» # If'VL-^ {1 I VUE PHILOSOPHIQUE. V U E PHILOSOPHIQUE DELA GRADATION NATURELLE DÈS FORMES DE L'ETRE, O U LES ESSAIS DELA NATURE QUI APPREND A FAIRE L'HOMME. Par j. B. ROBINET- A A M s T Ë R D A M, Chez È, VAN H A R R E V E L T. mdçcl:x:viii. AVERTISSEMENT. L'éloignement de l'Auteur ne lui ayant pas permis de revoir les épreuves , il efc refté plu- fieurs fautes d'impreffionconlidérables pour les- quelles on réclame l'indulgence du Leàeur. L'Errata fuivant pourra fervir à reftifîer les principales. Le Lecteur efc prié de fuppléer au refte. ERRATA, Pagej Ligne, 2 id. 6 9 II 13 15 id. id. 17 18 19 ai id. 22 »3 25 36 38 40 id. 41 id. id. 'id. 42 14 30 36 S 3 21 3 21 23 22 24 13 28 13 22 4 17 2g 15 35 17 19 20 22 detn. fufîîfamment conçus regardés « décèlent anime atteint Apellès elles elle travailloît fuflît plerites le trône invirons de nez les alvioles petite. quatre Moncoinp un graffes hulleufes & chripolite ou un taies petits fibres taies Corrigez; fuiiramment conçus regardées décelé amené atteinte Apelles elle elle en travailloîî fuffit plantes le tronc environs du nez les alvéoles petites. cinq Monconys un fuc grafTes & huileuf^ chrifolite où le talcs petites fibres talcs ERRATA. Page, Ligne, 45 46 47 50 id. 51 54 55 62 è4 65 66 68 69 70 7ï 72 id. 74 80 84 id. id. 90 pi 92 id. id. 95 loi 103 m 112 14 13 26 6 8 10 3<5 9 23 12 taies difpofés le règne vioftoch gonfle fur fon pédi- cule, s'évade peftile gengrene dans la terre une cat'îtfteriftique 1 3 afcerijîis 1 5 petule II vilir 18 infcites 7 la longueur 38 qui faut 19 qu'elle a 17 limaçon dern. celui de Mrs. 8 particulier 13 elle commence 6 un carpe 19 novime Anac Anac 21 enmailloté 22 la nuifeaii 22 un efpece I Chat volent 24 vus 25 diminuant de gran deur vers le 22 cornes 4 17 28 17 19 & de tous rifthene colon baflin d'eau d'eau montres marin plein Corrigez, talcs difpofées les règnes noltoch gonflée fur fon pédi- cule, s'évafe piftile gangrené de la terre une marque caradé- riftique afterïjcis pétale viril infecles fa longueur qu'il faut qu'elle les a limaçon Celui de Mrs. de Chaves , à Amller- dam. eft particulier commence ime carpe nommé Anac emmaillota le mufeaii un efpacc Chat-volant vues diminuent de gran- deur vers la corne & de tous riiihme colore baflin plein d'eaii monilres marins ERRATA, 117 118 120 125 129 130 135 id. 140 143 îd. U7 149 153 154 15(5 162 163 165 no 174 id. 175 170 179 180 i8r 190 191 id. 192 id. 197 id. 198 203 209 219 Ligne , Faute, I de la 25 longe 17 fixement 3 Wonderfal pénult. Puce muger 3 fur CCS 5 Des que 36 bateaux 14 La peau 1 laquelle depuis 22 les os des Iles pénult. dans les 20 Sapujous 21 Boutii 31 autant commencer 12 Sapujous 16 de la Croutat 30 lîumiers 14 le même 9 ferroient 10 cris 13 animal. Sous un 13 temples 25 LailTons 2 garantie 21 têtes pénult. raccourcis i7> 18 courbe 12 belles bienfaites 20 idées bien pure 20 de l'un & de l'autre 36 fauvages de 11 diftribués 14 admettant 25 loin de troubler 25 au-nombre desmêmes 25 qui en couvroit 18 de la voir Corrigez f de le longue fixement Wonderful Pece muger fur fes Dès que batteaux Sa peau laquelle s'étend de- pui? les os des iles dans ces Sapajous Bontii autant dé commencer Sapajous • ~ " de la Cioutat hun-iers la même feroienc cri animal fous lU] tempes Lappons garanties tentes raccourcies courbé belles, bien faites idées bien pures de l'une & de l'autre fauvages , de diflribuées admettent loin de le troubler dans la même claiïe des qui couvroic Ll CHAPITRE L Tous Us Etres ont été conçus 5f formés d'auprès un dejjèhi unique dont ils font des variations graduées à Pinfm. De, ce prototype , & de fes métamorpbo/ès confîdérées comme autant de progrès vers la forme laplusexcellenti de PEtre , qui eft la forme humaine, -L uisQuÈ la marche de la Mature fè fait par des degrés foLivent imperceptibles, & par des nuances tou- jours les moindres poffibles , toutes fes production! k A i C 0 N s I D E R A r I 0 IN s tiennent les unes aux autres d'auffi près qu'il fe peut, quoique la fomme des diiïerences accumulées le long de l'échelle univerfelle des Etres, puiûe répandre du doute & de l'incertitude fur la liaifon des plus élevés avec les plus bas. Chacun a Ton exiftence à part, & aucun n'cft ifolé ou indépendant. Chacun a des rap- ports plus ou moins proches avec tous les autres, & les extrêmes fe communiquent encore. Ils procèdent les uns dos autres d'une manière fi intime & fi néces- faire que chacun a !a raiP)n fuiîïfante de Ton exiftence dans celui qui le rrcccde, comme il eft lui-même la raifon fufïîrancj de l'exiftcncc de celui qui le fuit. Qu'on me permette' de rappeller ici cet enchaîne- ment de tous les Etres, r.iiïifimment établi & déve- loppé ailleurs, qui fait d'j la Nature entière un tout, continu d'exiftences varices, où l'imperfection de nos connoiflances nous tait appcrcevoir des interruptions & des lacunes, quoiqu'il n'y en ait point, & qu'il ne puifTe pas y en avoir. La Nature n'eft qu'un feul adte. Cet adte com- prend les phénomènes paffés, préfens & futurs; fa per- manence fait la durée des chofes. (Juand je contemple la multitude innombrable d'in- dividus éparsfurlafurface de la terre, dansfes entrail- les & dans ibn athmorphere 3 quand je compare la pierre à h plante^ la plante à l'infecte, l'infèéte au reptile, le reptile au quadrupède, j'apperçois au tra- vers des difrerenccs qui caractérifent chacun d'eux 4 des rapports d'analogie qui me perfuadent qu'ils ont tous été conçus & formes d'après un deflein unique donc ils font des variations graduées à l'infini. Ils m'of- frent tous des traits frappans de ce modèle, de cet exemplaire original , de ce prototype, qui, en fe réa- lifant, a revêtu faccelTivement les formes infiniment multipliées & différenciées, fous lefquelles l'Etre fema- nifefte à nos yeux. Ces traits n'ont point échappé aux génies obferva- teurs; & fi j'entreprends aujourd'hui de mettre dans Uû plus grand jour une penfée que d'autres ont eu« P H i L 0 s 0 P H I Q Ù E s &d j rivant moi ^ content de donner quelques nouveaux de- grés de certitude, félon ma foible capacité , à ce qui a été propofé plutôt comme une conjeéture ou un doa- te, que comme une vérité j je me fais un devoir da rapporter la gloire de la découverte à ceux à qui elle appartient. A la tête de cette grande échelle des habitans de la terre^paroît l'homme le plus parfait de tous: il réunit, non pas toutes les qualités des autres, mais tout ce qu'elles ont de compatible en une même eflence, élevé à un plus haut degré de perfeftion. C'eft le chef- d'œuvre de la Nature, que la progreffion graduelle des Etres devoit avoir pour dernier terme; au moins noua le prenons ici pour le dernier, parce que c'eltàluique fe termine notre échelle naturelle des Etres. Dans la fuite prodigieulèment variée des animaù3{ iniérieurs à l'homme, je vois laNature en travail avan- cer en tâtonnant vers cet Etre excellent qui couronne fon œuvre. Quelque imperceptible que foit le progrès qu'elle fait à chaque pas, c'eft-à-dire à chaque pro- ûuftion nouvelle, à chaque variation réalifée du des- fein primitif; il devient très-fenfible après un certain nombre de métamorphofes. Si, par exemple, )a nuan- ce entre deux quadrupèdes voilins , tels que le cheval & le zèbre , eft trop délicate pour que nous puiffions juger lequel des deux, dans l'échelle, approche plus de l'homme que l'autre; cependant le Zoologifter qui pafle des bipèdes aux bimanes , puis aux quadrupèdes, folipedes, pieds fourchus, fiflipedes,& de ceux-ci aux quadrumanes , s'apperçoit qu'il monte par degrés vers le fommct de l'échelle où il trouve le lèul animal qui foit à la fois bimane & bipède. Venant enfuite à lui comparer ces différens animaux , il reconnoît farts peine qu'un quadrumane, tel que le magot ou l'Orang- outang, reflemble beaucoup plus à l'homme, qu'un quadrupède quelconque fiffipede; & un folipede beau- coup moins qu'un fiflipede, fur-tout de ceux qui fè fervent de leurs pieds de devant comme de mains» Pour peu que notre Zoologifte veuille bien fe ren4r@ A a 4 CONSIDERATIONS fittentif à tous les traits de la comparaifon , il décou- vrira encore que l'orang-outang reflcmble plus à l'hom- me , qu'a aucun autre animal. Autant il y a de variations intermédiaires du proto^ type à l'homme, autant je compte d'eflais de la Na- ture qui, vifant au plus parfait, ne pouvoit cependant y parvenir que par cette fuite innombrable d'ébau- ches. Car la perfcûion naturelle confilte dans l'unité combinée avec la plus grande variété pofllble: c'cft donc l'extrême de la variation de la forme originale, qui peut donner la formé la plus parfaite; &, cet ex- trême terminant la férié des variations intermédiaires, il falloit épuifcr celle-ci pour avoir ce dernier terme. La Nature ne pouvoit réalifer la forme humaine qu'en combinant de toutes les manières imaginables chacun des traits qui dévoient y entrer. Si elle etit fauté une feule combinaifon , ils n'auroient point eu ce jufte degré de convenance qu'ils ont acquis en pas- fant par toutes les nuances. Sous ce point de vue, je me figure chaque variation de l'enveloppe du prototype, comme une étude de la forme humaine que la Nature méditoit; & je crois pouvoir appeller la colieétion de ces études , l'appren- tifTage de la Nature, ou les allais de la Nature qui ap- prend à faire l'homme (*). Ce que je dis de l'homme par rapport à tous les au- tres Etres, eft peut-être également appliquable à uii terme quelconque de l'échelle relativement à ceux qui le précèdent. Mais l'homme étant ce que nous con- noiOons de plus excellent fur notre planète, nous n'au- rions point une idée de toute la richefie de la Nature, fi nous nous bornions à la contempler dans un Etre inférieur. Lorfqu'on étudie la machine humaine, cette multi- tude immenfe de fyilêmes combinés en un feul, cette (*) Pline a appelle le lizeron , petite fleur fort reflemblante att lys , l'apprentiltage de la Nature qui apprend à faire un lys , C^^ yelyulKS t^'rQciniHm Natura lllium formare difcentif. PHILOSOPHIQUES &c. 5 éflorme quantité de pièces, de relTorts, de puiffances, de rapports , de mouvcmens , dont le nombre accable l'erprit, quoiqu'il n'en connoiffe que la moindre par- tie, on ne s'étonne pas qu'il ait fallu une fi longue fucceffion d'arrangemens & de déplacemens , de com- poficions & de diiiblutions , d'additions & de fuppres- fions , d'aï térations , d'oblitérations , de transformations de tous les genres, pour amener une organifation auffi favante & aulTi raerveilleufe. Mais quel œil alTez pénétrant pourra reconnoître une ébauche de l'homme, je ne dis pas dans la première rcalifation du prototype, à laquelle nos fens ne fiu- roient atteindre & que nous ne pouvons imaginer, mais dans le moindre des animaux fenfibles, déjà fi éloigné du prototype j & par cela même d'autant plus proche de l'homrhe ? Qui fera capable de fuivrc cette ébauche dans tous fes accroilTemens ? Qui pourra fai- re violence à la Nature, lui arracher fon fecret, nous la montrer perfe6tionnant làns cefiTe fon ouvrage, ajou- tant des facultés à des facultés, des organes à des or- ganes ; variant ces organes fous toutes les formes dont ils font fufceptibles, tantôt les prolongeant & tantôt les rcflerrant, les enveloppant dans un individu pour les développer dans un autre, les fupprimant quelque- fois pour les reproduire enfuite avec un nouvel appa- reil; en un mot faifant tout l'homme en détail & pac pièces, travaillant & multipliant chaque pièce comme à l'infini fans fe copier jamais, pour en compofer une infinité d'Etres différens ; imprimant à chaque Etre fa fécondité inépuifable pour en former ce que nos mé- thodiftes appellent des efpeces, monumens durables de la gradation de fa marche; & enfin par ces procédés générateurs obtenant le chef-d'œuvre qu'elle avoit projette ? L'homme (j'entends l'homme pris dans un fcns gé- néral & abfl:rait pour le modèle de l'efpece) efi: le pro- totype, plus le réfultat de toutes les combmaifons que le prototype a fubies en paflànt par tous les termes de la progremon univerfclle de l'Etre. Si quelque génie As 6 CONSIDERATIONS sflez au fait de la marche de la Nature pour reconnoî- tre ce que le prototype a acquis à chaque pas, pou- voit en dépouiller l'homme dans la même progreffion defcendante & avec la même inverfion des phénomè- nes 5 il le feroit rétrograder vers le bas de l'échelle où il fe réduiroit à la fimple enveloppe primitive du pro- totype. Mais dès le premier pas de fa dégradation , il auroit cefTé d'être homme ; car l'Etre, le plus voifin de l'homme, eft prefque un homme; mais il n'en eft pas un. Fûifque l'homme cil le prototype, plus le réfultat de toutes les combinaifons que le prototype a fables en palTant par tous les degrés de la progreffion univcrfelle ^e l'Etre; pourquoi le prototype ne feroit-il pas l'hom- me, moins ce mcnie réfultat? c'eft que ce réfultat eft précifément la différence qui conftitue l'homme. Dire que le prototype eft l'homme, moins ce réfultat , c'eft dire que le prototype eft l'homme ^ moins ce qui fait l'homme. Et que lignifie un tel langage, fi non que le prototype n'eft pas l'homme? Le pro'totype eft un modèle qui repréfente l'Etre rér ûuit à fcs moindres termes: c'eit un fond inépuifabie de variations. Chaque variation réahfée, donne un Etre, & peut être appellée une métamorphofe du pro- totj^'pe^ ou plutôt de fa première enveloppe qui en a été la première rcaiifation. Le prototype cfi un prin- cipe intelleétucl qui ne s'altère qu'en fe réalifant dans la rnatière. Une caverne, une grotte, une hutte de fauvage^ une cabane de berger, une maifbn, un palais, peu- vent être confideres comme des variations graduées d'un même plan d'architecture qui commença à s'exé- cuter par les moindres élémens poffibles. Une hutte de fauvage, une cabane de berger, une maifon, ne font point un Ffturial, un Louvre; mais elles en peu- vent être regardés comme des types plus ou moins éloignés, en ce que celles-là comme ceux-ci fe rap- portent à un même deiïein primitif, & qu'ils font tous le produit d'une mêpie idée plus ou moins développée^ PHILOSOPHIQUES &c. -^ On trouve dans la plus chétive cabane, les mêmes piè- ces efTentielIes , que dans le plus magnifique palais: toute la différence' entre la cabane & le palais, conllFie dans le nombre des pièces, leur travail, leur propor- tion, leur lite, leurs ornemcns, toutes chofes qui fe tirent du plan original, pour-ainfi-dire, par voie d'é- volution. Non-feulement tous les bâtimens des hom- mes, quoique fi variés chez une même nation, & en- core plus dilTemblables chez des nations différentes, fe rapportent à un même plan ; mais ce plan renferma encore toutes les habitations groffières que les ani- maux favent fe conftruire félon leurs befoins & la portée de leur in(lin6>. Une pierre, un chêne, un cheval, un finge, un homme, font des variations graduées du prototype qui a commencé à fe réalifer par les moindres èlé- mens poffibles. Une pierre, un chêne, un cheval, ne font point des hommes; mais ils en peuvent être regardés comme des types plus ou moins grofliers ea ce qu'ils fe rapportent à un même deiïein primitif, & qu'ils font tous le produit d'une même idée plus ou moms développée. On trouve dans la pierre & dans la plante, les mêmes principes efléntiels à la vie^ que dans la machine humaine: toute la différence confifte dans la combinaifon de ces principes, le nombre, la proportion, l'ordre, & la forme des organes. Envifageant la fuite des individus, quelque nom qu'on leur donne, comme autant de progrès de l'être vers l'humanité, nous allons les comparer d'abord à la forme humaine tant extérieure qu'intérieure, ou à l'homme phyfique,puis aux facultés d'un ordre fupé- lieur, c'eft-à-dire à l'homme doué de railbn. Cette nouvelle manière de contempler la Nature 5z fès productions, qui les rappelle toutes à une feule idée génératrice du monde, eft fondée fur le principe de continuité qui he toutes les parties de ce grand tout, Chaque méchanifme, pris en particulier, ne tend proprement & immédiatement qu'à produire ce- lui qu'il engendre en effet ; mais la fonirae de ces mé^ A 4 t CONSIDERATIONS chanirmes tend au dernier réfultat, &nous prenons ici l'homme pour le dernier réfultat, afin de nous borner aux Etres terreftres, les feuls à notre portée, CHAPITRE II, • Oà Pon recherche fi c*efi la Matière ou la force qui coa- Jîiiue le fond de F Etre. X OUTE la matière eft organique, vivante, ani^ maie. Une matière inorganique, morte, inanimée, eft une chimère ^ une impoffibilité. Se nourrir, le développer, le reproduire, font les effets généraux de l'activité vitale ou animale, inhé- rente à la matière. Nous croyons avoir quelque droit d'admettre ces propofitions pour des données. Réalifer ces trois chofes , nutrition, accroifjement ^ reprodiicmn ^ avec le plus &: le moins d'appareil poffi- ble, e'eft pour ainfi dire le problême univcrfel gue la Nature avoit à rélbudre. L'homme en eft la folution la plus élégante, la plus fublime, la plus compliquée, celle où l'érudition éclatte avec le plus de pompe &î de fofte. . . , Quand on médite isrofondéraent fur les opérations fecretes de la Nature, il s'élève un doute important qui embarmîre l'efprit, fa voir, fi, dans les Etres, le fujet eft la matière ou l'adtivité. A certains égards la puiffance aftive, paroît réfider dans la matière, & en être une qualité erfentielle, tan- dis que d'un autre côté l'adtivité femble être la fub- ftance, & la matière feulement un inftrument dont ci&t:c fubftance fe fert pour déployer fon énergie- Dans les Etres inférieurs, tels que les minéraux & les végétaux, on rapporte tous les Phénomènes à la jfïiatière Gomme au fond principal de ces Etres: on ne P H I L 0 s 0 P II I Q U E s &c. 9 fbupçonne pas même qu'il puifTe y avoir en eux au- tre chofe que le fujet matériel. Un peu plus haut^ on commence à douter: on efl: indécis. On rcmarçiue une fpontanéité de mouvemens & d'opérations qui décèlent un principe adtifj auquel on ne peut s'empêcher de les attribuer. Cependant on voit encore cette activité entraînée & déterminée invinciblement par la matière : deforte que dans de tels fyftêmes, la matière & l'aftivité paroillcnt domi- ner tour-à-tour, être fuccefTivcment le principal & l'accelToire, félon les circonftances. On diroit que la puilTance aftive fait des efforts pour s'élever au deifus de la mafle étendue, folide, impénétrable, à laquelle elle efl: enchaînée, mais qu'elle eft fou vent obligée d'en fubir le joug. Dans l'homme au contraire, il elt évident que la matière n'eft que l'organe par lequel le principe aftif déploie fes facultés. Ccft une enveloppe qui modifie fon action 5 fans laquelle peut-être il agiroit plus li- brement, fans laquelle aufli peut-être il ne fauroit agir, & fîms laquelle furement il ne rendroit pas fes opérations fenfibles. Ne femble-t-il pas encore que plus la puifTlmce a- étive croît & fe perfectionne dans l'Etre, plus elle s'é- lève au deflus de la matière? Ne pourroit-elle point parvenir naturellement à un tel degré de perfe6tion, qu'elle n'eût plus abfolument aucun befoin de l'orga- ne matériel pour opérer, deforte qu'alors elle le rejet- teroit comme un inftrument inutile, pour pafler dans le monde des intelligences pures ? Telle feroit, fuivant cette hypothefe, la progrcffion de la force aitive inhérente à la matière. Elle ne fe- roit d'abord que la moindre portion de l'Etre. Par des efforts multipliés & des oéveloppemens progrès- fiÊ, elle parviendroit à en faire la principale partie. Enfin elle fe dématérialiferoit entièrement, fi j'ofe ainfi m'exçrimer, & pour dernière métamorphofe elle fa transtbrmeroit en une pure intelligence. Quoi qu'on puille penfer de cette conjeiSture hardis A 5 îo CONSIDERATIONS que je donne pour ce qu'elle peut être, je ferois aiTcz porté à croire que cette force dont je parle efl; l'attri' but le plus eflentiel , le plus univerfel , difons mieux , îe fond de l'Etre , & que le matériel eft l'organe ou le moyen par lequel cette force manifeftefes opérations. Si f'on me demande quelle notion j'ai d'une telle force, je répondrai avec plufieurs Philofophes, que je nie la reprefcnte comme une tendance ti tin change- ment en mieux, qui s'exerce fans ceiiènéceflaireraent, parce que chaque changement eft la difpofition la plus {)rochaine à un autre meilleur: chaque nouvel état eft a raifon fuffifante d'un état plus parfait , & confé- Quemment il doit l'opérer. Accoutumés à juger de la réalité des chofes par les apparences qui frappent nos fens , nous ne voulons ad- mettre dans le monde que de la matière , parce que nous ne voyons que de la matière. Et, pour em- prunter les paroles d'un Auteur moderne, comme toutes les modifications, que nos fcns obférvent dans îa Nature, confifcent dans la fimple variation des li- mites de l'étendue, dès qu'il faut abjurer cette éten- due, on croit rentrer dans le néant, on s'arrête, comme s'il ne pouvoit y avoir rien au-delà. Nous ne faifons pas attention que le monde maté- riel ou vifible eft un affemblage de phénomènes, & rien autre chofe; qu'il doit néceffairement y avoir un mon- de invifible qui foit le fondement, le fujet du monde vifible, & auquel on doive ramener tout ce qu'il y^a de réel & de fubftantiel dans la Nature. Ce monde invifible eft la coUeétion de toutes les for- ces'qui tendent continuellement à améliorer leur exi- ftence, qui l'améliorent en effet, en étendant & per- lèÂionnant fans ceffe leur adtion , félon la proportion convenable à chacune d'elles. 11 y a une gradation de forces dans le monde invifi- l»le, comme une progreffion de formes dans le monde étendu ou vifiblc. Les forces aétives s'engendrent à leur manière, comme les formes matérielles. S: mê- me l'on conçoit bien ce que je viens de dire, on fen- PHILOSOPHIQUES &c. ii tira que les formes matérielles ne procèdent les unes des autres, que parce qu'un certain degré de force en anime un autre, celui-ci un autre, & ainfi de fuite. On conclut de ces notions que le prototype repré- fente la force prototype ^ jointe à la forme prototype, c'cft-à-dire la force & la forme réduites à leur'ctat élémentaire, & que le progrés néceflaire decesélémcns remplit l'échelle uni verfelle des Etres., Il y a quelques particularités à obferver dans cette progreffion. A chaque terme la matière fe dégroflit, & devient moins maffive, moins matérielle en quelque forte, au lieu que la force devient de plus en plus active en tous fens. Le moindre degré de force n'a befoin que de l'organe le plus obtus, le plus informe, pour fe déployer. Un degré fupérieur de force exige un in- ftrument d'un ordre proportionné à fon énergie , pour i'exérer convenablement & totalement. La moindre force fc trouvant ainfi alliée à la mafïï- veté la plus matérielle, & la forme la plus déliée à la ÏAus grande activité, on voit la raifon pourquoi, dans a partie inférieure de l'échelle, les Etres fembîent te- nir plus de la matière que de la force, tandis que c'eft le , contraire dans la partie fupéricure. Dans les foffiles, par exemple, la force agit d'une manière fourde & enveloppée que des yeux vulgaires ne faififlent point, & que par conféquent ils regardent comme nulle. Ainfi les folTiles font réputés de la ma- tière inanimée, infenfible & morte , parce que les fcns grolliers n'y voient que de la matière fans aétion. Un peu audeflTus, la force commence à fe fiire ap- percevoir; comme néanmoins fon action cft bornée a faire croître la matière qu'elle anime, à en augmen- ter le volume, à en développer la forme, elle fe con- fond aifément avec le matériel. On la nomme force végétative, & on la regarde comme la moindre partie d'un tel fyftêmc où la matière femble dominer. Avancez de quelques degrés, vous trouverez l'em- pire partagé daps les animaux. î2 CONSIDERATIONS Au fommet de l'échelle on trouve un Etre qui ne paroît plus avoir avec la matière que les rapports généraux & communs de l'étendue, de la folidité, de l'impénétrabilité , &c. tant la perfection du prin- cipe aétif qui fait proprement fon exiftence , l'éle- ve au deiïus de la portion de matière qui lui fert d'organe. La progreffion n'eft pas finie. Il peut y avoir des farmes plus fubtilcs, des puiflànces plus aûives, que celles qui compofent l'homme. La force pourroit bien encore fe défaire infenliblcment de toute matérialité pour commencer un nouveau monde . . . mais nous ne devons pas nous égarer dans les vaftes régions du poffible. Que ce foit la force ou la matière qui conftitue le fond de l'Etre , il eft toujours fur que tout Etre a une forme & de l'aétivité. L'enfemble de la Na- ture offre donc à notre contemplation deux grands objets: la progreffion des forces & le développement des formes. Nous contemplerons aujourd'hui les formes. CHAPITRE III. De ia première ébauche de la Forme Humaîm dans ks FoJJiles. L 'Art, le fmge de la Nature, nous aidera à conce- voir comment les formes les plus fimplcs & les plus gros- iîères peuvent, en fe perfeftionnant , amener les for- mes les plus compofées & les plus élégantes, des for- mes qui ne paroiffoient avoir aucune analogie avec les premières, en un mot les formes les plus difpa- rates en apparence, Confidérons les commencemens de l'Art. Dans les temps les plus reculés, la Grèce adora trente Idoles, ou Divinités vifibles , qui n'avoient point de figure P H î L 0 s 0 P H I Q U E s &c. j% humaine. C'étoient des bloc3 irréguliers, des pier- res qu^rrées^ ou des colonnes. Telle fut longtemps Junoh à Thelpis, telle Diane à Icare, Jupiter à Co- rinthe, & la première Venus à Paphos: tels furent encore dans d'autres Villes , Bacchus , l'Amour & les Grâces. A Sparte, Caftor & PoUux avoient la figu- re de deux morceaux de bois attackés enfemble par deux autres pièces mifes en travers, figure qui s'eft confervèe juiqu'à ce jour pour dèfigner les Gémeaux fur le Zodiaque de nos fphères. t On mit dans la fuite des têtes groflièrement ébau- chées fur les pierres & les colonnes dont je viens de parler. On voyoit en Arcadie un Neptune & un Ju- piter de cette forme, l'un à Tricoloni, l'autre àTegée, Longtemps après on s'avifa de féparer en deux la partie inférieure de ces maffes informes pour indiques les jambes & les cuifles. Tels furent les foibles commencemens de l'Art, chez les Egyptiens, les Etrufques & les Grecs qui le portè- tent dans la fuite à une perfection qu'on n'a point at- teint depuis eux (*). Prenons cette pierre à fon origine, quelque fyftême que l'on admette pour la formation des fubftances pierreufes. Quelle analogie découvre -t-on entre les premiers rudimens d'un bloc de marbre qui commen- ce à croître dans les entrailles de la terre , & les belles formes que faura lui donner la main d'un Phidias? Combien de changemens & d'accroiflemens ne doit-ii pas fubir avant même que de devenir propre à rece- voir les premiers coups du cifeau ? La première ftatue fut une colonne, ou une pierre encore plus informe , fans aucune apparence de traits humains, fans diftiutStion ni de tête, ni de bras, ni de jambes (f). Ç*^ Voyez rriiftoire de l'Arc chez les Anciens , par Mr. J, Winckelmann. (f) Le mot Grec xt'œv, colonne, fignifioit auffi une Jiatu! ^ même dans ks meiJieurs temps. H CONSIDERATIONS Entrez dans les cabinets des curieux antiquaires^ ouvrez les Recueils des Gori, des Montfaucon , des Caylus, & voyez par combien de degrés l'Art s'éleva d'une forme fi'groffière à la perfection de l'Antinous ;, ou de la Venus de Medicis. Voyez c jmbien d'ébauches ert argile^ eii bois^ en ivoire, en pierre, en métal! Combien d'efquiffes en grand & en petit, de toutes les dimenfions depuis les plus énormes colonés jufqu'aux plus petites iigures des pierres gravées, telles que celles du cachet de Michel- Arge! Combien d'eflais en builies, en fl:atues,Gn bas- reliefs, en gravure creufe! Les monumens qui nous reftent, & qui caradîcrifent les différens âges de l'Art, font innombrables, & ce n'eft rien en comparaifon des ouvrages que le temps a confumcs, ou que la malice & la ftupidité humaines ont détruits. Combien l'on taillade tctes avant que de parvenir au bel ovale des têtes Grecques! Combien l'on fit, d'yeux applattis & obliquement tirés! Combien de nez écrafés ou d'une longueur démefurée ^ combien de bouches mal fendues & tirées en-haut! Combien de mentons ridiculement pointus, d'oreilles mal placées! Combien de mains contrefaites fans diftinction de doigts, & de doigts fans articulations! Combien de pieds larges & plats, ou maigres & grêles ^ de jambes & de genoux mal tournés ^ de corps fans aucune in- dication àes os & des mufcles , ou au contraire avec une expreliion forcée des os & des mufcles, des nerfs & des veines! Comb'en l'Art enfanta de iigures étroi- tes & reflerrécs, ou pefantes & malTives, d'attitudes outrées, de proportions monftrueufes, de formes an- gulaires & quarrées, avant que de produire Niobé & les filles, l'Apol'on du Vatican, ou le Génie aile de la Vigne Borghefe, modèles éternels du vrai beau! Ce fut par une infinité de degrés & de nuances que l'ancien ftyle, ce ftyle dur, roide & deftitué de grâ- ces, changea le faillant des parties trop fortement mar- quées ) en des contours arrondis , moelleux & cou- lans, pour fc transformer d'abord en un ftyle grand P H I L O s 0 P H I Q U E s &c. 15 &fublime, allier enfiiite le gracieux au fublime, & parvenir enfin à la plus grande vérité d'imitation dans Praxiteles, Lyfippe & Apellès, Les fiécles s'écoulèrcntj des générations nombreu- lès d'artifccs fe fuccédèrcnt, les eflais fe multiplièrent à l'infini , avant que l'on trouvât la jufi:e proportion des parties, & cette multiplication des centres qui fait que les ibrmes d'un beau corps font compofées de li- gnes mobiles qui changent continuellement de point central, parce qu'elles s'écoulent fans celle l'une dans l'autre comme des ondes. Cette marche lente & graduée de l'Art eft une ima- ge imparfaite de celle de la Nature. Il y a bien moins loin de ce bloc de marbre arraché violemment du fein de la terre, à la plus belle ftatue qu'il n'y a de la première réalifation du prototype à l'homme. Elle ea eft pourtant le première ébauche. La Nature commença à préparer, dans le moindre atome, ce chef-d'œuvre de mechanique qui ne de voit être porté à fa perfection qu'après un nombre infini de combinaifons. Si elles ne faifoit pas encore des tê- tes, ni des bras, ni des mains, ni des pieds, ni des chairs a ni des os, ni des mufcles, elle travailloit les matériaux; elle étoit occupée à d'autres fornies moins compofées qui , par une gradation impercepdble, dé- voient amener celles-là. Les Etres produits au commencement avoient déjà une vie particulière, convenable à leur fimplicité: ils fe nourriifoient , fedéveloppoient, fe reproduifoient ; & quoique ces importantes fonctions s'exécutalTent avec le moindre appareil poflïble, elles fuppofent toû* jours des organes proportionnés à leur efpece , & ces organes, quels qu'ils fulîent, étoient un achemine- ment vers leurs analogues, tels qu'ils dévoient être dans le roi des animaux. Quelle production naturelle n'eft pas un fyftême de folides arrofés par un fluide ! La vue la plus générale de l'univers nous offre de grands corps qui nagent é3fii un fluide d'autant plus fubtil qu'ils font eux- i6 CONSIDERATIONS mêmes plus maffifs. Si nous jugeons des autres glou. blés par celui que nous habitons, chacun eft unfylcê- me particulier de folides qu'un fluide particulier pénè- tre de toutes parts. Cliaquc fubftance foffile offre uns éconorriie femblablc. Tous ces fyftêmes, grands & petits, fi multipliés & fi variés, feront regardés à jufte titre comme les premières ébauches de la machine humaine, entant qu'elle ell: compofée de folides & de fluides dont l'action réciproque entretient la vie. Le tronc, cette partie du corps qui renferme les or- ganes de la circulation & de la refpiration, méritoit^ par fon importance, d'être projette le premier. Mais, dira-t-on, que voyez- vous dans une pierre qui foit analogue au cœur & aux poumons de l'animal? Je conviens que l'analogie eft au delà de nos lens* Eft-ce une raifon pour retufer de l'admettre? Suivons la dégradation de ces parties, fans fortir des bornes où l'on a reflerré le règne animal, & nous jugerons jus- qu'où elle peut être portée. Le cœur & les poumons des grands animaux reffem- blent parfaitement au cœur &; aux poumons de l'hom- me: au moins la différence eft fi peu-de-chofe qu'on la néglige. Cependant cette différence fe charge en defcendant l'échelle ; après un certain nombre de de- grés, elle fe rend très-fenfible dans quelques efpeces qui s'éloignent d'autant plus de l'homme. Le cœur commence par perdre graduellement ce riche appareil d'organes & dé vaifleaux qui raccompagnent dans l'homme; puis il perd une oreillette; plus bas fa for- me s'altère, ce n'eft bientôt plus qu'une longue artè- re; immédiatement au defirous,dans plutieurs infeétes, il n'y a plus ni cœur ni poumons „ mais feulement des vifceres d'une autre fliructurc, qui en font les fon- ctions, en quoi ils leur font analogues. Nous fommes encore dans le règne animal , & déjà Gês organes réputés fi eflentiels, font fi étrangement altérés. Que dis-je? ils ne font plus: la Nature leur a fubititué des analogues d'une toute autre conforma- tion. L'analogie s'affbiblira par degrés, & ces analo- gues P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 17 gués feront fupprimés à leur tour, ou du moins fi bi- zarrement traveftis , qu'ils feront plutôt foupçonnés qu'apperçus. La Nature a formé un animal fingulier qui n'cft qu'un boyau ramifié, dont le tiffa eft partout uni- forme, qu'on retourne en faifart de l'intérieur de l'a- himal l'extérieur 5 fans que ce retournement nuife aux fonctions vitales. Sous quelle forme exiftent , dans une machine fi fîmple, les analogues du cœur & des poumons? Ils ne peuvent guère y exiiter que fous la forme d'utri- cules & de trachées ^ comme dans les plantes avec les- quelles le polype confine de très près. Cette conje-? '*Àure eft confirmée par les obfervations microfcopiqucs : on a découvert fur le tllfu dont le polype eft formé, une infinité de petits grains qui font vraifemblable- ment les vifcères ou les principaux organes de la vie d'un tel animal. Quand nous ne retrouverions ni utricules nî tra- chées dans les minéraux, tout ce qu'on en pourroit légitimement conclure, c-ed qu'un appareil organique plus (impie fuffit à ce degré de l'Etre, De quelle fineilé, de quelle fimplicité ne doivent pas être les organes d'une vie li fimple dans des corps TiUlTi purs que l'or & le diamant? Leur extrême té- nuité les dérobe à nos fcns, & nous ne faurions nous former une idée de leur firudcure» Parce que nus yeux & nos microfcopes, beaucoup meilleurs que nos yeux, ne les apperçoivcnt point, nous en nions lai réalité. C'eft outrager la Nature^ que de renfermer ainfi la réalité de l'Etre dans la fphere étroite de nos fens, ou de nos inftrumens. Perfuadé que le foffiles vivent, finon d'une vie ex- térieure, parce qu'ils manquent peut-être de membres, & de fens, ce que je ivoferois pourtant aflTurer, au moins d'une vie interne, enveloppée, mais très réelle enfonefpece, quoique beaucoup'au deffous de celle de l'animal endormi, «Sî de la plante; je n'ai garde de leur îcfufer les organes .nécelîaires aux fQn«5tions de lenf B 1? CONSIDERATIONS économie vitale; & quelque forme qu'ils aient, je là conçois comme un progrès vers la forme de leurs ana- logues dans les végétaux, dans les infedes, dans leâ grands animaux, &l iinalemenc dans l'homme. 11 y a dans l'homme un cœur, un foie, des pou- mons , un eftomac , &c. 11 y a dans les infecies un long vaiilcau fort délié en forme d'artère, un lac in- teftînal & des trachées. Il n'y a dans les plerites que des utricules, des vafes propres & des trachées. Des Etres placés au deiTous de la plante doivent avoir un appareil d'organes encore plus fimple ; fa fimplicité n'empêche pas qu'il ne foit le type d'un appareil plus Compofé. Tout le monde n'eft pas en état d'apprécier des gé- néralités un peu vagues. On exige des raifonnemens plus fenfibles, des preuves plus frappantes. La même claffe des Etres nous les fournira. Ces preuves nous fcroient fufpcftcs de toute autre part. Nous n'avons point ici d'illufion ni de fraude à craindre. Voyez comme la Nature a empreint, fur les foffiles, les différentes formes du corps humain! Il y a des pierres qui repréfentent le cœur de l'homme, d'autres nuitent le cerveau, le crâne, la mâchoire, des os, im pied, une main, un rein^, une oreille, un œil; d'autres encore repréfentent les parties fexuelles de l'homme & de la femme. La Nature pou voit -elle- nous annoncer d'une manière plus intelligible , où tendoient les premières métamorphofes de l'Etre ? •^^r^a/ii'/ie J ■ iJ'aM uc). PHILOSOPHIQUES Gtc. i^ C H A P I T R E IV, JDes Lhbocardîtes & Bucardltes. _ Des u^ntro^c^ caniites^ ou efpeces de pierres ^ui ont la figim d''iin Cœur buma'tu. P. i. Lithocardltes & Bucardltes > LUSiEURS Natnraliftes parlent des Lithocardïtes & Bucardites. On en connoît un grand nombre d'es- pèces. Peut-être n'eft-il aucune contrée de la terre qui ne produire quantité de ces pierres qui repréfen- tent plus ou moins parfaitement la figure d'un cœur. Il n'eft pas étonnant, que la Nature ait multiplié, avec tant de profufion, les exemplaires ébauchés d'une fl noble partie animale, le lîcge du mouvement vital En comparant les différentes ïbrtcs de Lithocardltes que- produit chaque pays, on remarque entre elles und gradadon de reiTemblance qui plaît à l'imagination* 2. Anthropocar dites i L'efpece qui reflemble le plus au cœur humain, & tjn'on nomme pour cela Anthropocardite , elt celle dont je donne ici la figure (^Flanche /. Fig. 2.) d'après le Dofteur Brookes (*). Elle mérite une attention par- ticulière. Sa fubftance eft un caillou bleuâtre en de- dans. La forme d'un cœur eft aufli bien imitée qu'elle puifîc l'être. On y diftingue le trône de la veine ca- ve, avec portion de fcs deux branches. On voit for-^ tir auffi du ventricule gauche le tronc de la grande ar- tère, avec fa partie inférieure ou defcendante, bieiï indiquée. Cette pierre eft Tare. On diroit que laNa-* (;*; Natviral Hifcory, Vol.. V; S a -fio CONSIDERATIONS iure, contente de cette efquiiTe, en arrêta le trait, S? fe mit peu en peine d'en multiplier les modèles. L CHAPITRE V. Des pierres qitt hmtent k Cervsau humain. 'ES Auteurs nomment ces pierres Encephaloldes (*) ou Encephalhbes. Elles imitent fi bien le cerveau humain, qu^on les prendroit prefque pour des cer- veaux humains pétrifiés, fi l'on pouvoir croire à de pareilles pétrifications. Elles font graveleufes, argil- leufcs, & d'une couleur tirant llir le blanc Cf)- Le Doéteur Plott (§) parle d'une Enccphaloïde très fingulicre qu'il dit avoir vue. Elle reffenibloit à la balè d'un cerveau humain, ou au cervelet renferrfié dans la dure-mère. On en voyoit fortir des portions de plufieurs paires de nerfs coupés, & de plus un pro- longement de lamêmefubftance, d'où fortoient encore d'autres paires de nerts. CHAPITRE VI. Des Carmouks ouPkrres qui reprèfenUnt k crâne humahu Des Hyppocspkaloides. o. N trouve en plufieurs pays des pierres qui repré- fentent divers fragmcns du crâne humain. On en a trouvé auiTi dans la SaiflTe & dans l'Ellrie, qui le re- préfentent en entier, avec les os de la face. C*) Mufsiîni Calceolariiim Settali. ff} Oryctologie de ISIr. Dargenville.* es) Th§ r\'atural Hiflery of UxfordshirÇt J'/anc/u. JZ. -P<^-^<'- P H I L 0 s 0 P ÏI I Q U E s ?>- 21 Les A6les ou Mémoires de l'Académie de Suéde foTit mention d'un pareil crâne pierreux dont la partie, qui repréfentoit la mâchoire fupérieurej portoit quelques petits os qui iraitoient allez bien des dents. Aum le Dr. Leyel prétend-il , dans une Diflercation fur cetta pierre 5 que c'eft un crâne véritable pétrifié; mais c^ qui auroit du le détromper, c'ell qu'il a trouvé un ollelct femblablc d.ms une autre pierre qui avoit à peu près ia forme de l'os de l'épaule d'un homme: car alTurément l'omoplate n'eft du tout point faite pour porter des dents. ScheucbzLT parle d'une efpece de Carnioïdes dont on trouve quantité aux invirons de Bafie: ce font des pierres graveleufes & argilleufes, de couleur jaunâtre, qui ont une future dans le milieu , & qui imitent le crâne humain avec aflez de reffémblance (*}. Le crâne de la fameufe tête prétendue pétrifiée ^ trouvée fur les montagnes du village de Sacy, à deux lieues de Reims ^ n'eft qu'une pierre de la même efpe- ce. Outre que l'épaifleur raonftrueufe & inégale du crâne, & le rétréci iTement extraordmaire des orbites, des narrines, & des autres ouvertures, trois fois plus étroites que dans les crânes véritables, prouvent évi- demment que ce ne fauroit être une pétrification ; le nierveilleux d'une pareille produdion ceife entière- ment lorfque l'on vient a confidérer que dans les car- rières de Heddington on a trouvé des Hyppocephaloï- des de différente groffeur, c'elt-à-dirc des pierres qui repréfentent la têce d'un cheval, avec les oreilles, le toupet entre deux, un peu de nez,ia place des yeux, & le refte de la tête, excepté la partie inférieure (f). La grolfeur de ces pierres eft fort au deflous de celle d'une tête de cheval ordinaire, & on ne s'cft jamais avifé de les prendre pour des têtes pétrifiées de cet ani> mal. Ces Hyppocephaloïdes font trop fingulières pour (*) Spécimen Lithograpliia; Ilelveticœ curiofes CD IMulJBuin Wormianura. 22 CONSIDERATIONS û'cn pas donner ici la figure d'après les Auteurs quj ont vu ces fortes de pierres fingulières (Voyez , Plan- rjje II. Fig, I.} On rencontre fouvent dans plufieurs montagnes d'Allemagne, diverfes elpeces de Carnioïdes plus ou moins parfaites. e H A P I T R E VIL Phi'res qui reprè/èntent la Mâchoire hmnaîm^ V-^E font d'abord les deux mâchoires de la tête fos- file dont je viens de parler. Les mémoires de l'Aca- jjémie de Suéde & d'autres Livres font menûon de pierres femblables repréfentant la mâchoire humaine, foit fupérieure, foit inférieure, même avec les alvioles ^çs dents. CHAPITRE yiIL Os humains fojjîks. Xl n'eft pas rare de voir des pierres qui reffemblent à différens os du (quelette humain. Il n'eft prefque pas de cabinet de curiofités naturelles, un peu aflbrti, qui n'en polTede quelques-uns. Ici ce font des vertè- bres ^ là des omoplates, ailieurs des os du bras ou de ia cuifle. On en voit dont l'intérieur eft rempli d'une efpece de fubftance affez femblable à de la moelle (*). yr_ ■ A j^*3 Bayeri Oryclographia Norica; Mufatum Zachmelli, &c. P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 55 CHAPITRE IX. Pkrres qui imitsnt la forme du Pied de r homme, I. Première ejpôce. L, 'E Dr. Plott a trouvé dans une carrière, au pied du mont Shotover, des pierres qui repréfentent le pied humain coupé un peu au dcfllis de la cheville. Les doigts n'y font point marqués, mais la cheville y ell très fcnfiblc. On en voit la figure Planche J. n. %. Le pied eft fort élevé, &: encore plus long, aj^ant plus de deux pieds Anglois de longueur, C'cft l'efpcce la plus longue: on en trouve au même endroit de beau- coup plus petite. Ces pierres font de couleur cen- drée c*)« 2. Seconde efpeee. Le pes humaniis Saxeus i dont parle un autre Natu- ralifte, mérite encore à plus jufte tître le nom d'w^- dropodite. C'elt une pierre qui repréfente le pied gau- che d'un jeune homme avec les articulations, les doigts & l'os antérieur de la jambe (f)* S- Tro'ifihm efpeee. Une autre efpeee fait voir la figure d'un pied hu- main, au point d'y reconnoître, les rotules & les pe- tits os. L'imitation eft fi exacte qu'elle a fait dire qu'on feroit tenté de prendre ce pied pour celui d'un homme changé en pierre par la vertu pétrifiante de la tcte de Medufe ; ut diceres lafidofi hominis à Medyfa penmi' mi (§). C*) The Natural Hiflory of Oxfordshire. et} Miifa-nim Worniiaiiuni. PJ jMufaium Calceolarium Settali. B4 24 CONSIDERATIONS ■ M I iiWîWBiïïrrfTii'jrimniri iiiii"i'riiMiii— i i|"'-TTrrT-~'~im.TiniiiiKJffAf^ CHAPITRE X. Pkno 4e Rein. L 'A figure 1 de la Planche 1. repréfente une pierre do rein, amli nommée parce qu'elle a la forme d'un rein, avec le tronc d'un des uretères qui fore de fa partie concave. Cette pierre a cela de particulier, que, lorfqu'elle eft rraîchenîent dceerree, elle a la couleur d'un véritable rein, & le tronc d'uretère qui en fort eft li mou qu'on le coupe aifément avec un canif; mais en moms d'une iicure il devient dur comme le refte de la pierre Au m.oins c'elt ce qui arriva à celle dont parle le Dr. Brookes , dans fon Hiftoire Naturelle d'où i'ai tirai la figure que j'en donne. CHAPITRE XI. Olhes^ ou pierres auriculaires. 'es pierres reflemblent à une oreille humaine. El- les en repréfentent la forme extérieure: le creux de l'oreille y eft bien marqué. Cesolites font communes dans quelques carrières d'Angleterre, furtout dans celles du mont Shotover , & aux environs de la ville de Somerton, ou le Dr. Plott en a trouvé plulieurs. On en voit ici une fur la Planchd I. Fig. 5. I P tî ï L O s 0 P H I Q U E s. &ic. q i» ^. ■.■■■■■■■■.■«■■■■Il 1.1.111.*^ CHAPITRE XII. Pierres qui repré/entenî un œil. L y a plufieurs efpeces de pierres qui reprélentent un œil. "Nous n'en rapporterons que quatre efpeces. 1. Première ejpece, la première cfpece, celle que Pline a décrite & nom- mée Leucopbtûlmos ^ eft blanchâtre, & reprcfeîlt'e le blanc de l'œil, félon Mr. Dargenville. Mais il paroît que le Naturalifte moderne a mal interprété le nom que le Naturalifte ancien a donné à cette pierre. Pline n'a pas voulu dire qu'elle repréfentoit le blanc de l'œil, mais plutôt qu'elle imitoit la figure d'un œil blanchâtre, ou marqué de blanc au centre de la pru- nelle ^ ce que nous exphquerons tout- à-l'heure en parlant de la quatrième efpece de ces pierres, 2. Seconde efpece, VOcyophtalims ou AcyophtaJmos ^ comme l'écrivent quelques Auteurs, eft de la même couleur & fait voir un petit œil faillant & pointu. 3. Troifi&me efpece. Une troifiémc efpece de pierre de la même nature, qu'on nomme Triopbtalims ^ porte la figure de trois yeux, d'où lui vient fon nom. 4. Onatriéms e/pece. Celle dont on voit la figure Planche I. n. 4. a un cercle extérieur blanchâtre, enfuite une Zone circu- B 5 CONSIDERATIONS laire de couleur foncée qui eft celle de la pierre, puis au centre un petit rond blanc qui ne relfemble pas mal à une taie ou cataraéte dont la prunelle fcroit chargée. C'eft la penfee d'un Naturalille Anglois qui l'a d'écrite d'après l'original. Il conjecture que ce^ pourroit bien être l'œil de Belus mentionné par Boot (*J, & que le Lsucophîahms de Pline n'en clt qu'une variété , qu'il nomme ainfi à caufe du blanc qui cou- vre le centre de la prunelle (f^. 5. OnquUme efpece. Une cinquième efpcce reprcfente deux yeux l'un à côté de l'autre fur une ligne parallèle ,_ avec une jufte diftance entre deux. On la nomme Diopjtalmos. C'eft une très belle onyx. ÇHAPITREXIII. Pierres Mammillahes. 10 ES pierres, qui ne font pas rares, repréfentent la mammelle d'une femme. Le bouron ou mammelon y ell bien dcfliné & très cminent. On y voit auflî î'avéole ou la couronne qui l'entoure, & elle y pa- roît feméc de pc cites protubérances , comme dans le Naturel. ï. Première tjpece. ]*cn connois deux efpeces. Celle dont je donne ici la figure ( Planche L Fig. 3. ) eft la plus reffcmblan- te. Je l'ai vue, & je puis prévenir le Ledteur que le burin n'a point afiTez exactement copié la belle formQ de l'original. C*) De Lapidibiis & Gcmmis. ^t} The Natural IliUory oi' Oxfordshire by Rob. plott. P H I L O s O P H I Q U E s. «îc- q 2. Seconde ejpece. On en voit une autre efpece dans l'Hiftoire Natu» relie du Dr. lirookes (*). J'y renvoie le Ledeur, CHAPITRE XIV. Pierre nommée Lapis Cbirites, repré/ènîant une Mmn humainey c ''ETTE pierre ftrie'e , de nature un peu gypCeufe, repréfente la paume de la main avec des formes de doigts & d'oncles de couleur de chair. C'eft un des plus beaux foinles que l'on puiflè voir. CHAPITRE XV, Pierres qui repréfenîent un Mufik. o 'n en diftingue deux efpeces particulières, iinç grande & une petite. , I. Première efpece, La première efpece Q même Planche Fig. 6. "^ cfl: fort longue à proportion de fa grofleur. L'intérieur eft une forte de matière pierrcufe jaunâtre ; la furface extérieure eft d'un blanc poli & luifant, & légèrement: marquée de lignes qui l'entourent en forme d'anneaux, comme les plis de l'enveloppe d'un mufcle ordinaire. L'un des deux bouts eft plus gros que l'autre. Elle O Volume V, 2S CONSIDERATIONS n'eft pas ronde ^ comme un^ cylindre, mais ovale & tant foit peu applattie d'un côté. 2. Seconde efpece^ La petite efpcce ne diffère de la grande, qu'en ce que l'ovale n'en eit point applatti. I CHAPITREXVI. Pierres qui reprèfentent k Nerf olfacioire. _ _L y a une carrière prés du mont Shotover , d'où l'on tire une quantité de petires pierres jaunâtres, lon- gues, toutei> fcmblables les unes aux autres, qui ont la llirme cxade du nerf olfaûoire entier. L'extérieur eft liflé & poli: l'intérieur elt creux. On voit une de ces pierres Flambe IL Fig. 2. CHAPITRE XVII. Des pierres appellèts Orchis, Diorchis zB Triorchîs. N< ! 0 u s voici parvenus aux modèles folïïles des orga- nes de la génération. Quoique ce ne foient que des pierres, peut être fe trouvera- t-il quelques Leéteurs dont la faulVe delicatelTe fera offenfce de ces reprélen- tations. Nous refpectons affez leurs fcrupulcs pour tâcher de les lever par ces belles remarques d'un Au- teur moderne : „ Ce n'eit pas fans raifon que les parties de la gé- 5, nération ont été appellées les parties nobles, puis- 5, qu'elles fervent: â l'ouvrage le plus admirable que ç, forme la Nature i on leur rendoit autrefois les xsâ- PHILOSOPHIQUES &c. 2^ i3 mes hommages qu'aux Dieux: le foleil & les au- j, très Aftres ont été mis avec moins de raiPjn au j5 nombre des Divinités ; leurs influences n'offrenc 5, rien de fi merveilleux que la rolee féconde qui 55 découle des parties naturelles; les Livres lacrés ne 5, nous infpirent que de la vénération pour ces or- 5, ganes ; ils ordonnent qu'on coupe la main à qui 5, ofe les outrager ; ils excluent du miniftère facré 5j les hommes mutilés, la nouveUe loi les éloigne 5, de même de Tes autels : les Catfres victorieux ne ^, prennent pour moniimens de leur gloire que les „ parties nobles de leurs ennemis^ ce font -la leurs 5, jtatues , lears hilloires , leurs arcs de triomphe; 5, il en font des colliers à leurs femmes, ils en fonc -,, des préfens à leurs amis. Notre hiftoire ne parle „ qu'avec horreur de Villandre qui ofa porter la 5, main aux parties naturelles de Charles IX, Par ces „ parties l'homme alTermit fon empire fur la moitieda ,, genre humain , elles font le fccau de l'union & de 5, la paix qui rend les familles heureufes. uans la 5, focieté elles font d'une néceffité abîblue: l'homme „ & la femme en fe mariant fe pramettent une fi- 5, délité mutuelle, ils s'alTurent l'un de l'autre par 3, des fermens inviolables; mais les loix humaines^ j, autorifécs des loix divines , nous dégagent de ces 5, fermens quand nous fummcs incapables de nous j3 rendre les devoirs mutuels. „ Nous pourrions entrer ici dans des détails qui „ feroient fufceptibles d'explications cnrieufes : de j, vrais favans ne s'imagineroient pas qu'on fit une 5, infulte à leur modcftie en les leur prefentant. Ils 5, croient, avec raifon , qu'on peut porter ia curio- 3, fité fur tous les objets qu'étale la phyfique: les 5, parties même qu'une bizarre contradiction a fait 5, appeller nobles & honteules, ne leur font pas dé' 3, tourner les yeux; leur efprit qui y cherche lo mé- 55 chanisme du grand œuvre de la Nature, ne penlè 5, qu'à s'inftruire; l'admiration qui fuit leurs recher- s, ches tient toujours leur cœur en fureté. Mais toiis les 5« CONSIDERATIONS 3, efprits ne penfent pas avec cette élévation & cette 55 jufteflè. Il y en a de foibles qui font dominés par a, les fens & par l'imagination; la petiteffe des raa- 5, chines délicates, feches & fragiles dans lefquelles 5, ils font renfermés, forme une complexion facile à „ émouvoir , la moindre bluette y produit d'abord a, un embrafement univerfel: comme tout eft conta- 55 gieux pour eux, tout les effarouche, ils voudroient 5, que le nom des parties naturelles fût retranché des 5, Livres de FArt; peut-être voudroient- ils encore „ que ces parties mêmes fuifent retranchées des corps; 5, du moins leurs vains fcrupules femblent accufer la 5, Nature d'avoir choifi une voie honteufe pour mul- 5, tiplier le genre humain. Mais que ces efprits font 3, extraordinaires. Cette foibleffe eft indigne d'uit 5, efprit raifonnable , &c. (*)." Il feroit auffi ridicule de vouloir retrancher certaines matières de l'Hiftoire Naturelle , que de fupprimer dans la Nature les parties qui la renouvellent. Du refte, les Lecteurs fenfés comprendront aifément que îes pierres que je vais mettre fous leurs yeux entrent nécelTaircment dans le plan de cet ouvrage, comme dans celui de l'échelle univerfelle des Etres. C'eft as- fez pour juftiîier la liberté que je prends de les dé- crire. I. Orcbh. l-POrchis eft une pierre qui repréfente un tefticùltf de l'homme ou d'un animal quelconque. On a va des individus humains qui n'en avoient pas plus d'uni. 2. D'iorch'is, Lorfque cette pierre repréfente les deux tefticules^ on la nomme Diorcbis. C'eft l'efpece la plus com- mune. C*} L'Auatoiuie de Heiaer, Tooie h P'^Sj. S^ fuiy* , P H I L 0 s 0 P H I Q u E s &c: ti Il y a des Dîorchïs d'une groîTeur prodigieufè: telle* font celles dont parle le Dr. Plott , & qu'il a trouvées au côté occidental du mont Shotover : montagne fi fëconde en ces fortes de produélions > qu'on pourroit la comparer à un attelier où la Nature a dépofé quan- tité de modèles des différentes parties du corps humain, 3. Trîorchis. La pierre, nommée Trhrcbîs^ reprélènte trois teftî- cules; ainfi il fe rencontre quelquefois des hommes à qui la Nature libérale en a donné autant. N'eft-ce pas un phénomène remarquable, que l'on trouve dans les foffiles des types de cette monftruofité .? CHAPITRE XVIII. De lafierre nommée Scrotum humanum. Voyez Planche J. Fig. i. V^ETTE pierre, qui repréfente le Scrotum^ c'eft-à- dire la bourfe contenant les tefticules, eft d'un blanc fale, & la furface en eft fort ridée Ce n'eft pas feu- lement par fa forme externe qu'elle imite cette partie de l'homme. L'organifation interne paroît y être éga- lement analogue. En touchant ce Scrotum pierreux, on croit fentir que chaque telticule eft contenu dans une bourfe particulière mufculeufe, comme fi l'inté- rieur en étoit divifé en deux par la cloifon formée de la duplicature du Dartos^ ainfi que dans le véritable fcrotum humain. Une autre fingularité de cette pier- re , c'eft qu'on voit à fa partie fupérieure tine efpece de canal , rempli d'une fubftance Ipongieufè , affez femblable à une portioa de l'urethre. C O N s ï D E R A T I 0 ÎT s CHAPITRE XIX. Des Prlapolïtes^ Colites & PbaUoïdss. V-x'e font des pierres qui repréfeiitent le membre vi- ril enflé avec fes tefticules. Il y en a de plufieurs for- tes, I, Première efpecet Le plus beau de tous les Priapolites eft, fans con- tredit, celui dont je donne la figure Planche Jlf. n. i; La reflemblance eft aufli parfaite qu'on puiffe la dcfirer; L'imagination n'a rien à y fuppléer. Sa couleur eft Jmmâtre. On voit dans le milieu un canal rempli de matière criftalline, très relatif au conduit del'urethre, le gland perce à fon extrémité , avec \q prépuce qui le recouvre, les deux tefticules bien formés & pendans; à la racine de la verge. Comme j'ai vu ce Priapolite, je puis infifter fur la fidélité de la figure & de la de- fcription. Ce foffile fe trouve en Saxe: ce qui fait que les Auteurs l'ont nommé Priapolites Saxonis cmn eppenfis tefiibus (*> 2. Seconde efpece. Il y a des Colites dans les Pyrénées, mais ils n'ont point de tefticules. Ce font des Cylindres de couleur jaunâtre, traverféspar un canal criftallifé, comme dans le précédent, imitant le canal de l'urcthre, du refte fans aucune forme de gland ni de tefticules; il V a feulement une apparence d'otiverture à Tune de fcs extrémités. 3. Troi^ (*) Oryctologic de JNIr. Dargenvillei .^=y'/a/icA< nr. ^zJ*a^i 3^ . ^a y P M I L 0 s O P H I Q U E s &c; 3^ ' 3. Tr&l/îcmn efpecei Le Priapolite de Caftres en Languedoc, ne diffère de celui des Pyrénées que par fa couleur qui efc grifâ-» tre: la forme d'ailleurs eft la même ( ^}; CHAPITRE XX; Pierre nommée Hifterapetra. J— ^'HiSTERAPETRA que l'on voit même Planche Fig^ 2, eft de forme cllyptique, un peu élevée en cône par defTus, & plate en deflous: elle imite la vulve d'une femme. Cette pierre fe trouve dans le Rouffillon près du village de St. Laurent deCerdans, dans la Vallée de Cuftuia (j}. CHAPITRE XXL i)e /'Hifterolithos , oit Dipbys, ou Diphrys. n ous venons de voir les deux ^qxçs reprcfentés Téparément par des. pierres différentes : les voici réunis dans le même foffîle, comme fi la Nature eût voulu en faire le type des hermaphrodites \J Hifterolithos ^ ou Diphys ^ eft une pierre feloii quelques-uns, & félon d'autres une coquille bival- ve foffîle, qui repréfente d'un côté le partie naturel- le de la femme avec les grandes lèvres fort étendues & élevées, & de l'autre côté les parties de l'homme.- Les unes & les autres font fi bien imitées, dit Pline, qu'oa Oryftologie de Sir. Dargenville, ' à -même, G g4 CONSIDERATIONS les croiroit propres à l'acte de la génération , fi elles n'étoient pas de pierre : ut concubitui venereo aptum dixeris , m fi lapis ejjèt ( * ). Ce foffile Te trouve en abondance en plufieurs en- droits, dans la Gotlande en Suéde, dans l'Evêché de Trêves, en France dans le Rouffillon, & aux envi- rons de la ville de Caftres. Il eft rare que l'on ne trouve qu'une feule de ces pierres. , Il y en a ordinai- rement plufieurs accrues les unes auprès des autres dans la même roche. Gefner, Agi-icola & Wormius nomment ce foffile Diphys (f ). Scheuchzcr lui donne le nom de coticha vemris lapide a (§). On en voit ici la figure même Planche Fig. g. CHAPITRE XXII. Caillou connu fous le nom de Puer in fafciis. C X^'est un caillou oriental oblong, dont la marbru- re rouge renferme la figure bleuâtre d'un enfant en maillot, d'où lui vient le nom de Puerinfa/cits. La repréfentation n'eft pourtant pas fi exacte qu'il ne faille un peu s'y prêter. Mr. Dargenville en a donné la figure dans fon Oryétologie (§§). 8 *) Plin. Hift. Liv, XXXVII. Chap. X. t^ Mufeuni VVonninnum. ''^) Pifciiim Querelaî. 'iQ Page 208^ Planche 6. n. 5. P H ï L 0 s O P II I Q U E s &c. 35 «.aa» ^^'i"tN V-,'''^ije;''tjfr«lï»H!iBW CHAPITRE XXIir. ^uîn caillou nprèllnfant ksfijfzs d'un enfanî. G ''e caillou oriental eft rond & rcpréfente , fur un fond bnin, les fefles bien dillinélcs d'un enfant dont les jupes feroient relevées. On en peut voir la figure dans l'ouvrage que je viens de citer (y). CHAPITRE XXIV. T>es Mgures humâmes empreintes fur dis JÎgafbeSi S autres pierres. O, N voitj dans les cabinets des curieux , des aç;a- thcs qui portent des empreintes naturelles d'une tête humaine très bien delllnee Tels font deux petits portraits de Nègres , l'un avec la tête nue , l'autre coëfTé d'un petit chapeau à l'Efpagnole. Tel eft en- core un portrait noir dans la manière de Rembrant, où l'on voit très diftin6tement le nez, la bouche, l'œil, le front, le menton, les cheveux & la draperie. Wormius fait mention d'une pierre qui reprcfen- toit parfaitement un homme dont on voyoit toutes les parties. Bartholin parle de certains cailloux qui femblcnt avoir été travaillés au tour, tant ils repréfentent dé- licatement les yeux, le nez, la bouche, les bras, les pieds & les autres parties du corps humain. C) Mîme Page, même Planch. n. 4. C a l6 CONSIDERATIONS CHAPITRE XXV. D'an Rocher appelle le Moine pendu. ANS rifle de Malthe , fur une des côtes de la mer ,■ paroît un rocher féparé du re'^te d'une montagne, tel- lement fufpendu, & rellemblant (1 tort à un Hermi- te , qu'on l'apuelle communément. Jl Frais impicca- to^ en le Moine pendu ( *). Il paroît que les pierres dévoient repréfenter l'hon^m. de toutes les manières, par parties & en entier, en grand & en petit, en em- preintes plates & en relief. CHAPITRE XXVI. , Conclufion des Chapitres précédens. L me feroît aifé d'augmenter ce catalogue de curio- fjtés naturelles d'un très grand nombre de pièces aufli fmgulières, & dont rexifEc-ncc eft également con- fiatée. Je pourrois y joindre, par exemple, les cail- loux dont parle Moncomp dans Tes Voyages: il dit avoir trouve, fur le chemin du Mont Sinaï ?u Caire, des cailloux qui repréfentoient de grands cœurs, & qu'en ayant pris un qui paroiflbit avoir une cicatrice, &; l'ayant fendu & ouvert, il y avoit trouvé un cœur blcffe dans chacun des côtés du caillou (f;. Mais c'en eft aflez, je crois , pour taire voir que la Nature, en travaillant les pierres, modéloit véritable- ment les différentes formes du corps humain. La_ fi- gure conftante de chaque efpéce de pierres que je viens C*) Voyez le Journal des Savans. an. 16^7. Çt^ Là-miîine". PHILOSOPHIQUES&c. S7 de mettre fous les yeux de mes Lefteurs , annonce de plus que ce ne font point des 'jeux du hazard, mais fes produits d'autant de germes part'culiers, des rdali- fations du modèle unique de tous les Etres, des ani- maux vivans, quoique dénués en apparence de fjns & confcquemment de mouvement progreflif & de vie extérieure. Je dis en apparence, car ils pourroient polîéder ces avantages à un degré fi foible qu'il ne nous fiât pas fenfib^e, & néanmoins fi réel qu'il pût fe faire appercevoir en prenant une teinte plus forte. Ces Etres nous paroifTcnt placés bien bas dans l'é- chelle. Ils en ont cependant beaucoup d'autres, aa defibus d'eux. Les fels, les fouphres, les bitumes, les huiles font des degrés inférieurs aux métaux &anx pierres. Au deffous des huiles il y a les animalcules aériens, ignés^ aqueux, terreux^ fyfcêmes organi- ques les moms compofés que l'on connoifie, & ré- putés pour cela les premières préparations de l'efprit animal. En contemplant l'Etre dans les pierres, nous devons donc nous fouvenir que, pour atteindre ce degré, il a paffé par un nombre & une variété de transforma- tions qui excédent la force de l'imagination la plus vafte, & qui toutes préparoicnt de loin la forme iiu- Riaine. C 3 58 CONSIDERATIONS SECONDE PARTIE. ; WlBUSiMJSZC CHAPITRE XXVII. De P'iiitéricur des foffiks CGnfdérè comme un type de îorgantjliûon humaine, _I_^A ftrucStiire organique dés fc»^]cs n'cft plus un problème. Ceux d'xrntre les Naturalises qui s'obfti- nent, avec le vulgaire, à les rcgc:rder conime des corps bruts, ne peuvent difconvenir pourtant que leur tis- fu intérieur ne ibit ccmporé de libres & de veines en- trelacée les unes dans les autres. Les minéraux, dit Mr. Wallerius (*")!> ^ont des fubltances qui croisent fans paroitrc avoir de vie, & H'.ns qu'on remarque qu'aucun fuc vilîble circule ou Ibit contenu dsns leurs fibres ou veines. Que font ces fibres & ces veines fenfibles dans un très grand i ombre de tofiiles, (inon des organes ? L'or- ^anifltion des os, desmufcles, des chairs, en un mot de tout le folide animul eft-il ajatre chofe qu'un en- trelacement de fibres & de fibrilles qui le croifent en plufieurs fens, & s'arrangent fous d;ffcrcntes combi- naifons, en paquets, en refeaux, en cordons , en la- mes, en houppes, ç£c. avec différcns degrés de tenfion & de roideur ? ,, Il y a des Naturaliftes qui prétendent que les mi- „ hcraux ont une vie fcmblable à celle dont jouifiént ,, les végétaux: mais perfonne n'ayant encore pu jus- ,, qu'à-préiént remarquer, même à l'aide des meil- 3, leurs micrcfcopes , que ces fubftances enflent un • ('*) Mint'ralogie ou Defcription générale des fubilajices du M^» gne Minéral; au commencemenç. PHILOSOPHIQUES &c. 39 5, contenu dans des fibres ou veines; perfonne n'ayant „ établi ce fentiment par quelques preuves; & d'ail- „ leurs étant impofliblc de fe former une idée de la „ vie en général (ans un fuc qui circule ^ on ne voit „ p''int far quel fondement on attribueroit une vie „ aux minéraux, à -moins qu'on ne voulût appellcr „ vivant tout ce qui a la faculté de croître & dcs'aug- ,. menter: en admettant cette fuppofition, il n'eft pi.s „ douteux, qu'on ne puiflc dire que les minéraux vi- „ ve^2t (*).'' Si l'on n'a point d'autre raifon pour refufer aux minéraux une vie particulière , que de nier qu'ils foient imprégnés d'un fuc vivifiant, ni d'autre raifon de nier l'exirtence de ce fuc, que parce qu'on ne l'a pas encore apperçu , on peut aifément les réfuter l'u- ne & l'autre, Quand il feroit vrai qu'on n'eût point apperçu de fluide circulant dans les vaiîlcaux fibreux des foffiles, ni glande:!, ni véliculcs, ni mammelons qui tinflent en diTolution un fuc nourrricier, ni trachées qui en aîdaficnt la fiitration, ce feroit mioins une marque de la non exiftence de ce fluide ^ que de fon extrême fi- nellè. Car, pour tirer nos exemples, des corps les plus purs & du tiffu le plus ferré, ce qu'on nomme paille ou défaut dans les pierres fines, pourroit bien êcre un épanchement de ce fuc extravafé, qui en con- ilateroit la réalité. Les efprits animaux font un flui- de prefqnc univerfellement reconnu, quoiqu'aucnn Anatomiile ne l'ait vu, quoique perfonne même n'en ait apperçu les traces. Je ne penfe pas qu'il faille un grand appareil de preu- ves pour perfuader que les foffiles contiennent un fuc qui en pénétre toutes les parties. On voit Venu diftii- 1er des voûtes des grottes, & l'on ne fauroit douter qu'elle ne fe filtre au travers de la roche. Un caillou augmente de poids, après avoir rcfté quelque temps (*) :MincraIogie de Mr.V.'alleriiis. 2. Obrervaticr4. C4 .4© CONSIDERATIONS dans l'eau , foit fur le bord d'une rivière on de la mer„ fans- doute parce qu'il s'en cft imbibe & comme faoule. ., Moncon\ s rapporce dans fes voyages, qu'u- 5, ne pierre qu'on avoit mife dans un matras où il y 5, avo'it de l'e.-u, & qu'on ;:voit bouché très exafte- j, ment, avoit tei cmcnt augmenté d- volume au bout ., de quelques années, qu'il fut impoflîble de la reti- l, rer du matra^ fnns le cafll-r (*;." .j'ai vu auffi dans une bouteille une pierr.^ qui n'y avoit fûremcnt pu entrer dans l'crat ou elle étoit. Ces dernières ex- périences prouvent que ces pierres s'ctoient nourries d'eau par intuiiufccption, & que, par une vertu in- terne aflimilat've, elles en avoient converti les parties en leur propre fubitance. Combien de pierres font grafTes huileufcs & au tou- cher! D'où vient cette tranrpiration grafle & huileu- fe, iinon du fluide femblable qu'elles contiennent! Combien de pierres fe diltillent, & donnent à la diftil- lation plus ou moins de liqueur ! Combien de pier- res fe durciffent au leu par i'évaporation du fluide qui les amolilToit! En ginéral toutes les pierres en fe re- froidiflant après la fufion deviennent concaves à la furface, & la maiTe fondue etl plus légère que n'étoit ïa pierre avant que d'entrer en fufion (f). C'eft qu'à la fufion, le fuc contenu dans les fibres, & les veines, s'évapore; les parois des unes & des autres s'aflaiflcnt en fc rapprochant; la diminution du poids vient de la diffipation du fluide; & la concavité de la furface de l'affaiiTcment des fibres & des veines. La c(Hileur des pierres précicufes ne vient que du fuc métallique dont elles font imprégnées; 'fuc extrê- mement fubtil où font très -finement difioutes des par- ticules de fer pour donner la couleur rouge au rubis, de cuivre pour faire le bleu dans les fapïiirs ; de cui- vre & de plomb pour rendre la chripolite d'un jaune C*) M2t?-niqiie de Mr. Wa lie ri us. 3. Obfei-vatian. (tj) Là - mêflie , page 6. P H I L 0 s 0 P II I Q U E s &c. 4J vcrdâtre ; de cuivre & de fer pour former le beau verd de l'éraéraude & du bérylle , &c. Il y a des pierres qui femblent être des éponges plei- nes du fluide électrique. Enfin tout nous confirme que nous avons raifon de regarder les pirrres comme des fyfîêmes de folides arrofés par un fiuide , quel qu'il foi t. Nous ne prétendons pas qu'elles aient une vie fcmbla- ble à celle des végétaux. 11 n'efl: donc pas nécefTaire que le Suc qu'elles contiennent y ait une marche fcmbhible à celle de la fève dans les plan'tes. Une fimple pénétration ou imbibition , un arroiemcnt fuffit peut-être à l'efpece de leur économie vitale. Ou peut-être encore eft-ce quelque chofe de plus fimple d ^ns les échellons les plus bas. Tout vit; mais la vie eli: réduite à les moindres ter- mes dans les premières réalilluions du prr/totype (*}. Cependant les fibres & les veines des tbffiles ou on en découvre à la fimple vue, femblent deltinéesàen filtrer un fuc nourricier: cette conjefturc n'a r en d'étrange. Les talcs & les ardoifes, l'or, l'argent & tous les folTilL-s laraineux ont leurs feuilles attachées par de pe- tits fibres qui vont trai^rverfalement d'une feuille à l'autre, comme les fibres qui lient enfemble les lames dont les os font formés dans l'animal. Parmi les fibres pierreufcs & métalliques, il y en a dont la ftructure imite celle de plufieurs fibres anima- les. La numismale a des fibres tournées en forme de rpirales, com.me celles du cœur; le plomb en a de tortueules & d'annulaires, comme celles de la plèvre; l'antimoine en a de pliécs en zig-zng, comme les fi- bres mufculaires, &c. Qui connoîtroit l'intérieur de tous les fofiiles, y verroit peut-être des types de tou- tes les fibres animales. Une pierre efi: ordinairement un tout d'une fcru- dlure allez uniforme. Elle n'eft point compofée de (*) Voyez dans lelJvre iiuiiiilé dé- In Nature , Tome IV. dcî preuves & des faits C.niibics concernniu la vie des fofiiles 42 CONSIDERATIONS folides d'une confiftance ou d'une efpéce différente. Un métal a le même caradère d'unilbrmité dans fa texture. Ce n'eft pas qu'on ne voie auflî des foffiles dont le tilTu eft plus ferré dans une partie & plus lâ- che dans une autre partie ; d'autres qui ont une for- te de noyau, ou de cœur^, à leur centre ; d'autres dont l'intérieur eft rempli d'une apparence médullai- re. Ce font autant d'échellons qui s'élèvent les uns au delTus des autres. Le grand nombre des foffiles font plus uniformes dans leur organifation , & cette uniformité les met au deflbus de ceux qui y font moins aflervis. La Nature s'étudiant à tourner & à tiffer la matière fibreufe, commença par les moindres élémens , par les corabinaifons les plus aifees , pour s'élever gra- (iuellement à des compofés plus favans. Il y a une gradation d'appareil fibrillaire dans les foffiles. Pour juger en combien de manières la Na- ture l'a varié , multiplié & nuancé, il faudroit avoir une minéralogie complette, une énunieration exaéte de toutes les iubftances foffiles, & de plus en voir le tilTu à découvert. Quand aurons -nous une Minéra- logie complette? Aifurément il y a encore bien des Etres inconnus à ajouter à celles de Wallerius & de Bomare. Quand aurons -nous des inftrumens qui nous mettent en état d'anatomifur tous les minéraux connus ? CHAPITRE XXVIII. Pajfage des Alinéraiix aux Plantes. JL/Es pierres fibreufes, c'eft-à-dire celles dont les fibres font fenfibles, forment le palTage des minéraux aux végétaux. Elles approchent \\ près de ceux-ci, que, le préjugé mis a part, il feroit difficile de les en aifiingucr. Tels font les mica, les taies, les pierres PHILOSOPHIQUES &c. 43 ollaires, les amiantes, les asbeftes , qui corn pofent des familles conlidérabîes. Nous allons entrer dans quel- ques détails fur ces pierres, autant qu'elles ont de rapport avec l'objet principal de cet Ouvrage. CHAPITRE XXIX, Les Mica. -L/ES mica font des pierres compofdes de particu- les en forme de petites écailles, ou lames, attachées les unes aux autres par des fibres tranfverfales de la manière que j'ai dite ci-deflus (*J. Elles font or- dinairement tendres & friables. Le feu deiîechant leurs fibres & en détruifant la finicture, les raccornit & le rend dures au toucher. Ces pierres varient d'une efpece à l'autre pour la confiltancc, la figure & l'arrangement de leurs parties, I. Première efpece. Mica ro'ide. Cette première efpece a fes lames ou écailles i*oides, fans aucune flexibilité. La couleur varie chez les in- dividus: il y en a de blancs, de jaunes, de verds, dé rouges & de nou"s: mica rigida. 2. Seconde efpece. Mica pxible. Celle-ci a de grandes lames flexibles: fa couleur eft un blanc argenté : mka pxilis argentea. (*) Chapitre XXVII. 44 CONSIDERATIONS 3. Troî/iéim efpece. Mica ècailkux à lames pointues. Les écailles de ce mica font minces & pointues : mi- ca particiilis tenuioribus acuminatis. 4. Qîiatnéme efpece. Mica brillant. Les lames de cette efpece font luifantes &; demi- traniparentes : mica femi -pellucida. 5. Cinquième efpece. Verre de Mofcovie. Le verre de Mofcovie , vitrum Mofcovitwn , a des la- mes auffi tranfparentes que du verre. 6. Sixième efpece. Mica flrié. Ce mica paroît plutôt compofé de filets parallèles, arrangés en faifceaux, que d'écaillés, tant elles font fines & allongées : tnica particulis ob'ongis. 7. Septième efpece. Mica demi -fphéri que. Les lames de cette efpece font rangées circulaire- ment autour d'un centre commun, où elles viennent fe réunir pour la plupart. Ce mica demi-fphérique fe trouve à Spogol en Finlande C*^ '- ™ca bamifpherica. C*) Minéralogie de Wallerius, Ce Naturalifte fait une autre diftribution des mica , peut-être meilleure que la mienne, maig je ne fais pas une méthode. PHILOSOPHIQUES &c. 45 8. Huitième e/pece. Mica irrégulier. C'eft celui dont les parties lamineufes fembleût ne garder aucune régularité dans leur figure ni dans leuiî arrangement: mica fquammulis inordinaû mxîis. L CHAPITRE XXX, Les Taies, ES talcs nous montrent, à-pen-près, les mêmes phénomènes , feulement avec des variations finement graduées d.ms la forme, la confiftance, & le calibre des pctts feuillets qui les compofent. Le tiflii en eft plus ferré, ce qui leur donne plus de maffiveté. Plus on compare la fl:rudture des mica & des taies à celle des os , plus on fe convainc que l'une eft une étude de l'autre. L CHAPITRE XXXL Les Pierres OUaires, /'Intérieur des pierres ollaires oflre à la pre- mière vue des amas confus & irréguliers de petits feuillets, de filamens & de petits grains: ce font des paquets de fibres, comme l'Anatomie en fait voir une lîiunité de plus ou moins gros dans le corps animal» è^ CONSIDERATIONS^ o. CHAPITRE XXXII. Les Roches de corne. 'n appelle roche de corne une pierre qui par fa ftruclure feuilletée eft analogue à la corne des ani- maux, à laquelle elle i^effemble auflî par fa couleur. On fait que la couleur des corps provient du fluide qui les pénétre & les teint en les pénétrant: ce qui rend l'analogie entre cette pierre & la corne animale plus complette. Nous verrons dans la fuite que nos ongles font des extraits perfectionnés de la corne des quadrupèdes. Il y a furtout une efpece de roche de corne dure & noire, qui relTemble plus que toutes les autres au fabot du cheval, comme l'ont obfervé les Naturali- ftes; les autres efpeccs en approchent plus ou moins. Les feuilles de celles-là fe lèvent & fe détachent com- me les feuilles de la corne. CHAPITRE XXXIII. Les AmïanUs. V^N s'apperçoit, en confidérant les amiantes & les asbeftes, que la Nature, parvenue à ce genre de pro- duétions, a déjà confidérablement perfecxionné le fy- flême fibrillaire. _ Les amiantes font compofées de fibres dures Sz: co- riaces qui ont beaucoup de rapport avec celles des fubftances charnues. Elles font ou difpofés parallèle- ment, ou elles fe croifcnt & s'entrelacent pour for- mer des couches ou membranes réticulaires. „ Les différentes efpcces d'amiantes , dit Mr. Wai- PHILOSOPHIQUES &c. 47 „ lerius, font les plus molles de toutes les pierres; „ elles font ordinairement flexibles jufqu'à un certain 55 point; on peut même les filer & en faire de la toi- „ le; ce font aufiî les plus légères des pierres, attcn- „ du qu'elles nagent à la furface de l'eau; il n'y en a „ point qui aient plus d'analogie avec le règne ani- „ mal & végétal par leur mollelTe & leur légèreté , & „ furtout par leur organifation ". Je vais parler de quelques efpeces dans l'ordre où elles fe préfenteront. I. Première e/pece. uimiantâ de cbyprs^ ou linfajjiie. Ce lin fofPile relTemble beaucoup, pour la couleur & la fubftance, à un paquet ou faifceau de cheveux gris. On l'appelle auffi laine de montagne: lana mon* îatia, 2. Seconde efpece, Cuîrfojfile, Le cuir foflîle, ou cuir de montagne, a des fibres molles, étroitement unies les unes aux autres, entre- lacées par d'autres fibres, dont la texture ell tout- à- fait coriacée. 11 relTemble parfaitement a du cuir, dont il prend le nom: corium mofitamim. 3. Troîftéme efpece^ Chair foJJ] le. Caro montana. La chair foflîle eft encore une amiante compofée de l'affemblage de plufieurs membranes epaiffes & folides, & fi analogues a des membranes charnues qu'on n'a pu lui en refufer le nom. 11 efi: à remarquer que ce nom lui a été donné avant toute idée d'un fyfi:ême femblable à celui que j'expofe, &; par des Naturalifi:es qui étoicnt fort éloignés d'envifager la Nature fous le 48 CONSIDERATIONS même point de vue que je la confiderc à ce moment. Frappes de la reiTcrablancc, ils ont rendu hommage à la vérité, mcnie en la contredifant; &, en luivant'unc roure contraire a celle qui cevoit les condtiire au vrai fyftéme , ils nous Pont indiquée. CHAPITRE XXXIV, Les yîshejîes. L 'ES asbeftes, compcfés de fibres appliquées longl- tudmalement les unes contrôles autres par taifceaux, ont avec les nerfs & les raufcles les, mêmes rapports organiques que les amiantes ont avec les chairs, fi ce n'elt que les fibres des asbefi:es n'ont pas la flexibilité des fibres nerveufes & mufculaires^ comme celles des amiantes ont la foupleflTe des fibres charnues. On difiingue l'asbefiie mûr de celui qui ne l'efl: pas encore, en ce que les fibres de celui-ci font fi tendres qu'on les caflé plutôt que de les leparer, au-lieu que lorfqu'ellcs ont acquis de la confifi:ance en mûrifiatit, on les détache facilement les unes des autres fi.iivant leur longueur. On peut aufiTi filer & tilTer i'asbefte mûr comme l'amiante. Q CHAPITRE XXXV. Si les yJmiantes & les ^shejïes doivent être mis au rang des minéranx , ou des végétaux. UELQUES Auteurs (*) ont foutenu que Pa- miante & l'asbefi:e n'étoicnt point des foflîles, mais C*3 Voyez Rieger, Le.xicon WJl, Naz. du mot amic.ntuSi P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 4^ mais plutôt des végétaux. La méprifc , fi c'en eft une, eft bien pardonnable. Ils ont pu croire faiis abfurdité que ées iiibftanccs filamcnteulès, flexibles & légères comme les racines des plantes, propres, comme le lin végétal, a être filées & manufacturées en toile, pouvoient appartenir au même règne. Jl eft vrai qu'elles fe tirent des montagnes, & qu'on ne les voit point s'élever au deftlis de la furface du fol. Que s'enfuit -il? Qu'elles pourroient être des plantes toutes en racines: feroit-ce une chofe fi étran- ge ? D'ailleurs la truffe ne fort point non plus de des- fous la terre ; on peut l'appeller à cet égard une plan- te foffile. L'amiante & l'asbefte font incorabuftibles ,& fedur- ciflent au feu aulieu de s'y confumcr. N'y a-t-il pas quantité de racines qui ont la même vertu , celles CiiiSocMa des Indes, V Androjàces de Diofcoride, ÏUm- hïlïcus m art nu s Monfpelienjiiiin? _ C'eft un fait que les amiantes & les asbeûes partîcî- cipent plus de la Nature & des propriétés des végé- taux , que de celles des minéraux. Il y a de la dis- crétion & de la retenue à les regarder feulement com- me deftinés à remplir le paflage du minéral au végé- tal. On les appellera fi l'on veut, des fjffiles qui fe métamorphofent en plantes , pour commencer le rè- gne végétal, dont l'autre extrémité eft pleupîée de plantes qui s'animalifent. D 50 C 0 N S I D E R A 1' I 0 N S TROISIEME PARTIE. CHAPITRE XXXVI. Sommaire des rapports orgamquss de la PlantA avec l"* Homme» JL'^ous if avons VU jufques-îcî que des tnafles fans excioifiances , des troncs fans rameaux, des corps fans membres. Les premières plantes ^ telles que la~ truf- fe & le'noftoch, font audi dénuées de branches, de tiges & de fcv'lles. Le chumpignon a des racines: fa tête, gonfe fur fon pédicule, s'évade de tous côtés en forme de chapiteau convexe en defllis , concave en deflbiis; cette dernière farface eft feuilletée , ou fiftuleufe ; c'eft- à-dire garnie de petits tuyaux. Les lichens fuivent les champignons. Viennent en- fuite les plantes herbacées , les arbrillcaux & les grands aybres. Ainfi la matière, qui ne s'étoit montrée jufqu'à ce degré de l'échelle des Etres, que fous des formes res- ferrées fans ramifications extérieures, fait ici de ces troncs autant de centres d'où fortent pvogrcffivement d'un côté des racines, de l'autre des branches, & des feuilles. Nous verrons, dans la fuite, les nouvelles formes que prendront les unes & les autres. Mon deffem n'efl: pas de m'arrêter ici à contempler ia multitude immenfè des plantes, ou la variété infi- nie de leurs figures. Nous connoiflt)ns un peu plu» de Anngt mille efpeces de plantes , & ce n'ell pas fans- doute la vingtième partie de ce qu'il nous en refte à connoître. Qui pourroit feulement compter le peu- ple nombreux des moufles, des lichens, des champi- gnons? Notre botanique eft peut-être à celle de la P H I L 0 s 0 P H I Q U E s 8îc. 51 Nature, comme un à cent -mille. Je me trompe; nous ne femmes pas 11 avancés. La dis'crfité des for- mes végétales qui fait une gradation de nuances depuis le noitoch jufqu'au cèdre & au fapin, n'elt pas moins étonnante. Mais ce qui doit fixer notre attention, ce font les rapports organiques de la plante avec l'hommCi L'homme n'eft point une plante : la plante n'cft point un homme. J'apperçois lèulement entre la plan- te & l'homme une analogie de formes & de parties qui me dit que ce font deux métamorphofes du proto- type, dont l'une 5 quelque éloignée qu'elle fbit de l'autre, peut néanmoins l'amener par une fuite d'al- térations, d'accroifiemens & d'approximations. Je ne veux pas dire qu'une plante puillè devenir uri homme. On m'auroit mal compris, fi on l'entendoit ainH. Je me fuis afiez expliqué: j'entends uniquement que le deflein d'après lequel la Nature a travaillé le vé- gétal, peut être perfectionné jufqu'à devenir le modè- le de la machine humaine, comme le plan de l'orga- nifation des plantes efi: une variation perfeétionnée du plan des machines minérales. Je vois dans les plantes une diftindtion de fèxes, & des parties fexuclles qui ne s'éloignent ps beaucoup, pour la forme, des parties naturelles de l'homme & de la femme. Les étamines , parties mâles des plan- tes , font des filets ou petites colonnes qui portent des gouflTes fpermatiques , analogues aux tefticulcs. La dilTérence entre ces parties & celles de l'homme, con- fille en ce que, dans l'homme les tefi:icules pendent au deflbus & à la racine de la verge, aulieu que, dans la plante, les tefticules font au fommet ou à la tête des petites verges. Les plantes ont une femence continue dans des véfi- cules , d'où elle elt éjaculée dans un lieu propre à ia fécondation. Ce lieu eft le peftile, & ce peftile a fa bafè, ïes conduits & fon fommet, qui repréfenterît la matrice, les trompes & la vulve de la femme. Le fœtus plante a des filets ombilicaux , des lobes D z 52 CONSIDERATIONS qui lui fervent de plr.centa . & des enveloppes qui ré- pondent au chorion & a l'amnioô où le fœtus humain eft contenu. Cet aflorr'ment de parties fe forme , pour l'un comme pour l'autre , du fupertlu de la fo- mcnce. L'un & l'aufe fe nrurrilTent, dans ce pre- mier état , par le cordon ombilical. On ûiftiDgue dans l'homme le corps & les extrémi- tés: la tête 5 ]c> bras, les cuiifes & leurs dépendances font les extrémités. La divifion eft la même pour la plante: on y diltingue le tronc & les extrémités qui font les racines & les branches. 11 n'elt pas encore temps de voir les racine^ fe raccourcir ^ la partie mfé- ricurc du tronc fe divifer en deux portions égales, toutes les branches fe réunir de côté &: d'autre en deux greffes ièulemcnt, mais nous pouvons remarquer en paffant, que les doigts ou ramifications des pieds &c des mains font des reftes déguifés de l'ancienne forme. Toutes les pi.rc£S (blides du corps humain font de deux fortes., oricufes ou charnues. De- même toutes les parties folides des plantes, les racines, les tiges, les branches, les feuilles, les fleurs, les fmitSjlcs grai- nes, font compofées de deux iôrtes de corps. Les par- ties ligneulcs, c'eft-à-dire les libres & les filets répon- dent aux os. Les écorces^ les peaux, les moelles , les Îmlpes, î'îs parenchymes font leurs chairs. La moël- ç végétale eft contenue dans le bois, comme la moel- le animale dans Tos. L'éccrce de l'arbre eft compofée de trois membra- nes: favoir la fine écorce, la grollé écorce & l'épider- me. La peau de l'homme elt de - même formée de trois membranes, la peau intérieure, la furpcau & l'epiderrac. Il y a dans le corps humain deux iluidcs généraux, le fang & h lymphe. Il y a dans les plantes deux flui- des, la fève & une liqueur vifquculé ana'ogue à la lymphe. Si la fève ne circule point réellement d;;ns la plante, comme le fang dans l'homme, clie ne lais- fe pas d'y avoir un cours réglé, Si queiq ue nom qu'il P H I L 0 s 0 P H I Q U E s. &c. 53 mérite , c'eft toujours une idée de la circulation du fangC*). „ La plante pompe par Tes racines & par les pores de îes feuilles j qui Ibnt comme autant de bouches- un lue qui elt porté dans des utricuics, comme dans des efiomacs. Là il fermente & fe digère: iî pafib cnfuite dans les libres ligneufes, lefquelleo équivalent au:: vei- nes lactées. Il eft verle de là dans le; vaj. 2. ) V-^£ champignon extraordinaire mérite de fervir de pendant au navet dont on vient de parler. Il fut trou- vé par un payfan en i5()i , au pied d'un arbre, dans la forêt d'Altdorff. Il repréfente afiez au naturel 'î\% figures humaines plus ou moins bien defiinées. Il y en a furtout une , dont -la tête de profil fait voir 1.111 (cil, le nez, la bouche & le menton auffi exactement % ) Voyez le Journal dos Savans, annce 16-":, t) Ci -devant Chapitre XXXVI. 6o CONSIDERATIONS travaillés qu'ils pourroient l'être par une main habile. Les cinq autres ligures ne montrent que le dos (*^. c CHAPITRE XL. Mandragore rep-éfentant la figure (Tune f&mme. 'es pi'oduftions étranf^es me font fouvenir d'avoir lu quelque part qu'en 1687 on trouva, fous une po- tancc aifez près du grand chemin, une mandragore qui avoit la Figure d'une femme auffi bien form^^e par la Nature, que fi l'Art y eût travaillé; que cette mandragore fut prélentce au Roi Louis XiV. qui l'a- cheta , & en fit graver une belle eftampe , laquelle doit le trouver dans la troilicme partie des Mémoires S Eflampzs pour fervîr à i' l-J'ijioii e des Plantes de Do^ dart (t). La relation de cette mandragore eft conte- nue dans une lettre d'un nommé Mr. de jolly en date du 4 Mai 1687. c'eft tout ce que j'en fais, n'ayant vu }-\\ la relation , ni la figure de ce phénomène. CHAPITRE XLL Rave ayant la forme d^une main bumaîm. ^^^ETTE rave ne paroîtra pas fort fingulîère, après ce qu'on a rapporté dans les Chapitres précédens. El- le repréfente une main humain» très bien formée: on voit fur le pouce la trace d'un ongle de grandeur na- turelle. Les feuilles arrangées autour du poignet, cora- pofent uuc efpece de garniture qui imite une manchet- te. On en peut voir la figure dans le Journal des Sa- vans année 1679. (*) Journal des vSavaiis, année 167O. (t^ Paris 1701. de l'Imprimerie Royale, in fol. L P H I L 0 S O P II I Q U E S &c. 6ï C H A P I T R E XLII. Lss Zoophpes y ou Plantes ammaks (''O' i^^ficiss aquatiques. iA Nature travaille au fond des eaux des corps tendres & mollaircs, d'une labltance niuqueule orga- nifée, couverte d'une peau plus ou moins délicate. Ce font les Zoophytes, peuple nombreux & variée par lequel clic s'élève du règne végétal au règne ani- mal. Nous avons dit que les amiantes & les asbcftes étoient des pierres métamorphofces en plantes. Quel- (^*) On appelle de ce nom certains poiflbns , ou animaux aqua- tiques, privés de fang, qui tiennent de la plante & de l'animal: ce font VOrtie de mtr , nommée en Latin Urtica, pai'ce que, quand on la touche, elle brûle & pique comme les orties; le poumon marin, en Latin Pulmo maruius , qui a la figure de nos Jîoumons ; ï Holothurie, appelle en Latin Holothuriunt ; hTet/iye, nommée en Latin Tethya ou Tetlasa, qui elt une efpece de co- quillage & dont quelques Naturaliftes comptent fix différentes cfpeces ; la Ferge marine , en Latin Mcntula marina ; la Ponmie àe Grenade , Malum Granatum ; le Champignon }?inrin , en Latin Fungus marinas; la Poire marine, Pyrum mr.rimnn; VJile ou /<ï Plume de mer , en Latin Penna marina , qui brille la nuit ; le Rai- fm de rmr Uva marina ; la Pomme folle de mer , nommée en Latin Malitni infannm marinum ; la Main de mer , Manus marina ; & le Concombre marin, en Latin Cmirncr maritius. Voilà les ei'peces H I L 0 s 0 P H I Q U E s S^c. 65 CHAPITRE XLV, Le Rein de mer. V-^£ zoophyte , connu depuis peu de temps, a la forme d'un rein comprimé. Voyez en la figure & la defcription dans le Livre cité au bas de la page ( * ). CHAPITRE XLVL Des Holothuries ou Verges marines ; en Latin Ho- lothurium. Xl y a plufieurs efpeces de verges marines qui ont plus ou moins de reflémblance avec le membre viril : ce qui leur a fait donner, par les Auteurs Grecs k nom de |3op«f , Genitura. I. Première efpece. Mentula marina. La première efpece relTemble prefque au piftile d'u- ne fleur: car on y voit comme une petule & un cali- ce qui fortent de fa partie fupérieure. Elle n'eft pas aum belle que la fuivante. Elle a pourtant mérité d'être appellée mentula marina. 2. Seconde efpece. Epipetrum. La partie antérieure de celle-ci reflemble parfaite- ment à l'extrémité du gland de la verge découvert. On y voit l'ouverture du conduit de l'Urethre, qui ell la bouche & en même temps l'anus de l'animal. Sa fubftance eft tendre, molle & polie à cette extré-^ mité, mais ridée fur tout le refte du corps dont l'au- (*) De la Nature , Toin. IV. Planche IV. Fig. ^ E €6 CONSIDERATIONS tre bout fe termine en cône obtus. Cette verge raa- rin.e eft connue des Naturaliftes fous le nom d^epipe- tmm. On en voit la Hgure dans le grand Ouvrage de Seba qui en avoit l'original dans fon cabinet (*}• g. Iroifiémeefpece. Mentula alata. Il y en a une troifiéme efpece, forte de panache de mer, dont la partie fupcricure ell garnie d'un rang de plumes de chaque côté, qui font les bouches ou fu- çoirs de ce zoophyte; & dont le bout nud, liffe, mol- laffe & percé d'un trou à l'extrémité, montre quel- que conformité avec le membre vilir; ce qui lui a fait donner le nom de mentula alata pifcatorum, CHAPITRE XII. Champignon marin dont la partie fupérieure repréferi- te la vulve d''une femme. L iK même clafle des animaux marins qui nous a donné la repréfentation d'une verge , nous offre ici celle de -la vulve d'une femme. Ce zoophyte eft une forte de Champignon de mer: du moins voici comme les Auteurs le nomment & le caractérifent. Fungus ^ pileolo lato orbiculari , candicans^ marinus^ fuperna parte veram vulva mttUehris formam gerens (f ). Ceux qui trouveront cette ébauche un peu groffiè- re, doivent fe fouvenir que c'eft la féconde feulement, qu'elle eft déjà plus reflèmblante que la première dont nous avons fait mention , & que la mer nous en four- nira une troifiérae plus parfaite, dans les coquilla- ges C§), r*) On retrouve la même figure dans le Livre de la Note pré- cédente. Planche VI. fig. i. et) ^'oyez en la figure dans le Livre intitulé de la Nature, Tome IV. Planche VI. fig. 2. CD Nws en parlerons bientôt, Chap. LL P H I L Ô s O P H I Q U E s &c„ 6j CINQUIEME PARTIE. eagaerssaBgggMm-B L. CHAPITRE XLVIIL Des Infectes terrefires; l'Es zoophytes, qui font des infeétcs aquatiqiies^- noiis conduifent aux infeftes tcrreftres. Le paflsgé des uns aux autres eft marqué par le rapport des vers d'eau douce aux vers de terre. Quand on entre dans ce qu'on appelle l'empire des animaux, on fe croit trahfplanté dans un nouveau monde. On le trompe; c'ert le même rcgne qui prend d'autres formes: c'eft le même plan d'être avec des variations différentes. Ces différences qui p^rolflent fi grandes lorfqu'on les conlldcre dans des degrés éloi- gnés, font à peine fenfibles dans les points deconta(3:. Le monde animal à des habitans branchus & en- racinés dont les vifcères ne différent de ceux des plan- tes, qu'autant qu'il faut pour n'en être pas la répéti- tion , & qui ont l'admirable propriété végétale de multi- plier de bouture ou par rcjettons, de pouvoir être greffes, enfin de fè redonner les parties, qu'on leur ôte. Soie qu'ils n'aient que des vaifléaux féveux, des utricules & des trachées à la manière des végé- taux, ibit que l'Etre en s'élevant ait changé cette fimplicité de vifcères en une organifation un peu plus compofée, en leur donnant un cordon de petits cœurs «, & un fac membraneux en forme d'eftomac; foit qu'ils aient des membres ou qu'ils n'en aient points les or= ganes efientiels à la vie y font fi multipliés & telle- ment répandus dans toute l'habitude de leur corps qu'ils ont autant de cœurs , d'efliomacs & de véficules pulmoîiaires qu'il y a de pointé dans leur fubftance^ E 2 €$ CONSIDERATIONS defortequechaque portion étant un abrégé du tout, ils confervent, fous l'uncSi l'autre forme , cette faculté de fe reproduire par leurs parties coupées, & de fe réin- tégrer, de quelque manière qu'on les mutile. Les polypes, les orties & les étoiles de mer, les vers apo- des ^ les mille -pieds, les taenia & les vers de terre, & beaucoup d'autres jouiflent de cet avantcige. En. comparant en général l'intérieur des infedtes à celui des plantes, on reconnoît que la moelle fpinale, ce tronc principal des nerfs, avec fes nœuds, clt une métamorphofe de la moelle végétale: que la longue artère qui fe contrafte & fe dilate, avec fes veines & vaifleaux a remplacé les vafes propres &: les autres vaifléaux féveux & leurs ramifications ; que le fac in- teftinal eftl une réunion des utricules en un feul boyau. La fève n'eft pas encore changée en faiig. Quant aux trachées , elles fe trouvent parfaitement femblables dans les infcites & les plantes, avec même ftruéture, même ufage & même diftribution : car les infeélesont auffi leurs poumons à l'extérieur, foit à la tête, fur le corcelet, le long des côtés, à la partie pofterieure, ou même au bout d'une corne. Ce font les fi:igma- tes, ouvertures externes qui répondent à autant de troncs ou de paquets de trachées ( *}. L'écorce, tantôt unie.& tantôt raboteufe, eft deve- nue un cuir dur, ou une enveloppe écailleufe qui re- couvre certains infeftes entièrement ou en partie. La tige garnie de nœuds repréfente affez bien le corps cylindrique des vers formé d'une continuité d'anneaux. Ce cylindre divifé en trois parties inégales par deux (*) Les fligmates font des ouvertures en forme de bouclie , que l'on voit à l'extérieur des infiic'tcs. Ce font leurs poumons ou organes de la refpiration , comme les ouvertures extérieures des trachées dans les plantes. Un caractère elfcntiel des infectes eft qu'ils ne refpirent pas l'air par la bouclie , mais qu'ils le pom- pent & l'exlialent par les (ligmates dont nous parlons. La dif- férence n'eft que dans le nombre & la place. Les mouches les ont fur le corcelet & les anneaux ; le vers h foie & les autres ùifedes de fon elpece eu ont di.\-buit le long des côtés du corps , PHILOSOPHIQUES &c 6s étrafjglcmens ,* donne la tcte le corcelet & le ventre. Les formes raillantes ne font guère plus altérées. La méramorphofe des racines en pieds plus ou moins nombreux (*) elt fenfible. Le pied du limaçon eft un paquet de racines mufculaires. Suppolèz les rac- courcies & diftribuées par paires fous le corps de l'a- nimal dans la longueur , vous aurez un polypode. Le nombre des pieds diminuera; ils changeront da figure , & en paiïant par ces mutations diverfes ils prendront des crochets, des pinces, une corne, puis des ongles. Voyez les chenilles éçineufes ^ dont il y a tant d'e- fpeces. Elles font chargées d'une forêt de branches en forme de buiflbns. Voilà des Etres d'une nature fin- gulicre: des buiflbns ambulans. De véritables pieds fervent de racines à des arbriffeaux, dont le tronc cft le corps d'un animal. Les ailes font les' feuilles des infectes; ils en ont deux ou quatre, mais elles font ordinairement très grandes relativement au volume de leur corps, defor- te que la grandeur compenfe le nombre. On remarque à l'extrémité antérieure des vHlLOSOPHIQUES&c 77 les infeétcs de terre; mais la ictc, fi mobile dans les in- feétcs, n'a aucun mouvement particulier dans les cru- ftacés , tenant imraédiaceraent au corps. Ils ont la propriété de fe redonner les membres qu'ils perdent par quelque accident que ce foit. On commence à a|5percevoir une différence fenfibîe entre les jambes antérieures, ou bras, & les jambes de derrière. On fait que l'on appelle bras dans les écre- vilTes les deux groffes pattes ou pinces. C'efi: par le moyen de ces bras que le Soldat fe cramponne lur le fable ou aux corps voifins, & en repliant ibn corps, il fait avancer fa coquille à la rampe de laquelle il fe tient entortillé. Ce mouvement &; la manière dont il s'exécute font très analogues au mouvement progres- fif de la moule de rivière. Les bras du foldat lui fer- vent encore à faifir les petits poilTons & les infeétcs dont il fait fa nourriture. Du refte il eft fi neuf fous cette forme d'écreviffe imparfaite, qu'il femble ignorer l'ufage de fes pieds. L'animal cruftacé adhère à fon enveloppe , comme l'infedle à fon écaille, par un grand nombre de mus- cles répandus fur toute la furface interne, au lieu que l'animal teftacé n'eft attaché à fa coquille que par un, deux^ ou quatre mufcles au plus. Les écailles, les coquilles, les croûtes font les os de ces animaux. Les coquilles ont un périofte qui les recouvre extérieurement & fert à leur confervation & à leur accroiflement. Elles naiffent & croiflent avec l'infeéte : elles font partie de lui-même : elles font avec lui le produit d'un même germe. Elles font aufli la fonftion des os qui eft de fervir de bafe & de foutien aux parties molles. Les infectes marins & terreftres ont donc des os à l'extérieur , comme les autres ani- tnaux en ont à l'intérieur. Dans les uns ils font re- couverts de mufcles & de chairs; dans les autres, ils •recouvrent les mufcles & les chairs. Que veulent dire ces côtes deflinées fur quelques coquilles, & travaillées en relief fur d'autres? Et ces longs piquans inégaux qui s'élèvent fur certaines con- 78 CONSIDERATIONS q'nes, les oiirfins & les araignées de mer 5 &c. qnè iign.fient ils? Seroient-ce les premiers traits du fque- lette des animaux qui vont fuivre ? L CHAPITRE LIV. Les Serpens, 'ES tuniques tendres & fragiles des cruftaces pré- parent les écailles encore plus tendres desferpens. La propriété de changer tous les ans d'enveloppe, laquelle eft comm.une aux ferpens & aux cruftacés, à l'exclu- fion de prefquc tous les autres animaux, marque leur proximité dans l'échelle univerfelîe des Etres. Les ferpens ne foni-ils pas des cruftacés? Entrez dans un c.;binet d'Hiftoire Naturelle. Con- fidérez attentivement la clafle des infeéles cruftacés. Vous verrez les extrémités énormes de quelques efpe- ces diminuer graduellement dans les efpeces fuivan- tes ,re relTerrer & rentrer pour ainfi dire dans le corps, jufqu'à s'effacer prefque entiérem.ent dans certains in- div.dus, Aldrovande & Ruyfch nous donnent les fi- gures de quelques cruftacés qu'ils mettent parmi les (quilles dont ils leur donnent le nom, & qui n'ont ni cornes , ni pieds', ni aucunes parties faillantcs. Le corps eft fort long à proportion de fa groffeur. La diftincftion de la queue d'avec la partie inférieure du corps, eft peu fenfiblc; celle de la tête d'avec la partie fupencure du corps, l'eft un peu davantage. Ce font comme des ferpens fous des croûtes de fquilles. Tandis qtic l'intérieur de l'animal fubit différentes altérations, la fubftance offeufe des croûtes pénétre en dedans du corps où elle s'arrange fous une nouvelle forme qui n'eft pas tout à-fait étrangère à celle qu'elle quitte," Le fcafque & les cornes font employés à com- pofer les os de la tête^ le crâne, les mâchoires, &;c. La cuiraffe & les tablettes de la qùcue fe roulent fuj- P H i L O s 0 P H I Q U E s &c. 79 "^stit leur îongueui*, (e divifent & fè façonnent en un très grand nombre de vertèbres nttachécs bout à bout. Les tburreaux des pattes rentrés dans le corps vont s'unir aux vertèbres dorfales, & deviennent des cô- tes. Les croûtes ainfi converties en os ne laiflent plus à l'extérieur, pour couvrir l'animal, que des lames de rubftance cornée, reftes de leur première forme. Si mon plan ne me bornoit pas à des vues généra- les,]'entrerois ici dans l'énumèration desdiiférêns rap- ports du fquelette d'un ferpent avec le fquelette hu- main, qui prouvent combien ce modèle en eft déjà avancé. Il me fuffit d'y faire obferver une épine for- mée d'une fuite de pièces emboîtées les , unes dans les au- tres, ces pièces percées de trous pour loger la moelle, des arcs offeux attachés vers la partie fupérieure, & faifant une caiiTe deftinée à contenir les vifcèrcs. Ce fond de ftrufture fubfiftera déformais dans toutes les variations ultérieures, fe perfectionnera à chaque de- gré, & recevra, dans l'homme, fa forme la plus élégante* C H A P I T R E LV. Serpent des Jndes Orientales^ appelle par les Portugais Cobra de Capello, portant fur k dos un majque ou u fie figure humaine. t^EBA (*) donne la figure & la defcriptîon d'un Serpent des Indes Orientales qu'il confcrvoit dans fon cabinet fi riche en curiofités naturelles, lequel porte fur le dos une efpece de mafque ou de figure humai- ne avec un nez, une bouche & des yeux, & pouf que le front & le menton y foient indiqués , cette partie plus large en -haut qu'en- bas, femble imiter un ovale imparfait. C) Thiif, Rgrum Nat. Tom. II. p. -i. ïab.XLIV, Fig. i. 8o CONSIDERATIONS Les Portugais donnent à ce ferpent le nom de Co^ hm deCapello; & Seba le met au nombre des ferpens à lunettes, ce qui me fait croire que les lunettes, dont on charge le dos de tous les ferpens ainfi nommés, font des figures humaines commencées ^ où il n'y a encore que le nez & les yeux de marqués. CHAPITRE LVI. Réflexions fur les animaux qui n''ont point de membres , S fur leur distribution dans C échelle des Etres. o, N a du remarquer dans la progreffion des Etres, telle que nous avons pu la faifir & la repréfenter, que la Nature, toutes les fois qu'elle veut donner une for- me neuve aux extrémités, elle commence parlesfup- primer peu à peu, & que, quand elle eft parvenue à les taire évanouir, elle produit quelques Etres inter- médiaires qui n'en ont point. Aux plantes garnies de racines & de branches fuccedcnt les vers de terre & d'eau qui n'ont point de membres; fuivent les in- icdiQs avec des pieds & des aîles aflèz différens des ra- cines & des branches qu'ils remplacent. Les pieds difparoiflent dans la famille des conques pour ïq re-- produire avec un autre appareil dans les cancres. Les voici effacés de nouveau dans les ferpens , parce qu'ils doivent prendre la figure de nageoires dans les poiflbns. Si l'on cherche la raifon de ce phénomène, on le trouvera peut-être en obfervant ce qui fe palTe fous nos yeux dans la métamorphofe des chenilles. La diiférence eft grande de l'extérieur d'une chenille à celui d'un papillon. Dans l'animal qui rampe , le corps eft continu; dans l'infedte qui vole, le corps eft compofé de fegmens. Le premier a un grand nom- bre de jambes courtes, des mâchoires, une filière; le fécond "a de longues pattes , des aîles , une trompe. Aufii faut -il 5 pour la transformation de ces parties, que P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. Sj que le petit animal pafle par un état mitoyen où ilfoit prive des unes & des autres: état qui eli véritable- ment le milieu dans lequel la Nature opère la méta- morphofc. L'infeâe devient chryfalide en fe déiaifant de fa peau, de fcs jambes, de là filière j fans parler des parties internes; & il ne fort de cet état que, lors- qu'ayant perdu les organes de Ton premier corps, il a acquis ceux du nouveau. Four comparer ce changement d'un individu parti- culier à 'la métamorphofe continuelle de l'Etre uni- vcrlel, on dira qu'un ver, une conque, un ferpent, font comme autant de Chryfalidcs du prototype qui pafTe de l'état de plante à celui de fcarabée, de l'état de fcarabée à celui de cruftacé, & de Pétat de crulta- cé à celui de poiflbn. La comparaifon eft fort imparfaite. La chryfalide ordinaire cil: dans une inaétion totale , ou peu s'en faut; elle ne prend aucun aliment; l'animal foufîre une cfpece de long fommeil léthargique au fortir du- quel il fe trouve tout différent de lui-même. Un ver, une conque, un ferpent ne font rien moins que des animaux endormis ou léthargiques: ils fe nourris- fent , ils croiflcnt , ils produifent leurs femblables. C'eft que les métamorphofes du prototype ne fe font point dans les individus particuliers, mais feulement dans leur modèle univerfel dont ils font des réalifa- tions toutes transformées; de forte que cet état d'en- gourdiirement,où les facultés de l'animal femblent en- chaînées, n'eft point néceflaire pour revêtir le pro- totype de nouvelles enveloppes. Cette différence & les autres que je n'afïïgne pas^ n'empêchent point que la chryfalide d'une chenille qui fc change en papillon, n'ait quelque analogie avec les reptiles apodes & fans membres, fcmés de diftan- ce en diftance fur la chaîne des Etres, entre les chan- gemens les plus notables des formes faillantes. 82 CONSIDERATIONS SEPTIEME PARTIE. CHAPITRE LVII. L&s Voijfons, VOphîdion, AL y a des poiiTons que leur reflemblance avec les ferpens a fait nommer ferpens marins. Tels font les congres & les murènes. On y voit la naiflance des nageoires dans les deux petits ailerons , placés au denbus des mâchoires ou plus bas, & dans la bande cartilagineufe ou molle , prolongée uniforniément le Ion? du dos, & qui^ dans certaines efpeces, entou- re la queue & remonte fort haut fous le vtntre. On conçoit que cette nageoire continue peut fe di» Tifer , & les portions ûiverfes fe placer par paires, ou ifolces, fur les flancs, fur le dos ou fous le ven- tre, fe prolonger ou fe raccourcir, être molles, ou fè garnir de rayons cartilagineux, oflèux, épineux. L'Ophidion de Pline U d'autres Naturaliftes confer- ve la nageoire étroite des murènes ; mais il a le corps plusramafle, applatti & s'élargiflant depuis la queue ]ufqu'au ventre, fe rcfferrant un peu vers la tête qui lî'eft plus celle d'un ferpent, mais d'un poiflbn par- fait. (^) „ Quelques perfonnes prétendent que les poifibns rampent „ & ferpentent, fc fondant fur la force de ces mots hébreux 5, Scharcs & Ramas qui fignifient Reptile & Serpent. On lit dans ■j, la Genefe I. 20. Que les eaux produifcnt en abondance ( à la „ lettre, f/ilTent ramper') des animaux vlvnns qui rampent. Et au 55 vf. 21. Dieu créa les grands poifj'ons & tous les an'maux vivans „ qui rampent ("en Hébreu Haromefeth ) que les eaux firent ram- „ per félon leurs genres. „ St. Ambroife Haxam. Lib. V. se'xprime ainfi: „Tout ce qui „ nage tient de l'efpece & de ia.naturedu reptile: car, quoiqu'c» i>unc/i^ t: y-^-Ss- PHLIOSOPHIQUES&c. gj Les poiffons ont pour Ja plupart des écailler qui ne diOcrent pas beaucoup de celles des ferpens. L'aétion de nager a tant de rapport avec l'aftion de ramper, que des Auteurs ^ félon l'obfervatîon de Mr. Klein (*) , fouticnnent que les poiflons rampent plutôt qu'ils ne nagent. CHAPITRE LVIII. Poijfons anthropomorphes. Carpe à figure humaine. Cyprinus Anthropomorphos (^Planche V. Fig. i.}. V. 0 1 c I une production des plus fingulières & dont la réalité eft conftatce par des autorités refpeétables. C'eft un poiiTon qui, par les nageoires, la queue, les écailles & toute la partie inférieure du corps, relTem- ble parfaitement à une carpe , & dont la tête ronde porte une face humaine où l'on diftingue \qs yeux, le nez, la bouche, le menton: feulement les yeux paroiflcnt être plutôt ceux d'un animal que d'un homme. Rondelet parle d'une carpe fèmblable vivante , ap- portée fur le marché public de Lyon où elle fut vue de tout le peuple. Gefner aflure en avoir vu une pareille, prife en 1554. dans l'étang de Nozeret, que Gilbert Coufm a- 5, plongeant il paroifle fendre l'eau, cependant en remontant il „ rampe liir diflerentes furfaces d'eau : les Amphibies même qui 5, ont des pieds & qui marchent fur terre, ne marchent point, 5, mais nagent , lorfqu'ils font en pleine eau , & leurs pieds ne „ leur fervent point alors à faire des pas, mais ce font autanc 5, de rames dont ils s'aident pour ramper." Ces Auteurs pen- fent donc que c'eft parler plus jufle de dire que les poilTons rampent, que de dire qu'ils nagent. „ Doutes OU Ol'feryations de 5, Mr. Kie'm fur la revue des animaux &c, " F S S4 CONSIDERATIONS cheta & lui envoya après l'avoir gardée neuf jours vivante dans un vivier. A l'occafion de cette carpe extraordinaire, le mê- me Naturalifte rapporte fur le témoignage d'un mé- decin & d'un Jurisconfultc , que l'on prit en 1555. dans le lac de Confiance, un carpe à figure humaine dont il donne la defcripdon en ces termes , telle qu'on la lui envoya avec la figure. Fac'iem non avet-fam ^ pro- utrellqui^ vel obtufam ^Jed reprejjam^ ah al'iquo in pla^ fium a/pe&u tencienîe , cum temporibu: utrinque latis , oculis bin'is^ ore^ mandïhiila^ omnia effigie humana ha- buit, Pinms ^ fquammîs ^ cauda^ toîo corpore pofieriore ^ ipfiique adeo magnitudine atqm colore carpam pra Je tu fit. L'année fuivante , c'eft- à-dire en 1546^ dit en- core Gefner, on prcfenta une carpe de la même efpe- ce à l'Empereur Charles V. à Ausbourg , comme une merveille digne d'un Empereur (*). CHAPITRE LIX. Poîjfon d'' ^mho'tne fort rare^ nomme ylnac Anac laoet jang terbongkoes, c'eft -à- d'ire r Enfant de mer enmaiiloté (Planche V. Fig. 2.}. c ''e poifTon a véritablement la figure d'un enfant dans fon maillot. Ses deux mains jaunes portant cha- cune cinq doigts, font étendues en -haut. Les deux yeux, le nez, & la bouahe font peints en rouge; le deflus de la tête & le corps des deux côtés eft , d'un (*) Voyez Aldrovande De Pifcihus Lib. V. Crt/). XZ/. & Ruyfch ee Pifcihus Tit. 111. Cap. VIL (t) Poiffoiis extraordinaires d'Amboine dans l'Hiftoire Géné- rale des Voyages , Tome XVII. Edit. de Hollande. ("§) Peut-être le nomnfe-t-on ainfi , parce que la figure hu- maine marquée fur la pierre qui s'engendre dans fon coips, re- préfente un veillard barbu tel qu'on peint St. Pierre. Il ne faut pas confondre ce poiflon avec la dçrée qu'on nomme auiîi pois- PHILOSOPHIQUES &c. 85 vcrd céladon obfcur, feuilleté & dentelé, ayant des raies rouges entre deux : le refhe de la tête & du corps iufqu'au bas a le fond jaune, peint partout de dcmi- îunes rouges & bordées de points noirs. La queue eft comme la fleur du Pifang , ronde & épaifle vers le corps, pointue en -bas, de couleur rouge & jaune. Il eit tort rare & ne fc mange point ( f ). CHAPITRELX. Po'ijfun dans le corj)s duquel il s"* engendre une fterre qui a Li pgurô d'une tète humaine. o, N pêche fur les côtes de l'Amérique un poifTon de la grandeur de notre merlu , qu'on nomme FoiJJon de bt. Pierre (§)j dans le corps duquel il s'engendre une pierre qui a la figure d'une tête humaine. 11 feroit iingulier que les poiflbns de cette efpece portaflent tous une pierre ainfi figurée, & qu'elle ië formât par une coalition fortuite de parties. Le ha- zard peut il donner conftamment des produits fi ré- guliers? j'aime mieux croire cette pierre le réfultat d'un germe développé, & la figure d'une tête humai- ne qui y eft travaillée, un nouvel efiai de la Nature qui a multiplié ces modèles à proportion de l'excellen- ce du chef d'œuvre qu'ils annoncent. Jn America pifcis deprebenditur , magnitudine Calla- riœ nojîraîis , à S. Petro nomen gerens , qui calculum fi- fon de St. Pierre , & qui a au milieu du corps , une marque ex- térieure de la grandeur & de la rondeur d'un denter. On lui a donné le nom de poiffon de St. Pierre à caufe d'une pieufe tra- dition qui dit que cet Apôtre avoit pris un poillbn de cette el'pece, par le commandement de Jeliis-Chrift, & avoit tiré de fa bouche une pièce de monnoie pour payer le tribut , & qut? St. Pierre, avant mis cette pièce fur le corps du poillbn, l'em- preinte y eft rcftce. FS 26 C 0 N S I D E R A T I O iN S pet effigie capiùs bumani mjigmm , dîctum Laps pîjcis S. Petfi Ammcams (*) CHAPITRE LXL Le PoiJJbn volant. X^ES nageoires font aux poiflTons ce que les aîlcs font aux oifeaux. Avec leurs aîles les oilèaux nagent dans l'air: avec leurs nageoires les poillbns volent dans un élément plus denfe. Il y a des Phyliciens qui di- fent que l'eau n'cft qu'un air très denfe; & l'air une eau très raréfiée. Mais les nageoires antérieures prolongées & travail- lées fur un plan approchant de celui des aîles, fervent à l'exocet à s'élancer dans l'air. Son vol, très-rapide, ne dure pas longtemps; fes aîles ne pouvant avoir de jeu qu'autant qu'elles font humeétées, & les mouve- (*) Albert! Seba Locuplet. Reriim Nat. Thcf. Tom. II. p. 130. rt) On lit dans l'IIidoire Naturelle des Iles Antilles, ce qui fuit au fujet des PotiTons volans. 1^^ 5, Il y en a cjui tiennent pour un conte fait à plaifir ce que «l'on dit des poiffons volans, bien que les relations de p!u- j, fleurs fameux voyageurs en faffcnt foi. iVIais , quelque opi- j, nion qu'en puiflent avoir ceux qui ne veulent rien croire que 5, ce qu'ils ont vu, c'cft une vérité très confiante, qu'en navi- „ géant,' dès qu'on a pafle les Canaries, jufqu'à ce que l'on ap- 5, proche 'des Iles de l'Amcrique , on voit fortir Ibuvent de la ., mer de groffes trouppes de poilTons qui volent à la liautcnr \, d'une pique & près de cent pas loin, mais pas davantage ^ „ parce que leurs aîles fe fec'ient au iolcil. Ils font prefque j, femblables aux harengs , mais ils ont la tête plus ronde , & 5, ils font plus larges fur le dos. Ils ont les aîles comme une ,^ chauve - fouris , qui commencent un peu au dciTous de la :; téce, (S: s'étendent prefque jufqu'à 'le queue. Il arrive fou- ,, vent qu'ils donnent en volant contre les voiles des navires l, & qu'ils tombent même en plein jour fur le tillac. Ceux qui ^^ en ont fait cuire & qui en ont mangé , lès trouvent fort déli- „ cats. Ce qui les oblige de quitter la mer qui eft leur élé-; ,, iqent le plus ordinaire , eft qu'ils font pouriuivis par plulieurs P H ï L O s O P H I Q U E s &c. Uj mensviolcns qu'elles font pour voler les fcchant bien- tôt, il ell oblige de replonger dans l'eau pour les hu- meéler Ct). On compte plufieurs efpeccs de poilTons volans qui ne différent que par leurs aîlcs & les couleurs de leur robe. Quelques uns n'ont que deux grandes aîles; d'autres en ont deux grandes & deux petites: dans ces deux efpeces, les ailes font fortifiées d'efpace en efpace par des rayons ofleux prolongés depuis la racine de l'aile fous l'ouie jufqu'à ion extrémité, & recou- verts d'une double membrane. Il y en a qui ont quatre aîles longues , étroites, unies «fans arrêtes. „ grands poillons qui en font curée. Pour efquiver leur rou- „ contre, ils prennent une fauffe route , faifant un bond en l'air, „ & changeant leuis nageoires en aîles, pour éviter le danger ; „ mais ils trouvent des ennemis en l'air aufïi bien que dans les „ eaux. Car il y a de certains oifeaux marins, qui ne vivenr „ que dé proie, lefquels leur font aufli une cruelle guerre, & „ les prennent en volant. ... ,, Il ne fera peut-être pas defagréable à ceux qui liront l'hi- „ lloire de ces poifTons aîlés du nouveau monde , de nous y voir 5, njoûter pour enrichillement les paroles de ce grand I>ôëte qui „ dans Ion Idyle héroïque nous témoigne qu'avec plailir il a ,, ■ Vu mille fois fous les cercles bnllans s. Tomber comme des cieux de \Tais poiirons volans î „ Qui courus dans les flots par des monflres avides, „ Et mettant leur refuge en leurs ailes timides „ Au fein du pin vogueur pleuvoient de tous côtds „ Et jonchoicnt le tillac de leurs corps argentés. Aujourd'hui on voit de ces fortes de poiiTons 4ajiB tous iesca* Wnet* des NatwraMes. ■ F4 CONSIDERATIONS HUITIEME PARTIE. CHAPITRE LXII. Les Oifeaux , ou Bipèdes ailés. .JL AN DIS que les nageoires antérieures achèvent de fe transformer en ailes , les poftérieures , prenant une autre figure, deviennent des jambes avec des pieds palmés, c'eft-à-dire dont les doigts font liés par une membrane; des plumes remplacent les écailles, le mu- feau s'allonge, la matière des dents forme un bec , & nous avons des oifeaux aquatiques, qui fe fervent de leurs pieds pour nager: le cygne, le canard, le cor- moran, l'oie, la macrcufcj la palette, &c. nagent & ne peuvent voler, foit par un défaut de force dans les mufcles pectoraux, foit à caufe d'un vice particulier de leurs ailes, ou peut-être parce que ces premiers oifeaux confervent fous leur enveloppe plumacée , les mœurs & les inclinations du poifTon. Les pieds perdent la membrane qui uniflbit les doigts, & les ailes acquièrent du reflbrt. Le pluvier, le hé- ron, le butor, le courlis, & les autres de la même clafle ne nagent point. Cependant ils ont encore l'in- .ilinâ: aquatique. Ils fréquentent le bord des rivières, & les rivages de la mer, & plongent dans l'eau avec une adreffe merveilleufe. Tels font les degrés par lefquels l'Etre s'élève du fond des eaux qi5ni a peuplées de toutes fortes de poiflbns en fubiflant diverfes métamorphofes, dans les plaines de l'air où par des variadons nouvelles il pro- duit le peuple des oifeaux. 11 orne les uns du {)lus riche plumage: il donne aux autres im ramage mélo- dieux : quelques efpeces réuniffent les deux avantages, L P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c, 89 CHAPITRE LXIII. V Autruche, 'autruche efl: remarquable par fes pieds de quadrupède, fes jambes couvertes d'écaillés en tablet- tes; fes cuifles nues, fans écailles, fans poil & fans plumes; fon corps couvert de plumes molles & elu- lées, comme fi elles fe changcoient en poi.; Tes aïlcs armées d'ergots d'une fubftance cornée , lefquelles ne peuvent lui fervir à voler, mais feulement pour cou- rir plus vite; fes flancs nuds comme fes cuifTcs; fun cou long & velu, car le duvet qui le couvre cft un poil fin, clair-fcmé & luiiant; la petitefie de fa tête; la langue petite & adhérente comme celle des poilTons. j'admu'e fur tout les yeux de l'autruche, prefquefem- blablés à ceux de l'homme: ils font tirés en ovale, garnis de grands cils , ik la paupière fupérieure en cft mobile. CHAPITRE LXIV. La Chauve- four is. La Roujfstte. La Chauve -fourîs. V^UEL eft ce petit volatile hideux qui, vers le foir, fort de delfous le toit de ce château à de- mi-ruiné ? 11 n'ofc fe montrer pendant le jour. A-t-il honte de fa difformité. Son vol eft gauche, incertain, inégal ; fon cri eft aigre & perçant. Son corps eft cou- vert de poil comme un quadrupède. Je lui croyois des ailes , & je n'apperçois que des os rr.ontruelife- îiient allongés, réun:s par une membrane nue qui en t^ 5 ço CONSIDERATIONS s'attachant au corps enveloppe les jambes & la queue. Il n'a point de nez: fes yeux vont s'enfoncer dans les conques de ^gs oreilles : il a la gueule prodigieufement fendue, & la tête furmontée de quatre oreillons. Ce monl'cre ell'il un oifeau défiguré, ou un quadrupède informe ? Ce n'eft point un quadrupède : il n'a que deux pieds. Ce n'eft pas plus un oifeau que le poilfon volant. H n'a que le vol de commun avec les oi- feaux. La conformation intérieure du cœur, des pou- mons & des autres vifcères annonceroit un quadru- pède. Il a même des rapports particuliers avec l'efpe- ce humaine: le mâle a la vergé pendante & détachée, ce qui ne lui cft commun qu'avec le fmge & l'homme, la témclle vivipare a deux mammçUes fur la poitrine, dont elle allaite fes petits, Jja Roujjètte, ^ LaRouffette eft une efpece de chauve-fouvis, fui- vrnt plufieurs Naturaliftes (*). Elle pourroit être une chauve fouris dégénérée , félon la conjeéture de Mr. de Buffon (t)- ^^ba (§) l'appelle un chien vo- lant, feulement parce qu'elle ell plus grande & qu'elle a la mufeau plus allongé que la chauve-lburis : Cette différence n'eft pas la feule, ni la plus caractériftique. Elle en diffère encore par le nombre & la figure de fes dents incifives, & par la partie intérieure du corps: la rouilétte n'a point de queue, & la membrane qui for- me les ailes fe termine aux jambes de derrière, au lieu que dans la chauve-fburis cette membrane s'étend au- delà des jambes pour envelopper la queue. C*) VcfpertUio cauââ nullâ de Mr. Linnœus. Fefpertilio CynO' csphaliis Tcrnatar'ius de Mr. Klein ; c?r. (t) Difuours fur la Dégénération des Animaux à la fin du To- e XIV. de reifl. Nat. i^z. Edit. in 410. (§) Canïs volans Ternatanus Oricntalis. Albert. Selja Locuplet, Rerum Nau Thef. Tom. U tne P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. çi o C H A p ï T R E LXV. Ectireuil volant, Sitige volant. Cbat volant. r Ecureuil volant. N compte plufieurs efpeces d'écureuils volans. Je parlerai du feul individu que j'ai vu. 11 venoit de la Nouvelle Efpagne. Il n'avoit guère que la moitié de la grandeur de notre écureuil vulgaire. Sa queue étoit aufli longue que fon corps & fa tête enfemble. Il avoit cinq doigts à chaque pied de devant & de derrière ; le pouce étoit féparé des quatre autres, & tous les cinq étoient armés de petits ongles aigus & recourbés. La peau des côtés prolongée & attachée aux jambes de devant & de derrière s'étendoiten forme de membrane très-molle, couverte d'un poil femblable à celui du corps, feulement un peu plus ras. Le poil, rouflâtre par deffus le corps, blanchiffoit par deflous ou il étoit moins fourni. Quand il voloit, c'eft-à-dire quand il s'élançoit d'un lieu à l'autre, il déployoit la peau des côtés en étendant les pattes, fans leur donner aucun, jeu qui imitât celui des aîies* Je l'ai vu s'élancer jus- qu'à trente pas: peut-être eût -il fait un faut plus- grand dans un efpece moins borné. Il voloit toujours de haut en bas par une ligne oblique, & jamais de bas en haut, ni horifontalcment ; mais il grimpoit avec beaucoup d'agilité. Ce que je lui ai trouvé de plus fingulier, ce font fes petites oreilles arrondies & tour- nées comme celles du fmge & de l'homme. Sïnge volant. Helbigius & d'autres Auteurs parlent d'une elpcce de finge volant dont l'cxiftence ne paroît pas bien con- ftatée. Ce pourroit bien n'être qu'un écureuil volant. p2 C 0 N S I D E 11 A 7' I 0 N S Chat volent. Seba C*) donne la figure &; la defcription d'un ani- mal dont toutes les extiv'micés, les quatre pieds jus- qu'aux ongles, la queue, & la tête fe tiennent par le moyen du tilTu membraneux des ailes: c'elt une continuation de la peau du dos qui remonte j ufqu'aii cou, s'étend de chaque côté avec un contour dentelé, couvre \cs quatre pieds, & va s'attacher a la queue. Sa tête paroît tenir du chat fauvage, d'où lui vient le nom de chat volant. La femelle a des tettes grandes & rondes, femblables aux raammelles d'une femme. V. CHAPITRELXVI. Le Lézard voîant , ou petit Dragon ailé. 01 CI un nouvel eflai de quadrupède volant qui diffère de tous ceux que nous avons vus jufqu'à pre- fent. C'eft un petit Lézard dont le delfus & le des- fous du corps font couverts de petites écailles très min- ces, ainfi que les pattes & fa longue queue pointue. Il porte de chaque côté une aîle cartilagmeufe & écail- leufe comme le corps , dont la bafe s'étend de la cuifle antérieure à celle de derrière fans adhérer à aucune des deux: au moins j'ai toujours trouvé les aîles ainfi détachées, avec les quatre cuiiîes & jambes libres dans trois cfpcccs différentes que j'ai vus Ct)» Ces aîles ont fix rayons, diminuant de grandeur vers le partie inférieure du corps , & forment cinq couplets. Le lézard volant d'Afrique, celui dont je parle, a fous O Thef. Rer. Nat. T. I. Tab. LVm. n. 2 & 3. r (f_) Cependant Seba donne la figure & la defcription d'un Lé- zard volant d'Amérique dont les aîles tenoient aux cuiires des pattes de devant: celles de derrière avoient le jeu libre. P H I L 0 s 0 P ri I Q U E s &c. 95 Ta mâchoire inférieure une poche Cou un jabot) qui dcfcend julqu'au cou où elle s'attache. Ceux d'Amé- rique n'en ont point. Cet animal ne vole pas réelle- ment; il faute de branche en branche, & d'un arbre à l'autre. CHAPITRE LXVII. Ohfervaùon fur k pcijffage des oifeaux aux Qua- drupèdes. L 'A différence d'une grofle patte d'e'crevifie à une nageoire de poifîon ne paroît pas plus grande que celle d'une aîlc d'oifeau à un pied de quadrupède. La Nature néantmoins ^ en transformant l'aile en pied s'affranchit de la loi qu'elle avoit fuivie auparavant dans la métamorphofe des membres un peu difTembla- bles, favoir de fupprimer ces extrémités dans quel- ques animaux intermédiaires, avant que de les repro- duire fous une nouvelle forme C*)- Oferoit-on avancer qu'elle a brufqué ici la méta- morphofe, & rapporter à cette précipitation les pro- duétions irrégulières dont nous avons vu que le pafTa- ge des oifeaux aux quadrupèdes étoit rempli.^ cet ani- mal à moitié nud^ & à moitié couvert d'écaillés, de plumes & de poil, cet oifeau énorme qui refTemble au chameau parles pieds, par la longueur de fon cou, & la petitefTe de fa tête (f) , & dont la ftupidité an- nonce les élémens contraires dont il eft compofé.? ce volatile fans plumes, beaucoup plus petit & plusmon- ftrueux,que la Nature a condamné à ne quitter fare- C*} Voyez ci-devant Chapitre LVI. Çt) Aulîi l'Autruche porte le nom Latiu de Struihio-ca- 94 CONSIDERATIONS traite que dans les ténèbres , comme fi elle eût pré- tendu nous cacher Tes erreurs? Ses erreurs, ou Tes caprices, quelque nom qu'on leur donne, tendent toujours au même but. Ses productions les plus difformes & les plus bizarres nous offrent des traits humains que nous n'avions ap- perçus dans aucun des animaux les plus parfaits félon nos 'idées: l'œil de l'autruche, l'oreille de l'Ecureuil volant, la verge pendante de la chauve-fouvis mâle, 8t les oiammelies rondes du chat volant femelle. î» H I L 0 s 0 P H î Q U E s &c. f)5 NEUVIEME PARTIE. L CHAPITRE LXVIII. Les CétacieSi Le Renard marWi ES cétacées font de grands animaux marins qui ont le corps nud & allongé, garni de membres char- nus. Ils rcflemblcnt beaucoup aux quadrupèdes, quoiqu'ils foient, pour la plupart des efpeccs de bimai- nes. Ils ont deux ventricules au cœur, refpirent par les poumons, s'accouplent & font leurs petits vivans. Les femelles qui les allaitent ont leurs mammelles placées au bas du ventre, ou fur la poitrine. Parmi ces animaux, les uns font amphibies, les autres ne font que plagiures* Ils n'ont pas tous des dents, mais ils ont tous fur la tête ou fur le mufeau un ou deux canaux pour rejetter l'eau. Entre ceux qui ont des dents, les uns, comme le marfouin, en ont aux deux mâchoires. Le narwhal n'en a qu'à la mâchoire fu- perieure. Le cacMot n'en a qu'à la mâchoire infé- rieure. La baleine, qui n'a point de dents, a la mâ- choire fupérieure garnie de chaque côté de lames de cornes qui s'aiuftent obliquement dans l'inférieure. Le pafTage des oifeaux aux cétacées eft rendu (ènfî-* ble par le renard marin, dont les deux nageoires, qui Ibnt auprès de la tête, repréfententles ailes d'un oifeau plumé. Ces sîlcs ofieufcs & charnues, très obtufes par les bords , femblent deltinées à former des doigts dans les bimanes. (*). C*) On trouve une defcription nr,aton;ique du renard m.'trir) dans les INlÉmoires pour Tenir è l'Hifloirc des animaux. gô CONSIDERATIONS E CHAPITRE LXIX. Les Bimanes. NFIN les membres antérieurs de l'animal, après avoir revém & quitté tour à tour tant de formes fm- gulièrcs commencent à ébaucher celle qu'ils doi- vent avoir dans riiommc. Il faut l'avouer;, les pre- mières mains font très groffières. Elles ont quelque- fois jufqu'à fcpt & huit doigts: celles d'une efpece de baleine-cachalot en ont fept (*), & celles d'uneefpe- ce de diable -de -mer en ont huit (f). Souvent elles n'en ont que quatre ^ comme dans le lamentin & le finge de mer. Tantôt les doigts font exceffivement courts, & tantôt monrtrueufement longs. Le poiffon nommé l'Enfant de mer enmailloté nous a pourtant fait voir deux petites mains plus régulières. Leur dif- formité dans les cétacées elt probablement une né- cefuté ou un avantage, eu égard à l'exigence de leurs bef:>ins; & malgré les défauts de ces parties envifagées comme des mains, on y entrevoie l'application de la Nature à les travailler, à en multiplier les eflais pour parvenir j à force de répétitions, à leur donner la jufte proportion qu'elles doivent avoir pour convenir au corps humain. Avant que de quitter le rivage de la mer , nous verrons fe promener fur fa furface un animal à-moitié homme. CHA- (*) Cefi: la Neuvième efpece de baleine fuivant la divifion d» Mr. Anderfon; & la féconde efpece de Cachalot. (t) Celui dont parle lloclieforc dans fon Hiftoire Naturelle & morale des Iles Antilles. P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &ç. c>i CHAPITRE LXX. La Bakiiis. Xl ell confhant que îa baleine eft bimane. Elle a, au lieu de nageoires , des os articulés , figarés comme ceux de la main & des doigts de l'homme , revêtus de mufcles &; de beaucoup de chair tendincufèj & re- couverts d'une peau aflèz épaifle^, femblable à çcUq qui enveloppe le refte du corps. Cet énorme habitûnt des eaux falées, s'avance par le moyen de fa queue qui fait la fonétion d'une grande rame, & ne fe ferc de fes mains que pour tourner dans l'eau. La femel- le, lorfqa'elle fuit, en fait aufli ufage pour emporter i^QS petits Ç*y. On apporta à Paris, il y a un peu plus d'un fiéçlei^ Q) le fquelette d'une baleine propre à donner une idée de la grandeur de ces animaux marins, j. Le 5, crâne avoit feize à dix-fept pieds d'ouvcrtufe, & „ quatorze pieds de longueur, pefant environ onze 5, cens livres; les nageoires qui reflembloient à des 5, mains, douze pieds de long, & pefoicnt fix cens „ hvres; & enfin les côtes, douze pieds & demi de 5, longueur, & chacune pefoit quatre-vingts livres." Des mains de douze pieds de longueur, garnies d'une quantité exceffive de chaii* & de graille, peu- vent aifément paroître aflez difformes & monftrueufes pour être appellées des bras^ des aîlcs, ou des na-. gcoires. Leur figure véritable n'a pourtant pas échappé à ceux qui l'ont vue & examinée de près. (*) Anderfon , Hiftoire Nat. d'Iflande , «Se Hifl. Nat. de Groen- land, et) En 1653, G çS CONSIDCRATIO R CHAPITRE LXXI. Le Diable de mer. LUsiEURS poîflbns portent ce nom, parce que le peuple donne le nom de dîabk à tout ce qu' al'as- ped hideux ou effrayant. Celui dont }e veux parlef ici cft un cctacée de douze pieds de l()ng& davantage. Quand il ouvre la gueule, il étale une énorme quan- tité de dents qui garniflent Tes deux mâchoires , fa lan- gue & le fond de fa gorge: c'eft tout ce qu'il a de dia- Dolique. Outre quatre nageoires, deux grandes laté- rales, & deux plus petites, l'une fur le dos, & l'autre près de l'anus, il a deux mains fous le vcnire com- pofées chacune de cinq doigts articulés. On lit dans le Journal Encyclopéd que du i- Jan- vier 1753. une lettre au fujet d'un monftre mariii échoué au fort de Kermorvnn à quatre lieues deBreft; deux nageoires en forme de mains placées à la partie antérieure de l'eftomac, lui firent donner le nom ù' homme de m^\ ce n'étoit peut-être qu'un diable de mer, Mr. Savary, Docteur en Médecine de la faculté de Paris, & médecin de la marine à Breft, nous a don- né la défcription d'un Diable de mer échoué dan> la rade de cette ville, qui n'avoit pas tout- à -fait cinq pieds. Je n'en rapporterai que ce qui regarde les mains. „ En renverfant ce poiflTon, dit Mr. Savary, on 5, voit à un pied de diftance du rebord de la mâ- 5, choire inférieure deux autres petites nageoires ^ en ,, forme de mains, écartées l'une de l'autre d'environ 5, (Ix pouces. On pourroit les appeller nageoires ven- , traies ^ quoique leur fituation reponde plutôt au , fond de la bonch'» qui ell énorme dans cet animal, ^ Elles Ibnt ccmpoi^es chacune de cinq rayons carti- P H I L O s O P H I Q U È s. &6 9■■■■ %\ nvl' L P H I L 0 S 0 P H I Q U E s &c. 105 CHAPITRE LXXV. VAmhize, Tambize n'eftpas l'homme marin : il eft beau- coup plus grand, & ne reflemble pas fi bien à l'hom- me terreftre. Suivant Dappcr (-0 , les ambifes le trouvent dans les lacs d'Angola & de Quihite. Ils-, ont pleinement huit pieds de longueur. Nicrembcrg dit qu'il y en a quelcjuefois de fi grands qu'ils peîent jus- qu'à cinq cens livres. Ils ont deux bras fort courts, avec des mains qui peuvent fe courber un peu , mais qui ne fe ferment point comme celles de rhomme.-^ Leurs doigts , qui ont une certaine longueur , Ibnt joints! par une membrane. Ils ont les yeux petits, le nez' plat, la bouche grande, fans apparence d'oreille &dcî menton. Les parties naturelles du mâle reflTembicnt à celles du cheval. La femelle a- deux mammelles bien tbrmées fur la poitrine, mais qui neparoilTent pas bien diftinguées l'une de l'autre , tandis qu'elle eft dans l'eau, parce que leur couleur eft de gris-fané. (*) Défcription de la EaTe Ethiopie. ''\:^ G 5 tc6 CONSIDERATIONS DIXIEME PARTIE. CHAPITRE LXXyio L'Homme trzarin, L\ ou s terminerons la clalTe des bimanes parl'hom^ mes marin. Tant de témoignages autentiques confta- tent l'exiftencc des poiflbns- hommes & des poiflbns- femmes pr.r la moitié fupérieure du corps, qu'il y au- roit plus que de l'opiniâtreté à en douter. Voici ce que j'ai pu raffembler de plus avéré au fujet de ces -borames marins. CHAPITRE LXXVIL Homme marin pëcbé à Oxford. L 'ARREY (*) rapporte qu'en 1187. on pécha à Oxford, dans le Duché de SufFolk, un homme ma- rin que le Gouverneur garda fix mois, deforte que chacun put le voir. Sa figure étoit fi conforme à celle de l'homme, qu'il fembloit ne lui manquer quQ la parole. Un jour s'étant échappé , il fe replongea dans la mer , & on ne le revit plus. (0 Ki.1oire d'Angleterre, P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 107 o CHAPITRE LXXVIII. EJ^ecô de Sjrèm J>êcbée en TFejîfrifi, N lit, dans les Délices de /a Hoi/ande ,qi\^en 1430. après une furieufe tempête qui avoit rompu les digues & donné paiîage à la mer dans les prairies, des tilles d'Edam en Weftfrife, payèrent en batteaux par Piir- mcrand pour aller traire des vaches , & que l'eau s'é- tant retirée 5 elles apperçurent une femme marine dans la vafc. Elles l'emmenèrent à Edam où elle fe laifla habiller & ufa de nos alimens de pain & de lait. On lui apprit à filer. On la mena à H.irlem; elle y vécut quelques années fans pouvoir apprendre à parler, & Confervant toujours un inftinct qui la conduiloit vers l'eau. D'où l'on peut conclure qu'elle fe feroit re- plongée dans la mer, ainfi que l'homme marin péché â Oxford, fi on ne l'eût gardée de près. Je me fou- vicns d'avoir vu de très anciennes figures de cette efpece de Néréide, dans lefquelles elle eil repréfentée filant, & aflife fur fa queue de poiflbn repliée fous eneCt> CHAPITRE LXXIX. Sept hommes marins c? neuf femmes m:mnes. L /'histoire générale des Voyages dit qu'en 15^0 des pécheurs , près de l'Ifie de Manar dans les Indes , ilir la côte occidentale de l'Ille de Ccylon, prirent d'un coup de filet fept hommes marins & neuf femmes C*) Defponde parle de cette femme marine dont il eft aufïï tait menrion dans les Erh'-'merides des cuncu.\ de la Nr>ta:i. lo8 CONSIDERATIONS marines. Le médecin qui les examina avec foin, St qui en fit l'anatomie, trouva toutes leurs parties inté- rieures & extérieures très conformes à celles de l'hom- me. Dimas ' ofquez de Valence, médecin du Vice- roi de Goa,en fit l'ouverture en prclence deplufieurs ÏWilfi'nnaircs Jefuites , & en particulier du Père Henriquez. CHAPITRE LXXX. Sirène d'une grande beauté. U: N Capitaine de VailTeau , nommé Schmidt, An- giois de nation, vit en 1614. dans la Nouvelle An- gleterre, une Syrène d'une grande beauté, qui ne le cédoic en rien aux plus belles femmes. Des cheveux d'un noir bleuâtre flottoient fur Tes épaules; mais la partie inférieure, en commençant à la région ombili- cale, reflembloit à la queue d'un poiffon. CHAPITRE LXXXI. Témoignage de MonconyA, M, ONCONYS fait mention (*) de ces hommes ma- rins fcmblables aux poiflbns par la partie inférieure de leur corps, & aux hommes par la partie fupérieur re, à la referve des mains dont les doigts font unis enfemb'e par une membrane, comme les pieds des oies ou les aï es des chauves-fouris. Nous avons vu cette forme dans quelques bimanes. . . (*) Dans fon Voyage d'Eg)-pte. P H 1 L O s 0 P H I Q U E s &c. 109 CHAPITRE LXXXIL Cinq hommes Marins^ & une femme marine. Oous le Pontificat d'Eugène IV, on prît un hora* me marin. Sous l'Empereur Maurice, on vit dans le Nil un homme marin & une femme marine qui felais- fèrent voir pendant trois ou quatre heur es hors de l'eau jufqu'au nombril. En ï^26. on prit en Frife un homme marin qui avoit beaucoup de barbe & de cheveux. Un autre fût pris en 1531. dans la Mer Baltique, & envoyé à Sigismond, Roi de Pologne: il vécut trois jours à fa Cour, On en prit encore un autre jeune près de la Racca de Sintra (*J. CHAPITRE LXXXIII. Deux femmes marines. Al parut en 166^. auprès du port de Coppenhague, une Syrène qui fut apperçue da rivage par plufieurs perfonnes dignes de foi (î); quoiqu'elles ne fulTenc pas d'accord far la couleur de fes cheveux, toures convinrent qu'elle avoit le vifage d'un homme fins barbe & la queue fourchue (§)• Lucas-Jacob Debes (§§) dit qu'en 1670. fur la côte (*) Dictionnaire des Animaux, et) Thomas Bartliolin en parle. (§) Ephémerides des curieux de la Nature ; Mélanges d'Hiftoir^ Katurelle. ^^ , ^, , (§§) Curiofités Naturelles oblervces dans les Ifl.es de Féroé. îio CONSIDERATIONS méridionale de Sadcroé, plufieurs habitans du village de Qualbre viivnt une temme marine. Elle refta prcs de trois heures élevées au deillis de la furfaee de l'eau ^ tenant en fa main un poiflon qui a voit la tête en bas. Sa lungue chevelure defcendoit jufqu'à la partie du corps qi'i étoit plongée dans la mer. On la voyoit à découvert jufqu'au nombril. Les habitans de Sude- roé virent aullî ce montlre, &: Debes dit tenir ce fait d'un d'eux qui étoit à Coppenhaguc loriqu'il le lui raconta* CHAPITRE LXXXÏV. PoiJJàn-femme ^ appelle par les Efpagnols 'Peti-muger i R .EDI parle d'un poifTon, afTez commun dans les mers du Brclîl, que les Elpagnols appellent Fece inu- ger^ parce qu'il a la face d'une femme. On dit que Çqs os ont la vertu d'arrêter toute efpece d'hémor- ragie (*). Mais cette propriété n'eft pas aufH bien conftatée que l'exiftence du poilfon même dont nous allons donner une defcription plus détaillée d'après Ruyfch. En certains temps de Tannée, on pêche dans la mer des Indes Orientales, proche des Ifles ViilaieSjqui font fous la domination des Efpagnols, un poifTon anthro- I)omorphe c'eft-àdire poilTon à figure humaine, que! es Efpagnols appellent Pece muger & les étrangers Duyoïu II a la té'e ronde, collée immédiatement fui* les épaules , fans cou ; fès oreilles , faites comme celles de l'homme, ont la conque tournée a peu près de la même façon, avec l'ouverture beaucoup plus grande^ Ses yeux couverts de leurs paupières reffemblent pour '■ - il ■ I- ' I- I- ■ ^*) Redi, Expérimenta Naturalia, &c. '^^H^/ancÂe VI . '^I?aae jic. P H I L 0 s 0 P II I Q U E s &c. in ia couleur & pour la manière dont ils font place's,non aux yeux d'un poiffon , mais à ceux d'un homme. Il a le nez plat, les lèvres comme les nôtres. Ses dents pleines & très blanchesfontrangeescomme dans l'hom- me & non comme dans les poiiïbns. Il a la poitrine large, blanche, délicate, \qs mammellcs rondes & fermes comme les ont les vierges & non pendantes comme les nourrices : elles font pleines d'un lait très blanc. Enfin Tes bras font plus larges & plus gros que longs , propres à nager, & les coudes peu marques: les mains portent de petits doigts pointus qui tiennent les uns aux autres par une membrane (/-'oyez Plancbâ VI.^ Le mâle & la femelle ont les parties fcxuellcs femblables à celles de l'homme & de la femme. Le telle du corps finit en queue de poilTon. On ne fera pas fàcbé de trouver ici le pafTage entier rapporté paf Kuyfch, que je viens de traduire en m'attachant plus à la figure qu'à la lettre.- Capitur certis annl temponhus in nmri Orientait Tndi^ ad Infiiîas Pljjjjas q^tas Infidas Vicîorum "Docant , fub Hi/hanorum dominh , plj'As quidam «i^SpwTi o/*oçÇi(^ , id 1^ bumana prorfus figura ^ quamideo Fece mugei vocant^ cb indigenis Duyon. Cuput habet rotundum , nulla coïli tntercarpèdiiu trunco coiipactum. Extremis aiirhtm fibra ,■ ^ux S auricula mnciiiantur , ex cartilagima carne ele- ganter veflita y quarum interior pars anipâjpmis formata ûfifra&ibi/s , veram bominis refert aurem; ocuios fuis or-' natos palpebrii ^ fititque & colon non pijcis fea bominis pu-* dicarts ; nafo non nlbil aberrat : ma'am i^ter utramqut von ufquequaque emimt , fèJ levl tramite bipartitur ;Jub eo veto labra magnitudim J'pecteque nojlris fimillimu. Den» îiutn non quales infunt pifcium gemri fenatilium^ Jèd pis- fjorum & candidijpnwrum continua ferles. Pecfus albA ente contedfum , hinc atque bine paulo îatius quam pro cor-- pore in mammas extuberans ; neque eas ut fœminls pendi- cuîas , fed quales virginibus globofas , plenas la&is candi- ^ijjimid Bracbia non longa J'ed lata ad natandum apta^ vullls tamen ipfa cubitls , ulnis , manibus , artlculisve di- (îincla* Jn adminiftris foboïi propagande membris in utra» 112 CONSIDERATIONS qm fèxii mdla ah humanh difi'mcîîo: pofl h^c in p'ifcem cauda définit (*}. CHAPITRE LXXXV, Homme marin & Femme marine defjécbàs. E N 1755 OU montroit à la foire Saint- Germain à Paris deux poiiïbns deflechc's, l'un mâle l'autre fe- melle, qui rclièmbloicnt à un homme & à une femme par le haut du corps jufqu'à la ceinture, ayant la tê- te ^ le vifage, le fein & les mains femblables aux nô- tres : ils fentoient la marée. Celui qui les faifoit voit les appelloit Triton & Syrène. CHAPITRE LXXXVL Dejcription d^une femme marine que Von voyait vivante à Paris en 1758. UELQUES années après (f). on vit à la même foire une autre femme marine vivante que Port confervoit dans un grand baffin d'eau plem d'eau où elle paroiflbit fe plaire beaucoup. Elle étoit vive & agile. Elle avoit deux pieds de long. Elle plongeoit & lautoit dans l'eau avec beaucoup de dextérité ; lors- qu'elle étoit tranquille, fon attitude ordinaire étoitd'a-' voir le corps droit élevé fur la furface de l'eau jus- qu'au deflbus du fein. On lui donnoit du pain & de petits (*) Kirclier. Art. Magnet. Lib. VI. p. 675. Riiyfdi de PiTcibUf' Tit. m. Cap. I. ' (t) En l'aunée 1-58. P H I L O s 0 P H I Q U E s &c. iig petits poifTons qu'elle mangeoitafe fervanc de fcs mains pour les porter a fa bouche. Elle rcgardoit les fpeéta- teurs, les hommes furtout, avec une attention qiii annonçoit la curiofitc & le dcfir, & qui ne pouvoit être que l'effet du pur inltinét. Elle avoit la peau rude au toucher, la tête nue à l'exception de quelques ap- parences écailleufè^ derrière la tête vers la nuque, les oreilles longues & larges , le vifagc très laid , le cou épais & honnêtement long, la main droite mal for- mée, auffi fe fervoit elle plus ordinau-ement de la gauche, la poitrine large les manmielles grandes plei- nes & arrondies. A l'égard au fexe, un clitoris tort gros fortoit de la vulve de la longueur d'un demi- pouce. Elle avoit deux efpeces de nageoires aux aî- nés, qui pouvoient fe fermer & couvru* en fe fermant les parties fexuelles. Elle avoit la moitié inférieure du corps en queue de poiffon couverte d'ecailies. Une nageoire compofée de fix rayons defcendoit en dimi- nuant de grandeur & d'épaùfeur depuis la vulve jus- ques vers l'extrémité de la queue. Cette queue fe ter- minoit d'une manière particulière qui ,lorlqu'elle étoit ouverte ou épanouie , ne reflembloit pas mal au calice d'une fleur. Elle étoit formée d'une feule membrane delà même fubftance qtie les nageoires, & attachée fur dix rayons. Une moitié pouvoit s'abattre fur l'au- tre, & cette queue ainfi fermée reflembloit à un dou- ble éventail. Six portions de la membrane, favoir trois portions correfpondantes de chaque côté, por- toient une marque extérieure. La première du côté gauche étoit un point blanc furmonté d'un petit arc de même couleur. Les deux autres étoient compo- fées chacune de deux arcs blancs qui fe regardoient, & dont l'inférieur ^c'eft- à-dire le plus éloigné du bord ■ée la queue , étoit plus petit que l'autre. Les trois ta- ches du côte droit étoient à peu près femblables. Tel étoit cet anim .1 fingulier. Mr. Gautier, fi connu par iès planches anatomiques colorées , le vit & le deffina dans le temps; c'efi d'après fon deffin que nous eiî donnons la ligure (^Planche r. Fig, 4.^ "^ 114 CONSIDERATIONS CcluC femme marine diffère en plufieurs points de celle dont parle Kircher; celle-là n'avoit point de cou; celle-ci en avoit un épais & aflez long. L'une avoit une nageoire furchaquelianche & les hanches etoient grolTes & bien marquées; l'autre avoit les hanches prefque effacces, deux nageoires vers les aînés, & une plus longue fous la queue. La conformation des oreil- les, des mains j du fexe,& de l'extrémité de la queue différoit dans l'une & dans l'autre, ainfi que le der- rière de la tête qui portoit de petits cheveux dans la première, & des apparences écailleufes dans la féconde. Le corps n'avoit pas la même délicateffe de peau dans les deux. irnnr»Trrg««"-»»^'-«-g--'' CHAPITRE LXXXVIL Hoimm marin vu par Mr. Gîower, jLVJLrw Glower en parlant du climats & des produ- ctions de la Virginie (*)adit qu'il y a peu de pays au monde où il y ait un li grand nombre de fleuves, que l'on y voit fouvent des montres marins, qu'il en a vu un qui parut comme il defcendoit fur un de ces fleuves; que ce monftre avoit une figure humaine, avec la tête, les bras, l'air & le vifage d'un Indien; que fon regard terrible jetta la terreur dans Tâme de tous ceux qui étoient dans fon batteau, jufqu'à ce que plongeant dans l'eau il fit voir fa queue de pois- fon qui étoit cachée, tandis qu'il fe tenoit debout, la tête & la moitié du corp3 élevées au-deffus des eaux. C*) Tranfadions Philofophiques , & Journal des Savans an. 1676. .; ^/aneÂe T'Zl.Çîct^e 21^. «J^ y. ScAltu,dtl. t^/hi/f P H I L 0 s O P H I Q U E s &c. 115 CHAPITRE LXXXVIir. extrait d'une Lettre écrite de la Martinique ^ par Mr. Chrétien, à un Liceinié de Sorbonne^ contenant la Relation d'un bonnm marin qui a paru aux cotes dà cette Jjle le 2% de Mai 1671. {Planche Fil.) n JLj e diamant eft un grand rocher fitué au fud de j, la Martinique &z fépare de Tlfle par un détroit d'u- 5, ne lieue. Les rus des marées contraires qui coa- 5, rent turieufemenc entre les pointes des montagnes „ voifines, le rendent prcfque inacccfîîble. Les^'oi- „ féaux s'y retirent comme dans un lieu 011 les dan- „ gers de la mer & les précipices les raturent contre 5, les cou ries des chaffeurs. Il y en a en Ci ^rande 5, quantité qu'ils font comme de grands nuasies au- 3, dcllus des battcaux qui en approchent; & ceux qui 5, ont la hardiefle de monter au haut de ce roche:- i), rempliflent fouvent de grands canotsde petits, qu'ils ^, prennent à la main, dans les trous & dans les her- 5, bes d'alentour: de forte que la ftérilité dé ce defcrt 5, produit, avec une fécondité admirab'e, le o-rand „ nombre d'oifcaux qui peuplent noi bois ; & qui 55 font une partie de notre nourriture. Mr. le Géné- 5, rai de Baas, ayant fagement remarqué que les ha- „ bitans des côtes voilmes enlevoient les œufs & les 5, petits, & ruinoient la chalTe de l'Ifle par ce pilia^re „ a défendu à toutes fortes d'habitans d'aborder cette 5, Iflc durant le temps que les oifeaux. y couvent leurs 55 petits; & le Sieur de la Paire ^ Capitaine Comman- 5, dant de ce quartier, a pris un foin particulier de 5, faire obferver cette ordonnance fi utile au Public, 5, jufqu'au 23 Mai, qu'il commanda un canot pour 3, reconnoître la fécondité de ce petit defert. Le Maî- 3, tre du canot, s'étant acquitté de fa commiffion,re- 05 tourna fur une pointe avancée de dix ou douze pas H 3 îi5 CONSIDERATIONS „ dans la mer, élevée de huit ou dix pieds au deflus 5, de Veau, ou un a..ire François & quatre Nègres, 5, qui ccnipoîoient Ton équipage, i'aitendoient. Us 5;, demeurèrent fur cette pointe julqu'a une heure a- 5, vriijt le f^^':('.l couchant (c'eft environ cinq heures 5, & un quart, à la tin de mai, dans les Ifles), pour 5, attendre que le vent d'eft, contraire à leur retour, 55 s'abai'iiât comme il a coutume de iaire tous les foirs. „ llî, II' divertinoientjlorfqu'un -jeune François effrayé 5, fit un grand cri qui leur fit c:uffi tôt tourner la tête 5, de Ton côte, pour apprendre le fujet de fa crainte; 5, & tous L-nfemble voyant en même temps un hom- 5, me marin a huit pas d'eux, qui avoit la moitié du 5, corp< hors de l'eau, ils furent faifis d'un etonne- 5, racn. qui, part, géant leurs cfprits entre la crainte 5, Si l'admiration, les arrêioit fans favoir s"'ils dévoient ^, fuir, ou conùderer a loifir ce monftre. 11 avoit la „ figure d'homme depuis la tête jufqu'a la ceinture, 5, la taille petite telle qu'ont les enfans de quinze ou 5, feizc ans^ la tête proportionnée au corps; les yeux 5, un peu gros, mais fans difrormitc; le nez un peu 5, large & carr.us; levifage large & plein Tes cheveux 5, griJ mêlés de blancs & de noirs etoient plats & ar- 5, rangés comme s'ils euflent été peignés , & lui flot- 5, toicnt fur le haut des épaules; une barbe grife^ega- 5, lement large partout, luipendoit lèpt ou huit pou- ^, ces fur l'efiomac qui étoit couvert de poil gris com- 5, me aux Vieillards, le vifage , le cou & le refle du 55 corps étoit médiocrement blanc; on n'a rien remar- 5, que de particulier au cou, aux bras, aux mains, 5, aux doigts, ni au refle du corps qui fortoitde l'eau, 5, fi ce n'eft qu'il n'etoit pas couvert d'écaillés, ou de „ poil, & qu'il paroilToit avoir la peau alTcz délicate, „ La partie inférieure depuis la ceinture, que l'on „ voyoït entre deux eaux, étoit proportionnée au 5, relie du corps & femblable à un poilïïin , & elle fe ,5 tcrmmoit par une queue large & fourchue, comme „ vous le voyez danslafigercicijointcCPvw^'^^^^ 7/3 ,5 L'étonnement que cette vue caufa d'abord aux P H I L 0 s O P H I Q U E s &c. ht „ François & aux Nègres, ne leur permit pas de la 5, bien diltin^uer la première foii ; mais s'écant rerais 9J 5, de ce premier trouble, & le monftres'euant montré 5, far l'eau plufieurs fois, & fort longtemps, ils eu- „ rent le loifir de remarquer diftinctement toutes les 5, parties dont il étoit compofé. Le plus jeune des 5, Fran ois, à qui les dangers continuels ont appris à -,, ne rien craindre, fe familiarifant peu à peu avec 5, lui, l'appella en le fifflant, comme on appelle les 5, chiens. Un des Nègres voulut jetter une grofîe li- 5, gnc pour le prendre. Il fe montra la première fois à 5, huit pas du rocher. Il fe montra plus près la fe- „ conde fois, & vint enfuite tout proche de la poin- 5, te, où les François & ;es Ncgrès etoicnt affis; Se „ puis fe retirant vers l'eft le long d'un herbage qui 5, elt au pied de ce rocher, i! fe tourna plufiei^rs fois, 5, & s'arrêta longtemps fur l'eiiu, comme s'il eût pris 5, plaifir à voir & à être vu, fans s'effaroucher ni tè- 5, moigner aucun et. )nnement; & ennn il difparut au 5, commencement de la nuit. „ Ce récit ayant été fait premièrement à un Père Jéfuite^ qui fàilbit mifll^n dans les côtes du voMi- „ na^e, où la mort de Mr. Rozel très-fervent Ecclé- 5, fialtique, a laifTé une Eglife de plus de mille per- fonnes fans pafteur; & enfuite la même choie ayant ^^ été rapportée au Sieur de la Paire Capitaine de ce 5, grand Quartier ; fa nouveauté la leur rendit fu- „ fpe6te,& les obligea d'en faire une information avec j, toute l'exaélitude que peut donner la crainte d'être „ publiqjaement trompé. Ils prétendoient au coin- „ mencement en détromper le peuple qui a toi^ijours 5, trop d'inclination à croire les chofes extraordaiai- 5, res, & qui peuvent fervir d'entretien; mais ayant „ vu que les témoins répondoient à cent queitions „ qu'on leur faifoit, fans fe contredire, ils furent à 3, la fin obligés de croire ce récit comme vcri.able, 3, qu'ils n'avoient confidéré d'abord que comme une 5, fable. Le Sieur de laPaire fit recevoir juridiciucrac-nc 95 leurs dépofitions par un Notaire, en prcfence ijj 95 Îl8 CONSIDERATIONS 3, Officiers !^ des Perfonn^s ]es plus confiddrables du 5, qirarticr (^"\ 5, Il feroit difficile de faire une recherche plus ri- 5, goureufe. Un Religieux & un Capitaine de méri- 5, te, à qui plufieurs cmipagnes ont donné de l'ex- 5, périence, y ont employé toute leur adrefle, en fé- 5, parant les témcjins les un^ des autres, pour les in- 55 terrngcr, en leur faifant des demandes concertées 9, entre eux pour les faire couper. Auffi Mr. le Gé- sy néral de Baas ., à qui l'efprit, l'expérience , & la 5, leélure donnent une merveilleufe vivacité pour ju- 3, ger des choies, n'a pas cru qu'on y dût rien ajou- 55 ter pour la rendre plus autentique. 5, Le témoignage de deux François eft confidéra- „ ble^ en ce qu'iK n'ont rien qui les oblige de faufTei? 5j le ferment folemnel qu'ils ont fait de dire la vérité. „ Mah ce qui doit rendre, cette hilloire encore plus 5, certaine, elt le témoignage de quatre Ncgrèi qui^ 5, étant féparés les uns des autres, ont tous conltam- 5, menr dépofc la même ch^fe. Ceux qui connoiflent ,;, leur naïveté & leur fiupidite , jugeront aifemcnt 5, qu'ils ne pourroient conveni'* dans le même témoi- 5, gnage, s'ils n'avoient vu la mên-!echofe,& qu'avant 9, affez peu de mémoire, il leur (croit impoffible d'ap- 5, prendre en fi peu de temps a feindre une (\ longe „ hiftoire. De plus ce n'eft pas une vifion padagère, 3, & d'un moment, on confufe ek de nuit; ils ont vu 5, ce monftre en plein jour^ & pendant une h^ure; 5, ils l'ont confidéré à loifir; ils s'en font entretenus, ., & ont diftindement remarqué toutes ces particula- 5, rites qu'ils ont depofées. Ajoutez à cela que ce g, n'elt pas le premier homme marin qui a paru .... „ (t\ Celui qui parut il y a quelques années aux 3, côtes de Bretagne, proche de Belle Ifle, étoit tout (*) On en trouvera le procès - verbal à la fin de cette Re- lation. (f) Ici Mr. Chrétien cite quelques-uns des hommes marias don: nous avons parlé ci-deffus. P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. ng ^ ferablable à celui qui s'cfi: fait voir cette année dans 5, l'Amérique. „ On s'eit informé fi les bras étoient proportionnés 5, au corps, s'ils étoient plats, & fi les doigts de la „ main étoient attachés enfemble; s'ils avoient des aî- 5, lerons, comme on a fou vent remarqué en ces for- 5, tes de monftresa qui avec cela font plus propres à 5, nager. Mais les témoins n'ayant pas fait ces ré- 3, flexions, n'ont pu fatisfaire la curiofité de ceux qui 5j les_interrogeoient;ils ont tous aflliré qu'ils l'avoient 5, oui fouffler du nez, & qu'ils lui avoient vu pafler 5, la main fur le vifage & fur le nez, comme pours'es- „ fuyer & fc moucher. 11 n'a fait aucun bruit de la 5, bouche qui ait pu faire connoître s'il avoit de la 5, voix (*). „ Il eft croyable que ce monffcre s'étant fouvent vu „ dans l'eau, comme dans un miroir, ou en ayant „ vud'autres femblables dans les mers,regardoit ceux ,j qui compofoient Téquip^igedu canot, avec un pîai- 5, fir que la reOèmblance fait naître. Les témoins lui „ trouvèrent le vifage farouche; mais peut-être qu'un 5, refte de frayeur le leur faifoit paroître plus fier qu'il 5, n'étoit en effet. „ On laiiïe aux curieux à conjeéturer fi c'eft un 9, monftre, ou une efpece féconde; & fuppofé que ce „ foit un monih'e de quelle manière il a pu être en- „ gendre. Nicolas Riraber rapporte que la famille 5, des Marinis en Efpagne eft venue d'un Triton & „ d'une fille dont il eut" la compagnie. Mais de favoir 5, s'il eft aufili femblable à l'homme dans les parties „ intérieures que dans les traits du vifage, s'il peut „ vivre & engendrer dans l'eau; c'eft aux favans à „ décider ces queftions, & à nous à rapporter fidéle- „ ment ce que nous en avons appris (f)." C*) Les hommes marins ont une forte de voix, ou de cris', & fe plaignent , au rapport de quelques modernes : ce que les âii» ciens , n'ont par ignoré , comme on le lit dans Pline. Ct3 Journal des Savans Année 1672. H 4 110 CONSIDERATIONS Nous allons joindre à cette Relation la copie du Pro^ cès-vcrbal qui en attefte la vérité. Quoiqu'il foit déjà rapporté dans d'autres ouvrages (*). Nous croyons qu'il cil: eflentiellcment ncceilaire ici : c'eft pourquoi nous ne faifons aucune difficulté de le répéter. CHAPITRE LXXXIX. Copie d'un T-'^erhal fa'it à la Martinique de l'apparition d'un homme marin fur les bords dWjJls du, Diamant. „ V^ejourd'hui 31. jour de Mai 167 1. nous Pierrç 5, Luce Sieur De Lapairc, Capitaine commandant les 5, quartiers du Diamant; fur Tavis qui nous a été don^ 5, né parle Sieur le Gras, Enfeigne de notre Com- „ p.gnie,que les ;ïens que nous avions envoyésàl'Ifls „ du Diamant auroient vu apparoître & diftingué vé- 5, ritablemcnt un monltre marin en figure d'homme, 5, lequel fe feroit arrêté plulieurs fois auprès d'eux, & 5, regardé fixement, ce qui les auroit obligés, n'ayant „ aucune arme, de fe rembarquer dans leur canot 9, qui les avoit portés aux Iflesdu Diamant, pour rc- „ venir à la grande anfe d'où ils étoient partis; ce 5, qui nous auroit (jbligés de partir du quartier de la 5, Rivière-Pilote pour nous rendre au quartier de la 5, grande anfe du Diamant, auquel lieu étant arrivés, 5, nous aurions rencontré le R. Père Julien- Simon, 5, très-digne Religieux de la Compagnie de JeTus, pour „ faire la million ordinaire de temps en temps, lequel 5, nous auroit aufli dit qu'il en avoit été pareillement 5, averti , & qu'il feroit à propos d'en faire une exacte 55 inquifition pour en favoir la pure & fincère vérité. 5, Four à quoi vaquer nous aurions appelle auprès (*^ Telliamed, ou Entretiens d'un Philofoplie Indien fur la ^irninution de la nier avec un Miffionnajre François. P H I L O s 0 P H I Q U E s. Sîc. 121 ^ de nous Me. Pierre de Beuillc Notaire des quartiers 5, de notre Compagnie, & le dit Sieur le Gras^, & en „ préfence du R. P. julien-Simon, après avoir fait 5, venir Cyprien Poyer habitant au dit quartier, Ju- 5, lien Vattemar aulîi habitant, André iNegre du Sieur 5, Dciforges auffi habitant du quartier, Abraham Ne- 5, gre du nommé Alexandre Uefchamps,- & Pierre 5, Nègre djun nommé Noél le Moulle dit la Roziere, 3, tous enfemble étant ceux qui avoicnt vu la Jit. ap- 5, parition, & les ayant féparément & à part ouïs, 93 d'eux pris ferment de dire venté, ont dit. Premièrement. 35 Cyprien Poyer, natif de Rozé en Caux,"a 9, dit& dépofé ce qui fuit: Qu'étant arrivé le marin s, auxlfles du Diamant fur les fept à huit heures du 5, matin, le famedi vingt-troifiemc du mois préfent, a, & voulant s'en retourner fur le f)ir, environ une 5, heure avant foleil couché, le temps, étant clair Sî 5, ferein , il auroit vu diftinétement un monftre ma- „ rin ayant la figure d'honme depuis la tête jufqu'à 5, la ceinture, & depuis la ceinture jufques en- bas la j, figure d'un poifTon, terminé par une queue four- 5, chue femblable à celle d'une Carangue. Et ayant 5, été interrogé des particularités, il a depofé ce qui „ fuit: la tête étoit femblable à celle d'un homme, 5, les yeux, la bouche de même, le nez camus, le „ vilage large & plein, la barbe grife mêlée de blanc 5, &dc noir, pendante d'environ fept à huit pouces 5, & fort large, les cheveux gris, pendans fur l'extré- 3, mité des épaules, & fort plats, unis comme s'ils „ avoientété peignés, la gorge & le refte du corps „ médiocrement blancs, ou il n'a remarqué aucunes 5, particularités, la poitrine poilue à la façon d^Q^ vieil- s-, lards, la taille petite & comme d'un jeune homme ,5 de feize à dix- fept ans: il s'eft montré trois fois; la 53 première, environ à huit pas du rocher; la fecondç -9, environ à quatre pas; & la troifiéme à trois pieds H 5 122 CONSIDERATIONS près d'eux, fe tournant pour le regarder, quietoit tout près dudit Iflet , forçant moitié du corps hors de la mer, ayant la mine fière, portant la main pluficurs fois fur le nez & fur le vifage comme pour s'cflayer; ce qui épouvanta le dit dépofant & fes Compagnons, lequel n'ayant point d'armes, fe rem- barqua après avoir vu ledit monffcre s'écarter vers la Savane dudit Iflet, & les regarder difbinctement les uns après les autres; après quoi il fe plongea en mer j fans qu'ils l'aient revu. C'eft tout ce que le dit Dépofant a dit fçavoir_, & a pofé fa marque, déclarant ne favoir écrire ni ligner ; de ce enquis fuivant l'ordonnance, après Leéture à lui faite, a perfifté: S: fur la minute eft appofée une croix, marque ordinaire du dit Cyprien Foyer. Secondement. „ Julien Vattemar, âgé de dix-fept sns, a dé- „ pofë en préfcnce de fon père, ce qui fuit: Qu'étant „ fur le dit Iflet avec le dit Dépofant, il a vu un 5, monftre marin ayant la figure d'homme jufqu'à 5, moitié corps, le reiîe en façon de poilTon. Il n'a 5, pas diftingué la queue ; la tête , le vifage , les joues , „ les mains, la poitrine n'ont rien de différent de la 5, figure humaine; le nez étoit gros, la barbe grisâ- 5, tre, longue partout également ; fe tenant non fort 3, loin de la terre: fes oreilles étoient fort larges. Le 5, dit dépofant appella le monflre en fifflant, & difant „ M,v, îais^ comme à un barbet, & s'étant appro- „ ché par trois fois, fe retira tournant ibuvent la tê- „ te pour les regarder; & quand il lui entroitdel'eau „ dans le nez, il la fouffloit, comme un chien qui 5, renifïle. Ce font tous les propos tenus & dont le dit ,, dépofant s'eft fervi ; & tout vis-à vis la Savane alla 5, au fond fans qu'il l'ait revu. C'eft tout ce que le „ dépofant a die favoir, & a mis fa margue en pré- ,5 fence de fon père, à qui il a fouvent tait la même 35 déclaration; & fous la dépofition, à la minute eft P H L I 0 s 0 P H I Q U E s &c. x2% 55 appofc lin J. & un V. marque ordinaire du die ju- 95 lien Vattemar, &l ligné Vattemar. Troisièmement. „ Abraham, Nègre du die Alexandre Defchamps, d'environ dix-neuf ans, a dépofé ce qui fuitiQu^ii a vu un homme bâti comme un homme, la tête grofTc comme une Perfonne, les cheveux gris & la barbe grife, large, &; le nez gros, la poicnnt poil- luc de poil gris, la queue large & fendue comme une carangue. 11 les regardoit entre deux yeux; le Dépofant voulut le prendre avec une ligne, 'ayant pourtant bien peur, fe tenant fur les rochers pour le regarder, il a renifflé comme une perfonne; il a fait trois plongeons, & ils ne l'ont plus vu, la mer étant devenue trouble, ils ne l'ont point vu depuis ; c'eft la manière dont il a fait fa depofmon ; à quoi il n'a rien voulu changer. Quatrièmement» „ André, Nègre du Sieur Desforges, a dépofé ce j, qui fuit: j'ai vu bête faite comme homme dans la 5, mer; cheveux longs, épaules, un poijgris; barbe s, ly gris, large comme main; par devant le corps 9, tout de-même comme homme, le cou blanc, poil 5, gris fur le fcin, la queue tout de même comme ca- 5, rangue: ly veny trois fois fur l'eau, & gardé nous „ toujours avec fes gris yeux; my teny mouche per 5, ly faire; autre Nègre coury après ly pour prendre 5, comme ligne, luy cacher dans la mer, & puis pu voir lui. Cinquièmement. 9, Pierre , Nègre du dit Noël le Moulîe de la Ro- 5, zière, a dépofé ce qui s'enfuit, & dit: moi miré 5, un homme en mer du Diamant , moi miré lui trois J24 CONSIDERATIONS fois; lui teny tête, bon viCjgc de ly comme mon^ de; ly teny grand barbe gns, ly forty hors de l'eau, regarde nous, je vous moi 'prendre lui dans ains pour prendre lui, moi teny petit peur, non pas grand, non; & puis lui, & puis lui cache: lui {(juvent gardé nous, & pourtant lui teny queue comme poiirun. Ce font iec> Lcrmes du dit Dépo- fanr. „ Et Pierre, Nègre du dit Sr. le Gras, âgé d'envi- ron 22 ou 23 ans, a dépo'ë cîi dii: Moi miré bête, lui teny yeux, teny barbe, ten/ mains, teny épaules tout comme homme, teny cheveux & bar- be grife,non pas blanc: moi non pas miré bien lui, pirce que lui ctoit dans l'yau, lui fembloit pour- tant poillbn, moi teny peur, autre dire, c'eft ua ange mondes lui regarde pluiieurs fois; lui allé con- tre Sivanne, & puis lui caché dans l'yau, & moi ncm iiuré lui davantage: & c'eil la manière de par- ler du dit Uépofanr. „ Ce f)nt lesdépofitions de tous ceux qui étoient dans ledit Canot, qaiontperfiftéplufR'Lirà jours dans leurs depofuions; favoir depuis le vingt-trois du dit prêtent mois jufques a ce jour. „ Fait à la grande anfe du Uiamant le jour & an que delTus, en préfence des témoins ci-deffus fig- nés. Ainli figné fur la minute, Julien Simon de la Compagnie de Jefus, la Paire, le Gras,J. Gaiteau, Alex. Baroier, Claude Barbe, Martin de J. N. Du- puy , & de lieuiUe avec paraphe. Greffier. 5, CoUationne fur la minute par le Notaire Royal, en cette Ifle de la Martinique fouffigné, ayant celle des précèdens Notaires du quartier du Diamant ëc autres quartiers circonvoifins. Délivré ces prélén- tes à M. de Hauterive, au Diamant de ladite Ifle, Etude du dit Notaire fouffigné , le 6 Juin 1121, Signé GOGUET.'* P H I L 0 s 0 P H ï Q U E s &c. 125 C H A P I T R E XC. Homme marin péché en 1737 ^près (f Exeter en Devons Fin. Extrait du Wonderfal Magazine for Septem- ber 1764. E N I7g7,des p6cheursjettant leurs filets près d'Exe- ter, furent furpri^; en le recirant, d'en voir fortir une efpece d'animal a figure humainequi refauta dans Peau aulTi-tôt & fe mit à miger. Les pêcheurs lui donnè- rent la chi^ffe à force de rame ; & ne pouvant le prendre vif, ils lui portèrent plufieurs coups de per- che, & le prirent à-demi mort: il foupiroit comme un homme. Ils avo:c deux efpeces de pieds antérieurs, ou de mains, dont les doigts étoient unis enfemble par une membrane comme les pattes d'un canard. Du rcie il avoit les yeux, le nez & la bouche parfaite- ment refièmblants à ceux de l'homme: feulement il avoit ie nez écrafé & aplatti. La partie inférieure de fon corps; fe lerminoit en une queue femblable à celle d'un faumon. La longueur de ce poiflbn - homme étoit de quatr'f pieds depuis l'extrémité delaqueuejulqu'au fommet de la tête. i26 CONSIDERATIONS CHAPITRE XCL JExtrmt des Dialogues faîts à Pim'itaùon des Anciens par Gratins Z'^-;(?av . (Lamjtte-le-Vayer), au fujet des hommes marins: Dialogue IL intitule^ le Banquet Sceptique. />, x_^ES Portugais ont trouvé aux Indes Orientales 5, leur Pefcadomuger (*) fi rcllemblant à la femme, 5, qu'ils lui en ont donné toutes les fonctions. C'eft 5, le même poiffon avec lequel les Nègres du Mozam- 5, bique difent fe raftraîchir grandement, en en abufant „ même étant mort Ce qui me tait encore douter 5, qu'il pourroit être aufli le même qu'Agatarehldes 5, appelle ^//^w/'^ Ct)«) ^ lequel au commencement „ les pêcheurs ne vouloient ni vendre ni manger, à j^ caulé de fa forme & reflemblance humaine A quoi 5, les by rênes & Néjéïdes des Anciens (4) femblent ^ pouvoir être rapportées; & peut-être ce cjue Ni- „ colo Conti nous conte, qu'en la rivière qui palTe à 5, Cnchin , il fe trouve des poiflbns de forme fi hu- ,5 marne, qu'étant pris, comme ils font fouvent, on „ V remarque jufqu'à la différence du fexe aux mâles 5, Jk ;i.u^ femelles, toute pareille à la nôtre; ajoutant 5, qu'ils ' n: bien l'indufti'ie, fortant de Tcau la nuit, 5, de tirer du feu des cailloux qu'ils trouvent, & en 5, ailunicr du bois, à la lueur duquel ils prennent les 5, autres poiiîuns qui accourent. ., Les Uros d'Acofta (§), qui habitent la grande 5, Lagune Titicaca, fe diioient n'être pas hommes. C*) Poiiïbn-fem'.TiC. (Y) Apud Photium. XX) Pliii- Hift. Nac. Lib. IX. Cap. V. Ce paffage eft rapporte en entier dans le CliP.piire fuivant, (§) Liv. m. Cliapitre XVIII. P H I L 0 s O P H I Q U E s &c. 127 mais Uros feulement; & à la vérité il nous les dé- crit, comme une différente efpece d'hommes aqua- tiques. Sur quoi je ne puis me tenir de vous'cx- pofer ici la penfée d'un des plus fublimes & méta- phyfiques efprits de ce temps (*)j qui s'étoit pcr- fuadé que le genre humain ctoit originaire de quel- ques Tritons ou femmes marines; foit qu'il eût égard à l'opinion de Thaïes qui tenoit l'eau pour le feul élément de toutes chofes. *0)(.îciv6v T£ ©£001' •yévi(Tiv iif fiyirêfci rrSov. Oceanum Divum gemfim retbymque parentem. Hoimr* Soit qu'il regarde les catacli fines & déluges univer- ^, fels , après lefquels ne reftant plus que les animaux „ aquatiques, il crut que par fucceffion de temps, ils „ fe faifoient amphibies , & puis après terreftres tout- „ à fait : fon opinion fe trouvant auflî fort authorifée „ de celle des Egyptiens dans Diodore de ficile, (f), 5, qui tenoient l'homme, iaciiflrs animal ^ paludibus „ cognât lim?'' 51 CHAPITRE XCII. Extrait du nsuvîéme Livre de PHifoIre Nature/Zs de Pline. E 'M FIN les anciens n'ont pas ignoré l'exiftence des hommes marins &: des femmes marines. Ce font leurs Tritons, leurs Syrènes ;, leurs Néréides, & quoiqu'ils aient mêlé beaucoup de fables à ce qu'ils en ont dit, le tout n'ell: pas ians fondement. (*) D. Polo, (t) Lib. I. ï2^ CONSIDERATIONS On lit dans Pline ce qui fait: „ Du règne de l'Em- pereur Tibère, ceux de Lisbonne lui envoyèreiït des Ambaliadeuri exprès, pour l'avertir qu'en leur côte de mer on avoit dccouvcrc un Triton jouant du cornet en une caverne , & qu'il étoit tel qu'on les dépeint ordinairement. Quant aux Néréides ou Syrénes, elles ont véritablement le corps tel qu'on ICi dépeint: hormis qu'elles font après & écaillées, èi parties efquelles elles retirent à la figure humaine; car 'n en a vu en la même côte & plage; & même les gens du pays en ont oui plaindre une de loin lorfqu'elle mourut „ D'ailleurs le Gouverneur des Gaules a certifié à l'Empereur Augufie par lettres cxpreiTes qu'on avoit trouve fur la pjageplulleurs Néréides mortes. I^em, j'ai pour témoins pluficurs hommes d'armes Ro- mains, gens d'honneur & de crédit, qui m'ont af- firme avoir vu en la côte d'Efpagne un homme marin, ayant entièrement forme d'homme, & di- f aent qu'il lé jcttoit de nuit dans les fuftes & brî- gancins, & qu'il etoit fi pefant & fi aétif qu'il les taifoit enf )ncer la part ou il étoit. „ Du temps de l'iiimpereur Tibère, es côtes de Bre- tagne, la mer fe retirant lailîa fur la grève, en une certaine Ifle , plus de 300 bêtes marines , de gran- deur & variété admirables, & on en trouva quad autant es côtes de Saintong.- fur la Rochelle: en- tr'autres bêtes on y trouva des éléphans & des^ bé- liers qui avoient les cornes comme les tcrreilres, 5, hormis qu'elles étoient blanches, & même y avoit 3, plufieurs Néréides C*)." CHA- O Traduction de Dupinet. P H I L O s O P H I Q U E s &c 129 CHAPITRE XCIII. Homme marin ^ femm& marine vus clans k Nil en 592 T X L s'en faut bien que j'aie épuifé toutes les relations des hommes marins & des femmes marines. En voici encore quelques-unes auffi-bien conftacées que les pré- cédentes. „ En l'année 592. le 18 du mois de Mars, un Of- 5, ficier d'une des villes du Delta, ou de la Bafle- „ Egypte , fe promenant le foir avec quelques-uns de „ fes amis fur les bords du Nil, ils apperçurent aflèz „ proche du rivage un homme marin fuivi de fa fe- „ mellc, le mâle s'élevant ibuvent fur l'eau julqu'à „ fes parties naturelles, & la femelle feulement jus- „ qu'au nombril. L'homme avoit l'air féroce & le ,j regard affreux, les cheveux roux & un peu héris- „ ^és^ la peau brune; il étoit femblable à nous par j, les parties que l'on appercevoit. Au contraire l'air s, du vifage de la femme étoit doux; elle avoit les 5, cheveux longs, noirs & flottans fur les épaules, le „ corps blanc, les mammelles enflées. Ces deux mon- „ lires reftèrent près de deux heures à portée de la „ vue de cet Officier, de fes amis,& de tous ceux du „ vojfiniige accourus au bruit d'un fait fi extraordi- „ naire. Ils parurent une heure avant le coucher du „ foleil ; & il n'y eût que les ténèbres de la nuit qui „ les dérobèrent aux yeux des fpeftateurs. Qn en 5, dreffa une atteftation fignée de l'Officier & de plu- 5, fieurs autres témoins ; & elle fut envoyée à l'Em* 5, pereur Maurice qui régnoit alors à Conftantino- 55 pie (*). La defcription de la femme marine s'accorde fort biea avec celle du Puce muger dont il a été parlé ci-delTus ' ' Il »— <— .-nr C*; Teliiamed, Tome II. î3^ C O N S I D E R A T I 0 N S (*): une figure douce, un corps blanc, des inam- melles larges, pleines & enflées. Seulement celle-ci avoit de longs cheveux noirs & flottàns fur ces épau- les , comme celle que vit le Capitame Schmidc en 1614 (t), au lieu que celle dont Redi , Kircher & Ruyfch font mention les avoit plus courts. Du refte ces deux poiffons à figure humaine fe mon- trèrent une heure avant le coucher du foleil , ainfi que Thorame marin vu fur les bords de l'Ifle du Diamant. CHAPITRE XCIV. Homms marin vu par le Sr. Larcher , habitant du Fcrt- Royal. J 'ajouterai un fait notoire à la Martinique, & poftérieur de plus de trente ans à celui de 1671. que j'ai rapporté. „ Le Sr. Larcher, habitant du lieu, revenant un ^, jour au Fort -Royal de l'habitation qu'il a voit aux „ trois Ifles, & étant dans fon canot armé de huit 5, Nègres , la tête tournée à la mer d'un côté , & les 5, Nègres de l'autre, ceux-ci s'écrièrent tous à la 5, fois : Un Bequet à la mer ; ce qui dans leur langage 5, fignifie , un homme blanc à la mer. A ce cri , le Sr. 5, Larcher ayant tourné la tête vers eux , n'apperçut 5, plus que le bouillonnement des flots à l'endroit où 3, fe monftre avoit difparu. Les huit Ncgres atteftè- 5, rcnt feparément qu'ils avoient vu un homme tel 5, que les blancs élevé fur la mer, de la ceinture en 5, haut 5 & les regardant ; ajoutant qu'il s'étoit enfon- -i*y Chapitre LXXXIV. et) Voyei ci-aeflns Chapitre LXXX, P H I L 0 s O P H I Q U E S Sic. i^i •", ce dans la mer au moiriCnt qu'ils avoicnt crié, i/^i A CHAPITRE XCV. Une femme S une fille marines^ PRÈS cette multitude de témoignages & de rela- tions au fujet des hommes & des femm.es aquatiques, on voit que j, ces exemples ne font pas auffi rares 5, qu'on pourroit fe l'imaginer; & s'il fe rencontre „ de ces hommes marins dans les mers les plus fré- „ quentées, n'cft-il pas vraifemblablc qu'ils doivent jj le rencontrer encore en plus grand nombre dans „ celles qui baignent des côtes defertes ? „ On lit dans l'Hilloire de Portugal & dans les Re- „ lations des Indes Orientales, que s'étant fait un jour „ une pêche à la pointe de l'Inde d'une troupe de „ Tritons, ou hommes marins, on ne put en faire „ parvenir au Roi Dom-Emmanuel qui régnoit alors, 5, qu'une femme & une fille, tous les autres au nom- „ brc de quinze étant morts, ou auffi-tôt après leur „ fortie de la mer, ou dans le trajet des Indes à Lis- ,a bonne. Cette femme & cette fille étoient d'une „ tri ftefi"e extrême: rien ne pouvoitlcs rejouir; & el- „ les mangeoient fi peu qu'elles diminuoient à vue 3, d'oeil. Le Roi touché de leur état, & peut-être ,5 poufie d'un efpritdecuriofitéj ordonna qu'après les 5, avoir attachées d'une chaîne légère, on leur laiS' „ fût la liberté de retourner à la mer dans quelque 5, endroit de peu de fond. On ne les eut pas plutôt 5, mifes en état de le faire, qu'elles s'y jettent avec 5, empreirement5&: que ^s'y étant plongées, elles jouè- 5, rent enfemble, & firent dans l'eau ^ où on les re- C*) Telliamed, Tome II, ija CONSIDERATIONS „ marquoit parfaitement, cent tours qui témoignoient „ leur fatisfaétion & leur joie. On les y laifla plus de „ trois heures, fans que jamais dans cet intervalle 5, elles s'élevaflent au delîus de l'eau pour refpirer. 55. Depuis ce jour-là, où le Roi & toute la Cour eu- „ rcnt la fatisfaétion d'être témoins d'un fpeûacle fi. ^, nouveau , on continua de les mener tous les jours ,j au même rivage , & de les laifler jouir du même „ plaifir, à la faveur duquel elles vécurent encore „ quelques années. Mais jamais elles ne purent ap- 5, prendre à articuler une feule parole C*)-" Ainfi k's favans de Harlem entreprirent inutilement de faiFc parler la Syrène prife en W^eftfrife, laquelle conferva auffi un inftind't marqué pour l'eau, comme les deux dont on vient de parler. CHAPITRE XCVI. Homme marin conduifant um petite] barque. L E fait que je vais rapporter eft d'une autre es- pèce , & encore plus fingulier. Sur la fin du fiécle dernier, un vailîeau Anglois de la ville de Hull, fi tuée à foixante milles de Londres fur la côte fèp- tentrionale d'Angleterre, étant à la pêche de la ba- leine dans les mers de Groenland , à cent cinquante lieues de terre, fe trouva environné vers le midi de fuixante ou quatre-vingts petites barques, dans chacune defquelles il y avoit un homme. On ne les eut pas plutôt découvertes, que les chaloupes du vaifleau firent force de rames pour en joindre quel- ques unes -.mais ceux qui montoient ces barquettes, qu'ils conduifoient avec deux petites rames, s'en étant apperçus, & voyant que les chaloupes les gagnoient ^plongèrent tous à la fois dans la meravec C*} Làimôrae. P H I L 0 s 0 P II I Q U E s &c. 133 „ leurs barques, fans que de tout le jour il en reparut 5, une feule. Celle-ci revint fur l'eau un inftant après, „ parce qu'en plongeant une de Tes rames s'étoitcaflbe. „ Après quatre heures de chafic, & cent nouveau^x: „ plongeons que faifoit la barquette à mcfure que les „ chaloupes approchoient^ elle fut prife enfin avccce- ., lui quilacondiiilbit. On le mena àborddu vailTcau, „ où il vécut vingt jours, fansjamais avoir voulu pren- „ dre aucune nourriture , & fans ietter aucun cri , ni „ pouffer aucun fon qui pût donner à connoître qu'il „ eût l'ufage de la parole, Ibupirant pourtant lans „ ceffe, & les larmes coulant de fes yeux. Il étoit „ fait comme nous avec des cheveux & une barbe as- 9, lez longue; mais de la ceinture en bas fon corps „ ctoit tout couvert d'écaillés. „ A l'égf rd de la barquette elle avoit huit à neuf „ pieds de longueur, & ctoit fort étroite furtout aux „ extrémités. Les membres en ctoient d'os de pois- „ fon, jufqu'au fiégc fur lequel l'homme étoit placé. „ Elle étoit couverte en dedans & en dehors de peaux „ de chien marin bien coufues les unes aux autres. M Cette efpecc d'embalage étoit ouvert au milieu de „ la grandeur néceffaire pour y introduire le rameur; 5, & cette ouverture étoit garnie d'une efpecc de bour- „ fe ou de fac de la mcm_e peau, dont l'homme in- „ troduit dans la barque jufqu'à mi-corps fc ccignoit „ fi parfaitement avec des bandes aulTi de peau de „ chien marin ^ que l'eau ne pouvoit y entrer De- ,j vant lui étoient deux morceaux de la même peau „ attachés fur la couverture, où ils formoient deux 5, efpeces de poches. Dans l'une on trouva des lignes 5, & des hameçons faits auiïi d'os de poiffon ; & dans „ l'autre des poiiTons qui paroiffoient avoir été pris 5, depuis peu. A côté du rameur étoient deux peti- 5, tes rames, attachées au batteau ou panier par deux „ bandes faites auffi de peau de chien marin. Tout „ cet attirail, avec l'homme defféché, fe voit encore „ aujourd'hui à HuU dans la falle de l'Amirauté; & 55 le Procès- verbal de cette découverte, dûment atte» I S 134 CONSIDERATIONS 5, frée par le Capitaine du vaiffeau & par tout l'Equi- 55 page, fe trouve dans les archives de cette Juris- ,5 diction." Quoique la relation de cet homme marin ne dife point que la partie inférieure de Ton corps fût termi- née en queue de poiiTon , on peut raifonnablement le conjecturer d'après ces paroles, que de la ceinture en bas fon corps et oit tout couvert ^'^crt/V/^j- jlefquelles m'au- torifent à le mettre au nombre des bimanes, & à le croire de la même efpece que le monftre vu fur les bords de l'Ifle du Diamant. J'avoue néanmoins que fans cette circonftance, celle du procès-verbal, &l'exi- ftcnce des pièces confervèes encore aujourd'hui à HuU dans la falle de l'Amirauté , je ferois tenté de prendre cet homme marin pour un pêcheur, de ceux dont il eft parlé dans l'Hiftoire Naturelle & morale des lllcs Antilles, par le Sr. de Rochefbrt, dont nous allons donner un extrait. La forme & la matière des bat- teaux de ces pécheurs font abfolument les mêmes que la forme & la matière de la barquette de cet homme marin ; &; quant au grand éloignement de terre , on lait que ces pêcheurs font des courfcs confidérables. La crainte c'en impofer au Lecteur dans la moindre chofe, & de mêler des récits faux ou douteux à des faits avérés m'oblige de tranfcrire ce qui fuit. CHAPITRE XCVIII. Extrait de PHifioire Naturelle S morale des IJles Antilles , par le Sr. de Rochrforî , Livre /, Chapitre XV IL u, N Capitaine étant parti de Zelande fur la fin 3, du printemps de l'an 1655 , en intention de décou- 5, vrir quelque nouveau commerce dans les terres du. 35 Nord, arriva fur la fin du ineis de Juin dans le Dù^ P li I L 0 s 0 P II I Q U E s Sîj:, 135 ^ fr&ii di Davis ^ d'où étant entré dans une rivière 5, qui commence au foixante quatrième degré & dix 5, minutes delà Ligne en tirant vers le iNÎjrd, il fit 9, voile jufques au fèp tante- deuxième. ... 5, Des que les habitans du pays qui étoient à la pê- „ che eurent apperçu le Navire , ils le vinrent recon- :,, noître avec leurs petits efquifs qui ne font faits que ,;, pour porter une feule perfonne. Les premiers , qui 3, s'étoient mis en ce devoir, en attirèrent tant d'au- 5, très après eux, qu'ils compoferent en peu de temps g, une efcortede foixante & dix de ces petits vaifieaux „ qui n'abandonnèrent point ce navire étranger, jus- 55 quesà ce qu'il eût mouillé à la m.eilleure rade, où „ ils lui témoignèrent par leurs acclamations , & par „ tous les (ignés de bienveillance, qu'on peut atten- „ dre d'une nation li peu civilifée, la joie extraordi- „ naire qu'ils avoient de fon arrivée. Ces petits vais- 3, féaux font fi admirables, foit qu'ils foient confidé- j, rés en leur matière, foit qu'on ait égard à la mer- j, veilleufe induftrie dont ils font façonnés, ou à la 5, dextérité incomparable avec laquelle ils font con- 3, duitSj qu'ils méritent bien de tenir le premier rang „ dans les defcriptions que cette agréable digreffion 5, nous fournira. „ Ils font compofés de petits bois déliés, defquels „ la plupart font fendus en deux comme des cercles. „ Ces bois font attachés les uns aux autres avec de 5, fortes cordes qui font faites de boyaux de poiffons, 33 qui les tiennent en arrêt, & leur donnent la figure „ qu'ils doivent avoir ^ pour être propres aux ufages j3 auxquels ils font deftinés. Ils font couverts en de- „ hors de peaux de chien marin ^ qui font fi propre- „ ment coufues enfemble, & fi foigneufement endui- 35 tes de refine à l'endroit des coutures, que l'eau ne 5, les peut aucunement pénétrer. ,3 Ces petits bateaux font ordinairement de la lon- ,5 gueur de quinze à feize pieds, & ils peuvent avoir „ par le milieu où ils ont plus de grofleur^ environ „ cinq pieds de circonférence. C'efi; auifi dès cet en- I 4 Î35 CONSIDERATIONS ^, droit qu'ils vont en diminuant j deforte que Icscx- çi tréraitds aboutiflent en pointes j qui font munies „ d'os blancs , ou de dépouilles de licornes. Le des- 5, fus eft tout plat & couvert de cuir de-mcme que le 3, refte^ & le ceffous a la forme du ventre d'un gros 5, poiflbn: de forte qu'ils font très-propres à couler 5^ fur les eaux. Ils n'ont qu'une feule ouverture qui y, eft diredlement au milieu de tout l'édilice. Elle elî -,, rélevée tout à l'entour d'un bord de côte de ba- 5, lejne^ & elle eft faite à proportion , & de la gros- 5, feur du corps d'un homme. Quand les fauvages qui 35 ont inventé cette forte de petits vaifleaux s'en veu- „ lent fervir, foit pour aller à la pcche^ ou pour fè 53 divertir fur la mer^ ils paftent par cette ouverture 5, leurs jambes & leurs cuiffcs, & s'étant mis fur leur „ féant, ils lient fi ferrement la cafaque qui les cou- 5, vre avec le bord de cette ouverture, qu'ils femblcnt 3, être entés fur cet efquif, & ne faire qu'un corps 5, avec lui. „ Voilà pour ce gui concerne la figure &: la matière 3, de ces petits vaifieaux. Conlldérons àpréfent l'é- mipage des hommes qui les gouvernent. Quand Is ont defilnn d'aller fur mer, ils fe couvrent par „ dcfius leurs autres habits d'une Cafaque laquelle 3, n'eft deftinée à aucun autre ufage. Cet habit de 3, mer eft compofe de plufieurs peaux, dénuées de 33 leur poil, qui font fi bien préparées & unies enfem- ^ blej qu'on le croiroit être fait d'une feule pièce. Il -3 les couvre depuis 'e fommet de la tête jufqucs au 55 deflbus du nombril. 11 eft enduit partout d'une g, gomme noirâtre 3 laquelle ne fe diffout point dans 53 l'eau 3 & qui l'empêche de percer. Le capuchon , 3, qui couvre la tête ferre ii bien fous le cou & fur le ,3 front 3 qu'il ne leur laiflTe rien que la face à décou- 3, vert. Les manches font liées au poignet, & le bas 5, de cette caHique eft aufifi attaché nu bord de l'ou- 53 vcrture du vailîeaUv, avec tant de foin, & avec une 5, telle induftrie3 que le corps qui eft ainfi couvert, Ç3 îè ttouv^ toujours à fec au milieu des flots qui ne 5' ^' 5, lis P H I L O s 0 P H I Q U E s &c. 137 „ peuvent mouiller avec tous leurs efforts que le vi- j, fiige & les mains. „ Encore qu'ils n'aient ni voiles, ni mât, ni gou- si vernail, ni compas, ni ancre , ni aucune des pié- ,5 ces de tout ce grand attirail qui cft requis pour jj rendre nos navires capables d'aller fur la mer; ils 3, entreprennent néanmoins de longs voyages, avec ,, ces petits vaifleaux fur lefquelsils îèmblent être cou - _„ fus. Ils Te connoilTent parfaitement bien aux étoi- ,, les, & ils n'ont befoin d'autre guide pendant la ,, nuit. Les rames, dont ils fe fervent, ont une lar- _,, geur à chaque bout en forme de palette; & afin „ qu'elles puiffent couper plus aifement les flots ;, & 3, qu'elles (oient de plus grande durée, ils lesenricbis- j, fcnt d'un os blanc qui couvre les extrémités du bois, „ ils en garniîfent aufli les bords des palettes, & ils y „ attachent cet ornement avec des chevilles de corne „ qui leur fervent au lieu de clous. Le milieu de ces „ rames, eft embelli d'os, ou de corne précieufe, de- „ même que les bouts, & c'eft par-là qu'ils les tien- „ nent de peur qu'elles ne leur coulent des mains. Au „ refte, ils manient ces doubles rames avec tant de „ dextérité & de vîtefle, que leurs petits vaifTeaux „ devancent aifement les Navires qui ont déployé „ toutes leurs voiles, & qui ont le vent & la marée fa- „ vorable. Ils font fi alTurés dans ces petits efquifs, „ & ils ont une fi grande ndrelTe à les conduire, qu'ils „ leur font faire mille caracoles , pour donner du di- „ vertilfement à ceux qui les regardent. Ils s'efcri- „ ment aufîî quelquefois contre les ondes avec tant „ de force & d'agilité, qu'ils les font écumer, com- „ me fi elles étoient agitées d'une rude tempête, & „ pour lors on les prendroit plutôt pour des monftres 5, marins qui s'entrechoquent que pour des hommes. „ Et même pour montrer qu'ils ne redoutent point „ les dangers, & qu'ils font en bonne intelligence avec pg cet élément qui les nourrit & les careffe, ils font ^ le moulinet:, fe plongeans & roulans en la mer 5 I5 138: CONSIDERATIONS ^ par trois fois confécutives, de forte qu'ils peuvent „ paffcr pour de vrais amphibies. 5, Quand ils ont dellein de faire quelques voyages 5, plus longs que les ordinaires, ou quand ils appré- 5, hendent d'être jettes bien av. nt en pleine mer par 5, quelque tempête, ils portent dans le vuide de leur „ vallFeau, une veffie pleine d'eau douce pour étan- 55 cher leur foif, & du poilibn fccbé au foleii ou à la 5, gelée, pour s'en nourrir à faute de viandes fraîches, g, Mais il arrive rarement qu'ils foient réduits à re- 3, courir à ces provifions: car ils ont certaines flèches 5, en forme de petites lances qui font attachées fur 5, leurs bateaux & lefquelles ils favent darder fi vive- 5, ment fur les poiflbns qu'ils rencontrent, qu'il n'ar- 55 rive prefque jamais qu'ils foient fans ces rafràichis- 5, femens. Ils n'ont pas bcfoin de feu pour cuire leurs 5, viandes i parce que fur la mer & fur la terre, ils 5, font accoutumés a les manger toutes crues; ils por- 5, tent suffi certaines dents de gros poilTons, ou des ,, broches d'os tort pointues qui leur tiennent lieu de 5, couteaux, car ils s'en fervent pour éventrer & tran- ., cher les poilibns qu'ils ont pris. Au refte il ne peut 5, point y avoir de débats dansées vailTeaux, pais- 5, qu'un feul homme en ell le maitre, le matelot, ie „ pourvoyeur, &le pilote, qui le peut arrêter quand 5, bon lui fembie, ou l'abandonner au gré du vent & „ de la marée, lorfqu'il veut prendre le repos qui lui 5, eft nécefiairc pour réparer fes forces. En ce cas il „ accroche fa rame à des courroies de cuir de cerf qui 5, font préparées à cet ufagc, & qui font attachées par ,5 txtndes au dcllus de ce batteau ; ou bien il la ne à „ une boucle laquelle pend au devant de fa cafique.'' Si le récit du Chapitre précédent n'elt point une al- tération de celui-ci , la comparaifon de ces deux faits rappixjehe l'homme marin de l'homme fauvage iion feulement pour la figure extérieure,, mais, ce qui eft plBS.finguher, pouf l'induftrie, & les mœurs. €cs j^Qm:me:> marins, vus à cent-cinquante lieues de terre, avoient du pourtant y eonftrûirc leurs barquettes , &: tMi I L 0 s 0 P lï I Q U E s &c. 139 prendre le bois néceflàire pour faire les rames dont ils fe fervoient. U dtoit encore ncceflaire qu'ils racconi- modaflent leurs petites barques dans les lieux où ils les avoient conftruitcs: ils avoient par conféquent des connoiffances pour retourner dans ces mêmes lieux ^ foit qu'ils les tiratlènt de la difpofition des étoiles, com- me les fauvages pécheurs dont nous venons de parler, ou du fond des mers fous lefquellcs ils pouvoienn re- fter, & où peut-être ils avoient leurs femelles & leur famille. Mais ces circonftanccs ne font pas de mon fujct actuel (*). CHAPITRE XCVIII. Quelques animaux jnarins , de Pefpece des cêtacées ^ à la fois bimanes & bipèdes. Ls v^au marin: pajfage des Cêtacées aux Quadrupèdes* \-J E veau marin marque le paflage dos cêtacées aux quadrupèdes. Les autres cêtacées, prefque tous bi- manes, ont la portion inférieure de leur corps termi- née en queue de poifTon, c'cft même la forme des hommes marins &: des femmes marines. Dans le veau marin, cette queue partagée en deux parties égales & digitées à leur extrémité, eft ainfi transformée en deux pieds olleux & charnus. La croupe eft même tout-à- fait femblable à celle d'un quadrupède, les jambes font raccourcies, & le pied eft terminé par quatre doigts articulés, &: liés enfèmble par une membrane épailfe & fouple. Les cuilTes & les jambes allongées , ferrées & collées l'une contre l'autre, adhèrent enfèmble _& la féparation ne commence qu'un peu au deflus des pieds : ■C*^ Voyez Telliamed , Touie II. I40 CONSIDERATIONS ce qui indique alTcz vifiblement que dans refpece fu- périeure, elle formoient une queue de poilTon. Les brcs cachés fous la peau ne !ai lient voir ciue les mains qui n'ont, comme les pieds, que quatre doigts articu- les. Ces mains ne font pas fi parfaites que celles de quelques-uns des cétacdes dont nous avons fait men- tion ci-dcflus ; comme fi la Nature occupée à travailler les pieds, avoit néglige les membres antérieurs. Ce- pendant les doigts des mains font féparés, fans mem- brane qui les unifie enfemble, comme ceux des pieds. Cet animal n'a aucune apparence de nageoire; mais il porte une queue longue d'un peu plus d'un pouce, qui ne tient rien de la queue d'un poifibn , mais fort femblable à celle d'un cerf. La peau dure & épaifle cft garnie d'un poil court très rclîemblant à celui du vcavi tcrrefire. La tête a quelque rciremblance avec celle du veau furtout par le mufeau. Cet animal eft amphibie. CHAPITRE XCIX. Jifpece particulière de Toijfon à puds bumam:. ^ E trouve dans le fupplcment à la Defcription de 300 animaux, publiée en Anglois à Londres, il y a plufieurs années, la figure d'une efpece particulière de poiflïîn beaucoup plus homme par la partie infé- rieure de fon corps quj par la partie fupérieure. La grandeur & la proportion du corps font celles d'un petit homme de quatre pieds & demi : la peau eft blanche & polie^ fans poil ni écailles. La tête n'a rien d'humain: elle eft grolîe portée fur un cou court, gonflé & fortement mufclé. Les épaules font cliargées chacune d'une nageoire épaifiTe en forme d'aîlc de Ché- rubin: les hanches ont aufliî chacune une nageoire plus petite, dont les fommets ne font ni aufil rnar- Qués ni aufli élevés que ceux des nageoires fupérieu- P H I L 0 s O P H I Q U E s &c. 141 res. La queue aufîî grande que tout le corps y com- pris la tête, reffemble à celle du Dauphin. Tout cela n'a prefque aucun rapport avec la ligure humaine; mais immédiatement au deflbus des petites nageoires, les hanches fe prolongent, prennent la forme de cuis- fes, auxquelles font attachées deux petites jambes ter- minées chacune par un pied d'homme, auffi bien fait qu'il puifTe l'être, ayant un talon, & une forme tout- à-fait femblable à nos pieds, excepté qu'on n'y re- marque à l'extérieur aucune apparence de doigts; mais ces doigts font cachés fous la peau, & on les fent au toucher. Le fexe, tant du mâle que de la femelle, n'eft pas entièrement femblable à celui de l'homme & delà femme, quoiqu'il en approche beaucoup. Le ventre & la poitrine ont aulTi quelque chofe d'hu- main dans l'un & dans l'autre. Cet animal peut (è tenir élevé au-defflis de l'eau à mi-corps ^ comme les hommes marins & les tcmmes marines dont nous avons fait mention ; il eft auiïl vivipare. Voilà une efpece très particulière de triton & defy- rène , qui nous offre un poilïbn enté fur la partie in- férieure d'un homme, au lieu que les autres nous ont montré un homme enté fur la queue d'un poiflbn. La Nature n'eft pas parvenue tout d'un coup à cette grande perfeilion des pieds. Le poiflbn que les An- . glois nomment K'mgftone eft une ébauche du Mermauf, nom qu'ils donnent à la femelle du poiflbn à pieds hu- mains. Le Kingftone a deux prolongemens olîeux & charnus au même endroit , c'eft-à-dire fous les na- geoires inférieures; ce font deux efpeces de membres mformes, à peu près de la même grofleur dans toute leur longueur, fans diftindion de cuiflcs ni de jam- bes, & furtouc fans appaxepce de pied, mais termines en pointe fort obtufe. i4& CONSIDERATIONS ONZIEME PARTIE. CHAPITRE C. Des Otiadrupedes. i. Les Sollpedes. i J E ? quadrupèdes rempliiïent l'intervalle qu'il y a de.N bimanes aux quadrumanes. Les mains, que le pro- torvpe avoit acquifcs par tant de changemcns&demé- taniorphofes, fe reflerrent; les doigts s'unifient: la matière des ongles furabonde , fe durcit , s'étend , & fe gonfle ;ainfi le forment le fabot& le pied du Cheval. Sous cette enveloppe groffière, l'anatomie a retrouvé les 03 du carpe & du métacarpe ;& en remontant plus haut elle a reconnu l'analogue du poignet de l'hom- me, puis le bras qui répond à l'avant-bras humain , &: eniin l'humérus & l'omoplate qui compofent l'é- paule du cheval, &; répondent au bras & à l'épaule de l'homme: le coude efl: placé en arrière, comme dans l'homme. Les pieds antérieurs du cheval &: des autres folipedes font donc les mains des bimanes alté- rées ou dégénérées , auxquelles on a donné le nom de pieds 5 parce que Tétrange altération qu'elles ont fouf- fcrte par le prolongement de certaines parties, le rac- courciffement de quelques autres, & furtout par l'u- nion des doigts en un feul,& le renflement excefllfde la fubftance des ongles, leur a fait perdre leur ancien "ufagc , deforte que dans cet état l'animal ne peut plus s'en fervir qu'à marcher. Les jambes de derrière du cheval comparées à cel- les de l'homme ofli-ent des flmilitudes auffi frappantes. Lafefledu cheval qui renferme le fémur, correfpond à la cuifle de l'homme; ce qu'on appelle lacuifledans le cheval, favoir cette partie de la jambe de derrière. P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &e. 145 îa première qui foit dcraehée du cofps, laquelle depuis le btis des fcflcs jufqu'au jarret, correfpond à la jam- be de l'homme, aufli elle a une partie charnue qui eft l'analogue du gras de notre jambe , & qu'on nomme pour cela le grai'let. Le jarret eft la jointure qui clt au bas de la cuiffe: cette articulation a rapport au cou- de-pied de l'homme, c'cft-à-dire au tarfe. La partie du jarret qui eft en arrière, & que l'on appelle la pointe du jarret, eft proprement le talon: ce que l'on appelle vulgairement le gros nerf du jarret, qui fc ter- mine à la pointe du jarret, eft un tendon qui corres- pond au tendon d'Achille, attaché au talon de l'hom- me. Au defibus du jarret ou trouve le canon donc les os repreicntent ceux du metatarfe de l'homme. Ce ne font pas-là les ieules refTemblances du fquelettc du cheval avec celui de l'homme. Qu'on life l'excel- lente Defcription que Mr. Daubenton a faite de cet animal, & dont j'ai extrait ce que je viens de dire, on y verra que le baffin y eft ccmpofé des mêmes os que celui de l'homme , feulement avec des proportipns & une fituation différente qu'exigeoit l'attitude du che- val: par exemple, les os des lies ou des hanches font en avant, les os pubis en deffous, & les os ifchions en arrière; on verra que la tête du cheval eft compo- fée à peu près du même nombre d'os que celle de l'homme, que ces os fc correfpondent & ont beau- coup de reflemblance par leur figure & leur pofition dans i'un & dans l'autre , quoiqu'il y ait de grandes différences dans leurs proportions, & dans la figure to- tale qui refulte de leur alTemblage; on Ibra frappé de la vérité des rapports & de leur multitude, l'on s'é- tonnera que la première efpece des quadrupèdes réu- niffe déjà tant de formes humaines; on remarquera 5, dans les parties même qui contribuent le plus à la 5, variété delà figure extérieure, une prodigieuferes- 5, femblance qui nous rappelle nécefTairement l'idée „ d'un premier deiîcin fur lequel tout femble avoir „ été conçu :1e corps du cheval, qui du premier coup „ d'œil paroît li difiércnt du corps de l'homme, lor^- 144 CONSIDERATIONS 5, qu'on vient à le comparer en détail & partie par ,5 partie, au lieu de furprendre par la différence, n'é- 55 tonne plus que par la reiremblancefingulière&pres- 5, que complète qu'on y trouve: en ellèt prenez le ,5 Iquelette de l'homme, inclmez les os du baffin^ ac- j,, courciflez les os des cuilTes^des jambes & des bras, 55 alongez ceux des pieds & des mains, foudez en- 55 femble les phalanges , alongez les mâchoires en rac- „ courciflant l'os frontal ,& enfin alongez auffi l'épine 55 du dos, ce fquelette ceflera de repréfenter la dc- ,5 pouille d'un homme, & fera le fquelette d'un che- 5, val; car on peut aifément fuppofer qu'en allongeant 5^ l'épine du dos & les mâchoires, on augmente en 5, même temps le nombre des vertèbres , des côtes & 5, des dents, & ce n'eft en effet que parle nombre de a, ces os qn'on peut regarder comme accelToircs, & 55 par l'alongemcntjle raccourcilTcment ou la jonction 55 des autres, que la charpente du corps de cet ani- 5, mal diffère de la charpente du corps humain. On 5, vient de voir dans la defcription du cheval ces faits 5, trop bien établis pour pouvoir en douter ; mais 5, pour fuivre ces rapports encore plus loin, que l'on 5, confidere feparément quelques parties effentielles à s, la forme, les côtes, par exemple, on les trouvera 3, dans tous les quadrupèdes, dans les oifeaux, dans 5, les poilTons, & on en fuivrales veftiges ju^ue dans ,, la tortue , où elles paroiflent encore delïïnée par 5, les filions qui font fous fon écaille; que l'on confi- 55 dere, comme l'a remarqué Mr. Daubenton,que le „ pied d'un cheval, en apparence fi différent de la „ main de l'homme, eft cependant compofé des mc- 5, mes os, & que nous avons à l'extrémité de chacun 5, de nos doigts le même ofîèlet en fer à cheval qui 5, termine le pied de cet animal ;St l'on jugera fi cette „ reffemblance cachée n'eft pas plus merveilleufe q'ue 5, les différences apparentes , fi cette conformité con- 5, liante & ce deflein fuivi de l'homme aux quadru- 5, pedes, des quadrupèdes aux cétacés, d.s cétacés „ aux oifeaux , des oifeaux aux reptiles , des reptiles M aux P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 145 aux poifîbns, &c. dans lefquelsles parties cflcnticl- Ics, comme le cœur, les inteftins , Pcpine du dos, les fens, &c. îc trouvent toujours, ne fêmblcntpas indiquer qu'en créant les animaux, l'Etre iuprême n'a voulu employer qu'une idée, & la varier en même temps de toutesles manières pofîîblcs, afin que l'homme pût admirer également, & la magni- ficence de l'exécution & la fimplicité du des- „ fein C*)". Pafîbns à de nouvelles variations de cet exemplaire originaL CHAPITRE CI. L 5. Des OiiH'ch'upedespkds-fourchuSi 'A clafle des pieds-fourchus eft beaucoup plus nom-^ breufe ciue celie des folipcdes. ' Ceux-ci n'ont qu'un feul doigt; les pieds-fourchus en ont deux; mais la dernière phalange de chacun de ces doigts ell encore enveloppée d'une matière de corne , comme dans les folipedes, deforte,par exemple, que le taureau a réel- lement deux fabots à chaque pied ^ quoiqu'on leur donne vulgairement le nom d'ongles, puifqu'ils ren- ferment la dernière phalange de chaque doigt, au lieu que les ongles véritables n'en couvrent que la partie fupérieure dans tous les animaux. Dans quelques efpeces de pieds fourchus, comme dans le taureau, les ergots n'ont que deux oflclets qui répondent à deux phalanges des doigts ; mais dans le cerf, autre pied-fourchu, les ergots ont trois petits os attachés bout à bout comme les trois phalanges des doigts. Cette particularité indique les nuances par lefquellés la Nature transforme le pied -fourchu en (*} Miftoire naturelle de l'âne par Mr. de Bufion, K 145 CONSIDERATIONS fifiipedeicar cet ergot articulé eft l'annonce d'un troi- fiéme doigt. Le cochon eft une autre nuance du paffage des pieds- fourchus aux fifllpedes, & qui approche encore plus de ceux-ci que le cerf. On l'a mis au rang des ani- maux à pied-fourchu, dit Mr. Daubcnton (*), parce qu'il n'a à chaque pied que deux doigts qui touchent la terre, que la dernière phalange de chacun des doigts eft enveloppée dans une fnbftance de corne, & que, fi l'on n'obferve les pieds du cochon qu'à l'extérieur, ils paroiflent très rellemblans à ceux du taureau, du bélier, du bouc, &c. mais dès qu'on a enlevé la peau, on les trouve très différens; car il y a quatre os dans le métacarpe & dans le métatarfe; & quatre doigts dont chacun eft compofé de troi phalanges bien for- mées. Les deux doigts du milieu font plus longs que les autres, & ont chacun un fabnt qui porte fur la terre: les deux, autres font beaucoup pius courts, & leur dernière phalange eft revêtue d'une corne pa- reille à celle des fabots,raais elle fe trouve placée plus haut à l'endroit ou font les ergots des animaux de l'efpece du taureau, du bélier, du bouc, &c. On J3eut dire que ce font deux doigts véritables, comme es autres, quoique plus imparfaits qu'eux. Le cochon qui tient, aux pieds- fourchus parla po- fition des inteftins, & par les parties extérieures de la génération, s'en éloigne pour-fe rapprocher des fifllpe- des par la forme des jambes, par l'habitude du corps , & par le produit nombreux de la génération: car on fait que de tous les quadrupèdes les fiffipedesfuntceux qui produifent le plus (.!)• C*) Defcn'ption du Cochon, et) Hilloire Naturelle du Cochon, par Mr. de Biiffoa. IHK L PHILOSOPHIQUES &c. 147 CHAPITRE CIL 3. Des FiJJJpecies, ES" fiffipedes ont les pieds divifés en quatre ou cinq doigts, & quelques-uns, même dans les plus petites efpeces, ont des mains très refiemblantes à ceilcs de l'homme : telle eft la taupe & d'autres. Les premiè- res efpeces des fifllpedes, 'comme le tigre, le lion , le léopard, le loup, le renard, &c. font de véritables quadrupèdes, en ce que leurs pieds antérieurs ne peu- vent leur fervir de mains, quelle qu'en Toit la forme; mais il y a auffi un grand nombre de fiffipedes, qui fe fervent de leurs pieds de devant comme de mains pour faifir & porter à leur gueule: tels font les ours, les écureuils, les marmottes, les agoutis, & plufieurs au- tres. Cette féconde cladc de fiffipedes, compofe une fuite de quadrupèdes ambigus qui conduit aux qua- drumanes dont nous parlerons bientôt. Parmi ces fiffipedes, il faut encore diftinguer, ceux ui aiment à fe tenir le corps élevé, affis ou accroupis ur leurs fefTes qui peuvent même, quoique plus diffi- cilement, fe tenir & marcher fur les deux pieds de derrière feulement. Ce font autant de nuances qui nous marquent les perfeftionnemens gradués de l'ani- mal prototype. En fuivant ces gradations, on voit la Nature déformer le fquelette du folipede, redrcifer peu-à-pea les os du baffin, alonger les os des cniilés, des jambes & des bras,& au contraire raccourcir ceux des pieds &: des mains, divifer des pièces unies, arti- culer des pièces foudées enfemble, reflérrer l'épine, fupprimer des vertèbres & des côtes, & le rappro- cher ainfi graduellement de la charpente du corps humain. Si dans les opérations la marche de la Nature nous paroît quelquefois incertaine & mal-affurée; s'il nous K 2 l 148 CONSIDERATIONS femble qu'elle opère en tâtonnant, par une voie dé- tournée, ambiguë, c'eft une faufle apparence qui ne vient que de notre ignorance & de nos préjugés, Nous oublions qu'elle ne doit & ne peut lailiér échapper aucune nuance, aucune variation fans le réalifer:nous ne voyons point les différences trop fubtiles des for- mes contigués : nous faifilTons mal les rapports de cel- les qui font plus éloignées: nous ne connoiffons point affez la génération des formes pour juger de ce qu'il falloit précifément pour en amener une particulière j & de ce que celle-ci doit produire nécefiairement & immédiatement. Si nous ne voyons par pourquoi les mains des bimanes deviennent des pieds antérieurs dans les quadrupèdes; pourquoi les doigts déjà développés & divifés, fe reiterrent, & s'unifient dans les folipe- des, pour fe développer & fe redivifer de nouveau dans les fi (Tipedes, pour quoi ils perdent leur ufage dans cette métamorphofe pour le reprendre dans une au- tre; s'il nous lémble-bizarre qu'à des bimanes fucce- dent des quadrupèdes , & qu'à des quadrupèdes fucce- dent des quadrumanes; fi nous jugeons plus fimple que la Nature, ayant une fois atteint une forme, celle des mains par exemple^l'eût confervée dans tou- tes les efpeces fuivantes fans la déguifer, l'altérer, la déformer pour la rétablir enfuitc avec de nouveaux fraix^ gardons-nous de prononcer fur ces conjetStures bazardées, vains phantômes de notre efprit, qui ne repréfentent point la réalité des cliofes. La Nature ne fait rien d'inutile: fa marche eft nuancée, & chaque nuance efi: néceflaire dans le plan total. Les formes que nous prenons fi mal-à-propos pour des irrégulari- tés, des redondances, des inutilités, rentrent dans l'ordre infini des Etres, Si rerapliflent une place qui feroit vuide fans elles. P H 1 L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 149 DOUZIEME PARTIE. CHAPITRE cm. Les Qiiacimmanes, V^'est ici la dernière grande divifion des animaux ^ qui par des gradations très fines doit nous conduire jufqu'à l'homme. Les extrémités des quatre mem- bres des quadrumanes ont la forme de mains, d'où leur vient le nom qui leur a été donné par les mo- dernes. Lé gros doigt de pied qui répond à l'orteil dans l'homme eft très court & fort éloigné des quatre autres doigts: c'eft un véritable pouce; & les quatre autres doigts font aufli ceux d'une main plutôt que d'un pied : outre qu'ils en ont la forme & les propor- tions rcfpéCtiveSj la partie, qui répond à la plante du pied eft encore la paume d'une main allongée & res- ferrée. Les premiers quadrumanes^ c'eft- à dire les plus bas dans l'échelle , font ceux qui ont un mufeau mince & alongé, une queue aufli longue ou plus longue que le corps, les mahis,les loris, les fapujous, les lagoins, &c. A mefure que l'on remonte les échellons fupé- rieurs, cette longue queue fe raccourcit: ce n'eft qu'un petit bout de peau dans le magot, & il n'y en a plus aucun veftige dans le gibbon ; le mufeau fe res- fcrre auffi,&; la face s'applatit graduellement dans les efpeces de quadrumanes, à mefure qu'elles s'élèvent vers l'homme. Le farigue a le mufeau long & poin- tu , le magot l'a plus large ^ & relevé comme celui du dogue , le pitheque a la face plate. Toutes ou prefque toutes les femelles des quadru- leanes font fujettes à un écoulement périodique du K 3 r5o CONSIDERATIONS fang , comme les femmes. Nous aurions déjà du re? marquer plus haut que lu chaleur des chiennes fe ma» nifefte par un écoulement femblable. La plupart des quadrumanes peuvent marcher à quatre ou à deux mains , quoiqu'ils n'aient pas tous une égale aptitude pour ces façons de marcher. 11 y en a qui ne peuvent fe tenir que difficilement fur leurs deux mains de derrière, dcforte que le marcher à qi;atre mams femble leur être feul naturel : obferva- tion confirmée par rinclinaifon des os dubaffin. D'au- tres paroiiïent marcher plus aifément à quatre, quoi- qu'ils puiflent auffî marcher à deux mains fans beau- coup de gêne. Quelques cfpeccs femblent marcher de l'une & l'autre manière avec une égale facilité, & une agilité femblable. Dans les efpeces les plus élevées les os du baffin redrefies, & les cuiflès alongées don- nent à l'individu beaucoup plus d'aptitude'à marcher à deux qu'à quatre mams. Enfin les quadrumanes les plus voillns de l'efpece humaine, ne marchent ja- mais que fur les mains de derrière, & auffi droits que l'homme marche fur Ces pieds: ce qui eft attefté par ceux qui ont vu des jockos & des pitheques. A ces remarques générales faifons fuccéder des dé- tails plus particuliers eii contemplant le plus parfait des quadrumanes. (*) Voici, la defcription de cette jeune femelle de /a pe:ite efpece , celle du grand mâle eft détaillée dans le texte. Animalis rarîoris , Chimpanfée didli , ex Regno Angola I,ondi- num advedi brevior defcriptio. Spcclandum in Tabula , quam hic adjecîmus , Leclori noflro e.-v'nibetur miri & valde tctrici aùlpecirus , forma? & ftatum; hu- manam reFerentis , natur.T, fei-ociiïima; , animal , vix ulli civium nolb-orum vifum unquam-, auditum forte pauciffimis. Patriam agiiofcit Angolam 5 Africannm Rcgnuni, a cujus incolis nomen Chimpanfée accepit. Ex illis oris allatum eft anni 1738 menfe Augufto Londinum ab Henrko Howero , JNIagiftro navis Speaker dicts. Sexiis eft fœminei, altum pcdes duos quatuor pollices , incedens corpore ereclo , aliqua mcmbrorum parte hirfutum , caetera robuftum & mufculofum. Ex ftercore fuo alimenta petit ; ^/V/^r/^ \m £?i7f^ i!;i ? '^ /t tv I y P H ï L 0 s O P H I Q U E s &c. 151 CHAPITRE CIV. VOrang-Outang ^ k Pongo^ "homme des bois ^ le Sa* tyre^ k Barris^ l& Clnmpancéi ^^ h Jocko^ l''tommQ de nuit ^ le Trog ladite^ 'Sc X ous ce noms défignent le même quadrumane, & lui ont été donnés par différens voyageurs ou natu- ralises. C'efi: celui que l'on voit reprefenté à la F/af!- che P^JJ f. ayant à côté de lui une petite femelle de la même efpece, qui n'a encore que quelques poils tore rares fur les hanches (*). L'Orang-Outangn'cfi: pas véritablement un homme, mais il en approche de très près 11 n'effc pas non plus un finge, ou une guenon, car il en diffère beaucoup plus qu'il ne difîcre de l'homme. On peut donc le prendre pour une elpece intermédiaire qui remplit le pallage du finge à Thomme, & c'eft ainfi que nous l'envifagcons. Un des plus favans &: des plus célèbres Naturaliftcs de ce fiéclc vient de recueillir avec beaucoup de foin & de difcernement ce que les voyageurs les plus véri- diqiies & les anatomiftes les plus exaits ont écrit fur fed amat etiain potuni Thex, quam homimim more ex yafculo bibit. Honini pntterea fomnum imitatur, nec prorfus ingenio caret , ipfa eciam voce garnilitatem Ininianam exprimens. JMares , cum ad aitatem adultam venerunt. fœmiuas humanas ftupro pe- tiint , «Se viios eciam armatos ad piignam provocant. Idem fe- piffime ab hiiius , in a^rc exprcfll matre , pedum qiiinque altitudi- iiem ajqnante , facliim , quam nifi telo fiiftiilifTet Mauriis quidam, vix in ejus imquam manus fœtus hic veniHet. Hujus, ipenies mium &: viginti nati , imaginem Londini aifabre in œre inlculplît Scotinus, artifex peritus .."confilium fi refte fufpicamur,_ fecutus Joannls Sloûmi, Regix Icieniiarum Societatis pr^fidis, cujus etiani nomini, quicquid cft pcregrini hujus monftri, infcriptuni vide- inus. Cuius imagmis nuper cxemplum nafli, ut regni eciam ani- malis liiiloria hinc lucem acciperet, eam dextra quadam manu repetcndam hic curavimus. A'^ova a&a eruditoïinii cnno 1739 j?».- ilicava Lypfus. Mer.f. Septevib. pa/r. 564 & 565. K 4 152 CONSIDERATIONS l'extérieur & l'inte'rieur de cet animal; nous ne fau^ rions mieux faire que d'en rapporter ici le réfultat» Ainfi c'eft d'après Mr. de Bufîbn que nous allons ex- pofer en ab''cgé les différences qui diftinguent cette efpecc de l'cfpece humaine , & les conformités qui l'en approchent. L'Orang-outang diffère de l'homme à l'extérieur par le nez, qui n'eft pas proéminent, par le front qui eft trop court, par le menton qui n'eft pas relevé à la bafe; il a les oreilles proportionnellement trop gran-. des, les yeux trop voifins l'un de l'autre , l'intervalle entre le nez & la bouche eft auffi trop étendu: ce font là les feules différences de la face de cet animal avec le vifage de l'homme, & l'on voit combien elles font légères. "Le corps &; les membres différent en ce que les cuis-r fes font relativement trop courtes, les br^s trop longs, les pouces trop petits, la paume des mains trop lon- gue & trop ferrée, les pieds plîitôt faits comme des mains que comme des pieds humains: nous verrons bientôt que cette dernière différence fouffre quelque modification. Les parties de la génération du mâle ne font diffé- rentes de celles de l'homme qu'en ce qu'il n'y a point de frein au prépuce; les parties de la femelle font à l'extérieur fort femblables à celles de la femme. Une particularité remarquable c'eft que le mâle defire auffi ardemment la compagnie des femmes que de là femel- le. Ces animaux tachent de furprendre les negreffes, &; s'ils en peuvent attraper, ils les gardent pour en jouir , les nouriffant bien & ne leur faifant au- cun mal. A l'intérieur cette cfpece diffère de l'efpece humaine par le nombre des côtes: Thomme n'en a que douze, i'orang outang en a treize ; il a auffi les vertèbres du cou plus courtes, les os du baffin plus ferrés, les han- ches p: us plates, les orbites des yeux plus enfoncées; il n'y d point d'apophyfe épineufe à la première ver- tèbre du cou ; les reins font plus ronds que ceux de P H I L 0 s 0 P H T Q U E s. &c. 153 l'homme , & les uretères ont une forme différente, aulTi bien que la veffie & la veficule du fiel qui font plus étroites & plus longues que dans l'homme. Toutes les autres parties du corps, de la tête & des membres, tant extérieures qu'intérieures, font fi par- faitement femblables à celles de l'homme, qu'on ne peut les comparer fans admiration; & fans être étonné que d'une conformation W pareille & d'une organifa- tion qui elt abfolument la même, il n'en refaite pas les mêmes eflets. Par exemple , la langue & tous les organes de la voix font les mêmes que dans l'homme, & cependant l'Orang-outang ne parle point; le cer- veau efi: abfolument de la même forme & de la même proportion , & il ne penfe pas. Il faut convenir néan- moins que la penfée & la parole que nous refufons à cet animal fmgulier, lui font accordées par Mr. Lin- naîLis d'après Kjoep & quelques autres voyageurs. Ce favant Naturalifte Suédois dit expreflëment que l'Orang-outang penfe, qu'il parle & s'exprime en fifflant : Homo nocîurnm. Homo /I/vep-h Ormg-OiJitâng Bou- î'iî. Corpus album , 'mcej[/u erecium , pili alhi conîorîupli- catî^ oculi orhiculaù^ iridi pupïllaque aurea. Pa'pebrce antice incumhntes cum membrana mcî'itante. Vifus na- turalisa nociurnus. Die cœcutit ; mcîu vïdet ^ exït ^ fu~ ratur. Lommur fibilo , cogitât ^v crédit fui caufâ faciam îellurem) Je aliquando iterum fore imper antem^ fi fides pe- regrinatoribus.,. habitat in Jav<£^ Amhoina,^ Ternata fpeluncis (*). L'Orang-Outang a des fefiTes & des mollets, comme l'homme, & par conféquent il efi: fait pour marcher debout comme nous: il a la poitrine large, les épaules applaties, & les vertèbres conformées comme nous: il a le cerveau, le cœur, les poumons, le foie, la rate, le pancréas, l'efiiomac, les boyaux abfolument pareils aux nôtres: il aauflî une appendice verraicu- (■*} Lin. Syflema Natune Edit. X. p. K5 i54 CONSIDERATIONS laire au cœcum; enfin l'orang-outang rcffcmbic plus par ]c phyfique à l'homme qu'à aucun des animaux, plus même qu'aux babouins &l aux guenons, non- fculemcnt p r toutes les parties que je viens d'indi- quer, mais encore par la largeur du vifagc, la forme du crâne & des mâchoires, par la forme Si le nombre des dents, par les autres os de la tête & de la face, par la groiTeur des doigts & du pouce, par la figure des ongles, par le nombre des vertèbres lombaires & facrées, par celui des os du coccix;, & enfin par la conformité dans les articulations, dans la grandeur & la figure de la rotule, dans celle du fternum, &c.;en îorte qu'en comparant cet animal avec ceux qui lui reflcmbicnt le plus, comme avec le magot Je babouin ou la guenon ,il fe trouve encore avoir plus de confor- mité avec l'homme , qu'avec ces animaux dont les élpcces cependant paroillent être fi voifinesde lafienne qu'on les a toute? defignées par le même nomdefingCj mais dont nous jugeons que i'Orang-Outang doit être diftingué, comme formant une efpece intermédiaire entre elles & l'efpece-humaine. Si l'on devoit le réu- nir à quelqu'autre efpece, fa forme extérieure lui mé- riteroit un rang parmi les hommes ;& les Indiens font excufables de l'avoir aflbcié au genre humam par le nom d'orang-outang, homme-fauvage, puifq,u'il res- fcmblc à l'homme par le corps plus qu'il ne reffemble auK autres finges ou à aucun autre animal: ce nom a été adopté par les voyageurs & les Naturaliftes qui l'ont nommé bomo màurnus ^ homo filvejhh ^ Pbomme (les boîs^ the man oftbe zooocfs ; & pour le moins , il mérite tout aut;;nt commencer l'efpece huniaine, que l'homme mérite de terminer l'efpece des quadrupè- des à la tête de laquelle on fait que Mr. Linnaius l'a Dlacé. L'Orang-Outang a la face plate, nue & bazanée, les oreilles, les mains, les pieds, la poitrine & le ven- tre auiïi nus; il a des poils far la tête qui defcendent en forme de cheveux des deux côtés des tempes, du poil fur le corps & fur les lombes, mais en petite quan- C^/,VlcÂr IZZ. ^,7/?,' J-ff_ P H i L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 155 titc; & il y a des hommes qui en ont beaucoup plus que lui. Il a cinq ou fix picd'^ de hauteur, avec un corps auffi bien proportionné que celui de l'homme. Quoiqu'il foit conformé pour marcher debout , com- me les doigts de Tes pieds font fort longs & que Ton talon pofe plus difficilement à terre que cekii de l'hom- me, il court plus facilement qu'il ne marche, & il au-, roit befoin de talons artificiels, plus élevés que ceux de nos Ibuliers, fi l'on vouloit le faire marcher aifér ment & longtemps. On peut inférer de ces décails que les feules diffé- rences eflentielles entre le corps de cet animal & celui de l'homme, fe réduifent à deux, favoir, la confor- mation des os du baffin & la conformation des pieds; ce fonc-là les feules parties confidérables par lefquelles l'orang-outang relTemble plus aux autres finges qu'il ne reilemble à l'homme. Encore la dernière diffé- rence n'eft-elle pas auffi marquée & auf^ confiante c^u'on pourroit le croire par l'infpeétion de quelques individus feulement. Elle eft très fenfible dans le jocko dont on voit la figure dans r Hifioire Naturelk générale S particulière avec la DefcripHon du Cabinet du Roi. Elle l'eft également dans la petite femelle qiie l'on voit ici (^Planche VJIl.^ Mais le pongo ou grand Orang-Outang, celui qui eft égal en ftature à l'hom- me, a le gros doigt de pied plus femblable à l'orteil du pied humain , & le talon plus bas. Je puis alTurcr avoir vu le pied déiîeché d'un pongo dont les doi"-ts rcfiémbloient encore plus à ceux du pied de l'horamcj qu'on ne le voit ici fur la figure, quoique déjà ce pied ne foit plus celui du jocko ^ ou orang-outang de la petite efpece. Je reçus auffi en 1752. de la côte d'Angoie un fœtus-pongo que l'on voit à la Plancha AY. & dont les pieds font tout-à-fait humains. Le front y paroît moins court que dans le jocko , le men- ton eft un peu plus relevé, les oreilles relativement moins grandes, & mieux à leur place, les cuifies & les bras plus proportionnés; deforte que le pongo, qui reilemble plus à l'homme par la ftature & la gran- 15*5 CONSIDERA T IONS deur que Icjocko, lui reflemble audi davantage par les ibnncs & les proportions particulières de la face & des membres. La longueur des cuifles indiqueroit peut-être que les os du baffin y ont plus de confor- mité avec ceux du fquelette humain, que les os du baffin du petit orang outang. Si ces obièrvations étoient fuffifamment confirmées par la vue & l'anatomie de plulieurs pongos, on au- roit un prcfqu'homtne qu'il feroit difficile de diftin- guer, piir la forme extérieure, de l'homme véritable; & le grand vuide du linge à 1 homme paroîtroit rem- pli. On auroit aprè*.les, fagoins, les fapujous & les guenons qui ont de longues queues, les babouins à queue courte; puis le magot qui n'a qu'une appa- rence de queue^ le grand & le petit gibbons, avec le^ pithcque qui n'ont point du tout de queue, & qui marchent a deux mains , le corps droit; cnfuite le jocko ou petit Orang-outang; le pongo ou le grand Orang-outang; & enfin l'homme, dont nous allons diltinguer plufieurs races, finon plufieurs efpeces. CHAPITRECV. D'um efpêce particulière d' bomme-marin ^ peut-être quadrumane. /jL v A N T que de parler de l'homme & de fes varié- tés, je vais rapporter le relation d'un nouveau mon- Itre mariri. „ En l'année 1720. le 8 Aoiàt, jour de jeudi, les 5, vents variables étant à l'eft-lud-efl:, à vingt-huit ou 5, trente bralîes d'eau, fept navires en vue mouillant 5, fur le banc de Terre-neuve, il parut fur les dix „ heures du matin abord d'un vaiffeau François nom- 5, mêla Marie de grâce, commandé par Olivier Mo- 5, rin 5 un homme marin qui premièrement fe mon- „ tra à bas-bord fous le theux ou baril du Contre- P H I L 0 s 0 P H I 0 U E s &c. 1^7 Maître, appelle Guillaume TAumone. Auffi-tôt celui-ci prit une gaffe pour le tirer à bord; mais le Capitaine l'en empêcha, de crainte qu'il ne l'en- traînât avec lui. Par cette raifon , il lui en donna feulement un coup fur le dos fans le piquer. „ Lorfque le monftre fe fentit frapper, il prêta le vifage, au Contre- Maître, comme un homme en colère qui eût voulu faire un appel. Maigre cela il ne 1 aida pas de palTer dans les lignes en nageant, pour faire le tour du vailfeau. Quand il fut derrière il prit le gouvernail avec fes deux mains: ce qui obligea l'équipage de mettre deux palans, de peur qu'il ne tît quelque dommage. 11 repafla enfuue par ftribord, nageant toujours comme eût pu faire un homme véritable; & lorfqu'il fut à l'avant du vaifleau, il s'arrêta à regarder la figure qui étoit celle d'une très-belle femme. Après l'avoir long- temps confiderée il prit la foubarbe du Beaupré, &c s'éleva hors de l'eau pour tâcher, à ce qu'il fem- bloit,de faire tomber la figure. On attacha une mo- rue à une corde, & on la laifla pendre à côté du vailfeau. Il la prit & la mania, fans la rompre. „ 11 nagea enfuitc au vent du vailfeau environ la longueur d'un cable; & palfant par derrière, il prie de nouveau le gouvernail. Le Capitaine ayant fait préparer un harpon , cITaya lui-même de le har- ponner; mais parce que le cordage n'étoit pas paré, il manqua fon coup. Le manche frappa feulement fur le dos de l'homme marin, qui à ce coup prêta long-temps le vifage au Capitaine, comme il avoic fait au Contre- Maître 5 & avec les mêmes geftes. Après cela le monil:re paffa à l'avant du Navire, &; s'arrêta encore à confidérer la figure; ce qui enga- gea le Contre - Maître à fe faire apporter le harpon. Mais craignant que cet homme Marin ne fût la vifion d'un matelot nommé /«Ci9;;w///«^, qui l'année précé- dente le 18 du mois d'Août s'étoit défait à bord du même vaifleau, fa main tremblante adrefla mal le coup; en forte que pour la troifiéme fois le monftre 158 CONSIDERATIONS „ ne fut frappé que du bâton auquel le harpon dtoit „ attaché. Alors il préfenta encore le vifage d'un air „ menaçant, comme il avoit fait les deux premières „ fois. Cela ne l'empêcha pourtant pas de fe rappro- „ cher encore davantage du bord -, & de prendre une •55 ligne avec laquelle péchoit un matelot nommé Jean „ Marie; après quoi il nagea de nouveau au vent en- 5, viron la portée d'un coup de fufil. „ Il revint enfuite à bord très - proche , & s'éleva 5, encore hors de l'eau jufqu'au nombril ; enforte que 55 tout l'équipage remarqua parfaitement qu'il avoit 5, le fein auffi plein que celui d'aucune fille ou femme, „ quoique ce fût un mâle, comme on le vit auffi-tôt. 5, Car il fe renverfa enfuite fur le dos, & prit avec „ fes mains fes parties naturelles, d'une grofleur Se „ d'une figure pareilles à celles d'un cheval entier, „ après quoi il fit de nouveau le tour du navire, & 5, prit encore le gouvernail. De-là nageant lente- „ ment, il s'éleva hors de l'eau, & tournant le dos, 5, il fit fes immondices tout contre le vaiffeau. Après „ cala il s'éloigna de forte qu'on le perdit de vue. „ Ce manège avoit duré depuis dix heures du ma- „ tin jufqu'à midi , le monftre ayant toujours été „ pendant ce teiVips-là proche du vaifiTeau , fouvent à 5, deux ou trois pieds de diftance; en forte que l'é- „ quipage compofé de trente -deux -hommes eut le j, plaifir & la commodité de remarquer les particula- „ rites fuivantes : qu'il avoit la peau brune & bafa- „ née, fans écailles ; tous les mouvemens du corps, „ depuis la tête jufqu'aux pieds, tels que ceux d'un „ véritable homme; les yeux fort bien proportion- 5, nés; la bouche médiocre eu égard à la longueur du „ corps, qui futeftimée par tout l'équipage, de huit „ pieds; le nez fort camard, large" & plat; les dents „ larges & blanches; la langue epaifle; les cheveux 5, noirs & plats , le menton garni d'une barbe mous- „ feufe, avec des mouftaches de-même fous le nez; 53 les oreilles femblables à celles d'un homme; les pieds 5, & les mains pareils , excepté que les doigts étoienc PHILOSOPHIQUES &c. 159 ç, joints par une pellicule telle qu'il s'en voit aux pat- ,5 tes des oies & des canards. En général c'étoit un ,5 corps d'homme auffi bien fait qu'il s'en voie ordi- 5, naircment. „ Ce détail eft tiré d'un procès-verbal qui en fut 3, dreùé par un nommé Jean Martin Pilote de cevais- „ feau, figné du Capitaine & de tous ceux de l'équi- „ page qui favoient écrire , & qui fut envoyé de „ Breft par Mr. d'Hautefort à Mr. le Comte de Mau- 5, repas le 8 Septembre 1725 c*)-" Je Ibupçonne que cet homme-marin, plus grand que l'homme ordinaire, pouvoit être auffi quadrumane ^ en ce que les doigts de Cqs pieds étant unis par une membrane comme ceux de fcs mains, ils dévoient être beaucoup plus longs que ceux du pied de l'hom- me, s'étendre & s'écarter comme ceux de la main pour fervir de rame & faciliter l'aftion de nager. Il eft probable auffi que le talon devoit être fort élevé, peut-être entièrement effacé &, ces formes dévoient donner naturellement à un tel pied, la figure d'une main marme. Quoi qu'il en foit de ces conjectures, ce fliit fuffi- famment attelle nous montre dans la mer un près- qu'homme qui répond à l'Orang-outang tcrreftre, & mérite d'être placé à côté de lui dans l'échelle des l.tres , comme un animal très voi fin de l'homme véritable. C) Telliamed, Tome II. i5o CONSIDERATIONS A TREIZIEME PARTIE. CHAPITRE CVI. De r Homme (5? ^es dijffh-entes races humaineSi I . Les Hommes à queue. la vue de l'Orang-outang on eft tenté de deman- der, que lui manque t-il pour être un homraeP En voyant certaines races d'hommes , on oferoit prefque dire, quels animaux font-ce-là? Le pongo n'a point de queue; le gibbon & le pitheque, efpeces inférieu- res au pongo, n'ont point de queue. Ce fuperflu, prolongement exceffif de l'épine, paroît un caractère diftind'tifde la brute; & dès qu'il manque, on voit l'animal prototype prendre la forme humaine. Ce- pendant il y a des hommes, reconnus pour tels, qui ont une queue. La marche de la Nature feroit-elle retrogadc? non: mais elle efl: finement nuancée. Le pongo tient à l'efpece humaine par une infinité de res- femblances: l'homme devoit tenir, par d'autres traits, à des efpeces fort au deflbus du pongo. On trouve dans l'Ide de Manille des noirs qui vi- vent dans les rochers & les bois , menant une vie de brutes ; on en a vu plufieurs qui avoient des queues de quatre à cinq pouces, comme les Infalaires dont parle Ptolémée. (*) Le Voyageur qui rapporte ce ce fait, dit que les femmes de ces Satyres accouchent dans les bois, comme les chèvres, & vont auflî-tôt fè laver f (*) GemelU Caveri, Voyage du Tour du Monde, Tome V. Paris I7:i7' P-'g*^ ^5' 'îô. P H I L 0 s O P H I Q U E s &c. ' i6î îaver & leur fruit auffi dans les premières rivières, ou autre eau froide: ce qui fcroit mourir une femme d'Europe. Il ajoute que des Millionnaires Jcfuites, dignes de foi, lui ont afluré que les Manghiens qui habitent le cœur de l'Ifle de Windoro voifme de Ma- nille ont auflî une queue de quatre à cinq pouces, qu^ils n'ont aucune forme de gouvernement, qu'ils vont nuds, qu'ils fe nourriffcnt de fruits fauvagcs ; que quelques-uns pourtant du territoire de Nauhan ont embradë la foi catholique {*). Jean Struys (f) dit avoir vu de fes propres yeux dans rifle Formolè, un homme qui avoit une q'ueu-e longue de plus d'un pied, toute couverte d'un poil roux, &: fort fcmblable à celle d'un bœuf; cet hom- me à queue alTuroit que ce défaut ;, fuppofé que c'en fût un, venoit du climat, & que tous ceux de la par- tie méridionale de cette Ifle avoient des queues comme lui. Cette queue efl: fort différente pour la forme & les dim.enfions de celle que portent les noirs de Ma- nille, les habitans deMindoro, de Lambry, &c, II pourroit doncy avoir plulieurs races différentesd'hom- mes à queue, qui differaflent par la longueur de cette partie, comme nous avons diftingué les guenons & les fapajous à longue queue, des babouins à queue courte. „ Les hommes qui ont des queues peuvent- ils être j,, les fils de ceux qui n'en ont point? Comme le^ „ finges à queue ne defcendent certainement point de „ ceux qui font fans queue ^ ne feroit-il pas naturel „ de penfer de-même, que les hommes qui naiflènt 5, avec des queues font d'une efpece différente de ceux ), qui n'en ont jamais eu? Auflî font-ils encore ca- „raftérifés par des qualités fort difl^érentes. je fais 5, que bien des gens fc perfuadent ou qu'il n'y a point; „ d'hommes avec des queues, ou que s'il s'en trouve C*) Vzs.e 87. CO Voyages de Jean Struys, Rouen 171p. Tome I. p. ico. Lé i52 C 0 K s I D n R A T 10 K S 5, quelques-uns, c'cft une erreur de la Nature, on „ bien un effet ae l'imagination des mères. IMais ceux 5, qui penfent de la forte fe trompent certainement g, en fuppofant que les hommes & les femmes de cette „ efpece, ou bien n'exiilent point, ou du moins font „ fort rares. Il eft vrai que la turpitude attachée à 5, cette difformité, le caraftère farouche & de peu 5j d'efprit de tous ceux qui y font fujets^ leur pilofité 5, naturelle ^ les oblige à le cacher des autres hommes p, avec lefquels ils vivent. Ils prennent le même foin 55 pour leurs enfans; & ceux-ci inftruits par leurs pa- ,5 rensa en ufent de-même à l'égard de leur poftérité. 5, Du refte il eft conftant que cette race d'hommes à 5, queue eft beaucoup plus nombreufe qu'on ne fe l'i- 5, magine ; & que ce proverbe li commun parmi „ vous f *). Homines caudan^ pour défjgner des gens „ fans efprit, n'eft nullement métaphorique. Il eft 5, fondé fur la vérité. 11 y a beaucoup de ces hom- 5, mes en Ethiopie: il y en a aux Indes, en Egypte, 5, en Angleterre , furtout en Ecoffc ; toutes vos rela- 3, tions en font foi. On en trouve même en France, 5, où j'en ai vu plufieurs. Mais je me contenterai fur 9j cet article de quelques faits récens & affez voifins 5, de vous pour que vous foyez à portée de les vé- 9, rifîer. „ Le Sr. Cruvillier de laCroutat qui fit avec fuccès 5, & avec courage la courfe contre les Turcs & qui 5, périt en Caramanie dans un vaifleau qu'un des Of- 5, ficiers de fon bord, pour fe venger de Ion Capi- 5, taine, fît fauter en l'air en mettant le feu aux pou- 55 dres, a été aulli connu par la queue avec laquelle 5, il étoit né, que par '^es Nègres de Serra-Liona ne font pas tout-à-fait aufli noirs que ceux du Sénégal, mais ils le font plus que ceux du Cap Verd. En étudiant les variétés de la couleur des races nègres ^ on y trouvera toutes les teintes intermédiaires du noir au brun; en comparant leurs traits, leur taille, les proportions de leurs mem- bres, on verra la Nature perfeélionnant fans cefle, mais lentement, l'efpece humaine en multipliant les générations , réformant chaque fois quelque trait. Com^ bien lui a-t-il fallu de fiécles pour laver la peau du vScnégallois, je ne dis pas par le mélange avec le làng du Blanc , mais par la gradation nécefTau'e des formes qui embraflé également la couleur des furfaces & la texture des parties (*)? CHAPITRE CVIII. 3. Les Hottentots. o. N ne connoît guère les peuples qui habitent „ Tes côtes & l'intérieur des terres de l'Afrique depuis (*) „ Le Blanc avec la Noire , ou le Noir avec la Blanch» „ produifent également un Mulâtre dont la couleur eft brune, „ c'eft-à-dire mêlée de blanc & de noir , ce Mulâtre avec un Blanc „ produit un fécond Mulâtre moins brun que le premier; & fi c» j, fécond Mulâtre s'unit de même à un individu de race blanche , ^ le troifiéme Mulâtre n'aura plus qu'une nuance légère de bruf „ qui difparoîtra tout-à-fait dans les générations fuivantes : il ne 4 iaM donc que cent'Cinqusote ou deiu ceas ans pour law ^ h 5 î^o C 0 N s I D E R A T i O N s ^ le C:ip-Negre jufqii'aLi Ca^ des Voltes, ce qui fait 5, une étendue d'environ quatre cens Lieues: on fait 5, fcuieraent que ces hommes font beaucoup moins .„ noirs que les autres Nègres, & ils reflemblent alTez 5, aux Hottentots, defquels ils font voilîns du côte du „ midi. Ces Hottentots au contraire font bien con- „ nus 3 Sz prefque tous les voyageurs en ont parlé: ,5 ce ne font pas des nègres, mais des Caffres qui ne y, ferroient que bafancs's'ils ne fe noircilToient pas la „ peau avec des graiiles & des couleurs. M. Kolbe s, qui a fait une dcicription (\ exacte de ces peuples, 5, les regarde cependant comme des Nègres, il aifure .„ qu'ils ont tous les ciie veux courts, noirs, frifés &c 3, laineux comme ceux des Nègres (f), & qu'il n'a j, jamais vu un foui Hottentot avec des cheveux „ longs: cela feul ne fuiiit pas, ce me femble, pour î, qu'on doive les regarder comme de vrais Nègres; „ d'aburd ils en différent abfolument par la couleur. „ M. Kolbe dit qu'ils font couleur d'olive, & jamais ,, noirs, quelque peine qu'ils fe donnent pour le de- ^■i venir ;cnfLiite il me paroît allez dilTicile de pronon- „ ccr fur leurs cheveux, puifqu'ils ne les peignent ni ^, ne les lavent jamais, qu'ils les frottent touslesjours 5, d'une très grande quantité de graiffe & de fuie mê- 5, lées enfemble,^ qu'il s'y amaife tant depou(rière& „ d'ordure que fe colant à la longue les uns aux au- „ peau d'un Nègre par cetie voie du mélange avec le fang du „ Blanc , mais il faudroit peut-ôtre un allez grand nombre de fié- „ clés pour produire ce même effet par la feule influence du cli- „ màr. Dapuis qu'on tranfporte des Nègres en Amérique, c'efl- „ à-dire depuis environ deux cens cinquante ans, l'on ne s'eft „ pas ap-perçu que les familles noires qui fe font fouteuues fans -, mélange, aient perdu quelques nuances de leur teinte originelle : „ il eft vrai que ce climat de l'Amérique méridionale étant par .,, iHi-méme affcz cliaud pour brunir fes habitans, on ne doit pas „ s'étonner que les Nègres y demeurent noirs : pour faire l'expé- j, rience du changement de couleur dans l'efpece humaine , il fau- „ droit tranfporter quelques individus de cette race noire du Se'- jvïiéga) tn Dannemarck ,où l'homme ayant communément la peau ,» iblanciie , les chevpux blonds, les yeux bleus, la différence du ,*4i«^' &: l'oppolitiou dg couleur eft la plus grande. 11 faudroit P H L I O s O P H I Q U E s &c. 17J: a, très 5 ils reiromblent à la toifon d'un mouton noir 5, re'ii plie de crotte (*). D'ailleurs leur naturel eft j, différent de celui des nègres; ceux-ci aiment la pro- „ prêté , font fedentaires ,& s'accoutument aifémcnt au s, joug de larervitude;les Hottentots au contraire font 5, de la plus affreufe mal-propreté , ils font errans ^ indé- „ pendans & très jaloux de leur liberté; ces differen- „ ces font ^ comme l'on voit ;, plus que ruffilantes pour 5, qu'on doive les regarder comme un peuple diffé- 5, rent des Nègres que nous avons décrits, 5. Gama, qui le premier doubla le Cap de Bonne- 3, ETnerance & fraya la route des Indes aux Nations 5, Européennes, arriva à la baie de Sainte-Hclcne le 5, 4 Novembre 1497. il trouva que leshabitansétoient „ fort noirs, de petite taille & de fort mauvaife mme Si et)? î^'ïais il ne dit pas qu'ils fuflent naturellement 5, noirs comme les Nègres, & fans doute ils ne lui ont „ paru fort noirs que par la grailTe & la fuie dont ils „ fe frottent pour tâcher de fe rendre tels; ce voya- „ gcur ajoute que l'articulation de leur voix reflem- 5, b'oit à des foupirs, qu'ils ctoient vêtus de peaux ,, de bêtes ^ que leurs armes étoient des bâtons dur- 9, cis au feu, armés par la pointe d'une corne de 5, quelque animal, &c. Ct)« Ces peuples n'avoient „ donc aucun ufage des arcs en ufage chez les Nègres. 5, cloîtrer ces Ner^res avec leurs femelles , & conferver fcrupuleu- 5, fement leur race, fans leur permettre de la croifer: ce moyeu 5, eft le fcul qu'on puifle employer pour favoir combien il f:iu 5, droit de temps pour réintctîrer à cet égard la Nature de l'hom- 3, me ; & par la môme raifon combien il en a fallu pour la clian- 5, ger du blanc au noir." En tentant l'expérience inverfe, on pourroit counoître combien il faudroit de temps pour noircir ia pe.-.u des races blanches par la feule influence du climat , ou des autres caufes naturelles. (*_ Defcription du Cap de Bonne-Efperance par M. Kolbe, Ainflerdim i"4i. page 95. (t) ïd"m, pas;. 92. ^*) Voyez l'Iliftoire générale des Voyages , par M. l'Abbé Pr?-> Vàt, Tonic I. p. 22, et) Ibidem, 172 CONSIDERATIONS „ Les voyageurs Hollandois difent que les Sauva- „ ges qui font au Nord du Cap, feint des hommes „ plus petits que les Européens, qu'ils ont le teint „ roux-brun, quelques-uns plus roux & d'autres 55 moins , qu'ils font fort laids & qu'il cherchent a le „ rendre noirs par de la couleur qu'ils s'appliquent „ fur le corps & fur le vifage, que leur chevelure eft „ fembable à '-elle d'un pendu qui a demeuré quel- „ que temps au gibet (*}. Ils difent dans un autre ,5 endroit que ks Hottentots f)nt de a couleur des 55 mulâtres, qu'ils ont le vifage diilbrme, qu'ils font 5, d'une taille médiocre, maigres & fort légers à la j, courfe;que leur langage eft étrangers: qu'ils glous- 55 fent comme des coqs d'Inde C]^. Le Peri' Tachard „ dit que , quoiqu'ils aient communément les che- „ veux prefqu'auffi cotonneux que ceux des Nègres, 5, il y en a cependant plufieurs qui les ont plus longs ,5 & qui les laiffent flotter fur leurs épaules, il ajoute 5, même que parmi eux il s'en trouve d'aiiffi blancs „ que les Européens, mais qu'ils fe noirciflent avec „ de la graiffe & de la poudre d'une certaine pierre 5, noire dont ils fe frottent le vifage & tout le corps; ,5 que leurs femmes font naturellement fort blanches, „ mais qu'ann de plaire à leurs maris elles fe noir- ,, ciflent comme eux (§). Ovington dit que lesHot- „ tcntots font plus bafanés que les autres Indiens , ,', qu'il n'y a point de peuple qui reficmble tant aux ., Kegres par la couleur & par les traits 5 que ccpcn- 5, dant ils ne font pas fi noirs, que leurs cheveux ne 5, font pas fi crépus, ni leur nez fi plat (§§). „ Par tous ces témoignages il eft aifé de voir que „ les Hottentots ne font pas de vrais Nègres , mais des C*) Voyez le Recueil des Voyages de la Compagnie de Hol- lande, p. 218. Cf) Idem , Voy. le Voyage de Spitzberg. p. 443. (§3 Voyez le premier Voyage du P. Tachard, Paris 1686, p. io3. CSSJ Voyez le Voyage de Jeaa Oviugton, Paris 1725, p. 194. PHILOSOPHIQUES &c. 173 ,j hommes qui dans la race des noirs commencent à ,, fe rapprocher du blanc, comme les Maures dans „ la race blanche commencent à s'approcher du noir; 5, ces Hottentots font au refte des efpeces de Sauva- 3, gcs fort extraordinaires; les femmes furtoutqui font 5, beaucoup plus petites que les hommes, ont une „ efpece d'excroifiance ou de peau dure & large quî „ leur croît au-delTous de l'os pubis, & qui defcend „ jufqu'au milieu des cuifles en forme de tablier (*^. „ Thevenot dit la même chofe des femmes Egyp- 5, tiennes, mais qu'elles ne laiifent pas croître cette „ peau & qu'elles la brûlent avec des fers chauds: je 5, doute que cela foit aulfi vrai des Egyptiennes que j, des Hottentotes ; quoi qu'il en f jit , toutes les fem- 5, mes naturelles du Cap font fujettes à cette raon- „ ftrueufe difformité, qu'elles découvrent à ceux qui „ ont alfcz de curiofité ou d'intrépidité pour deman- 3, der à la voir, ou à la toucher. Les hommes de „ leur côté font tous à -demi -eunuques, mais il cft ,j vrai qu'ils ne naiilcnt pas tels & qu'on leur ôte un 3, tefticule ordinairement à l'âge de huit ans & fou- „ vent plus tard — „ Tous les Hottentots ont le nez fort plat & fort ,5 large , ils ne l'auroient cependant pas tel fi les mé- „ res ne fe faifoient un devoir de leurapplattirlencz, „ peu de temps après leur naiflance, elles regardent „ un nez proéminent comme une difformité, ils ont „ auffi les lèvres fort grolfes, furtout la fupérieure, „ les dents fort blanches, les foucils épais, la técc „ grolTe, le corps maigre , les membres menus; ils ne „ vivent guère paffé quarante ans &c. (fj.'' Voiia un ft)rt vilain peuple dont l'Afpeét hideux prouve que la Nature j qui en s'éloignant de l'equa- teur a éclairci le noir des races nègres , en a pourtant (*) Voyez la Defcription du Cap. par M. Kolbe Tome I. page 91. Voyez aiitil le Voyage de Courlai , page 291. (t) ililloire Naturelle générale & particulière avec la Defcrip- lion du Cabine: du Roi. Tome VI. Edit. in- 12. page 3,0 & fui^. Î74 C O N S I D E H A T I O N S chargé la laideur dans les Hottentots. Cette excrois- fance de la peau du pubis, particulière aux femmes, & beaucoup plus étrange que la queue des Nègres de Manille & de Mindoro,leur ftature petite & mal pro- portionnée, leur malpropreté, leur ftupidité, leur naturel indifciplinablc , leurs greffes lèvres, leur nez plat & large qu'ils s'efforcent d'a^^lattir encore davan- tage, leur vie plus courte de moitié que celle de l'hom- me , & leur voix femblable au cri du coq d'Inde ou à des foupirs, qui paroît faire la nuance du cris des joc- kos à la voix humaine; tout cela rapproche les Hot- tentots des brutes. On a dit que TOrang outang étoit un animal. Sous un mafque humain. On pourroit dire qu'un Hottentot eft un homme dcguifé fous les traits , la voix & les mœurs d'un animal. L CHAPITRE CIX. 4. Des autres Caffrss. iA nouvelle Hollande nous offre des races Hotten- totes affez femblabîes pour la couleur & la figure à celles que nous venons de décrire. Les Caffres de la côte orientale d'Afrique, par exemple, ceux de la terre de Natal, de Soffala, du Monom.otapa, de Mo- zambique , de îvielinde , de Madagafcar & des Ifles voi- fmes; ainfi que les habitans des Maldives, de Ceylan, de la pointe de la prefqu'ille de l'hide, de Sumatra, de Malaca, des Philippines, ^c. font un peu débar- bouillés. Ils font plus grands, moins laids & moins mal-propres, que les Hottentots: iis ont en général le nez mieux proportionné, les membres moins me- nus.& quelques- uns ont une mine affez agréable quoi- qu'ils foient extrêmement bruns. Ainfi les traits de l'humanité s'adouciffent fenfiblement & prennent de la régularité, en remontant vers l'orient; c'eft tout le contraire vers le nord. PHILOSOPHIQUES &c. 175 C H A P I T R E ex. 5. Les Lappotis â'Ettrops^ les Sanwïedcs cTAJJe^ les Sauvages cité Détroit ch Davis eit Amérique. A, .u Nord de l'Europe, de l'Afie & de FAmérique, on trouve des hommes que Pon prcndoit volomiei's pour une race d'avortons contrefaits- tant ils font pe- tits & laids! Leur face eft-celle de l'Orang-outang, li elle n'cft pas plus difforme: Un vifage large & plat, un nez ii peu proéminent qu'il ne s'élève prefque pas au dellus de l'os de la mâchoire fupérieure, ime bouche extrêmement grande, des joues très élevées, un men- ton étroit & prefque entièrement effacé, l'ouverture des yeux petite & retirée vers les temples, une greffe tête, des cheveux prefque auffi durs que des crins, des oreilles grandes & rehauflees, enfin l'iris de Pœil jaune & le teint d'un brun jaunâtre: que l'on com- pare ce portrait à celui de l'Orang-outang, & que l'on décide leguel eft le plus difforme (*). Pour achever cette caricature , figurez-vous un cou extrêmement court j un corps dur & nerveux, de quatre pieds de hauteur, quelquefois moins, une ftrudture large 8i quarrée, des membres courts, gros & trapus: une voix grêle , peut-être femblable au fîfflement que Mr. Linna2us donne à l'homme-des-bois ; du refte paffant toute fa vie fous terre ou dans des cabanes enterrées dans les ténèbres d'une nuit deplufieurs mois, & con- noilTant peu les maladies qui affligent Phumanité. Elt - ce-là un homme ? Afin que l'on ne foit pas tenté de m'accufer d'avoir chargé les traits de ce portrait. Je vais appuyer ce que je dis de quelques autorités refpeétables. C"') Voyez ci-devanf Chapiîre CIV-, xi6 CONSIDERATIONS On trouve en Laponie & fur les côtes feptentrio- nales de la Tartarie , dit Mr. de Buffon d'après des re- lations autentiques, une race d'hommes de petite fta- ture, d'une figure bizarre, dont la phyfionomie eft auflî fauvage que les mœurs. Ces hommes paroilTent avoir dégénéré de l'efpece-humaine, ajoute ce favant Naturahfte. Tous ces peuples, favoir les Lappons,les Samoïedes, les Tartares feptentrionaux , les ^iroen- landois, & le fauvages au Nord des Efquimaux, ont le vifage large & plat (*), le nez camus & ccrafé, l'iris de l'œil jaune-brun & tirant fur le noir (t), les paupières retirées vers les temples (§), les joues ex- trêmement élevées , la bouche très grande , le bas du vifage étroit, les lèvres grofTes, & relevées, la voix grêle 3 la tête grofle, les cheveux noirs Sz lifiTes, la peau bafanée; ils font très-petits, trapus quoique mai- gres ; la plupart n'ont que quatre pieds de hauteur , & les plus grands n'en ont que quatre & demi. Cette race eft comme l'on voit^ bien différente des autres, il femble que ce foit une efpece particulière dont tous les individus ne font que des avortons (c'eft toujours Mr. de Buffon qui parle) ; car s'il y a des différences parmi ces peuples, elles ne tombent que fur le plus ou le moins de difformité ; par exemple , les Boran- diens font encore plus petits que les Laiflbns, ils ont l'iris de l'œil de la même couleur, mais le blanc eft d'un jaune plus rougeâtre, ils font auffi plus bafanés, ils ont les jambes greffes, aulieu que les Lappons les ont menues. Les Samoïedes font plus trapus que les Lappons, ils ont la tête plus groffe, le nez plus large, & le teint plus obfcur, les jambes plus courtes, les genoux plus en dehors, les cheveux plus longs & moins de barbe. P) Voyage de Renard_Tome I. de fes Oeuvres ,p. 16^. Voyez aulfi il Genio Vagance del conte Aurelio degli Anzi iq Parma 1691. & les Voyages du Nord faits par les Hollandois. et) V. Linnœi Fauna Sueci» 1746. p. i, C-§3 Voyez la Martinière . page 39. ï» H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 177 de barbe. Les Groenlandois ont encore la peau plua bafannee qu'aucun des autres, ils font couleur d'olive foncée; on prétend même qu'il y en a parmi eux d'auffi noirs que les Ethiopiens. Chez tous ces peu- ples, les femmes font auflî laides que les hommes, & leur relfemblent fi fort qu'on ne les diil:inguc pas d'a- bord ; celles de Groenland font de fort petite taille , mais elles ont le corps bien proportionné, elles ont auifi les cheveux plus noirs & la peau moins douce que les Samoïedcs; leurs mammelles font molles & (i longues qu'elles donnent à teter à leurs enfans par defliis l'épaule, le bout de ces mammelles eft noir comme du charbon, & la peau de leur corps eft cou- leur olivâtre très-foncée. Quelques voyageurs diiènt qu'elles n'ont de poil que fur la tête & qu'elles ne font pas fujettes à l'évacuation périodique qui ell: commune à leur fexe ; nous verrons bientôt ce qui a donné lieu à cette méprife. Elles ont le vifage large, les yeux petits, très-noirs & très-vifs, les pieds courts aulTi- bien que les mains, & elles rcfTemblent pour le reiî:e aux femmes Samoïedes. Les Sauvages qui font au Nord des Efquimaux, & même dans la partie fepten- trionale de l'ifle de Terre-neuve, relfemblent à ces Groenlandois; ils font, comme eux de très-petite fta- ture, leur vifage eft large & plat, ils ont le nez ca- mus, mais les yeux plus gros que les Lappons C*)» Lqs Samoïedes, dit un lavant qui en a vu plufieurs (t), font pour la plupart d'une taille au delfous de" la moyenne: ils ont le corps dur & nerveux ^ d'une ftruk^ure large & q narrée, les jambes courtes & me- nues, les pieds petits, le cou court & la tête grofle à proportion du corps , le vifage applati , les yeux noirs & l'ouverture des yeux petite, mais alongée, le nez C*) Voyez le Recueil des Voyages du Nord 1716. Tome I. p. 1.30 & Tome III. p. 6. et) Mémoire fur les Samoïedes & les Lappons. „ Quant à r H I L 0 s 0 P H I Q U È s &c. 179 fliirant les apparences exifte fort rarement , quand même la Nature ne les auroit pas eile-mcin.: d;ar;ir ie à cet égard, parce que les Samoïedes ont coutume ue les époufer fort jeunes, dès l'âge de dix an^;. La Phyfionomie des femmes reflcmble parfaitement à celle des hommes, excepté qu'elles ont les traits tant foit peu plus fubtils, le corps plus mince ^ les jambes pkis courtes, & les pieds très-petits i d'ailleurs il cli fort difficile de dill:inguer les deux fexes par la phvfi -no> mie. Ceux qui ont prétendu que les femmes Sa- moïedes ne font point fujettes aux évacuations pério- diques, fe font trompés; c'eft une particularité fur laquelle j'ai pris des informations exaftes: cependant il eft vrai qu'elles ne les ont que très-foiblcment &:en petite quantité. Une autre particularité également conftatée, c'eft qu'elles ont toutes les maramelles pla- tes & molles en tout temps, lors-même qu'elles font encore pucelles, & que le bout en eft noir comme du charbon, ce qui leur eft commun avec les Lap- pennes Quant aux fauvages qui habitent les terres du Dé- troit de Davis ils font fort fèmblables aux L^ipp ons d'Europe & aux Samoïedes d'Aile. Ils font petits ^ trapus, d'un teint olivâtre: ils ont des jambes courtes & groflés. Les Sauvages de Terre-neuve font auffi de petite taille, comme on l'a dit plus haut, ils n'ont „ & celui de Chafo-.vâ, on voit bien que c'eft-l:i une écymoi-io-ie j, chimérique comme tant d'autres. Il vaudra donc mieux , à mon s, avis, en chercher une qui ait du rapport avec la lan'^ue de5 „ nations voifines. Et comme il ell certain que les Finnois ont „ habité dans les temps reculés la plus grande partie des contrées „ du Nord , le mot de Sùoma , qui fignifie en langue Finnoife uii „ Marais _pcut bien avoir fervi d'origine au nom de Samoïede y, comme il eft vraifemblablement aufli Fétymologie du mm de ^ Samrdnntfch que les Lappons fe donnent dans l'etu: propre îau- y, guc j & encore celle du nom de Somameh.^ que les Careliens y, affectent à leur Nation. Dans les Chanceleries Ruffiennes , lej ^ Samoïedes portent le nom de Sirogiu'sz} qui défigne des petis ^ qui mangent des choies crues. Voilà tout ce que j'ai pu dé- „ couvrir de moins incertain fur la dérivation du nom de cm f, peuples." M â i8o CONSIDERATIONS que peu ou point de barbe , leur viPage eft large & plat, leurs yeux gros, & Us font généralement allez, camus. Le voyageur qui en donne cette defcription dit qu'ils reflemblent allez bien aux fauvages du con- tinent feptentrional & des environs du Groenland (*}, On en peut conclure que tous les habitans du Nord tant de l'Europe que de l'Afie & de l'Amérique font les plus miferables, les plus laids & les plus ftupides de toute Pefpece. Ces peuples fi grofllers^ menant une vie dure, trifte & prefque toute fouterraine, par- viennent néanmoins à une très -grande vieilleiïe. CHAPITRE CXI. 6. Sauvages au corps ^ au vifage. velus. \^ u E le prototype a de peine à quitter les formes hideufes de la brute pour revêtir les belles formes de l'homme! Les Sauvages de la baie d'Hudfon & du Nord de la terre de Labrador, ainfique ceux du pays d'Yeço au Nord du Japon dans l'ancien continent, reflemblent aux Lappons d'Europe & d'Amérique en ce qu'ils font laids, petits &raalfaits comme eux; en ce qu'ils paflent l'hiver fous terre ,& l'été fous des tetcs faites de peaux de bêtes , en ce qu'ils couchent tous pêle- mêle fans diftinétion commeeux , en ce qu'ils fe nourris- fent de chair crue ou de poiiïbn cru , & qu'ils vivent long- temps comme eux; mais ils en dilTérent en ce que les Lappons & les Samoïedes n'ont que peu ou point de barbe, au lieu que ces fauvagcs-ci ont non-feulement une» barbe très épaifl^e , mais encore prefque tout le vifage & le corps aulïi velus, qu'un ours. Cette par- (*) Voyez le Recueil des Voyages au Nord. Rouen i-i6. Tome IIL page 7, P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. i8i ticularité les fait regarder, avec raifon, comme une race feparéc des autres. CHAPITRE CXII. 7, Lss Ojîiaqws §f ks Tongufes, L F s Oniaqiics & les Tongufes font la nuance en- tre les Lappons dont on vient de parler, & les Tar- tares dont il fera queftion dans le Chapitre fuivant. Les Samoïedes & les Lappons font environ fous le 68 ou 69111c degré de latitude; les Oftiaques & les Tongufes fous le 5o"ic degré; les Tarcares au 551110 degré le long du Volga. Les Oftiaques quoique petits & mal faits, font peut-être un peu moins raccourcis & un peu moins laids que les Samoïedes. Les Tongufes font un tant foit peu moins petits & moins laids. Ils vivent de poillbn ou de viande crue , ils mangent la chair de toutes les efpeces d'animaux fans aucun apprêt, ils boivent plus volontiers du fang que de l'eau. Ils font errans^ grofîîers, ftupides & bru- taux (*). L CHAPITRE CXIIL 8. Les Tartares. 95 A Nation Tartare prife en général, occupe des pays immenfes en Afie, elle eft répandue dans toute (*) Hiftoire Naturelle générale & particulière, &c. Tome VI. Edit. in- 12. M 3 i82 CONSIDERATIONS „ l'étendue de terre qui cil: depuis la Ruflîe jurqii'à j, Kamtrchatka , c'cft à-dire, dans un efpace de onze 9, ou douze cens lieues en longueur, fur plus de fept 5, cens cinquante lieues de largeur, ce qui fait un 5, terrein p'us de vingt fois plus grand que celui de 5, la France. Les Tartares bordent la Chine du côté „ du Nord & de l'Ouell^ les royaumes de Boutan, 9, d'A'.'a, l'empire du Mogol & celui de la Perfejus- „ qu'à la mer C.ifpienne du côté dn Nord, ils fe font „ auffi répandus le long du Volga & de la côte occi- 5, dentale de la mer Cafpienne jufqu'au Daghcftan, 53 ils ont pénétré jufqu'a la côte feptentrionale de la 3, mer noire, & ils fe font établis dans la Crimée & 5, dans la petite Tartarie près de la Moldavie & de 5, l'Ukraine. „ Tous ces peuples ont le haut du vifage,fort large 5, & ridé, même dans leur jeunelTe, le nez court & 53 gros, les yeux petits & enfoncées (^), les joues 5, fort élevées, le bas du vifage étroit, le menton long 5, & avancé, la mâchoire fupérieure enfoncée, les 3, dents longues & féparées, les fourcils gros qui leur 3, couvrent les veux, les paupières épaiiïes, la face 5, plate, le teint bafanné -Si olivâtre, les cheveuxnoirs; 35 ils font de ftature médiocre, mais très-forts & très- „ robuftes, ils n'ont que peu de barbe, & elle eltpar 5, petits épis comme celle des Chinois, ils ont les 3, cuines grofles & les jambes courtes; les plus laids ,5 de tous font les Calmuques dont l'afpect à quelque 5, chofc d'effroyable: ils font tous errans & x^aga- ,, bonds, habitans fous des tentes de toile, de feutre, 5, de peaux; ils mangent de la chair de cheval, de j, chameau, &c. ci'ue, ou un peu mortifiée fous la ,^ felle de leurs chevaux, ils mangent auffi du poiflbn 5à defTéché au foleit. Leur boiiTon la plus ordinaire s, eft du lait de jument fermenté avec de la farine de et) Voyez les Voyages de Rubrufquis , de Alajc-Paul , de Jean Smiys, du Père Avril, <5cc. P H I L O s O P H T Q U E s. &c- 183 ç), millet; ils ont prefque tous la tcte rafée, à Tcxcep- „ tion du toupet qu'ils laiilent crokre affez pour en 5, faire une trèfle de chaque côté du vifage. Les fem- „ mes, qui font auffi laides que les hommes, portent 5, leurs cheveux , elles les treflent & y attachent de „ petites plaques de cuivre & d'autres ornemens de „ cette efpece — „ Pour reconnoître les différences particulières qui „ fe trouvent dans cette race Tartare, il ne faut que „ comparer les defcriptions que les voyageurs ont „ faites de chacun des différens peuples qui la com- „ pofent. Les Calmuques, qui habitent dans le voi- „ fmage de la mer Cafpienne, entre les Mofcovites & 3, les grands Tartares, font, félon Tavernier, des 5, hommes robuftes , mais les plus laids &; les plus dif- „ formes qui foient fous le ciel ; ils ont le vifage fi plat 5, & fi large que d'un œil à l'autre il y a l'elpace de „ cinq ou fix doigts, leurs yeux font extraordinaire- 5, ment petits , & le peu qu'ils ont de nez eft fi plat „ qu'on n'y voit que deux trous au lieu de narines, 5, ils ont les genoux tournés en dehors & les pieds en 3, dedans. Les Tartares du Dagheftan font, après les „ Calmuques, les plus laids de tous les Tartares: ks „ petits Tartares ou Tartares Nogais , qui habitent „ près de la mer noire, font beaucoup moins laids „ que les Calmuques, mais ils ont cependant le vifa- „ ge large , les yeux petits & la forme du corps fera- 5, blable à celle des Calmuques. Les Tartares Vagoliftes 5, en Sibérie ont le vifage large comme les Calmuques, 3, le nez court & gros, les yeux j^etits, & quoique „ leur langage foit différent de celui des Calmuques, 3, ils ont tant de reffemblance qu'on doit les regarder „ comme étant de la même race. Les Tartares Bra- ^ tski font, félon le Père Avril 3 de la même race que 5. les Calmuques. A mefure qu'on avance vers l'o- 9, rient dans la Tartarie indépendante, les traits des „ Tartares fe radoucifîént un peu , mais les caractères „ efîentiels à leur race refient toujours; & enfin les 9, Tartares Mongoux qui ont conquis la Chine , & M 4 l84 CONSIDERATIONS „ qui de tous ces peuples étoient les plus policés, font ,a encore aujourd'hui ceux qui font les moins laids &: 5, les moins "malfaits, ils ont cependant, comme tous 5, les autres, les yeux petits, le vifage large & plat, 3, peu de barbe , mais toujours noire ou roufle (*) , 5, le nez écrafé & court, le teint bafanné mais moins 5, olivâtre Les peuples du Thibet & des autres pro- j, vinces méridionales de la Tartarie, font, aufTi bien „ que le6 Tarares voilins de la Chine, beaucoup moins 5, laids que les autres (0." L CHAPITRE CXIV. p". Les Chinois S ks Japonnois , c?^. ES Chinois defcendent peut-être des Tartares aux- quels ils relTcmblent par plufieurs traits marqués. Les Chinois ont en général le vifage large, les yeux petits, les fourcils grands, les paupières plates & élevées, le nez camus, quelques épis de barbe à chaque lèvre & fort peu au menton. Ils ont alfez ordinairement la taille épaifle, le teint bafanné & la ftature commune: les femmes chmoifes font mieux faites que les hom- mes, au rapport des voyageurs, la taille plus déga- gée, mais le nez également écrafé & les autres traits du vifage à la Chinoife. Les Japonnois font affez, femblables aux Chinois: feulement ils font plus jaunes, ou plus bruns; mais du rcftc, ils ont la taille ramaflce, un vifage large & plat, le nez écrafé, de petits yeux, & peu de barbe. Nous mettrons ici les Cochinchinois , les Tunquinois , les Siamois, les Péguans , les habitansd'Aracan ,de LaoSj (^*) Voyez Palafox , p. 444. et} Hiftoire Naturelle générale & particulière &c. Tome \'I. ï;;rit. in- 12. PHILOSOPHIQUE S.&c. 1S5 & autres contrées voifines^ qui ont tous des figures chi' noifes un peu variées; les Cochinchinois &. les Tun- quinois n'ont pas le vifage auffi plat, ni le nez auffi ca- mus que les Chinois. Les Siamois ont le corps mieux fait, mais leur front fe rétrécit fubitement & Ce ter- mme autant en pointe que leur menton: ils ont aulTî de petits yeux placés obliquement. Les-habitans des Royaumes de Pégu & d'Aracan ont la forme du corps & la phyfionomie chinoifes, ils font feulement plus noirs. L CHAPITRE CXV. 10. Les Indiens^ Hommes à grojjès jambes. ES peuples qui habitent la prefqu'ifle de l'Inde font tous plus ou moins olivâtres ou jaunes. A cela près ils relTemblent allez aux Européens pour la taille & les traits du vifage. Les corps y font peut-être plus petits, fur tout dans les femmes, mais pour dédom- magement les jambes & les cuilfes font fort longues. Je dois pourtant diftinguer parmi les Indiens, les habitons de Calicut qui forment comme deux races particulières, difterentes entre elles, & différentes des autres races Indiennes. Les Naires de Calicut, qui font les nobles, font bien faits: ils ont une taille éle- vée; mais on voit parmi eux de certains hommes & de certaines femmes qui ont les jambes auffi groffes que le corps d'un autre homme. Cette difformité n'elî point une Maladie, dit Mr. de Buffon (f), elle leur vient de naiffance; il y en a qui n'ont qu'une jambe &: d'autres qui les ont toutes les deux de cette grolTeur monftrueufe ; la peau de ces jambes eft dure & rude comme une verrue : avec cela ils ne laiffent pas d'être (♦^ Au même endroit, M 5 166 CONSIDERATIONS fort difpos. Voilà un étrange écart de la Nature dans le temps qu'elle commence a donner une plus belle forme à l'efpece humaine. On trouve encore des hom- mes à groflcs jambes à Ceylan Pour les Moucois , qui font les Bourgeois de Calicut, ils femblent être d'une race inférieure à ce^ic des autres Indiens: car ils font, hommes & femmes, plus laids, plus jaunes, plus malfaits & plus petits ('^j. CHAPITRE CXYI. II. Les Tir fans i les Arabes ^ ks Egyptiens^ les Maures. X DUS ces peuples font des nuances intermédiaires entre les Indiens & les habitans des climats les plus tempérés ou font les plus beaux hommes. Du ving- tième degré de latitude feptentrionale , au trente-cin- quième, les corps, quoique d'une couleur brune & bafannée, font beaux &; bienfaits: ils préparent par degrés le beau teint & les belles proportions. On trouve chez les Maures des femmes d'une extrême blancheur, d'un teint de lys &derofes, d'une taille grande & dégagée» (*■) Voyages de François Pyrard. Recueil des Voyages qui ont fervi à rdtablinement de la compagnie des Indes de Hollande. Voyage de Jean Huguens. P H I L O s 0 P H I Q U E s &c. 187 CHAPITRE CXVII. 12. Les Efpagmh ^ les Portugais^ les Frafiçois , les anglais ^ les Ho II an dois , les Alkmands^ les Suè^ dois 3 (es Polonais 3 les Danois. c. 'es peuples Européens font bienfaits, ils ont les traits réguliers , les membres bien proportionnés , mais ils ne nous offrent point encore le chef-dœuvre de la Nature, cette beauté noble & fublimcj qui plaît par el e-mcme, & non par les mignardifes de l'art, ni par la reflburce des paffions , ni même par le prelligc des grâces, le fupplément de la beauté. Ce qui marque la marche graduée & variée de la Nature, ce qui prou- vé d'une manière fenfible par combien de nuances elle s'élève lentement au fuprême degré de la beauté jC'eft que tous ces peuples ont un air nationnal qui fait que chacun cil différent des autres, & eft aufli aifé à di- ftinguer par la phyfionomie, que par le langage ou l'habillement. Les Efpagnols tiennent beaucoup des habitans de la Barbarie par une taille maigre & afTez petite, par un teint jaune & bafanné; cependant ils ont une belle tête & de beaux yeux. Aux environs de Bidalfou ils ont les oreillesd'une grandeur exceflîve. Les Portugais tiennent des Efpagnols. Les François, les Ang;ois, les Hollandois & les Allemands font plus blancs que les Efpagnols & les Portugais, ils ont auîïî une taille plus avantageufe. Ils font encore éloignés de la perfeÂion de l'efpece humaine. En comparant les individus , on trouve que la plupart font audeiïbus de h beauté médiocre. On rencontre partout des traits à demi-ébauchésjlesnez aplatis, ou aquilins,dcs têtes communes , des figures qui ne fignifient rien , des mem- bres mal-aflbrtis , des corps grêles ou trop chargés de chair, des ftaturcs raccourcis, des jambes maffives, àes mains gtoffièrement tournées; dans quelques p;*o- 1^8 CONSIDERATIONS ^ vinces de la France & ailleurs près de la motié de l'es- pèce eft contrefaite. Chez tous ces Européens, on compte les beaux hommes & les belles femmes : en- core ce ne font que des beautés nationales, c'eft-à- dirc des beautés fuivant les idées qu'ont produites les plus belles formes du pays (*) parmi lefquelles on en trouveroit bien peu qui fuffent dignes de fervir de inodeles au){ peintres du vrai beau. Les Danois font les plus blancs de tous les peuples. Mais ce blanc de jait trop cblouïflant n'effc pas favorable à la beauté: il eft: fade: il devroit être légèrement bruni. Auffi, tout le refte égal;, une blonde n'ell: pas auiïi belle qu'une brune, CHAPITRE ÇXVIII. Lss Italiens^ les Turcs, /es Grecs 3 les ClrcaJJiens & les Géorgiens. .u centre des différentes nations nommées dans les deux Chapitres précédens , on trouve les Ita- liens ^ les Turcs, les Grecs, les Circaffiens & les Géoigiens. Ces peuples font , fans contredit , les plus belles races de l'efpece humaine. Ils jouiflent de tous les avantages naturels. C'eft chez eux qu'il faut aller contempler le chef-d'œuvre de la Nature, les plus belles formes & la ftructure la plus excellente lous le plus beau ciel. Dans les belles Provinces d'Italie, dit Mr. AVinckcl- mann, on voit peu de ces figures ignobles que l'on rencontre a chaque pas au delà des Alpes. Les traits (*) Ces idées de la beauté nationale font fi fortement emprein- tes dans l'efprit des Artirtes que Rubans niêiiie , après avoir de- meuré plufieurs années en Italie, n'a pu leur en fubltituer de plus parfaites , & a toujours deiïinc les figures comme s'il n'eût jamais vu que les formes de fon pays. P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. i85> y font partout nobles & bien marqués; la forme du vifagc 3' eft ordinairement grande & pleine, & parfaite- ment proportionnée dans toutes lés parties. Cette beauté de forme eft frappante jufques dans le bas peuple. La tête du dernier artifan pourroît-ctre pla- cée dans les compofitions héroïques; & il ne feroit pas difficile de trouver parmi les femmes de la der- nière claiTe du peuple, même dans les villages les moins confidcrables^ un modèle pour faire une Ju- non. Naples, qui jouit , plus que les autres provin- ces d'Italie, d'un ciel doux & tempéré, produit en quantité de ces formes dignes de fervir de modèle au beau idéal, c'eft-à-dire au beau naturel, épuré, élevé jufqu'à la pcrfeétion divine (*J. Si les Italiens, dit un Anglois, font feuls capables, parmi les modernes, de peindre la beauté, c'eft qu'ils ont la bafe de ce ta- lent dans les belles figures qu'ils ont continuellement fous les yeux: cette contemplation affidue du beau naturel fait qu'ils le copient avec tant de vérité (f}. On voit peu de vifages grêlés en Italie. C'eft dans leur propre pays que les Artiftes Grecs prirent les modèles de ces ftatues dont nous admirons les fragmcns, & qui, toutes mutilées qu'elles font, ferviront éternellement de règle pour les belles pro- portions. Dans l'ancienne Grèce, il y avoit dcsjeux publics où les jeunes-hommes venoient difputerleprix de la beauté. Les prêtres de plufieurs Dieux, nepou- voient être que des adolefcens qui euiîént mérité ce prix (Ç). Il y avoit de femblables fêtes inftituécspour les jeunes filles à Sparte, à Lesbos, à Paros. Polybe dit qu'aucune Nation ne pouvoit être égalée aux Grecs pour la beauté (§§). Le lang des Grecs modernes quoi- que fort mélangé eft encore renommé pour fa beauté. (*) Hiftoire de l'Art chez les Anciens , Tome I. Traduclion Françoife. (t) Là-mème. a) Pauniuias Lib. VII. <5c IX. 6D Polyb. Lib. V. ipo CONSIDERATIONS On ne trouve point parmi eux de nez écrafé, celui de tous les défauts qui défigure le plus un vifage. Un célèbre Anatomiftc a obfervé que les têtes des Grecs & des Turcs ont la forme de l'ovale d'une plus belle proportion que les tctes des Allemands & des Fla- mands (*}, Les Artiftes Grecs fixèrent les idées de la beauté d'après les modèles de leur nation, & ces idées ont été univcrfellement adoptées partout où les arts ont fleuri. On en retrouve les traits dans les mê- mes contrées, ainfi que dans la Circaflie & la Géorgie. On y retrouve le profil Grec, le p'-eraier caraétère de la beauté du vifage, qui n'admet qu'un enfoncement très doux & très léger entre le front & le nez ; on y retrouve les fourcils des Grâces, ce font ceux destém- mes Circaffiennes,qui,par la finefle & la fubtilité des poils, ne femblent être qu'un filet de foïe recourbé; ce front modérément grand , poli , & également cour- be dans tous les points qui fe répondent; les yeux & les mains de la Pallas de Phidias; la taille riche' & no- ble de la Venus Grecque; cette fublimc harmonie de toutes les parties du corps qui frappe dans l'Antinous &'dans Niobé. Un trait de. beauté remarquable dans les femmes Géorgiennes, Circaffiennes & Turques, c'eft la rondeur pleine du menton fans apparence de follette. Cette fofiette n'eft en effet qu'un agrément accidentel qu'on ne trouve ni dans Niobé, ni dansfes filles, ni dans la Pallas que poffede le Cardinal Alba- ni, ni dans l'Apollon du Belvédère (j). Le fang de Géorgie eft fi univcrfellement beau qu'on ne trouve pas un laid vifage dans ce pays, & la Na- ture a répandu fur la plupart des femmes des grâces qu'on ne voit pas ailleurs, elles font grandes, bien- faites, extrêmement déliées à la ceinture, elics ont le vifage charmant {{). Les hommes font auffi fort Ç*) Vefal. de Corp, hum. fabrica. Lib. I. Cap. V. et} Hiftoire de l'Arc chez les Anciens, par Mr, WinckeïmaniJ, (I) Voyages de Ciiardin : Hiftoirt^ Naturelle générale & par» ticulière Un autre chien n'avoit qu'un œil, & point de nez ni de gueule. Sa tête difforme n'étoit qu'une mafle à peu près ronde ou oblongue, fans autre accompa- gnement que deux -oreilles & un œil. Le refte du corps n'avoit rien de raonftrucux. Nous avon^ parle d'hommes à fix doigts à chaque main & à chaque pied. Un autre homme n'avoit à chaque main que le feul doigt index, fans qu'il parût aucun veilige de tous les autres doigts ^ excepté une portion du pouce que l'on fentoit fous la peau en tou- chant ces mains difformes (t). Un enfant venu à terme, bien formé & bien nourri , mourut prcf^ue en naiflant, il fut ouvert: on trouva qu'il n'avoit que la bafe du crâne, & point de cerveau ni de cervelet. C'étoit une fille. Un autre enfant mâle vécut douze ou quinze heures, quoiqu'il n'eût aucune trace de cerveau ni de cervelet ^ mais feule- ment un -grand efpace vuide à leur place. Un fœtus monftrueux n'avoit ni cervelle ni cervelet, ni moelle épiniére. Un enfant venu à terme, n'ayant auffi ni cerveau ni moelle épmiere, a pourtant vécu 21 heu- res. Mr. de Littre difféqua en 1701 un fœtus mon- ftrueux qui avoit vécu huit mois dans le fein de la mère où elle l'avoit fcnti, remuer jufqu'à ce temps. Il n'avoit que la bafe du crâne. Cette bafe étoit cou- verte d'une membrane qui étoit double, d'un tiffii fort ferré, & qui ne contenoit dans fa duplicature au- cun veftige de moelle, mais feulement les nerfs & les vaiffeaux fanguins, qu'on trouve ordinairement à la bafe du crâne. Les nerfs avoient fenfiblement leur eommenceraent à la fuperticie inférieure de la partie (*) journal des Savaiis , An. 1683. (t) Rldmoires de i'Acridûsie Royale des Sciences de Vms^ ai). 1733, f> H I L O s 0 P II I Q U Ë s &c. 207 fupérieiire de la membrane qui les renfcrraoit & ils failbient trois lignes de chemin dans la duplicature, avant que de fortir de la baie du crâne pour s'aller dillribuer aux autres parties du corps Enfin le canal de l'épine de ce fœtus monftrueux, étoit ouvert par derrière dans toute Hi longueur , de la largeur de neuf lignes, il etoit tapilTc de la même membrane que la baie du crâne; elle étuit de raêaie vuide de moelle & contenoit feulement les nerfs, & lesvaiiïeaux fanguins particuliers à l'épine. Ses deux parties étoient telle- ment colécs enlemble ou avec les vailTeaux qui étoient dans fa duplicature, qu'il ne reitoit entre elles aucune apparence de canal (*J. ^ En 1709. Mr. Mery reçut d'un Médecin Danois la defcription d'un fœtus à terme monftrueux par la tête. Elle étoit plus petite qu'a l'ordinaire, & la face prefque toute couverte de poils a voit quelque chofe d'affreux. Au milieu du front, il y avoit une petite protubérance charnue j & dirc6tement au-dtlTbus un œil de figure triangulaire, revêtu de fes paupières gar- nies de leurs cils; mais la fupérieure n'avoit point de fourcils. Ce fœtus n'a voit que ce feul œil dont on diftinguoit parfaitement bien la conjonâ:ive,la cornée tranfparente & la prunelle. Il n'avoit ni bouche, m nez; de-îà vient, dit-on, qu'il ne pouvoit pas rcfpi- rcr, ce qui lui a caufé la mort peu de jours après être foni dvi lèin de fa mère. Les oreilles occupoient la p!ace du menton, mais elles n'avoient point de con- duit extérieur. Notis avons dit que ce petit monfrre n'avoit point de nez; il ne faut pas oublier aufli qu'il n'avoit point de nerf oîfaélif, & que l'os ethmoïde étoit fans trous; il auroit donc été privé de l'odorat s'il eût vécu (t). Un autre fœtus fans nez, & avec un feul œil placé au milieu du front , offre des circonftances un peu î ■) Hiftoire de l'Académie Royale des Sciences de Paris- t) Là-même, Aji. 1/09. 2o8 CONSIDERATIONS différentes. La place du nez, étoit unie, plate & de niveau avec le refte de la face: la peau n'en étoit per- cée d'aucune ouverture; le delTous de cette peau étoit folide, n'ayant point les creux nécellàires pour for- mer les deux fofles nafales, & pour loger les lames offeufes avec la membrane qui les tapille; auffi tout cela manquoit,& on n'en obfervoit aucun veffcige. Le vifage portoit un feul œil placé au centre de la partie inférieure du front, comme on nous dépeint celui des Cyclopes. 11 y avoit pourtant deux fourcilsqui avoient confervé leur place ordinaire ainfi que les deux pau- pières dénuées de cils. Le globe de l'œil étoit rond à l'ordinaire, & corapofé de la conjonctive * de la fclé- rotique & d'une cornée de figure ovale. Au travers de cette cornée on diftinguoit deux petits corps ronds. Le globe ouvert, on n'y vit point de choroïde, mais on reconnut que les deux petits corps ronds étoicnt les deux yeux renfermés fous une même enveloppe & pofés l'un à côté de l'autre. Quoiqu'ils n'euflént qu'un globe commun, ils avoient chacun fon nerf optique, fa rétine, fes ligamens ciliaires, fon iris, fon humeur vitrée, fon cryltallin. 11 n'y avoit que î'hu- nicur aqueufequi leur fut commune. Toutes leurs parties étoient fort petites, excepté les deux cryllal- lins qui, à peu de chofe près, avoient leur grandeur naturelle C*)- En T]i6. une femme accoucha d'un enfant mort qui n'ccoit ni garçon ni fille, car il ne paroiflbit fur fon corps, aucune marque de lèxe , & il n'y avoit au dedans aucune des parties nécellaires à la génération. Il n'avoit point auffi d'anus; &: les fefies avoient la même rondeur en devant que par derrière. 11 fortit du fein de fa mère avec une exomphale ou le foie, la rate, ï'eftomac &: tous les inteftins étoient renfermés. Les (*) Là-méme. PHILOSOPHIQUES &c. 509 Les fefles n'étoient réparées en devant & en derriète que par une petite ligne peu profonde (|}. Le même Académicien de Paris, que je viens de nommer dans l'inftantj vit &diiréquaen 1720 unmon- ftre humain parfait en défaut. C'etoit une filie qui vint à fix mois, fans tête, fans bras, fans cœur, fans poumons, fans eftomac, fans reins, fans inteftins grê- les, fans foie, fans veficule du fiel, fans ratte, fans pancréas. Une autre fille naquit avec elle du mLine accouchement : elles étoient toutes deux enveloppées dans les mêmes membranes, & n'avoient à elles deux qu'un feu! placenta, d'où fortoit un cordon unique qui, dans le milieu de fa longueur fe divifoit pour s'al- ler terminer au nombril^e chaque fœtus. Je ne puis me difpenfer de parler encore d'un autre fœtus monftrueux par défaut dans le même genre. Ce- lui-ci étoit un petit mâle fans tête^ fans po.trine, fans bras, n'ayant que le bas -ventre, les lombes , les hanches, lescuiffes, les jambes & les pieds, en un mot n'ayant qu'environ la moitié inférieure d'un corps humain. La hauteur de ce demi-corps n'étoic que de fept pouces, mais fa groffeur étoit énorme. Le haut ou le fommet en étoit arrondi & couvert égale- ment par la continuation uniforme de la même peaa qui en couvroit tout le relie, & qui etoit partout à l'ordinaire , fans aucune altération extérieure. Les plantes des pieds étoient tournées l'une vers l'autre, les talons en-haut & les orteils en-bas. Environ à la diftance d'une ligne & demie au delllis du nombril, il y avoit une petite éminence cutanée, en forme de bouton moUalle , inégal, & garni par en-haut de pe- tits poils.clair-femés. Sur un des bords faillans de ce bouton, on voyoit une autre pc-tite éminence cytanée plate, peut-être femblable a une très petite oreille in- forme, fans ouverture. Immédiatement au defibus <*) Lk-mims, Année 1716. O 210 C 0 N S I D E R A T I 0 iN S de la portion inférieure de la circonférence du bouton; étoïc un petit enfoncement en torme d'embouchure, dont la largeur & la prufondeur nVtoient pas tout à- fait d'une ligne. Voila tout Tcquivalenc d'une t^ie, des bras, & de toute la partie lupérieure du corps qui manquoit à ce fœtus (*). o CHAPITRE CXXVII. Monfires par excès. N lit dansîe Journal des Savans- du Lundi 23 Juin 1681. la Relation fuivante fous ce titre. 5, Le Poulet de Mr. Hevin avocat au parlement ds Bretagne ^ envoyé à PyJuteur du journal avec une Relation exacte de /on tiijîoire. „ Parmi plufieurs poulets qui furent éclos fur la fin 5, de l'été dernier dans un village a trois lieues de Ren- 5j nés, il s'en trouva un d'une tbrme extraordinaire 5, ayant quatre pieds & quatre aîles. Le payfan chez „ qui ce petit monftre parut, eut le plaifir de la voir 5, courir & manger ^ avec les autres poulet* pendant 5, quelque temps; mais un jour la poule frappée plus 5, qu'à l'ordinaire à la vue des pieds qu'elle voyoit en- 5, haut en ce petit poulet, & s'imaginant fans-doute 5, qu'il étoit renverfé par terre & hors d'état de fo re- 5, lever, le tourna plufieurs fois de part & d'autres 5, fens-deffus-deffous ; mais voyant des pieds & des 5, aîles de tous les côtés, comme fi l'horreur du mon- „ ftre l'eût emporté fur la tendrelfe maternelle , elle 5, le tua à grands coups de bec. Un Médecin de vil- (*) Hiftoir: & Mémoire de l'Académie Royale des Sciences. J . âc 3aÂÂc^j^cit^ ■i^m P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 211 55 lage aj'ant eu la ciiriofité d'arracher le gizier pour „ voir s'il étoit double (ce qui ne fe trouva pas) roai- ,, pit par malheur le croupion ^ en introduifànt le 5, doigt dans le corps. „ Mr. Hevin l'ayant reçu de la part de Madame de „ Launay Commat fa fille à qui le payfan l'avoit lui- „ même apporté à fa Maifon de Campagne qui n'effc ., pas bien éloignée de ce village, il fit appeller le Sr. 55 Moreau,l'un des plus célèbres Chirurgiens deRen- „ nés, pour l'ouvrir. On vuida le ventre, & on ne „ laifla dans le corps du poulet que le cœur, le foie ,j & les poumons attachés. Mr. Hevin vuida enfuite „ la tête & mit le poulet dans de l'cfprit de vin , où. 5, il s'eft parfaitement bien confervé , à la réferve du „ plumage, car étant de l'efpece de ceux que l'on ap- „ pelle en Bretagne, de la grand' race, dont le plu- „ mage eft gris moucheté, il eft devenu d'un roux „ fort pâle." Le poulet monftrueux, confervé dans de l'efprit de vin, accompagnoit cette Relation envoyée à l'Auteur du journal des Savans. Il paroît que ce poulet n'avoit d'autre monftruofité, que fes quatre pattes &; fes qua- tre aî)QS. Celui dont je vais parler, que j'ai vu & pofib'dë, avoit d'autres difformités, comme on le voit Plancbe X. fig. i & 2. En 1763. un payfan demeurant à une lieue, ou environ' d'Amfterdam 5 du côté de porte d'Utrecht, apporta ce poulet à un Chirurgien de la ville^, en lui dilànt qu'il avoit vécu cinq jours entiers, & que le fixiéme la poule l'avoit tue à coupsdebec. 11 fe tenoit fur deux pattes j, marchant avec peine & d'une ma- nière mal-adroite. Ce Chirurgien l'acheta le mit dans de l'efprit de vin, & mêle vendit quelques jours après. Ce petit monftre a quatre pattes bien formées, deux de chaque côté: deux font à leur place ordinaire, les deux autres font plus haut,prefque Ibiis les aîles,une de chaque côté. 11 n'a que deux aîlcs fans aucune monftruolîté. Le corps eft extrêmement gros à pro- O 2. 212 CONSIDERATIONS po.tion du refte. Il n'y a qu une tête, mais cMc rem^ blc compofee de troi- t [Ci; auffi on remarque trois becs très-fen fi blés & trè^ diftinéts quoique tort prèi les uns des autres, & preique fur la même ligne ho- rizontale: feulement celui du milieu eft un peu plus bas que les deux autres: on voit auffi trois yeux, l'un eft ouvert &; placé au milieu de la tête, au dellus du bec le plus bas auquel il répond: les deux autres yeux, couverts de leurs paupières, font placés de chaque côté de la tête. Voilà ce que cet animal a de plus monftrueux à l'extérieur. Comme il n'a point été ou- vert, &: qu'il eft pafiTé aujourd'hui en des mains étran- gères, je ne puis rendre compte de la conformation des parties internes. La Figuis I. fait voir le poulet par derrière; lai%, 1. Le montre par devant. A i'occafion de ces deux poulets monftrueux, Je rapporterai un fœcus poulet bien plus étrange que ceux-là. J'en trouve encore la Relation dans le our- nal des Savans du Lundi 28 Juillet 16 81. ou l'on peut en voir la figure. Extrait d\im Lettre contenant Phiftoire S* ^^ dsfçrfptkn d'un 2^it Monfln^ écrite d'^Jvignon le 22 (fu mois de Juiilet 168 1. „ Il y a deux Jours qu'un chirurgien de cette ville qui nourrit chez lui des poules avec un coq j, en- tendant fur les onze heures du matin un bruit de cris extraordinaires que faifoient cnfemble & tout- à-iafois le coq & les poules, eut la curiofité d'aller voir le fujet de leurs cris. Il trouva tous ces ani- maux perchés fur des pièces de bois. Il les chafTa d'abord, & puis cherchant quel pouvoit être l'ob- jet qui les avoit déterminés à crier '[\ fort, il trou- va en cet endroit un œuf de la grandeur ordinaire de ceux des poules. Cet œut n'av'-'t pomt de co- que, & le Chirurgien, l'ayant conliueré au jour, P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 213 „ s*iipperçut qu'il n'a voit point de jaune. Il fe fit ap^ ^ porter uncalTiette, & ayant pefcé l'enveloppe ou 5, membrane qui concenoit la fabftance de l'œuf, il „ la verfa liir rairiette,& vit d'abord avec furprife au- „ lieu du jaune de l'œuf une fubftance glaireufe alTez 5, folide de la couleur d'une chair morte , & dans „ cette fubftance la figure de la tête d'un petit hom- 55 me. ,e l'ai vue & exammce fort foigneufèment. „ On y diftingue parfaitement le front, la cavité 5, des deux yeux , fans que j'aie pu appercevoir les „ yeux. Le nez y paroît diftmdtement, & avec une „ grande lentille de verre on le voit boutonné. La „ lèvre d'en haut eft à proportion plus grande que 5, celle d'en bas, la bouche fort fendue, ik enfin on 5, y voit le menton au deilbus duquel il n'y a plus de „ matière: tout ce viHige n'eft point une figure, mais 5, un vrai relief. ,, Je confiderai fort foigneufèment le deflus de la 55 tête ou l'on diltingue tort bien & fans peine une „ fubftance femblable à une cervelle; dont une partie 5, fur le milieu a la forme d'un triangle, j'ai apperçu 5, des fibres dans ce cerveau qui eft à découvert. 5, Toute cette tête eft de la grandeur pour le moins 5, d'une petite noix, & le vifage à peu prés comme 5, une pièce de quatre foh. C'eft une Relation d-j vifu „ que je vous envoie. On doit tenter la difieélion de 5, cette petite tête. Si je puis m'y trouver, je vous „ en ferai favoir le fuccès. En attendant il ne faut 5, pas oublier de vous dire que cette tête avoit deux „ aiTez grands lobes de glaire figée, l'un à droite & „ l'autre à gauche C*)." (*; Journal des Savans an. 1681. Tome IX. pace 278. Edit, ^e Hollande. O3 Î2I4 CONSIDERATIONS DiJJeci'ion de ce Monfire, „ • . Dans le dciTein d'embaumer ce petit monftre „ on refufa d'abord de le laifler ouvrir, Mais trois 5, jours après on le donna enfin à difféquer,. parce „ qu'ayant été expofé au foleil pendant ce temps là, ,5 bien loin d'y mieux diftinguer toutes chofes comme „ on l'avoit cru , la chaleur avoit liquéfié afTez toute „ cette matière pour la rendre méconnoiflable. „ Mr. Luflin le fils, chirurgien & très habile Ana- ,5 tomirte, fit donc cette dJiTection en prcfencede Mr. „ Guifbny, Chardon, & Olivier le fils, Médecins ,, d'Avignon. Il fépara d'abord la première glaire qui 5, paroifToit & qui étoit tort virqueufe, après laquelle „ il s'en trouva encore une deuxième intérieure jau- „ nâtre, telle qu'on la voit dans un œuf couvé. On „ découvrit alors cinq petites cavités dans l'endroit 5, où l'on diilgnoit le cerveau, dont l'entrée de cha- 5, cune rcfiftoit à la cointe d'une lancette. Le Long „ de la prétendue épine du dos on remarquoit plu- „ fieurs petits cercles, comme ceux qui dans les vers 5, tiennent lieu de vertèbres. Mais à la fin on trouva 5, une membrane qui envcloppoit généralement le 5, tout, dans laquelle ces Meflieurs ayant fait fouffler 5, avec une paille, on vif s'élever une peau qui for- „ ma une cavité affcz conlidérable à l'endroit ou doit 5, être Tabdomen , dans laquelle on diftinguoit une „ n)rte de matière graifleufe; & tout cela fe tcrmmoit „ en une queue ou petit cordon. „ La déiicatelTe d'un fi petit fujet ne permit pas à 5, ces curieux d'en obfcrver davantage, même avec 5, les infl:rumens qui grolTifiîènt les objets, dont ils s'é- „ toient précautionnes (*)." On ne feferoit guère attendu à trouver un efTai de la figure humaine dans un œuf de poule : ce qui eil aulij (*") Là-mèrae, page 330, P H ï L O s 0 P H I Q U E s. &c. 215 étrange, c'eft ce qu'ajoute Mr. Guifony Auteur de la Relation précédente, au fujet du coq de ce pou- lailler. Ce coq ayant été facrifié à la haine publique & à la (liperftiiion parce qu'il fut regardé comme la caufe prochaine de ce prodige raonftrueux , on en fit diflequer les bas- ventre où l'on trouva fur la région des lombes un tertioule unique de la groffeur de celui d'un homme; & l'en a afluré que jamais on ne l'avoit vu cocher les poules dont l'une avoit pondu un œuf fi. extraordinaire Ç^). Je me fouviens d'avoir vu dans le livre deFortunio Licetis fur les Monftres, la repréfentation d'un œuf qui contenoit une petite malTe à figure humaine à la place du jaune Q). Une femme d'un petit village à trois quartsde lieue de Rumilly, ville de Savoie, tira le 13 Mai 1683 d'u- ne chèvre qui venoit de faire un chevreau bien con- formé, un fécond chevreau qui étoit monftrueux. Il avoit le mufeau & un des pieds de derrière d'un chien, & à ce pied répondoit un pied de chèvre tourné com- me fi l'animal dût marcher en arrière. Ces deux pieds étoient accompagnés de huit autres, dont il y en avoit deux la moitié plus petits que le refte. Ce monfbre avoit auffi deux anus & deux queues, dont la fupé- rieure étoit placée au lieu ordinaire audelTus du pre- mier anus;& la féconde fort au delTous du fécond anus fortoit d'entre les deux dernières jambes, fans qu'on vît à l'extérieur aucune partie fexuelle. Le refte du. corps ne différoit de celui des autres animaux de cette efpece, qu'en ce qu'il étoit un peu plus gros & que le poil relTembloit affez à celui du chien (§ . On prit à Ulm , dans le dernier fiécle, un lièvre monitrueux qui fut prefenté au Duc d'Hanovre. Il (*) Là-même, page .335. . _ (t) Fortunii Liceti cïe Monftroryra Cajufis, natijîa & diffèreii* tiis, cum Iconibus, Petavii, 1634. (§) Journal des Savans , an. 1683. 04 ûi5 CONSIDERATIONS avoit deux têtes, quatre oreilles, huit pieds ;, & res- fcmbloit à deux lièvres collés l'un fur l'autre dos à dos. Mais, ce qu'il y avoit de plus plaifant & de plus curieux. C'cft que, lî l'on en croit l'hiltoire, quand il étoit pourfuivi,& qu'il étoit las de courir d'un côté, il fe lournoit adroitement de l'autre & couroit ainfi fur nouveaux frais. Sans-doute Thonneur de tomber enrre les mains de ce Pnnce le flatta \] fort qu'il né- gligea en cette occafion de fe fervir d'un avantage qui devoit le mettre à couvert des pourfuites de tous les chalîeurs (*). Au mois d'Août 16S3. une femme de Bourg en BrefTe accoucha de deux jumeaux i-u terme ordnaire de neuf mois. Le premier enfant qui vint au monde ■ctoit parfaitement bien formé ik propornonnc dans tous ibs membres, iviais ii ne vécut que fort peu de temps. le fécond étoit monftrucux. Le Chirurgien le tjra mort du ventre de la mère. Il y a des enîans qui nailTent coëffés: celui ci nà:]uit tout habillé; car il avoit une cfpece de peau en forme de tégument ou de membrane qui lui couvroit tout le corps, & res- fembloit à une efi-^ece de robe charnue, travaillée par la Nature, mouvante & plilTée par delVus la chair jus- qu'aux extrémités des mains & des i^;eds. Le vifage feul étoit découvert; & les traits étoient plutôt ceux d'un vieillard décrépie & raccourci ^ que d'un enfant qui vient de naître. Les plis de la membrane étoient furtout (ènfibles fur le corps, & même très amples fur les bras, à peu près comme les manches d'une che- mife; ils étoient moindres fur les tclfes, les caillés Se les pieds: ce qui ne donnoit que plus de relTemblance à cette membrane avec des bas & des caleçons. La peau de l'enfant, Ibus ce tégument, étoit lilTe & polie partout à l'ordinaire. Mais ce qu'il y avoit de plus (*) Voyez la figure & la defcription de ce monftre dans les EphtnicJrides d'Allemagne. P H 1 L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 217 fingulicr, cft que cet enfant porcoit une forme dj ca- puce de la même nature que la membrane qui poa- vt)it cire ou abattue fur le dos, ou relevée fur la tête pour la couvrir, comme le capuchon d'un moin;?. Cet enfant ctoit de la moitié plus petit que fijn frèi-e jumeau , & néanmoins fa tête garnie de cheveux 6e quatre dents très apparentes, avec lefquelles il vint au monde, font conjedturer qu'il pouvoit avoir plus de neuf mois, & que la Nature avoic employé à l'ha- biller la matière propre à fon accroiflement. Une femme accoucha en 1706 dedeux enfans mâles joints enfcmblc par la partie infcrieure du ventre. Leurs corpsjufques-là n'avoient rien d'extraordinaire. La partie moj^enne du ventre qu'on nomme ombili- cale n'avoit point de nombril; & au lieu que ces deux jumeaux en dévoient avoir chacun un, il n'y en avoit qu'un feul pour tous les deux; il étoit précifcmcnt an milieu de la partie la plus baffe du ventre, laquelle leur etoit auiïi commune. Ces enfans n'avoient poinc d'anus j & de l'endroit où il elt ordinairement, on voyoit fortir les verges dont l'une étoit tournée d'un côté, & l'autre de l'autre. A chaque côté de ces par- ties on voyoit un repli de peau qui repréfentoit alfcz bien la moitié d'un fcrotum vuide & applau. Ccà en- fants vécurent fept jours. On lit dans les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Paris qu'un fœtus venu à fept mois & de- mi , &; mort en naiffant , avoit deux têtes très-bien formées, pofées chacune fur fon cou, & auffi greffes que s'il n'y en avoit eu qu'une. Intérieurement il îivoit deux efophages, deux ellomacs , deux trachées, deux poumons, les deux Çexcs^ deux épines, mais féparées par une troifiéme cfpece d'épine, un cœur unique à une feule oreillette & un feul ventricule. On prétend qu'il y a quelques exemples de monftres hu- mains à deux têtes qui ont vécu plufieurs années. S'il l'en prefentoit de nouveaux exemples, une recherche également curieufe ëi intereffante feroit d'obîèrver 05 gïS CONSIDERATIONS la diftcrcnce des penfées & des volontés ou leur con- formité dans chaque tête, d'examiner comment le monltre total fe prendroit à les accorder, ou à facri- fier les unes aux autres en cas de contrariété, où re- lid^roit l'individualité d'un tel Etre & en quoi elle ■ conlifteroit. Le 19 du mois de Mai de l'Année 1577 leSr. Des- champs Maître Chirurgien à Bonneval près de Char- tres, accoucha à jo heures du matin la femme d'ari laboureur nommé Chaudcgrin, demeurant à Migrandi ParoilTe de S- Maurice. L'entant étoit un monPcre. Il avoit une tête à deux vlfagcs l'un devant, l'autre derrière: l'un avoit la face humaine, l'autre avoit quelque chofe d'affreux & approchant de la face d'un hon. 11 avoit deux bras de chaque côtés attachés à une même fouche depuis la tête jufqu'au deiTous des omoplates. Depuis ces parties jufqu'au dos, il n'y avoit nulle féparadon; mais le bas de l'épine fem.bloit fe p::e/'HifterolitlioS:,o/^Diphys, ou DiphrySo , . . ibid. C'eft un foffile qui repréfente d'un côté la partie naturelle de la femme , & de l'autre côté les parties de l'homme. Eft-ce un type des hermaphrodites ? CHAPITRE XXIL Caillou connu fous h mm ck Puer in fafciis. . . «: 54 Ïl repréfente la iigure bleuâtre d'un enfant en maillot. CHAPITRE XXIIL uiutrs caillou repréfentant les fejfes d'wi ^fanf. ... S5 DES CHAPITRES. 231 CHAPITRE XXIV. Figures huma.ms empreintes , /ur des Agathss & autres pierres, > . 35 Portrait naturel dans la manière de Rcmbrant. Deux petits portraits de Nègres. Autres pierres , rapportées par \V"or- mius & Bartboiin, repréicntanc le corps liiiinain avec tou- tes ies parties, CHAPITRE XXV. D'm Rocher appelle le Moi- ne pendu. . , . .35 CHAPITRE XXVI. Conclufion des Chapitres préce- dens. . . . ♦ ibid. Cette quantité de pierres que l'on vient d'expofer fous les yeux du Lecieur, luifit pour faire voir que la Nature, en travaillant les foffiîes , modéloit véritablement les différen- tes formes du corps humain. Elle les préparoit même dans les £tres inférieurs aux pierres. SECONDE PARTIE. CHAPITRE XXVII. De Vhnèrieur des fojjlks con- /idéré comme un type de l'or gain fation . . 3? Les folfilcs font des tiflus de fibres & de veines , lesquel- les font très fenfibles dans plufieurs efpeces. Ces veines & ces fibres font des organes. Raifons fur lesquelles c(l appuyé le fyflèmc qui refufc une vie particulière aux fos- siles , une vie convenable à leur efpece. Réfutation de ces raifons. Preuves directes qu'il y a dans les pienes uo fluide qui nourrit les pai-ties folides. Eau qui diftille des voûtes des grottes. Pierres qui augmentent de poids & de volume dans l'eau. Pierres grades & huileufes au toucher. Pierres qui donnent plus ou moins de liqueur h la diftillation. Pierres dont le poids diminue 6c dont la furface devient concave après la fufion. D'où vient la couleur des pierres précieufes. Pierres qui femblcnt des éponges plemes du fluide éleftrique. Defliination des iibres & des veines. Analogie des fibres pierreufes & métalliques avec les fibres animales. La ftruc'ture des pierres efl: plus ou moins uniforme. Gradation d'appa- reil fibrillaire dans les fofliles. CHAPITRE XVIII. PaJlagt des Mtiîéraux aux Plantes. ^ . a . 42 P4 533 TABLE ANALYTIQUE Ce paflage eft rempli par les pierres renfiblcment fibreules donc il eft queftion dans les Chapitres fuivans. CHAPITRE XXIX. Les Mka. . , page 43 Les carnctères de ces pierres. On compte ici huit efpeces fuivaut la figure, la confiflance & rarrangement de leurs parties. 3. Premère efpece: Mica roide; Mica rîgida, 2. Seconàe ejpece: Mica Jîexibls ^ blanc argenté; mi^ ca flexilis argçntea, ■f . Troîfiéme efpece: Mica êc ai lieux à lames pointues; mica particulis tenuioribus acuminatis. 4. Quatrième ejpôce: Mica brillant ; mica fcmi-pel-^ luci^ia, ç. C'iîicjutéme ejpece: Verre de Mofcme\ vitrum Mofcovitum. ^. Sixième efpece: Micaftrié; mica particulis ob^ longis, 7. Septième efpece: Mica demi-jphèriqne; mica ha2f mifphcrica» 8. Huitième efpece: Mica irrégulier ; mica fquam- mulis inordinatè mixtis, CHAPITRE XXX. Us Talcs, . . . 4^ Plus on compare la ftruclure des mica & des talcs à celle des os , plus on ic convainc que l'une eft une dtude de l'autre. CHAPITRE XXXI. Des Pierres Ollaires, ibid. Caractères & ftrufturc de ces pierres. CHAPITRE XXXII. Les Roches de cortie, 4^ lia fubftance de ces pierres eft cornée, Ce qui les a fait ap» ^eller foetjes de corne. D E s C H A P I T R E s, 233 CHAVITKE XXXni. Les amiantes. . pa^e46 Paffage de Mr. Wallcrius , dans lequel le Naturalifte recon- noit raiialogie des amiantes avec les lubftances des règ.ies végétal & animal. 1. Première efpece: ^miaiitQ de Chypre^ im Oîi faim jo[fil?; lanâ montana. 2. Seconde efpece : Cuir fojfile ; corium montanura. 3. Troifihne ejpece : Chair foJ]l!e\ caro montana. Rapport de la ftruéliire des amiantes avec les clmirs. , CHAPITRE XXXIV. Les Ashefles. , 4S ï^cs asbeftes ont avec les nerfs & les mufcles, les mêmes rapports organiques que les amiantes ont avec les chairs. Asbefte mûr; asbefte qui n'ell pas encore mûr. CHAPITRE XXXV. Si les Amianies & les Asheflss doivent être mis au rang des minéraux , ou des vé- gétaux? . . . ibid, La queftion efl bientôt décidée fi l'on confiderc que les amiantes & les asbelles participent plus de la Nature Clc des propriétés de végétaux que de celles des minéraux. TROISIEME PARTIE. CHAPITRE XXXVI. Sommaire des rapports or ga niques de la. Plante avec t* Homme, , ^o Truffe ,~nofi:och , champignons, lichens, plantes herbacées, arbrifleaux, grands arbres. Multitude immenfe des plan- tes ; variété infinie de leurs figures. Rapports organiques de la plante avec l'homme. Diftinclion de fexes. Parties fcxuelles. Etamines furmontées de goufles fpermatiques , analogues à la^ verge & aux tefticules. La bafe du piftile , fes conduits & l'on fommet , qui répondent h la matrice , à fes trompes , & à la vulve de la femme. Foetus plante, les filets ombilicaux, fon double placenta, fes envelop- pes, & !a manière dont ils fc nourrit, ûivifion de la plante en tronc & extrémités, comme celle de l'homme. Parties folides de deux fortes dans un arbre comme dans un homme; Ecorce de l'arbre compQfée de trois meui- P 5 54 ^34 TABLE ANALYTIQUE branes, comme la peau humaine. Deux fluides généraux dans l'économie végétale & dans l'économie animale. La levé efl: le fang des plantes ; une liqueur , vilqucufe parti- culière , leur lient lieu de lymphe. Nutrition de la plante & afîiniilation des parties propres : excrétion des patties liétérogènes. Ses poumons & fa refpiration. Sa tranlpi ration. Son temps de veille & de Ibmmcil, Ses ma- ladies. CHAPITRE XXXVII. De Iacîrciiïatmd& laSeve dans ks Plantes, . . . Syflêrae de Mr. Grew fur la circulation de la fève dans les plantes, extrait de fon Anatomie des Plantes. Syftême de iNIr. Dedu extrait de fon Traité de l'Ame des Plantes. Il n'y a point de circuladon proprement dite dans les Plan- tes , il n'y en a. qu'un ellai. CHAPITRE XXXV IIL Navet fmguJier reprifen- tant tme femme mie , a[fi/e Jur/ès pieds , â? '^yanf les bras croijes au dejjbus de la poitrine. . 58 CHAPITRE XXXIX. Champignon repréfentantjix figures humaines. . • - 59 I! y en a une, dont la tête de profil fait voir un œil , le nez la bouche, le menton auiîi cxaaement deiïînés que l'au- roit pu faire une main habile. Les cinq autres ligures ne montrent que le dos. CH AP 1 TRE XL. Mandragore repréjèntant la figure d'une femme. . , . d® CHAPITRE XLI. Rave ayant la forme d'une main humaine. . . , ibid. CHAPîTRE XLIL Us Zoophytes^ ou Plantes ani- males. Jnfectes aquatiques. . . 61 Zoophytes rapportés par Aldrovande & après lui par Ruyfch. Divifion de ces animaux félon la Méthode de Mr. Linnasus, Divifiou de Mr. Donati. Nature & organifation des Zoo- phytes. Leur analogie avec les plantes. Zoophytes bran- chus ou rameux , dont l'intérieur n'offre que les vifcères tels à peu près qu'ils font dans les végétaux. Autres cfpe- ces dans qui la Nature a lupprimé les extrémités, & qui ont une organifation intérieure plus avancée vers cçUe des grands animaux. DES CHAPITRES. 235 QUATRIEME PARTIE. CHAPITRE XLIII. De quelques formes du corps hu- ina'm ébauchées clans les Zoopbyîes. La main de mer: Manus marina. • ? ^4 C'cfi: FAlcyoniiim l'ameiix, mou, dont les ramifications font en forme de doigts, & qui cfl: entièrement étoile. Alcyo- rjum ramofo-digitatam , molle , aftcnfcis und'ique crnatum. CHAPITRE XLIV. Le Foumon marin ^ ainfl nom- mé parce qiî'il rejjèmbk à nos poumons tant par fa forme externe que par fa ftruciure interne. ibid, CHAPITRE XLV. Le Rein de mer. . 6$ C H APITRE X L VI. Des Holothuries ou Verges ma- rines; en Latin Holothurium. . ibid. 1. Première efpetie. Mentula marina. Sa defcription. 2. Seconde E/pece, Epipetrum. Ce/? laplus belle. Sa defcription. 3. Troifième efpece, Mentula alata pifcatorum. CHAPITRE XL VIL Champignon marin ^ dont la partie fupérieure repréfènte la vulve d^ une femme. 66 CINQUIEME PARTIE. CHAPITRE XLVUI. Les Infe&es terreftres. 61^ Rapports des vers d'eau douce avec les vers déterre. Ana- logie des infeéles avec ks plantes, qui préfente une ima- ge figurative de la niétamorphofe d'une plante en infc- «es. L'intérieur, l'enveloppe, les formes faillantcs. Che- nilles épineufes , efpece de buiffons ambulans. Les atles, la tête, les yeux: leur nombre & leur ftruélure. Lceu- wenhoek a calculé qu'il y en avoir 3 181 fur une fetûe eornée d'un fcarabée, & qu'il y en avoit plus de 800 fur chacune de celles d'une mouche. Mobilité dé la tête des infeéies. ' Leurs organes de la génération. Digreflion eîî f«riBe de note fur les hemmes prétendus acéphalci. £3<^ TABLE ANALYTIQUE CH^y'^TRE'^LlX. Les Co^uiiîdges, . 71 Les coquillages ne font, auxj'eux de plufieurs Naturaliiles , que des vers de mer , de rivière , ou de terre , logés dans des coquilles univalves , bivalves , ou mulcivalves. CHAPITRE L. Buccin de mer appelle Oreille de mer. Auris marina. . . 7s On en donne la figure & la defcription. CHAPITRE LI. Conque de Femis. Concha Venerea. Elle repri-r'înte la vulve rt'une femme d'une manière beau- coup plus parfaite que les deux autres modèles rapportés dans les Chapitres XX. & XL VII. On eu dopue la figure & la defcription. CHAPITRE LlL De PHermapbrodifmeds quelques coquillages. p » * 1% Il y a trois efpeccs d'bermaplirodifme dans les coquillages. I. Celui auquel on n'appcrçoit aucunes des parties de la génération, foit mâles, foit femelles; & qui, fans aucuns, efpece d'accouplement, produit fon femblable : il cft par- ticulier aux conques. 2. Celui qui, rcunilfant en foi les deux efpeces de parties fexuelles , ne peut fe fuffire à lui- môrae ; mais a befoin du concours de deux individus qui fe fécondent réciproquement & en môme temps, l'un fcr- vant de mâle à l'autre , pendant qu'il fait à fon égard les fonctions de femelle: cet bermaphrodifme fe voit dans les limaçons terreiires. 3. Celui qui , poffédant les deux efpeces de parties génitales , a befoin de la ionction de deux individus, niVis qui ne peuvent fe féconder en mê- me temps , à caufe d.e l'éloigneme^it de leurs organes. Cette fituation defav'ntageufe les oblige de monter les uns fur les autres pendant l'accouplement. Si un indi- vidu fait à l'égfird de l'autre la fonction de mâle , ce mule ne peut-être en même temps fécondé par fa femelle quoi- que hermaphrodite ; il ne le peut-être que par un troifié- me individu qui fe met fur lui vers les côtes en qualilé de màlf . SIXIEME PARTIE. CHAPITRE LUI. Paffcige des .Animaux Tefiacés aux Crufiacés. . , j5 DES CHAPITRES, 23-^ ta Ccuicn mmms vulgàirzmQnt. L& Soldat ou Ber- nard PHerimte. Cancellus macroufns , cauda molli tefta cochieac inclufa , chçla dextra ma- jore. Linn.. Syft. Nac Les Animaux cruftacés font aufTî des infedlcs marins ou flu- viatiles , recouverts d'une enveloppe moins dure que celle des teftacés. Pamllèle autre les uns & les autres. Le* tcailles, les coquilles & les croûtes font les os des in- iectes terreflres & des infeftes aquatiques. Ils ont donc leurs os à l'extérieur comme les grands animaux les ont à l'intérieur. Premiers traies du fquelettc des grands ani- maux. CHAPITRE LIV. Les Serpsns. . 7^ On t;1che d'expliquer d'une manière naturelle le paflage des cruftacés aux Serpens , par la fupprefTion graduée des par- ties faillantes , Je déplacement des os de. l'extérieur à l'intérieur. Squelette du ferpent première ébauche du fquelette hum^ùn. CHAPITRE LV. Serpm des Indes Or'iem aies ^ap- pelle par les Portugais Cobra de Capcllo ^portant fur le dus un ma/que ou une figure humaine, 751 Sa Dcfcription. Conjectore fnr les Serpens à Luneîte. CHAPITRE LVL Réflexions Rtr les animaux qui n'ont point de membres ^^ fur kur diflribution dans l''échelli des Etres. . . 8» Ji s'agit d'expliquer pourquoi la Nature , toutes les fois qu'elle veut donner une forme neuve aux extrémités , elle commence par les fupprimer peu-à-peu, & que_, quand elle efl: parvenue à les faire évanouir, elle produit quel- ques Etres intermédiaires qui n'en ont point du tout, auxquels fuccedent enfuite les animaux avec de nouveaux membres. Comparaifon de la métamorphofe continuelle de l'Etre univerfel avec la métamorphofe ordinaire des infectes aîlés. Dilférence entre l'une & l'autre meta.-' niorphofe. SEPTIEME PARTIE. CHAPITRE LVII. Les Poifons. VOpbidf&ft, §i 23^ TABLE ANALYTIQUE Serpens marins , les congres , & les irlurenes. Les petits aî- lerons de quelques efpeces annoncent les nageoires. Dc- fcriraion abréftde de l'Ophidion. Combien Taclion de na- ger a de rapport avec rac-tion de ramper ou ferpenter. Quelques Auteurs pcnient que c'eft parler plus jufte de dire que les polirons rampent que de dire qu'ils nagent. Ils s'autorifent d'ui» paflage de la Genefe I. 20. CHAPIT^^E LVÎil. PoïJJons Anthropomorphes, page 83 Carpe à figure, humaine. Cyprinus Anthropomor- phos. Defcription de cet animal fingulicr. Première carpe \ figure humaine apportée fur le marché public de Lyon où elle fut vue de tout le peuple , au rapport de Rondelet. Se- conde carpe femblablc priCe en 1554. dans l'étang de No- zerct , envoyée par Gilbert Voifin à Gcfner qui en parle. Troifiéme carpe femblablc prile dans le lac de Confiance en I ;45. Quatrième carpe de la môme efpece préfentée à Charles V. à Ausbourg. CHAPITRE LXL ?o\JJon eTAmboîm, fort rare , fiommé An>c lafet jang terbougkoes, c'^-«- dire /' Enfant d' mer enmailloté. , . §4 U a. véritablement la figure d'un enfant dans fon maillot, a- vcc les bras & les mains fortis. CHAPITRE LX. Poiffbn dam k corps du^tielU s'entendre une pierre qui a la figure dHme tête hu' maine. . • .85 Il efl: de la grandeur de notre merlu ou merluche. On le nomme pollfon de St. Pierre. Q^K^nvC£.\X\. Le Poiffon volant. . 8^ C'efl l'exocet. Il y en a pluficnrs efpeces qui ne différent pourtant que par leurs ailes & les couleurs de leur robe : car pour le corps elles ont toutes la forme d'un hareng. HUITIEME PARTIE. CHAPITRE LXII. Les Oifeaux , ou Bipèdes ailés* 8J Oifeaux aquatiques palmipèdes. Oifeaux terrellres OU aèïkoi* fiffipedgs. DESCHAPITRES* 239 CHAPITRE LXIII. n Autruche. . page 89 Comme nous nous attachons particiiIiéremeRt à ce qui a quelque rapport avec l'homme, nous remarquerons dans Taucruche ies yeux prelque femblables à ceux de l'homme. CHAPITRE LXIV. La Cbauvs -Souris, LaRous^ Jim. .... ibid, La Chauve-Souris mâle a la verge pendante & détachée , ce qui ne lui eft commun qu'avec le finge & l'homme. La femelle a deux mammelles fur la poitrine , comme la fem- me. En quoi la roufîette difi^re de la chauve - fouris. CHAPITRE LXV. Ecureuil volant. Singe volant. Cbat volant.. . . . pi L'écureuil volant a de petites oreilles arrondies & tournées comme celles du finge & de l'homme. L'cxifience du finge volant dont parlent quelques Auteurs n'ell pas bien conftatéa : ils pourroicnt bien avoir pris un finge pour un écureuil. Le Chat volant femelle a fur la poitrine deux tettes gran- des & rondes , femblables aux mammelles d'une femme. CHAPITRE LXVI. UUzard volant ou petit Dra- gon ailé. . ... 92 Defcription de ce nouvel eflai de quadrupède volant. CHAPITRE LXVII. Ohfervation fur lepajfagedes Oifiaux aux Quadrupèdes. . , 2» On demande pourquoi , dans ce palfage , la Nature n'a point fupprimé dans quelques efpeces intermédiaires les membres qu'elle transforme , comme elle les a fupprimés en paflant des plantes aux infectes , des infecl:es terre.- Itres aux cruilacés , des crudacés aux poiflbns. NEUVIEME PARTIE. CHAPITRE LXVni. Les Qtacés. . -, ^^ Ls Renard marin. Les cétacés font de grands ainmaux marins qui ont le corps a»d & «ilongé , gaxni de membres char.ius. Ils reflem- 240 TABLE ANALYTIQUE blent beaucoup aux quadrupèdes , quoiqu'ils foient pour la plupart des eipeccs de bimanes. On les nomme cé- tacées - parce que les Naturaliftes les ont rangés dans la clalFe de la baleine nommée cet:. Le Renard marin a deux nageoires auprès de la tête qui repréientent affez bien les aîles d'un oifeaii plumé. Ces aîles ofleufes & charnues, très obtules par les bords, fcm- blent dellinées à former des doigts dans les bimanes. CHAPITRE LXIX. Les Bimanes. . page 96 Première ébauche des mains très groffière. Elles ont quel- quefois jufqu'à fept ou huit doigts. Celles d'une efpece de baleine - cachalot en ont iept : celles d'une efpece de Diable-de-mer en ont Iniit. Celles du lamentin & dufin- ge de mer n'en ont que quatre. Doigts excedivement courts, doigts mouflrueufement longs. Ilailbu de toutes ces diftërences. CHAPITRE LXX. La Baléie. . py Il eft confiant que la baleine eft bimane. Elle a, aulieu de nageoires, des os articulés, figurés comme ceux de la nialn & des doigts de l'homme, revêtus de mufcles & de beaucoup de chair tcndineufe & recouverts d'une peau dpaific femblnble à celle qui enveloppe le relie du corps, leur mafle énorme les déguilc & les a fait appeller des brns , des aîles , des nageoires ; leur figure véritable de mains n'a pourtant pas échappé à ceux qui l'ont vue & conliderée de près. CHAPITRE LXXI. Le Diable de mer. . i>8 Plufîeurs poiflbns portent ce nom. Le Diable de mer dont il s'agit ici efl un cétacéc de douze pieds de lonjî & da- vantage , qui a deux mains fous le ventre , compofées cha- cune de cinq doigts articulés. Diable de jnsr échoué au fort de Kermorvan à quatre lieues de Breft. Autre Diable de mer échoué dans la rade de Brefl , décrit par Mr. Savcry. CHAPITRE LXIÏ. Le Lion marin. . 5)5 On trouve dans riflc de Juan Fernande^ un amphibie ap- pelle. Lion marin. Defcription de cet animal , extraite des voyages du Lord. Anfor. La baleine , le Diable de mer & le lion marin pourroient être appelles des bimanes eflropiés. Leurs mains font comme jointes jramédiacemenc aux omoplates. Dans 1» b E s C H A P I T R E s. 241 tialeiiie & le diable de iikr ont ne voit ni l'Iiumenis ni l'avant - bras ; la partie qui répond à la main de l'hom- me fort imniédiatcincnt de la pocrine , les^ deux autres font enfennces & cachées dans le corps , ibus la peau. Dans le lion marin , une portion de l'avant - bras le mon- tre au dehors. Le bras Ibrtira en entier dans les bima- nes qui fuivent. CHAPITRE LXXIII. U Lamenthu > page loa La Nature fupprimant les; nageoires , les cornes & la queue des autres cétacées , a formé une malfe vivante de près de dix- huit pieds , qui n'a d'autres membres que deux bras courts & ramalfés , auxquels font attachées deux pe- tites mains qui n'ont chacune que quatre doigts courts & gonflés. C'eft le lamentin. Cet animal à les yeux petits: fa peau efl épailib , ridée en quelques endroits, ix. parfemée de quelques petits poils. II a deux mani- melles fur la poitrine qui eil peut-être un caractère des cétacées bimanes. Il s'accouple à la manière de l'hom- me. Ses bras font flexibles : la femelle s'en fert à tenir & porter fes petits, à -peu -près comme les linges tien- nent les leurs. On en donne la figure. CHAPITRE LXXIV. U Singe de mer. Dam' s Sî- mia marina Danica. . . 104 Le ^mgt de mer a deux mains & furtout deux bras que l'on pren- droit pour des bras humains s'ils étoient fur im autre corps. CHAPITRE LXXV. V Amhize, : 105 Cet animal , qu'il faut bien diflinguer de l'iJiomme marin a deux bras fort courts , avec des mains qui peuvent fe courber un peu, mais qui ne fe _ ferment point comme celles de l'homme : les doists qui ont une certaine lon- gueur font jo'nts par une membrane, i3c. DIXIEME PARTIE. CHAPITRE LXXVI. VHomm marin. . io5 Tant de témoignages autentiques conftatent l'exiftence des poiffons- hommes & des poilfons - femmes par la moitié fupérieure du corps, qu'il y auroit plus qiie de l'opiniâ- treté à en douter. CHAPITRE LXXVn. Hotnme marin pkbé à Ox- ^ ford^ dans k Dttcbé ds Suffolck. , . ibid. 242 TABLE ANALYTIQUE Sa figure étoit fi conforme à celle de l'iiomme , qu'il fembloie ne lui manquer que la parole. Le gouverneur le garda fix mois; mais un jour s'étanc c^cliappé, il le replongea dans la mer, & on ne le revit plus. CHAPITRE LXXVIIL Efpece de Sirène pèchée en fi^eftfrife. . ♦ • page 107 C'eft cette fille marine dont il cfi: parlé dans les Délices de Ja Hollande, qui fc lailîa habiller, apprit à filer, uia de nos alimens, de pain & de lait & qui ne put jamais ap- prendre à parler. CHAPITRE LXXIX. Sept hommes marins & neuf_ femmes marines. . . . ibid. Ils furent pris près de l'Ule de Manar dans les Indes. Di- mas Bofquez , de Valence , Médecin du Vice - roi de Gea en fit l'ouverture & trouva toutes leurs parties intérieures & extérieures très coni'onnes à celles de l'homme & de la femme. CHAPITRE LXXX. Sirem d'une grande beauté. lot Cette belle firene fut apperçue eni6i4.,par leCapîtaine Schmidt dans la nouvelle Angleterre. Elle ne le cédoit en rien aux plus belles fenimes par la partie fupérieure de fon corps , mais la moitié inférieure , en commençant à 1% région ombilicale , relfembloit à la queue d'un poiffon. CHAPITRE LXXXI. Témoignage de Monconys. ibid» CHAPITRE LXXXII. Cinq hommes marins , & une femme marine. , . .105 Homme marin pris fins le Pontificat d^ Eugène IV. Homme marin ^ femme marine vus dans /e Nil /dus r Empereur Maurice. Homme marin pris en Frife en 1525. Homme marin pris en 153 1 , dans la Mer Baltiq^us» Jeum homms marin pris près de la Racca deSktra, D E 5 C H A P I T R E s. 245 CHAPITRE LXXXIII. Deux femmesmar'mes. pag. 10^ L'une Te montra en 16^9. auprès du port de Coppenhague; 1 autre iur la côte méridionale de Sudcroé. CHAPITRE LXXXIV, Foijfon-iamm appdîépar les Lfpagnoh Pece-mugcr, . ng Ce poiflbn a la tête ronde , collée immédiatement fur les épaules, fans cou; les oreilles faites comme cclks de 1 iiomme ont la conque tournée à peu près de la mi^me façon avec l'ouverture beaucoup plus grande. Ses yeux couverts de leurs paupières reiîemblent pour la couleur & pour la manière dont ils font placés , non aux yeux G un poifTon, mais à ceux d'un homme. Il a le nez plat, les lèvres comme les nôtres. ■ Ses dents très blanclics font rangées comme dans l'homme. Il a la poitrine lar- ge, blanche, délicate , les mammelles rondes & fermes. Enhn fes bras font , plus larges & plus gros que lon£;s , propres à nager: les mains portent de petits doigts poin- tus qui tiennent les uns aux autres par une membrane. Le m;Ue & la femelle ont les parties fexuelles femblables à celles de l'homme & de la femme. Le refte du corps finit en queue de poiflbn. On en donne la figure. CHAPITRE LXXXV. Homme marin & femme marim dejjécbés. . . . ug On les montroit aux curieux en 1755. à la foire Saint - Ger- mam à Paris. CHAPITREL LXXXVI. Defcriptlon cT me fem- me marine que Von voyait vivante à Paris en 175'^» . . . . . ibid. Elle avoit la peau rude au toucher, la tête nue à l'excep- tion de quelques apparences écailleufes derrière la tête vers la nuque, les oreilles longues & larges, le vifa^^e très -laid, le cou épais & honnêtement lon^; la mam droite mal forme e , la poitrine large , les mammelles gran- . des pleines & arondies. A l'égard du fexe, un Clitoris . fort gros fort at de la vulve de la longueur d'un demi- pouce. Elle avoit deux efpeces de nag'eoires aux aines 3 qui pouvoieiit fe fermer & couvrir en le fermant les par- ties lèxuelles. Elle avoit' la moitié inférieure du corps en queue de poiflbn couverte d'écaille. Defcription de cette .queue- Coraparaifon de cette Sirène avec -cells iont on a donné la Deicription au ' Chapitre LXXXIV, 244 TABLE ANALYTIQUE CHAPITRE L XXX VIL Homms marin vu pat Mr.Glower. . . . page 114 Ce monflrc avoit une figure humaine, avec latôte, les bras, l'air & le vifage d'un Indien , avec une queue de poiffon. CPÏAPITRE LXXXVIIL Fxfraif d'une Lettre écrite delà Martinique^ par Mr. Chrétien^ à un Liceniié de Sorhonne contenant la Relation d''un homme marin qui a paru aux cote: de cette //le le 2^, de mai ^611. . ^ iig Le 23 du mois de mai i6yi , deux François & quatre nè- gres étant allc's le matin aux Ules du Diamant avec un bateau pour pécher, àc voulant s'en revenir unpcuavanc le coucher du ibleil, ils apperçurcnt près du bord d'une petite Hic où ils étoieui, un monftre marin ayant la fr- gure humaine de la ceinture en haut, &. fe terminant par îc bas en poilFon. Sa queue ctoit large & fendue comme celle d'une Carangue , poiflbn fort commun dans cette mer. Il avoit la tête de la grofleur & de la forme de celle d'un homme ordinaire, avec des cheveux unis, noirs , môles de gris , qui lui pendoient fur les épaules ; le vifage large & plein , le nez gros & camus , les yeux de forme accoutumée , les oreilles larges ; une barbe de- même pendante de fept h huit pouces, & mêlée de gris comme les cheveux; l'cllomac couvert de poil de la mê- me couleur; les bras & les mains femblables aux nôtres, avec lefquelles , lorfqu'il fortoit de l'eau , il paroUFoic s'clfuyer le vifage , en les y portant à plufieurs reprifes , & reniflant au ibrtir de l'eau comme font les chiens bar- bets. Le corps qui s'élevoit au deiUis de l'eau jufqu'à la ceinture étoit délié comme d'un jeune - homme de quinze à fcize ans : il avoit la peau médiocrement blanche , ik la longueur de tout le corps pouvoir être d'environ cinc^ pieds , fon air étoit farouche. Cet homme fe montre à quatre pas , de forte qir'il ne peut pas y avoir d'illufioa des yeux dans cette Relation. On en donne la figure. CHAPITRE LXXXIX. Copie d'un Verbal fait à la Martinique de l'apparition d'un homme marin furies bords de VIfe du Diamant. . laî Dépofition de Cyprien Roger natif de Rozé en Caux, Dèpofttion de jfuHen Vattemar^ âgé de dix -fept ans^ Vépoftion ^Abraham , Nègre du Sr, Alexandre Deschamps, JDépfitïon d' André ^ Negr& df* Dr. Desforges, DES CHAPITRES. 245 ptpoftthn de Pierre^ Nègre du Sr. Noël k Mouï- le de la Rozière. Ce procès - verbal dans 'la meilleure fonîic attede le vérité ■ de ce qu'on vient de lire dans le Chapitre précédent. CHAPITRE XC. Homme marin pkbé en i-jll près d^Exeter en Devons bire. Extrait du IVon- derfut MagaTJne pour Septembre ii64f* . page 125 Cet homme marin pris à demi - mort , foupiroit comme une pM'fonne. Il avoit deux mains dont les doigts étoient unis enfemble par une membrane comme les pattes d'un canard. Dit rcftc , il avoit les yeux , le nez & la bou- che parfaitement relîemblans à ceux de l'homme : feale- ,ment il avoit le nez écrafé & aplatti. La moitié infé- rieure de fon corps le terminoit en une queue lemblablc à celle d'un launion. CHAPITRE XCI. Extrait des Dialogues faits à limitation des Anciens par Oratius Tuhero ( La motte-le-Vayer), au fujet des bommes marins : X)/Vtg-//^//. /«^/V^/^, le Banquet Sceptique. i25 Poiflbn - femme avec lequel les Nègres du Mozambique di- fent fe raffraichir grandement en en abufant même étant rnqrt. Syrenes & Néréides des anciens. Hommes marins (fe femmes marines de la rivière qui paffe à Cochin. Les Vros d'Acoda, qui habitent la grande Lagune Tiricaca, autre efpece d'hommes aquatiques. Sentirncnt d'un mo- derne qui a penfé que le genre humain étoit originaire de quelques Tritons & femmes marines. Les Egyptiens efti- moient l'homme un animal aquatique. CHAPITRE XCII. Extrait du nstwiéme livre de PHijloire Naturelle de Pline. - - 127 Tritdn vu fous P Empereur Tibère par les haVitans de Lisbonne. PJufmirs Néréides mortes trouvées fur la plage par h 'Gouverneur des Gaules , fous Augufle. Homme marin vu fiir la cote d*Efpagne. Néréides jettèes par la mer fur la grève ^ aux côtes d^ Bretagne fous l* Empereur Tibère. Q s 24<^ TABLE ANALYTIQUE CHAPITRE XCIIL Homme marin ^ femme ma- rine 'DUS dans k Nil en 592. - - page 12^ L'iiomme s'élevoit foiivcnt fur l'eau jufqu'à Tes parties na- ture-Iles , la femelle feulement jufqu'au nom'iril. L'hom- me avoit l'air féroce & le regard farouche, les cheveux roux & un peu hériffés , la p;aii brune; il é:oit fait com- me nous par les parties que l'on appircevoit. Au con- traire l'air de la femme é toit doux; elle av it les cheveux, longs, noirs, & flottans fur les épaules, le corps blanc, les mammelles enflées. CHAPITRE XCIV. Homme marin vu par k Sieur Larcher ^ habitant du Fûrt-Royal. - 13» CHAPITRE XCV. Une femme S "f^e fille marines. 131 On lit dans l'Hidoire de Portugal & dans les Relations des Indes Orientales, que, s'étant fait un jour une pêche à la pointe de l'Inde d'une troupe de Tritons, ou hommes marins, on ne put en faire parvenir au Roi Dom Emma- nuel qui régnoit alorsqu'une femme & une fi le vivantes, tous les autres, au nombre de quinze j étant morts, ou auffi-tôt après leur fortic de la mer. ou dans le trajet des Indes à Lisbonne. Defcriptioa de cette femme & de cette fille marines. CHAPITRE XCVI. Homme marin conduijant une petite barbue. - - - Ig2 Defcription de cet homme marin. De la ceinture en bas fon corps étoit tout couvert d'écaillés ; du refte il rcs- fembloit à un homme ordinaire. Defcription de la petite barque qu'il conduifoit & dans la- quelle il fut pris. Cette barque & l'homme defl'éché, fc voient encore aujourd'hui à Hall dans la Salle de l'A- mirauté; & le procès - verbal de cette découverte, due- ment attelle par le Capitaine & par tout l'équipage du vailfeau qui le prit, fe trouve dans les archives de" cette Jurisdicùon. CH PITRE XCVn. Extrait de PHiJIoire Natu- relle & Morale des If es yintilies, par le Sr. de Rocbefort , Livre I. Chapitre Xf^JL - 134 Petit efquif ou bateau fait pour porter feulement une per- fonne. Defcription de ce bateau de pêcheur; dimenfions, forme & matiore. Defcription de l'équriiage du pêcheur qui gouverne ce petit efquif. Comparaifon du pêcheur & de fa barque avec l'homme marin couduifint une petite barque, dont il eft parlé dans le Chapitre précédent. DES CHAPITRES. 247 CHAPITRE XCVIII. De quelques animaux ma- • rins^ de Pefpece des cétacées^ à la fois bimanes & bipèdes, ■• - - page 139 Le veau marin : pajfage des Cétacêes aux Qjiadrupedes, Le veau marin marque le paffage des cétacêes aux qiiadn'.- pedes. Les autres cétacêes , prefquc tous bimanes , ont la portion inférieure de leur corps tenninée en queue de poiiTon , c'efl mùme la forme des hommes marins & des femmes marines-. Dans le veau marin , cette queue par- tagée en deux parties égales & digitées h leur extrémi- té , ell ainii transformée en deux pieds ofTeux & charnus. La croupe cft même tout-i\-fait femblable à celle d'un quadrupède. CHAPITRE XCIX. Efpce particulière de Poiffàn à pieds humains. - - - 14© Cette efpece paiticulierc de poiffon n'a rien d'humain par la tête ni par la partie fupérieure de ion corps. Il a qua- tre nageoires , deux antérieures fort grandes & étendues en forme d'ailes, & deux portérieurcs plus petites: il a une queue de dauphin. Mais fous les deux petites na- geoires , on voit deux liauches qui fe prolongent & pren- nent la forme Je cuiffes, auxquelles l'ont atl:achées dcuX petites jambes terminées cliacuue par un pied d'homme aulTi bien fa't qu'il puifie l'être, ayant \\n talon & une foniie tout -à -fait femblable à nos pieds , excepté qu'on n'y remarque à l'extérieur aucune apparence de doigts j mais ces doigts font cachés fous la peau, & on les fent au toucher- Voilà un poilfon enté fur la partie inférieu- re d'un homme, comme nous avons vu im homme enté fur la queue d'un poilîbn. La femelle de ce poiffbn eft ap- pcllée par les Anglais Meniiaid. Le Kingftone, autre poiûbn, cfl: «ne ébauche du Mermaid. ONZIEME PARTIE. CHAPITRE C. Des Qitadrupedes. i. Us Solipe- des. " - ' " - 143 Les quadrupèdes rempliflent rîntcrvalîe qu'il y a des bi- manes nux qiiaSnimSïïÊs. Les pieds antérieurs des foli- pedes font les mains des bimanes , altérées ou dégéné- rées, auxquelles on a donné le nom de pieds, parce que Fétrange altération qu'elles ont fcufferte pnr le prolonge- ment cîe certaines parties, le raccourcifîement de quel- ques autres , &. furcout par l'union des doigts en un feiU , Q4 248 TABLE ANALYTIQUE ■ & 1 e renflement excefTif de la fiibflance des ongles , 1 cur ' a fnit perdre leur ancien iifage, deforte que dans cet état l'animal ne peut plus s'en fervir qu'à marcher. Rapports du fquelette du cheval à celui de l'homme. CHAPITRE CI. 2. Des Quadrupèdes pieds -four- chus. - - - p3gei45 Le taureau ^ Je cerf, k cochon. On obferve les progrès du prototype dans la fuite des pieds- fourchus. CHAPITRE CIL 3. Les Fifjlpedes, - 147 Les fifllpedes ont les pieds divil'és en quatre ou cinq doigts , & quelques - uns, môme dans les plus petites cipeccs , ont des mains très relieniblantes à celles de l'iiomme : telle eil la taupe & d'autres. Les premières cfpeces- de fidipedcs , comme le tégre, le lion, le liopard, le loup , &c. font de veritabfes quadrupèdes en ce que leurs pieds antérieurs, ne peuvent leur fervir de mains. D'autres fifijpedes , favoir les ous , les écureuils , les a-, gputis & autres, fe fervent de leurs pieds de devant com- me de mains pour faifir.& porter à leur gueule : ce font des quadrupèdes ambigus qui forment le paftage aux qua- drumanes. Il faiit encore dillinguer parmi ces derniers fifllpedes ceux qui aiment à fe tenir le corps élevé , aflis ou accroupis fur leurs fefles , qui peuvent - même , quoique plus difiicilenicnt fe tenir & marcher fur les deux pieds de derrière feulement. Ce font autant de nuances qui nous marquent les perfeétionnemens gradués de l'animal prototype. En fuivant ces gradations , on voit la natu re leformer le fquelette du folipede , rcdrefler peu-à-peu les os du bailin , alonger les os des cuilîes , des jambes & des bras , & au contraire raccourcir ceux des pieds & des mains , divifer des pièces unies , articuler des pieces- foudées enfemblc, reflerrer l'épine, fupprimer des ver- tèbres & des côies , & le rapprocher aiufi graduellement de la charpente du corps luunain. DOUZIEME PARTIE. CHAPITRE cm. Les Qiiairumanes. - 14^ Les extrémités des quatre membres des quadrumanes ont la forme de mains, d'où vient le nom qui leur a été donné par les modernes. Gradation des quadrumanes. DES CHAPITRES. 249 Quadrumanes au mufeau mina S aïongé^ ç§ à quette, longue. Quadrumanes à qmiQ courte & m mu/eau largQ S ; aplani. Quadrumanes fans qusue. Toutes 011 prefqiie toutes les femelles des quadrumanes font fujcttes h l'dcoulcment périodique du ftng, comme les femmes. uiutre divifion des Quadrumanes par rapport à I0 manière de marcher. CHAPITRE CIV. DOrang-Outang, P homme des bois , /^ Satyre ^ le Barris , le Chimpanfée , h Jocko^ r homme de nuit ^ le Trog ladite^ S'c ; J ' L'Orang - outang n'efl: pas véritablement un homme , mais il en approche de très près. Il n'efl pas non plus un linge, Vf une guenon, car il en diffère beaucoup plus qu'il ne dfdere de l'honnne. On peut donc le prendre pour une cfpccc intermédiaire qui remplit lepafTiigedu finge àl'hora- mu , & c'eft ainfi que nous l'envifageons. Différences qui dilîinguent cette efpece animale de l^S' l'pece humaine , (2f conformités qui Pen approchent , tant pour les parties extérieures que pour i^organi" fation interne. Deux efpeces d^Orang-Otitang, Cavoir la petite efpe- ee & la grande: celle- ci.eft plus voifine de Phommt que C autre. D'après les obfervations fur les Quadrumanes on peut dres- 1er en cette manière la table des elpeccs animales immé- diatement au delTous de l'homme. Les Sagoins^ les Sapajons ô? ks Guenons qui ont dô longues queues. Les Babouins à queue courte. Le Magot qui n^a qit'une apparence de queue, Q5 350 TABLE ANALYTIQUE Ls Grand Gibbon^ îe petit Gibbon, c? le Fithcqm ■ quî n'ont point ihi tout de queue ^ qui marchent à deux mains le corps droit. Le Focke ou petit Orang-Oiitang, La Pongo ou le grand Orang-Outang dont les mains ■ de derrière Je rapprochent beaucoup des pieds do i^bomme. V Homme dont il y a plufieurs races. CHAPITRE CV. D'une efpece particulière (Phom- '- me marin peut-être quadrumane. - page 15e La relation de cet homme marin fingulier porte qu'il avait la peau brune «Sf baniiiée, fansécailles; tous les mouve- niens du corps, depuis la tète jufqu'aiix pieds, tels que ceux d'un véritable homme; les yeux fort bien propor- tionnés, la bouche médiocre eu égard à la 1 ngueur du corps cliimée de huit pieds; le jicz fort camard, large & plat; les dents larges & blanches; la langue épaifle ; les cheveux noirs & plats; le menton garni d'une barbe mous- feufe, avec des mouftaches de -même fous le nez, les oreilles femblables à celles d'un homnie ; les pieds & les mains pareils , excepté que les doigts étoient joints par une pellicule, telle qu'il s'en voit aux pattes des oies & des canards: ce qui fait croire que les doigts des pieds alongés leur donnoicnt la forme de mains marines, TREIZIEME PARTIE, CHAPITRE CVI. De r Homme B des diffiremes ■ races humaines. ■ I. Les hommes à queue. Noirs de Pipe de Manille qui ont une queue de quatr» à cinq pouces de longueur. Mang biens habitons de F Ifle de MindorOt voifine di Manille.^ qui ont une queue pareille. Homme de P I/Je formojè qui avoit une queue longue dé p'us d'un pied .,toute couverte d''im poil roux S/ori femblabk à celle d'^un bœuf. DES CHAPITRES. 25Ï Il y a dis hommes à cjueue en Etbhpk^ aux Indes ^ en Egypte^ en Angleterre S Jî^r. ont en EcoJJe. Le Sr.CruvlLier de la Lioutat né avec une queue ^ ainfi que jon frère. ■. : Noir nommé Mohammed, natif di Bornéo qui avait wie queue d'un demi -pied de hngunir. Il étoiP fort velu cent: e l'ordinaire des njgres. Officier François qui avait une queue. Mr. de Barfahas &fei fœur Religîeujè avalent cha- cun une queue. Limonadière de Paris qui avoit auffî une queue. Homme cT Orléans qui^ ayant voulu faire couper um queue qii'il avoit , mourut de cette opération. Louife Martine .^ femme d* Aix ., g>'oJfe & puijjante.) ■ portant poil au menton , avoit une queue. Procureur de la même ville .^ nommé Bernard^ fur- nommé Oiieue de Fore ^ parce qii'il avoit réelle^ ment une qu?ue. Réflexions fur les races d* hommes à queue. CHAPITRE CVII. 2. Les Nègres. - page 15g Ces Peuples noirs qui ont des nez phts & écrafés , de groflcs lèvres, de la laine fur la tête au lieu de cheveux, (& un cfprit très borné à peine de quelques degrés au- deflus de l'itiftincè des brutes, forment une race parti- culière très notnbreufe. Les plus laids & les plus ftupi- des font ceux d'Angola; Angola efl aullî la patrie des Orangs-outangs. Les Nègres ne font pas tous du même noir, ni de la même difformité. On trouve chez les ra- ces nègres toutes les teintes intermédiaires du noir au brun. CVi h.nTVLE CWm. i. Les Hottentots. - i5p j,es Hottentots ne font pas des Nègres , mais des CafTres , ils vivent errans & font de la p'iis affrcufe mal-propre- té. Ils font flupides, indifciplinibles. Leurs vifage eft hideux, leurs lèvres grolîes, leur nez plat & large, leur i5:* TABLE ANALYTIQUE voix ferablable au cri (.Vun coq d'Inde , leur vie plus courte de moitié que celle de l'homine. Les femmes Hot- tentotes, beaucoup plus petites & plus laides que les liommes ont une excroilTance nionitrucufe de ia peau qui couvre l'os pubis , laquelle defcenil en forme de tablier jufqu'au milieu des cuiflcs. ' ■ ' CH APJTRE CIX. 4. Des autres Caffres. page 174 Les autres Caffres font un peu moins laids gue les Hottens lots. Ainfi les traits de l'humanité s'adouciiïent fenfible- nient & prennent de la régularité en remontant vers l'o- rient. C'efl: le contraire vers le Nord. CHAPITRE ex. 5. Les happons d'Europe^ les ^amoïedes cP^fie , les Smvcig?s du Détroit de Davis en ylmèriqits» - - 175 Les Lappons ont le vifage large & plat, le nez camus & écrafe, l'iris de l'œil jaune brune & tirant fur le noir, les paupières rerirées vers les tempics , les joues extrêmement dlevées , la voix grêle , la tète groiïe , les cheveux noirs & lifies , la peau bafanée ; ils font trapus quoique maigres , èc la plupart n'ont que quatre pieds de hauteur, les plus frands n'ont que quatre pieds & demi. Les Lapponnes ont aufli laides que leurs maris. Les Sauioïedes Ibnt d'une taille au-delTous de la moyenne : ils ont le corps dur & nerveux , d'une ftructure large & quarrée , les jambes courtes & menues, les pieds petits,- le cou court & la tête grolfe à proportion du corps , le vi- fage aplatti , les yeux noirs , & l'o^iverture des yeux pe- tite mais allongée, le nez tellement écrafé que le bout en cfl à-pcu-près au niveau de l'os de la mâchoire fupérieure qu'ils ont très forte & élevée, la bouche grande, & les lè- vres minces ; leurs cheveux noirs comme le jais , mais extrêmement durs & forts leur pendent comme des chan- delles fur les épaules; leur teint efl: d'un brun jaunâtre, & ils ont les oreilles grandes ,& rehauffdes. Etymologies du nom de Samoïedes. Les Sauvages, qui habitent les terres du détroit de Davis, font petits, trapus, d'un teint oIiv:1tre ; ils ont les jam-» bes courtes & grofles. Les Sauvages de Terre-neuve font auiïi de petite taille , & aufii mal "faits que les Groenlan- dois. Ainfi on peut conclure que tous les habitans du r