f BIBLIOTHÈQUE Emile BERTIN. oozjz-*^ ' ' ' - BiBLIOTHECA CARCINOLOGICA LR Rnlthuis ( ZOOLOGIE MÉDICALE. KXPOSÉ MÉTIIODIUUK DU RÈGNE ANIMAL TOMH PREMIEU. Ouvrage.^ de Itl. Paul CÏF.RVAIS. Zoologie et paléontologie françaises (animaux vertébrés ), ou Nouvelles re- cherches sur les animaux vivants et fossiles de la France, 2 vol in-4“, avec atlas (le 80 planches petit in-fol. Paris, 1 848-1852. Histoire naturelle des mammifères, 2 vol. grand in-8, avec planches et figures dans le texte. Paris, 1854-1855. Documents pour servir a la monographie des chéiroptères sud américains, in-4, avec planches. Paris, 1855. Recherches sur les mammifères fossiles de l’amérioiie méridionale, in- 4, avec planches. Paris, 1856. Théorie du squelette humain fondée sur la comparaison ostéolocique de l’homme ET des ANIMAUX VERTÉBRÉS, in-8. Paris, 1856. Mémoires relatifs à la zoologie et à la paléontologie, publiés dans différents re- cueils, 1835-1858. Histoire naturelle des insectes aptères, par MM, Walckenaer et Paul Rervais, 4 vol. in-8, avec atlas. Paris, 1837-1847. paris. — Imprimerie de L, Martinet, nie Mignon, 2. ZOOLOGIE MÉDICALE. EXPOSÉ MÉTHODIQUE DU RÈGNE ANIMAL IIÂSÉ SUK L’ ANATOMIE, L’EMBRYOGÉNIE ET LA RALÉONTOLOGIE COMPRENANT La Description des espèces employées en médecine de celles qui sont venimeuses et de celles qui sont parasites de. l'homme et des animauit PAU MM. Paul GKRTAIIS P.-jr. vau BEMKUi;^ Pi’ofessinn' de zoologie et d'anatomie comparée à la Faculté des sciences de Monlpollier Professeur de zoologie et d’anatomie comparée à rUniversifé de Louvain Accompagné de ligures intercalées dans le texte TOME PREMIER PARIS J. -B. BAILLIÈRE et FILS LIBRAIRES DE t/AGADÉMIE IMPÉRIALE DE JIÉDEGIXE r.ue Hautefeuitte, 19 LOADRES I MEW-IOKK H, BAlU.IKtlE, 219, liEGENT-STREET j II. BAILLIÈRE, 290, BBOADWAY aiADRlD, C. BAILLY-IiAII.I.lliBE, GALLE DEL l'RlYlGIEE , 11 1859 Droits de Ir.nducüon eide reprodiiclion réserves 1 » ■m I TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME PREMIER. AVEIITISSEMENT PREMIER EMBRANCHEMENT. — Anîiii.nix vcrlCbrés (CLASSE PREMIÈRE. — MAîiiiiFÈiiKS CiiAPiTHK I. — Do l'hommo considéré au point de vue zoologiquc. . . . CiiArrrnE U. — Des Mammifères terrestres qui ont, comme ITiomrae, le (léveloiipcment placenlairc et les dénis de plusieurs sortes . . . . Ordre, des Primates Ordre des Chéiroptères Ordre des Rongeurs Ordre, des Insectivores Ordre des Carnivores • Ordre des Proboscidiens Ordre des Toxodontes Ordre des Jumentés Ordre des lîisulqnes Sous-ordre des Ruminants Sous- ordre des Porcins CiiAPiTRiî III. — Des Thalassolhériens, ou Mammifères placentaires qui sont marins Ordre, des Phoques Ordre des Siréuides Ordre des Cétacés Sous-ordre des Cétodontes Suus-ordre des Baleines Cu.ti'iTRiî IV. — Des Édenle's, ou Mammifères terrestres et placentaires qui sont Iwmodonles CiiAPiTniî V. — Des Didelphes, ou Mammifères marsupiaux Marsupiaux anslraliens .Sous-ordre des Phascolomes Sous-ordre des Syndactyles Sous-ordre des Dasyurcs Sous-ordre des Myrmécohies Marsupiaux arnéricains Sous ordre des Sarigues Chapitiib \T. — Des Monolrèmos, ou Maminifcres ornilhodelphes . . . . Ordre des Er.hidnés IX 1 7 13 22 23 28 31 -il 44 51 52 53 58 59 75 77 79 80 82 83 88 90 93 95 95 95 90 96 96 97 97 98 t TAULE DES MATIERES. Ordre des Oriiitliorliynques 98 CLASSE DEUXIÈME. — Oiskaüx gg Ordre des Accipitres 108 Ordres des Grimpeurs et des Passereaux 109 Sous-ordre des Perroquets 110 Sous-ordre des Grimpeurs 112 Sous-ordre des Dysodes... 113 Sous-ordre des Syiidactyles IM Sous-ordre des Déodactyles 113 Ordre des Gallinacés. 122 Ordre des Échassiers 123 Sous-ordre des Coureurs 126 Sous-ordre des Hérodiens 128 Sous-ordre des Limicoles 130 Sous-ordre des Macrodaclyles 131 Ordre des Palmipèdes 133 Sous-ordre des Cryptorhines 133 Sous-ordre des Loiigipcnncs 13-1 Sous-ordre des Lamellirostres 133 Sous-ordre des Plongeurs 130 CLASSE TROISIÈME. — Rmii.ES 137 Sous-classe des Clwlonochampsiens 113 Ordre des Chéloiiiens 143 Ordre des Crocodilieus 148 Sous-classe des Saurophidiens 150 Ordre des Ophidiens 130 Ordre des Amphisbènes 190 Ordre des Sauriens igi CLASSE QUATRIÈME. — Amcuibiens 200 Ordre des Batracides 207 Ordre des Salamandres ' 214 Ordre des Cécilies 220 Ordre des Pseudo-salamandres 224 CLASSE CINQUIÈME. — Poissons. 224 Sons-olassc îles IHogiostomes 233 Ordre des Sélaciens 230 Ordre des Chimériens 241 Sons-classe des Gatidides 2-41 Ordre des Ithonihifèros 242 Ordre des Sturioniens 245 Sous-classe des Téléosléens 248 Sous-ordre des Acanlhoptérygiens. . . . . 231 TAULE UES .MATIÈRES. VII Sous-oi'drc des Subbrachiens 21)0 Sûus-ordrc des Apodes 265 Sous-ordre des Abdominaux 266 Ordre des Squamodermes 275 Ordre des Wpidosirfcnes. 275 Ordre, des Silures 277 Ordre des Ostéodermes 279 Sous-ordre des Gymnodontes 280 Sous-ordre des Baüstes 282 Sous-ordre des Coffres 282 Sous-ordre des Lophobraucbcs 283 Sous-classe des Cyoloslomes 283 Ordre des l.ampètres 285 Ordre des Branchiostomes 286 UEUXIÈME EMBliAX'GHEiVIËIVT. — Animaux articulés 286 CLASSE PREMIÈRE. - Insectes 289 Ordre des Coléoptères 302 Ordre des Orthoptères 315 Sous-ordre, des Orthoptères ordinaires 315 Sous-ordre des Ricins 317 Ordre des Névrnpières 321 Ordre des Hyménoptères 323 Sous-ordre des Aiguillonnés 325 Sous-ordre des Térébrants 348 Ordre des Lépidoptères 351 Ordre des Hémiptères 361 Sous-ordre des Hétéroptères 362 Sous-ordre des Horaoptères 368 Sous-ordre des Poux 375 Sous-ordre des Podurclles 382 Ordre des Diptères 38-i Sous-ordre des Rhipiptères 285 Sous-ordre des Suceurs ou Puces 385 Sous-ordre des Nymphipares ou Ilippobosques 389 Sous-ordre des Chétocères ou Mouches 392 Sous-ordre des Némocères ou Cousins -113 CLASSE DEUXIÈME. — Myriapodes 416 Sous-classe des Diplopodes 417 Ordre des Pollyxénides 418 Ordre des Gloniérides 418 Ordre des Julides 418 Ordre des Polyzonides 419 Sous-classe des Chilopodes ; . . . . 419 VU[ ÏAltl.i: DES MATIÈRES. Ordre (les Scliizütarses 41!) Ordre des lïolotarses. r 421 CLAS'E TROISIÈME. — An.rcn\iDi-s 428 Ordre des Seorpioiiidcs 430 Ordre dc.s Ariméidcs 440 Ordre des Onléodcs 431 Ordre des l’IiaUmgidcs 452 Ordre des Ac.iridcs ... 433 CLASSE QUATRIÈME. — CmsTACiis 473 Sous-edasse des Xyphosures 470 Ordre des Limules 477 Sous-classe des Podopliihalmes 477 Ordre des Décapodes 477 Ordre des Stouia podes 48 i Ordre des Phyllosoiiics 485 Sous-classe îles EdriopliüiaUnes 4SG Ordre des Isopodes 486 Ordre des Ampliipodes 488 Ordre des Léiuodipodes 489 Ordre des Pyenogonidos 489 Sous-classe des Ih-ancliiopodes 490 Ordre des Phyllopodes 490 Ordre des Trilobites 490 Sous-classe di'.i Enlomostraccs 492 Ordre des Daplinoïdcs 492 Ordre des Cyproides 493 Sous-classe dos Cyclopigènes 493 Ordre des Siphoiiostomes 494 Ordre des Leruéides 495 Ordre des Copépodes 490 Sous-classe des Cirrhipèdes 496 Ordre des Anatifes 497 Ordre des lialaiics 490 Sous-classe des LinguMales 499 Ordre des l.ingualulés 499 Sous-classe des Mysoslomes 302 Ordre des Mysoslomcs 502 CLAS.se CINQUIÈVIE. — RorrrEuns 503 Ordre des l'Iosculaires 504 Ordre des lîrachions 504 Ordre des Rotifères 501 AVERTISSEMENT, En publiant cct om rage, nous nous somiucs proposé un double but: donner aux médecins ainsi qu’aux naturalistes la description abrégée, mais exacte, des espèces animales qu’il leur importe le plus de connaître, et, par une'comparaison sommaire de ces espèces avec celles dont l’étude peut conlribuor aux progrès de la biologie, exposer méthodiquement les principales familles du règne animal en tenant comi)te des nombreuses decouvertes dont la zoologie s’est récemment enrichie. La connaissance des animaux n’est pas moins utile aux natuia- listes que ccll(! des plantes, et, dans beaucoup de cas, elle fournit à la médecine, ainsi ciu’aux différentes sciences sur lesquelles celle-ci repose, de s données aujourd’hui reconnues indispensables, et qui ont en etlel une importance bien supérieure à celles que la botanique peut leur offrir. L’anatomie et la physiologie humaines y trouvent des Indications précieuses qu’elles ne sauraient négliger sans perdre le caractère à la fois scientifique et élevé qui les dis- tingue. En prenant pour base l’anatomie, l’enibryogéme et la paléonto- logie, la zoologie proprement dite est arrivée de son coté à des résultats dont l’exactitude ne peut plus être contestée, et qui ont transformé la classilication. ^ L’observation des animaux les plus simples n’a pas moins contribué à ces rapides progrès des sciences physiologiiiues iiue celle des classes supérieures, et c’est par la comiiaraison de l’homme avec les especes animales ([ue 1 on compiend la na- ture et la signification de ses organes, ainsi (|uc les particula- rités fpii le distinguent comme être vivant. IMusieiirs des mala- dies auxquelles il est assujetti peuvent a leur tour être ])lus sûrement combattues lorsqu’on a réussi à se faire une idée exacte des parasites qui en sont la cause essentielle. Aussi les animaux avertissement. sont-ils étudiés chaque Joui- avec plus do soin, et les médecins comprennent, aussi bien que les naturalistes proprement dits, Tim- portance de cette étude. De nombreuses et remarquables découvertes ont été faites dans ces derniers temps sur les animaux de foutes les classes. Nous nous sommes attaches à les faire bien comprendre, et nous avons cherché a on appli(]ucr les résultats au classement méthodique du règne animal. ‘ Les caractères que. nous avons employés pour établir les grandes divisions primordiales ne sont pas uniquement tirés de la forme extérieure ou do Forganisation envisagée dans l’état adulte; nous avons eu également recours aux données fournies par l’embryo- génie, et meme, dans certains cas, à celles de la paléontologie, qui nous montrent sous quelles conditions la vie s’est d’abord manifestée à la surface du globe. Puisque la classification zoologique est l’expression de nos con- naissances relativement aux êtres dont elle s’occupe, elle doit tenir compte des diverses phases de hsur existence, rappeler les états successifs sous lesquels chacune de leurs espèces so montre à nous, et constater en même temps les dilférences que la na- ture a établies entre ces espèces suivant les époques géologiques pendant lesquelles elle les a fait apparaître. Il y a trois divisions primordiales des animaux (1), compai’ables aux trois divisions également primordiales que l’on a établies parmi les végétaux, et également fondées sur des particularités impor- tantes (le la composition anatomique et du mode de dévelonne- raent. * * Ces trois divisions, que nous appidlerons des embranche- ments, sont celles des Animaux mHéhrés, des Animaux articulés proprement dits et des Mollusco-radiaires; nous les partagerons en types, et les types, qui sont au nombre de neuf, seront eux-im’mes subdivisés en trente classes. L’histoire ik ces différents groupes sera exposée avec tous les details necessaires, et conformément au tableau suivant, dans les deux volumes dont se compose la Zoologie médicale; nous aurons soin do faire connaître dans chaque classe, non-seulement les ordres et les familles qui la composent, mais encore les principaux (1) Cuvier eu admettait quatre ; les Animaux vertébrés, mollusques, articulés et radiaires ; et de Blaiuville cinq : les Ostéozoaires ou animaux verUdirés les Entomozoaires ou animaux articulés, les MaJaeozoaires ou animaux mollusiiues les Aetmozomres ou animaux rayonnés, et les Amorphozoaires ou éponges ANIMAUX : AVERTrSSE-MENT. XI genres appartenant à chacune de ces familles, et parfois même leurs espèces les plus remarquables. Embraiichcmenls. A. VERTÈBRES Vet'lebraia.hümk. yOs- teotoa^ Bl,). .10 UypocotyléSy ou dont ’ / IcvilelliisreoU’û par la fuce inférieure du corps j (pii ont une moelle épinière sus-inlcslioale | ot sont pourvus d’un squelette intérieur 2o Épicotylés le \ vitellus rentre par la | face supérieure du i i toip». ipii sunl “'■m f A. ARTICULÉS ' clos exu...umneiil, Liune, Con-] posscdnul une chamop lJu-.). nerveiis»! sous-iiilesU- i ’ •' nale di: forme gau- 1 glionuüire et ont des j pâlies articulées : 3o .^//ocoiy/ef.oudontle v vitellus ne rentre ni par la face supe'rieiire ni par la face infe'i ieure du corps, dual lé i système nerveux est le j pl ts souvent turoié du 1 collier (csophugien sans \ série ganglionnaire en , forme de chuluc sous* ( inlestinaic \1), mliun ou sam sexes, ([ui s'observe dans un si grand nombre de familles appartenant aux iMollusco-railiaircs, et celui de la nâiiniiimi au moyen de sexes, dont nous avons exposé les deux conditions excep- lionnidles appelées i)arh'snaturalistes/>cc///cWy<è(csûmtoreciie/ofe La partbénogénésie, qui est fréquente chez les Insectes et chez d’autres animaux .sans vertèbres, est une génération dans laquelle le sexe temolle intervient seul, les œufs n'ayant pas hesoiu. pour se développer, du concours des spermatozoïdes. L'arrénotokie a été surtout observée chez les Abeilles: c’est la faculté ipr’ont ces ani- maux de iiondre, dans certaines circonstances, dos œufs ipn n’ont pas non plus reçu l’action des .spermatozoïdes, et d'oii ne sortent que dos mâles. De nomlireuses figures intercalées dans le texte faciliteront etudo des principales espèces signalées dans cet ouvrage, et con- tribueront a mieux faire comprendre les mêitamorpimses que subis- sent beaucou|) d entre elles. i'nris, 1" «rlDlirn IS.ïS. ZOOLOGIE MÉDICALE PREMIÈRE PARTIE. ANIMAUX VERTÉBRÉS. La première des grandes divisions nommées types ^ dont se compose le règne animal, est celle des Vertébrés, qui sont les plus parfaits de tous les êtres organisés, aussi bien de ceux qui existent maintenant sur le globe, que de ceux qui ont vécu pen- dant les grandes périodes antérieures à celle d’aujourd’hui, et dont la paléontologie nous retrace l’histoire. En effet, l'organisa- tion des animaux vertébrés surpasse de beaucoup en complication celle de toutes les espèces appartenant aux autres types, et en même temps leurs fonctions ac([uièrent une inconq)arablc supé- riorité. C’est dans cette importante et nombreuse catégorie d’êtres or- ganisés qu’il faut classer riiomme, le plus admirable de tous les êtres vivants par riiarmonicuse perfection de ses organes, et le maître de tous par son intelligence. Les vertébrés [l; sont facilement reconnaissables à la présence d’un certain nombre de caractères qu’on n’observe point chez les animaux des autres types, et connue l’ensemble de leurs diverses particularités se laisse assez aisément ramener à un plan gé- néral unique , susceptible d’être retrouvé dans le corps même de l’honime, l’étude de leurs particularités anatomiques peut être d’un grand secours, si l’on cherche à comprendre les principales dispositions qui caractérisent notre propre espèce. La physio- (1) Les animaux verlebrés, ainsi nommes par I.amarck, ont aussi été appelés animaux pourvus de sang, dans la classification d’Aristolc et de tous les auteurs anciens; Osleo^oaires par de Blainvillc; Myéluncure's, par Ehrenberg; Ilypoco- tylés, par Van Rencden, etc. 1 2 ANIMAUX. VERTÉBRÉS. logio des vertébrés, comparée à celle de l'homme, l’éclaire aussi d’une vive lumière, et les applications économiques dont ces animaux sont susceptibles de leur vivant, aussi bien que les pro- duits sans nombre qu’ils nous fournissent après leur mort, les ren- dent 011 ne peut plus utiles ; c’i'sl ce qui justifie 1 empressement que les naturalistes ont toujours apporté à les bien connaître. Les animaux vertébrés sont pourvus d’un squelette intérieur, dont les premiers linéaments ont pour axe la corde dorsale, sorte de gaine, rem|)lie de cellules particulières, qui s’étend de la base de la tète à rextréniité caudale, en suivant la ligne occupée plus tard, dans la majorité des animaux de ce type, par la série des corps vertébraux. Habituellement, la corde dorsale est envahie, à une époque plus ou moins précoce, par la substance des carti- lages, et bientôt après par celle des os, ce qui donne au scjuelette proprement dit la consistance solide (jui le caractérise, et 1 on reconnaît alors (lUC sa charpente est formé de la succession d’un certain nombre de segments ou articles osseux auxquels on peut donner le nom A’ostéodesmes (l) . Chacun de ces segments a lui-même pour axe ou pour partie centrale l’un des corps vertébraux qui se substituent à la corde dorsale, et il est complété par deux arcs, l’un supérieur, destiné à la protection du système nerveux encé- pbalo-racbidicn ; l’autre inférieur, alfecté à celle des viscères de la nutrition et de la reproduction. Les pièces dont se compose la succession des ostéodesines ou articles osseux des animaux vertél)rés, sont différemment com- posées, suivant les espèces que l’on examine, et surtout suivant les points du corps auxquels elles appartiennent; leur nondire est également variable; mais, ainsi que nous venons de l'indiquer, elles sont toujours divisibles en doux systèmes : celui des pièces supé- rieures à l’axe rachidien et celui des pièces inférieures îi cet axe. Dans beaucoup de cas une ou deux paires d’appendices, soute- nus par des pièces squeletti<(ues, distinctes des ostéodesines, s’ajoutent aux pièces dures qui servent de charpente au corps, et l’on conmaît, en outre, certains vertébrés chez lesquels il existe aussi un squelette cutané ou dermato-sijuelette (tatous, cotlres, syngnathes). Quelques autres éléments osseux dont nous n’avons à nous occuper que pour en renpeler rexistence (pbanères senso- riaux dents, os du coeur ou du pénis) complètent l’ensemble des pièces ossiforrnes qui caructérisent le type des vertébrés. (1) Voyez Paul Gervnis, Théorie du squelellc humain. Varis, 1836. GÊNÉRALrTÉS. 3 Le système nerveux central des mêmes animaux est formé d’un cerveau et d’une moelle épinière placés run et l’autre dans un canal formé ])ar la série des arcs vorti'hraux supérieurs, et les nerfs qui en partent se diviseni entrois sortes. Ceux qui sont appropriés à la sensibilité spéciale n’existent qu’à la tète, siège unique des organes sensoriaiix auxquels ils se rendent; ceux de la sensiliilifé générale sont fournis jiar les racines médullaires postérieures, et ceux de la locomotilité par les racines médullaires antérieures. Il existe en outre cliez les animaux pourvus de v_ASVüJîks^. ’géolhériensethélérodüules : j Mywmécobies. ' Simiadés ou singes [ de l’ancien et du conti- nouveau I tient. \Lémuride’s^ etc. Membres pi oprios locüinoiionter*^ I estre(Geoi/te- J Placeutazonaire: riens ) ; deiitsX Zonofiln cen- dû deux, sortes i laires. au moins oui PlacenUditlusou / HkobosCIDIENS. hétérodonles. f rotylédimaùc ; ) Tox-odüNtks. Polyplncen- J Jumentes. iaii'es, \ RisüLQüES, , . . , , / Phoques. MembresoppropriesalalocomoUon t ^sirknide.s, nqualique ( Tdnlnssalheriens ) , 1 (^^«rAcÉS. dents de plubieuvs sortes ou d une J seule sorte. f ZeUGLODONTES. / pHASCOLOMES. manquent 1 i!\iarsiipiaux ou Didelphes). I g^gicuES. de placenta \ ' \ j Gestalioii s’opérant enüèroment ianes). J pcividucte {^Honotremes iobnithoruynquES V ou Ornilhodelphes). ) (Groupe éteint.) I Huminants. I Porcins. Ç Groupe éteint , ^ iticomplétemeiit connu. Tardiifrades, Mégalhères. 1 Myrmécophnges. ' Oryctèropts, Dasypodes ou Ta- tous. Manides ou Pan» golius. Animaux auslrak- siens. I Auim. américaitis, I .\nim. Kuslralietis. CHAPITRE PREMIER. llE T.’nOMME CONSIDÉRÉ AU l’OTNT DE VUE 7.0OLOG1UUE. Avant de commencer rénumération des principaux groupes de mammifères inscrits dans le tableau qui précède, et de parler des produits que chacun d’eux fournit à la médecine, a Péconotuie domestique ou à l’industrie, nous croyons utile de rappeler en quel- ques mots les traits principaux de l’histoire de l’iiomme envisagée au point de vue de la zoologie. MAMMIFÈRES. L’homme emprunte son organisation à la classe des mammi feres, et par le plus grand nombre de scs caractères il se rapproclu singulièrement de la famille des simiades^ c’est— à— dire des singes Il a plus particulièrement des rapports avec ceux de ces animaui qui vivent dans l’ancien monde, c’est-à-dire avec les Pitliécins el certaines espèces appartenant au groupe de ces derniers ont même tant d’analogie avec, lui dans leur extérieur et dans leur dis- position anatomique, (lu’on leur a donné la dénomination d’an. thropomorphes, signifiant à forme humaine, pour exprimer cette analogie. Tels sont l’orang-outang des îles de Sumatra et de Bornéo, le clnnipan/.é et le gorille de Guinée, ainsi que les gibbons, dont les diftére.ntes espèces vivent sur le continent de l’Inde ou dans les îles qui s en rapprocbcnl. Linné réunissait même ces ditférents ani- maux dans un genre unique avec l’homme (genre Homo, Linné). Nous n’avons pas besoin de dire ici que ce mode de classification est maintenant abandonné, et que le genre humain a été dé- barrassé de ces espèces qui, tout en s’en rapproidiant par la fox*—, mule dentaire (t), par la forme aplatie du sternum, par l’absence de queue et par le manque de callosités (‘i), n’en sont pas moins des singes véritables, cest-a— dii’e des uniniaux assez ditférents de l’homme, même par leurs caractères zoologiques, pour qu’on ne les associe pas a lui comme étant ses congénèiais. Lt iïous ne par- lons point ici, bien entendu, des caractères moraux qui font de l’homme un êtr»; si différent de tous les autres. Par ces derniers caractèr(!s, il est txillcment au-dessus du reste des animaux, que 1 on a pu dire que, s il se l’attache au meme l’ègne par son orga- nisme, il tient de la divinité par la supériorité de son intelligence. Les aptitudes si spéciales et si rcmai’quables (jui distinguent le genre humain a l’egard des autres genres d’animaux; son exis- tence possible sous tous les climats, quelque diversité que pré- sentent ces derniers; l’esprit de sociabilité (jui préside à ses rela- tions de chacjue jour; la perfectibilité dont il est susceptible et dont l’éducation assure les progrès; son action sur le reste de la , nature, qu’il sait faire travailler à son profit enconquérant les forces physiques auxquelles elle est assujettie; les ressources qu’il s’est ménagé par la culture d’un grand nombre d’espèces, soit animales, soit végétales; la multipicité de ses industries, auxquelles tous les (1) La füriuule deutairc est la même chez riioniiiic el chez les singes Pithécius : 32 dents chez I adulte, savoir : r incisives, canines et ; molaires de chaque côté, et 20 dents de lait : - incisives, j- canine et j molaires de chaque côté, (2) Les gibbons ont cependant des callosités. noMm. 15 orps terrestres peuvent servir d’instrument ou de matière pre- hière, sont autant de signes distinctifs qui révèlent la supério- •ité de l’homme, en même temps qu’ils lui permettent l’exercice le plus en plus libre des qualités morales dont il est doué; Is donnent à sa puissance sur le globe une étendue que la fai- dessc de son organisation semblait d’abord lui interdii-e. Maître de la création actuelle ou en lutte avec quelc(ucs-uns des bres qui la composent avec lui, l’bonnne agit sur un gi-and nombre le CCS êtres par la chasse, par la pêche et par l’économie rurale. 5’il repousse et s’il détruit sans pitié ceux qui sont nuisibles à ses iociétés ; s’il réussit à innltiplicr, pour ainsi dii'c, à sa volonté ceux |u’il s’est appropriés par la domestication ; d’autre part il recherche es moyens de maintenir dans une proportion numérique en rap- port avec scs besoins et dans des conditions favorables d’exploi- tation les espèces lihrciS, soit terrestres, soit fluviatiles ou marines, lont il tire partie pour son alimentation ou son industrie. La toologic et la botanique, ainsi que toutes les notions même vul- gaires qui se rattachent à l’une ou à l’autre de ces doux sciences, l’éclairent et le guident dans ces différents cas, et il réussit d’autant itncuxdans scs entreprises ou dans ses essais qu’il tient davantage Compte du natuK'l et des ai)titudes physiologiques des espèces qui l’intf-ressent. Aussi la (connaissance des animaux et des végétaux qui vivent dans chacune (hes contrées habitées constamment ou fréquentées accidentellement par le genre humain a-t-elle un attrait réel pour l’homme civilisé, et leur étude est inséparable celle de l’homme lui-même. Notre espèce réagit autant sur la nature que la nature agit sur elle, et, sous ce rajiport, comme sous tant d’autres, les études ethnographiciues, ainsi que celles quîsont le plus spécialement du ressort de la zoologie, se prêtent un mu- tuel secours, vertes par lesquelles Buffoii, G. Cuvier, É. Geotïroy ou de Blaiti- ville, et avant eux les anatomistes ou les philosophes de tous les temps, ont démontré les rapports intimes qui rattachent ta notion anatomique de rHomme et la théorii; de ses tonctions a celles des animaux supérieurs, et permettent d’éclairer l’étude de notre espèce parcelle du règne animal. En continuant à observer le genre Homo conformément aux prin- cipes de la zoologie, on pourra non-seulement arriver à une con- naissance plus précise de ses caractères principaux, mais encore classer aveciilus de certitude les nombreuses populations entre les- quelles se partage le chiffre de 775 ÜÜO 000 auquel on évalue la totalité' des individus humains qui peujilcnt le globe. Déjà les carac- tères soit physiques, soit moraux, qui distinguent tes inâncipales nations ont été appréciés avec plus de justesse, et ces nations elles- mêmes, aussi bien (lue les différents rameaux auxquels elles appartiennent, ont pu être classées avec jirécision, et leurs rap- ports de filiation ont été mieux compris. On trouvera dans les ouvrages spécialement consacrés a l’ethnographie tous les dé- veloppements relatifs à cette branche importante de 1 histoire de l’homme (1). Buffon, Linné, Blumenbach, G. Cuvier, de Blainville et la plu- part des grands naturalistes ont établi qu’il n’y a qu’une seule espèce dans le genre humain. Ils se fondent principalement, ainsi qu’on le fait pour les autres groupes des êtres organisés, sur la possibilité d’une fécondité continue entre les individus des diffe- rentes races. On ne s’étonnera |)oint que les ethnographes n aient pas toujours été d’accord sur cette grave question de 1 unité de 1 es- pèce humaine, si l’on se rappelle avec (juelle incertitude certains na turalistes procèdent souvent dans les questions de spécification, alors même qu’il s’agit des animaux dont l’étude offre le moins do diffi- cultés. Ainsi l’on voit des naturalistes donner à l’espèce une (1) Voyez, indépendamment des mémoires et articles spéciaux publiés par un grand nombre d’auteurs en renom ou de voyageurs; Buffon, De l’Homme, dans son lUsl. nal. géii. et part. — Blumenbach, De generis humani, etc. — Lacépede, Histoire naturelle de l’Homme. — Walchenaer, Essai sur Ihislühe de l espèce humaine. — Virey, Hisi. nal. du genre humain. — Bory de Saint- Vincent, Hist- nat. de l’Homme. — A. Desinoulins, Histoire des races humaines. Prichard, Hist. nat. der//omme,trad.deM.Roulin.-D’Omalius d'Halloy, Éléments d’ethno- graphie. — Maupied, Prodrome d’ethnographie. — Hollard, De l’Homme et des races humaines, et, dans beaucoup de traités généraux de zoologiej les chapitres relatifs au même sujet. I. 2* 20 JIAiLyiVKRES. étendue j)resque aussi jiraiide que celle du genre proprement dit, tandis que d’autres multiplient d’une manière vérifahlement exa- gérée le no)nl)r(! des es[)èees qu’ils admettent c,nmmc distinctes, qu’il s’agisse des animaux supérieurs ou de ceux qui s’éloi- gnent davantage d(î nous. Sans sortir de la classe des Mammi- fères, on trouvera de uomhreux exemples de ces espèces pun;- ment nominales dans les différentes familles des Singes, des Makis, etc. Nous le dirons donc sans crainte d’être contredits, les natura- listes ne possèdent pas encore le véritable critérium de l’es[!èce, et si les notions théori(;ues dont la science s’esbenriclne sous ce rap- port ont une importance inconiestahle, elles sont souvent d'une application fort ditlicile dans la j)rati((uc, et il serait peut-être dé- placé de demander à l’ellmograpliie une précision dont la zoologie véritable est encore si éloignée dans bien des cas. Les résultats auxquels cctie science est parvenue par scs inté- riîssantes recberches n’en sont pas moins dignes d’attention. Elb' a permis d’ajouter aux caraetères moraux (|ue l’on tire de la com- paraison dos langues ou do celle des re!igi!)ns, ainsi que des rap- ports sociaux des peuples, les caractères apj)elés physiques ou naturels, par lesquels ces jK'oples se distinguent les uns ques sont remarquables par les membranes ali- formes qui s étendent entre leurs membres, par leurs incisives inférieures pectinées et par leurs pouces non opposables. Le Cbéiromys ressemble aux Rongeurs, en ce qu'ifn^u que deux sortes do dents disposées comme celles de ces animaux. Ses deux mamelles sont abdominales. Nous nous étendrons un peu plus longuement au sujet des deux familles des .Singes et des Lémuridés, qui pi’ennent rang immé- diatement après riiommo dans la sériation zoologique, et par conséquent avant les Cbéiromys et les Galéopithèques dont nous ne parlons ici qm; pour mémoire. FAMILLE DES SIMLVDÉS. -Les Singes, ou Primates de la fa- mille des .Simiadés, ont le corps sensiblement anthropomorphe, surtout dans les premières espèces, la tète presque arrondie, les yeux i.qiprochés, le nez écrase, les oreilles courtes, les pouces, principalement ceux de derrière, facilement opposables aux autres doigts et les dents incisives, au nombre de quatre, en deux paires h chaque mâchoire, comme celles de l’homme. Ils constituent deux tribus bien distinctes: les Pithécins et les Cébins, dont l’une comprend les Singes de l’ancien continent et l’autre ceux du nouveau. I. Les PiTiiÉcms ou Singes de l'ancien continent ont la formule dentaire de rhomrac (32 dents pour la dentition adulte : | inci- sives, [ canines et I molaires de chaque coté, et 20 dents pour la dentition do lait : | incisives, { canines et | molaires do chaque côté). Leurs narines sont comme celles de riioinme sé- parées par une cloison étroite, et ta surface terminale do leur nez n’est point en mufle. C’est-à-dire muqueuse, comme celle de beau- coup d’autres mammifères; leur queue n’est pas préliensile, et souvent meme elle est si courte, qu’elle ne forme, comme celle de l’homme, qu’un coccyx sous-cutané ; la plupart ont les tubé- rosités ischiatiques élargies et garnies do callosités cornées; tous ont des htnnispheres cérébraux pourvus de circonvolutions, mais la forme de ces circonvolutions n’est pas la même dans les diffé- rents genres, et leur nombre n’e.st considérable que chez ceux qui se rapprochent le plus de l’bonnne. La masse des hémisphèiU est d’ailleurs bimi moimlre que dans ce dernier. On peut établir cinq groupes de Singes pithécins : les Anthropo- morphesou rroglodytins, les Cynocéphalins,\c=, Macacins, les Semno- pithécins et les Cercopithécins. i. Los Singes troglodgtins sont les Oraxgs-Oltaugs (g. Simia) PRIMATES. de Sumatra et de Bornéo, les Chimpanzés (g. Trocjlodytes) do Guinée, les Gorilles [Gorilla Is. Geoffr.), aussi de Guinée, et les Gibbons (g. Hulobates) de l’Inde continentale et insulaire. Ces derniers sont les seuls parmi lesquels on puisse distinguer avec certitude plusieurs espèces. Les singes de ce premier groupe sont, dctouslcs animaux connus, ceux qui ressemblent le plus à l’homme par leur apparence exté- rieure et en même temps par leur structure anatomique. Tyson, P. Camper, de Blainvillc, R. Owen, Vrolik, Duveruoy et quelques autres en ont publié de bonnes monographies anatomiques. 2. Les Singes cynocepkalins sont : le CrNoriTHÈQUE (g. Cynopi- thecus) de Célèbes et des îles voisines, les Mandiui.ls (g. Mandrüla) de la côte de Guinée, et les Cynocéphales (g. Cynocephalus), divisés en Chacmas, Babouins, Papioiis, Hamadryas et 'riiéropithèques. Ce sont des animaux africains. L’Hamadryas, souvent figuré sur les inonunients égyptiens, est en même temps d’Arabie. 3. Les Singes rnacacins sont pour la plupart asiatiques (Ârc- toïde, Maimon, Rhésus, Silène, Macaques ordinaires). Leur groupe est représenté en Afrique par le Magot (g. Pithecus) et par les Mangabeys (g. Cercocebus). Le Magot [Pithecus inuus) esta la fois le Pithèque et le Cynocé- phale d’Aristote; c’est peut-être aussi le singe dont il est question dans la Bible, au Livre des Rois (cliap. X, v. 22). C’est plus sûre- ment encore l’animal que Galien a disséqué, et sur l’étude duquel repose en grande partie l’anatomie publiée par le célèbre médecin de Pergame. Il est commun dans plusieurs parties de l’Algérie, et il y en a aussi quelques bandes dans le. midi de 1 hspagne, piinci— paiement sur les l’ochers de Gibraltar. \ésale est le prcmiei ana- tomiste qui ait reconnu que l’anatomie de Galien avait été bien plus souvent écrite sur l’étude du singe que sur celle de 1 homme; mais la remarciuc qu’il en fit lui valut de la part des anatomistes de son temps les critiques les plus acerbes, et elle lui suscita de nom- breux contradicteurs. h. Les Singes semnopithécins sont les uns indiens et IcÆ autres africains. Les Nasiqces [Nasalis larmtus et incurms), rcmarquar blés parle grand allongement de leur nez, le Doue [Semnopithecus nemœus] et les autres Senmopitlièques sont dans le preniicr cas; les Colobes (g. Colubm), dont les mains antérieures n’ont point de pouce ou n’ont qu’un pouce rudimentaire, sont dans le second cas. . u • a Le Bouc habite la Gochinchine ; il passe pour fournir un bezoard 26 MASniIFÊRES. dont il est question dans certaines pliarmacopéos comme d’un puissant alexipharmaque. Cette concrétion se forme, dit-on, dans sa vésicule biliaire. 5. Les Singes cercopithécîns. Ce sont les Guenons fg. Cercopi- thecus] et leurs divisions, dont toutes les espèces sont propres à l’Afrique. Quelques-unes fournissent r leur ramille. ,,,jvTTnt;'m 2. C’est on Ainéri(iue seulement qu’existent les llULl-tn c- MlUÉS, famille bien circonscrite aussi, dont les espèces sont sou- vent confondues sous la dénomination de Yampyn-s, cl (lue 1 on divise en quatre tribus sous les noms de DjcsMom.xs (g. Desinodi,^ , do Stkxouekmixs (g. Si-enwlemn, Ptcroflmnn, ArUknts, etc.,, (>e Ccossorn.mixs (g. Glo^sopkayo), et de Vamcvuins (g. \ampyrm, l’/ii/llosluiiin, oAc.) (1). 1 -i' Les Vampvres ou les dillerentes espèces de Pbyllostoimdes abondent dan's les parties cbaudes de l’Aniéri(|ue, oii on les redoub' à cause de l’habitude qu'ils ont de sucer le sang de 1 homme et des animaux, lorsqu’ils les trouvent endormis. On a beaucoup exagéré la gravité des blessures faites par ces Cluiuves-bouus, mais elles n’en sont pas moins réelles, et les Indiens, les nègres ou meme les Européens établis dans le nouveau monde ont someid, à en souti'rir. 1! en est (piestion dans un grand nombre d auteurs, mais on n’a pas encore établi avec assez de précision la part qui revient à chaque espece dans ces accidents. Il est bien constate, cependant, ,iue le Vampyre spectre [V.wpyru^ speefrum, et le Phyllostome fer-de-lance ^J>/,ylloHo.na hasMuw , ,pn ont k corps aussi gros que celui d’une poule et dont les dents sont sont Iden plus redoutables que les petits glossophages t meme ue le Desmode, malgré l’acuité des incisives supérieures ( e ce dcin . La succion opérée par plusieurs de ces grands Ihyl os oints doit épuiser bien plus vite que celle des especes de moindre taille cl (luoiiiu’on ne cite véritablemmit aucun cas de mort, soit poui l’iionime, soit pour les quadrupèdes, on peut voir par les récits des voyageurs que les accidents dus aux ^ ampyres sont parfois asst. sérieux. M. Tsebudi, qui a parcouru le Pérou, il y a quelques années seulement, raiiporlc qu'une, de ses mules ayant cdc.saignet pai ces animaux, il n'a réussi à lui sauver la vie qii en lui rictionna t les parties blessées avec un liniment compose d eau-dc-vie cam- phrée, de savon et d’huile. U cite aussi le cas dun Indien qui, s’étant endormi dans un état d’ivresse, resta expose aux ait. pyres. La blessure unique qu’il en reçut était placée au visage; elle (1) Voyez l’iuil Oervais, ÜoeumeaU écologiques pour serfir à U mu wgi ap des Chéiroptères sml-anuirieaias. la-l, l’aris, iSôü. clait petite et eu apparence légère; toutefois elle fut suivie d'uiie intlaïuiiiatiou locale et cFune tuméfaction telles, que les traits de ce pauvre liomme en devinrent momentanément mcimnnaissables. Azara s’exprime ainsi en parlant de Pliyllostomidés, probalde- ment de la tribu des Sténodermins ou Pliyllostomidés frugivores, qu il a observes au Paraguay : « Les blessures qu’ils me firent, sans que je bïs eusse sentis, étaient circidaires ou elliptiques, d’une ligne à une ligne et demie de diamètre, mais si peu profondes, qu’elles ne percèrent pas entièrement ma peau.... Quoique mes plaies aient été douloureuses pendant quelques jours, elles furent de si jieu il importance que je n’y appli(|uai aucun remède. » 3. Lest uniquement dans l’ancien monde que l’on voit les UHINÜL()PIIlDÉb,aux(jucls appartiennent les g. Mégaderme, Jihino- lop/te, Nyctère, Nijctophile et lihinnpome. L’Europe nourrit trois espèces de Hliinoloplies. ti. Une autre grandccatégorie do Chéiroptères est cellcdes animaux de cet ordre ijni, tout en étant dépourvus de feuilbt nasale, comme les Roussettes, ont les lients molaires approiiriées, comme celles des\ampyreset des Itbinolopbidés, au régime insectivore, et man- quent d’ongle au doigt indicateur. Un les réunit sous la dénomi- nation conmiune de VESPETÎTILIONIUÉS. Ceux-ci montrent quel- ques dillérences secondaires, dont les principales ont permis de les partager entre quatre tribus sous les noms de Noctilionixs (g. Nue- tilio), de Molos.sixs (g. Molosse, Promops, Nyctinome, etc.), d’Eji- liALLONiiUNS (g. Diclidurc, Emballonure, etc.), et de Vespertilio.xtxs. Ces derniers comprennent des Chauves-Souris analogues à celles de notre pays ; a part les Rliinolojihes, ils fournissent toutes les espèces de Chéiroptères que l’on observe en France. L’Italie pos- sède un Molossin assez rapproché des Nyctinomes : c’est le Dinops Cestoni. Les Noctilionins sont les seuls Vespertilionidés qui soient limités a I un des grands continents : on ne les trouve que dans l’Amé- rique. Les Molossins, dont ils sont d’ailleurs très voisins, ont au contrairiî des espèci's dans l’ancien continent, ainsi que dans le nouveau, et 1 on regarde mémo certains d’entre eux, qui vivent dans 1 Inde et aux îles Mascareignes, comme congénères avec ceux que nourrit 1 Amérique méridionale. Les dilférences qui les sépa- rent des animaux américains que nous venons de signaler parais- sent, en etlet, n avoir qu’une valeur purement spécifique. Toutefois les vrais Molosses sont des animaux exclusivement américains. RONGEmS. ^ '■ Duant à la tribu des Vcspovliliouins, elle est, de toutes celles que l’on a établies parmi les Chéiroptères, la plus étendue, et on peut la citer comme réellement cosmopolite. Ce fait n est pas sans intérêt si l’on fait attention au rang inférieur que les \osper- tilionins occupent par rapport aux autres animaux du ineme ordre, et si l’on compare leur dispersion à la surface du globe, a la distribution si nettement circonscrite des Ptéropodides ou des PlivllosUmudés, qui leur sont supérieurs en organisation. }3 autres exemples analogues nous seront fournis par les ordres ou les familles dont nous aurons à nous occuper ultérieurement. Nous ci- terons dès à présent, comme étant eu particulier dans ce cas, les Uats ou Muridés, (jui sont les derniers des Rongeurs, et les Geckos, qui sont les derniers des Sauriens. Dans le ^ groupe des Chéi- roptères, ainsi que dans beaucoup d’autres, il est également à remarquer que les premières espèces ont des dimensions plus considérables que les autres, et que ce sont aussi celles qui ont la queue le moins développée. Au contraire, les groupes les plus élevés de chaque série sont aussi les plus limités dans leur dis- tribution géographique, et nous aurons l’occasion de faire remar- quer ailleurs ([u’ils sont en même temps ceux dont les especes atteignent les plus fortes dimensions, et ceux où elles se distin- guent par la brièveté ou même l’absence extérieure du prolon- gement caudal. , . Cette règle s’applique en particulier aux Singes 1 ithecms, dont nous nous sommes occupé dans le paragraphe précédent. Ordre des Kongeurs. Les Rongeurs [Glires de Linné) sont, avec les Chéiroptères, ceux de tous les animaux mammifères qui fournissent k la population actuelle du globe le plus grand nombre d’espèces. U y a près do quatre cents espèces de Chéiroptères, et l’on n’en connaît pas moins de six cents parmi les Rongeurs. Le caractère le plus apparent de ces derniers est de n avoir que deux sortes de dents ; des incisives et des nioüûres, sans canines, mais avec une barre, c’est-à-dire un espace vide à la place ordinairement occupée par ces dernières dents clic/ les animaux des autres ordres. En outre, leurs incisives sont fortes et tranchantes, et il y en a une paire seulement à chaque mâchoire. Les Lièvres et les Lapins ont cependant, en arrière des deux incisives supérieures, une paire de petites incisives supplémentaires. 22 MAMMIFÈRES. Les Rongeurs sont des mammifères terrestres, à placenta dis- coïde, onguiculés, sans pouce opposable, ayant le cerveau ordi- nairement lisse, dont la verge est cachée, et qui n’ont pas de bourse scrotale. Leur ordre a des représentants dans tous les grands centres roologiques actuels, même lï la Nouvelle-Hollande, qui est si pauvre en mammifères monodelplies, et dans beaucoup d’iles d une fiublc étendue, qui dépendent de l’ancien ou du nouveau con- tinent. l'outetois on ne leur connaît encore aucun représentant à Madagascar. Parmi les nombreuses espèces qu’ils fournissent aux autres ré- gions du globe, il .en est qui sont utiles par leur chair et souvent aussi par leur fourrure : tels sont plus particulièrement les Lapins et les Lièvres, de la famille des Léporidés que nous avons déjà cites. Les Castors, les Marmottes, les Écureuils, les Ondatras, les Myopotaines, les Cliincliillas et beaucoup d’autres, ijuoique sus- ceptibles, de servir aus.si d’aliments, sont surtout recherchés pour leur fourrure a la fois chaude et délicate. Au contraire, il en est d’autres qui ont les poils durs ou même transformés en piquants. Dans cette catégorie on remarque surtout les Porcs-Épics et autres genres de la même famille, ainsi que diverses espèces de la tribu des Capromys, qui sont souvent désignées jiar le nom commun d Echimys. l! y a des Rats, principalement ceux du genre Acomys, qui sont également épineux. Certaines espèces de l’ordre des Rongeurs sont des animaux uni- quement alimentaires, comme le Cochon d’Inde, qui appartient au giYuipe des Cavias, et qui est comme eux un animal américain: en eliet ce jietit mammifère nous est venu du Pérou. Ses poils sim- plement soyeux et peu serrés, ne lui fournissent pas une fourrure susceptible, de le protéger contre le froid de nos hivers. Certains Rongeurs sont en même temps des animaux médicinaux : les Castors tourmssent un principe très employé comme antispas- modique, et l’on retire des Porcs-Épics des bézoards auxquels les Indiens attribuent des propriétés merveilleuses. La classification des Rongeurs ne laisse pas que d’oflrir certaines difficultés, et malgré les beaux travaux dont elle a été l’objet de la part de Palias, de F. Cuvier, deM. Waterhouse et de quelques autres naturalistes, clic est encore incertaine à plusieurs égards, quoique I on retire du crâne et des dents des caractères qui, joints à ceux des autres parties du corps, permettent une diagnose facile de la plupart des genres. Nous nous bornerons à donner ici le résumé noNGEuns. 33 succinct de cette chissitication telle que nous l’avons étal)lie d’après nos propres observations. 1. La plupart des Rongeurs n’ont qu’une seule paire d’incisives à chaque mâchoire; on les désigne habituellement sous le nom de Rongeurs ordinaires', ils constituent plusieurs familles : Les CAVIADÉS, animaux essentiellement américains, compren- nent, indépendamment du Gabiai [Ilydrochœrus capgbara), qui est le plus gros des Rongeurs et le seul qui ait des circonvolutions cérébrales, les Auoutis [Chloromys], les I’acas (g. Cœlogenys], les Dülichotis, les Kérodons et les Cobayes, dont le Cochon d’Inde et plusieurs espèces sauvages dites Apércus font partie. Les HYSTRICIDÉS, auxquels on arrive par l’intermédiaire des Pacas et des Agoutis, forment un groupe nombreux dont il y a des genres dans les deux continents, et que l’on partage en plusieurs tribus, savoir : l” Les IlYSTKiciNS de l’Asie et de l’Afrique, ou les genres Porc- Epic (Hystrix), Acanthion et Athérure. Le poi’c-épic ordinaire s’est conservé dans quelques rares loca- lités du royaume de Naples ; 2" Les Aulacobins (g. Aulacodvs) de l’Africiue intertropicale ; 3° Les Éréthizoxins d’Amérique (g. Erethizon, Spkiggurc et Chœtomys) ; â” Les Cafromysiks, plus nombreux et tous américains, que l’on divise en genres sous les noms de Myopotame, Plagiodonte, Capromys, Dactylomys, l\elomys, hekimys, etc. Les CHINCHILLIDÉS forment une division peu nombreuse dont les trois genres américains [Viscacke, Lagotis et Chinchilla) sont remarquables par la douceur de leur pelage. Les CTÉNOMYDKS, ((ui s’en rapprochent à plusieurs égards, et qui sont du même continent, atteignent de moindres dimensions. Leurs genres ont été nommés Ctenomys, Schizodon, Pæphagomys, Octodon et Abrocome. Les PSEUDÜSTOMIDÉS, également américains, appartiennent à des latitudes moins chaudes, et leurs affinités sont moins évidentes que celles des groupes qui précèdent; ils forment deux tribus, les Saccopiiorins (g. Saccophorus) et les Saccomysins (g. Saccomys, etc.), les uns et les autres pourvus de larges abajoues, qui leur ont fait donner le nom de Rats à bourses. A la suite de ces cinq familles, nous en placerons cinq autres qui paraissent former une seconde série dans le sous-ordre des Rongeurs proprement dits. 3 34 MAMMIFÈRES. La première de ces ftmiilles est celle des SCIURIDÉS, qui est nombreuse en espèces, a des représentants dans les pays chauds aussi bien que dans les régions les plus froides, et pullule surtout dans l’hémisphère boréal. Ses difiérentes tribus sont: 1» Les Castüiuns, actuellement composés du seul genre Castor, sur le([uel nous reviendrons après avoir terminé cette étude analy- tique de la classification des Rougeurs ; 2° Les .'VncTOMVSiiNS, ou Marmottes et Spermophiles ; 3» L(‘s Ptého-mïsias ou les Écureuils volants ig. iHeromps et Sciuroptère) ; 4° Les SciLRiNS ou les Écureuils de tous les pays. C’est à l'un fies sous-genres do cette tribu qu’ap[)artient l’animal connu dans le commerce de la pelkitfirie sous le nom de Petit-Gris. Les GLIRIDÉS ou les Graphiures, les Loirs, les Lérots et les Muscardins, forment une autre famille, dont il faut sans doute rap- procher comme tribu spéciale les Anomai.iir.ins (g. Anomalurus), qui rappellent les écureuils volants par leurs allures, ont des mem- branes entre les flancs et même entre les cuisses ; ils vivent dans les parties les plus chaudes de l’Afrique occidentale. Famille des DIPODIRÉS. Tous les Gliridés sont des animaux de l’ancien monde; il en est de mémo des Dipodidés ou Gerboises (g. Dipus), si remarquables par le grand allongement de leurs pattes postérieures, dont les trois métatarsiens intermédiaires sont réunis en canon. Onl es rencontre essentiellement dans les grandes plaines sablonneuses. Ils fornumt la tribu spéciale des Dirouins, à côté de la([uelle on doit probablement classer les Pédètins d’Afrique (g. Pedetes ou Helamys) et les Gténobactyt.ins (g. Ctemdactylus) également africains. La famille des SPALACIDÉS, qui se rapproche déjii beaucoup de celle des rats, dont nous parlerons ensuite, est composée d’animaux fouisseurs répandus dans l’ancien continent, ayant ta queue courte ou nulle, et qui, dans certains genres, sont presque eompléfement privés d’yeux. Geux du Spalux d’Orieut, dont il est déjà parlé dans .Vristote, sont si rudimentaires, qu’on les prendrait pour les bulbes de (pielques poils, et la peau passe au-devant d’eux sans s’y fi'ndrc sous forme de paupières. Les MüRIDES sont les plus petits des Rongeurs et en même temps les plus nombreux eu espèces aussi bien que d’individus. Il y en a partout, même en Australie, et en tous lieux ils se font remarquer par leur importunité ainsi que par leur voracité. La plu- part sont granivores, d’autres sont omnivores, et les moissons ainsi 35 HONUÉURS. quo nos [n'ovisioiis de toutes sortes ont grandement à soiitïrir de leurs attaques. On partage ces animaux en plusieurs tribus. C'est à leur groupe qu'appartiennent les Os liati\as [Fiber zibelhi- cus) de l’Amérique septentrionale, qui sont une espèce de gros rat d’eau à queue conqu'imée, et dont les organes génitaux sécrètent une. matière musquée ; le Suumut.ot .Mus decimanus , asia- tique qui .s’est étendue sur fous les poiids du globe, (|uni(pie sa présence n'ait été; eonstatée eu lùirope que pendant le dix-liuitièmc sièclc;lcUATXuiR(df«se«;éMS; , égalenumt étranger à nos contrées, dans lesipielles il s’est introduit au douzièuu' siècle, en suivant les iiandes qui revenaient des croisades; la Soniis [Mus muscidus], ([ui |wrait indigène, eu lîurope, et beaucoup d'autres espèces tell(;s que les Campagnols, le Mulot ordinaire, te Mulot nain, etc,. jdnntou trouvera la description dans les onvragc'S spéciaux de mammalogie. II. Certains Kongeurs ont derrière les incisives supérieures nue paire d’incisives plus petites, et leurs molair(;s sont plus nombreuses que cclk'S des genres précédents. Au lieu do | ou J, ou, e(' ([ui est plus rare, paires, ils en ont 1 ou | ; rensembb; de leur organisa- tion ditîère d’ailleurs par plusieurs caractèr(;s importants de celle des Rongeurs ordinaires. C'est à cause de b'urs doubles incisives supérieures qu’on l(;s a quelquefois appelés Duplwidentês. Ils ne. forment (ju’une seule, famille: les LKI’DHIUKS, divisés en Lièvres (g. XepMs), Lapins [Cuniculus (\iCnrpotagus > et Lagomys, auxquels se joignent quebpies genres fossiles trouvés (>n Lurope. Ces Léporidés d‘espèe(;s éteintes soid associés dans plusieurs des dépéds tertiaires ou diluviens à des Rongeurs our la sécrétion particulière dite castorénm, ([ui s’amasse aiqfrt’s de leurs organes génito-urinaires, dans une paire de grosses poches oviformes. faciles à dessécher, que l’on recueille pour la droguerie. 37 TlONfiEUBS. Los casfors ont le corps long de 0,65 environ, et, la queue longue de 0,30, élargie en palette ovalaire et à sùrlace écailleuse. Leurs ])attes de derrière sont palmées. L^msemble de leurs autres carae- Fir,. 1. — Le Castor. tères les rapproche plus des marmottes que (raiieun iiutrc groupe des Rongeurs, et les myopotames de l’Amérique du Sud, quoique nommés aussi castors de la Pltitii, etc., sont dos animaux d une tout autre famille 11 en est de mémo de rondiitra, qu’on a aussi associé génériquement aux castors véritables; c,’csf un muridé de la même triltu que les campagnols. Quant à l’hydromys de la Nouvelle-Hollande, (lu’on a également placé avec le castor, diins quelques classifications, mais en sc basant sur s(‘s habitudes aqua- ti([ues plutôt que sur les caractères anatomiques, c est un animal tpi’il faut rapporter, comme l’ondatra, à la même tamille que les rats ordinaires. Les castors montrent plusieurs particularités anatomiques (pi’il n’est pas inutile de signaler ici. Leur cerveau est assez volumineux eu égard à l’ordre dont ils font partie, mais il n’a pas de circon- volutions à la surface de ses hémisphères. Leur estomac est simple, l'outefois il présente dans la région cardiaque,'’près du commenc(‘- ment de la gi-ande courbure, un gros amas de cryptes sécrétoires rappelant le ventricule succenturic des oiseaux, et qui a sans doute des fonctions analogues. Kn outre, on trouve sous leur peau, dans la région inguinale, une double paire de poches ovitormes, prescfue grosses comme des mufs de poule. Les j)ochcs de la pain' supérieure sont remplies d’une ■ matière jaune pâle , de nature huileuse ; les inférieures, qui paraissent vides, sont, à proprement parler, celles du castoréum; elles n'tiennent de nondn'eux trag- 38 jrAMMIFKKES. ments épithélifornics fortement imprégnés de cedte odeui’i comme le sont elles-mêmes les parois de ees poches. l'iü, 2. — Organes géiiilo-nriiiaires et poches secrétoires du Castor (*). (*) a. Pallie üu la quoiie, c. Oiiverlure de» l'anus, (/. Otivertures des grandes anales et-, qui secrèlent une inuticrc huileuse jaune, difrë- renie du caslorëum. Chacune de ces glandes est ordinnireraenl accompagnée d'une ou plusieurs glandes plus petites renfermées avec elles dans un même (issu cellulaire et dans iiuc enveloppe musculaire commune, de sorte que, avant que cello enveloppe goil ouverte, les glandes anales I>arai6sent élre an nombre do «leux seulement. //. Ouvertutc des petites glandes anales, g. Ou- verture du canal pre'putial dans lequel viennent s'ouvrir les deux glandes du casturémn, dont l’une A est entière, et dont l’autre // est repré- sentée coupée longitudinalement, afin do montrer l«*.s replis membraneux de sa surface iulerne, on lu suhsiance du casloréum. i. Prépuce cylin- drique ; il est couvert do petites papilles noii A- tre.s, pointues, dirigées en arrière; à l’exlrémilc du gland SC trouve rorilicc de Purèthre. l. Verge; elle contient dans toute su longueur une pièce car. lilagineusR triangulaire, m. Prostate, n n, Glande.s di* Cooper. Vésicules soininnles. 17 r/. Vais- seaux défi-ients, rr, IVstirulo.s, ■?». Vessie. l'.iileyéos, (lesséchtics et pi'épiiréos telles qu'on les répand dans l(ï eomhiei'cc-, ees poches ont une apparence testifornu-, (fiy. 3 et h), qui les a tait prendre autrefois pour les testicules mêmes do 1 animal, et e, est sons cotte dernière qualitieation quelles sont indiquées dans Dioseoride et dans les auteurs di^ la llenaissane(! (1). Aussi Rondelet, qui n’a pas apei-çu cette confusion, se deinan- (1) Voir pour 1 anatomie du castor, et plus particulièrement pour celle de scs organes sécréteurs : Perrault, üfém. de tMc des sc., t. III, p. 136, pl. 20, ctjVem. pour servir à Vlmtmre des animaux. — Brandt, Medizin. Zoologie, et Mém. de .te. de Sl-Pétersb. — li\aia\ vélins anatomuiues du Muséum de Paris é/nédit.s). RONGEURS. a» (lait-il si nous pouvons user des poches du castor au lieu de ses testicules (1). C’est aussi sur cotte confusion que reposait la table, déjà réfutée par Dioscoride, du castor qui, sachant qu on le pour- suit surtout pour l'emploi que l'on fait de scs testicules, s arrache ces organes et les jette au chasseur pour assurer sa lihert(ï (2). Les anciens recevaient leur castoréuin ou castorium par la voie de la mer Kolrc [mare Ponticum), (st le castor lui-méme a été quel- quefois désigné par le nom de Canin ponlicus. Ce castoréum venu par la mer Noire était do même sorte qiu! celui que nous appelons aujourd’hui castoréum de Russie, et que 1 on tire surtout de la llussie d’Asie. Maintenant on (uiiploie aussi dans un grand nombre de cas le castoréum d’Amérique (castoréum du Canada et casto- Fio. 3 et 4. — Poches à castoréum des pharmacies. réuni de la haie iVlludsunj, qui nous arrive surtout par la voie de l’Angleterre. Quant au castoréum de provenance européenne, il n a jamais dù avoir une véritable importance com- merciale, les castors étant rares en Europe et hmr race y ayant même beaucoup diminué depuis longtemps. En Prance il n’existo plus aujourd’hui de castors que dans une (I ) . Au lien d’iceux, user de ces tumeurs des ignés e de rhumeur du dedans. » [Hist. ent. des poissons, p. ni). 1538). Rondelet ajoute, il est vrai : « De quoi mon advis est tel, que la liqueur des tumeurs est plus clère, avec plus graii e subtilité pour pénétrer, ce qui est montré par l'odeur plus forte de ces tumeurs, que des couillons, pour ce aura aussi aux remèdes plus grande vertu e efficasse. » (2) Vanum est quod narratur, .wimal ipsum, plus a venatoribus urgetur, MAMMIFÈRES. partie du Rhône, celle comprise entre l’embouchure de l’Isère et Arles. L’Angleterre est entièrement privée de ces animaux; mais il paraît qu ils y existaient encore en 1188, et dans ce pays, ainsi qu en Belgique et dans plusieurs parties de la France, leur an- cienne existence est constatée par tes débris qu’ils ont laissés dans le sol (1). L’analyse chimique du castoréum a été faite par R. Brandt, qui a étudié comparativement celui du Canada et celui de Russie. 11 a trouvé un assez grand nombre de substances, parmi lesquelles on remarquera: une huile volatile du poids total une ré- !•' /122 i ou .586\ sme particulière f J; mais cette analyse, faite sans épuration microscopique préalable, et d’ailleurs antérieure aux vues théoriques qui guident maintenant les chimistes dans l’étude des composés organiques, n’a plus un grand intérêt scientifique. Ayant eu plusieurs fois l’occasion de disséquer des castors du Rhône tués à l’état de liberté, nous avions été frappé de l’ana- logie qui existe entre l’odeur de leur castoréum et celle que ré- pandent les pousses du saule ou l’écorce de ces arbres en macé- ration. Ce fait méritait d’autant plus d’être remarqué, que les substances végétales que nous venons de citer entrent pour une grande proportion dans l’alimentation des castors. M. Wiihler (2) a, en effet, publié que la substance qui communique au castoréum son odeur particulière est identique avec le phénol, appelé aussi hydrate de phényle ou acide carbolique (C6H“0). Le phénol est une substance d’origine végétale, que Laurent a d’abord trouvée dans l’huile de goudron et de houille. Ainsi que Gerhardt en a fait la remarque, il paraît n être autre chose que de la créosote puri- fiée, et il a pu être obtenu par ce chimiste par l’action de la chaux sur l’acide salicilique et autres dérivés de la salicine. Or on sait » testes sibi avellcre et abjicere : fieri eoim nequit ipsos ut atlingat, quippc » qui sint valut in sue substricti. » Dioscorides, lib. II, c. 26. (Trad. de Saracénius.) (1) Paul Gervais, Zool. et Pal. franç., t. I, p. 20, et Hist. des mammifères, t. I, p. 309. (2) Ann. d. Chem, uhd Pharm., 1844, p. 360, et 1848, p. 360. Voir aussi : Pereira, PharmaceuHcal Journal, nov. 1851, et Elem. of mat. med., 3' édit., t. II, p. 2270. INSECTIVORES. 01 que la salicine est un principe amer et cristallisable qui est con- tenu en grande quantité dans les saules et dans plusieurs autres arbres fl). Ordre des Insectivores. Il y a dans plusieurs ordres de la classe des Mamiuifères des espèces qui vivent d’insectes; mais on a réservé le nom û. Insecti- vores H certains genres disco-placentaires, à doigts onguiculés et a pouce non opposable, chez lesquels ce régime est pour ainsi dire constant. Ce sont de petits animaux, à mœurs habituellement sou- terraines ou nocturnes, ayant le cerveau lisse, dontle pénis estcacbe et qui manquent de scrotum. Leurs dents sont de trois sortes, mais il est plus difficile de distinguer les unes des autres leurs incisives, leurs avant-molaires et leurs canines que chez les autres mammifères hétérodontes. Les pointes de leurs vraies molaires sont Souvent relevées, et leurs autres dents sont ordinairement aigui's. La taille des Insectivores est en moyenne inférieure à celle des Hongeurs eux-mêmes, et c’est parmi eux que 1 on trouve les plus petits de tous les mammifères (2). L’Australie et le continent sud-américain en sont dépourvus. Cependant il y a aux Antilles une espèce assez grosse de la famille des Musaraignes (g. Solenodon). Madagascar possède aussi une inu- saraigne qui lui est propre [Sorex madagascariensis), et cette région est en outre la patrie des Tanrecs. Les Insectivores se rattachent par certains de leurs caractères aux Hongeurs après lesquels ils nous paraissent devoir être placés dans la série naturelle. Plusieurs particularités les relient aussi aux Chéiroptères, qui sont la dégradation extrême du type des Piâ- mates; on ne saurait donc les en séparer, quelque intérieurs qu ils (1) Un lagopède ptarraigan {Tetra lagopus), que nous avous eu l’occasion de dis- séquer il y a quelque temps, répandait par sa chair, aussi bien que par ses viscères, une odeur très analogue à celle du castoréum. Or, on sait que les lagopèdes man- gent aussi des pousses de saules. Démeuve cite leur bile {fiel de géline blanche) comme ayant des propriétés médicinales. L’hoazin {Opisthocomus cm(ams). curieuse espèce d’oiseaiu particulière à l’Amérique interlropicale, est égalemeul cité comme répandant une forte odeni de castoréum. Hnfln certains insectes vivant sur les saules, les peupliers, etc., particulière- ment la Chrysomela populi, sécrètent de l’hydrate de phénylc, ainsi qu’on en doit la remarque à M. Liebig. (2) Ce sont des espèces de la famille des Musaraignes ; Sorex etruseus, Per- rotettii, graciUs, etc. 42 MAlitMIFÈRES. soient aux Sin{j;es et en mttme temps au reste des mammifères monodelplies par rensemble de leurs particularités anatomiques. Voici le tableau des genres prineipatix de cet ordre : ba famille des ÉRINACh'ilUÉS, dont les espèces vivent en l'iiirope, en Asie et en Afrique, se partage en (piatrc tribus : 1“ Les Érinagéixs ou Hérissons (g. L'rinmeus) ; 2° bes Centétins (g. Eriadus ou Tcndrac et Centetea ou Tanree' , de Madagascar et des îles Mascareignes; 3“ bes (îYMNCiuxs (g. Gymnurus) de Sumatra ; h" bes Tci’Aïxs (g. Hylomys, Tupaia et Ptilocerque). Ces der- niers appartiennent à l’Imb'. ba famille des MACROSCHblDbiS n’a que des espèces africaines; elle se j)artage en RnyxcnocA’osrNS (g. JlbynrhoQyon] et en Macro- scélidins (g. Petrodroma et Macroscelides). ba famille des SORICIDÉS, qui a pour type les Musaraignes, comprend trois tribus : r b(^s Myuauxs ou Desmans (g. Mygale et Galemys)-, 2° bes SorÉNonuxTiNS fg. Solenodon et Urotrichus) ; 3» bes SoHuaxs ou Musaraignes (g. Crocidura, Pachyura, C^vs- sopus, Amphüorex, etc.). Famille des TAbl’IDIÏS. Ses tribus sontau nombre de quatre : 1° Ciiavso(:iit.oRrxS (g. Chrysochlora d’Afrique); 2“ Sc.\j.oj'i.\s (g. Scalops et Talpasnrex, de l’Amérique s((pten- trionale); 3“ CoxnYi.nii.xs (g. Conf/ÿ/iM’c, aussi de l’Amériqui'seplentrionalej; h° Tam’ixs, ou les g. 7’a/pa, pour les Taupes d’Europe et d’Asie, et Tidpops, comprenant la Taupe woogura, du .lapon. b(‘s terrains tertiain's de l’Europe ont fourni ([ueb[ues csja’aA's assez curieuses de mammifères insectivores, et c’est du même grüupequ’il faut rapproclicr laplupartdesmammifèri's fossiles dans les dépôts secondaires dont nous avons dé'jà parié ii la page 11 . Quel<|U(‘s esjièces vivantes (rinsectivores méritent une mention s])éciale ;i (anse des propriétés qu’on bnir a attribuées. bes Héiussoxs étaient autrefois employés en médecine. Hiosco- ride (1. Il, c. 2) les cite sous le nom d’E;(;'voç)jepffaî'o;, et il attribue des vertus spéciales à leur peau brûlées, à leur chair prise avec du miel et du vinaigre, ainsi ([u’à leur foie, préparé en infusion. Les auteurs de la Renaissance, et en particulier Mattbiole, ont répété dans leurs ouvrages ce que Dioscoride avait dit à cet égard. Aujour- d’bui les hérissons ne sont guère recherchés que comme aliment et par b.'s gens de la campagne seulement. tNSECTIVOBES. ^3 Les habitants de Madagascar mangent les Tanrecs [Centetes setnsus) ; les nègres de l’île Bourbon lesrocbcrchentégalcment. Le Desman de Russie {Myçiale moscovita] répand une odeur mus- Fir,. s. — Queue du Desraan de Russie. quée très prononcée, qu’il doit à des follicules de sa queue, sur lesquels M. Brandt a publié une notice, anatomique. Dans quel- ques circonstances on emploie cette partie odorante du Desman comme parfum, et cet usage lui donne cpielque valeur commer- ciale. Le Dimian des Pyuénées (Mygale /jyremica], type du g. (lalémys, est. moins odorant que celui de Russie; mais cependant sa secre- lion est encore tri-s prononcée. f)n le trouve, dans quelques ruisseaux du département des Hautes-Pyrénées, prmcqialeuK-nt du côté de Tarbes. Les Mt-sAHAïuxEs doivent leur odeur musquée, à des glandes plac,é(-s sur his lianes. La grande espèce de, ITnde [Sorex myo- sw’îwi présente ce caractère d une manière Ires prononcé! . Trois esjièces de musaraignes sont surtout répandues eu hurope, niais elles ne sont pas les seules ipi’on y trouve; ce sont ; la Mcsa- haioxe musette (Sorex «nmc«,s|,ùdentsl)lauchcselatrois paires de IH'tites dents intermédiaires supérieures; la Mcsabaiiine d’eai Sorex fodiens ou Daubentonü) , à dents rouges avec les interme- diaires supérieures au nombre de quatre; la MusarakîA'e (,AaREi.Ei Sorex tetragonnrus), à dents rouges, avec cinq paires de petites dents intermédiaires supérieures et a incisives intérieures leston- uées. Chacune de ces trois espèces est le type d’un genre a part mentionné parmi ceux que nous avons énumérés précédemment. Les musaraignes, et en particulier la Musette, sont regardées par les gens de la campagne eomme des anim.mx veninn-ux, et UU MAMAriKÈBES. ctont les bestiaux ont beaucoup à souftrii' ; mais rien no paraît justifier cette opinion, qui est cependant très ancienne et très ré- pandue. On la trouve en effet dans Dioscoride, qui donne aux Musaraignes le nom de Moyâln, transporté aux Desmans par les naturalistes modernes. Dioscoride conseille d’employer la musa- raigne elle-même contre ses propres morsures, en l'appliquant sur la plaie après l’avoir dépouillée. Les Taltes [Talpa europœa et cmco) donnent une fourrure très veloutée, dont on fait quelquefois des coiffes pour les enfants. Un leur suppose quelques propriétés prophylaetitpies. Ordre des Carnivores. Les mammifères carnivores sont, de tous les animaux de cette classe, ceux qui se rendent le plus redoutables par leurs instincts féroces. Vivant primépalement et presque exclusivement de sub- stances animales, ils poursuivent les autres quadrupèdes, les oiseaux, les poissons même, et portent à l’homme de grands pré- judices en altaquant ses espèces domestiques. Linné les a désignés sous le nom de /''me, qui signifie bêles féroces, et(i. Cuvier ainsi que de lllainville les ont associés, sous le nom de Carnassiers, aux Chéiroptères, aux Insectivores et aux Phoques. Cependant il paraît convenable de les en distinguer, et on peut les considéré’ comme formant à eux seuls un groupe parfai- tement naturel. Les Carnivores sont des Monodelpbes à placenta zonaire, ongui- culés, à ongles disposés en griffés, à pouces non opposables, ayant trois sortes de dents, pourvus de circonvolutions cérébrales, et dont le pénis, fréquemment soutenu par un ns spécial, est retenu par son fourreau sous la paroi ventrale; ils ont un scrotum. Ces animaux sont doués d’intelligence; leurs espèces, assez nom- breuses, sont partagées entre les différentes parties de l’ancien continent; mais, bien que différentes suivant les grands centres de population, elles n’ont pas leurs genres et encore moins leurs tribus ou leurs tamilles distribués avc(; autant de régularité que les Primates, ou plusieurs des autres ordres dont nous nous occu- perons plus loin. Quelques genres éteints de Carnassiers [Hyœnnrclos, Arclocyon, PalœonictisjHycenodonf'i Pterodon') différaient notablement de ceux de la nature actuelle. (ARMNORKS. 1. Les Carnivores forment parmi les Monodelplics hetérodontes un groupe bien distinct. On peut les classer de la mauière suivante : Camille des URSIDÉS. Elle comprend les Ours, animaux planti- Srades, à (lueuc rudimentain!, omnivores, dont les espèces sont répandues dans les deux continents, principalement dans 1 hémi- sphère boréal. On la divise quebiuefois en plusieurs genres. Camille des A'IVEUUlDlvS. Ses dittéreutes tribussont: 1“ 1j(*s Si ituusTNS ou les g. Æ/uA'uyuw, Itütoiiy Cocttii^tlclidc , les uns américains, les autres asiatiques , 2“ Les ViVEHRixs, comprenant les g. Cynogale, Civette [Vivevrm, Genette, Linumg, Paradoxure, Pa(juma,némigale, Euplbre, Nandinie et tous de l’ancien continent; 3" Les iM.vngusti.ns ou les g. Suricate, Ddéogale, Cgnictis, Man- gouste ou lehneumon, Athylax, Galidie et Galidictis; aussi de l'an- eien continent. Camille des CANIDÉS. Elle a pour genres : les Cynhyenes d’Afri([ue; les Canis (Loups, Chiens domestiques. Chacals, Chryso- cyons, Crabie.rs, Nyctereutes, Cuons, etc.), \es Renards [Vulpes], de l’ancien et du nouveau continent, les Fennecs d’Afrique et VOtocyon également [l’Afri([ue. " La Famille des FÉLIDÉS, ou des Felis, divisée en plusieurs sous-genres, et à laquelle se rattachent les Guépards [Cynailurus], possède des espèces aussi remarquables par la beauté de leur pelage que redoutables par leur cruauté. La Famille des HYÉNIDÉS, ou les Hyènes de l’Afrique et de l’Asie méridionale, ne réunit que trois espèces actuellement vivantes et (|uelqiies-unes qui sont éteintes. On en rapproche le Protide, singulier genre africain a molaires toujours rudimentaires. La Fannllé des MLSTÉLIDÉS n’est peut-être que la continua- lion de celle des Hyénidés. Elle se partage en trois tribus qui sont : 1” LesMÉi.iss (g. Blaireau evxMeles, laxidea, Arctonyx, Hélicte ou Mélogale, Mydaiis et Moufl'ette ou Mephitis) ; 2° Les Mustéli.xs (g. Glouton, Ratel, Galictis ou Nuron, Marte, Putois, Zorille ou Rhabdogale et Lyncodon, auxfpicls il faut peut- être ajouter le genre américain des Bassaris, souvemt (.Lisse paimi les Viverridés) ; 3" Les Loctrins ou les Loutres, partagées en plusieurs genres sous les noms de Loutre ou Lutra, Lataxie, Leptonyx, Aonyx, Ptéronure et Fnhydre. Il y a des loutres dans les trois parties de l’ancien continent, c’est- à-dire en Europe, en Asie et en Africpie, ainsi que dans les deux ifAîDIIFEREl:;. /jt) parties du iiouvr^aii, c’est-à-dire dans l’Amérique septentrionale et dans l’Amérique méridionale. Une espèce d(‘ cette tribu (l’Iüih^dia? des modernes) est essen- tiellement marine, et \it dans les parties septentrionales du Pacifi(|ue. C’est de tous les Carnivores celui dont la Iburrurc; a l(^ [)ius de valeur. IL Certains produits des C’arHJtwe.s sont assez souvent employés; mais, dans l'état actuel, c’est surtout à cause; de leui' peau (pu* l'on recherche ces animaux. Celle des ours, de certains viverridés, des t'élis et de beaucoup de umstélidés est empiloyi'c pour vêtements, l)Our tapis, etc. T/hermine est um; espece (h* carnivore mustélidi-, et il en (‘st de même de la zibeline, de la marte, du vison, du |)utois, (h' la lou- tre, etc., dont nos danu's font un si fréquent usage. Peu d’animaux carnivores sont recherchés jiour leur chair; on mange cependant celle des ours, et dans (piehpies (nrconstaiices on la conserve en la fumant. En Chine et dans quel([ui's ])arties de l’Australie, on mange habituellement du chien. Les Carnivores fournissent aussi quelques graisses dont il est fait usage; en jiarfumcrie ou même en médecine ( graisse d’ours, de chien, (;tc.). Elles ont été autrefois désignées par les noms d'adeps ursina, canina, iconina, pardi, mdpina, etc,. On a longtemps ordonné \r pounion de renard (1) ; V huile de petits cAfens, ou décoction huileuse de ces animaux; celle de renard; V album (jrœcum, ou l’excrénnent solide de chiens nourris avec des os, lequel (;st très riche en phosphate de chaux, (;tfl’autres produits ou pré])arations aujourd'hui inusités. Beaucoup d’espèces d(‘ Carnivores répandent une odeur i)ro- noneée. Dans quelques-unes, elle est flésagréable ireuard, etc. i, ou même sufl'ocante. (mouffettes) (‘2) ; chez d’autres, elle est due à un partum musqué, fort recherché pour la toilette ou même pour la médecine. Certaines espèces de Viverridés mérit('nt sous ce ra[)- port une mention spéciale. ^ La CtVKïTE [Viverra civclta] est un animal de l'Afrique interlro- (1) On emploie aussi les poumons de ([ucUiucs autres espèces de manuuifères, et ceux du veau, aujourd’hui préconisés, sont depuis longtemps usités pour la fabrication d un sirop. M. \erdeil admet l’existenco dans le parenchyme pulmo- naire d’un acide particulier, qu’il a décrit sous le nom d'acide pneumique. (Robin et Verdeil, Traite' de chimie anatomique, t. II, p. 460.) (2) M. Lassaigne donne une analyse de rhumenr odorante des mouffettes dans le Journal de physique. (■..VRNIVOB.es. pic, ale, dont la ligne dorsale est surmontée de poils en crinière, et dont la coloration consiste en bandes ou taches noires, distribuées sur un fond gris ou fauve sale, qui passe au blanc sur le devant du cou. Sa queue est annelé(î dans la première moitié, et entiè- Fig. 6. — Civcite. reraent noire dans ta seconde. Son corps est long deO üo envuon, la queue est un peu plus courte que lui. Les poches odou - rantes sont placées sous la région pubienne, et tonnent un dc^ub c repli dans la peau du scrotum ou auprès de la ' lure elle-mimu', en forme de vulve aussi bien che^ le male que, chez la femelle, a fait regarder ces aminauv comme hermaphro- dites par quelques voyageurs. un, L’oritjce de tlui5. JU.MTÎMUS. 53 Ordre des Jumentés. Les études auxquelles les mammifères à sabot ont donné lieu dans ces dernières années (1) ont nécessité plusieurs réformes notables dans la classification que Linné et G. Cuvier avaient donnée de ces animaux; et lorsque l’on a pu examiner plus en détail les nombreux fossiles que ce groupe a laissés dans les coucbcs du globe, on est arrivé à une nouvelle répartition de ses espèces. En tenant compte, ainsique deBlainvillc avait commence a le faire, de la disposition et du nombre des doigts, de la forme de l’astragale et de celle du fémur, de la disposition des dents et de quelques caractères encore, on a reconnu que 1 ordre des Pachy- dermes ne formait pas, comme on l’avait cru d abord, un groupe naturel ; et, en outre, on est arrivé a cette démonstration assez inattendue que les cochons et les autres animaux du même sous- ordre dittéraient moins des Ruminants, dont on les éloignait, que des chevaux ou des rhinocéros auxquels on les associait. En eflet, parmi les nombreuses espèces éteintes de Pachydermes qui ont été découvertes en Franceou dans d’autres contrées également riches en fossiles tertiaires, il en est, comme les anoplothériums et d’autres encore, qui sont si évidemment intermédiaires aux Ruminants et aux Porcins, qu’il serait difficile de dire si leur estomac était ou non approprié à la rumination. Ces anciennes espèces avaient, comme les Ruminants et les Porcins actuels, le fémur dépourvu de troi- sième trochanter; leur astragale était aussi en forme d’osselet, et elles avaient également les doigts fourchus. Nous parlerons des Ruminants et des Porcins, sous le nom com- mun de Bisulçiies , qu’ils portaient déjà dans les auteurs antérieurs au siècle actuel; disons d’aboi'd quelques mots des Jumentés. Les mammifères que nous appelons Jumentes, et dont nous faisons un ordre à part, ont toujours un troisième troi.hantei )) Eau 89,63 }) » 100,00 100,00 FAMILLE DES TAPIRIDÉS. — Il y a deux espèces de Tapirs (g. l'apirus) dans l’Ainériciuc méridionale [ Tapir us amer icanus Tapiras pinchaque), et une troisième dans les parties méridionales do ITnde: à Malacca, à Sumatra et à Bornéo [Tapiras indiens). Le tapir américain est au nombre des animaux dont cm a conseillé l’acclimatation en Europe, mais il n’est pas encore réellement domestique, même dans son pays natal. Ce serait un animal alimen- taire. L’Euro[»e apossédé, pondant l’époque tertiaire, des espèces du genre Tapir; on trouve particulièrement leurs débris en France. FAMILLE DES BHINOCEHIDES. — Les Bbinocéros sont des animaux de l’Asie et de l’Afrique, et leur famille est représentée en Europe par plusieurs espèces fossiles. Ces grands pachydermes forment même plusieurs genres. On ne tire aucun parti agricole des Rhinocéros , la brutalité de leurs instincts s’y opposerait, et chaque jour la civilisation les repousse davantage dans les forêts épaisses ou marécageuses qui leur servent de repaires. Leur chair, principalement celle des jeunes, passe pour assez bonne ; leur peau épaisse sert à différents usages chez les peuples de l’Afrique centrale et de l’Inde. De tout temps on a recherebé dans les mêmes contrées, ainsi qu’en Europe, les cornes de ces animaux, qui sont formées uni- quement de substance cornée et dont on fait des coupes. On leur attribue des propriétés merveilleuses, celle, par exemple, de per- mettie inimédiatemeiit de reconnaître les poisons qu’on y a versés. Les Romains connaissaient déjà ces coupes, et à l’époque de la Renaissance on a exalté leurs prétendues propriétés. Clément VU en offrit une a François I", croyant , assuKv-t-on, lui faire un cadeau très jirécieux; aujourd’hui elles n’ont d’attrait, du moins en Europe, que pour les amateurs de curiosités : aussi en con- serve-t-on dans différents musées. Les Hollandais établis au Cap ont attribué des propriétés médi- 57 JUME^TÉS. finales au sang des rhinocéros, et les Chinois ainsi que les Hin- dous emploient jusqu’à leur urine. Famille des HYHACIDÉS. Cette famille ne renferme que le seul genre des Damans [Hyrax),(\ü\ sont de petits animaux à peine supé- rieurs aux lièvres par leui’s dimensions, à corps allongé, bas sur jambes, sans queue et à oreilles raccourcies. On les trouve en Syrie, en Abyssinie, au Cap et en Guinée. Les damans tonnent plusieurs espèces. Celle de Syrie [Hyrax sÿnhcMs) est bien certainement le Saphan de la Bible, dont le nom est traduit par Chœrogryllc dans la version des Septante, et par celui du Lapin ou ses synonymes dans les versions latine, française, allemande, anglaise, etc.; mais dans la traduction arabe on l'a remplacé par celui de Vahr, qui est préci- sément l’une des dénominations vulgaires du daman au mont Sinaï. En Syrie, les Arabes indiquent aussi le saphan ou vahr par le nom de Ghannem Israël, c’est-à-dire agneau des enfants d'Israël. Ce saphan était l’un des animaux dont la chair était interdite par le Lévitique. Au Cap et dans le sud de l’Afrique on mange les da- mans {Hyrax capensis et arboreus), et l’on tire de ces animaux un produit médicinal auquel on attribue des propriétés analogues à celles du castoréum. Cette substance est Vhyracéum {dasjespis des colons hollandais), que l’on voit aussi quelquefois dans les pharmacies européennes. On la trouve dans les lieux habités par les damans, principalement sur les pierres. On la regarde tantôt comme formée parleurs excre- nients, tantôt comme un dépôt de leur urine. FAle est brune, cas- sante, à cassure résineuse; mais, lorsqu’elle est Iraîehe, elle aune consistance un peu gluante, ce (jui permet de la réunir en masses plus considérables. Elle a une odeur pénétrante que 1 on a com- parée à celle du castoréum. On l’emploie en dissolution dans le vin comme antispasmodique, principalement contre les phéno- mènes hystériques; sa composition, d’après Schrader {Jahrb. fur die Pharm., 1818), serait ; Substance jaunâtre très odorante, soluble dans l'alcool et dans Veau . 38 Substance brune soluble dans Veau 25 4 Graisse Résine verte soluble dans l’alcool absolu 2 Résidu insoluble (corps étrangers, tels que terre végétale, sable, etc.). ^ 100 Cette analyse, d’ailleurs ancienne, est, comme on le "t'oit, peu concluante, et elle ne décide pas la question de savoir si l’hyra- MAMMIFERES. 58 céiini, que Buffon et d’autres auteurs appelaient pissat de daman, est ou non l’urine de ces animaux. Des études plus récentes ont fait penser que le principe odorant et actif qu’il renferme se rap- prochait de celui qui caractérise le castoréum; mais son odeur est moins intense, et elle est en même temps un peu différente. On prépare, avec l’hyracéiim une teintui’c [tinctura hyracei) qui se sub- stitue au castoréum. Pereira (1) et M. L. Soubeiran, dans une note publiée en 1856 dans le Journal de pharmacie et de chimie, sc sont occupés de l’hy- racéum plus loiiffuement que nous ne pouvons le faire ici. Ils admettent, avec M. Andrew Smith et d’autres voyageurs, que cette substance est un mélange des urines et de la matière fécale des damans, telles que ces animaux les déposent dans les creux des rochers, où l’on va eu eftet chercher l’hyracéum; et ils apportent en preuve que l’étude microscopique y fait découvrir des débris de tissus végétaux, mêlés à des cristaux qui ont les caractères des cristaux d’acide urique. Ordre des Bisulques. Ainsi qu’on le faisait autrefois, nous comprendrons sous le nom de Bisulques les mammifères ongulés qui ont les pieds fourchus. Ces animaux ont, comme nous l’avons déjà dit, l’astragale en forme d’osselet, et leur fémur manque de troisième trochanter; tous pré- sentent un placenta polycotyhidouaire, et la plupaid ont le cerveau pourvu de nombreuses circonvolutions. Les uns ont la propriété de ruminer, c’est-ii-dirc de ramener les aliments à leur bouche après les avoir ingérés dans la partie do leur estomac que l’on dé- signe par le nom de panse m tï herbier ; cc sont \k:s Jluminants -, d’autres n’ont pas cette faculté, et leur estomac est plus ou moins simple. Ou n’y distingue pas de panse comme à celui des Uumi- nants, et il ne montre ni le bonnet, ni le feuillet, ni la caillette comme l’estomac de ces derniers; ces animaux se groupent assez naturellement autour des porcs et des sangliers, si l’on ne tient compte que do leurs espèces actuelles; nous les appellerons Por- cins, ainsi ([uc le faisait Vicq d’Azyr. Toutefois nous commence- rons l’étude des Bisulques par celle des Ruminants, qui nous paraissent plus élevés qu’eux en organisation. (1) Éléments de matière médicale, tome ÏI, page 2276. Le daman du Cap se nourrit principalement d’une plante aromatique et sucrée, le Cyclopia genistoides, que les colons du Cap emploient eui -mêmes eu infusion théiforme sous le nom de honig ihee. lilSÜLQTIES BÜMINANTS. 59 Sous-ord7^e des Ruminants. Ces animaux se partagent en cinq familles : les .Bovidés, les Giraüdés, les Cervidés, les Moschidés et les Camélidés. La famille des IIOVIDÉS, aussi appelés Cératophores parce qu ils sont les seuls mammifères qui aient des cornes proprement dites, c’cst-à-diro des prolongements osseux du frontal recouverts d’un étui corné, a pour système dentaire 32 dents; | incisives, , ca nines et | molaires de chaque côté, les canines inférieures étant incisiformes et les molaires herbivores et à doubles croissants. Ils se partagent en quatre tribus : « 1“ Les Bovins (g. Bibos, Taurus, Pwphagus ou Yack, Bison, Ru- balus ou Buffle et Ovihos]', . . „ . 2" Les CAi-KiNS (g. Capra ou Chèvre, Ibex ou Bouquetin et Aemas)-, 3» Les Ovins (g. Ovis ou Mouton et Musimon ou Moutlon) ; Les ANTiroriNS ou Antilopes, divisées elles-mêmes en un assez grand nombre de genres. Cette famille, qui comprend les différentes espèces de bœufs, les chèvres de toutes sortes, tes moutons, dont d y a tant de va- riétés et probablement plusieurs espèces, ainsi que tous les ani- maux nommés antilopes, gazelles, etc., est sans contredit l une des plus importantes et des plus utiles de toute la classe des Mam- ^^ifcrcs» Elle nous fournit divers animaux auxiliaires dont la force nous est d’un très grand secours pour les travaux < e agricu ure ou pour les charrois, et des espèces sont essentiellement alimentaires, aussi bien celles que nous multiplions en domesticité, et dont nous réglons l’élève pour ainsi dire à notre gré, que celles qui sont restées sauvages. Certaines régions, principalement 1 Afri- que, en nourrissent en très grand nombre. Nous tirons encore de ces animaux un lait abondant, dont il se fait dans tous les pays, et plus particulièrement en Europe, un usage journalier, soit comme lait frais, soit lorsqu’il a été transformé en beurre ou en fromage. Le cuir des Ruminants, leur poil, surtout celui des chevres et celui des moutons qui fournit les laines, sont aussi pour l’homme civilisé des objets de première nécessité, et il n’est pas une seule de leurs parties dont on ne puisse faire un usage avantageux, soit dans l’industrie, soit on agriculture. Leurs excrémente eux-mêmes sont une source de richesse et d’abondance, puisqu’ils constituen d’excellents engrais. • » • «t Le Bceue domestique [Bas taurus) est l’un des Ruminants qui son 60 MAmtIFKnES, à la fois des animaux de travail et des animaux de boucherie; il fournit près de la moitié des viandes dites d'animaux domestiques que l'on mange annuellement en France. En effet, ces viandes se divisent ainsi qu'il suif : Viande d'espèce bovine 302,000,000 kilogr. — d’espèce ovine et caprine 83,000,000 — d’espece porcine (charcuteries diverses) . 303,000,000 Total 690,000,000 Poids énorme en apparence, dont Paris consomme à lui seul plus de 72,000,000 kilogrammes , et qui cependant paraîtra insuffi- sante si l’on pense qu'une grande partie de la population do nos campagnes ne mange que peu ou jioint de viande, ou que celle à laquelle elle a recours consiste cm conserves, souvent malsaines, dont le porc est la principale hase. C’est ce qui a fait dire à M. Isidore Geoffroy, dans son livre sur les substances alimentaires et à l’occasion du peu de cas que l’on fait de la vitindc de cheval: « Il y a des millions de Français qui ne mangent pas de viande, et chaque mois des millions de kilogrammes de bonne viande sont par tout(! la France livrés à l’industrie pour des usages très secon- daires ou meme jetés à la voirie (1). » La viande de bœuf est celle qu’on a le plus souvent analysée (2). Telle qu’elle est débitée par les bouchers, elle est formée en majeure partie de fibrine, prin- cipalement de celle dite musculaire, ainsi que d’albumine. Elle ren- ferme en outre beaucoup d(i membranes pour la plupart très fines provenant du tissu connectif, dit tissu cellulaire, et l’on y trouve aussi d’abondants vaisseaux, souvent remplis de sang et de lymphe, ainsi que des nerfs avec les différents éléments qui les composent. (1) LotlTBS SUT les substünces dUmentciivcs, et püTlicuîiéTetiieni sur la viande de cheval. Paris, 1836. (2) Consulter à cet égard les recherches cl les analyses de MM. Chevreul, Liebig, etc. Voici le résultat d’une de ces analyses : Eau 77, n Fibres cbarnucs, vaisseaux et nerfs 13,80 Tissu tendineux réductible en gélatine par la coction 1,90 Albumine _ 2 20 Substances solubles dans l’ean coagulables par l’ébullition, créaline, créatinine, etc 1,05 Matières solubles dans l’alcool 1,80 Phosphate de chaux 0 08 100,00 Une bonne analyse de la chair musculaire elle-même n'est donc possible qu’après la séparation de toutes ces substances accessoires BISULQl'Eti RüMrVANTS. 61 d’avec les fibres musculaires proprement dites, et il faut encore en distraire la graisse qui s’y trouve interposée en proportion variable. En outre, la chair montre des différences dans la nature de ses principes constitutifs suivant le sexe, l’âge, l’état de castration ou d’intégrifé, le régime, etc., des animaux qui la fournissent. Dans le premier âge, la chair de hœuf et celle des autres animaux sont plus fournies en éléments gélatineux, et leurs os, dont il faut aussi tenir compte lorsqu’on traite les questions relatives à l’alimenta- tion, en renferment dans une plus grande ^proportion. La chair du faopuf hien nouri’i est riche en osma/.omej cest.a cette substance que les houillons qu’elle fournit doivent leur arôme particulier. Le sang du hœuf, sagraisse, la graisse particulière de ses os, dite moelle de bœuf, sa bile, souvent analysée, et plusieurs autres de ses Organes, dont nous ne ferons pas 1 énumération complète (cerveau, thyniusou risde veau,etc.),outdansl alimentation, dansl économie domestique et dans l’industrie des usages que tout lemonde connaît. Le lait de vache (1) est un de ceux que l’on emploie le plus ordi- nairement, et l'on en fait des fromages très variés ainsi que la plu- part des beurres les plus usités. Voici sa composition compaia— hveinent aux autres laits dont nous donnons ailleurs 1 analyse . Goniposilion moyenne. Maximum. Minimum. 3,20 5,40 1,45 3,00 4,30 1,00 1,20 1,50 1,09 4.30 5,23 3,90 0,70 0,88 0,65 87,60 » . » 100,00 (t) Les caractères élémentaires du lait sont bien connus. Ce liquide réunit des principes azotés à des principes gras et sucrés tenus les uns et les autre.s en sus- pension dans une sérosité aqueuse, où ils sont mêlés à dillércnts sels. C est donc une réunion des principaux aliments plastiques, respiratoires et salius, et il peut par conséquent suftire à la nuirition, même chez des sujets adultes ; c est pourquoi E lait peut rendre de si grands services en inedeciue. Son analyse, soit chimique, soit physiologique, a été faite avec le plus grand soin, et de nombreuses publica- tions lui ont été consacrées, llermbstadt, Schublcr, Braconnot, bassaigne, Pé- ’igot, Lecanu, Simon, Chevalier et Henry, Quevenne, Dumas, Playfair, Blon- tiiot, Boussiugault et Lebel, Doyère, Vernois et Becquerel, Poggiale, .loly et ^ilhol, etc., s’en sont successivement occupés. M, Donné a fait paraître, en 1837, mémoire, souvent cité depuis, qui a [tour titre : Du lait et en particulier de ^^lui des nourrices, considéré sous le rapport de ses bonnes et de ses mauvaises flualités nutritives, complété par de nouvelles recherches, ce travail a été repro- 62 MAMMIFÈRES. On sait que le suc sécrété par le quatrième estomac des Ru- minants a la propriété de faire cailler le lait^ et Ton utilise cette propriété dans l’économie domestique. En effet, la présure n’est qu’un mélange de sucgastrique du veau extraitdu quatrième estomac avec le lait ingéré [lar ranimai, et l’on s’en sert comme d’un fer- ment pour faire cailler le lait. Autrefois on lui donnait le nom A&coagulum, et l’on en prescrivait l’emploi comme médicament ou comme adjuvant dans certaines circonstances. Cette substance est riche en pepsine, principe actif de la digestion des aliments plas- tiques, et l’on conçoit qu’elle puisse être d’une grande utilité dans les digestions difticiles et dans les maladies organiques de l’es- tomac. C’est sans doute à la présence du même agent que les nids des salanganes doivent en grande partie leurs propriétés récon- fortantes, et c’est sur la même remarque que reposent les prépara- tions nouvellement conseillées dans lesquelles entre la pepsine (1). Parmi les autres espèces bovines nous citerons de préférence : le Zébu [Dos indiens), ou bœuf à bosse de l’Inde, qui est assez voisin du bœuf ordinaire pour c[u’on l’ait souvent regardé comme n’en étant qu’une simple variété; le Buffle [Dos ùubalus), employé en Asie et dans quelques parties de l’Europe, principalement en Italie, et I’Yack {/Jos grunniens), des montagnes de l’Asie centrale. La Chèvre [Capra hircus) nous fournit ses poils, sa peau, ses cornes, sa (diair, surtout estimée dans le jeune âge, son sang, principale- ment celui du bouc, longtemps vanté en médecine presque à l’égal de celui de bouquetin, et son lait, qui est plus léger et, assure-t-on, plus excitant ([ue celui de la vache ou de l’ànesse. Voici sa composition : Composition moyenne. Maximum. Minimum. Beurre 4,40 8,10 3,15 Caséine 3,50_ 4,00 2,00 Sucre de lait 1,10 3,35 0,50 Sels 0,35 3,90 2,70 Eau 87,30 0,40 0,30 100,00 duit par M. Donné dans son Cours de mieroscopie complémentaire des éludes mé- dicales, anatomie microscopique et physiologie des fluides de Véconomie, 1844, p. 347 et suiv. (1) Les anciens ne recommandaient pas seulement la présure ou le coagulum de veau ; ils se servaient aussi de colle du chevreau {coagulum hcedi), du poulain {coagulum hinmili], du lièvre {coagulum leporinum) et du phoque {coagulum vituli marini). Voyez à cet égard Vuecker, Antidolarium spéciale, p. 308 (1577), Pour les préparations de pepsine, voyez le travail de M. Corvisart, publié récemment. 63 BISULQtES RtmiNANTS. On cite plusieurs exemples rte boucs rtont les mamelles étaient développées et sécrétaient du lait comme celles des chèvres. Les Bouquetins vivent dans les grandes chaines des Alpes, des Pyrénées, du midi de l’Espagne, etc. Leur sang desséché a occupe pendant les derniers siècles une place importante dans 1 officine des pharmaciens. Voici comment on le préparait ; après en avoir séparé la sérosité, on le desséchait au soleil ou à une chaleur mo- dérée, de manière à le rendre cassant etsusceptiblcde.se réduire facilement eu poudre. Un lui attribuait, ainsi qu’au sang du bouc qu’on préparait de même, dos propriétés sudorifiques et apéri- tives. Le sang de bouc le plus estimé était celui des individus nourris pendant un mois de pimprenelle, d ache, de. persil, de mauve et de saxifrage. Il y a plusieurs espèces de bouquetins; celles dos Alpes, des Pyrénées, deviennent de plus en plus rares. C’est à tort qu’on a quelquefois regarde ces animaux comme la souche des chèvres domestiques; ils sont d’un genre différent (g. Ibex). La meme erreur a été commise pour les moulions, que l’on a donnés comme le type sauvage de nos moutons, et pour les aurochs, qu ou a re- gardés comme l’origine des boeufs domestiques. Le Mouton [Oois aries) nous est surtout précieux par sa laine, qui fournit des tissus dont les qualités médicales ou hygiéniques sont connues de tout le monde, et par sa chair, si habituellement employée dans l’alimentation. Dans certaines parties de la France On la substitue pour la confection du bouillon a celle du bœuf. Enfin, le lait de brebis est usité, soit à l’état liquide, soit transformé en beurre ou en fromage. Voici sa composition-: Beurre Caséine Albumine. . . Sucre de lait Sels Eau 100,00 donnant ensemble 18, 40 pour 100 de matières solides. Le fromage de Roquefort est fait avec le lait des brebis de la tégiou des Céveimes. Dans le même pays on fait aussi un usage liabituel du beurre de brebis. La laine est imprégnée d’une sueur odorante, le mint [oUdizov des Grecs, d’où l’on a fait œsypus) . Dioscoride l’inscrit parmi les sub- 7,50 4.00 1,70 4, .30 0,90 81.00 64 MAmiIFKRES. stances médicinales, et on la trouve souvent citée dans les phar- macopées des deux derniers siècles. M. Chevreul en a extrait deux espèces de corps gras, qu’il a décrits sous les noms A’élaiérine et de üéarérine. La graisse du mouton fournit une grande partie du suif em- ployé dans les arts. Elle rentre avec la graisse de bœuf, aussi très usitée, celle du veau, du bouc, de la chèvre, du chevreau, du cerf, du daim, du cluivreuil et des autres animaux ruminants, dans la catégorie des substances grasses d’origine animale, que l’on désignait autrefois par le nom de sevum, ré[)ondant à notre mot suif, et qui se trouvaient ainsi distinguées des graisses moins consistantes à la température ordinaire, qui recevaient le nom à-’adeps, en langage vulgaire, graisse proprement dite. C’est dans cette seconde catégorie que l’on rangc'.ait les graisses des carni- vores dont nous avons parlé à propos des animaux de cet ordre, la graisse luiinaine, la graisse de porc ou l’axonge et la graisse de certains oiseaux, parmi lesquels l’oie, le canard et le chapon étaient alors les plus employés. Les rccluu'ches des chimistes modernes, et en particulier celles de Fourcroy, de M. Chevreul, de M. Heintz, etc., ont déjà nota- blcmentélucidérinstoiredes substances grasses, en montrant quelle était la nature des principes immédiats qui les composent, et quelle analogie il y a entre les matières grasses d’origine animale et celles que l’on retire du règne végétal. Les Antilopes, ou ruminants de. la tribu des Antilopins, com- prennent une centaine d’espèces, réparties dans les genres Alcé- phale, Tragélaphe, Oryx, Cazelle, Saïga, Céphalophe, etc. U y a des antilopes grandes comme des bœufs, tandis que d’autres res- tent aussi petites que les chevrotains, dont elles ont toute l’élé- gance. C’est surtout en Afrique ([uc vivent ces animaux; cependant il y en a aussi un certain nombre en Asie. L’Amérique n’en a que très peu, et il n’y en a que deux en Europe : 1° Le Chamois (Jiu- picapra europœd), appelé Isard dans les Pyrénées : il vit dans ces mon- tagnes, dans les Alpes et en Grèce; 2" le Saïga [Saïga tartarica), animal plus commun dans les parties septentrionales de l’Asie, principalement dans les monts Altaï, <ît que l’on rencontre sur quelquespoiuts de l’Europe orientale. Il existaitencore dans l’Ukraine pendant le dernier siècle, mais il y était devenu rare; aujourd’hui on ne l’y rencontre plus. Cette espèce est le Colus de Strabon. C’est une de celles appartenant à la tribu des Antilopes dont on re- cherchait jadis les hézoards. MSÜLQUES RUMINANTS. 65 Los bézoards, dont nous avons déjà prononcé le nom à propos du bouc et du porc-épic, sont des espèces de calculs que Ton trouve accidentellement dans l’estomac de certains animaux, par- ticulièrement dans celui des antilopes ou de "certains autres main- mifères, les uns ruminants, les autres étrangers à ce groupe. L’éléphant, le cheval, le rhinocéros, le Castor, le cochon, le chien et même le morse sont cités pour leurs bézoards, tout aussi bien que les animaux dont nous nous occupons en ce moment; mais c’est de ces derniers que l’on retire les qualités de bézoards qui ont eu autrefois le plus de réputation. Ces e.orps, que l’on faisait venir de l’Asie ou de l’Afrique, se voient encore dans beaucoup de collections oii l’on a conservé d’anciens droguiers; toutefois On ne s’en sert plus aujourd’hui, du moins en Europe. Les bézoards sont de consistance pierreuse, tonnes de couche.s concrétiques, émoussés à leur surface, amygdaloïdes, piriformes Ou assez analogues aux bâtons les plus (q)ais des échinides du genre Cidaris. On remarque habituellement au centre de leurs Couches quelques brins de substance végétale, d’origine évidem- ment alimentaire, qui ont servi de centre aux couches superpo- sées dont ils sont formés. On a longtemps attribué à ces corps des propriétés tout à fait merveilleuses, telles que celle de détruire les poisons et surtout les virus et on les regardait comme essentiellement sudorifiques, l-’n préjugé établissait même qu’il suffisait de les porter en amu- lettes pour se préserver complètement. Leur nom est tiré de l’arabe, et c’est par les médecins de cette nation, pendant tout le moyen âge à la tête de la science, qu ils ont été introduits dans fil médecine européenne. En ellct, il n’en est pas encore ques- lion dans les auteurs grecs et romains, mais les Maures d Espagne les mentionnent fréquemment. Matthiole, (|ui en parle sous le nom de lapides bezahar, donne d’ailleurs l’origine de ce nom (1), et il rappelle l’opinion des auteurs contemporains, que ces corps Se formaient dans le larmier de certains certs (2). l’allas a imposé le nom (VAntilnpc bezoartica au pazan de Buflon , ejui vit dans l’Afrique centrale ; mais les bézoards de cette espèce n ont été em- ployés que postérieurement a la llenaissance. Ceux dont on s est servi dans les sièides derniers ont été distingués en deux catégo- l'ics : les bézoards orientaux, ou bézoards d’Asie et d’Africpie, et les (1) se divisent pas en P usK.ius Catégories comme celtes des manimifères placentaires à dents heterodontes; les Sirénides ont deux sortes de dents, des in- cisives e des molaires, et leurs molaires sont aussi à peu près uniformes ; enfin les Cétacés sont réellement homodoiites, et c’est par ce caractère surtout qu’ils ressemblent aux Édentés. La répartition liydrographique des mammifères marins présente des particularités dignes d’être remarquées et qui montrent que PHOQUES. 79 ces animaux, pas plus que ceux qui vivent à terre, n’ont été ré- pandus avec irrégularité à la surface de notre planète. Les pho- ques des mers boréales diffèrent spécifiquement, et même pour la plupart génériquement, de ceux des mers australes; et si l’on compare les Cétacés sous le même rapport, on remarque qu’une faune maritime occupe les régions boréales maritimes qui relèvent du grand bassin polaire et atlantique septentrional, tandis qu’un autre enseml)le d’espèces peuple les eaux de riiémisphère austral et celles du Pacifique ainsi que la mer des Indes. La Méditer- ranée relève de la première grande circonscription, mais elle y forme par certaines de ses espèces une sous-division digne d’être signalée. La mer Rouge se rattache au contraire, par ses espèces aussi bien que par sa position géographique, au système do la faune australe. Les Thalassothéricns, qui nagent avec moins de facilité, les Sirénides par exemple, gont limités d’une manière bien plus étroite. Ainsi, dans l’Atlantique, les Lamantins des parages américains sont d’une autre espèce que ceux de la côte occidentale d’Afrique. Quoique les eaux salées occupent à la surface du globe une étendue bien plus considérable que l’ensemble réuni des conti- nents et des îles, les mammifères marins sont beaucoup moins nom- breux que les animaux de la même classe qui vivent à terre ou dans les eaux douces; mais si les Thalassothériens le cèdent aux autres par le nombre de leurs espèces, ils l’emportent sur elles pai* leurs dimensions. Vivant dans un milieu plus dense que le nôtre, ils sont parfaitement appropriés lusieurs espèces de cachalots, mais on n a pas encore réussi à établir leur diagnose comparative, et le plus souvent on les réunit encore sous la dénominal ion unique de Phy- seter macrocephahis . Il échoue quelquefois de cos animaux sur nos côtes. Un cachalot est venu se perdre en 17/il à l’embouchure de l’Adour, auprès do Bayonne (2) ; un autre a été laissé par le reflux (1) Journal de physiquCy 1784. (2) Demeuve {Dict. pharmaceutique, édition de 169“») dit . europœus, de la Manche), et les Mésopîodons [M. sowerbensis , ou Delphinus micropterus , de 1 océan Atlantique, de la Manche et de la mer du Nord). La famille dos ÜLLPHINIIJÉS se partage en cinq tribus, dont chacune oft're quelque espèce digne d’ètre mentionnée ici. Les PLiTAAisTiKS Comprennent trois genres fort curieux ayant encore une certaine analogie avec les précédents : ces genres sont ceux des Platanista ou Lauphins du Gange, des Ma ou Dauphins a long bec, de l’Amazone et de ses aflluents, et des Stenodelp/us, de l’embouchure de la Plata. Les anciens connaissaient déjà le plata- niste, et nous savons par Llicn qu’ils en recherchaient la matière grasse pour en faire des emplâtres (t). . Les Delphiniss se divise-ut en JAigmorhynques, Delphinapteres, Tursiops ou Tursio, Delphinus ou Dauphins véritables, et Deiphmo- rhy noues. , , , Les Orcins, en général plus gros que les autres et a rostre plus court, sont les genres Orque, Globicéphale, Grampns et JJeluga. Les Monodontiks, ou Narwals, n’ont qu’une seule espece, le JWo- nodon monoceros, remarquable par la grande dent (pû lui soi e a bouche comme une épée. Cette dent, qui est quelquefois double, fournit un très bel ivoire; on en donnait autrelois un prix tort élevé. Elle sert à cette espèce, qui est par excellence le Cétace des mers polaires, à percer la glace de manière à pouvoir arriver jus- qu’à la surface pour y respirer, et comme les naruals wj'-" ü’oupes, ce sont les mâles adultes qui sont spécialement charges de ce soin« Le Béluga serait peut-être mieux classé avec les Narwals, aux- quels il ressemble à tant d’égards, qu’avec les Orems-, quoi quil manque de la grande dent des premiers. On a do la peine a le dis- tinguer du narwal femelle, et les Groènlandais le désignent par le même nom. . Le Béluga, qui a reçu le nom générique do Delphimptere parce qu’il manque de nageoire dorsale, a des dents aux deux mâchoires, tandis que les Narwals en manquent, ou du moins n en ont d au- tres que la grande défense qui les a fait appeler Momdon par Linné et Ccratodon par Pallas. Les PiiocÉxixs, ou les Marsouins, sont le Marsouin de nos mers (g. Phocœnn] et le Seomeris, espèce sans nageoire dorsale qui fréquente les côtes du Japon. (1) Élien dit en parlant du Gange; * Cele procréai, quorum adepsunguen- tOTUÏiX U$U'IV> pTOSÜUl^ » Lîb- Xll, c. 41 ♦ 88 îfAMMIFÉIlES. On possède au musée de Copenhague la tête d’une très petite espèce de marsouins propres aux côtes du Groéinland. On mange encore dans beaucoup d’endroits la chair des dauphins, et 1 usage n en est pas môme al)andonné en France. Autrefois elle y était plus estimée, et Belon nous apprend qu’il en paraissait de son temps sur la table do François I". La cen-elle de ces animaux n a pas comme leur chair le goût d’huile de poisson qui répugne dans cette dernière. Quant à leur graisse, elle sert pour l’éclairage; on l’utilise cependant aussi dans les arts. Les côtes de la France et de la Belgique sont visitées ou même habitées constamment par une douzaine d’espèces de Delphinidés, dont voici les noms : Orca glad'ktior [Orque, Épaulard ou Gladiateur) de la Méditer- ranée et de l’Océan; Globtcephalus mêlas ou Delpkinus glohiceps de quelques auteurs : de l’Océan et de la Manche; Grampus rissonius ou Dauphin de Risso ; de la Méditerranée; Grumpus griseus ou Dauphin gris : de l’Océan ; Tursiops tursio ou Nésarnack : de la Méditerranée et de l’Océan; Delptünorhynchus rostratus : de l’Océan, de la Manche et de la mer du Nord; Lagenorhgnchus Icucopleurus : de la mer du Nord, où les pêcheurs l’appellent Temninck; Delphims delphts ou Dauphin proprement dit, nommé aussi Bec- d'oie, etc. : de la Méditerranée, de l’Océan, de la Manche et de la mer du Nord; Delphmus Tethyos : de la Méditerranée ; Delphimis marginatus ; de la Manche, à Dieppe ; Delphims dubiiis : de l’Océan; Bhocœna Itondeleti ou Marsoin proprement dit: de l’Océan, de la Manche et de la mer du Nord. Sous-ordre des Baleines. Gros Cétacés dépourvus de dents apparentes et dont la mâchoire supérieure porte de longues papilles cornées constituant les fanons ou baleines du commerce. Ces animaux ne forment qu’une famille : La famille des BALÉNIDËS. Elle se subdivise elle-même en deux genres principaux : les vraies Baleines, ou Baleines congénères de la Baleine franche, et les Borquals ou Baleines à ventre plissé, dont on fait deux sous-genres. Ces Cétacés sont, avec les cachalots, les plus volumineux de tous 89 CÉTACÉS BALEINES, les Mammifères et aussi de tous les animaux existants; ils ont jus- qu’à '60 pieds (20 mètres) et plus do longueur. Leur tête est plus forte à proportion que celle des Delphinidés, et elle est allongée ou régulièrement arquée ; dans aucun cas elle n’est rentléc ni lirus- quement tronquée en avant comme celle des Pliysétéridés. Les mâchoires inférieures ont dans leur rainure gingivale de petites dents rudimentaires biparties qui n’apparaissent point à l’extérieur, et ne sont un peu reconnaissables que chez; les jeunes sujets (1). On recborche ces animaux pour leurs baleines ou fanons et pour leur huile. Leurs os servent à fabriquer du noir animal. On arme spécialement des navires pour la pêche des baleines, et les cam- pagnes auxquelles cette pèche donne lieu sont toujours longues et difficiles, parce que ces grands Cétacés ont fui les liaies plus rapprochées des pays civilisés, oii on les prenait autrefois, ce qui •■a obligé les baleiniers à .se rendre sur les côtes occidentales de l’Afrique, dans les parages du cap Horn, à la Nouvelle-Zélande et dans les mers du Japon, ainsi que sur la côte nord-ouest d’Amé- rique, ou dans les régions arctiques et antarctiques les plus voi- sines des pôles. Les Russes, les Danois, les Anglais, les Français et les Américains se livrent surtout à cette pêche. Les Groénlandais sont très friands de la couche graisseuse sous- épidermique des baleines mangée fraîche. Ils lui trouvent, disent- ils. un goîit de fruit. On prenait autrefois des baleines jusque sur les côtes de France, dans le golfe de Gascogne et dans d’autres parties des mers de l’Europe; mais ou n’a r[ue trop constaté quelles avaient abandonné successivement les parages oii l’homme les inquiétait. Quelques naturalistes pensent, mais à tort, que c’étaient bien des baleines franches que l’on pêchait alors sur nos côtes; mais il est plus pro- bable que c’étaient des rorquals, ou bien encore, des baleines australes, animaux qui, tout en étant devenus plus rares dans les mêmes régions, s’y montrent encore quelquefois. Comment, en eflet, expliquer dans la première opinion fjuc les vraies baleines ne viennent plu§ même individuellement dans nos mers. Les Baleines proprement dites (g. Ilalwnd] ont la partie ros- traledu crâne étroite, fortement arquée et supportant de longs fanons noirs. C’est à cause de ce dernier caractère, et parce qu’elles sont plus massives et plus grosses, qu’on les préfère aux Rorquals. L’es- pèce des régions arctiques est le Balœna mysticeius; celles de (1) Voir les travaux d’É. Geoffroy et ceux de M. Escbricht. 90 MAMMIFÈRESÎ Tocéan Atlantique et du Pacifique ontreçu plusieurs dénominations, mais on n’en distingue encore avec certitude qu’une seule sorte : celle nommée Balœna amtrulis. Les Ror.QtiALS {g. Horqualvs] ont, sous la gorge et sous le ventre,, de grandes cannelures longitudinales formant comme des plis de la peau. Leur tête est plus allongée et moins arquée, et leurs fa- nons sont plus courts. Ces animaux sont aussi plus élancés et moins chargés de graisse que les baleines du genre précédent. Comme ils sont aussi plus vifs dans leurs mouvements et plus dan- gereux, et qu’ils donnent moins de profit, on évite le plus souvent de les poursuivre. Lorsqu’on les attaque, ils fuient horizontalement au lieu de plonger comme les haleines. L’huile qu’on en l’otire et qui passe quelquefois dans le commerce provient surtout d’indivi- dus échoués naturellement. Des échouages ont lieu de temps en temps sur nos côtes, et il se passe peu d’années sans que l’on n’en* signale. C’est aux Rorquals qu’appartiennent les baleines à longues na- geoires [B(dœna longimma^ capenftis, etc.'), dont on a vu des exem- plaires dans des lieux très éloignés les uns des autres, tels que les côtes de la Hollande, les îles Bermudes , le Cap et les mers du Japon. On en a fait un genre à part, sous le nom de Kyphohnlœna. Quelques auteurs pensent qu’elles ne constituent qu’une seule espèce. D’autres Rorquals, distingués génériquement sous le nom de Pterobalœno,,o\\i les nageoires moins allongées; nous en avons de trois espèces dans les mers d’Europe : le Rohquai hostré [Borqm- Itts rosh'atus] (1) qui vient presque sur nos côtes, soit dans l’Océan, soit dans la Manche et qu’on appelle aussi Pterobalœna communis, parce qu’il est plus répandu; le Rorqcal grand [Ptero- balœna gigas] et le Rorqual mineur [Borqualus minor], qui se tient plus au Nord. Celui-ci n’a que quarante-huit vertèbres ; sa longueur totale ne dépasse pas 10 mètres. CHAPITRE IV. DES ÉDENTÉS OU MAMMIFÈRES TERRESTRES ET PLACENTAIRES QUI SONT IIOMODONTES. Les Edentés sont des mammifères terrestres, à génération pla- centaire, à dents uniformes et quelquefois nulles, dont les espèces, (I) Répoadaat au Balœna musculus de Lioué. 11 va jusque dans la Méditer- ÉBEXTÉS. l>ien moins nombreuses que celles dont nous avons parlé sous le nom de Pl.acmtaires hëtéro'lontea, diffèrent aussi de celles-ci par la singu- larité de leurs formes, et Icuvsont toujours inférieures pari ensemble de leurs caractères. Ces animaux sont en même temps assez ditîe- '’ents les uns des autres pour qu’on les divise en plusieurs oK rcs, ou tout au moins en sous-ordres distincts. Comme ils n’ont aucune importance, soit pour la médecine, soit pour l’industrie, nous en parlerons très brièvement et en leur conservant les noms de Tardigrades, Mégathères, M >jrm(kophages , Oryctéropes , Dasgpodes et Manidts, sous lesquels ils ont été indiqués dans le tableau de la page 13. SouS'Ordre des Tardigrades. Les Tardigrades sont les mêmes animaux que l’on nomme aussi Paresseux, et dont Buffon a écrit Thistoire d’une manière assez peu exacte sous les noms D’Unau et d.li. La picnn re e ces espèces est le type du genre Cuolèpe [CkoliPpus]-, elle est remar- quable, entre autres particularités, par le grand nombre de ses Côtes [2Ô paires) ; la seconde, et deux ou trois autres fort sembla- l>les à elle par l’ensemble de leur organisation, forment le genre Ai [nradimm ou Achœus\. Les Aï sont les seuls mammifères qui aient plus de sept vertèbres Cervicales. On leur en trouve tantôt huit, tantôt neuf, selon les espèces. Leur système artériel particularités intéressantes. De même que les Cholepes, ces maux sont de l’Amérique équatoriale. Sous-ordre des Mégathères. Ces espèces sont fossiles. C’étaient des animaux gigantesques, tous propres à l’Amérique, et dont les diflérents genres peuven être rapportés à deux familles ; i i' n 1” Les MÉGALONYCIDLS, dont les mieux connus ont ete décrits ®ous les noms de Lestodon, Mylodon, Meyalonyxct Scelidolherium; 2» Les MÉGATHÉRIDÉS, ou le g. Mégathérium. Ouoique terrestres et très trapus les Mégathères avaient de grands rapports d’organisation avec les Tardigrades, qui vivent au contraire sur les arbres, et il serait peut-être plus conforme aux principes de la méthode naturelle de les classer dans le même groupe qu’eux. fanée : c'est alors le ïïalmna anliquct um ên Farines et Carcassonne. des auteurs, ou Baloenopteriis Aragous 62 MAMMIFERES. Sous-ordre des Myrmécophages. Il y en a trois genres, souvent indiqués sous la dénomination commune de Fourmiliers: ce sont les Tamanoirs [^.Myrmecophaga], les Tamanduas (g. Tamanduu) et les Myrmidons (g. ^Myrmidon, Bidactyle, Dionyx ou Cyclothurus). Tous trois sont de l’Amérique équatoriale. Ils sont remarquables par l’absence de dents, par le grand développement de leurs glandes salivaires, et par la disposi- tion pour ainsi dire filiforme de leur langue. Ils rentrent dans une famille unique, celle des MYRMÉCOPHAGIDÉS. Sous-ordre des Oryctéropes. Animaux africains ne constituant qu’une seule famille (ORYC- TÉROPIDÉS), et qu’un seul genre, Oryctérope (Oryciero^jMs), peut- être même qu’une seule espèce. On les trouve en Abyssinie, en Sénégambie et dans l’Afrique australe. Il est possible que l’on doive en rapprocher les grands Édentés fossiles en Europe, auxquels on a donné le nom de Macrotheriurn. Sous- ordre des Dasypodes. Ce sont les Tatous on la famille desDASYPOBIDÉS, dont les espèces, soit éteintes, soit vivantes, sont toutes américaines et se laissent aisément partager en plusieurs genres. Ces animaux ont de i dents, mais ils n’en ont pas tous le inrnne nombre. Leur peau es^ trans- formée sur le dessus de la tète, sur le dos et à la queue, en une cuirasse formée par un grand nombre de petits compartiments. On trouve de bons caractères pour la diagnose des genres dans la disposition, coalesccntc ou non, dos zones de cette carapace, dans le nombre et la forme des dents, dans les variations du système di- gital et dans la disposition de la queue. Certains Tatous fossiles (g. Glyptodon, Hoplophorus, C hlamydotheriura) atteignaient des di- mensions gigantesques. Sous-ordre des Munides. Il comprend les Pangolins (g. Manis), qui forment dans la nomen- clature mammalogique la famille des MAMIDÉS. Leur principal caractère consiste en ce qu’ils ont, indépendamment de quelques poils, de nombreuses plaques onguiformes, formées de matière DIDEI.rHES OU MAMMIFÈRES MARSUPIAUX. Jû cornée et disposées comme des écailles imbriquées sur leur tete, leur dos et leurs flancs, ainsi que sur leur queue et leurs pattes. Ces animaux vivent en Afrique et dans CAsic méridionale. En Guinée on mange leur chair. Leur similitude avec les Keptiles les a fait quelquefois appeler Lézards écailleux. On les connaît en zoo- logie sous les noms de Pangolins et de Phatagins, et 1 on en tait souvent deux genres. CHAPITRE V. DES DIDELPHE3 OU MAMMIFÈRES MARSUPIAUX. La quatrième grande division des Mammifères est celle des Mar- supiaux, aussi appelés Didelphes, parce qu’ils répondent au genre Pidelphis de Linné. Ces animaux, dont les formes rappellent tréquem- ment celles des Géotliériens hétérodontes, et dont les dents sont aussi de plusieurs sortes comme celles de ces derniers, présenten la singulière particularité d’être dépourvus de jilacenta. Leurs lœtus ne séiournent que pendant un temps très court dans l’uterus qui a une disposition particulière. Ils en sont expulses par suite d une sorte d’avortement normal, avant il’avoir terminé leur premier dé- veloppement, et c’est aux mamelles, auxquelles ils restent suspendus immobiles pendant un certain temps, ipiTls te comptetenL Habituellement les organes mammaires sont entoures par un repli de la peau du ventre qui forme au-devant deux une sorte de poche : d’où le nom de Marsupiaux (tiré de marsupium, une bourse) qui a été donné aux mammifères sans placenta rentrant dans cette catégorie, et celui Didelphis qu’on laisse en propre mix marsupiaux américains, c’est-îi-dire aux Sarigues; il s’appliquait dans Lmne tous les animaux à bourse, et faisait allusion au dédoublement de leur vagin, ou bien encore à la double gestation, interne d abord et ensuite mammaire, qu’on n’observe que chez eux seuls. Les Marsupiaux présentent, en outre, plusieurs particularités dignes d’être signalées. Leur cerveau montre une infériorité mar- quée sur celui de la plupart des mammifères placentaires. Le corps calleux y est rudimentaire; mais les lobes olfactifs, ainsi que les tubercules quadrijumeaux, y sont assez volumineux ; cependant i y a auelauefois des circonvolutions à la surface des hémisphères. Le pénis des milles est bifide et dirigé en arrière, tandis que celui des MAMMIFÈRES. Monodelphes l’est en avant. Chez les Marsupiaux le scrotum pend au-devant de sa racine. Le bassin est pourvu en avant du pubis d’une paire d’os accessoires, dits os marsupiaux , qui peuvent être considérés comme représentant une paire de fausses côtes abdo- minales. La tête supérieure du péroné est plus développée que chez la plupart des Monodelphes; elle s’articule avec le fémur et repré- sente homo]o;;iquement,parson extrémité supérieure, la saillie olé- cràniennc du cubitus; elle a même une petite rotule dans le tendon du biceps crural. Cette saillie en forme d’olécrâne du péroné et son articulation avec le fémur sont d’ailleurs une disposition dont on voit déjà la trace chez les Monodelphes insectivores et chez les Édentés, et on la retrouve avec plus de développement encore chez les Monotrèmes, ([ui sont bien évidemment les derniers de tous les Mammifères par l’cnsendile de leur organisation. Les Marsupiaux fournissent à l’iVmérique la cmieuse famille des Sarigues ou Didelphidés, et à la Nouvelle-Hollande presque toute la population mammifère de ce continent. En effet, à part quelques Rongeurs, un certain nombre de Chauves-souris et les Monotrèmes dont il n’y a que doux genres, on ne connaît en Australie, en fait de mammifères, que des Marsupiaux, et ils y sont assez variés pour y remplir à certains égards les principaux rôles que les Monodelphes hétérodontes et homodontes jouent dans les diverses contrées de l’ancien conlineid; fait curieux qui acfjuiert un nouveau degré d’intérêt, si l’on remarque que certains mammifères fossiles, dont on recueille les débris sur le même continent, étaient aussi des mammifères marsupiaux. Les espèces actuelles de ce groupe remarquable sont utiles à l’homme par leur fourrure (Ivangurous, Phalangers, Thylacynes, Dasyures) ou par leur chair (Kangurous, Phalangers, etc.). Ôn a pro- posé l’acclimatation de plusieurs d’entre eux dans nos contrées. Celle des Kangurous serait surtout à désirer, et l’on constate déjà avec satisfaction que ces animaux ont reproduit dans plusieurs par- ties de l’Europe ; en Angleterre, par exemple, en Belgique, en France, dans le royaume de Naples et en Espagne. Ils fourniraient un excellent gibier dont on pourrait peupler nos forêts, et leur peau serait avantageusement employée comme fourrui’e. Indé- pendamment des Marsupiaux particuliers à l’Australie, il existe quelques animaux du même groupe dans plusieurs des archipels qui sontsituésentre cette partie du monde et l’Inde continentale. Ainsil’on en trouve à la Nouvelle-Guinée, et il y en a aux îles Moluques. Le continent asiatique n’en possède point, et il n’y en a pas non plus MARSmiAUX. 95 dans l’Afrique ni dans l’Europe. Cependant il en a existé dans cette dernière pendant l’époque tertiaire (1) . Les différences par lesquelles les cinq groupes principaux de Marsupiaux se distinguent les uns dos autres, sont assez importantes pour faire considérer chacun de cos groupes comme un ordre à part. Ainsi que nous l’avons fait pour les Édentés, nous ne les in- diquerons ici que comme des sous-ordres, et comme ils ne possè- dent non plus aucune propriété utilitaire bien saillante, nous ne consacrerons qu’un petit nombre de lignes à chacun d’eux. I. Marsupiaux australiens. Ce sont les Phascolomes, les Syndactyles, les Dasyures, les Myr- tnécobies, auxquels s’ajoutent les Nototherium et les Diprotodons, genres éteints dont les espèces étaient supérieures en dimensions aux plus grands Marsupiaux existant de nos jours. Sous-ordre des Phascolomes. Ils ne forment que la seule famille des PHASCOLOMYDÉS et le genre unique des Phascolomes [Plmcolmnys] qui ont les doigts libres et au nombre de cinq à chaque pied, la queue tout à fait rudimen- taire, et les dents de deux sortes (incisives et molaires). On les nomme aussi Wombats. Sous-ordre des Syndactyles. Ainsi appelés parce que leurs second et troisième orteils, qui sont grêles, sont réunis sous la peau jusqu’à la phalange on- guéale. Us sont de quatre familles différentes: La famille des MACROPODIDÉS ou Kangurous, dont il y a trois espèces à la Nouvelle-Guinée, les autres, assez nombreuses, étant de l’Australie et de la Tasmanie. La famille des PHALANGIDÉS, partagée à son tour en trois tribus : les Phascolarctins (g. Phascolarctos ou Koala) ; les Pha- Ungistins (g. Pkulaiigista ou Phalanger, Trichosurus, Pseudoebirus et Dromicia)-, les Pétauristins ou Phalangers volants (g. Petau- rista, Belideus et Acrobates). (1) Ces Marsupiaux européens, dont la première espèce a été décrite par G. Cuvier, paraissent avoir été fort rapprochés des Sarigues, et plus particulière- ment des petites espèces de cette famille qui vivent dans l’Amérique méridionale. MAMMIFÈRES. Certains plialangcrs vivent à la Nouvelle-Guinée, aux îles Molu- ques et à Célebes. On suppose que ceux de ces dernières îles ont peut-être été connus des anciens, et que Plutarque fait allu- sion à des phalangers lorsqu’il dit dans son Traité do l’amour des parents pour leurs enfants; « Fixez votre attention sur ces chats qui, après avoir produit leurs petits vivants, les cachent de nou- veau dans leur ventre, d’où ils les laissent sortir pour aller cher- cher leur nourriture, et les y reprennent ensuite pour qu’ils dor- ment en repos. » Il est vrai que d’autres auteurs ont pensé qu’il s’agissait ici de chats de mer, c’est-à-dire de poissons de la famille des Squales, dont plusieurs sont vivipares. La famille des TARSIPÉDIDFS ne renferme que le genre Tarsipes, dont 1 espèce unique n’est pas plus grosse que la souris. La famille des PËRAftIÉLIDÉS comprend les Péramèles ou les g. Chwropus , Perameles et Peragalea. Sous-ordre des Dasyures. Ils représentent les Carnivores dans la sous-classe des Marsupiaux. Les uns ont les allures et la taille du loup, d’autres celle du glouton, d’autres encore celle des genettes, des fouines ou des be- lettes. Ils rentrent également dans une famille unique, celle des DAS\URIDES. Leurs genres ont été décrits sous les noms de Thylacyms, Sarcophtlus ou Dmbolus, üasyurus, Phascogale et An- techmus. Une seule espèce est étrangère à l’Australie : c’est l’An- techinus mêlas, qui est de la Nouvelle-Guinée. Sous-ordre des Myrmécobies. La famille des MYRMÉCOBIDÉS, formée du seul genre Myraié- coBiE [Myrmecobius], a de l’analogie avec celle des Dasyuridés • mais ses dents sont ditîérentes, et elle a plus de molaires (?) qu aucun autre groupe de mammifères hétérodontes , soit mono- delphes, soit didclphes. IL Marsupiaux américains. Ils ont 50 dents (j incisives, { canines et ] molaires de chaque cote) ; leurs pouces de derrière sont opposables, et ils n’ont pas la disposition des second et troisième orteils qui caractérise les Syn- dactyles,dont quelques-uns, les Phalangers par exemple, ont éga- .MOA'OÏUii-MEs OU .MAM.MIFKHËS OIUNITUODEUIIES. 97 Ipluciit le pouce des pieds de derrière aussi oj)posal)le ^uc celui des Singes ou des Lémuridés. ^ , Ce sont les Sarigues ou la famille des DlDELPHIldiS, divisée elle-même en quatre petits genreS;, sous les noms de Sarigues (Didelphis), Ciiironectes [C hironectes] , Micourks [Micoureus] et Hé- MiURES [Hemiurus]. Les Didelplies fossiles en Europe sont provi- soirement classés dans cette famille sous le nom générique de Peratherium. CHAPITRE VI. DES MOXOTRÈMES OU MAMMIFÈRES ORXITHODELPHES. Les derniers des Mammifères sont^ comme nous .ivons déjà eu l’occasion de le dire, les Edddnes et les Ormthorliynçues , deux genies propres à l’Australie, qui ne comi>rennent probablement qu’une espèce cbacun. Leur organisation, considérée d’abord comme très paradoxale, devient plus facile à interpréter, si on les reporte à leur véritable place dans la classification, c’est-à-dirc au i.oint oii s’opère le passage de l’organisation mammifère à celle des Ovipares aériens. Toutefois ces animaux ne sont pas, comme on l’a cru d’al)ord,dé- iiourvus de mamelles, et le produit de leur conception ne sort pas du corps des femelles sous la forme d’un œuf ordinaire pourvu d’une coquille calcaire et propre à subir extérieurement son développc- Les tubes galactopliores des Monotrèmessont considérables, mais ils sont pour ainsi dire dissociés, et leur point d aflleurement à la surface de la peau des flancs ne se relève pas sous forme de tethie Ou mamelon; quant à leurs œufs, ils apparaissent dans 1 ovaire sous la forme d’ovules plus volumineux que ceux des autres mam- mifères, et lorsqu’ils sont passés dans les oviductes (il iiy a point ici d’utérus, ni par conséquent de trompes proprement dites), ils y subissent leur développement embryoïmairc et fœtal, mais sans fournir de placenta, et c’est lorsque le fœtus est à terme qu’il déchire ses enveloppes jiour venir au monde extérieur à la manière de, celui des Ovovivipares (vipères, blennies, squales, etc.). Un autre carac- tère des lïchidnés et des Ornithorhynques qui révèle, aussi leur in- fériorité par rapport au reste des mammifères est de n’avoir qu’un seul orifice terminal pour les organes de la génération, do l’urine et de la défécation : ce qui constitue un véritable cloaque analogue à MAMMIKÈRES. celui des Oiseaux. C^cst a c(î caractère, qu’on ne retrouve dans au- cun autre groupe de la même classe, que ces animaux doivent le nom de Monotrèmes par lequel on les désigne collectivement. Celui (1 Ornithodeljdies que de niainville leur a imposé fait allusion a la ressemblance de biurs organes génitaux femelles avec ceux des Oiseaux. Ces particularités remarquables ne sont pas les seules que pré- sentent les animaux de ce groupe. Leur bassin porte des os marsu- piaux aussi développés que ceux des Itidelphes les luieux doués sous ce rapport, et leur api^areil scapulo-sternal ressemble autant à celui des Sauriens qu’à celui des Manmiifères. Le manubrium, ou partie antérieure du sternum, s’y divise en deux branches ayant la fornu! d un 1, et, en même temps qu’il y a chez les Monotrèmes une omoplate et une clavicule bien déveloj)pées, il existe aussi à leur épauhi un os coracoïdien distinct, ce qui ne s’observe que chez les Ovit)ares. Les deux genres de cette sous-classe servent l’un et l’autre de type à un ordre particulier. Ordre des Écbidnés. Animaux terrestres ; fouisseurs, dépourvus de dents, ayant les lèvres enveloppées dans un étui corné, ce qui constitue une sorte de hec ou de rostre j leur cerveau a des circonvolutions. La laniille des ÉCHlDNIItÉS ne rentenne ipie le seul genre Éciiidné [Echidna] , <|ui a pour principaux caraedères génériques d’avoir le corps en partie recouvert do piquants aigus, la queue courte, le rostre assez allongé et emnme tubulaire, la langue longue et fdi- forme, les ongles forts et bien disposés pour creuser le sable. La seule espèce authentique est l’ËciniwÉ kpiniocx [Echidna hystrix), qui dépasse peu la grosseur du Hérisson, mais qui a les formes moins ramassées. Ordre des Ornithorhynqaes. Animaux nageurs, palmipèdes, à cerveau lisse, à dents de con- sistance cornéi; peu nombreuses et de forme obsolète, à hec corné, élargi et aplati. La famille des HRNITHORHYNGHIDÉS est composée du seul g. ORXiTHORinNQUE [Ornithorhynchuft] , formé par l’UiiNiTiroRiiY.xocE PARADOXAL [Ornüliorhfinclms parudoxm). Cet animal vit dans les rivières ou dans les lacs, la membrane de ses pattes antérieures déborde les ongles, son hec rappelle en quelque sorte celui des Ca- OInlîAl'X. 99 nards; ses poils ne sont pas épineux; sa queue est de longueur médiocre et subaplatie. De inèine que l’Écbidné, 1 Ornithorhynquc vit à la Nouvelle-Hollandé; c'est aussi un animal peu voluinineux. L^ergot corné que les mâles ont près du talon a passé pour veni- meux, mais il ne l’est pas : c’est un organe qui sert à faciliter le rapprocliemcut des sexes. CLASSE DEUXIÈME. OTSEAÜX. Les Oiseaux forment, sans contredit, la plus naturelle des cinq classes dans lesquelles ou a divisé les animaux vertébrés, et leur caractéristique est facile à établir. Les jdunies dont leur corps est couvert sont des organes pbanériques de même nature <}ue les l)oils, mais bien diiréremment conformés ;ellcs fournissent leur signe distinctif le plus apparent, biu outia*, les mâchoires des Oiseaux sont garnies d’un bec corné au lieu d’avoir des lèvres molles, comme celles de la plupart des Mammifères, et (‘Iles manquent de dents; leurs membres antérieurs n’ont que trois doigts, plus ou moins incom- plets, et iis portent sur toute la longueur de la main ainsi que sur l’avanf-bras, des pennes ou plumes plus longues que les autres, (pd dans k'. |)lus grand nombre des espèces étendent considérabltnnent la surfaeiï de ces meiubres et les transforment en larges ranuis ap- propriées à la locomotion aérienne. C’est ainsi que les mem- bres antérieurs des Oiseaux sont transformés en Leurs mem- bres postérieurs servent seuls à la marebe. Ils ont ordinairement quatre doigts; ([uelquefois moins, jamais plus. Le nombre des pha- langes y varie de d(mx à ciiuj. l.e doigt postérieur, a])pelé puuce, n’rm a que deux; mais les phalanges des autres doigts augmentent jtro- gressivement en nombre à partir de l’interne, jusqu'à l’externe. Les os métatarsiens dos trois doigts juineipaux sont soudés en- semble en une pièce unique ; le.ur forme est allongée et ils ne portent point sur le sol, de telle sorte que le talon est toujours plus ou moins relevé, ce qui fait souvent prendre son articulation pour celle du genou et le véritable métatarse pour la jand)e. Ces os mélatar- sieiis, il l’ensemble desquels on donne dans les descriptions ornitho- logiques le nom de mrsr, sont habituellement recouverts par un epi- derme d'apparence écailleuse. Cependant ils sont garnis do plumes OISEAt'X. dans certaines espèces. Des plumes plus fortes que celles du corps, comparables à celles des ailes et constituant aussi de véritables pennes, sont implantées à la partie postérieure du corps des Oiseaux- elles sont supportées par les vertèbres coccn'sieimes, et consti- tuent ce qu’on nomme leur (jximc, sorte do gouvernail qui leur est très utile pour se diriger pendant le vol (1). A ces caractères extérieurs on j)ourrait en ajouter beaucoup d autres, qui, poiir appartenir à des orçanes profonds, n’en sont pas moins importants. Ceux que l’on tire du squelette sont assez nom- breux: la maeboire intérieuia* est décomposée en plusieurs pièces, a droite et à gauebe, comme cbez lès autres Ovipares, et elle s’articule avec le crâne par l’intermédiaire d’un os tympanique distinct (os carré), 1 ossification dc' la boîte crânienne est précoce; il n’y a qu un condyle occipital; les vertèbres cervicales sont toujours plus nombreuses que chez les Mammiteres ou les Reptiles (on en compte de H a 2/i suivant les genres); il n’y a pas de vertèbres lombaires mdeiiendantes de la région iliaque; le sacrum est formé d’un nombre d’éléments vertébraux plus considérable que chez les autres animaux; les vertèbres caudales sont toujours peu nombreuses et le plus souvent l’os qui les termine et qui supporte lesrectrices' esi en tonne de soc. On peut reconnaître, en l’examinant dans la serie des esjièces, que cet os coccygien tei-minal est lui-même tonne par la coalescence de plusieurs corps vertébraux. Les côtes ont presque toujours dos apophyses récurrentes, soit articulé'es, soit ankylosées sur le milieu de leur bord postérieur. Le sternuin est (1) C’est ce qui avnit engagé de Blainville à donner aux Oiseaux le nom dc /enn,^e,-es, mais ce terme n’a pas prévalu. Les plumes de certaines espèces d’Oi- seanx sont remarquatdes par la singularité de leur forme, par leur eonleur ou par leur éclat métallique; aussi sont-elles recherchées comme objets d’ornement, ou (omme moyens de préserver dn froid. ha plupart de cellesqui sont employées appartiennent à la catégorie des pennes /« r'e"’ «Iles qu’on nomme coucer- fénen’r. i"'"' a'™ Haraulisscnt la base supérieure ou in- fère .les pennes alaires ou caudales (Paradis, Marabons, Paon, Aigrette) On utilise ams, tomme fourrure les plumes proprement dites, c’est-à-dire celles du corps (crèbe, Mimehot, etc.) ; ou comme coussins (Ponle, etc.). Le duvet n’es pas moins précieux (Cygne, Eider, etc.). L’édredon est un duvet fourni par une - pece de Canard propre aux régions du Nord, vm.- (dans mothssùim). En 8o3 .1 est en rt im France 104,390 kil de plumes de toute espece, repré- sentant une valeur dc .03,039 fr, L’AIoéri» i ... ’ ’ oo, I -, J , ,, , compte dans cette importation pour 284 kil. de plumes blanches d’Autruche, à 100 fr le kil et aie kii -i» i noires, à 10 fr. le kil, • ’ 101 (iÉSÉRALlTÉS. grand et large ; une forte saillie caréniforine^ noniniée brechet, s’élève sur sa face antérieure dans là plupart des espèces. Elle a été com- parée à la quille d’un navire; son piàncipal usage est de fournir une insertion |)lus solide, aux muscles pectoraux, dont le dévclopj)ement est ici proportionné à celui des ailes. Le boi’d postérieur du ster- num est souvent écliancré, d’autres fois simplement festonné, ou même entier, dispositions qui ont une fixité remarquable dans les différentes espèces de cbaque sous-ordre, et dont ou tire, de bonnes indications pour la classification. L’épaule dt'. tous les Oiseaux est composée de trois paires de pièces [omoplat(ïs, clavicules, dont la réunion forme, la fourchette, et os coracoïdiens ou présischious) ; le bassin manque de symphyse, pubienne, sauf chez l’Autruche, et ses trois paires d’os (ilium, pubis et ischion'; ont une disposition et im développement particuliers. Le coude des Oiseaux présente souvent un sésamo'ide rotuliforme, sésamo'idc qui est même doubler dans le. Manchot; le radius et le cubitus restent séparés l’un de l’autre; le squelette de la main est incomplet; le péroné est grêle et rudimen- taire; il n’y a pas de vérital)le tarse; les trois métatarsiens princi- paux sont déjà réunis en un canon unique au moment de l’éclosion; le quatrü'me est rudimentaire. Les os d('S Oiseaux maïujuent i)res(|ue toujours, et cela d<', très bonne, heure, de substanccî médullaire ; ils reçoivent dans leur inté- rieur uiK! certaine quantité d’air qui leur est fournie par l’appareil respiratoire, ou même par l'oreille et les narines; ce dernier cas est celui des os du crâne. G(‘t état de pnenmaticité est l’un des traits caractéristiques des animaux de cette classe. Le poumon des Oiseaux diffère atissi à plusieurs égards de celui des Mammifères; il communique avec des sacs aériens, aux- quels la disposition presque toujours rudimentaire du diaphragme permet de s’étendre dans l’abdomen. Le cœur ressemble à celui des Mammifères, et la circulation est double comme celle des ani- maux de cette dernière classe, ce qui, joint a une respiration plus active (on dit qu’elle est double; et que celle des Mammifères est simple';, donne aux Oiseaux une température plus élevée encore que celle des animaux mammifères (de 39 a àà") . Cette plus grande production de chaleur est en rapport avec une plus grande énergie des fonctions vitales, et surtout avec, une plus grande activité loco- motrice. Le cerveau des Oiseaux est moins parfait que celui des Mammi- fères. On n’y trouve que des faibles rudiments du corps calleux et de la voûte; le cervelet y est proportionnellement volumineux, sur- 102 OISEAT'X. fout dans SOI) venais; il n’y a qnc deux tuberenles optiques (les fnbercules quadrijumeaux dus Mammifères; mais ils sont grands' et rej<'lns sur le. côté, mt les lu'mnspbères) , qui ne sont pas assez efeadus pour les recouvrir, sont lisses on à peine sillonnés à leur surface. Les tubercules olfactifs sont rudimentaires. ^ Quant aux organes des sens, ils participent à cette dégradation. Celui (lu goùtest pri'squc toujours imparfait. Lescavitésolfactives ont peu d (‘tendue. Il n’y a pas de véritable conque auditive, et l’oreille moyenne n’a qu’un seul osselet, qui répond à l’étrier. Mais l’œil le C(*de peu à celui des Mammifères et paraît mi’me lui être supé- rieur a certains égards. On y remarque toujours une troisième pau- pière; la partie antérieure de la sclérotique est soutenue par un cercle de pièces osseuses; enfin il est presque toujours pourvu intérieurement d’un repli de la chomïdc auquel on donne le nom de paigne. Les Oiseaux devant voir de fort loin, leur cristallin est iwesquc toujours déprimé; néanmoins celui des espèces aqua- tiques ajiprocbe plus ou moins de là forme sphérique, et il res- semble sous ce rapport à celui des Poissons ou des Mammifères aquatiques. La voix des Oiseaux est variée et souvent très agréable ; son organe principal réside dans une modification de la traebée-artère au point qui avoisine les bronches : on le nomme larynx inférieur. Cet organe est quelquefois ass(>z compliqué dans celles de ses par- ties qui entrent en vibration, et l’on y trouve des muscles particu- liers. Leur nombre s’élève jusqu’à cinq ou six paires dans nos Oiseaux chanteurs et chez les espèces exotiques qui ont une voix analogue. Si nous examinons maintenant les viscères de la digestion et • ceux de la reproduction, nous y remarquerons des particularités non moins curieuses. La bouche manque de dents; la partie infé- rieure de l’œsopliage est souvent dilatée en jabot; la portion de l’estomac qui répond au cardia est fortement crypteuse : elle reçoit le nom de uentrieule mccenturié. Au contraire, les parties qui dé- pendent de la riigioii pylorique sont souvent renforcées par un grand deveioppeiueut musculaire, et elh's constituent un gésier, ce qui a heu chez le Moineau, le Coq, le Canard, etc. L’intestin est plus ou moins long, suivant la spécialité du régime, et l’on y remarque, principalement dans les Oiseaux qui se nourrissent de substances végétales, un double caicum (jui est quelquefois fort allongé; en outre diverses espèces ont un troisième cæcum, lequel est toujours rudimentaire et placé sur le trajet de l’intestin grêle. GÉNÉKALlTJiS. 1Ü5 Le rectuiii aboutit dans ia pocliU tiouiiiiéc c/o«f/«e, qui ressemble au cloaque des Monotrèmes et de beaucoup d tlvipaves. Cette poche lui est commune avec la terminaison des uretbres (1) et celle des conduits t,rénitauK {f)viducte.s ou canaux déférents, suivant le sexe). Les ovaires des Oiseaux sont médians; leur oviducte {gauche est le seul qui se développe. La génération d(>. tous les oiseaux est Ovipare, et hmrs œufs sont enveloppés d’une coque calcaire. Ces mufs, une fois |)ondus, ne se développent qu’à la condition d’être soumis aune température con- stante, à peu près aussi élevée qm celle des Oiseaux eux-mêmes, et les femelles les couvent, du moins dans la plupart des espèces. Ce- pendant l’Autruche les place dans le sal>le chaud du dés(n’t, ce qui suffit le plus souvent à leur éclosion. Le Megapodins tvinnlm, oiseau gallinacé de la Nouvelle-Hollande, les recouvre d’une couche épaisse de débris végétaux dont la fermenüition leur fournit autant de chaleur qu’il en faut pour les faire éclore. Les Ams et quelques autres es])t‘ces couvent en société. On peut faire ineuher artificiellement les œufs de tous les Oiseaux. Déjà les anciens Égyptiens pratiquaient cet art, et la même industrie subsiste encore dans leur pays ainsi que sur quelques points de l’Inde. On )’a perfectionnée en Europe, et fou voit dans certaines villes des couveuses artificielles qui font éclore des J’oulets pur centaines. C’est un genre d’industrie qui paraît aiipelé à rendr d’incontestahles services. _ Les œufs de la Poule contiennent en moyenne 15 grammes 2 de- cigrammes de jaune et 23 grammes 6 décigrannnes de hlanc. Le hlanc d’œuf ou albumen est en grande pai'tic composé d al- (1) Les Autruches rendent une urine liquide qui s’amasse dans un réservoir particulier dépendant de leur cloaque. L’urine des autres Oiseaux est au contraire épaisse et boueuse ; elle renferme une grande quantité d'acide urique, sons forme d’urale d’ammoniaque. Le guam, qu’on rapporte en si grande, (piantite des lies situées près de la côte occidentale de l'Amérique équatoriale où s’abritent un nombre immense d’Oiseaux aquatiques, est essentiellement formé par l’urine desséchée de ces animaux. C’est une substance très azotée, et dont on fait un excellent engrais. L’urine de nos espèces domestiques a des propriétés analogues. On a autrefois employé en médecine l’urine ou même toute la fiente des Oiseaux, et dans les anciennes ptiarmacopées il est souvent question sous ce rapport de celle des espèces suivantes : HirorK^elles : leurs excréments ont été employés en topique contre les ophthal- mies; Huppes: leurs excréments ont passé pour résolutifs; Pigeons : leur fiente a servi à faire des topiques. OtSEALX. bumine; il reiifernie cependant aussi quelques sels et un principe sulturé. Coaj^ulé par la chaleur, il devient opaque et prend une belle couleur d un blanc mate. C«dui du Vanneau devient au con- traire transpaT'ent, opalin et verdâtre. Il est alors tellement dur*, qu on peut le tailler en petites j)ierres qui sont employées dans plu- sieurs contrées de rAlleniiigne pour la bijouterie commune. Le blanc d œuf non coagulé est plus fluide dans certaines espèces d’œufs nv que dans ceux de Poule; quelquefois sa consistance est comme gélatineuse. Le jaune d’œuf ou mtellus est blanc et séparé de lui par une membrane propre dite vitelline. Il est formé on très grande partie d’une matière grasse piiosphoréc et d’une petite quantité d’albu- uuno ainsi que d(î certains sels, et il donne un abondant précipité d’un principe azoté particulier que MM. Dumas et Cahours ont ap- pelé vitelline. MM. Valenciennes et Fremy, qui ont étudié plus ré- cemment ce principe, lui trouvent une très grande analogie chi- mique avec la fibrine. Indépendamment des produits que nous avons déjà mentionnés, les Oiseaux sont précieux par leur chair, et l’on peut citer parmi cl peliL hoiiL de l’cciil. a. Coquille, b. Espace vide entre la coquille el ^ ^ exturianre du hlunc. d. d. Limiles du blanc tliinieit et le jaune, h. h. Le jaune t nveloppc pur la nicinbianc vilelline. i. Cavité' centrale du janno qu .enferme une .nalièuc claire communiquant par un canal U) avec les cellules qui forment le adhérente à la surface du jaune et qui pendant riocu.tal-ou devicul le lieu du pirmicr développement ?mbi youuairc. 105 llKMiK.VLtTliS. eux d’excellents gibiers ainsi que des espèces domestiques donnant lieu à une cxnloitation lucrative, quoique susceptible do aire encore de grands progrès. l..f :s œufs des Oiseaux occupent dans Fali- ineiitation une place aussi importante que leur propre cliair, la suD- stance vitelline et l’albumine dont ils sont formés étant au nonmie de nos meilleurs aliments azotés. La multiplicité des préparations auxquelles ils se prêtent, et la facilité avec laquelle on les con- serve, les rendent également précieux. A l’époque de la ponte, on va chercher dans certains parages du Nord, les œufs des Oiseaux aquatiques ; les peuples do l’Afrique re- cueillent ceux des Aulruches, et il en est de même dans beaucoup d’autres lieux pour les œufs de certains autres Oiseaux; mais l im- portance de ceux de la Poule est supérieure à celle de toutes es autres. Sur tous les points du globe on élève ce precieux volatile, et ses œufs sont une des bases de l’alimentation. On vend sur les seuls marchés do Paris plus de IW millions d’œufs de Poule chaque année, sans compter ceux que les consom- mateurs reçoivent directement du dehors ou qui sont pondus en ville, et dont le total peut être évalué à un sixième du chiflre pré- cédent. Indépendamment des œufs qui sont consommes sur son propre territoire, la France en exporte encore pour l Angleterre presque autant qu’il s’en mange dans Paris. Les œufs sont non-seulement employés comme substance < h- mt;;i:::^ls L imssl de nombreux usages dans l’in i^rm des vins, et dans beaucoup d’autres circonstances. Us sont aussi Souvent utilisés en pharmacie. ^ Autrefois on attribuait des propriétés particulières a leur coquille [putommovi], qui entre encore dans quelques poudres dentitrices; à leur pellicule (pelliculu ovi), que l’on donnait comme fébrifuge dans les cas de fièvres intermittentes; au blanc d’œul [albumen om) ; au jaune d’œuf [vitellus ovi) ; à l’huile qu’on extrait de leur jaune durci [oleaovi). Fraîche, elle est douce. On s’en sert contre les ger- éures des seins, contre les hémorrhoïdes, contre les engelures, etc. Les œufs entrent dans la pommade antilaitcuse et dans les la\e- ments adoucissants; on s’en sert aussi pour l’emplâtre jaune, pour lu mixture analeptique, pour l’alcool albumineux et pour la mix- ture antiaphteuse. L’analogie qui existe, sous certains rapports, entre la composition cliimiquc\les œufs et celle du lait des Mammifères a fait supposer ''éeemmeiit qu’on pourrait l(‘s substituer à ce dernier dans 1 alimen- tation des nouveau-nés. C'est ainsi oue le fait vulgaire de la tahri- 106 01 SK AUX. cation du lait de Poule ou bouillon à la reine, a presque acquis au- près de quelques savants i’imporlance d’une théorie scientifique. M. le professeur Joly a publié un nnunoire sur ce point, parmi ceux de rAcadémiede Toulouseetdans les Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris. Il en a epihunent fait le sujet de sa thèse inaugurale pour le doctorat en médecine fli. — Il y a des Oiseaux sur tous les points du globe, aussi bien à la surface desoontinents que dans les arcliipels ou sur les moindres îles, et beaucoup de ces animaux sont essentiellement nageurs. Los ornithologistes modernes qui ont, il est vrai, compté comme espèces beaucoiqi d’Oiscaux qui n’eussent été pour tlufl'on et même^ pour Cuvier ou de Hlainville que de simples variétés, portent à « 300 le nombre des Oiseaux actuellement connus; ils comprennent toute- fois dans ce chiffre les quelques espèces éteintes que l’examen des débris fossiles recueillis dans plusieurs dépOts tertiaires, principale- ment en Europi', a permis de classer génériquement. Le nombre des Oiseaux actuels est donc très considérable si on le compare à celui des iMammifères ou des lieptiles. Li's parlicularités si remarquables qu’ils présentent dans leur genre de vie, l’art qu’ils apportent dans la construction de hoirs nids ou dans l’éducation de leurs petits, sont des plus curieux ; mais les développements qu’ils exigeraient néces- siteraient plus de place que nous n’en pouvons accorder à l’ornitho- logie tout entière. Nous chercherons seulement à donner au lec- teur une idée exacte de la classification des Oisioiux, et en mémo temps que nous ferons cet exposé nous continuerons à signaler les substances que certaines espèces d’Oiseaux fournissent à l’éco- nomie domestique ou à l’industrie. Classification. — Ainsi qu’on en a souvent fait la remarque, la classification des Oiseaux présente encore plus de difficultés que celle des Mammifères. Quoique les espèces y soient plus nom- breuses et plus semblables entre elles, on a plus de peine à les ré- partir en groupes naturels, et dans la plupart des cas la subordi- nation de ces gioupes les uns par rapport aux autres y est en même temps incertaine. Les caractères du bec, des narines et des pattes, auxquels on a presque tou jours eu recours, sont loin d’avoir la même importance que ceux que l’on obtient de la dentition et des pieds envisagés chez les Mammifères, et le cen'eau des Oiseaux a été bien moins étudié que celui de ces derniers animaux. Aussi les ornithologistes, presque entièrement privés d’une base précise sur laquelle ils puissent faire reposer leurs classifications, ont-il» (1) Faculté de Paris, année 1851. 107 CLASSAI l'WATlU.N. souvent chaiitfé du tout au tout leurs systcunes, et cette insta- bilité se trouve parfois dans les travaux d’un même auteur sans ^u’on le voie arriver pour cela à des résultats plus défmiti s. Tel auteur place à la tête de la classe les Auti'uches, tandis que tel autre y met au contrmre les Oiseaux de proie, ou bien encore les Perroquets. . . Brisson admettait vingt-trois ordres d’Oiseaux, taudis que Linné, Cuvier et beaucoup d’autres avec eux n’en reconnaissent que six. On est également très éloigné d’être d’accord à propos de la sé- riation des groupes. . L’observation anatomique n’a pas encore permis de triompher de toutes ces difficultés, mais elle a uéamnoms conduit a quelques résultats iiui méritaient d’être pris en considération, (fest du cana iatestinal, du cerveau ét surtout du squelette, quelle a tire ses nieilleuros indications. .... ^ Les données fournies par le squelette, et plus particulièremen imr le sternum et ses annexes, sont principalement dues aux re- cherches de Blainvillc ainsi qu’à celles de l’un de ses e eves, M. Llierminier, aujourd’hui médecin praticien à la Geaddoupe.^ Rlles ont une grande importance lorsque l’on cherche a etatiin la délimitation des groupes naturels de cette classe, (.est ce que nous essayerons de faire voir en traitant successweinent des six catégories' admises par Cuvier, et en cherchant a établir les modi- fications principales dont chacune d’elles est susceptible. Nous en parlerons conformément au suivant, mais sans protendie qu’il indique définitivement la série naturelle des groupes. Ordres admis par G. Cuvier. Divisions à établir dans ces ordres. \ Aecipitres diurnes. 1. Accipitres j AccipUres nocturnes. (Perroquets. Grimpeurs. Dysodes. sEREAUï I üyndactyles. \ Déodactyles.^ i Gallides. i. Gallinacés j Colundjins. [irevipennes ou Coureurs. 1 Herodiens. S. Échassiers j [Jmicoles. ■ Macrodactyles. 6. l’ALMlPÈDES f Cryptorhines. ^ Longipennes. ' Lamellirostres. j Plongeons. \ Manchots. 108 OISEAUX. Ordre dis Aceipitres. Los Acciiiitres ou Oiseaux do proie, dont les principaux caractères consistent dans la forino crochue et acérée des ongles, dans la dis- position également crochue du bec, et dans la présence à la base de ce di^rnier d’une membrane appelée cire, se laissent facilement partager en deux groupes principaux dont nous ferons seulement des sous-ordres, pour rester autant que possible dans les erre- ments suivis par la majorité des auteurs ; ces deux sous-ordres sont ceux des Accipitres diurnes, qui chassent de jour, et des Striges ou Accipitres nocturnes qui chassent pendant la nuit ou au crépuscule. tious-ordre des Accipitres diurnes. Ces oiseaux, les plus redoutables de tous par leurs habitudes car- nassières, représentent dans la classe qui nous occupe les espèces carnivores de la série des Mammifères. Ils se rapportent à deux familles principales. La famille des VüLTUltlDÉS ou Vautours, qui répond à l’ancien genre Vultur, n’est pas aussi bien année que celle dont nous parle- rons ensuite. Elle a des espèces dans les deux continents, mais elle n’en fournit aucune à l’Australie. Les Vulturidés pi’opres k l’ancien continent rentrent dans les genres Fa/tiu’, Otogyps et Neopliron; nous on avons plusieurs dans le midi de l’Europe. Ceux d’Amérique sont les Sarcoramphus, ou Condors, les Gryp/ms, b^s Cothorfes et les Coragyps. Les GYPAETES (g. Gypaetus] qui fréquentent les grandes mon- tagnes du midi de l’Europe et de l’Asie ainsi que celles du nord de 1 Afrique, établissent une sorte de transition entre les Vulturidés et les Falconidés. Leur espèce européenne est connue en Suisse sous le nom de Lœmmcrgayer. Ite lllainville rapprochait des Vulturidés une espèce d’oiseaux un peu plus grande que les Vautours ordinaires, mais plus lourde et a ailes rudimentaires et inutiles au vol, qui fut trouvée k File Maurice par les premiers navigateurs qui y aliordèrent k la fin du XV' siècle. Cet oiseau, dont la race fut bientôt anéantie, est sou- vent cité sous le nam de Droxte [Didus ineplus). On ne le connaît plus que par un petit noml»’e de débris, re.stés dans les collec- tions européennes, principalement en Angleterre, en Hollande et en Danemark. Sa classification est encore incertaine et l’on a proposé de le placer tantôt auprès dos Vautours, tantôt avec les 100 eUBIPEL'KS KT PAr^.SlîKEALX. Autruchons, tantôt avec les Albatrosses, tantôt avec les Pigeons, ^ans qu’aucune de ces manières de voir ait réellement prévalu. Cependant il paraît certain qu’on ne doit associer le Dronte ni aux Autruches et autres Brôvipennes ni aux Palmipèdes. L’étude de Sun ostéologie décidera si c’est un Vnlturidé ou un Colombin. La famille des FALCONIDÉS ou Faucons est bien plus nom- 'ueuse en espèces que celle dons Vautours. On lui en connaît •If'ià deux cent soixante-quinze omvii’on. FJle se partage en tribus et en genres sous les noms A’ Aigles, Autours, oie Milnns, de Faucons (Falco), oie Buses, de Busards, de ^aracara, oie Gerfauts, don Pygargues, etc., etc. Denieuve et d’autres auteurs ol’anciennes pharmacopées citent plusieurs médicaments que l’on tirait de leur temps du fiel, oie la Pente et do' quelques autres jirooluits de ces oiseaux. Leur fiente •‘tait principaleiiient recherchée à cause de 1 urée qui s y trouve hiêléon dans une grande jiroportion. Le SncuÉTAiioE (g. Sea^elarius ou Gypogeramis) , dont quelques au- l^urs forment une famille à part, ressemble beaucoup aux Indco- *Pdés par son apparence générale; mais ses tarses sont allongés *'Uiiime ceux oies Écbassiers. C’est un oiseau coure ui opii fait la '^'liasse aux serpents, et que l’on tromve dans l’Afrique australe. Sous- ordre des Striges. Les Striges ou Oiseaux oie proie nocturnes sont moins nombreux *lue les Falconidés, cependant on en a décrit cent cinquante es- pèces oinviron. Linné réunissait celles que l’on connaissait de son l*^nq)s clans le genre unique oies Strie, aujourd’hui la famille des STniCIÜËS. Ées oiseaux, que les naturalistes moolernes ont partagés en diffé- *'enta genres, fournissent à nos o-ontréesles espèces ajipelées Grand- Hibom, Hulotte, Chevêche, Scops ou Petit-Duc, P^ffrayxq etc. A part l’Elfroiye, elles oont pour caractère commun ol’oivoir deux échancrures oui borol inférieur olu sternum, tanolis que les Acci- Pitres diurnes n’y ont oju’une somlc paire oie trous, lo'sopiels man- quent même dans beaucoup d’espèces. Ordres des Grimpeurs et des Passereaux. Les Grimpeurs et les Passereaux sont également des Oiseaux pas- ^ériformes. Leur réunion constitue un ensemble très considéroible P’espèces, en général moins grosses que celles des autres ordres. 110 (iISEArX. Le nom de Grimpeurs ou Zygodnctyles appartient en propre à celles qui ont deux doigts dirigés en avant, et deux en arrière, connue les Perroquets, les Pics et les Coucous, et l’on a coid'ondu sous la dénomination de Passeremw toutes celles qui n’ont (ju’un seul doigt en arriéré, les trois autres étant dirigés en avant comme ceux de tous les autres oiseaux. La plupart de nos petites espèces appartiennent à cette catégorie des Passereaux, pour laquelle on n’a pus trouvé de meilleuiv définition que de dire qu’elle manquait des caractères propres aux autres ordres, sans en présenter aucun qui lui fut spécial. 11 est possible néanmoins, si l’on examine avec plus de soi» les particularitésdistinctives des Passereaux, et surtout si l’on décom- pose ce^ groujie en ses véritables éléments, d’arriver à eu donner une défmition moins imparfaite. On peut admettre cinq groupes principaux d’oiseaux passéri- formes, soit Grimpeurs, soit Passereaux véritables, et chacun de ces groupes semble devoir être considéré comme constituant un sous- ordre distinct. Ce sont ceux des Pe?rorjuets, des Grimpeurs, des Dysodes, des Syndactyles e,t drrs Déodactyles. Sous-ordre des Perroquets (1). Les Perroquets ou Prébenseurs ont te bec fort et recourbé à sa pointe, sans qu’il soit pour cela semblable à celui des tlapaces- Leur langue est épaisse, charnue, habituellement daclyloïde. Ils ont en général les tarses courts, et leurs doigts, qui sont robustes, sont zygodactyles, c’est-à-dire dirigés deux en avant et deux en ar- rière. Ces oiseaux sont essentiellement grimpeurs, et à cet effet ils se servent également de leur bec. et de leurs pieds. Presipie tous passent la plus grande, partie di^ leur vie sur les arbres; quch|ues- uns seulement préfèrent se tenir à terre. Leur sternum est assez pe» dilléient de celui des oiseaux de jiroie diurnes, mais un peu plus long, et pourvu dans la majorité des espèces d’une paire de trous. Leurs clavicules sont faibles, et dans certains cas, au lieu de se réunir sur la ligne médiane pour former, par leur ankylosé entre elles, la jiièce unique appelée fourchette dans les autres oiseaux, elles restent imparhdtes et disjointes. Le gésier des Perroquets est musculeux; leur canal intestinal est long, mais sans caecum. Ces oiseaux sont intelligents et irascibles. Leur voix est criard», mais neanmoins on les recherche parce qu’ils s’apprivoisent vite. (1) Psülaci, Scopnli (t777). — /’re/icworps, Blninvillr ( ISlfi'. mUÎIPEUUS ET PASSEREArX. 111 î*Pprenncnt avec facilité à répétor des plu'ases oiitièreSj et sont à la fois remarquables par leurs formes, par leurs couleurs et par leur intelligence. Il y a des Perroquets en Afrique, en Asie, à Madagascar, dans ios îles du grand Océan, à la Nouvelle-Hollande et en Amérique. Ils ont été souvent comparés aux Singes, qu’ils send)leut repré- senter dans leur propre classe, et de Blainville les place en tête de *ous les oiseaux. L’Europe et la région du périple niédilerranéen en sont dé- pourvues, ainsi que l’Asie sei)tentrionale et rAmérique du Noril. La Perruche à collier est le premier Perroquet qu’on ait apporté en Lurope; on suppose (ju’elle k; fut à l’époque de la (îonquete de l’Inde Pnr Alexandre, vxi f[ui l’a fait appeler Psittacus Alexcmdri. C’est •^ne espèce de groupe des f*aUf‘ornis qui n’a de représentants que dans le midi di' l’Asie et dans les îles qui en sont peu éloignées. Les espèces, et même les genres du sous-ordre des Perroquets, ^oiit différents suivant les grands centres de populations animales, ■^insi les Perroquets proprement dits, les Ecketus de Wagler et les 'Espèces analogues, appartiennent à la même région que les Pa- '«’orniseten même teTiq)s à l’Afrique ; tous sont étrangers à l’Amé- ^''que. L’espèce de Perroriuets à corps cendré et :i (lueuc rouge, lOe l’on nomme liabifucdlement le Jaco [Psittacus erythracus),t“it une des espèces africaines de ce groupe, et si elle nous vient maintenant du Brésil, c’est parce qu’on l’y a acclimatée. Il existe à Madagascar des Pcrrocpiets d’un genre assez peu diflé- “^ent, et en Américjue la même tribu est représentée parles espèces dites Pevroffuets aïtutzouGSj qui forment aussi un genrt^ assez rap- Pi'oehé quoi([uo néanmoins distinct. C'est également dans l’Amérique que l’on trouve les Perruches de la division des Conurus, les Psittamlcs, tels ((u’on les définit *îUiintcnant, et les Aras. Ces derniers sont plus grands que la j)lu- hurt des autres Perroquets; leur (pieiic est longue et étagée, et ils ^'Ut les joues déniulées. L’Océanie et l’Australie possèdent des Perro(}uets de formes en- dure plus variées. C’est dans ces régions (pie l’on trouve les Rank- les Cacatoès, les Microg lasses, les Luthums, les Loris, les ^^latycergues ou Perruches laticaudes, les Irichoglosscs et les ^C'igops. L’unique espèce de ce dernier genre est la plus grosse de toutes bulles du même sous-ordre. Elle est remarquable, entre autres P'irticularités, par l’état rudimentaire de son brochet. Scs habi- 112 OISEAUX. tildes sont nocturnes et terrestres.' Elle a pour patrie l ile Norfolk, qui est située au nord de la Nouvelle-Zélande. La plus petite des espèces de Perroquets est aussi un oiseau océanien. C’est le Psitlacns pygmœuf, type du genre Nasiterna ou Micropsitla, que MM. Quoy et Gaimard ont découvert à la Nouvelle-Guinée. Sa taille est comparable à celle du Serin. Les Perroquets sont des oiseaux plus curieux qu’utiles. On se sert cependant des plumes de certains d’entre eux, qui sont em- ployées comme ornement chez les peuples civilisés aussi bien que chez les sauvages, et dans beaucoup d’endroits on mange leur chair. Sous-ordre des Grimpeurs (1) . Ces oiseaux sont, avec les Perroquets, les seuls qui aient les pieds zygodactylcs. Les dispositions de leur bec sont très diversiformes, et, à part le caractère précédent, on trouve peu d’indications jiouv les séparer des autres espèces passériformes. Cependant leur ster- num a le plus souvent deux paires d’échancrures, tandis que celui des vrais Passereaux n’en a (lu’une seule, du moins dans la majo- rité des cas. Les Grimpeurs se laissent aisément partager en plusieurs groupes dont on fait autant de familles, malgré le peu d’importance des caractères qui distinguent ta plupart d’entre elles. La famille des PICIDÉS ou Pics (g. Picits de Linné) l’éunit plus de deux cent cinquante espèces, que l’on partage maintenant en u» certain nombre de genres, parmi lesquels il faut surtout distinguer \cs, Picuinnes, ou Pics tridactyles, et les Yunx ou Torcols. Il y a des Pics dans toutes les parties du monde, sauf cependant en Australie- A coté de ces oiseaux se placent les deux petites familles des BUCCONIDÉS ou Barlms, Barhicans et Tamatias, et des GALBU- LIÜÉS ou Jacamars. Les premiers sont africains, asiatiques oU sud-américains; les seconds ne se rencontrent qu’en Amériijue. La lamille des UAMPHASTIDÉS (Toucans et Aracaris) est plus nettement caractérisée jiar le grand dévelopjiement du bec chez toutes ses espèces. Elle n’a de représentants que dans les parties les plus chaudes du nouveau monde. La famille des CUCL’LIDÉS ou Coucous n’a pas moins d’impor- tance que celle des Pics, et ses espèces sont également très dis- persées géographiquement. Elle répond à l’ancien genre Cvculus, (1) Grimpeurs, Lacpprdr. — Scansores, tilig. GHIJirEURS ET TASSEREAUX. 113 auquel sont venues s'ajouter une foule d'espèces qui ont souvent servi à l'établissement de coupes génériques nouvelles; tels sont, avec les Coucous proprement dits auxquels appartient notre Cuculus canorus d’Euroj)c, si remarfpiable par l'habitude (ju’il a do no pas couver lui-même ses œufs, et de confier à d’autres oiseaux le soin h’élevcr ses petits : les Indicateurs, les Couas, les Coucals, les J’accos, les Malcolm, les Centrops, les Scythrops et même les Anis dont les femelles se réunissent en grandes associations pour l'iu- c.ubation de leurs (cufs. La famille des TROtlONIDÉS ou Couroucous (g. Trogon], dont les espèces, toujours remarquables par la beauté de leurs couleurs, vivent dans les régions chaudes de l’Asfe et de rAinériquc, appar- tient également aux ( irimpeurs, et il en est de même des Touracos, dont les ornithologistes font également une famille distincte. Celle-ci estlafamilledesMUSOPHArilDÉS (g. Micsophageot Touraco) qui a d'ailleurs beaucoup d’analogie avec celle des Coucous, et qui pourrait n’en être jais séparée. Ses espèces, qui ay)i)artiennent a l’Afrique intertro{>icale et australe, présentent une particularité digne d’être signalée. Leur quatrième doigt, au lieu d’être con- stamment dirigé en arrière, comme c’est l’habitude chez les Grim- peurs et chez les Perroquets, est versatile, c’est-à-dire susccjitiblc de se porter tantôt en avant, tantôt en arrière ; c’est une disposition •lue l'on observe aussi chez certains oiseaux de proie. Sous-ordre des Dysodes (1). L’unique genre de cette division est celui des lIoAziss [üpistho- cornus], dont il n’y a qu’une seule espèce connue (l'O. cristatus), oiseau de l’Amérique équatoriale dont la (dassification a beaucoup embarrassé les naturalistes. Pulfon cm faisait un Faisan sous le nom de Faisan de la Guyane; mais l’ensemble de ses caractèrcis, ch en particulier ceux de son sternum, ne rapytcllc en rien ce. que l’on voit chez les Gallinac-és. Quoicpie plus semblable aux Passe- l'caux sous CCS diffénmts rapports, l’Hoazin se distingue cependant dos autres groupes de cette grande division, et il paraltdevoir tonner Un sous-ordre à part. Cet oiseau singulier a les doigts libres et disposés d’après le fype déodactyle ; mais son sternum est tout diiïérent de celui des ï*asscreaux de ce sous-ordre, et son anatomie montre encore d’au- h'cs icarticularités qui semblent justifier le rang que nous lui assi- (l) Ordre des Dysodes, Latrcillc, Familles nal. du règne animal. Paris, 1823. 8 114 OISEAUX. gnons (1). C’est un animal phytophage, dont la chair répand une odeur très prononcée que Fon a comparée à celle du castoréuni. Suus-ordre des Syndachjles (2) . Certains oiseaux pourvus de trois doigts antérieurs ont deux de ces doigts, Finferne et le mitoyen, réunis Fun ii Fautre jusqu’à l’avant-dernière phalange. Ils forment une association d’espèces fort curieuses par la singularité de leurs formes, et que Fon par- tage aisément en plusieurs familles. La famille des BÜCEUIDES ou Calaos (g. Buccros) appartient à l’ancien continent, et fournit des espèces à FAfriijue, à l’Asie mé- ridionale, ainsi qu’aux îles indiennes. Ce sont les jilus gros des Passériformes, et leur hec, qui est considérable, est ordinairement surmonté par une [irotubérance cornée, de forme très variée, qui lui donne un aspect singulier. Ou rapproche des Calaos V Euryceros Prevostii, qui vit à Mada- gascar. La famille des PRIÜNITIÜÉH ou Momots (g. Prionites), (|ui four- nit (iueh]ucs espèces aux régions chaudes de l’Amérique ; la famille des MÉUOPIDÉS ou Guêpiers (g. Merops, etc.), plus nom- breuse et entièrement de l’ancien continent; enfin la petite famille des TODIDÉS ou Jodiers (g. Podus], qui sont des oiseaux américains, ont entre elles d’inconte.stables affinités. Les Méropidés sont repré- sentés en Europe par le Guêpier apiastre {Merops opiaster), qui visite annuellement le midi de l’Europe, et en particulier la Pro- vence et le Languedoc, oit Fon voit quelquefois aussi, mais bien plus rarement, le Merops Saviçjnyi, ordinairement africain. La famille des ALCÉDINIDÉS, ou Martins-pêcheurs, Martins-chas- seurs, etc. (g. Alcedo, L. i, est facile à reconnaître; ses espèces sont dispersées sur tous les points du globe, même en Australie et en Océanie. Elle nous fournit le MAimN-rÊciiiEün ispide [Alcedo is- pida) (3) . (1) Voy. Paul (Jervais, Üescript. ostéol. de l’Hoasin, du Kamichi, du Ca- riama et du Savacou, suivie de remarques sur les affiiiiles naturelles des OiscauT- (Mémoire inséré dans la Xoologie du voyage de M. de Castelnau dans l’Aniériquc du Sud). (2) Ordre XIV de la classification de Brissou. — PiccB pedibus gressoriis, Linné. — Plalypodes, Lacépède. — Syndactyles, G. Cuvier. (3) Les anciennes pharmacopées donnent le nom d'alcedo à une substance médicinale que l'on tirait sans doute de l’ludo. GRIMPEUaS ET PASSEREAUX. tl5 Pamii les Syndactyles qui précèdent, les Calaos ont le sternum un peu échancré à son bord inférieur, mais sans échancrures véri- tables. Les autres ont au contraire deux paires d'échancrures ap- I)arentes, du moins dans le plus grand nombre d(! leurs espèces, mais on ne voit qu’une seule paire dans les Syndactyles suivants, <[u’il est convenable! de rapprocluu' des Passereaux deodaetylcs, auxquels ils ressemblent sous v.a rajiport. Ils forment trois petites familles ; Celle des EÜHYLATMIÜÉS ou Eurylaimes ig. Eunjlaimus]^ oi- seaux propres à l’Inde et à ses îles; Celle des UCPICOLIDÉS compreuant les deux genres des Hupi- cola ou Coqs de roche et des Calyptomènes : le premier sud-amé- ricain, le second indien; Kt celle des PIPRADÉS ou Manakins (g. /’ipra], (pii ne se trouve (|u’cu Amérique. Sous-ordre des Déodactyles (I j. fin nomme Déodactyles, c’est-à-dire ii doigts lilires, ou Pass(!- l'eaux proprement dits, les oiseaux de la grande division des Pas- sériformes chez lesquels il y a trois doigts eu avant, l’externe et l ‘interne n’étant réunis l’un à l’autre (|u’à leur base, et, suivant l’expression de G. Cuvier, « par une ou deux phalanges seule- ment. » Presque tous ont le sternum pourvu à son bord inférieur d’une seule paire d’échaiKU'urcs de forme angulaire; chez. les autres il est entièrement plein (2). Au contraire, on observe la duplicité des échancrures dans un seul des groupes de cette nondireusc division. Ce groupe est celui des Roi.i.iems (g. Coracias] qui servent de type à la famille des COILVCIADKS. Cette famille, tout en ressem- blant aux Corvidés sous certains rapports, a aussi des analogies incontestables avec les Guêpiers. Nous en avons une espèce en Eu- rope, le Coracias garrula, f[ui se montre dans plusieurs de nos chaînes de montagnes. Les autres Déodactyles, c’est-à-dire les oiseaux passériformes pourvus d’une seule paire d’éclnmcrurcs sternale.s ou tout à fait sans échancriu'c se laissent assez facilement partager en quatre caté- gories principales répondant aux divisions des Fissirostres , des Conirostres, des Dentirostres et des Ténuirostres de G. Cuvier. (1) Passereaux déodactyles, Is. Geoffroy. (2) Cette disposition est fréquente chez les Fissirostres 116 Oli^EAT'X. 1. Déüdactyles fissiroslres (1) , Les Fissii’ostres doiveul leur nom à la forme élargie et fendue de leur becj qui est en mémo temps eourt et a})lati, en sorte que Tou- vcrture de leur hoiudie est très grande, et qu’ils peuvent engloutir aisément les insectes qu’ils poursuivent au vol. Ils se partagent en trois familles : La famille des LArRlMULflIDÉS eomprend les (juacharos (g. Steaiornis], les l’odarges (g. Podaryns, etc.) et les Engoulevents (g. Caprimul gus) , ipii sont des oiseaux nocturnes; La famille des CYLSÉLIDÉS ou des Martinets (g. Cgpselus), réunit des espèces ii vol infatigable, dont le sternum n’a point d’é- cbancrures; La famille des IIIUUNDINIDÉS, ou Hirondelles (g. Himndo, etc.;, est formée par les différents genres d’birondelles. C’est à cette troisième famille qu’appartiennent les Salanganes, espèces proj>ros à l’Asie méridionale et à quelques îles de la mer des Indes. Ces oiseaux sont célèbres par leurs nids, (pii forment un aliment très recherché des Chinois, et (|ue l’on apporte quel- quefois en Europe. Les Salasgaxes connues (g. Calloccdia, G.-IL Gray) forment cinq espèces (2), dont les quatre iiremières appartiennent à l’Inde et à ses îles. Ce sont : Callocalia esculenta (Ydlirundo esculenta de Linné), qui se recon- naît à la belle tache blanche que porte antérieurement vers la base chacune des pennes de sa queue ; Callocalia troglodytes, G. -R. Cu'ay, connue à Malacca,aux Philip- pines el à la Nouvelle-Calédonie; Callocalia Linchi, Horsfield, de Nicobar; Callocalia fuciphaga [Hirundo fucipliagu de Tliunberg), que .M. G. -R. Gray appelle Callocalia nidifica; M. Mac Clclland, Hi- rundo breoiroslris; M. Jerdon, //. unicolor, et M. Blytb, Cypselus uni- color et C. concolor. Elle est entièrement brune, sans blanc à la queue ni ailleurs. C'est la plus répandue et celle dont on mange principalement les nids. On la trouve à .lava, à Sumatra, à Roméo, et, sur le continent asiatique, à Malacca, dans la Chine, dans l’Assam et dans le Routau. Elle est aussi des îles Mariannes et do Pile (!) Ordre dos Chelidones, Meyer. (2) Voyez G. -R. Gr.iy, Gen-era of liirds. et Gli. Buuaiiarte, Comptes rendus hebi. do l’Académie des sciences, 3 décembre 1853. CT.IMl'EVRS ET PASSEUEAEX. (FOualan. C’est le Jem des Japonais, le Patojuj des Indiens, VLnno des Chinois, le Layoncj des habitants de Sumatra, et le Wahalœna de ceux de Ceylan. , . , ■ L’Hirmvlo francica, qui vit à l’ile eut donc comparer la substance em- ployée par les Salanganes à l’hypersécrétion du jabot des Pigeons !,ui nourrissent. Aussi cst-ce avec beaucoup de justesse que M. It.er, dans Journal d’un voyage en CMm [b] explique, d apres un médecin chinois, les propriétés spéciales du bouillon au nid de Salanganes en disant de ce nid ; « C'est du suc gastrique pur et concret. » Les HmoNBiii-LES de nos pays, Birundo rustica, du genre Le- eropis Boie, cl Birundo urbiea, du genre Chelidon, B., ont été empilées en médecine par les anciens; on les mangeait pour fortifier la vue, et leur cendre mêlée d’huile formait un topique auquel on supposait des propriétés analogues. On les employait aussi contre l’angine. 2. Déodaclyles conirostres. Leurs différents groupes sont également considérés comme au- tant de familles par les naturalistes. Nous nous bornerons à en (1) Dict. univ. d’hist. nat., arlicle Phycotogie. (2) Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. XLI, p. 878 (1833). (3) Trans. de la Société de JinUivia pour 1781. (4) Tome T, p. 301, 1848. OISEAUX. donner une courte énumération en renvoyant aussi^ comme nous l’avons fait pour les autres familles de la même classe, aux ou- vrages spéciaux d’ornithologie. La famille des CORVIDÉS, qui a pour lype les Corbeaux (g. Corms), comprend aussi les Pies, les Geais et beaucoup d’autres oiseaux analogues. Le CoanEAU oiuu.xAmE [Corvus corax] et les espt'ccs voisines ont été longtemps vantés en pharmacie. On employait leur cervelle ou la cendre, chï leurs chairs contre l’épilepsie. Leur graisse et leur sang passaient pour empêcher les cheveux de blanchir, et leurs œufs étaient particulièrement recommandés contre, la dysentérie. La fauiille des PARADISIDKS, ou Oiseaux de Paradis (g. Para- disea), dont les espèces sont si remarquables par la beauté de leur plumage, est bien voisine de celle dont nous venons de parler. Ces magnifiques oiseaux sont essentiellement australiens. On peut rapprocher aussi des Corbeaux la famille des ICTÉRIÜÉS ou Cassiques et Troupiales, qui ont l’Amérique pour patrie. Nos Chardonnerets (g. Carduelis) s’y rattachent cependant par plusieurs iiarticularités, quoiqu’on les classe dans la famille des FRINGILLIDËS, qui est si distincte de celle des Corbeaux. C’est aux Fringillidés qu’appartiennent les Fringilles proprement dits (g. Frin- gilla], les Loxies, les A’euves, les Bengalis, les Paroares, les Pad- das, les Pinsons, les Serins, les Durs-Becs, les Becs-Croisés et une foule d’autres encore. Ce groupe de Passereaux est cosmoplite. La famille des ALAUDIDÉS, ou Alouettes (g. Alanda, etc.), se distingue aussi jiar un certain nombre de caractères assez tran- chés; quelques-unes de scs espèces ont été citées dans les ouvrages de matière médicale. Dioscoridc (liv.ll, ch.59) attribue a la chair rôtie de deux espèces d’ Alouette qu’il nomme KopuÿaO.'o,- la propriété de guérir les co- liques. Ce Conjdallos est aussi le Galerita des Latins, et, comme Rondelet en fait la remarque, le même oiseau que l’on apiielle dans le midi de la France Coquillade [Alaudacalandra). C est aussi parmi les Conirostres que prennent rang les espèces de la famille de.s PABIDÉS ou Mésanges (g. Parus, etc.), dans laquelle il faut comprendre les Pardalottes de l lnde, et, suivant quelques auteurs, les Roitelets (g. Regidus). 3. Déodaciyles dentirostres. Ils ne sont pas moins nombreux que les Conirostres ; mais au lieu d’être granivores comme la plupart d’entre eux, ils sont géné- 121 GRIJtrEI'ES ET passeueaüx. râlement insectivores. Leur mandibule supérieure est échimcrée près de la pointe, caractère pou important sans doute, ainsi que G. Cuvier en fait la remarque, qui manque même quelquefois, mais qui peut être assez facilement (îonstaté dans la majorité des cas et que sa constance rend utile. On partage l(is Dentirostres de la manière suivante : La famille des LANIADÉS comprend les Pies-grièches (g. La- nhis) et les autres oiseaux ayant des habitudes ainsi que des formes analogues. La famille des TANAGRIDÉS ou Tangaras (g. Tanagra, etc.) s’en rapproche, à certains égards, et tient en même temps de cer- tains Fringillidés. La famille des ÏURDIDKS ou celle des Merles (g. Turdus), des Grives, des Ginclcs, desMartins et des Philédons, est très riche en espèces, et l’on doit en rapprocher les Lyres (g. Menurci], singu- liers oiseaux à queue remarquablement développée, plus gros que les autres Passei’caux du même sous-ordre, dont on ne connaît, que deux espèces, l’une et l’autre do la Nouvelle-Hollande. La famille des ORIOLIDÉS ou Loriots (g. Oriolus). La famille des SYLVIADÉS ou Becs-Fius (g. Sylvia, etc.), qui comprend, outre les Fauvettes et les Rossignols, les Pouillots, les Bergeronnettes, les Tratiuets, les 'froglodytes, et d’autres genres qui fournissent aussi des espèces à la faune de nos contrées. U. Dêodactyles icmirostres. Ils ont le bec grêle, allongé, non échancré, tantôt droit, tantôt au contraire sensiblement arqué : c’est une réunion peu naturelle. Les groupes que l’on établit parmi eux constituent cinq familles dans les ouvrages actuels d’ornitbologie, savoir ; La famille des PROMI'IROPIRFR , comprenant les Promérops, oiseaux d’Afrique, et les Épimaques do i’Oceanie. Rs ont des rap- ports avec les Corvidés et les Paradisidés, et devront sans doute en être rapprochés dans la classification. La famille des TJPFPTDSS ou des Huppes (g. Upupa], peu nom- breuse et propre à l’ancien continent. La Hüppe épope [Upupn epofis] la l’e.présentc en Europe. La famille des CINNYRIDÉS se rattache, au contraire, aux Phde- donset auxTurdidés; elle comprend des oiseaux de petite tadle, à plumage élégant et souvent métallique comme celui des Cobbns, dont ils sont les représentants dans les parties chaudes et australes de l’ancien conlinent. Ce sont les Soüt-maxga (g. Cimiyrh, (de.). 122 OISEAUX. La famille des GERTHIADËS ou Grimpereaux (g. Certhia) réunit aussi les Tichodromes, les Sittelks, etc. Elle fournit des espèces aux diflerentcs parties du monde. Ses habitudes sont essentielle- ment grimpeuses. 11 en est de même de la famille des ANABATIDÉS (g. Anabates, Fourmilier, Synallaxe, Dendrocolapte, etc.); mais celle-ci appar- tient à l’Amérique. La charmante famille des TKOGHILIDÉS, qui se compose des Colibris [J'rochilus] et des Oiseaux-Mouches [Ornismija, etc.), ne s observe aussi que dans le nouveau monde. Ses nombreuses es- pèces sont toutes fort petites, et c’e.st parmi elles que l’on trouve les plus p(îtits de tous les oiseaux. Les Trochilidés sont remar- quables extérieui’ement par l’éclat métallique, ainsi que par les ornements de leur plumage. Ce sont des oiseaux qui volent par- faitement, et qui Itourdonnent autour des fleurs à la manière des insectes. Leur sternum manque d’échancrures. On connaît plus de 300 espèces de ces charmants petits oiseaux. Ordre dc.s Gallinacés. En établissant l’ordre des Gallinacés sous la dénomination de Gallinœ, Linnæus y avait placé, indépendamment des Gallinacés pi oprement dits, les Outardes et les Autruches, et il avait au con- traire associé aux Passereaux les Pigeons, dont G. Cuvier fait aussi des oiseaux du groupe dont il est ici question, f.es Autruches et les Outardes ont été reportées parmi les Échassiers ; quant aux Pigeons, bien qu’ils aient avec les Gallinacés plus d’analogie qu’avec les Passereaux, dont ils ditfèrent mi particulier par la forme de leur sternum, leur réunion aux premiers do ces oiseaux a été contestée, et Latham ainsi que de Blainville proposent d’en faire un ordre a part. Nous les laisserons avec les Gallinacés, mais en les distinguant comme sous-ordre. Sous-ordre des Gallides ou vrais Gallinacés. Ces animaux ont été comparés aux Ruminants, et, comme eux, ils nous sont aussi d’une grande utilité. Nos principales espèces d’oiseaux domestiques appartiennent au sous-ordre des (fajlinacés propremeid dits, e,t t;e groupe peut fournir à la domestication plus d’espi'ces qu’elle n’en possède encore, f.es Gallides ont le ré- gime granivoie, leurs habitudes .sont sociales; ils ont le vol lourd, sont pulvérulents, et leurs petits ont déjà en nai.ssanl assez de force pour suivre leur mère et butiner avec elle. Les mâles sont polv- 12S GALLINACÉS. Siinios, et ce sont les femelles seules qui s’occupent de lu cou- vaison ainsi que de l'éducation des jeunes. On reconnaît aisément les oiseaux de ce sous-ordre ; ils ont les doigts libres, sauf à la base, où l’on remarque un commencement de palmature ; leur bec est voûté, et leurs narines sont recouvertes par une écaille molle ; leur sternum porte habituellement deux paires de très grandes échancrures; enfin leur gosier est muscu- leux, et ils ont doux longs cæcums. Les vrais Gallinacés peuvent être partagés en plusieurs famdles : La famille des PHASIANIDÉS réunit un certain nombre de genres 'lui appartiennent à l’ancien continent , et sont essentiellement propres au midi de l’Asie, tels que les Paom, dont les Eperonniers (g. Polyplectron) se rapprochent à tant d’égards, les Argus, les Lophophares, les Tragopems, les Faisans et les Coqs. Les (sspeces do- ’Hestiques de ce dernier genre sont d’une très grande utdité pour 'homme. Il y a évidemment plusieurs espèces domestiques du genre LOQ, '"ais on les désigne ordinairement par le nom commun de ju us Indépendamment de leurs usages alimentaires que tout le monde '"•nnaît le Coq, la Poule et même les Poussins ont etc préconises rontre certaines maladies, et l’on a même eu recours à leurs excre- "rcuts. La castration et une alimentation particulière sont les prin- cipaux movens employés par les fermiers pour rendre plus savou- '■ause la cîiair des poulets ou celle des poules et pour les en- h’i'aisser. C’i'st ainsi que l’on obtient ces Chapons l't ces Poulardes ^i prisés des gourmets, et dont l'élèvi' si* tait avec tant de .--nccès 'laiis plusieurs parties de la France. La graisse de Chapon [adaps caponis] et celle de la Poule [udeps Cnllinœ) avaient, autrefois une certaine utilité dans les pharmacies. Quant aux œufs des oiseaux de ce genre, tout le monde sait ‘pielle est leur importance dans ralimentation ordinaire, ainsi que dans l’hygiène ou même la préparation de certains médicaments, "''îst un sujet dont nous avons parlé en détail en commençant ‘'•ette histoire des oiseaux (p. léS)- Les Peintaiies ig. Numida], dont on fait tantôt une famille à part, tantôt une trilm des Pbasianidés, sont des Gallinacés africains. Les Di.mions ig. Gallopavo], mal à propos désignés par le nom h'éiiérique d(> .Mdeagris qui revient aux Peintades, sont, au con- h'aire, des oiseaux américains, et leurs trois espèces connues vivent dans l’Amérique septentrionale. C’est de celte contrée en OTSEACX.. effet que nous sont venus les Dindons domestiques dont l'impor- tation en France remonte an rèpnc de Charles IX. L’Kspagne fut le premier pays d venin, et il n’agit que très lentement sur la Tortue. La Yipère, Bothrops, etc., pourraient même se mordre impunément, et Fofl' tana dit avoir vu un animal du premier de ces deux genres ^ piquer cinq fois sans en éprouver le moindre accident. C’est “ propos de ces observations que Mangili a fait remarquer que venin n’agissait qu’avec une extrême lenteur sur les animaux ^ température basse. La même opinion a été soutenue plus récein' ment en France; cependant on doit faire remarquer que b’ poissons piqués par les Hydrophides meurent rapidement. C’eS* ainsi que M. Cantor a vu périr, au bout de six minutes, un J’s' trodon potoca, qu’il avait fait mordre à la lèvre par un Hydropht^^ sekistosns. Un Serpent de terre (le Dipms Irigonata] est mort sei^*’ minutes après avoir été piqué par l’Hydrophis striatm, et un Ché' Ionien lluviatile (le Trionyx ganrjeticus) n’a survécu que vingY huit minutes à la piqûre de V Hydrophis scinslosus. M. Alfred Uugès a refait quelques expériences pour montrer effets de la piqûre des Vipères de France sur certains Reptiles! elles confirment, à certains égards, l’interprétation donnée Mangili. Voici le résumé qu’il en donne dans le tome H des Mémoir^^ de la Société de biologie : Un Lézard de muraille est mort en uH® demi-heure ; mais un Orvet a résisté, et le venin pris sur lui inoculé à un Lézard est resté sans effet. Un Triton a donné le mèiib résultat. Une Vipère, qui s’implante elle-même ses crochets dans h' mâchoire inférieure, n’en meurt pas. Effets du venin. — L’erpétologiste Laurenti, en parlant des ett’e^'* que produit, chez les petits mammifères, la Vipère commun® les résumait de la manière suivante : douleur aiguë ; respiration difficile; tendance à l’expectoration ou au vomissement d’un® mucosité sanguinolente; gonflement, chaleur, rougeur et quel" quefois sphacèle du point où la blessure a eu lieu; mort enû'® cinq minutes. Si l’on ne tient compte de la rapidité du dénoûment, ces pù®' nomènes divers se produisent aussi chez l’homme et chez les pi’jn( cipales espèces de mammifères domestiques, lorsqu’ils ont éb OI'liroiENS. piqués par les Vipéridés de llnde, de l’Afrique ou de l’Amérique, *1001 nous avons parlé dans ce chapitre sous la dénomination 'îonimune des Vipéridés solénoglyphes. Us peuvent aussi résulter l’introduction dans le torrent circulatoire du venin des Viperi- 'iés protéroglyphes, et on les observe en particulier après la morsure 'lu Cobra decapello, qui estdc Naja. Le temps qui s’écoule entre ' ’intoxication et la mort est plus ou moins long, mais celle-ci arrive fatalement si l’on n’arrête la série des phénomènes morbides Par la succion ou par une prompte médication. Nos Vipères elles- "têines peuvent donner lieu à de pareils accidents, et l’on a con- «faté en France plusieurs cas de mort occasionnés par leur morsure. Ifabituellement les choses n’ont pas cette gravité, ce qui tient, non Pas àla différence de nature de leur venin, mais àsamoiudre quantité. Le venin des Serpents altère le sang; il en détermine plus ou ''Uùns promptement la iluidité, suivant sa propre intensité, et il en "ftère les globules. Son action sur le système nerveux ii est pas '^uutestable non plus, mais peut-être n’est-clle qu’une conséquence 'fb fait précédent. Ue là à la singulière assertion de Tyson, dont ^'^Us emprunterons le récit à Valmont de Bomare, il y a loin. Let "bteur rapporte « qu’un homme d’esprit, qui était allé aux Indes, la visite d’un Indien portant toutes sortes de Serpents, et qui ® offrit de lui montrer cjuclques expériences touchant la force de feur venin. L’Indieu en tira d’abord un fort gros, qu’il assura ne *^"be aucun mal ; et, en effet, ayant fait à son bras une ligature Pareille à celle dont on se sert pour la saignée , il le présenta a nu "'‘Serpent après l’avoir irrité pour se faire mordre; il ramassa le sang 'Ib' coulait de la plaie avec son doigt, et il le mit sur sa cuisse jus- 'Ib’à ce qu’il en eût une cuillerée. Il prit ensuite un autre Serpent "Ppelé Cobra de capello (le Naja), qui était plus petit, et qu’il as- ^bra être infiniment plus venimeux. Four prouver ce qu’il avan- ^bit, il le saisit par le cou , et ayant fait sortir environ un demi- ^'■bin ,1e la liqueur contenue dans la vésicule des gencives, il la sur le sang qui s’était figé sur sa cuisse ; ce sang entra alors 'f'bis une fermentation violente et devint de couleur jaunâtre. » Lontana pensait déjà, d’après des expériences faites sur la Vipère, 'l'ib l’action du venin sur le système nerveux est la conséquence celle qu’il a sur le sang, et M. Brainard a constaté plus récem- î'beiit la déformation des globules sanguins, et l’augmentation de b liquidité du sang chez des animaux morts à la suite de piqûres faites par le Crotale. M. Burnet a aussi fait des observations analo- ilbes. « On jurerait, dit-il, que le sang a subi une profonde allé- 174 KEPTILES. ration dans sa vitalité, dans sa structure, et, si Ton peut s’expri' mer ainsi, dans sa composition. » Il fait aussi remarquer que le» globules du sang étaient comme dissociés et que la fibrine semblait avoir dis{)ai'u. L’humeur toxique des Serpents n’agit pas dans toutes les condr fions. Pour que ses ettéts se fassent sentir, il faut qu’elle ait introduite sous la peau ou mise en rapport avec quelque poia* dénudé des surfac.es cutanées ou des muqueuses. C’est à quoi 1» nature a pourvu en disposant spécialement certaines dents des Vipé' ridés pour taire pénétrer leur poison dans le corps des aniinaïf' contre lesquels ils luttent. Simplement appliqué sur la peau ou même sur les mU' queuses qui sont intactes, le venin n’agit pas. C’est ce que 1*^® expériences de Mangili mettraient hors de doute, si le fait n’étai* connu de temps immémorial. La salive, le suc gastrique ou tout® autre sécrétion, n’a pas pour cela la propriété de décomposer I® venin. H n agit pas parce qu'il ii’cîst pas absorbé, l’état d’intégi'h® de l’épiderme ou de l’épithélium s’of)posant à son endosmose, h® fiiit de 1 innocuité du venin avalé dans ces conditions était conu® depuis longtemps, et la succion que l’on a toujours mise en usag® pour lutter contre les i)iqurcs des Vipéridés repose sur cette doO' née (1). Le venin ne perd pas pour cela ses propriétés, et si la m®' queuse vient à être altérée par une cause quelconque, il a tout® son action. On sait que le curare, dont les etfets ont tant d’an»; logie avec ceux de la sécrétion toxique des Vipéridés (2) est auss’ dans le même cas, et il a été facile à M. Cl. Bernard de faire péri® ^ (1, Octave c.'^saya, dit-on, de faire sucer par les Psylles la blessure que CléopâU® s’était fait faire par un Naja. (Voir pour l’histoire des Psylles : Souchay, Hist. ^ VAcad. des inscriplions cl belles-lettres, l. lit, p. 273 ; 1733.) (2J Le curare est un poison très violent, d’origine organique ; il est préparé P»® les prêtres de quelques tribus féroces du haut Oréuoque, du Rio-Negro et I Amazone. Le curare sert à empoisonner les flèches et à différents autre* usages également dangereux. Il est principalement composé avec le suc de cet' taincs lianes, et l’on assure que l’on y met aussi quelques gouttes du venin U»® 1 on enlève aux espèces les plus redoutables des Vipéridés américains. M. <1® Lasteliiüu rapporte, dans sou Voyage dans l’Amérique du Sud, que les Indien* 'Ticunas ajoutent au curare de lianes qu’ils fabriquent .. des millepieds (Scolopen- dres) et une espece particulière de rainette verte; » mais il doute que les suc* fournis par ces deux genres d’animaux augmentent les propriétés de ce poison conn»® le croient ces Indiens. Le curare a été dans ces derniers temps l’objet de curieuse* observations chimiques et physiologiques faites par MM. Pelouze, Cl. Bernard» Kolliker, Trapp, Pélikao, etc. OPHIDIENS. 175 animaux en les piquant avec un instrument imprégné du suc ësstrique d^un chien auquel on avait fait manger du curare. La succion est donc le premier moyen à employer si l’on n’a sous main au moment de la piqûre aucun réactif ni aucun caustique. Elle doit être acxompagnée de la compression exercée au-dessus la partie lésée, si la nature de celle-ci le permet. Les incisions l’hémorrhagie artificielle donnent aussi de bons résultats en s’opposant à l’absoriition du venin , et en le rejetant au dehors, Comme le fait de son côté la succion. Dans le cas où la chose est possible, les ventouses doivent être préférées à cette dernière opé- ration, et il faut faire des lotions, ou même des injections le plus tôt possible. L’ammoniaque et l’eau de Luce ont été souvent et «lepuis longtemps recommandés. On a aussi employé l’huile, et ces ^liverees substances sont aussi données à 1 intérieur . elles agissent évidemment comme antiseptiques et comme sudorifi(}ues. Beau- coup d’autres recettes ont encore été proposées soit contre nos Vipères ordinaires, soit contre les animaux des pays chauds qui appartiennent à la même famille d’Ophidiens, et dans ces der- niers temps on y a ajouté les injections iodées (MM. Brainard, ^^illimire, etc.) mais il iaut dire aussi que des expériences lé- centes de M. Pélikan laissent quehiue doute sur l’etiicacité de ce dernier moyen (1). Le tannin mériterait detre essayé. On a encore recommandé certaines espèces de végétaux comme nlexipharmaques, et plus particulièrement comme ophiothérapi- *îûes. Les anciens en ont indiqué plusieurs ; les psylles de 1 Afrique et de l’Asie en colportent dans leurs pérégrinations, et les méde- cins européens ont plus particulièrement préconisé dans ces der- rières années le cédvon (2) et le huaco (3). 0) Ces expériences sont, il est vrai, relatives au curare ; mais ce poison a une ‘® duites en poudre et incorporées avec du mucilage de gomme a adragante, en forme de pastilles, ointes de baume du Pérou pour a les conserver. » Roneau (de Nemours), Obs. sur la morsure de la Vipère. (Thèses de la Fac. de •héd. de Paris, 1828, n° 121.) Fodéré (il/edacino légale, t, IV, p. 11 et 12) et Dubclat [Bull, de thérap,, X, p. 198 ; 1836) citent deux cas de mort. Ambroise Paré rapporte dans ses œuvres (ch. XXIII) l’observation d’une piqûre Vipère dont il fut lui-même victime durant son séjour à Montpellier au nio- "aent où il observait ce Reptile chez un pharmacien ( il n’y a pas de Vipères ûans les environs de cette ville), et M. Duméril a décrit les symptômes qui se •hanifestèrent aussi chez lui-même à la suite de la piqûre d’une Vipère-bérus qu’il *''ait saisie dans la forêt de Fontainebleau, croyant n’avoir affaire qu’à une Cou- '««vre vipérine. (Erpétologie générale, t. VII, p. 1399.) 12 178 REPTILES. Plusieurs «Tuteurs ont signalé des cas où les piqfircs des Vipères, on pourrait peut-être dire aussi le traitement dont cette piqûre a été l’occasion, ont «apporté des perturbations favorables à certaines maladies, dont les individus piqués étaient précédemment atteints. On cite, «mire autres, une femme qui fut ainsi guérie d’une fièvre tierce, üemathiis conseille la piqûre de la Vipère contre l’hydro- phobie. Pour terminer ces détails, nous emprunterons à M. Sou- beiran la citation qu’il fait d’une note publiée par M. Demeure, dans le Journal de la Société de médecine liomœopathique, pour 185û. C’est, ditM. Soubeiran, l’observation «d’une morsure de Vipère, à caractères pathologiques insolites, et dont il attribue la guérison à ce que la malade, par la morsure du doigt, a absorbé intérieu- rement du venin à dose hommopatbique ! » Vipéridés protéroglyphes ou Najas, F laps et Hydroptiis. — D’autres Ophidiens, qui sont presque aussi vénéneux ([ue ceux du groupe précédent, et qui ont comme eux des glandes vénénifères et les os maxillaires plus ou moins courts et armés de crochets, s’en distinguent par la forme de ces crochets eux-mêmes, qui, au lieu d’être traversés dans leur longueur par une tubulure complète, sont simplement canaliculés, mais avec les deux rebords du cana- liculc presqu’au contact l’un avec l’autre. Ces dents antérieures cannelées et en ci*ochets sont les seules que supportent les os maxillaires des protéroglyphes. Quant aux palatins, aux ptérygoï- diens et aux maxillaires inférieurs do ces Serpents, ils portent des dents simples semblables à celles de la plupart des autres Ophi- diens (p. 153, lig. 20). On trouve des espèces de cette division dans les différentes par- ties du monde, l’Europe exceptée, et plusieurs d’entre elles sont redoutables à l’égal des Vipères et des Trigonocéphales. On peut les partager en trois tribus sous les noms de Najadins, A’Élapins et à! IJydrophms. Plus de la moitié des Ophidiens connus à la Nouvelle-Hollande appartiennent au groupe des Protéroglyphes. Ce sont desNajadins ou des Élapins des genres Alecto, Furina et Pseudelaps. On trouve aussi, sur les côtes de ce continent et dans les mers de l’Océanie, différentes sortes d’Hydropbis ou Serpents de mer. La tribu des NA.IINS, dont on rapproche les Bongares et les Dendraspis, a pour typr; les Najas (g. Naja), qui sont des Serpents d’apparence colubriforme, qu’on reconnaît de prime abord à la propriété singulière qu’ils ont d’écarter leurs premières paires de côtes et par ce moyen d’élargir considérablement, et à leur gré, 1^ OPHIDIENS. 179 partie antérieure de leur corps. Ces animaux sont célèbres dans l’Inde, en Arabie et dans plusieurs parties de l’Afrique par le ca- ractère daufçereux de leur piqvirc et par l’usage dans lequel sont les jongleurs de les employer dans leurs exercices. Ils sont à peu près de la taille de nos grosses Couleu- vres; leur espèce indienne [Naja (ripudians) est connue sous les noms de Serpent à lunettes , Serpent à coiffe. Cobra di capello, etc., soit à cause de l’espècè de taclic en fornu! de lunettes qu’elle porte sur le dessus de son cou, soit à cause de la forme en coiffe ou en capuchon de cette partie de son corps. L’espèce d’A- frique ( Naja Haje) est V Aspic des anciens. Elle est souvent repré- sentée sur les monuments de l’an- lique Égypte. On la trouve aussi dans quelques autres parties du continent africain, mais elle n’existe pas dans l’Algérie. Les bateleurs savent rendre ces animaux roides comme des bâ- lons, en leur pressant fortement la partie antérieure du corps, et c’est de cette manière que s’opérait la prétendue transformation des verges en Serpents que les magiciens du roi d’Égypte furent appelés à exécuter devant Aaron (1). Les Najas ou Serpents Rayes ont des habitudes inquiètes ; quand Ou les approche, ils se dressent avec autant de curiosité que dirri- lation, et comme pour s’enquérir do ce qui se passe autour d’eux. Il est facile de les mettre bientôt dans un état eonqdct d agitation. Ées bateleurs de l’Egyjite, aussi bien que ceux de 1 Inde, tirent l^ubilement parti de ces instincts. A l’imitation des psylles ou an- ciens dompteurs de Serpents, ils courent le pays pour vendre do prétendus spécifiques contre la morsure de ces animaux ou des R) « Aaron jeta sa verge devant Pharaon et ses serviteurs, et elle fut changée «n Serpent, o n Pharaon ayant fait venir les sages d’Égypte et les magiciens, ils firent aussi la même chose par les enchantements de l’Égypte et par les secrets de leur art. » « Chacun d’eux ayant donc jeté sa verge, elles furent changées eu Ser- ments; mais la verge d’ Aaron dévora leurs verges. » Fig. 27. — Naja ou Haye, l’Aspic des anciens. 180 REPTILES. recettes pour les éloigner des habitations, et afin d’attirer plus sûre- ment l’attention du vulgaire, ils portent avec eux des Najas sur lesquels ils exercent, par la musique ou par la lutte, une appa- rence de fascination. Tl est vrai que, le plus souvent, ils ont eu soin de faire tomber préalablement ou d’arracher eux-mêmes les crochets vénéneux de ces Reptiles (1). Dans d'autres occasions, ils en épuisent le venin en leur faisant mordre un grand nombre de fois des étoffes qu’ils leur présentent on guise do proie, et l’on assure qu’ils les domptent aussi par les coups et en les faisant s’élancer contre des vases ou des espèces de gantelets en terre qui leur meui'- trissent la gueule. Alors, dans l’espèce de pugilat que le jongleur soutient en public contre le Naja, ce dernier se garde bien de mordre le poing de son adversaire, car celui-ci a eu soin de s’abriter dans les exercices préparatoires sous un appareil protecteur, contre lequel l’animal s’est plus d’une fois blessé, ce qui lui fait redouter sans cesse d’éprouver la même déception. Dans ce cas, un psylle expérimenté peut sans danger laisser au Naja ses crochets et l’usage de son venin. C’est ainsi que Forskal a pu voir la piqûre des Serpents de ce genre déterminer, chez un pigeon, des vomissements et des convulsions, et que MM. Tticr (2) et Natalis Hondot (3) ont constaté, à Trinquemalé de Ceylan, qu’une poule était morte six minutes après avoir été mordue par le Naja, dont un jongleur s’était appro- ché (|uelques instants auparavant en jouant d’une sorte de clari- nette, et sur la tête duquel il avait successivement posé son nez et sa langue. La subtilité du venin des Najas ést telle, qu’il peut faire périr en quelques instants des animaux domestiques de diverses espèces et l’homme lui-même. Ce fut par un serpent de ce genre (jue Cléopâtre , la célèbre et voluptueuse reine d’Égypte, sc laissa pi- quer, lorsque, après la bataille d’Actium, elle voulut échapper par la mort au vainqueur d’Antoine, Galien nous apprend qu’à l’époque où il se rendit lui-même à Alexandi'ie pour s’instruire auprès de la célèbre école que les Grecs avaient fondée dans cette ville , on y faisait mordre les condamnés à mort par des Aspics ou Najas. (1) Mais ces crochets peuvent repousser, et it y en a habituellement en arrière de ceux qui servent d autres qui, au bout de quelque temps, sont prêts à les rem- placer. Johnson cite le fait d’un enfant qui mourut pour avoir été mordu par un Naja dont les crochets s étaient ainsi renouvelés. (2) Journal du voyage en Chine. (3) Cité dans l'ouvrage de MM. numéril ctBibron, t. ’VII, p. 12S7. OnilIHEiNS. • 181 Un exemple récent nous montre les terribles ellcts de la piqûre de ces Ophidiens ; il y a quelques années, un ffardien de la salle des Reptiles, à la ménagerie de Londres, fut mordu par un Serpent de ce genre, et au bout d’une heure et deniie il avait cessé de vivre. Le phénomène le plus apparent que l’on observa dans cette occasion fut une paralysie des muscles du thorax qui servent à la respira- tion (1). De tout temps liis Najas ont été remarc[ués ; à toutes les époques, on les a craints, et la superstition leur a toujours attribué des propriétés merveilleuses, ils jouent un grand rôle dans la théogonie des an- ciens Égyptiens, et la médecine les a recherchés pour faire de leur chair le même usage que nous faisons de celle de la Vipère. D’après Hasselquist, c’était elle que l’on expédiait autrefois d’Égypte à Ve- nise pour la composition do la thériaque. Les Najas passaient aussi pour avoir dans la tète une pierre précieuse, à laquelle on attri- buait dans l’Inde des vertus toutes spéciales (2) . La tribu des Élai'ins comprend les Élaps (g. Elaps], dont les espèces ont le corps cylindrique et coloré par de larges anneaux ordinairement rouges, placés sur un fond clair, et se font en outre remarquer par la forme par- ticulière de leur tète osseuse, qui est raccourcie et peu mobile dans sa partie faciale, étroite et au contraire allongée dans sa partie crânienne, et dépourvue d’apophyses post-orbitaires. Leurs espèces, toutes étrangères à l’Éurope, vivent en Asie et en Afrique, dans les deux Amériques, et même en Australie. Dans quelques localités, particulièrement au Rrésil, où elles portent le nom de Serpents corail, on les recherche à cause de la vivacité de leurs couleurs, et les dames ne craignent pas de les en- (*) (*) Élaps (crâne vu en dessus). On a supprimé les mâchoires supérieure et inférieure du côté droit) . (1) Voir ; D'' Quain, The Lancet, t. 11, p. 377 (1852), et Duméril , Comptes Rendus hebdom., t. XXXV. (2) John Davy a montré que les pierres dites de Serpents sont formées d’os calcinés, ‘i’un mélange de carbonate de chaux et de matière colorante et d’une espèce de bézoard (Asiatic research., t. XIII, p. 317 ; 1820, Journ. de pharmacie, t. IX, P- 162; 1823). Kirker a publié en 1668 des essais thérapeutiques faits à Vienne niec la pierre de Serpent. 11 dit qu’on en a obtenu des résultats favorables; il y a ®üssi une note de Tachénius sur ce sujet, publiée pendant la même année. Fig. 28 (*). 182 RErilUiS. lacer autour de leurs bras connue omemeuts ou pour jouir de la fraîclieur que donne leur contact. Cependant les Élaps ont les maxillaires garnis de dents vtinéneuscs comme les autres Proté- roglyphes; il paraît toutefois qu'ils ne cherelient point à se servir de leurs crochets, et la petitesse de leur bouche s’oppose à ce qu’ils ne mordent, ou tout au moins elle leur rend cet acte diffi- cile. Ceux qui vivent dans les parties chaudes de l’Amérique parais- sent se nourrir principalement de Cécilies. La tribu des Hydrüpuins, par laquelle se termine la gi’ande fa- mille (les Vipéridés, est formée par un certain nombre d’espèces vénéneuses, à dentition toujours protéroglyphe, et qui se distin- guent d(!s animaux qui précèdent par la forme comprimée de leur queue, ainsi que par la présence de plusieurs petits crochets sim- ples placés en arrière des dents cannelées. Leurs os maxillaires sont déjà notablement plus allongés que ceux des Vipéridés ter- restres. Leur crâne est établi sur un modèle peu ditférent de celui des Najas, sauf un peu plus d’allongement dans certaines espèces. La conformation de la queue de ces Ophidiens est en rapport avec leurs habitudes aquatiques; on trouve en eli'et les Hydrophis et les autres Ser|ients de la môme tribu dans l’eau, et ils se tiennent plus particulièrement dans l’eau salée. Les mers de l’Inde et celles de la Nouvelle-Hollande, ainsi que de l’Océanie, en nourrissent de plu- sieurs genres, qu’il est assez facile de distinguer entre eux par les variations de leur écaillure ; ceux qui sont placés les derniers dans la série sont aussi ceux dont les écailles sont le plus uniformes, et en en suivant la dégradation dans les différents genres, on voit successivemenl diminuer, ou môme disparaître les grandes plaques ventrales, (jui sont au contraire constantes chez les premiers Ophi- diens, et que la plupart des Couleuvres montrent également. Les genres appartenant à la même tribu que les Hijdrophis ont reçu les noms de Plaiure, Aipysure, Dütéire, Pélwnide et Acalypte. Les expériences de Russel et de M. Cantor conlirment ce que les navigateurs rapportent au sujet du venin de ces Ophidiens, et elles nous montrent qu’il n’est pas moins redoutable que celui des espèces terrestres de la famille des Vipéridés. Il agit aussi bien sur les poissons que sur les animaux aériens. II. Les COLUBIIIDÉS sont d(îs Ophidiens tantôt opistoglyphes, tantôt aglyphes, auxquels on donne vulgairement le nom de Coa- leuvres. Leur famille se distingue des Serpents qui précèdent par l’absence des véritables crochets et des Acrochoridés ainsi que des Uropeltis et des Typhlopes par les grandes plaques (gastrostéges et OPHIDIENS. 183 urostéges) existant sous le corps des nombreuses espèces qui s’y l’apportent. La disposition de leurs dents maxillaires postérieures, qui est opistoglyphe chez les unes et aglyphe chez les autres, permet de partager les Goluhridés en deux grandes divisions. 1. Colubridés opistofflyphes. La première division de ces Ophidiens réunit un certain nombre de genres longtemps confondus avec les vrais Couleuvres, dont ils ont l’apparence extérieure, les plaques céphaliques, les grandes plaques ventrales et sous-caudales, et les dents maxillaires nom- breuses. Ce n’est que par l’inspection de leurs dernières dents maxillaires que l’on peut les reconnaître pour Opistoglyphes. Chez eux au lieu d’ètre simples corainc celles de la partie anterieure des mâchoires, elles sont marquées dans toute leur longueur par un sillon plus ou moins profond , lequel est un rudiment de la tubulure qui distingue les dents également maxillaires des tlphidiens pro- téroglyphes et solonoglyphes. Cette disposition remarquable a été d’abord signalée par Reiinvardt, et depuis lors verifiee et dé- crite par plusieurs erpétologistes. Elle est en rapport avec la pre- Bence de glandules vénénifères qui versent leur produit le long du sillon dentaire. . , Les Serpents à dents opistoglyphes sont donc innocents lors- qu’ils ne mordent qu’au moyen de leurs dents anterieures ; ils sont au contraire vénéneux lorsqu’ils ouvrent assez largement la bou- che, ou que la proie est assez engagée dans cet oritice pour que leurs dents cannelées puissent la piquer. Cependant 1 intensité de leur venin n’est pas bien connue. I.a Couleuvre dite de Montpel- lier [Cœlopeltis imignitus], qui est une espèce opistoglyphe propre au midi de l'Europe et à plusieurs parties de l’Atnque me i er- ranéenne, n’a jamais occasionné d’accidents, tandis que certaines espèces étrangères appartenant à la même categorie sont réputées très vénéneuses dans les pays qu’elles habitent. On n’a pas encore réussi à classer es Opisthog yphes d une ma- nière naturelle, et leur séparation d’avec les Golubrides aglyphes rompt même certaines affinités incontestables ; mais elle est com- mode dans la pratique, et dans l’état actuel de la science d est Convenable de l’adopter. Les auteurs de l’Erpétologie generale divisent ces Reptiles en six groupes, que nous adoptons provisoirement . i. Les Diîsadins (g. Dipsas, Cœlopeltis, Triglyphodonte, aïe,.) ont REPTILES. la tele plus ou moins élargie et les dents cannelées plus longues que les autres maxillaires, qui sont à peu près égales entre elles. Los UiPSAs (g. Dipsas], tels que les définissent les erpétologistes^ actuels, vivent surtout dans LInde et en Amérique ; on en trouve aussi dans 1 Afrique centrale. Ils n’ont rien de commun avec les Dipsas des anciens. Les CÉioPELTis (g. Cœlopeltis] sont de l’Europe méridionale et du nord de l’Afrique. Il y en a deux espèces. L’une vit en France, où elle est le seul Serpent opistoglyphe : c’est le Cœlopeltis maillé (Cœlopeltis insignitm), aussi appelé Couleuvre de Montpellier, etc.; on la retrouve en Italie, en Grèce, en Syrie, en Égypte, dans l’Al- gérie et dans le Maroc, ainsi qu’en Espagne. La seconde (Cœ/qpe/ùs p’oductus) nous a été récemment apporté du midi de l’Algérie par M. le docteur Paul Marès; elle est remarquable par l’extrême res- semblance de son faciès avec le Rhinechis scalaris, qui est un Aglypho plus voisin des vraies Couleuvres. 2. Les Sgytalixs ont aussi le museau large et souvent retroussé. Leurs dents maxillaires antérieures sont à peu près égales en lon- gueur et en force. La plupart de leurs espèces sont particulières à 1 Amérique méridionale. Cependant l’Inde et l’Afrique en possèdent quelques-unes. Le genre qui a donné son nom à cette tribu est celui des ScYTALES [Seytale). 3. Les Platyrhinixs, Dum. et Bibr., ont le museau large, tron- qué carrément. Tels sont les Hijporétrines (d’Asie), les Homa- fopsis (également asiatiques), les Cerbères, qui sont dans le même cas, et trois ou quatre autres genres, au nombre desquels on place celui des Erpétons? L’unique espèce de ce dernier, ou YErpetm tentaculatum, a la queue sans plaques, les écailles ventrales étroites, et le museau surmonté de deux tentacules mobiles. On n’en pos- sède encore dans les collections qu’un seul exemplaire. Ses mœurs et même sa patrie sont inconnues. h. Les Anisodontins, Dum. et Bibr., ont les crochets lisses, inégalement distribués et inégalement proportionnés sur les deux mâchoires, souvent séparés par des espaces vides. Ce sont aussi des Serpents propres aux pays chauds. Leurs principaux genres ont été nommes lîucéphale (du Cap), Hémiodonte (de la Nouvelle- Guinée), Psammophis (d’Afrique et de l’Inde), Lyeognathe (d’Afri- que) et larbopjhis (le T. vivax est de la Grèce). 5. Les Sténocéphalins, Dum., ont le corps très long, la tête courte et obtuse, la queue en pointe conique. On les nomme générique- ment Elapomorphe, Erythrolampre, etc. OnUBIENS. 185 6. Les OxYCÉPHALiNSj Dum., se reconnaissent à leur corps très allongé et à leur tête longue et étroite, dont le rostre est souvent P^’olongé en une pointe conique qui dépasse sensiblement la mâ- ’^hoire supérieure. Tels sont les Lunga/ias (de Madagascar), les ^^yinus (de ITnde), les Oxybèles (d’Afrique et surtout d’Amérique), les Iragops (de l’Afrique et de l’Asie méridionale) . 2, Colitbridés aglyphes. La deuxième division des Golubridés comprend les Serpents cette famille qui n’ont aucune de leurs dents maxillaires *^^nnelées. Ce sont des Ophidiens non venimeux; mais certains 'd’entre eux sont redoutables, même pour l’homme et pour les S''ands animaux, à cause de leurs grandes dimensions et de la force l^i’ils déploient ; toutefois on a beaucoup exagéré le volume des proies qu’ils étaient capables d’avaler. D’autres sont d’une taille P^oyenne et plus semblable à celle de nos Serpents d’Europe, >1 en est de plus petits encore, comme les Galamaires de l’Inde leurs congénères américains. Les Ophidiens aglyphes de la famille des Golubridés sont bien P^Us nombreux que les précédents ou Golubridés opistoglyphes. ont en général Técaillure de nos Couleuvres, sont pourvus Pomme elles de plaques sous-ventrales et sous-caudales, et leur ''ontition est également établie sur un type analogue; on les con- ^ond vulgairement avec la plupart des opistoglyphes, qui ont les Poèmes formes extérieures, et quelquefois ils ressemblent à s’y Proprendre à certains de ces derniers ; mais aucune de leurs dents P’ost cannelée. Il faut donc avoir recours à ce dernier caractère pour assurer leur classification. Les proportions de leurs dents Pruxillaires permettent d’ailleurs de partager leurs nombreuses es- Poces en petites tribus dont on a porté le nombre à douze. L Les Pythons (g. Python, aie,.), qui arrivent à une grande taille, PP*ut des Ophidiens colubriformes à queue médiocrement allongée, Pon préhensible ; à tête garnie de grandes plaques ; à lèvres habi- Pollement munies de fossettes, et dont les os incisifs sont armés ' p ais plus serrées, et comme disposéess sur une double ligne ; leurs ycux sont entourés par un cercle complet de petites plaques dif- ferentes des frontales et des labiales. Il y en a une espèce en Aï- Série et dans le midi de l’Europe (Italie et Espagne): c’est le PÉEiors A CHEVAL [Periops kippocrepis). Cette espèce est remarquable P&r l’élégance de sa coloration. ^ Les Zajviénis (g. Zamenis'^ en sont peu diftérents, mais ils iront P^s la même disposition de plaques oculaires. La CoüLECVHE VERTE ET JAUNE [Coluber viridiflavus) de France et de Plusieurs autres parties de l’Europe, est un Zamenis, et il y a quel- ‘l'res autres espèces du même genre dans les régions qui bornent Méditerranée à l’est et au sud : Z. trabaiis, de la Russie inéri- 'f^oiiale ; Z. Danlei, de Grèce et de Perse ; Z. florulentus, d P^gypte et d’Algérie. 5. Les Tropidonotes (g. Tropidnnotns) ont, comme les Périops et f®sZainénis, les derniers crochets maxillaires un peu plus longs que autres etcomme fasciculés,mais sans intervalle entre eux et ceux ’IM les précèdent (p. 154, fig- 23) ; leurs écailles sont hahituellc- ®'eut carénées. Nous avons en Europe, et particulièrement en Lrauee ; Le Ïropidonote a collier [Tropidonofus natrix), très connu sous nom de Couleuvre à collier, à cause du collier jaune qui le dis- tingue ; Le Tropidonote vipérin ou Couleuvre vipérine, dont les couleurs 188 BKI/TILKsi. rappellent assez celles de la Vipère commune^ ce qui ne le fait saisU' qu'avec défiance. Le genre Tropidonote est assez nombreux en espèces exotiques; à côté de lui se pla(;e celui des Cüroneixes (g. Coronella), qui ont les écailles lisses, la tète plus obtuse et la queue moins longue- Nous en avons deux espèces très voisines l’une de l’autre et fort sus- ceptibles d’être confondues : la Coro.xelle lisse ou Couleuvre lisse [Coronella lœvis ou amtriaca), qui est ovovivipare, et la C. borde- laise (C. girundkd). j 6. Dans leur Erpétologie MM. Duméril et Ribron réunissent sou5 j le nom de Leptognathiem, ainsi dénommés du g. Leptognnthus, des Ophidiens aglyplies dont les mâchoires sont faibles et minces; ce genre et ceux qui s’en rapprochent (g. Hydrops, etc.) sont étran- gers à l’Europe. Parmi eux figure celui des Rachiodoxs, qui ont les apophyses sous-épineuses des premières vertèbres garnies d’une plaque d’émail, et pénétrant dans l’œsophage, disposition qu' permet à ces Reptiles de briser, après les avoir avalés, les œufsj dont ils font leur principale nourriture. Les Rachiodons ont été signalés au cap de Bonne-Espérance et en Abyssinie. 7. Les Lycodons (g. Lycodon), et d’autres encore [Boedon, En' gnathe, Pareas, etc.), ont les crochets maxillaires nombreux, sans intervalles, mais les antérieurs sont plus longs que ceux qui sui- vent. Tous sont étrangers à l’Europe. 8. LesÉLAPiiEs (g. Elaphis) ont les dents maxillaires toutes égales et également espacées; leur corps est arrondi et leurs écailles sont carénées. Nous en avons deux espèces en Europe, principalement dans le midi et dans les régions du centre : Ëlaphe x quatre raies ou Couleuvre à quatre raies [Elaphis quadriradiatus) ; Élaphe d’Ës- cülapeou Couleuvre d'Esculape [Elaphis Æsculapii). Les Rhinéchis (g. lîhinechis) ont la même disposition dentaire, mais leur museau a sa plaque terminale retroussée en rostre. Une espèce de ce genre est répandue tout autour de la Méditerranée ; c est le Rhinéchis a écjielles [Rhinéchis scalans), appelé aussi Covr leuvre d' Hermann et C. d’ Agassiz. On la trouve dans le midi de le France; elle est très agressive. 9. Les Dekbroi'his (g. Dendrophis, etc.) ont encore la disposition dentaire des Élaphes et du Rhinéchis, mais leur corps est plus grêle et leur queue est fort longue. On n’en voit pas en Europe ; ü® ressemblent aux Leptognathes et aux Hydrops par leurs formes grêles et allongées. Cette disposition se retrouve jusque dans 1^^ disposition de leur tète osseuse. OPHIDIENS. 189 10. Les PiAGiODONS (g. Plar/iodon], du Bengale et de Java, ont les pointes des dents maxillaires et palatines dirigées en dedans et non On arrière. 11. Celles des Corypiiodons (g. Coryphodon) sont inégales, et les 'Maxillaires antérieures sont beaucoup plus courtes que les posté- '■'eures.Ces Serpents sont propres à l’Inde et à l’Amérique chaude. 12. Viennent, en dernier lieu, les Calaîiaires (g. Calamaria, etc.), 'lui sont de petites espèces de Colubridés à corps grêle, cylindrique ot tout d’une venue avec la tête et la queue. Us sont assez nombreux On espèces et ont pour patrie l’Asie méridionale ainsi que l’Amérique. Famille des ACROGUORD1DÉ8.— Parmi les Ophidiens non-veni- *'f^eux, auxquels nous trouvons une dentition aglyphe, il en est deux, ' Acrochorde douteux (Acrochordus dubim), de Java, et le Cher- ^'nuE A BANDES [Ckersydrus fascintvs] , de Sumatra, qui sc distinguent Vipéridés et des Colubridés par l’uniformité de leur écaillure, 'loi est entièrement composée de tubercules granuleux. On en a fait Ponvisoirement une famille à part sous le nom (VAcrochordidés. ^os Serpents deviennent assez grands. Les Chersydres vivent dans les eaux de la mer, et ils ont le corps "oiriprimé; quant aux Acrochordes, ils sont terrestres. Un autre genre, également très singulier par la disposition tuber- ouliforme de ses écailles, est celui des Xénodermes (g. Xeno- ’^^rmus). Il paraît devoir être réuni aux Acrochordidés, mais on en aussi quelquefois une famille distincte, quoiqu’il ne diffère Acrochordes que par la présence de plaques ventrales analo- Sues à celles des Couleuvres ou des derniers Boas. L’espèce unique de ce genre est encore très rare dans les collections . " 6st le Xenoderinus javanicus. On ne sait encore rien sur sa manière •le vivre. Le seul exemjilaire connu appartient au musée de Berlin. L’ autres Ophidiens agîyphes ont une apparence assez différente celle des trois familles qui précèdent, et semblent intermé- 'l'aires aux Serpents proprement dits et aux Sauriens serpenti— ^Mrnies: ce sont les Uvopeltidés et les Typ/dopidés, qui sc rattachent ailleurs les uns aux autres par certaines analogies dans la dispo- sition uniforme et imbriquée de leurs écailles. La famille des UROPELTIDËS présente, entre autres caractères, Melui d’avoir le palais dépourvu île dents. Ses espèces ont la queue courte et de forme habituellement singulière. Elles sont toutes petite taille. Un les partage en genres sous les noms suivants : Rhinopkis philippinus, des îles Philippines), Uropeltis (des Philippines), 190 REPTILES. Coloburus (de Geylan) , et Plectvrurus (de FTnde continentale)- La famille des TYPHLOPIUÉS, qui répond au genre Typhlops de Schneider, comprend dgs espèces presque toutes fort petites, toid à fait vermiformes, ayant les écailles imbriquées, rappelant celle* des Scinques, et semblables sur tout le corps. Leurs yeux sont re- couverts par Pépiderme, et leur tête présente seule quelques pbi' ques un peu plus grandes que les autres. Ces animaux doivent incontestablement occuper le dernier ran? dans l’ordre des Ophidiens, quoiqu’on les ait placés généralemcid avant tous les autres. Ils ne sont point venimeux, et ils n’ont mênR? de dents qu’à l’une ou à l’autre des mâchoires, ce qui les a fad partager en deux catégories. Les Typhlops se distinguent aussi des autres Ophidiens par lUR’ forme assez jiarticulière du crâne. Ils ont le mastoïdien et le tyni'' panique court, sont pourvus d’une faible saillie post-orbitairtV manquent de frontal postérieur et ont les os de la région faciah’ renflés. Leurs vertèbres sont concavo-convexcs comme celles dei’ autres Ophidiens, mais elles sont d’une apparence plus simple. Le nombre de leui-s espèces connues ne dépasse pas trente. Il y en a dans les deux continents 5 une seule ( le Typhlops vemicularis] existe en Lurope, encore ne l’observe-t-on que dans les partie* orientales de cotte partie du monde, en Chypre, en Grèce, ains> que dans la Turquie. Elle rossemble beaucoup à un Orvet. Ordre des Amphisbènes. Les anciens ont donné le nom d’Ampbisbènes [ AytptaSaivo;), qu’oH a parfois traduit par les mots Double-marcheurs, à des Serpents très venimeux qui passaient pour avoir deux têtes, l’une à la partie antérieure du corps, l’autre à la partie postérieure; ce qui a fai*' dire à Pline que ces animaux avaient « une seconde tête, comme si ce n était pas assez d’une pour répandre leur venin. » Ce veid'* passait pour mortel. Pour les naturalistes modernes, et cela de- puis Linné, les Amphisbènes sont des Heptiles serpentiforiueS; à corps cylindriiiue, presque toujours aussi gros en arrière qu’eU avant, ayant les squames disposées annulairement, sillonné bila- téralement, et souvent en dessus dans toute la longueur de leiu’ corps, et qui n’ont rien de venimeux. Ils jiassent la plus grande partie de leur vie sous terre, mangent des insectes et des vers, n’at- teignent pas les dimensions de la plupart des Serpents et habitent les parties chaudes ou tempérées de l’ancien continent (Europ*^ SAURIENS. 191 ^méridionale et Afrique) ainsi que du nouveau. Leurs espèces ne pas nombreuses ' mais comme elles diflcrent souvent les unes •ies autres par des caractères assez importants, on en a fait plusieurs genres. Ces animaux, qui n’ont probablement, meme par leurs deux es- I*''ces propres à la région méditerranéenne, rien de commun avec les ^■fiphisbènes des anciens, ne ressemblent exactement ni aux Ophi- ^iens, ni aux Sauriens proprement dits, quoiqu’on les ait tour à 'mmur associés à ces deux catégories d’animaux, et ils semblent 'devoir former un ordre à part, qu’il convient toutefois de rapporter ^ la série des Sauropbidiens. Ils se partagent en deux familles. La famille des AMFHISRKNIDËS comprend plusieurs genres ® dents pleurodontes, savoir : les proprement dits, qui ®at des espèces en Afrique et en Amérique^ les Lepidosternes, qui *aut américains, les Anops qui sont dans le même cas. Les Chirotes, %'alement aniéi’icains, et les Blanus [Blanus cinereus], du midi de Péninsule espagnole et du Maroc, sont aussi des animaux de cette 'amille. Les Chirotes sont les seuls Ampbisbéniens qui soient pourvus membres ; ils en ont deux, les deux antérieurs, et forment une ^'^bu à part dans la famille des Amphisbénidés. La famille des TROGONOPHIDÉS ne possède qu’un seul genre, '^elui des Trogonophis, dont l’unique espè(!e(rroÿonoynsM'ieÿ?nawn', Amphübœna elegans] vit en Algérie, principalement aux îles Zaf- f^rineset dans la province d’Oran. Les Trogonopbidés ont, comme Agamidés, de l’ordre des Sauriens, les dents acrodontes, c est- ^'dire fixées sur le bord tranchant des mâchoires. Ordre des Sauriens. Les Reptiles de cet ordre ont pour la plupart une certaine ana- *^8ie, dans leur forme extérieure, avec les Lézards de nos pays, dans beaucoup de cas, on les désigne par la même dénoraina- ; cependant il en est parmi eux dont 1 apparence est fort dif- férente. Tels sont entre autres les Caméléons, ou bien encore 'Certaines especes scrpenli formes, comme l’Orvet et le Sheltopu- que l’on avait même classés, mais à tort, parmi les Ophi- diens ou Serpents véritables. .Les Sauriens sont, en général, quadrupèdes, et leurs pattes, dirigées en dehors, ont habituellement cinq doigts ; leur ventre Porte sur le sol ; leur queue est allongée. Ceux qui ont les pattes REPTILES. rudimentaires ou qui en sont dépourvus ont néanmoins, sous 1^ peau, des traces fort évidentes de Tépaule et du bassin des autres espèces, ce qui permet de les distinguer des Ophidiens. On pe«‘ aussi les reconnaître à leur tympan, qui est apparent extérieure' ment, ce qui n’a pas lieu chez les Serpents, et à l’ensemble de leUf organisation, établie sur lejplan général qui caractérise les Sauriens quadrupèdes. D’ailleurs les nombreuses espèces de cet ordre diffèrent beaU' coup moins des Ophidiens véritables et surtout des AmphisbèneS que des Crocodiles, qu’on leur a si souvent associés. Leur têl« osseuse s’éloigne sensiblement, par sa conformation, de celle de^ Crocodilicns, et 1 os carré ou tympanique, qui se trouve entre mâchoire inférieure et le crâne, y conserve sa mobilité; leur épaul® est plus compliquée; leur cœur n’a qu’un seul ventricule; leuf^ poumons ont l’apparence vésiculaire, et leur pénis est double plutôt dédoublé, chaque corps caverneux restant indépendant etl^ sperme s’écoulant par un double jet, comme cela a lieu dans 1®’ deux ordres précédents. C’est ce dernier caractère qui avait efl' gagé de Blainville à donner à l’ensemble des Reptiles saurieO* et ophidiens le nom commun de nispéniëns. Les Sauriens actuels, les seuls dont nous ayons à nous occuper» sont nombreux en espèces dans les diflérentes parties du monde; et 1 on en trouve même dans certaines îles qui sont notablenieH* éloignées des continents, dans l’Océanie, par exemple. Les cata' logues èrpétologiques en énumèrent environ cinq cents espèces» toutes assez régulièrement délimitées dans leur répartition géo' graphique. Il en est de même des genres, et quelquefois les tribus ou même les familles sont aussi dans ce cas. La presque totalité de* Agamidés habite l’ancien continent, et la plupart des Iguanidés soid au contraire propres au nouveau. Ici encore nous constatons que ce sont les derniers groupes qui ont le plus de tendance à être coS' mopolites. Ainsi les Geckos sont en même temps les plus infé" rieurs de tous les Sauriens et ceux dont les représentants sont plus dispersés sur le globe. On a pensé que plusieurs espèces de Sauriens se rencontraient simultanément dans les différents grande centres de populations qui habitent le globe, et l’on a même cité à cet égard VAblepfmrus Peronii de la famille des Scinques. « Cette espèce» disent MM. Duméril et Bibron, habite des contrées fort différentes les unes des autres par leur climat et leurs productions naturelles ■ ainsi elle a été trouvée à la Nouvelle-Hollande, il y a près de qua' rante ans, par MM. Péron et Lesueur, et plus récemment pa^ SAURIENS. 193 M. Freycinet; elle l’a été k Tahiti et aux îles Sandwich par MM. Quoy et Gaimard; k Java, par le capitaine Philibert; k File de France parM. Julien Desjardins. M. Kiener, étant a loulon, en a acquis un certain nombre d’individus recueillis en Morée, avec d’autres objets d’histoire naturelle, par des matidots montant un des vaisseaux qui avaient fait l’expédition envoyée dans ce pays en 1826. Enfin M. Fortuné Eydoux vient d’en rapporter duPérou plu- sieurs beaux échantillons (1)- » Cependant il est possible cju’il y ait ici quelque erreur au sujet de la provenance des exemplaires ob- servés, ou bien même une confusion d’espèces, car ces données Sont contraires aux faits cjuc l’on a recueillis relativement k la ré- partition géographique des autres animaux de la même classe. L’ordre des Saurions, qui est si riche en espèces, n’en com- prend qu’un petit nombre ayant des dimensions un peu considé- rables [Varans, Iguanes, etc.) ; encore ces dimensions restent-elles toujours fort inférieui'es k celles des Crocodiles actuels, ainsi ([ue de la plupart des Reptiles sauroïdes qui ont habité le globe pen- dant l’époque secondaire. Les animaux de cet ordre sont en général insectivores ; quelques- uns mangent de la chair, d’autres des œufs, et un certain nombre des fruits ou même des feuilles ; ils recherchent les endroits ohauds, et c’est pendant que le soleil darde ses rayons ({u'ils ont le plus d’activité. Certaines espèces aiment les localités les plus arides, d’autres préfèrent au contraire les lieux humides, et il en est d aquati{[ues, comme plusieurs Varans ; leur genre de vie est presque entièrement duviatile. Un genre voisin des Iguanes, et qui est propre aux îles Uahqiagos, le genre Amblyrhynque, est formé de deux espèces, dont l’une vit k terre et est insectivore, tandis que l’autre fréquente les eaux de la mer, nage avec facilité, ipioique n’ayant pas les pieds palmés, et se nourrit essentiellement de végétaux marins. On mange quelques animaux de cet ordre : ainsi les Iguanes se ''endent sur les marchés, aux Antilles et au Brésil, et plusieurs Sau- riens sont très recherchés par les indigènes de la Nouvelle-Hollande C'a de certaines îles de l'Océanie; le Basilic des îles Moluques est aussi fort estimé dans cet archipel. La chair de ces dilférentes espèces alimentaires et celle des autres i’iauriens ont des (jualités analogues; elle est très ammoniacale, et porte fortement k la peau. On en a conseillé l’usage dans les ma- 13 (t) Dum. ctEibron, Erpét. génér., t. V, p. 8t6. IlErïILES. 194 ladies sypliilitlques. Dans les colonies américaines, on a surtout préconisé celle des Anolis. Celle de nos Lézards amène de la sali- vation et des sueurs. lAurine des Sauriens de toutes sortes a également joui d’une cer- taine réputation; cotitrairement à celle des Chéloniens et des Gre- nouilles, qui est liquide et abondante, elle est toujours épaissie et presque concrète. Sous ce rapport elle ressemble à celle des Ophidiens, des Crocodiles et do la plupart des Oiseaux, et elle est également riche en acide uri(|ue. Celle des Lézards ordinaires a été souvent citée parmi les médicaments dans les traités publiés pendant les siècles précédents ; on y trouve aussi mentionné, ainsi que dans les ouvrages plus anciens, et même dans Dioscoridc, le Scinque dit des boutiques, qui est une espèce de Sauriens étrangère à l’Europc dont nous parlerons plus loin. Plusieurs Sauriims sont redoutes non-seulement à cause de l’in- tensité de leurs morsures, mais parce qu’on leur sup])osc un venin qu’ils n’ont pourtant pas; c’est ce que nous rappellerons en parlant des Orvets et tics Geckos. Aucun des animaux de cet ordre ne paraît être réellement venimeux ; nous devons cependant rappeler ce que M. de Castebiau dit au sujet des accidents qui ont suivi la morsure de l’un de ces animaux obsené dans le district de Pébas,au Brésil: « Parmi les animaux vivants que je me procurai dans cet endroit se trouvaient, dit M. de Castelnau, des Kinkajous parfaitement apprivoisés, et un joli Anolis. M. Deville fut un jour mordu par un Saurien de ce genre, auquel oti donne ici le tiom de Caméléon; son doigt eidla beaucoup, et il eut la fièvre pendant plusieurs jours. Cet animal était vert, marqué de losanges violets; la gorge était noire, et le ventre d'un rouge vermillon foncé (1). L’ordre des Sauriens, même en ne tenant com|)te que de ses espèces actuelles, se laisse facilement partager en plusieurs familles. Dans une première catégorie nous énumérerons, sous la dénomina- tion de Sauriens ordinaires, et comme formant un premier sous- ordre (caractérisé par la forme concavo-convexe de leurs vertè- bres, les Varaiùdés, les Chakididés, les Scincidés, les Agarnidés, les Iguanidês et les Lacertidès. Dans la seconde catégorie, et comme second sous-ordre, rentreront les Ascolabotes (famille des Gecker nidés), qui ont les v(irti>bres biconcaves. Cette dernière disposition vertébrale, presque (constante chez les Poissons, est également fré- quente chez les Iteptilus qui ont vécu pendant la période secon- (laire; mais on ne l’observe, chez les Vertébrés aériens, (pie dans (1) Castelnau, Hhl. du Voyage dans V Amérique du Suâ, t. V, p. 24. SAUBIENS. 195 la seule famille des Geckos, parmi les Reptiles écailleux, et dans un certain nombre d’Amphibiens ou Reptiles nus. Sous-ordre des- Sauriens ordinaires. Ce sont les Sauriens qui ont les vertèbres du tronc procœliennes, c’est-à-dire concaves en avant et convexes en arrière. Ils se partagent en six familles distinctes. Famille des VARANIRÉS. — Cette famille, ii laquelle on rap- porte souvent, mais sans aucune certitude, Vlléloderme, du Mexique, se compose de quelques espèces propres à l’Afrique, à l’Asie mé- ridionale et à la Nouvelle-Hollande; on n’en fait qu’un seul genre, sous le nom do Varaxs [Varanus). Le nord de l’Afrique fournit deux espèces de Varans : le Varan Du Nil [Varanus niloticus], qui est aquatique, et le Varan du dé- sert [Varanus arenarius), qui vit dans les sables du Sahara; on le trouve dans la Haute-Égypte, ainsi que dans le sud de l’Algérie. C’est le Crocodile terrestre des anciens. La famille des CHALCIDÎUÉS a des espèces dans les deux conti- nents : l’un de leurs caractères les plus remarquables consiste dans le pli bilatéral qui règne sur toute la longueur de leur corps. Les Csj)èccs lacertiformes rentrent dans les genres Platysaure, Zonure, Gerrhosaure, Suurophis et Gerrfionote, et celles qui sont serpenti- formes dans les genres Shellopusick ou Pseudope, Ophisaure, Cha- mésaure et Chnlcide. Le SuEi.TorrsiCK [Pseudopus serpentinus) , que G. Cuvier a classé parmi les Ojibidiens, et que, Pallas avait nommé d’une manière plus exacte Lacerta apoda, est le seul représentant européen de cotte fainille. On le trouve dans les parties méridionales do la Russie et de l’Autriche ainsi qu’en Morée. 11 a près d’un mètre de longueur. La famille des SCINCIDÉS ou des Scinques (‘omprend aussi des 'inimaux tétrapodes et d’autres qui sont dipodes, ou même ajiodcs. Élle ne fournit à la faune européenne r[u’un petit nombre d’espèces ; le SemouE ocellé [Gongi/ius ocellatus), des îles de Chypre, de Malte, de Sicile et de Sardaigne, ainsi que du nord de l’Afrique; deux Arlé- OiARus (A. ponnonicus et A. hwittalus) ; Seps tridacta'le [Seps tri- ^o-ctylus), que l’on trouve dans tout le pourtour de la région niédi- lerrauéenne, et en particulier dans le midi de laPrance (l) ; I’Orvet [Anguis fragilis] , bien à tort réputé venimeux dans la plupart de nos (t) On l’appelle quelquefois aussi Chalcirie, mais à tort. ■ RKPTtlÆS. 196 provinces, oii on le nomme Anvean, Lanveau , etc., et I’OpiitomouE [Ophinmorus miHaris], espèce peu ditt'éi’cnte cle la précédente, qui habite la Grèce, la Turquie et la Russie méridionale. L'Algérie est plus riche en animaux de la même famille, surtout dans sa partie saharienne ; nous y connaissons les suivantes : Gon- (jylus oeellatiis ; Pleatkiodon Aldrnmndi; Scimua officinalis ; Sphe- nops cnpistratus ; Ileteromeles mauritanicus ; Seps fridacti/lus; Anguis fragüis; Ophinmorus nnliaris. L(! Sr.tXQiiE DE.s BOUTIQUES [Scinciis officinalis) est ITmique espèce d’un genre distinct de Seine, idés qui présente pour caractères prin- cipaux d’avoir le museau en forme de coin, les dents pointues, la (|ueue conique elles doigts plats et dentelés. C’est un animal long (le quinze centimètres dans la majorité des individus, et qui vit dans les sables de l’Afrique, soit dans la Hauté-Égypte et l’Abys- sinie, soit encore dans le sud de l’Algérie et du Maroc, depuis le Souf et les pays de Tmasin et de Tuggurth jusqu'en Sénégamhie. Il se nourrit d’insectes. Dioscorideten parle à propos des animaux médicinaux (1), et tous Fig. 29. — Scinque officinat (t'animai entier diminué de moitié; sa tête et sa patte postérieure de grandeur naturelle.) les ficrivains de la Renaissance ont reproduit ce qu’il a dit. Ron- delet, Belon et Gesner nous apprennent qu’au seizième siècle on employait les Scinques, et qu’on les recevait d’hïlgypte par la voie (t)«Scincus , quidam in Ægypto, alius in India, atius ad mare.Rubruin gignitiir. Est et alius qui apud Uihyam Mauritaniæ fluvinm reperitur. Est vero Crocüdiius terrestris sui gcneri.s, qui addito nasturtio sale rondilur. .\iunt porro partem ram quai reiies amplectitnr, drachm.!; pondéré in viuo potani, venereiii aecendendi vim haberc; attameii ientis decocto enm inoilc, aut seminc lactuca! cuin aqna potn iutensam illam \cneris enpiditatem inliibcri. In antidola qnoqus additnr. n Diose,, lib. R, c. i.lcxr. (Traâ. de Saracénius.) rfALlUÜ.N!i. (1« Venise « éventrés et salés. « On les préparait aux environs do Memphis. Kondelet dit encore que « vulgairement on ordonne des rognons de Scinques pour inciter nature et la mettre en chaleur; non sans erreur, car les rognons n’y servent de rien. Mais d tant or- donner la chair qui couvre les rognons et la chair des côtes, comme enseignent Pline, Dioscoride et Aëte. (1). n Pline croyait le Scinque propre à guérir les plaies empoison- nées, opinion qui est reproduite yïar Dioscoride, lorsqu’il allirme qu’on s’en sert comme d’antidote. Le Scinque, réduit en poudre, entrait dans la thériaque, sorte de panacée universelle, surtout préconisée contre les venins, et dont l’usage s’est conserve jusqu’à nos jours, quoique sa compo- sition ne soit pas restée telle que Galien l’a indiquée et qu’elle varie suivant les pays. H y avait de la poudre de Scinque dans la thériaque dite de Venise. , • i t La Famille des AGAMIDÉS (2) ne réunit que des especes a dents ankylosées sur le rebord tranchant des mâchoires (dentition dite acrodonte) ; (die est essentiellement propre à l’ancien contineai et comprend les genres Uisliure, Galéote, Lophyre, LynocepMe, Sitane, Chlamydosaure, Dmyon, Agame, Phrijnncephale, Siellion, Üromastyx , Moloch, etc. ' , Cette 'famille ne se montre en Europe que dans les contrées orientales; mais elle est abondante en Afrique et ' Asie mé- ridionale, et on lui connaît aussi des espèces dans 1 Australie. C’est sans doute aussi à cette famille (yu’il faut rapporter, niais comme constituant une tribu bien distincte, les Caméléons, Reptiles essentiellement grimpants, dont l’étude anatomique est des plus curieuse. . t + i i. Les Caméijîoxs (g. Chamwleo) présentent au plus haut degre la propriété de changer de couleurs, ([ue l’on remarque aussi chez les Agamidés ordinaires, chez les Iguanidés, et chez beaucoup d’autres Reptiles, ainsi que chez plusieurs Batracides. Ces chan- gements sont dus à un jeu de jiigmeiits qui a été décrit dans ces dernières années par différents auteurs (3). On ne trouve les Camé- léons qu’en Asie, on Afrique, à Madagascar et dans le midi do l’Europe (la Sicile et une petite partie de l’Espagne). (1) Roüdelet, Histoire des Poissons, édit franç., p. 172. (2) y^uoiiietis acrodonfes, Diun. et Bibron. (3) Miliic Edwards, Ann.sc. nal., 2' série, t. I, p, -i6. — P- Comp- rend. kebd., t XXYll, p. 23i ; 1848. — Brucke, Acad.- des sc. de Vienne, 18ô3. 198 KBl'ïlLliS. L espèce la plus répandue est le Caméléon vcluaiku [Chamuileo vulgaris),^ qu’on a rapporté de presque toutes les parties de l’Afri- que, ainsi que do l’Asie méridionale et du midi do l’Europe. C est aux animaux du genre Caméléon qu’appartient le premier rang dans la série des Agamidés. Beaucoup d’auteurs en font une famille à part. ^ L Algérie possède le Caméléon vulgaire et deux espèces au moins d Agamins . Uromastyx cicanlhinurus et Agarna colonot'uni. A part le Caméléon, que nous avons déjà cité, il n’existe en Europe que deux Agamins, l’un et l’autre de l’Orient : Stellio vul- garis et Stellio cnucasicus . La Famille des ÏÏIUANIUËS n’est pas moins nombreuse que celle des Agames, qu’elle représente en Amérique. Ses espèces sont pleurodontes, c’est-à-dire qu’elles ont les dents appliquées par leur racine contre le bord interne des mâchoires. Elle comprend les Poly dires, les Anolis, les Basilics, les Iguanes, les Cydures, les Proctotretes, les Phrynosomes et d’autres encore. En outre, elle fournit à Madagascar les genres Hoylure et Chalarodon ,\i à l’Océanie celui des Brachylophes (1). La Famille des LACEHTIDËS, ou celle des Lézards proprement dits, comprend deux catégories différentes caractérisées par leurs dents pleines [Lacertidés pléodontes) et creuses intérieurement dans les autres [ccelodontes]. Les Laceutidés pléodontes sont américains : Crocodilure, Amei- va, Cnémidophore, etc. Les CfELODONTES au contraire sont de l’ancien continent, et se trouvent en Europe, en Asie, ainsi qu’en Afrique. Ils soiit aussi paitapés en plusieurs genres : Lézard [Lacerta], Tropidosaure , AotopMis, Acimthodactyle, Erémias, etc. Leurs espèces que l’on a signalées en Europe sont au nombre de seize (2), savoir • * Tropidosaura algira-,* Lacerta ocellata; * Lacerta viridis; La- certa nigropunctata- Lacerta moreotica-, Lacerta Filzingeri- Lacerta vivipara; * Lacerta stirpium ; Podareis taurica’, ^ mcis oxycephala \ * P sammodromus edivardsianus ou hispanicus', ■■ fsamrmdronm cinereus' Eremias mlox-, Eremias variabilis; Op/aops elegans. , ^ *^i I *^‘^Ppnlé, dans 1 article Lézards de sa Faune des mé- decins, la plupart des préjugés bizarres auxquels a donné lieu l’eni- (1) Espèce unique ; Brachylophus fascialus, de l’aichipel de Tonga. (2) Nous avons marqué d un astérisque les noms des espèces qui se trouvent en France ou eu Corse. 199 SAlilVlEiNS. ploi médicinal de ces IVeptilos et celui dos Saui'icns qui leur i‘es- semblent le plus. Sous-ordre des Ascalabotes. Ce sous-ordre comprend les Sauriens de l’époque actuelle (jui ont les vertèbres dicœliennes, c’est-à-dire biconcaves: ce sont les Geckos, Keptiles à corps plus ou moins déprimé, à tête large, à doigts plats en dessous et garnis de lames transversales, à peau granuleuse et tuberculeuse, et dont la physionomie (îst notable- ment différente de celle des Sauriens dont nous venons de ter- miner l’énumération. Leur unique famille, désignée, par le nom de GecJionidés, (iomprend une ceidaine d’especes réparticïs entre*, les différents points du globe. On trouve des Geckos dans plusieurs des îles de l’Océanie, telles que Vanikoro, Waigiou, la Nouvelle- Irlande, Tonga-Tabou, Tahiti, etc., dont ils sont souvent, avec quelques Scincidés, les seuls vertébrés terrestres. Cette Famille des GECKONIDÉS a été partagée, d’après des ca- racterris tirés de la forme, dc's doigts, ainsi que do la jiréscnce ou de l’absence de. franges sur les cdtésdu corps et de la queue, en un cer- tain nombre de genres, dont les principaux ont été nommés Pla- hjdacti/le, Phjodactyle, Hémidactyle, Phyllodactyle, Sphiriodactyle, Gymnodaclyie, Sténodactylo, etc. d’oules les espèces qu’on y rap- porte ont une physionomie plus ou moins repoussante, et leur peau verruqueuse, l’acuité de leurs grilles, ainsi (jue 1 habitude qu’elles ont de s’introduire dans les habitations en rampant le long des imu’aillcs verticales, et en se tenant meme sur les plafonds, les ont fait généralement regarder comme des animaux iiuisibles. Cependant les Geckos ne rendent ni par la peau ni par la bouche aucune sécrétion vénéneuse, et rien ne justitie la crainte (juils inspirent dans pi*esque tous les pays. Au Caire on les nomme Abou-hurs, ce qui veut dire père de la lèpre, et Ion croit que leur contact donne cette maladie, opinion qui est sans doute fondée sur l’apparence lépreuse de leurs téguments. Dans 1 Inde, au contraire. On enqjloie les Geckos, unis à divers aromates et pris à 1 intérieur, pour combattre la même affection. Sparmann, dans un mémoire publié en 178à parmi ceux de l’Académie de Stockholm, attribue üu Gecko Mabouia des Antilles le pouvoir de lancer à scs agres- seurs une salive noire et vénéneuse, dont une gouttelette suffirait pour faire entier la partie du corps sur laciuelle elle tomberait; il n’y a rien de fondé dans cette assertion. 200 A.MrmiilK.N6. ^ous avons dans Iv midi de l'Europe, mais presque uni((uemeid dans la région méditerranéenne, trois espèces de Geckos : le Gecko DES >a:iiAri,i,ES {Platydactijlus muralis), rilÉiiiDACTVLE vehruocei'X [Hemidactylusverruculatus], et le Pim.LODA(:TYjji EUHorÉES \Pkyllo- dactylus curopcpus). Celui-ci est de Elle de Sardaigne j les deux premiers sont plus répandus, et on les trouve dans plusieurs de nos villes maritimes : Toulon, Marseille, Cette, Collioure, etc. Les Grecs donnaient à ces Reptiles le nom à'Ascalabotes (Acxod.a- ëurjj;), et les Romains celui de Stellio, que les naturalistes modernes ont transporte a tort à un genre d’Agamins. Aujourd’hui on les appelle vulgairement Tarentoles, Tarente^, Geckottes, etc. Aux colonies, les animaux amdogucs sont souvent confondus sous la dénomination commune de Mabouia. Les œufs de Geckos ont la coquille presque aussi dure que ceux des Oiseaux. CLASSE QUATRIÈME. AMPHIBIENS. Remarques sur les caractères qui rattachent les Amphibiens au deuxième sous-type des animaux vertébrés ou vertébrés anallanloidiens. Les Mammifères, les Oiseaux et les Reptiles, tels que nous les avons précédemment définis, présentent un caractère embryolo- gique qui leur est commun, et qui ne se retrouve pas dans les autres animaux du même type dont il nous reste à parler, c'est- à-dire dans les Ratraciens ou Amphibiens, et dans les Poissons. Ce caractère permet de distinguer nettement l’une de l’autre ces deux séries d’animaux vertébrés. Voici en quoi il consiste: Pendant la vie embryonnaire et pendant l’âge fœtal, les Vertébrés supérieurs sont pourvus, non-seulement de la vésicule vitelline qui les caractérise comme animaux hypovitelliens, mais aussi d’une vésicule allauto'ido, et de plus ils ont une enveloppe amniotique, dite poche des eaux. Ce double caractère de présenter une vésicule vitelline et un amnios manque, au contraire, aux Amphibiens, c’est-a-dire aux autres Grenouilles etaux autres Reptiles à [leau nue, dont Al. Brongniart a tajt l'ordre des Reptiles Batraciens; il manque GK.NKUALlTliS. 201 ^ussi aux Poissons de toutes sortes, soit aux Poissons ordinaires, soit ^ux Sélaciens ou tiux Gyclostonies, et l’on a été conduit parla a séparer ^ous les Poissons, ainsi fjuc les Batraciens, des aidres Vertébrés, ■pour en former un sous-embran(;hement, à part. C’est ainsi que les A.niphibiens et les Poissons ont été réunis sous la dénomination Commune A’Anallantoïdiens, et que les Mammifères, les Oiseaux et les Reptiles écailleux ont reçu celle A'Allnntoïdims. De Blainville avait déjà été amené, mais par d’autres considé- ^'■ttions, à partager les animaux vertèbres en deux sous-types , et, Cn proposant de diviser en deux classes, sous les dénominations de Reptiles proprement dits et el’Amphibiens, l’ensemble des Reptiles ^cls que Brongniart et G. Cuvier les avaient définis, il avait fait rc— •Marquer la ressemblance que les Reptiles écailleux ont, a certains cgards, avec les Oiseaux et celle qui rattache au contraire les Reptiles nus, c’est-à-dire les Batraciens, aux Poissons ; il disait même que les premiers de ces Reptiles peuvent être appelés Ormthoides, et que l’épithète à’ Ichlhyoïdes conviendrait bien aux seconds. 11 y a, en effet, entre ces deux sortes de Reptiles comparés les uns avec les autres, des diHérences bien plus nombreuses qu’on ne l’avait R’iïhord supposé, lorsqu’on ne faisait des Batraciens qu’un ordre de edasse qui comprend aussi les Chéloniens, les Crocodiles, les Ophi- diens et les Sauriens ; et les Batraciens doivent être considérés, à cause de la ressemhlanco de leur' forme générale avec colle des Quadru- pèdes, comme étant les plus parfaits des animaux anallanto'idiens. ' Rs sont aussi, sous presque tous les autres rapports, les premiers et plus élevés des animaux de leur sous-type, comme les Mam- *ttifères sont les premiers et les plus parfaits de celui auquel ils se ^^pportent de leur côté. Cepoudant les Poissons sélaciens, c est-- è-dire les Raies et les Squales, ont une incontestable supériorité eux, si l’on consulte les organes de l’innervation et ceux de la ''eproduction. Caractères spéciaux de la classe des Amphtbiens. La première classe des Vertébrés anallanto'idiens est celle des AiiPiiiBiExs ou Reptiles nus, animaux qu’on appelle souvent aussi ^^trcicîens dans les ouvrages de zoologie, paice qu ils ont poui type 'e plus connu la Grenouille, que les Grecs nommaient pàrpaxo-:. Quoique assez peu nombreux en espèces, les .\mphibiens for- 'iient plusieurs familles et même plusieurs ordres fort différents les ’>ns (les autres, tant parleur apparence extérieure que par leursprin- 'dpaux caractères anatomiques. Ceux d’entre eux que l’on a connus AJirHIDIEiNS. les pi’eniiers étant tous pourvus de quatre inenibres ((ircnouilles^ Crapauds, Rainettes, Salamandres), du moins dans leur état parfait, on les a pendant longtemps associés aux Reptiles ([ui ont le même noitdu'ü d’appendices locomoteurs, et ils ont été compris avec eux sous la dénomination commune do Quadrupèdes ovipares. Ce mode de classification que Lacépède acceptait encore, et que nous voyons même employé par G. Cuvier dans son Tableau de r/iistoire des animaux, publié en 1798, fut bientôt après critiqué par Alexandre Brongniart en 1 805. Ce dernier naturaliste fit alors res- soi’tir plusieurs des différences par lesquelles non-seulement les Grenouilles, mais aussi les Balamandres, dont Linné faisait une simple section de son genre Ijinerta, s’éloignent des Lézards et des autres Re.ptiles Saurions, et il pro{)osa d’en faire, à cause de leur peau nue et d(! leurs métamor[)hoscs, un ordre à part sous le nom même de Batraciens; c’est ce que nous avons (léjà rappelé plus haut. Vers la même époque Hermann, de Strasbourg, avait éga- lement fait voir que les Salamandres ditfèrent des Lézards piu plu- sieurs cai’actères importants. l)o Blainville montra, quelques années plus tard, qu’on devait aussi associcraux Batraciens les Cécilies, singuliers animaux apodes, propres aux régions intertropieales, qu’on avait d’abord pris pour des Serpents et classés avec les Ophidiens. Enfin, en 1816, il établit que les Ampbibiens, c’est-à-dire les Batraciens proprement dits, les Salamandres de diverses sortes et les Cécilies méritaient de former une classe particulière plus distincte de celle des Reptiles écailleux, avec lesquels on les avait précédemment confondus., que ces Reptiles eux-mémes ne le sont des Oiseaux. Cette proposition, qui parut d’abord as.sez hasardée, a été depuis lors confirmée d’uue manière éclatante par l’étude du développement. Quels que soient les caractères de leur forme extérieure, In^ Amplnbiens sont toujours reconnaissables à la nudité de leur peaU et à 1 abondance du système crypteux (|u’on remarque à lasurfacu de leur corps, llsn’ontaulieu de l’épidei’me écailleux des Reptiles oi’- dinaires qu’un mince épithélium, et leur sécrétion cutanée est tou- jours tort abondante. Dans certaines espèces, cette sécrétion ren- ferme un [)rincipe foxitpie sur lequel nous reviendrons plus loin- Les membres n’existent pas toujours chez ces animaux: ils man- ! quent quelquefois complètement (Cécilies) ; d’autres fois il n’y a que deux (Sirènes). Dans les autres .\.mphibiens ils apparaissent cependant et sont au nombre de (juatre. Lorsqu’ils existent, ils sont conformés sur le même type général que les membres des Vertébrés GÉNÉRALITÉS. 203 allantoïdieiis, et ne sont jamais disposés en nageoires véritables coinine ceux des Poissons. Les Aniphibicns n’ont pas non plus de rayons pour soutenir les crêtes impaires, en forme de nageoires, dont leur dos ou le dessous de leur (}ueue sont surmontés, tandis qu’il y en a le plus ordinairement dans les crêtes qui constituent los nageoires imiiaires des Poissons. Ces crêtes molles des Ainplii- ^iens sont surtout apparentes dans certaines espèces de cette classe, ®oit à un âge déterminé, soit a une époque spéciale de l’année, et plus particulièrement au moment des amours. Leurs organes des sens ont encore beaucoup d’analogie avec Ceux des derniers Vertébrés allantoïdiens, et, dans l’âge adulte, Wr genre de vie ressemble beaucoup à celui de ces animaux, quoi(jue leurs habitudes soient plus aquatiques, et que plusieurs d’entre eux ne quittent même pas l’eau. envisagés sous le rapport anatomique, les Amphiltiens ont d’ail- ^ours plus d’un point de ressemblance avec les Ueptilcs écailleux. ont des poumons, même lorsque les branchies que la plupart d’entre eux montrent dans le jeune âge ne disparaissent pas, et ^es poumons leur servent à respirer l’air atmospliérique. Ce sont deux sacs égaux entre eux (sauf chez les Cécilics, qui rappellent ®*ous ce rapport ce que l’on voit chez les Upbidiens), d’une structure Peu compliquée, analogues à ceux des Sauriens et communiquant ®Vec l’extérieur par une t racliée-artère pourvue d’un appareil laryn- gien plus ou moins parfait. Leur cœur a deux oreillettes distinctes, et, par suite de l’absence de cloison entre la cavité ventriculaire du cœur gauche et celle, du cœur droit, un seul ventiicule. Le Cœur des Aniphibicns est donc pourvu de trois cavités, sauf tou- ^®fois chez les jeunes, où les deux oreillettes sont encore confon- dues entre elles, et d est établi sur un modèle peu différent de ^elui des Sauropliidiens. Les narines de ces animaux sont en communication directe avec bouche, ce qui n’a pas lieu chez les Poissons qui les ont, au •^untraire, en forme de c.ul-dc-sac. Leur canal intestinal et leurs ’^^'ganes reproducteurs ont aussi une analogie évidente avec ceux des Vertébrés aériens, et leur squelette est à certains égards com- parable à celui de ces derniers. Cependant le crâne des Amphibiens fuit remarquer par la disposition déjà écailleuse de ses sutures, qui est une tendance vers la forme ichtbyque, et leurs vertèbres souvent biconcaves, ce qui n’existe, pour les Allantoïdiens du l’époque actuelle, que dans les Geckos, dont nous avons fait la dernière famille des Sauro[>lndiens. L’articulation du crâne avec 204 .\Ml'Ull)lh^ = . la colonne vertébrale sc fait, chez tous les Ainpliibicns, par deux coii' dylcs comme chez les Mammifères, tandis cju'il n’y en a qu’un seul chez les Oiseaux, les Reptiles écailleux et les Poissons. Mais ce qui distingue surtout les Amphihiens comme classe et pefmet'dci les séparer nettement d’avec les Reptiles proprement dits, c’est leur mode de génération et leur développement. Les mâles n’ont de pénis dans aucune espèce, et il n’y a jamai-^ de véritable accouplement. Toutefois les femelles de certaines es- pèces (Salamandres, Tritons, Cécilies, etc.) sont fécondées intérieu' renient jiar suite d’un simple rapprochement des orifices génitaux^ et, dans certains cas, ces femelles sont même ovovivipares, conuin' nous le voyons pour les Salamandres terrestres, pour les GécilicSj j ainsi que pour une espèce de Ratracides observée au Chili paf I M. Gay, le Hhinoderma Darwinii. Le mode ovipare est cependant le plus fréquent. Les œufs sont mous, susceptibles de se gonfler dans l’eau on ü' sont pondus, sauf pour un petit nombre d’espèces, au nombre des' quelles figurent le Pipa, la Rainette rnarsupiale, le Nofodelphy* ovifère et le Crapaud accoucheur. L’embryon des Batraciens manque, ainsi que nous l’avons déjà dit, d’amnios et de vésicule allantoïde ; en outre leur fœtus n’a pas encore accompli ses métaniorphoscs lorsqu’il éclôt; du moin» c’est ainsi (|ue les cdioses se passent dans la plupart des espèces? car certains Amphibiens ne subissent, du moins ai)rès leur nais- satice, aucune transformation remarquable. Ceux-là sont on très petit nombre. LesAmphibiens sans métamorphoses ouàmétainorpfiosesincoin' plètes doivent toutefois être distinguésendeuxcatégoriesdifférenteS’ Les' uns ne subissent pas de changements extérieurs, pai'cr qu’ils conservent durant toute leur vie les formes embryon' naires qui caractérisent, mais pendant le premier âge seuR' ment, les autres animaux de la même classe. C’est ainsi qu’il’ acquièrent des poumons, sans perdre pour cela leurs branchies, que leur npjiarence extérieure nesc modifie pas comme celle desGi'C' nouilles ou des Crapauds. Tels sont les Protées, les Sirènes et R® Axolotls, o’est-à-dire les moins parfaits des animaux de cette classe- D’autres, plus curieux encore, naissent sans branchies et déjà pourvus de poumons. Os ont en même temps les caractères qui ca- ractérisent 1 âge adulte dans les espèces de leur propre groupe. Cela tient à ce qu’ils subissent, soit extérieurement dans des loges cuta- nées de leur mère, où ils sont déposés à l’état d’œaifs, connne c’e^’* 205 GÉXÉRAI.ITÉS. cas pour les Pipas, soit, intéricurenient et dans l’oviducte mèipe, •^oinme on l’observe pour la Salamaiidi’c noire des Alpes et pour 'es Gécilies, les niétamorpboses que les Amplnbiens privés de cette gestation prolongée éprouvent p(nKlant le temps (ju’ils passent dans l’eau iininédiatement après leur éclosion. Les Amphibiens sont, comme les Reptiles ordinaires, des animaux température variable, mais qui s’écbautlent moins que ceux-ci 'ersqu’ils sont exposés à une cbaleur un peu considéral)le. La raison eu est dans l’abondante sécrétion dont leur jieau est le siège, et dans la transpiration qui se manileste à sa surtace. ktant tous plus eu moins aquatiques, ils absorbent aussi avec une égale rapidité, ^’eau est le ndlieu indispensable à la plupart d’entre eux pen- dant le premier âge, et quelques-uns, comme les Sirènes, les ''l'otées et les Axolotls, y passent même leur vie tout entière, car 'ùen qu’ils ac((uièrent des poumons, ils ne perdent pas pour *^cla leurs branchies, et ils restent pendant toute leur existence dans *^u état d’infériorité réelle par rapport aux espèces dos premiers g'’oupes. La vitalité des Amphibiens est fort tenace, et, sous ce rapport 'Connue sous plusieurs autres encore, ils offrent au physiologiste des *’U,iets d’études aussi curieux que variés. Lu grand nombre de dé- Cfiuvertes importantes ont été le résultat des expériences qu on a 'antées sur ces animaux, et chaque jour ils fournissent encore ’itix savants- de nouveaux sujets d(; recbereb es. C’est au moyen des Li'cnouilles que Üalvaui a découvert, en 1789, les phénomènes d’excitation musculaire qui se produisent au contact de certaines l''irfies des animaux avec deux métaux hétérogènes. Tout le "^oiide connaît l’observation fortuite qui le conduisit à cette re~ 'barque, et la discussion qui s’éleva entre lui et Volta. Des phéno- "'ènes analogues avaient déjà été signalés par Swammerdam en ^d58; ils ont été tout récemment étudiés avec bien plus de détails î"b' M. Matteucci. Leüwenhoeck a démontré la circulation dans les capillaires en bhservant au microscope les membranes de la patte des Gre- dbuilles et les branchies des Têtards. Swammerdam avait égale- bient devancé Leüwenhoeck dans cette observation (1658). Spallanzani, Bonnet, Robert Townson, Delaroche, Williams ''■dwards et beaucoup d’autres observateurs ont choisi les Batra- ^'bns, et plus particulièrement les Grenouilles, comme sujet de 'curs importantes expériences, et les micrographes ainsi que les bliysiologistes ou les embryogénistes ont recours aux mêmes ani- AMPHTBIENS. maux dans leurs démonstrations de chaque jour. Le nombre des observations curieuses auxquelles on a été conduit par l’étude des Arnphibiens et celui des recherches de toutes sortes qu’ils ont per- mises est très considérable; il n’est pas jusqu’à la production artificielle du diabète qui n’ait pu être vérifiée par des expérience® entreprises sur les Grenouilles (1). Parmi les particularités physiologiques qui sont propres auxAni' plnbiens, il en est peu qui soient aussi intéressantes que leur force de l'édintôgralion ; force qui consiste dans la propriété cju’ont certain® animaux de se (iompléter après qu’on les a nuitilés. Elle est en effet très active chez certains Arnphibiens, et Spallanzani, Bonnet; M. Duméril, etc., ont constaté que les Salamandres et les Têtard® des Grenouilles peuvent reproduire non-seulement la queue, conunc le font les Lézards, mais aussi une partie de la tête et des mein- bres entiers. Nous avons déjà dit que les Amidiibicns n’étaient pas très noitt' breux dans la nature actuelle : on n’en (ïonnaît uuère qtie den^ cents espèces vivantes, et ils ne paraissent pas avoir été propot' tionnellcment plus nombreux aux époques précédentes de la vi® du globe. lia existé des especes d Amphibiens pendant l’époque tertiaire! on tioiue en particulier dans j)lusieurs de nos terrains lacustre® ditlérents animaux de celte classe qui ajtpartiennent bien certaine' mentaux familles encore aujourd’hui existantes; ils ressemblaient à nos Grenouilles ainsi qu’à nos diverses sortes de Salamandres. A une époque plus reculée il y a eu des Anqdiibiens fort différent® de ceux-la, et 1 on obsei've dans les terrains friasiques, en AllC' magne, en France et en Angleterre, des mstes d’animaux gigan- tes(iues décrits par MM. Jœger, Hermann de Mayer et Owen", son® le nom de Labyrinthodon, de Mastodontosavres , etc., qui appartC' naient sans contredit a la classe qui nous occupe; ces aTiimaux,dont le volume approchait dans quelques espèces de celui des Bœufs et des Khinocéros, ont été comparés aux Grenouilles, pour leur® formes; mais il paraît qu’ils avaient aussi sous ce rapport quelque analogie avec les Salamandres. Quoique moins grands, les Archégosaures n’étaient pas moins cU' lieux ; ils ont vécu pendant les époques pénéenne et carbonifèi’»^- Enfin , c’est aux Amphibiens qu’il faut sans doute rapporter le plus ancien des Vertébrés aériens que l’on connaisse, le Tderpeton (1) Voyez à cet egard les nouvelles recherches de M. le docteur Schiff, é® Fraucfort-sur-lc-Mein. EATKACTOES. ‘ ^lÿinmse décrit par Mantell. Cette petite espèce de Reptile qua- “60168 régions du globcï peuvent être partagés en plusieurs ordres >listinets. Ces ordres sont au nombre de quatre; nous en parlerons ^6us les noms indiqués dans le tableau suivant : AMPHIDIENS. (Les Batraciens d’Al. Bronguiatt et de G. Cuvier.) ÎBatracides ou Batraciens anoures, Salamandres. CÉCILIES. ^ Pseudo-salamandres. Ordre des Batracides. Ces animaux sont aussi appelés Hatradens anoures, e/est-à-dirc Éatraeiens privés de queue, par les naturalistes qui étendent a toute classe des Ampbibiens le nom de Ratraciens; mais le nom de batraciens leur conviendrait réellement bien plus qu aux autres Ampbibiens, et il devrait leur rester en propre. Los Batracides ressemblent plus ou moins complètement à la Grenouille par leur apparence générale, ainsi que par lu nature de Wrs 'métamorpboses. En ellct, ils subissent comme elle une ^•“ansformation complète, et leur tonne définitive est tort ditté- l'cnte de celle sous buiuelle ils se montrent au sortir de l’œuf, bans leur état parfait ils sont pourvus de quatre pattes et ont la Colonne vertébrale courte ; leurs vertèbres sont presque toujours ooncavo-eonvexes; ils ne présentent am'une trace extérieure de >iueue, et ils n’ont plus d’autre organe spécial de respiration que beiix poumons, égaux entre eux et vésiculeux. A 1 état de letards, c’est-à-dire avant (jue leur métamorpbosc ait commencé, ils ont contraire des branebies et point encore de poumons, et pendant •es premiers jours leurs branebies sont même extérieures; leurs Püttes n’existent pas encore, et ce sont les postérieures qui se ^outreront les premières; leur tête n’est point encore distincte de •eur tronc; ils ont une iiueue longue et comprimée qui leur sert d Organe locomoteur, et leurs intestins, au lieu détre courts et '■‘bpropriés au régime animal, sont très longs, la nourriture des Têtards consistant exclusivement en sulistances végétales. ï^ous distinguons deux familles dans l’ordre des Ampbibiens batracides : Xalripadés, qui comprennent aussi les DaeUjlèthres, et •es Ranidés, qui se divisent en Hylins ou Rainettes, Ranins ou Gre- »»uilles, et Bufonim ou Crapauds. 2Ü8 AJlPHÜilENS. La Famille des PIPALËS comprend deux tribus ; les Pipins oU Pipas et les Dactijléthrins ou Dactylèthres. Ces llatracides maii' fjuent de langue (1), et ils ont les apophyses transverses des pre' mières vertèbres dorsales très longues et costiformes. Un autre caractère de ces animaux est d’avoir les deux trompes d’Eustacb^ ouvertes dans l’arrière-gorge par un orifice unique et médian. Le genre Pipa [Pipa] ne [lossède qu’une espèce, le Pipa amérI' CAiK [Pipa americam), qui vit à la Guyane et au Brésil. Cet Amplù' bien est surtout célèbre par son singulier mode de gestation. L® mâle place les œufs sur le dos de la femelle, où ils s’enfonceid dans des espèces de loges, et c’est là que s’opèrent leur développr-' ment ainsi que les métamorphoses propres au jeune âge des au- tres Batracides. Le genre DACTVtÈTHRE [Dactylethra] vit au cap de Bonne-Espé' rance et au Gabon. On en distingue deux espèces. Ces Reptiles manquent aussi de langue, ne possèdent qu’un seul orifice pour les trompes d’Eustache et ont aussi les apophyses trans- verses des vertèbres doi-sales costiformes ; mais la femelle ne porte pas ses petits dans des loges de son dos à la manière de celle des Pipas, et le squelette ainsi que l’ensemble des caractères rap' proebent déjà les Dactylèthres des Batracides ordinaires. La Famille des RANIDÉS se compose de Batracides dont la langue est développée, ijui ont deux ouvertures pour les trompes d’EuS' tache et dont les apophyses transverses ne sont pas costiformes- Ce sont les plus nombreux de tous les Amphibiens et ceux qui res- semblent le plus à la Grenouille. La tribu des Hvliws, dont nos Rainettes font partie, a poiU' caractère distinctif d’avoir la mâchoire supérieure garnie ‘i*- dents, le corps élancé, les jambes grêles et les doigts terminés par des pelotes discoides faisant l’etlet de ventouses j aius' que ceux des deux tribus qui suivent, ces Batracides ont 1* langue adhérente à la mâchoire inférieure seulement par soU (1) C’est ce qui a engagé MM. Duméril et Bibron à désigner par le nom Phrynaglosses le groupe dans lequel ils classent le Pipa et le Dactylètlirc. P®* autres Batraciens anoures, c’est-à-dire les Ranidés, répondent aux Phrynogloss^^ des mêmes naturalistes. Les longues apophyses trausverses des Batracides Phrynaglosses doivent sup- pléer dans 1 inspiration au défaut de la langue. Celle-ci sert au contraire chez I®* Batracides ordinaires ou Phrynoglosses à introduire, comme par déglutition, 1’®'^ dans l’intérieur des poumons. BATRACIDE3. 209 extrémité antérieure^ c’est-à-dire par la partie qui reste libre chez les autres vertébrés. Ces animaux sont moins disgracieux que les autres Batraciens et plus vivement colorés ; ils vivent principalement sur les arbres. On en trouve dans tous les continents, mais ils sont plus nombreux en Amérique qu’ailleurs. Nous n’en avons qu’une seule espèce en Europe : la Rainette verte {Hyla viridis) appartenant au genre des Rainettes proprement dites. C’est un petit Batracide commun dans les bois et les jardins, qui est vulgairement appelé Grasset. Les gens du peuple s’en servent pour connaître le temps. Sa voix est retentissante et a quelque analogie avec celle du canard. Parmi les nombreuses espèces exotiques rentrant dans la même tribu, on cite la Rainette à tapirer {Hyla tinctorid], à cause du singulier préjugé répandu parmi les Indiens de l’Amérique, que son sang versé sur le corps des perroquets au moment où les plumes poussent peut faire varier les couleurs de ces oiseaux. Quelques Rainettes américaines passent pour vénéneuses, sans doute à cause de l’âcreté de leur sécrétion cutanée. On fait plusieurs genres de ces animaux; l’un des plus curieux est celui des Notodelphes [Noludelphis], que nous avons déjà cités (1) et dont l’unique espèce , nommée Notodelphis ovifera, vit à Vene- zuela. Elle porte ses œufs dans une grande poche cutanée du dos, et scs têtards ont leurs branchies extérieures sous forme de deux longs appendices fdiformes, naissant des arcs branchiaux et terminés chacun par un disque vasculaire campaniforme dont le sommet dis- coïde et la structure rappellent à quelques égards un placenta. Tribu des Ranins. Ses espèces , parmi lesquelles figurent nos grenouilles ordinaires [Pana des Latins), ont des dents à la mâ- choire supérieure , mais leurs doigts manquent des disques carac- léristiques des Rainettes. On les a partagées en plusieurs genres; ceux qui ont des especes européennes sont au nombre de six. 1“ Grenocille (g. Pana). Palais dentifere; langue pourvue en ar- rière de deux prolongements libres et susceptible d’être rejetée en avant pour servir d’organe de préhension; tympan visible; doigts de derrière plus ou moins palmés , apophyses transverses de la vertèbre pelvienne non dilatées. Grenouille VERTE (/ùm« viridis ou P. esculenta). Celte espèce existe bon-seulement en Europe mais aussi dans une grande partie de (1) Page 204. t. U 210 AMPHIBIENS. l’Asie et dans le nord de l’Afrique. Elle constitue plusieurs variétés, et l’on a quelquefois considéré comme se distinguant spécifi- quement celle de ces variétés qui a la tête plus étroite. La Grenouille ordinaire n’inspire pas les mêmes craintes que la Salamandre ou le Crapaud, et l’on a toujours eu à son égard des notions plus exactes. Dans certains pays et principalement en France on la recherche pour sa chair qui est légère et délicate et convient aux malades ainsi qu’aux personnes faibles; on fait éga- lement du bouillon de grenouille et autrefois on employait aussi le frai de ces animaux [sperniole ou sperma ranœ). Sydenham recom- mandait l’eau distillée de frai de grenouille contre les aphthes. On l’a aussi utilisée comme réfrigératif dans la goutte, dans les rougeurs du visage, dans l’érysipèle, etc. On y trempait un linge que l’on appliquait sur la partie malade et l’on y mêlait du cam- phre ou du miel rosat. La Grenouille est citée par les auteurs du dernier siècle comme un des ingrédients de l’emplâtre de Vigo simple ou mercuriel. L’histoire des Grenouilles a été écrite par plusieurs auteurs, et Fig. 30. — Têtard (au premier Fig. 31.— Têtard (viscères âge). abdominaux (*). 1 on possède en particulier de très bons détails sur leur organisation ainsi que leurs métamorphoses. Uœscl (l),llusconi (2), Dugès (3), Martin Saint-Ange (â), s’en sont particulièrement occupés. Nous (1) flisloria lianarum, in-fol., 1758. (2) Développement do la Grenouille commune, in-4“. Milan, 1826. ■ (3) Kecherc.hes sur VoMologie et laniynlogie des Batraciens, in-4, 1833. (4) Ann. des sc. nat., l" série, t. XXV. {•) a. la bouche ; f/'; f f uuroulé sur lui-mâ„,e; c. le foie; d. tes canaux hépa- rques; e. le pancréas,//, rudiment des membres postérieurs; g. rectum. BATRACIDES. 211 rappellerons seulement que dans le premier âge, cnst-ii-dire à l’état de têtards naissants, ces Jlatraciens manquent de pattes, et qu’ils ont des liouppes brancliiales visibles à l’extérieur (fig. 29); leur canal intestinal est alors fort long, contourne sur luwuême et il donne h la partie cépludo-gasti’iquc (tig. 31) l’apparence rcntlée (jui a sug- géré le nom de têtards. Bientôt (;es branchies, extérieures se tlé- trisseiit, et quoique les aix's branchiaux intérieurs <îontimieut a fonctionner, les poumons commencent à se développer. On voit alors paraître les membres et le canal digestil se raccourcit con- curremment. Des modifications notables s’opèrent aussi dans le système des organes circulatoires Jfig. 32). Lutin la queue se ré- sorbe, ses dernières traces ne sont plus aiipareutes à l’extérieur Fig. 32. — Têtard de Grenouille, au Fm. 33. — Grenouille adulte (mon- (ieuxièrne Age (organes de la res- trantle système vasculaire) (**). piration et de la circulation) (*), et l’animal a la forme ainsi que la plupart des caractères anatomi- tlues qu’il devra conserver pendant le reste de sa vie (fig. 33). GEExocii.tE HOUSSE {J{am temporaria) dite aussi Grenouille des bois. (*) 1. Veine cave. 9. Orcillelte droite. 3. Veine pulmonaire et ses origines dans les deux pü'umons.4. Oi-eilleW gauche. S. Ventricule comiiuin. 6. Bulbe aile'riel. 7. Arlèro branchiale ses branches internes. 8. Veines liranchiales. 0. Aorle. 10, Artère pulmonaire et ses ramiû- <:alions dans les poumons. ( A cel ôge les pattes sont déjà apparentes, et la queue cxisle encore.) (**) 1, Veine cave. 2. OraillelU droite. 5. Veine pulmonaire. 4. Oreillette gauche. S. Ventricule <^o*nmuu. 6. Bulbe artériel. 7, Ses deux brauches. 8. Arc aortique donnant l'artère brachiale, 9* Artère pulmonaire. 10, Braoche qui va à l’oc ciput. 11. Carotide. 12t Aorte desccudanlc. 212 AMPIIIBIEiNS. Elle est roussiitre au lieu d'être verte, et porte coustainmcnt une tache noire sur chaque tempe. 2. üisgoCtLOSse (g. JJiscoglossus]. Dents palatines sur un seul rang; langue de forme diseoïdo-rhond)oïdale ; tympan sous-eutaiié ; doigts libres; apophyses pelviennes dilatées en palettes triangulaires. Discoglosse teint (Discoglossus pictus). Cette espèce vit en Grèce, en Espagne, en Sicile et dans quel([ues parties de l’Algérie. 3. Pelodyte (g. Tympan distinct; deux groupes de dents palatines; langue à peine échancrée en arrière; doigts de derrière plus ou moins palmés; apophyses pelviennes dilatées en palettes triangulaires. Pelodyte tonctcé [Pelodytes puncta(us). Petite espèce assez ré- pandue en Europe, ayant le corps grisâtre avec des taches d’un beau vert ou noirâtres. U. Alyte (g. Algies). Une rangée transversale de dents palatines; langue arrondie, entière, adbércnte, sillonnée en long; tympan dis- tinct; doigts do derrière à demi palmés; apophyses pelviennes dilatées. A lyte ACCOUCHEUR [Algies obstelricans). D'un gris roussâtre ou oli- vâtre, semé de petites taches brunes. D’Allemagne, de Suisse, de France, etc. Le mode particulier de gestation est fort singulier. M. Vogt en a profité pour faire de l'Alyte le sujet d’un bon travail embryogé- nique (1). 5. Pelobate (g. /’eMo/cs) , Tympan cache ; doigts postérieurs pal- més ; un sac vocal sous-gulaire chez les mâles ; un ergot corné et tranchant au talon ; crâne plus ou moins catapliracté ; corps oli- vâtre en dessus, orangé en dessous, avec des marbrures bleu- noirâtre. Pelob.-vte cültritède [Pelobates culiripes). Voûte osseuse du crâne complète ; éperons noirs ; taille jilus forte que celle de l’espèce suivante. Dugès a donné de bons détails sur cette espèce dans son travail sur l’anatomie des Batraciens. Du midi de la France, et d’Espagne. Pelobate brun [Pelobaies fuscus). Voûte osseuse du crâne in- complète ; éperons bruns ou jaunâtres; couleur marbrée. D’Allemagne et de France. C’est une des espèces dont Bœsel a fait l’histoire. ] 6. Sonneur (g. Tympan non distinct; langue entière, (1) Voir dans les Ann. des sc. nat., 3* série, t, II, p 45, un entrait de son mémoire. liATRAODES. 2i3 adhérente ; doigts de derrière palmés ; apophyses pelviennes dila- tées en palettes. SosNEüR A VENTRE DE FEU [liombinator «ÿneus) . Brun, avec le ventre jaune vif. Tribu des Bufonins ou Crapauds. — Ces Batracides iTont point de dents à la mâchoire supérieure, et le plus souvent aussi ils en manquent à la région palatine; leur corps est plus trapu, leurs jambes sont plus raccourcies et leurs habitudes sont plus ter- restres que chez les Grenouilles. Ces animaux ont le corps verruqueux et les formes souvent hi- deuses. Ils constituent plusieurs gem’cs dont un seul, celui des Crapauds proprement dits, fournit des espèces a 1 Europe. Les Crapauds (g. Bufo) ont le tympan apparent; la langue en- tière, mais libre en arrière; un amas considérable de cryptes paro- tidiens sécrétant une humeur toxique dont les propriétés nous occuperont à la tin de ce chapitre. Leur démarche est lourde et ils passent la plus grande partie du jour enfermes dans des trous. Nous en avons deux espèces : Crafacd commun {Bufo vulgaris ou Bufo cinereus). Cette espèce a la peau garnie dhm grand nombre de verrues; elle est comme épineuse lorsqu’elle est desséchée. Sa couleur est brune avec quelques taclies plus vives, surtout à l’époque des amours. Alors ces animaux vont à l’eau pour s’y accoupler et y pondre leurs ffufs. Ces derniers sont réunis sous la forme de longs cordons. Crapaud vert vlridis ou Bufo vartuhUis), aussi appelé Rayon vey't, Crapaud des joncs, Calamite, etc. Il a le plus souvent une ligne médio-dorsale jaunâtre. Le Crapaud commun ainsi que le crapaud vert ont été décrits par Rœsel, par M. Brandt fl] et par quelpuïoç, d’Aristote et le Rubeta de Pline. Parmi les espèces exotiques du môme genre nous citerons le Cra- paud panthérin [Bufo pantherinus] que l’on trouve dans le nord de l’Afrique, particulièrement en Algérie, et le Crapaud agua [Bufo agua) des régions chaudes de l’Amérique. Celui-ci est l’un des plus gros que l’on connaisse. On distingue plusieurs genres de Batracides bufonins indépen- damment de celui des Bufo proprement dits. Tels sont ceux des Rhinoderma, Atelopus, Phryniscus, Rracliycephalus, etc. Le g. Braciiicépiiale [Brachycephalus] est formé par une petite (1) Medizinische Zoologie, t. I, p. 193, pl. 23. AMPmillENS. ‘lik espèce propre au Brésil [B. ephippiitrn) , qui est remarquable par la voûte osseuse et d’origine derniato-squelettif[ue qui recouvre son crâne ainsi que par le bouclier de môme nature qui protège son dos. Ordre des Salanianf|res, Ces Amphibiens subissent une métamorphose moins complète que celle dc-sBatracides. Leur corps reste allongé et leur (jueue ne se résorbe pas comme la leur. Toutefois leurs branchies se tlétrissent et disparaisscitit bientôt lorsque leurs poumons se développent, et, dans Tâge adulte, on ne trouve plus sur les côtés de leur cou l’orifice qui servait à l’écoulement de l’eau, alors que leur respiration était encore aquatique. Leurs vertèbres sont de forme convexo-con- cave (1), ce qui les distingue à la fois des Batraciens proprement dits qui les ont presque toujours concaves en avant et convexes en arrière ainsi que des Gécilies et des Pseudo-Salamandres qui les ont biconcaves. Famille des SALAMANDRIDFS. Les Salamandres ne forment réellement qu’une famille, celle des Salamandridés, dont les espèces vivent principalement dans l’hémisphère boréal. Elles ont été par- tagées en un certain nombre do genres dont (luelques-uns sont européens ou représentés en Europe. 1. SAi.AMANi)aF. (g. Salmnandra). Dents palatines sur une double série arquée ; langue libre à ses bords; des pelotes glanduleuses à la région parotidienne; queue arrondie. La séci'étion cutanée des Salamandres terrestres propres à l’Eu- rope possède les mêmes propriétés que celle des Crapauds; elle est surtout fourtne par les amas glanduleux de leur dos et de leur région parotidienne. Les naturalistes du xvin' siècle savaient déjà que les Salaman- dres terrt^stres sont ovovivipares, et que les Salamandres aquati- ques ou les Tritons dont il sera question plus loin sont, au con- traire, ovipares, Ils ont aussi réuni des détails curieux relative- ment a l’histoire de ces Reptiles, mais on en possède aussi une monographie détaillée due à un auteur moderne, M. Funk (2). Saiamandiuo maculée [Salamandra mnculosa). Corps noir mar- qué de grandes taches jaunes; génération ovovivipai’e. Les petits, (1) Caractère que les Alytes préscutent seuls parmi les Amphibieus du pre- mier ordre. (2) De [Salamcmdrw terrestris vita, evolutione, formalione tractatus. In-fol., Berlin, 1827. SALAMANDRES. 215 assez nombreux pour charjuc portée, naissent avec leuis quatre pattes; ils ont alors la queue comprimée et leurs branchies sont extérieui-es. Ils sont aquatique.s, tandis que les adultes vivent à terre et se tiennent princi|)ale.raent sous les feuilles ou sous la mousse, dans des lieux humides. La Salamandre de Couse [Salamandra corsica] ne se distingue guère que par une disposition un peu différente des dents pala- tines. On dit qu’elle existe aussi en Algérie. Salamandre mma {Salamandra atra). Elle manque des taches noires de la précédente. On la trouve dans les Alpes. Cette espèce ne fait que deux petits qui n’ont d.qà plus leurs branchies lorsqu’ils naissent; ses habitudes sont presque entière- ment terrestres. . Ces Salamandres, et en particulier celles de 1 espece maculee sont vénéneuses ii la manière des Crapauds. Elles ont f onno leu a des fables et à des exagérations bizarres dont nous dirons quelques mots après avoir parlé des autres genres de la môme tann o. 2. Salamandiune ( g. Salamandrina). Quatre doigts postérieurs seulement; série des dents palatines fourchue en arrièie; aiipUe libre dans sa moitié postérieure; queue longue, un peu carénee. Salamandiune a lunettes [Salamandrina perspicillata) ; d Italie. S.Pleurodèle (g. Pleurodeles). Langue petite, arroiulie, adh.irente en avant seulement; dents palatines sur deux séries longitudi- nales : côtes saillantes sur les flancs où elles percent la peau. Pleurodéle de Walt [Pleurodeles Waltii) ; d Espagne e e or ù. Br-adybate [Bradyhates] . Corps court; queue médiocre ; langue fixée; côtes apparentes ; dents jialatines en petit nombre. Bradybate ventru [Bradyhates ventricosiis] ; d’Espagne. 5. Géotriton (g. Geotriton). Langue en forme de champignon; dents palatines en série transversale; deux senes ce dents au sphénoïde; peau lisse. Géotriton brun [Geotriton fusevs)-, de la chaîne < es Apennins. 6. EupROCTEfg. Euproctus). Langue libre en avant; dents palatines sur deux séries disposées à angles aigus ; arc temporal du crâne complet ; peau rugueuse ; .lueue longue, comprimée. Euprocte de Uusconi (A’«/«'ocùcs Buscomiy, espèce assez variable par ses couleurs, mais toujours plus ou moins brunâtre, ayant plus d’analogie avec les Tritons ou Salamandres aquatiques de la France centrale que celles des genres précédents. Elle a ete de- couverte en Corse et en Sardaigne. Nous croyons qu’on doit lui " amphibiens. rtipporier^ comme identiques ou tout au moins comme très peu dif- éi entes spécifiquement, les Salamandres aquatiques de la chaîne des Pyrénées qui ont été indiquées sous les differents noms de Tiiton glacialts (Philippe) et de Tr. cinereus, rugosus, punctulatus, Bibronii eA répandus (Duméril). 7. G est au contraire par erreur que l’on a associé aux Euproctes le Tiiion Poireii, P. Gerv., qui vit en Algérie et qui sert maintenant e type au genre Glossolige [Glossoliga). La forme aplatie du crâne e ce dernier et quelques autres caractères permettent de le dis- tinguer aisément de V Euproctus Rusconii. 8. Genre Tkitox [Triton). Queue très comprimée ; ventre plat; des Cl êtes natatoires sur le dos et a la queue des mâles pendant l’époque t es amours; génération ovipare. Les jeunes sont d’abord dépourvus de pattes. Habitudes aquatiques. Le développement des Tritons a été décrit avec soin par M. Rus- coni dans son travail intitulé Amours des Salamandres (1). Les branchies extérieures persistent pendant tout le premier âge, et ne disparaissent que longtemps après l’apparition des pattes (fig. 34) ; le développement est par conséquent plus tardif déjà que chez les Salamandres. Les espèces de ce genre sont toutes européennes. On les dis- Fig. 34. — Larve de Tritoa. fingue les unes des autres par leurs couleurs, et par quelques par- ticularités de la peau, du crâne, etc. les^autr™^ {Triton marmoratus) est moins aquatique que Le Triton a crête [Triton cristatus) produit en assez grande abondance une sécrétion cutanée d’apparence laiteuse. Le 1 RiTON roNf.TuÉ [Triton punctatus) est moins grand et il a le corps plus lisse. (I) In-4, Milan, 1841. (■) Celte ligure représente la larve d’un Triton i l’e' ot ou les branchies suut encore U ès appjircnles. po(]ue où Ips putles SC sont tlcvcloppces SALAMANDRES. 217 Le Triton des Alpes [Triton alpestris) a des couleurs plus vives. Le Triton palmipède [Triton palmatus) est plus petit et pourvu, ttauvaiscs qualités qui caractérisent certaines espèces d’Amplii- Wns ont été signalées de tout temps; et comme autrefois on ae savait pas s’en rendre compte d’une manière exacte, elles Ont donné lieu aux exagérations les plus singulières et aux pré- jngés les plus bizarres. L’histoire du Crapaud et de la Salamandre, telle qu’on la trouve dans la plupart des auteurs et dans tous les Anciens ouvrages de pharmacopée, nous en donne le singulier dé- tail. On y voit le Crapaud tour à tour cité comme doué de propriétés fantastiques, comme un animal vénéneux et comme une source de Oaédicaments dont l’application se faisait d’une manière constam- Oient empirique. Les Crapauds entraient alors dans le baume 'le Leictour et dans le baume tranquille. On les appliquait tout ''ivants dans les cas de céphalalgie, de gastralgie, de scrofules et *16 cancer; desséchés et réduits en poudre, on les prescrivait contre 'n fièvre quarte et l’épilepsie, et ils avaient encore d’autres usages. Ce qui a trait à la Salamandre n’est pas moins bizarre. Cet ani- •hal, auquel on donne, dans nos campagnes, les différents noms de Mouron, de sourd, etc., a été signalé par quelques auteurs comme ^faiit le tithymale du règne animal. Ou croit encore, dans beaucoup 'le localités, qu’il résiste à la combustion, et qüe son contact peut 'léterminer la mort. Ces contes ridicules se trouvent déjà dans les Ouvrages des anciens, et les auteurs des derniers siècles parlent Souvent de la manière dont il faut traiter les gens qui ont avalé Salamandre (3). (1) Genres C{/i«ridrosoma, Pkthodon, Bolitoglossa, Ambgsloma et Desmodaclylus. (2) Genre Etlipsoglossa et Onychodactylus.' (3) Valmont de Bomare rapporlc encore, d'après les cpliéméridcs d’Allemagne, * lu’nne femme embarrassée de son mari, et voulant l’empoisonner, lui fit manger Oae salamandre qu’elle mêla dans un ragoût, mais qu'il n’en souffrit en aucune '“anière; m ce qu’il attribue à la cuisson qui peut avoir agi sur te liquide '^fiéneui. 218 AJiniIBIENS. La morsure des Salamandres était considérée comme aussi redoutable que celle de la Vipère (Matthiole), et il était passé proverbe qu’un homme mordu par ces Reptiles avait besoiip pour être sauvé , d’autant do médecins que les Salamandres on*' de taches. On a cru aussi que les Salamandres pouvaient empoisonner le® eaux dans lesquelles elles se rendent à l’époque des amours, niai® il n’y a également rien de fondé a cet égar de trou branchial. L'examen du crâne des jeunes Cécilies permet de reconnaître '''^nnne erronée une opinion de C. Cuvier et de M. Stannius qui pourrait fournir une ohjection sérieuse contre la théorie actuelle 'lo la formation du crâne, si elle était réellement fondée. Le célèbre auteur des Leçons d’anatomiiî comparée ainsi que du Ip-gne animal, qui a repoussé, comme l’on sait, la plupart des idées anatomie philosophique émises de son temps, a écrit, dans le sc- t^ond de ces ouvrages, que chez la Cécilie « les maxillaires recou- U'ent l’orbite et sont percés d’un petit trou pour l’œil », et, dans le P^’einier, que les mêmes os sont «seulement percés d’un petit trou *^0118 lequel l’u'il est enchâssé ». D’autre part, on lit dans le Nou- manuel d’anatomie comparée de MM. de Siebold et Stannius, 'loe, chez les Cécilitts, «les jugaux sont tellement larges qu ils for- 'oont des plaques f[ui recouvrent les orbites et les fosses terapo- '‘ales; un petit trou dont ils sont percés tient lieu d’orbite ». En 'examinant des Cécilies jeunes, et même chez des Cécilies adultes, '^l'squ’on apporte à cette étude une plus grande attention, on ne ^arde pas à reconnaître que l’os dans lequel est percé 1 orhitc n’est point un os unique, mais le résultat de la fusion de plusieurs P/ôcos distinctes, qui sont absolument les mêmes que celles dont ^ orbite est formé ailleurs. Ordre des Pseudo-Salamandre». Les Amphibiens ressemblent assez aux Salamandres, mais leur '^orps est souvent plus allongé et comme anguilliforme. Quelqucs- *^0s gardent pendant toute la vie leurs ti’ous branchiaux, et d’autres 'Conservent même leurs branchies extérieures , ce qui les a fait *^0mmer Pérennibr anches. AMPHIBIENS. Un de leurs principaux caractères est d'avoir les vertèbres l»' concaves. Sous ce rapport, ils ressemblent aux Cécilies, nw'® ils ditlèrent de ces animaux par la longueur toujours considérable de leur queue et par la présence de deux ou quatre paires de membres. Quelques-uns de ces Aniphibiens sont entièferaent aquatiques, cb comme les derniers d’entre eux ne subissent point de transforinS' tion, ilsrc.ssemblent plutôt à des larves qu’à des animaux parfaits! ce sont pour ainsi dire des têtards permanents, et, sous ce rap' port comme sous plusieurs autres, ils doivent occuper un raHr inférieur à celui des autres Ampbibiens. Ils forment plusieurs genres. Le premier des genres de cet ordre perd ses branchies en avaii’ çant en âge et ne conserve pas même le trou qui donnait issue “ ces organes. C’est celui do la grande espèce du Japon, à laqueU'^ | on a donné les différents noms génériques de Tkitojiegas, 3leg0' I lobatrackiis , Sicboldia, ('ryptohranchus , etc. [ Le IniTOMÉuAs ue biEBOi.n [Tritomegus Sieboldiî) est le plus grand des Ampbibiens de l’époque actuelle; il a environ 0"',7.5 de; longeui' et est large en proportion. Le premier exemj)laire vivant (ju’on ait observé en Europe a été rapporté en Hollande par M. Siebold son retour du Japon. 11 existe depuis une trentaine d’années dan^ le jardin zoologique d’Amsterdam. C’est auprès de ce curieux Amphibien qu’il faut sans doute placef le Reptile du terrain tertiaire supérieur d’UCningen, en Suisse, a été autrefois décrit comme un fossile humain et dont on fad aujourd’hui le g. Andrias. ' I/Andrias était encore plus grand que le Tritomégas. ** Le trou des branchies est au contraire persistant dans genres AMi’iiiujrE [Aniphimnd) et Mexobome [Menopoma ou rwnopsis), 1 un et 1 autre propres à l’Amérique septentrionale. Ces deux genres ne comprennent que trois ou quatre espèce® en tout. Hans un troisième groupe, qui est celui que nous avons déj® indiqué sous le nom de Pérennibranc/ies, les branchies ne dispa' raissent à aucun âge. Le Protée (g. Proleus) en est le seul représentant européen- Ce curieux Reptile vit dans les lacs souterrains d’AdeIsberg; en latrie, à peu do distance- de Trieste, et dans ceux de SiU tich, dans la basse Carniole. C’est le Proteus anguinus des erpé"" tologistes (tig- 35). Il a le corps étiolé et simplement, nuancé PSEUDO-SALAMANDRES. 223 *16 rosé. Ses globules sanguins ont 5^ de millimètre dans leur S^and diamètre. Le g. Ménobranche (Menobran- ^bus) n’a qu’une seule espèce, •^lais elle est de l’Amérique ^^ptentrionale. C’est aussi un Pé- ''cnnibrauche, et il en est de “^ême des Sirènes et des Axo- lotls qui appartiennent au même pays. Les Sirènes (g. Siren ou Pseudo- b^(inchus), qui forment, dit-on, ^'‘ois espèces distinctes, sont re- connaissables à leur corps anguil- ^'torine et à leurs pattes au nom- W de deux seulement. Les globules sanguins dcîs Si- ^ones ont de millimètre; ce ®ont les plus gros que l’on con- naisse. L’ Axolotl (g. Axolotl ou Si- ^^don), vit au Mexique et prin- cipalement dans le lac de Mexico, ci* on le pêche pour le vendre Comme aliment. 11 n’y en a qu’une espèce (Axolotl pisei formis ou ^^mboldtii). Elle a tellement apparence d’une larve de Sala- n^aiulre que plusieurs auteurs la Cogardent encore comme un de Cos animaux dont on ne connaîtrait pas l’âge adulte (1). Les Axolotls sont les moins parfaits de tous les Amphibiens et i'Or conséquent les derniers de toute la classe (2) . (*) M. Gray parle des Aïolotls à la suite des Salamandres, en intitulant ainsi ^ Paragraphe qu'il leur consacre : « Animais apparently of this suborder, which *Veon|y been observed in their larva State. « (2) Nous rapportons aux Poissons les Lepidosirènes, curieux animaux de êftiqug et de l’Amérique équatoriale que plusieurs auteurs ont classés parmi ** Amphibiens. 1 t. t. Veines pulmonaires. 2. Oreillette gauche, o. Veine cave. 4, Veine hépatique, h. Sinus y***' Oreillelle droile. 7. Vcuiricule commun. 8, Bulbe artériel. 9. Artères Jiranchinles. ïfià brunchiales. 11. Aorte descendante. 12, Reins, 13, Testicules. 14. Poumons. IS.Esto- Intestins. 17. Veine porte hépatique. 22U POISSONS. CLASSE CINQUIÈME. POISSONS. Les Poissons prennent rang après les autres animaux vertébrés dan^ la classification naturelle; et en réalité, ils leur sont inférieurs sou* presque tous les rapports, ce qui n’exclue cependant pas une grand® diversité dans la conformation de leurs organes. On se tromperait en effet, si l’on croyait que ces animaux sont construits d’après ui' type absolument uniforme. L’examen, même superficiel, deleur^ principales particularités anatomiques, nous montre au contraif® des dispositions aussi variées que remarquables, et parmi lesquell®’ il en est de très importantes sous le double point de vue de 1* physiologie et de l’anatomie comparées. C’est à cause de ces dis' positions, dont l’étude a souvent conduit à des résultats scienti' fiques tout à fait inattendus, que les naturaliétes attachent aujouf' d’hui une grande importance à bien connaître, sous le rapport an»' toinique et physiologique, les nombreux genres de la classe des Poissons; l’utilité que beaucoup de ces animaux ont pour l’hominei et l’intérêt géologique qui se rattache à l’examen de leurs espèce? éteintes, font aussi de l’icbthyologie une branche importante de zoologie- Caractères des Poissons. — Les Poissons se laissent aisément l’C' connaître aux nageoires paires, presque toujours nmltiradiées e^ multiarticulées, qui représentent leurs membres, ainsi qu’aux n®' geoires impaires, qui , jointes aux précédentes, constituent leui’? appendices locomoteurs. Un autre caractère également importai'* de ces animaux est fourni par leurs organes respiratoires qui soi'* branchiaux et toujours appropriés à la respiration aquatique. C®* branchies sont placées dans l’arrière-bouclic, et attachées aux o’’ hyoïdiens, ici très développés. L’eau qui leur apporte l’air respi" rable s’y rend par l’ouverture buccale et elle en sort par des orifiC® latéraux nommés ouïes, qui sont simples ou multiples suivant 1®® groupes de poissons que l’on examine. Presque tous ont d’autres systèmes d’organes fournissant aus?' des caractères importants qui ne permettent pas de confondre 1®^ nombreuses espèces de la classe des Poissons avec celles d’aucun® autre. GÉNÉliAnTÉS. 225 Ainsi leur cœur n’ii que deux cavités, une oreillette et un ven- tricule, et il répond au cœur droit, ou cœur à sang noir des verté- t>rés supérieurs. Le ventricule y est habituellement suivi d'une dilatation contractile dite bulbe artériel, dont les valvules, diffé- remment disposées suivant les group(is, montrent des particularités susceptibles d'être utilement employées dans la classification. Le sang qui revient des bruncliies après y avoir subi le bénéfice de l'oxygénation, passe directement dans le systèi^ie aortique sans retourner à l'organe central d’iinpulsion. Scs globules sont pres- que toujours elliptiques (1) et sa couleur est presque coustanv ment rouge. On cite cependant quelques Poissons, tels que PAm- phioxus ou Branebiostorae et un petit nombre de genres marins Voisins des Anguilles, chez lesquels le sang est incolore comme Celui de la plupart des animaux sans vertèbres. Nous avons dit plus haut que les Poissons respirent au moyen de lirancbies. Nous devons ajouter que ces branebies sont assez diver- siformes, mais que dans un grand nombre d’espèces elles ont la forme de peignes. C’est ce qui a lieu chez les Poissons ordinaires, et en particulier chez ceux dont le corps est couvert d’écailles. Chez d’autres, tels que les Sélaciens, les branebies sont fixées par leurs deux extrémités, et il y a plusieurs paires de trous pour la Sortie de l’eau. Chez les Lamiiroics, elles sont renfermées dans de véritables sacs et leurs orifices sont également multiples. Tout le monde sait que les Poissons manquent de poumons- Cependant il ne faut pas considérer ce cariictère comme absolu, car le Lépidüsirène, qui est cependant bien un animal de cette classe, ^ des poumons véritables, ce qui ne l’empêche pas d’avoir en même leinps des branchies, et sous ce rapport il est comparable aux Am- Phibiens pérenni branches, quoique scs branchies soient intérieures. D’ailleurs les autres Poissons ne sont pas toujours dépourvus d’or- ëanes analogues, et, pour n’avoir le plus souvent qu’une fonction j'ydrostatiquo, leur vessie natatoire n’en est pas moins comparable Un sac pulmonaire. Cette vessie est simple ou double, suivant les genres que l’on examine. Elle approche plus dans certaines espèces •lue dans d’tautres de la disposition pulmoniforme • elle communique svec l’arrière-bouche, ou reste close do toutes parts ; et, ce qui n’est (1) 'Voici les dimensions des globules sanguins de quelques espèces de poissons, *^*Prin]ées en millimètres : ^aia ctavala, sur ^ ; Torpédo oculala, ^ sur ^ ; Aciponser sturio, A sur ^yprinus carpio, sur -,V; Anguilla vidgaris, ~ sur -’j; Perça fluviaiilh, i ; Syngnalhui acus, ^ sur Pdiromyion Phnerij\. i. 15 226 POISSONS. pas moins curieux, elle peut exister dans certaines espèces, et manquer dans certaines autres appartenant cependant au même genre ; ainsi il n’y en a pas dans le Maquereau de l’Océan [Scomber scotrérus) (d l’on en trouve toujours une dans les Maquereaux de la Mediterranée (Scomber pneumatophorus et colias) . Des espèces appartenant aux genres Scondirésoce, Polynème, etc., présentent une dift'ércnce analogue. La membrane composant la vessie nata- toire des Pciissons est formée d’une substance gélatineuse qu’on recberche pour la fabrication de l’icbtbyocolle. La vessie natatoire est remplie d’un gaz qu’elle paraît sécréter elle-même, et dont la composition se rapproche ii certains égards de celle de l’air; toutefois l’azote y est eu très grande quantité comparativement à l’oxygène. Le canal digestif des Poissons n’olîre pas une grande complica- tion. La bouelie est ample et en communication avec l’appareil branchial ; 1 estomac présente souvent auprès de sa région pylo— rique des appendices en forme de cæcums, (jui remplacent le pancréas ; l’intestin proprement dit a, dans certains genres, une disposition spirale comparable à celle de la vis d’Archimède, et 1 anus est quelquefois situé dans l’angle de la mèchoirc inférieure, par conséquent très près de la bouche. Beaucoup de Poissons se nourrissent de substances animales. Leurs dents sont souvent nom- breuses, presque toujours uniformes, sans racines proprement dites, et il y en a parfois jusque sur les arcs branchiaux. Elles so prêtent à de nondireuses dislinctions caractéristiques. Le système nerveux de ces animaux est moins volumineux que celui des vertébrés des premiers groupes. Cependant les Poissons sélaciens l’emportent à cet égard sur hrs Batraciens et sur beau- coup de Beptiles par la masse et la complication de leur cerveau J on a cherché dans ces derniers temps à démontrer que toutes les parties caractéristiques de l’encéphale des mammifères pou- vaient être retrouvées chez les Poissons, mais cette manière de voir n’est pas partagée par tous les anatomistes. Les organes des sens spéciaux sont ici assez différents de ce qu’on voit ailleurs, du moins dans certaines do leurs dispositions. La langue n’est pas disposée pour une gustation délicate, et la partie qui porte ce nom dans la Carpe constitue un appareil bien i distinct dépendant principalement du palais, (juoique susceptible, si l’on en juge par sa structure, de suppléer à l’imperfection ordi- naire de l’organe du goût. Les narines no sont presque jamais en communication avec Par- GÉNÉRAUTÉS. 227 l’ière-bouche. Ce sont des espèces de poches plissées dans leur •iitérieur^ et qui sont placées sur les côtés du museau ou à sa face supérieure. Chez les Ihodous elles ont rapparencc de petits tenta- cules charnus, et non celle de cavités. Dans tous les cas, la partie du système nerveux céphalique qui s’y rend est consi* appareil tout particulier et d’apparence très singulière qui sert ait rapprochement des sexes. Le crâne des Plagiostomcs n'est pas moins curieux: il conservé le caractère cartilagineux du reste du squelette, présente de larges rLAGlOSTOMES. 235 'Ouvertures comparables à des fontanelles, et ne laisse apercevoir ‘‘Uciine division répondant aux éléments osseux des Poissons 'Oi'dinaircs. Les deux mâchoires, ou du moins les parties qui en tiennent *'eu, sont appenducs au crâne par rintermédiaire dhme pièce ^'lique dans laquelle Cuvier voit le tympanique, le temporal, le iugal et l’opercule réunis. La queue des Plagiostomes est établie sur le type hétérocerque. Leure dents ne sont point implantées dans les cartilages qui ^fvent de mâchoires, et comme elles dépendent plutôt de la partie %umentairc que du squelette lui-même, de Blainville a rangé les buissons plagiostomes pantd ceux qu’il nomme Dermodontes. Le cérveau est plus développé que chez le reste des animaux de même classe. 11 est également supérieur, dans sa conformation, à des Batraciens, et les organes des sens, principalement celui la vue, participent à cette supériorité. L’oreille est assez compliquée, et le vestibule qui est renfermé, ^insi que les canaux semi-circulaires, dans la substance même du ^fàiie, présente une matière grumeuse qui tient lieu de la pierre ^hditive de presque tous les autres Poissons. Les mouvements sont variés ; l’activité vitale est très développée, autant qu’on a pu en juger, les instincts sont supérieurs à ceux 'lue manifestent ordinairement les autres animaux de la même classe. Les Plagiostomes sont essentiellement marins ; quelques-uns *^■^0101110111 cependant plusieurs des grands fleuves de l’Amérique **0 leur sont même spéciaux, ainsi qu'à certains de leurs affluents. Tous les Poissons plagiostomes sont remarquables par la dis- position compliquée de leurs organes de reproduction. Leux du sexe femelle consistent en un ovaire simple ou double, *bais toujours assez volumineux, et les œufs ont un vitellus con- sidérable. Les oviductes se dilatent vers leur partie inférieure Une cavité qui peut être comparée a une sorte d’utérus dé- *^oublé. Ce n’est qu’au-dessous de ces dilatations qu’ils se réu- ssissent l’un à l’autre pour former le vagin, qui conduit au cloaque io produit delà génération. Certains Plagiostomes sont ovovivi- P'^^i'es, et il en est, comme les Carcharias, chez lesquels le fœtus hxo à l’organe utérin de la mère par une sorte de placenta i^ourni pnr la vésicule ond)ilicale; c’est ce qu’on avait déjà observé temps d’Aristote. D’autres sont ovipares, et leurs œufs, dont le 'dellus ainsi f|uc l’albumen sont toujours volumineux, ont sou- POISSONS. vent une foi-mc très singulière, et des appendices, quelquefois prO' longés en longs fdaments, partent alors des quatre angles de le U’’ enveloppe, ce qui les rend j)lus bizarres encore. Il y a des Plagiostoines dans toutes les mers, et la sous-classe dominaux. ttii trouve toutefois, dans certains points de rorganismc des Hbombifiîiais , des i)articularités rpii justifient leur séparation forme de leurs écailles et par la position de leurs nageoires, mais leur queue est presque aussi bétéroeerque que celle des llbom- l'ifères, et, comme ces derniers, ils ont le bulbe artériel iiourvu de deux rangées de valvules multiples, ce qui n’a lieu dans aucun des poissons écailleux, soit malacoptérygicns, soit acauthoptéry- giens dont nous parlerons sous le nom de Squamodermes. Toutetois leurs valvules sont moins nombreuses que celles des Léjiisostees cl des Folyptères ; il y en a six seulement a la rangée antérieure et cinq seulement à la postérieure (1). Plusieurs auteurs récents classent les Amies parmi les (nino'ides et les rapprochent des Hbombifères. Suivant M. Heckcl, les l\ota‘us les Cyciurus, genres de poissons fossiles dans les terrains ter- tiaires de l’Kurope, seraient do véritables Annadés,ct l’ou a même pensé qu’il fallait aussi classer avec ces animaux les Cêlacanlhes et les /Joloptyclddés do M. Agassiz, dont les especes toutes éteintes ent principalement vécu pendant les époques dévonienne et car- l'onifèrc. On ne connaît, dans la nature actuelle, qu’une seule espèce d’Amie : VAmia calva, des eaux fluviales de l’Amérique. Ordre des Sturioniens. Les Bturioniens sont des Poissons qui se rattachent aux Plagios- lenies par la consistance cartilagineuse de leur squelette, par leur Leuche ouverte inférieurement, par la multiplicité des valvules de •f-'ur bulbe artériel et par la disposition spirale de leur intestin, mais flui Ont en même temjis les braïuhics libres et operculées des Pois- sons ordinaires. Leur squelette présente plusieurs particularités, P^U'mi lesquelles nous signalerons seulement la persistance plus ou (le 1(1 corde ilorsulG. Leur ([ucuc est li(!lcroc(‘i'<[Uüj ils sont pourvus (Luiic vessie iititîitoh'e considérable^ larfuelle Voyez : Vogt, loco cilato^ p. 60, et H. Fruaque, XonnuUa ad Aniiam cognoscendam ; Thèses de l’Cniversitc de I3crliu, 1847. 246 rojsso.'is. communique avec l’o'sopliage par uiie ouverture assez ample. Leur p(aiu a’a point cl’éeailieSj mais on remarque ordinairement à sa surface un grand nombre de ])laques osseuses. Les nageoires ventrales restent en arrière de Fabdornen. Cet ordre comprend deux familles : lès Acipenséridés et les Po- lyodontidês. famillt' des ACll’ENSÉHlDÉS. — Les espèces, connues sous la dénomination gaineraled’EsTiaun'.o.vs (g. .'lcî)jeMser,L.), sont de grands et bons poissons que Ton reeberche partout pour leur chair, qui est excellente; pour bnir vessie natatoire, qui sert à faire Vichthyocolle, et pour leurs (euts, dont on prépare une substance nutritive connue sous le nom de caviar. Elles babitmit la nier yiendant une partie de rannée et remontent régulièreinént dans les tleuVos; nulle part elles ne sont plus abondantes que dans b^s régions de la mer Noire et de la mer Caspienne. On eu pêche beaucniq) dans le Danube, dans le Dniester, dans le Volga et dans l’Oural; et c'est principale- ment sur les bords (b‘. ces lleuves que, de temps immémorial, ou prépare, l’icbthyocollc et le caviar. Pallas, et plus récemment M. Drandt, ont établi avec soin les caractèi'cs di.stinctifs de ces Es- turgeons dont on connaît maintenant huit espèces (I). Cinq d’entre clbis sont plus sotivfmt (sitées que les autres, ce sont: VAcipenser huso (tu Ifmiser, connu dans le pays sous le nom de Bé- luga ou Bielaga ; l’.i . D’w/f/CTîsfflofù', vulgairement nommé Osseter; ]A. rutliemis, dit Sterlet; l’.4. stellatas ou schery, sewraqa, etc., et VA-, stiiriü ou Esturgeon ordinaire. Ce dernier se montre aussi eu lùo. 39. Italie, dans le midi de la France et dans nos grands cours d’eau versant a l’Océan du dans la Manche. Il y a aussi des Esturgeons dans les grands fleuves de l’Amérique septentrionale. (1) Voir pour la description monographique des anini.iux de ce 'genre: Brandi, Medimnische Zoologie, -t. U, p, pi^ | ^ 4. - — Voyez aussi Xnîi. der Mimium, STL'RONIENS. 2/l7 Le caviar est un alhiieut fort usité dans la Russie et dans c.er- ^fénes parties do rAutriche, mais qui u’a rien de délicat s’il est mal l'i'éparé. Il entre pour une proportion considérable dans l’alimen- tiition azotée des ■class('s [>auvres. On le porte en abondance sur ‘■eWains marchés. Le caviar de première (pialité et en particulier ^elui d’Astracan est fort n'c.bercbé comme entremets, et en Alle- 'luif^ne aussi bien qii’cm Russie, on le sert sur les meilleures tables. Quant à Vichihyocolle, c’est une gélatine de bonne qualité et très employée, pour l.’alimentatinn ainsi que dans l’industrie; elle est fournie par la vessie natatoire des Esturguams. Cette substance, a fiiquolle les droguistes substituent souvent de la gélatine de corne fie cerf, d’os ou de (cartilages, est expédiée sous des états un peu différents les uns des autres, ce qui la fait dire en lyre, en cœur ou en livre. On sten sert pour la préparation des gelées alimentaiiaîs, fins! que pour la clarification des vins blancs, de la bière, etc. La vessie natatoire des autres Poissons a les mêmes caractères ofiimiques et peut servir aux mêmes usages ; et, dans plusieurs pays, ffii prépare une ichthyocolle avec la vessie aerienne d<‘S fiadis. Celle de certains Silures do l’Amérique méridionale, tels que le Ma- clioiran de Cayenne, est recberchée dans le même but, et l’on en fait de môme pour celle de ipiclques Silures indiens ; entin, Pereira décrit, sous le nom A’ ichthyocolle du Para (1), une tausse icbthyo- Oülle qui paraît être tirée des ovaires du Vastré. Le ScAWiiiuiyNüi'E (g. Scnphyrhynchus) est un jxiisson de 1 i mo- fifiue septentrionale (|ui rentre dans la même famill(3 que les Estur- geons, mais qui doit toutefois y former une tribu à part. Famille des POLY.ODON'flDÉS. — Los l’olyodons (3U Spatulaircs (g- Spatularia' ont beaucoup d’analogie avec les Esturgeons jiar f’ensemble de leiu’ structure anatomique, mai* d* t*fat ta corde dorsale persistante ; leur opercule supporte une longue membrane Rrii Hotte de chac(ue ci'ité de leur corps, et ils ont le lostrc prolongé sous laforme d’uire large feuille spatidiforme, ce qui les a fait appeler feuilles ou .spatules, et leur a valu la nom générif|ue de Spatularia, par lequel les naturalistes les désignent. Ces poissons, dont .M. Al- bert Wagner a donné, il y a ([uelques années, une descriidion auatoinique (2), sont particuliers au Mississipi et a ses allluents. (t) Para isincjlass, Pcrcira, Uleoi of mat. medic., l. II, 22:î() .Ir la 3» éM. trouve dans le même auteur des (UUails iiitcressaiits rclativemeiU aux dilîé- rcQtes sortes d’Ichthyocolle qui se vendent dans le commerce de la droguerie. (2) Thèses de rnnivérsité de Uerlin, année !8i8. 2^8 POISSONS. III. SOUS-CL.4SSE DES TÉLÉOSTÉEiXS. Les léleostécns de M. Muller ou les Poissons osseux de Cuvier, moins les Rliombifères, dont nous avons déjà parlé (1), consti- tuent la sous-classo la plus nombreuse. Non-seidement ils abou' dent dans les dillerentes mers et dans les eaux tluviales, mais ils ont aussi été nondireux pendant la période tertiaire. On constate au (.untiMire cju ils étaient plus rares durant les époejues secon- daires supérieures et l’on n’en cite qu’un très petit nondire dans les dépôts jurassiipies; il parait même qu’ils manquaient tout à fait aux faunes piimaircs dont les poissons appartiennent principalement aux deux sou.s-classes des Oanoïdes et des Plagiostomes. Les Téléostéens ou Poissons osseux ont, sauf quelques rares exceptions, le squelette de consistance solide et leurs os consti- tuent do vciittibles arêtes, leur bulbe artériel n’a que deux val- vules et, sauf une seul genre (2;, on ne leur trouve pas la disposition spirale de rintestin qui caractérise les espèces des deux sous-classes pi’écédcntes. On distingue facilement plusieurs ordres parmi ces animaux- Les Squamodermes ou Poissons écailleux répondent aux Acan- thoptérygiens et aux Malacoptérygiens des auteurs, ainsi qu’aux Cténoïdes et aux Cycloïdes de M. Agassiz. Les Silures, quelque- fois placés parmi les ttanoïdes, les Lépidosirènes, qui sont dans 1® même cas, et les Ostcodermes ou les Plectognathes et les Lopbo- branches doivent en être séjiarés. Ordre de.s Si|nnmodcrmcs. La grande division des Poissons ordinaires ou Poissons à écailles qu’on lient appeler Squamodermes, c’est-à-dire Poissons écail- leux, comprend un nombre très considérable d’espèces, et plus particulièrement celles dont les formes nous sont les plus familières. Répandu sur tous les points du globe, aussi bien dans les eaux douces que dans les eaux salées, cet ordre ne fournit pas moins de 5500 espèces a la faune ichthyologiquc de notre époque (.3 ; . Ou (1) Page 242. (2) Le Lépidosirène. (3; On en trouve la description détaillée dans VHisloire naturelle des l’oissons publiée par Cuvier et Valenciennes. SUUA.MODER.MES. 2i9 *j|)serve aussi des débris appartenant à des Poissons analogues dans les dépôts d’origine tertiaire, mais, ainsi que nous l’avons déjà dit. Ils deviennent plus rares à mesure que l’on descend la série des formations secondaires, et l’on n’en signale (pi’avec doute anté- l'ieurement à l’époque jurassique. Ces Poissons ont le squelette de consistance osseuse ; la tête de- coinposable en un grand nombre de pièces; les mâchoires mobiles; 'los os sous-orbitaires ; un appareil operculairc complet ; des os lirancbiostégeset les branchies toujours pectini formes. En outre, leur bUGue est établie sur te type bomocerque; leur bulbe artériel n’a jiônais que deux valvules, et leur corps est constamment recouvert tl’écailles proprement dites, plus ou moins apparentes, tantôt cy- rloïdcs, c’est-à-dire à contours arrondis, tantôt cténoïdes ou denti- ciilées sur leur bord libre. C’est ce ([ui les a lait distinguer eux- ^•èines par M. Agassiz en deux grandes c.atégorics sous le nom de ^ycloïdes et de Cténoïdes. Antérieurement on avait eu recours, pour It's partager en deux groupes, îi la nature épineuse (Acanthoptéry- yiens) ou molle [Malacoptérygiens] des rayons do leur dorsale. Cette distinction, déjà proposée au xvin' siècle par Artcdi, est en général facile à vérifier, et G. Cuvier y a eu recours dans sa classification. Chez les Poissons Acanthoptérygiens presque tous les rayons fini soutiennent la nageoire dorsale dans sa partie antérieure, ou première dorsale, lorsqu’il y en a deux, sont rigides, d une seule pièce (1 ) et non articulés ; ce sont habituellement ilo véritables aiguillons, comme on le voit pour la partie antfîrieuro de la dor- sale, par exemple dans les Perebos ou dans les Vives. Chez les Malacoptérygiens , au contraire, tous les rayons, saut 'léanmoins les deux ou trois premitîrs, sont multifides, et chacune leurs divisions se compose, comme c’est aussi le cas pour les 'Cendires, la queue et l’anale de ta jtlupart des autres Poissons, ci Une multitude de petits articles super])os(is les uns aux autres. Par suite d’un changement singulier dans les rapports des mem- l»res avec le tronc, les Poissons acanthoptérygiens ont presque généralement les nageoires ventrales rejetées en avant et placées **uus la gorge à la base des {)ectorales, ce qui a fait dire qu’ils sont J^’gulaires. Certains Malacoptérygiens auxquels on donne, à cause de cela, (1) Chaque rayon rcsullc néanmoins de la soudure de deux éléments, I’uq et l’autre gauche. POISSONS. 250 le nom, à peu près équivulcnf de Siihhracidens, présentent la même disposition, tandis qu’au contraire lapliqiart des autres Poissons à écailles ont his nageoires ventrales dans la position normale, e’est-iV dire en arrière de l’abdomen, et sont appelés AMonu'noiw. Presque tous les Poissons abdominaux étant en même temps ma- lacoptérygions, on a réservé cette dernière dénomination pour eu.'i seuls, et les rares Acanthoptérygiens qui 1(> sont aussi, ont été géné- ralement mêlés aux familles de la catégorie des Jugulaires. Tels sont en particulier les Atbérines, petits poissons de nos côtes, dont l’apjiarenee extérieure rajipelle à beaucoup d'égards cella des Clupes ou des Allies. Entin, il est une troisième sorte de Poissons à écailles dont le caractère consiste à manquer de nageoires ventrales, mais ceux-ci constituent encore moins un groupe unique. eJ naturel. Il en est qid appartiennent par leurs autres caractères à la série des Acanthopté- rygiens ou à celle des iMalacoptérygiens abdominaux, tandis que d’autres sont des Malacoptéi^giens subbracbiens, ou bien encore difl'èrent par la totalité de leui's caractères des autres familles ad- mises dans les divisions que nous venons d’indiquer. Cependant on a établi un groupe des Ajjodes, lequel est principalement con- stitué par les Anguilles (d genres analogues. Ce groupe dépend de la série des Malacoptérygiens, (|uunt ii la forme des nageoires dor- sales, et des Cycloïdes, quant à la forme de ses écailles. 11 parait faire suite aux iMalacoptérygiens subbracbiens et plus particuliè- rement à ceux de la famille des Gadidés. A ces dilîérentes dispositions susceptibles de servir à la caracté- ristique et à la classificatioji des Poissons écailleux, il s’en joint plusieurs autres (|ne l'on jieut aussi employer dans le même but. Ainsi il y a des Poissons écailleux, comme les Labn-s et quelques autres, qui ont les jibaryngiens iid'érieur.s réunis yPItiiniiujnynnthes, iMulb), et d’autres (les P/ii/mlomes, iMull.j chez lesquels la vessie natatoire' a toujours un canal aérien. Cette, dernière disposition peut etro e.onstatée chez les Malacoptérygiens abdominaux, ainsi que chez les Anguilles et autres Apodes proprement dits. Alalgro toutes ces remarques, à la fois intéressantes pour la zoo- logie i>ropreinent dite et pour l’anatomie, on n'est point encore parvenu a classer avec précision et d'une manière entièrement naturelle 1 ensemble des espèces rjue nous réunissons sous la dé- nomination de Poissons squamodermes, soit que. l’on ait fait préva- loir avec Cuvier la nature épimnise ou molle des rayons, ou que l’on se soit uniquement guidé avec M. Agassiz sur la forme cténoïde SQÜAMOIIERMES. 251 cycloïde des écailles, ou enfin que l^on ait combiné, ainsi que ^■'essayé plus récemment M. Muller, (æs deux ordres de caractères M’cc ceux de, lu présence ou au contraire de l’absence du canal ''•“rien de la vessie natatoire. * *n éprouve toujours une ditlicullé réelle a répartir d une manière ••bsolunient naturelle les nombreuses familles de cette grande "•'Vision, et la classification intérieure de cbaipio famille aurait elle- ""'“nie besoin d’être reprise conformément à des ]irincipes un peu différents. de ceux d’aiirès lesquels on fa établie. Atin de nous éloi- f’ner le moins iiossible de foi'dre àdojité par Cuvier, nous par- '"rons d’abord des Acantli(>iitériiijien»,\m^ des SubOracliiens et des d/>o(/es, et nous terminerons par les Abdominaux. ^oiis avons retiré de la grande division des 1 oissoiis écailleux "•uit-geulcment le Lépisostée et le Polyptère, types de notre ordre des Hhombifères, mais aussi tes Silures, (|uc leur squelette aussi •^ien que leurs téguments en éloignent évidemment. lintin> pour ne pas trop multiplier les grandes divisions ichthyo- •egiques, nous parlerons ensuite d’un groupe tort singulier di, •^"issons, les Lé/jidodrènes, qui ont des écailles comme ceux cpii Vont êtri' décrits ici mais cbez lesquels la colonne vertébrale ne m’ossifie pas. M. Muller a fait des Lépidosirtmes uni* sous-classe ii l'îtrt sous le nom de IHpmn, rappelant que leur vessie natatoire "Iffi est dédoublée a une structure analogué à celle des poumons des vertébrés aériens, et peut sans doute servir aussi aux memes ""sages, quoique ces poissons aient en même temps dos blanchies. Sons-ordre des Acanthoptérygiens. ds présentent pour caractèie essenlie! d’avoir la partie anterieure de la nageoire dorsali' soutenue par des rayons épineux, ce ipii leur "* valu le nom A' Acanthoptérygiens ou Acnnthoptères. Leurs 'nageoires ventrales sont (ii'csquc toujouis placées sous les P'-etorales; leur vessie natatoire n’a point de canal aérien, et ils "»it, en général, les os pharyngiens dislincts l’un de l’aulre. Quant leurs écailles, clics sont souvent établies sui le ty(ie ctenoidien, "l"*<^'iqu’i.l y ait des familles entières, coiiune les Scombéroïdes et au- •"'•"s poissons analogues, qui soient cyeloidiens. La famille des Labres Pi'éseiite même fini ou faiilrc caractère, suivant ipie l’on étudie, tel tel de ses genres. Cette, famille est en même temps du [letit "onibre de celles qui ont les os pharyngiens inférieurs soudés sur ligne ni(’’diane [Pharyngognathi, Muller). 252 POISSONS. Le sous-oi'clre des Poissons acantlioptérygiens ne compte pss moins de 3U00 espèces. Il est surtout propre aux eaux salées, quoique certaines do ses espèces remontent ilans les eaux douces ou leur sont, même particulières, comme les Perches, les Ghahols et les Kpinoches dans nos contrées. Presque tons ces poissons soid ovipares, et leur ponte a lieu avant la fécondation. Il y en a ccjjcU' dant qui sont ovovivipares, comme un grand nombre d'espèces du groiqx! des Hlennies, et l’on a récemment découvert sur les côte^ de la Californie un genre voisin des Perches, celui des Embiotüca, dont la génération a lieu suivant cc dernier mode. D’autres Acaii- thoptérygiens sont plus curieux encore sous le rapport de leurs organes reproducteurs ; ce sont les Serrans, dont il y a des espèces sur nos côtes de la INIéditerrunée [Scrraniis scriba, cabrillu et hepo.' tus) ; leurs glandes génitales fonctionnent à la fois comme testicule et comme ovaire, et elles fournissent simultanément des zoospermes et des ovules. Cette particularité, fait de ces poissons de vérita- bles bermaphrodites , elle n’existc, point pour les espèc.es plus voi' sines des Serrans, les Mt'u'ous par exemple. L('s anciens avaient déjà vu quelque chose de cela, mais ils croyaient que leurs Xawr,, qui sont sans doide nos Serrans, étaient tous femelles. Cavolini montra aux naturalistes du xviii” siècle que le Serranus scriba a dans la })artie inférieure! de l’organe qui paraît représenter uniquement l’ovaire, une portion blanchâtre qui produit de la laitance; et, tout récemment, M. Dufossé, qui en a étudié le produit au microscope, a montré que la sécrétion de cette partie est riche en zoospermes, tandis que le reste de l’organe fournit des ovules. M. Dufossé a même réussi à opérer la fécondation artiticielle en agissant par lu premier de ces produits sur le second. Si l'on s’en ra[)porto à l’ensemble des caractères, on reconnaît assez aisément quatre grandes divisions do Poissons acanthoptéry- pens : 1" ceux qui ont plus de ressemblance avec les Scombres, Thons ou Ma(pier(!aux ; 2“ ceux qui ont di! l’analogie avec les Perches; 3“ ceux (jui tiennent davantage aux Hlcnnics; â» les Labres et quelques autres peu dilbirents, comme les Scares, etc. Nous avons déjà dit que ces derniers étaient les Pharpngognathesiia iM. Mullei’- Gli. Bonaparte donnait aux autres, dans plusieurs de ses tabh'au.’i^ de classitication, le nom de Perew, Scombri et Plennii, et il a inscrit les Pharyngognathes enx-mêmes sous le nom de Labri. Nous nous bornerons à donner quelques indications sur les principaux groupes d’Acanthoptérygiens, indications ((ui seront plus directement relatives au but [)rincipal de cet ouvrage , ■s SQUAMODERMES. 253 nous suivrons à peu près complètement Tordre adopte par Cuvier dans son Règne ^•duial, quoique les tra- ''aiix des ichthyologistes Contemporains aient mon- qiTil (lovait être modifié plusieurs points. Nous parlerons donc suc- cessivement des ditlérentes 1^'Unillcs des Percidos, des '^^l'jlidés, des Sciénidés, ’^cs Sparidés, etc. La famille des TpRCl- ou Percoïdes, Per- ches, etc. (g. Perça, L.], a clé divisée en plusieurs 'Autres dans les (Tnniières TuLlications iclithyologi- *^|cies. (i. Cuvier et M. Va- lenciennes , qui en ont *1011110 la monographie dans lour grand ouvrage sur l(;s P • ^ oissons, y rapportent les l'crches, les Bars ou Loiqis fe' Labrax ), les Apogons^ CS Sandres, les Gremilles, les Cerniers, les Vives, les L’ranoscopes, les Mulles et ‘caucoLip d’autres encore, *lont les espèces sont également bien connues. Tous ces poissons servent à Taliinentation. Les Perches proprement dites [l'erca fliwiatilis, etc.), qui vivent les eaux douces de l’Europe, ont été étudiées anatomiquement plusieurs auteurs et eu particulier partr. Cuvier. Aussi les cite- *'ons-nous souvent comme type des Poissons ordinaires. Nous en *lonnous le système vasculaire, d’après Cuvier lui-meine. e " O'-emello Ju cœur. S. Veut. Icilc. c. B>‘n>= “pcricl. d. Sinus veineux precêdniil l'orcIieiK!. ruV""!'' «nus veineux de lu iMe. /./. G'»"-;». '.''“A'*- t*'” œ'Se rec, 1“ sang dans les diliërcntes parlies du corps, excepté à '■"'vent des Ijrnnches mm, éniuuées directruiimt des veines lirinchiales. rmssDffs. Les Vives (g. Tracliinus), donl on lait maintenant une. famille’ i' pai'L ont les écailles cycloïdes, tandis que celles de la plupart d‘’^ autres Porcoides de Cuvier sont cténoïdes. Leur preinii're dm’' sale est courte et soutenue par des rayons qui divergent lorsque 1 animal les redresse, et (|ui, étant torl durs, occasionnent souyvn^ dûs accidents; aussi dans certaines localités a-t-on soin do coupû*' ces épines dès que le jioisson vient d être pêché. Les accidents dus a la piqûre des Vives, sont parfois assez graves, et la douleur qu’ils occasionnent est hahituellement très ardeiih’' Lés \ives paraissent d’ailleurs savoir se servir fort adroitement d*’ cette arme, et <;omme dans beaucoup de cas elles se cachent suiP le sable ou dans la vase , les gens qui marchent dans l’eau son^ souvent piqués par elles. C est en particulier ce qui a lieu pour la Vive vipère [l’rachinu^ vipera] des côtes occidentales de l’Europe, qui est le Puckel Ostendais : les pêclieurs de Crevettes qui entrent dans l’eau et y marchent pieds nus sont surtout lilessés |iar ces poissons. La Vive AnAiirvÉE ( Trathinm aranen] ,■ que l’on désigne sU*' noti’o littoral méditerranéen sous le nom A Aragne , est depu'^ longtemps fameuse par les pi(|ûres douloureuses qu’elle fait aU-’' baigneurs et dont la guérison a donne lieu à des préjugés hizari'cS' Fis, 41. — Vive araignée. C’est surtout par leur action déchirante que les aiguillons des Vivr^ sont redoutables, et lorsqu’ils ont agi sur les aponévroses,, les doû' leurs qu’ils occasionnei.it sont d abord aussi insupportables qu'im quietunles. Comme, à tout prendrtq elles ne durent .jamais birû longtemps et qu’il n’en résulte pas des phénomènes bien sérieu^i on comprend comment certaines prathpies insignifiantes ont passt’ et passent encore pour un très bon moyen de les guérir. Rondelet parle des Vives de la seconde espèce sous , le nom à’ Araignée de mer. Voici ce qu’il en dit : « Après la tête, au commencement du dos, il ha ciqn éguillon^ menus, noirs, fort pointus, joints l’un avec l’autre ’ne peau SQTJAMO-nEUÎIES. ^55 mince é noire, desquels il picque é fait plaie envenimée é bien plus dangereuse ciue des éguillons des couvercles des ouïes. 11 est iioimné Jhwion, connue très bien dit /Klieii, a cause de la teste, des ieux, des éguillons veiumeux, lesquels ieux sont grands é beaux... Nature ira point dépourvu les hommes contre le venin lable épaississement de la crête occipitale, et nous avons signalé (1) des corps analogues recueillis à l’état fossile dans la molasse du midi de la France. La famille des bCÜMBËItlDKS a pour type les Maquereaux (1) P. Gerv., lool. et Pal.franç., p|. 68, fig. 3t et 35. SolIAMODRKMKS. 257 [Scomher scomhrus, Scomber pneumatopliorus, etc.j^ (jui sont une si grande ressource comme poissons alimentaires, et auprès desquels viennent st; y)lac,er un prand nombre d’autres espèces également utiles et ayant pour la plupart la chair également colorée. Tels sont le. Thon iScomber thi/nnus), la Tonine [Sr.ombc.r thunina], la Bonite Scomber pelamys) , l'Espadon [Ài/ibias f/ladrus] , les Gai'aiiK [Scurnbe)' ft'achurusi, etc.), vulgairement nommes Gascons sur nos côtes de la Aléditcrrannée, et Poor sur celles de la Belgique, la Carangue dns Antilles (Scomber corungus], et beaucoup d’autres formant, connue ceux que nous venons de citer, autant de gema's à part dans les ouvrages d('s ichthyologistes modernes. Les Dorées ou Poissons Sa'mt-Pierre (g. Zcus\, les Coryphènes g. Curuphœmi), et d'autres poissons non moins rechere.hés comme aliment, rentrent aussi dans la famille des Scombéridés. LHielques Schombéridés paraissent avoir donne lieu a des acci- dents toxiques, mais dans certains cas seulement. Le Ihon, lors- 'pi’il est un peu avancé , donne la diarrhée ainsi que des rou- geurs. La famille des CÉPOLIDKS [Poissons rubanés ou Tœnioides de Cuvierj, qui fait suite aux Scombéridés, a pour type les Cépoles Un l’oissons-rubans (g. Cepoln,. Les Lépipodes, les Lophotes ou Jarretières, les Tricbiurcs, les Gymnètres, et (luehpies formes non 'Coins bizarres, en font également j)artie. La famille des TEGTHIDÉS, ou Teuthies, rentre dans la forme 'U'dinaire; ses espèces sont marines et assez peu nombreuses. Les Ac.vntiiures (g. Acauthuriis] sont des T(mtbidés qui ont de cluu[ue côté de la ((ueiie une forte; épine mobile tranchante comme "Ce lancette, au moyen de, laquelle ils font de foites blessures "Cx personnes qui les prennent sans précaution. La famille des .ANABATIDLS, possède Uent à elles seules quatre les trois quarts de la longueur du corps. L(‘s Amphisiles vivent dans la mer des Indes. 11 y a des Centri»- ques dans la ^iléditerrani'c. La famille des LAHlUltFH ou Labroides, par laquelle nous Icr- itiinerons ce qui est relatif au sous-ordre des .Acanthoptérygiens, a pour genres princip.aux les Larhes {Lahriis], dont il y a plusieurs espèces sur notre littoral , principalement dans la Méditerranée ; 'es Girelles (go Julis], les Basons (g. Xirichthjs), etc., auxquels on a également associé les Scurcs, ou Poissons perroquets (g- Scarus], et les C/iromis, auiourd'hiii famille des Chromidés. II y « parmi ces 260 POISSONS. derniers une espèce fluviatile, le Chromhniloticus,q\x\ a été recueilli dans plusieurs parties de l’Afrique, mais plus particulièrement dans le Nil. Les Poissons de l’Afrique australe, qu’on a appelés Tilaspis, et ceux du Sahara algérien, que nous avons nommés Coptodon, paraissent être identiques avec les Chromis du Nil. Sous- ordre des Subbrachiens. Les espèces de ce sous-ordre ont les membres abdominaux ydacés sous la gorge, comme les Acanthoptérygiens, mais les rayons de leur première dorsale sont mous, c’est-à-dire multifides et multi- articulés, ce qui les range parmi les Malacoptérygiens. G. Cuvier en fait son ordre des Malacoptérygiens subbrachiens. M. Agassiz les classe parmi les Cténoïdes ou parmi les Cyc.loïdes, suivant la forme dentée ou arrondie de leiu’s écailles ; en ell'et, les Pleuronec- tidés ont les leurs établies d’après le type eténoidien, et celles des Gadidés sont cycloïdicnnes. Il paraît que la vessie natatoire des Pleu- ronectidés et des Gadidés man((ue constamment de canal aérien. La famille des PLEURONECTtDLS (g. Pleuroueetes,h. présente, entre autres caractères, une inégalité constante desileux côtés du corps, et cette inégalité est telle qu'il en résulte un défaut com- plet de. symétrie : l’un des côtés est plat et étiolé, tandis que l’autre a une convexité régulière, et prend une coloration comparable à celle qu’ont habituellement les jiarties dorsales chez les autres pois- sons. C’est le côté étiolé qui est tourné vers le sol pendant que les Plcuronect(!s nagent, et comme il y a une torsion adventive de la face, les deux yeux se trouvent portés du côté opposé. Cependant l’em- bryon a la forme régulièrement équilatérale des autres Poissons (1 • La famille des Pleuronectes nous fournit d’exeidlentes espèces de Poissons, celle que l’on désigne par la dénomination de Poissons plats : le Turbot, la Barbue '2 1 , le Flétan (?>', , le Flet, la Plie 7i > , le Car- relet, la Limande, la Sole et beaucoup d’autres encore. La chair de ces Poissons est blanche, de bon goiit et de facile digestion. Les Pleuronectes sont en général des Poissons littoraux surtout a l’époque du frai. On les trouve à peu de distance des embouchures, (1) Voyez Van Benedcn, Bull, de l’Acad. de Bruxelles, t. XX, n" 10. (2) Grietje des Flamands. (3) Pelbot des Flamands. (4) Pladys des Flamands ; Plane des Languedociens. Sur les rôles de la Hol- lande et de la Belgique on on prend en grande quantité et souvent pendant plusieurs jours de suite; on les sale et on les dessèclie. Sous cctlc dernière forme ils constituent le Schol des Belges. 261 SQTJAMOHERMES. et il en est qui, dans certaines occasions, remontent même assez haut dans les fleuves. Quelques-uns de ces Poissons n’ont qu’une seule paire de na- geoires memhrales (g. Monochir), et il en est qui en manquent tout à fait ig. Achiru^]. Chez ces derniers, les nageoires impaires sont plus étendues que chez les autres, soit eu avant, soit en arriéré, et elles peuvent même, se confondre avec la caudale. Tel est le cas de certaines espèces particulières à la mer des Indes, dont on a lait le gene Plagusia. La famille des GADIDÉS appelés aussi Gadoïdes ou Gades (o- Godus L ), ne présente aucune exception à la forme ordinaire. Elle fournit un bon nombre d’espèces à la faune maritime des ré- gions froide.s et tempérées de notre hémisphère Quelques-unes sont en même temps fluvialiles, ' telles que les Lottes 18- ^^]. Parmi les Gades, qui sont exclusivement marins, ligure nommée Cabéliau dans nos parages de l’Océan et de a ^ anc le l’Égrefin , le îilerlan , le Merlus et d’autres encore. Ces 1 oissons oiU la chair blanche, disposée par écailles et facile a digérer, s en trent pour une fraction notable dans l’alimentation poissonnière. Le plus important sous ce rapport, et en même temps celm (hi toute la ctaLc qui d'o.mc lieu »oKbo„sactiou,lc» plus et qui occupe I» plu» b».* P«l <'•■« '' "e'"" la Morue. 1 de e GaMcs 1 . pout cocactecs pviueipaua d-étre poufvu de Im.a Fig, 42, — Mome- nageoire’s dorsales et de deux anales, et d’avoir un barbillon unique ^ousla mâchoire inférieure. Elle abonde dans certains parages de l’océan \tlantique boréal, plus particulièrement aux environs ite Terre-Neuve, où il s’en fait une pêche extrêmement productive. C’est de là que viennent la plupart des Morues sèches et salees que l’on apporte dans les régions tempérées de l’Europe et dans les pays -62 rcKSSONS. méridionaux. Cette industrie occupe un ^u'and uoiuhre de bâti- ments; les ports de ( Iranville, de Saint-Malo^ de Dunkerque et d’Os- tendey pnmnent une part active. [I y il des Morues jusque sur nos c(')tcs. Du les y désigne par le nom de Cabeliuu, et on les mange fraiclies. La morue desséchée s'appelle Stokfiscli. lndé|)endamnienf de son importance comme poisson alimentaire, la ÎMorue est aussi d'une grande utilité à caus(! d(! l'huile, aujour- d'hui très usitée en médecine, cpie l’on retire de son foie. Cette huile plnint Jecoris Moriimœ] était autrefois connue sous le nom Apleum Aselli majoris, et la Morue, elle-même était appelée Asellus Major. Pendant longtemps elle n'a été em})loyée que pour l'éclai- rage ou les usages industriels ; cependant les gens du peuple, prin- cipalement ceux des régions littorales de l'Angleterre ou du Nord de l'Europe, s’en servaient cm frictions contre les rhumatismes et quelques autres maladies, mais on ne la voyait guère figurer dans les ordonnances dc's médecins. C'est 00 Acides fellinique et cholinique n’Ôlr Itilifulvine et acide bilifcllini(iue Matière, soluble dans l’alrool à 3Ü degrés. . Mat. insol. dans l’eau, l’alcool et f éther. . Iode Chlore avec un peu de brome Noire. Brune. Blanche, 96,783 71,757 74,033 16,143 1.5,421 11,757 9,741 9,075 10,177 0,159 » 0,074 0,125 » 0,046 0,299 0,062 0,043 0,876 0,443 0,263 0,038 0,015 0,006 0,005 0,002 0,001 0,0293 0,041 0,037 0,084 0,159 0,149 26/j rorssoxs. Bi une. Noif. Blanche. Acide phosphoriqup 0,034 0,079 0,091 Acide sulfurique 0,010 0,080 0,07t Phosphore 0,0075 0,0114 ü,0-'l ^*”*’'* 0,082 0,012 0,009 Magnésie 0,004 0,012 0,009 0,018 0,068 0,035 2,369 2,603 3,009 100,000 100,000 100,000 L iluilc de foie de momie est miiinfeiiaiit d'im usage on ne juud plus fréquent, et Fou s'en sert contre un grand nombre de mala- dies. Les afléctions tuberculeuses ou scrofuleuses sont celles dans lesquelles ou en obtient les meilleurs résultats, tl est maintenant peu d'eufants qui ne (ireuuent ou iFaieut pris, pendant quelque temps, une certaine quantité de cette huile, qui sert à la fois d'agent nutritif et déjiuratif, en même tenqis qu'etle a, malgré la saveur désagréable et nauséabonde qu’on lui connaît, des qualités api'ri- tives; c’est aussi un excellent moyeu prophylactique. Lertains adultes s eu accommodent d’ailleurs aisément, et le plus souvent les jeunes enfants ne s'aperçoivent mèm,e pas du goût particulier qui rend cette huile si insupportable à la plupart des grandes per- sonnes. Le principe odorant de l’huile de foie de morue et surtout l’iode que cette huile renferme, confrihuent puissamment à lui donner les propriétés dont elle jouit. Il faut ajouter que sa nature grasse en fait aussi un d’aliment respii-atoire. Jadis un prescrivait les dents de ce poisson réduites eu poudre et porphyrisées, ainsi que les pierres iV'. sa tète, à la dose de 10 à 30 grammes, comme absorbantes et bonnes contre l’épilepsie ou la diarrhée ; sa saumure servait comme résolutive et dessiccative appli- quée a 1 extérieur, comme laxative donnée en lavemenls,etc. Mais ces usages sont complètement abandonnés aujourd’hui. Sous le rapport medical, c’est V huile de foie de morue qui mérite une seule mention spéciale. Cette huile, qu d ne faut ])as confondre avec l’huile de poisson, avec laquelle elle s’est souvent sophistiquée, s’obtient dans le nord de l’Europe, surtout à Bergen, en Norwége, à Ostende, en Bel- gique, puis a Dunkerque en France, de différentes manières, mais toujours du foie i e diverses espèces de Gadus, particulièrement des Gadus morrhua, molua et carbonarim l remier procède. On expose les foies frais dans de grands ton- SQUAMOPEBilES. 265 "eaux percés de trous et à la chaleur du soleil; il s’en écoule une incolore', hient.U les foies se putréfient, et l’huile qui en pro- '"eiit est citrine ; puis on soumet les foies à la presse, et l’on ob- *ient une huile brune ; enfin on les expose à une haute teinpéra- et l’on a par la presse une huile noire, fleuxiéme procédé. On mêle toutes ces huiles ensemble, et l’on "*^tient ainsi une huile plus ou moins brune dite en ÆoX huile brune. ^ i^vocfidé • Ou chuuttt* fuibloniuiit un baiii-mcivic les foies on les soumet à la presse, et l’on retire ainsi Vhuile inco- puis si on les ehaufle fortement, et qu’on les exprime de nou- '"au, l’huile ainsi obtenue sera Vhuile noire. Sous-ordre des Apodes (Ij. Les Apodes sont malacoptérygicns comme les Subbrachiens et Abdominaux, mais ils manquent constamment de membres ï'alviens, ce qui n’a lieu que très rarement chez les poissons des •^aux ordres précédents. On ne pourrait donc les confondre qu avec ^artaiues espèces de ces deux grandes divisions, qui sont égale- "“aiit dépourvues de membres postérieurs, comme les Donzelles, les ;*'érasfers, etc. (2), parmi les Subbrachiens et les Orestias ou les ^"Lies, parmi les Abdominaux, mais on trouve dans leurs ca- ‘actères de familles des ditl'ércnces qui suflisent pour les en taire '^'stiiijTQg,._ jMalacoptérygiens apodes ont, comme les Abdomi- la vessie natatoire disposée suivant le mode physostome, "est-à-dire pourvue d’un canal aérien; ils ont aussi les écailles "ycloïdes. Tous ont une certaine ressemblance avec les Anguilles la forme allongée de leur corps, et, à cet égard, ils ont aussi 'Ihelqu(. analogie de faciès avec les serpents. C’est ce qui a fait ap- I^lor Serpents de mer quelques-unes des espèces ([U ils fournis- aux eaux salées. Les Apodes ont été partagés en trois tamilles. '’^aniille des MURÊNIUÉS. — Elle a pour principales espèces "S Anguilles et les Murènes. Les Anguilles sont communes dans eaux Iluviati les, surtout dans celles de notre hémisphère. Ja- *"^'s on n’a constaté qu’elles puissent s y multiplier; c’est de la qu’elles y arrivent. Elles sont alors très petites, presque aussi '""s que des fils et tout à fait blanches. On les voit apparaître au I"’iutemps^ et elles remontent en quantités innombrables le cours ^^ulacoplérygiens apodes de G. Cuvier fen grande partie). Ce sont des Gadidés apodes. ruissiLNs. 266 dos tkîuv(;s ('t fies rivières. Leur vésicule abdouiinale a déjà dis' paru, et l’on ignore dans quelles parties de la mer elles sont et .si leur jfénération est ovipare ou ovovivipare ; tout ce que a dit à cet éijard manque de fondement. La montée des jeunes A^' i^nilles peut (Mre recueillie et expédiée à des distances assez consi' dérables, si l’on a soin de la placer sur des claies humectées erno*’' certaine quantité d’eau. Ou peut avoir recours à ce moyen p^’" empoissonner des étangs éloignés de la mer ou qui ne coninni' niquent pas avec les cours d’eau où la montée s’introduit. KO'” fermé dans des vases, mènie béants, le frai d’anguille ne tarde p®* à s’asphyxier. Ltans quelques pays (ni mange la montée. Les Murimes (g. Murœnn et autres) se composent d’espèces clusivement marines. Quelques-unes sont pourvues de dents tr‘!* acérées et font des morsures fort douloureuses. Famille des GYMNOTIDFS. — Les Gymnotes (g. Gymnolus) le genre le plus cui’ieux de cette famillt!. Ce sont des poissoi'^ électriques, propres à l’Amérique méridionale et dont on a qn‘'}" quefois apporté des exemplaires vivants en Fiuropc, ce qui a periH'^ d’étudier avec soin la singulière propriété qui les distingue. L’appareil électimpie des Gymnotes est placé de chaque c(')té leur région caudale, oii il forme deux paires d’organes dislii'*'*’ divisés en colonnes horizontales superposées les unes aux autn’'" Les nerfs qui s’y rendent sont au nombre de plus de deux cents chaque côté. Ils proviennent des branches antérieures des nci’^ spinaux. On rapporte à la nu'me famille des poissons de fort®® analogue à celle des Gymnotes, mais sans appareil électrique. La famille des SYNIlRANClllLtFS 'g. Syn/mmehus) appartif*' aussi à la division des Malacoptérygiens apodes. Sous-ordi'e des Abdominaux [l] . Ce sont des Poissons malacoptérygiens à nageoires ventrales pl‘* eées en arrière de l’abdomen et, par c-onséapient, à une distanc® considérable des pectorales. Ils sont i)hysostomes, c’est-à-dire vus d un canal aérien qui fait communiquer leur vessie iiatato'’^' avec la gorge; leurs écailles sont toujours cycloïdes. On les trouve en grand nombre dans les eaux douces, princip*' , lement dans celles de l'hémisphère boréal, mais il y en a (1) Mctlcicoplcriigiens abdominaux (nioius les Silures, etc.), G. Cuv. ' sostomes abdominaux (moins les Silures et quelques autres), Muller. 5(JtA3IOI)EIlMKS. 267 'Iniiÿ, l'iiéniisplière austral, quoique eu moins faraude abondance, et '■'■''taiiis autres sont exclusivement propres aux eaux salees. Ils se, ^'lissent partager assez aisément eu plusieurs lamilles, dont les prin- ''^‘ales sont celles des lùncid/is ou ISroehels, des Ct/prmdKH ou Cy- des Salmonidés ou Salmoues, et des Clitpéulés ou Clupes. La famille des ÉSUGlIllîS, telle que (1. Cuvier et M.Valcnciennes la * L‘eonscrivent, renferme avec les lirocluds ()roprementdits (g. hsox) n'ti sont tluviatiles et essentiellement carnivores iii, plusieurs genres ‘"i'i'ius (pii s'en rapprochent plus ou moins, mais dont ou a fait ''‘^'imis lurs deux familles à part ; tels sont les Slomias, les Orphies lielones], les Scomhrcsox et les Hémirumphes, ainsi que les Exo- [g. ExücHus], Vwn des genres cpic les voyageurs eonfondent le nom do Poissons volants. Les Uiu'iiiES, que l'on pèche sur nos cotes et que 1 ou mange le nom d’yl/ÿwïfes, ete., ont les arêtes eoloreiîs en vert, ce qui '"^pire. souvent de la crainte aux personnes qui ne eonnaissent I*'>s cette particularité. Elles n'oeeasionm'nt d’ailleurs aucun acci- *''“61, et leur chair est excellente. La lamille des ( ISTÉOGLt ISSU »ÉS, formée par les genres Vastrés '*6 Ai'dipiDJiti. {Sudis. et Ostéoci-osse (Osteof/lossuiiijjso rattache ii la aux Clupes, à la suite desquels (1. Cuvier en a placé les espèces, "ttix Amiadés, qui nous ont occupé après les Rhondiitères. Ces *Lux genres hahitent les eaux douces de l’Amérique méridionale. sont des poissons de grande taille et d’une structure remar- 'l'^'ihle. Le second doit son nom à la disposition tellement rugueuse ^oii üs lingual, que les Indiens de l’Amérique s’en servent comme l'iqie. . La famille des SALMtlMÜÉS, ou6’«/nMMies, fournit à nos eaux flu- 'iatiles et lacustres dos espèces précieuses jiour 1 alimentation, et 'Lti ont pour principal e.aractère d’avoir la deuxième dorsale de "'itiire adipeus(q c’est-à-dire simplement cutanée et sans rayons. LHielques Salmoncs ne quittent point les (uiux douces, tels sont '^Ltieh [Sulmo hnehn) du llanulie et de ses affluents; la Truite com- [Salmo fario] , fré(|ueute dans his eaux des montagnes ; la tuile des lacs [Salmo lemnnusj, du lac deficnève; l’Umhre cheva- [Salmo umblù , du même lacet d’une grande partie des cours du l'téiie, etc. D’autres vont chaque année à la mer, mais ils fraient ' “'ts les rivières; c’est le cas du Saumon ordinaire [Salmo salar) et plusieurs autres. 1’) Les œufs des Brochets occasionueut parfois des accidents. 268 roissoiNS. L'Éperlan [Salmo eperlanus), dont on fait un genre à part sous nom A’Osmerus, est aussi un Salnionidé ; il est à la fois marin fluviatile. De fous les Poissons de cette famille le Saumon ordinaire est celu' dont on fait la plus grande consommation. Commun dans la plupart des rivières et des fleuves de l’Europe qui versent à l’Océan , il entra pour une grande proportion dans l’alimentation pul)li«jue, et la fa' cilité actuelle des voies de communication permet de l’expédier dan? les pays méditerranéens, aux eaux desquels il manque. Dans le on en sale et l’on en fume une grande quantité. C’est un magnifiqaa poisson, ù cliair rouge, et dont la taille atteint fréqiiemment 60 cen' timètres ou même plus. Dans nos pays il figure avantageusement sur les meilleures tables, mais il ne réussit |)as à tous les estomac^- La chair du Saumon est rouge pendant toute l’année, mais elle est sensiblement plus pâle au moment d(‘ la ponte. Cette décO' loration est plus évidente encore dans lés Truites. On suit en ett‘’l qu’à l’époque du frai leurs muscles deviennent complétenieol blancs. Comme toutes les Truites ne fraient pas au même momenb et que les femelles se saumonent plus fortement que les mâles, n» comprend que dans un même cours d’eau l’on prenne en mêi«a temps des Truites à chair blanche et des Truites à chair saumonés- C’est d’ailleurs une erreur de croire que la Truite saumonée métis de la lYuite et du Saumon. On estime surtout la chalii Saumon pris dans les fleuves'* une certaine distance de la mer et après qu’il y a séjourné quelque temps; ceux des embouchures sont bien inférieurs. MM. Valenciennes etFréiny ont étudié la nature chimique de I** substance qui colore en rouge la chair de,s Saumons. Cette substance avait déjà attiré l’attention de sir Humpdi^ Dav)'; qui lit remarquer dans son ouvrage intituhi ; Salmonia, que la cha'*' du Saumon peut être décolorée par l’éther, mais jusqu’à préseu* la substance elle-même n’avait pas été isolée. MM. Valencienne^ et Frémy lui ont reconnu les caractères d’un acide gras, qu’**^ nomment acide salmoniquc. « Pour isoler l’acide salmonique nous avons eu recours, disent ces savants, a la méthode suivante : l’huile rouge que l’on extra*^ avec facilite des muscles du Saumon, par l’action de la pressé) est agitée a froid avec de l’alcool qui a été rendu faiblement ain^ moniacal ; 1 huile se décolore alors complètement et abandonne'* l’alcool la matière colorante que l’on extrait ensuite en décoinp**' sant, par un acide, le sel ammoniacal. SQUAMODERMES. 269 » L'acide ainsi obtenu est visqueux , rouge, et présente tous les *^&i'actères d’un acide gras ; celui que l'on retire des Truites sau- '^^onées est identique avec-l'acide qui existe dans les muscles du ^‘‘urnon. Nous l’avons trouvé en quantité considérable et mélangé acide oléophosphorique dans les œufs de Saumons, ce qui rend '^'^'ïiptc, jusqu’à un certain point, de la décoloration et de la perte '•‘i saveur qu'éprouve la chair du Saumon au moment de la ponte. » Le Saumon bécard [Salmo hamatus] ne contient pas autant '*’i‘eide salmonique et oléophosphorique que le Saumon commun; muscles des poissons peuvent donc, dans les espèces les plus '^■sines, offrir de notables différences quant à leur composition. » Les Salmones ont en general les œufs assez gros. Ceux du Sau- 'Roii ordinaire sont un peu plus gros que des groseilles ordinaires, * ^ *ls en ont à peu près l’ap])arencc extéi'ieure ; ils sont rougeâtres •^tmine la chair elle-même des poissons qui les tournissent. Chez 'fis Truites, les Ombres, etc., les œufs sont j)resquc aussi gros. Lptte pai’ticularité, jointe à la facilité que Ton a de les fecondei ''•'lifieiellenuml en versant dans le vase où on les a placés, quel(|ues ^'^'tiltcs de la laitance du mâle, les rend très propres aux essais de I''sciculture. Il est facile, en les plaçant sur des grilles de verre ou tel autre appareil analogue, de les exposer au courant d eau '''dispensable à leur éclosion. On suit facilement les phases de leur ^'■'dution embryonnaire, et comme en les emballant avec soin dans '*''8 niousses humides on peut les expédier à de grandes distances que leur développement s’arrête, ils ont été l’objet presque ^'dque, des expériences de pisciculture que Ton a entreprises dans dernières années, et qui ont eu tant de retentissement auprès du Public. Quelques-uns de ces essais ont déjà donne des résultats "'tcourageants, et il jiarait peu douteux que Ton n’en obtienne de plus sérieux encore si Ton se rappelle que lal^arpe, aujourdhui si ''-omniune, dans TLurope occidentale, est originaire d Orient; que le l^'isson rouge [Cin'jvinns uuratus) vient lui-même de (.bine, et que 1® Gouraini [Osphromenus olfax], qui est un poisson labyrinthifère f"'upre au llengale, a été naturalisé dans les eaux de Tlle de France, ^ que Ton a pu le transporter jusqu’à Cayenne. C’est un sujet dont P Costc s’est beaucoup occupé, et sur lequel il a réussi à attirer ''Ifention du gouvernement. ■ lin a fondé à Huningue, dans le Haut-Rhin, un grand établis- ^'nnent national pour la propagation des Poissons, et chaque année établissement expédie dans les autres parties de la P rance un porssojfs. iioinhrc considérable! d oeufs destinés à repeupler les rivières et introduire dans notre jeays certaines (‘spèees ([ui lui rnanepient. Les eeuis fpie lournii maintenant rétablissement de piseieidtiU'e d'Huningne proviennent de dix espèces: IJont cinq sont déjà propre's à nos cours d’eau : Saumon ore de la Manche. En automne, elle arrive en '^ancs serrés jusque sur les côtes de la basse Normandie, mais "''dinairernent après avoir frayé en route, ce qui lui fait perdre en Lartic ses qualités succulentes. 272 POISSONS. La pèche de ce poisson et. le coniinei’ce qui en est la conséquence font vivre un nombre très considérable d’individus. Celte industrie était déjà florissante à Kruges et à Nieuport, au .\n“ siècle. ün mange une autre espèce de Hareng, le Sprat [Clupea sprcdtusY Très commun à l’entrée de l'Escaut et auprès d’Ostende. Le Clupea alba ou Clupea lasalus est fort recherché des Anglai'*' La S.ARDI.NE [Clupea sardinu) est une espèce jiliis petite appartC' nant aussi au même genre que le Hareng. On la prend en grand® quantité, soit sur nos côtes de l’Océan, .soit dans la Méditerranée; et, quoique un peu ditlércnle par le goût, elle n’est pas moins esté mée. Elle ne va pas jusque dans la mer du Nord. L’Anchois [Engraulm incrasicolus, précédemment Clupea encras^' colits) se piichc aussi dans fOcean et dans la Méditerranée. Api’®^ qu’on lui a enlevé la tête et les viscères, on le laisse mariner da»’’ 1 huile et, pour ainsi dire, conlire. C’est alors un excellent apéritif' et 1 huile chargée des siu.’s de l’Anchois est employée dans plusieu*'^ préparations culinaires, .\insi ipie Rondelet (1; et Rabelais en oïd fait la remarque, le fameux garum des anciens devait en être P®'* ditïérent ; on le préparait avec le même poisson. On [lecbe aimuellement des Anchois jusque dans la mer d'‘ Nord. Leurs bandes entrent dans l’embouchure de l’Escaut. lies poissons de la même famille sont vénéneux, du moi"’’ dans certaines circonstances. La Mei.ette vénéneuse [Meletta venenosà]) qui est dans ce cas, i'P' partieiit aux mers du Sud. Voici la note que M. Reymoueng, chii’i^*^ gien de la marine trançaise, a rédigée à son égard, et dont nous é®' vous la communication à l’un de ses collègues, M. Rerchon: « C®»' cettiï espèce qui a causé la mort de cinq hommes de la corvett® a vapeur le Câlinât, et qui a rendu malades cinquante hommes i' boi'd du Prony. PJle ressemble beaucoup jiour la forme à la (line commune, et elle n’en diftï're guère que par une raie vd''' dàtre, se, contondant en passant par la couleur jaune, avec la coU" leur argentée du poisson; cette raie s’étend depuis le dessous <1® nagi'oire pectorale jusque vers l’extrémilé de la deuxième do''’ sa ( . R (X'!! aussi entouré d’un cercle jaunâtre. Les individus (1) "On saletés Anchoics, é se convertissent en liqueur ou saumures, é qu on ne la gaste on oslc la teste des .\nctioics soient Eucrasicholi : car cncoU* auiourd hui ainsi i|z ijs appellent. Des Anchoics on fait une très bonne liqu*’®'^ nommée en latin garum, é estant sah^s on les tient au soleil jusques à ce fl®® leur chair soit toute fondue. C’est un bon remède pour faire revenir l’app^''^ perdu, pour atténuer é découper gros phlegnie, é pour lascher le ventre. " Ua® delet, llist. des Poiss., p. 177. SQÜAIIODEIIMES. 275 fjui ont pu rendre compte du goût de ce poisson, l’ont trouvé, en général, plus fade que notre Sardine. Ceux qui ont éprouvé des 'Symptômes d’empoisonnement ont trouvé à quelques-uns de ces poissons une saveur tellement âcre et piquante qu’ils n’ont pu les ‘ivaler, et cependant, quelques instants après, ils ont eu des vomis- sements, dos crampes dans tous les membres, la pupille excessi- vement dilatée et une céphalalgie intense. ■ » Le seul cas d’autopsie dont on ait recueilli l’observation à bord du Câlinât, n’a offert que quelques plaques rougeâtres sur la mem- ï^rane de l’estomac. » Chez tous les malades, le pouls devenait très lent et concentré, y avait du délire chez plusieurs. Chez quelques hommes du Prony d y a eu paralysie partielle des membres, et la paralysie a môme persisté pendant plusieurs jours pour l’un de ces derniers. Elle n’a cédé qu’à l’emploi de la strychnine. Comme il y avait quelque ana- logie dans les .symptômes avec ceux produits par la belladone, et ^ue j’ignorais complètement la nature de l’agent toxique, je, pres- crivis les excitants, l’alcool, et surtout l’infusion du café, et, chez plupart, ce traitement réussit à faire disparaître, dans quelques heures les vomissements elles autres symptômes, et procura chez ^ous un prompt soulagement. Quelques naturels (de la Nouvelle- Calédonie), qui mangèrent à bord de ces poissons bouillis, furent 'Malades, et deux d’entre eux moururent dans la journée ; mais j’ignore s’ils n’en avaient point mangé de grillés, parce qu’ayant ®idéà tirer le filet (la seine), ils pouvaient en avoir emporté de crus. » D’après les renseignements que j’ai pu me procurer auprès des 'Naturels sur ce poisson, il ne leur ferait généralement éprouver ^*re des indispositions légères, parce qu’ils le mangent ordinaire- *^*cnt préparé à leur manière, c’est-à-dire enveloppé dans des i^cuilles de bananier, placées elles-mêmes dans une marmite rem- Phe d’eau qu’ils font bouillir pendant assez longtemps, et ils jettent ^cujours l’eau qui a servi à cuire le jioisson. Il paraîtrait que le poisson ainsi préparé perd la plus grande partie de sa substance vénéneuse, celle-ci se dissolvant dans 1 eau. ® Les hommes morts à bord du Câlinât avaient tous mangé de poisson grillé seulement. Les matelots qui l’ont mangé bo'uilli ^ Ont éprouvé que de légers accidents. » Nous tenons de M. Berchon, chirurgien de la marine française, |lu Un chimiste de Lima, qui avait analysé l’un des poissons de espèce ci-dessus, disait y avoir reconnu des traces d’acide cyanhy- I. 18 POISSONS. ili’ique, mais il n’attaclio, et sans doute avec raison^ qu’une très médiocre importance à ce reuscignemeut. M. Valeucieuues a donne à l'Académie des science de Paris (t) quelques détails sur les cas (rempoisouuemeiit dont nous venons de parler, et il eu est egalement question dans l’ouvrage de M. Fonssagrives (2), d’après des renseignements recueillis pai‘ M. Meunier. D'autres espèces de Sardines appartenant aux mers intertropi- cales ont aussi donné lieu à des accidents. C’est ce que M. Payen, médecin de la marine, a constaté pendant son séjour à Mahé (Séchelles), pour la Sakoine des tropioi es [Clupea tropica). Il eut a traiter a bord de 1 /sère une foule d’indigestions si violentes qu’elles ressemblaient presque à des empoisoimcments. Ces acci- dents étaimit dus à des Sardines «lonl l’espèce est très abon- dante dans ces parages. D’après les nnidecins de ce pays, la Sardine des tropiques devient très dangereuse à l’époque de la floraison des coraux (sans doute le frai de i^es espèces de po- lypes) (3). Poupée-Dcsportes (Zij cite parmi les poissons toxiques de Saint- Domingue une espèce de petite Sardine. L’empoisonnement qu’elle détermine est caractérisé par îles vomissements, de la pesanteur d’estomac, des tranchées, un froid glacial, un affaissement du pouls, de l’agitation et de la dyspnée. Dans un cas suivi de inorL l’autopsie montra une dureté très grande du foie, une accumula- tion de sang coagulé dans les oreillettes ainsi que des plaques gangréneuses à l’estomac, au pylore et dans diverses parties de l’intestin. Des propriétés malfaisantes ont eu effet été constatées chez le Cailleii tassart {Clupea thrissu), qui vit aux Antilles (5) et dont o» signale aussi la présence dans les mers de la Chine. (1) Comptes rendus hebd., t. XLII, p. 340. (2) Traité (ïhyffiène navale. Paris, 1856, p. 693. (3) Fonssagrives, ioc. cil., p. 692. (4) Histoire des maladies de Saint-Domingue ; 1770, t. I, p. 108. (o) D autres poissons des Antilles iloumicul également lien à des accidents! On cite entre autres la Bécose {Sphyrœna becmia) de la famille des Scombéridés- MM. Chevallier et Ducheunu {Mémoire sur les empoisonneinenls parles Huîtres, les Moules, les Crabes et par certains Poissons de mer et de rivière) (Annales d'ky' giène publique. Paris, issi, t. XLVl, p. 122) rappellent, d'après Janiére, deux cas d'cinpoisonnenient dus à l’alimentation par ce poisson, et l'on eu connaît deux autres, l’un cité par le Courrier français à la date du 3 décembre 1827, l’autre LÉPIDOSTRÈNES. 275 La famille des CYPRINIDËS ou Cyprins (g. Cyprinus, L.) est celle des Carpes, des Barbeaux, des Goujons, des Tanches, des brèmes, des Allés, des Ablettes, dont les écailles fournissent la niatière nacrée dite essence d’Orient , des Dorades ou poissons t'ouges, etc.; pi’csque tous sont Iluviatiles oR en général, ils sont Lons à manger; leurs espèces connues dépassent le nombre de cents. On en l’approche, tantnt comme simple tribu, tantôt comme fiiniille distincte : les Anableps, poissons do l’Aniériquc méridio- nale, dont la cornée et l’iris soid. partagés en deux portions par Une bande transversale, en sorte qu’ils paraissi’iit avoir deux pu- pilles; les Loches (g. Cobit is) ; les Pœcilies, également sud-améri- cains, dont la génération est ovovivipare, enfin les Cypnnodontes, *iont il y a plusieurs genres (Cyprinodon, Lebias, J'elha, etc.). Ces tlerniers ont des représentants dans le midi de l’Europe et en Algérie- Ordre des Lépidosirënes (1). Ce sont des Poissons de l’Afrique intei’tropicale (Nil blanc, Mo- zambique, Gambie), et de l’Amérique méridionale 'Brésil ;,que la observé à bord du bàlimeut le 7Àlé. Dans celte dernière circonstance, le capi- taine, deux officiers et un matelot, qui mangèrent de la Bécune, furent pris bientôt '•près d'un malaise indéfinissable; leur peau devint rouge, une paralysie engourdit '®urs membres. Cn chat qui avait mangé du même pois.son succomba rapidement. bes accidents autilogues ont été constatés dans beaucoup d .mires lieux. Pen- •iant le voyage de Cook, Korster a observé un Spare vénéneux aux îles Sandwich. De ^«liodou sceleratus de la Nouvelle-Calédonie n’est pas moins redoutable, et les biodons ainsi que divers autres genres sont également dans le même cas. Les Poissons conservés dans la saumure donnent quelquefois lieu a des empoi- sonnements, et lorsqu’on s’en sert plus tard. Nous tenons de M. Berebou, des détails sur des accidents de cette nature, '•bservés à bord de la corvette ta Moselle , pendant une campague faite de ^*27 à 1S33 dans les mers du Sud, et qui furent dus à l’ingestion d’une espèce •lo Sardine, pêchée dans la rade d’Arica au l’t'rou. On en avait conservé une ^•'onde quantité dans de la saumure pour en faire ensuite la distribution il l’équi- ‘‘'•Se. Ou en donna une ou deux à chaque homme; deux heures après une ^•■Rption d’un rouge éclatant, acconipaguée d’une brûlante chaleur et d’une en- core sensible, se manifesta , et il y eRl o” même temps des troubles digestifs, ^be éruption disparut trois heures après sou début sans avoir déterminé rien •lo plus grave. (l) Sous-classç des Dipnoi, Muller. POISSONS. 276 singularité de leur caractère a fait classer par plusieurs natura- listes parmi les Reptiles, ou plutôt parmi les Amphibiens, tandis que d’autres les réunissent à la classe qui nous occupe. Quoique cetté dissidence d’opinions perde une partie de son importance si l’on admet que les Batraciens, qui sont des vertébrés anallan- toïdiens, appartiennent au même sous-type que les Poissons, elle n’en est pas moins une preuve incontestable de la difficulté avec laquelle nous jugeons souvent de là valeur réelle de certains caractères. Les Lépidosirènes ont le corps anguilliforme, recouvert d’écailles à contours arrondis, mais qui ne montrent cependant pas la dispo' sition cycloïde ; leurs quatre mendires sont réduits à autant de fda- ments et disposés comme les membres des Abdominaux ; ils ont une nageoire impaire contenue par des rayons indépendants des apo- physes vertébrales, et qui commence au milieu du dos pour se continuer sans interruption jusqu’à l'anus; leur ouverture bran- cbialc est placée auprès de lu nageoire pectorale, unique par chaque côté, et r(!Couverte par un opercule rudimentaire caché sous la peau. Leur liouche est armée en avant de dents puissantes. Leurs j narines communiquent, dans les espèces américaines, avec l’ar- rière-bouche. Ces animaux ont des branchies portées par des arcs branchiaux au nombre, de cinq paires, et leur vessie natatoire qui est double, allongée, vasculaire ii sa face interne, entièrement pubnoniforme, s’ouvre dans l’arrière-bouche par une fente spéciale qui ressemble à une petite glotte. Leur cœur a une oreillette divisée en deux par une cloison incomplète; mais malgré cette apparence de duplicité il n’y a qu’un seul orifice auriculo-ventricnlaii>e, et cet orifice est dépourvu de valvules. L’intestin présente, comme celui des Plagie- stomes et de quelques autres Poissons, une valvule spirale, et la corde dorsale est persistante, de telle sorte qu’il ne se développa point de corps vertébraux distincts. Le crâne n’a point le double condyle qu’on lui connaît chez les Batraciens et chez les Mammi- fères; il est monocondylé à la manière de celui des Poissons. Enfià il n y a pas d’oreille moyenne, et chaque labyrinthe est pourvu d’un otolithe. Ces Poissons vivent dans les eaux douces, non-seulement dans celles qui sont courantes, mais aussi dans les lacs et les marais, là où les grosses chaleurs de l’été amènent une dessiccation plus oU moins complète, et il paraît que, suivant les circonstances, ils res- pirent par leurs branchies ou par leurs poumons. Quoique décou- SILfRES. 277 Verts depuis une vingtaine d'années seulement ;l), ils ont été de la part des anatomistes l'objet de recherches assidues (,2), et leur structure est déjà très bien connue. Ordre des Silures. Les Silures sont des poissons d’une apparence fort singulière, *lui se distinguent de tous les animaux de la même classe par plu- sieurs caractères importants. Leur peau n a pas d’écailles vérita- bles, c’est-à-dire semblables à celles des Cténoïdes ou des Gy- cloïdes, mais seulement des plaques osseuses qui sont tantôt en petit nombre, tantôt, àu contraire, répandues sur tout le corps 6t imbriquées de manière à simuler des écailles pioprement dites. Quelques-uns sont tout à fait nus. Tous ont les nageoires disposées Comme celles des Malacoptérygiens abdominaux, et le premier vayon de leur pectorale ainsi que celui de leur dorsale est puis- sant et articulé, de telle sorte qu’il peut se mettre en arrêt à la vo- lonté de l’animal ; cette particularité, jointe à sa nature souvent spinifère, en fait une arme redoutable. La tête est déprimée; les ôiaxillaires sont petits et lejehis en dehors, quelquefois même réduits à l’ai)[»arcnce de barbillons; la mâchoire supérieure est principalement formée par les intcrmaxillaires; l’opercule, manque d’os suboperculaire. A ces caractères s’en ajoutent plusieurs autres tirés de la nature osseuse du squelette et de sa conformation assez ditterente de celle des poissons ordinaires. Les parties molles montrent aussi quel- ques dispositions spéciales. Les Silures sont pourvus c une vessie natatoire qui est en communication avec l’air extérieur par un îippareil attaché sous la première vertèbre, est souvent bipartie, et a sa paroi interne réticulée à la manière des poumons des derniers Allantoïdiens. Cette vessie natatoire paraît même servir, dans certaines espèces, à la respiration aérienne, et la structure Q) Adaason a cependant connu les Lépidosirènes africains, et sa collection, aajourd hui confondue dans celle du Muséum de Pans, en renfermait un exem- plaire étiqueté du nom de Tobal. qu’on trouve cité dans son Cours d'histoire na- 'uroiie, tel qu’il a été publié eu 1844 par les soins de M. Payer {t. H, p. 165J. (2) Owen. Transactions de la Soc. Unn. de Londres, t. XVIII ; 1839. - hischoCr (Leipsick, 1840). — Hyrtl (Prague, 1843). — Peters, Archives de Mal- 1855. Les mémoires publiés par les deux premiers de ces anatomistes ont été reproduits dans les Annales des sciences naturelles. J’OlSSOKïf. f[ii elle présente alors nous montre bien (pi’elle répond au pou- mon des vertébrés supérieurs. (Jn sait toutefois qu’elle manque dans beaucoup d’espèces de poissons ou qu’elle n’est, chez beau- couj) d autres, qu’une simple poche hydrostatique (1:. L ordre des Silures ne comprend pas moins de quatre cents espèces, toutes f)ropres aux eaux douces, et surtout répandues dans les régions cliandes. L’Amérique méridionale abonde en animaux de ce groupe ; (pielques-ims sont estimés pour leur chair, mais la [dupart sont en môme tcnq)s dangei’eux à cause des bles- sures qu ils font avec les gros rayons osseux . Sénéi,nil; il est Un des rares poissons chez les(|uels on constate la présence, d’un appareil électrique, et les Arabes de la région du Nil, qui ont souvent l’occasion de constater ta singulière i>ropriélé (ju’il doit îi cette disposition organique, lui donnent le nom très significatif de Haasch, qui veut dire tonnerre. Le Malaptérure a d(!ux organes électriques externes, recevant leurs nerfs des pneumogastriques, et deux internes sépares des premiers par une aponévrose et innervés par les branches antérieures s autres, non-seuksmentpar la bizarrerie de leurs formes, mais aussi par cerlaiucs particularités i e leur structure anatomique qtii les rendent faciles a reconnaître. Ils n’ont point d’écaillcs véritables comme les Poissons ordi- naires, dont nous avons parlé plus haut sous le nom ce Squamo- dermes ; leur yieau est au contraire iihis ou moins complètement ossifiée, et si les corps durs qu’on y remarque ont parfois l apjia- i-ence d’écailles, comme cela se voit chez les llalistes, ils n’en oui jamais la structure. Le plus ordinairement ce sont des plaques osseuses dépendant du dermatosquelettc, et cest la un caractère important, que nous avons voulu rappeler par la dénomination <\’Ostéodermes. Toutefois plusieurs Lojihobranches présentent sous ce rapport une certaine diversité qui a fait aussi appeler HMéro- dermes l’ensemble de ce groupe. Pans la classification de Blaiiiville, où ils portent c.e nom, ils sont, il est vrai, associés aux Baudroies a cause, de la solidité imparfaite de leur squelette, id ils reçoive ni aussi (1) il eu a été (tonné des descriptions aiiatuiniques par li. GeolTroy, par Valenciennes et par M. Peters. •^0” roissoivs. la dénomination de subosseux, parce que leur squelette n’acquiert pas toujours la même dureté que chez les Poissons acanthoptéry- giens ou malacoptérygiens. Cuvier réunissait la plupart des Poissons ostéodermes dans son ordre des PlectognaÜies, auquel il attribuait pour caractères d’avoir « l’os maxillaire soudé ou attaché fixement sur le coté de l’inter- maxillaire, qui tonne seul la mâchoire supérieure, et l’arcade pala- tine engrenée par suture avec le crâne, ce (jui la rend immobile. » Le meme auteur ajoutait que chez ces Plectognathes les opercules et les rayons branehiostéges sont eu outre cachés sous la peau, dispo- sition qui ne laisse voir à l’extérieur qu’une petite fente branchiale; il dit aussi qu’oii ne trouve chez ces Poissons que de petits vestiges de côtes; que leurs vraies ventrales manquent; que leur canal intes- tinal est ample, mais sans ca3cuni, et qu’il existe presque tou- jours chez eux une vessie natatoire. Les observations dont les Plectognathes ont été plus récemment l’objet de la part de divers naturalistes ont montré que cette carac- téristique soutirait de notables exceptions, et ([uelques ichthyolo- gistes ont pensé que les dittéreiites familles de Plectognathes de- vaient rentrer dans la série des Poissons osseux, tels que M. Muller et d autres les détinissent sous le nom de Téléostéins. M. Agassiz au contraire les en a séparés, et pour lui ces Plectognathes, ainsi que les Lophobranches sont des Poissons ganoïdes, ce qui les associe dès lors à nos Rhombifères , aux Silures et aux Esturgeons avec lesquels ils paraissent pourtant n’avoir que très peu d’analogie. En ettet, il est aussi facile de les distinguer de ces Poisonss que de ceux qui ont de véritables écailles, comme les Acanthopté- rygiens et les Malacoptérygiens, et il nous semble préférable d’en faire un groupe à part, auquel nous donnerons la valeur d’un ordre. Ce groupe sera partagé lui-inôme en quatre sous-ordres, qui por- teront les noms de Gymnodontes, Balàtes, Coffres et Lophobranches. Leurs espèces ont été décrites pour la plupart dans les travaux récents de MM. Kaup et Hollard. On connaît un petit jiombre d’Ostéodermes fossiles; tous sont des terrains tertiaires. Sous-ordre des Gymnodontes. Ils ont de grosses dents agglomérées formant une sorte de bec de Perroquet ou de lortue, et qui rappellent, en les exagérant. OSTÉODERMES. 281 Encore, celles des Scares. Leur peau est épineuse, et les épines *l^i"elle supporte sont parfois très développées et très dangereuses. Poissons ont la chair muqueuse et ordinairement vénéneuse, plupart ont la propriété d’introduire de l’air dans une sorte de J^ot très extensible qui s’étend sur toute la longueur de leur abdo- '*^6n , et ils flottent alors à la surface de l’eau le ventre en l’air. Famille des ORTHAGURISCTItÉS. — Ce sont les Moles [g. Ortha- '•l°>'iscus, Mola et Molacanihus], singuliers poissons à corps écourté en ^■Tière et comme discoïde, et à squelette osseux, mais ayant les 'F'iilles si làcbes qu’il offre peu de résistance , et que sa légè- *'®té est des plus grandes. Linné en faisait des Tétrodons. C’est à ^ groupe plus singulier encore que les autres qu’appartient le ^*^isson Lune [Orlhugoriscus mola), ([ue l’on prend sur nos côtes. forme et la teinte argentée de son derme lui ont valu le nom ^ous lequel les pêcheurs le connaissent. Sa chair n’est point *^®tiniée; elle est remplie de vers intestinaux, et il y a aussi de nom- ^’i’eux parasites sur ses branchies ainsi que dans ses intestins. Famille des DIODONTIDÉS. — Les Diodons (g. Diodon) et les "^étrodons (g. Tetraodon), vulgairement nommés J^oarsoî/Z/lus, Orbes '’P^neux, etc., forment la seconde fajuille des Gymnodontes. Les premiers n’ont qu’une masse dentaire à chaque mâchoire, leurs épines sont très fortes, ce qui les a fait appeler Hérissons mer ; chez les seconds, chaque dent est divisée sur la ligne mé- '^'^ne, et il y en a dès lors quatre au lieu de deux; les épines sont ^*iaucoup plus faibles. On a cité ces Poissons comme étant dépoux’vus d apophyses épineuses ou comme ayant les lames dont ces apophyses résultent '^Lez les autres Poissons divergentes entre elles, ce qui a été com- Paré à l’anomalie connue sous le nom de fissure spinale ou spina bifida, 'lai serait ici une condition normale et constante. Nous avons constaté c’est là une erreur. La saillie épintmse des neurapophyses ou apophyses épineuses des Orbes épineux est bien divergente comme le dit, mais au-dessous de la bifurcation qui existe entre ses branches il y a un véritable canal rachidien fermé comme ^clui des autres animaux vertébrés, et l’on a pris à tort la gouttière épineuse pour le canal vertébral lui-môme. Lne particularité plus réelle et non moins curieuse observée chez animaux consiste dans la brièveté de leur moelle épinière. Le genre des Tétrodons fournit une espèce au Nil, mais toutes autres appartiennent aux eaux marines. Famille des TRIODONTIDFIS. — Pille ne renferme que le seul POISSONS. 282 geni'e Triodoii) dont il n’y u qu’une espèce, le Triodon bu?'sarit>^ ou marropterus, de la mer des Indes. Sous-ordre des liaiistes. LesUulistes, ou lu l'ainille des JIALISTIDES, répondent au genre linnéen des Batistes, dont les espèces, toutes marines et toujours pli» ou moins remarquables par la beauté de leurs couleurs, sont maintl' nant divisées en plusiours genres. Ces Poissons ont le corps comprimé, deux rangées de dents à 1* mâchoire supérieure et une à rintérieure; celles-ci et leurs corre^' pondantes d’en haut sont incisifornies et proclives ; la peau est écailleuse ou grenue, mais avec une sorte |)articulière d'écailh’* qui n’est pas comparahle à (-elles des Poissons scjuamodernies- Leur première dorsale a ses éléments osseux disposés solidement et arc-houtés à la fois sur le crânes et sur la deuxième dorsale- Elle n’a parfois qu’un seul rayon , mais dans beaucoup d’espèce-^ ce rayon est suivi d’un petit nombre d’autres également résistant* quoique moins forts. Le squelette présente plusieurs autres paf' ticularités assez curieuses. Les Balistes appartiennent principalement aux mers des région* chaudes; leur chair est peu estimée ; ou dit même qu’elle est dan- gereuse dans (iertaiues circonstances, principalement lorsqu’il* ont mangé les animaux des coraux. On prend quelquefois sur nO* cotes de la Méditerranée le Balistes capriscus, que l’on y désigi"* par le nom de vieille. Sous-ordre des Coffres. Les Cofi'rcs (g. Oslraciou), dont on fait la famille des OSTRAClft" NJDÉSjSont plus bizarres encore que les Poissons ([ui précédent, o* le nom d’Ostéodermes leur convient encore mieux. Ils ont en eftf* la tête et le corps enveloppés dans une sorte de. (-offre ou d(! boh'^ osseuse formée par des compartiments niguliers, agencés les avec les autres, comme de la marquetterie, et la forme de ce cotfi'i’ ainsi que des saillies ou pointes qui s’y (lév(doppent, (!st toujoi'’-' plus ou moins singulière. Des ouvertures y sont percées pour 1* bouche, les narines, les yeux, les ouïés et l’anus, aussi bien fp'*" pour le passage des nageoires pcclorales et des nageoires impaire»' La partie tnobile de hupieue joue, comme dans les autres poisson»-* en arrière de cette envelop])e, mais le reste du squelette est enfei’il*’ dans son intérieur. I,es Ostracions ou Coffres ont donc, comme le- ÜYC.LOSTOMES. 283 ^•itous pamii les inannnifères, et (‘oimue les Tortues parmi les rep- t'ies, un dcrmatosfpielette bien développé, ee (pti ne les oiupêclie P*o>e al.dun.inal. e Poi tion reiiflee du tube digestif. / Graoé tique ( A B'-''’;, 'J‘S ••'"f. h. Lu corde Oursule. i. L’uoOe. *. Are uur' Iiq I. Lueur artériel, m, m. Bulliilles des artères lirancbiules. n. Cœur de lu veine cuve. DEUXIÈME TYPE. ANIMAUX AllTIGULlïS. On doit réserver le nom d’animaux articulés à une partie seule- ment de ceux que Cuvier et de Blainville ont nommés ainsi (1), « ceux qui ont le corps articulé et sont on même temps pourvus *le pattes formées ollcs-mcmes d’une succession d'articles, ce qui 'es a fait quelqucfois-appelcr ArUtu/és condylopodes. Leur système nerveux est ganglionnaire, et il présente, imlépendamment du Cerveau, qui est sus-œsophagien, une chaîne placée au-dessous du canal digestif. Tous ceux dont on a pu étudier le dévelopiiement cnt montré la disposition notocotylee ou ('picotyléi, e est-a-diie qu ils Sont pourvus, pendant la vie cmhryonnairc, d’une vésicule vitcl- 'ine analogue ;'i la vésicule ombilicale des vertébrés, mais placée ^ur le dos, et non sous le ventre. Nous les divisons en quatre classes principales : les Insectes ^iexaj)odes, les Myriapodes, les Arachnides et les Crustacés. CLASSE PREMIÈRE. INSECTES. Pendant longtemps on a étendu la dénomination d’insectes [Insectd] à un grand nombre d’animaux sans vertèbres ayant bien ünc certaine analogie avec les Insectes proprement dits, ou 'oscctes à six pieds [Insecta hexapoda), mais que 1 ensemble de •eurs caractères anatomiques n’a pas permis de laisser dans la meme classe. Toutefois, dans les ouvrages de Uinno et dans ceux ne f'«l»ricius, le groupe des Insecta rciiond encore à l’ensemble des auiculés proprement (lits ou articulés condydopodes, tels qu’on “os détinit aujourd’hui, et il n’est point limite aux vrais Insectes.; Missi les Grnstacés et les Arachnides en font-ils jiartie aussi bien que “•-'S Insectes dont nous allons p.arlcr dans ce chapitre; et pour La- ''■eille, les Mvriapodes sont encore de véritables Insectes, quoiqu’ils ^■’ùloiguent à* beaucoup d’égards de ces derniers et méritent, autant bue les Arachnides ou les Crustacés, de former une classe à part. (I) Nuvis ea a.irlerons en traitant dn groupe des r0rmc.s de [.inné. 19 1. 290 TNSECTES. Les vrais Insectes doivent, être définis des Animaux articulés condylopodes, dont le corps est divisifilé tm trois parties princi- pales, la tète, le thorax et l’ahdomen; (jui portent une j)aire d’an- tennes; peuveid. avoir à la fois des y(!ux simples ou stemmati- formes et des yeux composés; ont les appendices buccaux diversi formes, mais toujours réductibles à quatre éléments (labre, mâchoires, mandibules et lèvre inférieure] ; montrent constam- ment, du moins dans l’âge adulte, trois paires de iwttcs, une pour chaque segment thoracique; sont souvent pourvus d’une ou de deux paires d’ailes insérées sur le second et le troisième des seg- ments dont il vient d’être question; respirent par des trachées et subissent, dans beaucoup d’espèces, des métamorphoses telles que leur forme et certains de leurs organes, tant intérieurs qu’extérieurs, diffèrent complètement dans leur apparence et leur disposition, sui- vant qu’on les étudie dans la larve ou j)remier âge, dans la nymphe ou second âge, et dans l’animal parvenu à son entier développement. Ce n’est que dans cette dernière phase de leur existence que ceux des Insectes qui sont doués -ÉRAUTKS. 297 à nervures), en 1748; Diptera (deux ailes), en 1767. La dénomina- tion {YOrtkoptera (ailes droites) n’a été proposée que plus tard, par le naturaliste français Olivier, et il en est de même de plu- sieurs autres, d’ailleurs moins importantes ; quelques-unes sont fiues à Latreille ; elles ont principalement trait à des divisions du gi’oupc linnéen des Aptères. . Mais revenons à la classification du naturaliste suédois. La circonscription qu’il a donnée à chacun de ses six ordres ®st pour quelques-uns différente de celle qu’ils ont reçue plus tard. Les Coléoptères de Linné renftu'mcnt nou-seuhmiont nos Co- léoptères actuels, mais aussi le genre Forficide, que l’on a rapporté fiepuis aux Orthoptères ou dont on a meme fait un ordre à part. Les Hémiptères, L. sont non-seulement nos Hémiptères d’aujour- ^l’hui, mais encore une partie de nos Orthoptères (lUattcs, Mantes et Grillons) . Les- Lépidoptères, L. ont conservé leurs limites. Linné on recon- naissait trois genres principaux sous le nom de Papitio, Sphinx et ^halœna. Les Neuroptères, dont le nom a été changé depuis lors en Né- ^roptères, sont délimités comme de nos jours. Les Hyménoptères ont également conservé leurs limites. Il en est de même des Diptères. Quant aux Aptères, ils renferment non-seulement les véritables insectes aptères, c’est-à-dire les hexapodes privés d’ailes , mais niicore le reste des animaux articulés condylopodes, et par con- *^équent les Myriapodes, les Arachnides et les Crustacés, qui n’en nnt été séparés que jilus tard, principalement paj’ (llivier, Lamarck, Latreille et de Rlainville. Les .\ptcres formaient donc alors une Association fort disparate. On en jugera par la liste suivante des genres que les naturalistes linnéens y ont associés. Ils sont groupés en trois catégories ; I. Ceux qui ont six pattes et dont la tête est distincte du thorax; sont les Hexapodes aptères des auteurs français (g. Lepisma, Po- ^'^‘ra, Termes (1), Pediculus et Pulex). -■ Ceux qui ont de huit à quatorze pattes et dont la tête et le Giorax sont réunis (ils répondent à nos Crustacés et Arachnides et Sont partagés en genres, sous les noms suivants : Acarus, Ihjdrachne, étranea, Phalaiigium, Scorpio, Cancer, Monoculus et Oniscus) . 3. Ceux qui ont un grand nombre de pattes et dont la tête est (O Les Termites ont été plus tard reportés parmi les Nénoptères. 298 INSECTES. nV • rend. hebd.,l-, XL, p. I371 ; 1855.— Mandileny, «eu, re el S/aÿ. de zoot. ; ISSL (4) Compt. rend, hebd., t. XLV, p 727. (5) Onelours auteurs désignent par ce nom les Carabidés ou Carabes. TOLÉOTTICnES. 305 lii tÊtP courte; les couleurs diversifiées, souvent métalliques, et les antennes droites, filiformes, au moins aussi longues que la tête et le corselet ; leurs ailes mcnd)raneuses sont entières et recouvertes, pendant le repos, par les élytres qui sont aussi longues que l'ahdomen. Ces Insectes ont le vol léger. On en connaît une trentaine d’espèces, toutes des parties chaudes ou tempérées des deux continents. La Caxtiiaiuiie A vÉsrcATOiREs [Lijttavesi- ^atorid], dite aussi Cantharide ordinaire, offi- cinale ou des boutiques, est d'un beau vert —Caotharide à reflets métalliques, avec les antennes ordinaire, noires et une ligne profondément enfoncée sur le milieu de la icte ainsi que sur le corselet, et de plus deux nervures longitudinales vers le bord iiderne des élytres qui sont finement guillochées. Elle est longue de 0,020 11). Cet insecte est recherché à cause des propriétés actives dont sont doués ses téguments. On le trouve principalement dans les l'égions voisines de la Méditerranée : en Italie, dans le midi de la t'rance et en Espagne ; c'est surtout sur les frênes qu’il se tient, et il en mange les feuilles. On leprend aussi sur les lilas et les troènes, mais en moindre quantité. Le chèvrefeuille et le sureau peuvent éga- lement en nourrir.il manifeste sa présence en dépouillant les arbres et aussi par la forte odeur de souris qu’il répand. Il y a également des Cantharides de cette espèceen Hongrie,en Alleniagne,en Russie et même en Sibérie. En Angleterre, elles se montrent accidentelle- ment; en 1837, elles ont été abondantes dans l’Essex et dans le Suf- folk. Il en va parfois en Rclgique pendant les êtes chauds; leurs essaims s’abattent alors sur les arbres dont elles aiment les feuilles «’t ils les dépouillent en peu de temps. Le principe actif des Cantharides a reçu de Hobiquet le nom de ^nnthai'idine (2). C’est une substance non azotée ayant pour for- (1) Plusieurs entomologistes ont donné des détails étendus sur cette espèce. Voir Pfincipalement ; Audouin, Prodrome d'une histoire naturelle chimique, pharma- ceutique et médicale des Cantharides { Thèses de la Faculté de médecine de Paris ; ^826, ir 172, et Ann. sc.nal., 1" série, t. IX, p. 31, p|, 42 et 43). — Itrandt '‘i' hatzeburg, Médis, sool,, t. ll> P' pl- (8, flg. 1.6, et pl. 19 (anatomie). (2) Robiquet, Ann. de chimie et de physique, t. LXXVI, p. 302. — Régnault, t. LXVin, p. 159. — Gerhardt, Traité de chimie organique, t. IV t'- 2-5. I. 20 306 INSECTES. mule C^WÜ*. On l’obtient en épuisant les Cantharides pari al- cool dans un appareil de déplacement, et l’on chasse ensuite l’alcool par distillation. La poudre obtenue en concassant les élytres et les parties dure de ces Golcoptisres a une action vésicante très énergique. On l’em- ploie le plus souvent sous forme d’emplâtres, do vésicatoires, etc.; on s’en sert aussi pour préparer des taffetas vésicants, du papid épispastique, etc. , , , -, Il résulte des expériences dont cette substance a été l’objet, qu’elle cause une violente irritation des parties sur lesquelles on l’applique ; elle agit aussi intérieurement, soit qu’elle se soit in- troduite dans l’économie par absorption. cutanée, soit qu’on l'ad ingérée dans l’estomac avec les aliments ou sous la forme de teinture. Orfila, Schubarth et Wibmer, qui ont plus particulière- ment étudié scs effets en expérimentant sur des chiens, ont re- connu qu’elle détermine une affection particulière du système nerveux. Injectée dans le systcunc vasculaire, elle cause le tétanos; introduite dans l’estomac, elle le rend insensible ; son action se porte principalement sur la vessie et sur les organes génitaux qu’elle excite d’une manière spéciale. C’est à cause de cette jiropriétc que la teinture de cantharides a été employée comme aphrodisia(|ue. Dans un grand nombre de cas elle a déterminé les accidents les plus redoutables, souvent même la mort. Elle agit sur beaucoup d’animaux comme sur l’homme. On cite cependant une observation de Pallas d’après lacjuelle les hérissons seraient insensibles a ses effets. Le cordact seul des cantharides pourrait avoir des effets dange reux ; on no procède donc à leur récolte qu’après avoir pris certaines précautions. On ébranle les arbres le matin, alors que les Insectes sont encore engourdis, et on reçoit les Cantharides sur des linges en ayant soin de ne pas les .toucher. La personne c[ui secoue les arbres est elle-même gantée et masquée. Avant de mettre ces animaux à dessécher et de les renfermci dans des vases, on les asphyxie en les exposant à la vapeur du vinaigre ou en les plongeant dans ce liquide. M. Lutrand a propose d’y substituer dos vajieurs d’etluu' ou de chloromorphe, qui ont cirmêmo temps une action antiseptique. Dans les pharmacies et dans les collections d’entomologie, les Cantharides ne résistent pas plus à la destruction que les autres insectes, mais leurs fragments conservent indéfiniment les pi'o- roiKorTÈRES. 507 priétés vésicaiites qui les fout rechercher; ou eu a employé dont la conservation remontait à quarante ans et plus. Toutefois les Cantharides fraîches sont préférables aux autres. La plus grande partie de ces Insectes ({uc Ton reçoit en droguerie nous viennent d’Espagne. Leur désagrégation partielh^ est le résultat des attaques dont cdles sont souvent l’objet de la part de plusieurs insectes différents, parmi lesquels on cite VAnthrenus museorum, VHoplia farinosa, le Tinea flauifronteUa et un Ararus. Pour les conserver, on a recours au mercure, au camphre, etc. Parmi les autres espèces du même genre, on cite les suivantes comme ayant des propriétés analoguesà celles du Lj/ttn vesicatoria : Lytta vittnta, atratu, maryinata et cinerea, de TAmériqiu! septen- trionale ; Lytta ntomaria^ du Brésil ; L. adspersa, L enuernosa iT) et L. Cow- fjonü (‘J), de Montevideo ; Lytta rufipes, de Java et de Sumatra ; L^ytta cm’ulea ou giyas, de Guinée ; Lytta violacea, de l’Inde ; L.ytta syriaca ou seyetmn, d’Arabie. La CA.NTHARinE t'oiXTn.LÈic [Lytta ndspersa, Klug.), qui a été ob- servée à Montevideo par M. Courbon, a présenté à ce médecin Une particularité foid curieuse, et qui devra la faire rechercher avec soin. Elle e.vige moins de lenq)s que la Cantharid(î des bouti(|ues pour produire la vésication, et, ce qui n’est pas moins imi)ortant, elle n’occasionne aucune irritation des organes génito-urinaires. Voici (îomment M. Courbon rapporte les observations qui lui Ont appris cette particularité : « Durant les années 185.1, 1854 cl t855, j’eus à traiter, à bord du brick le Chasseur, un homme atteint 'l’hépatite chronique bien caractérisée (pii, à des intervalles plus ou moins longs, passait à l’état aigu. Alors il y avait lièvre, '■ovenant quelquefois par accès le soir; [gonflement de l’hypo- ohondre droit, et douleur atroce dans cette région, douleur ‘lui arrachait des cris au malade et le forçait à se, tenir en ‘louble. Ce symptôme de douleur cédait toujours, comme par en- ‘■hantement, à l’application d'un ou de deux larges vésicatoires 'olants, loco dolenti, tellement ((u’a la fin le iiudade réclamait (1) Epicaula cavernosa, Rciche. (2) lytla ràtoa, Courbon, Compl. rend. Iiebd. 1835, t. XIJ, p. 1003; non ^yUa vidua, Klug; Caiitharis Courbonii, Guérin, Hevue -et May. de znnl.; p. 390. 308 INSKCTES. ludion (le ce moyen aussit(M (]u’il sentait le retour de ses soui- franecs. Or, sur ce malade s'oja'u'a le plus souvent, la vésication au moyen de la Ganlliaride i)ointill('e. A charpie fois l’action fut produite sans qu’il y eiit aucune irritation du côtij des organes génitaux. Mais deux fois où, à défaut de Cantharide pointillée, j’employai la Cantharide officinale, le malade eut à souffrir de l’action du médicament sur les organes urinaires. » Itepuis rpie j’eus reconnu rintéressante propriété de la Can- tharide pointillée de Alontevideo, je l’employai toutes les fois que j’ordonnai un vésicatoire. Ainsi j’en fis usage six fois dans le tas de sciatiques rehelles si('‘gcant soit d’un crité seulement, soit des deux côtés, et qui ne céd(>rent qu’à l’emploi de vésicatoires ap' pliqués au niveau de l’endroit où le nerf sciatique sort du hassin ; quehiueibis dans le cas de pleurésie; trois fois dans le cas de bronchite chronique; deux fois à la tin de la pulmonie; et, dans tous ces cas, je ne vis jamais aucune irritation, ni de la vessie, m du canal de l’inéthre. .le sais bien, et tous les praticiens savent aussi, rpie la Cantharide officinale est loin de produire toujours des accidents du ciWi de la vessie; mais le fait observé sur mon premier malade prouve rigoureusement, ce me semble, la curieuse immunité de la cantharide de Montevideo relativement aux organes génito-nrinaires 'Ç. » La Cantharide pointillée est longue de 13 à 16 millimètres a'* plus; ses élytrcs, son corselet, sa tête, son abdomen sont gr'S cendré, uniformément criblé de petits points noirs; ses antennes sont noires ci ses pattes roussâtres. Ce,tt(' couleur grise ipii la l'C' couvre en entier, à l’exception des antennes et des patti's, est fo^' niée parmi dépôt pulvérulent. Cette espèce est très commune aux environs de la ville do Mon' tevideo. Elle vit sur le Betn vulgaris, var. delà, herbe également très communi' dans les mêmes lieux. On la trouve dans les inoc’ de décembre, janvier, février et mars, mais c’est surtout dans mois de janvier et de février qu’elle, est abondante. La récolte en est très facile, ; elle doit se faire de jiréféreuen vers le soir, parce que les Insectes sont alors moins agiles, et qu’i'^ s’abattent sur la plante. On pourrait aussi la faire de bon matnn •• • • • " foiul On se munit d'un sac en toile de, grandeur convenable, au dinpiel on déposé quelques feuilles de bette, pins, arrive sur le li®'' de la récolte, on coupe près de leur racine les tiges de cette jilai'ù (t) Courbon, Comptes rendus hebd., t. XU, p.roos; 1855. 309 CUt.EOrTràES. •lui sont chargées de Cantharides, et oa les secoue dans le sac pour eu faire tomber les Insectes. La récolté faite, on peut tuer les Cantharides en les entassant dans un grand bocal que l’on place ensuite au soleil, ou plus sinqdeinent en exposant les sacs eux- niènies à la vapeur du vinaigre bouillant. Les Mylaukes (g. Mulabris, Fahr.) ont la tète proportionnclle- luent plus petite que les Cantharides et le corps moins étroit; leurs antennes se renflent vers le bout, mais elles sont régulières dans les deux sexes; les élylres sont zonée.s trans- versalement de rougeâtre ou de fauve sur du noir ou du brun. Ces Insectes sont communs dans les ré- gions chaudes et tcnq)érées de l’ancien conti- nent. Ils ont des i)ropriétés vésicantes comme les Cantharides ordinaires, et, dans plusieurs pays, on les emploie aux mêmes usages. Il paraît qu’autrefois les Romains et les Grecs se servaient uniquement de Mylabres. Une des espèces les plus répandues a reçu le nom de My- LABaE be la chicorée [Mijlabris cichorüj. On la cite en Chine et dans les Indes, ainsi que dans une grande partie de l’Europe ; mais il paraît qu’on a confondu sous le même nom plusieurs espèces peu différentes les unes des autres. Latreille dit que les Chinois emploient comme vésicant le My’- labre pesïulé [Mjilabris pusiulata, Olivier; .1/. Sidœ, Fabr.). Le nombre des espèces de ce genre qui sont connues des ento- mologistes est déjà supérieur à trente ; on n'en trouve pas en Amérique. En Grèce, on emploie le Mylabrü bimaculata contre la rage. Les l’eligieux de Phanéronème, près Éleusis, le pilent avec les feuilles d’une Asclé- piadée, qui est le Cynan- fdiuni excelsum. Les Méi.oes (g. Meloc, L.) ont le corps lourd; les elytres plus courtes que 1 abdomen , ((ui prend,sur- tout dans les femelles, un l'ic. oO. Melocs. Fig. Si- développement considéra- l»le et manquent d’ailes membraneuses. Leurs antennes sont com- 310 LNSKCTK.S. posées d’articles courts et avroiidis, dont les iiiterinédiaices plus gros ont souvent, chez les mâles, une disposition coudée ou en croissant. T.a couleur est foncée ou mémo noirâtre, mais avec des reflets métalliques. Un en a dénommé une quarantaine d’espèces, la plupart (>uro- péennes ou asiatiques. L’Amérique en fournit quelques-unes (1). Ces Insech’s sont vésicants et, dans plusieurs endroits, principa- lement eu lispagne, on s’en sert pour la médecine vétérinaire. Ils passent dans beaucoup de lieux pour nuir<‘aux bestiaux, et ce que les anciens nous ont dit de leurs Buprestes ou enfle-bœvfs\Y,\vn{\ se rapporter aux Méloés et non à nos buprestes actwds. Sous les Ko- mains, la loi Cornalia infligeait la peine de mort aux gens qui mê- laient du bupreste dans les aliments ou dans les boissons. Vuecker et les anciens auteurs disent que les personnes qui ont pris du bupreste doivent être traitées comme celles qui ont été (un- poisonnés par les Cantharides. L’esjtèce lu plus commune eu France est le Meloe proscarabceus, qui est d’un bleu foncé on nu peu violet. On emploie souvent le 3/eloc muialis dans le midi de, l’Euro|)e. La larve des Méloës a été pour les entomologistes un sujet de vé- r itables difficultés. 1 )e Geer, qui a fait do si belles observations sur les insectes, avait remarqué que les Méloés pondent leurs œufs dans la terre, et qu’il en sort de petites larves hexapodes (xturvues d’ongles en griffes, ayant le corps terminé par deux filets. 11 avait aussi constaté que ces petites larves s’attachent au corps do certaines mouches dont elles sont parasites. Mais M. Kirby a pensé que ces parasites, dont on trouve d(!s exemplaires sur les Hyménoptères du genre Mélitte, étaient des Aptères voisins des Pédiculidés, et il en a fait le Pou delà Mélitte. M. Léon Dufour a émis une opinion ana- logue et fait de ces [irétendus poux un genre à part sous le nom de Trimyulins ; mais de nouvelles obsei-vations, dues à Nitzsch, à M. de Serville, à M. M'estwood, et plus récemment encore à Ne w- port 2), ont montré que de Geer avait eu raison déconsidérer les Insectes dont il s’agit comme les larves des Méloës. En eflet, ces Coléo[)tères sont, pendant leur prenner âge, de petits insectes aptères très agiles, ayant l’abdomen terminé par trois fdets. .Après leur naissance, ces larves montent an sommet des (1) Voyez plus particulièrement Brandt et Ratzeburg, Mediz. 'iool., t. U, p. 110. pl. 10 et pl. 17 (anatomie). (2) Trans, soc. Linn, London, t. XX, p. 2^5; 1817. COLÉOrïKRES. plantes 1ns plus voisines et, eacliées sous les feuilUîS ou dans .les Heurs, elles attendent que les Mélittes, hyménoptères de la fa- mille des Abeilles, viennent s’y reposer. Elles grimpent alors sur eux, s’y attachent au moyen de leurs ongles et se laissent trans- porter dans le nid de ces Insectes, où elles se nourrissent aux dépens des provisions que ces derniers ont amassées en vue de 1 éclo- sion de leurs œufs. A mesure que la larve des Méloës avance en fige, sa forme se mo- difie et son corps s’élargit; enfin, au moment de sa métamorphose, elle devient apode et constitue la petite boule de couleur .jaune orange que l’on renconti'e assez souvent dans les nids des Anthophores. Les larves des Mylabres et celles des Cantharides ont une forme et des habitudes analogues. Fig. 52.— Larve de Mélo fl. CuARAXçoNS. Certaines espèces de la (g- î’riong'uiin.de L. Du- grandc famille des Curculionidés ou Charan- çons (g. Curculio, L.) attaquent nos végétaux alimentaires. Leurs larves sont principalement redoutables. Le CiiAXiANCOK DU BLÉ [Calundru granaria ou Sitophilus grananus) occasionne des pertes considérables. Un autre, le Sitophilus orijzœ, vit aux dépens du riz. Les pois, les lentilles et les vesces sont envahis par des Bruches [Bruchus pisi et B. viseiœ). La vigne nourrit le Bhynchytes Bacchus (1). Dans l’Amérique méridionale, la moelle des palmiers recèle la larve d’une espèce de Calandre [Curculio palmarurn, L.) ; on re- clierche cette larve comme alimerit, et elle passe pour un mets délicieux. C’est le ver palmiste (2). L.lrixi-s (g. Larinus, Germar).— Une espèce de ce genre qui est très voisine du Larinus onopordims, est employée en Orient avec la coque dans laquelle il est renfermé (3). Concassés ensemble, on les prescrit dans les maladies des organes respiratoires, surtout (1) Les antres Coléoptères qui vivent aux dépens de la vigne sont, outre le Hanneton vulgaire, VEumolpus vilis , les Atteldbes on Rhynchyles Bacchus, populiel betuleti, VKuchlora vitis, VOtiorynchus sukalus, VAUka oleracea. (2) Larinus syriacus, Chevrolat , Collection. — Voir Cb.. Bourlier, dans le Journal l’Ami des sciences; 1856, p. 355. f3) La larve du Prione cervicorne, grande espèce de Longicorne des parties 312 r.NSECTKS. dans les bronchites (ialarrliales. En Turquie et eu Syrie, on s’eu sert à la dose de 15 yrainnics environ, sur lesquels on verse un litre d’eau bouillante ; on agite pendant un quart d’heure, puis on l'ait bouillir, et l’on obtient ainsi un décocté que l’on fait boire au ma- lade sans le liltrer. A Constantinople, on vend les coques de ce Larinus sous le nom de Tricala ou Trehala. V^oici quels sont leurs caractères : Leur grosseur approche de celle d’un œuf de moineau, et leur forme est irrégulièrement ovoïde. La surface en est rugueuse cf mamelonnée irrégulièrement. On dirait des espèces do galles blanc grisâtre, et leur apparence rappelle celle de la pâte de froment desséchée. Un sillon formé par leur point d’adhérence aux végétaux qui les portait laisse voir l’intérieur qui est creux et occupé par le Larinus adulte. Souvent cette fente est encore bouchée par un frag- ment du végétal ; d’autres fois un trou circulaire a été percé, à l’une des extrémités de la coque, par l’Insecte qui se disposait à en sortir. Larinus du Tricala. f*g. 53. Surface extérieure du Tricala. — Fig. 34. Le même coupé en deux pour montrer l’insecte desséché dans son intérieur. — Fig. [33. insecte extrait du Tricala). La substance des coques a une saveur sucrée ; elle est d’appti- rcncc amylacée et fournit du mucilage. Mise sous la dent, elle croque. L’eau, à la température ordinaire, la tumélie mais ne la chaudes de l’Amérique, qui -vit dans le bois d'uu Bombax, est également recher- chée comme aliment aux colonies. On sait que les Romains étaient friands du Cossus, qui était aussi une larve lignivore, probablement celle du Cerambyx héros. 313 COlilOl'TÉRES. tlissout qu'iucoiiiplfitcniciit. L’eau iodee eu coloi'e la ])artie aiiiylacéc <‘ii bleu foncé, dans quelques cas en roupie vineux. Un examen rapide y a fait reconnaitre du sucre réduisant la liqueur bleue de Itarrcswil, de l’amidon présentant les caractères de l’amidon des céréales et une substance albuminoïde. C’est sur les rameaux d’un onopordon de Syrie que l’f)n trouve Ces coques de Larinus, principalement dans le désert qui sépare Alep de Baj'dad, et non point îi Tricala, en ïhessalie, comme le nom qu’elles portent à Constantinople pourrait le faire supposer. Les Arabes de Syrie les (îonuaissent sous le nom de Thrane, d’où l’on a fait par corruption Tlirale, Trelialaei Tncala. C’est durant son état .de larve et pour y séjourner pendant qu’il sera en nymphe, que le Larinus se construit cette coque. On a soin de recueillir cette dernière avant ([u’il l’ait abandonnée, et il est pro- hablo qu’il a lui-même une part dans l’a(;tion médicamenteuse que l’on reconnaît au Thrane ou Tricala. D’après Latreille, une autre espèce de Larinus, le L. odontalgi- CMs, Dejean, est employée, dans plusieurs parties de la France, Contre le mal de dents (1). Quelques insectes Coléoptères, soit des larves, soit des nymphes Ou des exemplaii'es adultes de ces animaux, ont été trouvés acci- dentellement dans le corps do l’homme, et ce fait pathologique a oiême reyu un nom particulier, celui de Cantim'iasis. Voici les indications que M. Hope a recueillies à cet égard ; elles sont toutes relatives à des insectes vivant aux dépens de l’espèce humaine. On ignore le plus souvent comment l’introduction de ces insectes eu lieu, et le séjour de quelques-uns d’entre eux dans les organes de l’homme est peut-être contestable, les observations n ayant pas loiijours été recueillies avec une précision sullisante. Cababiiiés. — Sphodrm leucophthalrrms , L. I n exemplaire rendu par l’estomac d’une femme, en Sidale; 1797 (Pay kull, Upsal. tramact . ) . DYTrsciDÉs. — Dgtiscus marginalus,\-: Larve trouree, en 1831 ou 11132, dans la poitrine d’une femme habitant le Middlesex, en An- Sleterre (Hope, Trans. entorn. Soc. Lond.). Sx.miYUNiDÉs. — Pœderus elongatus, labr. Larve rejetée de l’es- loiuac d’une femme eu Suède, en 1796 (Paykull, Aoen act. Upsal., 1- VI, p. 115). Oxyporus subterrunem, P’al)r. Larve rejetée de l’estomac d’une femme, en Suède, en 1798 (Paykull, loc. cit.). (1) On attribue aussi des propriétés odontalgiques à quelques Carabes, à des '“krysumèlea et à la Coccinelle à sept points. 1NSE(!T£S. 314 StaphylinuH poli tus, Fahr. Larve rejetée de Festoinac (Fune femme en Suède; 1797 (l’aykull, loc. cit.). Staphylinus fuscipes, Fal)r. Nond)reux exemplaires de la larve rejetées de l’estomac d’une femme en Suède; 1798 (Paykull, loc. cil.)- Staphylinus punctulatus Fabr. Quelques exemplaires rejetés de l’estomac d'une femme en Suède; 1798 (Paykull, /oc. cit.). Dermustiués. — Dermestes lardarius, L. (1) Exemplaire adulte rejct(' de l’estomac d’une jeune tille à Bath, en Angleterre, en 1807 (!)'■ Chichcster) . Id. Exemplaire adulte rejeté par l’anus d’un individu, en Angle- terre (Otto, cité par M. Hope). /rf. Autre exemplaire adulte rendu dans des conditions semblables. Dermestes (espèce indéterminée). Trois larves provenant de le poitrine d’une femme, en Angleterre (Martin Lister, Phil. trans., 1065). ScARAnÉiDÉs. — Geotrupes vernalis. De» l’estomac d’un enfant de six ans, en Suède, 1729 (Paykull, loc. cit., d’après Van Brommell)- Geotrupes (espèce indéterminée) . Observation également faite en Suède, en 1752 (Paykull, loc. cit., d’après Rosen). Mki.oloivthiués. — Melolontim (esp. indéterminée). De l’estomae d’un enfant, en France; 1817 ou 1818 (fait cité par M. LeMaout). Melolontka (espèce indéterminée). Plusieurs larves rejetées d® l’estomac d’une- femme en France fait cité par M. Le Maout, d’après M. Robineau Besvoidy). Blaps. — Dlaps mortisaga. Larves provenant de l’estomac d’une femme en Irlande (Thompson, cité par M. Hope). / t. VII, p. 43). Id. Deux exemplaires adultes dans l’estomac d’une petite tdie? en 1568 (Forestus a Brielle, Opet'a, lib. I, cap. 51). Id. Deux larves de la vessie d’une femme (Tulpius, Observ. med f lib. II, cap. 51). (1) Le Dermestes lardarius, à l’élat de larve, se nourrit de lard et d’autre* matières animales. C’est un des insectes les plus nuisibles aux collections d h'* toire naturelle. ORTHOVTÈRKS. 315 Id. JJaiis le nez d'une femme (Tulpius, loc. cit., lih. IV^ c. 12). Id. Dans les infestins, en Écosse (docteur Kollie). W. Insectes parfaits et 50 larves dans l’estomac d’une femme, en É'iande (docteui’ Thompson). Id. M. Hope cite encore deux cas de Tenehrio molitor observés *'iir l’homme. Moriieluiiés. — Mordella (espèce indéterminée). Observation l^iitc en Suède par Roson. Meloe prosem-aherus. Insecte parfait. Meloe mujalis. Id. Rendu par les intestins. Meloe (espèce indéterminée). Rendu par l’estomac. ÉracxLroNiDÉs. — Blaninns nucum. Fabr. Insecte parfait prove- Oaiit de la poitrine. Id. Provenant du canal intestinal. Id. Larves rendues par les voies urinaires. Ordre des Ortiioptêres. Les Oi'thoptères sont des insectes ' dont les ailes, au nombre de 'luatre, sont de consistance inégale; les supérieures, plus résis- Lintes, droites, mais disjointes sur la ligne médiane, et les infe- 'ieurcs également droites et plissées en long, au lieu de l’étre tfansvei’salement. Ils ont les pièces de la bouche séparées les unes 'É‘s autres et disposées pour l)royer; on y distingue un labre, des '^iiandibules, des mâchoires et une languette ; ils n’ont que des *lemi-méfamorphoses et sont déjà sous la forme de nymphes mo- ^'iles lorsqu’ils éclosent. Les femelles de beaucoup d entre eux *’nt une tarière qui leur sert à faire les cavités dans lesquelles elles placent leurs œufs. Quelques espèces appartenant aux difterentes familles de cet ordre sont intéressantes sous le rappod médical. La plupart des t.trthoptères ont des ailes. Les Ricins paraissent ^Ire un groupe aptère appartenant à la même série. Nous en ft^rons un sous-ordre distinct. Sous-ordre des Orthoptères ordinaires. 11 renferme plusieurs familles. La famille des FORFIGÜLIDËS ou horficules (g. Forficula, L.) Pî'ésente encore une certaine analogie avec les Coléoptères et plus particulièrement avec les Staphylins dans la forme de ses ailes, “font les inférieures sont en éventail, et repliées en travers sous de 316 LNbECTBS. véritables élyfres crustacées. üii en a fait (luotquefois un ordre ii part sous les noms de Dermoptcrcs [Dermoptera, Kirby) et (VEu- plécoptères [Euplecoplera, Westwood^ . On les nomme vulgairement perce-oreilles, parce qidon leur suppose l’habitude de s’introduire dans les oreilles et d’y occasionner soit la surdité, soit d’autres ma- ladies; mais (îela n’est ricm moins que démontré. L’esj)èce commune, [Forficula auricularia) se nourrit surtout de fruits. On cite deux cas de Forticules qui auraient été trouvées sur l’homme, mais dans le canal intestinal ou dans la gorge. Le premier qui a été recueilli en 1836, en Irlande, par le doc- teur W. Griffith (Medic. Gaz., t. XIX, p. ù8) est celui d’un insecte de cette espece qui parait avoir séjourné dans le canal intestinal! il a été fourtn par une femme. Le second, publié en même temps par le même auteur, repose sur plusieurs exemplaires qui furent retirés de la gorge d’un garçon de douze ans, également en Irlande. Les BLATTIDÉS ou les Blattes fg. Blatta, L.) sont des Insectes extrêmement incommodes, surtout dans les pays chauds où d® abondent. Ils mangent les substances alimentaires, les effets d’ha- billement, les livres, etc. ; saccagent des marchandises très diverses et sont souvent très abondants îi bord des navires (pu reviennent des colonies. Chez nous ils se tiennent de préféremu! auprès des fours ou dans les cheminées. On les nomme Kukerlacs, Cafards, Mange' pain, etc. Il y en a jusqu’en Finlande et en Laponie. Dios(îoride nomme Blatte une espèce de larve ou de ver dont on n’a point déterminé l’espèce. Les MANTIÜÉS ou Mantes (g. Mantis, L.), qu’on ap{)elle Prie-Diet* [Prega Diou] dans nos départ(mients méridionaux, sont à la foi^ i'cmarquid)les par la bizarrerie de leurs formes et par les préjuges auxquels elles ont donné lieu. Fne famille voisine de la leur est celle des SPECTUIDÉS ou d,es Spectres, Phusmes, Phyllies ou Feuilles, etc. Elle conduit aux OC' thoptères sauteurs qui se divisent aussi en plusieurs familles. Les GUYLLIDÉS ou Grillons (g. Gryllus, L.) ont pour princi- paux genres les CooRTU.uÈHES ig. Gryllotalpu) , si gênantes pour les jardiniers; et les Griu.ons proprement dits (g. Gryllus), aux(iueL'’ appartiennent les Gryllus campestris et Gr. domestiens. Les LOCL'STIDES (g. Locusta, Geoffr.) sont vulgairement noin- niées Sauterelles. Elles rendent par la bouche une salive âcre et corrosive qui passe, en Suède, pour avoir la propriété de détruire OHTlIOrTÉRKS. 317 les vt'rriH's. Le Locnsln vn-riicivnrn, qui est un Decticus, est resi)èee ']ue l’un il surtout vantée sous ce nipport. Les Sauterelles font souvent, beaucoup de mal aux végétaux. Une Kphippigérc [Ephippùjera vitium) nuit particulièreiuent à la vigne. Les Criquets (g. Acrydium, Geoffr.), qui s’eu rapprochent à beau- coup d’égards, sont souvent plus redoutables encore. Les bandes du Criquet vovaiieur [Acrydium miyratorimn, etc.) s’abattent diius cer- taines parties de l’ancien continent, en Asie, ou .\frique ou qucl- f|uefois en Europe ; ravagent en (juelques instants le sol le plus fertile et le mieux cultivé, et, périssant bientôt faute de nourriture, le jonchent de leurs cadavres, qui entrent alors en putréfaction Pt occasionnent des maladies pestilentielles. Il y a en Afrique et eu Asie des peuples qui mangent les Criquids [peuples acrydiphages) . Les lois de Moïse permettaient aux Hébreux quatre espèces de ces Insectes, et beaucoup de peuplades afri- caines en ont conservé l’usage. Elles en font provision et basent même sur cette denrée certaines transactions commerciales. (In conserve les Criquets en les playant^dans une espèce de saumure, après leur avoir ôté les élytres et les ailes. En 1693, il vint en Al- lemagne de nombreuses bandes d'insectes de cette famille, et dif- férentes personnes en mangèrent. Sous-ordre des Ricins. Les Ricins, dont Rédi et Linné faisaient des espèces du genre des Pcdicultis, en ont dû être séparés. Latreille et Leacb les pla- cent dans le même ordre, mais les observations de Nitzsch ten- dent à les faire classer à la fin des Grthoptères, comme les repré- sentants aptères et parasites de cet ordre d’insectes. Dans un travail monogi-aphique qu’il leur a consacré, Nitzsch (Il donne a la division qui comprend les Ricins le nom de Mallopftuye [Mallophagd] ; Fa- bricius avait déjà la même opinion au sujet des aflinités de ces In- sectes, puisqu’il les rangeait avec ses Ulonates qui répondent aux Grthoptères des autres entomologistes. C’est de Geer qui a montré le premier que les Ricins forment Un groupe différent de celui des Poux. Voici comment il s’exprime à cet égard : « Gu leur trouve, au lieu de trompe, comme aux Poux qui tourmentent les hommes, deux petites dents écailleuses (2) et uiobiles, placées au milieu du dessous de la tête, à la hauteur des (1) Thierinselclen {Insecla epizoica), in-8. Halle, 1818. (2) I.es deux niaudibulcs en crochets. Les Ricins ont aussi «leux lèvres. INSECTES. antennes. En conséquence d’une circonstance si notable, si essen- tielle, j’ai cru qu’il serait mieux d’établir un genre distingué poiu’ ces Insectes et de les séparer d(!s véritables Poux, en leur donnant un nom générique ])arliculier ;1). » C est aussi de (leer qui a proposé de les ajipelor Ricins. Ces Insectes sont afitères comme les Poux ; ils sont comme eux déptiurvus de métamorpbo.ses, et leur genre de vie est analogue au leur ; mais si les Poux ressemblent aux Hémi|)tères par la dis- position de leur bouche, les Hicinsont, au contraire, sous le mènn' rapport, une incontestable analogie avec les Urlhoptères, et leur classification a la suite de ces animaux paraît très acceptable. Du ne les trouve que sur les mammifères et sur les oiseaii.v dont ils atta([uent principalement l’épiderme, les poils ou les plumes 1 ils mangent his parties épidermoïdes, tandis que les Poux, qui sont suce.urs, tirent directement le sang des animaux sur lesquels ils sont parasites. Ün n’en connaît point sur les vertébrés à sang froid. Il'’ sont très nombreux en espèces, surtout ceux des oiseaux, et il en existe souvent do plusieurs espèces ou même de [ilusieurs genres sur cbacun de ces animau.x. Us S(( consei'vent aisément par la dessicca- tion, et 1 on peut en recueillir, pour observer leurs caractï’res, sur des oiseaux empaillés depuis plusieurs années. A la mort des ani- maux sur lesquels ils vivaient, on les voit pour la plupart se placer a la surface des téguments, et plus la mort a reù-oidi le cadavre, plus on en voit sortir; leur agitation est alors fort grande. Dans quel- ques cas, ils survivent encore plusieurs jours, et c’est vers les par- ties molles, autour des yeux, à la base du bec, sur les lèvres ou aux oreilles, qu’on U^s retrouvi: de préférence. Dans ces cftnditions, passent souvent des animaux à l’bommc, et les c.hasseurs ou b''' préparateurs d’bistoire naturelle en sont parfois inejuiétés, nuii'^ ces Uicins ne tardent pas à périr, et babituellemcnt, on s’en défaü avec beaucoup de facilité et en peu de temps. Il ne faut pas confondre les Uicins qui sont des Insectes hexa- podes avec les Araclmitlcs aussi appelés tlu même nom ou do celui de Tiques, qui s’accrochent aux animaux et se gonflent en leur suçant le sang; ceux-ci sont des Ixodes. C’est pour avoir fait uuë semblable confusion([u’.Acbille Uiebard, qui figure cepcmdant un vrai Ricin, donne au groupe qui nous occupe ici le nom de Cysteptin-es, et dit que les espèces qui s’y rajiporient se gonfbmt et devienneiif vésiculeuses [2). (1) De Gecr, Mémoires, t. vil, p. C9 ; 1778. (2) Éléments d’Insl. nat. médicale, t. I, p. 300. Paris, 18i9. In-8. ORTHOPTÈRES. 319 Il n’y a qu’une famille de llioins, celle des Bicinidés, que M. Dennv partage néanmoins en deux, les Liothéidén et les B/u- loptéridés. La famille dos RICINIDÉS a plusieurs genres qu’on a nommés Thrichodectes, Lephtothirium, Gyropus, Lioiheum et Philopterus, et dont les trois premiers, moins riches en espèces que le qua- trième et le cinquième, n’ont été encore obstirvés que chez les Mammifères. Genre Tkiciiohecte [Trichodectes, Nitzsch). Tete déprimée, scuti- forme, horizontale, plus large que le prothorax, a bouche infère ; mandibules hidentées au sommet; palpes labiaux très courts, bi- wticulés ; antennes filiformes tri-articulées, plus épaisses et presque, rhéliformes dans les niiües de quelques espèces ; tliorax biparties ; Hbdomen de neuf anneaux ; tarses grimpeurs, bi-artieuhis, formant pince avec la partie bispiculée, de jambe. Ces Insectes s’accouplent à la manière des Poux, c’est-à-dire (jue le mâle est placé sous la femelle pendant la copulation. On en a décrit une vingtaines d’espèces. Nous citerons : Le Thricuodecte larue ( Tkrichodnctes latus) , du chien domestique. Le Tiirichodecte sI'BROSTRè [Thrichodectes subrostratus) , du chat domestique. Le Thrichorecte scalaire [Thrichodectes scalaris], du bœuf. Le Thriuhouecte swiérocèphale ( Thrichodectes ^>hcerocepha,lus] ,'à\fpo\ei par Linné Pediculus ovis, et f|ui vit sur le mouton (tig. .âd). Le Turtcliodecte CLi.MAQUE [Thrichodectes climax), de la chèrTO ordinaire. Le Thric.hodecte bordé [Thrichodectes lineatus], Ifouvé sur les chèvres d’Angora. Le Thricuodecte du cheval [Thrichodectes equi]. fîenre Leptophthiue [Leptophthirium, Ehrenb.). Antennes filiformes, remarquables par le giaiif du moumn 'lombre fl 5' de leurs articles; des palpes maxil- lîdres et labiaux; ceux-ci allongés, do cinq articles; tarses de trois ^''ticles, bi-onguiculés. Ce genre, qui demaude un nouvel examen, a pour type une «spèce parasite du Daman de Syrie, le L.longicorne, Ehrenb. (2) M. Jacquelain Duval a parlé à la Société entomologiqiic d’une sorte de l'hthiriasis du Cliat occasionnée par l’apparition en très grand nombre de ces l^âricliqdectes. 320 INSECTES. Genre GYnopE [(h/rnjms, Nitzsdi). Tenipe.s érliancrées ; houcl'P iintériciire ; inan(lit)ule.s non dentées; des mâchoires; des palpes maxillaires; point de palpes labiaux; antennes ([uadri-articulées; leur troisième et leur quatrième articles rentlés en capitule; yeux nuis ou du moins invisibles; thorax bipartie; abdomen de deux segments; tarses petits. Il y en a deux espèces sur le cochon irinde : Le Gyiiope uiuci.k [Gyro/ms gmcilis], à corps allongé (fig. 57), ut le Gyroïk ovale [Gyropus ovalis), plus large, plus court et ovalaire- Le Gyropiis longicoltis se tient sur l’agouti, et le Gyropus hispiduS sur le paresseux aï \^Bradypus tridac(yius) . Genre Liotué [Liotheurn, Nitzscb). Tète déprimée, scutiforinei bouche infère, mais rapprochée du bord antérieur ; mandibules bi' dentées; des mâchoires; des palpes maxillaires et des labiaux j antennes quadri-articulées, capitulées ; yeux placés deiTièrc elleSj le plus souvent invisibles ; thorax bi ou tripartie ; abdomen neuf ou dix anneaux; tarses droits, convexes, bi-onguiculés. On en connaît beaucoup d’csiièces, toutes parasites des oiseaux et dont on a fait sept souS' genres sous les noms ‘l*'' Colpocephalum , Menopon > Nitzschia, Trinoton, rwum, Læmobotrion et Pby' soalomuni. On trouve sur le coq et Fig. sur nos autres gallinacés basse-cour le Liothé tal® ( /Jothevm pallidum ) du sous-genre Menopon (lig. 58) ■ Le dindon fournit le theurn stramineum ( espeut' .^8. — l-iotliée pâle, de Trinoton). du Coq. Genre Philüptèue lopterus , Nitzsch) . lîoucb® infère , mandibules bidentées ; des mâchoires; point de palp^*- maxillaires ; les labiaux très courts, bi-articulés; antennes de ciuq articles; yeux le plus souvent invisibles; thorax bipartie; abdo men de neuf anneaux; tarses bi-articulés, à deux ongles torniau pince avec le bas de la jambe. Les Philoptères sont parasites des oiseaux et vivent des parcelle® de leurs plumes. On les a partagés en plusieurs sous-genres nomme® Fig. 57.-- GjTope grêle, du Cochon d’Inde. 321 .NKVfiOPTKRT.?. fJocophorus, JMrtnus, Lipcurm, tloniodes, Goniocoles et Ornithobius. Le l’iiiLorTKnE tajuaiü^e {l’hilopterus variabilis) , de Lipm- >’îci . Guêpes font partie, et les TérébranU ( ,XieLt les les Tenthrèdes, les Ichncumons, les Chrysis, les Chalci Cyrips. Sous-ordre des Aiguillonnés. ressante, a tous égards, est sans coiiti . La taniille des APIDIÜÉS ou Apiaires, Apides, etc., qui sont plus spécialement les Hyménoptères mellifère^, se compose d un assez grand nombre d’espèces, vulgairement désignées par le nom (l’Abeilles. Ces insectes forment une division importante parmi les Hyménoptères; ils ont la division moyenne de la languette aussi longue au moins que le menton ou sa game tubulaire, ou en tonne (l) La production exclusive de mâles, soit par les femelles, soit par les neutres, 3 tHr nommée oTTénotoliic, 326 TXSECTRS. de tilet. ou de soie. Leur mâchoire et leur lèvre sont très allon- gées, et forment une sorte de trompe coudée et repliée en dessous de nnserlion. Les deux premiers articles de leurs palpes lahiaux ont le j)lus souvent la fifiure d'nne soi(‘ t'eailleuse oompriméis et qui embrasse les cotés de la languette. Les deux autres sont très petits; le troisième est communément inséré près de l’extrémité extérieure du pri'cedent, qui se termine en jminte. Les Aindidés font habituellement leurs nids avec une substance particulière, de nature grasse, qui constitue la cire; le miel qu'ils récoltent, principalement sur les nectaires des Heurs, dont il est une excrétion, est mie matière sucrée qui sert plus particulière- ment a la nourriture des larves. Un troisième produit de certaines especes d’abeilles a reçu le nom de propolis. Nous en parlerons, ainsi que des deux précédents, à propos des abeilles domestiques. On partage les Apididés ou Apiaires en deux grandes tribus, les Apididés sociétaires l't les Apididés solitaires. L Les ArmniÉs sociétauies vivent réunis en sociétés nombreuses; leurs espèces sont composées 5 postérieures dépourvues d’épines ; ce sont les Abeüles et les miipones. fit nu Anuixu [Apis). — l'cmelles pourvues d’un aiguillon; toutes les nervuix^ des ailes fortes et distinctes; une cellule radiale res- soiioe , CI a oi»goe^ ayant son bord postérieur un peu écarté de a c/ite de ai e et presque arrondi; quatre cellules cubitales, dont: a deuxieme très rétrécie vers la radiale, très élargie vers le disque, lece^ant la première nervure récurrente; la. troisième étroite. IlVMKNOT'TtaES. 527 nl)lique, rpccvant la doiixièinc nervure récurrente; la quatrième commencée, n’atteignant pas tout à fait le bord inférieur de l'aile ; trois cellules discoïdales complètes. Ocelles disposés en triangle, placés sur le front dans les femelles et sur le vertex dans les mâles; crochets des tarses bitides , une dent ii la base du premier article du tarse postérieur. Les Abeilles sont des insectes de l'ancien continent, c[ui nous sont très précieux, à cause de la facilité que nous avons, en les élevant dans un état de demi-domesticité, d’exploiter à notre usage la cire dont elles font leurs nids et le miel qu’elles y accumulent pour la nourriture de leurs petits. Elles donnent une autre substance en- core, le propolis, qui leur est d’une grande utilité dans lems tra- vaux de construction. 1. Le propoiis est mou et ductile quand il est trais; il devient ensuite solide, mais la cbaleurpeut le ratnollir. Il est soluble dans l’alcool, se saponifie par les alcalis, est insipide et a une odeur légè- rement aromatique. C’est une substance résineuse que lesAbedles paraissent récolter sur les bourgeons ou les jeunes pousses des arbres. Elles s’en servent pour clore les endroits qu’(‘lles habitent, soit les creux des arbres, soit les ruches que riiomme leur prépare. Lorsqu’un essaim s’établit dans l’une ou l'autre de ces résidences, les ouvrières se mettent immédiatemeni à en boucher toutes les tentes, et elles ne laissent en général qu’une seule issue, toujours de petite dimension, et qu’elles ont bien soin de, surveiller attcntivcmenl. Le proiiolis a donné lieu à quelques applications ; on 1 emploie en fumigations résolutives et en pommades. 11 sert aussi a prendre des empriMiites de médailles. 2. La dre [cera] est une substance grasse, de nature complexe, ainsi que nous le verrons jilus loin, dont les .\beilles se servent pour construire leurs alvéoles, c’est-k-dire les gateaux à cellules dans lesquels les femelles déposent leurs œufs. L’abondance avec, laquelle on rencontre des matières analogues à la surface des plantes sur lesquelles les Abeilles vont butiner avait porté quel- ques observateurs à supposer que ces insectes prennent ladre toute formée, et qu’ils se contentent de la mettre en œuvre. Cette opinion a été soutenue par Swammerdam, Maraldi etRéaumur. D’après ces auteurs, le pollen des fleurs, rassemblé en pelote dans les palettes corbiformes des Abeilles, était, pour ainsi dire, de la dre brute, et l’Abeille ouvrière n’avait plus, pour l’élaborer, qu’à le pétrir avec quelque liquide fourni par ses propres organes, de la salive par exemple. Cette opinion a dû être abandonnée. .28 I.NSI'XTES. Il résulte (les recherelics faites ])ar Huulcr, (juo le nMe joué par 1 Abeille dans la production de la cire est beaucoup plus considé- rable que ne le coinp(ji'te cette supposition. Gctleiuatière suinte des parois d un certain nombre de poclies glandulaires situées sur les articles do son abdomen, et c'est là qu'elle s'amasse sous forme de p('tites larmes. L opinion admise par Hiinter a été confirmée par Hubert , naturaliste de (ienèvc', (pii, bien qu'aveugle, a réussi à faire les observations les jdus curieuses sur les .Mieilles jiropremeiit dites. Hubert a institué plusieurs expériences ipii ont mis le fait liois de doute Alt et plus recenimiMit H. liuiidlach, ainsi rpie -MM. Dumas et Milne-lùhvards l’ont démoidré de nouveau (2 . ^oici, d’après M. Deaunier, comment s'opère, la secrétion de la cire : entre les six anneaux fmneipaux du ventre des Abeilles et sur deux rangs latéraux, sont situées de petites poches follicu- leuscs, au traxtu's des([uelles transsiubi la cire, Ouand la mouebe à miel se donne une certaine agitation, elle fait sortir la cire de ees organes, sous lu forme de jietites jiièces diaphanes, qui ont la tigiuc d un pentagoiK* très irrégulier. ttntrou\'e diuix morceaux d(,‘ cire entre le premier et le second anneau, dmix entre le second et le troisienu', deux entre le troisième et le. quatrième, deux entre le quatrii'nie et le cimiuième, entiii un seul entre le cinquième et le sixième; de sorte qu'une Abeille |)eut fournir à la fois neuf moineaux qui siitlisent |)our eommeucer une cellule. Les Abeilles mettent en leuvre ces matériaux ainsi préparés ; [loiir cela, elles font usage de leurs mâchoires, de leur langue ou de leurs antennes. John a le premier observe que la cire (‘st un mélange de deux principes distincts, différant entre eux parleur degré de .solubi- lit(‘ dans l’alcool. L'un est soluble dans l’alcool bouillant, c’est \'oci(le cprolique, d’abord appelé ct-rine; l’autre, peu soluble dans liipiidc^ est connu sous le nom de myi'icine et représente, d a- piesBrodi(>, du palmilate de niyricyle. La cire renferme, mi outre, ‘ fs (piantites minimes de ((orps étrangers auxcpiels elle doit .sa coU' (ui, son odeur aromatique, et une certaine, onctuosité. Les rc' ( ier(. les di-s cliimistcs ont montré que les jiroportions de l’acid»- ciMOtique et (l(. lu myricine variaient beaucoup. ,lobn, ainsi que Bucbol/ (.f Prandes, ont trouvé 9/lü d’acide céroticpie, et Houdetet Hoissenot7/10 seulement; une autre cire, examinée jiar Hess, renfermait 9/lo de myricine, et de la cire de Geylan analysée (1) Nouvelles observations sur les Abeilles. lii-8, t8H. (2) Ann. rie chimie cl de physique, 3‘ siTir, l, XIV, p. 400, cl Ann. des sc. nal., 2' série, t. .X.\’, p. t Ti. MVMKNOI'TKIll'.S. 329 imi' Brodio était eatiénaiiont exempte d'acide cérotique, tandis fine de la cire du comté de Surrey, en Ani^leterre, a doniu* au ittèine chimiste 22 pour 109 de ce principe. La cire est naturellement jaune. Pour la blanchir, ou la réduit •'n rubans ou eu nappes mituies c[uc l’on expose au grand air sur •les châssis pendant plusieurs jours et plusieurs nuits. L oxygène pur est un moyen plus exj)éditif d’arriver au même résultat; on peut aussi traiter la cire, pendant qu’elle est chaude, avec un peu ‘l'acide sulfurique étendu de deux parties d’eau et quelques frag- ments de nitrate de soude, ce (lui développe de l’acide nitrique qui exerce son action décolorante. Ou a constaté que le chlore ou le ehlorure de chaux avait l’inconvénient de donner naissance a des produits chlorés, qui forment de l’acide cldorliydi’ique pendant la e-ouihustion des bougies faites avec une pareille cire. La cii’c brute ou rattinée est employée a de nombreux usages, “ussi bien en médecine que dans les arts et dans 1 économie do- Oiestique. I nie aux huiles fixes, elle forme les diverses priqiarations que l’on désigne en pliarmae’ie sous le nom de cérals; elle entre aussi 'lans une foule d’onguents et d’emplâtres. A l’intérieur, on l’a ‘‘niployée sous forme iVémuhim cireuse et à’électuaire de cire; d’huile de cire -à été dite diurétique à la dose de 3 à 6 gouttes. On l a employée pour les gerçures des lèvres et du sein, et en frictions, Sur le ventre des enfants constipés, pour produire des selles. La cire filtre aussi dans les onguents [ilii et pommadin, dans le cerat labial, ‘lans le sparadrap, dans le papier ciré, dans la toile de mai et dans Ifs bougies simples. Les modeleurs s’en servent, pour façonner des objets d art, elle fst fréquemment employée pour la fabrication des préparations '1 anatomie artificielle, enfin elle entre dans les encaustiques pour appartement, et sert à une multitude d’autres usages. Un des plus l^réquents est celui de la fabrication des bougies ordinaires qui ‘loivent leur nom à une petite ville du littoral méditerranéen de 1 Afrique, où l’on portait autrefois une grande partie de la cire re- fteillie dans les États barbaresques. Les bougies stéariques ont ù'uiplacé presque partout les bougies cériques. C’est de la côte d’Afrique que les llomaius tiraient une gramle Partie de leur cire. L’Algérie se prête très bien, par son sol et par ‘la température, à la multiplication des Abeilles. l'our extraire la cire des rayons, on soumet ces derniers a la Pi'osse, afin d’en enlever, autant que possible, le miel; puis on les INSECTES. tait fondre dans l’eau bouillante ; le point de fusion de la cire ainsi obtenue est 62 à 65 désirés. 3. ha miel [mcl] est une malière sucrée que les Abeilles se pro- curent dans les Heurs. Il est principalement exsudé par les nec- taires de ces dernières. On n’est pas bien certain de l’action que les Abeilles ont sur le miel. D’après certains auteurs, il est simplement recueilli et dégorgé par ces Insectes; d’autres pensent qu’il ne sort de leur estomac qu’après y avoir subi une digestion qui coutribnc à le rendre susceptible de conservation ; c’est l’opinion dclléaunnir. Les Abeilles dégorgent le miel dans les alvéoles de leurs gàtcaiis de cire, soit pour s’en servir comme d’une réserve pendant 1« mauvaise saison, soit pour en faire la nourriture de leurs larves- hv miel vierge on miel blanc est le plus pur; c’est celui qo' s’écoule naturellement lorsque l’on renverse les gâteaux. Le miel jaune ne sort (pie par la rupture de ceux-ci ou quand on les ind en presse. Le miel commun est le résidu d(‘s alvéoles exprimé^ plus fortement; sa couleur est brunâtre, et il est touiours foï* impur. Ainsi que le fait remarquer Duiial (1), la densité, le gonl, l'’ couleur etraromc du miel de VApis mellifœa varient beaucoup suivant les localités qui Us produisent et selon l’époque de l’année pendant laquelle il est récolté ; îles différences de même natun' s’observent aussi d’une anmse à une autre, d’après la séià' des pliénomciies atmosphériques qui se sont succédé. Les miels Iraiis- parents et fluides de Malion, du mont Hymetto, du mont Ida, <1^ Cuba, etc., sont, au rapport de Dose, aussi supérieurs au miel blaiie et compacte de Narbonne, (jue ce dernier est au-dessus du jibis mauvais miel des environs de Paris. La couleur blanche est regaï' déc chez nous comme une preuve de la bonté de cette substaiicPj et il est, dans les Daléares, des miels noirs dont le goût est, dit-om délicieux. Tous les agronomes savent encore que la même rucliCj ‘loime cluuine mois des produits différents, et que h-s mois cor- l'cspoiulants de deux années consécutives n'en présentent pas de semblables. Toutes ces différences ne sauraient avoir d’autre cause que la diversité des plantes sur lesquelles les Abeilles butinent à chaque epo(|m, (p, pamiée, et les modifications que font éprouvd’ a 1 excrétion du lépisme lou nectaire des végétaux; l'action variabh’ de Tabnospht-re. (1) Consid. sur les org. floraux colores et glanduleux, p. 28 (Thèses de la Fec- des SC. de Montpellier, -182!)). irY.AnîNOPTÈriKS. 331 En Europe, le miel le meilleur et le plus parfumé est celui que l<'s Abeilles butinent sur les labiées ; et aux îles Baléares ainsi que nnteinps, et trois semaines suttisent alors pour la production do douze ou f|uiuze mille œufs. Ceux qui devront fournir des femelles ou reines sont déposés dans des c(dlules qui ditîèrent un peu des autres, et qu’on appelle royales. Après trois ou quatre jours, chaque (cuf donne naissance à une larve vermitorme, à laquelle les nourrices portent une pâtée appropriée a sa future condition, et si les cellules royales sont restées vides, elles y ti-aus[)ortent une ou iilusieurs des larves qui seraient de- venues des neuti'es, ou bien refont les cellules de ces dernières, et, en les nourrissant d’une niaidère abondante, leur donnent le déve- loppement des femelles fécondes. La duree de I état vermiforme varie suivant chaque catégorie ■ elle est de cinq jours seideincnt pour le.s ouvrières 5 les mâle» mettent huit ou neuf jours de plus. Au moment oii l’état de nyni" phe doit commencer, les nourrices bouchent avec de la cire l’ou- verture de la cellule, et la larve, qui va devenir immobile, s’enve- lo|)pe d’uu petit cocon de soie. La sortie des ouvrières arrivées è l’état adulte et celle des faux bourdons ne troublent pas l'ordre ([ui règne habituellement dans une ruche. Il n'en est pas de même lors de l’apparition de nouvelles femelles. La vieille reine cherche à les détruirt' ; une lutte s'engage, entre les ouvrières, dont les unes prennent parti pour elle et les autres pour les nouveaux préten- dants; et ordinairement l’anciemne reine est obligée de fuir, em- menant avec elle une partie de la société, et elle va, dans un lieu plus ou moins éloigné, fonder une colonie nouvelle. C’est là ce que l’on nomme un cssaùn. Les mâles ou faux bourdons ne prennent point part aux travaux de la ruche, et lorsque la fécondation a eu lieu les ouvrières s’eu défont comme de (anisommateurs inutiles, en les chassant ou eu les tuant (1). Les mâchoires des Abeilles seraient des armes insultisaiifes poiu' leur défense. La nature les a pouiTues d’un aiguillon ([ui les tait ^ redouter, mais dont elles ne se servent elles-mêmes qu’à leur ‘ (1) Ou trouvera des détails plus étendus sur les mœurs et sur l'organisatiou des Abeilles dans les ouvrages de Swammerdain (Biblia naluræ), de Réaiiniur (Mémoires pour servir à l’histoire des Insectes), de Schiracb {Histoire naturelle de la reine des Abeilles, la Haye, 1771), d’Hubert {Nouvelles observations sur les Abeilles), ainsi que de MM. Brandi et Ratzeburg (Medizin. Zool, t. H, p. l'~> pl. %l et 25), et dans un grand nombre de petits traités où l’on s’est applique à résumer les travaux des savants iiue nous venons de nommer. JUMÉ-NOrTÈRES. 335 détriment, puisqu'elles le laissent, en général, dans la partie qu’elles ont piquée. L’aiguillon des Abeilles ou le dard de ces inseetes est la portion *arininale d’un petit appareil qui se trouve situé à l’extrémité pos- térieure de leur cori)s et qui a été décrit par plusieurs auteurs : tlooke (l), Swammerdam, lléaumur, et plus récemment Kunz- 'oarrn (2), ainsi que Urandt et Katzeburg. On le trouve chez les biines aussi bien que chez les neutres, et il existe avec une torme peu dittérente clioz plusieurs autres genres d’Hyméaoptères. Tou- tefois les Mélipones, (pu sont des Apididés sociétaires propres ii t Amérique, n’ont pas la possibilité de piquer comme les nôtres. Il y a dans V appareil pongitif de l’Abeille plusieurs parties dis- t'iictes ; l’organe sécréteur et son réservoir; le dard ou aiguillon eliargé d’inoculer la sécrétion causti([ue, et les muscles qui mettent te dard en mouvement. Le tube sécréteur est double à son extrémité libre, et scs doux t^eanches se rendent, par un canal commun, au réservoir rentîé 'lui aboutit lui-nième au dard par un canal rétréci (3). U y a deux tiges cornées accolées Tune à l’autre pour tonner t'ùguillon; ces tiges sont mobiles dans une sorte de lourreau et t'tissent entre elles une tubulure ([ui tait suite au canal excréteur. L’extrémité libre de l’aiguillon est fine et acérée ; elle est hérissée 'lu petites pointes rabattues comme celles d’une tlèche, et dont le ‘'ombre varie de six à dix ou douze; elles retiennent l’aiguillon ‘Lins la plaie. Le l’extrémité supérieure de la gaine partentquatre muscles, deux “U haut et deux en bas. Ces derniers s’attachent à Tcxtrénnte du 'lernier anneau du corps de l’Abeille ; ils servent sans doute a ti- ‘‘ur la gaine hors du corps de l’Insecte pour l’enfoncer dans I cibjet i 'Itie celui-ci doit percer. Les deux autres muscles, ou les supérieurs, '■ Prennent leur attache le long de Tare de la gouttière tracée a la '“ec! interne de chaiiue demi-aiguillon; ils servent probablement a Ltire sortir l’aiguillon de sa gaine. • ■ i ■ , ! Le venin consiste en un tluide clair et limpide qui s’évapore ' Pi'omptcment à Tair, et qui, déposé sur une glace, y forme une Pollicule facile à enlever. 11 est irritant au plus haut degré, et lors- (l) Micrographie, (a) Journal complémentaire des sc. médicales., t. IX, p. 7a. Paris, 1821. (3) ChacuDe des deux branches est simple dans les genres Vespa, Scolia, Cra- et Haiilus, comme dans le genre Apis ; elle est au contraire ramifiée chez les '‘“Urdons (g. Bombas) et chez quelques autres. 336 I.NSECTES. conse((uencc de cette lésion, principaloiuent chez les enfants, b*' piipire siniultaiiée de plusieurs Abeilles détermine des aeeideid'’ plus graves encore, et la mort peut en être la conséquence si elb”' sont tri's nombreuses. On a vu des chevaux périr pour avoir él<' piqués par des Abeilles. Swammerdam pensait à tort que le venin des Hyménojitèi’cs n’était autre clioso que de la bile. ( h'dinairement la piqûre des Abeilles n exige pas de véritable traitement : de l’eau fraiclie , quelques compresses acidulées de \ inaigre sutiisent dans la plupart des cas, et beaucoup di’ pcC' sonnes, moins susceptibles que d’autres, ne font même rien du fout, ce qui ne les empêche pas d'être débarrassées au bout de quelques heures. D’autres fois il faut avoir recours à des lotioiU ammoniacales ou satiirnées, et si la douleur persiste ou si cil'' menace d’occasioimer des accidents nerveux, employer des narco' tiques ou des anesthésiqu(>s locaux. 1 ne précaution utile, quel que soit l'état du sujet, consiste s’assurer si l’aiguillon et .son appareil sécréteur ne sont pas restée dans les chairs, et, si on l’y découvre, à l’extraire avec jirécautiom les denticules de 1 aiguillon pouvant occasionner une plus grande irritation ou meme un petit abcès, et la compression étant une iioU' celle cause de douleur, puisque le liquide ipie la vésicule renferme peut encore s introduire dans la plaie. Pour débarrasser le paticid< on iloit arracher la vésicule sans la comprimer, et c’est ensuite qu’on procède à l’ablation du dard. Un s’est autrefois .servi des mouches à miel. .V cet effet, on le> bridait pour les réduire encendres, ou on les séchait pour lesmetti'e en poudre. « Ainsi préparées, dit de iMeuve, on les mêle avec des pommades, dont la graisse d'ours et l’huile de noisette sont bie>' souvent la base, et l’on s'en sert pour oindre les endroits où lù'”' veut faire croître les poils ou les chcvimx. » ün Connaît une douzaine d’especes rentrant dans le gefii’*^ des Abeilles proprement dites. Les unes ont l’écusson de la couleur du corselet : Ay:msmc/h/ic«,L., ou Abeille domestiipie ordinaire de l'Luropo; c’est l’es[)èce que nous avons déjà citée, et la plus imporlanic connaître, hile a etc transportée dans l’Afrique septentrionale IIVMli.NOrTÉKKÿ. Ô'àl f'I même dans l’Am(;ri([ue du Nord; c’est celle ([iie l’homme cultiw idus partieulièvcment et dont il retire la plus grande quantité de Fig. 60. — Abeille oïdiiiaiic el i)üi'tion de gàlcau l ire et de. miel. — .l^us ciilfi'u, Lepelletier de rtaint-l'urgeau ;de tlafrerie;. — Apis ligusticu, Spinola (du riémont). — Apis uniculur, hatr. (de Aladagasear^ oii elle est domésti(iue) ; son miel, ()u elle re- e.olle sur le Mimosa lœterophylla et- sur le Weimannia glahia, est con- stanmient vert; elle a été accli- niatée, à Itourhon. — Apis aiedin, l’abr. (de l’Inde, particulièrement de l'ondiclu'i'y . — .1 pis niyripennis, hatr. (du lieiigale]. Les autres ont l’écusson d'une Outre couleur que le corselet : Apis sciitellata, Lepell. de ÿaint- l’arg. I de Calrerie; . — A pis socialis, hatr. (du Uengale). — Apis dorsata, hahr. (du Bengale). — Apis Peromi , Latr. (de Timor). — Apis t‘) Xeulre ou Duvib'u-p. — /C Mnlü ou faux lioUTtloil, — C. remollc ou reine. — Cor- J'oii de gâteau avec dos alvéoles oïdinaues et nue alvcolo p'tis ernude deslince à un reuf ‘«nielle. (*‘) A. Partie posléiiéinfe de^ Padmoiiieti reufeimiinl l’aiguiîlon, ~ B. Tubes secretciiTs '■n voniu. r. Rosei voirs. §. Ginnc de 1 aiguillon, dd. Racines des dards, mm. RIuscTcs sur Ics- Unels elles s’iniplantcnU Fig. Cl. —Aiguillon de t’Abeille(’'*). I. 22 338 LXriM'ES. fasciuta, Lati'. | d'Kgyptcj oii clic i'c<;oit tics hahilaiits des soins analogues à ceux que nous donnons à l’d. meliifica; c’est elle qui est représentée parnii leS figures hiéroglyphiques). — Apis nigri- tarum, Lepell. de Saint-Farg. (du Congo). Genre MÉLiroNE [Melipona). Fenielles dépourvues d’aiguillon j nervures de la partie inférieuwi des ailes peu distinctes ou nulles; une cellule radiale fort large, s’allongeant en pointe pour rejoindre la côte de l’aile ou nervure extérieure, près du bout de cette aile; trois cellules cubitales mal tracées; les nervures qui les séiiareid peu distinctes; la deuxième recevant la première nervure récur- rente; la troisième n’atteignant pus le houtde l’aile; deux cellules discoïdales complètes; les cellules du lindte confondues avec la troisième discoïdale qui est inconq)lète; ocelles disposés sur une ligne transversale pres(|ue droite ; crochets des tarses sinqtles. Les Mélipones, au gntupe desquelles on donne quehiucfois le nom de Mclipotiins ou Êfeliponites, ont les mœurs des Aheilles vé- ritahles, et môme, sauf les particularités mentionnées ci-dessus, toute rorganisati(tn de ces précieux Insectes; elles en ont aussi les principales (jualités, et sont appelées à rendre à l ‘industrie agricole de véritables services. C’est principalement en Amérique qu'on les trouve, et elles y représentent nos Abeilles proprement dites- l'rivées d’aiguillon , h‘s femelles et les neutres des Mélipones n’ont pour se défendre, lorsqu’on atlafjue leurs sociétés, on (juc l’on met obstacle à leur récolte , d’autre arme que leurs mandi- bules. Aug. do Saint-Hilaire en cite néanmoins une espèce (|ue laisse échapper par l’anus, (piand on l'inquiète, une liqueüi’ bridaide. Certaines espèces de Mélipones font leur nid dans la terre; d’autres, en plus grand nombre, le. construisent dans les arbres- Leur miel est recherché, et, au dire des |icrsonnes ([ui en oïd mangé, il est fort bon. On ]ieut s'en servir aussi, comme de cidm uiiii, pallidu, de Cayenne; le Melipona fusciutu, du Brésil, et le Meliponu vidua, de Timor . *** Les Tetrcifjona ont rabdoinen allongé et pres(jue triangu- laire, et dont l'angle dorsal est uu peu arrondi. Le Melipmut tetragom, du Brésil, et deux autres espèees du niênie pays sont rapportés à ce sous-genre. La cire ditec/es Andaquies est une cire de Mélipoues (jui ressem- ble à la cire des Abeilles. (Jn la recueille abondannneiit à l’est des Cordillères de la Nouvelle-Crenade, dans la vaste région boisée traversée par les affluents de l’Oréiuxpu' et de rAinazoïn;. Elle, est Itarticulièremeiit réroltée par les Indiens de la tribu des Tanios, qui vivent sur les bords du Bio Co(pu‘lo. L’espèce qui la fournit construit, souvent sur un même arbre un grand nombre de petites ruches qui ne donnent guère que 100 à 120 grammes de cire cha- cune. Cette cire est jaune ; lorseju’on la traite à l'alcool bouillant, on la décompose, suivant iM. Lewy, en trois substances particu- lières, savoir jmur 100 parties : Cire de palmier fusible délire, dont on ne se délivrait ([ue par des vo- •iiisseinents, et qui allait quelquefois jusqu’à donner la mort. On lui dit aussi que, l’on connaissait parfaitement la plante sur la- (jnelle la guêpe Leclieguana va sucer son miel empoisonné. De nouvelles recherches ont conduit .4ug. de Saint-Hilaire à penser que cette plante est le l'aullinio austraiis. Plusieurs antres familles, telles que les El MlvNIÜIvS 'g. E ummes, Ceramin, etc.;, les CltAlîllONlDIÎS !g. Crahro,Ccrceris^ licmbcx, etc.) l'entrent, avec, les Abeilles et les riiièpes, dans le sous-ordre des l’orte-Aiguilloii. Ees femelles de ces inscc.tes tout aussi des piqûres ipii sont souvent tri's douloureus(‘S. C’est encore parmi les Porte-Aiguillons qu’on a classé les Pour- uûs, dont les diffcTents genres forment une famille distincte, dési- gnée par le nom de FORMICTDÉS. Les Fourmis [g. Formica, L.) sont nondareuscs en espèces, et ïépandues dans les différentes parties du monde. Les unes ont un I aiguillon anal et piquent comme les Abeilles ou les Guêpes, quoique ûioins fortement; les autres manquent de, cet caiguillon, mais elles "nt souvent les mâchoires puissantes, et elles incommodent par ^Curs morsures, ou bien encore au moyen de la liqueur acide que, ^eci’ètent c,(!rtaines glandes situées sous leur abdomen et auprès <'e leur anus. Cette liqueur est l’acide formique (CWO^ ou, dans la notation ^‘l’dinaire, G^HIF+HOl, que l’on tirait autrefois des Insectes de cette *''mille. Lorsqu’on fait marcher des P’oiiRMts rouges [Mijrmica rufa) sur papier de tournesol, elles y laissent une trace rouge provenant ''c la réaction acide de ceth' substance; leur sécrétion est plus IXSECTES. 348 active quand on les irrite. Cette espèce est du noinl)ro do celles qui ont un aiguillon. La Forain fauve [Formica fulva ou 7m fu], qui est aussi une Myrmécie contient, outre de l’acide formique, une huile âcre et odorante, qu’on obtient avec l’acide au moyen de l’alcool : il en résulte une teinture dite eau de inagnanmité de Hoffmann, qui est aphrodisiaque. Les mœurs des Fourmis de l’Europe centrale ont été étudiées avec un soin tout particulier par Huher fds (1). Il y a dans l’Amérique méridionale une Fourmi dite Fowini de visite [yEcodo7na cephalole), qui, lorsqu’elles s'introduisent dans les maisons, en font fuir les Rats, les Blattes et les autres animaux incommodes qui s’y étaient étaldis. Sous-ordi'e des Té7'éb7'ants. On en distingue plusieurs familles : les TEiTiiaÉDiNiBÉs ou Tem thrèdes !g. Tent/u'edo, L.), les Icuneumoaidés (g. Ichneu7non, L), les CY.xirmÉs (g. Cj/nips] et d’autres encore, toutes exfrèinemcnt noiU' breuses en espèces. La familles des CYNIPIDÉS renferme les Hyménoptères térc" brants que l’on nomme indift'éremment Cynips et Gallicoles; et- dernier nom leur vient do ce qu’ils passent leur état de larve et même celui de nymphe dans ces excroissances des végétaux auA' quelles on donne le nom de galles, et qu’ils sont la cause de l’ap' parition de ces galles. La plupart des Gynipidés paraissent comme bossus, ce qui tieid au renflement que présente en dessus leur thorax. Les femelles oïd une tarière très déliée, roulée en spirale à sa base et dont la po>’' tion terminale se loge sous l’anus, enti’c deux valves allongées qi^“ lui forment chacune un demi-fourreau. L’exh’émité de cette tarièi’*' est creusée en gouttière et présente des dents latérales imitant celles d'un fer de tlèchc, et avec lequel l’insecte élargit les entaille® qu’il fait aux dill'érentes parties des végétaux pour y placer se^ (Cufs. Les sucs s’épanchent à l'endroit qui a été piqué et y foi’iucid une excroissance dont la forme est différente suivant les différents^ insectes auxquels elle est due et les différents arbres (|ui la pi’^*" duisent. 11 y a de ces galles ou excroissances qui ont la forme des fruits, d’autres sont chevelues ou semblables à de la mousse. Ce® (1) Recherchas sîw les mœnrs des Fourmis indirjènes, iti-S. Paris et iièvr; 1810. ny-M]i>'orTÈRES. üuniièves reçoivent plus particulièrcnient le nom de liédéguam (1; ; il en vient sur les églantiers et les rosiers à la suite des picpires du Cynips rusœ, dont on trouve une description détaillée dans la Zoologie médicale de MM. Itrandt et Hatzeburg. Par suite du déve- loppement de ces galles, les œufs des Cynips sont bientôt ainsi entourés d’un parenebyme végétal au sein duquel se développent les jeunes qui sortent de ces œufs; tantôt il n’y a qu’un seul indi- vidu dans chaque cellule, tantôt il y en a plusieurs, ce qui tient à l'espèce des Cynips. Le petit trou dont les galles sont le plus, sou- vent percées est le passage par lequel l’insecte en est sorti, soit a l’état de nymphe, soit à l’état d’insecte parfait. Les galles véritables sont ligneuses (chcncs, pins, etc.) ; demi- ligneuses )saules), ou molles (ormes , pistachiers, érables, etc.); Fig. 64. leur surface est aussi très diversement accidentée . t.intôt lisse , hintôt verruqueuse ou pai-tiellcment lisse et mamelonnée. Réaumur a donné de nombreux détails sur les Galles et sur les Insectes qui les produisent (2). Plusieui’s galles sont susceptibles d’être utilisées. Les galles qui ont le [dus d’inqmrtance commerciale sont celles ^lu Levant, dites noix de galle, qui poussent dans l’Asie Mineure et flans les pays adjacents sur le Quercius infectoria, et que l’on attri- *^ue à des espèces du genre Diplolepis, plus particulièrement au (1) Vulgairement Éponge d'églantiei-, Pomme mousseuse, etc.— Voy. Guibourt, hisiotj.0 des dvogues simples» Paiis, 1860, t. Il, p, 2^7 j t, lit, p. 2/3. (2) 4/6)1,, t. III, p.413. I 350 l.NriJiGTJi». Dii’i.oiEi’is UE LA (iALi.E A TEii\TüiiE [Uiplulepis Gttllw tinclorniii- L'Ilisectc est (ruii vertptilc, couvert d'un duvet soyeux et blaii' châtre, avec une taclie luisante, de couleur briui noir sur l'abdo- incn. La (ialle est sphéroïdale, à peu près ^u'osse coumie une cerise ; on la tire d'Oriont par la voie de Marseille. 11 yen a plusieurs va- riétés, peut-être plusieurs espèces, dites Galle d'Alep, Galle verte, Galle blanche , Galle de Morée , Galle des Marmorènes et Galle d'I strie. On s'en sert ])our la préparation du tannin (C'*H“0‘^j qui se trans- forme en acide galliquc en absorbant l’oxyj;ène de l’aii'? ou en acide ellagi(|ue (G‘MPU'HO-f-2aq.]. Unie au sulfate de fer et à un i)eu de gomme, la Galle donne l’encre à écrire. On renq)Ioie aussi dans la teinture et en médecine ; elle sert, soit comme fébrifuges unie aux amers, soit comme astringent. Quelques Galles sont prinei|)alemeid, employées pour le tannagC' Telles sont la Galle du Piémont et une Galle de Chine cpii croit siu' V Ulrnus ctiinensis. Il y a des espèces de Galles assez différentes de celles-là par bi forme, mais qui ont des propriétés analogues ; d’autres peuvent avoir un emploi diflérent. Tournefort dit (fu’à Sein on recueille 1» Galle du Salviu pomifera, pour en faire une espèce de confiture ; Lesson pense que l’on j)oiUTait tirer le même parti des Galles dn Gbadiome de France ou lierre terrestre [Glechoma hedcracea]. On nomme fausses Galles les excroissances végétales qui ne foi'' ment pas une masse fermée de toutes jtarfs comme celles dont d vient d’être ([uestion et beaucoup d’autres analogues; elles sont sinqilement constituées |iar un point hypertrophié de la surface ih' végétal et communiquent toujours au dehors par une ouverture phn^ ou moins large (pu n’est i)as un passage ayant servi à la sortie l'Insecte. Les pucerons occasionnent souvent de ces fausses GalleS’ Files fournissent aussi de l’acide gallique. En Grèce, on se sert du Gïxips des fku:ieiih sauvages pour aetivei’ Fl fécondation des arbres de ce genre qui sont plus tardifs. Gonniie cet Insecte vit dans les Heurs des sujets précoces, on entile, les l’i" cepfacles (le CCS derniers et on les suspend aux arbres qui soid moins avaiKîés. Des Gynips sortent des figues suspendiuïs, et, cU s’introduisant (bms celles qui sont en train de se développer, d' en hu.'ondent h's ovaires au moyen du j)olleu dont leur corps est charge; ce qui avance la maturation du fruit. On donne à ce pi'i*' cédé le nom de capriftcaiion. iJinUOl'TJiRJis. 351 Ordre des Ijcpîdoirtères. Les Lépidoptères ont ([Uatre ailes iueml)raneuse,s, mais (pii sont <■'0 péiiéral entièrement recouvertes par des écailles presque tou- jours microscopiques, souvent brillantes et cjui s’enlèvent au tou- cher comme de la poussière. En outre leur bouche est pourvue d’une trompe composée de. deux filets tulmlaires roulés en spirale et qui représentent les mâchoires, (ictte trouipc porte à sa base externe une paire de petits palpes ; d y ^ paire de palpes qui répondent aux palpes labiaux ; les mâchoires sont tout a tait rudi- mentaires, et il en est (le même de la lèvre supérieure. Les Lépidoptères subissent des métamorphoses complètes. Sous leur premier état, ils sont nommés Chenilles {Erucw) et sidûssent plusieurs mues; il y en a de formes assez ditïérentes les unes (les autres. Leur nymphe, ((ui est immobile, s’appelle cltry$alulp. Sous le premier étal, ils sont le plus souvent phytophages; quelques- uns se noiu'rissent cependant de substances animales. La plupau sont, aériens; cependant les lai'ves des Hydrocampes vivent dans l’eau. A l’état d’insectes parfaits ou dejaa/u7/ons, ils puisent le nectar des fleurs. On a constaté le phénomène de la Parthénagénésie chez plu- sieurs Lépidoptères, surtout chez (pielques espèces de Pyche; mais les œufs non fé(amdés, au lieu de produire ici des mâles comme dans les Hyménoptères, semblent ne produire, (iiic des l'einelles. On sait aussi que dans jilusieurs espi'ces de ce genre, la femelle reste pendant toute sa vie a l’état de chenille. 11 y a quatre grandes familles de Lépidoptères : 1” Les Diurnes, qui ont les antenne.s' en massue et les ailes re- levées pendant le rei)os. Leurs nombreuses espiices, aujourd’hui partagées en beaueoiq) do genres reçoivent plus particulièrement le nom de Papillons et forment la famille, des PAPILIONIDÉS. Elles sont remarquables par la beauté de leurs formes et par l’éclat de leurs couleurs, 2" Les Crépusculaires ont les antennes fusilormes et les ailes tan- tôt horizontales, tanhh inclinées. Ils constituent la famille des l^hHINClDÉS, (lui se partage en tribus sous les nomsdeSpiiixdixs ou Sphinx (g. Sphinx, L.), de SÉsiiKS (g. Sesio., fabr.], de Zvcmxi.xs ft- Zyyœna, Hubnerj et (h^ Cuéloniins (g. C/iefornh, Lalr.). 3“ Les Nocturnes ou PHALÉNIDES (g. Phalœna, L.) dont nous signalerons quelques espèces. 352 i-NSEGTES. 4“ Los Feignes ou les TINÉIDÉS, dont plusieurs moriteiit égtdo' nient une mention spéciale. Nous parlerons que de quelques Lépidoptères nocturnes et de quelques teignes. La famille des PHALËNIDÉS, dont les llombyees (g. Hombgx^ Sclirank) , les Noctuelles, les Pyrales et les Phalènes font partie, est fort nombreuse en espèces. Celles de la tribu des fforrayeixs [Boni' bycina) ont la trompe courte ou rudimentaire; les antennes pecti- nées ou en scie, surtout dans les mldes, et les ailes horizontales ou en toit. Le genre SATCiiiNiK [Sattirniu] est remarquable par la grandeur et la lieauté de ses espèces dont le Grand Paon de nuit [Saturnn^ pgri) est une des plus connues. Les cocons de plusieurs especes de ce genre ou de celui des Üoinbyx ordinaires peuvent être eiU' ployés ])our la fabrication dos tissus do soie, mais aucune n u l id*' lité du Bombyjü mori (1). Le nom de liojiBYCE [Bombyx) est reste au genre qui renferiue l'iG. 1)3. I.c Ver a soie au moineiil où il est prêt à iiler son cocon. le ver a soie proprement dit, ou IJo.mdvx i»ü m aiEii [Bombyx mori''., dont l’éducation a uite si grande importance en Cliine, dans l’Asie Mineure etdans une grande partie de l'Europe méridionale. <»n e é(!i‘it de nombreux traités siu' cotte précieuse espèce, et elle vient encore d’être, dans ces-dci'' niors temps, le sujet de piibl ica" fions très importantes (^2). Plusieurs auteurs, non con- tents d’étudier l’organisation, le^ mœurs et la culture des Vers à soie, se sont aussi occupés fie (1) Tcitcs sont les especes nommées Cynlhia{ou ver du ricin), Mtjlilla (ou ver du cliênc), Peraj/i, Cecropia, Polyphomus, Padama, Diego, etc. (2) \oycz plus particulièrement pour ce qui concerne l’organisation du Boni' byee de la soie. Emile Cornalia, Monograpfiia del Boinlice del Gelso {Uombyr> mori), in-t. llilan, 1836 (Extr. du t. XV dos Mim. de l’Institut lombard]- LÉFIBOrTÈRES. 353 leurs maladies. Suivant les symj)tûmes morbides qu’ils présentent, les \'crs sont dits clmrets^ arpians, jaunes ou gi’as, petits , muscar^ (lins, etc. La muscardine est la mieux connue, de toutes ces mala- dies et celle que l’on prévient i(î plus aisément; elle dépend d'une infection cryptogamique des Vers à soie par le Bolrytis bassiana. Parnu les causes très diverses auxquelles on attribue les insuc- cès de ces dernières années, on doit placer en première ligne la mauvaise qualité des graines ou œufs de Vers à soie. Gela provient peut-être de ce que beaucoup de graines étrangères ont été mêlées aux graines indigènes et de ce que dans beaucoup d’endroits on a même renoncé à la fabrication de cesdernières; ce qui reproduitpour chaque éducation les inconvénients d’une acclimatation nouvelle. Les vers nés de mauvaises graines ne tardent pas à dépérir; leurs mues ne se font pas avec régularité; à chaque changement de peau il en meurt des quantités considérables, et ceux qui vivent jusqu’au moment où ils devraient filer, sont incapables de le faire. Les éduca- tions en plein air qu’on a proposées sont un moyen ti’Op incertain pour qu’on y ait recours dans la fabrication de la graine, et trop peu pratique pour qu’on puisse lui accorder quelque confiance lorsqu’il s’agit de faire de la sole. Ces essais, qui sont d’ailleurs curieux, ont été tentés dès le siècle précédent par l’abbé Talsy (1). Pendant l’année 1855, la production de la soie a été, pour la France seulement, de 2,5ù5,000 kil., et l’on a, en outre, importé l,ù55,000 kil. de la même matière. Ces chiffres suffii’ont pour don- ner une idée du développement qu’a acquis l’industrie séricicole. Les espèces du sous-genre GASTftoriiAGE [Gastropha/ja) présentent, entre autres caractères, celui d’avoir, pendant leur état de larve, le corps couvert de poils urticants; elles sont nommées Chenilles processiomiaires , à cause de leur manière de vivre. Tel est, en particulier, le Bombyx tytiocamte [Bombyx pytio- campa), ou la Processionnaire du pin, dont les poils s’introduisent dans la peau des gens qui les touchent ou qui font l’échenillage et occasionnent des éruptions vésiculeuses, ainsi qu’une urtication très douloureuse. Cette espèce est commune dans le midi de la France ; elle vit sur les pins, mais elle se métamorphose sous terre. Un autre Bombyx, le Bombyx dit de la bbocessionnaibe [Bombyx processioneu] se réunit en grand nombre sous une toile commune pour y opérer sa métamorphose; ses poils sont également irri- tants. Beaucoup de Chenilles à corps velu sont tout aussi dangereuses ; (1) Bibliolh. physico-éconumigtie, t. I, p, 131 ; 1788- I. 23 35!t LNSECITES. d’autres, au contraire, sont inofiensives; telles sont les Ciielonies (g. Cheionia), dont IcS poils sont, il est vrai, très longs. Les Romains ont jilus particulièrement donné aux Chenilles urti- cantes le nom (VErucœ, et ils ont jiarlé, dans plusieurs circonstances, des accidents (ju’elles occasionnent. Il en est également question dans üioscoride, il les appelle Euvwfia (1). Réaumur s’est occupé de ces animaux dans un de ses Mé- moires (2). Voici quelques détails empruntés î\ ce célèbre entomologiste : « J’avais été attaqué de démangeaisons après avoir manié quel- ques-uns de ces tas d’œufs (de Processionnaires) qui sont couverts de poils -, la cause qui les avait produites était bien claire ; j’en fus quitte alors pour des démangeaisons légères et de peu de durée. Il n’en fut pas de mémo cette dernière fois : la dose des poils que j’avais donnée à mes mains était considérablement plus forte; avec mes mains trop chargées de poils, je me frottai un œil et divers endroits du visage, des démangeaisons m’y portaient; j’ignorais que les frottements auxquels j’avais recours pour les adoucir étaient semblables à ceux qui les avaient produites et qu'ils n’étaient pro- pres qu’à les augmenter. Les irritations avaient été trop multipliées; je ne fus quitte de mon espièce de fluxion sur l’œil qu’au bout de quatre ou cinq jours. J’eus des doigts où je ressentis des douleurs cuisantes pendant un aussi long temps; je les lavai pourtant avec tout ce que je pus imaginer : avec de l’eau froide , avec de l’eau- de-vie, avec de l’huile, rien de tout cela ne me parut amortir les cuissons. Quand ces poils sont piqués dans la peau, ce sont autant de petites épines qu’il est difficile d’en tirer. » Plusieurs personnes ijui étaient à la promenade avec moi ma- nièrent de ces mômes nids , mais moins que je n’avais fait; elles curent aussi des démangeaisons dont elles furent plutôt quittes; elles leur durèrent pourtant deux jours. » Quatre dames qui étaient de la même promenade, et qui ne manièrent ni coques ni nids, se trouvèrent le col plein d’élevures- Quelque disposition que j’eusse à penser que leur imagination avait quelque part aux boutons dont elles se plaignaient et à (îcoire qu’elles s’étaient peut-être grattées trop fort après qu’elles nous eurent entendus nous plaindre de démangeaisons douloureuses, j’ai eu des occasions de reste d’éprouver que ces nids sont capables (1) Livre II, chap. U. (2) Mémoires, t. 11, p. 179 ; 1786. r.ÉPiDOPTÈKiM. 355 de produire quelque effet sur ceux mêmes qui no les manient point. Depuis que j’ai été instruit du mal qu’ils peuvent causer, il m’est arrivé plusieurs fois de les défaire seulement avec ma canne, et il est arrivé ensuite plusieurs fois que certains endroits de mes mains m’ont démangé rudement pendant plus de deux jours. » Les poils qui produisent cet effet sont sans doute des poils extrêmement fins et légers; la plus petite agitation de l’air suffit pour les transporter. Ce ne sont pas de ceux ejui s’élèvent si haut au-dessus du corps des chenilles de cette espèce , c’en sont de beaucoup plus petits ou ce sont des fragments des grands. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’ils sont si petits qu’on ne peut les distin- guer sûrement sur les endroits de la peau où ils ont causé des élé- vations. Pendant que je défaisais avec ma canne de ces nids qui étaient posés seulement à quelques pieds de hauteur, il est arrivé quelquefois que les environs étaient très éclairés du soleil; dans les endroits éclairés, je voyais voltiger des milliers de petits corps qui étaient pourtant beaucoup plus gros et en plus grand nombre que ceux qu’on voyait au milieu des rayons de lumière qui entrent dans une chambre obscure ; c’étaient sans doute les poils courts ou les fragments de poils dont l’attouchement est capable d’exciter sur la peau des élévations accompagnées de démangeaisons cui- santes. » Au reste, les nids ne sont pas également à craindre en tout temps; quand les chenilles les habitent sous la forme de chenille, ils ne produisent des cuissons que quand on les manie beaucoup ; ils deviennent jilus à craindre quand ils sont remplis de chrysalides ; ils le sont encore plus quand les papillons sont sortis, et d’autant plus qu’il y a plus longtemps que les papillons les ont abandonnés. Ceux qui m’ont causé des douleurs assez piquantes, quoique je les eusse défaits avec ma canne, étaient de ces vieux nids; les poils y Sont plus détachés les uns des autres et plus détachés de la peau; d’ailleurs, les vieux poils se dessèchent et se brisent ensuite en petits fragments. Car ces poils , au moins les plus grands, ne sont pas toujours en état de nous incommoder; j’ai même lieu de croire que les grands poils ne sont jamais en état de nous causer de la douleiu’ ; j’en ai arraché des plus grands de dessus les dépouilles de ces chenilles, et même de des.sus les dépouilles quittées depuis ûn an, je m’en suis bien frotté les doigts et le poignet, sans m’être donné aucune démangeaison; mais quand je me suis ensuite frotté îivec une petite portion de la dépouille même, l’expérience m’a ttiieux réussi que je ne voulais : je me suis donné de vives cuis- •"53 INSECTES. sons dont je n’ai pas été quitte aussitôt que je l’eusse souliaité. 11 ne serait venu ni tant ni de si grosses boursouflures sur ma peau quand je me la serais frottée avec les plus piquantes orties. Aussi, ayant observé les dépouilles de ces chenilles avec une forte loupe, j’y ai distingué des poils que les yeux, aidés du secours d’une loupe qui aurait eu plusieurs pouces de foyer, n’auraient pas aperçus. Avec la même loupe forte, j’ai observé de petits points noirs dans les endroits douloureux et élevés de ma peau, c’étaient apparem- ment les bouts des poils, à qui il est plus natund d’attribuer cet effet qu’à la peau même de la chenille. » Non-seulement la douleur causée par ces piqûres dure plu- sieurs jours, mais ce qui doit paraître plus singulier, c’est qu’elle parcourt successivement différents endroits du corps. Ceux qui le matin étaient élevés et cuisants, sont quelquefois aplanis le soir et ne sont plus douloureux ; mais de nouvelles élévations paraissent sur la peau et accompagnées d’une semblable douleur, quelquefois sur des endroits éloignés des premiers; quelquefois celles d’un endroit du poignet passent et il en paraît à d’autres endroits du poignet; quelquefois celles du poignet disparaissent entièrement et il en vient entre les doigts; et il y en a qui viennent au visage ou à d’autres parties du corps, même cachées, mais apparemment où on a porté les mains. Les poils ont causé sur-le-champ de la douleur aux endroits qu’ils ont piqués; mais le nombre des poils qui sont restés simplement couchés sur la peau peut être très grand et considérablement plus grand que celui des autres. Les mouvements qu’on se donne par la suite les portent sur les diffé- rentes parties, ou les redressent sur celles où ils étaient et les mettent en état de piquer. Il peut même se faire que les poils sor- tis d’une piqûre ne tombent pas à terre et qu’ils aillent blesser la peau dans un autre endroit. » Après avoir été assez maltraité par ces nids, plus d’une fois je ne les touchais qu’avec précaution et le moins que je pouvais; je chargeai quelqu’un à qui ils avaient fait du mal dans ma compa- gnie, mais moins qu’à moi, de me détacher des coques d’un gâteau, soit pour les faire dessiner, soit pour les examiner. Je lui lis bien enduire les mains d’huile pour voir si alors il ne les pourrait pas manier avec moins de risque. 11 eut plus de confiance au préser- vatif que je lui avais donné à éprouver que je n’en avais moi-même : il n’est quelquefois pas mal que les malades aient dans les remèdes qui leur ont été présentés une confiance que les médecins eux- mêmes n'y ont pas ; mais il n’en fut pas de même du préservatif I.Él'lilûrTKUliS. 357 cjuü j’civiiis voulu luire essayer. Mou lioiniue^ ejui étuil physicien, crut qu’ayant les mains enduites d’une épaisse couche d’huile, les poils des chenilles ne pourraient s’engager dans sa peau; il mania et remania le gâteau, il le dépiéça beaucoup plus que je ne le lui demandais j d’huile défendit mal ses mains, elles furent, en moins d’un quart d’heure, couvertes de boulons, de rougeurs et d’éle- vures douloureuses, qui ne passèrent qu’après trois ou quatre jours. » Le dernier remède que j’ai éprouvé pour me délivrer des dé- mangeaisons cuisantes ([ue ces nids m avaient (musées, m’a bien réussi. Pendant quelques minutes, je frottai rudement do percil les endroits douloureux; les cuissons furent adoucies sur-le-champ, et j’en fus entièrement quitte au bout de deux ou trois heures, sans avoir eu recours à de nouvelles frictions. » M. le docteur Jeanjean, de Montpellier, nous a dit avoir eu re- cours à ce moyen pour combattre des urtications dues à la môme cause, et en avoir également obtenu de bons eftets; mais quelques bains donnent aussi un résultat analogue. Parmi les chenilles propres à l’Europe qui donnent heu aux mêmes accidents que celles des Pi’ocessionnaires, on peut citer celle du Liparis auriflua, qui vit dans les bois; celle du Litkosia caniola, qui mange les lichens dos murailles ou des toitures, et quelques autres encore. Nous avons été nous-même piqué à l’mdex par les poils de celle du Bombyx quercus, et il en est résulté une enflure et une irritation très persistante, dont les symptômes simu- laient à certains égards ceux du rhumatisme goutteux. En 1820, les chenilles du Liparis uMct/lwa avaient envahi les petits bois des environs de Montpellier, et elles leur avaient ôté presque toutes leurs feuilles, laissant dans le branchage des toiles remplies des débris de leurs diverses mues. Les gens qui coupaient ces bois pour l’usage des boulangers ou qui en transportaient des tagots, furenttous atteints d’une éruption urticantc dont on ne comprit pas tout d’abord la cause : elle était due aux poils laissés par les che- nilles, et se développait surtout aux mamsou sur la nuque, ce qui tenait au maniement du bois infesté ainsi qu’à l’habitude fréquente, chez ces travailleurs, de porter les fagots sur leur cou et sans avoir la précaution de le protéger au moyen d’un sac. Dès que la cause du mai fut reconnue, ou ne tarda pas, à l’aide de quelques précau- tions, à empêcher presque complètement le mal de se reproduire. Réaumur pensait qu’on pourrait utiliser dans quelques circon- stances les propriétés urticantes des Processionnaires. « Si on man- 358 ([liait (le vésicatoifiis, si c’étail un de ces reiiii'des (jui paraissent mériter de nouvelles recherches, je ne sais si on ne pourrait pas enipl-oycr nos dejiouilles de chenilles bien [mlvérisécs au lieu de mouches cantharides; je crois qu’elles seraient capables de produire autant d’elïet qu’en firoduisent ces mouches, peut-être en produi- raient-elles davantage et plus promptement (1 J . » Héau mur aurait pu faire valoir, a 1 appui de son opinion, que cette excitation est purement extérieure et qu’elle ne s’étend pas aux organes internes, comme le fait celle de la cantharide. Il paraît d’ailleurs que les anciens ont eu recours à ce moyen. On lit en effet, dans Dioscoridc , que de son temps on employait en Espagne ces chenilles pour faire des sinapismes (2). On leur reconnaissait aussi une action diurétique. On a constaté, dans les poils urticants de certaines Chenilles, la présence de l’acide formique, que nous avons déjà signalé comme une sécrétion propre aux Fourmis, et qui se retrouve aussi dans les poils urticants des orties (Urtica urem et dioica). C’est à un genre de Bombyees portant le nom de Cossus (Cossus, Fabr.) qu’appartient la Clumille du saule et de Forme, qui à fourni à Lyonnet le sujet de son magnifique travail anatomique (3). Les Cossus lépidoptères n’ont rien do commun avec les larves d’Insectos auxquelles les Romains donnaient le même nom et dont ils étaient si friands. Les Cossus des liomains vivaient aussi dans le bois, mais on suppose que c’étaient les larves de Coléoptères. D autres Phalénidés ont la trompe rudimentaire ou pou allongée ; les ailes amples, en toit et presque horizontides; le corps grêle et les antennes souvent pectinées dans le scixe mâle. Ces Papillons ont parfois des couleurs agi’éables; leurs chenilles, qui n’ont que dix ou douze pattes, ont une manière particulière de marcher qui es a fait nommer arpenteuses ou géomètres (Geometræ). Ils forment la tribu des Piialéni.xs. Les PYiiAcrNS ont la trompe distincte, mais quelquefois rudimen- taire; leurs ailes sont en toit écrasé, les supérieures étant, en outre , arquées à leur base. Ces espèces nous nuisent en attaquant nos végétaux alimentaires; on les redoute beaucoup pour la vigne, dont elles détruisent par- fois les produits dans des provinces entières. La Pyrale de la vigne (1) Loco cil., p. 194. (2) « Nascitur cl Syivestris Eiuca, maxiraè in 'Iberiâ qiiæ occidenlwn spectat acipsius seminc loci illms incolæ pro sinapi muhtur, -gDioscorides, Trad. de Saracenius, p. 146). (3) Traité anatomique de la Chenille du saule. La Haye, 1782, in-4. 59 l.lil’IllOl'TiittËj. est le Pyralh vitana. L'histoire en a été faite par Audouiu. D’autres PYrales'attaciucnt le seigle, les pommes, etc. ‘ C’e«t à la même, trihu qu’appartient le goure Agi.osse [Aglossa , Latr ) ainsi caractérisé : palpes inférieurs un peu plus longs ipie la tète- leur deuxième article presque aussi large que long, en forme de losange; lo troisième tulnüiforme ; trompe nulle ou seu- lement rudimentaire; antennes ciliées chez le mâle; ovuucte de la femelle térébriforme ; chrysalide contenue dans un tissu de soie blanche et recouvert de débris provenant des substances en- vironnantes; chenilles à peau luisante et coriace, ressemblant a des larves de Coléoptères carnassiers. Ces chenilles se nourrissent de substances animales; aussi les trouve-t-on dans les cuisines ou chez les marchands de comestibles. Telle est en particulier UAglossb de i.A- gkaisse | [Aglossa pinguinalis), qui vit dans le beurre, le lard, la graisse, etc. Elle s’in- troduit quelquefois dans l’estomac et dans les intestins de rhonnne avec les aliments; c’est ce que Linné a eu F,e. 67.— Aglossa pinguinalis. l’occasion d’observer dans le nord de l’Europe H). , i -im Nous représentons le papillon qui naît de cette cbemlle. Une seconde espèce du même genre [Aglossa farinahs) yA ûc s la farine ; une troisième [Aglossa cuprealis) se tient dans les cuns apprêtés pour le commerce. . . Adosses - deux Les CxALLÉMEslg. 6a//cTm,Fabr.)sont voisines de. Aglosses, deux (1) L’observation de I.inné a trait i «n jeune garçon dm« l’cstoinac duquel deix llves de cette espace s’é.aieut introduites. On cite d’autres c len.lles de Lépidoptères qui forent rejetées des narines, par un jeune garçon , à Ravenne Ltpidopteres q An-^alinns. reproduite pa. MM. KubJ et Spence), et de r“;c d’ul lnglais Tobs. du docteur Cburcli. publiée dans Good’s Stud, of it/edec. t. I, p. 103). , pijjtroduction dans l’estomac de larves de Noc- MarliD Listor a aussi cousiaiL , rp . ... , , .• .V ronsiRuée dans les IransacLions philosophiques luellcs. Son observation a etc r pour 1665. nr T\ r •• • . ' xi.xi*c Un cas analogue a été observé en l-ranee par M. Bumerd et enregistre dans les Annales do la Sociélé entomologique pour 18.30. Enfin le docteur Robert Caldervvood fait mention, dans les Medical Commen- tarios t IX p. 223), de larves du Ponlia Brassicæ, qui avaient séjourne dans le canal intestinal d’un jeune homme. Cette observation a été faite en Ecosse. 360 IA' SECTES. fie leui's espèces [G. cerearia et aloearidj sont avides de cire et nui- sent aux ruches. Les Noctüellia's [Nocluelhna.) sont d’autres Lépidoptères noc- turnes, à corps écailleux, à prothorax souvent huppé, à vol rapide, que Ton rencontre de nuit butinant sur les fleurs; ils ont la trompe roulée en spirale, les antennes ordinairement simples et les ailes en toit. Les TINfilDÉS ou les Teignes forment la dernière famille des Lépidoptères; il y en a deux trilms. Les Tiaéins ou Teignes proprement dites (g. Tinea, L.) n’ont pas, comme les Ptérophorins (g. Pterophorus, Geoft’., ou Fissipennes de Latreille), qui sont la deuxième tribu do cette famille, les ailes dé- composées en éléments penniformes; elles les ont en triangle ou roulees autour du corps. La plupart de leurs espèces nous sont nuisibles; elles attaquent nos substances alimentaires ou nos étoiles, et l’une d’entre elles, I’Alucite des céréa/.es [Alucita ccrealella) occasionne des démangeaisons cutanées insupportables, et des ardeurs de la gorge qu’on. a attribuées à ce qu’elle serait douée d’un principe analogue à celui dos Cantharides. Mais les effets qu’elle produit ne sont pas absolument les mêmes, et l’explication qu’en donne M. Doyère (1) parait préférable. Ces Alucites vivent princi- palement dans le blé, et elles y sont souvent très abondantes, ce qui oblige à des robaftages et à des nettoyages, à la suite desquels se manifestent babituellement les accidents. Ceux-ci consistent en démangeaisons cuisantes et en une inflammation générale de toutes les parties exposées a l’air. Quelquefois il se déclare une fièvTe assez violente pour aliter pendant plusieurs jours les gens adonnés à ces travaux; o’est surtout le lancer ou nettoyage à la pelle qui occasionne dos accidents, parce qu’on lance le grain, ce qui en fait sortir beaucoup de débris d’ Alucites qui se répandent dans l’at- mosphère. M. Doyère voit là une simple action mécanique exercée par les écailles piliforrnes qui garnissent le bord des ailes des Alucites. Ces petites aiguilles, à la fois légères, aiguës et déliées, et qui exis- tent par milliers à la surface d’un seul papillon, se détachent et tombent ensuite comme une poussière sur la peau des hommes, qu’elles irritent, comme le font les poils de certains cactus ou ceux des Chenilles processionnaires. On a proposé plusieurs moyens chimiques pour faire périr plus {}) Ann. de l Institut agronomique de Versailles. HK.MirT£RJÎS. 361 sûrement CCS insectes, si nuisibles aux grains, sans exposer aux in- convénients -qui viennent d’être rappelés les gens préposés à leur conservation; le sulfure de carbone a donné de bons résultats, parce qu’il dispense du lancer. Les Teignes nuisibles à nos vêtements, aux étoffes de nos meu- bles, etc., sont surtout les Tinea sarcitella, T. tapezella et T. pel~ lionella. C’est par leurs chenilles qu’elles sont redoutables, et les tissus de laine sont ceux qu’elles attaquent de préférence. Réaumur a décrit avec soin les mœurs des Tincides des laines et des pelleteries (1). Dans ces derniers temps, leurs caractères spécifiques ont été étudiés par plusieurs entomologistes, principalement par M. Bruand. Les chenilles de ces Insectes ont quatoi’ze pattes ; les unes Vivent de fruits; elles plient ou roulent des feuilles pour s’y fixer, ou bien elles entrent dans les fruits et dans les graines; ff’autres se construisent des fourreaux, tantôt fixes, tantôt mobiles, qui leur servent d’habitation ; celles des laines et des fourrures Sont plus particulièrement dans ce cas. On a remarqué que ces dernières n’attaquaient jamais les produits épidermoïdes tant que ceux-ci sont sur le corps des animaux; les laines en magasin, les Cuirs, les peaux que l’on conserve comme fourrures, ont, au con- tfaire, beaucoup à souffrir de leur présence. Ordre des Hémiptères (S). Les Insectes de l’ordre des Hémiptères se laissent plus aisément caractériser parleurs appendices buccaux disposés en forme de bec allongé onde suçoir et par leurs métamorphoses incomplètes, que par la disposition en demi-élytrcs de leurs ailes supérieures. Chez grand nombre d’entre eux, en effet, et plus particulièrement chez les nombreuses espèces qui rentrent dans la môme famille que les Punaises, ou que les Nèpes, etc., les ailes de la première paire sont bien en partie coriaces et élytriformes, et en partie Uiembraneuses ; mais chez les autres, piincipalemcnt chez les Ful- gores, chez les Cigales et chez les Pucerons, les mêmes ailes sont ordinairement solides ou transparentes dans toide leur étendue. Les Cochenilles, dont les mâles seuls acquièrent des ailes, et scule- (l) Mémoires, t. UI, p. il et 67; 1727. 2) Les Rhyncholes de Fabricius. 362 1 K SECTES. ment au nombre de deux, ont aussi ces organes transparents; on a proposé d’en faire un ordre à part (1), mais le plus souvent on les associe aux autres Hémiptères à ailes transparentes, sous le nom commun A’ Ilomopthres (Latreille), et l’on fait de cette seconde divi- sion des Hémiptères un ordre distinct de celui des autres Hémi- ptères ou Hémiptères à demi-éiytres, qui sont alors appelés Hé- té'optbres (Lafr.). Le trait distinctif des Hémiptères réside donc dans la disposition spéciale des parties de leur houclie qui forme un suçoir droit et replié sous le corselet pondant le repos, et dont l’apparence est fort différente de celui des Lépidoptères ou des Diptères. La lèvre inférieure est en forme de gaine ; les mâchoires et les mandibules constituent les parties sétiformes et perforantes. C’est à cause do cette disposition en rostre des appendices buccaux que Fabricius donnait aux Hémiptères le nom de Itlnjnchotes (Rhi/nchota). Ces Insectes sont essentiellement suceurs, et, pour la plupart, ils se nourrissent du suc des végétaux qu’ils hument au moyen de leur bec. Quelques-unes attaquent aussi les animaux ; de ce nom" bre sont les Punaises du genre Acanthie, ou Punaises des lits, les Réduves, les Notonectes et quelques autres. C’est sans doute à la même série qu’appartiennent les PouXi dont il sera question comme troisième sous-ordre après les Hé- téroptères et les Homoptères. Un c[uatrième sous -ordre d’He- miptères nous sera fourni par les Podurelles, qui sont aptères aussi bien que les Poux. Sous-ordre des Hétéroptères. Les Hémiptères hétéroptères ou les Hémiptères à demi-élyti’es ont le bec inséré sous le front, et leur prothorax est plus grand que leurs deux autres segments thoraciques. Ils constituent una réunion assez nombreuse dont les espèces sont généralement de' signées sous le nom de Punaises. Ou les partage en Géocorises ou Punaises terrestres, telles que les Pentalomes, les Coi'ées, les I-H' gees, les Capses, les Tingis, les Arades, les Jiédunes, les PhygmaP^ et les et en Hydhocorises ou Punaises d’eau, telles les I\èpes, les Galyules, les Plotères, et les Notonectes. Les Punaises des bois (g. Pentaloma, etc.) répandent une odem’ l’cpoussante due à un fluide sécrété par une glande unique, py^’'' (1) Ordre des Coccides, Dujardin {Compt, rend, hebd., t. XXX.IV, p. ’ 18S2). HKMirïÈKES. 363 forme, jaune ou rouge, qui occupe le centre du inétathorax et ^houtit entre les pattes postérieures. Chez les Syromastes, qui sont sussi des Punaises du groupe do Pentatomins, cette sécrétion a, Hii contraire, une odeur agréable et qui rappelle celle des pommes tle reinette. Plusieurs espèces de Pentatomes sont nuisibles aux agriculteurs; d’autres attaquent les Insectes destructeurs et doivent, au con- Iraire, être épargnées. On cite, sous ce second rapport, le Penta- fome (lieu qui tue les AlÜses de la vigne. Les IlÉBiJVEs (g. lieduvius] comprennent, entre, autres especes, le RÉnrvE a masque [Reduvius personatus) qui s’introduit dans les îtppartements, s’y recouvre de poussière et fait la chasse aux Pu- naises des lits, mais se fait en même temps redouter par les pi- qûres qu’il nous fait. Il est de couleur noirâtre, et a près dun cen- liniètre de long. M. Kirby et Spence citent, d’après le major anglais Davis, le Reduvnis serratus de l’Inde comme ayant la propriété de donner de petites commotions électriques. Les Punaises ( g. Ciwex ) , dont on fait maintenant le genre Acanthie (Acanthia, Fabr.), ont le corps très aplati et des an- lennes sétiformes; elles n’ont que des rudiments d’élytres et point d’ailes membraneuses et sont incapables de voler. Il paraît 'Cependant que les ailes se développent chez quelques individus , ’ttais seulement d’une manière accidentelle. C’est à ce genre qu’appartient la Punaise des lits [Cimex lectida- ''m, Linn.; Acanthia lechdaria, Fabr.) décrite avec plus de détails par M. Gurtis (1) que par les auteurs que nous venons de citer. Elle est de couleur brun roussâtre, a les yeux noirs, le protlio- *'ax relevé et comme aliforme sur les côtés, l’abdomen subarrondi, •Marqué d’une tache noire en arrière, le corps finement ponctué et Ptibescent, et le bout des tarses noir ; scs antennes sont presque filiformes à leur extrémité; ses élytres sont fort courtes. Quelques auteurs, parmi lesquels on cite des entomologistes, pensent que la véritable patrie des punaises est l’Inde ; ils assurent qu’elles y prennent un développement plus complet et qu’elles y Acquièrent même parfois dos demi-élytres semblables à celles dos Autres Hémiptères, et des ailes membraneuses; ce qui, dit-on. Arrive aussi quelquefois aux Punaises d’Europe : maisM. Burmeister Ae croit pas qu’il en soit ainsi. (1) British Entomology, t. VIII, n“ 369. 36i INîiJ'XTKïj. Cet Insecte, l’un des plus dégoûtants pamû ceux qui attaquent l'homme, répand une odeur désagréable. Il abonde dans les habi- tations malpropres, principalement dans les villes, et plus parti- culièrement dans celtes du Midi. C’est dans les lits ou dans les boi- series et les papiers de tenture qui en sont peu éloignés qu’il se tient de préférence, et sa forme aplatie lui permet de se loger dans les moindres fentes. Il est essentiellement nocturne. Les piqûres qu’il fait à la peau sont douloureuses et suivies le plus souvent d’une petite ampoule. Alors il se gontle, et l’on reconnaît en l’écrasant qu’il a sucé une assez grande quantité de sang. Les ampoules pi’O' duites par ses piqûres sont quelquefois assez confluentes poiû simuler une véritable éruption. Les Punaises peuvent rester longtemps sans prendre de nourri- ture; elles sont alors plus aplaties et presque transparentes. Les | jeunes sont de couleur pâle, mais elles acquièrent une couleur sanguine dès qu’elles ont pu piquer quel([u’un. Les œufs sont blancs et un peu allongés. Vus à la loupe, ils paraissent couverts de petites aspérités filiformes qui contribuent à les faire adhérer aux corps étrangers. ■ On a souvent beaucoup de peine à débarrasser de ces Insecte® | les logements ou les meubles qui en sont infestés. La fumée tabac, l’essence de térébenthine, le soufre en combustion, l’on- guent mercuriel, la pâte au sublimé corrosif sont les meilleurs pro- cédés pour les détruire, et une extrême propreté peut seule les eiU' pêcher de s’établir de nouveau aux mêmes lieux. La passe-rag® [Lepidium ruderede) paraît avoir la propriété de les faire mourir. Il y a des Punaises dans une grande partie de l’Europe, dans 1® j nord de l’Afrique, en Asie, dans l’Amérique et dans beaucoup d’autres lieux fréquentés par les Européens. On a dit qu’elles nou® avaient été apportées d’Amérique. Cette assertion est inexacte, puis- qu’il est question de ces Insectes dans plusieurs auteurs anciens- Aristote parle d’une Koptç, qui vit comme les Poux et les Puces flépensde nos humeurs. Pline et Dioscoride en font aussi mcntioiu Matthiolc (1), médecin et savant naturaliste du xvi' siècle, vivait à Sienne, parle assez longuement des Punaises des lits; il donne la figure et rappelle les propriétés bizarres qu’on leur avail attribuées chez les anciens pour la guérison dé certaines maladie®? il les regarde avec raison comme les Kopis de Dioscoride (2). (1) P. A. Matthioli senensis, Commentarü in libros Diosooridis, p. 227. Lug duni, 1563. (2) « Cirnices qui in cubilibus enascunturf uuincro septeni cum fabis in cibo® TlÉMlPTÈRËS. ’uS Moufet dit que les Punaises n’existaient pas en Angleterre avant le commencement du xvi» siècle, et Southall assure même qu’d n’y en avait point à Londres avant l’année 1670 ; cependant il est con- staté qu’elles y avaient déjà fait leur apparition avant le grand in- cendie de 1666. Dans le nord de l’Europe, les Punaises sont encore rares ou niême tout à fait inconnues. Azara, qui a fait au Paraguay de nombreuses observations d his- loire naturelle, a remarqué que les Punaises n’attaquaient point l’homme lorsqu’il est à l’état sauvage, mais seulement quand i est réuni dans des habitations à la manière européenne, et d est einsi conduit à émettre l’opinion bizarre que ■cette espèce d’Insec es n’a été créée que quelque temps après la nôtre, et alors que les hommes s’étaient déjà constitués en république et en etets m ains. Suivant Fabricius, la Punaise de l’Amérique méridionale serait d’une autre espèce que YAcanthia le.ctularia, et il lui assigne imur caractères d’avoir les élytres courtes et tronquées, e corps noir et les antennes de cette couleur, mais avec les deux derniers articles pâles. La taille est d’ailleurs la même. On connaît deux autres espèces de Punaises appartenant au genre des Acantliies ou Punaises proprement dites, et qui atta- quent également l’homme; ce sont les sununtes : Acantiiie AKROxniE [Acanthia rotundata, Signoret). Elle est un adilili, Cl ante accessiones devorati, quartaiia laborant.bus avuilio sunt. Qum et dira fabas devorati, de mords ab Aspide prosiint. Vulvæ slrangulatione cffectas clfactu revocant. Ccterùm sanguistigas cum vmo aut aceto poti pellunt. irit. 'erô et urinariæ lislulæ impositi, urime difficultati modentur. » (D.oscondes, üe '^'Ucamaleria, lib. II, cap. xvxvi, édition de Saracenins, p. 97.) 366 INSECTES. peu moins grande que VA. lectularia, avec laquelle elle pourrait être focilement confondue à la première vue. Elle en diffère ce- pendant par les caract<‘res suivants : Forme en général moins orbiculaire ; couleur plus foncée; pro- thorax a bords arrondis, non marginés, ce qui lui donne une apparence plus convexe, et la rapproche de VA. hirundinis, et en môme temps plus transversal, ce qui établit une ressemblance entre cette espèce et l’.4. columbaria; abdomen rétréci à sa partie postérieure ; les deux derniers articles des antennes amincis et filiformes, ce qui n’a pas lieu dans cette dernière espèce ; pubes- cence faible; poils courts. La couleur de l’Insecte est, en général, plus rougeâtre que dans l’es- pèce ordinaire; lesélytres, également rudimentaires, sont plus clai- res, ainsi que Icbord antérieur du prothorax, et les pattes sont fauves. Cette Punaise vit à File de la Réunion (ile Bourbon). Elle atta- que l’homme comme le fait celle d’Europe (1). Acantuie ciliée [Acanthia cüiata, E. Eversmann (2). Cette espèce^ qui a été observée dans les maisons do Kazan, diffère de celle des lits, non-seulement par sa forme, mais par ses habitudes. Elle nc se fixe pas comme elle en sociétés sous les rebords et les fentes, mais se promène isolément sur les murs et les couvertures. Elle est paresseuse et marche à pas lents; elle seinhle toujours conun^^ engourdie. Sa piqûre produit des enflures fortes et persistantes ; elle est beaucoup plus douloureuse que colle de l’Acanthie des lits, ce qui tient à la plus grande longueur du bec. Deux espèces du même genre, mais encore difféi’eutes des pré' cédentes, vivent aux dépens des oiseaux, ce sont : V Acanthia hirundinis (3), des hirondelles, et VA. columbaria des pigeons domestiques. On en connaît une septième qui est particulière aux chauves- souris de nos pays; elle a été nommée Acanthia vespertilionis. Certaines espèces du genre Corize [Coriza], qui vivent au Mexi- que, méritent d’être mentionnées à cause des qualités particulières de leurs œufs. Voici en quels termes M. Virlet d’Aoust en parle dans une note qu’il a récemment puhliée : « Dans les endroits peu profonds, des milliers de petits mouche- rons amphibies, voltigeant dans l’air, vont en plongeant de jjlusiours pieds, et môme de plusieurs brasses, déposer leurs œufs au fond de (1) Ann. Soc. entom. de France, 2‘ série, t. X, p. 540, pi. 16, Cg. 2 et 2 «• (2) Bull, de la Soc. imp. des nac. de Moscou,18il, i. II, p, 359. (3) Ann. of nat. Hist. London, t. UI, p. 244, pl. 5, fig. 1. HÉMirTÈRES. 367 l’eau, d’oîi ils no sortent que pour aller probablement mourir à ciuelque distance de là. » En même temps que nous assistions à ce spectacle saisissant et si nouveau pour nous, nous eûmes 1 avantage d’assister aussi a la pôcbe ou à la récolte de ces œufs, lesquels, sous le nom mexi- cain dHiautle (haoutle), servent d’aliments aux Indiens, qui n’en paraissent pas moins friands que les Chinois de leurs nids d’hiron- delles, avec lesquels nous sommes à même d’assurer qu’il y a quel- (pie rapport de goût. Seulement l’hautle est loin d’atteindre les prix élevés de ceux-ci, réservés, pour cette raison, a la seule table des riches, car, pour quelque menue monnaie, nous pûmes en emporter environ un boisseau, dont, à notre priere, madame B... Voulut bien nous faire préparer une partie. » On accommode cette graine de différentes manières, mais le plus communément on on fait des espèces de gâteaux qu’on sert iivec une sauce que les Mexicains relèvent comme ils le font, du l'este, j)our tous leurs mets, avec du chilé, qui se compose de pi- ûients verts écrasés. » Voici comment les naturelss’y prennent pour recueillir l’hautle : ils forment avec des joncs pliés en deux des espèces de faisceaux, qu’ils placent verticalement dans le lac à quelque distance du ri- vage, et comme ceux-ci sont reliés par un de ces joncs, dont les bouts sont disposés en forme de bouée indicatrice, il est facile de les retirer à volonté. Douze à quinze jours suffisent pour que chaque brin de ces faisceaux soit entièrement recouvert d’œufs, qu’on retire ninsi par millions. On laisse ensuite sécher au soleil, sur un drap, ees faisceaux pendant une heure au plus ; la graine se détache alors lacilement. Après cette opération, on les replace dans 1 eau pour Une autre récolte ^1). a Ces singuliers œufs rappellent, à certains égards, par leur dispo- sition, les fossiles si abondants à Saint-Gérand-le-Vuy dans le Bour- bonnais, qui forment le calcaire à indusies de cette localité. M. Yirlet, qui les compare aux oolithes, désigne par le nom de ^huches les 'insectes qui les pondent; mais une note de M. Guérin •'«it connaître que ce sont des Hémiptères et qu’ds appartiennent 1*11 genre Corize. . , , . Dès l’année 18à6, ces œufs avaient été signalés à l’Académie 'les sciences de Paris par M. Vallot, de Dijon (2). En 1851, M. Gué- (1) Virlet d’Aoust, Comptes rendus hebd., t. XLV, p. 865. (2) Conipt. rend, hebd., t. XXllI, p. 774. •’O'’ INSECTES. riri^ alors de passage k Turin, reçut de M. Gliiliani une petite quan- tité des œufs dont on fait Vhautle et quelques-uns des insectes qui les produisent. Ceux-ci sont des Corizes de deux espèces differentes- L’une a été nommée par Thomas Say Coriza mtreenaria dès l’an^ née 1831, et cela d’après des exemplaires achetés au marché de Mexico ; l’autre parait nouvelle et reçoit de M. Guérin le nom de Coriza femorata. Les œufs de ces deux espèces d’insectes sont fixés en quantité innombrable contre les feuilles triangulaires du jonc dont sont for- més les faisceaux que l’on dépose dans l’eau pour en faire la ré- colte. Us sont de forme ovalaire avec un petit bouton à un bout et en pédicule à l’autre. Parmi ces œufs, qui sont très rapprochés et quelquefois fixés les uns sur les autres, il s’en trouve d’autres considérablement plus grands, allongés et de forme cylindrique, collés contre les mêmes 1 feuilles de jonc. M. Guérin les attribuckun autre insecte plus grand qui serait du g. dos véritables Notonectes [Nolonecta] et très voisin des Notonecta americana et variabilis. Cependant comme l’insecte offre quelques caractères propres, ilpropose de le considérer comni® spécifiquement distinct, et il l’appelle Notonecta unifasciata (1). Sous-ordre des ffomoptèi'es. Les Homopteres ont les ailes supérieures entièrement coriaces ou entièresment membraneuses, mais jamais sous la forme de demi-clytres; leur bec naît de la partie inférieure de la tête. Ces insectes sont assez nombreux et l'eutrent dans trois grandes fu' milles, les Cicadidés ou Cicadaires de Latreille; les Aphididés oU Pucerons [Aphidu, Latr.) et les Coccidés [Gallinsecta, Héaumur)- La famille des CICADIDIÎS comprend, indépendamment des CicAïUNs ou Cigales proiiremcnt dites (g. Cicada), dont les mâle» ont un appareil sonore, plusieurs autres tribus, parmi lesquelles nou» citerons celles des Felgouins ou Fulgores (g. Fulgora, etc.), dont les espèces, souvent phosphorescentes, ont été appelées porte-lan' ternes- des Tettigonins (g. d'ettigonia, etc.): des MEjniiiACiif» (g. Membrads, etc.). Les Cig, îles sont variées en espèces dans les pays chauds ; elles sont déjà abondantes dans le midi de l’Europe; et, pendant le» mois do juillet et d’août, les localités les plus exposées aux ardeurs du soleil retentissent de leur chant monotone et strident. (1) VInstUut, 1857, p. 409, et Compt. rend, hebd., t. XLIV. IIKMll’Ti’.RES. 369 Telle est en particulier la Cigale gojimujn'e [Cicada plebeia ou Fraxinï). On la trouve quelquefois jusque dans la forêt de Fontai- nebleau. Les Romains et les Grecs mangeaient ces animaux; ils estimaient aussi leurs nymphes et les nommaient teitigonïetres. La Cigale de l’orne [Cicada ovni) est également propre au Midi. Elle fait découler de l’orne, en le piquant, un suc mielleux et purgatif qu’on a désigné sous le nom de manne, mais qui n’est pas la manne proprement dite. On la trouve aussi sur d’autres arbres, tels que les oliviers, les pins maritimes, les agaves, etc. La famille des APHIUIUËS ou des Pucerons (g. Aphis, L.) com- prend de petits Insectes homoptères, souvent môme aptères, dont il y a plusieurs tribus. Les deux principales sont celles des Psyllins ou Psylles (g. Psylla] ; et des Aphidins ou Pucerons (g. Aphis). Les Pucerons portent à la partie postérieure de l’abdomen deu.x petits tubes, sécrétant une matière sucrée, qui manquent aux Psylles, et ils n’ont pas comme eux la propriété de sauter. Ces Insectes, dont on a distingué un assez grand nombre d’espèces (1), vivent sur les végétaux; ils en sucent la sève et ils les couvrent souvent de la sécrétion sucrée qui leur est propre. C’est ce miellat qui attire vers eux les Fourmis; il enduit les feuilles du tilleul, de l’érable, du faux platane, du saule marsault, des orangers, des citronniers et de plusieurs autres espèces d’arbres. Les Pu- cerons se multiplient avec une extrême facilité et ils sont un des plus anciens exemples de parthénogénésie que l’on ait observés. Au printemps, les femelles font, sans accouplement préalable, des petits vivants, et il y a ensuite pendant l’été plusieurs générations successives pour lesquelles l’intervention des mâles est également inutile. Ces générations d’été ne donnent que des femelles, mais en automne les mâles reparaissent et fécondent les femelles , qui re deviennent alors ovipares et pondent sur les branches des œufs destinés à passer l’hiver. Quelques Pucerons doivent aux dégâts qu’ils font d’être plus connus que les autres; de ce nombre est Le Puceron lanigère [Aphis lanigera), qui vit surtout aux dépens des pommiers, à la surface desquels il fait apparaître des excrois- sances. Quelquefois il occasionne la mort de ces arbres. Ce Puce- ron sécrète unè matière blanche, d’apparence laineuse ou coton- neuse, dans laquelle il s’enveloppe. Il n’était pas répandu aux environs de Paris avant 1832 ou 1833. Q) Le genre Aphis proprement dit en réunit à lui seul plus de trois cents. 2/i I. 370 INSECTES. D’autres espèces s’enveloppent (liinsdes vésicules, dû ns des feuilles ou dans de jeunes tiges, et elles y vivent en société. 11 y en a de semblables sur l’orme, sur le pistachier, sur le peuplier, etc. Le pêcher, le rosier, plusieurs autres arbres de nos jardins sont égale- ment attaqués par les Insectes de cette famille. Certains Pucerons déterminent sur les arbres des excroissances analogues aux galles produites par les Cynips ; les galles de l’orme, du térébenthe et du üystylium racernosim sont, en particulier, dans CO cas. Les COCCIDÉS ou Cochenilles (g. Coccus, L.) forment une nom- breuse famille, aujourd’hui partagée en une dixaine de genres, et dont on a déjà distingué plus de cent cinquante espèces (1). Ce sont aussi de petits insectes, et ils vivent également sur les végé- taux. Leurs caractères sont très singuliers et permettent de les re- connaître aisément. Les femelles des Cochenilles sont aptères et larviformes ; elles Fig. 70.— Cochenille du Fig. 71. — Cochenille du Nopal, mâle. Nopal, femelle. 1 1. Jeune. 2 © 2. Adulte et devenue immobile. 2. Adulte et pourvu d’ailes. deviennent immobiles au moment de la ponte et restent appl*' quées contre les plantes sous la forme de petites galles; de là 1® nom de Gallinsectes et Progallinsectcs donné au groupe entier de 11) Voyez Dallas, List of the spécimens of Hemipterous Insectes, in the Coll- ef the British Muséum, in-8. London, 1851. HÉMIPTÈRES. 371 CCS animaux par plusieurs cntumologistes, et en parlieulier par Réiiuuiur (1)-. Au contraire, les môles, qui sont toujours lieaucoup plus petits, ont de.s métamorpboses complètes, conservent leur agilité et acquièrent clos ailés; toutelois ils clillèrent des autres Homoptères, en ce qu’ils n'ont que deux de ces organes, ceux de la paire supérieure. Le bec des males est rudimentaire, tandis c[ue celui des femelles acquiend tout son dévelo])pement. Les premiers ont aussi des antennes bien développées, dÈapparcmee sétiforme, et leur abdomen est terminé par deux filets; ils ont seuls cb's yeux à réseaux. Los jciedsdes Cocbenilles, au lieu do présenter les cinq parties ordinaires aux autres Insectes, sont établis sur un type plus rapproché de celui qui distingue les Crustacés. Le tarse nqi qu’un seul ai’ticle, et il se termine par un seul ongle; la liamdie est engagée dans le tégument sternal, et l’article qui vient ensuite, ou le premier de la portion mobile, est court et cylindrique. Lorsc[ue la fécondaficm a eu lieu, les femelles se fixent et se gon- flent, et après avoir pondu leurs œufs , entre elles et le corps sur lequel elles reposent, elles leur servent de moyen do protection. C’est alors qu’elles se transforment en ces sortes de capsules dont on fait la récolte pour certaines espèces employées en teinture. Les femelles de plusieurs Cochenilles fournissent aussi de la cire, et les laques découicmt de certains arbres après que ces Insectes en ont pique la surface. On distingue trois catégories parmi les Insectes de cette famille : 1. Dans quelques espèces de Coccidés, les feincllos peuvent en- core se mouvoir lors de la jiontc ; les anneaux du corps, les an- tennes et les pattes restent toujours distincts, et le corps a une apparence cotonneuse duc principalement à la sécrétion cireuse. 2. D’autres espèces ont leurs femelles immobiles au moment de la ponte; mais les anneaux de leur corps restent encore assez distincts. De ce nombre estla Cocuexille du norai. [Coems cacti], dite aussi du Mexique ou de Honduras, qui est répandue dans le commerce sous la forme de petits grains brun rougeâtre, comparables à de pe- tites groseilles racornies, desséchées, de lorme irrégulière, mais montrant encore la trace des segmentations. Ces grains de Cochenille sont les corps des femelles desséchés, fin en distingue de plusieurs sortes sous les noms de Cochenille noire, Cochenille grise oü. argentée , et Cochenille rougeâtre. CÆo-ç (t) Mém.,t IV, p. 1 et 81. 372 INSECTES. est la moins estimée. On partage aussi les Cochenilles en Cocltemlle mestègue ou fine, (lui est la Cochenille cultivée dans les nopaleries, et Cochenille silvestre ou Cochenille sauvage. Ces Insectes vivent sur une espèce de raquette, le nopalier ou cactus nopal, qui est originaire du Mexique, et n’ont été connus en Europe (lu'après la découverte de l’Améihiue. Ce sont eux qui fournissent la plus belle couleur rouge. Les Mexicains s’en servaient déjà avant l’arrivée des Espagnols dans leur pays. C’est en effet la Cochenille qui donne la magnifique couleur l’ouge que l’on emploie dans les arts sous le nom de carmin. Mêlée à un sel d’étain, elle fournit Vécarlate. Cette espèce est aussi employée en médecine : on dit la Coche- nille cordiale et diurétique; elle sert à colorer les bonbons ou certaines pastilles médicamenteuses, entre dans la teinture d IIux- man, et sert en outre à la fabrication de poudres dentifrices. On lui a reconnu des propriétés sédatives dans certaines toux opinifitres, et quelques médecins prescrivent du sirop de cochenille contre la coqueluche. Voici les résultats de l’analyse des Cochenilles du commerce ; D’après John. Cochenille ou matière colorante. 50 Gelée 10,15 Cire grasse 10 Mucus gélatineux ü Matière éclatante l* Hyrfrochlorate alcalin Phosphate de chaux — de fer — d’ammoniaque D'après Lepelletier et Caventou. Matière animale sui genens. Principe gras composé d’élaïne et de stéarine. Matière colorante acide. Phosphate de chaux. — de potasse. Carbonate de chaux. Carminé. La cochenille extraite des Cochenilles du Mexique par John est d’un rouge carmin, fixe à l’air sec, gélatineuse sous l’action de l’humidiié, soluble dans l’eau, l’alcool et les éthers, ainsi que dans les acides et dtins les alcalis caustiques, non précipitable par l’in- fusion de noix de galle, et très avide d’alumine, d’oxyde d’étain et de quelques autres oxydes. La carminé de Pelletier et Cavciitou (1818) est d’un rouge pourpre, inaltérable à l’air sec, fusible à 50 degrés centigrades, très soluble dans l’eau, insoluble dans l’éther; elle ne donne pas d’ammoniaque en se décomposant; 1 alu mine se comliino avec elle. La Cochenille du nopal est originaire du Mexique, principaleinen (le Guaxaea et d’Oaxaea. Elle est une des richesses de ces pays, et il a été longtemps défendu par les Hispano-Mexicains de chercher à en exporter la graine vivante. Cependant, vers la fin de l’année 1700, un Fran(;‘ais, nommé l'hien’y de Menouville, exécuta le pro- jet qu’il avait formé d’enlever aux Espagnols ce précieux Insecte. Il aborda au .Mexique, et cacha si bien le motif de son voyage, qu’il paiTint à embarquer et à conduire à Saint-Domingue plusieurs caisses renfermant des cactiers vivants chargés de Cochenilles. La plante qui nourrit ces Insectes et les Insectes eux-mêmes ont ensuite été introduits dans plusieurs parties de l’Espagne et aux Canaries, et les Cochenilles ainsi élevées ont pu être versées dans le commei’ce. n - • . Des plantations analogues ont été faites en Algérie ; à Oran, à Al"er, à Donc, etc. Elles ont également réussi. L’initiative en est due à M. Simonnet. En 1853, on comptait dans la seule province d’Alger Iti nopaleries, contenant 61,500 plantes. L’administration achetait alors les récoltes au prix de 15 fr. le kilogramme. On fait également de la cochenille dans les possessions hollan daises de la Sonde, à la Nouvelle-Galles du Sud, etc. 3. Un troisième groupe de Coccidés est eclui des especes dont les femelles sont immobiles lors de la ponte et ne montrent plus aucune trace des anneaux qui séparaient les articles de leur corps. Cette section reçoit plus spécialement le nom générique de Kna- îŒS [g. Kermes). i . Tel est entre autres le Kermès du ciiêxe, appelé en hitm Aennes ilicis, parce ([u’on avait cru à tort qu’il vivait de préférence sur le chêne vert [Querens ilex), tandis qu’il se développe presque exclu- sivement sur une petite espèce fort différente de celle-la, le Quercus eoccifera, qui est commun dans les endroits arides sur un grand nombre de points de la région méditerranéenne; a ailleurs on trouve aussi quelquefois le Kermès sur le chêne ver . Les femelles ou les graines de kermès, dites aussi graines d écar late, kermès animal, et, dans les officines, Coccus baphica, sont de la grosseur d’une groseille ordinaire, a peu près régulièrement sphériques, noires, brun foncé ou marbrées; elles adhèrent aux rameaux des petits chênes, ont l’air de petites haies, mais sont sèches et cassantes, et ont été prises autrefois pour des graines ou des galles. , , > , Garidel et Réaumur ont démontré leur nature animale (l)- (1) De Meuve exprime encore, en 1695, une opinion tout à fait erronée au sujet de la nature du Kermès, qu’il appelle Coccus infectorius, Coccus baphica lAriEUTJiS. 374 Ces eochoüilles, très euiployécs dans le midi de rHurope, en Orient et en Afrique, avant qnc l’on possédât la cochenille du Mexique, fournissent une belle teinture rouge H) et servent aussi en médecine. Elles entrent également dans la confection alkennès [Margaritarum kermeshxd), dans les trochiques alkermès, dans le sirop de kermès et dans un ('■lectuaire aphrodisiaque. Il y on a dans Valkermès, sorte de liqueur ou d’élixir que l’on sert sur les tables en Italie, principalement à Florence et à Naples. Suivant M. Lassuigne (1819), le kermès donne à l’analyse une matière grasse jaune ; une matière colorante rouge analogue à la carminé, de la coccine, qui est un principe animal particulière- ment, ainsi que (his phosphates et des hydrochlorates. Le IvERirÉs tolonais {Kernws polonicus), que l’on trouve en Po- logne, sur les racines du Sclemnllim perennis, a des propriétés et dos usages analogues. On s’en servait aussi beaucoup avant que le commerce eût reçu la Cochenille du nopal, et il a conservé de l’importance (iu Pologne,, en Prusse et en Uussie. La laguc, dont nous avons parlé comme devant ([uehjuefois son origine aux C(K;henilles, est une sorte de résine qui nous vient de la Chine et du Uengale. F.lle transsude do certains arbres [Ficus religiosa et indien, Ithantnusjujuba, Butea fronclosa, etc.), par suite de piqûres que leur font les femelles du Coccus lacca. La Laque en bâtons consiste .en laque encore adhérente aux fragments du bois. D’autres Cochenilles font sortir des arbres une sorte de manne, tel est en particulier le Coccus mammiparus, Ehrenberg, qui vit au mont Sinaï. En Chine, on emploie, pour la fabrication des bougies, une espèce de cire ayant un ptm l’apparence du sperma-ceti, (|ui est exsudée pur une Cochenille, le Coccus sinensis de. M. West- AVood (2). Le Coccus ceriferus, Fahr., dont le nom indique une propriété analogue, vit au Bengale. ou Grana tinclorum. n C’est, dit-il, le fruit d’un arbrisseau renommé appelé Ilex. Cette graine u’est pas proprement le fruit de l'yeuse, mais plutôt un excré- ment et comme une salive rouge et luisante enfermée dans nue petite vessie qui vient en dessous des feuilles, car cet arbrisseau ne porte pas seulement la graine dont il est parlé ei-d(>ssus, mais aussi le gland. « (1) Les bonnets grecs sont teints avec celte substance. (2) Voy. Daniel lianburg, Phm'maueulical Journ., avril 1833, et J. Quekett, ibid. llÉMirTERES. 375 Sous-ordre des l‘oux. Les Poux sont des insectes aptères ^ à bouche formée unique- ment d’un suçoir en gaine inarticulée et armé à son sommet de cro- i Fig, 72. Le rostre ou suçoir du Pou de tête. — 1. Le Rostre pres- que entièrement caché. — 2. Le même commençant à montrer des crochets. — 3. Les crochets épanouis. — 4. Le siphon perforant fai- sant saillie au-dessus des crochets. chets rétractiles ; l’intérieur de ce rostre contient un tube corné composé de quatre soies; il n’y a ni palpes ni lèvre inférieure. Les antennes sont grêles, habituellement de cinq articles subégaux ou un peu décroissants, et dont le second est plus long que les au- i 2 très. Il n’existe point d’yeux com- posés et l’on n’aperçoit qu’un seul ocelle de chaque côté de la tête en arrière des antennes. Le thorax est petit, presque tou- jours plus étroit que l’abdomen ; celui-ci est composé de sept à neuf segments qui portent des soies isolées et plus ou moins longues; on y voit six paires de , , - t . . , stigmates. Les Poux ont les pieds grimpeurs, cest-a-chre a jambe courte, épaisse et armée antérieurement à son extreimte intérieure d’une dent spiniforme , avec laquelle l’ongle du tarse, qui est lui- même grand et recourbé, forme une pince, et c’est au moyen de cette pince qu’ils saisissent les poils des animaux sur lesquels ils vivent. Les Poux manquent de jabot; ont les vaisseaux biliaires au nombre de quatre, libres, d’égale longueur et sans rcnllement; présentent deux paires de testicules dans le sexe mâle, et cinq follicules ovariens dans le sexe femelle; en outre, ils sont tou- jours privés de métamorphoses , les jeunes ayant déjà en naissant la forme qu’ils devront conserver pendant toute leur vie. F, G, 73. 1. Patle antérieure du Pou jg 2. Patte postérieure du même. 3/6 IXSECTKS. Le dernier segment al)doniiniil varie de forme suivant le sexe. Dans les mâles, il est proéminent, arrondi et percé à sa face supé- rieure du grand pore, qui est ranus et dont on voit aussi sortir le pénis; celui-ci est charnu et armé d’une ou de deux pointes cor- nées. Dans les femelles, le même segment est profondément échancré; quelquefois même il est comme bilohé; l’anus s’y ouvre entre ces lobes, et la vulve est à la face ventrale entre le dernier et l’avant-dernier segment; elle a son ouverture arquée, disposée transversalement et pourvue bilatéralement de caroncules subcor- nées. L’accouplement ne peut avoir lieu que lorsque la femelle se place sur le dos du mâle. Les œufs sont attachés isolément ou en petits groupes aux poils des animaux sur lesquels vivent les Poux; on les connaît sous le nom de lentes. Tous les Poux sont parasites des mammifères. Le groupe, peu na- turel, dans lequel on les a souvent associés aux Ricins, a reçu le nom A’Epizoïques (1). L’absence d’ailes, qui est un de leurs caractères les plus apparents, les a fait aussi ranger parmi les Aptères, dont ils sont alors une des divisions principales; mais en tenant compte de la forme de leur bouche et de leur défaut de métamorphoses, on a été conduit à les réunir aux Hémiptères, dont ils semblent, en effet, n’être que la dégradation extrême et les représentatits privés d’ailes. Cette opinion avait déjà été émise par Fabricius ; elle a été reprise depuis lors par M. Burmeister et par quelques autres natu- ralistes. Il n’y a qu’une seule famille de Poux, celle des PËDICULIDÉS, que l’on partage en quatre genres sous les noms de PerHcidus, Phthirius, Pedicinus et fJeematopinus (2). Genre Pou [Pedicidus). L’abdomen est composé de sept seg- ments ; l’apparence générale et l’ensemble des caractères sont les mêmes que dans le Pou de tête. Ce genre n’a d’ailleurs que trois espèces qui sont toutes les trois parasites de l'homme. (1) Epizüiea ou Ëpisoe, Nitzsch, P. Gerv., etc. — Parasita, Latr. — Ânoplura, Leach, Denny, etc. (2) Voyez pour la description de leurs espèces et pour celle des Ricins : Redi, Œuvres diverses — De Geer, il/èm. pour servir à l'hist. des Insectes. — Nitzscli, Thierinsekten { Insecta epizoica), in-8. Halle, 1818, . — Leach, Zool. Miscellany, t. III, p. 45. Rurmeister, Généra Inseet. — Denny, Anoplurorum Brilannia monogr., in-8. Londres, 1842. — p. Gerv. in Walkenaer, Hist. des Ins. aptères, t. III, p. 290; 1844. IIÉ-MIPTÈHES. 377 Ces dégoûtants insectes vivent sur la tète et sur le corps ; le Pediculus pubis est une quatrième espèce, également particulière à l’Homme, mais qui forme un genre à part, celui des Phthirius. Pou DE TÊTE [Pediculus capitis) . De couleur livide ou l)lanc cên- Fig, 74. — Pou de tète. Le mâle. La femelle. dré ; tous les segments ont du noir au bord externe ; le thorax est en forme de carré long. Swammerdam a donné une description détaillée de cette espèce dans son grand ouvrage intitulé Biblia naturai. Linné l’appelle Pediculus humanus ; de Geer, Pediculus capitis, et Leacli, Pedicidus eervicalis. Elle est surtout fréquente sur la tête des enfants, en Eu- rope du moins, car, dans beaucoup d’autres pays, les adultes en '•nt aussi en abondance ; ce qui tient à leur état de malpropreté. En Europe, le Pou de tète des vieillards est plus petit cpe le Pou ordinaire des enfants et présente une autre apparence ; il mé- riterait d’être examiné par les zoologistes. On a aussi supposé que le Pou de la tête des nègres est d’une ftutre espèce que celui qu’on observe en Europe. Cette opinion a été émise par M. Pouchet (1). On a proposé plusieurs moyens pour lur^r les Poux de tête : des lotions de petite centaurée ou de sta])liisaigre , de la pommade additionnée d’onguent mercuriel , etc. Un des procédés les plus ®ûrs et en même temps les plus inottensifs consiste à huiler lar- gement les cheveux; ce corps gras tue les Poux en obstruant les P’achées, ce qui empêche leur respiration de s’opérer. d) Traité éîém< de sool,, t. Il, p. 205 , 1841, 378 l.VHJiCïES. Pou BU coRi's [Pediculus vcstimentî]. Jiiunâtre unifoi'iiic ou l)lanc sale; tête avancée; forme ovalaire allongée; thorax subarticulé; second article des antennes allongé; point de noir sur le bord des anneaux; pattes plus grêles que celles du précédent, allongées. C’est le Pediculus humanus corporis Fig. 7S.- de de Geer et le Ped. hum., variété p de Linné. Nitzsch et M. Burmeister ont reconnu qu’il formait une espèce à part et non une simple variété. Il vit sur les parties pileuses du corps chez les gens malpropres ou dans leurs vê- tements, principalement dans ceux qui soûl faits avec de la laine. Pou BES jiAi.ABEs [Pcdiculus tabesceutium] ■ Entièrement jaune pâle; tète arrondie; to- rax plus grand que dans le précédent? antennes plus allongées; segments -Pou du corps femelle. carré : abdominaux plus serrés. On en doit une description exacte à M. Alt (I) et à M. Rurmeis- ter (2). Ce Pou est celui qui occasionne la maladie pédiculaire? qu’on appelle aussi phthiriasis, et dans laquelle on voit apparaître avec rapidité une très grande quantité de ces Insectes. Cette triste maladie a été observée par les anciens comme p^it les modernes, mais elle est encore loin d’être connue dans tous ses détails. On cite comme en étant morts quelques personnage^ illustriss appartenant à dilfénmtcs époques et à plusieurs nations- Aujourd’hui elle est encore commune dans certaines parties <1^ l’Europe où les habitants sont sales et malheureux. En Galice et dans les Asturies, elle n’est pas rare; en Pologne, elle accompagne? dit-on, la plique. Dans certains cas de phthiriasis, les Poux app^^' raissent avec uue telle rapidité et eu tel nombre que le vulgaire ne s’on explique la présence que par une génération spontanée (3)- Ainatus Lusitanus, médecin portugais du xvi' siècle, raconte naïve- ment ([u’ils SC produisaient si vite et en telle abondance sur un riche seigneur atteint de cette maladie, que deux domestiques étaient exclusivement occupés à porter à la mer des corbeilles mmplics dont les taches sont sur deux rangs seulement (fig. 80) . Cette se- conde esiièce existe aussi sur le cheval. Hém atoitküsdu cochon [Hœmatopinus suis). Il ost brun, avec l’ah- doinen clair et les segments incmihraneux, mais pourvus dechaqu*^ côté d’une plaque cornée qui porte sa stigmate (fig. 81). L’ Hœmatopinus stenops est l’es[iece ordinaire aux chèvres. L’ Hœmatopinus saccatus a été recueilli sur des boucs venant d’Égypte; on n’en a décHt que la femelle. YHlatmatopinus tiéerculatm appartient aux buffles d’Italie. \! Hœmatopinus phthiriopsis est parasite des buffles du Cap caffer). Hœmatopinus asini vit sur l’âne. h’ Hœmatopinus cimeli se tient sur le corps des chameaux. Plusieurs espèces de Rongeurs ont aussi montré des parasites de ce genre ; il y en a de même sur le daman [Hœmatopinus leptocS' phalus) et jusque sur le phoque commun [Hœmatopinus phocœ)- Sous-ordre des Podurelles. Après les Pediculidés, nous citerons, plutôt comme un groupe incertœ sedis que comme formant réellement un dernier sous-ordre de la série des Hémiptères, les Podurelles, Insectes aptères, IIÉMirTÈRES. 383 sans métamorphoses, déjà étudiés avec soin par de Geer (1), et qui ont été, dans ces dernières années, le sujet de plusieurs pu- f'iications spéciales (2). Leur histoire olfre d’ailleurs assez peu d’in- térêt pour la solution des questions traitées dans cet ouvrage. Les Podurelles, dont l’organisation présente des particularités très curieuses, sont ces petits Insectes sauteurs que l’on trouve en (]uantité dans les bois ou dans les jardins, et dont quelques es- pèces vivent jusque dans nos appartements. On n’a guère observé jusqu’à ce jour que les Podurelles de l’Eu- rope, et seulement celles de queh|ues localités ; cependant on en connaît déjà plus de cent espèces. Ces insectes ne paraissent pas moins variés sur les autres points du globe. Les Podurelles ne forment, à vrai dire, qu’une seule famille, celle des PODLRIDÉS, que l’on peut partager en deux tribus , les Smin- Tiitjrixs (g. Sminthurus et Dicyrtoma] et les PontiUNS (g. Macroloma, I^epidocyrtm , Orchesella, Heterotoma, Degeeria^ Desoria, Isotoma, Aciiorutes, Lipura et Anoiira). On trouve certaines espèces de Podurelles sur les bords de la mer, dans des endroits qui sont recouverts par la marée durant Une partie de la journée. Tel est VAckorufes maritimus, du Tréport *Seine-lnféricure) . D’autres [Achnrutes aquaticus, etc.), vivent sur les eaux douces, au bord des rivières ou à la surface des lacs, que l’eau soit liquide uu quelle soit gelée. Le Desoria glaciaiis est très abondant sur les glaciers des Alpes ; d est de couleur noire, et ses réunions sc détachent nettement à surface de la neige , qui semble alors comme recouverte par de la poudre à canon. Les Anoura sont des Podurelles qui ne sautent pas et dont la douche forme une petite trompe; particularité remarquable qui Appelle la disposition buccale des Héinij>tères, des Diptères et des Myriapodes polyzonidés. On en cite deux espèces : A. tuberculata (de Suisse) et A. rosea (de Paris). (1) Mémoires, t. VU, p. 15. (2) Bourlet, Mém. sur les Podures, in Soc. r. des sc., d’agr. et des arts de bille, et Soc. r. de Douai, 1843. — Nîcolet, Rech. pour servir à l’histoire des b'odurelles, iu-4, 18.11, extrait des Mém. de la Soc. helv. des Sc. nal., t. VI. — Gerv., in Walk., Hist. nat. des Ins. aptères, t. III, p. 397 ; 1844. INSECTES. Ordre des Dipléres. Ainsi que l’indique leur nom, ces Insectes sont pourvus de deux ailes, du moins dans la majorité des cas, et ils n’en ont jamais plus de deux. Ces ailes sont membraneuses et assez semblables a celles des Névroptères ou des Hyménoptères dans leur apparence générale. Ce sont les ailes postérieures qui manquent aux Diptères, mais on trouve chez beaucoup de ces Insectes deux petits organes rudimentaires auxquels on a donné le nom de balanciers, et, à la base de ces balanciers, deux pièces membraneuses dites ailerons oU cuillerons. Les balanciers sont généralement considérés comme représentant la seconde paire d’ailes. H y a des Diptères tout à fait aptères; on reconnaît qu’ils appartiennent à cet ordre à la nature de leur bouche et à leurs transformations, qui sont analogues à celles des aulres Insectes du même groupe. Ainsi leurs mandibules et leurs mâchoires ont la forme d’une lancette écailleuse, et leurs lèvres forment un canal en suçoir entourant cet appareil ; de plu® ils se présentent d’abord sous la forme de larves. Les insectes Diptères ont les glandes salivaires bien développées et leur salive est le plus souvent irritante ; un autre caractère qu> leur est propre est de subir des métamorphoses complètes. U* passent successivement par l’état de larve et par celui de nympl'*^ avant de prendre leur forme définitive. Les Diptères sont fort nortd)reux en espèces. C’est parmi eu< que .se placent les Mouches dont il y a tant de genres difl’érents et les Cousins. On doit rapporter au même ordre les Nyctéribies qui sont aptères et les Nympbipares, que leurs habitudes parasites et certaines particularités de leur organisation rapprochent évideiH' ment de ces dernières. Les Puces elles-mêmes, dont on fait souvent un ordre distinct, sont semblables aux Diptères jtar les caractères de leur bouche, par leurs métamorphoses et l'absence d’ailes, les distingue, ne doit pas plus les faire éloigner des Diptères ailé® que les Nyctéribies, dont les affinités avec les autres espèces de cd ordre sont d’ailleurs si évidentes. Nous partagerons les Insectes de cette nombreuse série en quati’t! sous-ordres ; 1“ Les Suceurs ou les Puces; 2° Les Nyniplnpares ou les Hippobosques et genres voisins ; 3“ Les Chétoceres ou les Mouches ; Les Némocères ou les Cousins et les Tipules. On a également admis que c’était auprès des Diptères, sinod DirTERES. 385 flans le même ordre qu’eux,, qu'il conviendrait de placer les Sti epsiiilères ou Rhipiptères ; mais quelques naturalistes en font, d’après Kirby, un ordre à part, et Schiodte avait dit, il y a trente ans, que e étaient des Coléoptères. Cefte dernière opinion méritait plus d’attention qu’on ne lui en a accordée. Sotis-ordre des Rhipiptères. Ces Insectes (1), dont nous dirons seulement quelques mots, sont peu nombreux et ne forment que quatre genres [Xems, Elenchus, Stylops ai Halictophaga), dont les espèces vivent en pa- rasites sur les Hyménoptères. Ün les a trouvés sur les tîuêpes les Polistes, les Andrènes et les Halictes. Ce sont des Insectes à métamorphoses complètes, et leur larve qui est apode, ressemble à celle de certains Diptères. A l’état adulte, ils n’ont aussi que deux ailes comme les espèces de ce der- nier ordre, mais ce sont les ailes postérieures; elles sont grandes, membraneuses, nervées longitudinalement et plissées en éventail. Il n’y a pour représenter les ailes antérieures qu’une paire d’ap- pendices rudimentaires qui sont comparables à des balanciers. Les pattes sont terminées par des crochets. Les ycnx sont gros et gre- nus. Les mandibules ont la forme de petites lames linéaires croi- sées l’une sur l’autre, et il y a des palpes maxillaires composées de deux articles. La bouche des Rhipiptères rappelle donc, à cer- tains égards, celle des Insectes lu’oyeurs. Som-ordre des Suceurs. Les Puces, dont de Gcer faisait un groupe ii part, sous le nom de Suceurs [Suctoria], ont été indiquées par Kirby sous celui d’ Aphaniptères , et par Latreille sous celui de Siphonoptères. Dans la classification de ces différents entomologistes, elles forment un ordre distinct. La famille des PULICIDKS, la seule qui comprenne ce groupe réunit, indépendamment de la Puce ordinaire, un certain nom- bre d’espèces à corps ovale, comprime , quelquefois assez al- longé, ayant la peau résistante, la tetc assez petite et pourvue d’une paires de stemmates, mais sans yeux composés ; à antennes en général fort petites ; dont le thorax a ses trois articles séparés et 1,1) Schiodte, Danm. Elenth., p. 21 ; voyez aussi pour ce groupe : Wiegmanu, ■irchiv., 1851, p. 200; et Th, Siebold, /ahresb.d. Schles. Gesells; Breslau, 1853. 1. 25 386 l.N^SKCTHS. (',0)111110, oiiîuilés ; sans ailos ni halancioi's, ot dont, i alidonion est ovalaire ou aüon^'é. Leurs psittos sont assez grandes, surtout les postérieures, et elles peuveni servir au saut. Leur houelie se com- pose essentiellenient détruis sorles de parties : l'des palpes (|ui sont (lumlriartieulés et jiiirtés par une lamelle foliacée; 2" de doux lames spadiformes dentées sur leurs deux traneliants et (jui sont les agents principaux des piqûres faites par rcs animaux; en etfet, c’est avec elles (pi’ils percent la peau, l'irritent et y font allluer le sang, que les Puces hument ensuite au moyen des contractions de leur jaliot; S” d'une gaine articulée, recevant dans une gouttière et soutenant par-dessous, dans leur action, les lames en scie ; c'est la languette; cette gaine est regardée comim' formée par la réunion des deux palpes lid)iaux qui seraient composés de trois ou quatre articles chacun. L’abdomen des Puces présente une, forme particulière dans son neuvième ou avant-dernier anneau que l'on nomme pijgidium. Ce jwgidiuni porte, un certain nombre de soies épineuses implantées au centred’autant d’aréoles irrégulièrement disposées sur sa surhice. Les mâles ont deux stylets pour la copulation. L’accouplement a lieu ventre à vmitrc et la génération est ovipare. Chaque muf donne une larve iq)ode; la nymidic s’enveloppe d’une petite ccaiiic; toutefois la Chi<|uc ou Pnee pénétrante offre sous ce rapport quel- ques particularités sur lesquelles nous reviendrons. Il y a des Puces non-seulement sur l’homme et sur certain nombre de numimifères, mais aussi sur les oiseiiux, particulièrement sur les poules et sur les pigeons domeali(pies; onenti'ouvo également dans des endroits ([ui ne sont pas fréquentés par les animaux, et certaines espèces paraissent vivre, de substances végétales. Les natu- ralistes ont décrit une trentaine de ces Insectes, et ils en oi)t fait plusieurs genres sous les noms de Pulex, Dermalophilus, Ceralo- psyllus et Mjjceloplnla. La PecE JinuT.VNTE, ou Puce ordinaire {Pulex irritaïui], a la tète courte et non denti'c sur ses bords ; la lame basilaire des mandi- bules articulée et cultriforme ; les antennes courtes et cachées dans une rainure derrière l’œil; les tarses assez peu allongés et subéqii-- lieux, et elle est de couleur roux brun. Cette Puce, attaque, plus parliculièreincnl l’espèce humaine; elle, est surtout répandue en l'iurope et dans le nord de l'Afrique. On la trouve aussi sur d’autres points du globe. Certaines conditions favorisent plus particulièrement la multiplication do ces Insectes. Il y en a beaucoup dans Ic.s habitations malpropres, dans les ca- rm’TERES. 387 sei'iies et surtout ihuis les camps; leur action sur les nouveaux venus y est des plus insupportables; ils pullulent souvent dans des lieux abandonnés, principalement dans les masures, et l’on eu trouve, parfois en abondance dans les bois et jusque sur les dunes ou les sables qui bordent certaines plages. Les endroits oii eampent les pêcbeurs et ceux ((ui sont frequentes par les baigneuses en ont quelquefois en quantité étonnante ; et a Ce.tte comme à Falavas , auprès de Montpellier, on est plus particulièrenumt expose a leurs atteintes lorsqu’on veut se reposer sur certaines dunes. Les Puces font plusieurs ceufs à chaque ponte ; elles les placent dans les ordures, aux endroits pou accessibles, dans les fentes des parquets, dans le linge sale, dans la sciure de bois et jusque sous les ongles des personnes malpropres, principalement sous ceux des pieds. De ces œufs, qui sont blancs, suballonges et de la gi-osseur d’une très petite tète d’épingle, naissent les larves qui sont apodes, ainsi que, nous l’avons dit, et sc transforment en nynq)hcs au bout de dix à donzr^ jours, après s’ètre filé une petite coque sovœusc. Ces larves sont d'abord blanches, mais elles deviennent hientôt rougeâtres; elles ont beaucoup d’activité. Leur première nourri- ture consiste habituellement en un peu de sang que la mère a eu soin de placer dans le même lieu que ses œufs. ün a quelquefois mis les Puces en spectacle, et d’habiles ou- vriers ont réussi à en enchaîner et à leur faire exécuter divci’s exercices des plus singuliers. Comme chacun a pu l’observer, la piqûre de la Puce se reconnaît à la présence de petits points d'un rouge foncé entoures d’une auréole plus pâle. Après quelques heures, ces morsures ont une certaine ressemblance avec des pétéchies, et l'on a quelquefois de la peine à les en distinguer. Les gens sales, ou (]ui passent la nuit dans des lieux où il y a beaucoup de Puces, ont souvent une grande partie dn corps marquée de semblables taches. Leur linge est toujours taché par ces Insectes. La PicE CHIQUE [Pulex penetrans), dont on a tait un genre à part sous les noms de Dermatophilus et de Sarcopsylla, est plus petite que la précédente, et elle a les stylets plus allongés dans le mâle, ainsi que l’abdomen plus développé dans la femelle et susceptible de se rentier en boule après la fécondation, par suite de la turgescence dos organes reproducteurs. Ce tic espèce est commune dans les parties chaudes de l’Amé- rique, principalement au Brésil et dans les pays voisins. Sa petitesse la rend dillieile à saisir; elle a l'habitude de sc cacher sous la 388 INSECTES. peau, principalement aux orteils, et c’est là qu’elle dépose ses pe- tits. Les animaux domestiques en sont également tourmentés. Fig. 82. — La Chique (Pulex peneirans). — 1-2. Mâle et sa bouche très grossie. — 3. Femelle et sa vésicule abdominale. Dans certaines localités, il est presque impossible de se soustraire aux attaques des Chiques : on eu trouve jusqu’au Chili, et il y en a dans la Nouvelle-Grenade à la hauteur de Santa-Fé de Bogota. Les mâles sont encore plus petits que les femelles, et ces der- nières sont les seules qui s’introduisent sous la peau. Encore ne le font-elles qu’après avoir été fécondées, et dans le but de se pro- curer une nourriture assez abondante pour produire leurs petits et fournir à ces derniers l’alimentation qui leur est nécessaire. L’ali- domen gonflé dés femelles est rempli par les œufs, qui sont retenus à sa propre substance au moyen d’une sorte de court funicule. On n’a pas encore examiné les lances. Pohl et Kollar pensent que les Pulex penetrans déposent aussi bien leurs œufs à terre que dans le derme de l’homme ou des animaux. La présence de ces In- sectes est on ne peut plus douloureuse, et il faut recourir à une petite opération pour s’en débarrasser. On s’adresse souvent, dans cette occurrence, à des enfants, dont les excellents yeux aperçoi- vent aisément le point rouge de la peau par lequel la Chique s’est introduite et qui réussissent à l’extraire. Ils sondent avec une ai- guille et, après avoir élargi la voie, enlèvent bientôt la vésicule, c’est^ à-dire l’abdomen de la Puce et toute sa lignée. Approchée d’une chandelle allumée, elle éclate comme un grain de poudre; mais si la vésicule s’est rompue avant l’extraction, l’opération devient elle- même la cause de nouvelles douleurs par suite de la dispersion des petits dans la plaie. Certains auteurs affirment qu’il résulte quelquefois de graves accidents de la piqôre de ces parasites, et ils recommandent de ne BIPTERES. 389 pas négliger les petites cavités laissées à la peau par l’ablation des chiques. Parmi les espèces de Pulicidés qui vivent sur les animaux^ nous citerons les suivantes : Pulexfelis; du chat domestique. Pulex canis; du chien domestique. Pulex columbæ ; du pigeon domestique, Pulvx gallinœ; de la poule. Sous-ordre des ISymphipares, Ce sous-ordre comprend quelques genres de Diptères très sin- guliers qui vivent sur les Mammifères et les Oiseaux, et qu’on a queD (|iiQfois appelés, à cause de cela, Diptères êpizoïques. Ces Insectes ont le suçoir composé de deux soies insérées sur un pédicule commun, et leurs deux palpes servent de gaines à ce suçoir. Leurs antennes sont rudimentaires ou nulles, et ils man- quent parfois d’ailes. Leur corps est coriace et plus ou moins raccourci ; il s’élargit, en général, dans sa partie abdominale, ce (pii, joint à la petitesse de la tête et à son rapprochement avec le thorax, donne aux Nymphipares quelque ressemblance avec les araignées. Ces Insectes ont les pattes robustes et terminées par des ongles en forme de griffes. Ces singuliers Diptères sont vivipares ; leurs petits se montrent en naissant sous la forme de nymphes ou pupes, mais des observa- tions récentes ont démontré qu’ils passaient leur premier état, ou l’état do larves, dans le corps ménie de leur mère. Les Nymphipares subissent donc les mêmes métamorphoses que les autres Diptères, et ce qui les distingue, c’est seulement la précocité de leur première transformation, celle-ci ayant lieu avant leur naissance. L ignorance de cette particularité avait fait penser, mais à tort, que la nature les avait soustraits à l’obligation dans laquelle sont tous les aut-es Diptères de passer d’abord par l’état de larves lorsi^u’ils sortent Ue la vie embryonnaire. Ainsi que nous 1 avons déjà dit, il se pourrait que des observations encore plus suivies que celles auxquelles le développement des Insectes a donné lieu jusqu’à ce jour permissent de reconnaître des faits analogues chez les Hexapodes des autres ordres, que l’on considéré encore comme étant prives de méta- morphoses ou comme n’en ayant que d’incomplètes. Les auteurs, qui ont étudié les Nymphipares, les ont signalés comme inférieurs aux autres Diptères. C’est là, en particulier, l’opi- 390 INSECTES. nion qu’en a émise M. Léon Dufour dans ses Etudes anatomiques et physiologiques sur les Pvpipares, publiées en 18?i5 dans les Annales des sciences naturelles. Cependant les principaux faits qu’on a obser- vés sur les animaux de ce groupe pourraient tout aussi bien être interprétés dans un sens différent. La soudure de plusieurs de leurs anneaux, lorsqu’ils sont ai'vivés à l’Age adulte ; la concentration de leurs centres nerveux; la singularité même de leurs métamor- phoses et le mode exceptionnel de leur parturition, tendent plutôt à les faire mettre au-dessus du reste des Insectes qui composent avec eux l’ordre des Diptères (pi’au-dessous. 11 y a deux, familles de Nympbipares : les Hippoboscidés et les Nyctérihidés. Famille des HIPPOBOSCIDÉS. — Ceux-ci, qu’on appelle aussi Co- riaces, ont la tète de grandeur médiocre, mais cependant très éna- dente encore, et le plus souvent ils ont des ailes. On n’en faisait autre- fois qu’un seul genre, celui Ao.s Hippobosques, ainsi nommé parce que la principale de ses esjièces vit sur les chevaux. Il y a aussi des Hijipoboscidés sur d’autres mammifères et même sur des oiseaux, et l’on réunit provisoirement à leur famille un genre d'in- sectes parasite des abeilles. iNitzscb, qui a fait une étude atten- tive des Insectes épizoïques, tlonne ii ce dernier genre le nom de Branla, et l’espèce qu’il y place est le B. cœca. Nous citerons aussi les autres genres actuellement admis, afin d’énumérer les espèces connues dans chacun d’eux; toutefois, leur caractéristique laissant encore quelque chose à désirer, nous ren- verrons, pour ce ([ui la concerne, aux ouvrages spéciaux dont les Hippoboscidés ont été l’objet (1). Hippobosque (g. Hippobosca, lÀnné, pa.rtim; Feronia, Leacb ; Nirmomyia, Nitzsch) . Hippobosca equina, Linn. ; la mouche-araignée de Réaumur fvit on Europe, sur les chevaux). Hippobosca camelina, Savigny (d’Égypte, sur les chameaux). Hippoboscavariegata,y^a\damu\'\n,o\\H. maculata, 'Lunch Madras, nord du Bengale, caj) de Bonne-Espérance). Hippobosca 7-uficeps,Wici\., on H. maculata, Macquarl (du Congo). Hippobosca Francilloni,Lc‘Ac\\ (Bengale et intérieur de l’Afrique;. Hippobosca ni gr a, Perty (du Brésil, sur les chevaux]. MéloPIIAGE [Hclophagus, Latr. ; Melophiln, NitzschL (1) Leach , Mém. de la Soc. wernerienne de Londres; 1817. — Nitzscli, Ttiierinsekten {Insecla epùoifo,), jn-S. Halle, 1818. — Macquarl. Ilist. nal. des Diptères, t. Il, p. G34. — Walker, Diptères du Mus. hrilar,ni//ue, p. IliO; 1848. 391 ini’ïÈuEs. Mdophorjus ouinits ou Hippobosca ouina, etc. (pariisitc dans la laine des moutons). Lipoïtène [Lipopfena, Nitzsch). Upoptona cervinam le Pediculiis capreoli de Fi-iseli, et le Pedi- culus ccrci de Panzer ivit en Europe, sur les cerfs). Lipoptena phyllostomatis, Perty (du Brésil, sur une espèce de Chéiroptères du genre Phyllostonie). Lipnptem Pteropi, Benny (de l’Inde, sur la Roussette édulc). Streiîl.v (g. Strebla, Balmaii; : Stnblavespertilionis, Daim, (du Brésil, sur une espèce de chauve- souris). Orxtthomvie [Orntlhoinyiu, Latr. 5 Anapeio,, Meigen ; Crateerinn, Olfers; Stenopteryx et Ocypterum, Leach; Onuthobia, Moigen; Olfersia, Wiedemann). O. (wicidariif. — 0. hirudinis, etc. Ce genre, que 1 on divise maintenant en plusieurs autres, renferme en tout une )ingtaino d'espèces, dont Leach, iMeigcn, Walker, etc., ont donné la description. Elles vivent toutes sur les oiseaux. On en a quelquefois observé sur l'homme, mais elles y étaient venues à l’état adulte et étaient tombées du corps de quelques oiseaux, principalement de celui des hirondelles. Le des.sin ci-contre reprt'sente au grossissement de la patte, d’un de ces insectes [ürnitk. pallida) observés en Belgi- r(ue sur un malade à 1 hôj)ital do Louvain. Un grand nombre d'Ornithomyes s’étaient attachés ii sa peau au moyen de leurs griffes, et les draps de son lit furent taches de sang. Famille des NYCTÉUIBIDÉS. — Latreillc en fait sa tribu des Phthiromydes. Ce sont des Diptères aptères à pattes très grandes et à tête, au contraire, fort petite et comme cachée sous la partie antérieure de l’alrdomon. Les NvcïÉiuimîS (g. Nycteribia, l.atr.) sont de singuliers parasites, d’apparence araneiforme, courant avec rapi- dité à l’aide de leurs trois paires de grandes pâlies. On ne les a en- core trouvées que sur le corps des CbéirojdèreSÿ où elles sont asso- ciées à diverses sortes do parasites du groupe des Puces et de celui des Acarides. Il parait en exister un assez grand nombre d’espèces, et l’on en trouve sur les chauves-souris de tous les pays et de tous Fie. 83. — Pattes d’un Ornithomyia pallida pris sur l’homme. 5Q9 L\SEGTES. les {,eiucs. M. M estwood en a fait le sujet d’une monographie, qui paru clans les Tranmctions de la Société zoologique de Londres. ne semble pas que Fou doive en séparer le Megistopode Pilotei ( e M. Macquart, cpu a des habitudes analogues. Sous-ordre des Chétochres, Les Diptères de ce sous-ordre sont beaucoup plus nombreux que les precedents, et leur forme, au lieu de rappeler celle des Lousms, ressemble toujours notablement à celle des Mouches. Leur corps est plus ou moins élargi, leurs ailes sont ovalaires et recouvrantes, leur tête est grosse et les yeux composés y occupent une place considérable. Les antennes de ces Insectes présentent comme caractère presque constant, d’avoir leurs trois premiers ar- ticles plus forts que les autres, qui forment une petite pointe séti- orme que l’on prendrait, au premier abord, pour un appendice du troisième article. C’est par allusion à cette disposition que les Diptères ont reçu le nom de Chétocères. M. Macquart les appelle Brachocères. Ces Insectes ont la bouche en forme de trompe appropriée à la succion Ils sont ovipares, et leurs larves, qui ont l’apparence de vers et la tète rarement distincte, sont apodes ; il est facile toute- mis de les distinguer des vers proprement dits, c’est-à-dire des Entozoaires et des autres Helminthes, car les articles dont leur corps est composé ne sont pas en nombre supérieur à quatorze, et leur respiration est toujours trachéenne. Ce sont ces larves des Chétocères que l’on connaît sous le nom de vers à queue, iVasticots, etc. Elles vivent dans la terre, dans les eaux croupies, dans les excréments, dans les fumiers, dans le pa- renchyme des végétaux, et parfois dans le corps des animaux vivants. Elles aiment aussi les cadavres, et leur rôle principal semble être ^ putrescibles. Leur goût pour le.s matières organisées les rend très nuisibles dans les maisons : elles v viand/" alimentaires, et plus particulièrement la n ent sur 1 " ^eur développe- Ihucps el ces sub- stances elles-mêiiios. Les Chétocères sont répandus sur tous les points du globe, et presque par out ils sont fort nombreux en espèces. M. Robincau- Desvoidy en a décrit près de dix-huit cents, toutes de la famille des Mouches proprement dites, qu’il a recueillies pour la plu,, art dans PIPTÈRES. 393 le seul département de rYonue. Beaucoup d’espèces exotiques et quelques-unes de celles qui vivent dans nos pays sont remarquables par l’éclat de leurs couleurs. L'étude zoologique de ces animaux a aussi été faite avec soin par Melgen, Fallen et Wiedemann, en Allemagne, ainsi que parM. Mac- quart, en P'rance. Nous en résumerons la classification d’après V Histoire naturelle des Diptères, publiée par le dernier de ces na- turalistes. I. Une première catégorie de Chétocères comprend les Mouches dont le suçoir est pourvu de six soies dans les femelles, de quatre seulement sur les milles; dont les palpes sont coniques et couchés dans les individus femelles, ovales, au contraire, et relevés dans les mâles. Le troisième article de leurs antennes est annelé. M. Mac- quart les appelle La seule famille qu’ils constituent est celle des Tabanidés ou des Taons. Famille des TABANIDÉS. — Ces grosses Mouches, dont il y a des représentants sur tous les points du globe, volent avec rapidité et en faisant entendre un fort bourdonnement, surtout pendant les lieures les plus chaudes du jour. Elles inquiètent de préférence les quadrupèdes qu’elles piquent jusqu’au sang, au moyen de leur trompe ; leurs larves vivent à tei’re. Ou divise les Taons en plusieurs genres. Parmi les Taons propre- ment dits se classent le Taon des bckxjfs [Tabanus bovinus] et une quarantaine d’autres espèces. Le Taox pluvial [Tabanus pluvialis, L.) est devenu le type du genre Hœmatopota de Meigcn, et le Taon aveuglant [Chrysops cœ- '^utiens, Fabr.), rentre dans le genre Chrysops; il s’attaque de pré- férence aux chevaux, qu’il inquiète au point de les rendre momen- tanément aveugles. IL La seconde catégorie desCliétocères (ou les 7'eb’acAœ^es, Mac- quart) comprend des espèces dont le suçoir est de quatre pièces pour l’un et l’autre sexe; le troisième article de leurs antennes est Rarement annelé, et la partie styliforme de celle-ci est terminale, fies Diptères forment trois familles appelées, d’après Latreille, ^otaenhthesy Tanystomes et Brachystomes. Famille des NOTACANTHES. — Ce sont des Tétrachœtes, dont fés antennes ont le troisième article annelé ; ils comprennent plu- sieurs genres qu’on a groupés en trois tribus, sous les noms de ficaires, Xylophagins et Stratiomydes. La plupart de ces Insectes vivent dans les bois. Famille des TANYSTOMES. — Le troisième article de leurs an- IXSFXTES. 394 tenues est simple^ et la partie styliforme y est terminale : la trompe est ordinairement allongée et coriace ; Jes lèvres sont menues. Il y en a huit tribus distinctes, auxquelles oti a donné liis noms suivants : Mydasim, Asilif/nes, Hybotides, Empides, Véskuleux 'g. Punops , B\e.) , Nemestrinides, BomLyliers et Anthracins. Leurs mœurs présentent quelques vaiàétés. Les premières tribus sont agressives et détruisent d’autres Insectes ; les dernières reclicr- chetit les Heurs. Ouelques espèces se réunissent en troiq)es noni' breuses dans les airs, à la manière des Cousins : quelques Némes- trilles, certains Jîombyles et divers autres sont remarqualdes par le grand allongement de leur trompe. Famille (les liUAGIlISTOMES. — Ayant le troisième article de!5 antennes simple avec la portion styliforme insérée sur la partir dorsale; la trompe courte et membraneuse; les b'-vres épaisses. forment ijuatre tribus sous les noms de Xylotomes (g. Thereoa, etc. b Leptides, Dolichopodcs et Syrphides. Ces derniers sont les plU'’ nombreux. ni. La troisième catégorie des Chétocères est celle des espèces qui n’ont, comme les iNlouches ordinaires, que deux soies au suçoiit lequel est enfermé dans leur tromjie. Le troisième article de leurs antennes est habituellement jiatelliforme, et leur partie styliforme? quand elle existe, ce qui est d’ailleurs le ('.as ordinaire, est im' plantée à sa face dorsale. Cette division rép nid à la famille des Atkérichres de Latreillc. F.lle est très riche en esiièces et elle est partagée en huit tribus qui portent, dans l'ouvrage de .M. Mac(iuartj les noms suivants : Scémpiens, Céphalopsides, Lunchoptérines, Pk- ti/pézines, (lompsaires, Myopaires, Muscides et Œstrides. Les larvcS (les Ofistrides, des Conopsaires, des Myopaires et d’une partie dt’^ Museides peuvent être parasites des animaux vivants; elle.s n’en sor- tent que pour passer ii l’état de nymphes; celles des autres se (lève- lop|)cnt(ians les corps organisés, animaux ou végétaux, en voie décomposition. Chacune de ces divisions mérite une mention spéciale. 1. Les ScÉNOi’/.x’iENS [IScempinü, iMeigen) sont principalement composés jiar le genre Scéxopine [Scenopiniis, Lutr.;, dont les es- pèces se trouvent le plus souvent sur les vitres de nos apparte- ments [Üc. fenestralis, etc.) ou sur les murs exposés au soleil. 2. Les CicriiAuirsiiiKS [Cephalopsida, Latr., Meyaccph(da,^kvi-] sont de petits Uiptères communs dans les buissons ou sur les herbes des prairies. Genres l’iruxcuLE [Pipimcidus] , XwSiy.tsts.v. [Atelcncvi o] et Cii.iu'im .Chedurm). DIPTKUES. 395 3. Les Loxchoptéiunes (ou le l^onchoplera) sont égiilement peu nombreuses en espèces ; elles vivent sur les herbes dans les lieux aquatiques. Les Platvpézixes ne sont guère plus variées; elles sc mon- trent, au mois do septembre, sur le feuillage, des buissons et des haies (g. Platypeza, etc.). 5. Les Coxops.viRES recberclient les fleurs pendant leur état adulte, mais leurs larves vivent en parasites dans le corps des Hourdons (g. unique Conops). 6. Les JIvoPAfRES, qu'on réunit souvent a la tribu précé- dente, forment plusieurs genres [Myopa, etc.) qui vivent sur des (leurs. 7. Les iSluseiDEs ou les Mouches [Myodaircs, Robineau-üesvoidy), dont les espèces sont extrêmement nombreuses, ont la partie styli- forme des antennes ordinairement dorsale, et les ailes ainsi carac- térisées quant a la disposition des nervures : une cellule sous-mar- ginale; trois i)ostérieures et une anale courte. Parmi ces Mouches, les unes recherchent les substances animales \Mmcides créop/iiles, Macq.), principalement la chair, soit celle des animaux vivants, soit colle des animaux morts; il y en a parmi ailes qui vivent dans le corps des autres insectes ; D’autres vivent sur les Heurs [Mmeides anthomyzides, id. ) ; D'autres, également très variées en espèces, mais en general idus petites et sans cuillerons, forment un ti’oisième groupe [Muscides '^calyptères, Macq.) qu'on partage, ainsi (pie les deux précédents, an un grand nombre de genres. Quoique les IMouehes ne soient pas venimeuses par elles-memes, ailes sont parfois à craindre, soit pendant leur état de larves, Soit pendant leur état parfait. Dans le premier cas, elles enva- hissent nos substances alimentaires, et on les trouve quelque- fois jusque dans nos organes; dans le second, non-seulement elles Sont importunes, mais elles peuvent être dangereuses et détermi- •ler des phénomènes morbides fort graves. C’est ce qui a lieu lors- qu’elles se sont nourries de substances en jiutréfaetion et qu’elles 'iennent ensuite se poser sur quelque point dénudé de notre corps, nous inoculer les éléments putrides dont leur trompe ou leurs P'Ottes sont encore chargées. Ainsi certaines maladies intectieuscs, i“t *^0 particulier le charbon ou pustule maligne, prennent souventnais- sance de cette manière, et des espèces très différentes de Mouches Peuvent en porter le germe avec elles. C’est surtout en été et dans les *‘lablissemcnts d’équarrissage, ou dans le voisinage des endroits où 396 INSEGTEÿ. l’oij tient des matières animales, en putréfaction, que ces phéno- mènes se présentent. Les malades ont souvent conscience de la manière dont l’infection leur a été communiquée. Les Mouches les plus communes dans nos habitations appar- tiennent k plusieurs des genres qu’on a établi dans la tribu des Muscides. Il y a par exemple : Des Stomoxes, dont les larves vivent dans le fumier et dont les adultes sont extrêmement importuns. Tel est, en particulier, le Stomoxe piquant [Stomoxys calcitrans). Dos Lucilies (Lueilia, Rob.-Desv.), comme la Mouche CæsaR Musca cœsar, Linn.) qui est longue de trois ou quatre lignes et dont le corps est vert doré avec les pieds noirs. Des Galltpuores [Calliphora, Kob.-Desv.), comme la Mouche A VIANDE [Musca vomitoria, Linn.'), longue de trois à six lignes et remarquable par son abdomen bleu à filets blanchâtres. La Musca vomitoria, est Tun de nos hôtes les plus dégoûtants et les plus incommodes. Cette Mouche dégorge sur la viande une li- queur qui en accélère la putréfaction et ensuite elle y dépose ses œufs. Les larves vermiformes qui en sortent se développent rapi' dément et se répandent sur toute la substance. Des Mouches proprement dites [Musca, Rob.-Desv.), comme le Mouche domestique [Musca domestica, Linn.), espèce cendrée, va- riée de noir, qui est surtout commune dans rintérieur des appar- tements; Et d'autres encore. Les espèces de Diptères qu’on pourrait appeler domestiques changent d’ailleurs d’un pays à un autre. La multiplieafion des Mouches est très rapide, ce qui faisait dire k Linné que trois mouches do l’espèce de Musca vomitoria pou- vaient débarrasser la terre du cadavre d’un cheval aussi vite que le ferait un lion. La Mouche du feomage, ou le Piophilus casei, dépose ses opufs sur le fromage, et il en sort des larves ayant également la foriue rte vers, qui se nourrissent aux dépens de cette substance. G est aux Muscides, et plus particulièrement k la Musca vomitori>^ et k la carnaria, ainsi qu’aux espèces s’en rapprochant, que se rap- portent les larves de cette famille que l’on trouve sur l’homme, soh chez des individus sales, soit chez d’autres atteints de plaies plr*" ou moins graves. Diverses larves de Mouches ont, en effet, été trouvées parasites du corps de l’homme. On en a signalé dans un grand nombre de DirTiRES. 397 circonstances, et l’on a reconnu qu’elles étaient de jdusiours espèces et même de plusieurs genres; voici quelques indications à cet égard : Un mendiant du Lincolnshire mourut, en 1829, dans les circon- stances suivantes : par un temps très chaud, cet homme s’étendit sous un arbre, après avoir placé sur sa poitrine entre sa chemise et sa peau, comme le font souvent les gens du peuple, le peu de pain et de viande qu’il destinait à son prochain repas. La viande fut attaquée par les Mouches, et les vers déposés par celles-ci pas- sèrent des aliments sur la peau même de cet homme. Lorsqu’il fut trouvé, il était déjà tellement attaqué, que sa mort paraissait inévitable. On le transporta à Asbornby, et l’on fit venir un chi- rurgien qui déclara qu’il ne survivrait pas longtemps au pansement. Il mourut, en effet, peu d’heures après. Quand le chirurgien le vit pour la première fois, il présentait déjà un aspect effrayant; de gros vers blancs, dont l’espèce a été regardée comme étant la •I/wsca carnaria, se remuaient dans l’épaisseur de sa peau et dans ses chairs qu’elles avaient profondément labourées M). Beaucoup d’autres faits, ayant avec celui-là une analogie plus ou moins grande, ont été enregistrés, et la présence de semblables larves de Diptères dans le corps de l’homme ou des animaux a même reçu un nom particulier, celui de Myasis (2). M. W. Hope, dans son mémoire déjà cité, en énumère un grand nombre d’exemples dont nous allons donner la liste d’après lin, en consenant l’ordre suivant lequel il en parle : 1 . Des larves de Mouches ont été constatées en Irlande, dans l’estomac d’une femme. (Voyez Pickelh et Thompson, J'rans. Coll, t^hysicians, t. V, p. 172.) 2. Musca vomitoria. Dans l’estomac d’une autre femme, en Ir^ lande. (Voyez D. Thompson, féerf., p. 17à.) 3. Mtisca cOBsar ? Dans l’estomac d’une femme, en Irlande, (b; l'hompson, ibid.) (1) Kirbyet Spcnce, 1. 1, i38; Uoulin, Is. Geoffroy, etc. (Journaux scienli^ fi'iues, pour l’année 1833). (2) On a donné ce nom de jl/j/asi's au fait pathologique de la présence do larves 'le Diptères dans le corps de l’homme et des nnimaus, et, d’une maniéré plus gé- nérale, celui de Scolechiasii (Kirby et Spense) à la présence des larves d’insectes •lans les mêmes conditions. Nous avons déjà cité dans cet ouvrage les principaux '^«s connus qui ont été fournis par les larves des Coléoptères (p. 31.3), et par celles des Lépidoptères (p. 339). 398 INSECTES. h. Lai’vcs d’une petite espèce de Diptères. En Irlande, dans l’estomac d’une femme. (U. Thompson, ibid., p. l?.").! â. Musca carmria. Sur un mendiant du Lincolnshirc. Cas déjà reproduit ci-dessus. 6. Musca carnaria. Ayant occasionm! la perte des yeux. J. Cloquct. 7..)/ttscar.'an!«n'a.Danslesintestins. (Brera cité par Bremsor,p. 32à.) 8. Espèce indéterminée. Dix-huit exemplaires dans les sinus froU' taux d’un homme âfçé. D’après Vohlfant. [Ann. onatmn. Soc., p. 521 .) 9. Espèce indéterminée. Dans le sinus maxillaire d’une femme, d’ajjrès Latham. (Voyez les J/et/îca/ Transact.) 10. Espèce indéterminée. Dans les sinus frontaux, d’après Man- gles. (Voyez Owen, Catal., n» 609.) 11. Espèce indéterminée. D’après Brookes, OM'en. [Catalogues H° 609.! Cas observé en Angleterre. 12. Musca domestica. En Crance, sur la poitrine d’unenfant- (Fourcault, A’c/io f/Mmcrnde sat;an<, t. VIll, p. 402.) 13. i/î«c<î domestica. Des voies urinaires d’un homme, d’après Uuyset, cité par Clark. 14. Aufr(î cas analogue. 1.5. Cas incomplètement observé. 16. Espèce indéterminée. Cinquante larves, sur la poitrine d’uO enfant, à la Jamaïque. M. Espèce indéteminée. D&ixs les gencives et dans l’intériei»' des joues d’un jeune homme, à la Jamaïque. 18. Mouche bleue. Larves, dans l’oreille d’un jeune homme. 19. 235 exi‘m[)laires sur les yeux et dans le nez d’un nègre à k‘ Jamaïque. 20. Espèce indéterminée. Sur la jambe d’une femme. iLecuwO*' \\Qc.ck,Epistolœ, 1687.) 21. Cas observé à Norfolk parle docteur Heeve. 22. Mouches à viande du Paraguay. Dans le nez. Observations d’Azara. 23. Larves de grosses Mouebes bleues. Sur plusieurs parties éo corps d’un oHicier mort à la Jamaïque. (Lemp., t. II, p. 182.) • 24. Aussi à la Jamaïque. Vivant sur le dos et sur le cou d’n" autre sujet. 25. Musca nigra. Plusieurs larves, sur le côté gauche de resto- mac dune jeune tille, en Suède. [Edinburgh med. Transact., t. àTl, p. 47.) 26. Musca camarta. A Upsal, dans l’estomac d’une jeune fdl"' D. Wahlbom. DirTÈlVES. 399;^ 27. i]hisca domestica. Douze cxeiuplaires^ dans l'estoiuuc d’uii autre suj('t. D. Bal.iingtoii. 28. Micsro. domestica. Nombreuses larves, dans r'estouiac d’uu lioinuie, àNorwich. D. Reeves. 29. Larves de Mouches. Dans restomac d’un lioniuie, d’après Tulpius. 30. Larves trouvées par myriades, ou Irlande, sur une femme de vingt-huit ans. (D. Piekelli, colt. P/iysici-ms, t. IV, p. 185, 1825.) 31. Musca carnaria. Dans 1 intestin d un sujet humain, en Irlande. 32. Musca caimaria? en Ivcosse, dans l'estomue d’un sujet humain. I*. Kellie. 33. Espèce indéterininée. Larves très nombreuses, vivant sur le côté gauche d’uiu! jeune fille de quatorze ans. 35. Musca cibaria. Larves nombreuses, dans l'estomac d’un sujet humain, dans l’abdomen et auprès de l’anus. I). M hite. 35 à 38. Quatre autres cas de larves de mouches trouvées para- sites sur l'homme ; cas également cités par M. W. Hope. C'est surtout dans les hopitau.v <[ue l’on a observé des e.vem- plaires des larves de Mouches vivant en jiarasitcs dans les plaies, (lu en cite en Europe et dans d’autres parties du monde. En Algérie, j)ar exemple, cela se voit ([uclquefois, ainsi que M. (luyon et d’autres l'ont signalé. Le docteur Tison nous a dit en avoir observé des exemples, à l'hôpital de Gigelli, sur quatre sohlats qui avaient été hrùlés par l’explosion d’une mine. Des faits analogues ont été également recueillis pendant l’expédition de Crimée ; des blessés Auxquels il n'avait point été possible de donner tous les soins •lécessaires, ont eu leurs blessures envahies par des larves de l^Iouehes. M. Hope cite aussi un cas fourni par une espèce de Stratiomys, genre de la division des Notacanthes ; trois larves de. .grandeurs dif- l'érentes furent extraites de la poitrine d’une jeune fille de douze^ à h’fcize ans, dans le comté de Norfolk. Enfin le même auteur en mentionne cinq autres dont les larves étaient des Mouches de la tribu des Syrphes et du genre Elophilus; viles se rapportaient kV Elophdtis pendidus de habricius. Voici l’énumération de ces cinq cas . 1. En Suisse, dans Tcstomac d un homme, d ; iprès Ch. Bonnet. {(JEiwres, t. X, 15'i.) 2. Bans l’estomac d’un autre homme, en Angleterre, d’ajuès Ivirhy. .^Philos, mag., t. IX, p. 356.) INSECTES. ZlOO 3. En Suède. Cas décrit dans les ^Youa ac/ade 1" Académie d’Upsal h. Autre cas incomplètement observé. 5. Dans la vessie urinaire d’une femme. (Ziegler, Journ. litter. de Pise.) On doit à M. Victor François, professeur de pathologie interne à l’Université de Louvain, une notice sur la présence de larves Antho- myes dans le tube digestif d’une jeune femme et sur leur sortie suc- cessive par l’anus. Cette notice a été communiquée à l’Académie de Bruxelles ; nous donnons une figure de l’espèce qui en a été le sujet. Un cas analogue est cité dans les publications de la Société microsco- pique de Londres, première année. MM. Laboulbène et Ch. Robin en ont publié un troisième. Il s’agif d’une femme, observée par M. Jules Dubois , qui rendit , avec les ma- tières vomies et avec les selles, des larves de jMuscides vivantes appar- tenant à une espèce d’Anthomye • Anthomyia [Fauniu] saltatrix {\). La lèpre a été attribuée par quelques auteurs à la piqûre d’u» petit Diptère appelé Chlorops lepræ. C’est le Musca leprm de Linné et de Kolander. MM. Arnaud et Livingstone (2j parlent d’une Mouche de l’Afrique centrale, appelée Tzetse par les noirs, qui est si dangc" reuse par sa piqûre, qu’elle peut donner la mort même à «'i Cheval. M. Arnaud a été piqué lui-même par un de ces Insectes, (t) Comptes rendus et Mém. de laSoe. de biologie. Paris, 1856, iH-8, p. Le docteur Livingstoue a rapporté de rinléHour dé la Guinée un autre IH' secte dont nous ignorons aussi la classiücàtion, et qlll sert aux noirs pour empo'' sonner leurs flèches. Quant il l’Insecte, également signalé par le même voyagea*' comme une espèce de Mouché propre aitx pays nègres situés au nord du lac N’ganii : n'dst lé Tse-7se, ou Tzetk, tpi'on trouve aussi dans le Soudan et sous la tooC du tropique méridional. Sa piqûre , inoffensive pour les bêles sauvages, est dite mortelle pour les animaux domestiques, la Chèvre exceptée. Il suffit de trois ou quatre de ces Insectes pour tuer un gros bœuf. L’animal blessé maigr't rapidement et meurt au bout de quelques jours. Le coeur, le foie, lès pou- BirTlOREF. ilOl et il en a souffert pendant plusieurs mois. Nous ignorons encore à quel genre les caractères de cette mouche doivent la faire rap- porter et si c’est une espèce de la famille des Muscidés véritables. Indépendamment de certains insectes qu’on appelle vulgairement des Mouches, et qui appartiennent à des familles différentes (1), plusieurs des nomhriuises espèces de Muscidés sont nuisibles à l’agriculture. Une des plus connues est VOscinh frit, qili attaque l’orge; YO. pumilionis nuit au seigle, et le Cfdorops lineata, au blé. Un des principaux ennonis de l’olivier est aussi une espèce de Mouche, le Dams oleœ dont la larve se tient dans l’intérieur de l’olive et en gâte la partie huileuse (2). Les Tachinaires sont de petites Mouches doflt les larves vivent comme celles des Ichneumons et des Chalcides aux dépens des autres insectes et en détruisent une grande quantité; sous ce rap- port elles sont utiles aux agriculteurs. Diverses larves de Mouches trouvées parasites de l’homme ont été quelquefois prises pour des entozoaires. Les Ascaris conosoma et stephanostoma de quelques helminthologistes ne reposent que sur des larves de Mouches incomplètement observées. mous sontdans un étatmorbideetlesangestaltéré et diminué. Les Tsé-Tsénequit- tautpasles endroits où ils scsontconfinés, lesindigèneséviteutccslocalités. S’ils sont forcés en cherchant des pâturages d’en traverserquelqu’unc, ils le fontauc'lairde la lunect pendantles nuits les plus froides, parce qu’alors ces insectes ne piquentpas. MM. Livingstone et Oswald, qui ont esploré ces régions, ont eu leurs bœufs et leurs mulets décimés par le Tsé-Tsé (fieaue des 7Jeua:-JI/o»îdes, seconde période, l. X, p. 671 ; 1857). (1) Les personnes étrangères à l’entomologie, désignent souvent parla déno- mination de Mouches des insectes étrangers non -seulement à la famille des Mus- cidés, mais encore à l’ordre des Diptères. La plupart des Hyménoptères, beau- coup de Névropteres et même certaines espèces appartenant è des groupes encore plus différents de celui des Mouches par l’ensemble de leurs caractères, ont éga- lement reçu une même dénomination. On appelle les Abeilles des Mouches àmiel; les Cantharides des Mouches vésicantes, etc. Aussi, est-il à peu près impossible do pouvoir décider constamment, quel nom générique conviendrait aux insectes que les voyageurs signalent dans leurs relations comme étant des Mouches. (2) L’olivier a plusieurs autres ennemis dans la classe des insectes : Vliely- sinus oleiperda et le Phloiolribus olcœ, de l'ordre des Coléoptères, passent leur état de larve sur les branches et les rameaux qu ils dessèchent; le Coccus oleœ, espèce de la famille des Cochenilles,, suce la sève des jeunes branches; le Psylla oleœ, autre Hémiptère liomoptère, attaque les (leurs et fait avorter les fruits; VElachista olivella est un petit Lépidoptère qui ronge les feuilles, et l’Où’cop/iora olealla nuit à l’amande placée dans l’intérieur des noyaux, I. 26 Û02 INSECTES. Famille des (ESTRIDÉS.— Les CEstridés, appelés aussi (Estrides et plus communément Œstres, ont pour genre principal celui des Œstres. Ce sont des Diptères assez peu différents des Mouches pro- prement dites, qui ont le meme genre de vol, la même apparence extérieure, et qui appartienucul à la même grande division de cet ordre. Leur trompe est plus ou moins rudimentaire ou même nulle. Leurs larves sont garnies de plusieurs rangées de crochets ; elles vivent sous la peau des mammifères ou dans rintérieur de leur corps, qu’elles abandonnent lorsqu’elles vont se transformer en nymphes. Leur peau durcit alors et forme une sorte de coque. Les larves des CEstridés sont connues sous le nom de taons. Elles occasionnent souvent des accidents assez graves. Du les trouve sur les bestiaux et sur quelques animaux sauvages, tels que les cerfs, les antilopes, les espèces du genre Lepus et d’autres encore. Il n’est plus permis de douter qu’elles attaquent également riiomme, prin- cipalement en Amérique. Certaines larves d’Œstres, parmi lesquelles on peut citer celle qui vit dans le nez des moutons, étaient déjà connues des anciens, et leurs mœurs singulières, le mal c|u’clles font aux troupeaux, l’habitude qu’ont plusieurs d’entre elles d’attaquer parfois l’homme ' lui-même, ont appelé sur ces insectes l’attention des naturalistes. Les ruses auxquelles les (Eistres adultes ont recours pour assurer la multiplication ne sont pas moins remarquables que leur structure: aussi beaucoup d’auteurs, les uns appartenant aux siècles précé- dents, les autres ayant écrit dans le siècle actuel, s’en sont-ils occupés sous ce double rapport. Parmi les premiers, nous citerons Vallis- nieri (1), neveu du célèbre Malpighi. Ce fut lui <|ui découvrit les mé- tamorphoses des larves d’tEstres en insectes diptères, ou ([ui du moins les fit connaître aux savants. Après lui, Réaumur, et plus tard de Geer publièrent d’excellents détails au sujet de ces mêmes in- sectes; et, depuis eux jusqu’à nos jours, beaucoup d’autres observa- teurs ont également fourni à la science des matériaux nouveaux qui ont contribué à perfectionner les notions qu elle possédait au sujet de ces.Diptères. Deux de ces observateurs méritent une mention par- ticulière. Le premier est Bracy Clark, .savant vétérinaire anglais, qui a publié dans les linéennes de Londres trois Mémoires sur les Œstres (2). Le second est M. Joly, professeur à Toulouse, (1) £sprrwa*6 et Osservaaioni intorno aW origine, sviluppi e cosiimi (H varj insetti. (2) 1” An Essay on the Bots of (fie Ilorses and oihers animais ; Essay on the Ilots of the Horses tiiici othors anmals et Appendia: or Supplément BIPTEUES. m qui a donné, dans son travail, un résumé de la plupart des décou- vertes faites par Clark et par les autres observateurs, et qui a su y ajouter lui-ménie plusieurs faits intéressants (1 ). On consultera aussi avec profit Numann, Sclirœder, Van dcr Roethen, etc. En tenant compte des circonstances dans lesquelles vivent leurs larves, on a partagé les (lEstridcs en trois tribus sous les noms de Gastricoles, Ccmicoles et Cuticoles, et diverses particularités de leur forme, soit sous le premier état, soit à l’état parfait, permettent de diviser en genres les espèces de chacune de ces tribus. Ces genres ont reçu les noms à’Œstre ou Gastrus, de Céphalémyie, de Céphanémyie, A’ Hypoderme, A’ Edémayène et de Cutérèbre. M. Mac- quart leur associe le genre Colax de Wiedemann, dont on n’a en- core décrit qu'une seule espece, le Colax mocala, originaire du Brésil. Il nous semble qu'on peut également en rapprocher, au moins d’une manière provisoire , le g. Tbiciiobie ( Trichobius, P. Gerv. ), dont l’unique espèce connue (2) est fort petite et a été trouvée sur le corps d'une chauve-souris de la Guyane (le Destnodus ru fus], I. Les CEstridés oastricoles, ou ceux de la première tribu, sont ainsi nommées à cause de l'habitude qu’ont leurs larves de s’intro- duire dans le canal intestinal des animaux dont elles sont alors para- sites. Ces larves ont la bouche armée de deux crochets aigus en forme de hameçons qui leur servent pour s’attacher à la muqueuse dans l’organe où elles se sont introduites ; c’est hahiluellement sur la mu- queuse de l’estomac qu’elles se fixent. Leur corps est garni de crochets disposés régulièrement par zones et dirigés en arrière ; leurs stigmates postérieurs sont renfermés dans une espèce de bourse formée par les derniers segments, et qui peut s’ouvrir et se fermer; ils sont composés d’un grand nombre de petits trous percés dans six bandes écailleuses. Les femelles de ces Œstridés déposent leurs œufs auprès de la bouche ou sur le corps des quadrupèdes, et c’est en se léchant toa Treatise on the Œstri and Cuterebra of varions animais; 181S. — On the Insect called Oislros by the ancknts and of lhe truc species intended by them under this appellation; 1827. (1) N. Joly, Recherches anatomiques, physiologiques et médicales sur les GEstridés en général, et particuliérement sur les Œstres qui attaquent l'homme, le cheval, le bœuf et le mouton (publiées daus les Annales de la Société royale d'agriculture de Lyon, pour rnniiée 184G). (2J 'rrichohiiis parasiticus, V. Gefv., ddas de soologU (publié par G. Bail- lière), p. M, pl. B3, fig. 2. tiOh INSECTES. que ceux-ci introduisent les jeunes larves dans leur propre corps. Parvenues au terme de leur développement , celles-ci quittent Fig. 85. — OEstre du dicval {OEslriis equi). — 1 . Larves implantées sur la Membrane de l'estomac. — 2. Une de ses larves. — 3. Sa partie ®ntéricure. — 4. Sa partie postérieure. — fi. I.’insectc parfait. l’estomac, descendent le long des intestins et se transforment extérieurement. Les CEstridés gastricoles répondent au genre Œstre tel que les travaux modernes l’ont circonscrit. G. Œstre [Œstrus, Linné, partim ; Gnstrus, Meigenj . M. Mac- quart en établit ainsi les caractères ; point de cavité buccale ; deux rirïKP.Ei. ^05 petits tubercules ipalpcsï) ; cuülerons médiocres; ailes couchées.; première cellule postérieure entièrement ouverte. Les espèces de ce genre qu’on a décrites sont déjà au nombre d’une douzaine environ ; en voici l’enumération : Œstrus ccjui, Fabr., etc. H attaque les chevaux; on l’a observé dans toute l’Europe et dans l’Amérique septentrionale. Nous en représentons la larve et l’insecte partait dans la figure 85. Œstrussalutaris, Clark. Vitsurle cheval en France et en Angleterre, Œstrus Sel usii, Cartier (de Belgique, auprès de Liège), Œstrus hemorrhoidalis, Linné^ Sa larve est parasite de l’intestin des chevaux (Europe). Œstrus veterinus, Fabricius ; Œstr. nasalis, Clark; Gasterophilus Clarkii, Leach, Sa larve vit également sur les chevaux; sa présence a été aussi constatée chez l’âne, le mulet, le cerf et la chèvre (Angleterre) . Œstrus flavipes, Olivier (des Pyrénées) . Œstrus pretiis, Curtis '{d’Angleterre). Œstrus subjncens, Walker (de l’Amérique septentrionale). Œstrus pecorwn, Fabricius (de la .lama'ique). Œstrus libijcus, Clark (de la haute Égypte). Œstrus Clarkii, Shuckard (du cap de Bonne-Espérance) . II. ÜEsïainÉs oavicoles. Les Œstridés do la deuxième tribu ont leurs larves cavicoles, c’est-à-dire vivant en parasites dans cer- taines cavités du corps des mammifères, principalement dans les cavités buccale et nasale, mais point dans l’estomac ou 1 intestin. G. Cki’iialémyie [Cephalemyia). Le corps est peu \ élu; la tète ést grosse et arrondie antérieurement ; il n’y a point de eavité buc- cale ; deux petits tubercules représentent les palpes, le style dos antennes est terminal ; les cuillcrons sont grands, et la première cellule postérieure des ailes est fermée. Pendant leur état de larve, ces insectes ont le corps plus déprimé que celui des Œstres, à articles plus distincts et garnis, mais en dessous seulement, par des tubercules spiniformes, qui sont d’ailleurs plus courts et plus noml)r.!ux (pie ceux des Gastricoles. Les deux phu^ues postérieures qui recouvrent les stigmates sont a peu près circulaires. U y a auprès de la bouche deux petits crochets en hameçon. Ces larves sont très faciles à distinguer, par les caractères que nous venons d’indiquer, de celles qui vivent dans l’estomac des chevaux, et qui appartiennent au genre des véritables Œstres. On en trouve fré- quemment dans les cornets olfactifs et dans les sinus frontaux des moutons, aussi bien en Europe qu’en Asie et en Afrique. ^06 INSECTES. On ne distingue eucore qu’une seule espèce de Céphalémyie, la Céphalémyie nu mouton [Cephalemeyia ovis), que Linné, Falii’i' cius, etc. appelaient Œstrus ovis. C’est un animal très ancienne- ment connu. Les larves de cette espèce ont passé autrefois pour un remède souverain contre l’épilepsie. Les anciens disaient qu’A- pollon lui-même en avait enseigné les propriétés aux hommes. G. Céphénémyie [Cephenemeyia, Latr.). La trompe est petite et arrondie ; les deux palpes, qui sont insérés au-dessus d’elle, sont réunis par leur base ; le troisième article des antennes est com- primé ; le style est basilaire ; l’abdomen est court, large et arrondi ; la première cellule postérieure des ailes est entr’ouverte à l’extré- mité. Le renne nourrit la larve d’une espèce do ce genrej elle se tient dans ses sinus' frontaux ; cette espèce est la Cépiianémyie tmompe {Cephanerneyia trompe] ou Œstrus trompe Ae Linné. Elle vit non-seulement en Laponie, mais aussi en Saxe où il n’y a pas de rennes, et il est probable qu’elle y dépose ses œufs sur les cerfs. M. Walker la cite également en France. M. Macquart rapporte au même genre ; , Le Cephanerneyia auribarbis, décrit par Meigen (de l’Autriche) ; Et le Cephanemyia stimulator^ signalé par Clark (du nord de l’Eu- rope] . M. Walker ne sépare pas les Céphanémyies et les Céphalémyies d’avec les Ilypodermes et les QEdémagènes, inscrits dans son cata- logue à la suite de la Cépiianémyie trompe; tels sont; U Œstrus probifer, de Clark; VŒstrus Clarkii, de Shuckard, qui vit au cap de Bonne-Espé- rance; Et YŒ:strussupplens,A(miM. Walker donne lui-même la descrip- tion à la page 68ù de sa Liste des Diptères du Musée britannique. Cette dernière espèce est de la Nouvelle-Écosse, dans l’Amérique septentrionale. IIE OEstuioés güticoi.es. Les (ifistridés de la troisième tribu ont des larves cuticoles, c’est-à-dire qui s’introduisent dans la peau des animaux dont elles sont parasites, au lieu de gagner leurs cavités sensoriales ou leurs intestins. Elles y déterminent des tumeurs qui s’abcèdeiit et produisent autant de tislules ou cautères qui atfai- blissent plus ou moins les animaux qui en souH'rent. Cette tribu a pour type le genre des Ilypodermes, dont les larves ont auprès de la bouche plusieurs mamelons émoussés, mais point de crochets en hameçons. Ces larves ont les deux stigmates principaux situés à la IIIPTÈHES. i07 surface de deux pièces cornées eu forme île croissants, visibles à l’extrémité postérieure du corps ; elles respirent en dirigeant ces stigmates vers l’oritice de la plaie (pi’elles habitent. M. Macquart fait remarquer, en outre, que les pointes ijui garnissent la partie antérieure de chacun de leurs segments sont dirigées en arrière, tandis que celles de la partie postérieure le sont en avant. Au mo- ment de leur transformation, elles sortent à reculons de leur re- traite, tombent à terre et ÿ cherchent un abri où elles resteront jusqu’à ce qu’elles puissent prendre leur vol. On rapporte encore à ce groupe les Œdémagènes et les Cuterè- bres, dont le genre de vie est analogue, à celui des Hypodermes, mais toutes les larves des espèces rangées dans ce dernier genre n’ont pas les caractères principaux do celles des Hypodermes, et il en est dont la bouche a des crochets. L’étude de Iciu's transformations montrera si cesCEstridés appartiennetit ou non a la troisième tribu. C’est dans cette tribu qu’il faut classer, a cause de leur genre de vie, les Œstrus antilopce, dont la larve se fixe sous la peau des antilopes. Pallas les a recueillis pendatit scs voyages en Asie. La mémo remarque s’applique à VOE. tilillatür, Clark, trouvé en Syrie, sur des antilopes, par Savigny. La plupart des CEstridés qu’on a signalés sur l’homme sont également euticoles. G. Hypohhume [JJypodenna, Clark). La trompe n’est point dis- tincte, et l’ouverture buccale, qui est petite, est en forme cl Y; il n’y a pas non plus do palpes distincts; le troisième article des an- tennes est fort court et transversal ; la première cidlulo postérieure des ailes est entrouverte à son extrémité, et la nervure transver- sale de la cellule discoïdale fort oblique. L’HypûDEaME nu bckcf [Hypoderma bovis],ov. Xttstrus bovis des auteurs du xvin' siècle, est la seule espèce authentique de cegenre. A l’état d’insecte parfait, il a cinq à six lignes de long; son corps est noir avec des poils, les uns noirs, les autres tauves ; ses pattes sont en partie jaunâtres ; ses ailes passent au brun. Cet insecte vit dans toute l’Europe. Sa larve attaque les bœufs ; on la nomme Taon. C’est une des espèces sur lesquelles iM. Joly donne le plus de détails dans son Mémoire. Il y a aussi un (Estridé cuticole du genre Hypoderme qui atta- que le cheval, et l’on en cite un autre- sur le rhinocéros d’Afrique. G. Éi)É.MAGÈxE (Œdemagena, Clark). La trompe est nulle; l’ouver- ture buccale est linéaire, élargie supérieurement, pourvue de deux palpes rapprochés et de deux articles chacun; les crochets et les ''''0 l.NSECÏES. pelottes des tarses sont grands ; la première cellule postérieure des ailes est entr’ouvcrte à l’extrémité, et la nervure de la cellule dis- coïdale presque per[)en(lic,ulaire à sa base. L’Édémagène ne khxne [Œdemugena tarandi, répondant à VŒs~ trus tarandi de Linné) est l’unique espèce de ce genre. Il vit en Laponie; la femelle dépose scs œufs sur le dos des rennes, et les larves y produisent des tumeurs analogues à celles que les Hypo- dermes occasionnent aux bœufs. G. CüTÉRÈBRE [Caterebra, Clark). La tête est un peu renflée en avant; la cavité buccale est étroite et triangulaire et la trompe très petite; le troisième article des antennes est ovoïde et le style est plumeux; les pelotes tarsiennes sont assez larges; enfin la pre- mière cellule postérieure des ailes est entr’oiiverte à l’extré- mité. Les Cutérèbres sont des CEstridés cuticoles à la manière des Hy- podermes et des Édémagènes, et leurs larves ont plus d’analogie avec celles de ces derniers qu’avec cellesdes Œstres véritables. Leur présence détermine des abcès. On les trouve principalement sur les bœufs; il y en a aussi sur les lièvres et les lapins. En Amérique, les chiens en sont quelquefois atteints; on en a aussi observé sur le jaguar et môme, assure-t-on, sur des singes. L’homme n’est ])as exempt de leurs atteintes, et nous compléterons l’histoire de ce genre en rappelant les principales observations auxquelles la pré- sence de ces animaux sur notre propre espèce a donné lieu. La plupart de ces Diptères vivent en Amérique, et ce n’est que dans ce continent qu’on les a vus attaquer l’homme. On ne cite que deux espèces de Cutérèbres dans l’ancien imnidc, l’une et l’autre de la Russie, ou elles vivent sur les lièvres et les lapins; Cuterebra (epo- rina [Œstrm leporinus, Pal las) ; des lièvres de l’Altaï. — Cuterebra eunicula, Clark, de la Géorgie; sur les lièvres et les lapins. Les espèces américaines ont reçu les noms suivants : Cuterebra huccata [Œstrus buccatns, Fabr., et Cut. purivora, Clark). De la Caroline du Sud ; sur les lièvres. Ciiterebru cauterium, Clark (ou Musca nmericana, Fabr.). De l’A- niérique septentrionale, dans les forêts de la Nouvelle-Écosse. Cuterebra korripHum, Clark. De la Nouvelle-Écosse. Cuterebra fontanella^ Clark. De l’Amérique septentrionale. Cuterebra epidppium, Latreille. De la Guyane. Cuterebra cayennensis, Macquart. De la Guyane. Cuterebra cyanioentris, Macquart. Du Brésil. Cuterebra noxiaiis, Goudot (Arm. sc. nat., 3® série, t. III, p. 229, DinÈRES. /l()9 pl. U bis, fig. 1-6). La larve est parasite des bœufs, des chèvres, et accidentellement de l’homme. Vit en Colombie. Cuterebra rufiventris, Maequart. Du Brésil. Cuterebra analis, Maequart. Du Brésil. Cvterebra terrisona, Walker. Du Guatimala. Cuterebra apicalis, Guérin. De l’Aipérique, région inconnue. Cuterebra patagonica, Guérin. De Patagonie. Des Larves d’Cëstridés TRorvÉEs SUR l'homme. — La Condamine, Barrère et d'autres voyageurs du dernier siècle, qui ont parcouru l’Amérique méridionale, disent que l’on voit parfois dans ce continent, soit sous la peau, soit dans les narines de l’bomme, des larves d’insectes qu’ils comparent à des Oîstres. Ils disent aussi que Ces larves, toujours fort incommodes, occasionnent quelquefois de graves accidents. En 17.63, Arture, médecin du roi à Cayenne, communiqua à l’Académie des sciences de Paris que , dans la même partie de l’Amérique, il arrive, en effet, que des personnes malpropres ou peu vêtues sont souvent affectées de tumeurs considérables causées par la présence de vers semblables à ceux qui vivent sous la peau des animaux avant de se transformer en Mouches. Les habitants les nomment macaques. Ils les guérissent, ajoute-t-il, en faisant périr ces insectes par l’application de feuilles de tabac. M. de Humboldt a rapporté des faits analogues. Il a vu des Indiens dont l’abdomen était couveit de petites tumeurs occasion- nées, à ce qu’il présume, par la présence de larves d’OEstres. Cette indication est rapportée par Latreille, qui suppose (pie les Œstres dont il y est question appartenaient sans doute au genre des Cutérèbres. Ces parasites ont reçu de plusieurs auteurs le nom d ŒIstre de L’hom.me i CË’sh'MsAommÉs); maiscene sont pas des Œstres véritables. M. Boulin a vu à Marquita, dans la Nouvelle-Grenade (1) , un homme qui avait au scrotum une tumeur conique dont le diamètre était de plus de deux pouces à la base et dont la hauteur avait sept nu huit lignes. Le sommet très rouge présentait au milieu une pe- tite ouverture dont la largeur n’était guère que d une ligne. M. Ilou- *>n, ayant agrandi célte ouverture avec la pointe d’une lancette, en ht sortir une larve, qui avait au moins dix lignes de long et cinq ou six de diamètre dans la partie la plus grosse, où elle ofirait (1) €n autre fait semblable, qui avait été observé au même lieu, est rapporté P8r Treherne, et cité par M. Hope daus son Mémoire sur les insectes dont les **fves ont été accidentellement trouvées sur l’homme. 410 IWSEGIJLS. plusieurs rangées de petites épines noirâtres. L’auteur de l’observa- tion ajoute que cette larve lui parut entièrement semblable à celles qui, dans la même région, vivent en grande abondance sur la peau du bétail, principalement aux deux côtés du cou et sur les épaules. On doit à M. Koulin l’indication d’un autre fait de ce genre. Il est relatif à une larve d’Œstridéqui s’était développée sur le cuir che- velu d'un homme. Celte observation avait été faite dans la même région, mais par une autre personne et elle lui a été communiquée. Un semblable parasite, trouvé aussi sur la tête d’un homme dans l’ile de la Trinité, est déposé à Londres dans le Collège des chirur- giens. M. Ilope l’inscrit dans son Mémoire sous le nom ^Œsh'us Guildingii. C’est encore à des larves analogues f[ue se rapportent les détails recueillis au Brésil, dans la province de Minas Geraës, par le doc- teur d’Abreù, en 1854, et que M. von Siebold a reproduits dans son article Parasites du dictionnaire de Wagner. Dans cette i)roviuce, on nomme Berne un animal qui, dans plu- sieurs contrées, principalement dans le district de llio das Yillias, attaque rhomme. Il esten môme temps commun sur les bœufs. Sa présence sur l’homme est indiquée par le prurit, la rougeur et en- suite le gonflement; au bout de quelque temps, ce gonflement di- minue, et l’on découvre l’orifice par lequel le parasite s’est intro- duit. Cet orifice laisse épancher du ])us et un li(|uido blanchâtre- Les gens ainsi attaqués ont de la céphalalgie et un pou de fièvre. Leurs plaies occupent surtout la région lombaire, le scrotum, les membres, c'est-à-dire* les parties, autres que la face, qui sont le plus souvent exposées à l’air. On peut faire mourir en vingt-quatre heures cesfÆstridés au moyen d’un emplâtre d’une certaine résine, et on les fait ensuite sortir par la pression. Les personnes séden- taires ne sont pas sujettes à cette maladie. M. Guérin a publié une note sur des larves, semblables aux pré- cédentes quant à leur genre de vie, que le docteur Guyon avait trouvées à la Martinique, sur un nègre atteint de la variole, et dont le chirurgien de la marine Busseuil a aussi rapporté des exemplaires en l'rance. Ces larves avaient cinq lignes de long; leur diamètre était d une demi-ligne environ à l’extrémité postérieure qui était comme tronquée, tandis que l’antérieure était, au contraire, fort amincie. Le corps paraissait composé de onze articulations indi- quées par autant de zones garnies de crochets cornés, très petits et dirigés en arrière. Il y avait près de la région buccale deux cro- chets un peu recourbés, ce qui devrait faire rapporter ces larves à IirPTÈUES. 411 des Œstres véritables^ plutôt qu’à des Qlistridés cuticoles; et, eu M. Guérin fait remarquer qu’elles avaient les caractères de fîelles des GastricoleSj sans être pourtant identiques avec celles fi- gurées par Clark. Nous devons cependant ra})peler ici (jue M. Gou- dot décrit la larve du Cuterebra noxiedis comme ayant également deux crochets buccaux. Ces parasites, décrits par M. Guérin, dif- féraient sans doute aussi par leur espèce de ceux signalés par toi. Roulin et Goudot. De son côté, M. Howship a communiqué à la Sociélé royale de Londres deux cas de larves d’Œstridés trouvées parasites sur l’homme; l’une et l'autre également observées dans l’Amérique •Méridionale; un de ces cas a été fourni par un soldat en garnison à Surinam, M. Percheron en a signalé un autre pour le Pérou. L’observation publiée par M. Justin Goudot, et que nous avons déjà citée, est plus complète; elle mérite donc d’être reproduite en détail. Quoique ce Jiaturaliste n’ait constaté les caractères zoologiques de l'insecte parfait que sur des individus qui avaient vécu sur des l’estiaux, cependant il no doute pas que les Cutérèbres qui attaquent l'homme dans la Colombie, n’aient les mêmes caractères que ceux du bœuf et du chien ; ils se rapprochent beaucoup du Cuterebra ’^yctniventris , mais ils lui paraissent néanmoins constituer une Espèce à part (1). Il en a eu lui-même sur dllVérente parties du ••orps. Un de ces parasites, qu’il a conservé pendant une quinzaine de jours sur sa propre cuisse, lui a permis de constater l’espèce de succion qu’exécutent les larves des Cutérèbres, jirincipalement de grand matin et sur le soii'. 11 (m compare la douleur à celle qu on l'^'oduirait en enfonçant vivement une aiguille dans la peau. Dans l’Amériquc'seplentrionale, les Œistridés peuvent occasion- "er de semblables accidents lorsqu’ils déposent leurs œuls sur le '^erps de l’homme. Say, entomologiste ilistingué de Philadelphie, ^ publié !2) la description de la larve d'un animal de cotte famille, l**^ut-ôtre celle d’un Cutérèbre, que le docteur Drick avait retirée d •lue tumeur survenue à sa propre jambe. De que nous avons dit, d’après M. Guérin, au sujet des deuxero- ^hets buccaux existant sur les larves recueillies par M. Guyon doit d^Us faire supposer que les ditîérentes larves d’Œstridés qu’on a '•hservées sur l'homme dans les diverses Pfirties de l’Amérique, D) Cuterebra noxiaUs, Goudot. Traii^, Acad’ sc, Philddclphicif t. II. /il 2 I.XSEÜTES. n'appartenaient pas toutes au genre des Gutérèbres. Les larves de ce dernier groupe passent en effet pour être, dépom-viies de semblables crochets; et comme il n’y a pas d’espèces congénères dans l’Eu- rope centrale ou occidentale, il est bien évident qu’il faut rappor-- ter à des Œstres véritables ou du moi ns à d’autres genres que celui des Cutériibrcs, les larves d’tEstridés trouvées, en Europe, dans les oreilles, dans les fosses nasales ou dans l’estomac des différents sujets humains. Voici quelques indications à cet égard : t . Dans une notice intitulée : fk vernübus per mres exsertis, ffUi a paru dans les Aclca des curieux de la nature, pour l’année 1790, Wohlfart fait mention de dix-huit vers qui furent rejetés desfosscs nasales d’un vieillard qui se plaignait depuis plusieurs jours (1® violents maux de tète. Au bout d’un mois, ces vers se transfoi'iuè' rent en mouches. Malheureusement ce qu’en dit l’auteur ne pet' met pas de décider si c’étaient des Mouches ordinaires ou J® véritables OEstridés; la première opinion paraît la plus probable {t)‘ 2. Dateman parle, d’après Heysham, de trois larves d’CEstrideS qui furent retirées du gosier d’un homme, en Angleterre. 3. Dracy Clark rapporte à l’CRstre du beeuf (g. Ilypoderma] ui'® larve qui fut extraite de la mâchoire d’une femme morte en 1687- Zi. D’après le môme auteur, il faut attrilmer au même genre de* larves qui furent rejetées des sinus frontaux d’une femme; f®’*' dont il devait la communication au savant ornithologiste angl®’^ Lathani. 6. M. Uopc cite le fait de larves analogues qui furent observé®® dans l’estomac d’un homme mort à Londres. 7. D’après Rudolphi, on a vu en Prusse, le cas d’une larve d’Œ»' tridc parasite sur un homme. Il la désigne sous le nom à’üEsir'^ hominis, mais ce nom revient à des larves d’Œstridés américain^” c’est-à-dire à des Gutérèbres. C’est dans le même sens qu’Oliv'®^ et divers autres s’en sont servis. 8. Des cas analogues ont été constatés en Italie, et Metaxa ‘ publié à Rome, en 1835, l’iiistoire de deux larves d’ÛEstres qui reut extraites de l’oreille d’un paysan. Nous terminerons cette énumération en rappelant que M. chricht (de Copenhague) a observé trois fois des larves de l’üEsh® du bœuf fixées dans la peau du front chez la femme. (I) On a vu plus haut que les larves des Mouches proprement dites aussi vivre sur l’espèce humaine, et que l’on en rencontre assez souvent dans plaies OU simplement à la surface du corps chez les gens malpropres. BlfTÈnEP. ils Sous- ordre des iSénwcères. Les Diptères de ce sous-ordre sont plus connus sous les noms vulgaires de Coiusins, Tipnles, Moustiques, Maringouins, etc. Ce sont des insectes à corps allongé ; à ailes plus ou moins étroites et niembraiieuses ; à pattes grêles et déliées. Leur tete est petite, mais leurs antennes’ sont toujours plus ou moins grandes et formées d’articles uniformes dont le nombre s’élève jusqu a quatorze et ne descend pas au-dessous de six; leurs antennes sont souvent plu- lïieuses ou en panacbes, ce qui a surtout lieu chez les mâles. Ils sont avides du suc des Heurs ou du sang des animaux, et leur bouche, composée de pièces sétiformes, peut s introduire dans les tissus qu’elle irrite souvent de manière à.déterminer une sorte d en- flure et un prurit qui est parfois l’origine d’accidents assez graves. Los larves des Ncmocères vivent dans les eaux ou dans la terre bumide. Elles ont le corps composé d’articles uniformes et la d^apptirence écailleuse j elles manquent de pattes piopienien dites. L'état de nymphe se passe dans une immobilité plus ou moins (Complète, mais l’insecte parfait jouit d’une grande activité, s’éloi- gnant rarement des lieux où il s’est développé; il s’élève dans les Sirs et voltige par troupes nombreuses et en bourdonnant au- dessus des marécages, sur les bords des lacs, au milieu des routes nu près de quelques arbres où les oiseaux insectivores viennent s’en repaître. ,. Les vents, il est vrai, transportent quelquefois des moustiques H Une assez grande distance, et , dans beaucoup de loca i es, on nst surtout inquiété par ces animaux lorsque le venty ariive apr s avoir passé au-dessus de quelque marais. vSi sa direction vient à changer, on est, au contraire , débarrassé de ces insectes incom- modes. Ce sont surtout les femelles qui nous piquent et, comme chacun a pu l'éprouver, elles nous poursuivent jusque dans nos appartements où elles sont surtout nombreuses si l’on n’a pas en le soin de fermer les fenêtres avant d’allumer les flambeaux, bans les pavs chauds, où ces précautions sont difliciles ou même impossibles , on se soustrait aux Moustiques en enveloppant, tes bts dans des gazes connues sous le nom de moustiquaires ou de cousiniaires. On sait par les récits des voyageurs combien les atteintes des Cou- sins sont insupportables et souvent douloureuses dans les contrées 414 INSECTES. chaudes et humides; nous cnrcssenfons nous-mêmes les atteintes lorsqu'on été nous quittons la ville pour la campagne, ou que nous nous promenons le soir dans les lieux oii ces animaux voltigent. Beaucoup d’auteurs ont écrit au sujet des piqûres des Cousins. M. le docteur Boufïiers, le seul que nous citerons, à cet égard, s’exprime ainsi dans la relation de la campagne du Gassendi (l)j au sujet des Moustiques qu’il a ou l’occasion d’ohscrver sur le Parana et dans d’autres lieux : « Chaque soir, à ht tombée de la nuit, le navire était littéralement envahi par ces insectes. Leurs bourdonnements incessants, leurs piqûres ({u’accompa- gnait toujours une démangeaison vivo et cuisante, en faisaient des liôte.s plus qu’incommodes. Leur acharnement était tel que les vêtements de drap ne garantissaient pas de leurs atteintes. Le matelot à qui une fatigue excessive permettait le sommeil quand même, s’éveillait le matin le corps couvert de petites éle- vures au milieu desquelles se voyait un point noir. Les démangeai- sons qui l’assaillaient alors l’engageaient à se gratter; il excoriait inévifahlement le sommet de ces élevures et créait ainsi des plaies dont la guérison était interminable. Les lotions émollientes, les ca- taplasmes, les pommades opiacées ou excitantes, le chlorure d’oxyde de sodium, soit pur, soit étendu d’eau; l’alcool camphré, le vin miellé, les poudres de quinquina ou de camphre, sucre et charbon mélangés en parties égales : aucune de ces médications n’a empêché ces plaies d’avoir une durée fort longue. Le pansement qui m’a le mieux réussi consistait à mettre sur les parties malades de la poudre de canqjhre, sucre et charbon, et à recouvrir le tout d’un cata- plasme. Plus tard, la plaie étant devenue vermeille, j’appliquai des bandelettes de diachylon, sous lesquelles se formait la cicatrice. » Bu reste, la i)iqùre do la plupart de ces insectes renfermait une matière septique, car il n’était pas rare de voir apparaître, aU milieu de l’élevure primitive, un léger amas de sérosité noirâtre» et autour d’elle se dessiner un cercle fauve foncé, comme on l’observe à la circonférence des anthrax gangréneux. Dans ce cas» la portion de la peau voisine de la piqûre tombait en raortilication» et il en résultait une plaie profonde, irrégulière, dont la guérison était fort lente. Aux îles Marquises, des faits pareils à ceux que ja raconte se sont offerts à mes yeux. Là, comme dans le Parana» des piqûres de Moustiques ont été suivies de plaies gangréneuses. >’ On distingue un grand nombre d’espèces dans le sous-ordre (1) Thèses inatig, de la Faculté de méd. de Montpelliey, année 18o7. DTrTERES. 415 des Némocères, et Ton rapporte leurs différents genres à deux fa- milles auxquelles on a donné les noms de Cousins [Culicidés] et de Tipules [Tipuiidés). Famille des CULICIDÉS. — Leur trompe, longue et menue, renferme au suçoir six pièces sétiformes. Leurs palpes sont droits. Leurs espèces, répandues dans tous les pays, forment une dixaine de genres. L’une des plus abondantes dans nos pays est te Cousin COMMUN, Culex pipiens. Les larves des Cousins et autres Culicidés vivent dans l’eau ; elles ont une forme assez curieuse et nagent par soubresauts. Les fe- melles ont .soin de déposer leurs œufs à la surface du liquide sous la forme de petites agglomérations naviculaires. Famille des TIPULIDÉS. — Leur trompe est courte et épaisse; leur suçoir n’a que. deux soies et leurs palpes sont recourbes. On les divise en quatre tribus dont les caractères peuvent être établis ainsi qu’il suit : 1. Tripcliués cdltciformes. Antennes égalant le plus souvent ou môme dépassant en longueur la tête et le thorax réunis, habituel- lement de plus de douze articles , plumeuses chez les mâles, sim- plement poilues chez les femelles. Leurs larves sont aquatiques ; Réaumur, qui en a bien connu la nature, les a décrites sous le nom de Vers pobjpes (I). Genres Corèlhre, Chironome, Tanype, Ceratopogon, Macrop'ese, etc. 2. Tirn-iDÉs TERRicoLEs. Antennes aussi longues que chez les pré- cédents, mais non plumeuses; tête prolongée en forme de mu- seau ; point d’ocelles. Leurs larves vivent dans la terre humide. Genres nombreux (2). Celui des Tipules proprement dites en fait partie. 3. Tipuliués fongicoles. Antennes comme chez les précédents; léte ordinairement sans museau; souvent des ocelles; hanches consistant en ce que, pendant la vie embryonnaire, ils n’ont pas I® corps composé d’autant de segments que dans l’âge adulte. L® plupart n’ont encore que trois paires de pattes au moment de leur MPLOPOBES. naissance, et les segments dont leui‘ tronc est composé sont alors peu nombreux. Les naturalistes ne sont pas d’accord sur le rang qu’il faut assi- gner à ces animaux dans la classification. Les uns ne les regardent que comme un ordre de la classe des Insectes ; d’autres, au con- traire, les associent à celle des Crustacés. Les Myriapodes ont, en eftet, des rapports avec les Insectes et avec les Crustacés, mais ils different en même temps des uns et des autres, puisqu’ils n’ont pas ta même mode de respiration que les Crustacés et (pie leur corps n’a pas les mêmes parties que celui des Insectes. C’est ce qui doit les foire regarder, provisoirement 'du moins, comme un groupe par- ticulier dans lequel on pourrait même distinguer deux classes tant les Diptopodes diffiîrent des Chilopodes. Nous nous bornerons ici a n’y voir que deux sous-classes ditt'ércntes, et nous en parle- rons sous les dénominations qu’on vient de lire. Les Diplopodes décrits par les entomologistes constituent près de 300 espèces, et l’on en signale environ S.'iO dans la sous-classe des Chilopodes. L'étude de ces animaux, longtemps négligée, a donné lieu, dans ces derniers temps, à plusieurs publications (l),dans les- quelles on fait connaître leurs principaux caractères, soit exté- lieurs, soit anatomiques. Ces recherches ont ajouté de nombreux détails à ceux que de Geer, Leach et quelques autres savants dis- tingués avaient antérieurement publiés. SOUS-CLASSE DES UIPLOPODES. Animaux ayant le corps vermiforme formé d’anneaux nombreux réunis deux à deux, d’où il résulte que chaque division apparente porte, en général, une double paire de pattes; c’est ce qui tas fait nommer Diplopodes. Ce sont tas C hilognathes ou Chüoglosses de Latreille. De Geer les réunissait antérieurement sous la dénomination A’ Iules. Leurs antennes n’ont le plus souvent que sept articles; leurs nre- niières paires do pattes ont plus ou moins l’apparence de pattes- mâchoires; leur anus est terminal , mais leurs organes génitaux mâles et femelles, débouchent sous l’un des segments de la partie antérieure du corps. Les jeunes ont moins d’articles au corps que les adultes, et seulement trois paires de pattes. Dans certains genres (1) Mémoires divers par Brandt, P. Gervais, Newport, etc. Voyez aussi Walckenaer et P. Gervais, t. IV, de Vmsl. ml. des Aptères. In-8; 1847. Zll8 MYRIAPODES. le nombre des anneaux ainsi que celui des pattes augmentent suc- cessivement avec l’âge et leur nombre total varie suivant les espèces. Il en est de même pour les yeux. Ces animaux se partagent en quatre ordres, savoir ; les Po- (yxénides, les Glomérides, les Mides et les Polyzonides. Ordre des Polij’xênides. Il ne comprend que le genre Poi.lyxèxe [Pnllyxems), type de la famille des POLLYXh'NlUÉS, dont les quelques espèces con- nues ont les segments assez mous, en petit nombre, et ornés de poils disposés en panaches. Ce sont de très petits animaux que l’on trouve dans l’écorce des arbres, sous la mousse, etc. Nous en avons une espèce en Europe; les autres ont été observées en Algérie et aux États-Unis. Ordre des Glomérides. Ces Myriapodes ont une assez grande ressemblance extérieure avec les Cloportes, et ils se roulent en boule comme les Armadilles et les Spbéromes. Il n’y en a qu’une seule famille, les GLOiMERIDÉS, partagés en trois genres : les Glomerü, les Zéphronies et les Gloméridèmes. Le premier fournit des espèces à l’Europe. M. Brandt en a fait le sujet de plusieurs mémoires intéressants. Ordre des luUdes. ' Ils ont les segments plus nombreux, également résistants en dessous et en dessus, subcylindriques; leur corps est plus long que celui des précédents, cl ils l’enroulent en spirale. Nous les divisons en deux familles, sous les noms de POL’V' BESMIDÉS et de lüLIDÉS. Quelques-unes de leurs espèces sont fort grandes; elles fo»!^ quebpies dégâts en attaquant les végétaux : aucune n’a d’utilité- Beaucoup d’entre elles sécrètent surtout une matière odorante qui*, dans les Iules européens (lulm sahulosus, ierrestris, etc.) , rappelle* sensiblement l’oT0i>s (g. Scolopocryptops , Nevvport) ont aussi 21 paires de pattes, mais ils manquent d’yeux, et leurs stigmates ont la forme ordinaire. On en cite six espèces, dont cinq améri- caines et une africaine. Les Nevitorties [Newportia, P. Gerv.) joignent aux caractères des ocolopocryptops des pieds de derrière fort longs et dont le tarse a ouze articles au lieu de trois comme celui des autres Holotarses. une seule espèce des Antilles [Newportw lonç/itarsis). Les Cryptops (g. Cryptops, Leach) n’ont que vingt et une paires de pattes, et ds manquent d’yeux. Ce sont de petites espèces que leur taille meme rend inoffcnsives. Elles s’étendent davantage vers le Nord. Il y en a, par exemple, sous le climat de Paris, dans le nord de l’Allemagne, en Belgique, en Angleterre, et plus loin encore, dans des pays ou I on ne voit ni Scolopendres véritables ni aucune espèce des genres dont nous venons de parler. IlOLOTAllSES. 425 Famille de GÉOPHILIDES. — Ces Myriapodes sont de tous les animaux de la même classe ceux qui peuvent acquérir le plus grand nombre de segments. Ces segments sont en apparence dou- bles en dessus, mais ils sont simples en dessous et pourvus d’une seule paire de pieds chacun. Les antennes n’ont que quatorze ar- ticles; on ne voit point d’yeux, et la dernière paire de pattes est toujours plus ou moins tontaculiforine. On doit placer auprès des Gcophiles le genre Scolopenbrelle [Scolopmdrella], mais peut-être dans une famille à part, à cause de ses deux yeux, de son inoindi-c nombre de pattes et de sa bou- che qui parait disposée en suçoir. L’espèce unique de ce genre est presque microscopique ; c’est le Scotojiendrella noiacantha , P. Gerv., que l’on trouve dans les jardins de Paris. M. Fabre la regarde comme le jeune âge des Cryptops, ce qu’il ne nous a pas encore été possible de vérifier. Les Géophilides proprement dits dont Leach ne faisait qu’un seul genre, avaient été antérieurement compris par Linné sous le nom générique de Scolopendra, qu’on appliquait alors à tous les Chilo- podes. On y distingue maintenant plusieurs divisions, dont on a pu faire autant de genres [Mecistocephalus, Necropfdœophagus ou Arthro- nomalits, Geophilus ou Strigamia, et Gonibregmatns). On en connaît, dès à présent, un assez grand nombre d’espèces; l’énumération descriptive que nous en avons publiée en 1846 en comprenait déjà quarante-sept. Ces animaux vivent sur le sol hu- mide des bois et des jardins, dans les endroits recouverts de feuilles; ils s’enfoncent aussi plus ou moins sous terre, et l’on en trouve également sous les écorces des arbres et dans certains fruits. L’espèce la plus grande parmi celles de nos contrées est le Geo- philus Gaby'ielis (du genre Gonibi'egtnatus) , dont le corps atteint de 0,12 à 0,18 de longueur et qui a jusqu’à 160 paires de pattes et plus. On a publié que des animaux de la même famille, mais ap- partenant à des espèces plus petites, peuvent s’introduire dans les fosses nasales, dans les sinus frontaux et dans certains abcès, chez l'homme, et occasionner pondant un temps assez long des douleurs très violentes. On en cite plusieurs cas. Ainsi, l’Histoire de l’Académie des sciences de Paris en rapporte deux (années 1708, p. 42, et 1733, p. 24). M. Alexandre Lefèvre en a communiqué un troisième la Société ^ntomologique de France en 1833, et M. le docteur Scoutetten en ^ enregistré un autre dans le Compte rendu des travaux de la Société iïiédicale de Metz. 426 MrRIAÎOBES. Nous reproduirons les détails donnés par ces deux derniers ob- servateurs. Hémicrânie, due a la présence d’une Scolopendre dans tes sinus frontaux. [Observation de M. Scoutcttcn.) « Depuis plusieurs mois, une fermière dos environs do )M(!tz, âgée do vingt-huit ans, ressen- tait dans les narines un fourmillement frès incommode accompa- gné d’une sécrétion abondante de mucus nasal, lorsque, vers la fin de 1827, de fréquents maux de tète vinrent s’ajouter à ces sym- ptômes. Les douleurs, supportaliles dans les premiers moments, prirent bientôt de l'intensité et se renouvelèrent par accès. Ces accès, à la vérité, n’avaient rien de régulier dans leur retour ni dans leur durée : ils débutaient ordinairement par des douleurs lancinantes plus ou moins aiguës, occupant la racine du nez et la partie moyenne du front ou par une douleur gravalive qui s’étendait de la région frontale droite à la tempe et à l’oreille du môme côté, puis à toute la tète. L’abondance des mucosités nasales forçait la malade à se moucher continuellement. Ces mucosités Iréquem- ment mêlées de sang avaient une odeur fétide. A cet état s’ajou- tait souvent un larmoiement involontaire, des nausées et des vo- missements. Quelquefois les douleurs étaient tellement atroces, que la malade croyait être frappée d’un coup de marteau ou qu’on Im perforait le crAne. Alors les traits de la face se décomposaient, les mâchoires se contractaient, les artères temporales battaient avec force; les sens de l’ou'ie et de la vue étaient dans un tel état d’ex- citation, que la lumière et le moindre bruit devenaient insuppor- tables; d’autres fois la malade éprouvait un véritable délire, se pressait la tète dans les mains et fuyait sa maison, ne sachant plus où trouver un refuge. Ces crises se rohouvelaient cinq ou six fois dans la nuit et autant dans la journée ; une d’elles dura quinze jours presque sans interruption. Aucun traitement méthodique ne fut employé. Enfin, après une année de souffrances, cette maladie extraordinaire fut subitement terminée par l’exjmlsion d’un insecte qui, jeté sur le plancher, s’agitait avec rapidité et se roulait en spi" raie; placé dans un peu d’eau, il y vécut plusieurs jours (1) ; il n® périt que lorsqu’il fut mis dans l’alcool. » Cet insecte m’ayant été apporté tout de suite, je constatai qu * avait 2 pouces 3 lignes de longueur, sur une ligne de largeur; qn> portait deux antennes ; que son corps, de couleur fauve, aplati tant en dessus qu’en dessous, était composé de soixante-quatre anneaU^^ (1) Les Géophiles peuvent, eneffet, résisterà un séjour assez prolongé dans l’caC' HOLOT^IHSES. 427 armés chacun d’une paire de pattes, que, par conséquent, c’était une Scolopendre de la famille des Mille-pieds ou Myriapodes. L’ayant remis à MM. Hollandro et lioussel pour en déterminer l’espèce, ces entomologistes reconnurent que cet insecte réunissait les caractères que Fabricius, Linné et Latreille assignent à la Sco- lopendre électrique. » Cette observation, recueillie avec soin, no permet aucun doute sur lanaturc générique du Myriapode qui lui a donné lieu. C’est bien certainement d’un Géophile qu’il s’agit ici, et ce Géopliile parait être le Geopkilits carpophagus de Leach, qui est lui-même le Scolopendra electrica des linnéens (1) ou une espèce fort voisine, également propre au genre de„s Geophüus véritables. Une figure que M. Scoutetten a jointe à son observation vient a l’appui do ce rap- prochement. Si d’ailleurs la détermination spécifiriue en était con- testable à quelques égards, vu surtout la ditliculté avec laquelle on distingue encore les Géophilcs les uns des autres, la certitude n’en serait pas moins acquise à la détermination générique de l’animal auquel on attribuait ces souffrances si prolongées du sujet observé par M. Scoutetten. D’après ce que nous ont rapporté les docteurs Chrestien et Jean- jean, un fait analogue à celui-ci aurait été observé auprès de Montpellier il y a une quinzaine d’années. L’observation due à M. Alexandre Lefèvre, que nous avons promis de rapporter avec détail, a aussi été fournie par une femme. Voici en quels termes cet habile entomologiste l’a publiée : « La femme d’un peintre en bâtiment nommé Lévolle, demeu- rant à Paris, ressentait depuis plusieurs années, de violents maux de tête, principalement dans la région des sinus frontaux, où elle assurait sentir un être vivant se mouvoir. Malgré l’incrédulité gé- nérale avec laquelle on recevait une semblable assertion, elle n’en continuait ])as moins d’aftirmer la présence d’un cor[)s étranger r[u’elle sentit bientôt se fixer vers un œil; après des douleurs atroces, ce dernier cessa bientôt ses fonctions. L’autre œil fut en- suite attaqué; enfin, au bout de plusieurs années de souffrances continues, qui privaient la malade de tout sommeil, ce corps étranger mouvant lui parut se fixer entre les deux yeux ; de vives démangeaisons, accompagnées de fréquentes envies d’éternuer, se manifestèrent, et un matin, apres avoir éternué à plusieurs re- (1) Aujourd’hui Geopliilus eleclricus. Cette espèce doit sou nom à la propriété qu’elle a de sécréter une matière phosphorescente, Oii la trouve quelquefois dans les jardins et même dans les appartements. AR.VCniNIDES. h2$ prises et rendu quelques gouttelettes de sang, elle sentit couler, avec ce dernier, comme un petit ver qu’elle recueillit dans son mouchoir : c’était une Scolopendre de la longueur de deux pouces environ, de la grosseur d’un très gros fd. Dès cet instant, les dou- leurs cessèrent, la malade recouvra le sommeil, et éprouva un bien-être général dont elle n’avait pas joui depuis tant d’années. » M. Lefèvre eut, à cette époque, en sa possession la Scolo- pendre en question et il la communiqua à Latreille (1). Malheureusement ces entomologistes n’ont pas décrit les carac- tères de cette Scolopendre, et il nous est impossible de décider à quel genre elle doit être rapportée. On doit pourtant admettre que c’était probablement quelque (léophilide de la division des Géo- philes ordinaires, du moins si l’on s’en rapporte à ce qu’il dit au sujet de la longueur et de la grosseur du parasite observé. Un nouvel exemple de Scolopendre (2) logée, dans les fosses na- sales a été observé à Dijon. Le patient était une jeune fdle qui, en flairant un bouquet, avait ainsi aspiré non-seulement le Myriapode dont il s’agit, mais encore plusieurs larves d’insectes hexapodes (3) . CLASSE TROISIÈME. ARACHNIBES. Los Araignées et les autres animaux qui sont, comme elles, pri- vés d’antennes mais pourvus de pattes au nombre de huit forment la classe des Arachnides (4). Les principales divisions de cette classe présentent dans leur organisation des difl'érences assez notables, qui en rendent facile la sériation naturelle. Linné ne distinguait pas les Arachnides d’avec les Insectes aptères ; c’est Lamarck qui les en a le premier séparés. La déno- (1) ,lnn. Soc. enlomologique de France, t. II, p. Ixvj; 1833. (2) Oa B® ilit pas si c’était uu Cryptops ou un Géophile. La présence simul- tanée de ces insectes dans les fosses nasales causèrent des phénomènes nerveux qui simulaient l'hystérie cl l'épilepsie. La guérison a suivi de près l’expulsion des larves et de la Scolopendre. (31 Comptes rendus hebd, dot’ Acad, des sciences, 1837. (i) Arachnides, Lamarck ; finfomosaires ociojiodes, Blainv. scoiino-NiDES. 629 mination d’ Arachnides qu’il leur a imposée est celle qui leur a été jusqu’ici conservée par la plupart des auteurs. Les espèces de cette grande division n’ont jamais d’ailes, et leur bouche n’a pour appendices que deux paires de pattes-mâchoires, dont la première est souvent désignée par le nom de mandibules et la seconde par celui de palpes. Ces prétendus palpes suppléent habituellement à l’absence des antennes véritables, dont ils ont même la forme dans un grand nombre de genres ; lesyeux sont tou- jours simples etsessiles; ils sont constamment en petit nombre et ils manquent même dans beaucoup . Hemprichii, id. (de Cuba). — S. obscurus, id. (de la Guyane). — 5. foixipula, id. (de Colombie). — S, spirdcaudm, id. (de Cal'rerie), etc. h. Les IsOMÈTRES. Ils se distinguent surtout par leurs proportions très grêles ; leurs yeux sont comme chez les précédents et chez les Buthus ; mais, par l’ensemble de leurs autres caractères, ils resr semldent davantage aux Atrées et aux Androctones. Scotpto filum, Ehrenb. On ignore sa patrie véritable ; des exem- plaires appartenant en apparence à cette espèce ont été, dit-on, rapportés de l’Inde, de l’Afrique et même do l’Amérique. 5. Les Télérones. Chi pourrait , à la rigueur, réunir les quatre divisions précédentes dans un groupe uniipie; au contraire, ccllc-cï reste bien distincte des autres; les espèces, il est vrai, peu nom- breuses qu’elle renferme ont des proportions plus ou moins tra- pues, manquent d’echancrurc au bord antérieur du céphalothorax, et ont les dents des peignes assez peu nombreuses. Leurs yeux latéraux sont au nondire de trois paires; leur vésicule caudale n’a pas d’épine sous l’aiguillon. Ce sont des animaux de l’Amérique méridionale. Scorpio vitlattis, Guérin.— Sc. Dorbignyi, id. — 5c. Ehrenbergii, P- Gerv. — Sc. glaber, id. — Sc. versicolor,Koch. — Notre Sc. squama, de la Nouvelle-Hollande, paraît aussi appartenir aux Télégones. 6- Les Bütiius. Ce sont des Scorpions à trois paires cÉyeux laté- raux, dont les formes sont assez robustes. Plusieurs de leurs (;s- pèces atteignent une taille supérieure à celle de toutes les autres. On les a longiemps confondues sous le nom de Scorpio nfer, mais M. Koch et d’autres auteurs ont commencé à en débrouiller la diagnose. Il y en a en Afrique et dans l’Inde. Quelques-unes ont jusqu’à 15 et 18 centimètres de longueur. ^ ha Scorpio palmatus, du nord do l’Afrique; ie 5. Lesueurii, de 1 Amérique septentrionale, et quelques autres espèces encore, dont SCORPIONIDES. iii'y les dimensions restent bien inférieures à celles des Scorpio autre- fois nommés afer, sont aussi des Butlms. 7. Les IscuNURES ont les palpes larges, aplatis ainsi que le corps; le céphalothorax échancré en avant; la queue grêle, plus ou moins courte, et la vésicule faible; ils ont trois yeux de chaque côté. Ces Scorpions sont de la Nouvelle-Hollande, des îles océaniennes ou indiennes, de TAmérique ou de l’Afrique. Ils cotistituent le groupe le plus cosmopolite. On n’en connaît encore que quelques espèces : Sc. Cumincjii^ P. Gerv. (des Philippines) . — Sc. gracilicauda, Gué- rin (de Java). — Sc. Waigiensis, P. Gerv. (de Pile Waigiou). — Sc.trichiurus, id. (de Gafrerie). — Sc. edatus, id. (de Colombie), etc. 8. Les CiiACT.vs joignent à des formes assez ])eu éloignées de celle des Buthus le double caractère d’avoir un moindre nombre de dents aux peignes et do ne posséder que deux paires d’yeux laté- raux. Ils sont américains. Sc. granosus, P. Gerv. (du Mexique). — Sc. VanJbcnedenii, id. (do Colombie) . 9. Les ScoRPius, qui n’ont aussi que deux paires d'yeux latéraux et un petit nombre de dents auxjpeignes, ont la queue faible et la vésicule petite comme les Ischnuros; leurs palpes sont également aplatis. Tel est le ScoRrio.x flavigacde [Sc. flavkaudus, de Geer) appelé aussi Sc. europœus, qui est la petite des deux, espi'ces propres aux contrées méridionales de l’Luropc, aux îles de la Méditerranée et au nord de l’Afrique. Plusieurs espèces ont peut-être été confondues sous ce nom, mais la dis- tinction n’en est pas encore facile, malgré les travaux de M. Koch. On peut en séparer plus sûrement le Sc. Hardîcickii, P. Gerv. (du Népaul). Scourioxs l'E France et d’Algérie. — Nous n’avons en France que deux sortes de Scorpions, l’une et l’autre limitées aux départements du Midi. La plus commune est aussi la plus pe- tite et la moins redoutable ; c est le ScoRPio flavicaüde [Scorpio flavicaudiis) , qui appartient à la division des bcorpius. On la trouve dans des conditions très diverses, principalement sous Fig. 86. — Scorpion flavi- caude (de grandeur na- turelle). Û36 ARACHNIDES. les pierres, au pied des murailles. Elle s’introduit dans les habita- tions et vient souvent jusque rians les lits, mais sans occasionner jamais aucun accident sérieux. Sa piqûre peut être comparée à celle d’une abeille. Ce Scorpion est brun ; ses pattes et sa vésicule cau- dale sont d’un fauve sale. Sa longueur totale, depuis les mandibules jusqu’à l’aiguillon, ne dépasse pas 0"’,'üà0. L’autre espèce, qui est plus grande, appartient au groupe des Androctones. C’est le Scorpion occitanien (Scorpio occitanus) qu’on cite seulement à Souvignargues (Gard), auprès de la source du Lez, à peu de distance de Montpellier et sur la montagne de Cette (dans le département de l’Hérault) (1), ainsi qu’au Vernet, à peu de distance de Perpignan (Pyrénées-Orientales). Les Scorpions de cette espèce sont beaucoup plus répandus en Italie, en Espagne et dans les parties septentrionales de l’Afrique. En Algérie, ils occasion- nent la plupart des piqûres dont nos soldats ont à souffrir dans les camps. Ces piqûres, quoique plus douloureuses que celles du Scorpio flavicaudus, n’ont pas la gravité qu’on leur a quelquefois supposée, et un peu d’eau ammoniacale en fait bientôt justice. Il est même rare qu’elles donnent lieu à des souffrances un peu prolongées, et lorsqu’on n’a recours à aucun traitement, la douleur ne disparaît pas moins (2). L’Algérie nourrit donc nos deux espèces de Scorpions euro- péens, savoir : 1« Le Sc. flavicavdiis, dont nous avons déjà parlé ; 2° Le Sc. occitanus. (1) Maccari a consacré aux Scorpions fauves de Cette une petite brochure publiée en 1810 {Mémoire sur le Scorpion qui se trouve sur la montagne de Cette). Maupertuis , qui avait précédemment étudié les Scorpions de cette espèce, avait montré que leur action est quelquefois nulle sur les chiens, qui crient seulement au moment où ils sont piqués ; il eu est de même pour les poulets. Amoreux rapporte des faits analogues. D'autres fois les chiens piqués par les Scorpions enflent, vomissent cl ne lardent pas à mourir. C'est ce que Mau- pertuis avait également constaté. Il parait que l'intensité du veuin varie suivant les saisons. Ou sait aussi que, même en été, les Scorpions ont besoin de réparer les pertes qu’ils fout en piquant : aussi les premières piqûres qu'ils font sont-elles bien plus douloureuses que les autres. Les faits publiés par Maccari, qui a été lui-même piqué plusieurs fois par le Scorpion occitanien, de Cette, ne sont pas moins curieux que ceux relatés par Maupertuis; mais lescITets qu'il attribue à la piqûre paraissent un peu exagérés. (2) M. 'Verdallc donne quelques détails sur la piqûre de ces Scorpions dans sa thèse inaugurale {Faculté de méd, de Montpellier, 1831), Fie, 37. —Scorpion tunisien ou Scorpion funeste (de grandeur naturelle). que nous l’avons dit plus liaut, on a fait, mais très probablement à tort, deux espèces sous les noms de Sc. funestiis, et bicolor. C’est un Androctonc à queue large et carénée en scie; il passe pour le plus dangereux de tous les Scorpions. La piqûre de cette grosse espèce est en effet bien plus redoutable que celle de toutes les autres; et, dans les localités de l’Algérie où on la trouve, aux environs de Biskara, de Tuggurth, etc., ainsi que dans la haute Égypte, on croit qu’elle peut occasionner la mort. SCOIU’IO.MDKS. Û37 Elle en a, dans ses parties méridionales, de deux autres qui ne se retrouvent point sur notre continent. Ce sont : 3° Le Scorpion palmé [Scorpio palmatus, Ehr.) , dont les mains sont élargies, cordiformes et granuleuses ; il appartient aux Buthus, mais il est moins gros que le S. afer, et sa couleur est ferrugineuse ; U° Le Scorpion tunisien [Scorpio tunetmm de Rédi) , dont, ainsi AllAclllMUIE;i. Cependant, ni les médecins de notre année d’Afrique (1), ni les voyageurs qui ont parcouru la Nubie, n’ont pu constater qu’il en soit réellement ainsi. Eu Égypte, les bateleurs montrent ces Scor- pions au public, et ils se tlattcnt de les dompter, mais ils ont bien soin de leur enlever ju’éalablemcnt la vésicule caudale. Les Arabes du sud do l’Algérie éprouvent une grande frayeur à la vue des Scor- pions de cette espèce, et lorsqu’ils en sont piqués, ils arrivent au grand galop dans les camps français pour sc faire soigner par nos médecins, qui emploient ici le même remède que contre les Scor- pions blonds, c’est-à-dire les compresses imbibées d’ammoniaque. La science manque de documents précis sur les etiets que pro- duit le venin de la plupart des espèces propres aux autres parties du globe; mais il no paraît pas qu’il soit, dans aucun cas, plus redoutable que celui du Scorpio limetanus; la plupart, au contraire, sont beaucoup moins a craindre, et il en est beaucoup qu’on ne peut comparer, sous ce raj)port, qu’à nos Scorpio occitanm et fla- vicaudus. Les Scorpio nfer, qui dépassent tant les Sc. tunetanus en grosseur, ne paraissent pas être aussi red(jutables qu’eux. Le Scorpio impe- rator, qui est 1 une des espèces autrefois confondues sous ce nom (YAfer,ü. jusqu’à 0''‘,18 do long. Dans les conditions ordinaires, la piqûre des Scorpions est facile a traiter. Celle due au Scorpio occitanus est la plus fréquente, du moins dans nos possessions algériennes, et (die se termine invaria- blement par une guérison rapide. Les accidents auxquels elle donne lieu sont la douleur, quelques pbéuomènes nci’veux et par- fois un état fébrile peu prononcé. Quelques gouttes d’ammoniaque, appliquées sur le point atteint, des lotions avec de l’eau ammo- niacale et quelques bains simples sufllscnt, dans la majorité des cas, pour faire disparaître tous les accidents, et l’on arrive assez souvent au même résultat sans recourir à aucun traitement. Les P léoomènes les plus graves qu’on ait remarqués sont, indépen- (t) Le Sc(y)-j)io tunetanus ou funestus est assez, répandu dans le Sahara aigé- rien es Arabes des oasis disent qu'avant rarri>éc des médecins français, il moura aQueiienieut plusieurs individus par suite de pinûre de cotte espèce do Scorpion, c docteur Ycrdallo rapporte (|u'en juillet 18 if. les chefs de Tug- gurth envojcreiit demander au commandant supérieur de IJiskara un médecin pour soigner tes individus piqués par les Scorpions. Ils avaient appris que depuis t arrivée des français dans le pays, tous les hommes atteints en guérissaient, tandis qu à Tuggurth il en était déjà mort, suivant leurs récits, soixante-dii ilcpuis les chaleurs ; ce qui n’est pas admissible. ôtiUUPlÛ.NlüES. A39 daiiimont de la lièvre, les vomissements, un tremblement nerveux et un gonflement douloureux du membre piqué. On n'a réellement enregistré aucun cas authentique de terminaison funeste, mais rien ne prouve non plus qu’il ne puisse e.n survenir. Au dire dos Arabes, cette terminaison serait fréquente pour la piqûre du Hcor- pion tunisien; tout ce que l’on sait c’est que la piqûre de ces Scor- pions suHit habituellement pour faire mourir des mammifères de petite ou même de moyenne taille, et qu’elle a même constam- ment ce résultat chez les oiseaux de taille ordinaire. Non-seulement le venin du Scorpion est pour cet Arachnide un moyen de se défendre contre scs ennemis; il lui est surtout utile pour tuer les insectes dont il fait sa nourriture, et chaque coup de son aiguillon est mortel pour ces petits animaux. Les observations laissées par les anciens ont été principalement . recueillies dans les régions voisimîs de la Méditerranée j où les Scorpions sont en général très nombreux ; aussi y est-il souvent question de ces Arachnides, et l’on doit peu s’étonner qu ils aient donné lieu ii des préjugés ilont un examen plus attentif a démontré le peu de fondement. 11 est certain, par exemple, que la piqûre du Scorpion est mortelle pour les animaux de sa propre espèce, mais il n’est pas vrai qu’il se tue lui-même lorsqu’il se voit dans une .position critique. On prescrivait autrefois, contre la piqûre de ces Arachnides, de V huile dite de Scorpiom, et dans laquelle on avait fait intuser des animaux de ce genre. Depuis lors on a supposé qu elle agissait par l’ammoniaque que devait y produire la décomposition des Scor- pions eux-mêmes; l’huile seule est d’ailleurs un bon moyen do combattre les etîets du venin des Scorpions. Famille des TÉLYPHONIDÉS.— Ils ont quelque analogie avec les Scorpions ; leur taille est comparable à la leur, et leurs palpes sont aussi terminés par des mains didactylcs, mais ils n’ont pas de pei- gnes, et les anneaux postérieurs de leur abilomeii no se séparent pas pour former une partie caudiforme. Leur queue est grêle et presque sétiformo; elle est placiie au delà du segment anal. Les Télyphones n'ont pas d’aiguillon ; leur première paire de pattes est longue et grele , leurs yeux sont au nombre de huit, dont deux médians et trois paires latérales. Les Télyjibones habitent les régions les plus chaudes de l’Afrique, de l'Asie et de l'Amérique. 11 y en a aussi à la Nouvelle-Hollande, On en connaît une quinzaine d’espèces, sur lesquelles MM- Lucas, Koch et Van der Hoéven ont réuni des documents intéressants, AHACHNIDES. Famille des PHHYNIDÉS. — Les Pjiuynes (g. Phrynus), qui for- ment seules cette famillCj sont d’assez grosses espèces d’Arach- nides, dont le céphalothorax porte huit yeux à peu près disposés comme ceux des Télyphones, et dont l’abdomen, de forme dis- coïde, est inséré par un pédicule rétréci. Leurs palpes sont longs, mais monodactyles, et leur première paire de pattes est fort allon- gée, surtout dans les parties qui répondent à la jambe et au tarse des autres Arachnides; elles sont décomposées en un grand nombre de petits articles fort grêles et comme tlagelliformes. Leur respira- tion est pseudopulmonaire comme celle des Télyphones et des Scorpions. On a trouvé des animaux de ce genre dans l’Inde et dans plusieurs de ses îles, ainsi qu a Maurice et aux Seychelles; il y en a aussi dans l’Amérique méridionale et aux Antilles. Famille des CHÉLTFÉltlDÉS. — Les Pïnces ou Icsgenres Chélifère et Obisie sont de très petits Scorpionides dont les palpes ont la même forme que ceux des Scorpions, mais dont l’abdomen ne se pro- longe pas en forme de queue comme celui de ces derniers. Ils n’ont qu’une ou deux paires d’yeux latéraux et point d’yeux mé- dians ; leur abdomen manque d’appendices pectiniformes, et leur respiration est trachéenne. Ces petits animaux vivent dans la mousse , sous l’écorce des arbres, sous les pierres humides, sur la terre ombragée par les végétaux ; on en rencontre aussi dans les herbiers et souvent dans les vieux livres. La plupart des espèces qu’on en a décrites sont européennes; elles paraissent être assez nombreuses; leur nour- riture consiste en très petits insectes. Ordre de.s Aranëidcs. Ce sont les nombreuses espèces d’ Araignées qui ont donné à la classe des Arachnides le nom par lequel on la désigne. Elles- memes forment, dans cette classe, un ordre particulier qui est ce- lui es Aranéides. Il est facile d’en reconnaître les caractères; leur corps est (livisé eu cinq parties: 1“ le céphalothorax, qui porte en général six ou huit yeux sessiles; une paire de mandibules mono- dactyles, dont la piqûre est vénéneuse ; une seconde paires d’appen- dices buccaux nommés palpes, et dont la disposition estantenni- forme, enfin quatre paires de pattes ambulatoires ; 2“ l’abdomen attaché au céphalothorax par un pédoncule court et grêle; celui-ci est souvent globuleux et il a son enveloppe en général mollasse j AKANÉIDES. Uhi on y distingue une ou deux paires d’orifices respiratoires, l’ouver- ture des organes mâles ou femelles, l’anus et des fdières destinées à la sécrétion de la soie. Dugès a constaté que, chez les Aranéides des genres Dysdère et Ségestrie, deux des orifices respiratoires conduisent à des bran- chies pulmoniformes, et les deux autres à des trachées ; mais chez les autres Aranéides qu’on a observées sous ce rapport, les or- ganes respiratoires constituent toujours des pulnio-branchies et les Aranéides avaient été regardées comme exclusivement pulmo- naires. Treviranus, M. Slraus, Uugès, M. Hrandt et d’autres anato- mistes ont fait connaître l’organisation intérieure des Araignées, dont Lyonnet, et plus anciennement Swammerdam, s’étaient déjà occupés. L’un des faits les plus curieux que cette étude nous fait connaître est relatif au mode de fécondation de ces Arachnides. II n’y a pas d’appendices copulateurs à l’abdomen, mais les palpes des mâles ont leur extrémité très compliquée et disposée de manière à servir d’organe excitateur. Ces palpes recueillent le sperme et l’ap- pliquent contre la vulve de la femelle pendant le rapprochement sexuel. La disposition des fdières n’est pas moins curieuse. C’est au moyen de ces organes que les Araignées sécrètent la soie dont elles se servent eu tant d’occasions et d’une manière si ingénieuse. Les cellules qui leur fournissent un abri, les filets si variés au moyen desquels elles arrêtent leur proie, l’enveloppe protectrice de leurs œufs, tout cela est fait au moyen de cette soie, et il en est de même des tils à l’aide desquels nous les voyons suspendues en l’air, et de ceux que l’on connaît sous le nom de fils de la Vierge; ceux qui leur permettent de passer horizontalement d’un lieu dans un autre, sans toucher le sol, sont aussi une sécrétion des mêmes organes. Quelques personnes ont essayé de tirer parti de la soie filée par les Araignées, et d’en faire usage dans l’industrie; on eu a fait de véritables étofiés, mais sans arriver sous ce rapport à des résultats réellement économiques. On a aussi proposé de l’employer en chirurgie et même en médecine. Chaque jour on s’en sert pour arrêter les petites hémorrhagies, et quelques médecins l’ont re- commandée comme fébrifuge. Ils la donnent en pilules. En Es- pagne, on l’emploie depuis longtemps comme telle; mais on doit faire remarquer que ce médicament a l’inconvénient d’exalter l’activité du gros intestin, plus particulièrement celle du rectum, et l’on conseille de ne l’employer qu’avec prudence, et seulement A42 ARACUNIDEri. dans les fièvres iaterniittcntes rebelles qui ont résisté à un traite- ment normal. L’histoire naturelle des Araignées a occupé plusieurs naturalistes. Lister, de Gecr et (luelques autres, pendant le siècle dernier; .Walekenaer, Latreillc, Uugès, M. de llaan, M. Koch, M. Sund- wall, etc., pendant le siècle actuel. Les auteurs les plus récents ont cherché à établir la division de ces animaux en familles natu- relles, et M. Sundwall admet iiarmi eux les diverses familles des .Epéiridés, Tkirididés, Drassidés, Lycosidés, TItomisidés , Attidés et Myyaltdés. Walekenaer, qui s’est rendu célèbre comme historien, comme géographe et comme littérateur, n'est pas moins connu dans le science par ses belles recherches sur les Aranéides. La classifica- tion qu’il a donnée do ces animaux tient «igalcmcnt comjjte des principales particularités de leurs mœurs et de leurs caractères zoo- logiques, ce qui ptiut la rendre d’une grande utilité dans l’étude de ce groupe; c’est ce qui nous a engagé à en donner ici le résumé. L’auteur y établit doux divisions principales : les Théraphoses et les Araignées. I. Les THÉRAPHOSES ont les mandibules articulées horizontale- ment et à mouvement vertical ; leurs yeux sont au nombre de huit. Ces Aranéides sont latébuicoles, c’est-à-dire danse ont seules le pouvoir Oe triompher de scs crises. » (Ozanam, p. 70.) ARANÉIIIES. htll Il y a plusieurs divisions dans le genre des Araignées Lycoscs. Celle qui comprend la vraie Tarentule et quelques autres espèces qu’üu a souvent confondues avec elle appartient principalement à la région inéditerranéeimc et à TAmérique septentrionale. Toutes ces Lycoses fl) n’inspirent pas la même crainte, et Ton a constaté sur plusieurs d’entre elles que leur piqiire n’est guère plus mauvaise que celle des Araignées ordinaires. C’est dans la Fouille [Apulia),qm fait partie du royaume de Naples, et principalement aux environs de Tare nte, que l’on trouve ces Ta- rentules réputées si dangereuses [Lycosa torentula Apuliœ^ Walcke- naer) et auxquelles se rapportent les laits de tai'entisme dont tant d’auteurs ont parlé. Les tarentulés [tarentulnli], c’est-à-dire les gens qui sont mordus par la Tarentule, éprouvent les phénomènes nerveux les plus singuliers. Ils crient, ricmt, soupirent et font mille extrava- gances qui témoignent d’une grande exaltation mentale. Ce sont pourtant presque toujours des gens du peuple, surtout des pay- sans, et c’est {)endant les travaux de la moisson ou à l’époque de la canicule que l’on voit presque, toujours survenir ces accidents. Les malades ne peuvent, dit-on, supporter la vue du noir et du bleu, mais le rouge et le vert leur sont agréables. Voici à quel trai- tement on les soumet : leurs compagnons leur jouent, avec la guitare, le hautbois, la trompette ou le tambourin sicilien, diffé- rents airs, principalement la Pastorale et la Tarentule, que l’on trouve notés avec soin dans plusieurs ouvrages. Les malades se mettent aussitôt à danser, et lorsqu’ils sont accablés de latigue et tout baignés de sueur, on les met au lit. Ils (iornicnt, et à leur ré- veil ils sont guéris. Mais cette prétendue maladie donne parfois lieu à des rechutes, et l’on va jusqu’à dire que celles-ci peuvent se ré- péter pendant vingt ou trente ans ou même pendant toute la vie. C’est alors le tarentisme nerveux, qui, il est vrai, n’a pas toujours pour point de départ la j»iqùre des Tarentules. Cette piqûre, et plus particulièrement le traitement auquel elle donne lieu, peuvent en amener la guérison. Beaucoup d’auteurs ont parlé du larentisme. On en cite un, Nicolo Peretto, qui vivait au milieu du xiiT siècle. Parmi ceux du Xvti' siècle, on remarque le célèbre médecin italien Baglivi, dont le travail (2) a paru à Home en 1096. Walckenaer a donné, dans Son Tableau des Aranéides et dans le t. I de V Histoire des (1) Vulgaircmeiit Araignées-loup. (2) Disserlatio de anatom., mors, et affect. Tarent. ^48 ARACHNIDES. Aptères, \sl liste des ouvrages où il est question du tarcntisme. C’est presque uniquement des Tarentules de la Fouille qu’ils s’occupent, car, dans aucun autre pays on n’a réellement rien constaté d’ana- logue, quoique les Tarentules ou les Araignées qui leur ressemblent le plus y inspirent souvent plus de crainte que les autres. On cite des Araignées-Tarentules en Algérie, en Égypte, en Crimée, en Grèce, dans plusieurs parties de ITtalie, dans plusieurs îles de la Méditerranée, dans le midi de la Franee, particulière- ment auprès de Narbonne, en Espagne, etc., et nulle part elles ne donnent lieu aux accidents attribués à celles de la Fouille. Les Tarentules sont-elles réellement plus venimeuses dans ce dernier pays que partout ailleurs, ou bien un préjugé, aussi ancien que bizarre, serait-il l’unique cause des faits singuliers auxquels elles donnent lieu, c’est ce que des observations faites avec soin permettront seules de décider. Tout ce qu’il est permis de dire encore, c’est que l’imagination et les préjugés jouent le plus grand rôle dans cette affaire, et qu’il n’est pas certain que les tarentulés, abandonnés à eux-mémes ou soumis aux précautions fort simples qui suftisent dans les piqûres des Scorpions et des autres insectes réputés venimeux, ne puissent également triompher de la morsure des Tarentules de la Fouille. Celles-ci constituent cependant une espèce différente des Taren- tules de l’Espagne, du midi de la France, etc., et Walekenaer leur re- connaît, en effet, des caractères particuliers. Elles joignent à ceux qui sont propres aux Lycoses du sous-genre Tarentule, la couleur fauve rouge de leur ventre, qui est tra- versée par une bande noii’e, et elles ont des taches en chevron sur l’abdomen ainsi que sur le céphalothorax. En outre, leurs yeux de 1® ligne antérieure sont un peu plus gros que les latéraux de la môme ligne, et ils sont noirs comme eux, tandis que les gros yeux irt- FiG. 89 Lycose narbonaise. — 1 . De grandeur naturelle — 2. Les yeux grossis. ABANÉIDES. /,49 termëdiaires ou ceux de la seconde ligne sont noirs. Ce caractère distingue les Tarentules de la Fouille de celles dites narbonnaise (1) et hispanique. On possède, indépendamment du travail que M. Ozanam, ancien bibliothécaire de l’Académie de médecine de Paris, a publié sous le titre à’ Etudes sur le venin des Arachnides et sur son emploi théra- peutique, un mémoire de M. Lambotte, inséré dans les Bidletins de l'Académie de Bruxelles pour 18.38 (2), mais qui traite principale- ment de l’Araignée malmignatte. L’Araignée malmignatte [Aranea tredecimguttata de Rossi, Theri- dion malmignata ou Lotrodectes malmignatus deWalckenaer) est une espèce des régions méditerranéennes, qui ressemble, sous plu- sieurs rapports, aux Théridions, avec lesquels divers auteurs l’ont même classée. Son corps est noir, avec quatre petites taches rondes, d’un rouge de sang sur l’abdomen. En Italie, en Corse, en Sardaigne, en Espagne, etc., la Malmi- gnatte est très redoutée, et sa piqûre passe pour mortelle. Boc- cone, Keyslcr, Rossi et d’autres encore ont soutenu cette opi- nion, et on la retrouve dans des auteurs plus récents. Luigi Totti, médecin de l’hôpital de la Madeleine à Voltera, en a fait le sujet d’un long mémoire imprimé dans le tome VU des Actes de l'Aca- démie des sciences de Sienne. M. Cauro a consacré sa thèse inau- gurale (Faculté de Paris, 1833) aux moyens curatifs de la morsure duThéridion malmignatte, etM. Graélls (de Barcelone) a commu- niqué à la Société entomologique de France des faits également intéressants et que cette Société a publiés dans le tome III de ses Annales (première série). Voici comment s’exprime ce dernier naturaliste : « L’apparition d’une Araignée dont les morsures ont produit de graves accidents chez les habitants del campo de Tarragonas, et par Suite desquels plusieurs personnes d’une constitution faible sont mortes, fut signalée pour la première fois en 183Ü par les gens du peuple appelés elplor. Elle attira l’attention de l’Académie royale de médecine et de chirurgie de Barcelone, qui nomma une coin- (1) Les mœurs de celles-ci out été étudiées avec soin par le naturaliste Cha- brier, dont le mémoire a paru en 1806 dans le Recueil de la Société des sciences « arts de Lille, et dans le Magasin entomologique d’Illiger. Dugés a donné, dans les Annales des sciences naturelles pour 1836, quelques nouveaux détails sur la Blême espèce. , (2) Tome IV, page 488, avec une planche. t. 29 ÜSO ARACHNIDES. mission pour examiner les personnes mordues par cette Araignée et reconnaître quelle était l’espèce qui causait ces accidents. Mal- heureusement ce dernier point est fort difficile à vérifier. Les pay- sans s’étaient attachés à détruire toutes les Araignées qu’ils ren- contraient et ne pouvait signaler celle malfaisante. » En 1833, ce tléau apparut pour la deuxième fois parmi les habitants à’El Vendrell, dans le même district, en produisant les mêmes accidents, et en telle quantité que les paysans n’osaient plus sortir pour se rendre à leurs travaux. Cependant de graves accidents furent signalés. Nommé pour faire partie do la commis- sion chargée d’examiner cet Insecte, je reconnus que cette Arai- gnée n’était autre que le Théridion malmignatte [Aranea \Z-guttata, Fahr.). » J’ai vu, en effet, cette espèce en très grande abondance dans les terres incultes de Mmtjui, près Barcelone, jusqu’au château de Fels, principalement sur les côtes de Garaf. Elle n’a pas, dans ces localités, produit les mêmes malheurs que parmi les cultiva- teurs ci-dessus mentionnés, à cause du peu d’habitants dans ces terres incultes. » Parmi les particularités que j’ai remarquées dans ces derniers lieux, j’ai observé que cette Aranéide se nourrit princijialement de la Cicindela scalaris, qui est très commune dans cette contrée. Le nid de ce Théridion était formé des débris de ce coléoptère entre- lacés avec quehiues parcelles de végétaux par divers fils. Cette Araignée, (jui guette fort bien sa proie du fond de sa retraite, so précipitait hors de sa demeure avec une grande vélocité pour se jeter sur divers orthoptères sauteurs et ([uelques cigales qui mou- raient ensuite entre les mandibules de leur ennemi. » Ainsi M. Graëlls a bien constaté que les Malmignattes font pé- rir, et cela instantanément, des insectes même assez gros, des Cigales par exemple, mais il n’a pas vu par lui-même les effets de la pi(iûrc de ces Aranéides sur l’homme. Quant aux cas de mort, il n’en parle que par ouï-dire, et c’est aussi ce qu’avait fait M. Cauro. En traitant de la piqûre des Malmignattes, M, Cauro s’exprime ainsi : « Il est bien certain qu’elle est très dangereuse en Corse ; peut- être serait-elle mortelle dans quelques circonstances. » Walckenacrjen faisant cette citation dans le tome I" de V Histoire naturelle des Insectes aptères, ajoute : « M. Cauro donne les détails des effets de cette morsure, qn* ressemblent, dit-il, a ceux de la vipère; mais M. Cauro, non pln*^ GALÊODES. 451 qu’aucun de ses prédécesseurs, n’a pris le soin de s’assurer que la maladie qu’il décrit était véritablement causée par le Latrodecte malmignatte. Il ne ra[)portc aucune observation, aucune expérience qui le démontre. » Walekenaer fait aussi remarquer que les mandibules de la Mal- mignatte ne sont pas très fortes , et que cette Araignée n’est pas grande. « Mais, ajoute-t-il, M. Abbot, qui ignorait ce qui avait été écrit en Europe sur les Latrodectes , dit, de trois espèces qu’il a figurées, qu’en Amérique leur morsure est redoutée. » C’est là un sujet qui mériterait d’attirer l’attention des observa- teurs, et nous ne saurions trop le recommander aux médecins que leur position mettrait à même de faire connaître dans quelles limites on doit croire aux dangers de la piqûre des Malmi- gnattes. On trouve quelquefois la Malmignatte dans le midi de la France. Elle n’y a pas la même réputation qu’en Italie et en Es- pagne. Ordre des Galéodes. Les Galéodes ou Solpugides sont des espèces très curieuses d’ Arachnides, auxqucdles la force considérable de leurs mandi- bules et leurs dimensions quelquefois très grandes donnent une apparence redoutable ; aussi les craint-on beaucoup dans la plu- part des pays où elles vivent. Leurs mandibules sont très velues, ainsi que la partie antérieure et supérieure de leur corps. Elles n’ont pas de céphalothorax proprement dit. Cette partie est ainsi formée : 1" une grande pièce scutiforme qui porte deux yeux rap- prochés l’un de l’autre, les fortes mandibules dont nous venons de parler, les palpes, c’est-à-dire la seconde paire de pieds-mâchoires, lesquels sont plus grands que les pattes de la première paire, et enfin cette paire de pattes clle-niême; 2“ trois articles thora- ciques distincts sur chacun desquels naît une paire de pattes. L’ab- domen est séparé du thorax, quoique su jonction à cet te portion du corps soit beaucoup plus laigement établie que chez les Aranéides, et il est multiarticulé. Les orifices des organes respiratoires sont placés sur les <;ùtés entre la deuxième et la troisième paire de pattes ambulatoires; les pattes postérieures ont leur article fémorale garni de petites caroncules. Les mâles portent sur les mandibules un fla- bellum qui manque aux femelles. Il existe des Galéodes en Espagne, en Italie, en Grèce, dans les principales îles de la Méditerranée et en Afrique depuis l’Algérie jusqu’au Cap. Il y en a aussi dans le midi de l’Asie, depuis la /ir)2 ARACHSIBES. Russie méridionale et la Turquie jusqu’au Bengale, ainsi que dans les îles Moluques, etc. D’autres animaux de ce groupe habitent l’Amérique méridionale et certaines Antilles. On en connaît déjà plus de trente espèces, dont la taille varie depuis deux centimètres environ jusqu’à sept ou huit. M. Hutton, en parlant d’une grande Galéode du Bengale, dit qu’elle attaque, pendant la nuit, les Insectes et môme les Lézards, et qu’elle se gorge alors au point de ne pouvoir plus marcher. Un Lézard, long de trois pouces, sans y comprendre la queue, fut livré à une de ces Arachnides qui le dévora bientôt. La Ga- léode s’élança sur lui et te saisit immédiatement derrière les épaules; malgré la résistance du Lézard, elle ne le quitta qu’après l’avoir tué. Le pauvre animal se débattait d’abord avec force en se roulant en tous sens, mais rAraclmide tenait bon; peu à peu elle le coupa avec scs deux mandibules, de manière à pénétrer jusqu’aux entrailles. Elle ne laissa, dit M. Hutton, que les mâchoires et la peau. Un jeune moineau jjlacé sous une cloche de verre avec cette Galéode fut également tué, mais elle ne le mangea pas. Les Galéodes de la région méditerranéenne, quoique plus petites que celles des contrées les plus chaudes de rAhhiue ou de l’Inde, sont aussi des animaux très intrépides et tort agressifs. On ne connaît à ces Arachnides aucun organe vénéneux. Leurs différentes espèces sont partagées en plusieurs genres qui rentrent tous dans la môme famille, sous le nom de GALÉODIDÉS. Le genre principal a conservé le nom de Galéode [Galeodes], employé par Olivier. Lichtenstein et Hcrbst l’appelaient de leur côté Solpuga, et plusieurs auteurs ont accepté cette dénomination. C’est pour cela que Walekenaer a donné à l’ordre des Galeodes le nom de Solpugides. Ordre des Plialangldes. R est facile de reconnaître les Phalangides, ordre auquel appar- tiennent les Faucheurs de nos jardins ou de nos bois. On peut les distinguer des Galéodes à leur tète et à leur thorax réunis sous un seul bouclier céphalothoracique. Leur abdomen, qui est formé de plusieurs articles séparés, ne permet pas do les confondre avec les Acarides , et comme il est largement uni au céphalothorax, ces animaux n’nnt pas non plus la physionomie des .ôraignées. Leurs deux paires de pattes-mâchoires sont diversiformes, la première étant terminée en pinces didactyles et la seconde en palpes antenni' formes ou spinifères : ils ont quatre paires de pattes à tous les ACARinES. iSo âgesj et leur respiration est purement trachéenne. L’air s’introduit dans leur corps par une paire de stigmates placés sous l’abdomen. Les organes de la génération s’allongent en un tube de forme triangulaire, et dont la disposition est très différente pour chaque sexe 5 ils sont situés à la base de 1 abdomen. Il y a trois familles de Phalaugides : 1° Les GONYLEPTIDÉS, qui ont les palpes épineux. Leurs espèces sont étrangères à l’Europe (g. Gonyleptes, Ostracidium, Goniosoma, Stygnm, Etisarcus, Mitobates et Plmlangodus). 2» Les PHALANGIDÉS, dont on connaît beaucoup d’espèces, parmi lesquelles il en est d’européennes : g. Cosmeius, Discosoma, Plialangium ou Faucheur. 3* Les TROGULIÜÉS ou le Trogulua et les Cryptostemma. Les Phalangidés ne sont dangereux que pour les petites espèces d’animaux, principalement pour les Insectes. Ils n’ont pas d appa- reil vénéneux. Ordre deu Acarides. Les naturalistes réunissent sous la dénomination A’Acarides, Acariens, Aeares, Mites, etc., un nombre très considérable de pe- tites espèces d’ Arachnides dont le corps est en général discoïde ou globuleux et sans distinction bien précise do l’abdomen d’avec le céphalothorax. Ces animaux respirent généralement par des tra- chées qui s’ouvrent sous leur ventre par une paire d’orifices stigma- tiformes. Ils présentent une grande diversité dans la disposition de leurs deux paires d’appendices buccaux suivant les famü es ou les genres, et, lorsqu’ils naissent, ils n’ont que trois paires de pattes au lieu de quatre, ce qui a quelquefois induit les natura- listes en erreur, et leur a fait établir des genres differents pour des animaux qui appartenaient cependant à la menm espece. Beaucoup d’auteurs, parmi lesquels nous citerons Redi,bchranck, Hermann, Dugès et plus récemment MM. Koch et Nicolet, se sont occupés des Acarides, et ils ont publié à leur sujet divers mé- moires ou même des ouvrages étendus, bien qu ils n aient observé que les espèces européennes de ce groupe, et que chaque jour on puisse encore facilement en trouver, même dans les pays les mieux étudiés sous ce rapport, qui étaient restées inédites. Il y a des Acarides aquatiques : telles sont les Hydrachntdes ou Hydrachnes et quelques autres espèces appartenant à d’autres groupes. Un bien plus grand nombre vit à la surface du sol dans des conditions très diverses, et il y en a beaucoup qui attaquent A11AC1INIDE3. nos substances alimentaires (la farine, le fromage, les figues sèches, les confitures, etc.), ou qui sont parasites des végétaux et des ani- maux. On en trouve sur des animaux de foutes les classes du règne animal depuis les Mammifères jusqu’aux Polypes. Parmi les Aca- rides parasites, il en est qui ne vivent fixés sur les autres corps vivants que pendant leur premier âge; quelques-uns, au contraire, ont déjà subi leur métamorphose lorsqu’ils deviennent parasites, et il en est aussi qui restent pendant toute leur vie dans cette dernière condition. L’homme et les principales espèces de mammifères ou d’oiseaux sont souvent attaqués par les Acarides, et sans parler de ceux qui occasionnent des maladies de la peau telles que la gale, il est beaucoup d’autres Arachnides de cet ordre qui sont bien connus par les petits tourments qu’elles nous font endurer. Nous diviserons les Acarides en neuf groupes ou familles sous les noms de Sciridés, Tromlklidcs, Hydradmidés, Gamasidés, Ixodidés, Oribatidés, Sarcoptidés, Démodécidés et Arctisconidés. Les deux derniers ne comprennent encore qu’un petit nombre d’espèces. Familledes SCIRIDÉS. — Ëlleestaussi appelés Bdellidés, quoique ce nom puisse la faire confondre avec les Sangsues [Bdella des Grecs). Cette famille ne renferme qu’un petit nombre de genres remarquables par leurs palpes assez longs, antenniformes et cou- dés, mais qui ne sont pas terminés en pinces comme ceux des Scorpions et des Chélifè.rcs. Famille des TROMRIDIDÉS. — Ce sont des Acarides assez diver- sifiés dans leurs formes et quelquefois remarquables par le duvet rouge écarlate qui recouvre leur corps. Ils ont les palpes ravisseui-s, et leur corps est assez pou résistant. Les larves de beaucoup d’enti'c eux sont parasites, principalement sur les Insectes et sur les Faucheurs; mais les adultes sont errants. On en fait plusieurs genres. Parmi leurs espèces cxotiquc.s, il en est d’assez grosses et qui ser- vent pour la teinture (7VoOTè((/î«m tinclorium, etc.) . Elles vivent dans 1 Afrique intertropicale et dans l’Inde. Le Trombidhm holosericeum, petite espèce rouge et veloutée do nos pays, peut en donner une assez bonne idée. Les tilleuls ont pour parasites certains animaux de la mémo famille. C’est le jeune d’une espèce de Trombididés [Trombidium au- iumnale) qui u servi à l’établissement du genre Leptus. Ce petit animal, qui est commun en automne dans certaines localités, en- vahit les personnes qui vont se promener à la campagne, et il occa- ACAUIDES. ^55 Bionne habituellement do vives démangeaisons. On le désigne vul- gairement par le nom de Rouget ; il est alors hexapode. Famille des HYDRACHNIDÉS. — Ces Acarides sont aquatiques ; ils sont nombreux en espèces, et vivent pour la plupart dans les eaux douces. Leurs formes sont souvent très élégantes, et leurs couleurs ont toujours plus ou moins de vivacité. Los larves de ces Arachnides ont des habitudes parasitiques. L’une d’elles, qui vit sur le üitisque, a servi à l’établissement du genre Achlysia, qu’un examen plus complet a dû faire supprimer. Des observations récentes tendent a faire attribuer a des Hy- drachnes parasites du manteau de certains Mollusques bivalves la formation des perles que l’on observe chez les Mollusques lluvia- tiles , aussi bien que chez ceux qui sont marins. Famille des CAMASIDÉS.— Us ont pour caractères leurs palpes libres et antenniformes ; leurs mandibules constamment didactyles, et leurs pieds, toujours coureurs, terminés par des griffes, et par une caroncule en ventouse ou par une membrane lobée. Ils pa- raissent être tous dépoui’vus dyeux. La plupart sont parasites. Les jeunes de beaucoup d’espèces sont môme fixés comme ceux de beaucoup d’Hydrachnes et de Trombi- didés. Leurs principaux genres sont ceux des Gamases ou Carpais, des uro- podes, des Dermanysses, des Célérip'edes ou Ptéroptes et des Argas. Les Gamases (g. Ganmsus et Carpais, Latreille) se rencontrent souvent à terre dans les celliers ou les caves, dans les jardins, dans les bois, etc.; ils courent avec assez de rapidité. Leur corps est co- riace et il a le bouclier de la partie dorsale divisé en deux plaques. C’est à des animaux de ce genre que se rapportent les détails singuliers publiés par Hermann dans son Mémoire aptcrologique au sujet de ses Acarus murginatus et cellaris. L’Agarüs MAU6INATUS d’Hermanii a été décrit par cet auteur d’après un Gamase qui a été trouvé dans les circonstances sui- vantes : «Le 18 thermidor de l’an II, le chirurgien Brasdor fai- sait à l’hôpital militaire de Strasbourg l’autopsie d’un individu mort d’une fracture du crâne. Lorsqu’on eut ouvert la dure-mère, écarté les deux hémisphères cérébraux et ôté la pio-mère, on vit courir sur le corps calleux l’Acarus type de cette espèce, qui fut aussitôt porté à Hermann. » Après avoir dit que son Acarus margi- natus vit sur les cadavres, Hermann cherche à prouver qu’il habi- tait en réalité dans le cerveau sur lequel il a été trouvé. Mais cette opinion n’est pas admissible, quoique l’auteur ajoute : « D’ailleurs AKAtJH.MDEÿ. d autres observations prouvent que des mites et des insectes pa- reds ont été trouvés dans des endroits extraordinaires. » Un second cas cité par Hermann n'est pas plus concluant. Nous croyons pourtant utile de le rapporter aussi : «En ban 1787, dit Hermann, le 28 mars, mon collègue Lauth, professeur d’anatomie, me fit voir un petit insecte sur la glande pituitaire d un maniaque décédé a l’hôpital. Tout le monde le prit pour un Morpion ; mais je le reconnus pour une nouvelle espèce de Mite qui ressemblait assez, par la taille et la couleur, à une espèce (Aearas ce//«m,'Herm.) que je retrouve très souvent parmi la terre humide dans les coins de ma cave. » Dugès croyait avoir retrouvé l’espèce de VAcarus marginatus dans un petit Gamase parasite d’une Mouche dont il suçait le cou. Serait-ce l’explication de l’erreur publiée par Hermann, et l’Aca- rus observé à Strasbourg aurait-il été déposé par une Mouche sur le cerveau dans lequel on prétend l’avoir trouvé? En tout cas on ne saurait admettre qu’il a pu y séjourner pendant la vie ni même s’introduire sous les méninges avant l’autopsie. Certains Gamases se répandent quelquefois en abondance plus ou moins grande sur le corps des hommes, principalement sur celui des individus qui se livrent aux travaux des champs. Cette invasion a surtout lieu lorsque ces gens placent leurs vêtements ou les sacs dans lesquels ils tiennent leurs repas et quelques usten* siles de première nécessité sur des ceps et dans des lieux où les Acarides pullulent. Ces Gamases ne se fixent pas; ils courent sur là peau et dans les vêtements, et sous ce rapport ils sont entièrement comparables aux Ricins qui abandonnent le corps des oiseaux pour se répandre sur celui des chasseurs. On voit assez fréquemment des exemples de cette espèce de parasitisme dans le midi de l’Europe. Les Dermanysses (g. Dermanyssus, Dugès) ont le corps mou. On les Rouve sur les Chauves-Souris et sur quelques autres mammi- roifères. [1 y en a aussi sur les Oiseaux et sur les Reptiles, etc. Ceux des Oiseaux [Dermanyssus avium, gallinœ, gallopavonis , e:\.c.) so multiplient parfois en telle quantité sur les animaux de cette classe qu lis les épuisent. Dans quelques circonstances on en trouve sur l’homme, mais on n’en a pas fait alors une étude suftisante, et l’on ne saurait dire si, dans tous les cas, ils y viennent des Oiseaux comme plusieurs auteurs l’atfirment. Parmi les observations de Dermanysses de l’homme qui ont été publiées, celle que 1 on doit à Bory Saint-Vincent est une des plus curieuses. Ne pouvant dire si l’espèce qui l’a fourni est ou non ACAKJUES. 457 distincte de celles qu’on a rencontrées sur les animaux, nous con- tinuerons à la désigner sous le nom de Dermanysse deBory comme nous l’avons fait ailleurs. Voici ce que Bory dit au sujet de cet Acaride dans le tome XVIII des Annales des sciences naturelles (1" série). «Une dame d’une quarantaine d’années vintdemanderà un opticien une loupe pour examiner de petits animaux qui sortaient, disait-elle, du corps de l’une de ses amies. Frappé de cette singularité et entrant en explication, il pria la personne qui s’adressait à lui de lui fournir de ces animaux , et il se hâta de me les apporter. Il résulta des questions faites à la dame qu’elle était elle-même la malade, qui, par un sentiment de mauvaise honte, n’avait pas voulu d’abord dire ce qui en était. Cette personne a été durant quinze ans fort souf- frante, et traitée pour diverses maladies, sans éprouver le moindre soulagement par l’cfi'et des remèdes qui lui furent administrés; elle était enfin menacée d’hydropisie, et se mit, en désespoir do cause, dans les mains d’un docteur qu’elle ne m’a pas nommé, et qu’elle assure lui avoir rendu la santé. Sans approfondir ce qui en est, elle en avait du moins l’apparence lorsque nous eûmes occa- sion de la voir ; mais elle mourut quinze jours après, assez replète. Son teint avait de l’éclat; mais à mesure qu’elle paraissait se réta- blir elle éprouvait de légères démangeaisons sur toutes les parties du corps; ces démangeaisons, devenues de plus en plus fortes, ont fini par être insupportables, et la malade avait-elle frotté ou gratté la partie souffrante pour y porter quelque soulagement, qu’il en sortait bientôt après de très petits animaux brunâtres qui cou- raient par milliers et avec rapidité dans tous les sens. Ou a remarqué que ces animaux semblaient, après leur évasion, se plaire dans du linge de coton. La malade s’enveloppait conséquemment de toile : et, selon qu’il faisait chaud, il lui fallait en changer de trois à six fois par jour, tant le nombre des petites bêtes qui sortaient d’elle devenait considérable. » Ces êtres singuliers ne recherchaient pas les autres personnes, et le mari de la malade, qui n’avait jamais abandonné le lit con- jugal , prétendait que ceux qui parfois s’étaient égarés sur son corps y mouraient promptement. Quoi qu’il en soit, ceux qu’on a renfermés dans une petite boîte qui contenait un morceau de per- cale sur lequel on les voyait courir, ont vécu quarante-huit ou cinquante heures ; la plupart étaient à peine perceptibles à l’œil nu; les plus gros équivalaient à peine à la moitié du volume d’un grain de tabac. » 458 ARACHNIDES. M. Simon cite un fait analogue au précédent, mais dont l’étio- logie a pu être découverte. Une femme de Berlin était littéralement couverte de petits insectes qu’on avait d’abord comparés à des Poux. Malgré les soins que cette femme recevait d’un médecin, le nombre de ces para- sites ne diminuait pas. Le médecin en envoya quelques-uns à M. Eriebson, savant entomologiste du Musée de Berlin, qui les reconnut pour appartenir au Dermanysms avhm. Alors on s’en expliqua l’origine. Cette femme passait chaque jour au-dessous d’un povdailler pour se rendre à la cave où se trouvaient ses provisions, et c’étaient les oiseaux, elTrayés chaque fois qu’ils la voyaient passer au-dessous d’eux, qui, en cherchant à s’enfuir fai- saient tomber sur elle les parasites qu’ils nourrissaient eux-mêmes. On a constaté dans plusieurs occasions une semblable invasion de Dcrmanysscs, et quebjucs auteurs lui ont même donné un nom particulier : c’est ce qu’ils ont appelle VAcoriasis. Dermanysse de Bdsk- — Nous rappellerons aussi , à propos des Dermanysses, le cas décrit par M. Georges Bush, mais sans pouvoir assurer que le parasite qui lui a donné lieu appartient réellement à ce genre plutôt qu’à celui des Hydrachnesou à tout autre; les rensei- gnements qu’on a pu recueillir à son égard étant restes incomplets. Le malade observé par M. Busk était un nègre qui fut admis pendant l’automne de 1841 au Seaman’s Hôpital ship, pour de larges uleères d’un caraetère tout particulier, atîectant la plante du pied. On trouva dans cette plaie un Acaride dont M. Busk donne la figure. Cet Acarus semble voisin des Dermanysses, mais il a aussi quelque chose des Glyciphages, qui en sont d’ailleurs peu éloignés. On ne saurait le confondre avec celui de la gale. Le malade paraissait devoir cette aiïcction à des souliers qu’il avait eus d’un autre nègre, dont les pieds étaient également affectés et qui avait porté ces souliers pendant un jour ou deux seulement. Le nègre soigné en Angleterre par M. Busk était né en Amé- rique, et il en venait directement. Dans la localité qu’il avait habitée, la même maladie était inconnue ; mais celui qui lui avait remis les souliers était (h; Sicrra-Leonc, fait qu’il importe de signaler, selon M. Busk, car dans de l’eau rapportée de la rivière de Sinoé, égale- ment située sur la côte occidentale d’Afrique, on a, dit-il, trouvé un Acarus qui a paru en tout semblable à celui que le nègre amé- ricain portait dans sa plaie. M. Busk pense donc que c’est dans cc paj's que l’affection a été contractée. A ces détails, malheureusement fort incomplets, eu égard à l’in- ACAMPES. /159 térét du fait, l’éditeur du Microscopical Journal, feu Daniel Cooper, a ajouté que M. Murray, chirurgien aide-major dans Farméc anglaise, lui avait rapporté qu’à Sierra-Leone on connaît une maladie pustu- leuse spéciale au pays, et que l’on appelle craw-craw. C’est une sorte de gale qui s’ulcère et qui est très dillicilc à guérir. Sui- vant lui, l’Acaride observé par M. Bush on est peut-être la cause comme le Sarcopte est celle de la gale ordinaire (1). Les Céléhipèdes (g. Celeripcs, Montagu ; Spintumix, Heyden, ou Pteroptus, Léon Dufour) sont parasites des Chauves-Souris. On en connaît plusieurs espèces. Leur corps est sublosangique et leur carapace assez résistante. Les Argas (g. Argas, Latreille, ou Rhynchoprion, Hermann) ont les mâchoires en forme de suçoir échinulé et les palpes faibles, les uns et les autres étant réfléchis en dessous par suite de la saillio que fait la partie antérieure du corps ; celui-ci est granuleux a sa surface ; ses sentes céphalique et thoracique ne sont pas distinctes et il est extensible. Les Argas ont le même goût que les Punaises pour le sang des animaux, mais ils quittent encore moins le corps que ne le font ces dernières. On eu trouve souvent sur les Pigeons [Argas reflexus) et sur les Oiseaux de basse-cour. Il y en a à l’îlc de France [Argas mauri- tianus], en Colombie, etc. Certaines animaux de ce genre inquiètent l’homme. Tel est prin- cipalement : L’ Argas de Perse [Argas persicus) . Il a le corps granuleux et comme chagriné ; sa couleur tire sur le rouge sanguin, et l’on voit en même temps sur son dos des points élevés qui sont blanchâtres 5 ses pattes sont grosses. On l’a comparé à la Punaise; mais son apparence extérieure est assez ditïerente. Ainsi son corps est moins aplati, sa partie antérieure ne s’avance pas en pointe, sa forme générale est comparable à celle d un sac , son abdomen et sa tête ne sont pas distincts et il a huit pattes au lieu de six, du moins quand il est adulte. Cet animal est surtout commun à Miana, l’une des villes do la Perse. On dit qu’il s’attaque de préférence aux étrangers, et on lui attrihue de produire non-seulement de vives douleurs par ses piqûres, mais encore la consomption et la mort. En 1823, Fischer (1) Microscopial Journal da Daniel Cooper, t. II, p. 65, pi. 3, fig. 7 ; 1842. (üu extrait en a déjà été donné dans Walkenaer et P, Gervais, Hist nat. des Insectes aptères, l. III, p. 226.) ^<60 ARACHKIDliS. de Waldheim a publié dans les Actes de l’Académie de Moscou une notice sur l’Argas de Perse, qui est aussi connu sous le nom de Punaise de Miana, et il a cité des faits à l’appui de l’opinion que les accidents occasionnés par ces animaux peuvent être mor- tels ; mais on ne saurait dou- ter qu’une analyse plus ration- nelle des cas rapportés par les auteurs, ou de ceux que l’on pourrait encore recueillir dans le pays ne modifient sin- gulièrement l’opinion qu’on s’est faite sur la vénénosité de ces animaux. La figure de l’Argas de Perse que nous donnons ici est empruntée aux belles planches que Savigny a fait exécuter pour le grand ouvrage français sur l’Égypte. L’Argas ciiinche [Argas chinche, P. Gei’v.) nous a été signalé sous ce nom par M. .Justin Goudot, qui l’a observé en Colombie dans la région tempérée. Ses mœurs le rapprochent beaucoup de V Argas persictis. Comme lui et comme les Punaises, il tourmente beaucoup l’espèce bumaitie; sa taille est à peu près celle de nos Punaises, et, quand il est gorgé de sang, il est d’une couleur peu différente de la leur. Famille des IXODIDÉS. — Ces animaux, dont les auteurs signa- lent déjà près de soixante-quinze espèces, foutes du genre Ixode [Ixodes), sont répandus sur tous les points du globe, et ils vivent tantôt à terre ou sur les végétaux et sont alors errants, tantôt, au contraire , sur le corps des vertébrés terrestres, principalement sur celui des Mammifères, souvent même sur l’homme ; dans ce cas ils se fixent au moyen de leurs mâchoires, qui sont très rap- prochées, en forme d’étui et garnies de crochets récurrents sur une grande partie de leur surface. Leurs palpes sont engainants ; leur corps est coriace et recouvert en dessus d’un bouclier sur lequel on voit en général une paire d’yeux. La circonférence et le dessous du corps sont extensibles, et lorsque les Ixodes sont restés fixés pendant un certain temps, ils prennent ACABdiES. ;i61 une telle quantité de nourriture que leur eorpsse dilate et acquiert un volume bien plus considérable que celui qu’il avait d abord. C’est ce qui fait le plus souvent reconnaître leur présence, car comme leurs appendices buccaux sont enfoncés dans le derme des animaux qu’ils sucent, le reste de leur corps, qui s’est gonflé, ap- paraît alors au dehors, et simule une loupe dont le volume égale souvent celui d’un gros pois. Ces animaux paraissent assez indifférents sur le choix des indi- vidus et même des espèces auxquels ils s’attachent. Ils sont plus incommodes que nuisibles; cependant, lorsqu’ils sont en grand nombre, ils inspirent quelque crainte, et les voyageurs qui ont parcouru l’Amérique pendant le xvii' et le xviir siècle ont été jus- qu’à dire qu’ils pouvaient faire périr les bestiaux ; c est surtout à l’IxoDE NiGüA [Aca?'us americünus, de Geer, actuellement Ixodes nigm) que se rapportent leurs récits. En Europe, on est surtout exposé aux attaques des Ixodes lors- qu’on va à la chasse, ou qu’on se promène dans les bois. Les Chiens en sont encore plus souvent inquiétés. C’est un fait connu depuis bien longtemps, et les Ixodes des Chiens ont déjà un nom dans la zoologie d’Aristote t ce sont ses RuvopoioTHiç; cette dénomination est tirée de leurs habitudes. En France et dans quelques autres pays, on appelle les Ixodes des Tiques, ou bien encore des Ricins, mais ce dernier nom appar- tient aux faux Poux des Oiseaux. Les Ixodes qu’on a trouvés sur les Chiens sont de plusieurs espèces ( Ixodes ricinus, autumnaks. Du- gesii, etc.L Ces parasites et d’autres encore, qui varient suivant les pays, peuvent s’observer sur l’homme. M. Koch a décrit récemment un Ixode du Brésd sous le nom A’ Ixodes honiinis ; c’est en effet un des parasites appartenant à ce genre qui se fixent sur notre espèce. On appelle Ixodes reduvius l’espèce qui se tient communément sur le Mouton; Ixodes camelinus, celle que l’on trouve sur le Cha- meau des steppes; Ixodes Hhinocerotis, celle du Rhinocéros du Cap, etc. (I). , , Famille des ORIBATIDÉS. — Ces Acarides n ont pas pour nous le même intérêt que ceux des autres familles, aucune de leurs espèces n’étant parasite comme ils le sont. Les Oribates (g. Ori- bates, etc.) vivent à terre, sous les herbes, dans les mousses et (1) Voyez Walckenacr et P. Gervais, Uisl, nat, des Insectes aptères, t. III, p. 23i, et t. IV, p. 331 et 546. ARACnNIDES. quelquefois dans Teau. Leur corps est revêtu d’une cuirasse solide ; leurs appendices buccaux sont raccourcis. Famille des SARCOPTIDÉS. — Les uns ont le corps coriace; d’autres l’ont plus ou moins mou, et leurs pattes, qui sont en gé- néral terminées par des vésicules, peuvent être plus ou moins di- versiformes ; elles sont tantôt allongées, tantôt, au contraire, courtes et même incomplètes. Ces animaux, dont ou pourrait faire deux familles diflérentes, se laissent aisément diviser en plusieurs genres. Les TïiioGLYi’iiES [Tyroglyphus, Latreille), auxquels on réserve souvent en propre le nom A’Acarm et ceux de Mites ou Cirons, qui en sont synonymes, ont le corps endurci et comme divisé, entre la deuxième et la troisième paire de pattes, par un étranglement circulaire qui semble le partager en thorax et en abdomen, Leurs pattes sont ambulatoires. C’est à ce genre qu’appartiennent : FAcarus des fromages de Hollande et de Gruyère [Tyrogly- phus Siro ou Acarus domesticus)', l’Acare de la farine [Tyroglyphus farinw; Acarus fàrinæ, de Geer), et quelques autres encore, parmi les- quels nous citerons : Le TruoGLYPHE bicaüde [Tyro- glyphus éecaaftow, P. Gei’v.), trouvé l)ar myriades sur une Autruche d’Afrique, morte à la ménagerie du Muséum de Paris, en 18è3. Les Gltcipiiages [Glyciphagus , Hering) ont le corps mou et sans étranglement médian. On en con- naît des espèces sur le corps des oiseaux ; une autre a été observée dans les croûtes cancéreuses déve- loppées H la face inférieure du pied d’un Cheval (1 ) ; c’estle Geycipuage des Chevaux [Glyciphagus hippopo- dos), décrit par M. Hering sous le nom de Sarcoptes hippopodos. Son corps est entièrement recouvert de poils fins, qui lui forment une (1) Ce Cheval était mort quand l’observation des Glyciphages a eu lieu, et il est fort possible que ceux-ci n’aient envahi la plaie pendant la vie. ha. 9t. Glyciphagus hippopodos (très grossie). ACARIDES. 463 sorte do velouté, et sou abdomen porte en arrière une saillie bordée de chaque côté par quatre soies plumiformcs (1). Les PsonorTES [Psoroptes, P. Gerv.; Dermalodectus, Gcrlacb) sont des Sarcoptidés où les (piatrc paires de pattes sont entières et fort allongées (2). Ils vivent sur le corps de différents animaux et y déterminent la gale. On les trouve en famille dans les croûtes pso- riques; les femelles y déposent leurs œufs. Tel est le Psoropte du ciievar [Psoroptes cqui) dont plusieurs auteurs ont donné des figures (3) c est en partie VAcarus exul- cerans des naturalistes linnéens. Cette espèce jouit d’une résistance vitale très remarquable, comme on en pourra juger par les faits suivants qui ont été ob- servés par Hering. Un lambeau de la peau d’un Cheval galeux qu’on venait de tuer ayant été mis dans une dissolution d’alun et de sel commun, où il resta huit a dix jours complètement plongé dans le liquide, on le fit sécher dans une chambre chaude et l’on s’aperçut qu’il renfermait un grand nond)re de ces ani- maux encore vivants. Un sendilable lambeau de peau fut tenu pendant quelc[ues jours dans un endroit froid, plongé ensuite pen- dant quatre jours dans une dissolution d’alun et de sel, puis séché : il contenait encore des Acares vivants, près d’un mois après la mort de l’animal. Il est probable que d’autres Acarides parasites possèdent comme ceux du Cheval une semblable vitalité. On retrouve à peu près les mômes caractères génériques dans le Psoropte du mouton [Psoroptes ovis), dont MM. Delafond et bour- guignon font leur Dermatodectus avis. Choriüpte (g. Chorioptes, P. Gerv.) . Ce genre a pour type 1 Acarus de la gale des Chèvres ou Ciioriopte delà Chèvre [Chorioptes caprœ] décrit sous le nom de Sarcoptes caprœ par MM. Delafond et Bour- guignon ; il est remarquable par la grosseur et la position presque (1) Les vétérinaires signaient aux onglons ries moutons affectés du crapaud la présence d’un Acarus formantune espèce particulière, mais dont nous ne con- naissons pas de description. ■ (2) MM. Delafond et Bourguignon définissent ainsi ce genre riu’ils appellent Dermatodectus, quoique ce nom soit postérieur à celui de Psoroptes .'palpes soudés eu rostre; mandibules supérieure et inférieure réduites à des stylets exsertiles. (Chez le mile la première paire de pattes postérieures très développées et ter- minée par une ventouse; la dernière est rudimentaire.) (3) Uaspail, Chimie orpanigue, Paris, 1838, t. II, pag. 598, atlas, pi. XV Hering, Novaacta nat. curios, t. XVllI, pi. 43, tig, 1-2._P. Gerv., dnn. sc. nat., 2' série, l. XV, pl. XV.flg. 9.— Dujardin, Ohserv.au microscope, pl- l’JsCg. 1-9» m AUACHMDES sessile des ventouses de ses pattes antérieures, et par la longueur de ses soies postérieures; sa tête est d’ailleurs plus semblable à celle des Sarcoptes qu’à celle des Psoroptes, et il n’a pas les spi- nules dorsales des premiers. Le genre Sarcopte (Sarcoptes, Latreille) se reconnaît principale- ment a la forme plus arrondie de son corps, qui est spinuleux en dessus, et à ses deux paires de pattes postérieures manquant de tarses (1). Ses espèces, qui sont parasites des animaux, vivent entre le derme et l’épiderme, et par leur présence elles donnent également lieu à la gale. C’est à ce genre qu’appartient l’Acarus de la gale humaine, ou le Sarcopte proprement dit, dont nous parlerons d’abord. Sarcopte de la gale (Sarcoptes scabiei]. Ce parasite a été bien décrit par de Geer il y a près de quatre-vingts ans, et cet excellent observateur en a donné une figure assez exacte et qui aurait permis, si l’on y avait eu recours, d’éviter les erreurs auxquels la même espèce adonné lieu depuis lors (2]. C’est un très petit animal, pour ainsi dire punctiforme, n’ayant guère qu’un tiers de millimètre ou un 9 Fig. 92. — Sarcopte de la gale (très grossi). — i. Vu eu dessus. — 2. Vu en dessous. demi-milliniètre en longueur et un quart de millimètre en largeur. Son corps est d’un blanc laiteux, relevé en dessous d’un certain (1) MM. Delafond et Bourguignon caractérisent ainsi ce genre : palpes distincts et mobiles ; mandibules supérieures terminées par un petit crochet ; les inférieures dentelées. (Chez le mâle la dernière paire de pattes postérieures développée et terminée par une ventouse.) (2) Voyez De Geer, Métn. pour Vhist. des Insectes, t. VIH, p. 94, pl. 5, Cg. 12-15; ITfS. — Raspail, Mem . comp. sur Vhist. nat. de l’insecte de la gatCf ACARIDES. i65 nombre de stries curvilignes et de quelques élevurcs tuberculeuses. Sa {)artie céphalique fait saillie en avant et ses deux paires de pattes antérieures, qui sont entières et terminées chacune par une vési- cule, dépassent sensiblement le pourtour du corps dans leur exten- sion; les deux paires postérieures sont rudimentaires et terminées par de longues soies. 11 y a une sorte de collier pourvu d"une sail- lie épineuse autour du cou, et à la base de chacune des pattes on voit une semblable épine. L’abdomen a quelques grandes soies ; quatre se voient, en général ; à son bord postérieur ; il y en a aussi une sur chaque tlanc et une autre à chacune des pattes antérieures, à l’insertion des tarses. Ce sont sans doute les rugosités du corps ainsi que ces épines et ces soies qui rendent surtout douloureuse la présence des Sar- coptes dans la peau. Ces petits animaux se tiennent entre le derme et l’épiderme, principalement dans les endroits du corps où la peau est le moins épaisse : à la face antérieure du tronc, aux plis des membres, entre les doigts, etc. Los mîdes sont d’un tiers environ plus petits que les femelles et ils ont moins de tubercules spiniformos sur le dos. Les uns et les autres tracent dans l’épidci’ine des sillons plus ou moins rtiguliers ii l’extrémité desquels on les trouve habituel- lement. Les vésicules purulentes qui accompagnent la gale in- diquent les endroits où la femelle a déposé ses œufs; C’est à tort qu’on les a souvent données comme étant le point où il fallait chercher les Sarcoptes. L’organe femelle do ces Acarides consiste en un oviducte dont l’ouverture se montre au tiers antérieur de la face ventrale, sous la forme d’une fente transversale pourvue de deux lèvres assez distinctes. L’organe mâle est un spiculé simple auquel aboutissent in-8, 183i (voyez aussi sa Chimie organique et son Hisl. ml. de la sanlé et de la maladie). — Stanuius, Medic. Vereinsaeilung, 1833, ii" 29.— Muller, Archiv , 1833, P, 228. — Dugès, Ann. sc.naL, 2'^ série, t. III, p. 2.43, pl. 11. — Leroy et Vanclcnhecke, Jl/eoï. de la Soc. des sc. de Scine~et~Oise, 1835, . — Hcyland, De Acaro scaliei humano. Berlin, 1836. Itolidc, De scahie et Acaro humano. Berlin, 1836. — SeliwarU, De Sarcopte humano. Leipzig, 1837, — P. Gervais, Ann. SC. not., 3* série, t. X, p. l,pl- 2, fig. 7 ; 1840. — Id., iHst. nat. des aptères, t. IV, p- 268, pl. 33, (ig. 1. Sonnenkall), De Scabie humana, Leipzig, 1811. — Driilschbein, De Acaro humano. Halle, 1842. — Bourgui- gnon, Soc. philomal. de Paris, 1846, p. 77. La figure du Sarcopte que nous reproduisons dans ce livre sons le n' 92 est celle qu’en adonnée M. Bourguignon. I. 30 h&Q AIIACIINIDES. par un même comluil trois canaux testiculaires curvilignes et bifur- ques placés les uns au-dessus des autres ; le spiculé ou pénis est placé entre les deux dernières paires de pattes. L'histoire de ces animaux otîre plusieurs phases distinctes. Longtemps ignorés des hommes do science et des médecins, ils ont été cependant très anciennement coimus du vulgaire, prin- cipalement dans les régions méridionales de l'Europe 5 vers le douzième siècle Abenzoar les signala très clairement dans les ouvrages relatifs à la médecine. « Il existe, dit-il, une chose connue sous le nom de Soab, qui laboure le corps à l’extérieur ; elle existe dans la peau, et lorsque celle-ci s’écorche à quelque endroit, il eu sort un animal extrê- mement petit et qui échappe i)resque aux sens. » Au seizième siècle la notion du Sarcopte de la gale était acquise aux naturalistes, meme à ceux de l’Europe occidentale, comme ou peut le voir par les écrits de Moufet, de Scaliger et de (|uclqucs autres. A plus forte raison l’était-ellc dans le Midi où la connaissance de l’Acarus était depuis longtemps populaire. Vers 1580, .loubert, élève de Rondelet et professeur à Montpellier, regardait le Sarcopte, tpi’on nommait alors Sijro, comme étant la plus petite espèce de Son genre, et il enseignait <[u’il vit sous l’épiderme, oii il creuse, dit-il, des galeries à la manièie de celles ([ue les Taupes tont dans la terre, ce qui produit les démangeaisons insupportables qui sont un des caractères de la gale. En 1657 llauptmann publia à Lei()zig un ouvrage sur les eaux thermales, dans lequel il traite do la ressemblance que les mites do la gale ont avec celles du fromage, et oii il en donne en même temps lafigure. Il les représent(i pourvues desixpattes etdequatrecrochets. Dans les ouvrages de Rédi, ranimalcule de la gale est décrit avec plus d’exactitude encore, et cet auteur célèbre publie à l’égard de ce parasite une lettre très détaillée (pi’on sait aujourd’hui être de Cestoni, qui en écrivit aussi une à Yallisnieri. Les Acta erudito- rum pour 1682, et les Transactions pkilosophitpies pour 1703 con- tiennent également des notices relatives au Sarcopte mais qui sont loin de valoir celle de Cestoni. A 1 époque (le Linné on savait au sujet de l’Acarus de la gale à p(!U près tout ce que l’on en sait aujourd’hui, et Linné lui-même recommandait déjà de ne pas chercher le jtarasite dans les pustules^ mais liien dans les sillons (1). (1) Acarus sub ipsa pustula miiiinie quærendus est; sed lonÿius recessil ; se^ A(iARIDES. ;i67 On continua a parler dans des tcmuïs analogues du parasite au- quel est due la gale et à lui donner les mêmes caractères jusqu’à l’époque où M. Gales soutint sa thèse (1). M. Gales, ((ui était interne à 1 iiopital Saint-Louis de Paris, ayant tait représenter la mite du fromage ou celle de la farine, au lieu du \éiital)le Sai'coptc, la question (*-oinmenya a s’ohscurcir à ce point que le commissaire cluirgé |mr l’Académie dos sciences do faire un rapport sur le travail du jeuiu! docteur laissa passer l’erreur que ce travail consacrait, et la reproduisit même dans son rapport et dans un de ses ouvrages (2). Ce fut seulement en 1829 que cette erreur fut relevée par M. Has- pail, qui en commit lui-même une nouvelle en disant que la «ale ne renferme jtas (h; Sarco])tes, tandis quoM. Vallot, de Dijon soutenait d’autre part que les prétendus Sarcoptes de la gale ne sont autre chose ([ue des Tyroglypiies domesti{|ues, observés sur des individus pustuleux, et (|ue la malpropreté expose seule cos derniers aux insultes des mites, (pu vivent alors sur eux tout aussi bien qu’ils le feraient sur hî fixmiagc. M. Gales avait déjà discutt! cette (juestiondans sathèse, mais comme il avait dit dans ce travail ([u’il retirait les Sarcoptes des pustules mêmes et (|ue l’habitude avait fini [lar lui apjireiulrc à reconnaître au premier coiq) d’mil les boutons qui en recélaicnt, (!e qu’il rap- porte dans un autre passage qu’il a trouve deux fois l’espèce dé- crite par (le Geer, « mais morte et ne pouvant prêter à un examen sutlisant, » avait passé inaperçu. Aussi M. Kaspail mit-il en doute la sincérité des prétendues démonstrations que M. Galès avait données à ses juges, et il l’acc-usa d’avoir « fait le plus joli tour d’étudiant qu’on puisse imaginer, » en substituant la Mite du fromage à celle de la gale. Cette substitution était incontestable et l’on avait commis une er- reur en croyant qu’il n’y a pas un Acarus spécialement parasite de la gale et susceptible d’être regardé comme la cause de cette maladie- Cependant quelques médecins de Paris, acceptant la première opinion de M. Raspaii, s’étaient refusés à croire à Inexistence des quendo rugam culiculœ obtervalw ; in ipsa pustula progeniem deposuit, quam scalpando effringimus et disseminamm , Ha cogenle naturel. Nyander Exanlhe- matavioa {thèse inaugurale soutenue en 1737 sous la présidence de Linné). (1) Essai SW le diagnostic de la gale, sur ses causes et Sur les conséquences médicales al pratiques à déduire des vraies notions de cette maladie (Faculté de Paris, 1812). (2) Considérations générales sur la classe des Insectes, 1823, pl. 52, Og. 4-7 468 ARACIIKIDES. Sarcoptes clans la gale, lorscpic, en 1834, M. Renucci donna de nouveau le moyen de trouver ces animalcules, dont il fit même le sujet de sa thèse inaiijfurale [Faculté de méd. de Paris). Cette nou- velle démon slration ayant fait (|uel(jue bruit dans le monde médi- cal, il en fut parlé à l’Académie des sciences de Paris qui entendit bientôt un rapport de Rlainville sur ce sujet. On trouveradans ce rapport intéressant, dans les travauxdc M. Ras- pail que nous avons déjîi cités, et dans l’JJistoire naturelledes Insectes aptères que nous avons publiée avec M. Widckenaer, des détails his- toricpies plus nombreux au sujet des Sarcoptes; ceux ([ue nous venons de reproduire nous ont paru suttisants. Quanta la descrip- tion des phénomènes morbides qui accomjiagnent la présence de ces animalcules, elle a été trop bien faite dans la plupart des ou- vrages consacrés aux maladies de la peau pour que nous y reve- nions ici. Nous n'ajouterons ([ue (|uelqucs mots aux détails zoolo- gi([ues et historiques cpi’on vient de lire. Ils seront relatifs à la contagion psorique. Personne n’ignore que la gale se communique facilement, soit par le contact, soit par la cohabitation, soit par l'usage des mêmes vêtements et du même linge. On l’a observée non-seulement en Europe! mais encore sur cpielques autres régions du globe. 11 serait utile néanmoins de constater exactement bïs (!ara(;tèros des Sar- coptes (|ui la produisemt dans ces diverses localités, car rien ne nous prouve qu’elle doive être ])artout le produit de la même espèce. Cette étude aurait d'autant plus d'intérêt qu’il est depuis longtemps reconnu que la gabî elle-même présente plusieurs variétés. L’homme peut communiquer celte maladie non-seulement à des individus de son espèce, mais aussi à des animaux d'espèces très diflerentes et il peut la reprendre ensuite de ces derni(irs. Nous avons cité ailleurs le fait d’un Maki galeux, mort à la ménagerie du Muséum, et dont les Acarus étaient fort semblables dans leur appa- rence générale à ceux de riioimm! ; nous aurions pu ajouter (jii’a- près avoir placé sur l’un de nos bras f[uelques-uns de ces Acarus, pour nous assurer de la possil)ilité de leur transmission, nous avons constaté l’apparition de deux pustules psoriques. M. Bour- guignon vient de publier une notice dans laquelle il })arle de b‘ propagation de la gale humaine à plusieurs animaux retenus en captivité, et il annonce, avoir également vérifié ce fait par l'examcu microscopique des Acarus. Dans d’autres cas il paraît que les Acarus de la gale des animaux passent sur le corps de l’homme. En effet, Hering dit avoir cou- Ar, ARIDES. ^69 staté ce fait pour TAcarus duclicval [Psoroptes er/ui), qui a cepen- dant des caractères très différents du Sarcoptes scabiei. Suivant MM. Bourguignon et Dclafond, ou doit douter de cette assertion puisqu’il résulte de leurs recherches que le cheval nourrit, indé- pendamment du Psoropte ordinaire, un sarcopte iicu différent de celui de I homme et des carnivores, capable comme eux de tracer des sillons et pouvant aussi se communiquer do l’animal a 1 homme, ce qui, suivant eux, ne s’observerait pas pour le véritable Psoropte. Le Cheval est donc sujet à deux sortes de gales, dues à 1 action do deux Acares différents. Le SvRCorTi: DIT DROMADAIRE [SaTcoptes Dr07nedarii, P.Cerv.), qui, tout en se rapprochant beaucoup du Sarcopte humain, on diffère cependant par des caractèrc‘S réellement spécifiques, peut passer du Chameau sur l’homme. On a eu au Muséum de Pans, il y a déjà un certain nombre d’années, plusieurs exemples de la commumea- tion de cette gale des Chameaux à l’homme; et comme 1 acaride, de ces animaux est plus gros et que ses pattes sont mieux années ([ue celles du Sarcoptes scabiei, on conçoit aussi comment, dans ce cas, la gale a fait plus souffrir les personnes qui en ont etc atteintes que ne le fait la gale ordinaire à notre espèce (1). L’homme a également pris, dans certaines circonstances, la ga o de quelques autres ejuadrupèdes : du Chien, du Chat, du Lapin et du Wombat ; mais aucun des auteurs qui en citent des cas n avait recouru au microscope pour constater si les Acarus, qui ont etc la cause de cette contagion, étaient semhlahlos par leur e^spece a ceux de l’homme ou à ceux qui vivent spécialement sur les animaux que nous venons de citer. Des observations analogues sont rappor- tées dans la thèse de M. Cot (2). ’ , , M Hering a spécialemeiit étudié plusieurs des Acarus qui occa- sionnent la gale destmimaux et l’on trouve dans le^ Comptes ren- dus hebdomadaires de l’Académie des sciences de l aiis pour 18a7 t XLIV p. 706) la citation d’un travail que MM. Belafoiid et Bour- -uimion’se proposent de publier sous le titre de Traite d'entomolo- ^güet de pathologie de la gale des prmeipaux animaux domestiques (‘A). fCEn 1S27 BicU reçut dans son service dix employés du Muséum, qui avaient attrapé la pale en soignant des Chameaux d'Afrique, gravement affectés de cette maladie. 10) De la gale de l’homme et des animaux produite par les Acares et delà trans- mission de celte maladie à l’homme par diverses espèces d'animaux vertèbres (l'a- cuité de médecine de Paris, 1844, n° 116). (3) il y en a un extrait dans le Bullelin de l’Académie de me'decme de Paris, ARACHNIDES. Parmi les yVoiinis qu'on n observés dans la gale des animaux, il en est plusieurs que leurs caractères spécifiques doivent faire réunir au mémo genre que les Sarcoptes scabiei et Dromedarii ; tels sont le Sarcopte de Porc (Sarcoptes suis, Dclaf. et Bourg.) et le S. Du Chat [S. cati, Hering). Le Sarcopte du Chamois [Sarcoptes rupicaprœ, Heringl , est fort semblable à celui du Chat. Le Sarcopte cynote [Sarcoptes cynotis, Hering), a été rencontré sur une ulcération de l'intérieur do l'oreille d'un chien. MM. Delà- fond et Bourguignon ne le regardent pas comme un véritable Sar- copte, maison se fondant principalement sur son habitat. Ils citent M. Nicole! comme ayant retrouvé un acarus analogue dans une plaie de l'oreille d'un chien qui venait de la Louisiane. Nous terminerons cette histoire des sarcoptides (1) par une ob- servation relative au Sarcopte .xidulant [Sarcoptes nidulans), si- gnalé par Nitzsch, chez les Oiseaux. Ce naturaliste, qui a tant con- tribué à éclairer par scs beaux travaux l'histoire des Insectes parasites, a trouvé sous l’aile et sous la peau du thorax d'un Ver- dier [l'ringilla chions) plusieurs tubercules jaunes, de trois à huit lignes de diamètre, formant des espèces d’abcès ouverts, qui con- sistaient en d'énormes nids de ces Acarides ; ils étaient recouverts d’une croûte membraneuse de couleur jaune et étaient pleins d oeufs ovales et de jeunes; il y avait aussi quelques sujets plus ûgés. Famille des DÉMODIGIDES. — Les espèces qui s’y rappor- tent sont parasites; elles sont encore peu nombreuses. Celle qui sert do type au g. Demodex [Demodex], également apjielé Sirnonée, vit sur l’homme. On ne la connaît que depuis quelques an- nées. C’est le Demodex des fouaccles [Demodex foUiculorwn), d’abord décrit sous le nom A’ Acarus folliculorum par M. Simon (2), et t. p. 110 (novembre 1857). C’est à cet extrait que nous avons emprunté les citations que nous avons faites plus haut de ce travail. (1) Parmi les Acarides qui ont été décrits dans les dernières années, un des plus cnrieiix est celui que Newport a fait connaître sous le nom d'Heteropusven- tricosus (Trans. Unn. ,oc., t. XX, part. 2), et qui vit en parasite dans le nid des Ilyrnénoplcres appelés Anlhophora relusa. (2) Atehites de Minier, I8i2, p, 218, pl. 10 ( traduction dans Rayer, Archives de medecow comparée, t. ], p. 45, et dans Walchenaer et P. Gervais, Ilisl. nat. des aptères, t, lli, p, 283;, ACA-MDES. qui a reçu plusieurs dénominations génériques (1) . C’est un très petit parasite qui vit sur notre espèce, dont il habite principalement les cryptes sébacés, sur- tout ceux des ailes du nez qui sont aticctés de tannes. On le trouve aussi à la base de follicules pileux de la face et dans les follicules nasaux qui sont distendus par des cellules epithéliales ou par de la matière graisseuse. Il en existe sur presque tous les individus, même chez les plus propres, et sa présence ne dé- termine aucun accident. Les personnes qui ont la peau grasse paraissent y être emtore plus exposées que les autres. On ne peut guère reprocher aux Demodex, même dans les cas où ils sont le plus abondants, que de favoriser la production des tannes, et peut-efre F.g. 93 (*). d’occasionner quelques légères démangeaisons. Le Demodex des follicules est un Acaridc do couleur blan- châtre long de 1 à 3 dixièmes de millimètre seulement, et dont le corps se compose de deux parties ; 1» le céphalothorax, qui porte en avant les appendices buccaux, et sur ses cAtés les pattes, au nombre de quatre paires dans les adultes et de trois seule- ment dans les jeunes; 2" rabdomen, qui est le plus souvent al- longé et donne à l’animal une certaine apparence vermiforme. On ’peut se procurer des Demodex en i)rcsaant entre les doigts, sur des individus vivants, les parties qui en sont affectées, telles ■ nue les ailes ou la pointe du nez, les lèvres, les joues, la peau du front et en examinant ensuite au microscope la substance que ce pincement a lait sortir des follicules. Sur les cadavres, on les obtient plus aisément encore en enlevant, au moyen de séchons perpen- diculaires, des lames très minces de la peau, que 1 on prépaie de manière à ce qu’elles contiennent chacune quchiue tanne. Les De- modex vivent le plus souvent par petites sociétés. Un meme fol- licule en a fourni jusqu’à quinze et dix-huit exemplaires. Ces Acares sont en général placés plus près de 1 orifice des fol- licules que de leur fond. L’axe de leur corps est dirigé parallèle- ment à celui du follicule, la tête regardant le fond du sac, tandis (1) Macrogaster, Micscher , rertaiKÜuni/cii der Schwerischen Naturforsch. GesellschaftinBasel; 18t3 (le même nom avait été appliqué bien avant .à un genre de Coléoptères). — Entosoon, E. Wilson, Ann. and Mag. of nal. /«si,, t XIII' 18ii. — Demodex, Owcii, ihid., 1844.— Simonea, P. Gerv., Dist. nat. des avtères, t. 111, p. 282; 1844. - Sleazoon, E. Wilson. (*) Demodex ou Simonea [Aearus foUiculonim) (très grossi). ARACnxrDES. que l’extrémité do rabdomon est tournée du cété de son ouverture, du moins dans la majorité des cas. En même -temps que M. Simon découvrait ces curieux animal- cules dans les tollicules du nez, M. Henle les trouvait dans les follicules pileux du conduit auditif externe (1). M. Erasmus Wilson (2) et plu.sieurs auteurs, prescpie tous étrangers, en ont fait depuis lors le sujet d’un examen pins on moins détaillé. Nous citerons, parmi ces derniers, MM. iVliesclier, Valentin, üruby, de Siebold et Remak. D’autres observateurs ont trouvé des üemodex sur le corps des animaux, et il est probable que de nouvelles recherches augmen- teront la liste des espèces de ce genre (3). Demodex caninus. — lA. Tulk, dans une communication faite, le 20 décembre 18/i3,à la .Société mierographique de Londres [Micro^ scopical Societi/], a fait connaître une espèce de Demodo.x trouvée sur le Chien par M-. Topping. Selon M. Gruby (è), les üemodex du Chien produisent, par leur trop grande multiplication, une maladie grave de ces animaux. La peau perd ses poils, et il se forme des plaques de 2 à 3 centi- mètres de diamètre, couvertes de petites croûtes rouges et sem- blables à celles que l’on voit chez les individus atièctés du prurigo seniiis, Demodex ovinus. — M. Simon a trouvé sur les moutons, dans les glandes palpébrales, des Demodex très peu ditférents de ceux de l’homme, mais dont le corps est cependant plus large en avant. (1) Observateur de, Zurich, décembre 1841. (2) Researclies into the structure and développement ofanewly diseovered pa- rasitic animalpute of the human slcin, the Eniozûo.x follicdlorusi ( Trans. de la Soc. roy. de Londres; 184*, pl. 15-17). (3) Compieî rendus pour 1845. (•*) De nonvellcs recherches feront aussi sons doute trouver sur l'homme lui- mérac des parasites dilTérents de ceux qu'on y a déjà signalés. Bateman cite même deux parasites dans le prurigo seniiis, mais il donne malheureusemeut des dé- tails trop imparfaits au sujet de leurs caractères pour que l’ou puisse dire à quel groupe ils appartiennent au juste et s'ils doivent réellemeut être admis comme animaux , ils mériteraient d'autant plus de fixer l'attention des observateurs. Celui quil figure dans ses Délinéations of cutaneaus diseuses, publiées eu 1815, fut trouvé dans la peau d'un homme atteint de cette, sorte de prurigo, et il y était en très grande abondance. Bateman le compare à une Puce pour son mode de locomotion et la forme de ses pattes, ce qui peut faire douter de l’exactitude de son observation. GursTACiis. 471) Famille des ARCTTSCONIDÉS. — On nomme souvent Tardigradvs de très petits animaux qui vivent dans la poussière des toits ou sous les mousses, et dont le corps, assez bien comparable à celui d’une petite larve, a, de chaque côté, quatre paires de petites pattes courtes, mais cependant articulées et pourvues chacune de plusieurs ongles ayant la forme de griffes. Leur corps est divisé assez distincteinent en trois ou quatre articulations ; il est un peu appoint! en avant, où il présente une sorte de rostre et parlois deux points oculaires. En arrière, on ne lui voit pas de prolongement abdominal. Les premiers auteurs qui ont parlé de ces animaux les ont classés parmi les Acares; mais plus récemment ils ont aussi été rapportés à la classe des Rotateurs ou Systolides (1), principale- ment par M. Dujardin et par 31. Uoyère. Ce dernier en a fait l’ob- jet d’un excellent travail inonograpln([ue (2). Nous lesnommons Arctisconidés, du motArcù’scoa, dontSchranck s’est servi pour désigner l’un de leurs genres, ün les divise main- tenant en Arctiscon, Macrobiolus, Miinésie et limgdie. Ces petits animaux sont célèbres par l’extrême dessiccation et la température élevée qu’ils peuvent supporter sans perdre la pro- priété de recouvrer le mouvement et toute l’activité vitale dont ils jouissaient avant d’être ainsi desséchés ou chauffés. Ils parta- gent cette propriété curieuse avec les Rotifères et les Anguillulcs. Spallanzani et plusieurs autres observateurs les avaient déjà étudiés sous ce rapport. CLASSE QUATRIÈME. CRUSTACÉS. Ces animaux forment une catégorie à la fois nombreuse et importante, dont les espèces (3), presque toutes aquatiques, vivent principalement dans les eaux marines, dont elles tormenl, à quel- ques exceptions près, la population Condylopodo. (1) Toutefois, l'opinioa qui réunit ces animalcules aux AcariJes nous a paru devoir être préférée. (2) Mémoire sur l’organisation et les rapports naturels des Tardigrades et sur la propriété remarquahle qu’ils possèdent de revenir à la vie après avoir été com- plètement desséchés. In-8, Paris, 1852 (Thèses de la Faculté des sciences de Paris)_ (3) On en connaît déjà plus de 1500. UlU CRUSTACÉS. Aristote, qui en conniiissait plusieurs genres méditerranéens, en faisait une classe à part intermédiaire aux Poissons et aux Mol- lusques, à laquelle il donnait le nom de Malacoslracés. C'est prin- cipalement à des Crustacés analogues à ceux-là que les naturalistes modernes ont donné le nom de Décapodes, et ils en ont rapproclié plusieurs autres groupes non moins curieux, {pioicpie moins par- faits en oi’ganisation , parmi lesquels nous citerons dès à présent les Isopodes et autres Édriophthalmes, les Cimules ou Xiphosures, les Tidlobites, ([w’oi] ne connaît qu’à l’état fossile, les Eniomostracés et les Cirr/iipèdes. Limié a classé parmi ses Aptères les Malacostracés d’Aris- tote et les Crustacés de toutes sortes, tels que les définissent les naturalistes modernes, à l’exception toutefois des Cirrhipèdes et des Cernées; il les réunissait j)ar conséquent aux Insectes hexapodes qui manquent d’ailes , aux Myriapodes et aux Arach- nides, et il comprenait tous ces animaux, si différents qu’ils soient les uns des autres, sous le nom d’insectes aptères {Insecta aptera). Lamarck a le premier senti la nécessité d’établir une classe à part pour les Condylopodes dont nous allons parler, et c’est lui qui les a définitivement inscrits dans la classification sous le nom de Crustacés, que plusieurs auteurs du dernier siècle avaient déjà em- ployé. Ce mot fait allusion à la nature, en ertét crustacéc, qui distingue l’enveloppe extérieure chez la plupart des espèces aux- quelles on l’applique, (d il convient surlotd, à celles chez les- quelles le têt se trouve solidifié par une quantité assez considérable (le substance calcaire, et forme au-dessus du corps,aussi bien que sur les membres, une véritable croûte solide soumise à des mues régulières, qui sont en général indépendantes des changements de forme que le corps peut subir. Les Crustacés sont faciles à carac- tériser. La plupart ont des branchies qui dépendent de leurs appendices locomoteurs, et, dans le cas où ils manquent de ces branchies, leur respiration est cutanée, aucun