans les obfervations du mois de Décembre iyi6. mais on voit de plus que ce raion vifuel ne s'efl: jamais réiini avec le raion direél, dont l'inclinaifon , comme on l'a dit, efl de ij» mmutes , quoique cela foit arrivé quelquefois en Juin 1707. ôc en Juni 1705?. mais jamais en Juin 1708. De forte que ce raïon vifuel a toujours été divergeant par rapport à la furface de la Mer , qu'il a toujours élevée au-dcfTus de fa fituation naturelle, tantôt plus, tantôt moins, félon hvâ- riation des caufes qui produifoient cette réfraâiion. Mais ce qui m'a extrêmement furpris , c'cft que cette divergeance a été fort confidcrable ; telle eft celle du 24. Juin à midi , auquel temps la baflélle apparente de l'hori- fon de la Mer, fut de ' 6\ i^\ feulcmcntjla plus grande bafTcffe a été le r z.Juilîet de 1 2. i o. La difierence de ces balle (Tes fe trouve être de f. yj. Les surlaRefraction. ,» Les autres bafleffes varient entre ces deux termes avec tine grande irrégularité; le plus fouvent elles approchent da- vantage du plus liaut terme, quelquefois aurfi elles appro- chent du plus petit. Les Etés précedens on n'avoit jarnais obfervé cette bafTefTe apparente de l'horifon de la Mer , moindre de 1 1^ o^. Voilà donc une variation dans la rétraétion d'un Eté à un autre, de 4. minutes 45. fécondes, ce qui eft très-con- fiderable. En confiderant la coiomne des bafrefïes apparentes du fommet du rocher , on trouve. auiTi une grande variation dans la réfradion du raion vifuel. La plus grande bafTefTe a été véritablement le même jour que le fut celle de la Mer; le fommet du rocher qui ne paroifToit pas plus bas que Tho- rifon de la Mer, le 12. Juillet au matin, ni plus hautaufli, fut trouvé bas de iz\ lo^''. Mais la moindre bafTefTe du fommet du rocher ne Ce trou- ve pas le même jour, auquel fut la moindre bafTefTe de l'horifon de la Mer, qui étoit le 24. Juin, comme on Ta dit , mais elle fe trouve cette moindre bafïeflè du fommet du rocher le 3. Juillet au foir, auquel temps elle ne fut trouvée que de 7. minutes 30. fécondes. Il y a donc une variation dans la réfradion du raion vifuel de 4. minutes 40. fécondes, qui diffère d'une minute ly. fécondes de la variation de la réfradion du raïon vifuel tendant à l'hori- fon apparent de la Mer, ci-deffus trouvée de j. minutes 5 y. fécondes. Il feroit très-commode , pour expliquer la réfradion , qu'il y eut un accord entre les bafTefïes de la Mer, ôc les bafTefîes du fommet du rocher ; mais puifque cela ne fe trou- ve point, il faudra nous contenter, malgré nous , de ce que la nature nous donne , &; en tirer le meilleur parti que nous pourrons. Toutes les fois que la bafTefTe du fommet du rocher a été plus grande que la bafleffe de l'horifon apparent de la Mer, on conçoit aifement quil faut que cet horifon aïe paru dans la lunette au-dcfTus du rocher, 8c qu'on ait vu comme une lifiere de la Mer , qui joignoit cet horifon avec ce qu'on en voïoit de part &c d'autre du rocher. On trouve dans cette coiomne fept de ces oblèrvations , qui font mar- E ^4 Observations nuées du fîgne plus -+ peur faire connoître que la bafTeflc du rocher étoic plus grande. Lorfqu'il eft arrivé que le raïon vifuel rafaiit le fommet de ce rocher, alloic atteindre l'horifon de la Mer, la baf- fcfTe de l'un étant égale à la baflefTe de l'autre , on Ta mar- qué du figne d'égalité =. Il fe trouve trois de ces obfer- vations. Dans toutes les autres la baileffe du rocher cfl: moin- dre que celle de la Mer, ce qui devroit toujours arriver-, fi la refraction obfcrvoit des loix confiantes. ARTICLE SEPTIE^ME. Réflexions fur la Réfracîion , tant de l'horifon de, Lt Mer que du fommet du rocher au mois de Juin ijiS^ EN examinant les obfervations du i6. Juin , on voit d'abord que le matin la baflcfle apparente de l'horifon de la Mer, fut trouvée de ii. minutes 30. fécondes : mais à 10. heures lo. minutes du même matm , elle avoir di- minué d'une minute 30. fécondes, &: depuis ce temps-là jufqu'au foir, elle ne diminua plus que de 40. fécondes; du matin au foir la différence le trouve être de z. minu- tes I 0. fccoudes -, le raïon vifuel étoit moins divergeant le matin , puifqu'il n'étoit élevé au-dcfius du raïon direct que d'une minute 30. fécondes j la pefanteur de Tatmolpherc aïant été à peu près la même , n'a pu influer à ce change- ment, puifqu'cn 24. heures elle ne diminua que de ce qui correfpond à deux tiers de ligne de mercure dans le Baro- mètre ; &: il y a des jours où la baffcifc de la Mer étant la même que le 16. Juin, le mercure eft defcendu de deux & même de trois lignes , ce qui marquoit moins de pefan- teur dans l'atmofphere. On ne peut donc attribuer la dif- f:rcnce de la divergeance du raïon vifuel précifément au plus grand ou moindre poids de l'atmofphere. La chaleur de l'air ne par oit point aulfi y avoir contri- bué , elle fut fort modérée tout le jour , le Thermomètre n'étant qu'à 55. pouces i. ligne ; d'ailleurs il y a eu des jours où la chaleur a été plus grande , auxquels bien loin que la divergeance du raïon vHlicl ait augmenté, comme s U R L A R E F R A C X I O N. 3 ^ en ce jour , elle a diminué. On ne peut donc attribuer cette plus grande divcrgeance trouvée à 10.- heures 20. minutes, -d'une minute 30. fécondes, qu'au vent &: à la difpofition de l'air. Le matin l'air étant encore pur , le froid de la nuit *aïant condenfé cette brume à rOuell , où elle avoit été poufléc par un vent de terre , la divergeance a dû être moindre j mais le vent d'Ouefl, tout foible qu'il étoit, aïant peu à peu mis ces vapeurs en mouvement, aidé par l'aébion du Soleil , elles ont dû s'étendre davantage , étant chaflées vers l'Eft , èc le raïon vifuel a dû fe rompre plus fouvent , ôc fous des angles moins obtus ; c'eft pourquoi la divergeance a dû être plus grande à 10. heures ; &: parce que le même vent d'Oued a duré jufqu'au foir, la vapeur s'étant encore plus étendue, la divergeance a dû augmenter. Mais , dira-t'on , la baflcffe du fommet du rocher paroîc détruire ce raifonnement j car étant moindre le matin , elle a augmenté à dix heures d'une minute. A cela il ell aifé de répondre que la vapeur ne s'étendant point encore à cette heure-là au-dcçà du rocher, le raïon vifuel tendant à fon fommet, n'a pas pu fouffrir tant de réfradion j ainii il a dû paroitre plus bas: cela eft fi vrai, que lorfque le vent foi- ble d'OuefI: a eu le loifir de poufler la vapeur depuis le rocher jufquà l'Obfervatoire, alors il a paru plus haut, puifque le foir cette baiTcfTe du fommet du rocher a dimi- nué d'une minute 10. fécondes. Ces obfervations du 1 6. Juin prouvent donc que fuivant que les vapeurs font répandues dans l'air, foit que ce foie diverfement en différentes parties de l'air , foit que ce foit en plufieurs lits &c couches l'une fur l'autre , la réfraction doit être différente ; auffi paroît-il clair & évident que le raïon de lumière ne fçauroit pafTer par divers milieux d'une denfité hétérogène, fans qu'il fouftre diverfes réfraélions, fuivant le plus ou moins de denfité de la matière hetero- igene. La nature a ùs loix qu'elle fuit conftamment , quoi- qu'elle nous paroilïe inconftante, parce que nous ne con- noifTons pas les différentes combinaifons de ces loix. On voit encore qu'à lo. heures l'inclinaifon du iraïon vi- fuel tendant à l'horifon de la Mer n'étant que de 10. mi- nutes, ôc l'inclinaifon du raïon vifuel au fommet du ro- E ï) 5^ Observations cher étant de ii. minutes 50. fécondes, il a dû paroîtrtf une lifiere de la Mer au-deffus du fommet du rocher , cor- refpondante à l'angle d'une minute 30. fécondes, qui fai- foit la différence de ces deux inclinaifons, &: que comme le foir l'inclinaifon du raion vifuel à l'horifon de la Mer a encore diminué de 40. fécondes, quoique le raïon vifuel tendant au fommet du rocher fe foit élevé , puifque fon incliaâifon necoic plus de 10. minutes 10. fécondes, ce- pendant la Mer a du encore paroître par-defTus le fommet du rocher j mais la lifiere de la Mer n'étoit plus (i large , puifqu'elle n'étoit plus que de l'intervalle correfpondant à un angle d'une minute que formoient ces deux raïons vi- fuels. Le matin du 17. Juin, fans avoir égard au Baromètre &: au Thermomètre , puifque leur état , qui marquoit celui de la pefanteur &c de la chaleur de l'air , n'étoit pas fore différent du jour précèdent, l'élévation du raïon vifuel a été aiïez grande , puifque l'inclinaifon du raion vifuel à l'horifon n'a été que de 10. minutes, il étoit donc élevé plus que le raïon dired de 3. minutes. On conçoit fort aifément que le vent d'Effc , quoique foible, a rempli l'air de plus de parties hétérogènes, que le matin du 16^. Juin, lefquelles ont contribué à une plus grande courbure diver- geante du raïon vifuel ; Sc c'eft par la corde de cette courbe qu'on croit voir ; de forte que cette même matière hété- rogène a élevé le raïon vifuel tendant au fommet du rocher , puifque fon inelinaifon n'étoit plus que de p. minutes 10. fécondes, quoique le foir précèdent elle fut de 10. minu- tes 20. fécondes , c'eft-à-dire , une minute 10. fécondes plus grande qu'à ce jour. Mais le foir à j. heures le vent d'Eft aïant peu à peu chaffé cette matière hétérogène vers l'Oueft , alors le fom- met du rocher qu'on voïoit par un milieu plus purgé de parties hétérogènes; a du paroître bas de lo. minutes, qui -cft fon inelinaifon moïenne , &c la plus approchante du raïon direâ; tendant à ce rocher ; mais comme cette matière he- tcrogcne chaffée par levcntd'Eil étoit en plus grande abon- dance à l'horifon vers l'Oueft, l'inclinaifon du raïon vifuel à l'horifon de la Mer a dii être moindre , aufli n'a-t'elle étç que de 5>^ 40^^. # SUR LA Refraction. 37 parce que le raïon vifuel fe rompant encore plus , il s'eft élevé par une courbe plus forte encore que celle du matin de 10. fécondes-, & comme alors Tinclinaifon du raïon vi- fuel au fommet du rocher étoit de 10. minutes plus grande que celle du raïon tendant à l'horifon de la Mer d'un an- gle de 20. fécondes, on a vu une petite liHere de Thorifon de la Mer au-deflus du fommet du rocher , correfpondante à cet angle de 20. fécondes. Le foir du i8. Juin, l'inclinaifon du raïon vifuel ten- dant à l'horifon de la Mer , a été égale à celle du 1 6. Juin au matin, fçavoir de II^ 30'^. mais par une raifon différente. Nous avons remarqué ci-devanc que quand les vens font frais, ils diminuent la divergeance du raïon vifuel , comme un poids appliqué fur un reffort courbe, diminueroit fa courbure. C'eft l'effet qu'a produit le vent frais de Sud-Eft qui foufHoit ce jour-là ; Se cette courbure du raïon vifuel auroit été encore moindre, fi la brume, qui étoit répandue dans l'air par ce vent, qu'il amené avec lui , n'avoit pas fait un effort contraire pour l'augmen- ter. Et comme le raïon vifuel tendant au lommet du ro- cher, qui neft éloigné que de 3512. toifes, eft beaucoup plus court que l'autre tendant à l'horifon de la Mer , qui fc trouve être de 12^05". toifes , il a été plus difficile au vent de le courber ; de forte que la brume aïant prévalu , ce raïon s'eft élevé plus quliicr de 30. fécondes. Ce jour ci le poids de l'atmofphere étoit fort au-deffus du médio- cre, le mercure étant monté à 27. pouces 9. lignes deux tiers dans le Baromètre ; néanmoins comme en d'autres jours ce poids a été moindre, &: la courbure du raïon vifuel égale à celle de ce jour , &c même moindre , il ne paroît pas qu'il ait influé à cette réfradion. Le 19. Juin à trois heures du foir, la baffefle apparen- te de l'horifon de la Mer ne fut pas fi grande , elle étoit de lo^ 30'^. De forte que la divergeance du ra'ion vifuel avoir augmenté d'une minute; l'air étoit ferein , le vent de Sud-Eft étoit véritablement encore affez frais ; mais comme il étoit fur fa fin , puifque dès la nuit il calma entièrement , il paroît que n'aï.intplus aflez de force pour empêcher la divergeance du raïon vifuel tendant à l'horifon de la Mer , il a dû remonter E iij 38 -Observations par une courbe dont l'angle de la tangente & de la corde a crc plus grand d'une qiinute. Cela devroit d'autant plus arriver que les parties de la matière hétérogène s'étant ré- p inclues dans une plus grande étendue d'air, elles ont con- ïribué à cette plus grande courbure ; mais comme il n'y avoir pas allez de cette matière hétérogène jufqu'au rocher trop peu éloigné, l'air /erein le marquant allez, le raïon direct &: le raion viiuel tendant l'un de l'autre au fommec de c ;Tocher, ont dû prefque ie confondre. Le poids de l'atmoiphere a été fort grand ce jour-là , puis- que le mercure étoit monté dans le tube du Baromètre à zj. pouces 6c prefque 10. lignes. Pour la chaleur de l'air elle a été moindre qu'hier, puifque le Thermomètre n'étoit monté qu'à 5-5. pouces z, lignes. Ces deux jours la roche paroifibit à l'ordinaire au-dejGTus de la furface de rhor:fon de la Mer , mais moins haute le 19. que le 18 aulfi y avoit- il d'un jour à l'autre une différence de 30. fécondes. Le 20. Juin à 7. heures 30. minutes du foir, la baOeile apparente de l'horifon de la Mer fut trouvée de lo^ 45^^. p. us forte qu'hier de 15. fécondes. Il ne faifoit pas devenc ôc l'air étoit ferein. La bafîeiïe du fommet du rocher fuc aufTîplus grande qu'hier de 30. fécondes, elle fut de i o^ 30''''. La divergeance du raïon vifuel de la Mer n'a donc dimi- nué que de i j. fécondes, tandis que la divergeance du raïon vifuel tendant au fommet du rocher a diminué de 30. fé- condes. Comme le raïon tendant- à l'horifon de la Mer a bien plus de chemin à fliire que celui qui va au fommet du rocher , il a trouvé plus de matière hétérogène , qui l'a em- pêché de fe rcdrellbr autant à proportion que celui du ro- cher. Il ne fe préiente rien autre à dire pour les obferva- tions de ce jour. Les obfervations du 21. Juin fournilTent encore bien des réflexions. On obferva en trois differens temps. Le ma- tin à f. heures 3^. minutes, la balTefïe de l'horifon appa- rent de la Mer, fut la moindre qu'on eut encore trouvée de y. ly^, èc par coniequent la divergeance du raïon vifuel la plus grande qu'on eut remarquée; elle étoit au-deffus du raïon dired de 3. minutes 45-. fécondes. Comme il ne faifoit pas de vent 5 & que le Ciel écoic ferein , le raion vifuel traver- surlaRefraction. 3^ iànt le milieu , a trouvé la matière hétérogène plus répan- due uniment, laquelle l'a déterminé a. une plus grande cour- bure divergeante à la fur face de la Mer. La même caufe a agi fur le raion vifuel tendant au fommet du rocher , de forte qu'au lieu que le foir précèdent fon inclinaifon étok de 10. minutes 30. fécondes, elle ne s'cft plus trouvée que de 9. minutes 30. fécondes, c'eft-à-dire, une minute moindre. Mais comme l'inclinaifon du raïon vifuel tendant au fom- met du rocher, étoit plus grande de 15. fécondes que cel- le du raïon vifuel tendant à l'horifon de la Mer , on a vu par-defTus ce fommet une lifiere étroite de cet horifon qui correfpond à l'angle de ly. fécondes que formoient ces deux raïons vifuels. La pefanteur de l'acmofph^re étoit allez grande, puifque le mercure étoit à 27. pouces 8. lignes un quart dans le Baromètre j èc la chaleur de l'air plus grande qu'elle n'avoit encore été, le Thermomètre aïant monté à jy. pouces j. lignes, A midi la bailcfïe apparente de l'horifon de la Mer aug- menta de I ^. fécondes, &c fut trouvée pour lors de 9^ 30'''. La baflclîé du fommet du rocher fut comme le matin . 9 . 30. Il paroît donc par-là, qu'au de-là du rocher la matière hétérogène qui caufe la réfraétion étant un peu plus diiFi- pée que le matin , la divergeance du raïon vifuel tendant à l'horifon a diminué, tandis que cette matière étant de niême denfité au-deçà du rocher, le raïon vifuel tendant à fon fommet n'a point paru plus abaifïé, comme il feroit arri- vé, fi la matière hétérogène eut été aulïirare qu'elle l'éroic au-delà du rocher. Alors l'inclinaifon du raïon vifuel tendant à l'horifon , &: celle du raïon tendant au fonimet du rocher étant éga- les , ces deux raïons fe font confondus , &: on a vii l'ex- trémité de là Mer à l'horifon , &C le fommet du rocher dans la même ligne ; ce qui ell encore arrivé deux autres fois , comme on le dira plus bas, mais fous des inclinaifons dif- férentes ; tant la nature eft fertile en combinaifons. A les fuivre toutes , il y auroit de quoi épuifer la patience des Philofophes les plus flegmatiques &C les plus fubtils. Le foir à trois heures , la bafTeffe apparente de l'horifon de la Mer fut comme à midi, de 5>^ 30'^. ^o Observations mais la bafTeffe apparent: du lomnieE du rocher diminua de io. fécondes, &c ne fut plus trouvée que de 9^ lo^. Il fâifoit le même temps calme &c ferein. Alors le ibmmec du rocher paroifloit au-defl'us de l'horifon de la Mer de lo, fécondes. Quelle caufe de la variation de la réfradion aiï fommet du rocher , tandis qu'il n'y en a point à l'horifoii de la Mer ? Si les Géomètres étoient faifeurs de Romans ^ on pourroit croire que j'ai mis ici un épifode pour égaler mon fujct : mais outre que ces deux profefTions ne s'accor» dent pas , les épifodes feroient ici fi fréquens , qu'ils fur* paiïeroient le fond de la piece^ Quelle caufe, dis-je, de cette variation ? peut-être que la: chaleur de l'air , qui étoit la plus grande qu'on eut obfervé de cet Eté, aiant mis la matière hétérogène qui caufe laré- fradion, en plus grand mouvement fur la fur face de la terre,, que fur la furface de la Mer, a caufé plus de courbure au raïon vifuel tendant au fommet du rocher qui eft plus prés des terres , quà celui qui tendoit à l'horifon de la Mer qui en eft plus loin ; c'eft pourquoi ce rocher a paru plus hauc qu'il n'avoic paru le matin. On ne donne pas ceci pour des démonftrations géométriques, mais par les effets, il eft toiijours permis au Phyficien de chercher les caufès , fauf à lui de bien rencontrer. Il paroît de la bifarrerie que la baf^ feile de la Mer ait été la même à midi & le foir , que celle du fommet du rocher ait été la même le matin &c à midi ,, & ait changé le foir. Foibles &; bornez dans nos connoif^ fances, nous aimons mieux accufer la nature de bifarrericy que d'avouer que nous ne connoilTons pas ce qu'elle ne nous - développe que lentement &c avec referve. Voici de nouvelles preuves du pouvoir du vent pour la réfradion , dans les obfèrvations du 15. Juin , qu'on fit en- core eu trois divers temps. Le matin à 5. heures 30. mi- nutes , le vent étant Sud-£it alTez frais , la bafTefïe apparente de l'horifon de la Mer, fut trouvée de ii^ 30^. Il y avoît dans l'air une brume déliée que ce vent mené prefque toujours avec foi. La bafîeffe apparente du fommet du rocher fut trouvée de lo^ i^^\ moindre que celle de la Mer feulement d'une minute ij'. fécondes ; la pefanceur de l'atmofphere étoit un peu au-deffus âe la moienne,. Oi* SUR LA Refraction. 41 On voit que le raïon vifuel tendant à l'horifon de la Mei" s'ctoit approché du raïon dirc£l, dont il n'ctoit plus éloigné que d'une minute 50., fécondes , tandis que le ma- tin du 11. il en étoit éloigné en divergcance de 3. minu- tes 45. fécondes î il femble au furplus que la brume déliée, dont l'air étoit plein , dcvoit faire rompre ce raïon plus que le zi. au matin lorfque l'air étoit ferein &: le vent calme. Le contraire, como^ie on voit, e(t arrivé , ce qui ne peut êcre attribué qu'à la torce du vent, lequel, comme on a déjà dit, tend à faire plier ce raïon en fcns contraire; il a même réufli à produire cet effet au raïon qui tend au rocher , puiiqu'il étoit de quelques fécondes plus bas que le raïon dircd qui va à fon fommct , dont nous avons die que l'inclinaifon n'ed que de lo. minutes Se environ 10. fécondes. La pefanteur de l'atmofphere étant moindre que les jours précedens, puifque le mercure n'étoit monté dans le tube qu'à 2-7. pouces 7. lignes &; demi, n'a pas pu aider à diminuer la réfraélion ; &: s'il n'y avoir pas eu de la bru- me dans l'air, cette inclinaifon du raïon vifuel auroit monté à II. minutes, comme en d'autres occafions. A midi le vent de Sud-Eft n'étant plus fi frais, le raïon vifuel tendant à l'horifon de la Mer ne s'eft plus trouvé incliné que de lo. minutes 30. fécondes ; & le raïon ten- dant au fommet du rocher étoit feulement incliné de 5)^ 3 o^ L'inclinaifon du premier a donc diminué d'une minute, &: l'inclinaifon du fécond de 45. fécondes ; de forte que la ré- fraclion a gagné d'autant. La divcrgeance de ces raïons étant donc plus grande, on diroit qu'ils fe font fentis foulagez du poids du vent, de forte que paiïant plus Ubrement par la matière hétérogène dont l'air étoit plein , ils fe font rom- pus plus fouvcnt ôc fous des angles moins obtus , pour foripxr une courbe plus convexe , &: plus divergeante à la furface de la Mer , fans que le poids de l'atmofphere pref- que le même que le matin y ait eu aucune part. L'obfervation du foir confirme ce raifonnement, car fur les 7. heures le vent de Sud-Eft étant foible , &: la vapeur plus fine , la bafleffe apparente de l'horifon de la Mer n'a plus été que de 9^15^ &c celle du fommet du rocher n'a été que de 5>' ^5- Le "vent ne formant plus dobilacles, ces deux raïons F 4i Observations* vifucls Ce font rompus encore plus fréquemment, Sc Tous des anf^Ics moins obtus, pour former chacun une courbe plus divcrgcanrc d'une minute i j . fécondes à l'égard de rhonfon de la Mer, &: de 15. fécondes à l'égard du iom- mcc du rocher. . ; On s'apperçok ici de l'uniformité des loix de la nature; car les deux ra'ions vifùels tendans l'un à l'horifon de la- Mer , l'autre au fommet du rocher , ont obfervé quelque proportion à s'élever, à meiure que le vent a diminué, ôC que la brume eft devenue plus fine. Le raïon vifuel tendant à l'horifon n'étant pas plus incli- né que celui qui tendoit au fommet du rocher , on a vu cet horifon de la Mer aufli haut que le fommet du rocher, ce qu'on avoir déjà obfervé le zi, à midi, mais fous une inclinaifon différente. Le 24. Juin on obferva en deux divers temps , le matin à y. heures la baflefle apparente de l'horifon fut de i o^ 45^. celle du fommet du rocher fut feulement de 8. 45". la moindre qu'on eut encore trouvée j le vent étoit calme & l'air ferein. Le poids de Tatmofphere étoit un peu aug- menté, puifque le mercure étoit monté à 27. pouces 8. li- gnes, la réfraction , comme on voit,élevoit le ra'ion vifuel au-dcllus du raion direct de z. minutes i^. fécondes, mais elle Tel voit moins qu'hier au foir de 30. fécondes ; ce qu'on pourroit attribuer à une moindre quantité de matière hété- rogène , qui manquant dans l'air devoir moins rompre le raion vifuel , & l'approcher un peu plus du raïon dircâ: ;. cependant voici une nouvelle contrariété de la part du raïon vifuel tendant au fommet du rocher. Il auroit dû par ces mêmes loix ^ ou par celles que la nature parut obferver le 23. remonter à 9. minutes 30. fécondes î mais bien loin de-là , l'inclinailbn de ce raïon n'étant aujourd'hui que de S. minutes 4y. fécondes, la réfradion de ce raïon a été plus grande qu'elle n'avoir encore paru, puifqu'elle a aug- menté depuis le foir précèdent de 30. fécondes. L'air auroit-il été plus rempli de parties hétérogènes au- deçà du rocher , qu'il ne l'étoit au-delà ? Si cela eft , on conçoit que le raïon vifael tendant à ce rocher , a dû être plus divergeant à proportion , que ne l'a été le raïon ten- dant, à rhonfon apparent de la Mer. L'œil ne s'eft point surlaRefraction. " 4^ apperçu de cette difFercncc dans la pureté de l'air, mais il ell fi mauvais juge en la plupart des cftcts phyfiques , qu'on ne peut guère compter fur lui. On ne trouve pas d'autre raifon de la contrariété de ces réfraélions. Ne feroit-il point plus à propos de laiiTcr la nature en paix , comme faifoient nos Percs , que de Ce tourmenter à connoître ce qu'elle nous découvre fi difficilement? Mais voici une nouvelle contrariété, on diroit que la nature ié plaît à nous embarralTer ; à midi de ce même jour , la bailelTe apparente de Thorifon de la Mer fut la moindre qu'en eut encore obrervé, elle ne fut que de 6\ i f^\ iSc la ballefTe apparente du rocher remontant tout-à-coup , fe trouva au2;mcnrée S>c être de lo^o^'. enforte que l'horifon de la Mer paroifToit fort au-delîus de ce fommet, qui lailîoit voir par-delTus lui une lifiere con- fîdcrable de l'horifon , correfpondante à l'angle que for- moient les deux raïons vi fuels , lequel étoit de 3. minutes 4^. fécondes j tandis que le matin le fommet de ce rocher étoit plus haut de 2. minutes que l'horifon de la Mer , comme il arrive ordinairement. La pefanteur de l'acmofphcre étoit la même que le matin, le Baromètre au même état le prouve évidemment. La cha- leur de fair , il eft vrai , étoit plus grande , puifque le Ther- momètre étoit monté à midi à y j. pouces 1 1. lignes & de- mi ; mais elle auroit agi également fur l'un &; lur l'autre de ces raïons^ ai n fi elle n'auroit pas produit en même-temps deux effets contraires. On ne peut donc accufer que le vent de ce changement fubit àL contraire. Il étoit Sud-Oueft médiocre à midi, &r il ne faifoit que de fe lever -, il commcnçoit donc à chafïer devant lui bien de la matière lieterogene, le raïon vifuel tendant à l'hori- fon à 12,600. toifes, a 'rencontré cette matière en chemin, il s'y eft donc rompu fréquemment & fous des angles moins obtus, ainfi il efl devenu fort divergeant à la furface de la Mer , àc a formé une courbe dont la corde faifoit un angle de 6. minutes 45. fécondes, avec le raïon dired tangente' de cette courbe. Mais le vent n'aïant pas eu encore le loi- fir d'ammencr cette matière hétérogène jufqu'au rocher , le raïon vifuel tendant à fon fommet n'a pas dû fouflrrir tant &: de fi fréquentes réfrr.dicns ; de forte que ce raïon vifuel F ï] A^ Observations a dû prefque fe confondre avec le raïon dired , dont il n'é- toit éloigné que de peu de fécondes. Voilà, dira-t'on , une matière hétérogène qui vient bien à propos pour vous tirer de peine ? Je conviens qu'elle vient bien à propos j mais fi elle n'étoit pas venue, nous ne fe- rions pas -en peine i car la nature étant la même, produi- roit toujours les mêmes eft'cts i ainfi nous aurions en tout temps , èc les mêmes baflefles &c les mêmes rcfradions. Con- tens &: tranquilles , les obfcrvations d'un jour nous afTu- reroient de celles du lendemain ; &c nous chercherions ail- leurs de nouveaux objets propres à occuper notre curiofité philofophique. Le 17. Juin à y. heures 45. minutes du matin, la baffeiïe apparente de l'horifon de la Mer, fut de ii^ 30'^c Celle du fommet du rocher fut de 5>- i J* Le vent de Sud-Oueft , qui duroit depuis près de quatre jours, étoit fur fa fin, &: fit place peu d heures après au vent de Sud-E(l ; ainfi l'air étoit afléz purge de parties hé- térogènes à l'horifon vers l'Oueft v c'eft pourquoi le raion de lumière tendant à cet horifon où l'air é:oic plus pur, ne s'éleva pas tant ; mais au-deçà du rocher où l'air commençoit à être imprégné des parties hétérogènes qui étoient les avant coureurs du vent de Sud-Eft , qui fuivit deprès , la réfrac- tion fut tant foit peu plus f)rte. Le même vent commença à charier des nuages très-déliez à fon ordinaire, mais ces nuages n'avoient point encore gagné la partie occidentale du Ciel , le Sud-Oucfl; s'y oppofant encore , ce qui con- tribua aufii à diminuer la réfradion à l'horifon , en forte que le raion vifuel ne fut élevé au-delTus du raïon direâ: que d'une minute 30. fécondes, réfraction aflez ordinaire en Eté. La pefanteur de l'atmofphere fut peu au-defïus de la mé- diocre y le mercure étant à 27. pouces 7. lignes dans le tube du Baromètre. La chaleur de l'air fut plus grande qu'elle n'avoit été le matin de cet Eté , puifque le Thermomètre étoit à y y. pouces 9. lignes, néanmoins ni l'une ni l'au- tre de ces deux caufes ne paroifl'ent pas avoir influé à la ré- fraélion. Le 25?. Juin à j. heures 30. minutes du matin , la bafleffe apparente de l'horifon de la mer fut de i o^ 5.0*^ SUR. LA Réfraction. 4c La balTefle du fommec du rocher fut de ^^. 30". Le vent de Sud-Eft qui duroic depuis le zj. porte tou- jours bien des vapeurs, & par conféquent bien de la ma- tière hétérogène, dans laquelle le raïon vifuel fe rompant plus fouvent, ôc fous des angles moins obtus, la courbe divergeante à la furface de la Mer s'eft plus élevée d'une minute que le 27. d'ailleurs le poids de l'atmofphere étant coniiderablement diminué, puifque le mercure defccndu dans le Baromètre à 27. pouces 4. lignes àc y. fixiéme, le lîiarquoit aftcz , il a encore aidé à la réfraction , à quoi la chaleur de l'air plus grande que les jours précédents, puif- que le Thermomètre marquoit y j. pouces 1 1. lignes, pour- roit aufFi avoir contribué. Mais le raïon vifuel tendant au fommct du rocher, ne fut divergeant que de 30. à 40. fé- condes, apparemment parce que ces caufes n'avoient pas tant d'adion fur lui par rapport à fa moindre longueur. ARTICLE HUITIE'ME. Rejlemons fur la Réfracîion ^ tant de rhorifon de la Mer que du Jommet du rocher au mois de Juillet iji6\ ON ne doit pas s'étonner qu'on foie obligé quelquefois à des redites ; ce font des obfervations fort femblables dans ces deux mois, qui ne peuvent s'expliquer que par les mêmes caufes , quoique diverfement cambmées ; d'ailleurs ce qu'on dira fur les obfervations de ce mois, fervira de confirmation pour les précédentes ; il fe pre(entera auffi aflèz d'autres nouveaux phénomènes pour defennuïer le Le^leur, qui pourra fauter ce que bon lui femblera , & même le tout s'il le veut ainfi , fans que j'aie lieu de m'en fâcher. Le mois de Juillet commença par un vent de Nord-Oueft frais , qui fit un grand changement dans la réfra6i:ion , car la ballefîe de l'horifon de la Mer fut de 12^ o^. Le premier Juillet à 6. heures du matin, la bafTeiTe du fommet du rocher fut de p. minutes 45. fécondes. On a fouvent remarqué ci-devant^ que quand le vent, fur-tout celui de Nord-Oueft, devient frais, ilabaifle confiderable- meuc le raïon vifuel ; en voici une confirmation, car le F iij ^(S Observations raïon vifucl tendant à rhoiilbn de la Mer n'avoit point encore été fi bas de cet Etc. Il l'auroit été fiins doute da- vantage , fi la brume déliée qui étoit répandue dans l'air en ce temps-là , n'avoit produit un effet contraire i de forte que le poids du vent n'a pu fe faire ii fort fentir. D'ailleurs le poids de Tatmofphere n'étoit pas confiderable , il n'avoit augmenté depuis le 25». Juin que de peu , puifque le mer- cure n'étoit remonté dans le Baromètre que d'une fixiéme partie de ligne. ; Le vent produifit le même cfïct fur le raïon vifuel ten- dant au fommet du rocher, puifqu'il n'étoit élevé au-delTus 4n raïon direct que de 20. fécondes. Ainii dans cette oc- callon la nature a agi uniformément , au moms nous avons lieu de le conclure de ces deux obfervations , Se aufli de celles qui furent faites le foir ; car à 7. heures le vent aïanc molli &; fauté à l'Ouefi: médiocre, la bailéile apparente de l'horifon de la Mer ne fut plus que de ii^ o^. & la baffeiTe apparente du lommet du rocher 5). o. On voit que lèvent n'étant plus {1 frais, le raïon vifuel tendant à l'extrémité de la Mer, s'eft relevé par une courbe plus divergeante d'une minute que le matin , n'aïant plus ce poids qui le preflbit , &c la matière hétérogène s'étant ré- pandue plus uniment dans l'air , il s'cil rompu plus fou- vent , Se fous des angles moins obtus. La mém.e chofe eft arrivée au raïon viiuel tendant au fommet du rocher ; ils ont obfervé l'un &c l'autre une proportion aflez exaéle dans l'augmentation de leur réfraélion ; fuis doute parce que l'air étant affez ferein, &c le vent modéré, la matière hétérogène répandue également , a également contribué à leur réfraclion. Le 2. Juillet à 9. heures du matin le vent étoit Sud-Oueft foible, il y avoit de la brume à l'Oucfl, auifi la/ ballélîè apparente de l'horifon de la Mer fut trouvée moindre que le premier Juillet, étant feulement de lo^ i y^''. Celle du fommet du rocher remonta à ' 5). 30. Il paroît par la baffeife de la Mer que le raïon vifuel ten- dant à l'horifon, foufFroit plus de réf radion en palfant par la matière hétérogène qui étoit répandue vers l'horifon , ce qui a fait paroîtrc la Mer plus élevée que le premier Juil- let. Cette divergeance du raïon vifuel étoit de 2. minutes SUR tA Refraction. 47 4y. fécondes par rapport au raion direct incliné de 13. mi- nutes. Mais comme il n'y avoir pas tant de matière hétérogène au-deçà du rocher, le raioii vifuel tendant à Coa fommet ne s'cft plus tant élevé, puilqu'il n'écoit au-delTiis du raïon dired que de 35. fécondes. La pcfanteur de ratmofphcre étoit médiocre, le mercure n'étant monté qu'à 27. pouces 6. lignes, 5c on ne voit pas, par les raifons qu'on a dit ci-devant, qu'elle ait pu contribuer à ce changement dans la réfraction. La chaleur de l'air avoir diminué , puifque l'efprit de vin du Thermomètre n'étoit qu'à y y. pouces 3. lignes, ainfi elle ne p; '-oit point auffi y avoir influé. Mais voici un granu changement au fiftême que la na- ture paroît avoir fuivi , arrivé en dix heures de temps , in- tervalle fort court, fans qu'on en voie aucune caufe évidente. Le foir à 7. heures 55. minutes 5. la bafleilc apparente de l'horifon de la Mer, fut de u^. ^o^', &c la balfelle apparente du fommet du rocher aïantauiTi ali- mentée de fon côté, fut trouvée de lo^ 47^^ Le vent étoit foible &: l'air affez ferein ; d'où peut venir cette augmentation fubite d'une minute 15. fécondes dans l'inclinaifon du raïon viiuel tendant à l'horifon ? &: une aug- mentation égale d'une minute ly. fécondes dan.b l'inclinai- fon du raïon qui alloit au fommet du rocher .? le poids de l'atmofphere avoir augmenté de fort peu, de même que la chaleur de l'air. Ainfi ces caufes n'y ont pas contribué. On ne peut attribuer cet effet furprenant qu'à l'état de l'air , qui étant tout-à-fait purgé de la brume qu'il y avoir le matin à l'horifon , la matière hétérogène n'y étant plus répandue en fi grande quantité, le raïon vifuel tendant à cet horifon ne s'eft plus rompu fi fréquemment ; il s'eft mê- me rompu fous des angles plus obtus ; de forte qu'il a été moins divergeant qu'il ne l'étoit le matin. De même le raïon vifuel tendant au fommet du rocher , non feulement n'a plus été divergeant , mais il eft devenu convergeant de quel- ques fécondes , par rapport à la furface de la Mer , & s'efl plié en fens contraire, la môme caufe produifant ces divers effets à l'égard de ces deux raïons vifuels. ' Plus on fera d'attention à la variété infinie des phéno- mènes que la nature nous prefeiite continuellement, plus j^'^ Observations on fera furpris de la fécondité mcrveillcufc qu'elle fait pa- roîtic. On diroic qu'elle reflcmble à une valte prairie qui renferme des millions de fleurs -, à l'aide du Soleil le Phi- lofophe les cueille ; elles font fermées à tout autre qui ne fçait pas profiter de la prefence du Soleil. Ceft une mine d'or qui renferme dans fon fein des trcfors immenfes ; faute de trouver la veine on ne peut profiter de ces trefors. Le 3. Juillet à 5. heures 4^. minutes du matin, la baf- feflc apparente de Thorifondela Mer fut trouvée de lo''. 45'''. La baflefîe du fommet du rocher fut de i o. o. Le calme duroit encore , &c l'air étoitfort ferein. Le poids de ratmofphere étoit augmenté , puifquc le mercure étoic monté d'une ligne trois quarts dans le tube du Baromètre , il étoit à zy. pouces 7. lignes trois quarts. La chaleur de l'air étoit augmentée de deux lignes au Thermomètre de- puis le jour précèdent ; il marquoit 55. pouces 5. lignes. Il y a lieu de croire que de ces trois eau Tes , celle qui a je plus influé à la réfraction , c'eft la confl;icution de l'air. L'inclinaifon du raïon vifuel tendant à l'horifon de la Mer a'iant diminué depuis le 2,. au foir de 45. (ccondes ; la ré- fradion a augmenté d'autant. Or comme il ne faifoit pas de vent , ôc que l'air étoit ferein , la matière hétérogène jetant répandue plus également, a donné un libre paflage au raion de lumière pour fe rompre encore plus qu'hier au foir. Un indice que la matière hétérogène étoit répandue plus également, c'efl; que l'inclinaifon du raion tendant au fommet du rocher, a également diminué de 45 . fécondes i èc par conféquent la réfraction a autant élevé le fommet de ce rocher, qu'elle a élevé l'horifon fenfible de la Mer. C'efl: donc principalement à la difpofition de l'air qu'il faut at- tribuer cette au2:mentation de la réfraélion. Le foir à 7. heures la bafléflé de l'horifon , tut de ^^ o . La baiïcfle apparente du fommet du rocher , fut de 7. 30. Voilà encore une augmentation conhderable dans la ré- fraction de CCS deux ra'ions vifuels , celui de l'horifon de la Mer fe trouve plus élevé que le matin, d'une minute 45. fécondes. Le raion vifuel du fommet du rocher elt plus élevé que le matin de 2. minutes 30. fécondes, &c beau- coup plus que l'autre. Comment accorder ces variations de réfractions ^ Comment en deviner la caufe ? Le vent étoic encore SUR LA Réfraction. 49 encore calme & l'air ferein. Ici on pourroic dire , Davus pm non Oedippiu. On peut pourtant à force de réflexion deviner cette enie- me 9 fi on fait attention au vent frais de Sud-Eft qui fouf- fla le lendemain, quoiqu'il ne fe fît point encore fentir le 3. Juillet au foir, néanmoins il étoit à nos portes, &: les vapeurs fes avant-coureurs, quoiqu'impcrccptiblcs à l'œil , avoient déjà fiit bien du chemin dans l'air de notre hori- fon. Suivons les s'il eft poflible. Comme elles étoient fort répandues depuis l'Obfcrvatoire jufqu'au rocher qui eft à rOueft , la matière hétérogène étant en plus grande quan- tité que le matin en cet endroit-là , le raïon vifuel tendant au fommet du rocher a fouffert de plus fréquentes réfrac- tions fous des angles moins obtus ; il s'eft donc élevé en courbe plus divergeante de 2. minutes 30. fécondes, ce qui eft fort confiderable , & c'eft la plus grande réfradion que nous aïons obfervé à ce rocher : mais comme ces vapeurs ou cette matière hétérogène n'étoit pas encore arrivée en h grande quantité depuis le rocher jufqu'à l'horifon de la Mer à TOueft-Sud-Oueft , puifqu'elles alioient de TEft à rOueft, &: qu'elles rencontroient des obftacles en leur che- min , que le vent qui étoit encore un peu éloigné , ne pou- voir leur faire li-tôt furmonter, le raïon vifuel tendant à l'horifon de la Mer ne s'eft point rompu fi fouvent , &: les angles ont été plus obtus ; comme il eft arrivé au raïon qui tendoit au rocher. C'eft pourquoi la courbe n'a pas été fi divergeante, èc fa courbure n'a augmenté fur celie du ma- tin,que d'un angle plus grand d'une minute 45-. fécondes, que celui que faifoit le matin la tangente avec la corde de chacune de ces deux courbes. Voilà, me dira-t'on encore, un vent d'Eft venu bien à propos i je conviens qu'il eft favorable, puifquefije ne l'a- vois pas obfervé le lendemain, je ne fçaurois comment ex- pliquer une fi grande , fi prompte ôc fi difterente variation de réfradion. Mais enfin il eft venu , 6c on ne fçauroit ap- porter d'autre caufe raifonnable ; car la différence du poids -de l'atmofphere &: de la chaleur de l'air étoient trop peu diftcrentes de celle du matin , pour leur attribuer un fi fu- bit &: fi grand changement. C'eft ici un procès à foûtenir contre la nature,- elle eft chicanneufe, on ne fcauroicrrop G yo Observations produire de pièces contr'elle, celles qui paroiflent les moins importances, contribuent quelquefois le plus au gain de ce procès. Le 4. Juillet à 10. heures zo. minutes du matin, le venc étant Sud- Eft frais , la bafTeflb apparente de l'horiion de la Mer, fur de - 1 1^ o^. La bafîeiîc apparente du fommet du rocher , fut de 9. 4 j . Voiià donc rniclinaifon du raion vifuel tendant à l'hori- fon de la Mer, augmentée de 2. minutes depuis hier au foir : c'eil autant de diminué à la réfraction de ce raïon vi- fuel, qui étant hier au foir élevé de 4. minutes au-deffus du raïon direct, ne fe trouve pius élevé que de deux minu- tes. On en a (ouverit dit la raifon ci-devant ; lorfque le vent cft frais , la matière hétérogène a beau s'y oppofer , les ef- forts du vent encore plus grands , comme un poids fur un refîbrt, rendent toiijours à diminuer fa divergeance ; de il la matière hétérogène ne s'y oppofoit, non feulement le vent par fon poids ôteroit au raion vifuel fi divergeance , mais il le rendroit même convergeant à la fui face de la Mer , comme on la fait voir ci-devant , Se comme il arrive fouvent en hiver. L'inclinaifon du raïon vifuel tendant au fommet du ro- cher a encore plus augmenté , puifque cette augmentation eft allée à 1. minutes 15. fécondes ; le même raiionnemcnt qu'on vient de faire doit être appliqué ici ; ainfi ce raïon. viihel aïant prefque perdu fa divergeance, n'étoit plus éloi- gne du raïon dircâ: que d'un angle de 20. fécondes, &: je ne doute pas, comme je le ferai voir -ci après , que fi la ma- tière hétérogène ne s'y fut oppofée, de divergeant qu'il étoit 5 il ne fut devenu convergeant à la furface de la Mer, tant le vent a de force pour produire toutes ces variations. Le Ciel étoit couvert de nuages déliez chafTez par lèvent frais de Sud-Elf ; la pefanteur de l'atmofphere étoit dimi- nuée, car le Baromètre n'étoit qu'à 27, pouces 6. lignes ; cela arrive toujours lorfque le vent eit frais ; le vent ôtanc quelque chofe de la pefanteur de l'air fur le mercure. La chaleur de l'air étoit un peu plus grande que le 3. Juillet, le Thermomètre étant monté à y 5-. pouces 6. lignes & de- mi j mais il ne paroit pas que ni l'une ni l'autre de ces cau- fes aient eu part à la diminution de la réfradion , leur effet étant plutôt de laugmcnter. surlaRefraction. 51 Le j. Juillet à y. heures 30. minutes du matin , la baffelle apparente de riiorifon de la Mer, fut de lo^ 30". éc celle du fommet du rocher, fut de ' 5). o. Le vent étoic à l'Ell foible, l'air paroifToit affez fcrein, mais il y avoir un peu de brume à i'Ouelt. Le poids de ratmofphere avoir diminué , puifquc le Baromètre n'ctoic qu'à 27. pouces car enfin jamais la réfradion n'a été moindre, puifque le raïon vifuel tendant à l'honfon n'étoit plus élevé au- deiTus du raïon dired que de 50. fécondes, qui donnent la va- leur de l'angle divergeant de la réfradion. Mais ce qui ell de plus fingulier, c'ell que le raïon ten- dant au fommet du rocher non feulement n'étoit pUis di- vergeant par rapport à la furface de la Mer, mais il étoic convergeant, ô2 d'une quantité très-confiderable relative- ment à ce que nous avons obfervé jufqu'à prefent , puif- qu'elle écoit de 1. minutes, dont la réfradion abailloic du- delïous du raïon dired, le raïon vifuel tendant au foinmec de ce rocher. Voilà un changement de notre prorée des plus difficiles à expliquer. Quelle fabite variation en 24. heures 1 on n'en voit pas d'autre raifon, fi ce n'cft que l'air étant fort purgé de la matière hétérogène par le vent de Nord-Oueft qui avoit été frais tout le 11. Juillet, &: qui étoit encore mé- diocre, le raïon vifueL tendant à l'honfon de la Mer, ne s'y eft prefque pas rompu , &: n'a formé par fa corde avec la tangente qu'un angle de 50. fécondes; &: le raïon dired qui tendoit au fommet du rocher ne trouvant de la matière hétérogène qu'en petite quantité dans un li petit intervalle , n'a pu fe rompre comme auparavant, &: de plus il a été plié par le vent en fens contraire , de forte que de divergeant qu'il auroit été , il eft devenu convergeant. C'eft ici la troifiéme fois qu'on a vu le fommet du ro- cher àc l'extrémité de la Mer fous la même inclinaifon du raïon vifuel , mais en cette occafion ci on auroit dit que la roche s'étant écrafée , avoit grolTi de part & d'autre, &r s'étoit abaiflée vers l'honfon de la Mer ; au lieu que dans les deux autres occafion s , le rocher n'aïant pas fort changé de figure, on auroit cru que la (urface de la Mer s étoic élevée ; auffi en l'une de ces rencontres , l'inclinaifon du raïon vifuel étoit feulement de ^. minutes 50. fécondes, & dans l'autre de 9. minutes i^. fécondes. Il y a eu des occafions où le fommet du rocher paroifTant SURLaReFRACTION. yj' beaucoup au-defïbs de l'horifon de la Mer, la roche paroif- foic s'être allongée, &c plus même par le haut, comme le 3. Juillet 3 où fon inclinailbn ne fut que de 7. minutes ^o. fécondes. Tout cela cft une fuite de la variation de la ré- fradion du ràion vifucl. On voit bien que dans cette rencontre la pefanteur de l'atmofphere n'a du tout point influé, puifquelle ctoit fore peu au-dcfTus de la médiocre, le mercure n'étant miOnté dans le Baromètre qu'vi 27. pouces 6. lignes &: demi , c'eft- à-dire, trois dixièmes plus haut que le jour précèdent, au- quel la réfradion avoit été bien plus forte ; la chaleur de l'air écoit auiîi fort peu augmentée, puifque le Thermomè- tre n'écoît qu'à ^4. pouces 9. lignes, une demi hgne plus haut que le jour précèdent; elle n'a donc point aufficaufé ce changement fi grand &c fi fubit dans la réfradion. D'ailleurs en combien d'autres occafions la pefanteur Se la chaleur de l'air n'onc-cllcs.pas été ou plus grandes ou moin- dres, fans que cela ait fait varier la réfradion , foit pour l'augmenter, foit pour la diminuer ? il femble donc qu'on ne doit point les admettre parmi les caufes qui produifenc la réf.adion, qu'avec de très-grandes précautions, lorfqu'elles OiiL fort confiderablement &c fubitement augmenté. Le foir du 12,. Juillet à 7. heures l'inclinaifon du raïon vifuel diminua beaucoup, puifque la bafl'efîb de l'horifon apparent de la Mer fut feu ement de ^^ o^\ La bafTefTe apparente du fommet du rocher fur de 1 1 . o. Le vent étoit Nord-Ouefl foible , l'air fort ferein ; le Ba- romètre marquoit 27. pouces 7. lignes, une demi ligne plus que le matin , ainfi le poids de l'atmofphere avoit peu augmenté ; mais il n'a pas caufé un fi grand changement dans la réfradion 5 lequel fe trouve par rapport au matin de 5. minutes 10. fécondes ; on n'en doit chercher la caufe que dans la conftitution de l'air. Le vent étant foible n'a plus eu affezde force pour faire plier le raïon vifuel , &: au contraire la matière hétérogène étant répandue en plus grande quantité dans l'air , fur-tout vers l'horifon , a tellement rompu ce raïon , qu'il s'eft élevé par une courbe divergeante à la furface de la Mer, dont la corde faifoit avec le raïon dired un angle de quatre mi- nutes. j(j Observations Mais comme la matière hecerogcne n etoit pas en fi grande quantité entre l'Obfervatoirc &; le rocher, &c que d'ailleurs rintervalle eft plus court de plus des deux tiers, quenel'cft celui qui fe trouve entre l'Obfervatoire &c l'horifon de la Mer ; elle n'a pu faire li fort remonter le raïon vifuel ten- dant au fommec du rocher ; elle ne l'a élevé par rapport au matin que d'un angle d'une minute lo. fécondes, en forte qu'il n'étoit point encore reliai avec le raïon direct , &; fai- foit encore un angle convergeant à la Mer de jo. fécondes. Aulfi comme l'inclinaifon du raïon vifuel tendant au fom- met du rocher étoit plus grande de deux minutes que cel- le du raïon vifuel tendant à l'horifon de la Mer, on en voïoit une lifiere par-deflus le fommet du rocher , corref- pondante à l'angle de deux minutes que formoient ces deux raïons vifuels. Qiicl jeu merveilleux de la nature i le matin l'horifon de la Mer &: le fommet du rocl-ier fe voïoient par le même angle d'inclinaifon , avec une grande bafleffe du rocher j le foi\- du même jour , comme fi la Mer fe fut relevée , on la voit par-deffus le fommet du rocher avec une moindre baileiTe ! Il fe pourroit faire qu'on traitera ceci de Roman, i'aurois peine moi-même à le croire, fi je ne l'avois ii fou- vent obfervé. Qiiel fond doit-on faire fur les obfervations par les tangentes à la Mer , pour trouver le diamètre de la terre , après avoir remarqué tant de variation dans ces tan- gentes ? Le 1 3. Juillet au matin la bafïeffe apparente de l'horifon de la Mer , fe trouva être de 1 1^ o^. Celle du fommet du rocher étoit de 10. o. Le vent étoit à l'Oueft foible , l'air ferein j le mercure étoit monté dans le tube du Baromètre à 27. pouces 7. li- gnes cinq fixiémes, ce qui marquoit que le poids de l'at- mofphere étoit tant foit peu augmenté. La chaleur de l'air étoit auffi un peu plus grande , puifque le Thermomètre étoit à 54. pouces 11. lignes. Il paroît par la conftituticn de l'air que la matière hétérogène aïant perdu de Ion mou- vement pendrait la nuit , n'étoit plus tant répandue &c di- latée dans Tair ; ceft pourquoi la léfraclion n'a pas été fi grande; en forte que le raïon vifuel n'étant plus fi fouvenc rompu, de les angles étant plus obtus, la courbe s'eft rap- prochée surlaRefraction. j7 prochée du raïon dircd avec lequel fa corde ne faifoic plus c[u un angle de deux minutes , mais divergeant à la furtace de la Mer. Il s'en fuivroit de-là, dira-t'on , que le raïon tendant au rocher devroit auiîi s'être abaiflé au moins de quelques fé- condes, au lieu qu'il s'efl: relevé d'une minute depuis le II. au foir. Mais fi on fait réflexion que la matière hété- rogène tend toujours, autant qu'elle le peut, à rendre ce raïon divergeant ; on ne fera pas farpris qu'il foit retourné dans fa iicuarion naturelle, quoique peu à peu , de forte qu'il n'étoit divergeant &: éloigne du raïon direct que d'un angle de lo. fécondes. Les obfervations fuivantes font des garants certains du progrès que la matière hétérogène a fait pour rendre peu à peu ce raïon tendant au fommet du rocher p'us diver- geant. On voit encore dans les unes &c les aucies, com- • bien peu la pefanteur-& la chaleur de l'air ont contribué à cette augmentation de la réfraction. Le^ 19. juillet au matin, on trouva la baiïefie apparente de l'horifon de la Mer de 10^. o\ &C celle du fommet du rocher fut de 5?. 30. Le vent étoit à l'Oueft foiblé , l'air ferein. Le mercure étant fort peu defcendu dans le tube du Baromètre depuis le 13. marquoit que le poids de Tatmofphere étoit fort peu diminué. La chaleur de l'air étoit un peu augmenoée , puif- que le Thermomètre étoit en ce temps-là à ^5. pouces 1. lignes. Le vent d'Ouelt tout foible qu'il étoit a dilaté la matière hétérogène 5 de forte que le raïon vifuel le rom- pant plus fouvent Ôc fous des angles moins obtus , fon in- clinaifon a diminué d'une minute depuis le 13. Juillet, ôc ce raïon s'cft trouvé plus élevé que le raïon dircét de 3. minutes-, dont la corde de la courbe étoit élevée fur la lur- face de la Mer. > De même le raïon vifuel tendant au fommet du rocher, s'eft aufli élevé au-deiTus du raïon direét d'un angle de 40. fécondes -, ainfi on voit que fa divergeance a toiijours aug- menté depuis le 13. auquel jour il commença à deveniu divergeant de convergeant qu'il avoir été le ïl. au matin. Il ne fe prefente rien autre à dire fur cette obfervation. Le 4. Aouft à. midi, la baflelle apparente de l'horifon de H ^8 Observations la Mer fut obfervce une des plus petites , elle fuc f-^ule- mcnc de 'j' . 30*. La bàfïciïe apparente du fommet du rocher fut aufli une à car le foir Je vent étant encore plus foible , ce raïon fe redrcffa , quoique celui qui tendoit à l'horifon refta à la même in- clinai(bn. Les obfervations du j. & 7. Janvier 171 7. doivent s'ex- pliquer comme les précédentes, elles font de nouvelles preuves des raifonnemens qu'on a fait ; mais comme elles ne renferment rien fur quoi on n'aie déjà fait diverfes ré- flexions , on n'en fera pas de nouvelles , pour donner des bornes à cet Ouvrage qui n'eft déjà peut-être que «■•"^•^ lon^. è^ Observations OBSERVATIONS SUR LA REFRAC TION3 FAITES A TOULON. j^i^ec des Réflexions fur ces Ohfernjations, SECONDE PARTIE. U commencement de l'année 17 18. je fus envoie à Toulon pour y profeflfer les Mathématiques : je re- folus aulTi-tôt de m'y appliquer avec encore plus de foin à l'Ailironomie , ce que )e pouvois faire plus commo- dément y aiant bien moins de diffcradion : mais comme il n'y avoir point d'Obfervatoire , l'aïant reprelcnré à Mon- fcigneur le Comte de Touloufs , ce Prince conjointement ^vcc le refte du Confeil de Marine, m'en fit conftruire un qui fut fini au mois de Décembre 171 8. ainfi je me vis eu état par les bienfaits du Roi , de travailler dans ce nouvel Obfervatoire dans le même mois auquel j'avois commencé de travailler en 1702. dans l'Obfcrvatoire de Marfeille ^ qui avoir aufTi été conftruit par les bienfaits de Louis le Grand fon Bifaïeul, dont le long &r glorieux Règne n'a pas été moins illuftre par la protc^^ion qu'il a donné aux Sçavans , & par les grands fccours qu'il leur a genercufement fourni , qu'il l'a été & dans la guerre &: dans la paix. Ce Règne de Louis le Grand fera fans doute une dts plus brillantes parties de THiftoire de France ; les Sça- vans de toute efpece n'immorraliferont pas moins ce grand Roi, que les plus hauts faits dont fon Règne a été ilJuftré. Je commençai aufli-tôt de nouvelles obfcrvations fur la réfraction dans mon nouvel Obfervatoire :on les verra à la SUR LA Refraction. 67 fin de cet Ouvrage. Je vais d'abord rapporter la méthode que j'y ai obfcrvée, pour fuivre l'ordre que je me fuis prcf- cric dans la première partie de cet Ouvrage. ARTICLE PREMIER. TrHiminâires contenans U Méthode qu'on a fuivie dans ces Obfervations. J'Ai emploie la même méthode dans ce genre d'obferva- tions que j'avois fuivi à Marfcille j je l'ai fort décaillée dans la première partie de cet Ouvrage : Voici ce que la diverfe fituation des lieux y a apporté de différence Je n ai pas à Toulon la commodité de voir coucher le Soleil à i'horifon de la Mer , comme je l'avois à Marfeille plus de la moitié de l'année î mais j'en ai été dédomma^-é par l^s diverfes comparaifons que j'ai eu la commodité d'y faire avec divers points peu élevez au-delTus de I'horifon de la Mer. Aïant poinré la lunette fixe du même quart de cercle dont je m'étois fervi à Marfcille au Sud-Sud-Oueft à I'horifon de la Mer : après l'avoir bien calé & établi fermement fur l'épaifTeur d'un mur d'une fenêtre, à laquelle répond un grand balcon de fer; j'ai pris garde que je voïois dans l'ou- verture de la lunette la tour deBalaguier, dont le fommet étoit tant foi peu élevé au-deifus de I'horifon de la Mer. Je jugeai que cette tour feroit très-propre pour comparer la variation de fa bafTeffe au-deffous de I'horifon de l'Ob- fervatoire y avec la baffeffe de I'horifon de la Mer au-defïbus du même horifon de l'Obfervatoire ; ainfi cette tour me tient lieu du petit rocher qui me fervoit pour les mêmes fins à Marfeille. Ces deux balîelïes font les deux premières colomnes des obfervacions rapportées dans la Table qui eft à la fin. Il y a dans la grande Mer au-delà de la rade de Toulon deux rochers , qu'on appelle les Frères , au Sud-Oueft quart de Sud j ils font ifolez & fort roides, ils ne font féparcz l'un de l'autre à leur bafe que par un petit canal , dans le- quel peut paflér un bateau de Pêcheur. Le plus à TOucIb lu 6 8 Observations de ces deux rochers cft. alîez irrégulier dans fa configura- tion. Il cfb à pointe émoufïbe, ôc tant loic peu plus haut que le rocher qui cft à TEft de lui. Celui-ci cft fait en cône droit fort efcarpé , &c ùi pointe eft aflez fine. Mettant cette pointe aU fil horifontal de la lunette, on voit la Mer à l'Eft de ce Iccond rocher , un peu élevée à caufe que les lunettes renverfent. On a donc encore comparé l'horifon de la Mer avec la pointe de ce rocher : on voit les diverfcs hauteurs de ce îécond rocher dans la troifiéme colomne. On l'a trouvé •^(lez fouvcnt de même niveau , ou hauteur que l'Obferva- toire, la hauteur du quart de cercle comprifc; c'eft-a-dirc, que la hauteur de ce rocher étoit o^. o^ o^ mais fouvenc auffi on l'a trouvé au-dcflus de l'horifon de l'Obfervatoire, ce qui nous donnera lieu à bien des réflexions fur la va- riation de la réfraclion. Il a été au-deftous de l'horifon deux fois. Il eft heureux Se commode d'avoir trouvé la pointe de .ce rocher , qui eft très-remarquable , & qui , félon toutes les apparences , fubfillera long-temps au lieu où il eft , éloi- gné de près de 5^00. toifes , à niveau de l'Obfervatoite ; cela fervira à vérifier le quart de cercle dans le befoin , fup- pofé que la lunette s'écarta confiderablement du parai lelif- me à la ligne fiducielle ; car pour un petit écart on ne le fçauroit reconnoitre par-là, puifqu'on a diverfes obferva- tions qui élèvent cette pointe de rocher, tantôt de 30''''. tantôt de 45 ^ tantôt d'une minute Se même d'une minute &c demi , fuivant que la réfraction a varié loifqu'on les a faites. Mais quand le temps eft fort ferein &: que la varia- tion de la réfraction à l'horifon de la Mer n'eft pas confi- dcrable, on ne fçauroit s'y tromper, en cherchant l'un 6£ l'autre fuivant qu'on le trouve dans la table. Outre cela il déterminera le lieu d'où ont été faites les obfervations , n'y ,aïant point d'autre bâtiment ; ôc peut-être même d'autre îicu d'où on puifte voir le rocher , qui foit de niveau avec la pointe de ce rocher. Le plus haut de ces deux rochers appeliez les Frères , a été trouvé le 16. Décembre 1718. à dix heures du matin élevé d'une minute 15. fécondes au-defTus de l'horifon de i'Obfervatoirc ; & ainfiilell élevi d'une minute ij. fccon- s U R L A R E F R A C T I O N. (T^ des au-defîus de l'autre rccher , donc 1 élévation fut trou- vée en même-temps nulle , ou o^. o'. o'^. En pointant au rocher des deux Frères, il y a fur laco- line à l'Eft de ces rochers, une petite maifon dont le bas du toid eft fouvent dans le plan, qui partant delà lunette va aboutir à l'horifon de la Mer ; mais quand cet horifon cil: plus haut que Balaguier, alors il eft aulfx plus haut non feulement que le bas du toit, mais même que le faîte i mais comme cette maifon peut être plutôt détruite que le fort Se la tour de Balaguier, on ne s'eft pas attaché à la com- parer avec l'horifon de la Mer. Lorfqu'on a pointé la lunette à l'horifon de la Mer, en quelque endroit que ce foit de l'horifon , on a toujours fait rafer le fil horifontal à la ligne de la Mer qui- paroît couper le Ciel; en forte que quand elle écoit agitée, la pointe des flots parolfloit tant foit peu au-deiîous de ce fil-là ; de même pointant à la tour de Balaguier, ce qui fe faifoit fans tour- ner le quart de cercle à droit ni à gauche , puifque je voiois la Mer par la tour de Balaguier , on a toujours fait rafer le fil horifontal à l'extrémité du parapet de cette tour. De même auffi quand on a pointé au rocher , le fil horifontal paroifloit toucher le fommet du rocher, i?<: cela le plus près du centre des foies qu'il fe pouvoir. Après avoir pris la baflefle de l'horifon de la Mer en pointant la lunette par la tour de Balaguier, ordinaire- ment on la pointoit encore dans l'endroit où elle entoure les deux Frères , avant que de prendre la hauteur du plus bas des deux , pour voir fi ces bafl'eflés de la Mer s'accor- doient ; car l'aïant prife un moment auparavant par la tour de Balaguier , il ne devoir pas y avoir de la variation entre ces deux bafi'cfTes : on l'a toujours trouvé la même , comine cela devoir être, de forte que quand le fil horifontal ne touchoit pas l'horifon de la Mer, on l'y remettoit : alors on trouvoit toujours la même baflefle dans les deux en- droits où on l'avoit obfervée ; enfuite on hauflbit le quart de cercle pour prendre la hauteur de la pointe du rocher le plus à TEft , lequel, comme on l'a déjà dit, efl: plus bas que le rocher le plus à FOueft d'une minute &c ij. fe-= condcs. On a été cxaéb jufqu'au fcrupulc dans toutes ces obfcr- I iij jQ Observatioî^s vations, parce qu'elles ont paru importantes pour le fujet qu'on traire ici, &: que la niauvaife foi, par-tout détcila- ble l'cfl: encore plus en géométrie : je n'ai d'ailleurs au- cun intérêt à tromper le Public. Si ces obrervations-ci ne s'accordoient pas avec celles que )'ai fait à Marfeille , j'au- rois deux partis à prendre ; celui de le déclarer , &: c'cfl celui que je prcndrois j ou bien je pourrois les fupprimer , c'cft celui que je croirois ne devoir pas prendre en hon- neur géométrique. De forte que quiconque le jugera à pro- pos , peut s'en fier aux obfervations que je donne ici. Si je me fuis trompé, c'eft la mifcre humaine qui en efl; la caufe, mais ce n'a pas été de deiïein prémédité : j'y fuis allé de bonne foi, &: j'ai emploie tout ce qu'une expérience de 15. ans m'a pu procurer d'habileté en ce genre d'obferva- tions. Les quatre colomnes qui fuivent nous donnent le vent qui fouiHoit, la conftitution de l'air, la hauteur du Ther- momètre ^ du Baromètre au temps des obfervations , com- me nous en avons ulé a Marfeille , pour connoicre quelle part peuvent avoir toutes ces caufcs dans la variation de la réfraétion. Pour ce qui eft des réflexions je les donne telles qu'elles me font venues à Tcfprit , après avoir bien penfé fur ces matières ; de meilleurs cfprits en feront de plus judicieufes &: de plus fçavantes : je les adopterai très-volontiers , fi cela ne fait pas tort à leurs Auteurs, &: qu'ils veuillent me le permettre. Au fond c'eft ici mon champ , je ne puis empê- cher aux autres d'y glaner j peut-être leurs ai-je laifîê plus que je n'ai recueilli ^ ce fera pourtant toujours dans mon champ , j'aurai droit d'y glaner après eux. On. n'a pas marqué tous les jours auxquels on a trouvé la baifeile de la Mer égale à celle de Balaguier j c'eft-à~dire, auxquels la réfradion a élevé l'horifon de la Mer plus qu'il n'eft réellement, & qu'il n'eft ordinairement ; cela auroit été ennuïcux 5c la Table trop longue. Mais on n'eft jamais monté à l'Obfervatoire , ce qui eft arrivé au moins une fois le jour, qu'on n'ait pointé une lunette de huit pieds deftinée à cet ufage , à la tour de Ba- îaguier &: à la Mer ; quand on a vu la Mer plus baiîe que Balaguier, ou également baffe : s'il n'y avoit rien de parti- SUR LA Refraction. 71 culier on n'y pointoic pas la lunette du quart de cercle -, mais quand on a viï la Mer plus haute que Balaguier,on a ordinairement obfervé ces bafl'cfl'cs , à moins que l'horifon ne fut fi gras, qu'on ne put pas bien diflinguer la ligne de l'extrémité de la Mer qui paroît toucher le Ciel. ARTICLE SECO N D. Détermination de L'inclinaifon réelle de l'horifon de la Mer , fous l'horifon de lobfervatcire de Toulon. ON ne rapportera point ici en détail les précautions qu'on prit pour déterminer la hauteur de la tour qui fert maintenant d'Obfervatoire au-dcflus de la furface de la Mer : on les peut voir dans un Traité que j'ai compofé, intitulé Voïage de la Sainte Baume, qui Te trouve dans les Journaux de Trévoux de 1708. Je dirai feulement que la hauteur du quart de cercle comprife , cette hauteur fut trou- vée de douze toifes cinq pieds deux pouces ; bc comme mon quart de cercle cft plus haut que celui dont on s'eft fervi, qui n'étoic que de 18. pouces de raïon , au lieu que le mien e{t de 3^, pouces ; 3 établirai la hauteur de l'Obferva- toire de treize toifes précifément, en ajoutant dix pouces à la hauteur ci-dcfliis pour la facilité des calculs -, il ne peut y avoir qu'un pouce de plus ou de moins , ce qui ne dimi- nue en rien la jufteflb &; précifion des obfervations. ' Suppofant , comme on l'a fait dans l'article premier de la première partie de cet Ouvrage , le raïon ou finus total de 20000000. le prenant double de ce qu'il eft dans les Tables de finus , la fecante 20000078. contiendra outre le raïon les 78. pieds ou 13. toifes dont l'Obfervatoire eft élevé au-deffus de la furface de la Mer, ce qui donne l'an- gle d'inclinaifon du raïon vifuel direû &: non rompu , ou la balTefle réelle de l'horifon de la Mer ; laquelle eft de ^' , Car prenant la différence entre 84. parties qui font ici des pieds, lefquelles font l'excès de la fecante de 10. mi- nutes fur le raïon, &: 68. parties excès de la fecante de ^. minutes fur le même raïon, cette différence eft 16. La -ji Observations différence entre 84. &; 78. excès delà fecante moïenne fur le raïon eft 6. On fera donc cette analogie peur avoir les fécondes &: tierces qui répondent à ces 6. pieds , &: on dira 16 : 60" : : 6 : 11." -^ = iz^\ -^o'" . Si on retranche ces x^" , T)0'''. de 10. minutes, il reile pour l'angle d'incli- naifon, ou de la baflcffe de la Mer 9^ 37'^, 7^0'" . De forte que toute différence qui fera obfervée avec cet angle de 5)^. t^-j" > ^o"\ foit par excès , foit par défaut, ap- partiendra à la réfraction du raïon tendant à l'horifon de Ja Mer , comme nous l'avons fait voir dans la première par- tie de cet Ouvrage. Le raïon vifuel fera donc convergeant à la furface de la Mer, lorfque l'angle de la baflefle fera obfervé plus grand. Il fera divergeant à la furface de la Mer, lorfqu'il fera trouvé moindre de 5»^ 37^^ 30''''^ ce qui eft le cas de la réfradion ordinaire. On ne s'étendra pas davantage à prouver ce point, qui l'a été fort au long dans la première partie, &: que les obfervations de la Table confirmeront encore. La tangente qui correfpond à la fecante de 9^ 37^. 50^^^. eft de 5599(3. pieds &: lin quart ; car la tangente de 10^, eft 58188. La tangente de 9'. eit 51360. leur diifcrence eft 5818. Pour 60". on fera donc cette analogie. izo. demi fécondes: 5818. pieds:: 45. demi fécondes ^ 2,181. pieds —■ = 7 & ôtant 2181. pieds I de 58178. tangente de 10. mniutcs , il rcftc ^^s>9^- pieds •!• pour la tangente 9^. 37'^ 30''^^ ce qu'il falloir trouver pour fça- voir combien on voit loin à l'horifon , c'eft-à- dire à 5; 3 32» toifes 4. pieds 3 . pouces ; ou fimpîcmcnt 9 3 3 1. toifcs, n'aïafit point égard aux fraclions de la toifc dans une fi grande diftance. Le Père de Châles dans {on Traité de la Navigation , qui eft un Ouvrage excellent &z original , détermine l'an- gle d'inclinaiion du raïon vifuel tendant à l'horifon de la Mer à diverics hauteurs , dont il donne une Table. Il prend pour mefure le pied tcrrcltre qu'il dit être le même que le pied de Boulogne. Il ajoure que le pied terreftre eft au pied de Paris, comme 1686. efl à 1440. Sur ces élem'en s j'ai exa- miné fi fon angle d'inclmaifon convcnoit avec celui que j'ai déterminé ci-dcflus par une aucre méthode : je me fuis fervi pour cela de deux difterentes analogies. Voici la première. 1686: SUR LA Re FRACTION. 73 J6Î6 : 1440 : : 78. pieds de la hauteur de rObferva- toirc : 6j. pieds terreitres un peu moins. Il dit que 1 170. pieds de Paris font 1 000. pieds terreftres, '^ que l'obfervée ; ii un Pilote qui a pris hauteur ce )our-là à midi à pareille élévation , par exem.ple dans la hune tournant le dos au Soleil, n'ajoute que ^\ 36^^ àla hauteur qu'il a trouvée par le quartier Anglois , ou par rarbaleftrille , il n'ajoute point aflez , &c il s'en faudra d'une minute 9^^ que fa hauteur ne foit jufte , ôc il fera d'autant plus Nord dans la latitude conclue. Au contraire leiy. Janvier 1719. à midi, la baffefre de la Mer ou rinclin^^ifon du raion vifuel fut de j\ 45^^, moindre de près de deux minutes que celle de la Table du P. de Châles j de forte que le Pilote qui aura pris hauteur ce jour-là à midi à pareille élévation ,'tourn.mt le dos au Soleil ajoutant à la hauteur trouvée 9^ ^6\ fe trouve avoir^ une hauteur trop forte de deux minutes, ce qui le fait plus Sud dans fon point de 2000. pas géométriques qu'il ne reft réellement. Et fi la bafleffe fe trouve encore moindre, comme en certains autres jours marquez dans la Table, ou comme il peut arriver en d'autres climats , où la puif. fance réfractive augmente , fuivant ce qu'on a dit dans le cours de ce Traité , il eft vifible que l'erreur de ce Pilote fera encore plus grande j pareilles erreurs fouvent répétées en feront une confiderabie , foit qu'il porte au Sud, foit qu'il porte au Nord, laquelle régnera aulTi dans les vens collatéraux, félon qu'ils font plus voifins du Nord èc du Sud. Lorfque le Pilote fe trouvera à terre, s'en croïant en- core bien éloigné , il attribuera cette erreur aux courans qui auront porté au Sud fur ces côtes, mais les pauvres courans n'y au rSnt feulement pas penfé ; s'ils avoient le don de la parole, las de fe voir continuellement chargez des erreurs des Pilotes , ils leur diroient qu'ils devroient s'en prendre à leur ignorance fur la variation continuelle delà s?UR LA Réfraction. y^ réfraction horifontale. Il n'eft pas nccefTairc dctre à 6j. pieds de haut pour avoir line variation dans la réfradion horifontale j elle régnera auffi à de moindres élévations, comme de 30. à 40. pieds, qui fondes plus ordinaires quand on prend hauteur dans de grands VaifTeaux , 8c générale- ment à toute hauteur au-dclfus de la furface de la Mer. On ne fçauroit porter trop loin l'exaélitude quand on eft fur Mer ; car comme il n'y a déjà que trop de chofes incertaines dans les élem^ns qui fervent à établir la lati- tude &c longitude de l'arrivée , foit auffi par les inftrumens dont on fe fert, foit arbaleftrilles , foit quartiers Anglois, foie par la détermination de l'ombre , par les boufïolcs &c le refte ; il importe extrêmement de diminuer le nombre de ces chofes incertaines de peur de fe brifer à la côte , de naviguer fur les terres s'en faifant proche lorfqu'on en eft encore bien éloigné s ou d'être obligé d'apporter l'excufe des courans ordinaire aux Pilotes ignorans ou negligens ; ou, ce qui eft déteftable , d'accorder la latitude à fon point j les premiers doivent être renvoïez aux Ecoles , & les fé- conds méritent châtiment. On voit encore par tout ce qui a été dit , combien peu- vent être utiles ces obfervations fur la réfradion horifon- tale, non feulement à l'Aftronomie , mais bien plus'encqre à la Navigation , puifqu'on voit par les Tables que nous avons donné , ce qu'on doit ajouter à l'inclinaifon du raion vifuel , ou ce qu'on en doit diminuer fuivant les diverfes faifons dans lefquelles on navigue, ou fuivant le plus ou le moins de vent qu'il fait j le plus ou le moins de pureté de l'air , lorfqu'on prend hauteur fur un VaiiTeau : je ne dois donc pas plaindre le temps que j'ai emploie à ces obferva- tions, ni les foins que je puis avoir apporté à méditer fur ce fujet. Kij 76' Observations ARTICLE TROISIEME. JReJîexions fiir les Ohfervntions des 7nols de Décembre 1718-. Janvier , Février & Mars IJ19. UoiQ^UE les loix que le Créateur a fuivi dans l2> compolîtion de l'Univers foienc fimples, &: la mé- chanique uniforme , quelle attention ne faut-iHf oint pour- tant pour les reconnoître ? Le Philofophe ne fçauroit trop méditer pour les découvrir : l'incertitude de la phifique ea bien des chofes , les divcrfes hipothefes inventées pour ex- pliquer ces loix &: cette mechanique ; les variations dans chaque hipothefe, font connoître clairement qu'il ne les connoît pas encore. Combien cft admirable la fublimité des ouvrages du Créateur , combien eft bornée la foiblefîe de l'efprit humain , quoiqu'il paroijfTe les contempler de fi près & fi fou vent. Que faire ? abandonner l'étude de ces ouvrages ^ point du tout. Dieu veut que nous nous y appliquions , que nous l'admirions, &: que nous le cherchions en (es ouvrages. Semblables à des Tableaux d\in excellent Peintre,, lorfque nous les confiderons nous fommes frappez de la difpofition, de l'ordonnance , de l'art merveilleux qui y règne , nous en fommes éblouis. Faut-il confiderer en détail chaque partie du Tableau , novices en peinture , nous n'avons pas affez d'habileté pour reconnoître les règles qu'il a fuivi. Tout ce que je puis avoir médité &: obfervé fur la ré- fradion , me fait chaque jour mieux comprendre la vérité de cette penfée. Je vois , il eft vrai , qua les obfervations faites à Toulon s'accordent avec celles que j'ai fait à Mar- feille, que les loix en font uniformes ; mais quand j'entre dans le détail , je les trouve enveloppées de tant de diver- ies circonftanccs , que je ne fçaurois les débrouiller autant' qu'il le faudroit. En effet, je vois le plus fouvent la baf- feffe de la Mer plus grande que celle de Balaguier ; comme A Marfeille cette baflcfle étoit plus grande que celle du petit rocher avec lequel je la comparois ,mais je ne l'y avois jamais trouvé égale en Hiver -, &c à Toulon dans ces quatre SURLaReFRACTION. -fy mois je l'ai obfervéc plufieurs fois; fçavoir le 21. Décem- bre, le li. du même mois de 171 8, le 5?. 11. i(5. 17. Janvier, \c G. &: 14. Février 17 19. & prefque toujours fous des angles diffcrens ; de manière que le plus fouvenc c'a été fous des angles divergeans à la furface de la Mer, tantôt d'une minute, tantôt de 3 o^''. tantôt de 15-^. & une feule fois fous un angle convergeant de près d'une minute. Ce fut le \6. Janvier à midi, alors la pointe du rocher des Frères baiffoit aufli au-deffous du niveau de l'Obfervatoire de 3o^ D'autrefois le raïon tendant à l'horifon ctoit divergeant, tandis que celui qui tendoit à Balaguier ne foufFroit point de réfraction, ou du moins très-peu. Le Sommet de Ba- laguier eft pourtant ordinairement plus haut d'une minute que la ligne de la furface de la Mer qui coupe le Ciel : ii eft donc bas par rapport à l'horifon de l'Obfervatoire de 8^ 37^. n'aïant point égard aux tierces. Il fuit de là, que le raion vifuel tendant au fommet de Balaguier ne s'eft point rompu le 21. Décembre &; le 11, Janvier. 11 fuit qu'il a été divergeant le 22. Décembre, & que les autres jours il a été convergeant, tandis que le raïon tendant à l'horifon a été divergeant, fi on en excepte le iG, Janvier à midi , où les deux raïons ont été convergeans ; mais celui qui tendoit à la Mer ne l'étant que d'une minute, &: celui qui tendoit à Balaguier l'étant de deux minutes , il y a eu é2:alité dans les baflclTes. Mais ces égalités dans les bafïedes des raïons vifuels font arrivées avec des vents fort differens , &: une divcrfe conf- titution de l'air. Le 21. Decembr,e le vent de Nord-Oueft écoit très-frais avec des nuages déliez. Le 22. le ventNord- Nord-Oueft étoit médiocre, &: il y avoit à^s, nuages. Le II. Janvier le Sud-Oueft étoit frais, &: il y avoit à l'hori- fon de la brume. Le \6. Janvier le Nord-Oueft étoit frais & on voïoit à l'horifon une brum.e fine. Auffi ce jour-là ces deux raïons vifuels ctoient-ils convergeans, aufti-bicn que celui qui tendoit au rocher àç,% Frères. Le 17. Janvier le raïon tendant à l'horifon étoit divergeant de 37''' . tandis que les raïons vifuels tendans à Balaguier & au fommet du rocher étoient convergeans ; le premier de ij" . ^ enfuice de |8^ Le fécond de if, le vent de Nord-Oueft érok Kiij «g Observations frais &: il y avoir de la brume à l'horifon. Le 6. Février le vent écoit foible, mais il y avoir une brume déliée ; le 24. Février au contraire le vent écoit frais au Nord-Oueft &; l'air fort fcrcin. Le Thermomètre en tous ces jours a toujours été à peu près à 54. pouces, quelques lignes de plus ou de moins, n'influant en rien à ceci ; mais le Baromètre a fort varié , comme on le peut voir dans la Table. Il eft donc clair que le plus ou moms de pefanteur de l'air ne contribue en rien à la variation de la réfraction qui a formé ces égalitez. Il ne paroît pas aufli que la chaleur de l'air y ait influé ; car nous trouverons bien-tôt de pareilles égalitez d'inclinaifon des raïons vifuels avec une bien plus grande chaleur de Tair. On ne peut donc s'en prendre qu'au vent &: à la confti- turion de l'air : mais , me dira-t'on , tantôt le vent a été frais, tantôt foible ; quelquefois Nord-Oucfl:, d'autres fois Sud- Oueft. Il femble que je ne pourrois que repeter les mêmes raifons qu'on a donné fort au long dans la première par- tie, pour répondre à cette objection. Je puis pourtant ajou- ter qu'il y a eu de la brume tous ces jours, quelquefois plus déliée, quelquefois moins ; &: qu'il a fallu un vent tantôt plus frais, tantôt plus foible, pour mettre la vapeur ou matière hétérogène , tantôt en plus grand mouvement, tantôt dans un moindre, pour varier la réfradion au point que nous l'avons vu. Je croirois donc que la diverfe com- binaifon du vent Se de la vapeur qui fe trouve répandue dans l'air, quelquefois plus, quelquefois moins, eft l'uni- que caufe de l'augmentation ou de la diminution de la . puiiïance réfradive. Je trouve encore quelque chofe de plus fingulier dans les obfervations du 23. èc 25. Janvier &: du 4. Février. Ces jours-là la Mer fe trouva plus haute que le fommet du parapet de Balaguier , ce qui n'eft point arrivé à MarfeiUe en Hiver, àc les angles de la baflefle ont été fort differens ; car le 1 3. Janvier la bûlTeATe de la Mer fut de <>''. o^\ Se par conféqucnt le raion fut divergeant de 37'''. au contraire la baffcfle de Balaguier fut de p^. i^\ Se par conféquent le raion vifuel fut convergeant de 38^. la courbe du premier raïon a donc été convexe par rapport à la furface de la Mer, Sc la courbe du fécond raïon concave par rapport à la même fur- face de la Mer. SUR LA Refraction. Mais le 2. j. Janvier ces deux courbes ont été divergean- tes ou convexes par rapport à la furface de la Mer La ccurbe du raïon vifuel tendant à l'horifon la été beaucoup fça- voir de \' . 51^. tandis que la courbe du raïon qui tendoît à Balaguier n'a été divergeante que de u" , L'obfervatioa du 4. Février efl: femblabie à celle du 23. Janvier &: les angles ne différent que de \^" . dont l'angle à Balacraier eft moindre ; & la divergeancc de celui de Thorifon de la Mer a augmenté d'autant. Le 2 3. Janvier le vent de Nord- Oueft étoit frais , &: il y avoir une brume déliée à l'hori- fon. Le 2j. le vent étoit Sud-Sud-Oueft, ô^ la brume lé- gère du côté d'où venoit le vent. Le 4. Février le vent étoic Nord-Nord-Eft foible, &: il y avoir un peu de brume. La pefanteur de l'atmofphere, qui avoir été à 28. pouces de hauteur de mercure dans le Baromètre les 21. &: 22. Jan- vier, diminua le 23. de forte qu'au temps de l'obferva- tion elle n'étoit que de 27. pouces 8. lignes &: demi ; mais elle augmenta de nouveau dès que le vent cefïa d'être fî frais, de forte que le 25. Janvier elle fut à 28. pouces une ligne, la plus grande qu'on ait obfervé cette année; &: le 4 Février elle étoit encore affez grande, puifque le Baro- mètre étoit à 27. pouces 10. lignes ; mais ce qui prouve décifivcment que la pcfanteur de l'atmofphere ne fait rien à la réfraction , c'eil que nous verrons bien-tôt un très- grand nombre de pareilles obfervations avec une moindre pefanteur de l'atmofphere. On voit à l'œil par le Thermo- mètre , que la chaleur de l'air n'y contribue en rien & on le verra bien mieux dans la fuite. Le raïon tendant au fommet du rocher a fuivi les mêmes loix ; car le 2 3. Janvier à quatre heures du foir , l'ant^le qu'il faifoit avec l'horifon a été de 30^^ d'élévation, &: vers le le midi il avoir été d'une minute. Alors l'angle des deux autres raïons étoit égal &: tous deux divergeans ; mais l'an- gle de ces deux raïons eil: augmenté , tandis que celui du rocher a diminué de ^o" . Quelle prodigieufe variation en tout ceci ! elle ne peut certainement venir que de la diverfe combinaifon de la matière hétérogène plus abondante en cerrains endroits de l'air, moins abondante dans d'autres ; quelquefois plus abondante au-delà de Balaguier , quelque- fois au-deçà j il en eft de même du côté du rocher ; ^ le So Observations vent agittant plus ou moins cette matière hétérogène , nous donne encore de nouvelles combinaifons de réfractions tou- tes différentes , comme il eft aifé de le voir dans la Table. Je ne fçai s'il y en a plus dans les airs des vifages. Combien l'auteur d'un li merveilleux ouvrage que l'U- nivers ell-il admirable i Que de magnificence dans fa fim- plicicé 1 Combien d'uniformité dans la variation infinie des combinaifons de fes loix ] Il n'cil pas toujours necelfaire de confiderer ces valtes maffes qui roulent fur nos têtes avec tant d'ordre ; nous trouvons auprès de nous , &: dans nous même, de quoi méditer long-temps fur ces loix ; de quoi admirer l'Ouvrier dans fes moindres ouvrages ; de quoi être pouflé à bout dans la recherche des reflbrts qu'il emploie avec la méchanique la plus fmiple èc la plus fublime en même temps. Combien d'aveugles fur la terre qui ne voient pas tout cela , je ne dis pas des Païfans , mais des gens qui le picquent d'efprit 6<: d'éducation ? On s'étonneroit de voir ces gens-là dans la Salle d'un magnifique Opéra, s'entre- tenir de bagatelles pendant une reprefentation , où la beauté du chant j de la fimphonie, du fpsctacle dcvroit les en- chanter -, &: on ne s'étonne pas de les voir au milieu du monde (ans faire aucune attention à un Speélacle d'autant plus beau , qu'il eft donné par un Etre d'une fîg'^ff^ & d'une puiffance infinie, lequel à tout moment fait changer la fcene de l'Univers fans cîianger (qs loix ! Revenons. Dans toutes les autres obfervations de œs qua- tre mois , on voit une variation continuelle dans l'angle d'inclinaifon du ra'ion vifuel tendant , foit à l'horifon de la Mer, foit à Balaguier, on n'en voit pas tant dans le raïon. tendant au fommet du rocher. Je ferois d'une longueur ex- ccllive, je pouflois mes réflexions autant que je l'ai fait dans les deux cas précédents. Dans celui-ci la baffeffe de la Mer eft toujours plus grande que celle de Balaguier ; c'eft-à- dire , que fon fommet paroît conftamment au-dcfïus de l'ho- rifon de la Mer , mais ces angles font toujours differens. Comme on s'eft fort étendu fur ces matières dans les arti- cles 5. 6^ 9. de la première partie de cet Ouvrage, il pa- roît inutile de s'y arrêter plus long-temps , de peur de tom- ber dans des répétitions continuelles. On ajoutera feulement qu'il n'y a point tant de varia- tion stîrlaRefraction. Si tlon dans la rcfradion du raion tendant au fommet de Ba- jaguier, &: quelle n'eft pas fi confidcrable , parce que la diilance de rObfervatoire à Balaguier, n'eft pas le quart de celle de rObfervatoire à l'honfon ; il y a donc moins de matière hétérogène qui fait rompre le raion. Au contraire à Marfcille, où les diib.nccs tant du rocher que de l'honfon étoient bien plus grandes , la réfradion i'ctoit au iîi davan- tage, '-'l'-'i Jettant les yeux fur les colomnes du Thermomètre Se du Baromètre , on s'apperçoit aifément qu'ils ne peuvent avoir contribué à une plus grande ou moindre réfradion, par les raifons que l'on a déjà dit ci-devant. On y voit en cftec que malgré la différence d'un pouce de mercure , on a les mêmes angles de ballcfle à fort peu près, quoique la pcfan- teur de l'atmofphere foit très-difterente. Il faut dire le même pour la chaleur de l'air j ce ne font donc point là les cau- {qs de la réfradion, &c l'on voit clairement que la varia- tion continuelle de la réfradion dépend uniquement du plus ou moins de vent qu'il a fait, & du plus ou moins de matière hétérogène qui fe trouvoit répandue dans l'air quand le vent fouffloit , comme il a été dit fort au long ci-devant. Mais d'où vient qu'on ne trouve point tant de variation dans la réfraélion du raïon horifontal qui tend au fommet - du rocher des Frères, qui eft éloigné de yyoo. toifes ; ôc que fouvent il ne fe fait point d'angle dans le raïon qui va au rocher, ou qu'il eft peu confiderable , tandis que les deux raions tendans à Balaguier &z à l'horifon de la Mer en font àc fi differens ? D'où vient encore que ce raïon a été rarement convergeant quoiqu'il foit de 5500. toifes, quoique le raïon qui tend à Balaguier l'aïd été fi fouvent, qui n'eft que de 2000. toifes? A ces queftions je réponds qu'il fufht que j'aïe montré qu'il y a aufîl de la variation dans la réfradion de ce raïon , & que même elle a lieu à des hauteurs au-deiïus de l'horifon ; comme on l'a prouvé dans la première Partie article 3-. On a fait voir de même article 8. que le petit rocher à Marfeille paroifToir quelque- fois comme écrafe , qu'il paroifToit d'autrefois comme al- longé. 11 en arrive autant au rocher des Frères , il ne peut avoir paru plus haut que l'horifon de F Obfervatoire d'une jniniitc, àc même de deux fans paroîue s'être allongé ; il L g2, Observations ne peut avoir paru plus bas que ce même liorifon d'une mi- nute 5o^ Tans paroîcre s être écrafé. Mais demander pourquoi cela n'arrive pas auffi fouvenc qu'aux ba{leir:;s de l'horifon de la Mer , o\i à celles de Ba- laf^uier , c'cft à quoi on ne peut répondre qu'en difant que les vapeurs ne font pas fi épaijGfes à une certaine élévation au-deiïus de Thorifon , qu elles le font à l'horifon ; que les parties hétérogènes fe précipitant par leur poids, il y en doit avoir une plus grande quantité vers la furface de la Mer, qu'à 15. ou 2.0. toifes au-deffus , de qu'ainfi la ré- fraction doit plus Ibuvent varier en bas qu'en haut , puif- qu'on ne peut juger de la variation dans les caufes , que par la variation dans les effets -, car une caufe demeurant la même doit produire le. même effet. Or cette propofition converfe doit avoir lieu en Phyfique comme en Math^iia- cique, un même effet doit avoir une même caufe : de forte que fi les effets font divers , les caufes le feront auffi. Il cfl: ici qucition des caufes nccelffiires , aïant traité cette ma- tière fort au long dans l'article 8. il femble qu'on ne doit pas s'y arrêter à prefent. Que d'épines en tout ceci' Quand on veut fouiller dans les fecrets de la nature , on diroit qu'elle fe heriffe pour nous prcfenter des piquants de toute part. Il faut avec pa- tience les écarter à droit 6c à gauche -, on n'y parvient pas fans fentir leurs pointes î mais qu'importe pourvu qu'on y parvienne? Les connoiflances de la nature prifes en gros, nous apprennent moins qu'on ne pcnfc. Q^iand avec elle on vient au détail on apprend beaucoup , mais il en coûte de lui arracher fes fecrets. ARTICLE QJJ A T R I £/ M E. Réflexions fur Us Ohfervâtions des mois d'Avril , May 0' Juin. J Et TANT les yeux fur la Table, on voit d'abord que le raion tendant à l'horifon de la Mer ne s'eft jamais rompu par une courbe convergeante à la fui-l'accde la Mer, ce qui eil arrivé pluiicurs fois dans les mois précedens qui SUR LA Refraction. 83 étoient de l'Hiver j car le raion dired tendant à cet liori- fon par un angle de 9^ 37^ tous les angles plus grands nous donnent un raion qui fe brifc concinueilement, &: fait une courbe dont la concavité cil tournée vers la Ibr- face de la Mer , comme on l'a dit fort fou vent en divers endroits de cet Ouvrage. Tous les angles moindres que ^\ 37^ appartiennent à un raïon qui fe brife continuel. Icmcnt, &c forme une courbe dont la convexité eft tour- née du côté de la furface de la Mer : or dans ces trois mois- ci cet angle a toujours été moindre de 5>^ 37^. mais d'une différence, laquelle pour l'ordinaire n'étoit pas confidera- ble , autant du moms que celle que nous trouverons en Juillet &: Aouftide forte que la convexité du raion vifuel n'a pas été fort grande , fur-tout dans les mois d'Avril &: de May, il faut en excepter le 30. May, auquel la difte- renci- des angles du raion direét &c du raïon rompu a été de 2^ 37^ de forte que la matière hétérogène n'a point été allez dcnfe pour brifer le raïon &: Je faire plier en cour- be convergeante ; mais elle ne la point auffi été allez peu pour brifer le raion &: le faire plier en courbe fort diver- geante, hors le 30. de May. Je remarque au contraire que le raïon tendant au fom- met de Balaguier, a été le plus fouvent direct, ou au plus éloigné du dired d'un angle de ^y\ ce qui n'eft pas arrivé fouvent. Il faut pourtant excepter le premier & le p. Avril jours auxquels ce raïon fut convergeant. De forte que l'ef. pace d'air qu'il y a de l'Obfervatoire à Balaguier n'étant pas aflez long, puifqu'il n'elt que de 2000. toifes, il n'y a point eu alTjz de matière hétérogène répandue dans cet air, pour faire brifer le raïon confiderablement , excepté le premier, p. ôc 13. Avril ; de forte que fi dans ces trois mois il y a eu fi fouvent de l'égalité entre l'inclinaifon du raïon vifuel tendant à Balaguier , &: le raïon vifuel tendant à Thorifon de la Mer , cela vient fur-tout de la plus grande variation qui eft arrivée à celui-ci par la réfradion qui l'a élevé jufqu'au plan où fe trouvoit le raïon tendant à Balaguier. Mais de combien de différentes manières cela eft-il arrivé? cette égalité a rarement été fous les mêmes angles. Le pre- mier & 9. Avril le raïon tendant à l'horifon de la Mer étoit fort peu divergeant , &: le raïon qui tendoit à Bala- ie ij §^ Observations la<^Liier étoic convergeant jufqu'à 37^^ &: y 3^. Dans les au- tres jours le raion de la Mer a augmenté en divergeance , cancôc plus ;, tantôt moins •■, quelquefois d une minute, quel- quefois de deux àc même plus ; les autres obfervations rou- lent entre ces termes ; &: cela avec une variation furpre- nante , tandis que le raion tendant à Balaguier, faifantun ano-le fort petit avec le raion direct , c'étoit une neccflité que les deux raions de la Mer &: de Balaguier fe confon- difl'cnt, &: ne fiflent plus qu'une même ligne. Il y a plus. Je trouve qu'en huit différents jours , fçavoir le ly. Avril, le ^. 24. z6. 6c 30. May, & le z. 8. &: 21. Juin , le raion tendant à l'iiorifon de la Mer étant fort di- vergeant, a élevé cet horifon au-deiîiis du parapet de Ba- laguier, de forte que je voïois une lîfiere de la Mer le long du haut du parapet, tantôt plus large, tantôt moins, fui- vant la grandeur de l'excès de l'angle de baflefle du raïon tendant à Balaguier fur l'angle de Bafleffe du raïon ten- dant à riiorifon de la Mer : cet excès eft monté le 30. May jufqu'à un angle d'une minute 30. f&c on des , dont l'hori- fou de la Mer furpaffoit le fommec de BalagUicr ; cet excès a été moindre les autres jours , mais il a été confiderabie comme on le peut voir dans la Table. Voici encore quelques remarques que je trouve dans mon Rcgiftre fur ce fujct. Le 28. May le vent étant Nord foible, la Mer étoit plus haute que Balaguier de 30. fécondes à rnidi. Enfuite à deux heures du ioir elle éroit égale avec le parapet de Balaguier. Le 30. May non feulement la Mer étoit plus haute que le parapet de Balaguier , mais elle étoic même plus haute que le fommet des Guerittcs à dix heu- res du matin. A midi elle baifla au-deffous des Guerittes ; èc à deux heures 1^. minutes elle étoit égale avec le para- pet ; de forte qu'à mefure que le vent ou la bnfe a fraîchi , la rcfraélion a diminué. Le foir le vent aïant ceflé la Mer ii haulTe à la hauteur de la moitié des Guerittes , c'eft-à dire, un peu moins qu'à 10. heures du matin. Le 2. Juin à midi la Mer étoit un peu plus bafîc que Le parapet , elle étoit plus haute le matin , aulli le vent d'Efh a-t'il fraîchi confiderablement depuis neut heures du matin. Le foir à y. heures 30. minutes l'horifon de la Mer pa- roifloit rafcr le parapet de la tour de la Mer de Balaguier, SUR LA Réfraction. Sy Le 5*. Juin tout le jour la Mer a été plus balle d'une mi- nute que le haut du parapet de Balaguier. Point de vent le matni , enfuitc Sud-Sud-Ouclt foible. Ici il me vient une penfée : la voici. Ceux qui Ce donne- ront la peine de lire cet Ouvrage, s'ils font du métier , pourront peut-être croire que je me fuis trojnpé dans la polition de mon quart de cercle ; que la lunette fixe peut avoir varié; que je n'ai pas bien vu fur le limbe les minu- tes &c fécondes ; que le cheveu qui foutient le plomb por- toit trop &: n'étoit pas allez libre „• je les afTure que j'ai pris toutes les précautions poiîibles ppur éviter tous ces défauts. S'ils ne le croient pas, je ne les y contraindrai pas; mais ils me feront peut-être bien la grâce de croire qu'avec une bonne lunette &: de bons yeux , j'ai pii voir Ci la Mer pa- roiflbit au-delïus de Balaguier au plus haut du parapet ; pour me convaincre moi-même, fouvent je me fuis fervi de lu- nettes de huit pieds, & quelquefois de i8. pieds. Après ces précautions , s'ils ne me croient pas , je ne m'en fiche- rai point. Eh ! pourquoi m'en fâcherois-jc î II Ce trouve bien des gens en Angleterre êc ailleurs qui contcftent les faits des Divines Ecritures : par ces faits , je n'enrens pas les mi- racles, car ces gens-là n'en croient gueres, j'en tens les faits purement hiftoiiques. Le Ledeur me pardonnera cette petite digreffion &r queî* ques autres mêlées dans cet Ouvrage. Ce fujet eft Ci Cec, le détail en eft Ci menu , qu'il -m'a femblé bon de l'égaïer quelquefois ; quand ce ne fcroit que pour qu'on ne dife pas qu'on ne fçauroit lire les ouvrages de Géométrie 6c de Phyfique , tant ils font deifechez. Revenons, de peur qu'on ne fe fâche. On reconnoît encore ici évidemment en conlîdcrant les colomnes du Thermomètre & du Baromètre , que ni la chaleur de l'air , ni la pefanteur de l'atmofphere n'influent en rien à la variation de la réfradion. En effet, bien que l'horifon s'étoit trouvé plus bas ou plus haut que le fom- met du parapet de la tour de Balaguier, ou qu'il ait èiè d'une égale hauteur, on voit que la chaleur de l'air , où 'a pefanteur de l'atmofphere a été tantôt plus grande, tantôt moindre , quelquefois de peu , quelquefois confiderablc- ment ; foii que la réfraction ait varié, ou n'ait pas varié , L iij f$ Observations ainfî fans s'arrêter à comparer jour par jour ces deux co- lomncs , ce qui feroit d'un détail exceflif &: ennuïcux , on peut concîurre furement que ni l'une ni l'autre ne contri- buent en rien à la variation continuelle de la rcfiâdion des raïons vifuel,^. ,. Au rcilc, quoiqu'on n'ait pas marqué tous les jours tout ce qui appartient aux diverfes colomnes de cette Table , ce n'cii pas qu'on ne l'aie obfervé régulièrement ; mais lorf- qu'il n'y avoit rien de particulier, ou que la baiTefle de l'horifon étoit la même , aufîi-bien que celle de Balaguier, on ne l'écrivoit pas pour éviter une trop grande longueur dans la Table. On voit au contraire en réflechiffant fur les colomnes du vent &C de l'air , que c'cft à ces deux cauf-s qu'il faut at- tribuer cette variation continuelle. On voit que chaque- jour où la bafllfl'e de l'horifon 6c celle de Balaguier étoienc égales, ou auxquels celles de la Mer étoient moindres, il y avoit du vent pUis ou moins frais avec de la brume à l'horifon, que le venttenoiten mouvement ; & que quand ce n'éuoit point le )oiïr même , ç'avoit écc le )our précèdent. Surquoi on doit faire les mêmes raifonnemcns qu'on a faic dans tout le cours de cet Ouvrage. Il efl: vrai que depuis le 9. May jufqu'à la fin de Juin , quelqu-fois la brume n'a pas été fi fenfible, mais aufli le raion vifucl tendant à l'horifon a-t'il été ces jours-là fore divergeant. Mais demander-qu'il le fut également tous les jours , c'eft demander que la matière hétérogène fut tous les jours d'une égale rareté, ou d'une égale denfité , & le vent de la même force : or ce feroit-là exiger l'impodible. D'ailleurs quand il a fait calme à Toulon , ne pouvoit-il point arriver qu'à 10. ou 30. lieues d'ici il fit un vent d'Eft, ou d'Oueft qui pouffa vers nous la matière hétérogène, fans qu'il vint jufqu'à nous ? &: par-là la réfradion a du aug- menter. Or tout homme qui a été à la Mer fçait que cela arrive affez fouvent. Deux VaifTeaux en vue l'un de l'autre vont quelquefois avec des vents oppofez ; quelquefois l'un a bon vent , l'autre efl calme. Je fuis d'ailleurs perfuadé que l'Auteur de la nature , qui agit toûjonars par des voies fimples &: uniformes , a prefcrit les mêmes loix pour tous les fluides j ainfi comme il y a des SUR LA Réfraction. 87 courans réglez pour la IVlcr diflerens encre les tropiques &: au-delà des tropiques ; il y a auffi des courans d'air & de vent qui courent vers les mêmes parties du monde que ceux de l'eau ; &: que les exceptions que cette loy générale peut foufïrir, ne viennent que des divers parages des terres &r des montagnes , qui varient ces courans d'eau &: de vent par une autre loi de méchanique qu'on ne peut maintenant révoquer en doute. C'eft ici une matière hors de mon fujet , qui me me- neroit loin, il faut remettre la partie à mon retour des In- des j où le Confeil de Marine juge à propos que j'aille. Les obfervarions 6c les réflexions que je pourrai faire dans le voïage , me donneront lieu ne traiter plus amplement cette matière. Je n'ajouterai plus rien à ce qui concerne les ob- fervarions &c de ces trois mois : ce qu'il peut y avoir de particulier doit s'expliquer comme on l'a fait ci-devant en pareilles rencontres. S'y arrêter plus long-temps , ce feroic abufer de la patience du Ledeurj que je crois déjà ennuie de tout ceci. Eh • Comment ne le feroit-il pas ? Quoique tout Auteur foit prévenu pour {es ouvrages , je commence moi-même à m'en ennuïer. PalTons vite aux obfervations de l'Eté, ARTICLE CIN Q_U I E' M E. Réflexions fur les Ohferviitions des mois de juillet df Aoufi 1715. N voit dans ces deux mois une aufli grande variation ^dans la réfradion que dans les mois précédents j quoi- que la chaleur ait été grande , comipe le marque la co- lomne du Thermomètre , &: qu'il n'aie pas plu de cet Eté, ce qui devroit avoir moins fourni de matière hétérogène. La pefanteur de i'atmofphere a été plus grande pour l'cr- dinaire que les mois précédents : ce qui confirme ce que nous avons dit ci-devant , que ni la chaleur de l'air , ni la pefanteur de I'atmofphere n'ont aucune part à la variation de la réfradion. Nous en avons encore une preuve bien convaincante dans S8 Observations l'oblcrvation du 16. Août à midi. La baflcile de rborifon. de la Mer fut de 10. minutes plus grande qu'elle n'avoic écé depuis l'Hiver j cepcndanc l'air étoïc fore ehaud , puifquc le Thermomètre monta à j <>. pouces 5>-. lignes , de la pe- ianteur de ratmofphere ctoit médiocre ; le mercure dans le ^Baromètre n'étant monte ce jour-là qu'à zy. pouces 7. li- 'gnes. Au contraire le i^. Août la chaleur de l'air ctanc im peu moindre auih vers le rnidi , puifque le Thermome- cre monta deux lignes de moins ; &: la pefanteur de rat- mofphere étant moindre d'une demi ligne de mercure, la bajGTefîe de l'horifon , ôc par conféquent la réfraction a été moindre qu'aucune qui ait été obfervée de toute cette an- née, n'aïant été que de 6'\ /{f c'eft-à dire , que l'angle da raion vifuel tendant à' l'iioriion a été moindre de près dé- crois minutes que le raïon dired. Il refte donc démontré, autant que les matières de Phyfique peuvent l'être, que ni la chaleur de l'air , ni la pefanteur de Tatmofphere n'ont aucune part à la refraélion ; car le 16. Août le raïon vi- fuel tendant à l'horilon auroit dû être plus divergeant que ie 19-. Août, au moins de quelques fécondes; &: bien loin de-là , non feulement il n'a pas été divergeant, mais menu il a été convergeant de 13. fécondes. Ain fi je puis dès à prefcnt fans fcrupule mettre la cha- feur de l'air &C la peianteur de l'atmolphere hors de cour &: de procès, 5^ chercher d'autres complices de cette va- riation extraordinaire de la réfraêlion des raïons vifuels,. J'efpere que nous les trouverons bien-tôt ces complices.. Plus d'habileté , d'adrefle & de fagacité au rapporteur de ce procès , l'auroit mis en état de le terminer. Que d'inci- .. la matière hétérogène afFeâie-t'elle dans foh arrano^e- ment une proportion de Géométrie ? la brife qui s'eft levée ces jours-là, l'a-t'elle obfervée ? Exiger pareilles chofes , c'efl: demander que des Païfans &: Païfannes qui auroient de la voix fans méthode , chantafTent tous enfemble auiTi jufte qu'on chante à l'Opéra. Les beautez naturelles ne peuvent s'accorder avec tant d'art, lequel eft d'autant moins beau qu'il s'éloigne plus de la nature. On voit aufli dans les colomnes du vent &r de l'air, que leur conftitution s'accorde afl'ez jufte avec cette variation. Tantôt ce font des vents foibles & un air ferein , ce qui augmente la divergeance , les cotez du poligone infcrits dans la courbe , &: les angles en étant plus grands à caufc de la rareté de la matière hétérogène dans laquelle les raïons ne fouffrent pas tant de réfraction ; tantôt fans vent c'eft une brume légère répandue dans l'air , où par conféquent il y a plus de matière hétérogène, qui fait que quoique le raïon le brife fouvent, les angles en font moins obtus, & les cotez moins longs , ce qui rend la divergeance de la courbe moins grande , &: cela avec affez de proportion dans les crois raïons , comme on l'a dit, M ^o Observations Il en eft de même aux jours où il y a eu égalité entre la bailcfle du raïon tendant à l'horilbn , &: celui q\^i tend au fommet de Balaguicr -, c'cft pourquoi on peut fane fur ceux- ci les mêmes raifonnemens , èc en tirer les mêmes confé- quences ; car ce n'eil pour l'ordinaire qu'un peu moins de divero-cance au raïon tendant à l'horiion qui produit cet ctYet. Les principes font les mêmes , la divcrfe combmai- fon de CCS principes introduit la différence qu'on y ob- fcrve. Le 12. Juillet on obi'erva en trois divers temps ; le matin le raïon tendant à l'horifon fut le plus divergeant qu'il eut jamais été, puiique l'angle de la baflcfle n'étoit que de 6^. 30^. &: par conléquent la rcfradion étoit de 3'. y\ Le raïon tendant au fom.net^du rocher fut divergeant de l\ celui qui va à Balaguier d'une minute. Ce qui s'ac- corde allez avec la proportion des trois raïons établie ci- deffus. Le vent étoit à i'Eft foible & Tair fcrein. A midi la divergeance de ces trois raïons diminua à mefure que le vent augmenta , quoique l'air relia également ferein. Or on a fait voir dans la première Partie qu'à mefure que le venc augmeijte , le raïcn devient moins divergeant , & que quel- quefois même il devient convergeant. Le loir au coucher du Soleil la divergeance du raïon tendant à l'horifon aug- menta un peu , ainli que celle du raïon tendant à Balaguier ; mais celle du raïon du rocher rcfta la même. Le vent tour- na au Sud, mais il étoit très foible, èc l'air également fe- rein. Il paroît donc évident autant, 5c peut-être plus que les matières de Phifique ne le coa^iportent, que les com- binaifons du vent & de la matière heccrogenc font les caufes de la variation dans la réfraction des raïons tendans à des objets éloignez. On pourroit en domier de nouvelles preuves dans un plus grand nombre de coinparaifons ; mais , outre que cela al- longeroit extrêmement ce Traité par les répétitions qu'on feroit obligé de faire, cela ne paroit pas fort ncceilaire après tant de preuves qu'on en a déjà apporté. Les nouvelles preu- ves ne feront pas d'autre nature que celles-ci ; le fujet ne le comporte pas. Mais ceux qui voudront s'en donner la peine pourront confiderer la table avec attention , &c ils fe con- vaincront aiiément de ce que j'avance ; ils poiUTont aujflî plus approfondir dans les preuves apportées. Telle cil: la condi» SUR. LA Refraction. 91 tion des méditations d'un Philorophc fur la nature , il peut toujours plus creuTcr, avancer dans Tes recherches, mais il n'en vcria pas le fond , &: n'épuiiera pas le fujet de fes mé- ditations. Le Seigneur a établi des termes que nous ne pouvons pafî'cr; un meilleur efpric ira plus loin qu'un moins bon; il s'en pourra trouver un autre qui aille plus loin que celui- là. D'autres efpnts furpafleront encore ce dernier en pcne-^ tration ; mais comme enfin la portée de l'entendement hu- main a des bornes , &: que les combinaifons des caufes &: des loix par lefquelles la nature agit, font prefqu'infinies , l'efprit humain reliera toujours bien au-deçà du terme qu'il fe propofe ; ainfi il n'épuifjra pas le fujet llir lequel il mé- dite : mais il lui en reviendra un grand bien , il aura lieu de fe connoître , &: par cette connoiflance il pourra refré- ner l'orgueil qui ne lui efl: que trop ordinaire. On n'ajoutera p'us aux réflexions fur les Obfervations de ces ceux mois que ceci. Le 14. Juillet tout le jour, l'ho- rifon de la Mer fut plus bas que le fommet de Bala2;uier; le vent écoit au Sud-Sud- Oueft très-foible, il y avpît dans l'air une brume fort déliée. Le i j. au contraire tout le jour l'horifon de la Mer fut plus haut que le fominet de Bala- guler , par un pecit vent d'Ouelt-Sud-Ouefl, avec une bru- me auifi déliée que le 14. Le ï6. tout le jour, l'horifon de la Mer fut plus bas que Balaguier par un vent d'Oueft aflez frais, &; une brume aufïi déliée que le ly. Le 17. au contraire, tout le jour l'horifon de la Mer fat un peu plus haut que Balaguier par un vent d'Oueft foible ôc une bru- me afléz épaifïe. Le 18. l'horifon de la Mer fut un peu plus bas que le parapet de Balaguier, lèvent étant au Sud Sud- Ouefl; foible avec moins de brume qu'il n'y en avoir le 17. Voilà une alternative continuelle qui ne peut s'expliquer dans ces cinq jours que par les divers vents qui fouflioienc par leur force plus ou moins grande, &: par la plus grande ou moindre quantité de matière hétérogène qui fe trouvoit dans l'air. Car pour ce qui ell; de la chaleur de l'air Ôc la pefanteur de l'atmofphere , elles ont été les mêmes tous ces jours, quoique les balTelFes aient été difterentes. Aufïi les avions nous déjà mis hors de cour &c de procès ; mais ceci Mi) cfi Observations fait toujours mieux connoître que nous ne devons pas nous en repentir. Il ne fe prefente plus rien fur les obfcrvations de ces mois de l'Eté , que nous n'aions déjà dit louvent. PafTons donc aux obfervations de l'Automne. ARTICLE SIXIE^ME. B-éfleicîons fur les obfervations des mois de Septembre , O^lohre Cr Novembre 1715J. E p u I s la fin d'Août jufqu'à la fin de Septembre , j'ai refté à la Mer par ordre du Confeil de Marine pour réformer la Carte de la côte de Provence ; à mon re- tour )'ai repris mes obfcrvations. Les trois derniers jours du mois de Septembre , les balTeflcs de Thorifon de la Mer furent toujours plus grandes que celles de Balaguier, avec une variation continuelle pour la réfraction des deux ra'ions, lelquels furent divergeans le z8. convergcans le 29. de nou- veau divergcans le 30. au contraire le raïon tendant au fommet du rocher relia conftamment dans le plan de l'ho- rifon de l'Obfervatoire. La conftitucion de l'air fut la mê- me ces trois jours, ainli que le vent qui étoit au Nord- Oueft médiocre. Pour ce qui eil de la chaleur de l'air &: de la pefanteur de l'atmolphere, qui nous font connues par le Thermomètre &: le Baromètre , nous n'en parlerons plus, comme n'influant en rien à cette variation. Mais on voit que la convergeance des raions vifuels n'a pas été fort grande, non plus que la divergeance , l'air aïant toujours relié fort ferein , &: le vent médiocre ; de manière que le raïon tendant au rocher n'a point du tout varié ; &: on ne peut attribuer la variation médiocre des deux autres raïons qu'à un peu plus de matière hétérogène qui étoit pouflée vers la furface de la Mer par le vent , qui ne lui imprimoit pas un grand mouvement, parce qu'il étoit lui-même mé- diocre : de forte que ces raïons vifuels fe font rompus fous des angles fort obtus , &: les courbes qu'ils formoient ne surlaRefraction. 9 3 fe font pas fort éloignées du raïoii dircd qui eft la tan- genre de CCS deux courbes. Pendant le mois d'Octobre il a fouvent plu ou fait des temps couverts , de forte qu'on ne pouvoit bien diltinguer l'horifon ; mais touces les fois qu'on a pii obferver , on. a toujours trouvé la badciTe de l'horifon de la Mer plus grande que celle de Balaguicr ; les vents ont toujours foufflc de TtA: ou du Sud-Elt, & ils étoient allez frais. Oa ne remarqua rien de coniiderable que les derniers jours du mois. hci6. le vent étant Nord-Oucft très-frais avec une brume légère &C des nuages à l'horifon, le raïon tendant à l'horifon de la Mer fut convergeant de 13. fécondes, &: celui de Ba- laguier de près d'une minute ; ce qui fait voir que la ma- tière hétérogène, qui étoit poulfée du large par le vent^ écoit en plus grande quantité dans la rade que hors de la rade ; de force que le raion vifuel tendant à Balaguier a foufFert plus de réfraction que celui qui tendoit à l'iiorifon. Mais ce qui fait connoître que cette matière étoit répan- due dans la rade & poulTee en bas par le vent ; c'cft que comme le raïon tendant a l'horifon delà Mer fouffroit peu de réfradion , le raïon tendant au fommet du rocher n'en fouftroit aucune, & étoit toujours dans le plan de l'hori- fon de rObfervatoire ; de forte que la matière hétérogène étoit voillne de la furface de la Mer , &c en bien plus grande quantité en deçà de Balaguier. Le 31. Octobre le raïon tendant à l'horifon étoit prefqus direcf , ne fouffrant que 7. fécondes de réfraction , mais le Xaïon tendant à Balaguier en fouffroit une de près d'une ininute dont il étoit convergeant 5 de forte que ces d;ux iraïons fe trouvant confondus, &: dans le même plan, la Mer fe trouva auffi haute que le parapet de Balaguier, le -vent étoit Sud-Sud-Oueft très-foible, &: ily avoit àcs nua- ges ôc de la brume à l'horifon j la matière hétérogène étoic donc comme le z6. en plus grande abondance au-dcçà de Balaguier, qu'au-delà ; ce qui a augmenté la courbure du raïon tendant à Balaguier , &: en a fait abaiffer le parapet jufqu'à l'horifon de la Mer ; auffi cette tour paroillbit-elie plus grofle ce joar-là dans la lunette ; ce qu'on a toujours remarqué quand le raïon vifucl a été confiderablement con- vergeant. Au contraire , elle a paru plus n:icnuë lor fque le M iij ^4 OBSEitVATIONS raïon étant fort divergeant, elle paroifïoit plus élevée au- dclîus de l'horiion de la Mer. Relient les obTervations du mois de Novembre , fur lef- quellcs il y a peu de chofes à remarquer que nous n'aïons déjà dites. La bailciTe de Balaguier a été égale à celle de l'horifon de la Mer en cinq divers jours. Le 6. &c le 9. ces baflclTes ont été de 8^ 30^. c'eft-à-dire, que le raion qui tcndoit à l'horifon fouftroit une réfraction d'une mi- nute y'\ en divergeance, tandis cjue le raïon tendant à Ba- laguier étoit prefque direcb, ne s'en écartant que de y^\ Le 6. h vent étoit à i'Eft-Nord-EO; très-frais j il y avoir des nuages & l'horifon étoit fort embrumé. Le 9. le vent étoic à rLfl: médiocre, mais il y avoir une grande brume à riio- rifon. Il eil vilible que les vents portant à l'Oueft la ma- tiere hétérogène, laquelle étoit arrêtée par le vent de Sud- Ouefl: qui iouftloit au large, ce que la Mer fort groil'e de Sud-Ouefl: nous indiquoit allez ; cette matière étoit donc vers l'horifon bien au-delà de la rade en plus grande abon- dance qu'en deçà j c'eft pourquoi le raïon vifuel tendant à l'horifon a du le rompre plus fi équemment &: fous des an- gles pi us. aigus ou moins obtus que le raïon tendant à Ba- laguier , ce qui a caufé cette égalité apparente de ces deux baflcfles. Le 14. le i5>. &: le 20. il y a encore eu égalité entre ces baflcff.^s, mais toujours fous des angles diflerens. Le venc d'Oueft aïant pris le dcffus a repoufîé du large cette brume j mais comme elle étoit moins épaifie , ce que l'horifon aflez net nous indiquoit, la matière hétérogène étant plus rare fur-tout au-delà de la rade, les deux courbes des raïons ont été plus divergeantes : au contraire la brume étant revenue Je i^. &; le 2.0. quoique le 19. il n'y eut pas de vent ( car il ne devint frais à l'Eft que le lendemain ) il chaiïbit pourtant la brume devant lui ; la courbure de ces deux raïons a été moindre, en telle forte même que celle du raïon de Balaguier étoit convergeante de S^^le 2,0. tandis que celle du raïon tendant à Thorifcn reftoit encore divergeante de 52^. ce qui a produit l'égalité apparente dans la bafTefïe de ces deux raïons. Les trois autres jours on a obfervé les baflefîes, celles de la Mer ont été plus grandes que celles de Balaguier, ôc SUR LA Refraction. ^^ cela plus ou moins, fuivant que le vcncccoit frais ou foi- ble, &: l'horifon plus ou moins nec ; c'eft-à-dn-c, que l'air étoic plus ou moins dépouille de matière hétérogène ; mais comme tout ceci a été ibuvent expliqué dans ce Traité , il pai-oît inutile de s'y ariêcer plus long-temps. On peut donc conclurre que les oDfervacions de quinze ans nous ont enfin découvert, fi je ne me trompe, la caufe de la variation continuelle qu'on obferve dans les raïons vifuels qui tendent aux objets voifîns de riiorifon. On a parlé ci-devant àes ufages qu'on peut faire de cette décou- verte dans la Navigation. On voit allez que cela peut aulïî être utile à l'Aftronomie , Se que jufqu'a ce qu'on trouve l'obliquité de l'cciiptique moindre de plufieurs minutes, ce que je ne crois pas devoir arriver , on aura toujours lieu d attribuer à la variation dans la refraclion , les différences de 40^. 50''', &: même d'une minute ; car enfin les Tables données par feu M. Calîini, &c dont M. Cafîini le fils a ex- pliqué la méthode dans l'Hilloire de l'Académie de 1715". ont été calculées pour la conftitution de l'air du jour au- quel ont été prifes les hauteurs qui fervent de bafe aux cal- culs de ces Tables j mais , comme l'on voit par- tout cet Ouvrage, il s'en faut bien que la conftitucion de lair, &c par conféquentla réfraction, foit toujours la même. Il faut donc neceffairement que fuivant les diverfes conftitutions de l'air, il y ait quelque variation dans les minutes &c fé- condes données dans leur Table pour les dcgrez de hau- teur , fur tout pour celles qui font plus voifincs de l'hori- fon. Car toutes les analoeies font fondées fur un certain nombre d'hauteurs obfervées qui peuvent varier, fuivanc qu'il y a eu plus ou moins de matière hcterogene dans l'air , éc plus ou moins de vent au temps auquel ofl a pris ces hauteurs. Je ne prétends pas conclurre de-là, que ces Tables ne foient fort bonnes ; il fera difficile d'en faire de meilleu- res : mais je dis qu'un Aflronome qui aura fait des réfle-. xions fur ce qui eft contenu dans cet Ouvrage, jugera avec adreffe de ce qu'il doit ajouter aux minutes & fécondes de ces Tables , ou de ce qu'il en doit retrancher , fuivant la conftitution de l'air dans le temps auquel il obfervera , pour avoir avec plus de précifion les hauteurs des Aftres qui font ^6 Observations sur la Refraction. les Elemens donc il doir fe lervir pour déterminer leur dé- clinaifon 6c leur latitude. Mais , me dira-t'on , par cet Ouvrage vous introduirez de l'incerrirudc dans l'AIlronomie. Ce n'elt pas moi qui l'y introduit, c'cft la conftitution de l'air. Nous n'observons pas dans le Ciel. Nous fommes fur la terre enveloppez d'une atmofphere , donc la denfité n'eft pas toujours égale, même à d'égales hauteurs ; ainli bien loin d'introdun"e de Tincer- titude dans les matières aftronomiques ; j'ai prétendu la di- minuer, &: je crois y avoir reufli. Ceux qui fe donneront Ja peine de voir les Tables de mes obfervations pourront faire quelque chofe de mieux j mais je leurs donne le can- nevas fur lequel ils peuvent travailler i s'ils le trouvent trop groflier , ils peuvent en prendre un plus fin ; ils y mettront moins de temps, plus de dextérité èc de fagacité ; mais ils n'y mettront ni plus de patience ni plus de fmcerité. J'ai fait voir fort au long la méthode que )'ai fuivi dans le cours de ces obfervations ; quoique je n'aie pas épuifé les réflexions , )e ne fçai pourtant pas li le nombre n'en eft point trop grand. Mais j'ai cru devoir un peu étendre ces matières que ]e ne fçache pas avoir été traitées par d'au- tres. Je fouhaite qu'au moins les Lcéleurs de cet Ouvrage puiflent agréer l'effort que j'ai fait , 6c dire après l'avoir lu, Laudo conatumo FIN. PREMIERE TABLE. Mar s nos. fours du Mois. 1 fbir 1 matin fbir 6 midi foir 7 midi foir 8 foir XI foir 1? matin O C T O- BRE 1705 1 5 midi ly foir Février 170^. II matin zy fbir Mars 1706. I midi z inatir midi foir 5 matin midi foir 4 matin midi foir 5 matin midi foir 8 mati; àro S. G 14 matr midi A V R I :. 170^. 18 midi foir Ba/refles Vent. de la Mer. ^3' 30- M 4J M 30 14 10 M 35 14 2-5 Sud-Eft. M 35 Sud-Eft. M ^5 Sud-Eft. M G N. 0. frais. 14 C M 10 i? 10 N. 0. frais. M 4Î calme. H 0 M 10 M 45 M 45 14 10 N. 0. foible. 14 15 N. 0. frais. M zo iM. 0. très-frais. li 10 M. 0. très-fraii. M 0 N. 0. foible. II 45 19 45 H 10 N. 0. médiocre. M ï5 45 0 Eft foible. M 30 H 0 M 10 H. N. E. foible. UfFerence 1;'' :z 45 M 40 N. 0. frais. M 30 Ni. 0. très-frais. II 45 N. 0. frais. li 3 5 M. 0. fra::<:. A IR. Brume Brume Brume Serein Serein Serein Serein Serein Brunie Brume Brume légère Brume légère Brume lercre Serein Serein & Nnaîîe^ Bar o m e t r e. 17 pouc. 6 Jig. 5)6 Observations sur la Refraction. les Elemens donc il doir fe fervir pour déterminer leur dé- clinaifon ôc leur latitude. Mais , me dira-t'on , par cet Ouvrage vous introduirez de l'incertitude dans l'Allronomie. Ce n'ell: pas moi qui l'y introduit, c'cft la conftitution de l'air. Nous n'obfcrvons pas dans le Ciel. Nous Tommes fur la terre enveloppez d'une atmofphere , dont la denfité n'eft pas toi^ijours égale, même à d'égales hauteurs ; ainii bien loin d'introduire de Fincer- titude dans les matières aftronomiques ; j'ai prétendu la di- minuer, de je crois y avoir reuili. Ceux qui Te donneront Ja peine de voir les Tables de mes obfervations pourront faire quelque chofe de mieux ; mais je leurs donne le can- nevas fur lequel ils peuvent travailler ; s'ils le trouvent trop grofller , ils peuvent en prendre un plus fin ; ils y mettront moins de temps, plus de dextérité èc de fagacité ; mais ils n'y mettront ni plus de patience ni plus de fincerité. J'ai fait voir fort au long la méthode que j'ai fuivi dans le cours de ces obfervations ; quoique je n'aïe pas épuifé les réflexions , ]e ne fçai pourtant pas fi le nombre n'en eft point trop grand. Mais j'ai cru devoir un peu étendre ces matières que )e ne fçache pas avoir été traitées par d'au- tres. Je fouhaite qu'au moins les Lecteurs de cet Ouvrage puiflent agréer l'effort que j'ai fait, èc dire après l'avoir lu, Lntido conatum> FIN. PREMIERE TABLE; Mars Baffefles Vent. Air. Bar 0 m e t r e. 170J. de Jours du la Mer. Mois. I (bir 13' 30" 1 matin 13 4Î ' foir 13 30 6 midi 14 10 foir ■5 3? 7 midi H . 2-5 Sud-Eft. Enimc foir M 35 Sud-Eft. Brume 8 foir '3 ^5 Sud-EH. Brume 11 foir 13 0 N. 0. frais. Serein 13 matin 14 0 Avril 1705. 9 matin 13 10 13 matiii 13 10 N. 0. frais. Serein midi M 45 calme. Octo- bre 1705 13 midi 14 0 15 foir 13 10 Serein Février 170^;. 11 matin 15 45 Phénomène 2.J foir' M 45 Içmarquabk. Mar s 1706. I midi 14 10 N. 0. foible. Serein i matin 14 ij N. 0. frais. Serein midi 13 10 i^. 0. très-frais. Brume foir Il 10 M. 0. très-frais. Briune 3 matin 14 0 N. 0. foible. midi Il 45 foir I? ■ 45 4 matin 14 10 N. 0. médiocre. Brume légère midi 13 M foir '3 45 j matin 14 0 Eft foible. Brume légère midi ■13 30 foir 14 0 Brume légère 8 matir 13 10 S. N. E. foibk. àro -tifference 15" S. 0 Il 4j 14 mau; 13 40 N. 0. frais. Serein 17 pouc. 6 lig. A V R I : 13 30 Ni. 0. très-frais. Serein & Nnage^ I70#. 1% midi II 4? N. 0. frais. foir Il 35 N. 0. frais. 1?» )UITE DE LA L TABLE. ECEM- BafleHes de la Mer. Il 12, M 1 1 II 30' 30 20 o 4y 30 10 30 30 45 30 30 45 45 40 30 20 30 15 10 30 o o ^5 o 30 15 o o 45 10 Vent. N. O. médiocre. Nord-Oueftfoib, Nord-Oueft frais. Sud-Eft foible. Sud-Efl. Eft foible. N. O. médiocre. Nord-Oueft frais. Nord-Oueft frais. Nord-Eft foible. Nord-Oueft foib. Nord-Oueft foibl. Sud-Eft foible. Eft foible. Oueft foible. Nord-Oueft foibl. Nord-Oueft frai.>-. N. O. très-frais. N. O. très-frais. Nord-Eft foible. Nord-Oueft foil N. O. allez frais. N. O. médiocre. Nord-Oueft frais. N. O. très-frais. Sud-Eft foible. Sud-Oueft foible Nord-Oueft foib] . Sud-Oueft med. N. O. très-frais. Eft foible. Eft fcible. Air. Serein Serein Brume grande Brume allez lêrein Serein Serein Serein Serein Serein tN^uages au Soleil. Brume déliée iflez lèrein. Nouages déliez .kurne déliée j,rande Brume crès grande Brume Serein Serein Brume déliée Crume déliée Serein aflez lerein Brume légère 3rume légère Serein Serein Brume Brume déliée Brume déliée 3 ARC ME TR E 1-1 pouc. 8 lig. 1 î-7 9 ^7 8 2-7 8 2-7 8 ^7 7 ^7 10 2-7 9 2-7 2 2-7 3 2^7 II 5-7 ÎO 2-7 II 2-7 10 ^7 2-7 2-7 i7 ^7 2-7 !» 8 8 7 6 10 lo II 10 9 6 w SUITE DE LA I. TABLE. • jNoVEM- Baflelfes BRE de 1706. la Mer. Jours du mois ;o foir 15' 30" Décem- bre 1706. I itiatm 0 midi 30 i matin 10 3 matm 0 midi 45 7 matin 30 midi 10 i3 matin 3° midi 30 15 matin 45 (ôir 3° ©cou. 3° i 30 matin 45 Ma r s • 1707 14 matin 15 15 midi 12, 45 foir II 40 i6 matin M 30 midi II 10 17 midi '5 30 18 matin M 15 midi '5 10 15 matin M 30 midi" 15 0 30 matin 14 0 3 1 foir 14 ij Juin 1707. 4 matin II 0 } matin II 3° 8 matin 'î 15 13 matin M 0 18 matin M 0 io matin 1 1 45 li matin II 10 N. O. médiocre. Nord- Oueft foib. Nord-Oueft frais. Sud-Eft foible. Sud-Eft. Eft foible. N. O- médiocre. Nord-Oueft frais. Nord-Oucft frais, Nord-Eft foible. Nord-Oueft foib. Nord-Oueft foibl. Sud-Eft foible. Eft foible. Oueft foible. Nord-Oueft foibl, Nord-Oueft fraiî. N. O. très-frais. N. O. très-frais. Nord-Eft foible. Nord-Oueft foib N. O. allez frais. N. O. médiocre. Nord-Oueft frai; N. O. très-frais. Sud-Eft foible. Sud-Oiieft foible Nord-Oueft foibj, Sud-Oueft med. N. O. très-frais. Eft foible. Eft foible. A m. Serein Brume grande Brume allez, (èreiii Serein Serein Serein Serein Serein Nuages au Soleil. Brume déliée liiez lêrein. Muages déliez Jriirae déliée jrande Brume très grande Brume Serein Serein Brume déliée Brume déliée Serein allez lêrein Urume légère 3rume légère Serein Serein Brtniic Brume déliée Brume déliée 3 AR 0 ME TR E 17 poiic. g lig. ^7 9 2-7 8 î 17 g î =•7 8 17 7 7 2-7 ÎO ^7 9 17 l "î 17 5 '-7 " î '7 ÎO 4 ^7 II ï-7 10 i 17 8 i 17 8 i 17 8 ï 17 7 î 17 6 4 17 10 ^7 10 i 17 II 17 10 17 9 2-7 6 \ 17 7 17 7 2-7 6 17 8 ;'f 17 7 -; '■7 ^ i 27 7 2-7 8 SUITE DE LA L TABLE. Février 1708. Jours du mois 9 matin fbir ij matin (bir audifô. du© Mars 1708. I matin i matin . 5 matin l8 matin midi ibir A V RII. 1708. 15 matin fôir Juin 1708. 8 mati;-' midi fbir 5 matin midi Juin 1709. 14 matin Janvier 1711. 10 [bir 11 matin 13 midi Mars 1716. 3 1 macin midi BaHelics | de la Mer. M' 30- ij 30 ij 10 M 4; ij 35 M 15 12, 45 M M 14 0 15 0 ir 30 II 30 li 0 II 10 1 1 20 IZ, ÎO II 0 II 15 ij 0 M 15 H 0 14 10 II 45 II 30 Vent. N. O. médiocre. N. O. médiocre. Eft frais. Sud-Eft foible. Nord-Oueftmed. N. O. médiocre. Eft frais. N.N.O. N. O. médiocre. Nord-Oueftfoibl. Eft foib!e. Sud-Oueft foibl. Eft foible. Sud - Oueft frais. Sud-Sud-Eftfoib. E. N. E. foible. O. S. O. medioc. Sud-Oueft foible. Nord-Oueft med. Nord-Oueft foib. Nord-Oueft foib. E.N.E. foible. Sud-Oueft foible. Air. Serein Serein Brume Brume alTez /crein Serein Brume Brume légère Serein Serein Brume Brume Brume déliée Serein Brume Brume Brume Serein Brume Serein Serein Serein Baromètre. i/pouc. 8 lig. i7 8 ^7 9 ^7 9 '-7 17 2-7 17 2-7 2-7 ^7 2-7 '-7 ^7 2-7 ^7 2-7 2-7 17 1 1 II SUITE DE LA I. TABLE. Février Baifeffcs; Vent. Air. Barometre.I 170S. de Jours du la Mer. mois - . 5 matin M' 30" N. 0. médiocre. Serein 17 pouc 8lig. 8 foir M 3° N. 0. médiocre. Serein 17 i; matin M 10 Eft frais. Bruine 17 ^7 9 -, (ôir M 4; Sud-Eft foible. Brume audifo. du© Mars 15 35 170S. I matin M If Nord-Oueftmed. aftez (crein 17 4 ' 1 matin II 45 N. 0. médiocre. Serein 17 6 . 3 matin ^5 15 Eft frais. Brume 17 4 18 matin 14 0 N.N. 0. Brume légère '■r 6 midi i? 0 N. 0. médiocre. Serein 17 6 foir Il 50 Nord-Oueft foibl. Serein '■7 6 Avril 1708. 15 matin II 30 Eft foible. Brume 17 7 1 fôir II 0 Sud-Oueft foibl. Brume 2-7 7 i Juin 1708. 8 matiç II 10 Eft foible. Brume déliée ^7 (f i midi 1 1 10 Sud- Oueft frais. Serein '■7 6 i foir II 30 Sud-Sud-Eftfoib. Brume 17 6 1 3 matin II E. N. E. foible. Brume 17 6 midi II 15 0. S. 0. medioc. Brume 17 6 Juin" 14 matin 15 0 Sud-Oueft foible. Serein 17 S Janv.ier 1711. 10 foir H ly Nord-Oueft med. Brume li matin H 0 Nord-Oueft foib. '7 II ij midi H 10 Nord-Oueft foib. ' Serein 17 Il ii Mars I7I6. J I matin II 45 E. N. E. foible. Serein ^7 ' i midi II 3° Sud-Oueft foible. Serein ECONDE TABLE. Baflbfles de la Mer. lo 9 lo 9 lu lo lo . 9 9 9 11 lO 9 lo 6 II lo II II lo II lo 9 II lo II lll ' 9 II 9 II lO 30' o o 40 30 30 45 15 30 30 3© 30 i; 4; 15 30 30 o o 15 30 4; o o 30 45 o 30 10 o o 7 30 BaileUe du Tommet (iiiRoch. 10' 30'' II lO- 10 9 10 10 9- h3o -10 10 - o 3-0 o 30 30 9 = 30 9 lo lo 15 5> 30 9-15 8 45 lo-f o 9 15 9 30 9 9 9 lo 10 7 9 9 9 9 8 11 = II-+- 10 45 o 30 45 o 30 45 o 10 o 45 o t- o o 30 30 Vent. Oueft foible. Oiîcftfoible. Oiicll foible. Eft foible. Siid-Ei} frais Sud-Eil fraii, Calme Calme Calme Calme Sud-Eft Sud-Eft Sud-Eft foible Calme Siid-Ouell med. Sud-Oueft med. Sud-Eft mediocr. N. O. frais. Oueft médiocre Sud-Oueit foibi. Calme Calme Calme Sud-Eft frais Eft foible N. O. médiocre N. O. frais. N. O. frais. N. O. médiocre. N. O. foible. Oueft foible Oueft foible N. O. médiocre. A IR. Brume O. Seiciu Brume délice Serein Serein Serein Serein Serein Brume déliée Brume déliée Serein Serein Nuages déliez Nuages ^uag. dél. brum. aiîez fèrein Muages. Brume à rOueft Serein Nuages déliez Serein.Brume O Nuages Serein Serein Serein Serein Serein Baromè- tre. lyp.^l. 17 ^7 2-7 ^7 2-7 2-7 2-7 ^7 ^7 2-7 17 2-7 2-7 9 T 9 è ^7 8 I ^7 7 17 8 17 8 ^7 7 '^7 4 I 5 6 7 i 6 S 6 6 i THURMO- METRt. 15 I 55 1 15 3 55 1 55 5 )5 6 55 6 55 Il î 55 9 55 II 55 z 55 3 55 5 55 6 T 55 5 T 55 3 54 8 i 2 17 6 f 54 54 55 S5 II SECONDE TABLE. Jui N I7IÉ. Au Uoi s. 16 matii) loh 10' 7 fbir 17 f marin f 5î foir IS foir m ? iôir 10 7 30 foir il 5 35 matin midi ?- foir '5 J 30 matin midi 7 foir 14 ! matin midi =■7 5 4j matin 19 5 30 matin Juillet 1716. I é matin 7 foir 1 9 matin 7 3J foir 1 V 4j matii 7 foir 4 10 10 matin J î îo mat:- 6 J ij mari ri 6 . mati midi II mid: M 7 9 foir mati 19 rtiatn Ao U s T 1711;. 4 IV id Baflelles de la Mer. Bîlieire du fommet iliiRoch. 10' 30" II -1-30 lO^lO 9 10 lo + o 10 30 9 = 30 9 lo 10 ij 5 jo S) = IJ 8 45 lO-f- o 9 15 9 ;o Oueft foible. OuelUoible. OueJlfoible. Eft foible. Sud-Eft frais Sud-Eft frais Calme Calme Calme Calme Sud-Eft Sud-Eft Sud-Eft foible Calme Sud-Oueft med. Sud-Oiieft med. Sud-Eft mediocr. N. O. frais. Oueft médiocre Sud-Oueft foibl. Calme Calme Calme Sud-Eft frais Eft foible N. O. médiocre N. O. frais. N. O. frais. N. O. médiocre N. O. foible. Oueft foible Oueft foible N. O. médiocre. Air. Brume O. Serciu Brume déliée Serein Serein Serein Serein Serein Brume déliée Brume déliée Serein Serein Nuages déliez Nuages Vuag. dél. brum, aflez ftrein Nuages. Brume à l'Oueft Serein Nuages déliez Serein.BrumeO. Nuages Serein Serein Serein Serein Baromè- tre. i7P-sl- THERMO- METRE. 17 6 i -4 TROISIEME TABLE. Décembre 171e. oarj du -lois," 0 /ôir 1 matin 13 fôir 15 midi loir cou. duQ matin 17 4 15' fôir 15 4 30 fôir couc. du© z8 I fôir Le Soleil couché 16 Ilh Janvier 1717. y 9 matin 4 îECEMBRE 171 6. BalTelTes Joatj de lu la Mer. 10 /ôir 13' 0" : I matin 1} 0 :} foir 14 30 5 midi Il 50 foir coll. duO 15 30 \6 iiti matin Il 10 17 4 ij'fôir li 0 15 4 30 foir eouc. du© ij 0 z8 I foir Il 0 Le Soleil couché 11 c Janvier 1717. j 9 matin IJ 0 4 30 foir IJ 10 7 midi 13 10 Baireire du fommet du Kochet 10 0 9 30 II 10 Vînt. N. O. frais. N. O. frais. N. O. alTez. frais N. O. médiocre. N. O. très-frais. Nord-Oueft frais S. E. aflezfrais. ' Oueft foible N. O. foible. N. O. foible. N. O. très-frais N. O. très-frais O. N. O. frais. A I R. Baromè- THERMO- tre. METRE. Serein Nuages Brume Serein 17 p. êl. 17 4 i7 5 17- 6 i J3P-sI- 53 9 51 9 ji 6 grande Brume Brume aflez leg. Brume légère. 17 S ^ »-7 3 i 17 1 yi II Serein Serein Serein 17 10 -1 17 S i 17 8 \ ys 7 53 8 53 « yi 10 { yi II yi 11 grande Brume. grande Brume. Brume 17 10 ^7 9 \ 17 7 c.'^U <^^^ )NS POUR LA REFRACTION, (i) Bassesse D E B A I, A- GUIER. 8' 50" 8 jo 8 4; Brume. 45 30 4; 30 45 30 o 45 o o 10 15 30 30 o o o 40 15 o 50 5> 15 8 45 5> 15 8 30 8 45 9 0 î» 0 9 15 8 30 9 0 8 30 8 45 9 45 Hauteur D u Ro C H K R. V UN T. DE s FR.E &E s. N. 0. médiocre N. 0. aflez frais. Le fôir très-frais. Le matin Nord- Ouciï très-frais. odo' 45" 0 0 0 0 0 30 0 0 0 0 0 50 0 0 0 0 0 0 0 30 0 0 0 0 0 15 0 0 0 30 0 15 0 15 0 0 0 \o 0 15 0 0 0 15 0 0 0 30 0 15 0 30 0 15 0 15 à raidi Nord petit E.N.E.foiblc. H. O. médiocre. N. O. frais. Nord-Ouefl frais N. O. très-frais. Nord frais. N. N. O. medio. N. O. médiocre. N. N. O. medio. N. O. médiocre. N. O. médiocre. N. O. petit. N. O. petit. N. O. petit. N. O. petit. N. O. médiocre. Sud-Eftfrais Sud-Ell: très-frais Nord-Oueft frais N. O. médiocre. N. O. médiocre. N. O. très-frais. N. O. très-frais. N.O. frais. Eil foible. Eft foibic N. O. petit. N. O. médiocre. Eft foible. Sud-OueftfoibJe Sud-Oiiefl frais. Sud-Eft frais. N. O. aflèz frais. Al R. Serein Serein J Br. mcd. S. S. E, J Br.gr.au S. S.O. Nuages. Nuages déliez. Nuages déliez. Nuages déliez. Nu. horiz. clair. Nuages. Serein. Nu. épais horiz. aflez Serein. Nu. dél. Brume. Nu. épais horiz. Nuages épais. Serein. Serein. Serein. Nu. dél. Nuages épais. Nu. épais. Pluie. Nuages horiz. Nuages déhcz. aflez Serein. Ser.br.leg.àl'hor Ser. Br. àl'horiz. Nu. Ser. à l'hor, Ser. Le mat. Br. aflez Serein. Brume déliéç. Le mat. gr. Bru. Nu.au S. S. O. Nuages épais. Nu. épais. Br. à peine voit-on le^ objets. Nu. dél. Br.hor. Nu. ép.Br. horiz. Horizon Serein. THERMO- METRE. 5î p. S»!- 53 " ;i 8 i 53 7 5Î 9 54 54 54 5J 5Î I ^ 7 8 51 XI 53 7 55 5 5i 6 5i 7 53 0 53 I 53 7 53 10 5i 9 52- II 51 II 51 II 52- II 5 3 I 53 3 53 0 55 3 53 I 53 0 53 7 )'3 II U ^ 53 6 { Barome- TRh. Z7P loL i? 9 1 2-7 ïl T i? ïï f i7 !0 2-7 9 2-7 7 i ^7 6 i i7 5 i 2-7 4 i7 4 ^7 4 2-7 ^ i: ^7 5 ^7 5 -7 5 1 ^7 6 2-7 ^ 2-7 4 T 2-7 5 ^7 6 -7 6 ^7 7 2-7 10 i '-7 10 j '-7 8 î ^7 4 17 I i. ^7 I î fr OBSERVATIONS POUR LA REFRACTION, (i) Jecemere Bassesse Bassesse Hauteur I7I8. Jours D E lA Mer, D E Bala- Ro c H f.H. du Mois. GUIER. FII.E E.E s. 17 matin 10' d" 8' 50" ïh foir 9 30 8 30 i3 midi 9 0 8 4y ly matin 8 oauS.S.E. Brume. midi 10 0 9 4y 10 ro matin 9 30 8 30 1 foir 9 30 8 4y il 10 matin 8 30 auS.E.«ù le 0 btiU. 8 30 midi 8 4; 1= 8 45 odo' 4j" 12, 8 matin 8 4j 8 30 0 0 4 4j'ibir 8 0 ts. 8 0 13 8 matir 9 JO 8 45 0 0 10 midi 9 IJ 9 0 0 30 i 10 foir 9 30 9 0 0 0 14 9 matin 10 30 9 . 10 0 0 10 30 9 45 9 15 0 30 4 10 foir 10 0 9 30 0 0 iS lo matin 10 0 8 30 0 0 17 9 30 matin II 0 S 0 0 0 midi 10 0 9 0 0 JO 1 Ij foir 10 30 9 0 0 0 5 0 midi 9 30 8 40 0 0 4 , foir 9 ly 8 IJ 0 IJ Janvier 1719. 1 matin 10 0 9 0 0 0 midi 10 0 8 yo 0 30 1 10 foir 9 40 9 ly 0 ij J' midi 9 ly 8 4j 0 IJ l 1$ foir 9 4y 9 ly 0 0 4 midi 9 ly 8 30 0 ÎO 6 1 foir 9 40 8 45 0 ly coiicli. du©. 10 0 9 0 0 0 7 midi 10 0 9 0 0 IJ coiich. duG- 10 ly 9 ly 0 0 8 midi 9 ly , 8 30 0 50 9 midi 9 0 égalité. 9 0 0 IJ 1 î midi 8 jo C 8 30 0 50 13 10 30 matin 9 10 8 4j 0 IJ 14 I foir 10 ly 9 4y 0 IJ N. O. médiocre N. O. iflez frais. Le loir très-frais. Le matin Nord- Outft très-frais, à raidi Nord petit E.N.E.foible. N. O. médiocre. N. O. frais. Nord-Oueft frais N. O. très-frais. Nord frais. N. N. O. medio. N. O. médiocre. N. N. O. medio. N. O. médiocre. N. O. médiocre. N. O. petit. N. O. petit. N. O. petit. N. O. petit. N. O. médiocre. Sud-Eft frais Sud-EIt très-frais Nord-Oueft frais N. O. médiocre. N. O. médiocre. N. O. très-frais. N. O. très-frais. N. O. frais. Eft fpibie. Eft foible N. O. petit. N. O. médiocre. Efl foible. Sud-Oueft foible Sud-Oueft frais. Sud-Eft frais. N. O. allez fr.iis. Sereia Serein J Bt.mtd. s. S. E. 1 Bi.gr.aiiS. S.O. Nuages. Nuages déliez. Nuages déliez. Nuages déliez. Nu. horiz. clair. Nuages. Serein. Nu. épais lioriz. aflez Serein. Nu. dél. Brume. Nu. épais horiz. Nuages épais. Serein. Serein. Serein. Nu. dél. Nuages épais. Nu. épais. Pluie. Nuages horiz. Nuages déliez. aflez Serein. Ser.br.Ieg. àrhor Ser. Br. à l'horiz. Nu. Ser. à l'hor. Ser. Le mat. Br. . aflez Serein. Brume déliée. Le mat. gr. Bru. Nu. au S. S. O. Nuages épais. Nu. épais. Br. à peine voit-on les objets. Nu. dél. Br.hor. Nu. ép.Br. horiz. Horizon Serein. THERMO- Baromè- METRE. tre. 53P 9I ^7P 10 L 55 II 17 9 i yi 8 i 2-7 II i yj 7 17 II ■ y$ 9 i? 10 Î4 I 17 9 y4 I ï 17 7 T Ï4 1 17 6 i Si 7 ^7 5 f yj S yi II =•7 4 Î5 7 17 4 Si y 17 4 SI 6 17 I .^ 51 7 -7 y Si 0 17 y Si 1 ^7 y T Si 7 ^7 6 Si 10 =■7 « s^ 9 17' 4 i SI II SI II 17 y SI- II '-7 « SI II '-7 « Si I ^7 7 Si 3 =•7 10 ï Si 0 '-7 10 7 Si 3 ^7 i* i Si I Si 0 2-7 7 T Si 7 27 4 r Si II 27 4 n é -7 I 1 53 6 i 27 ' T \ -Ici-lT i .. \ OBSERVATIONS POUR LA W (3) J AM V I h R 1719. ^ours lu Mois. [y JHO* iolt midi midi 4 30 foir 7 50 matin midi couch. du© t^ II jo matin 4 jo foir 10 4 j matin i 45 foir 11 4j matiii couch. du© Li II 45 matin 4 30 foir II 45 matin 4 o foir 9 o matin midi midi ^3 K ^J 16 j zo foir matii 30 midi !-7 30 Fevr I 4 i 6 n 7 8 IS S II I XX I 14 i X7 midi midi 10 foir 1ER 1719 midi 30 foir 45 matin 15 midi midi matin loir 30 matin matin midi Mr X j 6 > 10 II ) 17 ) 18 , s 1719. matin 18 matin foir midi 34 matin io matin xo matin Bas s E s s E DE L A M E R. 9' AS" 10 30 K 9 0 C:r 9 15 ï= lo 0 9 IJ 10 0 10 0 9 30 9 ij 10 0 9 0 9 If 9 0 9 30 S 0 c 9 0 plus bas. 9 15 9 0 7 AS plus bas. 9 0 10 0 9 M 9 30 10 0 10 0 8 30 8 4; plus bas. 8 30 s: 9 50 ? 15 9 0 9 i; 9 0 8 30 K 10 45 10 45 7 30 8 30 ::i 8 15 plus bas. 9 15 8 45 9 30 tiASl,HSS£', D E B A I. A- GUIER. 9' 30'' 30 O 9 M 9 30 8 30 9 30 8 30 9 0 8 AS 8 AS 8 30 8 4J 8 45 9 0 8 0 9 15 9 0 8 4; 8 0 8 45 9 15 9 0 9 0 9 0 8 AS 8 15 9 0 8 30 8 30 8 45 8 45 8 45 8 30 8 30 9 0 9 0 8 30 8 30 30 45 ï5 15 liAUTEUR DU RoCH. DES Frères. o' o" liafLo 50 Hau.o 15 Bair.o 15 o o Hau.o 15 o 15 o o o o o o o .0 o o o o o 45 0 o 1 o o 30 o o o o X 15 o o o o o 15 o o o o o o o o o o o 30 o 4j 15 o o o o o o o o 30 15 o o Vent. Nord-Oueft n Nord - Ouell N. O. frais. N. O. frais. N. O. très-fra N. O. foible N. O. mediocr N. N. O. medi N. N. O. me< EU foible. Nord-Oueft fol EU petit Eft foible. Eft foible. N. O. petit. N. N. O. très-fi N. O. frais. Eil médiocre. Oucft petit. '« Le matin grande/ Brume S. S. G.' O. N.O. foible. I Eft médiocre. Eft foib. qui a fau- té au S. O. foibh Sud-Ouelt foible O. N. O. med N. O. petit. Nord très-foible. N. N. E. foible. Oueil très-foib'I. Eft petit. Eft allez fr.iîs. N. O. médiocre. S. S. O. petit. N. O. médiocre N. O.affez frais N. O. me.hierpl Nord-Eft foible./ S.foi.hierO.t.fi/ Eft foible. S.E.mehierN.O./ O. N. O.medi E. S. E. foibi' , Nord-Oueft / ^^- OME- Kh. • 5I 5 4 4 z IQ 10 9 9 9 i 9 i 9 1. 9 ^ 5 7 i 6 J l Aoi.^^x l \ V OBSERVATIONS POUR LA REFRACTION. (2) J AM V 1 t R S A s s E s 5 E Ba SESSE Haute UR 1 Vent. Ai r. I HEMO- ii.ïK^iMt- 17 IJ. r>E OE DU ROCH. METRE. Tllt. Jours LA Mer. Bala- DES du Mois. GUIER. Frères. ij 5»4o'fbir_ 9' 4î" 9' 30" 0' 0" Nord-Oueft me. Horizon Serein. '3p. 7'. 17p. 6\. i 16 midi 10 30 c; 10 30 lîafl'.o 50 Nord - Oueft fr. Nu. dél. Br. fine 14 0 2-7 7 i 17 midi 4 30 foir 9 0 s 9 0 Hau.o 15 N. 0. frais. Nu. dcl. Br. hor. i4 i i 17 7 9 ly S 9 JJ Baff.o 15 N. 0. frais. Ni:. horiz.BruiiK >4 I 17 6 18 7 50 matin 10 0 9 30 0 0 N. 0. très-frais. Serein honz.net. 5 3 4 i 17 8 ^ midi ? IJ 8 30 Hau.o 15 N. 0. foible. Nuages dél. Bru- )5 8 ^7 ? coucli. me très-déliée. du© 10 0 S 30 0 15 N. 0. médiocre Serein à l'horiz. fî 4 17 9 tj II jo matin 10 0 8 30 0 0 N. N. 0. medio. Nu. 2r. horiz. 55 4 T 17 10 4 30 foir 9 30 9 0 0 0 N. N. 0. med. Nu. horiz. Serein 53 4 î 17 9 i 10 10 4j matin 9 IJ 8 45 0 0 Eftfoible. Serein 55 9 17 10 i z 4j foir 10 0 8 45 0 .0 Nord-Oueft foi. Serein 53 II 17 II ' 11 II 4j matin 9 0 8 30 0 0 Eil petit. Serein.Brume lé- 53 S 18 0 couch. gère horizon. du© 9 If 8 45 0 0 Eftfoible. Ser. Br. leg. hor. 55 S 18 0 11 Ili4î matin 9 0 8 45 0 45 Eft foible. Brume l^g. hor. 55 n 18 D 4j 30 foir 9 30 9 0 0 0 N. 0. petit. Serein 53 , 9 18 13 II 4j matin S 0 c 8 0 I 0 N. N. 0. très-fr. Nu. Brume leg. 54 4 17 10 4 0 foir 9 0 plus bas. 9 15 0 30 N. 0. frais. Ser. Br. leg. hor 54 3 17 8 - 14 j 0 matin 9 15 9 0 0 0 Eil médiocre. Bruine horizon. 53 3 17 II midi 9 0 S 45 0 0 Oudi petit. Serein 55 9 17 II 2.; midi ! 7 4j ['lus bas.] 8 0 , 1 15 Le matin grande Serein.Brume lé- 53 8 iS I Brume S. S. O. gère au S. S. 0. 3 10 foir 9 0 8 45 0 0 0. N. 0. foible. Serein 55 8 18 I z6 matii 10 0 9 15 0 0 Efl médiocre. Ser. Br. horizon. 51 11 17 II 30 midi 9 15 9 0 0 15 Eft foib. quia iàu- té au S. 0. foihl. Serein 53 4 17 11 17 midi 9 30 9 0 c 0 Sud-Ouert foible alfez Serein. 53 1 17 9 19 midi 10 0 9 0 0 0 0. M. 0. med. affez Serein. 53 8 17 7 ;o 4 io foir -'0 0 8 45 ° 0 N. 0. petit. fort Sertm. 53 7 17 6 Fe VR 1ER 171J I midi 8 30 8 '5 0 0 Nord très-foible. Serein 53 7 17 « 4 1 50 foir 8 45 plus bas. ? 0 0 0 N. N. E. foible. un peu de Brume, 53 '0 17 10 6 II 4j matin 8 30 t= 8 30 0 30 Oueft très-foib'l. Brume déliée. 54 7 17 7 7 15 midi 9 30 8 30 0 45 Eft petit. Brume déliée. 54 ■ 1 17 7 8 midi 9 '5 3 45 0 15 Eft affez fr.iis. Nuages épais. 54 2- 2-7 9 18 10 matin 9 G 8 45 0 0 N. 0. médiocre. Serein 54 4 17 9 11 I foir 9 IJ 8 45 0 0 S. S. 0. petit. aflez Serein. 54 6 17 I Il II 30 matin 9 0 3 30 0 0 N. 0. médiocre allez Serein. 54 1 17 4 14 H matin S 30 ts 8 30 I 0 N. 0. .aifez frais. Serein 53 5 2-7 5 17 midi 10 45 9 0 0 — N. O.nie.hierpl. Serein 1-4 0 =■7 5 M AR s I7IJ. V 1 9 matin 10 45 9 0 0 0 Nord-Eft foible. Serein. 53 3 V 6 ■ 6 lo 18 matin 7 30 8 30 I 0 S.foi.hierO.t.fr. affez Ser. Br. leg. 54 6 17 10 1 foir g 30- 8 3° 0 0 Eftfoible. aflez Serein. 54 5 17 10 10 midi 8 1 5 plus bas. 8 30 0 30 S.E.mehierN.O.fr. Brume très-dél. 54 7 17 II II 9 34 matin 9 15 8 45 0 15 O.N.O. medio. Brume dél. Nua. 54 5 17 II 17 lo 10 matin g 4$ 8 M 0 0 E. S. E. foible. Serein. 54 3 ig 0 18 lo 10 matin S 30 3 lî 0 0 Nord-Oueft me. Serein. 54 4 18 I / . 1 >. ■i. i I' - < 1. I DNS POUR LA REFRACTION. (3) Bassesse DE B A L A- GUIER. 9 15" 30 o o 8 15 O 30 30 o 15 15 15 30 30 30 15 30 30 30 o 30 HAUTEUR E u Rocher, j 0' 0" 0 0 r 0 0 30 I 30 0 30 I 0 o 30 o 30 o 45 o o o 30 o 3c 30 f o o i. fî le vent contribue ition de réfraftion. 30 30 45 30 30 o 30 o î5 30 45 30 45 15 15 30 o o 0 30 1 o I o 1 o o 30 o 30 Vent. N. O. médiocre N. O. médiocre, Eli médiocre. Elt médiocre. Sud-Oueilfoible Eit foible. Sud médiocre. E. N. E. t. foible. hier E. allez frais. Eft allez, foible. N. N. E. foible. Eli foible N. O. médiocre. N.O. foible. Calme. Calme. N. O. medio. N. O. frais. Sud Sud foible. S. S. O. medio. A i R. Ser. pluie le mat. Ser. Br. horizon. Brume horizon. Brume horizon. Nu. dcl. Br. leg. afl". Ser. Br. S.O. Seremhoriz. ner. Eft allez frais. Sud petit. S. E. médiocre. E. fo precedéd'O.t .fr Calme. Eft frais matin , puis Sud - Oueft roible. O.N. O.aflezfr. N. O. très-frais. N. N.O. frais. N. N. E. frais. Oueft médiocre. Nord-Oueft frais Calme. Nord-Oueft frais N. O. afVez frais. Sud-Oueft foibl. Sud-Eft medioc. Eft foible. Eft médiocre. Sud foible. S. S. O. foible. Serein. hier Brume dél. très Serein. Serein. Sereia. Serein. Serein. Serein. Brume horizon. Serein. Br. dchée horiz. Serein. Serein. iHURMo- Bakome- METRE. IRh. i7p. 5l- ^7 5 allez Serein; Serein. allez Serein. Brume déliée. Serein. aflez Serein. nlTe^z Serein. Nu. Brume dél. Serein. Nuag. horiz. net. Serein. Serein. Brume le", hor. 54P 6l 54 6 H 6 54 6 54 10 54 6 54 6 54 8 S5 0 7 5$ z 54 J 55 4 5S 3 ss 8 55 4 55 6 5 5 II 55 3 5 5 6 55 7 55 10 ^ 5^ 7 56 9 5 5 6 55 6 ■ Serein, aflez Serein. Serein. Scrjin. Serein. Serein. Serein. horiz. Ser. Ciel. 55 55 54 55 55 55 55 56 5^ 5^ 56 55 56 5^ 5^ '-1 -7 2-7 2-7 2-7 5 6 II 1 4 7 7 II 10 5 10 6 4 5 1 1 ^7 ^7 ^7 ^7 '-1 ^7 '-7 ^7 i/ -7 T-1 ^7 2-7 -7 ^7 2-7 2-7 2-7 -7 ^7 10 10 9 T 5 7 1 2-7 5 ^7 5 i7 7 i7 6 2-7 8 î 17 5 -^ -7 7 3 -7 8 2-7 7 ! 17 9 2-7 lû 2-7 10 i7 lo ^ • r : Il i. f V- I OBSERVAtlONS POUR LA REFRACTION. (3) Avril Jours du Mois. I 4h 15 10 % 12. 10 foir midi matin foir midi matin 10' foir May. j 7 40 matin ji 50 matin 6 15 foir 5) O'^. nnatin 430 foir 18 ©couchât Co. 14 ©couché foir z j 7 matin i6 7 matin midi & foir 30 10 matin r 15 foir Juin. z 7 3j matir 7 8 matin midi 8 le O couché, 10 7 30 matin 15 10 matin Tout le jour de même 10 JO matin foir 11 7 40 matin midi 1} i matin 16 1 foir 30 7 30 matin J u I l J. E T. S midi 7 midi 10 midi 11 8 matin li 4 45 matin midi © couchant le foir 15 4 10 foir BAiStSSE Bassesse n E DE LA Mer. ) Ba LA- GUIER. /i)" = 9' Ij" 9 30 U 9 30 8 ;o s 8 30 9 0 != 9 0 7 ÎO -+ 8 45 8 30 (= 8 50 5> 0 8 0 7 40 -^- 8 i; 8 30 S 0 8 If t= 8 M 8 50 ;=: 8 30 S 30 ^ 8 30 8 0 ^ 8 0 7 0 -+ 8 ij « M (= 8 >î 7 10 -+ 8 If 8 30 i= 8 3° 7 0 -+ 8 30 8 30 — 8 30 7 4f 8 If 8 30 C= 8 30 8 4J 8 30 7 4Î -H 8 30 8 40 8 0 8 30 ^ 8 30 8 30 != 8 30 hauteur D U Rocher. I o o 30 0 ;o 1 o I o o 30 o 30 Pourreconn.fi le vent contribué à la variation de réfradion. 30 8 30 != 8 30 7 JO -H- 8 30 8 4j t= 8 45 9 0 8 30 8 30 != 8 8 30 c 8 0 t= 7 4J -+ 8 30 7 30 -f 8 0 7 45 -^ 8 M 6 30 -^ 7 30 8 4î C= 8 45 S 0 -+ 8 30 9 'î 8 45 N. O. nicdiocre N. O. médiocre. Eii médiocre. Elt médiocre. Sud-Oueltfoible Eft foible. Sud médiocre. E. N. E. t. foible. hier E. alfez frais. Eil alfci foible. N. N. E. foible. Eft foible N. O. médiocre. N. O. foible. Calme. Calme. N. O. medio. N. O. frais. Sud Sud foible. S. S. O. medio. Eft afl'ez frais. Sud petit. S. E. médiocre. E.fo preccdéa'O.t.ft Calme. Eft frais matin , puis Sud - Oueft foible. O.N. O.aflezfr. N. O. très-frais. N.N.O. frais. N. N. E. frais. Oueft médiocre. Nord-Oueft frais Calme. Nord-Oueft frais N.O.aifez frais. Sud-Oueft foibl. Sud-Efi medioc. Eft foible. Eft médiocre. ' Ser. pluie le mat. Ser. Br. horizon. Brume horizon. Brume horizon. Nu. dél. Br. leg. aia'.Ser. Br. S.O. Sercinhoriz.net. Serein. hier Brume dél. très Serein. Serein. Serein. Serein. Serein. Serein. Brume horizon. Serein. Br. déliée horiz, Serein. Serein. allez Serein. Serein. alfez Serein. Brume déliée. Serein. alfez Serein. alfez Serein. Nu. Brume dél, Serein. Nuag. horiz. net. Serein. Serein. Brume les;, hor. Serein, .alfez Serein. Serein. Serjin. Serein. Serein. Sud foible. Serein, s: S. O. foible. horiz. Ser. Ciel, THERMO- Baromè- METRE. tre. 54 p. «1. 17P 5l- 54 6 ^7 5 T H 6 17 4 î 54 <; -7 4 7 54 10 17 2 T 54 6 ^7 lo î 54 6 ^7 lO \ 54 8 ^7 9 55 0 î ^7 9 55 1 =•7 9 54 3 '7 9 55 4 ^7 9 55 3 ^7 8 î 55 8 ^7 S 55 4 17 8 T n 6 i7 9 îf " 17 9 55 5 2-7 9 ^ 55 6 SS 7 ^7 9 î 17 8 55 10 i- ^7 9 i yé 7 ^7 9 i ytf 9 ^7 ^- 55 « 2-7 55 « 17 « SS S -7 5 i 55 6 17 5 ■; 54 II 17 5 5S 1 17 5 55 4 17 7 55 7 i7 « 55 7 17 8 T f6 II -7 5 { j6 10 -7 7 ï 5* 5 -7 8. Î5 10 ^7 7 î 55 « 17 9 5« 4 ^7 10 5« 5 17 10 J6 II 2-7 lo 5ERVATIONS POUR LA REFRACTION. (4) 1 ' — kx 1719- Bassesse BASSESSk HAUTEUR Vent. AlK. THERMO- Baromè- D E DE DU METRE. tre. LA Mer. B A L A- Rocher. GUIER. Lit le jour Mer plus balle que Balaguier. S. S. 0. foible Brume déliée. Brunies déliées. 5^P . jl. ^7p lol. ut lé jour Mer plus haute que Balagtiier. 0. S. 0. Briane déliée. 5^ 5 -7 10 i iit le jour Mer plus bafle que Balaguier. Ouelt. Brume déliée. 5 6 7 ^7 10 ut lejjour jVIer un peu plus haute que Balag. Oueft foible. Bru. allez épailie. 56 8 2-7 5» 7 un peu plus balle que Balaguier, S. S. G. foible. moindre Brume. 56 8 2-7 9 \ >io' matin 7'45"f= 1' 45" 1' 30'' Serein calme. ^^ 9 ^7 8 i midi 8 45 7 45 8 15 0 30 Ouelt petit. Serein 5^' 5^ 0 3 2-7 8 \ s T 50 matin 8 0 -f 0 0 Sud très - foible. Brume lercrc. -7 S foir 80-4- 8 30 0. S. 0. medio. aflez Serein. 5^ 1 1 ^7 8 midi 10 0 8 45 0 0 0. S.O. très-foi. Br. légère horiz. 5^ 9 -7 7 matin 6 45 -<- 8 0 0 0 S. S.O. foible. Brume légère. 5^ 7 '-1 ^ f io matin 8 30 8 15 0 15 S. S. E. foible. Serein S^ 0 ï 2-7 8 Jt le jour Mer plus balle que Balaguier à J 'crd:'rs;;c. E M BR E. 1 4f foir 8 45 8 15 0 0 N. 0. médiocre. Serein. m' 4 '-1 8 40 foir 9 45 9 0 0 0 N. 0. médiocre. Serein. 5^ 4 2-7 8 ?o matm 8 30 8 0 0 0 N. 0. médiocre. Serein. 54 6 17 7 k Tout le Mois d'Oâobre la Mer a été plus bal è que Balaguier , comme dans ces derniers joiu-s l e Septembre ; les Vents ont toujours été à l'Eft ou au Sud-Eft. 0 B R E. matm lo 0 9 30 0 ;0 N. 0. très-frais. Brume légère & Nuages horizon. S^ 3 17 9 \ fôir 5> 30 != 9 30 S. S. 0. tr. foibl. Nu. Brume hor. S S 9 \ 2-7 8 i M B R E. midi 8 30 K 8 30 E. N. E. tr. frais. Nuag, horiz. Br. 55 1 i7 7 midi 8 4; 8 30 Eft allez frais. Brume délice. 54 II ^7 g matin 8 30 tr 8 30 I 30 Efl médiocre. Brume gr. horiz. 54 1 X7 5» ^ midi 8 0 7 A') 0 0 Eli foible. Brume légère. 54 9 2-7 ^ T midi 9 0 8 30 0 30 N. 0. frais. Horizon Serein. 54 9 2-7 6 matin 8 0 != 8 0 0 IJ Oueft allez frais. Horiz. allez net. 54 4 17 4 r midi 8 15 î= 8 15 Calme. Brume allez grofl 54 0 2-7 10 midi 8 45 C= 8 45 0 30 Eft frais. Brume. ss 6 1^ 9 midi 9 0 8 40 Bai: 15 Nord-Oueft frais Serein. 54 8 2.7 II M B R E XO. midi 7 30 C 7 30 Nord-Oueft frais Serein. 54 0 matin 9 30 8 30 N. 0. très-fras. Serein. 55 10 OBSERVATIONS POUR LA REFRACTION. (4) Bassesse D E LA Mer. HAUTEUR D U Ro CHER. JuiLltT Jours du Mois. I4 Tout le jour Mer plus balle que Balaguier. i; Tout lé )our Mer plus haute que Balagiiier. •l6 Tout le )our Mer plus balle que Balaguier. 17 Tout le ^our Mer un peu plus haute que Balag. j 8 .un peu plus balte que Balaguier. éiio' matin 7'45"c: 7' 45" '' 3"" 8 45 7 45 o ?o A o u s T 14 6 jo matin 5 foir 16 midi i<) II matin 10 6 io m.itin 11 Tout le jour S. S. O. foible O. S. o. OuelL Oueft foible. S. S. O. foible. Serein calme. Ouett petit. Sud très - foible. O. S. O. medio, O. S.O. très-foi. S. S.O. foiblc. S. S. E. foible. S E P 1 E M B R E. 18 1 4? foir 19 1 40 foir JO 8 îo matin Mer plus balle que Balaguier à l'crd-ra: I I 8 45 9 45 N. O. médiocre. N. O. médiocre. N. O. médiocre. Brume déliée. Brumes déliées. Brunie déliée. Brume déliée. Bru. allez épailie. moindre Brume. Serein Brume letcre. aile/. Serein. Br. légère horiz. Brume légère. Serein Serein. Serein. Serein. THERMO- METRE. 7 o { Bar O.Ml.- TRE. 17p. lol. -7 10 7 ^7 10 17 'J T 17 9 T ^7 8 7 17 S ; -7 8 17 8 -7 7 2-7 6 ; ^7 s -7 8 2-7 S 17 7 ï Tout le Mois d'Oéfobre la Mer a été plus balle que Balaguier , comme dans ces derniers Septembre ; les Vents ont toujours été à l'Eft on au Sud-Eft. O c I o B R E. ■ 6 8 matin II I (ôir Novembre. midi midi 8 matin midi midi 8 matin midi midi midi Décembre 1710. ; o midi 5 1 matin 10 0 9 50 t= 8 30 t= 8 45 8 }o ;= 15 t= 45 - 7 30 9 30 9 30 9 30 8 30 8 30 8 ?o 7 45 8 30 8 0 8 15 8 45 8 40 7 30 8 30 o 30 Baf 15 N. O. très-frais. S. S. O. tr. foibl. E.N. E.tr. frais. Eft allez frais. Eft médiocre. Eft foible. N. O. frais. Oueft allez frais. Calme. Eft fr.Tis. Nord-Oueft frais Nord-Oueft frais N. O. très-fra's. Brume légère S; Nuages horizon. Nu. Brume hor. Nnag. horiz. Br. Brume déliée. Brume gr. horiz. Brunie légère. Horizon. Serein. Horiz. allez net. Brume allez grol! Brinne. Serein. Serein. Serein. 54 2- 54 9 54 9 54 4 54 ° 55 6 54 8 RECUEIL D E DIVERS VOYAGES FAITS A LA SAINTE BAUME, au Pilon du Roi , au Mont Ventoux , au Cap Sicier/ur la Côte de la bafle Provence, pour la corredion de la Carte de la Côte de Provence depuis Tembouchure du Rhône jufqu'à Monaco. Par le Père Laval, de U Compagnie de Jefus j Profejjenr Rfi'ial de Mathématiques, M. DCC. XXVIL • «. AVERTISSEMENT. E Recueil contient quelques Ouvrages qui ont iécé faits fuivant la datte des Volages dont ils donnent la Relation. Ils renferment diverfes chofes de Phyfique , Géométrie , Aftronomie ôc Géogra- phie , dont plu (leurs font neuves Se pourront faire pbifir aux led:curs initiez dans ces Sciences. Pour ceux qui n'y font point verfcz^ peut-être n'y trouve- ront-ils pas leur compte. Je fuis d'autant plus oblige d'en avertir, que le premier Ouvrage pourroic trom- per quelqu'un. Car qui ne croiroit , voïant le titre Voïage de la Sainte Baume , que c'eft un livré de dé- votion ? Ce n'eft pourtant rien moins que cela. Auflî les gens de notre Profcffion ne fe donnent -ils pas pour Afcetiqucs, Leurs livres auroicntfans doute plus de débit , s'ils étoient faits pour les pcrfonnes dévo- tes , mais malheureufement cela ne le peut. Et puis il y a déjà tant de livres de dévotion : il en faut bien auffi qui puiflent être utiles à la vie civile , aux Arts d>c aux Sciences naturelles. Si celui-ci parvient à cette fin 5 c'eft tout ce qu'on a prétendu. On a jugé à propos d'en ôrer les calculs de Trigo- nométrie 5 pour ne pas faire languir le difcours. Si quelqu'un ne fe fioit pas au refultat de ces calculs , il pourra fe donnei la peine de les réfondre fur les mefures qu'on donne : mais je lui confeillerois de ne la pas prendre : car ils ont été vus & revus plufieurs fois. On en a îaiffé quelques-uns d'Aftronomic, par- iée qu'ils font en petit nombre. Aij 4 AVERTI SSEMENT. Quelques-uns de ces Ouvrages ont été imprimez dans les Journaux de Trévoux ^ mais outre qu'ils n'y font pas tous , 6c qu'ils font mêlez en divers Volu- mes, fuivant qu'il convenoit aux Journaliftes, l'Au- teur en les communiquant n*a pas perdu fon droit de propriété : c'eft une épreuve qu'il a faite du goût du Public 5 pour lui donner le tout. plus hardiment. Nul Auteur , beaucoup moins un Géomètre , ne doit de- mander grâce aux Lecteurs : c'eft le moïen de ne la pas avoir \ mais je crois que je ferai reçu à prier qu'on ne me fafle ni tort ni 2:race Les gens de notre Pro- felTion m'accorderont fans doute cette demande j & cela me fuffir. * '* *' * * * * * *""'\ * ^ * "^ ^"^ *' -;je ^ ,./j OBSERVATIONS p H Y s I a U E s . ASTRONOMIQUES, ET GEOGRAPHIQJJES, FAITES SUR LES MONTAGNES de la Sainte Baume & du Pilon du Roi. ^vec des I{eflexions fur ces Obfervations. LE S Gbfcrvations qui avoicnc été faites fur la bafTefle apparente de Thorizon de la Mer vue de rObfervatoire de Marfeille , ont donné occafion à ce Voyage. J'avoîs trouvé une variation continuelle dans la bafleffe apparente de l'hori- zon de la Mer obrervée par la lunette fixe d'un excellent quart de cercle : j'avois eu Thonneur d'envoïer ce que j'avois fait de reflexions fur cette matière , à Monfeigneur le Comte de Pontchartrain j &: ce Miniftre les aïant communiqué à Mef-» fieurs de l'Académie Roïale des Sciences , il s'en fuivit bien des reflexions de part &c d'autre, &: quelques conteflations , comme il arrive fouventen fait de Sciences. Sur quoi je pro^ pofai à Monfeigncur le Comte de Pontchartrain le Voiage de la Sainte Baume, comme utile à éclaircir ce qui concernoit les Réfradions , &: à en tirer beaucoup d'autres avantages pour la Phyfique , l'Aflironomie ÔC la Géographie. Ce Mini- ftre y fit attention , &: m'ordonna de partir lorfque je jugerois que la faifon feroit propre pour les Obfcrvatiorts que favois projettées. Je partis le dix-huitiéme Juin 1708. avec M. Royere, Pilote Aiij (î Ob s ERV AT IONS Hauturxer des Galères , fore exercé en routes ces fortes d'Ob- ier vations , aïanc accompagné Monfieur Caflini &: les au- tres Aftrononics de l'Académie Roïale des Sciences , dans le Voiage de la Méridienne -, 5c nous arrivâmes à la Sainte Baume le dix-neuviéme Juin avec tous les inftrumens iie- ceilau'es pour les divcrfes Obrervations que nous aivions pro- jette de faire fur cette Montagne &: fur les voifines. Ces in- ilrumcnsétoient un quart de cercle de trois pieds de raion , fait à Paris par le fieur le Febvre , & parfaitement exad ; une pendule agronomique dont nous connoiiTions la juftefle ôc le mouvement , aiant été long-temps réglée dans rObferva.- toire de Marieille i une lunette de dix-huit pieds pour obfer- ver Jupiter ; plufieuus autres petites lunettes j une bouiîble de cuivre de fix pouces de diamètre ; des tubes de verre &: du vif-argent , pour faire les expériences du baromètre j un ther- momètre de M. Amontons , & toutes les autres chofes ne- ceflaircs pour n'avoir befoin de recourir à perfonne , Se ne maiiquer aucunes des Obfervations que nous nous étions pro- pofe de faire. Nous fûmes reçus avec toute rhonnêteré polîible par les RRp PP. Dominicains , & ils ont eu la bonté de nous la con- tinuer pendant le iejour que nous avons fait dans un defert SC un pals fort rude, que leurs civilitez 5c nos occupations pou- voient feules rendre fupportable, A notre arrivée le R. P. Supérieur nous donna la clef de la Chapelle du Saint Pilon , 5c nous y montâmes auiîi-tôt. D f rip- Cette Chapelle qui cft fur le haut d'un Rocher efcarpé a, tion eu s. plomb ^ dont nous donnerons la hauteur dans la fuite, efî; ^*'**'^° toute revêtue de marbre avec un ordre d'architeélure dori- que. Elle a treize pieds de long dans œuvre, fur neuf pieds de large ; elle reçoit du jour par deux feîiêtrcs qui font dans une petite coupole , au haut de la voûte de pierre de taille dccaliiïane, dont les ogives font fculptccs , 5c par la porte qui cli une grille de fer fort épais. Au-delîus de l'autel de marbre blanc eft pofée dans une ni- che de marbre noir , une fort belle figure de Sainte Made- laine foutenuë par un groupe d'Anges , le tout d'un feul bloc, de marbre blanc fort beau ^ qui peut avoir fix pieds; de haut, La Chapelle eft couverte de plomb , 5c a un petit veftibule kq^iel nous a été fort utile. Dans ce poftc fi élevé nous plg.- Physiques , Astronomiques et Géographiques. 7 çâmes aufFi-tôc l'horloge , & nous la mîmes en mouvement. Nous montâmes le quart de cercle qui avoit été porté avec bien de la peine &: des précautions fur le dos des Mulets par des précipices &: des rochers la plufpart de marbre , qui fe- roient peur fion les regardoit de trop près. Après avoir di(- pofé nos inftrumens, comme le vent du Nord-Ouelt étoïc frais , Se qu'il étoit déjà tard , nous nous contentâmes de re- connoître le Pais. Toute cette Montagne cft fans aucun arbre, il n'y croît que de la lavande , du thim , du fcrpolct ôc autres herbes de bon- ne odeur. Les Montagnes inférieures font la plufpart cou- vertes de bois de Pin , qui croît afiez bien furces Rocliers , 6c rend aux propriétaires beaucoup de gaudron fi neccflaire pour la Marine. Nous découvrîmes la Mer fort au large depuis rOueft jufqu'à l'Eft-Sud-Eft , &c toute la Côte , dont nous donnerons dans la fuite legifement par rapport au S. Pilon. Du côté de VEil &: à l'Ell-Nord-Eft nous découvrîmes les Montagnes de Tende & de Barcelonnette ; au Nord-Eft le Mont GeneVre , &: autres Montagnes du haut Dauphiné ; vers le Nord lei. Montagnes de Chartreufe. Le haut de toutes ces Monta2:ncs étoit couvert de neis;es. Au Nord-Oucft les Montagnes des Cetennes , èc quelques-unes d'Auvergne. A rOueft-Nord-Oueft & vers l'Oueft , les Montagnes de Lan- guedoc Se de Carcaiîbnne , &: quelques-unes qu'on nous dit être des Pyrénées. Plus près de nous nous découvrîmes Ids Montagnes de Sa- lon 5 de faint Remy , le Mont Ventaux , les Montagnes de Leberon le long de la Durance , celles de la haute Provence, & à environ fix lieues au Nord de nous , la Montagne de Samte Viâ:oire , ou Sainte Ventiire. Voilà en général le Paï^î que nous avons vu du S. Pilon , Se dont nous déterminerons la pofition d'une partie dans la fuite plus exaélement. La brume qui étoit à l'horizon de la Mer, &r le vent très-frais de Nord-Oueft ne nous permettant pas d'obfervcr la baflefle de l'horizon de la Mer , nous defcendîmes à la Sainte Baume. Cette Grotte élevée de plus décent toifes au-defFus d'une Dt-fcrip- petite plaine , qu'on appelle le Plan d'Aups,efi: dans un ro-[,'^" '^^ ^^ cher coupé à plomb , qui s'élève par-delTus la Grotte environ nie. foixante toifes. Il n'y a auprès de la Grotte fur cette roche qu'autant d'cfpace qu'il en Falloit pour bkir leConvent des 8 Observations RR. PP. Dominicains , &: un Logis, qui paroiiïcnt collez contre le lochcL" , 6^ font tournez au Nord &c au Nord- Oueft. Au dcilous de ce peu de Maifons, eft un Bois de chê- ne 5c de hêtre , &: autres arbres donc on ne voit que les têtes, tant cette Forêt cfb balTe par rapport à ces bâtimens. La vue depuis l'Eft-Nord-Ell jufqu'à l'Ouell-Nord-Ouefl-, eft à peu près la même que celle du Saint Pilon , mais moins étendue. Le Soleil qui vers le Solftice &c pendant l'Efté ne donne contre cette roche que depuis une heure après midi jufqu'au foir , ne l'éclairé du tout point depuis le dix-huit Odobre jufqu'au vingt-deux Février ; ce qui fait comprendre quelle doit être la fraîcheur de ce lieu en Elté, &c le froid eu Hyver ; auffi avons-nous remarqué peu d'Oifeaux dans le Bois, quoiqu'il foit fort vert Se fort beau , ôJ qu'il y ait des fontai^ ucs en deux endroits affez éloignez. Pour tirer plus d'avantage des Obfervations faites au SainC Pilon , il étoit necefTaire d'aller au Pilon du Roi , foie pour continuer les Obfervations du baromètre , foit parce que la plufpart des triangles formez au Saint Pilon aboutiffent au Pilon du Roi comme à un point fort remarquable , de que les triangles formez à l'Obfervatoire de Marfeille , aboutidenc auffi au même Pilon du Roi : hcureufement un de mes amis m'aiant invité d'aller à fa Maifon de Campagne qui eft près du Village de Gardanne à près de cinq lieues d'une heure de chemin de Marfeille , &: qui n'eft éloignée du Pilon du Roi que d'une lieue , je me déterminai à profiter de cette occafion pour achever ce travail. Je portai donc des tubes , du mercu- re pour faire les expériences du baromètre, 6c mon quart de cercle de trois pieds de raion , Se partis le vingt Aouft avec le même M. Royere , qui m'avoit accompagné au voïage de la Sainte Baume. Dcfcrip- Le Village de Gardanne eft dans un vallon aflez large , qui eft feparé du territoire de Marfeille par cette chaîne de Mon- tagnes qui font au N. &: au N. E. de cette Ville-là,parmi lef. quelles eft la Montagne du Pilon du Roi. Le terroir de ce Village eft aftez fertile Se aiGTez découvert , excepté le long du ruifteau qui le traverfe , qui eft couvert de peupliers. Il eft éloigné de la Ville d'Aix, qui lui refte au Nord , d'une bonne lieuë de chemin. |.e vingt-deux Aoûç 1708. nous partîmes de très-grand matin »,r. raanne. Physic^tes, Astronomiques et Géographiques. 9 matin pour aller au Pilon du P.oi , après avoir charge fur des tiondupi- Mulets le quart de cercle &: tout ce qui nous étoit neceflaire 'on^^^P-^^- pour les Obfervations que nous avions refolu de faire fur cet- te Montagne,- nous n'arrivâmes pourtant fur le haut de la Montagne qu'à cinq heures &: demi , parce que nous nous étions beaucoup écartez pour trouver un chemin praticable ; de forte que pour aller chercher le Pilon du Roi , qui «toit ailoz éloigné de nous à l'Ouefl, nous marchâmes trois heures fur le haut de ces Montagnes rudes &C affreufes, nous égarant fouvent parmi des rochers efcarpez. Enfin Comme il n etoit pas poffible que nos Mulets mon- tafîent dans un païs ou les Chèvres avoient peine à fe tenir, nous fifmes porter nos inftrumens fur le dos des Hommes , &c les plaçâmes fur un rocher qui eft tout contre le rocher qu'on appelle le Pilon du Roi. Ce rocher qui eft fait comme un ci- lindre, s'élève au-dedlis de la Montagne d'environ douze à treize toifes , fur une bafe d'environ dixtoifes de diamètre î il eft tellement efcarpé de tous cotez, qu'à moins d'avoir des ai- les , il n'eft pas poiïibie d'y aller. Le vent étoit Sud-Oueil frais , Se la mer fi chargée de nua- ges de de brume , qu'il ne fut pas poffible de voir l'horizon de la mer i ainfi nous ne pûmes point prendre la bafTelIe de l'ho- rizon apparent de la mer , ce qui nous mortifia un peu; nous ne pûmes pas même voir l'Ifle &C la Tour de Planicr , qui dé- voient être bien au-deçà de l'horizon. Nous découvrîmes très- . bien le terroir ôc la ville deMarfeille, le terroir &c la ville d'Aix, les Montagnes de la Sainte Baume , celles de Mouftier, de Leberon, &c lemont Ventoux, que nous avions d'abord peine à voir à caufe des nuages ; à l'Oueft de nous nous ne pû- mes rien découvrir à caufe d'une Montagne voifine qui nous ipn déroboit la vue. Pour donner quelque ordre à ce Mémoire , je le diviferai en piufieurs articles qui renfermeront toutes les Obfervations faites fur ers deux Montagnes. Le premier article fera fur les Obfervations phyfiques du baromètre ; le fécond renfermera les Obfervations aftronomiques ; le troifiéme les Obferva- tions géométriques ; 6c le dernier les Obfervations géogra- phiques j le tout fera accompagné des Reflexions que je juge- rai les plus convenables au fujct. B lO ,Ob s E R V A T I ON s.. ' ■- ARTICLE PREMIER. Chfcrvauons Thyfiqucs du Baromètre. DEZ le lo Juin nous commençâmes à fliirc l'cT-pericncc du baromètre dans le logis de la Sainte Baume , &: nous la tifmes aulli le même jour au Saint Pilon . Je donnerai , pour abréger, une table des hauteurs du mercure pour tous les jours auxquels nous avons laiile les baromètres en expérience, après avoir expliqué la méthode dont nous avons ufé pour les char- ger. Nous avons nétoié foigneufement le mercure , en le faifant paflln- plufieurs fois par un linge double , jufqu'àce qu il ny reliât plus de faleté. Les tubes de verre qui ont 36 pouces ,, étoient neufs & fort fecs , n'ayant fervi qu'à deux ou trois ex- périences j ils furent chargez avec un anconnoir de verre, bc après les avoir vuidé d'air exactement fins y en lailTer aucune ampoulle , & avoir achevé de les remplir , ils ont été plongez dans des bouteilles de verre les deux tiers pleines de mercurej alors le vuide s'eft fait à l'ordinaire , bc aiant lié &: affermi les baromètres contre un appui , nous avons pris avec des bûches de chanvre la hauteur du vif-argent dans le tube depuis la fur- face du vif-argent contenu dans les phioles. Nous avons ufé de la même méthode dans l'expérience que nous avons faite fur la Montagne du Pilon du Roi, & à Gar- danne.f ajouterai dans la table la hauteur du mercure du ba- romètre refté en expérience dans l'Obfervatoire de Marfeille^ &: la hauteur du thermomètre placé au Saint Pilon, pour abré- ger àc mettre tout d'un coup fous les yeux toutes ces Obfer- vations , fur lefquelles doivent porter toutes les Reflexions que nous avons à faire fur la méthode de mefurer les Monta- gnes par la hauteur du mercure dans le tube du baromètre» Physiques , Astronomiques et Géographiques, i i TABLE Pour les hauteurs du Baromètre au mois de Juin 1708. Jours du Mois. Juin 1708. jriauie.irs di: mercure à ' Obier. 'atoirc 'e Marfeilîe. Hauteurs du nercurc à la iainte Baume. riauieurs uu mercure au S. Pilon. Ihennumetrc de M. Amon- tons au Saint Pilon. 20 matin foir 17P 4i ^7 4 I 14P iqI I z 24P 61 7 53? 5,1 21 matin: foir ^7 4 17 4 I 4 4 24 lo 2^4 lO 24 6 24 6 53 8 ^ 53 îo f 22 matin foir ^7 5 17 6 I 2 24 10 4 24 6 f ^4 7 t 53 8 53 10 f 23 matin foir 27 6 2-7 y t T I 1 2y 0 On ne put 24 7 obfèrver à caufe 53 8 de la pluye. 24 matin foir 27 4 24 10 ^4 5 i 53 8 25 matin foir ^7 y 27 6 I 24 I I 24 I I I 2. 24 7 M 7 T 53 7 53 8 z6 matin foir 27 ^ ^7 5 I z 24 II 24 I I I z ^4 7 T 24 7 53 8 53 9 f 27 matin foir ^7 5 2-7 4 1 24 9 24 10 z 3 pluye,on n'e 24 6 ft pas monté 53 9 28 matin foir ^7 3 2-7 3 1 1 I z 14 10 24 10 24 6 24 (3 53 9 53 9 29 matin foir 2-7 4 ^7 4 I 14 10 .2.4 10 24 6 On l'aoté. On l'a ôté. Le vingt-feptiémc Juin on fît l'expérience du baromètre au bas du rocher , là où il ceffe d'être à plomb , &: où il s'unit avec le talu de la montagne. Le mercure eft monté à 2 4P°"''- i o^'^- 7. Cette hauteur du rocher qui avoir été mefurée avec un cor- deau , fe trouva de 63 toifcs depuis le Saint Pilon jufqu'au bas où le rocher s'unit avec le talu de la montagne. i2i Observations. Le vin^t-neuf Juin au matin on fit l'expérience du barcJ- metrc far la hauteur de la montagne des Bcguines , qui rcflc à l'Eft du Saint Pilon ; le mercure monta à 24?, 1 1. Le même jour après midi on fit la même expérience dans la plaine au-dcflbus de la Sainte Baume , qu'on appelle le Plan d'Aups , le mercure monta à 2jF. 6^, A notre arrivée à Gardanne nous mîmes un baromètre en expérience de la même manière qu'au Saine Pilon , le mercu- re monta dans le tube à 27p. iK èc refta conftamment à cette hauteur jufqu'au 2.4 d'Août que nous revînmes à Marfcille , quoique le 20. & le 21. il ait fait de très-grandes chaleurs , que le foir du 22. il ait plu , 6C que le 2 3 . Août le vent de N. O . ait étc très -trais , comme il arrive en ce pais lorfqu'il a peu plu. Cependant le baromètre qui étoit en expérience dans la falle de rObfervatoire de Mar- feîUe, varia affez confiderablemenc ces jours-là, comme on le verra ci-après. Au Pilon du Roi nous eûmes afTcz de peine à charger le tu- be de vif-argent , il fallut recommencer quatre fois , parce que le vent de S. O. a'iantun peu humeclé le tube , on avoit peine aie purger d^ air -, 6^ quelque diligence que nousyaïons ap- porté j il y eft toujours refté quelques petites ampoules d'air t enfin aïant plongé le tube dans le vif- argent, le mercure re- itaà 25 pouces 7 lignes., ReJîexiûJ^s fur ces diverfes hauteurs du harorr/etre comparées enfcmble pour connoijlre les hauteurs des Montagnes. Dans les Mémoires de l'Académie Roïale des Sciences de l'année 1703. p. 225). M. Maraldi donne une méthode très- ingenieufe pour connoître la hauteur des Montagnes par les diverfes hauteurs du mercure dans Texpericnce qu'on fait fur cesrnontagnes ; &: M. Caffinî le fils a donné dans les Mémoi- res de la même Académie de l'année 1705- p. 72» une table pour les hauteurs de l'air &: du mercure , correfpondantes. Nous allons appliquer ici cette méthode , ^ voir quel ufage on en peur faire , &: s'il y auroît encore quelque chofe à perfe- ctionner : car ce font-là les avantages qu'on tire des expérien- ces & à lignes j, quieft la hauteur où il dcvroit être pour qu'il fut au bord de la mer précifément à 28 pou. de force que par cette hypothefe , les hauteurs des montagnes viennent un peu plus glandes que je ne les ai trouvé en les mefurant géome^ triqiiemenc ou mechaniquemcnt,comme on le verra ci-après, excepté dans cette dernière hauteur du Pilon du Roi : mais prenant pour point fixe les hauteurs du baromètre de l'Obfer- vatoire , avec lescorreélions qu'on vient d'employer ,on a par le baromètre les hauteurs des lieux où on a fait l'expérience ^vec autant de prccifion qu'on le peut fouhaitcr de cette forte d'obfervations. Il eft donc avantageux d'avoir trouvé cette manière de me- furer la hauteur des montagnes , étant beaucoup plus aifé d'y porter un baromètre , que les inftrumcns neceflaires pour me- fu ter ces hauteurs géométriquement j le calcul en eft anffi beau- coup p;us facile, quoique, comme dit M. Maraldi , il y ait de la difficulté à rencontrer toujours jufte dans des expériences aufTi délicatcsj & que cette méthode foit fujette a bien des in- conveniens ^ tels que font la difficulté de bien purger le mer- cure , d'avoir des tubes toujours bien Cccs, de chafier toutes les ;ampoules d'air qui fc méfient avec le mercure quand on rem- plit le tube , d'eftimer au jufte jufqu'à un e|uart de ligne j ce qui eft toujours neceftaire 3 mais plus encore à mcfure qu'on eft Physiques, Astronomiques et Geographiç^i^ê s. 17 eft dans des lieux plus élevez, où un quart de ligne, par exem- ple à 24 pouces de hauteur de vif-argent, qui répondent à ôyf^ toifes d'hauteur de l'air fur la furface de la mer , vaut 4 toiles &: demi. On s'appercevra donc aifcmcnt en reflechiflant fur cette matière, combien il faut de foin &: de dclicatefïe dans cette forte d'obfervations. D'ailleurs il faut aulfi avoir égard à la con(titution de l'air qui n'eft pas d'une égale denfité, ou , fi on veut, d'une denficé proportionnelle en divers lieux dans le même temps , comme on le prouvera bientôt ; ce qui introduit par confequent quelque variation dans le rapport des colom- nes de mercure &c d'air correfpondantes. C'efl; pourquoi il femblc neceifaire pour conclure avec plus de juftclle les hau- teurs des montagnes par cette méthode, qu'a'iant deux baro- rnetres en expérience en des lieux de diverfe élévation, on prenne le milieu entre la variation de la hauteur du mercure dans un lieu , &c encore le milieu entre la variation de la hau- teur du mercure dans l'autre lieu , ou au bord de la mer ; alors on pourra conclure avec moins de danger &c plus de siireté , la diverfe hauteur de ces lieux par cette méthode. En effet , jettant les yeux fur la table des obfervations du baromètre , on trouve beaucoup plus de variation dans le ba- romètre de rObfervatoire deMarfeille, que dans ceux de la Sainte Baume & du Saint Pilon : car à Marfeille dans ce tems- là il a varié depuis 27 pouces 6 lignes , jufqu'à 2,7 pouces 3 li- gnes ^, &c il n'a jamais été .un jour entier à la même hauteur; au lieu qu'à la Sainte Baume &: au S. Pilon les hauteurs du ba- romètre fe font accordées conftamment , &c la variation n'eft moniée qu'à deux lign. c'eit-à- dire à une ligne & demi moins qu'à Marfeille , & il a refté jufqu'à deux jours à la même hau- teur j cequon peut, ce me femble , attribuera deux caufes. La première que la chaleur de l'air a été plus conftammenc la mpmc à la Sainte Baume dz au Saint Pilon , ce qui le prou- ve par les hauteurs du thermomètre placé au Saint Pilon , qui eft toujours refté au-deflous de l'état de l'air des caves de l'Ob- fervatoire de Paris , qui n'a varié que depuis 5 3 pouces 7 li- gnes , jufqvfà ^ 3 pouc. 10 lignes ~ , & qui s'eft tenu pour l'or- dinaire à 53 pou. 8 lig. ou 53 pou. 9 lig. au lieu qu'à Marfeille en quelque temps de l'année que ce foit , il varie au moins de 4 lignes par jour , fouvcnt de 6 lignes , quelquefois de 8 , Si C jS Observât ioks. même de lo lignes j ainlile baromecre devenant thermomè- tre , il a du varier plus fenfiblement à Marfeille qu'à la Sainte Baume : d'où l'on voit encore que le mercure eft plus icniible à la chaleur qu'à la froideur de l'air , &; qu'il ne faut pas attri- buer uniquement à la plus grande ou à la moindre pefanteur de l'atmolphere, la variation journalière du batomctre -, com- me il a déjà été remarqué par feu M. A montons. La féconde caufe eft , que plus on cil élevé , moins l'air eft denfe i ainfi étant moins mêlé de matière hétérogène , &: plus rare , il eft moins fujct à diverfes altérations qui contribuent à fa pefanteur , ou à fa légèreté , fuivant qu'il y a plus ou moins de cette matière hétérogène. Ainfi quoique nous aions eu fou- vent des brouillards ou des temps nubileux , comme les 23 , 27 , zî &C zs> Juin j cependant la hauteur du mercure n'a point varié, ou n'a varié que d'une ligne dans les batomctres delà Sainte Baume & du Saint Pilon ; au lieu que dans ces mêmes jours elle a varié de deux lignes &: demi à Marfeille. Cepen- dant les vents de N. O ou de S. E. ont été pour le moins aufti frais au Saint Pilon , qu'ils l'ont été à Mai fcille ; ce qui prou- ve que , tout le refte étant égal , l'air des montagnes doit être meilleur pour la fanté & pour la vie des hommes , dans Icf- quels l'air circule continuellement avec le fang. Après avoir écrit ceci , j'ai reçu les reflexions que Monfieur CafTmi a faites fur ce que je lui avois envoie en cette matière touchant les obfervations du baromètre; fur quoi je dirai avec toute la déférence que je dois au fentiment d'un fi habile & fi fçavant homme , que comme il prend pour la hauteur du mer- cure dans le baromètre de l'Obfervatoire de Marfeille , rap- portée dans la première colomne de la table , celle qui eft la moindre entre toutes celles qui ont été obfervées dans ce temps-là 5. il lui en refulte des hauteurs moindres que je ne les ai trouvées parles obfervations géométriques que je rappor- terai ci après , & qiiec'eft ainfi qu'il détermine la hauteur de la montagne des Béguines, de 559 toifcs , quoique je l'aie trou- vée de 650 toifes , comme on le rapportera ci-après ; dont la difterence eft de 5) I toifes, fort confiderable ; mais fi au lieu de prendre la hauteur du mercure de ce jour- là à Marfeille, de 27 pouces 4 lignes , comme elle étoit eftédivement , on prenoit un milieu, ou qu'on s'en tînt à 27 pouces 5 lignes ôc demi , à caufe que le baromètre n'aiant changé que d'une 11- Physiques, Astronomiques et Géographiques. 15, ■gne à la Sainte Baume &c au Saint Pilon dans tout cet inter- valle de temps , il ne devroit pas avoir tant changé à Mar- feille comme il a fait , s'il n'y avoit quelque autre caufe de la pefàntcur de l'air ( ce qu'on a examiné ci-deflus ) &: qu'on y ajoute encore les deux lignes 5c demi qui conviennent à la hauteur de rObfcrvatoire de Marfeille, il s'enfuivroit qu'on auroit trois pouces 8 lignes d'abaillement du vif-argent, aux- quelles il répond dans la table 6oy toifcs , ce qui approche plus de l'obfervation géométrique : & c'cft ce qu'il faut dire aufli des hauteurs qu'il donne , fur les mêmes principes , du Saint Pilon , de la Sainte Baume ôc du Plan d'Aups , lefquel- les toutes s'accorderont mieux, comme je l'ai fait voir ci-de- vant , &c comme je le montrerai encore en comparant ces hau- teurs prifes par cette méthode , avec les mêmes hauteurs pri» fes géométriquement , dans l'article troifiéme de cet écrit. Il me paroît par tout ce que j'ai dit jufqu'ici , qu'on ne peuc apporter plus de foin ôc de précaution pour rendre cette mé- thode plus utile & plus univerfelle. Je le foumecs pourtanc volontiers aux lumières des fçavans Hommes pui ccmpofenc l'Académie Roiale des Sciences : il s'agit ici de peu de cho- ie : /// te/^ui labûr , ^t tenuis non ^loria , mais il en revient de grands avantages. En quoi certainement on ne fçauroit trop louer l'habileté &: la fas;acité de Meflieurs Cafîini & Maraîdi, d'avoir formé une hypothefe & une table qui approche tant des obfervations , ô^ meilleure de beaucoup que celle de M, Mariette , cet homme d'ailleurs fi habile &: fi éclair é , qui a éré un des plus grands ornemensde l'Académie Roïale des Scien- ces. Si les proportions de cette table ne s'accordent pas aux obfervations avec une plus grande julteffe &: précilion , on peut dire que ce n'eit pas toujours le défaut de la table , mais une efpece de défaut de la nature , qui ne nous donne pas tou- jours dans l'air une denfité proportionnée \ ou le détaut de l'œil , qui ne peut pas mefurer les hauteurs du mercure dans les tubes avec autant de jufteffe qu'il conviendroir \ ou quel- qu'une des autres caufes qu'on a rapportées ci-defïus. Mais tel eft le fort des ouvrages les plus parfaits ; on voit bien qu'on pourroit , mais non pas comment on pourroit les porter en- core plus loin. Dans ces ouvrages-là il en coûte fouvent plus de faire un pas au de-là de certains points de perfection , qu'il n'en avoit coûté défaire les cent pas prccedcns, Cij 20 Observations ARTICLE 1 1 Obfervatlons Agronomiques faites au Saint Pilon, JE rapporterai premièrement les obfervations que j'ai fai- tes fur cette Montagne, enfuite j'ajouterai les reflexions necefl'aires. Le 20 Juin 1708. On ne put point prendre ce jour-là des hauteurs correfpon- dantes du Soleil pour régler Thorloge : il y avoic beaucoup de nuages par intervalles , èc le veut de N. G. écoit fi fva^s , que le plomb du quart de cercle ne put jamais s'arrêter. On prit pourtant une hauteur méridienne du Soleil que- voici. Hauteur méridienne apparente du bord fupe- rieur du Soleil, 70'^i3'j'o' D'où on a la latitude ccmme s'enfuit. Demi diamètre du Soleil , i T 49 Hauteur apparente du centre du Soleil, 70 8 r Refia6bion fouftradive , 21 Véritable hauteur du centre du Soleil, 70 7 40 Declinaifon fcptentrionale duSoleiljfouflra- djivc, ... 2,J 2,9 G Hauteur de l'équinoxial , 4<î 3 8 40 Latitude &: hauteur du pôle du Saint Pilon &: de la Sainte Baume, 43 n 2,0 On a mis ici le calcul tout au long pour faire voir les éle- mens dont on s'eft fervi. Dans la fuite pour abréger, on ne mettra que le refultat du calcul. Tout ce jour-là le vent de N . O. fut fi frais , &: l'horizon de îa mer fi embrumé , qu'il ne fut pas pofTible d'obferver la baf- fefle apparente de l'horizon , qu'on ne diftinguoit pas ; d'ail- leurs le quart de cercle étoit dans une agitation continuelle.- PhYSIQIJES, ASTRONOMiQtJES ET GEOGRAPHIQUES. zl Le II. Juin 1708. Hai^icurs coneffonddntes du Soleil ^our régler l'Horloge, Matin. Bord fiip. du Soleil, Soir. 9^^ zz' o^ 5" 10 o' i'» ^2.' ûf'y La dc'clinâîron ne cliau- 2.4JI 5150 49 49 gcant pas confiderable- 30 3 y Ji 30 44 5 ment vcrslefolftice,!! 33 18 no 41 7 ^Y^^P'-^s^^ecorrediotià Prenant un milieu ou a eu midi viai le ii à o^ 7'' zo" Pour approcher l'horloge du temps vrai , on a 7 reculé l'aiguille de Ainfi on a eu midi vrai ce jour-là à 0020 Le quart de cercle écoit pofe à l'Eft de la Chapelle du S. Pi- lon auprès de la muraille pour être à l'abri du vent de N. O. On pointa ia lunette fixe du quart de cercle au S.E. là où l'ho- rifoii paroiflbit plus ner,un peu à l'Eft de la plus orientale àjt^ Ifl 'S a'Hyeres, le fi! hor.fontal de la lunette rafant exactement la mer , là où elle fcmble s'unir avec le ciel , la mer fut trouvée bafle de ^j' 30^. L'horifon étoit tellement embrumé par tout ailleurs, qu'oa ne pouvoir diftinguer la mer d'avec le ciel. Hauteur méridienne apparente du bord fupe- ri'^ur du So-Ieil , 70° 23'' 30^''. D'où on a conclu par la même méthode que le 20 !a hauteur de l'équinoxial étoit de 4^ 38 20 Et la latitude de 432140 Le 22 Juin 1708. Hauteurs correfpondantes du Soleil pour r horloge. Il n*y a pas de corre- élion à faire. Mat'i n. Bord fup du Soleil, Soir. h 3/ 5^' 490 0' 2hy7' 32^ 9 4i JO 0 51 yi 12 ^l 50 30 48 J4 ly ^5 n 0 56 f Prenant un milieu on a eu midi vrai le 22 Juinà o^ o^ 45^ On a eu midi vrai le 21a o o 20 Donc riiorloge a avan<:é en un jour de 2 j Pour être réglée au temps moïen , elle auroit du avancer feulement de 13 C iij 2,i Observât IONS Donc elle avance trop fur le temps moyen en z^ heures, de l^^ Hauteur méridienne apparente du bord fu- perieur du Soleil , prife quand il a efté midi à l'horloge , 700 14' o^ D'où on a conclu la hauteur de l'équinoxial ^6 38 50 Et la latitude de 43 21 10 Aiant remis vers les trois heures le quart de cercle dans le méridien par le moïcn d'un point qu'on avoit remarqué , Se dont on parlera dans la fuite , fur la hauteur trouvée de l'é- quinoxial , on mit l'inftrument à la hauteur méridienne de Venus pour ce jour-là , &: on fît l'obfcrvation fuivante. Temps vrai. à 3^ 10^ 58''' Venus pafla par le méridien. Sa hauteur méridienne apparente étoit de (^40 j^ o'^ à 4!^ 15'' aiant pointé la lunette fixe du quart de cercle à l'ho- lifon de la mer au Sud Sud-Oueft , où l'horifon étoit plus net, la mer fut trouvée baiîe de 57'' i y^. Le vent Nord-Ouefb médiocre , brume légère , robferva- don fut faite avec exaditude. Le 13 Juin 1708. Le ciel couvert ô^ le vent d'Oued très-frais empêchèrent ce jour-là de faire aucune Obfcrvaiion Aftronomique. " ' ' Le z4 Juin 1708. Le mauvais temps empêcha de monter le matin au Saint Pi- lon ; l'après midi le vent de Nord-Oued aïant beaucoup fraî- chi après la pluye , on ne put point découvrir Phorifon de la mer , & on ne fit aucune Oblervation Aftronomique. La mer vue du Saint Pilon, paroifloit fort groile , &: fort, mouton- née j on defcendit à la Sainte Baume fans avoir rien fait. Le 25 Juin 1708. A ^li 15' du matin aïant pointé la lunette fixe du quart de cercle au Sud-Eft à l'horifon de la mer , par la plus orien- tale des Mes d'Hieres, la mer étoit baftc de <^6' 30'^ Le vent de Nord-Oueft étoit ailcz frais , la brume déliée. Physiques, Astronomiques ET Géographiques. - ^ Hauteurs corre/pondantes du Soleil four l'Horloge. Matin. Bord fup. du Sokil, Soir, ^^1 23^ z6" jo^ 10'' l'î 40^ zâ^' Il n'y a point de cor- 16 ^6 Ji4^ 3^3^ rection. à faire. 3018 53 2,0 3 3 2,8 Prenant un milieu on a midi vrai le 25 Juin à Le 21 juin on a eu midi vrai à Donc Ihorloge a avancé en trois jours de Pour être réglée au temps moyen , elle dcvoit avancer de Donc elle a trop avancée en trois jours de 36 Et par jour, ce qu'il falioit connoîcre exacte- ment , 1 2 ol^ '2^ 0' 0 0 4T I 39 A o'î 2' o^ hauteur méridienne apparente du bord fuperieur du Soleil , . 70^21^15^ D'où on a conclu la hauteur de l'équinoxial , de 4<3 39 j Et la latitude de 43 20 55- obfervation de Venus. Par la méthode dont on s'étoitfervi le vingt-deux on ob-= fer va Venus. Temps vrai. A3hii^4j^ Venus fuivant le paralelle pa{ïli par le méri- dien. Sa hauteur méridienne apparente étoit de (330 3^ ^^" A 3 h 30'' aïant pointé la lunette fixe du quart de cercle au même point de l'horifon que le matin , la mer fut trouvée baffe de 57^ 45*^ Le vent Nord-Oueft médiocre , l'horifon fort embrumé , le baromètre étoit à 27 pouces 7 lignes ^ , le thermomètre à 53 pouces 5? lignes. Le foira 711 30^ aïant pointé au même endroit la lunette fixe du quart de cercle , la mer s eft trouvée baffe feulement de y6^ 30^^ L'obfervation fut réitérée plufieurs fois ; le vent étoit N. O. foible, beaucoup plus de brume à l'horifon, le baromètre étoic alors à 24 pouces 7 lignes ^ , &: le thermomètre étoit defccndu à 53 pouces 8 lignes. t4 Ob SERVATIONS Obfeyvation dit premier Satellite de Jufiter. Temps vrai. A 8'^ ^C>' if Emerfion du premier Satellite de Jupiter ; clic eft arrivée à un tiers de diamètre de Jupiter , vers le bord occidental apparent de cette Planète. Le brouillard dont nous avions été environnez pendant près d'une heure, fe diflipa heureufement un quart d'heure avant l'obiervationc Le 2^ Juin 1708. A 8^1 15^ du matin aïant pointé la lunette fixe du quart de cercle au même point de lliorifon quliier , la mer fut trouvée bafle feulement de ^6' o^ L'horifon étoit médiocrement net, le vent S. O. foible. A 11^^ 4j^ ayant pointé au Sud , où l'horifon étoit le plus net, la mer fut trouvée baffe de 56^ 30'' L'horifon un peu embrumé , le vent Sud-Oueft médiocre , le baromètre étoit à 14 pouces 7 hgnes ~ , le thermomètre à 5 3 pouces 5? lignes. ff auteurs correfpondantes dit Soleil pur l'horloge. Il n'y a point en- core de cprredion à faire. Prenant un milieu on a midi vrai le vingt-fix Juin à o'i2^ i-j" On a eu midi vrai le vingt- deux Juin à 004^ Matin. Bord fiip. du Soleil. Soir. ^1^ %' ^9'' 48^30^0^^ 3K 1/34^ 5 50 49 G z 58 4y « 37 49 30 55 59 II Z9 jo 0 55 4 Donc l'horloge a avancé en quatre jours de ^ 5^. Elle devoir avancer pour être au tems m.oïcn de j z Donc elle a-vance trop en quarre jours de 40 Et par jour , ce qu'il falloir fçavoir pour lob- fervation de Jupiter , i o Par les obfer varions précédentes elle avançoit trop par jour de 12, Pre-nant un milieu on a établi fon avancemenj: journalier de 1 1 Pour déterminer cxaélemcnt le temps de l'Emerlion du p.iemiçr Physiqtjes, Astkonomk^eset Géographiques, zr premier fatellite de Jupiter d'hier au foir. Hauteur méridienne apparente du bord fuperieur du So- leil , douteufe à caufc des nuages qui Ibnc furvenus en ce temps-là. yo^ 19^ 30'' D'où on a conclu la hauteur de l'équinoxial de 4^ 39 20 Et la latitude de 43 20 40 Sur le foir aiant pointé la lunette fixe du quart de cer- cle au même point à l'Eft des Ifles d'Hieres , la Mer fuc trouvée bafle de o^^ ^y^ ^q^ L'air èc Fhorifon embrumé, le vent de Sud-Oueft frais. Le Ciel couvei;t le 27 &: le 28 nous a empêché de faire au- cune obfervation aftronomique ces jours-là. Nous nous en fommesconfolez, fur ce que celles qu'on vient de rapporter fuffifoient pour déterminer la latitude &c la longitude du S. Pilon &c de la Sainte Baume. REFLEXIONS SUR CES OBSERVATIONS, Four le Méridien du S. Filon. Lorfque nous avons pris les hauteurs méridiennes du So- leil rapportées ci-dcflus, nous avons laiiTé quelque temps le quart de cercle dans le méridien , &: aïant après chaque ob- fervation bornoïé le long du limbe du quart de cercle M, Royere &: moi , &: réitéré fouvent cette obfervation pour trouver quelque point éloigné qui fut remarquable, &; qui fe trouvât dans le méridien, nous avons déterminé la pofi- tion du méridien du S. Pilon par le milieu d'un petit écueil à fleur-d'eau qui eft placé entre la grande &: la petite Ifle des Ambiez, & à moitié chemin de ces deux Ifles. Nous n'avons point trouvé de point plus remarquable. Cet écueil eft éloi- gné d'environ dix-huit milles , & ainfl à une diftance afl'ez grande pour avoir un point de la méridienne avec autant de précifion que nous en pouvions fouhaiter. Nous avons pris les hauteurs méridiennes lorfqu'il étoic midi à l'horloge , ainfinous fommes sûrs du midi à deux fé- condes près, comme il compte par les hauteurs correfpon- dantes du Soleil que nous avons rapporté expreflement. Tou- tes les fois que nous avons bornoïé l'un & l'autre, nous avons toujours trouvé le milieu de cet écueil dans le plan du limbe du quart de cercle. Nous n'avons pu trouver le méridien par D 2,(j Observations les amplitudes ortivcs &: occ^Ccs du Soleil , parce qu'outre qu'il ne nous a pas paru que cette méthode al lât à une li gran- de précifion que celle que nous avons emploice, les nuages qui etoient à l'horifon ou le macni ou le foir , nous ont em- pêché de voir lever ôc coucher le Soleil derrière les montagnes, auroit été necelïaire. Sur U latitude du S. Filon. Ne nous fervant pas de la hauteur méridienne du 2^. Juin qui ell douteufe, ic prenant un milieu entre la latitude la plus forte , qui eft celle ob(crvee le 11 . Juin de 430 z\' 40^^ & la plus foible qui fut obfcrvéelc ly.Juin de 45 20 y^ on aura la latitude du S. Pilon , de 43 zi 21 ou pour faire un compte rond, comme elle fut trouvée le 20. 43 21 20 Et (1 on vouloir s'attacher à prendre un milieu entre toutes les obfervâtions qu on a rapporté, la latitude du Saint Pilon feroit de 430 z\' \o" comme elle fut trouvée parles obfervâtions du 22 Juin. Il y a plus de lieu pourtant de s'en tenir à celle du 21 Juin, qui fe trouve confirmée par les obfervâtions géométriques , comme nous le dirons dans l'article quatrième. Sur la longitude du Saint Pilon. Emerfîon du premier fatellite de Jupiter, obfervée au Saine Pilon le 25 Juin à 8^56^25*, La même obfervée à Différence des méridiens dont le Saint Pilon eft plus Comme jufques à prefent nous n'avons point eu d'obferva- tion correfpondante de cette émerfion du premier fatellite, ni même de voifine , nous n'avons pas pu déterminer la 'on- gitude du Saint Pilon ; mais nous la déterminerons dans Par- ticle fuivant par des obfervâtions &: calculs géométriques , ce ijui eft encore plus sûr que les obfervâtions aftronomiqueSo pHYSiQiiESj Astronomiques ET Géographiques. 17 REFLEXIONS SUR CES OBSERVATIONS , Pour la Réfraction. Ohfervations fur la hajfejfe af parente de Ihorifon de la Mer. . O u R mettre ces obfervations tout d'un coup fous les yeux, voici une Table qui contient les mêmes colom- nes que les autres que nous avons communiqué à l'Acade- mie. JoUbdii 'iiois de Jiii; 170S. îaHeil". appa cnt.de rho- de la Met. Htat de l'Ai' Vent. Baromètre iîmple. Thermomè- tre de M. A montons. 2 1 matir:. ^r w Brume. N, 0. frais N.o.med 24F""-(îl y^Pou. §1 j_ 22 foir 57 15 Br. légère ^4 7 T 55 10 7 2j matin 3 '1 foir foir S6 30 )7 4J )^ 30 Br. déliée Brume, MoflëBr N.o. af.fr. N.o.med. N.o.foib. 24 7 M 7 i ^4 7 r 53 7 53 9 53 8 16 math midi foir ,6 0 )6 30 )7 30 il', ferein 3 r. légère Brume. i.o.foibl. s. 0. med. s. 0. frais. ^4 7 r M 7 T 24 7 53 8 53 5^ T 53 S> C'eft ici le principal point qui m' avoir fait propofer le vQÏage de la Sainte Baume à Monfeigneur le Comte de Ponc- charrrain 3 voïage que l'Académie des Sciences jugea propre pour décider , fi à de plus grandes hauteurs que celles de l'Obfervatoire de Marfeille, où j'avois obfervé , ou que celle de Nôtre-Dame de la Garde près de Toulon beaucoup plus élevée que TObfervatoire de Marfeille, ôc où M. Caffini avoir obfervé, il y auroic encore de la variation dans la ré- fradion, comme je l'ai cru & dit dans le Mémoire que j'ai eu l'honneur d'envoïer à Monfeigneur le Comte de Pont^ chartrain , &c qui fut communiqué à l'Académie Ro'iale des Sciences au mois de Janvier de l'année 1708. Il paroît donc par les obfervations rapportées dans la Ta- ble, qu'à la hauteur de près de 600 toifes au-defllis de la Dij 2,s Observations furface de la Mer , il y a encore de la variation dans la ré- fradion , mais que cette variation n'eft pas aufli confidera- ble que dans les endroits plus bas ; car dans toutes les ob- fcrvations que le temps a permis de faire fur le Saint Pilon, cette variation n'eft montée qu'à une minute 4y fécondes , au lieu qu'à l'Obfervatoire de Marfeille elle eft montée à 3' 2.0'^, comme il paroît parles obfcrvations que j'ai envoie à l'Académie i c'eft-à-dire , que la réfradion varie de moi- tié plus dans un lieu qui n'eft élevé que de 24 toifes au- deflus de la furface de la Mer, que dans un lieu qui eft élevé de 600 toifjs ; en forte que la fubftance de l'air étant plus pure à peu prcs dans la proportion de 24 a 600 toifes, doit faire moins rompre les raïons vifuels $c rendre cette variation moins fenfible;on ne doit pourtant pas s'attendre ici à l'évidence des démonftrations géométriques, la matière phifique ne le comporte pas. Ces obfervatipns confirment encore ce que j'ai remarqué dans les Mémoires qu: j'ai envoie à l'Académie , que lorfqu'il y a eu de la brume à i'horifon cauféepar le vent de Nord- Oueft , la réfraétion a été plus grande , &C cela plus ou moins félon que le vent a été plus ou moins frais , &: qu'au con- traire la Mer n'a jamais paru moins bafle que le 16 Juin au matin, auquel le vent étoit Sud-Oueft foible, &: I'horifon iiiTez ferein ,• &: que le foir de ce même jour auquel le vent de Sud-Oueft étoit frais êc la brume grande , la réfradion a augmenté d'une minute 30^'', c'eft-à-dire, à i j^près, au- tant qu'elle aïe augmenté dans tout l'intervalle de temps auquel on a continué ces obfcrvations. On voit encore que la pefanteur &c la chaleur de l'air ne contribuent en rien à la réfradion qui fe fait dans l'air, puifque le 25 & le z6 Juin le Baromètre &c le Thermo- mètre fe font tenus à la même hauteur à fort peu près, &c cependant la variation de la réfradion a été trcs-confîderable, èc aufli grande qu'elle l'ait put être dans toutes ces obfcr- vations. On remarque encore que quoiqu'il y ait ,eu de la brume à I'horifon, cependant lorfque le vent n'étoit pas frais, la Mer paroiflbit plus haute que lorfque le vent étoit plus frais j c'cft ce que les oblcrvations du 25 Juin font connoîcrc , & qu'à mefure que le vent a diminué , la Mer a paru s'élever. Physic^es, Astronomiques ET Géographiques. 29 Tout ceci fe trouve encore confirmé par les obfervations «des hauteurs du Soleil prifes à midi le zz &c le 25 Juin de rannée 171 o. Le 22 Juin le vent étant Nord-Oueft alTez frais, le plomb du quart de cercle étant libre & en repos^ ne donna pour hauteur méridienne du bord fuperieur du Soleil, que 70^^25'' ^o\ & aïant mis le 23 Juin le quart de cercle à la même hauteur, le Ciel étant fort fjrein, le vent Sud-Oueft foible, le quart de cercle étant refté ces deux jours dans le plan du méridien , on s'attendoit que l-e bord fuperieur du Soleil ne raferoit pas le fil parallèle delà lunette fixe du quart de cercle, mais qu'il le mordroit un peu, à caufe que le 23 Juin le Soleil s'étoit un peu éloi- gné du tropique, puifqu'il s'étoit écoulé 36 heures depuis le moment du folftice ; cependant bien loin que le bord du Soleil ait mordu ce parallèle , il a fallu haufïèr tant foit peu le quart de cercle , pour que le bord du Soleil rafat le fil parallèle &: horifontal, &c la hauteur s'eft trouvée de 70^ 2,6' o^'' , ce qui m'a fait connoître de nouveau , que ( comme 3e l'avois déjà obfervé , tant dans les obfervations faites au Saint Pilon , que dans celles que j'ai fouvent fait à l'Ob- fcrvatoire de Marfeille de la balTelTe apparente de l'horifon de la Mer ) lorfque le vent eft frais , fur-tout le Nord-Oueft, la réfraélion eft moins grande , ou les objets ne font pas tant relevez que lorfqu'il ne fait pas de vent, Se que l'air eft fort calme & en repos. J'ai fait un fi grand nombre de cette forte d'obfervations dans toutes les faifons de l'année, que je n'ai pas lieu de m'en défier. Mais de déterminer dans quelle proportion cette réfrac- tion augmente &: diminue, c'eft ce qui ne me paroît pas facile ; tant de dift'erentes caufes influent à ces variations , èc elles y influent fi diverfement , que la fagacité du meil- leur Philofophe en fera pouflée à bout. Il refte feulement conftant que dans un air plus élevé au-deftus de la terre, les lits d'air voifins de l'Obfervateur étant plus purs , la ré- fiadion y eft moins grande , &: ne devient plus grande que quand le raïon de la lumière pafïant à des lits d'airs plus voifins de la terre , fe rompt davantage dans une matière hétérogène , &c continuellement hétérogène ; il faut penfer le contraire lorfque le raïon de lumière pafl'^ en montant à des lits d'airs toujours plus déliez : ce qui devroit, ce fcmble , D iij n Q Observations faire naturellement conclurre que dans une matière homo- gène, ôc également fluide, il ne devroit pas y avoir de ré- fradion. Mais ce qui ne fe connoiflbic autrefois que lorf- que le ra'ion de lumière pafToit par des milieux groffiere- ment hétérogènes , tels que fonr l'air &c l'eau ; cela même de- vient par les obfervations ôc expériences fort fenlible en des matières dont on n'apperçoit pas à l'œil la différences, & c'eft l'utilité qu'on tire des obfervations fouvent réité- rées , ôc fuivies de réflexions convenables j la nature nous cache [es fecrets , elle veut être preflfée, importunée , &: mife ,, pour ainfi dire, à la torture pour les découvrir, encore ne le fait-elle qu'avec mcfure. J'ajouterai encore ici que le temps ne nous permit pas de faire un plus grand nombre de cette forte d'obfervationSj ni de pointer la lunette du quart de cercle à des points plus élevez que le Saint Pilon , pour obferver s'il y auroit quelque variation dans leurs hauteurs apparentes , &: de quelle quantité elle pourroit être ; ce qui feroit encore un fujet de méditation pour connoître quelle variation regne- roit dans des objets voifins de la terre vus par la lunette d'un quart de cercle , Se celle qui fe trouveroit dans des- objets plus élevez confiderablement, vus encore par la mê- me lunette du même quart de cercle. Je fuis perfuadé qu'il y auroit en tout cela bien des recherches curieufes à faire pour éclaircir davantage cette mariere. On connoît aufli par ces obfervations, que pour faire la recherche du diamètre de la terre, plus on fera élevé fur des montagnes au-dcflus de l'horifon de la Mer, plus les obfervations feront exades, puifque la réfradion devenant moins confiderable , il y aura moins de fujet de craindre l'erreur que le raïon rompu introduiroit , s'il étoit pris pour la tangente même, necefliaire pour cette recherche, mettant à part les autres avantages qui viennent d'une plus grande hauteur ; & qu'ainii la meilleure obfervation qui fe puiflb faire en cette matière , feroit celle qui fe feroit du plus jîaut du pic de l'Ifle de Teneriife, fi on y pouvoir refier quelques jours pour y obferver les baflefïes de l'horifon, 3c jprendre un milieu entre toutes ces bafïcffes obfervées,. î7 2-5 Î2. 70 7 fo G 3 18 PHYSIQ3JES , ASTRONOMiQtJES ET GEOGRAPHIQUES. 3 1 Réflexions fur les Obfirvations de Venus. Le 12, Juin la hauteur méridienne apparence de Venus étoit de 64' <)' o^ Réfraction fouftraftive , 28 * ■ ■■■■■> ' .^1^ Véritable hauteur méridienne de Venus , 64 4 32, Hauteur de i equinoxial auSaiiic Pilon trouvée ci-devant, 4<î 38 40 Refte pour la déclinaifon fcptentrionale de Ve- nus, Véritable hauteur méridienne du centre du So- leil , Venus éloignée du Soleil , Afcenfion droite de Venus occidentale, ou Ton éloignement du Soleil en temps , 3H \o' ^%^ qu'il faut ajouter à l'afceufion droite du Soleil pour avoir rafcenfion droite de Venus , &: enfuite par les calculs ordi- naires la longitude & la latitude de Venus , Le 2,j Juin 1708, hauteur méridienne apparente de Ve- nus, ($3^ 3''4j* Réfradion fouftradive, 30 Véritable hauteur méridienne de Venus , 63315- Hauteur de l'équinoxial au Saint Pilon , 46 38 40 Déclinaifon fcptentrionale de Venus , iG 24 3^ Différence dont la déclinaifon de Venus a dimi- nué en trois jours, I 17 Véritable hauteur méridienne du centre du So- leil,^ 70 5 y Venus éloignée du Soleil, 7 i 50 Eloignement de Venus au Soleil en trois jours, o y 8 32 Eloio-nemenc de Venus au Soleil en afcenfion fcV droite en temps , 3^11^45'' qu il faut ajouter à l'afcenfion droite du Soleil pour avoir l'af^ cenfion droite de Venus , ^ enfuite la longitude &: la lati« çude de cette planette. j2. Observations ARTICLE III. Ohfervations géométriques pour connoître la diflance de divers f oints importans pour U Géographie. LE 50 Juin au matin étant defcendus dans la plaine qui eft au-dellbus de la Sainte Baume , qu'on appelle le plan d'Aups , nous prîmes avec le quart de cercle de trois pieds dé raïon les angles ncceiTaires pour déterminer la hauteur du Saint Pilon &: de la pointe des Béguines , hc la diftance de ces deux points qui devoit nous fervir à mefurer d'autres triangles. Nous avions remarqué que la lunette de l'allidade n'étoic pas parfaitement parallèle à la lunette fixe du quart de cercle, mais qu'elle augmentoit l'angle d'une minute &: 30 fécondes, car a'iant pointé les deux lunettes à la tour de Nôtre- Dame de la Garde près de Toulon , la lunette de l'allidade donnant précifément le même point de l'objet que la lunette fixe, le cheveu n'étoit point précifément à zéro degré , mais donnoic un angle d'une minute 30 fécondes que nous avons ôté de toutes les obfervations qu'on rapportera dans la fuite. Nous avions eu foin, de mettre un fignal à trois toifes du milieu de la Chapelle du Saint Pilon que nous puffioins fa- cilement reconnoître dans la plaine , où nous mefurâmes une bafe de I 5 5 toifes qui nous parut fufïifante pour des hauteurs quinétoient pas confiderables, &: les angles furent trouver comme il s'enfuit. fremiere Station. Etant à la gauche de la bafe près de la cenfe des RR. PP. Dominiquains, des Béguines au fignal du S. Pilon, angle d'intervalle , 44^^ 34^ o'^ Des Béguines à l'autre extrémité de la bafe , 1 1 o«l 3 ^ o Du fignal du Saint Pilon à la même extrémité de la bafe, 66 00 Aïant ôté l'allidade du quart de cercle, &: mis le porte cheveu au centre avec le plomb, l'angle de hauteur des Béguines s'eft trouvé de l z^ 3 4^ o'' L'aui^le Physiques , Astronomiques et Géométriques, s 2 L'angle de hauteur du rocher du Saint Pilon , au fignal qui paroiffoit un peu pardefllis le parapet, étoic 16^ 2. i^ Seconde Station. Etant à la droite de la bafc près du bois de la Sainte Baume à I j y toifcs de la première Station , l'angle de hauteur de^ Béguines s'eft trouvé de 11° c 3' o''*^ L'angle de hauteur du Saint P^ilon de 17 4c o Aïant ôté le porte cheveu & le plomb , &: remis l'allidade , l'angle de l'extrémité à gauche de la bafe aux Béguines , 6z ^ ^ o De la même extrémité de la bafe au Saint Pilon loo is Par tous ces angles connus &c cette bafe mefurée, nous avons eu la hauteur du Saint Pilon & des Béguines, &: la diflance des Béguines au Saint Pilon , comme il s'enfuit. 0 Analyse des Triangles pour le S. Pilon- p Triangle obliquangle. Angle obtus à la di*oite de la bafe , 1 000 1 6^ Angle aigu à la gauche de la bafe ^ 66 o Donc angle au fommet ^ i 3 44. Bafe 1^5 toifes. Analogie four le fetlt coté. Sin:i30 44^1 Sin:^^o|j ijjT. 55>(î T. pour le petit côté. Triangle reBanglc Hypotenufe trouvée par l'analyfe du triangle obliquan- Angle de hauteur, 17045^ Analogie four la hauteur du Saint Pilon. Sin:tot:| Sin: 17045^1! 5^6 T. | 181 Toifes. Analyse des Triangles pour la hauteur des Béguines. Triangle obliquangle. Angle obtus à la gauche de la bafe ^ iio'^ ^6', ^4 Observations Angle aigu à la droite de la bafe , ^z^ 5 3' Donc angle au fommet , ^31 Bafe 1^5 Toifes. Analogie pour le petit côté. Sin:^«3i^l Sini^i^ 53^11 155T.I iiijToifes. Analogie pour le grand coté. Triangle reâangle , analyfe pour la hauteur des Béguines, Hypothenufe qu'on vient de trouver , ■ 1 1 1 y T. Angle de hauteur, 11034'' Sin:tot:| Sin : 12C» 34' Il 1215T. | 1(34 Toifes. Par les analogies au on ne mettra pas ici pour être court hc ne pas ennuier , on a pour petit côté d'un triangle oblî- quangle pour le Saint Pilon, 596 T. Et pour hauteur du Saint Pilon au-dclTus du plan d'Aups , 1 8 ï Pour le petit côté du triangle obliquangle pour les Béguines , 1 1 1 5" Et pour la hauteur des Béguines au-defTus du plan d'Aups , 2^4 Refte la hauteur des Béguines par-deiTus le S. Pilon 8 3 Hauteur du Saint Pilon , 181 Hauteur du rocher jufqu'au bûcher des RR. PP. Dominiquains , mefurée aduellement, ^3 Refte la hauteur de la Sainte Baume au- deflus du plan d'Aups , 1 1 8 î _ A laquelle on peut ajoiiter , \z\^^' Dont le rocher eft plus bas que la grotte. La hauteur des Béguines par-deflus le Saint Pilon , a été trouvée par le Baromètre de 8^ toifes j ; mais par la mefure qu'on vient d'en donner elle eft de 83 toifes : ainfi il n'y auroit que 3 toifes ~ dç différence, ce qui n'eft pas confi- derable. La hauteur de la Sainte Baume par-defTus le plan dAups a été trouvée par le Baromètre de iid toifes ; par lamefuje Physiques, Asthonomiques et Géométriques. 3^ qu'on vient de donner , la grocce 6c la chambre du logis qui font de même hauteur, font élevées de 130 toifes, ce qui s'accorde à 4 toifes près. Par le Baromètre la hauteur du Saint Pilon au-defllis du plan d'Aups , eft de J P 3 T. Par les mefurcs qu'on vient de donner , elle eft de 181 La différence encore plus confiderabîe , eft de 1 2 Par le Baromètre , la hauteur des Béguines au-dcffus du plan d' Aups , eft de 275» Par les mefures qu'on vient de donner , elle a été trouvée de 2^4 La différence qui eft plus confiderabîe , eft de i y Sur ces différences on peut appliquer les réflexions èc les corredions marquées dans l'article premier de ce Mémoire, pag. Il &c fuivantes. La diftance du Saint Pilon à la pointe des Béguines nous étoit neceflaire pour connoître la diftance des Béguines au Pilon du Roi & à Marfeille, & de Marfeille au Pilon du Roi ; c'eft pourquoi nous avons cette diftance de cette manière. AnrJyfe du' Triangle pour la dijîance du Saint Filon aux Béguines, Angle d'intervalle du Saint Pilon aux Béguines, 440 34^ Grand côté du triangle du Saint Pilon , 642 T, Petit côté du triangle des Béguines , 1 2 1 5 T. Pour trouver les angles faits aux Béguines dr au Saint Pilon. Analogie, 18 57 Toifes. Somme des cotez I ^jt^ Toifes. Différence des cotez [[Tangente delà moitié des angles inconnus nz: 670 43^ [ Tangente de la moitié de la différence = 3 ^^ y 5>^. 573 Toifes. 67^ 43' L. 2. L. 10. 7581546. 3874385. i4y5S>3I' 2688119. 8767811 1857 Toifes. 3^0 j/ L.13. L. 3. L. 9. Tangente. Eij I04 42. ^7 45 3^ 59 3o 44 ^^ Observations. Somme àe la moitié des angles inconnus , ^70 43^ Moitié de la difFcrenceadditive, 36 j^ Plus, grand angle, • . . . Moitié des angles inconnus, Moitié delà diÔ'erence ibuftra6live, Plus 3 petit angle du triangle , Analogie pour connoître cette dljlance. Sin: 104^41^1 Sin: 44^ 34^11 riiyToifesj SSiToifes. 4403-4/ ^ L. 5>. 8461754. izij loifes L. 3. 0847948. , ' L, ïz. 5)305)70^. 7JO. 18^ L. 5?. 98^4(^7. SSiToifes. L. 1. 5»454i3i. qui efî: le logarithme de 882 Toifes , qui eft la diilance du Saint Pilon aux Bégui- nes, qu'il falloir trouver pour l'analyfe des triangles fui- vants. Le 28 hc le 19 Juin nous prîmes au Saint Pilon &: aux Béguines plufieurs angles que nous rapporterons dans la fuite. Voici ceux qui nous font neccfTaires maintenant, étant au S. Pilon en pointant au Pilon du Roi &: aux Béguines , Tangle étoit de 1400 1 5*^ Etant aux Béguines &: pointant au Pilon du Roi &: au Saint Pilon , l'angle étoit de 37 4y Donc l'angle formé au Pilon du Roi , étoit de 20 Analyse du Triangle pour la distance du S. Pilon AU Pilon du Roi, et des Béguines au Pilon du Roi. Analogie four la dijiance des Béguines an Filon du Roi, Sin : 20 oM Sin : 39^45^1 882 Toifes 1 i ^1^0 Toifes. Sup. de 1 40 i y . Analogie four la dijiance du Saint Pilon au Filon du Roi. . Sin:2"o^l Sin : 37^. 45^11 882 Toifes | 1^472 Toifes. On a donc par l'analyfe des triangles pour diftance du S. Pilon aux Beg;uines, 882 Toifes, Pour la diftance du S. Pilon au Pilon du Roi , i 5472 Four la diftance des Béguines au Pilon du Roi , 16160 Physiques Astronomiques, ET Géométriques. 37 Le z^ Juin étant aux Bcguincs Se pointant au Pilon du Roi &; à rObfcrvatoire de Marfeille, l'angle fut trouvé de 240 o^ Etant à rObfervatoire de Marfeille , &: pointant au Pilon du Roi èc aux Béguines, l'angle a été trou- vé de 48 10 Somme de ces deux angles , 7 z i o Donc l'angle formé au Pilon du Roi pointant à i'Obfervatoire &: aux Béguines , 107 50 La diftance des Bcguines au Pilon du Roi qui fert de bafe à ce triangle , vient d'être trouvée de 161 60 toifes : fur ces éle- mens on reîbudra le triangle fuivant. Analyse du Triangle pour la distance de Marseille AU Pilon DU Roi, Analogie, Sin: 48010'! Sin: 14011 i ^160 Toifes | 8821 Toifes. Analyse du Triangle pour la distance de Marseille AUX Béguines. Analogie. Sin: 48010') Sin: 72° 10 II i^kîo Toifcs| 20(^50 Toifes» Qui donne pour diftance de Marfeille au Pi- lon du Roi , 8 8 2 2Toifes. Et pour diftance de Marfeille aux Béguines, 2065-0 Le brouillard & la pluïe qui furvinrent tandis que nous étions aux Béguines , nous empêchèrent de continuera pren- dre les angles formez aux Béguines , avec les mêmes points que nous avions obfervé au Saint Pilon \ mais le voïage du Pilon du Roi fupplée à ce défaut, &: nous met en état de pou- voir déterminer divers points importants pour la Géographie, qui pourront être liez avec ceux que M. Caftini a déterminé dans la prolongation de la méridienne , depuis Paris jufqu'à la mer Méditerranée ; &: par la contribuer à la perfcétion de la Carte des Provinces les plus méridionales de France , c'eft dans ces vues qu'on donnera aufti les angles divers qu'on a pris , bien qu'on n'aie pas pris les correfpondans , que quel- que Géomètre aura peut-être un jour la commodité d'ob- E iij -g Observations ferver : en attendant nous allons donner ceux que nous avons pris au Pilon du Roi. Nous étant placez avec le quart de cercle au pied de ce rocher qui eft fait comme une quille, ou comme un cilin- dre un peu elliptique, qui peut avoir ii à 13 toifes de hauteur , comme il a été dit ci-devant ; nous étant , dis-jc , placez dans un petit efpace que nous lailloit une roche ef- carpée du côté du Sud &: du Sud-Eft , nous prîmes les an- gles fuivans, dont nous avons ôté jo' , ou i« 10^ , à caufe qu'aïant pointé la lunette fixe &: la lunette de l'allidade à un même point fort éloigné du côté du Sud-Oueft, fçavoir au clocher de Nôtre-Dame de la Garde près Marfeille, &: du côté du Nord-Eft au côté à plomb de la montagne de Mouftier, la lunette de l'allidade faifoit un angle de i» 10^, quoiqu'elle n'en du point faire, ainfi elle défailloit d'autanr du parallelifme par excès. , . A droite De la Chapelle du Saint Pilon , le fil vertical de la lunette fixe rafant le côté Nord de cette Chapelle, au cap Canaille près de Cafiis , Tangle étoit de 54^^ 51^ o* Du cap Canaille à Nôtre-Dame de la Garde de Marfeille, 48 o o Du cap Canaille à rObfervatoire de Marfeille, 52 j^ Du cap Canaille à la pointe de S. Tronc, un peu douteux à caufe des terres, 30 4j 30 Du cap Canaille au point du rocher qui eft dans la méridienne de rObfervatoire de Marfeille, 36 o Du Saint Pilon à la tour de Nôtre-Dame de la Garde près de Toulon, 35 ii A gauche Du Saint Pilon au Pouffe le plus à l'Oueft de la montagne de Sainte Vicloire , 74 48 On appelle Pouffe une petite roche en forme de mammelle qui eft élevée au-delîus d'une montagne, qui iért de point plus aifé à remarquer. De ce Poulfe au Poulfe le plus haut du Mont- Ventoux, 43° ^6' De Nôtre-Dame de la Garde de Marfeille à la tour de rifle de Pommegues, 12 50 Voilà les angles que lafituation du lieu àl le temps qui com-. Physiques, AsTRO'nôMIqTTes et Gêomttrk^ès. 35 mençoic à fe couvrir de tous cotez , nous permirent d'obfer- ver ; par ces angles Se ceux qu'on a pris au Saint Pilon oa à rObfervatoire , on a les diftances fuivantes. Analyfe du Triangle four U dijîance du Pilon du Roi au Mont- Ventoux , & du Saint Pilon au Mont-Ventoux. Côté du Saint Pilon au Pilon du Roi, qui fert de bafe a ce triangle , ^ 5 472- Toifes. Angle au Saint Pilon , 470 j 4' Angle au Pilon du Roi, 118 2.4 Donc angle au Mont-Ventoux, 1 3 41 Analogie pour la diJlance du Pilon du Roi au Mont-Ventoux, Sin : 1 30 41^ I Sin : 470 5:4^ ][ 1 5471 Toifes | 48473 Toifes. Analogie pour la dijîance du S. Pilon au Mont-Ventoux. Sin ; 130 41^1 Sin: 1 18^ 14^ |1 15472. Toifes| 574(3 c> Toifes. Sup. 6\ 16. Analyfe du Triangle four la diJlance du S. Pilon à l'ohfervatoire de Marfeille. Côté du Pilon du Roi au S. Pilon , i 5471 T. Du Pilon du Roi à l'Obfervatoire, 8822. Angle compris , 10^03^'' Analogie four les angles inconnus . 2, 41 9 4 Toifes. Somme des cotez] 66^0 Toifes. Différence des cotez zz- 1| 36° 41^ moitié des angles inconnus 1 1 10 32,^ moitié de la différence. Analogie four la diJlance du Saint Pilon à Pobjèrvaioire de Marfeille, Sin: 48014^1 Sin: 1 0^0 36^11 1 5471 Toifes 1 19880 Toifes. Sup. 73 24. Sçavoir du Pilon du Roi au M ont-Ventoux , 48 47 3 T. Du Saint Pilon au Mont-Ventoux , 5 7 ^^9 Pour la diftance du Saint Pilon à l'Obfervatoire de Marfeille, 15)880 Ce qui eft auffi la diftance de la Sainte Baume , puifque le Saint Pilon eft immédiatement au-deflus. ^Q Observatioks Analyfe du TrÎAngle four la dijlance du Pilon du Rot a Nôtre^ Dame de la. Garde fres de Toulon , & du Saint Pilon à Notre-Dame de la Garde. Au Saint Pilon angle formé du Pilon du Roi , à Nôtre-Dame de la Garde, iii'^ i^ Anele formé au Pilon du Roi du Saint Pilon à Nôtre-Dame de la Garde , 3 5^2. Donc angle à Nôtre-Dame de la Garde , 2, 3 47 Bafede i^/^jzT. Analogie pour la dijlance du Pilon du Roi à N. D. de la Garde. Sin : 23047^1 Sin : 880 55;^ |[ i j472Toires [ 32878 Toifes. Sup. 121 I. Analogie pour la dijlance du S, Pilon a Nôtre-Dame de la Garde près de Toulon. Sin: 2 3047^1 Sin: 350 12^ || 15472 Toifes 1 221 15 Toifes, Analyfe du Triangle pour la dijlance du Pilon du Roi à Sainte Venture , autrement Sainte Vifloire ^ (^ du Saint Pilon a Sainte Venture. Angle formé au S . Pilon , Angle formé au Pilon du Roi , Donc angle à Sainte Venture, Bafe de Analogie pour la dijlance du S. Pilon à Sainte Venture. Sin : j8o[ Sin: 75^1] 15472- Toifes j 17^23 Toifes. Analogie pour la dijlance du Pilon du Roi k Sainte Venture. Sin : 580 1 Sin ; 470 || 1 5472 Toifes | 13343 Toifes. On a de même par la réfolution des triangles la diftance du Pilon du Roi à Notre-Dame de la Garde près de Toulon ^ de 32878 T. Celle du Saint Pilon à N. D. de la Garde près de Toulon, de 22 11 5 La diftance du S. Pilon à Sainte Venture , de 17623 Celle du Pilon du Roi à Sainte Venture , de 13345 Etant fur la terrafle dei'ObfervatoiredeMarfeilk, on a pris 470 G'' 7T 0 58 0 15472 T. pHYSiciUEs, Astronomiques et Géométriques. 41 plis avec le même quart de cercle de 3 pieds de raion , les angles qui écoicnt ncccfï'aires pour trouver les diftances fui- vatites , aïant déjà donné ci-devant les angles qu'on a pris tant au Pilon du Roi qu'au Saint Pilon. Du Pilon du Roi au poulTc-à-pic au-defTus du village de S. Marcel à Thermitage, l'angle après avoir été corrigé, s'eft trouvé de 69^ 34' 30' Du poufTe de S. Marcel au milieu du clocher de N. D. de la Garde prés de Marfeille , 64 16 (y Du poulie de S. Marcel à la roche qui efl dans la méridienne de l'Obfervatoire de Marfeille, Pangle a été trouvé de yj 8 r> Du poufle de Saint Marcel à la Chapelle de S. Tronc fur la Montagne de ce nom , 17 4^ Du milieu du clocher de N. D. de la Garde au milieu de la tour de Tlfle de S.Jean , ou de Pom- megiies, qui efl: l'Ifle la plus Sud des trois qui font dans la rade de Marfeille, 74 16 Ces angles ont tous été vérifiez par deux fois, èc fe (ont trouvez d'accord à fort peu près , le peu de différence qui s'eft trouvée , venant de? points où l'on pointe , qui ne font pas toujours précifément les mêmes. Par ces angles &; ceux qui ont été obfervez au Pilon du Roi rapportez ci- devant , &: par les cotez qu'on a déjà trouvé ci-defl'us, on a les diftances fui- vantes pour la Géographie. Arialyfe dti Triangle four U dîjîance du, Pilon du Roi a N. D. de la Garde de Marfeille , d" de l'Obfervatoire à N. D. de la Garde frés de Marfeille* Angle au Pilon du Roy. Du cap Canaille à l'Obfervatoire, 52.« <^^ De ce cap à N, D. delà Garde, 48 o Refte de N. D. de la Garde à l'Obfervatoire , Angle à l'Obfervatoire. Du Pilon du Roi au pouffe S. Marcel , De ce pouffe à N. D. de la Garde, Somme du Pilon du Roi à N . D. de la Garde , Poaç angle formé à N. D. de la Garde ^ 4 5 ^9 64 34 ^6 134 0 "j^i O B s ERVATIONS Complément de ces deux-là à deux droits , 410^5^ Bafe connue ci-devant 3 .., . 88^2 Tr Analogie pour la diflance du Pilon du Roi à N. D. de la Garde. Sin. 410 5 5M Sin. 1 34» || 8812, Toifcs | 5)4^9 Toifes. Sup. 4^. Analogie pour la dijlance de l'Obfervatoire à N. D. de la Garde, Sin. 410 5 5^[ Sin. 40 5^ \\ 8822 Toifes 1 5^40 Toifes^. Analyfe du Triangle four la diflance du Filon du Roi au roche f qui cfi dans la méridienne de Vohfervatoire , ^ de l'Objer'vaîoire au même rocher. Angle formé au Pilon du Roi, Du cap Canaille à l'Obfervatoire, yio j' De ce cap au rocher de la méridienne , 3^0 Jleftc l'angle de la méridienne à l'Oblervatoire 3 165 Angle formé à l'Obfervatoire, Du Pilon du Roi à S. Marcel, ^9 34 De S. Marcel au rocher de la méridienne, 77 8 Somme angle à l'Obfervatoire, 14^ 42, Donc angle formé à la méridienne ,» 17 13, Côté connu ci-devant , 8 8 2 1 T» ^ui cfl la diflance du Pilon du Roi à l'Obfervatoire, Analogie four la dijlance du Pilon du Roi au rocher de la méridienne. "Sin ; 170 13^1 Sin: 14^0 ^i'\\ 8822 Toifes j 15345 Toifes, Sup. 33 18. Analogie four la dijlance de Vohjer'vaîoire au rocher de la méridienne. Sin : 170 1 3^ ( Sin : 1 60 5' j) 8822 Toifes j 82 J7 Toifes, Analyje du Triangle four la dijlance du Pilon du Roi a Saint Tronc j & de l'ohjervaîoire a Saint Tronc, Angle au Pilon du Roi 1 1 o to^^ Physiqttes Astronomiques, et Géométriques. 4^ Angle à rObfervatoire, 87^ 1 8^ Donc angle à S. Tronc, 71 zi Bafe 882,2, Toifes, Analogie pour la dljlance du Pilon du Roi à S, Tronc, Siii tyro tL^\ S'm: 870 i8^j| 88iiToifes| 9199 Toifes, Analogie pour la àijlance de Vobfervatoire à S, Tronc, Sin:7io ^2.'\ Sin: iioio^]] 88i2,Toifes| 3 38(jToires« Analyfe pour la diflance du Pilon du Roi à Tommegues , (^ de l'obfer'vatoire à la même ijle de Pommegues, Angle au Pilon du Roi. De N. D. de la Garde à Pommegues , 1 2,0 jfo' De N. D. de la Garde à l'Obfervatoire , 4 4? Donc de l'Obfervatoire à Pommegues , % % Angle À l'Ob/èrvatoire, On avoir pris autrefois les angles fuivansqui doivent main- tenant fervir à la réfolution de ce triangle. De la tour de Planier au pouffe par-defîus le village de Carri, 74° i 5^ jo' De Planier à la tour de Pommegues , angle fouf- tra£tif, i(î 18 jo Refte de Pommegues à Carri , 57 45" De Carri au Pilon du Roi , 9 y ^9 Donc de Pommegues au Pilon du Roi , 1 5 1 1 4 Donc angle à Pommegues j 2,0 41: Bafe 882i Toifes« Analogie pour la dijîance du Pilon du Roi à Pommegues, Sin î zoo 41^] Sin : 15 10 i4^|l 882'iToifes| iioi^Toifeîp Pour la diflance de l'Obfervatoire à Pommegues» Sin: 2,00 41/ ] Sin: 8^ j^ j] S8it Toifes |3jixToifes. Du Pilon du Roi à Nôtre-Dame de la Garde près de Mar- feille, 94^9 Toifes. De l'Obfervatoire de Marfeille à Nôtre-Dame de la Garde ^ 940 T. ^ ;^4 Observations Du Pilon du Roi au rocher de la méridienne de rObferva- toire, 1^343 Toifes De rObfcrvatoire au rocher qui efl: dans la mé- ridienne , 8257 Du Pilon du Roi au fommecdeS. Tronc , ^'L^^ De rCbfervatoire au même fommen de Saint Tronc, 3 38<^ Du Pilon duRoiàridedePommegueSj 11019 DerObfervatoireàPommegues, . 3512, Recherche de la dijiance de Vhorïfon apparent du Saint Pilon à la Mer. ~* ,, ■ -» Dans un Mémoire que M. Caffini m'a envoie, il marque que la mejhre moï'enne d'un degré de la circonférence de la terre êji jyioo toifes y laquelle a été établie far les obfervat ions far- tes le long de la méridienne de Paris , depuis l'obfer'uatoire Juf qu'à la montagne de Canigou dans les Pyrennées. Sur cette me- lure nous allons déterminer à quelle diflance eft l'horifon ap- parent de la Mer vue du S. Pilon , ou , ce qui eft le même y combien on voit loin de dcjGfus cette montagne. Plus 2;rande bailcffe de la Mer , Plus petite bailefle , Différence, Moitié de cette différence, Donc moïenne baffefTe, Nous n'aurons pas égard à ces Première anahgîe. Par la moïenne ba/Tcffe. ^o^m 3^00"! jé^ 57' = 3417^11 J7100 T.] 5'4ioo T. qui eft la diftance à laquelle on voit du S. Pilon à la Mer feloa cette mefure , la réfradion étant moïenne. Seconde analogie. Par la pHis grande baflcfte. •. 60' 7= 1^600" \ ^-j' 4j^ =: 34^5^11 J7100 T. ! y49<^o T. qui eft la plus grande dill^ance à laquelle on voie du S. Pilon félon cette mefure , lorfque la réfradion eft la plus grande,^ 57' ■4î' Té 0 I 4y 0 T7 a. J« Î7 I z 3^ /// Physiottes, Astronomiques et Géographiques. 45 Tro'ifîhne analogie* Par la plus petite bafTefle. Co' ziz 3600' I ^6' q'[z=i 3360" Il yyiooT.j 5329oToires, qui ell la plus petite diitaiicea laquelle on voie du S. Pilon fé- lon cette mefure, la rétraction étant la moindre. On voit par-là , que toutes chofes étant égales d'ailleurs , lorfque la réfradion cil: plus grande , on doit voir de la Mer un objet élevé autant que le Saint Pilon de 1670 toifes plus loin, que lorfque laréfradion efl: de \' /i^f de moins; car autant que la réfraction abaifle la Mer vue d'en haut autant éleve-t'elle une montagne vue d'en bas. Que la dif- férence entre la plus grande bafTefle &: la moïenne ne don- ne pas tout-à-fait la moitié de la différence en éloienement . puilqu'elle n'elt que de 760 toifes, &: que la différence en- tre la moïenne &: la plus petite bail'eflè donne 5? 10 toifes & qu'ainfi plus un objet fera élevé , moins il y aura de va- riation dans la réfraâ:(on. Ce qui avoir déjà été confirmé par les comparaifons des bafleffcs de i'horifon de Marfeille & de I'horifon du S. Pilon. On voit encore combien il eft difficile de déterminer par la tangente à I'horifon de la Mer, quand on n'efl que fur des hauteurs médiocres, le diamètre de la terre, puifque la différence d'une minute 45 fécondes, qui vient de la ré- fradion , donne une diftcrence de 1670 toifes à cette tan- gente ; car, à caufe de la petitefle de l'arc, on peut prendre la courbe par la tangente même : or fi la réfradion feule peut introduire une différence dans la tangente , qui efl plus d'une trente-deuxième partie de la tangente même ; quelles feront les autres erreurs qui pourront y être introduites par la difficulté de cette forte d'obf'ervations fi délicates, &: par plufieurs autres endroits ?&: qu'ainfi on a lieu de fe défier des obfervations qui ont été faites ci-devant fans toutes ces précautions. Tout cela caufe beaucoup de variation t^ d'in- certitude dans toutes les autres recherches dans lefquelles on emploie la connoiffance du diamètre de la terre. Ces ré- fl.^xions feront agir avec plus de précautions ceux qui s'ac- tachenc à des recherches d'ailleurs fi necefTaires. Fiij ^^ Observations Recherche de la hauteur de la montagne du S . Pilon far-dejfus la fur face de la Mer, Monflcur Caflini donnant à un degré d'un grand cercle de la terre 57100 toifes, comme on vient de le dire, il s'enfiîit que la circonférence de ce grand cercle fera de 10 j 56000 toifes, &: faifmt l'analogie ordinaire 355 l^^ 3 H 10556000 I 6543177 jff fera le diamètre de ce grand cer- cle de la terre, &: prenant l'angle d'incUnaifon moïennc que nous avons trouvé de 56' 57^'', on trouvera par la fe- cante de cet angle la hauteur du S. Pilon par cette analo^ gie. Sin: tôt :|recante de 56^ 57^''|| 32,71 588 T. | 3271037 toifes de la fecante , qui excède le demi diamètre de la terre de 449 toifes , qui feroient la hauteur du Saint Pilon par- dcfîlis la dirface de la Mer , qui eft une hauteur moins grande que ne nous a donné la hauteur du mercure dans le Baromè- tre de 110 toifes , puifqu'elle a été trouvée de 56^ toifes dans l'article premier. Et fi au lieu de la fecante de 56^ 57% on emploie celle de 57^ 30'' , on aura cette analogie fin ; tôt : jfecante de 57^ 30'^ il 3171588 toifes I 3171045 toifes de la fecante qui ex- cède le demi diamètre de la terre de 457 toifes ; ai nfi l'aug- mentation de 5 ^" dans la fecante , n'a augmenté la hauteuf de la montagne que de 8 toifes , & nous laiffe la monta- gne plus baffe de 1 1 1 toifes que nous ne l'avons trouvée par le Baromètre, Comme nous fommes fort sûrs de la baffcfle de l'horifon de la Mer , que nous avons fouvent obfervée avec foin , &: que d'ailleurs on voit que l'augmentation de plus d'une demi minute n'introduit qu'une petite différence dans la hauteur de la montagne calculée par cette méthode ; il eft plus à propos d'emploier la méthode fuivante à la recherche de cette hauteur de la montagne du Saint Pilon , pour la déterminer avec plus de jufteflé. Nous l'emploierons aufïi' pour la mefure de diverfes autres hauteurs 5 &; on pourra les comparer avec les hauteurs trouvées par l'abaiffement du mercure dans le Baromètre , dont nous avons parle dans le premier article de cet Ecrit. La pointe de la montagne des Béguines qu'on voit très- diftincVement de la terraffe de TObfervatoire de Marfeillc , ^ été trouvée élevée au-deflus de l'horifon de l ^. 40^ Physiques, Astronomiques et Geographiqtjes. 47 par diverfes obrcrvations que j'en ai fait avec foin. Comme on ne voit pas le Saint Pilon de rObfèrvatoire, parce qu'une grofle montagne qui eft au Nord du village d'Aubagnc en dérobe la vue , il faut de la hauteur des Béguines conclurre , - celle du Saint Pilon. Voici la méthode qu'on a fuivi. Dans le triangle BOC , le côté BO eft la diftance de l'Ob- i. Figure. fervatoire à la pointe des Béguines trouvée ci-devant de zo6^o toifes. Le côté OC eft la diftance du centre de la terre à la ter- rafle de rObfervatoire , c'eft-à-dire 31715^2 toifes pour le demi diamètre de la terre ; plus 27 toifes pour la hauteur de la terrafle de l'Obfervatoire au-defl'us de la furface , connue par deux diverfes méthodes , donc OC 1 1 3271^15) toifes. — L'angle BOC de 5) id 40^ compofé d'un droit} plus l'angle de hauteur des Béguines trouvé ci-devant de l'i 40^ Cela étant, pour connoître les angles OBC &c OCB, on a fait cette analogie OC -+ OBzi: 3 25? 2 2(^5» toifes [OC — OBi:= 3250^(^9 toifes 1 [ tangente de 44^ 10^ moitié des angles in- connus I tangente de 4 3 ^^ 49' moitié de la différence. Moitié des angles inconnus , 44^ i o^ Moitié de la différence additive , 4 3 49 Plus grand angle OBC , 87 59 Moitié des angles inconnus , 44 10 Moitié de la différence fouftradive , 4 3 49 Plus petit angle OCB 5 o 21 Analogie pur trouver CB, oc BC Sin : 870 59^ jSin;5)io 40^ || 3271^15? T. | 3272240 Toifes, On trouve donc BC en faifant les calculs ordinaires qu'on ne met pas ici pour abréger de 3272240 toifes , Otantdc cette {bmme 3271592 demi diamètre de la terre, refte 648 T. pour la hau- teur des Béguines par-deflus la Mer. Et parce que la fraâ:ion qui reftoit , la divifîon faite, vaut une toifc à très-peu près , on a la hauteur des Béguines au- .t 4S Observations delRis de la fiuflicc de la Mer , de ^49 T. Le Saint Pilon aécé trouvé plus bas que les Bcgui- ncs, de 83 ' Donc hauteur du Saint Pilon par-deiTus la furface de la Mer, ^66 Hauteur du rocher depuis le Saint Pilon jufqu'à la Sainte Baume j 5-3 Donc hauteur de la Sainte Baume par-defTus la furface de la Mer , j i 5 Hauteur de la Sainte Baume par-deflus le plan d'Aups, . , .. ., 118 Refte la hauteur du plan d'Aups par-defTus la fur- face de la Mer, 395- ' ' • - * . Il Par le Bamnietre on a trouvé ( article premier ) la hau- teur des Béguines de (j j j toifcs , qui s'accorderoit à 6 toifes près avec celle que nous venons de déterminer ; mais comme par le Baromètre qui étoit en ce temps-là en expérience dans la Sale de l'Obfervatoire , on connoît que le mercure ne pou- voie être monte plus haut au bord de laMerque 27 pouces 8 li- gnes & demi , il y auroit une différence fouftradive de 34 toifes : donc par le Baromètre l'on s'écarteroit de 28 toifes par défaut de la hauteur qu'on vient de trouver géométrique- mcnr. 11 fliut faire le même raifonnement pour la hauteur du Saint Pilon, trouvée (article premier ) de 569 toifes par la hauteur du mercure, d'où fi on ôte 34 toifes , comme pour les Béguines, on s'écarteroit de 3 1 toifes par défaut, de celle qu'on vient de déterminer géométriquement. De même pour la Sainte Baume par le baromètre qui y étoir en expérience , on en a la hauteur de 487 toifes , def- quelles ôtant 3 4 toifes pour les raifons rapportées ci-defTus, rcfte 4^ 3 toifes ; mais on vient de la déterminer de 5 i 3 toifes, il y auroit donc une différence défcéVive de 6 o toifes; &: quand ^ on n'auroic pas égard à la correction des 34 toifes , il y auroic toiijours à dire de 2^ toifes. N'aianr point égard auili à cette corrcélion par rapport à la hauteur du plan d'Aups par-defîus la furface de la Mer, trou- ssée par le baromètre de 370 toifes ^ il y auroit une différence défcdivç Physiques, Astp^onomiques et Géométriques. 45 défedive de 25 toifes d'avec la hauteur qu'on vient de dcter- mineu par le calcul géométrique : il s'enîliit de tout ceci , &c de ce qui a été dit dans ce même article premier, que quoique l'on puifTe emploïcr la méthode de mefurer la hauteur du mer- cure dans le baromètre , lorfqu'on n'a pas befoin d'une grande précilion , on ne doit pas s'en fei vir quand il s'agit d'établir fur cette hauteur trouvée quelque point important à TAftro- nomie ou à la Géographie , ce qui va encore être confirmé par la hauteur du Pilon du Roi. Recherche de la hauteur du Vilcn du Rot par-deffus U furface de la Mer. L'angle de hauteur de la pointe du rocher fait en cilindre du Pilon du Roi, par-deflus la terrafle de i'Obfervatoirc, a été trouvé de 20 ,q/ Le côté PO diftance de rObfervatoire au Pilon du Roi, de 8822 T. Le côté O C le même que ci-devant ,eftde 3171^1^ L'angle O du triangle PCO eft de 5)2^ 30^ , c'eft pourquoi pour trouver les angles OPC &: PCO, on fera cette ana- logie. OC-f OP= 3280441 T.| OC — OPn 32^2797 T.|| tangente 43:^ 45^ moitié des angles inconnus | tangente 43» 36 ^moitié de la différence. Moitié des angles inconnus , 430 45/ Moitié de la différence additive , ' J 43 3^ Plus grand angle OPC , ^7 21 Moitié des angles inconnus , 43 4^ Moitié de la dilîetence fouftradive , 43 ■ 7 3^ Plus petit angle OCP , 0^ 9' Analogie four trowver ?C. OC PC Sin 187' 2i^|Sin : 5)2^ 30^ |j 3271^19 T. | 3271^75» T. En faiiant le calcul on trouve le côté PC de 3 27 1 5)75? T. otant de cette fomme 32715^2 du demi diamètre de la terre , refte 387 ro Observations pour la hauteur du Pilou du Roi par-defl.us la furface de la Mer qu'on demandoic. Mais par le baromètre ( article premier ) on a eu cette hau- teur de 375 toifes &: demi, il y auroit donc une différence de 1 1 toifes -i-. Ce qui fait encore voir qu'il y a bien de la variation dans la mefure des montagnes par le baromètre. Mais nous ne nous arrêterons pas plus long- temps fur ce fu- jet, ce que nous avons dit fuffifant, fans en faire de nou- velles expériences. Recherche de U hauteur de Nôtre-Dame de Lt Garde fres de Marfellle. figure 3. De la Sale de l'Obfervatoire , l'angle de hauteur du para- pet du fort de Nôtre-Dame de la Garde, a été trouvé de 4I 18'' icela étant, l'angle COG eft de 941 18'', le côté OC depuis le centre de la terre jufqu'à la hauteur de l'œil , eft de 3^71(^1 6 i le côté OG a été trouvé ci- devant de 940X0 d'où on a l'angle OGC de Sy^Hi' <5(: OCG de i^ & faifant cette analogie Sin : Sy'^ 41^ | Sin : 94^ 18^ || OC = 32.71615 toifes I 3i7i<38i toifes := CG. D'où ôtant le demi diamètre de la terre, on a 89 j toifes pour la hauteur de N. D. de la Garde par-defïus la furface de la Mer , ce qu'il falloit trouver. On ne donne pas ici les calculs pour être plus court» ARTICLE IV. pêtermination de la latitude & longitude des f oints principaux . -ûhfervez. du Saint Pilon & du Pilon du Roi , & diuerfes ohfervations Géographiques faites au Saint Pilon , aux Bé- guines & atf Pilon du Roi^ Es obfervations Géométriques rapportées dans Tarticlc 'précèdent , &: des diftances qui en ont réfulté fuivane îes calculs qu'on en a donné , on trouve la latitude & la lon- gitude des points principaux des triangles qu'on a formé. Voici la méthode qu'on a fuivi pour venir à cette connoif- fafiçe, pHYSiQpESj Astronomiques ET Géométriques, ji Recherche pour la latitude é^ la longitude du Mont-Ventoux, L'angle LEC forme au Pilon du Roi pointant au Mont- Tivn-e i,, ^4' gi^ Ventoux L &: au S. Pilon C , a cté trouvé de 1180-''^ "" ^''"'" L'angle HEC formé au Pilon du Roi pointant au S. PilonC &: àPObfcrvatoire Hj a été trouvé de \o6 ^6 Somme de ces deux angles , 225 Otant cette fomme de 3^0 Refte pour l'angle HEL, en pointant au Mont- Ventoux L , &: à rObfcrvatoire H , r 3 y Le côté EL du Pilon du Roi au Mont-Ventoux,a été trou- vé de 48473 T. Le côté HE de rObfcrvatoireau Pilon du Roi, a été trouvé de 8822 Donc pour trouver les angles inconnus du triangle HEL on rera cette analogie. ^ LE -1- HE = 5725? y toifes] EL — HE =39^51 toifesjl tangente de 22^ 30' moitié des angles inconnus | tangente de 16^0^ moitié de la différence. Moitié des angles inconnus , Moitié de la différence additive. Plus grand angle EHL, Moitié des angles inconnus , Moitié delà différence fouftradivc 3 Plus petit angle HLE 5 6 30 Tour trouver LU dijlance du Mont-Ventoux à lobfervatoire de Marfeille . Sin : 38^ 30M Sin : i 3 5^ ]| 48473 T. ) 55058 T. = LH. EHL. HEL. EL. Maintenant pour trouver la différence en latitude & en longitude du Mont-Ventoux , il faut refondre le triangle rectangle LMH , dont on vient de trouver l'hypotenufe. Dans l'article précèdent on a trouvé l'angle AHE que le Pilon du Roi fait avec le rocher qui eft dans la méridienne de rObfervatoire de 146^ 42^, donc le fupplement EHM eft 33 ' 18^, cet angle étant retranché de l'angle EHL, qu'on G ij > l Ob servations vient de trouver de 38 ' 30' , refte pour l'angle aigu LHM y>^ 1 1^ d'où on forme cette analogie. Four trouver LM dijîance du Mont-Ventoux au méridien . . . ^ de MarJeïlU. Sin : tot:| Sin : ^^ i2.^|l yTojS toifes | 45)5)0 toifes. LHM. HL, LM. Analogie four trouver H M , dijlance du parallèle du Mont" Ventoux à l'Ohfervatojre de Mar/eille. Sin : tôt : 1 Sin : 84'' 4SM 1 J 505 8 T. I y48 3 I T. — HM. HLM. Par l'analife du triangle ELH, on a la diftance du Mont- Ventouxà l'Obfervatoirede Marfcille, de 55058 T» Par l'analife du triangle LHM , on a la diftance du Mont-Ventoux au méridien de Marfeille , de 45>5)o Et pour HM, tliftance des parallèles du Mont- Ventoux & de l'Obfervacoire de Marfeille , 54831 La valeur d'un degré du méridien étant de 57100 toifes ^ une minute vaudra dans un grand cercle 5) 5 2 toifes , &: divi- fant 54831 toifes diftance des parallèles du Mpnt^Ventoux &: de l'Obfervatoire de Marfeille^ on a pour leur différence en latitude dont le Mont-Vcntoux eft plus fcpten- trional , o^ 57^ 3 5^ Mais la latitude de l'Obfervatoire de Marfeille a été trouvée par une très-grande quantité d'obi^er- vations 5 tant des Etoiles que du Soleil j de 43 ip o Donc la latitude & hauteur de pôle du Mont- Vcntoux , 44 16 35 Par les analogies ordinaires , on a la valeur d'une minute du parallèle du Mont-Ventoux égale à 68 i toifes ; c'efl pour^ quoi divifant les 45)5)0 toifes qu'on vient de trouver pour U différence des méridiens de Marfeille &: du Mont-Ventoux par é 8 I , on a 7^ 19'^ dont le Mont-Vcntoux eft plus occiden- tal que Marfeille. Parmi un grand nombre d'obfervations Aftronomiques fai-^ tes en même-temps à Paris &: à Marfeille , foit d'Eclipfes de Lune 5 foit d'Eclipfes de Soleil , foit d'Eclipfes des fatelliteç de Jupiter &: des Ltoiles par 1^ Lune , dont plufieurs font rap- Physiques, Astronomiques et Geometricvbes. y^ portées en divers volumes de l'Hilloire de l'Académie Roïale des Sciences , nous avons beaucoup d'obfervations qui don- nent la différence des méridiens de Paris &c de Marfeille de 1 1^ zq" de temps , plufieurs qui vont \ 12.^ iz\ S>c quelques unes vont à i ^^ tW de temps j c'eft pourquoi prenant un mi- lieu entre toutes ces différences de méridiens, on peut éta- blir la diftcrence des méridiens de Marfeille &: de Paris, donrc Marfeille efl: plus oriental de i z' 10" de temps , lefquelles ré- duites en minutes de degré , valent 7^^ <^' o^ Mais le Mont-Ventoux efl plus occidental que Marfeille, de 7 ^9 Donc le Mont-Ventoux efl plus occidental que Pans à rOb fer vatoire , de i ^7 19 ce qui met le Mont-Ventoux dans la même minute en longi- tude que Monfieur Cafïïni a déterminé dans le bel ouvrage de la Prolongation de la méridienne de Paris ; car M. Caffini établit ia différence des méridiens de Paris &: du Mont- Ventoux de iioi24toifes, lefquelles étant divifées par 6%\ coifes que valent les minutes du parallèle du Mont-Ventoux, donnent z^ y 6^ 2,5* pour diffetence des méridiens de P?iris & 4u Mont-Ventoux. Avignon efl plus oriental que Paris à l'Obfer- vatoire, de 2. 2.G o Donc le M^nt-Ventoux ellplus oriental qu'A- vignon, de 31 41 Dans le dernier voïage que j'ai fait à Saint-Paul- Trois- Châteaux, qui efl la ville duBas-Dauphiné la plus méridio- nale , j'ai trouvé la latitude de 44^^ 2.0' o'' , comme on le dira ci-après , tirée des hauteurs du Soleil prifes au mois de Juin avec le quart de cercle de trois pieds de raïon. J'ai trouvé en ^701 la di^erence en longitude entre Paris &S. Paul, par crois immerfîons du premier fatellite de Jupiter, de 10^ ^o*' de eemps , ou de i^ 55^ dont S. Paul efl plus orientai que paris- La latitude du Mont-Ventoux vient d'être jtTGuvée de 440 \6' i^' Latitude de Saint-Paul-Trois-Châteaux 44 10 o ^ ■ ■■lin J%Jk G ii) y4 Observations Différence dont Saint-Paul-Trois ChâtCciux cfl plus Tcp- tentrional , ^' '^f Longitude du Mont-Vcntoux par rapport à Paris, i"" 57 ^9 Longitude de Saint-Paul par rapport à Paris , 2350 , Différence dont le Mont- Venteux cft pius oriental que Saint-Paul, 11 19 nés glcs Recherche de Li longitude du Mont de Sainte Venture on Suinte Vicioire, itjguYe 4. La différence en latitude entre le Pilon du Roi &: le Mont trian- ^^inte Vcnturc étant de 11'' 45-*, il s'enfuit que ET eft de \\i%6 toifes. On ne peut pas la déterminer comme on a fait celle du Mont-VentouXj faute d'un angle qu'on n'a pas pu obferver. Maintenant dans le triangle TEV , le côté EV a été trouvé par les angles &: calculs rapportez dans l'article troifiéme, de ^ Î3343 toifes ; l'angle en T eft droit, on fera donc cette analogie pour trouver les angles TVE bc TEV. EV rz 1 3 3 4 3 toifes I ET zz i n 8 6 toifes | \ Sin : tôt : j Sin : 56^ 58^ pour l'angle TVE. ,^,. Analogie four trounjer TV * Sin: tôt: 1 Sin : 330 1^ || 1 3343 toifes 17273=: TV» TEV. Et le côté TV fe trouve de 72-7 3 toifes. Car le finus tôt : | Sin : 3 3^ 2,M| 1 3 343 toifes | ji-j i toifes ^' pour TV. Mais OE différence des méridiens de Marfcille & du Pilon du Roi eft de 4843 toifes , comme on le verra ci-aprés : donc OE -i- TV r= I II I ^ toifes pour la différence des méridiens c de Marfeille & du Mont Sainte Venture. Maintenant pour trouver les toifes qu'il faut pour une mi- nute du parallèle de Sainte Venture, qui eft 43^ 38% on fera cette analogie. Sin : tôt: I Sin: 4(3'- 11" CGmp.|| 951 T. 1^85) T. pour cha- de4 3 38 que minute de ce parallèle. Physk^es, Astronomiques et Géométriques, jj Et divifanc izii6 toifes qu'on vient de trouver pour la dif- férence des méridiens de Marfeillc &; du Mont Sainte Ven- ture par 6^9 toifes, on aura 17' 3^^'' dont le Mont Sainte Venture eft plus oriental que Marfeille. Longitude de Marfeille par rapport à Paris , 5^ ^^ o' Sainte Venture plus oriental que Marfeille , de 1735" Donc longitude de Sainte Venture par rap- port à Paris, 3 li 35- cure. Ce qu'il falloit déterminer. Recherche de la latitude & de la longitude du Pilon du Roi. L'angle EH A pointant au Pilon du Roi &: au rocher qui Mêmevi^ efl dans la méridienne de rObfervatoire, aéré trouvé fur la terraffe de l'Obfervatoire de 1^6^^ 41^, comme il a été dit dans l'article troifiéme ,• c'cil pourquoi fon fupplement OHE fera de 33^18^, & l'autre angle HEO du triangle redangle OHE, fera de ^6^ 41^ j l'hypotenufe HE eft de SSiz toifes, comme il a été dit ci-devant ; c'eft pourquoi pour avoir HO différence en latitude du Pilon du Roi à l'Obfervatoire dç Marfeille , on fera cette analogie. Sin: tot;j Sin : j^^z^ySSii, toifes] 7373 toifes. HE. HO. Analogie pour OE différence en longitude, Sin: tôt :| Sin : 33° i8^|l 88iz toifes Î4843 toifes r= OE. HE. On a donc HO différence en latitude , de 7 3 7 3 T. Et OE différence en longitude , de 4843 La latitude de l'Obfervatoire de Marfeille eft de 43 >^i \<^' o* Différence en latitude dont le Pilon du Roi eft plus feptentrional , 7 44 Donc latitude du Pilon du Roi, 43 z6 44 On a cette différence de 7^ 44^'' en divifant 7373 toifes par ^yj, toifes qu'il faut pour une minute de degré d'un grand cercle. Pour avoir les minutes du parallèle du Pilon du Roi, on fera cette analogie, Sin : tôt : |Sin : complément de 43° 2.6'\\$^% toifes |^pi Coifes pour une minute de ce parallèle. fx divifant 4845 toifes différence des méridiens de rObfer» 5^ Observations vacoirc &: Ju Pilon du Roi par 6^1 toifcs , on a précifémcnc -y'' de degré donc le Pilon du Roi cft plus ovicntal : c'cfl pourquoi la longitude de Marfcille par rapport à Paris écanc de * 30 5^0^ &: le Pilon du Roi étant plus oriental que Mar- fcille de 70 on a la longitude du Pilon du Roi , de j i ^ o ce qu'il falloir encore trouver. . . Recherche de la latitude & de la longitude du Saint Pilon dr de ^ ^ - la Sainte Baume, ■Figure 4. On a trouvé ci-devant l'angle EHO de 5 3 ^ i S''. Cet angle ^/.l''"""" ^^ ^^ "^^^""^ ^"^ ^^^ ' l'angle EHC aéte trouvé ci-defius ( article troifiéme ) de 48 ' i4^Donc l'angle total CHN du triangle rectangle CNH, fera de 81^ 32-' , & l'angle NCH du même triangle fera de 8 ^ 2,8^ j l'hypotcnufc HC a été trou- vée de 19880 toifcs. De ces principes on aura la latitude S^ ^ la longitude du S. Pilon comme s'en fuit. Analogie pour trouver HN , différence en latitude, Sin:tot : tSin : 8' z%'\\ 15(880 toifes j 2927 toifes. NCH. HC. HN. Analogie pour trouver CN , différence en longitude. Sin : tôt : I Sin : 8 1<^ 32^11 15» 880 toifes I 15x^^3 toifes. NHC. HC. CN, La différence en latitude HN réfulte donc de 2,5)2.7 T» Et la différence en longitude CN , de 1^66^ Les 2927 toifcs de difti-rence en latitude étant divifées par «) 5 i toifcs qui conviennent à une minute de degré d'un grand cercle , la différence en latitude vaut 3^4* Mais la latitude de l'Obfervatoire de Marfeille , eft de . . 43J 19' o'^ Donc la latitude du Saint Pilon ^ &: par confe- qucnt de la Sainte Baume, eft de 43 22 4 "' Par les obfervations rapportées ci-devant article fécond , on a trouvé la Unitude par trois diverfes hauteurs méridiennes 4ia5ûlcilentre43 ii^ 10^ &: 43ozi^4o''', CelJe-cines'écarte que Physiqjœs, Astronomiques ET Géométriques. 57 que de zû^' de robfervaàon géométrique j c'eft pourquoi pour faire un compte rond , on déterminera la latitude du Saint Pilon , de 43^1 ii' 3 7 toifes 11 Sin ; total Sin : 5;^o ^^ de FER, Analof^ie -pour tYoïrjer RF, Sin :tot :|Sin : 370 y y']] 31878 toifes] 10 198 toifes, FER. EF. RF. L'angle FER eft donc de yi'^ 5^, 6^ le côté FR de 10198 T. Dans le rcdangle EOPR , le côté PR efl: égal au côté OE j ajoutant PR à FR , on aura 4845 toifes <-4- 10198 zz 2,5041 toifes égales à PF pour la difFerence en longitude entre l'Ob- fervatoire dc Marfeille &: N. D. do. la Garde près dc Tou- lon. Maintenant pour avoir le nombre des toifes qu'il faut pour une minute du parallèle de N. D. de la Garde , on fer^ cette analogie. Sin : tôt : i Sin : 41° j 8^ 1 1 9 5 1 toifes j (^9 6 toifes, comp.47 1. 0\\ a donc 6^G toifes par minute de ce parallèle , ce qu'il falloit fçavoir pour trouver la longitude de N, D. de la Garde de Toulon de cette manière. Divifant PF nr: 15041 toifes par 6s>^ toifes , on a pour dif- férence des méridiens de Marfeille &: de N. D. de la Garde près de Toulon plus oriental , 5 5^ 5 ^'^ Mais Marfeille efl par rapport à Paris , à 3^ 5 ^ Donc N. D. de la Garde de Toulon eft plus ptjental que Paris de 3 40 jS Physiques Astronomiques, et Géométriques, y^ Mais Toulon elt encore plus oriental que N. D. de la Garde comme on le verra ci-après, il y a donc encore à corriger pour la longicude de cecce ville ; mais avant d'en venir-là, il eft à propos de cherclier la latitude &: longitude de Nôtre-Dame de la Garde par une autre méthode qui foit géométrique. Recherche de la latitude & lo?2gitude de Nôtre-Dame de la Garde ■ ■ ' près de Toulon. . Comme on n'étoic pas content de ce qu'on fuppofoit dans la recherche précédente, la difîerence en latitude entre Mar- feille &:N. D. de la Garde de Toulon de 15)^ 30^ , on s'atta- cha à confiderer attentivement la figure des triangles, pour voir (i onne pourroitpoint trouver l'angle AEF , formé au Pilon du Roi en pointant au rocher qui eft dans la méridienne de MarfeiUe , &: à N. D. de la Garde près de Toulon , parce qu'on n'avoit point pris cet angle lorfqu'on étoic au Pilon du Roi : mais on conclud la valeur de cet angle par cette méthode. Etant au Pilon du Roi , en pointant au Saint Pilon & au cap Canaille qui eft près de CaiTis , l'angle a été trouvé de 5-40 31^ ©'^ . Du cap Canaille au point du rocher qui eft dans la méridienne, 3<3 o o Donc angle total AEC formé au Pilon du Roi en pointant au rocher de la méridienne &: au Saint Pilon, 5)0 31 o Mais l'angle CEF formé au Pilon du Roi en pointant au Saint Pilon , iSc à N. D. de la Garde près de Toulon , a été trouve de 3 y 11 Otant cet angle de l'angle total, refte l'angle AEF formé au Pilon du Roi , &: terminé au ro- cher de la méridienne, &:àN.D.de la Garde près de Toulon , de y y 15; o Le côté EF du triangle AEF a été trouve ( article troifiéme pag.4o^)de ^ ^ 32878 T. Le cô:é AE du Pilon du Roi au rocher de la méridienne, a été trouvé ( article troifiémc pag. 42, ) de 16343 T. Hij 6o Observations Rcftc à trouver les angles EAF & AFE, Sc le côte AF d\l triangle AEF , l'angle compris AEF cil de Somme des angles inconnus , -i^^ Moitié des angles inconnus , Moitié de la dilïcrence , Plus grand angle FAE, Moitié des angles inconnus, Moitié de la différence , Plus petit angle AFE, ^ EF -+ AE = 45)111 toifcs, EF — AE— 16^3 j toife^. 5 5' 19' I 79 60 124 41 61^ >20^ 30' 3^ 3P 94 59 30 6z 20 30 3^ 39 te, 41 30 Analogie pour les angles inconnus A dr F. 45)2 21 T. Somme des cotez 1 1 (j y 3 y Tcifes. Différence àc% cotez II Tangente ^2^ 20^ | Tangente 32° 39^ Moitié des ang. incon. DilF. dss ang. inconn. Analogie pour trouver A F dijîance du rocher de la yneridienne ^ N.D, de la Garde près de Toulon. Sin : 29041^ 3o^lSin : y^o '^9'\\ 1^343 T.| 271 34T. AFE. AEF. AE. AF. On a donc pour AF diftance du rocher de la méridienne \ i'Obfervatoire de Marfeille , à N. D. de la Garde près de Toulon, 271 34 toiles. Le côté du triangle AEF étant connu, nous facilitera la réfolution du triangle AHF qui nous eil necefTaire pour dé- terminer la latitude ôd la longitude de N. D. de la Garde près de Toulon, . * Analjfe du triangle AHF pour la diflance de I'Obfervatoire À N. D. de la Garde près de Toulon. L'angle EAF vient d'être trouvé de 940 59^ ^o*. L'angle H AE formé au rocher de la méridien- ne pointant à rObfe?:vatoirc ^ au Pilon du Roi 5 Physiques Astronomiques, et Géométriques. 6i i été trouvé (" article 3. pag. 42.. ) 17 13 ■^ If I r Donc l'angle total HAF pointant à rObfcrva- toire ÔC à N. D. de la Garde près de Toulon, fera de 1111250 Le côté AF diftancc du rocher de la méridienne à N . D . de la Garde près de Toulon a été trouve dans la réfolution du triangle précèdent , de 27 1 3 4 T. Le côté HA diftance de rObfervatoire au rocher de la mé- ridienne , a été trouvé ( art. 3 . pag. 42. j de 8257 T. Sur ces éléments on refont le triangle AFH. AF -+ HA=: 3^9^ ^' ^omme des côrez. A F — H A zz: 1 8 8 77 T, différence des cotez. Angle HAF, 112012^30* 179 y9 60 Sommes des angles inconnus , ♦ Moitié des angles inconnus , Moitié de la différence , Plus grand angle AHF , Moitié des angles inconnus , Moitié de la différence , Plus petit angle AFH , Analogie pour les angles inconnus Hd^ F. • 55391 T. fomme des cotez. | 18877 T. différence des co- tez. Il 3 30 5 3^ 4^^" tangente de la moitié des angles | 195 43^ tangente de la différence. Dont l'analyfe donne le plus grand angle AHF , de 5 V^ )^^ ^5^ Le plus petit AFH , de 14 1045 Analogie pour trouver H F du triangle AHF, Sin. 140 10^ 45^''! Sin. II 20 12^ 30^ HAF II 82 57 T. 1 31229T. AFH. Sup. 67 47 30 HA. HF. On a donc pour HF diftance de f Obfervatoire de Marfeillc à N . D. de la Garde près de Toulon , 3 1 229 T, ; H ig 6y 47 30 33 n 45 19 43 0 5 3 3^ 4^ 33 53 4^ 15? 43 0 14 10 4J ^i Observations Reftc à refondre letrianglc rcdanglc HFP , pour dctermî- neu la longitud:: èc la iatiiudc de N. D. de la Garde près de Toulon, en les comparant avec la longitude &: latirude de Marfeille. On vient de trouver riiypotenufe H.F , de 3 1 1 19 T^ . L'angle AHF ou PHF a été trouvé de 5 5° 5^^ ^5^ ,, Donc l'angle PFFi, ell de 3(3 13 15. première analogie pour trounjer PH , diJjcYence en latitude- de Marfeille à N.B. de la Garde près de Joulo?!. Sîn:tot: 1 Sin : 36° 13^ 15 || 312,19 T.) 18528 T. PFH. HF. PH. Donc PH différence en latitude de Marfeille à M. D. de la- Garde près de Toulon , eil de ïSjiST» Seconde analogie pour trouver VV , différence en longitude de ces deux lieux, Sin: tôt: j Sin : j 50 36'' 45^ ij 3 1115) T. | ly 1 36 Toifes. PHF. ' HF. PF. On a PF différence en longitude de ces deux lieux, ^e 251 3^ To- Maintenant en divifant les 18528 toifes de la différence en latitude par 952 toifes qui conviennent aune minute d'un grand cercle^ on a 15) minutes 32 fécondes pour différence en latitude i^' t^z'^ Latitude de Marfeille qui eft plus Nord 43° i^ o- Donc latitude de Nôtre- Dame de la Garde près de Toulon, 42 5^9 2^ qu'il falloit premièrement déterminer. La même à deux fé- condes près de celle qu'on avoir fuppofé dans la recherche précédente. Divifant les 2513^ toifes de la différence en longitude, par 696 toifes qui conviennent au parallèle de 43^^jOn a pour différence en longitude , 3 6' o'* Mais par rapport à Paris, Marfeille eft à '3050 Donc N. D. de la Garde eft plus oriental que Paris à rObfervatoire 3 de , 3 41 c ^HYSIQ^ES, ASTR0K0MIQI)ESET GeOMETRÏQTJES. ^3 m deux fécondes près de la longitude qui a été décci minée par la première méthode. L'accord de ces deux méthodes fondées . fur des calculs Sc des angles différents , fait voir que les cotez. :&C les angles fur lefquels ont été réfolus les triangles nccciTai- cespour cette détermination , font exa£i:s« Méfie xi^ns fur la longitude de Toulon, De la détermination de la longitude du Saint Pilon &r de N. D. de la Garde près de Toulon , il s'enfuit que Toulon eft •plus oriental qu'il n'elt marqué fur les Cartes., &c même dans le livre de laConnoillance des temps, de quelques minutes ; car il eil plus oriental que le S. Pilon que nous avons trouvé ci-devant de 3'^ 33'' 24^, au lieu qu'il fè trouveroit prefqne fous le même méridien , étant marqué à 3 ^ 3 ^ ^ cependant c'cfc le milieu des Ifles des Ambiezqui eft dans le méridien du S. Pilon ; com.me on Fa fait voir dans l'article fécond , bc Tou- lon refle à l'Orient de ces Ifles ; Nôtre- Dame de la Garde efb encore à l'occident de Toulon , comme on le fera voir bien- tôt. Mais on vient de déterminer la longitude de N. D. de la Garde à 3^ 41^ o''^ i il s'enfuit donc que Toulon eil plus oriental de quelques minutes. Comme la différence en lon- gitude de cette ville & de Paris à l'Obfervatoire a été trou- vée par une feule immerfîon du premier fatellite de Jupiter 5 rapportée dans le livre des Voïages de l'Académie pag 87 , ii cfî aifé de s'y tromper de 20 â 30'', ce qui introduit une différence decinqàfept minutes. Cette erreur n'eft pas fort fenfibkdans les lieux fort éloignez, n'étant pas plus grande dans la comparaifon des obfervations faites à mille lieues l'une de TautrCj que dans celles qui font faites à vingt lieues, & même dans le même lieu , dans lefquels cette erreur de- vient très-fenfible. Mais les meilleures obrërvations ne fçau- roient aller à une plus grande précifion : c'eft pourquoi dans les lieux qui font à peu de diftance l'un de l'autre, il faut toujours préférer les obfervations géométriques aux aftro- iiomiques , quand même les unes ic les autres feroient fai- tes avec une égale jufteflé. 6^ Observations Âecherche de la différence ^n latitude & ea longitude de Toulon il N. D de la Garde près de Toulon. Dans l'incertitude où j'étois fi Toulon rcftoit préciréraent: Nord &: Sud avec Nôcre-Dame de la Garde près de Tou- lon , ( car ia recherche de ce dernier point eft principalcmcnc utile pour la décermination de la longitude de Toulon ) dans cette incertitude , dis-jc , j'écrivis au ProfciTcur Roial des Mathcmatiqucs à Toulon. Je ne penfois pas qu'il fe donna autant de foins qu'il en a pris pour cette recherche ; ce qu'il m'a communiqué fcnt fi fore la préciiion &: la juflcilc géomé- trique j que je ne ferai que tranfcrire fa lettre. j'igure^. \^. „ Vous ne ferez pas furpris de mon retardement à vous ,j répondre , quand vous aurez achevé la lecture de cette 33 lettre. 5, D'abord j'^ai fait toifer une bafe AP fur le bord de la Mer „ entre le Port neuf &: la poudrière de Micaud, à l'endroit „ qu'on nomme rAtterrilTement ; on l'a toifee trois fois dif- „ferentes, & foit en allant, foit en revenant on a trouvé .jle même nombre de toifes, de pieds, &: même de pouces, j. On s'allignoit toujours avec fix perches à diftances égales; „ avec ces précautions bc d'autres encore que j'omets , la bafe „ AP a été prife de 650 toifes jufte. 2-0. ^5 Avec un quart de cercle de deux pieds de ra'ion , fur 35, les divifions duquel on diftingue aifcmenc i 5'^, &: on peut „cn diftinguer jufqu'à lo^''. Ow a pris d'abord les angles dtt- „ triangle APG. Pour cela on a mis le quart de cercle exade- „ ment dans le plan de ce triangle , &: l'on n'a point cru qu'il y „ fut que quand fix perfonnes, &; entr'autrcs le P. Thioly, font 35 font convenues qu'il y étoit , après y avoir pîufieurs fois &: _53 foigneufemcnt pris garde > on a eu ainfi l'angle APG &: „ l'angle PAG. Les deux angles GPB bc GAB ont été pris „ après avoir mis avec un fcrupule infini le cheveu du plomb 5^ fur la ligne de foi. 3'oubliois à vous dire que l'angle APG 3, étant obtus 3 on le partagea en deux, qui fe terminoient 3, à trois points 3 outre le iommet Pj ces trois points font, 3, le fommet de la tour de N. D. de la-Garde, la Croix des j, Signaux qui cft au- defïus du cap Sepet, & le point A qui y^ efl vers le bout de l'attcrriflement du côté du Port neuf , où nous Physiques , Astronomiques et Géométriques. (î; nous avions un homme avec une longue perche , au bout" de laquelle écoit un lîgnal blanc. Cela fuc fait afin de n'ê- " tre pas obli^^'é de renverlcr le quart de cercle, Se aufli afin" de demeurer plus exademcnt éc plus sûrement dans le plan " du triangle Al' G, " 30. G. Nôtre-Dame de la Garde. " MemeFl^ O. Pavillon des Jcfuitcs fervant d'Obfervatoire. " ^"*''' AB. Alignement du corps-de-logis fur la rue. " A. Commencement de la bafe prife fur l'atterriiTement. " P. Fin de la bafe fur le même atterriffemenc vers la Pou- " dricre. " E. Clocher de la grande Eglife. " H. Horloge du pavillon du parc. « Longueurs connues. AP. .^50 T. o Pieds, « OE. iji 3 " OH. 1^6 5 " 40. Voici donc les angles qui ont été " trouvez, APGdei39^. 8^" Nous avons obfervé &: pris ces an- PAG 3^ 41 " gles deux fois différentes à divers jours, Qpg toujours de beau temps. GAB 1 30." Z 11 Les trois triangles réfolus nous ont GP de 42 1 2 T." donné A G 4723 " &: GB une fois de 183 toifes 3 pieds : l'autrefois de 181 « toifes 2 pieds. ^ La hauteur de GB moïenne entre 183 toifes 3 pieds , & «« T 8 1 t^âfes 2 pieds , cft de 1 8 2 T. 2 pieds. ^^ I/f ?uoù nous obfervions^ ^ étoit au-defllis de la Mer , [au point A de 8 pieds 3 pouc. <^ comptant la hauteur du fol àc f au point P de 7 pieds. « celle de rinftrument. J « Ainfi la hauteur moïenne cferinflrunient « au-deilus de la Mer , 7 pieds 7 pouc. " ajoûrnrt les deux hauteurs moiennes, <'« vient pour GB ,. 183 T. 4 pieds 4 pouc. «« X ^^ Observations yo. „ De la plus haute fale de nôtre pavillon, qui nous a fcrvi d'Obfervatoire , nous avons pris Télevation du fommec , de la cour de N. D. de la Garde pardeflus cet Obfcrvacoire, j, qui a été trouvée plus de vingt fois avec ce même quart de „ cercle de i'^ 5 3^. J'avois fait niveler avec foin depuis le bord „de la Mer pris vers le Chantier de conftrudion , jufquau „ pied de nôtre maifon , &c de-là jufquau pavé de nôtre cour , „ en fuite avec un cordeau bien travaillé, gaudronné, Se divifé ,, en toifes 'nous avons toifc la hauteur du fol de cette fale au- „ dcflus du pavé de nôtre cour , à laquelle nous avons ajouté „ la hauteur de l'inihuinent, &: toutes ces hauteurs ajoutées ,, enfcmble nous ont donné la hauteur de nôtre Obfervatoire 5, au-deflus de la Mer , de 11 T. y pieds z pouc. ,, Icfqucl les ôtécs dcGB 1834 4 j, laiflcnt pour la hauteur de Nôtre-Dame de la Garde au- „ deflus de l'Obfervatoire , 170 T. j pieds t pouc. „ Mais afin que la hauteur de N. D. de la Garde par-delTus „ rObfervatoire étant fuppofée un peu plus grande, la diftan- „ ce le fut auiTi , afin aulh que le calcul en fut plus net , j'ai 3, fuppofé cette hauteur de 171 toifes juftcsi 6c fuppofant telle „ cette hauteur , il m'eft venu pour la dilbnce horifontale de ,, nôtre Obfervatoire à N. D. de la Garde , c*efl-à-dire pour „ la ligne OB, yioo T. 3 pieds 3 pouc. 6». j, Nous avons pris dans nôtre Obfervatoire une meri- 3, dienne en nous fervant d'un gnomon de 6 pieds de hauteur : „ on n'a épargné ni le foin ni la peine pour avoir cette meri- j, dienne jufte. On a enfuite établi dans fon plan z. filets bien 5, verticaux , Se c'ed avec cette méridienne marquée d'un trait 5, plus fort fur la figure,qu'on a pris l'angle lOB, l'angle FOE, „ de l'angle LOH. ( lO, FO , LO , font trois fegments de „ la méridienne, faits par les trois perpendiculaires IB, FE, „ LH tirées fur la méridienne des trois points, jo. De Nôtre- ,j Dame de la Garde, z^. Du clocher de la grande Eglife de ,j Toulon , &: 3 \ de l'horloge du Parc. ) Ces trois angles pris ^, Se repris jufqu'à fe laiTer, fe font trouvez , „ lOB de 40 ^ 7^ ainfi IBO de 49^ j 3^ ^, FOE 4y II. FEO 44 49. ^, LOH 40 34. LHO 49 z6. 7^\ ^5 La ligne OB de 5 zoo toifes z pieds 3 pouces, avec les Physiques , Astronomiques et Géométriques, ^j .angles connus IOB&: IBO, nous ont donné pour la difïe- " rence en bcitude de nôtre Oblervacoire à Nôcre-Dame de " la Garde lO, 5^77 T. " pour la diifcrence en longitude de rObfervatoire " à N. D. de la Garde BI , 33^1 « cela a été trouvé par les logarithmes , &: vérifié par les fom- *' mes des quarrez de lO &: de BI , qui ont été trouvées égales " au quarré de O B, autant que la natuue des racines non exac- " tes lepeut fouiîrir. « Les -^^jj toifes divifses par cjyi toifes nous ont donné " 4' 10^, &: des tierces que j'ai négligées. Ainfi nôtre Obfer- " vatoire efl plus Nord que N. D. de la Garde de 4^10^." Les 3 5 j I toifes de diftérence en longitude réduites fur le " parallèle de 43*^ 5^ , nous ont donné 4^ 48^ dont nôtre Ob- " îervatoire elt plus à l'Eft que N . D. de la Garde. " 8 \ Sur un plan de Toulon à grand point , levé par ordre " de Monfîeur de Segnelay , où toutes les rues, les places & le " contour de l'ancienne ville avoient été marqués tort exacte- " ment, &: fur lequel après y avoir tracé nôtre méridienne que " nous avions pris avec tant de foin , les angles qu'elle fait " avec le clocher de la grande Eglife , &r avec Fhorloge du " Parc , fe font trouvez les mêmes que nous \qs avions déter- " minez. Sur ce plan , dis-je, la diftance de nôtre Obferva- " tion jufqu'au clocher de la grande Eglife de Toulon , eft'* de 232 T. 3 pieds.** avec cette diftance & l'angle FEO de 44'^ 49^ , nous avons " trouvé OF de I ^3 T. qui réduites en fécondes de latitude, " nous ont donné i o" & des tierces que j'ai négligé. Donc le " clocher de la grande Eglife eft plus Nord que N. D. de la " Garde, de 4^<« Or M mfieur de la Hire met Toulon à 43^ é' 40^ de lati- " Voiages tude , &: les obfervations ont été rapportées à la grande Egli- " ^^ i^Aca-^, ie : donc la grande Eglife de Toulon étant par les 43»^ 6' 40''', " '^^"'^^' N. D. de la Garde fera par les 43^' ^' /\o" , « Nous avons de plus trouvé EF ( différence en longitude" de nôtre Obfervatoire &: de la grande Eglife ) de 1 65* toifes, " qui réduites en fécondes de longitude , nous ont donné 14''' " & des tierces que nous avons négligées. Ajoutons les deux " différences en longitude de N. D. de la Garde à nôtre Ob- <* ^8 Observation $ „ fervatoirc , &: de nôtre Obfervatoire à la grande Eglife, ccÎ3 „ nous a donné j^ i^ donc la grande Eglife de Toulon eft plus j,à l'Eft ^uc N. D. de la Garde, On ne peut apporter plus de précautions &: plus de préci- iion qu'on en remarque dans la méthode dont on s'eft fervi pour déterminer la poiicion de N . D. de la Garde ; Voici ce qu'on en peut tirer pour la longitude de Toulon. On a déterminé ci-deiîus la longitude de N. D. de la Garde par rapport à Paris , de 3.° 4^^ <^^. Mais Toulon par les obfervations qu'on vient de rapporter , eft plus oriental que Nôtre-Dame de la Garde , de ^ z Donc longitude de Toulon par rapport à Paris, j ^6 z dont Toulon eft plus oriental. On. ne doit pas ^voir égard à ces i* ; mais par la Connoiilance des Temps , cette longitude ejl de , - 3 55 différence de ces longitudes , ï i qui répondent à 44 fécondes de temps. Nous fommes en différence pour la latitude fuivant mes ob- fervations, &: celles du Profeffeur de Toulon touchant N. D , de la Garde de y \i" . Les nouvelles obfervations qu'on pourra faire aifément à Toulon , tant pour la latitude que pour la longitude , pourront aider à vérifier ces deux points, "^Volages Monfieur Caffmi * établit la latitude de N. D. de la Garde de l'Aca- pj.^3 jg Toulou de 42^^ 58' ^o^' plus méridionale que moi ,^e^m:e.,pa2. (^'^^^e minute , &: de 4^ i o'^ qu'elle ne l'eft par l'obfervatioa ^ le calcul du Profeffeur de Toulon, ' ' Recherche de la latitude ^ longitude de Vljle de Pommegues ot^ de S, jean, v'tgure 4. Nous avons trouvé ( article troifiéme pag. 43 .) lE diftance des trian- ^^^ Pilon du Roi à la tour du fort de l'Ifle de Pomme^ues ou • ' de S. Jean de i zo 1 9 toifcs. HO a été trouvée ( article 4. pag, 5y.)de 7373 toifcs. HS eft de i^ôétoifes. Donc la toute OS eft de 0059 toifcs : mais EQ^eft égal 2iOS dans le refban? gle QEQS : donc dans le triangle redangle IQ,£ , dont nous Physiques, Astronomiques et Geometrïcï^es. t?^" :«vons rhypocenufe &: le coté Q£, refte à trouver l'angle lEQ^, & le côté QI, Analogie four trou ver t angle lE^^ du triangle I.^ . lEniiioipT. jEQi:::^035> T.|| Sin :tot : j Siii: 48^4^^ rip^re 4.., pour 1 angle EIQ. ^i^,^ Analogie pour trouver le coté Indifférence des méridiens dtp Filon du Roi & de r Ijle de Pommegues. Sin:tot:lSin: 41° 14^ |1 I20l5> T. =: El. I7912. T.= IQ^ L'angle EIQj^ft donc de 48 ^ 46^ , &: le côté IQdiftl'rcnce «des méridiens du Pilon du Roi &: de l'Ifle de Pommegues ^ 4c J9ZZ T, Comme on voit dans Tanalogle fuivantc . Recranchant delQ^ OE=z SQ^difterence des méridiens du Pilon du Roi &: de l'Obfervatoire de MarfeiUe , relte pour k difFer ence des méridiens de Tlfle de Pommegues àc de TOb- fervatoire de MarfeiUe , 3079 toifes, lefquelles écant divi- ièQS par ^9 3 toifes qui conviennent à une mmute du parallèle de Pommegues, donnent 4'' ^o" dont rifle de Pommegues elt plus occidentale que i'Obrervatoire de MarfeiUe j fa lon- gitude par rapporta Paris, 3° 5^ o* Différence dont Pommegues eft plus occidental , 4 3 c> -* Twm- Il Relie la longitude de l'Ifle de Pommegues par îapport à Paris, de 30 30 ce qui peut fervir en cas qu'on alla quelque jour faire des ob- iervations dans cette Ifle qui feroit commode pour cela;&: parce que c'efl; la principale des trois Ifles qui forment avec la cpiQ la rade de MarfeiUe, auprès defquelles les Vaifleaux -ont de fort bons mouillages, où ils refl:ent ordinairement à l'ancre avant que de mettre à la voile, ou lorfqu'ils reviennenf v Mon t-V e n t o tj x. 79 de toutes fortes de grains , des vignes &: même des prai- ries. Va ruiileau qui vient du Mont-Ventoux pafle au pied des murailles de Bédouin, quoique ce ruifl'cau foie aflcz petit, il fait fouvent bien du ravage dans le Pais, quand il y a des pluies &c tempères fur la montagne, comme il avoit fait le 2,1 de Juin , trois jours avant que j'y arrivafTe. Les RR, PP. Dominicains de la Réforme du P. Antoinie qui ont un Couvent à Bcdoiiui , me firent beaucoup d'hon- nêtctcz , &: ne fouffrirent pas que je reftafle au cabaret , ils voulurent abiblument me loger chez eux ; &: le R. P. Prieur avec un autre de ces Pères eut la complaifance de m'accompagner au Mont-Ventoux. Je reçus aufli beaucoup de fecours &: d'honnêtetez de M. le Curé du lieu &: de Melfieurs les Ecclefiaftiques qui demeurent à Bedoiiin , donc un voulut aufli m'accompagner fur la montagne. Le 2j Juin au matin je fis l'expérience du Baromètre ea prefence de toute la compagnie dont je viens de parler, donc quelques-uns m'aidèrent à charger leBaromecre. Aianc nétoïé le mercure à l'ordinaire , le tube fut chargé 8c vuidé exadcment des ampoules d'air , qui refte toujours mêlé avec le mercure quand on le charge : on plongea le tube dans le mercure qui étoit dans un vafe , le vuide fe fit à l'ordi- naire ; & aïanc mefuré la hauceur du mercure dans le cube, •la première expérience donna pour hauteur 16 pouces 10 lignes &: demi. La féconde expérience dans laquelle on vuida encore plus exadement les ampoules d'air qui étoient mê- lées dans le tube avec le mercure , donna feulement 16 pouc. ïolig. de hauteur du mercure. Je pris des mulets du Pais qui montent fouvent le Mont- Ventoux pour aller chercher de la neige , qu'ils portent cn- fuite dans le Comtat ; nous chargeâmes fur ces mulets les inftruments & provifions necefïaires dans un lieu où nous ne devions rien trouver , &: où nous fçavions que l'appetic ne nous manqueroit pas. Nous montâmes fur d'autres mu- lets , & partîmes de Bedoiiin le z 5 Juin à deux heures &: demi l'après midi. Au fortir de ce lieu on commence à monter , Se on monte trois lieues fans trouver une toife de plain pais. La première lieuë le chemin eft aflez beau , mais comme il n'eft couvert d'aucun arbre , nous y fouftrîmes beau- coup de la chaleur , fur-tout en paflant dans des ravines &z So Observations faites dans le Voyage fondrières couvertes de rocailles, qui rcflechiilant vivement les raïons du Soleil , nous donnoicnt une très-grande cha- leur. Nous arrivâmes à quatre heures à l'entrée d\in bois de hêtres, où nous fîmes alte pendant trois quarts d'heure; là, nous fîmes ce qu'on fait quand on eft à i'alte : après quoi rcmontans nos mulets , nous montâmes pendant une grande lieuë dans ce bois par un chemin beaucoup plus rude &: plus droit que celui que nous avions fait avant l'altc : de iorte qu'il en fallut faire une partie à pied, mais Ja cha- leur ne nous incommodoit plus , les arbres èc les collines qui nous environnoient nous garantifîoicnt des raïons du Soleil , &: d'ailleurs nous étions dans un climat bien plus froid ; nous trouvions de temps en temps quelques petits champs d'avoine encore verte , quoiqu'au bas de la monta- gne elles fuflcnt déjà moilTonnées. Nous ne trouvâmes poinc de hêtres de grande hauteur , comme j'en ai vu dans les mon- tagnes des Alpes, ils font feulement allez gros &: touffus.. Regardant derrière nous, nous voïons par des gorges la plaine du Comtat, èc le Rhône qui ferpcntoit à l'extré- mité de cette plaine , &c paroiflbit comme une toile d'ar- gent couchée fur la terre. Après avoir bien monté nous arrivâmes vers les huit heu- res du (oir à un endroit qu'on appelle le Jas ; là, nous trou- vâmes un climat très-diffèrcnt, au lieu du grand chaud que nous avions fenti au pied de la montagne , nous reffentî- mes un air froid ; nous vîmes le haut de la montagne cou- vert de nuages &c de brouillards , ce qui nous détermina, à nous arrêter en ce lieu , où nous fîmes un grand feu. Le bois n'y manquoit pas , &: on ne l'alloit pas chercher bien loin : au lieu d'eau qui nous manqua abfolument , nous envolâmes chercher de la neige dans une grande fondrière qui étoit à trente pas de nous , & nous nous en fervîmes utilement. Nous reliâmes environ trois heures dans ce pofte qui confiffoic en un bâtiment voûté , étroit , allez long ôc fort fumé, les Pâtres qui s'y retirent, y faifant du feu lorf- qu'ils mènent leurs Troupeaux fur la montagne. Les nua- ges & le brouillard s'étanr dilhpcz dans cet intervalle, nous refolùmes d'achever démonter la montagne : nous partîmes donc à environ onze heures du foir, après avoir chargé un de ï> V Mon T'V È N To ux, ^i de iios muîets du bois que nous prcvoïons nous être ne- ceffaire fur le iommec de cette montagne, &; nous conti- nuâmes d^ monter à pied, le chemin étant beaucoup plus roide ; au fortir du bois nous ne trouvâmes plus que ro- ches & roccaillcs, fans aucune herbe m plante j &: nous arrivâmes après bien des tours & détours, pour rendre la route moins difficile j vers la minuit ôc demi au plus hauE de la montagne. La Lune dont la lumière nous avoit fervi pour monter fe coucha dès que nous fumes arrivez au fommet du Mont- Ventoux ; il paroillbit beaucoup de vapeurs à l'horifon , fi.ir- tout à l'endroit où la Lune fc coucha ; l'air froid nous obli- gea de faire bon feu , dès que nous eûmes déchargé nos mulets, qu'on laifla enfuite aller où ils voulurent, perfua- dez qu'ils n'iroient pas bien loin , tant le Pais ell rude. Il n'y a au romm?t de cette montagne qu'une Chapelle qui peut avoir dix toifes de longueur fur quatre toifes de large; elle efl: voûtée, fans aucunes fenêtres, &c ne reçoit du jour que par la porte, &C par une petite fenêtre qui eft au-defTus de la porte, ce qui eft caufe qu'on y fent le re* lant, odeur Eide 6c défagréable, caufee aufïi par l'humidité des murailles &c de la voûte toujours couvertes d'eau , qui diftille en plufieurs endroits , quoiqu'il n'y aïe pas de neio-e fur le toit, qui eft de pierre platte. Cette humidité peuc venir du brouillard très-épais dont le fommet de cette mon- tagne eft fouvent couvert ; lequel fe convertit en eau con* tre la voûte ÔC les murailles. Quoique le Ciel fut ferein nous fûmes pourtant moiiillez dans le temps que nous mon- tions la montagne , Se la toile cirée qui couvroit le quarc de cercle étoit entièrement couverte d'eau. Dans ce lieu les uns fe jetterent fur la porte de la Cha- pelle qui étoit renverfée , pour dormir &c fe refaire de la fatigue y les autres refterent auprès du feu : pour moi il fut queftion de monter mon quart de cercle , après l'avoir dé- veloppé des lifieres de drap dont il éroit entortillé. Je le trouvai en bon état : l'inftrument monté, je traçai fur k L ^t Observations faites dans le Voyage terrain une ligne méridienne par le moicn d'une bouflbîe 4e cuivre de lix pouces de dianiecre, dont la variation avoic été trouvée à Sauit-Paui de onze degrcz Nord Ouefl.. Avant que de rapporter les obfervations que je fis pen- dant la nuit, j'achèverai de donner la dcTcription de cecce montagne, &: du Pais qu'on voit d'un lieu fi élevé. Il n'y a de pais plein fur le fomnct que l'efpace qu'occupe la Chapelle , ôc lix pas en quatre devant la porte qui eft tour- ;iiée au Sud-Oucit. A IVft, au Sud &c au Sud-Oueft la montagne eft d'une pente adez roide, par laquelle pour- tant on peut monter : on n'y voit que roches &: roccailles, lefquelles étant de couleur d'un gris clair, paroilTcnt de loin comme de la neige, lorfque le Soleil donne dcllus. Au Nord- jEft , au Nord èc auNord-Oueft, la montagne couverte de môme roccaille eft tellement cfcarpée , qu'il eft abfolumcnc impollible d'y monter ; ce ne font qu'affreux précipices qui aboutiflent à de profondes vallées, qu'on n'oferoit regarder long- temps fixement. Les Païfans du pais qui montent le 14 Septembre pour venir en dévotion à la Chapelle qui eft dédiée à Dieu fous le titre de la Sainte-Croix, defcendent par cet endroit de la montagne qui eft fi efcarpé, aiîis fur des planches de deux •pieds en quarré avec un gros bâton à la main , qu'ils plan- tent en terre devant leur planche , pour s'arrêter quand ils vont trop vite s il leur fert encore pour détourner leur plan- che des précipices qu'ils trouvent à droite &c à gauche , Se arrivent ainfi dans un bon quart-d'hcure au bas de la mon- tagne. Au point du jour je commençai à découvrir autour de aïoi le Pais dont voici la defcription. On voit à l'Eft 6c au Sud-Eft diverfes baffes montagnes &c riches vallées de Provence, le Comté de Saut, les montagnes de l'Eberon i ,au Sud &c au Sud-Oueft Carpentras , Avignon &: diverfes petites Villes &: Villages rependus dans la plaine du Corn- tat, terminée d'une part au Sud par des montagnes mé- diocres^ au Sud-Oucft par laDurance^ qui coule prcfqu'à t)V Mon t- V e n t o u x. g, f extrémité de cette plaine , ies eaux paroifTent d'une cou- leur grife , &c par le Rhône qu'on voie depuis le Sud-Sud- Oueft jufqu'à l'Oueft. On l'auroic vii jufqu'à Ton embou- chure aufli-bicn qu'une partie du golphc de Lyon, Ao-de èc Montpellier , ians une grofle brume dont l'horifon fut couvert tout ce jour-là. Plus loin au Sud-Oueft &: à l'Oueft- Sud-Oueft, on voit ies montagnes des Pirennécs & du Languedoc. A l'Oueft &c Oucft-Nord-Oueft les montac^nes d' A lais, de Laufere &c des Cevennes. Au Nord-Oucft de au Nord-Nord-Oueft les montagnes d'Auvergne. Au Nord les montagnes de Chartreufe. Au Nord-Nord-Eft les hau- tes montagnes des Alpes, le grand èc le petit S. Bernard qui écoient encore tout couverts de neiges. Au Nord-Eft &: à l'Eft, les montagnes de Briançon &c de Barcelonnette terminent Thorifon. Plus près au Nord-Oueft, au Nord & au Nord-Ell, on voit diverfes rangées de montagnes qui forment plufieurs Vallées , dans lefquelles coulent plufieurs petites rivières. Ces montagnes qui paroilTent hautes de la plaine , paroif- fent fi bafies du Mont-Ventoux , Se tellement formées en dos d'âne l'une près de l'autre , qu'on croiroit y pouvoir fauter de l'une à l'autre. L'air étant fort ferein à l'Eft, au Nord èc à rOuell, la vue en étoit très-diftinde, quelque vafte qu'elle fut : mais la brume qui étoit répandue à l'ho- rifon , depuis l'Ell par le Sud jufqu'à l'Oueft , rendoit la vue tellement confufe , qu'on ne put voir qu'avec peine le Saint Pilon &: ies montagnes de la Sainte Baume : on ne put du tout point voir le Pilon du Roi ni la Mer , ce qui m'empêcha de prendre la baflefle de l'horifon de la Mer de laquelle j'ai vu autrefois le Mont-Ventoux revenant de Catalogne- AufTieft-ce la première rcconnoiflance de la côte lorfqu'on vient d'Efpagne à la côte de Provence. La perte de cette obfcrvation me fâcha un peu. Obfervations Fhyfiqties & Jjironomicfnes. Aïant pointé la lunette fixe du quart de cercle au point de l'horifon où le Soleil s'eft levé , les montagnes ont para L i) 84 Observations faites dans le Voyage hautes de i8 minutes. Ce font les montagnes du Brian- connois en venant vers Barcelonnette : on n'a point ici égard à la rcfradion qui les élevé fans doute confiderablement. L'ombre du Mont-Ventoux pour loj:s projette en trian- aie, laiiloit à gauche Avignon, à droite la ville du Saint- Efprit, &: pallant dans le Languedoc, elle setendoit bien au-delà de Nôtre- Dame de Roquefort. On voïoit cette om- bre diminuer rapidement 5c tourner du côté de l'Oueft, à mcfure que le Soleil s'élevoit fur Thorifon. Ce fpeclaçlç faifoit plaifir. On pointa la lunette fixe du quart de cercle au Mont Saint Bernard, Se quoiqu'il foit éloigné de plus de 50 lieues du Mont-Ventoux, il parut élevé au-dc/lus de l'horifon d,e zi minutes, fauf la correcVion de la réfradion : c'eft la mon- tagne la plus haute qu'on aïe vu au-deHus de l'horifon du Mont-Ventoux ; celles du Briançonnois, qui ne font au plus qu'à 20 ou 2 y lieues du Mont-Ventoux , n'aïant paru élevées que de 18 minutes, comme on l'a dit ci-deflus. On a commencé à huit heures du matin à faire les ex- périences du Baromètre , avec les mêmes précautions Se l'exaditude qu'on a rapporté ci-devant j elles ont été faites près de la Chapelle , vis-à-vis la porte, A la première ex- périence qui eft la moins sûre, le mercure efl monté à 22 pouces j lignes dans le tube allez bien purgé d'air. A la féconde expérience, le mercure eft feulement monté à 22 pouces 4 lignes dans le tube qui étoit très-bien purgé d'air , perfonne n'y aïant apperçû aucune ampoulle. L'air éçoit tempéré : il ne faifoic alors ni chaud ni froid. Hauteurs mcrjdierînes , ^our trouver U latitude du Mont- Ventoux, Dès que le quart de cercle de trois pieds de raïon fut rnonté,cequeon fehata défaire parce qu'on voïoit Aquila yoifmc du méridien , on le pofa fur la méridienne qu'on yenoit de tracer , comme on l'a dit ci-devant j on prit la 53° 5^' 4t' 44 n 5^ r 8 7 yo 4y 43 1 1 44 16 49 DU Mon t-V e n t o u x. § ^' hauteur de ccccc Etoile quand elle arriva au centre des Soies. Hauteur méridienne apparente d'Aquila , Réfradion foultradive , "Véritable hauteur méridienne d'Aquila , Dcclinaifon feptentrionale d'Aquila en ï 7 1 1 , fouilradive , Hauteur de l'équinoxial , Latitude du Mont- Ven toux , qui approche fort de celle qu'on a tiré des obfervations du voiage de la Sainte Baume, qui eft de 44 Kj ^ j la diftcrencç n'étant que de 1 4^. Hauteur méridienne apparente du Pho- maham , Réfraction fouftradive , Véritable hauteur méridienne de Phomaham, Déciinaifon méridionale de Phomaham ( en ijii j additive , Hauteur de l'équinoxial , Latitude du Mont-Ventoux , On ne prit pas la hauteur de la Polaire parce qu'elle n'é- toit pas dans le méridien pendant la nuit : on fe contenta. de la hauteur de ces deux Etoiles , dans le deiîein qu'on avoir de prendre la hauteur méridienne du SoleiL Après avoir de nouveau vérifié la ligne méridienne qui etoit tirée devant la porte de la Chapelle, le quart de cer- cle qu'on ayoit ôté de fa place pour les obfervations du lever du Soleil , que la Chapelle auroit empêché de voir , y aiant été remis , calé ^ affermi avec foin , le plomb rafanc exactement le limbe , j'attendois que le Soleil arriva au mé- ridien ; mais des nuages qui pafïoient fréquemment &: fort Vite , me firent craindre de ne pas l'obferver à midi , ce qui m'auroit fâché , parce qu'il s'agiflbit de connoître fi les ob- ^eryations de la nuit étoieuc bonnes y mais enfia le Soleil L iij r4 38 50 3 4i 1 14 34 4S 31 S ï4 4y 43 2- 44 i^ 58 ;S^ Observations faites dans le Voyage parut à travers des nuages déliez , &: on l'obferva fans verre fumé. Hauteur méridienne apparente du bord fuperieur du' Soleil , 65>o iV o^' Demi diamètre apparent du Soleil , i )' 49 Hauteur méridienne apparente du centre du Soleil , 6^ 8 1 1 Réfraction fouftra^live , ' 22^ Véritable hauteur méridienne du centre du Soleil , 6^ 7 49 Déclinaifon feptentrionale du Soleil fouf- tradive, 23 2^ o Hauteur de Féquinoxial, 45- 42 46 Latitude du Mont- Ven toux 3 44 17 11 La différence de ces trois latitudes conclues des hauteurs du Soleil & des Etoiles , cft de 22 fécondes, c'eft pourquoi prenant un milieu entre ces trois obfervations , on a la la- titude du Mont-Ventoux , de 440 17'' o^' a deux fécondes près de celle qui a été trouvée par la hau- teur de Phomaham, Cette latitude ne s'éloignant que de 25 fécondes de celle qui a été déterminée par les obfervations géométriques fai- tes à la Sainte Baume éc au Pilon du Roi , rapportées dans le Traité intitulé Voïage de U Sainte Baume , on a lieu d'être fa- tisfait de la peine qu'on a eu au voiage du Mont-Ventoux , &: de n'en pas plaindre la dépenfe , puifque par-là toutes les obfervations qui font rapportées dans ce premier voiage fe trouvent confirmées , &: qu'on a une pofition exade du Mont-Ventoux, qui fépare le Comtat, de la Province du Dauphiné , & eft d'ailleurs un point fixe fort remarquable des Provinces de Dauphiné, Provence & Languedoc. Le Ciel n'étant pas net non pJus que l'horifon , on ne pût point prendre d'angles de pofition pour divers points importants à la Géographie, Les divers triangles qu'on avoit formé au Saint Pilon àc au Pi'on du Roi, donc ie$ î) tr Mon t-V e n t o tj i^. 8j .dîmenfions vicnii?nc d acre confirmées pvir les obfcrvations £aices au Monc- Vcntoux , nous fourniflbicnc un moïcn de travailler à la poficion cxa6te des lieux du Dauphiné , Pro- •vence &: Languedoc qu'on peur voir de-là ; il falloir donc encore y relier un jour i mais outre qu'il n'y avoir pas appa- rence d'un plus beau temps pour le lendemain, ce qui fut •confirmé par l'expérience : la provifion écoic courte , les lits fort durs, c'écoient des rochers ; la compagnie fatiguée, & ainfi peu difpofée à palier encore une mauvaife nuit , tout cela me détermina à partir , &c comme il eft aifé de def- cendre, en trois bonnes heures de marche nous fumes de retour à Bedoiiin , vers les fix heures du foir. Réflexions fur les ob/èrvations des hauteurs du mercure dans le Baromètre ^ au F otage du Mont-Ventoux. J'avois écrie de Saint-Paul à Marfeille pour prier un de mes amis de marquer avec foin la hauteur du mercure dans le Baromètre qui eft en expérience depuis quatre ans dans la Sale de rObfervatoire. 11 l'a fait, par-là nous pourrons sconnoître aifément la hauteur des lieux où j'ai fait l'expe- •rience du Baromètre. A Saint-Paul-Trois-Châteaux, le 1 8 Juin le mercure eft anonté dans le Baromètre à 27 pouces 2 lignes , lefquelles donnent, félon la Table que M. Caffini le Fils a donné •dans les Mémoires de l'Académie Roïale des Sciences de $705, pag. 72. donnent, dis-je , lo^ toifes un pied dont Saint-Paul feroit élevé au-deflus de la furface de la Mers inais parce que le Baromètre de l'Obfervatoire de Marfeille £i'étoit alors qu'à 27 pouces lî lignes &: un tiers , & que la différence d'élévation du mercure de la Sale de rObferva- toire à la Mer ell deux lignes &: deux tiers , ce qui a été vérifié par les obfcrvations faites en Avril 1705, il s'enfuit qu'au bord de la Mer le Baromètre auroit donné ce jour- là 27 pouces p lignes ,j il faut donc ôtcr 31 toifes pour les 3 lignes de mercure qui manquent jufqu'à 28 pouces , qui eft le terme que M. Cafïïni prend pour la hauteur du mer- cure au bord de la Mer ; refte donc pour la hauteur de Saint- Paul au-deifus de la Mer^ 78 T. i Pied. iS Observations rAiTES dans le Voyags A Bedoiiin le mercure s'efl tenu dans le Baromètre à iS' pouces lo Ijgnes , Icfqucllcs 1. Ion la même Table, rcpon- dcnt à 157 toifes 3 pieds, donc il Lut encore oter 31 coi- Ç^Sy parce que le Baromecre de rObTcrvacoire de Ndarfeillc étoic à la même hauceur le vingc-cinq Juin : rcfte donc pour la hauteur de Bédouin au-deflbs de la fuiface de la Mer 5 ii6 1l . 3 Pieds^ Au Mont-Ventoux le mercute monta dans le Baromètre à 22 pouces 4 lignes, qui donnent, félon la même Table, 1071 toifes de hauteur du Mont-Ventoux par-dedus la fur- face de la Mer j mais parce que le Baromètre de l'Obfer- vacoire de Marfeille étoit encore \q i6 Juin à 17 pouces- 6 lignes un tier, il faut ôter encore 31 toifes r reite donc pour la hauteur du Monc-Ventoux fur la Mer, 1040 T. Il s'enfuit de-là que le Mont-Ventoux efl plus élevé que Saint - Paul - Troii- Châteaux, de <^6iT. que le village de Bedoiiin auprès du ruif- feau , de 9 1 4 T. que le Pilon du Roi ^ de 678 T, que le S. Pilon au-deffus de la Sainte Bau- me , de 474 T. que la montagne des Béguines ^ de 5^o T. 2,. Piedsv On le peut encore comparer à diverfés autres monta- gnes dont on connoît la hauteur ; mais cela fuftit pour voir quelle eft l'utilité de la méthode, de mefurer la hauteur des montagnes par la hauteur du mercure dans le Baromè- tre , aïant pourtant égard aux corredions àc aux reftric- tions qu'on a donné dans l'article premier du Volage de la Sainte Baume qu'on peut confulter, Réflexions frr U latitude de Saini-Paul-Trofs-Châteaux & dit Mont-Ventoux, Il eft aifé de voir par les obfervations faites à Saint-Paul avec un quart de cercle de trois pieds de raïon , combieu DU Mon T-V ENTo u X. g^ il importe d'avoir de grands quarts de cercle pour Elire des obfcrvacions exactes , puifque la latitude qu'on avoit con- clue en 1701 au mois de Juillet, cil différente de celle qu'on vient de déterminer de fix minutes. Comme mon quart de cercle écoit encore à Paris en ce temps-là, je me fervis d'un anneau allronomique de 8 pouces 9 lignes de raïon ; quoiqu'il foit bien divifé & bien fufpendu, cepen- dant l'image du Soleil qui donne les degrez de hauteur fur l'epaiflcur de l'anneau , écant fort pecite , il n'eft pas facile d'cltimer avec précifion , de combien il s'en faut que le bord du Soleil ne touche au degré dont il cft près , ou fur lequel il mord un peu ; il y a d'ailleurs un peu *de pé- nombre difficile à reconnoître. Les éléments qu'on emploia alors , &: dont on vient aulFi de fe fervir étant les mêmes la faute ne peut venir que de la petitcjGTc de l'anneau, ^ des raifons qu'on vient d'apporter. On voit encore par les obfervations d'Aquila ;, de Pho- maham & du Soleil, defquelles on a conclu la-laticude du Mont-Vcntouxà 22- fécondes de différence î de laquelle prenant la moitié, on a la latitude du Mont-Ventoux de 44^ ^'j' o\ laquelle s'accorde à 2,5 fécondes près avec celle que j'avois déterminée par les opérations géométriques rap- portées dans l'article quatrième du voiage de la Sainte Baume, de 44^ \6' -i^f : on voit, dis-je, que toutes les obfervations &; calculs qui ont fuivi , font vérifiez, & s'ac- cordent avec autant de précifion qu'on pouvoir raifonna- blement efperer : de forte qu'on n'a pas lieu de regretter ni la fatigue, ni la dépenfe qu'il a fallu fupporter dans ce vo'iage du Mont>Ventoux. Il arrivera de-là bien des avantages pour la Géographie, car les cotez des triangles que )'ai donné étant exaéls , & Je Mont-Ventoux fort remarquable de plufieurs montagnes où l'on peut aller ; ce Mont étant ifolé &: aufli haut qu'on vient de le faire voir, on pourra continuer ces triangles, &; déterminer la pofition des montagnes du Dauphiné, Languedoc &: Provence , &: celle des Villes voifînes j &: par celles-là perfedionner les Cartes Géographiques des autres Provinces de France , en déterminant, à peu de toifes prcs^ M ^o Ôbserv. faites dans le Voyage du Mont- Vent ou x:. leur longitiuie & latitude ; ce qui clt une précillon à la- quelle il n'y avoit pas lieu de croire il y a trente ans que la Géographie pue arriver. Monlieur Calfini a trouvé dans le voïage de la Méri- dienne la hauteur du Mont-Ventoux de 1039 toifcs, fui- vant les calculs qu'il eut la bonté de me communiquer, &c que je ne rapporte pas ici. Je fus fort furpris de me trou- ver d'accord avec lui, à une toife près, ne m'étant fervi que de la hauteur du mercure dans le Baromètre , pour avoir h hauteur de cette montagne au-dcilus de la Mer. 91 <^!fi^ :zyi^'' :ti^ z!fti> -^dti^'^^ -^^^^ '^ii> ^^^a^ i:j^ ^^^t^ VOYAGE DU CAP SICIER, O U DE NOTRE-DAME DE LA GARDE PRE'S DE TOULON. Contenant dinjerfes Okfervations Phjfiaues ^ jiflrO' nomiQHcs ^ faites au mois de May de l année 1718. IL m'a paru important de déterminer bien exactement la latitude & longitude du cap Sicicr. C'eft là que com- mence du côté de TEft le golphe de Lyon fi dangereux: & fi fameux en naufrages , comme il fc termine au cap Creoux du côté de TOucft. Le cap Sicier cft d'ailleurs fort voifin du Port de Toulon fi cclcbre par fa fituation , fon étendue, fa sûreté, par les Magafms, les grandes Flores que Sa Majefté y a entretenues , qui l'ont rendue rcfpcc- table &: formidable à toutes les Puiffanccs de l'Europe , la plupart liguées contr'Elle pendant un long efpace d'an- nées dans les deux plus fameufes guerres que la France ait foutenu contre ces Puiffances. Le Roi entretient dans ce Port un nombre confiderablc de très-bons Officiers, qui ont fait voir dans ces guerres à quel point la Nation Françoife a porté fon habilecé dans la Navigation , la Manœuvre , la Conftruclion , & fon cou- rage dans les combats. Cela eft fi connu de toute l'Europe, que je ne crois pas qu'on m'accufe de pafïer les bornes de la fincerité la plus géométrique ; fi quelqu'un en douroic , fans remonter à des années plus reculées, il n'a qu'a rap- pclicr le fouvenir du combat de Malaga, où Monfcigncuc M ij ^1 Observations faites dans le Voyage r Amiral avec une Flote fort inférieure en nombre de Vaif- leaux, défit avec tant de valeur Se de conduite la Flote des Alliez. Il importe à ces Officiers d'avoir des connoif- fanccs toujours plus exactes des atterrages de Provence ; ac- coutumez à obéir à un grand Roi, ils font en tout temps à la Mer , &: arrivent fouvcnt fur ces côtes avec des vents forcez ou de la brume, après avoir traverfé un Golphe où les vents furieux de Nord-Oueft , de Sud-Eft Se de Sud- Oueft, femblent avoir établi principalement leur domicile. En particulier il m'importoit de vérifier la latitude Se la longitude de ce Cap que j'avois déterminée, comme on l'a vu dans les voïages de la Sainte Baume Se du Pilon du Roi. En effet le dernier triangle que favois formé à ces deux montagnes , aboutilToit h, la tour de Nôtre-Dame de la Garde , qui eft au plus haut du cap Sicicr ; de forte que {i la latitude Se longitude que je trouverois çn. ce lieu , ne s'accordoit pas avec celle que j'avois conclue de mes trian- gles, tout mon ouvrage 5 fappé par les fondemens, tom- boit necefTaircmcnt en ruine. J'avois vérifié ces triangles du côté du Nord dans le voiage que je fis exprès au Mont- Ventoux ; il relloit à les vérifier du côté du Sud en allant au plus haut du cap Sicier. Pour cela je portai à cette montagne une Pendule à fé- condes , un quart de cercle de trois pieds de raïon , une lunette de iS pieds, d'autres lunettes, des tubes de verre Se du ir.ercure pour faire diverfes expériences fur la pefan- teur de l-atmofphere. Je fus accompagné par plufieurs jeu- nes Mefiieurs de cette Ville amateurs des Mathématiques , qui défiroieiiE fort d'être témoins de cette forte d'obferva- sions, Se de m'y aider j quoique je leurs euffe prédit qu'ils auroient à foufïric dans ce voïage , Se qu'ils palTeroient une inauvaife nuit, ne pouvant avoir dans ce pofte d'autre lie que la platte-terre j ils s'y réfolurcnt pourtant, Se nous par- tîmes le 17 May par un vent d'Oueft allez frais ; comme il nous étoit contraire, ^e la Mer afTez groiîe , il nous fallut fix bordées pour nous rendre à laSeyne, gros Bourg fituéaufond de la rade de Toulon à l'Oueft. Là nous coni'» mcnçâmes nos obfervaçions ^^ dont voici le détail. duCapSicier. ^y A la Seyne le ij May 1718. A 7 heures 4 minutes du foir, étant à 70 pieds du bord •de la Mer, &: quatre pieds au-defTus de fa furface dans une Sale de la maifon de M. de Lery , nous nétoïâmes avec foin le mercure , en le faifant pa&r à travers une peau ds chamois padée à l'huile, &: ôtant ce qui pouvoir refier de faleté fur fa furface avec un linge blanc. Je remarquai que ce linge fe noircit beaucoup. Nous remplîmes de ce mer- cure un tube de deux lignes d'ouverture, ôcde 3<î pouces de long ; & après en avoir vuidé avec foin les ampoulîes d'air , qui étoit refté pn chargeant le tube, il fut plongé dans le vif-argent qui étoit dans une Porcelaine à la hau- teur d'un pouce &: demi i le vuide s'ctant fait, le mercure reda dans le tube élevé feulement de i<î pouces 7 lignes, ce qui m'aïant beaucoup furpris , on fit une féconde ex- périence avec les mêmes précautions , le mercure monta dans le tube à 26 pouces 8 lignes , c'eft-à-dire une ligne plus haut que dans la précédente. Il s etoit levé fur les cinq heures un venc d'Efl fort frais, qui fut accompagné d'un grain de pluie à l'Eft de nous, & il y avoir des nuages dans l'air. Après avoir rappor<:é tou- tes \qs obfervations , je ferai quelques réflexions convena- bles à ces obfervations, je dirai feulement à prefcnt, qu'en partait de Toulon à trois heures du foir , le Baromètre qui eft en expérience dans ma chambre , étoit à 17 pouces 8 lignes , c'ell-à-dire un pouce plus haut qu'à la Seyne , quoi- qu'il y du être une ligne plus bas , puifqu'à la Seyne nous B'étxons qu'à quatre pieds de la furface de la Mer. Le \% May 171 8 an cap Siçier, Aïant chargé fur des mulets les inftrumens , nous partî- mes de bon matin pour nous rendre au haut de la monta- gne. Oïi rencontre d'abord pendant trois quarts de lieuës des coteaux couverts de vignes bien cultivées , &: des colli- nes plus hautes remplies de Pins ; le refte du chemin jufqu'au haut de la montagne eft un Pais fort ^qc , découvert bC difficile à monter. Nous arrivâmes fur les 7 heures &: demi. On trouve au plus haut une tour de garde, & à 20 pieds à i'Oucft une Chapelle affez fpatieufe , qui a un vcitibulq M iij 94 Observations faites dans le Voyage devant la porte, laquelle eft tournée à l'Eft. Il y a an Sud de la Chapelle une maifon attenante pour un Hermite qui y demeure ; elle eft fort étroite ôc mal entendue. Il reftc peu d'efpace au tour de ces Edifices , &: la montagne qui cft fort roide du côté du Nord , de l'Eft &: l'Oueft , l'eft incomparablement plus du côté du Sud qui regarde la grande Mer. A l'Eft il y a une grande anfe où font les rochers des deux Frères , laquelle fe termine à une plage qui la fépare de la grande rade de Toulon. A l'Oueft il y a une autre anfe, au fond de laquelle eft le village de S. Nazaire , & tout près du cap Sicier à l'entrée de cette anfe , font les Iflots des Ambiez, celui des Iflots qui eft au milieu, fe trouve dans le méridien du Saint Pilon , comme on l'a dit dans l'Ouvrage fur les obfervations qu'on y a faites ; ainfi nous étions à l'Eft de ce méridien. obfervations faites a Notre-Dame de la Carde le dix^huit May 1718. . Après avoir placé la Pendule dans le veftibule de la Cha- pelle , & l'avoir mife en mouvement fur l'heure que nous donnoient nos montres , on prit des hauteurs correfpon- «dantes du foleil pour régler l'horloge. Matin. îlauteuis du Soleil. Soir. 5>h 15/45'/ 45?^3 3'4y'' 2,^31/53/0: # 20 14 50 24 O 2f ^^ I , < Concftion foufiraûlve 6'^. 16 5 51 19 30 21 Z6 ] 283 2 51440 21854J Prenant un milieu entre les trois calculs qui s'accordent le plus , on a midi vrai le 1 8 May à 11^53/43// De forte que l'horloge tardoit fur le temps vrai , de 6 ly On a avancé de (îx minutes l'aiguille des minutes pour s'approcher du temps vrai, ainfi elle tardoit feulement de 17^ L'horloge avoit été réglée au temps moien par une lon- gue fuite d'obfervations pendant deux mois. A 9I1 57/ du matin on trouva l'inclinaifon de la tangente à riiorifon de la Mer en pointant la lunette fixe du quart de cercle au Sud, précifémcnt où la Mer paroiftoit s'unir avec le Ciel 5 de eà 3 ©/ o^^ DU Cap Sïcïer. ^j A lob 50^011 fie rexp?t-ieiice de la poianteur de l'atmof- .p1i.?re avec la même exactitude que les piccedentes ; dans le Cube de z lignes de diamètre, le mercure monta à 2 ^p°"^- ^''g*»* On reiîc l'expérience avec le même tube & les mêmes pré- cautions , le mercure fe tint à 2 jP"""^- 8''^"- ^ On fit une troifiéme expérience avec un tube de trois li- gnes de diamètre, &:de 32 pouces de long;, le mercure ne monta qu à 2-ji'°"''- y'^S"- A midi. Hauteur méridienne apparente du bord fuperieur du So- ieil, 66^48^30^ Demi diamètre apparent du Soleil , ^ 5 J2, "'■111 i « Hauteur méridienne apparente du centre 66 31 38 On n'a pas égard à la parallaxe. Réfradion fouftradive , 1 <^ Vraie hauteur méridienne du centre du Soleil, é^ 32- 12 Déclinaifon feptentrionale du Soleil fouf- craâ:ive , 15) 32- o Hauteur de i'équinoxiâl 5 47 o 11, Latitude du cap Sicier 5 42 J5> 48 Si on a égard à la parallaxe du Soleil qui eft .de i^ 42> 59 4f Le foir, K ^ 30' hauteur méridienne apparente du fcord inférieur de Jupiter , Demi diamètre de Jupiter additif. Hauteur apparente du centre de Jupiter au fneridien , Réfraûion fouftradive, 68 1 0 6 6% 2. 6 2-4 6% 11 I 42 I 0 Vraie hauteur méridienne de Jupiter, Déclinaifon feptentrionale de Jupiter fouf- cradive , Hauteur de réquinoxial , 47 042 Latitude du cap Sicier, 42. 59 18 Prenant un milieu entre les latitudes conclues de la hau- |eur du Soleil &: de la hauteur de Jupiter, qui eft fort sure , ^6 Observations faites dans le Voyage parce qu'aïant écé prife de jour , Ces laions n'incommodolent point la latitude moienne du cap Sicier , 41^^ 59^ 5 f Obfervations de quelques angles de difiances pris de N. D.de .' • U Garde. Aïant pointé la lunette de l'allidadc, &: la lunette fixe du quart de cercle à un même point fort éloigné, qui cft la Chapelle du Saint Pilon , on les a trouvé exactement pa- rallèles , en forte que le cheveu de l'allidade s'ajuftoit par- faitement fur la ligne qui pafTe par zéro degré ; il en a coûté des foins & du temps , après quoi on a pris les an- gles de diftanee fuivants. Du Saint Pilon à un poulTe à pic au Nord-Nord-Oueft de Toulon , qui eft une montagne au-delà du reveft , l'an- gle étoit de 3 1^1 80 De ce pouffe à pic à Coudon venant à ^ 66'^ 3 S PEft, ^ ^ 35 30 J De Coudon au cap Benat , plus à l'Eft que les Ifles d'Hieres, ^6 5 30 On n'a pas vu d'autres points remarquables qui puiffent fervir à former de nouveaux triangles pour la defcription de la côte. A 5^^ 50^ du foir , le vent Nord-Ouell qui s'étoit levé fur les deux heures aïant beaucoup fraîchi, arrêta la pendule qu'on avoir placé dans un lieu évident , de peur que quel- que curieux ne la touchât fi elle étoit trop cachée : on ne s'attendoit pas d'ailleurs qu'il s'éleva un vent fi frais, le temps étant ferein &: calme le matin. On tâcha de la re- mettre au temps vrai, tel qu'il avoit été déterminé après les hauteurs correfpondantes : on fe fervit pour cela d'une montre à minutes qui avoit été mife fur le temps vrai par précaution. L'horloge fe trouva avoir été arrêtée pendant fcpt mi- nuces. A yh 10^ on pointa la lunette fixe du quart de cercle, qu'on avoir calé avec foin , à l'horifon de la Mer à l'Oueflî le Soleil étant prêta fe coucher, l'horifon éroit fort rouge, ainfi très-facile à diftinguer d'avec l'extrémité de la furfàce 4e la Mer, où elle paroît s'unir avec le Ci^l. La baflt^ffe apparente D u C A p s I C r Ë R. ^j apparente de riiorilbu de la Mer fut trouvée feulement de o^ 18' o* On réitéra trois fois robfcrvation. Je m'étois déterminé à pafler la nuit du 18 May fur le cap Sicicr, parce qu'il devoir arriver ce foir là une émer- ^on du premier facellice de Jupiter, que j'efperois de pou- voir obferver , & avoir dans la fuite quelque obfervation correfpondante ou voiiine , qui put fervir à déterminer la longitude de ce cap. L'émerfion du premier fatellite de Jupiter arriva le foir a 10114e'' o^ Mais l'horloge tardoit pour lors f r le temps vrai de 710 Donc émerfion du premier fatellite de Jupi- ter le 1 8 May à 10^310 On ne la donne pas pourtant pour très-sûre, à caufj de l'accident arrivé à l'horloge. On n'eftima pas qu'il fut necefîaire de prendre d'autres hauteurs méridiennes des Etoiles pendant certe nuit ; le vent étoit fi frais qu'on nauroir jamais pu conferver à l'air de la lumière pour éclairer l'objeclif de la lunette du quart de cercle. Le ip May 171 S au matin. Comme j'étois furpris d'un auffi grand abaiffement du mer- cure dans le Baromètre au bord de la Mer , que celui que BOUS avions obfervé le 17 au foir, je refolus étant de re- tour à la Seyne de réitérer les obfervations du Baromètre. Nous apportâmes toutes les mêmes précautions pour les faire avec exadirude, foir pour bien nétoïer le mercure ^ foit pour vuider les ampoules d'air qui fe trouve mêlé avec le mercure quand on charge le tube , de peur que cet air montant vers la partie fupcricure du tube, quand on le renverfc, &;s'y dilarant, ne fît dcfcendre le vif argent plus iqu il ne convient j aiant plongé le tube dont l'ouverture N 9^ Observations faites dans le Voyage eil de deux lignes dans le même vafc où il y avoit un pou- ce &: demi de mercure i le vuide étant fait , le mercure a refté i6 pouces ii lignes depuis la furface du mercure con- tenu dans le vafe. L'expérience a été faite au même endroit: que celles du 17 au foir, r On prit enfuitc le tube de trois lignes qui a 52 pouces de long , dont on s etoit fervi fur la montagne ; on refit l'ex- périence avec les mêmes foins 6c toute l'attention poiTible pour qu'il ne rcfta point d'ampoules : le mercure refta en- core précifément comme à l'expérience précé- dente, à 2,éP°"'^- iEl'i^"- ^éfiexîons fur les Ohfervations Ajlronomiqucs. On vient de déterminer la latitude du cap Sicier , de 41^' y 5)^ 7,^" moïenne entre celles qui rcfultent des hauteurs méridien- nes du Soleil &: de Jupiter. Mais par la réfolution des trian- oles formez au Saint Pilon 6l au Pilon du Roi. la lati* tilde du cap Sicier, ou de Nôtre-Dame de la Garde , a été trouvée ( voiage de la Sainte Baume ) de ^% ' ^^' z%\ la dif- férence n'^ft que de j fécondes. li s'enfuit de-là que les triangles font exa^s , auffi bien que les calculs, & qu'on peut coinpter fur les obfervations faites du côté du Sud , jcomme (ur celles du côté du Nord , qui furent vérifiées au Mont-Vcntoux, On peut pourtant pour faire un compte rond , & pour les gens de Mer qui ne peuvent avoir l'évidence d'une demi niinute , ni fuf leurs Cartes , ni fur leurs inflrumens , dé- terminer la latitude du cap Sicier , comme je la fuppofai pour trouver Jupiter au méridien , de 43^^ o' o* Le ProfefTeur des Mathématiques de Toulon cité dans le voiage de la Sainte Baume , met la latitude du cap S'i* ,çicr 2.' 40^ plus Nord que moi, ô^ âj \o" plus Nord que M. Caflini ( volages de l'Académie page \6.) Appuie fur Jes pbfcrvations précedciites faites fur les lieux , je dois iw'ea t) xr C A p s I c I É R. 5)5^ tenir à la latitude que je viens de déterminer. On voie par tout ceci , àc par tout ce qui fuivra , combien on ap- porte aujourd'hui de prccifion en ce genre d'obfervations eiTentielles à la Géographie, &: combien peu on en appor- toit ci-devant. Que doit- on pcnfer quand on entend dire qu'Homère étoit fort exad pour la Géographie, qu'on ne connoifToit prcfque pas pluiieurs fiécles après lui i ou que Chiron Précepteur d'Achille étoit bon Aftronome ? C'eft porter bien loin le refpect pour les Anciens. Les grands Géomètres de ce temps qui ont de pareils fenti- mens, pourroient fans Te faire tort diminuer leurs préju- gez pour les Anciens, déférer un peu plus aux Nouveaux, On loue quelquefois les Anciens, parce qu'on n'a pas de jaloufie contr'eux ; on blâme les nouveaux parce que leurs obfervations détruifent des hypothefes formées dans un Ca- binet, &: appuïées feulement fur l'étendue d'un génie qui ie croit en droit , par la découverte d'une nouvelle ana- lyfe, de faire pafTer les hypothefes qu'il a rêvées, fur le pied des démonftrations géométriques. Les gens du métier verront bien fur qui porte cette ré- flexion ; je n'ai pu voir avec flegme le Père Feiiillée , qui n'a pas toujours refté à Londres dans un Cabinet, mal- traité dans un livre , excellent d'ailleurs, réimprimé à Am- sterdam en 171 4. Quand ces Meïïieurs fe tiendront dans les bornes de la Géométrie, nous les admirerons i quand ils en fortiront, nous ne ferons pas grand cas de leurs hy- pothefes. Ils ne peuvent fe fâcher qu'on n'aie pas pour eux plus de confideration qu'ils en ont pour M. Defcartes qui les valoit bien. La liberté qu'on fe donne dans les Pais Etrangers en fait d'hypothefes , &: ce qui eft bien plus dé-- plorable , en fait de Religion , m'a porté à faire cette ré-- flexion 3 revenons à celles qui regardent meâ obfervations. Pour ce qui eîl de la longitude du ca"p Sicier, elle a été' déterminée ( vo'iage de la Samte Baum«€ ) plus grande que celle de Marfeille, de o- ^6' o\ dont ce cap eft plus orien- tal que Marfeille , qui valent en ter^ps 3 o^ 2^ z^" N ij loo Observations faites dans le Voyage Mais la longitude de Marfeille par rapport au méridien.' de Paris à l'Obfervatoire , elt de c^ 1 1^ zî>* Donc le cap Sicier plus oriental que Paris , de 1452, Maintenant il faut déterminer la longitude de Toulon, pour connoître la dilTerence des méridiens de Toulon ^ du cap Sicier. J'obfervai à Toulon le 19 Mars 1718, l'émerfion du pre- mier fatellite de Jupiter, à 6^ z^' 48* Le R. P. Feiiillée m'a écrit du 6 May, qu'il ne put i'obiervcr à caufe d'un nuage, mais qu'il aobfervé Je 17 Mars l'émerfion du premier fatellire de Jupiter , à 11 y 4 28 Ajoutant à ce temps une révolution telle qu'il l'a fuppofe dans les correétions qu'il vient de faire des Tables du pre- mier fatellite de Jupiter, l'émerfion du 15» Mars a du arri» ver à Marfeille, à é^^ 23' ^" ^-j^" Donc différence des méridiens de Tou- lon &: Marfeille , % 44 îi' aïant point égard aux 3'^^ qui manquent. Mais Marfeille eft plus oriental que Pa- ps à l'Obfervatoire , de 12 18 Donc Toulon eft plus oriental que Paris, de ly 12 Mais la longitude du cap Sicier , qui efl plus occidental que Toulon, eft de 14 52 Donc le cap Sicier eft plus occidental que Toulon , de 20 qui valent 5^ cledcgrcz. Par la Connoiffance des Temps , la diffé- rence des meridic^ns de Paris bc de Toulon , eft feulement de o 14 22 Différence dont elle donne Toulon trop occidental, 50 Jacjudlceftconfiderableô^ vautendegrez, o^ 12 30 DU Cap SictER. lor ce que favois déjà remarque dans le voiagc de la Sainte Baume , où j'établis la longitude du cap Sicier, de 3^1 41^ o^ Mais Toulon eft plus oriental que ce cap, de T o Donc Toulon plus oriental que Paris, de 3 46 o Cette détermination de la longitude de Toulon s'accorde avec beaucoup de précifion avec celle qui eft marquée dans îe Traité qui a pour titre , Voïage de La Sainte Baume , où après avoir rapporté en détail avec combien de précifion le ProfcfTeur à Toulon avoir recherché en 1712 , temps auquel cet Ouvrage-là fut mis dans Tordre où il eft , la différence €n longitude de Toulon &: de N. D. de la Garde, ou du cap Sicier, j'ajoute ces termes. On a déterminé ci-deflus la longitude de N. D. de la" Garde par rapport à Paris , de 3^41' '^" ^^ Mais Toulon par les obfervations qu'on vient " de rapporter, eft plus oriental que N. D. de la ^^ Garde, de y 2, " Donc longitude de Toulon par rapport à Pa- ** ris, de 3 4^ 2. " dont Toulon eft plus oriental. ' Par l'émerfion du premier fatellite de Jupiter obfervée à Toulon &: à Marfeille le i^ Mars 171 8, la différence àQs méridiens de Paris hc de Toulon vient dccre trouvée de oh I j^ II* qui valent en degrez , 3'^ 48 o qui ne diftère de la précédente, que de 158 qui valent en temps 7^ ^i"\ en quoi il eft aifé que deux Obfervateurs différent, Pun par excès, l'autre par défaut; foit que cela vienne de la différente bonté ou portée des lunettes , ou de leurs yeux , qui ne peuvent être égale- ment bons. L'induftrie aftronomique ne peut, ce me femble, être jprtée plus loin : on voie au travers de tout ce détail , que N iij toz Observations faites dans le Voyage les obfervations Aftronomiques &: Géométriques reprctenf la main Se Te foacicnncnc mutuellement -, en forte que cet accord fc tourne en démonftration de la bonté des métho- des qu'on a fuivi ; de l'exactitude des angles & des cotez des triangles qui ont fervi pour cela ; & des calculs qui en ont réfulté. Il a donc été utile de faire le voïagc du cap Sicier , &: je ne dois plaindre ni la peine ni la dépenfe. ^ Réflexions fur la réf ration. %^.ca$n't La hauteur de N, D. de la Garde au-deflus de la fur- l'afaitde face de b^Mer, fut déterminée géométriquement ( volage V\r^^" de la Sainte Baume ) de 1 8 3 toifes 4 pieds 4 pouces ; laiflanc là les pieds &: pouces auxquels on peut n'avoir pas égard pour le calcul fuivant , &: qui ne donneroient que peu de tierces ; ces 183 toifes valent 1098 pieds. Si on fait le raïon de zoooGooo, la fécante 20001096 donnera pour angle de rinclinaifon du ra'ion direét qui tend du hautdeN.D, delà Garde à l'honfon, o^ 36^ o^ Mais cet angle n'a été trouvé le matin du 18 May, que de o 30 o La réfra£lion élevoit donc le raïon vifliel au- dcfî'us du vrai ra'ion direét , en ce temps-là de ^ o Le foir cet angle fut trouvé feulement de 280 Elle l'élevoit donc le foir du même jour ;, de 80 La réfraélion a donc été confîderable, &: la variation du matin au foir de deux minutes. On ne s'étendra pas da- vantage fur ce point-ci, qui a été fore détaillé dans l'Ou- vrage fur la variation de la réfradion des raïons de lumière tendants à l'horifon de la Mer : on ne pourroit que répeter les mêmes chofes. Suppofant le raïon de 20000000 comme ci-delTus, la langente de l'angle de 36^ eft 205)448 , qui donne en pieds la longueur de cette tangente. Ce nombre étant divifé par 6 pieds , il s'enfuit que du haut du cap Sicier on voit loin à la Mer-, là où elle parok s'unir avec le Ciel à 345)08 15 tj Cap Sicier. 10» CoifeSjCn forte que de l'extrcmité de cette ligne on doit (Commencer à découvrir le cap Sicier , &c que l'arc de cer- Les Phyficîens doivent mettre tout à profit ; comme les Joueurs , ils aiment mieux faute que bon jeu. Je n'ai garde ■d'accufer la nature de faute j conitante dans fes loix , elle tes fuit régulièrement \ Sc fi elle paroît s'en écarter , c'eft pour en fuivre d'autres que nous ne connoiflons pas. Je n'ai garde aufii de croire que l'air de la Seyne foit privilé- gié , ôc que l'atmofphere y pefe moins d'une manière fi énorme qu'à Toulon , qui n'en eft qu'à une lieue. Je ne dois pas croire aufii qu'à Toulon dans l'intervalle ûe quatre heures , le mercure fut defcendu d'un pouce ÔC ime ligne -, car outre que cela n'eft jamais arrivé, au retour le Baromètre fe trouva à la Seyne , en deux expériences à t6 pouces ï I lignes -, Sc quatre heures après en arrivant à Toulon , je trouvai le Baromètre à zj pouces 9 lignes &c demi ; de forte qu'ils s'accordoient cous deux dans leur ir- Ï04 Observations faites dans ie Voyage régularité. Rcfte à chercher la caule de cette irrégularité. Une variation de 3 lignes au Baromètre à la Scyne ne m'auroit pas furpris. Le vent d'Eft frais qui fe leva fubitemcnt , fuivi d'un grain de pluie Se de nuages , pourroit avoir diminué le poids de ratmofphere d'une quantité corrcfpondante à 3 lignes de mercure ; mais il y a un pouce d'abaiflemenr du mercure dont on ne voit point d'autre caufe que la différence du mercure qui a fervi dans les expériences faites en ce voiage au cap Sicier, d'avec celui quiétoiten expérience à Toulon , donc je m'étois fervi à la Sainte Baume Se ailleurs. Je remarquai que ce mercure noircilToit fort la peau de chamois au travers de laquelle il pafloit , auffi-bien que le linge avec lequel on achevoit de le nétoier, èc beaucoup plus que celui que j'avois emploie en d'autres occafions ; &: quelques-uns des Melfieurs qui m'accompagnèrent dans ce voiage, s'apperçûrent après les expériences de quelques lignes d'une efpece de crafle qui s'ctendoient fur l'intérieur des tubes dans toute leur longueur. 11 paroît donc que ce mercure n'étoit pas affez purgé d'une matière hétérogène , graffe &: ondueufe, qui Tempêchoit de monter dans le tube §>c faifoit qu'il réfiftoir davantage au poids de l'acmofpherc par fa difficulté à fe mouvoir dans le tube, puifqu'il a fuivi conftamment cette irrégularité dans toutes les expériences faites dans ce voiage, même dans des tubes de divers dia- mètres , quelque précaution qu'on ait pu prendre. Il ne paroît pas vrai-femblable que ce mercure fut d'un poids fi énormément différent du poids du mercure, rcflé en expérience à Toulon , qu'une moindre quantité fît équi- libre avec le poids de l'atmofphere , enforte que cette dif- férence foit dans la raifon d'un pouce de mercure placé dans deux tubes d'un égal diamètre ; car quel corps étran- ger qui foit d'un poids plus grand que celui du mercure auroit pu être introduit dans le mercure du voïage ? On ne voit donc pas d'autre raifon que celle qu'on vient de donner. îl y a plus, le mercure fe feroit tenu plus bas dans un tube de 3 lignes de diamerre que dans un tube de 2 lignes, fi DU Cap Sicier, loj" fi cette irrégularité vcnoit d'un poids intrinfcquc , plus grand dans ce mercure que dans d'autre. Cependant le 15) May à la Seync il fe tint précifément à la même hauteur -, &; fi cette hauteur a varié d'une ligne à la montagne , cela ne peut venir que de quelqu'ampouUe d'air, qui aïant gagné le haut du tube , quand le vuide s'eft Eiit^ s'eft dilaté ; &r- par le grand reflbrt que cet air avoir alors ^ a fait dclcen- dre le mercure d'une ligne. Cela fe prouve parce que dans le tube du même diamètre , il y a eu aulïi de la variation de la première à la féconde expérience. Il fuit de tout ceci i». Q.uil faut toujours, quand o^ le peut, faire cette expérience au bord de la Mer, avant de la faire fur des montagnes, dont on veut fçavoir la hauteur par celle du mercure dans le Baromètre , pour comparer sû- rement cette différence &c en tirer au jufte la hauteur , faute de quoi l'erreur feroit énorme , comme on le prouvera bien- tôt, lo. Qu'il eft bon de comparer les divers mercures qu'on peut emploier , quand on ne les prend point de la même malle, &c qu'on ne les a pas éprouvé, fi on veut faire quel- que chofe de sûr en cette matière. La hauteur du cap Sicier a été trouvée géométriquement , comme on l'a déjà dit, de 183 toifes 4 pieds 4 pouces r voïons celle qui réfulteroit de la hauteur du mercure dans le Baromètre , en fuppofant qu'il n'y auroit pas d'erreur dans l'élévation du mercure. Le mercure eft monté dans la première expérience faite fur le cap Sicier à z j pouces ^ lignes. Il monta à la Seyne à x^ pouces 1 1 lignes dans les deux expériences du 1 9 May i la dif- férence eft de I j ligues qui correfpondentà 88, 'è'j^ 8^, 85- , 84,83, 82, 81, 80, 79 , 78,77,7^,7^,74 pieds d'air, qui font la fomme de 1 2 i 5 pieds j mais on a trouvé géométrique- ment certe hauteur feulement de 105)8 pieds; il y auroit donc une différence confiderable de 1 17 pieds , dont l'abaifl^emenc du mercure dans le Baromètre augmenteroit de trop la hau- teur de la montagne. Mais fi on fuppofe la hauteur du mercure dans le Baromètre O îo^ Observations faites dans le Voyage au bord de la Merde 27 pouces 10 lignes, puifque je trouvai mon Baromccre à 17 pouc. 9 lign. ^<: demi à 6 toifes au-deflus ^e la lUrface de la Mer , auxquelles il répond une demi ligne de mercure, on trouvera que la hauteur de la montagne qui réfultcra des i j lignes de différence de la hauteur du mercure en remontant à id pouc. 7 lign. où il auroit feulement defcen- du à la montagne, fi le mercure des expériences eut été ho- mo^^ene avec celui du Baromètre de Toulon ; on trouvera , dis-je , que cette hauteur s'accorde beaucoup mieux avec la hauteur trouvée géométriquement. (îar ces i y lignes de 'mercure font équilibre avec 77 , y6, 7f , 74> 73) 72-, 71 > 7c»^^5>, 6^ , 6j , 66, 6^,6^, 65 pieds d\iir qui font 1054 pieds, auxquels fi on ajoute encore 5^ pieds pour une demi ligne de mercure dont il écoit plus bas à la féconde expérience faite fur la montagne , ( & par-là on fe rapproche un peu plus de la troifiéme expérience ) la fomme fera 1093 pieds d'air , qui donne autant pour la hau- teur de la montagne par-deffus la furface de la Mer , qui ne s'écarte par défaut que de y pieds de la même hauteur de la montagne trouvée géométriquement : au lieu que l'autre hauteur trouvée par la plus balle hauteur du mercure , en y ajoutant, comme il le faut, ces 35? pieds, s'en écarteroic par excès de i j^ pieds , qui font plus de la feptiéme par- tie de toute la hauteur de la montagne. On voit par ce qu'on vient de dire combien de précau- tions il faut apporter , foit dans le choix du mercure , foit à le bien nétoier de toute faleté , autant qu'il fe peut -, foit pour que les tubes foientbien nets, fccs éc dégraiffez; foit auffi à eftimer à l'oeil jufqu'd une demi ligne, &: même un quart de ligne de hauteur du mercure dans \cs tubes, pour faire quelque chofe de bon en cette manière de melurer la hauteur des montagnes par la hauteur du mercure dans le Baromètre, Loin donc de me plaindre de ce mercure fî hétérogène à celui que j'ai emploie jufqu'ici , &: donr on fe fert ordi- liairemcDt, je lui ai obligation, puifqu'il nVa donr;é lieu DU Cap Sicier. Ï07 de faîre des réflexions qui me fcronc utiles , tc qui peu- venc rêcrc à ceux qui fe fervirout de cette ingenieufc mé- thode de Meilleurs Caflini &: Maraldi. Ils pourront, s'il leur plaît, voir encore les autres réflexions que j'ai faites iur ce même fujct dans l'Ouvrage intitulé voïage de la Sainte Baume, pour procéder avec plus d'exaditude :je ne les ré- pète pas ici. Des obfervations fi délicates demandent beaucoup de pré- cifion , on ira plus avant à mefure qu'on en apportera da- vantage ; mais il faut marcher légèrement fur des charbons couverts de cendre. La Géométrie rend les Pliyficiens fi dé- licats, qu'ils ne fe contentent pas aifément dans ce temps- ci, &; c'eft-là un grand avantage pour la fcience naturelle, qu'elle n'avoitpas dans les Siècles pafiez. On n'y voioit que Commentaires fur Ariftote qui obfcurcifiToient fon texte, on fe païoit de termes qu'on n'entendoit pas, ou de vai- nes fubtilitez ; ces mauvaifes modes ont pafifé , &: tout au plus fubfiftent dans quelques Ecoles, dont les Sçavans ne font pas grand cas» Refteroit à déterminer les cotez des triangles dont on a pris les angles depuis Nôtre-Dame de la Garde ; mais com- me il n'y en a que trois qui aboutifiTent aux montagnes du Revêt, de Coudon & du cap Benat, on attendra qu'on en aïe un plus grand nombre pour fuivre un plus grand nom- bre de triangles le long de la côte de la Bafic-Provence,. On ne prit que trois points remarquables, parce qu'on n'en vit pas d'autres , fi on excepte les Ifîes d'Hieres , qu'on obfer- vera plus commodément du cap Sepet i d'ailleurs les cor- dons de la vis de la tige du quart de cercle s'étant mangez: en travaillant, parce que cette vis n'étoit pas trempée, oa ne pouvoir tenir les deux lunettes du quart de cercle dans une fituation fixe. En ces matières, plus qu'en tout autre, il vaut mieux ne rien faire que de ne rien faire de bon. Le Public attend des Géomètres plus que des autres, la juftcfle, la droiture & la fincerité ; quelque réputatioa qu'ils aient , il ne leux O ij ioS Observ. faites dans le Voyage du Cap Sicier." fera pas grâce s'ils veulent fubftituer des hypothefes qu'il leur plaîc d'avoir rêvé ; ou s'ils manquent de fincerité; bannie de prefque tout le relie du monde, elle a trouvé un afyle afluré chez les Géomètres, le Public ne foufFrircit pas qu'on l'en chaflat, il y eft trop intereflé. 10^ VOYAGE DE LA CÔTE DE PROVENCE, O U OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES, P H Y S I Q^U E S ET GEOGRAPHIQ^UES, Faites le long de cette Côte. AYant eu ordre du Confeil de Marine d'aller faire des obfervations fur la côte orientale de Provence , comme j'en avois fait fur l'occidentale , pour perfec- tionner la Carte de la côte de Provence, j'embarquai fur un Bâtiment qui me fut équipé , mon quart de cercle de 3 pieds de raïon , diverfes lunettes de 8 pieds &: de 3 pieds, des compas de route &: de variation, du mercure & des tubes pour les expériences du Baromètre ; enfin tout ce que 3e jugeai neceffaire pour faire diverfes obfervations qui fuf- fent utiles au Public , ôc exécuter avec foin les ordres du Confeil. Je menai avec moi deux jeunes Ingénieurs à qui je pou- vois me confier, foit pour le deffein, foit pour m'aider dans les obfervations auxquelles je les avois formé ; aufïi me furent-ils d'un grand fecours dans ce voïage. Nous par- tîmes de Toulon le 27 Août 17 19 , fur les 8 heures du matin , pour Tlfle de PorqueroUes la plus occidentale des liles qui forment la grande ÔC belle rade des Iflcs d'Hieres. O iij iio Observations faites dans le Voyage . Je jugeai à propos de commencer par cette Ifle pour eu dé- 1719. terminer bien précifémcnt la latitude & la longitude, pour Aoûr. q^e quand on vient du large on ne fe trompa pas à l'at- terrage de cette rade , qui eft fi siire pour les Vaideaux que le mauvais temps oblige d'y relâcher. Nous eiimes le vent à rOueft-Sud-Ouefl; foible, Se par le travers du cnp Carkciranne la Mer ôc les courants ve- nants de l'Eft , il fallut fe fervir de la rame pour les fur- monter , le vent d'Oueft-Sud-Ouefl enflant à peine nos voiles. Enfin nous arrivâmes fur les deux heures après-midi à rifle de Porquerolles. Obfervations ajîronomî que s faites au Châieau de Porquerolles en Août 1^19. Le 28 au J'établis mon Obfervatoire fur une Platte-forme du Châ- matin, teau , où eft une batterie de trois pièces de canon de 1% livres de balle , & plaçai mon horloge dans un logemenu iittenant deftiné pour le Canonier. Hauteurs corrcf^ondantes du Soleil four l^ horloge,. Matin. 5?^ 35' 55' 43 '35)' o' 2-^38^31^ 3^ 42, 44 13 ly 2 34 i8 43 3 «[^ 44 47 o nuages. ^ La première de ces hauteurs donne midi vrai à î tli 7^ i ij^^ La féconde, à 12 7 14 Prenant un milieu on a midi vrai le z 8 Août, à ii 7 ij ce qu'il falloit connoître. Hauteur méridienne apparente du bord fuperieur du Soleil , j7^ 11^ 30^ Denii diamètre apparent du Soleil fouftra^lif, i y 55- A midi. Hauteur méridienne apparente du centre du Soleil, jé jy 35 Réfra^ion moins la parallaxe 3 32 Vraie hauteur méridienne du centre du Soleil , j^ j[j 3 Déclinailbn Teptentrionale du Soleil fouf- tra^ive 5 :9 T 3 O' DE LA CÔTE DE PrOVENCE. Ht Hauteur de l'équateur, /^jà i/ ^t Laticude du Château de PorqueroUes , 41 ^7 57 1719. ' — — Août. H Auteurs correfporfdantes du Soleil four l' horloge. Leipavi ,.,,., matin. Matin. Bord uip. du Soleil. Soir. •^h ^3/ 2^ 41^^ 57^ 30^ ih ^Qf 44^. 5^ 30 45 iS o I 39 40 45 î<î 4r 1 ""'s«. Le calcul de cette hauteur donne midi vrai, à i ih 6^ j 8* Hier 2 8 on eut midi vrai , à 1 1 7 i j L'horloge tarde donc en 24^ fur le temps vrai , de »I7 Pour être réglée au temps moïen,.elle de- vroit tarder de 18 .If Donc elle avance fur le temps mofen feulement , de i ce qu'il falloit connoître. Hauteur méridienne apparente du bord fuperieur du So- A midi, leii , ^6^ jo' I 5' Demi diamètre apparent du Soleil , i 5 5" î Hauteur méridienne apparente ducenn*e , Réfradion moins la parallaxe , Vraie hauteur méridienne du centre du So- leil , Déclinaifon feptentrionale du Soleil , Hauteur de Téquinoxial , Latitude du Château de Porquerolles , OhfervAtion de PEciipfe de Lune faite dans le Château de l'ijle Au foir. de Porquerolles. Le Ciel fut très-ferein Zc il ne fit pas de vent. L'ombre de la Lune fut afTez claire au commencement pour qu'on put dillinguer les taches les plus brillantes au travers de l'ombre ; mais elle fut plus obfcure dans la fuite , & d'un gris-de-fer obfcur , comme il arrive ordinairement dans les, £clipfes partiales , ô.: on ne diflinguoit plus aucune tache. 5<^ 34 20 32- 5^ 9 33 32^ 48 0 47 42. I 48 m Observations faites dans le Voyage Des deux compagnons de mon voïagc , l'un compta à l'hor- 1715?. loge, l'autre écrivit i'obfervation. La voici réduite au temps Août. vrai. rhâfes de l'Ecli^fe. Temps vrai. 7^ 13^ o^' Une fumée fe répand fur la partie de la Lune ou l'Eclipfe doit commencer. 37 48 Commencement de rEclipfe. 45 11 Le bord d'Heraciides touche l'ombre. 48 10 Hai palus fur le bord de l'ombre. 48 58 Harpalus tout dans l'ombre. 50 18 Kepler fur le bord de l'ombre» ji 32. Kepler tout dans l'ombre. 5-3 4(3 Platon fur le bord de l'ombre. y 5 46 Platon tout à fait dans l'ombre, 8 3 J 3 Tymocharis fur le bord de l'ombre. 6 24 Lnmerfion de Tymocharis. Ariftote fur le bord de l'ombre. 8 zz Archimedè fur le bord de l'ombre. Ariftote touc dans l'ombre. Mare Serenitatis touche l'ombre. Eudoxus touche l'ombre. Lnmerfion d'Eudoxus. Podidonius fur le bord de l'ombre. Poffidonius tout dans l'ombre. Copernic fur le bord de l'ombre. Cleomede fur le bord de l'ombre. Le milieu de Mare Fœcunditatis dans rombre.. Copernic n'avance pas dans l'ombre. Copernic s'éloigne de l'ombre. Manilius &: Menelaus fur le bord de l'ombre. Menelaus à moitié dans l'ombre. Copernic s'éloigne plus de l'ombre ; elle n'a point avancé fur le difquc de la Lune , ainfi il paroîc que c'eft ici le milieu de l'Eclipfe. 4^ 4^ Immerfion de Manilius &: de Menelaus. Milicîi de l'Eclipfe. Pline fur le bord de l'ombre. Mare Crifium touche l'ombre. Maiiihus liors de i'oir^bre. ^6^ 39^ Manelaus 1 1 3^ 14 5^ 16 zz 24 46 z6 2X 28 18 29 18 33 28 37 58 39 z6 42' z% 45 18 4J 54 50 58 54 4 55 z6 D E Temps vrai, h o LA C O T E DE RO VENC E. 1 15 39' Menelaiis hors de l'ombre. ^^ o 15 Kepler fort de l'ombre. 48 Emerfion de Kepler. 15) Pline fort de l'ombre. 59 Emerfion d'Erathoftene. 24 Cornes prefque parallèles à l'horifon. 9 Cornes tout à fait parallèles à l'horifon. 49 Emerfion d'Archimede. Emerfion du bord de Mare Crifium qui ne s'eft point enfoncé dans l'ombre. Elle a refté au- près de ce bord 31^ 3 y^ fans avancer. Mare Serenitatis hors de l'ombre. Ariftote &: Eudoxus hors de l'ombre. 9 y^ 48 Fin de l'Eclipfe. 7 ^j 48 Commencement de l'Eclipfe. o I 7 15 18 19 2-5 3T 41 3i> 44 21 2 19 I .9 7 37 48 o Durée de l'Eclipfe. 30 Demi durée. Commencement. 8 47 1 8 Milieu de l'Eclipfe , l. ^2." près de ce qu'on avoit déterminé par l'avancement de l'ombre fur le difquede la Lune. Les temps ci-dcfius font ceux de l'arrivée des taches à l'om- bre la plus épaiiTe. On n'a rien obfervé de particulier fur ja couleur de l'ombre de la terre : on n'en dira donc rien de plus que ce qu'on a remarqué en diverfes autres obfer- vations d'Eclipfe, Hauteurs correj fondantes du Soleil four l'Horloge. Bord fup. dn Soleil. Matin. 32 ^6 37 o 42° 42^ 43 30 Août, à Mais le 28 Août on eut midi vrai, à 171^9. Août. Le 3 0 ari matin. f 50^ 2l^ 43^ 2,8^ 49 o 2 40 34. 16 30 2 3^ 34. Prenant un milieu entre les trois calculs qui donnent midi vrai entre o'i 6' 37'^ &: o'^ 6' à^^" , on a midi vrai le ^o Août, à o'^ 6' 41''' o 7 ij tî4 Observations faites dans le Voyage Donc l'horloge a tardé fur le temps vrai en 171 p. deux jours, de 34'^ Août, ce qui donne encore pour retardement journalier , 17 5^ fait voir que l'horloge écoit bien réglée au temps moïeno Ce qui a fervi pour la correûion du temps de l'obfervation de l'Eclipfe. Le 30 à Hauteur méridienne apparente du bord fuperieur duSo- imdl leil, 5(^0 iS' ^o' Demi diamètre apparent du Soleil , ^5 5 5 Hauteur méridienne apparente du centre du Soleil , RéfracVion moins la parallaxe, Vraie hauteur méridienne du centre du So- leil, Déclinaifon feptentrionale du Soleil, Hauteur de l'équateur , Latitude du Château de Porquerolles , La plus forte ci-devant a été , Difterence, 14 Ajoiitant la moitié de cette différence à la plus petite, on a 4^ 5^ 5 Pour la latitude moïennc , ou pour faire le compte rond, 41 58 o &: c'eft ainfi qu'on l'a pofée fur la Carte carrigée de la côte de Provence. Obfervatioiu afironomîques faites ^u Château de Vljlc de Portecros le premier Septembre i ^ i p. Le 31 Août 171 9, nous partîmes de Porquerolles à S heures du matin avec le vent d'Efl affez frais qui nous étoit contraire ; mais , comme l'ifle de Porquerolles nous cou- vroit de la Mer , en huit bordées nous nous trouvâmes Nord &: Sud avec le cap des Meudes le plus oriental de Porquerolles ; enfuite portant au Nord-Eft ~ Eft , nous fîmes une longue bordée dans la rade qui nous porta au Port de PEaube ; de-là en trois petites bordées nous nous mîmes deux ou trois cables â PEit du fort de Brigançon , d'où 5« iz 3f 5S • 5^ IZ z 9 10 0 47 2 z 42- 57 î8 41 y^ IZ DE LA CÔTE DE PROVETTCE. îij ci*unc feule bordée nous atterrâmes à Portecros ; nous y ■ . trouvâmes les Barques du Roi commandées par Meflieurs i 7 i 9. du Ligondcz &: de Marandé qui nous reçurent très-bien î Sepiemb. nous en avions befoin, nous étions fatiguez Se mouillez de la Mer qui étoit grofïe. Hauteur méridienne apparente du bord fupcrieur du Se- Le prc-j ieil, '^^o ^4/ Qf micL- à Demi diamètre apparent du Soleil, ij j8 ""'^^' - I t Hauteur méridienne apparente du centre du Soleil, yj 28 z Rcfradion moins la parallaxe, 3j Vraie hauteur méridienne du centre du So- leil, 5 y 2,7 17 Déclinaifon feptentrionale du Soleil, 8 17 o Hauteur de réquateur, 47 o 27 Latitude du Château de rifle de Portecros, 41 y^ 33 Hauteur méridienne apparente de Venus, 35^ 14? o" Apiês^ Rcfradion fouftradive, - i 2,5 midi. Vraie hauteur méridienne de Venus, 35 11 37 Déclinaifon méridionale de Venus additive, ï I 47 o Hauteur de 1 cquaceur , Latitude du Château de Portecros , Mais par la hauteur méridienne du Soleil , elle eft. Différence , Ajoutant 15^'' à la plus petite latitude , on a unemoienne, ou pour faire un compte rond , c'eft ainfi qu'on la pofée dans la Carte corrigée, Obfcrvations ajironomiques faites p}s le capBenat le ^Se^tèmbrs 1715). Le z Septembre nous partîmes fur les dix heures du ma- tin de Portecros avec un vent de Sud-Sud-Ouell foible , mais \çs courans qui venoient de l'Eft nous étoient contraires, ainfi nous ne pûmes arriver à la plage, qui eil: au Nord du cap Be- liât, que fur les 4 heures du foir i nous ne pûmes rien faire 45 59 37 43 0 ^3 42 59 53 L 0 50 42.0 59 5S 4? 0 0 Î4 59- 32- 3S 54 58 54 7 43 0 46 55 54 43 4 6 ii5 Observations païtes dans le Voyage ^ . ce jour-là; nous montâmes au Château qui eft prefque à un 1719. tiers de la montagne èc fait face à l'Eft ^ &c nous y fiimes Sepremb. bien reçus. Le à Hauteur méridienne apparente du bord fuperieur du midi. Soleil, 54° 5 5^ 3^" Demi diamètre apparent du Soleil , 1 5 5 ^ ' ;;. Hauteur méridienne apparente du centre du Soleil , Réfradion moins la parallaxe , Véritable hauteur méridienne du centre du Soleil , Déclinaifon feptentrionale du Soleil , Hauteur de î'équinoxial , Latitude du lieu où eft la Madrague près du cap Benat, Obfervations agronomique s faites à la Citadelle de Saint Trofez.^ en Septembre lyi^. Le 3 Septembre nous partîmes à une heure après-midi de la Plage du cap Benat par un vent de Nord médiocre, nous fûmes par le travers du cap Taillât fur les quatre heu- - res ; mais le vent aïant molli , àc étant obligez de porter le cap au plus près , nous ne pûmes arriver à S. Tropez que fur les fix heures du foir. Nous fûmes très-bien reçus par le Commandant de la Citadelle qui nous logea. J'établis mon Obfervatoire fur la Plate-forme du Donjon, & pla- çai mon horloge dans la Chapelle. J'y fis les obfervations Suivantes pour avoir la latitude &; la longitude de Saint Tropez. l^Q . X Hauteur méridienne apparente du bord fuperieur du ^idi. "" Soleil, 54° 3^' 30^, Demi diamètre apparent du Soleil, 15 y 8 Hauteur apparente du centre du Soleil à midi, 54 ^ 52- Réfradion moins la parallaxe, 39 Vraie hauteur méridienne du centre du Soleil ^54 5 55 DE LA CÔTE DE PROVENCE. 117 Déclinaifon fcptentrionale du Soleil , 70 11^ 1 _ 1715?- Hauteur de l'équateur, 46 44' 53 Septemb. Latitude de la Citadelle de Saint Tropez , 43 ij 7 Hier on ne put point prendre des hauteurs correfpondan- Le 5 au tes du Soleil à caufe des nuages : on en a pris aujourd'hui pour iiiatin. fçavoir l'état de l'horloge. Hauteurs corref pondante s du Soleil ^our V horloge. Matin. Boidfiip. du Soleil. Soir. 8ii 40^ 16^ 3 3^^ 41' o" 3^ 18^ 16". 44 4 34 10 G 3 14 3(^ 47 2. 34 47 30 3 II 34 yo ;24 35 20 30. 3 8 14 Les calculs de ces quatre hauteurs s'accordent à â^' près ^ & donnent midi vrai entre 1 1'^ 5^^ z6" &: ii'i 59^ 21^'' ;, pre- nant un milieu on a midi vrai le y Septembre, à iiIj ^^' 24^^ de forte que l'horloge tardoit fur le temps vrai, de 3 ^ Hauteur méridienne apparente du bord fuperieur du So- ^ i^^j^j^ leil, J40 i^ o''*' Demi diamètre apparent du Soleil , i J 5 8 Hauteur méridienne apparente du centre du Soleil , Réfradion moins la parallaxe , Vraie hauteur méridienne du centre du So- leil, Déclinaifon feptentrionale du Soleil ^ Hauteur de l'équateur , Latitude de la Citadelle de Saint Tropez , Temps vrai. 2 h 46^ '^i" Hauteur méridienne apparente de Lefoir» Venus, 33 14 30 . Réfraction fouflradlive , 150 53 4y 2 3P 53 44 2-3 6 59 G ^6 45 2-5 43 14 37 Vraie hauteur méridienne de Venus , 33130 Déclinaifon méridionale de Venus ^ 1 3 32 1 8 P iij iiS Observations faites dans le Voyage Hauteur de l'équateur , 4^^ 4j' ig' f^ip- Latitude de la Citadelle de Saint Tropez, 43 14 4^ Septemb. ^ ^ - Prenant un milieu entre ces trois latitudes , on a 45 14^ y i pour la vraie latitude de la Citadelle de Saint Tropez qui cil au bord de la Mer ; c'cft ainfi qu'on l'a pofée dans la Carte corrigée. Le (î au On avoit réglé l'horloge pour obfcrver l'Eclipre de l'Etoile Kaatin. y de laconilellation des Hyades qui devoit arriver cette nuit; dans lapenfee que quelque Aftionome pourroit lobferver ailleurs, ce qui donneroitla longitude de Saint Tropez, en fe fervant de: la méthode que M. Cafïini a donnée dans THif- toire de l'Académie ivoiale des Sciences ; ainii on aura un autre point fixe pour la delinéation de la côte de Provence, Temps vrai. Matin. o^^ 33'' 46^ L'Etoile y de la troifiéme grandeur dans les Hyades eft prcuc à s'éclipfer ; elle eft en li- gne droite avec les taches de Kepler &: Co» pernic. 0 37 2.0 L'Etoile y cachée par le bord éclairé de la Lune dans l'endroit qu'on vient de marquer. 1 6 o W furvient de gros nuages ; ils ont duré long» temps , U. ont empêché de voir Tcmcrlion de cette Etoile. Tout le matin il y a eu beaucoup de nuages à l'Oueft , ainfi on n'a pas pu voir la conjondion de la Lune & d'Aldeba- ram qui devoit arrriyer vers les iil^, ô<: qui peut être au- roit été écliptique. Objer^atlons dfironomiques faites a Cannes k % Septembre 171p. Nous partîmes le C Septembre à midi de Saint Tropez par un petit vent d'Oued qui s'étant toujours afFoibli , nous fumes obligé de mouiller au port de Naguay. Nous fondâ- mes à l'entrée du port fur une barre qu'il y a, nous trou- vâmes dix braiïcs d'eau fond de roche dure. Cette barre gît Ett ô£ Oued tout à travers du port , &: aboutit à l'Eft à des rochrrs qu'il ne faut pas ranger de près quand on vient de l'Eft j il faut gouverner fur la tour de garde qui eft à 1 5^ 21 0 39 5^ 20 21 S 52^ 0 ^6 28 21 45 31 39 DE LA CÔTE DE pROVENCE. II5) rOuefl: du port , jufqu'à ce qu'on voie le fort qui refte à tribord en entrant. 17 19. Lq 7 Septembre nous partîmes de Naguay à 5 heures & Septcmb. demi du matin aïant le vent Nord-Oueft aflez frais, &: nous arrivâmes à Cannes à 5) heures fort vite & fort heureufe- ment. Hauteur méridienne apparente du bord fuperieur du So- Le g à leil, j2,o 37' o^ i^^i^i* Demi diamètre apparent du Soleil , i6 o Hauteur méridienne apparente du centre du Soleil , Réfradion moins la parallaxe , Vraie hauteur méridienne du centre du So- leil , Déclinaifon feptentrionale du Soleil , Hauteur de l'équateur , Latitude de Cannes , Cette obfervation a été faite fur une petite hauteur au bord de la Mer , contre la Chapelle de Saint Pierre qui refte à rOueft en entrant dans le port de Cannes. Le 8 Septembre 1715) , nous partîmes de Cannes à trois heures après-midi par un petit vent d'Oueft , & nous arrivâ- mes à 5 heures à l'Ifle de Sainte Marguerite. M. le Com- mandant du Fort nous reçût très-bien & nous loo-ea. Le 9 Septembre comme j etois à attendre le Soleil au méridien, dont il étoit fort peu éloigné, il furvint de o-ros nuages avec pluie & tonnere , de forte que je ne pu point prendre la hauteur du Soleil. L'après-midi à 3 heures nous pafTâmes le bras de Mer qui fépare les Ifles de Sainte Marguerite ôc de Saint Honorât, au- trement de Lerins. Obfervations ajlronomi que s faites à. l'ijle de Saint Honorât ou de Lerins , le 10 Septembre 17 15). Hauteur méridienne apparente du bord fuperieur du So- leil, y 10 y 4^ 30* Demi diamètre apparent du Soleil ^ i6 o 110 Observations taites dans le Voyagé Hauteur aieridienne apparence du centre du 1719. Soleil, 510 38' 30*^ Septemb. Réfradion moins la Parallaxe , 41 Vraie hauteur méridienne du centre du So- leil, ji 37 49 Déclinaifon feptentrionale du Soleil, 560 Hauteur de réquateur, 46 31 49 Latitude de rifle de Lerins ou S. Honorât, 43 28 11 L'obfervation actéfaiteau borddelaMer près la porte de la grande tour dans laquelle efl: l'Abbaïe de Lerins. Le milieu de i'ifle de Sainte Marguerite eft tout au plus au Nord de 30 fécondes, ainfi la latitude de Sainte Marguerite fera de .... 45'^2.8^4i*' Le 10 Septembre 17 19 nous partîmes à midi &c demi du port de ïlûc de Lerins par le vent de Sud-Eft afïez frais , qui nous étoit contraire , pour aller à Antibes ; nous allâmes paf- fer au Nord de Sainte Marguerite pour avoir moins de vent & de Mer ; nous fîmes une bordée fur la pointe du cap de la Coronne au Sud-Eft de Cannes. En trois bordées nous nous trouvâmes par le travers du Château de Sainte Mar- guerite ; d'où nous fîmes un bord qui nous mena feulement à la Gabelle dans le fond de la rade du Gourjean , à caufe que le vent fe rangea à l'Ell:. De-là par plufieurs petites bordées nous doublâmes les quatre pointes du cap de la Ga- roupe portant toujours au plus près &: ramant toujours de 5Z;rande force , la Mer &: les courans de l'Eft nous étant con- traircs , Se le vent à l'Eft aflcz foible j enfin nous arrivâmes à Anribes fur les fix heures du foir. Le II &c iz Septembre le Ciel a été fort couvert à Anti- bes , il a beaucoup plu à d ivcr fcs rcprifes , &c fait du ton- ncre : Je n y ai pu faire aucune obfcrvation : je m'en fuis con- folé fur ce que feu M. Caffini y en a £nt de fort bonnes qui ont donné la latitude &: longitude d Antibes. Nous par- tîmes le I 3 d'Antibes pour Monaco avec un vent frais de Nord-Oueft qui nous obligea défaire très-pecite voile. La Mer du Sud-Oueft étoit fort grofTc : en quatre heures de temps nous arrivâmes à Monaco à une heure &: demi du foir après a^oi-r couru rifque de nous perdre ^ foit à caufe du grostemps, fois DE LA CÔTE DE P R O V E N C E. HT loit parce qu'une rifce de vent nous penfa faire virer en en- — • tranc dans le port de Monaco. '• 1 7 " 9- Le 14 Septembre comme j'allois prendre une hp.uteur me- Sepcemb. ridienne, un gros nuage qui furvint rendit mes peines inu- tiles. Monlieur le Prince de Monaco aiant fouhaité que nous l'allaffions voir à Menton , nous parâmes à deux heu- res du foir pour nous y rendre. Le vent écoit afTcz frais à rOucft, &: la Mer du Sud-Oucft fort gro{re;nous arri- vâmes en moins de deux heures à la Plage, où nous dé- barquâmes avec peine , pour avoir l'honneur de faluer M. le Prince de Monaco qui écoit à fon beau jardin de Carnolec. Nôtre Bateau alla au porc de Menton où on le tira à terre à caufe de la grofle Mer du Sud-Ouefi: qui efl: le traverfier de cette Plage , ouverte à tous les vents depuis l'Eft à rOueft •par le Sud. Obfervations agronomiques faîtes â Menton ie ij Septembre . 1719. N'aiant pu avoir la latitude de Monaco , comme on l'a S 16 18 9 5^ 48 9 41 0 M 48 16 18 15 48 DE LA CÔTE DE PROVENCE. iip de Lune, il n'y a que celles qui font voifines du commen- cement &: de la fin de rEclipfe, qui puifTent être utiles pour trouver les difterences des méridiens bien exactement ; dans les autres phafes l'ombre reltanc long-temps à couvrir les taches, lefquelles entrent fort obliquement dans l'om- bre, ou bien à s'en détacher; ceux qui obfcrvent ne peu- vent eftimer aflez exadement le temps de l'arrivée de l'om- bre à ces taches, ou celui auquel l'ombre les quitte, ce qui introduit une différence de deux ou trois minutes , & quel- quefois plus dans les différences des méridiens réful tantes de ces comparaifons. OBSERVATIONS PHYSIQUES Faites pendant leVoiage le long de la Cote de Provence a-vec des E^eflexions fur ces Obfewatïons, A P O R CL,U E R O L L E s. LE vingt-huitième Août à dix heures du matin , on a fait l'expérience du Baromètre fur une Platte-forme du Château où eft une batterie de trois pièces de canon ; après avoir bien purgé le mercure & vuidé les ampoulles d'air qui étoient refiées en chargeant le tube, le mercure a refté à la hauteur de 27^°"'^- r^'ig"- On a réitéré l'expérience après avoir de nouveau pur2;é le mercure, &: rempli le tube de manière qu'il n'y paroif- foit aucune ampouilc : le mercure efl refté à la même hau- teur. Le foir de ce jour-là on dcfcendit au bord de la Mer, il faifoit trop chaud pour y aller au gros du jour. Là fur le fable tout près de la Mer , on chargea le tube avec du mercure : on apporta les mêmes précautions qu'on avoit fait le matin , le mercure refta à ^yP""'^- c>'ign. ^pouus. Entre les hauteurs du mercure trouvées dans ces expé- riences, il y a deux lignes &: demi de différence, qui don- nent félon la table de M. Caffmi , qui eft dans les Mémoi- res de l'Académie de 1705 pag. 72, depuis 27 pouc. 711g. R 13® Observations faites dans le Votace JAifqiiW 17 pouces 5? lignes ^, pour les 2 lignes ii toifes un pied, pour la demi ligne j coifes un pied , c'eft à-dire, que la Plate-forme feroïc élevée au-deflus de la Mer de ^6 coifes 1 pieds. Comme on s'eft fort étendu fur cette ma- tière, dans l'Ouvrage qui a pour titre Voiage de la Sainte Baume, on ne s'y arrêtera pas davantage ici; mais voïons fi par une autre méthode nous trouverons la même hauteur. Aiant pomté au lever du Soleil le 29 Août la lunette dii quart de cercle à l'horifon de la Mer, elle a été trouvée balîe de o^ 14' o' il ne faifoic pas de vent , & l'air étoit fort ferein. Le même matin à ii'^ zo' le vent étant à l'Oucft Sud- Ouefl aiîcz frais, l'horifon fort ferein , la Mer a été bafïe feulement de o^ 13'' 30^ Le foir à 6^ 30^ aïant pointé la lunette au même en- droit de rhorifon de la Mer, qui eft le Sud-Sud- Eft, le vent étant au Sud-Sud-Ouell médiocre , l'air ferein , la Mec s'eft trouvée baile de . o^ 14'' o''^ .comme le matin. Le 30 Août à fept heures trente minutes , la Mer s'eft crouvée baflè de 0^^ 1 4^ q^ le vent Nord-Oueft médiocre , le Ciel ferein. Il eft clair que l'inclinaifon du raïon vifuel , ou la baf- fe il e de l'horifon de la Mer, qui fut obfervée le 2,9 à i r^ io^ du matin , n'eft moindre que les trois autres , qu'à caufe que la chaleur de l'air & la force du vent étant plus gran- des à cette heure-là , le raïon vifuel a dû s'élever des yJ dont ces obfervations différent : on ne s'arrête pas à le prou- ver , on l'a fait fort au long dans le Traité fur les Réfrac- tions horifontales. On doit donc regarder l'inclinaifon de 1 4 minutes , comme la véritable bafïefTe de l'horifon de la Mer , vue de la Plate forme du Château de PorqueroUes j &; par conféquent la hauteur de cç^z endroit eft de 14 mi- Ttuces s mais en doublant le finus total ou le raïon, & le faifant de 20000000 , comme je l'ai pratiqué dans le Traité fur la Réfraétion , la fécante de 14 minutes excède le raïon jde 166 parties qui font autant de pieds; lefquels font 27 toifes 4 pieds, defqucls il faut ôter la hauteur du quart de cer- ç\c qui eft de j pieds 8 pouces , reftc donc pour la hauteur du pavé de la Plate-forme z6 toifes 4 pieds 4 pouces au-deilus de DE LA CÔTE DE P R O V E N C E, î ^t la furface de la Mer ; mais par les expériences du Baromètre elle a été trouvée ci-defTus de 16 toifes z pieds, qui ne difFere de la précédente que de z pieds 4 pouces , ce qui s'accorde avec bien plus de précifion quon n'avoit lieu de l'attendre des expériences du Baromètre , où une douzième de ligne n'eft pas facile à appercevoir , outre la différence que peut introduire le plus ou moins de bonté du mercure : hcurcufement celui que j'ai emploie dans ce voïage s'eft trouvé des meilleurs ; car il laiflbit fort peu de noirceur fur le linge en quatre doubles à travers lequel on le faifoic pafTer pour le purifier. On mefura géométriquement la hauteur du Château : on pointa pour cela la lunette du quart de cercle à l'extrémité du parapet de la tour du Donjon , l'angle de la première llation fut de 12,^ 31^ o'^ L'angle de l'autre dation fut de ic» ij La longueur de la bafe fut prife de 45- toifes. D'où on a par calcul trigonometrique la hauteur du pa- rapet du Château de 16 toifes un pied 4 pouces, depuis la ftation la plus voifme j mais par le nivellement on trouva cette ftation plus haute que le bord de la Mer , la hauteur du quart de cercle comprife , de 4 toifes , de forte que la hau- teur du haut du parapet feroit de 30 toifes un pied 4 pou- ces î mais d'autre part la Plate-forme , où on a fait les ex- périences , &r qui a fervi d'Obfervaroire, fe trouve plus bafïé que le parapet du Donjon de 4 toifes , ce qui réduit la hauteur de la Plate- forme h. 16 toifes un pied 4 pouces, ce qui met une différence feulement de 8 pouces avec la même hauteur trouvée par le Baromètre ; & une différence de 3 pieds avec cette même hauteur trouvée par la bafleffede l'ho- rifon de la Mer, que la réfraction aura pu aifcment introduire. On voit que ces trois diverfes méthodes pour obferver les hauteurs des lieux où Pon fe trouve , qui n'ont rien de commun, s'accordent beaucoup mieux qu'on n'avoit lieu d'efperer : de forte que pourvu qu'on opcre avec précifion,. on peut emploïer l'une au défuit de l'autre y & quand on en emplo'ira plufieurs , l'une fervira à corriger l'autre, c]uand elles ne s'accorderont pas, & fervira à l'autre de confirma- tion , lorfqu'elles s'accorderont. Ici l'erreur eft fi petite qu'on ne fçait fur laquelle des trois il fuit rcjetter la différence. , Rij, iji Observations faites dans le Voyage Expériences four la, Dilatation de l'air. Immédiatement après les expériences faites le 28 Août pour la pefanteur de ratmofphere qu'on a rapporté ci- deflus , je jugeai à propos d'en faire pour la dilatation de l'air, me fervant du même tube qui a 3(5 pouces 4 lignes de longueur. On nétoïa foigneufement le mercure à cha- que expérience, &: on eut foin d'ôter les ampoules qui fe trouvoient engagées dans le mercure en chargeant le tube , qui n'avoit fervi qu'à trois expériences depuis qu'on l'avoit nétoïé avec de la grenaille &: de l'cfprit-de-vin. /. Expérience . On a rempli le tube de mercure à la hau- teur de 3 1 pouces z lignes , de forte qu'il reltoit 5 pouces 1 lignes d'air dans le tube du côté de l'oritice : on a en- fuite plongé le tube, dont l'orifice étoit bouché avec le doigt , dans un vafe de porcelaine où il y avoit un pouce de mercure : il a refté dans le tube à la hauteur de I^Po^'c- iiiga- //. Expérience. Oïi a mis du mercure dans le tube à la hauteur de 24 pouces avec les mêmes précautions que ci- delTus ; enfuite on l'a plongé dans le vafe où il y avoit du mercure, bouchant l'orifice avec foin : ôtant le doigt, le mercure a relié à la hauteur de i^po^"^- y^'S"- Pour connoître quelle a dû être la dilatation de l'air dans ces deux expériences, nous nous fervirons de la même mé- thode dont pluficurs Auteurs fe font fervis avant nous. La longueur du tube a été trouvée de 3éP0"c. ^ugn. Par l'expérience qu'on venoit défaire, la hau- teur de i'atmofphere , 177 Refte une différence de ^9 La moitié de cette différence . efî: 44-^ ou 5-1 lig.7, quarrant cette différence on a pour quarré 275^''^"- ^ La hauteur de Tatmofphere 27pouc. 7 lig.vaut, ^^i^''?,^' L'air introduit dans le tube y pouc. 2 lig. vaut , 61 Multipliant ces deux nombres l'un par l'autre , le produit eft, xq^iz^'^^' DE LA CÔTE DE P R O VE N C E. T 5 5 Auquel ajoutant le quatre trouvé cir-defllis , 2^7 5 (j ^ ^'fe"- on a pour produit du re<îlangle plus le quarrc, i^iyS j dont il faut tirer la racine quarrée. La plus appro- chée cft , I 5 i On lui ajoLitera la moitié de la différence ci-deffus , ^i-^ On aura la fomme de 204 7 : Les divifiuit par ii , le quotient 17 pouces Se demi ligne fera la dilatation de Tair qui répond à y pouces 1 lig. d'air qu'on avoir laiffé dans le tube à la première expérience ; mais par l'expérience il étoit refté 19 pouces une ligne de mercure ; ainli l'air occupoit 17 pouces 3 lig. dans le tube : il y a donc une différence entre le calcul &: l'expérience de 2 lignes ^ dont l'air s'eft plus dilaté dans le tube, que ne le donne le calcul. On en dira plus bas la raifon. A la féconde expérience il reftoit dans le tube 12 pouc. 5 lign. ou 149 lig"' La hauteur de l'atmofphere eft 27 ponc. 7 lig. ou 3 3 1 Les multipliant l'un par l'autre, le produit eft 49^19 auquel ajoutant le quatre ci-deffus, ^.j^ôj la fomme eft de ' y 2075-^ Tirant de cette fomme la racine quarrée, elle eft 228, c'eft la plus approchée. Il lui faut ajouter la moitié de la difterence , 5" 2 f leur fomme cft , 28 o 7 &; divifant par 12, on a 25 pouces 4 lign. 7 pour la di-; iatation de l'air qui correfpond à 12 pouces y lign. d'air qu'on avoir laiffé dans le tube : mais par l'expérience il étoic refté 2 3 pouces 1 1 lignes d'air , il y a donc une différence entre l'expérience ôc le calcul de 6 lign. ^ : on peut ajou- ter une demi ligne à ce qui eft venu dans ces deux calculs , à caufe que les racines n'étoient pas précifes , ce qui dimi- nue d'autant la difterence entre l'expérience &c le calcul , laquelle peut venir auffi des ampoules d'air imperceptibles qui fe trouvent mêlées entre le mercure & le paroi du tube, ^ie manière qu'on ne peut les diftinguer au travers du verre j elles gagnent le haut du tube avec l'air qu'on a laiflé dans le tube, iorfqu'aïanc plongé le tube dans le mercure, on R iij 154 Observations faites dans le Voyage ôce le doigt qui bouchoit l'orifice y alors ce qu'il y avoit de trop de mercure dans le rube tombe dans le vafe, tandis que l'air qui éroit en bas monte au haut du rube , &c em- porte avec lui les ampoules imperceptibles qui fe trouvoienc engagées dans le mercure du tube. Il eft d'ailleurs difficile d'eftimcr jufte une demi ligne ou un quart de ligne fur le tube , & pour peu qu'on s'y trom- pe, on voit en Eùfant le calcul que cela peut aller loin; dans ce dernier aiant pris 148 pour 149 lignes de mercure qui refta dans le tube , cette erreur diminuoit la racine d'une ligne , &: on a été obligé de refondre le calcul. On voit que le poids de l'atmofphere a été moindre qu'il n'eft ordinairement , aufli avoit-on eu le jour précèdent des orages à diverfes reprifes &c en divers lieux , quoiqu'ils ne parvinflenc pas jufqu'à nous à Porquerollcs , où nous eû- mes toujours beau Ciel , Se feulement quelques nuages par intervalles : le poids de Tatmofphere ne laifloit pas d'être duninué, comme on le verra par les obfervations fuivanteSo Obfervaîlons Thyji que s faîtes à II [le de Fortecros. Tavois établi mon Obfervatoiredans une tenaille du Fort le plus voifm de la Mer, laquelle regarde le Sod-Oueft, auprès d'une batterie de 3 pièces de canon qui défend l'en- trée du port àc le canal qui eft entre Portecros & la petite Ide de Bagueau. Cette Ille couvre le port de la Mer d'Ouclt & Sud-Oueft qui font les traverfiers de ce port, ainfi il eft à couvert de tout vent &: de toute Mer ; feulement quand il fait des vents d'Eft fort frais, il faut être fur Çqs> gar- des , ce vent paffant dans un valon étroit Se recourbé en devient encore plus frais, Se feroit dérader les Bâtimens s'ils n'avoient de bonnes amarres à terre , Se n'amenoienc leurs vergues tout bas. Il y a deux autres Forts plus élevez que celui où }'ai obfervé , qui défendent encore le port r je n'entrerai point dans le détail des Fortifications de cqs trois Forts , comme je n'ai pas parlé de ceux de Porque- rollcs, cela n'étant pas necefTaire. Après avoir calé exadement mon quart de cercle pour ÏGS obfervations que j'avois à faire, je commençai par pren- dre la bafTefle de l'horifon de la Mer pointant la lunette DE LA CÔTE DE pROVENCE. J yf âti Sud-Oucft } elle fuc à fept heures du matin du premier Septembre de lo^ Le foir de ce jour-là elle fut encore de lo' Le matin du z Septembre la bafTefle fut encore de i o Il n y eut donc point de variation dans la réfradion. Cette inclinaifon donne pour hauteur de cette PlatCT forme au deflus de la Mer, la hauteur du quart de cercle comprife, 84 pieds , ou 13 Toifes. Le premier Septembre nous fîmes deux fois l'expérience du Baromètre dans la Sale du Château , dont le pavé eft plus bas que la Plate-forme de 7 pieds. A la première ex- périence le vif-argent monta à 2,7^'°"^- 8''§"- A la féconde expérience il monta feulement à 27 7 ^ Dans toutes les expériences qu'on a fait pendant le voïage, on a toujours eu foin de bien nétoïer le vif-argent , èc d'ôter autant qu'il fe pouvoit les ampoules d'air reftées en rem- pliiîant le tube^ On ne fit pas l'expérience au bord de la Mer , foit parce qu'on ne jugea pas cette hauteur afîèz confiderable , foit que par la grande chaleur qu'il faifoit , on ne put pas y def- cendre en lieu commode ; mais étant deux toifes un pied, foit pour la hauteur du quart de cercle , foit parce que le pavé du Salon eft plus bas de fept pieds , ce lieu eft tout au plus dix toifes cinq pieds au-deiïus de la furface de la Mer. Le vif-argent fcroit donc monté au bord de la Mer à - 2<7P°'"^- 8^'g"- ~ Ce qui fera confirmé par l'expérience qu'on fit au cap Bcnat le z Septembre au bord de la Mer^ comme on le rapportera bien-tôt. Je remarquai à l'Ifle de Portecros que les bancs ou lits Àc roches dont l'Ifte eft pleine, &: qui fe communiquent à la petite Ifle de Bagueau, font différemment couchez &C d'une nature difterente que ceux de l'îfle de PorqueroUes. Ceux-ci font fort durs, èc pofez parallèlement à l'horifon, maïs ceux de Portecros Se de Bagueau font d'une pierre alTcz molle , qui fe fépare par feiiilles , comme de l'ardoife , dont elle a prefque la couleur ; elle n'eft pourtant ni fi noi- re, ni fi dure. Outre cela ces lits font avec l'horifon un an- gle de 60 degrez incliné du côté de l'Eft, &c ils courent du Sud- Eft au Nord-Oueft. Il y en a de plus épais les uns que les autres ^ mais les plus épais n'ont pas plus de deux pieds. i3^ Observations faites dans le Voyage Il y a dans riflc de Bagueau une autre efpcce de roche fort dure, d'un jaune clair, fur-tout dans la partie derjflc qui regarde l'Ed , &: on trouve (ur le bord de la Mer fur quelques-iuis de ces rochers , de petites pierres de la na- ture des criftaux , taillées en piramidcs ôc formant une pointe de diamant; quelques-unes font aflcz tranfparcntes , les au- tres font brutes &: grifes. On en a trouvé quelquefois d'afl'ez groiTcs qui prenoient un beau poli &: avoicnt une aflez belle eau. Elles font adez dures pour couper le verre com- me le diamant. Outre cela elles tiennent fi fortement à ces rochers , qu'on a peine à les détacher. Elles ont prefque toutes la figure de piramide odogone dont la bafe n'eft pas régulière ; ainfi toutes les faces ne font pas tout-à-fait éga- les. Il y a de ces roches qui en font femées près à près ; dans d'autres elles font plus groflés &c plus écartées les unes des autres. 11 fe peut qu'en rompant ces roches avec la malle, on en trouveroit d'autres, mais nous n'avions ni le temps ni les outils necelTaires pour cela. Ces Ifles pourroient être mieux cultivées qu'elles ne font , fur-tout PorqucroUes & l'Ifle de Levant , qui font de moïen- ne hameur, &c la terre y paroît meilleure qu'à Portecros qui eft plus élevée & plus rude. Il y a pourtant des Valons qu'on cultive, quelques vignes, èc un Jardin où il rcfte encore quelques beaux orangers. u4u câp Benat. Dès que nous fûmes arrivé à ce cap le z Septembre 1715?, nous fîmes au bord de la Mer l'expérience du Baromètre, le mercure monta à 2.7?^"'^ 8''^"- ce qui fait voir qu'il avoir tout au plus abbailTé de demi ligne depuis l'expérience qui avoir été faite à Portecros le )our précèdent, puifqu'il n'y avoir pas de grands change- ments dans l'air , ce qui étoit aifé à reconnoître par le vent &: la difpofition du Ciel qui étoit la même à fort peu près. Il nous parut inutile de faire l'expérience au Château , ainfi nous laifsâmes tout ce qui nous fervoit pour cela dans le Bateau, A U 5DE LA CÔTE DE Pr'OVENCE. ^3/ A la Ciudelle de Saint Trouez,, Le 4 Septembre au foir on fit dans la Sale du Donjon l'ex- ^erience du Baromètre, le vif-argent monta à ^ypouc. -,tign. Le y Septembre avant le lever du Soleil je pointai la lunette fixe du quart de cercle bien calé, &: placé fur la Plate-forme du Donjon , où il a reftc tout le temps que j'y ai féjourné à la même place; je pointai, dis- je, à l'Lll:- Sud-Eft à riîorifon de la Mer, elle fe trouva baffe de 1 4^ o^ Je tournai tout de fuite le quart à l'Eft-Nord- Eft , la Mer fut baffe de 140 îe fil horifbntâl rafoic parfaitement' la ligne de la furface de la Mer qui parojt couper le Ciel. Le vent étoit à TEft médiocre; il y avoir un peu de brume déliée à Thorifon. Le Soleil un peu après fon lever a paru elliptique, mais, contre ce qui arrive ordinairement, le grand diamètre étoit perpendiculaire à l'horifon , auiïi paroiifoit-il y avoir moins de vaocur vers l'horifon qu'au-deiîus. Le matin du 6 Septembre , la baifeffe de la Mer fut en- i^ore trouvée de i4'^o* L'inclinaifon du raïon vifuel étant la même dans ces trois obfervations, il paroît que la matière réfractive n'a pas été plus grande un jour que l'autre; &: puifque la pefanteur de ratmofphere a -été la même à Saint Tropez qu'elle l'avoir été au Château de PorqueroUes ;, &c que la baîreffe de Flio- rifon de la Mer y a aufii été précifément la même, il y a lieu de conclurre que k Donjon de la Citadelle de Saine Tropez eft autant élevé au-deflus de la Mer que le Châ- teau de Porquerolîes, c'eft-à-dire de z6 toifes , ce qu'il ctoit bon de connoître : la hauteur du vif- argent étant la même en deux differens lieux, aufli-bien que la baflcfle conf- tante de l'horifon de la Mer , on aura lieu de conclurre que ces deux lieux font d'une égale hauteur , ce qui peut fcrvir en bien des occafions , où Ton ne peut pas faire d'au- tres obfervations pour connoître la hauteur d'une colline o\\ d'une montagne , d'où l'on pourra voir la Mer. Les environs de Saint Tropez font fort bien cultivez , les collines couvertes de vignes & les montagnes de bois de Pin. Le petit golphe de S. Tropez feroit une affez bonne X££raire pour les Yaiffeaux, y a'iajiu bon fond , s'il étoit plus S 13S Observations faites dans le Voyage à couvert des vents d'Eft 6c de Sud-Eft qui en font les traverfiers qui y amènent une greffe Mer , laquelle vient de fort loin fans trouver quoique ce foit qui la rompe : en y eft à l'abri de tous les autres vents. En fortant de ce golphe on laiffe à bas bord des rochers qu'on appelle les Sardiniers j il ne faut point aulli trop ranger la terre de tribord à caufe que la côte eft fale de pludeurs rangées de roches , jufqu au cap Taillât. Cette côte court Nord ôc Sud pendant plus de deux lieues &: demi, j4 Canmso On fit le 8 Septembre 171^ à 11 heures du matin , l'ex- périence du Baromètre, près de la Chapelle de Saint Pierre^ qui eft au bord de la Mer élevée d'environ trois toifes au- deffus du niveau de la Mer, le vif- argent refta à la hauteur de 2,7?°"=- 8^'^"' Au Fort de Pljle Sainte Marguerite, Le foir du même jour 8 Septembre , on fit au Donjon do Fort l'expérience du Baromètre , le mercure monta à la hauteur de ^.j'^axr- ^ugn. ^ Il n'y a donc qu'une demi ligne de différence entre cette expérience &; celle du matin faite à Cannes , quoique le Château foit fur un rocher à pic affez élevé, qu'on va re- connoître par Tobfervation fuivante. Je plaçai mon quart de cercle fur une Plate- forme fai- fant partie du rempart tout auprès de la porte du Donjon ^ & après l'avoir bien calé , la baffeffe de l'horifon de la Mer fut trouvée de ii''o' Le 9 Septembre au matin , on prit de nouveau l'angle de la baffeffe de l'horifon de la Mer , il fut encore trouvé de ii^o^ Le vent étoit au Nord fort foible ^ l'air ferein , l'horifon £n &: net. Par cet angle on a la hauteur du rocher fur lequel eft bâti le Donjon du Fort de Sainte Marguerite qui eft ef. carpe à plomb du côté du Nord & du côté de l'Eft i car faifant le ra'ion de zooooooo, l'angle d'î i minutes a pour excès de la fécante fur le raïon ici, qui font autant àe pieds àc précifémenc 17 toifes qui fer oie la hauteur de DE lA CÔTE DE pROVENCE. 139 la Plate-forme au-dcfliis du niveau de la Mer, la hauteur .dtr quart de cercle comprife, laquelle", comme il a été die, efi de y pieds 8 pouces , ou une toife moins 4 pouces. Mais en comparant les hauteurs du v;f-argent obfeivées à Cannes le matin de ce jour-là , & au Fort le foir de ce même jour, il n'y auroit que 8 toifes 3 pieds depuis le niveau de la Mer , ce qui c(t précifément la moitié moins que nous ne venons de trouver par l'inclinaifon du raïon vifuel. On n'a d'ailleurs qu'à regarder ce rocher pourvoir qu'il a au moins 17 toifes ; il faut donc conclurre que la pefanteur de l'atmofphere a beaucoup changé du matin au îbir , &: qu'alors le mercure devoir être au bord de la Mer Mais le lendemain 9 Septembre elle varia encore bien da- vantage , comme on le va voir par l'expérience fuivante. A /'/Je de Lerîns ou Saint Honorât^ Le 9 Septembre au foir à y pieds au-deffus de la furfacc de la Mer, on fit l'expérience du Baromètre, le vif argent relta à la hauteur de 2,7 pouces 7 lignes. On voit donc que le poids de l'atmofphere a diminué du 8 au 9 Septembre de plus d'une li^ne i auffi y eut-il le 9 un orage avec ton- nerres & un grain de pluie. Le vent fauta à l'Eft le 10, & le II &: 12 il plut beaucoup- avec des tonnerres dans prefque toute la balle Provence , comme nous l'avons appris du depuis. La baflelîe de rhorifon de la Mer fut trouvée de o^ 5' 30^ on mefura la hauteur qui fut trouvée, celle du quart de cercle comprife, de dix pieds & demi, &: la fécante de cet angle donne auili dix pieds & demi j ainû on voit que le calcul s'accorde avec le nivellement. L'Iile de Lerins efl: d'un fort petit contour , en moins d'une heure on en peut faire le tour ; elle eft fameufe par les Saints &: les Sçavans qu'il y a eu autrefois dans cette célèbre Ab- baie ; elle eft d'un terrain fort bas qui court de l'Eft à l'Oueft, aux deux extrémitezon voit un bois de Pin aftez agréable, le refte font des terres enfemencées qui appartiennent à TAbbaïe, laquelle eft renfermée dans une fort grofle tour quarrée, qui a pour garnifon un détachement de celle de Sainte Marguerite, dont le terrain eft tout-à-fait inculte. 140 Observations faites dans le Voyage quoiqu'elle foit beaucoup plus grande que Tlfle de Saint Honorât ; il y a feulement du côué du Sud un afïez grand jardin près du bras de Mer qui la fepare de Saint Honorât^ où il y a quelques Orangers en pleine terre. On ne remar- qua rien de fort interrellant pour la Phyfique. A Amibe, Pendant les deux jours que nous féjournâmes à Antibe,, nous eûmes toujours le Ciel couvert &; beaucoup de pluie, nous n'eùrnes que le temps d'aller à Nôtre-Dame de la Garde, mais nous n'y pûmes point porter le quart de cer- cle à caufe que le Ciel couvert nous mcnaçoit continuelle- ment de la pluie ; nous en eûmes en effet quand nous y fûmes arrivez, &: à nôtre retour, de forte que nous ne voïons pas à une lieuë de nous , tant l'horifon étoit em- brume hc le temps chargé j nous y finies feulement les ex- périences fuivantes. Le II Septembre 1719, à Antibe à deux heures après- midi no;is finies l'expérience du Baromètre, le mercure monta Nous pouvions être trois toifes au-dcffus du niveau de îaMer, ainfi au bord delaMerilauroit tout au plus monté Nous montâmes tout de fuite à la montagne de Nôtre- Dame de la Garde qui eft au Sud-Oueft d' Antibe à une demi lieuë. Là , dans le veftibule d'une fort jolie Chapelle, qui eft afîez grande & à deux nefs , nous fîmes l'expé- rience du Baromètre dans le même tube j le mercure monta Enfliite après avoir de nouveau nétoïé le vif argent, nous primes un tube qui aune ligne de plus de diamxtre , Taïaut chargé de mercure , & vuidéles ampoules d'air , le vif-argenc refta à iyP""'^- 6-^''- &c demi. Il fut donc trois lignes & un tiers plus bas qu'au bord (de la Mer , ce qui donneroit pour la hauteur de la mon- tagne de Nôtre-Dame de la Garde, 35: toifes , en prenant la plus petite hauteur du mercure au-defliis du niveau de la Mer. Cette hauteur paroît plus grande , ce que nous di- rions plus sûrement, fi nous euffions pu faire quelqu'ope- ïatioii Géométrique» 3D E LA CÔTE DE PrOVENCE, 141 A Menton. Le ly Septembre 1715), nous fîmes en prefcncc de Ma- dame la Prniccfle de Monaco, l'expérience du Baromètre dans le Château de Monfieur le Prince de Monaco, qui ell élevé dans l'endroit où nous obfervions, de 10 roifes au-deiTus du niveau de la Mer, le mercure monta dans le tube à la hauteur de iypouc giign. i. Ainfi au bord de la Mer qui lave les murailles du Château , le mercure auroit monté une ligne de plus ou ^y'?'^^^> c;'ign- L Nous ne pûmes prendre aucun angle d'inclinaifon de la Mer , faute de lieu commode à placer le quart de cercle , ainfi nous ne pouvons point fçavoir plus précifément la hauteur de la Chambre où fut faite l'expérience. On ne voit dans ce Pais qu'Orangers & Citronniers en pleine terre ; il y en a de toute efpece , &: par leur hauteur &: leur grofleur ils égalent les plus gros arbres fruitiers des meilleures Provinces de France. Ceux de Monfieur le Prin- ce de Monaco font des plus beaux , &: il nous fit la grâce de nous faire promener en carolîe fous ^^s allées d'Oran- gers, à travers lefquels le Soleil avoir peine apercer. Jets- d'eau d'une grande hauteur , Cafcades tout y eft digne de la magnificence de ce Prince qui nous combla d'honneur pendant le féjour que nous fîmes chez lui. Des montagnes fort hautes couvrent Menton &: Monaco des vents de Nord-Ouelt, de Nord & de Nord-Eft, qui font les feuls qui pourroient faire périr les Orangers , aufiî font-ils fort cultivez par les Habitans du Pais qui en font leur principal commerce. Il y a aufii de très-beaux Oliviers, qui, non plus que la plupart des Orangers, ne fe fenti- rent point du grand froid de l'Hiver de 1705)1. On voit par routes les obrervarions du Baromètre qu'on a fait dans ce volage, que le vif-argent n'eit jamais monté à 28 pouces, il n'eft pas même allé à 2,7 pouces lo lignes, ainfi fi on p cnoit 28 pouces pour premier terme de la pro- grcffion , tel qu'il eft dans la Table de Monfieur Cafîini pag. 72 de l'Hiftoire de l'/xadémie de 1705" , on auroit des hauteurs trop grandes ; il faut autant qu'on peut pren- dre la hauteur du vif-argent au bord de la Mer pour bafe de Tes opérations , 6c que les opérations qu'on fera à di- S Hj l^t OûSEJlVATtONS FAITES DANS LE VOYACE ver fes hauceurs ne Ibienc pas à d?s jours fore éloignez, fî on veut faire quelque cho{è de bon, &c furquoi l'on puiûe compter , à caufe de la variation de la hauteur du vif argent dans le Baromètre. Le long de la côte de Pro^ncc on trouve du corail , èc dans le voïage j'en ai vii d'afTcz belles plantes qui avoienc été pêchées depuis peu. Le fond de la Mer oblcrvant la même figure que la côce, on doit fe perfuader qu'il y a des collines , des valons , des rochers comme fur terre , c'eft dans CCS valons, que les Pêcheurs connoiflcnt, & où ils jettent leurs filets , qu'ils trouvent les branches de corail qu'ils tirent avec adreffe. Il y a des endroits de la côte où ils abonde plus ; Thabileté des Pécheurs les leur fait con- noître plus que le hafard.. OBSERVATIONS GEOMETRIQUES ET GEOGRAPHIQUES, Faites le lon(r de la Cote de Provence. J'Ai pris dans le cours du voiage avec mon quart de cer- cle de trois pieds de raion divers angles , lefqueîs avec ceux qui avoient été pris aux voiages de la Sainte Baume ôc du cap Sicier, &c les cotez des triangles qui avoient été connus, pourroient fervir à en trouver de nouveaux , comme on le va voir ; &c prenant dans la fuite de nouveaux angles à Coudon 8)C aux autres points qui correfpondent à ceux qu'on a pris en divers Lieux dans ce voiage ; on pourra avoir une fuite de triangles liez enfemble depuis le Mont-Ventoux jufqu'au col de Tende le long de la côte de Provence. Il faudra pour cela partir plutôt que je n'ai fait dans ce voiage, pour ne pas tomber dans l'Automne pendant la- quelle on a fouvent de grands vents, de la pluie &: le Ciel couvert j tous obftacles qu un Géomètre ne peut fur- monter. DE LA CÔTE DE pROVENCE, 143 A Porquerolles. On prit au Château divers angles d'intervalle qui pour- ront lervir lorfqu'on aura les correfpondants pour avoir en toifes les diftances des points qu'on a obfervé , &: qui vont être rapportez. Ces angles ferviront aufli pour la pofition de rifle de PorqueroUcs , car ils ne fçauroicnt convenir qu'au Château de cette Iflc. Ils ont été pris de la même Plate-forme qui a fervi d'Obfervatoire pendant le féjour que j'y ai fait. Avant de prendre ces angles on pointa la lunette fixe du quart de cercle àc la lunette de l'AUidade, pofée de ma- nière que le fil couvroit la ligne fiducielle : on pointa , dis-je, ces deux lunettes à un même point éloigné de près de trois lieues, qui efl; le côté à plomb de la maifon de PAbbaïe des Dames d'Hieres que le Soleil éclairoit fort. On établit ces deux lunettes dans un parfait parallelirme. On mit enfuite les centres des deux objedifs de ces lu- nettes , qui s'écartoient affez , précifément à un même point qui eft le coin du toid de cette Abbaïe ; on en vint à bout en pouiïant avec la clef deftinée à cet ufage, les reflbrts qui aCujettiflent les objedifs ; tout cela fe fit avec patience &: exactitude le matin du 28 Août 17 15). Après quoi pointant la lunette fixe du quart de cercle au clocher de Nôtre-Dame de la Garde fur le cap Sicier, bc venant toujours à la droite, car à la gauche on ne voïoit que la Mer, on pointa la lunette de TAllidade au milieu du poufie le plus haut de Coudon , l'angle d'intervalle fut de 3^0 2.6' 30^ Du même pouffe de Coudon au pouffe le plus haut de la montagne d'Hieres , l'angle fut de 11 i^ o Du même pouffe de la montagne d'Hieres, au côté à pic d'une montagne qui fait comme un demi cercle renverfé avec une autre montagne, laquelle efl l'Oueft de celle-là, l'angle d'inter- valle a été de 17 33 o Somme de ces trois angles , 65 18 30 De ce côté à pic au rocher fur lequel eft le fort de Brir 144 Observations faites dans ie Voyage ffancon , à l'cxcrémiré orientale de la rade des Illes d'Hic^ rcs , ^50 47' o^ Du milieu du plus haut du poudc de la mon- tagne d'Hieres au rocher qui e(l à l'extrémité du cap des Meudes , le plus oriental de Tlfle de PorqueroUes, 7j i y 50 Les gens du métier feuls f^avent quelle patience il faut pour mettre un grand quart de cercle dans des Plans fi dif- ferens j les uns liants, les autres bas j avec un Soleil ardent on en a allez pour fuer, . ^ Portecros, De la Plate-forme dont on a parlé ci-devant , on prie les angles fuivans par la même méthode. Le cap des Meu- des nous déroboit la vue de Notre-Dame de iâ-Garde. Du plus haut de l'Iûe de PorqueroUes à la tour du fort de Brigançon , l'angle d'intervalle a été de 66^ 36^ o" Du côté à pic de la montagne de la Sainte Bau- mq,j au plus haut ducap Benatj 2^ 14 30 Du cap Benat à l'extrémité à l'EIt du La- vandou , 7 1 3 0 A l'ijle de Lcnjant. ^ Dans l'endroit marqué dans les obfervattons aftronomi^ queSj on pointa la lunette fixe au clocher de Nôtre-Dame de la Garde, & faifant courir à la droite la lunette de l'AUidade au plus haut de Coudon, l'angle fut de 1 8^ 5 5^ o^ Du même clocher de ÎSlôtre Dame.de laGarde à la Chapelle du S. Pilon qu'on voioit diftindle- ment, 38 45 50^, Ces deux angles font importants, on s^eii fervira bien-tôt. De la Chapelle du S. Pilon à la montagne la plus haute de Tende dans les Al- pes, l'angle fut de 75 ^1 30 On ne put pas prendre d'autre^ angles , faute de points Remarquables. M^echcrchs DE lA CÔTE DE PrOVEîÎCÊ. t^y Mccherche de la dijlance de Notre-Dame de la Garde a Condon, dr d/t Sai/it Pilon à Cotidon. Lorfqu'on fie le voiage de la Sainte Baume, on ne prie f as du Saint Pilon l'angle d'intervalle de Coudon à Nôtre- Dame de la Garde , parce qu'on ne diflinguoit pas bien le fommct de Coudon , qui paroîc différemment du côté du Nord &: du côré du Sud , &: reflcmble alFez à d'autres mon- tagnes voifines , ainfi on craignit de fe tromper ; mais étant monté à la montagne des Béguines le i^ Juin 1708, on le diftingua mieux ; l'angle àz Cou^n à Nôtre-Dame de ) o 1 la Garde, fut de 340 Au voiage du cap Sicîcr , on trouva le 1 8 May 171 8, l'angle d'mtervalle du Samt Pilon à Coudon, de 6(^ 38 o Donc ( Figure 4. à^s triangles , voiage de la Sainte Baume) l'angle FDX eftde 34' 30^ , mais PCX n'en eft pas fenfible- ment différent , à caufe que les côrez CF &: DF font fore longs, &: que la bafe DC eft feulement de 88i toifes 5 néanmoins comme PCX eft un peu plus grand , on le fup- pofera de 3 5^^ o^ o^ Le côté CF diftance du S. Pilon à Nôtre-Dame de la Garde, a été trouvé (voiage de la Sainte Baume) de ii 1 1 5 T, On fera donc ces analogies. L'angle XFC , XCF, Somme, Donc ex F, Tour FX , difiance de Notre-Dame de la Garde a Coudon. Sin.78o22.^|Sin. 3yoo'|J22iij Toifes 1 12^47 Toifes. Tour ex ^ dîjlance du S. Pilon a Coudon, Sin.783 zz^\66'^ 38^|[iiii5 Toifes 1 10727 Toifes. On a donc pour FX diltance de Nôtre-Dame de la Garde à Coudon, I25>47.T, Et pour CX diftance du S. Pilon à Coudon ;. 20727 T. 11 étoïc important d'avoir ces deux diftances en toifes , à T 66^ 38^ 35 0 loi 3S 78 22 1^6 Observations paîtes dans le Voyage caufe que Coudon etl une montagne afTez haute &: fort remarqucii»le quand on vient de la Mer. D'ailleurs ces deux cotez FX Ôc ex pourront fervir à d'autres triangles .5 lors que de Coudon on aura pris des angles correfpondants à ceux qu'on vient de donner , ou qu'on donnera bien -tôt. Il refte pourtant un peu d'incertitude pour la longueur de ces cotez (a. peu de toifes près j à caufe que l'angle XCF n'a pas été pris immédiatement. Voici une autre déterrnU nation encore plus importance. Recherche de la dijiance de Notre-Dame de la Garde a l'IJIe d^e Léguant , & du Saint Filon à l'Ifle de Levant, Etant au Saint Pilon en Juin 1708, l'angle d'intervalle depuis Nôtre-Dame de la Garde à Flile de Levant^ fuc ;trpuvé de 50^ y 8' 31' On n'aura pas égard à la féconde au-delà des 30^. Etant à l'Ide de Levant à peu près au même lieu où on avoit pointé la lunette du quart de cercle, lorfqu'on étoic au Saint Pilon, qui étoit vers le plus haut de l'Ifle, poin- tant à la Chapelle du Saint Pilon , &: au clocher de N . D. de la Garde, on trouva l'angle d'intervalle de 380 45^ 30^ La dillance du Saint Pilon à Nôtre-Dame de la Garde eft de ri 1 1 5 toifes pour CF. On fera donc ces analogies, Pour trouver FZ dîjîame de Notre-Dame de la Gardf à PjJU de Levant, •L'angle FCZ ;, FZC. Somme , Donc ZFC j Sin. 380 4j^ 30'^jSin. jo^ 58^ 30^111111 j T.| 2743,^ Te fottr trouver CZ dijiance du Saint Pilon à l'aille de Levant, Sin. 380 45^ 3o^lSin. 5,0^ i6'\\i^ii^ T. | 35312 T, Sup.85) 44. D'où on conclud par l'analyfe du triangle CFZ , que FZ diilance de Nôtre-Dame de la Garde à l'Ifle de Levant , efl de 2-745^ 'T' 500 58' 30^ 38 4T 30 8^ 44 © 90 16 0 DE LA CÔTE DE pROVENCE. 147 Et que CZ diltance du Saine Pilon à i'Ifle de Levant, eft de ^5312 T. 11 étoit important d'avoir la diftance de Nôtre-Dame de la Garde à l'Ille de Levant , pour déterminer la longitude de cette Ifle la plus orientale des Ides d'Hieres , comme nous avons la longitude de Porquerolles la plus occiden- tale de ces Ifles , par lobfervation que nous y fîmes de rLclipfe de Lune. L'ifle de Levant eft à fort peu près fous le parallèle de Nôtre-Dame de la Garde ; car la latitude de Nôtre-Dame" de la Garde eft ( voïage du cap Sicier ) 410 ^^^ 33^ La latitude de l'ifle de Levant a été trouvé dans ce voïagede 43 o 47 Différence entre ces dcilx latitudes , o i 14 dont rifle de Levant eft plus au Nord, Ces deux points font donc cenfez être fous le même parallèle , car i^ 14'' eft dans ce fait une très-petite différence. Nous en avons encore une plus parfaite connoiflance par voie de Géométrie ; car nous avons montré ( voïage de la Sainte Baume ) que Nôtre-Dame de la Garde eft un peu plus Eft que le Saint Pilon , dont le méridien paffe par l'ifle des Ambiez qui refteun peuàl'Oueft de Nôtre-Dame de la Garde; mais nous venons de trouver que l'angle for- mé à N . D. de la Garde , &: qui a pour termes le S. Pilon &c rifle de Levant, réfulte de 90^^ 16^. Si le Saint Pilon étoic Nord &: Sud avec N. D. de la Garde, cet angle feroit pré- cifément de 50^, pour que l'ifle de Levant refta Eft èc Oueft avec N. D. de la Garde. Les i^ minutes de furplus font donc la difl^erence dont le S. Pilon refte à l'Oucft de N. D. de la Garde, outre une minute 14^^ dont PIfle de Levant eft plus vers le Nord que N. D. de la Garde» L'ifle de Levant &: N. D. de la Garde étant donc cen- fez fous le même parallèle, qui eft le 45e, il fera aifé de convertir les 2743^ toifes de diftance de l'un à l'autre en minutes de degrez fous ce parallèle ; car nous avons fait voir (voïage de la Sainte Baume) que fous le 43e parallèle une minute de degré valoir 696 toifes 3 divifant donc 27436 par 696^ le quotient 35^ if eft le nombre des minutes T ij T4S Observations faites dans le Voyage donc rifle de Levant eft plus orientale que N. D. de la Garde : donc ajourant 59' ij^ à la dilîcrence en longitude dont N. D. de la Garde a été trouvée plus orientale que Paris ( voiage de la Sainte Baume ) 3^410 on a l'Ifle de Levant plus orientale que Paris, de 40 20 1^ ce qu'il falloir déterminer avec précifion i ôc c'eft ainfi qu'on l'a placée fur la Carte de la côte. Quand je n'aurois tiré d'autre fruit de mon voïage péni- ble &c rempli de rifques , qu'une parfaite détermination de la latitude &c de la longitude des Ifîes d'Hieres , l'aurois fujet d'être fatisfait, puifque c'en étoit le principal objet j mais on en a encore tiré bien d'autres avantages pour la corrcdion de la Carte de la cote. Recherche de la àiflame de Cou don a l'Ijle de Levant , & encore de N. D. de la Garde à l'ijlc de Levant, QLioique ces diftances ne nous foient pas maintenant fort neceilaires, comme elles pourroient le devenir un jour , lorf- qu'on aura pris des angles à Coudon , il fera bon de les con- noitre. Etant à l'Ifle de Levant & pointant à Coudon &: au clocher de N. D. de la Garde, l'angle d'intervalle FZX a été trouvé de iSci 55^ o^ Etant à N. D. de la Garde, du S. Pilon à Cou- don l'angle fut de 66 38 o Mais du S. Pilon à l'Ifle de Levant , fangle a refulté ci-defllis de 90 i^ o Donc ôtant celui-là de celui-ci, rcfl;e pour angle XFZ , pris de N. D. de la Garde , poin- tant à Coudon & à l'Ifle de Levant , 23380 La difl:ance de Coudon à N. D. de la Garde, aéré trou- vée de I 25)47 T. De ces éléments il fuit que dans le triangle FZX, l'angle à Coudon doit être de 137' 27"^ o*^ On fera donc les analogies fuivantes pour avoir ces dif» tances. DE LA CÔTE DE PrOVENCE. 14^ Pour XZ d'ijîance de Coudon a l'ijle de Levant, Sin. 18'^ 5 5^lSin. 23^ 38^!! 11947 T. | lyy^^Toifes. Four FZ dijlance de l'ifle de Levant à, N.B. de U Garde, Sin. 18^ jy^l Sin. 1 37^^ 27^1] 1 2947 T. 1 2-7005) Toifes. Sup. 42^ 3 3- On a donc pour diftance de Coudon à l'ifle de Le- vant, 1575)6 T. Et pour diftance de l'ifle de Levant à Nôtre-Dame de la Garde, 27005) T. Cette dernière diftance de N. D. de la Garde à Tlfle de Levant , diffère de celle qu'on a trouvé par le calcul précè- dent, de 427 toifes dont elle eft plus petite : on pourroit s'attacher à celle-ci, à caufe que les angles qui ont fervi dans le calcul précèdent ont été pris diredement , &: qu'au pre- mier calcul pour la diftance de Coudon au S. Pilon &: à N. D. de la Garde, on a été obligé de fuppofer (comme on l'a déjà dit) l'angle XCF .de 3 çJ pour les raifons qu'on, y a rapportées; -lii: -i-* --•-^; - -ï#- '^-^ La différence qui en réfulteroit en longitude ferolt de 3(j fécondes, dont l'ifle de Levant feroit moins orientale. J'ai mieux aimé me tenir à la détermination précédente de la longitude de cette Ifle. On voit par tout ceci qu'on s'eft attaché, jufqu'au fcrupule, à déterminer la latitude èc la longitude des lieux qu'on s'étoit^propofé. Faute d'autres angles correfpondants , on ne peut déter- miner aucune autre diftance. On va donner les autres an- gles qu'on a pris dans le voiage, qui pourront un jour fer- vir en prenant leurs correfpondants , &: mefurant vers Can- nes une nouvelle bafe , ce que la faifon avancée 6^ le temps s]ni fe gâtoit m'ont empêché de faire. A la Citadelle de Saint Tropez. Le quart de cercle étant fur la Plate-forme du Donjon, le 5 Septembre on pointa les deux lunettes au côté orien- tal du Château de Grimaud, St on les mit parallèles avec foin j après quoi venant à la droite , la lunette fixé fut poin- tée au milieu de la tour du Château de Grimaud, la lu- I' iij lyo Observations faites dans le Voyage nette de l'AUidade à une montagne en forme de cône ,'qui nous reftoit au Nord-Oueft j l'angle fut de 31014/ 30'' On reconnoîtra cette montagne par une autre un peu plus baffe qui en eft voifine Ôc lui refte à l'Eft. De Grimaud à une autre montagne plus à droite, qui. eft à peu près au Nord-Nord-Oueft de Saint Tropcz, donc le fommet eft rond , l'angle fut de 4(^0 40^ o* De la pointe de la montagne conique ci-defl'us , donc l'angle avec la tour de Grimaud eft de 31*^ 14^ 30'''', à une montagne plus à TEft èc la plus élevée qu'on voie de ce côté-là, & dont la pente venant à l'Oueft eft affez douce, Ôc qui nous reftoit au Nord - Nord - Eft , l'angle fut de 66^ iS^ 30*' De cette dernière montagne à Fextrémité la plus Sud Se la plus baffe de Cap- Roux, qui nous reftoit à l'Eft-Nord- Eft, l'angle fut de 390 i^^ 30^ De forte que l'angle total d'intervalle formé au Donjon de la Citadelle de Saint Tropez , depuis Grimaud jufqu'au cap Roux, eft de ^37° 2,^ 30^' De la montagne conique ci-deftus , venant à gauche èc à rOueft , pointant à la pente d'une montagne qui eft vers le cap Taillât ,à une roche quarrée qui eft dans cette pente, l'angle fut de 720 7'' 30''' Cette montagne eft coupée au Sud-Sud- Oueft de Saint Tropez par une colline verte &c toute couverte de Pins, laquelle eft voifine de Saint Tropez. On ne put pas voir affez diftinctement les Ifles de Sainte Marguerite &c de Saint Honorât, pour prendre l'angle en- tre cap Roux Ôz ces Ifles 1 ce qui auroit fervi à déterminer leur longitude par voie de géomeorie. On ne trouva pas aufïi d'autre angle à prendre^ jiu Fort de l'ijle Sainte Mar^ueriîeo ■ On pofa le quart de cercle fur la voûte du paflage de la Porte Roïale de ce Fort, &: après les précautions ordi- naires, on a pris les angles fuivants. Du haut du cap Roux à une montagne un peu à TEft de la Napoule 3 l'angle d'intervalle a été de 37^^ 27^ 30^, DE LA C Ô TE DE P R O V E N C E. ï j r jye cette montagne au cap de Saint Tropez à la gauche, F angle futde y 3^ 54^ o'' De cette montagne au pouffe le plus oriental d'une mon- tagne qui efl: au Nord de Cannes, l'angle fut de yoo yo' o'^ De cette dernière montagne au côte méridional de la tour de Nôtre-Dame de la Garde d'Antibc , Tanglc fut trou- vé de . pio ^-7^ ^Q^ Voila tous les angles qu'on a pu prendre dans le voïage pour avoir la pofition des points les plus remarquables de la côte de Provenceo Le cap de la Garoupe qui fait l'extrémité de la rade du Gourgean , gît à l'Eft ~ Nord-Eft y^ vers le Nord, de la Plate-forme du Donjon du fort de Sainte Marguerite. Ce font les deux extrémitez de la rade du Gourjean , qui ell: fort bonne, quoi qu'elle ne foit ni fi sûre , ni à beaucoup près fi ipatieufe que la rade des Ifles d'Hieres. .On pourroit s'étendre fur la defcription de la côte de Provence 5 des Ports qui y font en grand nombre, des ra- des de Marfeille, de Toulon, des Ifles d'Hieres, du Gour- jean, $c fur bien d'autres particularitez de cette côte j mais outre qu'on ne feroit que repeter , ce qui a été dit par d'autres ; &: que cet Ouvrage deviendroit excefîif inutile- ment ; l'infpedion de la Carte de la côte expliquera beau- coup mieux le tout, qu'un plus long difcours ne fçauroit faire. Elle a été faite avec foin fur les corrections que ce yoiage m'a donné occafîon d'y faire , Se proprement defïi- îiée par le Sieur Milet de Monville un de mes deux Com- pagnons de ce dernier voïage, fort habile en toutes les |)arties des Mathématiques qui conviennent à un Ingénieur^ ^ de plus initié dans la fine Géométrie. F I isr. DE LA Côte de Provence. ïyr "De cette montagne au cap de Saint Tropez à la gauche, Fangle futdc 5-30 ^^^ ^f De cette montagne au poufTe le plus oriental d'une mon- tagne qui eft au Nord de Cannes, l'angle fut de 500 jo^ o^ De cette dernière montagne au cote méridional de la tour de Nôtre-Dame de la Garde d'Antibc , Tangle fut trou* vé de . c)io ^y^ ^Q^ Voila tous les angles qu'on a pu prendre dans le voïage pour avoir la pofition des points les plus remarquables de la côte de Provence, Le cap de la Garoupe qui fait l'extrémité de la rade du Gourgean , gît à l'Eft ~ Nord-Eft j^ vers le Nord, de la Plate-forme du Donjon du fort de Sainte Marguerite. Ce font les deux extrémitez de la rade du Gourjean , qui eft fort bonne, quoi qu'elle ne foit ni fi sûre, ni à beaucou|) près fî fpatieufe que la rade des Ifles d'Hieres. On pourroit s'étendre fur la defcription de la côte de Provence , des Ports qui y font en grand nombre , des ra- des de Marfeille, de Toulon, des Ifles d'Hieres, du Gour- jean, &: fur bien d'autres particularitez de cette côte î mais outre qu'on ne feroit que repeter , ce qui a été dit par d autres ; &: que cet Ouvrage devien droit excefîif inutile- ment j l'infpedlion de la Carte de la côte expliquera beau- :Coup mieux le tout , qu'un plus long difcours ne fçauroit faire» Elle a été faite avec foin fur les corredions que ce yoiage m'a donné occafion d'y faire , &c proprement defïi- îiée par le Sieur Milet de Monville un de mes deux Com- pagnons de ce dernier voïage , fort habile en toutes les |)arties des Mathématiques qui conviennent à un Ingénieur^ ^ de plus initié dans la £ne Géométrie, JF I JSr. TABLE DES CARTES ET PLANS CONTENUS En ce Volume. ^ - Dans le Journal du Voyage de la Louisiane. R A de de Funchdl dans l'IJIe de Madère, Page 20 ^ Rade du Fort Roïal de la Martinique^ 4-8 Carte de P Ijle de la Martinique, 48 Rade de Sainte Marthe en Amérique . j8 Rade de Carthagenc en Amérique, 5S Rade du Cap François dans l'IJIe de S. Bomingue. 68 Figures des Taches vues fur le Soleil au Cap François > 7 5 Raïe d' Acquin dans Tl fie de S, Bomingue. . 81 Baie de S. ]ago dans la Cote Sud de l'Ij'le de Cube, 82 Rade de Fanfacola fur la Cote de la Louifiane, 100 Rade de Baya- Honda dans l'ifle d-e Cube, 137 Rade de Moriel ou Moriane dans l'ifle de Cube, . 138 Fort de la Havane dans l'ife de Cube. 138 Baïe de Matance dans l'IJJe de Cube ., 138 Table pour les obfervations de la variation. 238 Table pour la comparaifon des variations, 244 Carte de la Côte de la Louifane. 1^2, Carte de la route du v otage de la Louifane. zj6 Figures pour les Reflexions fur le mouvement d^un Vaiffeau fur fe s cotez. & parle gouvernail. icfz Figures pour la détermination de la groffetir des mats, 304 Dans le Traite^ de la Refraction. Les neuf Tables d'Obfervations pottr la Rcfracliên doivent être rangées de fuite à lafn de ce Traité, Dans le Recueil des Voyages de Provence. Figures pour la détermination des points principaux potir la. rcâion de la Carte de la Cote de Provence, icor-- 74 Carte de la Cote de Provence. i j ï F I N. REFLEXIONS SUR (QUELQUES POINTS DU SISTEiVIÉ De Monfieurle Chevalier Newton, InfercT^ en diuerfes Lettres de Monjieur le Cheualier de Capitaine de VaiQeau ^ a Afonfieur de aî4Jji Capitaine de KaijJ^eau^ PREFACE. CE T Ouvrage fur les fentimens de Monfieiir Newton a été compofé par occafion. Monfieur de .... en divcrfes Lettres écrites en 171 8. à Monfieur de ... . fon ami , les expofoit de manière à vouloir perfuader que Monfieur Newton avoir coulé â fond Monfieur "DcÇ- Cartes, Ces Lettres qui me furent communiquées de con- cert par ces deux Officiers, firent fur moi l'effet que la lec- ture du Livre des Principes Mathématiques de la Philofophie Naturelle de Monfieur Newton n'avoit pu faire ;&: me dé- terminèrent à écrire quelques Reflexions que j'avois faites fur le Siftême de ce fameux Philofophe. Elles furent commu- niquées à Monfieur de ... . par fon ami. Cela amena des réponfes qui attirèrent de nouvelles explications : De tout j'en ai fait un corps tel qu'il efl: ici , qui fut envoyé à cet Officier en 1715). Je ne fçavois point pour lors que l'opti- que de Monfieur Newton eut été traduite de l'Anglois ; ainfi pour mon malheur je ne l'avois pas lue. Le but de cet Ouvrage-ci n'efl: pas tant de défendre les hypothefes de Monfieur Defcartes , que de faire voir que les Principes de la Philofophie Naturelle, quoique nom- mez Principes Mathématiques , ne font pas tous, des veritez Mathématiques , qui ne fouffrent aucune réplique ; &: que les Cartefiens peuvent expliquer aufli-bien les Phénomè- nes de la nature félon leurs hypothefes. On ne doit point -s'en étonner. Q^ioiqu'on ait perfedionné la Phifiquedc nos 1^4 P R E' F A C E. — jours , on n'efl: pas parvenu a en bannir toute incertitude, comme dans la Géométrie. On n'y parviendra de lono-- temps, ruppcfé qu'on y puifle arriver : ce qui pourtant ne doit pas détourner de l'étude de la nature. C'efl: un Prê- tée qui change fouvent de figure ôc de forme ; il faut le ferrer de près pour découvrir la véritable , fans s'impatien- ter de ce qu'on eft long-temps à la découvrir. La mode de fe contenter de termes qui ne fignifient rien , ou qui expriment des chofcs qu'on ne conçoit point, eft enfin paffée , ou au moins reléguée en quelques Ec'ies. Elle y reliera apparemment long-temps , ô^ je ne confeillerois pas aux nouveaux Phyficiens de s'attacher à l'en chaiîcr ; ils emploieront mieux leur temps â de nouvelles découvertes , pourvu qu'ils foient précédez dans ces routes obfcures du flambleau de la raifon ; qu'ils prennent garde à ne pas donner tête baillée dans des hypothefes abfurdes , & qu'ils méditent, fans fe prévenir, fur l'expérience , qui eil l'autre guide qu'ils doivent fuivre. Les Académies des Sçavans établies en diver- (es villes de l'Europe , contribueront beaucoup àlaperfedion de cette fcience. On s'eft apperçû que depuis qu'il eft permis depenfer, &: de ne pas fuivre fes Maîtres aveuglement, elle a pris une face gracieufe ; elle la deviendra toujours davantage. Quelque lumineufe que foit la nouvelle Phyfique , elle a , comme l'on voit, (es obfcuritez. Je crois même qu'elle eft d'autant plus lumineufe, qu'on connoît mieux qu'elle a des obfcuritez. Cela me doit rendre plus retenu à prendre parti. Je loue les hypothefes de Mefiieurs Defcartes &c Newton, èc les Ouvra- ges de plufieurs habiles Phyficiens de cefiecîe; mais je ne dois prendre d'autre parti que celui de rechercher la vérité. Je ne penfe pas avoir manqué en ce que je puis avoir écrit des Auteurs dont il eft parlé dans cet Ouvrage touchant les fcienccs humaines. Je n'ai peut-être pas été h retenu iorfqu'il s'eft agi de la Religion ; outre que ma profeffion m'y engage, quand jeferois de la Religion Anglicane , }c ne croirois pas que la tolérance dût avoir lieu en fait de Religion , comme en fait de Phyfique. Mais venons aux Reflexions , il n'eft pas ici qucftior. de controverfe. IJÎ REFLEXIONS Sur divers fentimen s de Monjteur le Chevalier "Newton. M Onsieur Newton eft certainement un grand Géomètre , &: des plus habiles Philofophes que nous aïons eu jufqu'à prefent. Les deux premiers Livres de fon Traité intitulé Philofophix Naturalis Princifia Mathematica , font d'une profondeur de Géométrie fi grande , qu'il a rai- fon de dire lui-même [a) qu'il y a beaucoup de propofitions i^) ^fv. qui peuvent long-temps arrêter des Mathématiciens habiles. ^ÈJth'^d' Dans le troiliéme Livre il a voulu appliquer à la Phyfique 1714. les principes établis dans les deux premiers. Il l'a fiit avec un ordre merveilleux, une fagacité étonnante. Lcfprit hu- main ne peut guère porter plus loin la pénétration. On voie par tout ceci le cas que je fais de cet illuftre Auteur. Mais quand on veut mêler la Phyfique avec la Géométrie , les confcquences qu'on tire fe fentent affez fouvent de l'incer- titude de la Phyfique, & font démentir la Géométrie. Voions-lc en quelques points à^s fentimens de Monfieur Newcon , que Monfieur le Chevalier a rapporté avec beau- coup de netteté d'efprit. Il ne paroît pas que ce qu'il dit fur les Comètes , coule i. sur les à fond les Principes de Monfieur Defcartes. Il eft vrai que cometes, Monfieur Newton à la fin de fon troifiéme Livre , expli- que bien ce qui regarde la route des Comètes des années ïéSo. 1 68 1. &: 1683. dans les propofitions 41. &: 41c. qui font précédées de lemmes très-fubtils i qu'il donne fur ks hypothefes des calculs des mouvemens de ces Comètes qui s'accordent peut être trop bien avec les Obfervations. Mais il reconnoît lui-même [b) qu'il ne faut pas s'attendre que (t) ?agi la même Comète dans le même orbe paroifle dans les ^'^^' mêmes temps périodiques ; ce qui détruit ce que Monfieur le Chevalier dit, que Monfieur Newton prétend avoir pré- dit le retour de pluficurs Comètes avec la même précifion qu'un Altronome moderne nous annonccroit une Eclipfe du Soleil ou de la Lune , après s'être donné la peine de la fupputer i àc que par les proprietez de la courbe qu'il donne i^(f Reflexions sur divers sentimens dans fcs principes , tout géomètre , lorfqu'on lui aura donné ^- trois points dans le Ciel par lefquels une Comète aura palTc, peut prédire avec certitude le retour de cette même Comerc , 6c en donner des Ephemerides. On n'a qu'à lire les pages 480. &: 481. de ce Livre, pour fentir ce qu'on doit penfer fur tout ceci , &: fi les matières qu'il y traite ibfit démontrées géométriquement. Quel eft le Cartclien qui ne rcconnoiflc fur les Comcres ce que Monficur Clark dit dans le Livre de la Philofophic de Rohault qu'il a fait imprimer avec des Notes de fa fa- çon , qui développent nettement , dit Monfieur le Chevalier, le fillémc de fou m.jitre ? il en rapporte le pafHage fuivant. P;7^. 540. ,^j^onia?n ComctJi 7niniis flipe appare?2t , e or unique natura , E'.Utionde r/iotus ^ dijlantia y Cdudx d^c. ncn niji paucis a^^te annis fatis A^nfter' ^ccuYaû obfcrvata funt ; prxclpua eorum rhçnomena , ad qii.£ dam. omnis hypoîhefis exigenda ejî , paucis hic exponere opcrx pre~ tium uidetur. Tous les Aftronomes Géomètres pourront bien expliquer ce qui regarde le mouvement &: la d. fiance des Comètes , quand elles fqnt périhélies ; mais apparttcnc-il à la Géométrie de donner des démonftratiqns de la nature des Comètes, ou fur les caufes cfHciantes de leurs queues ? Les Defcartes , les Newtons §<: leurs Sedateurs pourront bien nous débiter une bonne Phyfique , mais non pas des démon- ftracions géométriques. Par la courbe fameufc que Monfieiir Clark expofe après Ion maître , en vertu des phénomènes obfervez , il pourra nous donner le principe &: la propriété du mouvement des Comètes, 6c nous dire que moventur in Ellipfibus umbiliccs in ccntro folis h^hentihus , ^ radiis ad folem ducîis , ( ce qui eft la règle de Kepler ) arcus temporibtis proportionnes def- cribunt. Mais puifque c'eft par les temps proportionels aux arcs que décrivent les Comètes, qu'on doit reconnoître ces arcs elliptiques, ceç Mefïîcurs peuvent-ils alîurer qu'ils onc nn alTez grand nombre de temps obfervez pour chaque Comète ( car chacune décrit une ellipfe différente) pour déterrniner les arcs des ellipfes, lefquels peuvent varier à l'infini ? S'ils n'ont pas un alTez grand nombre d'Obferva- tions pour déterminer précifément la courbe elliptique de l'orbite des Comètes , comment pourront-ils adigner fans hefiter le retour d'une fameufc Comète pour l'an 1744 ? DE Monsieur Netton. 15-7 C'efl: ce qu'il faut pourtant pour donner des Ephemerides des Comètes, comme nous en avons des Planètes. Ces Meffieurs renvoient à nos Neveux la vérification de leurs Ephemerides ; c ell fagement fait. Ils nous délivreront de la peine d'obferver nous-mêmes , Se du chagrin que nous aurions de leur dire que leurs Ephemerides ne font pas exaûes. Monfieur le Chevalier a , dit-il ,' aê^ttelUment devant U^ yeux une grande Carte ok les traces dj" l^s orhttes des Comètes qui ont paru depuis qpùon fe mêle d'obferver , font gravées , é' leurs retours prédits fuivant les calculs faits par Monfeur Halley fameux Ajlronome , dont tl a donné un Ca^ talogue } il prédit avec la même ajfurance d'un Géomètre qui eji sur de fa démonf ration , que les autres reviendront dans les temps qu'il a marqué j mais il y en a telle dont la révolu-^ lion eJi de fept cens ans ; d'autres de cinq cens ans ; d'autres de trois cens ans , c^vS\q\xx. de Fontenelle ajoute , voilà une prédi^ion bien hardie par l' ex ac^ titude de fes circonftances. .r.* _jJ^-^'~v' Elle eft fans doute hardie; elle fe trouve même faufle, Ôi la non apparition de la Comète , même en Septembre, temps auquel j'ai achevé cet Ecrit, prouve la faud'eté du iin-ême & du calcul , mieux que je ne fçaurois faire en le prenant en détail , & confirme très-bien ce que j'ai dit ci- dcflus, que j'aurai occafion de repeter dans la fuite. Monfieur Caffmi avoit fans doute vu le Livre de Mon- fieur Bernoulli , lorfqu'il a parlé du retour des Comètes ^Vetg.if^. dans THifloirc de l'Académie* de \6^^. car pareils Ou- vrages font grand bruit dans le monde fçavant, &: ils étoient du même corps. Mais Monfieur Caflini incompara- blement plus fçavant en Allronomie ( car qui a porté plus loin les découvertes aflronomiques ? ) a été bien plus re- fervé en ce qu'il dit fur le retour àt^ Comètes. Plus on fçait, plus on eft retenu quand il s'agit de conjectures. Après avoir dit qu'Apollonius Myndicn enfeignoit que les Comètes font des Aftres particuliers qui fe font voir lorf- qu'i'ls approchent de la terre , & fe dérobent à notre vue en s'en éloignant; que ce Philofophe aduroit qu'il fe trou- veroit un jour quelqu'un qui détcrmineroit les traces du Ciel par où les Comètes marchent , &: qui les diftingucroit les unes des autres. Monfieur Caffini dit tout ce qui fe peut dire de plus beau fur le retour des Comètes. On n'a qu'à lire l'endroit que je viens de citer ; il y fait voir un vafte génie , & une connoifTance très-parfiite de TAflrono- mie. Il reconnoît cependant combien cette matière eft dif- ficile, &: il ajoute. Nous rédutfons pourtant à une égalité le mouvement des Comètes pendant le temps de leur apparition^. des Mé- moires DE Monsieur Newton. xy.^ ■^ttt nous fafpofons être très-courte a l'égard du temps de Unr période entière s fxns prétendre pourtant quil foit égal dans toute la révolution , [inégalité j qui ne par oit point dans un petit arc proche du périgée ^ pouvant être très-confiderable dans une grande portion du cercle. ( II en elfc de même des ellip- {^s ^ ou de quclv^u'aucre courba qu'on puilTc ailigncr pour l'orbite des Coiiietes. ) Cejî pourquoi l'on ne fcaitroit tirer le temps de toute la période par des Obfervations faites pendant tout le temps de l'apparition d'une Comète. Il continue adon- ner de tiès-beilcs règles pour connoître le retour d'une même Comète ; & il ajoute ce que )'ai dit ci-dcfTus en d'au- tres termes ^ comme il n'y a pas long-temps quon travaille d des Objervations qui pui/fent contribuer à cette recherche , on nen a pas encore ajfez, pour pouvoir fonder une induÛion fuf- Jifante des- retours vijibles des mêmes Comètes pour le temps À venir, il fujfit prefentement de les reconnottre à. leur retour £f de les dijîii.guer des autres. Il donne enfuite * des règles pour cela fur diverfes Co- *p^^.4i. metes qui ont paru en diverfes années , & il ajoute : A moins ^^' -^î* de trouver une règle de cette variation , ce qui eji dijjicile pour n avoir pas un détail exacî des Obfervations qui en fu- rent faites , on noferoit ajfurer qu elles fujfent une même Comète. II finit enfin ce beau Mémoire par ces paroles re- marquables : Avant que l'on foit * perfuadé par des indices "^ Je crois fuffifans j qu une Comète qui par oh de nouveau efl une de celles f'-'^f"^^^' qui ont paru auparavant j & que l'on ne Jçache qu elle n'a fait que l'on ne quune révolution , ou , fi elle en a fait plufieurs , quon n'en ^'^^^' Jçache le nombre , il efi inutile d'entreprendre d'en chercher la, révolution ; de même qu'il fer oit inutile de tirer la révolu- tion de Mercure de deux retours qu'on aurait, obfervez. fans AVoir le nombre de ceux qu'il auroit fait entre une appari- tion & l'autre. Les Sçavans d'Angleterre, ou de quelqu'autre Nation que ce foit , doivent-ils trouver mauvais , qu'appuïé des raifons d'un fi grand homme , je ne fuive pas leur fen ri- ment ? J'ai été bien-aife d'extraire cet endroit de l'Hiftoire de l'Académie de 1699. pour faire voir à Monfieur le Che- valier que je fuis pas fingulier dans mon opinion , que je ne fais que fuivre les plus fçavans hommes de 'ce fiecle. En des faits de cette nature il n eft pas aifé d'impofer aux -^'i^© Refiexïons sur divers sentimens Aftronomes. Aiifli ce que Monfieur Petit avoit dit lâ-defTits dans fa Diffcrtation fur les Comètes, imprimée en 166^» n'avoit pas fait grande impreflion fur l'cfprit des Aftrono- mes , non plus que ce qu'a écrit Monfieur Hevclius. Oa reconnut bien- tôt que les preuves qu'ils apportoient pour leur révolution de 46. en 46. ans , n'étoient rien moins que folides ; &C ils avoient raifon de ne les pas donner pour sûres. Monfieur Clark dans le même Livre deRohault expofe rhypothefe de Monfieur Newton ; par cette hypothefe il ex- plique tous les Phénomènes , &: il s'exprime ainfî. Cometas tn ellïpjibus umhllicos in centrofolis habentihus mù'veri dehere &CC. ciuia non ex uno 'vortice f^itiû f in alium moîu incerto ■njugiintur yfed ad folis frovinciam pertinentes , motu perpetHO 4C conjlanti in orhem redeunt, Monfieur Defcartes a-t'il dit que les Comètes ne fe meu- vent pas par des ellipfes ? Point du tout. Nul Géomètre n'a mieux connu que lui les diverfes courbes qu'on peut emploier pour expliquer le mouvement des Aftres. Cela paroît par fes Ouvrages ; mais nul Géomètre n'a été plus retenu que lui à afTigner une telle, ou une telle courbe; il ne voïoit pas devant lui un afiTcz grand nombre de points T>our déterminer cas courbes j je crois même qu'à prefent il n'y en a point encore afïez, quoique nous en a'ions beau- coup plus, &^ de plus sûrs qu'on n'en avoit du temps de Monfieur Defcartes. Les Aftronomes connoifïent fans dou- te à prefent le mouvement du Soleil &: des autres Planètes j ils ont pourtant des fentimens diffcrens fur la nature des ellipfes qu'elles décrivent. On n'a qu'à lire l'Hiftoire de l'Académie Roïale des Sciences, &: divers autres Auteurs, pour en être convaincu. Defcartes a-t'il prétendu que le mouvement des Comè- tes fut vague &: incertain ?Non. Il avoit bien réfléchi fur les qualitez que doivent avoir les Ouvrages d'un Auteur infiniment fage ; il reconnoît feulement que ce mouvement n'eft pas aflcz connu. Ses hypothefcs , celles de Monfieur Newton ont chacune leur beauté. Il y a diverfes modes pour la Phyfique j l'une peut plaire en Angleterre, l'autre eh France \ les modes de France peuvent agréer autant , & €tre auiîï commodes que celles d'Angleterre. Quand ces Meifieurs f)E Monsieur Ne-^^tom. i^i Mcflîeurs , comme Ariftote ôc Platon, ne feront plus à la mode , quelqu'aucre prendra leur place , Ôc trouvera quelque nouveau fillême qu'il croira fondé fur un plus grand nom- bre d'expériences , Se faites fans prévention. L'endroit où Monfieur Newton prefïc le plus Monficur ^.surUi Defcartes , eft fon Scholie gênerai , mais il ne le coule pas Tourha- a fond. Car félon fon hypotefe ( qu'il faut que celui-là adopte en d'autres termes, puifqu'on ne peut concevoir, à mon avis , de mouvement centripète &; centrifuge fans tour- billon ) les tourbillons des Planètes &: des Etoiles fixes étant des fpheroides ob longs j on n'aura qu'à fuppofer que chaque Comète a fon tourbillon en forme de Ipheroide fort oblong, qui fe trouve engagé par une de ks pointes entre le tour- billon du Soleil, &: par l'autre pointe entre les tourbillons voifins des Etoiles fixes, èc cela en diverfes parties du Ciel, même hors du Zodiaque, pour expliquer comment elles paroifiient, quand elles font périhélies, en différentes ré- gions du Ciel ; &: pourquoi elles ne paroifTent point quand 'elles font ophelies , lans que les Comètes fortent de leurs tourbillons pour paffer dans ceux des Etoiles fixes, puifque cela fait tant de peine à nos nouveaux Philofophes. Les tourbillons des Comètes , comme ceux des Planètes , ne peuvent-ils pas par une de leurs pointes être renfermez dans le tourbillon immenfe du Soleil, Se de l'autre s'étendre jufqu'aux tourbillons des Etoiles fixes, entre lefquels cette •pointe fe trouve engagée ? Cela ne renferme pas de contradic- tion , fi je ne me trompe. Je crois avoir montré par tout ce que je viens de dire, que dans l'hypothefe de Monfieur Defcartes on peut auffi- bien expliquer les mouvemens des Comètes , que par l'hy- pothefe de Monficur Newton. Nous en avons encore une preuve a fofteriori. On ne voit pas en France que la défer- - tion foit grande chez les Cartefiens , Se qu'ils prennent parti pour le fiflême de Monfieur Newton, qui eft fi fort à la mode en Angleterre, quoiqu'on y ait voulu travefiir Monfieur Rohault ; c'efi qu'ils font perfuadcz, comme Monfieur le Chevalier, que l'hypothefe des tourbillons eft une des plus fublimes pcnfées de l'efprit humain j mais qu'ils ne font pas perfuadez, comme lui, qu'elle foit contredite par tme infinité d'çxperiences. Il n'en eft aucune qu'ils ne X î^2* Réflexions sur divers sentimens croient pouvoir expliquer par leur fifteme. Ils fçaveiit s*ai-, dcr pour cela des règles de la Géométrie , &: d'une fine mé- chanique que kur Maître entendoit fi bien, lui qui leur a donné un nouveau tour , &: auparavant inconnu. On fe trouve, dit Monfieur le Chevalier, environné de grandes difficultez. £h n'y en a-t'il point dans le fifteme de Monficur Newton? Nous le verrons dans la fuite de ces Reflexions. LaPhyfique, de quelque manière qu'elle foit traitée en elt pleine jcli qui en doute ? Ceft de quoi hu- milier le Philofophe : quand à force de méditer il a arrangé un fifteme du mieux qu'il a pu , il doit fc refoudre à dé- vorer ces difficultez , il en faut convenir , èc Monfieur Defcartes le fçavoit bien. On n'a qu'à voir ce qu'il en idit, &: s'il .ne fuppofe pas avec modeftie , qu'on peut prendre d'autres routes pour expliquer les divers Phénomènes que la nature prefente, quelquefois contraires en apparence les uns aux autres. Il ne fe donne pas pour avoir aflifté au Con- feil du Créateur ; nul efprit créé n'y a eu part. Il ne pré- • tend pas non plus qu'on le fuive à l'aveugle j cela eft con- traire à £cs principes ; mais , à mon avis, Monfieur Ne-wton n'apporte pas des démonftrations contre lui , fi je ne fuis trop prévenu. Car les expériences faites en Angleterre ne font pas démonftratives èc peuvent s'expliquer par les Car- tefiens. %.siiyU Les tourbillons ne doivent-ils pas pefer les uns à l'égard ufanteur. des auttcs , commc les Planètes &: les Comètes pefent les unes fur les autres dans l'hypothefe de Monfieur Ne^^^ton > Comment fe maintiendroit l'équilibre fans cela? Et impli- que-t'il contradi£lipn dans les termes que des parties des tourbillons des Comètes fe trouvent engagées entre les tourbillons des Planettes, les unes au-defl'us de iSaturne,. §<: quelqu'autres même au-defifous du Soleil ? Le peut-oii démontrer ? Monfieur Defcartes ignoroit-il que les corps font pefans à raifon de leur malTe , &: non en raifon de leur furface > A-t'il cru qu'un cube d'or d'un pouce de cô:é peut floter fur l'eau , comme un cube de liège d'un pouce de côté ? Il n'avoit pas befoin d'un grand génie pour fçavoir que cela n'eft pas ainfi. Mais il fuppofoit que la matière fubtile, dont le monde eft plein , avoit incomparablement plus de peine à pafTer à travers les pores de l'or, qu'à travers les porcs du licge, ou, ce qui revient au même, que les par- ties infeïmblcs, qui compofcnt les corps pcfans, écoienc plus intimement lices que celles qui compofent les corps moins pcfans ; il fc fait donc une plus grande prcÏÏion, une plus grande impuKion fur ceux- là que fur ceux-ci. Puifqu'on divifc bien plus difficile .ent l'or, un diamant, un bloc de marbre, qu'en ne divif.- du liège; pourquoi ne vcuc-on pas qu'une plus violente niipulfion , une plus forte prcflioii de la matière fubtile contre les corps de la première efpece qu'elle pénètre plus d ffi ilemenc, à caufe que leurs parties font mieux liées, rendent ces corps plus pcfans? Le poids & la preffion de l'air ne font-ils pas démontrez ? L'air peut- il pefer , ou prelT^r il d'autres matières ne pefent fur lui , ou ne le preflent ? Ces Mcfïieurs nieront-ils ces conféquen- ces ? Leur fifteme tomberoit en ruine. Il peut donc y avoir une autre matière que l'air , qui prefle &: qui pefe ; comme il y en aune plus fubtile que l'eau, le plus greffier de tous les fluides après le mercure, qui prelle &c qui pefe. Je ne crois pas que les Partifans de Monfieur Newton puifTent nier cette propofition. Je voudrois fçavoir fi la gravitation fèparabic de la fub- flance de la matière, qu'on dit que les Philofophcs Anglois viennent de remettre au monde , eft quelque chofe de fa- cile à expliquer, ô£ même à concevoir ? Les Peripatericiens ne fe plaindront-ils point qu'on les vole ; ou bien ne s'ap- plaudiront-ils pas de ce qu'on revient enfin à eux ? Com- bien faudra-t'il de claiïes de gravitation ? Autant qu'il y a de corps plus ou moins pefans. ^tare opium facit dormire ^ quia habet virtutem dormitivam. Pourquoi l'or pefe-t'il tant? C'eft qu'il a une grande gravitation. N'efl-ce pas la même réponfe ? Ces Meffieurs en termes nouveaux & magnifiques nous jettent de la poudre aux yeux ; nous laifferons-nous aveugler ? Et croirons nous que leur Géométrie perce juf- ques au fond des matières les plus obfcures de la Phvfi- =que ? Enforte qu'au moien de quelques lemmes , ou théo- rèmes fubtilement démontrez, la gravitation &: l'attrac- tion feront aufïi évidemment prouvées que la quarante- feptiémc Propofition d'Euclide ? Ou enforte que ( pour me fervir de la comparaifon que Monfieur le Chevalier a era- X ij 1^4 Reflexions svr divers sentimens » Fïura- pruntée de Monfieiir de Fontenclle * j il femble qu'on foit Uté des derrière le théâtre d'un Opéra d'où l'on voit tous les con- Mondcs. ^^.çpQ^jj qi^ii font joîier la grande machine de l'Univers. Ces Mcfficurs font grands Géomètres & même Philofophes, mais ils ne font gueres plus avancez, puifque c'eft au fifteme des tourbillons que Monficur de Fontenelle a appliqué cette comparai Ton. 4. Sur ^ Je demanderoîs volontiers à Meffieurs Newton , Clark TAttrac- ^ Grcgori, Cl ce quils difent de l'attraction du Soleil qui fait venir à lui les Planètes ôc les Comètes eft fi clair, fi bien expliqué, qu'il n'y ait pas de réplique. Et fi Monfieur Defcartes èc fes Sectateurs n'expliqueront pas dans leur filteme les forces centrifuges &: centripètes, en forte que leur hypothefc fc tienne toujours fur l'eau , fuis fe fervir du mot d'attradion , qui paroît fignifier le mouvement centripète qu'un Cartefien reconnoît fous un autre nom. On n'a qu'à voir comment Monfieur Defcartes explique tout ceci dans la troifiéme Partie de fes Principes. Cependant pour donner plus de jour à ceci, voïons fi l'attraction explique plus heureufement le fifteme du mon- de. Je froce de l'ambre jaune, un autre corps éledrique en prefence d'un jeune Ecolier , &: un fétu qui en eft voifiii s'y vient joindre aufïi-tôt. Je demande à cet Elevé de Phi- -iofophie d'où vient que le fétu fe joint à ces corps ; il me répond , fans avoir été difciple de Monfieur Newton , qu'ils attirent à eux le fétu avec la vertu d'attraction qui refidc dans les corps éleétriques, il en eft quitte ; &: il eft dé- montré par Monfieur Newton, que je dois être content de fa réponfe. Je m'adreffe à un Cartefien , car il me refte quelque fcrupule ; il me dit que le monde eft plein d'une matière très-fubtile que je ne vois pas , comme je ne vois pas même l'air , qui eft un fluide bien plus groffier ; Se que cette matière fubtile entrant Se fortant de ces corps en grande abondance, fur tout depuis que par le frotement les pores fe trouvent plus ouverts, cette matière tourne au tour d'eux en tourbillon , Se que trouvant dans fa Spliere ce fecu , dont la refiftance n'égale pas le mouvement de la matière, elle le pouffe Se le porte contre ces corps. J'infifte ; mais fi ce fétu eft à un pied de ces corps élec- triques 3 d'où vient qu'il n'y a plus d'attradien ? A cela DE Monsieur Newtoîï. i^r- l'Ecolier ne m'avoic rien répondu. Mais le Cartefien me dit, la matière fubtile fortant de ce corps électrique, com- munique fon mouvement à d'autres parties de la même ma* tiere à la ronde ; mais elle ne peut en communiquer fans en perdre ; de forte qu'à un pied le mouvement étant moins fort que la refiftance du fctu , il ne peut la vaincre, &; il y a pour le moins équilibre ; le fétu ne peut donc être porté contre ce corps éiedrique. Je fens bien que je ne fuis pas aufli fatisfait de cette réponfe que d'une démonftra- tion de Géométrie ; mais je fens auiïï que j'en fuis plus content que de la réponfe qui fuppofoit dans ces corps une vertu attradive. Il eit aifé d'appliquer tout ceci aux fîftemes de Ivleffieurs Defcartes &c Newton î 6c on doit reconnoître que tout au plus celui-ci fous d'autres noms , rentre dans le fiileme de ceiui-la. Car qu'appelle- t'on force centripète, fi ce n'eft la force de la matière qui revient des extremitez du tourbil- lon à fon centre, 5c la force centrifuge, fi ce n'ell la force de la miatiere qui va du centre à la circonférence du tourbillon ? Et ces forces doivent augmenter ou diminuer félon les loix de la Méchanique ^ fuivant leur plus grande, ou moindre diftance du centre du tourbillon ; de forte que les corps qui y font placez doivent plus ou moins pcfer d'une pefanteur relative , fuivant qu'ils font plus ou moins voifms de ce centre. De-là il s'enfuit que cette attraction tant vantée ne nous rend pas plus fçavans î puifque le Cartefien en explique aulTi-bien la caufe. Si cela n'efl pas, il me femble avec Monfieur le Chevalier , que les forces centripètes de Monfieur Newton ne font pas plus intelli- gibles que les formes fubftantielles des Péripateticiens i &c que la gravitation diftinguée de la fubflance d'un corps ne i'efl pas plus auffi que les qualitez introduites par ces an- ciens Philofophes. Quand il feroit vrai que l'hypothefe de Monfieur Defcartes a précédé les expériences, comme le veut Monfieur le Chevalier , ce que je n'accorde pas fans reflridion ; il elt heureux pour ce Philofophe, que les ex- périences pofterieures prouvent fon hypothefe , Ôc en dé- montrent la beauté. La poflibilité du mouvement dans le plein efl unechofe s- ^"^h difficile à comprendre, dit Monfieur le Chevalier. Celaefl mouve- ment. z66 Reflexions sur divers sentimens. difficile, j'en conviens. Donc le moiivemcnc eft impoflî- ble je le nie. Bien de nos nouveaux Philoibphcs , comme beaucoup d'anciens, ne peuvent concevoir la création de la matière ; fur" cela ils forment des raifonnemcns qu'ils croient invincibles, ils concluent que la matière eft éier- nelle Se donnent tête baiffée dans une aflreufe abfurdité. Font-ils voir qu'il y a de la concradidion dans les termes que Dieu puiffe créer de la matière ? point du tout ; ils n'en fçauroienc venir à bout. Mais cela paffe la force de leur conception. Comme s'il n'y avoit pas mille choies dans la Nature qu'ils ne peuvent concevoir, qui ne renferment pourtant point de contradidion , puifqu'elles exiftent réel- lement, ôc qu'ils les touchent au doigt. La puiiTance du Créateur pafle leurs idées ; elle feioit bien limitée fi cela n'etoit pas. Il peut donc faire plus que leurs idées ne com- portent. L'étendue de i'eiprit humain eft trop bornée. Que pcnferoit-on des fourmis, lefquelles quittant des grains de bled qu'elles porcoient, feroient effort pour mouvoir un rocher ? Il y a encore moins de proportion entre l'efpric humain &c la puiilance de Dieu. L'un eft fini , l'autre eft infinie ; il n'y a donc aucune proportion. Tout ceci peut-être appliqué au mouvement. Implique- t'il contradidion que Dieu après avoir créé la matière, lui ait donné du mouvement ? L'un n'implique pas plus que l'autre. Mais comment cette matière cubique a-t'clle pii fe mouvoir^ Vous ne le concevez pas? Mais cela paft'e-t'il le pouvoir du Créateur > Bien moins que la création de la matière ; en la créant ne peut-il pas lui avoir donné du mouvement > Les bornes de l'efprit humain font trop étroi- tes pour comprendre la puiftance du Seigneur ; s'il l'a pou- voir comprendre , cette puiftance ne feroit rien moins qu'infinie. Dans la Phyfique nous rencontrons à tous pas des difhcultez infurmontables ; mais plufieurs ne le fcroient pas à des fuhftances fpirituelles plus parfaites que l'efpric humain. Et entre Dieu &: l'efprit humain il peut y avoir une infinité d'efpeces plus parfaites en connoifïance. Ce que nous avons de mieux à faire , c'eft de nous tenir dans les bornes que Dieu nous a prefcrites. En vouloir for tir c'eft orgueil, c'eft préfomption. C'eft ce qui fait dans h Phyfique tant de mauvais Philofophes , & tant d'Hérétiques daus la Religion. DE MOÎ^SIEUR NewTOW. i^-j Monfieur le Chevalier die encore que Monfieur Newton ^-surUs Cré/itcur. prétend faire voir que les loix générales du mouvement '"''' '^'* établies par TEtre fuprêmc , ou l'Etre original , quel qu'il foit, ne font pas toujours les mêmes ; qu'elles varient trcs- fouvent, &: qu'elles Te trouvent quelquefois en oppoficion. D'où il tire cette conféquence que tout l'Univers étant gouverné par des volontez particulières, il faut qu'il y ait un premier Etre dont Texiftence foit neccfîaire ;, &: qui foit intelligent. Je ne fçai fi on a bien pris le fens de Monfieur Newton ; car il n'eft pas facile à entendre. Voici ce que je répond à ceci de qui que ce foit qu'il puifTe ctre. Cet Etre fuprême, ou original, je l'appelle Dieu ; &r dès qu'on fuppofe qu'il a établi des loix générales, il faut neceflairement admettre qu'il eft fouverainement intelli- gent, fouverainement fage. De-là il fuit que cqs loix gé- nérales ne peuvent varier , beaucoup moins fe trouver quel- quefois en oppofition. Cela ne fçauroit s'accorder avec une fageffe Ô2 intelligence infinie. Cet Etre fuprême peut quel- quefois fe difpenfer des loix générales qu'il a établies, à certains égards j mais ces loix générales dans tout le reltc vont toiijours leur train. Il peut arrêter le ceurs du Jour- dain j mais le Nil, l'Euphrate , le Rhône vont toujours leur chemin. Il peut arrêter ceux-ci, mais il ne change pas fa loi générale par laquelle les fluides tendent toujours à fe porter vers les lieux les plus bas , comme tous les corps pefans que rien ne rerient. De ces loix générales on en tire une démonftration de i'exiftence de cet Etre infiniment fage, infiniment intelli- gent, fans qu'il foitbefoin d'y venir par des volontez par- ticulières qui gouvernent tout l'Univers , Dans un Etre aufii fimple que Dieu , je ne conçois pas d'autre volonté , à l'é- gard de l'Univers , que celle par laquelle il a voulu , &: veut toujours créer l'Univers &: toutes les parties qui le compofent. Il a dit, & toutes chofes ont été faites; ô2c'eft par cette volonté confiante qu'il conferve l'Univers. Parmi bien des chofes que je ne comprend pas dans ce fifteme qu'on donne à Monfieur Newton , je trouverois d'autres Reflexions à faire pour pénétrer ce qu'on entend par vo- lontez particulières. Cela nous engageroit à bien des rai- i^S Reflexions sitr divers sentimens foiinemcns abfhaits, que j'effleurerai feulement pour exa* miner quelques points des Lettres de Monfieur le Chevalier à fon ami. Il lui marque quV/;^^ des j/retrjes rapponées p^r Monfieur 'Newton four Les volontez, partia^diercs de D/Vv; , ^ pour démontrer fon exijience eji celle-ci. Monficar Newton dans fon Optique page 341. rapporte des expériences qui prouvent invinciblement que le mouvement périt & renaît, il prétend mcme que la pefanteur ne peut être une ji'itc de l'impulfon, d'autant que les cjjets de l'impulfion qui Je fait dans un fuide, font toujours proportionnez, a la quantité de la ma fier e pro- pre. D'où l'on conclud que la pefanteur efl une force qui pe^ netre la fubfance folidc du corps j ce qn^i hc peut s'expliquer par la matière fubtile. Mais ce n efl pas tout y voilà deux loix bien différentes qucn remarque dans la nature , qui ne peu- vent être tout à la fois ejfenîielles à la matière , à moins quelles ne lui foient imposées par un Agent libre é^ tout' pmffant qui gouverne l'Univers par des volontez, particu^ Itères. Et voila dou les Anglais tirent leur preuve de Vexif tence de Dieu. Voilà une Métaphyfique bien finguliere i 3'avouë que je n'ai pas aflbz d'efprit pour comprendre la force & la liai- Çon de cqs raifonnemens ; peut-être que fi j'avois lu l'Opti- que de Monfieur Newton , je les comprendrois mieux , car je fuppofe qu'ils font tirez de l'Optique de ce Philofopheî les voiontez particulières de Dieu font une preuve de fon exiftence. Jeu conviens , elle peut fervir contrôles Athées, Mais celle qui refulte des loix générales établies pour le gouvernement de l'Univers , eft alTez forte pour convaincre leur efpvit, quoiqu'elles ne le foit pas pour changer leur erreur. Dixit i?npius in corde fuo non efl Deus. L'exiftence de Dieu eft-elle bien prouvée par des chofes auffi obfcLires &: auffi conteftées que le doit être l'idée d'un mouvement qui périt &: renaît î Comment un corps qui eft dans le non mouvement ( pour me fervir de cette expreffion Angloife ) peut-il, n'aïant en foi aucun principe du mour vement , fe remettre lui-même en mouvement ? On a raifoii d'étcibiir des voiontez particulières de Dieu pour cela. Sans cet Agent libre &: tout-puiflant, le mouvement ne fçauroit être reproduit dans ce corps. Cnr apparemment Monfieur Newton DE Monsieur Newtok. i^P Newton parle ici de la maciei-e. Ceci, à mon avis, eft bien plus difficile à comprendre que le mouvement dans le plein. Il eft trop mal-aifé de philoropher en écablilîant des loix générales , félon lefquelles Dieu a imprimé aux diverfcs portions de la matière , le mouvement que fa fagefTe a déterminé , en vertu duquel tout a été produit , tout fe conferve, toute nouvelle génération eft faite. Les DiCci- ples de Monfieur Newton pour chaque Phénomène éta- bliftent une volonté particulière, ils ont trouvé une folu- tion aifée à toutes les difficuitez qu^on pourroit former con^ tre leur hypothefe. Les Cartefiens ne font pas ifi habiles. Defcartes , peu raffiné , alloit bonnement fon droit che- min ; fes Sedateurs l'ont fuivi. Mais ce n'eft pas la mode de ce fiecle. Monfieur Newton en a trouvé une bien plus expeditive. Examinons encore un peu ce qui concerne la pefnnteur, j. sur la quoique nous en aïons déjà parlé ci-devant. Elle eft donc Fe/mtenr, une force diftinguée de la fubftance du corps, laquelle fait la fonction que les Carteliens donnent à la matière fîibtile? un mode de cette fubftance ? Mais , ce qui eft merveilleux &: tout nouveau, un mode féparable d'avec elle ? Voilà les qualitez remifes en honneur. L'attraction , ou plutôt la vertu attraétive , en eft- une autre. Je puis donc concevoir toute fubftance matérielle fms aucune pefanteur. Car quand elle fera fans mouvement, &c qu'il aura péri, il n'y aura plus de force appliquée à cette matière ; ce fera materia inersy difent ces Mellieurs. Autrement il y auroit du mouve- ment & il n'y en auroit point dans le même inftant, ce qui eft abfurde. Il y aura donc une matière fans pefanteur -, ce qui m? paroît inconféquent. Il fuit encore, que félon la diverle nature de ces fubftances , Dieu par une volonté particulière , leur appliquera diverfes forces, qui leur don- neront divers degrez de pefanteur fous le m.cme volume , moins au liège, plus à l'or. N'eft-ce point là emploïer fans necefticé la toute-puiflance de Dieu ? Il me femble que l'hy- pothefe des Cartefiens eft plus fatisfaifante & plus fimple. On voit aftcz ce que je penfe ; je m'expliquerai bien-tôt plus clairement fur tant de nouvelles hypothcfes. Pour fui- vre ces matières pied à pied , il faudroit un Traité com- plet de Métaphyfique ic de Phvfique. Mais je renvoie y 170 Reflexions sur divers sentimens ^vlonfieur le Chevalier à Monficur Dcfcarics &: auP.Maî- bianche. Il me femble les entendre qui s'écrient : Exortare dliqtiis ncjlris ex of] eus ultor. Je ne m'en crois pas capable, &: je fuis ii fort dégoûté de tant d'hypothcfes , dont le monde fourmille, que je crois pouvoir cmploïer ailleurs mon temps plus utilement, &: en avoir allez dit fur les Comètes, l'Attraclion &: la Gravitation. %.îuy\* Venons à d'autres points de la Phyfique de Monfieur f.guredclï Ncwton. Il s'cu faut bien que fon troiticme livre de la Philofophie Naturelle foit démontré comme le font les proportions du premier &ù du fécond Livre. En voici une preuve. Il prétend que la terre cil un fpheroide applati par * Trofof- les pôles ; & que les axes de ce fpheroide font comme * 2 30. tion 20. /. ^ 2.1^. en forte qu'un degré du méridien qui ne contien- dra que 5^5^09. toifes à zcro degré de latitude , taLC vers le Nord que vers le Sud, contiendra à 90. degrez de lati- tude 57697. toifes. On n'a c]u'à lire tout ce qu'il dit fur ce fujerpige 382,. & fuivantes. Cependant Monheur Caifini "^Hift.de a prouvé * autant qu'il fe peut en (emblable matière avec îAccideûne bcaucoup de netteté , qu'un de2;ré du méridien vaut à zéro ib&. ffc, degré de latitude 57440. toifes un pied, &: à 90. degrez des Me- cie latitude, il vaut 56785. toifes 3. pieds j ce qui eft di- rectement oppofé au fentiment de Monlicur Newton 5 de forte que la terre fe trouve un fpheroide obîong par les pôles ; ce qui p^roît démontré par Monfieur Caflini , & le fera dans une plus grande étendue dans l'Ouvrage qu'il doit donner au Public. Ainfi les axes de ce fpheroide fonc à peu près de même dimenfion que ceux de Monfieur Newtonj mais en fens contraire. De-là tombent tous les raifonnemens que ccîci-ci fliic dans la Propofition 2,0. fur la fpheroidité de la terre, fur la longueur des Pendules fynchrones , &: en partie ceux qu'il fait ailleurs fur le flux &: le reflux de la Mer, fur la hau- teur des eaux vers la ligne. Au moins il ne pourra pas dire que ces points-là foient démontrez géométriquement, juf^ qu'à ce qu'il ait détruit la preuve contraire de Monfieur Caffini , qui fubfifte en fon entier au moïen des Obferva- tions faites depuis Paris jufqu'à Colioure fur les bords de la Méditerranée, &: qui viennent d'écre pouiTces par Mcf^ ficurs Caflïai , Maraldi &: de la Hire, depuis Paris jufqu'à DE Monsieur Newton. 171 la Mer Oceane à Dunkei-quc , ce qui contient la longueur de la France. Monfieur Newton ne peut citer pour fcs garans Mefîieurs Picarc ôc Caflini le Père. Ce font eux qui ont commencé le grand Ouvrage de la prolongation de la méridienne de rObfervatoire depuis la Méditerranée jufqu'à l'Océan dans l'étendue de huit degrez &: demi i Ouvrage qui détruit le fifteme de Monfieur Newton, que'Monfieur CafTuii a vu finir du côté du Sud , &c qui a été conduit par une fuite de triangles avec tant de précifion. Pour ce qui e(l du côté du Nord , voici ce que m'en écrit Monfieur Maraldi , qui a travaillé des deux cotez de la méridienne avec divers autres Académiciens. Sa lettre efl du 10 Septembre 17 18. Laméridien?.e de l'Obfervatoire^ efl ■préfentement prolongée depuis l'extrémité méridionale de la France jtifqii à la fepentrionale . Pour la prolonger depuis Paris jufquÀ Dur^kerque ^ nous nous fomm.es fervi s des ope- rations que Monfieur Picart avoit faites pour la m e fur e de L% terre depuis Paris jufquà Mondidier un peu en deçà d'A- miens. LÀ nous avons commencé les noires , c^ les avons con- tinué jufquà Dunkerque ^ ou nous avons mefuré' une bafc de plus de 5000 toifes , qui efi un coté de nos triangles , ^ qui s'efi trouvée co?i forme au calcul qui en ré fuite par les opéra- tions trigonométriques. Je ne fçache pas que Monfieur Halley & les autres dont parle Monfieur le Chevalier pour juftifier la figure de la terre établie par Monfieur Newton , aient rien fait de pa- reil. Monfieur Newton l'auroit rapporté dans l'endroit cité ci-deiTus. Il dit feulement un mot fur cela, &: qu'on s'eft fervi de chaînes pour les mefures. Les MeiTieurs de l'Aca- démie Ro'iale qui ont été emploicz à cet ouvrage digne du grand Roy qui en a fait faire la plus grande partie, di- gne de Monfcigneur le Régent qui l'a fait finir , en don- neront fans doute dans la fuite tout le détail, & tous \ç.s éclairciffemens que demande une recherche fi curieufe &^ fi originale. C'eft pourquoi je ne m'étendrai pas davantage fur cette matière. De la faufïcté des mefures de la terre établies par Mon- ^.-sur u fieur Newton , on doit conclure que fa Table fur la Ion- longueur giieur des Pendules îfochrones , & fur la grandeur des di- /" Yij 171 Réflexions sur divers sektimens vers dcgrez du méridien , fc trouve faulTe aufîi. C'eft que les matières de Phylique ne comportent pas l'évidence de la Géométrie -, &: qu'il flalloit à Monfieur Ne^Lon un plus grand nombre d'Obfervations qui s'accordailcnt mieux pouc établir fermement les raifonnemens fur Icfquels fon iilîcme cft appuïé. Parmi les Obfervations qu'il rapporte fur la variation des longueurs des Pendules ifochroncs , il dit page 38 j. que le P. Fcuillée trouva à Porto-bel en Amé- rique en 1704. la longueur du Pendule à fécondes de 3. pieds de Paris 5. lignes &: —^ ; c'eft à-dire que le Pendule étoit plus court de près de 3 lignes qu'à Paris , ce Pcre aïant fait une erreur dans fon Obfcrvation i car ajoûte-t'ilj le P. Fcuillée allant enfuite à la Martinique, trouva la lon- gueur du Pendule ifochrone de 3 pieds 5 lignes & ^f , de forte que la différence de ces longueurs cft de -—-• Il eit vrai que voilà -^ de ligne au profit de Monfieur Newton, mais il cfl encore bien éloigné de fon compte, puifque par fa Table il fuppofe qu'à la latitude de Porto- bel , qui eft félon le P. Feiiillée de c^L 3^^ fcptentrionale, la longueur du Pendule y doit être de 3 pieds 7 lignes Se -^~ , ce qui donne près de deux lignes de difFcrence. Je ne m'arrête pas à chercher de combien eft plus grande la raifon de 7 à 12. , que celle de 526 a 1000. Cela n'en vauc pas la peine. Et à la Martinique, dont la latitude eft de 14^ 43^ fcptentrionale, la longueur du Pendule ifochrone doit être, félon Monfieur Newron , de 3 pieds 7 lignes ê€ TzHy q^K^iq'-ie le P. Feûillée l'établiiTe encore de deux li- gnes plus courte , car il efl inutile de chercher la différen- ce de la raifon de 10 à 12, d'avec celle de 596 à looo. Cela n'en vaut pas la peine. Mais la différence de j lignes à 7 lignes étant confiderable, incommode fort le llfteme de Moniieur Newton. Dans tout ce qu'il rapporte d'Ob- fervations fur ce fujet page 38J. il n'y en â pas une qui s'ac- corde exaclemcnt avec les lons:ueurs des Pendules calculées dans fi Table ; & il ne manque pas d'accu fer de peu d'exac- titude celles qui s'en éloignent le plus. Comme s'il failoic accorder les obfervations aux flftemes , êc non pas les fifte- nies -aux obfervations. Les Cbfervateurs ne doivent pas avoir cette compîai- fince. Quand un Géomètre fe tient dans les bornes de la DE Monsieur Newton. i-. Géométrie j nous le luivons ; quand il en fort, nous ne fom- mcs pas plus obligez defuivre les hypotlicfcs , qu'ilfe croit lui-même obligé de fuivrc celles des autres j par la raifoa que la Géomccric ne connoît d'autre autorité que celle de la démonftration. N'efl-il pas aifé devoir fans fe fatiguer par de rudes cal- culs & de profondes méditations , que la petite différence que le même Obfcrvatcur, ou divers Obfervateurs peuvent trouver dans le même climat aux longueurs du Pendule ifochrone , peut venir en partie de la diverfe difpofition de l'air en diverfes faifons > Q^ioiqu'on fçaclie par obfervation que ces longueurs font moindres entre les tropiques, en a-c'on allez qui foienr bien d'accord ? Dans cette incertitude de la caufe Pliyfique de la variation de ces .longueurs, peut- on réduire à des règles de Géométrie , ôc en Tables exades une variation de longueurs de Pendules variable fuivanc Içs faifons ôc les temps , indépendante de celle de la diver- fité des Pais, Se porter tout cela en preuve pour établir un iifteme ? La Nature refpedera-t'elle allez les Tables de M. Newton pour s'y conformer ; autant qu'elle s'eft allujetie aux courbes de Monfieur Hailey , pour que la variation de l'aiman foit la même que fes courbes l'ont déterminée? Ce font-là à la vérité de beaux efforts , dignes âcs efpiits du premier ordre ; mais il faut épier, fuivre plus long-temps la Nature, pour trouver les loix qu'elle fuit, &: en don- ner des Tables qui ne fe démentent pas. Les expériences de Monfieur Newton que Monfieur le lo.surdi^ Chevalier rapporte à fon ami font très-ingenieufes , &: di- '^^^f'^ ^^■* gnes d'un grand Phyiicicn. Mais les Cartcfiens n'auront j^^J/^X'c» pas plus de peine que lui à les expliquer félon leurs prin- cipes. La règle de Kepler n'eil pas contraire à leur fifteme. Ils admettront fans peine que tous les corps celelles pe- fent les uns fur les autres ;* Se que pour être maintenus dans leurs tourbillons, s'ils ont une force centrifuge, qui tende à les en écarccr ; il fliut bien que les efforts contraires de la matière du tourbillon , les porte à fon centre &c les y maintienne. Ce qui n'eil autre chofe que la force centri- pète pour les retenir dans leurs tourbillons. Ils en diront autant de tous les tourbillons fubalterncs par rapport au grand tourbillon. On. n'a qu'à lire les Ouvrages de M* T74 Reflexions sur divers sentimeks Dcicartcs pour en êtic convaincu. Ce grand Philofophe enccndoïc auiii-bica que qui que ce foie les luix de la Me- chanique. L'expérience de Monfieur Newton , que je vas rapporter d'après Moniieur le Chevalier , prouve aufli bien l'hypothefe des tourbillons qu'aucune de celles des Carceiiens. Il veut qu'on prenne un baion de verre d'un pied , ou de 2. pieds de diamètre, qui loïc traverfc par un axe ; qu'au centre du balon , ou au milieu de l'axe, il y ait une petite boule toute couverte de boucs de loie longs de deux pouces , ou deux pouces & demi , ÔC qu'un des boucs de la foie foie attaché à la boule , comme le poil eft attaché au corps d'un Barbet. On met eniluce le balon en mouvement , éc on le fait tourner très-vite par le moien d'une rouci à corde, on s'appcrçoit que tous les bouts de foie qui tendoient au centre de la terre avant qu'on imprimât un grand mouve- ment à ce balon , fe redreilent & pa'JoifTent partir du cen- tre de la boule pour aller à la circonférence du balon. On voit bien que félon les loix du mouvement cela doit arriver j car toutes les foies tendent à s'écarter du centre du mouvement, & à fe féparer de la boule à laquelle elles font attachées par les tangentes à cette boule. Mais com- me elles font retenues par une des extrémitez , 6c que le iBOuvement continue toujours, il faut qu'elles reftent roi- des &; heriffccs en lis,nes droites tendantes au centre de la boule. On en a un exemple en ce qui arrive à une boule d'y voire qui eft fur un tour à roue. Qjiiand cette roue cft fort agitée , ce qui fe fepare par le cifeau du Tourneur s'en va par la tangente. S'il fe rencontre quelqu'obftacle au moment de fon départ , il s'écarte en ligne perpendiculaire à la boule. On n'a qu'à confiderer encore ce qui fe pafTe quand un Coutelier affile un rafoir. Se la route que tiennent les parties éteincellantcs de l'acier , qui fe feparent de la lame du rafoir fur la meule cilindriqae qui le meut fort vite. On dira le même pour le relie de l'expérience. On met un grand cercle immobile autour du balon , comme un mé- ridien , éloigné du balon de deux pieds ; ce cercle eft cou- vert de boucs de foie , comme la boule qui cft dans le ba- lon. Alors les bouts de foiC;, dont le méridien eft couvert. DE Monsieur Ne-^ton. i-j tendent au centre du bakui , ioirqii'on iui donne un grand mouvement. Le balon ne (çauroit lournei avec une li graïuie rapidité, (ans donner une grande agitation à l'air qui l'en- vironne i car comment ces foies changcroient-elies de {i- tuation , fî cela n'etoit i 11 elt donc contraint de tourner dans le mêaïc fens que le balon ; &; comme toutes les par- ties de l'air environnant tendent à s'approcher du centre du balon , ce qui ie prouve par diverlcs expériences que font les Cartcliens ; car pourquoi n'arriveroit-il pas à ce fluide ce qui arrive a l'eau î il eft clair qu'elles doivent im- primer le même mouvement aux bouts de foie , qu'elles frappent continuellement, &: ii ces foies pouvoient fe fé- paier du cercle, elles irotent s'attacher au balon , après avoir décrit au tour de lui diveifes volutes, ou fpirales. Les parties de l'air, avec lelquelles eiles feroient empor- tées, les oblig Toient ians douce à faire un angle conti- nuellement moindre que celui du raion &c de la tangente, qui eft droit, comme l'on fçait j c'elt-à-dire , que le raion deviendroit continuellement plus petit, ce qui leur feroic décrire des fpirales en tournant autour du balon, auquel enfin elles s'attacheroient. . Cela arriveroit encore plus infailliblement fi à quelque diftance du premier balon on en fuppofoit un antre éga- lement ag-té en tourbillon par le moien d'une roue, je fuis alTure que les boucs de foie détachez du méridien du pre- iiiier balon, ne paileroient pas dans le tourbillon du fé- cond balon. On ne peut pas dire, comme le veut Mon- fieur le Chevalier, que les balons, dont la (urface efi: très- polie , ne caufent point d'agitation a l'air environnant; outre que, comme on l'a dit, cos foies changent de fi na- tion dès que le balon ell agité. Ivionfieur le Chevalier, qui s'ell: trouvé en divers- combats, içait mieux que moi combien l'air qui environne un boulex de canon qui tourne en tourbillon, cit lui-même agité'; ce qui ne î'eroit pas s'il ne tournoit fi violemment avec le boulet, qu'il ren- verfe quelquefois ceux qui fe trouvent dans ce tourbillon d'air, quoique la baie ne les touche pas. 11 y a même des foldacs que le vent a étouffe, leur palTuit devant la bou- che apparemment dans le temps de l'infpiration. Je n'ai pas d'autre léponfe plus plauiible à l'objecliorî. i-j^ Réflexions" sur divers sentimems qu'il me fait {iir mon explication. On ne me perfiiadcra pas que l'air ne fe meuve en tourbillon autour du boulet, puifqu'il fait lifÏÏcr le boulet quand il s'y rencontre des creux ou des inégalitez ; qu'un foldat ferme fur Tes pieds en eft rcnverfé ou étouffé. Plus fera grand le volume du boulet 5 plus le tourbillon fera grand , & violemm.ent agité. Appliquons ceci aux balons. Un plus grand ou un moin- dre mouvement varie feulement la vîtefTe de l'air environ- nant ; mais il n'empêche pas le mouvement de tourbillon. D'ailleurs on peut mettre les balons en un mouvement auili grand que celui d'un boulet de canon , ou que les barres d'un cabeftan qui dévire lorfqu'on lance un VaiiTeau à la Mer; on ne voit ni les uns ni les autres quand ils tour- nent, &: cependant les barres ont au moins dix pieds de longueur > ic font groljes à proportion. Il eft donc clair que l'air tourne en tourbillon autour du balon àc avec lui. Je crois ce raifonnement auiîi concluant qu'une démonf- tration. Ain(i les foies fuivroicnt à la vérité des tangen- tes en fe détachant du méridien j mais ces tangentes fe- roient infiniment petites, &: les angles du polygone qu'elles fcroient, diminuantcontinuellement d'une quantité infini- înent petite , ces Çdics décriroient necelfai rement des fpira-- les , û. fe rangeroient enfin au centre àes fpirales , fi le balon qui l'occupe ne s'y oppofoic. Il faut donc qu'elles s'attachent ?u balon. Il paroît qu'on peut expliquer de niême l'expérience fui* vante. On prend un balon de verre de la même grandeur que le précèdent. On en pompe l'air avec la machine pneumatique j on met le balon dans un lieu obfcur , & on le fut tourner comme le précèdent. On s'apperçoit dans peu de temps qu'au centre du balon il fe forme un petit rourbilloa lumineux qui s'augmente peu à peu, &: qui en- fin occupe tout le balon. Quand on approche un mouchoir blanc du balon , il femble que le tourbillon lumineux com- munique fa lumière au mouchoir, cnforre qu'il le rend vi- fible pendant quelques momens. Cette expérience femble faite pour prouver le fifteme de Monfieur .Defcartes fur la lumicrc. On ne fçauroit tellement pomper l'air du balon qu'il n'en refte quelque partie outre la matière fubtile. Cet air, tout DE Monsieur Newton. 1-7^ tout dilaté qu'il cft,.e(l obligé de tourner en tourbillon dans le même fens que le balon ; en tournant il ramafie &: fait tourner avec lui les parties de la lumière qui font reliées dans le balon, elles font donc obligées de tendre au centre du balon, &: de s'y réunir , ce qui doit le ren- dre lumineux j &: comme il s'y en amafle continuellement, elle doit enfin par la force centrifuge s'écarter du centre, occuper tout le balon ôc rendre le mouchoir viiible , parce que cette matière de la lumière pafle a. travers les pores du verre. Mais comme enfin elle paiïe la plus grande partie à travers les pores du verre, le mouvement du balon conti- nuant de lui imprimer une force centrifuge , il faut que cette lumière ne rende le mouchoir viiible que quelques momens. Tout ceci ne me paroît pas plus difficile à expliquer que le mouvement des Toupies dont les enfans fe fervent pour leur divertiflement , mais qui peut occuper ferieufement un Géomètre. Sans m'arrêter à expliquer la caufe très-connue du mouvement fort rapide qu'ils lui impriment avec la cor- de dont ils Tcnvironnent de plufieurs tours ; mouvement qui eft fi vite, qu'ils difent que la Toupie dort lorfqu'ils ne la voient point tourner ; fi dans ce temps là on jette peu à peu de l'eau fur le haut de la Toupie , on voit que cette eau s'en écarte en gouttes très-menuës par les tangentes des cercles fur lefquels on l'a répandue ; & s'en écarte d'au- tant plus loin , que la circonférence du cercle fur laquelle l'eau tombe eft plus grande. Mais fi ces gouttes d'eau ren- controient un obftacle qui les obligeât de tourner avec lui dans le fens de la Toupie, ces gouttes feroient obligées de tourner en s'approchant du centre , &c de revenir fur la Toupie, ce qui explique la force centripète. Monfieur le Chevalier dit qu'il eft de fait , que moins il y a d'air dans le balon , plus la lumière qu'on y apperçoit eft vive &: brillante j &: que fi-tôt qu'on laifTe encrer un peu d'air elle diminue &: s'évanouit. ]e n'ai pas de peine à le croire ; on ne peut difconvenir que l'air qui refte dans le balon ne foit en grand refTort , &: fort dilaté. D'où vien- droit la peine extrême qu'on fent aux derniers coups de pompe s'il n'étoit ainfi ? Ne voit-on pas aufli cafTer les ba- îons ? Mais moins il y a d'air , plus la matière de la lu- Z lyS Reflexions sur divers sentimens nnere y abonde &: cft à Ton aife. Il doit donc en réfultcr plus de clarté, &: la lumière doit briller davantage. Le contraire doit arriver lorlqu'on introduit de l'air dans le balon. Partout ceci il paroit vrai-femblable que l'air dilaté, &: la matière de la lumière renfermez dans le balon mis en grand mouvement, décrivent des fpirales de la manière expliquée ci-dvfTus. La troiiiéme expérience de Monficur Newton que Mon- fieur le Chevalier cite ell fort curieufe , & me pnroît plus difficile à expliquer. On prend un Prifme de criftal un peu plus grand que ceux qu'on voit communément à Paris ; on le frotte avec un morceau de drap à peu près comme ou frotte un bâton de cire d'Efpagne , lorfqu'on veut lui faire attirer un fétu. On prend enkutc une feiiilie d'or bacu ,. qu'on prefente au Prifme, èc le Prifme tient la fciiille d'or fufpenduë en l'air à plus d'un pied de diftance de lui. Lorfqu'on élevé le Prifme, la feuille d'or s'élève pareille- ment ; &: avec ce Priime on la feroit monter à un qua- trième étage. Quand on paffe la main fur le criftal , on fait celïer la vertu du Prifme , ô£ la feuille d'or s'y vient coler. Quand elle a été une fois jointe au verre ^ & qu'en- fuite on i'ote pour frotter le Prifme de nouveau; la feuille d'or ne fe tient plus en l'air , comme elle fiifoit aupara- vant. ; Voilà une attraétion de la feuille d'or fmblable à celle des fctus , à un corps éleétrique qui a été pareillement frotté. Mais comme la fciiille d'or eftd'un bien plus grand volume, la matière fubtile qui pafle parles pores du Priime qu'on a bien frotté, S>L qui fe trouve direélemenc entre le Prifme & la feiiille, la repoufte, tandis que le relie de la matière fubtile qui fort du Prifme, & paife de part &: d'autre par les cotez de la f.-uille, fe rc'pand en tourbil- lon, la poufîe pardclfous, &: tend à la faire approcher du Priime. Ces deux forces tiennent donc la fciiille en équi- libre jufqu'à ce qu'aiant pafîé la main fur le criftal , cet équilibre étant rom.pu , la matière fubtile qui fe meut en tourbillon au-delà de la feuille, la contraint de s'attacher au; Prifme. Ce qui produit î i-tdion cippellée attradion , peut bien être appelle matière fubiiie, à moins qu'on ne veuille^ que ce fcit une qualité. DE Monsieur Newton. 179 Mais pourquoi frottant de nouveau le Prifme , la feuille d'or ne le tient-elle plus en l'air ? A cela je ne vois pas d'au- tre réponfe , (i ce n cil que les parties les plus fubtiles de la feuille d'or emportées par la matière fubtile , aïant bou- ché partie des pores du eriftal , la matière fubtile n'en peut {brtir en allez grande quantité pour pouûcr &; repouiler la feuille d'or. Je n'en vois pas d'autre raifon ; car la même caufe demeurant la même , produit neceflairement le même eifet. Je ne fuis pas allez téméraire pour donner tout ceci comme des démonllrations. Le fujet , ce me femble, ne le comporte pas. Il fufHt que 3'apporte des raifons Phyliques qui foient probables ; fauf aux Cartefiens &c à nos grands Géomecres ])romoteurs de Tattraélion , d'en trouver de meilleures ,• elles me feront au(îi-tôt renoncer aux miennes. Je n'ai point fait cette expérience non plus que les au- tres rapportées ci devant j je m'en rapporte à la bonne foi de ceux qui les produilent en preuve. Je ne fçai (i ceux qui ont fait la dernière fe font avifez de fubftituer une au- tre feuille d'or à celle qui avoir été emploiée la première •, 6c s'il ne lui fera point arrivé de refter fufpenduë en l'air comme la première. En ce cas on pourroit dire que la ma- tière fubtile aïant paflé long- temps à travers les pores de la première feuille , les auroit tellement ouverts , qu'elle en auroit détruit la ftruâ:ure i comme il arrive à uive aisuille aimantée qui elt affolée, dans laquelle la matière magne- tique paffe trop facilement ; de forte que la feuille d'or criblée par la matière fubtile ne pourroit plus fe tenir fuf- penduë en l'air. Quoiqu'il en foit, de cette expérience, non plus que des autres rapportées ci-devant, non feule- ment elle n'eft point contraire au {illeme de Monfieur Defcartes , mais je les crois même très-propres à 'le prou- ver autant qu'aucune qu'on ait fait jufqu'à prefent. Relient quelqu'autres points des Lettres de Monfieur le n. s:ir Chevalier , à examiner fur les fentimens qu'on lui a rap- ^-/'^^ ^'pf- porté de Monfieur Newton , qui panche allez vers fhypo- h^//,/. thefe de Monfieur Halley fon Compatriote ; celui-ci fup- pofe toutes les Planètes creufcs dans leur milieu , avec un feu central qui remplit cet efp'ace ; que ce feu eft enve- loppé de plufieurs croûtes ou lits difterens , entre lefquels il y en a quelques-uns qui ont des interflices allez vaftes Z ij pour pouvoir fc mouvoir diiiéremmcnc de la croûte à la furfacc de la Planète. C'cit par-là qu'il expli« i8o Reflexions sur divers sentimens. croûte qui cfl iquc le chanecmcnc de dircd on de la matière magnétique qui fait varier les aiguilles aimantées tantôt vers l'Eft , tantôt vers r Ou cil. N'y a t'il pas lieu de croire que le cœur ait pVis de part que l'efprit à l'approbation que Monlicur Newton donne au fifteme de Moniîeur Halley î Peut-on fur l'indice de la variation de la matière magnecique former une hypothefe fi peu vrai-femblabie ? Qiie fait ce feu central ? C'cd fuis doute l'agent qui met en mouvement contraire ces diver- fcs croûtes concencrie|ues par une méchanique nouvelle. Apparemment ces croûtes engrainent l'une dans l'autre , comme les roues d'une horloge pour tourner en fens con- traire. Ces fameux Géomètres me permettront de dire que ces preuves font un peufoibles, auili bien que celles qu'on pourvoit déduire des feux que les ^'olcans nous Uiarquenc erre enfermez dans la terre. Monfieur Newton ne croit pas que les Planètes foient d'une matière homogène. On n'a qu'à voir comment il s'explique dans Ion troifiéme livre ; mais Meilleurs S^c'inden éc VVals autres Auteurs Anglois pourront s'accommcd.^r du (iileme de Monfieur Halley. Je ne m'arrêterai point à examiner une fuite de cette hypothefe qui fournit une explication de la manière donc s'eil formé l'anneau de Saturne, qu'il fuppofj s'être fait par un aftaiffement d'une première croûte de Saturne, par le milieu de la voiite , tandis que l'extrémité ( que je re- garde comme les coufîiners de la woïuc ) s'eft foutenuë &: ne s'eft point démentie. Il peut fort bien arrive;- , au fen- timent de ces Meffieurs , qu'il (oit relté des habitans fur cette extrémité qui forme l'anneau de Sjturne. Bien leur en a pris d'être d'un temperamment flegmati- que. Ils fe feront aifément con (olez dans un fi grand fra- cas , &c de n'avoir pas des nouvelles de ceux qui étoienc fur 1? dos de la voûte , qui ont apparemment péri dans ce terrible tremblement de Saturne , qui a caufé un effet iî trille Se fi lamentable ; qui le fera bien plus fi entre les deux croûtes de Saturne, comme entre les deux ponts d'un Vaiilcau ^ il s'eft trouvé du monde. L'affaiflement de cette croûte fuperieure ne peut qu'avoir été trés-funefte aux uns DE Monsieur Newton. igi te aux autres. Dieu prcfcrvc nos Marins de pareil affailTe- mène ciu pont fupericur, ce feioit une trifle avanture. Mais que font devenues les pièces de la voûte qui cor- refpondoieni: au vuide que l'on obferve entre le Globe de Saturne &: Ion anneau ? Peur-êcre qu'aïant erré çà &: là dans le touibillon par la torce centrifuge, la force centri- pète en a fait les cuiq fatcllites de Saturne. Je ferai aufli- bien reçu à faire cette hypothcfc que Tniventeur de l'autre. La figure extraordinaire de Saturne donne aflez de prife. S'il n'y a qu'à forger des hypothcles fans preuve &c fans apparence de preuve , il ne fera pas necefîaire d'être grand Géomètre, ou grand Aftronome pour cela. Le monde en fourmillera ; on les joindra à l'hiitoire d'Huon de Bour- deaux. L'avanture de i'Ifle de l'Aiman ne me paroît pas plus extraordinaire ; ôc Huon tranfporté de cette llle par le Grif- fon dans flflc de Jouvence, vaut bien les liabitans de Sa- turne fauvcz malgié la ruine de la première croûte de cette Planète. Mais qu'ai-je dit ? Les Anglois frondent les hy- pothefes. Parlons férieufement , nos lumières font trop bornées pour trouver Thypothefe que Dieu a fuivi. Il ne nous a pas appeliez à fon Confeil. Infiniment fage il fçavoit feul les loix qui dévoient fervir pour la création de l'Univers ; in- finiment puiflant , feul il pouvoir les mettre en œuvre. Il n'appartient pas à un entendement auffi foible que le nôtre de fouiller dans œs lumières inaccelTibles à tout encende- ment créé. L'orgueil de l'homme eft grand ! Il ne peut for- mer une mouche ; il s'en confole fur la penfée qu'il en connoît allez bien la ftruiSture pour démontrer les mouve- mens de cette petite machine. Il poulie plus loin & veut démontrer ce qu'il y a de plus abftrus dans la conftiuélioii de l'Univers ; 6c les hypothefes qu'il invente lui paroiflcnc les feules qu'on puiile trouver pour l'explication des Phé- nomènes de la Nature. Relleroit à parler au long fur la Chronologie que M. le Chevalier allure à fon ami avoir écé bien traitée par M. J^^^''*"'''= Newton ; mais cela allongeroit fore ce Mémoire, qui n'eft déjà que trop long. Il pourra voir Salien, Petau &c di- vers autres Auteurs qui ont traité ces matières pour avoir un folide lillemcde Chronologie. Menfieur Newton n'a II. 5/'y rSl P.EFLEXIONS SUR DIVERS SENTIMENS pas nuifé cii de meilleui-cs fources que ces Auteurs. Depuis leur temps il ne s'en eft pas découvert de nouvelles. Com- me je n'ai point vu la Chronologie de cet Auteur , Mon- fieur le Chevalier me permettra de ne pas entamer une maricre qui ne peut (e traiter bi-iévemenc. Les Livres fur Icfquels on appuie aujourd'hui la Chro- nolo'^ie ( car on ne tire pas les taits de fa tcte , comme une démonftration de Gcomecrie ) ces Livres n'exiltoient-ils pas du temps de ces fcuneux Auteurs que je viens de ci- ter ? On ne fcauroit le délavouer. Us croient connus puif- qu'ils font citez par c:s Auteurs. C'écoicnt des g'ns d'cf- pric, d'une profonde érudition, d'un bon jugement. Pour- quoi n'ont-ils pas pris la route de nos nouveaux Critiques? C'eil qu'apparemment elle leur a paru peu siire, trop har- die, & qu'ils ne prétendoient pas inventer des fiftemcs en chofes de fait. Hac via tutus ibis ^ fe difoicnc-ils à eux- mêmes -, ils ont eu de la fagacicé , mais ils n'en ont pas abufé ; leur Religion les rccenoit. Ils écoient Chrétiens dé- licats 5 ils n'hafardoient pas des conjedures quand elles heur- toient de front les divines Ecritures. Que peut-on penfer du Docteur dont Monfieur le Che- valier parle dans Tes Lettres î Qui , tout Paftcur qu'il eft, foule aux pieds l'autorité de l'Ecriture , des Conciles & des Pères , pour nier le Myfcere de la Trinité ? Un tel Paf- teur bien loin de guérir les plaies que fes Ouailles reçoi- vent des Loups qui les environnent de toute part j bien loin de les confolider , devenu lui-même un loup plus dan- gereux, plus furieux que les autres, leur fait encore de plus profondes blefîures. Quel fcandale ne caufe pas cette effrénée liberté de tout penfer &: tout dire fous prétexte d'une fine critique ? On va toujours bien loin quand la Foi ne met point de bornes à une fougueufe imagination -, quand l'orgueil hu- main n'eft point captivé fous le joug falutaire de cette Foi. Bien-tôt fous prétexte que la chanté doit faire tolérer toute Sccle, le Mahometifme s'introduira chez ces Peuples. Un Anti-Trinitaire n'en eft pas fort éloigné ; il dépofera bien- tôt un refte de pudeur, qui l'empêche de faire encore cette démarche. Il n'a plus qu'un pas à faire pour être Muful- nian. En quel endroit de PEcriture a-t'on vii que les DE Monsieur Ne'^ton. igi bornes de !a chanté doiv.nc s'écendrc à de fi étrano;cs ex- trémicez?Ce f:ioic charué de nous les iijarquer. On ne nous y recommande au contraire que l'union des fentimens de des cœurs ; la fubordination , la (oumiflion , l'obciiiance à nos Partcurs ; d'éviter tout {chifme Se toute diviiion -, d'ê- tre unis avec Jefus-Chiill comme il cft un avec fbn Père. Quel plus paifliit modèle d'union i La Religion fondée fur la Foi , fur l'autorité de Dieu qui ne peut tromper , ni être trompé , doit au moins joiiir du privilège de la Géométrie, qui n'admet pas de toléran- ce, & captiver notre cncendemenc. A touc ce que je viens de dire , fajoûterai encore un mot que je fupplie les lec- teurs Hétérodoxes de bien prendre. Combien font funef- tes les préjugez de l'éducation î Comment excufer autrement d'aulli beaux cfprits , d'autîi Içavans hommes qu'il y en a parmi eux , qui ne voient pas qu'ils font dans le fchifme &C dans l'erreur, dès qu'ils (ont hors de l'Eglife Catholi- que. Ver fez autant qu'ils le font dans la Icdure des Au- teurs Ecclefiaftiques , comment peuvent-ils ne s'en être pas apperçiis ? Sans ces malheureux préjugez à tout pas elle les auroit redreflé. L'homme fçavant peut être convaincu par lui-même ; mais, ce c|ui elt étonnant, pius difficilement que celui qui ne Teft pas. Quelle folution à un iî étran^-e paradoxe ? Quoiqu'on en puiile donner d'autres , je n'ap- porterai que celle-ci. No^ efl voUntis neciue currentis y Jèd miferentis Bei. Il arrive affez fouvent que Tindocilité de Tefprit eft fuivie de l'indocilité du cœur, je ne puis donc fouhaiter rien de mieux pour ces fçavans , que ce que de- mandoit Saloinon , un cœur docile. Monficur le Chevalier &: fon ami me pardonneront k longueur de ce Mémoire, quoique j'en aie rclferrc, & peut-être même étranglé les matières , pour ne les pas ac- cabler d'un Volume qu'auroit exigée l'étendue des divers points renfermez dans les Lettres de M. le Chevalier. J'ajouterai qu'il eut très-bien ^u être un des Léfmfeurs de la Foi, fi au lieu de prendre le parti de la Marine, où il réuffit pourtant fort bien , il eue {'uivi les traces de Mon- ficur l'Evêque ion frère. Si les Reflexions que j'ai fait \ l'occafion de ce qu'il a écrit à {^'i ami Wv: les f. runncns de Moiiiieur Newton ne font pas bonnes, je le pne de l84 REÎLEîriONS SUR DIVERS SENTIMENS croire que j'ai eu bonne intention, &: que je ne me re- trade pas fbr les louanges que j'ai données à Monficur Newton. J'adhère fore volontiers à l'éloge qu'en fait Mon- fieur Loke dans fon Livre de l'Entendement humain j il com- prendra par-là que ce n'eft pas l'efprit de partialité qui m'a suidé dans ces Reflexions. REFLEXIONS. Sur quelques endroits dti Traité d'Optique de Monficur le . i •.•; chevalier Newton. IEs Reflexions précédentes furent -envoïées à Monfieur __^le Chevalier de .... en 1715;. comme on l'a dit. Depuis foie à caufe du voiage de la Louifiane , foit à caufe de la pefte que nous avons trouvée ici à notre retour ; foit parce qu'il a lui-même été emploie par le Roy , il n'a rien ré- pliqué à fon ami ; je crois cependant lui devoir communi- quer les Reflexions fuivantes , parce qu'elles font liées avec celles qu'il a reçues , ^ qu'il s'étoit expliqué fur les cou- leurs allez en détail à fon ami, Tout ce que j'ai dit dans l'article 8. du Mémoire pré- cèdent avoir été prouvé par Monfieur Caflini au fujet de la figure de la Terre, que Monlieur Newton dit être un fpheroide obcus , vient d'être démontré avec beaucoup plus d'étendue par le même Monfieur Caflini , dans le Livre de la Grandeur &: de la Figure de la Terre, qu'il m'a faic l'honneur de m'cnvoier depuis peu II le fait d'une manière à ne laifl'er aucun doute fur ce point-là. Il a porté cec Ouvrage à une précifion étonnante &: merveilleufe. On ne verra rien de plus beau en ce genre. Aufîi ne crois-je pas que les Partifans de Monfieur Newton puifTent difconve-r nir que leur Maître ne fe foit trompé fur ce point-là. Il failoit pour les convaincre joindre à une dépenfe di- gne des Princes qui ont fait exécuter ce magnifique Pro- jet, autant d'cxaditude, de fagacité géométrique , & d'ex- périence qu'en ont fait paroître ceux qui ont travaillé à la prolongation de la Méridiene. Ouvrage très-original qui doit paflbr àja pofterité la plus reculée pour la gloire du faraud i>E MoiTSiEUR Newton. ig^ grand Roy Louis XIV. celle de Monfeigncur le Regenc, ÔC faire connoître l'habileté de ceux qui y ont travaillé ; &: combien la Nation a perfcdionné l'Aflronomie &: la Géo- métrie depuis rétabliilèment de l'Académie Royale des Sciences par ce grand Prince, qui afi fort relevé fous fon glorieux règne les Sciences &: les beaux Arts. Je ne crains pas que'Monfieur le Chevalier me réplique fur cet article j il n'en fera peut-être pas de même fur ce que je vas dire fur le Livre de l'Optique de Monfieur Newton , que je viens de recevoir j- c'eft la féconde édition de la Traduction de Monfieur Cofte imprimée en 172,2. Je crois néanmoins qu'il fera content des marques d'eftime que je vais lui donner de cet illuftre &: fçavant Auteur. Monfieur le Chevalier avoir touché dans fes Lettres à fon ami, ce qui regarde les couleurs qu'il avoir tiré de la ledure de la première édition de cet Optique donnée au public par Monfieur Cofte j je n'avois rien répondu fur cela à Monfieur le Chevalier, n'aïant point vri cet Ouvra- ge que je fis chercher inutilement en i 7 i 9. Je puis a prefent le faire avec connoiifance de caufe. Je foufcris d'a- bord volontiers à l'éloge magnifique, mais vrai , qu'en fait l'Approbateur Monfieur Varignon grand Géomètre, dont nous ne fçaurions trop regreter la perte, que non feule- ment fon illuftre Corps , mais tous les Sçavans de TEurope viennent de faire. Les expériences &: les raifonnemens renfermez dans les deux parties du premier Livre, font quelque chofe d'ad- mirable. Quel malheur pour les Sciences que de fi grands génies foient venus fi tards i Qiiels progrès n'auroient pas fait lès Sciences naturelles , fi elles euflént été traitées aufîi habilement il y a mille ans ? Il en eft de même de ce qui eft contenu dans la première &: féconde Partie du fécond l^ivre. Rien n 'eft plus fubtil que les Obfervations que con- tient la première Partie, & que les Remarques qui font le fijjet de la féconde. On ne fçauroit trop méditer fur d'auffi belles & aufii originales découvertes. Monfieur le Chevalier voit bien le cas que je fais d'un Auteur qu'il eftime tant lui-même. Mais je le fupplie de voir fi la mn- jniere donc il traite les couleurs permanentes , "eft aufti siW Aa 1^6 Reflexions sur divers sentiMens icmcnc Se iblidcii-icnt établie que tout ce qui a précédé ; &: il le (iftcmc des Phyficiens qui l'oiic devancé eit tellemenc ruiné, qu'ils n'aïenn rien à répliquer. D'ailleurs tout n'eft pas ailé à entendre dans ce bel Ou- vrage ; je prie Monfîeur le Chevalier de jetter les yeux fur les endroits de cette féconde édition que je vais citer. Je traiterai brièvement les matières pour ne pas l'accablée d'un volume qu'il ne liroit pas aulfi volontiers & avec au- tant de plaifir , que le Livre dont il eft ici queflion» Monfîeur Newton dit page 131. Se tout le monde fera d'accord avec lui , qu'^ propremc/Jt parler les ratons ne font point colorez, , n'y aïant autre ckofe en ettx quune certaine puijfance , ou difpofîùûn à exciter une fenfation de telle ou telle couleur ^ &c. Cependant page 284. il parle ainfi. J'ai dit que les corps naturels paroijfent de différentes couleurs y félon qu ils font difpofez. à réfléchir en plus grande abondance les ratons ( du Soleil ) qui font originairement doîlez. de ces couleurs. Ces deux endroits ne me paroifïenc pas faciles à concilier. Il s'applique enfuite dans cette troiHéme Partie, à décou^ njrir quelle efl la conflitution qui fait que ces corps reflechif fent certains ratons en plus grande quantité que d'autres. Il emploie à cela vingt propoficions, oii les raifonnemens Ma- thématiques mêlez avec les Phyfiques font merveilleux j il appuie le tout de treize Obfervadons que contient la qua- trième Partie , qui font d'une délicatefle Sc d'une fubtilitc étonnante. Mais à la fin mon efprit n'ell pas pleinement convaincu ;&: je ne peux comprendre comment dans un Ta- bleau où il y a un très-grand nombre de figures colorées de tant de diverfes couleurs fi voifines les unes des autres , fur Icfquelles il tombe un nombre prodigieux de raïons de tou- tes fortes de couleurs , ou au moins qui en font originaire" ment dotiez. \ d'un endroit il ne fe réfléchit que les raïons rouges, d'un autre que les bleus, d*un autre les verds, d'un autre les jaunes, Sec. Ce qui me fatigue encore plus ce font 5 par exemple , ceux qui tombent fur les demi teintes , defquelles il doit partir certain nombre de raïons, les uns jaunes, les autres bleus, les autres rouges, les au- tres blancs , ( or ceux-ci étant , félon Monfîeur NewtoDj DE Monsieur Newton. 1S7 un mélange de toute forte de raions, ou de toute efpece , l'objet devroit parokrc très-blanc ) ou il en devroit partir un plus grand nombre, ce qui produiroit de la confufion, fuivant que les Peintres mêleroient les couleurs matérielles, Ce qui n'arrive pas. Après avoir tâché de prouver , proportion 8. page 307. 6c fuivantes , que /a cauje de la Réflexion n'ejl fas l'incidence de la lumière Jur les -parties folides des corps , ou , comme le dit la note, que la Reflexion Je fait fans que la lumière aille frapper contre les parties folides des corps , d^ en rc- hondiffe ^ chofe que les meilleurs Phyficiens auront peine à concevoir , &^ qu'il eft difficile de lier avec tout ce qui a été dit auparavant ; je me trouve tout-à-coup en pais perdu , où je ne vois plus de fortie , par ces mors difficiles à entendre , quoique bien François , page 3 1 z . ^ peine ef- il po(jible de refoudre autrement ce Problême , qu'en difant que la Reflexion du raïon efl produite non par un point par- ticulier du corps reflchijjant j mais par quelque puijfance du corps , qui efl également répandue fur toute fa furf ace , & par - laquelle le corps agit fur le raton fans le toucher immédiate- ment. Ceci ne doit pas s'entendre feulement des corps dia- phanes & polis ,• car ce fçavant Auteur prouve ailleurs que * tout corps, il opaque qu'il foit, eft diaphane dans fes pre- mières furfaces, les uns plus les autres moins. Je loue les Anglois d'avoir afTez d'efprit pour compren- dre ceci î peut - être que leur langue expreffive les aide ; pour moi je le trouve fi difficile en François , &: outre cela d'une Phyfique fi abftraite, qu'il ne me paroît pas qu'aucun Cartefien ait rien imaginé de pareil. Certes ils n'ont pas penfé que les parties du corps agilTent fur la lu- mière en éloignement. * En comparaifon de ceci les for- ^ Addif-^ mes fubftancielles leur paroîtroient aifées à comprendre. ï^"^* Ils fe recrieront fur ce qu'on fe déchaine contre le mou- vement dans le plein , qui n'cft pas plus difficile. J'ai eu beau méditer les Propofitions fuivantes , je n'ai pas vu plus clair. Ce que je vois c'eft que je me mocquois à tort d'une queftion qu'on m'avoit autrefois cnfeignéc: JJtrum corpus polfit agere in diflans \ ce que les Carteliens croient impof- fible. Il eft vrai que Monfieur Newton , quoiqu'il ait bien A a ij ïS-g Reflexions SUR divers sentimens &c long-temps médité ces matières , ne laifTe pas de les pto- pofer avec doute. Aufli cette forte de Phénomènes Phyfi- ques ne le peuvent être autrement. Peut-être auiïi eft-cc tour éviter , comme il le dit dans l'Avertiffemcnc fur la pre- mière édition Angloife , d'entrer en Ihe fur ces matières. Je prie Monfieur le Chevalier de croire que je ne fuis pas a{fez hardi pour vouloir rompre une lance avec Monfieur le Chevalier Newton ic'efl: uniquement pour répondre à ce qu'il avoit marqué à fon ami fur les couleurs , que je fais ces Reflexions. Pour la même raifon je vais lui en propofer quelques- unes fur diverfes queftions qui terminent le troiliéme Livre. Je parle à une perîonne qui fçaic à fond (ow Newton. Si les corps agiffent { queftion première ) à certaine diftance fur la lumière, & fi par leur adion ad dijians ^ ils plient iç^^ raïons , comment ( ce qui eft conforme à l'expérience ) les corps noirs ( queftion £xiéme ) font -ils plus aifement échautfez que ceux de toute autre couleur ? Comment les corps blancs font-ils les moins échauffez ? Si la blancheur eft compofée de raïons de toutes les couleurs , ces corps doivent agir fur une plus grande quantité de raïons ; &: mutuellement la lumière doit agir fur eux par une plus grande quantité de raïons ; &: par conféquent ( queftion cinquième ) les échauffer davantage contre l'expérience , en donnant à leurs parties plus de mouvement de vibration, en quoi conûfte la chaleur. J'ai taché d'expliquer dans l'article dixième du Mémoire précèdent, l'expérience rapportée dans la queftion huitiè- me, pag. 507. que Monfieur le Chevalier avoit apparem- ment tirée de la première édition de cet Ouvrage. Je crois devoir ajouter ici, que ce qu'on appelle vapeur éleBrique^ eft la même chofc que la matière fubtile mêlée avec la matière de la lumière qui produifent les effets ici expli- quez. Ce qui eft dit dans les queftions treizième &: qua- torzième eft très-bien imaginé , &: eft prouvé autant qu'il fe peut, parce qui a été dit dans les Livres prècedens. Mais cela renferme encore de très-grandes difficultez par les rai- fons ci-dclTus rapportées , qu'on à peine à concilier avec tout ceci. Tous les Pbyfîciens, j'entends les bons, &: non DE Monsieur Newton. tS^ pas ceux de certaines Ecoles, tous feront d'accord avec M. Newton pour le parti qu'il prend dans les queftions 19, ^o &: 21. ils ne différeront que dans les noms donnez à cette matière. , Sur la queftion vingt-deuxiémc , je demande à mon tour fi les pores de l'or &: du vif-argent ne peuvent pas être remplis d'une matière fubcile ? Et fi les pores de ce milieu étherée ne peuvent pas être remplis d'une matière plus fubtile; & qui foit dans un grand mouvement, fans les fuppofer vuides, & fans qu'elle puifTe s'oppofer aux mou- vemens des corps celeftcs , à caufe de fa très-grande fîuidi- xé^ telle que Monlieur Newton la calcule, &: encore plus grande ? Cela étant, la queftion fera admife par les Car- tefiens dans le fens de Monfieur Newton j & ils explique» ront de même la 25. &: la 24. quelliom Si les fentimens de ce fçavant Auteur font démontrez ^ il eft clair que les hypothefes dont il parle dans les quef- tions 27. Se 28. tombent en ruine j mais les Cartefiens ne raccorderont pas j ils tâcheront feulement d'expliquer un ■peu mieux leurs hypothefes ; ils ne feront pas fort émus de tout ce qui clt dit dans la queftion 28. & croiront pou- voir répondre à toutes les queftions qu'il fait pages 544. ôc 545. Je ne crois pas que le P. Malbranche fe tint pour défait par ces queftions. Ils admettront la vingt-neuvième queftion , mais ils de- manderont comment les corps tranfparens agiiTent enéloi- gnement fur les raions de lumière en les rompant, en les reflechiffant j ôc en les pliant, Sec. Ils diront que cette Phyfique eft au-moins aufti difficile à comprendre que la leur, 6c trouveront que Tatcradion réciproque des coprs, eft prouvée par quelque chofe de bien obfcur , &c du-moins aufti difficile à prouver. La queftion trentième qui commence ainfi : Ne peut-îl •pas fe faire une transformation réciproque entre les corps grojjiers é* l^ lumière ^ wq paroît gueres bien prouvée par toutes les transformations qu'il apporte j parce que ce font àes corps compofez de parties hétérogènes , &; que la lu- mière n'a que des parties homogènes. Si par attra^iûn, queftion trente-unième page 5^4. il 15^0 Reflexions sur dï'^ers sentimens entend un effet de l'impulfion , je penfe qu'il fera d'accord avec les Cartefiens. Alors ce mot à!attra^ion qu'il emploie four fignifier en gênerai une force quelconque far laquelle les corps tendent réciproquement les uns vers les autres , quelle quen foit la ^aufe : ce mot, di-je, à^attraBion pourra figni- fier l'aclion de cette caufe , qui eft le mouvement &: l'im- pulfion de la matière fubtile , &: fa force centripète j ainfii \q% Cartefiens ne feront pas en peine d'expliquer les expé- riences rapportées dans cette queftion. On demande encore ce que c'efl; que cette vertu repouf- fante, pag. 579. qui doit paroître où l'attradion vient à ceffer ? Si ce n'eft pas la force centrifuge , elle ne paroîc pas' trop prouvée, ni facile à comprendre. Je crois avoir répondu à Monfieur le Chevalier fur le mouvement qui peut naître &; périr , comme Monfieur Newton le veut pag. 581. &: 583. Je ne crois donc pas que la Phyfique de M. Newton Toit à l'abri des grandes diiïicultez qu'on rencon- tre dans cette fciencç, quelqu'hypothefe qu'on choififfe. C'eft tout ce que j'ai voulu prouver dans ces deux Mémoires. Je conviens d'ailleurs qu'il a fait de très-belles décou- vertes , &: que fon Livre très-excellent mérite d'être lu & médité par ceux qui voudront approfondir les myfteres de cette fcience. Ils en feront toujours plus charmez , & fe mettront en état de faire de grands progrès , 6c de nou- velles découvertes , dont ils auront obligation à cet illuftre &: fçavant Auteur. Ils lui feront d'autant plus obligez , que , félon {es Prin- cipes, pag. 594. autant qu'ils perfectionneront la Phyfi- que, autant ils parviendront à connoître mieux la caufe pre- mière , de quels bienfaits ils lui font redevables ; jufques- la ils pourront découvrir par la lumière naturelle leur devoir envers Dieu , aujji-bien que les devoirs envers le Prochain. Mais s'ilétoit ncceffaire pour cela de pénétrer dans la Phy- fique la plus exquife , Monfieur Newton me permettra de dire que les defcendans des enfans de Noé, qui apparem- ment n'étoient pas de grands Phyficiens, n'auroient pas eu tort de donner dans l'Idolâtrie ; &: que c'étoit même trop pour les anciens Philofophes^ dont il parle dans cette page, d'avoir reconnu les quatre vertus cardinales. DE MoNSTElTR NeWTON. j^£ A quels autres vertus la Phyfîque éclaircie porteroit-elle les nouveaux Philofophes ? Seroit-ce à l'humilité ? On pré- tend qu'ils n'en ont pas beaucoup. Pourroit-elle parvenir à leur apprendre à pouffer leur Philofophie morale ùie/^ aii-delÀ des quatre vertus cardinales r* C'eft-à-dire , apparam- mcnt à leurs enfeigner les vertus Théologales. L'Eglife Catholique qui feule tient à l'ancienne Egliie par les Con- ciles , les Pères & une Tradition confiance , enfeigne à Tes enfans Philofophes , comme aux ancres , qui font fouvent plus dociles , d'aucres Principes de ces vertus , &: que la rai- fon humaine n'y fçaui oie parvenir par fes propres forces. Ne pourroit-on pomc craindre qu'à force de devenir Philofo- phe , on ne devienne peu Chrétien ? Ils définiffent bien, ces Meffieurs , ils forment des raifonnemens très-fubtils j ils font excellemment l'analife de divers Phénomènes de la Nature j mais c'eft tout ce qu'on peut attendre quand ils ne font pas ynis à l'Eglife Catholique. /=• / W-, TA BLE DES MATIERES Contenues dans cet Ouvrage. OBfervations de Venus CAchée far U Lune ^ faite en plein jour le {Mars 1710. Page ^ Départ de Toulon , % "Dtp art de la rade des Ijles d'Hier es , ' 7 Reflexions fur latraverfie de Provence au Détroit , 9 Confequences qui fuivent des réflexions rapportées le njingt* quatrième Mars , vz Poids de l'eau de la Mer par F aréomètre ^ iS Remarque fur le filage du Faijfeau y 17 Mouillage à F unch al , 18 Remarques fur tatterage de Madère , d^ le mouillage de Fun- chai ^ Capitale de cette Ifle i là-même,- Ohfervàtiotis Aflronomique s faites à Funchal , Capitale de rifle de Madère j 2ï Defcription de Funchal & de la cote de Madère , 25? Suite du journal contenant la traversée de Madère a la Martini- que y 3 3 Reflexions fur le filage d^un Vaiffeau , 58 Raptéme auTropique , 39 Defcription d'une Dorade , 42, Reflexions fur la variation , là-même. Reflexions fur Vaterrage à la Martinique, 47 ohfervations faites au Fort Roïal de la Martinique , 48 Reflexions fur un Bas fond quon dit être a l'Ffl de la Martini' que , 54 Defcription de quelques Fruits de la Martinique , ^6 Mémoire fur U route que doivent tenir les Vaif eaux qui vont de la Martinique à. Carthagene , '& de-là a la Havane , 5 7 Defcription d'une Pirogue , 60 Départ de la Martinique s^ 61 Reflexions TABLE DES MATIERES. Rejiexîonsfir un Bas-fond qui ejî fur U rotiti de la Martinique â Porto- Ricco , • 6l 'Defeription d'un Oifeau nommé IcoUi 6^ Réflexions fur la navigation de la Martinique au Cap François dans ri/Ie de Saint Bomingue , 66 observations faites au Cap-François. 6% Manière de fe fervir de la racine de Simarouha pour la difen- terie , jC Defcription de la tète d'un Oifeau appelle Gros-bec , 'jj Remarques fur la rade de Baya ah-ah , dans rifle de Saint- Domingue , 79 Defcription de l'ijle du Petit Cayman , 84 Defcription de la Cote a l' Efl du Cap Corrtentes , 87 Obfervation du poids des eaux du Golphe du Mecque , 93. Sondes pour la reconnoifance de la Cote de la Louifiane , là même & fuiv. KeconnoiflTance de Panfacola , 9f Moiiillage â rifle Dauphine , 96 Defcription de la rade de Panfacola , 1 00 Relation de diverfes prifes du Fort de Panfacola en IJI9 , i o 3 Ofervations faites â l'ijle Dauphine , "^ 1 1 o obfervation de Uémerfïon du premier Satellite de Jupiter , 121 Defcription de l'ifle Dauphine , izz Remarques fur les courans ^ marées de la Cote de la Loui- flane , iz6 Dejcription des Sauvages de la Louifiane , . 117 Retour de la Louifiane en France , 128 Remarques fur fa route , • 130 Reflexions fur notre paf âge par le Canal de Baham , 140 Route qu on peut tenir pour venir deT ifle de Cube en Europe^ 141 Reflexions fur Peflime a la Mer ^ lyz. Reflexions fur la différence de Veflime de nos deux Vaif- feaux i * 160 Reflexions fur le Volcan qui s\fl formé entre les ifles des Acores , S . Michel & laTercere , & fur celui qui s'efl formé près de V ifle de Santorin dans l'Archipel , 1 6 j Réflexion^ fur notre aterage au Détroit de Gibraltar , 178 Courant rapide à travers le Détroit , 181 Mouillage â Malaga , 182 Rencontre de trois Vaiffeaux Anglois , 18^ Bb TABLE DES MATIERES. Remarques pour l' Hijloire des Vents , i8^ Gros temps dans h Golphe de Lion , 194 jf rivée à la Rade de Toulon , 19^ DIVERSES REFLEXIONS ET REMARQUES Faites pendant le Voïage de la Louifiane. R ETLEXIONS fur les hauteurs du Thermomètre , ip/ Réflexions fur le Traité du mouvement des Mers ^ des Vents y composé par Jfaac Vojjus , 199 Reflexions fur les Obfervations de la Variation ^ faites pendant le Voyage , 2.19 Comparaifons des Variations ohfervées , avec celles qui font tirées' de la-Carte de M. Halley y 239 Détermination de la longitude dt Madère , 2, 4y D étermination de la longitude du Cap François , 2 47 Détermination de la longitude de l'ifle Dauphine , 14^ Comparaifon des longitudes & latitudes de la Carte de Pieter^ G os , avec celles qui refultent des Obfervations faites dans le Voyage de la Loutfane , 250 Remarques fur la CArte de la Cote de la Lomfane , 2yi Remarques fur la Carte de la route du Voyage de la Louifiane, 253 obfervations fur les Cartes réduites des Indes Orientales & Occidentales de Pieter-Gos , 2 j 7 Réflexions fur le mouvement d'un Vaifeaufirfes cotez , 272 Reflexions fur le mouvement d'un Vaijfeau , produit ^ar le gou^ vernail y 285 Dét'ermi nation de la groffeur des Mats inférieurs d'un Vaif- feati y 2^1 OBSERVATIONS SUR LA REFRACTION, Faites à Marfeille , avec des Reflexions fur ces Obfervations. Première Partie. ARTICLE Premier. Préliminaires necejf aires 0, T intelli- gence de cefijet , - " Page i Article W. Reflexions générales fur la variation de la refrac- tion , 8 TABLE DES MATIERES. Article III. Réflexions fur la variation de U RefraEîion en Hyver y i^ Article IV. Reflexions fur U RefraBion du Rrintemf s , i8 Article V. Reflexions fur U Variation de l'Eté , 2 ^ Article Vl> Réflexions générales fur la comparaifon de lare- fraBion du rayon tendant à Thorifon , é* du rayon tendant au fommet du rocher , 20 Article VII. Reflexions fur laRefraBion, tantJeVhorifon de la Mer que du fommet du rocher ^au mois de Juin l'ji^y 34 Article VIII. Reflexions fur la Refra6lion ^ tant del'horifon de la Mer , que du fommet du rocher , au mois de Juillet Xji6 , 4j Article IX. Reflexions fur la Ref ration , tant de Vherifon de la Mer , que du fommet du rocher , en Décembre iji6 , y^ OBSERVATIONS SUR LA REFRACTION, Faites à Toulon , avec des Reflexions fur ces Obfervations. - Seconde Partie. Article Premier. 'Préliminaires contenant la méthode quon afuivic dans ces Ohfernjations , Sj Article W, Détermination de l'incUnaifon réelle de Vhorifon de la Mer , fous l'horifon de l'ohfcrvatoire de Toulon , 7 1 Article III. Réflexions fur les obfervations des mois de Dé- cembre iji% y janvier ) Février é" Mars iji^ , y 6 Article IV. Reflexions fur les Obfervations des mois d'A'Ûril, May& fuin iii^ y 8i Article V. Réflexions fur les Obfervations des mois de Jui- let & Août iji^ ^ 87 Article VI. Reflexions fur les Obfervations des mois de Sep- tembre , Octobre & Novembre 171^ , 91 B h 1} TABLE DES MATIERES. OBSERVATIONS PHISIQUES , ASTRONOMIQUES &: Géométriques , faites fur les Montagnes de la Sainte Baume &c du Pilon du Roi j avec des Reflexions fur ces Obfervations. * ARTICLE Premier. Oh/ewations Thifiques du Baro^ mètre y lo Article II. Glfervattons Ajîronomi que s faîtes au S. Pi Ion y lo Meflexions fur ces Obfervations , ^our le méridien du Saint Filon ^ ay Jiejlexionsfur ces Ohferhjaùons , pur la Refracîion , 27 Article III. Obfer'vations Géométriques four connaître U dîfîance de divers pints importans pour la Géographie , 32, Article IV. Détermination de la latitude & longitude des peints principaux ohfervez, du Saint_ Filon & du Filon dtP F,.oi, dr diverfes Obfervations Géographiques y faites au S. Filon y aux Béguines & au Filon du Roi y - 5^ VOYAGE DU- MON T-V ENTOUX, POUR déterminer la hauteur &r la latitude de cette Montagne. 0 TA G E du Cap Sicier ou de N. T>. de la Garde près de Toulon y contenant di-verfès obfervations Fhifques (^ Aflronomiq.ues y faites au mois de Mai de l'année 1^1% y 91 Voyage de la Cote de Frovence y ou Obfervations AftronomiqucSy Fhifques & Géographiques faites le long de cette Cote , en r année 1719 , 109 obfervations Afronomiques y iio obfervations Fhifques , avec des Réflexions fîir ces obferva- tions y 12*p obfervations Géométriques ^ Géographiques y 142 EFLEXIONS fur quelques points duffîerne de Monfetir le chevalier Ne^vvton y inférez^ en diverfes Lettres de Monjîeur le Chevalier de Capitaine de Vaiffeau , à Mo:i(iC{ir de. ..... auÇji Capitaine de Vaiffeau , 153 Reflexions fur quelques endroits du Traité d'Optique de Mon- feur le chevalier Newton ^ . . 184 Fin de la Table des Matières, PermiJJton du }{, P. Provincial, JE foufTignc Provincial de la Compagnie de Jésus en la Province de Lyon , fuivant le pouvoir que j'ay reçu de notre Révérend Pcre General, permets au Père Antoine Laval de faire imprimer le Voyage de la Louijîane , contenant diverfes Obfcrvations de Thifique , d':Ajlronomie & de Marine, qui a éré lu &: approuvé par trois Théologiens de notre Com- pagnie. En foi de quoi j ai figné laPrefente. Fait à Aix en Provence le douzième de Février mil fept cent vingt-quatre. Jean-Joseph Gros, APPROBATION. J'Ay lu par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux , le Voyage^ de la Louifiane du F, LA VA L Je fuite , fon Voyage de Fro^ence ^ avec un Traité fur Wnefr^^ion. Ces Ouvrages contiennent plufieurs Reflexions utiles à TAltronomie, à la Navigation , à la Géographie &: à la Phifique , &: je fuis per- fuadé qu'ils feront agréables au Public. Fait à Paris ce vingt- troifiéme Février mil fept cent vingt-huit. C A s s I N I. PRIVILEGE DV ROY, LOUIS PAR LA GRACE DE DiEU RoY DE FrANCE ET DE Navarre : A nos amez & féaux Confeillers, les gens tenans nos Cours de Parlement, Maiftres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel , Grand Confeil , Pjfevôt de Paris^ Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils & autres nos JufHciçrs qu'il appartiendra ; Salut. Notre bien amé Jean Mariette Libraire à Paris, Nous ayant fait fupplier de lui accorder nos Lettres de permiiFion pour Pimpreihcn d'un Voyage de Ia Lou'iJîaKe par U P. L A V A L .Jcfutte ; contenAnt des Ohfervntions d' AjÎYonomie , rhyj/que dr Marine , oftiant pour cet effcc de le faire imprimer en bon papier &: beaux caraderes , fuivant la feuille imprimée &: atta- chée fous notre Contrefcel : Nous lui avons permis &: per- mettons par ces Prefentes , de faire imprimer ledit Voyage ci-deflus fpecifié, en un ou plufieurs Volumes , conjointe- ment ou féparément, &: autant de fois que bon lui fem- blera, fur papier & caradcrcs conformes à ladite feuille imprimée ic attachée pour modèles fous notre Contrefcel, &: de le vendre, faire vendre &: débiter par-tout notre Royaume , pendant le temps de Trois années confécuti- ves , à compter du jour de la datte defdites Prefentes. Faiibns défenfes à tous Libraires , Imprimeurs &: autres Perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles foienr, d'en introduire d'imprelîion étrangère dans aucun lieu de notre obéifïance, à la charge que ces Prefentes feront en- regiftrées tout au long fur les Regiftres de la Commu- nauté àç.s> Libraires &: Imprimeurs de Paris , dans trois mois de la datte d'icellcs ; que Timpreflion de ce Livre fera faite dans notre Royaume &: non ailleurs i &: que l'Impétrant fe conformera en tour aux Reglemens de la Librairie , &: notamment à celui du dixième Avril mil fept cent vingt-cinq ; &: qu'avant que de l'expofer en vente, le Manuscrit ou Imprimé qui aura fervi de copie à l'im- preflTion dudit Livre , fera remis dans le même état où l'Approbation y aura été donnée, es mains de notre très- cher &: féal Chevalier Garde des Sceaux de France le Sieur Chauvelin ; &: qu'il en fera cnfuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothèque Publique , un dans celle de notre Château du Louvre , &: un dans celle de nptredit très-cher &: féal Chevaher Garde des Sceaux de France le Sieur Chauvelin ; le tout à peine de nullité des Prefentes. Du contenu defquelles" Vous mandons &: en- joignons de fiire jouir l'Expofant ou fes ayans caufe , plei- nement &: p.aifiblement , fans foufîrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement : Voulons qu'à la Copie defdites Prefentes , qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Livre , fôy foit ajoutée pomme à l'Original. Comjuandons au premier notre Huif- fier ou Sergent, de faire pour Texecution d*îcelles tous A6i:es requis ôc neceffaires, fans demander autre permif- fîon , &: nonobftant clameur de Haro, Charte Normande 6c Lettres à ce contraires ; Car tel eft notre plaifir. Donne* à Paris le vingtième jour du mois de Février , l'an de grâce mil fept cent vingt-huit , & de notre Règne le trei- zième. Par le Roy en fon ConfeiU " CARPOT. Kegijlrê fur le Regiflre VIL de la Chamhre l^oyale des Libraires ç^ Imprimeurs de Paris _, A^°. jC. foL fC8. conformément aux anciens F^e-glemens ^ confrme:(^par celui du 18. Fhricr 1713. ^ Paris le ^ingt-feptime Février mil fept cent "vingt-huit. Signé , B R u N E T , S indicé E R R J T J. ■ PAgc 7. ligne 14. allons largue, lifez. alloua vent largue. Tnge 11. lig. \G. Verquhi ^.lifez. Verguin. Pnge 48. //>. t%. la Salle , lifez> la Jalle. Puge 81. lig. 8. à environ cinq iicucs , a^r}s ces mots , ajoutez, la ville de S. Jago nous reltoic pour lors au Nord-Oucftàhuit à neuf lieues. Sa latitude eft de lo^^. 2.6'. La rade de S. Jago eft fort bonne, comme on le peut voir dans le Plan que j'en donne ici avec les fondes. Pag, %âf. lig. dernière ^ parleLok. A quatre heures nous faifions, ///^.-L par le Lok à quatre heures. Nous faifions. Pag.^-j. lig. •j. de la Salle, Ufez^ào. la Jallc. Pag. loz. lig» 19. tempête, pourra mettre à 19 pieds pour entrer ^ lijez. tempête, qu'oa pourra mettre à 19 pieds , pourra entrer. Pag, îzj. lig. iz. Se 51. Braquet, liJezBra^iict. Pag. 144. lig. 37. Acore% /ijèz, Ecores. Pag, 16^. lig. 3 5. s'élever, ///f 2:, s'élevèrent. Pag* ijy. lig' 8. 3'^. ^6\li/ez, 9^. ■^6^. Pag. i?,6.lig. 34. rcmor- guoit , lijez, remorquoit. Pag. 189. lig. 1 1. & 38. Pâte, lijcz, Pale. lig. 17. on a pointé, //y?2:on aporté. P^^. 19^. lig. 16. à ne point paroître, li/èz, èc neceiïc point. Pag. 21 1 .lig. i 3. d'aller brifer , li/ez, d'aller fe brifer. Pag. 166. lig. 3 5. l'eftime de Panama, li/ez. l'Iftme de Panama. Pag. zyy. lig, 23. mai fort , lifcz, fort mal. P4g. 281. lig. 3 i . le point , li/èz le poing, Pag, 287. lig. 16. d'un pied ô^ demi au plus , lifez. d'un pied & demioudeuxpiedsauplus. Pag. 25)5. lig. 30. BCnz^AC^ lifez. BCzn^AC. Traité des oh fer'vations fur la Refracîion. Page 17. ligne 3 8 . & l'abaifler , lifez. &c s'abaifïer. Pag. 2 1 , /. 28. moindres, lif. moindre.^. 27. /. 6. fe ranger, ///Tfe chan- ger./^. 29. /. 12. 12^ 15^^-. li/. 12^ 'i-f'p' 31. /. 6. minutes, ///"minuties, p. 80. /. 31. jepoufTois, lifiCijQ poufTois.^. Sy. /. 3 y . s'étoit , li/l fe foi t. Recueil de divers Voyages , &c. Page 14./. 6.%9f. pieds, /(/C 5?^. pieds. ^.49. /. 4. la hauteur du mercure, lif, la hauteur des montagnes par la hauteur du, f.^%. 2. du Pilon HO,///] du Pilon du Roy HO. /. Go.l. 21. méridienne à /// méridienne de. p.6/\.l. 16. Micaud, lif, Millaud./. 6j. l.z}. Obfervation , lif. Obfervatoire. p. 6%, l, 19. en différence, lif en différent./, i^i.l. ip.Opheliçs, lif. Aphélies, rj .^f^ ;\ y