“unasnN [PUOIJEN *S ‘A 94) 0] Krerqu| pu® SUOIÏ99[09 [U2IS0J0&U91V SIY poyJeanbsq 2H *Lgg1 ‘Sa Afnf ‘yJU9p si Jo atut} 22 3e pjeu ou uorisod yorym ‘UNOSNN [EUOIJEN ou UI ASO[O&U9IY JO Juotuyredap ay} 70 _ 10387) paruiodde sem Apyuonbosqns pu? ‘uotjIqiqx A [ELU] _ -U9) ou} 78 paleidsip 9q 0} j1qiyxo eordopouyje ue sredad 07 UOIJN}ISU] UEIUOSUJILUS 9Ù] D ROMPILNT Ur p93d999® où SLSIUI ‘HIOX MON ut pur ‘SIOUIT fOITASIIOG 7 194989] se poseSuo SEM pue ‘gPSI uI S9Je]S PAJIU() 9UJ 0] 2UE9 “at ‘Orge ur FRA uI “mon SEM Ji SATAVHN) aq AGojoæuoay 40 Raeaqr ney ou OMS ON IVNOLLAN © EN Vu PO NT SP A le LS PL ET D nf et nr ee S 4 F, et 18 ni. 134 bi. MEMOIRES BE ÉAMERIQUE : SEPTENTRIONALE : OU LA SUITE : DES VOYAGES DE Mr. LE BARON DE LAHONTAN : | Qui contiennent la Defcription d’une grande étenduë - de Païs de ce Continent , l’intérèt des Franpois. & des Anglois , leurs Commerces, leurs Naviga- sions, les Mœurs & les Coùtumes des Sauvages. FN (SR Avec anpetir DICTIONAIRE de lé Lange duPaits: - Le rout enrichi de Cartes & de Figures, TOME SECOND. Seconde dition ; augmentée dela maniére dent les Sauvages fe rézalent. A ARSTER D AM Œh°z Frawcoïs ’Honors’ & COMPAGNIE RE M DCC xXVHI pige ul | hais L'AMERIQUE HEPTENTRIONALE,: RS La SU IT DES VOYAGES DE Mr. LE BARON DE LAHONTAN. = E vous ai parlé des Colonics A2 Se LE gloifes & Françoifes, du Commerce | de Carada , de la Navigation des Fleuves & desRiviéres de ce Païs-… là, de celle de l’Esrope dans l'Amerique Sep- rentrionale, des Entreprifes que les Angloës ont fait pour fe Er les Maîtres des Colo- . nies Françoifes , des incurfions que les Fran- gots ont tait à la Nouvelle Angleterre & chez Îles roquois : En un mot,j'ai dit tant de cho es qui jufqu'à préfent ont été cachées par Tome IL À | Æ “M E-M.0 I:R ES raifon d'Etat ou de Politique ,.qu'il nedé. -pendroit que.de vous de me faire de rrès- mauvaifes affaires à la Cour ,.f1 vous étiez capable de me facrifier à fon reflentiment .par la production de mesLetires. “Tout ce que-je vous a écrit, &-tout.ce -que vous -verrez encore dans ces. Mémoi- res font des véritez plus claires que le jour. Jene flâte ni n'épargneperfonne. ‘Jenefuis point partial 36Je louc des gens qui ne-font “pas enétat de me faire.du bien, &-je con- .damne la conduite de plufeurs autres.qui : ‘pou rroient indireétemen me:faire du. mal; -e n'ai point cet efprit.d'intérêt & de par- Æi.qui fait parler certaines gens ; je facrife tout à l'amour de la Verité ; je n'ai point d’autre-but que celui de vous -marquer les .Chofes comme elles font ; je n'ai diminué ni altéré les faits contenus dans les Lettres que-je vous écris depuis 11..ou 12. ans ni dans ces Mémoires. J'ai eu foin de faire des Journaux très-particularifez pendant le cours de mes Voyages ; le détail en feroit Snnuyeux pour vous, & la peine deles co- pier avant que de vous lesenvoyer, deman- deroit trop de temps.. Vous trouverez ici dequoi vous former une idée parfaite du vafte Continent de l’Awerique Septenrrio, | gale. Je vous ai écrit vingt-cinq Lettres de- puis l'année 1689. jufqu'à prélent, j'en garde les copies avec beaucoup defoin. Je RAP, LEA À CR nu ) # D'E L'AMER QU E. ! +00 8 me me fuis attaché qu'à vous mander Îe .chofes les plus effentielles pour ne pas jettér wôtre efprit dans mille embarras d affures æxtraordinaires qui font arrivées en ce Pais- Ja:Si vous confultez mes Cartes à mefure-que vous relirez lesLertres que ‘je vous ai écrites -depuis l’année1 6 8 3. vous trouverez tous Jes lieux dont je fais mention : elles font rrês- particularifées, & j'ofe vous aflurer qu'iln'en sajamais paru de fi correétes. Mon voyage de Ja Riviére longue m'a donné lieu de faire la pe- œite Carte que je vous aienvoyéc de Miffih- smakinac en 16 99. dans ma x 6.Lettre. 1ieft vrai qu'elle nemarque fimplementque cette Riviére & celle des Miffouris , mais 1l falloit plus de temsque jen'en ai eu pour pouvoir da rendre plus parfaite par la connoiflance-des Païs circonvoifins , qui jufqu'à préfent ont été inconnus à toute la Terre , aufhi-bien que cette grande Riviére dans laquelle je n'au rois pas eu la témerité d'entrer fans-en avoir été imftruit à fond, & fans une bonne ef Corte. Je mets la Carte du Cauxda à la tête de ces Mémoires ; la grace que: vous demande , c'eft de ne la communiquer à perfonne fous mon nom. J'ai ajoûté à la fin de ces Mémoires l'explication des ter- mes de Marine & autres qui y font conte-. nus, aufli-bien-que dans mesLettres; ainfi vous la pourrez confulter lorfque vous birez ‘des mots.que vous n’entendrez pas. | À 2 4 _ M Et cor RE Defcription abregée du Canada. FOus croirez, Monfeur ,.que j avance un par adoxe en vous difant que la Not vale France vulgairement appellée Le Cena- da, contient plus. de terrain. que la moitié de l’Europe, mais voici comment je le prouve. Vous favez que L'Europe s'étend du Midi au «$eptentrion depuis le 3.5. degré de Latitude juiques au72.& de PT à ro le.ode- gréjufqueés au 94. Cependant à prendre lFu- gape en fa plus grande largeur “Orient erOc- cident, par exemple du Canal imaginaire du “Æanaïs au Volga » jt ufqu’au Cap d'Angle- Bay en Irlande, cllen'a -qus.6 6. degrez en Longitude, qui. contiennent plus de lieuës que les degrez qu'on lui donne vers le:Cer- Æle Polaire , quoiqu'ils foient en plus grand üombre, parce que les degrez de longitude {ont inégaux; & comme c ft par l'efpace du terrain qu'on doit mefurer les-Provinces, Jes Iles, & lesRoyaures, il me femble qu'on en dévroit faure de même à l'égard ges quatre parties du Monde. Meflieurs les d cographes.qui partagent la 'erre au gréde cor imagination daus Jeur Cabinet » aU- goient.bien pà prendre.garde à ce que j'a- vance , s'ils y avoient fait plus d'attention. Venoss au Can4da. Tout le monde fait qu'il s'étend depuis le 3 9. degré de latitude duiques an 65, c'eft-à. “dire du Sud du Les 29 2% er 20 Sepée GoAnuTLONL Sr C ES : F4 RE I TT u { 2 el RTE Am TT TITI TITI RE 1 1 1 1 1 1 1 À LS AE Ra Li] HPODLS À CARTE GENERALE — DE CANADA GRAND ESPACE DE TERRE DE LABRADOR OU DES ESKIMAUM UT] Explication des Marques = Sont des lilles Francoises où Analoise Sont des lillaccs Analois où Fran ont des lillacis dés Sauvaccs. ont des Nation sauvaccs detruites per Ge Trogaops DCE EE ont des Lais propres a fière des... chasses dons tons = es forts auec de petites lroix sont. Rbandorce:-e MOREL CRISE PEER Sont des Saults où Caturactes dans Les Riui Yitides licux ouilon porte Les Lanoks... y dune Riviere autre... Sr oRT oo Peut Fort due SS UC érrmé DE NELSON pour empecher les Assiripo vals de descendre au Port de Nelson = | g e Fort tantost aux 0 Angloës tantost; È EYE aux Fransois = FR ee TT EN ces 8e CTI (& LS TICOYANF s À to st aux Franicors dantosl aux Analois chandibi fi À L. = BAYE 7/4 AMingans 2010 Tree L A (el MIEL Ozicr2£s Ocei dent IUT TITI SUPERIEUR pe 7 le Percei | | =) Cle Bonavenr. _| in = 2277 T = EN Île de Mis}. pu E 3 * r 45 Sautevrs THEN ie, Minanehes Je L, ls À : PÈ ba “ 2e TT LES Le Lyestites gWockes Ÿ f ” 1e, de Gp À ge 4 > SX y; Chaudiere Chedaboukton à FR Se, Sr Le he = 2. S LE Le Msn ton RE = PA AAC Ba) Arise du Tonerre 7= D ES É HAURONS se de faste cs Froquoës - sers des PE, Salinan Chasse de castor : Ed Les Foquss akis 9 BE f° Crasss de s : dde, CE des ame = C7 LS Francses à rS Hotagues © 43 ie À Din Hesephe d Maskoutens : Harro rt. PA Aouittat 9" $ Aoutatrons = SA II TE ) E A N CS F 7 SU D S} cs GONG Es Linge fênt justement le route que lerffllinoës DNA D PLLIPE parterre, de méme éclle que les Proguoës taioen 2 aupres Saupre lc s de Dusqu'au de la da Heéspe eee aller porter La guerre che Ô a ar dastoguerorions < se Da face Re ë K CT LD — 2 à CIS —,,, ET TE — UT UNIT A 11 1 1 LL 1 1 À 11 1 1 11 mn 1 1m 1) = 204 Geo Go Mid 3 313 32 ; 9 E d 2% Ce 2 à 2e N @) | UNIL | G HAUMIUEUT - = one mi d: ifrs$ ; es > > VE ee. 7 À = + & 4 vé , k | DE L'AMERTQAUF:. NES: Errié , jufqu’au Nord de la Baye de Hudfon ; & en longitude depuis le 284. degré jufs _ qu’au 335$. favoir du fleuve de Miffijfipi juf= qu’au Cap de Rafe, en V'Ifle de Terre-Neuve.Je dis donc que l’Europe n’a que onze degrez de httude & 3 3:de longitude plus que lc Canz? da ;-où je joint & comprens l'Ifle de Terre: Neuve , L'Acadie, & toutes les autres Fer- res fituées au Nord du Fleuve de Saint Lat2 renf, qui eft la grande Borne ou Fimite prés tenduë des Païs des Françoïs d'avec'ceux des” Anglois. Si j: voulois compter toutes les terres du Nord-Oùeft de ce Canada, je le trouverois beaucoup pius srand que l’Ewroz. pe, mais je mé renferiie en ce qui eft éta- bli, découvert & pratiqué, ne comprenant que les Pafs oùles François vont trafñiquer des Caftorsavec les Sauvages, & où ils ont des Forts, des Magafihs, des Mifions , &' de petirs établifemens.. E yaplus d'unfrécle & demi que le Cans da a été découvert ;7e4n Verafan fut le pre: mier qui le découvrit; mais à fon malheur, car les Sauvageg le mangérent. }4cques Car: tier y alla enfuite, mais après avoir monté pius haut que Ovebec avec fon Vaiffeau , if repañla en France fort dégouté de ce Païs-Ià, : A lafinonyenvoya d'autresNavigateurs qui reconnurent micux le fleuve de Saint Lau- rent ; & vers le commencement de ce fiécle _ikpartitde Roÿes uneColontequieüraffez de 4 MEMOITRES | peine à s'y évablir , à caufe des Sauvages. Quoiqu'il en foit,il eft aujourd’hui fi peuplé qu'on ÿ compte i80000. ames, Je vous ais déja dit dans mes Lettresquelquechofe dece Païs [à , ainfi je ne m’appliquerai qu'à vous. marquer les principaux endroits, & ce qui: pet fatisfaire davantage vôtre curiofité. La fource du Heuve Saint Laurent nous. a été inconnuë jufqu'à prefent ; car quoi- qu'on l'ait remonté jufqu à fept ou huit cens. heuës , on n’en a pû trouver l'origine. Le plus loin que les Coureurs de boisayent été, C'eft au Lac.de Lenemipigu qui fe déchars- ge dans le Lac Supérieur; le Lac Supérieur dans celui des Hurons ; le Lac des Harons: dans le Lac Frrié ou de Conti; le Lac. Ernié” dans le Lac de Frontenac, & celui-ci forme ce grand Fleuve qui coule vingtlicués affez- pailiblement , & enfuite trente autres avec. beaucoup de rapidité jufqu'a fa Ville de Mos- real, d’où il continué fon cours:avéc mo. dération jufqu’à Quebec, s'élargiflant de-à. peu à peu jufqu’à {on embouchure, qui-en cft éloignée de plus de cent lieuëés. S'il en: faut croire les Sauvages du Nord,, ce Fleu.. ve fort du grand Lac des Affinipouals ; qu'ils. difent être plus vafte qu'aucun de ceux que - j'ai nommé, & ce Lac des Affinipasals eft fi- tuéà $ 0. ou 60. lieués de celui de Lenemuipt- gu, Ce Fleuvea2o.ou 22. lieuës delargeur à fon embouchure , au milieu de laquelle. DE L’'AMERTQUE. dl nvoit l’Ifle d’Anficofire , qui en a vingt de’ longueur. Elle appartient au Sieur jolies, Canadien, qui y a fait faire un petit Ma< gafin fortifié , afin que les marchandiles &' fa famille foient à l'abri des fur prifes des” Eskimaux , dont je vous parlerai dans la fuite: c’eft avec d’autres Nations Sauvages 3” -fâvoir les Montagnois & les Papipanachois 3” ‘qu'il trafique d’armes & de munitions pour des peaux-de Loups Marins, & RAT” autres Pelleteries. Vis-à-vis de cette Ifle, on trouve l’ifle pers _ééeà la Côte du Sud, C’eft un gros rocher’ percéà jour foùs lequel les Chaloupes feu- lement peuvent pañler. Les Bafques & les” Normands ont actoütumé d'y faire la Pêche. des Moluës en tems de Paix. Elle y 12 très-abondante , & ces Poiffens y font plus grands & plus propres à faire fécher que céux de Terre-Neuve; mais 1l y a deux gran desincommoditez, l’une que les Vaifleaux y courent du rique, s'ils ne font amärrez” à de bons cables & arrêtez par de bonnes : -ancres. L'autre inconvénient , c'eft qu'il. n'ya nigravier nrcailloux pour étendre ces - Poiflons au Soleil , & qu'on eft obligé de fe fervir de vignaux, qui font des eMpéces de - chyes. Outre ce lieu de Péche »yilyenad'autres - du même côté à quelques lieuës plus hauc dans le Fleuve, favoir celui de Gafpé', où 4 - D MEMGOGIrRESs les équipages des Vaiffeaux font quelqüe- fois le commerce de Pelleteriesavec les Gaf- | péjns,ce qui porte préjudice aux Propriétai- res de cette Raiviére, Les autres-font vers les Monts Nôtre- Dame dans les petites Bayes ou -Riviéres qui fe déchargent dans le Fleuve, De l’autre côté du Fleuve , on voit là grande terre de Labrador où des Eskimaux qui font des Peuples fi féroces qu'on n'a jamais pû les humanifer.: Il femble que le bon homme Homere veuille parler de ceite matheureufe Nation Sauvage , en par ant de fes Cyclapes, car il y a-trop de rag- port entreux, comme 1} paroît par ces qua- tre vers du neuvième Livre de fon Odyffée, que je trouve La beaux. pour ne pas les: rapporter ici : Toici d” ÊT “spar Esnngopor. dre Seudeg.. AM oiy ” vanAœ opé OV Valoici Ka NYE Br amor paquesiai" deuçiut d'e éxaçog Had'or 49° aadyar Bd amnAGE d'Art | Cela veut dire que ces Peuples ne sem barraflent pas de Plaidoyers ; n1 de mule - titudes de Loix , qu'ils fe plaifent feule- ment d’habiter le fommet des Montagnes. ou les Cavernes les plus profondes , que là: chacun borne fon droit à régler fa Famil- le fans fe mettre en peine de fon Voifin. - Lcs Danois font les premiers qui l'ont dé- D'E ; L'AMERTQUE: ÿ couverte , elle eft remplie de Ports, de Havres & de Biyes > OÙ les Barques de Quebec ont-accoûtumé d'aller troquer les peaux de Loups marins durant l'Eté avec ces Sauvages Voici comment cela fe-fait 3 dès que ces Barques ont mouillé l'an- cire, ces Démons viennent à bord dans de petits Canots de peaux de Loups ma- rins coufuës enfemble , qui fent fais à peu près commes des. navettes de-tiffleran, au milieu. defquels on voit un trou en forme de celui d’une bourfe, où ils fe renferment _affis fur les talons avec des cordes, [ls ra- - ment de cette maniére avec de pe tites pa . letes, rantôt à droit & tantôt à gauche ; fans pañcher le corps, crainté de” ren ver- fer. Dès qu'ils arrivent près de la Barque ils montrent leurs Peiletcries aw ‘bout de l’aviron & demandent. en même-tems les coûteaux , la: poudre & les balles dont ils Oùt ras . desrfufils, desr haches sides chaudiéres, &c enfin chacun” montre. ce qu'ila, &cequ'il DATE avoir en échan- ge ; le best. conciu 1ls reçoivent & don- nent tout ,-au bout d’un bâton. Si les co- quins ont la précaution de ne-pas entrer dans nos Bâtimens , nous avons auf cel- le de ne nous pas laifler inveftir par une trop grande quantité de Œanots 3. car ils. Of enlevé Ne fouvent de petits. Vail= eaux ;. pen dant que des Mateclors éroienr À: 5: 190. MEMOTrRES. È QUE” À. : fre OCCHpEz à manier & à remuer les Pelle. terics & les Marchandifes. Hfaut fe tenir: bien fur fes gardes durant la nuit, car ils favent faire de grandes chaloupes, qui vont aufli vite que le vent, & dans lefquelles ls - fe mettent trente où quarante. C'eft pour cela que les Mulouïns, qui font la Pêche des Molués au petit Nord & les Efpagnols : à Porrochoua ; font obligez d’armer des. re Barques longues pour courir la Côte & les - pourfuivre , car 1l n’y a guéres d'années …- qu'ils ne furprennent à terre les équipages, . & qu'ils ne les tuent ; enlevant aufh quel- quefois les Vaifleaux, Ileft conftant qu'ils font plus de trente mille Combattans, mais - fi. lâches & fi poltrons que.cinq:.cens:: Cliffines.de la Baye-de Hudfon, ont accoû- tumé d'en battre cinq où fix mille. Leur: Païs eft grand , car il s'étend ‘dépuis la Côte, qui eft vis-à-vis des Iffes de Minçan ; jufques an Détroit de Hadfon. Ils paflent: ous les jours à l’Ifle de Terre- Neuve par le Détroit de Bellifle, qui n’a que fepr lieués+ Fr 2) h # de traverfe.. & s’ils ne viennent pas jufqu'à Plaifanse , c'elt qu'ils craignent d‘y-trouver.. d’autres Stüvages. À ‘cette terre de Labrader, eft jointe la Baye de Hudfon, qui s'étend depuis le cin-… quante-deuxiéme deoré de latitude, &tren-… te minutes. jufqu’au foixante- troifiéme: Voici. d'où cette Baye a tiré fon nom. Le - DE L'AMERIQGUE 1Y Capitaine Hénri Hudfon , Anglois dé Na- tion, obtint un Vaifleau Hollandois pour aller À la. Chine par un Détroit imaginais ‘rement fitué au Nord de l'Amérique Sep= réntrionale. Ce fut fur les Mémoires d’un. Pilote Danois fon ami, qu'il abandonna le premier deflein qu'il avoit formé de pren #i fa route par la Nouvelle Zémble. Celui- , qui s'apelloit Fréderic Anschild, étoit- part de Norvege où d’Iflande ; quelques: années auparavant , à deffein de trouver un paflage pour allér au L'apon , par le Dé- tioit de Davis, qui ef ce Détroit chiméris- que, dont jé parle, La premi ére terre: qu'il découvrit, füt la ie Sauvage fituée: für la Côte Septentrion ale de la Ferré de: Labrador : ‘de- à. rangeant. cette Cête “Il entra dans un Détroit qu'on appel Ia vingt: où trente ans après le Détroit de Hidfon. Enfuite naviguant toûjours vers l'Oüeit ; il aborda certaines Côtes fituées Nord &: Süd. Alors il courut au ‘Nord’, fe franc dé trouver un chemin ouvert pour traver= fer à la Mer de Feffo ; mais après avoir fin glé jafqu'à la hauteur du Cercle Polaire, & couru rifque de périr mille fois dans les glaces , fans trouver aucune ouverture: ni pañlage , 1} prit le parti de retourner fur fes pas. Mais comme la faifon éroit fort avancée, & que les glaces couvroient déja la. füréate de l’eau, ibfat obligé d’en-- 12 MEMOIRES | trer dans la Baye de Hudfon., & de pañkr- l'Hiver dans un Port où plufieurs Sauva- ges fournirent à fon équipage durant lPHi- ver, des vivres & de très- belles Pelletee- ries.. Dès que la Navigation fut libre pour les Vaifleaux., il s’en revint en Danemare. Cependant Hydfon l'ayant connu dans la fuite, entreprit fur les Journaux de ce D4- noës, de pañfer au 7 4po# par le Détroit de: Davis, mais fon entreprife échoüa, de. même que celle d’un cerrain Button, & de quelques autres. Qsoi qu'il en foit, Had= fon entra däns-la Baye de ce: nom, où il reçût quantité de Pelleteries des Sauvages, enfuite il fit la découverte de la. Nouvelle - Hollande , appellée aujourd’hui la Nouvelle : Tork , & de quelques autres Terres de la. Nouvelle. Angleterre. Cependant , on à tort d'appeller du nom de Hudjon, ce. Détroit & certe Biye, puis-que celui qui les a pre- miérement découvers, eft ie Danois Fré- deric. Anschiid', dont je viens. de vons par-. ler , étant le premier Européen qui ait vû: les Terres de l'Amérique Scptentrionale ; & frayé le chemin:aux autres. Ce fut en-- fuite, fur les Mémoires de ce Hudfon, que: les Anglois firent des tentatives pour éta- blir un commerce avec les Amériquains. La quantité de Caffors & d'autres belles Pellereries . qu'il trafiqua durant. l'Hiver avec les Sauvages, donnérent, dans, la vûE - 2 DE L'AMERIQUE +3 -Ÿ quelques Marchands Anglois , qui for- mérent une Compagnie pour entreprendre ce nouveau Commerce. Ils fournirent pour cet effét quelques Bâtimens au Capi- taine Nélfon, qui er perdit quelques-uns dans les glaces vers Le Détroit, après avoir failli lui-même à périr, Cependant, 1l en- tra dans la Baye &.fe plaga à. l'embouchu- re d’unegrande Riviére, qui prendfafour- ce vers le Lac des Affinipouals , & fe:dé- charge dans-cetre Baye à l'endroit où il-fit conftruire une redoute défenduë par quel ques Canons. Au bout de-trois-ou quatre ans les Anglois firent d’autres petits: Forts aux environs de cette Riviére; ce qui 2p- porta un préjudice confidérable au Gom- merce des François |, qui ne trouvoient plus au Nord: du Lac Supérieur les Sauva- ges, avec lefquels ils avoient accoûtumé de trafñiquer des Pelleteries. Ye ne far par quelle avanture , les nommez des Groxe- lièrs & Ratiffon rencontrérent dans ce grand Lac quelques Chfhinos ; qui leur promirent: de les conduire au fond de la Baye, où les Anglois -n'avoient pas encore. pénétré. En cffet , 1ls leur tinrent parole, ils les-y me- nérent &. leur montrérent plufieurs autres Kiviéres, au bord defquelles il y'avoit ap- _parence de faire des établiffemens propres pour y'attirer un grand Commerce de Peaux: avec. plufeurs Nations Sauvages: 14° MemoirEes" Cès François S'en retournérent au Lac Su Périeur par le même chemin ; & de-là ils* pañlérent à Quebec où ils propoférent aux principaux Marchands de conduire dans a Baye de Hrdfon des Vaïfleaux, mais on fe - moqua de leur projet. Enfin fe voyant rebutez ; ; ils allérent en France” * croyant * qu'on les écouteroit mieux à la Cour; ce pendant apr ès avoir prefenté Mémoires fur Mémoires, &e: dépenfé beaucoupd'argent, - on les traita de Vifionnaires. Dans ce tems- là, le Miniftre du Roi “d'Angleterre: ne perdit point l'occalion de les perfuader. d’aller à Londres , où ils furent fi bien écou- tez, qu'on leur donna plufieurs Vaiffeaux qu “ils y menérent avec allez de difficulté, & conftruifirent en differens endroits pla. fieurs Forts très-avantageux-pour le Com- merce. On fe. repentit alors en Fiance,, mais trop tard, de n'avoir pas fait M d'attentions à. rs Mémoires, &ne pou | vañt plus y remédier ; on-fe réfolut d'en chafler les Anglois à quelque prix que ce- für: En-effct, on y réüflit après les avoir vigoureufement attaquez par Mer & Ferre, à la réferve du Fort de NUE © où * il n'y avoit pont d'apparence de mordre fi facilement: Les Anglois ; quelques-années* après fe réfolurent de faire tout leur poffible pour reprendre ces poftes, à quoi ils réü{= firent. heureufement ; car ne voulant pas \ leur tour les François ; & aujourd hur ceux- ct fe préparent à leur rendre le change: Au relte, ce Païs-là-eft fi froid durant {ept où huit mois-de l’année, que la Mer fe à a ù . fs k , ® | . @n avoir le démenti , ils débufquérent à: glace dix picds d’épaiffeur , que Îes arbres &'les pierres mêmes fe fendent , qu'il y. tombe. dix ou douze pieds de neige qui - couvrent la terre plus de fix mois, & que pendant ce tems on n’oferoit fortir de fa maifon, fans rifquer. d’avoir le nez; Îles oreilles &les pieds gelez. La Navigation eit f1 difficile &.{1 dangercufe d'Europe en ce Païs-là , à caufe des glaces &'des cou- rans, qu'il. faut être réduit à la derniére mifére , ou pofledé d’un aveuglement juf- À È qu'à la folie, pour entreprendre ce détefta- ble Voïage, - | Il eft tems de paffer maintenant de la. Baye de Hudfon quoi-qu'on ” foit obligé de faire quelques portages. Il €ft vrai qu'on faute plufieurs Gataractes en defcendant ,-où l’on eft'contraint de porter les Canots ou de les traîñer en-remontant. Nous voiei donc à-ce grand Lac Supérieur qu'on eflime-avoir-cinq cens-lieuës de cir- cuit, y comprenant le tour des Anfes &: des petits Golfes. Cette petite Mer douce eft affez.-tranquille depuis le commence- ment de Mai jufqu'à la fin de Septembre. - Le’ côté du Sud eft-le plus affuré pour:la Navigation des Canots par la quantité de Bayes & de petites Riviéres où l'on peut : relâcher en cas de tempête. Je ne fache point qu'il y-air-aucune Nation Siuvage fédentaire fur les bords de ce Lac; il ct” vrai que durant l'Eté a res Peuples du Nord, vont chafler- & pêcher en. certains ‘ endroits où ils apportent en même terms les Caftors qu'ils-ont pris durant l'Ehiver, pour les troquer avec les Coureurs de: boïs qui ne manquent pas de les y joindre.tous les ans. Ces lieux font Bagouafch ; Lemi- Pueki & Chagouarigon. I ya déja quel- ques années que Mr. Dulbut.-avoir con- ftruit un Fort de pieux ; dans lequel ilavoit des Magazins remplis de toutes fortes de Marchandifes. Ce pofte, qui s'appelloit Camanifligoyan , faifoit un tort confidésrable eux.Anglois de la Baye de. Hudfon ; 3 parce | DE L'AMERIQUE. 27 qu'ilépargnoit à quantité de Nations la pet- ne. de cranfporter leurs Pelleteries à cette Baye. | F y a fur ce Lac des Mines de cuivre, dontle métal eft fiabondant & fi pur qu'iln'y a pas un fepriéme de déchet, On y voir quel- ques Ifles affez grandes, remplies d'Elans & de Caribous,. mais il n’y a guéres de gens qui s'avifent d'y aller exprès pour chaffer, à cau- fe du rifque de la traverfe. Au refte , ce Eac eft abondant en Eturgeons, Truites & Poiffons blancs. Le froid y eft exceflif du- _rant fix mois-de l'année, & la neige fe joi- gnant à la gelée, glace ordinairement les eaux de ce Lac jufqu'à dix ou douze lieuës _ au large. | Du Lac Supérieur ; je paîle à celui des Hurons , auquel je donne quatre cens lieuës de circonférence. Or pour y aller il faut defcendre le Saut Sainte-Marie , dont je vous at parlé dans ma quinziéme Lettre. Ec Lac eff fiué fous un très-beau climat. comme vous le voyez fr ma Carte. Le côté du Nord eft le plus navigable pour les Canots, à caufe de la quantité d'Ifles fous lefquelles on: peut fe mettre à. l'abri du mauvais tems. Celui du Sud eft le plus beau & le plus commode pour la: chaf- fe des Bètes fauves, qui y font en aflez grande quantité. La figure de ce Fac, €ft à peu prés celle d'un triangle équilaté- 8 : MErmorkEes ral. Parmi fes Ifles , celle de Madisartier eft la plus confidérable. Elle a plus de vinge lieuës de longueur & dix de largeur. Les Outaouas de la Nation du Talon & du Sable” y habitoient autrefois, mais la crainte des. Traquois les a contraints de fe rerirer‘avec: les autres à Mffilimakinac: Vis-à-vis de cette Ifle habite en terre-ferme les Nos- kés & les Miffiragues en deux Villages dif. férens , élor 1ez de vingt hHeuës l’un de. l'autre. Ve le bout Oriental de cette même Îfle, on trouve la Riviére des Fran çois , dont je vous ai parléen ma feiziéme- Lettre ; elle eft auf large que la Seine à Paris, & dé fa fource, qu’elle tire du Lac de Nepicerini , jufqu'à fon embouchure , - elle n’a tout-au-plus que quarante lieuës de cours. On voit au Nord-Eft de cètte : Riviére la Baye de Toronro qui a vingt ou vingt-cinq levés de longueur & quinze d'ouverture ,.1l s'y décharge une Riviere qui fort du petit Lac de même nom;, for- mant plufieurs Cataraétes impratiquabl à tant endefcendant qu’en müôntant: Cctre tête d'homme , que vous voyez pra fur ma Carte au bord de cette KRaivicre d‘tigne un gros Vil lage de Hürons, que. les Jroquois ont ruïné, De fa fource on peut aller dans-le Lac de Frontenac en fi | fant un portage jufqu’à la Kiviére de T#:- naonaté. qui Sy décharge. Vous pouvez * 2 \ DE L'ÂAMERIQUE T9: remarquer au côté Méridionat-de la Baye de Toronto, le Forr fuppofé, dont je vous at fait mention dans-ma vingt-troifiéme Let- tre. À trente lieués de-là vers le Sud, l'on trouve le Païs de Theonontare que Îles 170- quois ont tout-à-fait dépeuplé de Hurons. De-là, je pañle droit à mon Fort, fans m'arrêter à vous faire une defcriptioninu- tile des Païfages differens qu’on voit dans l'efpace de plus de trente lieuës. Je vous ai parlé tant de fois de ce. poite , que je fauterai droit à la Baye du Sakinac, fans- vous parler de [a quantité de battures & de rochers qu’on trouve cachez fous l’eau : jufqu'à deux lieuës au large. Cette Baye feize ou dix-fept lieuës de longueur & fix. d'ouverture, au milieu de laquelle on voit deux petites-Ifles très-utiles aux Voiageurs: qui feroient obligez le plus fouvent de fai re le tour de la Baye, plûrôt que de s'ex- pofer à faire cette traverfe en Canot. La Riviére du Sakinac.fe décharge au fond de la Biye. Elle a foixante lieuës de cours affez: paifible n'aiant que trois petits Cataractes qu'on peut fauter fans rifque, Elle eft aufi large que la Seine au Pont de Séve. Les Ou- #aouas & les Härons ontaccoûtumé d'y faire tous les deux ans, de grandes chaffes de Ca- ftors. Decerre Riviéreà Miffilimakinaciln’ya point d'endroit qui mérite la peine d’en pare Lr; je vous ai dit tout ce qu'on pouvoitdire : 20 MENOIRES" de ce pofte , fi utile pour le commerce, vous en envoiant-leplan. Aïnfi je pañlerai à la defcriprion du Las Errié, me fouvenant dé vousavoir fait celle du Lac des Hinois dans ma feiziéme Lettré. | E’on na point eu tort de donner au L45 Errié un nom aufi: flluftre que: celui de Conti , car c'eft affürément le plus beau qui foit.fur la terre. L'on peut jager de la bonté de fon climat par les latitudes” des Païs qui l’environnent. Son circuit ele. de deux céns trente liéuës , ntais par tout d’un afpeét fr charmant qu’on voit le Iung de fes bords d=s Chênes, des Ormeaux, des Châtaigniers, des Noyers , des Pommiers ; des Pruniers , & des Freilles ,-qui portent leurs belles grapes jufqu’au fommet des Âr= bres fur un terrain uni comme la main ; ce qui doit fuflire pour s’en former l’idée du monde. la plus agréable. Te ne faurois d'a leurs vous exprimer la quantité de bêtes fauves & de Poulets-d’Inde qu’on voit dars* ces bois & dans les vaftes prairies , qu'on découvre du côté du Sud: Les Bœufs Sauvages fe trouvent au fond de ce Lac fur les bords de deux belles Kiviéres qui sy déchargent fans rapides ni _cararactese - Il eft abondant en Eturgeons & Poillons blancs , mais les Fruites y font rares auf bien que les autres Poiffons qu'on pêche dans les Zecs des Hrons & des Iinois. U- ” DE L'AMERIQUE. 24 ‘eft au fans batures , fans-rochers ni bancs ? , L “dé: fable s (a profondeur eft de 14.à 15. brafles d'eau. Les Sauvages affürent que es gros-vents ny fouflent qu'en Décem- bre, Janvier & Février, quoique rarement, €e que j'ai lieu de croire-par-le peu qu'il en fit durant F'Hiver que je pañlai à mon ÆForten 1688. quoiqu'il fut expolé au Lac des Hywrons. Lés bords de ce Lac ne font ordinairement fréquentcz que par desguer- hers , foit Iroquois, Ilinoïs , Onimañiis , 8ic, & le rifque de s'y arrêter à la chafle cit trop grand. Ce qui fait que les cerfs , les ché. vreuils & les poulets &'Indecourententrou- ‘ peaux le long du Rivage -dans-touted'étén- dué des Terres aont il eft environné. Les Erriéronons & les Endaflegaeronons qui habi- toient au bord de ce Lac aux environs, ont été détruits parles Iregéois , auffi-bien que d'autres Nations marquées fur ma Carte, -Ondécouvré une pointe de terre ducérédu Nord qui avance quinze lieuës au large ; & dtrente heués de-lwers l'Orient, on trou- veune perite Riviere aui prend fa fource près de la Baye de-Ganaraske ,fituée dans le Lac Frontenac, Ce {croit un pañlage aflez court d'un Lac à l'autre fi elle n'avoit point de Cataractes, De-là au détroit, c'eft- La r 4 à dire àla décharge de ce Lac, ilwatrente lieuës. Ce détroiten a 14. de longueur & une.de largeur. €Ce Fort {upofé que vous ‘8% M Em:O ER LS voiez fur ma Carte.en ce lieu-là, eft ut _de ceux dont je vous ai parlé dansma vingt- troifiéme Lettre. De ce prétendu Fort. à fa Riviere-de Condé il y a vingt lieués. Cette Riviere.a foixante lieuës de cours fans Ca- taractes , s'il en-fautcroire les‘ Sauvages , qui . m'ont afluré que de {a fource , on pou- voit aller.dans une autre qui fe.décharge à Ja Mer , n’y aiant qu'un portage d’une lieuë. De l’une de ces Riviéres à l'autre je n'ai été qu’à l'embouchure de celle de Condé où nos Oxeraouaæs éprouvérent leurs jambes, comme je vous }'ai expliqué dansmaquin- ziéme Lettre. Les Iles que vous voiez ur ma Carte fituées au fonds du Lac font des. parcs de chevreüils, & des arbres frui- tiers que la Nature a pris plaifir de faire oufler pour nourir de leurs fruitsles Din. dons, les Faifans ,:& les Bètes fauves. En- fin fi la navigation des Vaifleaux étoit libre de Quebec juiques dars ce Lac, 1l y auroit dequoi faire le plus beau , lepius riche & le plus fertileRoiaume du Monde : car outre toutes les beautez dont je vousparle ,il ya -de très-bonnes mines d'argent à 20. lieuëés dans les terres le long d’un certain côteau d’où les Sauvages ont aporté de groffes-pier- res qui ont rendu dece précieux métalavec peu de déchet. | | Du Lac Errié je tombe dans celui de Ærontenac , dont je n’ai ph m'empêcher de DÉ L''ÂMERIQUE 23 “ous parler dans mes feptiéme & troifiéme ‘Lettres. Ce Lac a , comme je vous ai déja .dit, 180. lieuës de circuit; fa figure eftova- Je, & fa profondeur de 20. à 25.brafles d'eau. Ils'y décharge du côté du'Sud plu- fieurs petites Rivieres , favoir celles des “Tfonontouans, des Onnontagues & de la Fa- -miné: du côté du Nord, celles de Ganaraské _& de Téononraté. Ses bords font garnis de bois de haute-futaie fur un terrain affez «égal, car on n'y voit point de côcesefcar- pées , y aiant plufieurs petits Golfes du côté du Nord.:On peut aller dans le Lac des Hurons par la Riviere de Tanaouaté en fai- fant un portage de fept ou huit lieuësjufqu'à -celui de Toronto , qui S'y décharge par une Riviere de même nom. On peut aufli paf- er dans le Lac Erré par la Baye de Gans- saské , en faifant un autre portage juiqu'à une petite Riviere pleine de Cataraétes. Les Villages des Onnontagues ; Tfonontouans, Goyoguoans & Onnoyontes , ne iont pas fort £loignez du Lac Frontenac. Ces Peuples droquois font très-avantageufement firuez. Leur Païs eft beau & fertile, mais les ÆChevreüils & les Dindons leur manquent aufli-bien.que les Poiffons, -car leurs Riviée res n'en portent point; de forte qu'ils font -obligez .de faire leurs pêches dans le Lac, & de les boucaner enfuite pour les pou- voir garder & cranfporter à leurs Ville- | AS MEMoIREs ges. Ils font obligez aufli de s'écarter de Jeurs terres pour faire chafler des Caftors durant l'Hiver, foit du côté de Ganaraské, du Lac Torento jou de la grandé Riviere des Outaouas , où 1l feroit facile de leur cou- per la gorge , 4 l'on s'y prenoit de la ma- niere.que je vous l'ai expliqué. Je vous ai aufli parlé des Forts de Frontenac & de Nia- gara , & du Fleuve Suint Laurent, qui fem- ble avoir abändonré les Eacs pour courir plus étroitement le long du Monreal & de Quebec | où fes eaux fe mélant avec ceiles de la Mer , deviennent fi falées qu'onn'en fauroit plus boire, | Il ne me refte plus qu'à faire la defcri- ption de l’Acadie & de l'ifle de Terre-Neuve, qui font des Païs bien diférens lun de J'autre, Les Côtes de F Acadie s'étendent depuis Keneberi, qui eft la Place frontiere de la Nouvelle Angleterre , jufqu’à l'Ile Per- gée , fituée vers l'embouchure du Fleure Sr. Laurent, Ce Païs d'Acadie contient près de trois cens lieuës de Côtes Maritimes, : Je long-defquelles on trouve deux grandes Bayes navigables ; favoir Ja Baye Fran. sgoife & celle des Chaleurs. Il y a quantité de petites Rivieres , dont les entrées font faines & profondes pour les plus grands Vailfeaux : elles abondent en Saumons, dont on pourroit faire des Pêches confidc- zables fi on vouloit l’entreprendre ion pé- ; cheroit_ DE L'AMEREQUE 2 æheroit auffi, dans la plüpart de ces Rivies res & des petits Golfes qui les précédent, «quantité. de Moruës telles qu'à l’Ifle Percéen Car ces Poiflons donnent à la Côte en abondance durant l'Eté, & fur-tout aux ‘environs des Ifles du Cap Breton & de Saint Jean. Il eft vrai queles Ports de la pre- miere ne peuvent fervir qu'à retirer des Barques , & que la feconde n’en point du tout ; mais fi ces deux Ifles étoient peu- plées , leurs Habitans pourroient envoier tous les jours leurs Chaloupes à {a Pêche, & lors que leurs Moruës feroient prêtes à la fin d'Août, les Vaiffeaux pourroient moüiller près de terre & s’en charger. La Riviere de Saint Fean , où les Sieurs d'A our de Quebec ont-un établiffement pour. le Commerce des Caftors, ft três-belle.& très-fertile en grains , elle eft naviguable _jufqu'à douze lieuës de fon embouchure. Entre Ja Pointe de l'Acadie & l’ifle du Cap Breton , il y aun Canal ou Détroit de Mer d'environ deux licuës delargeur , aflez pro- fond pour porter le plus grand Vaïffeau de France , on l'appelle le paflage de Can- feaux , il feroit plus fréquenté qu'iln’eft, fi les Navires Marchands qui vont en G#. mada ; vouloient partir de France vers le 25. de Mars, car ils pourroient pafler pare _ Jà , étant affurez de trouver en toute faifon l ce paflage libre , au lieu que le chénal du Tome IL \ 26. MEmMOxrRESs - Cap de Rage ft fouvent rempli de glace en Avril. De cette maniere, les'Vaïifleaux -devroicent arriver à Quebec au commence- ment de Mai. Prefque-toutes les terres de V'Acadie font fertiles en bled , pois, fruits & légumes; on y diftingue after bien les ‘quatre faifons de l'année , quoi - que les: trois mois d'Hiver y foient extrêmement. froids. On tire de plufieurs endroits des mâtures auffi fortes que celles de Norvege , & l'on y pourroit conftruire routes fortes de Bâtimens s’il en étoit befoin , car les : Chênes furpaflent en bonté ceux de nôtre Europe, s'il en faut croire les Charpen- tiers : Enunmot, ce Païs-là eft tour-à-fait beau ; le climat pañlablement tempéré, l'air ur & fain , les caux legeres & claires, &. ‘ 7 Chaffe & la Pêche y font ADN UP tes: Les Caftors , les Loutres, & les Loups Marins, font les Animaux qui s y trouvent Je plus communément , ils y font même en très-grand nombre ; ceux qui en aiment les viandes , font bien redevables aux Doce teurs qui perfuadérent aux Papes deméta- morphofer ces Animaux terreftres cn Pois ons , car ils en peuvent ufer librement - & fans fcrupule pendant le Carèmie. Au rélte, la connoiflance qué j'ai dé’ce Pars- A1; me fai prévoir que tôt ou tard les Anglois sen rendront les Maîtres! Les salons até j'en pourrois donner Loi erès= * DE L'ÂMERIQU 27 plaufibles ; ils ont déja commencé à ruïuer le Commerce des Pelleteries que nos Fran- içois avoient accoûtumé .de faire avec les Sauvages , & ils achéveront bien-tôt de le perdre entiérement. Nos François veulent vendre trop cher leurs Marchandifes, quoi qu'elles ne foient pas fi bonnes que celles des Angloës , qui les donnent pourtant à meilleur marché. Ce feroit dommage de laifler aux Angleis un Païs dont le Com- merce des Pelleterics & les Pêches de Mo- ruës leur en ont fait f1 fouvent tenter le conquête. Il eft impoflible qu'on les em- pêche d'enlever les établiffemens des Cô- tes de l’Acadie, par l'éloignement où ils font les uns des autres , ils y réüfliront comme als ont déja fait. Les Gouverneurs , Fran ois ont les mêmes vüës que ceux de bien d’autres poftes d'Outre-Mer. Ils confidé- _xrent leur emploi comme une mine d'of qu'on leur donne pour en tirer de quoi s'enrichir 3 ainfi le Bien publ ic ne marche jamais qu'après leur intérêt particulier. Mr. de Meneval laiffa prendre le Port. Roïdl aux Anglois ; parce que la Place n'éroit revétuë que de fimples palifflades, & pour quoi n'étoit-elle pas mieux forufrée ? C'eft qu'il eroioit avoir le tems de remplir CR bourfe avant que les Anglois ‘s'avifaffent de l'attaquer. Ce Gouverneur avoit rele- vÉ Mr, Perror, qui fut caflé honteufement: B 2 28 : MEMOYrR Es : © pouravoir fait fa principale occupation de s'enrichir , & qui étant repañlé enfuite en France revint avec plufieurs Vaifleaux char- gez de Marchandifes, pourfaire en ce Païs« jà la profefion d’un:Négociant particulier. Celui-ci dans le tems de fon Gouverne- ment , laifla prendre aux A#glois plufieurs poftes avantageux fans fe donner aucun mouvement ; il fe contentoit d’aller dans fes Barques de Riviere en Riviere pour trafiquer avec les Sauvages , & aprés fa caflation , non content de: EN {on Com: merce fur les Côtes de l’Acadie, il voulut aller fur celles des Anglois , mais il lui en coûta cher , car quelques Corfaires l’aiant furpris , enlevérent fes Barques & lui don- nérent enfuite la Galle feche , dont il mou- rut fur le champ. Les trois principales Nations Sauvages qui habitent ‘fur les. Cé- tes , font les Abenakis, les Mikemar , & les Caribas. Il y en a quelques autres errene tes, qui vont & viennent de l’Acadie à la Nouvelle Angleterre, qu’on appelle Mahin- gaus " Soccokis & Openange. Les trois pre- mieres , & quifont fixées dans leurs Ha- bitations » font étroitement liées d'amitié & d’ intéret avec les François , & lon peut dire, qu'en tems dé guerre ils font des jocurfions fi dommageables aux Colonies Angloifes , que nous dévons avoir foin entretenir fans cle ung bonne intellis < DE: L'AMERIQUE 39 gence avec eux. Le Baron de Saint Ca: fleins Gentilhomme d’Oleron en Bearn , s’eft rendu fi recomMmandable parmi les Abena: kis depuis vingt & tant d'années, vivans à la Sauvage , qu'ils le regardent aujourd’ hur. comme leur Dieu tutélaire. Il étoit au- trefois Officier, de Cavigna# en Canada ÿ mais dès que ce Régiment fut caffé , il fe jetra chez ces Sauvages dont il avoit apris la Langue. I] fe maria à leur maniere , pré- férant les Forêts de l'Acadie aux Montz Pireñées dont foñ Païs eft'environné. fl vécut ies premieres années avec eux d’une maniere à s’en faire eftimer au-delà de tout ce qu'ompeut dire.-Hs le firent grand Chcf, qui eft comme le Souverain de la Nation, & peu - à- peu il atravaillé à fe faire une fortune dont tout: autre que lui fauroig _profitér , en retirant de ce Païs-là plus de deux ou trois cens mille écus qu'il a dans fes coffres en belle monnoie d'or. Ce- pendant il ne-s’en fert qu’à acheter des Mar- chandifes pour faire des prefens à fes Con- fréres les Sauvages, qui lui fontenfuite , au rétour de‘leur: chaffes : des prefens de Ca- ftors d’une triple faleurs Les Gouver- neurs Généraux de Canada le mépagent, & ceux de la Nouvelle Angleterre le crai- gbehr. [l a pluñeurs filles & toutes ma- riées tiès-avantageufement avec des Fran: _géis valant donné une riche dot à chacune agit ze. MEMOIRE S:. H n'a jamais changé de femme, pour apreRe. dre aux Sauvages que Dieu n'aime point les. hommes inconftans. On dit qu'il tâche de: gonvertir cs pauvres Peuples , mais quelfes. paroles ne produifantaucun fruit, ileftdone , inutile que les Féfuites leur prêchent les vé- ritez du Chriftianifme : cependant ces Peres. pe fe rebutent pas, ils eftiment que le Bapté-- me conféré à un enfant mourant, vaut dix: fois la peine & le chagrin d’habiter avec ces. Peuples, | Le Port-Roial , Ville Capitale ou l’uni-. que de |’Açadie., n'elt , au bout du compte, qu'une très petite Bicoque, quis’eft un peu: agrandie depuis le commencement de 4 . guerre 1 68 9.narl'abord de quantité d'Ha- bitans des. Côtes du voifinage de Beflon:. Capitale de la Nouvelle Angleterre. 1l s’y en jetta beaucoup ; dans la crainte qu'ils eue- rent que les Anglais ne les pillaflent & né. les amenaflent en leur Païs. Mr. de Mene- wal, comme j'ai déja dit, rendit cette Pla- ce aux Anglois , ne pouvant foûtenir ce: pofte avec le peu de François qu'il avoit, parce que les paliflades étoient bafles & mal en ordre. Il fit fa Capitulation avec le Commandant du Parti qui lattaqua3: mais il Jui manqua de parole , car il en, fut traité avec toute forte d’isnominie & de dureté. Cette Ville ef fituée au 44. degré & 40. minutes.de latitude fur le ÿ É LANERTQUE 3% bord d’un très-beau Baffin de deux lieués dé longueur , & une de largeur , à l'entrée du quel il peut y avoir (ere ou dix huit braîfes” d'eau d'un côté, (car l'IMe aux Chèvres qui eftau milieu , femble le partager en deux} dé d'autre: £x où fept. Le mouillage eff” três-bon en tous les endroits de ce Baflin ;: au fond duquel on voitune langue de ter" re , qui fait la féparation de deux Riviéres ,: où la Marée monte dix’ ou douze lieuës.” Elles font bordées de très-bellés Prairies où Von trouve au Printéms & en Automne: . toutes fortes’ d'Oifeaux de Räviéres. Le * Port-Roïal. n'eft donc qu'un petit nombre de maifons à deux étages, & où peu de gens de diftinétion habitent. Il ne fubfifte que par lé Commerce de PéHeteries ns les Sauvages” viennent échanger pour des Marchandifes d'Europe. La Compagnie des Fermiers y’ avoit autrefois des Magazins dont les Gou2 Verneurs étoient les Connie, Il me feroit affez facile d’en NOM +7 quelques-uns, {1.je" ne craignoisque d’autres que vous vinffent- à lire ce es Mémoires. L'ifle de Terre- Neñve a trois cens lieusé” “de circonférence. Eile eft éloignée de France d'environ fix cens cinquante lieuës , & de quarante où cinquante du grand Banc de même nom. La Côte Méridionale ap- partient aux" François. , qui y ont plufeurs établiffemens pour : la Pêche. des Moruës. cr Fe MEMOITRES E’Orientale , eft habitée par les Anglois. quioccupent plufieurs poftes confidérables iuez en certains Ports, Bayes & Havres. qu'ils ont eu le foin de fortifier. La Côte. Occidentale citdeferte & n'a jamais eu de Maître iuiqu'à préfent. Cette Ifle, dont la: figure cfétriangulaire , eft remplie de Mon- tagnes & de Bois impratiquables. On y. trouve de grand Es Prairiés, ou: pour Mieux: dire , de grandes Landes, plütôt couvertes. de moufle que d'herbe. Les terres n’y va. Jent ricn du tout, car elles font mêiées de gravois, de fable , & de pierres; ainfi ce n’eft qu'à caufe de l'utilité qu’on retire de Ia: Pêche , que les Angloës & les François s’y font établis. Ha Chafle des Oifeaux de Riviére., des Perdrix. & des Liévres eft af fez: abondante ;: mais pourles Cerfs il ef&: prefque impofhible de les furprendre , x: gaufe de l’élevation des Montagnes & de: Vépaifleur des Bois. On trouve en cette: Ifle , comme en celle du C«p Breton, du. Porphyre de diverfes couleurs. On a pris. foin d'en envoyer en France quelques blocs. d'échantillon qu'on a trouvé fort beaux quoi que durs à tailler. Ffen ai vü de rou-. ge tacheté de verd de Ciboulle , qui pas. roifloit le p'us curieux du monde, mais par malheur il éclate fi fort en le tirant de la Carriére qu’on ne peut l’emplover que par” incruftation | DE L'AMERIQUE 33 On tire auffi de l'Ifle du Cap Breton un Marbre noir , ou efpéce de Bréche vené de gris, qui eft dur &. reçoit mal Je poli, Cite pierre eft fujette à s'éclater ; à caufe des fils qui s’y rencontrent » À même élle eftdificile à tailler, par l'inégalité de {a du- rété & des cloux qui s'y trouvent, Il n° a-point de Sauvages fédentaires en l’Ifle de Terre-Neuve. Il TE vrai que les Eskimaux y. traverfent quelquefois par le Détroit de * Bel-Ifle avec de grandes Chaloupes, pour furprendre les équipages des Vaifleaux P6- cheurs au petit Nord. Nos établifflemens font à Plaifance , à j’Ifle St. Pierre , & dans la Baye des Ta. Du Cap de Raze jafqu'au Chapeau Rouge la Côte cft fort fai- ne, mais du Chapeau Rouge au Cap de Rage les rchers la rendent aflez dangereufe. I y à deux obfticles affez grands pour abore der cette Iflé. La premiere, que les broüil- Jards y font fi épais jufqu’à vingt Heuës au large durant l'Eté qu'il n’y a point de Na- vigateur ; quelque habile ou expert qu'il | puile être , aflez hardi pour porter le Cap àterre pendant qu'ils durent, Ainfi l'on eft toujours obligé d’ attendre quelques jours ferains pour aterrer. Le fecond obflacle & le plus fâcheux., cé fontles Courants qu | portent de côté & d autre, fans qu'on s’ap= pefçoive de cette variation, ce qui fait que és Vailleaux donnent à Va Côte dans le B $ 34 À Mrmorres. ms quon fe croit à dix lieuës au large mais ce qu'il y a de plus mauvais, c’eft que : Le *-Réffac les jette infenfiblement fur les. rochers:, fans qu'on puifle l’éviter ; parce Quen y aiant point de fonds, il eft impof.. fhible de moüiller l'ancre: C'eft ainfi que périt le Vaifleau du Roi le7ol:en 1692... Comme quantité d'autres en différentes oc- . Plaïfance: eft le: poffe le plus avantageux & le plus utile au Roi de toute l’Amerique: Seprenirrionale, par rapport à l'azile qu'y trou- vent les Vaifleaux obligez de relâcher quand: ils vont en Canada, où quand ils en retour- nent, & même pour ceux qui reviennent * de lAmerique Mésidionale”, {oit qu'ils faffenc : de l’eau ou qu'ils manquent dé: vivres , : “où qu'enfin ils aient été démiitez OU in. gommocez par quelque coup de-vent. Cét-. te Place eft fituéeau 47. degré & quelques minutes de latitude, prefque au fond de la; Biye du mêmerom, quia vint& quelques. licuësde longueur & dix ou douzede lar-. geur. Le Fort eft placé fur le bord dun. Gonles- ou petit détroit de foixante pas de. largeur, & de’ fix brafles de profondeur... Ï] faut que les Vaiffeaux rafent ; pour ainfi. dire, l'angle des Baftions pour entrer dansle: 4 port , qui peut'avoir-une lieuë de longueur XReffic, mouvement infenfivle de la Mer, 04 vagues dr E -gnantes qHi Toslent fur la furface de la Mers 4 DE LA MERTQUE 3e & un demi quart de largeur. Ce port eft ptécedé d’une grande & beile Rade d’une heuë'& demi d'étenduë , mais tellement ex;ofée au vent de Nord-Ouelt & Nord-: Nord-Oücft (qui font les plus terribles & les plus opiniâtres de tous les vents) & au” .füricux fouflé defquels ni cables ni Ancres hioros Vaifleaux ne ‘fauroïent réfifter, ce qui n'arrive guére que dans l’arriere-faifon, Jen couta un fecond Vaiffleau au Roi de: 64: Canons nommé le Bon la même an- née que le Joli fe perdit ; & fr lès quatre - où cinq autres de certe Efquadre n’euflent eu la précaution d'entrer dans le port ils ” auroient infailliblkément couru 'le même fort. Cette Rade qui n'eft donc expofée : qu'à ces vents de Nord-Oùücft & Oüceft- - Nord-Qüeft-cache quelques rochers de la binde de Nord ,-ouûtre ceux de la porte: : verre, où plufieurs Habitans ont accoûtue - mé de faire la-pééhe. Vôus pouvez con-:: lidérer toutes ces chofes fur le plan dont j'accompagnai ma vingt-troifiéme Lettre.” Ilvient pour l'ordinaire trenteou quarante Vaifleaux de France à Plaifance tous les : ans ; & quelquefois plus de 60. Lés uns : y vieñnent pour faire la pêche, & lesautres .Pour faire la troque avec les Habitans , - qui demeurent l'Eté de l’autrecôté du Fort. - Ee terrain des Habitations s'appelle La Gran de Grave ; parce qu'en effet ce n’eft que du * 86 MEmorres gravier fur lequel on étend les moruës! pour les faire fécher au Séleil après qu’el- les font falées. Les Habitans & les Vaif- feaux Lo envoyent tous les jours leurs: Chaloupes à la pêche à deux lieuës du porte Elles reviesnentc quelquefois fi. chargées. : qu'elles paroiffent comme enfevelies dans. : la Mer , ne reftant que les fargues. Celà furpale l'imagination. Il fut avoir v@ la _#hofe pour. la. croire. Cette pêche conr- . ‘mence à l'entrée de Tiüin &cfinit à la mi-. Août. On péche la boëte dans: le Port , ceft à-dire,]l jet ctits Poifflons dont on fefert: Po garnir Îles Hameçons des moruës, Les » Laves manquent à Plaifance y ce qui fr qu’il n’eft pas fi peuplé qu'il le devrait être : : files Gouverneurs préféroient Je bic du Roi à l’avidité du! gain-on en feroit un. polie confidérable:, &:où::Bien des gens vicndroient faire des: graves à leurs dépens: mais pendant que les Gouverncurs: pilleront ; le bien des-particuliers , fous le beau pré-: texte du fervice du Roi qu'ils nomment: par tout, je-né voi point d' apparence que . gette Efibitation erofliffe &'s’érende j jamais. N'eft ce pas deshonorer fon Prince & fon: Emploi, que de faire-le Pêcheur:; le Mar- ghand ; le Cäbaretier & cent autres mé-* M de la plus baffle méchanique ? N'eft- ee pas une tirannie , de forcer les Habi.. MR Le d’un tel ou tel Vaifleau les. s ed DE L'ÀÂMERIQUE.. 5 AM gmarchandifes dont ils ont befoin ; & de vendre les moruës à d’autres Vaifleaux : où Meffieurs les Gouverneurs ‘ont le prin- cipal intérêt ? N'eit-ce pas contrevenir aux * _ Ordonnances de Lois XIV. que de s’apro- prier les agrèts & les apparaux:-des Vaif- feaux qui périflent à la côte ; de retenir les : équipages des Navires Marchands pour fai. - a pêche ; de vendre les Habitations , . d’émpêchér de haufler les*encheres des * effets vendus à l’encan pour fe les appro-- prier de pure autorité ; de changer les vi-- vres des troupes dans les Magasins, y pre- . nant de bon bifcuit pour y en remettre de : mauvais ,enfaireautant du bœuf & du lard: deftinez à l'entretien de la garnifon ; obli- - ger les Habitans à donner leurs Valets & : leurs Charpentiers pour les employer à des : travaux Où: le fervice de Si Mhajefté, à:: moins de part que celui de la bourfe, Voie Mdes abus qu'on devroit réformer, fi l’on : veut que le Roi foit bien fervi. Cépen-- dant on ne-le fait pas ; j’én ignore la rai-:- fon ; qu’on la demande aux Commis de Monfeur de P**x*,:Te fuis parfuadé que toutes ces pirateries ne viennent point à [4 : connoiffancé du Roi , car il eft.trop'jufte - pour les fouféir. Au rcfte il ne croit ni bled, ni feigle , ni pois à Plaifance, car la terre ny vaut rien. Outre que quand elle feroit.aufi.bonne &aufli fertile qu’en Ca: - el 58 Ms or rest aada ; pérfonne ne s’amuferoit à la cultiver, . car un homme gagne plus à pêcher des Moruës durant l'Eté que dix autres à tra- de Pa vailler à la terre. Il y a quelques autres petits ports dans la grande Baÿe de Plaifance* où les Bafques vont aufli faire la pêche. C'eft : le petit & le grand Bürin , Saint Lautents. Martyr, Chapeau rouge, &c. Table ‘des: Nations Sauvages de: Canadas-: De l'Acadies: 2 T.és Aben:kis, - Ceu on Lies Mikemac. Gueniess, lus ee: ë Les Canibas. ” | »P | Les Mahingans, Lés Openangos. Les Soccokis. Les Etechemins. . | Langue Algonkine. D4 Fleuve Saint Lanrent depuis la Mer jufqu'a Monreal, Eëès Papinachois. | Les Nontagnoiss À Langue Algonkines Les Gafp: fiens. Les Hurons de Loreto, Langue Iroquoife. Les Abenakis de Sciller are Algen=: Les Alvonkins. kines' Les Agniez du Saut Saint Lobis, Langue : J S& moins cruels que les>* | Lrequois. Leur Langa-- ge di ffere peu dela a DE L'AMERIQUE 39° Iroquoife, braves & bons Guerriers.' Les Iroquois de la Montagne du Monreal.; : Langue Iroquoife, bons Guüerriers.:- Du Lac des Hürons, Eës Hurons, Langue Iroquoife.. Les Outaouas. : ne Fes Nockes. . ‘ (:- TR Lès Mififagues.- € CRE Luigi * Les Attikamek. Lès Outehipoues, appellez Saureurs , bons: Guerriers. | je Du Lac des Ilinois @: des environs. -- Qelques Ilinois à Chegakou. Les Oumamis, bons Guerriers.. Lés Mackoutens. . | Les Kikapous, bons Guerriers. | Les Outagamis, bons Guerriers. f Algonkines: Lès Malomimis. l'alertess Les Pouteouaramn, À Les Ojatinons ; bons Guerriers.. Les Sakis. Fr Aux! environs du Lac de Frontenac, Goyoguans. { ei Onnotagues, … e l'Algonkines Onroyoutes & Agniés, un peu. éloignez.: Eés Tfonontouans. p 48° 1 és E M-0 TRES AuX EnVITONS de le Riviére ‘ds Outaoués. + $ Eès RO bibre | Les Monzont. Les Mahal Dre Les Nopemen-d' Achirini. Les Nepifirini. Lès Temiskamink, Langue Alçons , kine, tous pol: _trons,-* | Au Noid du Ni ipi, G° aux environs di” Lac Supérieur &* de la Baye. de Hudfon. Les Affimpouals. Les Sonkaskitons. Les OQuadbatons. Les Atintons. Les Cliftinos ; braves Gucrriers & alertes. Les Eskimaux. | Eangue Algonkines- Table des Animausx'des Païs Méridionaux dt * Canada.: Bœufs Sauvages. : Cerfs petits. Chevreuils de trois efpeces differentés. Loups , comme en Ewrope. Loups cerviers, comme en Europe. Michibichi, efpece de Tigre poltrons.- Furets Date £e comme ca Europe, 5 AMERIQUE af Ecureuils cendrez. À Eiévres Lapins Taiflons, comme en Europes. Caftors blancs, mals.raress. Ours rougeitres. Rats mufquez. : Renards rougeâtres, comme en Europe. Crocodiles au Mfffips. Off au Miffifipi. Ceux: des Pais Septentrionaux: fout :. Orignaux ou Elans.- Caribous.. | Renards- noirs: Renards argentez. Efpeces de Chats fauvages, appellez: enfa# du Diable. | Carcajoux. Porcs épis... Foutereaux.. Martres. Fouïnes: > COMME en Ewropr,. Ours noirs. Ours blancs, . Siffleurs. . Ecureuils volants... Liévres blancs. Caftors. Foutres. . Rats mufquez. . comme en Ewropes. See #2 : Mrwxoinr#, EÉcureuils Suifles.. Grands Cerfs.. Eoups Marinss: We x 4 Explication de ceux dont je n’aï-pas fair meme tion dans mes! Lettres. 2 7 E Michibichi eft une efpece de Tigre, #w Es & moins marqueté, il. s'enfuit dès qu'il aperçoit quelqu'un, & sil” trouve un arbre il y grimpe au plus vite, « IH n'ya point d'animal qu'il n’attaque, & dont il ne vienne facilement à bout ,-& ce qu'il a de fingulier par deflus tous les autres Ahimaux:, c'eft qu'il court au fecours des“ Sauvages lorfqu’il fe rencontre à la pour- fuite des Ours & des Bœufs Sauvagés, alors® il femble qu’il ne craïgne perfonné, ils'é-s jance avec fureur fur la bête qu'on pour-: fuit, Les Sauvages dilent que ce font des Manitous, c'eft-à-dire des efprits qui aiment* les hommes, ce qui. fait qu'ils les honorént &: les confidérent à tel point qu'ils aimeroient:1 mieux mourir que d’en tuër un féul. Les Caffors blancs ont fort eftimez à caufe- de leurs raretez. Qüoique-léur poilne foit ni® fi grand: ni fi fin que celui des Caftors qui « font les ordinaires. Il s’en trouve aufli peu « de ces blancsque de parfiitement noirs, M Les Ours rougeâtres font ruéchans, 1150 viennent effrontément attaquer les chafleurs,# Animaux Méidioneuxs ; | DE L'AMERIQUE 43 au lieu que les noirs s’enfuïent. Ces pre- miers font plus petits & plus agiles que les derniers. Les Crocodiles du Miffifipi ne different en. rien de ceux du N7/ ou des autres endroitss J'ai vû celui d'Angoulême qui eft de la même figure «> ceux-ci, quoique plus petite. Ea maniére la plus commune dont les Sau- vages lee :* sunent en vie, c’eft de leur jetter de groffes cordes d’écorce d'arbre à nœud. coulant fur le col, für le milieu du COrPS » dans les pattes, &c.tellement qu'après être bien faifi, ils les enferment entre dix ou douze Piquets où ils les‘attachent après les avoir tourné le ventre en haut. En cette. pofture il les: écorchent fans toucher à læ têre ni à la queuë, & feur donnent un habit d’écorce de fapin où ils mettent le feu en coupant les cordes qui les retiennent. Ils font des cris & des-hurlemens effroiables, Au refte les Sauvages font très-fouvent dé- vorez par ces animaux, foit en traverfant les Riviéres à la nage , ou s'endormant fur le bord. Voiez ce. que dit l’Arioffe de cet Animal dans 1.68. Octave de fon 1 54. Chant. Vive sùl Lito e déntro a la Rivera, E 2 Corp! Umam [on le fue: vivande: De le perfone mifere e incaute Ds viandanti e d'infelici nautes . MEmMorREs Il faut être auffi fou que je le fuis-pouirt m'ériger en Poëte & Traducteur. N'im- Porte, voicicomment j'explique cette demi Oétave ; | PR a el te Il oit fur Le Rivage & dedans La Rivières. Il écrafe les gens d'une dent Meurtriere , Ï Je nourrit des corps des pauvres Voiageurs, Des malheureux Paants , & des Navigé | TeHTSS- | Les Off4 {ont de petites bêtes comme dé# Liévres , leur reflemblant aflez à la referve des orcilles & des pieds de derriere. Ellés courent & ne grimpent point. Les fémelles ont un fac fous le ventre où leurs petits entrent dés qu'ils font pourfuivis , afin de fe fauver avec leur mere qui d'abord n& Manquent pas de prendre la fuité, | * Les Kenards argentez font faits com me ceux de l’Europe aulfi-bien que les noirs. 11 s'en trouvepeu dé ces derniers, & lorfqu’on. en peut prendre quelqu'un on tft affüré de Je vendre au poids de l'Or. C'’eft dans les Païs les plus frc:ds qu'on en voit dé cette épées mie e ; : Les Ours blancs font monftrueux , extraot- dinairement longs ; leur tête eft effroiable , & leur poil fort grand & très- fourni. Ils i font fi feroces qu'ils viennent PNR # Animaux Seprenirionauss: : DE Z'Â:M ER'TI QU f. 43 @taquer une Chaloupe de jepr où huit hommes à la Mer. Ils nagent , à ce qu'on prétend , cinq ou fix lieuës fans fe laffer. Ils vivent de-Poiflon & de coquiliages fur le:bord dela Mer , d’où ils ie s’écartent guéres. Je n'en ai vû qu'un feul de ma vie dont j'aurois été devoré fi je ne l’avoif aperçü de loin , & fi je n’eufle eu aflez de tems pour me réfugier au Fort Loïis de Plaifance. nie - Les Ecureuils volants font de la groffeur d’un gros Ra , couleur de gris blanc : ils font aufi endormis que ceux des autres éfpeces font éveillez : on les appelle volants, . parce qu ils volent d’un arbre à l’autre par le moyen d’une certaine peau qui s’érend en forme d'aîle lorfqu'ils font ces petits Vols. k Les Liéures blancs ne le font que l'Hi- ver , car dès le Printems ils commencent à devenir gris ; & peu à peu , ls réprenvent da couleur de ceux de France qu’ils confer- ‘went-jufqu à la fin de l’Automne. Les Ecureutls Suifes font de petits animaux æomme de petits Rats, On les appelle Suifes | parcequ'ils ont fur le corps un poil rayé de noir & de blanc, qui reffemble à Un pourpo nt de Suife , &.que ces mêmes rayes faifant un rond fur chaque cuifle ont beaucoup de raport à la calote d'un Suife. ae Memerrss Les grands Cerfs ne font pas plus grands ai plus -gros que ceux que nous avons en! Europe. On ne les appelle grands que parce qu'ilyenade deux autres s efpeces d'fféren- tes vers leSud. Les petits ont la chair beau- Pal _MrmetrRes Canards de 10.04 x 2. fortes. ‘Sarcelles. Margots ou Mauvis. Grelans. ‘Sterletse PerroquetsdeMer, rires. Moyaques. Cormoranse “Becafles. Becaflinese Plongeons. Pluviers. Vaneaux. Herons. ÆCourbejoux. Chevaliers. Bateurs de faux. Perdrix blanches. “Grofles Perdrix noires. Perdrix roufsâtres. -Gelinotes de bois. Tourterelles. “Ortolans blancs. Etourneaux. Corbeaux. Vautours, Eperviers. | | Lj _ Emerillons. + tels QE EN TRE Hirondelles, - de Becs defcie, efpece de Conde comme.en Europe. ê tels qu'en Europe. 1nfèites BE L'AMERIQEÉE. 49 Infeiles qui fe trouvent en Canada. Couleuvres. Alpics. S:rpents à fonnette. “Grenouilles meuglantes. Maringouins ou Coufins. Taons. Brulots. Explication de ceux dont je n'ai pas fax mention dans mes Letrres. Es * Huards font des Oifeaux de Riviére gros comme des Oyes, & durs comme des ânes. Leur plumage eft noir & blanc, leur bec cft pointu ; Ils ont le coû très çourt:lisne font que plonger durant l'Eté, ne pouvant fe fervir de leurs aïîles. Les Sauvages fe font un divertiflement de les forcer durant ce tems-là : Ils fe mettent en dept ou huit canots qui fe difperfent pour obliger ces Oifeaux à replonger dès qu'ils veulent reprendre haleine. Les Sauvages mont donné plufieurs fois cet agréable amufement pendant les voiages que j'ai faits avec eux. PRES PE Les Perdrix reuffes font farouches , pe. tites , & très-différentes des Perdrix rougès qu'on voit en Fwrope , au - bien que les M Gifraux des Païs Méridiesauge | Tome El, | € $0 . M E:M,0 1. RES Faifans ; dont Île plumage blanc mêlé de taches noires , fait une bigarrure forc cu- rieufe. Les Aigles les plus gros qu’ on voye ne le font pas plus que les Ciges. Ils ont la queué & latére blanche sils combattent fou vent.contre une efpéce de Vautours, dont ils font ordinairement vaincus; On voit aflez fréquemment ce combat en voiageant : il dure autant de tems que l’ Aigle A la force de fes aîles. Les Pigeons rakiers font plus gros qu’ em Europe ; mais ils ne valent rien à manger, Ils font hupez , & leur tête eft tout-à-fait belle. Les Perroquets fe trouvent chez les Hinois, & fur le Fleuve de Mififipi : : Ils font très- pe- tits, & n'ont rien de différent de ceux qu ‘on apporte du Brezil & de Cayene. RE à L'efpéce de Rofignol que j'ai vû eft fin- guliere , en ce que cet.Oif au. plus petit que ceux d'Esrope elt bleuâtre , que fon chant eft plus diverfifié; qu'il fe loge dans des trous d'arbre, & qu “ls fe joignent ordi- naïirement trois ou quatre fur les arbres les plus touffus pour y faire leur ramage en- {embl Ces … L'Orfean Mouche fr un. petit Oifeau gros comme le pouce, & fon plumage de cou- Jeur fi changeante , qu’à peine faurci” on Jui en fixer aucune. Fantôr. il paroït rou- D'E'L AMERTO'UE S4 “ge, doré, bleu & vert , & il n'y x propre- “ment qu'à la lueur du-Soleil qu'on ne voit “point Changer l'or & le rouge-dont 1} eft “couvert. Son bec eft comme une aiguille, ‘4l vole defleur en fleur comme les Abeilles. pour en fucer la féve en voltigeant, Il fe ‘perche pourtant quelquefois vers le Midi ‘fur de petites branches de Pruniers ou de “Cerifiers. J'en ai envoié en France de “morts ,( car il eft comme impoflible d'en garder en vie ) on les a trouvez fort cu- “FIEUX. | Ne / * Ilya des Cansærds de dix ou douze fortes, “Ceux qu'on appelle Branchus , quoi - que ‘petits, font les plus beaux : ils ont le plu- mage du coû fi éclatant par la varieté & le vif des couleurs ; qu'une fourrure de cette efpéce n’auroit point de prix en Mofcovie “où en Turque. On les appelle ‘Breuchus parcequ'ils fe pofent fur les branches d’arbre. Ilyena d’une autre efpéce , noirs comme dujais, qui ont le bec & le tour des yeux rouges, Ke Hd Dai Les Margots Goelans & Srerlers ,' font des “Oïfeaux qui volent inceflamment fur les Mers , les Lacs & les Riviéres, pour pren- dre de perits Poiffons : ils ne valent rien à manger; outre qu'ils n’ont prefque point de Corps, quoi- qu'ils paroïfient gros comme des Pigeons. | # Des Puis du Nord ni € ® 52 Memorres | Les Perroquets de Mer portent le nom de Perroquet, parce qu'ils ont le bec fait comme ceux de terre ; Tls ne quittent ja- «mais la mer, nifes rivages 3 ils volent in- ceflamment fur la furface des eaux pour attraper de petits Poiflons : 4ls font noirs & gros comme des Poulardes 3 Il yena quantité fur le Bans de Terre-Neuve, & près des Côtes ; les matelots les prennent avec des bameçons couverts de foie de Moruës 4e ‘ils fufpendent à la prouë du Vaifleau. Les Moyaques font desOifeaux gros com- me des Oyes 5 1ls ont le coû court & le pied large ; ce qui eft furprénant , Ceft que leurs œufs qui font la moitié plus gros que ceux des Cigness n'ont prefque que du jaune , qui eft fi épais qu’on eft obligé d'y mettre de l'eau pour en faire des ome- dettes. Les: Perdrix blanches font de la groffeur ds nos Perdrix rouges ; leurs pieds font cou- VETts d’un duvet fi épais, qu'ils re flemblent à ceux d'un ant on n'en voit que du- | rant l'Hiver 3 il y a des années qu'il n’en paroît prefque point, d'autres au contraire en font fi fécondes, que ces Oifeaux n€ va- ent que dix fols la dauzaine. Cet animal eff le plus ftupide du monde, il fe lañfe’ afflome mer à coups de gaule fur la neige fans fe donner aucun mouvement , je croi que ce grand étourdiflement vient du grend-vol, { > 48 DE L'AMERIQUÉ $3 du il fait de Groenland en Canada: Cerre conjcéture n'eft- point fans fondement, car on remarque que ces Oifeaux ne viennent en troupes qu'après nne longue durée des” vents de Nord ou de Nord- A. Les Perdrix: noires font tout-à. fait belles + elles font plus grofles que les nôtres 5 elles ont le bec, le tour des yeux & les pieds rouges; leur: pJapage et d'un noir trés- o ÿ 44 luftré. D'ailleurs ces Oifeaux font fiers ,-& fem lens féntir en marchant leur beauté. [Il eft.vrai qu ils font aflez rares, auf bien que les Perdrix 7 ouffatres , qui Ne femblent: aux Caillés en grodeur & en vi- Vacité: i Les Ortplans ne paro Difentien Canada que l'Hiver ; mais je ne CO: pas que ce foit la Cou'eur-naturcile de leur. plumage. Il ya de l apparence qu ils la reprennent en quel- ques eux qu'ils allent. Pendant l'Eté, on en prend quantié aus cnvirons des grañ- ARS ave des filets qu'on tend fur de la paille 3 Hs L at allez bons quand:ils font Bras ce qui fe trouve rarement. 14; less Les «y en Canada ne font point de mal. Les Afhics font dangereux, iorfqu’on fe baigne d: fa 4 s taux CTOU pies vers les Païs Méridionaux. Les Serpents à fonnette s'ap- pelient ami, parce qu ils ont au bout de la 5 fé. “PÉTER DL. querë une efpece d’étui où font enfermez: eertains offelets qui font un bruit , lorfque. ées infeétes rampent, qu’on entend de tren- te pas. Ils fuient dès qu'ils entendent: marcher, & dorment pour l'ordinaire au Soleil, dans les prez ou.dans les bois clairs :- ils ne piquent que lorfqu'on met le pieds fureuxs one Les Grenouilles meuglantes font ainft ap-- pellées, parce qu'elles imitent le meugle- ment d’un bexf: elles font deux fois plus. groffes qu’en Europe Les Taons font des. Mouches une fois plus groffcs que les Abeil= les, mais de la figure d’une Mouche ordi- naire. Elles ne piquent que depuis le Midi: jufqu’à trois heures ; mais fi: violemment: que le fang en coule. Il eft vrai que ce n'eft qu'en certaines Riviéres qu'on €: | frOU VC. | | pue | Les Brulots- font des efpéces de Cirons qui s’attachent fi fort à la peau qu'il femble : que leur piqueûre {oir un charbon ou une étincelle de feu. €es petits animaux fone. imperceptibles. & pourtant en aflez grand. nombre. Poifons du: Fleuve Saint Laurent , depuis. fon embouchäre jufqu’aux.. Lacs. de.. | | Canada. | Balenots. “4 Souffleurse. D'E L' AMERIQUE Marfouins blancs. : Saumons, comme en Europe. Anguilles. Maquereaux ; comme en Europe. Harangs. Gafparots, : Bar. $ com me en Earopes Alofes. Moruës, Plies. à Eperlans Mu. und Tuürbots ?P comme en E#70pe, Brochets. \. Poiflons dor ez. Rougets.. Limproy es Merlans. Rayes. Congres. Vaches marines, 3 comme en Europe, Cogiillages Houmars. Ecrevifless Petoncles. - Moules. : 55 Poiffons des Lacs a des RiDiêres qui Je déchaiges dedans. Eturgeons. C4 te «à MEMOIRES Boifons armez. T ruitese. | PBoiflons blancs. Efpece de Hlarangs.. Anguiles. Bairbuëéss.. Biulers. Carpe. Lu : FA Cabot. s comme en Éyropes Gorjons.. . si” Po fans du Fleuve Miffoi. “ae , Comme en Europe Le nches.. | | comme Cn Europe, ï Perches. $ + J d Babrés & p fn autres isconnus en. Enrcpe. Explication de ceux dont je n'ai pas far rsérton dans mes Lettres. : E * Baleñot:eit une efpece de Baleine; É Anais plus petit & plus charnu , ne rene dant poi # d'hure à proportion des Bales- nes du Nord. Ces Poiflons entrent dans le Fleuve juiqu à cinquante ou foixant e lieuës en avaït. : Les Soufleurs font à peu prés de la même - : grofieur, mais plus courts & plus noirs ; its. # Ceux du Fleuve jufqu'aux Lacs, _ D E l'A MERI QUE 7 jettent l’eau déméême que les Baleines par un trou qu'ils ont derriere latête , loriqu'ils veulent reprendrebaleiiéaprès avoir plon- gé; ceux-ci fuivent ordinairement les Vaif- {eaux dans le Ffcuve Saïnr Laurent. Les Marfouins blancs iont gros comme dés Bœufs. Ils fuivenc toûjours le cours de l'eau. Hs montent avec la marée jufqu'à cé qu ls trouvent l’eau douée, aprés-quoi als s'en retournent avec le reflus. Ils font fort bideux :on en prend fouvent devañt ucbec. Les Gafparots font de petits Poiffons à peu prés de lafioure d’un Harang .Iss’aprochent de la côte péndanr | "Eté en ü grand nombre que les jRéFRenEs de Moruës en prennent au- tant qu'i leur en-faut pour fervir d'appasà leur pêche. Es fe fervent aude Harangs Jort lque la lafonobligele. Galparots de on ner à la côte pour fraier. Au refte, tous les _Poiflons quifont d’ulage pour l bite 1EçOù ; où pour faire mordre les moruës, s appellent Boëre en terme de pêche. | Les poifeus dorez font ‘délicats. Ils ont snviron quinze pouces de longueur. Leur .écaille eft jaune , & ils font fort eftimez. Les Vaches Marin:s (ont des efpéces de Marfouins ; elles furpaffent en grofleur des Bœufs de Normandie. Elles ont des efpices de pattes feuillenescommedes Ovyes, IE téLe-" -60MMe un Lourre, & les dents deneui pou X Ci Si ! ‘g:8 MzemMo:rRrEs ces de longueur , & deux d’épaiffeur. C' Fivoire le plus eftimé: on sé qu’elles: s’écartent du Rivage vers les endroits fablon-. neux & marécagetix. Ii ya aufi des Howmars dont. l dfpéeë ne. me paroit différer en rien de ceux ed nous avons EN Erope. | Les Peroencles {ont comme on les voit fur les côtes de France, excepté qu'ils font plus gros , d'un goût plus agréable , mais __ Shair plus indigefte, Les Moules y font d’une grofleur Extra ordimaire & d’un bon goût, maisileft com- Mme impoflible d'en pouvoir manger fans. fe caffer les dents, à caufe des Perles:dont elles font Femplicg: je dis perles, mais. ce font pliôt.des graviers par raport à leur peu de valeur, car j en aportai à Paris-cin- quanté où foi xante des plus orofles & des. plus belles qu’on n’eftima qu'un fol la piece. . d. dant 6n avoit caffé plus de deux.mille. Moules. pour les trouver. . | Les Frwrgeons des Lacs ont communée ment cinq ou fix pieds de léngueur. J'en. ai vü un dedix:, & unautre de douze. Qnles- NES avec les fiers durant l'hiver & avecle . barpon durant l'Eté. Onprétend qu'ilacer- % nes chairs dans la têre, qu'ont le goût dtx: bœuf , du mouton & di veau ; Mais après en avoir goûté plufieurs fois, jen’ai jamais ren contré ces raports pr étendus, & j'aitraité ce- la dé pure chimére. 22 ‘ DE L'AMERIQUE s9 Le Poiffon armé elt de trois pieds & demi _ de longueur ou environ 3 il a des écailles fi fortes & fi dures qu'il eft impoflible qu’au cunautre Poiflon puiffe l’offenfer ; fes enne- is font les Truires & Îles Brochéts | , Mais il fait très-bien {e défendre contre leur attaque . parlé moïen de fon bec pointu qui a un pied de longueur ,&'qui eft aufhi dur que fa peau. Hieft délicat, & fa chair eftaufMi férme que blanche: Les Barbuës des Lacs ont un pied de Ion- gueur , mais elles font tout-à-fait groiles : : on les appelle Barbuës à caufe de certaines barbes pendantes le long du mufeau qui font groffés comme des grains de bled. Celle de: Miffifipi font monftrucufes , les unes & les. autres fe prennent auffi- bien à l'hameçon qu'au fet, & la chair en eff allez bonne. Les Carpes du Fieuve de Miffifipi font auf d’une groffeur extraordinaire, & d’un fort bon goût. Elles font faites comme les nôtres. Elics s'approchent du Rivage en Automne, &-fe jaiffent MERS facilement au filet, Les plus groffes Truires “4 Lacs ont cinq pieds & derhi de longueur, & un pied de diamétre , elles ont la chair rouge: On les prend avec de gros hameçons actachez à des Branches de fl d’archal.: Les Poiffons des Lacs font meilleurs que ceux de la Mer & des Riviéres , lur our € 6: 60 MEMOTRESs: les Poëffons blancs, qui furpañfent toutes less: autres efpeces en bonté &'en délicarefle: . _ Ecs Siuvages qui habitent fur les bords de ces petites Mers douces, préférent le boüil- Jon de Poiflon celui dé viande lorfqu'ils font malades. Ils fe fondent fur Pexpé-. tience. Les François; au-contraire ; trou- : vent que les boüillons de Chevrenil ou de : Cerfs , ont plus de: tübfiance:&. doter xeftaurants, Il y a uncinfinité d'aütres petits Poiffons dans les Riviéres de Canada "qu'on ne con- uoît polit.en Egrope : ceux. .des eaux du : Septentrion font diférens de ceux du côté … du Midi; ceux qu'on pêche dans la Riviére = longue laquelle fe dce charge dans le Fleuve : de M:Jfipt fentent # ÉOrt a vafe & la bourbe - qu'il eft impoffible d ‘en manver. Il en faut excepter certaines p- tites Truites que les. Stuvages péchent dans quelques Edcs aux: environs, quifont un mes aflez pafhible. Les Riviéres des Otentais & des Mifouris Lg des Poiffons {1 cxtraordinaires ! tr leur hg, ire qu ‘on ne fauroit en faire ali } vs ‘la de fcription ; il faudroit les voir. de ho ez dur Île papier. Ces Poiffons font: d'aiflez mauvais goût ; cependant les Sau vages en font grand cas ; mais cela vient, je exois ; de ce qu'ils n’en connoïflent pas de. meilleurs. / ge AMERIQUE. 61. Arbres d. Fruits. des Pais Méridionaux.- du Canada. Heftres. Chênes rouges. Merifiers..: WEribles. Frêness: Ormeaux.\ Fouteaux. Tilleaux. Novers de deux. fortes | Châtaigniers. Pommiers. Poiriers._. Pruriers.:. Ceriliers. *Noifetiers, comme €n Europes” Ceps de Visune. Et pre de Citron. Mzslon d’eau. Citrouilles douces Grofeilles fauvages. “Pignons de Pin, comme en Egrope, . Tabac, ; comme en Efpagne. q comme en Etape. comme en ENTopes-. Arbres G° Erüits des Païs Séprentrionalhx. | de Canada. Chênes blancs. : Chenes rouges. é comme €n Europe. _Bouleau. - RAe Meérifiers: | Ro " Pins, - | Epi nétess … Sa ins LS trois fortes: - - Poruflé, Codes) Trembles:. : Bis blancs. - Auines, Capillaire. +: : Fraifes.… Framboifes.: - Grofeilles.- Biucrs. ÿ Explications Fée fut remarquer que tous les bois de Cas c#ada {ont d’une bonne nature. Ceux qui font expofezauxivents de Nord, font: fujets- à geler 3-comme il paroîr par une efpéce de roulure que la gelée fait gerfer. pis Le Menfier eft un bois dur , fon écorce eft grife, le bois en:eft blanchâcre. I y'en a de gros comme des Barriques & de la’ hauteur des Chênes les plus étevez. Cet arbre eft dfoit, [la Ja Feuille ovale , on s’en fert à faire des poûtres’, dés foliveaux: &e autres Cuvrages de char pente. - Les Erabies font à peu près de la même hauteur & groffeur , avec cette différence. DE'L'AMERTQUE . 6%: aue leur écorce eft brune & le bois rouf- - sâtre. [ls®'ont aucun rapport à ceux d'Eu=” rope. Ceux dont je parle ont-une iéve ad- mirable , & tellé qu'il n'y a point de: Hi- :- monade , ni d'eau de cerile qur ait 1 bon goût ; ni de breuvage au monde qui-foit + plus falutaire. Pour en tirer cette hqueur on: tarlle l’arbré deux:pouces en avant dans le bois, & certe taille qui a dix ou douze pou ces de longueur eftifaire de biais ; au bas de cette coupe on enchaffe un. coûteau dans l'arbre aufli de biais, tellement que l’eau : coulant le long de cette taille comme dans Une gouttiére, & rencontrant le coûteau qui ‘ Ja traverfe, elle coule le long de éecoûteau : fous lequel on a le foin de mettre des vafes .… pour la contenir. Fel arbre en peut rendre cina ou fi beuteilles-par jour , & tel habi-:. tant en Canada èn pourroit: rrmafler vingt Barriques du matin au foir, s’il vouloiten- : tailler tous les. Eraklés de {on habitation, Cette coupe ne porte aucun dommage à. l'arbre, On fait dercette féve du Sücre & du Sirop fi précieux:qu'on n'a jamais trouvé de reméde plus propre à -fortifser la poîtrine.. Peu de gens ont la patience d'en faire, car: comme on n'eftime jamais [es chofes com munes & ordinaires , il n'y a guéres que les: enfans qui fe donnent la peine d’entailler- ces arbres. Au refté , les Erables des Païs. Séptentrionaux ont plus de féve que ceux. "64: MEmM o-1R'ES- dés Parties Méridionales, mais cetteféve n n C3 “pds tant de douceurs : Il y a des Noyers de deux fortes, les uns donnent des noix rondes , lesautres longues, mais ces fruits ne valent rien, non plus que les Chäraignes fauvages qu’on trouve du côté des HHinois! Les Pommes qui croiflent fur certains Pommiers 7. bonnes cuites, & ne valent rien cruës, Il eft vrai que dans le Mi fips on en trouve d'une efpece à peu près du - goûc- des Pommes d'api, Les Poires {ons bonues, mais rares. 4 Lés Cerifes nc font pas de bon goût ; : elles fit petites & rouges au dernier point. Les Chevreuils s'en accommodent pourtant, êc is ne manquent guéres de fe trouver toutes lesnuits durant l'Eté fous les Cerifiers, & [ur tour lors qu'il vente fort. 1} y a de trois efpeces Fa Prunes-admira= bles. Elles n’ont rien d': approchant des nés tres à l'égard dc là figure & de la couleur f yenade longues & on à de rondes &c grofles , & d’autres tout-à- fait perites es Ceps de Vigre embraflent les arbres jufques au fommet ; fi-bien quil femble. que les grapes foient la véritable production de ces arbr es, tant les branches en font cou vertes. En certains Païs le grain eft perit & d’un très-bon goût, mais vers le Miffifipi la : grape, eft longue & k'Epoe , & le grain de 1 | D: pe PA mn à dur. 6 » mème ; On en a fait du vin qui après avoir : long-tems cuvé s'eft trouvé de la même » douceur que celui des Canaries, & noir comme de l'ancre. Les Citrons font des fruits ainf appellezs parce qu'ils en ont feulement la figure. lis n'ont qu'une peau ; au lieu d’écorce. Ils _croïffent d’une plante qui s’éleve jufqu'à trois pieds de hauteur ; & tout ce qu'elle produit fe peut réduire à trois ou quatre de ces prétendus Citrons. Ce fruit eft aufli Fe lutaire que fa racine eft dangereufe ; autant l'un cft fain, autant l'autre De un … fubtil & mortel poifon lors qu'on en boit le fuc. Etant au Fort de Fromtenac dans l'an- née 1684. j'y vis une Iroqmoife quiréfoluë de fuivre fon Mari, que la mort venoit de Jui enlever, prit de ce funefte bruvage , _ après-avoir, felon Ja formalité ordinaire dé Ces pauvres av cugles dit adieu à les amis & chanté la chanfon de mort. Le poifon ne. tarda guéres à produire fon cfke, car cette Vouve qu'on regarderoit avec juifs ce en Europe comme un miracle de conftance & . de fidélité, n'eût pas plütôt avale le jus _ meurtricr, qu'elle eût deux ou trois fnif- . fonnemens & mourut au elons d'éan que-les Efpagnols 2p- . pellent Melons d'Alger, font ronds & gros comme une boule , 1l y-en a de rouges & . de blancs; les pepins font larges , noirs ou : 66 MEmoIRESs.. rouges, Ils ne diférent en rien pour le goût de ceux d'Ejpagne & de Portugal. Les Citrouilles de ce Païs-cr font douces: & d’une autre nature que celles de l’Esrope, où plufieurs perfonnes m'ont affuré, que celles-ci ne fauroient croître. Elles font de. la groffeur de nos Melons'; la chair en eft: jaune comme du Safran : On‘les fait cuire ordinairement dins le four, maiselles font meilleures fousles cendrés, a-la mantére des- Sauvages ; elles ont prefque le: même goût que la marmelade de Pommes ; mais:elles font plus douces. On pcut en manger tant que l'appetit le peut permettre , fans craindre : d'en être incommodé. Les Groftilles: fauvages ne valent rien que* confites; mais on-ne s’amufe guéres à fai- re ces fortes de confitures ; car le fucre eft trop cher en Canada pour ne le pas mieux” emploier, Dés Païs Séprentrionaux.* LES M à rt Es Bouleaux de Canada font très- difés urentsde ceux qu’on trouve en quelques” Provinces de France, tant en qualité qu en groffeur. Les Sauvages fe fervent de-leut: 4 écorce pour faire. des Canots. Il yena de blanche & de rouge: L'une & l’autre font” également propres à cela. Célle quiä le moins de veines & de crevafles, eft la meil- leure ; mais la rouge .eft la plus belle & de. : Le DE L'AMERIQUE 6% plüs d'apparence, On fait de petites cor beilles de jeunes Bouleaux.qui font recher« -chées en France : On én. peut fairé aufh des Livres dont les feuilles font aufi-fines que du papier...Je le fai par expérience, m'en. étant st itrès-fou vent pour écrire des four- naux de mes Voiages, faute de papier. AU _refte, je me fouviens d'avoir vû en certaine Bibliothéque de France un Manuferit de l'Evangile de Säinr: Matthieu en Langue Gréque fur ces mêmes écorces , &'ce qui me parut furprenant, c'eft qu'on me dit qu'il étoit écrit depuis mille & tant d'années: Eependant; j'oferois jurer que c’eft de lé- corce véritable des Bouleaux de la Nouvelle France , qui; felon toutes les apparences ; n'étoit pas encore découverte. ie _ Les Pins font extrêmement hauts, droits _& gros : on S'en fert à faire des mâturess Les Flutes du Roi en tranfportent fouvent en France. On prétend qu'il y en a d'af- fez grands pour mâter d’une feule piece les- Vaifleaux du premier rang. _ Les Epineres font des efpeces de Pin dont J feuille eft plus pointuë & plus groffe ; on: S'en fert pour la charpente ; la maniere qui: en découle eft d'une.odeur qui égale celle. de l’encens. Il ya trois fortes de Sapins dont on fe fert à faire des planches, par le moien de : gertains moulins que. les Marchands de . 63 _ MEmMoIReEs. Quebec on fait conftruire en quelques en- droits. | La Peruffe feroit tout-à-fait propre à b4- tir des Vaifleaux. Cet arbre eft le pluspro- pre de tous les bois verds pour cet ufage parce qu'ileft plus ferré, que fes pores font plus condenfez, & qu'il s’imbibe moins que les autres. .. H ya deux (ortes de Cedres, da bites: & des rouges ; Il faut en être bic près pour diflinguer jJ’un d’avec l'autre, parce que l'écorce en eft pre femblable..Ces arbres {ont bas ,toufus ,.pleins de branches, &4 de petites feuilles femblabies à des fers de Jacet. Le bois en eft prefque au. leger que le liége. Les Sauvages s’en fervent à faire. re) les chifles & les varangues de leurs CanOtSs. Le rouge eft tout St corn: on en peut: aire. de très beaux: meubles qui confervent 4oüjours une odeur agréables. … Les Trembles font de peuits: “arbriffcai x qui croi iflenc {ur le bord des étangs, & des : riviéres & dés Païs aquatiques: & maréca- geux, Ce bais’eft le:mets ordinaire des Cas fiors qui, à l'exemple des fourmis , ont le foin d'en faire un amas durant PAutomne. aux environs de leurs cabanes, pour vivre: lorfque là glace les reticnt en prijon durant: lHiver. Le Bois blanc eft un arbre moïen quin ' ni crop gros ni trop petit. dl eft prefque : X | DE L'ÂAMERTOUF. 65 au leger que le Cedre, & auf facile à-met- Mtre en œuvre : les habitans d: Canada $ fervent à faire de petits candt ‘pour pécher & pour traverfer les riviérés, ” . Le Capillaire eft aufi commun dans les bois de Canada que la fougere dans ceux de France. Il eft eftimé meilleur que celui des autres Païs. On en fait quantité de Si- rop à Owebec pour envoicr à Paris, à N4ñ- tes, à Roüen , & en P loheurs autres Viiles du Roïaume. Les Fraifes & les Fremboifes font en gran- de abondance. Elles font d’un fort bon goût : On y trouve aufh des Grofeilles blan- . ches , maiselle ne valent rien que pour faire une efpece de vinaigre qui eft très-fort. Les Bluers {ont de certains petits grains comme de petites eerifes , mais noirs & tout-à-fair ronds. La planre qui les produit eft de la grandeur des Framboifiers. On s’en fert à pluficeurs ufages lorfqu’on les a - fait {echer au Soleil ou dans le four. On en fait des confitures, on en met dans les tonrtes & dans de l’eau-d-evie, Les Sauva- ges du Nord en: font une moiflon durant _ l'Eté, quileur eft d’un grand fecours, & [ur fout lor {que la de leur manque, #0 MEmoIR ES. : Commerce du Canada.en généräl. "Oici en peu de mots &.en général ce que c'eft que le: Commerce de Cana- -d4 dont :il me fouvient vous avoir déja “mandé quelque. chofe :dans :mes Lettres. Les Normans {ont les premiers qui aient entrepris ce commerce ; & les embarque- mens s'en failoient au Hyore de Grace ou “à Dieppe ; mais les Rochelois leur ont fucce- -dé , car les Vaiffleaux de la Rochelle four niflent.les marchandifes néceflaires aux ha- “bitans de ce Continent. Il y en a cepen- -dant quelques-uns de Bordeaux & de Bayon- ‘me qui y-portent des vins, des eaux-de-vie ; -du tabac & du fer, # LesVaiffleaux qui.partent de-France pour ce Païs-là ne paient aucun droit de fortie ‘pour leur .cargatfon., non plus que d'e—. ætrée lorfqu'ils arrivent à Quebec, à la réfer. ve du tabac de Brezil qui paie cinq fols par livre ,ic'eft-3-dire qu’un rouleau de quatre.cens livres pelant doit 4 00. francs d'entrée au bureau des Fermiers. Lesautres Marchandifes ne paient rien. La plüpart des Vaifleaux qui vont char- gez en Canada S'en retournent à vuide à * Ja Rochelle ou ailleurs. @aclques-uns char- gent des poids lorfqu’ils font à bon mar- ché dans la Colonie ; d’autres prennent des planches & des madriers. Il y en a qui — “DEL  MERITOQUr -# vont charger du charbon de terre à l'Ifle du Cap-Bretan pour le porter enfuite aux les de la Martinique & de Guadeloupe , où il s’en confume beaucoup aux rafineries .des fucres. Mais ceux qui font recom- -mandez aux principaux Marchands.du Païs -Ou qui leur apartiennent , trouvent un bon “fret de peletcries, fur quoi ils profitent “beaucoup. J'ai vü-quelques Navires , lef- quels après avoir déchargé leurs marchan- «difes à Quebec alloïient à -Plaifance charger .des moruës qu’on:y achetoit argent comp- tant. Il ya quelquefois à gagner , mais le plus fouventà perdre. Le-Sieur Samuël Ber- saon de la Rochelle eft celui qui fait le plus -grand Commerce de cePaïs-là. ;Il a des -Magafins à Quebec d'où les Marchands des autres Villes tirent les marchandifes qui leur conviennent. «Ce n'eft pas qu'il ny ait des Marchands aflez riches & qui équi- -pent.en Jeur propre des Vaiïfleaux qui vont & viennent de:Canada en France. :Ceux- « altach cho d'Arbr cat dcr JS cune SJ'auva F4 7220/1411 SA AL Qi a + LL PRIRENT RTE LL; ÿ L LOUUILIUL . FEES LCL ET N R N N N N N_Bù ‘an 7 ALL LL CL ADO ( LS LOT + dans un Cas eme in + ee eo Æ n/ant N N N \ N À NE N Ÿ N \ ER À 4 Ces N \ \ N *ormenaE— 2nF a Campagne À Cass et4 v// Ü Ü \. Ÿ ë U £ À S'auva 1 Par N À MIE Village des J'auvages de Canada J'auvay ( É % E Æ Li v à L4 AA Der Amen roux os “Pais il ya deux cens äns, me font rÉvO= quer en doute la pureté & l'incorruptibi- lité de la Tradition. Il eft aifé de juger, fur ce principe, que ces pauvres Peuplès favent auffi peu leur Hiftoiré & leur Ori= gine , que les Grecs & les Chaldéeñs © oùt fü la leur. Contentons nous donc , “Moi. -fieur , de croire qu its font defcendi us com- me vous & moi, du bôn hommé Adam: Jgnaras Hominiin ffpenduie Numinamentes. J'ariû quelques Hiftoires de Canada | que : des Religieux ont écrit en divers tems. "Its “ont fait quelques defcriptions afTéz fimples & exactes des Païs qui leur étoient con nus. Mais ils fe font grofliérément. trom- _pez dans le’récit'qu’ils font dés mœurs, des maniéres, &c. des Sauvages. Les’Re- ‘colets les traitent de gens ftupidés ,‘grof- “fiers, rufiques , incapables de penfer & de refléchir à à quoi que ce foit. Les Jéfuites tiennent un langage très-différent , car ils’ foûtienñént qu'ils ont du bon fens ,'de {8 mémoire, de la vivacité d'efpries, ” mêlée d'un bon jugement. Les ‘prémiers difent RL eft inutile de pañler fon'tems à pré- cher l'Evangile : à des gens moins éclairée que les Animaux. Les feéonds prétendent au contraire, que ces Sauvagés fe font un plaifir d'écouter -la parole de Dieu , , & qu'ils entendent l’Ecriture avec beaucoup 100 | “MEMO TRES “de facilité. Je fçai les raifons qui font. par" : ler ainfi les uns. & les. autres ; elles font laffez connuës aux. perfonnes qui fçavene , queces deux, Ordres de. Religieux ne s’ac- -€ordent pas trop bien en SR Jai déja «Vü- tant de Relations. pleines d'ablurditez .quoi-que Jes ‘Auteurs paffñffenc pour des - Saints , qu'à préfent. je commence.à croire , que toute: Hiftoire eft un Pyrhonifime per- .pétuel. Si jen avois pas entendu Ja Langue des: :Sauvages De j'aurois pü, croire tout ce qu: on a écrit à leur égard , mais depuis que j'ai raifonné avec ces: Peuples ,:je me {uis' -Æntiérement defabufé, connoiffent que les ÆRecolets & les ‘Jefuites fe. font ,contentez .d cffleurer. certaines chofes , fans parler de di grande opofition qu’ils ont trouvé de! da part de ces: Sauvages À leur faire enten- dre les véritez du. Chriftianifme. Les uns’ _& les autres fe font bien gardez de toucherà _cette corde- à par de bonnes raifons.:Te vous avertis que.je ne parle feulement que dés Sauvages de Cansda , fans y comprendre ceux qui habitent au delà du Fleuve de Miffifini , dont .je n'ai pû connoître les mœurs & les maniéres comme il au parce que leurs . a me font incon-" nuës, & que d'ailleurs ,.le tems nem'a pas permis de faire un aflez long féjour dans” leur Païs. . J'ai dit dans mon Journal” dti 4 oyage. de la Riviére Longue ; qu ‘ils étoient à < DE 1’ A MERTIQU FA tot” extrêmement polis, il eft facile d’en juger par les circonftances que vous avez pû 16e" marquer.” Ceux qui ont dépeint les Sauvages velus * eomme-des Ours, n’en avoient jamais VÜ » car il ne leur paroît ni poil, ni barbe, en LA nul endroit du corps; non plus qu'aux femmes, qui n’en ont pas même fous Ve" aiflelies, s'il en faut croire les gens qui. doivent le fçavoir mieux que moi. Ils font généralement droits, bien-faits , de belle. : Amériquäines; què pour les Européenes 3 les 1roquois’ font plus grands , plus yaillans & plus rufez que les autres Peuples ; mais taillé, & miéux proportionnez, pour” Les moins agiles” & moins ‘adroits , tant à la guerre qu'à la chafe , où ils ne vont ja= mais qu'en grand nombre. Les Iinois % les Owinamis , les Ourage mt & quelques. autres Nations font d’une taille médiocré‘, courant cormmie des lévriers, s’ilm’eft per mis de faire cette comparaifon, Les Ou raduas & la sm des autres Sauvages du Nord (à la réferve des Sasteurs & dés Cli-" Ainos } font. des poltrons,, laids & malfairs, Les Hurons font braves, entreprenans &. fpirituels , ils reffémblènt aux Iraquois de taille & de vifage. CS Sahuages ont: tous s fanguins, & de snleue pucique ohvâtre, & leurs vifages font. beaux en. _— aufs-bien que. leur E 7. ES 4 L ‘taille. Fleft très-rare d'en voir: de boiteux, de borgnes , de boflus, d’aveugles , de muets, &c. Ils ont les yeux gros & noirs de même que les cheveux, les dents blan- chés comme l'yvoire, &:l'air qui fort de ‘ur bouche cft auf pur que celui qu'ils _Acfpirent, quoi qu'ils-ne mangent prefque jamais de pain :.ce qui :prouve qu’on fe trompe en Eyfope., lors qu'on croit: que la viande fans pain rend l’haleine forte. Hs ne font ni fi forts , ni fi vigoureux que la plû- part de nos François, en ce qui regarde la force du corps pour porter de grofles char- ges , ni celles des bras pour lever un.far- deau &.le charger fur le dos. Mais en ré- compenfe, ils font infatigables, endurcis au mal , bravant le-froid &.le chaud, fans.en être incommodez ; étant toÿjours.en exer- “ice, courant deçà & delà , foit.àla Chafle, ou à la Pêche, toûjours danfant, & jouant à de certains Jeux de Pelotes ; où les jambes font affez néceffaires. io | Les femmes font de: la taille qui pañle la-médiocre , belles autant qu’on le puifle imaginer , mais fimalfaires, figraffes &. ra pcfintes, qu'elles ne peuvent tenter que des Sauvages. Elles portent leurs cheveux roulez derriére le dos avec une efpéce de ruban, & ce rouleau leur pend jufquà la ceinture ; elles ne les coupent jamais, les hiffaot croître pendant toute leur vie, fans | » DE L'AMERTQUE. ae: ptoucher, au lieu que les hommes les eou2 ” pent tous les mois, Il feroit à fouhaiter qu'ils fuiviffent les autres avis de St. Paul par le même hazard-qu'ils fuivént celui-là. # Elles font couvertes depuis le‘coû jufqu'au _ deffous du genoüil', croifant leurs jambes lors qu'elles s’afféyerit. Les Filles le font ” pareïllement dès'le: berceau : je me fers de ce terme de’ berécau mal à propos , Car n’eft pas: connu‘ parmi les Sduvages. Les par des- petites bandés paffées dns les trous Meéres fe férvéne de‘certaines petites plan ches rembourrées-de: coton, fur lefquel. des il'femble que “leurs” Enfans ayent le dos collé ; “d’ailleurs ils font emmaillotez à nôtre maniére, avec: dés Janges foûtenus qu'on fait à côté de ces planches. Elles y ‘attachent ‘auf des‘cordes pour fufpendre “Jeürs enfäns à" dés. branchés d'arbres, lors qu'elles ont ‘quelque chofe à fire, dans le tems qu’elles font au bois. Les Vitillards “ & les homnres marrez ont une piéce dés: toffe qui leur couvre le derriére & la moi: tié des cuifles par devant, au dieu que les : jeunes ‘geñs font nuds commie la main, Ets difent qué la nudité ñe choque la bién _féancé que’ par Pufage, & par idée qué Jes Européens ‘ont attaché à cet état. Ce- pendant, les uns & les autres portent né 7 ohgemment une couverture de peau ou d'écarlate fur-leur dos; ‘lors qu’ils fortent E-4 : ACA , M. EMOJLRES. . _ de leurs cabanes pour-fe promener dans fe Village, où faire des vifites. Ils. portent des capots ; felon la faifon , lorfqu'ils vont à la guerre ou à la chaffe, tant pour fe parer du fr oid durant | Hiver, que des moucherons pendant l'Eté. Ils fe fervent alors de certains bonnets de la figure ou de la forme d'un «SRRpe & des fouliers de peau d'Elan ou de e Cerf, qui leur montent. jufqu’à mi jambe Rae Villages font forti- fiez de doubles de un bois très-durs. groffes comme la cuiffe, de quinze, pieds de _ hauteur , avec de petits quarrez au milieu. des courtines, Leurs cabanes ont ordinaire ment quatre-vingt pieds de longueur, vingte ‘ cinq ou trente de Jargeur, & vingt de hau- teur. Elles font couvertes d’écorce. d'Or- meau , où de bois blanc. On voit deux. eftrades l’une à droit & l'autre àgauche, de neuf pieds de largeur, & d’un pied d’ éle- vation. Ils font leurs feux entre ces. deux. “eftrades, & la À fumée fort par des. ouvertures faites far le fommet de ces cabanes. On voit de petits cabinets ménagez.le long de ces: eftrades , dans lefquels Les filles ou les gens mariez ont coûtume de coucher fur de petits. lits élevez d’un picd toutau plus. Au reftes trois ou quatre familles demeurent dans une. même cabane. | Les Sauvages font forts me & exempts. de PAU de maladies don nous 10e, DE L AMERIQUE. to$- mes attâquez en Europe, comme de pas rahfie ; d’ Ryaroprie, de goute, de phtifie, d afthme; de gravelle & de pierre. [ls font fujets à % petite verole & aux pleurefies Q and un homme-meurt à là âge de foixan- te ans, ls difént qu'il eft mort jeune, par- ce Qu'ils vivent ordi nairement quatre-vinge jufqu'à à cent aus, & même jen ai vü deux qui allôient beaucoup au-delà. Cepe ndant, il s'en trouve quite ponffent pas fi loin par leur propre faure ; carils s ’empoifonnent: GEAMET OS. ; Comme je vous l'expliquerai auletirs ; 11 femble qu'ils fuivenc affez bien en Cette occafion les maximes de. Zenen & “des Srafsiens , qui (oûtiennent qu'il eft per- mis de fe dbdéer la mort; d’où je concius qu'ils fonc auflt fox que ces. grands Philo= 1GpitES. + SRE DE à Mœurs C7 Muniéres dl al an 87 "Es Sao ages né ne Rte tien, nf lé mien ; car on peut dire que ce qui eft à l'un eft à l'autre. Lorfqu’ un. Sauvage . n'a pas réüli Hi chale des Caflors , 1e confréres’le fecourènt fans en être priez. Si fon fufil fe créve où fe cafe, chacun d'eux -s'empreffe à*lui en offrir un autre. Si fés énfans {ont bris où tucz par les en- nemis , on lui donne autant d’efclaves - qu'il'en 4 beloïh pour:le faire fubfifter, 4 / nel 106 2 Me Ole N'y a que ceux qui font Chrétiens >. & qui demeurent aux portes de nos Villes. chez qui l'argent foit. en. ufage.. Les autres ne veulent ni le manier, ni même le VOIC » 1ls Fapellent le Serpent des, François. Ils difent qu'on fe tué, qu'on fe pille, qu'on fe di fame , qu'on fe vend, &. qu’on fe srahit. parmi nous pour de l'argent. que Jes, maris vendent. Jeurs femmes. ,. & les meres leurs. filles pour ce métal, Ils trou- vent ériange que,les uns aient plus de bien que les autres , & que ceux qui en ont le plus foicnt eftimez davantage que ceux qui en ont le moins. Enfin. als difent que le titre de Sauvages, dont nous les qualifions ï pous conviendroit mieux que celui d'hom- mes. puifqu'il. n’y a rien moins que de De l’homme fige dans toutes nos aétions. Ceux qui. ont été en France mont fouvent tOUrmENtÉ Îur tous les maux qu'ils y ont vû faire, & fur les defordres qui fe com- mettent dans nos Villes, pour de l'argent. O1 a beau leur donner des raifons pour leur faire APE que, la’ proprieté des biens che. utile au maintien de la focieté ; ils fe moquent de. tout ce qu’on peut dire fur cela: Au rite, ils ne fe querellent ; nine fe battent , ni ne fe voient , & ne médifent jamais les uns des autres. Ils fe aient des Sciences & ges Arts à ils fe IVe _ DEV AMeÆRIQUE. 10% remarquent parmi nous. Ils nous traitent d’efclaves , ils difént que nous fommes des Miférables dont la vie ne tient à rien, que nous nous dégradons de nôtre condition # en nous réduifant à la fcrvitude d’un feul homme:qui peut tout ; & qui.na d'autre _ Joi que fà volonté ; que-nous nous battons _& nous quérellons incefflamment, que les - enfans fe moquent de leurs peres, que nous ne {ommes -jamais--d'accord ;° que nous Mous emprifonnons:-les uns les autres ; & que inême nous. nous détruifons.en pu- … bic. Ils s'eftiment au-deli-de tout ce qu'on peut s'imaginer ; & alléguent pour toute raifon qu'ils font aufli grands maîtres les uns que les autres, parce que les hommes étant pêtris d'un mêine limon , il ne doit point avoit de-diflinétion, ni de fubor- dination”entr'eu x Es prétendent que leur contentement d'efprit-furpallé de beaucoup nos richeflés ;‘que’toutes. nos fciences ne valent pas celle de feavoir pafler la vie dans _Une:tranquilité’ parfaité ; qu’un homme n'eft homme chez.nous:qu'autant qu’il eft riche. Mais -que parmi eux, il faut pour être homme avoir. le calent de bien courir, GChaffer , pêcher,-tirer un coup de fléche & de fufil , conduire: un canot, fçivoir faire la guerre , connoître les Forêts, vivre de peu, conftruire des cabanes , couper des arbres, & fçavoir faire cent lieuës dans les « E 6 4 05. Me MOTRES.. bois Fous ‘autre guide ni provifion: que. fon arc & fes fléches. Ils difent. encore. Que nous fommes des trompeurs qui leur. vendons de très- -mauvaifes Marchandifes quatre fois plus ‘qu’elles ne valent , en échange. de leurs Caffors 3. Que. nos fafls. crévent à tout moment & les cftrôpient ,. après les avoir bien paiez. Je :voudrois. avoir le tems de vous raconter. toutes les. fottifes qu'ils difent touchant nos, manié- res, 1 ÿ auroit dequoi . m HREUBERE dix ou. dotze Jours. Is ne mangent que du rôti & du Hoÿits hr, avalant sq de boüillons de vian- de & de poiffion, Ils ne peuvent fouffir. le coût du fel, ni des é épiceries : als font. furpris que nous ‘puiffions vivre trente ans, dcauie de nos vins, de nos épiceries, & de. l'ufage immodéré des femmes. ls disent. ordinairement. É nie ne où cinquante de. compagnie, & que iquefois ils font plus de trois céns. Le prétide ef. une: danfe de. deux heures avant lerepas, chacun y chan- tant fes éxnloirs & ceux de fes ancètres. Celui qui dante eft feul en cette occafion » & les autres fonc ais fur Je deriiére, qui marquent la calence par un ton de voix. hé bé, bé, hé, & chacun fe leve à fon tour pour faire (a danfe. Les suerriers n'entre prennent jamais rien: Fans Le délibération du np} qui € eft coms Ca he de. Paix qui aa grande Pipe. TL TU TUE (AT UT ft Ÿ (lme 3 Pag. 109 | J'auvage porta tantle Columet-> à Paix en danf. NE, Fe RS HA étrangers A Village ds Je anvages CA | LES SE RE S auvages En LAS L, À SAME ER ce ior le Ou Village celut qui | mt d : porte de C. aline de paix | fl À Es D 1e À he —— a TA ni a —= OUI ne =_de PAlx, = SSS Fe onfe 1 1 4) sd: pute Su lrbards ie 5e. t” ET ov 2. 105 | e de tousJes anciens de la Nation, c'eft- _ d-dire, des Vieillards au-deflus:de foixante | ans. Avant que ce Confeil s’aflemble, le crieur avertit par les cris qu’il fait dans tou ; tes. les. rues du Village : :- alors ces- vieilles gens accourent à certaine cabane deftinée exprès pour cela: où ils s'affcient fur le | derniére en, forme de lozange, & après qu'on ardélibéré fur ce: qu’il eft à propos de fai- ré pour le bien de la Nation, l'Orareur fre de Ja cabane & les jeunes gens le renfer- ment au centre d’un cercle qu’ils compo- fent ; enfuite ils écoutent avec beaucoup “d atrention les. délibérations des Vieïllards,, : en Criant à la fin de toutes les états ve que eff biens “FH ont plufwurs fortes de danfés la | prfcipale eft celle du Calumer , les autres. font la danfe du Chef; la danfe ‘de Guerre s la danfe de Mariage, & la danfe du Sacri- ice: Elles fout at: énites les uñes. des au= tres , tant pour la cadence que pour les fauts: mais il me feroit impoflible d'en. faire la defcription , par le peu de raport que. ces FRADRES ont avec les nôtres. Celle. / * Tostes-ces dames: peuvent être comparées à Le Pyrrhi que de Minerve, car Les Sauvages obfervent , cn danfans. d'une "eraviré firguliére , les cadences de certaimes ch nfons \ que les Miles Grecques d'Achille , apellsent Hypor- chématiques. IL aeft pas ficile de (grvoir files Sauvages... des ont aprifes des Grecs, ou fi les Grecs Les ons aprifes des. Sanvages.. te … un BE. M-E M Oo IrR. Bas. 8 du.Calamet eft la plus belle, & la plus gras. cieufe. Il eft vrai qu'on-ne:ladanfe qu'en certaines -occafons: c'eft-à-dire, lorfque les étrangers paflent: dans-leur Païs, ou que leurs ennemis -en voient .des -Ambañla- deurs pour faire des propofitions de Paix. Sitc'eit par terre que. les uns. ou. les autres Saprochent. du: Village: lorfqu'ils font. prêts d'y-entrer, ils députent un des leurs,. qui s'avance en, criant: qu'il porte le Ca Jumet-de: Paix ; cependant les autres s'arrè.. tent jufqu'à.ce. qu'on leur crie de venir. A lors quelques: jeunes gens .fortent du: Vii- lage, à la porte. duquel ils. forment un, avale, & les étrangers s'’aprocharit jufques- là , ils danfent tous à la fois en. formant, un fecond. ovale à l’entour du porteur de ceCalumet.. Cette danfe: dure. une de. inis heure. Enfuite on vient recevoir.en. cérémonie. les voiageurs pour les con-. duire au feftin: Les mêmes cérémonies. s’obfervent envers les étrangers qui. vien- nent. par eau; avec cette différence qu'ils. envoient un canot j:qu’au..pied.du Vii- _ Jage, portans le Calumet,de Paix à la pro. €. en forme de mât, & qu'il en part un cn Villige pour aller au-devant. La danie de guerre fe fair en rond, pendant hiquei- le les Siuvages. font aflis fur le derriére.. Celui qui danfe fe promene en danfant à droit & à gaucher, il chante en même-teins: DE. VAMERTOW E fi fes Exploits, & ceux de fes Aieuls. A la fin: dé chaque Exploit, il donne un coup de. mafluë fur un poteau planté au centre du, cercle., près-de-certains joüieurs qui battent.la.mefure fur une.efpéce de timba- -Je. Chacun fe leve.à, fon- tour. pour. chan ter. la chanfon, ,-C'eft ordinairement lorf- qu. ils vont.à.la guerré, OU. Jorfqu’ ilsen re viennent. . | La plus grande paffios des Sauvages, 3 Ru Ja haine implacable qu'ils portent. à leurs ennemis, c'eft-à-dire, à toutes les Nations avec lefquelles is font en guerre. ouverte, Ls.fe Piquent. auf beaucoup de ‘valeur, mais à cela près ils font de-Ja derniére in< dolence fur toutes chofes. L'on peut di- re qu'ils s’'abandonnent tout.-à- fait À leur temperamment , & que leur Societé eft tou- te machinale. Ïis n'ont n1Loix, nt Jüges \ ni Prêtres., ils ont naturellement du pen- _ Chant pour la gravité ,.ce qui les rend fort circontpcéts dans leurs paroles & dans leurs actions. Ils ardent un certain, milieu en- tre,la gaieté & la mélancolie. Nôtre vi- ‘vacité leur paroît. ivfuportable, & il n'y a que les jeunes gens qui. FIBRE nos Ma- niéres. J'ai vû fouvent des. Qi uses qui reves pant..de fort loin difoient, à. la famille pour tout. compliment , j'arrive, je vous foubaite à tous beaucoup d honneur. .Enfuite sit. Minmormes à ils ad leur pipe ttes del fans in: terroger , & lorfqu elle eft finie’, ils difeut:, . écoutez parens-je viens d’un tel. endroit j a. à telle. chofe ;: &c. Quañd on les interroz gen, leur répone €ft concile &:prefquemo= nofyllabique, à moins qu'ilsiie foient. dans I Confeil, autrément : vous les entendez 5 dire, Voila qui eff bien, cela nevant en, ce- La cf admirable ; cela: eff raifonnable , cela 7 de valeur. Qu'on vienne annoncer à un Pere de. fa. mille, que-fes enfans fe font fignalez con-. * tre hs ennemis; & qu'ils ont fait plufieurs efclaves,, 11 ne ‘répondra que par un, voilà qui eff bien, fans s'informer du refte, Qu'on fui dife que fes enfans ont été tuez, il die." srd: cela.ne vaur rren: ; fans demander comme la chole cft arrivée. a un feluite & Jeur préche.les vésitez dela Religion Chré- tienne ;, les Prophéries , les Miracles, &c.ils Fe paieront d'un cela. e gs ‘& rien plus. Grun Franéois leur Re des Loix du Rome de Ja juffice, d des mœurs & des ÉD des Européens, ils répéteront cent. : Fois cela-eff raïfonnable.; 3. 2e ‘on leur parle - de quelque entréprifé qui foit d° importance dr. ou.dificilé’ à exécuter , ou qui demande. que l'on y fañfe quelques réflexions, ils di- sont quercelzeffde valeur, fans s "expliquer «2 plus. clsirement , & ils écouteront jufqu'à la fn avéc une grandé attention. Cepene BE. LA MERT QUE 313. pendant il faut remarquer que lors qu'ils ; font avec des Amis fans témoins, & {ur tout dans le tête-à-tête , ils ilonnenr avee… autant de hardieffe. que lorfqu'ils font dans le Confeil. Ce. qui paroïtra extraordinai- . re., C'eft que n'aiant pas d’étude , & fui- vant les pures.lumieres de. la Nature, ils. foient. capables. maloré leur rufticité , de . | _ fournir à des converfations qui durentfou- . vent plus de trois heures , lefquelles rou- lent fur toutes fortes de matieres,.& dont : ils fe-tirent fi bien, que l'on ne regrette ja- mais le tems qu’on a pe avec ces Fos 44 FRAS 2 he M | tiere iberté. S ne arrive qu ’on tee la Fem-. me.ou Jes Filles du même Sauvage ; on dit. en entrant je vieus voir.une telle ; chacun fe getire de même, & on demeure feulavec . celle qu On vient voir: au refte : >; onne leur _ parle jamais d’amourettes durant le jours | somme je l’ rexpliquerai ailleurs. 3 : Rien ne m'a tant furpris que devoir l'ifà fu des-difputes qui furviennent au jeu entre les enfans : ils fe difent l’un à Fautre de trois OU quatre pas après s'être un peu échauffez ; tu n'as point d'efprit , tu es méchant , tu as le: cœur gäte. Cependant leurs Cimarades qui . les renferment comme dañs un cercle, écou- tent tout fans prendre aucun parti jufqu à ce qu'ils reprennent-le jeu ; que fi par hafard ils : veulent en venir aux-mains , ils fe divifent en deux troupes; & les ramenent‘à leurs Cabanes. F1 | Quoi - que- les Sauvages n'aient aucune. connoiffance dela Géographie non plus quæ des autres Sciencés , ils font les Cartes du : Monde les plus correctes des Païs qu'ils : Connaiffent. , aufquelles ne manque que les Laritudes &ïles Longirudes des lieux: Ils y marquent le vrai Nord felon lErcile Polaire, les Ports:, les Havres , les Rivie- res , les Anfes & les. Côtes des Lacs, les Chemins, les Montagnes , les Boïs , les Marais , les-Prairies, &c. en comptant les diftances par- journées, demi: journées de Guerriers ; chaque journée valant: cinq : Jieuës. Ils font ces Cärtes :Chorographit ques particukeres. fur des écorces de Bou: Jeau » & toutes:les: fois que les: Anciens tiennent des Confeïls de Guüerre & de Chaf- fe, ils ne manquent pas de les conful . TEle.. . | e je DE LA MERIQUE 21ÿ TZAnnée des Outaouas , des Outagamiss des Hurons , des Saureurs , des Ilinois , des Oumamis, & de quelques autres Sauvages » eft compofée de douze mois Lunaires Sy nodiques , avec cette différence qu'au-bout. de trente Lunes ils. en laiffent toûjours paf fer une furnumeraire, qu'ils: appellent l& Lune perduë., enfuite ils. .continnent leur compte à l'ordinaire. Au refte , tous ces... mois Lunaires ont des noms-qui_ leur con- viennent. Ils appellent. celui que .nous nommons Mars , Ja Lune 4ux Vers , par ce que ces-animaux ont.accoûtumé de for-_ “tir dans ce tems-là des creux d'arbre, où ils fe renferment. durant l’hiver. Celut. d'Avril , la Lune aux. Plantes , May la Lune. aux Hirondelles , ainfi des autres. Te dis done qu'au bout de: trente: mois: Lunaires , Île. premier qui fuit eft furnumeraire & ils ne le:comptent pas; par exemple : nous fom- mes à: prefenr dans. la Lune de Mars , que je. fupofe être.le.trentiéme mois Lunaire s & par conféquent le dernier de cette épo- que , fur ce-pied. là celle d'Avrildévroit Ja fuivre. immédiatement. ; cependant ce fera la Lune perduë qui pafera la premie< re, païce quelle eft a trente-uniéme. En- fuite celle d'Avril entrera & on com- Mencera gn même-tems le période de. ces trente mois Lunaires Synodiques , qui font.cnviron deux ans & demi Comme. trié : : MEemwmorREs en à ils n’ont point de femaines, ils font obli=: gez de compter depuis ke ‘premier jufqu’au: vingt-fixiéme de ces fortes de mois; ce qui. Contient quitement cet efpace de terms qui- Court depuis. l’inftant que-:la Eune com+ mence à faire voirle filde fon croiffant fur le foir , jufqu’à ce qu'après avoit fini fon Période elle devient prefque imperceptiblé… au:matin., ce qu'on apelle mois d'illumi-: nation, Par exemple un. Saüvage dira, je partis le premier du mois des Eturgeons; qui eft celui d’'Août , & je revins le 293. du mois au: bled d’Inde , qui eft celui de Séptembre , enfuite le jour fuivantqur'étoit - Je dernier je:me repofai. Cependant com-° - me il refte encore trois jours & demi de. Lune morte ; pendant lefquels il eft impof- fible de la voir, ils leur ont donné cenom.. de-jours nuds, : . Is ont aufli peu d’ufage des’ heures que : des femaïnes , n’aiant jamais eu l'indaftrie de. faire des Horloges ou: des fabliers pour : divifer le jour naturel en parties ‘égales, par le moien de ces petites machines ; de- . forte qu'ils'font-obligez-de régler le jour : artificiel de même que la nuit par quart, demi-quart, moitié , trois quarts, Soleille- : _ vant & couchant, Aurore & Vêpres. Mais _Commeils ontuneidée mervetileufe de tout cequielt.de la portée de leur efprit , aiant acquis la connoiflance de certaines choles. "DE L AmrRiQUe. 119 ‘pér une longue expérience & par habitude, comme detraverfer des forêts de cent lieués , en droiture fans s 'égarer ; de fuivre des PI-. tes d'un homme:ou d’une bête:fur l'herbe & {ur les feüilless 1ls connoiflent exacte- “ment l'heure du jour & de la nuit, quoique Je tems'étant couvert, léSolcil‘& les autres ‘Aftres ne puiffent paroïtre. J'atrribuë ce ta- leñtàune Extrême attention qui ne peut être naturelqu'’à des gens auf peu diftraits qu ils de font. Ils font plus étonnez de voir réduire en pratique quelques petits problèmes dé Géo- metrie, que nous ne le ferrons de voir chan- #&er l’eau en win. -Ils prenoient:mon Gra- phometre pour un * Efprit. NECOncevant pas-qu'on‘püt connoûre fans magie les di- fances des lieux , fans les:mefurer egméchas - niquement avec des cordes ou des ver QUES. La Longimetrie leur plaît incomparable. ‘ment davantage que l'Altimetrie , parce “qu'ils croient : plus néceilaire de connoître Ja largeur .d’une Riviere -que la :hauteur d'un arbre , &c. Je me fouviens qu'étant un ‘jour dans le Village des Outaouas à Miffi- makinac » Un efcave -porta dans la Ca- bane où :je me trouvai ; une efpéce de ‘muid , fait d’une groffe piéce de bois mol ‘qu'il avoit artiftement percée , dont il «prérendoit fe fervir pour conferver de £ pre à CR we Divinisé ETS "MEMOIRES J'eau d'érable. ‘Tous les Sauvages qui vi- tent ce Väifleau{e prirent à raifonner fur fa. “capacité ,' tenant ün pet à la main & vous, ‘ant pour terminer leur différent faire ‘porter de l'eau pôur:lè mefurer. “Il en. ‘falut pas davantage , pour m'obliger de: ‘gager contr'eüx pour un feftin ,queje trou “vcrois mieux qu'ils ne le pourroient faire, : ‘la quantité d’eau que ce Vaiffleau pouvoit contenir; de forte que*trouvant enfuite, fe Jon ma fuputation, qu'il en conténoit 248. pots ou-entiron ,‘j'enfis faire aufli tôt l'é- “preuve, Ce qui les furprit davantage für, qu'il ne s’en faloit qu'un ou deux pois que . ‘je n’euffe-rencontré'juite , ‘& je. leur fou- tins que ces-deux potsquimanquoïent s’é-. _ toient inbibéz dans'ce-bois neuf. Mais ee qui eft de plus‘plaifant , -c'eft qu'ils me priérent tous de leur ‘aprendre la Stereo. métrie , afin de pouvoirs’en fervir dans le befoin. ‘J'eus beau leur ‘dire qu'il me fe- roit impofhble de pouvoir la-leur faire ‘comprendre, leur alléguant plufieurs raifons qui aurojient-CONvaincu tout autre que dés "Sauvages. Ils perfiftérent f1 fort à me tour- mentér , que je fus obligé de les perfuader que les Jéfuites feuls étoient capables d'en Æ venir à bout. Le NE NO Les Sauvages préférent les petits Miroirs gwonvexes de deux pouces de Diametre à soute autre forte, parce qu'on.y découvre “Dr L'ÂMERTOQUTE ?PIS. “moins diftinétement que fur les grands, les boutons & les tannes qui crotlent au vifage, :Je me fouviens qu'étant à- Mifilimakinac un coureur de: bois y porta.un Mircir con- cave affez grand, lequel par :conféquent aifoit pareît les :vifages. difformes Tous Jes'Sauvages qui. virent cette -piece-de Ca- “toptrique., la trouvérent aufli miraculeufe ique les montres à réveil, les lanternes. ma- -giques , & les pagodes à reflort. Cequicit -de plus plaifant., c'eft:qu'il fe trouva. dans la foule. des‘ Spectateurs une jeune ‘Hurone qui dit en fouriant à ce coureur de bois, -que fi fon Miroir avoit afléz de vertu pour rendre les objets réellement auffi grosqu’il es repréfentoit., toutes fes camarades lui donneroient en échange plus de.peaux de ‘Caftors qu'il n’en faudroit pour faire fa for. Æune. | Les Sanvages ont la mémoire du mons “de la plus heureufe. Ils fe reflouviennént -de fi loin que lorfque nos Gouverneurs, on _deurs Subftiturs tiennent :Confeil avec eux ‘pour des affiires-de Guerre, de Paix on de “Commerce , & qu'ils leurs propofent des “Æhofes contraires à ce qu’on leur a propo- 46 il.y a trente ou quarante ans ; ils ré- -Pondent que les François fe démentent, -qu'ils changent de {entiment à toute heu- re, qu'il y a tant d'années qu'als leur ont æit ceci & cela ; & pour mieux afiürer 120 : MEMWorN ES 7 ” | eur réponfe ; ils font aporter les Coliers de Porcelaines qu’on leur a donné dans ce æems-là. Car ce font des efpéces de con- “trats (comme je l'ai éxpliqué dans ma fép- tiéme Lettre } fans lefquels il eft impofi= “ble de conclure aûcune affiiré d'importans “ce avéc-les Sauvages. AA NeRS She. Hs honorent extrémemént la Vicilleffe, tel fils fe rit des Confcils de fon Pere qui tremble devant: fon aieul. Ils écoutent les | “Wieillards comme des‘ Oracles. "S'il arrive. qu’un Pere dife à'fon fils qu’il eft tèms qu'il ‘fe marie , ou qu'il aille à la“ Guerre , à la “Chaffe ou à la Pêche, il lui répondra quel- “quefois c'eft de‘valetr , j'y penferai ; mais fi J'aieul lu1 parlé, il dira d’abord ; woil4 qui “eff bien ; je le ferai. Si par hazard quelque ‘Sauvage tué des-Perdrix , des” Oies , des tCanards, ou prend quelque Poiffon dékicar, ‘il ne manque pas d’en“faire préfent à {ès plus vieux parens. 6 aug | ‘Les Sauvages font des gens fäns fouct, ‘qui ne: font que boire , manger , dormir, & courir la nuit ; dans le téms qu'ils font à leurs “Villages. Ils n’ont point d'heurés ‘réglées pour leur repas ; Tls mangént quand ‘ils ont faim ; & le font ordinairément en “bonne compagnie à des feftins deçà & de- _ HR. Les filles & les femmes en font de mé- me entr'elles , fans que les hommes puiflenit tre de leur partie. Les -femines-efclaves | - | ‘Ont DE L AMERIQUE, ‘T2f ‘ont le foin de cultiver les Bleds d'Inde 8: _ d’en faire la récolte ; & les hommes éfcla- _ves,, ont le foin des “chafles & des péchés. ‘de-fatigue , quoique leurs Maîtres fe don- nent aflez fouvent la peine de les aider. Ils ont trois fortes de ‘jeux ; celui des Paillés eft un jeu de nombres, où celui qui fçait compter, divifer, fouftraire où muk inhier le mieux par ces pailles, ‘ft aflûré dé gas. gner, c ft purement ün:jeu d' efprit. Celui des Noiaux eft un jeu de: “hafard , is font noirs d’un côté & blancs de l’aütre, on n'y jouë qu'avec huit feulement. On les Mét . dans un plat, qu'on pofe à terre, après avoir fait fauter ces Nosaux en l'air. Le côté noif eft le-bon ; le nombre impair gagne, & les huit blancs ou noirs gagnent double, ce qui n'arrive pas fouvent. ‘Le'jeu de la Pelote cft un jeu d'exercice , elle eft groffe comme les deux poings 2 & les raquettes dont ils fe férvent font à peu près faites comme les nôtres, à la réferve que le mañ- che a trois pieds de longueur. Les Sauva- ges qui y joüent ordinairement trois ou qua tre cens à la fois, plantent deux piquets à cinq'ou fix cens pas l'un'de l’autre, enfüite ils fe partagent également en deux troupes, “ils-jertent la Pelote en l'air à moitié che- min des’déux'piquets. Alors chaque bande tâche de la poufler jufqu’à fon piquet ; les uns courent à la bale & les autres fe tiens Tome II. F ‘ #* 122 «NMEMoOErR ES E - nent à droit & à gauche à à l'écart, pouf être” ‘ee portée d’accourir où elle retombera ; en: fin ce jeu.eft tellement d'exercice, qu ils s' é- .corchent & fe meurtriflent les. ambes! trèse. .fouvent avec. leurs raquettes. pour tâcher: _d’enlever-cette bâlesAu refte, tous ces jeux: -fe font pour des feftins & pour quelques .eutres-bagatelles ; car il faut remarquer, que. comme ils HÉSeRe l'argent , As ne le mettent jamais de leurs parties auf peut- on dire que l'intérêt n'a jamais. caulé dedi- vifion éntr'eux . “On ne fcruroit difconvenir que: jé Sau- vAgES n'aient beaucoup d'efprit , -& qu’ “1st. n “entendent parfaitement bien les intéré:s' de leurs Nations. Ils font grands Mora!i- fes, furtout lorfqu” il s'agit décritiquer les: actions des Européens , ce qu'ils fe gardent bien de faire en leur prefence, à moins que .ce ne foit avec quelques, François de leurs: intimes amis. D'ailleurs ils font incrédules: & obftinez au dernier point, incapables de: diftinguer une fupofition. chimérique d'u | principe affûré , ni.une conféquénce bien. tirée d'une faute, comme, je vai. vous l’ex- ‘liquer dans Je chapitre fuivant,. qui et celui de leur croiance , dans lequel vous: trouverez, je m'aflüre, des chofes quivous: furprendiont. : _ DE LAMERIQS , 157 À Gridnce: des Sauvages & les vifs à à ces “leur converfi ion. Pt Ous les * ‘Sauvages Toutiennént ‘qu x faut qu'il y ait un Dieu, puifqu’én “ne voit rien parmi les chofes matériellés “qui fubfifte néceflairément & par fa pro- -pre Nature. ‘Ils prouvent fon ‘Exiftence “par la compôfition de FUnivers qui fait re- “monter à un être fupérieur & tout-puiffant; “d'où il s'enfuit: ( difent- ils) que l'homme ‘n'a pas. été fait par bafard , & qu’il ef l’ou- “vrage d'un principe fupérieür en fagefle & “en Connoiflance ; qu ls apellent le GRAND ESPRIT ou le Maitre de la vie, & qu'ils “adorent'de la mariére du monde la plus “abitraite. ‘Voici comment ils s'éxpliquenc “fans définition qüi puifle contenter. L'e- “xiftence de “Dieu : étant : ‘inféparablément _ “unie avéc’ ‘fon effeñce , il Contient tout , il L paroît en tout , ‘il : agit en tour, "& il doû- . ‘ne le mouvement à toutés “tholes.’ Esfin, tout ce qu'on voit, &‘tôut ce qu'on cor- L' “çoit ft ce Dieu ,'qui fübfiftant fans: ‘bor- L nes, fans Mantes & fans corps's ‘ne ‘doit | point être réprefenré fous la figure‘ d'üa Vicillard, ni de quelque’aufre que ce 'puif= feêrre, QUQUE belle:,"vafte'ou étenduë ‘qu'elle foir. Ce qui fic qu'ils l'adorent “n‘tout-ce qui:paroît au monde.- Cela eff -i SR ch <- | : mie “MEMOIRE me, ., f vrai que dés qu'ils voient quelque chofe : dé beau, de curieux Où de fur prenant, fur tout le-Soleil & les autres Aftres , ils s’é- - crient ainfi ; © Grand Efprit, nous te voions par tour. C'eftde cere mapiére en Fée flechiffant fur les moindres bagatelles ils reconnoiflent, un être .Créateur fous ce: nom de Grañd Efpuit, eu.de Maître de la «VIe. il HS ne El OMMEe: S : -F'oubliois.de vous avertir, Que les: Sau- -vages écoutent tout ce que les Tefuites leur | -préchent fans les. contredire, ils fe conten- “tent de fe railler entr'eux des:Sérmons que ces Peres leur font à l'Eglife;, &.sl à rriv£ qu'un Sauvage parle à‘ eœur. ouvert. à.quel- que, François, il faut qu'il.foit, Bien sper- -fuadé: de fa. .dilererion &: de fon amitié. Jeime fuis rrouvé cinquante. fois avec cux,, très -embaraflé à sépondre. à leurs objec- “tions impertinentés.;.çar ils n'en {çauroient | faire d'autres, par raportià la Religiôn;: Je me fuis toûjours tiré, d'affaires en les in _vitans à. prêter l'oreille aux paroles.des Jé- Venonsàleur raifonnementifur limmor-. .talité de lame. Ils croient tous limmose, | talité de l'ame; non pas parce. qu elle. ft : ï une & fm ple HA que; la .deftruétion d’un: être dans la nature. he Le peur-faire fans la .fépararton de fes parties : Ils ne connoiflent : point cc raifonnement. ls difgnt feulemept ë EAN if $ Fr ’ “ DE: 2 A MER 1 QU E (123 ue fi fi l'amé: étoir mortelle , tous les hom: mes feroient également heureux dans cette |: puifque Dicu étant tout parfait & toût fige, n'auroit pû créer les uns pour les ren- dre heureux” & ‘les autres malheureux. Ils rouvent donc l'immmottalité de l'ame par . s ficheux accidensoù la pläpart des hom: ès fontexpofez durant cette vie, fur tout les plus honnêtes gens, lorfqu'ils font _tuez, eftropiez, capüfs, &c, car ils préten- dént que Dieu veut par une conduite qui né s'accorde pas avec nos lumiéres, qu’un _éereain nombre de créatures {ouffrent en ce “pour: les-en dédommager en l’au- tre ; ce qui fait qu'ils ne peuvent ouffrir que les Chrétieñs difent qu’un tel a été bien | malheureux d'être tué, brûlé ou fait efcla: vé y prétendant” que ce que nous croions mälheur AL “cft malheur que dans nos idées, püifque rien ne: fe: fait par les decrets dé eet être infiniment parfair, dont la conduite n'eft ni bifarre ni capricieufe ; comme ils _ prétendent fauffement que les Chrétiens lé publient, & qu'au contraire c'eft un bon< héur qui arrive à ces gens qui font tuez, brûlez ; captifs, &ci C'eit: dommage. que ces pauvres aveuglez ne veuillent point à hiffer- inftruire:; leur: fentiment:n’eft fout-à-fair contraire à la clarté de Evans gile : Ils croient que Dieu pour des raifons x mi sh nesié : {e fert es la RES de BA tte 312 m3 : Mrmornese quelques honnêtes gens pour manifelter f&. juftice. Nous ne fl Gaurions Îles contredire. . en cel, puifque c'eft un des points du. Syflême de nôtre Religions mais lorfqu'ils. concluent que.nous faifons pañler la-Divi- _nité pour un.être fantafque.& capricieux, | n'on t-1ls.pas le plus grand tort. du monde 4 y La premiére caufe doit-être auffi la iplus.fa- 8€ pour le choix des moiens qui conduifens âüune fn; sileftdonc.v rais. Comme c'eft + un principe inconteftable de nôtre culte, que Dieu. permet la fouffrance des inn On . cens , C'eft à nous d’adorérifa, Sagefle., 8e . non pas de nous ingérer.de la contredire, | L'un de ces Sauvages raifomnant groffiéres ment, me difoit, que nous.nous faifions une idée de:Pieu comme d’un homme qui . n'aiant qu'un petit-trajer de: mer.à paller - prendroit. 1m décour dé:einq.ou fix.cens | lieués.- Cette faillie ne Jaiffe pas-de m'emba- rafler. Pourquoi, difoit-il, Dieu qui peut conduire ailément les hommes à la félici- | té éternelle, en récompenfant le mérite & ‘la vertu, ne prend-1l pas,cette voie abre- gée ; pourquoi méne-t'il un jufte parle . __€hemin de la douleur au but de fa béatitue | de éternelle. C’eft ainf que ces. Sauvages … | fe contredifent eux-mémes ; & c'eft ce qui . fair voir que efus-Chriff nôtre Maître, nous. enfcigne lui feu] des véritez-qui {e foûtien- Dent, & qui ne reçoivent AUCUNE: ALLEINLE 4 de contradiétion, . DE LÂAMFRI QUE 127 — Voici mainrenant une maniere finguliere dé ces malheureux , qui fe réduit à-ne croire abfolument que les chofes vifibles ‘& probables. C’eft- là le point principal de ‘leur Religion abftraite, Cependant -qéand on leur demande comment ils peu- ‘vént prouver qu'ils ont plus.de raifon d’a- ‘dorer Dieu dans le Soleil, que dans un arbre ou une montagne ils répondent qu ils choififfent la plus belle‘chofé qui foir dans la nature > pour admirer ce Dieu phbli- “14 em ent; Ed É Les Jolgioie émploient toutes fortes de -môienstpour leur faire concevoir la con- féquence du Silur.' Hs’leur expliquent in- \ ; -ecffamment l Ecriture Sainte, & la ma- _ miére dont h E ot de Fefas-Chrifl s’eft étae blie dans. le monde 5 le changement qu ’el- Je: ya aporté ; les prophéties ; ; les révéla. +ations & les miracles ; ces’ miférables font Of éloignez' de répondre précifément aux caractéres de’ vérité ,. de fincérité, & de. divinité qui fe remafquent dans lEcritu- res ils font incrédules au dernier point; & tout Ce qué ces bons Peres en peuvent tirer ; fe. réduit à quelques acquiefcemens Siüvages contraires à ce qu'ils penfent 5 Pärexemple : Quand ils leur ptien l'In- carnation de ?efus-Chriff, ils répondent ‘que cela eff adisirablé ; la ils leur de- mandenc. s'ils. veulent fe faire Chrétiens, . Fa. LA 228. MEMOIRES. À ils répondent que 6 ‘ef de valeur, c el A re, qu'ils penféront à cela. Et fi nousautres. Européens , les exhortons d’accourir en fou- le à l'Eglife pour y entendre la parole de Dieu , 115 difent que cela eff raifonnable, c'eft à-dire, qu'ils y viendront ;. mais au ‘bout du compte, ce n’eft que pour attraper quelque pipe de t-bac qu'ils s’aprocherit de ce lieu Saint , ou pour fe moquer de . ces Peres , comme je vous lai déja dit ; car. ils ont la mémoire‘ fr heureufé: que j'en. Connois plus de dix, qui fçavent l'Ecriture Sainte par Cœur. Mais YolIoNs ce qu ils di- : fent de la raifon, eux qui paflent pour des . bêtes chez nous | Ils foëtiennent que l’hommene doit ; je mais fe dépoüuller des priviléges de la rai- fon , puifque, c'eft..la e noble faculté dont Dieu l'ait enrichi, &-que puifque la . Rcli ligion des Chrétiens n’eft.pas foûmife au jugement de cette raifon , il faut abfo- . Jument que Dieu fe Soit. moqué d’eùx en leur enjoignant de la confulter pour dif- cerner ce qui-eft bon d’ayec.ce qui ne left. pas. De-l ils foûtiennent qu'on. pe lui doit impofer aucune Loi, ni la mettre dans la néccffité d’aprouver ce qu'elle ne . É comprend pas 3. & -qu'enfin .ce que nous apeflons article de foi eft un breuvage que . Ja raifon ne doit pas avaler , de peur de … s’ enivrer & de s’écarter enfuite de fon ché | Jes: fecrers de Dieu, qui font trop aü- deffus de er pre DE :% AMERIQUE 129 mi ; d'autant qué par cette prétenduê bi on‘ -peut érablir lé menfonge aufli-bien que là ‘vérité, Si l’on éntend par-là une’facilité à croire fans rien approfondir 15 préten- dent en fe fervant de nôtre langage Chré=: tien, qu'ils peuvént avoir lé même droit de foûtenir, en excluant là raifon, qué léurs æ + opinions font des myftéres incompréhenfi- bles, &qué ce n’éff point à nous à fonder de: nôtre foiblé portée. - , * que des lueürs & une lumitéré troms Où à beau leur rémontrer qe {3 räifont peufe , qui méné au précipice ‘ceux qui marchent à j'a faveur de cette ‘ Aauffe chir- té, & qui s’abandonnéent à ‘14 éonduite dé cette infidéle , Jaquelle” étant’efclave de la. fil doit lui: obérr aveuglément & fans res. REdtE ; commié un’ iroguois ‘captif”à à foi. aître. On a Déau ;' dis je’; leur repré: _fenter' que l'Ecriture Site ne peut rien : contenir qui fépugne diréét:ment à là droi- te raifon : Ils le mocqueht' de’ toutes cés dés moñftrations , parce qu no fuppofént vuné fi grande contradidtiéé entre l'Ecritute &e la raïfon ; qu'il leur femble impoffble ; n’é- - g us Ÿ tant pas convaincus de linfaillibilité de l’u2 - he ‘par les lamiéres de l'autre, qu'on ne. prenne des” Opinions-très-douteutés pour des véritéz'Certainés & évidentes, Ce’ mot | dé fetes hr: à sen RE cs > 4 $r u de y pu >? \ À à 139. . EMEMOGERES A 2 | difent que les écrits des Siécles pañlez font faux, { Uppoicz , changez, ou.altérez, puis que les Hiftoires,de nos jours ont le même for te Qu'il faut être foû pour croire qu'un tre tout - puiffant foir demeuré dans l'i- n:Ction pendant toute une éternité , & qu il ne fe foit avifé. de produire des-Créatures. que depuis c'ng ou fix mille ans, qu'il ait créé Adam pour le faire tenter par un. Méchant Eïiprit à manger d'une Pomme, qui a caufé.tous les malheurs de fa Pofté- rité , par La tranfmifion. prétenduë de fon. péché. Ils tournent en ridicule le Dialo- gue entre Eve .& le Serpezr,-prétendant que c'eft faire une injure a Dieu, de fup- pofer qu'il ait fait Le miracle de donner J'ufage de la parole à cet Animal dans le _deflein de-perdre tout..le Genre. Humain. Qu'enfuite pour l'expiation de ce péché , . Dieu pour fatisfaire Dieu , ait. fait. mourir Dieu ; que, {on Incarnation, la: fonte de fon. fuppiice, la. crainte de 3. mort &s me. l'ignorance de fes Difcistes, pour porter la 37 Paix au Monde, font des chofes inouïes. D'autant plus que le péchéde ce premier Pérea plus far.de mal,.quela mort de ce | Dieu, n’a fait de b'es, puis. que fa Pomme a perdu tous les Hommes , & que le Sang de 7efus &hriff.,n’en a pas fauvé la moitié. Que ur, lnumañré de ce Dieu:, les Chré- üeus ont bâti une Religion fans principes ; À 7m DÉ L AnMERr QU si. T3T Re ‘fujette au changement des chôfes hu- “maiñes ; qu enfin cette Religion étant di" ‘vifée &. fubdivifée en tant de Sectes, com- me celle des François, des Anglois & des ‘autres Peuples, il fut: que ce foit un Ou- :vraÿe humains, puis que fi élle avoit Dieu “pour Auteur , fa prévoyance auroit préve- “nu cetre diverfité de fentimens par des dé- -cifions fans ambiguité ;'c’eft à dire , que fi: cette Loi Evangelique étoit défendue: du “Ciel, l'on n’y trouvéroit point les obfcu- ‘ritez, qui font le fujet de la diffenfion, &-_ qué Dieu prévoyant les chofes futures au- ‘roit parlé en termes ff clairs &:: précis , ‘qu'il n'auroit point laiflé- de matiére 2 la: “chiéane :. mais” fuppofé, L difent- ils; que “cette Loi foit un Ouvrage divin; à laquelle. “dé’ces S: &es- Chrétiennes nous détermi- “nerat on? puis qu'après avoir bien éhoifi : “entr'elles, on court encore rifque de fon ‘falut par le fuffiage d’un nombre infini de . Chrétiens Le grand” article ; à: qù ls ont Je plus de peine à concevoir , c'eft celui de l’Inctrnation d "ur Dieu , is:fe récrient fur ce que le Verbe Divin a été renfermé neuf mois dans les entrailles d’une Femme; “enfuite ils tournent en. extravagance , que ce mêmé Dieu foit venu prendre un Corps ‘de tèrré en cé monde ; pour le porter dans fon Ciel ; ils vont encore plus loin, quand “ils raillent de l'inégalité de la Volonté de F & 83e MEMOIRES. : Fefus- Chrif : F ils difent « qu'étant venu pour mourir , il paroît enfuite qu’il-ne le veuille pas, & qu'il craigne la mort ; que fi Dieu | &. l'hprame. n'avoient.. été. .en. du çqu’üne de. dr ni.de rien oies que quand même la Nature Divine n’auroit, pas été la. Dominante, il n'auroit pas.dû craindre le mort, puis que. Ja. perte de. la vie tem porelle n’eft.rien lors qu'on eft afluré de revivre. éternellement 2 & qu'ainf Fefus- Chriff auroit. dû courir à la mort.avec plus de plaifir qu'eux, , lorsqu'ils. s’ empoifon- nent pour aller tenir. Compagnie à leurs Parens dans le Païs des ames., puis-qu'il étoit afuré du: lieu où.il allait, Ils. trai- tent Saint Paul: de Vifionnaire , foûtenant qu 11 contredit.fans ceffe, & quil raifon- ne impitoyablement ; & de plus ils fe ma- quent dela crédulité des premiers. Chré- tiens, qu'ils regardent comme des. gens fim- ples & fuperftitieux , d'où ils prennént OCCa- fon de.dire que cet Apôtre auroir eu bien de la peine à perfuader les. Peuples de C4- mada:qu'’il avoit été ravi jufqu’au.troifiéme. CicL Voici un paflige de l'Ecriture qu les choque, multi vocati. pauci ver) ele, € ’eft amfiqu'ils s expliquent : TE Dieu a dit. » quil yen avoit beauconp. d'appellez , mais peu d’élûs ; f Dieu la dit, il faut que cela foit 3SaL rien ne peut I ‘empéchers. F DE PAMERTIQUX 13%: _ w Or fi de trois hommes il n’yena qu'uñ : _» de fauvé , & que les deux autres foient : »damnez,.la condition d'un cerf eft pré- 5 Férable à celle de l’homme , quand même :» le parti feroit égal, c'eft-à-dite, qu'ilny » 5» en auroit .q u'un.de damn é,..Cieft l’ob- | jection .que le Rat , ce fin. & politiqu € Chef - - des Sauvages, dont je ‘vous ai .rant parlé ; me. fit un. jour étant à la chafle avec luf, Je lui-répondis, qu'il falloir tAcher d'érre ce bienheureux 6ld en fuivant La Loi & ie. : Préceptes de Tefus-Chriff ; mais ne fe payant : pas de certe raifon , eu égard au-grand : _rifque de deux perdus pour un de fauvé, par un Decret immuable, je le renvoyai aux Jéfuites, n’ofant. pas l'affurer qu'il ne tenoit qu'à Jui d’être élû ,:car il m'auroit fair moins. de quartier. qu'à Saint Paule fur tout à. l'égard de la Religion ;. où ils demandent dela probabilité , ‘celui dont. je viens de parler n'éjoit pas. fi dépourvä de.bon fens au'ilne pù t être capable de bien pcnier, & de faire de bonnes réfléxions {ur la:Rélision , mais il étoit..fi. prévenu que la foi des Chrétiens eft contraire à la raifon , que je ni pù Je convaincre ap rés avoir tâché -plufeurs fois de le délivrer de fes préjugez. Quand je lui mettois de- _Vant les yeux , les Révélations de Moïfe &., des autres Prophéres, ce confentement. _ prefque univerfel de touces les Nations à \ F7, 44 @ = 234 Med tt ; reconnoître A + Chriff Je martyr dé. Difciples: & des premiers Fidéles, la ue | cefhon- perpétuelle"de nos facrez © Oracles: 5 la ruine entiére de:la République des Juifs L la deftruétion de Férüfalem prédité par Né= tre: Sauveur ; il me demardoit E ‘fi mon 5» Pere ou mon Ayeul avoient vû tous ces 3 événemens , & fi j'étois aflez. Éd. - »3 Pour m'imaginer que nos Ecritures Futése », véritables, voyant que: Jes Relations de s)leurs Païs , écrites depuis quatre jours, - :» ‘étoient pleinés de Fables ; Que la foi dont. sn les Fefuires eur rompoient Ja têre n’étoit ‘ #autre chofe, que tirerigan ( e’efEà-dire hbe 59 faafon) qu'être perfuadé;.c'cft voir de fes- » propres yeux une chofe ;ou la reconnoïtre: >> Par des’ preuves claires. & folides ; Que »»Cces Perès & moi bien: doin de leur faire s» Voir, Ou- leur. prouver ja vérité de nos: ss myltéres, nous ne faifions que leur répan- + Are des ténébres & des obfcuritez dans. 2» lefprit. « Voilà jufqu’où va l'entétement. de ces Peuples..-De-h,, Monfieur, vous pou: vezjuger de léur opiniâtreté. Te meflâte que ce détail: vous aura diverti fans vous fcan-: dalifer. Je vous crois trop ferme &:tropiné- branlable dans «nôtre fainte Foïpour quetoti-. tes ces impiétez faffent aucune dangereufe imprefen-fur vous..Je m'aflure que vous vous joindrez à à moi pour plaindre. ie déplo- ‘rable. état de ces. ‘ignorans, -Admirons eR- RE JTE S RSR Lé \ .…. pe LA merroQus 135$ mble'les profondeurs de la Divine Proÿis _dence, qui permetique ces:Nätions ayent. tant d'éloignement pour:nos. divines Vé: ritez , & profitons de l'avantage dont nous jotiiffons par.deffus: elles fans l'avoir méri- . té. Ecoutons- maintenant; Ce QUE. ces-MÉ= mes Sawrvages -nous reprocherant-dès qu'ils fe feront retranchez dans la Morale : ,, Ils. » diront. d’abord que les Chrétiens fe mo-- >> quent. des Précepres-de ce Fils de Dieu a. » qu ils prennent fes défénfes pour un jeu Le. » & qu'ils croyent.qu'il h'a:pas parlé {é- » fieufement, puis qu'ils y contreviennent. 9 , fans ceffe, qu ils ‘rendent l’adoration qui. » lui ee. dûë à à. l'argent ,aux.Gaffors & à » l'intérêt ,. murmurant contre fon: Ciel &. à» contre lui dès que leurs affairés vont mal ;, 2 qu ls travaillent les jours confacrez à la » piété, comme le refte du tems, jouant. >» Senyvrant, fe battant &:fe difant des in: » Jures ; Qu'au lieu de foulagér leurs Péres , » ils les laiflent mourir de fit &:de ire nie; qu'ilsfé moquent de kurs.confeils 5 » qu'ils vont même jufquà leur foûhaiter là >» MOrt. qu'ils attendent avec.impatience ; y» qu'à laréfervé des Féfuires eous les autres » Courent les nuits: de ‘Cabane en: Cabane » Pour débaucher les Sauvages x qu'ils fe y tuËënt tous les jours pour des larcins, pour » des injures ; qu pour des-femmes , qu'ils 5» ç ipillent & fe volent, fans aucun égard né” Mrmornes » au fan &à à l'amitié, toutes les fais ç qu té” » trou vent l’occafion <È le faire impunée. »-ment.; qu'ils fe déchirent & fe diffament. les. uns les autres; par des médifances atro- nes mentant. fans fcrupule. dès qu'il s'a= - ‘as git. de leur intérêt; Que ne fe contentant »_ Pas du commerce des filles hbres , ils dé- | #-bauchent les femmes mariées, & que ces >» femmesadulteres font en l Arte de leurs »-Mmaris, des enfans dont le pere eft incon: . > nu ;. Qu'enfin les. Chrétiens, après avoir ssaffez de docilité. pour. croire l'humanité .: D de ce Dieu. ,:que-ique ce foit la chofé “, du monde la plus contraire à la Raïfon ÿ _#» femblent douter de fes Commandemens PT & de fes. Préceptes ; lefquels, ques que p HÈS- faints & fort raifonnables, 1ls trans: » greflent continuellement, “ TE n'aurois _jamais fini f j'entreprenois de faire le détait de. leurs. raifonnemens fauvages ; ainfi je :- crois qu'1l vaut mieux pafler droit.aux ado- rations :quils font -ordinairement au Kicbé Manitou., c'eft-à.- dire, Grand Efprit DE) Dieu, quede vous: fatiguer de certe Philo fophie, quin eft que trop vraye dans le fond & qui doit faire gémir routes les bonnes » æ ames perfuadées de Ja Vérité du. Chrifilas. nifmes_. Adoration des Sauvages. . À Vant que d'entrer en matiéreil eft bon £ À de remarquer , que les Sauvages ap- _pellent *:Gexie ou Efprit, tout ce qui fur< _ pañle la capacité de leur entendement , & dontils ne. peuvent comprendre la caufe, Us en croyent de bons &de mauvais. Les premiers: font l'Efprir des Songes, le Mi chibich., dont j'ai parlé, à la table des Animaux ; un Quadran Solaire, un Réveil» & cent autres chofes qui leur paroiflent ine concevables : Les derniers-font le tonner- re, la grêle qui tombe fur leurs bleds ; un graod orage ; en un mot, tout ce quileur eff préjudiciable, & dontils ignorent la cau- 1e ; dès qu'un fufileftropie un homme en crevant, ou.parce qu'il. étoit. de méchant fer, ou pour l'avoir trop chargé, ils di- {ent que le méchant Efprirs'yéroit renfer- mé dedans; fi par hazard une branche d'arbre éborgne un. Chaleur, c’eft.le méchant Efprit- qui l'a fait; fi quelque coup de vent les {urprend lors qu'ils font en-Canot au mi- lieu de quelque traverfe dans les Eacs | C'eft le, méchant, Efprit..qui agite l'air ; fE par un refte de maladie violente quelqu'un. perd l’ufage. de la raifon, c’eft le méchane. - Æfprit qui le tourmente. Voilà ce qu'ils. À Geie [e rappprte an moe d'Imelligence 8 2 138 MEMOTRES" appellent Matchi. Manitous , au nômbre: . defquels ils mettent‘ auff: l'or & l'argent. _ Aleft à remarquer. néanmoins qu'ils par- lent de'ces Efprits en plaïfantant, & à peu: près comme: nos Elprits forts fe-raillenc : des Sorciers & : des: Magiciens. Je ne fau- rois m'empêcher de dire encore une fois qu'il en eft des rélations “déCenxdx ‘com-- me des Cürtes Géographiques de ce Païs+ B'; c'eft-à-dire., que de bonne f6i je n’en: ai-vü qu'une feule de fidéle entre les mains. d'un Géntilhomme de Québec ; dont l’im- preffion füt enfuite défenduë à Paris, {ans que j'en fache la’raifon. Je dis-ceci à:-proe pos du Diable: 3 dont ‘on prétendue les : Saüvages ont. la connoiffance ; j'ai Iù cent folies fur -ce fujet , écrites ‘par des gens ? d'Eglife , qui foûtiennent que ces Peup'es Ont des conférences avec lui,.qu’rls le con=- fultent & qu'ils lui rendent quelque forte.- d'hommage. Toutes ces fuppotitions font : _ridicules-; car le Diable ne S'eft jamais ma: nifeité à ces Amériquains. Te me: fuis in+* formé d’une infiniité de Sativages ,s'ilétoit vrai qu'on l'eût jatmais vû fous quelque fi=: gure d'homme ou d'animal ; & j'ai con fufté fur-cela tans d’habiles Fongleurs , qui : font des efpéces de Charlatans , qui diver-- tifflent beaucoup , comme je l'expliquerai dans: la fuite, qu’il eft à préfumer avec. rafon que fi Le Disble leur étoitapparus he: à ; L x / LÉ RAS DE L'AMMERT QUE 139. “s-n’auroient pas manqué de me.le dire. | Ainfi après avoir fait tout. ce que j'ai pü: _pour en être parfaitement éclairci > j'ai jugé, E que, ces Ecclefiaftiques n’entendoient pas : ce grand mot de March} Munitow ; qui veus : dire méchant Efprit,: étant compofé de Mus- ch, qu fignihie méchanr, & de. Manitou ;.. qui veut dire Efpr#,; à moins que parle. mot-de Diable ; ‘on. n’entende-. les. -chofes qui leur font nuifibles ; ce qui felon.le tour - de nôtre Eangue peut fe rapportér aux tere - mes de Furaliré, de Mauvais-Défhin ,-&° d'in. fortune , &c.. & non pas ce méchant Efprit: “qu'on repréfente en “Europe fous la figure. _d'nn homme à longue queuë , à grandes cor- - nes &ravec des grifféss 2 0 + Les Sauvages ne font jamais de facrifis ces de Créatures vivantes au Kiché Max mitou;. c’eft ordinairement. des Marchandi+ fes qu'ils trafiquent.avec les François pour des Caftors. Plufieurs. perfonnes dignes de. foi m'ont raconté qu'ilsen ontbrflé en un: feul jour pour la valeur de*cinquante mil “le écus à Mifilimakinac. Te n'ai jamais vi de, -cérémemie à fi haut prix: quoiqu'il en. oit, voici le détail de ce facrifice. Il faut" que le jour foit clair & ferain; l'Horifon net: & le tems came, alors chaque Sauvage por te.fon Oblation fur le Bucher.: enfuite le: Soleil étant à fon. plus haut degré, les en fans.{e rangent autour du Bucher avec des MS. *MEMOPREN TE, | écorces allumées pour y metcre le feu, 84° les guerriers danfent &:.chantent:à l'entoui jufqu'à ce que tout:foit brûlé &confumés - pendant que les vieillards font leurs Haran- gues au K’rchi Mhunirow en préfentant de tems en terms des pipes .de.-tabac allumées. au Soleil. Ces Ghanfons, ces: Danfes & ces : Harangues durent jufqu'à ce-que le Sôleil doit couché; quoiqu'ils prennent: pourtant | quelque intervalle de :relâche.pour s'afleoig 1 &. fumer à-leur aife. ; 1686 Ilne merefte plus qu’à raporterici, avant . que de finir ce Chapitre, les propres paroles | _ de ces vieux Harangueurs ; avec des Chan= ons des Guerriers. ,, Grand. Eforit, Maîs » tre de nos vies, Grand Efprit Maître des : # Chofes vifibles & invifibles.; Grand Efprit : »Maître des autres Efprits ; bons & mau» ».Vais,.commande.aux bons d’être favora< ble à tes- enfans les Oursouas, où, &cs : _#>Commande aux. méchans de .s’éloigner » d'eux. O-Grand Efprit ; conferve la-for> _» ce & le courage de: nos: Guerriers:pour »-tefifter à la fureur-de nos ennemis. Cons serve les Vicillards:en «qui les. corps ne #fontpas encore tout à fait ufez:pour don- »ner des Confeils à la Jeuneffcs Confer- : 5» ve nos Enfans , augmentes en. le. noms. bre , délivre-les dés mauvais Efprits & : de la main des méchans hoinmes , afin. qu'en nôtre vicillefle.ils. nous faflent.vir « «= # ” CDE F'AMAE-RI QUE. at sure 8 nous réjouïflent. ,Conferve nos Ke moiflons ; & les Animaux, fi tu veux >» que nous ne MOUrIOons ; pas mi Gar- », de nos Villages «&-les Chaffeurs en leurs 5» Chaffes.. Délivre-nous de funefte furpri- 55 fe pendant que tu.ceffes de nous donner » la lumiére du Soleil qui nous prêche ta sr grandeur &.ton. pouvoir : aVertis-noUs par _»»l'Efpric des fonges. deïce quil te plair 25 Quenous FARRRS) où que nous ne: faflions spas. Quand ïl te plaira que nos vies » finiflent , A e-nous , -dans le grand 35 Pats des ames , où {e trouvent celles de of nos, Peres , de nos. Meres , .de nos Fem- er mes,-de nos.Enfans, & de nos autres Pa- » Lens ©. Grand ÆEfprit, Grand, Efprit, , Écoute la voix de la Nation, écoute tous 5 tésenfans , &. fouviens. toi toûjours.d’eux. - Voici les termes mêmes dont les Guer- æiers-{e fervent dans leurs Chan{ons , qui durent: jufqu'au coucher du Soleil. …, Cot- rage, le. Grand Efprit nous donne un fi 4 beau Soleil, mes freres .. prenons js .8c. Que fes ouvrages font, grands / » que le jour a pai ‘à beau ! 1 et bon , L > Grand Efprit , c'eft lui qui fait tout agir. in eft le Maître-detout, JL fe plaît à nous 71 entendre ; mes freres, prenons courage; 3» ROUS:vaincrons nos EDNnEMIS ; ROS champs | »» porteront des bleds , nous ferons de gran- 21985 Chañles , nous Aous porterons tous x vas Le. | ‘> bien ; le$ Vicillarde (e & ré » féure! É. Éhlns augmenteront , la Nation profpes! » rera ; mais lé Grand: ÆEfprit nous aimez. -5; fon Soleil s’eft retiré; il à vû les a Ontaouns | “5 OÙ; &c: C'eneft fait; out ç’en eff fait; 1e} ee Grand Efpriteft content;:mes freres, vi î 5 NONS courage. “+ ‘Il faut rémarquer que’ “fe es Feritnes THE tie aufli des: Harangues ordinairement -quañid le: Soleilfe leve , en préfentant leurs : ehfans à cet'Aftre. ‘Les Guerriérs fortent -auffi du‘Village lorfqu’il ef prêt à fe cou-, «cher pour danfer la danfe du Grand Efprie. ‘Cependant il n'ya nijour, ni tems fixe | : pour les facrifices ,: non’‘plus: que pour les, z en Z Chpt / J F Æ É2LZ 1) 2 LA Wi = ZT 4 PA A 2 Ag A 4} Æ LES 7 7 /} + * J Û 5 ar OT" snance Peut HON bc DS ras L Merci et Le Ses =: ARS NX SE Ze 4 Ca ve & RSS E SN LX _Lairens du mort- ni gui dansent E nterrementdi un : Juve qge rs + …… dm ARENA CAL ST RL dde nb Mn ere n à Pr: premmiére de ces deux maladies eft trés-dane. gereufé en Hiver, par la difhculté de l& _tranfpiration. Cependant, quoi qu'elle foit . mortelle, les Sauvages en font. fr peu de - cas, qu'ils fe:promenent dans le Village de cabane en cabane, s’ils en‘ont la force, finon ils s'y font porter par leurs efclavess . La maladie Vénérienne eft tout-à-fait com-. mune du côté des Iinois & du Fleuve de Miffifip..Je me fouviens. qu'étant avec - les Akanfas que je-rencontrai fur ce grand : Fleuve à la forte de la Riviere des Miffou-: is, (comme je vous l'ai marqué dans ma . feiziéme Lettre, ) je vis un Sauvage qui : s'étant dépouillé devant moi me fit voir une partie de fon çorps tombant en-pour-. ritures il faifoit boiillir des racines, & lut… aiant demandé à quel ufage , il-me répon-. dit par interpréte, qu'il efpéroit bien être + guéri au bout d’un mois en büvant le fuc dé.ces mêmes racines & en prenant incef= … , famment de bons bouillons de viande & de poiflon. | RAR L'eau de vie faittun terrible ravage chez 1 les peuples du Cansda , car le nombre de . Ceux qui en boivent eft incornparablement. : plus grand que le nombre de ceux qui ont - la force de.s'en abftsnir. Cette boiflon qui eft meurtriére d'elle-même, & que l'on ne parte pas en ce Païs-là fans l'avoir. mixe. fionnée, les confume fi fort, qu'il faut se 166 : MEemMorREs avoir vû les-funeftes efféts pour fes. croire” Elle leur éteint la chaleur naturelle. & tes | ? fait prefque tous-tomber dans cetté lan: gueur qu'on. apellé confomption. Vous : les voiez pâles, livides & affreux comme des fquelettes: Ecurs feftins qui font dé : copieux repas où l’on fe fait un mérite dé - nérien laiffér , leur ruïne abfolument l’eftot : mäch. Ils prétendent qu'en bûvant beau: conp d'eaux ou de Bouillons, la PERS 2 fe” fair ‘plus aiféiment chez eux que chèz : nous'autres Européens ; qui chargeons nÔô< tre effomach de ‘vin & d’autres liqueurs * qui nous produifent des crudirez. Les Siü< ” vages ne s’étonnent pas ‘de-leurs maladies Es’ craignent: beaucoup moins la mort que l douleur du'mal & fa durée: Eorfqu'ils : {6ht malades ils ne prennent qe botits Tons , “mañgent peu, & lorqu'ils font aflez : heureux que de pouvoir dormirisfécroient : faivez. Hs m'ont dir vingt fois que le fem=.. _ meil & les fucursétoient ‘capablés dé guérir l’homme du monde le plus accablé d Piofir= mitez, Quand 1ls font ff fort affoiblis qu ds ne-peuverrt fortir du lit, leurs parens vien- * nent danfér & fe réjoütir devant eux; pour* les divertir. Au refte , ils ne manquent ja- mais d'être vifitez par les Fongleurs.; dont it: eft bon de dire ici deux motsen paflant. da Ua Tongleur eft une efpéce de Médecins: : Qu, pour mieux cire, de Charlatan, quis'és «15 ’ & DEL AME RI ŒUE. CIS mnt guéri d'une maladie dangereufe , ef affez fou pour s imaginer qu'il eft immor- el, & qu'il a la vertu. de pouvoir guérir toutes fortes de maux.en parlant aux bons . & aux mauvais Efprits. Or quoi que tout le monde % raille de ces Fongleurs.en leur . abfence, &. qu'on. les-regarde comme des. . fous qui ont. perdu le bon fens par quelque violente maladie , on ne laiffe pas de les … Jaiffcr aprocher des malades, foit pour les . divertir par leurs contes, ou-pour:les voir rêver; fauter, crier, hurler, & faire des grimaces & des contorfions ,. comme s'ils éioient poffedez, & tout ce tintamarre fe termine par demander un feftin de Cerf ou de grofles Truites pour la compagnie ; qui a le plaif dela bonne chére & du divers tiffement. ; : Ce: Forglenr vient: voir lé malidé, l’éxa mine fort foigneufement , en difant, fi le méchant Efprit cftici nous le ferons bien vie déloger: Après-quoi il fe retire feul dans une. pétire tente faite exprès , où ik Chante & danfe , hurlant-comme un Loup: gsrou 3 (ice qui a donné:lieu- aux: Jefuires e dire que le diable parle avec-eux.) Après. qu'il a fai fa charlatanerie, il vient. fucer ‘Je malade en quelque partie du corps, &: - iklui diten tirant quelques offelers de fa. | bouche. » que ces mêmes offelets font {ors m-lis de fon corps, qu il prenne courage, , % 26% * IMEMETKESL ES | à 55 puifque fa maladie eft une bagatelle, 81 » qu'afin d'être plürôt guéri il eft expédient'. » qu’il envoie fes cfclaves, &-ceux de fes » parens à la chaffe aux Elans , aux-Cerfs, « 5» &C: pour manger de ces fortes dé viandes," >, dont fa guérifon dépend abfolument. Ces mêmes 7ongleurs leur aportent or dinairement certains jus de plantes ou de * fimples, qui font des efpéces dé purgations, qu'on apelle Maskikik; mais ies malades 4 gardent par complaifance piûtôt que de tés" boire, parce qu'ils croïent que les purgatifs échauffent la mafle du fans, & qu'ils affoi- bliffent les veines &:les-artéres ; par leurs: violentes fecoufles ; ils fe contentent de fe faire bien fuër, de prendre desboüillons, de :: fe tenir bien chaudement ; de dormir s'ils. le peuvent , & de boire de l’eau du Eac où : de la Fontaine, aufli-bien durant l'accès des: fiévres que dans les autres maux. - Ils ne peuvent comprendre comment : nous fommes aflez fous pour nous fervir de vomitifs ; car toutes les fois qu'ils voient des - François qui ufent de-ces remédes violents, . ils ne {çauroient s'empêcher de dire que. nousavallonsun Irequois. Ils prétendent que : cette foïte de reméde ébranle route la ma- chine, &-qu'il fait faire des efforts terribles à toutes les parties internes ; mais ils font. encore plus füurpris de la faignée, parceque, difent-ils, le fang étant la méche delavies… 4 Es > ‘4 BE L'AMERTQUE 163% il feroit plus avantageux d’en remettre dans. Les Vaiffeaux que de l'en faire fortir, puis. que la vie fe diflipe quand'on en ôte le. principe & la caufe, d’où-il fuit néceffaire- ment qu'én perdant le fang la nature n'a- git plus qu'avec lenteur &:foibleffe, que les. entrailles s’échauffent, que toutes les par- . tes fe defféchent ; ce qui donne lieu à tou- tes les maladies dont les Esrapéens {ont ac: cablez. | | PTE Les Sauvages ne paffént jamais huit jours fans fuër, foit qu’ils foient malades, ou. ‘qu'ils fe portent bien , avec cette difference : que quand ils joüiffent d’une fanté parfai- te, ils vont fe jetrer l'Eté dans la Riviere burcs Œœ " F @) 5 eh © [en er ” o£) us (es € 3 JQ ® on me œ Les | Le p pme $ LEA tes, ou par nos Médecins , d’ufer de ces. gemédes. | re “ 164 MEeMeTRES. Un Sauvage me difoit un jour de fort Bo fens, que le “hop: af , les bonnes eaux & le. contentement d’efprit, n empêchoient pas À la vérité.que. l'homme ne rrouvât la fin de fa Vie, Mais qu'au moins l'on ne pouvoit pas difconvenir que. cela ne contribuât beau- coup à leur ftire pafler cette même vie fans reflentir aucune: incommodités Ibfe mo- quoit en même-tems de: l'impatience des : Européens , qui veulent être aufhi-tôt guéris : que malades, prérendantque la crainte que: nous avons de mourir, lorfque nous forms mes attaquez de la moindre févres;.en re: double tellement les aecès que cetre: peur: noustué le plus fouvent ,.au lieu que finous- traitions le mal de-bagatelle , auffi-bien que : la mort, en gardant lelitavec bien du cou- rage & dé a patience, fans violenter la na- ture par la force de nos remédés &de nos: drogues, cette bonne mere ne manqueroït : pes de.nous foulager & de nous rétablir peu à. peu. | ; - Les Sauvages ne veulent jamais fé Lervir: de nos-Chirurgiens, ni de uos Médecins: Es foûriennent que tout mélange de dra- - gues cft unpoifan qui détruit la chaleur na- turelle &:qui confume la poîtrine. Ils pré- tendent que lés lavemens ne font falutaires * qu'aux Européens; is en prennent pourtant : quelquefois MUR les François fé trouvent : à.Jeurs Villages. Ils croicne que la dette» LA L rs Ré por 12 A our % he DEL AMERIQUE 18% Æchauffe le fang , & qu'il eft très-dangereux de-refufer à fon appetit ce qu’il demande, - pourvû que lesaliments foient de bon fuc. Ils mangent les viandes un peu plus qu'à demi “cuites, mais pour le poiflon ils le veulent ex- tmordinairement cuit. Îls ne mangent jamais de falade, prétendant quetoure herbe cruë fait travailler l’eftomachavec cffort. : I n'y ani playe, ni diflocation, qu'ils l ne guériflent avec des Simples & des Her- » bes dont ils connoiffent la proprieté ; & ce qui eft de fingulier , c’eft que la cangréne _ ne-fe met jamais à leurs bieffures. Il ne - faut pourtant pas attribuer cela à ces Her bes, ni à l’air du Païs, mais plütôt à leur bonne complexion, parce que certe can- gréne., malgré .ces mêmes Remedes, s’intro- duit dans les playes des François, qui fans . contredit font plus difhiciles à guérir que _ Les Sauvages. Ces Peuples l'atiribuent au fel que nous mangeons, s'imaginant qu'il eft la caufe de toutes nos maladies , parce qu'ils ne peuvent manger rien de falé fans “étre malades à mourir, & fans boire con- tinuellement. Ils ne peuvent non plus fe réfoudre à boire de l'eau à la glace, pré- tendant qu’elle affoiblit l'eftoriéh & qu'el- Je retarde Ja digeftion. Voilà le jugement bizarre qu'ils font de toutes chofes par l’en« . tétement qu’ils ont de leurs Coûtumes & de leurs maniéres. On a beau les aller —_ RL des IP Le L cé M EM O LR ES “voir lors qu'ils font à l'extrémité pour les él “horter à fefaire faigner,ou à prendre quelque ‘purgation , ils répondent-qu'ilsne foufrertel ; pas jufqu'’au point de pouvoir feréfoudred'a- “vancer leurmort par les remédes des François Ni lefquelsremédes ils croyent, difenrils, aufk sméchans que ceux qui les donnent. : . Dès qu’un Sauvage ét morton l'habille Je plus proprement qu'ilelt pofible, & les | efclaves de fes ‘Paréns le viennent. pleus rer. Ni meres, ni fœurs, ni freres, n’en : ‘paroiffentnullement sflligez ils difentqu’il €ft bienheureux de ne plus fouffrir , car ‘ces bonnes gens croyent, & ce n'eft pas ‘où ils fe trompent , que la mort eftun paf- ‘fage à une meilleure vie. Dès que le mort eft habillé, on l’aflied fur une natte de la même maniére que s'il étoit vivant ; fes parens ‘s’affeyant autour de lui’, chacun | lui fait une Harangue à fon tour où on ui raconte tous fes: Exploits & ceux de fes Ancêtres 3 l'Orateur qui parle le dernier s'explique. en cés termes ; Un tel, te voi- :. da Affis avec nous, tuus la même figure que #æous , il ne te manque ni bras, nt tére, ni jambes. Cependant , tu celles d’être, & tu commences@R t'évaporer comme la fumée de cette pipe. Qui efi-ce qui nous parloit CES 2 D deux jours ? ce n'ef? pas toi, car tu nous par- derois encore , il faur donc que ce fit ton ame qui eff à prefens dans le grand Païis des ames DE L' AMERIQUE. 167 sœvec celle de nôtre Nation. Ton Corps que nous voyons ici, fera dans fix mois ce qu'il vétoit il y 4 deux -cens ans. Tu ne fens rien, du ne connois rien ,.& tu ne vois Tien, PATCE queétu-n'eft rien. Cependant, par l'amitié que smousportions à ton-corps lors que l’efprit t'ant- moit, nous te donnons des marques de la véné- ration due à -nos freres. nos amis. Dès que les Harangues font finies , les ‘parens fortent pour faire place aux paren- æes , qui lui font les mêmes complimens, ænfuite on l’enferme vingt heures dans la Cabane des Morts, & pendant ce tems-là on fait des danfes & des feftins qui ne paroif- fent rien moins que lugubres. Les vingt heures étant expirées , fes efclaves Le. por= *tént fur leur dos jufqu'au lieu où on le “met fur -des piquets de dix pieds de hau- teur , enfeveit.dans un double cercueil d'é- corce, dans lequel on a eu la précaution de mettre fesarmes, des pipes, du Tabac & du bled d'Inde. Pendant que ces efcla- ves portent Je cadavre, les parens:& les:pa- rentes danfent en l’accompagnant, & d'aue tres efclaves fe chargent du bagage, dont les parensfont prefent au mort, & letranf- portent {ur fon cercueil. Les Sauvages de Ja Riwiére Longue brüûlent les corps, com- me je l'ai dit ailleurs; & même ils les con- fervent dans des Caveaux jufqu'à ce qu'il y'cen ak un allez grand nombre pour les 168 à M à home 4 Fi | brûler tous enfembie , ce qui fe fait: hors! du Village dans un lieu deftiné pour cette cérémonie, Au refte, les Sauvages ne cons noiflent point de deüil , & ne parlent jamais, des morts en particulier , c'eft-à-dire , Is nommant par leur nom: ilsfe moquentdew nous, lorfqu'ils nous enrendent raconterle : fort de nos Parens , de nos s Rois &-de-nos:. “Généraux, &c. 1 Dès qu'un Sauvage eft mort , fes fc ves fe marient avec d'autres femmes elcla-| ves; &ils font cabane enfembi je étant alors: “ibres, c’eft-i-dire , n alant ‘plus de Maîtres : { à fervir. Les enfans qui proviennent de pat Mariages font adoptez & répurez en- fans de la Nation , parce qu'ils font nez … dans le Village & dans le Païs 3 & qu'ils | ne doivent pas, difent-ils, porter le mal- heur de leurs peres , ni venir au monde dans l’efcavage , puifqu'ils n'ont certaine- | ment contribué en rien à leur création. ‘Ges mêmes «efclaves ont le foin d'aller tous les jours en reconnoiffance de leur liberté au pied du cercuëil de leur Maître pour . leur offrir quelque pipe de Tabac. Mais puifque je fuis fur le Chapitre du Tabac, je vous dirai que les Sauvages fament prefque tous, maisils n’en prennent jamais! | ni en poudre ; ni en #machicaroire. Ils en … fément & ils en recuéillent en quantité, quais il cft différent de celui d'Europe, quoi: | que | "pe L Nu 6 | rés queles premiéres femences foient venüës de VAmérique : Er comme il ne vaut prefque rien , ils font obligez d’acheterde celui du - FBrifil qu’ils mêlent avec ‘une certaine fcüil- le d’une odeur agréable , qu’on En Sa- | grkom, | ‘+ n’ai plus rien à dire fur cette matiéré ÿ -croiant vous avoir donné une connoïflan- - ce fuffifante dé leurs Maladies & de jeurs “Remédis qui font à mon gré au fauva- _ges qu'eux-mêmes ; quoiqu'il en toit, ils ‘ne meurentgtréres qué de pleurcfiis , pour _ les autres maladies , ils en réchapent avec le “plus grand hafard du monde, car à la ré- ferve du couragé & de La patience qu ilsont au delà*de tout‘ce qu'on peut s’imaginer, “is font tout ce’ qu'il faut faire pour fecre- ver mangeant ; büvant avec de grofl: s fié- “yres, & fumantà la fin de l'accès du ce Ta- “bac de Brefil | dont'je vous ai parié, ‘qui ‘fans étredie eft le plus fort de tous"ceux ‘qui nous font connus. Fe Les femmes font fujettes-A comme aile leurs, aux indifpéfitions naturelles dont mé-. “me elles meurent quelquefois sil CE vrai “qu’elles ont un reméde admirable contre lès fuites fâcheufes de cette incémmodité , rs ef | ‘un certain biüvage ; mais qui ne peut 6pé-. rer, à moins qu'elles ne s’sbftiennent de tout excès , à quoi elles fe réfélvent fort “difficilement. Quelques Chirurgieus ré Tome Il K 178 :M #-M0-1-R:ES :gois m'ont afluré que les: Européens per= ai doient deux fois plus & beaucoup plus long- tems que les. Sanvagelles , celles-ci n'étant -incommodées tout au plus que deux jours. : L'autre incommodité qu’elles ont aflez fou- vent , eft la trop grande quantité: de lait, -mais pour en.être foulagées elles fe font _ \ | ba L'AtMerRrTOUE Y7T ‘rent que s’il leur étoit permis de raifonnèr “fur les chofes invifibles & qui ne tombeñt point fous les fens , ils éferoient foûtentr “qu'elles font immortelles cômme Îles n6+ tres. Sans m arrêter à cette opinon chimé-: “rique , il faut convenir qu'il y a une infidité : d'hommes fur la terre,;:( {ans prétendre pare Jer des Tartares , des Païfans Mofiovites & “Norvegiens , ou decent autres Peuples ) qui ‘n’ont pas k centiéme partie de l’entende. - ment de ces'animaux. | CUT Les Caftors font paroître tant d'artifice ‘dans leurs Ouvrages, qu’on ne peut, fans ‘fe faire violence, l'attribuër au feul inftiné,, car il eft permis de douter de certaines ‘Chofes dont on n'aperçoit aücuneméent la | -caufe , pourvû qu’ellés n’aient point d’en- -chaînûre’ävec la Religion : T1 en eft qu’on voudroit avoir vü foi-même pour y ‘ajoû- ter foi, tant elles font éloignées du bon fens & de la raifon. “Quoiqu'il'n foit, | _je me hafarde de vous écrire fur ‘ce fujét “plüfieurs particularitéz , qui pourtont peut- “être vous faire douter delafincérité dema - ‘narration. .Je commencérai ‘bar vous äflu: rer que ces Animaux font énfemble une Æociété de cent , & qu'ils femblentfepare der , & raifonner les uns ‘avéc les autres: par de certains tons plaintifs non articulez. ‘Les Sauvages difent qu'ils ont un jargon antelligible , par le moien duquel iis Ha. % . JFÈ | ME M OIR2ES | , ommuniquent leurs fentimens & Jeurspen- : ._fées.. Te n'ai jamais été témoin de ces fortes d'Affémblées , mais. quantité.de Sau- . vages & de Coureursde boïs., gens dignes de foi , m'ont affuré qu’il n’y avoit rien de plus vrai ; 1ls ajoütoient.que les, Caftors. .fe confultent éfitr'eux rouchant.ce qu'ils. .. deivent:faire pour entretenir leurs Caba-: nes , leurs Digues.& leurs Lacs , & pour tout ce qui regarde la.confervation deleur. République ; ces bonnes.gens vouloient. me perfuader ,;que:ces bêtes établiflent des fentinelles ,- pendant qu'elles travaillent à. couper .des arbres gros comme des bri-. _ques avec les denis aux environs de leuys petits Lacs , & que ces fentinelles criant à l'aproche des hommes ou des bêtes , tous les travailleurs fe jettent à l'eau & fe fau- vent en plongeant jufqu'à leurs Cabanes. Javance ce fair fur le, raport de mille per fonnes , qui.n’ont.aucun intérêt de vouloir en impofer par des fables ; mais voici ce que j'ai obfervé moi-même fur cette ma- _uere au Païs de Chaîfe des Ouragamis, dont j'ai parlé au commencement de ma fejzié-. me, Lettre. Les :Caftors fe trouvant dans une prairie traveriée de quelque ruiffeau ils fe déterminent à faire des digues & des chauflées , lefquelles arrétant Je cours de ME ne J'eau, caufent une inondation fur toute cet | ge prairie » quie trouve avoir quelquefois nl De: : DE L'AMERIQUE 193 _ : deux licuës de circontérence. Cette digue ‘eff faite d'arbres qu'ils coupent avec leurs ‘quatre groflés dénts incifives, & qu'ils traite nent énfuité à la nage. Ces bois étant au fond de cette praïîrie rangez de travers, : ces Animaux fe: chargent: d'herbes & de ‘verre graflé , qu'ils tranfportent fur leur grande queuë & qu'ils jettent entre ces bois ‘avec tant d'art & d'induftrie , que les plus _- habiles Maçons auroient bien de la peine : à faire dés murailles à chaux & à ciment qui füuffent plus fortes. On les entend du- . fant la nuit travailler avec tant de vigueur & de diligence:, qu'on croiroit que ce fe- -roît des hommes , {1 on n’étoit pas afluré -qué ce font des Cäftors, Les queuëés leur _: férvent de rrwelles , leurs dents de haéhes, leurs pates de mains, & leurs pieds de r4- * mès’ ; enfin ils font des digues de quatre _ ou‘tinq Cens pas de longueur & de vinot - pieds de hauteur & de fept ou huit d’épaif- -férir en cinq ou fix mois de tems, quoi qu'ils ñefoient que cent travailleurs tout au plus. I! faut remarquer en pañlant que des Sauvages ne rompent jamais ces digues par {crupule de confcience ; fe contentant -- feulement d'y faire un trou ,| comme je l'expl'quérai dans la fuite. Outre le talént _ * qu'ils ont de couper des arbres , celui de à “les faire tomber fur l’eau me paroît rout-à- fair furprenant, carilfaut du jugement ‘& ; H 3 PAR NE _ de l'attention pour y réüflir , & fürtone, pour prendre au jufte le téms que le vent. … peut les aider à rendre la chûte de ces ar-. bres plus facile , & à les faire tomber fur. | leurs petits Lacs, Ce n’eft pas le plus bel euvrage de ces Animaux , celui de leurs Cabanes furpalfe l'imagination 5 ear enfin. 3l faut qu'ils aient l’adrefle & la force de faire des trous au fond de l’eau pour y. planter fix pieux, qu'ils ontle foinde pla- . cer directement au milieu de l'étang; c'eft fur ces fix pieux qu'ils font cette petite … . maifonnette conftruite en figure de four , étant fait de terre grafle , d'herbe & de branches d'arbres à trois étages, pour mon- ter de l’un à l’autre quand les eaux croif- _fent par les pluies ou par les dégels. Les. planchers font de joncs , & chaque Caftor- a fa chambre à part. Ils entrent dans leur Cabane par deflous l’eau où l'en. voit un .. grand trou au premier plancher , environ- né de bois de tremble , coupé par mor- céaux pour les attirer plus facilement dans leurs cellules lorfqu'ils ont envie de man.“ gér 3 car comme c’eft leur nourriture or- . | divaire , ils ont la précaution d’en faire toûjours de grands amas , & fur tout du- 4 rant l’Automne , prévoiant que les gelées … doivent glacer leur étang , &cles tenir en- | fermez deux ou trois mois dans leurs Car. banes. »= D Den A'aeiR QUE 11935. - : Fé n'aurois jamais fini , f1 je me met-” stôïs à faire la defcription des différens - ouvrages de ces ingenieux Animaux, l'or- : dre écabli dans leur petite République, : & les précautions qu'ils prennent pour fe - mêttre à l'abri de la pourfuite des autres - Animaux : ce que je remarque c’eft que - tous les autres qui font fur la terre , en --ont d'autres àcraindre, quelques forts, agi- : les ou vigoureux qu’ils puiffent être , mais -.céux dont je’ parle n’ont uniquement que les hommes à aprehénder , car les Loups, : les: Rénards , les Ours, &c. n'ont garde de s’ingérer de les aller attaquer dans leurs “C€abances , quand même ils auroient la fa- _ -Cuülté de plonger. I eft für qu'ils n'y trou- _veroïent pas leur compte , car les Caftors .s'én déferoiént fort aifément avec: leurs dents incifives & tranchantes : Il n'y a . donc qu'à terre où ils pourroient être in- - fultez ; & c'elt ce qui fait aufli que quoi - qu'ils ne s'écartent jamais de vingt pas du bord deleur étang, ils ont des fentinelles fur Les aïîles ( conime je l'ai déja dit } qui crient pour lesavertir lorfqu'ils entendent le moin- -dré bruit, mis Il ne me’refte qu'à éxpliquer la nature - des Païs ‘où fe fait la chafle des Caflors’, dont quelques-uns. font marquez fur ma : Carte ; il faut favoir premierement qu’on ne. {auroit marcher quatre où cinq lieuëés 76: et dans les Bois de Canada, fans trouver quel-. | que petit Lac à Caftor » de. forte qu’on “pourroit dire que tout ce vafte Continent neft qu'un Païs de chaffe de Caflor ; mais ce neit pas Ce que J'entens. Ces lieux de -chaffe dont je parle, font. quantité de pe- ) “tits étangs. remplis de. ces Animaux , &. dont la diftance des uns aux autres eft peux, confidérable, Par exemple , celles du Sa- guinan, de l'Ours qui dort , de la Rivigre . . des Puants., &c. {ont de vingt Hicuës. de | longueur , & dé manicre qu en..touût. cet efpace de terrain , il fe trouvera foixante æ _peuts Lacs de Caftors plus où moins , où... - certain nombre de pe à. pourront cha{- fer durant l'hiver. C'e{t. ordinairement. à Ja fin. de l’Automne qu'ils partent. deleurs k Villages en Canot pour saller pofter en … ces lieux de Ghañle ; & comme ils les connoiffent mieux que je. ne connois des. : UX » : …rués.de Quebec, ils conviennent entre chemin falant, dudifiriét dechaque famil- le ; de forte qu'arrivant là, ils fe divifent . par Tribus. Chaque Chaffeur établiffant -fon domicile au centre du terrain defon diftriét, comme vous le voiez marqué rues _ceite figur e. Il y a huit ou dix Chaffeurs . dans chaque Cabane, qui pour leur part ont -quatre ou cinq étangs.. Sur chaque étang (à il y a tout au moins une loge à Caftors, ëx. AA deux ou trois. Ces CHF A —— # . “BE L'AMERIQUE - 197. Seuls s s occupent ; dès qu ‘ils fe font si _ à faire des piéges à Loutres > à Renards, . Ours; à à. Caffors terriens & à Hé ; ok les bords: de‘leurs étangs , enfuite ils les vont ‘réguliérement : -vifiter tous les jours; = Maïs {ur tout. ils aimeroient mieux mourir “de faim que de fortir des bornes qu’ils fe _font prefcrites pour al ler piller les bêtes pri- {es aux piéges de leurs Camarades. Ils -font très-bonne chere pendant le tems de _ cette Chafle qui dure quatremois , trouvant -plus qu’ ils. n'ont béloin , des Truites ; des Liévres ; des. Gelinotes de: bois ; & des Ours _en ibondänce: , &. quelquefois des Cerfs & dès Chevreuils. ” Les Caftors fe prennent rarement: aux piéges >: à.-:Mmoins que d' ÿ mettre certain Eu is de tremble rouge * qu'ils aiment beau- coup, &.qui ne: et trouve pas facilement. On les. prend: l’Automne en faifant uu. grand trou au pied de leur digue pour fai- re coulertoure l'eiu de l'étang ; enfuite les Caftors fe trouvant à fec ;cles. Sauvages les tuenttous, à:la réferve d’une AR RReEt te de femélles &. d't une demi douzaine de mâles, enfuite ils féparent avec-beaucoup d’exacti- æudé le trou qu'ils ont fait, & ils font en- forte que F’ étang fe A d'eau comme Lu * Pour ce qui ft dela chaffe que fon je LA LU ) mne-efpéce de” Saale,” D | H s. + 058 | "MÉRD ÉER FE en Hiver lors que Fétang eft glacé , 3 ile. font des trous aux environs-de la loge des . Caftors , ; dans lefquéls ils paffent des rets de l’un à l’autre, & lors qu'ils fontréndus . comme il faut , ils découvrent à coups de : hache la Cabane de ces pauvres Animaux . qui fe jetrant à l’eau & venant prendrè ha- … ‘Jeineà ces trous , ils $ “envelopent dans les . filets : il n'en échape pas un feul, mais. comme les Sauvages ne veulent pas les. — | détruire, , ils rejettent dans les trous le mé- me nombre de Cäftors mâles & femelles, 4 comme je viens de vous dire qu'il fe pra- … tique dans les chañes a ils font. en Atte à iomne, ; On peut les tuer auf lors qu ils. nagene. fur Feau OÙ quand ils: viennent à terre couper des. arbres , mais il faut être bien aché & ne pas fe remuër., car au moin- ‘dre bruit qu'ils entendent , ils fe jettent “dans l’eau & plongent jufqu'à leurs Caibd- nes.. Cette maniére de chañler éft propres. ment celle des Voy AgEurs ; qui {e trouvant . campez proche de quelque étang à Caftors tâchent d’en furprendre quelques-uns en . s’embufquant derriére quelque fouche , où quelque gros. arbre jui à l'entrée de k ; nui to. di Les Sauvages prennent. auf “d’autres. . Animaux dans ces Pañs. de: Chaffe de Ca-. fors » EN courant de. côté à d'autres J'ai 5 HU nt: L'AGERLOUE 179 k L + dirqu’ ils faifoient des trapes où les Renards, « Jes’ Loups: , les Martres & les Loutres fe : font écrafer dès qu'ils mordent à l’appas. J'ai > expliqué la maniére dont on fait ces fortes à a piéges. dans ma Lettre onziéme. Ces machines ne différent les unes des autres .qu ‘en grandeur. Celles des, Ours font les ‘plus fortes ; mais ils ne-s’y prennent que _ jufqu'au commencement de l'Hiver, car alors ils cherchent de gros arbres qui foient creux: à l'endroit des premiéres branches - pour s’y nicher. Plüfieurs perfonnes ont _ de la peine à croire que ces Animaux puif- _fent vivre trois mois dans ces prifons fans autre nourriture que le fuc de leurs sgh | tes: qu'ils léchent continuellement. € eft pourtant un fäit ‘inconteftable ; ‘qui ne _mé'paroît pas fi difficile à croire, que. ce Jui-d’y pouvoir grimper , fur tout dans le tems qu'ils font (1 gras que deux Sauva- | gesles- conduifent où ils veulent avec des gaules , ne pouvant prefque pas marcher, *: -C'eft ce que j'ai vi trois ou quatre fois + pendant l'Hiver de 1687. lors que j’hi- vernaiau Fort St. Jofeph : car lés Hurous du’parti de Saentfouan en amenérent quel -qués-uns qui ne firent aucune difficulté d Fa “entrer, | Les Sauvages font auffi des tapes pour es Cafors terriéns, qui, par ja raïfon que. : jai cké dans ma fciziéme Lettre > he lo- À H6 180. MEMoOrRES… gent. pr la terre comme les. Renards 4 JesLapins & les Blereaux ,.& quoi qu'ils « foient -chaflez & pourfuivis. par les autres | Caftors, ils font cependant leurs trous aux environs des étangs, des ruiffeaux ou des. | Riviéres. Ceux- cL fe prennent aifément à gs. piéges , fur tout lors qu'on y met la -tête d’un Loutre pour fervir d’appas. Il:y 3 d Len re < A2 = nl iris RE a une fi forte äntipathie entre ces deux for= … tes d'Animaux , qu. ils fe ane: une. mis: : | continuelle. Les. Sauvages. m'ont raconté avoir vü. quantité. de Loutres. rafflemblez vers le . mois de Mai, qui ayant l'audace d’allerat- taquer les Caftors jufques dans leurs Caba- nes , {e laifloient pourtant repoufler & chaf- | fer de l'étang avec perte : & ils ajoûtoient | qu'un Caftor.peut fe | défendre vigoureufe- ment contre trois Loutres à.coups de dents & dé queuë.. Au -refte., les Caftors des. étangs fe. prennent rarement aux trapes, à moins qu'on n’y mettre pour fervir d' appas de ce bois de-tremble , dont je vous ai déja parlé. Jai. dit que les Sauvages vifitent «chaque jour leurs piéges , apportant dans leurs Cabanes la proye qu'ils -y trouvent. AufG-rôt les efclaves. écorchent. ces bêtes prifes, puis ils en étendent les peaux à l'air, ou à la gelée pour les faire fecher 3: cela | dure autant que la fin de la Chañle, qui fin. Ar le grand dégel >. auquel tems ils DEL AMERTOU SI. TS « mettent leurs Pelleteries en paquets , les + «tranfportant enfuite jufqu’au lieu où ilsont … : laiffé les Canots. en arrivant dans ce Païs de :’Chaffe, : dE - Quoi-que Jes ‘Sauvages ayent beaucoup - à craindre de leurs ennemis, pendant qu'ils : {ont difperfez.de ,côté & d'autre ;. occu- _ pant, comme. j'ai dit, plus de vingtlieuës - de terrain, ils n'ont prefque jamaisla pré . Caution d’envoyerpar tout.désdécouvreurs, ce qui.fait qu'ils -font très-fouvent furpris lors qu'ils y penfent le moins. .Je pourrois. - éitér.ici vingt: funeftes courfes des Iroquais. : dans les Païs:de Chaffe dont je parle, où | ‘ils ont .égorgé quantité. de nos Amis & Allez. J'ai: fait: tout ce que j'ai-pû pour . faire entendre À ces , derniers qu’ils. man- quoient d'efprit & de conduite.en cette ren- -contre-R , puis, qu'ils pouvoient facilement : fe mettre à. l'abri de-pareilles infultes , éta. bliffant des C2’ ses où ils pofrroient des. … Corps de Garde, quiauroient-l’œilau guer, pour découvrir les ennemis qui pourroient -s'avancer aux environs.de ces Païs de Chaffe. * Hs fe contentent. de:répondre.que cela eft -aonnable,. &:qu'il.eft vrai qu'ils ne dor- ment point.en füreté, Enfin, ils s'imagi . nent que leurs ennemis érant.occupez. à . Chaffer.de leur côté. ils font affez. fots pour - ne pas prendre aucune précaution. Cepen- - dapt,.je fçai que les 1rqnois.en ufent, tout t 0 _ CE8z - - ME more is es. autrement , ayant des Avant-gardes ,‘& des: : batteurs d’eftrade qui font toüjorirs en mou-: vement, ce qui fait qu'on ne les trouble : prefque jamais dans leurs. Chañles. Aw:: -refte , je ne crois pas devoir finir ce chapi- tre fans rapporter deux occafions où les 1r0-*: __ quois ont manqué leur coup en voulant fur- . prendreleursennemis, quoiqu'ils ayent par-* faitement bien réüfidansplufieursautresoc-:: cafions. - Bt LE L'année 1680: des Oumamis & les Iinois-. “étant à la Chadle près de la Riviére des Ou-* marnis; Un parti de Quatre cens Iroquois les - ayant furpris , tuérent trente .ou quarante : Chafleurs & firent trois cens prifonniers , ‘y°* comprenant les femmes & les enfans: En- fuite après.s'être um peu: repolez » ils fe” préparoient à retourner chez: eux à petites - journées, ayant lieu de croire qu'ils au- : roient regagné leurs Villages avant que les Iinois & es: Oumams. ent eu le tems: - pour avertir ceux-de ces deux Nations-dif- perféés qui chafloient en-des endroits ‘plus éloignez. Mais ils fe trompérent fi fort : “que ces Iinois & Oumamis s'étant ralliez au - mofibre de deux cens , réfolurent de périr - "plûtôtque de fouffrir que:leurs gens fuffent- | ‘emmenez par les Iroquois.. Cependant, com- * me la païtie n’éroit paségale , il s'agifloic à Éprnr- RS _ (res Fe NE D. bar Amen r FT ". Act 2 ft après. avoir bien refléchi fur la manié- : ‘re. de les attaquer, ils conclurent qu on : ‘devoit les fuivre d’un peu loin jufqu’à ce . qu il commençäit à pleuvoir. Leur projet. réüflir & le Ciel fembla.le favorifer, car :. un jour que la pluye ne difcontinua point. depuis le matin jufqu’au foir, ils double Le rent le pas dès que l'eau commença à tom-. ber du Ciel, & pañlant à deux lieuës à cô- té. de ces Iroquois ,-1ls. prirent le devant . pour leur dreffer une embufcade au milieu … d’une prairie, que ces derniers voulurent | ver pour gagner un bois, où ils avoient …: “‘deffein .de-s’arrêter pour faire de . ‘grands feux.. Les Iinois & Oumamis étant cou- chez fur le ventre dans des fougéres ,. at- “tendirent que les Iroguois-fuflent au milieu d'eux pour décocher leurs fléches. Enfuite ‘ils les attaquérent fi vigoureufement la . | eaife-têre. à la main, que ceux-ci ne pou- … vant {ce fervir de leurs fafils , les amorces . Étant moüillées , furent contraints de les … jeter par terre pour fe deffendre avec les. mêmes armes dont ils étoient attaquez , ( jentens avec leur caffe-tête }) mais comme j'ai dit ci-devant que les Iinois font une fois . plus adroits. & plus agtles que les Iroquois, . Ces dérhiers furent obligez de cedér aux , premiers “is battant en retraite jufqu à l'en. trée de la nuit, après avoir perdu çent qua- êre- vinpis Guerrier s. Le Combarquine dura — PA 284 MÉMOIRES qu'une heure eût duré toute la nuit, files s - Vainqueurs n’euffent pas craint .que leurs gens étant encore liez, & demeurant derrie- _reeux ne fuffent expofez à quelque furpri- | fe dans l’obfcurité:; 3-de forte .qu ’après les . avoir réjoints; & s'être faifi.de tous les fa fils des fuiards difperfez deçà & delà, ils : s'en retournérent en leurs Païs, fansavoir ; voulu:prendre un: feul: true ;:d€ peur: de à s'affoiblir.… _… La feconde aire arriva trois ans aprés celle-ci, dans le Païs de Chaffe des. UE is ;.où jevous ai marqué dans ma feiziéme .* Lettre que Je Chef de cette Narion me don 1 Da dix guerriers pour m’accompagner à la. Riviere Longue.: Voici comment.le coup fe fit. Un Corps de mille. Jroghois Étant venu en Canot à la fin de l'Autômhe.jufqu à la : Baie des Mififagues x dans le Lac.des Hu. ons; fans être découvert ,-mit piedsà terre en ce lieu: [à ::&comme:ils. étoient- NOM breux , 1ls fe mirent en marche;: :portant : des filets pour-pêcher. dans. les petits Lacs & Rivieres ,,en.artendant Ha:faifon des gla- ces.:qui ‘arriva peu.-de. jours après Dés qu’elles furent aflez fortes pour: paifer. def- fus , ils continuérent lenr’ route; côtoiant. le grand.Lac des Hurons jafqu’à cinq où. fix lieuës au-deflous. du Saulr Sainte Maries. où ils ne voulurent pas aller, craignant de | trouver des Cobreus de Bois dans le Fort. : = PET, CE: Di MERITQUE. Re he Jefaices.… Aïant traverfé la Baie ils. jugérent à ‘propos-de faire de très- petites journées, de. -peur d'être découverts; & ils eurent la précaution de, marcher tous de re fur la neige , afin-que fi par hafard on venoit à découvrir leurs:piftes on crût qu'ils ne feroient. que trente. ou quarante tout au plus. Ils marchérent de cette maniere . - jufqu’ au quinze ou vingtiéme de Février, fans qu'on. les aperçüt, mais malheureu- _ fement pour eux quatre Sauteurs les aiant vü pañler en fi grand- nombre-fur un petit Lac, coururent à toute jambe au Païs de Chafle des Outagamis. pour les en avertir, -quoiqu'ils fuffent en puerre avec EUX. Ce- pendant le dégel étant furvenu.contre l’at- tente de ces Iroquois , qui comptoient d'avoir encore une vingtaine de jours de gelée felon la:coûtume ordinaire de Ja faifoni, leur-fit - . doubler le pas, cherchant les pallages les plus ‘étroits &;,les. moins fréquentez. Les . Ouragans, étoient. fort embaraflez du parti qu'ils avoient à prendre. Il eft-{ür. qu äls pouvoient ratraper leurs Villages en toute füreté, mais ils auroient été. contraints _d abandonner. Jeurs. femmes & leurs enfans . qui n'auroient. pas. eu. la force de, courir aufli vîte que les hommes. Enfin après avoir tenu-Confeil entr'eux ils. réfolurent “des avancer jufqu'à un certain pallaged’une , demi. lieue de longueur , & de trente Bas de « largeur entre deux petits Lacs ; par où ils - Voioient bien que les iroquois devoient abfo-. Jument pañler. Ces Ousagamis n'étant que -Quatre cens, jugérent à propos defe partager! en deux Corps, c’eft.à dire, que deux cens” = fe tiendroient à un-bout du paffage, qu’ils -fortifiérent aufli-tôt de pieux- dans une tra-. - verfe de pieux d’un Lac à l’autre; &que les. * deux cens qui reftoient s'en iroient à un* quart de lieuËëà côté de l’autre bout du paf=* -fage par lequel les Iroquois- devoient entrer, . afin qu'après avoir coupéchacun un pieu , ils accouruffent diigemment pour le fermer; «& qu'aufli-1ôt que les Ir6guois auroïent-en- * filé le chemin, les découvreurs envoiez pour + “Obferver leur marche, viendroient prom-* ‘Ptement en donner. avis , ce qui fut pon-… Cuellément exécuté ; car dès que ce gros! -parti qui cherchoit les chemins les plus é- troits fut entré dans celui-ci, les deux cens * | Oatagamis qui étoient à-un quart de lieuë : _à côté, accoururent .deoute leur force, portant affez de pieux pour fermer ce pe-« ‘tie efpace dé terrain borné par les deux pe. tits Lacs 3 deforte qu'ils eurent tour le” tems de les planter & de lès apuier avec «de la terre avanr-que les Iroghois, étonnez à d’avoir trouvé le chemin fermé à l'autre « bout ; fuflent revenus {ur leurs pas, pour : # voir renfermez entre deux barricades. : Or quoique, comme je vous l'ai déja dit « RSS LE ne rt on ‘ DE L’' ME R"I QU E. 187. _ bien des fois s, les Sauvages n'aiant jamais. eu la témérité d'attaquer un Réduit de cin- ‘ quante pieux, ces Iroquois ne tn à pas ‘de vouloir effaier:le coup ; ils vinrent en. - foule À toute jambe pour forcer la nouvel-. le barricade, mais ils lâchérent pied dès [a remiére décharge que les Outagainis firent . entre l'efpace des pieux, car ils n’avoient pas. eu le tems de les joindre comme il faut. . _ Les Iroquois fe voiant ainfi renfermez cru- rent que le nombre des Outagamis étoit plus . D ob Cependant il étoit queftion de for- _tur'de cette prifon ; or dé fe jetter dans l’eau. pour traverfer l’un de ces Lacs il yavoit de. la vie, outre qu'il falloit avoir bonne haleine - & bob cœur, Car le trajetétoit large & l’eau - très. froide., les glaces ne.faifant que de. fe. fondre : pendant ce tems- là les Outagamis fortifioient leurs barricades de mieux en. * mieux ; eñvoiant des coureurs difperfez de. diflance à autre fur les rives de ces deux. étangs pour affommer.tous ceux qui. vou droient aborder à la nage, D) Msloré toutes ces précautions Îles troguois trouvérent un expédient merveilleux qui . fut de travailler à faire des radeaux avec les arbres dont ils étoient environnez ; mais: les coups de hache retentiffant un peu trop . fort, firent juger aux Ouragamis du deffein- qu'ils avoient; ce qui fut caufe qu'ils firent. des Canots de peau de Cerfs pour. roder fus } RASE Ars M-E-Mo-t R sr. À ces deux étangs durant la nuit. Ces ra __ deaux furent: faits en cinq ou fix jours, pen-* dant lequel tenisles. _Iroquois -péchérent des. Truites en quantité à la vûë des Outaga is ; qui ne-pouvoient.| ’empécher: In'é- toit plus queftion que. detraverfer l’un des” Lacs, & de fe-bien battre en abordant à ter- "r6., au cas que leur navigation fecrerte fut. _ découverte, Pour mieux rétfhir ils firenc une feince dont le-fuccès- eut. été infailli- ble , fi le fonds de ces Lacs n’euc. pas été. bourbeux.: Car aiant facrifié vers la minuit fur l’un des deux Lacs vingt efclaves qu'ils obligérent à poufler un radeau > ilsfemi- _rent en devoir de pañer l’autre étang {ur la. même voiture, fe fervans.de grandes per - ches ou lates au lieu de rames; mais com-- .me.ces perches s’enfonçoient. élément dans : Ja vafe. que-nos. navigateurs avoient beau-. coup de peine à les-retirer , cela les fit aller: plus lentement ;:fLbien.que les Outagamis ; qui d’abord.avoient pris le change , en s’at-. tachant aux efclaves ; eurent. le tems ‘de courir à l’autre Lac , eù.ils aperçürent les Iroquois , éloignez: do berd-environ la par- tée du moufquet. Dès que ceux-ci fe trou- … vérent à trois pieds. d’eau 1ls s’y jettérent! _fufil bandé, effuiant les vigoureufes déchär- ges des Ouragamis. qui, n étoient que trois. .cens , parce qu ils avaient laiffé cinquante. OR: à chaque barricade. Ce futur M des PA à 3 2 AN A Te Er 4 LA LT ELLE TP rt LL PRET MR, 2. 22 TA rm ETS LL ELLTLLZ ELLE LLC SSL SF FLE Trme deg Outamas. J Nek {rime des Hurans PPIITÉ. LLSCLIO RS NÉE NN) ANNEES NAS ARR k ANNEES (AE RTE RON \ L À à à * AUX à \ . PPLLAÈ TS É S À Èù NS SN EEE ED NES RS SNS NÈ N\ ù Arme des Nadouessrs appelles S'eroux . ; ù R Arme de PARLE L è PER a+ DELA MERTIQUE ‘IPg miracle que les Irogwois ne furent pas tous. a en gagnant terre, car ils enfon- ns-la:.vafe : jufqu’ au. genou, “fl ‘que comme-c’ étoit pendant la nuit, s des Outagamis ne portoient - +en-foit , il én demeura cinq. l'eau ,& le refte ayant pristerre mal. gré. de ee de. l'ennemi ; ces Iroquois d Débat a uez attaquerent fi vigoureufement les. eg sque files cent hommes deftinez: à la garde des barricades n’étoient accourus. Di ice au bruit .de la-moufqueterie,. les pauvres Ouragamis Étoient en rHque de. refter fur la.place. Ils fe -batirent: jufqu’au jour pêle mêle avec une rage épouvantable, difperfez deçà & delà dans le bois, les gens de même parti. fe tuanc les uns les autres fans fe “connoître ; mais Jes-Jrogwois , qui jufques-là s’éroient obftinez à-ne :pas ceder. le champde bataille à. caule de leurs bleflez, | &c auffi parce-qu'ils nevouloient pas que les Ouragamis profitaffent. de. la chevelure. de leurs morts, furent obligez de lâcher pied. fans être pourfuivis & 1ls S'enfuirent. à. uge,demi lieuë , où ils fe rallierent. J'ai {à par divers rogiois quelques années après æe Combat ,-que ceux qui reftoient, vou- loitent recommencer un nouveau choc, mais comme la poudre Jeur manquoit & que d’ailleurs ils étoient obligez:de re. $ aller fur les terres des. Saureurs pour s s'en \ v” { 4 190 MemorrEs Te retourner dans leur Païs par le même che min, ils changerent de réfolution, en quoi} ‘ils eurent grand tort, car étant encore au j > ‘nombre de trois -cens ; ils eüflent infaili-" “blement été les plus forts, les Outagamist Étant plus foibles d’un tiers, & ayant perdu | la moitié de leurs: gens dans ‘ce violent } -combat, outre‘ que parmi les deux cens qui” -reftoient , 1l y avoit trente bleflez ; ceux-ci” ‘s'étant retranchez dans le même ‘endroit ! _ où l’action s’étoit pafñlée , donnerent leur} } ‘premier foin à ‘panfer les: bleflez tant CEUX | -des Troquois que les leurs , & après avoir _“pélé la tête de tous lès morrs ennemis ‘ils envoyerent des découvreurs pour obfér-… ver la marche des Iroghois, enfuite-ils retouf- -nerent chez eux fans rien craindre. Arrivez à leurs Villagés, ils débutérent : | _ ‘par une aétion de reconnoiffance envers les! ‘quâtre Saateurs qui les avoient avertis de J'aproche des Iroquois, les proclamant grands. Chefs de guerre, leur'faifant part delamoitié «deleur Chaffe qui fe montoità plusde60000 “écus, & prétendant que ces quatres Sauvages débit hériter des Caftors & des autres” Pelleteries des Ouragamis qui avoient peñ ‘dans le Combat: enfin après avoir fait à ces” ‘donneurs d'avis toute la bonne chere poffi-. ‘ble & tous les honneurs qu'ils font capables! dé rendre à la maniére du Païs, ils les ren-. ‘voyerenten Canot au Sawr-Sainte-Marie par. | 4 | : 1 . $ DEL AMERIQUE °ITOL faBaye des Puans ,avec une efcorte de cin-. quante Guerriers. Ceux-ciréfuferenten vain les prefens & lé Cortege, parceque les deux . Nations étoient en gucrre ;-on les força de. lesaccepter, & c'eft ce qui fut caufe que la Paix {e fitentr’elles au bout de quatre imois. En voilà , ceme femble, aflez pour vous fai- re concevoir les rifquesque les Sauvages cou= rent à la Chañle des Caÿfors : cependant, : quoique je ne faffe que finir deux ‘avantures de guerre, jene laifférai pas de vous apren- dre dans le chapitre fuivant en quoi con- fifte leur Art militaire, vous.y verrez un dé- tail qui -pourra vous-divertir &‘faireplaifir à vos Amis, ; | ‘Guerre ‘des Sauvages. # E Sauvage nommé le Rat, dont je vous. À ,ai parlé fi fouvent, m'a dit plufieurs fois. que la chofe du monde qui embarraf- {oit le plus fon-efprit., c’étoit de voir que les hommes fiffent la guerre aux hommes. : Vois:tu , difoit-il, #on frere , nos Chiens s'acor- dent parfairementhien"auec ceux des Jroquois, : © ceux des Iroquois avec ceux des François. Te ne fçache point que les animaux de le même efpece fe .fafent La guerre à l'exemple des hom-. mes qui paroiffent moins Naturels en cela que: des ‘bêtes, Pour moi , je croi, continuoît- il ;: que fi les animaux pouvoient panfér, raifonners BE ke | 5 ) sHR © MR. À gg, MEMOrNES 2 «@ fe communiquer leurs fentimens ; # léiir fes. yoif facile de détruire rout le genre humain.” car énfin:fi les Ours: les Loups étotent Capa . “bles de former une République ; qui les ‘empé-\ _cheroïit de s'atrrouper dix ou’ douzemile &* de! “gent fondre fur nous > AUTORS-N0US en Ce cas à" SSSR SR ere 0e RATE [= + 5€ tan Castor, Chesn € TD A ES Lrlre L'hios rle-ren afloi =. a est OST ASS7RS 7 ne. =. =, m NE NE 1 RC? A : SAS £ MOT PHONE EEE TT D 72m a 7 es > RS É SZ "= r RSR EE 6 5 LS 2 ‘ K Y "1 ESS TESTS F. S nu 2 3 2 ê om ; HE PAT EEE EN PEU er Î Hi l ÉNÉCELNEEN CHAR] ut joie MALE PEER EP D HAE HE sa A ss | 1 PULL LÉ q" vaau HA HI H HA | BAUUSSURE ( Hi Hit Ë LELEN LITE seuss æ CA ANNEE LEE ET ETS AERTN LAN S D'ADNBU AL AU ENANUE NS NA ENA CS, 2 SRE LE SS Eacs , aufli-bien que les Iroquots 3 ceux-ci ont cet avantage fur leurs ennemis qu'ils font tous armez d'un bon fufil , au lieu -que les autres ne portant cet inftrument que pour la Chaffe, iln y a ordinairement que la moitié du Parti pendant le voiage quien foit pourvû ; ce qui fait que plus ils approchent du Païs de leurs ennemis, moins ils s’écartent pour chafler , fur tout # avec les armes à feu dont le bruit les pour- roit faire découvrir. Dès qu'ils font À tren- te ou quärante lieuësdu danger , ilsne chaf- fent plus, fecontentant de porter chacun un _pétit fac de farine de bled d'Inde de la pefan. teur de dix livres, laquelle ils mangent dés .trémpée avec un peu d’eau fans ètre cuite, n'ofant pas faire de feu. Si ces Peuples qui font la guerre aux 1r0- “quois ,'Üont Iinois ; Outagaimis , Hurons ou Sauteurs, & que ces Partis veüillent faire un coup de mein-, ne fuffent-ils que trente, ils _n'héfitent pas à s’avancer jufqu'au pied du * Villige des ennemis, comptant fur la viref- fe de leurs jambes en cas qu'ils fuffent dé- couverts. Cependant, ils ont la précaution de marcher l’un après l’autre , & celui qui fe trouve le dernier a l’adreffe de répandre - des feuilles pourcouvrirla piite. Aprèsavoir- franchi ce pas périlleux , & lors qu'ils font” entrez dans les champs des Iroquois, ils cou- remoute la nuit paffant la journée cou» « 4 200 ME MOoTRES | chez fur le ventre dans de petits Bois au , * dans des brouffailles , tous enfemble, ou. _ difperfez. Vers le foir , ou fi-tôt que le So- Jeil eft couché, ils fortent Xe leur embuf- cade attaquant tous ceux qu'ils rencontrent, | * fans diftin@tion d’Âge ni de Sexe; la coû- _tume de ces Guerriers eft de n'épargner ni lés enfans , ni les femmes. Lors qu'ils ont fini leur maffacre , & qu'ils ont levé lacche- - velure des morts. : ils ont encore la. har- ‘dieffe de faire le cri lugubre. Appercevant de loin quelques. Iroquoïs , ils s'efforcent de | ‘ eur faire entendre qu "On à tué quelques ‘4 uns de leurs gehs , qu’ils viennent leur donner la fepulture , que l’aétion s'eft faite . par: un tel Chef, & par une telle Nation, après quoi ils s'enfaïent tous de plus vite. qu'illeur eft poflible par des chemins dif. férens ; jufquà certain rendez- vous à tren- te ou quarante lieuës delà, fans être pour- fuivis des Jroquois, qui ne fe donnent pas. cette peine, fachant bien qu'ils n'ont pas. les jarretsaffez {ouples pour les pouvoir at teindre. Si.ces Partis font de deux ou trois cens hommes , ils tentent d'entrer adroite- ment Ja nuit dans le Village, faifant ef- _ calader lés paliffades par un ou deux Guer- riers pour ouvrir le: : portes , en cas qu el- les foient fermées ; mais il faut remarquer que les Ouraouas au. bien el les Autes | À à D ne contribue pas. peu‘à leur rendre la chair teñdre & délicate. Ee Maître prononce donc toût haut Gagne “moyoury , il y a un Chien de cuit; ou-bicn \: - Sconontonyoury , il-'ÿ a un Orignal de’ cuit, Car il nomme routesles viandes que l’on fai6 ‘Cuire dans la chaudiere les unes après les “autres ; à chaque fois qui les -nomïne cha- “cün répond "Ho , &'frape du poing’contre terre pour märquer léurs joyes &'aprouver -Pexcellence du feftin. Après cela léchef de la Cabane prend les Ouragans d’un cha- “cün, les rempht;'avec une grande Micoine, des viandes cuites dans la Chaudiere , & -continué à les refnplir tant que ladite chau- ‘diere foit vuide. Il faut auf que chacun ‘mange ce que l'en lui fert., car s’il nele-fai- Loi | 2 26 FU 3er élites 217 'foirpas ce feroit faire honte à Celui qui trai- ‘te : Mais fi abfolument il ne pouvoit päs ‘tout manger ce que l’on a fervi, il eftobli- ‘gé de fe racheter par quelque petit prefent ‘qu’il fait au maître de ja Cabane. De quelque animal que fe fafle Le feftim, J'on prefente toüjours la tête toute entiere ‘au premier Capitaine , pour honorer fiver- ‘tu & fon courage. C'eft aufi la coûitume que celui qui régale ne mange point peri- “dant tout le repas, mais pour entretenir la “Compagnie il chante ou conte quelqu’une -de fes belles actions de guerre, ou de fès “ancêtres ; après que tout ct fait chacun fe ‘retire fans boire , car on n'en prefente Jae ‘mais à moins que l'on ‘n’en demande, ce ‘qui arrive fort rarement , ‘parce que, vom- ‘me je l'ai dit dans d’autres endroits , l'on “n'y mange rien -de trop falé , & quiexci- te à boire. : La nourriture bre des Sauvagés cf ‘le pain de bled d'Inde, & la: Sagamité qui Men eit face | Chaque famille fubfifte de la pêche Chafle & de ce qu'elle féme , aiant autant “de terre qu'il leur eft néceffaire pour kg propre fubfiftance. Pour manger le bled “d'Inde en pain, ils font un peu boüillir le “grain dars l'eau; après-quoi ils l’effuyént _- ‘& le font fecher au Soleil, plus te broyent | “dans un grand mortier de bois, le Pétriflage Tome ll, L< & » me « EMIOSTAR EST | | . avec l'eau tiéde, & le font cuire fous lacer. . dre chaude , envelopé des feuilles du mêé- .me bled ; & faute des feuilles ils le javent , quand ileft cuit. Ils mêlent ordinairement . dans la pâte des fraifes, framboifes, meures _fauvages, bluets, & autres petits fruits fecs. .& verds, pour lui donner goût, parce qu’il -n'enfa pas SOC eft fort fade de lui-même. . La Sagaimite , qu'ils apellent Oter, eft com- pofée de bled d'Inde cru , misen farine fans _æn féparer ni la fleur ni je fon qu'ils font boüilliraffez clair avec un peu de viande & -& de poifion , s'ils en ont, Pendant que la :Sagamité cuit ils ont foin dela remuër fou- «vent avec le:Sroça , de peur qu’il ne s’atta- ‘che au. fond de la chaudiere. La Sagamiré eft toute Ja nourriture des Sauvages , & 'eft leur viande, leur pain, & leur tout , après- quoi il n'ya plus.rien à atendre pour le re- -pas. | _ Auparavant l'arrivéedes François:dans les _-païs Séptentrionaux ,.tous les meubles des Sauvages n'étoient que de bois -d’écorce ou de pierre : Des pierres ils en: faifoient des haches & des coûteaux ,.& du bois & | de l'écorce toutes les autres uftenciles de ménages Mais comme ils n’avoient pas encore l'ufage des.chaudieres avant l'arri- vée des:François, ils creufoient des troncs d'arbres en. forme d’auge , où ils faifoient | guire où plitôt mortier leurs viandes à # : pe ‘1 À MERLP@U Es 31e _èn cette maniére : ils faifoient un grand “feu, & mettoient dedans quantité decail- po & de grés , qu'ils” jettoient eafuite “dans le tronc d'arbre creufé , rempli d’eau’, “dans lequel étoit la vénde: &"le. POXIER “qu'ils vouloient faire: cuire. | “ré fuis ÿ Monfieur , $ôtre > &Ce à Si SUSDSE LA ANSE “AURO1S bien pü vous envoiersun Difionairede À cous les mots Sauvages , fans en excepter aucun, Ÿ avec plufeurs Lin curicufes , mais celane _qous eût été d'aucune utilité ; il fufäc que vous - ous voiiez les plus ordinaires dont on fe'fert à tout moment. 1l:y.en à fuffifamment pour un homme qui voudroit pafler en Can44a ; car fi pendant la _traverfe il aprenoit tous ceux qui font ici , il pour- _roit parler & fe faire entendre des Sauvages après les _avoir fréquentez deux ou trois mois. ‘Il n'y a que deux Meres Langues en toute lé. _æenduë du Canæda que je renferme dans les bor- “nes du Fleuvede Miffiffipi, au-delà duquel il y en. “une infinité d'autres que peu d’Eurepéens ont pü :aprendre jufqu’à prefent , à caufe du peu d’habiru- ge qu’ils ont. eu avec les Sauvages qui y font fituez. Ces deux Meres Langues , font la Hyronne & _d'Algonkine. La premiere fe fair entendre des Zre-- _quôis, n’y aïant pas plus de différence entr'elles que du Normand au François. 11y a aufli des Sauvages qui habitent für les Côtes dela NouvelleTork quiont ‘Je même langage , à quelque chofe près. Les 47- \ daffoguerons, les Torcntogueronons,les Errieronons, | _& plufeurs autres Nations Sauvages que les 7re- queis ont. totalement détruites , arloïent auff Ja ‘même Langue, s’entendant parfaitement bien.:La fecoade Langue eft aufli eftimée en ce Païs:là que Ü à 4 L ji # F- _ LaneUEnEs SAUVAGES. 21£, fe Grece & le Latin le font en Esrope, quoiqu'il femble que les Algonkins , dont elle eft originaire,la deshonorent par le peu de gens de refte de cette Nation , n'étant pas deux cens hommes tout au Moi | nads , à la referve de celles dontje viens de parler,” ne différent pas cant de l'A/gorkine , que l'Italien: de l’'Efpagnol ; ce qui fait que tous les Guerriers & les Anciens de tant de Peuples différens fe piquent IL faut remarquer que routes les Langues de C4" £ de la parler avec toute forte de délicarefle. Elle eff tellement néceflaire pour voiager en ce Pais-la , qu'en quelque lieu où l’on puille aller , on eft af- furé de fe faire entendre à routes fortes de Sauva< ges , foit à l’Acadie,à la Baie de Mud/on , dansles Lacs & même chez les Zroquors | parmi jefquels il _s'en trouve quantité qui l'ont aprife par raifon d’E- tai , quoiqu'il fe trouve plus de différence de celle ci à a leur , que de la nuit au jour, La Länoue A/gonkine n’a ni tons ni accens , é= ., + 9 ”: « ss 4 nv * : 5 Y pe LE Frot: à ie 1 Facile à la prononcer qu’à l'écrire, & t point. de lettres inutiles dans les mots. Elle” n'atan n'eft pas abondante non plus que les autres Langues Amériquaines ; car les Peuples de ce Continent n'ont la connoiffante ni des Arts, ni des $ciences : lis ignorent les termes de cérémonies & de compli- mens , & quantité de verbes dont les Européens fe fervent pour donner plus d'énergie à leurs difcours : aucun mot d’inutile & de fuperfiu. Au refte Langue n’a niF,niW. confonne. J'ai mis à la fin quatre tems de l’Indicatif du ver- be j'aime. L'indicatif {& forme de l'infinitif, y ajot- tänt la note perfonnelle 5, qui veut dire en abregé moi où je ; tellement que $2kr4 fignific aimer , au s lieu qu'ajoütant cette note ocrfonnelle ë? à l'infiut- tif, on fair in fahia , qui veut dire j'asme. Il en ft ainfi de tous les autres Verbes. pe Ils ne favent parler que pour favoir vivre , m'aiant » CÉÉLE x PER 2 4 # KC-418 = . da STE ‘ u a ® + 222 Dicri ONNAIRE DE LA. il Li] Left facile de conjuguer les verbes de:cetre Lan gue , dès qu’on fair le prefent de l'indicatif. On. ajoûte à l'imparfait Ban qui fait Saiaban , celte d-dire , j'agmois ; au parfait on mer {5 après la note perfonnelle , parexemple, #4 ksfakiæ , j'ai aimés. & de même au futur un g4, par-exemple , #5 gafa= 44 où #17 gafa ia, j'aimerai, On peut faire tous. les autres tems d’un verbe avec le prefent de l'indi- <ätif, comme par. exemple, ÿ'asmeress jnigofñe \ fiaban ; j'euffe aimé, ni hio[abiaban ; en un mot, | quand on fait bien le prefent de l'indicatif, & les particules qu’on doit ajoûüter aux autres tems , on ap= prend cette Langue en très-peu de tems. Pouf.ce qui : cf de l'impératif , il fe forme d'un 4 qu'on met à la. tête de l'infinitif ÿ par exemple cs fakta 1 veut dire. “ &imer : Afaïkia, veut dire aime, & le plurier aie mons ; fe fait en ajoûtant #4 à la queuë de l'in-. finitif, par exemple , fxkia , c’eft aimer , & fa. liata veut dire aimons. Il ne nous manque plus. | que les notes perfonnelles , c'eft-à dire, Ÿ Ye. os Moi , Nr, Vous, Kiraona.. Tu ox Toi , K:r, Vous & Nous , Kiraoueint, 1 o# Lui, Oä;r, Ils ox Eux , Owéraons. Nous , Niraoueinte us jp dE : À Bandonner, délaïffer, j'abandonne, Packitam. | Accourir , j’accours , Pétchiba. Lite : « , » 5. # : # | Agréer , plaire, j agrée : Miroäérindane. Aider , after, Maouincons. | Aimer , chérir , Saksa. ne ke 4 à Aiguille à coudre , Chabsunikan, | 4 Aller par terre , je vas , Trje, 4 Ve ae Aller par eau , Pimifca. ; EUR: : Appeller, nommer , Tichintke.,. A prefent, Nengorm.. Bord , de l'autre bord, ou côté, Gaamin’, 4 | à / LANGUE DES SAUVAGES, 223 Aftiver , j'arrive , Taïouthin* OR MO Affez , c'eft allez , Mimilies” | Ait Avare , Safakiffi. ‘Aviron ; Appoué. “Aujourd'hui, Ningom. Avoir, Tindala. Autrefois’, Piræouige, Autre , Coutak. : RE ch Avoine , folle Avoine , inconnue en Esrepe ; M#. . demin. | Anglois , Ouarfakamink dachirins._ Admiration des Sauvages , c’eft adinirable, Pilaona, en ce cas c’eft par dérifion, | ne. Arbe , Mifchiton. _»Baril , Aoyentagan. | Bague , anneau, Dibilinchibsfon, Bales , Alowin. : ; | Birbuë , Poiflon , Malamek. | Batefeu , fufil à faire du feu , Scoutékan. Bas, chaufles, Mitas . Battre , je bats , Packité. . Brave , courageux Soldat, Simaganiss Beau, Olichichin. Beaucoup , Nibila. Bien-tôt , Kegasch." Bien , voilà qui eft bien , Ofcoñelim. - Bien , &bien , & donc , Achindach, Bois à brûler , Mitrie | Eled d'Inde , Mitamin. _ Blanc, Onabi. Boire , je bois , Mintrones Bon , Komelatch Borgne , Paskingoë, Bouclier , P#kako4, Boyau , Olaksch Bouillon , ou fuc, Oäzbon. ÿ k 4 224 DiertonnAIRE DE LA Boiteux , Kakikaté Reid ; Boureille , Chichigoué. ASE Len ps Brochet ») Ktnonvyé. Bouillie » Où fuc de farine de bles inde Mitte à minabon. Aftor , animal, Ait... n LE QE Ca , or fus , Mapps. Capor , Caporioëiam. ei TU Canard , Chichip, | Caftor , peau de Caftor, Apimsinitoue.. Caänot, Chiman. Camarade, chez mon Camärade FA Airébé. ’ Nés. ‘ chibione. Cachete , en cachete , Kimouch, à Cabane , Ouikiouam. | Capitaine Chefs Ohima.. +: das C’en eft fai, Chayé. NT : Cert , Micheoué. pti | Cendre, poudre ,.pouflere, Pingoés. Cela , Handa. _Criui-la, Maba. Ar Chauderon , Akikons, Chaudiere , Shik | Chevreüil , Avyaskech. { Chemife , Papaketins, Chafler, je chafle , \iouffe. : Chercher » Je cherche. » Nantaouerimas. Chemin , Mickan. Chaud , Akrhatté. Cheveux Labs, - Chez moi , Entayant. Chien, Am. Petit on. Alimons. Chacun ; Pepegit. Changer , je change, Mifcoufch. Ciel , terre d’ enhaut » Spiminkaïouns.. Corps > LaPa. | LANGus Des S AUV À GES. 225. Connoître. , je. connois , Ké: ere "Det Coucher , Ouipemne : $ Comment , Tani, per Coùteau-, Moctoman. “Couteau crochu , Coutagan.. Courage, j'ai courage, Tagouamiff. ‘ | _ Couverture de laine Blanche , Ouabionta#, Combien , Tantafou ou Tanimilik." Courir , Pétchibas, ‘ Cul , Miskoafab, Culote , “circonlocution , ce qui cache le cul , Kia” pokitie Koafab. | ; Chämps. enfemencez , Kitfeganink Chänter , Chichin. var Coïftruire Vaïlleaux ôu Canots, Chimanité, a) CX, Mashimout: Croire , Tikerima. Cuéilliere- “ Michonan. D. \Anfer, ‘je danfe , Nimis Danfe des Sauvages ; au fon dés calebaltes, » Chichikone. A Darder , je darde, terme uf te Fi dire , &c. Pain” chipaoun. 20 D'abord , Onibarch. rt " -Déliberer, réloudre , je. détermine , nhdidiii à Dérober , Kimonrin ne, Dents , Tibit, Demain , Ouabank. 4 Après demain ; bib b + Dire , je disa quel , Tia Dicil ; il dit , terme foit ufité, You. Dieu du Ciel, Maître de la vie. Grand Efrir, être: inconnu, Kitchi. Manitons ; ; Donner:, je donne , Milas. Doucement , Peccaboge. oi Dormir , Nipa, D'où , Tanipi, : " 2 # % % v - ner... 4 | | À »-- - £ £ % : L PSI < Diable ; mer crie MaschisManiion je ce: M : en deça : Undach… vs \Au , Nüpi. fe -Eure, refter , T apia. Eau de vie, Suc ou boüillon de fu, Scntioiabo es Enfemble , Mamaoue. NE : : Entendre, Nifitoraous, . ds Enluitc , Mupriach. | LU | ES; Gaye ou Miprenges EE ee En vérité , Keket, "0 Ar Enfant, petic enfant , Bobilouchins. Etbien, & donc qu'eft-ce, Taninenties.. En auvcre endroit , ailleuts , Consadsbi. | Encore , Minaomafch. Entierement , Napitch. En avant dans les bois , Nopemenk. Eftimer, je confidere , j'honore » Napitelima. - Ecrire , j'écris, Mafinai e. Epéc , Simagan. Elprit , avoir de l'efprit , Nibouacka. E(prit , intelligence être invifible., Maniton. . Efclave ». OHac:An.. Etoile, Alan. En deçà : Undachdibi.… Egal ,; fémblable , l’un comme l'autre : Tab S comtche Æturgcon , poiffon , Lame". Art * Etongant , C’eft étonnant ou admirable, à Éttioné, : | ai | r'Aire , je fais:, Tochiton | Fariguer, 1e fais fatigué , Ta ouf. : Faim ,j'aifaim, Pactaté. Fâcher , je me fée ; Lskatiffi.}: Faire ou tirer du feu d’une pierre , | Scoutec LTER Faire la cuifine , je fais chaudiére » ferme Pense, F40HE. x . LAneu: E DÉS. S'aUvA ES, 227 Fer , Piouabi À Femme , {croue. Fille , Zckoneffens Fort , forterefle , Ousclaigan. Fort , ferme, dür, Mach:aona. | For ; F3 homme de ‘force , Mach Kaoueffi. Fourche , Naffaouaiouat. . Frere , Nicanich. France , Pais des François » Men ion end8- lakiaié Froïd , avoir froïd , Kikatch! Fuzil , Pas'ifhi Grnan. | Éumer je fume du tabac, Penta'oe. Fumer , faire fumée , Sagaffos. | François , apellez conftruéteurs de Vailleaux, Mittio che: Eh, cafant , Nitianis: ortifier, je fais des forts , Ouac. aire Arder , je conferve , GanaouerinÆ. Gagner au jeu , je gagne , Packitan. Grand, en mérite, valeur , courage , &c. K s#bê, Grand , haut. Mentiton: Gouverner , je difpofe ,T iberim CAS Graille , Pimite. | Gens ; peuples , Zriné.. Guerre, Nonrobali. | Guerriers , Nantobalitchs:. | Gouverneur Général de Canada, Kitchi o'ioma fima= _ganich; c'eft-à-dire , grand Capitaine de guer - re jou grand Chef des Soldats. | Guerroyer, faire la guerre, Nanroubalimn, Geler , LU LR Lg © gèle fort, Kiff di est d H. H:°: ,‘j'abhorre ; > Caluire | Hache grande , Agackonet. Haäche pere ,; Agacrowetons, | à Ke x 228. DICTIONNAIRE. DE LS . Haut ,en haut, SPIRTRS Herbe , Myask. © 4 A. Hiver, Pipoun.. f REIBE Hier, Pitchilage. : Homme , Alifinape. Honorer , Machaouala. Hiverner , je pafle l'hiver, Pipouxichès. | Hurons , ee , N adouek, | JE Es ; au plurier , - Marchiradenet:… Jamais Kaouic'a. Jaune , Outue. Téfuite , , robemoire , M ackate ochôte Jetter , je jette , j abandonne » terme de répudies- fa an Oncbinan.. Jeune ; Ouskine aff. Ici, Achonda où achomands..! Vol, propre , Safega. Jour, un jour , Ohonogat. Joüer , Pachigoné. HHaS a Incontinent , Owibatch. le, Minis. Ile , peninfüle Miniffin.. . : Ivre , fou ,ivrogne, Ouskonebi.….: es Lmpolieur , Manif. LL. _Aiffer ; Pachitan.. Hi OrRie , Outon. Lac, grand Lac, Kitchigamink. Là, par , Mandadibi. Là loin , par là haut, pre à Las » je fuis las, Takouf. . Liévree, ‘Ouapous. Libéral, Oualatifis Loup , "Mabingan. de Long : tems., il y à long-tepas» 2 C hacbay és. 4 Loin , Ouatfa. Loutre 2 N ft fe ex 1! À À Ram DES. Sauvages 232 | Lumiere, clarté, Vendaa, | “? | Lertre, Maf Gnaygan.. Latchisthe, Male, Nape. - Malade, Outineous, Lune , l’Aftre de la nuit, Debikat Thiais A ai / Mise je matche 1 Pimoulfe. Marier , je prens femme ,. Osouin. : Manger, Ouiffin. Mauvais, méchant, parlant des Iroquois Malatifr ; Malicieux ,. fourbe, qui a le cœur. mauvais ». Ma - ! | * & Maîtrefle , amie : Nirimoufens, a Mari, qui.eft marié, époux, Napemha : Marchandifes ; £lotatihiçan. Mer , grand Lac fans. bornes , 4 comtibigomindt Medecine , breuvage , Maskikik. Miroir, Ouabeme. Mort, N iponine 4 Mourir , je. me meurs, Nip. Moucher la chandelle, ; attifer le feu , Ounfacolens. damaoux. Moitié , Nabal. | Ma, cela va. Si is ne vautrien, Napitchs Malasat. nus | à + On. nenni, K4.: Nez, Tach. Nouvelles , Tépatchimon , Kan. + Nouvelles, je nes nouvelles, Tépatkhimons Nuit, Debikas.. Noir, Mackate.… Nager, ramer. Tapous. PAUL je navigue, Pimifcæ: : L O Ui, Mi ou Minkouti.. Oui fans doute, vraiment oui Arte ou Sat s: kemr.. ri & N 220 : DÉCHONNAIRE DE LA | Orfeau , Pile... Ta à 1 ds a Sie Orignal, Elan, Mons . ra FEU N ONE Ours, Mackous. | | Ourfin, petit Ours, Makons; Où eft-il? De quel côté eft-il? Tanipi api "+ D'où viens-tu ? De: ue) côté-viens-tu À Tanipiese. dayenk. - 4 Où vas-cu ? de quel côté yat Taga Kitijéi | rs I & petit, Marichich. à Où, Hu ne | è ÿ'Arler, Galoula, Pain ?P4 bouchikan: Patt, en quelle parc, Tanipi. : Pais, Endalakian, Paix, Peka. Faire la Paix, Pekatchi. : Parent, Taouema. Paÿer, je paye, Tipaham.- Pas encore, Kæ.Mafchi. Parce que. dE, arts que» Miouir6b. Parefleux , Kitrimi.… Petdrix, " Define à “Peäu ; Packikin: “de. Mibore Kagouetkh ou Kéouia. re Penfer , avoir opinion, Tilelndans. a à Petit Ouabiloucheins. | Pere ;:mon pere , Nonfhé.…. Pendant que , Megontch. Peù , Me Mangis. Peine «Être En FIRE Être inquiet , Talimif. . Pifler., Mini | î Pile ,ymortier de bois à piler du bled d Jade , 7 tagARe Pitié , avoir pitié , C baduerine Perfuañon , Térerigan. Pierre, afin: Pipe, -calumet, . Poagams.::. — Ua ANGUE DES Sauv AGES, 235: Pluye, Kimionan.. a ‘Plein, Mouskinef. : . Plat d'Erable , Soule'Mickonm.…. "he - Puis, enfuite, Mipidach.. | Lt ; _PoifOns, ins: | Poiflons Dancs »> Attibameke . | Hi Paiécleine ÿ-grain de poureelaine N Ailes. wA Fois du tout ati es Éd | Portage x Caphatagan. u Porter , Pitou.on Pita. Pourfnivre ; Nopinala. Point du tout ,.Kagouetch. : Pourquoi, Tanipentien.. Poudre à tirer, Pingoe Mackaie.… Prendre, je prens, T'akounan. Printemps > Mirockamink,.…. Propre , Safege. 4 Prier Dieu, Talamia Kitehè MARItO Le Proche ;: Pechouerch." Perdre au jeu, je pers 5: Packilague,. Ui eft-ce > Oussbiies. 4 Qui. eft celui- 1à Onaneouiné Male: Quy- a-r'il ? Kekouanen.. KR: D>-Acine, Ouffikoues. | R: Raifon , avoir raïon, Tepeñ.. Ne F Rencontrer à: N'antouneouñ... Repofer ; Chinkichan. Regarder , Ouabemo. Regretter ,-Goëiloma.…., Riviére À S'ipim.. R'en, Kakegon.…. Rire, Kapi. À Robe, Ocrola. … , à Roi de France , grand Chef des Fuangos; Men si Kisc hi. OLima. rc 2:32 © DICTIONNAIRE. DE. Ar Rouge, couleur, Mifhoue. < Rouge : poudre ronge. efimée des Sauvages, Lamar. | Renard: Ourfagami, Raïfin ;.:Choemn. 1 | Refpedter > Talamiska.… é | S...- ES LAC: Mas} imout. mire Sachet à rabac, Kalpitagans Sans doute, Antetatoubas Qt Sang , Mifkone. | Sstder , Machaoula. * HOME JADE Negan: % L «,e Far Savoir, Kikerindans:". de Soldat , Simaganich. Soleil, Kifis. Souliers , Mackifin. Suct, Matostou. Pi penfer, Tilelindar &? Abac ; Sema... Tafle d'écorce, Oulagan:, Terre , Ackz où Ackonin. _ Tête, Ouffikounn. pat S e DRE dE io One . i AURA RES OL DO. 0 0 F n À à D à qi” à Tems, il y a long-tems, Chachaye Mo 022 Tout par tout, Alouch Gogo. Tomber, Pan'ifin. Tourterelle, Afiwi. . Toüiours , Kabeli. Tout, Kakina. _ Troquer , Tatsonar. Très - fort, Magar.: Trifte, être trifte, Talifimis He. Trouver, Nantonneoua. . Trop, Offars. Trop peu. Ofame mangise :. Kuer, Nifa. F “Tien 3 pren > Emnaréas Yes : dà | LANGUE DES SAUVAGES, 233%: _ Tous, Mifouté. | LEA X 7 Aïffeau ,ou srand Canot, Kitchi Chiman. * Valeur, c'eft de valeur, de conféquence, &es _ Arimaft. Verfer, Sibskinan. Vérité , en vérité, Kekes. Vent , Loutin. Ventre , Mifchimont.. . Venir, Pimarcha. Vite , Oxelibik.. Village, Oudenank. | . Vin, fuc ou bouillon de raifin ; Choemin aber. , “Vifiter, rendre vifite, Pimaætifa, Vieux, Kionecheins. Vivre, Noutchimou.. Viande, Onras, VX , Parchagon. | Voilà qui eft bien , Oxeoulim.. Voler , piller, dérober , Kimoutin: Voir, Ouabemo jé Vouloir, Owifch. Vie, Noutchimouin. LYS À Euft, Ouskinchik. Je.me contente de mettre ici feulement les qua=.- ære tems de l'indicatif d'un feul verbe, fur quoi on : pourra fe régler pour tous les autres. J’aurois bien : pü m'étendre un peu plus fur cette matiére ; mais : il y auroit tant de chofes à dire qui m'entraînes | roient de l’une à l'autre , qu'il faudroit à la fin m6: réfoudre a faire. une Grammaire en forme, Aimer , S4/14. | ne" Prefent, _ J'aime, Nifakia. | Tuaimes , K? fabia,. same, On fakie. ; F LAS 234 DICTIONNAIRE DE LA Nous aimons , Né fakisamin. 1e Vous aimez , K#fakiñoua. Nous &.vous aimons , K/fakiaminaonæ, Us aiment, Sakiaouak. dia dt , Æ È ‘ : Saÿ | rs SÉSÉ 5 6 Re AC FR Imparfait. Fäimois , Ni fakiaban. Tu aimois, Ki falinban. H aimoit, Os fakiabhan. | Nous aimions , N4 fakiaminabrn. . Vous aimiez , Ki fe hisouatan. | Nous & vous aimions , Ki fakiminouabam: 1 Lis aimoient , Sagsabanik,. +. | Jai aimé, Ni kifabin. s Tu.as aimé , Ks hifakia, 2 Il a aimé, On kifabiu. | EU an Nous avons aimé, Nt /sfaliamn. | # Vous avez aimé, K: kiafakiamin et Nous & vous avons aimé , Ki kfakiaminaone, Ils’ ont aimé , Kifakiaounc. PRE | J'aimerai, Ningafakia. . Tu aiméras, Ki gefaesa. - 1 aimera, Cy gafakia. = Nôus aimerons, Nin gafakiamin. ui 0 Vous aimerez, Ki gafauiaoua. k LA Nous & vous aimerons , Ki ga/akiaminaons, Ils aimeront , Gafakiaonak. QUAUTS 6 Aime ) Afabkia. de 4 | . Aunons, éfakiaim … | À l'égard des noms ïls ne fe déclinent poine, le plurier fe forme d'un : , qui finit en voyelle à Ja fn du mot, par.exemple : Alfinape, qui fi- gnifie un homme ;. on dit au plurier Alifinapek ; c'elt-à- dire, des hommes ; & s’il finit par une confone, on n'a qu’à ajoûter ék, par exemple #s= | + Crete AR " a: x _.. Lancur pes SAUVAGES, 235- w15,.fignifie une Ifle, auquel mot pofant 54 à la: n, On trouvera Miniffik, qui font des Ifles. De.. même que Pas sfiçan., qui fignifie un fufl au fins. gülier > & Paskifiganik, des fufils au plurier… Mamiére de compter des Aloonkins. > TN, Pegii . C7 Deux, Ninch Frois, N'iffoue. : Quatre, Neon. Cinq , Naran. Six, Ningoutouaffon. Sept ,. Ninchonaflou. Huit, Nfouaffou. | Neuf , Changaff[ou.…. Dix, Müittaffou. : Les Onze, Mittaffou , achi, pegik - Douze , Mitaffou ache ninch. | Treize, Miraflou.rchi niflaue.. Quatorze , Mstaffou ach: neou.. . Quinze, Mitaflou achinaran. Seize, Mitaffo# achiningotouafeu. à Dix-fepc , Mitaffou achi ninchoualfou. & Dix-huic, Mitaffou achi niffouaffou, Dix-neuf, Mstaffeu. achi changalou.. Vingc, Ninchtana.. Vaingt-un, Ninchtans achi pesik. Vingt-deux, Nérchtana achi nimch,. Vingc-trois, Ninchtana achi nifloue, Vingt quatre , Nénchtana achi neou. Vint-cinq, Nirchtana achi naran. Vingt-fix, Nirchtana achi ningotoualfor. Vingt fept, Ninchiana achi:nsnchoaloss…. Vingt-huit, Nirchtana achi niffoaffo. Vingt-neuf, Ninchtana achs changaffo. . Trente, Niffouemitana. int. Trence-un, Nifoucmitans achi pegi: , 6: U 736 DiIcT'ONNAIRE DE LAS Quarante, Neoumitanæ. Eu Cinquante, Naran mitana. Soixante, Névgoutouallou mitans.' Seprante |, Nérchouallou mitanm.… Huitante, Niffonaflon mitana.…. Nonante, Changeflon mitaras - Cent, Miraflou mana. Mille, Mitaflou mitaflou mitana.i Had 0e A Quand on fçauraune fois compter jufques à cent, en pourra facilement compter par dixaines de mile * jufques à cent mille, qui ft un nombre quaf ins. __ connu des Sauvages , &-par -conféquent inufité * en leur Langue. stat Rd par EME 7 Au refte, il faut prendre garde de-‘bien pronon+ cer toutes les lectres des mots , &.d'appuyer fur les * A ; qui fe trouvent à la fin. On n’a pas de peine à ? le faire, car U n°y a point de lettre du gozier, mi : du Palais ; comme ie‘ÿ-confone des Efpagmols, ler g ou leur.+, non pius que comme le #h des Ant glois, qui merune langue étrangere à la torture. - Je dirai de la Langue des Hurons &des Iroquois * une chofe aflez curieufe, qui eft , qu'ikne s’ytrouve point de lertres wbiales; c'eft-à diredeb;f, m, p+.… Cependant certe Langue des Hurons paroît étre foit beile & d’un fon tout: à faie-beau ; quoi qu'ils ne fer ment jamais leurs lévres en parlant. | | Les Iroquois s’en fervent ordinairementdansleurs - Harangues, & dans leurs Confeils:, lors qu'ils en- trent en négociation avec les Frampois où les .4%- glois. Mais entre eux ils ne parlent que leur Jangue :: maternelle. | RAR OT Il n’y point de Sauvages en Canzda qui veuiliene * parler François ;5à moins qu'ils ne croyent qu’of pourra concevoir la force de leurs paroles ; telle- ment qu'ils le veulent bien favoir avant que de s'ex- pofer à vouloir s’expliquer, à moins que la nécefi-: té-ne les y oblige, lors qu'ils fe trouvent avec des : Courçurs de bois qui n’entendénc pas leur Langue, - * _ US N hi l "| / à ) __ Laneur prs SAUVASGES. 23% “Te dis donc , pour revesir à celle des Hwrons,, =que n’ayant point de lettres /abiales , non plus que les Iroquois , il eft prefque impofhble que les uns niles - autres puiflent jamais bien apprendre le Ms Jai . paifé quatre jours à vouloir faire prononcer à des H4_ ons les lettres labiales ,.mais je n’ai pü y réüffir,.& -je crois qu'en dix ans ils ne pourront dire ces mots , Bon, Füls, Monfieur., Pontchartrain ; ca - au lieu de dire Bon, ils diroitent Oson, au lieu de +Fils , ils prononceroient.Rils ; au lieu de Moxfieur; + Caounffleur, au lieu de Pontchartrain | Contch#r- LÉTAIN. A AUX J'ai mis ici quelques mots de leur. Langue , afin que vous voiez par curiofité la différence qu'il ya de Ja précédente a celle-ci , dont .vous pourriez faire telle remarque qu’il vous plaira. Au refte, elle fe parleavec beaucoup de gravité & prefque tous les mots ont des afpirations , l'A devant être prononcée le plus qu'il eft poñlible. | Je ne fache point qu’agcune Langue Sauvage de “Canada ait de l'F. 1] eft vrai que les Effanapés & les Guacfitares en ont ; mais comme ils font fituez au delà du Miffiffipi {ur la Riviére Longue , ils font awa -delà des bornes du Canzda. Quelques mots Hurons. A Voir de l'efbrit, Hondioux, À Efprit, Divinité, Ochi. ‘Le feu, Tfiffa. ‘Le fer, Oouifta. ‘Femme ,- Ortchtien, “Full, Ouraouente. | Se ficher , être fâcheé, Oungaroun. F Il fait froid, Outoirha. re ‘rGraifle , Séoweton. Homme, Onronbone, Hier, Hiorkeha, 2 48 DrcrtONNAIRE “DE TA. Ve füire, TY fai t. | | he Loin, Deherén. | Fi É Loue, T'aouinet. pas Fe ‘Non, Sa. HAN Re TS “Qui, Endae. : | Calumet, pipe, Gännondasha. Proche, Tous'einbia. F$oldats , Shenraguetté. Saluer Ignoron. “Des Souliers, Arrachiou. ‘Je trafique , ‘Attendinon. “Tout. à-fair, Tiaoundi. Tous, Æ#ésetti. à Tabac, Oynroua. M C'fé de-valeur , dificile, ‘de ‘conféquente Seins ii noron. | 2 “S'en aller, Sarashoun. SR rR ; nn. Avare, Onnonffé. | “Beau, propre, Ækouaffi. ‘ Beaucoup » Atoronton. “Voila qui eft bien, ere É 1 C ? ee, }.# Æe, " Dee e jh = ne nl” OT oi LE \ ï é Je bois, Ahirrba. Bled d'Inde , Onneha. “Des Bas, Arrbich. 4 “Une Botteille ; Gat/eta. " FBrave, qui a du cœur ‘ Songuitibe, 4 C'en ef fait, Houna. | | É Mon‘zrere, Tatfi: | # Mon Camarade, Tärtare. 0 Le Ciel, Toendi. . | : ‘Cabane, Hornonchie, ; © ‘Cheveüx , Eonbora. “Capitaine, Ofcon. ‘Chien, Agnieron. w ‘Doucement, Skenonha. ‘Poux, Shenen. ie Je dis > Aftatix, Demain, Akhetek, Ê . v Aer LS ALP L UN dy Pr } È = ab tue HEC Ma